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LES LIAISONS DANGEREUSES
LES LIAISONS DANGEREUSES
ou
LETTRES
Recueillies dans une Société, et publiées
Par M. C DE L...
"
J. J. Rousseau, Préf. de '*
la Nouvelle Héloise.
PIERRE CHODERLOS DE LACLOS
LES LIAISONS
DANGEREUSES
Chronologie et préface
par
René Pomeau
professeur à la Sorbonne
GF
FLAMMARION
«> IV8I, FLAMMARION. Paris
SOMMAIRE BIOGRAPHIQUE
1786 mai)
(3 Épouse Mlle Duperré et reconnaît son
:
1793 (r
"
avril) : Apres la trahison de Dumouriez, arrête
comme orléaniste.
(10 mai; Consigné chez lui, sous
: la sur\'eillancc d'un
garde,
(août-octobre, expériences sur le : boulet creux > à La
Fère et à Mcudon.
(5 novembre) : Nouvelle arrestation.
(7 novembre) : Exécution du duc d'Orléans.
première fois,
(août) Affeaé à l'armée d'Italie. Campagne dans la
:
de Greuze.
Depuis Baudelaire, il est de bon ton d'évoquer Satan à
propos des Liaisons. Laclos aurait démystifié l'entreprise
amoureuse, infernale par nature en conséquence du péché
originel. Son livre serait moral conmie peinture de
l'homme né pour le Mal. Il se situerait au niveau du
« Mal se connaissant, supérieur au Mal s'ignorani
Placé sous un éclairage aussi romantique, l'ouvrage se
prête à de brillants exercices de st>'le. Une objection :
PRÉFACE I
René Pomeau.
AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR
* Je dois prévenir aussi que j *ai supprimé ou changé tous les noms des
personnes dont il est question dans ces lettres et que si, dans le nombre de
ceux que je leur ai substitués, il s'en trouvait qui appartinssent à quelqu'un,
ce serait seulement une erreur de ma part, et dont il nefaudrait tirer aucune
conséquence.
l6 LES LIAISONS DANGEREUSES
je fais en ce moment.
Quant au mérite que cet ouvrage peut avoir, peut-
être ne m'appartient-il pas de m'en expliquer, mon
opinion ne devant ni ne pouvant influer sur celle de
pcrsorme. Cependant ceux qui, avant de commencer une
lecture, sont bien aises de savoir à peu près sur quoi
compter, ceux-là, dis-je, peuvent continuer les autres
:
LETTRE PREMIÈRE
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
aux Ursulines de...
* Touriirt du cottvtnt.
LETTRE II 21
LETTRE II
Revenez, mon
cher vicomte, revenez que faites-vous, :
mais vous abusez de mes bontés, même depuis que vous *r^
n'en usez plus; et dans l'alternative d'une haine éter- v/^^ ]^r
nelle ou d'une excessive indulgence, votre bonheur veut ^
que ma bonté l'emporte. Je veux donc bleavous in struire ^-T/
de mes projets mais jurez-moi qu'en(;,fidèle_che valie r;>
: '^
vous ne courrez aucune aventure que vous n'ayez nus
celle-ci à fin. Elle est digne d'un héros vous servirez :
LETTRE III
'(Il faut laisser mûrir cela, nous verrons cet hiver. •>
LETTRE IV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
à Paris.
faiiy If siuyr*
: jxut-ctre au 6ourdrïa"cârricrc~nbus ren-
contrerons-nous encore; car, soit dit sans vous fâcher,
ma très belle marquise, vous me suivez au moins d'un
pas égal; et depuis que, nous séparant px)ur le bonheur
du monde, nous prêchons la foi chacun de notre côté, il
me semble que dans cette mission d'amour, vous avez
fait plus de prosélytes que moi. Je connais votre zèle,
y^otre ardente ferveuri_.et si ce Dieû^îâ'nmJLrTLÏgcaît iur
noi^œuvrcs, vous seriez un jour la patronne de qu^^lque
grande ville, tandis" que vôtre ami serait au plus un saint
de village. Ce langage vous étonne, n'cst-il pas vrai?
Mais depuis huit jours, je n'en entends, je n'en parle
pas d'autre; et c'est pour m'y perfeaionner, que je me
vois forcé de vous désobéir.
Ne vous fâchez pas et écoutez-moi. Dépositaire de
tous les secrets de mon cœur, je vais vous confier le plus
grand projet que j'aie jamais formé. Que me proposez-
vous ? de séduire une jeune fille qui n'a rien vu, ne con-
naît rien; qui, pour ainsi dire, me serait livrée sans
défense qu'un premier hommage ne manquera pas d'eni-
;
sans rancune.
Du château de..., 5 août jj**.
LETTRE V
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
,>^ qui Jie_s ait d^^'^J" q "<^ ^^ qu'elle croit ne pas pouvoir
obtenir Qu'est-ccdonc que cette femme
. des traits .-•
rire avec ses paquets de fichus sur la gorge, et son corps qui
!
espèce.
^C'est pourtant pour ce bel objet que vous refusez de
m'obéir, que vous vous enterrez dans le tombeau de
votre tante, et que vous renoncez à l'aventure la plus
délicieuse et la plus faite pour vous faire honneur. Par
quelle fatalité faut-il donc que Gercourt garde toujours
quelque avantage sur vous? Tenez, je vous en parle
sans humeur mais, dans ce moment, je suis tentée de
:
LETTRE VI
-
Il n'est donc point de femme qui n'abuse de l'empire
^
^
qu'elle a su prendre Et vous-même, vous que je nommai
!
^^ . '
pas encore pr ononcé e je mot d'amour; ma^s déjà nous en
sommesTceux de confiance et d'intérêt. Pour la tromper
le moins possible, et surtout pour prévenir l'effet des
propos qui pourraient lui revenir, je lui ai raconté moi-
même, et comme en m'accusant, quelques-uns de mes
traits les plus connus. Vous ririez de voir avec quelle
candeur elle me prêche. Elle veut, dit-elle, me convertir.
Elle ne se doute pas encore de ce qu'il lui en coûtera
pour le tenter. Elle est loin de penser qu'en plaidant,
pour parler comme clic, pcmr les mjoriunées que j'ai
perdues» elle parle d'avance dans sa propre cause. Cette
idée me vint hier au milieu d'un de ses sermons, et je ne
pus me refuser au plaisir de l'interrompre, pour l'assurer
qu'elle parlait comme un prophète. Adieu, ma très belle
amie. Vous voyez que je ne suis pas perdu sans ressource.
P. S. A propos, ce pauvre chevalier, s'est-il tué de
désespoir? En vérité, vous êtes cent fois plus mauvais
sujet que moi, et vous m'humilieriez si j'avais de l'amour-,
propre.
Dm château de,.., ce 9 août 77**.
^^ LETTRE VII
a- JU
V
^ ]c ne l'ai rien dit de mon mariage, cVs^ que je pe
V suis^îas plus instruite qucjc^prcmier jour. Je m'accou-
^ff/\ tunîeXn y pTiTs pcrïser~cT7c mctrouve assez bien de mon
genre de vie. J'étudie beaucoup mon chant et ma harpe;
I*
^
>/
n//
il me semble que je les
plus de maître, ou plutôt c'est que j'en
aime mieux depuis que je n'ai
ai un meilleur.
^p
avec moi des heures entières. Il est extrêmement aimable.vîX/' i
Il chante comme un ange, et compose de très jolis airs
dont il fait aussi les paroles. C'est hjen^d fvrnmape^iril %^
soit chevalie r de Malte ! Il me
semble que s il se mariait,
sa femme Il a une douceur char-
serait bien heureuse...
mante. XL^'jL jam^^isT air de faire un_œ niplim£nL_et
pourtant tou tj:c qu^T^It îlatte Il me reprendsans cesse,
.
LETTRE VIII
LETTRE IX
MADAME DE VOLANGES A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
Valmont doit être en effet très rare. JSncore^lus faux et dan- ^''
,
"^
jereux qu^il n^es^aimablejet jeduisantj jamais^ ^epuisja
plus grande jeunesse, il n'a fait un pas ou dît unej)arole sans
avoir un projet» eT^amâTs il^eut unjprojet qui ne fût mal-
Jïonnête ou criminel. Mon amie," vous 'me connaissez ; vous
savez si, des veitus~que je tâche d'acquérir, l'indulgence
n'est pas celle que je chéris le plus. Aussi, si Valmont était
entraîné par des passions fougueuses; si, comme mille
autres, il était séduit par les erreurs de son âge, blâmant
sa conduite je plaindrais sa personne, et j'attendrais, en
silence, le temps où un retour heureux lui rendrait
l'estime des gens honnêtes. Mais Valmont n'est pas cela :
'
LK ri RE X
LA MARgUISt DE MERTEUIL AU VICOMTK Ht VALMONT
pour l'amour
fait ! comme vivement la
il sait sentir !
^/ ^-
'
^ juste que vous en soyez maître c'est au sacrificateur
:
qui fan que vous elcb Loujouix ^u^ que j'aimc le imeux;
is, cû viiriuu lca:lie valier est ce qui me plaît davan-
e.
LETIRE \I
I.ETTRIi XII
LETTRE XIII ^^
LA MARQUISE DE MERTEUIL A CÉCILE VOLANGES / ^^
LETTRE XIV
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
'
j
puis ma toilette me prendra un peu de temps, car jç_YCux
'
\
|0A être bien coiffée auHHH"4'4iui. Je crois que la mère Per-
"^ pétue a raison, et qu'on devient coquette des qu'on est
dans le monde. Je n'ai jamais eu tant d'envie d'être jolie
que depuis quelques jours, et je trouve que je ne le suis
pas autant que je le croyais; et puis, auprès des femmes
qui ont du rouge, on perd beaucoup. Madame de Mer-
teuil, par exemple, je vois bien que tous les hommes la
trouvent plus jolie que moi cela ne me fâche pas beau- :
LETTRE XV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE XVI
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
mais tu n'en pas plus que moi. J'ai bien envie d'en
sais
parler à madame de Merteuil qui m'aime bien. Je vou-
drais bien le consoler; mais je ne voudrais rien faire qui
fût mal. On nous recommande tant d'avoir bon cœur !
LETTRE XVII
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
LETTRE XVIII
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
dit que ces deux mots-là; mais c'était d'un ton que j'en
fus toute bouleversée. Je préludais sur ma harpe, sans
savoir ce que je faisais. Maman demanda si nous ne chan-
terions pas. Lui s'excusa, en disant qu'il était un peu
malade; et moi, qui n'avais pas d'excuse, il me fallut
chanter. J'aurais voulu n'avoir jamais eu de voix. Je
choisis exprès un air que je ne savais pas; car j'étais bien
sûre que je ne pourrais en chanter aucun, cl on se serait
aperçu de quelque chose. Heureusement il vint une visite;
et, dès que j'entendis entrer un carrosse, je cessai, et le
priai de reporter ma harpe. J'avais bien peur qu'il ne
s'en allât en même temps; mais il revint.
Pendant que maman et cette dame qui était venue
causaient ensemble, je voulus le regarder encore un petit
moment. Je ^cnt;opTrai sç<; yçyXi Çl '1 m^ fut irpp<yssiblc
.de détourner \
cs miç ns_ Hn mnrnpnî après je vis ses
larmes cou lerj et ij^ fut obhjgé de se retourner pour n'être
pas vu. Pour le coup, je ne pus y tenir; je sentis que j'allais
pleurer aussi. Je sortis, et tout de suite j'écrivis avec un
crayon sur un chiffon de papier « Ne soyez donc pas :
j^ ^
si triste, je vous en prie; je promets de vous répondre. »
I
ne se doutait de rien. Mais au retour, oh CQjTime il !
LETTRE XIX
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY }
LirrrRE xx
LETTRE XXI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
^.
^ maison, aucune fille ou femme dont l'âge ou la figure
pussent rendre mon action suspecte; et, quand je fus bien
^/^ iO informé, déclarai à souper mon projet d'aller à la chasse
je
^ \ le lendemain. Igi je dois_j:endre justice à ma Présidente :
^\'k \^ans doute elle eut quelques remords dr> ordres qu'elle
\ "
i^ avait^gmii^ct»ii'ai'aat4>a5^JaJorç^^^ de vgincre sa çurio-
yÀ sjrcv^le eut ^ LL moins CcHelde rontrarj^Tj^pn ^'^jr
Il devait faire une chaleur excessive; je risquais de me
LETTRE XXII
^'•^. que c'est vous obliger que de vous donner des motifs
^tiv^^ de revenir sur un jugement trop rigoureux. A\. de Val-
/ \ ^ \inoni me paraît fondé à espérer celle faveur, je dirais
ôLli^^Kipresque cette justice; et voici sur quoi je le pense.
Il a fait ce matin une de ces courses qui pouvaient faire
n'est peu r^é tre qu'un exemple de plus du danger ~3es 't
liaisons. Je m
arrête à cette idée^quTlné pTaTt. Si, d^unc
part, elle peut ser\'ir à le justifier dans votre esprit, de
l'autre, elle me rend de plus en plus précieuse l'amitié
tendre qui m'unit à vous pour la vie.
J'ai l'honneur d'être, etc.
LETTRE XXIII
j'en :
est-il d'assez puissant contre l'amour ?^En^ ain cherc he- ^'^c
t-elle à présent des secours étrangersjc ^st moi q^ui règle- ^
rai son sort.
Croyant en avoir assez fait pour un jour, je me retirai
aussi dans mon appancmcnt et me mis à vous écrire.
J'espérais la revoir au souper; mais elle fit dire qu'elle
s'était trouvée indisposée et s'était mise au lit. Madame
de Rosemonde voulut monter chez elle, mais la malicieuse
malade prétexta un mal de tête qui ne lui permettait de
voir personne. Vous jugez qu'après le souper la veillée
fut courte, et que j'eus aussi mon mal de tête. Retiré
chez moi, j'écrivis une longue lettre pour me plaindre de
cette rigueur, et je me couchai, avec le projet de la
remettre ce matin. J'ai mal dormi, comme vous pouvez
voir par la date de cette lettre. Je me suis levé, et j'ai relu
mon épître. Je me suis aperçu que je ne m'y étais pas
assez observé, que j'y montrais plus d'ardeur que d'amour,
et plus d'humeur que de tristesse. Il faudra la refaire;
mais il faudrait être plus calme.
J'aperçois le point du jour, et j'espère que la fraîcheur
qui l'accompagne m'amènera le sommeil. Je vais me
remettre au lit; et, quel que soit l'empire de cène femme,
je vous promets de ne pas m'occuper tellement d'elle,
qu'il ne me reste le temps de songer beaucoup à vous.
Adieu, ma belle amie.
De..., ce 21 août //**, 4 heures du matin.
LETTRE XXIV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
reproches; j'ai pu les écrire, mais non pas les penser. Ah!
laissez-moi vous croire parfaite, c'est le seul plaisir qui
me reste. Prouvez-jnoi^ que vq us_J_'êt es en rr rao^uiU^nt
vos soins gépgëilx Quel malheureuîTâvcz-voûssccouni^
.
LETTRE XXV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
A
onze heures j'entrai chez madame de Rosemonde;
et,sous ses auspices, je fus introduit chez la feinte malade,
qui était encore couchée. Elle avait les yeux très battus;
j'espère qu'elle avait aussi mal dormi que moi. Je saisis Q-
un moment, où madame de Rosemonde s'était éloignée, <• c,
pour remettre ma lettre on refusa de la prendre; mais je ^y
: ^
la laissai sur le lit, et allai bien honnêtement approcher le *^
LETTRE XXVI
I A PRÉSIDENTE DE TOURVEI. AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE XXVII
que c'était plus fort que lui, et je le crois bien; car j'avais
résolu de ne lui pas repondre, et pourtant je n'ai pas pu
m'en empêcher. Oh! je ne lui ai écrit qu'une fois, et
même c'était, en partie, pour lui dire de ne plus écrire :
LETTRE XXVIII
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
avec lui l'espoir qu'il avait amené! Quelle est donc cette
amitié que vous consentez qui subsiste entre nous, si
elle n'est pas même assez puissante pour vous rendre
sensible à ma peine; si elle vous laisse froide et tranquille,
tandis que j'éprouve les tourments d'un feu que je ne
puis éteindre; si loin de vous inspirer de la confiance,
elle ne sutht pas même à faire naitre votre pitie? Quoi!
votre ami souffre et vous ne faites rien p>our le secourir!
Il ne vous demande qu'un mot, et vous le lui refusez!
LETTRE XXIX
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
d'avoir suivi ton avis, qui nous a tant fait de peine, au ' ff^
dire.
Comme je m'en vais écrire à M. Danceny, et comme
il va être content! sera encore plus qu'il ne croit; car
il le
iuaaiririie_jie lui parlais q ue Hp mon amitié, gt lui vou-
lait toujours
q ue je_di^e rrion amour. Je crois que c'était
bien la même choseTmais enfin jeiTosais pas, et il tenait
à cela. Je l'ai dit à madame de
Merteuil; elle m'a dit
que j'avais eu raison, ne fallait convenir d'avoir
et qu'il
de l'amour, que quand on ne pouvait plus s'en empêcher :
car cik JD-â djLqiie c'éTair hii-n vrai qur j'allai** myjnarier
mais nous n'avons pas pw er> dircL d^A vnntflp c-. Par exemple
n'est-ce pas encore bien étonnant que maman ne m'en
dise rien du tout ?
LETTRE XXX
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
Je suis bien fâchée que vous êtes encore triste à présent, ^/ *^\
mais ce n'est pas ma faute. Je demanderai à jouer de la
harpe aussitôt que vous serez arrivé, afin que vous ayez A
^
ma lettre tout de suite. Je ne peux mieux faire.
Adieu, Monsieur. Je vous aime bien, de tout mon
cœur; plus je vous le dis, plus je suis contente; j'espère
que vous le serez aussi.
LETTRE XXXI
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
LETTRE XXXII
MADAME DE VOLANGES A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
YflllS ^'^"1'"^
don Çî Madame^ que je croie àJa^crtu
de M. d e Valmoqtj J'avoue que je ne puis résoudre, m\
et que j'aurais autant de peine à le juger honnête, d'après
le seul fait que vous me racontez, qu'à croire vicieux un
homme de bien reconnu, dont j'apprendrais une faute.
L'humanité n'est parfaite dans aucun genre, pas plus
dans le mal que dans le bien. L.c ••'
-r at a s es vertus,
Q(>mme l'honnête homme a .sc$ : es. C!ette \xriic
me paraît "Tautânir plusnécessaire a croire, que c'est
d'elle que dérive la nécessité de l'indulgence pour les
méchants comme pour les bons; et qu'elle préserve ceux-
ci de l'orgueil, et sauve les autres du découragement.
Vous trouverez sans doute que je pratique bien mal dans
ce moment cette indulgence que je prêche; mais je ne vois
plus en elle qu'une faiblesse dangereuse, quand elle nous
mène à traiter de même le vicieux et l'homme de bien.
Je ne me permettrai point de scruter les motifs de
Taction de M. de Valmont; je veux croire qu'ils sont
LETPRE XXXII 71
m
D'abord adame de Merteuil en effet très estimable,
, ^/
(
n'a peut-être d'autre défaut que y;opjie confia nce en ses '
rait ç ç>fnme_mni
Quant à ce qui me regarde, je ne me justifierai pas plus
que les autres. Sans doute, je reçois M. de Valmont, et il
est reçu partout; c'est une inconséquence de plus à
3iX <^^f CUÙfUs t|,A/v AM^
j2 Ky^ l\llA/^ IPS MAISONS DANGEREUSES
LETTRE XXXIII
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE XXXIV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA .MARQUISE DE MERTEUII
LETTRE XXXV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOLTIVEL
lettre que je puis vous trouver telle que vous voulez " J^^
paraître. Quand je forme le vœu de vous rendre sensible, 1
j'y vois que plutôt que d'y consentir, vous fuiriez à cent
lieues de moi; quand tout en vous augmente et justifie ^'v.
mon amour, c'est encore elle qui me répète que mon
amour vous outrage; et lorsqu'en vous voyant, cet
amour me semble le bien suprême, j'ai besoin de vous
lire, pour sentir que ce n'est qu'un affreux tourment.
Vous concevez à présent que mon plus grand bonheur
serait de pouvoir vous rendre cette lettre fatale me la :
LETTRE XXXVI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
(Timbrée de Dijon.)
LETTRE XXXVII
TA PRfsiDFNTE DE TOURVEI A MADAME DE VOI^N'GES
peux pas douter qu'il n'ait le projet de passer ici une grande
partie de l'automne. S'il refuse ma demande et s'obstine
à rester, je serai toujours à temps de partir moi-même, cl
je vous le promets.
Voilà, je crois. Madame, tout ce que votre amitié
exigeait de moi :je m'empresse d'y satisfaire, et de vous
LETTRE XXXVIII
y^ os Us -io/ iiA^\(i
83
LETTRE XXXVIII
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE XXXIX
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
LETTRE XL
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
de revenir.
difficile
Au vous devinez que je ne me suis pas soumis
reste,
sans condition. J'ai même eu le soin d'en mettre une
impossible à accorder; tant pour rester toujours maître
de tenir ma parole, ou d'y manquer, que pour engager
une discussion, soit de bouche, ou par écrit, dans un
moment où ma belle est plus contente de moi, où elle a
besoin que je le sois d'elle sans compter que je serais
:
dant. '
J'ai beaucoup écrit ce matin, me répondit-elle,
et ma tête est un peu fatiguée. " — >
Je ne suis pas assez
heureux, repris-je, pour avoir à me reprocher cette
fatigue-là ?" — Je vous ai bien écrit répondit-elle
,
LETTRE XLI
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
De..., ce 25 août ij **
LETTRE XLII
J I . ^
SUITE DE LA LETTRE XL CI
SUITE DE LA LETTRE XL
DU VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE XLIII
I
94 I-ES LIAISONS DANGEREUSES
LETTRH XLIV
LE VICOMTE DE VALMONT A I.A MARQUISE DE MERTEUIL
<
Je réponds d'autant moins de celle-ci, ajouta-t-il,
que lieu de croire qu'elle a un amant, et que je ne la
j'ai
* PiRON, Métromame.
LES LIAISONS DANGEREUSES 4
96 LES LIAISONS DANGEREUSES
tion. y A^
Jusque-là j'étais tout entier à l'amour; bientôt il fit ^j'
place à la fureur. Qui croyez-vous qui veuille me perdrc/^^^H^
auprès de cette femme que j'adore? quelle furie suppo-'^ 1
sez-vous assez méchante, pour tramer une pareille noir-
ceur ? Vous la connaissez c'est votre amie, votre parente,
:
^
^ ^
c'est madame de Volanges. Vous n'imaginez pas quel «^^ <^
tissu d'horreurs l'infernale mégère lui a écrit sur mon
compte. Cest^elle, elle seule, qui a troublé la sécurité
^
de cette femme angélique; c'est par'Ses conseils, par ses
^
1
avis pernicieux, que je me vois forcé de m'éloigner; c'est
à elle enfin que l'on me sacrifie. Ah! sans doute il faut
séduire s^a fille. upaisjce^'est pas assez, illaûtj^jperdîe ; jjs^
et puisque l'âge de cette maudite fenime la met a l'abri ^
de mes coups, il faut la frapper dans l'objet de ses affec-
tions.
Elle veut donc que je revienne à Paris ! elle m'y force !
LETTRE XLV
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL A MADAME DE VOLANGES
LETTRE XLVI
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
LETTRE XLVII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
• Ceux qui n'ont pas eu l'occasion de sentir quelquefois le prix d'un mot,
d''une expression, consacrés par I^amour, nt trouveront aucun sens dans
ctte phrase.
102 LES LIAISONS DANGEREUSES
Volanges. 6 l
Adieu, la très belle dame. Je veux avoir tant de plaisir '^
à vous embrasser que le chevalier puisse en être jaloux. J
De P... ce 30 août ij**.
LETTRE XLVIII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
(Timbrée de Paris.)
k
104 ^^ LIAISONS DANGEREUSES
LETTRE XLIX
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
LETTRE L
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE LI
n'en aime pas moins son Danceny; j'ai remarqué même "V'
une de ces ressources qui ne manquent jamais à l'amour, ' )
j'ai dit qu'il était plus honnête, en pareil cas, de dire ses
/ faut lui tout dire, que la vraie façon de vaincre les scru-
LETTRE LU
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
LETTRE LU III. ,
4.
douloureux, qu'ils me rappellent sans cesse votre iniliffé- ^X^ '
rence; me faudra-t-il encore perdre la seule consolation >,
qui me reste? et puis-je en avoir d'autre, que de vous
ouvrir quelquefois une âme, que vous remplissez de A^f^
trouble et d'amenume? Dctournerez-vous vos regards, T/''
pour ne pas voir les pleurs que vous faites répandre ? /^
Refuserez- vous jusqu'à l'hommage des sacrifices que vous
exigez ? _Ne serait -il donc pas plus digne de vous, de votre ^ç.
^ ->
LETTRE LUI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE LIV
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
> *^
J[£_nVtais_pas au bout de mes mquiétudcs. Il y avait à
peine uncTTcmr-Tieurc que nous étions chez madame de ***
que madame de Volanges se trouva mal en effet, mais
»c>^éricusement mal; et comme de raison, elle voulait
^W\
r^j
rentrer chez elle moi, je le voulais d'autant moins, que
:
LETTRE LV
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
LETTRE LVI
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
^1SU^<^" parle/ !
Je veux croire que quelques-unes le
mcriicni mais toutes sont-elles donc si méprisables?
:
LETTRE LVII
LETTRE LVIII
j
'y réclame le bonheur quej^ us voulez me ravif^T^seul
que vous m^avez laisse; je vous cric, écoutez jries^ prières,
et v oyez me s lannes ; ah Madame, me refuserez- vous ?
!
•k-k
De... ce 7 septembre ij
LETTRE LIX
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
* On croit qiu c\si Rousseau dans Emile, mais la citation n'est pas
exacte, etl'application qu'en fuit ï'almont est bien fausse; et ptas,
madame de Tourx'el ai'ait-elle lu Emile ?
122 LES LIAISONS DANGEREUSti»
LETTRE LX
LE CHEVALIER DANCENY AU VICOMTE DE VAL.MONT
(Incluse dans la précédente. )
LETTRE LXI
CÉCILE VOLANGES A SOPHIE CARNAY
LETTRE LXII
LETTRE LXIII
tard.
A mon réveil, je trouvai deux billets, un de la mère,
et un de la fille; et je ne pus m'cmpêcher de rire, en trou-
vant dans tous deux littéralement cette même phrase :
il'-
i r pour cette fois, elle pleurait sans malice... Frappée de ce
^^-^ nouvel agrément que je ne lui connaissais pas, et que
Ç_/ j'étais bien aise d'observer, je ne lui donnai d'abord que
* ^ \ de ces consolations gauches, qui augmentent plus les
y peines qu'elles ne les soulagent; et, par ce moyen, je
V^ ^ l'amenai au point d'être véritablement suffoquée. Elle ne
*^ je craignis un moment les convulsions.
pleurait plus, et
Je lui conseillai de se coucher, ce qu'elle accepta; je lui
^
ser\'is de femme de chambre elle n'avait point fait de
:
récit.
Pendant que je me défendais de me charger de la
lettre de la petite, je craignais à tout moment qu'elle ne
me proposât de la mettre à la Petite-Poste; ce que je
n'aurais guère pu refuser. Heureusement, soit trouble,
soit ignorance de sa part, ou encore qu'elle tînt moins à la
lettre qu'à la réponse, qu'elle n'aurait pas pu avoir par ce
moyen, elle ne m'en a point parlé mais pour éviter que
:
qu'elle ro'inicrcbbe.
Je veux que vous vous rendiez le correspondant et le
conseil des deux jeunes gens. Apprenez donc ce voyage
à Danccny, et offrez-lui vos services. Ne trouvez de ditti-
culté qu'à faire parvenir entre les mains de la belle, votre
I
lettre de créance; et levez cet obstacle sur-le-champ, en
lui indiquant la voie de ma femme de chambre. Il n'y
a point de doute qu'il n'accepte; c poiu; prix
de vQb pcin*;N,-la.XL)nlidcncc d'un ^.ijxmou-
- >
.
LETTRE LXIV
LE CHEVALIER DANCENY A MADAME DE VOLANGES
{ Minute jointe à la lettre LXVI du Vicomte à la Marquise.)
qucr, que d'exposer aux yeux d'un autre les secrets d'un
cœur qui n'a voulu les dévoiler qu'aux miens. Si mademoi-
selle votre filleconsent à vous les confier, qu'elle parle;
ses lettres vous sont inutiles. Si elle veut, au contraire,
renfermer son secret en elle-même, vous n'attendez pas,
sans doute, que ce soit moi qui vous en instruise.
Quant au mystère dans lequel vous désirez que cet
événement reste enseveli, soyez tranquille, Madame;
sur tout ce qui intéresse mademoiselle de Volanges, je
peux défier le cœur même d'une mère. Pour achever de
vous ôter toute inquiétude, j'ai tout prévu. Ce dépôt
précieux, qui portait jusqu'ici pour suscription papiers à
:
LETTRE LXV
LE CHEVALIER DANXENY A CÉCILE VOLANGES
(Envoyée ouverte à la marquise de Merteuil dans la
lettre LXVI du Vicomte.)
LETTRE LXVI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
'
"l^
M
pour mon compte, !ai aussi à me veggaLcLiIainère, ic^ipe
i
LETTRE LXVII
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE LXVIII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOLUVEL
LETTRE LXIX
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
(Billet écrit au crayon, et recopié par Danceny).
LETTRE LXX
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
à mon d'amant.
titre (A>mme je nc^mc dissimule pomt
que ce titre qui ne paraît d'abord qu'une dispute de
mots, est pourtant d'une importance réelle à obtenir, j'ai
mis beaucoup de soin à ma lettre, et j'ai tâché d'y répandre
ce désordre, qui peut seul peindre le sentiment. J'ai enfm
déraisonné le plus qu'il m'a été possible car sans dérai- :
LETTRE LXXI
LE VICOMTE DE VAl-MONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
^ , ^
lui parlai ën^efl efT nTâ is ce Tut pour la remercier, et
vemr avêc"^llc de rheû're et aes moyens de notre
\j Scon
~
\ re ndez-v ous. '
*^ .
"
Elle rhc dit que logée entre son mari et son amant elle
avait trouvé plus prudent d'aller chez Vressac, que de le
recevoir dans son appartement; et que, puisque je logeais
vis-à-vis d'elle, elle croyait plus sûr aussi de vemr chez
moi; qu'elle s'y rendrait aussitôt que sa femme de
chambre l'aurait laissée seule; que je n'avais qu'à tenir
ma porte entrouverte, et l'attendre.
Tout s'exécuta comme nous en étions convenus; et
elle arriva chez moi vers une heure du matin.
(
• Racikc, tr<igtdtf Jf Hritannicus.
LETTRE LXXI I45
^
sant de la dans cette situation
laisser : mais pouvais-je ^c/^
souffrir qu'une femme fCit perdue pour moi, sans l'être ^y.
par moi? Et devais-je, comme le commun des hommes, ^^
me laisser maîtriser par les circonstances ? Il fallait donc
trouver un moyen. Qu'eussiez-vous fait, ma belle amie?
Voici ma conduite, et elle a réussi.
J'eus bientôt reconnu que la porte en question pouvait
s'enfoncer, en se permettant de faire beaucoup de bruit.,^^^
^
J'obtins donc de la vicomtesse, non sans peine, qu'elle^f - /
jetterait des cris perçants et d'effroi, comme au voleur, à\^^
rassassin, etc., etc. Et nous convînmes qu'au premierj/^ .
LETTRE LXXII
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
(Remise seulement le 14.)
l t^ S^
LETTRE LXXIII I47
LETTRE LXXIII
LE VICOMTE DE VALMONT A CÉCILE VOLANGES
(Jointe à la précédente.)
A
de son ami et au vôtre. II tâchera de faire naître les occa-
;
^"^
.•A . sions de vous parler, quand il aura quelque chose à vous
),y^jiU«') apprendre ou à vous remettre; et il espère y par\'enir, si
LETTRE LXXIV
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE LXXV
(Nota : Dans cette lettre, Cécile Volanges rend compte
avec le plus grand détail de tout ce qui est relatif à elle dans
les événements que le lecteur a vus à la fin de la première
partie, lettre LXI et suivantes. On a cru devoir supprimer
cette répétition. Elle parle enfin du vicomte de Valmont,
et elle s'exprime ainsi.)
LETTRE LXXVI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE LXXVII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
LETTRE LXXVIII
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
(^
\^i. peut-être, et vous me forcerez à ce parti violent mais
nécessaire, si vous ne cessez enfin des poursuites offen-
•^•-^ santés. Non,n'oublie point, je n'oublierai jamais ce que
je
je me que je dois à des nœuds que j'ai formes,
dois, ce
que je respecte et que je chéris; et je vous prie de croire
que, si jamais je me trouvais réduite à ce choix malheu-
reux, de les sacrifier ou de me sacrifier moi-même, je ne
balancerais pas un instant. Adieu, Monsieur.
LETTRE LXXIX
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
ici, vous avez deviné sans doute que vous aviez tous trois
le môme sujet de plainte contre moi. Je suis prêt à vous
rendre raison. Que le sort décide, entre vous, qui des
trois tentera le premier une vengeance à laquelle vous
avez tous un droit égal. Je n'ai amené ici ni second, ni
témoins. Je n'en ai point pris pour l'offense; je n'en
demande point pour la réparation. Puis cédant à son •>
LETTRE LXXX
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
vxis_auisdls_m'iuiLilûnûé,de^l'Jiiuneur^
l e cac her.
•->^vJ.^ veau goût, vous vous y livrez sans crainte, sans réser\e :
'*
S'obstine-t-il à rester, ce qu'elle accordait à l'amour, il
. faut le livrer à la crainte :
* On ne sait si ce vers, ainsi que celui gui se trouve plus haut. Ses bras
s'ouvrent encor, quand son cœur est fermé, sont des citations d'ou-
vrages peu connus; ou s'ils font partie de la prose de madame de Merteuil.
Ce qui le ferait croire, c'est la multitude de fautes de ce genre qui se trou-
vent dans toutes les lettres de cette correspondance. Celles du chevalier
Danceny sont les seules qui en soient exemptes : peut-être que comme il
s'occupait quelquefois de poésie, son oreille plus exercée lui faisait éviter
plus facilement ce défaut.
172 l'ES LIAISONS DANGEREUSES
<urf^
^U*' reçus sans examen et suivis par habitude, ijs son t je l'ryit
^i.«OYv>tvN dc mes profondes réflexi ons; je les ai créés, et je puis
que je suis mon ouvrage.
dire
Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore,
S^*-' j*grî^is vQu ée par éta^ au^ilence et à rinactiom l'ai s u en
I
XlcJ^ut là, sunout, que je m'a ssurai. que l'am our que l 'on
"^ nous vante commela cause de^nos plaisirs^ n'e n est au
pîïïs que le prétexte.
La maladie de M. de Merteuil vint interrompre de si
prix de la UDerte q\
veuvage, et je me
promis bien d'en profiter.
sJU^dy^^ Ma mère comptait que j'entrerais au couvent, ou
alcvK^ reviendrais vivre avec elle. Je refusai l'un et l'autre parti;
et tout ce que j'accordai à la décence, fut de retourner
dans cette même campagne, où il me restait bien encore
quelques observations à faire.
Je les fortifiai par le secours de la lecture mais ne :
2
LETTRE LXXXI^^^^X I75
e mportée par a ucune^ passion, i_e ne fis que ce gu g_i,e '• /,j
jugeai néce s saire, et mesurai avec prudence les doses de
mon étourderie. ^\^
Dès que j'eus touché le but que je voulais atteindre,
je revins sur mes pas, et^s honneur de mon amendement ^ ..
f
-^
j De... ce 20 septembre /?**.
LETTRE LXXXII
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
Vous verriez bien qu'il faut bien aimer pour faire ça.
Enfin, il est bien vrai que je fais tout ce que je peux, et
que je voudrais en pouvoir faire davantage.
Assurément, je ne refuse pas de vous dire que je vous
aime et que je vous aimerai toujours; jamais je ne l'ai
dit de meilleur cœur; et vous êtes fâché! Vous m'aviez
pourtant bien assuré, avant que je vous l'eusse dit, que
cela suffisait pour vous rendre heureux. Vous ne pouvez
pas le nier c'est dans vos lettres. Quoique je ne les aie
:
LETTRE LXXXIII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
LEITRE LXXXIV
LE VICOMTE DE VALMONT A CÉCILE VOLANGES
v.
LETTRE LXXXV
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
serait-il pas juste que, tandis que vous n'avez fait que
raisonner bien ou mal sur cette affaire, il vous en revînt
autant de plaisir qu'à moi, qui y donnais mon temps et
ma peine.
Cependant, si vous avez quelque grand coup à faire, si
vous devez tenter quelque entreprise où ce rival dange-
reux vous paraisse à craindre, arrivez. Il vous laisse le
champ libre, au moins pour quelque temps; peut-être
même ne se relèvera-t-il jamais du coup que je lui ai
porté.
[ue v ous êtes heu reux de in]avoir_poui_amie Je suis !
toi] de V^t^
pour vous une fée bicnlaisante. Vous languissez toin
la beauté qui vous engage ; je dis un mot, et vous vous ,/\u .
J"'"
croire, une place dans cette loge; et comme la maréchale,
^'^^^^ qui le traite avec beaucoup de bonté, la lui promit s'il
était sagây il en prit l'occasion d'une de ces conversations
à double entente, pK)ur lesquelles vous m'avez vanté son
talent. En effet, s'étant mis à ses genoux, comme un
enfant soumis, disait-il, sous prétexte de lui demander
g,^ ses avis et d'implorer sa raison, il dit beaucoup de choses
"- flâneuses et assez tendres, dont il m'était facile de me
\>^^^'y faire l'application. Plusieurs personnes ne s'étant pas
c^v^ remises au jeu l'après-soupcr, la conversation fut plus
LETTRE LXXXV I87
LETTRE LXXXVI
LA MARÉCHALE DE *** A LA MARQUISE DE MERTEUIL
(Billet inclus dans la précédente.)
LETTRE LXXXVII
LA MARQUISE DE MERTEUIL A MADAME DE VOLANGES
LETTRE LXXXVIII
CÉCILE VOLANGES AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE LXXXIX
LE VICOMTE DE VALMONT AU CHEVALIER DANCENY
LETTRE XC
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE XCI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
LETTRE XCII
LETTRE XCIII
plus? Non cela n'est pas possible; vous vous faites illu-
sion; vous calomniez votre cœur. Une crainte passagère,
un moment de découragement, mais que l'amour a bien-
tôt fait disparaître; n'est-il pas vrai, ma Cécile? ah!
sans doute, et j'ai tort de vous accuser. Que je serais
heureux d'avoir tort! que j'aimerais à vous faire de
tendres excuses, à réparer ce moment d'injustice par
une éternité d'amour.
Cécile, Cécile, ayez pitié de moi Consentez à me voir,
!
LETTRE XCIV
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
c'est plus fort que moi; et il faut que ce soit pour quel-
qu'un qui ne m'en a pas d'obligation du tout!
Qu'est-ce que j'ai donc fait pour vous tant fâcher? Je
n'ai pas osé prendre une clef, parce que je craignais que
maman ne s'en aperçût, et que cela ne me causât encore
du chagrin, et à vous aussi à cause de moi et puis encore,
;
encore à dire.
M. de Valmont a beau être votre ami, je crois que je
vous aime bien autant qu'il peut vous aimer, pour le
moins; et cependant c'est toujours lui qui a raison, et
moi j'ai toujours tort. Je vous assure que je suis bien
fâchée. Ça vous est bien égal, parce que vous savez que
je m'apaise tout de suite : mais à présent que j'aurai la
LETTRE XCV 207
LETTRE XCV
CÉCILE VOLANGES AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE XCVI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
jours pensé que quand il n'y avait plus que des louanges
à donner à une femme, on pouvait s'en reposer sur elle,
et s'occuper d'autre chose. Cependant je vous remercie
pour mon compte, et vous félicite pour le vôtre. Je veux
bien même, pour vous rendre parfaitement heureuse,
convenir que pour cette fois vous avez surpassé mon
attente. Après cela, voyons si de mon côté j'aurai du
moins rempli la vôtre en partie.
Cx n'est pas de madame de Tour\'el dont )c veux vous
parler; sa marche trt)p lente vous déplaît. Vous n'aimez
que les affaires faites. Les scènes ftlécs vous ennuient; et
moi, jamais je n'avais goûté le plaisir que j'éprouve dans
ces lenteurs prétendues.
Oui, j'aime à voir, à considérer ccnc femme prudente,
engagée, sans s'en être aperçue, dans un sentier qui ne
LETTRE XCVI 209
que pour celui qui les fait naître ? Voilà pourtant, voilà les
déhcieuses jouissances que cette femme céleste m'offre
chaque jour; et vous me reprochez d'en savourer les
douceurs! Ah! le temps ne viendra que trop tôt, où,
dégradée par sa chute, elle ne sera plus pK)ur moi qu'une
femme ordinaire.
Mais j'oubhe, en vous parlant d'elle, que je ne voulais
pas vous en parler. Je ne sais quelle puissance m'y
attache, m'y ramène sans cesse, même alors que je
l'outrage. Ecartons sa dangereuse idée; que je redevienne
moi-même pour traiter un sujet plus gai. Il s'agit de votre
pupille, à présent devenue la mienne, et j'espère qu'ici
vous allez me reconnaître.
Depuis quelques jours, mieux traité par ma tendre
dévote, et par conséquent moins occupé d'elle, j'avais
210 LES LIAISONS DANGBUOSES
LETTRE XCVII 21
LETTRE XCVII
CÉCILE VOLANGES A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE XCVIII
MADAME DE VOLANGES A LA MARQUISE DE MERTEUIL
n'en est pas moins clair que c'est cette malheureuse pas-
sion qui la tourmente.
Quel parti prendre pourtant, si cela dure ? fcrai-je le
malheur de ma fille? tournerai-je contre elle les qualités
les plus précieuses de l'âme, la sensibilité et la constance?
est-ce pour cela que je suis sa mère? et quand j'étouffe-
7
LETTRE XCVIII 21
LETTRE XCIX
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
É
222 LES LIAISONS DANGEREUSES
mon empire.
Je parierais qu'à présent elle est enchantée d'en être
là tous les frais sont faits; il ne reste plus qu'à jouir.
:
LETTRE C
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CI
est triste ou gaie; si elle sort souvent, et chez qui elle va;
si elle reçoit du monde chez elle, et qui y vient; à quoi
LETTRE Cil
LETTRE cm
MADAME DE ROSEMONDE A LA PRÉSIDENTE DE TOLTIVEL
temps, vous n'avez pas écrit son nom une seule fois.
Je n'en avais pas besoin; je sais bien qui c'est. Mais
je le remarque, parce que je me suis rappelé que c'est
toujours là le st>'le de l'amour. Je vois qu'il en est encore
comme au temps passé.
Je ne croyais guère être jamais dans le cas de revenir
sur des souvenirs si éloignés de moi, et si étrangers à mon
âge. Pourtant, depuis hier, je m'en suis vraiment beau-
232 LES LIAISONS DANGEREUSES
LETTRE CIV
LA MARQUISE DE MERTEUIL A MADAME DE VOLANGES
LETTRE CV
LA MARQUISE DE MERTEUIL A CÉCILE VOLANGES
LETTRE CVI
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
mais je promets bien que si celui pour qui j'en ferai les /
'^'^^J^
mais je vois qu'il n'y a pas d'étotfe; elle a une sotte ngé- i
nuité qui n'a pas cédé même au spécifique que vous avez
employé, lequel pourtant n'en manque guère; et c'est
^ selon moi, la maladie la plus dangereuse_que femme
^VJr^ p uisse avoir hlle démnlF7surtout;lJnc Tarblè sse^^[e_^raiô-
!
LETTRE CVII
Monsieur,
Conformément j'ai été, aussitôt la récep-
à vos ordres,
tion de votre lettre, chez M.
Bertrand, qui m'a remis les
vingt-cinq louis, comme vous lui aviez ordonne. Je lui
en avais demandé deux de plus pour Philippe, à qui j'avais
dit de partir sur-le-champ, comme Monsieur me l'avait
mandé, et qui n'avait pas d'argent; mais Monsieur votre
homme d'atîaires n'a pas voulu, en disant qu'il n'avait
pas d'ordre de ça de vous. J'ai donc été obligé de les
donner de moi et Monsieur m'en tiendra compte, si c'est
sa bonté.
Philippe est parti hier au soir. Je lui ai bien recom-
mandé de ne pas quitter le cabaret, afin qu'on puisse être
sîir de le trouver si on en a besoin.
J'ai été tout de suite après chez madame la Présidente
pour voir mademoiselle Julie : mais elle était sortie, et je
n'ai parlé qu'à Fleur, de qui je n'ai pu rien savoir,
La
f)arce que depuis son arrivée il n'avait été à l'hôtel qu'à
'heure des repas. C'est le second qui a fait tout le sen'ice,
et Monsieur sait bien que je ne connaissais pas celui-là.
Mais j'ai commencé aujourd'hui.
Je suis retourné ce matin chez mademoiselle Julie, et
elle a paru bien aise de me voir. Je l'ai interrogée sur la
cause du retour de sa maîtresse; mais elle m'a dit n'en
rien savoir, et crois qu'elle a dit vrai. Je lui ai reproché
je
de ne pas m'avoir averti de son départ, et elle m'a assuré
qu'elle ne l'avait su que le soir même en allant coucher
Âladame si bien qu'elle a passé toute la nuit à ranger, et
:
que la pauvre fille n'a pas dormi deux heures. Elle n'est
sortie ce soir- là de la chambre de sa maîtresse qu'à une
heure passée, et elle l'a laissée qui se mettait seulement à
écrire.
LETTRE CVII 245
que c'est.
Hier au soir, Madame n*a pas soupe; elle n*a pris que
du thé.
sonné de bonne heure ce matin; elle a demande
Elle a
SCS chevaux toui de suite, et elle a été avant neut heures,
aux Feuillants, où elle a entendu la messe. HUe a voulu
se confesser; mais son confesseur était absent, et il ne
reviendra pas de huit à dix jours. J'ai cru qu'il était
bon de mander cela à AU)nsieur.
Elle est rentrée ensuite, elle a déjeuné, et puis s'est mise
à écrire, et elle y est restée jusqu'à près d'une heure. J'ai
trouvé occasion de faire bientôt ce que .Monsieur désirait
le plus car c'est moi qui ai porté les lettres à la poste.
:
LETTRE CVIII
les cause. Quel autre que lui est plus digne de les inspirer!
Cependant je ne sais pourquoi ce nom ne se présente
point naturellement sous ma plume; et cette fois encore,
j'ai eu besoin de réflexion pour le placer. Je reviens à lui.
Vous me mandez qu'il vous a paru vivement affecté de
mon départ. Qu'a-t-il donc fait? au'a-t-il dit? a-t-il parlé
de revenir à Paris ? Je vous prie de l'en détourner autant
que vous pourrez. S'il m'a bien jugée, il ne doit pas
m'en vouloir de cette démarche mais il doit sentir aussi
:
LETTRE CIX
CÉCILE VOLANGES A LA MARQUISE DE MERTEUIL
ça m'a été bien facile; car je ne lui avais encore dit que
deux paroles, qu'il m'a dit que quelque chose
si j'avais
à lui dire, il viendrait le soir ma
chambre, et je n'ai
dans
eu qu'à répondre que je le voulais bien. Et puis, dès qu'il
y a été, il n'a pas paru plus fâché que si je ne lui avais
jamais rien fait. Il ne m'a grondée qu'après, et encore
bien doucement, et c'était d'une manière... Tout comme
vous; ce qui m'a prouvé qu'il avait aussi bien de l'amitié
pour moi.
Je ne saurais vous dire combien il m'a raconté de
drôles de choses et que je n'aurais jamais crues, particu-
lièrement sur maman. Vous me feriez bien plaisir de me
mander si tout ça est vrai. Ce qui est bien sûr, c'est que
je ne pouvais pas me retenir de rire; si bien qu'une fois
j'ai ri aux éclats, ce qui nous a fait bien peur; car maman
LETTRE ex
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
* Nouvelle Héloïse.
252 LES LIAISONS DANGEREUSES
* Nouvelle Hélolsc.
LETTRE ex 253
f LETTRE CXI
LE COMTE DE GERCOURT A MADAME DE VOLANGES
Le COMTE DE Gercourt.
Bastia, ce 10 octobre 17**,
LETTRE CXII
LETTRE CXIII
LETTRE CXIV
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL A MADAME DE ROSEMONDE
LE TTRE CXV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEVII
LETTRE CXVI
LE CHEVALIER DANCENY A CÉCILE VOLANGES
LETTRE CXVII
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
(Dictée par Valmont.)
Je vois bien ce qui vous fâche; c'est que les deux der-
nières fois que vous m'avez demandé de venir ici je ne
vous ai pas répondu à cela mais cette réponse est-elle
:
LETTRE CXVIII
cent choses à vous dire, dont vous n'étiez pas l'objet, qui
comme vous savez, m'intéressent bien vivement; et ce
sont celles-là pourtant dont j'ai été distrait. Et depuis
quand le charme de l'amitié distrait-il donc de celui de
l'amour? Ah! si j'y regardais de bien près, peut-être
aurais-je un petit reproche à me faire! Mais chut!
oublions cette légère faute de peur d'y retomber; et que
mon amie elle-même l'ignore.
272 I.KS MAISONS nANCIKiiblb
LETTRE CXIX
MADAME DE ROSEMONDE A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
jene Je vois pas plus que s*il était à Paris. Je l'ai pourtant
rencontré ce matin, où je ne l'attendais guère. C'est dans
ma chapelle,où je suis descendue pour la première
fois depuis ma douloureuse incommodité. J'ai appris
aujourd'hui que depuis quatre jours il y va régulièrement
entendre la messe. Dieu veuille que cela dure!
Quand je suis entrée, il est venu à moi, et m'a félicitée
fort affectueusement sur le meilleur état de ma santé.
Comme la messe commençait, j'ai abrégé la conversa-
tion, que je comptais bien reprendre après ; mais il a dis-
paru avant que aie pu le joindre. Je ne vous cacherai pas
j
LETTRE CXX
LE VICOMTE DE VALMONT AU PÈRE ANSELME
(Feuillant du couvent de la rue Saint-Honoré.)
rer celle dont le Ciel s'est servi pour ramener mon âme
à la vertu, par le touchant spectacle de la sierme.
LETTRE CXXI
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU CHEVALIER DANCENY
J'ai reçu votre lettre, mon trop jeune ami; mais avant
de vous remercier, il faut que je vous gronde, et je
vous préviens que si vous ne vous corrigez pas, vous
n'aurez plus de réponse de moi. Quittez donc, si vous
m'en croyez, ce ton de cajolerie, qui n'est plus que du
jargon, dès qu'il n'est pas l'expression de l'amour. Est-ce
donc là le st>'lc de l'amitié? non, mon ami, chaque senti-
ment a son langage qui lui convient; et se servir d'un
autre, c'est déguiser la pensée qu'on exprime. Je sais
bien que nos petites femmes n'entendent rien de ce qu'on
peut leur dire, s'il n'est traduit, en quelque sorte, dans ce
jargon d'usage; mais je croyais mériter, je l'avoue, que
vous me distinguassiez d'elles. Je suis vraiment fâchée,
et peut-être plus que je ne devrais l'être, que vous m'ayez
si mal jugée.
Vous ne trouverez donc dans ma lettre que ce qui
manque à la vôtre, franchise et simplesse. Je vous dirai
bien, par exemple, que j'aurais grand plaisir à vous voir,
etque je suis contrariée de n'avoir auprès de moi que des
gens qui m'ennuient, au lieu de gens qui me plaisent;
mais vous, cette même phrase, vous la traduisez ainsi :
LETTRE CXXII
J'espérais, mon
aimable fille, pouvoir enfin calmer vos
inquiétudes; et vois au contraire avec chagrin, que
je
je vais les augmenter encore! Calmez- vous cependant;
mon neveu n'est pas en danger on ne peut pas même
:
LETTRE CXXIII
LE PÈRE ANSELME AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE CXXIV
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL A MADAME DE ROSEMONDE
Au milieu de l'etonncmcnt où ma
)etcc. Madame, la
nouvelle que j'ai apprise hier, je n'oublie pas la satis-
faction qu'elle doit vous causer, et je me hâte de vous
en faire part. M. de Valmont ne s'occupe plus ni de
moi ni de son amour; et ne veut plus que réparer,
par une vie plus édifiante, les fautes ou plutôt les erreurs
de sa jeunesse. J'ai été informée de ce grand événement
par le père Anselme, auquel il s'est adresse pour le diriger
à l'avenir, et aussi pour lui ménager une entrevue avec
moi, dont je juge que l'objet principal est de me rendre
mes lettres qu'il avait gardées jusqu'ici, malgré la
demande contraire que je lui en avais faite.
Je ne puis, sans doute, qu'applaudir à cet heureux
changement, et m'en féliciter, si, comme il le dit, )'ai pu
y concourir en quelque chose. Mais pourquoi fallait-il
que m'en coûtât le repos
j'en fusse l'instrument, et qu'il
de ma vie? Le bonheur de M. de Valmont ne pouvaii-il
arriver jamais que par mon infortune? Oh! mon indul-
j^ente amie, pardonnez-moi cette plainte. Je sais qu'il ne
m'appartient pas de sonder les décrets de Dieu; mais
tandis que je lui demande sans cesse, et toujours vaine-
ment, la force de vaincre mon malheureux amour, il la
prcxiigue à celui qui ne la lui demandait pas, et me
LETTRE CXXIV 28 I
LETTRE CXXV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
votre ouvrage. •
Un peu surprise de ce ton de reproche
elle voulut répliquer. « La résolution que vous ave/
prise... dit-elle. —
N'est que l'effet de mon désespoir,
repris-jc avec emportement. Vous avez voulu que je
sois malheureux; je vous prouverai que vous avez réussi
au-delà de vos souhaits. —
Je désire votre bonheur •,
LETTRE CXXVI
MADAME DE ROSEMONDE A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
l'espoir a été déçu, que j'aime bien mieux que vous n'en
soyez pas réduite à cette ressource.
Considérez à présent, ma chère Belle, qu'au lieu ôc
tant de dangers que vous auriez eu à courir, vous aurc
outre le repos de votre conscience et votre propre tran-
quillité, la satisfaction d'avoir été la principale cause de
l'heureux retour de Valmont. Pour moi, je ne doute
pas que ce ne soit, en grande partie l'ouvrage de votre
courageuse résistance, qu'un moment de faiblesse de
et
mon neveu dans un éga-
votre part n'eût peut-être laissé
rement éternel. J'aime à penser ainsi, et désire vous
voir penser de même; vous y trouverez vos premières
consolations et moi, de nouvelles raisons de vous aimer
davantage.
.
LETTRE CXXVIII
I-A PRÉSIDENTE DE TOURVEL A MADAME DE ROSKMONDE
qui est.
Vous sentirez aisément, d'après cela, quelle impression
a dû me faire votre lettre, et les vérités sévères qu'elle
contient. Ne croyez pas cependant qu'elle ait pu faire
naître un regret en moi, ni qu'elle puisse jamais me faire
changer de sentiment ni de conduite. Ce n'est pas que je
n'aie des moments cruels mais quand mon cœur est
:
part ni plainte ni reproche. J'ai déjà osé fixer les yeux sur
ce moment fatal et mon parti est pris.
Vous voyez à présent combien peu doit 'affecter la m
crainte que vous paraissez avoir, qu'un jour M. de Val-
mont ne me perde car avant de le vouloir, il aura donc
:
LETTRF rxXIX
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUII
quand elle est fondée sur une ancienne liaison, est bien
préférable à l'insipide cajolerie, qui affadit si souvent
l'amour. Peut-être, au reste, le prix que je trouve à cette
manière, ne vient-il que de celui que j'attache au bonheur
qu'elle me rappelle : mais par là même, il me serait plus
pénible encore de vous voir en juger autrement.
Voilà pourtant le seul tort que je me connaisse car je
:
pas qu'il soit plus fort. Hé! qui pourrait l'emporter sur
les délicieux plaisirs que vous seule savez rendre toujours
nouveaux, comme toujours plus vifs? J'ai donc voulu
dire seulement que celui-là était d'un genre que je n'avais
pas encore éprouvé; mais sans prétendre lui assigner
de classe; et j'avais ajouté, ce que je répète aujourd'hui,
que, quel qu'il soit, je saurai le combattre et le vaincre.
J'y mettrai bien plus de zèle encore, si je peux voir dans
ce léger travail un hommage à vous offrir.
Pour la petite Cécile, je crois bien inutile de vous en
parler. Vous n'avez pas oublié que c'est à votre demande
que je me suis chargé de cette enfant, et je n'attends que
votre congé pour m'en défaire. J'ai pu remarquer son
ingénuité et sa fraîcheur; j'ai pu même la croire un
moment attachante, parce que, plus ou moins, on se
complaît toujours un peu dans son ouvrage mais assuré- :
LETTRE CXXX
MADAME DE ROSEMONDE A LA PRÉSIDENTE DE TOLUVEL
LETTRE CXXXI
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
car que ferait-elle quand elle est seule ? elle n'a sûrement
pas le bon esprit de se distraire. J'aurais donc, si je vou-
lais, quelques petits reproches à vous faire; mais je les
passe sous silence, en compensation d'un peu d'humeur
que j'ai eu peut-être dans ma dernière lettre.
A présent, Vicomte, il ne me reste plus qu'à vous faire
une demande et elle est encore autant pour vous que pour
moi c'est de différer un moment que je désire peut-être
:
LETTRE CXXXII
LETTRE CXXXIII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
naturelle, devenue
insurmontable par l'habitude de
ne lui permet de dissimuler aucun des
s'y livrer, et qui
sentiments de son cœur. Or, vous en conviendrez, de
telles femmes sont rares; et je puis croire que sans celle-
ci, je n'en aurais peut-être jamais rencontré.
Il ne serait donc pas étonnant qu'elle me fixât plus
longtemps qu'une autre, et si le travail que je veux faire
sur elle, exige que je la rende heureuse, parfaitement heu-
reuse, pourquoi m'y refuscrais-je, surtout quand cela me
sert, au lieu de me contrarier? Mais de ce que l'esprit est
occupé, s'ensuit-il que le cœur soit esclave? non, sans
doute. Aussi le prix que je ne me défends pas de mettre
à cette aventure, ne m'empêchera pas d'en courir
d'autres, ou même de la sacrifier à de plus agréables.
Je suis tellement libre, que je n'ai seulement pas
négligé la petite Volanges, à laquelle pourtant je tiens si
peu. Sa mère la ramène à la ville dans trois jours; et moi,
depuis hier, j'ai su assurer mes communications quelque
:
je le désire.
Paris 3 ce 8 ncnembre 17**.
LETTRE CXXXIV
LA MARQUISE DE MERTEUII. AU VICOMTE DE VALMONT
lesanciens usages ?
procès est actuellement la seule chose qui me
Cjc
retienne ici. (x-lui de Belleroche est fini hors de C^ur, :
LETTRE CXXXV
LETTRE CXXXVI
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE CXXXVII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL
LETTRE CXXXVIII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CXXXIX
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL A MADAME DE ROSEMOXDE
LETTRE CXL
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CXLI
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
*
Ou château lit'..., ce j^ Tnnitn(Ti /
..*
LETTRE CXLII 323
LETTRE CXLII
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CXLIII
LETTRE CXLIV
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
^LETTRE CXLV
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
LETTRE CXLVI
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU CHEVALIER DANCENY
secret sur mon arrivée. Valmont même n'en sera pas ins-
truit.
Qui m'aurait dit, il y a quelque temps, que bientôt vous
auriez ma confiance exclusive, je ne l'aurais pas cru.
Mais la vôtre a entraîné la mienne. Je serais tentée de
croire que vous y avez mis de l'adresse, peut-être même
de la séduction. Cela serait bien mal au moins Au reste, !
LETTRE CXLVII
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
son respea.
Paris, ce 29 novembre jj**.
LETTRE CXLVIII
LE CHEVALIER DANCENY A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CXLIX
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CL
LE CHEVALIER DANCENY A LA MARQUISE DE MERTEUIL
âme, si une un
tristesse involontaire vient la troubler
moment; donc pas dans le sein de ton ami, que
ce ne sera
tu répandras ton bonheur ou ta peine ? tu auras donc un
sentiment qu'il ne partagera pas? tu le laisseras donc,
rêveur et solitaire, s'égarer loin de toi? Mon amie... ma
tendre amie! Mais c'est à toi qu'il appartient de pronon-
cer. J'ai voulu discuter seulement, et non pas te séduire ;
je ne t'ai dit que des raisons, j'ose croire que j'eusse été
plus fort par des prières. Je tâcherai donc, si tu persistes,
de ne pas m'affliger; je ferai mes efforts pour me dire ce
que tu m'aurais écrit; mais tiens, tu le dirais mieux que
moi; et j'aurai surtout plus de plaisir à l'entendre.
Adieu, ma charmante amie; l'heure approche enfin
où je pourrai te voir je te quitte bien vite, pour t'aller
:
LETTRE CLI
LE VICOMTE DE VALMONT A LA MARQUISE DE MERTEUIL
LETTRE CLII
LETTRE CLIII
Hé bien! la guerre.
LETTRE CLIV 345
LETTRE CLIV
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
* C'est parce qu'on n'a rien trouvé dans la suite de cette correspondance
qui pût résoudre ce doute, qu'on a pris le parti de supprimer la lettre de
M. de Valmont.
346 LES LIAISONS DANGBOUSES
LETTRE CLV
LE VICOMTE DE VALMONT AU CHEVALIER DANCENY
LETTRE CLVI
CÉCILE VOLANGES AU CHEVALIER DANCENY
(Jointe à la précédente.)
sent que je suis triste! plus triste que quand nous étions
séparés tout à fait. Le chagrin que j'éprouvais par les
autres, c'est à présent de vous qu'il me vient, et cela fait
bien plus de mal.
Depuis quelques jours, maman n'est jamais chez elle,
vous le savez bien; et j'espérais que vous essayeriez de
profiter de ce temps de liberté mais vous ne songez
:
LETTRE CLVII
LE CHEVALIER DANCENY AU VICOMTE DE VALMONT
plus sage que moi, elle fortifiera dans mon âme ces craintes
utiles, que je cherchais témérairement à étouffer dans la
sienne. Je lui devrai d'être meilleur, comme à vous d'être
plus heureux. O! mes amis, partagez ma reconnaissance.
L'idée de vous devoir mon bonheur en augmente le prix.
Adieu, mon cher Vicomte. L'excès de ma joie ne
m'empêche point de songer à vos peines, et d'y prendre
part. Que ne puis-je vous être utile Madame de Tourvel
!
LETTRE CLVIII
(A son réveil.)
LETTRE CLIX
LA MARQUISE DE MERTEUIL AU VICOMTE DE VALMONT
(Billet.)
LETTRE CLX
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CLXI
LA PRÉSIDENTE DE TOURVEL A...
LETTRE CLXII
LE CHEVALIER DANCENY AU VICOMTE DE VALMONT
Le chevalier Danceny.
LETTRE CLXIII
Madame,
LETTRE CLXIV
madame de ROSEMONDE a m. BERTRAND
LETTRE CLXV
en me livrant à la mienne.
Je vous quitte et vais passer chez ma fille, qui est un
peu indisposée. En apprenant de moi, ce matin, cette
mort si prompte de deux personnes de sa connaissance,
elle s'est trouvée mal, et je l'ai fait mettre au lit. J'espère
cependant que cette légère incommodité n'aura pas de
suite. A cet âge-là, on n'a pas encore l'habitude des cha-
grins, et leur impression en devient plus vive et plus
forte. Cette sensibilité si active est, sans doute, une qualité
louable; mais combien tout ce qu'on voit chaque jour nous
apprend à la craindre! Adieu, ma chère et digne amie.
Paris, ce 9 décembre jy**.
362 LES LIAISONS DANGEREUSES
LETTRE CLXVI
M. BERTRAND A MADAME DE ROSEMONDE
Madame,
LETTRE CLXVII
ANONYME A M. LE CHEVALIER DANCENY
Monsieur,
LETTRE CLXVIII
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CLXIX
le chevalier danceny a madame de rosemonde
Madame,
LETTRE CLXX
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CLXXI
MADAME DE ROSEMONDE AU CHEVALIER DANŒNY
avez tant aimé. Je n'ai donc pas besoin d'ajouter que les
égards que la fille ne mérite pas, sont au moms bien dus
à la mère, à cette femme respectable, vis-à-vis de gui
vous n'êtes pas sans avoir beaucoup à réparer car ennn, :
LETTRE CLXXII
MADAME DE ROSEMONDE A MADAME DE VOLANGES
LETTRE CLXXIII
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CLXXIV
LE CHEVALIER DANCENY A MADAME DE ROSEMONDE
LETTRE CLXXV
MADAME DE VOLANGES A MADAME DE ROSEMONDE
COLiTTE MIRBLAU
La Naissance du jour (2021 Le Uie en l e Journal d une femme de crumbre (Jû/i
herbe (218) La Fin de Chéri (390)
MISTML
GROS Mireille (texte provençal at tred de Mis
Le CoHret de Santal Le Collier de griffes trall (304)
(3?9'
MORAVU
OESCARTIS Nouvelles romaines (3891 Agostino (3811
Mi'dlations métaphysiques (328)
NODIER
DIDEROT contes (363l
Smarra Tniby et autres
Le Neveu de Rameau (143)
DICXENS
prmoNf
Satyricon (357)
David Copperfield 1 (310) 2 (311)
DOSTOÏEVSKI RONSARO
Les Amours (335)
Menti de la maison des morts (337)
1 Idiot 1 (396) 2 1399) SCAMON
DUMAS fils Le Roman comique (380)
GAUTIER
Voyage an espagna (387) Récits fantasti Voyage sentimental (372)
ques (383) TOCQunnia
COIMMI De le Démocratie en Aménqve I (363) 7
la Mente de la villégiature BanMilv è (3S4I
HOmMANN HUME
Contes fantastiques (330) 2 (358)
Enquête sur l'entendement humain (343)
1 -
3
(378)
HÔLOERUN KAFKA
Hymnes-Élégies (352) Le Procès (400)
GF GRAND-FORMAT
CHATEAUBRIAND 6UTH
Mémoires d Qutre-Tombe Préface de Ju- Histoire de la littérature française 12 vol )
GF — TEXTE INTÉGRAL — GF
10022-1983. — Marne, Tours.
N" d'cdiuon 9956. — 2' tiimestrc 1964. — Printcd in FnuKc.
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