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Groupe FAIRE GAGNER MARSEILLE – Conseil municipal du 16/05/

2011

Rapport 55 (Contrat de restauration scolaire avec SODEXO)


Intervention de S. GHALI

M. le Maire, Chers collègues,

C’est un rapport extrêmement important que nous examinons


aujourd’hui. Important parce qu’il concerne la qualité des repas
fournis chaque jour à plus de 42.000 enfants marseillais. Important
aussi pour les usagers et les contribuables puisqu’il représente un
chiffre d’affaires de plus de 170 millions € sur la durée de cette
délégation de service public.

Notre groupe a donc longuement étudié ce dossier et il a reçu


toutes les personnes qui souhaitaient donner un avis sur ce projet de
contrat.

Autant le dire immédiatement, sur le principe même de la


délégation de service, nous n’avons pas d’a priori idéologique. Nous
savons que certaines grandes villes gouvernées par la gauche ont, elles
aussi, recours à la DSP en matière de restauration scolaire. Je
remarque néanmoins que les retours en régie publique s’accroissent ;
de nombreux maires (dont celui de Nice) ont ainsi expliqué qu’ils
avaient finalement souhaité privilégier la qualité des repas et la
maîtrise financière complète du service. Cette option, vous ne l’avez
jamais envisagée et nous ne pouvons que peut le regretter.

Une autre question de principe se pose : qu’en est-il de la


notion de « risque d’exploitation » qui caractérise une délégation de
service public alors que l’entreprise privée est assurée d’un marché
« captif » sans aucun aléa, à part si 20% des enfants marseillais venait
à disparaître subitement ? Pourquoi ne pas avoir conclu un simple
marché public dont la durée est plus courte que la délégation et qui
met alors la collectivité en position de force par rapport à l’entreprise
privée ?

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J’espère que vous répondrez précisément à ces deux


questions de principe sur la délégation de service public.
Venons en maintenant au contenu même de ce contrat. La
première chose qui nous gêne, je viens d’en parler, c’est sa durée. 7
années d’exploitation assurées par un seul fournisseur, ceci ne nous
paraît pas très sain. On aurait pu imaginer 4 ans dans la mesure ou la
plupart des matériels et des immobilisations sont déjà largement
amorties.

La deuxième critique tient évidemment au monopole donné à


SODEXO alors que le fait de confier 2 lots à 2 entreprises différentes
permet « une saine émulation », comme le soulignait d’ailleurs la
délibération que vous aviez votée en 2004 ! A priori la SODEXO vous
a converti aux vertus du monopole… Il est d’ailleurs évident, au vu
des propositions faites par cette entreprise, que son objectif était bien
d’obtenir la totalité du marché. Ses propositions de prix étaient, en
effet, plus élevées que ses concurrents sur chacun des lots, mais
miraculeusement moins chère si on lui confiait l’ensemble…

Alors soyons clairs, M. le Maire. Cette proposition était la


moins coûteuse (en apparence en tout cas) pour notre collectivité.
C’est évidemment cela qui vous a décidé, vu la situation financière de
notre ville. La fourniture de repas scolaires coûte en effet au budget de
la ville (donc aux contribuables) environ 7,2 millions € par an. La
participation des usagers s’élève, quant à elle, à 14,6 millions. Ce
nouveau contrat vous permet d’économiser plus de 10% (850.000 €
sur 7,2 millions) sur le budget ville et si le prix facturé aux parents
augmente plus que l’inflation (ce qui a été le cas en 2008 avec +3%),
c’est encore autant de gagner pour le budget… A propos de la
tarification et avant que vous me parliez de ces 1000 enfants que la
mairie nourrit gratuitement, je souhaiterais savoir pourquoi notre
collectivité n’applique pas le quotient familial sur la facture demandée
aux parents. Cela permettrait de de mieux répartir la charge selon le
revenu de chaque foyer. Mais cette mesure de justice sociale n’est pas
forcément votre priorité comme en témoigne la suppression de

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l’abattement à la base sur la taxe d’habitation qui pénalise


uniformément l’ensemble des contribuables.
Ces économies budgétaires à tout prix, nous pourrions les
admettre si elles ne faisaient pas aux dépends des salariés des
entreprises et aux dépends de la qualité des repas servis à nos enfants.

Les salariés, c’est évidemment à ceux de l’entreprise


Avenance auxquels je pense d’abord. Je les ai rencontrés et ils sont
particulièrement inquiets des conditions de reprise qui leur sont faites
par la Sodexo. A priori un certain nombre d’entre eux risquent de
perdre des avantages acquis ou seront amenés à aller travailler ailleurs
vu la fermeture de la cuisine Nord. A ce propos quelle sera l’avenir de
cet équipement construit et financé par la ville et qui rapportait à la
ville 200.000€ par an ? En tant que Maire de ces quartiers, je
souhaiterais légitimement en savoir un peu plus sur le devenir de cet
équipement.

La qualité des repas servie à nos enfants est évidemment le


point le plus important de ce dossier. Nous avons bien noté une
évolution positive, au moins sur le papier, sur ce sujet. C’est le 30%
de bio brandi par l’entreprise Sodexo et repris fièrement par Mme
Casanova, qui nous expliquait, il y a encore quelques semaines, que
cela était totalement impossible et farfelu. Nous nous félicitons donc
que Sodexo respecte la loi, celle fixée par le Grenelle de
l’environnement et qui impose 20% de bio dans toutes les cantines
scolaires. En rajoutant du pain bio, on arrive à 30% et surtout on ne
prend aucun engagement quant à l’évolution de cette proportion sur
les 7 prochaines années…Il y a donc un léger progrès, mais
franchement rien de bien spectaculaire. Nous sommes avant tout dans
la communication, domaine dans lequel les entreprises multinationales
ont un savoir faire incomparable…

Il y a enfin, dans cette délégation de service public, un vrai


problème, qui est celui du contrôle financier et comptable du
délégataire. Vous avez refusé voici quelques mois, je ne sais pour

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quelles raisons, qu’un audit soit réalisé sur les comptes de résultat des
deux entreprises concernées. Dans ce nouveau contrat, la partie
« contrôle » est réduite à la portion congrue c’est à dire au strict
minimum imposé par la loi.
Dans notre ville c’est un fonctionnaire de la direction de la
vie scolaire qui est censé effectuer ces contrôles. Quant on connaît
toutes les subtilités comptables employées par ces grandes entreprises,
on ne peut que regretter qu’il ne soit pas épaulé dans sa tâche par un
cabinet indépendant spécialisé. Je sais bien que la Sodexo est une
entreprise d’origine marseillaise, mais est-ce une raison pour ne pas
être le plus rigoureux possible avec ce délégataire ? « Il n’y a pas de
bon contrat sans bon contrôle » disent les experts. Tel est d’ailleurs
l’objet de l’amendement que nous avons proposé.

M. Le Sénateur Maire, chers collègues, je l’ai dit en


introduction : nous n’avons pas a priori idéologiques sur les
délégations de service public, ceci dans la mesure ou la collectivité
garde une maîtrise complète du service et en effectue un contrôle
rigoureux. Ce n’est pas toujours le cas dans notre collectivité, comme
en témoigne ce rapport. Car le contrat que vous nous proposez
aujourd’hui est loin d’être satisfaisant, si l’on en étudie
minutieusement tous les paramètres. Que ce soit au niveau qualitatif,
au niveau financier, au niveau de la transparence, au niveau de la
participation des usagers, nous pensons que ce projet manque à la fois
d’ambition et de rigueur.

(Même s’il est bio, nous ne souhaitons pas manger de ce pain


là) Nous voterons contre.

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