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Electricité statique

1. Introduction
Dès l'Antiquité, on avait observé la foudre et l'attraction de brins de charpie par l'ambre frotté.
Au Moyen Âge, on interprétait comme un bon présage ces étranges flammes apparaissant à la
pointe des mâts (feu de Saint-Elme) et lorsque le feu jaillissait de la pointe d'une lance, on y
voyait les signes de la victoire proche.
Les Grecs nommaient l'ambre "elektron " et Thalès de Milet, six siècles avant notre ère, a
donné la première description de ces phénomènes. L’ambre est de la résine fossile qui,
lorsqu’on la frotte, attire de petits objets.
L'électricité a eu un développement particulier dans l'histoire des sciences car si le premier
travail systématique date de 1600, ses bases ont été établies au XVIIIe siècle, par des
expériences qui se déroulèrent autant dans les laboratoires que sur les places publiques et
dans les salons des riches. Ce n’est finalement qu’au XIXe siècle que l’électricité a été
maîtrisée.
L'intérêt de cette histoire réside dans le fait que l'électricité ne se "voit pas" et qu'elle a
échappé longtemps à toute explication. En particulier, il faut rappeler que les premiers
modèles de la structure de l'atome datent du début du XXe siècle, ainsi l'interprétation
microscopique est absente précédemment.

2. Quelques étapes historiques importantes

1600 Gilbert, médecin de la reine


Elisabeth d’Angleterre, établit
une liste des substances se
comportant comme l'ambre et
les nomme "électriques".
1660 Von Guericke construit la
première machine
électrostatique (boule de soufre
que l'on faisait tourner et sur
laquelle on posait la main pour
produire un frottement).
1730 Gray découvre la conduction et
établit une liste de
"conducteurs" et "d'isolants". Il
constate également que les
charges se trouvent à la surface
des conducteurs.
La machine électrique de Ramsden produit toujours par
frottement l'électricité : la boule de soufre est remplacée
par un disque de verre frotté par quatre coussins

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1733 Dufay découvre qu'il existe deux sortes d'électricité qu'il nomme "vitreuse" et
"résineuse". La liste de Gilbert est partagée en deux : les électriques se comportant
comme le verre (vitreuse) et ceux se comportant comme l'ambre (résineuse).
1745 Presque simultanément, Kleist en Pologne et Van Musschenbroeck en Hollande avec
son élève Cuneus essaient de stocker du "fluide" électrique dans une bouteille remplie
d'eau et tenue dans la main. Ils découvrent la possibilité d'accumuler des charges
électriques (premier condensateur) et le rôle joué par la main qui tient la "bouteille de
Leyde" (du nom de la ville en Hollande). A Paris, l'abbé Nollet fait des démonstrations
avec la fameuse bouteille : une compagnie des Gardes du roi mise en contact avec celle-
ci saute en l'air comme un seul homme.

La bouteille de Leyde
s'est transformée rapidement :
on a remplacé l'eau par des feuilles
d'or et l’on a collé sur la face
extérieure une couche d'étain

1746 A partir de cette date, première fois qu'il entend parler du développement de
l'électricité en Europe, Benjamin Franklin achète le matériel de Spence (matériel de
foire !) et, en quelques années, il élabore ses propres théories sur l'électricité. Il ne se
fiait pas à la théorie des deux fluides (électricités vitreuse et résineuse) mais propose
sa théorie basée sur un excès et une déficience de fluide électrique qu'il appelle
électricité positive (excès) et négative (déficience).
1752 Par son expérience du cerf-volant, Franklin prouve que la foudre est de nature
électrique et son étude de l'effet de pointe conduit à l'installation du premier
paratonnerre à Philadelphie en 1760. Un physicien de Petersburg meurt foudroyé
alors qu’il répète l'expérience !
1771 Saussure vérifie à Genève « l’efficacité » du paratonnerre placé sur le toit de sa
maison et a beaucoup de mal à le faire accepté par ses voisins. Il finit par en placer
sur des bâtiments publiques de la ville.
1785 Coulomb formule en termes précis
l'attraction et la répulsion de petites
sphères chargées d'électricité :
c'est la « loi » de Coulomb.

Pour mesurer les forces électriques entre


deux charges q1 et q2 on utilise la
déviation d'une tige fixée à un fil.
A l'extrémité de la tige mobile on fixe
une sphère chargée l'autre étant
suspendue à une tige fixe.

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3. Electricité statique et interprétation microscopique

Remarque préliminaire
L'électron, découvert par Thomson en 1897, est la seule "particule" de notre modèle de
l'atome pouvant se déplacer dans un solide. En effet, les atomes ayant une position
déterminée, seuls quelques électrons externes peuvent, sous certaines conditions, se déplacer.

Electrisation par frottement


Au départ la matière est neutre (nombre de protons = nombre d'électrons) et, par frottement,
on déplace quelques électrons d'un objet à l'autre.

a) Bâton de plastique (même comportement que l'ambre) frotté sur de la fourrure.

Par frottement, des


électrons passent de
la fourrure sur le
plastique.

b) Bâton de plexiglas (même comportement que le verre) frotté sur du drap.

Par frottement, des


électrons passent du
plexiglas sur le drap.

Conclusion :

Par frottement, on ne crée pas de charges, on les déplace (transfert d'électrons). On retrouve
l'idée de Franklin : excès et déficience de "fluide électrique". Un excès d'électrons est une
électricité négative, le choix de l'électricité positive et négative ayant été fait bien avant la
découverte des l'électrons.

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4. Attraction et répulsion électrique

Entre deux bâtons de plastique


préalablement frottés sur une fourrure, on
constate une répulsion. (Répulsion entre
charges de même signe)

Entre deux bâtons de plexiglas


préalablement frottés sur un drap, on
constate une répulsion. (Répulsion entre
charges de même signe)

Entre deux bâtons, l'un de plastique et


l'autre de plexiglas, préalablement frottés on
constate une attraction. (Attraction entre
charges de signe contraire)

Conclusion :
Avec une seule « sorte » d’électricité, cette expérience ne pourrait pas s’expliquer (répulsion
et attraction). Ce n’est que grâce à nos connaissances sur les atomes que nous savons que les
deux « sortes » d’électricité sont dues à un déficit d’électrons pour la charge positive et à un
excès d’électrons pour la charge négative.

5. Electrisation par contact

Lorsqu'on approche un bâton chargé


d'une petite sphère neutre, on
constate d'abord une attraction puis,
après contact, une répulsion intense.

Conclusion :
Au moment du contact une charge
négative est transférée du bâton à la
boule : c'est l'électrisation par
contact.

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6. Phénomène d'influence
On approche un bâton chargé négativement de
l'électroscope (neutre). A cause de la répulsion des
charges de même signe, les électrons de la tige,
descendent dans les feuilles sans qu'il y ait transfert
de charge. Les feuilles de l'électroscope s'écartent,
mais reprennent leur position verticale dès qu'on
éloigne le bâton.
Remarque : la tige et les feuilles sont métalliques
(conductrices) alors qu’un matériau isolant
empêche le passage des électrons de la tige vers la
« bouteille ».
Le bâton influence à distance la répartition des
charges dans l'électroscope.

7. Attraction d'un objet


d1
Les électrons en surplus du bâton repoussent les électrons d2
de la sphère et l'attraction électrique entre les charges de
-
signe opposé l'emporte sur la répulsion entre les charges - + -
de même signe. En effet, la force électrique décroît avec - + -
- + -
la distance, et d1 (distance entre charges de même signe) - + -
est plus grande que d2 (distance entre charges de signe -
contraire).
On appelle ce phénomène la « polarisation ».

8. Répartition des charges et effet de pointe


On ne récupère aucune charge à l'intérieur
d'une sphère creuse préalablement chargée, en
revanche on en trouve sur la surface extérieure.

Dans un conducteur, les charges se trouvent à


la surface. La répulsion entre les charges de
même signe les conduisent à se placer le plus
loin possible les unes des autres : sur la surface
extérieure.

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Pour accumuler des charges, les Illustrations de l'effet de pointe :
objets doivent être de forme
arrondie. a) Un tourniquet métallique se met en rotation
lorsqu'il est placé sur une sphère chargée.
- -
- Les forces de -
répulsion entre les électrons
- sont parallèles à la surface, les -
charges peuvent s'accumuler
- -
- -

Que se passe-t-il si le conducteur


comporte des pointes ?

- b) La flamme d'une bougie est déviée


Expulsion par une pointe chargée d'électricité.
de l'électron
de la pointe
vers l'air -

- -

- -

Les forces de répulsion entre les


électrons conduisent à l'expulsion
de ceux-ci par les pointes
C'est l'effet de pointe.

Une explication détaillée des expériences qui précèdent fait appel à l'ionisation de l'air par les
charges qui s'échappent des pointes. C'est ensuite la répulsion entre les ions et les pointes
(charges de même signe) qui produit la rotation du tourniquet et la déviation de la flamme.

9. Cage de Faraday
L'attraction du bâton sur la petite
sphère disparaît si on enferme la
boule dans une cage métallique:
c'est la cage Faraday

Les charges se déplacent sur la cage par influence et compensent exactement l'effet du bâton
sur la petite sphère.
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10. Interaction électrique et loi de Coulomb
Comme nous l’avons vu, c’est Coulomb qui a compris en 1785 comment calculer les forces
dans une interaction électrique entre deux sphères chargées d’électricité et placées à une
distance d, l’une de l’autre. La sphère 1 porte une charge q1 et la sphère 2 porte une charge q2.

→ →
q1 F
2 sur 1
F
1 sur 2
q
2
+ -
d

|q1| . |q2|
F1 sur 2 = F2 sur 1 = k .
d2

Nous savons également que les forces sont attractives si les charges sont de signe opposé et
répulsives si elles sont de même signe.

11. Unité de charge électrique


L'unité naturelle de charge est la charge élémentaire de l’électron « - e ». Son opposé « +e »
est celle du proton.
Il faut rappeler que le choix des signes est arbitraire et qu’il découle des signes choisis par
Franklin pour un surplus et un déficit de fluide électrique. Lors de la découverte de l’électron
et du proton, on a simplement identifié le signe de chaque particule.
La charge élémentaire est très petite et, dans les unités du système SI, on a défini une unité de
18
charge « le coulomb » : 1 [C] = 6,24 . 10 [e]
On trouve dans les Tables CRM, la charge élémentaire exprimée en Coulomb :
-19
1 [e] = 1,602 . 10 [C]
La valeur de la constante k dans les unités SI est :

k = 8,99 . 109 [N. m2/C2] (dans le vide)


Remarque :

En électricité statique, les charges accumulées sur de petites sphères ne peuvent, en général,
pas dépasser quelques [µC]. La charge maximale d’une sphère est atteinte quand une sphère
négative (surplus d’électrons) expulse dans l’air les électrons que l’on voudrait lui ajouter
alors qu’une sphère positive (déficit d’électrons) reprend dans l’air ceux que l’on pourrait
encore lui enlever.

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12. le champ électrique
Comment un corps chargé peut-il agir, à travers le vide, pour influencer autre corps ?
Aujourd’hui, la formulation théorique la plus courante est basée sur la notion de champ
introduite pour visualiser la distribution de forces dans l’espace entourant un objet matériel.
Un champ de force existe dans une région de l’espace si un objet approprié, placé en tout
point de cette région subit une force.
La force subie par une charge d’essai positive en tout point de l’espace est dirigée selon la
tangente à la ligne de force en ce point. Plus les lignes sont concentrées plus le champ de
force est intense.

q+ q-

Champs de force vectoriel entourant une charge positive et une charge négative.

Nous définissons le champ électrique E en chaque point de l’espace comme la force
électrique que subit en ce point une charge d’essai positive, divisée par cette charge :


→ F Unité du champ : N/C (ou V/m)
E =q
0

→ →
Inversement, connaissant E en tout point de l’espace, nous pouvons calculer F qui agit sur
une charge ponctuelle q placée en ce point :
→ →
F =q E
→ →
Les deux vecteurs F et E sont orientés dans le même sens si q est positive et de sens opposé
si q est négative.

Remarques : Le champ atmosphérique est d’environ 120 [N/C] à 150 [N/C] par beau temps et
environ 10'000 [N/C] par temps d’orage.

La particularité d’une charge source ponctuelle est que nous pouvons exprimer son champ
électrique en utilisant la loi de Coulomb :

F q.q0 1
E= =k 2 .
q0 r q0
q
E=k 2
r
Ce résultat est extrêmement important ; il nous permet de calculer le champ électrique que
produit en tout point de l’espace une distribution connue de charges ponctuelles .

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13. Unités rationalisées
Un ingénieur électricien anglais, Olivier Haeviside, remarqua vers 1892 que la plupart des
équations du champ électrique des différentes distributions de charges contenaient un facteur 4π.
Il proposa d’introduire ce facteur dans la définition de la constante k de la loi de Coulomb et
de poser :
1
k=
4πε
la constante ε est appelée permittivité.
Dans le vide, cette valeur vaut εo = 8,854.10-12 C2/Nm2
Dans l’eau (20oC) ε = 7,1.10-10 C2/Nm2

14. Lignes de champ


En électrostatique, les lignes de champ partent toujours d’une charge positive et aboutissent à
une charge négative. Les lignes de champ ne se croisent jamais.


E

Lignes de champ entre deux charges opposées Lignes de champ dans un condensateur
La façon la plus commode de produire un champ
électrique uniforme.

15. Conducteurs et champs électriques

Un conducteur neutre est placé dans un champ électrique extérieur.


Le champ externe polarise le conducteur, rendant une partie de sa surface chargée
négativement et l’autre partie chargée positivement. Le conducteur, ainsi chargé, crée son
propre champ qui se superpose au champ extérieur de manière à ce que le champ total à
l’intérieur du conducteur soit nul.

→ → +
E externe E conducteur
+ +
→ +
E total = 0 + ++
+
+

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