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Correspondance avec Vasile

Lovinescu, René Guénon,


non publié, 1934-1940
p. 37

Le Caire, 29 janvier 1938

 
     Cher Monsieur,
 
     
 
     Je
viens de recevoir votre lettre du 20 janvier, qui s’est croisée avec la
mienne ; je pense
que de votre côté, vous devez avoir celle-ci maintenant. Vous y avez vu la version
qu’Avramescu m’a donnée de ce qui s’est passé entre lui et D., et vous aurez pu vous rendre
compte qu’elle
ne ressemble en rien à celle de D. dont vous me faites part. Il est d’ailleurs
compréhensible qu’Avramescu cherche à déguiser des choses qui
le font apparaître sous un
jour aussi peu favorable ; mais alors n’aurait-il pas été beaucoup simple qu’il ne m’en écrive
rien ? Il est vrai qu’il prévoyait sans doute que j’en apprendrai quelque chose par vous, et il
aura voulu ainsi prendre les devants…
 
       Quant
à D., on ne voit pas trop quel intérêt il aurait eu à vous raconter cette histoire d’une
façon inexacte ; qu’en pensez-vous ? Un point qui est obscur, c’est que, dans sa version, il
n’est pas du tout question d’une lettre de moi ; il ne semble pourtant guère possible, tout de

même, qu’Avramescu ait inventé cela entièrement ; et c’est là surtout ce
que je voudrais bien
pouvoir éclaircir ; j’espère que vous pourrez vous
informer auprès de D. et me dire quelque
chose à ce sujet dans votre prochaine lettre.
 
     Evola m’a écrit qu’il va sans doute aller prochainement à Bucarest, et il me demande de

lui indiquer des personnes qu’il pourrait y rencontrer. Il n’y a que vous et M. Vâlsan, et
j’espère que vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que je lui donne vos adresses pour qu’il
vous demande un rendez-vous (je lui donnerai les deux pour le cas où l’un de vous serait
absent). Naturellement, il ne sait rien des histoires d’Avramescu, et je pense qu’il serait bon
d’éviter qu’il le rencontre ; je compte sur vous pour cela.
 
     Croyez, je vous prie, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.

René Guénon

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