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à Vignieu – Isère
Extrait de la
Semaine Religieuse de Grenoble
 du 17 mars 1792, p. 447 sq publiée sous l'autorité de Mgr Fava, évêque de Grenoble,et jugé conforme à l'original par M. Vermeulen, Vicaire Général,le 6 novembre 1946C'était le 25 mars 1793. La France après avoir renié ses traditions et sa foi était tombé au pouvoir de la révolution et traversait une des crises les plus douloureuses de son histoire.Le sang de ses enfants coulait à flots. On ne rencontrait partout que des bûchers où brûlaient des livres d'églises, les chaires, les confessionnaux, les ornements sacrés, les tableaux, les reliques des saints ; et l'on voyait autour de ce feu la populace ivre de sang et d'impiété danser en blasphémant. Des forcenés,  poussés par une sorte de frénésie sacrilège, mutilaient les statues des saints, brisaient les croix, fondaient les cloches, et n'épargnaient pas même les tombeaux. Les chrétiens étaient mis à mort pour la foi ; les prêtres, chassés de leurs églises, étaient traduits devant les tribunaux, jetés en prison ou en exil ; d'autres se  préparaient au martyre, où se cachaient dans quelques demeures isolées, afin de pouvoir porter aux malades et aux mourants les consolations suprêmes de la religion.** *A cette sinistre époque, vivait au Ruai, hameau de Vignieu, un brave et paisible cultivateur, Claude Teillon, qui gagnait péniblement sa vie du travail de ses mains. Il avait alors 60 ans et habitait une humble mansarde avec sa sœur, une chrétienne à l'âme grande et généreuse.Teillon aimait à se livrer au travail des champs. Voyant les coteaux se couvrir partout d'une riante végétation, il dit à sa sœur : « Je vais travailler à ma vigne des Ayes. ». Celle-ci lui répondit : « Non, garde-toi d'y aller, car c'est aujourd'hui la fête de la Sainte Vierge ; on ne travaille pas. » La fête de l'Annonciation était alors d'obligation dans toute l'Eglise ; et tous les vrais chrétiens se faisaient un devoir, à cette époque, de sanctifier ce jour par le repos et la prière.Teillon, insensible aux recommandations de sa pieuse sœur, se rendit à sa vigne ; mais il travaillait avec beaucoup de peine : on aurait dit qu'une force invisible gênait ses mouvements.Tout à coup, il voit devant lui une belle dame vêtue de blanc, et élevée à quelques pieds au-dessus du sol : « Je te croyais bon chrétien, lui dit-elle, sur un ton d'affectueux reproche ; et voici que tu travailles le  jour de ma fête !... » Teillon allègue sa pauvreté et prétend qu'il n'a fait qu'émonder quelques rameaux, ou redresser quelques échalas ; mais la dame n'accepte point ses excuses : .« Eh bien ! ajoute-t-elle, tu mourras dans le cours de cette année. »Plein d'étonnement et d'effroi, Teillon s'adresse à quelques viticulteurs qui travaillaient près de lui : « Regardez donc cette belle dame ! » s'écrie-t-il. Ceux-ci regardent vainement. Teillon seul avait eu le privilège d'entrevoir la radieuse apparition ; de plus en plus étonné, il s'élance à la suite de la belle dame qui ne tarde  pas à disparaître sur le flanc du rocher. C'était l'heure de midi. Teillon s'efforce de regagner sa demeure et trouve, sur son chemin, Jean Pascal, qui, étonné de le voir si pâle, lui demande s'il éprouve quelque indisposition. Teillon fait une réponse négative, et continue sa route.De retour chez lui, il n'a pas la force de répondre aux questions de sa sœur, ni de se mettre à table.Bientôt après, Teillon fait part à ses amis de l'étonnante nouvelle ; et le comité révolutionnaire lui fait subir un minutieux interrogatoire. Comme on le menaçait de la peine de mort, Teillon se contente de répondre au chef du comité « Faites de moi ce que vous voudrez, je dirai toujours ce que j'ai vu et entendu ».
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Rien ne put ébranler la fermeté de cet homme de bien. Il fut impossible d'obtenir de lui la moindre rétractation, ni la moindre faiblesse.Six mois après, Claude Teillon, atteint d'une maladie incurable, faisait appeler ses parents et ses amis, leur rappelait les divers incidents de l'apparition, les reproches de la Vierge, ses traits, sa physionomie, sa parure, la douceur de sa voix, l'annonce qu'elle lui fit d'une mort prochaine ; et plein de cette joie qui caractérise les âmes fortes et généreuses, il commença à se préparer sérieusement au dernier passage. La mort, qui le frappa bientôt, le surprit dans ces heureuses dispositions.** *Les habitants de Vignieu, qui connaissaient depuis longtemps la sincérité de Teillon, son honnêteté, la pureté de ses mœurs, la régularité de sa vie, n'hésitèrent pas à croire la vérité de ses paroles. Ils se firent un devoir de se rendre chaque année sur le lieu de l'apparition, pour rendre à la Vierge miséricordieuse, le tribut d'honneur et de louange qui lui est dû.Pour perpétuer ce pieux et touchant souvenir, Jean Canin, avec le concours de deux de ses amis, Pierre et André, forma le projet d'élever une croix sur le rocher témoin de la présence de Marie. Cette croix, en bois de châtaignier, ne tarda pas à répandre un liquide rougeâtre semblable à du sang ; ce qui frappa vivement la population accourue pour contempler ce spectacle.Ceci se passait en 1856. A ce moment, le vertueux chrétien qui avait eu, le premier, l'heureuse inspiration d'ériger une croix sur le rocher des Ayes, M. Jean Canin, se rendit à Ars pour consulter le vénérable M. Vianney, au sujet de ces faits extraordinaires. Comme il manifestait le désir de s'approcher du tribunal de la pénitence, le saint Curé lui dit : « Mon bon ami, vous n'avez pas besoin de vous confesser ; vous venez de faire votre mission à Vignieu (il l'avait faite 8 jours auparavant), soyez sans inquiétude ; on élèvera plus tard un petit monument sur le rocher des Ayes. »Canin éleva lui-même une petit chapelle provisoire pour abriter la croix dressée par lui sur le lieu de l'apparition. ––––– Le 12 avril 1859, M Subit, Maire de Vignieu voulant répondre au désir de ses administrés, autorisait officiellement une souscription dont voici le texte : Je soussigné Victor Subit, Maire de la commune de Vignieu, autorise la demoiselle Patard, institutrice de cette commune, à recueillir les dons les dons qui lui seraient offert pour la construction d'une chapelle dédiée à la Sainte Vierge Marie, au Mas des Ayes, Commune de Vignieu.Les souscripteurs sont prévenus qu'une société de gens honorables de Vignieu, chargés de cette construction, recevront les dons qui seront mis à leur disposition à l'effet de cette construction. Toutes garanties qui seraient demandées par les souscripteurs leur seront accordées et les dons seraient rendus si la construction n'avait pas lieu.Fait à Vignieu le 12 Avril 1859Le Maire de VignieuSubit Victor  ––––– 
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De temps immémorial, les pieux habitants de Vignieu et des communes limitrophes venaient, chaque année, le 25 Mars, prier la Vierge Immaculée qui daigna, il y a un siècle, signaler sa présence et sa miséricorde sur le rocher des Ayes. Aujourd'hui, pour la commodité des fidèles, ce pèlerinage a lieu le Lundi de Pâques.La chapelle étant insuffisante et peu propre à sa pieuse destination, M. l'Abbé L. Piaton, curé de Vignieu (puis de Trept), soutenu par le concours de quelques âmes dévouées, fit construire, en 1889, une autre chapelle plus vaste et plus belle, afin de perpétuer le culte et le souvenir de la Vierge des Ayes et d'encourager la piété des fidèles dans l'hommage qu'elle rend à la Reine des Cieux. Des faits merveilleux, de nombreuses grâces obtenues, attestent que la confiance de nos braves et chrétiennes populations n'a point été déçue.M. Ferdinand de Certeau a avoué lui-même, publiquement, avoir été guéri d'une maladie incurable,  pendant le cours d'une neuvaine faite pieusement en l'honneur de Notre-Dame des Ayes. Un habitant de Vignieu, J. B. gravement malade, fut porté, en 1858, auprès de la croix des Ayes, d'où il revint complètement guéri. Quoique déjà grand, le jeune Louis Perraud ne marchait point encore, ses parents le vouèrent à Notre-Dame des Ayes : huit jours après, il marchait sans aucune difficulté. Nous avons sous les yeux l'attestation d'une pieuse chrétienne de Vignieu, Madeleine Chanteur, femme Canin, qui, âgée de vingt ans à peine, éprouva de violentes douleurs aux jambes accompagnées de  plaies rebelles, de sorte qu'elle ne pouvait marcher qu'avec beaucoup de peine. Elle consulta vainement  plusieurs hommes de l'art qui, tous, déclarèrent la maladie incurable. Voyant que la science humaine était impuissante à la soulager, elle fit durant neuf jours, une fervente prière à la Sainte Vierge. La neuvaine terminée, elle se rendit péniblement avec sa sœur au lieu de l'apparition. « Arrivées à la petite chapelle, ajoute-t-elle, nous avons dit un chapelet et, fait brûler un cierge : quand je revins chez moi, je ne boitais plus et mes jambes ne me faisaient plus mal ; je ne m'en suis jamais aucunement ressentie. » (Sic).Ce témoignage ne nous montre-t-il pas clairement combien la Sainte Vierge est miséricordieuse pour celui qui met en elle son espérance ? Dans ce lieu béni, on a constaté que le cœur chrétien qui vient y prier est comme envahi par une douce émotion : on y respire un parfum de piété qui pénètre l'âme et la détache de la terre ; on dirait que Dieu se révèle et fait sentir plus que partout ailleurs l'influence mystérieuse de sa grâce. Le chrétien éprouve comme une douce attraction qui le porte à la piété et à la vertu ; le pécheur sent le besoin de revenir à Dieu, l'âme faible y trouve la force et l'affligé une indicible consolation.Puisse ce récit, inspirer à ceux qui le liront, une confiance toute filiale en la mère des miséricordes, contribuer à étendre son culte dans cette société troublée qui a tant besoin de son secours et de sa protection, attirer au pied de son autel les cœurs qui souffrent, les âmes qui chancellent ; en général, tous ceux qui sont faibles et qui ne connaissent point les consolations que donnent la Foi et l'Espérance !** *
O Vierge Immaculée, notre refuge et notre mère,vous qui avez daigné si souvent manifester votre bonté et votre puissance envers les hommes, daignez jeter sur nous un regard de tendresse et de miséricorde,afin que dociles à vos enseignements et à ceux de votre divin Fils nous puissions nous  sanctifier ici-bas et mériter de vous voir et de vous glorifier dans le Ciel.
Édition numérique Salettensis – ΦΧΦΠdisponible sur http://www.scribd.com/doc/86663839/Chapelle-Notre-Dame-Des-Ayes-de-Vignieu-3889O
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