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Réanimation 14 (2005) 436–441

http://france.elsevier.com/direct/REAURG/

Néphrotoxicité et médicaments
Drugs and renal toxicity
F. Schortgen
Service de réanimation médicale, hôpital Henri-Mondor, 94010 Créteil cedex, France

Résumé

Étant donné la sévérité du pronostic de l’insuffisance rénale aiguë en réanimation, des mesures préventives s’imposent lors de l’utilisation
des médicaments néphrotoxiques. Aucune molécule n’a pour l’instant démontré son efficacité pour la prévention de la néphrotoxicité médi-
camenteuse. Les agents potentiellement dangereux pour la fonction rénale devraient être utilisés que s’ils apportent un bénéfice significatif par
ailleurs. La correction des facteurs associés d’insuffisance rénale, le maintien de la perfusion rénale et le respect des règles de prescription sont
des mesures simples qui doivent êtres appliquées. Les problèmes de la néphrotoxicité posés par trois classes médicamenteuses fréquemment
utilisées en réanimation (solutés de remplissage, aminosides et produits de contraste iodés) sont exposés.
© 2005 Publié par Elsevier SAS pour Société de réanimation de langue française.

Abstract

Because of the severity of acute renal failure prognosis in the intensive care units, preventive measures must be applied for the use of
nephrotoxic agents. No magic bullet exists to prevent drugs related renal dysfunction. Therefore, harmful agents for renal function should be
ordered only when significant benefit is expected for the patient. The control for associated risks factors for renal failure, the preservation of
renal perfusion and appropriateness of order are simple measures that can be easily applied. The issues of three nephrotoxic agents (i.e. plasma
expanders, aminoglycosides, contrast media) frequently used in critically ill patients are discussed.
© 2005 Publié par Elsevier SAS pour Société de réanimation de langue française.

Mots clés : Insuffisance rénale aiguë ; Néphrotoxicité ; Médicaments ; Réanimation

Keywords: Acute renal failure; Nephrotoxicity; Drugs; ICU

1. Introduction d’une insuffisance rénale aiguë [2]. Pour la pratique quoti-


dienne de la réanimation, trois classes médicamenteuses méri-
La sévérité du pronostic de l’insuffisance rénale aiguë chez tent d’être abordées étant donnée leur fréquence d’utilisation
les patients de réanimation impose de tout mettre en œuvre et la possibilité de mesures préventives : les produits de
afin de préserver la fonction rénale [1]. Aucune molécule n’a contraste iodés, les aminosides et les solutés de remplissage.
clairement démontré son efficacité pour éviter l’apparition
de lésions rénales après l’administration d’un médicament
néphrotoxique. Cependant, des mesures simples comme la 2. Définition de la néphrotoxicité
préservation de la perfusion rénale, le respect des règles de
prescription, et le choix d’une classe médicamenteuse la Il n’existe aucune définition de la néphrotoxicité, y com-
moins délétère possible sont souvent possibles. Un nombre pris pour l’évaluation d’une nouvelle molécule avant sa mise
considérable de substances a été incriminé dans la genèse sur le marché. De plus, plusieurs critères de toxicité rénale
ont été utilisés. Si la mesure ou l’évaluation du débit de fil-
Adresse e-mail : fschortgen@yahoo.fr (F. Schortgen). tration glomérulaire sont les méthodes le plus souvent
1624-0693/$ - see front matter © 2005 Publié par Elsevier SAS pour Société de réanimation de langue française.
doi:10.1016/j.reaurg.2005.03.004
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employées, d’autres paramètres plus sensibles comme le vée en analyse univariée, elle reste rarement un facteur de
dosage des protéines et/ou enzymes tubulaires ou l’examen risque indépendant d’insuffisance rénale aiguë après ajuste-
des urines par résonance magnétique ont également été pro- ment sur la gravité [12,13]. Bien évidemment il ne faut pas
posés [3,4]. Ces techniques permettent un dépistage précoce conclure de ces résultats à l’innocuité des médicaments néph-
des lésions tubulaires, avant même l’apparition d’une dégra- rotoxiques chez les patients de réanimation mais à l’exis-
dation de la fonction glomérulaire. Cependant elles ne sont tence de facteurs de risque d’importances différentes. Le rôle
pas utilisables en pratique quotidienne et leurs résultats res- de l’accumulation de ces facteurs de risque dans le dévelop-
tent controversés [3]. Le critère de jugement le plus souvent pement d’une insuffisance rénale aiguë est un point crucial,
employé dans la littérature est une augmentation de la créa- qui n’a jamais été clairement étudié en réanimation.
tinine de 44 µmol/l (0,5 mg/dl). Si l’impact sur le pronostic
d’une augmentation aussi minime de la créatininémie est lar-
gement démontré chez les patients hospitalisés en salle [5], il 5. Néphrotoxicité des produits de contraste iodés
reste à évaluer chez nos patients de réanimation.
La définition de la néphropathie liée aux produits de
contraste iodés est relativement constante dans les études cli-
3. Mécanismes des lésions rénales niques. Il s’agit d’une augmentation de la créatininémie de
44 µmol/l dans les 48 heures suivant l’injection. L’incidence
Le mécanisme de toxicité le plus courant est la nécrose varie de 1 à 24 % en fonctions des facteurs de risque préexis-
tubulaire aiguë. Cependant il ne faut pas méconnaître les tants, essentiellement la fonction rénale avant injection [5,14–
autres lésions possibles car certaines imposent des mesures 17]. Une seule étude est disponible en réanimation retrou-
spécifiques dans la prise en charge. Une altération de la per- vant une incidence de 14 % [18]. Étant donnée sa fréquence,
fusion rénale par vasodilatation de l’artériole efférente et/ou son impact pronostique et économique, la néphropathie liée
vasoconstriction de l’artériole afférente, une néphrites inters- aux produits de contraste iodés est un véritable problème de
titielle immunoallergique, des lésions de néphroses osmoti- santé publique ayant motivé la réalisation de nombreux tra-
ques et une microangiopathie thrombotique peuvent avoir une vaux [5]. Les deux mesures préventives ayant clairement
origine médicamenteuse [2]. démontré leur efficacité chez les patients à risque sont l’hydra-
tation et l’utilisation de produits de faible osmolarité [19–21].
Plusieurs protocoles d’hydratation ont été proposés. Initiale-
4. Épidémiologie ment la perfusion d’un litre de solution salée à 4,5 % entou-
rant l’injection (12 heures avant et 12 heures après) avait été
Chez les patients hospitalisés, la fréquence des insuffisan- proposée [20]. Plus récemment une étude suggère que l’admi-
ces rénales aiguës liées à l’administration d’une substance nistration d’une solution de bicarbonate est plus efficace [22].
néphrotoxique semble constante sur les 20 dernières années Concernant le type de produit de contraste utilisé, il faut savoir
[6,7]. Cette fréquence est d’environ 20 %, mais la comparai- que malgré la réduction de leur osmolarité, le risque de toxi-
son entre les études est difficile du fait de l’absence de défi- cité persiste chez les patients les plus à risque qui sont les
nition consensuelle. Les sujets âgés sont particulièrement diabétiques insuffisants rénaux chroniques [23].
exposés puisque la prise de néphrotoxiques est la première En raison de la probable implication des radicaux libres
cause d’insuffisance rénale aiguë chez les plus de 65 ans [8]. dans la genèse de cette néphropathie, l’utilisation de molécu-
En revanche, le type des molécules incriminées évolue. Si les les antioxydantes a été proposée. La plus simple d’entre elle,
anti-infectieux restent en première position (25 %), les inhi- la N-acétyl-cystéine (NAC) par voie orale a été comparée à
biteurs de l’enzyme de conversion sont en augmentation et une hydratation dans un grand nombre d’essais, que ce soit
arrivent en deuxième (22 %) alors que la néphrotoxicité des pour la réalisation de scanners ou d’artériographies. Les étu-
produits de contraste semble diminuer [7,9]. Chez les patients des montrant une réduction significative de la dysfonction
de réanimation, l’insuffisance rénale aiguë d’origine toxique rénale chez les patients traités 48 heures avant l’injection par
est en régression, passant de 20 à 4 % entre les deux études NAC ont été publiées dans de grandes revues, ce qui a suscité
épidémiologiques françaises de 1991 et 1997 [10,11]. Cette un engouement important pour cette molécule [14,16]. Cepen-
diminution est possiblement liée à un changement du type dant, plusieurs essais prospectifs randomisés ne retrouvent
des insuffisances rénales aiguës prises en charge dans les ser- pas ce bénéfice de la NAC [15,17,24,25]. Ces discordances
vices de réanimation. ont donc donné lieu à la réalisation de plusieurs méta-
La question de l’imputabilité d’un médicament dans la sur- analyses, elles aussi discordantes dans leurs résultats et
venue d’une insuffisance rénale aiguë chez un patient de réa- l’enthousiasme de leur conclusion sur l’utilisation systéma-
nimation est difficile à résoudre. En effet les médicaments tique de la NAC chez les patients à risque [26–29].
néphrotoxiques sont le plus souvent administrées à des Dans la plupart des études il est intéressant de noter que
patients ayant d’autres facteurs de risque d’insuffisance rénale l’évolution de la créatininémie après injection d’un produit
aiguë comme un état de choc ou une infection sévère. Si de contraste iodé était stable dans le groupe placebo et dimi-
l’administration d’un médicament toxique est parfois retrou- nuait dans le groupe NAC alors que l’on pouvait s’attendre à
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une stabilité dans le groupe NAC et une augmentation dans Enfin, les mesures préventives simples comme l’arrêt des
le groupe placebo [14]. L’efficacité de la NAC sur la préven- médicaments associés favorisant l’apparition d’une insuffi-
tion de la dysfonction rénale a largement été remise en cause sance rénale (inhibiteur de l’enzyme de conversion, anti-
par le travail de Hoffmann et al. chez des volontaires sains inflammatoire non stéroïdien, diurétique) ne doivent pas être
sans dysfonction rénale et sans injection de produits de oubliées, ce qui malheureusement est trop souvent le cas [37].
contraste iodés [30]. L’évolution de la fonction rénale après
administration de la NAC ou du placebo était évaluée par la
clairance de la créatinine et le dosage plasmatique de la cys- 6. Néphrotoxicité des aminosides
tatine C, substance filtrée, non réabsorbée ni secrétée par le
La physiopathologie de la toxicité rénale des aminosides
rein. Les résultats montraient une baisse significative la créa-
est complexe et imparfaitement connue [38–40]. Schémati-
tinine plasmatique et une augmentation de la clairance de la
quement, les aminosides sont filtrés sous forme non métabo-
créatinine à la 48e heure alors que le taux sérique de cystatine
lisée et réabsorbés par les tubules rénaux. Après fixation sur
C ne diminuait pas. Ceci suggère donc une absence d’amé-
des récepteurs membranaires phospholipidiques, ils pénè-
lioration du débit de filtration glomérulaire après NAC. La
trent dans les cellules tubulaires où ils induisent des modifi-
baisse de la créatinine plasmatique pouvant être secondaire à
cations structurales ou fonctionnelles (inhibition des phos-
une sécrétion accrue de créatinine par les tubules rénaux après
pholipases, libération de radicaux libres, anomalie de fonction
administration de NAC. Il faut également rappeler que le
mécanisme toxique des produits de contraste iodés n’est pas mitochondriale...) aboutissant à la mort cellulaire.
uniquement lié à des phénomènes oxydatifs mais également Depuis plus de 20 ans, des travaux expérimentaux ont étu-
vasculaires. Il n’existe donc pas à l’heure actuelle de consen- dié l’impact du rythme d’administration des aminosides sur
sus fort pour administrer de la NAC de façon systématique la survenue des lésions rénales. Bien que les résultats de ces
avant l’injection d’un produit de contraste iodé. études ne soient pas tous concordants, un certain nombre
Aucune étude sur l’intérêt de la NAC dans la prévention d’entre elles suggèrent que, pour une même dose quoti-
de l’insuffisance rénale liée aux produits de contraste iodés dienne d’aminoside, l’administration pluriquotidienne induit
chez les patients de réanimation n’est disponible dans la lit- une accumulation plus importante dans le cortex rénal avec
térature. L’administration orale de la NAC 48 heures avant apparition d’une insuffisance rénale vers le 10e jour [41]. Les
l’examen pose deux problèmes chez ce type de patients, le études cliniques comparant une versus deux ou trois injec-
caractère aléatoire de l’absorption digestive et la réalisation tions par jour retrouvent soit une similarité dans l’incidence
d’un grand nombre d’examens en urgence. Un protocole des néphropathies soit une réduction de la toxicité rénale avec
d’administration intraveineuse a été proposé par l’équipe de une injection unique [39,40]. Cependant, les patients sont très
Baker et al. [31]. Cependant, des effets délétères de la NAC hétérogènes d’une étude à l’autre, peu de données existent en
intraveineuse ont été décrits comme des réactions allergiques réanimation, et les collectifs sont souvent insuffisants pour
avec vasoplégie et l’aggravation de la défaillance multiviscé- porter des conclusions solides. Sept meta-analyses ont été
rale au cours du choc septique [32]. En l’absence de preuve publiée entre 1995 et 1997 concernant l’impact du rythme
suffisante sur les effets de la NAC sur la protection rénale, un d’administration des aminosides sur la fonction rénale (voir
tel risque ne semble pas justifié. [40] pour références). Toutes montrent une équivalence, voire
S’il a été montré que l’hémodialyse pouvait éliminer les une efficacité supérieure, de l’administration par dose unique
produits de contraste iodés, elle est inefficace voire dange- quotidienne (pic sérique supérieur) sur la guérison clinique
reuse pour la prévention de la néphropathie [33–35]. En effet, et/ou microbiologique par rapport à une administration plu-
l’hypoperfusion rénale provoquée par les produits de contraste riquotidienne. Dans toutes ces analyses il existe au moins une
iodés est immédiate, rendant probablement inutile l’élimina- tendance à une moindre toxicité rénale avec une dose unique,
tion retardée du produit toxique. Les résultats de l’étude de voire une réduction significative des épisodes d’insuffisance
Morenzi et al. montrant une réduction de l’insuffisance rénale rénale aiguë [42]. Le monitorage des taux résiduels plasma-
aiguë chez les patients insuffisant rénaux chroniques sévères tiques doit être pris en compte dès qu’il existe une altération
traités par hémofiltration après coronarographie doivent être de la fonction rénale afin de déterminer le rythme des injec-
interprétés avec beaucoup de prudence [36]. En effet la créa- tions. En revanche, l’utilité des dosages des taux résiduels
tinine étant éliminée par convection, ses chiffres étaient obli- pour la prévention de la dysfonction rénale chez les patients
gatoirement attendus plus bas dans le groupe hémofiltré, ce avec une fonction rénale normale reste controversée [38].
qui ne pouvait signifier la présence d’une meilleure fonction L’administration en dose unique quotidienne des amino-
rénale dans ce groupe. Alors que les patients recevaient un sides devrait donc être effectuée dans la grande majorité des
régime d’hydratation probablement excessif par rapport au cas et pourrait limiter le risque de toxicité rénale. Il faut cepen-
stade d’évolution de leur insuffisance rénale, la différence de dant rappeler que lorsqu’une synergie antibiotique est recher-
mortalité entre les deux groupes s’expliquait essentiellement chée entre b-lactamine et aminoside, comme par exemple lors
par une diminution des épisodes d’œdème aigu du poumon du traitement d’une infection à entérocoque, des injections
dans le groupe hémofiltration et l’indication principale de pluriquotidiennes doivent être préférées [39].
l’épuration extrarénale dans le groupe placebo était l’œdème Le deuxième volet important de la prévention des néphro-
pulmonaire et non la dysfonction rénale. pathies liées aux aminosides est l’indication d’une bithérapie
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antibiotique et le choix de cette classe médicamenteuse chez Plusieurs études animales montrent que des modifications
un sujet à risque d’insuffisance rénale. Récemment Paul et al. de la pression oncotique intracapillaire peuvent entraîner une
ont évalué l’intérêt d’une association b-lactamine–amino- variation inverse du débit de filtration glomérulaire [49–51].
side sur le pronostic des patients [43]. Soixante-quatre étu- Peu d’études cliniques se sont intéressées à ce sujet. Plu-
des comparatives ont été réunies dans une méta-analyse mon- sieurs cas d’insuffisances rénales aiguës associées à une élé-
trant que, pour une efficacité identique, l’utilisation d’une vation importante de la pression oncotique secondaire à la
monothérapie est associée à une incidence significativement perfusion de colloïde ont été rapportés [48,52]. Chez des
moindre d’insuffisance rénale aiguë (odd ratio : 0,36 ; inter- volontaires sains chez qui une simulation d’hypovolémie était
valle de confiance à 95 % : 0,28–0,47). Malgré toutes les réser- effectuée par restriction sodée, l’administration d’albumine
ves qu’il convient d’apporter aux résultats d’une telle méta- s’accompagnait d’une baisse du débit de filtration gloméru-
analyse, ces résultats illustrent l’importance de l’évaluation laire malgré une expansion volémique notable [53]. À
du bénéfice–risque lors du choix d’une antibiothérapie. La l’inverse, l’utilisation d’une solution hypo-oncotique pour le
rapidité de bactéricidie des fluoroquinolones et leur large spec- priming d’une circulation extracorporelle a été décrite comme
tre font de cette classe d’antibiotique une alternative à l’uti- pouvant améliorer la fonction rénale [54].
lisation des aminosides. Cependant, l’emploi des quinolones L’étude SAFE (Saline vs Albumin Fluid Evaluation) com-
pose un autre problème majeur qui est l’émergence de résis- parant l’utilisation de l’albumine à 4 % à celle d’un cristal-
tances qu’il faut prendre en considération dans nos choix thé- loïde chez prés de 7000 patients admis en réanimation ne
retrouve pas de différence sur le pronostic rénal [55]. Cepen-
rapeutiques [44].
dant, le critère de jugement utilisé était particulier puisqu’il
s’agissait de la durée de l’épuration extrarénale dans les deux
groupes (malades non dialysés inclus) et la population étu-
7. Insuffisance rénale aiguë et solutés de remplissage
diée était très hétérogène et de faible gravité. Dans une étude
d’observation, nous avons comparé l’incidence de l’insuffi-
Un certain nombre d’arguments suggèrent dans la littéra- sance rénale aiguë chez des patients en état de choc en fonc-
ture que l’administration d’un colloïde puisse être responsa- tion du type de soluté utilisé [56]. Après ajustement sur la
ble d’une altération de la fonction rénale [45]. Deux méca- gravité et le risque d’insuffisance rénale, l’utilisation d’un col-
nismes peuvent être évoqués. D’une part des lésions tubulaires loïde était significativement associée à l’apparition d’une
de type néphrose osmotique ont été décrites chez des patients défaillance rénale. Malgré une efficacité supposée supérieure
traités par dextrans ou hydroxyéthylamidons (HEA) [46,47]. des colloïdes pour la restauration d’un état hémodynamique
D’autre part, la perfusion d’une solution oncotique pourrait normal, l’évolution de la fonction rénale serait donc plus favo-
altérer l’hémodynamique intraglomérulaire [48]. En effet, la rable chez les patients réanimés avec des cristalloïdes.
filtration glomérulaire est déterminée par la loi de Starling Le type de colloïdes utilisé semble également influencer
avec une pression de filtration représentée par la différence le risque d’insuffisance rénale. Un seul cas rapporté dans la
entre le gradient de pression hydrostatique et le gradient de littérature suggère l’apparition d’une insuffisance rénale aiguë
pression oncotique à travers la paroi du capillaire gloméru- après perfusion d’une gélatine [57]. Les cas d’altération de la
laire. La pression hydrostatique à l’intérieure du capillaire fonction rénale après traitement par dextrans sont en revan-
glomérulaire est très basse (environ 45 mmHg) chez un sujet che très nombreux [47]. Cependant peu d’études comparant
normal. Du fait d’une filtration liquidienne importante, la pres- les dextrans à un autre soluté de remplissage ont été publiées.
sion oncotique intracapillaire augmente tout le long du capil- Concernant les HEA, deux études prospectives randomisées
laire glomérulaire. Lorsque le gradient de pression oncotique chez les transplantés rénaux et les patients en sepsis sévère
devient égal au gradient de pression hydrostatique, la pres- montrent une fréquence significativement plus élevée d’insuf-
sion de filtration est nulle et la filtration cesse. Bien que cela fisance rénale aiguë après administration d’un amidon (HEA
ne soit pas mesurable chez l’homme, on suppose que l’équi- 200/0,6) comparé à une gélatine [58,59]. Deux autres études
libre entre les deux gradients de pression intervient à la fin de chez des patients de chirurgie programmée, à plus faible ris-
l’artériole efférente. L’augmentation de la pression oncoti- que de développer une dysfonction rénale, retrouve une évo-
que intracapillaire suite à l’administration d’un colloïde pour- lution identique de la clairance de la créatinine entre HEA et
rait donc stopper plus précocement la filtration glomérulaire gélatine [60,61]. L’utilisation d’un HEA plus rapidement
[48]. Pour un même effet sur l’augmentation de la pression hydrolysable pourrait également expliquer une moindre toxi-
hydrostatique, la pression de filtration glomérulaire pourrait cité rénale dans ces études.
donc être plus élevée après administration d’un cristalloïde Une détérioration du débit de filtration glomérulaire après
qu’après celle d’un colloïde. Ceci pourrait être particulière- perfusion d’albumine a été retrouvée chez les grands brûlés
ment vrai chez les patients en état de choc. Du fait d’une et les polytraumatisés [62,63].
pression hydrostatique effondrée dans le capillaire gloméru-
laire, la différence entre les pressions hydrostatique et onco- 8. Conclusion
tique est très réduite. Dans ces conditions, la filtration glomé-
rulaire pourrait être très dépendante du niveau de pression La prise en charge d’un patient de réanimation consiste
oncotique plasmatique. souvent à choisir la meilleure attitude diagnostique et/ou thé-
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rapeutique en fonction du rapport bénéfice risque individuel [16] Tepel M, van der Giet M, Schwarzfeld C, Laufer U, Liermann D,
mais aussi collectif. Ceci est particulièrement vrai pour le Zidek W. Prevention of radiographic-contrast-agent-induced reduc-
tions in renal function by acetylcysteine. N Engl J Med 2000;343:
problème de la néphrotoxicité. La possibilité d’une alterna- 180–4.
tive thérapeutique non ou moins toxique devrait toujours être [17] Durham JD, Caputo C, Dokko J, Zaharakis T, Pahlavan M, Keltz J,
envisagée. Les agents potentiellement néphrotoxiques ne et al. A randomized controlled trial of N-acetylcysteine to prevent
devraient être utilisés que s’ils peuvent apporter un bénéfice contrast nephropathy in cardiac angiography. Kidney Int 2002;62:
significatif par ailleurs. Enfin, avant d’envisager l’utilisation 2202–7.
de molécules prometteuses pour la protection rénale, mais [18] Huber W, Jeschke B, Page M, Weiss W, Salmhofer H, Schweigart U,
et al. Reduced incidence of radiocontrast-induced nephropathy in ICU
d’efficacité incertaine, un simple respect des règles de pres-
patients under theophylline prophylaxis: a prospective comparison to
cription des médicaments néphrotoxiques, et la correction des series of patients at similar risk. Intensive Care Med 2001;27:1200–9.
facteurs de risque associés d’insuffisance rénale doivent être [19] Sandler CM. Contrast-agent-induced acute renal dysfunction--is
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