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Annales Pharmaceutiques Françaises (2010) 68, 332—358

REVUE GÉNÉRALE

Déconditionnement et stabilité des formes orales


sèches solides : états des connaissances
Current perspectives on the repackaging and stability of solid oral doses

F. Lagrange

Service pharmacie laboratoire, centre hospitalier spécialisé, Mas et IME de la Charité,


51, rue des Hostelleries, BP 137, 58405 La Charité-sur-Loire, France

Reçu le 2 mai 2010 ; accepté le 20 août 2010

MOTS CLÉS Résumé Quelles sont les recommandations scientifiques relatives au déconditionnement-
Dose unitaire ; reconditionnement en France en 2010 alors que celui se développe ? L’extraction provisoire
Forme orale sèche ; ou définitive de l’atmosphère originelle du conditionnement industriel primaire pour suivre le
Reconditionnement ; processus de reconditionnement semble être à la base de la controverse actuelle. Cependant, il
Aide à l’observance ; s’agit de reconditionner avec des matériaux de qualité définie. Considérant cela, nous passons
Date limite en revue la littérature et les recommandations internationales pour déterminer les conditions de
d’utilisation ; stabilité et d’utilisation des spécialités orales sèches déconditionnées tout au long du processus
Rapport de reconditionnement. Malgré l’absence d’études de stabilité publiées, différentes alternatives
bénéfice—risque pourraient permettre d’établir de manière scientifique un délai d’utilisation maximal. Ainsi, la
comparaison de la perméabilité à la vapeur d’eau des emballages, des modèles galéniques
de molécules hygroscopiques et photosensibles ou les études de compatibilité médicament-
excipient en phase de préformulation pourraient sécuriser la liste des médicaments pouvant
être reconditionnés. Si l’on cherche à appliquer le principe de précaution, il apparaît légitime
de disposer également de données de stabilité pour les blisters industriels et les doses unitaires
d’origine circulant dans les conditions réelles du circuit du médicament en établissement de
santé. Finalement, le bénéfice de la préparation centralisée, l’amélioration de la compliance
et la diminution des erreurs d’administration doivent être remis en perspective avec le risque
de cet acte pharmaceutique. Cette revue offre la possibilité de construire une liste de médi-
caments à reconditionner et des éléments de réflexion pour le pharmacien engagé dans son
analyse des risques.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Adresses e-mail : fabrice.lagrange@chs-lacharite.fr, fabrice.lagrange@laposte.net.

0003-4509/$ — see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.pharma.2010.08.003
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 333

KEYWORDS Summary Which are the guidelines and scientific aspects for repackaged oral solid medica-
Unit-dose; tions in France in 2010 whereas it develops? The transient or definitive displacement of the
Solid oral solid oral form from the original atmosphere to enter a repackaging process, sometimes auto-
medication; mated, is likely to play a primary role in the controversy. However, the solid oral dose is to be
Repackaging; repackaged in materials with defined quality. Considering these data, a review of the literature
Safety risk; for determination of conditions for repackaged drug stability according to different interna-
Compliance aids; tional guidelines is presented in this paper. Attention is also paid to the defined conditions
Expiration dating; ensuring the conservation and handling of theses drugs throughout the repackaging process.
Beyond-use dating However, there is lack of scientific published stability data. Nevertheless, recent alternatives
may be proposed to overcome the complexity of studying stability in such conditions. Then, the
comparison of the moisture barrier properties of the respective package, a galenic model of
hygroscopic molecules, or light sensitive molecules or stability data obtained during the indus-
trial preformulation phase could also secure the list of drugs to be reconditioned. Similarly, a
wise precaution will be to get stability data for the industrial blisters and unit doses undergoing
the real conditions of the medication use process in hospitals and other healthcare settings.
By now, reduction of dispensing errors and improvement of the compliance aid put a different
perspective on the problem of repackaged drugs. To date, the pharmacist is advised to carry
out its analysis of the risks.
© 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction au déconditionnement de spécialités pharmaceutiques en


vue de leur répartition pour une aide à l’administration des
La qualité du médicament est étroitement dépendante médicaments aux patients (en particulier s’agissant de la
de la qualité du conditionnement primaire [1]. Celui-ci constitution de semainiers). Sur le plan légal, deux doctrines
« garantit au patient que la préparation médicamenteuse s’opposent actuellement en France. Pour les uns (historique-
qu’il contient satisfait aux exigences pharmacopées en ment le ministère) la préparation des doses à administrer
vigueur et de ce fait que sa qualité est préservée » [1]. déconditionnées relève de la fabrication industrielle, est
L’ensemble conditionnement primaire et articles de condi- soumise à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) et donc
tionnement secondaire assure un rôle de protection, un rôle illégale en officine cependant que le pilulier pourrait être
fonctionnel et un rôle d’identification [2]. Ainsi, « il n’y a pas préparé hors officine par tout autre opérateur [4]. Les autres
de médicament sans conditionnement » [2] et le galéniste (dont le Conseil national de l’ordre des pharmaciens) y sont
le conçoit pour faciliter et optimiser la prise du médica- opposés car « ces doctrines semblent biaiser les catégories
ment [3]. Finalement, « c’est en terminant les opérations fondamentales du droit pharmaceutiques, civil et pénal »
de conditionnement que l’industriel assume véritablement [5]. C’est cette controverse qui nous a fait nous interroger
ses responsabilités pharmaceutiques » [2]. Déconditionner, sur les aspects scientifiques du déconditionnement.
c’est rompre le scellé apposé par l’industriel. Littérale- Quel est le contexte le déconditionnement-recondi-
ment, c’est dégager, libérer, sortir de certaines conditions. tionnement des formes orales sèches ? Que savons-nous
Ainsi, pour les formes orales sèches, rompre le conditionne- de la stabilité des formes orales sèches ? Pourquoi
ment primaire c’est ouvrir la petite enceinte qui contient déconditionner ? Lorsque le déconditionnement est envisa-
directement la spécialité. Cette enceinte limite notam- geable, quelles sont les précautions et contre-indications
ment les échanges à une zone d’atmosphère confinée. Par au reconditionnement existantes ? Quels éléments doivent
reconditionner, nous parlons ici d’effectuer un transfert être soulignés lors du processus de reconditionnement ?
physique vers un pilulier pharmaceutique et, suivant le dis- Comment nos confrères étrangers ont-ils abordé cette ques-
positif utilisé, d’apposer un nouveau scellé. Cette sortie tion, puisque de fait, la France compte plus d’une décennie
n’est qu’une étape vers un nouveau conditionnement pri- de retard sur les pratiques automatisées anglo-saxonnes ou
maire. Par analogie avec la chaîne du froid, on peut parler canadiennes [6—8] ?
d’une étape dans une chaîne d’atmosphère confinée. C’est
donc en même temps un acte de préparation et un trans-
fert de responsabilité vers le pharmacien qui dispense. Cet Contexte
acte pharmaceutique pose le problème de la qualité de
l’opération pharmaceutique et de l’acte de dispensation La stabilité des formes sèches orales avant
(au plus près du patient : R.4235-48), de l’autorisation de déconditionnement
préparer et de l’inspection des lieux de prestations. Les
bonnes pratiques de préparation sont opposables aux phar- La stabilité d’une spécialité pharmaceutique est la capacité
macies d’officine (Art. L.5125-1 du Code de la santé publique d’une composition pharmaceutique, dans un conditionne-
[CSP]) et aux pharmacies à usage intérieur des établisse- ment primaire spécifique, à rester dans des spécifications,
ments de santé (Art. L.5126-1 du CSP) mais ne s’applique pas physiques, chimiques (identité, pureté, qualité, dosage),
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microbiologiques, thérapeutiques et toxicologiques. Pour d’un mois. Bien souvent, il n’y a pas de cadre scientifique
certaines formes, les spécifications de bioéquivalence sont particulier ;
demandées. Les formes galéniques sèches sont adaptées à • en établissement de santé, la préparation des doses
la stabilité microbiologique et physicochimique des prin- et le déconditionnement dans les unités de soins sont
cipes actifs. La date limite d’utilisation est « la preuve de la actuellement le plus souvent pratiqués par les person-
compatibilité contenant-contenu dans les articles de condi- nels infirmiers (Art. 5 du décret du 11 février 2002) mais
tionnements définitivement adoptés » [2]. Ainsi, les formes aussi par toute personne chargée de l’aide aux actes de la
solides sont stables et garanties par l’industriel jusqu’à la vie courante (circulaire DGS/PS 3/DAS no 99-320 du 4 juin
date d’expiration indiquée sur l’emballage, à condition de 1999 et Art. L.313-26 du Code de l’action sociale et des
ne pas les déconditionner (sortie des blisters, du sachet, familles, Art. 124 de la loi HPST no 2009-279 du 21 juillet
etc.) avant le moment même de l’administration. 2009). Les équipes pharmaceutiques préparent les médi-
On entend par modification de la stabilité : une baisse caments rendus nécessaires par l’absence de spécialités
de 5 % de la teneur en principe actif (PA) par rap- pharmaceutiques disponibles (médicaments orphelins) ou
port à la valeur initiale, la présence de tous produits par une adaptation individuelle au patient (pédiatrie,
de dégradation spécifiée en quantité supérieure par rap- cancérologie, dans une certaine mesure nutrition paren-
port aux spécifications (risques toxiques ou d’inactivation), térale totale). Cela peut concerner en même temps la
un pH en dehors des valeurs spécifiées, une vitesse de préparation de médicaments toxiques pour le personnel
dissolution inférieure aux limites spécifiées avec pour consé- ou l’environnement (anticancéreux, radiopharmaceu-
quence une éventuelle diminution de la biodisponibilité, tiques). La préparation hospitalière doit répondre aux
des spécifications relatives à l’apparence et aux proprié- mêmes critères de qualité que la production industrielle
tés physiques non respectées [9]. La stabilité industrielle dans le respect des bonnes pratiques de préparation et
des spécialités (date limite d’utilisation [DLU]) est enca- des bonnes pratiques de fabrication. À l’hôpital, la dis-
drée par des conditions standardisées et internationales tribution unitaire au patient a incité les pharmaciens
(règlements de l’International Conference on Harmonisation hospitaliers à demander aux industriels la modification
[ICH]) [10]. des conditionnements au profit de présentations unitaires
adaptées [3]. La préparation des doses à administrer
Bref historique du reconditionnement avec déconditionnement-reconditionnement est effec-
tuée dans différents établissements en France depuis
Les formes orales sèches destinées au public peuvent être des années. Une expérimentation à grande échelle s’est
conditionnés sous formes multidoses ou sous formes uni- déroulée au début des années 1980 dans les hôpitaux
taires. Il existe une différence entre le modèle français de de type Fontenoy (Tarbes, Boulogne-sur-Mer, Rennes et
conditionnement en boîtes de plaquettes thermoformées et Quimper).
les modèles utilisant le vrac pharmaceutique (États-Unis,
Canada, etc.). Dans les modèles de vrac pharmaceutique,
quand un pharmacien honore une prescription, il retire Développement et succès des systèmes d’aide
le nombre d’unité de médicament du récipient de grande à la prise de médicaments
dimension fournit par le laboratoire (généralement un bulk
container de 500 unités) ou le façonnier pour le placer dans Depuis de nombreuses années, les laboratoires pharma-
un récipient plus petit au nom du patient. Certains font ceutiques ont proposé des conditionnements destinés à
remarquer que la dispensation de boîtes de blister est moins aider l’observance du patient (plaquettes calendaires, etc.)
économique, inflationniste et serait moins favorable au suivi [3]. Parfois, ces présentations ont été des arguments
de l’unité dispensée [5]. Le développement de conditionne- marketing. Les opérations actuelles de déconditionnement-
ments primaires différents tiendrait principalement au fait reconditionnement effectués par les pharmaciens officinaux
que le payeur est différent dans les deux cas. Aux États-Unis ou des établissements de santé de par le monde doivent jus-
par exemple, le payeur est souvent le client, le système tement leurs succès à une observance améliorée (piluliers,
est donc tourné vers l’économie, le suivi et la traçabilité système d’aide à la prise des médicaments) et à une iatro-
des unités délivrées. L’automatisation s’est ainsi développée génie médicamenteuse diminuée particulièrement chez le
avec une recherche continuelle du système le plus écono- sujet âgé. Pendant ce temps, les recommandations scien-
mique en main d’œuvre. En France, une couverture sociale tifiques ou réglementaires se font toujours attendre et la
différente a favorisé le développement de conditionnement demande pour la réalisation des piluliers ne cesse de croître.
en alvéole unitaire, d’un packaging et de sa signalétique. De fait, le reconditionnement semble une pratique utile.
Le conditionnement unitaire en plaquettes thermoformées Ainsi, il améliore l’observance, l’organisation de la prise
présente de plus une certaine sécurité. Il rend plus diffi- et du suivi des traitements [5]. Il diminue les effets secon-
cile l’autolyse par prise massive de médicament (le contenu daires, l’iatrogénie par erreur de prise ou d’administration
d’un tube pilulier pouvant être avalé en une seule fois [10]). et les hospitalisations par mésusage. Enfin, il participerait à
En outre, il a l’avantage de ne pas nécessiter les études de l’économie et à la sécurité du circuit du médicament [5] en
stabilité après ouverture du flacon multidoses [10]. prévenant le coulage [11].
En France, le déconditionnement n’est pas une pratique Le National Health Service (NHS) anglais publie en jan-
nouvelle dans la vie du médicament : vier 2009, en tant qu’autorité scientifique de santé, une
• en officine, le déconditionnement est pratiqué depuis réponse à la question suivante : « L’utilisation des piluliers
longtemps pour les produits officinaux divisés et pour multicompartimentés augmente-t-elle l’adhésion du patient
les préparations magistrales dispensées pour une période au traitement prescrit ? ». Pour les patients qui ont des pro-
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blèmes pour organiser des traitements complexes ou qui ont éclairage scientifique à la lecture des bonnes pratiques de
tendance à oublier, les systèmes d’aide à la prise peuvent préparation des doses à administrer (BPPDA).
être bénéfiques. En dehors de ces cas, le rapport considère Parce que le domaine des études de stabilité est très
que beaucoup d’individus développent leur propre stratégie vaste et incomplètement étudié, notamment en ce qui
et que les preuves de l’intérêt de ces systèmes ne sont pas concerne l’inventaire exhaustif des produits de dégrada-
encore suffisamment établies pour recommander leur utili- tion et de leurs effets biologiques, il s’agira de proposer
sation à grande échelle [12]. Cependant, le blister n’est pas des alternatives permettant d’établir de manière réalisable
toujours le conditionnement préféré des patients [13]. et scientifique un délai maximal d’utilisation des spécialités
Le Guide des médicaments en secteur de soin social ainsi déconditionnées.
britannique reconnaît quant à lui que la préparation des
piluliers par les soignants au sein des unités de soins repré-
sente une grande source d’erreurs [14]. Il faut consulter Méthode
d’autres références pour disposer d’une approche compa-
rée des risques sanitaires selon que le reconditionnement Une revue de la bibliographie internationale a été effectuée.
est pharmaceutique ou non [7,12,15] ou selon que le médica- Elle porte sur les articles référencés par l’outil de recherche
ment est consommé par le patient hors d’un système d’aide de la Librairie nationale de médecine des États-Unis (Pub-
à la prise [12]. Ainsi, la non-conformité des doses préparées med). Cette revue a été complétée par un recueil des
de façon automatisée à la pharmacie par du personnel phar- données des sociétés de pharmacies, des expériences inter-
maceutique (relevés en sortie de production et au moment nationales, et des recommandations existantes auprès des
de l’administration infirmière) peut-elle passer de 7 % à un principales autorités de santé nationales et internationales
taux inférieur à 0,02 % pour les doses buvables et inférieur (Food and Drug Administration [FDA], NHS, Haute Autorité
à 0,06 % pour les doses de formes sèches [7]. de santé [HAS], Afssaps, etc.) à la date du 14 août 2010.
Il rapporte également que les plumiers multicomparti- Ainsi, par exemple, les questions posées par la FDA dans
mentés ont des désavantages quand ils sont préparés pour l’amendement « Changes being effective supplement » (CBE)
être utilisés par le patient lui-même. Cela concerne en pre- ou par les directives européennes (2010/C 17/01 Journal
mier lieu les patients qui perdent la capacité à prendre officiel de l’Union européenne) sont apparues comme autant
des médicaments à cause d’un handicap physique ou men- d’axes de réflexion pour le pharmacien reconditionneur
tal. Ils ne sont pas utiles pour les patients peu motivés, investi dans sa démarche qualité. La FDA a-t-elle approuvé
confus ou présentant des troubles de la mémoire lorsqu’ils ce nouveau conditionnement pour le même type de forme ?
gèrent seuls leurs traitements. Il en va de même pour les Quel type de protection ce produit nécessite-t-il ? Le nou-
patients qui ont des modifications fréquentes de traite- vel emballage procure-t-il une protection équivalente ou
ment, qui prennent des médicaments si besoin. En revanche, supérieure à l’ancienne ? Quel type d’information sur le
dans les établissements de santé et les centres de soins de matériel d’emballage et quel type de données de stabilité
longue durée anglo-saxons, le reconditionnement est cou- sont demandés par la FDA ?
rant quand les patients sont pris en charge par les équipes
soignantes.
En Allemagne, nous n’avons pas trouvé de recomman- Résultats
dations particulières sur ces systèmes d’aide à la prise
mais une publication fait mention du reconditionnement Les résultats sont présentés sous forme d’une liste pratique
[15]. Cette publication rapporte que la prescription de dans l’ordre des questions que se pose un pharmacien. Le
fractions est l’occasion pour le pharmacien de choisir une Tableau en fin d’article résume les sources documentaires
forme adaptée ou de vérifier que le fractionnement est directes ou extrapolées.
correctement fait. Dans ce cas, le reconditionnement est
recommandé et bénéfique. En effet, une étude rapporte que
Arguments favorables à la pratique du
sur 48 512 traitements inspectés pendant huit semaines dans
trois unités de soins prolongés, le taux d’erreur de recon- déconditionnement-reconditionnement
ditionnement était de 1,3 %, impliquant 7,3 % des piluliers
journaliers. La plus grande proportion d’erreur impliquait un
Les conditions de stress des études de stabilité et
fractionnement incorrect des comprimés [15]. Malgré tout, des études de dégradation accélérée
le fractionnement pose un problème supplémentaire si un Les études de stabilité réglementaires sont conduites dans
élément galénique protecteur est altéré. Cette publication un système de conditionnement identique ou simulant le
met le risque du reconditionnement en perspective avec conditionnement d’origine. Dès lors, on comprend facile-
le bénéfice en termes de compliance et de iatrogénie de ment que la DLU ou péremption (« à utiliser avant ») n’est
préparation des doses et de leur administration. plus opposable pour la forme reconditionnée. Les études de
dégradation accélérée sont destinées à augmenter la vitesse
de dégradation physique ou chimique d’un médicament en
Objectifs le soumettant à des conditions de stockage extrêmes dans le
cas du programme officiel des études de stabilité. Les études
Cet article a pour objectif d’aboutir à une aide à la déci- de stabilité en temps réel étudient expérimentalement les
sion du pharmacien considérant les bénéfices et les risques caractéristiques physiques, chimiques, biologiques et micro-
de reconditionner ou non certains médicaments. Il s’agit de biologiques d’un médicament pendant sa durée de validité
contribuer à sa réflexion et d’apporter éventuellement un et d’utilisation prévue et au-delà, dans des conditions de
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stockage prévues pour le marché auquel il est destiné (cf. de médicaments en fait identiques sont conditionnées dif-
http://www.emea.europa.eu/pdfs/human/ich/273699en. féremment pour la même zone climatique (cf. paragraphe
pdf consulté le 14/08/2010). Les études de dégradation précédent). Les pharmaciens australiens rapportent aussi
accélérée et leurs conditions de stress laissent donc entre- que différents fabricants ou génériqueurs ont parfois des
voir une possibilité de conditions permettant d’assurer, recommandations différentes sur des produits identiques ou
pour un temps, la qualité pharmaceutique des spécialités similaires [19].
déconditionnées et reconditionnées.
La stabilité est un phénomène thermodynamique réel qui L’éloignement des sites de production et de
intervient dès la naissance du médicament. En amont du conditionnement
processus industriel, d’autres éléments viennent renforcer Les études de stabilité complémentaires trouvent égale-
cette possibilité. Ainsi, très en amont de la chaîne de pro- ment leur application lorsque les sites de production et
duction, les chimistes cherchent une substance active de les sites de fabrication sont physiquement éloignés l’un
qualité physique maîtrisée. Il s’agit de produire une forme de l’autre. Il arrive donc que des formes sèches voyagent
cristallographique garantissant la meilleure stabilité pen- hors des conditions de stabilité de l’AMM. Enfin, la pra-
dant la production (contraintes d’écrasement et de chaleur, tique du reconditionnement est également encadrée pour
mouillage ou assèchement, etc.) puis de bonnes proprié- les médicaments expérimentaux et pour les modifications
tés galéniques et thérapeutiques. En 1998, la fabrication du d’emballage post-AMM. Nous n’aborderons pas ici les formes
Norvir® fut suspendue à cause de la synthèse d’une forme sèches homéopathiques pour lesquels les données de sta-
cristallographique inefficace contre la maladie [16]. Cette bilité restent limitées. Aux États-Unis, les modifications
première étape qui définit le processus de production nous modérées d’emballage après AMM [20] nécessitent un amen-
permet de nous appuyer en France sur les études de stabi- dement CBE alors que les changements mineurs peuvent être
lité effectuées et publiées dans les autres pays du monde. transmis à la FDA avec le rapport annuel. Selon l’interaction
En effet, les formulations utilisées par les géants industriels contenant-contenu et la forme, la catégorisation varie.
pour les différents pays sont les mêmes car fabriquer autre- Ainsi, un changement de forme et de taille d’un médica-
ment multiplierait des études inutiles et trop coûteuses ment stérile sera classé comme modéré quand il sera classé
de stabilité, de toxicité et de pharmacocinétique [10]. Cet mineur pour une forme orale sèche. Cet élément encadre
élément souligne l’importance de la question du condition- donc la modification de conditionnement et peut donner des
nement primaire et secondaire choisi en fonction de la zone informations au pharmacien reconditionneur (cf. § « Choisir
climatique (cf. « Les cas répertoriés d’intoxication et les un matériel de reconditionnement »). En France, depuis
zones climatiques »). mai 2008, les dispositions des directives européennes sur le
Comme les études de stabilité sont très réglementées, conditionnement des médicaments sont transposées. Pour
donc lourdes et coûteuses, les données publiées de stabi- les lignes directrices concernant les caractéristiques des
lité hors du conditionnement commercial restent limitées différentes catégories de modifications des termes d’une
mêmes si elles sont demandées depuis des années [17]. AMM pour des médicaments à usage humain et des médica-
Cependant, le droit de la responsabilité du laboratoire ments vétérinaires (2010/C 17/01 Journal officiel de l’Union
fait que d’une part, c’est en terminant les opérations de européenne) le changement de conditionnement primaire
conditionnement de scellage et d’apposition de la DLU que du produit fini pour les formes solides relève d’une pro-
l’industriel assume véritablement ses responsabilités phar- cédure mineure IA, (cf. conditions au R.5121-41-2 du CSP)
maceutiques et que d’autre part, il n’est tenu de fournir le changement pour un conditionnement moins protecteur
des études de stabilité après ouverture que pour les formes entraînant des modifications dans les conditions de stockage
multidoses [10]. Dès lors, comme autrefois, tel ou tel lea- relève d’une procédure majeure II. Si le conditionnement
der d’opinion peut exprimer son point de vue. S. Eastham qui proposé est plus résistant que le conditionnement existant
représente une chaîne de pharmacie anglaise fait remarquer (par exemple une plaquette thermoformée plus résistante),
que beaucoup de médicaments référencés par C. Church les données sur la stabilité sur une période de trois mois ne
et J. Smith [18] comme ne convenant pas pour être mis sont plus exigées.
dans un dispositif multi-compartiment sont toujours dispen-
sés dans des flacons de grandes contenances y compris aux
Les renseignements apportés par la FDA et le
États-Unis [17]. La gestion du risque doit cependant repo-
ser sur des arguments juridiques plutôt que sur l’avis (non
programme SLEP
opposable) de tel ou tel leader d’opinion. Ainsi, il existe en Le programme d’étude Shelf Life Extension Program
France des arguments juridiques robustes mais contrés [5]. (SLEP) a recherché la stabilité réelle des stocks de
F. Mergelin [5] fait référence par la qualité de sa bibliogra- médicaments destinés à des fins militaires [21,22].
phie. Cependant, c’est justement parce que les études de Ce programme du département de la défense américaine
stabilité réglementaires sont coûteuses que l’industrie a mis (http://www.defense.gov/news/newsarticle.aspx?id=44979
au point des études et tests de stabilité complémentaires consulté le 14/08/2010) et de la FDA a cherché à savoir si
en dehors du conditionnement lors des premières étapes les médicaments pouvaient être utilisés au-delà de leur DLU
du développement. D’autres données de stabilité existent officielle. Cette problématique est proche de celle observée
donc mais les avantages concurrentiels qu’elles confèrent en France avec les stocks nationaux d’antiviraux (Tamiflu® ).
aux départements de recherche galénique et de formula- Le programme a montré que pour 96 médicaments diffé-
tion ne facilitent pas leur divulgation. Le lecteur a remarqué rents et coûteux, la stabilité dans leur emballage d’origine
que la non divulgation de ces données de stabilité complé- était encore valide en moyenne 57 mois après la DLU [23].
mentaires mettaient en cause le fait que des formulations Le valium serait ainsi stable, sain et efficace huit ans
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 337

après la DLU. La ciprofloxacine, neuf ans et demi après la ceutiques [33] permet d’identifier et d’indiquer s’il s’est
DLU. Certaines préparations de comprimés de théophylline produit une dégradation, une adultération importante de
montrent 90 % de stabilité après 30 ans. Une autre publica- certaines substances connues pour se décomposer facile-
tion rapporte des durées de 25 ans pour l’amantadine et une ment dans des conditions défavorables. Il ne remplace pas
activité antivirale conservée après chauffage à 65—85 ◦ C les études de stabilité. L’OMS rappelle que ce « guide de
[24]. Bien que des données publiées soient rares, il en est terrain » ne saurait remplacer les données de stabilité du
pour penser que la plupart des médicaments conservés dans fabricant. Cependant, on comprend que le conditionnement
de bonnes conditions gardent 70 à 80 % de leur puissance d’origine du fabricant n’est pas toujours le garant d’une
pour au moins un à deux ans après leur date d’expiration meilleure stabilité. Et parfois, dans certaines conditions cli-
même après ouverture du conditionnement (la norme USP matiques (Nairobi : tempéré et humide ; Lokichokio : chaud
est 90 % de puissance conservée) [25,26]. et humidité moyenne, etc.) aucun conditionnement ne
Il convient cependant de mettre les pharmaciens en semble apporter de protection plus prolongée qu’un autre
garde contre ces données qui restent fragmentaires par [34]. Ce serait alors l’argument financier qui ferait préfé-
rapport aux spécifications de l’ICH. Elles ne sont pas rer le conditionnement vrac par rapport au blister. Dans
opposables et n’ont pas de relation démontrées avec les dif- cette étude [34], quatre types de conditionnements ont été
férentes conditions climatiques qu’ils rencontrent. De plus, comparés en milieu tropical (boîte de mille, sachet de pres-
elles mettent en évidence l’importance du conditionnement cription, blister bubble-pack, blister double feuille) pour des
d’origine même si l’on peut se poser la question de sa qualité comprimés de paracétamol, de chloroquine, d’ergométrine,
après huit ou neuf ans. et de gélules de tétracycline. Les gélules de tétracycline
se sont avérées plus stables que prévu. « Les comprimés
d’ergométrine ont été très abîmés, du fait de la sensibi-
Les cas répertoriés d’intoxication et les zones lité à l’humidité de leur PA. Les comprimés de paracétamol
climatiques et de chloroquine ont vu diminuer leur faculté à libérer leur
À ce jour dans la littérature médicale, peu de publica- substance active. La molécule de chloroquine a présenté
tions font le point sur les intoxications par médicaments une instabilité assez inattendue. Aucun conditionnement n’a
utilisés en dehors des règles de stabilité (périmés). Des apporté de protection adaptée à ce type de climat. » Les
atteintes rénales sont rapportées après administration de auteurs concluent donc qu’« en l’absence de solutions plus
tétracyclines dégradées [27]. Une publication brésilienne efficaces, le critère de choix reste l’économie. Les blisters,
sur l’étiologie des intoxications médicamenteuses rapporte plus coûteux, n’ont à proposer que leur caractère hygié-
que 76,5 % des patients n’avaient pas eu d’information. Les nique ».
auteurs imputent une partie des intoxications à des condi- D’une manière générale plus l’humidité relative est
tions de conservation ou d’acquisition inadéquates et à des importante, plus le produit est susceptible de subir une
médicaments périmés [28]. Pour mémoire, lors des études dégradation chimique et physique. Cependant, certaines
de stabilité, une sortie de moins de 24 heures des atmo- exceptions à l’action de l’humidité sont rapportées [32] :
sphères tests est tolérée. Enfin, il existe pour la DLU des • la fragilité des capsules de gélatine est inversement cor-
tolérances sur les conditions de stockage (storage condi- rélée au taux d’humidité qu’elles contiennent ;
tion tolerance). Il faut cependant remarquer que certaines • bien que l’augmentation de l’humidité favorise la réticu-
régions du Brésil sont soumises à des conditions climatiques lation de la gélatine, la dissolution est parfois supérieure
dépassant les caractéristiques de la zone IV (HR > 80 %). lorsque les gélules sont stockées dans un milieu à plus fort
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) demanderait ainsi taux d’humidité ;
la révision des données de stabilité pour les régions très • l’absorption ou la désorption de l’eau des comprimés
chaudes et très humides [29]. Cependant, en zone d’action pourrait ne pas être liée à l’humidité absolue ou relative
humanitaire, des contrôles de stabilité existent. Certains du milieu ;
médicaments sont connus pour être instables sous des condi- • l’absorption d’eau peut augmenter quand les tempéra-
tions tropicales même avec des emballages modifiés. Par tures diminuent ;
exemple l’aspirine, l’amoxicilline, l’ampicilline, la péni- • la dégradation maximale est observée à l’HR « critique »
cilline [30]. La dégradation des produits pharmaceutiques qui peut être inférieure à 75 %.
s’accélère en cas de forte température et de forte humi-
dité. La stabilité du produit doit donc correspondre à la
stabilité du pays de destination (recommandation ICH 10,
Recommandations et tolérances portant sur la
Tableau 1), et pour les fabricants visant un marché mon- conservation des médicaments
dial, il est fortement recommandé de mettre en œuvre des Ainsi, l’Afssaps autorise parfois un dépassement de tempéra-
études de stabilité utilisant les paramètres de la zone IV ture au-delà des règles de conservation pour un délai allant
(30 ◦ C, 70 % HR). Des données pratiques sont consultables par de quelques jours à quelques semaines et parfois six mois
ailleurs [31,32]. Les organismes humanitaires (OMS, etc.) [35]. Les conditions particulières de conservation figurent
ont mis en place leurs propres critères et leurs propres sur le conditionnement des médicaments : médicaments à
laboratoires de contrôle pour évaluer les risques de modifi- conserver entre +2 et +8 ◦ C ou médicaments à conserver à
cation d’efficacité, de stabilité, liés à l’utilisation en zone une température inférieure à 25 ou à 30 ◦ C. Certains médi-
d’aide humanitaire. Par exemple, pour les zones III et IV caments peuvent ne pas avoir de mentions particulières de
les plaquettes thermoformées PVC/aluminium peuvent être conservation car en accord avec la directive 92/27/CE, le
sur-emballées dans un sachet contenant un déshydratant. CSP stipule dans l’article R.5143 que « les précautions par-
Le Guide des tests simplifiés pour les substances pharma- ticulières de conservations apparaissent, s’il y a lieu. En
338 F. Lagrange

Tableau 1 Stabilité en fonction des zones climatiques.


Definition and storage conditions for the four climatic zones.

Zone climatique Conditions dérivées Correspondance Étude de stabilité


minimale

C % HR
I 21 45 Climat tempéré
II 25 ± 2 60 ± 5 Climat subtropical 25 ± 2—60 ± 5
avec possibilité de 30 ± 2—65 ± 5
forte humidité (sur 12 mois)
30 ± 2—65 ± 5
6 mois (intermédiaire)
40 ± 2—75 ± 5
6 mois (accélérée)
III 30 35 Climat chaud et sec
IV 30 70 Climat chaud et humide
HR : humidité relative.

absence de mention spécifique, c’est la conservation à tem- dans les essais de stabilité qu’ils ne se dégradent pas
pérature ambiante qui prévaut (la température ambiante lorsqu’ils sont exposés à des températures de 40 ◦ C pen-
s’entend pour un climat continental). En cas d’exposition dant six mois. Ainsi, et pour les mêmes raisons qu’exposées
à la chaleur, soit lors d’une période de canicule, soit lors ci-dessus, ces médicaments ne craignent pas les tem-
de transport dans des conditions où la température n’est pératures qui peuvent être atteintes dans les sites de
pas contrôlée ou maîtrisée, les recommandations suivantes stockage en cas de canicule. Ces recommandations sont
peuvent être faites. La conservation des médicaments à valides pour des conditions de conservation habituelles des
conserver entre +2 et +8 ◦ C s’effectue généralement dans médicaments (armoire à pharmacie, entrepôt normalement
des réfrigérateurs ou dans des chambres froides. La cani- ventilé). » Les normes de la Pharmacopée américaine (Uni-
cule sera donc sans conséquence sur leur stabilité si les ted States Pharmacopeia [USP]) concernant les zones de
conditions de conservation sont bien respectées et que le stockages sont rappelées plus loin (cf. § « Fixer des condi-
médicament est sorti du réfrigérateur quelques minutes tions d’environnement et de stockage »).
avant son utilisation. En cas de température extérieure éle- Le cas des formes pharmaceutiques particulières (sup-
vée, il est recommandé de les utiliser assez rapidement une positoires, ovules, crèmes, etc.) peut être également cité
fois sortis du réfrigérateur. » Ces médicaments ne font pas puisque « dans ce cas, ce n’est pas le PA qui est sensible à
l’objet de déconditionnement-reconditionnement. la chaleur, mais la forme pharmaceutique. Il est alors rela-
Selon l’Afssaps, les « médicaments à conserver à une tem- tivement facile de juger du maintien de la qualité de ces
pérature inférieure à 25 ou à 30 ◦ C [. . .] stockés dans des médicaments après exposition à la chaleur puisque c’est
conditions normales au domicile des patients ou dans les l’aspect du produit à l’ouverture (aspect normal et régu-
pharmacies sont exposés, lors de canicule, à des condi- lier, suppositoire non fondu, etc.) qui indiquera la stabilité
tions de stress thermique inférieures aux températures des de ces médicaments. Tout produit dont l’apparence exté-
épreuves de stabilité » (Tableau 2). Ainsi, « le dépasse- rieure aura été visiblement modifiée ne devrait pas être
ment ponctuel (quelques jours à quelques semaines) de consommé, dans la mesure où cette altération de l’aspect
ces températures n’a pas de conséquence sur la stabilité extérieur pourrait être un indicateur d’une modification des
ou la qualité de ces médicaments. » Mais les conditionne- propriétés de la forme pharmaceutique. »
ments primaires, secondaires ou d’expédition ont toute leur Les médicaments utilisés dans des conditions par-
importance puisque « lors d’une canicule, les températures ticulières : lorsque les particuliers transportent leurs
ambiantes ne se situent pas constamment à 40 ◦ C, et par médicaments, les mêmes précautions de conservation
ailleurs la température atteinte au cœur du médicament doivent s’appliquer. Ainsi, les médicaments à conserver
reste inférieure dans la majorité des cas à la température entre +2 et +8 ◦ C doivent être transportés dans des condi-
ambiante grâce à la limitation des échanges thermiques tions qui respectent la chaîne du froid (emballage isotherme
qu’apportent l’emballage et le lieu de stockage qui sont réfrigéré), mais sans provoquer de congélation du pro-
généralement clos. » duit. Les médicaments à conserver à une température
« Les médicaments conservés à température ambiante inférieure à 25 ou à 30 ◦ C, de même que les médica-
(ne comportant aucune mention particulière de conserva- ments à conserver à température ambiante, ne doivent pas
tion) ne craignent pas une exposition aux températures être exposés trop longtemps à des températures élevées
élevées, telles qu’observées pendant les périodes de cani- telles que celles fréquemment relevées dans les coffres
cule. En effet, pour ces médicaments, il a pu être démontré ou les habitacles de voitures exposées en plein soleil.
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 339

Il est conseillé, par mesure de prudence, de les trans- loppement d’un sel plus stable ou périndopril arginine. De
porter dans un emballage isotherme non réfrigéré. Lors plus, les études de stabilité ont été conduites en récipients
de stockage/conservation/transport et utilisation dans des ouverts et fermés [13]. Ce travail nous rappelle aussi que la
véhicules sanitaires, la température peut dépasser les 40 ◦ C. salification avec une substance volatile (ici tert-butylamine)
Ce dépassement est particulièrement à risque pour les médi- entraîne un risque potentiel pour la stabilité du produit
caments en solution (les échanges thermiques avec l’air après ouverture du récipient. Enfin, le nouvel emballage
ambiant et la montée en température sont beaucoup plus de ce produit n’est pas un blister mais un tube pilulier en
rapides pour une solution que pour une forme solide) et polypropylène de haute densité (HDPP) contenant un déshy-
les médicaments pour lesquels les conditions de conser- dratant.
vation imposent une température ne devant pas dépasser Le conditionnement primaire « garantit au patient que
25 ◦ C. Compte tenu de la relative fragilité de ces pro- la préparation médicamenteuse qu’il contient satisfait aux
duits, il est à craindre qu’une exposition non contrôlée exigences pharmacopées en vigueur et de ce fait que sa qua-
à une température élevée et pour un temps d’exposition lité est préservée » [1]. Ainsi, toutes les formes ne peuvent
plus ou moins variable, entraîne une dégradation poten- pas être déconditionnées et que pour celles qui le sont, des
tielle conduisant à une perte probable d’activité, voire conditions doivent être précisées.
à la formation de produits de dégradation qui pourraient
être potentiellement toxiques. Aussi, à titre de précaution, Définir une nouvelle DLU pour les
il est recommandé, lors des périodes de fortes chaleurs, médicaments reconditionnés et respecter la
d’adopter des conditions optimisées de conservation de ces
Pharmacopée
produits (par exemple disposer d’emballages isothermes qui
réduiraient les échanges thermiques) et/ou, lorsqu’il n’est Les études de stabilité sont conduites dans un système de
pas possible de garantir leur conservation dans les conditions conditionnement identique ou simulant le conditionnement
optimales, de procéder de façon régulière au remplacement d’origine. Dès lors, on comprend facilement que la DLU ou
des produits ainsi exposés. La notion d’étude de stabilité péremption (à utiliser avant) n’est plus aisément opposable
n’est pas ici mentionnée. après déconditionnement car les conditions changent. Il est
On peut cependant mettre en regard de ces recom- évident que la sortie de l’enceinte à atmosphère confinée
mandations le fait que chimistes et galénistes cherchent du conditionnement primaire n’est qu’une étape du proces-
désormais à améliorer la stabilité des médicaments, en sus vers un nouveau conditionnement de qualité adaptée. Si
modifiant les propriétés du PA. En augmentant le point de certaines spécialités ne peuvent être déconditionnées (cf.
fusion, en choisissant une forme non hygroscopique (cris- § « Établir une liste de spécialités pouvant être recondi-
tal ou sel), en diminuant la solubilité en choisissant un tionnées »), c’est que le nouveau conditionnement ou son
sel moins soluble, en faisant des inclusions micellaires, des atmosphère n’est pas adapté ou que le temps nécessaire aux
complexes, en modifiant la forme des particules ; en rédui- étapes du reconditionnement est trop long. Ainsi, l’humidité
sant l’humidité dans la formulation par un choix raisonné des relative de 75 % d’une pièce entière représente une quan-
excipients, des co-solvants, des conditions de fabrication, tité d’eau bien différente de celle de la même atmosphère
des conditions de stockage mais aussi de conditionnement. contenue dans le conditionnement primaire d’origine ou
Ou bien encore en changeant le microenvironnement autour le flacon de sous-stock déconditionné. En pratique, sous
des particules de PA : en ajustant le pH, en introduisant nos latitudes par temps pluvieux, l’humidité relative d’un
des agents complexant les traces d’ions métalliques, en préparatoire standard se situe vers 55—60 % à 22,5 ◦ C ; en
chassant l’oxygène avec de l’azote ou de l’argon, en incor- revanche, elle peut rapidement aller bien au-delà si un cli-
porant des antioxydants. Enfin en séparant physiquement matiseur maintient cette température par temps chaud en
les espèces réactives pour minimiser les contacts entre les période estivale. Nous allons présenter les recommandations
principes actifs pouvant interagir, les excipients, l’eau. On existant dans différents pays. Nous étudierons d’abord les
a ainsi recours à l’enrobage, à la microencapsulation, aux recommandations de stabilité physique et chimique puis la
formes multicouches, aux comprimés dans des comprimés, stabilité microbiologique. En préambule, il convient de rap-
aux comprimés dans des capsules [36—39]. peler qu’au cas où le numéro de lot et la DLU de la spécialité
Ainsi, une nouvelle forme de perindopril (Coversyl® 2,5 ; à reconditionner ne sont pas identifiables à coup sûr par le
5 ; 10 mg ; Laboratoires Servier) peut illustrer la recherche pharmacien, le reconditionnement ne doit pas être fait (ex. :
de stabilité. Et l’on pourrait parler de climatic switch par white paper on repackaging du Montana Board of Pharmacy)
analogie avec le racemic switch des énantiomères. Diffé- [7].
rents forums de pharmaciens hospitaliers et officinaux ont
été témoins d’une certaine incompréhension vis-à-vis de ce
travail. L’incompréhension reposait sur les problématiques
Stabilité physique et chimique
scientifiques (retours au conditionnement du tube pilulier au Il y a plusieurs années, les Anglo-Saxons ont eu à faire face
lieu du blister) et parfois commerciales (question de la sub- au succès fulgurant de la préparation des doses nominatives.
stitution). En fait, ces recherches spécifiques sur la stabilité L’USP et les experts anglo-saxons ont compris que la date
constituent une opportunité pour le laboratoire pharmaceu- de péremption apposée par l’industriel pour les produits
tique de marchés exclusifs. Sa formulation est adaptée aux manufacturés ne convenait plus en matière de préparations
conditionnement en vrac des États-Unis, mais répond aussi, magistrales ou de produits pharmaceutiques mélangés. Le
en France, à la demande des pharmaciens déconditionneurs- problème majeur pour les pharmaciens est que la stabi-
reconditionneurs. Le sel de tert-butylamine de périndopril lité des formules composées est souvent inconnue. Ils ont
avait bien une stabilité réduite : cela a favorisé le déve- alors créé la notion de beyond use date (BUD) [40] pour la
340 F. Lagrange

préparation pharmaceutique non industrielle et la prépara- rappelle que, « afin d’éviter tout risque d’altération des spé-
tion magistrale. Aux États-Unis, dans les modèles utilisant cialités reconditionnées, et par mesure de précaution, notre
du vrac pharmaceutique, quand un pharmacien honore une Ordre a toujours recommandé que la mise sous pilulier soit
prescription, il retire le nombre d’unités de médicament réalisée pour une durée maximale de traitement de sept
du récipient de grande dimension (500 unités) fournit par le jours, en conformité avec les conclusions de la Commission
laboratoire (bulk container) pour le placer dans un récipient Deloménie. Nous proposons par ailleurs que les piluliers ainsi
plus petit au nom du patient [41]. préparés soient utilisés dans un délai maximal de dix jours à
La BUD apposée sur ce flacon nominatif est traduisible compter de leur date de préparation » [42,43]. Comme nous
par date d’utilisation en dehors de la date limite. L’évolution l’avons vu plus haut, cette durée de sept jours existe égale-
des pratiques a pu se faire parce que le domaine des études ment dans les recommandations anglaises et australiennes
de stabilité est très vaste et incomplètement étudié, cette qui sont basées sur les données des laboratoires fabricants.
« date d’utilisation hors DLU » est établie selon les recom- De plus, le Conseil national de l’ordre des pharmaciens
mandations de l’USP à moins que le pharmacien responsable a rappelé que « l’absence de cadre juridique clair sur
ne propose des études de stabilité. Pour les formes solides, cette question au niveau français ou européen d’une part,
l’USP recommandait avant 2005 : six mois ou 25 % du temps et d’études de stabilité permettant d’établir de manière
restant de n’importe quel PA ou excipient utilisé dans la for- scientifique un délai maximal d’utilisation des spécialités
mulation. Si du lactose avec une date de péremption de cinq ainsi déconditionnées et reconditionnées, nous a conduit
mois est utilisé, alors 25 % de cinq mois, soit 1,25 mois, sera à saisir l’Afssaps ». Le texte sur les BPPDA, prochainement
la BUD de la préparation. publié par l’Afssaps, apportera la réponse [44]. En Austra-
Ces règles s’appliquent aussi aux préparations stériles lie [19], les situations nécessitant une délivrance pour plus
à condition qu’elles passent les tests de stérilité. L’USP de sept jours sont à la discrétion professionnelle du phar-
24 et le formulaire national 19 recommandent que des pro- macien. Elles doivent rester une exception et non une règle
cédures soient écrites pour déterminer et documenter les [19].
BUD retenues. Des informations additionnelles devraient
être incluses à ces procédures : par exemple, les copies des Stabilité microbiologique
études de stabilité spécifiques basées sur une procédure
analytique, les copies des lettres des industriels certifiant Même si le milieu sec n’est pas propice au développe-
la BUD. ment biologique, la propreté microbiologique des surfaces
Depuis 2005, la FDA considère que, sous certaines condi- des appareils de déconditionnement et de reconditionne-
tions, il est possible de donner une date d’expiration ment et des dispositifs de reconditionnement doit être
appropriée sans conduire de nouvelles études de stabilité contrôlée régulièrement et idéalement tout au long du pro-
pour les produits non stériles solides et liquides recondition- cessus. Sur les produits finis, les normes de la Pharmacopée
nés en doses unitaires (cf. FDA’s CPG 7132b.11 for expiration européenne v 4.1 doivent être respectées (< 103 bactéries
dating). Le système est autorisé si le reconditionneur res- par gramme, < 102 moisissures par gramme et absence
pecte tous les règlements applicables aux médicaments d’Escherichia coli) [7]. Ainsi, les piluliers multicomparti-
reconditionnés : la date d’expiration ne doit pas excéder mentaux étanches et de bonne qualité microbiologique
un an après la date de reconditionnement ou bien la date éventuellement à usage unique, devront être préférés pour
d’expiration de l’industriel si celle-ci est plus proche, sauf si recevoir des médicaments déconditionnés. La recomman-
les données de stabilité ou la notice du laboratoire fabricant dation que « le conditionnement original n’a pas été ouvert
recommandent de faire autrement. précédemment et que le reconditionnement de son contenu
La DLU d’un sous-stock (ou stock tampon) décondi- est effectué en une seule opération » [19] semble plus diffi-
tionné (par exemple celui servant au rechargement d’un cile à appliquer sauf pour une production de grande échelle.
automate de reconditionnement) est parfois justifiée par En termes de gestion du risque sanitaire, le reconditionne-
analogie avec la justification du promoteur d’essais cli- ment semble bien améliorer la sécurité du patient. Ainsi,
nique : six mois (ou 25 % du temps restant limité à six mois avec cinq ans de recul, les premières données suggèrent en
à condition que les sous-stocks soient conditionnés dans des France que dans des conditions de préparation respectant
récipients de qualité au moins identique au conditionnement les bonnes pratiques et la Pharmacopée européenne, les
d’origine). Cette pratique apparaît encore actuellement erreurs d’administration étaient limitées ou très diminuées
comme le meilleur compromis entre les recommandations tandis que les affections découlant du manque d’hygiène
de l’annexe 13 des GMP, de la FDA et de l’USP (un an). En étaient diminuées et qu’aucun phénomène d’allergie médi-
revanche, pour la dose unitaire nominative du patient ensa- camenteuse n’était apparu [7,8,45].
chée et produite par un automate, la nouvelle DLU est la
date d’administration du médicament. En pratique, un sous- Choisir un matériel de reconditionnement
stock bien géré peut être utilisé en sept à 15 jours. Un sachet
produit est utilisé selon les services et leur éloignement dans Lors d’un contact prolongé ou non d’un médicament avec
un délai allant de quatre à 27 heures le plus souvent, parfois un matériel et son matériau, « les deux aspects les plus cri-
de trois à sept jours en pratique hospitalière. tiques sont la qualité et la sécurité. La qualité est analysée
Les recommandations du Conseil national de l’ordre des à travers l’étude de stabilité réalisée sur le produit. La sécu-
pharmaciens français reposent jusqu’à présent sur l’avis de rité, en partie étudiée en stabilité, est analysée à travers les
la Commission Deloménie [42] : un principe de précaution tests de toxicité, en particulier de cytotoxicité » [46]. S’il
qui fixe la durée de déconditionnement à sept jours. En convient d’abord de différencier le type de pilulier (souple
2009, le président du Conseil de l’ordre des pharmaciens ou rigide, contenance, contenu unitaire ou multiple, auto-
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 341

matisés ou non) [5], il est aussi important de déterminer sa le contenu modifiant ainsi la stabilité de la préparation
composition. pharmaceutique et qui pourraient déclencher des réactions
Le matériel de reconditionnement doit permettre de d’intolérance ou des phénomènes toxiques (antioxydants,
maintenir l’intégrité du médicament durant le transport, le colorants, diluants, plastifiants, etc.) [34,46].
stockage, la distribution ou même une chute accidentelle « Le type de matériau, les propriétés physicochimiques
(mélange des contenus des alvéoles des différentes heures du PA et la forme pharmaceutique déterminent le poten-
d’administration). Un scellé sécurisera l’ensemble et le tiel d’interaction contenant-contenu. L’évaluation de cette
pharmacien reconditionneur. Les sachets ou piluliers scellés interaction s’appuie sur une bonne connaissance du maté-
sont à privilégier. Les recommandations très complètes riau et de son procédé de fabrication. Seul le fournisseur
de la Société pharmaceutique australienne de 1999 révisé a la maîtrise de ces éléments dans leur intégralité. Ces
en juillet 2007 [19] sont le fait d’un consensus exemplaire données relatives au matériau couplées à la connaissance
entre les pharmaciens experts, les vendeurs de matériels du médicament permettent de réaliser une évaluation
de reconditionnement, des représentants du secteur de pharmaceutique de la relation contenant-contenu et de
la pharmacie, des consommateurs et du gouvernement l’éventualité d’une interaction » [46]. Cependant, même
australien. Ces recommandations ont été développées pour pour un industriel, cela est d’autant plus difficile que les
maximiser la sécurité et la qualité d’emploi des médica- exigences réglementaires ne sont pas toujours harmonisées
ments reconditionnés. Ces recommandations s’appliquent au niveau international [46].
aux matériels de reconditionnement en pilulier mais aussi En Europe, une analogie pourrait être faite avec les
aux systèmes d’ensachage automatisés. Les pharmaciens textes concernant les caractéristiques du contenant car les
sont mis en garde contre les matériels non soudés ou médicaments pour essais cliniques sont des exemples de
non étanches que pourraient demander les patients. médicaments reconditionnés [48]. La ligne directrice par-
Alors que les piluliers ouverts n’offrent pas de garanties ticulière des bonnes pratiques de fabrication (BPF) pour
suffisantes, cette situation est la plus répandue dans les médicaments expérimentaux a abandonné la notion 25 %
les établissements médicosociaux français. L’Académie du temps restant, maximum six mois (annexe 13 des GMP
nationale de pharmacie précise la situation dans les européennes) : désormais, « cette date fait l’objet d’une
EHPAD dans son rapport « Rôle des pharmaciens dans les justification et n’est pas postérieure à la date de péremp-
EHPAD » [47]. Cette recommandation de pilulier étanche tion indiquée sur le conditionnement d’origine ». Elle est
et soudé se justifie aussi plus loin dans le paragraphe de la responsabilité du promoteur qui prend en considéra-
« Procédures d’hygiène ». Il existe des piluliers semai- tion à la fois la nature du produit, les caractéristiques du
niers à alvéoles et couvercles remplis manuellement qui contenant, qui doit offrir une protection équivalente ou être
sont scellables par un film autocollant (par exemple : compatible avec le contenu, et les conditions de stockage
coffret de distribution MAD-Dose® Manrex sous brevet [48].
européen 1695921 http://www.dosificacion.es/mls/mad- Pour mémoire, rappelons brièvement la qualité des dif-
dose-circuit-medicament-suivi-medical-securise-pda- férents types d’emballage selon l’ICH EMEA 2006. Emballage
manrex-mls-technologies.htm consulté le 16 août 2010 ou imperméables : emballages offrant une barrière permanente
bien le type Medipac® Medissimo). au passage des gaz et des solvants (tube en aluminium sou-
D’après les recommandations australiennes [19], il dés pour les semi solides, ampoules de verre soudées pour
n’existe pas d’information sur la stabilité des médicaments les solutions). Emballages semi-perméables : emballages qui
en contact proche entre eux. De même, il n’y a pas de permettent le passage de solvants ; habituellement l’eau
règle décisive permettant de retenir un dispositif d’aide en empêchant la perte de soluté. Le mécanisme de trans-
à l’administration plutôt qu’un autre. Même s’il existe des fert repose sur l’absorption sur une face du container, une
publications, les pharmaciens doivent rester conscients que diffusion dans l’épaisseur du matériau et une désorption
les informations publiées ne sont pas toujours opposables. de l’autre côté de la surface. Le transfert suit le gradient
Les coformulations, les associations étroites de principes de pression partielle. Ce sont par exemple les poches en
actifs ou d’excipients ont été validées par les industriels plastique souple et semi-rigides, le polyéthylène de basse
au niveau de la préformulation. Dans un dispositif de recon- densité (LPDE) utilisés pour les solutions parentérales et les
ditionnement, le contact reste cependant superficiel et la ampoules, flacons, etc.
réaction a peu de chance de se produire si l’environnement Le pharmacien devra donc utiliser un emballage offrant
reste sec. une meilleure protection que le PVC. L’association des phar-
En termes de composition, les récipients en plas- maciens consultants américains rapportent cependant que
tique présentent des inconvénients dus aux interactions la grande majorité des pharmacies utilisent des emballages
contenant-contenu observées principalement avec des en PVC plutôt que l’Aclar ou le PVDC qui coûtent six à dix
contenus liquides. Cependant, un fort taux d’humidité rela- fois plus cher [49]. On peu noter qu’il en va de même dans
tive comme dans les pays des zones intertropicales peut l’industrie pharmaceutique [50]. L’Association des pharma-
aussi favoriser les interactions entre les poudres et les ciens hospitaliers américains recommande donc de posséder
parois des contenants. L’aspect toxicité apparaît comme le des informations sur les caractéristiques de tous les maté-
point clé de l’étude de compatibilité contenant-contenu. Il riaux d’emballage utilisés (Tableau 2) [49].
existe deux types d’interactions. Premièrement, la migra- Plus précisément, pour une forme solide, la FDA recom-
tion et l’adsorption du contenu sur le matériau plastique, mande l’emballage de la dose unitaire dans un matériel de la
modifiant ainsi la stabilité du produit ainsi que sa concen- Classe A (i.e. un emballage ne permettant pas l’adsorption
tration et altérant éventuellement le matériau plastique. de plus de 0,5 mg d’humidité par jour après 28 jours dans
Ensuite, le relargage de constituants du contenant vers une atmosphère à 23 ± 2 ◦ C/75 ± 3 % RH) ou de la Classe
342 F. Lagrange

est effectué en une seule opération. Ainsi, en l’absence de


Tableau 2 D’après [49] : caractéristiques des maté-
riaux d’emballage devant être détenue par le pharma- réglementation sur les emballages de reconditionnement, il
cien. est important de suivre les recommandations de l’USP [17].
Characteristics of all repackaging materials to be documented De son côté, l’Association européenne des pharmaciens
in the pharmacy. hospitaliers (European Association of Hospital Pharmacists)
demande aux industriels la production de doses unitaires,
Caractéristiques Connues et certifiées
l’apposition d’un code barre bidimensionnel (datamatrix)
Type du matériau — sur chaque dose. Le standard du code barre serait GS1-
d’emballage 128 (ex-EAN-128). Le format demandé est de 3,5 × 3,5 cm,
Composition chimique — les blisters prédécoupés sont acceptés, le conditionnement
Transmission de la lumière — devrait résister à la pression et permettre une dispensation
Perméabilité à l’humidité — automatisée sans déconditionnement. La demande corres-
Dimension et volume — pond bien à un souhait de conditionnement plus adapté au
Épaisseur — patient et à l’institution mais cette modification reste dans
Température de soudage — ce cas sous la responsabilité de l’industriel.
recommandée
Conditions de stockage de —
l’emballage Établir une liste de spécialités pouvant être
reconditionnées
En Angleterre, la NHS possède une procédure permettant
B (≤ 5 mg/j mesuré après sept jours) selon la description d’encadrer les médicaments préparés à l’avance [52]. Cette
faite dans la vingtième édition de l’USP [51]. Cela entendu procédure autorise la préparation des médicaments et leur
que le conditionnement original n’aura pas été ouvert pré- déconditionnement sauf pour les médicaments qui souffrent
cédemment et que le reconditionnement de son contenu de l’humidité (formes dispersibles, formes effervescentes,

Tableau 3 Précautions concernant les données de stabilité de l’AMM par spécialités à la date du 2 mai 2010.
Main storage conditions to which the drugs may be subjected in France on may 2010.
Condition de conservation Nombre de spécialités (consultation Thériaque® , Thésaurimed® )
À l’abri de l’humidité + à l’abri de la lumière 157
Orale pas de précautions particulières 1877
Orale ne pas dépasser 25 ◦ C 1465
Orale ne pas dépasser 30 ◦ C 831
Orale dans conditionnement primaire d’origine 88
Orale a l’abri de la lumière 438
Orale a l’abri de l’humidité 870
Orale conditionné sous PVC 3883
Orale conditionné sous aluminium 4385

Tableau 4 Formes orales potentiellement cytotoxiques disponibles pour la voie orale à la date du 2 mai 2010.
Oral cytotoxic medication available in France on may 2010.
Alkylants Altrétamine (Hexastat® ), busulfan (Myleran® ), chlorambucil (Chloraminophène® ),
cyclophosphamide (Endoxan® ), estramustine (Estracyt® ), lomustine ou CCNU
(Belustine® ), melphalan (Alkeran® au refrigérateur), pipobraman (Vercyte® ),
procarbazine (Natulan® ), témozolomide (Temodal® )
Antimétabolites Méthotrexate (Novatrex® ), fludarabine (Fludara® ), capécitabine (Xeloda® ),
tégafur-uracile (UFT® ), hydroxycarbamide (Hydrea® ), mercaptopurine ou 6-MP
(Purinéthol® ), thioguanine ou 6-thioguanine (Lanvis® )
Poisons du fuseau Vinorelbine (Navelbine® )
Intercalants Idarubicine (Zavedos® ), étoposide (Celltop® et Vepeside® )
Inhibiteurs de tyrosine kinase Dasatimib (Sprycel® ), erlonitib (Tarceva® ), géfitinib (Iressa® ), imatinib (Glivec® ),
lanatinib (Tyverb® ), nilotinib (Tasigna® ), sunitinib (Sutent® ), sorafenib (Néxavar® )
Agents différenciateurs ATRA (Vesanoid® ), bexarotene (Targretin® )
Anticancéreux divers Anagrelide (Xagrid® ), diethylstilbestrol ou DES (Distilbene® ), mitotane (Lysodren® ),
thalidomide (thalidomide), lenalinomide (Revlimid® )
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 343

ou solubles [aspirine dispersible, aciclovir dispersible, cal- en fonction de résultats biologiques ou tests (warfarine :
cium effervescent, etc.]) les formes buccales et vélotabs ; Coumadine® ). En effet, les ajustements rapides de posolo-
les médicaments instables en présence d’humidité (val- gies pourraient être à risque lorsque les piluliers ne sont
proate de sodium : Dépakine® 200 mg comprimé enrobé pas préparés ou vérifiés chaque jour.
devenant rapidement gluant, Noctran® 10 mg devenant pul- Le pharmacien australien doit posséder un « profil de
vérulant, etc.) (Tableau 3) ; les spécialités qui peuvent dispensation » permettant de différencier les spécialités
causer des réactions d’hypersensibilité ou des réactions qui peuvent être reconditionnées de celles qui ne peuvent
cutanées après contact prolongé (chlorpromazine) ; les pas être reconditionnées [19]. Il considère les bénéfices
spécialités qui sont conditionnées en flacons de verre (his- et les risques de ne pas reconditionner certains médica-
toriquement trinitrine, mais en France le Natispray® ou le ments. Les recommandations australiennes reconnaissent
Risordan® sont plutôt utilisés, l’Ultralevure® conditionnée que la stabilité des médicaments dans les systèmes d’aide
en flacon de verre présente un risque de contamina- à l’administration est très limitée. Du point de vue du labo-
tion biologique en cas de rupture d’une gélule dans la ratoire fabricant, le déconditionnement de n’importe quel
chaîne de reconditionnement [45]) ; tous les médicaments médicament de l’environnement dans lequel les études de
potentiellement cytotoxiques disponibles pour la voie orale stabilité ont été faites vers un autre où il n’y a pas de don-
(Tableau 4) ; enfin les médicaments nécessitant une conser- nées, diminue ou invalide la date d’expiration indiquée par
vation au réfrigérateur (+2 à +8 ◦ C) (Tableau 5). Par soucis l’étiquetage. Il est noté que différents fabricants ou géné-
d’économie, les médicaments « à la demande » ou « si riqueurs ont parfois des recommandations différentes sur
besoin » (antalgiques, etc.). des produits identiques ou similaires. Ainsi, dans de nom-
La carbamazépine est parfois citée comme non décondi- breux cas, le pharmacien qui reconditionne devra engager sa
tionnable en Angleterre mais en réalité elle s’hydraterait responsabilité sur le déconditionnement ou non en absence
difficilement [35]. Le glycéryl trinitrate est, comme aux d’informations solides. En Australie, il doit construire sa
États-Unis, retiré du marché (Tableau 6). Outre-Manche, propre liste et la tenir à jour. Lors de la dispensation, les
des guides existent pour les pharmaciens. Le Tableau 6 médicaments prescrits devront avoir été vérifiés comme
présente les principaux médicaments ayant une stabilité pouvant être reconditionné. L’évaluation du bénéfice, du
réduite après déconditionnement d’après « Policy for the use risque et les décisions faites par le pharmacien de recondi-
of medicine compliance aids » [53]. Cette recommandation tionner doivent se faire avec un justificatif. La date de cette
est basée sur une autre publication [18] qui regroupe les vérification du traitement du patient est ainsi signalée. Le
données de stabilité de 392 spécialités transmises par les pharmacien respectera les dispositions légales de l’état ou
laboratoires fabricants. Il est recommandé par les inspec- du territoire concernant ce service de reconditionnement.
teurs de la pharmacie au Royaume-Uni [54] et la NHS. Il choisira la méthode la plus adaptée et prendra aussi en
Le guide de l’hôpital de Pinderfields, « Quels compte le risque inhérent au couple médicaments-patient
médicaments sont stables dans les piluliers et sys- [19] (cf. § « Évaluer et informer le patient »).
tèmes d’aides à l’observance » décrit la stabilité de Quelques premières données concernant les possibilités
182 médicaments [55]. Ce guide était référencé par la de contaminations croisées dans un automate et dans les
NHS sur son site (http://www.nelm.nhs.uk/en/NeLM- sachets multidoses sont publiées [7]. Les médicaments et
Area/Evidence/Medicines-Q–A/Which-medicines-are- produits chimiques facilement vaporisables sont générale-
stable-in-compliance-aids-Pinderfields-Guide/ consulté ment stockées dans des emballages adaptés et loin des
novembre 2009) mais plus depuis sa récente migration fin autres produits pour minimiser les risques de contamina-
2009. Le guide 2007 des médicaments dans le secteur du tion. Le reconditionnement des antibiotiques même s’ils
soin social anglais reprend ces recommandations pour la sont stables (ciprofloxacine) doit être évité. Les règlements
préparation des piluliers [14]. Il recommande de ne pas américains des BPF (02/01/84 Révisé : 3/95) définissent
inclure les médicaments dont la posologie peut varier des exceptions : antibiotiques et comprimés sublinguaux
de nitroglycérine ne doivent pas être déconditionnés-
reconditionnés [56—59]. Des procédures doivent être
Tableau 5 Formes orales nécessitant une conservation rédigées, toutes les déviations doivent être notées et expli-
au réfrigérateur. (+2 à +8 ◦ C) source Thériaque® mai 2010. quées sur les enregistrements de contrôle [48].
Oral medications requiring refrigeration in France on may 2010. Outre le risque de résistance, certains antibiotiques
Formes orales à conserver entre +2 à +8 ◦ C risquent de déclencher des allergies. « Les pénicillines
Alkeran® 2 mg comprimé (amoxicilline, pénicilline G, flucloxacilline, piperacilline-
Aptivus® 250 mg capsule tazobactam) font partie des substances médicamenteuses
Carbaglu® 200 mg comprimé dispersible pour lesquelles le plus grand nombre d’allergies sont rappor-
Cyanocobalamine® ge healthcare capsule tées. De études ont cependant montré qu’au moins 80 % des
Hycamtin® 0,25 mg gélule et 1mg gélule patients qui déclarent une allergie aux pénicillines tolèrent
Nardelzine® 15 mg comprimé un traitement de ce type, soit parce qu’ils ont été fausse-
Navelbine® 20 mg capsule et 30mg capsule ment déclarés comme étant « allergiques », soit parce qu’ils
Norvir® 100 mg capsule ont perdu leur sensibilité grâce à des années d’abstinence.
Orfadin® 10 mg gélule, 2 mg gélule et 5 mg gélule Selon les études, la fréquence de survenue des cas d’allergie
(mais possible jusqu’à 25◦ sur une seule période de aux pénicillines varie de 0,7—10 % (moyenne 2 %). Elle se tra-
3 mois) duit par des rashs, de l’urticaire, de la fièvre et, dans des
Pantestone® 40 mg capsule molle cas plus extrêmes, par un bronchospasme et une réaction
anaphylactique parfois mortelle » [60].
344 F. Lagrange

Tableau 6 Principaux médicaments ayant une stabilité réduite après déconditionnement. D’après [55] lui même basé
sur [18].
Stability in compliance aids [18,55].
Médicaments Stabilité dans les piluliers de 7 jours (dimanche—lundi)
Type Dosett® , Redidose® en Angleterre
Acarbose 7j
Aminophylline 2 semaines
Bisoprolol 7j
Carbergoline 7j
Cefaclor 4 semaines
Clobazam 4 semaines
Digoxine 2 semaines
Diltiazem SR/XL 4 semaines
Dipyridamole SR 200 mg (Persantine® ) 30 j
Dipyridamole MR/aspirin (Asasantine® )
Donezepil (Aricept® ) 2 semaines
Dosulepine tablets et capsules 7j
Ferrous sulphate 14 j
Fluoxetine (Prozac® ) 4 semaines
Flupenthixol (Fluanxol® ) 4 semaines
Furosémide 4 semaines
Gliclazide (Diamicron® /MR) 8j
Haloperidol 7j
Hydroxyzine (Atarax® ) 7j
Indapamide (Natrilix® /SR) 8j
Isosorbide mononitrate (Alpharma® ) 14 j
Isosorbide mononitrate (IVAX® ) 7j
Isosorbide mononitrate (Imdur® ) 4 semaines
Isosorbide mononitrate (Monomax® SR/XL) 4 semaines
Ketoprofen (Ketocid® ) 4 semaines
Lansoprazole (Zoton® ) 4 semaines (emballage imperméable)
Lithium (Priadel® ) 7j
Minocycline (Minocin® MR) 7j
Moxifloxacin (Avelox® ) 7j
Nicorandil (Ikorel® ) 7j
Nimodipine (Nimotop® ) 7j
Nizatidine (Axid® ) 4 semaines
Olanzapine (Zyprexa® ) 4 semaines
Omeprazole capsules (Losec® ) 14 j
Paracetomol (Alpharma) 28 j
Perindropil (Coversyl® ) 8 j ancienne formule au tert-butylamine
Perindropil/indapamide (Coversyl Plus® ) 8j
Potassium Chloride (Slow K® ) 14 j (en pilulier « étanche » à l’air)
Quetiapine (Seroquel® ) 7j
Quinine Sulphate (Alpharma® ) 7j
Ropinirole (Requip® ) 28 j (T < 25 ◦ C et à 60 % de HR humidité relative)
Salbutamol (Ventmax® SR) 4 semaines
Vancomycin (Lilly® ) 4 semaines
Vardenafil (Levitra® ) 7j
Venlafaxine SR (Efexor® XL) 7j
Zafirlukast (Accolate® ) 30 j
Zuclopenthixol (Clopixol® ) 14 j (dosage à 2 mg) mais 28 j pour les autres dosages

Fixer des conditions d’environnement et de reconditionné (Tableau 1). Quand aucune température n’est
stockage spécifiée dans la notice originelle, une pièce climatisée
(cf. USP General Notices and Requirements section of the
Le reconditionnement et le stockage est effectué dans un USP) doit être utilisée pour le reconditionnement et le sto-
environnement contrôlé qui respecte les conditions décrites ckage des formes orales solides et liquides. Si aucun degré
dans la notice du médicament original et du médicament d’humidité n’est spécifié dans la notice, l’humidité relative
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 345

ne doit pas excéder 75 % à 23 ◦ C pour le reconditionnement social britannique [14] rapporte également que les plumiers
et le stockage des formes orales solides. Il est aussi accepté multicompartimentés ont des désavantages quand ils sont
une température moyenne non supérieure à 25 ◦ C. Les éven- préparés pour être utilisés par le patient lui-même. Ils ne
tuels sous-stocks (stocks tampons ou ensemble d’unités sont pas utiles pour les patients peu motivés, confus ou
provenant des traitements de plusieurs patients, destiné présentant des troubles de la mémoire. Il en va de même
au reconditionnement nominatif final) sont à considérer en pour les patients qui ont des modifications fréquentes de
fonction de leur condition de stockage et d’emballage. Les traitement, qui prennent des médicaments « si besoin » ou
recommandations du Conseil de l’ordre des pharmaciens perdent la capacité à prendre des médicaments à cause d’un
français sont applicables aux sous-stocks. Des sous-stocks handicap physique ou mental. Cet avis est partagé par des
dans des conditionnements de taille limitée et de qua- auteurs français [5]. La NHS demande aussi au pharmacien
lité appropriée pourraient être proposés s’ils respectent les d’évaluer le patient [18]. Aux États-Unis, les technologies
normes de reconditionnement des médicaments pour essais d’information virtuelle aux patients sur la prise de leurs
cliniques. Mais l’idéal est le reconditionnement direct et traitements (virtual nurse technology) évaluent dans une
immédiat du conditionnement industriel ouvert [19,48]. Le certaine mesure les capacités des patients.
pharmacien australien scelle le matériel immédiatement En Australie, l’étiquetage est défini et doit comporter
après son reconditionnement. Il stocke le matériel recon- le nom, adresse et téléphone de la pharmacie, le nom du
ditionné dans un endroit frais, sec, protégé de la lumière et patient. Le nom du PA, le nom de spécialité, le dosage, les
de la photodégradation [19]. directives d’utilisation, la date de conditionnement et la
date de prise. Il identifie la forme, la couleur, la taille et
Une main d’œuvre qualifiée le marquage de chaque médicament sur l’étiquette. Sur un
enregistrement annexe : le nom et l’adresse du patient, la
Tout au long du processus de reconditionnement, des sys- date de prescription, la date de délivrance des médicaments
tèmes de maîtrise du risque existent pour minimiser le (avec numéro d’ordonnancier si besoin), le nom du pharma-
risque d’erreur de reconditionnement [8]. Le pharmacien cien qui a conditionné et vérifié le système, le numéro de
reconditionnant devrait avoir reçu une formation adéquate lot et la date d’expiration des tous les médicaments utilisés,
pour offrir un service d’aide à la prise par recondition- le nom et la date de la personne qui a demandé le service
nement. Le Guide des médicaments en secteur de soin de reconditionnement, la date de début. Quand il n’est pas
social britannique rapporte que la préparation des plu- possible ou approprié d’inclure tous ces détails sur le recon-
miers par les « travailleurs de santé » au sein des unités de ditionnement, l’information doit être fournie au patient
soins représente une trop grande source d’erreurs [14]. Les d’une autre façon ; par exemple au moyen d’une liste (medi-
recommandations de ce guide mettent en relief les solutions cine list) comportant la description de chaque médicament.
les plus économiques pour la NHS. Les recommandations Le transit jusqu’au patient : une attention particulière doit
écossaises sont similaires [61]. D’autres recommandations être portée aux conditions de transit du matériel recondi-
de la NHS (effectuées à titre scientifiques) estiment que le tionné (temps, chaleur, humidité, etc.) [19]. L’Afssaps ne
patient est en droit de recevoir le même degré de qualité traite que du transit des spécialités pharmaceutiques dans
et de soin que lorsqu’il reçoit son traitement d’un pharma- leur conditionnement d’origine [35]. Le pharmacien assure
cien. S’il la préparation des dispositifs d’aide à la prise ne qu’aucun médicament retourné à la pharmacie n’est réuti-
peut être effectuée par un pharmacien, c’est une infirmière lisé mais est éliminé comme un médicament périmé [19].
formée qui le fera [56]. En Australie, les recommandations
sont : le pharmacien peut conditionner lui-même, s’assure Une procédure de suivi post-dispensation
que son personnel est suffisamment formé, contrôle ce qui
est reconditionné ou dispose d’enregistrements de recon- Le pharmacien australien [19] s’assure que le patient a une
ditionnement. Il organise la traçabilité et enregistre les liste de ce qui n’est pas dans son pilulier ou sachet. Il
erreurs et dysfonctionnements. Tous les systèmes recon- s’assure que le patient prend bien les médicaments qui ne
ditionnés doivent être vérifiés et visés par un pharmacien peuvent être reconditionnés. Il supervise directement tous
avant la délivrance [19]. Cette situation est différente de les changements et modifications pouvant intervenir sur les
celle des États-Unis où la judiciarisation est forte. Par formes reconditionnées. Le pharmacien a un système pour
l’exemple au Wisconsin, le pharmacien agit réglementaire- s’assurer que les patients utilisant des traitements recon-
ment comme un prestataire responsable (« agent ») pour le ditionnés sont régulièrement suivis (prises, communication
patient lors du reconditionnement [45]. avec patient et médecin, adaptation aux besoins) [19].

Évaluer et informer le patient Une procédure de traçabilité


En Australie, les consommateurs doivent être prévenus. Il La Société australienne de pharmacie recommande que les
leur est demandé de noter les détériorations telles qu’un médicaments non administrés soient retournés à la phar-
changement de couleur ou une désagrégation. Si la moindre macie pour une élimination sécurisée sans être réutilisés.
détérioration est notée, les médicaments ne doivent pas Les médicaments non administrés doivent être enregistrés
être pris et retournés au pharmacien pour être remplacés avec la cause de non administration. Ces retours ne doivent
si besoin [19]. Cependant, en Australie, le pharmacien doit pas être remis en stocks ni redispensés à un autre patient
évaluer le besoin réel du patient pour un pilulier et les une fois sortis de la pharmacie. En effet, c’est une pra-
risques potentiels. Il devrait aussi évaluer si le patient est tique à risque où le pharmacien n’a plus la garantie de
non adhérent. Le Guide des médicaments en secteur de soin l’efficacité, de la qualité, de la pureté ou potentiellement
346 F. Lagrange

de l’identité des médicaments [19]. En France, malgré les pérature et d’humidité élevées (40 ◦ C, 75 % RH) pour avoir
recommandations de l’Afssaps citées précédemment, on un petit effet sur la dissolution mais il n’y a pas de données
peut se demander quelle est la preuve de la qualité d’un de bioéquivalence. Le paracétamol est stable six semaines.
médicament qui a transité au sein d’un établissement de Le furosémide comprimé présente bien une altération de
santé avant de revenir à la pharmacie centrale. la couleur mais aucun problème de stabilité. Les auteurs
recommandent cependant, malgré ce simple effet de sur-
Les procédures d’hygiène face, le rejet du furosémide parce que la décoloration
pourrait induire une défiance et une mauvaise observance
L’utilisation de systèmes à usage unique ou jetable per- du patient. On ne peut s’empêcher de penser que de là aussi
met de diminuer la contamination croisée. De même, peut provenir la réaction de défiance du pharmacien. En ce
l’utilisation de systèmes scellés permet de garantir une qui concerne la photodégradation de la prochlorpérazine,
meilleure stabilité et de diminuer les risques d’erreurs la stabilité physique et chimique s’est révélée bonne sur
[62]. Il faut finalement rappeler les recommandations géné- une période de huit semaines mais une décoloration progres-
rales concernant les produits à risques pour les personnels, sive apparaît et le risque de produits de photodégradation
les règles d’hygiène dans le préparatoire et effectuer un toxiques suggère de ne pas conserver autant le médicament.
bionettoyage et un entretien strict des systèmes de décon- Le valproate de sodium est hygroscopique, il craint
ditionnement et de reconditionnements. l’humidité et devient déliquescent (Dépakine® 200 mg et
500 mg comprimés enrobés). Sur une période de 56 jours,
le taux de valproate de sodium reste cependant dans
Limites et alternatives la norme [11]. La stabilité chimique ne fut pas possible
et les dissolutions très altérées. Dans le chapitre 671 de
Finalement, les résultats énoncés dans les paragraphes l’USP24/NF19 chapter 671, « Containers’ permeability », le
précédents et la législation actuelle relative à la prépara- paragraphe « Single-unit containers and unit-dose containers
tion impliquent que le reconditionneur devra, malgré ces for capsules and tablets » décrit une méthode gravimétrique
recommandations, engager sa responsabilité sur le décondi- de mesure de la perméabilité. On observe le gain de poids
tionnement ou non en absence d’informations véritablement d’une capsule déshydratante (de type gel de silice, tamis
solides comme des données de stabilité, un inventaire moléculaire, argile type Montmorillonite, alumine activée,
exhaustif des produits de dégradation et de leurs effets bio- etc.) conditionné dans l’emballage à tester, lui-même mis
logiques (Tableau 7). Cela en partie parce que le domaine dans une enceinte à 75 % d’HR. Enfin, d’autres publications
des études de stabilité est très vaste et incomplètement permettent de penser qu’une forme galénique adaptée de
étudié. Ainsi, l’Association des pharmaciens hospitaliers molécules modèles permettrait de simplifier l’obtention de
américains recommande de posséder des informations sur données de stabilité tout au long du processus de recondi-
les caractéristiques de tous les matériaux d’emballage uti- tionnement [63].
lisés (Tableau 2) [48]. Les recommandations de l’association L’étude des interactions contenant-contenu peut appor-
de 1983 apparaissent limitées : faire une évaluation orga- ter d’autres alternatives.
noleptique de la spécialité (couleur, odeur, apparence et
marquages) avant de lancer une production de recondition-
Comparaison des propriétés de perméabilité
nement, examiner le récipient ou les sous lots de départ à la
recherche de trace d’adultération par l’humidité, de conta- de l’emballage
mination ou d’autres problèmes. Cela d’autant plus que le
Ensuite, la comparaison de la perméabilité à la vapeur d’eau
reconditionneur, agissant comme producteur, doit informer
des emballages peut remplacer de coûteuses études de sta-
la chaîne des utilisateurs sur les caractéristiques du produit.
bilité. L’équivalence des emballages et leur comparaison
Devant ces limites, une revue de la littérature phar-
repose non pas sur des études de stabilité du PA mais sur des
maceutique ne pourrait-elle pas offrir des solutions ou
études de perméabilité (moisture vapor transmission rate
des modèles permettant d’établir de manière réalisable et
[MVTR] per tablet ou MVTR per unit product). Les indus-
scientifique un délai maximal d’utilisation des spécialités
triels recommandent de ne plus utiliser la méthode « USP
ainsi déconditionnées en l’absence d’études précises de sta-
mg/L/jour » qui peut varier selon la quantité de produit
bilité ?
dans le container mais plutôt la méthode steady state sorp-
tion pour comparer les types d’emballage et de contenant.
Molécules modèles Les experts industriels recommandent ce type d’épreuve
pour les modifications d’emballage après commercialisation
Il y a peu de travaux publiés sur le sujet de l’exposition
[64,65].
à humidité, des molécules hygroscopiques ou de la
photodégradation après déblistérisation. Cependant, une
publication présente des molécules modèles qui, sous Amélioration des automates prenant en
réserve de préparation galénique adaptée, pourraient être charge des formes déconditionnées
utilisées comme des étalons pour tester des processus ou
des conditionnements. Glass BD et al. [11] ont récemment Ici encore, les pharmaciens doivent être conscients du fait
étudié des molécules hygroscopiques modèles (atenolol, que de tels travaux ne préjugent pas forcément des condi-
paracétamol, valproate de sodium) et des molécules sen- tions de leur zone climatique. Dans un système automatisé
sibles à la lumière (furosémide, prochlorpérazine). Atenolol prenant en charge des formes déconditionnées, il faudrait
est stable quatre semaines, il faut des conditions de tem- mettre en œuvre certains réservoirs distributeur étanches,
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 347

Tableau 7 Résumé pratique des formes sèches orales pour lesquelles le reconditionnement n’est pas recommandé (2 mai
2010).
Solid oral drugs unsuitable for repacking.
Formes sèches orales pour lesquelles le Exemples Remarques
reconditionnement n’est pas conseillé
Comprimés effervescents Raniplex® , Efferalgan®
Formes dispersibles Phloroglucinol orodispersible Lamictal® dispersible ne semble pas
(Spasfon® lyoc) poser de problème pour une durée de
déconditionnement de 14 j
Formes buccales Mycostatine® buccale En France, la solution buvable est
(nystatine) utilisée
Zyprexa velotabs® Surconditionable
Formes sublinguales Subutex® Stupéfiant
® ®
Formes hygroscopiques Dépakine 200 mg, Noctran
10 mg
Formes à croquer Vitamine C
Formes susceptibles d’une rapide Adalate® (nifedipine), Les sachets Automed® ont une face
dégradation à la lumière Tamoxifène (Oncotam® , blanche opaque (Fig. 1)
Nolvadex® :anti-œstrogène)
Tercian® (25 et 100 mg),
Equanil® enrobage bleu se
décolorant
Médicaments sensibles à la chaleur Selon recommandations Afssaps 29/04/04 mise à jour en juin
conservation des 2008 et le 29/06/09 [35]
médicaments en cas de vague
de chaleur [35]
Autres formes sensibles Médicaments contenant de
l’hydroxyde d’aluminium ou
du trisilicate de magnésium
Médicaments pour lesquels une durée Thyroxine Selon recommandations
limitée après reconditionnement anglo-saxonnes
peut être appropriée
Médicaments à risque cytotoxiques Méthotrexate (cf. Tableau 4) Sauf si le risque de non observance est
plus important
Antibiotiques Toutes The Current Good Manufacturing
Practice Regulations Issued:
2/1/84 Revised: 3/95
Médicaments à autres risques ou AVK, stupéfiants, dans une En Angleterre les stupéfiants doivent
contenant des substances à marge moindre mesure : être conservés dans leur emballage
thérapeutique étroite anticonvulsivants, digoxine d’origine notamment pour les voyages
Médicaments à risque de réaction Chlorpromazine Analyser le risque
d’hypersensibilté cutanée, de
contact
Médicaments conservés dans des Glycéryl trinitrate (GTN) Volatil mais non utilisé en France
flacons de verre Ultralevure® Risque de contamination par les
levures en cas de bris
Médicaments à risque hormonal Finastéride (Proscar® risque
pour les préparatrices
enceintes)
Contraceptifs et Contraception cf. [74]
contraceptifs d’urgence
Médicaments à conserver au Cf. Tableau 3 10 spécialités orales en France.
réfrigérateur Respecter la chaîne du froid
348 F. Lagrange

Tableau 7 (Suite )
Formes sèches orales pour lesquelles le Exemples Remarques
reconditionnement n’est pas conseillé
Médicaments volatils par Sel de tert-butylamine de Ancienne salification avec une
vaporisation périndopril (ancien substance volatile, l’enrobage de
Coversyl® ) l’ibuprofène élimine la
Nitroglycérine (nsfp) vaporisation (Gordon et al. Int J
Ibuprofène non enrobée Pharm 1984;21:99 cité par [70],
mais voir aussi [75])
Médicaments avec restriction de Cf. texte et [35]
transport
Médicaments contenant un excipient Capsules
huileux

à ouverture ou dessication contrôlée sans forcément mettre d’impuretés sources d’instabilité [68]. Le choix des spé-
l’automate dans une enceinte à atmosphère excessivement cialités et des excipients peut donc, là encore, avoir son
contrôlée. En effet, certains arguments indiquent que le importance.
phénomène d’hydratation des comprimés n’est pas forcé- Alors que l’ICH encadre les études de stabilité accélérées
ment très rapide mais qu’il dépend aussi de la qualité de pour la forme commercialisée, le galéniste qui préfor-
la forme galénique. Ainsi, la carbamazepine se convertit mule est libre de fixer ses conditions d’études de stabilité
très vite en dihydrate dans l’eau mais s’hydrate très len- accélérées lors des études de compatibilité médicaments-
tement dans les conditions atmosphériques (cinq semaines excipients [36,69—71]. Les excipients sont donc choisis en
pour commencer à voir une conversion à 97 % RH, cependant partie pour une meilleure compatibilité et une meilleure
que des traces de dihydrate abaisserait ce temps à 25 jours stabilité. Malgré tout, l’excipient qui peut stabiliser la
pour une hydratation à 93 % RH) [66]. substance resterait un mythe. En effet, les réactions à
l’état solide sont généralement des réactions hétérogènes
Études de compatibilité apparaissant aux points de contact entre médicaments et
médicament-excipient et préformulation excipients. Espérer mettre un stabilisant à ce point de
contact apparaît donc illusoire. Chaque excipient peut avoir
Il faut également tenir compte des avancées indus- un risque relatif. Les industriels procèdent de plus à des
trielles de certains laboratoires, notamment les études de formulations tests, à des rapports de % variable, à des
compatibilité et de dégradation médicament-excipients, compactions, ajoutent 5 à 20 % d’eau, exposent à des envi-
excipients-excipients et des études de préformulation. Lors ronnements de 40 ou 50 ◦ C/75 % RH. À ce jour, la stabilité
de la phase de mise au point de la formulation, les est difficile à prévoir et à modéliser car il existe trop de
études de compatibilité médicament-excipients permet- facteurs intervenant au cours de la vie du médicament [69].
traient d’obtenir des données de stabilité. Ainsi, Novartis Les études de compatibilité et de dégradation médicament-
teste la stabilité de mélanges ajoutés de 20 % d’eau à 50 ◦ C excipient sont parfois automatisées ce qui montre bien
pendant une à trois semaines avec l’objectif de réduire les l’activité de la recherche dans ce domaine et l’existence
mauvaises surprises pendant les études de stabilité à long de données [71].
terme [67]. Les excipients n’ont pas tous le même effet L’oxydation est une des voies majeure de dégradation
sur la dégradation du PA, ils n’ont pas tous le même degré des médicaments. Si le développement ou la préformula-

Figure 1. Exemple de semainier de sept jours et les sachets opaque sur une face (AutoMed Technologies, IL, États-Unis).
Example of a one-sided opaque unit-dose (AutoMed Technologies Inc., IL, USA).
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 349

tion du médicament révèle une sensibilité à l’oxydation, risques de reconditionner ou non certains médicaments.
différentes solutions sont envisagées par les industriels pour Différentes recommandations internationales permettent
lutter contre le stress oxydatif : une réflexion sur les conditions de conservation et de
• rechercher par la méthode des ajouts quel est l’agent manipulation des médicaments tout au long du processus
oxydant parmi les excipients : peroxyde d’hydrogène, de déconditionnement-reconditionnement. Ensuite, pour
impuretés métalliques (cuivre ou sels de fer) radicaux les formes sèches reconditionnées, la comparaison de la
libres ; perméabilité à la vapeur d’eau des emballages pourrait
• comparer la dégradation dans des échantillons stockés remplacer de complexes voire impossibles études de sta-
sous air, oxygène, azote ou argon dans des containers her- bilité. Des données de stabilité obtenues avec des formes
métiquement fermés. Incorporer des antiradicaux libres, galéniques adaptées de molécules hygroscopiques modèles
des chélateurs de métaux lourds ; (atenolol, paracétamol, valproate de sodium), de molé-
• tester des emballages incluant des anti-oxygènes et des cules sensibles à la lumière (furosémide, prochlorpérazine)
matériaux de perméabilité minimale ; sont une possibilité complémentaire. Enfin, des données
• utiliser différents lots d’excipients connus pour conte- de stabilité en phase de préformulation industrielles pour-
nir des résidus de peroxyde (polyvinyl pyrrolidone [PVP], raient être utilement divulguées par voie réglementaire. Si
cross-linked PVP, hydroxypropyl cellulose [HPC], polysor- l’on cherche à appliquer le principe de précaution dans ce
bate 80, et polyéthylène glycol 400) ; domaine il apparaît légitime de disposer également de don-
• tester différents antioxydants (hydroxyanisole butylé nées de stabilité pour les blisters industriels et les doses
[BHA], hydroxytoluène butylé [BHT]). unitaires d’origine dans les conditions réelles du circuit du
médicament en établissement de santé. Enfin, il convient
de remettre en perspective le bénéfice de la préparation
Conclusion centralisée et le risque pour le patient en termes de compli-
ance et d’erreur d’administration. Ainsi, tant que les erreurs
Cette revue de l’état des connaissances sur le décondi- de dispensation et de délivrances bénéficieront du gain
tionnement et la stabilité des formes orales sèches solides décrit par les systèmes de reconditionnement et leur maî-
est une aide à la décision pharmaceutique. Elle est réser- trise du risque, le rapport bénéficie—risque restera plutôt
vée aux pharmaciens considérant les bénéfices et les favorable.
350
Résumé des sources documentaires directes ou extrapolées à la date du 14/08/2010.
Question du pharmacien Textes et recommandations françaises Expériences étrangères Réponses en attente
Quels arguments sont en faveur du La dispensation à la boîte en EHPAD Amélioration de l’observance Forfait de soin journalier patient
déconditionnement- est inflationniste [5,42]. Le [12,14] médicaments aux EHPAD suivant les
reconditionnement ? déconditionnement est résultats de l’expérimentation DM
envisageable [43,44] débutée en août 2008
Sécurisation du circuit [5,7,19] La préparation des doses à administrer et
ses BP [44] permettraient la délivrance à
l’unité de prise, le suivi et éviteraient les
médicaments non utilisés (excédents et
résidus) [5]
Comment évaluer, avec la PDA, les Article R.5123-3 non concerné : le [7,19] Officine : système d’information assistant
pratiques de prescription, conditionnement le plus la PDA (SIAPDA) destiné à l’officine [5]
dispensation, de suivi des économique compatible avec les Établissements de santé : Agence
traitements et du service mentions figurant sur nationale d’appui à la performance
clinique au patient ? l’ordonnance (ANAP) des établissements de santé et
médicosociaux. Guide Dispensation à
délivrance nominative : quelle solution
choisir ? (fin 2010)
Est-il réglementaire de Absence d’interdiction expresse dans [14,19,40,41,48,49,61,59] Conseil d’état et amendement à l’article
déconditionner ? le CSP [5,73], R.4235-48 CSP à L.4211-1 du Code la santé publique « La
clarifier : « la préparation des doses à dispensation de médicaments effectuée
administrer est un acte éventuel de la sous la responsabilité d’un pharmacien
dispensation du médicament » d’officine avec déconditionnement et
reconditionnement individualisé et
sécurisé ne correspond pas à une
nouvelle AMM. »
L.5132-8 : Loi Talon (22/10/2009) [72], BPPDA [44] annoncé dans le L.5121-5 du
Art. 40 §2 de la Directive 2001/83 CE CSP modifié par la loi 2007-248 du
26 février 2007
Reconditionnement des médicaments L’European Association of Hospital
pour essais cliniques [47] Pharmacists demande aux industriels des
doses unitaires ou des blisters
prédécoupés, permettant une
dispensation automatisée sans
déconditionnement
L.5111-2, R.5123-2, R.5128-2,
R.5124-2 et R.4235-47 du CSP,
éventuellement L.713-2 CPI

F. Lagrange
(contrefaçon) font la controverse
juridique [4,5,73]
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides
(Suite )
Question du pharmacien Textes et recommandations françaises Expériences étrangères Réponses en attente
Peut-on modifier le R.5121-41-2 [72] Amendement CBE [20] [44]
conditionnement ? R.5121-8 [47] Conseil d’état et amendement à l’article
L.4211-1 du CSP
AMM modifiée : Journal officiel de
l’Union européenne 2010/C 17/01
Quelles tolérances pour la DLU ? [33,35] [21—24,26,40,59] [44]
Pour combien, de temps peut-on Avis du CNOP et de la Commission 7 j [19] BPPDA [44] durée maximale de
déconditionner ? Deloménie [42] (durée maximale de traitement de 7 j utilisés dans un
traitement de 7 j utilisés dans un délai délai maximal de 10 j, durée de
maximal de 10 j) traitement 28 j si le
L.5132-8 : Loi Talon (22/10/2009) > 7 j doivent rester une exception conditionnement unitaire est
mais sont à la discrétion conservé
professionnelle du pharmacien [19]
La PDA avec déconditionnement Sous traitable : L.5125-1 CSP modifié [40,48—51,59,61] [44]
est-elle sous-traitable ? par ordonnance 2010-177
La PDA ne relève pas du monopole
pharmaceutique [5]
Quelles spécialités ne pas R.4235-61 CSP : lorsque l’intérêt de la Tableau 7 [14,29,32,33,61] BPPDA [44] : exclusion des stupéfiants,
déconditionner puis santé du patient lui paraît l’exiger, le formes stériles, formes à conditions
reconditionner ? pharmacien doit refuser de dispenser particulières de conservation, ou ayant
un médicament dans le RCP des précautions particulières
destinées à éviter toute contamination
croisée et tout risque pour le personnel
manipulant. BPPDA R.5126-54
« conformément aux bonnes pratiques de
dispensation, notamment relative à la
qualité, à la durée de conservation et au
stockage des médicaments définies par
arrêté du ministre de la santé. »
Quelles spécialités déconditionner Les bonnes pratiques de préparation Tableau 6 [18] BPPDA [44] : ne concerne que les
puis reconditionner ? 7/2007 bis ne sont pas applicables formes solides pour les
L.5132-8 : Loi Talon (22/10/2009) Utiliser un profil de médicaments de forme orale
déconditionnement, considérer les (anhydre, stable, avec une
bénéfices et risques de ne pas posologie stabilisée) seraient
reconditionner [19] concernées
[72]

351
352
Question du pharmacien Textes et recommandations françaises Expériences étrangères Réponses en attente
Quel emballage de Absence de réglementation Choisir un matériel soudé et étanche [44]
reconditionnement ? [19]
Utilisation de données Matériau de Classe A ou B [50,51]
bibliographiques pour valider l’étude
de faisabilité (R.4235-48 CSP)
Matériau [46], niveau de protection Tableau 2, détenir les
équivalent au conditionnent original caractéristiques de tous les
matériaux d’emballage utilisées [49]
Alimentarité : CEE 89-109 92-631
Quelle est la stabilité des Bonnes pratiques pour la réalisation Absence d’étude [44]
médicaments en contact des préparations à l’officine mai
entre eux ? 2003 : non applicables
Quel délai respecter entre Les bonnes pratiques de préparation Conditionnement original n’a pas été [44]
déconditionnement et 7/2007 bis ne sont pas applicables ouvert précédemment et le
reconditionnement ? reconditionnement de son contenu
est effectué en une seule opération
USP [51]
Stabilité physique et chimique Les bonnes pratiques de préparation USP 24 et formulaire national [44]
des préparations 7/2007 bis ne sont pas applicables 19 recommandent des procédures
pharmaceutiques non écrites
industrielles et magistrales
Stabilité microbiologique des Pharmacopée européenne USP 24 [44]
préparations
Quelles conditions respecter ? BPF s’il s’agit d’un établissement Dans un environnement contrôlé [44] Procédures pour une utilisation
pharmaceutique respectant les conditions décrites d’insecticides rodenticides, fongicides, agents
dans la notice du médicament nettoyants adaptés (sur le modèle GMPc)
original (Tableau 3) sinon dans une
pièce climatisée (USP General Notice
et Requirements section of USP) :
HR ≤ 75 % à 23 ◦ C et T
moyenne ≤ 25 ◦ C
Bonnes pratiques de pharmacie Procédure de préparation des Article L.4211-1 du CSP au Conseil d’état, « à
hospitalières cf § 3.3.2.1 arrêté du médicaments à l’avance NHS [52] compléter par un alinéa ainsi rédigé » :
22 juin 2001 « Certains établissements d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes étant dépourvus
de pharmacie à usage intérieur, la dispensation
des médicaments peut être réalisée par le
pharmacien d’officine ayant passé un contrat.
Les médicaments doivent être conditionnés

F. Lagrange
dans un local approprié de l’officine et
mentionnant le nom du médicament, le
numéro du lot et la date de péremption. »
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides
(Suite )
Question du pharmacien Textes et recommandations françaises Expériences étrangères Réponses en attente
Bonnes pratiques pour la réalisation des
préparations à l’officine mai 2003 et les
bonnes pratiques de préparation
7/2007 bis ne sont pas applicables
Qui doit préparer les piluliers Art. 40 de la directive no 2U01/83/CEE Ne doit pas être fait par les BPPDA [44] « menée sous la responsabilité
(responsabilité des opérateurs) ? du 6 novembre 2001. Pas d‘autorisation soignants dans les unités de soin des personnes compétentes et qualifiées
nationale si la préparation est effectuée trop grand risque d’erreur : anglais, au sens du CSP ». Pharmacien titulaire ou
par des pharmaciens en officine écossais, allemands [36,37,39] adjoint, interne préparateur étudiant en
pharmacie L.4241-10 CSP
Sous la responsabilité du pharmacien Société australienne de cGMP : les personnels présentant des
pharmacie : le pharmacien épisodes médicaux les rendant impropres
lui-même ou il s’assure que son au reconditionnement doivent êtres
personnel est suffisamment formé, exclus du contact direct avec la
contrôle ce qui est reconditionné préparation
ou dispose d’enregistrements de
reconditionnement [19]
R.4235-48 CSP :Après validation de
l’ordonnance et faisabilité technique
R.5126-115 dans les conditions prévues
aux articles R.5125-50 à R.5125-52.
R.4311-5 CSP : Infirmière est habilitée
PDA accomplie par le personnel
infirmier R.4311-5 CSP ou
pharmaceutique R.4235-48 CSP. Sinon
par les aides soignants, des proches, des
auxiliaires de vie ou le patient
Loi HPST 2009 L.5125-1-1-A CSP :
adaptation des traitements par le
pharmacien correspondant
La préparation à l’officine ne peut être
réalisée que par un pharmacien ou, sous
son contrôle effectif, par un
préparateur (Art. L.4241-1) ou un
étudiant en pharmacie
réglementairement autorisé
(Art. L.4241-10)
L.5126-6-1, R.4235-60 :convention
EHPAD/pharmacien
Art. R.5015-11 : Il appartient au
pharmacien de veiller à la mise à jour
périodique de ses connaissances

353
354
(Suite )
Question du pharmacien Textes et recommandations françaises Expériences étrangères Réponses en attente
Faut-il informer et évaluer les Loi HPST 2009 L.5125-1-1-A CSP : Le pharmacien évalue le profil [44]
patients ? accompagnement, éducation clinique et/ou psychosocial du
thérapeutique, adaptation des patient, son besoin réel pour un
traitements par le pharmacien pilulier et les risques potentiels
correspondant [12,19]. En retour, le patient doit
signaler tout changement de
couleur ou une désagrégation [19]
Art R.4235-61 et L.5125-3 1er alinéa
R.4235-48, Art. L1111-2 CSP,
Art. R.5121-170 du CSP : surveillance
des effets secondaires des
médicaments
Que faire en cas de Les bonnes pratiques de préparation Ne pas absorber ou administrer les [44]
détérioration des 7/2007 bis ne sont pas applicables médicaments, les retourner à la
médicaments pharmacie pour remplacement si
reconditionnées ? besoin [19]
Traçabilité des doses non Art. R.4235-48 du CSP Retournés à la pharmacie pour [44]
administrées élimination sécurisée sans
réutilisation [19], FDA Compliance
Policy Guidelines 7132.09 et la
plupart des Conseils de pharmacie
des états américains. L’état de
Floride (Art. 64b16-28.118 )accepte
le retour sous réserve de
conservation du scellé.
Enregistrement pharmaceutique du
motif de non administration [19,73]
Quelles informations sur ou avec Les bonnes pratiques de préparation [19] [44]
le reconditionnement ? Janvier 2008 ne sont pas applicables
Quelles conditions de transit Transit si conditionnement originel [19] http://www.a2la.org/checklists/GMP
jusqu’au lit du patient ? [35] CHECKLIST 21 CFR Parts 210 211.pdf
[cité le 14 août 2010]

F. Lagrange
Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides
(Suite )
Question du Textes et Expériences Réponses en attente
pharmacien recommandations étrangères
françaises
Comment garantir la sécurité de la [19] [44]
forme reconditionnée ? Recommandation
des industriels pour
l’épreuve de
perméabilité des
emballages [51,52]
Quelles conditions de stockage ? À leur réception, les [19,48], USP 29 1178 Good [44] Statut des
articles de repackaging practices, I/ locaux, hygiène
conditionnement acquisition process Curent GMP
sont enregistrés, 5/19/06 c212 specific cheklist :
vérifiés et stockés les plus ancien stocks en premier
dans des conditions http://www.a2la.org/checklists/
appropriées GMP CHECKLIST 21 CFR Parts
Bonnes Pratiques 210 211.pdf [cité le 14 août 2010]
pour la réalisation
des Préparations à
l’Officine mai 2003
http://www.ordre.pharmacien.
fr/upload/Syntheses/130.pdf
[cité le 14 août
2010]

355
356 F. Lagrange

Conflit d’intérêt [18] Church C, Smith J. How stable are medicines moved from
original packs into compliance aids? Pharm J 2006;276:75—81.
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Déconditionnement et stabilité des formes orales sèches solides 357

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