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PERSONNAGES :
Christopher: Le sans-abri
Jean-Charles Le professeur
La policière Policière
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Acte I, Scène I
Jean-Charles
Jean-Charles : Un beau jour, moi, Jean-Charles, j’étais assis sur un joli banc de
parc et regardais les oiseaux se tirailler pour une miette de pain alors qu’il y avait
une tranche pleine à deux pouces d’eux. Et c’est à ce moment précis que je fis la
rencontre d’un jeune homme tout à fait… (Il réfléchit un instant.) Comment
dire…? Ha! Le voici justement qui arrive. (Il s’assoit sur le banc.)
Acte I, Scène II
Jean-Charles, Christopher
Jean-Charles (se levant) : Diantre! Mais est-ce comme cela que tu parles aux plus
âgés que toi?
Christopher (abasourdi) : Comment tu parles sti? C’est quoi cet estie de langage
de fucké?
Jean-Charles (levant la tête d'un air hautain) : Ceci est du bon français, voyons!
Comme on en parlait autrefois au théâtre… Alors, que m’as-tu demandé déjà?
Christopher (découragé) : J’ai pas de cash, je vis dans la rue (Il monte le ton) pis
il y a un criss de fou qui me tape sur les nerfs.
Jean-Charles : inculte!
Jean-Charles : Ha! Heureusement que vous êtes là. Cet impudent me harcelait,
voyez-vous. Si cela n’avait été de votre présence, je crois qu’il aurait reçu une
leçon… de savoir-vivre! D’ailleurs…
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Jean-Charles : Non. Bien qu’il soit vulgaire et impoli, (se tournant vers Chris) je
le trouve… plutôt divertissant.
La policière : Si seulement tous les hommes pouvaient être aussi polis que vous, le
monde serait bien meilleur!
Jean-Charles : Je suis bien aise de vos compliments, mais cela est tout à fait naturel
pour un homme de qualité!
Jean-Charles : Je ne veux pas te contredire, mon cher, mais malgré mon léger
surplus de poids, on me considère un bel homme pour mon âge!
La policière : Qu'est-ce qu'on fait? Vous portez plainte pour grossièretés ou vous
vous amusez à l'impressionner?
La policière : Bon, je vais vous laisser discuter. Ça va lui faire du bien un peu de
morale! (Tournant les talons puis hésitant) Pis s’il vous énerve encore, lâchez un
cri; je ne serai pas loin! (Nos deux acolytes la regardent partir)
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Acte I, Scène IV
Christopher, Jean-Charles
Jean-Charles : Parce que la leçon portera sur la méthode à employer pour courtiser
les jolies dames.
Christopher : C'est quoi ces estie de mots fuckés? Coudon t'es pas capable de parler
comme du monde?
Jean-Charles : Tu sauras que mon français est excellent! C'est toi qui parles de
façon incorrecte!
Christopher : Mettons…
Jean-Charles : Donc comme tu l'as peut-être deviné tout seul, la première règle est
de bien parler.
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Jean-Charles : Tu devrais écouter ce que tu dis ; ta prononciation est tout à fait
déplorable !
Christopher : Ça pas d'allure ton affaire! Criss j'parle comme du monde! Mais toi,
c'est crissement fucké ton affaire!
Jean-Charles : Ta façon de t'exprimer est sans aucun doute celle d'un mal éduqué!
Christopher : Pis le tien il est pas mal trop… (Cherchant ses mots) raffiné comme
tu dis; un peu trop snob à mon goût!
Christopher : OK. T'es peut-être un peu débile, mais j'aimerais ben savoir pourquoi
tu fais ça.
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Christopher : Tabarnak ! T'as-tu fini avec tes phrases bâtardes?
Jean-Charles : Cela signifie que la bonté d'un homme doit être honnête; sans rien
demander en retour.
Christopher : Ça, ça veut dire que tu es prêt à me payer pour écouter tes conneries.
OK, combien tu payes?
Jean-Charles : De la prestance!
Jean-Charles : Pardon?
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Christopher : T'es-tu attardé ou quoi?
Christopher : Ha! C'est pour ça que t'as le trou du cul dans la face!
Christopher : Pis toi, arrête de faire des esties de phrases à coucher dehors!
Christopher : Bon, je pense que tu m'as assez niaisé comme ça! Je fous le camp! (Il
va pour partir. Jean-Charles le retient.)
Jean-Charles : Très bien! Si tu ne veux pas de mon aide, je ne peux pas t'y
contraindre! Je repasserai demain au cas où tu changerais d'idée! (Il quitte la scène
tranquillement)
Acte I, Scène V
Christopher
Christopher : C'est ça le fou! Sacre ton camp! J'ai pas besoin de toi! Estie de vieux
fou! Y'a beau me promettre ben des affaires, ça l'air louche son affaire! Pis c'est
quoi c't'idée-là de vouloir me changer? C'est vraiment fucké…
Acte I, Scène VI
Christopher, La mère
La mère : Hé! Mon gars! C'était qui le malade qui vient de partir?
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Christopher : Un genre de professeur débile qui se pense meilleur que tout le
monde.
La mère : Quand est-ce que tu vas revenir à la maison? Tu sais qu'on s'ennuie tous
de toi?
Christopher : J'sais pas si tu fais de l'Alzheimer, mais j'suis parti parce que je
voulais plus vous voir la face!
Christopher : À part de la drogue, le cash pis les putes, y'avait pas grand chose
d'attirant!
La mère : Peux-tu me dire qu'est-ce qu'y a de mieux que du bon stock comme on
a?
Christopher : À part vendre de la drogue à l'école pour arrondir tes fins de mois!
La mère : Je t'ai donné une responsabilité! Pis ça servait enfin à quelque chose que
tu passes ton temps là-bas!
Christopher : Justement, ça me servait à quelque chose : apprendre!
La mère : À quoi ça sert les maths à part à compter l'argent pis peser les sacs?
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Christopher : Si t'étais allée à l'école pour autre chose que te prostituer, tu saurais
que ça se peut pas! (Elle lui claque la main dans la face et il feint lui donner un
coup de poing puis se contrôle) Fous le camp!
La mère : Qu'est-ce que tu vas faire si je reste? Me frapper? Vas-y! Frappe ta mère!
De toute façon, j't' habituée avec ton père!
Christopher : Décrisse avant que j'aille voir la popo ! Je suis sûr que si elle va faire
un petit tour à' maison qu'elle va trouver quelque chose de ben intéressant!
La mère (en quittant la scène) : Pauvre p'tit gars! Ha! Ha! Ha!
Christopher, La policière
Christopher : Qu'est-ce que ça peut te faire? (Il s'assoit les mains au visage)
Christopher : C'est ça! C'est un fif! Une estie tapette qui veut se servir de moi.
La policière : Ne te fie pas à son apparence. C'est vraiment quelqu'un de bien, pis
tu pourrais en sortir plus gagnant que tu le penses!
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Christopher : Je savais qu'y'avait de quoi de louche!
Christopher : Fuck!
Christopher : Ouain! J'ai pas grand chose à perdre de toute façon! (Il se lève et suit
la policière)
La policière : C'est par ici… (Ils quittent la scène)
Christine (seule)
Christine : J’espère que mon père ne me ramènera pas un autre débile. J’en ai assez
qu’il choisisse mes chums à ma place! Si seulement il pouvait trouver quelqu’un de
normal! Ou bien qu’il me laisse sortir et faire mes propres expériences. La dernière
fois, il m’a présenté un gars assez beau, mais il avait la langue un peu trop pincée à
mon goût. C’était un artiste, mais il aimait juste la musique classique. Il était
comme mon père : Obsédé de culture et la parole un peu trop fancy… Bref, il était
ennuyant. Il faut toujours qu'il… (Elle regarde par la fenêtre.) Bon! Il arrive
enfin!
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Acte II, Scène II
Christine, Jean-Charles
Jean-Charles : Ne crois-tu pas que ton mariage mis en profit à cet argent est la
recette parfaite à notre bonheur? Ne crois-tu pas que nous pourrons être heureux
après cela? Pense donc à la volonté de ton grand-père! Il te veut heureuse… et
mariée!
Christine : Vous me laissez choisir parmi ceux que vous choisissez! Ça n'est pas
ça, la liberté! Vous ne faites que me montrer la porte sans jamais me permettre de
la passer! (On entend la sonnette)
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Acte II, Scène III
(La policière entre – Christopher, cache derrière elle, regarde du coin de l'oeil
Christine)
La policière : Je crois avoir quelqu'un qui désire vous parler. (Elle pousse
Christopher devant elle)
Christopher : Hé! Le twit! C'est une expression! Ça veut dire que j'te crois pas!
La policière (se retenant de rire) : Bon, je vous laisse discuter! Je crois que vous
avez beaucoup à apprendre mutuellement. Bonne chance et à la prochaine
Christopher! (Elle fait un pas en arrière - parlant à Jean-Charles) juste une
chose, Jean-Charles, ne soyez pas trop dur avec lui. Bonne journée! (Elle quitte la
scène)
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Acte II, Scène IV
Christopher (coupant Jean-Charles) : C’est votre fille? Elle est pas mal belle!
Christine, Christopher
Christine : Ses cours de littérature lui ont monté à la tête. Comment t'appelles-tu
déjà?
Christopher : Christine…
Christopher (un peu honteux) : Ben… Je vis dans la rue… (Voyant Christine le
regarder avec pitié) mais tu sais… (Ils s'assoient) c’est pas si pire que ça a
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l’air… Tant que je fais pas de conneries, le monde me laisse tranquille. Si ça va
trop mal, je peux toujours aller chez un ami avec qui j’ai gardé contact. Pis pour la
bouffe, je connais une coupe de places où on peut manger gratuit.
Christopher : Je les croise des fois, mais j'essaie de les éviter. C’est à cause d’eux
autres que je suis parti. Ils passaient leur temps à me crier des bêtises et me
poussaient à faire des conneries. Maintenant, y’a plus personne qui me dit quoi
faire. Je suis libre de faire ce que je veux.
Jean-Charles : Ce n’est pas une question de goût, mais une question de bien
paraître…
Christopher : Est-ce que tu peux m'expliquer comment je peux bien paraître avec
ça? On dirait que ça sort des années 30!
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Jean-Charles : Ne voyez-vous pas que ce sont les apparences qui dictent notre
société? Un pauvre n'est qu'une personne qui paraît mal. Avez-vous déjà vu un
pauvre bien habillé? Et avez-vous déjà vu un riche mal habillé?
Christine, Jean-Charles
Christine (seule): Il a l’air pas pire. Même s’il est un peu vulgaire, il vaut bien
mieux que ses prédécesseurs. (L’air attristé) Je crains malheureusement que mon
père n’ait pas en tête de nous lier. Nous verrons bien ce que l’avenir nous dira…
(S’empressant) sauf que je suis trop impatiente! Je voudrais tant rencontrer un
homme sensé. J’ai tellement besoin de me sentir aimée. (S’exaspérant) Mais non.
Tout ce qu’il veut c’est que je me marie pour ensuite toucher l’héritage de grand-
papa. Je ne comprends pas; on vit pourtant bien. Tout ce dont nous avons besoin,
en ce moment, c’est d’être heureux dans nos vies… (Se décourageant) comme
c’est dommage que, de nos jours, tout dépende de l’argent! J’aimerais tellement
vivre librement; (Christine s’emporte — Jean-Charles entre en scène.) Sans
contraintes stupides!
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Acte II, Scène VIII
Christine, Jean-Charles
Jean-Charles : Ne joue pas à cela avec moi! Je t'ai toujours donné la liberté de
choisir! Combien de fois veux-tu que je te le dise?
Christine : vous le dites, mais vous le faites à moitié! Mais pour une fois, vous
avez trouvé un homme très différent des autres; lui au moins il est authentique!
Jean-Charles : Ne te fais point d’illusions quant aux raisons qui m’ont poussé à
conduire ce jeune homme dans ma maison! (Christopher entre en scène.) Il n’est
ici que pour son éducation.
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Christine : Vous ne lui avez pas expliqué?
Jean-Charles : Bon! Ma fille, tu devrais aller réfléchir dans ta chambre pendant que
je continue les leçons de notre cher ami. Nous avons une montagne de travail
devant nous… ou devrais-je dire : « il a énormément d’ouvrage à accomplir ». Ha!
Ha! Ha! (Jean-Charles se calme; les deux autres sont exaspérés.) Trêve de
plaisanteries… Ma fille…
Christopher, Jean-Charles
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Jean-Charles (découragé) : Je vais tout t’expliquer. Assieds-toi. (Ils s'assoient) Il
y a maintenant deux ans que mon père est mort. Il
nous a légué, à moi et ma fille, deux millions de dollars ainsi que sa demeure. Pour
l’instant, nous ne pouvons en toucher que dix mille tant et aussi longtemps que ma
fille n’est pas mariée.
Jean-Charles : C’est plus compliqué que cela. Quand je t’ai vu débarquer comme
un fou, (Christopher est sur les nerfs) la première idée qui m’est venue à l’esprit
était de t’enseigner les bonnes manières. Avec tes façons, tu n’auras aucune chance
de réussir dans la vie. C’est pourquoi, en voyant le penchant que vous avez l’un
pour l’autre, j’ai décidé de te donner une chance. Mais pour ça, tu dois coopérer. Si
je ne vois aucune amélioration significative dans le jour qui vient, jamais plus tu ne
reverras ma fille.
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Jean-Charles : Ce n'est pas l'impression que j'ai!
Jean-Charles : Je suis d'accord avec toi sur les deux points. D'abord, obliger
quelqu'un à manger de la terre est très « méchant » comme tu le dis. Et ensuite, je
dois avouer que tu te contrôles, car j'ai comme impression que ce n'est pas ce que
tu avais l'intention de me faire subir. Est-ce que je me trompe?
Christopher : C'est quoi cette idée de vouloir me changer? Je suis libre de faire ce
que je veux!
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Acte II, Scène XII
Christopher, Christine
Christine : Christopher…
Christopher : Ouais?
Christopher : J’ai pas l’intention de me marier avec toi… J’avais prévu de jouer le
jeu le plus longtemps possible. Ça te donnerait un break…
Christine : T’es sûr que c’est seulement pour ça que t’es revenu?
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rend pas compte que la vraie richesse c’est le bonheur. (Silence) en tout cas, si tu
ne veux pas venir avec moi, je vais y aller quand même. Mais tôt ou tard, tu devras
partir; il ne te gardera pas longtemps si je ne suis plus là.
Christopher : Je viens avec toi… T’es-tu prête à foncer, peu importe ce qui va
arriver?
Christopher : Alors, allons-y! Ha! Tabarnak! Il faut y aller au plus criss. Ton père
déteint sur moi. (Ils quittent la scène. Le rideau tombe.)
Christopher, Christine
Christopher : C'est pas parce que je ne veux pas que je ne les voie pas!
Christopher : J'aime bien la place… C'est dans le quartier que j'ai grandi.
Christopher : C'est pas parce qu'y sont des tout croches qu'y ont pas d'argent! Le
crime, ça rapporte beaucoup…
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Acte III, Scène II
La mère : Ha, tabarnak! Tu l'as payée comment la fille? Si c'est le fif qui te l'a
trouvé, y'a du goût!
Christopher : Ma mère.
La mère : Criss qu'a parles bizarre! Ça doit être une pute de riche, ça!
Christopher : J'te l'ai dit : c'est pas une pute. C'est la fille du débile…
Christopher : Ben…
La mère : Est-ce qu'a fourre ben? Parce que j'ai peut-être une petite job à lui
proposer…
La mère : Wow, la pitoune! Y'a rien de mal à se faire un peu d'argent avec son
corps! C'est tout ce qu'il y a de normal, le sexe!
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La mère : Je sais pas ce que le vieux t'a fait prendre comme drogue, mais ça fait
vraiment dur! T'es vraiment en train de devenir fou! Si ça continue comme ça, tu
vas finir par te faire du trouble! L'monde va penser que t'es devenue un criss de
r'tardé !
La mère : Ha, ben! Ha, ben! R'garde-moi dont c'est qui qui parle! C'est pas une
estie de face à claque comme toé qui va me dire quoi faire! Estie de gang de twits!
Vous savez quoi?
La mère : Ben, j'aimais ben mieux mon fils avant, parce qu'au moins, avant, y
restait les deux pieds sur terre. Maintenant que vous lui avez lavé le cerveau, y s'est
mis à espérer. Pis, ça, c'est la pire chose qui peut arriver à quelqu'un! Estie, vous
allez finir par le tuer, meque qu'y se rende compte qu'y avait pas pis qu'y auras
jamais d'avenir! Faque, laissez-le tranquille avec vos belles paroles! (Mettant sa
main sur l'épaule de son fils) Mon gars, fais attention à toi, parce que ces gens-là
vont te détruire.
Christine : Mon père est peut-être un peu excentrique, mais c'est tout de même un
bon père!
La mère : Ça, c'est c'qu'a dit quand t'est là! T'aurais dû l'entendre tantôt…
Christine : C'est faux! Pourquoi mentez-vous comme ça? Ce n'est pas bien vous
savez?
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La mère : Ho, mon Dieu! Tu la défends? Pourquoi tu traites ta mère de menteuse?
C'est eux les menteurs, tu vois pas c'qu'ils essaient de faire? Y veulent te mettre
contre moi!
Christopher : M'man ! Là tu vas nous laisser tranquilles, pis foutre le camp tout de
suite!
Christine : Tu es un bon père, mais des fois tu penses juste à toi. Elle au moins elle
se préoccupe de son fils!
Jean-Charles : Ce n'est pas seulement pour l'argent que je fais ça, tu sauras! C'est
aussi parce que le mariage est la plus belle chose qu'une femme peut espérer de la
vie! Tu aurais dû voir ta mère quand nous nous sommes mariés. Elle était si
heureuse. Et à l'époque je n'avais pas plus d'argent que Christopher. Pourquoi
crois-tu que je veux tant l'aider?
Christopher, Jean-Charles
Jean-Charles : Vraiment?
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Christopher : Oui, mais je peux te poser une question?
Christopher : Alors, t'auras rien! Parce qu'elle voudra pas se marier, pis elle va finir
par t'haïr. Ça a déjà commencé. C'est pour ça qu'elle est partie.
Jean-Charles : Qui es-tu pour me faire la morale? Tu n'es qu'un paumé, un moins
que rien! Sans mon aide, tu n'iras nulle part! Sans moi, tu n'auras jamais la chance
de devenir quelqu'un!
Christopher : J'aime mieux être ce que je suis plutôt que devenir un immoral
comme toi!
Jean-Charles (prenant sa tête entre ses mains) : Il faut vraiment que je sois
désemparé pour faire cela : m’abaisser afin d’aider un pauvre attardé sans cervelle!
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Jean-Charles : Tu vois? Tu fais des progrès. Était-ce une manière de dire que je
parlais comme une femme?
Christopher : Non. C’était pour que tu te fermes la gueule pis que tu en viennes au
fait.
Jean-Charles : Malotru!
Jean-Charles : impudent!
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Christopher (faisant l’innocent et se lève à son tour.) : Rien. Juste un petit
différend entre (regarde Jean-Charles - il insiste sur le mot) Monsieur et moi.
La policière : J’ai vu ça! On vous entend crier dans tout le parc. Puisque vous
troublez le calme du parc, je vais vous demander de quitter les lieux ou de prendre
un ton plus modéré.
Jean-Charles : Ignorant!
La policière : Vous ne me donnez pas le choix! L'un de vous deux doit partir.
Jean-Charles : Si c’est comme ça… Sur ce, je te quitte. Si cela te convient, rejoins-
moi à la maison pour continuer la leçon. (Il fait une courbette.) Mademoiselle…
Passez une belle journée. (Jean-Charles quitte la scène.)
Christopher, la policière
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La policière : Celle qui concerne sa fille et l’héritage de son père…
Christopher (D’un air maussade) : Ouais! Si on peut appeler ça une offre! Il m’a
dit que si je voulais revoir sa fille, il faudrait que je change mon comportement.
Christopher (offusqué): Pourquoi vous êtes tous contre moi? Hein? Pourquoi?
La policière : On essaie juste de t’aider. Mais c’est à toi de décider ce que tu vas
faire : continuer de vagabonder sans argent, sans logis et sans famille ou refaire ta
vie; rebâtir à neuf.
Christopher : T’oublies l’héritage. Je veux pas qu’elle pense que c’est la seule
raison qui me pousse à continuer.
Christopher
Christopher (tournant en rond.) : Je sais plus quoi faire. Je veux pas qu’elle croie
que je veux l’argent plus qu’elle. Avec les méthodes de ce vieux schnock, il y a de
quoi me rendre fou. L’argent ou la fille? L’œuf ou la poule? Ha! Pis de la marde!
Ça sert à quoi de me casser la tête. (Un éclair se voit dans ses yeux.) Je sais ce
que je vais faire; il veut jouer, on va jouer… (Il a un air de malice.) On va ben
voir ce qu’il a dans le crâne! (Il arrête sec.) Wow! (Il est étourdi.)
Christopher, la mère
La mère : Ça c'est mon gars ! Dans les vapes, comme avant ! C'est bien que tu te
sois remis à la drogue ; Ça montre que t'assumes ton rôle d'homme ! Tu sais on
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parle beaucoup de toi depuis ce matin; voir un minable fréquenter la haute société,
ça fait jaser…
La mère : Moi pis ton père, on est fiers de toi. Entrer dans les affaires c’est ce que
tu pouvais faire de mieux. Mais je te donne un avertissement : les autres seront pas
contents si tu leur voles leur marché. Fais gaffe à ton cul, mon gars!
Christopher : C’est pas tout à fait ça…
La mère : Tu devrais être fier, tu sais? Peut-être qu'on te verra un jour sur la
couverture du journal. Je vois déjà les gros titres : Christopher, le ti-criss arrêté
pour trafic de drogue…
Christopher : Tabarnak! Tu vas-tu finir par m'écouter?
La mère : Hé! Wow! Calme-toi le pompon, mon gars. Y'a pas de quoi avoir honte
de son métier!
La mère : Il me semblait que c’était trop beau aussi. (Elle s’arrête un instant en
regardant attentivement Christopher d’un air ébahi.) Pis, c’est quoi ces
vêtements-là? T’as décidé de devenir missionnaire ou quoi?
Christopher : Excuse-moi, Mam’ mais j’ai une nouvelle vie à bâtir; j’ai d’autres
choses à faire que faire des crimes!
La mère : Tu changeras jamais, hein? T'es né trou de cul, tu va mourir trou du cul !
J’espère juste que tu comprennes un jour le vrai sens de la vie : l’argent! C'est le
seul vrai conseil qu'une mère peut donner à son enfant! (Elle quitte la scène)
Jean-Charles
Jean-Charles : Que dire sur les derniers événements ayant troublé ma conscience?
Peu de choses, car l'histoire n'est pas terminée! Tant de choses restent à venir et
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pourtant cela finira bientôt. Ho! je ne vous dirai pas la suite… Ho, que non! Mais
voilà que les choses ont changé tout en restant les mêmes. Impossible, dites-vous?
Attendez, vous verrez…
Jean-Charles, Christine
Christine : Bonjour, père. (Dit-elle d’un ton hypocrite.) Vous parlez seul
maintenant? Êtes-vous souffrant? Ou peut-être n’êtes-vous plus sain d’esprit. À
moins que…
Christine : Vous ne faites que ça, dire aux autres de réfléchir! Mais vous? Est-ce
que cela vous arrive de réfléchir sur ce que vous faites?
Christine : Le respect c’est de donner à tous un pouvoir sur leur destin, de ne pas
les contrôler. Le respect c’est de laisser vivre le monde.
Christine
Christine : Je le hais des fois… Il pense tout savoir, il a toujours raison… La vie
n’est pas si compliquée qu’il le prétend… S’il me laissait vivre, peut-être que
j’arriverais à savoir ce qu’est la vie.
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Acte IV, Scène IV
Jean-Charles : Alors toi aussi, tu parles seule. Es-tu toujours saine d’esprit, ma
fille?
Christopher : Je pense que je suis pas arrivé au bon moment! Je vais revenir plus
tard. (Il tourne les talons, Jean-Charles le retient par le collet.)
Jean-Charles, Christopher
Jean-Charles : En effet.
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Jean-Charles : Chaque chose en son temps. Maintenant que tu t'exprimes un brin
plus convenablement, il est temps de t'enseigner les bonnes manières…
Jean-Charles : Je crois que notre cher Christopher désire te parler seul à seul…
Christopher : Un peu…
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Christopher : Parce que je crois que je t'aime et qu'avec ta part de l'héritage, on
pourrait se trouver un appartement, être chacun libre et ayant les moyens de
commencer une nouvelle vie…
Christine : Continue…
Christopher : Ensuite parce que tu as de bonnes valeurs que ton père n'a pas…
Christine : Continue…
Christopher : Et tu es si belle que je peux pas passer devant une si belle occasion.
(Christine embrasse Christopher)
Jean-Charles : Mon Dieu ! Vous m'épatez! Jamais je n'aurais cru que les choses
pouvaient si bien se présenter !
Christine : Comprends-tu que les manigances de mon père m'ont poussée à devenir
méfiante ?
Jean-Charles : Ma fille! Ce que Christopher a dit est tout aussi véritable que mon
amour pour toi!
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Christine : À vous entendre parler, j'ai de la difficulté à vous croire!
Jean-Charles : Mais Christopher est très bien, tu sauras! Il m'a fait réaliser à quel
point je me suis trompé, dans mes démarches immorales!
Jean-Charles : Oui, ma fille. Notre destin est désormais entre tes mains. (Elle se
précipite dans les bras de son père)
Christine : Je ne pensais pas dire ça un jour, mais je t'aime papa! (Elle l'embrasse
sur la joue)
Christine : Jamais!
Christine : Ce n'est pas parce que je t'apprécie et que l'héritage pourrait nous
donner stabilité et confort que je l'approuve!
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Christine : Non. Finalement, je crois bien que je suis en mesure de me faire à la
richesse…
Jean-Charles : Alors, je pars pour l'église! Je vous laisse seuls, vous avez sûrement
besoin d'un peu d'intimités… (Il quitte la scène)
Christopher, Christine
Christopher : Est-ce que t'étais sérieuse quand t'as dit qu'on va se marier?
Christopher : C'est pas ça. C'est que tout ça me rend un peu fou! Ce qu'on va faire
c'est tout ce qu'il y a de plus légal, mais j'ai pas l'impression que c'est correct…
Christine : Tu m’aimes?
Christopher : Oui.
Christopher : Oui.
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Acte IV, Scène X
Jean-Charles
FIN
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