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Le 24 Août 2000,

Alors que mon esprit revenait à lui, mon corps lui fit un bref rappel de tout ce qu’il
avait pris dans la face avant de tomber dans l’inconscience. La douleur lancinante qui me
donnait l’impression d’être tombé d’un griffon en plein vol posait problème quant à la
déduction des dégâts occasionnés à mon corps. Quelques côtes fêlées, une blessure assez
importante au genou et de nombreuses contusions et écorchures sur le reste du corps sans
oublier un choc à la tête proche de la commotion, sans en être une, vu que je ne semblais pas
présenter les signes. Après ceci, il fallait partir sur la deuxième chose à faire lorsque l’on se
réveille on ne sait où, chercher où l’on est justement.

Je me rappelais tout d’abord les derniers évènements : les bandits, la ruine elfique, la
magie corrompue, le monstre Teïderien et… le combat. Voilà, le monstre Teïderien qui se
nommait Sigismond Bonnenfant et moi avions combattu dès ma sortie des ruines alors qu’il
cherchait justement des « infidèles », le final du combat me revenait en mémoire. Ainsi,
j’avais perdu le combat… pas le temps de déprimer sur une défaite face à cette adversaire ne
montrant aucun signe de maîtrise, de finesse ou même d’une noble capacité combattive autre
qu’une charge digne d’un animal. Je supposais donc que vu que je ne me sens pas en feu, je
n’étais pas encore sur un bucher bien que ça ne tarderait sûrement pas au vu de l’odeur de la
pièce, l’odeur de la chair calcinée, des cendres, du sang et d’autres fluides étaient parfaitement
captées par mon nez.

Attaché contre le mur, je ne bénéficiais qu’une faible manœuvre de déplacement,


insuffisante pour le moment pour tenter quoique ce soit permettant une forme d’évasion. Les
possibilités étaient bien trop infimes et il me fallait encore évaluer comment arriver jusqu’à la
sortie sans être repérer… pour cela, il me fallait évaluer l’environnement à travers le parcours
des personnes s’y trouvant. Avec la possibilité d’un changement dans les rondes, il fallait
compter plusieurs jours d’analyses des sons afin de pouvoir faire une sorte de plan mental des
lieux sans compter qu’il faudrait trouver un moyen de se débarrasser des menottes et de
quitter la pièce… Pour le moment, je ne pouvais alors qu’attendre et écouter les pleurs, les
cris et autres sons des prisonniers, sentir les odeurs de cendre et de chair humaine
nouvellement créées par un jeune bucher et remarquer la légère sécheresse de ma gorge.

Le temps passa et je finis par me lasser d’écouter les bruits de pleurs, de cris et autres
personnes ayant des conversations délirantes avec ce qui semblait être, eux-mêmes et ainsi
lorsque ce manque d’intérêt apparut, je finis par me trouver une autre activité afin de combler
le temps. En effet, il s’agissait simplement de combler le temps en attendant que mon
tortionnaire arrive afin d’effectuer son travail qui serait sûrement reproduit à l’avenir à
plusieurs reprises afin d’obtenir ce qu’il veut : que je craque. Alors que je me lançais dans
mon activité occupante qui consistait en de la méditation pure et dure dans une position
presque parfaite étant donné que je pouvais au moins me tenir jambes croisées. Mon esprit
vaquait à ses occupations et à l’objectif de la séance prochaine, la torture n’avait généralement
comme but qu’atteindre un degré d’information voulue et était appliquée jusqu’à l’obtention
de ce degré. Il ne fallait pas se faire d’illusion, tout le monde finissait par craquer et la
question n’était pas de savoir ce qu’ils finissaient par laisser sortir, mais plutôt quand est-ce
qu’ils finissaient par le dire.

Dans mon cas, la torture était un hobby qui m’avait fort occupé pendant mes années de
mercenariat… oh non, loin de moi l’idée de torturer qui que ce soit… mais généralement
quand on me capturait, on ne m’offrait pas le thé. Ainsi, loin d’avoir de l’expérience en tant
que tortionnaire, j’en avais en tant que torturé et comme tout autre humain, j’avais fini par
craquer et la question à ces moments n’avaient pas été le temps étonnant. Tout homme
pouvait être capturé dans une bataille, ainsi la question des informations des capturés prenait
de l’importance et il fallait établir un schéma viable. Dans cette optique, une temporalité était
établie afin que le camp soit hors de danger lorsque l’information était offerte aux
tortionnaires tout en appliquant une période précise afin que lors de l’arrivée des troupes
ennemies à la position, les éclaireurs soient présents afin de retrouver le camp ennemi. Un
assaut faisant des dégâts et vous permettant d’être libre en échange de quelques semaines ou
mois de torture, ça valait le coup, non ?

Il était bon de se rappeler le bon vieux temps, mais l’arrivée du colosse fanatique troublait
cette nostalgie du temps d’avant et ma méditation par la même occasion tandis que ce dernier
commença à m’adresser la parole toujours en usant de mots doux tel que « infidèle ».
Étonnamment, malgré le contexte différent, ce terme m’avait déjà été attribué par la gente
féminine à une époque où j’étais plus sot. L’homme me fit part du fait qu’il allait passer un
certain temps avec moi, énonçant donc par la même occasion que j’éviterai sûrement le
bucher pendant un temps. Par la suite, il se décida à commencer par un coup de poing à
l’estomac, le travail abdominal journalier permettait d’encaisser de gros coups, mais les côtes
fêlées rendaient la tache suffisament compliquée pour me faire grimacer. L’interrogatoire
commença par la suite et je me permis de répondre aux questions du Teïderien :

« Ne voyez-vous pas que je ne suis qu’un simple vieil homme ? Aveugle de surcroît ? D’après
vous, que pouvez faire un aveugle dans un territoire aussi… pieu ? »

Je recherchais la gloire du Père de la Souffrance ? Hum… j’hésitais entre cette excuse qui
ferait bon effet à l’homme ou simplement lui expliquer que je m’étais perdu… je garderai la
seconde excuse pour la prochaine fois où il me posera la question. Prochaine fois il y aura,
suivante il y aura et cela jusqu’à mon arrivée sur le bûcher ou mon évasion.

La carte du vieil homme aveugle ne semblait pas marché face au fanatique… il était vrai
qu’après qu’on m’ait vu combattre, peu de personnes avaient encore de la pitié pour mon état
et pouvaient alors se montrer bienveillant à souhait. Une bienveillance naturellement
inexistante chez les Teïderiens, alors un inquisiteur m’ayant vu combattre n’aura sûrement
aucun scrupule face à ma personne. Ce dernier énonça les faits d’une manière très réaliste
malgré le côté divin de certaines de ses phrases tout en mettant un certain point à montrer le
ridicule de la situation que je lui avais présenter. Honnêtement, je savais que ça finirait d’une
manière ou d’une autre par une bonne vieille séance de torture, alors pourquoi est-ce que je
chercherai à me montrer raisonnable avec lui ?

« Etrangement bien ? Je suis un vieil homme aveugle qui se balade seul, savoir se battre est
plus qu’une nécessité pour survivre… je regrette sincèrement, mais sincèrement de vous avoir
agresser, Saint Inquisiteur. Mais vous ne comprenez pas le côté terrifiant de ne voire
aucunement ce qui vous entoure et ce qui est si naturel pour autrui, j’ai paniqué et décidais de
combattre afin de protéger ma vie sans réfléchir. »

« Sans vouloir vous offenser, avez-vous mon état ? Pensez-vous que la mort puisse être une
situation dérangeante alors qu’elle sonne presque tous les jours à ma porte afin de vérifier
mon pouls ? Au vu de mon état, je suis déjà plus mort que vivant à dire vrai. »

Lorsqu’il précisa qu’il allait commencer le spectacle, j’hésitais entre lui demander
sérieusement s’il savait torturer… sans mettre le feu à la personne ou juste le provoquer en
disant d’éviter d’être trop dans les classiques. Au final, le rôle du petit vieux était ma solution
de départ et je voulais continuer à l’utiliser, toute façon la torture durerait un certain temps et
je comptais bien lui faire perdre son temps tout en essayant de m’en sortir.

Ainsi, je me mettais à faire semblant de sangloter, suffisamment convainquant avec les larmes
qui coulent et je me mis à crier à l’aide et à supplier pour ma vie en disant que je lui dirais
tout ce qu’il veut. Ma situation était tellement embrouillée entre mes paroles sur ma presque
mort et cette effusion de larmes et de cris alors qu’il allait me torturer.

Au final, les sanglots n’avoir aucun intérêt dans la situation et je finis donc par me taire, la
comédie elle-même ne semblait pas fonctionner avec cet individu. En tout cas, qu’il y croit ou
non, il n’en avait clairement rien à fiche, ni plaisir, ni déplaisir était percevable dans la
situation présente tandis que la fête allait commencer. Personne n’avait envie d’être torturé en
ce bas monde, même moi qui avait déjà subi ceci assez souvent pour être plus qu’un
néophyte, je n’appréciais guère d’être utilisé comme cadavre à disséquer ou punching-ball.

Toutefois la situation était différente cette fois-ci, l’homme de Teïder, ces gens qui avaient
tendance à brutalement mettre le feu aux gens montra un aspect inattendu loin des méthodes
de torture traditionnelle. Les poisons étaient une chose bien plus dangereuse que n’importe
quelle lame… certes une lame pouvait tuer instantanément en la dégainant simplement…
Mais un poison pouvait tuer simplement en étant inhalé par moment, ainsi même une armure
était inutile.

« Eh bien… du poison. Je ne m’attendais pas à tant de lâcheté chez un Teïderien… avoir si
peur d’infliger soi-même une quelconque forme de coup que l’on préfère s’en remettre
lâchement à des préparations… Ou… est-ce bien que le fait d’avoir recourt à ceci vous permet
de mieux dormir ? Des remords… De la culpabilité… face à un « infidèle » ? Est-ce toléré par
votre dieu d’avoir une foi si pitoyable ? »

En réalité, je n’étais pas véritablement confiant face aux poisons et un accès de rage violente
de la part de l’individu ne serait alors pas pour me déplaire afin de stimuler ce dernier a la
violence physique. Bien que simplement me stimuler moi-même afin d’être plus présent me
suffirait amplement face à ce qui m’attendrait, surtout qu’avec le statut de certains de mes
organes, les liquides pourraient avoir des effets bien plus ravageur. L’homme quant à lui,
s’occupa de m’infliger de blessures avec des lames sûrement couverte des fameux poisons…
deux lames… deux poisons… Quels effets pouvaient-elles posséder ? Je ne tarderai pas à le
savoir, mais il fallait que je l’endure tant qu’aucune porte de sortie m’était présentée.

« Une conception de l’honneur, hein… User de pareils mots pour ensuite vous cachez derrière
le fait d’être là pour respecter la volonté divine, que c’est pathétique, je trouve… Faire valoir
vos actes en prétextant le faire pour une entité supérieure qui ne possède une existence
quasiment inexistante. C’est votre « Père de la Souffrance » en personne qui vous a dit de
faire cela ou c’est quelqu’un qui vous avez dit que c’est ce qu’il voulait ? Ne vous sentez vous
pas un peu utilisé ? »

Loin de mes précédentes actions qui avaient pour but clair d’agir sur les comportements de
l’homme en face sans lui permettre de remarquer des attitudes négligentes face à l’inconnu
des poisons, cette fois-ci mes paroles étaient un peu plus naturelles. En effet, bien que je
n’eusse aucune opposition face aux gens qui pratiquaient une quelconque religion, entendre
un individu stipulait que ces actes étaient faits dans l’intérêt d’une volonté divine m’agaçait.
Peu de religion avaient une entité divine présente en tout temps, ainsi généralement leurs actes
étaient dirigés par des personnes se disant être le messager divin. Loin de se limiter à
l’existence de personnes agissant pour d’autres aveuglément et étant généralement abusés par
ses derniers, le problème réel était tout autre. Le simple fait d’user de cette religion et de cette
volonté supérieure pour justifier ses actes et agir sans véritablement agir pour soi-même, mais
plus car on ne sait jamais si c’est ce qu’il veut, je fais ce que veux mon Divin…. Ça
m’agaçait.

Je suis un assassin, pour certains c’est la même chose qu’un meurtrier et je ne suis rien de plus
qu’un monstre qui tue pour de l’argent avec sang-froid et d’une certaine manière un
professionnalisme méprisable. Je ne peux nier la vérité derrière ceci et même malgré mon
code qui consiste à n’agir aucunement contre les enfants, mais au moins je ne me cache pas
derrière une quelconque entité divine. Mes actes seraient-ils mieux s’il s’agissait de la volonté
d’une entité divine et supérieur ? Je ne pense pas, alors pourquoi faire valoir ce « droit
divin »… Sans compter qu’un monstre n’en reste pas moins un monstre, l’individu en face de
moi a beau prétexter être sous les ordres du divin, il n’en reste pas moins un monstre même
s’il nous catégorise comme des infidèles.
En tout cas toutes mes belles pensées furent interrompues lorsque la chaleur légèrement
brulante commença à envahir mon corps, je pouvais la sentir parcourait chacune de mes
veines qui composaient mon corps. Pour un début… ça allait en fait, j’avais déjà connu pire
comme situation, mais je supposais que le poison commencerait à s’étendre dans la douleur
sur le temps et qu’il ne s’agissait alors que d’un avant-goût. Toutefois je me permis alors de
répondre :

« Si vous pensez que c’est avec vos chatouilles que vous allez obtenir des informations, vous
pouvez abandonner. Quant à mon identité, je suis simplement l’homme qui finira par vous
torturer à son tour, juste pour vous rendez la pareil, sans aucune rancune, bien sûr. »

« Toutefois, je pourrais être plus enclin à vous révéler mon identité si vous usiez de formules
de politesses. Pieu et impoli, c’est un mauvais combo. »

« Bon bon, vous avez l’air si sûr de vous, je ne vais pas continuer… En échange, répondez à
cette question de curiosité d’un homme qui finira par mourir : Qu’est-ce qui fait de moi un
infidèle incapable de suivre le Père de la Souffrance ? »

Honnêtement, je ne connaissais pas plus que ça la religion des Teïderiens, mais avec leur
tendance à brûler tout ce qui n’était pas Teïderien, je pouvais supposer qu’il y avait une
question de naissance. D’une certaine manière, ça me permettrait dans apprendre plus sur un
sujet qui ne m’intéressait pas vraiment, étant loin d’avoir un quelconque intérêt pour
n’importe laquelle des religions. Après tout, la Divinité Duchéenne n’était autre que l’argent,
une divinité que je possédais, mais dont mon intérêt pour elle était assez limité tant que j’avais
suffisamment pour manger et boire.

« Une cause plus grande que moi ? Pourquoi dont je serai dans cette situation ? Suis-je un
héros ? Non. Je ne suis qu’un homme, tout comme toi, ainsi je vis simplement en homme et
me contente de continuer à vivre chaque jour en faisant ce qu’il m’est nécessaire pour
survivre à mes divers besoins. Vivre, n’est-ce pas là déjà la plus grande des causes au
monde ? Pourquoi ressentirais-je un vide dans ce cas-ci ? S’il te faut plus que cela, c’est que
tu es peut-être bien trop avide, à vouloir plus que la vie. »

Je n’avais pas véritablement suivi tout ce qui c’était passé entre le réveil un peu endolori, le
genou qui me faisait tout de même encore mal, la perturbation d’un endroit inconnu et tout le
reste. Pourtant, j’avais bien l’impression que la séance de torture se faisait sur fond de débat
moral et existentiel… était-ce moi l’instigateur de cela ou lui ? Si ça me permettait de vivre un
peu plus long avant le bûcher, c’était supportable… Toutefois, je doutais que l’hérétique et le
fanatique puisse s’entendre… même sur leur alcool préféré.
« Le dire si fièrement, Teïder est véritablement unique quant à sa création d’individu aux
mœurs bien étrange… Toutefois, comme tu as aimé me le dire précédemment… La torture
possède différentes formes. »
Alors, le taper et le trancher petit à petit ne servirait à rien… si je voulais égaliser les deux
côtés il faudrait que je trouve autre chose que cela comme façon de torture… Bon, il faudra
que je trouve une idée à un autre moment, mais déjà il fallait que je me concentre sur une
manière d’échapper aux flammes avant d’y être présenté…

« Alors, tout d’abord, je précise que j’ai dit : « je serai plus enclin », ça signifie qu’il y avait
plus de chances, pas que c’était sûr que je vous le dirais. Toutefois, vous avez fait un effort et
j’en ferai un. »

Je pris une respiration tandis que la douleur brûlante était toujours présente, mais aussi
toujours supportable… Comme quoi à force de servir soi-même de punching-ball lors de
capture pendant des années de mercenariat ou même lors de certaines missions d’assassinats
ratées… Le corps finit par pouvoir résister à plus de choses. Remarque, c’était peut-être aussi
dû à mon âge, mon corps était peut-être bien moins réceptif à quoique ce soit… je n’espérais
pas que cela englobe toutes les sensations existantes.

« Je me nomme Saeren Daryus, je suis simplement un vieil homme désormais. Mes
compétences de combats viennent d’un autre temps, après tout je suis assez vieux pour avoir
fait de nombreuses choses par le passé. Je me suis retrouvé en Teïder, par erreur. Un
marchand qui m’indique mal la route, qu’il m’arrête au mauvais endroit et tout mes repères en
prennent suffisamment un coup pour que je me trompe… »

Loin de tout mensonge, ces paroles respiraient une certaine vérité allié à de grandes capacités
de comédien, je dirais… Après tout, cette identité m’appartenait réellement et je l’avais utilisé
à de nombreuses reprises… j’évitais de faire des choses telles que des paries, etc. avec mon
véritable nom. Quand on refuse de payer le vieux qui a gagné, car il est vieux et qu’il vous bat
avant de récupérer son argent… c’est bien que le vieux ne se nomme pas Gareel Krenliwën. E
tout cas, j’étais très sérieux en disant mon petit speech et j’essayais de paraître le plus sincère
possible…Je n’allais tout de même pas lui dire qu’en plus d’être un infidèle... j’étais un
assassin… Bien que peu de chances qu’il fasse le rapport entre Gareel Krenliwën et le peu de
gens me nommant « Sans-yeux » dans les terres de Teïder, surtout que je n’étais pas connu
pour tuer des gens pour le Père de la Souffrance.

« Critères de sélection intéressants, je vous l’accorde. »


J’aurais pu débattre plus longtemps en abordant le fait qu’il était le juge des personnes qui
pouvaient prier son dieu, que c’était juste un prétexte raciste ou autre chose, mais la
conversation fermée accompagnée d’une séance de torture était une double torture en soi.
Ainsi, après plus minutes à discuter avec lui, j’avais fini par m’ennuyer et bien que l’un des
problèmes lorsque l’on est torturé est que l’on finit par vite n’avoir plus aucune discussion
sociale autre que la prise d’information… je préfère encore être privé d’interactions sociales,
l’homme en face était un bon exemple d’endoctrinement.
« Je ne vois pas en quoi mes paroles font de moi un être cynique ou nihiliste. Toutefois,
l’hédonisme et son étrange rapport à la chair me convient parfaitement, une femme n’est
jamais de trop. »
Je ne l’avais caché et je ne le cacherai sûrement jamais, j’aime les femmes. En effet, depuis
mon adolescence, j’avais aimé les plaisirs de la chair et avais usé de mes différents charmes
pour m’attirer les bonnes faveurs de la gente féminine. Les années passèrent et j’étais toujours
resté un homme aimant butiner de nombreuses fleurs sans se poser, bien que je fusse un peu
surpris de n’avoir jamais eu de problèmes. En effet, parcourir le monde et partager son lit à de
nombreuses reprises, au final je n’avais jamais revu ces femmes par la suite et ne m’étais
jamais posé de questions sur elle jusqu’à maintenant.
« Ces paroles sont idiotes, qu’en cet instant. Quant à la souffrance, vous prendre quelques
coups vous a forgé ? Laissez-moi rire, la véritable souffrance est autre. Quant à mes plaisirs,
se priver n’est pas une preuve, mais plutôt de stupidité. »
En effet, l’homme en face parlait de peine et de douleur, cet homme qui aimait parler de la
souffrance qu’il s’infligeait… En quoi se mettre quelques coups de je-ne-sais-quoi sur le
corps faisait de vous une personne plus forte de volonté ? Résister, combattre, se protéger,
perdre des êtres chers, frôler les portes de la mort, combattre, résister, etc… ça, c’est ça qui
forge véritablement et cela n’a rien à avoir avec le fait de s’accorder des plaisirs. Manger des
bons mets n’effacera pas le fait de voir toute votre famille se faire massacrer, boire du vin ne
taira pas la rage d’avoir vu vos enfants brûlés dans un incendie, etc… Les bons plaisirs ne
sont pas suffisants pour atténuer les véritables choses qui forgent véritablement la volonté
d’un homme. Pour ma part, je n’avais pas de véritable famille, mais j’avais perdu de
nombreux camarades à de nombreuses reprises, je vivais et eux non ainsi il était de mon
devoir de survivre, car ils n’existaient plus que dans ma mémoire.
« Allons, vous m’avez vu combattre, suis-je si faible pour un petit monstre Teïderien ? Certes,
je suis âgé, mais pas rouillé. »
Le fait qu’il puisse croire mon petit discours me plaisait, mais le fait qu’il tique sur cela
m’agaça, comment pouvait-il croire qu’une simple bête puisse avoir raison de moi ? Il m’avait
combattu, et malgré ma situation corporelle pitoyable je pensais avoir réussi à combattre assez
bien… Est-ce que ma perception de moi-même était altéré et que ce dernier n’avait pas eu
autant de mal à me vaincre que cela ? Est-ce que mon corps était dans un état bien pire que je
le pensais ?
« Ah ! Cette torture-là, je connais ! Si vous comptez me brûler par la suite, ça donnera une
bonne odeur de porc séchée, de quoi mettre en appétit, n’est-ce pas ? »
Il était vrai que je la connaissais et je comptais bien y résister, même si pour contenir la
douleur, il me fallut me mordre la lèvre à sang, sang que je bus afin d’éviter qu’il puisse être
visible par le tortionnaire. Cela lui ferait trop plaisir sinon.

Je répondis aux diverses réponses de mon interlocuteur avec le même comportement


précédent et bien entendu, je passais mon temps à être dans l’opposé des réponses de
Sigismond, je ne pouvais aucunement être d’accord sur autre chose qu’un des deux finira
mort. L’homme que j’étais se refusait tout de même à être celui qui aurait le corps froid au
final et passa la semaine a enduré les divers poisons tout en refusant de s’alimenter ou en
s’alimentant très peu afin d’assouvir son plan. Une semaine fut suffisante pour que je puisse
établir une forme de plan de l’établissement magnifique dans lequel je me trouvais, ainsi après
une semaine a enduré les poisons, j’estimais que pour mon vieux corps, c’était le dernier jour
possible. Avec le léger amaigrissement et un déboitement des pouces, il fut plutôt facile de se
débarrasser de mes chaines afin d’enclencher l’évasion.

Toutefois, les poisons de Sigismond n’étaient pas les plus légers et entre mon sens du goût
complètement foiré, mon corps qui me brûlait et toutes autres douleurs perturbant ma
concentration ainsi que ma motricité, il était difficile de tenir debout. J’essayais donc
d’avancer comme je pouvais en m’appuyant contre les murs et je me dirigeais vers la sortie.
J’étais bien sûr au courant que je ne pourrais pas le combattre aujourd’hui et je me devais
donc de retenir ma vengeance pour une prochaine fois. Toutefois, je me permis de faire un
détour en cherchant l’armurerie, ironiquement mon désir de survie et mon désir de récupérer
ma lame s’étaient combattu et j’avais plus envie de récupérer ce sabre si important à mes
yeux.

Mon odorat encore assez fonctionnel me permit de retrouver les armes et je me permis alors
difficilement de me rééquiper avant de continuer mon chemin en faisant attention à bien éviter
les gardes. Même un simple garde serait un combat dès plus compliqué avec mon corps autant
en vrac et avec mon alimentation légère, j’étais pas dans un état favorable à la récupération
non plus.

Alors que je sortais de l’armurerie où j’avais pu récupérer mes affaires ainsi qu’une petite
surprise qui me serait sûrement utile à l’avenir, je sentis quelque chose qui fit bouillir mon
sang à un point inimaginable. En effet, une odeur particulière titilla mes narines après
quelques temps passé à peu près à marcher, celle que j’avais senti pendant plusieurs jours ces
derniers temps et qui correspondait à mon tortionnaire : l’odeur de l’Inquisiteur Sigismond
Bonnenfant, une odeur assez particulière et que je pouvais parfaitement identifier que ce soit
par les odeurs néfastes qui s’entremêlaient ou simplement par les sentiments provoqués à la
perception.

Je n’avais pas beaucoup de force, à vrai dire, tenir debout s’avérait déjà être un combat contre
moi-même afin de réussir à sortir de ce lieu infâme sans mourir comme un idiot dans un
bûcher ou dans une cellule. Toutefois, simplement le fait de percevoir cet individu fit naître
une certaine rage en moi, au final j’étais plutôt du genre mauvais perdant à ce que je pouvais
remarquer, tout ceci me fit comme l’effet d’une potion… loin d’être une potion de
récupération, on pourrait limite appeler ceci la potion de la dernière chance… ah ah.

De son côté, ce dernier semblait me parler, mais j’étais bien trop occupé à me concentrer sur
les autres sons afin de percevoir le plus de choses… le temps passé en cellule et ma technique
de fuite avait causé beaucoup de mal à mon corps, mais pas seulement ainsi je ne pouvais pas
être aussi performant qu’à mon habitude dans la perception. Avec toute l’énergie récupéré par
cette profonde haine et cette rage de vaincre l’ennemi en face de moi, en faisant fit des
douleurs qui parcouraient mon corps et en essayant d’avoir un souffle correct, je fonçais sur
lui.

Toutefois, je n’étais pas assez mal-en-point pour ne percevoir aucunement les autres individus
qui se trouvaient plus proche de moi que ma cible, mais fort heureusement ma petite surprise
que j’avais récupéré dans l’armurerie était prête. Il s’agissait d’une sorte de grenade, je
pensais que l’explosion s’occuperait d’eux, mais il s’avéra qu’il s’agissait d’une grenade…
aveuglante et donc ces derniers étaient toujours en forme physiquement bien que distrait. Je
n’avais aucunement la force de trancher ces trois individus, malgré la rage qui faisait bouillir
mon corps, si je levais mon sabre, je ne pourrais que le faire une fois. Ainsi, je passais de
manière à n’être aucunement attrapé par les aveugles du moment afin de me rapprocher de ma
cible et je me préparais alors à le trancher en m’appuyant sur mes jambes et en dégainant la
lame du fourreau. Un claquement se fit entendre et ma jambe gauche qui se trouvait en avant
lâcha sous mon poids me faisant perdre l’équilibre tandis que ma lame ne fit qu’infliger une
taillade sur le masque de l’Inquisiteur tandis que mon corps frappa le sol, à quatre pattes… je
ne pouvais désormais plus bouger.

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