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dmt dossier médico-technique TC 138

Endotoxines
en milieu de travail
II. Exposition, risques ,
© EDWIGE/BSIP

prévention
L'objectif de cet article est de présenter une synthèse des études épidémiologiques publiées ces
15 dernières années afin d’aider à la prise en compte des risques liés aux endotoxines lors de
l'évaluation des risques professionnels. Quelques résultats d’études de métrologie des endotoxines dans l’air
de différents lieux de travail sont rapportés. En l’absence de valeur limite d’exposition professionnelle et
malgré leurs imperfections, ces résultats parcellaires permettent d’attirer l’attention sur le niveau
d’exposition potentielle dans les principaux secteurs à risque. Des études complémentaires doivent être
menées afin de disposer d’une cartographie des expositions et d’évaluer les risques selon les métiers.
La première partie du dossier « Endoxines en milieu de travail. I. Origines et propriétés
toxiques des endotoxines. Métrologie » est parue dans le n° 126 de la revue [1].

D. GÉHIN*,
En résumé portante dans des milieux où la présence de telles bac- C. LE BÂCLE**
téries est favorisée. C’est ainsi le cas des lieux où des
Bien qu’elles puissent peut-être avoir des effets bénéfiques * Interne en médecine
excréments humains et animaux (y compris les in- du travail, INRS
(théorie hygiéniste pour la petite enfance et effet protecteur sectes) particulièrement riches de ce type de bactéries ** Département Études
contre certains cancers), les endotoxines sont surtout une sont présents. Les réservoirs d’eau peuvent également et assistance médicales,
vraie nuisance en milieu professionnel. Elles entraînent un syn- INRS
permettre la prolifération de bactéries Gram négatif et
drome pseudogrippal peu spécifique encore trop souvent ba-
ainsi contenir des quantités variables d’endotoxines.
nalisé. Mais une exposition répétée ou de longue durée peut
conduire à une altération de la fonction pulmonaire d’abord Les concentrations d’endotoxines présentes dans
fonctionnelle puis clinique (bronchopneumopathie chronique l’air d’un milieu de travail varient selon celles du milieu
obstructive ou BPCO et ses complications). Une corrélation porteur des masses bactériennes et de l’agitation de ce
significative existe entre la vitesse de décroissance du VEMS et milieu du fait du procédé de travail. Toute manipula-
la concentration en endotoxines sur le lieu de travail, laquelle tion créant un aérosol contribue à augmenter la
n’est pas toujours liée à l’importance de l’empoussièrement. concentration d’endotoxines dans l’air, sans lien avec la
Divers secteurs professionnels sont concernés : traitement de concentration de bactéries Gram négatif viables pré-
l’air (climatisation et/ou humidification), collecte, traitement, sentes dans cet air.
recyclage et compostage des déchets, des eaux usées, trans-
formation de fibres végétales (coton, lin, chanvre, sisal…), éle-
vage, agroalimentaire… Malgré l’absence de valeurs limites,
des pistes de prévention sont proposées. Le suivi médical des
personnels exposés doit intégrer des explorations fonction- Effets nocifs
nelles respiratoires (EFR), en particulier en début de poste,
pour repérer les sujets les plus sensibles et, ensuite, pour in- selon les secteurs
tervenir précocement avant l’installation d’une atteinte pul-
monaire ou bronchique non réversible.

TRAITEMENT DE L’AIR, CLIMATISATION


es endotoxines se rencontrent

L
ET/OU HUMIDIFICATION
dans tous les environnements
mais certaines activités profes-
sionnelles peuvent augmenter Les systèmes de conditionnement d’air et les humi-
leur concentration. Étant un dificateurs présentent un risque potentiel de contami- Documents
pour le Médecin
constituant de la membrane des bactéries Gram néga- nation par des micro-organismes variés. La première du Travail
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tif, les endotoxines sont présentes de façon plus im- incrimination des endotoxines en tant qu’agent étiolo- 4e trimestre 2011
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gique est due à Westphal et collaborateurs en 1961 [2]. confirmé par des biopsies pulmonaires chez plusieurs
Différentes publications ultérieures font état de l’at- travailleurs. Des bactéries Gram négatif du genre Cy-
(1) Les Cytophaga sont
teinte massive de personnels travaillant dans des locaux tophaga (1) sont isolées dans le système de condition-
des bactéries communes pourvus d’humidificateurs, et, tout particulièrement nement d'air de l'usine. Des précipitines contre
dans le sol, les eaux
douces et marines, les eaux des non-fumeurs, faisant évoquer le rôle immunodé- l’endotoxine de Cytophaga sont identifiées chez les ma-
usées, les matières orga- presseur du tabac. lades. Des tests de provocation par inhalation avec des
niques en décomposition,
les déjections animales. Dans ces secteurs professionnels, deux patholo- endotoxines purifiées sont pratiqués sur 3 groupes : le
Source Wikipédia gies bien distinctes sont décrites chez les personnels. groupe 1 composé de travailleurs avec des signes cli-
La première, couramment appelée fièvre des humi- niques et une biopsie correspondant à une pneumonie
dificateurs, est définie par un pic fébrile, un syn- d'hypersensibilité, le groupe 2 composé de travailleurs
drome pseudogrippal et une leucocytose [3, 4]. Ces exposés asymptomatiques avec des précipitines et le
symptômes surviennent essentiellement le jour de la groupe 3 comprenant des sujets non exposés en bonne
reprise du travail après un week-end (fièvre du santé. Tous les sujets présentent une fièvre et une leu-
lundi) ; il n’existe pas d’infiltrat pulmonaire. Il s’agit cocytose après le test. Des altérations pulmonaires
d’une réaction aiguë, violente survenant quatre à fonctionnelles aiguës et/ou chroniques sont mises en
cinq heures après le début du travail, dont les symp- évidence dans les groupes 1 et 2. Seul le groupe 3 a des
tômes se normalisent souvent en 24 heures. En cas altérations fonctionnelles aiguës et transitoires. Pour
d’expositions répétées et prolongées, les patients dé- Nordness et al., l'endotoxine due à la bactérie Cyto-
crivent une oppression thoracique associée à une phaga est un agent étiologique probable de la pneu-
toux chronique. La prévalence de cette affection mopathie d'hypersensibilité et de la fièvre des
peut être très élevée dans une population exposée humidificateurs [6].
(40 à 50 %), contrairement à la prévalence des réac-
tions d’hypersensibilité (moins de 1 %), deuxième pa-
thologie pouvant être liée à cet environnement
TRAITEMENT DES EAUX USÉES
professionnel. La fièvre des humidifcateurs peut s’ex-
pliquer par le fait que le système de climatisation ou
d’humidification étant arrêté, la quantité d’endo- Le syndrome des égoutiers (sewage worker’s syndrom)
toxines croît considérablement dans l’humidificateur est décrit en 1976 par Rylander et Lundholm après une
contaminé pendant le week-end. Les réactions im- étude menée chez le personnel de la station d’épuration
munologiques observées sont globalement des réac- (STEP) de Göteborg en Suède. Après exposition à des
tions générales pouvant être attribuées à de aérosols générés par les installations de traitement de
nombreux toxiques. Mais les endotoxines sont le seul ces eaux usées et de boues traitées par la chaleur, 30 à
agent identifié de façon constante dans ces humidifi- 50 % des personnels présentent, de façon aiguë
cateurs contaminés. Contrairement à la pneumopa- quelques heures après leur travail, des malaises, de la
thie d’hypersensibilité, la fièvre des humidificateurs fièvre, des frissons et une oppression thoracique aux-
ne requiert pas de sensibilisation préalable ; l’absence quels s’associaient des manifestations cutanées et diges-
de réaction type antigène-anticorps explique la faible tives (diarrhées aiguës) disparaissant dans les 24 heures
corrélation entre la prévalence des symptômes et la [7]. Depuis, de nombreuses études ont rapporté des
présence de précipitines dirigées contre les antigènes symptômes divers (respiratoires, grippaux, digestifs)
présents dans l’eau des humidificateurs. chez ces travailleurs [8 à 11].
En 2000, des travailleurs fabriquant des fibres syn- Dans les stations d’épuration où les boues ne sont
thétiques sont atteints de fièvre des humidificateurs pas traitées par la chaleur, les travailleurs ne rappor-
résultant de la contamination d'un système d'humidifi- tent pas de manifestation pulmonaire mais unique-
cation à l'eau froide. Un nouveau système d'humidifica- ment une diarrhée. Leurs examens sanguins révèlent
tion, fonctionnant à la vapeur, est alors installé. Une une hyperleucocytose, un taux élevé d’immunoglobu-
surveillance de l’atmosphère de travail (champignons, lines (Ig) A, d’IgG et d’anticorps anti-endotoxines
bactéries et endotoxines) et des travailleurs (leucocytes) d’Escherichia coli. Chez les travailleurs des usines où
avant et après intervention sur le système est effectuée. les boues sont traitées par la chaleur et transformées
La modification du système d'humidification se révèle en poudre, l’exposition aux endotoxines provoque fiè-
efficace tant sur la qualité de l’air que sur la disparition vre et symptômes grippaux [7, 12].
des symptômes chez les travailleurs [5]. En 1994, Melbostad et al. trouvent une associa-
En 2003, Nordness et al. [6] rapportent le dévelop- tion entre le niveau de bactéries totales et des symp-
Documents
pour le Médecin
pement de pneumopathies d'hypersensibilité et de fiè- tômes comme céphalées et asthénie, mais dans cette
du Travail vres des humidificateurs dans une usine de nylon. Le étude l’association avec les endotoxines n’est pas
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4e trimestre 2011 diagnostic de pneumopathie d'hypersensibilité est prouvée [13].
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C’est en 1999 que les symptômes respiratoires, l’as- 20 ans versus inférieure à 4 ans). Les tâches les plus
thénie, les douleurs articulaires et la diarrhée chez les susceptibles de provoquer ces symptômes sont les ac-
travailleurs des usines de traitement des eaux usées tions de traitement des eaux d’égouts brutes et les
sont attribués à l’exposition aux endotoxines [10]. tâches de nettoyage utilisant les eaux traitées. De
De façon générale, les concentrations en endo- même, les travailleurs fumant et mangeant sur leur
toxines mesurées dans ces usines sont faibles. Cepen- lieu de travail présentent plus fréquemment ces symp-
dant, des niveaux élevés de concentration en tômes. Le syndrome toxique aux poussières orga-
endotoxines sont retrouvés à certains postes de travail, niques (ou ODTS) est plus fréquent chez les
notamment dans les zones de déshydratation des travailleurs exposés à des niveaux d’endotoxines supé-
boues [11, 14, 15]. De plus, des pics d’exposition sur- rieurs à 200 UE.m-3 et chez ceux mangeant et fumant
viennent lors de certaines tâches spécifiques comme le sur leur lieu de travail. Les diarrhées sont plus souvent
nettoyage ou le traitement des boues. retrouvées chez les travailleurs exposés à des niveaux
En 2004, Thorn et Beijer mènent une étude auprès d’endotoxines de 50 à 200 UE.m-3. Les auteurs
de 59 opérateurs de cinq stations d'épuration suédoises concluent que les travailleurs des stations d'épuration
et de 55 témoins ne travaillant pas en station d'épura- rapportent une large gamme de symptômes qui pour-
tion afin de déterminer les réactions inflammatoires raient être d'origine professionnelle et reliée à une ex-
des voies aériennes et autres troubles pouvant être position aux endotoxines [17].
d'origine professionnelle. Les troubles digestifs et res- En 2006, Visser et al. mènent une étude afin de
piratoires, ainsi que des douleurs articulaires et une fa- quantifier l'exposition aux endotoxines des travail-
tigue inhabituelle sont des symptômes courants chez leurs des stations d'épuration lors de différentes acti-
les opérateurs de station d'épuration. De plus, chez ces vités de nettoyage. Des scénarios expérimentaux
derniers, la concentration de polynucléaires neutro- d'exposition sont créés, comparant plusieurs mé-
philes est supérieure à celle des témoins. Une relation thodes de nettoyage selon le type d'eau utilisé (eau
a pu être déterminée entre certains symptômes et des du robinet stockée, eau de surface prise dans la ri-
marqueurs d'inflammation. Les concentrations dans vière proche, effluent en sortie de la station), la pres-
l'air d'hydrogène sulfuré ainsi que celles en endotoxines sion de l'eau (lance d’incendie plus ou moins
sont très faibles sauf pour certains postes de travail, en ouverte), la présence d'une ventilation mécanique et
particulier dans les atmosphères des bâtiments fermés la distance entre le travailleur et l'objet nettoyé (gra-
[16]. dient de concentration). Il est constaté que l'eau uti-
En 2005, Smit et al. mènent une étude par ques- lisée pour le nettoyage a une influence considérable
tionnaire et mesurent des taux d’exposition aux endo- sur l'exposition aux endotoxines, en particulier l'utili-
toxines auprès d’un échantillon représentatif de sation des effluents majorant l’exposition d’un fac-
travailleurs en stations d'épuration des eaux usées teur 2,4. Lors de l'utilisation de la lance d’incendie,
(468 employés de 67 stations d'épuration). L’objectif l'ouverture totale de l'extrémité pourrait diminuer
est d'examiner les symptômes d'origine professionnelle l'exposition d'un facteur trois par rapport à une ex-
chez ces travailleurs. L'exposition individuelle aux en- trémité partiellement obstruée. Visser recommande
dotoxines, mesurée sur un échantillon de travailleurs à donc d'éviter l'utilisation des effluents pour les activi-
trois périodes différentes sur un an, est, en moyenne, tés de nettoyage tout en reconnaissant qu’il existe de
de 27 unités d’endotoxines par mètre cube (UE.m-3) grandes variations de la quantité d’endotoxines pré-
avec des extrêmes allant de 0,6 à 2 093 UE.m-3. Trois sentes en sortie de STEP (900 et 40 000 UE.ml-1
groupes de travailleurs sont alors formés selon le niveau dans les 2 échantillons de son étude). Il recommande
d’exposition : 0 à 50 UE.m-3, 50 à 200 UE.m-3 et supé- d’utiliser une pression aussi faible que possible. L'in-
rieur à 200 UE.m-3. L'analyse factorielle met en évi- fluence de la distance entre le travailleur et l'objet
dence trois groupes de symptômes : « symptômes nettoyé sur l'exposition n’est pas significative. Enfin,
cutanés et des voies respiratoires basses », « symp- la présence d'une ventilation mécanique efficace per-
tômes généraux et grippaux », et « symptômes des met de réduire la concentration d'endotoxines dans
voies respiratoires hautes ». Dans leur ensemble, ces une pièce [18].
symptômes sont plus fréquents chez les travailleurs En 2004, une campagne de mesurage des endo-
exposés à des niveaux d’endotoxines supérieurs à toxines dans l'air est effectuée dans un réseau d’égouts,
50 UE.m-3. Une relation dose-effet significative est sur différents sites pendant des activités caractéris-
trouvée pour les « symptômes cutanés et des voies tiques du travail des égoutiers. Quelle que soit l'activité
respiratoires basses » et les « symptômes généraux et considérée, les taux d'endotoxines mesurés dans l'air
grippaux ». Par ailleurs, il existe une forte association des postes de travail (16 à 420 UE.m-3) sont supérieurs Documents
pour le Médecin
entre les « symptômes cutanés et des voies respira- à ceux mesurés dans l'air extérieur (0,6 à 10 UE.m-3) du Travail
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toires basses » et la durée de l’emploi (supérieure à [19]. 4e trimestre 2011
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USINES DE TRAITEMENT DES DÉCHETS, rieures (analysée par la méthode du lavage nasal) et
DE RECYCLAGE ET DE COMPOSTAGE l’exposition aux poussières organiques de compost en
suspension dans l’air. Cette étude se déroule en deux
Les résultats des enquêtes épidémiologiques en mi- visites faites à un an d’intervalle (1995 et 1996) dans
lieu professionnel les plus récentes convergent sur de une même usine de compostage. L’exposition aux en-
nombreux points : certains symptômes sont régulière- dotoxines est estimée entre 75 et 527 UE.m-3 et celle
ment en excès chez les travailleurs de la collecte ou du au (1,3)-β-D-glucan entre 0,54 et 4,85 µg.m-3 lors de la
tri des ordures ménagères. première étude. Ces valeurs diminuent lors de la
Une étude hollandaise montre que les déchets fai- deuxième phase de l’étude avec respectivement
sant l’objet d’un tri sélectif à domicile de la fraction or- 29-285 UE.m-3 et 0,36-4,44 µg.m-3. Lors de la première
ganique des déchets ménagers, sont plus contaminés étude, les marqueurs d’inflammation retrouvés dans le
(2) (1,3)-β-D-glucan : par les endotoxines, le (1,3)-β-D-glucan (2) et des moi- liquide de lavage nasal sont en concentration significa-
polymère de glucose de sissures des genres Aspergillus et Penicillium, que les or- tivement plus importante chez les travailleurs de l’usine
haut poids moléculaire,
élément majeur dures ménagères non triées. Ce résultat s’explique par de compostage que dans le groupe contrôle. Selon les
de la composition
des moisissures. un allongement du temps de séjour des déchets orga- auteurs, l’exposition aux bioaérosols est susceptible de
niques dans les habitations où l’on pratique ce tri sé- causer une réaction inflammatoire subchronique (per-
lectif des déchets [20]. sistant plus de 48 heures) des voies aériennes supé-
Au Danemark (un des pays où est mené le plus rieures, probablement induite par des agents
d’études sur ce sujet), les affections respiratoires les non-allergènes pro-inflammatoires tels que les endo-
plus fréquentes chez les trieurs d’ordures ménagères toxines et le (1,3)-β-D-glucan [30].
seraient : la bronchite chronique, l’asthme, la pneumo- En 2002, cette même équipe observe une augmen-
pathie d’hypersensibilité et le syndrome toxique aux tation des symptômes respiratoires ainsi qu’une aug-
poussières organiques. Toux et bronchite chronique mentation des marqueurs de l’inflammation dans le
sont en excès dans trois études [21 à 23] alors que d’au- liquide de lavage nasal de 47 collecteurs de déchets à
tres ne montrent pas de relation entre l’exposition aux l’occasion d’une enquête transversale qui les compare à
déchets et une altération de la fonction pulmonaire ou 15 sujets témoins. En fin de semaine de travail, les col-
une constriction bronchique [24, 25]. Pour Yang, il lecteurs de déchets ont des taux plus élevés d’interleu-
reste difficile d’attribuer ces atteintes à un agent parti- kine 8 (IL-8) et un nombre de cellules (essentiellement
culier car de nombreux polluants atmosphériques sont des polynucléaires neutrophiles et des cellules épithé-
présents pendant la collecte [23]. liales) plus important dans le liquide de lavage nasal.
Les marqueurs sanguins de l’inflammation sont aug- Ces marqueurs de l’inflammation sont associés à une
mentés lors de l’exposition aux endotoxines [26] et aux prévalence augmentée de symptômes respiratoires. Les
émanations d’ordures ménagères [25]. À l’inverse, les concentrations d’IL-8 en fin de poste de travail sont
marqueurs de l’allergie sont peu influencés par ces ex- corrélées au taux d’empoussièrement total et au taux
positions [25, 27]. Cependant, dans ces études, le biais d’endotoxines [31].
du « travailleur sain » est fortement suspecté car les in- En 2003, en Grande-Bretagne, Gladding et al.
dividus atopiques y sont sous-représentés. cherchent à évaluer la relation entre l’exposition aux
Concernant le système digestif, les symptômes étu- poussières organiques et les symptômes liés au travail
diés sont principalement nausées et diarrhée. À l’ex- chez 159 travailleurs du recyclage des ordures ména-
ception de l’étude de Yang [23], les résultats montrent gères dans 9 centres de tri des déchets. Papiers, plas-
une association entre la fréquence de ces symptômes et tiques et emballages y sont séparés à la main ou de
l’exposition par voie respiratoire aux émanations d’or- façon mécanique. Des mesures de poussières aéropor-
dure ménagères. En 1999, Ivens met en évidence une tées totales, d’endotoxines et de (1,3)-β-D-glucan sont
relation « dose-réponse » significative entre l’exposition réalisées ainsi qu’une enquête par questionnaire. Les
aux endotoxines et les nausées d’une part, et entre les résultats montrent que les travailleurs du recyclage des
champignons ou les endotoxines et la diarrhée d’autre ordures ménagères exposés à de fortes concentrations
part [28]. Une étude précédente montre que ces symp- d’endotoxines et de (1,3)-β-D-glucan sur leur lieu de
tômes sont plus fréquents en été et suivent l’augmen- travail présentent des symptômes respiratoires variés
tation estivale des teneurs en micro-organismes sur le (toux, expectoration, voix rauque et sensation d’op-
lieu de travail [29]. Les auteurs penchent en faveur pression thoracique), ainsi que des symptômes gastro-
d’un effet toxinique ou allergique plutôt qu’infectieux intestinaux et muqueux (enrouement, brûlures
du fait du délai d’apparition très court des symptômes oculaires et larmoiement) liés à leur activité. Plus leur
Documents
pour le Médecin
après le début de l’exposition. ancienneté au poste est importante, plus le risque de
du Travail En 2000, aux Pays-Bas, Douwes et al. étudient la re- présenter ces symptômes est élevé [32].
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4e trimestre 2011 lation entre l’inflammation des voies aériennes supé- En 2003, Heldal et al. recueillent les expectorations
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et pratiquent une spirométrie chez 25 travailleurs de la (1,3)-β-D-glucan et de polysaccharides extracellulaires
collecte des déchets, avant la prise de poste le lundi et antigènes, marqueurs des genres Aspergillus et Penicil-
le jeudi suivant. Les niveaux de cellules totales, de cel- lium (EPS-Pen/Asp). L’objectif est de déterminer les
lules différenciées et d'interleukine-8 (IL-8) sont déter- modes d’exposition professionnelle ainsi que leurs
minés. Les mesures individuelles de l'exposition au variations en fonction du temps et des travailleurs.
cours d'un poste sont effectuées le lundi, le mardi et le De plus, la composition de la poussière est étudiée
mercredi, pour les bactéries totales, les spores, les en- afin de déterminer si elle diffère selon les types de
dotoxines et le (1,3)-β-D-glucan. Les résultats mon- déchets. Les résultats montrent que les niveaux d’ex-
trent que le pourcentage de neutrophiles et la position aux endotoxines et aux glucanes sont relati-
concentration en IL-8 augmentent du lundi au jeudi. vement faibles et comparables lors du ramassage, du
Le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) transfert et du compostage des déchets verts et lors
est réduit de façon significative le jeudi, et le rapport de leur utilisation en production de biocarburant. En
VEMS/capacité vitale forcée (CVF) est corrélé à l'aug- revanche, les niveaux d’exposition sont 5 à 20 fois su-
mentation du pourcentage des neutrophiles. Il existe périeurs lors du transfert et du compostage des
une corrélation entre l’augmentation d’IL-8 et la mé- déchets domestiques et lors du compostage en com-
diane de l’exposition aux endotoxines (7 à 180 UE.m-3) mun des déchets domestiques et verts. La présence
et peut-être avec celle des (1,3)-β-D-glucan (5 à des EPS-Pen/Asp est détectée chez 20 % des travail-
220 ng.m-3). La réponse inflammatoire, liée aux leurs de la collecte des déchets et chez 49 % de ceux
composants microbiens présents dans l'aérosol, est du compostage. Les auteurs concluent que l’exposi-
plus prononcée pour l'exposition aux endotoxines tion totale est nettement plus faible lorsque les dé-
qu'au (1,3)-β-D-glucan. Aucune association n'a été chets sont manipulés à l’extérieur des bâtiments. Se (3) 4 mg.m-3 pour la
poussière organique,
trouvée pour les spores de moisissures et les bacté- référant aux valeurs limites (3) alors en cours aux Pays- 50 UE.m-3 pour les
endotoxines selon le
ries. Les auteurs concluent que l'exposition à des Bas [1], ils suggèrent que les activités liées au traite- Dutch Expert
bioaérosols pendant la collecte des déchets pro- ment des déchets présentent des risques pour la Committee on
Occupational Safety
voque des réactions inflammatoires au niveau des santé des travailleurs [35]. et 200 UE.m-³ pour le
voies aériennes basses, caractérisées par une sécré- Conseil national de de
la santé aux Pays-Bas.
tion de neutrophiles et d'IL-8 entraînant un reten- [Gehin].
tissement sur la fonction respiratoire. Cette
INDUSTRIE DU COTON ET AUTRES
inflammation des voies respiratoires chez des tra- FIBRES VÉGÉTALES
vailleurs des déchets continuellement exposés pour-
rait, comme dans d’autres secteurs professionnels,
conduire au fil du temps à une altération de la fonc- L’exposition aux poussières créées par la transfor-
tion respiratoire [33]. mation du coton a très vite été mise en cause dans l’ap-
En 2004, en Norvège, Heldal et Eduard rapportent parition de la byssinose. Plusieurs études ont par la
les résultats d’une étude menée chez 22 collecteurs de suite montré que cette maladie respiratoire des travail-
déchets ménagers à la recherche d’une association en- leurs du coton pouvait également concerner les pre-
tre symptômes liés au travail et exposition aux bioaéro- miers postes de travail de la transformation du lin et
sols microbiens. Les taux moyens d’exposition sont de d’autres fibres végétales (sisal, chanvre…).
0,4.106 unités formant colonies par mètre cube
(UFC.m-3) pour les bactéries et la concentration
moyenne d’endotoxines est de 1,8 UE.m-3. Les symp- Exposition aux poussières de coton
tômes les plus souvent signalés sont : fatigue inhabi-
tuelle (24 %), céphalée (22 %), toux (15 %) et irritation Les symptômes concernant les ouvriers des filatures
des yeux et du nez (17 et 10 %). Ces symptômes sont de coton ont été décrits pour la première fois par Ra-
associés à des taux plus élevés de bactéries et d’endo- mazzini, en 1713. Après plusieurs années d’exposition,
toxines [34]. ils souffrent d’une toux chronique et voient leur état
En 2006, Wouters et al. mènent une étude pour dé- s’aggraver brutalement. La toux devient irritative ; elle
terminer les niveaux d’exposition des employés à des est parfois associée à une dyspnée aiguë. Les diffé-
aérosols biologiques tout au long de la chaîne de ges- rentes observations rapportent que ces symptômes
tion des déchets (collecte, transfert, compostage des sont classiquement observés d’abord le lundi soir, jour
déchets domestiques et des déchets verts) ainsi que de la reprise du travail puis ils vont s’étendre graduelle-
lors de l’utilisation des produits dérivés des déchets ment aux autres jours de la semaine. Au fil du temps,
comme biocombustibles pour la production d’énergie. la gêne respiratoire devient permanente. Un arrêt de Documents
pour le Médecin
Plus de 450 prélèvements sont effectués afin de com- travail produit une amélioration des symptômes mais la du Travail
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parer les niveaux des poussières, d’endotoxines, de reprise des activités engendre une rechute [36, 37]. 4e trimestre 2011
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(4) Le terme de byssinose De nombreuses discussions ont été menées à pro- En 2003, cette même équipe retrouve chez les tra-
viendrait de l’égyptien
bysan qui signifie « petite pos de la byssinose (4) [38, 39]. Les symptômes obser- vailleurs du coton, une incidence cumulée de 24 % de
fibres » ou du grec bussos vés après exposition aiguë ou chronique aux poussières byssinose et 23 % de bronchoconstriction, significati-
qui signifie « coton ».
de coton associent fièvre, oppression thoracique pen- vement plus élevée chez les fumeurs que chez les
dant le travail ou en fin de journée, toux sèche, bron- non-fumeurs. En comparaison, l'incidence de la bron-
chite, hyperréactivité bronchique. choconstriction est de 10 % chez les travailleurs de la
Rylander puis Wang montrent que les altérations de soie, chez qui la byssinose typique n’est pas identifiée.
la fonction pulmonaire sont directement liées à la quan- Concernant les symptômes, des odds ratio significati-
tité d’endotoxines présentes dans l’environnement, mais vement plus faibles sont observés chez les travailleurs
pas à l’empoussièrement lui-même [40, 41]. La fibre de du coton ayant quitté les filatures de coton par rapport
coton n’est pas, en elle-même, responsable des diffé- à ceux qui sont restés, et d’autant plus faibles que le
rentes réactions observées mais elle est contaminée par nombre d’années depuis l’arrêt de l’exposition est im-
des endotoxines provenant de bactéries appartenant portant [41].
aux genres Enterobacter et Acinetobacter. Ces bactéries En 2005, le but de l’étude est de déterminer les ef-
sont présentes dans les déjections des insectes accom- fets chroniques d'une exposition à long terme à la
pagnant la croissance au champ des plants de coton poussière de coton et aux endotoxines sur l'incidence
[40, 42]. La quantité d’endotoxines dans les poussières des symptômes respiratoires et l'effet de la cessation de
des filatures dépend de l’origine géographique du coton, cette exposition. Les altérations fonctionnelles pulmo-
de son mode de lavage avant le cardage, de la ventila- naires et les symptômes respiratoires sont observés de
tion des locaux et des méthodes de filature [43, 44]. façon prospective de 1981 à 2001 chez 447 travailleurs
Des expérimentations ont été menées dans diffé- de l'industrie textile du coton, et chez 472 témoins de
rents pays producteurs. Un épandage aérien de solu- l'industrie de la soie. Les travailleurs du coton présen-
tion bactéricide a été réalisé sur certains champs de tent plus de symptômes respiratoires chroniques et une
coton dont les capsules étaient ouvertes. Dans les diminution annuelle plus importante de leur VEMS et
échantillons non traités, la quantité d'endotoxines at- CVF que les travailleurs de la soie. Trente-deux pour
teint jusqu'à 5 000 ng.mg-1 de coton. En comparaison, cent des travailleurs du coton rapportent des symp-
l’augmentation de la quantité d'endotoxines est très fai- tômes de la byssinose et 28 % une oppression thora-
ble dans les échantillons traités confirmant l’origine cique. La bronchite chronique, la toux et la dyspnée
bactérienne des endotoxines [45]. sont plus fréquentes et persistantes dans le groupe
Bien que de nombreuses études aient recherché les « coton » que dans le groupe « soie ». L'analyse multi-
effets nocifs de l'exposition aux poussières de coton sur variée indique un risque plus élevé de byssinose en re-
l'appareil respiratoire, très peu de données longitudi- lation avec une plus grande exposition cumulée aux
nales sont disponibles concernant la réponse précoce de endotoxines. Après arrêt de l'exposition, le taux de di-
l'appareil pulmonaire aux poussières de coton. De plus, minution du VEMS a tendance à ralentir chez les
les effets de l'exposition professionnelle aux poussières hommes non-fumeurs, mais pas chez les femmes qui
de coton sont souvent difficiles à séparer de ceux du ta- ne fument pas. Les travailleurs qui ont rapporté des
bagisme. Depuis 20 ans, une équipe américaine mène symptômes constants de byssinose présentent de plus
une étude longitudinale sur les maladies respiratoires fortes altérations du VEMS. Un déficit fonctionnel pul-
chez les travailleurs dans les usines de transformation monaire chronique est plus fortement lié à l'exposition
du coton en Chine, comparant cette population à des à long terme aux endotoxines qu'aux poussières de co-
travailleurs de la soie. Les résultats des publications les ton [47].
plus récentes sont présentés ci-dessous. En 2004, Latza et al. mènent une étude transversale
En 2002, Wang et al. publient les résultats d’une chez 114 travailleurs allemands des filatures de coton.
étude menée chez 194 femmes non fumeuses, nouvel- Trois classes d'exposition aux endotoxines présentes
lement embauchées dans l'industrie textile. Les symp- dans l'air sont constituées : faible (inférieure ou égale
tômes respiratoires et la fonction pulmonaire sont à 100 UE.m-3), moyenne (comprise entre 100 et
évalués au moment de l'embauche, puis 3 et 12 mois 450 UE.m-3) ou élevée (supérieure à 450 UE.m-3).
plus tard. L'apparition précoce de symptômes (toux Globalement, l’effet d’une exposition fréquente aux en-
sèche, irritation du nez et de la gorge liée au travail) dotoxines sur le sifflement et la toux est indépendant
pourrait être l’indication d’un risque d’atteinte fonc- de l’âge et des habitudes tabagiques. L’association
tionnelle respiratoire ultérieure chez les travailleurs du entre l’exposition aux endotoxines et les autres symp-
coton [46]. Par ailleurs, selon les auteurs, ces symp- tômes bronchiques (sensation d’oppression thora-
Documents
pour le Médecin
tômes précoces pourraient être une explication des cique, essoufflement) n’est pas significative. La
du Travail nombreux départs survenant au cours de la première prévalence de l’essoufflement est seulement de 10 %.
N° 128
4e trimestre 2011 année (n=58). En revanche, cette étude suggère une forte prévalence
588
de la toux et des sifflements, dose-dépendante pour des coton, notamment les tanins et le gossypol. Le gossy-
niveaux d’exposition professionnelle aux endotoxines à pol est un pigment jaune phénolique contenu dans le
partir de 100 UE.m-3, avec un risque significativement tégument de la graine de coton. C’est une substance
augmenté aux alentours de 450 UE.m-3. Les travail- toxique naturelle qui protège la plante de coton des
leurs exposés à de forts niveaux d’endotoxines ont cinq dommages causés par les insectes en freinant leur re-
fois plus de risque de siffler et quatre fois plus de risque production. Chez les animaux, quand elle est présente
de tousser que les individus non-exposés. Les employés dans leur alimentation, cette substance toxique pour-
atopiques sont particulièrement concernés puisque rait provoquer stérilité, cancer et retard de croissance
chez eux, le risque de sifflement est augmenté de [52, 53].
presque 20 fois lors de l’exposition à de forts niveaux
d’endotoxines. Dans une population exposée, la détec-
tion précoce des symptômes grâce à des questionnaires Exposition à des fibres végétales autres
annuels peut aider à identifier les individus sensibles que le coton
avant la dégradation de leur capacité pulmonaire [48].
En 2006, Bakirci et al. publient les résultats d’une Les industries du sisal, du jute, du chanvre, des fi-
étude longitudinale dont le but est d'identifier les élé- bres de coco (fabrication de brosses et de cordes) peu-
ments de prédiction d'un départ précoce au cours de la vent elles aussi induire une byssinose.
première année de travailleurs nouvellement embau- Les tisseurs de tapis sont exposés à la laine conta-
chés dans des filatures de coton [49]. Un questionnaire minée par des endotoxines [54]. Les symptômes sont
est rempli par 198 nouveaux embauchés chez qui sont identiques à ceux de la byssinose des ouvriers des fila-
pratiqués des tests cutanés et de la fonction pulmo- tures de coton : des quantités parfois importantes d’en-
naire. Ils sont examinés avant l'entrée en activité et à la dotoxines sont mises en évidence dans la laine, en
fin de la première semaine, puis à la fin des 1er, 3e, et l’absence totale de coton, ce qui confirme l’hypothèse
12e mois après l'embauche et, quand cela est possible, que la byssinose n’est pas due à la fibre de coton elle-
avant leur départ du poste. L’exposition environne- même.
mentale est évaluée par 572 échantillonnages de En 2001, sur un petit groupe de sept travailleurs,
poussière et 191 mesures d'endotoxines. Les résultats Fishwick mène une étude dans une usine de transfor-
montrent que 53 % des travailleurs quittent la filature mation du chanvre afin d’évaluer l'exposition aux diffé-
au cours de la première année d'activité. La survenue rents constituants de la poussière organique générée
de symptômes des voies respiratoires hautes au cours lors de ce processus. Les concentrations aériennes en
du 1er mois d'activité prédit le départ de la filature à poussières inhalables, bactéries et moisissures totales,
n'importe quel moment au cours des 11 mois suivants. actinomycètes, endotoxines et protéines solubles, en
Au 3e mois, l’existence de symptômes des voies respi- distinguant les fractions inhalable, thoracique et respi-
ratoires basses est également associée à un taux plus rable sont mesurées au niveau de la zone respiratoire
élevé de départs de l’entreprise. Selon le modèle de des travailleurs exposés. Les résultats montrent des
Cox, l'âge croissant et le fait d'avoir des symptômes des quantités importantes de poussière respirable (mé-
voies respiratoires basses constituent des éléments de diane à 18,8 mg.m-3) fortement contaminées par les en-
prédiction de départ au cours de la première année dotoxines (médiane à 11 747 UE.m-3) et les divers
d'activité. En revanche, le statut atopique, la poussière micro-organismes (4,7 à 190.106 UFC.m-3) [55].
et les niveaux d'endotoxines, ainsi que des change- En 2003, en Inde, Chattopadhyay et al. cherchent
ments aigus de la fonction pulmonaire, ne sont pas pré- à confirmer l'occurrence de la byssinose et à en dé-
dicitifs du départ des travailleurs. crire ses facteurs étiologiques chez un échantillon de
Au total, ces études récentes tendent à prouver que 148 travailleurs-hommes d’une usine employant
l’exposition aux endotoxines est forte chez les travail- 1 500 personnes et fabriquant de la toile de jute. Les
leurs exposés à la poussière de coton et que ceux-ci ont altérations de la fonction pulmonaire sont étudiées et
fréquemment des symptômes respiratoires voire une les taux de poussières et d’endotoxines présentes dans
altération de leur fonction pulmonaire. L’augmentation l'air sont mesurés. Les analyses retrouvent dans les at-
de la prévalence des sifflements et de la toux en fonc- mosphères de travail des quantités d’endotoxines si-
tion des taux d’endotoxines confirme les études anté- milaires à celles rencontrées dans l'industrie du coton
rieures mettant en évidence que les endotoxines en Inde. Le groupe ayant l’exposition la plus forte a
induisent une inflammation des voies aériennes et des une baisse significativement plus importante de la
symptômes bronchiques chez les travailleurs du coton CVF et du VEMS. Cette étude confirme que les tra-
[46, 50, 51]. vailleurs indiens des fabriques de la toile de jute sont Documents
pour le Médecin
Par ailleurs, il est prouvé qu’à côté des endotoxines, sujets à la byssinose, tout comme ceux de l'industrie du Travail
N° 128
existent d’autres agents toxiques dans la poussière de du coton, du chanvre ou du lin [56]. 4e trimestre 2011
589
DOMAINE AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE
sectes, micro-organismes) [67, 68]. Dans les élevages
avicoles confinés, les professionnels sont exposés à des
concentrations élevées de poussières organiques, d'en-
Divers auteurs ont réalisé des enquêtes dans des éle- dotoxines et d'ammoniac [69 à 71].
vages de volailles ou de poissons [57, 58]. Certains per- Les micro-organismes prédominants dans les éle-
sonnels se plaignent de symptômes en rapport avec vages sont les bactéries des genres Pseudomonas, Ente-
leur activité professionnelle (toux, irritation de la mu- robacter, Flavobacterium, Corynebacterium et Bacillus,
queuse nasale, oppression thoracique, dyspnée) et suivies des moisissures puis des levures, Enterobacter ag-
65 % d’entre-eux présentent une baisse du VEMS. La glomerans étant la bactérie Gram négatif la plus souvent
quantité de poussières totales et d’endotoxines en sus- retrouvée quel que soit le type d’élevage. Les endo-
pension dans l’atmosphère de ces locaux est fréquem- toxines sont largement présentes quelle que soit la
ment élevée. La flore bactérienne est dominée par un taille des poussières (fractions inhalable, thoracique et
staphylocoque coagulase négative et, dans une moin- alvéolaire) [72].
dre proportion, par des bactéries Gram négatif, en par-
ticulier E. coli, Proteus et Acinetobacter sp. Niveaux d’exposition selon le type d’élevage
Une forte prévalence de symptômes pulmonaires Les concentrations aériennes moyennes de bacté-
avec altération de la fonction respiratoire est remar- ries cultivables vont de 104 à 1010 UFC.m-3. Les expo-
quée chez des fermiers pratiquant l’élevage intensif de sitions aux poussières et aux endotoxines inhalables
poulets, de porcs et de chevaux [59 à 62]. D’une façon ont été mesurées dans neuf types de production au
générale, du fait d’une ventilation souvent insuffisante, Royaume-Uni : champignonnière, production de cé-
l’atmosphère confinée des locaux contient de l’ammo- réales, d’aliments, scierie, filature de coton, de laine,
niac, du monoxyde de carbone, des poussières et des tissage, élevage de porcs, de volailles [73]. C’est dans
bactéries, en majorité d’origine entérique [60]. De les élevages de volailles que sont systématiquement re-
fortes concentrations d’endotoxines sont habituelle- trouvées les concentrations les plus fortes d’endo-
ment décelées [63]. toxines et les concentrations moyennes de poussières
Les agriculteurs sont aussi fortement exposés lors de les plus élevées. La faible hydratation des excréments
la manipulation de ballots de paille et du déchargement de volailles (entre 20 et 40 %) est une des explications
de coffres à avoine [64]. Enfin, le travail autour des si- potentielles de la richesse en poussières aériennes dans
los à grains (chargement, déchargement, nettoyage des ce type d’élevages. Les volières et l’élevage au sol avec
cellules…) expose à de fortes concentrations de pous- perchoirs apparaissent comme des systèmes plus géné-
sières et d’endotoxines [65]. rateurs de poussières que les systèmes en cages
Un article présente les résultats d'une inspection conventionnelles sans litière.
de l'OSHA (Occupational Safety and Health Adminis- Certaines activités exposent plus particulièrement
tration) réalisée dans un établissement de l'industrie les professionnels : mise en cage des jeunes poules, re-
de transformation de la pomme de terre [66]. Les tra- trait des cages des poules âgées, nettoyage en fin d’éle-
vailleurs, potentiellement exposés à des aérosols d’eau vage, ramassage des œufs en dehors des nids dans les
durant le procédé de transformation, sont interrogés volières et répartition de la litière dans les élevages au
afin de détecter chez eux des signes ou symptômes sol [74].
compatibles avec une exposition aux endotoxines.
Des prélèvements à la fois individuels et d’ambiance Caractérisation des risques sanitaires
sont réalisés à travers tous les lieux de travail où des Les études épidémiologiques reliant les effets sani-
aérosols d'eau peuvent être générés. Pour les postes taires et les expositions des travailleurs sont moins
de travail où de l'eau est utilisée dans le processus de nombreuses dans les élevages avicoles que dans les éle-
transformation, les niveaux d'endotoxines relevés in- vages de porcs. Cependant, le fait que les concentra-
diquent des effets possibles sur la santé des travail- tions de poussières et d’endotoxines aéroportées soient
leurs. en moyenne plus élevées dans les élevages de volailles
suggère a priori des effets sanitaires importants chez
Filière avicole ces éleveurs.
Agents nocifs présents dans l’atmosphère La plupart des études de prévalence comparant des
des élevages sujets exposés à des sujets non exposés explorent les ef-
L’air des élevages est contaminé par des particules fets chroniques des expositions sur les symptômes res-
de diverses origines : matières minérales provenant piratoires et la fonction pulmonaire et quelques-unes
Documents
pour le Médecin
principalement du sol, de la nourriture pour animaux, effectuent des tests de sensibilisation aux allergènes
du Travail de la litière, et matières organiques (déjections, urine, (tests cutanés, IgE spécifiques) [75]. Les symptômes
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4e trimestre 2011 squames cutanés, fragments de plumes, pollens, in- chroniques les plus souvent décrits sont la toux,
590
l’expectoration, les irritations nasales ou oculaires, la 18 %) et de manière significative (40 % versus 11 %)
dyspnée et les sifflements [75 à 81]. Quelques études plus de toux productive que ceux travaillant dans des
comparent également les symptômes aigus [78, 81]. élevages au sol. La concentration en endotoxines est un
Toutes les études, montrent une prévalence plus facteur prédictif de toux chronique chez tous ces tra-
élevée de symptômes et une détérioration de la fonc- vailleurs [84].
tion pulmonaire plus importante chez les éleveurs de Plusieurs auteurs montrent une diminution de la ca-
volaillles que chez les éleveurs de porcs [82]. Les ano- pacité vitale et du VEMS après une période de travail
malies spirométriques seraient préférentiellement des [57, 74, 81]. Radon et al. montrent que les variables en-
atteintes des bronches périphériques [76, 81]. Après vironnementales telles une température élevée et une
avoir étudié les travailleurs de neuf industries diffé- ventilation insuffisante ont une influence négative si-
rentes, Simpson et al., en 1998, démontrent que les gnificative sur les résultats des épreuves fonctionnelles
prévalences les plus fortes de symptômes des voies res- respiratoires [82].
piratoires basses (bronchiques) (38 %), des voies res- Donham, en 2000, montre que la baisse du VEMS
piratoires hautes (45 %) et de la bronchite chronique et du DEM 25-75 (5) est significative à partir des (5) DEM 25-75 : débit
expiratoire maximal
(15 %) sont retrouvées chez les travailleurs des éle- concentrations de 2,4 mg.m-3 de poussières totales, médian entre 25 et 75 %
vages de volailles. Ils montrent aussi que l’exposition 0,16 mg.m-3 de poussières respirables, 614 UE.m-3 de la capacité vitale for-
cée, pente de la droite
individuelle à la poussière totale et aux endotoxines est d’endotoxines et 12 ppm d’ammoniac [86]. entre ces deux points. Il
explore la dynamique
prédictive de ces symptômes. En outre, ils comparent Rylander et al. mènent une étude en 2006, dans le des petits troncs et des
la prévalence du syndrome toxique aux poussières or- but de déterminer s'il est utile de mesurer la réactivité bronchioles.
ganiques chez différents professionnels et trouvent la bronchique de ces salariés afin de diagnostiquer une
prévalence la plus forte chez les travailleurs des éle- inflammation bronchique et d’éventuellement lier ces
vages de volailles (5,9 %) [79]. L’augmentation de la résultats à leurs conditions de travail. La présence de
prévalence d’asthme est démontrée dans une autre symptômes est évaluée par un questionnaire relatif
étude [75]. aux expositions aux poussières organiques. Les me-
La plupart des auteurs explorent les facteurs favori- sures d'endotoxines et de (1,3)-β-D-glucan dans l’air
sants [78 à 80, 83]. Les atteintes respiratoires et la dé- montrent des expositions plus importantes que ce qui
térioration de la fonction pulmonaire seraient accrues était attendu. La réactivité bronchique mesurée par un
chez les fumeurs, les femmes, en cas d’antécédents de test de provocation à la méthacholine est significative-
maladies respiratoires, avec l’ancienneté dans ce type ment plus élevée chez les salariés que dans le groupe
d’activités, en hiver et dans les élevages en cage versus témoin. Chez les salariés, les prévalences de syndrome
élevage au sol. toxique aux poussières organiques, d'inflammation
Une des études évoquées ci-dessus, réalisée récem- des voies respiratoires et de bronchite chronique sont
ment en Bretagne, compare 261 éleveurs de volailles et plus élevées que chez les témoins. Les quantités d'en-
260 éleveurs de porcs à 304 sujets témoins. Les princi- dotoxines retrouvées sont supérieures à celles suggé-
paux enseignements sont l’accroissement des symp- rées précédemment comme valeur seuil déclenchant
tômes de type irritation des yeux et du nez et l’atteinte une inflammation des voies respiratoires [87].
des bronches périphériques chez les travailleurs des Enfin, une étude randomisée est menée en 1999
élevages de volailles [76]. chez 3 groupes de sujets sains exposés pendant trois
D’autres études explorent les effets aigus (symp- heures, soit dans un élevage en cage, soit dans un
tômes, fonction pulmonaire et prélèvements sanguins) élevage en volière de jeunes poules et litière ré-
en relation avec les expositions (poussières et endo- cente, soit dans un élevage en volière de poules plus
toxines principalement), avant et après la journée de âgées et litière ancienne. Elle étudie les symptômes
travail. Les symptômes les plus fréquents sont la toux, respiratoires, l’hyper-réactivité bronchique et des
l’expectoration, la dyspnée et une fatigue anormale marqueurs d’inflammation dans le liquide de lavage
[74, 84 à 86]. nasal et le sang, avant et après l’exposition. Ni les
En 2006, Kirychuck et al. mènent une étude rap- symptômes, ni la capacité vitale ne sont modifiés.
prochant les bilans respiratoires (examens fonctionnels La réponse au test à la métacholine augmente d’un
et cliniques) et les niveaux d'exposition (poussières to- facteur cinq dans les trois groupes. Seul le groupe
tales, endotoxines et ammoniac) chez des travailleurs exposé en volière de poules âgées et vieille litière
d'élevages de volailles en cages ou au sol. Les auteurs présente une baisse significative du VEMS. Le mar-
concluent que les travailleurs d’élevages de volailles au queur d’inflammation interleukine-6 (lavage nasal
sol ont des expositions significativement plus impor- et sang) augmente dans les trois groupes, mais l’in-
tantes à la poussière totale et à l’ammoniac. Les tra- terleukine-8 et le nombre de leucocytes n’augmen- Documents
pour le Médecin
vailleurs d’élevages de volailles en cage rapportent plus tent de façon significative que dans les deux du Travail
N° 128
fréquemment des symptômes respiratoires (39 % versus groupes exposés en volière [88]. 4e trimestre 2011
591
Filière porcine pression thoracique importantes apparaissent dans
Dans les élevages intensifs de porcs, une étude es- l'heure suivant l’entrée ce qui entraîne l'interruption de
time que le niveau de contamination par les bactéries l'essai. Ces cas semblent être les premiers à être rappor-
et champignons est en moyenne 1 200 fois plus impor- tés chez des sujets nouvellement employés à temps plein
tant que dans l’air extérieur pris comme témoin. Ainsi, dans des installations d'élevage intensif de porcs. Cette
Cormier trouve 1,25.106 UFC.m-3 de bactéries totales étude attire l’attention sur la susceptibilité de certaines
dont 5.105 UFC.m-3 dans la fraction respirable [89] et personnes et le risque de développer un asthme persis-
Radon comptabilise 109 UFC.m-3 en moyenne pour les tant même après une exposition relativement brève de
germes totaux avec des pics à 1010 UFC.m-3 [90]. Sur quelques semaines. Les auteurs invitent à réagir rapide-
le plan épidémiologique, la concentration d’endo- ment en cas d’apparition de signes respiratoires après ex-
toxines inhalées est fortement associée à l’apparition position dans un élevage intensif de porcs [93].
d’une obstruction bronchique aiguë chez les éleveurs En 2006, cette même équipe de Dosman mène une
de porcs [63]. L’effet de l’inhalation chronique d’endo- étude auprès de 20 volontaires masculins « naïfs » ex-
toxines est particulièrement étudié par Schwartz et al. posés en porcherie à des niveaux de poussières et en-
aux États-Unis dans une étude longitudinale. Les taux dotoxines classés « faibles » (environ 450 UE.m-3
d’endotoxines atmosphériques sont corrélés à une di- d’endotoxines) et élevés (environ 4 000 UE.m-3). Après
minution du flux bronchique chez des éleveurs de une exposition-test de 5 heures en porcherie avec une
porcs en atmosphère confinée et chez des fermiers forte exposition aux endotoxines, les volontaires sont
d’élevage, en dehors de tout confinement [91]. classés en « très réactifs aux endotoxines » (n = 9) ou
Une seule étude longitudinale, publiée en 1998, « peu réactifs » (n = 11) en fonction de la diminution
s’intéresse aux conséquences des expositions chro- de leur VEMS ≥ 10 % ou <10 %). L'examen médical
niques (poussières et endotoxines) sur la santé des éle- comprend des tests respiratoires fonctionnels, des pré-
veurs dans le milieu porcin [92]. Il s’agit d’une cohorte lèvements sanguins et du liquide de lavage nasal. Pour
de 171 éleveurs de porcs suivie sur une période de trois les hauts niveaux d’exposition, les sujets classés « très
ans. L’exposition moyenne à long terme aux poussières réactifs » ont une augmentation significative des mar-
et aux endotoxines est déterminée à partir de mesures queurs de l’inflammation tant au niveau du sang (lym-
individuelles effectuées durant deux jours de travail en phocytes et interleukine IL6) que dans le liquide de
été et en hiver, et en utilisant un modèle mathématique lavage nasal (augmentation de la cellularité et de l’IL8).
tenant compte des caractéristiques des élevages et du Les auteurs estiment que la réponse respiratoire mesu-
budget espace-temps-activité des éleveurs. La baisse rée après un test d’exposition à de fortes concentra-
moyenne du VEMS est de 73 mL par an. L’exposition tions d'endotoxines permet de prévoir de façon
moyenne à long terme est de 2,63 mg.m-3 pour la pous- probante une réaction inflammatoire à tout un ensem-
sière inhalable et de 105 ng.m-3 pour les endotoxines ble d'expositions aux poussières et endotoxines [94].
(soit environ 1 050 UE.m-3). Le déclin annuel du
VEMS est significativement associé à l’exposition aux
endotoxines. Une augmentation de cette exposition
EXPOSITIONS DIVERSES
d’un facteur deux est associée à une baisse supplémen-
taire du VEMS de 19 mL par an.
Des symptômes respiratoires, altérations fonction-
nelles pulmonaires et hyperréactivité bronchique sont Semences de gazon
décrits chez les travailleurs et les volontaires exposés
dans les installations d'élevage intensif de porcs. Dos- En 2006, devant des épisodes de troubles graves de
man et al., en 2004, décrivent quatre cas de femmes qui la santé ressemblant au syndrome toxique aux pous-
ont développé un épisode aigu de dyspnée et de toux sières organiques chez les travailleurs d'un laboratoire
suggérant un asthme au cours des semaines suivant le de contrôle de la qualité des semences de gazon, Smit
début de leur activité en élevage intensif de porcs. Au- et al. mesurent les niveaux d'exposition individuelle aux
cune de ces femmes n'a d'antécédents d'asthme, d'aller- endotoxines dans cette entreprise ainsi que dans les
gies ou de rhume des foins. Bien que les symptômes secteurs de la transformation des semences. Les au-
s’améliorent après la cessation de l’activité dans ces ins- teurs évaluent la quantité de poussière inhalable et
tallations, et donc de l’exposition, une d’entres elles reste d'endotoxines à partir de 101 échantillons prélevés sur
symptomatique pendant au moins 3 mois ; deux ont en- 57 travailleurs, mettant en évidence des concentrations
core une réactivité bronchique limite mesurée par test élevées en endotoxines au niveau des échantillonneurs
de provocation à la métacholine 4 et 5 mois après, né- individuels, en particulier dans le laboratoire inspectant
Documents
pour le Médecin
cessitant un traitement médicamenteux. L'une des les semences de gazon. Les niveaux les plus élevés, au-
du Travail femmes participe à un essai de reprise du travail dans un tant dans les prélèvements individuels que dans les pré-
N° 128
4e trimestre 2011 bâtiment d’élevage intensif. Des crises de toux et d'op- lèvements d’ambiance correspondent aux tâches de
592
déversement et de mélange. Les prélèvements san- reviennent à la normale le jour suivant, à l'exception du
guins montrent que l’exposition à la plupart des extraits fibrinogène qui reste légèrement augmenté et du débit
de semences sont capables d'induire une libération expiratoire de pointe qui chute. Il existe une associa-
prononcée de cytokines dose-dépendante. Ainsi, l’ex- tion significative entre la concentration d'endotoxines
position professionnelle à la poussière dans les usines et la diminution de VEMS malgré l'utilisation d’appa-
traitant des semences peut induire une réponse inflam- reils de protection respiratoire filtrants (modèle non
matoire et par là être une cause potentielle de syn- précisé) [97].
drome toxique aux poussières organiques [95].

Industrie du tabac
Laboratoires de recherche et biotechnologies
En 2000, Reiman et al. mènent une étude dans trois
En 2006, Pacheco et al. réalisent des prélèvements usines de l'industrie du tabac afin de mesurer les
collectifs et individuels d’endotoxines en suspension concentrations dans l'air de micro-organismes, d'endo-
dans l'air, d’allergènes de souris et de poussières totales toxines et de poussières totales, considérés comme
dans l'animalerie et les laboratoires d'un institut de re- étant des facteurs de risque pour le système respira-
cherche médicale. Durant les périodes de mesure, les toire des travailleurs. Le rôle des humidificateurs d'air
personnes manipulant les animaux et les chercheurs re- est également évalué en tant que source de contami-
lèvent leur temps de travail au contact des souris et les nation par les micro-organismes. Les plus fortes
symptômes perçus. La sensibilisation est déterminée concentrations en poussières et en endotoxines sont
par test cutané ou RAST (radio allergo sorbent test, soit trouvées lors de la pesée et la manutention du tabac
le dosage des IgE spécifiques d’un pneumallergène par dans la fabrique de cigarettes (4,5 mg.m-3 pour la pous-
un marqueur radioactif). Au terme de l’étude, les au- sière et 106 ng.m-3 pour les endotoxines). Les humidi-
teurs concluent qu’une exposition aux endotoxines ficateurs dans la fabrique de cigares sont une source
peut, à elle seule, conduire à des symptômes respira- importante de contamination microbienne. Dans la fa-
toires chez des individus non sensibilisés à la souris brique de cigarettes, l’usage d’humidificateurs à vapeur
[96]. a permis de retrouver une atmosphère non contaminée
Une étude est menée, en 2005 parmi le personnel [98].
d’une usine de fabrication de protéines destinées à l’ali-
mentation animale, à partir de la bactérie Gram néga-
tif Methylococcus capsulatum. Suite aux plaintes des Scieries
travailleurs (accès de fatigue, fièvre, oppression thora-
cique, sécheresse de la peau, rougeur et inflammation En 2000, Douwes et al. montrent que les travailleurs
des yeux), l’objectif est d'examiner les effets possibles dans les scieries sont exposés à des concentrations
d'une exposition aux endotoxines sur la fonction pul- d’endotoxines telles qu'elles peuvent, associées à d'au-
monaire, les paramètres sanguins et le liquide lacrymal. tres facteurs, engendrer des problèmes respiratoires.
Les travailleurs sont divisés en trois groupes d'exposi- Son étude démontre par ailleurs, que les taux de pous-
tion : 18 personnels de production, 5 ingénieurs et 2 sières en suspension dans l'air ne sont que très faible-
employés administratifs. Chaque personne remplit un ment corrélés aux niveaux d'exposition aux
questionnaire sur les symptômes liés à son activité pro- endotoxines ou au (1,3)-β-glucan [30].
fessionnelle et est examiné au début et à la fin du poste. En 2000, Cormier et al., étudient les effets sur la
La médiane de l’exposition aux endotoxines pendant le santé de l'exposition à différents contaminants dans
travail est à 34 000 UE.m-3 (3 300 à 89 000 UE.m-3) l'air (dont les poussières de bois) chez des travailleurs
pour le groupe production, 11 000 UE.m-3 (350 à de 17 scieries avec mesurage des poussières respirables,
27 000 UE.m-3) pour les ingénieurs et 180 UE.m-3 (60- des bactéries, des endotoxines et des moisissures. Les
300 UE.m-3) pour les employés. Une baisse non signi- 1 205 scieurs répondent à un questionnaire sur leurs
ficative de la CVF est constatée allant de 5,34 L avant symptômes respiratoires. Des explorations fonction-
la prise de poste à 5,25 L après le travail ainsi que du nelles respiratoires, des tests cutanés et des prélève-
VEMS passant de 4,15 L avant à 4,07 L (p = 0,03) ments sanguins sont réalisés. Chez ces scieurs, aucune
après le travail. Le nombre de leucocytes sanguins aug- atteinte respiratoire significative n’est identifiée, quelle
mente significativement en fin de poste (de 6,9.109.L-1 que soit la variété de bois traitée ou les concentrations
à 7,7.109.L-1), de même que les marqueurs de l’inflam- de poussières (de 0,163 à 2 764 mg.m-3) ou d’endo-
mation, en particulier l'interleukine 6 (de 1,5 ng.L-1 à toxines (de 349 à 2 802 UE.m-3). Seules certaines va-
3,31 ng.L-1). Quatre des 25 travailleurs ont une aug- riétés de bois traité, en particulier sapin ou épicéa, Documents
pour le Médecin
mentation des polynucléaires neutrophiles dans le li- pourraient expliquer une plus grande sensibilité à la du Travail
N° 128
quide lacrymal en fin de poste. Les paramètres rhinite ou à l’asthme [99]. 4e trimestre 2011
593
taux. L’acquisition de cette tolérance pourrait même
Effets bénéfiques possibles débuter in utero.
des endotoxines Une première explication rejoint l’hypothèse de la
« théorie hygiéniste ». Plusieurs études concluent à une
prévalence réduite de maladies allergiques chez les en-
L’hypothèse de l’influence du niveau d’hygiène sur le fants ayant plusieurs frères et sœurs, notamment plus
risque de développer une atopie ou une allergie est for- âgés, et allant régulièrement et précocement en crèche.
mulée pour la première fois en 1989 par un épidémio- Ces facteurs peuvent témoigner d’une exposition plus
logiste britannique, David Strachan, mais elle n’est fréquente ou plus élevée à des substances d’origine mi-
véritablement popularisée que quelques années plus crobienne. Il est admis que ces substances au cours de
tard, à la suite des travaux « Est-Ouest » d’une épidé- la maturation précoce du système immunitaire facili-
miologiste allemande, Erika von Mutius [100, 101]. tent la bascule du profil Th2 (profil immunitaire du
L’évolution des idées concernant cette hypothèse peut nouveau-né) vers un profil Th1 dominant ou Th1-Th2
se découper en trois périodes. équilibré (profils immunitaires des sujets non-ato-
Au début des années 1990, la moindre prévalence piques) [42, 102, 106]. Certaines infections spéci-
de l’asthme et des maladies atopiques dans les ex-pays fiques, telles que l’hépatite A, la rougeole, des
socialistes est attribuée au fait que les enfants sont plus infestations parasitaires ou l’exposition aux endotoxines
souvent victimes d’infections respiratoires à répétition favorisent en effet ce profil Th1 « non allergique ». Les
entraînant une stimulation immunitaire leur évitant de endotoxines, notamment, bloquent la production d’IgE
développer ces affections. spécifiques chez l’animal d’expérience et, chez l’enfant
À la fin des années 1990, d’autres études montrent à haut risque d’asthme, sont susceptibles d’induire une
que cette protection survient aussi après exposition à réponse Th1 associée à une fréquence décrue de sensi-
d’autres agents infectieux responsables de diarrhée bilisation aux allergènes de la poussière de maison
ainsi qu’après une tuberculose. [107]. Or, les concentrations en endotoxines sont éle-
Au début des années 2000, la pollution, en particu- vées dans les habitats des fermiers de production laitière
lier en milieu urbain, est rendue responsable de l’aug- et leur concentration dans l’environnement domestique
mentation de l’incidence des manifestations allergiques. est inversement corrélée avec le risque allergique chez
Actuellement sont mises en avant l’augmentation du ni- des enfants en âge scolaire [103]. Les chats et les chiens
veau d’hygiène (d’où le terme de « théorie hygiéniste ») produisent également de fortes quantités d’endotoxines
et la diminution des contacts avec des substances mi- dans leurs excréments [108].
crobiennes dans l’enfance [102]. La vie à la campagne, Ainsi, les endotoxines semblent le « candidat idéal »
au contact des volailles et des animaux de la ferme, pour expliquer la faible fréquence des allergies dans les
constituerait alors un facteur de protection contre l’ap- fermes laitières et dans les domiciles où il y a présence
parition d’un asthme ou d’une atopie. de chiens et/ou de chats. En effet, Hesselmar et al. en
Par ailleurs, plus récemment, plusieurs études épi- 1999 montrent que les enfants exposés aux animaux
démiologiques rapportent un impact de l’exposition domestiques au cours de la première année de vie ont
aux endotoxines sur la diminution du risque cancéro- une fréquence réduite de rhinite allergique à 7-9 ans,
gène dans certains milieux professionnels. d’asthme à 12-13 ans et de tests cutanés positifs aux
poils de chat à 12-13 ans [109]. A la suite de cet arti-
cle, une méta-analyse est présentée par Apelberg et al.
en 2001 [110], elle met en évidence que l’exposition
THÉORIE HYGIÉNISTE ET RISQUE
ALLERGIQUE CHEZ L’ENFANT
aux animaux domestiques est associée à une augmen-
tation de la fréquence de l’asthme et des sifflements
chez les enfants de plus de 6 ans (odds ratio à 1,11 et
Dans plusieurs pays d’Europe, différentes études 1,19 respectivement) et à une diminution de la fré-
ont observé que les enfants ayant grandi à la ferme, en quence des sifflements chez les enfants de moins de
particulier dans de petites exploitations de productions 6 ans (odds ratio à 0,80). Les auteurs expliquent que le
laitières très traditionnelles d’Europe centrale, souf- risque réduit chez les enfants les plus jeunes est com-
frent moins d’asthme, de rhume des foins et de sensi- patible avec un effet protecteur de la présence d’un ani-
bilisation allergiques atopiques que les enfants qui mal domestique au foyer, mais peut aussi être le fait
n’ont jamais vécu à la ferme [101, 103 à 105]. Les ré- d’un biais de sélection.
sultats de ces études rétrospectives suggèrent de sur- Dans les suites de cette méta-analyse, neuf études
croît qu’une présence très régulière dans les étables de prospectives issues de huit cohortes ont été publiées
Documents
pour le Médecin
bovins et la consommation de lait cru non pasteurisé entre 2000 et 2004, qui documentent progressivement
du Travail sont les facteurs les plus significativement en relation la relation inverse entre exposition aux animaux do-
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4e trimestre 2011 avec la tolérance vis-à-vis des allergènes environnemen- mestiques et risque de développer des manifestations
594
allergiques [111 à 119]. Sept fois sur neuf, au moins ENDOTOXINES ET RISQUE CANCÉROGÈNE
dans un sous-groupe, l’exposition au chat ou au chien
est associée, à un risque plus faible d’au moins un indi-
cateur d’allergie (asthme, sifflement, dermatite ato- Des expériences sur les modèles animaux suggèrent
pique ou sensibilisation atopique). L’association est une action négative des endotoxines sur la croissance
plus forte en l’absence d’hérédité allergique familiale. des tumeurs [125].
Toutefois, une étude récente s’inscrit à l’encontre de Les secteurs dans lesquels ce risque est le plus étudié
cette hypothèse en suggérant des effets indépendants sont ceux impliquant des expositions aux poussières de
de l’exposition aux animaux domestiques et des endo- coton (et autres fibres végétales) et le milieu agricole.
toxines vis-à-vis de l’allergie [120]. De plus, l’étude de L’université de Washington a mené une étude longi-
Braun-Farhländer [103] suggère qu’il existe une protec- tudinale en Chine, entre 1989 et 1998, sur une cohorte
tion liée à la présence de l’enfant dans l’étable bovine in- de 267 400 femmes travaillant dans l’industrie du tex-
dépendante de l’exposition aux endotoxines, ce qui tile en la comparant à des femmes vivant dans la région
préjuge l’intervention d’autres facteurs : agents biolo- de Shangaï, pour suivre l’apparition de différents can-
giques, substances d’origine bovine, allergènes comme cers dans ces deux populations. L’exploitation des don-
par exemple les pollens… qui pourraient s’inscrire dans nées se poursuit encore aujourd’hui et des résultats
une deuxième hypothèse dite de « l’immunotolérance » sont publiés par plusieurs équipes.
ou de la « réponse immunologique modifiée ». Cette
hypothèse stipule que l’exposition à de hautes doses
d’allergènes de chats est associée à une diminution du Cancer du poumon
risque de sensibilisation spécifique de type IgE, mais en
revanche à une augmentation de la production d’IgG, Dans les années 1970, des études épidémiologiques
notamment d’IgG 4 [121]. Cette réponse immunolo- sur des cohortes professionnelles de travailleurs du coton
gique modifiée pourrait ne pas être spécifique du chat démontrent un taux plus faible de cancers pulmonaires
et être favorisée par la forte exposition allergénique à la- dans ces populations de travailleurs [126 à 128].
quelle sont soumis les jeunes enfants dans certaines éta- En 2003, Wernli et al. [129] trouvent une incidence
bles bovines, du fait de concentrations très élevées en plus faible qu’attendue de cancers pulmonaires, parmi la
allergènes fongiques, végétaux, en acariens et en pollens cohorte suivie entre 1989 et 1998 par l’Université de
de graminées. Cette hypothèse n’exclut d’ailleurs pas le Washington. Le ratio de l’incidence de mortalité ajusté à
rôle des endotoxines qui, dans certaines conditions ex- l’âge est de 0,91 (IC 95 % = 0,89-0,93) dans la population
périmentales, favorisent une telle réponse modifiée générale et de 0,80 (IC 95% = 0,74-0,86) dans la popu-
chez l’animal d’expérience [122]. Il n’y a pour l’instant lation des travailleuses. En mettant à jour, en 2007, les
pas de support identique pour expliquer l’éventuelle estimations quantitatives de l'exposition aux endotoxines,
« protection » conférée par la présence d’un chien à do- Astrakianakis et al. [130] constatent que celle-ci est un
micile, qui semble épidémiologiquement la plus solide facteur statistiquement très significatif et inversement as-
[114, 115, 119]. socié au risque de cancer du poumon. Cette tendance in-
Le mécanisme réel est sans doute plus complexe et verse est d’autant plus forte que la durée d’exposition est
intègre probablement plusieurs des facteurs environne- longue : une durée supérieure à 20 ans engendre un
mentaux et des facteurs liés à l’hôte qui sont associés risque de cancer du poumon 40 % plus faible pour les
individuellement à une moindre prévalence de l’aller- travailleuses du coton que pour la population témoin.
gie. Ainsi, une troisième possibilité ou « hypothèse Cette tendance semble également se retrouver en
multifactorielle » pourrait relever d’un mode de vie par- milieu agricole où sont relevés de forts niveaux d’endo-
ticulier, très traditionnel, rural, dont la possession d’un toxines. En 2003, Lange rapporte un risque diminué de
animal domestique ne serait qu’un témoin ou un indi- mortalité par cancer du poumon : il est de 0,81 chez les
cateur [123]. cultivateurs, 0,71 chez les éleveurs, la référence étant 1
Enfin, les facteurs de risque génétiques, et en particu- pour la population générale [131].
lier la démonstration d’interactions gènes-environnement En 2005, afin de confirmer un lien entre la diminu-
doivent être également pris en compte. En 2004, compa- tion du risque de cancer du poumon et l'exposition aux
rant une population d’enfants de fermiers à une popula- endotoxines en milieu agricole, Mastrangelo et al. étu-
tion d’enfants des mêmes zones rurales en Allemagne dient la mortalité par cancer du poumon de 2 561 éle-
et Autriche, Eder et al. démontrent qu’il existe un poly- veurs laitiers indépendants, en prenant comme témoin
morphisme génétique du codage du récepteur TLR 2 la population générale de Veneto en Italie de 1970 à
(Toll-like-receptor 2) qui interagit de façon significative 1998. Soixante-deux cas de cancers pulmonaires sont
avec l’environnement agricole Seuls les enfants nés identifiés et comparés à 333 témoins dans une étude Documents
pour le Médecin
dans une ferme et ayant un allèle particulier pour TLR2 cas-témoins au sein de la cohorte. Les résultats mon- du Travail
N° 128
ont un moindre risque de développer une allergie [124]. trent que des niveaux élevés d'endotoxines (ou d'autres 4e trimestre 2011
595
facteurs environnementaux associés) pourraient être cet effet possible des endotoxines, les résultats de ces
protecteurs vis-à-vis du cancer du poumon, cette pro- 2 dernières études demandent à être approfondis.
tection diminuant dans le temps après arrêt de l'expo-
sition [132].

Cancer du pancréas
Pistes de prévention
En 2006, dans la cohorte chinoise mentionnée plus Chez les ouvriers du textile, du traitement des dé-
haut, sont comptabilisés 180 cancers du pancréas sur- chets et des eaux usées, comme chez les travailleurs du
venus entre 1989 et 1998 [133]. L'histoire profession- secteur céréalier ou des élevages intensifs, différentes
nelle complète dans l'industrie textile est obtenue pour études montrent une augmentation de la prévalence
chaque femme, et associée à une matrice emploi-expo- des signes respiratoires en fonction des concentrations
sition développée pour l'industrie textile afin d’évaluer d’endotoxines. Irritation des voies aériennes supé-
les expositions aux poussières spécifiques et produits rieures, syndrome asthmatiforme et bronchite chro-
chimiques. Les expositions cumulées à la poussière de nique constituent les affections respiratoires les plus
coton et aux endotoxines sont reconstituées à partir de souvent retrouvées. Les mécanismes impliqués sont
mesures historiques et contemporaines. Après ajuste- majoritairement non spécifiques. Les expositions sont
ment sur le statut tabagique, une tendance à la diminu- souvent multiples (poussières organiques ou minérales,
tion du risque de cancer du pancréas est observée pour ammoniac, hydrogène sulfuré…), néanmoins de nom-
des expositions cumulées croissantes à la poussière de breux arguments sont en faveur de l’implication des en-
coton et aux endotoxines après 20 ans d’exposition. dotoxines dans ces affections.
Pour les femmes exposées à des doses cumulées supé- Malgré l’absence de valeur limite réglementaire
rieures à 143,4 mg.m-3 par année pour les poussières de (renvoi à la première partie de ce dossier) et de consen-
coton et supérieures à 3 530,6 UE.m-3 par année pour sus des équipes de recherche sur une valeur considérée
les endotoxines, les ratios de risque sont respectivement comme ayant un effet seuil, les altérations de la fonc-
de 0,6 (IC 95 % = 0,3-0,9) et de 0,5 (IC 95 % = 0,3-0,9), tion pulmonaire observées imposent de mettre en
par rapport aux femmes non exposées. Il ne semble pas place dès maintenant une prévention collective ou or-
qu’une exposition à d'autres poussières textiles ou à des ganisationnelle permettant d’assainir les atmosphères
produits chimiques puisse interférer avec ce résultat. de travail et de limiter l’exposition des travailleurs.
Empêcher ou limiter la multiplication des bactéries,
et donc la production des endotoxines par les bactéries
Cancer de l’estomac et de l’œsophage Gram négatif, implique de s’intéresser à tous les fac-
teurs favorisant cette multiplication (température, hy-
Toujours sur la même cohorte chinoise, sont rappor- grométrie, nutriments…) selon le secteur professionnel
tés 102 cancers de l'estomac et 646 cancers de l'œso- et les exigences du procédé de travail.
phage diagnostiqués entre 1989 et 1998 [134]. Ces cas Par exemple, en cas de nécessité d’humidification
sont comparés à une sous-cohorte de référence strati- de l’air, le remplacement des humidificateurs avec ré-
fiée par l'âge (n = 3 188). L'exposition cumulée aux en- serve d’eau par des humidificateurs utilisant la vapeur
dotoxines, contaminant des poussières de coton, est d’eau est plus efficace qu’une surveillance attentive des
inversement liée aux risques de cancer de l’œsophage réservoirs d’eau et un éventuel traitement par des bio-
et de l'estomac quand les durées d’exposition sont su- cides. Bien que les taux d’endotoxines ne soient pas
périeures à 20 ans. systématiquement liés au niveau d’empoussièrement,
une ventilation correcte des locaux permet de respec-
ter les valeurs limites pour les poussières totales et les
Cancer de l’ovaire poussières inhalables, supprimant ainsi un cofacteur de
dégradation de la fonction respiratoire.
En 2008, la poursuite de l’étude de cette cohorte En termes d’organisation du travail, la limitation de
montre un facteur protecteur de l’exposition aux endo- l’exposition lors du nettoyage d’installations ou de
toxines vis-à-vis du cancer de l’ovaire. En effet, 261 cas zones très contaminées est primordiale, par exemple
de cancer y sont diagnostiqués. L’odds ratio, calculé en en centre de tri de déchets, en station d’épuration ou
comparant à une sous-cohorte de référence stratifiée par lors du renouvellement d’une bande en élevage inten-
l’âge de 3 199 personnes, est de 0,7 (IC 95 % = 0,4 - 1,0). sif. La conception des locaux ou de l’installation, la li-
Documents
pour le Médecin
L’effet protecteur est d’autant plus important que la du- mitation technique des projections et de la création
du Travail rée d’exposition est longue (supérieure à 20 ans) [135]. d’aérosols, le travail à basse pression… sont autant d’al-
N° 128
4e trimestre 2011 Du fait de l’absence de données antérieures sur ternatives au port d’une protection respiratoire.
596
Plusieurs études recherchent des marqueurs prédic-
tifs qui permettraient de repérer précocement les sujets Points à retenir
dont les poumons seraient plus sensibles que d’autres
aux effets des endotoxines. D’ores et déjà, une surveil- Irritation des voies aériennes supérieures, syn-
lance de la fonction pulmonaire par des EFR à l’em- drome asthmatiforme et bronchite chronique
bauche, puis avant et en fin de poste dès les premières sont les manifestations les plus souvent rap-
semaines, peut permettre de répérer les personnes les portées aux endotoxines.
plus sensibles. Plusieurs axes de réflexion sont alors De nombreux arguments sont en faveur de
possibles : leur conseiller une réorientation si elle est l’implication des endotoxines dans ces affec-
possible, ou améliorer leur protection, y compris par la tions, malgré la présence d’autres nuisances et
protection individuelle (un appareil de protection res- l’absence de mécanismes physiopathologiques
piratoire individuel adapté à la situation de travail, en spécifiques.
particulier pour des tâches ponctuelles très exposantes Il existe une corrélation significative entre la
peut alors être envisagé). Un questionnaire adapté vitesse de décroissance du VEMS et la concen-
et/ou la répétition de ces EFR réalisés annuellement tration en endotoxines sur le lieu de travail,
devraient permettre d’intervenir au plus tôt en cas de concentration qui n’est pas toujours liée à
dégradation de la fonction respiratoire avant que ne l’empoussièrement.
s’installent des troubles irréversibles pouvant conduire L’importance des variations du VEMS entre le
à une insuffisance respiratoire. début et la fin de poste semble être un facteur
prédictif de la rapidité de la dégradation de la
fonction pulmonaire.
La pratique d’EFR dès l’embauche permet de
Conclusion repérer les sujets les plus sensibles, et par la
suite de réagir avant que ne s’installent les
effets de l’exposition chronique.
Les bactéries Gram négatif sont présentes partout
dans l’environnement. Lors de leur lyse ou de leur mul-
tiplication, elles libèrent des endotoxines, molécules
complexes faisant partie de leur paroi et très résistantes
dans le milieu extérieur.
Depuis une vingtaine d’années, une théorie appelée
« théorie hygiéniste » met en avant un facteur protec-
teur de l’exposition aux endotoxines dans l’enfance
contre le développement du risque allergique (asthme
allergique, atopie) et, plus récemment, quelques études
ont mis en évidence un effet protecteur contre le risque
cancérogène dans certains secteurs professionnels.
Mais plus classiquement, les effets négatifs de l’ex-
position aux endotoxines en milieu de travail sont bien
connus. La symptomatologie clinique n’est pas spéci-
fique : syndrome pseudogrippal associant à des degrés
divers fièvre, atteinte inflammatoire des voies aériennes
supérieures, toux et oppression thoracique. Des expo-
sitions répétées ou chroniques peuvent conduire à une
altération de la fonction pulmonaire d’abord fonction-
nelle (mesurée par des épreuves fonctionnelles respira-
toires ou EFR) puis clinique (bronchopneumopathie
chronique obstructive ou BPCO et ses complications).
Il importe que le suivi médical des personnels des
secteurs concernés intègre une évaluation régulière
de la fonction pulmonaire, en particulier en début de
poste, pour repérer les sujets les plus sensibles et, en-
suite, pour intervenir précocément avant l’installa-
tion d’une atteinte pulmonaire ou bronchique non Documents
pour le Médecin
réversible. Bibliographie pages suivantes du Travail
N° 128
4e trimestre 2011
597
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