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Bornes 1er Semestre

Clara Devoir Maison Cours d’Histoire de la Marionnette


L3

Pinocchio est un conte qui fait cas de la situation transitoire de la marionnette. Si la


question principale pour les enfants dans le film d’animation Disney est le mensonge et la
croyance il y a pour les personnes qui s’intéressent à la marionnette une question
évidente qui concerne la manipulation. Pinocchio est il un vrai petit garçon ? Si le dessin
animé ferme la question à la fin du film avec la transformation final du cadavre de
Pinocchio en un vrai petit garçon de chair, c’est en fait toute la question du théâtre de
marionnette que l’évolution de l’état de Pinocchio questionne. Il est d’abord inerte puis par
magie se meut puis meurt et alors seulement renaît en véritable être. C’est une des
questions fondamentales du théâtre de marionnette. Si sur scène aucune fée magique ne
vient donner de la vie à l’objet comment devient il vivant ? Est ce par le mouvement ? En
effet l’une des réponses les plus évidentes est que la marionnette prend vie grâce au
mouvement que le manipulateur lui insuffle pourtant cette réponse ne reste que très limité
puisque si un acteur s’adresse à une marionnette avec conviction comme à un autre
acteur nous croyons déjà en cette marionnette. Pus simplement une marionnette statique
qui ne fais figure que d’objet en apparence peut devenir vivante par le simple fait qu’un
acteur s’adresse à elle comme si elle était vivante. La raison du passage de l’état de
l’animé à l’inanimé semble se faire de façon plus complexe que simplement par le
mouvement. En réalité la question sous-jacente à ces états et celle du regard du
spectateur ou en tous cas de sa perception puisque le caractère physique de l’objet ne
change pas. Comment alors par ces changements d’état croit on à la marionnette, non
pas dans un soucis de réalisme mais dans le dépassement du simple état d’objet inerte ?
La première façon insuffler la vie est celle du manipulateur qui fait alors imiter le
mouvement à la marionnette, on croit alors au vivant par le mouvement. Mais ce n’est pas
seulement par un effet d’imitation que l’on croit à la marionnette, il s’agit de faire voir
l’essence de l’homme en réduisant la représentation au minimum pour parler de ce qui
rend vivant en segmentant et essencialisant. Mais au-delà de la ressemblance à la vie la
pleine transformation d’état de la marionnette se passe surtout dans une convention
magique du théâtre.

Lorsque l’on parle de manipulation le mot semble péjoratif, comme si il s’agissait de


duper le spectateur par un faux-semblant. En se tenant à cette définition on ne peut pas
réellement parlé d’un changement d’état de la marionnette mais nous nous intéressons
bien ici à l’idée que ce changement d’état ce fait sur ce que nous percevons de la
marionnette. Si hors de la scène enlever un bras ou frapper une marionnette ne procure
pas autant d’empathie que sur scène c’est bien qu’il y a un changement d’état pour le
spectateur. Si l’on peut dire que l’objet prend vie dans le mouvement c’est tout d’abord que
la marionnette a été conçu pour cela et que c’est la première différence que nous
distinguons en jeu. Ainsi qu’elles soient des marionnettes à gaines ou à fils, manipulé à vu
ou caché par un drap, dans un théâtre d’ombre ou en lumière on comprend que c’est elle
qui parle, ou fait l’action dès lors qu’il y a mouvement. Il suffit d’agiter une marionnette
pour que le public se laisse convaincre c’est elle qui parle. Dès lors la vie, ou une partie de
la vie vient du mouvement que le public comprend comme la représentation du passage
de l’état d’objet à l’état de marionnette en jeu.
Mais le passage à un autre état qu’à l’inerte peut n’être pas un état vivant mais
dépasser le vivant justement par ce que la marionnette n’imite pas seulement le vivant. Ce
changement d’état se fait toujours pas le mouvement mais celui ci est moins une imitation
qu’une proposition d’un imaginaire. En effet dans le théâtre d’ombre Cambodgien ce n’est
pas les hommes que l’on représente mais des divinités du panthéon khmer. Ainsi la
marionnette acquière une valeur plus sacré qui la fait passé par la lumière d’un morceau
de cuire à une représentation divine. Les ombres ne sont pas articulé et les mouvements
et chants que les manipulateurs réalisent n’imitent pas la vie. Mais c’est pourtant dans ce
mouvement presque danser des marionnettes que naît le passage au divin. La
manipulation danser et chanter laisse le divin s’exprimer et donne l’effet aux spectateurs
que le divin dépasse la représentation mais existe bien. La projection des immenses
marionnettes de cuire permet de rendre encore plus grande l’ombre. Ainsi dans certains
théâtre le passage de l’inerte à un autre état n’est pas seulement le vivant mais le
dépasse en ne représentant le divin comme quelque chose d’insaisissable mais que l’on
croit par le mouvement.

Si la manipulation dans le mouvement et le jeu avec le manipulateur participe à une valeur


de réel que donne le spectateur à la marionnette le changement d’état et le mouvement ne
sont pas les seuls effets qui font que le public croit en la marionnette et que l’on voit un
changement d’état de simple objet à présence.

De plus on peut voir un passage d’une énergie du manipulateur lorsqu’il est à vu.
L’énergie se dégage qu’un autre acteur qui, à vu ou non, y croit avant que le public y croit.
Il me semble que l’effet d’un mouvement qui soit programmer sur un ordinateur pour faire
bouger une machine n’aurait pas le même effet de vivant qu’une marionnette manipulé.
C’est peut-être ce qui pourrait être une limite entre le théâtre de marionnette et la
prestation. Si aucun acteur n’est sur scène et qu’il n’y a pas manipulation alors le passage
à l’état du vivant ne se fait pas véritablement. On ne verra pas la représentation d’un
homme mais bien un robot ce qui fait une différence dans la perception du public, il n’y a
pas de passage d’état de l’objet. On voit un objet bougé mais pas la représentation d’un
être. Cet effet me semble être tout à fait illustrer dans le théâtre d’Ilka SchÖnbein. Sa
manipulation n’est pas classique car ce sont souvent des bouds d’elle même qu’elle
manipule pour les faire devenir autonome. Lorsqu’elle accouche dans le spectacle
Métamorphose d’un bébé, il n’a pas besoin de se mouvoir pour faire marionnette et pour
que nous y croyons. En faisant corps avec sa marionnette c’est d’abord son existence
avec l’actrice qui la rend réelle. Nous arrivons à y croire car quelqu’un y crois avant nous.
La marionnette est donc un mouvement et un jeu avec un humain qui lui transfert une
énergie par le jeu.
De plus il y a un effet miroir avec la marionnette qui une foi sur scène doit
représenter non pas un homme, une chose mais l’essence de cette chose. Cela prend
effet nottament dans le théâtre du Bread and Puppet qui utilisent des marionnettes d’une
très grande envergure. L’effet de miroir se situe chez le spectateur qui ressens l’essence
des expressions des marionnettes puisque celles ci peuvent être extrêmement exagéré.
On voit notamment des visages aux expressions grossières, avec des grimaces de peur
ou de dégoût. Ce qui participe ainsi donc à la croyance à la marionnette au-delà du
mouvement et de la manipulation est la marionnette elle même car se mode de
représentation peut se passer de réalisme et propose donc un effet miroir au spectateur
qui se reconnaissent dans le choix de l’essence de ce que l’on représente. Cela peut aussi
se trouver dans l’action. La marionnette n’a pas besoin de manger véritablement pour que
l’on comprenne qu’elle mange. Il suffit qu’elle porte de la nourriture à sa bouche. Elle n’a
pas besoin de versé de véritable larme, il suffit qu’elle se frotte les yeux. On pourrait dire
que cela est vrai aussi du jeu d’acteur mais cela est d’autant plus vrai que pour la
marionnette on se sépare encore plus du réalisme car ce n’est pas le corps qui fait être le
personnage. Ainsi, paradoxalement, ce qui fait croire à la marionnette ou à l’histoire qu’elle
nous raconte c’est justement son manque de réalisme qui lui permet de se détacher de
toute imitation trop proche du réel et qui permet de mettre en scène l’essence des choses.

L’effet miroir donne ainsi à voir dans la marionnette les trais de l’humain et de
l’humanité ou l’essence des choses et cela en dit d’avantage sur nous que sur l’objet que
l’on nous présente puisque l’on sélectionne ses traits de caractères que l’on peut trouver
loin du réalisme. Pourtant si l’on parle ici de spectacle vivant il existe des marionnettes au
cinéma ou encore à la télévision. Pourtant il semble que l’on voit dans ces cas là plus une
marionnette qu’un personnage. La croyance en la marionnette n’est pas la même.
Pourquoi alors croit on mieux à la marionnette dans les théâtre vivant ?

Cela peut d’abord se comprendre par le rôle donné au cinéma ou à la captation


vidéo depuis ses débuts. Ceux ci ce sont d’abord inspiré d’autres arts de l’image, du
théâtre, de la peinture.. Mais leurs esthétiques se sont par la suite rapproché d’une
esthétique réaliste. C’est donc peut-être pour cela que la marionnette fonctionne mieux au
théâtre. Mais il me semble qu’il y a une autre raison qui teint au fait que au cinéma
l’identité de marionnette suffit à être un personnage. Il y a des personnages de
marionnettes comme si cela était quelque chose à représenter mais au théâtre, mis à part
quelque cas de méta-théâtralité, une marionnette dit avoir une autre identité. Ainsi on croit
à la marionnette car elle n’a jamais le rôle de marionnette mais elle est, un jeune homme,
un ours, un valet.. La marionnette dans un autre lieux que dans le théâtre sera perçu
comme marionnette et interrogé comme n’étant pas à sa place. Elle peut être très
intéressante comme dans le film Annette pour questionner la manipulation mais la
présence de Annette n’est pas prise par le spectateur comme un moyen d’expression du
cinéma à part entière. Cela pourrait évoluer mais pour le moment cela participe à donner
un lieu à la marionnette où elle existe comme personnage, c’est le lieu du théâtre vivant. Il
y a pour cela une explication double l’histoire de la marionnette avec un public habitué à
des codes et à un non réalisme au théâtre qui sont en adéquation avec la convention.
Mais il y a surtout la magie d’un spectacle unique ou l’habileté du manipulateur et ainsi la
possibilité de l’échec, l’incertitude rend quelque chose à la manipulation qui nous met dans
de meilleurs dispositions pour croire. Ainsi par convention et par un public qui accepte le
jeu de la convention la marionnette est cru comme un personnage à part entière et pas
seulement comme un personnage de marionnette. Les seuls marionnettes filmés d’ailleurs
qui ne posent pas questions sont des caricatures car elles embrassent alors pleinement
leur non réalisme.
Il me semble enfin que nous croyons à la marionnette car nous acceptons le faux
du théâtre mais surtout car cela est lié à quelque chose que nous faisions dans l’enfance.
Le jeu du théâtre se rapproche au plus près du jeu de l’enfance dans la marionnette. Dans
cette présence de l’enfance il y a aussi l’acceptation de la convention qui n’est plus
simplement lié au lieu mais qui se fait par le jeu. Chaque enfant fait l’expérience de
prendre un tissu pour une robe et un bâton pour un personnage. Ainsi nous revivons
quelque chose de notre enfance dans le théâtre de marionnette qui nous permet de croire.

Nous pouvons donc conclure que si le rôle du manipulateur est essentiel pour que l’on
croit avec et grâce à eux au personnage de la marionnette le passage de l’énergie qui
rend possible le changement d’état de la marionnette se fait aussi dans un effet miroir par
le jeu de l’acteur manipulateur ou grâce à la sélections des éléments de la marionnettes
qui mettent en scène les essences des personnages. Mais au-delà des ressemblances
avec l’homme ou le divin ou les choses c’est avant tout le lieu du théâtre qui créer cette
possibilité de la magie de la marionnette.

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