Des sociétés urbaines

émergent dans l’Occident

médiéval

Dans un Occident dominé par les

Problématique campagnes et les paysans, pourquoi
et comment des villes se
développent-elles?
L’essor démographique en Europe occidentale à partir du Xe siècle ne fait
aucun doute. De nombreux éléments en témoignent, et les effets de cette
montée s’imposent à l’observateur d’une façon spectaculaire.
Ce fut le temps des grands défrichements qui ont complètement transformé
les paysages des campagnes. Ce fut l’époque des fondations urbaines. On
assiste alors soit à la création de nouvelles agglomérations, soit au
peuplement de nouveaux bourgs à côté des villes anciennes, bourgs qui
s’entouraient de remparts, doublaient ou triplaient leur superficie. Ces
phénomènes répondaient à la volonté de renforcer le pouvoir politique et
militaire du prince ou du seigneur.

D’après J. Heers, La ville au Moyen Age en Occident, Fayard, 1990

Le développement des villes : l’exemple de BrugesL

1.  Repasse en rouge sur le plan

ce qui protège la ville

2.  Colorie en bleu les voies

d’eau.

3.  Colorie en jaune l’extension

de la ville entre le XIIe et le
XIIIe siècle.
La naissance de Bruges au Xe siècle

« Baudoin, le comte de Flandres, construisit une forteresse. Par la suite, pour les
besoins et les nécessités de ceux de la forteresse , des marchands d’articles coûteux
commencèrent à affluer près du pont du château; ensuite des aubergistes se mirent à
construire des maisons et à préparer des logements pour fournir à manger et à
coucher pour ceux qui avaient à faire avec le seigneur. Leur formule était alors : «
Allons au pont ! ». Les habitants s’y accrurent de telle sorte que bientôt naquit une
ville importante qui, jusqu’à aujourd’hui, conserve son nom vulgaire car Brugghe
signifie pont en flamand »
D’après Jean le Long, Chronique de Saint Bertin, XIVe siècle

- Quelles sont les quatre étapes de la fondation de la ville selon le texte ?

- D’où vient son nom d’après le texte ?


1.  Sur la carte et en légende,
colorie en vert les régions
productrices de textile.

2.  D’après la carte, cite deux

grandes régions
commerciales au XIIIe siècle.

3.  D’après la carte, dans quelles

foires de France les
marchands du Nord et les
marchands italiens
échangent-ils leurs produits ?

4.  Cite deux produits apportés

par les marchands :
•  du Nord :

•  Italiens :



 A partir du XIe siècle, le dynamisme des campagnes et la paix en Europe
occidentale contribuent au développement des villes dont la population (venue
en partie des campagnes) augmente.

Les villes occupent des sites remarquables : carrefours routiers, ports,

passages de fleuves, etc., propices au commerce et aux échanges.
Le commerce à Bruges

« On fabrique à Bruges les meilleurs tissus de laine qui soient : de la toile très fine,
des tissus de plusieurs couleurs, des tapis et beaucoup d’autres marchandises… Il y a
de grands édifices appelés halles; dans l’un d’eux, on vend des pièces de laine en
grande quantité. Au pied de cet édifice, passe un canal sillonné de bateaux qui
transportent des poissons. Dans une autre halle, sont les boutiques des marchands;
au-dessus, on vend de l’étoffe. Il y a une place où se réunissent les marchands; on
l’appelle Bourse. C’es là que se rencontrent Espagnols, Italiens, Anglais, Allemands,
bref, toutes les nations. »

D’après Hieronymus Münzer, dit Monetarius, savant allemand, Voyage aux Pays-Bas,
1495
1.  Quelle activité économique fait la richesse de Bruges ?
2.  Grâce à la carte du commerce en Occident, d’où vient la laine ?
3.  Quel est le travail des artisans de Bruges ?
4.  Quels sont les lieux du commerce ?
5.  Que révèle la présence de marchands étrangers à Bruges ?
6.  Quelle en est la conséquence ?
Miniatures XVe
Marinus van Reymerswaleune, Le Changeur et sa femme, 1539. Musée du Prado, Madrid
La charte communale de Bruges

« Article 1 : Le comte nommera tous les ans 13 échevins… Quand il prend possession du pays, le comte doit
jurer devant les échevins de conserver à la ville ses coutumes et ses règlements.

Article 10 : Le comte se réserve les amendes et les délits concernant les monnaies ainsi que le soin de
réprimer les crimes commis contre la Sainte Eglise.

Article 26 : Si une personne est bannie de la ville, le comte ne pourra pas prendre ses biens.

Article 49 : Si le comte accuse les échevins d’avoir mal rendu la justice et que le jugement des échevins est
confirmé par les échevins des bonnes villes (Gand, Ypres, Lille, Douai), le comte leur doit réparation du
déshonneur.

Article 65 : Les échevins ont le pouvoir d’établir des impôts pour payer les dépenses et les dettes de la ville.

Article 67 : Le comte est tenu de promulguer les règlements faits par les échevins.

Extraits des chartes de commune de 1281 et 1304
1.  Par qui la ville est-elle dirigée ?

2.  Quels sont les pouvoirs du comte dans la ville ?

3.  Quels sont les pouvoirs des échevins dans la ville ?

4.  Montre que le pouvoir du comte est limité.

 1.  Grâce au plan de Bruges, situe le
beffroi de Bruges dans la ville.

2.  Pourquoi marque-t-il le paysage de la

ville ?

3.  Quelles sont les différentes fonctions

du beffroi ?
La halle et le beffroi
La halle est un marché couvert, mais elle sert aussi
de lieu de réunion pour le conseil communal.
Le beffroi de 83 mètres contient la cloche pour
prévenir des dangers et sert aussi de dépôt pour
les archives de la ville.
Beaucoup de discordes surviennent dans les villes car il arrive souvent que les riches qui
administrent les affaires de la ville se taxent moins, eux et leurs parents et de la sorte font
retomber toutes les dépenses de la communauté sur les pauvres. C’est ce qui explique tant
de maux, parce que les pauvres ne le voulaient pas mais qu’ils ne savaient pas la bonne
manière de faire valoir leurs droits, si ce n’est se rebeller contre les riches. Certains ont été
tué, et des villes sont mal gouvernées par ces mauvais administrateurs.

D’après Philippe de Beaumanoir, Les coutumes du Beauvaisis, 1283

Que révèle ce texte sur les relations sociale à l’intérieur des villes ?
B.  Et un nouveau groupe social prend de l’importance  : la bourgeoisie
marchande
 

De nouvelles catégories sociales,  bourgeois marchands  et  artisans  vivent et

travaillent en ville.

Les bourgeois (les « habitants du bourg ») réussissent à limiter les pouvoirs des

seigneurs dans certaines villes. 

Ils forment une association (la « commune ») qui négocie avec le seigneur ou le roi
une charte leur reconnaissant des droits et leur garantissant des libertés.

Ils élisent des magistrats (maires, échevins, consuls…) chargés de diriger les

affaires de la ville.

Le petit peuple des ouvriers est exclu du gouvernement de la ville.

Charte : texte précisant les avantages accordé par un seigneur à une communauté
d’habitants

Commune : association entre les habitants d’une ville afin d’obtenir du seigneur des
libertés et droits particuliers
 L’ émergence d’une nouvelle société́ urbaine.

Augmentation population Augmentation production et consommation des

campagnes

Regroupement des hommes et produits dans lieux favorables à la circulation
(au croisement de routes, port, pont sur un fleuve...)
$
CROISSANCE URBAINE (des villes)
$
- augmentation de la population (au XVe siècle, 1 européen sur 5 est devenu un urbain) ;
- agrandissement des villes (extension murailles, apparition de faubourgs (1)) ;
- nouveaux bâtiments collectifs (halles pour organiser le marché couvert...) ;
- apparition de nouvelles villes (ex. Bruges)

Dynamisme économique Redistribution du pouvoir

Présence de l’Eglise
—  Ville = centre de consommation (marché Riches commerçants et banquiers (=
où s’échangent les produits locaux) ; bourgeois) cherchent à se défaire de la —  Rôle religieux :
— Ville = centre de production : dans domination des seigneurs. - ville = siège de l’évêque (responsable
religieux supérieur aux prêtres)
leurs ateliers, les artisans fabriquent et $
vendent dans leurs boutiques. - négocient ou arrachent des chartes de 9 fait bâtir sa cathédrale (montrer
—  Nombreux métiers (drapiers, teinturiers, franchise. puissance et richesse de l’Eglise) ;
boulangers...) souvent regroupés en - obtiennent parfois le droit de se — Rôle social : l’Eglise vient en aide aux
quartiers et organisés en métiers/ gouverner par eux-mêmes et de nécessiteux (malades, pauvres, orphelins...).
corporations (2) constituer des communes (4) — Rôle intellectuel : prise en charge – et
— Ville = centre d’échange. Les marchands 9  construction d’un lieu de réunion et donc contrôle – de l’enseignement dans
se déplacent de ville en ville, achètent et de symbole du pouvoir (ex. beffroi) écoles et universités qui forment clercs et
serviteurs du royaume.
revendent, notamment dans les grandes $
foires (3). Bourgeois (5) détiennent pouvoir

Développement d’une société́ et d’une culture urbaine.

—  Ville = nouveau centre économique, religieux, intellectuel et politique.

— Nouveaux modes de vie : produits alimentaires frais, spectacles, tavernes... mais aussi manque d’hygiène, dangerosité.
— Importants contrastes sociaux + société́ fortement hiérarchisée ª révoltes du « petit peuple ».
1) un faubourg : quartier construit en dehors des murailles de la ville.
- ville = centre d’échange. Les marchands se déplacent de ville en ville, achètent et
revendent, notamment dans les grandes
(2) un métier / une corporation : association de marchands ou d’artisans de la même
activité́.
foires.
(3) une foire : grand marché se tenant sur une longue période, attirant des marchands
venus de loin. (4) une commune : ville délivrée de la domination seigneuriale, qui se
dirige par elle-même.
(5) les bourgeois : riches habitants de la ville qui participent à leur gouvernement