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Théophyl line
Bruno Mégarbane, Frédéric Baud ........................................................... 128
Colchicine
Bruno Mégarbane, Frédéric Baud ........................................................... 131
Chloroquine
Bruno Mégarbane, Frédéric Baud ........................................................... 138
Hypoglycémiants
Nathalie Fouilhé Sam-Laï ........................................................................ 144
Drogues et stupéfiants
Patrick Nisse ............................................................................................ 148
Produits corrosifs: brûlures chimiques par ingestion, inhalation, projection
cutanée ou oculaire
Pierre Chanseau, Magali Labadie ............................................................ 161
Monoxyde de carbone
Nathalie Fouilhé Sam-Lai; Philippe Saviuc ............................................. 172
Inhalations toxiques, gaz et vapeurs
Philippe Lheureux, Michel Amull-Itegwa ................................................ 179
Méthémoglobinémies
Vincent Danel ........................................................................................... 198
Métaux
Philippe Hantson ...................................................................................... 203
Produits phytosanitaires
Patrick Harry ............................................................................................ 209
Alcools et glycols
Éric Sardier, Stéphane Bergzoll, Jean-Marc Philippe .............................. 222
Paraquat
Bruno Mégarbane .................................................................................... 233
Solvants et hydrocarbures
Vincent Danel ........................................................................................... 241.
Plantes
Françoise Flesch ...................................................................................... 249
Champignons supérieurs
Philippe Saviuc ........................................................................................ 257
Animaux toxiques
Luc De Haro ............................................................................................ 267
Toxiques chimiques de guerre. Risques accidentels et menace terroriste
Frédéric Dorandeu ................................................................................... 282
Marc Weber
Carole Paquier
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Anxiété, agitation
Anxiété et agitation peuvent être liées à une hypoxie tissulaire (hypoxémie, état
de choc, toxique cellulaire) ou aux propriétés adrénergiques, sérotoninergiques,
anticholinergiques et/ou psychodysleptiques du toxique.
Ils peuvent être observés dans les intoxications par mono-alcools, glycols,
hydrocarbures, solvants, isoniazide, hydrazine, AINS, digitaliques,
antiarythmiques de classe I et antipaludéens ainsi que dans les situations de
précoma ou d'hypoxie tissulaire.
Hallucinations
Céphalées
Douleur thoracique
Douleur abdominale
Parmi les médicaments, évoquer l'aspirine, les corticoïdes, les AINS, la colchicine
(lésions gastriques), les digitaliques (ischémie mésentérique).
Vomissements
Ils sont parfois liés à une gastrotoxicité (aspirine, AINS, colchicine, digitaliques,
champignons et végétaux en général, venins de vipère, métaux et métalloïdes,
produits irritants), à une hépatite toxique, à une anoxie (monoxyde de carbone,
cyanure) ou à un effet émétisant central (morphiniques, codéine).
Diarrhées
Hyperthermie et hypothermie
Une hyperthermie franche peut évoquer une intoxication par aspirine, cocaïne,
amphétamines.
La fièvre des fondeurs (ou des métaux, des soudeurs) est traitée dans le chapitre
« Produits corrosifs : inhalations ».
Dyspnée
- une acidose.
Odeur de l'haleine
Elle est typique mais parfois absente ou trompeuse dans l'intoxication éthylique
aiguë.
Elle est également caractéristique pour les autres alcools, les glycols, les
cyanures (amande amère), les solvants et l'acétone, certains
organophosphorés.
Atteintes cutanéomuqueuses
Les plus classiques sont les lésions par compression prolongée lors d'un coma
(érythème, phlyctènes) ; les brûlures par produits corrosifs sont rares.
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Examens paracliniques
Biologie
- Hyperkaliémie : digitaliques.
Spectre de l'hémoglobine
La mesure du taux de carboxyhémoglobine (HbCO) est quasi systématique sur
les automates de gaz de sang utilisés actuellement ; il faut penser à regarder !
Activité enzymatique
Hémostase
Analyse toxicologique
Radiographies
Thoracique
Abdominale
Électrocardiogramme (ECG)
L'allongement du complexe QRS doit faire évoquer une intoxication par produit
à effet stabilisant de membrane.
Électroencéphalogramme (EEG)
Un état de mort apparente avec EEG nul (plat) doit faire évoquer ou éliminer
une intoxication par alcool éthylique, barbituriques, méprobamate, chloralose.
Endoscopie
Œso-gastro-duodénale
Elle doit être systématique en cas d'ingestion d'une base forte, d'un acide fort
ou d'un produit oxydant concentré; inutile en cas d'absorption d'une faible
quantité d'eau de Javel diluée (< 100 ml) ; elle permet de faire le diagnostic des
lésions et de fixer la conduite thérapeutique.
Elle est utile pour l'ablation d'objets bloqués dans l'œsophage, piles-boutons par
exemple.
Trachéo-bronchique
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Évaluation pronostique
Généralités
Si cette évaluation est aisée et rapide dans les situations les plus courantes telles
les intoxications par alcool ou benzodiazépines, qui ont un excellent pronostic,
elle repose dans d'autres cas sur des facteurs pronostiques de gravité validés.
Tel est le cas de la chloroquine, des digitaliques et du paracétamol en
particulier, pour lesquels des recommandations existent en termes de prise en
charge. Des facteurs pronostiques ont également été rapportés pour les
intoxications par antidépresseurs tricycliques, colchicine ou paraquat (Voir
chapitres correspondants).
Théophylline
Le patient est asymptomatique au cours des premières heures et, donc, lors de
sa prise en charge initiale le plus souvent. La connaissance de facteurs de
mauvais pronostic fonctionnel ou vital peut permettre l'instauration d'un
traitement qui modifiera l'histoire naturelle de l'intoxication.
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Orientation du patient
• ventilation assistée ;
- indication métabolique :
Hospitalisation en UHCD
Retour à domicile
Patients concernés
Que proposer ?
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Décontamination et épuration Digestive, Rénale et Extrarénale
Vincent Danel
Christine Tournoud
Décontamination digestive
Lavage gastrique
Il ne doit pas être systématique, ses indications étant maintenant rares. Il n'est
recommandé que si le patient a ingéré une quantité de toxique non
carboadsorbable pouvant compromettre le pronostic vital (fer, lithium, par
exemple) et s'il peut être mis en œuvre dans l'heure suivant l'ingestion. Chaque
indication doit être posée au cas par cas en prenant en compte les risques
potentiels et le bénéfice escompté.
Le charbon activé (CA) adsorbe les toxiques dans le tube digestif et diminue
ainsi leur résorption digestive. Certaines substances ne sont pas carbo-
adsorbables : lithium, métaux (fer, arsenic…), cyanures, alcools et glycols.
L'administration d'une dose unique de CA est indiquée si le patient a ingéré une
quantité potentiellement toxique d'une substance carbo-adsorbable il y a
moins de 1 heure. Au-delà de 1 heure, aucune donnée scientifique ne permet
de valider ou non l'intérêt du CA.
Laxatifs
Irrigation intestinale
Il n'y a pas d'indications établies mais l'irrigation intestinale peut être intéressante
lors d'ingestions de toxiques à libération prolongée ou de formes
gastrorésistantes, précocement dans l'intoxication au paraquat ou en cas
d'ingestion de grandes quantités de fer en raison d'une morbidité et d'une
mortalité importantes et du peu d'efficacité des autres techniques de
décontamination digestive. L'ingestion de sachets de drogues ainsi que
l'ingestion de grandes quantités de toxiques non adsorbés par le CA sont des
indications théoriques. Cette méthode a été utilisée avec succès lors d'ingestion
massive de paradichlorobenzè ne, d'arsenic ou de plomb.
Les complications les plus fréquentes sont les troubles digestifs (nausées,
vomissements, douleurs abdominales) et la pneumopathie d'inhalation.
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La dose optimale n'est pas déterminée mais on recommande une dose initiale
de 50 à 100 g de CA suivie par environ 12,5 g/h (ou 50 g/4 h) chez l'adulte.
Les contre-indications absolues sont les voies aériennes non protégées et les
troubles de conscience, une occlusion intestinale, la non-inté grité du tube
digestif. Une diminution du péristaltisme (d'origine médicamenteuse ou non) est
une contre-indication relative.
Épuration rénale
Hémodialyse
- les acides chlorophénoxy, mais l'alcalinisation urinaire paraît tout aussi efficace
;
Hémoperfusion
Cette technique consiste à faire passer le sang sur une colonne adsorbante
constituée de résines pour les substances liposolubles ou de CA pour les
substances hydrosolubles.
Hémofiltration ou hémodiafiltration
Exsanguino-transfusion, plasmaphérèse
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Principales références
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poison
Centres and Clinical Toxicologists. Position statement : ipecac syrup. J Toxicol
Clin Toxicol 1997 ; 35 : 699-709.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poison
Centres and Clinical Toxicologists. Position statement : gastric lavage. J Toxicol
Clin Toxicol 1997 ; 35 : 711-719.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poisons
Centres and Clinical Toxicologists. Position statement : single dose activated
charcoal. J Toxicol Clin Toxicol 1997 ; 35 : 721-741.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poisons
Centres and Clinical Toxicologists. Position statement : cathartics. J Toxicol Clin
Toxicol 1997 ; 35 : 743-752.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poisons
Centres and Clinical Toxicologists. Position statement : whole bowel irrigation. J
Toxicol Clin Toxicol 1997 ; 35 : 753-762.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poison
Centres and Clinical Toxicologists. Position paper : ipecac syrup. J Toxicol Clin
Toxicol 2004 ; 42 : 133-143.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poison
Centres and Clinical Toxicologists. Position paper : cathartics. J Toxicol Clin
Toxicol 2004 ; 42 : 243-253.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poison
Centres and Clinical Toxicologists. Position paper : whole bowel irrigation. J
Toxicol Clin Toxicol 2004 ; 42 : 843-854.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poisons
Centres and Clinical Toxicologists. Position paper : gastric lavage. J Toxicol Clin
Toxicol 2004 ; 42 : 933-943.
American Academy of Clinical Toxicology, European Association of Poisons
Centres and Clinical Toxicologists. Proudfoot AT, Krenzelok EP, Vale JA. Position
paper on urine alkalinisation. Clin Toxicol 2004 ; 42 : 1-26.
Hantson P, Jaeger A. Décontamination et élimination des toxiques
médicamenteux. Réanimation 2006 ; 15 : 374-382.
Mégarbane B, Donetti L, Blanc T, Chéron G, Jacobs F. Groupe d'experts de la
SRLF. Intoxications graves par médicaments et substances illicites en
réanimation. Réanimation 2006 ; 15 : 332-322.
Antidotes
Vincent Danel
Christine Tournoud
Définition
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Parfois utiles dès la phase préhospitalière, ils sont souvent utilisés en service
d'urgence et nécessitent une bonne connaissance de leurs indications et de
leurs limites.
Diazépam (Valium®)
Flumazénil (Anexate®)
Hydroxocobalamine (Cyanokit®)
- Effets secondaires : les deux effets indé sirables principaux sont l'hypoglycémie
et l'hypokaliémie. Même si certains patients ne nécessitent pas de suppléments
de glucose compte tenu de l'effet diabétogène des anticalciques, la glycémie
doit être étroitement surveillée. L'hypokaliémie de transfert ne doit pas être
traitée si elle est asymptomatique et modérée. Elle pourrait même avoir un effet
bénéfique sur la réactivation des canaux calciques.
- Posologie : dose initiale de 1 UI/kg suivie d'une perfusion continue de 0,5 UI/kg
par heure. La durée de la perfusion d'insuline est très variable, dépassant parfois
2 jours.
Naloxone
Pralidoxime (Contrathion®)
- Posologie : 100 à 250 ml en perfusion intraveineuse lente sur une bonne voie
veineuse (soluté hypertonique) (avec apport de KCl : 2 g/250 ml) sans dépasser
750 ml, en se fondant sur l'affinement du complexe QRS et la correction de
l'hypotension.
Vitamine K (phytoménadione)
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Glucagon (Glucagen®)
Octréotide (Sandostatine®)
Viperfav®
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D'autres antidotes sont plus rarement utilisés, tels les chélateurs des métaux. Ils
ne devraient être utilisés qu'après avoir obtenu un avis spécialisé.
Mode d'action : forme avec les ions cyanures des complexes stables
éliminés dans les urines.
Indications : intoxication cyanhydrique confirmée (non complexé au
cyanure, le cobalt est responsable de nombreux effets secondaires). Son
utilisation avait été abandonnée en France dans l'intoxication
cyanhydrique au profit de l'hydroxocobalamine. Il connaît actuellement
un regain d'intérêt dans le cadre du terrorisme chimique en raison de sa
disponibilité, de son faible coût et de sa facilité de stockage.
Effets secondaires : troubles digestifs, sudation, hypotension, hypertension,
troubles du rythme cardiaque, œdème de la face, réactions allergiques.
Les effets secondaires sont d'autant plus importants que l'intoxication est
modérée ou inexistante (effets cardiovasculaires du cobalt en particulier).
Posologie : solution à 1,5%, ampoule de 20 ml = 300 mg : injection de 2
ampoules par voie intraveineuse suivie de l'administration de glucose ;
une troisième ampoule peut être administrée 5 minutes après en fonction
de la clinique (dose non établie chez l'enfant).
Déféroxamine (Desféral®)
D-Pénicillamine (Trolovol®)
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Conclusion
Les traitements antidotiques ont connu un regain d'intérêt ces dernières années.
Grâce à ces traitements spécifiques, certaines intoxications ont vu leur pronostic
transformé et d'autres leur prise en charge facilitée. Il faut néanmoins insister sur
l'importance fondamentale d'un traitement symptomatique bien conduit qui
précède et accompagne les autres phases (si elles sont justifiées) du traitement
en toxicologie : épuration du toxique et traitement antidotique.
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Principales références
Danel V, Tournoud C, Lheureux P, Saviuc P, Hantson P, Baert A, Nisse P. Les
antidotes. EMC, Elsevier Masson SAS, Paris, Médecine d'Urgence, 25-030-A-30,
2007.
Hantson P, Bédry R. Les antidotes. Réanimation 2006 ; 15 : 383-389.
Mégarbane B, Donetti L, Blanc T, Chéron G, Jacobs F. Groupe d'experts de la
SRLF. Intoxications graves par médicaments et substances illicites en
réanimation. Réanimation 2006 ; 15 : 322-332.
Analyse Toxicologique En Urgence
Jean-Pierre Goullé
Élodie Saussereau
Christian Lacroix
Prélèvements
Sang
Urines
L'examen du contenu gastrique, sauf cas particulier, n'a plus sa place dans la
recherche d'une intoxication. L'analyse des cheveux, en revanche, est
indispensable dans un certain nombre de circonstances, mais celle-ci peut être
réalisée de manière différée. Les cheveux poussent en moyenne de 1 cm par
mois, chaque centimètre étant le reflet de l'exposition aux xénobiotiques qui
sont incorporés dans la matrice protéique du cheveu via le torrent circulatoire.
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Techniques analytiques
Sérum, plasma
Isopropanol (CPG)
Urines
(GC-FID)
(GC-HS-FID)
CG-ET-SM
(GC-HS-MS)
Principales références
Capolaghi B, Moulsma M, Houdret N, Baud FJ. Stratégies analytiques en
toxicologie d'urgence. Ann Toxicol Anal 2000 ; 12 : 274-281.
Goullé JP, Lacroix C. L'analyse toxicologique à l'aube du 3e millénaire. Ann Biol
Clin 2001 ; 59 : 605-612.
Goullé JP, Lhermitte M, Bartoli M, et al. Biomarqueurs de toxicité et anomalies
métaboliques dans les principales intoxications graves. Symptomatologie
clinique et toxique. Le prélèvement conservatoire. Ann Biol Clin 2003 ; 61 : 421-
433 et Ann Toxicol Anal 2003 ; 15 : 208-220.
Malandain H, Cano Y. Rôle du laboratoire dans les intoxications aiguës par un
alcool ou un glycol. Toxicorama 1999 ; 11 : 13-26.
Mégarbane B, Baud F. Intoxications aiguës médicamenteuses. EMC Toxicologie
Pathologies Professionnelles 2002, 16-001-G-10, 31 p.
Aspects Médico-Légaux
Régis Bédry
Sophie Gromb
Il en découle que :
Ici l'information donnée par le praticien a donc une importance capitale, car il
a l'obligation de tout mettre en œuvre pour convaincre le patient d'accepter
les soins.
Il n'y a donc pas de réponse toute prête : c'est une responsabilité éthique. En
cas de refus de soins, certains médecins laissent partir le patient avec un
proche, avec des recommandations de consultation psychiatrique et un appel
au médecin traitant l'avertissant d'un éventuel risque de récidive ; d'autres
utilisent une manière plus coercitive avec une contention chimique suivie d'un
transfert en service de psychiatrie.
Dans ce dernier cas, une hospitalisation sous la contrainte est nécessaire. Il s'agit
de l'hospitalisation à la demande d'un tiers (HDT) ou de l'hospitalisation d'office
(HO), déterminées par la loi du 27 juin 1990 (JO du 30/06/1990 et Code de santé
publique - CSP - : articles L.3211 à L.3214) et leurs circulaires d'application des 5
septembre 1990 et 13 mai 1991 :
HDT: le tiers peut être un proche, une personne agissant dans l'intérêt du
patient (sauf le personnel soignant en charge du patient) ou une
assistante sociale. Si le tiers ne sait pas écrire, la demande est reçue par le
directeur de l'établissement. En cas de patient mineur, cette procédure
n'a pas de support légal et le responsable légal doit prendre la
responsabilité de l'hospitalisation. Si le tiers est tuteur ou curateur, il doit
fournir un extrait du jugement de mise sous tutelle ou sous curatelle. La
demande d'HDT est valable 15 jours et doit être accompagnée de deux
certificats médicaux (l'un d'un médecin extérieur à l'établissement
hospitalier et l'autre pouvant émaner d'un praticien de l'établissement),
sauf en cas de péril imminent (article L.3213-3 du CSP) : un seul certificat
médical est alors possible à condition qu'il mentionne et justifie ce péril.
Les médecins réalisant ces certificats doivent être inscrits au Conseil de
l'Ordre mais ne peuvent établir ces documents s'ils exercent dans
l'établissement d'accueil (pour le premier certificat), s'ils sont parents ou
alliés au quatrième degré inclusivement, ni entre eux, ni des directeurs des
établissements, ni de la personne ayant demandé l'hospitalisation ou de
la personne hospitalisée (article L.3212-1) ;
HO: réalisée lorsque les patients compromettent l'ordre public et la
sécurité des personnes. Il s'agit alors d'une procédure administrative prise
par le préfet du département. Il prononce l'HO au vu d'un certificat
médical n'émanant pas d'un psychiatre exerçant dans l'établissement
accueillant le malade. En cas d'urgence, mentionnée sur le certificat, le
maire peut prendre un arrêté provisoire. Le préfet devra alors statuer sur
cet arrêté dans les 24 heures, faute de quoi il devient caduc au bout de
48 heures. Le même type de certificat « immédiat » que précédemment
est établi par le psychiatre.
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La réquisition est une injonction faite par les autorités policières ou judiciaires
d'avoir à exécuter une mission d'ordre médico-légal, prévue par les articles 60 et
77-1 du Code de procédure pénale. Les médecins sont obligés d'obéir aux
réquisitions de l'autorité publique (article L.4163-7, alinéa 2 du CSP).
il a lui-même déjà donné des soins à la personne qu'il doit examiner. Il doit
s'agir alors d'un examen médical car il ne peut pas refuser d'effectuer un
acte technique comme une prise de sang. Il ne peut pas refuser
également s'il est le médecin local et que lui seul est disponible ;
il estime que la personne concernée n'est pas en état de subir l'examen
ou le prélèvement demandé ;
il ne s'estime pas en état d'effectuer la mission (inaptitude physique
justifiée et constatée) ;
il n'a pas les compétences requises pour effectuer la mission qui lui a été
confiée (article R.4127-106 du CSP) ;
la mission met en jeu ses propres intérêts ou ceux de ses proches ou amis
ou ceux d'un groupement qui fait habituellement appel à ses services.
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Soumission chimique
Il s'agit d'un acte qui consiste à rendre une personne vulnérable, en lui donnant
à son insu un produit actif dans le but de lui infliger un préjudice autre que la
mort par empoisonnement.
La victime ne veut pas forcément porter plainte. Les prélèvements sont alors
utilisés dans le cadre des soins et de l'aide à la victime (pour lui prouver qu'il n'y
a pas de doute sur l'origine des troubles présentés).
Les prélèvements doivent être analysés le plus vite possibles ou conservés (sang
et urines à −20 °C, cheveux au sec à température ambiante).
l'anamnèse des faits (ou les circonstances qui ont fait émettre l'hypothèse
de soumission chimique) ;
la date et l'heure supposée des faits et des prélèvements ;
le(s) traitement(s) habituel(s) de la victime ;
la consommation éventuelle de produits stupéfiants ;
la notion d'un éventuel traitement (sédatif, anxiolytique…) depuis les faits.
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Principales références
Bédry R, Gromb S, Ramonatxo T, Hantson P, Goyon P. Problèmes médico-légaux
des intoxications de l'adulte. Réanimation 2005 ; 14 : 727-735.
Hantson P, de Tourtchaninoff M, Mahieu P, Guérit JM. Prélèvements d'organes
consécutifs aux décès par intoxication : expérience et problèmes
diagnostiques. Réanim Urg 2000 ; 9 : 197-209.
Kintz P. Soumission chimique : prise en charge toxicologique. Consensus de la
Société Française de Toxicologie Analytique (SFTA). J Med Leg Droit Med 2003 ;
46 : 505-509.
Oliveira A, Dumestre V, Auriacombe S, et al. Drogué à son insu : aspects
cliniques et toxicologiques de la soumission chimique. J Med Leg Droit Med 2003
; 46 : 23-30.
Benzodiazépines et ApparentéS
Vincent Danel
Pharmacologie
Benzodiazépines hypnotiques
Demi-vie de 5 à 10 heures
Loprazolam Havlane®
Lométazépam Noctamide®
Témazépam Normison®
Demi-vie de 15 à 30 heures
Estazolam Nuctalon®
Flunitrazépam Rohypnol®
Nitrazépam Mogadon®
Benzodiazépines anxiolytiques
Demi-vie de 5 à 24 heures
Alprazolam Xanax®
Clotiazépam Vératran®
Lorazépam Temesta®
Oxazépam Seresta®
Tofisopam Sériel®
Clobazam Urbanyl®
Clorazépate Tranxène®
Diazépam Valium®
Nordazépam Nordaz®
Prazépam Lysanxia®
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Intoxication aiguë
Symptomatologie
bromazépam : 180 mg ;
clorazépate : 500 mg;
diazépam : 500 mg ;
flunitrazépam : 10 mg ;
loprazolam : 10 mg ;
lorazépam : 100 mg;
nitrazépam : 100 mg ;
oxazépam : 500 mg.
Analyse toxicologique
Elle n'a aucune incidence sur la prise en charge et se limite en routine à une
simple recherche qualitative (méthode immunochimique) dans le sang et les
urines ; son réel intérêt est très discutable. Il n'existe pas de corrélation entre les
concentrations sanguines et la clinique : la demande de dosage n'a donc que
peu d'intérêt, en dehors d'une étude cinétique, et n'a aucune incidence sur le
traitement.
Traitement
Traitement symptomatique
Traitement spécifique
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Principales références
Bouvard E, Damelincourt S, Cocheton JJ, Meyniel D. Intoxication
médicamenteuse volontaire par les benzodiazépines chez les personnes âgées.
Réanimation, soins intensifs, médecine d'urgence 1997 ; 13 : 87-89.
Gaudreault P, Guay J, Thivierge RL, Verdy I. Benzodiazepine poisoning. Clinical
and pharmacological considerations and treatment. Drug Saf 1991 ; 6 : 247-265.
Hanna J, Hardy G, Danel V. Flumazénil. Médecine Thérapeutique 2000 ; 6 : 150-
154.
Seger DL. Flumazenil, treatment or toxin. J Toxicol Clin Toxicol 2004 ; 42 : 209-216.
Carbamates (Méprobamate)
Vincent Danel
Pharmacologie
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Intoxication aiguë
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Traitement
Le traitement est symptomatique dans la majorité des cas. Les indications
d'intubation et de ventilation artificielle sont larges afin d'éviter toute hypoxé
mie qui pourrait majorer les troubles hémodynamiques ou les convulsions.
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Principales références
Bismuth C, Baud FJ, Galliot M, Du Fretay XH, De Kerviller E. Le métabolisme
hépatique du méprobamate : son estimation clinique dans l'intoxication aiguë.
J Toxicol Clin Exp 1985 ; 5 : 321-328.
Bismuth C, Pontal P. Part respective du lavage gastrique, de l'hémodialyse, de
l'hémoperfusion, de la diurèse et du métabolisme hépatique dans l'épuration du
méprobamate. Nouv Presse Méd 1982 ; 11 : 1557-1558.
Blanc I, Tichadou L, Bourdon JH, De Haro L, Hayek M, Arditti J. Intoxications
volontaires par le méprobamate. Suivi clinique et analytique des observations
colligées au centre antipoison de Marseille au cours du 1er semestre 2006. Ann
Toxicol Anal 2007 ; 19 : 151-152.
Brinquin L, Monsegu J, Carras P, Diraison Y, Bonsignour JP. Intoxication massive
par le méprobamate. JEUR 1991 ; 4 : 109-111.
Landier C, Lanotte R, Legras A, Dequin PF, Perrotin D. État de choc lors de
l'intoxication aiguë par le méprobamate. Six observations. Ann Fr Anesth Reanim
1994 ; 13 : 407-411.
Tirot P, Harry P, Bouachour G, et al. Silence électroencéphalographique au
cours d'une intoxication par carbamate tranquillisant. J Toxicol Clin Exp 1991 ; 11
: 417-420.
Lithium
Vincent Danel
Pharmacologie
Retour au début
Intoxication
- l'intoxication volontaire aiguë du sujet traité, qui pose les mêmes problèmes
que le surdosage, avec toutefois une majoration souvent retardée des
symptômes initiaux ;
En cas de surdosage, il faut connaître l'importance des petits signes qui sont en
fait la majoration des effets secondaires :
Dans tous les cas, apparition plus ou moins retardée d'une symptomatologie
neurologique :
- obnubilation à coma, peu profond, agité, réalisant plus un tableau d'encé
phalopathie ;
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Lithiémie
En conséquence :
- lors d'une intoxication aiguë sans traitement antérieur, la lithiémie initiale peut
être élevée en l'absence de signes cliniques. La symptomatologie peut
apparaître avec retard alors que la lithiémie baisse ;
- lors d'un surdosage ou d'une intoxication aiguë sur un traitement au long cours,
la symptomatologie peut être marquée alors que la lithiémie initiale est peu
élevée.
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Traitement
- la fonction rénale.
En sachant que :
- par du sérum salé isotonique, 1 500 à 2 000 ml/24 h chez le sujet à cœur sain,
afin de limiter la réabsorption tubulaire du lithium, si la natrémie est normale ou
basse.
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Principales références
Danel V, Rhodes AS, Saviuc P, Hanna J. Intoxication grave par le lithium : à
propos de deux cas. JEUR 2001 ; 14 : 134-136.
De Haro L, Roelandt J, Pommier P, Prost N, Arditti J, Hayek-Lanthois M, Valli M.
Circonstances d'intoxication par sels de lithium : expérience du centre
antipoison de Marseille sur 10 ans. Ann Fr Anesth Reanim 2003 ; 22 : 514-519.
Hanna J. Baudrant M, Saviuc P, Fouilhé-Sam Laï N, Danel V. Intoxication au
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Jaeger A, Sauder P, Kopferschmitt J, Tritsch L, Flesch F. When should dialysis be
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Waring WS. Management of lithium toxicity. Toxicol Rev 2006 ; 25 : 221-230.
Antidépresseurs
Bruno Mégarbane
Retour au début
Pharmacologie
2
0
%
f
èces
8-
hydroxyamo
xapine
urines
1
/
3
f
èces
2
0
%
f
èces
1
/
3
f
èces
3
0
%
f
èces
Retour au début
Mécanismes de toxicité
Retour au début
Tableau clinique
Encéphalopathie anticholinergique
Coma
Hémorragie méningée
Méningite, encéphalite
2. Toxiques fréquents
Antidépresseurs polycycliques
Phénothiazines, thioridazine
Cocaïne, amphétamines
Lithium
Monoxyde de carbone
Théophylline
Convulsions
Signes cardiovasculaires
Le trouble initial est une tachycardie sinusale liée à l'effet anticholinergique (A).
L'effet stabilisant de membrane se traduit par l'aplatissement des ondes T (A),
l'allongement du segment QT et l'élargissement des complexes QRS (B). Un
aspect de ≪ syndrome de Brugada ≫ est possible, avec une élévation du point
J et un segment ST descendant ou concave vers le haut en hamac (C). Les
troubles sont régressifs suite à la baisse de la concentration plasmatique du
toxique et parfois sous perfusion de bicarbonates de sodium molaire. Le bloc de
conduction intra-ventriculaire (largeur des QRS > 120 msec) expose au risque
d'arythmie ventriculaire.
Signes respiratoires
Décès
Des cas de mort subite tardive, dont le mécanisme est mal élucidé, ont été
rapportés. L'embolie pulmonaire pourrait jouer un rôle dans la survenue de ces
accidents.
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Signes biologiques
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Analyse toxicologique
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Formes cliniques
Formes électrocardiographiques
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Prise en charge
Les intoxications les plus sévères se recrutent surtout à partir d'une dose
supposée ingérée de plus de 3 grammes. Néanmoins, en raison d'une faible
corré lation entre la dose supposée ingérée et l'évolution, il est prudent
d'admettre en réanimation tout patient qui présente à l'admission ou au cours
des 6 heures qui suivent l'ingestion, quelle que soit la dose, l'un des signes
suivants : des troubles de vigilance, un QRS supérieur à 100 ms (non expliqué par
un bloc de branche préexistant), une arythmie, des convulsions, une dépression
respiratoire ou une hypotension. Dans les formes graves, la période réellement
menaçante de convulsion ou d'arythmie se limite aux premières 24 heures. Le
temps habituel de l'affinement des QRS est inférieur à 1 jour mais des signes ECG
d'imprégnation (tachycardie et allongement du QT) peuvent persister plusieurs
jours. Au décours d'un coma, une confusion, voire un délire atropinique
prennent volontiers le relais, justifiant une sédation par benzodiazépine.
L'hypotension orthostatique peut être responsable, en fin d'intoxication, de
malaises lors des changements de position. La sortie de l'hô pital ne sera
envisagée avec le psychiatre qu'en présence d'un état de conscience normal,
d'une absence de syndrome atropinique et d'un ECG sans signe
d'imprégnation. Les dosages pondéraux en ADT aident également à prendre
cette décision car des absorptions prolongées sont décrites.
Traitement symptomatique
Une hydratation par voie veineuse doit être assurée tant que dure
l'encéphalopathie anticholinergique. Le sondage vésical est souvent nécessaire
et prolongé en cas de globe. La physostigmine, inhibiteur réversible de
l'acétylcholinestérase, est capable de s'opposer aux effets centraux des ADT
(myoclonies et convulsions). Elle possède un effet stimulant respiratoire mais sa
demi-vie courte (30-45 s) et les risques inhérents au surdosage
(encéphalopathie, convulsions et asystole) en ont fait abandonner l'usage en
routine. L'intubation peut être proposée en cas de :
- complication respiratoire.
- elle augmente par ailleurs la fraction liée d'ADT aux protéines plasmatiques et
réduit celle liée aux myocytes.
Surveillance
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Pharmacologie
Tableau clinique
Des effets secondaires apparaissent chez 5 à 30% des patients traités par ces
antidépresseurs : nausées, vomissement, céphalées, asthénie, anxiété, perte de
poids, SIADH… Ils disparaissent en général en quelques jours. En général, les
intoxications aiguës, même pour des doses supposées ingérées importantes,
sont peu symptomatiques. Ainsi peuvent apparaître des troubles digestifs, une
somnolence, des céphalées, une tachycardie sinusale et/ou une hypertension
artérielle diastolique. Toutes ces manifestations sont d'évolution favorable en 24
heures. La complication la plus redoutée est la survenue d'un syndrome
sérotoninergique ( Tab. 5 ). Son mécanisme est lié à une hyperstimulation des
récepteurs 5-HT1A. Les signes ne sont pas spécifiques et exigent un diagnostic
différentiel d'une autre étiologie infectieuse, métabolique ou toxique (toxidrome
anticholinergique, adrénergique ou syndrome malin des neuroleptiques).
L'élément le plus constant du syndrome sérotoninergique est la présence de
myoclonies. Le syndrome sérotoninergique peut apparaître dans les jours qui
suivent l'introduction du traitement ou lors de surdosages, notamment en
association à d'autres médicaments sérotoninergiques ( Tab. 6 ).
Habituellement de forme mineure, il peut menacer le pronostic vital avec
l'apparition d'une hyperthermie (> 40 °C), d'une agitation, d'une rigidité
musculaire avec hyper-réflexie, de manifestations dysautonomiques, d'un état
de choc à résistances vasculaires basses, d'un état de mal épileptique, d'un
coma, d'une rhabdomyolyse et/ou d'une CIVD. Les intoxications par la
venlafaxine sont associées avec une incidence élevée de convulsions et de
rhabdomyolyse secondaire ou non aux crises convulsives.
Anamnèse
Signes cliniques1
Diagnostic différentiel
Antimigraineux : sumatriptan
Phénelzine et mépéridine
Tranylcypromine et imipramine
Phénelzine et ISRS
Paroxétine et buspirone
Linézolide et citalopram
Linozélide et fluoxétine
Mépéridine et citalopram
Mirtazipine et citalopram
Fentanyl et citalopram
Tramadol et paroxétine
Sumatriptan et paroxétine
Clarythromycine et paroxétine
Moclobémide et ISRS
Lithium et venlafaxine
Quétiapine et citalopram
Fluvoxamine et oxycodone
Examens complémentaires
Prise en charge
Par analogie aux intoxications par ADT, les troubles ECG secondaires à
l'ingestion d'ISRS pourraient être traités avec succès par la perfusion de
bicarbonates de sodium molaire. Les bêta-bloqueurs (propranolol) sont des
inhibiteurs des récepteurs 5-HT1A et peuvent donc être utilisés en seconde
intention. L'intoxication par iproniazide doit rendre prudente l'utilisation de
drogues adrénergiques en raison d'un risque de poussée hypertensive. Il est
préférable de contrôler l'hypertension avec retentissement viscéral par
nitroprussiate de sodium, la place des bêta-bloqueurs restant aléatoire. Si un
coma est concomitant à la poussée hypertensive, une TDM cérébrale doit être
réalisée à la recherche de complications hémorragiques.
Un guide des conditions de suivi ambulatoire des intoxications par ISRS a été
récemment publié. Un monitorage d'au moins 13 heures en l'absence de
modification du QTc est nécessaire pour les ingestions de plus de 1 000 mg de
citalopram. Les sujets intoxiqués par la venlafaxine requièrent une surveillance
prolongée d'au moins 48 heures, en raison de l'allongement de la demi-vie
d'élimination du toxique et de ses métabolites. Pour le milnacipran, l'absence de
toxicité sévère connue à l'heure actuelle justifie une surveillance d'au moins 24
heures. Pour les autres antidépresseurs, l'évolution est habituellement favorable
en 24 heures. Une intoxication à l'iproniazide nécessite d'éviter toute prescription
médicamenteuse en raison des risques d'interaction, et ce pendant une durée
de 4 semaines.
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Principales références
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management and extracorporeal support for drug-induced cardiotoxicity. Crit
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Toxicol 2007 ; 45 : 203-233.
Antipsychotiques
Philippe Hantson
Antipsychotiques classiques
Symptomatologie
Traitement
Retour au début
Antipsychotiques atypiques
Symptomatologie
Dosages toxicologiques
Traitement
Retour au début
Principales références
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available clinical exposure. Vet Hum Toxicol 1993 ; 35 : 147-150.
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olanzapine poisoning with special reference to fluctuating mental status. J
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Antiépileptiques
Philippe Hantson
Anciennes générations
Phénobarbital
Symptomatologie
- hypothermie ;
- rhabdomyolyse ;
- surinfection pulmonaire ;
Dosages toxicologiques
Il existe pour le phénobarbital une certaine corrélation (surtout chez les patients
habituellement non traités par la molécule) entre les concentrations sanguines
et la symptomatologie clinique. Les formes graves avec coma profond,
hypothermie et hypotension s'accompagnent pratiquement toujours de
concentrations supérieures à 150 mg/l.
Traitement
Phénytoïne
Symptomatologie
Les décès sont extrêmement rares après une intoxication aigué par la
phénytoïne prise isolément.
Dosages toxicologiques
Traitement
Acide valproïque
Symptomatologie
Dosages toxicologiques
Traitement
Carbamazépine
Symptomatologie
L'intoxication aigué peut être à l'origine d'un coma prolongé. On peut retrouver
fréquemment un nystagmus, des signes pyramidaux et anticholinergiques. La
dépression respiratoire et les convulsions sont également fréquentes.
Dosages toxicologiques
Traitement
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Nouvelles générations
Symptomatologie
Manifestations neurologiques
Manifestations cardiovasculaires
Troubles métaboliques
Une acidose métabolique à trou anionique non augmenté peut être observée
lors de l'intoxication aigué par le topiramate, en raison de l'inhibition de
l'anhydrase carbonique rénale. Elle ne se résout parfois qu'après plusieurs jours.
Troubles urinaires
Dosages toxicologiques
Retour au début
Principales références
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Antihistaminiques H1
Philippe Saviuc
Pharmacologie
Retour au début
Clinique
Les intoxications par les anti-H1 de 1re génération associent des effets
neurologiques (dépression du SNC, convulsions) et des effets anticholinergiques.
Le risque est dominé par la répétition des convulsions et l'apparition de troubles
du rythme cardiaque, particulièrement en présence de dérivés de
l'éthanolamine (diphénhydramine) :
Alkylamines chlorphéniramine -
(Polaramine®)
4 Myosis possible.
6 Sédatif +.
- une hypotension artérielle peut être majorée par un effet propre alphalytique.
Les troubles cardiaques (surtout avec la diphénhydramine) sont proches de
ceux observés avec les antidépresseurs tricycliques : bloc auriculo-ventriculaire,
troubles de conduction intraventriculaire (allongement du QT, élargissement du
QRS, torsades de pointes) et troubles du rythme (bigéminisme, tachycardie
ventriculaire). Ils peuvent être annoncés par la présence de convulsions ;
- une rhabdomyolyse est à rechercher, plus fréquente lors des intoxications par
doxolamine et diphénhydramine.
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Analyse toxicologique
Retour au début
Traitement
L'administration de charbon activé peut être proposée dans l'heure qui suit
l'ingestion.
Retour au début
Principales références
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Antalgiques et Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens
Christine Tournoud
Antalgiques
Intoxication au paracétamol
Toxicocinétique
Dose toxique
Diagnostic
Traitement
- voie orale : dose de charge 140 mg/kg en solution diluée puis 70 mg/kg/4 h
pendant 72 heures ;
- voie IV : dose de charge 150 mg/kg sur 60 minutes, puis 50 mg/kg sur les 4
heures suivantes et 100 mg/kg sur les 20 heures suivantes.
Toxicocinétique
Diagnostic
Traitement
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Anti-inflammatoires non sté roïdiens (AINS)
Intoxication à l'aspirine
Devenue rare, cette intoxication peut être grave dans certaines circonstances :
dose importante, retard de prise en charge, jeune enfant, femme enceinte,
pathologie rénale ou hépatique préexistante.
Toxicocinétique
Dose toxique
Diagnostic
Traitement
Toxicocinétique
L'absorption digestive des AINS est rapide (1 à 4 h). La fixation protéique est
importante. Ils subissent une métabolisation hépatique aboutissant à des dérivés
inactifs. L'élimination est urinaire sous forme active ou métabolisée. La demi-vie
d'élimination est variable : 1 à 3 heures pour le kétoprofène, jusqu'à 60 heures
environ pour les oxicams.
Dose toxique
Diagnostic
Traitement
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Antispasmodiques
Retour au début
Principales références
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Testud F, Descotes J. Pour un usage rationnel de la N-acétylcystéine dans les
intoxications au paracétamol. JEUR 2003 ; 16 : 74-79.
Digitaliques Roland Ducluzeau, Aurélia Marfisi-Dubost
NA
Médicaments
Bien que la digitoxine ait été retirée du marché en France en 2003, le choix est
fait de continuer d'y faire référence.
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Données pharmacologiques
Caractéristiques pharmacocinétiques
Digoxine Digitoxine
Demi-vie 1,6 j 6j
Rappel pharmacologique
Les digitaliques ont aussi un effet sur le système nerveux autonome : le tonus
vagal est augmenté, contribuant à la conduction diminuée du nœud sinusal et
du nœud atrio-ventriculaire. Le tonus sympathique est diminué à doses
thérapeutiques et accru à doses toxiques, ce qui peut participer à une
vasoconstriction mésentérique.
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Signes cliniques
Lors des intoxications aiguës, les troubles digestifs sont précoces et fréquents :
nausées, vomissements, parfois douleurs abdominales et diarrhées. Somnolence
ou confusion sont plus rares.
Lors des intoxications subaiguës ou chroniques, les signes sont très variés :
troubles digestifs (anorexie, nausées), céphalées, algies faciales, somnolence,
délire, confusion, asthénie, malaise, convulsions, troubles de la vision des
couleurs avec halos jaunes ou verts, photophobie, baisse de l'acuité visuelle et,
plus rarement, ischémie mésentérique. Les troubles digestifs et les troubles de la
vision constituent de bons signes d'alerte.
Troubles cardiaques
- segment ST sous-décalé
- cupule
- espace QT raccourci
Troubles de l'excitabilité :
- tachycardie atriale
- flutter atrial
- extrasystoles ventriculaires
- fibrillation ventriculaire
Troubles de conduction :
- bradycardie sinusale
- bloc sino-atrial
- bloc de branche
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Signes biologiques
Hyperkaliémie
Conséquence de l'inhibition de la Na-K-ATPase, l'hyperkaliémie correspond à
une intoxication aiguë sévère et a une valeur pronostique de gravité.
Dosages de digitaliques
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Traitement
Décontamination digestive
Le charbon activé en dose unique peut être administré dans l'heure suivant
l'ingestion aiguë. L'administration de charbon activé à doses répétées a pu être
recommandée compte tenu de l'existence d'un cycle entéro-hépatique des
digitaliques ; cette pratique n'a jamais été validée formellement.
Traitement de l'hyperkaliémie
Elle signe une intoxication grave : elle répond peu au traitement traditionnel
(bicarbonate de sodium, glucose insuline et Kayexalate®). Le calcium IV est
proscrit (risque de décès). Par contre, les fragments Fab sont remarquablement
efficaces.
Traitement de la bradycardie
L'atropine IV, de 0,5 à 1 mg, agit sur la composante vagale ; elle peut être
renouvelée. L'objectif est une fréquence cardiaque à 60 c/min. La bradycardie
peut être mal supportée chez le sujet âgé. L'inefficacité de l'atropine représente
un critère de gravité potentielle : risque d'asystole ou de fibrillation ventriculaire.
Entraînement électrosystolique
Cardioversion et défibrillation
Immunothérapie
L'efficacité des fragments Fab antidigoxine est rapide, avec une réversibilité
souvent spectaculaire des troubles du rythme et de l'hyperkaliémie. Ils agissent
sur la digoxine (ou digitoxine) circulante et fixée aux récepteurs membranaires,
permettant ainsi la réactivation rapide de la Na-K-ATPAse membranaire.
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Modalités de l'immunothérapie
Produit commercialisé
Indications
Elles ont été précisées avec la notion de neutralisation curative, équimolaire, sur
des critères de gravité mettant en jeu le pronostic vital ( Tab. 3 ) et la notion de
neutralisation prophylactique, semi-molaire, sur des facteurs de mauvais
pronostic ( Tab. 4 ), avant que ne surviennent des troubles plus graves.
- sexe masculin
- cardiopathie préexistante
- âge ≥ 55 ans
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Cas particuliers
Les rares intoxications par les plantes contenant des hétérosides cardiotoniques
(digitale pourpre, laurier rose), et les exceptionnelles intoxications par ingestion
de préparations à base de crapauds du genre Bufo relèvent de la même prise
en charge et d'un traitement par anticorps en cas de risque vital.
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Principales références
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Goldfrank LR, Hoffman RS, Howland MA, Lewin NA, Nelson LS, eds. Goldfrank's
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Editions scientifiques L&C, 2005 : 83-92.
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Taboulet P, Bismuth C. Intoxications par les digitaliques. In : Jaeger A, Vale JA,
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Bê Ta-Bloquants Bruno Mégarbane, Frédéric Baud
NA
Bêta-bloquants
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Facteurs pronostiques
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Manifestations cliniques
L'intoxication au sotalol est plus rare mais peut provoquer, en raison de ses
propriétés pharmacologiques spécifiques, une bradycardie à complexes QRS
fins mais à intervalles QT allongés, exposant au risque de torsades de pointes et
de tachycardie ventriculaire soutenue. Au cours de ces intoxications, la
bradycardie n'est donc pas un signe de bénignité puisqu'elle expose au risque
de troubles du rythme mettant en jeu le pronostic vital.
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Prise en charge
La décontamination digestive ne doit être faite que dans les 2 heures suivant
l'ingestion, et en l'absence de contre-indications. Elle ne doit jamais faire
retarder les mesures symptomatiques ou antidotiques, seules capables
d'améliorer le pronostic ( Tab. 2 ). Le charbon activé est préféré au lavage
gastrique, les bêta-bloquants étant bien adsorbés par le charbon. Néanmoins,
aucune étude n'a démontré un bénéfice clinique à la décontamination
digestive, l'intérêt en cas d'ingestion de comprimés à libération prolongée
restant aussi à évaluer. Les méthodes d'épuration extra-rénale sont peu utiles,
en raison du large volume de distribution des bêta-bloquants et de leur liaison
élevée aux protéines plasmatiques.
Au cours des intoxications sévères caractérisées par un collapsus, par des QRS
élargis, voire par une dépression respiratoire, la ventilation mécanique doit être
discutée rapidement, en parallèle au traitement pharmacologique.
L'hypoxémie et l'acidose respiratoire potentialisent la toxicité des bêta-
bloquants et réduisent l'efficacité des catécholamines. Les autres indications de
la ventilation sont le coma, les convulsions ou le bronchospasme sévère. Les
troubles de vigilance traduisent en général une baisse de la perfusion cérébrale,
synonyme d'état de choc. La perfusion de bicarbonate molaire de sodium (250
ml, à répéter si besoin, en fonction de l'affinement des QRS et à associer à 2 g
de KCl) est recommandée en cas d'effet stabilisant de membrane.
Traitement immédiat :
- monitorage cardiovasculaire
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Conclusion
Le tableau clinique d'une intoxication par bêta-bloquants est dominé par les
manifestations cardiovasculaires. Le pronostic est en général favorable, sauf en
présence d'un toxique avec effet stabilisant de membrane ou de co-ingestion
d'un autre cardiotrope, dont les inhibiteurs calciques. La faible mortalité
hospitalière témoigne de la puissance de l'arsenal thérapeutique et de la
possibilité de réversibilité des perturbations induites. La meilleure connaissance
des facteurs pronostiques pourrait permettre de recourir précocement, dans les
cas les plus sévères, aux techniques d'assistance circulatoire périphérique.
Retour au début
Principales références
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Inhibiteurs Calciques
Bruno Mégarbane
Frédéric Baud
Pharmacologie
Vasodilatation périphérique ↑ ↑ ↑↑
Postcharge ↓↓ ↓↓ ↓↓↓
Conduction auriculo-ventriculaire ↓↓ ↓ 0
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Tableau clinique
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Facteurs pronostiques
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Traitement
La décontamination digestive n'a d'intérêt que pour les patients vus dans les 2
heures après ingestion, en l'absence de contre-indications. L'administration de
charbon activé à doses répétées (50 g à l'admission puis 25 g/8 h) est utile en
cas d'ingestion d'un nombre élevé de comprimés à libération prolongée.
L'épuration extra-rénale est inutile, en raison du volume de distribution important
de ces toxiques et de leur forte fixation aux protéines plasmatiques.
Traitement immédiat
- hospitalisation en réanimation
- monitorage cardiaque
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Assistance circulatoire
Les modalités et indications de l'assistance circulatoire doivent encore être
précisées au cours des intoxications par inhibiteurs calciques. Plusieurs
observations ont été publiées mais l'intérêt définitif de cette thérapeutique
d'exception reste à démontrer (niveau de preuve C). L'assistance périphérique
par pompe centrifuge à débit continu par canulation chirurgicale fémorale est
la meilleure solution. Elle doit être proposée chez tout patient intoxiqué et
présentant un arrêt cardiaque persistant, à condition que cet arrêt soit survenu
devant témoin et réanimé sans retard. Au cours des intoxications par inhibiteurs
calciques répondant mal aux catécholamines, à l'insuline euglycémique et aux
autres antidotes, il paraît légitime de discuter l'assistance circulatoire
périphérique, en présence d'un choc cardiogénique ou d'une arythmie
ventriculaire sévère ( Fig. 3 ). Il n'existe pas de seuil établi pour définir un choc
réfractaire aux catécholamines. Nous avons suggéré que la présence d'une
hypotension artérielle malgré une perfusion de catécholamines (adrénaline +
noradrénaline) supérieure à 8 mg/h en présence d'une insuffisance rénale,
d'une hypoxémie majeure et d'un élargissement même modéré des QRS à
l'ECG est prédictive du décès. Enfin, il faut considérer l'intérêt d'une assistance
respiratoire concomitante (ECMO), dans l'éventualité d'un syndrome de
détresse respiratoire sévère lié à l'œdème lésionnel caractéristique des
intoxications sévères par inhibiteurs calciques dont le vérapamil.
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Conclusion
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Principales références
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Antiarythmiques
Bruno Mégarbane
Frédéric Baud
Classe II : Bêta-bloquants
Propriétés toxicologiques
Dose
Biodisp Volu Liaiso De Métabolites Élimi Conce
onibilité me n aux mi- actifs nati ntratio
(%) distri protéi vie on n
buti nes (h) réna thérap
on plasm le eutiqu
(l/kg atique (% e
) s (%) fract (mg/l)
ion
inch
ang
ée)
t
oxique
(
mg)
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Tableau clinique
Facteurs pronostiques
La mortalité par intoxication aux AA de classe I est élevée. Les facteurs habituels
de mauvais pronostic favorisant la défaillance cardiaque sont à rechercher dès
l'admission du patient : dose ingérée élevée, co-ingestion de plusieurs
cardiotropes, cardiopathie sous-jacente, insuffisance rénale, hypoxémie,
acidose, anomalies ioniques sous-jacentes et, surtout, dyskaliémie.
L'hypokaliémie favorise les torsades de pointes alors même qu'elle pourrait
protéger des effets délétères sur la conduction et la contractilité.
L'hyperkaliémie a un effet néfaste synergique sur les troubles de contractilité
myocardique.
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Dans l'immédiat
- bicarbonates de sodium molaires 84‰ avec KCl 2 g/250 ml, sans dépasser
750 ml, si hypotension + QRS élargis > 0,12 s
À poursuivre
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Conclusion
Les intoxications par AA de classe I sont graves. Seule une prise en charge
précoce dans un milieu de réanimation spécialisée pourrait permettre d'en
améliorer le pronostic. Le traitement repose sur les bicarbonates molaires de
sodium en cas de troubles de conduction intraventriculaires, le monitorage
hémodynamique et les catécholamines en cas de choc. La place précise de
l'assistance circulatoire n'est pas définie. Elle pourrait représenter le seul et ultime
espoir thérapeutique en cas de choc réfractaire aux traitements
pharmacologiques.
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Principales références
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Théophylline
Bruno Mégarbane
Frédéric Baud
L'intoxication par la théophylline est désormais rare mais reste grave par
l'intensité des symptômes et par leur durée (formes à libération prolongée). Elle
résulte soit d'une ingestion à but suicidaire, soit d'un surdosage chez un patient
asthmatique ou insuffisant respiratoire chronique, en raison de son faible index
thérapeutique. Le tableau clinique de l'intoxication aiguë associe des
manifestations neurologiques, cardiovasculaires et métaboliques liées au
syndrome adrénergique. Le risque vital est engagé en raison du risque de
convulsions souvent répétées et de manifestations cardiovasculaires graves.
L'absorption digestive est rapide mais une ingestion massive peut réaliser des
conglomérats digestifs à l'origine d'une absorption retardée et d'un pic décalé
de concentration sanguine. Le volume de distribution est faible (0,3-0,7 l/kg), le
métabolisme est hépatique par le cytochrome P450 1A2 et l'élimination est
urinaire. Les concentrations thérapeutiques de théophylline sont comprises entre
10 et 20 mg/l.
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Tableau toxique
Lors d'une intoxication aiguë du sujet non traité, il existe un parallélisme entre la
gravité de l'intoxication et la concentration plasmatique de théophylline. Une
intoxication mineure s'accompagne de concentrations de l'ordre de 20 à 40
mg/l, une intoxication de gravité moyenne de concentrations de 40 à 100 mg/l
et une intoxication grave de concentrations supérieures à 100 mg/l. La
cinétique particulière des formes retard explique la nécessité de surveiller de
façon répétée les concentrations de théophylline. Le surdosage se distingue par
l'apparition plus précoce et plus fréquente de convulsions et de troubles du
rythme, mais avec un risque plus important de vomissements et de
tremblements. Il n'y a pas de corrélation entre la gravité des manifestations
toxiques et les concentrations sanguines de théophylline. L'intoxication aiguë du
sujet traité se caractérise par l'apparition de symptômes pour des
concentrations plus basses de théophylline.
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Conclusion
Même devenue rare en raison de la réduction des prescriptions, l'intoxication
par la théophylline peut menacer le pronostic vital. Une admission en
réanimation est donc recommandée pour une dose ingérée élevée ou en cas
de signes cardiovasculaires ou neurologiques. Le traitement est symptomatique.
Une perfusion intraveineuse de bêtabloquant doit être guidée par la fréquence
cardiaque et les concentrations plasmatiques de théophylline. Le charbon à
dose répétée est indiqué pour réduire la demi-vie d'élimination en raison d'un
cycle entéro-hépatique.
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Principales références
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Colchicine
Bruno Mégarbane
Frédéric Baud
Physiopathologie
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Description clinique
En effet, la sévérité ainsi que le taux de mortalité sont directement liés à la dose
ingérée, bien que des cas mortels aient été rapportés pour des doses faibles (5
à 10 mg), ingérées ou injectées en intraveineux.
- DSI < 0,5 mg/kg : le tableau clinique est dominé par les troubles digestifs
(diarrhées, vomissements et douleurs abdominales) et la déshydratation
extracellulaire. L'évolution est favorable en 4 à 5 jours;
- hyperleucocytose
- cytolyse hépatique
Du 2e au 7e jour
- insuffisance hépatique
- défaillance multiviscérale
À partir du 7e jour
- alopécie
- sortie d'aplasie
- DSI de 0,5 à 0,8 mg/kg : une pancytopénie apparaît aux environs du 4e jour,
en plus des signes précédents. Elle traduit la toxicité de la colchicine sur les
cellules souches hématopoïétiques. Elle s'accompagne du risque de survenue
d'un épisode infectieux et/ou hémorragique et d'un taux de mortalité de l'ordre
de 10%;
- DSI > 0,8 mg/kg : le risque de décès est majeur, de l'ordre de 80% par
défaillance cardio-circulatoire, choc hypovolémique, hémorragique ou
septique ou syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA).
De multiples anomalies ECG ont été décrites au cours des intoxications par la
colchicine : tachycardie ou bradycardie sinusale, courant de lésion
sousépicardique étendue, fibrillation ventriculaire, dysfonction sinusale, blocs
auriculo-ventriculaires complets…. La colchicine pourrait inhiber la génération
de l'influx électrique cardiaque et entraîner des troubles conductifs sévères.
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Méthodes de diagnostic
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Prise en charge
La décontamination digestive, surtout utile dans les premières heures, repose sur
l'administration de charbon activé en l'absence de contre-indications. Celle-ci
peut être plus large que les 2 heures habituelles en raison du pronostic vital
corrélé à la quantité absorbée de toxique. La prise en charge est
essentiellement symptomatique, en réanimation médicale : maintien de
l'équilibre hydro-électrolytique, correction du choc (remplissage par
macromolécules ou recours aux drogues inotropes), correction des troubles
hématologiques et de coagulation, prévention du sepsis en cas de neutropénie
( Tab. 3 ). L'antibiothérapie probabiliste en cas de fièvre doit être active sur les
germes de l'oropharynx (streptocoques) et du tube digestif (bacille à Gram
négatif), en raison du risque de survenue de translocation bactérienne lors des
phases d'instabilité hémodynamique. Elle doit tenir compte d'une éventuelle
colonisation par des germes nosocomiaux. Par exemple, l'association d'une β-
lactamine à large spectre de type ticarcilline ou pipéracilline ± tazobactam et
d'un aminoside satisfait à ces conditions. Le GCS-F (Granulocyte Colony
Stimulating Factor) (filgrastim) pourrait posséder un intérêt pour réduire la durée
et l'importance de la pancytopénie, mais celle-ci est habituellement inférieure à
3 jours.
Traitement initial
Traitement à poursuivre
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Place de l'immunotoxicothérapie
Les facteurs limitant l'utilisation des anticorps en clinique sont la disponibilité des
anticorps et le délai écoulé depuis l'ingestion lors de l'admission du patient à
l'hôpital. Le problème de la dose de Fab à injecter par rapport à la DSI n'est pas
non plus tranché. Il a été démontré que des doses non stœchiométriques
inframolaires de fragments Fab suffisaient pour traiter et neutraliser une
intoxication expérimentale potentiellement létale.
Une seule patiente, âgée de 25 ans, a été traitée jusqu'à présent, avec succès,
grâce à ces anticorps spécifiques, à la suite de l'ingestion d'une dose mortelle
de 1 mg/kg. Le tableau clinique était marqué par l'apparition de troubles
digestifs, d'hypotension artérielle, de CIVD, d'oligurie, de SDRA et d'un choc
cardiogénique réfractaire à la dobutamine. La concentration plasmatique de
colchicine était à 24 ng/ml. Elle a été traitée par les Fab spécifiques administrés
en perfusion intraveineuse, à la dose de 480 mg (dose non stœchiométrique). Il
s'en est suivi une ascension de 6 fois de la concentration de colchicine dans le
sang, 10 minutes après l'administration des anticorps. La colchicine libre est
devenue indétectable, jusqu'à 7 heures après la perfusion, et la concentration
urinaire a été multipliée par 6. Le choc cardiogénique a rapidement régressé et
la patiente a survécu mais l'immunothérapie n'a pas pu empêcher la survenue
d'une neutropénie profonde, d'une bactériémie, d'une polynévrite transitoire et
d'une alopécie.
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Conclusion
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Principales références
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Chloroquine
Bruno Mégarbane
Frédéric Baud
Propriétés toxicologiques
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Tableau clinique
Le tableau initial est souvent faussement rassurant, alors qu'un arrêt cardiaque
inopiné peut survenir de façon précoce. Le délai habituel de l'apparition des
complications est de 30 minutes à 6 heures; une aggravation plus tardive
(jusqu'à 24 h) est possible. Les troubles neurosensoriels (baisse de l'acuité visuelle,
vision floue, acouphènes, vertiges, bourdonnement, hypoacousie) ont une
valeur d'alarme. Les vomissements sont fréquents : précoces, ils peuvent
diminuer la quantité de chloroquine réellement absorbée, alors que, tardifs, ils
exposent au risque d'inhalation. Ils sont probablement d'origine centrale. L'ECG
(meilleure sensibilité en dé rivation frontale D2) montre un aplatissement
précoce des ondes T, un allongement du segment QT et un élargissement de la
durée des complexes QRS ( Fig. 1 ). Les troubles du rythme s'expriment sous
forme de torsade de pointes, d'une tachycardie ventriculaire ou d'une
fibrillation ventriculaire. D'autres anomalies ECG peuvent se rencontrer : aspect
de bloc de branche droit, syndrome de Brugada électrique, tachycardie
supraventriculaire ou bradycardie irrégulière à complexes QRS élargis
précédant souvent l'asystole.
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Facteurs pronostiques
D'autres facteurs sont prédictifs d'une mort différée de plus de 12 heures par
rapport à l'admission. Il s'agit de :
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Traitement
- remplissage modéré
- monitorage hémodynamique
Par ailleurs, la décontamination digestive n'a d'intérêt que pour les patients vus
dans les 2 heures après ingestion, en l'absence de contre-indications.
L'épuration extra-rénale est inutile, en raison du volume de distribution important
de la chloroquine et de sa forte fixation intra-érythrocytaire et aux protéines
plasmatiques.
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Conclusion
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Principales références
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Hypoglycémiants
Insuline
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Clinique
Retour au début
Traitement
Le glucagon est une aide utile mais le traitement des intoxications à l'insuline
repose sur l'administration de glucosé hypertonique (glucose à 30 %, voire 50%)
et nécessite donc la pose d'un abord veineux central. Le rythme de perfusion
est guidé par la surveillance très rapprochée des glycémies au doigt et de la
glycosurie. Pour éviter les hypoglycémies tardives, les perfusions de glucosé
hypertonique doivent être suffisamment prolongées. Du potassium est ajouté
aux perfusions de glucose (2 à 4 g de KCl par litre de glucosé).
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Biguanides
Clinique
Au cours des intoxications ont été rapportées des acidoses lactiques, le plus
souvent dans un contexte d'insuffisance rénale, cardiaque ou hépatique ou
d'intoxication alcoolique associée. Le tableau clinique associe troubles digestifs
(nausées, vomissements, diarrhée, douleur épigastrique), troubles neurologiques
centraux (agitation, confusion, coma, convulsions), troubles respiratoires
(polypnée) et troubles cardiovasculaires (tachycardie, hypotension). L'acidose
lactique associe une acidose métabolique à un trou anionique augmenté avec
hyperlactacidémie. Le dosage de la metformine permet de préciser le
pronostic et les indications thérapeutiques : les hyperlactatémies avec
metforminémie élevée se caractérisent par un meilleur pronostic dû à
l'efficacité du traitement par alcalinisation, épuration rénale ou extrarénale. Les
acidoses lactiques sans élévation de la metforminémie ont un mauvais
pronostic malgré un traitement identique.
Traitement
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Sulfamides hypoglycémiants
Clinique
Traitement
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Glinides (répaglinide)
En cas de surdosage, les effets cliniques sont similaires à ceux provoqués par les
sulfamides hypoglycémiants. Cependant, du fait de la courte durée d'action du
répaglinide, il existe un risque plus faible d'apparition d'hypoglycémie
prolongée.
Peu de cas de surdosage ont été rapportés et aucune hypoglycémie n'a été
décrite.
Ils sont très faiblement résorbés; aucune toxicité systémique n'est attendue en
cas de surdosage.
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Principales références
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Drogues et Stupéfiants
Patrick Nisse
Dépresseurs
Héroïne
Modes d'utilisation
Symptomatologie
Traitement
Surveillance
Buprénorphine
Le tableau clinique est celui des opiacés lors de l'utilisation détournée IV; des
complications systémiques et des candidoses systémiques (oculaires) sont
rapportées.
Le traitement est le même que pour l'overdose à l'héroïne tout en sachant que
des doses très élevées de naloxone sont parfois nécessaires pour s'opposer aux
effets toxiques de la BHD.
Méthadone
Le tableau clinique est celui des intoxications par les opiacés. La surveillance
doit être prolongée (48 h) du fait d'une longue demi-vie d'élimination.
Dextropropoxyphène
Dérivé opiacé antalgique dont le tableau clinique est proche de celui des
intoxications par les opiacés avec quelques particularités:
- coma convulsif;
- hypoglycémie;
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Stimulants
Amphétamine
Modes d'utilisation
Symptomatologie
Traitement
- Symptomatique : rassurer.
- Agitation importante: diazépam 0,1 à 0,15 mg/kg (adulte 10 mg); éviter les
neuroleptiques qui abaissent le seuil épileptogène et majorent l'hyperthermie.
Surveillance
Cocaïne, Crack
Synonyme: coke.
Modes d'utilisation
Cocaïne :
- sniffée (ligne ou rail: 20-30 mg) : les effets débutent en 2 à 3 minutes et peuvent
se prolonger durant 3 heures.
Symptomatologie
- Effets toxiques :
Traitement
- Symptomatique :
Surveillance
MDMA, Ecstasy
Modes d'utilisation
- Persistance des effets : de 3 à 8 heures mais parfois jusqu'à 48 heures pour les
fortement dosés.
Symptomatologie
Traitement
Surveillance
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Hallucinogènes
Cannabis
- haschisch (shit): résine vendue sous forme de barrettes; la teneur en THC varie
de 3 à 10%;
Modes d'utilisation
- Ingestion: début des effets de 30 minutes à 2 heures après l'ingestion; les effets
sont prolongés jusqu'à 6 heures mais sont d'intensité moindre par rapport à la
voie inhalée.
Symptomatologie
Traitement
- Symptomatique :
Surveillance
LSD
Synonyme: acide.
Modes d'utilisation
Symptomatologie
Traitement
- hyperthermie: refroidir;
Surveillance
Phencyclidine: PCP
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Les effets récréatifs sont pauvres ou absents, les comprimés contenant peu de
MDMA .
Administré par voie orale, les effets délétères sont fréquents: nausées,
vomissements, céphalées, bouffée de chaleur, angoisse et «gueule de bois»
pendant plusieurs jours.
Kétamine
Protoxyde d'azote
Synonyme: proto.
Pour toutes ces drogues de synthèse, la prise en charge consiste à maintenir les
fonctions vitales en fonction de la symptomatologie présentée: environnement
calme, rassurant; administration de benzodiazépines en cas d'agitation ou de
convulsions.
Champignons : psilocybe...
Sauge divinatoire
Ces solanacées sont consommées telles quelles ou sous forme d'infusion. Les
effets hallucinatoires recherchés apparaissent dans les 30 minutes qui suivent
l'ingestion.
Body stuffers
Sujet qui ingère des stupéfiants lors d'un contrôle de police; les quantités sont
moins importantes mais les produits ne sont alors pas conditionnés pour être
ingérés et le risque d'intoxication est majeur.
Prise en charge
Substances Urines
Amphétamines 2à4j
Métamphétamines (MDMA) 2j
Cocaïne 12 h
Cannabis (THC):
- usage unique 3j
Gamma OH <8h
Cœur HyperTA X X X
HypoTA X X
Bradycardie X X
Tachycardie X X X X
Troubles du rythme X X
Poumons Bradypnée X X
Tachypnée X X X
OAP
Œil Mydriase X X X X
Myosis X
Cerveau Coma X X X
Convulsions X X X
Somnolence X
Psychiatrie Agitation X X X
Hallucination X X
Psychose X X
Anxiété X X
Autres Rhabdomyolyse X X
Hyperthermie X X X
Hypothermie X X
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Principales références
Ghysel MH. Amphétamines et dérivés. EMC Toxicologie - Pathologie
professionnelle, 2004, 16-030-A-10, 5 p.
Lapostolle F, Flesh F. Particularités des nouvelles drogues. Réanimation 2006; 15:
412-417.
Produits Corrosifs: Brûlures Chimiques Par Ingestion, Inhalation, Projection
Cutanée Ou Oculaire
Pierre Chanseau
Magali Labadie
Ces produits dits corrosifs, induisant des lésions tissulaires sévères, confèrent à
toute intoxication une atmosphère de tragédie. Dans ce contexte, le médecin
urgentiste peut se référer à la règle des trois unités:
- unité d'action et unité de ton: les attitudes pouvant aggraver les lésions
doivent être connues et les gestes indispensables à réaliser sans délai doivent
être maîtrisés. Toute intoxication par caustique est considérée comme grave
jusqu'à preuve du contraire;
Les acides et les bases minérales fortes sont les principaux représentants des
substances caustiques.
Les acides et les bases ont une causticité liée au pH (risque maximal pour pH < 1
et pH > 12), variable suivant la concentration qu'il conviendra d'apprécier dans
tous les cas. Le pH n'est pas mesurable pour un acide ou une base anhydre
(non dissocié).
Les bases (soude, potasse, ammoniaque...) entraînent les complications les plus
graves: ingestion accidentelle chez le jeune enfant et volontaire chez l'adulte
de liquide déboucheur de canalisations.
Les acides induisent, par l'action des ions H+, une déshydratation et une
coagulation des protéines. La constitution d'une nécrose de surface, d'emblée
maximale, s'oppose à la pénétration du toxique, limitant l'aggravation
lésionnelle.
Elles ont un effet oxydant sur les muqueuses (et donc corrosif) déterminé par leur
degré chlorométrique. Certaines préparations sont additionnées de soude ou
de potasse pour les stabiliser et pour augmenter leur pouvoir décapant (pour
ces solutions, le pH permet une appréciation de la causticité).
L'eau de Javel est disponible sous forme de flacon à 2,6 % de chlore actif (prête
à l'emploi), de dose recharge à 9,6% de chlore actif (concentrée, à diluer), et
de jerricans ou de cubitainers destinés à l'usage professionnel.
Ingestion
Projection cutanée
Inhalation
Accident collectif
L'étude des sites à risque est indispensable avec engagement d'une réflexion
anticipatrice afin d'établir des plans d'intervention cohérents.
Inhalation
Circonstances et physiopathologie
C'est un mode d'intoxication fréquent en milieu industriel mais qui survient aussi
dans le cadre domestique lors du mélange intempestif d'eau de Javel avec des
produits acides ou ammoniaqués réalisant un dégagement brutal de gaz
caustique (chlore, chloramine): «coup de chlore». Les activités de bricolage, les
séances de travaux pratiques de chimie dans les collèges et les lycées exposent
aux complications de l'inhalation.
Clinique
Elle associe dans la plupart des cas une toux (quinteuse, douloureuse, parfois
productive), une dyspnée sibilante, une atteinte des muqueuses oculaires,
nasales, laryngées.
Traitement
Il est symptomatique :
- mise au repos;
Projections cutanées
Circonstances et physiopathologie
Clinique
Selon la nature du caustique, une coloration des lésions peut être observée:
jaunâtre pour l'acide nitrique, verdâtre à brun-noir pour l'acide sulfurique,
profonde, noire, violette pour la soude.
Traitement
La neutralisation d'un acide par une base aggrave les lésions chimiques par une
composante thermique. L'utilisation de solutions à propriété amphotère type
Diphotérine® est actuellement insuffisamment validée en termes d'efficacité et
de toxicité éventuelle.
Circonstances et physiopathologie
Clinique
Traitement
Ingestion
Circonstances
Clinique
Elle est évocatrice dans les cas les plus graves: agitation, douleur rétrosternale
et épigastrique, dysphagie, vomissements. Les lésions buccopharyngées sont
fréquentes chez l'enfant et lors d'une ingestion massive chez l'adulte.
- stabiliser les fonctions vitales, poser deux voies veineuses périphériques (pas de
voie sous-clavière ou jugulaire gauche qui pourrait gêner une cervicotomie
d'urgence);
Stade 2
Stade 3
- 3b : nécrose étendue
Stade 4 : perforation
L'acide fluorhydrique, très utilisé dans l'industrie, entre dans la composition des
antirouilles pour linge (bifluorure d'ammonium à 10%), des rénovateurs pour
jantes automobiles et de certains éclaircisseurs pour bois.
Dans l'heure suivant une ingestion ou un contact cutané, le patient est exposé à
un risque d'intoxication systémique mortelle. Cet acide est caustique pour la
peau et les muqueuses par pénétration d'ions F- aboutissant à une nécrose de
liquéfaction. Les fluorures chélatent les ions calcium et magnésium en formant
des sels insolubles. L'hypocalcémie et l'hypomagnésémie qui en résultent se
traduisent classiquement par des troubles du rythme cardiaque à l'étage
ventriculaire (aggravés par l'hyperkaliémie ou par l'injection intraveineuse trop
rapide de sels de calcium).
Cette intoxication exige, quelle que soit la nature de l'exposition, une prise en
charge très rigoureuse:
- l'intoxication est confirmée par le dosage des fluorures dans le sang veineux :
confirmation si le dosage est supérieur à 1 g/l.
Piles-boutons
- renseignent sur son état (un halo ou des gouttelettes radio-opaques signent un
risque caustique);
Absorbeurs d'humidité
À base de chlorure de calcium (CaCl2), ils sont à l'origine de la formation d'une
saumure contenant 200 à 300 g/l de CaCl2 recueillie dans un bac plastique.
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Principales références
Arditti J, De Haro L, Tichadou L, Bourdon JH, Valli M. Exposition aux fluorures et à
l'acide fluorhydrique. In: SFMU/Samu de France, eds. Urgences 2003. Paris:
Arnette, 2003: 3-10. Bismuth C. Toxicologie clinique (5e éd). Paris: Flammarion
Médecine-Sciences, 2000: 699-714.
Brette MD, Scotto B, Monteil JP. Lésions caustiques et brûlures du larynx. EMC
Oto-Rhino-Laryngologie 2002, 20-720-A-20, 7 p.
Cavallini M, Casati A. A prospective, radomized, blind comparison between
saline, calcium gluconate and diphoterine for washing skin acid injuries in rats:
effects on substance P and beta-endorphin release. Eur J Anaesthesiol 2004; 21 :
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Ophtalmologie 2000, 21-208-A-05, 9 p.
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chimiques et risque systémique. Infotox. Bull Soc Toxicol Clin 1997; 2: 3-6.
Pruvot FR, Brami F, Saulnier F, et al. Conservation gastrique dans les lésions
caustiques sévères du tube digestif: est-elle légitime? Ann Chir 2003; 128: 11-17.
Testud F. Pathologie toxique professionnelle et environnementale (2e éd). Paris:
éditions Eska, 2005: 69-104.
Testud F, Payen C. Évaluation des solutions de décontamination des brûlures
chimiques. Arch Mal Prof Environ 2005; 66: 335-340.
Monoxyde De Carbone
Philippe Saviuc
Formation du CO
- Les moteurs à explosion utilisés dans des lieux confinés sont une source
régulière d'intoxication, notamment groupe électrogène et motopompe.
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Physiopathologie
Le CO est éliminé dans l'air expiré. La demi-vie de l'HbCO est de 240 minutes en
air ambiant, 80 minutes en oxygène pur à 1 atmosphère et 23 minutes en O2
pur à 3 ATA (oxygène hyperbare).
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Clinique
Intoxication subaiguë
Intoxication aiguë
La symptomatologie est très variable, susceptible d'associer:
Complications et séquelles
Diagnostic
- les dosages dans l'air ambiant en urgence par les pompiers, l'équipe du SMUR
ou les urgentistes équipés d'un détecteur portatif; ils sont d'une grande valeur
diagnostique (et d'alarme quant à la sécurité des intervenants);
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Conduite à tenir
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Évolution
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Prévention
Dans tous les cas d'intoxication accidentelle, une enquête technique et la mise
en conformité des installations (domicile, lieu de travail, établissement recevant
du public) doivent être effectuées afin d'éviter la récidive.
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Principales références
Conseil supérieur d'hygiène publique de France. Groupe des experts chargés
d'élaborer les référentiels de la prise en charge des intoxications oxycarbonées.
Repérer et traiter les intoxications oxycarbonées. Paris: Direction générale de la
santé; 2005. http://www.sante.
gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/r_mv_180305_intoxications.pdf (consulté le 8 août
2008).
Conso F. Monoxyde de carbone (oxyde de carbone). In : Bismuth C, éd.
Toxicologie clinique (5e éd). Paris: Flammarion Médecine-Sciences, 2000: 728-
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Ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Les
intoxications au monoxyde de carbone.
http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/intox_co/sommaire.htm (consulté le 8
août 2008).
Raphaël JC. Intoxication aiguë par le monoxyde de carbone. Rev Prat 2008; 58:
849-854.
Suner S, Partridge R, Sucov A, et al. Non-invasive pulse co-oxymetry screening in
the emergency department identifies occult carbon monoxide toxicity. J Emerg
Med 2008; 34: 441-450.
Inhalations Toxiques, Gaz et Vapeurs
Philippe Lheureux
Michel Amuli-Itegwa
En dehors des gaz et des vapeurs irritants, différentes formes d'alvéolites toxiques
ont été rapportées après inhalation de poussières ou de composés chimiques.
Nous les évoquerons succinctement, de même que les pneumopathies induites
par les hydrocarbures. Enfin, l'exposition aux fumées d'incendie représente un
aspect particulier qui sera traité séparément.
Gaz inertes
Une atmosphère hypoxique ne doit être pénétrée que si l'on est muni d'un
appareil respiratoire autonome. La victime doit être extraite et abondamment
ré-oxygénée aussi vite que possible. Le reste du traitement est symptomatique.
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Généralités
- la formation d'une solution acide ou alcaline caustique par dissolution dans les
sécrétions (par exemple, HCl, NH3);
Il faut se rappeler toutefois que la taille des particules peut augmenter au cours
de leur migration dans les voies respiratoires humides car elles peuvent se
charger en eau. La forme des particules est un autre facteur qui peut influencer
leurs propriétés aérodynamiques.
évaluation
Traitement
- bronchodilatateurs et antitussifs;
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Certains gaz et vapeurs produisent des effets toxiques systémiques soit de façon
isolée, soit en association avec un effet irritant respiratoire.
Certains de ces effets toxiques et les mesures thérapeutiques éventuelles qui s'y
rapportent sont rappelés dans le tableau 6. Le cas particulier du monoxyde de
carbone est traité dans un autre chapitre, alors que celui du cyanure est
évoqué dans la section traitant de l'inhalation de fumée d'incendie.
Hydroxocobalamine
EDTA dicobaltique
Thiosulfate de soude
Agents
méthémoglobinisants
Nitrite d'amyl
Nitrite de soude
DMAP
Œdème pulmonaire,
dyspnée Troubles digestifs
- troubles mentaux
- neuropathie périphérique
Athérogenèse
- benzène : hématotoxicité
- hexane : neurotoxicité
périphérique
- tétrachlorure de carbone
: hépato et néphrotoxicité
- trichloréthylène : effet
antabuse
Diazépam
- EDTA dicobalt, autre antidote proposé, fondé sur l'affinité pour le cobalt.
Néanmoins, en l'absence d'intoxication au cyanure, le cobalt expose le patient
au risque d'arythmies et d'hypertension artérielle.
Retour au début
Certains agents combinent des propriétés irritantes pour les voies respiratoires et
une toxicité systémique. Des exemples typiques sont le sulfure d'hydrogène ou le
chlorure de cyanogène. Ils combinent une toxicité systémique analogue à celle
du cyanure, tout en induisant un puissant effet irritant respiratoire.
Retour au début
Alvéolites toxiques
Diacétyl-2,3-butanedione :
mélanges d'huile de soya, d'agents
édulcorants et de colorants
(Popcorn Worker's Lung, pâtisserie
industrielle...) Polyamide amine
(Acramine FWN Bayer): peinture
pour textile (syndrome d'Ardystil)
Lycoperdonose : spores de
Lycoperdon, champignon
commun («vesses de loup»)
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Elle survient après ingestion d'un hydrocarbure avec fausse déglutition ou par
inhalation de vomissements. Elle est plus fréquente chez l'enfant (ingestion de
pétrole pour lampe, de térébenthine ou de white spirit) mais aussi chez l'adulte
(«poumon des cracheurs de feu»). Occasionnellement, elle peut être
provoquée par l'instillation de gouttes nasales huileuses, secondairement
inhalées, ou par la fausse déglutition de laxatifs à base de paraffine,
notamment chez les personnes âgées. Les produits de basse viscosité sont plus
dangereux. Le mécanisme probable est une altération directe du surfactant.
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Généralités
Chez les victimes d'incendie, l'inhalation de fumée est un facteur létal plus
important que l'âge ou la sévérité des brûlures cutanées: ces deux atteintes ont
d'ailleurs un effet synergique sur la mortalité, plutôt que simplement additif. Le
diagnostic d'atteinte respiratoire liée aux fumées n'est pas toujours aisé: les
symptômes et les signes peuvent être différés de plusieurs heures après
l'exposition et il n'y a pas de test diagnostique précoce dont la sensibilité soit
absolue. Les principaux facteurs de risque sont rappelés dans le tableau 8. Il
faut aussi rappeler que de l'air filtré n'ayant plus un aspect enfumé mais
contenant encore des gaz toxiques peut être transporté par un système de
ventilation, par exemple, et atteindre des victimes à distance du sinistre.
Victime confinée dans un espace clos lors de l'exposition à des gaz chauds,
de la vapeur
Grossesse
En dehors des toxiques systémiques cités plus haut, les fumées contiennent de
nombreux irritants issus de processus de combustion ou de pyrolyse. En raison de
leur pH ou de leur pouvoir oxydant, ils sont directement toxiques pour les
muqueuses bronchiques, l'endothélium vasculaire et la membrane alvéolo-
capillaire (voir plus haut).
Toutes les victimes suspectes d'avoir inhalé de la fumée doivent être surveillées
au moins 4 à 6 heures dans une unité d'observation de courte durée. Toutes les
inhalations de fumée avérées doivent être prises en charge aux soins intensifs.
Un transfert vers un centre spécialisé pour grands brûlés ne se justifie que par les
lésions cutanées associées et impose une stabilisation respiratoire et
hémodynamique préalable.
évaluation
Traitement
En dehors des mesures antidotiques spécifiques évoquées plus haut, le
traitement le l'inhalation de fumée est surtout conservateur et symptomatique.
Seuls les aspects propres à l'atteinte respiratoire seront évoqués ici,
indépendamment des autres soins requis par les brûlés.
- La corticothérapie n'est pas indiquée car elle accroît l'incidence des infections
pulmonaires et la mortalité. Son usage doit être réservé au traitement du
bronchospasme réfractaire.
Retour au début
Principales références
Borron SW, Baud FJ, Barriot P, Imbert M, Bismuth C. Prospective study of
hydroxocobalamin for acute cyanide poisoning in smoke inhalation. Ann Emerg
Med 2007; 49: 794-801.
Danel V. Exposition à des vapeurs et gaz irritants.18es Journées de la Société
Francophone de Médecine d'Urgence. Paris: 16-18 avril 2003.
Fortin JL, Giocanti JP, Ruttimann M, Kowalski JJ. Prehospital administration of
hydroxocobalamin for smoke inhalation-associated cyanide poisoning: 8 years
of experience in the Paris Fire Brigade. Clin Toxicol 2006; 44 (Suppl. 1): 37-44.
Hall JJ, Hunt JL, Arnoldo BD, Purdue GF. Use of high-frequency percussive
ventilation in inhalation injuries. J Burn Care Res 2007; 28: 396-400.
Lheureux P, Leduc D, Askenasi R. Toxic gases and vapors exposures. JEUR 1993;
6: 35-48.
Méthémoglobinémies
Vincent Danel
Les symptômes présents traduisent des degrés divers d'hypoxie tissulaire et sont
assez bien corrélés au pourcentage de méthémoglobine ( Tab. 1 ). Une
anémie associée, une pathologie cardio-pulmonaire préexistante peuvent
aggraver le tableau clinique.
0-15 Aucun
15-20 Cyanose clinique Sang «chocolat»
20-45 Dyspnée
Asthénie
Vertiges
Céphalées
Syncopes
55-70 Coma
La liste des produits en cause est longue et chacun peut entraîner l'apparition
de symptômes propres qui vont s'ajouter à ceux provoqués par la seule méthé-
moglobinémie ( Tab. 2 ). Le délai d'apparition ainsi que la durée de la
méthémo-globinémie dépendent étroitement du toxique en cause.
- chlorates1
- nitrates et sous-nitrates
- nitrites
- benzocaïne
- bleu de méthylène
- métoclopramide3
- nitrites organiques
- nitrobenzène et dérivés
- nitroglycérine
- nitrotoluène et dérivés1
- phénazopyridine (pyridium)
- primaquine et pentaquine
- sulfamides
- sulfones (dapsone)2
- quinine
- résorcine
1. Également hémolysants;
2. Également sulfhémoglobinémiants;
3. Chez le nouveau-né seulement (surtout prématuré).
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Traitement
Traitement symptomatique
Modalités
Échec du traitement
Il peut être dû à:
- un déficit en G6PD;
Contre-indications
Effets secondaires
Exsαnguino-trαnsfusion
Elle est indispensable chaque fois que le pronostic vital immédiat est en jeu et
que l'échec du bleu de méthylène est prévisible:
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Principales références
Curry S. Methemoglobinemia. Ann Emerg Med 1982; 11 : 214-221.
Danel V. Le bleu de méthylène. In: Baud F, Barriot P, Riou B, eds. Les antidotes.
Paris: Masson, 1992: 29-41.
Testud F, Payen C, Roche R, Charrier D. Méthémoglobinémie prolongée après
ingestion accidentelle de nitrobenzène. JEUR 2006; 19: 33-36.
Umbreit J. Methemoglobin : it's not just blue. A concise review. Am J Hematol
2007; 82: 134-144.
Métaux
Philippe Hantson
- tableau digestif: souvent au premier plan, pouvant associer des nausées, des
vomissements, des douleurs abdominales et des diarrhées qui peuvent évoluer
vers des pertes liquidiennes extrêmement importantes proches du «choléra».
Une hypovolémie significative et non compensée aura des répercussions sur la
pression artérielle, d'autant plus que certains métaux peuvent entraîner une
vasoplégie;
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- Chélation indiquée.
Ingestion de thallium
- Atteinte myocardique.
- Le chlorure de zinc est un agent corrosif: lésion des muqueuses digestives. Par
contre, manifestations systémiques habituellement modérées
(encéphalopathie).
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Dimercaprol ou BAL
- Chélateur dans les intoxications par le plomb (surtout les formes chroniques et
infantiles), mais aussi par le mercure ou l'arsenic.
Déféroxamine (Desféral®)
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Principales références
Clarkson TW, Magos L. The toxicology of mercury and its chemical compounds.
Crit Rev Toxicol 2006; 36: 609-662.
Hantson P, Lula F, Lievens M, Mahieu P. Extremely high plasma zinc following zinc
chloride ingestion. J Toxicol Clin Toxicol 1998; 36: 375-377.
Isbister GK, Dawson AH, Whyte IM. Arsenic trioxide poisoning: a description of
two acute overdoses. Hum Exp Toxicol 2004; 23: 359-364.
Koch M, Appoloni O, Haufroid V, Vincent JL, Lheureux P. Acute barium
intoxication and hemodiafiltration. J Toxicol Clin Toxicol 2003; 41 : 363-367.
Kosnett MJ, Wedeen RP, Rothenberg SJ, et al. Recommendations for medical
management of adult lead exposure. Environ Health Perspect 2007; 115:
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Lin JL, Lim PS. Massive oral ingestion of elemental mercury. J Toxicol Clin Toxicol
1993 ; 31 : 487-492.
Mills KC, Curry SC. Acute iron poisoning. Emerg Med Clin North Am 1994; 12: 397-
413.
Produits Phytosanitaires
Patrick Harry
Les intoxications par les pesticides recensées au niveau national par les Centres
antipoison et de toxicovigilance français en 2006 ont concerné 8 461 cas (4%
des cas d'intoxications) et 15% d'entre elles sont volontaires. Elles sont dues
souvent au déconditionnement des produits dans des flacons alimentaires ou à
une mauvaise utilisation des produits, sans précautions élémentaires, en les
laissant accessibles aux enfants. Les produits de jardinage ont des compositions
identiques à celles des produits agricoles mais sont moins concentrés et leur
présentation en pulvérisateur prêt à l'emploi diminue les risques. Dans tous les
cas, il faut considérer l'exposition aux produits commerciaux et non pas à la
seule molécule active car les solvants et les surfactants qui entrent dans la
composition interviennent pour une part non négligeable dans la toxicité. La
connaissance de la présentation du produit et les circonstances détaillées de
l'exposition (tels les symptômes rythmés par l'exposition, l'absence de protection,
le travail contre le vent, le temps d'exposition et la dilution du produit) sont les
éléments clefs du diagnostic, de l'évaluation des risques et de la conduite à
tenir. Dans ce chapitre seront traitées les intoxications par les pesticides
auxquelles les services d'urgence sont régulièrement confrontés, incluant
certains produits retirés du marché toujours à l'origine d'intoxications en raison
du stockage illicite. Les expositions sans risques sont résumées dans le tableau 1.
Engrais
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Rodenticides
Alpha-chloralose
La guérison est de règle sans séquelle. Le diagnostic est établi par la détection
du chloralose libre dans l'urine des 3 premiers jours par la réaction colorimétrique
de Fujiwara modifiée. Lorsque le diagnostic est évoqué tardivement, l'hydrolyse
des dérivés conjugués révèle le chloralose. L'encéphalopathie myoclonique
correspond à des concentrations plasmatiques de chloralose libre inférieures à
5 mg/l et un coma profond est observé au-delà. Les décès préhospitaliers
correspondent à des concentrations plasmatiques habituellement supérieures à
40 mg/l. Une concentration sanguine de 180 mg/l est compatible avec une
guérison.
Le charbon activé est indiqué à la phase précoce. Une irrigation intestinale par
le PEG 4000 s'est avérée utile à la phase symptomatique d'intoxications
massives. Les myoclonies ou les convulsions cliniques sont aisément contrôlées
par une benzodiazépine de demi-vie brève tel le midazolam. Une intubation
trachéale est nécessaire en cas de coma et une ventilation mécanique en cas
de dépression respiratoire amplifiée par la sédation médicamenteuse. Il est
inutile de chercher à supprimer les pointes-ondes électroencéphalographiques
par un barbiturique qui prolonge inutilement le coma. La curarisation est contre-
indiquée car elle peut masquer un état de mal convulsif non contrôlé et les
morphiniques n'ont aucune indication. Une dose de 10 μg/kg d'atropine
diminue l'hypersécrétion bronchique. Une polyurie induite ne change pas
l'évolution.
Strychnine
La strychnine est un alcaloïde extrait des graines de Strychnos nux vomica. Elle
était utilisée comme taupicide mais l'intoxication est devenue rare depuis son
interdiction d'utilisation en France en 1999. La coloration bleue de certains
produits est due au bleu de méthylène mais les colorants vert, noir ou rouge
étaient autorisés. La strychnine agit par compétition avec la glycine,
neurotransmetteur essentiellement médullaire qui inhibe le réflexe
polysynaptique.
Rodenticides antivitamines K
L'ingestion unique de quelques grains pré traités à faible concentration (< 0,005
%) par l'enfant n'expose à aucun risque. Toute ingestion volontaire ou
accidentelle de chlorophacinone liquide concentrée 2,5 g/l (0,25 %) expose au
risque hémorragique dans les jours ou semaines qui suivent et nécessite une
surveillance du taux de prothrombine (TP) ou de l'INR pendant 48 heures. Il ne
faut jamais prescrire la vitamine K1 de principe sans avoir confirmé l'intoxication
par une baisse du TP à moins de 60% ou un INR supérieur à 1,5. Dans ce cas, la
vitamine K1 orale sous forme d'ampoules est prescrite à la dose de 1 à 1,5
mg/kg/j chez l'adulte et l'enfant, en une prise orale quotidienne. La vitamine K1
par voie veineuse n'est pas plus efficace.
Les symptômes sont précoces avec des vomissements, parfois une diarrhée.
Une somnolence ou exceptionnellement des convulsions sont possibles. Dans un
délai de plusieurs heures, des signes identiques à ceux de l'intoxication
digitalique apparaissent, parfois prolongés plusieurs jours. Il s'agit de blocs
auriculo-ventriculaires, de bradycardie et de troubles du rythme ventriculaire.
L'hyperkaliémie témoigne du blocage de l'ATPase.
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Herbicides
Chlorophénoxyherbicides et apparentés
Paraquat et diquat
Le diquat peut donner des signes systémiques identiques par ingestion mais ne
donne pas de fibrose pulmonaire ni d'intoxication systémique en cas de brûlures
cutanées. Son inhalation peut être responsable de bronchospasmes.
Glyphosate et sulfosate
Ce sont des herbicides non sélectifs dont les noms de marque les plus connus
sont Round Up®, Ragtime®, Herbosate®. Les produits de jardinage dilués prêt à
l'emploi sont sans risque en cas d'exposition faible d'un enfant par exemple.
L'ingestion de plusieurs gorgées d'un produit concentré à 360 g/l expose à un
risque certain. La toxicité serait due à la molécule elle-même mais aussi au
surfactant très irritant des préparations commerciales. L'exposition accidentelle
est à l'origine de dermites d'irritation, d'une rhinite, d'une gêne respiratoire ou
pharyngée et d'une toux. L'ingestion de préparations concentrées est
responsable de vomissements, d'une pharyngite parfois hémorragique, d'une
dysphagie parfois prolongée, de lésions irritatives et œdémateuses digestives et,
dans les formes sévères, d'un état de choc, d'une acidose métabolique et d'un
œdème pulmonaire. Le choc infectieux par translocation bactérienne
intestinale due au surfactant est à dépister précocement.
Glufosinate
Chlorate
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Insecticides
Insecticides organochlorés
L'intoxication par les insecticides organochlorés est devenue rare en France ces
dernières années. Le lindane a disparu du marché français des pesticides
depuis 1988 mais persiste comme antipoux. L'endosulfan, le dicofol et le
dienochlore sont encore en vente. Les organochlorés sont absorbés par toutes
les voies.
Les ingestions volontaires sont rares. Les signes sont des vomissements, des
troubles du comportement, des mouvements athétosiques, des hallucinations,
des convulsions myocloniques généralisées qui peuvent être inaugurales dans
un délai de quelques minutes. Les complications sont l'inhalation pulmonaire,
l'anoxie, la rhabdomyolyse, l'insuffisance rénale et la coagulopathie de
consommation. L'engagement cérébral secondaire à un œdème cérébral a
été rapporté chez des patients curarisés et sédatés.
Pyréthrinoïdes de synthèse
Ces insecticides ont une structure voisine de celle des alcaloïdes naturels extraits
d'une variété de chrysanthème. Ils sont largement commercialisés dans les
insecticides ménagers ou professionnels. Les molécules les plus fréquentes se
nomment cyperméthrine, lamda-cyalothrine, cyfluthrine, deltaméthrine,
perméthrine, fenvalérate.
Amitraze
Fipronil
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Fongicides
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Principales références
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Alcools et Glycols
Éric Sardier
Stéphane Bergzoll
Jean-Marc Philippe
Éthanol
Molécule et métabolisme
Prototype des alcools primaires, l'éthanol est produit soit par fermentation, soit
industriellement à partir de l'éthylène. Pour obtenir la quantité d'éthanol en
grammes contenue dans 100 ml d'un liquide, il faut multiplier le pourcentage
d'éthanol contenu dans le mélange (% Vol) par la masse volumique de l'alcool
éthylique (0,8 g/cm3). Après ingestion, la concentration maximum est
rapidement atteinte (Cmax = 30 minutes). La rapidité d'absorption est favorisée
par la vacuité gastrique et le caractère gazeux de la boisson. Le métabolisme
est essentiellement hépatique (90%). Toutefois, il existe une activité métabolique
gastrique, intestinale et, pour une part infime, rénale. On distingue trois voies
métaboliques pour l'éthanol : la voie principale liée à l'alcool déshydrogénase
(ADH) représente environ 80% des capacités métaboliques, le systè me
microsomial d'oxydation (MEOS) métabolise les 20% restants. Enfin, une voie
qualifiée d'accessoire est assurée par la catalase. L'éthanol est dégradé en
acétaldéhyde. L'acétaldéhyde est dégradé en acétate par l'aldéhyde
déshydrogénase (ALDH). L'acétate est lui-même dégradé en acétyle coenzyme
A qui va s'intégrer dans le cycle de Krebs et fournir H2O et CO2.
Syndrome de Mallory-Weiss
Hépatite aiguë
Hypernatrémie (déshydratation)
Rhabdomyolyse
Hypothermie
Infection d'ascite
Neurologiques Convulsions
Coma
Encéphalopathie hépatique
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Méthanol et éthylène-glycol
Circonstances
Ces intoxications sont potentiellement graves même si elles ne sont pas très
fréquentes. Le caractère sucré de l'éthylène-glycol peut favoriser l'intoxication
accidentelle.
Métabolisme
Solvant de
pesticides
Myoclonies,
tétanie
Oxalurie (50
%)
Haleine
éthylique
Intoxication au méthanol Intoxication à
l'éthylène-glycol
Anticonvulsivants,
ventilation assistée,
amines
Traitement Indications :
antidotique :
- devant toute acidose métabolique à trou anionique
4 méthyl-pyrazole augmenté et non expliqué par une élévation des
(Fomépizole®) lactates
- IV si critère de gravité
Distribué par la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris ; flacon 100 mg/ml
; utilisable per os ou IV
Objectif thérapeutique : 1 g/l (22 mmol/l) < éthanolémie < 1,5 g/l (33 mmol/l)
Administration per os ou IV
Posologie : 0,6 g/kg en dose initiale puis de 50 à 200 mg/kg/h (voire 400
mg/kg/j chez l'éthylique chronique) En cas d'hémodialyse, la posologie doit
être multipliée par 2
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Isopropanol (alcool isopropylique)
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Principales références
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(à paraître).
NA
TA : trou anionique = (Na+ + K+) - (HCO3- + Cl-). Valeur normale < 16 mmol/l
Bruno Mégarbane
Le paraquat, qui n'est plus commercialisé en France depuis juillet 2007, est le
toxique le plus dangereux actuel de notre écosystème. Les intoxications sont
rares en France mais persistent dans les zones rurales. Elles sont bien plus
fréquentes dans les pays en développement. Elles font généralement suite à
une ingestion à but suicidaire, voire plus rarement accidentelle. Une seule
gorgée d'une solution concentrée à 200 mg/l est potentiellement mortelle. Une
intoxication aiguë est également possible après pénétration par une effraction
cutanée.
Physiopathologie
Après ingestion chez l'homme, le paraquat subit des réactions de réduction qui
provoquent, d'une part, la transformation d'oxygène moléculaire en anion
superoxyde - à l'origine de lésions cellulaires par peroxydation des lipides
membranaires - et, d'autre part, une déplétion du NADPH nécessaire au
fonctionnement du métabolisme oxydatif cellulaire ( Fig. 1 ). La cible du
paraquat est principalement le pneumocyte. La destruction des cellules
alvéolaires conduit à une alvéolite aiguë puis à une fibrose extensive
secondaire à une prolifération fibroblastique.
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0,16 mg/l à H16 et 0,1 mg/l à H24 survivent ; tous ceux dont les concentrations
sont au-dessus de cette courbe décèdent. Une concentration plasmatique
supérieure à 10 mg/l dans les premières 24 heures est synonyme de décès par
choc cardiogénique.
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Traitements immédiats
- méthylprednisolone (Solumédrol®) 1 g à
J1, J2, J3
- dexaméthasone (Soludécadron®) 10
mg/8 h pendant 14 jours
De nombreux antidotes ont été proposés, par analogie aux modèles animaux :
N-acétylcystéine, déféroxamine, anti-oxydants (superoxyde dismutase,
clofibrate, acide ascorbique, alpha-tocoférol). Leur bénéfice n'a jamais été
clairement établi chez l'homme. Un essai prospectif randomisé taiwanais a
démontré le bénéfice en termes de survie, pour les intoxications modérées ou
mineures, d'un traitement précoce par association de méthylprednisolone
(Solumédrol®) 1 g IV pendant 3 jours, de cyclophosphamide (Endoxan®) 15
mg/kg IV pendant 2 jours et de dexaméthasone (Soludécadron®) 10 mg/8 h
pendant 14 jours. Ces traitements immunosuppresseurs agiraient en réduisant le
processus fibrosant pulmonaire. Ainsi, malgré de nombreuses critiques
méthodologiques, cette étude a rapporté la plus large expérience actuelle
avec cette thérapeutique prometteuse. De plus, en cas de formes réfractaires
(persistance de l'hypoxémie, en l'absence de complications infectieuses ou de
leuconeutropénie), ce traitement peut être ré-administré en cures successives.
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Terrains particuliers
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Conclusion
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Principales références
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Solvants et Hydrocarbures
Vincent Danel
Cyclohexane ++ + non 0à ++
CH2-(CH2)4- +
CH2
Toxicociné tique
Absorption
Distribution
La distribution concerne tous les organes avec un tropisme marqué pour les
tissus riches en graisses (tissu adipeux, système nerveux central, moelle osseuse,
etc.) qui peuvent être le siège d'un stockage relatif, expliquant l'élimination plus
lente des solvants chez les sujets obèses. Du fait de leur faible poids molé-
culaire, la plupart des solvants traversent facilement le placenta par simple
diffusion.
Biotransformation
Élimination
Une fraction plus ou moins importante, variable selon les molécules, est élimine
´e sans transformation par le poumon. Elle est supérieure à 50 % de la dose
absorbée pour le chlorure de méthylène et voisine de 90% pour le perchloré-
thylène et le 1,1,1-trichloréthane. Les métabolites hydrosolubles provenant de la
biotransformation hépatique sont excrétés par le rein.
Les doses toxiques sont très variables ; elles dépendent du produit en cause et
de la voie d'entrée. L'inhalation pendant quelques minutes de 3 000 ppm de
trichloréthylène provoque un coma tandis que, avec les solvants pétroliers, il
faut des concentrations de l'ordre de 10 000 ppm ; pour le chlorure de méthylè
ne, l'inhalation de 20 000 ppm pendant 30 minutes est nécessaire à l'apparition
d'un coma. L'inhalation trachéo-bronchique de quelques millilitres d'un solvant
pétrolier peut entraîner une pneumopathie chimique alors que l'ingestion de 100
à 200 ml peut n'avoir que des conséquences minimes chez l'adulte. L'ingestion
de 10 à 20 ml de tétrachlorure de carbone peut entraîner une intoxication
grave. L'analyse toxicologique est rarement disponible en urgence ; elle a en
fait peu d'intérêt clinique. Elle peut avoir un intérêt médico-légal et en cas
d'exposition professionnelle. Au moindre doute, des prélèvements biologiques
(sang, urine) doivent être conservés pour analyse ultérieure.
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Intoxications aiguës
Appareil digestif
Après ingestion, pratiquement tous les solvants entraînent des nausées, des
vomissements, des douleurs abdominales et de la diarrhée. Ces symptômes sont
dus à une congestion muqueuse diffuse sans ulcération ; la fibroscopie est le
plus souvent inutile. Les vomissements, spontanés ou provoqués, majorent le
risque d'inhalation bronchique.
Peau et muqueuses
Cœur et vaisseaux
Troubles du rythme
Angor
Foie et rein
Diméthylformamide (DMF)
Divers
Autres atteintes
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Dans tous les cas, le traitement est essentiellement symptomatique, avec une
priorité pour le maintien de la fonction respiratoire (oxygénation, intubation,
ventilation artificielle). La surveillance porte sur la respiration, l'état
hémodynamique et l'électrocardiogramme, l'état neurologique (survenue
possible de convulsions), l'équilibre acido-basique (acidose métabolique) et
hydroélectrolytique (déshydratation).
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Principales références
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Plantes
Françoise Flesch
Les végétaux sont à l'origine d'environ 5% des intoxications signalées aux centres
antipoison. Ces intoxications concernent principalement l'enfant et sont
généralement bénignes. Chez l'adulte, elles sont rares et surviennent soit dans
un contexte suicidaire, soit par confusion avec une plante comestible, soit par
utilisation de la plante dans un but addictif ou thérapeutique. Ces intoxications
peuvent être graves en raison de la toxicité cardiaque et/ou neurologique de
certaines plantes.
Amandes amères
Ciguë (grande ciguë : Conium maculatum L.; ciguë vireuse : Cicuta virosa L.)
Les intoxications sont rares. Elles peuvent être volontaires ou accidentelles par
confusion avec des feuilles ou des racines d'apiacées comestibles (cerfeuil,
persil).
L'intoxication par la grande ciguë se traduit par une irritation digestive associée
à une paralysie ascendante avec sensation de refroidissement des extrémités.
Une rhabdomyolyse et une atteinte rénale sont fréquemment observées.
Les intoxications par colchique sont graves et mettent en jeu le pronostic vital.
Les premiers signes sont digestifs et surviennent après un délai de quelques
heures : vomissements puis diarrhées profuses rapidement responsables d'une
déshydratation (Voir chapitre Colchicine).
Dans les cas sévères peut apparaître, dans les 24 premières heures, une
insuffisance circulatoire aiguë. Vers le 3e jour, apparaît une aplasie médullaire
qui va durer de 2 à 6 jours et dont le risque est infectieux et hémorragique. Vers
le 10e jour survient une alopécie.
Les intoxications peuvent être dues soit à une confusion avec des feuilles de
bourrache utilisées pour la préparation de salades ou de tisanes, soit à une
ingestion volontaire dans un but suicidaire.
Cette plante est utilisée dans les traditions marocaines et algériennes pour ses
vertus magiques de désenvoûtement. Ferula communis est riche en dérivés
coumariniques. Une ingestion de fassoukh doit être suspectée devant un
syndrome hémorragique par hypovitaminose K chez un patient non traité par
antivitamines K.
Toute la plante renferme des hétérosides dont la structure est proche de celle
des digitaliques. Les symptômes de l'intoxication sont donc ceux de l'intoxication
digitalique et le traitement relève de l'administration d'anticorps antidigitaliques
(Voir chapitre Digitaliques).
La cause la plus fréquente d'intoxication est l'ingestion de fruits, surtout chez les
enfants.
L'intoxication est liée à une ingestion de graines. Les signes digestifs apparaissent
après un délai variable (de 15 minutes à quelques heures). Le tableau est celui
d'une gastro-entérite sévère qui aboutit rapidement à une déshydratation
aiguë avec hypovolémie, choc et insuffisance rénale aiguë en l'absence de
rééquilibration hydro-électrolytique. Exceptionnellement ont été rapportées :
hémolyse, atteinte hépatique et rénale.
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Principales références
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A-07, 14 p.
Champignons Supérieurs
Philippe Saviuc
Généralités
Entre 1 000 et 1 500 cas d'intoxication par champignons sont rapportés chaque
année dans les centres anti-poison et de toxicovigilance français (CAPTV),
principalement durant les mois de septembre et d'octobre. Beaucoup de ces
intoxications sont traitées en ambulatoire. Celles qui font l'objet d'une admission
dans un SAU sont responsables d'un surcroît d'activité perceptible durant ces
quelques semaines de l'automne.
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Orientation diagnostique
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Différents syndromes
Les principales espèces responsables des différents syndromes ainsi que les
principales confusions sont rassemblées tableau 1.
Phalloïdien (6)
Orellanien (7)
Proximien (8)
Gyromitrien (9)
Délai signes digestifs : 6-24 heures ; signes extra-digestifs : 36-48 heures.
Signes cliniques : troubles digestifs tardifs, céphalée et fièvre, agitation,
convulsions ; hépatite cytolytique souvent modérée, hémolyse,
insuffisance rénale.
Risque principal : insuffisance hépatocellulaire et rénale aiguë, coma.
Traitement :
symptomatique : traitement insuffisance hépatocellulaire,
hémodialyse ;
antidotique : benzodiazépine, pyridoxine lors de convulsions.
Toxine : gyromitrine ; aucun dosage.
Commentaires : rare (< 1%). La monométhylhydrazine, métabolite de la
gyromitrine, a une action anti-vitamine B6 (pyridoxine) qui diminue le
GABA et induit des convulsions ; un effet radicalaire est responsable de
l'hépatite et de l'hémolyse. La vitamine B6 est administrée par perfusion
intraveineuse (25 mg/kg, pouvant être répétée sans dépasser une dose
cumulée de 30 g/j).
Cérébelleux (10)
Paxillien (11)
Rhabdomyolyse (12)
Acromélalgien (13)
Encéphalopathie (14)
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Principales références
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10, 10 p.
Animaux Toxiques
Luc de Haro
Vipères européennes
Il faut mettre la victime au repos. Une désinfection est pratiquée. Une vessie de
glace posée sur la zone mordue permet d'obtenir un effet antalgique. Un
bandage non serré peut être mis en place de la racine du membre vers la
périphérie pour ralentir la diffusion lymphatique du venin sans gêner la
vascularisation. Il faut enlever les garrots potentiels (bagues, bracelets). Des
symptômes mineurs et rassurants ne doivent jamais amener à laisser le patient à
domicile ; la gradation doit toujours être réalisée dans un service d'urgence.
Durant le transport, une voie veineuse périphérique doit être mise en place pour
permettre un apport de solutés de remplissage en cas d'hypotension artérielle.
Certaines pratiques dangereuses doivent être proscrites : incision, aspiration,
garrot, tourniquet, sérothérapie en dehors d'une structure hospitalière. Les
corticoïdes et les dérivés de l'héparine in situ n'ont montré aucune efficacité et
ne sont pas indiqués.
Serpents exotiques
La toxicité des venins des serpents est variable selon les espèces. Il est
cependant possible d'établir des généralités en fonction de la famille du
serpent responsable de la morsure.
Batraciens
Scorpions
En France, les cinq espèces présentes sont toutes inoffensives : le scorpion jaune
(Buthus occitanus), les petits scorpions noirs (Euscorpius flavicaudis, E. italicus, E.
carpathicus) et le scorpion aveugle des Pyrénées (Belisarius xambeui). Lors
d'une piqûre par ces espèces, on ne décrit aucun signe général et les signes
locaux se limitent le plus souvent à la petite douleur initiale. Une désinfection
suffit pour régler le problème. Les scorpions vivant dans le sol, il est recommandé
de mettre à jour la couverture vaccinale antitétanique.
Araignées
- Les araignées australiennes des genres Atrax et Hadronyche sont les plus
dangereuses pour les humains. Les espèces Atrax robustus et A. formidabilis
ont été responsables d'un nombre élevé de décès d'enfants ou de personnes
débilitées dans le sud-est australien. Le venin contient plusieurs neurotoxines, les
atracotoxines, qui bloquent la fermeture des canaux sodiques des cellules
excitables (blocage de la transmission neuro-musculaire). La morsure est
douloureuse et l'apparition de signes généraux dans les 2 heures qui suivent est
l'apanage des envenimations sévères : vomissements, hypersudation,
hypotension artérielle, dyspnée et possible dépression respiratoire. La morbidité
et la mortalité de ces envenimations ont beaucoup régressé depuis l'utilisation
systématique en Australie d'un anti-venin spécifique.
- Les veuves noires ou brunes sont présentes dans tous les pays tempérés ou
chauds avec Latrodectus mactans en Amérique et L. tredecimguttatus en
Europe (la malmignate ou veuve à 13 points). Le venin de toutes les espèces est
très proche, contenant des neurotoxines (latrotoxines) qui dépolarisent les
neurones, élèvent les concentrations intracellulaires de calcium et stimulent
l'exocytose incontrôlée des neurotransmetteurs synaptiques. Le tableau clinique
des envenimations par ces araignées, appelé latrodectisme, est pratiquement
identique dans toutes les régions où elles vivent, avec en Europe des
observations sur le pourtour méditerranéen (pour la France, en Provence et en
Corse). La morsure est peu douloureuse puis, quelques dizaines de minutes plus
tard, apparaissent des douleurs généralisées avec contractures musculaires
abdominales (ventre de bois), lombaires et faciales (facies latrodectismica) et
des troubles neurovégétatifs (variations brutales de la tension artérielle et de la
température corporelle). Des décès par collapsus ont été décrits en Afrique,
Australie et Amérique. Le traitement repose sur l'emploi de décontracturants
plus ou moins associés à des perfusions de sels de calcium (seuls traitements
utilisés en Europe). Des anti-venins sont élaborés dans certains pays (États-Unis,
Australie, Afrique du sud).
Insectes hyménoptères
Lors d'une piqûre simple de guêpe, abeille ou frelon, la douleur est immédiate
et un œdème se développe rapidement, ce qui peut être dangereux lors d'une
piqûre faciale ou buccale. Pour les abeilles, l'aiguillon et la glande à venin qui
restent accrochés à la peau de la victime doivent être enlevés car l'appareil
continue à injecter les réserves de venin. Ce venin thermolabile est dénaturé si
l'on approche de la zone piquée une source de chaleur (cigarette,
sèchecheveux) puis une source de froid. Cette pratique possède un effet
antalgique et anti-œdémateux rapide. Il faut compléter le traitement par une
désinfection locale.
Insectes lépidoptères
Le contact cutané avec ces insectes entraîne une irritation cutanée fort
désagréable : démangeaisons, érythème, œdème. Lors de contact avec des
muqueuses ou avec les yeux, le venin entraîne un œdème plus marqué et des
nécroses parfois sévères. Plusieurs observations de lésions nécrotiques étendues
oculaires ou buccales chez des enfants ayant joué avec des chenilles ont été
décrites. Un rinçage minutieux oculaire ou buccal suivi d'un traitement
symptomatique (antihistaminiques) permet de limiter ces complications.
Myriapodes
Les chilopodes sont des mille-pattes possédant des crochets venimeux. Seules
les espèces de grande taille sont susceptibles d'entraîner des envenimations
humaines. La scolopendre européenne (Scolopendra cingulata) peut atteindre
20 cm. Il s'agit d'un arthropode agressif qui mord volontiers les humains.
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Poissons : trachinidés
Poissons : scorpénidés
Les rascasses sont des poissons vivant parmi les rochers. Les plongeurs ou les
baigneurs sont piqués alors qu'ils croyaient poser la main sur un rocher. Comme
pour les vives, les envenimations peuvent aussi survenir lors de la préparation
d'un plat à base de poisson frais (piqûre réflexe). L'appareil venimeux est
constitué d'aiguillons reliés à des glandes à venin et qui sont les premiers rayons
des nageoires dorsales, anales et ventrales (il y a aussi des aiguillons sur les
opercules). Le tableau clinique est très proche de ce qui a été décrit avec les
trachinidés, avec une douleur aussi intense, et a comme particularité le fait que
la blessure saigne abondamment. Le traitement est identique à ce qui a été
décrit pour les vives.
Poissons pierres
Les poissons pierres du genre Synanceia sont de proches cousins des rascasses
dont ils partagent le comportement de chasseur passif à l'affût. Plusieurs
espèces vivent dans l'Indo-Pacifique où elles peuvent être fréquentes dans
certains récifs. Les synancées sont considérées à juste titre comme les poissons
les plus venimeux mais leur toxicité a sans doute été largement exagérée.
L'appareil venimeux est constitué d'aiguillons venimeux des nageoires dorsales,
ventrales et anales.
Raies armées
Alors que les raies communes (Raja sp., famille des rajidés) sont dépourvues
d'appareil venimeux, les raies armées possèdent à la base de leur queue un ou
deux aiguillons barbelés reliés à des glandes à venin. Sur les côtes françaises,
deux espèces de raies armées peuvent être à l'origine d'envenimations : l'aigle
de mer (Myliobatis aquila), que l'on rencontre en pleine eau, et la pastenague
(Dasyatis pastinaca), qui vit sur les fonds sableux. Ces poissons ne sont pas
agressifs ; les envenimations surviennent lorsque la victime marche sur le
«manteau »des raies, ce qui déclenche une piqûre réflexe. La blessure est
généralement profonde et douloureuse et peut se compliquer d'œdème,
d'hémorragies et d'ulcérations nécrotiques. Notons que la douleur peut être
responsable d'angoisse, de vomissements et de malaise, ce qui peut
représenter un danger si c'est un plongeur se trouvant à plusieurs mètres de
profondeur qui est piqué. Le traitement des envenimations est symptomatique :
antalgiques, antiseptiques, antibiotiques, ablation des débris d'aiguillon et
parage de la plaie.
Cnidaires
Mollusques gastéropodes
Les cônes (genre Conus présent dans toutes les mers tropicales) sont les seuls
mollusques gastéropodes venimeux potentiellement dangereux pour l'homme.
Cela concerne des espèces piscivores dont le venin est destiné à paralyser
rapidement les poissons dont ils se nourrissent. Citons les redoutables Conus
geographus et C. striatus. Ces mollusques ressemblant à des escargots à
coquille allongée (de 1 à 20 cm selon l'espèce) possèdent un appareil
venimeux complexe : ils sont capables de projeter des dents reliées à une
glande à venin et qui sont de véritables petits harpons. Le venin contient
plusieurs types de neurotoxines (les conotoxines) perturbant les synapses
neuromusculaires.
Mollusques céphalopodes
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Scombrotoxisme
Les poissons de la famille des scombridés sont consommés sur tous les continents
: thons, bonites et maquereaux. Le scombrotoxisme concerne toutes les
espèces de cette famille ainsi que plusieurs espèces de la famille des
engraulidés (anchois), des clupéidés (sardines, harengs) et des xiphiidés
(espadons). La masse musculaire de ces poissons est caractérisée par un
aspect rouge évoquant la viande (d'où leur appellation de «poissons bleus ») et
par la présence dans leurs tissus de grandes quantités d'histidine. Si les
méthodes de conservation ne sont pas bonnes, cette histidine peut être
décarboxylée en histamine par des bactéries se développant à la chaleur et au
soleil. La chair contient en quelques heures de telles quantités d'histamine que
l'ingestion de quelques bouchées de poisson entraîne, en 10 minutes à 3 heures,
un tableau mimant une anaphylaxie : flush, vasodilatation, céphalées,
tachycardie, bouffées de chaleur, éruption urticarienne, hypotension artérielle,
œdème facial, vomissements. Le traitement repose sur l'emploi
d'antihistaminiques. Les corticoïdes n'ont pas leur place dans le traitement de
ce type d'intoxication.
Ciguatera
Mytilisme
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Principales références
Bédry R, de Haro L. Envenimations ou intoxications par les animaux venimeux ou
vénéneux : vertébrés aquatiques venimeux. Med Trop 2007 ; 67 : 111-116.
Bédry R, de Haro L. Envenimations ou intoxications par les animaux venimeux ou
vénéneux : invertébrés marins venimeux. Med Trop 2007 ; 67 : 223-231.
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Presse Med 2003 ; 32 : 1131-1137.
Pommier P, Rollard C, de Haro L. Morsures d'araignées : les aranéismes
d'importance médicale. Presse Med 2005 ; 34 : 49-56.
Sciarli RJ, de Haro L. Principales intoxications et envenimations par animaux
marins. Conc Med 1999 ; 121 : 2003-2010.
Toxiques Chimiques De Guerre Risques Accidentels et Menace Terroriste
Frédéric Dorandeu
C'est au cours du premier conflit mondial que des agressifs chimiques ont été,
pour la première fois, utilisés à grande échelle contre des troupes. Chlore,
phosgène, acide cyanhydrique et ypérite (H ou HD pour la forme distillée en
codification OTAN) sont les agents les plus représentatifs. L'entre-deux guerres a
vu la naissance d'autres composés comme les moutardes azotées et surtout les
dérivés organophosphorés neurotoxiques ou NOP (agents dits G pour German
en codification OTAN) : tabun (GA), sarin (GB), soman (GD) et cyclosarin (GF).
En pleine guerre froide, une nouvelle famille de NOP a vu le jour avec comme
représentants principaux le VX (A4 en codification française) et le VX russe.
En janvier 1993, à Paris, une convention internationale était signée par 130 pays
(Convention relative à l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du
stockage et de l'emploi des armes chimiques et à leur destruction, ou CIAC).
Ratifiée par la France en 1994, elle est entrée en vigueur le 29 avril 1997. Au 22
juillet 2008, elle avait été signée par 188 pays et ratifiée par 184 nations.
Quelques pays parmi les non-signataires restent suspectés de développer ce
type d'armement et les risques de transfert de technologie vers des pays tiers ou
des groupuscules terroristes ne doivent pas être négligés. L'article II-9 de la CIAC
prévoit certaines activités non interdites par la convention, en particulier celles à
des fins de maintien de l'ordre public, y compris de lutte anti-émeute sur le plan
intérieur. Les agents anti-émeutes classiquement utilisés dans les pays
occidentaux sont des irritants sensoriels à activité lacrymogène. La position de
certains agents incapacitants, d'action plus longue et qui pourraient être utilisés
comme agent de lutte anti-émeute, reste mal définie avec des risques de
contournement de la CIAC.
Après une présentation générale sur les agressifs chimiques de guerre, nous
envisagerons deux grands groupes de toxiques : les neurotoxiques
organophosphorés et les agents vésicants. Il s'agit de toxiques létaux par
opposition à des agents simplement irritants ou incapacitants.
Caractéristiques générales
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Tel que défini par la circulaire no 700, la priorité est donnée à l'extraction des
victimes de l'atmosphère toxique. Cette extraction d'urgence pour mise en
sécurité, vers les points de rassemblement des victimes (PRV) en zone contrôlée,
est réalisée en fonction de l'état clinique des victimes.
Une règle essentielle est que toute personne provenant d'une zone contaminée
doit être considérée comme contaminée. Une des conséquences immédiates
est qu'il est inutile de vouloir contrôler la contamination des victimes avant de
les diriger, si nécessaire, vers une chaîne de décontamination. En particulier,
pour les NOP et l'ypérite, l'usage de l'appareil portatif de contrôle de la
contamination (AP2C), qui détecte les produits phosphorés et soufrés, n'est pas
à recommander si de nombreuses personnes victimes et impliquées sont
présentes. Si le toxique est volatil, il est fort possible que les mesures effectuées
sur une victime au PRV puissent être faussées par des vapeurs déjà présentes ou
provenant d'autres personnes. Si le toxique est très peu volatil, VX par exemple,
l'utilisation de l'AP2C sans le dispositif de prélèvement (S4PE) conduira à un faux
sentiment de sécurité. Une étude israélienne récente démontre également
l'importance des faux positifs, y compris en provenance de fluides biologiques.
Enfin, l'usage du dispositif S4PE sur un grand nombre de victimes prendra un
temps considérable et mobilisera des énergies inutilement. La dernière version
de la circulaire no 700 rejoint maintenant cette position. Le positionnement d'un
AP2C à l'entrée d'une chaîne de décontamination pour la surveillance
d'ambiance est en revanche souhaitable. L'utilisation de cet appareil, bien que
très simple d'emploi, doit être confiée à des personnels ayant reçu une
formation minimale quant à la signification des lectures obtenues. Par exemple,
le résultat d'une détection négative ne devra pas être transmis sous la forme
«absence de contamination par un neurotoxique » mais sous la forme
«détection négative de produits phosphorés ». L'éventuel contrôle de la
décontamination en fin de chaîne ne doit pas ralentir la prise en charge
médicale. N'oublions pas non plus que l'AP2C a été conçu comme un matériel
militaire destiné à un usage opérationnel. Les concentrations de toxique que le
commandement peut être amené à considérer comme négligeables en termes
de perte de capacité opérationnelle à court terme dans des opérations de
guerre sont supérieures à celles supposées totalement sans effet toxique.
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Exemples d'agressifs chimiques
Les deux familles de toxiques envisagées sont des toxiques létaux. Ils provoquent
la mort ou conduisent à des états pathologiques graves. Ceux-ci ne peuvent
évoluer favorablement que par la mise en œuvre de traitements appropriés,
parfois longs et délicats. De plus, en cas de survie, des séquelles plus ou moins
graves peuvent persister. À concentration faible, ces produits peuvent exercer
des effets seulement incapacitants.
Neurotoxiques organophosphorés
Généralités
Les NOP sont liquides à température ambiante mais émettent des vapeurs
(intoxication possible par pénétration percutanée et inhalation). La toxicité des
NOP est extrême. Une gouttelette du composé VX de la taille d'une tête
d'épingle (de l'ordre d'une dizaine de microlitres, soit environ une dose létale 50
%), déposée sur la peau, peut suffire pour provoquer une intoxication mortelle.
Contre-mesures médicales
Pour les forces armées uniquement, le premier élément des contre-mesures est
la pyridostigmine, composé à fonction carbamate, inhibiteur réversible des ChE
qui protège une partie des AChE de l'action des NOP lorsqu'il est pris avant
l'intoxication (autorisation de mise sur le marché - AMM - du 21 janvier 2008).
Biodosimétrie d'exposition
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Vésicants
Ypérite
Généralités
Comme pour les NOP, ces propriétés imposent des contraintes de protection
pour les sauveteurs et une décontamination. Mais, contrairement aux NOP, la
plupart des victimes ne présenteront pas de symptomatologie aiguë
engageant immédiatement le pronostic vital et donc ne justifieront pas la prise
de risque associée à des gestes de sauvegarde avant décontamination
complète.
L'efficacité militaire de l'ypérite (bien qu'elle fasse partie des toxiques létaux)
réside dans ses propriétés d'incapacitation. La mortalité immédiate associée à
l'ypérite durant le premier conflit mondial a été faible car moins de 3% des
blessés qui ont atteint les postes de secours y décédèrent. Les conséquences à
long terme de l'exposition aiguë ou chronique à des doses symptomatiques ne
peuvent être toutefois négligées mais elles restent imparfaitement connues :
bronchite chronique, asthme, enrouement, aphonie, hypersensibilité aux
fumées et poussières, cancers.
Traitement
Biodosimétrie d'exposition
Comme pour les NOP, des techniques analytiques sont en développement dans
différents centres de recherche pour confirmer la nature du toxique vésicant et
évaluer l'importance de l'intoxication à partir d'échantillons de sang et d'urine. Il
est ainsi possible de rechercher un métabolite urinaire - le thiodiglycol (peu
spécifique) - ou, dans le sang et des biopsies cutanées, des produits dérivant de
la réaction covalente entre l'ypérite et des biomolécules (adduits avec
certaines protéines ou l'acide désoxyribonucléique). Dans le cas d'un attentat
ou d'un accident, il sera donc important de contacter, en France, le Centre de
recherches du Service de santé des armées de Grenoble ou le Centre d'études
du Bouchet situé à Vert-le-Petit en banlieue parisienne pour qu'ils indiquent la
démarche à suivre pour les prélèvements.
Lewisites
Généralités
Traitement
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Principales références
Baert A, Danel V. Armes chimiques. Encycl Med Chir Intoxications, Pathologies
du Travail 2004, 16-650-A-10 : 1-5.
Bertrand C, Ammirati C, Renaudeau C. Risques chimiques. Accidents, attentats.
Collection Médecine des risques. Paris : Elsevier, 2006.
Buisson Y, Kowalski JJ, Renaudeau C, Tréguier JY (Eds). Les risques NRBC, savoir
pour agir. Montrouge : Edition Xavier Montauban, 2004.
De Revel T, Gourmelon P, Vidal D, Renaudeau C (Eds). Menace terroriste,
approche médicale. Montrouge : John Libbey Eurotext, 2005.
Dorandeu F, Blanchet G. Toxiques chimiques de guerre et terrorisme. Med Cat
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Dorandeu F, Rüttimann M, Renaudeau C, Sapori JM, Jal N, Lallement G.
Décontamination de victimes chimiques : modalités et limites. Conséquences
pour la conduite opérationnelle. Urg Prat 2002 ; 51 : 29-34.
Eddleston M, Buckley NA, Eyer P, Dawson AH. Management of acute
organophosphorus pesticide poisoning. Lancet 2008 ; 371 : 597-607.
Le médecin face au risque chimique. Urgence pratique 2003 ; numéro spécial.
Szinicz L. History of chemical and biological warfare agents. Toxicology 2005 ;
214 : 167-181.
Yanagisawa N, Morita H, Nakajima T. Sarin experience in Japan : acute toxicity
and long-term effects. J Neurol Sci 2006 ; 249 : 76-85.
Abeille,273
Absorbeurs d'humidité,170
Acide dimercaptosuccinique,28207
Acide fluorhydrique,168
Acide formique,169
Acide monochloroacétique,169
Acide valproïque,81
Acides,162
Acidose lactique,145
Aconit,250
Alcools,242
Alpha-chloralose,210
Amandes amères,251
Amanite phalloïde,260
Amitraze,219
Amphétamine,150
Antiarythmiques,119
Anticholinestérasiques,217
Anticorps antidigoxine,25
Antidépresseurs,55
Antidépresseurs polycycliques,55
Antidépresseurs tricycliques,55
Antidiabétiques oraux,144
Antiépileptiques,79
Antipsychotiques,76
Antispasmodiques,93
Antivitamines K,212
Araignées,271
Arsenic,204
Arum,251
Aspirine,91
Assistance circulatoire,109116126142
Atropine,20
BAL,207
Baryum,204
Bases,162
Batraciens,270
Belladone,157251
Benzodiazépines,44
Berce,251
Bêta-bloquants,102
Biguanides,144
Bleu de méthylène,26200
Bleu de Prusse,206
Body packers,158
Body stuffers,158
Buprénorphine,90149
Butyrophénones,76
Cactus,157
Calcium,115
Carbamates insecticides,217
Carbamazépine,81
Caustiques, produits,161
Cétones,242
Charbon activé,1516
Chenilles processionnaires,274
Chlorate de sodium,216
Chlore,181
Chloroforme,247
Chloroquine,138
Chlorure de méthylène,243
Choc anaphylactique,273
Ciguatera,279
Ciguë,252
Cocaïne,151
Colchicine,131
Colchique,252
Coloquinte,252
Cônes,277
Contrathion®,218
Corrosifs, produits,161
Couleuvres,270
Crack,151
Crapauds,270
Cuivre,205
Cyanure,187
Cytise,253
D
Datura,157253
Décontamination,285
Déféroxamine,30208
Dérivés pétroliers,242
Dextropropoxyphène,90149
Diazépam,20
Dibenzothiazépines,77
Dibenzoxazépines,77
1,2-Dichloréthane,247
Dichlorométhane,246
Dieffenbachia,253
Digitale pourpre,253
Digitaliques,95
Dimercaprol,30207
Diméthylformamide,244247
Dioxyde d'azote,181
Diquat,214
Diurèse alcaline,1792
D-Pénicillamine,30
Eau de Javel,162
Eau oxygénée,162
Ecstasy,152
EDTA calcique,29207
Endosulfan,218
Engrais,209
Épuration rénale,17
Éthers,242
Éthylène-glycol,224
Exsanguino-transfusion,18
Felbamate,83
Fer,205
Férule,254
Fipronil,220
Flumazénil,2147
Fomépizole,26
Formol,162
Fréons,245
Fugu,279
Fumées d'incendie,191
Gamma OH,156
Gaz,179
Glinides,146
Glucagon,27107
Glucochloral,210
Glufosinate,216
Glyphosate,215
Guêpe,273
Hallucinogènes,153
Hémodiafiltration,18
Hémodialyse,17
Hémofiltration,18
Hémoperfusion,18
Herbicides,213
Héroïne,148
Histamine,278
Huîtres,280
Hydrocarbures aliphatiques,242
Hydroxocobalamine,21
Hyménoptères,273
Hypochlorite de sodium,162
If,254
Inhibiteurs calciques,111
Insecticides,217
Insuline,109115144
Insuline-glucose,22
Ipéca,14
Irrigation intestinale,15
Isopropanol,226
Jusquiame,157
Kétamine,156
Lamotrigine,82
Laurier cerise,254
Laurier rose,254
Lavage gastrique,14
Laxatifs,15
Lewisites,293
Lithium,51
LSD,154
MARS,18
MCPP,155
MDMA,152
Méduses,276
Méprobamate,49
Mercure,204
Métaux,203
Méthadone,90149
Méthanol,224
Méthémoglobinémie,198216
Méthomyl,218
Mille-pattes,274
Monoxyde de carbone,172
Morning glory,158
Morphine,88
Mort toxique,40
Moules,280
Muscade,255
Mygales,272
Mytilisme,280
N-acétylcystéine,2287263
Naloxone,2390148
Neuroleptiques,76
Neurotoxiques,282
N-méthylpyrrolidone,244
Octréotide,27146
Opiacés,88
Organochlorés,218
Organophosphorés,217282288
Paracétamol,87
Paraquat,214233
PCP,155
Permanganate de potassium,162
Peyotl,157
Phencyclidine,155
Phénobarbital,79
Phénol,162
Phénothiazines,76
Phénytoïne,80
Phytohormones de synthèse,213
Piles-boutons,169
Plasmaphérèse,18
Plomb,205
Poissons pierres,275
Poulpes,278
Pralidoxime,24218
Propranolol,246
Protoxyde d'azote,156
Psilocybe,157
Psilocybine,262
Pyréthrinoïdes,219
Pyridine,244
Pyridoxine,27265
Raies,276
Rascasses,275
Redoul,255
Ricin,255
Rodenticides,210
Sarin,2024282283287294
Sauge divinatoire,157
Scilliroside,213
Scolopendre,274
Scombridés,278
Scorpions,271
Serpents,267
Silibinine,31263
Solvants,241
Soman,2024282
Soumission chimique,41
Strychnine,211
Stupéfiant,41
Succimer,28207
Suicidants,38
Sulfamides hypoglycémiants,145
Sulfate de cuivre,220
Sulfosate,215
T
Tabun,2024282
Terre à Foulon,237
Tétrachlorure de carbone,244247
Tétrahydrofurane,244245
Tétraodons,279
Thallium,204
Théophylline,128
Thiazolidinediones,146
Thioxanthènes,76
Thons,278
Tiagabine,82
Topiramate,82
Tramadol,91
Trichloréthylène,243246
Vapeurs,179
Vératre,255
Veuves noires,272
Vipères,267
Viperfav,28
Vitamine K,24212
Vive,274
Ypérite,291
Zinc,205