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CHAPITRE III:

LES METHODES GEOPHYSIQUES


APPLIQUEES AU GENIE CIVIL

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Chap3
III.1. Paramètres physiques utilisés en géophysique
III.1.1. Masse volumique :

- Le champ de pesanteur dépend de la répartition des masses donc de la


répartition de la masse volumique des matériaux du terrain. Par exemple,
l’existence d’une cavité souterraine correspond à un déficit de masse et
provoque une anomalie négative de la pesanteur mesurée en surface. La
gravimétrie est la méthode qui exploite ces phénomènes.

- Une autre méthode géophysique est utilisée pour déterminer précisément la


valeur de la masse volumique et sa répartition; il s’agit de la méthode de
diagraphie différée appelée gamma-gamma.

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Chap3
III.1. 2. Caractéristiques élastiques (modules
d’élasticité, vitesses des ondes mécaniques)

- La vitesse de propagation des ondes mécaniques dans les matériaux dépend


de leurs modules d’élasticité (modules d’Young et de Poisson, coefficients de
Lamé) et de leur masse volumique. Les méthodes sismiques ont pour but
d’étudier la répartition des vitesses des ondes mécaniques.

- Les valeurs les plus basses correspondent aux matériaux très altérés de
surface, les valeurs les plus fortes au rocher très sain et non fracturé.

- Les principales méthodes sismiques sont la : sismique réfraction et la


sismique réflexion, la tomographie sismique, le cross-hole ainsi que les
diagraphies sonique et microsismique.

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III.1. 3. Caractéristiques électriques
- Les matériaux du sous-sol sont conducteurs de l’électricité. la grandeur qui
caractérise cette propriété est la conductivité notée σ,elle se mesure en
siemens par mètre (S/m). La résistivité, notée ρ, est l’inverse de la
conductivité, elle se mesure en ohms-mètres (Ω.m). Plus ρ est faible, plus le
matériau est conducteur.

- La résistivité peut prendre des valeurs qui couvrent plusieurs ordres de


grandeur, de quelques ohms-mètres pour des terrains très argileux et très
humides à plusieurs dizaines de milliers d’ohms-mètres pour des matériaux
rocheux très sains, en passant par toutes les valeurs intermédiaires.

- Il y a donc entre les matériaux des contrastes de résistivité très forts. Cela
confère aux méthodes fondées sur la recherche de la répartition de la
résistivité un grand pouvoir de discrimination entre les matériaux. Ces
méthodes sont la prospection électrique par courant injecté et les méthodes
électromagnétiques en basses fréquences.
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III.1. 4. Caractéristiques magnétiques et électromagnétiques
Les propriétés magnétiques des matériaux sont définies par la perméabilité
magnétique relative μr et la susceptibilité magnétique X : μr= 1 + X

- Elles sont peu utilisées en génie civil. Une méthode magnétique est parfois
utilisée pour rechercher des objets contenant du fer sur un site qui peut avoir
servi de décharge (en revanche, le magnétisme est très utilisé en archéologie
pour découvrir des restes de poteries ou d’autres hétérogénéités comme les
vestiges du phare de Pharos).

- Les caractéristiques électromagnétiques autres que μr et X sont encore la


conductivité σ, déjà citée, et la permittivité relative εr : Celle-ci a une influence
sur la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques qui vaut:
V = c /√εr ; Avec c est la vitesse de la lumière dans le vide (3.108 m/s).
Les méthodes géophysiques fondées sur la détermination de la répartition des
caractéristiques électromagnétiques (σ et εr) sont le radar géologique et la
tomographie électromagnétique en ondes monochromatiques.

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III.1. 5. Radioactivité des roches
Les roches contiennent en quantités variables des éléments naturels
radioactifs, le potassium 40, le radium et l’uranium. Elles sont donc
naturellement plus ou moins radioactives. Cette propriété est mise à profit en
géophysique pour les distinguer. Ainsi, parmi les matériaux sédimentaires,
les argiles sont les matériaux les plus radioactifs, les calcaires purs ne le
sont pas et les marnes et marno - calcaires le sont plus ou moins suivant
leurs teneurs en minéraux argileux. Parmi les matériaux cristallins, les
granites sont les plus radioactifs.
Les diagraphies de radioactivité naturelle (RAN ou 𝛾 -ray) utilisent ces
propriétés pour déterminer les matériaux traversés par un forage.
L’absorption des rayonnements par les matériaux permet de déterminer les
propriétés de ces derniers.
L’absorption des rayons 𝛾 permet la mesure en place, très précise, de leur
masse volumique (diagraphie 𝛾 - 𝛾). L’absorption des neutrons permet la
mesure de leur teneur en eau (diagraphie neutron - neutron).

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Chap3

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Chap3
II. Les méthodes géophysiques
II.1.les méthodes sismiques

Les méthodes sismiques permettent de distinguer des couches possédant


un contraste de vitesse/densité, en effet, les roches ou les masses en
glissement ont pratiquement toujours des vitesses sensiblement plus lentes
que le substratum en place non tectonisé.

Par contre, seule une bonne connaissance de la géologie locale peut


permettre au géophysicien d’attribuer une vitesse à une unité lithologique
car, dans certains cas, deux faciès très différents peuvent posséder la même
vitesse sismique, comme par exemple une moraine très consolidée et un
substratum rocheux altéré.

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Chap3
 Principe des méthodes sismiques :

Le principe de la sismique est d’envoyer des ondes de type


sonore/acoustiques dans le sol et d’enregistrer le retour en surface des ondes
directes, réfléchies ou réfractées. Les ondes réfractées sont toujours les
premières à atteindre les géophones. Sur un même enregistrement tous les
types d’ondes peuvent être visibles: réfléchies réfractées, ondes P ou de
compression (Vitesses Vp), ondes S ou de cisaillement (Vs) , ondes de
surface, bruit aérien…ceci explique l’aspect parfois complexe des
enregistrements sismiques.
Les ondes de compression précèdent généralement à la fois les ondes de
cisaillement et les ondes de surface.

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Fig1 : Schéma de principe de la propagation des ondes mécaniques. V1 et V2 (en m/s) sont
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respectivement les vitesses du premier terrain et du terrain sous-jacent.
Fig 2: Schéma de principe de la propagation des ondes mécaniques. V1 et V2 (en m/s) sont
respectivement les vitesses du premier terrain et du terrain sous-jacent.

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Fig3: 12
Fig4: a) Sismogramme brut (image réelle et schéma qualitatif).
b) Dromochronique (image réelle et schéma qualitatif).
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III.1.1 Sismique réfraction :


Domaine d’application
Le principal domaine d’application de la sismique réfraction en génie civil est
l’étude du terrain en surface altéré et du substratum rocheux. L’étude est
quantitative puisqu’elle fournit l’épaisseur du terrain altéré et la vitesse des
ondes mécaniques dans ce terrain ainsi que dans le substratum. Ces
informations peuvent servir en particulier pour la préparation des terrassements
en donnant des indications sur la qualité des matériaux que l’on pourra extraire
avec des engins ou au contraire abattre à l’explosif.
Si le terrain en surface est constitué de plusieurs couches, celles-ci pourront être
distinguées.

Conditions d’application
La sismique réfraction ne peut être appliquée que si la vitesse des ondes
sismiques croît avec la profondeur. De même, il est indispensable que les limites
entre couches soient, au moins grossièrement, parallèles à la surface du sol.

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Chap3
Il convient aussi de prendre garde à ce que les conditions de mesures soient
suffisamment bonnes: le signal mesuré est le mouvement de la surface du sol
résultant d’une impulsion mécanique créée par l’opérateur. Si le mouvement
provoqué par d’autres sources (microséismes, circulation automobile, etc.) est
trop important, les mesures peuvent être impossibles à réaliser.

Le résultat d’une campagne de sismique réfraction est une coupe du sol


décrivant la géométrie des couches qui le constituent, caractérisées par la
valeur de la vitesse des ondes mécaniques de compression.

La profondeur d’investigation dépend de la longueur des dispositifs de mesures


(distance source-capteur) mis en oeuvre; elle est en génie civil généralement
inférieure à 20 m pour des dispositifs de moins de 200 m.

Principe de base
La sismique réfraction a pour objectifs principaux la caractérisation de l’état
physique des diverses formations composant le sous-sol via le paramètre
vitesse sismique ainsi que l’estimation de leur épaisseur.
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Cette méthode d’exploration est généralement utilisée dans le cadre des
aménagements routiers ou ferroviaires.
L’acquisition en sismique réfraction est réalisée à partir d’un dispositif qui se
compose d’une série de capteurs (géophones) plantés au sol, reliés par un
câble à une unité d’acquisition. Une onde de choc est émise sur le profil en
frappant à l’aide d’une masse sur une plaque posée au sol. Pour une
investigation plus profonde, on utilise l’explosif.

L’onde se propage dans le terrain à une vitesse qui dépend de la nature des
matériaux (en particulier leur compacité). Les géophones permettent
d’enregistrer les ondes réfractées converties en signal électrique. Chaque
géophone transmet le signal reçu à un enregistreur via des conducteurs
rassemblés dans une gaine appelée flûte sismique. Pour une position de
la source, l'enregistrement des différents trains d’ondes arrivant aux
géophones donne lieu à la création d'un sismogramme brut, ensemble
des signaux enregistrés par chaque géophone (Fig. 4-a – chaque géophone
enregistre l’amplitude du signal en fonction du temps).
Le pointé des temps des premières ondes réfractées, sur les
enregistrements, permet d’établir les hodochrones (fig.4) (temps d’arrivée des
premières ondes en fonction de la distance sur le profil).
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L’analyse de ces hodochrones aboutit à la détermination des différents
milieux traversés par les ondes. Chaque milieu est caractérisé par une
vitesse de propagation des ondes ainsi que la profondeur et le pendage des
interfaces identifiées.

- Les vitesses sismiques étudiées en réfraction sont les vitesses de


déplacement de l’onde de compression qui a la particularité d’être la plus
rapide. Cette onde arrivant toujours en premier sur les capteurs est ainsi
aisément reconnaissable,

- Les ondes sismiques sont un traitement assez délicat, et pour rendre aisée
l’étude du mécanisme de leur propagation, la convention veut qu’on les
représente par les rayons sismiques qui leur sont orthogonaux, mais qui
n’ont aucune existence physique (Figure 5.a).

- Les rayons sismiques ainsi définis suivent les mêmes lois que les rayons
lumineux, en particulier les lois de la réflexion et bien sur de la réfraction (lois
de Descartes) (Figure 5.b),
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- Une des particularités des lois de l’optique exploitée par la sismique
réfraction est la réfraction totale qui est liée au fait que les ondes sismiques
peuvent se propager horizontalement au toit d’une couche plus rapide, à
condition que les rayons sismiques l’atteignent sous un angle d’incidence
égal à l’angle de réfraction limite 𝜆, ceci avant de remonter ensuite vers la
surface avec le même angle d’émergence. Cette propriété se conçoit plus
facilement si l’on considère non plus le rayon rasant, mais le tronçon de front
d’onde qui se propage perpendiculairement à la surface de séparation des
deux milieux.

Cette propriété est illustrée sur la figure 6 ou ic est l’angle de réfraction limite
atteint lorsque i2 est égal à π/2 et tel que sin ic = V1/V2.

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Fig 5.a : Représentation du rayon sismique Fig 5.b : Loi de Snell Descartes.

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Fig6: Principe de la sismique réfraction pour un milieu tabulaire à 2 couches 1et 2 avec une
distribution croissante des vitesses des ondes mécaniques en fonction de la profondeur (V2 > V1).

a. Cheminement des ondes directes et réfractées et dispositif simplifié d’aquisition


des données.
b. Construction de la courbe temps – distance (dromochronique) d’après les données
de la figure (a).

Exemple:
V1 = 1000m/s 𝜆= 11° V2 = 5000m/s
V1= 1000m/s 𝜆= 30° V2 = 2000m/s. 20
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Mise en oeuvre

Les moyens humains pour une prospection sont un opérateur qualifié et


un technicien (+ boutefeu si explosifs) ; pour l’interprétation, un
géophysicien expérimenté.

Les moyens matériels doivent être détaillés : les appareils géophysiques


(géophones, flûtes, système d’acquisition…) ainsi que la source
d'énergie doivent permettre d'obtenir des arrivées d'ondes identifiables à
toutes les distances du dispositif. La mesure des temps doit pouvoir se
faire à 0,1 milliseconde près.

Il faut vérifier dans un premier temps l'hypothèse d'un profil de vitesses


croissantes avec la profondeur (ce qui est souvent le cas, car la vitesse
augmente avec la compaction). Si cette hypothèse n'est pas vérifiée, la
méthode n'est pas applicable, car il n'y aura aucune onde réfractée. Il
faut également s'assurer de la faible inclinaison des couches, ce qui
peut être vérifié par un tir direct et un tir inverse.

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Figure 7 : Dispositif d'acquisition minimal. En rouge, les 5 tirs minimum pour une
interprétation simple à partir d'un hodochrone ou par la méthode du plus-minus et en
bleu, les tirs supplémentaires pour la résolution du problème inverse et la réalisation
d'une tomographie des vitesses sismiques.

Le dispositif comprend 24 géophones qui sont reliés à un enregistreur


(Fig. 7). Quel que soit le nombre de capteurs et le type d’interprétation
choisi, l'AGAP-Qualité préconise 5 tirs au minimum (2 en bout, 2 offset et
1 au centre – Fig. 7) :
Un tir au centre du dispositif (tir C) (dont les temps d’arrivée sont
représentés en rouge sur la Figure 6.b)
Un tir à chaque extrémité du dispositif (tirs A et B) à 1 m du premier
géophone (respectivement courbes noire et bleue sur la Figure 4.b)
Un tir à distance de chaque extrémité du dispositif appelé tir avec
offset (tirs O et P) (cf. Choix de la distance des tirs offset, voir plus bas)

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Les tirs en O et A, sont appelés tirs directs et les tirs en B et P sont
appelés tirs inverses. Ce sont ces deux types de tirs (directs et
inverses) qui permettront d'identifier le pendage des couches.
Le nombre de tirs utilisés pour obtenir la vitesse des ondes en
fonction de la profondeur varie selon le degré de complexité de
l’interprétation :

Interprétation simple (analyse graphique de l’hodochrone) : seuls les tirs


en bout et le tir au centre sont utilisés. Dans un cas simple (milieu bi
couche et plan), l’existence d’une réfraction se caractérise par
l’observation de droites de pente 1/V2 dont l’intersection avec l’axe des
ordonnées donne accès à l’épaisseur du premier terrain (Fig. 4.b– courbe
noire).

Interprétation plus complexe de type Plus-Minus : utilisation des 5


tirs (les tirs offset sont indispensables).

Interprétation par tomographie des vitesses sismiques : utilisation des 5


tirs auxquels on ajoute des tirs tous les 2-3 géophones ou entre
chaque géophone.
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Longueur du dispositif
La longueur du dispositif (distance entre les deux tirs en bout A et B sur
la Figure. 7) dépend :
de la profondeur de la cible,
des contrastes de vitesses existants entre les différents réfracteurs
sismiques (car la distance critique à partir de laquelle la réfraction a lieu
dépend de ce contraste de vitesses).

On retient en général : pour qu’une cible soit détectable, sa profondeur


doit être inférieure au sixième de la longueur du dispositif (120 m de
dispositif pour une cible potentielle à 20 m de profondeur par exemple).
L'onde réfractée au toit de la couche la plus profonde doit être
enregistrée sur la moitié de la longueur du dispositif (12 capteurs) pour
les tirs en bout A et B. La longueur du dispositif doit donc être choisie en
conséquence. Le nombre de capteurs étant fixé, le paramètre sur lequel
on agit pour satisfaire cette condition est la distance entre les capteurs
(on resserre quelques fois les capteurs près des points de tir pour
obtenir une meilleure précision sur les couches très superficielles).
La longueur (L en mètre) du dispositif, pour un milieu bicouche
uniquement et à partir de la profondeur estimée de la cible (z en mètre) et
des vitesses V1 et V2 (en mètre par seconde) est :

𝑳=
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Principales étapes de l’interprétation

Connaissant la distance qui sépare le point d’impact des capteurs, on


construit un diagramme temps-distance appelé dromochronique. Les temps
sont en ordonnée et les distances en abscisse (fig.8).

En second lieu, on procède à l’interprétation des hodochrones réalisée selon


la méthode Plus Minus (Hagedoorn). Cette méthode est une étape de base
de l'interprétation graphique. Elle permet, d'une part, de déterminer la vitesse
de fond, c'est-à-dire celle de la couche la plus profonde atteinte, et d'autre
part, de déterminer les variations d'épaisseurs des horizons surmontant la
couche de fond.

A l’issue de cette interprétation, nous établissons les coupes sismiques,


vitesse sismique en fonction de la profondeur.

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Fig 8: Exemple de dromochronique.


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Chap3
Les applications de la sismique réfraction sont :

- Détermination de la ripabilité d’un terrain (relation directe avec la vitesse).


- Géométrie des glissements de terrain.
- Épaisseur de la couverture quaternaire, localisation du bedrock.
- Épaisseur de la couche filtrante d’un aquifère.
- Présence de zone altérée (fissurée).

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