Vous êtes sur la page 1sur 95

UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Faculté de génie
Département de génie civil et de génie du bâtiment

Modélisation de la qualité et de son influence


sur les méthodes d’affectation dans l’ACV des
résidus de construction

Mémoire de maitrise
Spécialité : génie civil

Xavier Tanguay

Sherbrooke (Québec) Canada

Janvier 2021
MEMBRES DU JURY

Mourad Ben Amor


Directeur

William Wilson
Évaluateur

Bruno Gagnon
Évaluateur
RÉSUMÉ

Le secteur de la construction, rénovation et démolition des bâtiments constitue un des


grands consommateurs de matériaux de haute qualité, en même temps que d’être un im-
portant générateur de matières résiduelles en terme de quantité. Pour ce secteur, l’idée
de passer d’un mode de consommation linéaire (produire, utiliser, disposer) à un mode
circulaire (produire, utiliser, récupérer) constitue une avenue intéressante en terme de
réduction de ses impacts environnementaux et du gaspillage des ressources. Un outil per-
formant pour quantifier les impacts environnementaux de ce secteur est l’analyse du cycle
de vie. Toutefois, un enjeu demeure dans l’analyse d’un mode de consommation circulaire :
la modélisation se doit de considérer la quantité de la matière récupérée, tout comme sa
qualité. La récupération d’une grande quantité de matière de basse qualité, tout comme la
récupération d’une grande quantité de matière de haute qualité (et leurs équivalents avec
une faible quantité), doit être distinguable dans un objectif de réduction du gaspillage
des ressources. La dimension de qualité dans la modélisation n’est que peu ou pas encore
intégrée dans les analyses du cycle de vie. L’influence de la qualité est donc difficile à
établir au niveau des impacts environnementaux du cycle de vie des matières récupérées.
L’objectif principal de ce projet de recherche est donc de développer une méthodologie
pour intégrer la qualité dans la modélisation en analyse du cycle de vie et déterminer son
influence sur les impacts environnementaux en prenant pour étude de cas les résidus de
construction en bois. Ces résidus sont modélisés sous la forme d’un système d’utilisation
en cascade en cinq étapes (notamment : bois d’oeuvre, poutre de lamellés-collés, panneaux
de lamelles orientées, panneaux de particules et valorisation énergétique). Dans ce projet
de recherche, les résidus sont étudiés avec différentes méthodes d’affectation en fin de
vie. Les méthodes sont comparées pour leur capacité à intégrer la qualité des résidus. La
qualité est évaluée à travers une variation dans les propriétés techniques d’un résidu une
fois récupéré. Une amélioration correspond à une situation de sur-cyclage, tandis qu’une
réduction correspond à une situation de sous-cyclage.
La modélisation a été réalisée en utilisant le logiciel Brightway2, les bases de données
ecoinvent v3.5 et la méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie IMPACT2002+. En
considérant une approche attributionnelle, il a été établi que la qualité pouvait influencer
jusqu’à 15 % la performance environnementale associée aux émissions des produits du cas
d’étude. Il s’agit d’une influence comparable au choix de la méthode d’affectation en fin de
vie. En considérant une approche conséquentielle et donc les bénéfices liés à la récupération
dans la cascade, l’influence de la qualité se retrouve entre 97 % et 138 % du résultat en
fonction de l’indicateur de dommage. Ces résultats montrent ainsi que la modélisation
de la qualité est importante, mais que son influence est d’autant plus cruciale dans une
modélisation conséquentielle.
Mots-clés : Économie circulaire, utilisation en cascade, recyclage en boucle ouverte, re-
cyclage en boucle fermée, affectation en fin de vie, indicateur de qualité
ABSTRACT

Attributional and consequential life cycle assessments in a circular economy


with the integration of a quality indicator: A case study of cascading wood
products
The growing popularity of the concepts of circular economy and resource cascade has
intensified the need for consistent handling of multifunctionality-related challenges when
modeling multiple cycles in life cycle assessment (LCA). In LCA, end-of-life upcycling and
downcycling effects (also known as quality changes), triggered by the presence of multiple
life cycles, have only recently begun to be studied from a consequential perspective, and
no studies exist investigating attributional aspects. In this paper, a novel approach that
considers quality in attributional LCA is proposed. The attributional, cut-off, open loop,
and proposed approaches are compared in the form of a cascading case study. The implica-
tions of integrating quality in both perspectives are contrasted by modeling the same case
study under a consequential perspective. By performing sensitivity analysis on the quality
parameters in attributional LCA, we found that the integration of quality influences the
results of the proposed approach by up to 15 %. In the case of consequential LCA, the im-
plementation of quality yields an influence between 97 % and 138 % of the results for each
unit variation of quality. Comparison between the two perspectives of quality shows the
same trend of supporting high-quality cascades. However, the attributional perspective of
quality accomplishes this by redistributing impacts, while the consequential perspective
affects the external benefits generated by the cascade. Considering the influence of quality
on the results of both perspectives, future work should focus on establishing the technical
or economic properties that would allow for practical use of quality in various circular
economy and resource cascade applications.
Keywords: Circular economy, resource cascading, open loop recycling, closed loop recy-
cling, end of life allocation, quality indicator
- Sapere aude!
Emmanuel Kant
REMERCIEMENTS

J’aimerais attribuer mon premier remerciement au professeur Ben Amor, pour m’avoir
confié ce projet et avoir su me guider dans mes apprentissages au Laboratoire Interdisci-
plinaire de Recherche en Ingénierie Durable et Écoconception (LIRIDE). Son intérêt pour
une recherche de qualité, dans un groupe de recherche cohésif, a fait toute une différence
dans cette première expérience de recherche.
Un merci spécial à la Chaire Industrielle de Recherche en Construction ÉcoResponsable en
Bois (CIRCERB) pour son appui financier et toutes les opportunités qu’elle m’a offertes
de me pratiquer à vulgariser ce sujet qui est un peu obscur en surface, mais si important à
comprendre en pratique. J’aimerais, par le fait même, remercier mon partenaire industriel
de la Chaire, l’entreprise FPInnovations. Sa contribution, particulièrement celle de M.
Essoua, a été une aide inespérée pour concrétiser le potentiel de ce projet.
J’aimerais remercier ensuite mes nombreux collègues du LIRIDE, avec lesquels j’ai eu des
discussions intéressantes. Vous citer tous pour ces dîners, activités externes au laboratoire
(aller, c’était seulement une petite randonnée de niveau familial !) et le défunt Cake day
(maudite soit la COVID) forme un défi de synthèse que je ne saurais résoudre.
J’aimerais aussi remercier ma famille, qui m’a supporté dans cette démarche. Vos mots
d’encouragement ont toujours été un moteur pour continuer à me dépasser.
Finalement, j’aimerais remercier ma compagne de vie, Claudine, pour son écoute, sa pa-
tience et tous ces beaux moments partagés qui ont fait toute la différence dans ma maîtrise.
TABLE DES MATIÈRES

1 Introduction 1

2 État de l’art 3
2.1 L’économie circulaire et l’utilisation en cascade . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 L’ACV selon les normes ISO 14040 et 14044 . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2.1 Systèmes de recyclage selon la norme ISO 14044 . . . . . . . . . . . 7
2.2.2 Critiques associées à la norme ISO 14044 . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3 Modélisation des systèmes de recyclage selon la littérature . . . . . . . . . 12
2.3.1 Les principales catégories de méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3.2 Liaison de la perspective de l’étude aux catégories de méthodes . . 18
2.3.3 Intégration de la qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.4 Résumé des enjeux du projet de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

3 Problématique et objectifs de recherche 25


3.1 Problématique du projet de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2 Objectifs de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2.1 Objectif principal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2.2 Objectifs spécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

4 Sommaire de la méthodologie 27

5 Attributional and consequential life cycle assessments in a circular eco-


nomy with the integration of a quality indicator : A case study of cas-
cading wood products 29
5.1 Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.2 Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.3 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
5.4 Method . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
5.4.1 Case study . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

vi
5.4.2 Attributional perspective with no integration of quality . . . . . . . 34
5.4.2.1 Cut-off approach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
5.4.2.2 Open loop approach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
5.4.3 Attributional perspective integrating quality . . . . . . . . . . . . . 36
5.4.4 Consequential perspective with no integration of quality . . . . . . 37
5.4.5 Consequential perspective integrating quality . . . . . . . . . . . . 38
5.5 Results and discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.5.1 Attributional perspective with no integration of quality . . . . . . . 39
5.5.2 Attributional perspective integrating quality: effect of upcycling and
downcycling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
5.5.3 Consequential perspective with no integration of quality . . . . . . 42
5.5.4 Consequential perspective integrating quality: effect of upcycling
and downcycling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.6 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.7 Acknowledgements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

6 Éléments complémentaires 47

7 Conclusion 52
7.1 Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
7.2 Limites et travaux futurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
7.3 Contributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

ANNEXE A Évaluation de la cohérence des méthodes attributionnelles 55

ANNEXE B Attributional and consequential life cycle assessments in a


circular economy with the integration of a quality indicator : A case
study of cascading wood products (Supplementary information) 60
B.1 Data collection and modeling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
B.1.1 Attributional modeling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
B.1.2 Consequential modeling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
B.2 Obtaining CR/CRRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
B.3 Double counting . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

vii
ANNEXE C Développement de script pour l’analyse des méthodes avec le
logiciel Brightway2 67
C.1 Choix du logiciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
C.2 Programme développé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

ANNEXE D Analyses de sensibilité complémentaires 70


D.1 Influence des paramètres RC et RRE en ACV attributionnelle . . . . . . . 70
D.2 Influence des bases de données en arrière plan . . . . . . . . . . . . . . . . 72

Liste des références 74

viii
LISTE DES FIGURES

2.1 Schéma simplifié de l’économie circulaire (LIRIDE)


c . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Principes de l’utilisation en cascade (inspiré de [7]) . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Principales phases de l’ACV (inspiré d’ISO 14040) . . . . . . . . . . . . . . 6
2.4 Méthodes d’affectations selon ISO 14044 (inspiré de [29]) . . . . . . . . . . 9
2.5 Illustration des concepts de circuits fermés et ouverts (inspiré d’ISO 14044) 10
2.6 Fonctionnement général d’une affectation par établissement de frontières
(inspiré de [10]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.7 Fonctionnement général d’une affectation par redistribution de l’inventaire
(inspiré de [10]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.8 Fonctionnement général d’une affectation par extension de frontières et sub-
stitution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.9 Différence entre l’ACV attributionnelle (gauche) et l’ACV conséquentielle
(droite) (tiré de [55]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.10 Cadre méthodologique liant les objectifs aux catégories de méthodes d’af-
fectation (adapté de [58]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

5.1 Breakdown of the five step recycling loops (EV : Virgin production, A
: Assembly activities, ERC : Production from recycled content, U : Use
phase, Ed : Landfill activities, D : Disassembly activities, ERRE : EoL
recycling activities) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
5.2 Extended boundaries of the consequential system (V : Virgin, SW : Soft-
wood, GL : Glued-laminated, OSB : Oriented strand board, PB : Particle
board, EVal : Energy valorization, R : Recycled, Eprim : Primary produc-

tion, Eprim : Displaced primary production, Edisp : Displaced production,
Ealt : Alternative production) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
5.3 Attributional modeling results for cascade recycling and their equivalents
when using virgin materials (A : Cut-off ; A’ : Cut-off with virgin materials
; B : Open loop ; B’ : Open loop with virgin materials ; C : Proposed
approach ; C’ : Proposed approach with virgin materials, 100 % refers to
the most polluting case) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.4 Influence of modeling quality as an allocation parameter . . . . . . . . . . 41

ix
5.5 Comparison of attributional (A : Cut-off ; B : Proposed approach) and
consequential results (C) of the cascade (consequential results considers a
substitution value of 1; i.e. no quality effects are considered) . . . . . . . . 43
5.6 Influence of modeling quality as a substitution parameter (each result indi-
cates the total between avoided and emitted emissions per simulation) . . . 44

6.1 Différence de couverture des méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48


6.2 Scénario d’enchevêtrement de boucles ouvertes et une boucle fermée . . . . 49

B.1 Allocation principle of an approach based on system boundaries (i.e., cut-off


approach) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
B.2 Allocation principle for relay race approaches (i.e., open loop and proposed
approaches) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
B.3 Schematic overview of quantities for the consequential model (d = 1) . . . 64
B.4 Changing the cascade FUs to meet cascading of 1 cubic meter of softwood
lumber (A = Cut off approach ; B = Proposed approach ; C = Open loop
approach, unmodified ; D = Open loop approach, corrected for functional
unit consistency) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
B.5 Fixing the FU quantities, but not the allocation factor on Etot(n−1) (A = Cut
off approach ; B = Proposed approach ; C = Open loop approach, modified
for functional unit consistency) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

C.1 Contribution des fichiers dans Brightway2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

D.1 Influence du paramètre RC [() = 0 ; (’) = 0,5 ; (”) = 1,0] pour la méthode
100 : 0 (A) et la méthode proposée (B) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
D.2 Influence du paramètre RRE [() = 0 ; (’) = 0,5 ; (”) = 1,0] pour la méthode
100 : 0 (A) et la méthode proposée (B) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
D.3 Comparaison de l’influence des arrières-plans attributionnels, A = Méthode
100 : 0 ; B = Méthode de boucle ouverte ; C = Méthode proposée, les
résultats marqués (’) indiquent la base APOS . . . . . . . . . . . . . . . . 72
D.4 Comparaison de l’influence de l’arrière-plan conséquentiel face à attributionnel 73

x
LISTE DES TABLEAUX

2.1 Catégorisation des méthodes de la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

5.1 Terminology used in forumlas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

6.1 Analyse des flux d’un système enchevêtré de boucles ouvertes et fermée . . 50

A.1 Critères pour une méthode attributionnelle d’affectation cohérente en fin


de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
A.2 Performance des méthodes face aux critères pour une affectation attribu-
tionnelle cohérente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

B.1 Example of an inventory, virgin sourced under the cut-off approach . . . . 61


B.2 Determination of consequential quantities . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
B.3 CR/CRRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

xi
LISTE DES SYMBOLES

Le tableau ci-dessous présente les symboles retenus lors de la rédaction du mémoire.

Symbole Description
A Inventaire de cycle de vie associé aux activités d’assemblage (in-
cluant les transports)
c Rapport d’efficacité de conversion de la matière résiduelle en pers-
pective conséquentielle
C Rapport d’efficacité de la conversion de la matière résiduelle en
matière récupérée en perspective attributionnelle
d Rapport de déplacement en perspective conséquentielle
D Inventaire de cycle de vie associé aux activités de déconstruction
ou démolition
Ealt Inventaire du cycle de vie associé aux produits alternatifs requis
pour remplir la demande dans les systèmes affectés par la matière
déplacée
Ed Inventaire de cycle de vie associé à l’enfouissement (incluant les
transports)
Edisp Inventaire du cycle de vie associé à la matière déplacée
Eprim Inventaire de cycle de vie associé à la production vierge, l’usage et
le traitement en fin de vie de cette matière
Erec Inventaire de cycle de vie associé à la matière recyclée, du point
de substitution à la fin de vie
ERC Inventaire de cycle de vie associé à la production de la matière
recyclée
ERRE Inventaire de cycle de vie associé au recyclage en fin de vie (in-
cluant les transports)
(ERRE +ERC )RRE Inventaire du cycle de vie associé au recyclage en fin de vie, en
plus des procédés réalisant le recyclage des matières résiduelles
(accordé au même cycle de vie)
Etot Inventaire de cycle de vie total associé au modèle conséquentiel
Etot(n) Inventaire de cycle de vie total associé au nième cycle de vie
Etot(n−1) Inventaire de cycle de vie total associé au nième -1 cycle de vie
Ev Inventaire de cycle de vie associé à la production de la matière
vierge
F Rapport de la valeur économique entre la matière vierge et la ma-
tière récupérée. Si aucun rapport n’est utilisé, F = 1
F(n−1) Rapport de la valeur économique entre la matière vierge et la
matière récupérée au cycle précédent. Si aucun rapport n’est
utilisé,F(n−1) =1
F Ui Quantité associée à l’unité fonctionnelle du cycle actuel
F U(i−1) Quantité associée à l’unité fonctionnelle du cycle précédent
i Itérateur
LCF U Cycles de vie considérés pour l’unité fonctionnelle

xii
Liste des symboles (suite)
Symbole Description
M QLC Quantité totale de matière requise pour le nombre de cycles de vie
considérés
M Q(LC_F U ) Quantité de matière utilisée par le flux de référence du cycle
considéré
n Valeur de l’itérateur au cycle étudié
Q Facteur de qualité
Qi Qualité initiale d’un produit
Qf Qualité finale d’un produit (après traitement des résidus)
r Rapport de récupération de la matière en perspective conséquen-
tielle
Rate Rapport d’efficacité de transformation à la quantité requise pour
remplir l’unité fonctionnelle (F ui )
RC Rapport de contenu recyclé dans le produit
RRE Rapport de recyclage en fin de vie du produit
RREM Rapport de matières recyclées dans le marché actuel du produit
z Valeur de l’itérateur au cycle final

γi,p Facteur de correction fondé sur la valeur de la matière résiduelle
et de son contenu

xiii
LISTE DES ACRONYMES

Le tableau ci-dessous présente les acronymes retenus lors de la rédaction du mémoire.

Acronyme Définition
3RV-E Réduire, réutiliser, recycler, valoriser et enfouir
ACV Analyse du cycle de vie
ACV-A Analyse du cycle de vie attributionnelle
ACV-C Analyse du cycle de vie conséquentielle
CRD Construction-Rénovation-Démolition
ICV Inventaire du cycle de vie
ISO Organisation internationale de normalisation

xiv
CHAPITRE 1
Introduction

Au Canada, tout comme dans plusieurs autres pays développés, le secteur du bâtiment est
responsable, à lui seul, de 30 à 40 % des matières résiduelles générées sur une base annuelle
[1, 2, 3]. Ces matières sont hautement hétérogènes étant donné la nature des structures
et l’architecture de celles-ci [3]. Heureusement, ces matières ne sont pas toutes enfouies
directement, car plus de 50 % d’entre-elles sont récupérées pour des fins de réutilisation,
recyclage et valorisation [4].

En pratique, il est admis qu’une gestion saine de ces résidus passe par l’application des
principes de l’«économie circulaire». L’économie circulaire étant définie comme un «sys-
tème de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des
ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique
circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être
des individus et des collectivités»[5]. Dans l’objectif de rendre opérationnelle l’économie
circulaire, la hiérarchie du 3RV-E (réduire, réutiliser, recycler, valoriser et éliminer) est
mise de l’avant [6]. Ceci permet alors aux matières résiduelles de réaliser plusieurs cycles
de vie.

Lorsque de multiples cycles sont réalisés dans l’objectif d’optimiser l’usage des propriétés
intrinsèques d’une ressource, il est alors question d’ «utilisation en cascade»[7]. La notion
d’optimisation de la cascade et de réduction de l’empreinte environnementale est habituel-
lement étudiée au moyen de l’analyse du cycle de vie (ACV) [8]. Cet outil permet d’avoir
une approche holistique de la situation en considérant, tel que son nom l’indique, l’en-
semble du cycle de vie, soit du berceau au tombeau. Cet outil cible notamment à capter
les complexités des émissions à l’environnement et de la consommation des ressources à
l’aide d’indicateurs variés basés non seulement sur les émissions de gaz à effet de serre,
mais aussi l’acidification, l’eutrophisation aquatique et les effets sur la santé humaine. Les
indicateurs se fondent sur la consommation de ressources non renouvelables, les émissions
à l’air, dans les sols et à l’eau. L’ACV s’applique autant pour la caractérisation des impacts
environnementaux d’un produit qu’à l’échelle d’un bâtiment.

La considération de multiples cycles de vie impose un défi méthodologique de taille en


ACV. En effet, la réutilisation, le recyclage et la valorisation induisent le problème que le

1
nouvel usage donné à la matière résiduelle signifie aussi l’octroi d’une fonction supplémen-
taire (qui n’est pas nécessairement liée à sa fonction antérieure). En ACV, un procédé ou
produit avec plus d’une fonction génère un problème de «multifonctionnalité». Essentiel-
lement, un problème de multifonctionnalité consiste à avoir un système qui comble plus
de fonctions que celles retenues pour conduire l’ACV. La résolution de ce problème est
réalisée à l’aide de ce qu’on appelle une méthode d’affectation. Le choix de la méthode
d’affectation est un enjeu important, car il existe plusieurs méthodes [9, 10] et celles-ci
peuvent avoir une influence importante sur les résultats d’une étude [11].

De plus, il est reconnu que le pourquoi et le comment de la réutilisation, du recyclage


et de la valorisation dépendent non seulement de la quantité de matière récupérée, mais
aussi de la qualité des résidus [12, 13, 14]. La qualité de la matière pouvant être établie à
partir des propriétés intrinsèques ou économiques d’un produit. Cette qualité est appelée
à varier entre les différents cycles d’utilisation. Or, il s’agit d’un enjeu encore peu étudié
en ACV [15]. Ceci soulève donc la question :

Quelle est l’influence d’intégrer la qualité dans la modélisation de la fin de vie des résidus
de construction ?

L’objectif principal de ce projet étant de développer une méthodologie pour intégrer la


qualité dans la modélisation en ACV et déterminer son influence sur les méthodes d’affec-
tation en prenant comme étude de cas les résidus de construction en bois.

Ce mémoire est réalisé en sept chapitres. Le second chapitre traite de l’état de l’art relatif
aux enjeux du problème de multifonctionnalité des systèmes impliquant les 3RV-E (référés
sous systèmes de recyclage pour le reste de ce mémoire) et la considération de la qualité en
ACV. La problématique et les objectifs du projet de recherche sont détaillés au troisième
chapitre. Un survol de la méthodologie du projet de recherche est présenté au quatrième
chapitre. Le cinquième est un article tiré des résultats de ce projet de recherche. Cet article
permet notamment de répondre à l’objectif principal du projet de recherche. Le sixième
chapitre permet de détailler et mettre en perspective quelques résultats du cas d’étude et
de revenir sur certains détails méthodologiques n’étant abordés que sommairement dans
l’article. La conclusion est présentée au septième et dernier chapitre.

2
CHAPITRE 2
État de l’art

Le problème étudié est fortement lié à la notion des cycles de vie multiples. Ainsi, deux
concepts moteurs, soit l’économie circulaire et l’utilisation en cascade, sont brièvement
présentés pour situer les applications possibles. Ensuite, une revue des structures des
normes encadrant l’ACV avec un intérêt particulier pour le traitement des systèmes de
recyclage est présentée. Par la suite, une revue critique des méthodes de résolution de la
multifonctionnalité des systèmes de recyclage est réalisée. Pour terminer ce chapitre, une
attention particulière est donnée à l’intégration de la notion de qualité dans l’ACV.

2.1 L’économie circulaire et l’utilisation en cascade


À travers le monde, des signes de la contribution de l’être humain à la détérioration de son
environnement sont mesurés [16]. C’est pourquoi il y a actuellement des objectifs d’atté-
nuation des effets des changements climatiques, de réduction des émissions, d’optimisation
des ressources extraites et de transition vers des ressources renouvelables [6]. Ces cibles
visent à rendre durable le développement des sociétés actuelles et futures.

L’économie circulaire et l’utilisation en cascade sont deux concepts qui gagnent actuelle-
ment en popularité, autant dans la communauté scientifique que chez les praticiens et qui
visent à l’atteinte d’un état de consommation plus durable pour les sociétés [6, 17, 18].

D’abord, l’économie circulaire est un concept à visées à la fois économiques, sociales et


environnementales, ce qui en fait un candidat idéal dans la mise en marche du dévelop-
pement durable. En se fondant sur les notions de réduction, réutilisation, recyclage et
de valorisation, l’économie circulaire vise à détourner la consommation des produits du
modèle linéaire. Pour ce faire, les boucles dites les plus «courtes»sont favorisées [17]. Une
synthèse du concept est proposée par le Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en
Ingénierie Durable et Écoconception (LIRIDE), laquelle est reproduite à la figure 2.1.

L’aspect de boucles courtes est mis en valeur à la figure 2.1 en distinguant que les produits
sont conservés le plus longtemps possible en phase de consommation (ou de redistribution)
avant de les récupérer pour une nouvelle phase de production.

En bref, les stratégies d’économie circulaire visent à éviter l’élimination au maximum, soit
de limiter l’état de déchet des matières qui atteignent la fin d’un cycle [17, 18].

3
Figure 2.1 Schéma simplifié de l’économie circulaire (
c LIRIDE)

Il a été observé que l’utilisation en cascade, laquelle est un concept d’utilisation de la


ressource optimisant l’usage séquentiel de la qualité [7], est un complément idéal dans la
mise en oeuvre de l’économie circulaire [6]. Dans cette perspective, l’usage des proprié-
tés (techniques) d’une ressource se doit de maximiser la préservation de cette propriété
(qualité de la ressource) aussi longtemps que possible (durée d’utilisation). Par exemple,
des produits structuraux à base de bois devraient être utilisés pour des fins structurales
jusqu’à ce que les pièces soient trop endommagées. À ce moment, il pourrait être considéré
de les réduire en particules pour une application dans un équipement de bureau si aucune
autre application ne peut être réalisée avec les résidus du cycle précédent.

En plus de la qualité de la ressource et la durée d’utilisation, l’utilisation en cascade fait


aussi appel aux aspects de récupérabilité et de taux de consommation. La récupérabilité
suggère qu’une fois la qualité épuisée dans une application, une cascade complète devrait
permettre l’usage de la ressource épuisée dans une autre application (ou pour une autre
propriété physique, ce qui pourrait mener à une nouvelle cascade distincte). Le taux de
consommation réfère à l’optimisation du temps d’utilisation. En ce sens, une consommation
à une vitesse excessive d’une cascade optimisée pour sa qualité peut, malgré tout, mener
à l’épuisement de la ressource. Les fondements de l’utilisation en cascade sont synthétisés
à la figure 2.2.

4
Figure 2.2 Principes de l’utilisation en cascade (inspiré de [7])

En pratique, les études d’utilisation en cascade sont principalement réalisées sur des pro-
duits de biomasse [6]. Cela n’empêche toutefois pas que le concept d’utilisation en cascade
soit applicable pour différents produits qui ne sont pas liés à la biomasse (par exemple :
métaux, tissus, plastiques, etc.).

Dans le secteur des produits du bois, il existe plusieurs exemples de cascades [8, 6]. Une
étude récente a d’ailleurs démontré que les bâtiments pouvaient former un gisement in-
téressant pour l’utilisation en cascade, car les produits du bois y étant installés sont
habituellement de haute qualité par rapport aux opportunités d’applications subséquentes
des matériaux [19]. Plusieurs études de cas d’utilisation en cascade visent l’optimisation
du système sur la base environnementale [20, 21, 22]. Une revue de littérature récente a
identifié que l’outil favorisé pour ce type d’étude est l’ACV [8]. Toutefois, les auteurs des
études révisées adoptent une variété de méthodes pour traiter de la fin de vie des produits,
de même que de perspectives pour modéliser les impacts et bénéfices associés aux cascades.

5
2.2 L’ACV selon les normes ISO 14040 et 14044
La notion de cohérence (et donc de comparabilité) entre les études de cycle de vie environ-
nemental est à l’origine du développement de la première série de normes internationales
sur la conduite de l’ACV. C’est au début des années 1990 qu’est lancée la série de normes
ISO 14040 à 14043 [23]. Ces normes ont offert un cadre méthodologique officiel pour la
conduite de l’ACV et contribué à l’établissement d’une communauté de recherche et de
pratique sur le sujet [24]. À ce jour, une synthèse des normes a été réalisée, conduisant
aux plus récentes publications des normes ISO 14040 et ISO 14044 en 2006, lesquelles
présentent les principes et exigences techniques respectivement [25, 26].

La norme ISO 14040 présente l’ACV dans un cadre méthodologique en quatre phases.
Celles-ci sont illustrées à la figure 2.3.

Figure 2.3 Principales phases de l’ACV (inspiré d’ISO 14040)

Les quatre phases de la figure 2.3 correspondent à la définition des objectifs et du champ
de l’étude, l’inventaire, l’évaluation des impacts et l’interprétation. Cette figure illustre
d’ailleurs l’interaction qu’ont les différentes phases entre elles. Un cheminement itératif
est associé à l’interprétation des sortants de chacune des phases. L’aspect itératif permet
d’apporter les ajustements nécessaires aux différentes phases pour assurer que les résul-
tats d’une ACV soient adéquats pour l’application externe envisagée (amélioration de la
précision de certaines données, révision de la portée de l’étude, etc.)

6
La première phase permet d’énoncer les objectifs de l’étude, le ou les systèmes étudiés (au
moyen d’une fonction, une unité fonctionnelle, les flux de référence et les paramètres clefs)
et les frontières du système.

La seconde phase permet de générer l’inventaire du cycle de vie (ICV). Cette phase consiste
au recueil des données, le calcul de l’inventaire, ainsi qu’à l’affectation des flux et émis-
sions. Il est à noter que les normes ISO 14040/44 reconnaissent une différence entre les
flux élémentaires (intrants et sortants à l’écosphère) et les flux technologiques (produits
technologiques cheminant dans la technosphère). Les interactions à l’environnement et la
consommation et transformation de produits sont donc comptabilisées en rapport à l’unité
fonctionnelle et les frontières déterminées à la phase antérieure.

La troisième phase consiste en l’évaluation des impacts du cycle de vie de l’inventaire.


Pour ce faire, des modèles de caractérisation tels que TRACI v2.1 [27] ou IMPACT2002+
vQ2.21 [28] sont disponibles. Cette phase permet notamment de vérifier que les résultats
sont en ligne avec les objectifs de l’étude ou si des modifications sont requises pour mieux
les atteindre. Des étapes facultatives de normalisation, groupement, désagrégation et de
pondération sont évaluées dans cette phase.

La quatrième et dernière phase est l’interprétation. Bien que celle-ci soit réalisée en continu
dans une ACV, cette phase s’interroge sur les limitations, la pertinence et les conclusions
qui peuvent être tirées. Cette phase inclut des analyses de sensibilité, les itérations des
étapes antérieures ou la révision de la qualité des données utilisées.

Le sujet principal de ce mémoire réside dans le dernier volet présenté de la phase d’inven-
taire, soit l’affectation. Celui-ci englobe l’ensemble des méthodes utilisables pour résoudre
les cas de multifonctionnalité et est donc étudié plus en détail.

2.2.1 Systèmes de recyclage selon la norme ISO 14044


En ACV, deux concepts centraux sont la fonction et l’unité fonctionnelle. La fonction
d’un système fait référence aux caractéristiques de performance exigées du produit ou
service. L’unité fonctionnelle est une grandeur qui permet la quantification de la fonction.
Certains produits ou services peuvent toutefois avoir plus d’une fonction, ce qui est appelé
la multifonctionnalité. La norme ISO 14044 précise les exigences techniques à ce sujet.

Trois étapes sont répertoriées à l’article 4.3.4 de la norme pour traiter des situations de
multifonctionnalité associées aux produits multiples (ou coproduits). Le cas des affectations
associées aux cycles de vie multiples (référées sous le nom simplifié de réutilisation et
recyclage à l’article 4.3.4.3 de la norme) se distingue en ajoutant une étape supplémentaire.

7
Les affectations permettent de résoudre les situations de multifonctionnalité en imputant
les flux associés aux procédés ou produits contribuant à la fonction étudiée (dans le cas
de cycles de vie multiples, cela revient à imputer au cycle de vie étudié). Le principe
fondamental d’une affectation est que l’inventaire avant affectation doit être égal à la
somme des inventaires suite à l’affectation.

La première étape pour résoudre un problème d’affectation est d’éviter l’affectation. Deux
moyens sont à disposition pour éviter cette procédure. Le premier consiste à accumuler
les informations nécessaires pour subdiviser le processus en sous-processus indépendants
(ce qui correspond à un raffinement des informations requises pour l’étude). Le second
intervient lorsqu’il n’est plus possible d’obtenir de sous-processus. À ce moment, il peut
être pertinent de considérer élargir le champ de l’étude (itérant alors la première étape de
l’étude) en «étendant le système de produits pour y inclure les fonctions supplémentaires
des coproduits»[26].

Un exemple d’application de cette première étape peut être trouvé dans un centre de
traitement des résidus de construction-rénovation-démolition (CRD). En supposant une
étude ciblant les produits en bois et que l’usine traite un amalgame de l’ensemble des
résidus du secteur (exemple acier, bois, béton, gypse, etc.), une définition plus approfondie
du fonctionnement de l’usine pourrait démontrer que ce n’est pas l’ensemble des processus
qui sont communs, mais plutôt une fraction de ceux-ci, car les résidus sont séparés en
début de traitement selon les différents matériaux. L’affectation est alors évitée sur une
section importante de la chaîne de traitement. Or, il demeure l’étape de séparation qui est
commune et où les différents matériaux sont encore mélangés sur les convoyeurs. Pour cette
application, l’extension de frontières correspondrait à inclure dans l’étude la séparation
de l’ensemble des résidus mélangés. Les objectifs et le champ de l’étude seraient alors à
revoir en conséquence. Cette solution n’est toutefois pas particulièrement convenable pour
les objectifs de l’étude. Ceci amène à la seconde étape de la norme.

La seconde étape considère que l’affectation est alors inévitable (par exemple l’entrée de
résidus mélangés dans une étude axée sur le bois exclusivement). L’affectation prioritaire
est alors une affectation fondée sur un lien de type physique. Les relations de masse,
de volume, de rendement et équations stoechiométriques forment des exemples plausibles
pour appliquer une affectation sur un lien physique.

La troisième étape correspond à une affectation de dernier recours, laquelle consiste à


employer toute autre relation qui permet de faire un lien entre les deux procédés qui
doivent être séparés. Parmi les options envisageables, la plus commune pour y satisfaire

8
est d’employer une affectation sur base économique. L’affectation sur base économique
consiste à comparer la valeur des coproduits pour en établir un rapport face au revenu
total des extrants concernés. Pour une matière recyclée, il peut être considéré son rapport
économique entre les différents cycles de vie.

Une synthèse des trois étapes communes aux coproduits et à la section 4.3.4.3. de la norme
est présentée à la figure 2.4.

Figure 2.4 Méthodes d’affectations selon ISO 14044 (inspiré de [29])

Les cas d’affectations associés à la réutilisation et au recyclage doivent accorder une impor-
tance particulière aux flux de matériaux et à leur qualité. En ce sens, il faut tenir compte
des fonctions que peuvent remplir les matériaux touchés dans leurs différents cycles de vie
et leur possible dégradation.

La considération de ces paramètres implique que le nombre de vies utiles des matières re-
cyclées peut jouer sur le bilan environnemental de ceux-ci et qu’une analyse du cycle de vie
comportant des matières recyclées se doit d’avoir une méthode pour en faire l’affectation
lorsque les autres recours sont épuisés.

Ainsi, la quatrième étape, exclusive aux systèmes de recyclage, consiste à fonder l’affecta-
tion sur le nombre d’utilisations subséquentes accordées à la matière. La norme ISO 14044
ne précise pas exactement comment déterminer ce nombre. Toutefois, dans un exemple de
la publication technique ISO/TR 14049, ce nombre est fondé sur la quantité de matière
utilisable totale dans ses multiples cycles subséquents [30].

Malgré ces quatre étapes, cela ne couvre pas toutes les dimensions du problème (notam-
ment l’incorporation de la qualité), ce qui porte la norme ISO 14044 à reconnaître que
plusieurs méthodes sont applicables. Elle propose toutefois de distinguer entre un système

9
en circuit fermé et système en circuit ouvert. Une synthèse de ces concepts y est aussi
présentée, laquelle est reproduite à la figure 2.5.

Figure 2.5 Illustration des concepts de circuits fermés et ouverts (inspiré d’ISO
14044)

L’approche indiquée par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) met en va-


leur que l’ACV possède sa propre définition du recyclage. L’approche technique considère
qu’une boucle est fermée s’il y a retour au point de départ et que les autres situations
forment des boucles ouvertes. De son côté, l’approche prescrite pour l’ACV se fonde plu-
tôt sur le changement de propriétés et d’usages pour définir que le circuit n’est plus le
même.

Par exemple, une poutre en acier (profilé W), hypothétiquement recyclée en cornières, ne
correspond plus à sa description technique initiale. Il s’agit alors d’un circuit ouvert dans
une approche technique. Toutefois, du côté de l’ACV, le changement de forme physique
entre les deux cycles de vie ne dérange point, dans la limite où ces deux produits possèdent
et sont utilisés pour les mêmes propriétés par la suite. Du point de vue de l’ACV, ceci est
alors un cas de boucle fermée selon la norme ISO 14044.

L’ISO présente quelques moyens de résolution des systèmes multifonctionnels au travers de


ses publications techniques, telle que l’ISO/TR 14049 [30]. Celle-ci traite d’une situation
de recyclage comportant une boucle ouverte où les applications subséquentes réduisent la
qualité initiale du produit. Cette situation est parfois appelée «sous cyclage »(downcy-
cling), car la réduction de qualité est nuisible à une application subséquente. Le système
est modélisé par une série de MacLaurin (somme d’une série géométrique), laquelle est
utilisée pour définir le facteur requis pour faire l’affectation du système. Fait intéressant
à noter, le facteur d’affectation n’est basé que sur la quantité de matière utilisée dans les
cycles subséquents (étape 4 de la norme). Ainsi, la dégradation de la matière et l’aspect de
quantité se retrouvent amalgamés. De plus, l’ISO/TR 14049 ne mentionne que les situa-

10
tions de réduction de qualité. Aucune indication n’est prodiguée pour faire directement le
calcul d’une situation où la qualité est améliorée («sur-cyclage»ou upcycling).

2.2.2 Critiques associées à la norme ISO 14044


La norme ISO 14044 se veut la principale référence en matière d’exigences techniques
pour la conduite de l’ACV. Or, ses exigences peuvent parfois être trop pointues pour être
généralisables, ou encore trop peu contraignantes. Dans le cas des systèmes de recyclage,
les critiques suivantes peuvent être relevées :

1. Les options proposées dans la norme pour la résolution de la multifonctionnalité


des systèmes de recyclage ne reconnaissent pas l’existence de différentes perspectives
pour réaliser l’ACV [31]. En ce sens, il a été relevé qu’il existe plusieurs perspectives
pour conduire une ACV, dont les deux plus communément discutées sont attribution-
nelle et conséquentielle (définies plus en détails à la section 2.3.2) [32]. Par exemple,
l’ACV conséquentielle repose principalement sur la substitution, ce qui n’est pas une
option représentée dans la norme.
2. La hiérarchie imposée dans la résolution des systèmes de recyclage n’est pas justifiée
[31]. Un exemple provient du raffinement du pétrole, où les principaux motifs de
production sont économiques (option 3), mais qu’il est tout autant possible d’établir
des relations physiques entre les différents produits (option 2). Un tel problème vient
du fait que la solution peut être approchée avec une préférence pour les sciences
naturelles (réalisme physique) ou sciences socioéconomiques (qui cible une équité)
[33].
3. La hiérarchie de la norme cause le problème récurrent de devoir justifier une par-
ticularité des matières résiduelles : les questions du pourquoi et du comment sont
traitées les matières en fin de vie sont fortement liées à la quantité et la qualité de
celles-ci [12]. En optant pour un seul paramètre (par exemple la masse), ceci rend
complètement insensibles les résultats à un système de recyclage qui produit une
matière de qualité médiocre. En ne retenant que la qualité, l’aspect de quantité se
voit complètement ignoré.
4. Considérant la latitude offerte par la norme ISO 14044, il est postulé que certaines
méthodes d’affectation sont plus appropriées en fonction du matériau ou du produit
qui est étudié [34]. C’est notamment le cas des métaux [35]. Pourtant, ces méthodes
ont aussi des effets sur les résultats. Effectivement, l’utilisation de différentes mé-
thodes peut générer des résultats différents au niveau des systèmes étudiés [11].
Admettre que différentes méthodes sont applicables implique que la robustesse des
résultats peut être discutable si aucune analyse de sensibilité n’est conduite. Or, ceci

11
sous-tend aussi que le choix des méthodes d’affectation retenues se fonde sur la force
de la rhétorique appliquée [36].
5. La distinction entre les notions de boucles ouvertes et fermées n’est pas utile dans
la résolution du problème d’affectation de cycles de vie multiples [37]. En ce sens,
le recyclage en boucle fermée est, du moins implicitement, supposé supérieur à la
boucle ouverte. Ce qui a été réfuté, car les procédés de recyclage associés au recyclage
en boucle fermée ne génèrent pas nécessairement moins d’émissions que les procédés
pour le recyclage en boucle ouverte. De plus, il n’existe pas de garantie pour que la
quantité de matière récupérée de façon efficace par le système en boucle fermée soit
supérieure à celle du système en boucle ouverte (argument de quantité) [37].
Finalement, en considérant que la distinction entre boucle fermée et boucle ouverte
des vues de l’ACV repose sur le maintien ou le changement dans les propriétés
inhérentes, il est clair que la notion de boucle ouverte ou boucle fermée n’est en
rien comparable avec l’approche technique illustrée à la figure 2.5. Effectivement, le
recyclage (incluant les boucles fermées techniques) génère presque systématiquement
une dégradation des propriétés inhérentes [37, 38, 39]. La notion de boucle ouverte
ou boucle fermée, au sens de l’ACV, se résume plutôt à la question : est-ce possible
de recycler à l’infini une matière pour en refaire une application similaire (la boucle
fermée n’étant alors qu’un cas extrême de recyclage en boucle ouverte) [40] ?

2.3 Modélisation des systèmes de recyclage selon la


littérature
De par les critiques citées à la section précédente, il est évident que les recommandations
et exigences de la norme ISO 14044 ne sont pas suffisantes pour offrir une solution unique
au problème d’affectation des systèmes de recyclage. Cette section s’intéresse donc aux
méthodes qui ont été développées pour la résolution de ce problème.

2.3.1 Les principales catégories de méthodes


Plusieurs méthodes ont été proposées dans la littérature et un certain nombre de projets
se sont concentrés exclusivement à synthétiser cette diversité dans la littérature [41, 10,
42]. Certains projets ayant d’ailleurs eu pour objectif de comparer les méthodes (et leurs
variantes) [42, 9].

La justification de l’existence de toutes ces méthodes est liée à des divergences dans les hy-
pothèses et objectifs des méthodes. Une liste non exhaustive des considérations et objectifs
des méthodes est présentée ici à titre d’exemple :

12
– Promouvoir le recyclage en fin de vie et le développement de produits recyclables ;
– Promouvoir l’utilisation de produits recyclés ;
– Promouvoir les deux objectifs précédents en même temps ;
– Considérer les matières récupérées comme un déchet jusqu’à sa conversion en matière
recyclée en bonne et due forme ;
– Considérer les matières récupérées comme une ressource ;
– Considérer les interactions et conséquences sur les marchés de matières vierges et
récupérées [42].

Les différentes méthodes peuvent être regroupées sous trois catégories principales. Ces
catégories sont la résolution (1) par l’établissement de frontières, (2) par la redistribution
de l’inventaire et (3) par l’extension de frontières suivie de la substitution.

La première catégorie résout la multifonctionnalité en considérant que seule l’attribution


du procédé de récupération est requise. En ce sens, ces méthodes d’affectation vont isoler
les cycles entre eux, soit en incluant le procédé de récupération dans le cycle qui génère
la matière résiduelle, soit en excluant le procédé ou encore une solution intermédiaire sera
retenue. La synthèse de cette catégorie est présentée à la figure 2.6.

Figure 2.6 Fonctionnement général d’une affectation par établissement de fron-


tières (inspiré de [10])

La seconde catégorie suppose que le cycle générant la matière résiduelle a le rôle de gestion-
naire des matériaux. À l’image d’une course à relais [43], chaque cycle passe un «bâton»au
suivant. Chaque cycle étant responsable de l’état du bâton de la réception au prochain
relais. La matière re-circulée est alors traitée comme dans un cas d’affectation classique où
un paramètre d’affectation doit être déterminé pour attribuer quelle part de l’inventaire
revient au cycle générant la matière résiduelle, et quelle part revient au(x) cycle(s) en aval.
Généralement, le procédé de récupération est considéré dans le cycle générant la matière
résiduelle. Ceci permet de déterminer un «point de substitution», où la matière résiduelle
peut de nouveau être comparée avec la matière d’origine. Cette catégorie inclut plusieurs
interprétations de l’inventaire à partager (ex. : seulement l’inventaire de production vierge,
l’inventaire de toutes les phases de production et d’enfouissement ou encore l’ensemble du
cycle). Un exemple de la catégorie de redistribution de l’inventaire est présenté à la figure

13
2.7. Dans cet exemple, le troisième cycle reprend une part de l’inventaire du deuxième
cycle lors de sa phase de production puisqu’il utilise des matières recyclées. La redistribu-
tion touche les procédés de production et de fin de vie du deuxième cycle. De plus, puisque
le second cycle a fait usage de matière recyclée du premier cycle, la redistribution finale
implique que le troisième cycle reprend nécessairement une fraction de l’inventaire du tout
premier cycle.

Figure 2.7 Fonctionnement général d’une affectation par redistribution de l’in-


ventaire (inspiré de [10])

La troisième catégorie se concentre sur les bénéfices de la récupération de la matière. Le


fonctionnement général des méthodes de cette catégorie étant d’identifier des matériaux
équivalents remplacés par la matière récupérée. Pour ces méthodes, l’extension de frontières
permet d’éviter les enjeux d’inclusion ou d’exclusion des procédés de récupération (car ils
sont nécessairement inclus). Les principaux défis consistent à établir quelle matière est
évitée et quelles sont les phases du cycle de vie qui doivent être incluses à la substitution
(ex : seulement la production ou jusqu’à l’enfouissement). Un exemple de cette catégorie
est donné à la figure 2.8. Les éléments encadrés de rouge font référence à une combinaison
possible de procédés substitués.

Figure 2.8 Fonctionnement général d’une affectation par extension de frontières


et substitution

Les catégories présentées aux paragraphes précédents sont maintenant utilisées pour dis-
cerner le fonctionnement de méthodes d’affectation tirées de la littérature. Le tableau

14
2.1 introduit ces dernières sous la forme d’équations. Les différentes nomenclatures ont
été, dans la mesure du possible, harmonisées pour mettre en lumière les similitudes et
différences. Il faut toutefois noter que les indices (i) et (n) ne sont ajoutés que dans les
équations où l’interprétation n’est pas sans équivoque. La description des équations du
tableau est présentée à la suite de celui-ci.

Tableau 2.1 Catégorisation des méthodes de la littérature


Catégorie Méthode Formule
1 100 : 0 [10] Etot(n) = Ev +Ed −RC ·(Ev −ERC )−RRE ·(Ed −ERRE )
1 50 : 50 [9] Etot(n) = Ev · (1 − RC) + Ed · (1 − RRE) + RC
2
· ERC +
RRE
2
· ERRE
2 Linéairement Etot(n) = (1 − RC) · ( 2z−1
z2
· Ev + Ez2d ) + (1 − RRE) · ( Ez2v +
2z−1
dégressive [9] z2
· Ed ) + RC
2
· ERC + RRE2
· ERRE
2 Boucle ouverte Etot(n) = [Ev + Ed − RC · (Ev − Etot(n−1) · F(n−1) ) − RRE ·
1
[10] (Ed − (ERRE + ERC )RRE )] · 1+RRE·C·F
Q −Q 
2 Qualité (1re Etot(n) = (n)Q(1)(n+1) · (Ev(1) + zi=1 Ed(i) ) + Ev(n) +
option) [44] ERC(n) + ERRE(n)
Q −Q 
2 Qualité (2e Etot(n) = (n)Q(1)(n+1) · [Ev(1) + zi=1 (Ed(i) + ERC(i) +
option) [44] ERRE(i) )] + Ev(n)
Q 
2 Qualité (3e Etot(n) = z (n)Q(n) · [Ev(1) + zi=1 (Ed(i) + ERC(i) +
i=1
option) [44] ERRE(i) )] + Ev(n)
M Q(LC_F U )
2 Multi-recycling Etot(n) = 
M QLC
· Etot
LCF U
approach [45]
3 End of life Etot = Eprim + Erec − d·r·c
1−(1−d)·r·c
· (Eprim + Edisp )
recycling [46]
3 Value corrected Etot(n) = Ev · (1 − RC) + RC · ERC + Ed · (1 − RRE) +

substitution 2.0 RRE · ERRE − Ev · γi,p
[47]
3 Quality credit Etot(n) = Ev · (1 − RC) + RC · ERC + Ed · (1 − RRE) +
[48] RRE · ERRE − (RREM · ERRE + (1 − RREM ) · Q · Ev )

Les méthodes présentées au tableau 2.1 ne forment pas une liste exhaustive des méthodes
qui existent, mais plutôt un échantillon qui se veut représentatif de ces principales caté-
gories. Un survol de ces méthodes est donc réalisé ci-dessous.

15
– Méthode 100 : 0
La méthode 100 : 0, aussi connue sous les noms de méthode Cut-off ou méthode
recycled content [49, 50, 9], est reconnue pour sa simplicité. C’est d’ailleurs ce qui la
rend populaire [42]. Peu d’informations sont requises sur l’origine des matières recy-
clées, tout comme les informations requises en fin de vie se limitent à leur transport.
Par son absence de redistribution d’inventaire, cette méthode permet l’identifica-
tion aisée de procédés à hautes émissions environnementales [50]. Toutefois, cette
absence de redistribution favorise la consommation de matières résiduelles dans une
approche «zéro émissions». La méthode peut donc générer des cycles à de très faibles
émissions, alors que les cycles en amont ou en aval deviennent hautement polluants
[42]. Il existe une variante de cette méthode où les procédés de récupération sont in-
tégrés dans le cycle générant les matières résiduelles (exigeant alors de connaître les
procédés de traitement de la matière après son transport au point de récupération)
[10].
– Méthode 50 : 50
La méthode 50 : 50 possède la particularité d’être un intermédiaire entre les deux
variantes de la méthode 100 : 0. Les procédés de récupération sont alors partagés,
plutôt qu’entièrement attribués à un seul cycle. Il faut toutefois noter que cette
distribution à un rapport 50 : 50 demeure arbitraire.
– Linéairement dégressive
Cette méthode emploie les mêmes frontières que la méthode 50 : 50 (les procédés
de récupération sont accordés dans un rapport arbitraire de 50 : 50). La principale
différence provient de sa redistribution des inventaires associés au contenu en matière
vierge et à l’enfouissement. Cette redistribution est fondée sur le nombre total de
cycles de vie.
– Boucle ouverte
La méthode de boucle ouverte retenue emploie des frontières qui incluent le procédé
de récupération dans le cycle qui génère la matière résiduelle. Une redistribution
de l’inventaire se fait au moyen du paramètre Etot(n−1) . Ainsi, dans cette méthode,
toutes les activités sont redistribuées. Le facteur de redistribution se fonde sur le
taux de matière récupérée en fin de vie. Celui-ci est influencé par l’efficacité des
procédés de récupération et considère la possibilité d’une correction de l’affectation
sur une base économique (paramètre F ).
– Qualité
Au tableau 2.1, trois méthodes fondées sur la qualité sont présentées. Les deux pre-
mières options redistribuent l’inventaire sur la base de la variation de la qualité entre

16
deux cycles en se normalisant toujours à la qualité initiale du premier produit. La
principale différence étant l’inventaire redistribué. La première redistribue l’inven-
taire de la production de matière vierge et l’ensemble des activités d’enfouissement.
La seconde redistribue en plus les activités de récupération. La troisième redistribue
le même inventaire que la seconde, mais le facteur est basé sur le poids de la qua-
lité actuelle face à l’ensemble des qualités qu’aura la matière récupérée. Dans tous
les cas, les frontières d’un cycle incluent le procédé de récupération de la matière
résiduelle générée. Il est intéressant à noter que toutes ces méthodes requièrent de
connaître l’ensemble des cycles pour que le calcul de la redistribution soit applicable.
– Multi-recycling approach
Cette méthode utilise une redistribution de l’inventaire fondée sur la quantité de
matière récupérée. En ce sens, cette méthode réalise la somme des inventaires des
cycles de vie totaux, qu’elle redistribue sur l’usage de la quantité de matière que
représente le cycle par rapport au total de matière générée dans le nombre de cycles
de vies. Le tout est alors normalisé sur le nombre de cycles de vie considérés (ex. :
un horizon de temps déterminé permet d’établir le nombre de cycles) [51].
– End of life recycling
La méthode End of life recycling est aussi connue sous le nom de méthode Avoided
burdens [36, 46]. Encore une fois, il existe différentes interprétations de celle-ci sur
les frontières à appliquer et sur les procédés considérés comme évités [50, 36, 39].
L’idée principale étant d’établir le bilan net entre les procédés qui ont lieu et les
procédés évités. La substitution est régulée par la réaction économique du marché
au moyen du paramètre d [46]. Ce paramètre est d’ailleurs reconnu pour représenter
l’incidence de la qualité des matières récupérées [36, 14, 52].
– Value corrected substitution 2.0
Cette méthode possède des objectifs similaires à la méthode End of life recycling. En
ce sens, la méthode tente d’établir un bilan de la consommation nette de la matière
vierge (en substituant ce qui a été évité). Toutefois, la méthode Value corrected
substitution 2.0 s’intéresse au bilan d’un seul cycle. Les frontières sont donc inclusives
du procédé de récupération pour le cycle générant la matière résiduelle. Il s’agit de la

deuxième itération de la méthode, car la version 2.0 comporte le facteur γi,p , lequel
tente de moduler le taux de substitution en fonction de la qualité du produit.
– Quality credit
Cette méthode est similaire à la méthode Value corrected substitution 2.0. Sa prin-
cipale distinction relève de la définition du crédit accordé au bénéfice du recyclage.
Dans cette méthode, le crédit est fondé sur les émissions évitées dans le bassin de

17
matières vierges et secondaires sur le marché. Une correction est accordée pour tenir
compte de la qualité de la matière recyclée, laquelle pourrait ne pas déplacer autant
de matière vierge étant donné une possible dégradation de la matière recyclée.

Les principales distinctions retrouvées dans les trois catégories de méthodes permettent
de mettre en lumière les enjeux de l’affectation dans un système de recyclage [41] :

– Le procédé de récupération est-il à inclure ou à exclure du cycle qui génère la matière


résiduelle ?
– Doit-il y avoir un partage entre les cycles subséquents ? Ceci implique-t-il que le
partage peut être un partage de bénéfices (crédits) ?
– Le recyclage de la matière résiduelle sur de multiples cycles est accompagné d’une
possible dégradation (ou amélioration dans certains cas) de celle-ci. Comment est-il
possible d’en tenir compte ?

2.3.2 Liaison de la perspective de l’étude aux catégories de mé-


thodes
Comme vu à la sous-section précédente, il existe différentes méthodes, lesquelles supportent
différents objectifs. Autrement dit, différents objectifs nécessitent différentes méthodes.
[53, 31, 10].

La mise en oeuvre de cette idée a permis le développement de deux perspectives. Il s’agit


de l’ACV attributionnelle (ACV-A) et l’ACV conséquentielle (ACV-C) [54]. Ces deux
perspectives peuvent être définies telles qu’il suit :

– ACV attributionnelle : Permet d’informer au sujet des impacts environnementaux


portés par le système étudié.
– ACV conséquentielle : Permet d’informer au sujet des impacts environnementaux
portés directement et indirectement par une décision (ou un changement dans la
demande).

Ces définitions sont synthétisées à la figure 2.9. Dans cette représentation, la perspective
attributionnelle isole un secteur d’activités pour étudier les impacts attribuables face à
l’ensemble des autres secteurs. Dans la perspective conséquentielle, les impacts étudiés sont
ceux liés à l’augmentation ou la diminution des activités globales suite au changement.

Une extension de la définition attributionnelle peut être que l’ACV-A, si elle était appli-
quée à l’ensemble des activités mondiales, donnerait pour résultat la somme des impacts
mondiaux [33]. À l’opposé, l’ACV-C ne permettrait pas d’atteindre un tel résultat, car sa
structure se concentre à quantifier un changement. Ceci implique que ces deux perspec-

18
Figure 2.9 Différence entre l’ACV attributionnelle (gauche) et l’ACV consé-
quentielle (droite) (tiré de [55])

tives génèrent des résultats différents et fournissent des informations différentes (et à la
fois complémentaires) lorsqu’elles sont utilisées pour un même produit ou service [56, 57].

Deux distinctions existent dans la conduite d’ACV avec ces deux perspectives. Première-
ment, d’un point de vue méthodologique, l’ACV-A se distingue en faisant usage de l’affec-
tation pour résoudre les problèmes de multifonctionnalité, alors que l’ACV-C fait usage
de la substitution [32, 58, 56]. Deuxièmement, au niveau des données, puisque l’ACV-A
vise à informer des impacts environnementaux du système étudié, les données secondaires
de l’inventaire sont modélisées avec des données de technologies moyennes. Ces données
moyennes sont alors représentatives de toutes les technologies disponibles sur le marché.
À l’opposé, puisque l’ACV-C vise à modéliser des effets causés par un changement dans
le système, des données marginales sont utilisées. Les données marginales correspondent
aux technologies spécifiquement touchées par le changement [55].

Dans une ACV orientée vers un produit, cette distinction de perspectives permet d’appro-
fondir la classification des catégories de méthodes. En ce sens, les catégories de méthodes
par établissement de frontières et de course à relais correspondent à une perspective at-
tributionnelle. La catégorie de méthodes procédant par extension de frontières puis sub-
stitution correspond plutôt à la perspective conséquentielle. La figure 2.10 met en valeur
ces distinctions.

La notion de perspective ne permet pas en soi de résoudre le problème d’affectation.


Toutefois, elle permet une compréhension approfondie des enjeux des systèmes de recyclage
identifiés à la section 2.3.1. En ce sens, la perspective attributionnelle est caractérisée
par un recours à l’affectation dans l’objectif de séparer les cycles. Les trois enjeux que
sont l’attribution du procédé de recyclage, le partage entre les cycles et la variation des

19
Figure 2.10 Cadre méthodologique liant les objectifs aux catégories de mé-
thodes d’affectation (adapté de [58])

propriétés inhérentes sont donc tous applicables. Dans la perspective conséquentielle, la


procédure d’affectation par substitution nécessite le recours à l’extension de frontières. Ceci
revient à inclure les procédés de traitement en fin de vie, ainsi que le cycle subséquent
dans l’analyse. Ainsi, les deux premiers enjeux ne se posent plus (ceci suppose que les
méthodes Value corrected substitution 2.0 et Quality credit ne font qu’une application
incomplète de la perspective conséquentielle). Seul le dernier enjeu de l’altération des
propriétés inhérentes demeure pour la perspective conséquentielle.

2.3.3 Intégration de la qualité


La qualité des matières forme le seul enjeu commun aux deux perspectives. La considéra-
tion de cet enjeu est particulièrement importante, car le «pourquoi»et le «comment»des
activités de récupération de la matière dépendent non seulement de la quantité de matière
récupérée, mais aussi des propriétés techniques qui sont préservées [12, 39, 59].

La variation en qualité des matières résiduelles récupérées est un phénomène qui touche
une large gamme de matériaux. Par exemple, pour les produits du papier, le recyclage de
celui-ci est limité entre 5 à 7 cycles étant donné le raccourcissement de la longueur des
fibres. La variation de la qualité de ce type de produit peut aussi être mesurée par des

20
diminutions dans les propriétés mécaniques [38, 39, 48]. Par exemple, deux études, l’une se
basant sur la longueur des fibres et l’autre sur la résistance en traction du papier recyclé,
ont conclu que la dégradation des produits du papier pouvait se chiffrer à l’aide d’un
rapport pour la qualité de 0.83 [13, 48]. Les produits métalliques (par exemple, faits d’acier
ou d’aluminium) sont aussi sujets à une variation de la qualité, due à la contamination
par différents alliages des métaux récupérés et l’ajout d’additifs pour assurer certaines
caractéristiques définies aux produits finis [47, 39]. Étant donné la complexité d’identifier
laquelle des propriétés techniques est déterminante dans la définition de la qualité des
alliages, une étude a proposé de quantifier la dégradation des propriétés au moyen de
la différence entre les prix moyens sur 5 ans entre les différents alliages. Pour des raisons
similaires aux produits du papier et métalliques, les produits du plastique et du textile sont
aussi sujets à des variations dans leurs propriétés. Par exemple, des essais en laboratoire ont
montré que le polyéthylène haute densité avait la capacité de remplacer du polyéthylène
haute densité vierge à un rapport de 0.75 [48]. Les produits du bois sont aussi sujets au
phénomène de la variation de la qualité. Dans ce dernier cas, les altérations physiques et
les traitements chimiques peuvent être à l’origine de la variation, tout comme les effets
biologiques (par exemple la moisissure des produits) [38, 39, 60]. Une étude a notamment
comparé le module élastique et la résistance en flexion de panneaux de particules recyclés
face à des panneaux de contreplaqué pour établir un rapport de qualité de l’ordre de 0.6
[61].

Il devient donc clair que la qualité est un paramètre qui affecte une large gamme de pro-
duits et qui se doit d’être représenté dans les modèles d’ACV, peu importe la perspective
retenue. Or, l’intégration de la qualité reste encore à ses débuts. Dans une revue de 222
ACV traitant de la gestion en fin de vie des matières résiduelles, il a été identifié que
l’extension de frontières suivie de la substitution (donc la perspective conséquentielle) est
la catégorie de méthodes préférée pour résoudre le problème de multifonctionnalité [62].
Dans la majorité de ces cas, un rapport de substitution de 1 : 1 est utilisé. Or un tel rap-
port suggère que la qualité est négligée, car, à l’image de ce qui a été vu précédemment, les
matières résiduelles possèdent rarement les propriétés pour équivaloir à la matière vierge
[13, 38, 63]. Une explication à cet usage timide de la qualité dans la perspective conséquen-
tielle est la difficulté à déterminer les paramètres importants pour décrire cette variation
de la qualité entre les cycles. Le choix étant réalisé entre des propriétés techniques ou des
relations économiques, ces dernières ayant le rôle d’expliquer un ensemble de propriétés
techniques parfois complexes à départager [15]. De plus, ce facteur de substitution n’est
pas seulement influencé par la qualité, il est aussi régi par les lois du marché [10, 46], ce qui
rend la définition du facteur une étape potentiellement laborieuse. Ceci est sans compter

21
que le problème de qualité de la matière résiduelle est souvent regardé comme un problème
de matière primaire face à la matière secondaire [46]. Cette approche est réductrice, car
la matière peut être récupérée dans plusieurs cycles consécutifs (par exemple, dans une
cascade). Le paramètre de substitution devant alors être déterminé pour chaque étape de
la cascade.

Cette idée, au meilleur des connaissances de l’auteur, n’a été relevée qu’une seule fois
[52]. Dans cette étude, les effets de la qualité de résidus de bois ont été évalués pour leur
potentiel d’effets sur le réchauffement climatique dans un système d’utilisation en cascade.
La cascade faisant usage des différents grades de résidus (qualité des résidus une fois triés)
pour établir les bénéfices potentiels (avec des taux de substitution fixes qui dépendent du
grade des résidus). Les alternatives considérées pour la cascade étaient des panneaux de
particules ou de la valorisation énergétique. Il a été montré que l’incidence d’une gestion
des résidus du bois pour favoriser la qualité de ceux-ci pouvait générer un meilleur bénéfice
qu’une gestion fondée sur la quantité seulement.

Du côté de la perspective attributionnelle, peu de méthodes emploient la qualité comme


paramètre d’affectation [59]. En ce sens, les trois options d’incorporation de la qualité
présentées au tableau 2.1 forment les principales méthodes qui ne s’appuient pas sur un
croisement avec la substitution (contrairement, par exemple, aux méthodes Value correc-
ted substitution 2.0 et Quality credit). Or, ces trois méthodes de qualité en perspective
attributionnelle présentent deux limitations importantes :

– Il faut connaître l’ensemble des cycles de vie pour réaliser leur application ;
– La qualité est le seul paramètre d’affectation.

La première limitation souligne qu’il est difficile d’appliquer ces méthodes, car l’avenir des
matières résiduelles dans leurs cycles subséquents est souvent un élément incertain. En
ce sens, bien que la récupération en fin de vie au premier cycle des matières soit parfois
incertaine, il devient spéculatif d’incorporer au bilan des cycles de vie de produits qui
ne sont parfois même pas encore imaginés [36]. Toutefois, la spéculation peut être évitée
lorsque ces méthodes sont appliquées a posteriori. Toutefois, ceci n’est pas particulièrement
désirable lorsque les produits possèdent de longs cycles de vie, nécessitant parfois plus
de 100 ans pour atteindre la fin du dernier cycle. La seconde limitation rappelle que la
qualité va de pair avec la quantité dans les procédés de récupération de la matière. Le choix
entre les deux paramètres ne permet donc pas d’exprimer la complexité des systèmes de
recyclage.

22
Ainsi, l’intégration de la qualité (donc la considération d’un changement dans les proprié-
tés inhérentes) en perspective attributionnelle demeure peu explorée. Sa mise en oeuvre,
jusqu’à maintenant, a été proposée avec des méthodes de la catégorie course à relais. L’éva-
luation de cette qualité a été proposée sous la forme d’un rapport de la perte de propriété
face à la qualité au premier cycle ou encore comme un rapport de la contribution de la
qualité face à la somme totale des états de la qualité.

En bref, la qualité demeure peu étudiée en ACV. Il existe un consensus que la perspective
conséquentielle approche la qualité par la variation du paramètre de substitution. Par
contre, en perspective attributionnelle, il n’existe pas encore de consensus pour réaliser
son intégration. L’argument principal étant le manque d’applicabilité des méthodes qui
l’incorporent.

2.4 Résumé des enjeux du projet de recherche


L’état de l’art présenté au présent chapitre a permis de situer le projet et de cadrer
plusieurs problématiques en ce qui concerne l’ACV des matières résiduelles. La synthèse
est présentée ci-dessous.

Dans son volet pratique, le projet cible deux concepts pour améliorer la performance
environnementale des bâtiments :

– Le secteur de la construction, rénovation et démolition des bâtiments possède un


fort potentiel d’intégration à l’économie circulaire et même l’utilisation en cascade ;
– L’évaluation des impacts environnementaux, central dans l’économie circulaire et les
cascades, se fait à l’aide de l’ACV.

La norme ISO 14044 est la référence dans la conduite d’une ACV. Toutefois, certaines
problématiques sont identifiées :

– La norme ISO 14044 n’est pas compréhensive de la distinction de perspective (attri-


butionnelle et conséquentielle) dans ses recommandations de méthodes d’affectation ;
– La hiérarchisation proposée dans la norme ISO 14044 suggère un choix entre quan-
tité ou qualité avec une préférence pour la première, plutôt que de répondre à une
spécificité de la matière résiduelle, laquelle dépend autant de la quantité que de la
qualité ;
– La norme ISO 14044 n’offre pas d’indications claires pour résoudre le problème
d’affectation des systèmes de recyclage et indique plutôt que plusieurs méthodes
semblent applicables.

23
Faisant suite à ces problématiques identifiées dans la norme, la revue critique de la litté-
rature a permis d’identifier que :

– Il y a une abondance de méthodes d’affectation qui peuvent être regroupées en


trois grandes catégories. Ces méthodes sont susceptibles d’influencer les résultats
des études ;
– Les différentes méthodes approchent à leur façon les trois enjeux des systèmes de
recyclage. Le premier enjeu est l’attribution du procédé de récupération (frontières).
Le second est le partage entre les cycles (par redistribution d’inventaire ou par cré-
dit). Le troisième est l’inclusion de la variation des propriétés inhérentes entre les
cycles ;
– La notion de perspective de l’étude permet de distinguer que les catégories de mé-
thodes fonctionnant par établissement de frontières et course à relais font partie
d’une perspective attributionnelle étant donné leur recours à l’affectation. La pers-
pective conséquentielle couvre les méthodes faisant usage de l’extension de frontières
suivie de la substitution. Ceci permet de relever que seul l’enjeu de la qualité des
matières résiduelles est commun aux deux perspectives.

Finalement, l’intégration actuelle de la qualité dans les modélisations possède les limita-
tions suivantes :

– La qualité se modélise principalement en perspective conséquentielle. Or, son inté-


gration n’en est qu’à ses débuts ;
– L’intégration de la qualité en perspective attributionnelle n’est pas encore réalisée de
façon soutenue dans les méthodes. En ce sens, la qualité a été identifiée comme un
paramètre lié à la modélisation dans seulement quelques méthodes attributionnelles.

24
CHAPITRE 3
Problématique et objectifs de recherche

Ce chapitre fait suite à l’état de l’art et aux enjeux identifiés en exposant la problématique
ciblée par le projet et en présentant l’objectif principal et les objectifs spécifiques du
projet. Un survol de la méthodologie est présenté en complément aux détails présentés
dans l’article de recherche du chapitre 5.

3.1 Problématique du projet de recherche


Dans un contexte où l’économie circulaire et l’utilisation en cascade gagnent en popularité,
il a été présenté que l’incorporation de cycles de vie multiples en ACV pose plusieurs
défis méthodologiques. L’un d’eux est l’intégration de la qualité dans les modélisations. Il
s’agit d’un paramètre indispensable dans une évaluation holistique du problème, autant
en perspective attributionnelle que conséquentielle. Or, son incorporation en perspective
attributionnelle n’est toujours pas au point pour tenir compte de la dualité quantité-
qualité et que les cycles subséquents ne sont pas toujours connus à l’heure de l’étude. En
perspective conséquentielle, elle ne fait que commencer à s’intégrer dans les modélisations.
Ainsi, dans l’ensemble des publications recensées dans la revue de littérature, il n’y a aucun
projet de recherche qui s’est concentré à réaliser une incorporation compréhensive de la
qualité en perspective attributionnelle et comparer son influence face à l’incorporation en
perspective conséquentielle de celle-ci.

3.2 Objectifs de recherche


3.2.1 Objectif principal
Développer une méthodologie pour intégrer la qualité dans la modélisation en ACV et
déterminer son influence sur les méthodes d’affectation en prenant comme étude de cas
les résidus de construction en bois.

3.2.2 Objectifs spécifiques


Afin d’atteindre l’objectif principal, le projet de recherche est divisé en deux objectifs
spécifiques :

25
1. Développer une méthode d’affectation en perspective attributionnelle capable d’inté-
grer de façon cohérente la dualité quantité-qualité et qui ne requière pas de prédiction
sur les cycles à venir ;
2. Déterminer l’influence de la qualité sur la distribution des impacts environnementaux
en fonction des perspectives attributionnelle et conséquentielle.

26
CHAPITRE 4
Sommaire de la méthodologie

L’accomplissement des objectifs du projet a été réalisé en trois phases. Ces trois phases
correspondent aussi à l’ordre dans lequel les objectifs spécifiques ont été réalisés :

– Phase 1 : Réaliser une revue critique des caractéristiques des méthodes d’affectation
en perspective attributionnelle face à l’intégration de la qualité comme paramètre
d’affectation ;
– Phase 2 : Réaliser l’ACV en perspectives attributionnelle et conséquentielle d’un
système d’utilisation en cascade de produits du bois et comparer l’influence des
méthodes d’affectation ;
– Phase 3 : Réaliser une étude de sensibilité au paramètre de qualité et comparer
l’incidence de celui-ci sur la distribution des impacts environnementaux dans les
deux perspectives.

En ce qui concerne la première phase, la revue de littérature a montré un ensemble de


lacunes qui limitent l’intégration de la qualité en perspective attributionnelle. Elle a aussi
soulevé différentes pistes de résolution (par exemple, la qualité est habituellement intégrée
comme un facteur de redistribution et il est possible avec la méthode de boucle ouverte de
réaliser une redistribution sans connaître le nombre de cycles subséquents). Les conclusions
de cette phase sont présentées sous la forme de la méthode proposée au chapitre 5. Les
détails sur son développement sont toutefois approfondis au chapitre 6.

La seconde phase fait appel à un cas d’étude d’utilisation en cascade proposé par un
partenaire industriel. Le cas d’étude modélisé a été réalisé en laboratoire pour des essais
sur la faisabilité technique et l’évaluation des propriétés mécaniques des produits. Une
étude de cycle de vie avec seulement la méthode 100 : 0 a été réalisée par l’organisme ayant
développé le cas d’étude. Bien que les données générées en laboratoire soient demeurées
confidentielles, les informations essentielles comme le taux de contenu recyclé, le taux de
recyclage en fin de vie et l’efficacité globale de transformation de la matière résiduelle ont
été partagés. Ceci a permis réaliser un cas d’étude représentatif du système en terme des
principaux paramètres influençant l’affectation.

Dans le cas de la troisième phase, l’analyse de sensibilité est réalisée au moyen d’une
variation des paramètres Q et d en perspectives attributionnelle et conséquentielle respec-

27
tivement. Toutefois, puisqu’il n’existe pas de valeur typique développée à ce jour et que les
situations d’amélioration des propriétés inhérentes (upcycling) sont peu communes dans
la littérature, aucune valeur de qualité supérieure à 1.5 n’est représentée.

28
CHAPITRE 5
Attributional and consequential life cycle as-
sessments in a circular economy with the in-
tegration of a quality indicator : A case study
of cascading wood products

5.1 Avant-propos
Auteurs et affiliations :

– Xavier Tanguay : étudiant à la maîtrise, Université de Sherbrooke, Faculté de génie,


Département de génie civil et de génie du bâtiment ;
– Gatien Geraud Essoua Essoua : chercheur, FPInnovations, groupe environnement et
développement durable ;
– Ben Amor : professeur, Université de Sherbrooke, Faculté de génie, Département de
génie civil et de génie du bâtiment.

Date de soumission : 17 décembre 2020

Revue : Journal of Industrial Ecology

Titre français : Analyses du cycle de vie attributionnelle et conséquentielle en économie


circulaire intégrant un indicateur pour la qualité : étude d’un cas d’une utilisation en
cascade de produits du bois.

Contribution au document :

Cet article contribue au mémoire en répondant, grâce aux résultats et conclusions pré-
sentées, à l’objectif spécifique 2 du projet de recherche. La méthode proposée correspond
au résultat synthèse des analyses de l’objectif spécifique 1 du projet (le développement
étant relégué au chapitre 6). Cet article contient donc tout ce qu’il faut pour répondre à
l’objectif principal du projet de recherche.

29
Résumé français :

La popularité croissante des concepts d’économie circulaire et d’utilisation en cascade in-


tensifie la nécessité de relever de manière cohérente les défis de la multifonctionnalité lors
de la modélisation de plusieurs cycles dans l’analyse du cycle de vie (ACV). En ACV,
les effets d’augmentation et de diminution des propriétés lors du recyclage en fin de vie
(également appelés changements de qualité), déclenchés par ces cycles de vie multiples,
viennent de commencer à être étudiés dans une perspective conséquentielle, alors qu’il
n’existe aucune étude sur en perspective attributionnelle. Dans cet article, une nouvelle
approche qui prend en compte la qualité dans l’ACV attributionnelle est proposée. Les
méthodes attributionnelles cut off, boucle ouverte et proposée sont comparées dans une
étude de cas d’utilisation en cascade. Les implications de l’intégration de la qualité dans les
deux perspectives sont mises en contraste en modélisant la même étude de cas dans une
perspective conséquentielle. En effectuant une analyse de sensibilité sur les paramètres
de qualité en ACV attributionnelle, nous avons constaté que l’intégration de la qualité
influence les résultats de l’approche proposée jusqu’à 15 %. Dans le cas de l’ACV consé-
quentielle, la mise en œuvre de la qualité a une influence variant de 97 % à 138 % pour
chaque unité de variation de la qualité. La comparaison entre les deux perspectives de
la qualité montre la même tendance à soutenir des cascades de qualité. Cependant, la
perspective attributionnelle de la qualité le fait en redistribuant les impacts, tandis que la
perspective conséquentielle affecte les bénéfices externes générés par la cascade. Compte
tenu de l’influence de la qualité sur les résultats des deux perspectives, les travaux futurs
devraient se concentrer sur l’établissement des propriétés techniques ou économiques qui
permettraient une utilisation pratique de la qualité dans diverses applications d’économie
circulaire et d’utilisation en cascade.

Note : Un document comprenant les informations supplémentaires référées dans l’article


est présenté à l’annexe B

5.2 Abstract
The growing popularity of the concepts of circular economy and resource cascade has
intensified the need for consistent handling of multifunctionality-related challenges when
modeling multiple cycles in life cycle assessment (LCA). In LCA, end-of-life upcycling and
downcycling effects (also known as quality changes), triggered by the presence of multiple
life cycles, have only recently begun to be studied from a consequential perspective, and
no studies exist investigating attributional aspects. In this paper, a novel approach that
considers quality in attributional LCA is proposed. The attributional, cut-off, open loop,

30
and proposed approaches are compared in the form of a cascading case study. The implica-
tions of integrating quality in both perspectives are contrasted by modeling the same case
study under a consequential perspective. By performing sensitivity analysis on the quality
parameters in attributional LCA, we found that the integration of quality influences the
results of the proposed approach by up to 15 %. In the case of consequential LCA, the im-
plementation of quality yields an influence between 97 % and 138 % of the results for each
unit variation of quality. Comparison between the two perspectives of quality shows the
same trend of supporting high-quality cascades. However, the attributional perspective of
quality accomplishes this by redistributing impacts, while the consequential perspective
affects the external benefits generated by the cascade. Considering the influence of quality
on the results of both perspectives, future work should focus on establishing the technical
or economic properties that would allow for practical use of quality in various circular
economy and resource cascade applications.

5.3 Introduction
Resource cascade and circular economy are concepts which have recently gained increasing
attention from the scientific community [64]. Resource cascade is defined as the sequential
use of a material’s quality before it reaches final disposal [7]; circular economy is more
broad and implies recirculation of materials in a given life cycle (or multiple life cycles),
and contrasts with the linear economy of make-use-dispose [6].

In life cycle assessment (LCA), the presence of multiple cycles amplifies instances of mul-
tifunctionality and hence, application of end-of-life (EoL) allocation. There are currently
multiple approaches to handle EoL allocation [65, 9, 10]. For example, the issue is some-
times solved using a strict definition of system boundaries, such as the cut-off and 50/50
approaches [41]. Other solutions take the form of a relay race where a part of the life cycle
inventory trickles to downstream cycles; for example, the linearly degressive [9], the open
loop proposed by Schrijvers et al. (2016) [10], the quality degradation [44], or the embod-
ied burdens approach [43]. Certain approaches also rely on system expansion followed by
substitution, such as the value-corrected substitution [47], the equation proposed by Gala
et al. (2015) [48], or the avoided burdens approach [36].

A lack of clear guidance regarding LCA standards is not the primary reason for the abun-
dance of approaches [66, 49, 57]. Rather, referring to previous publications, the expla-
nation consists of two facts: first, there is more than one perspective for looking at EoL
multifunctionality, and second, there are three levels to the EoL multifunctionality is-
sue. The two main perspectives are attributional and consequential, both of which tackle

31
EoL multifunctionality differently [58, 32]. Attributional LCA provides “information on
what portion of global burdens can be associated to a specific product life cycle” [32].
Conducting an attributional LCA of “all final products, one would end up with the to-
tal environmental burdens worldwide” [33]. To solve EoL multifunctionality of a single
product, a partitioning approach is used to assign flows between the studied life cycle and
others [58]. Consequential LCA, on the other hand, provide information on the environ-
mental burdens that occur directly or indirectly as a consequence of a decision (usually
represented by changes in demand for a product or service) [32]. The recognized approach
to solve consequential EoL multifunctionality is system expansion followed by substitution
[32, 58]. In this case, the additional life cycle is included in the study, and the avoided
processes or products are subtracted.

For the two perspectives (attributional and consequential), the approaches must resolve the
three levels of the EoL multifunctionality issue: the inclusion or exclusion of the recycling
process, dependency between two consecutive life cycles, and upcycling or downcycling
across multiple life cycles [41]. All three levels are relevant to attributional LCA because
it seeks a definite answer to the question of what activities are to be allocated with a
consistent methodology to produce fair results for all cycles. However, consequential LCA
avoids the first two levels because all the affected cycles are included as consequences;
although the third level (i.e., upcycling or downcycling across multiple life cycles) remains
applicable, as avoided products also depend on the properties of the recycled materials
[37, 38, 14].

Despite the popularity of both the resource cascade and circular economy concepts, con-
siderations for upcycling or downcycling (also referred to as quality or change in inherent
properties) remain scarce in recent LCA studies [62, 46]. Yet, questions regarding why
and how residues are recovered depend not only on their quantities, but also on their
quality [38, 12, 67]. Further, quality is at the root of what will become of the product
in its next (now multifunctional) life cycle. Products sustaining high degradation (loss of
quality) are treated as waste [68]. Conversely, products which show improved properties,
or at least preserve them, are treated as valuable resources to be recovered. This is why
quality is identified as a core concept of resource cascades [7]. Additionally, a clear mod-
eling trend can be observed in LCA: incorporation of quality is attained through the use
of substitution factors [15], implying a consequential perspective. The substitution factors
are used to compare how recycled products are functionally equivalent to their substituted
products [14, 63, 69]. However, depending on the study, the implemented substitution fac-
tors may come in wide ranges of values and are often poorly justified [70]. This suggests

32
that the magnitude of the influence of quality, when it is integrated into modeling, is not
completely understood. Further, considering that both attributional and consequential
perspectives yield different information when applied to the same system (such as a cas-
cade) [57], the integration of quality in an attributional perspective is necessary. This is
yet to be explored despite being identified as relevant.

The aim of this study, therefore, is determination of how important is the integration of
quality (downcycling and upcycling) as a key parameter for solving multifunctionality in
LCA of cascades, as well as identification of how a clear distinction between perspectives
(attributional and consequential) affects the integration of quality. For this purpose, a case
study of a wood cascade is used. The paper is structured as follows: Section 5.4 describes
the case study, relevant EoL approaches for attributional and consequential perspectives,
and how quality factors are implemented in both perspectives. Section 5.5 presents and
discusses the results according to the perspectives and the influence of quality. Finally,
section 5.6 summarizes the main findings of the study.

5.4 Method
5.4.1 Case study
To better understand the approaches, a case study involving a five-step cascade of wood
products in Montreal, Quebec (Canada) was used for all modeling approaches. Wood
products hold a long-standing history as an example of various cascade uses, along with
policies providing incentives to maximize their use [71]. Current challenges of cascading
wood products include their physical properties (i.e. particle size or presence of chemicals)
[72] and modeling of their environmental impacts due to the availability of numerous
modeling approaches [8]. While this case study is comprehensive of these two specific
challenges, it is noteworthy that the methodology developed here also concerns other
resource cascades (metals, plastics, etc.) [6, 7]. Thus, without any loss of the global
objective, the cascade of wood products is summarized in figure 5.1. The terminology
used in figure 5.1 and in the remainder of the paper is presented in table 5.1.

The first cycle consists of softwood lumber used in the construction of a commercial
building. At the building’s EoL, the softwood lumber is extracted from the debris to be
recycled into glued-laminated timber, and then utilized in the construction of a second
building. At the end of the second building’s life cycle, the recycled glued-laminated timber
is transformed into oriented strand board (OSB) and returned into to the construction
sector. The fourth cycle transforms the OSB into a particle board to be used as furniture.
Once the particle board reaches its EoL, the latter is sent for energy recovery in a biomass

33
Figure 5.1 Breakdown of the five step recycling loops (EV : Virgin produc-
tion, A : Assembly activities, ERC : Production from recycled content, U : Use
phase, Ed : Landfill activities, D : Disassembly activities, ERRE : EoL recycling
activities)

valorization factory. Note that given the objective of the present study and to avoid
unnecessary complexity, the “use” phase for each material cycle was not modeled, and
hence, appears faded in figure 5.1. When comparing the approach results, its inclusion
or exclusion will not influence the obtained conclusions. Again, in order to hold to the
main objective, temporal effects such as improvement of technologies and rise of new
end-markets for secondhand products are not considered.

The Brightway2 software [73] along with ecoinvent 3.5 databases [74] were used for mod-
eling. The IMPACT2002+ impact assessment method was also used [28]. An online
repository has been created to allow full access to the scripts and inventories (https:
//github.com/xtanguay/EoL_recycling_approaches). Section 1 of the supplementary
information provides a sample of an inventory, including the details on data handling.

5.4.2 Attributional perspective with no integration of quality


Attributional modeling of the system was undertaken with two existing approaches and
compared with a proposed approach, which integrates quality (Section 5.4.3). The first
reference approach is the cut-off approach, which partitions life cycles based on system
boundaries; this approach is common and fairly easy to apply [9, 10, 75]. The second is the
open-loop approach recently assessed by Schrijvers et al (2016) [10], which is an example
of a relay race approach. Distinctions between partitioning based on system boundaries
and that based on the relay race approach are also depicted in section 1 of supporting
information.

The functional unit for attributional modeling of each cycle is treatment of 1 m3 of wood
products. For the final step in the cascade, the functional unit is to provide 1 kWh of
electricity.

34
Table 5.1 Terminology used in forumlas
Coefficient Description
Etot(n) Total life cycle inventory (LCI) associated with the nth life cycle
Ev LCI associated with virgin production (cradle to factory gate)
ERC LCI associated with production from recycled content *
A LCI associated with assembly activities (transport included)
Ed LCI associated with landfilling activities (transport included)
D LCI associated with disassembly activities
ERRE LCI associated with end-of-life recycling (transport included) **
RC Ratio of product made from recycled materials
RRE Ratio of the product sent for recycling at end of life
C Conversion efficiency ratio
F Relative economic value ratio between virgin material and recy-
cled material. If no economic allocation, F = 1
F(n−1) Relative economic value ratio between virgin material and re-
cycled material at previous life cycle. If no economic allocation,
F(n−1) =1
Etot(n−1) Total LCI associated with the (n − 1)th life cycle
F Ui Quantity associated with the functional unit
Rate Ratio processing efficiency/quantity required to meet F Ui
Q Quality indicator
Qf Quality at the end of the cycle
Qi Quality at the beginning of the cycle
Etot Total LCI associated with a consequential model
Eprim LCI associated with primary production and management at the
end of life
Erec LCI associated with recycled content, from point of substitution
to the end of life
d Substitution ratio
r Recovery ratio
c Conversion efficiency ratio
Edisp LCI associated with displaced products
Ealt LCI associated with alternative products required to fulfill de-
mand from neighboring systems
* In the case of the Cut-off approach, the whole recycling process is to be included.
** In the case of the Cut-off approach, none of the recycling process is included.

5.4.2.1 Cut-off approach


The cut-off approach is also referred to as the 100 : 0 approach, or the recycled content
approach [9, 10], because it does not shift any inventory upstream or downstream. This
approach simplifies the EoL allocation problem using boundaries that exclude the recy-

35
cling process from the life cycle under study. The formula summarizing this approach is
presented in equation 5.1:

Etot(n) = Ev · (1 − RC) + RC · ERC + A + D + RRE · ERRE + Ed · (1 − RRE) (5.1)

5.4.2.2 Open loop approach


The studied open loop approach has been proposed in the development process of a frame-
work for consistent allocation in EoL recycling situations [10]. This approach partitions
the environmental impacts of a whole life cycle through a downstream shift of inventory.
The boundaries for waste treatment at EoL are set where the material reverts to a usable
state. The approach does not require predicting the total number of life cycles in order to
be applicable, which is one of its main advantages over the other approaches [9, 41, 76].
The formula is shown in equation 5.2 below.

Etot(n) = [Ev · (1 − RC) + RC · (ERC + Etot(n−1) · F(n−1) ) + A + D+


1
RRE · ERRE + Ed · (1 − RRE)] · (5.2)
1 + RRE · C · F

5.4.3 Attributional perspective integrating quality


Existing approaches that focus on integrating quality as an allocation parameter often
make it the sole parameter, or require knowledge of the number of future life cycles (see
[41, 44]). To avoid these limitations, the proposed approach builds on the structure of the
open loop from Section 5.4.2.2. Using quality to acknowledge upcycling and downcycling,
this approach is suitable for both open as well as closed loops. The proposed approach is
shown in equation 5.3:

[1 − b(n−1) ] CR
Etot(n) = [Ev · (1 − RC) + RC · ERC + Etot(n−1) · · + A + D+
b(n−1) CRRE(n−1)
RRE · ERRE + Ed · (1 − RRE)] · b(n) (5.3)

where :

36
 
CR F Ui · RCi 1
= · (5.3.1)
CRRE(n−1) Rate RRE(i−1) · F U(i−1)

1
b(n) = (5.3.2)
1 + RRE · Q

Three changes distinguish the proposed approach from the open loop approach. The terms
(1 − b(n−1) )/b(n−1) in equation 5.3 are added to properly link the unallocated inventory
from the previous life cycle to the new one (change 1). Equation 5.3.1 is added to en-
sure continuity between successive functional units (change 2). Use of equation 5.3.1 is
further detailed in Section 2 of supporting information. Equation 5.3.2 introduces quality
amidst the partitioning factor (change 3). Upcycling and downcycling cases are introduced
through quantified changes in inherent properties or market values with Q = Qf /Qi . The
partitioning factor is therefore based on the quantity of useful material delivered (through
RRE) and a factor that accounts for improvement, preservation, or degradation of the
function served (through Q).

5.4.4 Consequential perspective with no integration of quality


To solve the issue of multifunctionality, consequential models use system expansion, fol-
lowed by substitution to isolate the consequences of the change. In turn, the consequences
are modeled through the marginal technologies affected [55]. In recycling systems, the
main competitors are often thought to be primary materials [46]. In some cases, a prod-
uct in a cascade may also be a complement of the original product from which the cascade
is derived, enabling the substitution of the very first product in the cascade [77]. Diverg-
ing residues from their original application also implies that the original demand should
remain fulfilled in its former field of use (i.e., a process formerly using residual wood for
energy valorization requires an alternative energy source to fulfill its original demand).
Equation 5.4 can be used to illustrate the behavior expected from a cascade system [39]:

d·r·c 
Etot = Eprim + Erec − · Edisp − d · Eprim + Ealt (5.4)
1 − (1 − d) · r · c

The principles of consequential modeling are applied to the case study. The competing
products are identified as their virgin counterparts. The former utilization of wood residues
in all cases is valorization for energy production. The alternative energy source replacing
the residues is the forecasted long-term marginal supplier for electricity in the province
of Quebec [78]. Additional details on modeling and selection of marginal technologies

37
is provided in section 1.2 of supporting information. More advanced models to identify
affected marginal technologies (such as partial or general equilibrium models) are beyond
the scope of this study. Again, this also neglects potential evolution of markets, which
could provide alternative substitute on scenarios with technologies that may yield better
environmental performance [72, 79], which is also beyond the scope for this study. The
consequential model uses a functional unit of cascading 1 m3 of softwood lumber. Thus,
the boundaries have been redefined and are summarized in figure 5.2:

Figure 5.2 Extended boundaries of the consequential system (V : Virgin, SW


: Softwood, GL : Glued-laminated, OSB : Oriented strand board, PB : Particle
board, EVal : Energy valorization, R : Recycled, Eprim : Primary production,

Eprim : Displaced primary production, Edisp : Displaced production, Ealt : Al-
ternative production)

5.4.5 Consequential perspective integrating quality


A precise assessment of the substitution ratio (d) would require a market-based model, such
as a partial equilibrium model that considers price elasticity between competing materials.
Such models allow for consideration of complex economic relationships between different
substituting and substituted products [46]. One of the factors assessed is the functional
equivalence of the products under consideration [63], which entails quality in the case of
secondary materials [14, 70]. In the absence of such a refined model (as it is beyond the
scope of this paper), variations in the substitution factor remain a viable way to reach the
objectives of the current study, and hence express the effects of quality on a consequential
model.

38
5.5 Results and discussion
5.5.1 Attributional perspective with no integration of quality
The cascade results were computed under the three attributional approaches, as shown
in figure 5.3. The equivalents of each cascade cycle using exclusively virgin materials
(using typical values for the province of Quebec such as RC = 0 and RRE = 0.53) were
also modeled and compared to their equivalent using recycled materials. These cycles are
indicated in figure 5.3 by the sign (‘).

Figure 5.3 Attributional modeling results for cascade recycling and their equiv-
alents when using virgin materials (A : Cut-off ; A’ : Cut-off with virgin materials
; B : Open loop ; B’ : Open loop with virgin materials ; C : Proposed approach ;
C’ : Proposed approach with virgin materials, 100 % refers to the most polluting
case)

Regarding the overall results for A, B, and C (all damage indicators considered), the
difference in results from a single damage indicator can range from less than 10 % between
two approaches (i.e. the difference in total cascade A versus B in the climate change
indicator) to as high as almost 25 % (i.e. the difference in total cascade A versus C in
the ecosystem quality indicator). This corroborates the assumption that choice of EoL
allocation approach impacts the results of resource cascade systems [11, 80].

Since the cut-off approach does not transfer any inventory to other cycles, this approach
is suitable for isolating the environmental contributions of relative cycles. For instance, in
the climate change damage category, the first step remains the same for both cascading and
virgin production routes (i.e., A versus A’ – softwood lumber contributions). However, this
observation changes for the second cycle of the cascade (glued-laminated timber). This
change is explained by an increase in transportation distance of the recycled materials.

39
This is also observed for the particle board cycle. These effects are in line with the
results of a recent study [81] which compared different recycling solutions for waste glass
in the province of Quebec, showing that transportation distance plays a significant role
in environmental impact performance. However, this opposes the findings of another
similar study [82] in which cascade utilization of wood residue was compared with virgin-
sourced equivalents in Switzerland; in this study, the transport distances were found to
be negligible. This finding emphasizes the need for consideration of regionalized transport
distances.

The results of the ecosystem quality damage indicator display a noticeable difference in
both cascade and virgin production routes (i.e., A versus A’ – glued-laminated timber),
where the cut-off allocation of the cascaded system is greatly inferior to the virgin alterna-
tive; however, this is only observed for this particular approach. This is a peculiar aspect
of cascading forestry products, as cascaded wood residue products do not require any fur-
ther forestry activities (i.e., supplementary extraction of roundwood, which is a significant
contributor to the aforementioned damage indicator) [83]. This leads to extreme cases
as exhibited in this damage category, where the total results for A outperform all others
while the total results for A’ perform worse by a large margin against all others. This
highlights the shortcomings of locking burdens in individual cycles, as seen in the cut-off
approach. In fact, it will systematically fail to raise awareness regarding the inefficient
life cycle when consuming high quantity of a recycled product, since it comes burden free.
This is in line with recent observations from existing literature [75, 34].

Considering B and C, both of which are based on the allocation factor 1/(1 + RRE) (as
quality is set to 1 in C), a very high contribution of the fifth life cycle of cascade B is
noted. This is explained by the double counting issues seen in equation 5.2. Two sources
of double counting are identified: incoherence between two successive functional units
and re-allocation of a burden previously assigned. The first source of double counting
becomes explicit when there is a great difference between the quantities required to fulfill
the subsequent functional unit (i.e., the fifth cycle, energy valorization, only requires
1.206 · 10−3 of the particle board’s functional unit to meet 1 kWh). The downstream
allocated inventory in equation 5.2 (Etot(n−1) ) should be proportional to this change and
not just the recycled content rate (RC) as in equation 5.2. The re-allocation of burden,
identified as the second source of double counting, refers to confusion regarding what is
to be allocated. In equation 5.2, Etot(n−1) is directly used as an input, even though it
refers to the impacts assigned to the previous life cycle. To properly perform allocation
between two functions, the second function (here, the second life cycle) should receive

40
the unassigned inventory, which is not the case in equation 5.2. Further details on the
double counting effect (with an applied example) are provided in supporting information
(section 3). Considering that physical correctness (thus, absence of double counting) is
of paramount importance [9, 84, 85], mathematical balancing of equation 5.2 becomes a
necessity. This has been addressed in the development of equation 5.3 (see changes 1 and
2), which is based on equation 5.2.

In contrast to B and C, identical results are found in the non-cascading systems B’ and
C’. This underlines the need for physical correctness in the approaches. Indeed, physical
correctness cannot be applied in waste management studies that focus on system that
consists of a single life cycle. However, these results do not consider the influence of
the quality factor. The following subsection illustrates the behavior of the results upon
integration of the quality factor.

5.5.2 Attributional perspective integrating quality: effect of up-


cycling and downcycling
The results were re-computed focusing on the quality factor of equation 5.3. A sample of
quality factors ranging from 0 to 1.5 were used to account for materials reaching the state
of waste (Q = 0) and display the overall trend for upcycling cases in figure 5.4.

Figure 5.4 Influence of modeling quality as an allocation parameter

Figure 5.4 shows that the cascading total environmental impacts decrease while the quality
factor increases. Such results are explained by the multiplicative inverse relationship of
the allocation factor b(n) and the quality factor in equation 5.3.2. Thus, the quality factor
acknowledges upcycling situations with reduced inventory allocated to the cycle under
study, while the allocated inventory increases in downcycling situations. This resulting
trend supports higher quality cascades as they are expected to lead to lower impacts

41
[82, 20, 86]. The consideration for change in inherent properties, whether positive or
negative, is therefore explicitly integrated and encouraged by the trends observed for the
approach. Considering Q = 1 as a baseline, the influence of quality ranges from 10 % to
15 % on the overall cascade for three of the four indicators.

One exception to the decreasing trend is observed for the ecosystem quality indicator.
This observation can be considered as a continuation of the conclusions of section 5.5.1:
the ecosystem quality indicator exhibits its lowest value with an approach that dissociates
the most contributing cycle from the others. As the quality factor increases, burdens
from the first cycle, which dominate the results of A in figure 5.3, are shared with the
downstream life cycles. This redistribution binds cycles by ensuring that recycled materials
do not always come burden free, which is a shortcoming of the cut-off approach. Further,
considering Q = 1 as a baseline, the absence of this bind (result Q = 0) reduces the
indicator by 27 % of the overall cascade result. The case of upcycling (result Q = 1.5)
only induces an overall increase of 2.3 %. Again, this is explained by the strong influence
of the first cycle on this indicator.

When the quality factor is equal to 0, the proposed approach and the cut-off approach
results become almost equal (with only minor differences due to the life cycle boundaries
definition, where the cut-off approach excludes recycling activities and the proposed ap-
proach includes these activities until the point of substitution). This is explained by the
redistribution factor in equation 5.3.2 converging to a unit value (no redistribution to
downstream cycles). In other words, these results reiterate that the cut-off approach has
no consideration for quality (i.e., upcycling and downcycling) [41].

5.5.3 Consequential perspective with no integration of quality


Figure 5.5 compares the behaviors of the previous attributional system with the conse-
quential one. Here, the attributional functional units were modified to match the cascading
consequential functional unit (i.e., 1 m3 of softwood lumber only yields 0.3604 m3 of glued-
laminated timber due to the combination of recovery, recycling, and reprocessing rates).
The avoided emissions correspond to the avoided processes indicated in figure 5.2. Further,
consequential results cannot be disaggregated per cycle due to the system expansion; the
cascade is to be considered as the whole complex system. Consequential results consider
a substitution factor of 1. The total emissions (diamond markers) may exceed 100 %,
or even lead to less than 100 % of results A and B, due to substitution and reliance on
marginal datasets.

42
Figure 5.5 Comparison of attributional (A : Cut-off ; B : Proposed approach)
and consequential results (C) of the cascade (consequential results considers a
substitution value of 1; i.e. no quality effects are considered)

The results show that the cascade system with d = 1 provides benefits in three of the
four damage categories, but has no benefits for the human health indicator (2.6 %). Such
results suggest that cascading timber products could be beneficial. A recent literature
review found that the environmental performance of wood cascades is still unclear [8].
More recently, a consequential LCA of wood cascading with global warming as the sole
environmental indicator was conducted [52]. The study found that all reviewed scenarios
provided benefits versus global warming. Thus, the present findings side with the idea
that cascading wood products has environmental benefits.

Combining all cycles of an attributional cascade generates a total system that resolves all
EoL multifunctionality problems with an unambiguous solution [85]. This is shown by
the equivalent environmental performance between A and B. This demonstrates that the
final results using attributional LCA are always equal, irrespective of the EoL allocation
approach [57, 87]. This underlines that contrary to the consequential perspective, an
attributional LCA model of waste management and resource cascading is not a suitable
perspective for integration of the concepts of environmental benefit.

43
5.5.4 Consequential perspective integrating quality: effect of up-
cycling and downcycling
In the absence of a market-based substitution factor that integrates quality effects, values
ranging from null to 1.25 are used in Figure 5.6 in order to highlight the influence of
upcycling and downcycling on the overall results.

Figure 5.6 Influence of modeling quality as a substitution parameter (each


result indicates the total between avoided and emitted emissions per simulation)

As shown in Figure 5.6, a reduction of the substitution factor to 0.75 negates almost
all environmental benefits (except for ecosystem quality, with a small percentage of 3.7
%). In fact, the consideration of quality in secondary products exerts great influence on
their benefits. Such implementation of a substitution factor that acknowledges quality
changes when moving from different cycles of a cascade was applied in a recent study
exclusively focusing on greenhouse gases [52]. In this study, technical and market-based
substitution factors were applied to closed loop recycling of particle boards from different
grades (quality levels) of waste wood; this study also highlighted the strong influence of
quality over substitution benefits, as the increase in the number of life cycles reduced the
substitution potential from qualitative and quantitative perspectives. However, this study
used fixed substitution factors, which reached as low as 0.6, and only focused on particle
boards and energy valorization.

Compared with the outcomes presented in section 5.5.2, consequential modeling with the
consideration of quality also supports high-quality cascades. In fact, improving the quality
factor in the attributional perspective decreases the burdens associated with a cascade’s
cycle and connects cycles with one another. On the other hand, improving the quality

44
factor in consequential perspectives also decreases cascade burdens by increasing external
benefits. Considering a unit variation of quality (Δd = 1), the influence of quality in
consequential perspectives ranges from 97 % (human health indicator) to 138 % (ecosystem
quality indicator). In other words, for this case study, the influence of quality is almost
10 times more important in the consequential perspective than in the attributional one.

5.6 Conclusions
Considering the recent increased attention toward the concepts of circular economy and
resource cascades, it becomes evident that the LCA community needs to continue dis-
cussing the challenges of EoL and multifunctionality. Changes in quality are one of these
challenges. This study explored the integration of quality changes when cascade systems
are modeled from attributional and consequential LCA perspectives. Hence, EoL method-
ologies (cut-off, open loop, and substitution) were compared focusing on the influence of
quality. This study proposed a new attributional approach that considers the number of
life cycles and issues related to downcycling and upcycling. A cascade consisting of five
wood products (softwood lumber, glued-laminated timber, oriented strand board, particle
board, and energy valorization of wood chips) was investigated for this purpose.

The cut-off approach dissociated the cycles between one another and was unable to ac-
knowledge quality, thereby leading to the conclusion that it is very nearly analogous to
a special case of the new approach with Q = 0. The open loop approach, meanwhile,
generated double counting issues.

Consequential results showed that cascaded wood has the potential to reduce environ-
mental impacts through the benefits of substitution. Integrating a sensitivity analysis to
quality in the consequential perspective highlighted the susceptibility of resource cascades
in providing contrasting results when this parameter is neglected.

Comparison between attributional and consequential results led to the following conclu-
sions: attributional LCA of EoL approaches do not properly identify environmental ben-
efits of waste management. Integrating quality in an attributional model reconnects life
cycles in a cascade and shifts attention towards efficient cascades by favoring those which
are high quality. In this case study, the influence of quality on the attributional perspec-
tive represents ±10–15 % of the overall cascade (aside from one indicator which was found
to be highly influenced by a single cycle and ranged between –27 and +3 %). Integrating
quality in the consequential perspective also supports high-quality cascades, but affects
the external benefits generated by the cascade. The influence of modeling quality on over-
all consequential results ranged between 97 % and 138 % for each unit variation of quality

45
(thus the substitution factor). This caused the influence of quality to be approximately
10 times more important in the consequential perspective than that in the attributional
perspective.

This paper presented a single scenario exhibiting a cascade with a single type of material
(wood products) and focused mainly on the sensitivity of the results while dealing with
quality (in either upcycling or downcycling situations). However, the technical properties
and end markets associated with exact identification of the quality factors applicable to
the products under study were beyond the scope of this research. Thus, we recommend
further studies on how we can determine the corresponding values for quality factors. This
recommendation could also be applied to other material types (i.e., metals, plastics) in
order to assess the global significance of a quantitative inclusion of quality.

5.7 Acknowledgements
The authors are grateful to the Natural Sciences and Engineering Research Council of
Canada for their financial support through its IRC and CRD programs (IRCPJ 461745-18
and RDCPJ 524504-18) as well as the industrial partners of the NSERC industrial chair on
eco-responsible wood construction (CIRCERB). Special thanks are given to FPInnovations
for reviewing data from the case study.

46
CHAPITRE 6
Éléments complémentaires

L’article, présenté au chapitre 5, présente le contenu nécessaire pour répondre aux objectifs
spécifiques 1 et 2 du projet, lesquels permettent alors de répondre à l’objectif principal.
Toutefois, ceci omet les détails de comment le premier objectif spécifique a été atteint, car
seules les conclusions de celui-ci sont utilisées dans l’article sous la forme de la méthode
proposée.

Ainsi, ce chapitre se concentre à présenter les informations et analyses complémentaires au


projet qui sont omises de l’article. Lorsqu’elles contribuent à l’atteinte du premier objectif,
celles-ci sont présentées à même ce chapitre. Lorsqu’elles ne font que complémenter les
résultats de l’article, celles-ci sont présentées en annexes. Les éléments présentés à même
le chapitre sont donc :

– Développement de la méthode d’affectation en perspective attributionnelle permet-


tant d’inclure la quantité et la qualité dans le paramètre d’affectation.

Les informations et analyses complémentaires sont :

– Annexe A : Évaluation de la cohérence des méthodes attributionnelles. Cette annexe


résume les principaux critères pour obtenir une méthode d’affectation attribution-
nelle cohérente et les appliques aux méthodes retenues pour l’article.
– Annexe B : Attributional and consequential life cycle assessments in a circular eco-
nomy with the integration of a quality indicator : A case study of cascading wood
products. Cette annexe sert de complément à l’article (chapitre 5). Des informations
complémentaires sur les données de modélisation et des analyses de l’article y sont
approfondies ;
– Annexe C : Développement de script pour l’analyse des méthodes avec le logiciel
Brightway2. Le logiciel Brightway2 est programmé en langage Python. Ceci permet
d’ajouter de la flexibilité au projet et d’automatiser certaines tâches. Les fichiers
programmés pour ce projet de recherche sont décrits dans cette annexe.
– Annexe D : Analyses de sensibilité complémentaires. Cette annexe étudie l’influence
des certains paramètres sur les résultats. Ainsi, des sensibilités aux paramètres RC
et RRE sont présentés pour les méthodes attributionnelles, ainsi que pour le choix
des bases de données d’arrière-plan.

47
Développement de la méthode d’affectation en perspective attributionnelle

Il a été relevé au chapitre 2 qu’il existe un nombre important de méthodes qui concordent
avec la définition de la perspective attributionnelle. Deux catégories de méthodes ont été
identifiées pour en permettre la synthèse, soit celles qui fonctionnent par établissement de
frontières et celles qui fonctionnent par redistribution de l’inventaire.

Les méthodes présentées font toutefois omission des méthodes développées exclusivement
pour des applications dites en «boucles fermées». En matière de distinction entre boucles
fermées et ouvertes, il existe deux approches. L’une est basée sur l’usage, l’autre sur les
propriétés inhérentes, la distinction ayant été illustrée à la figure 2.5. Or, il a été relevé
dans la revue de littérature que cette distinction entre boucle ouverte ou fermée n’apporte
pas d’informations utiles à la conduite de l’ACV, en dehors d’une tentative d’intégration
de la qualité.

Ainsi, certaines méthodes développées dans la littérature font une couverture partielle
des systèmes de recyclage et nécessitent une méthode complémentaire (ex. : la méthode de
boucle ouverte présentée au tableau 2.1), tandis que d’autres font une couverture complète
(ex. : méthode 100 : 0). Cette distinction est illustrée à la figure 6.1.

Figure 6.1 Différence de couverture des méthodes

À la figure 6.1, la couverture de la méthode 100 : 0 se concentre sur les étapes de production
(P), d’utilisation (U) et de fin de vie (FdV) d’un produit seulement (les cycles de vie
subséquents sont exclus, ce qui concorde avec la catégorie de méthode d’affectation par
établissement de frontières). Dans le cas des méthodes de boucles ouverte ou fermée, les
cycles subséquents sont inclus (ce qui concorde avec l’idée de la catégorie de méthodes
fonctionnant par redistribution). La séparation entre boucle ouverte et fermée est associée

48
à la dégradation de la qualité de la matière. Une absence de dégradation mène à un système
en boucle fermée. L’inverse mène à un système en boucle ouverte.

La méthode de boucle fermée retrouvée dans la littérature possède la forme suivante [10] :

Etot(n) = (Ev + Ed ) · (1 − RRE) + (ERRE + ERC ) · RRE (6.1)

L’équation 6.1 est développée pour un système de recyclage en boucle fermée où RC =


RRE. Elle présente l’inconvénient d’isoler le cycle, car aucun paramètre de redistribution
n’est utilisé. Par son maintien de la qualité de la matière, la méthode de boucle fermée est
donc traitée plutôt comme une méthode de la catégorie d’affectation par établissement de
frontières.

Cette transition entre deux catégories de méthodes forme un problème, car il y a bris du
lien de redistribution de l’inventaire entre les cycles. Ce problème peut être illustré au
moyen d’un système de recyclage en trois cycles consécutifs. Le premier cycle suppose une
dégradation de la matière (boucle ouverte), le second préserve la qualité de la matière
(boucle fermée) et le troisième forme le dernier cycle (dégradant ainsi la matière jusqu’à
l’état de déchet puisqu’elle est envoyée à l’enfouissement). Cette situation est représentée
à la figure 6.2.

Figure 6.2 Scénario d’enchevêtrement de boucles ouvertes et une boucle fermée

Suivant cette mise en situation, il est possible d’établir un flux des matières (hypothétique)
en fonction des cycles tel que vu au tableau 6.1. Le flux de matière suppose 10 unités d’un
produit quelconque.

L’exemple donné au tableau 6.1 ne fait pas usage de l’équivalence RC = RRE en boucle
fermée, mais cela n’empêche pas d’exprimer le point suivant : à la fin du premier cycle, le
facteur pour la redistribution de la méthode de boucle ouverte devient égal à 1/(1 + 0.5) =
2/3. Ainsi, 2/3 des émissions devraient être attribuées au premier cycle et 1/3 des émissions
devraient être redistribuées aux cycles subséquents utilisant les 5 unités récupérées. Or,
puisqu’une méthode de catégorie différente est appliquée au second cycle, la redistribution

49
Tableau 6.1 Analyse des flux d’un système enchevêtré de boucles ouvertes et
fermée
Cycle Contenu Contenu RC RRE Quantité
vierge recyclé récupé-
rée
1 10 0 0 0.5 5
2 0 5 0 0.5 2.5
3 0 2.5 1 0 0

est reléguée au troisième cycle. Ce dernier cycle reprend alors 1/3 des émissions non
affectées, cette fois en usant seulement 2.5 unités du produit recyclé.

Cette courte analyse permet de mettre en lumière trois particularités ayant mené au dé-
veloppement de la méthode proposée et qui ne sont pas précisées dans l’article :

– La méthode de boucle fermée présentée en complément à la méthode de boucle ou-


verte dans la littérature n’offre pas de continuité dans la redistribution de l’inventaire.
Ceci peut mener à des distorsions dans les redistributions futures ;
– Le facteur de redistribution de la méthode de boucle ouverte, interprété sous la forme
simplifiée 1/(1+RRE) présente une affectation basée sur la quantité utile de matière
consommée (les 10 unités du premier cycle mènent à une récupération de 5 unités
supplémentaires, pour un total consommé de 10 sur 15) ;
– La méthode de boucle ouverte est la seule qui ne requière pas de connaître l’ensemble
des cycles de vie passés et à la fois futurs pour établir l’affectation (en comparaison
aux autres méthodes procédant par redistribution).

Les deux premières particularités soulignent que la méthode de boucle ouverte possède
le potentiel d’être une méthode à couverture complète à elle-même. En effet, la mise en
situation a souligné que la méthode de boucle fermée n’est pas adéquate comme complé-
ment à la méthode de boucle ouverte. Par contre, la méthode de boucle ouverte, avec son
facteur d’affectation, peut capter convenablement l’enjeu de quantité de matière utile, ce
qui est le seul enjeu d’une méthode de boucle fermée, puisque la boucle fermée suppose
une absence de dégradation de la qualité en ACV.

En considérant la troisième particularité, il est possible d’émettre l’hypothèse que la mé-


thode de boucle ouverte, avec l’intégration d’un facteur de qualité dans le facteur d’affecta-
tion, offre la meilleure opportunité pour résoudre le problème de la dualité qualité-quantité
des systèmes de recyclage.

50
L’intégration de la qualité est proposée sous la forme d’un facteur multiplicatif qui com-
plète l’aspect de quantité, tel que vu à l’équation 5.3.2. La redistribution est donc associée
autant à la quantité de matière récupérée qu’à la qualité de celle-ci. La notion de boucle
fermée, du point de vue de l’ACV et de cette méthode, est atteint lorsque Q = 1. Autre-
ment dit, la boucle fermée est un cas particulier de la méthode de boucle ouverte.

Toutefois, des modifications supplémentaires ont été apportées à la méthode de boucle


ouverte pour assurer une redistribution qui ne cause pas de double comptage. Ce problème
est discuté au chapitre 5 et approfondi dans l’annexe B.

Outre l’analyse de l’influence de la méthode sur les résultats (voir chapitre 5), il est aussi
possible d’en faire la comparaison pour la cohérence. La cohérence des méthodes retenues
au chapitre 5 est étudiée à l’annexe A.

51
CHAPITRE 7
Conclusion

7.1 Sommaire
Le secteur du bâtiment est à la fois un consommateur de ressources et générateur de ma-
tières résiduelles important. Dans un contexte de croissance de l’intérêt pour l’économie
circulaire et l’utilisation en cascade, les flux de matières impliqués dans ce secteur d’ac-
tivité sont appelés à subir des transformations dont l’un des objectifs est d’optimiser la
performance environnementale. La quantification de cette performance environnementale
est toutefois complexe, car, en ACV, il existe plus d’une façon de la caractériser. Qu’il
s’agisse du choix de la perspective ou de la méthode d’affectation, deux enjeux récurrents
des matières résiduelles sont la quantité et la qualité de celles-ci. Le second enjeu étant
d’ailleurs encore peu exploité dans les études d’ACV.

L’objectif principal de ce projet de recherche est de déterminer l’influence de la qualité dans


l’ACV des résidus de construction. Cet objectif a été atteint grâce à l’accomplissement des
deux objectifs spécifiques cités au chapitre 3.

Le premier objectif spécifique consistait à établir comment la qualité pouvait être intro-
duite dans la modélisation en perspective attributionnelle. Le recensement des méthodes
d’affectation et la comparaison de celles-ci ont mis en valeur qu’il était possible de déve-
lopper une méthode qui admet la qualité et la quantité en simultané dans une méthode
d’affectation qui relève de la catégorie de type course à relais.

Le second objectif spécifique a permis de mettre en évidence le rôle de la qualité dans le


problème de multifonctionnalité. Il a été montré qu’elle représente, dans la majorité des
indicateurs, 15 % du résultat final de la cascade en perspective attributionnelle (ce qui
est comparable au choix de la méthode d’affectation). Dans la perspective conséquentielle,
celle-ci a une influence variant entre 97 % à 138 % du résultat en fonction de l’indicateur de
dommage retenu dans la méthode d’évaluation des impacts du cycle de vie. Ainsi, toujours
selon le cas d’étude, l’influence de la qualité en perspective conséquentielle est presque 10
fois supérieure à l’influence en perspective attributionnelle. Ceci a donc démontré que la
qualité est un paramètre non négligeable qui a d’ailleurs une importance cruciale dans
l’établissement des bénéfices d’un système d’utilisation en cascade.

52
7.2 Limites et travaux futurs
Quelques exclusions et limitations au projet de recherche méritent d’être mentionnées.
Elles constituent à la fois en des pistes d’amélioration et en des recommandations pour
des travaux futurs.

1. Aucune des modélisations n’a été réalisée avec une considération pour le carbone
biogénique. Ainsi, l’étalement temporel de la captation du carbone dans les produits
du bois et son relargage au cycle final ne sont pas représentés. La modélisation
dynamique du carbone biogénique forme donc une avenue d’intérêt à explorer en
contexte de méthode d’affectation de cycles de vie multiples.
2. Le système d’utilisation en cascade de résidus de bois de démolition modélisé ne
consiste pas en un cas d’optimisation au sens propre de la définition d’une cas-
cade. L’optimisation des propriétés des produits du bois (et la définition de celles-
ci) n’est donc pas couverte et les résultats ne représentent qu’une seule solution
parmi d’autres. Ce projet pourrait être bonifié en étudiant les différents scénarios
de cascades possibles avec ces mêmes résidus de bois (ex. : récupérer les poutres de
lamellés-collés pour un cycle de plus, plutôt que les envoyer directement sous forme
de panneaux à lamelles orientées).
3. Aucune donnée primaire n’a été utilisée pour la modélisation de l’inventaire d’avant-
plan. Ceci implique que seule la méthodologie est généralisable. De telles données
d’inventaire pourraient améliorer le portrait des émissions (ex. : la valorisation éner-
gétique ne possède aucune donnée d’inventaire à propos de la combustion des résines
contenues dans les résidus de panneaux particules).
4. La modélisation en perspective conséquentielle a été réalisée sans faire appel à un
modèle d’équilibre partiel, lequel aurait permis une représentation plus fidèle des
variations du marché. Les produits substitués, ainsi que les limites du paramètre de
substitution ne sont donc pas pleinement représentés dans le modèle. Conjointement
à différents scénarios de cascade, ceci mettrait en lumière le véritable potentiel de
l’utilisation en cascade.
5. L’influence de la qualité n’est évaluée que sur le cas d’étude d’une cascade de produits
du bois. Ainsi, il serait intéressant d’appliquer la méthodologie proposée à divers
secteurs de production (métaux, plastique, etc.) pour valider le potentiel d’incidence
de la qualité sur ces autres types de résidus. Par exemple, il a été montré dans le cas
d’étude que l’extraction des rondins en forêt (premier cycle) a une influence notable
sur l’indicateur de dommages à la qualité des écosystèmes. Cette particularité a mené
à une influence de la qualité différente sur cet indicateur face aux trois autres évalués.

53
L’étude de matériaux distincts permettrait donc un portrait diversifié de la qualité
qui limiterait à la fois l’incidence du secteur de production sur l’interprétation de la
qualité des résidus.

7.3 Contributions
Ce projet de recherche tire son originalité de par son intégration de la qualité en accord
avec les deux principales perspectives utilisées pour réaliser des ACV. Ceci a d’abord
permis de combler un vide dans la littérature quant à une résolution compréhensive des
enjeux des systèmes de recyclage du point de vue de la modélisation. Cette intégration
de la qualité a mis en valeur qu’elle forme un paramètre non négligeable et qui gagnerait
à être intégré dans plus d’études, particulièrement en perspective conséquentielle où son
influence a été trouvée plus marquée.

Outre la diffusion des résultats au moyen de l’article ayant suivi le projet de recherche,
diverses opportunités ont permis de présenter celui-ci :

– Tanguay, X. ; Amor, B. 2019. L’approche du pollueur-payeur pour la fin de vie des


bâtiments : est-elle toujours «payante»d’un point de vue environnemental ? Présen-
tation par affiche dans le cadre du Rendez-Vous de l’Économie Circulaire : Agir pour
Transformer. 9-10 mai 2019. Sherbrooke (Québec), Canada.
– Tanguay, X. ; Amor, B. 2019. Cascade recycling of timber structures : identifying
the influence of allocation models on the outcome. Conférencier invité dans le cadre
d’un atelier conjoint LIRIDE/NRCan. 24 juillet 2019, Ottawa, Canada.
– Tanguay, X ; Amor, B. 2019. La performance environnementale en économie circu-
laire : Comment quantifier les 3RV en construction. Conférencier invité dans le cadre
d’un atelier de la Chaire Industrielle de Recherche sur la Construction ÉcoRespon-
sable en Bois (CIRCERB) sur l’économie circulaire. 15 mai 2019. Ville de Québec
(Québec), Canada.
– Tanguay, X. 2020. Aller au-delà du 3RV-E grâce à l’ACV. Blogue de vulgarisation
scientifique. https://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2020/10/27/aller-del
a-3rv-e-grace-acv. Agence Science Presse. 27 octobre 2020.
– Tanguay, X. 2020. EoL_recycling_approaches. Dépôt d’archives. https://github
.com/xtanguay/EoL_recycling_approaches. GitHub. 17 décembre 2020.

54
ANNEXE A
Évaluation de la cohérence des méthodes at-
tributionnelles

Tel qu’il a été relevé au chapitre 2, nombre de méthodes existent en ACV attributionnelle
pour traiter de la fin de vie des produits. Un certain nombre d’études comparent les
résultats des méthodes pour évaluer la robustesse de leurs études ou donner la préférence
à une méthode [11, 75, 80].
Toutefois, l’abondance de ces méthodes concurrentes est aussi le symptôme d’un manque
d’attention porté aux critères pour établir ce qu’est une méthode de résolution systé-
matique du problème de multifonctionnalité en fin de vie. La principale caractéristique
recherchée est alors la «cohérence»de la méthode avec l’objectif et le champ de l’étude
[33].
La définition de critères de cohérences est un exercice qui a été entrepris à quelques reprises
dans la littérature [85, 88, 41]. La synthèse de ces critères est réalisée au tableau A.1.

Tableau A.1 Critères pour une méthode attributionnelle d’affectation cohé-


rente en fin de vie
Critère
Lien de causalité
Acceptabilité
Applicabilité
Exhaustivité
Applicabilité en boucle ouverte ou fermée
Considère le bénéfice du recyclage
Considère les changements de propriétés
Réalisme physique

Ces différents critères ont aussi été interprétés sous différents angles dans le cadre de
publications antérieures [9, 10, 43], ce qui soulève l’aspect subjectif d’utiliser des critères.
Il faut aussi distinguer que «subjectif n’est pas arbitraire »[89]. L’interprétation des critères
est essentielle et bienvenue pourvu qu’elle forme un levier pour démontrer qu’une méthode
résout systématiquement et de façon logique le problème de multifonctionnalité en fin de
vie pour l’ACV attributionnelle.

1. Lien de causalité
Le lien de causalité peut être interprété comme étant orienté sur une cause ou sur
un effet [41]. Par exemple, un lien orienté sur la cause est obtenu lorsque le système
étudié est lié aux effets environnementaux observés (effets directs). Un lien orienté

55
sur les effets est observés lorsque les effets environnementaux sont remontés jusqu’au
système étudié (effets indirects et directs).
Considérant les définitions de perspectives attributionnelles et conséquentielles don-
nées au chapitre 2, le problème d’affectation en perspective attributionnelle ne concerne
que l’attribution des effets des procédés associés aux flux fonctionnels (effets directs).
La méthode d’affectation doit donc être orientée vers la cause.
Ce critère est respecté par les trois méthodes attributionnelles retenues au chapitre
5. En effet, ce sont toutes des méthodes employant l’affectation et aucune n’inclut
d’élément de substitution.
2. Acceptabilité
L’acceptabilité fait référence à admettre une flexibilité lors de l’affectation. Les dé-
tenteurs d’intérêt doivent pouvoir identifier que l’affectation tient compte des par-
ticularités du système étudié [65, 41], mais aussi qu’elle lui rend justice [85]. Dans
une perspective attributionnelle, ceci sous-entend que le praticien doit avoir la flexi-
bilité d’identifier les paramètres qui sont pertinents. Ceci inclut la masse, le volume,
le contenu énergétique, etc. Ceci s’oppose notamment à une imposition stricte du
paramètre (ex. : le contenu énergétique, lequel n’est pas adapté pour toutes les si-
tuations).
Les trois méthodes retenues offrent l’affectation sur la base de paramètres associés
à la quantité. La définition de cette quantité n’est pas imposée et est laissée au
praticien. Les trois méthodes offrent donc un niveau de flexibilité pour chaque étude.
3. Applicabilité
L’applicabilité fait référence au fait qu’une méthode doit exiger un effort raisonnable
face au résultat attendu. L’excédent d’informations exigé pour résoudre le problème
de multifonctionnalité devrait être relativement faible [85]. Pour atteindre ce critère,
il faut aussi que la méthode évite de poser des hypothèses sur les traitements futurs
[9]. Ceci inclut, notamment les procédés de recyclage (qui ne sont pas toujours connus
au moment de l’étude) ou le nombre de cycles à venir.
La méthode 100 : 0 (cut-off) utilise une approche de type «pollueur-payeur». Les
activités de recyclage en fin de vie sont donc exclues du cycle de vie et il suffit
de connaître seulement le procédé de recyclage pour le contenu recyclé. Cette mé-
thode est donc la plus applicable de toutes puisqu’elle demande un minimum de
connaissances sur le cycle de vie du produit. Les deux autres méthodes emploient
une approche de «responsabilité élargie du producteur». Il faut connaître le recy-
clage en fin de vie, ainsi que l’historique des matières. Ces particularités les rendent
moins applicables, mais elles ne nécessitent pas de spéculations sur les cycles sub-
séquents. L’applicabilité de celles-ci dépend donc seulement de la disponibilité des
informations au moment de l’étude.

56
4. Exhaustivité
Le critère d’exhaustivité exige que la méthode soit capable de considérer différents
scénarios de cycle de vie : la production à base de matières vierges ou recyclées, les
procédés de fin de vie par recyclage, valorisation et enfouissement [88].
Par le cas d’étude du chapitre 5, il a été illustré qu’il est possible, pour les trois
méthodes, de considérer l’ensemble des modules exigés pour décrire un cycle de vie
avec contenu recyclé et matière recyclée (ou valorisée). Les modules peuvent aussi
être adaptés pour des compositions mixtes (ex : 50 % vierge et 50 % recyclé).
5. Applicabilité en boucle ouverte ou fermée
Tel qu’il a été vu au chapitre 2, il arrive que des méthodes distinctes soient proposées
pour tenir compte des scénarios de recyclage en boucle ouverte ou fermée. Or, cette
distinction n’est pas utile, parce que le recyclage en boucle fermée n’est pas synonyme
de supériorité face à la boucle ouverte en matière d’économie de quantités de matières
[37]. De plus, la présence de deux méthodes distinctes (comme les boucles ouverte et
fermée) implique que les deux méthodes doivent être du même type (ex : affectation
de type course à relais, ou seulement affectation par établissement des frontières).
Sinon, des données d’inventaires peuvent être perdues, comptées en double ou mener
à une distorsion.
Les méthodes 100 : 0 et proposée sont présentées telles qu’applicables pour les scéna-
rios de boucles techniques ouvertes ou fermées, sans distinction au niveau de l’ACV.
D’un point de vue de l’ACV, la méthode proposée considère que le cas de boucle
fermée est atteint lorsque la qualité est maintenue (Q = 1). La méthode de boucle
ouverte est toutefois, tel que son nom l’indique, restreinte et nécessite une méthode
complémentaire (voir chapitre 6).
6. Considère le bénéfice du recyclage
La notion de bénéfice du recyclage est habituellement regardée comme le bénéfice que
reçoit le producteur de la matière recyclée, ainsi que celui qui consomme cette matière
recyclée [85]. Deux interprétations courantes de ce «bénéfice»sont : (1) un crédit
acquis par extension des frontières du système (suivi d’une substitution) ou (2) un
crédit devrait être obtenu pour un remplacement de la production de matière vierge
[43]. Or, ces deux interprétations reposent sur le même paradigme : les bénéfices
du recyclage sont la conséquence de celui-ci. Or, cette conception du bénéfice fait
abstraction de la définition de perspective attributionnelle donnée au chapitre 5 et
vient en contradiction avec la définition de lien du lien de causalité. Il a été proposé
que le bénéfice du recyclage soit plutôt interprété comme le «bâton»dans une course
à relais [43]. Ce bâton serait la matière vierge initialement extraite. Le recyclage du
produit en fin de vie remet alors en service une certaine fraction X du bâton. Le
bénéfice du recyclage est que seul (1 − X) est attribuable au cycle en question. La
quantité non affectée est alors passée au cycle subséquent. Ce nouveau paradigme
du bénéfice du recyclage respecte la définition de l’ACV attributionnelle.
Toutefois, il faut aussi considérer que la quantité recyclée en fin de vie ne dépend pas
juste de la production de la matière vierge. Comme il a été indiqué au chapitre 5, le

57
recyclage dépend aussi de la qualité de la matière. Cette qualité peut être dépendante
des procédés de fabrication, d’assemblage, de désassemblage ou même du recyclage
lui-même. Il est donc proposé que la définition du bâton soit étendue à l’ensemble
du cycle de vie (toutes les phases). Cette définition du bénéfice du recyclage est donc
plus inclusive et demeure dans la définition attributionnelle.
La méthode 100 : 0 ne partage pas de bâton. Ainsi, aucun bénéfice associé au recy-
clage n’est mis en valeur. Son manque de sensibilité (et donc d’incitatif) au recyclage
est d’ailleurs illustré plus en détail à l’annexe D. Les méthodes de boucle ouverte et
proposée font appel à l’interprétation élargie de la course à relais, où le bâton est
l’ensemble du cycle de vie.
7. Considère les changements de propriétés
Les changements de propriétés font partie du problème des cycles de vie multiples.
La qualité est d’ailleurs la contrepartie de la quantité dans un problème de recyclage
[12, 41, 90]. Dans un cas d’utilisation en cascade, il est évident que la qualité est un
paramètre d’importance, puisqu’elle est à la base de la notion de cascade. Toutefois,
elle intervient à chaque cycle, qu’il sagisse d’une application en cascade volontaire
ou non.
Tel que démontré au chapitre 5, la méthode 100 : 0 ne considère pas la qualité.
La méthode de boucle ouverte possède un facteur économique qui peut être inter-
prété comme une intégration indirecte de la qualité. Toutefois, cette intégration est
limitée lorsqu’elle n’est qu’un facteur économique et réduit l’aspect d’acceptabilité
pour l’intégration de la qualité dans cette méthode. La méthode proposée emploie
une définition plus large qui intègre explicitement cette qualité dans le paramètre
d’affectation.
8. Réalisme physique
Ce critère exige que, suite au processus d’affectation, la somme doit converger à
un total de 100 %. Ce critère est relativement commun [36], mais son respect est
primordial dans la définition de l’ACV attributionnelle, où la somme de tous les
inventaires affectés doit pouvoir donner la somme des impacts mondiaux [88, 33].
Le réalisme physique a été démontré au chapitre 5 pour les méthodes 100 : 0 et
proposé, où les deux ont été trouvées égales dans la cascade d’un mètre cube de bois
d’oeuvre. Il a été trouvé que des cas de double comptage existent dans la méthode
de boucle ouverte, ce qui l’empêche d’atteindre ce critère.

Le tableau A.2 synthétise les conclusions de l’analyse des méthodes face aux critères.

58
Tableau A.2 Performance des méthodes face aux critères pour une affectation
attributionnelle cohérente
Critère 100 : 0 Boucle ouverte Proposée
Lien de causalité   
Acceptabilité   
Applicabilité (+) (–) (–)
Exhaustivité   
Applicabilité en boucle ouverte ou fermée  X 
Considère le bénéfice du recyclage X  
Considère les changements de propriétés X X 
Réalisme physique  X 

() : Répond au critère


(X) : Ne répond pas au critère
(+) : Bonne applicabilité
(–) : Applicabilité moyenne

59
ANNEXE B
Attributional and consequential life cycle as-
sessments in a circular economy with the in-
tegration of a quality indicator : A case study
of cascading wood products (Supplementary
information)

Summary :
Section 1 and 2 of this supporting information provide details on how the modeling was
performed (i.e., assumptions, datasets, transport distances and derivation of quantities)
and provide access to the online repository. Section 3 further explores the effects of double
counting in the open loop approach.

B.1 Data collection and modeling


B.1.1 Attributional modeling
The case study transportation distances, from the factories’ gates to the project’s site
come from the statistical profile report for Quebec’s forestry industry in 2018 [91]. Secon-
dary datasets come from ecoinvent 3.5 databases. Priority was given for datasets that are
representative for Quebec geographic location when available. The modeled processes are
representative of average technologies applicable to the case study. Two processes (sorting
center and particle board production) weren’t directly available in ecoinvent databases
and proxies were derived from an EPD [92] and reports [93, 4] to match Quebec’s reality.
It is noteworthy that energy consumption for disassembly represents an upper bound (i.e.
179 MJ for 1 m3 of softwood), while demolition energy consumption acts as a lower bound
(25.3 MJ for 1 m3 ). Using the upper bound where applicable (the cascading inventories),
the contribution is below 3 % of the total cascade. Therefore, no specific parameteriza-
tion of the inventory is implemented to distinguish recovery activities of high-quality or
low-quality materials.
An example of primary inventory with a cut off approach is presented in table B.1. The
rest of the inventories are provided on the online repository, along with the scripts and
excel spreadsheets used. The link to the repository is : https://github.com/xtanguay/
EoL_recycling_approaches. Visual representation of attributional modeling approaches
are presented in figures B.1 and B.2.

60
Tableau B.1 Example of an inventory, virgin sourced under the cut-off approach

61
Attributional modeling through the cut-off approach is exemplified with figure B.1 below. It should be noted that the production
phase (P) is comprehensive of modules Ev ,ERC and A. Also, the end of life phase (EoL) is comprehensive of modules Ed , ERRE
and D.

Figure B.1 Allocation principle of an approach based on system boundaries (i.e., cut-off approach)

In figure B.1, dotted lines indicate the separation between the cycles. As such, the total life cycle inventory (Etot(n) ) is fully
defined by activities happening in the current life cycle. This contrasts with relay race approaches, where the total life cycle
inventory is partitioned with downstream cycles, as shown in figure B.2.

62
Figure B.2 Allocation principle for relay race approaches (i.e., open loop and proposed approaches)

In figure B.2, at the production phase, a part of the previous total life cycle inventory (Etot(n−1) ) is attributed to the life cycle
consuming the secondary material (Etot(n) ).
B.1.2 Consequential modeling
Consequential modeling follows the principles outlined in section 5.4.4 of the article (i.e.,
indirect effects, such as alternative energy production, are included to provide balance in
market demand). Considering on-site energy valorization of wood chips generated during
the reprocessing stage, the displaced energy from valorization may be different than the
production from wind turbines. Datasets are adapted for a long term perspective in the
province of Quebec (Canada) [78]. The most and least competitive suppliers are assumed
based on their transport distance to the project’s reference site. Location of facilities for
wooden product transformation are based on Quebec’s government report [91]. Thus, the
modeled inventory is representative of marginal technologies affected by the consequences
of the cascade. Again, the inventories used for consequential modeling are not paramete-
rized to account for distinction between upper or lower bound consumptions for low or
high-quality recoveries due to these activities holding a low contribution on overall results.
Details on how substitution quantities and ratios have been obtained are based on table
B.2 and figure B.3 below.

Tableau B.2 Determination of consequential quantities

B.2 Obtaining CR/CRRE


Determination of the ratio CR/CRRE , for each cycle of the proposed approach, are based
on the information given in table B.3. Processing efficiency refers to the quantity yielded
by mechanical treatment of the residues. Quantity required by F Ui of F U(i−1) accounts
for reference flows adjustments. It should be noted LCI 2 only have aggregated data for
this ratio.

B.3 Double counting


Two cases of double counting are identified when dealing with the open loop approach.
The first case is the most explicit when comparing the fourth and fifth functional units of
figure 5.3. The fourth cycle provides 700 kg (1 cubic meter) of particle board to recycling.
The fifth only requires 0.84 kg to generate 1 kWh from the recycled particle board. Thus,
the fifth functional unit only requires 1.206 · 10−3 of the particle board’s functional unit.
But, the implementation of Etot(n−1) in equation 5.2 doesn’t recognize this possible change

63
Figure B.3 Schematic overview of quantities for the consequential model (d =
1)

Tableau B.3 CR/CRRE

in functional units and allocates solely on the ratio of recycled content (RC) for the new
functional unit. The second occurrence of double counting is linked to what life cycle
inventory is allocated. In equation 5.2, Etot(n−1) is added proportionally to the ratio of
recycled content (RC) to Etot(n) – even though Etot(n−1) corresponds to an inventory already
allocated to a previous life cycle. The same inventory is therefore allocated twice.

64
The influence of double counting is highlighted in this section. First, lack of continuity
between two functional units is displayed in figure B.4 by changing the functional units.
Second, the double counting due to Etot(n−1) is further investigated in figure B.5.

Figure B.4 Changing the cascade FUs to meet cascading of 1 cubic meter of
softwood lumber (A = Cut off approach ; B = Proposed approach ; C = Open
loop approach, unmodified ; D = Open loop approach, corrected for functional
unit consistency)

Results in figure B.4 are, to all intents and purposes, dwarfed by the energy valorization
cycle. The main difference between figure B.4 and figure 5.3 of the article is the change of
functional unit. In figure 5.3, the functional units are all set to unit value. In figure B.4,
functional units are the quantities obtained by cascading (195 kWh in the case of the fifth
cycle). The cascading quantities can also be seen in figure B.3 (under the blue and green
boxes).
The difference between C and D of Figure B.4 is that quantities for consecutive functional
units are corrected by applying the CR/CRRE factor (i.e, by recognizing that only 1.206 ·
10−3 of particle board is used to produce 1 kWh on the fifth cycle). Thus, the main source
of the error comes from double counting impacts with consecutive functional units.
In figure B.5, the three attributional approaches are compared, this time only with the
modified open loop for successive functional units consistency.
The second case of double counting is highlighted by the fact that, even though consecutive
functional unit quantities were fixed, the modified open loop approach doesn’t converge to
the same cascade total (all approaches should be equal). In this case, the double counting
increases the total cascade impacts by 10 % in 3 damage categories to almost 25 % in the
ecosystem quality indicator.

65
Figure B.5 Fixing the FU quantities, but not the allocation factor on Etot(n−1)
(A = Cut off approach ; B = Proposed approach ; C = Open loop approach,
modified for functional unit consistency)

66
ANNEXE C
Développement de script pour l’analyse des
méthodes avec le logiciel Brightway2

C.1 Choix du logiciel


Dans la conduite de l’ACV, il existe plusieurs logiciels disponibles pour réaliser les phases
de modélisation de l’inventaire et de calcul des impacts du cycle de vie. Pour n’en citer
qu’un certain nombre, il est possible de choisir entre SimaPro, Gabi, Umberto, OpenLCA,
Easetech et Brightway2. Ceux-ci se distinguent pour différentes raisons comme l’usage
d’interfaces graphiques faciles d’utilisation, la compatibilité à différentes bases de données
d’arrière-plan ou même leurs frais d’exploitation.
Dans le cadre de ce projet, une attention particulière a été donnée à la possibilité de
diffusion des résultats. Le logiciel Brightway2 possède l’avantage d’être développé dans une
logique de code source ouvert en langage Python [94]. Il s’agit d’un logiciel développé dans
l’objectif de supporter des projets de recherche où la rigidité des logiciels commerciaux (par
exemple possibilité de diffusion des données ou fonctions restreintes) constitue le facteur
limitant. Dans le cadre de ce projet, la flexibilité du logiciel a été utilisée pour développer
des fonctions personnalisées permettant le paramétrage des équations retenues.

C.2 Programme développé


Dans la méthodologie de l’article, un dépôt de fichiers pour la modélisation est introduit
(le lien étant donné dans le dossier d’informations supplémentaires, voir l’annexe B). Ces
fichiers servent à donner accès et rendre reproductible les modélisations du projet. Cinq
fichiers en langage Python sont disponibles. Un aperçu du contenu des fichiers est présenté
ici-bas. Il faut toutefois rappeler que ces cinq fichiers servent à générer le projet et les
résultats. Ils ne contiennent donc pas le projet en lui-même, ni les données d’arrière-plan,
lesquelles sont propriété d’ecoinvent.

1. Fichier 00_Main.py
Ce premier fichier fait office de canevas. Il administre l’appel des fonctions des quatre
autres fichiers et gère la définition des flux de référence et le calcul des résultats de
l’ACV. Celui-ci permet une gestion simplifiée du projet en regroupant en avant plan
les principaux éléments pouvant être modifiés (par exemple : le dossier de projet et
les bases de données).
2. Fichier 01_Initializing.py
Ce fichier s’occupe de vérifier si le dossier de projet existe ou si un nouveau doit être
créé. Ensuite, il s’occupe d’importer la base de données de biosphère, laquelle doit
être présente dans tout projet pour importer avec succès toute autre base de données

67
de technosphère. Parallèlement à l’importation de la base de données de biosphère,
Brightway2 importe aussi les méthodes d’impacts dans le projet.
3. Fichier 02_Ecoinvent_import.py
Ce fichier s’occupe d’importer et traiter les données de technosphère provenant des
fichiers ecoSPOLD2. Ceci permet de générer la base de données ecoinvent désirée
dans le dossier de projet à condition d’avoir un répertoire contenant ces fichiers.
4. Fichier 03_Inventory_converter.py
Ce fichier permet de convertir un inventaire d’avant plan (provenant d’un fichier
CSV) en un dictionnaire python. Ce dictionnaire python peut alors être acheminé
dans Brightway2 pour être transformé en base de données. Ceci permet notamment
au programme de réaliser l’analyse d’impacts du cycle de vie sur les flux de référence
désignés provenant d’un fichier CSV. Il faut mentionner que l’algorithme de ce fichier
a été développé par M. Massimo Pizzol et est rendu disponible avec une licence MIT
(copies, modifications et distributions permises). Le contenu de ce fichier n’est donc
pas une contribution originale.
5. Fichier 04_Cascade_parameterization.py
Ce fichier a été développé dans l’objectif d’automatiser la résolution des inventaires
du cycle de vie en tenant compte des différentes méthodes d’affectation étudiées, les
modules présentés au chapitre 5, ainsi que les paramètres propres à la multifonction-
nalité en fin de vie.
Contrairement aux autres fichiers, de nouvelles fonctions sont développées ici. La
syntaxe définissant la fonction est la suivante :
Recycling_allocation(Rule,LCI,Db_name,*args)
L’argument «Rule »fait référence à la méthode choisie (Cut off, Open loop S2017,
Proposed approach, Open loop VL S2017, Proposed approach VL et Consequential
cascading). Ici, la méthode Cut off fait référence à la méthode 100 : 0. La méthode
Open loop S2017 réfère à la méthode de référence tirée dans la littérature et pour
le premier cycle seulement. La version Open loop VL S2017 permet le calcul pour
une situation d’utilisation en cascade. Les méthodes Proposed approach et Proposed
approach VL suivent les mêmes principes que les précédentes, mais pour la mé-
thode proposée. La dernière option est pour l’utilisation en cascade en perspective
conséquentielle.
Les arguments «LCI»et «Db_name»permettent d’identifier quel inventaire doit être
ciblé pour les modifications des quantités.
L’argument «*args»dépend de la méthode choisie. Des indications complémentaires
sont données par le programme, lorsque requis.
Pour que les modifications à l’inventaire soient appliquées, il faut que la nomenclature
des modules soit respectée. La nomenclature correspond à celle spécifiée dans la
section méthodologie au chapitre 5 et doit posséder une numérotation en fonction
du cycle correspondant.

La participation des différents fichiers est présentée de façon synthèse à la figure C.1.

68
Figure C.1 Contribution des fichiers dans Brightway2

69
ANNEXE D
Analyses de sensibilité complémentaires

L’étude de cas présentée au chapitre 5 suppose que certains paramètres demeurent constants
et certaines hypothèses ont été posées pour assurer la comparabilité des résultats. Deux
aspects de l’étude de cas sont approfondis ici : l’influence des paramètres RC et RRE,
ainsi que le choix des bases de données pour l’arrière-plan.

D.1 Influence des paramètres RC et RRE en ACV at-


tributionnelle
Dans les méthodes d’affectation étudiées, les résultats dépendent des rapports RC et RRE.
L’influence de ces rapports n’est abordée que sommairement en comparant les résultats de
la cascade à un cas hors cascade. En fait, les résultats de production vierge ne considèrent
que 53 % de recyclage en fin de vie (valeur typique pour un centre de tri) et aucun contenu
recyclé (RC = 0). Or, cette comparaison au chapitre 5 fait que les deux paramètres varient
en même temps. Il est donc impossible de dégager les tendances en se fondant sur la cascade
et le système hors cascade seulement.
Les résultats ont donc été calculés en faisant varier ces paramètres individuellement. L’in-
fluence du contenu recyclé est étudiée à la figure D.1, tandis que celle du recyclage en fin
de vie est étudiée à la figure D.2. Il est à noter que pour le paramètre RC, un rapport de
recyclage en fin de vie est maintenu à 0,53. Pour le paramètre RRE, le contenu recyclé
est maintenu à 0.

Figure D.1 Influence du paramètre RC [() = 0 ; (’) = 0,5 ; (”) = 1,0] pour la
méthode 100 : 0 (A) et la méthode proposée (B)

70
Une tendance à la hausse des émissions est observée, ce qui concorde avec les observations
du chapitre 5, où la cascade avait, en ACV attributionnelle, plus d’impacts que la produc-
tion à partir de matières vierges. Ceci a été attribué principalement à l’augmentation des
distances de transport.
L’indicateur de qualité des écosystèmes contraste bien l’opposition qui existe entre la mé-
thode 100 : 0 et la méthode proposée. En effet, la première a tendance à séparer les cycles,
alors que la seconde tente de conserver ce lien. L’augmentation du contenu recyclé diminue
les impacts de la cascade pour la méthode 100 : 0, car les deux cycles dominants sont le
bois d’oeuvre et la poutre de lamellé-collé. Le retrait des activités forestières au second
cycle bénéficie donc grandement à cet indicateur. Toutefois, un avantage supplémentaire
est obtenu en considérant que les résidus du premier cycle arrivent sans impacts environ-
nementaux, car un mètre cube de lamellés-collés nécessite plus d’un mètre cube de résidus
de bois d’oeuvre (donc plus d’activités forestières que dépeintes par les résultats de la
méthode 100 : 0). C’est pourquoi la méthode proposée présente une tendance inverse à cet
indicateur.
En ce qui concerne la sensibilité des méthodes face au paramètre, dans trois indicateurs sur
quatre, la méthode proposée possède une variation plus marquée que la méthode 100 : 0.
Ceci s’explique justement par les mêmes explications que citées aux paragraphes précé-
dents : non seulement les impacts augmentent avec les distances de transport (qui forme
l’explication principale de l’augmentation pour la méthode 100 : 0), mais la dépendance
aux cycles antérieurs augmente aussi dû au paramètre Etot(n−1) dans la méthode proposée.

Figure D.2 Influence du paramètre RRE [() = 0 ; (’) = 0,5 ; (”) = 1,0] pour la
méthode 100 : 0 (A) et la méthode proposée (B)

À la figure D.2, ce qui est remarquable est la quasi-absence de sensibilité au recyclage en fin


de vie pour la méthode 100 : 0, tandis que la méthode proposée y est hautement sensible.
Ceci s’explique par le fait que la méthode 100 : 0 exclut tout traitement des matières
résiduelles suite au dépôt au centre de tri et que l’enfouissement génère peu d’impacts.
Effectivement, ces frontières font en sorte qu’il y a peu d’impacts attribués à la fin de vie

71
des produits dans la méthode 100 : 0. Ceci offre d’ailleurs peu d’attention au recyclage en
fin de vie pour cette méthode [50]. La méthode proposée utilise des frontières plus étendues
en incluant les activités du centre de tri dans le cycle concerné. Toutefois, sa sensibilité
s’explique principalement par le facteur d’affectation qui s’intéresse à la quantité recyclée.
Un taux de recyclage en fin de vie de 100 % réduit l’inventaire imputable au cycle de 50
% (en considérant Q = 1) par rapport à un enfouissement complet.
En bref, il peut être relevé que la méthode proposée est plus sensible aux paramètres de
contenu recyclé et de recyclage en fin de vie que la méthode 100 : 0.

D.2 Influence des bases de données en arrière plan


Les modélisations ont été réalisées avec les versions 3.5 des bases de données d’ecoinvent.
Toutefois, il existe trois versions : deux attributionnelles et une conséquentielle (long
terme). Des différences méthodologiques importantes existent entre chaque. Notamment, la
base de données attributionnelle «ecoinvent 3.5 - cut off»considère les activités de recyclage
tels qu’exclues du cycle de vie générant celles-ci. La base de données «ecoinvent 3.5 - allo-
cation at point of substitution (APOS)», au contraire, considère les activités de recyclage
comme partagées jusqu’au point de substitution (habituellement défini comme le point où
la matière reprend une valeur économique positive). Finalement, la base conséquentielle
«ecoinvent 3.5 - consequential»fait appel à l’extension de frontières et la substitution pour
résoudre les cas de multifonctionnalité.
Les deux bases de données attributionnelles sont donc comparées pour déterminer l’in-
fluence du choix de la méthodologie de traitement de l’arrière-plan. Les résultats compa-
rant la cascade avec les trois méthodes d’affectation en fin de vie sont présentés à la figure
D.3.

Figure D.3 Comparaison de l’influence des arrières-plans attributionnels, A =


Méthode 100 : 0 ; B = Méthode de boucle ouverte ; C = Méthode proposée, les
résultats marqués (’) indiquent la base APOS

L’influence des modèles attributionnels est relativement négligeable. En effet, pour les trois
méthodes d’affectation, les bases de données présentent moins de 5 % de différence sur

72
l’ensemble de la cascade, ce qui est relativement peu comparativement à l’influence des
méthodes d’affectation elles-mêmes. De plus, la distribution de la contribution des cycles
demeure sensiblement la même pour tous les modèles. Le choix entre les deux bases de
données est donc peu important dans le cas étudié.
Au chapitre 5, une comparaison des résultats attributionnels est réalisée avec ceux consé-
quentiels. Ceci implique un changement de la méthodologie, mais aussi un changement de
la base de données. Pour mettre en évidence ce double changement, les résultats des deux
bases de données (ecoinvent 3.5 - cut off et ecoinvent 3.5 - consequential) sont comparés
pour la modélisation conséquentielle (avec d = 1) à la figure D.4.

Figure D.4 Comparaison de l’influence de l’arrière-plan conséquentiel face à


attributionnel

Les résultats indiquent une forte influence du choix de la base de données. En effet, 3
des 4 catégories de dommages environnementaux obtiennent des conclusions opposées.
Toutefois, il faut rappeler que la base de données conséquentielle est méthodologiquement
en accord avec la procédure de modélisation, tandis que la base de données attributionnelle
ne l’est pas. La base conséquentielle utilise l’extension de frontières et la substitution,
tandis que l’autre ne se concentre que sur l’affectation, ce qui n’est pas approprié pour ce
type de modélisation. L’usage d’une base de données conséquentielle pour la modélisation
conséquentielle est donc fortement recommandé.

73
LISTE DES RÉFÉRENCES

[1] R. Minunno, T. O’Grady, G. M. Morrison, and R. L. Gruner, “Exploring environ-


mental benefits of reuse and recycle practices : A circular economy case study of a
modular building,” Resources, Conservation and Recycling, vol. 160, p. 104855, Sept.
2020.
[2] Ville de Québec, “Recyclage, on gagne tous à trier ! - Formation pour employés d’ICI,”
2017.
[3] Gouvernement du Québec, “Gestion des résidus du secteur de la construction, de la
rénovation et de la démolition (CRD),” 2014. OCLC : 1006997310.
[4] RECYC-QUÉBEC, “Fiche informative : résidus de construction, de rénovation et de
démolition (CRD),” 2018.
[5] Q. Circulaire, “Concept et définition - Quebeccirculaire.org, la plateforme qui ras-
semble les acteurs de l’économie circulaire au Québec,” Sept. 2020.
[6] C. Mair and T. Stern, “Cascading Utilization of Wood : a Matter of Circular Eco-
nomy ?,” Current Forestry Reports, vol. 3, pp. 281–295, Dec. 2017.
[7] T. Sirkin and M. ten Houten, “The Cascade Chain - A theory and tool for achieving
resource sustainability with applications for product design,” Resources, Conservation
and Recycling, vol. 10, pp. 213–277, 1994.
[8] N. Thonemann and M. Schumann, “Environmental impacts of wood-based products
under consideration of cascade utilization : A systematic literature review,” Journal
of Cleaner Production, vol. 172, pp. 4181–4188, Jan. 2018.
[9] K. Allacker, F. Mathieux, D. Pennington, and R. Pant, “The search for an appro-
priate end-of-life formula for the purpose of the European Commission Environmen-
tal Footprint initiative,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 22,
pp. 1441–1458, Sept. 2017.
[10] D. L. Schrijvers, P. Loubet, and G. Sonnemann, “Developing a systematic framework
for consistent allocation in LCA,” The International Journal of Life Cycle Assess-
ment, vol. 21, pp. 976–993, July 2016.
[11] A. L. Nicholson, E. A. Olivetti, J. R. Gregory, F. R. Field, and R. E. Kirchain,
“End-of-life LCA allocation methods : Open loop recycling impacts on robustness of
material selection decisions,” pp. 1–6, May 2009.
[12] S. Kim, T. Hwang, and K. M. Lee, “Allocation for cascade recycling system,” The
International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 2, p. 217, Dec. 1997.
[13] L. Rigamonti, M. Grosso, and M. C. Sunseri, “Influence of assumptions about selection
and recycling efficiencies on the LCA of integrated waste management systems,” The
International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 14, pp. 411–419, July 2009.
[14] M. K. Eriksen, A. Damgaard, A. Boldrin, and T. F. Astrup, “Quality Assessment and
Circularity Potential of Recovery Systems for Household Plastic Waste,” Journal of
Industrial Ecology, vol. 23, pp. 156–168, Feb. 2019.

74
[15] L. Rigamonti, S. Taelman, S. Huysveld, S. Sfez, K. Ragaert, and J. Dewulf, “A step
forward in quantifying the substitutability of secondary materials in waste manage-
ment life cycle assessment studies,” Waste Management, vol. 114, pp. 331–340, Aug.
2020.
[16] IPCC, “Global Warming of 1.5 degree celsius. An IPCC Special Report on the impacts
of global warming of 1.5 degree celsius above pre-industrial levels and related global
greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response
to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate
poverty,” tech. rep., International Panel on Climate Change, 2019.
[17] J. Kirchherr, D. Reike, and M. Hekkert, “Conceptualizing the circular economy : An
analysis of 114 definitions,” Resources, Conservation and Recycling, vol. 127, pp. 221–
232, 2017.
[18] J. Korhonen, A. Honkasalo, and J. Seppälä, “Circular Economy : The Concept and
its Limitations,” Ecological Economics, vol. 143, pp. 37–46, Jan. 2018.
[19] K. Höglmeier, G. Weber-Blaschke, and K. Richter, “Potentials for cascading of re-
covered wood from building deconstruction—A case study for south-east Germany,”
Resources, Conservation and Recycling, vol. 117, pp. 304–314, Feb. 2017.
[20] M. Risse, G. Weber-Blaschke, and K. Richter, “Eco-efficiency analysis of recycling
recovered solid wood from construction into laminated timber products,” Science of
The Total Environment, vol. 661, pp. 107–119, Apr. 2019.
[21] J. Mehr, C. Vadenbo, B. Steubing, and S. Hellweg, “Environmentally optimal wood use
in Switzerland—Investigating the relevance of material cascades,” Resources, Conser-
vation and Recycling, vol. 131, pp. 181–191, Apr. 2018.
[22] K. Höglmeier, B. Steubing, G. Weber-Blaschke, and K. Richter, “LCA-based optimi-
zation of wood utilization under special consideration of a cascading use of wood,”
Journal of Environmental Management, vol. 152, pp. 158–170, Apr. 2015.
[23] W. Klöpffer, “The Role of SETAC in the Development of LCA,” The International
Journal of Life Cycle Assessment, vol. 11, pp. 116–122, Jan. 2006.
[24] J. B. Guinée, R. Heijungs, G. Huppes, A. Zamagni, P. Masoni, R. Buonamici, T. Ek-
vall, and T. Rydberg, “Life Cycle Assessment : Past, Present, and Future,” Environ-
mental Science & Technology, vol. 45, pp. 90–96, Jan. 2011.
[25] I. S. Association, “Management environnemental - Analyse du cycle de vie - Principes
et cadres - ISO 14 040,” 2006.
[26] I. S. Association, “Management environnemental - Analyse du cycle de vie - Exigences
et lignes directrices - ISO 14 044,” 2006.
[27] J. Bare, “Tool for the Reduction and Assessment of Chemical and Other Environ-
mental Impacts (TRACI) TRACI version 2.1 - User’Guide,” 2012.
[28] S. Humbert, O. Jolliet, M. Margni, R. Charles, J. Payet, G. Rebitzer, and R. Rosen-
baum, “IMPACT 2002+ : User Guide,” tech. rep., Nov. 2012.
[29] S. Viau, “Méta-analyse des coefficients de substitution en analyse du cycle de vie
conséquentielle de la gestion des matières résiduelles,” 2018.

75
[30] I. S. Association, “ISO TR 14 049 : Management environnmental - Analyse du cycle
de vie - Exemples illustrant l’application de l’ISO 14 044 à la définition de l’objectif
et du champ d’étude et à l’analyse de l’inventaire,” p. 58, 2012.
[31] A. Zamagni, P. Buttol, P. L. Porta, R. Buonamici, P. Masoni, J. Guinée, R. Hei-
jungs, T. Ekvall, R. Bersani, A. Bie, and U. Pretato, “CRITICAL REVIEW OF
THE CURRENT RESEARCH NEEDS AND LIMITATIONS RELATED TO ISO-
LCA PRACTICE,” tech. rep., 2008.
[32] J. B. Guinée, S. Cucurachi, P. J. Henriksson, and R. Heijungs, “Digesting the alphabet
soup of LCA,” The International Journal of Life Cycle Assessment, May 2018.
[33] N. Pelletier, F. Ardente, M. Brandão, C. De Camillis, and D. Pennington, “Rationales
for and limitations of preferred solutions for multi-functionality problems in LCA : is
increased consistency possible ?,” The International Journal of Life Cycle Assessment,
vol. 20, pp. 74–86, Jan. 2015.
[34] J. X. Johnson, C. A. McMillan, and G. A. Keoleian, “Evaluation of Life Cycle As-
sessment Recycling Allocation Methods : The Case Study of Aluminum,” Journal of
Industrial Ecology, pp. n/a–n/a, Sept. 2013.
[35] A. Dubreuil, S. B. Young, J. Atherton, and T. P. Gloria, “Metals recycling maps
and allocation procedures in life cycle assessment,” The International Journal of Life
Cycle Assessment, vol. 15, pp. 621–634, July 2010.
[36] R. Heijungs and J. B. Guinée, “Allocation and ‘what-if’ scenarios in life cycle assess-
ment of waste management systems,” Waste Management, vol. 27, pp. 997–1005, Jan.
2007.
[37] R. Geyer, B. Kuczenski, T. Zink, and A. Henderson, “Common Misconceptions about
Recycling,” Journal of Industrial Ecology, vol. 20, pp. 1010–1017, Oct. 2016.
[38] L. Rigamonti, M. Niero, M. Haupt, M. Grosso, and J. Judl, “Recycling processes and
quality of secondary materials : Food for thought for waste-management-oriented life
cycle assessment studies,” Waste Management, vol. 76, pp. 261–265, June 2018.
[39] T. Zink and R. Geyer, “Material Recycling and the Myth of Landfill Diversion,”
Journal of Industrial Ecology, vol. 23, pp. 541–548, June 2019.
[40] T. K. Boguski, R. G. Hunt, and W. E. Franklin, “General mathematical models for
LCI recycling,” Resources, Conservation and Recycling, vol. 12, pp. 147–163, Nov.
1994.
[41] T. Ekvall and A.-M. Tillman, “Open-loop recycling : Criteria for allocation proce-
dures,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 2, pp. 155–162,
Sept. 1997.
[42] NCASI, “METHODS FOR OPEN-LOOP RECYCLING ALLOCATION IN LIFE
CYCLE ASSESSMENT AND CARBON FOOTPRINT STUDIES OF PAPER PRO-
DUCTS,” 2012.
[43] C. Koffler and M. Finkbeiner, “Are we still keeping it “real” ? Proposing a revised pa-
radigm for recycling credits in attributional life cycle assessment,” The International
Journal of Life Cycle Assessment, vol. 23, pp. 181–190, Jan. 2018.

76
[44] M. Rehberger and M. Hiete, “Allocation Procedures for Generic Cascade Use Cases
- An Evaluation Using Monte Carlo Analysis,” Materials Science Forum, vol. 959,
pp. 32–45, June 2019.
[45] S. Neugebauer and M. Finkbeiner, “The Multi-Recycling-Approach as a new op-
tion to deal with the end-of-life allocation dilemma,” LCA-Center. http ://lcacenter.
org/lcaxii/final-presentations/603. pdf. Accessed, vol. 17, 2015.
[46] T. Zink, R. Geyer, and R. Startz, “A Market-Based Framework for Quantifying Dis-
placed Production from Recycling or Reuse,” Journal of Industrial Ecology, vol. 20,
pp. 719–729, Aug. 2016.
[47] C. Koffler and J. Florin, “Tackling the Downcycling Issue—A Revised Approach to
Value-Corrected Substitution in Life Cycle Assessment of Aluminum (VCS 2.0),”
Sustainability, vol. 5, pp. 4546–4560, Oct. 2013.
[48] A. B. Gala, M. Raugei, and P. Fullana-i Palmer, “Introducing a new method for
calculating the environmental credits of end-of-life material recovery in attributional
LCA,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 20, pp. 645–654, May
2015.
[49] D. L. Schrijvers, P. Loubet, and G. Sonnemann, “Critical review of guidelines against
a systematic framework with regard to consistency on allocation procedures for recy-
cling in LCA,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 21, pp. 994–
1008, July 2016.
[50] R. Frischknecht, “LCI modelling approaches applied on recycling of materials in view
of environmental sustainability, risk perception and eco-efficiency,” The International
Journal of Life Cycle Assessment, vol. 15, pp. 666–671, Aug. 2010.
[51] M. Mengarelli, S. Neugebauer, M. Finkbeiner, M. Germani, P. Buttol, and F. Reale,
“End-of-life modelling in life cycle assessment—material or product-centred perspec-
tive ?,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 22, pp. 1288–1301,
Aug. 2017.
[52] G. Faraca, D. Tonini, and T. F. Astrup, “Dynamic accounting of greenhouse gas emis-
sions from cascading utilisation of wood waste,” Science of The Total Environment,
vol. 651, pp. 2689–2700, Feb. 2019.
[53] M. A. Curran, “Co-Product and Input Allocation Approaches for Creating Life Cycle
Inventory Data : A Literature Review,” International Journal of Life Cycle Assess-
ment, vol. Special issue (1), pp. 65–78, 2007.
[54] M. A. Curran, M. Mann, and G. Norris, “The international workshop on electricity
data for life cycle inventories,” Journal of Cleaner Production, p. 10, 2005.
[55] B. Weidema, “Market information in life cycle assessment,” tech. rep., 2.-0 LCA
consultants, 2003.
[56] S. Heimersson, M. Svanström, and T. Ekvall, “Opportunities of consequential and at-
tributional modelling in life cycle assessment of wastewater and sludge management,”
Journal of Cleaner Production, vol. 222, pp. 242–251, Feb. 2019.
[57] T. Ekvall, A. Azapagic, G. Finnveden, T. Rydberg, B. P. Weidema, and A. Zamagni,
“Attributional and consequential LCA in the ILCD handbook,” The International
Journal of Life Cycle Assessment, vol. 21, pp. 293–296, Mar. 2016.

77
[58] D. Schrijvers, P. Loubet, and G. Sonnemann, “Archetypes of Goal and Scope Defini-
tions for Consistent Allocation in LCA,” Sustainability, vol. 12, p. 5587, July 2020.
[59] M. Rehberger and M. Hiete, “Allocation of Environmental Impacts in Circular and
Cascade Use of Resources—Incentive-Driven Allocation as a Prerequisite for Cascade
Persistence,” Sustainability, vol. 12, p. 4366, May 2020.
[60] M. K. Paras and A. Curteza, “Revisiting upcycling phenomena : a concept in clothing
industry,” Research Journal of Textile and Apparel, vol. 22, pp. 46–58, Mar. 2018.
[61] L. Rigamonti, M. Grosso, and M. Giugliano, “Life cycle assessment of sub-units
composing a MSW management system,” Journal of Cleaner Production, vol. 18,
pp. 1652–1662, Nov. 2010.
[62] A. Laurent, J. Clavreul, A. Bernstad, I. Bakas, M. Niero, E. Gentil, T. H. Christensen,
and M. Z. Hauschild, “Review of LCA studies of solid waste management systems –
Part II : Methodological guidance for a better practice,” Waste Management, vol. 34,
pp. 589–606, Mar. 2014.
[63] C. Vadenbo, S. Hellweg, and T. F. Astrup, “Let’s Be Clear(er) about Substitution : A
Reporting Framework to Account for Product Displacement in Life Cycle Assessment :
A Framework to Account for Substitution in LCA,” Journal of Industrial Ecology,
vol. 21, pp. 1078–1089, Oct. 2017.
[64] K. Campbell-Johnston, W. J. Vermeulen, D. Reike, and S. Brullot, “The Circular Eco-
nomy and Cascading : Towards a Framework,” Resources, Conservation & Recycling :
X, vol. 7, p. 100038, Sept. 2020.
[65] M. Borg, J. Paulsen, and W. Trinius, “Proposal of a method for allocation in building-
related environmental LCA based on economic parameters,” The International Jour-
nal of Life Cycle Assessment, vol. 6, p. 219, July 2001.
[66] F. Werner, H.-J. Althaus, K. Richter, and R. W. Scholz, “Post-consumer waste wood
in attributive product LCA : Context specific evaluation of allocation procedures in a
functionalistic conception of LCA,” The International Journal of Life Cycle Assess-
ment, vol. 12, pp. 160–172, May 2007.
[67] S. Amini, J. Remmerswaal, M. Castro, and M. Reuter, “Quantifying the quality loss
and resource efficiency of recycling by means of exergy analysis,” Journal of Cleaner
Production, vol. 15, pp. 907–913, Jan. 2007.
[68] L. A. López Ruiz, X. Roca Ramón, and S. Gassó Domingo, “The circular economy
in the construction and demolition waste sector – A review and an integrative model
approach,” Journal of Cleaner Production, vol. 248, p. 119238, Mar. 2020.
[69] D. Civancik-Uslu, R. Puig, L. Ferrer, and P. Fullana-i Palmer, “Influence of end-of-life
allocation, credits and other methodological issues in LCA of compounds : An in-
company circular economy case study on packaging,” Journal of Cleaner Production,
vol. 212, pp. 925–940, Mar. 2019.
[70] S. Viau, G. Majeau-Bettez, L. Spreutels, R. Legros, M. Margni, and R. Samson,
“Substitution modelling in life cycle assessment of municipal solid waste management,”
Waste Management, vol. 102, pp. 795–803, Feb. 2020.

78
[71] O. Olsson, B. Lena, B. Hektor, A. Roos, R. Guisson, P. Lamers, D. Hartley, J. Ponitka,
J. Hildebrandt, and D. Thrän, “Cascading of woody biomass : definitions, policies and
effets on international trade,” tech. rep., IEA Bioenergy Task 40, Apr. 2016.
[72] M. Jarre, A. Petit-Boix, C. Priefer, R. Meyer, and S. Leipold, “Transforming the bio-
based sector towards a circular economy - What can we learn from wood cascading ?,”
Forest Policy and Economics, vol. 110, p. 101872, Jan. 2020.
[73] C. Mutel, “Brightway : An open source framework for Life Cycle Assessment,” The
Journal of Open Source Software, vol. 2, p. 236, Apr. 2017.
[74] G. Wernet, C. Bauer, B. Steubing, J. Reinhard, E. Moreno-Ruiz, and B. Weidema,
“The ecoinvent database version 3 (part I) : overview and methodology,” The Inter-
national Journal of Life Cycle Assessment, vol. 21, pp. 1218–1230, Sept. 2016.
[75] C. De Wolf, E. Hoxha, and C. Fivet, “Comparison of environmental assessment me-
thods when reusing building components : A case study,” Sustainable Cities and
Society, vol. 61, p. 102322, Oct. 2020.
[76] H. Baumann and A.-M. Tillman, The hitch hiker’s guide to LCA—an orientation in
life cycle assessment methodology and application. Lundt, Sweden : Studentlitteratur,
2004.
[77] V. M. Thomas, “Demand and Dematerialization Impacts of Second-Hand Markets. :
Reuse or More Use ?,” Journal of Industrial Ecology, vol. 7, pp. 65–78, Mar. 2003.
[78] H. AzariJafari, A. Yahia, and B. Amor, “Removing Shadows from Consequential LCA
through a Time-Dependent Modeling Approach : Policy-Making in the Road Pave-
ment Sector,” Environmental Science & Technology, vol. 53, pp. 1087–1097, Feb. 2019.
[79] T. Schaubroeck, T. Gibon, E. Igos, and E. Benetto, “Sustainability assessment of
circular economy over time : Modelling of finite and variable loops & impact distri-
bution among related products,” Resources, Conservation and Recycling, p. 105319,
Dec. 2020.
[80] S. Sfez, S. De Meester, S. E. Vlaeminck, and J. Dewulf, “Improving the resource foot-
print evaluation of products recovered from wastewater : A discussion on appropriate
allocation in the context of circular economy,” Resources, Conservation and Recycling,
vol. 148, pp. 132–144, Sept. 2019.
[81] J. Deschamps, S. Bàlint, A. Tagnit-Hamou, and B. Amor, “Is open-loop recycling the
lowest preference in a circular economy ? Answering through LCA of glass powder in
concrete,” Journal of Cleaner Production, vol. 185, pp. 14–22, 2018.
[82] K. Höglmeier, G. Weber-Blaschke, and K. Richter, “Utilization of recovered wood in
cascades versus utilization of primary wood—a comparison with life cycle assessment
using system expansion,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 19,
pp. 1755–1766, Oct. 2014.
[83] M. Risse, G. Weber-Blaschke, and K. Richter, “Resource efficiency of multifunctional
wood cascade chains using LCA and exergy analysis, exemplified by a case study for
Germany,” Resources, Conservation and Recycling, vol. 126, pp. 141–152, Nov. 2017.
[84] International Standard Association, “IS/ISO 14044 (2006) : Environmental
Management-Life Cycle Assessment-Requirements and Guidelines,” p. 47, 2006.

79
[85] W. Klöpffer, “Allocation rule for open-loop recycling in life cycle assessment : — a
review,” The International Journal of Life Cycle Assessment, vol. 1, pp. 27–31, Mar.
1996.
[86] M. S. Taskhiri, M. Garbs, and J. Geldermann, “Sustainable logistics network for wood
flow considering cascade utilisation,” Journal of Cleaner Production, vol. 110, pp. 25–
39, Jan. 2016.
[87] R. J. Plevin, M. A. Delucchi, and F. Creutzig, “Using Attributional Life Cycle As-
sessment to Estimate Climate-Change Mitigation Benefits Misleads Policy Makers :
Attributional LCA Can Mislead Policy Makers,” Journal of Industrial Ecology, vol. 18,
pp. 73–83, Feb. 2014.
[88] K. Allacker, F. Mathieux, S. Manfredi, N. Pelletier, C. De Camillis, F. Ardente,
and R. Pant, “Allocation solutions for secondary material production and end of
life recovery : Proposals for product policy initiatives,” Resources, Conservation and
Recycling, vol. 88, pp. 1–12, July 2014.
[89] W. Klöpffer, “Subjective is not arbitrary,” The International Journal of Life Cycle
Assessment, vol. 3, no. 2, p. 61, 1998. ISBN : 0948-3349 Publisher : Springer Science
& Business Media.
[90] M. Finkbeiner, S. Neugebauer, and M. Berger, “Carbon footprint of recycled biogenic
products : the challenge of modelling CO 2 removal credits,” International Journal of
Sustainable Engineering, vol. 6, pp. 66–73, Mar. 2013.
[91] Ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, “Ressources et industries forestières
du Québec, portrait statistique,” p. 154, 2019.
[92] A. S. M. Institute, “A Cradle-to-gate life cycle assessment of Canadian Particleboard
- 2013 update,” tech. rep., Athena Sustainable Materials Institute, Sept. 2013.
[93] G. Doka, “Life Cycle Inventories of Waste Treatment Services,” Tech. Rep. ecoinvent
report No. 13, Swiss centre for life cycle inventories, Duberndorf, 2009.
[94] B. Steubing, D. de Koning, A. Haas, and C. L. Mutel, “The Activity Browser — An
open source LCA software building on top of the brightway framework,” Software
Impacts, vol. 3, p. 100012, Feb. 2020.

80

Vous aimerez peut-être aussi