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%C3%A9-ahmadkhan-hyderkhan lexpress 11 MAI 2011

Entré au sein de la police en 1940, il l’a quitté au rang d’adjoint au commissaire de police quarante ans plus tard.
D’aucuns confient qu’il a été écarté du poste suprême pour des raisons purement politiques durant les années de
braise.

Il était le dernier des Mohicans. L’ancien adjoint au commissaire de police (DCP) Ahmadkhan Hyderkhan est décédé
à l’âge de 90 ans, ce lundi 9 mai.. Entré dans les rangs de la police au mois d’avril 1940, soit soixante et onze ans plus
tôt, il a gravi un à un les échelons. 

Fils de Gazi Khan, un Pakistanais originaire de Peshawar, le jeune Ahmadkhan naquit à Maurice le 6 novembre 1920.
Après des études au niveau du secondaire, il fait une croix sur une carrière d’enseignant pour adopter l’uniforme. Il a
19 ans, habite St-Pierre et se trouve de facto posté à Moka. 

Trois ans après, il se marie à son amour de jeunesse, Samsoon Nehar Mudhoo. Enfants, les deux fréquentaient la
même madrasa et étaient voisins. C’est donc sans surprise qu’ils s’unissent et auront sept fils. 

En 1948, l’officier Hyderkhan passe au grade de caporal et intègre le poste de police de Rose-Hill. Il est fait sergent
puis sub-inspector durant les deux années qui suivent. En 1962, il quitte l’uniforme pour être détective avec&nbsp le
grade de chef inspecteur au Central CID. 

Passé à la police secrète, la Special Branch, ancêtre de l’ex National Intelligence Unit (NIU) désormais connu comme
le National Security Service (NSS), il côtoie Sir Seewoosagur Ramgoolam. Trois ans suffiront pour qu’il accède,
alors au Central CID, au rang d’assistant surintendant de police.

L’Indépendance est derrière la porte quand, surintendant, il prend la direction de Port-Louis Nord. Cette région qui
englobe Roche-Bois, Ste-Croix et Plaine-Verte se trouve soudain en proie aux bagarres raciales.

« ll s’est rendu compte que la police locale ne pourra endiguer cette montée de violence à elle seule. Il est parti voir
Abdool Razack Mohamed et tous deux sont allés frapper à la porte de Sir Seewoosagur Ramgoolam afin qu’il
persuade le Commissaire de police d’alors, George Bernard McCaffery, de solliciter l''''aide des militaires anglais »,
explique son fils, Yousouf. 
Ahmadkhan Hyderkhan est alors un inconditionnel du chacha Ramgoolam. Si ce&nbsp n’est son bras droit, voire son
homme de confiance. « A l’époque, le Premier ministre ne disposait pas de garde rapprochée. A chacune des fois
que Sir Seewoosagur avait un déplacement délicat à faire, il faisait appel à lui », se rappelle Yousouf. 

Cette proximité avec le chef du gouvernement ne lui sera toutefois pas utile dans l’avancée de sa carrière. De 1968 à
1974, il est nommé responsable des districts de Moka et de Flacq. En 1975, il gravit au rang d’assistant commissaire
de police responsable de l’administration de la force.

Nommé adjoint au commissaire de police en 1976, le siège de commissaire de police ne lui sera pas destiné, bien
qu’il ait assuré la suppléance à ce poste à plusieurs reprises. Cette année-là, il évite une bagarre entre des habitants de
Plaine-Verte et de Triolet à l’issue d’un match de foot. Il quittera la police le 31 juin 1980. 

« C’est un de ses bons amis, Atwaroosing Rajarai, qui est nommé à sa place. C’était une décision purement
politique. Il n’en a gardé aucune amertume », explique un proche. 

Décoré de l’ordre de l’Empire britannique (MBE) et de la Queen’s Police Medal (QPM), l’ex haut gradé a eu le
malheur de perdre l’aîné de ses fils. Ce dernier est décédé l’âge de 30 ans des suites de complications cardiaques. Un
autre fils, médecin est mort par négligence médicale.

« Mon frère avait une tumeur et ce sont ses propres collègues qui ont été à son chevet. Mon père est parti voir Sir
Anerood Jugnauth, le Premier ministre pour évoquer ce cas. Une enquête judiciaire présidée par le magistrat
Satyajit Boolell a confirmé la négligence », indique son fils Yousouf. Le vieil homme n’a jamais voulu réclamer des
dommages aux coupables.

L’ancien DCP aura également le malheur de perdre son épouse en 2001. Cinq ans plus tard, c’est avec émotion qu’il
savourera pourtant la prestation de serment de son petit-fils, Nadeem, comme avocat du barreau, un rêve qu’il a
caressé pour ses fils. L’année dernière, il a également eu l’honneur de recevoir la visite du fils de Sir Seewoosagur
Ramgoolam, Navin, lors de l’Eid-Ul-Fitr, à son domicile, à la rue Auguste Rouget, à Port-Louis. 

« C’était un gentleman. Il connaissait tous les rouages de la police, ayant gravi toutes les échelons. Rodé ar loupe
pas trouvée aster. Il faisait son travail correctement et inspirait le respect. On peut dire qu’il avait une poignée de
fer dans un gant de velours », confie l’ancien assistant commissaire de police Roger Lebon. 

« En pleine bagarre raciale, en 1968, on est entré ensemble dans la Plaine-Verte. J’étais une nouvelle recrue, il était
surintendant de la région », relate l’ex patron du Central CID. « Il était un homme intelligent et était respecté au sein
de la communauté. J’ai été son Chief Clerk à Moka », ajoute l’ancien assistant commissaire de police Saheedullah
Lauthan.
Les funérailles d’Ahmadkhan Hyderkhan ont eu lieu lundi en présence du chef du gouvernement et de nombreux
anciens hauts gradés, dont Harold Munso qui n’a pas manqué de lancer : « Li ti mo guru ». 

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