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Le latino-américanisme français e...
Caravelle
Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien
100 | 2013
Regards sur 50 ans de latino-américanisme
Regards sur 50 ans de latino-américanisme
La construction d’un savoir américaniste
Le latino-américanisme français
en perspective
Panorama des relations culturelles et scientifiques de la
France avec l’Amérique latine, de la fin du XIX e siècle à nos
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jours
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en sciences humaines et sociales
MONA HUERTA
p. 39-62 OPENEDITION
https://doi.org/10.4000/caravelle.100
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Cet article se propose de montrer l’évolution souvent contrastée des liens culturels et
scientifiques que la France entretient avec l’Amérique latine, soulignant en particulier les
HYPOTHESES
éléments de leur renouveau après la Seconde Guerre mondiale et leurs transformations au
début du XXIe siècle. Si l’art et la culture ont été le ciment traditionnel de ces relations, depuis
CALENDA
la fin du XIXe siècle, la région a été pour les scientifiques français un laboratoire fécond qui a
inspiré la construction des études sur l’Amérique latine en France. Retour sur une histoire afin
de nourrir, en temps de mondialisation, la réflexion en pleine mutation sur les aires culturelles.
Bibliothèques et institutions
En este artículo se pretende mostrar la evolución a menudo contrastada de las relaciones
culturales y científicas que Francia tiene con América Latina, haciendo especial hincapié en los
elementos de su renacimiento después de la Segunda Guerra Mundial y sus transformaciones
en la primera década del siglo XXI. Si el arte y la cultura han sido OpenEdition Freemium
el cemento tradicional de
estas relaciones desde el siglo XIX, la región fue para los investigadores franceses un
laboratorio científico fructífero que inspiró el desarrollo de los Estudios Latinoamericanos en
Francia. Enfoque sobre esta historia para reflexionar, en tiempos de globalización, acerca del
tema en plena mutación de las áreas culturales. Nos services
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Nos services
This article aims to show the evolution of the often contrasting cultural and scientific ties that
France has with Latin America, emphasizing in particular the elements of their revival after the
Second World War and their transformations in the early twenty-first century. If art and
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culture have been the cornerstone of these relationships since the late Search
nineteenth century, the
region was for the French researchers a fruitful laboratory that inspired the construction of
Latin American Studies in France. Back on a story to feed the reflection on the changing Area
Studies, in times of globalization.
Entrées d’index
Mots-clés : France, Amérique latine, Relations culturelles, Relations scientiques, XXe siècle
Keywords: France, Latin America, Cultural Relationships, Scientific Relationships;
Twentieth century
Palabras claves: Francia, América Latina, Relaciones culturales, Relaciones científicas, Siglo
XX
Texte intégral
1 L’Amérique latine est présente aujourd’hui en France dans les musées, les librairies,
sur les écrans cinématographiques1 ou encore dans les collections des bibliothèques et
archives françaises. En effet, nombreux sont les produits culturels ‘de’ et ‘sur’ cette
région du monde diffusés dans le pays. Les livres et les revues, fruits de l’édition
nationale et internationale, entre autres, permettent à un large public de se familiariser
avec un continent qui fut pour Lucien Febvre et bien d’autres après lui, « un champ
privilégié d’études »2. Depuis l’époque, déjà lointaine, où les intellectuels français
déploraient l’absence de livres américains dans le pays et le peu d’intérêt des Français
pour les œuvres produites de l’autre côté de l’Atlantique, des progrès notables ont pu
être observés, au cours du siècle dernier, dans la diffusion mutuelle des cultures
françaises et latino-américaines3. Cependant, faut-il pour autant en conclure que les
relations entre la France et l’Amérique latine sont satisfaisantes et que ses modèles
CATALOGUE Tout
rencontrent encore dans cette région le succès qu’ils connurent dans l’entre-deux-
ACCUEIL
guerres ? Cet article se propose DES l’évolution
de montrer 570 OPENEDITION
souvent contrastée SEARCH
des liens
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culturels et scientifiques que la France entretient avec l’Amérique latine, soulignant en
particulier les éléments de leur renouveau REVUES
après la Seconde Guerre mondiale et leurs
transformations au début du XXIe siècle.
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création de l’université de São Paulo16, puis celles de Rio de Janeiro (1935) et de Porto
Alegre (1937). Parmi ceux–ci, officièrent Paul Arbousse-Bastide, Fernand Braudel,
Claude Lévi-Strauss, Pierre Deffontaines, Pierre Monbeig, Roger Bastide et bien
d’autres encore. En s’appuyant sur leurs observations et leurs expériences, tous allaient
faire du Brésil et de l’Amérique latine un vaste laboratoire d’expérimentation pour les
sciences sociales, dès leur retour en France.
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retentissement Peau noire, masques blancs, fut l’une des figures les plus
emblématiques de ce mouvement. Plus tard, dans les années 1960 et 1970, son ouvrage
Les damnés de la terre devint une référence pour chaque militant engagé dans les
luttes de libération nationale31.
35 Au cours de ces mêmes années, la situation économique de la France, dopée par
l’European Recovery Program (Plan Marshall) s’était considérablement développée.
Elle était caractérisée par le retour au plein emploi, une croissance forte de la
production industrielle, une expansion démographique importante. Le niveau
d’éducation et d’expérience des travailleurs restait important et permettait un
rattrapage technologique vis-à-vis des puissances plus développées comme les États-
Unis.
36 Cependant, le pays était encore englué dans ses guerres coloniales et n’arrivait pas à
régler le problème algérien. Contre toute attente, l’Amérique latine en ces années fut en
première ligne, et occupait la devanture des librairies. Gallimard, pour ne citer que
cette maison d’édition, accueillait dans deux de ses prestigieuses collections, Du monde
entier et La croix du Sud initiée par Roger Caillois, les grands auteurs de la littérature
latino-américaine. Les événements politiques qui suivraient ne la laisseraient pas seule
sur ce marché.
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confort et de statut social. Le poste de télévision fut l’un de ces produits34. Fidel Castro
et ses compagnons furent de remarquables médiateurs pour relancer l’Amérique latine
dans l’imaginaire européen. Des films, comme celui de Chris Marker, Cuba sí, et des
reportages dans des émissions comme Cinq colonnes à la une popularisèrent, au-delà
de toute mesure la ‘geste héroïque’ des guérilleros cubains. La télévision participa à
donner aux événements cubains un retentissement inédit.
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qui occupèrent des postes en région. Dans le milieu des années soixante-dix, ils se
dotèrent des moyens pour faire entendre leur voix et structurer le latino-américanisme
dans leur nouveau port d’attache. C’est ainsi que Jean Meyer publia L’Ordinaire du
Mexicaniste46 à Perpignan, suivi quatre années plus tard de la revue Études mexicaines.
La création de nouveaux centres de recherches fut accompagnée de nouveaux titres :
Amérindia fut le premier. Á partir de 1976, il aida à la diffusion des travaux spécifiques
produits en linguistique amérindienne au Centre national de la recherche scientifique.
Le développement des universités, et notamment des unités spécialisées sur l’étude des
langues et civilisations ibériques et ibéro-américaines contribua notablement à la
publication de nouveaux titres surtout à la fin des années soixante-dix et dans les
années quatre-vingts. Citons en particulier Ventanal, Marges, Iris, América, Cahiers
du CRIAR, et Cahiers du CRISOL. Ce mouvement, important dans l’université, et pas
seulement dans le domaine littéraire47, put être observé également dans les centres de
recherches spécialisés, du CNRS ou d’autres institutions de recherche. Cahiers du
Brésil contemporain en est un exemple48. La plupart des nouveaux centres fondés dans
les années quatre-vingts bénéficièrent du développement de l’informatique et des
programmes de traitements de texte. La production de revues devenait alors
techniquement plus aisée, grâce à la multiplication des ordinateurs et des
photocopieurs.
57 Il fallut attendre un nouveau statut pour que l’Institut des hautes études de
l’Amérique latine, fortement diminué par son déclassement, et la création d’un
dispositif identique à l’université de Toulouse-Le Mirail, pour que les institutions
strictement latino-américanistes reprennent des couleurs. En 1985, ce fut chose fait
grâce à l’intervention du géographe Romain Gaignard, alors en poste au ministère de
l’Éducation nationale.
58 A Paris, l’Institut travaillait très étroitement avec le Centre de recherche et de
documentation sur l’Amérique latine créé au Centre national de la recherche
scientifique en 1968 ; l’Institut pluridisciplinaire des études sur l’Amérique latine à
Toulouse, fondé en 1985 et le Groupe de recherche sur l’Amérique latine, laboratoire du
CNRS, dirigé par Claude Bataillon depuis sa création en 1977, essayaient de mettre sur
pied les études sur l’Amérique latine dans leur université, en regroupant un petit noyau
d’enseignants et de chercheurs prêts à défendre leurs positions contre les forteresses
disciplinaires. Pendant quelques années une coopération documentaire entre ces
structures de Toulouse et de Paris fortifia le travail latino-américaniste. Le CNRS ayant
donné les moyens de développer une documentation commune, le Réseau Amérique
latine se développa entre 1980 et 200749. La période facilitait le développement des
technologies des bases de données et la réussite du Réseau fut d’exporter en Europe son
modèle dès 1989. Le Réseau européen d’information et de documentation sur
l’Amérique latine (REDIAL) fut porté par les latino-américanistes français jusqu’en
2010, avant que des directions européennes ne le conduisent sur de nouveaux chemins.
Ce réseau put travailler avec les nombreux centres d’Europe, existant souvent depuis les
années 1960. Grâce à Romain Gaignard, président, à la fin des années 1990, du réseau
de chercheurs Consejo Europeo de Investigaciones Sociales de América Latina
(CEISAL), une coopération entre REDIAL et CEISAL vit le jour et permit de valoriser et
diffuser la recherche européenne spécialisée en sciences humaines et sociales sur
l’Amérique latine, en Europe d’abord puis sur le continent américain50. Cette politique
coopérative est assez unique en France et en Europe, et on ne l’observe guère pour
d’autres aires culturelles.
59 L’Amérique latine était alors devenue une cible de la construction d’un monde
multipolaire, la France se devait de réagir pour essayer d’être « dans le jeu ». Après la
tentative de De Gaulle dans les années 1960 de rompre le face à face Est-Ouest, les
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Français se rendirent vite à l’évidence que leur influence dans le monde était devenue
très limitée. Avec François Mitterrand, la politique étrangère de la France connut un
tournant décisif51. Une interaction avec l’Europe paraissait nécessaire, dès lors que
l’Espagne et le Portugal avaient rejoint l’Europe communautaire. Il semblait évident
que les efforts devaient être portés pour qu’une politique européenne puisse émerger. A
défaut de politique étrangère à l’échelle de l’Europe, difficile à mettre en place, des
programmes de coopération régionale virent le jour, tels ALFA (América Latina
Formación Acádemica) et ALBAN (Bourses d’études de haut niveau pour l’Amérique
latine), dans le domaine de la coopération universitaire ou encore URB-AL,
programmes pour le développement des politiques urbaines par le truchement des
collectivités territoriales et des gouvernements locaux.
60 Depuis le début des années 1980, l’Amérique latine avait connu des bouleversements
importants qui la conduisirent à la démocratisation de ses structures politiques et à
l’ouverture économique. Pour les observateurs et chercheurs sur ces pays, il
apparaissait plus que jamais nécessaire d’articuler les approches disciplinaires afin de
mieux comprendre les évolutions de ces sociétés. Des questions comme, par exemple,
celle de l’intégration, des religions, ou des migrations, montraient qu’il existait, de plus
en plus, une fluidité des thématiques entre les aires culturelles du Nord et du Sud du
continent. Prenant acte de cette prégnante réalité, les latino-américanistes invitèrent
les nord-américanistes à mettre sur pied un Institut des Amériques, permettant les
comparaisons fertiles et le développement d’axes transaméricains et transdisciplinaires.
61 À partir de 2007, cette ultime mutation bouleversa le système à la fois structuré et
fragile du latino-américanisme. Le GIS Amérique latine élargit son champ d’application
pour que naisse le GIS Institut des Amériques qui allait façonner ce nouvel institut, en
accueillant les recherches sur les États-Unis et le Canada.
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l’Ouest et l’Orient à l’Occident54 fait débat, alors que germent de nouvelles catégories
analytiques pour penser le monde, comme c’est le cas par exemple de l’ABRIC55. Pour
mieux apprécier la place des acteurs émergents et de leurs territoires, en ce début du
XXIe siècle, sans doute sera-t-il nécessaire de forger de nouveaux instruments
conceptuels : de ce point de vue, des pistes de travail surgissent, en termes de carte
cognitive des dirigeants des pays émergents56 ou en termes de ‘zones de contact’,
espaces interstitiels – politiques économiques et culturelles- entre grandes aires
traditionnelles57. Ces pistes mériteraient certainement d’être privilégiées et
approfondies… Cela apparaît indubitablement aujourd’hui pour l’ABRIC, mais pourrait
concerner les Caraïbes pour les Amériques, le Sahel pour l’Afrique ou encore la
Méditerranée.
Notes
1 Des festivals spécialisés sur le cinéma latino-américain permettent, régulièrement, de
valoriser en France, les cinémas d’Amérique latine (Biarritz, Toulouse, Nantes, Pessac,
Paris…).
2 Rappelons ici les paroles de Lucien Febvre, dans son texte fondateur pour les latino-
américanistes « Un champ privilégié d’études : l’Amérique du Sud » in Annales d’histoire
économique et sociale, 1929, n° 2 : « De cette Amérique du Sud qui pendant si longtemps, a
vécu dans un isolement relatif et en tout cas dans l’ignorance totale des civilisations
européennes, la nature et l’histoire ont fait pour nous un champ précieux d’expériences et de
comparaisons. Pour nous, qui que nous soyons, préhistoriens ou ethnographes, historiens ou
géographes, curieux du présent ou investigateurs du passé, il est excellent qu’il y ait des
américanistes, spécialisés dans l’étude d’un monde largement original ».
3 Ernest Martinenche, président du Groupement des universités et grandes écoles de France
pour les relations avec l’Amérique latine, déclarait dans les années 1920 : « L’Amérique latine
nous a fait jusqu’ici l’honneur de nous connaître infiniment mieux que nous ne la connaissons.
Elle a lu nos livres, ceux où l’on travaille aussi bien que ceux où l’on se repose. Nous n’avons
longtemps répondu à cette prédilection que par les maladresses d’une sympathie confuse et
mal éclairée. L’organisation de l’enseignement de l’espagnol date d’hier chez nous, et c’est à
peine si le portugais commence à se faire dans notre Université une place beaucoup trop petite.
C’est donc au public de langue française qu’il convient de faire mieux comprendre l’Amérique
latine dont l’expansion européenne demeure notre plus cher souci ». Rapporté par Charles
Lesca in Histoire d’une revue. Hommage à Ernest Martinenche (Études hispaniques et
américaines), Paris, Éd. d’Artrey, 1939, p. 437.
4 Déjà en 1850, on trouve des traces d’une admiration réelle pour les pays du cône Sud chez
Victor Hugo et Alexandre Dumas pour ne citer ici que les auteurs les plus emblématiques.
Nous ne reviendrons pas sur le mouvement qui poussa les Français à intervenir au Mexique,
mais celui-ci revint au tournant du siècle lorsque, hors de tout bellicisme, les politiques
vantaient les républiques-sœurs d’Amérique latine.
5 Selon l’article premier de ses statuts, l’Alliance française est une association à but non lucratif
qui a pour objet de « diffuser la langue française » et de « regrouper tous ceux qui désirent
contribuer au développement de la connaissance et du goût de la langue et de la pensée
françaises ».
6 Au début du XXe siècle, certaines maisons d’édition comme Garnier Frères, les Éditions
Veuve Bouret, la librairie Ollendorff et d’autres développaient un commerce florissant dans
une Amérique latine francophile, qui permettait la diffusion d’œuvres en français et en
espagnol dans toute cette région. Jean François Botrel, cite à ce propos deux témoignages très
parlants : « En París, Garnier se gloria en ganar con sus libros en castellano más que todos los
editores juntos de Madrid » et « La Viuda Bouret, tiene casi monopolizado el mercado de
México ». Cf. Jean François Botrel, La sociedad de ediciones literarias y artisticas. Librería
Paul Ollendorff (contribution à l’étude de l’édition en langue espagnole, à Paris au début du
XXe siècle Bordeaux, Institut d’études ibériques et ibéro-américaines, 1970, 27 p.
7 Notons qu’à partir de la loi du 7 juillet 1904 qui stipule la suppression en France des
congrégations religieuses enseignantes, nombreux furent les religieux français qui partirent
fonder des établissements à l'étranger. L'Amérique, du Nord (Québec) et du Sud, fut une
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destination privilégiée.
8 Cf. Jean-Claude Villegas, Paris, capitale littéraire de l’Amérique latine, Dijon : EUD, coll.
« Écritures », 2007 ; Nathalie Froloff, « Dernière tentation de Valery Larbaud : le Brésil »,
Cahiers des Amis de Valery Larbaud, éditions des Cendres, 2005.
9 Alfonso Reyes par exemple arriva à Paris en 1925, en qualité d’ambassadeur du Mexique en
France.
10 André Breton, « L’homme, ce rêveur définitif, de jour en jour plus mécontent de son sort,
fait avec peine le tour des objets dont il a été amené à faire usage ». Extrait du Manifeste du
surréalisme, Paris, Éditions du Sagittaire, 1924.
11 André Breton, Martinique charmeuse de serpents, Paris, Jean-Jacques Pauvert éditeur,
1972, 117 p.
12 André Breton, Discours au Savoy-Club de Port-au-Prince, 14 décembre 1945. Repris dans
« Alentours I », Œuvres complètes, volume 3, Paris, Gallimard, 1999. (Bibliothèque de la
Pléiade, n° 459).
13 Jean Jaurès par exemple se rendit en 1911 au Brésil, Uruguay et Argentine de mi-juillet à fin
octobre. Une récente publication rend compte de ce voyage : Jean Jaurès. Discours en
Amérique latine (1911), éd. Bruno Leprince, 2010. Georges Clémenceau visita ces mêmes pays,
lui aussi en 1911 et publie la même année ses Notes de voyages dans l’Amérique du Sud.
Argentine- Uruguay-Brésil, Paris, Hachette, 1911.
14 Le Groupement en la personne d’Ernest Martinenche, titulaire de l’enseignement d’espagnol
(son poste parisien, créé en 1906, fut transformé en 1919 en chaire de l’université de Paris),
bénéficiait de la récente réorganisation de l’enseignement des langues vivantes en France, et
plus particulièrement de celui de l’espagnol.
15 Charles Lesca, « Les oeuvres américaines de Paris. le Groupement des universités et des
grandes écoles de France pour les relations avec l'Amérique latine » in France-Amérique, août
1912, p. 103-106.
16 Voir Jean-Paul Lefèvre, « Les missions universitaires françaises au Brésil dans les années
trente », Vingtième siècle revue d’histoire, 1993, n° 38, p. 24-33.
17 Miguel Angel Asturias, « Une certaine idée de l’Amérique latine », Espoir, n° 114, 1998.
18 Aujourd’hui Institut français d’études andines (IFEA).
19 Robert Ricard, « Introduction », La conquête spirituelle du Mexique, essai sur l’apostolat et
les méthodes missionnaires des ordres mendiants de la Nouvelle Espagne de 1523-24 à 1572,
Paris, Institut d’ethnologie, 1933.
20 Cf. Giuliana Gemelli, Fernand Braudel, Paris, Odile Jacob, 1995 p. 64.
21 Comme en 1929, les Annales défendaient l’Amérique latine comme une région propice au
développement de recherches originales. Cf. « A travers les Amériques latines », cahier spécial
des Annales. Économies-Sociétés-Civilisations, octobre-décembre 1948, Paris, Colin, 191 p.
Deuxième partie, chapitre 1. Jean-Pierre Berthe nous confiait : « Avec le recul, je crois pouvoir
dire que cette lecture a probablement fixé ma vocation d’historien de l’Amérique, sans que j’en
aie eu pleinement conscience sur le moment ». [Entretien avec Jean-Pierre Berthe, 24 juillet
1996].
22 C’est ainsi qu’en 1951, dans une note brève publiée dans la rubrique « outillage et
documentation », la revue revenait sous la plume de Fernand Braudel, sur les carences qui
demeuraient en ce domaine. Cf. Fernand Braudel : « Où étudie-t-on l’histoire des Amériques »,
Annales. Économies-Sociétés-Civilisations, 1951, n°6, p. 91.
23 Jacques Lafaye insiste sur l’importance de ce voyage dans l’évolution de l’oeuvre de Marcel
Bataillon. « El estudio de Hispanoamérica en Francia » in Arbor, ciencia, pensamiento y
cultura, Tome CII, n° 400, avril 1979, p. 85 [541]- 100 [556]. Marcel Bataillon revient lui-
même sur ce voyage p. VII de l’introduction qu’il signe pour présenter un recueil de ses travaux
sur Las Casas : « Pour aider à faire de moi un lascasien, il fallut aussi que, peu avant de partir
pour l’Amérique le ‘seiziémiste’ que j’étais eût, grâce à Silvio Zavala, la révélation de Vasco de
Quiroga, disciple de Thomas More et défenseur, comme Las Casas, des Indiens contre
l’esclavage. Au cours d’un voyage de plusieurs mois, je vis, en 1948, les Indiens de la région de
Pátzcuaro, où la mémoire de Don Vasco est toujours vénérée ; ceux des parages d’Atitlán et de
Chichicastenango, par où Las Casas et ses compagnons missionnaires approchèrent la Tierra
de Guerra qu’ils allaient changer en Vera Paz ; ceux du Cuzco et ceux de Machu Picchu qui fut
peut-être le refuge de l’Inca rebelle de Vilcabamba. La vie de Las Casas et ses écrits se lièrent
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indissolublement pour moi, à cette Amérique qui, aujourd’hui encore, garde un visage indien,
et qui parle espagnol ». Cf. « Introduction », in Études sur Bartolomé de Las Casas réunies
avec la collaboration de Raymond Marcus, Paris, Centre de recherches de l’Institut d’études
hispaniques, 1965 (Thèses, mémoires et travaux n°5).
24 Depuis le 4 décembre 1945, date de sa leçon inaugurale, Marcel Bataillon occupait la Chaire
de langue et littérature de la Péninsule ibérique et de l’Amérique latine au Collège de France. Il
se livra lors de sa leçon inaugurale à l’inventaire de l’héritage légué à la nouvelle chaire par un
siècle de travaux consacrés à la langue et à la littérature de la Péninsule ibérique et rendit un
hommage particulier aux hispanistes français. Dans son recueil Études sur Bartolomé de Las
Casas il précise (p. VII de l’introduction) que le titre même de sa chaire avait été conçu « en
préjugeant de [son] intérêt pour l’Amérique ». Cet intérêt, nous l’avons vu, s’amplifia après le
voyage de 1948.
25 Marcel Bataillon, « Notre hispanisme devant l’Amérique » in Les Langues néo-latines,
n° 112, 43e année, février-juin 1949, p. 1-7.
26 Édouard Bonnefous, dir., Pierre Gerbet, coord., Encyclopédie de l’Amérique latine
politique, économique culturelle. Préface d’Édouard Bonnefous, Paris, PUF, 1954, 628 p. On y
trouve des contributions de : Paul Arbousse-Bastide, Louis Baudin, Roger Bastide, Jean Borde,
Marc Bouloiseau, Igor Boussel, Jean Cassou, François Chevalier, Pierre Deffontaines, René
Durand, Henry Lavachery, Jean Meyriat, Jacques Oudiette, Marc Pieyre, Georges Poussot,
Georges Raeders, Georges Sachs, Abelardo Saenz, Filoteo Samaniego, Jacques Soustelle,
Michel de Toro, Jean Touchard, Angel Trapero-Ballesteros, Jean Vellard, Auguste Viatte, Jean
Viet, Alberto Zerega-Fombona.
27 Cf. « La France dans le monde » in Cahiers français d’information, 15 mars 1955, p. 23.
28 François Chevalier, La naissance des grands domaines au Mexique (XVIe-XVIIe siècles,
1949/ Pierre Monbeig, Pionniers et planteurs de São Paulo, 1952/ Paul Arbousse-Bastide, Le
positivisme politique et religieux au Brésil : de l’Empire à la Constitution républicaine (1850-
1891), 1953/ Germain Bazin, L’architecture et la sculpture décorative des églises brésiliennes
à l’époque baroque, 1954. Viendraient ensuite les thèses des jeunes chercheurs constituant la
seconde génération des latino-américanistes comme par exemple celles de Frédéric Mauro, Le
Portugal et l’Atlantique au XVIIe siècle, étude économique, 1957 / Jean Roche, La colonisation
allemande et le Rio Grande do Sul, 1957 / Michel Rochefort, Rapports entre la pluviosité et
l’écoulement dans le Brésil subtropical atlantique : étude comparée des bassins de Guaiba et
du Paraiba du sud, 1958 / Pierre Chaunu, Séville et l’Atlantique (1504-1650), 1960.
29 Voir Philippe Hugon, « La pensée francophone en économie » in Choquet, C., Dollfus, O.,
Le Roy, E., Vernières, M., dir. État des savoirs sur le développement, op. cit., p. 49.
30 Tel est, en effet, le titre qu’Odette Guitard donne à son ouvrage Bandung et le réveil des
anciens colonisés, publié aux Presses universitaires de France.
31 Franz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Éd. Du Seuil, 1952 ; Les damnés de la
terre, préface de Jean-Paul Sartre, Paris, François Maspéro, 1961.
32 Citons, par ordre chronologique de parution, ceux qui eurent le plus de retentissement :
Jean Lacouture et Henri Baumier, Le poids du tiers monde, Paris, Arthaud, 1962 ; Gabriel
Ardant, Le monde en friches, Paris, PUF, 1963 ; R. Gendarme, La pauvreté des nations, Paris,
Cujas, 1963 ; A. Sauvy, Malthus et les deux Marx, le problème de la famine et de la guerre,
Paris, Gonthier, 1963 ; J., Austruy Le scandale du développement, Paris, M. Rivière, 1965 ; Y.
Lacoste, Géographie du sous-développement, PUF, 1965 ; J. Freyssinet, Le concept du sous-
développement, Paris, Mouton, 1966 ; Pierre Jalée, Le tiers monde dans l’économie mondiale,
François Maspero, 1966 ; J. M. Albertini, Les mécanismes du sous développement, Paris,
Editions ouvrières 1967 ; Pierre Jalée, Le pillage du tiers monde, François Maspero, 1969 ; C.
Furtado, La politique économique de l’Amérique latine, Paris, Sirey, 1970 ; P. Bairoch, Le tiers
monde dans l’impasse, Paris, Gallimard, 1974 ; René Dumont, L’Utopie ou la mort, Paris,
Seuil, 1974 ; D. C. Lambert, Les économies du tiers monde, Paris, Armand-Colin, 1974 ; etc.
33 Les principales revues françaises spécialisées dans lesquelles ce débat s’est exprimé au fil du
temps sont les suivantes : Les Cahiers de l’ISEA (Institut de sciences économiques appliquées);
Économies et Sociétés : Développement et Civilisation (Institut de recherche et de formation
en développement, IRFED) ; Économie et Développement (Centre d’études et de recherches en
développement international, CERDI) ; Économie et Humanisme ; Les Cahiers de l’ORSTOM;
Mondes en développement (Institut des sciences mathématiques et économiques appliquées
ISMEA) ; Population (Institut national d’études démographiques, INED) ; Tiers monde
(Institut d’études sur le développement économiques et social, IEDES) ; Stateco (Institut
national de la statistique et des études économiques, INSEE).
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34 Malgré son coût, la télévision suscita assez vite l’engouement populaire. En 1950 elle ne
fonctionnait que deux heures par jour ; en 1954 moins de 60 000 foyers en étaient équipés ; ce
n’est qu’à la fin de la décennie que ce phénomène prit de l’ampleur : en 1958, 680 000 postes
étaient installés et la télévision couvrit peu à peu l’ensemble du territoire et imposa des rendez-
vous attendus, comme le Journal télévisé qui se transforma peu à peu en un véritable rituel.
L’émission Cinq colonnes à la une est emblématique de cette période. Magazine d’un genre
nouveau, cette émission inaugura le 9 janvier 1959 la naissance du grand reportage télévisé ;
produite par Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et réalisée par Igor Barrère,
l’émission est représentative de la présidence du général de Gaulle puisqu’elle l’accompagna
jusqu’en mai 1968, presque au terme de son pouvoir.
35 Pierre Lazareff à la tête de France-Soir réalisa à la fin de la Seconde Guerre mondiale la
révolution de la presse française. Avec France-Soir, il prit le pari fou d’un journal couvrant à la
fois de grands reportages à l’autre bout du monde, donnant les résultats des courses hippiques,
surveillant les moindres bruissements du Parlement et exposant le dernier fait divers à
sensation. La réussite fut totale. En 1960, le journal tournait 24 heures sur 24, connaissait
jusqu’à huit éditions par jour et tirait quotidiennement à plus d’un million d’exemplaires.
36 Cf. Carmelo Mesa-Lago et Sandra E. Miller, Shirley A. Kregar (collab.), Latin American
studies in Europe, s.l, Tinker Foundation Incorporated, [1979], 190 p. (Latin American
monograph & Document series).
37 Guy Georgy, « De Gaulle et l’Amérique latine » in L’Amérique latine, vingt-cinq ans de
bouleversements, 1963-1988, Toulouse, Université de Toulouse le Mirail, 1989, p. 21.
38 « Une conférence sur l’Union latine » in Le Monde, 12 juillet 1963.
39 Après s’être rendu au Mexique du 16 au 20 mars 1964, le général de Gaulle fit une longue
tournée du 20 septembre au 16 octobre en Amérique du Sud. Il visita dix pays du Cône Sud en
vingt-six jours : Venezuela, Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Paraguay,
Uruguay, Brésil.
40 Guy Georgy, « De Gaulle et l’Amérique latine », art. cit., p. 32.
41 David E. Stansfield, « The study of Latin American Politics in British Universities » in Latin
American Research Review, vol. 9 n° 2 (Summer 1974), p. 96.
42 Cf. Vladimir Mijailovich Davydov, « Latinoamerística en el cruce de caminos. Alcances
anteriores y búsqudas actuales » in REDIAL. Revista Europea de Información y
Documentación sobre América Latina, 1995-1996, n° 6-7, p. 19-32.
43 Les dictatures militaires installées avec le soutien plus ou moins affiché des États-Unis
affligèrent de nombreux pays : Paraguay (1954), Brésil et Bolivie (1964), Uruguay et Chili
(1973) ; Argentine (1976).
44 Cf. Jean-Michel Guittard, Mona Huerta, « Cent ans de thèses françaises sur l’Amérique
latine », Cahiers des Amériques latines, 1998, n° 28-29, p. 109-137.
45 Université de la Sorbonne nouvelle Paris 3, sans doute la moins adaptée aux orientations de
l’Institut, versé plutôt sur les sciences sociales, puisqu’elle se dédiait plus particulièrement aux
disciplines littéraires.
46 Publié par l’Institut d’études mexicaines de Perpignan à partir de 1974, ce titre sera repris
par le Groupe de recherche Amérique latine de Toulouse en 1984 « sans même perdre un
trimestre ».
47 L’une des plus importantes revues de science politique est publiée par l’université d’Aix-
Marseille : Annales des pays d’Amérique centrale et de Caraïbes qui devient en 1992 Annales
d'Amérique latine et des Caraïbes. L’université de Paris VIII consacre dans sa revue
Perspectives latino-américaines une grande place à l’économie politique. L’université des
Antilles-Guyane édite par l’intermédiaire de son Centre d’études et de recherches sur la
Caraïbe, la Revue du CERC.
48 Notons qu’en 1994, un nouveau titre concernant les études sur le Brésil paraît : Lusotopie.
L’ambition de ce titre est cependant plus large puisqu’il entend couvrir l’ensemble du domaine
lusophone. La revue Cahiers du Brésil contemporain reste la seule revue scientifique française
consacrée exclusivement au Brésil.
49 D’abord Groupement de recherches coordonnées (GRECO) ce réseau perdura grâce à
l’évolution de ses statuts. Il devint Groupement de recherche (GDR), puis Groupement
d’intérêt scientifique (GIS).
50 <http://www.red-redial.net>.
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Référence électronique
Mona Huerta, « Le latino-américanisme français en perspective », Caravelle [En ligne],
100 | 2013, mis en ligne le 02 décembre 2013, consulté le 21 décembre 2021. URL :
http://journals.openedition.org/caravelle/100 ; DOI : https://doi.org/10.4000/caravelle.100
Auteur
Mona Huerta
Institut des Amériques Paris & Réseau européen d’information et de documentation sur
l’Amérique latine
Droits d’auteur
Caravelle – Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien est mis à disposition selon les
termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de
Modification 4.0 International.
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