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et ’armateur ~. / randhavre est une eité portuaire Y ¥ cei Ue ome parti sp 0m activité est ante sur le port: péche, commerce, construction NSD ieee. inconloas Paes eee es pete eet eich vet a gees le iguecre cus los caret priter& part Umberto Cal armateu, Natale pécheur, Malvan le che! du port et ore docer son Fad es kes Cont ded PL ia eter ad ere alvan de Bragorlack ef du port Reais eine eat cette tee este tae eae ete a eetua i aeeelae aera Sable de la dowane du por. Vous le saluer ad patna ain Uerdecca ua eben da res la sourira(ersbAr Sa pear aarfaeee pele pae epee ae eater Mc pe Contre sa cusse il note les réponses que ‘rus fates es top nombres quetins Cest un fonctionnate atin, Navan vlle au bon foctortnent du port ILE pease eet Sap ta pe east eecctae da spie pi on Ios bate ul partent ou arent ee eDes res pea ae re oes ate ie aed Ol ara aa Alo Pi ieussc te ordi teed ere id yer bods Bi pa Comps Yves harcelerjusqu' ce que vous payier, cst lake oo eof, exrS cop he habtue des eux Le chef du port, le docker, le pecheur catégorle, lutméme sestime un homme de devoir. Aux premiéres lueurs de ube, il om- mence par faire la tournée des gardes en fac- tion la nuit précédente afin de s'assurer que tout va bien. Puts i travaille sur ses registres, les taxes ont été payées. Le matin, c'est chez lui la capitainerie qu'on peut le trouver. «IL se tient debout derriére son écritoire, raide comme la justice, noircissant des registres UNE AIOE DE JEU POUR TOUS UNIVERS MED-FAN entiers d'une écriture nerveuse», nous a pré- cisé larmateur Umberto Caldi. Laprés-midi est consacré aux mauvals payeurs, la visite de bateaux nouvellement arrivés, ans qu’a de petites enquétes et autres travaux d'inspec- tion (n'a pas son parell pour repérer la ligne de flottalson suspecte qui trahirait une car- saison illicit), Comment Malvan de Bragorlack estil devenu chef du port de Grandhavre? Ce n’est ni par choix, nl par vocation. Avant, il était ambas- sadeur royal et plénipotentiaire, dirigeant une main de matte les affaires extérieures du royaume. Cest en accompagnant le prince heéritier dans les territoires du nord quil com. mit la faute qui lui cotta un bras et son poste. Ne tenant pas compte d'informations concer- nant des risques de soulavement dans ces terres nouvellement conquises, Malvan et son ‘groupe tomberent dans un guet-apens. Le prince héritier fut gri@vement blessé, Malvan perdit son bras lors du combat, et T'ambas- sade fut un fiasco. De retour, de Bragorlack fut relégue au poste peu glorieux de chet du port de Grandhavre, « Toute cette histoire 'a miné, bien sO. Et ce manchot déchu est un homme igri, nous confiait un informateur soucieux de son anonymat. De fait, Malvan semble tou: Jours décu, triste, désabusé. II vit seul, bie ul ait 6 marié autrefois, et qu'il ait méme des enfants. Mais suite au drame, il n’aurait Le chef du port Fee ee ed Ce ours ea Caen ee CT) eee nes ancy Corre meer st On uae eatery ia SRS ae cane pee ea ric Demeace amy Peace Sree aca aaa nae ae re ce improbable. 31 pose de nombreuses questions, Reena Peo Oem cas Re eae Pree eo Posen eta Ben canon Ras fa Secrets nce a Gent een cntrainait une dégradation anormale Ce ue ae eT Una Tee eae ater CRU a cet ‘ne fois rendu responsable, Du coup, ne Mega ge a Peper) ene cress EROS ene Sth rong (volontairement?) plus aucun contact avec sa famille. Cependant il est resté conscien- cleux et dévoue, mettant un point ¢’honneur accompli parfaitement cette tache échue en punition, Ce travailleur infatigable, cet homme brisé, est bien sir peu aimé des gens du port. Eton se moque de ses manies. Un marin nous disait: «L'a peur du vent quand y tourne a la tempéte. La, ys'met & courir partout comme tun fou, 8 s‘démener. Ou alors ys’enferme chez lui et refuse de répondre qui que cso...» I semblerait que Malvan ne puisse supporter ‘ces moments au cours desquels homme ne peut rien faire face aux éléments déchainés, Sans doute craintl dene pouvolr, encore une fois, maftriser la situation, 'apas de sots métlers. Lul son traval, Jorg, le docker Daa teee aaened « : marchanclise toute la journée. Cest pas un métier de femmelette, ca c'est si, faut avoir du biceps, commente un de ses proches. Et du biceps, Jorgen a & revendre. I travallle aux entrepats, a Test des quais. C'est |i qu’on transbahute les marchandises qui arrivent ou qui partent vers de lointains pays, ne travaille pas au poisson comme certains de ses collégues. «Les polssons ¢a pue et est pas lourdy,ditil. Jorg a regroupé quel ques dockers au sein d'une petite Equipe dont ilest devenu tout naturellement le chef, Ele est constituée des jumeaux Bert et Art, géants rouquins & moitié demeurés, Viog, un viell aleoolique et Tarbah, un jeune freluquettuber- culeux que Jorg a pris sous son aile. ’équipe loue ses services aux marchandls et aux arma teurs du port. Comme cailleurs tous les autres. ema Pe Tame aCe See a ae DE Ue ee ey Ceuta Pc Cae eae FU aR Competences: Bagare, jeux de force, eas Bee ec ee ae ea ce Cee e Se Te eae Te CRE ee ea ene SS ee eed Reece eR BRR eee ot Pee eC Sea EE eee LL an te Pec a La concurrence est rude, et ilarive souvent que des bagarres entre dockers éclatent pour savoir qui ira décharger un galion plein de Dié ou transbahuter des caisses de métal brut «un entrepdt a Pautre. Les rivalités sont par- fois meurtrires. Les dockers sont des vio- lents, témoin leur sanglante habituce de com- batire avec les erocs en fer quills utilsent rnormalement pour agripper les balles et les calsses, Jusqu’a présent, cette situation profitait aux ‘commanditaires qui faisaient jouer la concur- rence. Mais depuis quelques années Jong a pris conscience de cette situation et aréussi 2 créer une certaine entente entre les dif rentes bandes de dockers. Des actions délat. D> communes ont été menées, telle la fameuse sgréve dite du Printemps mort qui a paralysé Te port pendant deux mois. Jong s'est fait beaucoup dennemis depuis, & commencer par certains armateurs qui ont beaucoup per- du lors de 'opération, Umberto Caldi, par exemple, ne serait pas désolé si ce fauteur de troubies disparaissait de la circulation. Jorg s'est done retrouvé un peu malgré lui dans la peau d'un +syndicalistey avant l'heu- re. Il prend ce role trés au sérieux et s'em- brouillefacilement dans des discours alam- biqués et vides de sens, mais qui lui semblent bien sentis: «C'est toujours les p'tits gens ul trinquent sous la coupe des grands! Les guildes et les notables s'engraissent sur not dos. Faut qu'on lutte dans union de nos for: ces communes!» Ce genre de discours est sgénéralement sulvi d'une descente dans lau berge la plus proche. Quand il cesse de jouer les meneurs d'opéret- te, Jorg retrouve sa vrale nature: grande gueu le, bagarreur, provocateur sans cervelle.»Uin truc insuportab’ avec Jorg, nous explique un aubergiste qui l'a beaucoup fréquenté, c'est son habitude de s’confronter toujours aux autres. Y a que le muscle qui compte pour lft qu'un gars baraqué entre dans l'au- erge pour que Jorg le défie au bras de fer. Et si [gars reluse, c'est la bagarre assurée...» Non content de jouer les gros bras, Jorg n’a ‘que mépris pour tous ceux qui travaillent de lacervelle: «Les érudits? des foutriquettes! Les livres ga sert & rien et ca ramollit le mus- cle.» Sr de ui et de sa force, il nourrit un gros complexe de supériorité, ce qui 'améne A prendre sous son alle des paumés et des abratis. Mais la brute épaisse a ses petits secrets. se consume d'amour pour une belle esseulée du port qui, depuis des mois, attend son hom- me, un marin parti en mer. Jorg courtise la ‘dame avec maladiresse, se mettant 2 bafoulller pour unrien. Cet amour sans espoir 'a réduit au role peu glorieux de confident attentifet timide, prét & recuellir les inquiétudes, les tracas d'une femme qui soupire aprés un autre... Mais tout cela se fait discrétement, et ware & celui qui le surprendrait dans une situa- tion qui pourrait mettre & mal sa réputation de brute virile Aatail, pecheur 4 yf5 ata, ct um gars bon comme du bon pain. Y'en a pas deux comme lui C'Vun pére peinard qui fera jamais de mistre a personne.» Voila ce qu’on dit de Nataél sur les pontons du petit port de péche de Grandhavre. Et nous avons pu constater par nous-memes que Nataé! était un homme affable et sans chichi, C'est dans sa modeste cabane du quartier des pécheurs quill nous a recus, la pipe au bec, et qu'll ous a raconté sa vie autour de quelques verres de rhum. Une vie qui commence au ruisseau, un pére Jamais fa, une mére héroique, les petits féres, et seeurs& nouri D'auss Join que me rap- pelle a toujours péché. Les coqullages et les crabouses & marée basse. Pis les éponges quYfallais chercher en plongeant.» Nataél a &é engagé comme équipier sur un bateau de péche, et sou aprés sou, ila économisé de ‘quoi acheter sa propre barque. «(a fait pres- que dix ans quiai fAnémone. A ca, a peut dire qui/ai réussi. /suis tout d’méme parti a’pas grand-chose eréboudiou. Maintenant le patron cest ma pomme. Jravalle toujours autant mais fala liberté tu comprends..» Itravaille avec ses quatre fils. Bor, ull, Pet, Staef (respectivement 31,25, 22, et 20 ans) constituent ’équipage de Anémone, la gran- debarquea vole de Nataél. Et ce n'est pas le travall qui manque pour ces solides gallards. 'Ca dépend des salsons, nous explique Pet, en c'moment cesta saison de la rascaille, on est obligés de partir au large pour cing ou six jours.» Sot presque deux jours pour ateindre les banes de poissons et trois jours de péche intensive, oles hommes se relaient pour tra B vailler sans interruption; la compétition avec ceux des les est rude, Au retour, Nataél vend le produit de la péche & la grande halle au poisson de Grandhavre, avant de repartir ‘Aux périodes de travail intense succédent des moments plus calmes ol Nataél et ses fils se Ccontentent de pécher& la jour- née, Parfois méme le poisson dlisparat les marées sont mau vaises, il n'y a plus qu’a atten- dre des conditions plus favo- rables, Et dans ces moments il faut savoir occuper son temps, «Créboudiou! Ca mest déja arrivé d’emmener des gens qul voulatent visiter des Tles. Ca fait toujours un peu d'travail en atten dant...» Quelques verres de rhum plus tard, Nataél nous avoue qu'il ne s'est pas toujours contenté de convoyer des voyageurs. «J'dis pas qual pas fait un peu d’contrebande dans temps. Mais bon, mot leurs histoires de lois cet de taxes fy comprend rien. Et pis connais tant de p'tites criques pratiques pour débar- ‘quer deux trois tonneau...» faut dire que Nataél connait la région mieux {que quiconque. Ila souvent pris des risques pour dénicher des banes de poissons. Ainsi a ‘Fil mené son bateau vers des eaux peu fré- ‘quentées et dcouvert des ilots perdus, des Cciques abritées. Sous ses dehors tranquilles, II falt partie de cette race d’hommes indes- tructibles a optimisme inébranlable et au ‘courage farouche. I paralt qu'un hiver, Nataél était sortl en mer avec ses fll, en pleine tem- pete, pour secourir un vaisseau qui s’était Le pecheur Fee ee eee cs ee es aaa ae eee Ses eee) Teno es Ceca nie a ect ei re Ena 3c8 phases par créboudion Poe acu d Ces eee cg Tse oe) eee nana cea ara sees Peat Cee a Sree nce eT ea ey es erques pratiques poor se cacher me Seon Cres choué sur des brisants, Ce jour i a été le seul ay aller et il est rentré au port sous les vivats de la foule, Jes survivants a son bord, la pipe au bec et la barbe pleine d'écume. Trop ‘modeste pour parler de cet exploit, Nataél a 6ludé nos questions et noyé le poisson en nous resservant un verre de rhum (mals on dit que peu aprés son cinquigme fils, le plus vif, est Parti 6tudier la capitale...), Le vieux pécheur préfere nous parler de son amour éternel » J pourrai pas vivre sans naviguer. Sans la mer. La bougresse m'a tout donné. C'est ma viel Alors que nous nous apprétons & partir, Nataé! ‘nous ressert un dernier verre, ses yeux bleus se parent 'un éclatréveur. »Depuis longtemps fais un réve. Toujours le méme. C'est un pois- son énorme, monstrueux, aussi gros que ma barque si cest pas plus. Ca fait des années, des sicles que je 'cherche. Il m'attend, bien planqué. Et je sais qu'un jour je trouveral. Si Je l'péche J'arréterai d'naviguer. Mais c'est pitét’ben lui qui maura. Et alors ca sera une eréboudiou de belle fin non?» Wmberto Caldi, l'armateur Larmateur Fe ee Ue UL eC Ps or ae ee reer ents conte Poet case eC une petite dague a cété Compétences: Mavigation, commerce, Pe ERC ea eT Benen) Se Cae) Fees Oe eae aT EI ena uae ce ae ec ca Care ene ne) ROO ora eee Recs Due Secrets: 31 tire son énergie d'une drogue Cee Ges MC uuaesss Ree a ee Se Cn neat notables de fa capitate STU TES FUR SU ae SE RSUIALaE ut les livre, presque nus, & Tarmateur. C' Jui qut dott faire monter les mats, les voles. Ainsi Umberto Caldi loue chaque année plu- sleurs bateaux et les équipe. Puts il s'associe des marchands, indépendants ou regrou- pés en guilde, qui eux aménent la cargaison, * Mais je ne fais pas que du commerce, nous a précisé avec un brin de fierté Umberto Caldt lui-méme, je finance chaque année des voyages d'exploration. Oul messieurs, Je suis aussi un découvreur!» Messire Caldi est un ancien marin. Aprés avoir navigué comme simple matelot, puis second et enfin capitaine, ila cessé de courir les mers et s'est posé a Grandhavre. A force de travail il est devenu l'un des grands armateurs de la vil le. «Cet homme est trés actif, toujours en train de courir a droite, a gauche, c'est épui- sant, parfols méme effrayant, nous a avoué un de ses secrétaires, Je me demande oii il trouve cette énergie!» Il se leve trés tot (pour faire toute la paperasserie, dtl) et se couche tard (Cest quilla de nombreuses maftresses, ajou- tent les mauvaises langues). Entre les deux, il fait la tournée des chantiers, visite ses fournisseurs et rencontre des clients, etc. Avant la fin de la journée, Il passe Ins- pecter les bateaux qui vont bientat parti. Le soir? «Oui je le consacre aussi aux affaires... du curs, répond sans géne Umberto Call, La quarantaine élégante, blond, tres bien vétu, 'homme présente bien et en impose. Il est dur en affaires, et certains murmu- rent méme qu'il est prét & ‘employer des moyens pas toujours honnétes pour gagner un contrat *Jusqu’oit il peut al ler, en sais rien. Mais je suis persuadé que cest Iu qui ily @ deux ans, a payé des gros bras pour briser la révolte des dockers et de leur meneur Jorg. Dailleurs, depuis, les deux ne sappréclent suére.. Je ne serais pas étonné que chacun Souhate que Faure fesse une mauvalse chi- teetsefracasse le rane, par accident, si vous voyer ce que je veux dive.» Ce témoignage Ingulétant,recueill dans une taverne entre deux chopes de bite dalgues, a été confiemé par plusieurs personnes. La réussite de mes- sire Caldi en énerve plus d'un, concurrents éenafaies ou en amour, qul ul attribuent mal versatons commerciales et enfants ilégimes ennombre. Ces rumeurs sur lave sentimentale de notre armateur sont renforcées parle falt qu’. quar rante ans il habite encore seul dans une gran- de et belle maison qui donne su le port. Le reedechaussée 'ouvre sur une cour intérieu- re, qui dessert une srie de pices et coffices dans lesquels ses secrétaires traitent les affaires. Aux ages supérieurs, il recot ses amis, essentillement des marins, capitaines de vaisseau ou navigateurs, tous ‘gens de mer comme hi ls met tent au point leurs voyages, ou évoquent le réve dUmberto étre les premiers & découvrir un nouveau continent, de nouvelles mers, d autres ‘océans. ol existe autres terres, messieurs en ai la certitude, Je sera celui qui rendra eur découver- te possible!» Umberto Cala est pas seulement un homme d'affa res, Cest aussi Antoine Chéret ct ftienne de a Sayette itlustration: Emmanuel Roudier

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