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de fluides de coupe
6.Captageettraitement
desaérosolsdefluides
decoupe
e guide concerne les opérations effectuées avec des fluides de coupe sous
C forme d’huiles minérales entières ou de fluides aqueux, notamment lors
de l'enlèvement ou de la déformation des métaux. Il traite des risques asso-
ciés à ces opérations et des moyens de les prévenir par une ventilation appro-
priée.
Il aborde les points suivants :
■ nature et évaluation des risques (additifs, effets sur la santé, valeurs
limites d'exposition, métrologie des aérosols de fluides de coupe) ;
■ conception d'une installation de ventilation (captage localisé, ventilation
générale, apport d'air de compensation, circuits de transport, traitement
et rejet de l'air pollué) ;
■ contrôle et maintenance d'une installation de ventilation.
Une série de dossiers techniques, présentant des solutions précises aux pro-
blèmes pouvant être rencontrés sur les installations réelles, figure en fin de
guide.
쐌 ventilation 쐌 captage 쐌 brouillard de fluide de coupe
C
e document a été établi par un tage et de ventilation et au traitement des
groupe de travail constitué polluants captés.
sous l'égide de la Caisse natio- L'objectif final à atteindre est le main-
nale de l'assurance maladie et tien de la salubrité de l'air aux postes de
comprenant des spécialistes en ventila- travail et dans les ateliers, telle qu'elle est
tion et nuisances chimiques des Caisses définie par les textes réglementaires ou
régionales d'assurance maladie et de par les normes et les règles de l'art.
l'Institut national de recherche et de Les critères de ventilation proposés
sécurité. Lors de son élaboration, les constituent donc des moyens minimaux
organismes professionnels suivants ont permettant d'atteindre les objectifs rete-
été consultés : Centre technique des nus dans la majorité des cas, sous réserve
industries mécaniques (CETIM), Centre que l'ensemble des sources de pollution
technique des industries aérauliques et soit traité.
thermiques (CETIAT), Union intersyndi- Ce guide, comme tous ceux qui sont
cale de matériel aéraulique, thermique et publiés dans cette série, sera régulière-
frigorifique (UNICLIMA), Centre tech- ment réexaminé à la lumière des
nique de l'industrie du décolletage remarques éventuelles formulées par les
(CT DEC). utilisateurs et des résultats d'études nou-
L’ambition de ce guide est de servir de velles conduites sur ce thème.
document de référence à l'usage des per-
sonnes et des entreprises concernées par
la conception, la réalisation, l'utilisation
et le contrôle des installations de captage
et de traitement des aérosols dégagés
1. Domaine
dans les ateliers où sont mis en œuvre d'application
des fluides de coupe.
Ce document, se voulant avant tout un Ce guide est applicable aux opérations
guide pratique, aborde essentiellement d’enlèvement ou de déformation des
les points relatifs à la nature et à l'évalua- métaux effectuées avec des fluides de
tion du risque dû aux fluides de coupe, à coupe sous forme d'huiles entières ou de
la conception des installations de cap- fluides aqueux.
2
Les micro-organismes Création d’odeurs d’huile « chaude » 쐌 Des pathologies respiratoires peu-
Susceptibles de se développer dans les ou d’huile « brûlée » vent également avoir pour origine cer-
fluides aqueux, certains d'entre eux peu- Ces émanations proviennent de tains micro-organismes ayant colonisé
vent produire des toxines. petites quantités de produits de décom- des fluides aqueux.
position thermique des hydrocarbures
Les aérosols sont essentiellement dus à constituant l’huile minérale*.
un phénomène mécanique localisé près 3.3. Risques de cancers
du point d’impact entre le fluide et les Concernant les risques pour la santé,
pièces tournantes. Les microparticules les fluides de coupe sont principalement Outres les cancers cutanés précédem-
formées sont dispersées dans l’atmo- à l'origine de pathologies de la peau et ment cités, des études épidémiologiques
sphère ; s’y ajoutent une partie des des voies respiratoires [5, 6, 7]. menées en particulier aux États-Unis
vapeurs qui recondensent ainsi que dans l'industrie automobile montrent
les fumées produites lors de l’usinage si qu'il existe des arguments en faveur
les conditions sont particulièrement 3.1. Les pathologies cutanées d'une relation entre les fluides de coupe
sévères : les températures à l’interface et les localisations cancéreuses
outil-copeau peuvent en effet dépasser Ce sont les plus fréquemment obser- suivantes : larynx, pancréas, rectum et
750° C. Il se forme alors des produits de vées. On distingue quatre catégories : vessie.
distillation et de dégradation (craquage) 쐌 Les dermites d'irritation représen- Ces cancers seraient associés essentiel-
suivis éventuellement de recombinai- tent une forte proportion des patholo- lement aux huiles entières. Des argu-
sons diverses (pyrosynthèse). gies cutanées. Elles sont dues au pH rela- ments plus limités, incriminant les
Le terme « brouillard d’huile », tivement élevé de nombreux fluides de fluides aqueux, existent également
impropre pour les fluides aqueux, dési- coupe aqueux et au caractère irritant de concernant les cancers de l'œsophage et
gnait à l’origine des aérosols émis lors beaucoup des additifs utilisés. Elles peu- de l'estomac.
d’usinages avec des huiles entières. En ce vent être infectées par des bactéries ou Des nitrosamines peuvent se former
qui concerne les fluides aqueux, on des champignons. dans les fluides aqueux, certaines de ces
admet, du moins pour les émulsions, que 쐌 Les dermites allergiques sont pro- molécules sont cancérogènes (voir
l’eau présente disparaît en partie par éva- voquées par certains des additifs utilisés § 2.2.).
poration. L’aérosol résultant est mal (en particulier de nombreux biocides) et
connu mais serait peu différent de celui par les métaux, sous forme de particules
d’une huile entière. ou dissous (cobalt…), provenant des 3.4. Maladies professionnelles
Le spectre de répartition dimension- alliages usinés ou des outils. Nettement
nelle des particules constituant l’aérosol plus rares, elles sont souvent associées Certaines pathologies cutanées ou res-
est assez large. Les plus grosses goutte- aux dermites d'irritation qui en favori- piratoires peuvent être reconnues
lettes peuvent sédimenter, les particules sent l'apparition. comme maladies professionnelles, on
de faible diamètre (0,1 à environ 10 μm) 쐌 Les boutons d'huile « classiques », trouve entre autres [8] :
forment dans l’air un aérosol stable. dus aux huiles entières, surviennent 쐌 les affections provoquées par les
aujourd'hui plus rarement grâce à l'amé- huiles minérales* ou synthétiques :
lioration des conditions d'hygiène. tableau 36 (du régime général de la sécu-
쐌 Les cancers de la peau et du scro- rité sociale) ;
쐌 les affections cutanées cancé-
3. Risques et nuisances tum sont causés par les HPA contenus
dans les huiles minérales* insuffisam- reuses provoquées par les huiles miné-
ment raffinées (surtout observés pour rales : tableau 36 bis ;
La dispersion des aérosols de fluides des expositions anciennes, avant 1975). 쐌 les affections provoquées par le
de coupe est à l’origine de plusieurs phé- formaldéhyde : tableau 43 ;
nomènes. Les coupures, érosions et frictions 쐌 les affections provoquées par les
favorisent le passage des substances chi- amines aliphatiques ou alicycliques :
Formation de films gras miques et les dermites irritatives et aller- tableaux 49 et 49 bis ;
Les plus grosses particules sédimen- giques par rupture de la barrière épider- 쐌 les lésions eczématiformes de
tent sur les sols, les plans de travail et l’en- mique. mécanisme allergique : tableau 65.
semble de la structure de l’atelier. Ce phé-
nomène augmente la sensation générale
de pollution par l’huile, et entraîne des 3.2. Les affections respiratoires
risques de chutes par glissade sur les sols.
쐌 Les pneumopathies, dues aux
4. Évaluation
Formation dans l’atelier brouillards d'huiles minérales* ou synthé- des risques
d’un brouillard bleuté tiques, peuvent se compliquer de fibroses
La couleur résulte de la diffusion de la ou de surinfections bronchiques. L'appréciation des risques est un élé-
lumière par les particules les plus fines, 쐌 Les pneumopathies d'irritation ou ment essentiel qui permet de décider
cela donne un effet visuel de pollution allergiques sont observées avec les huiles des mesures de prévention à mettre en
intense. Ce phénomène ne permet d’ap- entières et les fluides aqueux. Elles peu- place.
précier que de manière très subjective la vent être dues à certains des additifs et La brochure ED 840 [9] propose une
concentration du brouillard, puisqu’il aux métaux sous forme de particules ou démarche pour l'évaluation des risques.
dépend de la taille des particules pré- dissous (cobalt…) provenant des alliages Différents outils techniques peuvent
sentes. usinés ou des outils. être utilisés pour la réaliser.
4
4.1. Contrôle chimique légiée, plutôt qu'une recherche de pol- ment le benzo(a)pyrène (BaP), présents
et biologique des fluides de coupe luants spécifiques. dans ces aérosols. Les résultats étaient
Il n'existe pas de valeur limite française alors comparés à une valeur limite de
Plusieurs types de contrôles, différents ou européenne pour les aérosols de 1 mg/m3 pour les huiles (valeur dite « de
pour les huiles entières et les fluides fluides de coupe. La seule valeur limite confort »), et de 150 ng/m3 pour le BaP.
aqueux, peuvent être effectués sur les actuellement disponible est celle de Cette méthode de prélèvement et
fluides de coupe. 0,5 mg/m3 proposée par le NIOSH d’analyse n’est cependant pas adaptée au
(National Institute for Occupational cas des fluides d’usinage aqueux, compte
4.1.1. Huiles entières, contrôles Safety and Health) pour la fraction inha- tenu entre autres de la faible quantité
chimiques lable de l'aérosol [12]. d’huile présente dans l’air, conduisant à
Pour les huiles minérales, l'ACGIH des concentrations en huile et en BaP
Les teneurs en HPA des huiles entières (American Conference of Industrial toujours très inférieures aux limites indi-
neuves peuvent être contrôlées à partir Hygienist) propose l'abaissement de la quées ci-dessus.
de l’indice DMSO – UV [10] exigible valeur limite concernant la fraction inha- Une approche différente a été propo-
auprès des fournisseurs. On considère lable de l'aérosol de 5 à 0,2 mg/m3. Cette sée par le NIOSH. Elle consiste à effec-
que les huiles de coupe doivent présen- valeur, qui n’est pas spécifique des aéro- tuer une mesure de la concentration
ter un indice DMSO – UV inférieur à 300 sols d'huile de coupe, n'est pas encore pondérale de l’aérosol et à la comparer à
[11] (ce qui correspond à une teneur en acceptée définitivement comme valeur une valeur limite au-dessous de laquelle
benzo(a)pyrène inférieure à 30 μg/kg). limite par l'ACGIH. les problèmes respiratoires peuvent être
Pour les huiles en cours d’utilisation, la Pour la suite du document on retiendra considérés comme minimes. Dans un
méthode DMSO – UV ne peut être donc comme objectif, pour l'assainisse- premier temps, le NIOSH avait suggéré
employée. Si un vieillissement important ment des ateliers utilisant des fluides de de mesurer la fraction thoracique de l’aé-
de l’huile conduisant à un enrichissement coupe (huiles entières et fluides aqueux), rosol, puisqu’il s’agit de la fraction perti-
en HPA est soupçonné, le contrôle de la une concentration moyenne en aérosol nente dans le cas de problèmes respira-
teneur en benzo(a)pyrène comme traceur de fluide dans l’air inhalé ne dépassant toires, et de la comparer à 0,4 mg/m3.
des HPA peut être réalisé. Cette teneur doit pas 0,5 mg/m3 (fraction inhalable). Cependant, les appareils de prélèvement
rester inférieure à 100 μg/kg [7]. Dans certains cas particuliers, il est correspondants étant peu répandus, une
nécessaire de considérer l'exposition à alternative a été proposée consistant à
4.1.2. Fluides aqueux, contrôles des polluants spécifiques en complé- mesurer la fraction inhalable de l’aérosol
chimiques et biologiques ment ou en remplacement de celle aux et à la comparer à une valeur limite de
brouillards de fluides de coupe. Ainsi, 0,5 mg/m3, un peu plus élevée.
Pour une bonne efficacité des fluides lors de la rectification des carbures frit- Lorsque l’on soupçonne la présence de
aqueux, il est conseillé de surveiller diffé- tés, c'est l'exposition au cobalt qui doit particules solides (métalliques par
rents paramètres en cours d'utilisation. être prise en compte (il n'existe pas de exemple) et si la concentration mesurée
Certains d'entre eux ont également une valeur limite française ou européenne dépasse 0,5 mg/m3, il est souhaitable de
importance pour la santé des salariés pour le cobalt et, aux États-Unis, l'ACGIH procéder à une analyse complémentaire
comme le pH, la concentration en produit a fixé une valeur limite à 0,02 mg/m3). permettant de n’évaluer que le fluide.
actif et la teneur en micro-organismes. Parmi les autres polluants qu'il est parfois Ces méthodes de prélèvement et d’ana-
Cette dernière peut facilement être nécessaire de prendre en compte, on lyse sont décrites dans la fiche
évaluée à l’aide de kits. La concentration peut citer le formaldéhyde (dans le cas « Métropol » n° 2 « Concentration pondé-
maximale généralement admise pour le où des biocides libérateurs de formaldé- rale sur filtre » [13] ainsi que dans la
bon fonctionnement du fluide est de 106 hyde sont utilisés) et le benzo(a)pyrène. méthode NIOSH 5524 [14].
bactéries par millilitre. Ne pas dépasser En pratique on pourra utiliser :
cette valeur contribue aussi à préserver 쐌 en prélèvement individuel ou
la santé des salariés. d’ambiance, un capteur type « cassette
Le contrôle de la teneur en nitrites et 4.2.2. Métrologie fermée », correspondant à celui décrit
en N-nitrosodiéthanolamine peut égale- dans la norme NF X 43-257 [15] ;
ment être utile selon la composition du Différentes métrologies sont utili- 쐌 en prélèvement d’ambiance, un
fluide et ses conditions d'utilisation. sables dans les ateliers d’usinage, mais il capteur de la fraction inhalable de l’aéro-
L’absence de nitrites peut être contrô- convient de faire un choix en fonction sol type CATHIA (ou à défaut un capteur
lée à l’aide de bandelettes réactives. En ce des objectifs retenus, et surtout des de la fraction totale de l’aérosol, comme
qui concerne la concentration en N- valeurs limites utilisables pour l’évalua- celui décrit dans la norme NF X 43-261
nitrosodiéthanolamine, l’INRS recom- tion du risque. [16]), couplé à un appareil de prélève-
mande de ne pas dépasser 1 mg/kg dans Dans les années 1970-80, les huiles ment à fort débit.
le fluide [7]. entières étaient prépondérantes. Les pré-
lèvements étaient effectués sur filtres, Cette approche a des limites certaines :
généralement en ambiance à l’aide d’ap- 쐌 il s’agit d’une mesure globale, donc
4.2. Valeurs limites et métrologie pareils de prélèvement à grand volume. assez sommaire ;
On obtenait, par extraction du filtre au 쐌 dans le cas de prélèvements indivi-
4.2.1. Valeurs limites solvant, la concentration en « matières duels, le faible débit de l’appareil de pré-
extractibles » représentatives de l’aérosol lèvement peut conduire à une incerti-
Compte tenu de la complexité du pro- d’huile entière ; il était aussi possible tude importante sur la concentration, ce
blème et de la diversité des polluants mis d’analyser les hydrocarbures polycy- qui impose des prélèvements de longue
en jeu, une approche globale sera privi- cliques aromatiques (HPA), et notam- durée, au moins six heures en pratique ;
5
쐌 elle n’est pas pertinente si l’on siter des ajouts de biocides. Il est impor- Pour le problème plus spécifique des
soupçonne la présence de polluants tant de respecter les préconisations des métaux dissous (usinage de carbures
atmosphériques particuliers, gazeux ou fournisseurs, une concentration trop métalliques en particulier), on recom-
sous forme de liquides volatils. faible pouvant entraîner la sélection de mande l’utilisation des fluides spéci-
micro-organismes résistants au biocide, fiques adaptés à ce type de travail : fluides
Mais elle présente aussi plusieurs avan- alors qu'une forte concentration favori- qui ne dissolvent pas le cobalt (absence
tages : sera l'apparition d'irritations et d'allergies d'amines complexantes dans la formula-
쐌 elle est réalisable avec tout appareil chez les opérateurs. De plus, il convient tion) et dont l'efficacité a pu être démon-
permettant de capter sur filtre la fraction de nettoyer les cuves avant tout change- trée sur le terrain [4].
inhalable de l’aérosol ; il est donc possible ment de fluide contaminé pour prévenir
de réaliser des prélèvements individuels le développement rapide des micro-orga-
ou des prélèvements d’ambiance ; nismes dans le nouveau fluide. Alterner
쐌 l’exploitation des prélèvements
par gravimétrie est relativement simple,
deux types de biocides permet d’éviter
l’apparition de résistances des micro-
6. Rappel des principes
ce qui permet de multiplier les prélève- organismes. L’utilisation de biocides généraux de ventilation
ments dans un même atelier ; concentrés nécessite des précautions
쐌 elle permet une bonne estimation particulières en se référant à leurs fiches L’objectif de la mise en place d'une ven-
de la qualité de l’air des locaux. de données de sécurité. tilation dans les ateliers est d'abaisser la
Les équipements de protection indivi- concentration en aérosols de fluides de
duelle permettent d'éviter les contacts coupe aux postes de travail à un niveau
avec les fluides de coupe, on utilise : inférieur à 0,5 mg.m-3 (voir § 4.2.1.).
쐌 des gants de protection pour
5. Prévention manutentionner les pièces couvertes de
Pour atteindre ce résultat, il faut que les
différentes sources de pollution soient
fluide ; la matière recommandée aussi connues et correctement traitées. Deux
Les mesures de prévention, collectives bien pour les fluides aqueux que pour techniques de ventilation peuvent être
ou individuelles, sont déjà pour l’essen- les huiles entières est le nitrile [18] ; les mises en œuvre, séparément ou conjoin-
tiel connues et restent valables même si gants en caoutchouc naturel (latex) sont tement.
les produits évoluent constamment. Elles à éviter à cause de leur mauvaise résis-
s’appliquent, pour la plupart, aux deux tance aux huiles et des risques d’allergies
types de fluides que l'on rencontre simul- qu’ils entraînent ; 6.1. La ventilation par aspiration
tanément dans beaucoup d'ateliers. 쐌 des vêtements de travail couvrant locale
Dans tous les cas, il est pertinent de les bras, à changer périodiquement et
choisir, en priorité, les fluides de coupe rapidement lorsqu’ils sont souillés ; Cette solution consiste à capter les pol-
les moins dangereux pour la santé, 쐌 si nécessaire des tabliers de protec- luants au plus près de leur point d'émis-
comme les huiles minérales* raffinées tion. sion, avant qu'ils ne pénètrent dans la
(tant pour la formulation de base que zone d'évolution des travailleurs et ne
pour le conditionnement des additifs). Il Il est recommandé de respecter des soient disséminés dans toute l'atmo-
peut également être utile d'employer des mesures d'hygiène : sphère de l'atelier. Elle se compose de dis-
fluides contenant des additifs destinés à 쐌 se laver les mains, notamment positifs de captage localisé et d'introduc-
limiter la formation des aérosols. avant le repas et les pauses, en proscri- tion d'air de compensation. Elle doit être
L’utilisation des procédés produisant vant les solvants et les détergents trop retenue en priorité.
peu d'aérosols, comme les techniques de alcalins ainsi que ceux chargés en parti-
microlubrification ou d'usinage à sec en cules abrasives ;
tenant compte de l’émission de pous- 쐌 se doucher en fin de poste. 6.2. La ventilation générale
sières, permet d’éviter l’arrosage des
pièces ; sinon les débits d'arrosage doi- Certaines mesures de prévention, Cette technique consiste, grâce à un
vent être limités au strict nécessaire. Une concernant le choix et l’utilisation des apport d'air neuf en quantité suffisante, à
étude allemande [17] sur la microlubrifi- fluides de coupe aqueux sont spéci- diluer les polluants émis afin que leur
cation montre que, lors d’essais d’usinage fiques. Il est nécessaire : concentration dans l'ambiance ne
sur différents matériaux avec des lubri- 쐌 de préférer les constituants les dépasse pas 0,5 mg.m-3. Les travailleurs
fiants du marché, les émissions d’aéro- moins agressifs possible (bactériosta- doivent être suffisamment éloignés des
sols sont faibles. Toutefois, les lubrifiants tiques plutôt que bactéricides, émulga- sources de pollution pour ne pas être
de très faible viscosité (3 mm2/min à teurs non ioniques... ) ; soumis aux fortes concentrations exis-
40° C) sont à éviter car ils entraînent de 쐌 d'éviter les additifs précurseurs de tant au voisinage immédiat de celles-ci.
fortes émissions d’aérosols et de vapeurs. nitrosamines (nitrites, éthanolamines, La ventilation générale peut être assurée
Le capotage des machines et le captage mais prendre garde aussi aux biocides par une ventilation naturelle ou méca-
des aérosols à la source, complétés le cas nitrés ou aux nitrates de l'eau de dilution) nique selon que les introductions et les
échéant par une ventilation générale effi- et les biocides générateurs de formaldé- extractions sont ou non maîtrisées par
cace, permettent de réduire l'exposition hyde ; des moyens mécaniques.
des salariés (voir § 6. et 7.). 쐌 de prendre des formulations à pH Cependant, cette méthode, en tant
Le suivi des fluides s’avère indispen- modéré (9 - 9,2) ; que technique principale, n’est à retenir
sable (voir § 4.1.) afin d’assurer le main- 쐌 de respecter les concentrations de que lorsqu’il est impossible de mettre en
tien de leur qualité dans le temps. La lutte fluide dans l'eau préconisées par le for- œuvre la ventilation par aspiration
contre les micro-organismes peut néces- mulateur. locale. Par contre, une ventilation géné-
6
rale complémentaire est souvent néces- 7.1. Captage localisé Le dispositif de captage doit de plus
saire pour éliminer les polluants rési- être conçu pour éviter :
duels non captés à la source par les aspi- On distingue deux types de dispositif, 쐌 une dispersion des brouillards
rations locales. Le guide de ventilation le captage enveloppant et le captage dans l'atelier au moment de l'ouverture
n° 0 [19] traite de manière plus appro- inducteur. du capot ;
fondie des principes généraux de venti- Pour des raisons d’efficacité, il 쐌 un mauvais fonctionnement de
lation. convient de privilégier le captage enve- l'épurateur à cause d'une concentration
loppant chaque fois que cela est techni- excessive d’aérosols de fluides de coupe
quement possible. dans l'air à épurer.
TABLEAU I
CARACTÉRISTIQUES DES DIFFÉRENTS CAPTAGES ENVELOPPANTS
Ventilation
mécanique
L'air de l'atelier
n'est aspiré que
lors de l'ouverture
de l'écran
coulissant
Prise d'air
à température
Écran mobile
É Air extérieure
p llué
pollu Enceinte
Flexible
e Δp = 20 à 50 Pa
Δ fermée
d
de racco
ordement
Photo 3. Rectifieuse avec capteur. Figure 1. Capotage enveloppant avec amenée d’air neuf à l’intérieur du capot.
Balayage minimal de l'intérieur les dimensions des ouvertures sont mal Remarques
du capot par de l'air propre définies et non négligeables par rapport Les dispositifs peu encombrants, dits « bras de récu-
Ce balayage a pour effet de limiter les à celles du capot (photo 3), les vitesses pération », permettent de réduire considérablement
concentrations en brouillards d'huile et d'air dans les ouvertures doivent être de l'ouverture laissée dans le capotage, d'où une dimi-
de les ramener à des valeurs acceptables l'ordre de 0,5 à 1 m.s-1 [24]. nution très appréciable de la quantité de brouillard
à l’entrée des épurateurs. Une vitesse de Une autre méthode consiste à amener d'huile émis dans l'atelier. En outre, ils suppriment
balayage de l'ordre de 0,2 à 0,5 m.s-1 peut de l'air neuf provenant de l'extérieur du l'intervention manuelle de l'opérateur près des
être considérée comme acceptable. local à l'intérieur du capot qui est totale- organes mécaniques en mouvement, le contact
Une méthode consiste à mettre en ment fermé (fig. 1). Elle permet de maî- répété des mains avec les pièces souillées par le
place des capots ayant des ouvertures triser la dépression (20 à 50 Pa) et la fluide de coupe et la détérioration des pièces fra-
conçues volontairement et qui assurent vitesse de balayage à l'intérieur du capot giles.
un écoulement préférentiel de l'air. et ainsi d'envisager des économies Il existe aussi des robots de positionnement et de
Lorsque les dimensions des ouvertures d'énergie substantielles car l'air extrait récupération des pièces. Ces appareils nécessitent
sont bien définies et faibles par rapport à pour évacuer les polluants n'est pas pris en général l’utilisation d’air comprimé pour extraire
celles du capot (photo 2), les vitesses d'air dans l'atelier, sauf durant le temps où le la pièce et évacuer les copeaux, ce qui génère une
dans les ouvertures doivent être de capot est ouvert (récupération de pièces pollution importante alors que le capot est ouvert.
l'ordre de 2 à 3 m.s-1. Par contre, lorsque par exemple).
8
« polluées » ne soit entraîné vers des ments à angle droit, de réductions ou réglage nécessitant l’utilisation d’un outil
zones « propres » ; d'augmentations de section non progres- pour toute modification du réglage.
쐌 éliminer les zones où peuvent s'ac- sives [19] ; Il est recommandé de prévoir des ori-
cumuler les polluants. 쐌 de limiter l'emploi des conduits fices (brides, prises de pression, points
flexibles annelés et de les remplacer par de mesure) pour permettre les contrôles
L'introduction de l'air de compensa- des conduits rigides, de préférence cir- périodiques.
tion peut être naturelle ou mécanique. culaires (la perte de charge d'un flexible
Chaque fois que cela est possible, il est peut atteindre cinq fois celle d'un
préférable de choisir l'introduction conduit rigide de même longueur et 7.5. Traitement de l'air pollué
mécanique car elle permet : même diamètre). après captage
쐌 de contrôler la pression à l'inté-
rieur du local par rapport à l'extérieur ; Les sections des conduits doivent être Quels que soient les dispositifs de cap-
en général, l'introduction se fait à un calculées pour obtenir des vitesses de tage et de transport des polluants mis en
débit égal au débit total extrait par tous transport de l'ordre de 7 à 12 m.s-l afin de œuvre, il convient d'assurer le traitement
les dispositifs d'extraction, auquel on limiter l’entraînement de fluide dans le de l'air pollué ainsi que son rejet à l’exté-
ajoute les débits d'air nécessaires aux groupe de filtration. Il est conseillé de rieur ou son recyclage partiel. Deux pro-
appareils de chauffage par combustion ; respecter certaines précautions pour cédés peuvent être utilisés.
쐌 de distribuer l'air en des endroits limiter le dépôt d'huile sur les parois :
judicieusement choisis de l'atelier, de brides de raccordement entre conduits Le rejet à l'extérieur du local
façon à contrôler les écoulements, assu- bien ajustées, prévision d’une légère Il s’accompagne de l'épuration de l'air
rer la répartition la plus homogène pos- pente et de dispositifs de purge pour col- dans un souci de respect de l’environne-
sible et ne pas perturber le bon fonction- lecter les huiles déposées sur les parois, ment. Ce procédé doit être retenu en
nement des dispositifs de captage possibilité de démontage facile pour un priorité.
inducteurs. nettoyage périodique. Des vitesses de
transfert supérieures peuvent toutefois Le recyclage partiel
L'air de compensation doit être pris à être nécessaires lorsque les brouillards Il consiste à réintroduire dans le local
l'extérieur des ateliers dans une zone contiennent des proportions significa- une partie de l'air capté après l'avoir
non polluée en évitant toute interfé- tives de particules solides (abrasifs par épuré (encadré 1).
rence avec les rejets d'air pollué de l'ate- exemple). Le guide de ventilation n° 1 [23] pré-
lier. L'équilibrage du réseau gagne à être cise les conditions dans lesquelles le recy-
Afin d'assurer un certain confort ther- assuré par conception ; il peut être com- clage partiel peut être pratiqué. Dans le
mique aux travailleurs, l'air neuf doit être plété par l'implantation de registres de cas particulier des aérosols de fluides de
réchauffé pendant les périodes froides
de l'année. Les systèmes de chauffage
nécessitent d’être installés et maintenus
de façon à ce qu’ils n'accumulent pas de
dépôts d’huile en provenance de l’atelier,
de tels dépôts pouvant être à l’origine
d’incendies.
L'efficacité globale de la ventilation
d'un atelier dépend notamment de l'im-
plantation des extractions locales et
générales, et des introductions d'air neuf
(fig. 3).
Les avantages et les inconvénients des
introductions et des extractions méca- a) b)
niques ou naturelles sont développés
dans le guide pratique de ventilation n° 0
[19]. La fiche pratique ED 86 [29] traite
également de la compensation de l’air
d’une installation de ventilation.
un rejet direct à l'extérieur du local par ■ les médias filtrants voient leur efficacité diminuer légèrement lorsqu’ils se chargent
(NF X 44-060) [37, 38] applicable aux Le point de rejet doit dépasser d’au seront déterminées dans les conditions
séparateurs de débit inférieur à moins 3 m les bâtiments situés dans un nominales de fonctionnement. Ces
5 000 m3.h-1. Cette méthode n’est en prin- rayon de 15 m. Le contrôle de C doit être valeurs de référence constituent les
cipe prévue que pour les brouillards effectué au moins tous les 3 ans par un valeurs réputées satisfaisantes pour le
d’huile entière. organisme agréé par le ministère chargé bon fonctionnement de l'installation.
de l’environnement. Elles servent de base à l'entretien de l'ins-
7.5.4. Rejet de l'air épuré tallation et aux contrôles de son effica-
à l'extérieur cité.
Pour les installations existantes, le dos-
Le rejet de l'air épuré à l'extérieur
nécessite une étude de la configuration
8. Contrôles sier de valeurs de référence peut être
constitué à partir des résultats des pre-
générale du bâtiment et de son environ- et maintenance miers contrôles périodiques.
nement, de manière à éviter toute réin-
troduction intempestive des polluants
d’une installation Remarque
résiduels [30]. de ventilation Des orifices (brides, prises de pression, points de
Les arrêtés du 30 juin 1997 et du 2 mesure) doivent être prévus pour permettre les
février 1998 réglementent les émissions mesures dans les conduits lors de la réception puis
de polluants par les installations indus- Pour maintenir son efficacité dans le des contrôles périodiques.
trielles. Les brouillards d’huile ne sont temps, une installation de ventilation
pas explicitement pris en compte par doit être correctement réceptionnée, 8.2.1. Installations avec rejet direct
cette réglementation. Concernant le tra- puis maintenue régulièrement et faire à l'extérieur
vail mécanique des métaux et alliages, la l'objet de contrôles périodiques.
rubrique 2560 de l’arrêté type du 30 juin Le descriptif de l'installation et les
1997 semble être la plus adaptée de la valeurs de référence doivent comporter
réglementation sur les installations clas- 8.1. Dossier d’installation les éléments suivants :
sées pour la protection de l’environne- 쐌 caractéristiques détaillées des élé-
ment. Les installations correspondant à Le dossier d'installation, défini par l’ar- ments constituant l'installation (nombre
cette rubrique sont soumises à autorisa- rêté du 8 octobre 1987 du ministère de dispositifs de captage, caractéristiques
tion si « la puissance installée de l’en- chargé du travail, est à établir par le chef du ou des ventilateurs, type et caractéris-
semble des machines fixes, concourrant d'établissement dans un délai d'un mois tiques de l'introduction d'air...) ;
au fonctionnement de l’installation » est après la première mise en service d'une 쐌 débits, pressions statiques ou
supérieure ou égale à 500 kW. Les instal- installation de ventilation nouvelle ou vitesses d'air pour chaque dispositif de
lations dont la puissance est comprise ayant fait l'objet de modifications captage, débit dans les conduits pour les
entre 50 et 500 kW sont soumises à notables. dispositifs enveloppants et inducteurs
déclaration. Aucune disposition concer- Il comprend : ou, à défaut, vitesses d'air dans les ouver-
nant les rejets des installations de puis- 쐌 une notice d’instruction établie et tures pour les dispositifs enveloppants ;
sance inférieure à 50 kW n’est prévue. remise par le maître d’ouvrage, celle-ci 쐌 efficacité minimale de chaque dis-
Les valeurs limites de rejet en poussières comprend des valeurs de référence qui positif de captage ;
prévues diffèrent selon les installations. caractérisent l'installation par ses para- 쐌 débit global d'air extrait ;
mètres initiaux ; 쐌 caractéristiques des systèmes de
Installation soumise à autorisation : 쐌 les consignes d'utilisation qui surveillance ;
C = 100 mg.m-3, si D ≤ 1 kg/h constituent un guide pratique pour la 쐌 consignes en cas de panne ou de
(arrêté du 2 février 1998) conduite et le suivi de l'installation ; elles dysfonctionnement.
C = 40 mg.m-3, si D > 1 kg/h doivent comporter trois parties :
■ les dispositions prises pour la 8.2.2. Installations avec système
C désigne la valeur limite de la concen- ventilation (les paramètres princi- de recyclage partiel
tration pondérale de l’aérosol contenu paux de l'installation),
dans l’effluent et D le débit massique ■ les éléments pour la conduite, En complément des données néces-
horaire maximal autorisé par arrêté pré- ■ l'entretien ; saires pour les installations avec rejet
fectoral. 쐌 un recueil des résultats des direct à l’extérieur, les installations avec
Les rejets doivent être évacués par l’in- contrôles périodiques. système de recyclage partiel devront être
termédiaire de cheminées équipées d’un caractérisées par les éléments suivants :
point de prélèvement d’échantillon. Un Pour plus d’informations sur le dossier 쐌 débit global d'air neuf introduit ;
contrôle annuel des paramètres C et D d’installation, il est possible de se repor- 쐌 débit de recyclage ;
doit être effectué par un organisme ter à l’Aide-mémoire juridique sur l’aéra- 쐌 efficacité minimale des systèmes
choisi en accord avec l’inspection des tion et l’assainissement des locaux de tra- d'épuration (ces valeurs peuvent être
installations classées. L’arrêté préfectoral vail [39]. fournies par le constructeur à partir des
d’autorisation peut fixer des dispositions essais normalisés réalisés sur son maté-
plus sévères que celles prescrites dans riel, cf. § 7.5.3.) ;
l’arrêté du 2 février 1998. 8.2. Réception de l'installation 쐌 concentrations en brouillards
d'huile : dans le conduit de recyclage en
Installation soumise à déclaration Au plus tard un mois après sa mise en aval de l'épurateur, et en ambiance, à
(arrêté du 30 juin 1997) : service, l'installation doit être caractéri- poste fixe, en des points représentatifs
C = 150 mg.Nm-3. sée par des valeurs de référence qui de la pollution de l'atelier ;
14
TABLEAU IV
Date Poussières Cobalt Tungstène 쐌 l'exposition des salariés aux
inhalables (mg/m3) (mg/m3) poussières des métaux durs ;
(mg/m3) 쐌 les risques de dermites, en amé-
Valeurs recommandées 0,5 0,02* 5 liorant la qualité bactériologique du
Prélèvements Mars 2000 0,58 0,007 0,04 fluide de coupe ;
Juin 2000 0,32 0,02 0,09 쐌 les manutentions de fluides de
Février 2002 0,15 < 0,001 < 0,003
lubrification et des résidus d'affûtage ;
* Valeur limite de l’ACGIH.
Mars 2000 : état initial • Juin 2000 : déménagement dans de nouveaux locaux • Février 2002 : fonctionnement défi- 쐌 les risques de glissade ;
nitif de la ventilation et de l'épuration de l'huile. 쐌 les odeurs nauséabondes aux
postes de travail.
TABLEAU V
Photo 7. Affûteuse avec capotage Schéma de l’atelier d’affûtage, avec l’implantation du réseau de captage des fluides
complet. de coupe.
17
Atelier de rectification
Diminution des niveaux d’exposition aux aérosols suite à l’optimisation des systèmes de captage.
DOSSIER TECHNIQUE 3
Réalisations
Le capotage de la machine et le sys- Photo 10. Capotage arrière Photo 11. Protecteur en plastique
tème de ventilation en place ont été de la machine. transparent.
optimisés suite à des interventions et
des prélèvements d’atmosphère suc- Capteur
cessifs. inducteur
Chronologie des aménagements
effectués sur la machine :
■ 2000 : Optimisation du capotage
de l’outil et à l’arrière de la machine
(photos 9 et 10).
■ 2002 : Optimisation du protecteur
en plastique transparent placé devant
l’outil en rotation (photo 11).
■ 2003 : Ajout d’un système de cap-
tage des polluants au plus près de la
source d’aérosols. Il est relié à un ven-
tilateur indépendant pouvant assurer
un débit maximum de 1 250 m3/h.
(photo 9). Photo 12. Capteur inducteur ajouté. Photo 13. Vue d’ensemble
de la machine.
Atelier de décolletage
Installation de captage d’aérosols de fluides de coupe avec recyclage partiel.
DOSSIER TECHNIQUE 4
TABLEAU VII
L'entreprise produit des pompes total n'était pas possible, d'où la néces- Cette réalisation montre que la ven-
à huile de directions assistées pour sité de disposer d'une ventilation tilation générale n’est, à elle seule, pas
l'industrie automobile avec un générale efficace pour diluer et éva- suffisante pour atteindre l’objectif de
effectif de 425 salariés. cuer les polluants non captés à la 0,5 mg/m3, il est indispensable de
source. capoter les machines.
Le captage a été amélioré par la
L'essentiel de la production est réalisé conception de nouveaux capteurs. Première Amenée d’air neuf
sur une chaîne comprenant 25 stations Sur chaque îlot de captage, en pré-fil- Captage filtration à faible vitesse
d'usinage. Celles-ci ne peuvent pas être tration, les filtres électrostatiques ont localisé à chocs en partie mi-basse
complètement capotées. été remplacés par 20 filtres à chocs.
L'usinage est effectué sous fluide Leur emploi évite l'encrassement des
aqueux. réseaux de gaines et réduit le risque
Le mauvais assainissement de l'air de d'incendie. L'air est ensuite filtré une
l'atelier posait aux opérateurs de mul- deuxième fois par des filtres en média
tiples difficultés, notamment une trop plissé, avant le rejet à l'extérieur, via
forte présence de brouillards d'huiles et trois réseaux d'extraction (photo 17).
des sols glissants. Le débit d'air total extrait est de
37 000 m3/h .
En partie haute, deux tourelles d’ex- Photo 17.
Réalisations traction de 8000 m3/h chacune ont été
Extracteur
installées à côté des extracteurs sta- statique
Plusieurs faiblesses ont été diagnos- tiques qui ont été conservés (photo 18). conservé
tiquées : Pour assurer la compensation, un Ancien réseau
■ captage localisé sur machines débit d'air neuf de 60 000 m3/h filtré et d’amenée d’air neuf
insuffisant, réchauffé en hiver est introduit à envi- en partie haute mis Tourelle
hors service d’extraction
■ filtres électrostatiques ne donnant ron 3 m du sol. L'air est diffusé à faible
pas satisfaction, vitesse par des diffuseurs à déplace-
■ ventilation générale se limitant à ment d'air thermo-orientables. Le prin-
des systèmes d'ouverture statique en cipe est de diffuser l’air à faible vitesse
partie haute de la zone et compensa- horizontalement, lorsque la tempéra-
tion de l’air extrait par de l'air neuf, fil- ture de l’air soufflé est fraîche, et vers
tré et chauffé, soufflé à forte vitesse et le bas lorsque la température de cet air
de haut en bas (buses à induction) est plus chaude (photo 19).
dans l'atelier, et rabattant l’air pollué
vers le bas (photo 16). Photo 18.
Résultats des mesures
En 2002, il a été décidé d'améliorer Amenée d’air neuf
l'installation afin d'obtenir une La modification du système de ven- à faible vitesse
en partie mi-basse
meilleure qualité de l'air. tilation a entraîné une nette améliora- Photo 19.
La priorité était de capter le maxi- tion des conditions de travail des opé-
mum de polluants directement sur les rateurs :
centres d'usinage. Cependant, compte ■ moins de brouillards dans l'atelier,
tenu de leur conception, un capotage ■ moins d'odeurs.
Entrée
Les centres d’usinage sont répartis en d'air neuf
6 lignes de 4 machines sur une surface
d’environ 500 m2 située à peu près au c.u. c.u. c.u. c.u. c.u. c.u.
centre d’un atelier de plus de 3000 m2.
Ces machines travaillent toutes avec un c.u. c.u. c.u. c.u. c.u. c.u.
fluide aqueux contenant 7% d’huile p p p
environ. L’alimentation et la récupéra- c.u. c.u. c.u. c.u. c.u. c.u.
tion des pièces usinées se font manuel-
lement. c.u. c.u. c.u. c.u. c.u. c.u.
L’entreprise a souhaité dès le départ
garantir un assainissement correct de 1 2 3 4 5 6
l’air de cet atelier.
Légendes c.u. 쑱 centre d'usinage GF 쑱 groupe de filtration
TABLEAU VIII
L’atelier d’usinage est occupé par 7 aérosols de fluides de coupe. Il n’y a Niveau sonore de l’installation : 79 dB(A).
machines numériques (2 scies et 5 pas de recyclage de l’air. Vitesse de transport de l’air dans les
tours). Les matières usinées sont princi- Le capotage permet d’assurer une gaines : 18 à 21 m/s.
palement : l’aluminium, le tantale, le protection mécanique (copeaux, pro- Type de conduit : acier galvanisé.
titane, le chrome et des métaux pré- jection d’huile…) et d’optimiser le Diamètres des extracteurs : 120, 150,
cieux. Le fluide de coupe utilisé est une débit de ventilation. 180, 200 mm suivant le type de
émulsion à 5 % d’huile dans l’eau. Le captage des polluants est effectué machine.
Le chauffage et le rafraîchissement à l’opposé du point d’émission (face
de l’atmosphère sont effectués par une opposée au mandrin). Un déflecteur Maintenance et contrôle
pompe à chaleur dont le rendement est est placé à quelques centimètres de l’installation
de l’ordre de 3 pour la production du devant l’orifice du capteur pour éviter La maintenance de l’ensemble du
froid et supérieur à 3 pour la produc- que le fluide de coupe soit aspiré en système de ventilation et des conduits
tion de chaleur. quantité importante. est effectuée une fois par an par l’ins-
L’air de compensation : il est intro- tallateur (nettoyage à l’eau + air com-
duit par des bouches libres ; l’air neuf primé).
Réalisations est pris pour 2/3 à l’extérieur et 1/3 Un contrôle annuel du débit et des
dans les locaux adjacents à l’atelier, vitesses d’air de captage est réalisé par
Les machines numériques de l’ate- sans pollution spécifique. l’entreprise sur l’ensemble de l’installa-
lier sont reliées à un réseau d’extrac- Puissance du ventilateur : 18,5 kW. tion. Parallèlement, un laboratoire agréé
tion centralisé pour le captage des Débit nominal : 15 000m3/h. par le ministère de l’écologie ■■■
Photo 22. Les machines sont entièrement encoffrées Photo 23. L’air pollué est filtré, puis rejeté vers
(excepté un tour où une ouverture permanente est nécessaire l’extérieur. Les éléments filtrants sont constitués
pour le passage de la navette porte-outils). L’accès aux pièces de couches de fibres d’acier. Un rinçage automatique
s’effectue par des portes coulissantes. du séparateur est effectué toutes les 4 heures à l’eau
et avec de l’air comprimé.
22
Atelier d’usinage
(suite)
DOSSIER TECHNIQUE 7 11. Glossaire
Aérosol : On appelle aérosol toute sus-
pension, dans un milieu gazeux, de parti-
■ ■ ■ et du développement durable Sept prélèvements d’atmosphères cules solides ou liquides.
vérifie les mesures d’émission des sub- ont été effectués dont : Ces particules sont considérées
stances émises dans l’atmosphère. ■ trois prélèvements d’ambiance à conventionnellement en suspension si
proximité des machines, leur vitesse de chute n'excède pas
■ quatre prélèvements sur les opéra- 0,25 m/s (norme NF X 44-001) [40].
Résultats des mesures teurs.
Cancérogène : Classification de la
L’étude de l’évaluation de l’exposi- Les résultats sont satisfaisants sur le Communauté européenne :
tion aux aérosols de fluides de coupe plan de l’exposition tant aux aérosols ■ La catégorie 1 correspond aux sub-
a été effectuée lors de l’usinage de qu’aux poussières d’aluminium stances que l'on sait être cancérogènes
pièces en aluminium. (tableau IX). chez l'homme.
■ La catégorie 2 correspond aux sub-
TABLEAU IX
stances devant être assimilées à des
Identification Exposition aux aérosols Exposition aux poussières substances cancérogènes chez
des emplacements de fluides de coupe en (mg/m3) d’aluminium en mg/m3 l'homme. On dispose de suffisamment
(Valeur recommandée 0,5 mg/m3) (VME : 5 mg/m3) d'éléments pour justifier, avec une
Ambiance
forte présomption, que l'exposition de
l'homme à de telles substances peut
A proximité du centre d’usinage 0,07 < 0,02
provoquer un cancer.
A proximité du tour n° 1 0,09 0,02
■ La catégorie 3 correspond aux sub-
A proximité du tour n° 2 0,06 < 0,02
stances préoccupantes en raison d'ef-
Prélèvement sur les opérateurs fets cancérogènes possibles mais pour
Tour (centre d’usinage) prélèvement n°1 0,12 < 0,02 lesquelles les informations disponibles
Tour (centre d’usinage) prélèvement n°2 0,12 < 0,02 ne permettent pas une évaluation
Tour n° 1 (commande numérique) 0,28 < 0,026 satisfaisante (preuves insuffisantes).
Tour n° 2 (commande numérique) 0,31 < 0,041
Diamètre aérodynamique : On
appelle diamètre aérodynamique, d'une
particule de forme et de densité quel-
conque, le diamètre d'une sphère de
densité unité (masse volumique
1 000 kg/m3) dont la vitesse de chute
limite dans l'air est égale à celle de la par-
ticule considérée. Le diamètre aérodyna-
mique est le paramètre essentiel tradui-
sant la taille d'une particule lors de
l'étude de ses mouvements dans l'air.
Cela n'est cependant plus le cas pour les
particules submicroniques (diamètre
< à 1 μm), dont les mouvements sont liés
en partie à des phénomènes de diffu-
sion.
BIBL I OGRAPHI E
[1] ■ NF ISO 6743-7 – Lubrifiants, huiles indus- [17] ■ SEFRIN H. et col. – Evaluation des émis- ment des ambiances de travail (non paru au JO)
trielles et produits connexes (classe L). Classification. sions lors de l’usinage des métaux par enlèvement de Bulletin officiel. Travail, emploi et formation profes-
Partie 7 : famille M (travail des métaux). AFNOR, copeaux sous microlubrification. INRS, ND 2215, 2004 sionnelle, 1990, n°90/24, pp 103-109.
1987, 8 p. (Traduction de : Bestimmung und beurteilung von
Emissionen bei der spanenden metallbearbeitjung [31] ■ NF EN 1822-1 – Filtres à air à très haute
[2] ■ Guide d'emploi des fluides de coupe. CETIM, mit minimalengendchmierung. In : Gefahrstoffe – efficacité et filtres à air à très faible pénétration (HEPA
1989, 183 p. Reinhaltung der Luft, vol. 63, n°10, octobre 2003, et ULPA). Partie 1 : classification, essais de perfor-
p. 417-424) mance et marquage. AFNOR, octobre 1998, 24 p.
[3] ■ Centre Professionnel des Lubrifiants, 104 av
Albert 1er, 92500 RUEIL MALMAISON. [18] ■ FORSBERG K., MANSDORF S.-Z. – Quick [32] ■ Cooper J.-S., Raynor P.-C., Leith D. –
selection guide to chemical protective clothing.
[4] ■ Solubilisation des métaux dans les fluides rd Evaporation of mineral oil in a mist collector. Appl.
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[19] ■ Guide pratique de ventilation. 0. Principes
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coupe. INRS, Documents pour le médecin du travail, généraux de ventilation. INRS, ED 695, 1989.
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[22] ■ DALTON A.-J. P. – Oil - A worker's guide to Résultats des essais pour seize séparateurs en labora-
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1975, 93 p. (Traduction INRS 544-82).
[9] ■ Évaluation des risques professionnels. Aide
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ED 840, 2004. L'assainissement de l'air des locaux de travail. INRS, rendement des séparateurs de brouillard d'huile. III -
ED 657, 1989. Résultats des essais pour treize séparateurs testés en
[10] ■ NF T60-607 – Produits pétroliers et lubri- milieu industriel. Stockholm, Arbetarskyddsverket,
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mended practice. 20e ed. Lansing, ACGIH, 1989. 1983, coll. Arbete och hâlsa, Vetenskaplig Skiftserie,
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[11] ■ Utilisation des huiles de coupe entières. [25] ■ EOL : un logiciel de ventilation prévision-
Recommandation de la CNAM, R 370, 1995. nelle applicable à l'assainissement de l'air des locaux [36] ■ Frising T., Thomas D. – Filtration of liquid
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[12] ■ Criteria for a recommended standard. Cincinnati (USA), 2002.
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[14] ■ Metalworking fluids : Method 5524, issue vail. INRS, ND 2118, 1999. [38] ■ Bémer D., Ginestet A. – Epurateurs de
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http://www.cdc.gov/niosh/nmam modérées. Détermination des indices PMV et PDD et méthode d’essai. INRS, ND 2072, 1998, pp. 33
spécifications des conditions de confort thermique.
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de travail. Prélèvement individuel de la fraction inspi- vail. Aide-mémoire juridique. INRS, TJ 5, 2004.
rable de la pollution particulaire. AFNOR, 1988, 11 p. [29] ■ La compensation contrôlée d'une installa-
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[16] ■ NF X 43-261 – Qualité de l'air. Air des lieux Vocabulaire. AFNOR, 1981, 6 p.
de travail. Prélèvement à poste fixe et mesurage de la [30] ■ Note technique du ministère du travail du 5
pollution particulaire totale. AFNOR, 1988, 9 p. novembre 1990 relative à l’aération et à l’assainisse-
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