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Ouvertures

Bilan 2010 des conditionnements :


savoir reconnaître les pièges
pour éviter les erreurs
es dernières années, les bilans Quelques médicaments impliquant le

C Prescrire relatifs aux conditionne-


ments des spécialités pharmaceu-
tiques ont montré l’impact bénéfique de
maniement de dispositifs de préparation
ou d’administration sont quasi prêts à
l’emploi grâce aux éléments nécessaires
mesures réglementaires : les amende- que renferme leur conditionnement :
ments de 2004 à la phosphate de sodium + bisacodyl (Prépacol°
directive européenne - n° 315 p. 16) ; certolizumab (Cimzia° -
sur les médica- n° 325 p. 818) ; inhibiteur de la C1 estérase
ments qui ont (Berinert° - n° 321 p. 502) ; icatibant
répandu la dénomi- (Firazyr° - n° 321 p. 493).
nation commune En 2010, quelques rares améliorations
internationale (DCI) de conditionnements ont été notées : la
sur les étiquetages et le seringue orale de Fluanxol° est devenue
braille sur les boîtes, et graduée en mg de flupentixol, un neuro-
qui ont permis la créa- leptique, et non plus en nombre de
tion des tests de lisibilité gouttes de solution (n° 318 p. 262). Celle
des notices ; les standards de la solution buvable de Dépakine° est
de l’Agence française des devenue uniquement graduée en mg de
produits de santé (Afssaps) valproate de sodium et non plus double-
relatifs aux étiquettes de ment graduée en mg et en ml. Les
médicaments injectables dan- doseurs à double graduation sont source
gereux. de confusion (n° 315 p. 20). Le flacon-
Sans oublier le choix bien- vrac sans bouchon-sécurité de la spécia-
venu de plusieurs firmes de lité d’automédication doxylamine - Lidène°
génériques de mettre en valeur a été remplacé par des plaquettes (n° 315
Résumé la DCI sur les boîtes (1,2). p. 18) ; même changement pour l’indo-
Qu’en est-il pour les conditionnements ramine (Vidora° - n° 318 p. 264).
des médicaments dont Prescrire a examiné
G En 2010, c’est toujours la non-qualité le dossier en 2010 ?
qui prédomine parmi les conditionne- Se méfier des étiquetages
ments des médicaments examinés par
Prescrire. Des efforts de qualité En 2010, des défauts restent très répan-
à souligner dus, toujours les mêmes, auxquels s’ajou-
G Les conditionnements potentielle- tent de mauvaises surprises.
ment dangereux sont trop nombreux : Comme chaque année, les principaux
étiquetages sources d’erreurs médica- éléments de qualité se retrouvent parmi DCI escamotées. Les DCI sont trop
menteuses ; dispositifs doseurs de psy- les 300 conditionnements examinés, mais souvent peu visibles, ce qui peut com-
chotropes pouvant induire des sur- aucune spécialité ne les réunit tous. promettre l’identification des substances
doses ; bouchons-sécurité absents ; L’Atelier conditionnement de Prescrire et entraîner des erreurs médicamen-
notices complexes voire imprudentes. a examiné de trop rares plaquettes uni- teuses. Elles manquent à la face principale
taires ou quasi unitaires (a) : par exem- de la boîte et au flacon d’une solution
G Pourtant, toutes les solutions de qua- ple, saxagliptine (Onglyza° - n° 323 p. 646- pour inhalation riche en dérivés terpé-
lité sont présentes sur le marché. Elles 651) ; prasugrel (Efient° - n° 317 p. 180) ; niques (lévomenthol + teinture de benjoin +
pourraient devenir la règle, à condition ainsi qu’une plaquette sécurisée pour teinture d’eucalyptus + baume du Pérou +
que les agences du médicament et les un opioïde dont les modalités d’accès au huiles essentielles de lavande et de thym)
firmes se mettent au travail sérieuse- contenu des alvéoles devraient découra- Dolirhume aux huiles essentielles°
ment. ger un enfant curieux : fentanyl (Effen- (n° 318 p. 266).
tora° - n° 319 p. 341). Les DCI apparaissent discrètement en
G En attendant ce sursaut, les soignants Parmi les conditionnements examinés lettres maigres, grises, et de 1 mm sur les
peuvent aider les patients en dévelop- en 2010, plusieurs flacons contenant une étiquetages d’Isofébryl vitamine C°, alors
pant leur compétence sur l’analyse des substance dangereuse à dose élevée sont que la mention “vitamine C” du nom
conditionnements, en notifiant les pièges correctement équipés d’un bouchon- commercial saute aux yeux, en lettres de
et en intervenant par leurs conseils pour sécurité. Par exemple, c’est la cas du fla- 5 mm grasses et orange. Cette spécialité
limiter les dégâts. con de la solution buvable d’halopéridol contient pourtant aussi de l’aspirine et du
Rev Prescrire 2011 ; 31 (328) : 142-145. (Haldol° - n° 320 p. 420). paracétamol.

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Sur les plaquettes de Temeritduo° (nébi- Un défaut proche de celui des pla-
volol 5 mg + hydrochlorothiazide 12,5 mg ou quettes de DolipraneLib° (lire dans l’en- Boîte, plaquette et
25 mg), les DCI sont si petites qu’elles res- cadré ci-contre).
semblent à un trait de soulignage du Voilà plusieurs années que Prescrire notice indissociables :
nom commercial (n° 320 p. 418). Etc. dénonce ce type de plaquettes suscepti- une nouveauté
bles de conduire à la prise d’une double
Chartes graphiques d’une gamme : dose (1,2), mais les agences du médica- intéressante
trop de similitudes aux dépens de la ment n’ont toujours pas réagi à ce risque.
composition. Lorsqu’une gamme com- En 2010, l’Atelier conditionnement
porte plusieurs dosages, les chartes gra- Concentrations mal libellées. En de Prescrire a noté l’aspect intéressant
phiques (reproduction des mêmes effets 2010, les libellés des concentrations des d’une spécialité d’automédication à base
graphiques sur toutes les spécialités, pour formes multidoses buvables ou injectables de paracétamol sous forme de compri-
faire valoir la gamme) rendent les éti- sur les étiquetages restent préoccupants. més sous plaquette, DolipraneLib°
quetages trop ressemblants, et sources de Un exemple caricatural a été examiné (n° 325 p. 821). Les trois éléments de ce
confusion entre dosages. Les faces prin- en 2010. Les deux solutions buvables de conditionnement, c’est-à-dire sa boîte,
cipales des boîtes des deux dosages de valproate de sodium, commercialisées en sa plaquette et sa notice, sont indisso-
Temeritduo° en sont la caricature. France par le même groupe (Sanofi Aven- ciables.
Sur la face principale des boîtes des tis), diffèrent dans l’expression de leur Ce type de conditionnement garantit
quatre dosages de la gamme Exfor- concentration. Sur la face principale de la la présence de la notice et donc d’une
ge HCT° (amlodipine + valsartan + hydro- boîte et le flacon du princeps (Dépa- information d’un bout à l’autre de l’usage
chlorothiazide), la bande colorée qui dif- kine°), figure la mention “200 mg/ml”. du médicament, et évite aussi qu’une
férencie les dosages paraît mineure au Sur ceux de son unique copie, Valproate plaquette d’un autre médicament stocké
regard de la charte graphique (n° 325 de sodium Winthrop° figure la mention à la maison soit glissée dans la boîte de
p. 809). Des erreurs de prise entre dosages “20 %”. En cas de substitution, la diffé- DolipraneLib° par étourderie, exposant
de cette triple association d’antihyper- rence d’expression des concentrations à une erreur médicamenteuse.
tenseurs sont à prévoir. entre princeps et copie est source de Néanmoins, sur la plaquette de Doli-
Avec la gamme des dosages Rasilez confusion. Un risque malvenu avec un praneLib°, les mentions d’identification
HCT° (aliskirène + hydrochlorothiazide, antiépileptique. recouvrent systématiquement 2 alvéo-
n° 315 p. 11 et 320 p. 420) ou celle des Depuis plusieurs années, bon nombre les, alors que chaque alvéole contient un
dosages du rufinamide (Inovelon° - n° 319 d’étiquetages d’injectables exposent à comprimé à 500 mg, qui peut très bien
p. 342), les différences d’étiquetages des erreurs médicamenteuses car leurs suffire à chaque prise.
entre les plaquettes sont minimes. étiquetages respectent les recommanda- En outre, le dos de la boîte qui men-
En matière de chartes graphiques, la tions européennes sur le libellé de l’ex- tionne des extraits de la notice ne met
gamme “ombrelle” Codotussyl° (n° 317 pression des concentrations ou des pas en garde contre les risques hépa-
p. 177) est un exemple de non-qualité : dosages dans la dénomination des spé- tiques graves auquel le paracétamol
trame fuchsia prononcée, éléments gra- cialités pharmaceutiques. Or ces déno- expose en cas de consommation impor-
phiques répétitifs inutiles aux soins, tel le minations visent à aider les agences du tante d’alcool.
visage en filigrane d’un enfant ou d’un médicament à différencier les différentes Ces défauts dangereux ont conduit
adulte (ressemblant d’ailleurs plutôt à un spécialités mais pas à guider les patients Prescrire à ne pas attribuer de palme du
adolescent). Le nom commercial est trop et les soignants vers le bon usage du conditionnement à cette spécialité.
voyant, pour des compositions bien dif- médicament (lire dans l’encadré ©Prescrire
férentes selon les spécialités : acétylcystéine, page 145). L’exemple du temsirolimus
cétylpyridinium, lidocaïne ou pholcodine. (Torisel° - n° 319 p. 336) est représenta-
Les boîtes et flacons des sirops à base de tif du problème posé. La posologie du
pholcodine arborent une cuillère bicé- RCP incite à injecter 25 mg. La face prin- phosorb° - n° 323 p. 667-668) ; carbonate
phale, c’est-à-dire comportant à l’une cipale de la boîte met en valeur la déno- de sévélamer (Renvela° - n° 326 p. 900).
de ses extrémités un gros cuilleron (5 ml) mination administrative incluant la men- Ces flacons portent sur leur flanc une
et à l’autre extrémité un petit cuilleron tion de concentration “25 mg/ml”. Mais étiquette dont un bord se détache, libé-
(2,5 ml). Sur cette illustration, seul le gros le flacon contient 30 mg de substance rant ainsi une notice pliée. Or, avec ce
cuilleron de 5 ml est rempli. Or pour les dans 1,2 ml. Une confusion entre la type de flacon, les étiquettes-notices se
enfants pesant entre 20 kg et 35 kg, la quantité totale de substance renfermée recollent difficilement après plusieurs
dose par prise recommandée dans la par le flacon (30 mg) et la concentration décollements. Il est parfois indispensable
notice correspond à 2,5 ml. Mieux vaut à administrer (25 mg) est à prévoir. À sui- de décoller la notice pour la lire (Phos-
éviter de placer cette gamme en accès vre. phosorb°).
libre dans les pharmacies. En outre, dans le cas de Resikali°, il faut
introduire les doigts dans la poudre pour
Alvéoles mal individualisées. Quel- Flacons sans boîte : trouver et saisir la cuillère doseuse.
ques plaquettes examinées en 2010 pré- exception ou dérive ? Les boîtes protègent mécanique-
sentent un danger pourtant connu. Sur
celles du pramipexole (Sifrol° LP 0,26 mg En 2010, trois médicaments présentés
- n° 323 p. 667), des zones prédécoupées en flacons-vrac ont été conditionnés sans
correspondant à deux alvéoles sont boîte (alias conditionnement secondaire) : a- Pour connaître la mission de l’Atelier conditionnement,
pour revoir ou découvrir le vocabulaire technique tel que
recouvertes par une seule dénomination polystyrène sulfonate de calcium (Resikali° - “plaquette unitaire“ ou “quasi unitaire“, lire la réfé-
et une seule mention de dosage. n° 319 p. 344) ; acétate de calcium (Phos- rence 2.

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ment contre la lumière, la chaleur et source d’erreurs. Pire, celui d’un antiépi-
FDA : haro sur l’humidité. Elles permettent d’y ranger la leptique, le lévétiracétam (Keppra° - n° 321
notice et les dispositifs doseurs. Leur for- p. 504) a régressé : il est devenu gradué
les dispositifs doseurs mat est toujours plus large que celui des en ml alors qu’il l’était auparavant en mg
étiquetages des flacons, plaquettes ou (lire aussi dans le numéro 327 p. 20).
seringues sur lesquels la lisibilité des La commercialisation de compte-
En 2009, la Food and Drug Adminis- mentions est parfois compromise. On gouttes, doseurs imprécis et désuets, est
tration (FDA) étatsunienne a analysé les imagine aisément la multiplication des encore à déplorer, notamment pour des
dispositifs doseurs de 200 spécialités risques si la pratique de suppression de la psychotropes : halopéridol (Haldol°) et
pédiatriques buvables multidoses desti- boîte se développe avec des substances escitalopram (Seroplex° - n° 319 p. 344).
nées à l’automédication chez des enfants dangereuses. Les agences du médica- En 2010, la mémantine buvable (Ebixa°
de moins de 12 ans, contenant des médi- ment doivent empêcher cela. - n° 323 p. 671), jusqu’alors disponible en
caments de la douleur, de la toux, de l’al- flacon compte-gouttes, est devenue
lergie et de certains troubles gastro- conditionnée en flacon pulvérisateur à
intestinaux (1). Les résultats de ce travail Protéger les enfants pompe doseuse à amorçage et sans
publiés en 2010 méritent attention. période réfractaire (temps minimal
Encore trop de substances dangereuses imposé entre deux pulvérisations). Une
Un constat similaire à ceux de sont mises à disposition sans dispositif de pression délivre 5 mg de mémantine, soit
l’Atelier Prescrire. Seuls trois quarts fermeture sécurisant. Le marché de l’au- 10 fois plus qu’une goutte de l’ancien fla-
des spécialités examinées par la FDA tomédication est particulièrement touché con. Comme prévisible, peu après la mise
comportaient un doseur. Quatre doseurs par ce problème. Alors que ces médica- sur le marché du nouveau conditionne-
sur cinq étaient des gobelets ; 13,5 % ments circulent dans les foyers, bon nom- ment de la forme buvable d’Ebixa°, des
des compte-gouttes et seulement 2,7 % bre sont dépourvus de bouchon-sécurité erreurs ont eu lieu et des surdoses ont été
des seringues orales, dispositif plus tels des sirops contenant des antitussifs administrées. Fin 2010, la firme a rendu
précis que les gobelets et les compte- aux effets psychotropes : gamme Codo- l’étiquetage plus clair mais le doseur est
gouttes (1). tussyl° décrite ci-dessus ; gamme Clarix° inchangé (lire dans ce numéro page 102).
Quasiment toutes les spécialités recouvrant des substances telles que phol- Instanyl° aussi est livré en pulvérisateur
munies d’un doseur comptaient au codine et pentoxyvérine (n° 318 p. 264). à pompe doseuse à amorçage et sans
moins une incohérence entre les ins- Le flacon de Dolirhume aux huiles période réfractaire. La firme qui le com-
tructions fournies pour l’usage de ce essentielles°, riche en dérivés terpéniques, mercialise a prévu de fournir prochaine-
doseur et ses graduations. Dans près comporte un bouchon en aluminium ment un flacon monodose sécurisé. En
d’un quart des cas, au moins une gra- des plus simples à dévisser. Une ingestion attendant, le conditionnement de 2010
duation nécessaire manquait sur le massive par un jeune enfant l’exposerait est dangereux en raison des risques de
doseur, alors qu’environ huit doseurs sur aux effets indésirables neurologiques des surdoses susceptibles d’être mortelles
dix présentaient des graduations super- dérivés terpéniques à types de convul- (voir aussi plus haut).
flues. Onze doseurs mentionnaient des sions, hallucinations, somnolence (3).
graduations atypiques telles que le cm3. En 2010, une nouvelle association
Sur la moitié des doseurs figuraient d’antihypertenseurs est disponible en Notices trop souvent
deux modalités de graduation diffé- flacon-vrac avec un bouchon-couvercle insuffisantes
rentes (1). facile à ôter : amlodipine + périndopril
En novembre 2009, la FDA a rendu (Coveram° - n° 316 p. 11). Même si les tests de lisibilité des notices
public un projet de lignes directrices La première forme nasale de fentanyl se sont avérés sources de progrès, trop de
destinées aux industriels sur les dispo- (Instanyl° - n° 321 p. 486-487 et n° 325 notices demeurent insuffisantes ou diffi-
sitifs doseurs des formes buvables d’au- p. 876) a été commercialisée en France cilement compréhensibles (1,2).
tomédication (2). Ce projet recommande dans une boîte plastique visant à retarder Les notices des sirops antitussifs exa-
la présence systématique d’un doseur ; l’accès des enfants au flacon pulvérisateur minés en 2010 et disponibles en automé-
une bonne cohérence entre les instruc- multidoses. Nos essais d’ouverture de dication (gammes Codotussyl° ou Clarix°
tions et les graduations ; une standar- cette boîte nous ont laissé perplexes par exemple) n’expliquent pas l’évolution
disation vers le haut (en limitant par quant à sa capacité de protection réelle. naturelle d’une toux banale et bénigne, ou
exemple la capacité des doseurs à la Et le flacon lui-même se présente comme ne détaillent pas les options non médica-
dose maximale recommandée) et des un simple spray nasal. Il ne comporte pas menteuses. Pourtant, le rôle des antitus-
tests de praticité sur des usagers. de bouchon-sécurité, alors qu’il est pré- sifs dans le traitement de la toux est
Un exemple à suivre en Europe. visible que peu de patients le replaceront minime, voire nul, au regard du rôle des
©Prescrire dans sa boîte, malcommode. sucreries à sucer ou des boissons (4,5).
Mais cela n’est pas précisé sur ces notices.
1- Yin SH et coll. “Evaluation of consistency in Les notices de certains AINS en accès
dosing directions and measuring devices for Doseurs : libre dans les officines sont incomplètes
pediatric nonprescription liquid medications” tendance imprudente ou ambiguës au regard des risques pen-
JAMA 2010 ; 304 (23) : 2595-2602.
2- Food and Drug Administration “Draft gui- aux flacons à pompe dant la grossesse pour l’enfant à naître. La
dance for industry. Dosage delivery devices for notice de comprimés d’ibuprofène (Nuro-
OTC liquid drug products” November 2009 : En 2010, les dispositifs doseurs gra- fenfem° - n° 320 p. 424) n’en interdit pas
13 pages.
dués en quantité pondérale de substance clairement la prise au 1er trimestre de la
sont rares. La plupart le sont en millilitres, grossesse. Or des données sont en faveur
impliquant des calculs de conversion d’un risque accru de fausse couche (6). La

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POINT DE VUE DE LA RÉDACTION

Du travail pour les agences et les firmes


Alors que tous les éléments de qua- ministration, la forme pharmaceutique, examiner avant leur commercialisa-
lité sont disponibles sur le marché (lire les dispositifs de préparation et d’ad- tion ; les Groupes de travail ou Com-
ci-contre), la plupart des conditionne- ministration, etc. missions de Pharmacovigilance, char-
ments des médicaments demeurent Quand des lignes directrices existent, gés de se prononcer sur tous les
médiocres. Certains sont des sources leur conception est souvent orientée aspects “risques” des médicaments ; la
d’erreurs médicamenteuses dange- pour répondre aux exigences admi- Commission de la transparence, char-
reuses. nistratives et à moindre frais des firmes gée de coter l’amélioration du service
pharmaceutiques, aux dépens de soins médical rendu (ASMR) sans omettre
Lignes directrices à élaborer. Cette de qualité. Par exemple, les recom- les conditionnements. Sur le terrain, les
non-qualité témoigne d’un manque mandations européennes sur le libellé confusions et les erreurs médicamen-
cruel de lignes directrices pour la sécu- de l’expression des concentrations ou teuses se multiplient.
rité des conditionnements : critères de des dosages dans la dénomination Améliorer la praticité, notamment
qualité des conditionnements unitaires ; des spécialités pharmaceutiques visent des conditionnements, est une source
caractéristiques des dispositifs seulement à différencier administrati- alternative de progrès pour des soins
doseurs ; principes de sécurité des vement les divers dossiers des produits de qualité. À condition que les agences
contenants de substances dange- d’une gamme, et non à guider patients du médicament et les firmes se mettent
reuses ; réflexion approfondie sur et soignants pour un bon usage du au travail sur le sujet.
l’usage des couleurs sur les étique- médicament (1). ©Prescrire
tages pour différencier les dosages
d’une gamme ; recommandations par- Contrôles à rendre plus exigeants.
ticulières pour les conditionnements Certains conditionnements délétères 1- European Medicines Agency “QRD Recom-
pédiatriques ; élaboration d’éléments- passent au travers de tous les mendations on the expression of strength in the
clés d’information pour les notices contrôles : les Commissions nationales name of centrally authorised human medicinal
products“ 18 November 2009 + “Submission of
selon la nature des substances, les ou européenne d’autorisation de mise comments - Comments from International Med-
indications concernées, la voie d’ad- sur le marché (AMM), chargées de les ication Safety Network“ 28 May 2009 : 5 + 9 pages.

notice mentionne : « au cours du premier remises par les firmes aux soignants, à lire Extraits de la veille documentaire Prescrire.
trimestre de la grossesse (…), votre médecin avec esprit critique. Il serait plus simple 1- Prescrire Rédaction “Le conditionnement des
peut être amené, si nécessaire, à vous prescrire que les boîtes contiennent toute l’infor- spécialités pharmaceutiques en 2009 : quelques
ce médicament ». avancées” Rev Prescrire 2010 ; 30 (316) : 143-145.
mation nécessaire à tous les interve- 2- Prescrire Rédaction “Conditionnement des spé-
Pire, selon la notice de l’emplâtre à base nants, soignants compris. cialités pharmaceutiques : encore trop de condi-
de diclofénac VoltarenPlast° (n° 320 tionnements à risques, mais plusieurs initiatives
p. 424), « pendant les 6 premiers mois de positives” Rev Prescrire 2007 ; 27 (280) : 150.
3- Afssaps “Commission nationale de Pharmacovi-
grossesse, VoltarenPlast° (...) ne peut être uti- En pratique gilance - Compte rendu de la réunion du mardi
lisé que sur les conseils de votre médecin ». 25 mai 2010” 6 juillet 2010 : 6-14.
Cette mention est dangereuse car, au En somme, la non-qualité globale des 4- Prescrire Rédaction “Toux gênantes“ Rev Prescrire
2008 ; 28 (299) : 676-677.
second trimestre de la grossesse, les AINS conditionnements se pérennise au détri- 5- Prescrire Rédaction “Médicaments de la toux et
exposent le fœtus à des problèmes rénaux ment de la qualité des soins (lire à ce pro- rhume : effets indésirables trop graves face à des
et cardiovasculaires graves (7). pos le Point de vue de la Rédaction ci-des- troubles bénins” Rev Prescrire 2009 ; 29 (312) : 751-
753.
En situation d’automédication, com- sus). 6- Prescrire Rédaction “AINS topiques : gare en cas
ment ces mentions ambiguës sont-elles D’ici au sursaut des firmes et des de grossesse” Rev Prescrire 2008 ; 28 (299) : 664.
comprises par les patientes ? Pourquoi les agences du médicament, les soignants 7- Prescrire Rédaction “Gare aux AINS en deuxième
partie de grossesse” Rev Prescrire 2007 ; 26 (270) :
notices d’AINS toutes formes confon- toujours en quête d’améliorer leurs ser- 188-191.
dues n’interdisent-elles pas tout simple- vices aux patients peuvent les aider : en 8- Prescrire Rédaction “Infos-patients - Pas d’anti-
ment l’automédication pendant toute la développant leur compétence dans l’ana- inflammatoire pendant la grossesse” site www.
grossesse (8), comme le font certaines lyse des conditionnements, en notifiant prescrire.org : 1 page.
publicités destinées au grand public ? les pièges des conditionnements mal
À l’opposé de l’automédication, cer- conçus, et en intervenant par leurs
tains médicaments injectables sont à pré- conseils pour limiter les dégâts.
parer et à administrer par les soignants. ©Prescrire
Mais les notices ne contiennent pas tou-
jours tous les détails quant aux modali-
tés de préparation et d’administration
(exemple : tocilizumab (Roactemra°-
n° 320 p. 418)). Ces informations font
parfois l’objet de brochures détaillées

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