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pratiquement dans une sorte de ses délégués, déformant le mandat de Jésus-Christ à ses

apôtres. L'Église de Rome et son évêque (le Pape) ont abusé de leurs prérogatives, coupant aux

autres Églises l'autonomie dont elles avaient joui dans les premiers siècles. Sur la base de ce

type de considérations, une des attitudes prédominantes se construit dans les secteurs

réformistes des dernières décennies du XVIIIe siècle : l'anticurialisme, la méfiance à l'égard des

« abus » du pouvoir papal et la tentative de reconsolidation de l'autonomie des les églises et le

pouvoir épiscopal sous la protection de la Couronne, jalouse, à son tour, de ses prérogatives

face au pouvoir pontifical.

Une autre composante de ce réformisme est une certaine méfiance à l'égard des ordres

religieux. D'un point de vue épiscopalien, elles posent le problème de constituer une limite au

pouvoir des évêques, puisqu'ils parviennent souvent —grâce à des exemptions pontificales ou

conciliaires— à se soustraire à l'autorité des prélats. En fait, dit-on, les religieux n'existaient

pas aux tout premiers temps du christianisme, lorsque la discipline ecclésiastique et les valeurs

morales étaient authentiques et pures : à la différence des évêques et peut-être même des

curés, Jésus-Christ n'apparaît pas dans les Évangiles instituant des ordres religieux. Cette

méfiance décèle en eux une sorte de symbole du passé médiéval et un lest dont il faut se

débarrasser pour faire avancer l'économie et faire à nouveau figurer l'Espagne parmi les

premières nations du monde. Les religieux monopolisent l'argent, l'immobilier et la main-

d'œuvre dont l'économie a besoin pour se développer et imposent à leurs membres des

attitudes considérées comme antisociales et inhumaines, comme l'obéissance aux supérieurs,

qui prive les individus de liberté et de leur propre initiative. En d'autres termes, les ordres ne

sont pas - à quelques exceptions près - "utiles" pour la société qui

soutenir économiquement.

On retrouve un troisième élément réformiste dans la vision négative de la religiosité baroque,

riche de théâtralité, d'extériorisations somptueuses, douée d'émotivité et de dévotion


plurielles et, d'une certaine manière, « sensuelle », compte tenu de sa passion pour l'image,

pour l'esthétique. , tant que, par les sens, il sert à enflammer la ferveur religieuse des fidèles.

On tentera désormais de la remplacer par une spiritualité plus sage, plus rationnelle, plus

cérébrale, dépouillée et sobre. A sa place sera proposée une nouvelle piété que divers auteurs,

mais en particulier Ludovico Antonio Muratori, ont diffusée parmi les élites catholiques

européennes et américaines. Cette nouvelle sensibilité conduira à condamner et à combattre

ce qui dans les dernières décennies de la vice-royauté en vient à être considéré comme des «

excès » et des « superstitions ». C'est ainsi que des manifestations religieuses autrefois mieux

tolérées sont directement réglementées ou interdites, comme les danses et les repas de la

Toussaint, les veillées des petits anges, les danses des fêtes fraternelles et certaines formes de

vénération des images. . Et son esthétique sera ce qu'on appelle aujourd'hui

néoclassique

En plus de ce qui précède, il sera destiné à former une société avec des fondations qui

soutiennent cette spiritualité plus rationnelle, des tendances positives émergentes, c'est-à-dire

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