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Une Réponse Aux Tensions Post-Féministes - L'empowerment de Grey's Anatomy
Une Réponse Aux Tensions Post-Féministes - L'empowerment de Grey's Anatomy
réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
Revue française des
sciences de l’information et
de la communication
4 | 2014 :
Recherches au féminin en Sciences de l’Information et de la Communication
Émergences : le genre dans la communication et les médias
Une réponse aux tensions post
féministes : l’empowerment de
Grey’s Anatomy
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Résumés
Français English
À travers une analyse qualitative de la série télévisée américaine Grey’s Anatomy, cet article vise
à distinguer et à analyser les éléments qui font de cette émission un exemple notable
d’empowerment féminin. En effet, à travers différentes stratégies narratives, visuelles et
discursives, Grey’s Anatomy répond souvent de façon particulièrement constructive aux
impasses et aux enjeux posés par le courant postféministe actuel. Cet article tente donc de
souligner la pertinence de cette série dans une perspective d’appropriation positive et
émancipatoire du discours (post)féministe.
Through a qualitative analysis of the American TV series Grey’s Anatomy, this article aims at
highlighting and analyzing the elements that make this broadcast a striking example of feminine
empowerment. Indeed, through different narrative, visual and discursive strategies, Grey’s
Anatomy often responds in a particularly constructive way to postfeminist’s stakes. This article
thus attempts to underline the relevancy of this series in order to promote a positive and
emancipatory appropriation of the (post)feminist discourse.
Entrées d’index
Motsclés : Grey’s Anatomy, série TV, genre, postféminisme, émancipation
Keywords : Grey’s Anatomy, TV series, gender, postfeminism, empowerment
Notes de l’auteur
http://rfsic.revues.org/784 1/11
201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
Cet article s’inspire de mon premier mémoire de fin d’études complété et actualisé, intitulé
Grey’s Anatomy comme exemple d’empowerment féminin, présentée à Bruxelles (IHECS) en
2011, sous la direction de Mathieu de Wasseige.
Texte intégral
1 Alors qu’elle présente actuellement sa dixième saison, la série sentimentalomédicale
Grey’s Anatomy (2005, ABC) aura oscillé, au cours de ses dix saisons, entre intrigues
amoureuses et cassetêtes médicaux. En suivant un groupe de jeunes internes au
Seattle Grace Hospital, Grey’s Anatomy nous emmène dans un monde où la rage de la
compétition rencontre les aléas amoureux dans une hybridité typique du paysage sériel
actuel. Mais sous cette couche de soapopera aux émotions savamment distillées, la
série de Shonda Rhimes (scénariste afroaméricaine dans une industrie
majoritairement masculine et blanche1), révèle à qui veut bien s’y plonger une version
alternative de notre société qui propose à chacun des moyens d’appréhender notre
culture patriarcale d’une façon critique et engagée. C’est le point de vue de cet article,
dont le cadre d’analyse se place à l’intersection des cultural studies et des gender
studies. Il s’agit de proposer différentes clés de lecture de la série qui mettent en lumière
son potentiel émancipatoire, ici utilisé dans son acception anglophone plus précise
d’empowerment. Cette riche notion se rapporte, dans son sens le plus large, à
l’acquisition d’une plus grande liberté de choix et d’action2. Dans le cadre de cette
recherche, nous utiliserons la définition de Jo Rowlands, qui inclut le concept dans une
perspective féministe, et définit l’empowerment comme « les processus qui mènent à se
percevoir capable et habilité à prendre des décisions [et à] maximiser les opportunités
disponibles sans contraintes »3. Elle ajoute que l’analyse des représentations
médiatiques est centrale, « pour que les personnes concernées finissent par voir leur
capacité et leur droit à agir et à avoir de l’influence »4.
2 C’est notamment sur la base de ce postulat que les gender studies perçoivent
l’importance cruciale de la lecture attentive de textes culturels afin de pouvoir dégager
des clés de compréhension pour le lecteur. Celuici devient ainsi consciemment actif
dans le processus de production de sens5. En effet, pour reprendre l’expression de
Teresa de Lauretis, les textes culturels peuvent être compris comme des « technologies
du genre », dans le sens où ils sont non seulement marqués par le genre, mais ils
produisent également du genre : « La construction du genre est à la fois le produit et le
processus de sa représentation »6. Parmi ces textes culturels, de façon de plus en plus
manifeste, le monde académique francophone reconnaît, soutient même, la
remarquable complexité des univers sériels et l’impact de ces représentations
médiatiques sur nos modes de pensée7. En proposant une version alternative de notre
société, issue de la subjectivité de ses créateurs, la série télévisée invite le spectateur
dans un jeu d’interprétation, de positionnement, de négociation avec ses propres
perceptions8 . Ainsi, le monde fictionnel de la série établit un rapport incessant de
réciprocité avec le réel : il s’en inspire autant qu’il le façonne. Et c’est précisément là que
se situe son potentiel critique et émancipatoire. Pour JeanPierre Esquenazi, il est
d’ailleurs évident que « l’appui pris par les séries sur une réflexion critique à propos des
évolutions de la société est un invariant de la production télévisuelle de fictions et
appartient à ses qualités constitutives »9.
3 C’est pourquoi cet article propose de s’intéresser aux représentations présentes dans
la série Grey’s Anatomy, à la lumière de ce qui constitue le féminisme contemporain, le
postféminisme. À l’image de son berceau postmoderne, le postféminisme ne peut être
compris à l’aune d’une définition simple et univoque. Il s’agit d’un courant complexe,
multiple et souvent contradictoire. Dans le cadre de cette analyse, nous retiendrons la
définition large et inclusive de Rosalind Gill10, pour qui le postféminisme englobe
l’ensemble des réactions à la deuxième vague féministe des années 1960 et 70, qu’elle
résume en trois courants majeurs. Premièrement, le backlash11, soit un rejet des
discours féministes de la seconde vague, principalement sous l’effet des médias de
masse. Ensuite une prise de distance avec le féminisme de la deuxième vague,
caractérisée par des enjeux et des intérêts nouveaux qui conservent certains apports
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
féministes mais en délaissent d’autres (Angela McRobbie12 parle de « double
enchevêtrement » pour désigner ce croisement de valeurs féministes et néo
conservatrices) ; et enfin, un tournant épistémologique, la seconde vague étant jugée
trop homogène. Le postféminisme (comparable à ce que les Anglosaxons nomment la
troisième vague13 dans ce contexte) représente ici l’intersection des idées de la seconde
vague et de nouvelles sources d’influence capables de représenter les minorités14 (en
commençant par le postcolonialisme). À travers cette typologie se dessinent en
filigrane les enjeux et questionnements centraux du postféminisme tels que les
envisage Oana Crusmac15, à savoir l’interdépendance du mouvement avec les médias
de masse et la culture populaire, la célébration de la féminité, et la liberté économique et
sexuelle.
4 À l’aide d’une analyse qualitative et de contenu de Grey’s Anatomy, appréhendée
comme un texte culturel16, cette recherche s’intéresse au sens dont est chargé la série, en
s’appuyant exclusivement sur le discours verbal et les représentations visuelles portées
par les personnages principaux17 au cours de leurs trajets narratifs respectifs. Afin
d’éclairer le corpus à la lumière de la question ici investiguée, l’attention a été focalisée
sur les arcs narratifs relatifs aux trois points de tension distingués par Crusmac, qui
démarqueront également les trois sections de cette recherche : la valorisation des
femmes dans la série, les mécanismes de célébration de la féminité qui y sont déployés,
et les représentations de la conciliation d’une carrière et d’une famille. Bien que
l’entièreté des épisodes diffusés ait été visionnée (dans l’ordre chronologique et en
version originale18 ), afin d’assurer une analyse approfondie tout en travaillant sur une
période assez longue pour être représentative, le corpus de cette recherche couvre les
deux premières saisons (soit 61 épisodes). En tant que série de network (en opposition
aux chaînes dites premium, accessibles par abonnement payant, et aux chaînes
câblées), Grey’s Anatomy se doit d’attirer un public aussi large que possible en tentant
d’établir un subtil équilibre entre la ligne idéologique qu’elle entend délivrer, les intérêts
d’un public diversifié et les exigences des annonceurs publicitaires dont dépend son
financement19. Ainsi, les premières saisons d’une série sont davantage susceptibles de
traduire cette négociation en illustrant à la fois la volonté de ses créateurs et ce que
ceuxci pensent être la volonté du public. Les saisons suivantes ne sont référencées que
lorsqu’elles renseignent sur le prolongement ou la réapparition d’un fil narratif présent
dans l’une des saisons étudiées.
La valorisation des personnages
féminins
5 Après une analyse approfondie du paysage médiatique actuel, Rebecca Collins
indique que les femmes y sont encore largement sousreprésentées et généralement
cantonnées à des rôles stéréotypés et/ou sexualisés20. Si Grey’s Anatomy constitue un
exemple postféministe notable, c’est premièrement à travers une surreprésentation
des femmes dans le monde très masculin de la chirurgie : si l’univers médical se
féminise progressivement, le domaine spécifiquement chirurgical reste très
majoritairement masculin21. Comme le résume Cristina, l’une des internes, la chirurgie
« c’est macho, c’est hostile, c’est violent » (S.1, ép.1).
6 Dès l’épisode pilote, l’héroïne Meredith constate (et explicite pour le spectateur) le
nombre très peu élevé de femmes parmi les nouveaux internes (« Il n’y a que six femmes
sur vingt », S.1, ép.1). Or, cette constatation se voit simultanément compensée par un
casting largement féminin qui constituera le centre de la plupart des épisodes. C’est en
effet à travers leurs relations, leurs difficultés et leurs désirs (amoureux et
professionnels) que nous est présenté le récit, tandis que les hommes semblent n’exister
narrativement que par le lien qui les unit à l’une d’entre elles. La série compense ainsi
l’infériorité numérique réelle des femmes dans le milieu chirurgical par leur sur
représentation dans l’univers diégétique de la série.
7 Outre cette valorisation quantitative, Grey’s Anatomy met également ses
personnages féminins en avant grâce à un jeu d’inversion des attributs professionnels
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
traditionnellement associés à l’un des sexes, dont le meilleur exemple est probablement
le Dr Miranda Bailey. Lors de l’arrivée des nouveaux internes dans l’épisode pilote,
chacun d’entre eux est assigné à un résident. L’équipe que le spectateur s’apprête à
suivre se voit attribuée au Dr Bailey, l’un des médecins les plus respectés de l’hôpital,
que chacun connaît de réputation pour son intransigeance qui lui vaut d’être
surnommée le « Nazi ». Ainsi, cette scène insiste sur les qualités traditionnellement
associées à la masculinité22 (avant de la rencontrer, les internes sont convaincus que
Bailey est un homme) en retournant le stéréotype, mais n’affuble pas pour autant
Miranda d’une féminité outrancière.
8 Dans Grey’s Anatomy, c’est d’ailleurs le cas de tous les personnages féminins, qui
vont donc à l’encontre de ce que Mulvey nomme « tobelookedatness »23, la
contemplation de la femme objectifiée. Dans le monde diégétique de Grey’s Anatomy,
l’apparence des personnages féminins est rarement codifiée dans un but d’ « impact
visuel et érotique fort »24. En revanche, deux des personnages masculins principaux, Dr
Shepherd et Dr Sloan – respectivement surnommés McDreamy et McSteamy (Dr
Mamour et Dr Glamour), appellations aussi évocatrices que réductrices – sont
régulièrement épinglés physiquement, par exemple par de nombreuses remarques sur la
chevelure irréprochable du premier, ou des sorties de douche presque érotiques du
second. Les deux personnages deviennent ainsi les objets de contemplation, soumis au
regard et à l’appréciation du public, par ailleurs largement féminin.
9 Cette vision « rehaussée » de la place de la femme dans le domaine chirurgical
s’accompagne d’une distribution également favorable aux minorités ethniques : trois
des personnages les plus influents au sein du monde fictif de Grey’s Anatomy sont
d’origine afroaméricaine, une diversité née d’un blind casting, qui consiste à n’imposer
aucune caractéristique physique ou ethnique aux personnages au moment de leur
écriture, de façon à choisir l’acteur qui incarne au mieux le rôle25. Cette qualité de la
série est essentielle dans une perspective postféministe, car celleci ne saurait se
contenter d’une emphase sur les femmes, et appelle également à la diversité des
perspectives, tant genrées qu’ethniques26.
Entre essentialisme et constructivisme :
le doubleenchevêtrement post
féministe
10 L’un des enjeux principaux auquel est confrontée la génération postféministe
concerne la question de la différenciation sexuelle, qui se traduit notamment par une
célébration de la féminité et des attributs qui lui sont propres. Ce constat constitue un
enjeu et une impasse potentielle dans le sens où la célébration de la féminité et de la
masculinité comme étant naturelles, immuables et opposées mène inévitablement à la
reconsidération de la pertinence des questions centrales au mouvement féministe : si les
femmes et les hommes sont porteurs de caractéristiques inaltérables car biologiques, les
objectifs féministes ne seraientils pas, quoi qu’il advienne, voués à l’échec27 ? Il s’agit
donc pour la nouvelle génération de trouver un équilibre entre le danger d’un retour à
l’essentialisme et une volonté de célébrer les particularités propres à chaque genre. Cette
tension se retrouve dans l’idée de « double enchevêtrement » utilisée par Angela
McRobbie pour qualifier le postféminisme : une volonté de marcher sur la voie tracée
par la seconde vague, notamment en termes de réussite personnelle et professionnelle,
imbriquée dans des valeurs plus néoconservatrice voire préféministes28 .
11 Dans Grey’s Anatomy, ce difficile équilibre est particulièrement bien incarné par le
personnage d’Izzie Stevens, grande blonde à la plastique idéale qui, comme bon nombre
d’héroïnes postféministes, se sert de sa faculté d’empowerment pour prendre des
décisions qui, paradoxalement, ne plairaient pas forcément aux féministes de la
seconde vague29. L’un des traits les plus saillants d’Izzie, qui résume bien cette tension,
est la gestion de sa féminité. Il est établi dès le premier épisode qu’Izzie est mannequin
pour une marque de lingerie, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des hommes,
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comme des femmes. Lasse des insinuations de son collègue Alex à son égard, Izzie
explose finalement dans une franche mise au point : « Que chacun approche et regarde
un peu le cul qui permet à Izzie Stevens de faire ses études […] Tu veux m’appeler Dr
Top Model ? Très bien. Seulement pendant que t’as un prêt étudiant de 200 000 dollars
sur le dos, moi j’ai pas de dettes » (S.1, ép.4).
12 Après une longue tradition de représentation des femmes en tant qu’objet passif du
désir, la sexualisation d’Izzie est ici présentée comme personnelle, choisie et active30. Si
cette position postféministe peut traduire davantage un retour du sexisme, qui fait
croire aux femmes qu’« être décorative est la plus grande source de pouvoir »31, Grey’s
Anatomy a ici le mérite d’aborder le sujet de la sexualisation féminine tout en évacuant
non seulement toute trace de sa représentation (si les personnages font état de l’image
d’Izzie en sousvêtements, le spectateur, lui, ne l’apercevra que furtivement), mais aussi
tout commentaire lié aux « exigences de la performance de la féminité accomplie »32
(Izzie ne présente aucune volonté de ‘travailler’ son corps pour le maintenir dans les
canons de beauté). Il est d’ailleurs intéressant de noter que si Grey’s Anatomy dévoile
une intéressante diversité des physiques féminins, seul le plus canonique, celui d’Izzie,
est présenté comme problématique. Le message est donc centré sur l’utilisation
assumée du pouvoir sexuel à des fins personnelles et émancipatoires, insistant sur
l’acceptation, voire l’utilisation de la féminité dans une perspective de volonté de
passage à l’action et d’empowerment, en évitant toutefois de tomber dans les travers
essentialistes.
13 Cette prise de position se retrouve sous différentes formes au fil des saisons. Elle
constitue par exemple le premier indice donné au spectateur sur la personnalité du
personnage principal de Grey’s Anatomy : dans la scène d’ouverture de l’épisode pilote,
Meredith se réveille après avoir passé la nuit avec un homme dont elle ignore le prénom.
Alors qu’il tente de faire connaissance, elle lui répond : « On n’est pas obligés de jouer à
faire semblant de s’intéresser l’un à l’autre. Je vais monter me doucher, d’accord ? Et
quand je redescendrai, tu ne seras plus là » (S.1, ép.1). Cette désacralisation du sexe
inverse totalement les rôles masculins et féminins tels qu’ils sont généralement
abordés. La série semble d’ailleurs jouer avec ces codes qu’elle transgresse à plusieurs
reprises, parfois bien plus frontalement (« Pourquoi quand on les drague dans un bar et
qu’on les ramène à la maison pour les sauter, ils ne comprennent pas que ça n’engage à
rien dans le futur ? » (S.2, ép.10)).
14 Ainsi, les femmes sont représentées comme les instigatrices de leur propre
sexualisation, se soumettant au regard masculin sous ses conditions et pour leur
intérêt personnel. La série souligne ce renversement comme une source potentielle
d’empowerment : Izzie paye ses études grâce à ses photos, Meredith s’« éclate avec des
mecs » (S.2, ép.10), Cristina se sert de sa relation avec le Dr Burke pour assister à une
opération importante (S.1, ép.6). La série suggère donc la féminité et la liberté sexuelle
comme des sources d’empowerment dans la mesure où cellesci sont assumées et non
contraignantes. Les trois personnages se servent des opportunités qui s’offrent à elles,
sans se plier pour autant aux exigences patriarcales pour faire advenir ces opportunités.
En évacuant cette dimension, elles s’éloignent du « sexisme éclairé » décrit par Susan
Douglas qui, sous des airs de féminisme, consiste plutôt à « rendre le patriarcat
plaisant pour les femmes »33.
15 Cette distanciation des normes se retrouve également dans les représentations
mêmes de la féminité, faisant ainsi écho à Judith Butler qui rappelle que le genre ne
découle pas du sexe. Questionner ainsi l’universalité présumée de l’identité féminine,
en la croisant avec l’origine ethnique, la classe ou encore l’orientation sexuelle ouvre la
voie à la prise en considération des multiples interprétations personnelles du sexe. Elle
invite également à élargir le spectre du féminisme à différents points de vue et
individualités34. Dans Grey’s Anatomy, cette liberté d’interprétation se manifeste
essentiellement à travers des récits de patients qui, chacun à leur façon, posent des
choix qui les conduisent à incarner une version personnelle et parfois hors norme du
genre, ouvrant ainsi le débat tant dans le monde diégétique de la série que
potentiellement chez le spectateur. Certains cas, tels qu’une jeune fille qui se découvre
intersexuée et doit choisir quel genre elle désire incarner (S.1, ép.13) ou un homme
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
possédant un ovaire (S.1, ép.9) servent simplement à souligner la construction
culturelle du genre en insistant ainsi sur l’extrême flexibilité du lien entre sexe et genre.
16 D’autres épisodes approfondissent cette position en prenant le raisonnement à
l’envers : des personnages qui incarnent les identités masculines et féminines telles
qu’elles sont traditionnellement prescrites par la société (c’estàdire dont le genre
correspond au sexe) décident d’emprunter un chemin différent. Un cas particulièrement
éloquent est celui d’une patiente qui désire se faire enlever l’utérus, les ovaires et les
seins afin de réduire au maximum les risques de cancer dont plusieurs femmes de sa
famille sont décédées. Cet épisode (S.2, ép.8) questionne ce qui peut être perçu comme
déterminant la féminité d’une femme : son physique et son rôle reproductif. Que
devient une femme à qui l’on retire ses attributs biologiques de femme ? Bien que
l’ultime réponse à cette question soit laissée au spectateur, plusieurs points de vue sont
abordés à travers les différents protagonistes de l’équipe. En travaillant sur ce cas, Izzie
se retrouve confrontée à sa propre angoisse de n’être définie par les hommes que par ses
attributs, tout en ne comprenant pas que sa patiente puisse renoncer ainsi à sa
plastique avantageuse et à une grossesse potentielle. Alors qu’Alex et Cristina n’y voient
qu’une banale amputation, Izzie, déconcertée par cette indifférence, interroge : « Quel
mec se ferait volontairement enlever la partie de son anatomie qui fait de lui un mec ?
Cette femme a décidé de se faire castrer » (S.2, ép.8). La patiente ellemême admet
qu’elle regrettera son pouvoir de séduction et son corps tel qu’il est, espérant
simplement qu’elle soit reconnue audelà de celuici. Ainsi, à travers certains
personnages, cet épisode affirme qu’il est normal pour une femme de tenir à sa féminité,
au même titre qu’un homme attaché à sa masculinité. Cependant, il souligne
également que si la féminité peut constituer l’identité d’une femme, elle ne la définit que
très partiellement, réconciliant ainsi deux idées souvent perçues comme étant
divergentes.
How to have it all ?
17 Cette tension entre féminité et empowerment, entre conservatisme et féminisme, fait
également écho à l’une des problématiques centrales du postféminisme actuel : la
rupture apparente entre les sphères publique et privée, et la difficulté de leur
conciliation, que Grey’s Anatomy aborde notamment en tant que série médicale.
Comme le constate Amanda Lotz, « le fait que les drames se déroulant sur le lieu de
travail occupent une place centrale dans la narration télévisuelle américaine en a fait un
espace crucial pour l’intégration des femmes »35. Dès lors, le fait que Grey’s Anatomy
prenne essentiellement place dans un hôpital est donc un élément déterminant qui
permet la création de lignes narratives soulevant des problématiques qui touchent à la
fois à la sphère publique et à la sphère privée, et la façon dont les femmes sont amenées
à y faire face. Dans Grey’s Anatomy, c’est l’entrecroisement des histoires affectives et
des récits professionnels qui permet cette mise en perspective des récits. Ainsi,
l’enchevêtrement des rôles publics et privés, traditionnellement connotés masculins et
féminins, est donc d’autant plus soutenu dans une série dont les héroïnes cherchent à
concilier leurs aspirations professionnelles et affectives/familiales au sein d’un même
décor. Qui plus est, ce décor renferme également la double notion de soin (féminin) et la
compétition professionnelle (masculin). Grey’s Anatomy est donc une série télévisée
particulièrement armée pour aborder une problématique tout à fait centrale au courant
postféministe : la possibilité de conciliation, pour les femmes, d’une carrière et d’une
famille.
18 Le discours de plus en plus présent, y compris au sein du courant postféministe,
selon lequel les femmes ne peuvent tout simplement pas tout avoir – une carrière et une
famille – suggère donc qu’elles devraient choisir entre, d’une part, un emploi qui
rencontre leurs aspirations et pour lequel elles peuvent espérer jouir des mêmes
avantages que les hommes (un salaire presque aussi élevé, la possibilité de faire des
heures supplémentaires, etc.), mais sans enfants, et d’autre part un travail à temps
partiel, pas d’emploi ou un emploi qui ne leur permet pas d’accéder aux avantages,
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
mais en fondant une famille. Si ce choix se présentait déjà aux femmes il y a quelques
décennies, c’est aujourd’hui avec les acquis féministes de la seconde vague qu’elles
doivent peser leur décision. Autrement dit, la génération actuelle a grandi avec le
message de plus en plus présent que si une femme désire concilier ces deux aspirations,
elle doit simplement assumer les conséquences de son choix. Cette « rhétorique de
choix », comme l’appelle Kim Akass36, qui assure aux femmes qu’elles peuvent choisir
de ne pas choisir, tout en leur laissant l’entière responsabilité de leur décision semble
être, plutôt qu’un choix, un renoncement. Il s’agit en effet davantage d’un nonchoix,
d’un choix par défaut auquel les hommes ne sont confrontés que dans une bien moindre
mesure37. Ainsi, malgré une claire évolution sur papier, les femmes sont aujourd’hui
confrontées non seulement à une partie du courant postféministe leur signalant
qu’elles feraient mieux d’opter pour la sphère qu’elles désirent occuper, mais également
à un système qui, s’il condamne les inégalités, n’aide pas encore à les dépasser
efficacement.
19 Sur ce nœud problématique du postféminisme, Grey’s Anatomy projette de
nombreux éclairages en profitant de son casting très varié pour proposer différents
points de vue. L’une des prises de position les plus engagées de la série en la matière
concerne son traitement du thème délicat de l’avortement : lorsque Cristina tombe
accidentellement enceinte du Dr. Burke dans la première saison (ép.7), elle opte
immédiatement pour l’avortement afin de préserver sa carrière. Alors qu’une conseillère
lui propose à plusieurs reprises de considérer d’autres options, Cristina reste fermement
sur sa position afin de privilégier ce qui lui importe plus qu’une famille : ses ambitions
professionnelles. Cependant, en suggérant qu’une femme puisse volontairement
renoncer à une grossesse, Grey’s Anatomy aborde un sujet extrêmement sensible au
sein de la société américaine, ce qui l’oblige à prendre certaines précautions
scénaristiques : après avoir clairement formulé la décision irrévocable de Cristina, une
fausse couche lui fait perdre son bébé, probablement pour éviter la polémique qu’aurait
pu créer l’opération proprement dite. Mireya Navarro constate en effet que l’industrie
hollywoodienne a généralement tendance à se dérober au choix prolife/prochoice en
soutenant ce qu’elle appelle un discours nochoice, qui élude purement et simplement
la réalité de l’avortement38 .
20 La série persiste et signe toutefois lorsqu’après l’accident, Cristina confirme son choix
en affirmant au Dr Burke : « Je n’avais pas l’intention de le garder, le bébé. Et tu ne
peux surtout pas m’en vouloir » (S.2, ép.13). Ainsi, bien que le sujet de l’IVG soit
finalement esquivé, et avec lui la réalité de ses conséquences physiques et
psychologiques, il a non seulement le mérite d’être ici abordé, mais qui plus est comme
une décision rationnelle et nonstigmatisée, un traitement crucial pour un droit dont
l’enjeu est la liberté sexuelle et reproductrice des femmes. Après plusieurs années,
Cristina fait à nouveau face à une grossesse inattendue (S.7, ép.22) alors qu’elle
entretient une relation stable avec le Dr. Owen Hunt. En évoquant les mêmes raisons,
ainsi que le fait qu’elle ne désire « vraiment, vraiment, vraiment pas être mère » (S.8,
ép.2), elle réitère sa décision d’avorter. Cette fois, probablement parce que la série est
maintenant fermement établie depuis plusieurs années dans le paysage télévisuel et
craint moins de s’aliéner une partie de son public, la ligne narrative suit son cours et
Cristina met bel et bien fin à cette grossesse, malgré la tristesse intarissable d’Owen.
21 Clémentine Autain remarque que « le féminisme a oscillé entre deux positions
stériles » en termes de maternité39 : « D’un côté, une glorification de la maternité, signe
d’une essence féminine créatrice, et de l’autre une vision apocalyptique de la maternité,
perçue comme une simple aliénation ». Grey’s Anatomy ouvre ici une voix peu
explorée : en construisant un personnage aussi déterminé à mener une brillante
carrière, la série ne se contente pas de souligner l’importance du choix personnel, à la
base de la notion d’empowerment, mais sort simplement de la rhétorique de choix : à
travers le discours de Cristina, qui admet que tout serait plus simple si elle désirait
avoir un enfant (S.8, ép.2), sa carrière n’est pas présentée comme une préférence par
défaut, mais bien comme un choix valide et entier. Le dualisme carrière/famille est ici
déconstruit, dans le sens où le (non)choix de l’un n’est pas tributaire de l’autre.
22 Mais la série articule également la rhétorique de choix en d’autres termes : un épisode
centré sur une adolescente enceinte (S.2, ép.15) nous apprend qu’Izzie est mère d’une
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
petite fille qu’elle a abandonnée car, tout comme sa patiente à qui elle affirme qu’« il
existe plus d’une façon d’être une bonne mère », elle devait faire face à des conditions
financières difficiles et désirait poursuivre ses études. Toutefois, dans un autre épisode
(S.1, ép.5) Izzie affirme qu’elle fait « partie de ceux qui pensent qu’avoir les deux c’est
possible », face à un patient ayant abandonné son internat afin de fonder une famille.
Ainsi, tout en précisant qu’elle croit à la possibilité d’une conciliation carrière/famille
qu’elle n’a pourtant pas atteint, Izzie rappelle, audelà du choix personnel, l’importance
cruciale des facteurs extérieurs, notamment socioéconomiques qui doivent être pris en
compte lors de la décision.
23 Le personnage de Miranda Bailey offre un troisième éclairage sur la question. Elle
devient mère (S.2, ép.8) alors qu’elle se trouve au sommet de sa carrière, inondée sous
les offres de bourses. Une fois établi qu’elle est capable d’assurer sa fonction de résidente
au moins aussi bien qu’avant d’être mère, elle prend la décision de s’investir autant
dans ce nouveau rôle que dans sa carrière. Cette ligne narrative fait directement écho à
une partie du mouvement postféministe qui attribue « le malheur des femmes » aux
promesses illusoires de la vague féministe précédente40, en maintenant l’idée que les
femmes peuvent tout avoir. Après avoir avoué à Cristina qu’elle a envisagé
l’avortement, Miranda lui explique qu’« il suffit seulement d’en être sûre. Mais quand
on n’est pas certaine, personne ne peut vous le reprocher. On fait ce qu’on peut, quand
on peut, comme on peut. Et quand on ne peut pas, on ne peut pas » (S.2, ép.13). Ainsi,
entre Izzie et Miranda, Grey’s Anatomy nuance la rhétorique de choix et relativise une
image régulièrement véhiculée par les médias, celle de la superwoman jonglant
naturellement avec les différentes compétences41.
Conclusion
24 Tout au long de cette recherche, la notion de postféminisme a été utilisée pour
désigner les conceptions multiples et variées de l’émancipation féminine actuelle. La
fragmentation du mouvement, parfois perçue comme une forme de dépolitisation voire
d’ajustement au patriarcat, soulève de nombreux débats, témoins d’une
réinterprétation des revendications de la deuxième vague. Compte tenu du lien ténu
entre l’évolution des question de genre et la culture de masse, le rôle joué par les médias
est d’une importance cruciale dans la compréhension et l’appropriation de ces
questionnements. Comme le rappelle Mumford, la télévision en particulier participe à
« refléter, renforcer et véhiculer les relations de pouvoir existantes et les idées sur la
façon dont le genre est et doit être vécu42 ». Ainsi, en proposant un univers centré sur
les femmes, Grey’s Anatomy ouvre inévitablement un espace de discussion de ces
enjeux.
25 Pour Nathalie Heinich43, l’une des conditions fondamentales de la mise en œuvre
effective de la pensée féministe réside dans « la suspension de la différence des sexes
dans les contextes où elle n’a rien à faire ». C’est précisément sur cette question de la
nécessité d’affirmation (ou non) des différences de genre que naissent les tensions du
postféminisme. En s’appuyant sur ces zones troubles et leur traces dans les parcours
narratifs des personnages, cette analyse soutient que de l’expression de la condition des
femmes propre à la série se dégagent des constantes dans le sens d’une célébration des
valeurs féministes et du potentiel d’empowerment des personnages féminins : d’une
part, Grey’s Anatomy insiste sur les différences entre hommes et femmes qu’elle
souligne pour dénoncer le caractère infondé des relations de pouvoir actuelles ; d’autre
part, la série signale également les différences entre les femmes ellesmêmes et permet
ainsi l’expression de voix différentes mais toutes constructives face aux tensions post
féministes, alors disponibles à l’appropriation du spectateur.
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201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
Notes
1 En 2009, les femmes représentaient 27 % des emplois créatifs sur les séries télévisées prime
time des networks, tandis que les minorités ethniques représentent 10 % des travailleurs de
l’industrie télévisuelle (Martha Lauzen, « Boxed In : Employment of behindthescenes women
in the 200910 primetime television season », Center for the Study of Women in Television and
Film. [En ligne]. CSW [Page consultée le 19.06.2011] Disponibilité et accès
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ligne] Writers Guild of America [Page consultée le 19.06.2011] Disponibilité et accès
http://www.wga.org/uploadedFiles/who_we_are
2 World Bank, Empowerment and poverty reduction: a sourcebook [En ligne], World Bank.
[Page consultée le 09.11.2013]. Disponibilité et accès http://go.worldbank.org/FD9HH8DH11
3 Jo Rowlands, Questioning empowerment: working with women in Honduras, Oxford, Oxfam,
1997, p. 1314. Trad. libre.
4 Ibid. p. 14.
5 Anne CrannyFrancis et al., Gender studies: terms and debates, Hampshire & New York,
Palgrave McMillan, 2003, p. 89.
6 Teresa de Lauretis, Technologies of gender: essays on theory, film and fiction, Bloomington,
Indiana University Press, p. 9. Trad. libre.
7 François Jost, De quoi les séries américaines sontelles le symptôme ?, Paris, CNRS, 2011, p. 3
4.
8 Glen Creeber, Serial television: big drama on the small screen, Londres, British Film
Institute, 2004, p. 17.
9 JeanPierre Esquenazi, Mythologie des séries télé, Paris, Le cavalier bleu, 2009, p. 89.
10 Rosalind Gill, Gender and the media, Cambridge, Polity, 2007, p. 249254.
11 Voir Susan Faludi, Backlash. The undeclared war against American women, New York,
Crown Publishers, 1991.
12 Angela McRobbie, « Postfeminism and popular culture », Feminist media studies, 4 (3),
2004, p. 255259.
13 Pour une définition plus nuancée de la troisième vague, voir notamment Stacy Gillis et
Rebecca Munford, « Genealogies and generations : the politics and praxis of third wave
feminism », Women’s history review, [en ligne], 13(2), 2004, p. 165182. Disponible sur:
http://dx.doi.org/10.1080/09612020400200388
14 Ann Brooks, Postfeminisms. Feminisms, cultural theory and cultural forms, Londres & New
York, Routledge, 1997, p. 4.
15 Oana Crusmac, « PostFeminism and Specialized Media: a Content Analysis of Cosmopolitan
Headlines », Analize – Journal of Gender and Feminist Studies, [en ligne], 1(15), 2013, p. 25.
Disponible sur :
http://www.ana.wbd.ro/library/files/issue_no_1_analize_journal_rev.pdf#page=17
16 Simon During, Cultural studies: a critical introduction, London, Routledge, 2005, p. 6.
17 Dans un premier temps, afin de systématiser la recherche, tous les personnages crédités
comme principaux dans les deux premières saisons ont été étudiés. Les résultats présentés ici se
concentrent toutefois sur les personnages les plus significatifs suite à cette analyse.
18 Tous les dialogues retranscrits dans cet article sont des traductions libres des dialogues
originaux.
19 Séverine Barthes, « Production et programmation des séries télévisées », dans Sarah
Sepulchre (dir.), Décoder les séries télévisées, Bruxelles, De Boeck, 2011, p. 4773.
20 Rebecca Collins, « Content analysis of gender roles in media: where are we now and where
should we go? », Sex Roles, [en ligne], 64 (34), 2011, p. 290298. Disponible sur :
http://connection.ebscohost.com/c/articles/57941703
21 La chirurgie aux ÉtatsUnis ne compte parmi ses résidents, en 2009, que 35,2 % de femmes
(Association of American Medical Colleges. AAMC [Page consultée le 3.07.2011] Disponibilité et
accès https://www.aamc.org/download/ 170250/data/2009_table02.pdf).
22 Arlie R. Hochschild, The managed heart: commercialization of human feeling. Berkeley &
Los Angeles, University of California Press, 1983, p. 173.
23 Laura Mulvey, « Visual pleasures in narrative cinema », dans Leo Braudy et Marshall Cohen
(éd.), Film Theory and Criticism: Introductory Readings, New York, Oxford University Press,
1999, p. 837.
24 Ibid., p. 837. Trad. libre.
http://rfsic.revues.org/784 10/11
201765 Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s Anatomy
25 Patricia Brennan, « The colorful world of “Grey’s Anatomy” », The Washinton Post. [En ligne]
The Washington Post [Page consultée le 7.07.2011]. Disponibilité et accès
http://www.washingtonpost.com/wpdyn/content/article/2005/05/17/AR2005051700927.html
26 A. Brooks, op. cit., p. 4
27 R. Gill, op. cit., p. 256.
28 A. McRobbie, op. cit., p. 255259.
29 R. Gill, op. cit., p. 269.
30 Ibid., p. 258.
31 Susan Douglas, Enligntened sexism: the seductive message that feminism’s work is done,
New York, Times Books, 2010, p. 5. Trad. libre.
32 R. Gill, op. cit., p. 261. Trad. libre.
33 S. Douglas, op. cit., p. 12.
34 Judith Butler, « Subjects of sex/gender/desire », dans S. During (éd.), The cultural studies
reader, London, Routledge, 1993, p. 343344.
35 Amanda Lotz, Redesigning women: television after the network era, Urbana & Chicago,
University of Illinois Press, 2006, p. 147. Trad. libre.
36 Ibid, p. 51. Trad. libre.
37 Ibid. p. 5254.
38 Mireya Navarro, « On abortion, Hollywood is nochoice », The New York Times. [En ligne],
The New York Time [Page consultée le 6.07.2011] Disponibilité et accès
http://www.nytimes.com/2007/06/10/fashion
39 Clémentine Autain, Ne me libère pas, je m’en charge : plaidoyers pour l’émancipation des
femmes, Paris, J’ai Lu, 2013, p. 18.
40 R. Gill, op. cit., p. 253.
41 A. CrannyFrancis et al., op. cit., p. 224.
42 Cité dans Mathieu de Wasseige, A Critical Analysis of Ideological Narratives in
Contemporary US Network Television Series, Bruxelles, ULB, 2011, p. 58. Trad. libre.
43 Nathalie Heinich, Les ambivalences de l’émancipation féminine, Paris, Albin Michel, 2003,
p. 118.
Pour citer cet article
Référence électronique
Barbara Dupont, « Une réponse aux tensions postféministes : l’empowerment de Grey’s
Anatomy », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne],
4 | 2014, mis en ligne le 15 janvier 2014, consulté le 05 juin 2017. URL :
http://rfsic.revues.org/784 ; DOI : 10.4000/rfsic.784
Auteur
Barbara Dupont
Barbara Dupont est assistante au département des langues de l’IHECS (Institut des hautes
études des communications sociales) à Bruxelles. Elle travaille actuellement sur une thèse de
doctorat traitant de la représentation des femmes dans les séries télévisées américaines, en
partenariat avec l’Université catholique de Louvain. Courriel : barbara.dupont@galilee.be
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