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Webinaire du 19-12-2021 Tayeb Chouiref

La vie et l’œuvre d’al-Ghazâlî I

Nous aborderons, dans ce webinaire, 3 points principaux :

I. La biographie d'un grand homme en quête de sincérité


II. Les ouvrages écrits avant la retraite spirituelle : étude d’extraits
III. Les ouvrages écrits après la retraite spirituelle : étude d’extraits

Abû Ḥâmid Muḥammad al-Ghazâlî naquit à Ṭûs, ancienne ville du Khurâsân, non loin de ce
qui deviendra Machhad, en 450/1058 et y mourut en 505/1111.

I. La biographie d'un grand homme en quête de sincérité

On peut distinguer quatre périodes dans la vie d’al-Ghazâlî :


- Les années d’apprentissage et d’étude
- L’enseignement à la Niẓâmiyya
- La retraite spirituelle
- Le retour à l’enseignement

1. Les années de formation


Al-Ghazâlî fut formé au fiqh de l’école juridique de l’Imâm Shâfiʿî. Avant de mourir, son père
confia son éducation et celle de son jeune frère Aḥmad1 à un ami soufi Aḥmad al-Râdhakânî
dont on connaît peu de choses. C’est lui qui enseigna à al-Ghazâlî les bases du fiqh. Voici ce que
ce dernier dit de sa disposition et de son aptitude à l’étude des différentes branches du savoir de
son temps :
« Ma soif de saisir, dès mon plus jeune âge, la réalité profonde des choses, était une disposition innée (gharîza)
et une nature spontanée (fiṭra) que Dieu m’a octroyées. Il n’y avait là aucune démarche volontaire de ma part.
Dès avant l’adolescence, j’avais pris mes distances avec l’imitation aveugle (taqlîd) et les croyances héritées. Je
me rendais bien compte que les enfants chrétiens ne grandissaient que dans le christianisme, les jeunes juifs, que
dans le judaïsme et les petits musulmans que dans l’islam. C’est alors que j’entendis le hadith de l’Envoyé de Dieu
! : ‘‘Tout homme possède, à la naissance, la nature primordiale (fiṭra) ; ce sont les parents qui font de lui un
Juif, un Chrétien ou un Zoroastrien.’’ A partir de ce jour, une force intérieure me poussa à comprendre la réalité
de la nature primordiale et des principales croyances héritées par imitation aveugle et à saisir les spécificités de
chacune d’entre elles. »2
Le jeune al-Ghazâlî fut donc frappé par le fait que bien souvent les opinions des uns et des autres
ne sont que le résultat de conditionnements familiaux et sociaux et non une certitude profonde
et légitimée par la connaissance véritable. Cette prise de conscience ne cessera d’habiter al-
Ghazâlî jusqu’à aboutir à l’âge mûr à la remise en cause totale de ce qu’il savait ou croyait
savoir.
Al-Ghazâlî partit pour Jurjân alors qu’il n’avait pas encore vingt ans pour suivre l’enseignement
d’Abû l-Qâsim al-Ismâʿîlî (m. 1084). Il approfondit auprès de lui sa connaissance du chafiisme
et probablement des divergences entre les quatre Écoles puisque son premier ouvrage, al-Taʿlîqât
fî furûʿ al-madhhab3 traite de ce thème et fut composé durant cette période. Il retourna deux ans
plus tard dans sa ville natale pour y retrouver son frère Aḥmad.
On le retrouve ensuite à Nîsâbûr où il étudia le soufisme (taṣawwuf) auprès d’al-Fârmadhî (m.
1084), autre autorité chaféite. Par la suite, il devint le disciple du célèbre théologien Muḥammad

1 Aḥmad al-Ghazâlî (m. 520/1126), mystique connu pour avoir exprimé dans ses œuvres le « pur amour » de Dieu.
2 Al-Munqid min adalâl, Erreur et délivrance, p. 10 du texte arabe (nous traduisons).
3 Notes sur des points particuliers de l’École (chaféite). Cet ouvrage est aujourd’hui perdu.

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al-Juwaynî (m. 1085), surnommé Imâm al-ḥaramayn4. Ce théologien était directeur de la


Niẓâmiyya, mosquée-institut qui porte le nom du vizir seldjouqide Niẓâm al-Mulk (m. 1092).
C’est là qu’al-Ghazâlî perfectionna sa connaissance du fiqh et de la théologie scolastique (ʿilm al-
Kalâm).
Il resta fidèle à l’enseignement de son maître jusqu’à la mort de celui-ci en 1085. Quelques
années plus tard, al-Ghazâlî fut nommé directeur de la Niẓâmiyya.

2. L’enseignement à la Niẓâmiyya.
Le vizir Niẓâm al-Mulk, qui prit ses fonctions en1063, le nomma à la tête de cette « fondation
pieuse » (waqf). C’est dans un contexte d’agitation politique qu’al-Ghazâlî prit ses fonctions à la
Niẓâmiyya. Entre autres événements, un faux mahdî fit son apparition en juillet 1090. Ce dernier
réussit à rallier à sa cause un bon nombre de partisans en se présentant comme le Messie
attendu.
Ghazâlî dispensa son enseignement à la Niẓâmiyya pendant un peu plus de quatre ans : de1091
à 1095.
C’est ainsi qu’il devient un des plus éminents personnages de Bagdad. Durant ces années
d’enseignement, il adressait ses cours à des groupes dépassant souvent les trois cents étudiants.
Mais cette période fut aussi pour al-Ghazâlî une phase d’intense activité intellectuelle et
plusieurs de ses ouvrages les plus célèbres furent rédigés à Bagdad. C’est le cas des œuvres dans
lesquelles il expose puis réfute les thèses des philosophes hellénisants :
- Maqâṣid al-falâsifa (Les Intentions des philosophes).
- Tahâfut al-falâsifa (L’Autodestruction des philosophes).

Il composa aussi des écrits sur la logique :


- Miʿyâr al-ʿilm fî fann al-manṭiq (Le Critère de la science : l’art de la logique).
- Maḥakk al-naẓar fî l-manṭiq (La Pierre de touche en matière de spéculation : traité de logique).

3. La retraite spirituelle.
Comblé d’honneur par le succès grandissant de son enseignement, al-Ghazâlî décide
brusquement de se retirer du monde en 1095. Entre sa retraite spirituelle et son retour à
l’enseignement officiel, dix ans s’écouleront. On sait peu de choses sur cette période et sur les
raisons qui amenèrent al-Ghazâlî à partir et abandonner la vie qu’il avait menée jusqu’alors.
Avant d’analyser les causes de sa retraite, revenons à ce que nous dit al-Ghazâlî dans son
Munqidh de sa disposition intérieure concernant sa soif de vérité dès sa jeunesse :
« Je me dis à moi-même : Avant tout, je recherche la connaissance de la nature des choses (al-ʿilm bi-ḥaqâʾiq
al-umûr). Ainsi, il me faut auparavant rechercher ce qu’est la connaissance en soi (ḥaqîqatu l-ʿilm). Il
m’apparut alors que la connaissance certaine est celle où le connu se dévoile (yankashif5) entièrement de sorte
qu’aucun doute ne puisse l’entacher, qu’aucune erreur ou illusion ne puisse subsister et que le cœur ayant été gratifié
par un tel dévoilement ne puisse imaginer douter un instant de l’authenticité de la connaissance ainsi acquise. »6

Il nous semble que la prise de conscience de l’impossibilité d’aboutir à un tel degré de certitude
par l’acquisition du savoir livresque – conscience qui dut être de plus en plus aiguë au fil des
années – a fini par mettre al-Ghazâlî devant l’évidence : toutes ces années d’études et
d’enseignements, ainsi que cette célébrité et cette autorité largement reconnue, ne l’ont en rien
aidé à atteindre son but premier et à être fidèle à sa disposition intérieure qui, nous l’avons
souligné, était tendue dès sa jeunesse vers la recherche de la certitude totale.

4 L’imam des deux Lieux Saints (La Mecque et Médine).


5 La connaissance par dévoilement (ʿilm al-mukâshafa) occupe une place très importante dans les écrits d’al-Ghazâlî.
6 Op. cit., p. 10 du texte arabe (traduction originale).

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Nous avons vu que pour al-Ghazâlî, la connaissance, au sens le plus profond du terme, est de
l’ordre du dévoilement. Il faut maintenant préciser que celui-ci peut être décrit en termes imagés
comme une gustation, laissant dans le cœur un « goût » (dhawq) excluant le doute et
l’incertitude :
« J’avais acquis la certitude que les Soufis ne sont pas des gens de ‘‘discours’’ mais des êtres ayant atteint de hauts
degrés dans la réalisation spirituelle. Je possédais tout ce qui pouvait s’apprendre par l’étude. Le reste ne pouvait
s’acquérir par l’écoute ou l’étude mais seulement par le ‘‘goût’’ (dhawq) et le cheminement spirituel (sulûk). Je
voyais bien aussi que je ne pouvais prétendre au bonheur de l’Au-delà qu’en craignant Dieu et en purifiant mon
âme des passions. Tout cela n’était possible que par la rupture des liens qui enchaînent le cœur à ce bas monde. Il
me fallait m’éloigner de la Demeure de l’illusion (Dâr al-ghurûr) pour me tourner entièrement vers le Demeure
de l’éternité (Dâr al-khulûd) et tendre de toutes mes forces vers Dieu le Très-Haut.
Cela ne peut se réaliser qu’en s’éloignant des honneurs et de l’argent et en fuyant tout ce qui distrait et enchaîne
l’homme. »7

Ghazâlî réalisa donc avec une grande acuité qu’il n’y a pas de certitude sans pureté intérieure :
on ne peut atteindre la connaissance sans être vertueux. C’est, nous semble-t-il une des raisons
pour lesquelles l’œuvre subséquente d’al-Ghazâlî s’attachera autant à exposer ce qu’est la
connaissance véritable qu’à décrire les états intérieurs qui rendent possible son éclosion. Sur la
base des recommandations reçues d’un maître spirituel, al-Ghazâlî comprendra le chemin qui
devait être le sien :
« Au temps où le désir sincère de suivre cette voie s’empara de moi, je consultai un des principaux Soufi – un
homme dont la compétence était reconnue – sur la récitation continuelle du Coran. Il me donna un conseil contraire,
en disant : ‘‘La véritable voie (sabîl) consiste à couper tout lien avec le monde de sorte que ton cœur ne s’occupe ni
de famille, ni d’enfants, ni de patrie, ni de science, ni de gouvernement… l’existence ou l’absence de ces choses
doivent être pour toi de valeur égale. De plus, il te faut être seul dans une retraite pour n’accomplir, parmi les
devoirs cultuels, que les prières prescrites, celles qui les précèdent et celles qui les suivent. Puis, étant assis tu
tourneras entièrement ton cœur vers Dieu, en évitant toute dispersion intérieure. Tu accompliras cela d’abord en
prononçant le Nom de Dieu par la langue : tu répéteras sans cesse ‘‘Allâh’’, ‘‘Allâh’’… avec un cœur réceptif.
Cela te permettra d’atteindre un état où tu sentiras, sans effort de ta part, le Nom être prononcé par ta langue. Tu
continueras ainsi jusqu’à atteindre un état où ton âme et ton cœur pratiqueront cette invocation sans que la langue
n’ait à y participer. Par la suite, ton cœur ne sera plus habité que par la signification du Nom divin : tu n’auras
plus conscience des lettres constituant le Nom ou de sa forme verbale mais seulement de sa pure signification
continuellement présente en ton cœur. Ta volonté individuelle n’aura plus de rôle au-delà de ce degré, si ce n’est
dans l’effort de repousser les suggestions dispersantes. Alors, ta volonté individuelle n’aura plus part à ton
cheminement spirituel et il ne te restera plus qu’à être réceptif aux illuminations dont sont gratifiés les Saints,
lesquelles sont une partie de ce que reçoivent les Prophètes8. »

Avant sa retraite, al-Ghazâlî vécut une période de grande tension intérieure durant laquelle
s’opposaient en lui l’élan spirituel l’invitant à tout quitter pour recevoir l’illumination spirituelle
et l’attachement mondain aux choses éphémères :
« Alors que j’en avais encore le choix, je décidais de quitter Bagdad et de changer de vie un jour puis le lendemain
je changeais d’avis. Je faisais un pas en avant, puis un autre en arrière. Dès que l’élan spirituel se faisait jour, les
armées des désirs concupiscents avaient tôt fait de le réduire à néant. Les passions mondaines me retenaient sur
place par leur chaînes, tandis que l’élan de la foi me criait : ‘‘En route ! En route ! La vie est brève mais long est
le voyage ! Toute la science que tu possèdes n’est qu’ostentation et illusion ! Si tu n’es pas prêt aujourd’hui pour
l’Autre Vie, quand le seras-tu ? Si tu ne romps pas dès maintenant les liens qui t’entravent, quand le feras-tu ?’’
À ce moment, l’impulsion fut donnée et ma décision de partir fut prise9. »

7 Op. cit., p. 35 du texte arabe (traduction originale).


8 Mîzân al-ʿamal, éd. Dâr al-kutub al-ʿilmiyya, Beyrouth, 1989, p. 40-42.
9 Munqidh, p. 36 du texte arabe (traduction originale).

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Cette période de dix ans où al-Ghazâlî se consacra à la purification de l’âme et à l’adoration de


Dieu fut une période féconde puisqu’il y commence son œuvre magistrale Iḥyâʾ ʿulûm al-Dîn : la
Revivification des sciences de la Religion. Cette œuvre est une « somme spirituelle » sans précédent en
Islam et traite de l’ensemble des domaines religieux et spirituels.
D’abord parti pour effectuer son pèlerinage à La Mecque, il se rendit d’abord à Damas et à
Jérusalem où il pratiqua la méditation et l’invocation du Nom (dhikr Allâh) :
« J’étais tout occupé à purifier mon âme, à polir son caractère et à mettre mon cœur en état d’accueillir Dieu, en
suivant la voie des Soufis…
De Damas, je me rendis à Jérusalem où, chaque jour, je m’enfermais dans le sanctuaire du Rocher. Ensuite vint
l’appel des Lieux Saints, du pèlerinage à La Mecque et de la visite de la tombe du Prophète ! à Médine, après
la visite de la tombe d’Abraham à Hébron10… »

Il est évident que cette retraite fut d’un grand profit spirituel pour al-Ghazâlî :
« Je suis resté en retraite dix ans : j’eus, durant cette période, le dévoilement de choses innombrables. Il me suffira
de déclarer que les Soufis cheminent dans la seule Voie qui mène à Dieu le Très-Haut : leur chemin est le meilleur
des chemins et leur voie la meilleure des voies. Ils se comportent de la manière la plus pure...
Leurs actions comme leur repos, intérieurement comme extérieurement, sont tirés de la source de la Lumière
prophétique ; il n’y a point d’autre lumière à la surface de la terre pour s’éclairer11. »

4. Le retour à l’enseignement.
C’est encore dans le récit autobiographique du Munqidh que nous trouvons les raisons du retour
à l’enseignement et à la vie publique. La communauté musulmane souffrait alors de nombreux
maux : « mauvais savants » recherchant les honneurs et la gloire par une érudition vide de toute
spiritualité, philosophes et ismaéliens menaçant l’orthodoxie par leurs idées hérétiques et
charlatans se prétendant Soufis. Al-Ghazâlî se sent alors obligé de retourner à la vie publique :
« Je vis alors que la foi avait baissé pour tous ces motifs. Je me savais capable de dévoiler ces ambiguïtés :
démasquer ces gens-là m’était plus facile que boire de l’eau, tant j’avais approfondi ma connaissance de leurs
sciences et de leurs voies12… »
« Je demandai alors conseil à des hommes de contemplation et ayant la maîtrise des ‘‘réalités du cœur’’ (arbâb
al-qulûb). Ils furent tous d’accord pour m’indiquer de quitter la retraite et de sortir du cloître (zâwiya). De plus,
des hommes vertueux (ṣâliḥîn) me virent plusieurs fois en différents rêves qui leur indiquaient que le bien et la
guidée découleraient de mon retour. Telle fut la volonté de Dieu le Très-Haut au début de ce [sixième] siècle. Je
fus alors encouragé par ces belles prémonitions car Dieu a promis de revivifier Sa Religion au début de chaque
siècle13. »14

Finalement, loin de fuir le sectarisme et le fanatisme de ceux qui ne reculaient devant rien, pas
même l’assassinat, pour imposer leur vision de la religion, al-Ghazâlî apporte une réponse
magistrale à l’obscurantisme par son œuvre maîtresse qu’il a justement voulue être une
Revivification.
Peu de temps après son retour à l’enseignement public, Fakhr al-Mulk fut assassiné par un
bâṭinite en 1106 et l’on pense qu’al-Ghazâlî quitta alors Nîsâbûr pour poursuivre son
enseignement à Ṭûs « tout en dirigeant la vie spirituelle de ses disciples dans un ermitage (khânqâh) qu’il
avait fondé pour les former à la théorie et à la pratique du soufisme. C’est pour eux qu’il rédigea ce qui fut sans
doute sa dernière œuvre, l’Itinéraire des Adorateurs de Dieu (Minhâj al-ʿÂbidîn). »15

10 Idem, p. 38.
11 Idem, p. 39
12 Munqidh, p. 48 du texte arabe.
13 Allusion au célèbre hadith rapporté par Abû Hurayra : « Certes Dieu suscite pour cette communauté, au début de chaque

siècle, un homme chargé de rénover la religion. » (Cité par al-Ḥâkim. Hadith authentique)
14 Munqidh, p. 49 du texte arabe.
15 Tabernacle, p. 23.

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Jusqu’à sa mort, al-Ghazâlî poursuivra son travail d’enseignement, de défense de l’orthodoxie


et de lutte contre les hérésies. C’est durant cette période, c’est à dire de 1105 à 1111, qu’il écrit
al-Munqidh min al-ḍalâl, Naṣîhat al-Mulûk (Les Conseils aux rois), al-Mustaṣfâ min ʿilm al-uṣûl (La
Quintessence de la science des principes du fiqh) et enfin Mishkât al-anwâr (Le Tabernacle des Lumières).

Après une vie de dévouement exemplaire au service de Dieu, c’est dans une entièrement
soumission qu’al-Ghazâlî accueille la mort, ayant eu le pressentiment que l’heure de quitter ce
monde définitivement était arrivée. Le récit de sa mort nous est rapporté par son frère Aḥmad :
« C’était un mardi matin. Mon frère venait de faire ses ablutions. Après avoir fini ses prières, il me demanda de
lui apporter son linceul. Quand je lui eus apporté, il le prit, l’embrassa, le porta à ses yeux et dit : “Ô mon Dieu,
je T’entends et je T’obéis ; je suis prêt à me mettre en Ta divine Présence.” Puis il s’allongea, étendit ses jambes
en direction de la Qibla et rendit son âme à Dieu. »

Al-Ghazâlî quitta ce monde le 14 Jumâdâ II 505 / 18 décembre 1111 laissant à la postérité non
seulement une œuvre d’une richesse remarquable mais aussi et surtout un modèle de
cheminement intérieur et d’exigence d’authenticité spirituelle.
Selon certains témoignages, al-Ghazâlî a écrit et glissé sous son oreiller, avant de mourir, le
poème suivant :

B‫ﻓَـﺒَـَﻜْﻮِﱐ َوَرﺛَﻮا ِﱄ َﺣَﺰ‬ ً‫ﻗُْﻞ ِِﻹْﺧﻮاٍن َرأَْوﻧـِﻲ َﻣﻴِّﺘﺎ‬


‫ﷲ أَﻧـﺎ‬ِ ‫ﻟَﻴﺲ ذاَك اﻟْﻤﻴﺖ و‬ ‫َِّﱐ َﻣْﻴـﺘُُﻜْﻢ‬Gَ ‫أَﺗَﻈُﻨﱡﻮَن‬
َ ُ َْ َ ْ
‫ﺼﻲ َزَﻣﻨﺎ‬ ِ ‫َﻛﺎَن ﺑـﻴﺘِـﻲ وﻗَِﻤﻴ‬
َ َْ ‫ﺼَﻮِر َوَﻫﺬا َﺟَﺴِﺪي‬ ‫ ِﰲ اﻟ ﱡ‬Bَ‫أ‬
‫ب ﻛﺎَن ِﱄ ﻓِﻴِﻪ َﻋﻨﺎ‬ ٍ ‫ِﻣﻦ ﺗُﺮا‬
ْ ‫ َﻛْﻨـٌﺰ َوِﺣﺠﺎِﰊ ﻃَْﻠَﺴٌﻢ‬Bَ‫أ‬
‫ﺖ اﻟِْﻤَﺤﻨﺎ‬ ِ
ُ ‫ً ﻓَﻌْﻔ‬B‫ﺖ َﳑُْﺤﻮ‬ ُ ‫ُﻛْﻨ‬ ‫ف‬ ٌ ‫ﺻَﺪ‬ َ ‫أَﻧـﺎ ُدﱞر ﻗَْﺪ َﺣﻮاﻩ‬
‫ِﻨﺎ‬pَ‫ت ِﻣْﻨﻪُ ﻓَـﺒَِﻘَﻲ ُﻣْﺮ‬
ُ ‫ﻃْﺮ‬
ِ ‫ﺼﻲ‬ ِ ‫ ﻋﺼُﻔﻮر وﻫﺬا ﻗَـَﻔ‬Bَ‫أ‬
ََ ٌ ْ ُ
ِ
‫َوﺑََﲎ ِﱄ ﰲ اﻟَْﻤﻌﺎﱄ َﻣْﺴَﻜﻨﺎ‬ ‫ﺼِﲏ‬ َ ‫أَْﲪَُﺪ ﷲَ اﻟﱠﺬي َﺧﻠﱠ‬
‫ﺖ اﻟَﻜَﻔﻨﺎ‬ ُ ‫ﺖ َوَﺧﻠَْﻌ‬ ُ ‫ﻓَُﺤﻴِْﻴ‬ ‫ﺖ ﻗَـْﺒَﻞ اﻟﻴَـْﻮِم َﻣْﻴﺘﺎً ﺑَـْﻴـﻨَُﻜْﻢ‬
ُ ‫ُﻛْﻨ‬

Dites aux amis qui me verront mort,


Qui me pleureront et se lamenteront :

« Croyez-vous que je sois ce mort ?


Ce mort, par Dieu, m’est point moi !

Dans l’Esprit je suis et ceci est mon corps,


Il fut un temps ma demeure et mon vêtement.

Je suis un trésor caché dans un talisman


De poussière par lequel j’ai souffert.

Je suis une perle encerclée par la nacre ;


Je fus éprouvé et suis maintenant libéré.

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Je suis un oiseau et ceci est ma cage ;


Je me suis envolé : elle est aujourd’hui vide.

Je loue Dieu pour m’avoir libéré


Et m’avoir accordé une demeure dans les hauteurs.

Avant ce jour, j’étais un mort parmi vous,


Désormais, je vis et j’ai quitté mon linceul16. »

*
* *

II. Les principaux ouvrages écrits avant la retraite spirituelle : étude d’extraits

Réfutation des thèses des philosophes hellénisants :


- Maqâṣid al-falâsifa (Intentions des philosophes).
- Tahâfut al-falâsifa (l’Autodestruction des philosophes).

Écrits sur la logique :


- Miʿyâr al-ʿilm fî fann al-manṭiq (L’Étalon de la science : l’art de la logique).
- Maḥakk al-naẓar fî l-manṭiq (Pierre de touche en matière de spéculation : traité de logique).

Datent aussi de cette période :


- Mîzân al-ʿamal (Balance de l’action).
- al-Mustaẓhirî fî l-radd ʿalâ l-Bâṭiniyya (Réfutation des Bâṭinistes).
- al-Iqtiṣâd fî l-Iʿtiqâd (Le Juste milieu dans les croyances).

1. La nécessité d’une science de la logique


« Sache que mon objectif en composant ce livre, intitulé Miʿyâr al-ʿilm (l'Étalon de la science),
est double :
- faire comprendre quelles sont les voies de la réflexion (fikr) et de l'examen logique (naẓar)
car les sciences logiques ne sont pas instinctives et innées : elle requiert nécessairement
un apprentissage…
- mieux faire comprendre ce que nous avons écrit dans notre ouvrage Tahâfut al-falâsifa
dans lequel nous avons réfuté les philosophes hellénisants dans leur propre
terminologie. »
(Miʿyâr al-ʿilm, éd. Dâr al-Kutub al-ʿilmiyya, Beyrouth, 1990, p. 26-27)

2. La nature du raisonnement logique


« Sache que lorsque tu traites des conditions du syllogisme valide, de la définition valide et de
la mise en garde contre les possibilités d'erreur dans ces domaines, tu crées par là même un lien
entre deux choses. C'est, en effet, sur de tels liens que sont fondées toutes les sciences. Celles-ci
ne sont rien d’autre que la connaissance des choses – la connaissance de ce que désigne le corps,
le mouvement, le monde, le caractère contingent, le caractère éternel, etc. – et la connaissance
du lien qui existe entre ces choses en termes d'affirmation ou de négation. Ainsi tu dois d'abord
savoir ce que désigne le terme ‘‘monde’’ (ʿâlam) qui est une chose singulière, connaître le sens du
mot ‘‘contingent’’ (ḥâdith) ainsi que celui du mot ‘‘éternel’’ (qadîm) – ces mots désignent des
conditions particulières – afin d'attribuer un terme à un autre terme, par exemple par la

16 Cf. Martin Lings, Sufi Poems, éd. Islamic Texts Society, 2004, p. 57.

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négation, comme tu attribues l'éternité au monde par la négation. En disant ‘‘le monde n'est
pas éternel’’, tu attribues un caractère contingent au monde ; par l'affirmation, tu diras ‘‘le
monde est contingent.’’ »
(Maḥakk al-naẓar, éd. Dâr al-fikr al-lubnânî, 1994, p. 67)

3. La raison d'être de la création de l'homme


« Lors de sa création, l’homme a été placé à un rang entre l’animal et l’ange. Il porte ainsi en
lui des facultés et des tendances variées. En tant qu’il se nourrit et se reproduit, il est une plante.
En tant qu’il possède la perception et le mouvement, il est un animal. […]La raison d'être de la
création de l'homme est la plénitude de l'intellect et la connaissance de la réalité des choses.
Quiconque utilise l'ensemble de ses facultés en vue de la connaissance de la Vérité et de la
pratique du Bien ressemble aux anges, est digne de prendre rang parmi eux et d'être dit
‘‘angélique’’ et même ‘‘seigneurial’’ (rabbânî), comme il est dit dans le Coran [à propos de
Joseph] : ‘‘Il s’agit véritablement d’un ange noble17 !’’ »
(Mîzân al-ʿamal, Beyrouth, 1989, p. 31)
Mîzân al-ʿamal est un traité de morale (muʿâmala). Cet ouvrage fut augmenté par al-Ghazâlî après
sa retraite.
*
* *

III. Les principaux ouvrages écrits après la retraite spirituelle : étude d’extraits

- Iḥyâʾ ʿulûm al-dîn


Somme spirituelle contenant 40 livres.
L'ouvrage contient 4 quarts contenant chacun 10 livres :
- rubʿ al-ʿibâdât (Quart des pratiques d'adoration)
- rubʿ al-ʿâdât (Quart des règles traditionnelles)
- rubʿ al-muhlikât (Quart des attitudes funestes)
- rubʿ al-munjiyât (Quart des vertus salutaires)

Les 40 livres existent en traduction française sous forme d'ouvrages séparés.


Cet ouvrage sera étudié en détail dans le second webinaire consacré à al-Ghazâlî.

- Al-Maqṣad al-asnâ
Traité sur les Noms divins.
Les plus Beaux Noms d’Allah, trad. fr. par Hassan Boutaleb, éd. AlBouraq, 2021.

- Bidâyat al-hidâya
Court traité sur les pratiques rituelles et les âdâb.
Les débuts de la guidance, trad. fr. par Mohamed al-Fatih, éd. L’Universel, 2005.

- Jawâhir al-Qurʾân wa-duraruhu


Traité sur les « trésors spirituels » du Coran.
Les joyaux du Coran et ses perles, trad. fr. par Hassan Boutaleb, éd. AlBouraq, 2014.

- Kîmiyâʾ al-saʿâda
Épître sur l'essence de la religion.
L'Alchimie du bonheur, trad. fr. par Tayeb Chouiref, éd. Tasnîm, 2016.

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Coran : 12, 31.

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- Ayyuhâ l-walad
Épître destinée aux novices souhaitant s'engager dans un cheminement spirituel.
Lettre au disciple, trad. fr. par Hassan Boutaleb, éd. AlBouraq, 2012.

- Al-Munqidh min al-ḍalâl


Autobiographie spirituelle d’al-Ghazâlî.
La Délivrance de l'erreur, , trad. fr. par Hassan Boutaleb, éd. AlBouraq, 2013.

- Al-Mustaṣfâ min ʿilm al-uṣûl


Traité sur les fondements du fiqh.
Il n'existe pas de traduction française de cet ouvrage, mais il existe plusieurs traductions
anglaises.
Al Mustasfa min ilm Al Usul : On Legal theory of Muslim Jurispudence, trad. angl. Ahmad Zaki Mansur
Hammad, éd. Dar ul Thaqafah, 2018.

- Mishkât al-anwâr
Traité sur le symbolisme et interprétation du verset de la lumière.
Le Tabernacle des lumières, , trad. fr. par Roger Deladrière, éd. du Seuil, 1981.

*
* *

1. S'engager dans la voie spirituelle


‫ َﻛﻤﺎ ﻗﺎَل‬.‫س َﻫﺬا اﻷَْﻣِﺮ ﺑَْﺬُل اﻟﱡﺮوِح‬ ِ َ ‫ واﺑُْﺬْل روﺣ‬.‫ إِْن ﺗَﺴِﺮ ﺗَـﺮ اﻟَﻌﺠﺎﺋِﺐ ِﰲ ُﻛ ِﻞ ﻣْﻨِﺰٍل‬،‫أَﻳﱡﻬﺎ اﻟﻮﻟَُﺪ‬
َ ْ‫ﻚ ﻓَﺈﱠن َرأ‬ َ َ َ َّ َ َ ْ َ
".‫ﺼﻮﻓِﻴﱠﺔ‬
‫ت اﻟ ﱡ‬ ِ ‫ وإِﱠﻻ ﻓَﻼ ﺗَْﺸﺘﻐِﻞ ﺑِ ﱠﱰﻫﺎ‬،‫ "إِْن ﻗََﺪرت ﻋﻠﻰ ﺑْﺬِل اﻟﱡﺮوِح ﻓَـﺘﻌﺎَل‬:‫ذُو اﻟﻨﱡﻮِن اﻟـِﻤﺼِﺮي‬
ُ ْ َ َ َ َ َ َْ ّ ْ
« Ô mon fils, par Dieu, si tu chemines sur la Voie spirituelle, tu verras des merveilles à chaque
demeure initiatique (manzil). Sacrifie ton individualité car l’entrée dans le cheminement
initiatique est le sacrifice de l’ego. Comme l'a dit Dhû l-Nûn al-Miṣrî : ‘‘Si tu es capable de
sacrifier ton individualité alors viens ! Sinon, ne perds pas ton temps avec un soufisme futile.’’ »
(Lettre au disciple, p. 56 du texte arabe)

2. Le rôle du guide spirituel


‫ ﻟِﻴُْﺨِﺮَج‬،‫ب‬ ِ ِِ ِ ِ ِ ِِ
ٍّ ‫ ﻓﺎﻋﻠَْﻢ أَﻧﱠﻪُ ﻳَـْﻨـﺒَﻐﻲ ﻟﻠﱠﺴﺎﻟﻚ َﺷْﻴٌﺦ ُﻣْﺮﺷٌﺪ ُﻣَﺮ‬:‫ﺐ َﻋﻠﻰ ﺳﺎﻟﻚ َﺳﺒﻴِﻞ اﳊَّﻖ‬
ِ َ َ‫ﲔ ﻟ‬
ُ ‫ﻚ ﻣﺎ َﳚ‬ ُ َِّ‫َواﻵَن أُﺑ‬
.‫ َوَْﳚَﻌَﻞ َﻣﻜﺎَ˜ﺎ ُﺧﻠُﻘﺎً َﺣَﺴﻨﺎ‬،‫اﻷَْﺧﻼَق اﻟﱠﺴﻴّﺌﺔَ ِﻣْﻨﻪُ ﺑَِ ْﱰﺑِﻴﱠﺘِِﻪ‬
ِ ِ ›‫وﻣﻌﲎ اﻟﱠﱰﺑِﻴﱠِﺔ ﻳْﺸﺒِﻪ ﻓِﻌﻞ اﻟَﻔّﻼِح اﻟ ِّﺬي ﻳـْﻘﻠَﻊ اﻟﱠﺸﻮَك وُﳜِْﺮج اﻟﻨﱠﺒﺎ‬
ِ َْ‫ت اﻷَْﺟﻨَﺒِﻴﱠﺔَ ِﻣْﻦ ﺑ‬
ُ‫ﲔ اﻟﱠﺰْرِع ﻟﻴَْﺤُﺴَﻦ ﻧَﺒﺎﺗُﻪ‬ ُ َ ْ ُ َ َ ْ ُ ُ ْ َْ ََ
.ُ‫َوﻳَْﻜُﻤَﻞ َرﻳْـَﻌﻪ‬
‫ﷲ ﺗَﻌﺎﱃ ِﻷَﱠن ﷲَ أَْرَﺳَﻞ ﻟِْﻠﻌِﺒﺎِد َرُﺳﻮﻻً ﻟِ ِْﻺْرﺷﺎِد إِﱃ‬ ِ ‫ﻚ ِﻣﻦ ﺷﻴٍﺦ ﻳـﺮﺑِﻴِﻪ وﻳـﺮِﺷُﺪﻩ إِﱃ ﺳﺒِﻴِﻞ‬
َ ُ ُْ ُ َُّ ْ َ ْ ‫َوﻻ ﺑُﱠﺪ ﻟَﻠﱠﺴﺎﻟ‬
ِِ
.‫ﷲ ﺗَﻌﺎﱃ‬ ِ ‫ ﺣﱠﱴ ﻳـﺮِﺷُﺪوا إِﱃ‬،‫ﺳﺒِﻴﻠِِﻪ ﻓَِﺈذا ارَﲢﻞ ﺻﻠﱠﻰ ﷲ ﻋﻠَﻴِﻪ وﺳﻠﱠﻢ ﻓَـَﻘْﺪ ﺧﻠﱠﻒ اﳋﻠَﻔﺎء ِﰲ ﻣﻜﺎﻧِِﻪ‬
ُْ َ َ َ ُ َ َ َ ََ َْ ُ َ ََ ْ َ
‫ﷲ َوَﺳﻼُﻣﻪُ َﻋﻠَْﻴِﻪ أَْن ﻳَُﻜﻮَن ﻋﺎﻟـِﻤﺎً إِﱠﻻ أَﱠن‬ ِ ‫ﷲ ﺻﻠَﻮات‬ ِ ِ ِ ِ
ُ َ ‫ﺋﺒﺎً ﻟَﺮُﺳﻮِل‬B ‫ﺼﻠُُﺢ أَْن ﻳَُﻜﻮَن‬ ْ َ‫َوَﺷْﺮُط اﻟﱠﺸْﻴِﺦ اﻟّﺬي ﻳ‬
.‫ﺼﻠُُﺢ ﻟِْﻠِﺨﻼﻓِﺔ‬ ْ َ‫ُﻛﱡﻞ ﻋﺎﻟـٍِﻢ ﻻ ﻳ‬

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Webinaire du 19-12-2021 Tayeb Chouiref

« Maintenant je vais exposer pour toi ce dont a besoin l'itinérant qui chemine sur la voie de la
Vérité (sâlik sabîl al-Ḥaqq). Sache que l'itinérant a besoin d'un maître qui lui serve de guide
(murshid) et d'éducateur (murabbî) afin de chasser, au moyen de l'éducation spirituelle, les
mauvaises tendances pour les remplacer par de belles vertus.
En vérité, cette éducation est semblable au travail du laboureur qui déracine les épines et sarcle
le blé pour le faire pousser et parfaire sa maturité.
L'itinérant a absolument besoin du maître qui l’éduquera et le guidera sur la voie de Dieu, car
Dieu a envoyé un Messager aux hommes afin qu'il les guide vers Lui. Lorsque celui-ci mourut,
il laissa à sa place des lieutenants (khulafâʾ) dont la mission était de continuer à guider les hommes
vers Dieu. La condition pour que le maître spirituel soit un représentant du Messager de Dieu
(nâʾ ib li-Rasûli Llâh), sur lui la grâce et la paix, est qu’il soit savant ; toutefois, les savants ne sont
pas tous dignes de la fonction de lieutenant (khilâfa). »
(Lettre au disciple, p. 49 du texte arabe)

3. La plus haute visée spirituelle


‫ﺼُﻞ‬ ِ ‫ﺲ ﺑِِﺬْﻛِﺮ‬ ِ ْ‫ﺼﻴﻞ اﻷُﻧ‬ ِ ‫ﷲ ﺗَﻌﺎﱃ وَْﲢ‬ ِ ‫ﺼﻴﻞ ﻣﻌِﺮﻓَِﺔ‬ ِ ‫وﻧـِﻬﺎﻳﺔُ ﺛَـﻤﺮِة اﻟ ِّﺪﻳِﻦ ِﰲ اﻟﱡﺪﻧْﻴﺎ َْﲢ‬
ُ ‫ﺲ َْﳛ‬ُ ‫ﻧ‬
ْ ‫ﻷ‬
ُ ‫ا‬‫و‬َ .‫ﱃ‬ ‫ﺎ‬ ‫ﻌ‬ ‫ﺗ‬
َ ‫ﷲ‬ ُ َ ْ َ ُ َْ َ
.‫ َوَﻣْﻦ ﻟَـْﻢ ﻳَـﺘَـَﻌﻠﱠْﻢ ﻃَِﺮﻳَﻖ اﻟِﻔْﻜِﺮ َواﻟ ِّﺬْﻛِﺮ ﻟَـْﻢ ﻳَـﺘََﻤﱠﻜْﻦ ِﻣْﻨـُﻬﻤﺎ‬.‫ﺼُﻞ ﺑَِﺪواِم اﻟِﻔْﻜِﺮ‬ ِ ِ
ُ ‫ﺑَِﺪوام اﻟّﺬْﻛِﺮ َواﻟـَﻤْﻌِﺮﻓَﺔُ َْﲢ‬
« Le but le plus élevé que l’on puisse atteindre en ce monde grâce à la religion (nihâyat thamrat
al-dîn fî l-dunyâ) est l’obtention de la connaissance de Dieu et l’intimité avec Lui conférée par
l’invocation.
L’intimité avec Dieu s’obtient, en effet, par l’invocation constante (dawâm al-dhikr). Quant à la
connaissance de Dieu, elle s’obtient par la méditation constante (dawâm al-fikr). Or, qui n’a pas
reçu d’enseignement sur la voie de l’invocation et de la méditation ne saurait les pratiquer. »
(Iḥyâʾ, IV, p. 346)

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