Vous êtes sur la page 1sur 9

Thomas von Salis

Intervention au congrès de l'AIPCF à Lyon, 2018 :


Pourquoi la religion ? – Nécessité(?) de maintenir les structures
autoritaires.

Hier, j'ai regardé, encore une fois, l'une des tuiles de l'ancien four de 1648
dans ma chambre. On y voit un renard et un lion dans un champ et une
colonne romaine décorative. Le renard a attaché à sa coda un sac à pois et
fuit; sa tête est tournée vers le ciel. Le lion a l'air satisfait, avec le sourire.
Le texte biblique commente que l'incroyant (le renard) avait mauvaise
conscience, tandis que le croyant sera sauvé comme un jeune lion.
Selon Freud, le délinquant fait quelque chose d'interdit pour donner une
raison à son sentiment de culpabilité inconsciente.
Le renard avait volé quelque chose pour obtenir une explication de ses
inquiétudes.
Comme on le sait, la confession a le même but, mais elle peut être utilisée à
mauvais escient pour prendre le contrôle des sujets.

Au cours de mes études de médecine dans les années 1960, on nous a


donné un cours de psychiatrie dans lequel une introduction à la
psychanalyse a trouvé place. Lorsqu'on pouvait poser des questions, j'ai
adressé le professeur avec la remarque que la théorie Freudienne impliquait
un abandon de la religion. Le professeur réagit en affirmant que tel n'était
pas le cas. Il connaissait des psychanalystes qui étaient croyants. Plus
récemment, j'ai lu et commenté dans une critique le livre avec la
correspondance entre Freud et Pfister.
On y trouve la phrase de Freud: "[W]ie immer warmherzig sich der Analytiker
auch gebärden mag, er kann es doch nicht übernehmen dem Analysanden
Gott und die Vorsehung zu ersetzen" (S. 241): Même si l'analyste se
comportait tout à fait chaleureusement, il devra refuser de se prêter comme
substitut de Dieu et de la providence – et une autre, de Pfister: Pfister
critiquait que le "Religionsersatz" (ce que Freud substituait à la religion)

1
n'était au fond que la pensée des lumières du 18me siècle "in stolzer
moderner Auffrischung" – (fièrement modernisée) (S. 238) .
Sans doute les deux hommes, bien qu'amis, avaient des positions
antagonistes face à la religion. L'expérience pratique (analyse du transfert)
montrait à tous les deux que la dépendance infantile se poursuivait dans la
dépendance religieuse. Mais Pfister maintenait sa position philosophique et
théologique et sa pratique psychanalytique malgré la contradiction qui pour
lui n'était qu'apparente. On pourrait peut-être dire que Pfister était plus
"institutionnaliste" que Freud, et certainement il faisait bon usage de
l'institution religieuse dans ses thérapies analytiques. Mais Freud restait
tout à fait clair dans sa conviction que le rôle du prophète ou du sauveur est
incompatible avec la psychanalyse (Eissler 1950 p. 150).

La foi "naïve" dont j'ai entendu parler les théologiens repose sur la pensée
magique. Le sujet use donc de la prière comme d'un moyen magique pour
obtenir la satisfaction de son besoin. Le psychanalyste lui aussi risque de
tomber dans le piège de la pensée magique, lorsqu'il se sert des termes
techniques de la psychanalyse comme de moyens magiques pour obtenir un
effet.
Nous avons besoin, pour agir rationnellement et non par magie (distinction
chère à Eissler), de la curiosité scientifique et d'une rigueur (non-rigide !)
méthodologique. Puisque dans notre pratique analytique – individuelle ou
groupale – nous sommes "traversés" par les institutions, nous sommes
obligés de nous procurer des notions sur les institutions, en général et en
particulier.
En consultant les anthropologues, par exemple, on peut gagner certaines
connaissances qui permettent de mieux situer le phénomène de la religion
dans certaines situations (historiques).

Jean de Léry visitait le brésil entre 1556 et 1558. On estime qu'il est parmi
les plus importants chercheurs investiguant les indigènes brésiliens.

2
Jeroen Dewulf (2007) nous rapporte que Léry louait la manière harmonieuse
dont les indigènes vivaient ensemble avec la nature et qu'il leur attribuait un
"noyau religieux" dont ils ne seraient pas conscients.
Ceci me semble avoir une importance majeure pour la colonisation, avec la
subjugation des indigènes. Selon St. Paul tout homme reconnaît dans la
perfection de la nature l'œuvre de Dieu. Calvin écrit : "Il n'y a nul homme en
terre auquel Dieu ne se déclaire sa sagesse".
Cette croyance pouvait, je crois, servir de légitimation pour imposer les
formes religieuses européennes aux peuples colonisés.
Mais il existe aussi une argumentation contraire : Juan Gines de Sepulvedra
trouvait encore autour de 1550, que les indiens nus ne seraient pas doués
de raison et donc pas de vrais hommes et pourraient par conséquent être
éradiqués sans scrupules ou utilisés comme esclaves.

Si nous faisons usage des termes bioniens sur les assomptions de base, la
religion comporterait une légitimation pour la dominance de l'homme par
l'homme : Cette relation est cachée par la référence à l'être suprême qui
prêterait aux représentants sur terre une légitimation pour régner. La société
religieuse se trouverait ainsi dans l'assomption basique de la dépendance. Il
est bien évident que cette assomption permet d'exercer le pouvoir sans
scrupules, puisqu'on n'exécute que la volonté de Dieu. – On peut s'imaginer
que le Roi Philippe II d'Espagne ne se sentait pas libre. Il était impliqué, et il
dépendait des conseils des représentants de l'église. Il était donc impensable
que ses sujets soient libres de penser et d'agir selon leur propre jugement.
Pourrait-on penser, psychanalytiquement, qu'un roi comme Philippe II était
en proie d'une envie formidable vis-à-vis des hommes libres penseurs ?

Alors, comme les indigènes au Brésil et dans les colonies espagnoles


montraient un état tellement harmonieux dans leur relation avec la nature,
Léry leur attribue une sorte de relation avec Dieu. Il allait de soi que les
seigneurs qui prêtait leur autorité de Dieu dans le ciel, "devaient" forcer ces
peuples dans la même dépendance que les propres peuples européens. La
réalité de l'autonomie des indigènes fut niée comme celle des européens.

3
Si aujourd'hui nous disons que nous ne jouissons que d'une autonomie bien
limitée, puisque nous sommes traversés par les institutions et leurs sommes
en général soumis, il nous reste quand-même un peu d'autonomie, telle
qu'elle a été défendue par les philosophes des lumières au 18me siècle.
Rousseau faisait usage d'une pensée évolutionniste. L'homme se distinguait
selon lui de l'animal par sa perfectibilité. Rousseau distinguait l'homme
naturel qui aurait existé avant toute organisation sociale, de l'homme
sauvage dont l'organisation sociale était faible et flexible, et de l'homme civil,
lié à une forte structure sociale – on pourrait peut-être dire,
institutionnalisé.
La légende du "Bon Sauvage" était selon Dewulf le fruit d'une vulgarisation
du texte de Rousseau, puisque celui-ci avait écrit que la nature humaine ne
se développe pas en arrière. Mais la légende exerçait néanmoins une grande
influence sur l'anthropologie avec le résultat qu'on traitait les Indiens comme
de grands enfants qui ne savent pas ce qui leur est utile et ce qui est
mauvais pour eux. Le mythe les condamnait à la passivité. On a pourtant
des preuves au contraire. La naissance du mythe et sa longévité contre les
évidences montrent qu'il y a intérêt de le maintenir pour justifier la violence
au cours de la colonisation. C'est donc un effet de l'idéologie dominante que
de juger les indigènes naïfs et passifs.

Ici, on peut se permettre de tracer une analogie avec les idéologies régnantes
dans les familles.
Les enfants y sont regardés comme des hommes primitifs – sans
organisation sociale propre, soumis à la volonté des parents. En fait, les
enfants s'organisent très tôt entre eux, et les enfants du même âge sont tout
aussi influents sur la pensée de l'enfant comme les parents. Lorsque nous
voyons les familles dans un cadre groupal, nous observons la surprise des
parents de voir les enfants beaucoup plus autonomes et savants qu'ils ne
l'avaient imaginé. Même sans trop expliquer nous exécutons une sorte
d'analyse institutionnelle - par le pur et simple maintien du cadre groupal
analytique (je pense ici au groupe opératif selon Pichon-Rivière) avec une
famille nous pouvons assister à un processus de libération progressive de

4
stéréotypies sociales, et par conséquent, à une mise-en question des
hiérarchies conventionnelles. Mais bien sûr, les résistances ne vont pas
tarder - - -

Litérature
• Bühler Patrick (2014)
http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/rezensionen/2014-4-047> Date:
20.10.2014
• Dewulf, Jeroen (2007) Brasilien mit Brüchen. Schweizer unter dem
Kreuz des Südens. Verlag Neue Zürcher Zeitung, Zürich
• Eissler. Kurt R. (1950): The Chicago Institute of Psychoanalysis and
the Sixth Period of the Development of Psychoanalytic Technique. The
Journal of General Psychology, 1950, 42, 103-157
• Noth, Isabelle (Hg.) (2014) Sigmund Freud-Oskar Pfister Briefwechsel
1909-1939. Theologischer Verlag Zürich 2014

traduzione italiana (fatta per l'uso di DeepL):

Thomas von Salis


Discorso al Congresso dell'AIPCF a Lione, 2018:
Perché la religione? - Necessità(?) di mantenere strutture autoritarie.

Ieri ho guardato, ancora una volta, una delle piastrelle del vecchio forno del
1648 nella mia stanza. Mostra una volpe e un leone in un campo e una
colonna romana decorativa. La volpe ha legato un sacchetto pieno di piselli
alla coda e sta scappando; la sua testa è rivolta verso il cielo. Il leone sembra
soddisfatto, con un sorriso.
Il testo biblico commenta che il miscredente (la volpe) aveva una coscienza
colpevole, mentre il credente sarà salvato - come un giovane leone.

5
Secondo Freud, il colpevole fa qualcosa di proibito per dare una ragione alla
sua colpa inconscia.
La volpe aveva rubato qualcosa per ottenere una spiegazione ai suoi
sentimenti di colpa.
Come sappiamo, la confessione ha lo stesso scopo, ma può essere usata
male per prendere il controllo dei soggetti.

Durante i miei studi di medicina negli anni '60, ci fu dato un corso di


psichiatria in cui era incluso un'introduzione alla psicoanalisi. Quando si
potevano fare domande, mi rivolgevo al professore con l'osservazione che la
teoria freudiana implicava un abbandono della religione. Il professore ha
risposto dicendo che non era questo il caso. Conosceva psicoanalisti che
erano credenti. Più recentemente, ho letto e commentato in una recensione il
libro con la corrispondenza tra Freud e Pfister.
In esso c'è la frase di Freud: "Wie immer warmherzig sich der Analytiker
auch gebärden mag, er kann es doch nicht übernehmen dem Analysanden
Gott und die Vorsehung zu ersetzen" (S. 241): Anche se l'analista si
comportasse abbastanza calorosamente, dovrà rifiutare di prestarsi come
sostituto di Dio e della provvidenza - e un altro, di Pfister: Pfister ha criticato
che il 'Religionsersatz' (ciò che Freud ha sostituito alla religione) era
fondamentalmente solo il pensiero dell'illuminismo del XVIII secolo 'in stolzer
moderner Auffrischung' - (orgogliosamente modernizzato) (S. 238).
Senza dubbio i due uomini, sebbene amici, avevano posizioni antagoniste nei
confronti della religione. L'esperienza pratica (analisi del transfert) mostrò ad
entrambi che la dipendenza infantile continuava nella dipendenza religiosa.
Ma Pfister mantenne la sua posizione filosofica e teologica e la sua pratica
psicoanalitica nonostante la contraddizione, che per lui era solo apparente.
Si potrebbe forse dire che Pfister fu più "istituzionalista" di Freud, e
certamente fece buon uso dell'istituzione religiosa nelle sue terapie
analitiche. Ma Freud rimase abbastanza chiaro nella sua convinzione che il
ruolo del profeta o del salvatore è incompatibile con la psicoanalisi (Eissler
1950 p. 150).

6
La fede "ingenua" di cui ho sentito parlare i teologi è basata sul pensiero
magico. Il soggetto usa quindi la preghiera come un mezzo magico per
ottenere la soddisfazione del suo bisogno. Anche lo psicoanalista rischia di
cadere nella trappola del pensiero magico quando usa i termini tecnici della
psicoanalisi come mezzi magici per ottenere un effetto.
Per agire razionalmente e non magicamente (distinzione cara a Eissler),
abbiamo bisogno di curiosità scientifica e di rigore metodologico (non rigido!).
Poiché nella nostra pratica analitica - individuale o di gruppo - siamo
"attraversati" dalle istituzioni, siamo obbligati a ottenere nozioni sulle
istituzioni, in generale e in particolare.
Consultando gli antropologi, per esempio, possiamo acquisire certe
conoscenze che ci permettono di situare meglio il fenomeno della religione in
certe situazioni (storiche).
Jean de Léry visitò il Brasile tra il 1556 e il 1558. È considerato uno dei più
importanti ricercatori dei nativi brasiliani.
Jeroen Dewulf (2007) riferisce che Léry lodò il modo armonioso in cui gli
indigeni vivevano insieme alla natura e che attribuì loro un "nucleo religioso"
di cui non erano consapevoli.
Questo mi sembra di grande importanza per la colonizzazione, con la
sottomissione dei nativi. Secondo San Paolo ogni uomo riconosce nella
perfezione della natura l'opera di Dio. Calvino scrisse: "Non c'è uomo sulla
terra al quale Dio non dichiari la sua saggezza".
Questa convinzione potrebbe, credo, servire come legittimazione per imporre
forme religiose europee ai popoli colonizzati.
Ma c'è anche un argomento contrario: Juan Gines de Sepulvedra credeva
ancora, intorno al 1550, che gli indiani nudi non erano dotati di ragione e
quindi non erano veri uomini e potevano quindi essere sradicati senza
scrupoli o usati come schiavi.

Se facciamo uso di termini bioniani su presupposti di base, la religione


comporterebbe una legittimazione del dominio dell'uomo da parte dell'uomo:
questa relazione è nascosta dal riferimento all'essere supremo che
presterebbe ai rappresentanti sulla terra una legittimazione a governare. La

7
società religiosa si troverebbe così nell'assunto di base della dipendenza. È
abbastanza ovvio che questo presupposto permette di esercitare il potere
senza scrupoli, poiché si esegue solo la volontà di Dio.
– Si può immaginare che il re Filippo II di Spagna non si sentisse libero. Era
coinvolto e dipendeva dai consigli dei rappresentanti della chiesa. Era quindi
impensabile che i suoi sudditi fossero liberi di pensare e agire secondo il
proprio giudizio. Si potrebbe pensare, psicanaliticamente, che un re come
Filippo II fosse in preda a una tremenda invidia verso gli uomini di libero
pensiero?
Poiché gli indigeni del Brasile e delle colonie spagnole mostravano uno stato
così armonioso nel loro rapporto con la natura, Léry attribuisce loro una
sorta di rapporto con Dio. Era evidente che i signori che prestavano la loro
autorità da Dio in cielo, "dovevano" costringere questi popoli alla stessa
dipendenza dei propri popoli europei. La realtà dell'autonomia degli indigeni
è stata negata, come per gli europei.
Se oggi diciamo che abbiamo solo un'autonomia limitata, poiché siamo
attraversati dalle istituzioni e siamo generalmente soggetti ad esse, abbiamo
ancora una certa autonomia, come difeso dai filosofi dell'Illuminismo nel
XVIII secolo.
Rousseau ha usato il pensiero evolutivo. L'uomo si distingueva dall'animale
per la sua perfettibilità. Rousseau distingueva tra l'uomo naturale, che
sarebbe esistito prima di qualsiasi organizzazione sociale, l'uomo selvaggio,
la cui organizzazione sociale era debole e flessibile, e l'uomo civile, che era
legato a una struttura sociale forte - si potrebbe forse dire, istituzionalizzata.
Secondo Dewulf, la leggenda del "Bon Sauvage" è il risultato di una
volgarizzazione del testo di Rousseau, poiché egli aveva scritto che la natura
umana non si sviluppa all'indietro. Ma la leggenda ha comunque avuto una
grande influenza sull'antropologia, con il risultato che gli indiani sono stati
trattati come grandi bambini che non sapevano cosa fosse utile e cosa era
male per loro. Il mito li condannava alla passività. Ci sono prove del
contrario. La nascita del mito e la sua longevità contro l'evidenza mostrano
che c'è un interesse a mantenerlo per giustificare la violenza durante la

8
colonizzazione. È quindi un effetto dell'ideologia dominante giudicare i nativi
come ingenui e passivi.

Qui possiamo fare un'analogia con le ideologie prevalenti nelle famiglie.


I bambini sono visti come uomini primitivi - senza una propria
organizzazione sociale, soggetti alla volontà dei genitori. In effetti, i bambini
si organizzano precocemente, e i bambini della stessa età sono altrettanto
influenti sul pensiero del bambino quanto i genitori. Quando vediamo le
famiglie in un contesto di gruppo, osserviamo la sorpresa dei genitori nel
vedere i bambini molto più autonomi e consapevoli di quanto avevano
immaginato. Anche senza spiegare troppo, stiamo eseguendo una sorta di
analisi istituzionale - semplicemente mantenendo il setting del gruppo
analitico (penso qui al gruppo operativo secondo Pichon-Rivière). Con una
famiglia in terapia possiamo assistere ad un processo di liberazione graduale
dagli stereotipi sociali, e di conseguenza, una messa in discussione delle
gerarchie convenzionali. Ma naturalmente la resistenza non tarderà ad
arrivare - -.

Letteratura
- Bühler Patrick (2014)
http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/rezensionen/2014-4-047> Data:
20.10.2014
- Dewulf, Jeroen (2007) Brasilien mit Brüchen. Schweizer unter dem Kreuz
des Südens. Verlag Neue Zürcher Zeitung, Zurigo
- Eissler. Kurt R. (1950): The Chicago Institute of Psychoanalysis and the
Sixth Period of the Development of Psychoanalytic Technique. The Journal of
General Psychology, 1950, 42, 103-157
- Noth, Isabelle (Hg.) (2014) Sigmund Freud-Oskar Pfister Briefwechsel 1909-
1939. Theologischer Verlag Zürich 2014

Vous aimerez peut-être aussi