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Pearl Harbor
de la préparation d’haltérophile
entre en scène
Max Guedj
Héros de
les angles
Une beauté
“Staggerwing”
la France libre
7,80 € mensuel DOM/S : 8.80 € - BEL/LUX : 8.50 € - CH : 13.30 FS – CAN : 13.40 $cad – ESP/ITA/GR/PORT CONT/ANDORRE : 8.80 € - N CAL/S : 1190 xpf et A/ 2090 xpf – POL/A : 2290 xpf – MAR : 88 DH – Ile Maurice : 8.90 €
SOMMAIRE N° 625/DÉCEMBRE 2021
Ce héros méconnu
I
l fallait rendre hommage à Max Guedj, ce héros
si méconnu des Forces aériennes françaises
libres. Disparu en opération avant la fin de la
guerre, les vétérans parlaient de lui bien des années
après avec un immense respect. Il suffit de relire
ce qu’écrivit Clostermann sur Guedj pour mesu-
rer l’admiration qu’il lui portait. On disait de lui
que c’était un infatigable guerrier guidé par une
volonté de fer. Le tout dans une discrétion totale.
Ses compagnons du ciel étaient toujours étonnés
par le contraste entre le pilote implacable dans le
Max Guedj à l’attaque ciel et le grand silencieux une fois revenu d’opéra-
F G AMILLE UEDJ
ANTHONY PECCHI
Le “Mirage”
Le 14 octobre dernier, la base aérienne 115 d’Orange Une grande tombola organisée par l’escadron a permis d’offrir un vol 2000C
a accueilli une journée de commémorations et en L39, un vol de voltige, des montres, etc., mais surtout 1 500 euros “GUSTO 80”
de célébrations pour les 80 ans de vie opérationnelle à Carri’air, une association qui favorise l’accès à l’aéronautique veille sur son
de l’escadron de chasse 2/5 Île-de-France. Un anniversaire fêté auprès des jeunes de la région. grand ancêtre,
en grand style ! Une cérémonie militaire fut présidée par le général Cette célébration avait néanmoins un petit goût de chant du cygne le “Spitfire”.
de corps aérien Frédéric Parisot, major général de l’armée de l’Air pour le 2/5. En effet, il tirera sa révérence sur “Mirage” 2000 lors du
et de l’Espace. Puis place fut laissé au spectacle. prochain défilé du 14 juillet puis sera mis en sommeil. Ses pilotes
Au sol, reconstitueurs et expositions ont permis d’illustrer l’histoire et XAVIER MÉAL
évoque sans
ambiguïté Avez-vous des documents relatifs
l’origine de au Dewoitine 338 ?
l’escadron.
Airbus Heritage, le département d’Airbus chargé de la
protection du patrimoine de l’entreprise, a décidé d’apporter
Unes des son soutien au projet de rénovation d’un Dewoitine D.338.
précieuses pièces En effet, comme exposé dans le Fana de l’Aviation n° 582 de
du musée de la mai 2018, l’association Aérothèque, basée à Toulouse, avec
base d’Orange laquelle Airbus collabore depuis de nombreuses années, a
qui étaient retrouvé une grande partie du fuselage (photo) de ce très bel
exposées
appareil lancé en 1935, exploité notamment entre Paris, Saigon
pour l’occasion.
XAVIER MÉAL et Hong Kong, et qui a été une des machines emblématiques
du passé de l’entreprise et de la société Air France.
seront alors transformés sur “Rafale” pour former un escadron
En parallèle de la rénovation par l’association de ce tronçon
sur la BA 115 à l’automne 2024. Les sept “Mirage” 2000B
de fuselage, Airbus Heritage envisage avec l’Aérothèque de
rejoindront la base aérienne 133 de Nancy. L’avenir des 12 “Mirage”
mettre en place et de coordonner, avec d’autres acteurs dans
2000C est plus incertain. Stockage longue durée ou vente à une
le domaine aéronautique, un projet de reconstruction des
entreprise de services de sécurité et de défense, c’est-à-dire
parties encore manquantes de la structure de cet aéronef.
fournissant des services de type “Aggressor” et d’entraînement
La problématique est la suivante : si trouver le financement
militaire, cela reste encore à déterminer.
nécessaire à ce projet est réalisable, il n’existe plus de jeu de
Une Alpine A110 plans complets du D.338, ni dans les archives du constructeur
“Ravage 80” a ni dans celles des différents opérateurs de cet appareil.
été préparée par Appel est donc lancé à nos lecteurs pour retrouver plans,
la société Ravage photos, informations techniques et éventuellement pièces
Automobile dont de cet avion. Contacter Jean Pierre Salsenach (association
le propriétaire Aérothèque) : Tél. : +33 (0)6 87 76 54 44 ou courriel :
est un grand jeanpierre.salsenach@sfr.fr
passionné Vous pouvez suivre l’avancement du projet sur le site :
d’aviation. https://www.aerotheque.com/?s=D338.
AÉROTHÈQUE
5
ACTUALITES
PIERRE-ETIENNE LANGENFELD
Le Casa 235-
Le Casa 235-200 n° 111, codé mois de janvier suivant ses deux premiers chefs Herman et Abdou pour veiller sur le 200 n° 111,
64-II, arbore désormais une CN235-300 dits de nouvelle génération, qui chargement en soute. “C’est une mission codé 64-II,
livrée célébrant les 50 ans de disposent d’une avionique revue et corrigée, très prisée, a reconnu le cdt Clément. du Ventoux
l’escadron de transport 3/62 Ventoux. avec intégration d’écran LCD et d’une On vit des moments magiques, que ce dans sa livrée
Il est sorti de l’atelier de peinture début nouvelle motorisation, ce qui accroît ses soit avec les enfants mais aussi avec les spéciale 50 ans,
septembre, fruit d’un projet imaginé en performances et lui permet d’évoluer à une bénévoles de l’association, avec qui nous capturé ici dans
2020 mais réalisé seulement cette année altitude de croisière plus élevée, en plus de partageons des valeurs communes.” Pour les environs de
du fait des confinements imposés par lui donner plus d’autonomie et une capacité cette mission Rêves de gosse, un agent Toulouse début
la Covid-19. Ce projet de décoration a d’emport de charges utiles plus importantes d’escale, le sgt Nicolas, et une infirmière novembre.
été coordonné par le capitaine Pauline, (jusqu’à 6 t au lieu de 5). En juillet 2016, les convoyeuse de l’air, l’adj. Victoria, étaient
le design ayant été conçu par le fameux Casa des ET 1/62 Vercors et 3/62 Ventoux venus renforcer l’équipage. Le premier
Régis “Rage” Rocca et la mise en peinture ont quitté la base aérienne 110 de Creil pour a assuré la gestion des passagers et du
réalisée par l’adjudant Christophe. la base aérienne 105 d’Évreux. fret, tandis que la convoyeuse, infirmière
L’ET 3/62 Ventoux tire ses origines de Du 23 au 27 septembre dernier, l’ET 3/62 spécialisée, a apporté une expertise sur
l’escadrille de transport 3/62 créée à Ventoux a participé à l’opération Rêves de les enfants “extraordinaires”. C’était
Reims le 30 juillet 1970 pour assurer gosse avec son Casa décoré pour les 50 ans sa seconde participation : “Je suis plus
l’expérimentation des innovants Breguet de l’escadron, qui a assuré le déploiement habituée aux missions à l’étranger, a-t-elle
941S alors tout juste acquis par l’armée de logistique de la caravane d’avions de ville expliqué, pour rapatrier des blessés de
l’Air. Elle ne reçut cependant officiellement en ville et contribué à la mission principale guerre par exemple. Mais dès les premiers
le nom de Ventoux qu’en février 1973. de cette opération : donner du rêve aux baptêmes, j’ai versé quelques larmes
Trop coûteux à entretenir, les Breguet enfants cabossés par la vie ou la maladie. tellement les enfants sont émouvants quand
941S furent retirés du service en avril Outre le commandant Clément, l’équipage ils découvrent le vol.” L’adj. Victoria gère
1974, et l’escadrille de transport 3/62 du Ventoux comptait deux copilotes, les surtout l’aspect médical avec le médecin de
dissoute par la même occasion. Ses capitaines Claire et Maxime, ainsi que Rêves de gosse, et conseille le commandant
traditions et son insigne furent repris le deux mécaniciens navigants, les sergents- de bord sur l’embarquement des enfants.
1er septembre 1999 par l’escadron de ESCADRON DE TRANSPORT 3/62 VENTOUX
AÉCF
Le “Mosquito” de John Smith Patrick Gandil, ancien directeur général de l’Aviation civile, et
récemment nommé conseiller d’État en service extraordinaire,
a repris vie à Omaka succède à Catherine Maunoury à la présidence de l’Aéro-
Club de France. Lors de ses deux mandats, Catherine
Lundi 8 novembre, à Omaka en Nouvelle-Zélande, l’équipe À Omaka, Maunoury, première femme à accéder au poste de président
du Omaka John Smith Mosquito Project a démarré pour la le 8 novembre de l’AéCF, a engagé et encouragé plusieurs actions pour la
première fois les deux moteurs “Merlin” du De Havilland “Mosquito” dernier, l’équipe conservation du patrimoine ainsi que des projets tournés vers
FB Mk VI matricule TE910 (NZ2336 avec la Royal New Zealand Air du John Smith l’avenir de l’aéronautique, avec l’enthousiasme des jeunes et
Force) du défunt John Smith. Un moment plein d’émotion pour la Mosquito l’engagement des commissions concernées. Patrick Gandil
petite équipe, qui vient couronner une restauration menée tambour Project a a exprimé son souhait de continuer dans cette voie tout en y
battant depuis que la famille de John Smith a confié quelques-uns démarré pour apportant son expertise et sa vision.
des trésors amassés par le regretté collectionneur néo-zélandais à la première
l’Omaka Aviation Center, en juillet 2020 (lire Le Fana de l’Aviation fois les deux Caravelle et Boeing 727 FedEx
n° 616 “Le hangar aux merveilles de M. Smith”). Lors de son tout moteurs de retour sur le tarmac du musée
du “Mosquito”
dernier vol, en 1952, le bimoteur était piloté par Johnny Checketts ;
NZ2336 de l’Air et de l’Espace
le fils de ce dernier a pris place dans le cockpit le 8 novembre
dernier pour “lui redonner vie”. restauré. Le 26 octobre a vu le retour sur le tarmac du musée de
l’Air et de l’Espace du Bourget de la Sud Aviation SE-210
Caravelle F-GCVL et du Boeing 727-22F FedEx immatriculé
N166FE. Ils étaient jusqu’alors conservés sur le site des
Le P51-C Red Tail de la CAF ateliers d’entretien et de restauration, à Dugny. La Caravelle
a longtemps été exploitée par la défunte compagnie aérienne
de nouveau accidenté Air Provence. Offert au musée en 2007 par l’entreprise
américaine de transport international de fret, le 727-22F
Le North American P-51C “Mustang” matricule 42-103645, immatriculé N166FE et baptisé Bud (ci-dessous) fut le
immatriculé N61429, de la Commemorative Air Force a été premier don de Boeing 727 en Europe, après avoir servi
endommagé à l’atterrissage le 4 novembre dernier : il a été victime FedEx pendant 18 ans. Tout comme la Caravelle au mois de
d’un cheval de bois à l’atterrissage qui l’a fait sortir de piste sur septembre dernier, le Boeing 727 FedEx a bénéficié début
l’aéroport de Tallahassee, en Floride aux États-Unis. Le chasseur novembre d’une campagne de nettoyage.
était à Tallahassee dans le cadre de l’exposition itinérante The Rise
Above qui offre “une opportunité unique aux jeunes et à ceux qui
sont restés jeunes dans leur cœur d’être inspirés par l’histoire des
Tuskegee Airmen [groupe d’aviateurs afro-américains formé sur la
base de Moton Field à Tuskegee (Alabama) qui de distingua durant la
Deuxième Guerre mondiale] par une immersion dans une expérience
théâtrale.” Le chasseur, familièrement désigné Red Tail (queue rouge)
a déjà souffert de deux accidents depuis sa restauration achevée
en 2001 : celui qui avait coûté la vie à Don Hinz lors d’un spectacle
aérien à Red Wing (Minnesota), le 29 mai 2004, et un atterrissage
train rentré le 3 février 2016 à Dallas (Bill Shepard, le pilote, n’avait
pas été blessé) après une reconstruction complète achevée en 2009 FRANÇOIS HERBET
par Tri-State Aviation et Odegaard Aviation – réparé par AirCorps À noter dans vos agendas 2022
Aviation, il avait volé depuis sans incident.
DR Le Temps des hélices, le spectacle aérien annuel
Le fameux P-51C de l’Amicale Jean-Baptiste Salis aura lieu les 4 et 5 juin
Red Tail de la sur le plateau de Cerny, à La Ferté-Alais (Essonne).
Commemorative Le 21e Flyin Saint-Yan (Saône-et-Loire) et son meeting
Air Force est aérien auront lieu le week-end de la fête des pères 2022,
sorti de piste les 17, 18 et 19 juin.
à Tallahassee Le 19 juin, vous pourrez passer par le Rassemblement des
le 4 novembre “Traîne-Queue” de Paray-le-Monial, tout près de Saint-Yan.
dernier.
7
ACTUALITES
8
En bref
-Baptiste Salis : Ils nous ont quittés…
Cette fin d’année est bien triste… Le collectionneur et pilote
Jean-Philippe Chivot (ci-dessous) est décédé le 18 octobre
à l’âge de 80 ans. Il fut l’un des piliers de La Ferté-Alais,
DR
DR
9
LE COURRIER
Un Breguet 14 et des questions
Fidèle lecteur du Fana jointes. Je n’ai malheureusement En m’adressant aux lecteurs j’aimerais
de l’Aviation depuis que peu de données contextuelles Qui est ce votre avis ou des pistes de réflexion
mes lointaines années historiques à rattacher à ces images. pilote blessé du qui orienteront mes recherches. Que
collèges, je m’intéresse depuis plus J’ai essayé en vain d’obtenir des Breguet 14 A2 racontent ces photos ? Sur l’une d’elles
particulièrement aux événements informations auprès d’anciens pilotes de l’escadrille apparaît un pilote blessé, un bandage
BR 213 dont
liés à l’histoire locale de l’aviation et passionnés locaux. Ça ne donne sur le front cachant en partie son
l’insigne
en Haute-Savoie. Un membre rien mais je poursuis mon travail visage. Est-ce un “héros” de la Grande
(un goéland)
de ma famille était photographe d’investigation, notamment sur Guerre ? Quel pourrait être l’intérêt
est visible sur
professionnel. En fouillant dans ses le parcours militaire et/ou de reporter historique de ces images ?
la photo
archives, j’ai retrouvé les photos de l’auteur de ces photos. de droite ?
Denis Viollet
DR/COLL. J. GUILLEM
10
David Méchin s’est
Pan sur le bec !
penché sur vos photos. Il s’agit l’Aviation de Prague-Kbely
d’un Breguet 14 A2 de l’escadrille (République tchèque).
BR 213 qui avait un goéland Ni original, ni réplique,
en dernier insigne. ni même un modèle.
Difficile ensuite d’apporter des La photo du Yak-3 qui
précisions sur les circonstances figure sous la lettre du
de la scène. Est-ce qu’un lecteur lecteur provient du musée
aurait des informations et de l’Air de Belgrade
précisions ? (Serbie). Le bâtiment
possède une structure
distinctive que l’on peut
voir derrière l’avion. Le
Yak-3 photographié ici porte
également l’insigne de la
force aérienne yougoslave.
Pour autant que je sache,
c’est un avion original.
JACQUES GUILLEM
Le Yak-3 Jan Jandera, Prague
Je considère votre magazine original du
comme l’un des meilleurs sur musée de l’Air Il faut croire que
l’aviation. Je regrette d’autant plus de Belgrade. la fréquentation du bar de
que dans le n° 624 de novembre, en l’Escadrille nous a fait oublier les
page 11, vous avez commis plusieurs insignes de l’ex-Yougoslavie du
erreurs dans votre réponse au lecteur Yak-3 qui est exposé à Belgrade,
Philippe Garzino. M. Garzino a tort : et non à Prague-Kbely, comme
il n’y a pas de Yak-3 au musée de nous l’avons écrit.
11
À LIRE, À VOIR
Légendaire chasseur britannique de du CEA, le second est De tous les livres entre jolies espionnes,
l’époque. Excellente lecture directeur de l’Irsem, consacrés à la culture grands sentiments, devoir
en perspective. l’Institut de recherche de populaire de l’atome, patriotique et sommets
l’École militaire à Paris. celui-ci est le plus riche, enneigés, les deux officiers
Spitfire À cette fin, ils ont réuni et par son sommaire français auront fort à faire.
Par Christophe Gibelin 35 auteurs sur un thème exhaustif, il se pose loin Ils ne sont pas venus en
et Jean-Pierre Pécau inédit en France : la culture devant ses homologues Suisse pour les vacances.
Chez Delcourt populaire de l’atome. américains. Du bel Tous les clichés sont là. On
72 pages, 16,95 € En filigrane, l’expression ouvrage : 170 illustrations s’amusera beaucoup des
ISBN 978-2-413-02259-6 culturelle des stratégies et texte de haute tenue. mises en scène aériennes
de défense et son effet De quoi enrichir par le biais faisant jouer une aviation
Culture sur notre opinion et
notre vision du monde
culturel le rayon nucléaire
de votre bibliothèque.
d’époque (“Alouette”,
“Hunter”, Saab “Tunnan”,
nucléaire et de l’atome. François
Gezelnikoff, alors patron
Philippe Wodka-Gallien F-84). Saluons la sortie de
ce bel album qui revisite
Christophe Gibelin de la direction des Imaginaires l’héritage Urderzo et
(dessins) et Jean-Pierre applications militaires au nucléaires. Charlier, les créateurs de
Pécau (scénario) abordent CEA, s’est intéressé aux Représentations de Tanguy et Laverdure.
l’histoire du mythique armes nucléaires de la l’arme nucléaire dans P. W.-G.
“Spitfire” à travers la franchise James Bond. On l’art et la culture.
bande dessinée. Nous voilà retrouvera la génération Par Céline Jurgensen
plongés dans l’Angleterre montante de l’analyse et Jean-Baptiste
de la fin des années 1930, stratégique française. Jeangène-Vilmer
avec l’ingénieur Reginald Citons Emmanuelle Chez Odile Jacob
Mitchell qui se lance dans Maître, Thyphaine de 375 pages, 35 €
l’étude d’un chasseur Champchesnel et Olivier ISBN 978-2-7381-5504-7
autour du non moins Zajec. Ce livre est une
mythique moteur V12 Rolls-
Royce “Merlin”. Arrive le
ambiance. Le jour, on
apprenait par Lucien Tanguy et
prototype, puis la mise au
point, et enfin les combats
Des B-52 de Docteur
Folamour à Buck Danny,
Poirier, Hervé Coutau-
Bégarie et dans Le Fana
Laverdure
de la bataille d’Angleterre. le nucléaire s’est imposé le volet aviation de son Nous voici dans la
Le tout est mené tambour dans la culture populaire. histoire, le soir venu, 99 Suisse des années 1960.
battant dans un style très Ce livre est le fruit d’un Luftballons, Supernature, Aux commandes des
plaisant. Les “spitophiles” projet éditorial voulu Enola Gay et Atomic “Mirage” III, Tanguy et Le pilote qui
seront ravis, et ceux qui par deux universitaires enflammaient les pistes Laverdure, les pilotes de en savait trop
ne connaissent pas encore habités par le sujet, Céline de danse des galas des chasses les plus célèbres Par Patrice Buendia,
cet appareil légendaire Jurgensen et Jean-Baptiste grandes écoles, civiles de l’armée de l’Air. Il se Hubert Cunin et Mathieu
auront une bonne idée Jeangène-Vilmer. La comme militaires. Voilà trouve qu’à Zurich, DSGE, Durand
des circonstances dans première est directrice de comment notre génération MI6, KGB et organisations Chez Dargaud-Zéphyr
lesquelles il s’affirma la stratégie à la direction a vécu la guerre froide à criminelles se livrent une 48 pages, 14,95 €
comme le meilleur des applications militaires l’ombre des euromissiles. guerre de l’ombre. Navigant ISBN 978-2-205-08299-9
USAF
Puzzle avions
Amis céphaloclastophiles (amateur occasion de se pencher sur les plus
de casse-têtes) et autres chercheurs petits détails d’un avion. Nous avons
de passe-temps activant les méninges, retenu ici deux boîtes parmi celles
1001hobbies propose des puzzles qui sont proposées. Pour commencer
illustrant des scènes de l’histoire de attaquez-vous aux 500 pièces du
l’aviation. Fokker D VII, “Spitfire”, P-51D Caroline. Ambitieux ? Les 1 000
“Hellcat” et autres gloires du ciel pièces du B-17 Connecticut Yankee en
attendent votre œil affûté et vos doigts formation avec les célèbres Memphis
d’expert. Piotr Forkasiewicz illustre Belle et Delta Rebel 2 vous attendent.
chaque scène découpée en 500 ou Incontestablement voici des idées de
1 000 pièces. C’est une excellente cadeaux qui devraient plaire aux fanas.
P-51 “Caroline”
500 pièces
47 x 33 cm, 20 €
Des B-17 lors de la mission
B-17 “Connecticut Yankee” de la 8th Air Force sur Stuttgart
1 000 pièces
le 6 septembre 1943, à laquelle
12 70 x 50 cm, 25 €
À commander sur 1001hobbies.fr participa Connecticut Yankee.
BIOGRAPHIE
Max Guedj (1913-1945) plaide dans la capitale, est au mois
de novembre 1930 décoré de la croix
Ce héros méconnu
de chevalier de la Légion d’honneur
sur proposition du ministre du tra-
vail. C’est au cours de cette même
année 1930 que Max obtient son bac-
de la France libre
calauréat et, suivant le chemin tracé
par son père, entame aussitôt des
études de droit à la faculté de Paris,
parallèlement avec des études en
lettres. Parlant parfaitement l’an-
glais, l’arabe et l’espagnol, il met à
Première Partie. profit ses années d’études en effec-
tuant plusieurs voyages et, en 1933,
Brillant avocat, Max Guedj est passe quelques jours à Berlin au
terme d’un voyage en train depuis
mobilisé en Afrique du Nord quand Paris. Il en tire un récit, Instantanés
la Deuxième Guerre mondiale éclate de Berlin, dans lequel il décrit de ma-
nière très réaliste la réelle emprise
en septembre 1939, puis il s’engage dans de la propagande des nazis qui
viennent de prendre le pouvoir sur
les FAFL en septembre 1940. Très vite il l’ensemble de la population, laquelle
s’illustre aux commandes de “Beaufighter”. semble embrigadée et toute prête à
se lancer dans une nouvelle guerre.
Par David Méchin Son texte, à valeur prophétique, est
publié dans la revue littéraire Les
Œuvres libres du mois d’août 1933,
et rend parfaitement compte des pé-
Félix et Gilberte rils qui s’annoncent.
Guedj, Il va prolonger ses études et réa-
ses parents, liser plusieurs articles en tant que
une famille
journaliste, jusqu’à ce qu’il soit rat-
de notables
trapé par ses obligations militaires.
nord-africaine.
Il part alors dans un régiment de
Metz-Frescaty en tant que simple
soldat le 15 octobre 1934 et y reste
une année durant laquelle naît une
V
Max Guedj
devant la porte
de Brandebourg
à Berlin en 1933,
alors que les
nazis viennent
FAMILLE GUEDJ
de prendre le
pouvoir. Il revint
aurice, Jean, Max, à Casablanca, au Maroc, pour re-
M
de son séjour
Guedj voit le jour le prendre son métier d’avocat, et de- très impressionné
8 juin 1913 dans le vient un important notable en accé- de l’emprise de
port tunisien de dant à la fonction de bâtonnier de la propagande
Sousse, unique en- l’ordre puis en fondant une école de ces derniers
fant de Gilberte Sultan et de Félix professionnelle pour les indigents, sur la population
Guedj. Il s’agit d’une famille juive de militant dans les associations de qu’il jugeait FAMILLE GUEDJ
notables puisque M. Félix Guedj, né bienfaisance. À ce titre, il est décoré toute prête à
en 1885, qui a fréquenté le lycée de par le sultan du Maroc de l’ordre du marcher au pas
Tunis et a fait des études de droit à Ouissam Alaouite le 1er janvier 1929. et à faire
Paris, exerce la profession d’avocat Durant toutes ces années, son jeune la guerre.
tandis que son propre père, Moïse fils, qui prend le prénom d’usage de
Guedj, exerce la profession de phar- Max, grandit à Casablanca et fré-
macien à Sousse. Sans doute pour quente le lycée de la ville. Jeune étudiant
obtenir la citoyenneté française, qui de 19 ans
n’est pas octroyée aux juifs de Un texte qui rend s’intéressant
Tunisie – le décret Crémieux de 1870
ne s’appliquant qu’aux juifs d’Algé-
compte des périls à venir au journalisme,
Max (au centre)
rie –, Félix Guedj, militant à la ligue Quand il atteint l’âge de 16 ans sa est photographié
des droits de l’homme, s’engage dans famille s’installe à Paris et emmé- au mois d’août
l’armée en 1914 et combat sur le front nage dans un appartement du bou- 1932 lors d’un
pendant trois années. Il y est proba- levard Haussmann. Alors que Max voyage aux
blement blessé car démobilisé en poursuit sa scolarité au prestigieux États-Unis,
1917. Il s’installe alors avec sa famille lycée Janson de Sailly, son père, qui à Philadelphie.
FAMILLE GUEDJ
16
Le wing commander
Max Guedj, alias Maurice,
Compagnon de la Libération
par décret du 20 novembre
1944 signé par le général
De Gaulle. Il disparut le
15 janvier 1945 au terme
d’une carrière glorieuse.
FAMILLE GUEDJ
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
18
“ (…) susciter un
courant favorable aux
démocraties. “Aide-toi.
l’Amérique t’aidera” ”
Farman 202 et 402 sur un desquels
il obtient son brevet de pilote.
À l’aube de la Deuxième Guerre
mondiale, Max Guedj est un jeune
homme très cultivé de 26 ans, qui a
beaucoup voyagé, et qui entame une
liaison avec une jeune fille prénom-
mée Marie. Le 21 juin 1939 à l’uni-
versité populaire de Casablanca, il
donne une conférence intitulée
“Aide-toi, l’Amérique t’aidera” dans
laquelle il n’a aucun doute sur la me-
nace que représente l’Allemagne et
disserte sur la question “Que feront Max lors de son
les États-Unis dans le cas d’un service militaire
conflit européen ?” Il y fait part de comme simple
l’état d’esprit du peuple américain soldat à la base
tel qu’il a pu le ressentir au cours de aérienne 138
ses deux derniers voyages : les de Metz en 1934-
Américains haïssent les totalita- 1935, avec ses
rismes mais ne sont pas disposés à compagnons
intervenir militairement dans un de chambrée.
FAMILLE GUEDJ
conflit. Il entretient toutefois l’espoir
de son auditoire en décrivant les ini- les moyens de corriger cette opi- laisser séduire. Et Me Guedj, très
tiatives du président Roosevelt passé nion, de retourner cet état d’esprit, applaudi, termine par cette formule
d’un farouche isolationnisme à une de susciter un courant favorable que nous livrons à la médiation des
franche coopération avec les démo- aux démocraties. Ses suggestions Français : Aide-toi, l’Amérique t’ai-
craties européennes, tenant à bous- Max Guedj les voici. Le peuple américain est dera certainement.”
culer son opinion publique. Un jour- (flèche) en naïf et facilement malléable. Des
naliste qui relate la conférence, se 1939-1940, exemples précis l’ont montré. La Affecté au 21e régiment
demande alors dans son article s’il mobilisé au presse a donc une infl uence pro-
faut accepter cette fatalité et écrit : 21e régiment fonde sur l’opinion. Servons-nous
de zouaves à Meknès
“Me Guedj, dont l’énergie n’a pas de zouaves de cette presse, activons notre pro- Quand la guerre éclate au mois
été atteinte par le fatalisme maro- au Maroc, où pagande, créons au besoin un mi- de septembre 1939, Me Max Guedj,
cain, ne le croit pas. Au cours de son il sert comme nistère pour montrer quel est le vrai avocat réputé, se voit proposer un
séjour il n’a pas fait que constater chef de pièce visage de la France, et acquérir poste administratif au sein des
de DCA avec
un état d’esprit regrettable ; pour l’amitié et la tendresse d’un peuple forces armées locales, qu’il décline
le grade
notre cause il a essayé de découvrir charmant qui ne cherche qu’à se pour aller dans une unité combat-
V
FAMILLE GUEDJ
de sergent.
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
tante. Il se retrouve alors affecté au très bien quelle sera ta décision. J’en avec la législation antisémite de
21e régiment de zouaves à Meknès, suis fier. Non seulement je ne ferai Vichy, mais dont l’application au
où il va gagner les galons de caporal rien pour contrecarrer cette déci- Maroc sera bien moindre qu’en mé-
en février 1940, puis de sergent en sion, mais je ferai tout ce qui est en tropole. Sans doute a-t-il vu à cette
juin, et se retrouver chef de poste mon pouvoir pour t’aider à re- période la tournure qu’allait
d’une pièce de DCA. Si ce n’est une joindre une unité combattante en prendre le régime de Vichy avec le
crise de paludisme, la drôle de Angleterre ou ailleurs. Je pense que discret décret signé du maréchal
guerre va s’écouler pour Max sans tu es à même d’apprécier ce que ton Pétain et publié le 30 août 1940 au
le moindre incident. Le Maroc est départ représentera pour nous. Tu Journal officiel, abrogeant les dis-
hors de portée de l’aviation alle- seras démobilisé dans quelques positions interdisant la propagande
mande tout comme F G AMILLE UEDJ FAMILLE GUEDJ antisémite…
de l’aviation ita- Toujours
T est-il que
lienne, cette dernière Max
M Guedj fait un
n’ef fect ua nt que choix.
c Prétextant une
Max Guedj et
quelques raids sur la plaidoirie
p à Tanger,
sa compagne Tunisie et l’Algérie alors
a ville internatio-
Marie. Ils eurent au mois de juin 1940. nale
n au Maroc espa-
ensemble une L a nouvelle de gnol,
g il obtient un
fille Claudine l’armistice consterne visa
v pour s’y rendre
reconnue par les autorités locales et
e de là part pour
son père avant et le général Noguès, l’Angleterre.
l Il gagne
son départ pour le résident général, L
Lisbonne par une
Londres. envisage même de l
ligne régulière, puis
poursuivre la lutte l port de Bristol où
le
mais se range fi nale- i rejoint Londres et
il
ment sous les ordres s
signe son engage-
du gouvernement de m dans les Forces
ment
Vichy. Le sergent a
aériennes françaises
Max Guedj qui, comme tous les mi- jours. Tu pourras alors, l’esprit libres le 26 septembre 1940.
litaires du pays, n’a pas tiré le libre, agir comme tu l’entendras. Si
moindre coup de feu contre l’en- je me suis trompé sur tes intentions, À l’école de pilotage
nemi, est sans doute frustré de nous ne reparlerons plus jamais de
n’avoir pu combattre. Plusieurs mi- ceci.” Max est effectivement démo-
de la RAF
litaires s’évadent pour rejoindre bilisé le 14 août 1940 et retourne On note qu’il inscrit de sa main
l’Angleterre, et ce malgré les évè- chez lui. Sa compagne Marie a du- “néant” à la ligne “religion” sur la
nements de Mers-El-Kébir au dé- rant sa mobilisation en 1940 donné feuille de recrutement à Westminster
but du mois de juillet 1940 qui naissance à une petite fille nommée House et sur laquelle il rapporte tous
Max Guedj douchent bien des vocations (1). Claudine qu’il a reconnue. Une vie ses antécédents militaires. Après un
reprend son De Casablanca, Me Félix Guedj confortable d’avocat fortuné l’at- bon mois à Londres, il est dirigé vers
instruction écrit une lettre à son fi ls : “Un géné- tend, qui se serait certes compliquée les écoles de pilotage de la Royal Air
à zéro ral français, le général de Gaulle, Force où, comme toutes les recrues,
en arrivant
lance tous les soirs, de Londres, des (1) Le 3 juillet 1940, la Royal Navy il doit malgré son brevet de pilotage
en Angleterre.
appels à volontaires pour continuer attaqua la flotte française amarrée dans reprendre son instruction de zéro. Il
Ici une la rade de Mers el-Kébir, près d’Oran,
la lutte. Je tenais à être le premier à est d’abord affecté le 3 novembre
des écoles pour ne pas qu’elle tombe aux mains
de formation
t’en faire part. Bien que je ne t’aie des Allemands. Le bilan fut lourd avec 1940 à l’école d’Odiham, à l’ouest de
des cadets.
pas vu depuis de longs mois, je sais près de 1 300 morts. Londres, dirigée par le cne Rancourt
RAF MUSEUM - 5864-11LG
20
IMPERIAL WAR MUSEUM CH 2376
Fin février
où les volontaires français et belges Après cette formation élémen- 1941, Max du Nord, pour y être instruit sur son
reçoivent leur instruction militaire taire au pilotage, il passe le 26 avril Guedj intègre avion d’armes, le bimoteur Bristol
de base. Grâce à sa parfaite connais- 1941 à la Secondary Flying Training l’Elementary “Beaufighter”, étant nommé au
sance de la langue anglaise, il voit sa School n° 11 de Shawbury, entre Flying Training grade de sous-lieutenant (pilot offi-
formation quelque peu s’accélérer ; Birmingham et Liverpool, non loin School n° 6 cer, selon le grade équivalent de la
il est dirigé le 26 février 1941 à l’Ele- de la frontière du pays de Galles, où de Sywell, RAF) le 20 août 1941.
mentary Flying Training School n° 6 il va obtenir son brevet de pilote mi- où il vole sur C’est à Catfoss qu’il fait connais-
de Sywell, en plein centre de l’Angle- litaire en volant sur bimoteur “Tiger Moth”. sance du navigateur britannique qui
terre, pour suivre des cours de pilo- Airspeed “Oxford”. Avec plusieurs sera son équipier pour les missions
tage sur les petits biplans “Tiger de ses compatriotes, il se porte vo- Malgré son de guerre à venir, le fl ight sergent
Moth”. Deux Français libres y offi- lontaire auprès du gén. Valin, chef brevet de pilote Charles Corder, un employé de la
cient, le lt Pinot, vétéran de 1914- des Forces aériennes françaises civil, Max Guedj Lloyds Bank mobilisé et de quatre
1918 et pilote instructeur, ainsi que libres, pour intégrer le Coastal reçoit toute ans son cadet, qui n’a pas pu être sé-
le père Godard qui, comme Pinot, Command plutôt que de rejoindre l’instruction lectionné dans les écoles de pilotage
s’est évadé de France en juin 1940 une unité de chasse sur “Spitfire” ou pour être en raison de sa vue. Les deux
sur le bateau de pêche Le Trébouliste “Hurricane”. On ne connaît pas pilote, avec hommes, qui après s’être entraînés
et est devenu l’aumônier des FAFL ; vraiment les raisons qui l’ont poussé les passages ensemble sur Airspeed “Oxford” et
il recroise le jeune appelé du contin- à faire ce choix… Toujours est-il que sur simulateur Avro “Anson”, effectuent leur pre-
(à gauche)
gent qu’il avait croisé à Metz le 18 août 1941, il part à l’Operatio- mier vol sur “Beaufighter” qui a bien
et leçon de
quelques années plus tôt et le trouve nal Training Unit (OTU) 5 à Catfoss, failli être le dernier : au décollage, le
navigation
aussi motivé que réservé. près de la ville d’Hull, face à la mer siège de pilote de Max Guedj n’est V
IWM CH 2378
(ci-dessous). IWM CH 2390
21
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
Changer de nom
pour protéger sa famille
Pendant que se termine sa for-
mation de pilote, de mauvaises nou-
velles lui arrivent du Maroc. Son
père a milité pour la cause alliée et
a attiré l’oreille des autorités de
Vichy qui l’ont arrêté. Félix Guedj
est condamné le 20 septembre 1941
par le tribunal militaire de
Casablanca à cinq ans de prison, Un “Beaufighter”
10 000 francs d’amende et 15 années du Squadron 248 survolant
d’interdiction d’exercer la profession l’Atlantique.
d’avocat, pour “acte de nature à
DR/COLL. CHRIS GOSS
nuire à la défense nationale et pro-
pos de nature à exercer une influence
fâcheuse sur l’esprit des popula- Ce fl air gigantesque
“et la confiance en
grand, mince et plutôt beau garçon,
mais d’une façon discrète. Il était plu-
tions”. Il est aussitôt incarcéré à la tôt calme et n’appartenait pas à
prison de Kénitra, près de Rabat, l’équipe du Squadron quelque peu at-
malgré sa santé fragile qui ne ces- tirée par les pubs et les parties. Mais
sera de se dégrader du fait des condi-
tions de détention.
lui-même qu’il devait il ne négligeait jamais de participer à
tout évènement d’ordre opérationnel
Max entame alors des démarches
pour changer de nom et ne pas causer montrer plus tard ” ou de caractère social. Au point de
vue opérationnel, mon impression est
de difficultés supplémentaires à sa fa- qu’il était en train de chercher sa voie
mille : après approbation formelle le des Ju 88, chasseurs à long rayon d’ac- et n’avait pas encore développé ce flair
30 mars 1942 par le gén. Valin, chef tion. Pour ce faire ils sont armés de gigantesque et la confiance en lui-
des FAFL, il sera désormais le quatre canons de 20 mm logés dans même qu’il devait montrer plus tard”.
plt off. Maurice. Il est entre-temps af- le nez de l’appareil qui lui donnent
fecté le 19 février 1942 à sa première une puissance de feu considérable. Le Prinz Eugen
unité opérationnelle, le Squa- L e plt off. Max Guedj et le endommagé
dron 248, sur “Beaufighter” Mk VIC. flt sgt Charles Corder effectuent leur lors de l’attaque
aérienne
Il rejoint l’escadron après une année première sortie opérationnelle le
du 17 mai 1942 à
et demie de formation en étant ac- 1er avril 1942 à bord du “Beaufighter”
laquelle participa
compagné par un autre pilote fran- T3326 pour une mission d’escorte
Max Guedj.
çais libre qui a suivi le même cursus d’un avion d’attaque, en compagnie
que lui, le sous-lieutenant Gérard d’un autre “Beaufighter”. Durant
Weil, évadé d’Afrique du Nord le tout l’après-midi midi, au terme d’un
29 juin 1940 vers Gibraltar, à bord vol de 5 h 45 min, ils fouillent la mer
d’un Caudron “Simoun”. du Nord sans trouver le navire alle-
mand signalé. Les pilotes du
Premières missions Squadron 248 n’ont généralement
pas d’appareil personnel et volent sur
au Squadron 248 des “Beaufighter” différents à
Le Squadron 248 stationne alors chaque mission : c’est le cas de Guedj
à Dyce, au nord de l’Écosse, face à la et Corder qui réalisent cinq autres
Mer du Nord et à la Norvège distante missions durant le mois d’avril 1942,
de près de 400 km, d’où ses Bristol rencontrant pour la première fois la
“Beaufighter” qui servent de chas- chasse ennemie au cours de la der-
seurs à long rayon d’action réalisent nière d’entre elle (une reconnais-
sous une météo qui est rarement clé- sance spéciale), le 29 du mois, sous
mente de longues patrouilles en mer la forme de cinq Messerschmitt 109
pour intercepter les avions allemands qu’ils esquivent et qui n’insistent pas.
attaquant les convois (Fw 200 Max Guedj est alors décrit par
“Condor”) et escorter les bombar- son chef d’unité, le squadron leader
diers anti-U-Boot du Coastal et acting wing commander James
Command qui sont sous la menace M. N. Pike, comme un homme “assez
DR
22
Le Prinz Eugen des cuirassés Scharnhorst et
réfugié dans Gneisenau qui font un passage en
le Lofjord, pour force à travers la Manche. Si l’opé-
réparations, ration réussit non sans mal grâce à
après avoir la protection de la Luftwaffe qui dé-
été torpillé par joue les attaques aériennes de la
un sous-marin Royal Air Force, un sous-marin bri-
britannique le tannique torpille le Prinz Eugen le
23 février 1942. 21 février 1942 alors qu’il approche
Au premier du but, le fjord norvégien de
plan se trouve Trondheim. Très endommagé dans
le croiseur sa partie arrière, il parvient cepen-
Admiral Scheer. dant à gagner Trondheim et y rece-
DR
voir des réparations de fortune. Le
16 mai 1942, le Prinz Eugen, escorté
de plusieurs destroyers, quitte son
refuge norvégien pour tenter de ral-
lier le port de Kiel et y être réparé
dans les chantiers navals allemands.
Branle-bas de combat
au Squadron 248
Autre vue Le convoi naval est repéré par les
du Prinz Eugen Britanniques qui montent dans l’ur-
en réparations. gence une opération aérienne pour
DR
l’attaquer dans la nuit du 16 au 17.
La mission d’attaque contre le pour y perturber la navigation des Celle-ci ne rencontre pas sa cible,
croiseur lourd Prinz Eugen, qui sur- c o nvo i s a l l i é s (o p é r a t i o n mais une seconde attaque bien plus
vient le 17 mai 1942, va être l’occa- Rheinübung), mission qui l’a mené importante est montée en fin de jour-
sion pour Max Guedj de démontrer aux confins de l’Islande. Au terme née le 17 mai 1942, rassemblant un
tout ce qu’il a dans le ventre. Ce croi- d’une rude bataille avec les navires total de 27 Bristol “Beaufort” torpil-
seur est un des rares bâtiments de et les avions de la Royal Navy, le leurs des Squadrons 42 (Leuchars,
surface d’importance dont a disposé Bismarck est coulé le 26 mai 1941 Écosse) et 86 (Sumburgh, îles
la Kriegsmarine durant la guerre. tandis que le Prinz Eugen parvient Shetland), des Handley Page
Parti de son port d’attache de à rallier le port de Brest le 1er juin. “Hampden” et 19 Bristol “Blenheim”
Gotenhafen – aujourd’hui, Gdansk S’y trouvant menacé par les pour mener un raid de diversion,
en Pologne –, il a accompagné le constantes attaques de la Royal Air ainsi qu’une escorte de chasse de
croiseur de bataille Bismarck dans Force, il évacue ce port le 11 février “Beaufighter” des Squadrons 226 et
une sortie dans l’Atlantique nord 1942 pour la Norvège en compagnie 248 . C’est donc une force totalisant
23
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
52 appareils qui est mobilisée. C’est quai celui le plus près du Prinz Eugen cependant un Messerschmitt 109 qui
le branle-bas de combat au (nous n’avions pas encore de VHF sur tente de les abattre mais dont ils par-
Squadron 248 où le wg cdr Pike est les “Beaufighter”). J’avais déjà beau- viennent à esquiver les attaques.
prévenu à la hâte par sa hiérarchie, coup d’expérience d’attaques d’objec- Vers 22 h 15 ils rentrent à bon port
recevant pour instruction de se dé- tifs très défendus et croyais fermement avec l’appareil de leur chef qui té-
brouiller pour faire ce qu’il peut afin au principe de la surprise – une seule moigne : “Max Guedj attaqua seul
de protéger les Bristol “Beaufort” de attaque en tirant au maximum avec trois fois son torpilleur et je dois ad-
torpillage : “[Le briefing] que je fis à les canons et les mitrailleuses – suivie mettre que je fus sincèrement impres-
mes équipages dans le peu de temps des actions évasives, jusqu’à ce que sionné par son courage. Au retour de
qui me restait fut très court : “Nous l’on soit hors de portée de l’ennemi, et cette mission je pensais qu’il avait
allons attaquer l’escorte de torpilleurs c’est ce que je fis.” beaucoup de chance d’être toujours
du Prinz Eugen au canon pour cou- Guedj arrive sur les lieux à 20 h 14, en vie.” Tout le monde n’a pas eu
vrir l’attaque des “Beaufort”, vous quelques minutes après son squadron cette chance car neuf des 52 appa-
n’avez qu’à me suivre et prenez cha- leader, et attaque à son tour un des- reils engagés ne sont pas revenus,
cun un torpilleur différent s’il y en a troyer qui fait feu de toutes ses pièces. dont le “Beaufighter” du Squa-
plus d’un”.” D’après l’ORB du Squadron 248, le dron 236 piloté par le Français libre
tir de Guedj fait mouche et le vaisseau Oddino Sabadini abattu par un
“Je croyais au principe ennemi est vu couvert de fumée. Mais Messerschmitt 109, mais qui aura la
contrairement à Pike, il revient à deux chance d’y survivre pour finir la
de la surprise” reprises sur sa cible sous le feu intense guerre dans un camp de prisonniers.
Selon l’Operational Record Book de la DCA. Corder témoigne : Le Prinz Eugen parviendra pour sa
(ORB) du Squadron 248, ses équi- “Tandis que les autres avions ne fai- part à rejoindre sa destination sans
pages, du moins pour son escadron, saient qu’une seule attaque, Max atta- grands dommages.
tiennent en fait à un seul, celui de Max Depuis le quait trois fois de façon opiniâtre l’es- Après cet exploit, Max Guedj
Guedj et du sgt Corder, qui à bord du porte-avions corte des torpilleurs. Mes seuls effectue encore 12 missions le long
“Beaufighter” T4721 vont accompa- Victorious, les souvenirs de ces minutes plutôt agi- des côtes de Norvège durant le res-
gner l’appareil T4824 du wg cdr Pike Indomitable tées me rappellent que nous étions tant du mois de mai, ainsi qu’en juin
décollant à 18 h 07 de Dyce pour es- et le Eagle entre les mâts d’un torpilleur et je re- et juillet 1942. Il est basé durant tout
corter les appareils se dirigeant vers (au fond). gardais à la verticale le trou d’une ce temps sur le terrain de Sumburg,
la côte norvégienne. Il s’agit alors de Ils étaient cheminée en me débattant comme un sur la pointe sur des îles Shetland,
la 11e mission de guerre de Max impliqués dans beau diable en même temps avec les distantes d’environ 250 km des
Guedj. La formation, après avoir tra- l’opération chargeurs des canons, ce qui était côtes de Norvège. Ces missions se
versé la mer du Nord, découvre le Pedestal pour déjà difficile en temps normal. Nous résument à des patrouilles sans his-
Prinz Eugen naviguant vers le sud ravitailler ne rencontrâmes aucune difficulté de toires à lutter plus contre la brume
ceinturé d’une escorte de cinq des- Malte en août la part de la chasse ennemie étant que l’aviation ou la marine enne-
1942, à laquelle
troyers qui font feu de toutes leurs donné l’intense DCA des bateaux qui mie : il ne rencontre aucune oppo-
participa Guedj
pièc es de DCA . P i ke té- nous servit de protection contre ses sition aérienne ni n’attaque de bâti-
au sein du
moigne : “Autant que je me souvienne, propres avions.” ment ennemi. Il y vole comme
Squadron 248
il y en avait deux sur le côté d’où par- Selon l’ORB de l’unité, l’équi- d’habitude sur plusieurs appareils,
sur
tait l’attaque des “Beaufort” et j’atta- “Beaufighter”.
page de Guedj et Corder rencontre ma is assez souvent su r le
24
Le pétrolier
américain Ohio
rejoignant
in extremis mois d’août 1942, si la menace est à
le port maltais peu près écartée, les forces aé-
de La Valette riennes de Malte sont sur le chemin
le 15 août 1942 de l’offensive en attaquant la navi-
où son carburant gation ennemie, principalement à
pourra être l’aide de Bristol “Beaufighter”. Mais
pompé avant elles manquent de tout et l’île est
qu’il ne coule. dans l’attente de ravitaillement, en
FAMILLE GUEDJ
appareils comme en carburant.
Quelques C’est dans ce contexte que les ap-
instants de pareils du Squadron 248 s’envolent
détente pour pour l’île de Malte en plusieurs
Max Guedj
groupes étalés sur plusieurs jours, en
(à droite) et ses
faisant escale à Gibraltar. Max
camarades du
Guedj, sur le “Beaufighter” VI codé
Squadron 248
lors de leur
“O” y réalise son plus long vol de
séjour à guerre, décollant de l’Angleterre le
Malte au mois 9 août 1942 à 7 h 00 depuis de terrain
d’août 1942. de Porthreath, dans les Cornouailles,
pour se poser à Gibraltar après
5 h 30 min de vol sur le golfe de
Gascogne et au large des côtes du
Portugal. De Gibraltar il peut voir
les côtes marocaines et a sans doute
une pensée pour son père empri-
En juin 1943, sonné, sa mère, sa fiancée et sa petite
sur l’île de fille qui sont à Casablanca à moins
Malte, le Bristol d’une heure de vol de son avion… Il
FAMILLE GUEDJ
“Beaufighter” rejoint Malte le lendemain 10 août
“Beaufighter” T5107 codé “Y” qui de l’Angleterre, face à la Manche et Mk VIF après un nouveau vol de cinq heures,
semble presque devenir son appa- les côtes françaises. Mais il n’y fait codé F (pour se posant sur l’aérodrome de Takali.
reil personnel. aucun vol opérationnel, car son Freddie) du Les vols de convoyage se sont bien
unité s’apprête à rallier l’île de Squadron 272 déroulés puisque les 16 appareils du
Séjour à Malte en pleine Malte. Possession britannique au roule sur un
taxiway de
Squadron 248 sont tous arrivés à bon
centre de la Méditerranée entre la port, bien que l’un d’eux, présentant
opération Pedestal Sicile et la Libye italienne, elle est fortune de la des problèmes mécaniques, servira
base de la RAF
À la fin du mois de juillet 1942, devenue une forteresse assiégée et de source de pièces de rechange.
de Takali, au
tout son escadron déménage pour soumise à d’importantes attaques Ils ne sont pas destinés à s’y éter-
pied de la ville
aller à Gosport, près de Porths- aériennes des forces de l’Axe en niser et effectuent surtout ce voyage
fortifiée
mouth, en plein centre du rivage sud 1941 et au début de l’année 1942. Au pour livrer leurs “Beaufighter” aux
V
de Mdina.
25
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
DR
“Beaufighter”
forces locales. Mais l’île est dans l’at- du niques, si bien que neuf “Beaufigher” au large du cap Bon, à la pointe nord-
tente de l’arrivée d’un important Squadron 248 se présentent sur le terrain de est de la Tunisie. Trois autres
convoi de ravitaillement – opération survolant Cagliari-Elmas distant de quelque “Beaufigher” décollent à l’aube pour
Pedestal – de 14 navires marchands l’Angleterre 250 km de Malte. La DCA du ter- prendre le relais, le premier à 5 h 05
dont le pétrolier Ohio transportant par un temps rain, assez forte, se met à tirer mais piloté par le wg cdr Pike, suivi d’un
du carburant d’aviation. Ils sont es- couvert. les bimoteurs britanniques vont y dé- second piloté par le plt off. Jay avec
cortés par rien de moins que 42 bâti- chaîner le feu de leurs canons, rédui- le flt sgt Mc Farlane en observateur.
ments de guerre dont trois porte- sant au silence les postes de tir avant Max Guedj décolle quelque 20 mi-
avions britanniques ; tous ces navires de s’en prendre aux hangars et aux nutes plus tard mais retournera à
se rassemblent au sud des Baléares appareils entreposés – deux Savoia- Malte sans avoir trouvé le convoi. Ce
quand les “Beaufighter” du Marchetti 79 y seront revendiqués n’est pas le cas de Pike qui se fait at-
Squadron 248 se posent à Malte. Ils détruits et six autres endommagés. taquer par des Bf 109 dont il esquive
seront mis à contribution pour prêter Max Guedj y fait un “carton” contre les attaques et rentre à Malte avec
main-forte aux aviateurs de Malte un des hangars qui est laissé en une balle dans la queue. Jay et Mc
qui vont déployer un effort maximal flammes quand les “Beaufighter” Farlane n’ont pas cette chance : leur
afi n de protéger le convoi que les s’éloignent… pour se diriger vers le moteur gauche en feu, ils sont
forces navales et aériennes de l’Axe terrain de Decimomannu, distant de contraints de sauter en parachute en
s’apprêtent à attaquer. quelques kilomètres, qu’ils prennent mer. Cinq autres “Beaufighter” vien-
par complète surprise en lui infl i- dront sur place en fin de matinée et
Un “carton” contre un geant la même punition. Max Guedj seront pris en chasse par les Bf 109
y revendique un hangar endommagé dont ils éviteront les attaques.
hangar laissé en flammes ainsi que deux avions non identifiés Pike veut faire le maximum pour
Le 11 août 1942, le convoi allié endommagés au sol, des SM 79 si l’on retrouver son équipage parachuté en
quitte le sud des Baléares et se dirige en croit les rapports de ses cama- mer et envoie le lendemain 14 août
en direction du cap Bon, la pointe de rades qui au total signalent avoir in- quatre appareils qui décollent peu
la Tunisie. Les “Beaufigher” du cendié huit heavy aircraft (avions après 13 heures et qui découvrent un
Squadron 248 vont s’en prendre aux lourds) multimoteurs et endommagé dinghy dans lequel se trouvent deux
terrains abritant des avions torpil- 16 autres. Casiers à munitions vides, hommes. Ils rentrent tous à Malte
leurs italiens, à savoir celui de l’île de tous les appareils, dont deux ont été sauf l’un d’eux, piloté par l’autre
Pantelleria vers laquelle quatre ap- légèrement endommagés par la Français libre de l’unité, le
pareils décollent vers 19 h 15. Trois DCA, rentrent à Malte et s’y posent plt off. Gerard Weil, qui reste à tour-
quarts d’heure plus tôt, l’essentiel de dans la nuit vers 23 h 30, y retrouvant ner autour de l’embarcation jusqu’à
l’unité, soit 11 “Beaufighter” menés les quatre autres revenus du raid épuisement de son carburant dans
par le wg cdr Pike, ont déjà décollé contre Pantelleria. l’attente d’un hydravion de secours
pour s’en prendre aux terrains du sud En fin d’après-midi du lende- – il est question que le commande-
de la Sardaigne. Max Guedj fait par- main 12 août le Squadron 248 dé- ment de Malte y envoie un hydra-
tie de ce groupe avec son fidèle pêche six de ses appareils pour four- vion Cant 506 italien capturé. Max
Corder ; ils peuvent voir que deux de nir une couverture aérienne au Guedj et Corder décollent à
leurs équipiers font demi-tour pré- convoi qui, au matin du 13 août, s’est 17 heures pour prendre le relais de
maturément suite à des ennuis méca- approché à quelque 220 km de Malte Weil. Les pilotes du Squadron 248
26
ignorent que les occupants du din-
ghy ne sont pas leurs camarades,
“ L’avion ennemi voie de son côté des Ju 88 à long
rayon d’action, notamment basés à
mais l’équipage d’un “Stuka” italien Bordeaux-Mérignac, pour tenter
descendu la veille par des chasseurs
alliés, à savoir le pilote Antonio
s’enfuit en piqué… Une d’apporter une couverture aérienne
à ses sous-marins.
Cumbat et son mitrailleur Cavallo,
blessé. Leur canot de sauvetage est
poursuite s’engage et se Max Guedj est de la partie pour
ce premier jour de reprise des vols
percé et Cumbat fait ce qu’il peut
pour pomper et le maintenir à flot, finit au ras des flots ” et réalise avec Corder une patrouille
en mer de près de quatre heures vers
ayant pu y amarrer les deux roues de les approches ouest avec deux autres
son “Stuka” qui se sont détachées à dommagé, a pu rejoindre le port de équipiers, sans faire de mauvaise
l’impact et qui servent de bouées. La Valette où il va couler, mais non rencontre. Il en fait une lors de sa
Guedj décrit de larges cercles autour sans avoir vu tout le carburant qu’il seconde sortie deux jours plus tard,
du frêle esquif de fortune tandis que transportait transbordé à quai ou sur le 27 septembre 1942, ayant décollé
Corder leur jette des vivres au bout d’autres navires, ce qui sauve l’île de à 14 h 43 avec trois autres équipiers
d’un parachute que les naufragés, Malte de la pénurie. Les forces de la pour escorter un bombardier
trop épuisés, ne vont pas chercher. RAF à Malte sont donc de nouveau Armstrong Whitworth “Whitley”.
A lors que la nuit commence à sur pied et peuvent continuer à atta- Le temps est plutôt clair au décol-
tomber un hydravion fait son appa- quer le trafic maritime de l’Axe en lage mais va se gâter en mer, où ap-
rition, que Guedj décrit comme ac- Méditerranée centrale… Ce que font paraissent des nuages, des pluies lé-
compagné d’un chasseur monomo- le 15 août neuf “Beaufighter” du gères et des nappes de brouillard.
teur qui quitte la scène. Il n’a pas vu Squadron 248 en escortant des Au détour d’un nuage, la patrouille
qu’il y avait en fait IWM B r i s t o l aperçoit un Ju 88 qu’elle attaque im-
toute une patrouille “Beaufort” médiatement. L’avion ennemi s’en-
de MC 202 italiens torpilleurs
t au fuit en piqué… Une poursuite s’en-
qui ont fait demi- large
l de l’île de gage et se finit au ras des flots. Seuls
tour à bout de carbu- Corfou,
C rempor- le “Beaufighter” codé “X” du
rant. L’hydravion est tant
t à l’occasion flt sgt R. Hammond et le KL304 “C”
Le wg cdr James
seul face à lui ; c’est plusieurs
p vic- M. N. Pike,
de Max Guedj parviennent à le rat-
un Dornier 24 alle- toires
t aériennes à la tête du traper. Des échanges de tirs ont lieu
mand. Il demande contre
c des Ju 52, Squadron 248 et le mitrailleur arrière du Junkers
des instructions au Ju
J 88 et Fiat quand Guedj y parvient à toucher l’appareil d’Ham-
commandement de BR.20,
B au prix était affecté en mond d’une balle dans l’aile gauche,
Malte qui lui or- d’un
d appareil 1942, lors de ses près du moteur. Le bimoteur alle-
donne de ne pas tirer perdu. Ma x missions contre mand reçoit de son côté plusieurs
sur l’avion de sauve- Guedj
G n’est pas le croiseur lourd impacts, mais poursuit néanmoins
tage ennemi. Ce qu’il du
d vol et tous les Prinz Eugen sa route, à la grande rage de Max
fait en dirigeant par pilotes
p survi- et à Malte. Guedj qui doit abandonner le com-
ses manœuvres le vants
v font leurs bat, faute de munitions.
Dornier vers le din- bagages
b dans les C’était la première fois qu’il af-
ghy et en tirant à jours
j qui suivent. frontait un avion ennemi en vol, et
trois reprises sur la Laissant
L leurs de toute évidence a estimé qu’il de-
mer autour des nau- appareils
a aux vait améliorer sa technique de tir. Il
fragés pour signaler leur position. forces de Malte, ils quittent l’île sur se consolera quelques jours plus tard
L’hydravion finit par les apercevoir un Lockheed “Huston” vers lorsqu’il recevra la Distinguished
et se pose à proximité pour les re- Gibraltar, puis de là s’embarquent le Flying Cross (DFC) dont la citation
cueillir. Antonio Cumbat témoi- 26 août 1942 sur le cargo Llanstephan souligne son exceptionnelle volonté
gnera des années après les faits : Castle qui les ramène en Angleterre de voler et de se battre ; la décoration
“Guedj continue à observer la scène trois jours plus tard. britannique sera doublée d’une cita-
en tournant autour de nous et tion à l’ordre de l’armée française
lorsqu’il se rend compte que nous Missions au large ainsi libellée : “Brillant officier pilote
avons été sauvés, il effectue un virage de chasse bimoteur. A effectué de
vers l’hydravion pour nous saluer
de l’Irlande nombreuses opérations sur les côtes
puis met le cap sur Malte.” Les mécaniciens et services gé- norvégiennes et hollandaises. S’est
De l’équipage du “Beaufighter” néraux du Squadron 248 sont restés particulièrement distingué le 17 mai
parachuté en mer, seul l’observateur, à Dyce pendant l’épisode maltais et 1942, en prenant une part active à
le flt sgt Mc Farlane, pourra échap- rejoignent les pilotes à Talbenny, sur l’attaque sur le Prince Eugène. Vient
per à la noyade et sera sauvé par la pointe sud du pays de Galles, où de participer avec brio à des opéra-
l’équipage d’un autre “Stuka” italien l’unité reçoit de nouveaux “Beau- tions en Méditerranée centrale, au
abattu qui le recueillera sur son din- fighter” et reprend ses vols le 25 sep- cours desquelles il a détruit deux
ghy. Les trois hommes seront ulté- tembre 1942. Sa mission sera de réa- hangars et endommagé trois appa-
rieurement sauvés par un hydravion liser des patrouilles de chasse dans reils ennemis sur des terrains.
allemand. Le pilote, le plt off. Jay, n’a le golfe de Gascogne et d’escorter les Compte à son actif 104 heures d’opé-
pas eu cette chance et a péri noyé en bombardiers de lutte anti-sous-ma- rations et 31 missions de guerre.”
mer. Pendant que se déroulait cette rine qui tentent d’y détruire les L es missions se poursuivent
opération de sauvetage, le convoi de U-Boote ennemis de passage vers le alors au-dessus de l’Atlantique, en
ravitaillement a pu rallier l’île de centre de l’Atlantique pour y atta- mer Celtique et jusqu’au golfe de
Malte avec d’importantes pertes. En quer les convois venant d’Amérique Gascogne, et les “Beaufighter” du
particulier le pétrolier Ohio, très en- vers l’Angleterre. La Luftwaffe en- Squadron 248 croisent la route de
V
27
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
28
E
T DHORN
VINCEN
dure donne directement sur une fa- Brest. Iniss monte aussitôt pour l’at- moins de 300 m de distance pour une
laise tombant dans l’océan, pour taquer, suivi des appareils de rafale de deux secondes qui fait
commencer une patrouille en mer Stringer et de Guedj. Le Ju 88 repère mouche et laboure les moteurs et le
avec trois autres “Beaufighter” me- les “Beaufighter” alors qu’Iniss est cockpit de sa cible. Il s’approche à
née par le sqn ldr F. K. Burton à un peu moins de 1 000 m de dis- moins de 150 m et tire une seconde
(“Beaufighter” “X”). Max est son tance sous sa queue. Il tente de se rafale en plein dans son angle mort
n° 2 sur le “Beaufighter” “W”, suivi mettre à l’abri dans un nuage tandis qui incendie complètement le
des appareils “U” du fl ight lieute- qu’Iniss appuie sur la détente de ses Junkers qui s’incline fortement vers
nant A. R. Iniss et du “T” du flight canons, mais rien ne part en raison bâbord, puis redresse avant de glis-
officer R. G. Stringer. Ils volent au d’un défaut d’interrupteur de tir. ser vers la mer sur laquelle il est vu
ras des flots et sont à environ 250 km Alors que l’avion allemand entre s’écraser. Il n’y aura aucun survivant
à l’ouest de la pointe de la Bretagne dans le nuage qui se révèle être assez parmi l’équipage de l’oberleutnant
quand Iniss est le premier à aperce- fin, Stringer peut lui tirer une rafale Ernst Stichel.
voir un bimoteur ennemi évoluant à de ses mitrailleuses et observe Mais le mitrailleur arrière de
600 m d’altitude. Il s’agit d’un Ju 88 quelques impacts sur le plan de l’équipage allemand ne s’est pas
D-1 de la Wekusta 51, une unité de queue bâbord, le temps de dégager laissé faire ; durant l’attaque il a gra-
reconnaissance météorologique pour faire place au “W” de Guedj tifié son assaillant d’une bonne rafale
dont un détachement est basé à qui ouvre le feu de ses canons à de sa MG 131 de 13 mm qui a fait
V
29
MAX GUEDJ, HÉROS MÉCONNU DE LA FRANCE LIBRE
CHARLES CORDER
des conditions aussi mouvemen- mander qu’on remette la croix de depuis plus d’un an, a effectué
tées ! Aussi, son exploit qui n’est pas guerre à son navigateur… La DSO 280 heures de vols de guerre au
mince sera récompensé par la pres- sera remise à Guedj le 21 avril 1943 cours de 72 missions dont 58 mis-
tigieuse Distinguished Service sur le terrain de Predannack par l’air sions offensives à longue distance
Order (DSO) à titre exceptionnel, vice-marshal G. Bromet, le com- Pilotes et radio- dans les ciels de Norvège, de
qu’il est le premier pilote français mandant du 19th Group du Coastal navigateurs du Hollande, du golfe de Gascogne et
libre à obtenir. Corder, que Guedj Command, au terme d’un déjeuner Squadron 248 de la Méditerranée centrale. À la
considère comme ayant sauvé l’équi- dont le menu a été écrit en français. en 1943 posant suite d’un combat difficile contre un
page de par son excellente naviga- Corder recevra pour sa part sa déco- devant un Junker 88 au large de la Bretagne a
tion qui les a menés droit vers ration des mains du roi Georges VI “Beaufighter”. abattu en flammes son adversaire au
Predannack, est recommandé pour à Buckingham palace. Les autorités Max Guedj moment où il cherchait à s’échapper
la Distinguished Flying Medal ré- de la France libre donneront en est assis au dans les nuages. Blessé à la tête et
premier rang,
servée aux sous-officiers, mais rece- outre une citation à l’ordre de l’ar- aux jambes, a réussi à regagner
3e à droite ;
vra à la place la Conspicuous mée aux deux hommes, celle de Max l’Angleterre malgré les graves ava-
Corder est
Gallantry Medal, la plus haute dis- Guedj, qui lui permet d’ajouter une ries causées à son appareil par le feu
le premier à
tinction après la Victoria Cross. seconde palme à sa croix de guerre, gauche au
de l’adversaire.” Q
Guedj écrira au gén. Valin pour de- étant ainsi libellée : “En opérations dernier rang.
À suivre
FAMILLE GUEDJ
31
FÊTES
n “Mirage” F1
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La légende
Le “Mirage” F1 demeure une des légendes qui
ont fait l’histoire de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Entrés en service en 1974, les “Mirage” F1 français
ont tiré leur révérence à l’occasion du défilé
militaire du 14 juillet 2014.
32
Iconique
33
CADEAUX
Le retour du Béarn
L’historique escadron de transport
Béarn a été sorti du sommeil
pour reprendre du service sur A400M
en septembre dernier. Un de ses avions
a été orné du fameux taureau rouge.
Patrouille
de France
Depuis 1954, l’histoire de la patrouille tricolore
s’est écrite avec des avions devenus
iconiques comme le MD 450 “Ouragan”,
le Fouga “Magister” ou encore l’“Alpha Jet”.
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boucle quatre points présente
sur les sièges éjectables.
37
REPORTAGE
Beau et efficace
XAVIER MÉAL
Paul-Émile Cassart aux commandes
de son Beech D17S “Stagerwing”
N44GM au-dessus
de la Bourgogne, en juin dernier.
39
BEECH D17S “STAGGERWING”
40
Flying Aces Services and Training
(FAST Aero), la société de Frédéric
Vormezeele ; il s’agissait de son projet
personnel. L’avion était complet et
démonté quand je l’ai acheté, le treillis
tubulaire sortait de peinture, le train
était monté dessus. Mais pratiquement
tout restait à faire.”
Un soldat
devenu civil
Ce qui n’est alors qu’un squelette
de “Staggerwing” s’avère avoir été
construit en tant que GB-2, c’est-à-
dire la version commandée par l’US
Navy. Le GB-2 avait pour vocation
le transport de personnalités et des
pilotes de convoyage vers des usines
à travers tout le pays afin de livrer les
avions à la flotte. Celui-ci, numéro
de série 6916, fut pris en compte
le 27 mai 1944 avec le Bureau of
DR
Aeronautics Number (BuAer N°) Le Beech D17S
23736, mais fut semble-t-il immé- “Staggerwing” à partir de 2004, a été un Beech Quand je l’ai acheté, en 2007, mon
diatement versé, pour les besoins de immatriculé “Staggerwing”, pour le Néerlandais activité de restauration a commencé à
l’accord lend-lease (1) aux US Army N67426, Edwin Boschoff ; il s’agissait d’un décoller… J’ai dû mettre mon projet
Air Forces qui lui attribuèrent le futur N44GM, YC-43 immatriculé N295BS, un de côté, l’entreposer dans une réserve
matricule 44-76071. Cependant il ne à Watsonville, avion qui avait été utilisé par l’ambas- privée avec les avions de mon père.”
fut pas expédié en Angleterre et fut en Californie, sadeur américain à Londres pendant À cette époque, le fuselage a d’ores et
rayé des inventaires le 31 juillet 1946, au milieu des la Deuxième Guerre mondiale. Il a déjà subi une restauration complète :
puis vendu comme surplus. Il devint années 1960. volé à nouveau le 29 avril 2009. le treillis tubulaire a subi un traitement
alors civil, en tant que Beech D17S, Dès le début des travaux, j’ai été total tandis que cadres et lisses en bois
et adopta l’immatriculation N67426. séduit par cet avion, et j’en ai voulu neufs ont été installés.
Il fut accidenté deux fois dans les Le fuselage est un pour moi. Grâce à mon réseau
années 1960 : en mai 1964, le train composé d’un
assemblage
aux États-Unis, j’ai trouvé ce que je Un nombre d’heures
d’atterrissage se rétracta inopinément cherchais. Un monsieur en vendait
au roulage sur l’aéroport de Tucson, de couples deux, l’un en état de vol, l’autre qu’il
de travail exponentiel
et de lisses
dans l’Arizona, et en septembre avait acheté pour le restaurer mais Fréderic Vormezeele extirpe le
en bois, tout
1965, sur l’aéroport d’Evansville, qu’il n’avait en définitive jamais tou- fuselage restauré du N44GM de son
en courbes,
dans l’Indiana, le train d’atterrissage ché. Celui “à restaurer” avait fait son entrepôt privé pour le transporter
sur un treillis
refusa de sortir suite à une panne du dernier vol en 1965 je crois. jusqu’aux ateliers de FAST Aéro en
V
métallique.
moteur électrique qui l’active. Le FAST AÉRO
41
BEECH D17S “STAGGERWING”
XAVIER MÉAL
42
tue. J’ai passé beaucoup de temps à Le train
rechercher des pièces. Heureusement, d’atterrissage,
ayant entretenu et réparé quelques mû par des
“Staggerwing” auparavant, je dispose moteurs
d’un petit réseau aux États-Unis. Les électriques, est
moteurs électriques des trains d’atter- sans doute
rissage sont très difficiles à trouver, le système
tout comme les contacteurs qui servent le plus complexe
d’interrupteurs quand le train est du Beech
rentré. Par ailleurs, régler le mouve- “Staggerwing”.
ment des jambes de train est très long.
Dans un autre domaine, les vérins
mécaniques des volets, entraînés par
un moteur électrique, sont également
devenus très rares.”
Les premiers essais du moteur
Pratt & Whitney sont menés le 11 sep-
tembre 2019 et, le 13 octobre suivant,
Frédéric Vormezeel effectue avec
succès le premier vol de contrôle.
V
“Staggerwing”
signifie “ailes
décalées”.
Et en effet,
l’aile supérieure
est plus en
arrière que l’aile
inférieure.
Septembre
2018 : le Pratt
& Whitney
R-985 de
600 ch révisé
est en cours
d’installation. FAST AÉRO
DIRK BELLENS / FAST AÉRO
43
BEECH D17S “STAGGERWING”
44
Habituellement basé
à Saint-Hubert, en
Belgique, le Beech D17S
“Staggerwing” N44GM
fréquente les aérodromes
français. Lors de cette prise
de vue, il avait fait étape à
Darois (Côte-d’Or).
45
HISTOIRE
H. TANAKA
46
Le pont d’envol de l’Akagi la veille
de l’attaque. Un ultime briefing
se tient au pied de l’îlot, à côté
du chasseur A6M2b piloté par Tadao
Kimura qui fut de la seconde vague
contre Pearl Harbor.
47
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
48
Le bombardier
en piqué biplace
embarqué
type 99 Aichi
D3A1 modèle 12
“Val”. C’était
un appareil
moderne et
performant pour
l’époque.
K. KOSEMOTO
Le bombardier-
torpilleur triplace
embarqué type 97
Nakajima B5N2
modèle 12, “Kate”
pour les Alliés. Il
avait remplacé le
B5N1 modèle 11
tout au long de
l’année 1941 et
équipait les six
grands porte-
avions du Kidô-
Bûtaï. Il emportait
des bombes ou
une torpille. NARA
49
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
51
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
52
NARA DR/COLL. BERNARD BAËZA
Le carré
cendre si bas et à voler lentement. des officiers un rôle de Shômeï-taï [unité d’éclai- et à la plus basse vitesse possible.
Nous savions, par expérience, que supérieurs de rage] et, en coordination avec les J’appris par la suite, de la part de
dans une baie peu profonde, les tor- l’Akagi dans “attaquants”, lançaient des fusées techniciens armuriers, que les ailettes
pilles ne servaient à rien car, lar- la soirée du éclairantes pour leur permettre de servaient à stabiliser la torpille en vol
guées à l’altitude réglementaire, 24 novembre localiser la cible et de viser. Pour mais aussi à lui donner la plus faible
elles devaient, en raison de leur 1941. Seul d’évidentes raisons de sécurité, les inclinaison possible vers l’avant,
poids, s’enfoncer de quelque 45 m est identifié exercices d’attaque de nuit se faisaient celle tout juste nécessaire pour lui
sous l’eau avant de remonter à la le cf Mitsuo à l’altitude de 90 ou 100 m au lieu des éviter de rebondir à la surface de
bonne profondeur d’attaque. Sans Fuchida, à 20 ou 30 m auxquels nous volions en l’eau. Ensuite, le choc d’entrée dans
une profondeur suffi sante pour ne l’extrême journée. Le moment le plus délicat l’eau provoquait l’arrachement de
pas toucher le fond et sans une cer- gauche, qui était celui de l’extinction de la fusée l’empennage en bois et, à 10 m de
taine distance entre le lieu du lar- regarde éclairante qui perturbait la vision du profondeur tout au plus, il en résul-
gage et la cible, nécessaire pour l’objectif. pilote et lui faisait souvent perdre de tait le départ de la course sous l’eau
permettre à la torpille de remonter vue l’horizon. Nous perdîmes ainsi d’une torpille quasiment à l’horizon-
à la bonne profondeur d’attaque, un appareil qui toucha l’eau et se tal qui remontait rapidement à la
celle-ci risquait soit de se planter désintégra, provoquant la mort des bonne profondeur d’attaque…
dans la vase du fond, soit de passer trois hommes d’équipage. Notre période de vols terminée,
sous la cible sans la toucher. nous fûmes transférés sur la base de
Carte détaillée
Mais, le plus angoissant était les
de Pearl Harbor
Des torpilles Tomitaka où nous retrouvâmes nos
vols de nuit. Pour leurs besoins, deux camarades des bombardiers en pi-
appareils survolaient la baie de
remise aux perfectionnées qué dont c’était la base d’entraîne-
équipages
Kagoshima à 900 m d’altitude dans nippons. Nous découvrîmes, à l’issue de ment. Là, nous bénéficiâmes de trois
cette phase d’entraînement poussé, jours de repos que nous passâmes
comment nos chefs avaient résolu ces dans les restaurants et les bars de la
deux problèmes. Dès 1937, le ville. Puis, ce fut le retour à bord du
cc Haruo Haruta et le lv Makoto Kaga pour y apprendre que nos ap-
Kodaïra de l’arsenal de Yokosuka pareils devaient recevoir un camou-
avaient travaillé à l’amélioration de flage “vert foncé”. Personnellement,
la torpille type 91. Leurs travaux, j’en fus contrarié car j’avais pris
associés à d’autres, avaient abouti à pour habitude de bien polir le revê-
l’adoption d’ailettes latérales stabili- tement en aluminium du mien pour
satrices et à la fixation d’un empen- réduire la résistance à l’air. La pein-
nage en bois sur les ailettes de queue ture du camouflage ne faisait pas que
d’origine pour stabiliser la trajectoire contrarier cette habitude, elle alour-
du projectile dans les airs et limiter dissait l’avion. De surcroît, certains
sa profondeur d’immersion à une appareils, heureusement ce ne fut
dizaine de mètres seulement. Ce sys- pas le cas du mien, reçurent un ca-
tème avait été perfectionné au point mouflage peint hâtivement, un mé-
de réellement pouvoir contrôler lange de taches apposées un peu
l’angle de trajectoire d’une torpille n’importe comment, au hasard. Je
entre le moment de son largage et son découvris par la suite, qu’il en avait
entrée dans l’eau. Et, c’est pour da- été de même sur d’autres porte-
vantage simplifier les calculs avions et que ces camouflages
d’angles, qu’il était nécessaire de lar- avaient été apposés selon le gré des
guer à la plus faible altitude possible chefs d’unités. À cette époque, il
V
53
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
55
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
Le Nakajima B5N2 modèle 12 du groupe aérien du Hiryû, porteur de marquages jaunes de Bûntaïchô
(chef d’escadron). Il était piloté par le lv Hirata Matsumura, “patron” des torpilleurs du porte-avions.
sonnellement aucune haine envers sion les axes d’approche et les en- convaincus que l’ennemi nous atten-
les États-Unis, mais je savais quand droits où se trouvaient les navires qui drait. Toutefois, notre principale
même qu’ils étaient en train de pous- nous étaient assignés comme cibles. crainte était de ne pas pouvoir at-
ser le Japon à la guerre de par leurs Il ne nous parla pas des cibles attri- teindre la distance de lancement de
prises de position. On nous précisa buées aux autres groupes aériens. nos torpilles, crainte que je parta-
également que l’escadre pourrait être En route vers (…) À l’issue de ce briefing, geais avec mon ami le maître Takeshi
appelée à faire demi-tour sur ordre Pearl Harbor via beaucoup d’entre nous pensaient Maeda qui, comme moi, devait sur-
du QG de la Marine, et ce jusqu’à la le Pacifique nord, que cette mission serait sans retour. vivre au conflit avec le grade d’en-
dernière minute. Nous étions majoritairement seigne de vaisseau…”
V
le Kaga
À Hitokappu, les aviateurs (à gauche)
furent envoyés par petits groupes à et le Zuikakû vus
bord de l’Akagi pour d’ultimes brie- depuis l’Akagi,
fings dirigés par le cf Minoru Genda. alors qu’ils
À l’aide d’une règle et d’une grande tanguent sur une
maquette d’Oahu, Genda nous dé- forte mer avec
tailla les routes d’attaque et nous visibilité limitée.
désigna les cibles principales. Ma
cible était n’importe lequel des cui- La route nord
rassés ancrés dans “Battleship Row” suivie par le
[l’“allée des cuirassés” : le regrou- Kidô-Bûtaï du
pement des cuirassés de l’US Navy 26 novembre
dans le port de Pearl Harbor, au 8 décembre
1941 à 1 h 30,
NDLR]. La maquette devait faire 6
heure de
ou 8 m2 . Elle était donc parfaitement
Tokyo, soit le 7
claire et détaillée. Cela permit à
à 6 h 00, heure
Genda de nous montrer avec préci- d’Hawaii. DR/COLL. BERNARD BAËZA
FRANÇOIS HERBET o s e
s e t i e n n
d e s A l é o u
s
Ch.
le
Poronajsk
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es
Ko
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Ko
MANDCHOUKOUO
s
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attaque Pearl Harbor
Volcans de l'Em
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se
Changchun Vladivostok
Sapporo Nitok
Nito
Nit
tok ps u
kFaopp
Nitokappu (7
7 décembre
dé 1941)
266 nno
novembre
novemb
mbre
re 1941
1941 à 06 h 00
0 déce
dé
écembr
b e 1941
3 décembre 1941
19
941
Mer du Japon Aomori Ravitaillement
1er décembre
d cem
décembre
bre
b 1941
1941
2 décembre
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mbree 1941
1941 décembre 1941
4 décembre
JAPON
COREE
Sendai
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Inchon Tomioka
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Kòbe
Saga Numazu
Tobata
Sasebo Kure Okayama
Osaka Hamamatsu décemb 1941
6 décembre
Nagazaki
Mer
de Chine
Omura
N o r d d embre 1941
déce
7 décembre
Orientale
Amami-Oshima re
Kure
M
D o Midway
rs
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Iwo Jima
des
Ha
TR O PIQ UE D U C ANC E R
Minamitori-shima wa TR O PIQ U E D U C AN C ER
ii
(Île Marcus)
0 Nautiques 300 600 900 57
Wake Pearl Harbor
bor
LA PRÉPARATION DES PILOTES À PEARL HARBOR
PIERRE GRANDBESANÇON
M cadrille du GC II/8
perçoit ses premiers
Bloch MB.152 et ré-
trocède ses Po. 631 à
l’escadrille AC1, une formation de
chasse de l’Aéronautique navale qui,
depuis novembre, fait la navette
Querqueville dans l’attente de pou-
voir échanger ses antiques
Dewoitine 376 contre des chasseurs
modernes. Les marins espéraient
toucher des monoplaces Morane-
Saulnier 406 français ou des
Grumman G-36 commandés aux
équipe depuis octobre le GC II/1,
premier groupe de chasse à en avoir
été doté. De retour à Marck avec
trois premiers avions, ils servent de
“préformateurs” au reste de l’esca-
drille dont les pilotes, après six à
huit heures de prise en main, vont
60
Le pilote de chasse Pierre Grandbesançon - 1934-1942
La Luftwaffe passe
à l’offensive
un à un réceptionner à l’Entrepôt
EAA-301 de Châteaudun (Eure-et- Une formation de Heinkel 111H
Loire) leurs nouvelles montures de la 7/KG 1 Hindenburg en route
assemblées, non loin de là, à l’usine vers son objectif.
SNCASO de Châteauroux-Déols
(Indre). Quel changement ! Le
MB.152 s’avère d’emblée d’un pilo-
tage “agréable”. Bien que sa charge
alaire soit assez élevée, il reste ma-
niable, grimpe bien et vire serré
sans tendance au décrochage.
Toutefois, la manœuvre de renver-
sement est fortement déconseillée
en combat aérien avec le risque
avéré à basse altitude d’un départ
en vrille. Son armement puissant
– deux canons HS-404 de 20 mm
(chargeurs de 60 obus) et deux mi-
trailleuses MAC-1934 de 7,5 mm
(chargeurs de 500 cartouches) en
voilure – est supérieur à celui de la
V
BUNDESARCHIV
61
PIERRE GRANDBESANÇON - 1934-1942
Le MB.152
montre ses limites
Plus grave encore, comme beau-
coup d’appareils français des an-
nées 1930, le point faible du MB.152
DR/COLL. ARDHAN VIA R. FEUILLOY
réside dans sa motorisation. Les Avec l’arrivée
premières machines qui arrivent en Marck, février est un véritable cal- des Bloch, les ment, permettent aux jeunes de se
unités sont dotées du Gnome et vaire. La température chute. Entre Po. 631 sont perfectionner.”
Rhône 14N-25 développant à peine deux tempêtes de neige, le terrain transférés à la L e Bloch 152 montre aussi ses
1 000 ch aux altitudes d’utilisation. se transforme en bourbier empê- flottille F1C de limites : en montée, le badin oscille
La mise au point, l’intégration et le chant toute activité opérationnelle l’Aéronautique entre 170 km/h et 200 km/h ; en pa-
refroidissement de ce moteur en à l’exception de quelques vols d’en- navale. lier, il atteint difficilement les
étoile (refroidissement par air) traînement sur la dizaine de Bloch Le requin sera 480 km/h. Son moteur s’avère exces-
laissent à désirer. Les remèdes aux réceptionnés dont les moteurs re- conservé par sivement gourmand, réduisant son
problèmes sont lents et erratiques fusent fréquemment de démarrer. les marins. rayon d’action à moins de 500 km
au fil des sous-versions qui peinent Pierre Grandbesançon a touché le Les Potez pour à peine 1 h 30 min de vol en ré-
à sortir des ateliers du motoriste. sien. En tant qu’avion du chef d’es- ne sont pas gime de croisière économique et
Tant sur les propulseurs que sur les cadrille, il porte le numéro “1” peint de première moins d’une heure à la puissance de
mécanismes d’armement, les méca- sur la dérive. Son mécanicien atti- jeunesse, combat. Qui plus est, sa conduite
niciens vont devoir bricoler. Le tré, le sgt/c. Willy Welghe, ne mé- comme n’est pas des plus aisée du fait de la
lt Grandbesançon s’en agace : nage pas ses efforts pour le mainte- en témoigne multitude de commandes, de cadrans
“Notre groupe commence à toucher nir en état de vol. Les conditions le n° 62 dont et de servitudes réparties dans tout
des Bloch 152 à moteur 14N-25, puis météorologiques s’améliorent aux le gouvernail l’habitacle : “Il faut avoir les mains
N-49 ordinaire, puis N-49 modifié, premiers jours de mars. Les pa- gauche a été d’un Bouddha et les yeux d’un escar-
puis N-49 “réchauffé”, puis N-49 trouilles d’alerte et les missions cannibalisé sur got”, ironise Pierre Grandbesançon ,
le Po. 631 n° 21.
transformé, etc. Les pilotes qui vont d’interception reprennent en quête “l’appareil est une usine où on a
à Châteaudun chercher les appareils d’un adversaire inabordable. Pierre l’impression que l’ordre d’impor-
sont à l’affût des derniers perfection- Grandbesançon raconte : “Malgré
nements, mais ils sont un peu décou- des calculs extraordinaires pour
ragés car, à leur atterrissage à Marck, prévoir les intentions de l’ennemi,
on leur apprend quelques fois que
depuis leur départ de Châteaudun un
les décollages sur alerte et les pa-
trouilles a priori aux altitudes les
Où aller ? Où va-t-on
“retrouver son unité ?
nouveau Bloch particulièrement plus variées se succèdent et toujours
retaillé vient de sortir.” RAS… Nous ne voyons en l’air
Aux tracas des moteurs (1)
s’ajoute une pénurie d’hélices à pas
aucun ennemi, sauf parfois sous
forme de fumées blanches inacces- Peut-être des amis sont
variable qui oblige parfois de livrer sibles. Néanmoins, tous ces vols,
l’avion avec une hélice en bois dite
“de convoyage” ! Les carences sont
augmentés de séances d’entraîne- déjà morts ? ”
également récurrentes pour les ra-
Pilotes et mécanos affrontent les dures vicissitudes
dios, les trains d’atterrissage ou les
de l’hiver 1940. Avec leurs manteaux de cuir Mercier,
collimateurs que les équipementiers
les navigants sont les mieux lotis.
ne parviennent pas à produire au
rythme de sortie des cellules. Rares
sont encore les Bloch 152 qui, en ce
début d’année 1940, arrivent en
unité entièrement équipés !
Jusqu’en juin 1940, il subsistera tou-
jours une dramatique absence de
synchronisation entre la fabrication
des avions et celle des équipements
(lire Le Fana de l’Aviation n° 590).
Sur le Nord de la France, le
temps se dégrade encore. À Calais-
62
En janvier 1940,
la 3e escadrille
du GC II/8
réceptionne à
Calais-Marck ses
premiers Bloch
MB.152.
Au second plan,
le Potez 631 du
chef d’escadrille,
le cne Grand-
besançon
PIERRE GRANDBESANÇON
Aux côtés
tance des installations a été l’ordre de cet MB.152
chronologique des fournisseurs. Le du GC II/8,
fabricant des circuits d’air et d’huile l’arrière d’un
a obtenu une belle concession dans Bloch MB.131 de
le tableau de bord. Il y a immédiate- reconnaissance
ment casé quatre manomètres d’un encore
intérêt très relatif”. Cette complexité utilisé pour
fait toutefois du MB.152 un chasseur l’entraînement
robuste, entièrement métallique, au par le GR I/35
blindage efficace mais qui, tout au en cours
long de la bataille de France, restera d’équipement
handicapé par le manque de re- sur Po. 63/11.
PIERRE GRANDBESANÇON
changes qui restreint la disponibilité.
mandes se font plus nombreuses et çaises. La guerre commence. Les
Une activité aérienne laissent entrevoir ce que tous subo- officiers sont rappelés. Un télé-
dorent ; une offensive au printemps. gramme me le confirme. Le train de
prémonitoire À la mi-avril, la plupart des permis- Paris est bondé. Plus il file vers le
Courant avril, le GR I/35, qui sions sont supprimées puis, peu à Nord, plus les conversations de-
partageait le terrain avec le GC II/8 peu rétablies. Pierre Grandbesançon viennent graves. Le soleil fait ou-
et les escadrilles de l’Aéronautique est promu le 15 mars “à titre défi ni- blier tant de choses ! Où aller ? Où
navale, déménage avec ses Po. 63/11 tif” au rang de capitaine. Début va-t-on retrouver son unité ? Peut-
pour se mettre au service de la mai, il bénéficie d’une permission être des amis sont déjà morts ? Le
VIIe armée terrestre à Saint-Omer. pour rejoindre sa famille en journal m’apprend que Calais a été
La 4e escadrille du GC II/8 entame Provence. L’attaque allemande le bombardé ainsi que tous les terrains
à son tour sa transformation sur surprend au matin du vendredi du Nord. Que vais-je et qui vais-je
Bloch 152. Le groupe, au complet, 10 mai 1940 au cours d’une pêche retrouver ?”
assure depuis Marck deux à trois au harpon sur l’île Verte, au large Gare du Nord, le 11 mai : “Les
missions quotidiennes d’alerte et de de la Ciotat. Sur un cahier d’écolier, trains qui arrivent sont remplis de
protection. De jour en jour, sur les il note : “Retour à midi. La radio a femmes, d’enfants, de bagages hâti-
lignes de front figées depuis l’au- annoncé l’entrée des Allemands en vement faits. Quelle tristesse ! Ceux
tomne 1939, l’activité aérienne aug- Belgique et en Hollande, le bombar- qui partent sont pleins de jeunes
mente. Les reconnaissances alle- dement de terrains et de villes fran- Belges chantant et gesticulant.
V
Un Bloch 152
du GC II/8.
Des cocardes
de grandes
dimensions
sont apposées
sur le fuselage
et les ailes.
La verrière du
cockpit semble
ne pas avoir
résisté au choc
et/ou au froid.
DR
63
PIERRE GRANDBESANÇON - 1934-1942
64
Avec l’arrivée
du printemps,
la Luftwaffe
reprend ses
reconnaissances
aériennes le long
des côtes de la
Manche et de
la mer du Nord.
Bien que d’un
modèle “ancien”,
ce He 111E du
KG 1 peut voler
à 430 km/h,
soit une vitesse à
peine inférieure
à celle de
la plupart
des chasseurs
français.
ECPAD
DR/FAMILLE GRANDBESANÇON
V
plouf… Victoire certaine mais qui
ne peut être prise en compte faute de
Le cne Astier,
preuve. Nous n’avions pas à
chef de la
l’époque de mitrailleuses photogra- 2e escadrille du
phiques… [témoignage paru dans GC I/8, embarque
la revue Icare n° 156, NdA].” à bord du
Ce même jour, le GC I/8, l’autre MB.152 n° 545
groupe de la 8e escadre qui opère éga- en fin de
lement sur MB.152 depuis Velaine- matinée
en-Haye, en Meurthe et Moselle, le 10 mai.
perd trois appareils en combat (pour 30 minutes
deux victoires partagées), et déplore plus tard, il
déjà la mort de deux de ses pilotes succombera sous
dont le cne Astier, chef de la 2e esca- les coups de sept
drille, abattu la veille. Guère plus Messerschmitt
chanceux, les Po. 631 de la F1C, for- 109E, non
tement mis à contribution, perdent sans avoir, au
deux des leurs en missions de protec- préalable, abattu
tion de trafic maritime. Un seul équi- un Dornier 17.
SHD
67
PIERRE GRANDBESANÇON - 1934-1942
69
PIERRE GRANDBESANÇON - 1934-1942
PIERRE GRANDBESANÇON
70
dais avec en poche l’adresse de gens
où aller (…) Ils sont des jeunes gens
et des jeunes fi lles de 15 à 18 ans,
jetés de 150 m d’altitude avec un
fusil-mitrailleur chacun et huit jours
de vivres. Certains pleurent et de-
mandent pitié quand on va les fusil-
ler, disant qu’ils ne savaient pas où
on les emmenait”. La propagande
et l’horreur des récits n’ont pas fi ni
d’alimenter la hantise d’une cin-
quième colonne, accréditant les
rumeurs de complots qui se pro-
pagent tant chez les civils que chez
les militaires : “Trahison de la moi-
tié de l’armée hollandaise”, écrit
Pierre Grandbesançon citant
l’exemple de “ce lieutenant arrivé à
17 heures, venant de faire fusiller
son capitaine juste avant de partir”.
DR
Quelques La situation est grave mais pas dé-
Anvers et il faut que nous repassions sera partagée entre les deux pilotes. MS.406 sespérée : “La Hollande est presque
l’Escaut. Comme il faut absolument Isolé après l’accident à Maldegem partagent entièrement perdue et l’attaque est
tenir Anvers, on va lancer sur ce de son coéquipier, le sgt/c. Rapinat, avec les Bloch violente sur la Belgique. Mais tout
secteur de fortes patrouilles de l’adj. Clerc rentre seul sur Calais. En du GC II/8 le ça leur coûte cher…”
chasse, sans arrêt… Une patrouille chemin, il aperçoit à plus basse alti- terrain avancé
triple de la “4” me succède et a plus tude deux He 111. Profitant de de Maldegem “Ils ne sont
de chance : un Heinkel descendu en l’effet de surprise, il surgit du soleil en soutien
allant à Flessingue, un autre en mer et, en une passe, crachant de toutes de l’opération
pas venus”…
en revenant, devant Ostende.” ses armes, abat l’un d’eux qui Dyle. Mercredi 15 mai 1940. “Journée
L’affaire n’avait pourtant pas s’écrase en mer devant Ostende. Le calme. On ne nous a pas demandé
bien débuté… la triple patrouille de II/8 ajoute une troisième victoire… de mission. Deux alertes aux alen-
la “4” commence par perdre un tours de Marck, sans résultat. Toute
avion, celui du sgt/c. Rapinat qui La hantise l’après-midi, des avions anglais sont
rate son décollage de Maldegem. passés sans arrêt vers l’est. Des
Au-dessus d’Anvers, l’activité aé-
d’une cinquième colonne Loire-Nieuport de bombardement
rienne est intense. Les Allemands De retour à Marck, le cne Grand- en piqué aussi avec leurs bombes de
bombardent et mitraillent indiffé- besançon est surpris par “la quan- 500 kg. Ils allaient faire sauter des
remment troupes et civil. La forma- tité d’avions hollandais qui viennent ponts en Hollande. Il est bon pour
tion, conduite par le cne Vaublanc, s’y poser, fuyant l’invasion”. Ces le moral de voir de grosses forma-
pique à travers une couche de appareils néerlandais proviennent tions alliées. Mes types sont fous de
nuages et engage les bombardiers, majoritairement de la base de joie de penser que les fritz vont
laissant la patrouille haute de Flessingue. Interceptés par la pa- prendre des bombes sur la figure…”.
l’adj./c. Mir et du sgt/c. Gaubert aux trouille de protection, ils se sont La formation de Loire-Nieuport
prises avec un He 111 isolé qu’ils posés en tous sens sur le terrain et LN.401 qui survole Marck appar-
finissent par abattre après un violent ses alentours. Il note : “Les officiers tient à l’escadrille AB2 de l’Aéro-
combat au-dessus de l’estuaire de hollandais racontent des choses nautique navale basée à Berck. Elle
l’Escaut. L’appareil allemand dispa- effarantes. Les parachutistes alle- fait route vers les Pays-Bas avec
raît en mer devant Flessingue. La mands surgissent partout dans les pour objectifs des colonnes enne-
victoire – la seconde du GC II/8 – villes, déguisés en soldats hollan- mies près de Yerseke, petit port sur
l’Escaut. Ce même jour, note encore
Loire- Grandbesançon, “le cdt de Roussey,
Nieuport 401 de adjoint au chef du Groupement,
l’escadrille AB2. vient nous dire que la mission de la
Efficaces mais
veille était la plus dure demandée
tragiquement
sur le front. L’état-major s’attendait
sous-motorisés,
à voir une trentaine de bombardiers
les LN.401 et 410
sont les seuls
protégés par une vingtaine de
bombardiers en Messerschmitt 110 et à ne voir ren-
piqué produits trer personne de chez nous ! Ils ne
en France. sont pas venus…” De fait, l’activité
aérienne allemande faiblit dans le
Nord : toutes les îles de la Zélande
sont désormais occupées. L’effort
de la Luftwaffe se porte sur la
Meuse… Le piège tendu aux armées
alliées a fonctionné ! Au soir du
15 mai, les Pays-Bas capitulent. Q
À suivre
DR/COLL. B. BOMBEAU
71
CE JOUR-LÀ… 23 DÉCEMBRE 1991
La cellule est
réduite à sa
plus simple
expression avec
le “K-Max”,
véritable grue
volante.
KAMAN
79
MAQUETTES Par Hangar 47
Do 27A-1 des Forces aériennes d’Allemagne en 1977. 1955 est semble-t-il l’année des papillons,
comme pour cette Mercedes 300SL, le Do 27 et un dessinateur tourangeau bien connu…
VENTE
Vds 16 Docavia neufs 320 €
détails au 06 85 47 49 71
82