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Le monde de Mr Descartes,

ou Le traité de la lumière et
des autres principaux objets
des sens . Avec un discours
de [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Descartes, René (1596-1650). Auteur du texte. Le monde de Mr
Descartes, ou Le traité de la lumière et des autres principaux
objets des sens . Avec un discours de l'action des corps et un
autre des fièvres, composez selon les principes du même auteur.
1664.

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M ON DE
DE
MRDESCARTES,
<^í\fP7^\ OU
Çjtl^lAITE DE LA
âÉfëM IEEE
"SÉSTWTRES. PRINCIPAVX
objets des Sens;
?
.^xw «M J)ifcours de ÍABion des Corps$
~& un aiitre des Fièvres composes
3
selon leì,prtncipes du mème Auteur^

A PARIS,
Chez TKeodorç. Girard, dans la grand'Sallè
/du Palais, à l?Envie.
M. D C. L X I V.
AveçSrivikge &H,Rnyt
AV LECTEVR.
pEpîS ^ ^on^e d'un des
fwHÊm grands Philosophes
hjgg98< qui ait écrit, ne se-
*s "^ roitpas encore en
vôtre possession, si Monsieur
D. A. n'en avoit voulu faire
une libéralité publique ; Et
que la passion qu'il a pour tous
les sentimens véritables &
utiles, jointe aux demandes
des Savans, ne Feut obligé de
tirer de son Cabinet cét ou-
vrage , qu il avoit envoyé
î'ij
chercher presqu'à rextremi-
té desTerres Septentrionales,
Celuy qui en est Auteur, ne
ì'a pas feulement laiíîé entre
ses autres minutes moins cor-
rectes fans doute & moins
importantes, il Ta estimé aí-
fez, pour le donner luy-mê-
me à ses plus considérables
amis. Et quoy qu'en divers
endroits, il le nomme son
ì^onde,icy neantmoins, où
il ne pas le que du Monde vi-
sible, je n ay vu dansTOrigi-
nal que ces môs, Traité de U
íumtere, à quoy la vérité des
choses, m'a fait encore ajou-
ter, fcí des-aittres principaux objets
icsjens. Mais fi avec cela vous
exceptez les titres des Chapi-
tres, la version des mots La?
tins, ôc quelques fautes qui
ont pu se glisser dedans ou
dehors les Figures, le reste
appartient à Monsieur Des-
cartes. Et les particularités
que j'en raporte font yoir,que
je
comme croy que ceux qui
cachent ses scntimens, font
en quelque forte receleurs
,.
ceux qui luy en substituent
dautses font faussaires. Pour
les Chapitres que je difQls>
quoy que je les aye trouve?
dâs le Manuscrit, neantmoîns
à voir de quelle façon i'Auteur
quelquefois les comrnence,je
juge que son dessein étoitck
í i'î
faire sans interruption uft
Discours ou une Histoire :
,
Sc mémes depuis le Chapitre
sixième, une Histoire de Ro*
man. 11 favoit que si quelque
part, on defendoit de parler
du Système de Copernic
d'une vérité, ,
comme ou en-
core comme dune hypothè-
se : on ne defFendoit pas d'en
parler comme d'une Fable.
Mais c'est une Fable, qui non
plus que les autres Apologues
ou Profanes ou Sacrés, ne
répugne pas aux choses, qui
font par effet. * *

D. R.
T A B L E
des Chapitres.
CHàpim I. De la différence
yù efí entre nòs fentìMens,
&ks choses qui les produisent ,dátis
lapag. U
Chap. Iî. Ce que test dans k
feu, que brûles \échauffes & éclai-
rer. ÎOi
Chap. III. OH l'on *véit la VJ-
rieté, la durce & la cause du mou-
ruementìa'Vec ^explication de U du-
reté & de la liquidité des corps, dans
léquels il se ttoume, \%
Chap. IV. Quel jugement ilfaut
faire du vuide, & quelle est la rai*
jon pourquoy nos sens napperçoivent
pas certains corps. 32.
Chap. V, La reduélion des
quatre Elemens à trois , aVeque
leur explication & leur ètablifte-
tnent. 4S.
Ghap, VI. ^Description d'un
nouveau Monde, trçs-jacúe à con-
mître, mais semblable pourtant a
celuy, dans lequel, nous sommes, ou
mémes au cahos que les Tostes ont
feint l avoir precedé. 66.
Çhap. VII. Par quelles L,oix

& par quels moyens, les parties de


ce Monde fe tireront d'elles memes j,
hors du cahos, & de la consu/ion,
QÌieìfoítoient. 78.
Chap. VIII. Comment dans le
'Monde, aupara<vant décrit, il fe
formera des (jeux un Soleil
, &
des B toiles. " '. 104?
Chap. IX. L'orìgineje cours &
les autres propriétés des Comètes O*
des Planètes en gênerai, &
des Co-
mètes en particulier, 121.
Chap. X. L explication des Planè-
tes, & principalement de U Terre
& de la Lune. 137.
ChapS XL Ce que cest que la
pesanteur. 157.
Chap. Xlï. T)u flux £7* reflux
de la Mer. 174.
Chap. XÏII* Qe
en quoy la
Lumière consiste. 784.
Chap. XlV. Les propriété^ de
la Lumière. 214*
Qhap. XV. Ù* dernier, Lafa-
çtn dont le Soleil & les Astres agif-
çontre nos yeux. 228 J
RE MARQVEZ.
QV'encore que ceux qui
ont déja lû ce Livre é-
crit a la main, ayent jugé
que vous y apprendriez une
Philosophie facile, véritable
& débarrassée des paroles &
des imaginations Scholasti-
ques, ou autres semblables :
ils ont <:ru neantmoins qu'il
ne seroit pas inutile de vous
avertir d'abord, i. Que quand
Monsieur D ES CARTE s en-
seigne qu'en son nouveau
,
Monde les parties de la ma-
tière se tirent d elles-mémes,
hors de la confusion où l'on
peut supposer qu'elles é>
toient,il entend quelles s'en
tirent fans le secours des
Créatures 5 comme lors qu'il
dit ailleurs que la substance
est par soy, ou qu'elle sub-
siste d'elle-même. 2. Qup
s'il appelle Doctes ceux qui
reçoivent aujourdhuy un
premier Mobile,des êtres de
raison ou des êtres déraison-
nables &• pareilles choses
c'est qu'il ne veut pas leur ,
ôter le nom que plusieurs leur
donnent, ou qu'il parle dans
le sens que les Logiciens ap-
pellent divisé. 3. Que les
exemplaires de ce Livre qu'on
a vus avant Timpreísion man-
quoient en plusieurs choses,
principalement vers îa page
2,4.6. mais que pour ies cor-
riger on se pouvoitservirdu
diícours & des figures qui
font dans les principes de la
Philosophie, compoíez par le
méme Auteur : Part. 3. Art.
13*. 137.149- &cc.
AV lieu des fautes qui se sont coulées icy,
il faut lire par exemple dans la page 37.ligne
20. celuy-cy. $$. 19. ces. 60. 6. châcuií; 10. &
ajj. 10. ailleurs. 64. s- mêlées. iS. composent.
20. & 114. 4. celles. 87.1, trouvent, nj. 10. toute
celle, dans la sig. de la page 151. mettez un'L. à
côté de B. & au dessus d'A. 180. j. tour. é. jour,
ij. elles retardent. 183. 4. côtes, n. ou ils. iSj. x.
s'y, 186. 8. qu'elles. 100. ri. de queles. 110.3. 'c>
ity-. 16. lignes droites, ntf. 9. enfin ils. 22.0.11.
tortu. nj. 16. par. 1x8. 9. diminuée. 131. 14. e.
23J. 17. elle soutient. 157. 16. verres ijj. ir. cm-
lances. 13. droites.
EXTRAIT DV PRIVILEGE}
DV R o r.

P A R Lettres Patentes du Roy


données à Paris ledix-huitiéme
jour d'Octobre mil six cens soixante-
trois , Signées, BOVCOT. II est
permis à Iacques le Gras Marchand
Libraire à Paris, d'imprimer, vendre
5c débiter en tous les lieux dei'obeïs-
sance de sa Majesté, vn Liure intitulé
de la Lumière, de M.r Descartes : &
autres Traitez^, en telle marge 5e
caractère qu'il voudra pendant l'es-
pace de dix années, à compter du
jour que le Livre fera achevé d'im-
primer pour la première fois. Et fait
deffenscs à tous Libraires &: autres de
l'imprimer , vendre ny contrefaire
pendant ledit temps, à Pehnede con-
fiscation des Exemplaires, quatremii,
livres d'amande, 8rde tousdespens,
dommages Se interests, ainsi qu'il est
plus à plein, contenu ausditès Lettres.

Registre fur le Liure de Ja Communauté,'le 17.


Octobre 1663. Signé E. MARTIN,Syndic.
,

£es Exemplaires ont esté fournis.

Et ledit lacques le Gras a fait part du presest


Privilège du Traité de la Lumière seulement, à
Michel Bobin, Nicolas le Gras &'Théodore
Girard, pour en jotiir suivant l'accord fait entre-
eux.

TRAITE'
(l ?%7 .?)r>-E-- LA
ÎLWMIERE,
ET DES AVTRES ..
PRINCIPAVX OBIETS
DES SENS.
' CHAP. 1. "

Tìe la différence qui est entre nos


fentimens & les choses qui Us
produisent.
fi?lS|ffí||E proposant de traiter
1 SR |» icy de la Lumière, la
3 SSi f Piem^ere chose dont
fJ^wSÉ^ie veux vous avertit
est, qu'il peut y avoir de la diffe-
A
% Traité de la Lumière.
rence entre le sentiment que
nous en avons > c'est à dire i'idée
qui s'en forme en nostre imagi-
nation , par le moyen de nos
yeuxi & ce qui est dans les ob-
jets qui produit en nous cefenti-
menti c'est à dire ce qui est dans
laflâme ou dans le Soleil qui est
appelle du nom de Lumière. Car
encore que chacun se persuade
communément que les idées que
nous avons en nostre pensée,sonc
entièrement semblables aux ob-
jets dont elles procèdent, ie ne
vois point toutesfois de raison
qui nous assure que cela soie
uray : Mais je remarque au con-
traire plusieurs expériences qui
nous en doivent faire douter.
Vous savez bien que les paroles
Chapiin 1. %
n'ayant aucune ressemblance
avec les choses qu'elles signifient,
ne laissent pas de nous les faire
concevoir y & mémes c'est sou-
vent fans que nous prenions nul-;
lement garde au son des rnots, nì
à leurs syllabes : en forte qu'il
peut arriver qu'aprcs avoir ouy
un discours
>
dont nous aurons
fort bien compris le sens, nous ne
pourrons pas dire cn quelle lan-
il
gue aura esté prononce. Or si
des mots qui ne signifient rien
que par l'institution des hom-
mes , suffisent pour nous faire
concevoir des choses, avec les-
quelles ils n'ont aucune ressem-
blance : Pourquoy la Nature nc
peut-elle pas aussi bien avoir
estably certain signe, qui nous
A ij
Sjl Traitédé la Lutmerèz
faíîe avoir le sentiment de la Lu-
mière , bien qu'il n ait rien en
íòy dé semblable à ce sentiment ?
Et n'est-ce pas ainsi qu'elle a
estably les ris & leslarmes,pour
nous faire lire la jòye & la tristes-
se fui le visage des hommes ì mais
vous direz peut- estre que nos
oreillés ne nous font véritable-
ment sentir que lé son des pa-
roles ni nos yeux que la con-
,
tenance de ceîuy qui rit ou qui
pleure i & que c'est nôtre esprit
xjùi ayant retenu ce que signi-
fient ces paroles & cette con-
,
tenance, nous le représente en
mesrhé teìnps. A cela ie pour-
ròis répondre que c'est nôtre
esprit tout de mesme, qui nous
représente l'idée de lá Lumière,
Chapitre 1. """ $
toutes les fois que faction qui
la signifie,'touche nôtre oeil*
Mais fans perdre le temps à
disputer , j'auray plûtost fait
d'apporter un autre exemple.
Pensez-vous, lors mêmes que
nous ne prenons pas garde à la
signification des paroles, &
que nous oyons feulement leur
son, que l'idée de ce son qui
se forme en nôtre pensée, soie
quelque chose de semblable ; à
l'objet qui en est la cause?.
Yn homme ouvre la bouché,
remue la langue ,.pousse son ha-
leine ie ne vois rien en touçes
,
ces actions qui ne soit fort diffé-
rant de l'idée du son , qu'elles
nous font imaginer. Ec la plus-
part des Philosophes assurent,
A iij
'ô Traité de U Lumière:
que le son n'est autre chose qu'un
certain tremblement d'air, qui
vient frapper nos oreilles. En
forte que si le sens de l'oiiie rap-
portoit a ríostre pensée la uraye
image de son objet 5 ilfaudroit au
lieu, de nous faire concevoir le
son, qu'il nous fist concevoir le
rnouvement des parties de Y-Air,
qui tremble pour lors contre nos
oreilles* Mais parce que tout le
monde ne voudrapeut-estre pas
croire ce qtte disent les Philoso-
phes j'apportetay encore un
,
autre exemple. L'atouchement
est celuy de tous nos sens, que
Von estime le moins trompeur
& le plus assuré: De sorte que
si je vous montre que l'atouche-
ment même nous.fait concevoir
Chapitre /. %
plusieurs idées qui ne ressems
blent en nulle façon aux objets
qui les produisent, ie ne pense
pas que vous deviez treuver
estrange, si je dis que la veué*
peut faire semblable chosp* Or il
n'y a personne qui ne sache que
les idées du chatouillement & de
la douleur, qui se forment en
nôtre pensée à l'occasion des
corps de dehors qui nous tou-
chent n'ont aucune ressemblan-
,
ce avec eux. On passe douce-
ment une plume fur la lèvre
d'un enfant qui s'endort, & il
sent qu'on le chatouille: pensez-
vous que l'idée du chatouille-
ment qu'il conçoit, ressemble à
quelque chose de ce qui est en
cetce plume ì Vn Gend'arme
A iiij,
tí Traité de la Lumière.
revient d'vne mêlée : pendant
la chaleur du combat, il eût pu
estre blessé,sans s'en appercevoirî
mais maintenantqu'il comman-
ce à se refroidir, il sent de la dou-
leur, il croit estre blessé: ort ap-
pelle un Chirurgien, on ôte ses
armes, on le visite, on treuve
enfin que ce qu'il sentoit,n'estoit
autre chose qu'une boucle , ou.
une courroye qui s'estant enga-
gée fous ses armes, le pressoir &
Tincommodoit. Si son atou-
chement, en Iuy faisant sentir
cette courroye, en eût imprimé
Timage 'en sa pensée il n'auroic
,
pas eu besoin d'un Chirurgien,
pour l'avertirde ce qu'il sentoit.
Or je ne vois point déraison qui
nous oblige à croire, que ce qui
Chapitre í. §
est dansîes objets d'oùnous vient
íe sentìmentde la Lumière, soie
plus semblable à ce sentiment,
que les actions d'une plume Òc
dune courroye, le font au cha-
touillement & à la douleur. Et
toutesfois, je n ay point apporté
ces exemples, pour vous faire
croire assurément que cette Lu-
mière est autre dans les objets,
que dans nos yeuxï mais seule-
ment afin que vous en doutiez,
& que vous gardant d'estre pré-
occupez du contraire, vous puis-
siez maintenant, mieux exami-
ner avec moy ce qui en est.
10 Traite de la Lumière;

CHAP. IL
(Je que ceft dans le feu, que brûler*
échauffer, & éclairer.
IE ne connois au monde que
deuxsortesde corps, dansles-
quels la Lumière se treuve, sça-
voir les Astres & la Fl âme, ouïe
Feu. Et parce que les Astres
semblent sans doute vn peu plus
éloignez de la connoissance des
hommes, je tâçheray première-
ment d'expliquer ce que je re*
marque touchant la Fi âme. Lors
qu'elle brûle du bois ou quel-
qu'autre semblable matière, nous
pouvons voir à l'oeil qu'elle re-
f Chapitre 11. ìï
I
mue les petites parties de ce bois
I &Ies sépare l'une de l'autre,trans-
formantainsiles plus subtiles en
t
' feu, en air & en fumée, & lais-
sant les plus groíîiereá pour les
cendres. Qu'un autre donc ima-
gine s'il veut en ce bois, la for-
me dufeu, la qualité de la cha-
leur, & faction qui le brûle,
comme des choses toutes diver-
ses j pour moy qui crains de me
tromper, si j'i suppose quelque
chose de plus, que ce que je vois
nécessairement y devoir ettre j je
', me contente d'y concevoir íc
I mouvement de ces parties. Car
i mettez-y du feu,
mettez-y de la
f chaleur, & faites qu'il brûle tant
I qu'il vous plaira, si vous ne sup-
| posez point auec cela qu'il y ait
il Traité de la Lumière.
aucune de íes parties qui se re-
mue , ni qui íe détache de ses
voisines, je ne me saurois ima-
giner qu'il reçoive aucune alté-
ration ni aucun changement.
Et au contraire ostez-en le feu,
ostez-en la chaleur empesches
,
qu'il ne brûle pourveu seule-
,
menr que vous m'accordiez qu'il
y a quelque puissance, qui remue
violemment les plus subtiles de
ses parties, & les sépare des plus
grossières, je treuve que cela seul
pourra faire en luy tous les me,
mes changemens qu'on expéri-
mente, quand il brûle. Or parce
-qu'il ne semble pas possible de
concevoir qu'un corps en puisse
remuer un autre, si ce n'est en
se remuant aussi soy mesme. Ie
-
' Chapitre II. ï?
"'.

conclus de cecy, que le corps de


laflâme qui agit contre le bois,
est composé de petites parties,
qui se remuent séparément i'vne
de l'autre, d'un mouvement tres-
&
prompt tres- violant &c
>
quise
remuant en cettesorte, poussent
& remuent avec foy les parties
des corps qu'elles touchent, 3e
qui ne leur font point trop de
résistance. Ic dis que ses parties se
remuent séparément l'une de
l'autre: car encore que souvent
elles s'accordent ôc conspirent
plusieurs ensemble pour faire un
même effet, nous voyons toutes^
fois que chacune d'elles agit en
son particulier, contre les corps
qu'elles touchent. Ie dis auffi que
leur mouvement est tres prompt
Ï4 Traité de la Lumières
éctres-violant: car estant si pe-
tites qu'on ne les peut pas mêmes
distinguer par la veuë, elles n'au-
roient pas tant de force qu'elles
ont pour agir contre les autres
corps, si la promptitude de leur
mouvement ne recompensoitle
dcffaut de leur grandeur. Ie n'a-
joûte point de quel costé chacu-
se
ne remue : car vous si consi-
dérez que comme j'ay assez ex-
pliqué en la Dioptrique,la puis-
sance de se mouvoir, & celle qui
détermine de quel costé le mou-
vement se doit faire, sont deux
choses toutes diverses & qui
estre l'une fans
, l'autre
peuvent >
vous jugerez aisément que cha-
cune se remuë en lafaçon qui luy
est rendue moins difficile, par la
Chapitre II. ï|
disposition des corps qui l'envi-
ronnentj que5c dans lamesmc
fíâme il peut y auoir des parties
qui aillent en haut, & d'autres
en bas, tout droit & en rond, 8c
de tous costez , fans que cela
change rien de fa nature. En sor-
si
te que vous les voyez tendre
en haut presque toutes, il ne faut
point penser que ce soit pour au-
tre paison, sinon pource que les
autres corps qui les touchent, se
trouvent presque toujours dispo-
sez, à leur faire plus de résistance
de tous les autres côtcz. Mais
âpres avoir reconnu que les par-
ties de la flâme se remuent en
cette forte, & qu'il suffit de con-
cevoir ses mouvemens, pour
comprendre comment elle a la
16" Traité de la Lumière.
puissance de consumer le bois Ss
de brûler; examinons, je vous
prie, si le même ne suffirok point
aussi, pour nous faire compren-
dre comment elle nous échauffe,
èc comment elle nous éclaire.
Gar si cela se trouve, il ne sera
point nécessaire qu'il y ait en elle
aucune autre qualité, & nous
pourrons dire que ce mouve-
ment seul est selon ses differens
effets appel! é,tantost Chaleur,&
tantost Lumière. Or pour ce qui
est de la Chaleur, le sentiment
que nous en avons, peut ce me
semble estre pris pour vne es-
, douleur quandjl est
pèce de ,
violant, & quelquefois pour une
efpece de chatouillement, quand
il est modéré. Et comme nous,
avons
Chapitre ÏL ï7,
avons déja dit, qu'il n'y â
_ rien
hors de nôtre pensée, qui soit sem>
blable aux idées que nous corner
vonsdu chatouillement & de la
douleur : Nous pouvons biea
croire aussi, qu'il n'y a rien qui
soit semblable à celle que npù$
concevons de la Chaleur ; mais
que tout ce qui peut remuer di-
versement les petites parties de
nos mains, peut exciter en nous
ce sentiment. Mêmes plusieurs
expériences favorisent cette opi-
nion. Car en se frotânt seulement
les mains, on les échauffe : &c tout
autre corps peut aussi être échauf-,
fé, fans être mis atipres du feu,
pourv eu feulement qu'il soit agi-
té & ébranlé, eri telle sorte, que
plusieurs de ses petites parties se
B
ïS Traité de la Lumière 1
remuent, & puissent remuer avec
soy celles de nos mains. Pour ce
qui est de la Lumière, on peut
bien aussi concevoir, que le mê-
me mouvement qui est dans la
flâme suffit pour nous la faire sen-
tir. Mais parce que c'est en cecy
que consiste la principale partie
de mori dessein, je veux râcher de
l'expliquer plus au long & re-
,
prendre mon Discours de plus
haut.
Chapitre lit. i3

CHAP. III.
Ou l'on Voit la 'variété, la durée
& la cause du mouvement, a\>ec
l'explication de la dureté & de
la liquidité des Corps, dans les-
quels il se trouve.

IE considère une infinité de di-


vers mouvemens, qui durent
perpétuellementdans le Monde.
Et âpres avoir remarqué les plus
grands, qui font les jours, les
mois & les années, je prens gar-
de que les vapeurs de'la terre ne
cessent point de monter vers les
nuées & d'en descendre, que l'air
est agité par les vents, que la met
B ij
20 Traité de la Lumière,
n'est jamais en repos, ni les ri-
vières, ní les fontaines: Que les
plus fermes bâtimeris tombent,
que.les plantes & les animaux ne
font que croîcre ouse corromprei
cttfìn qu'il n'y a rien en aucÙnlieu
cjuinese change. D'où je connois
assez que ce n'est pas dans la flâme
feule, qu'il y a quantité de petites
parties qui né cessent point de se
remuer : Mais qu'il y en a aussi en
tous les autres corps, encore que
leurs actions ne soient pas si vio-
lentes 8c qu'à cause de leur peti-
,
tesse, elles puissent estreapper-
ne
çûés par aucun de nos sens. le nc
m'arreste pas à chercher la cause
de leurs mouvemens : car il me
suffit de penser qu'ils ont co man-
cé d'être aussi-tost que le Monde.
Chapitre l IL m
Et eeîa estant, je treuve par fiaés
raisons, qu'il est tmpossifoqu'ìls
cessent, ni mêaae qu'ils changent
autrement que de sujet, Oeil £
dire que la puissance de se; moisi»
voir soy même qui est dans ma
corps, peut bien passer toute m
partie dans un autre , 6c ainsi
n être plus dans le premier ? mais
qu'elle ne peut pas st'étre plosáa
tout dbns le M onde; Mes raisons
disje, mesattsfonc assez là dessus,
|nais je tir'áypas encor*occasion
de Vous les dire » & eependaat
VOÍIS pouvez imaginer, fi boa
vous semble ainsi que font Jíi
,
ípluspart des Doctes qu'il y a
,
quelque premier mobile qui rxm-
iant autour du Monde avce vne
vitesse iooejnprehensibie»«st ljq>-
B iij
2& Traité de la Lumières
tágine & la source de tous les au-
tres mouvemens, qui s'y treu-
vent. Or eh fuite de cette con-
sidération, il y a moyen d'expli-
quer la cause de toutes les varie-
têz qui paroissent fur la Terre.
Mais je me contenteray icy de
parler de celles qui servent x mon
sujet. La différence qui est entre
les corps durs & ceux qui sont li-
quides ,est la première que je de^
iîrequevousfachiez» & pourcét
effet, pensez que chaque corps
peut estre divisé en des parties
extrêmement petires. Ie ne veux
point déterminer si leur nombre
est infini ou non j maisil est du
moins certain qu'à l'égard de nô-
tre connoissance, il est indéfini,
& que nous pouvons supposer
Chapitre lis. 2$
qu'il y en a plusieurs millions
dans le moindre grain de fable ,
qui puisse être apperçeu de nos
yeux. Et remarquez que si deux
de ces parties s'entretouchent,
fans être en action pour s'éloi-
gner l'une de l'autre, il est besoin
de quelque force pour les séparer:
si peu que ce puisse être. Car
estant unefois ainsi posées, elles
ne s aviseroient jamais d'elles-
mêmes, de se mettre autrement.'
Remarquez aussi qu'il faut deux
fois autant de force, pour en sé-
parer deux que pour une i & mil-
le fois autant pour en séparer mil-
le. De sorte que s'il en faut séparer
plusieurs millions tout à la fois,'
comme il faut peut-estre faire,
pour rompre yn seul cheveu y ce
B iiij
24 Traité deia Lumière,
n'est pas merveille, si l'on y em*
ployé vne force assez sensible. Au
contraire, si deux ou plusieurs
telles parties se touchent seule-
ment en passant, &t lors qu'elles
font en action pour se mouvoir
l*uned'un«osté, & Vautre dé l'au-
tre, il est certain qu'il faudra
moins de force pour les séparer,
quési elles étoient tout à fait fans
mouvement : Et mêmesquil n'y
en faudroit point du tout, lesi
mouuement avec lequel elles fe
peuvent séparer d'elles-mêmes est
égal ou plus grand que celuy
lequel ,
avec on les veut séparer.
Or je ne treuve point d'autre dif-
férante entre les corps durs &
liquides, sinon que les parties des
uns peuvent estre séparées beau-
Chapitre ll t. 25
coupplus aisément que celles des
autres. De forte que pour com-
poser le corps le plus dur qui puis-
se estre imaginé , je pense qu'il
suffit si toutes ses parties se tou-
chent, fans qu'il reste d'espace en-
tre deux, ni qu'aucunes d'elles
soient en action pour se mou-
voir. Car quelle colle ou quel
ciment y pourroit - on imaginer
outre cela, pour les mieux faire
tenir l'unei l'autre? íe pense ausjfi.
que c'est'assez pour composer, le
corps le plus liquide qui se puisse
si
treuver, toutes plus petites
ses
parties se remuent le pîusdiverse-
ment l'une de l'autre, & le plus
viste qu'il est possible. Encore
qu'avec cela, elles ne laissent pas
de se pouvoir toucher l'une l'au*
26 Traité de là Lumière 1
trc dé tous cotez, & se ranger en
aussi peu d'espace que ii.elles
,
étoieht fans mouvement, Enfin
je croy que chaque corps appro-
che plusou moins de ses deux ex-
tremitez , selon que ses parties
font plus ou moins en action,
pour s'éloigner l'vne de l'autre.
Et toutes lés expériences fur lek
quelles je jette les yeux, meeon-
firmenten cette opinion, Laflâ-
medonti'ay dé ja dit que les par-
ties font perpétuellement agitées,
est non feulement liquide, mais
liquide la piuspartdes
;aussi rend
autres corps. Voiez quand elle
fond des métaux, elle n'ágîc pas
avec une autre puissance que
,
quand ellé brûle du bois. Mais
parce que les parties des métaux
Chapitre 111. if
sont à peu prés, toutes égales, elle
les
ne peut remuer l'une fans l'au-
tre, & ainsi elle en compose des
corps tous liquides : au lieu que
les parties du bois sont tellement
inégales qu'elle en peut séparer les
pluspetites, & les rendreîiquides
c'est à dire les faire voler en fa-
mée fans agiter ainsi les plus
,
grosses. Apres la flâme il.n'y a
rien déplus liquide que l'air, &
l'on peut voir al'oeil que ses par-
ties se remuent séparément Tune
de l'autre. Car si vous daignez
remarquer ces petits corps, qui
font communément nommez
atomes & qui paroissent aux
rayons Soleil, vous les verrez
du
lors mêmes qu'il n'y aura point
de vent qui les,agite, voltiger
5S Traite de la Lumière,
incessamment çà & là, en mille
façons différentes. On peut aussi
cprouaer le semblable en toutes
les liqueurs les plus grossières, si
Ion en mêle de diverses couleurs
l'une parmy l'autre^ fin de mieux
distinguer íeurs mouvemens. Et
enfin cela paroist tres clairement
dans les eaux fortes, lors qu'elles
remuent & séparent les parties de
-quelque métal. Mais vous me
pourrez demander en céc en-
droit pourquoy si c'est le seul
,
mouvement des parties de iaflâ-
me, qui fait qu'elle brûle & la
rend liquide ; Le mouvement
des parties de l'air qui le rend aussi
extrêmement liquide ne luy
,
donne pas tout de même la puis-
sance de brûler i mais au contrai-
Chapitre 11L 29
refait que nos mains ne le peu-
vent presque sentir. A quoy je
répons: Qu'il ne faut pas feule-
ment prendre garde à la vitesse
du mouvement, mais aussi à la
grosseur des parties : Et que ce
íont les plus petites qui font les
corps plus liquides j mais que ce.
sont les plus grosses qui ont plus
de force pour brûler, & generale*
ment pour agir les
contre autres
corps. Remarquez, que je prens
içy & prendray toujours âpres
pour une feule partie, tout ce qui
est joint ensemble, & n'est point
en action pour de'joindre: En-
se
core que les corps qui ont tant
soit peu de grosseur, puissent ai-
sément être diuiíés en beaucoup
d'autiescofpi. Ainsi un grain de
30 Traité de la Lumières
sable, une pierre, un rocher ,&
toute la terre même pourra âpres
être prise pour une seule partie,
entant que nous n'y considérons
qu'un mouvement tout simple
éc tout égal. Or entre les parties
del'airs'il y en a de fort grosses à
comparaison des autres, comme
font les atomes qui s'y voyent,
elles sé remuent aussi fort lente-
ment \ & s'il y en a qui se remuent
plus viste, elles font aussi plus pe-
tites. Mais entre les parties de la
flâtne, s'il y en a de plus petites
que dans ì'air, il y en a aussi de
plusgrosses,ondumoîns,ilyena
plus grand nombre d'égales aux
plus groffesde cellesdel'air, qui
avec cela se remuent beaucoup
plus viste : & ce ne font que ces
Chapitre III. 3 r.
dernieres, qui ont la puissance de
brûler. Qu'il y en ait de plus pe-
tites, on le peut conjecturer de
ce qu'elles pénètrent au travers de
plusieurs corps dont les pores sont
si étroits, que l'air même n'y peut
entrer. Qu'il y en ait ou de plus
grosses ou de grosses en plus
grand nombre, on le voit clai-
rement en ce que l'air seul ne
suffit pas pour la nourrir. Qu'elles
se remuentplus viste, la violance
de leur action nous le fait assez
éprouver. Et enfin que ce soient
les plus grosses de ces parties qui
jpnt puissance de brûler, & riost
la
point les autres, il parcist en ce
que laflâme,quisortde l'eau de
vie ou des autres corps fort sub-
tils ne brûle presque point, &.
,
32 Traité de la Lumière,
qu'au contraire celle qui s'engerfc
drc dans les corps durs & peíans,
est fort ardente.

CHAP. IV,
jQuel jugement il faut faire dts
vuìde : Et quelle eíl la raison
pourquoy nos sens napperpìVeni
pas certains corps,

MA i s il faut examines
plus particulièrement,
pourquoy l'Air étant un corps
aussi bien que les autres, ne peut
pas aussi bien être senti: & il faut
pat même moyen nous délivrer
d'une erreur dont nous ayons
tous
ChaphreTÌZ, .533
cous été préoccù pez; depuis nôtre
enfance ,lors que nous avons etâ
qu'il n'y avoit point d'aiitres
corps autour de nous, queçetìx
qui pouvoient y.être sentis i Et
ainsi que si l'Air èn é;toit un, pour
ce que nous le sentions quelque
peu, iLnfi devoit pas au. moirò
être si [matériel ni!si solide, que
ceux que nous sentions davan^
tage.> Touchant;quòy je désire»
premièrement que vous remarv
quiez, que tous les corps tant
dursque liquides font faitsd'uae
même rpatiere, & qu'il est im-
possible de concevoir que les
,
parties de cette matière compo-
sent jamais un corjps plus solide,
ni qui occupe moins d'espace
qu'elles font, lors que dhacune
C
34 Traite dela Lumière ;
d'elles est touchée de tous côtes
les
par autres qui l'en vironnent »
d'eu il fuit* ce me semble, que
s'il pèut y avoir du vuide quel-
que part, ce^doic plûtost être
4ans les corps durs que dans les
liquides. Car il est évident que
les parties de ceux cy se peuvent
bien- plus aisément presser &
agencer l'une contre l'autre, à
cause qu'ellesse remuent >que
!

ne font pas celles des autres, qui


sont fans mouvement. Si vous
'mettez de la poudre en quelque
vase, vous le secouez & frapcz,
pour faire qu'il y en entre davan-
tage mais si vous y versez une
>
liqueur, elle se range incontinent
d'elle même, en aussi peu de lieu,
qu'on la peut mettre. Ec si vous
Chapitre IV. 3f
considérez sur ce sujet quelques-
ones des expériences dont les
Philosophes ont accoutumé dé
fe servir, pour montrer qu'il n'y
a point de vuide en la Nature,
vous connoîtrez aisément que
tous ces espaces que le peuple
estime vuides, & où nous ne
sentons que de l'air , sont du
moins aussi remplis, & remplis
de la même matière que ceux
où nous sentons les autres corps;
Car dites-moy, je vbus prié,
quelle apparence y auroit- il que
la Nature fît monter les corps lesî
plus pesans & rompre les plus1
durs, ainsi qu'on expérimente'
qu'elle fait en certaines machi-
nes , plûtost que de souffrir qu'au-
cunes de leurs parties cessent da
~ C ii
%4. Traité de la Lumkre,
s.'entreto^cher, ou de toucher
quelqqes autres çprjps, & qu'elle;
permjç cependant que les parties
de 1,' A ir qui font si faciles à plier St
à age*neqr com.me l'on veut,de*
m^urassent auprçs Tunç de l'au*
tre, fans s'entretoucher de tous
cotez, ou bien fans qu'il y eût
quelqvvautje cprps parmy eíles,
auquel elles tquehafcstt. Pour-,
r^it-pn bien croire que l'eauqui
est dans un puys,, vjnjçn haúe
contre fç$ inclination g^uteUe t
àf?nse;ulem8nt qUQ k tuyau dune
gpmpesoitriemply, ôftpenser que.
ç,ejletqi*j eft 4?As,les,n,uës
ne dût;
poini; descendre îçy bas poufr
>
açliiçver 4§ rernplir IfS espaces qui
Ví.fsjnj
de
, ^ y avoit; tant- soit
YUi^Ç enjxe Imparties des
peu
Chapitré ÌK %?
corps qu'ils contiennent ì Mais
vous me pourrez proposer îey
unè difficulté qui est assez eon*
siderable: savoir que les parties
q ui composent les corps liquidés,
femble, fe
ne peuvent pas, ce
remuer incessamment éomme
j'ay dit qu'elles sont, si ce n'est:
qu elles treuvent de l'espâce vui-
de parmy êllès, au moins dans lês
lieux d'où elles sortent à mesure
qu'elles se remuent: à quoy j'atfc.
rois de la peine à répondre, si je
n'âvois reconnu par diverses ex-
périences que tous les motive*-
, font
mens qui se au Monde, sont
en quelque façoit dfCtílàiriS\
c'est à dire que quand u ft cêïps
quitté fa plácê j il étttre toûjQUrs
en celle d'un autre* & eetuy cy
C iit
3? Traité de la Lumière,
cn celle d'un autre, & ainsi de
suitte jusques au dernier qui
,
occupe au même instant le lieu
délaissé par le premier: en sorte
qu'il nè se treuve pas davantage
deyuide parmy eux, lors qu'ils íe
remuent, que lors qu'ils sont ar-
rêtez. Et remarquez icy qu'il
n'est point pour cela nécessaire,
que toutes les parties des corps
qui se remuent ensemble, soient
exactement disposées en rond
comme un vray cercle, ni mê-
me qu'elles soient de pareille
grosseur > car ces inégalitez peu-
vent être compensées par d'au-
tres inégalitez, qui se treuvent en
leur vitesse. Or nous ne remar-
quons pas commnunémcnt ces
mouvemens circulaires quand les
Chapitre IV. w
fe
corps remuent en Pair, parce
que nous sommes accoutumez^
de ne concevoir l'air que com-
me un espace vuide: Maisvoyezì
nager des poissons dans le bassin*
d'une fontaine, s'ils ne s'appro-i
chent point trop de la surface de
i'eau, ils ne la feront nullement:
branler encore qu'ils passent
,
dessous avec une tres grande vi-
tesse. D'où il paroît manifestev
ment que 1 eau iqu'ils pouffent
deuant eux, ne pousse pas in-
differamment toute l'autre mais
>
seulement celle qui peut mieux
servir à parfaire le cercle de leur
mouvement , & rentrer en la
place qu'ils laissent. Et cette ex-
périence suffit pour montrer
combien ces mouvemens circu-
40 Traité de la Lumière,
laires font aisez & familiers à la
Nature mais j'en veux apporter
>
maintenant une pour montrer
,
qu'il ne s'en fait jamais aucun
autre. Lors que ie vin qui est
dans un tonneau, ne coule point
par l'ouverture qui est en bas,
à cause que le dessus est tautfer-
mêì c'est parler improprement
que de dire, ainsi qu'on faitdor^
dinaire, que cela fe fait crainte du
vuicte. On fait biea que ce vin
n'a point d'esprit, pour craindre
quelque chùfe: Et quand il en
auroit, je ne say pour quelle oc-
casion, il poarroit appréhender
ce vuide, quin est en effet qu'une
chimère. Mais ili faut dire plû-
tost qu'il ne peut sortir de ce
, à cause dehors
tonneau que tout
Chapitre IV. 41
est aussi plein qu'il peut estre, ôc
que la partie de l'air dont il oc*
cuperoit la place s'il descendoir,
n'en peut treuver d'autre où-fe
mettre en tout lé reste de i'Vni-
vers,si on ne fait une ouverture
au dessus du tonneau,par laquelle
cet air puisse remonter circu*.
lairement en fa place. Au reste
je ne veux pas assurer pour cela >
qu'il n'y a point dit tout de vaicie
en la Nature. Car j'aurois píut
que mon Discours devint trop
long si j'entreprenois d'èxpli-
,
quer ce qui en est : & les expé-
riences dont j'ay parlé, ne sont
point suffisantes pour le prouver,
quoy qu'elles lé soient * póur per-
suader que les espaces où flous ne
sentons rien, font f emplis de la
42 Traité de la Lumière,
même matière, & contiennent
autant pour le moins de cette
même matière', que ceux qui
font occupez par les corps que
nous sentons. En sorte que lors
qu'un vase par exemple est plein
d'or òude plomb, il ne contient
pas pour cela plus de.matière,
que lors que nous pensons qu'il
soit vuide : ce qui peut sembler
bien étrange à plusieurs, dont la
raison ne s'étend pas plus loin que
les doigts, & qui pensent qu'il
n'y air rien au Monde que ce
qu'ils touchent. Mais quand
vous aurez un peu considéré ce
qui fait que nous sentons un
corps ou que nous ne le sentons
pas, je m'assure que vous n'y
treuverez rien d'incroyable. Car
Chapitre IV. 45
vous connoîtrez éuidemment
que tant s'en faut que toutes les
choses qui font autour de nous
puissent être senties, qu'au con*
traire ce font celles qui y sont le
plus ordinairement, qui le peu*
vent être le moins, & celles qui
y sont toujours ne le peuvent
être jamais. La Chaleur de.nô-
tre coeur est bien grande mais
'>

nous ne la sentons pas, à cause


qu'elle est ordinaireXa pesanteur
de nôtre corps n'est pas petite,
mais elle ne nous incommode
nullement: Nous ne sentons pas
même celle de nos habits, parce
que nous sommes accoutumez
à les porfer. Et la raison de cecy
est assez claire : Car il est certain
que nous ne saurions sentir au cua
4/í- Traite de la Lumière ;
corps i s'il n'est cause de quelque
changement dans les organes de
nos sens, c'est a dire s'il ne re*.
mue en quelque façon les petites
parties de la matière, dont ces
organes sont composez: Ce que
peuvent bien fais e les objets qui
ne se présentent pas tôûjoiirs,
pourveu feulement qu'ils ayent
assez de force. Car s'ils corrom-
pent quelque chose , pendant
qu'ils agissent, cela sè peut re*.
parer âpres par la Nature, lors
qu'ils n'agissent plus. Mais deux
qui nous touchent continuelle-
ment, s'ils ont jamais eu la puis-
sance de produire quelque chan-
gement en nos sens, & de re-
muer quelques parties de léur
matière, ils ont dû à forcé d# les
Chapitre: IV* 4*
r-emuer > les séparer entièrement
des autres, depuis le comman-
eement de nôtre vie, & ainsi ils
n'y peuvent avoir laissé que celles
qui résistent tout à fait à-, leur
action, H par le moyen desquel-
les ils ne peuuent en aucune fa-
çon être sentis* D'où vous voyez
que een'estpas merveille qu'il y
ait plusieurs espaces autour de
nous ? où nous ne sentons aucun
corps, encore qu'ils n'en con-
tiennent pas moins que ceux, où
nous en sentons le plus. Mais il
nefaut paspenserpour cela, que
cét air grossier que nous attirons
dans nos poumons en respirant,
qui se convertit en vent, quand
il est agité, qui nous semble dur
quand il est. enfermé dans un
46 Traité de ta Lumière,
baloii, & qui n'est composé que
d'exhalaison & de fumée soit
,
aussi solide que l'eau ni que la,
Terre, il faut suivre en cecy l'o-
piniondes Philosophes, lesquels
assirent tous qu'il est plus rare.
Et cecy se connoît facilement
par expérience : car
les parties
d'unegoutted'eau séparées l'une
de l'autre, par l'agitation de la
chaleur composer
, peuvent
beaucoup plus de cét air que l'cs-
pace où étoit l'eau n*en sauroit
contenir. D'où ilsuit infaillible-
ment, qu'il ya grande quantité
de petits intervales, entre les par-
tics dontli est composé, car il n'y
a pas moyen de concevoir autre-
ment vn corps rare. Mais parce
que cesintervalesne peuvent être
Chapitre IV. 47
vuides, ainsi que j'ay dit icy de£
fus, qu'il y a nécessairement quel-
quesautrçscorps,Unou plusieurs
mêlez parmy cét air, qui rem-
plissent aussi justement qu'il est
possible, les petits inter vales qu'il
laisse entre ses parties il ne reste
>
plus maintenant, qu'à considérer
quels peuvent être ces autres
corps : & j'cspere qu'il ne sera pas
âpres mal-aisé de comprendre»
quelle est la nature de la Lumière.
45 TrMié de là Lumière,

CHAR V.
La rtâuélion des quatre Elemens
a trois, aVécpte leur explication
0* leur étabXistemenx.

LE s Philosophes assurent
qu'il y a au dessus des nuées
un certain air beaucoup plus sub-
til; que le nôtre, & qui n'est
pas composé des vapeurs de la
Terre comme luy, mais qui fait
un Elerriéhtà pàrt. ils disent aussi
qu'il y a au dessus dé çet air, en-
core un autre corps beaucoup
plus subtil qu'ils appellent l'Ele-
ment du Feu. Us ajoutent que
ces deux Elemens sont mêlez
avec
Chapitre V. 49
.
avecl'Eau & IaTerrc,en la com-
position de tous les corps infe--
rieurs : si bien que je ne fera y que
suivre leur opinion, si je dis que
çét Air plus subtil & cét Elemenc
du Feu, remplissent lesintervales
qui sont entre les parties de l'air
grossier que nous respirons V en
sorte que ces corps entre- lacez
l'un dans l'autre, composent une
masse qui est aussi solide qu'au-
cun autre corps. Mais afin que
je paisse mieux faire entendreniaíi
conception fur ce sujet, & que
vous nepensiez pas que je veiàille
vous obliger à croire tout ce que
les Philosophes racontent des
Elemens, il faut que je vous les-
décrive à ma façon. Ieeonçoyle
premier qu'on peut nommer l'E -
D
$d Traité de la Lumières
lement du Feu, comme une li-
queur la plus subtile & la plus pé-
nétrante qui soit au Monde. Et
en suitedecequia étéditicydes-
sus, touchant la nature des corps
liquides, je m'imagine que ses
parties sont beaucoup plus peti-
tes , & se remuent beaucoup
plus vîte, qu aucune de celles
des autres corps \ ou plûtost
afin de n'estre pas contraint
de recevoir aucun vuide en la
Nature, je ne luy attribue
point de parties qui ayent au-
cune grosseur ni figure déter-
minée : mais je me persuade
que l'impetuosité de son mou-
vement est suffisante, pour fai-
re qu'il soit divisé en toutes fa-
&
çons en tous sensj la
par ren-
Chapitre V. 51
contre des autres corps, & que
ses parties changent de figure à
tóus moménspour s'accomoder
à celles des lieux où elles entrent:
en sorte qu'il n'y a jamais de pas-
sages si étroits, ni d'angles si pe-
tits entre les parties des autres
corps, où celles de çét Elcmenc
ne pénètrent fans aucune difficul-
té, & qu'elles ne remplissent
exactement. Pour le second
qu'on peut prendre pour l'Elé-
ment des Air, jc le conçois bien
aussi comme vne liqueur tres-
subtile, en le comparant avec le
troisième: mais pour le comparer
avec le premier, il est besoin d'at-
tribuer quelquegrosseur & quel-
que figure à chacune de ses par-
ties, & de les imaginer à peu prés
DR
$2 Traité de la Lumière,
toutes rondes &; jointes ensem-
ble, ainsi que de grains de fable
ou de poussière. En forte qu'elles
se
ne peuvent si bien agencer, ni
tellement presser l'une contre
l'autre,qu'il ne demeure toujours
autour d'elles plusieurspetits in-
tervales, dans lesquels il est bien
plus aisé au premier Elément 4e
se glisser, qu a ellçs de changer de
figure expressément pour les rem-
plir. Et ainsi jc me persuade que
»
çesecond Elément tac peut être Ç
pur en aucun endroit du M onde,
qu'il n'y ait toujours avecluy,
quelque peu dela matière du pre-
mier. Apres çes deux Elemens
je n'en reçois plus qu'un troisiè-
me, savoir celuy 4e la Terre, du»
c|u-el je juge que les parîies font
Chapitre V. %
d'autant plus grosses U se re*-
muent d'autant moins vîtë, à
cômparaifofidé cellesdu second*
que font celtes-cy a comparaison
de celles du premier. Et ffiêíïfês
je croy que c'est assez de les cost-
cevoir comme une ou plusieurs
grosses masses, dont les parties
n'ont que fort peu ou point da
tout de mouvement, qui letff
fasse changer de fituatioiï l'Uflè a
legard de l'autre. Que si vous
treuvez étrange que pour explfc'
quer cesEIcmens, je ne me serve
point des qualitez qu ostftomnlé
Chaleur, Froideur, Hurtìidké te
Sécheresse, ainsi que font lès
Philosophes: le vous diray que
ses qualitez me semblent avoit
elles mêmes besoi» d'explieá*
-
D iii
$4 Traite de la Lumière,
tion, & que si je ne me trompe
tant ces quatre que toutes les au-
tres, & mêmes toutes les formes
des corps inanimez peuvent être
expliquées, fans qu'il soit besoin
de supposer pour cét effet aucune
autre chose en leur matière, que
le mouvement, la grosseur, la
figure, & l'arangement de sés
parties. En fuite dt quoy ie vous
pourray facilement faire enten-
dre, pourquoyje ne reçoy point
d autres Elemens, que les trois
que i ay décris car la différence
">

qui doit être entre eux & les


,
autres corps que les Philosophes
appellent mistes ou mêlez &
composez, consiste en ce queles
formes de ces corps mêlez, con-
tiermft toujours en soy quelques
Chapitre V. 55
qualitezcuii se contrarient & [se
nuisent, ôu du moins qui né ten-
dent point à la conservation l'une
de l'autre. Au lieu que les formes
desElemés doivent estre simples,
& n'avoir aucunes qualitez, qui
ne s'accordent ensemble si par-
faitement,que chacune tende a la
confevatiòn de toutes les autres»
Or iç ne faurois treuver aucunes
formes au monde qui foiestt tel-
les, excepté les trois quei'ày dé-
crites.Car celle que i'ay atttiHuée
au premier Elément, consisteen
ce que ses parties se remuentsiex>
tremement vîte, & sont si peti-
tes, qu'il n'y a point d'autres corps
capables de les arrester : & qu'ou-
tré cela elles ne demandent au-
cune grosseur ,ni figure, ni situa-.
D iiij
56 Traité dt la Lumière,
cioá déterminées : Celle du sei
coud, en çe que sêS parties ont un
mouvement & une grosseur si
médiocre, que s'il se treuve plu-
sieurs causés au Monde qui puis-
sent augmenter leur mouve-
ment & diminuer leur grosseur ,
il s'en treuve iustement autant
d'autres quipcuvent faire tout lé
contraire » En forte qu'elles de-
meurent toûiours comme en ba-
lance en cette méme médiocri-
té. La forme du troisième con-
siste en ce que ses parties font si
grosses, ou tellement iointes en-
semble, qu'elles ont la force de
résister tousiours aux mou ve-
rne ns des autres corps. Examinez
tant qu'il vous plaira toutes les
formes que les divers mouve-
Chapitre V. $¥
mens, la grosseur, la figure, èc
l'arrangemestt des parties de k
matière peuvent donner aux;
corps mêlez; Et jem'assureque
vous n'en trouvères aucune qui
n'ait en soydes qttalitez qui tcn^
dent à faire qu'elle fe change, &
en fc changeant qu'elle fe réduise
à quelqtfuné de celles des Ele-
mens. Par exemplela flâme dont
la forme demande d avoir des
parties quife remuent tres1- \kc, ôc
qui ayent a¥ec cela quelque gros-
seur, ainsi qu'il a êfédit,ne"peut
pas être lostg temps fans fe cor-
rompre. Car, ou là grosseur de
ses parties leur donnant la force
d'agir contre les autres corps, fera
cause de la diminution de leut
mouvement, ou la violance de
5S
Traité de la Lumière,
leur agitation les faisant rompre
en se heurtant contre les matières
qu'elles rencontrent, fera cause
de la perte de leur grosseur :. & '

ainsi elles pourront peu à peu se


reduire à la forme du troisième
Elément, ou à celle du second >&
mesme aussi quelques-unes à ceU
le du premier. En quoy yous pou-
vez connoistre la differançe qui
est entre cette flâme, ou le feu
commun qui estparmy nous, ôc
l'Element du Feu, que j'ay décrit.
Et vous devez savoir que les Ele-
mens de l'Air & de la Terre ne
font point semblables non plus à
cét air grossier que nous respi-
rons , ny à cette terre que nous
voyons contre nos pieds? mais
généralement que tous les corps
Chapitre V. jj
£jui paroisfent autour de nous,
font mêlez ou composez &
,
sujets à corruption. Toutésfoisil
ne faut pas penser pour cela, que
les Elemens n'ayent aucuns lieux
dans le mode qui leur soient par-
ticulièrement destinez3& où ils se
puissent continuellement con-
server en leur pureté naturelle.
Mais au contraire,puisque cha-
que partiedela matière tend tou-
jours à se réduire à quelques- uries
de leurs formes, & qu'y étant une
fois reduite elle ne tend jamais a la
quitter, en core mesmes que Dieu
n'eut creé au commancement
des
que corps mêlez, néanmoins
depuis le temps que le monde est,
tous ces corps auroient eu loisir
de quitter leurs formes, & de
gô Traite de k Luhìere,
prendre celle des Elemens. De
forte que maintenant ií y a gran-
de apparance, que tous les corps
qui font assez grands pour être
contez entre les plus notables
parties de Y Vnivers, n ont cha-
cune la forme que de l'un desEIe-
mens toute simple : & qu'il ne
peut y avoir des corps mêlez ail-
lieurs,que fur lesfuperfíciesde ces
grands corps : Mais là il faut dé
fteçessité qu'il y en ait. Caries E-
lémens étans de nature fort con-
traire, il ne se peut faire que d eux
d'entr'eux $ entretouchent, sans
qu'ils agiffènt contre les superfi-
cies l'un de l'autre, & donnent
ainsi à la matière qui y est, les di-
verses formes de ces corps mêlez.
A propos de quoy si nous consi-
Chapitre' V* 6%
derons généralement tous les
corps dontl'Vnivers est compo-
sé, nous n'en trouverons que de
trois sortes qui puissent être ap-
peliez grands, & contez entre ses
principales parties, savoir le So-
leil & les Etoiles fixes pour la
première, les Cieux pour la se-
conde , & là Terre avéque les
Planètes (k les Comètes pour
la troisième. C'est pourquoy
nous avons grande raison de pen-
ser que le Soleil & les Etoilles fi-
xes n'ont autre forme que celle
du premier Elément toute pure,
jes Cieux celle du second, & la
Terre avéque les Planètes & les
Comètes, celle du dernier. le
joints les Planètes & les Co-
mètes avec Terre. Car voyant
îa
6 z Traité de la Lumière,
qu'elles résistent comme elle à îa,
Lumière, & font refléchir ses
rayons, je n'y treuve point de dif-
ferance. le joints aussi le Soleil
avec les Etoilles fixes ,& leur atri-
buëune nature toute contraire à
celle de la Terre. Car la feule
action de leur lumière me déclaré
assez, que leurs corps sont d une
matière fort subtile & fort agitée..
Pour les Cieux, puisqu'ils rie peu-
vent être apperceus par nOs sens,
je pense a voir raison de leur atri-
buer une nature moyenne, entre
celle des corps lumineux dont
nous sentons l'action, & celle des
corps durs & pesans dont nous
sentons la résistance. Enfin nous
n'apercevons point de corps mê-
lez en aucun autre lieu que fur la
•.-
-Chapitre H %$
superficie de la Terre, & si nous
considérons que tout l'espace qui
les contient, fa Voir tout ceîuy quî
est depuis lés nuées les plus hautes
jusques aux fosses les plus pro-
fondes,que l'avarice des hommes
ait jamaisYreufe.es pour en tiret
les métaux,est extrêmement pe-
tit à comparaison de la Terre 8c
des immëinfes étendues du Ciel,
nous nous pourrons facilement
imaginer que cescorps mêlez ne
font tous ensemble quecomme
une écorce qui est engendrée au
dessus de la Terre, par l'agitat i on
& le mélange de la matière du
Ciel qui l'environne. Et ainsi
nous aurons occasion de penser
que ce n'est passéùlement dans
l'Air que nous respirons, mais
04- Traipkfk la Lumière,
aussi dans tous les autres corps
composez jusques aux pierres les
plus dures, ôc aux métaux les plus
pesans qu'il y ades parties de i'E-
iement derAir,méîez avec celles
de la Terre, & par conséquent
aussi des parties de l'Element du
Feu, parce qu'il s'en treuve tou-
jours dans les pores de celuy de
ì'Air. Mais il faut remarquer
qu'encore qu'il y ait des parties
de ces trois Elemens mêlées l'une
avec l'autre en tous cés corps, il
n'y a toutefois, à proprement par-
ler que celles qui, à cause de leu r
grosseur ou de la difficulté qu'el-
les ont à se mouvoir,pepvent être
rapportées au troisiéme,quïcon>
pose tous ceux que nous voyons
autour de nous. Car çelle des
deux
Chapitre V* fc$
deux autres sont sifubtiles, qu'éU
les ne peuvent être aperceuës de
nos sens. Et se
on peut représenter
tous ces corps ainsi que des épon-
ges, dans lèquelles^ encore qu'il
yaitquantité de pores ou petis
trous, qui sont toujours pleins
d'air ou d'eau, ou deqûélqu'autre
semblable ligueur, on ne juge pas
toutefois cjuécés liqueurs èhtïenc
eri la composition fde épòttge.'
béâujopp«feutres
II meréstè íty
choses à expliquer ', & je fefois
bien aise d'y àdjòáter quèkfues
raisonspour tendre mëáòpîhións
plus vray semblables. Mais afin
que la longueur de ce discours
vous soit moins ennuyeuse, j'en
veux envelopper une partie dans
une fable, au travers de laquelle
66 Traité de la Lumière,
j'èspere que la vérité ne laissera
pas dé paroîtte fùffiíam ment, Oc
quelle ne sera pas moins agréable

'
à voir, que si je Texposois toute
nue.

:;;'^.fciïjvp, VL
'Èejcription d'un notìvtau JMonde,
qttì eíi fres-facile a connoître,
'.,", maissemblable pourtant à eeluy

dans lequel nou:sommes, ou mefc



jnesau Cáhps que les Poètes ont
,
feintpaVoirpreçede'. .-'.:..>.
,

^rjErmettez donc pour un peu


\i fde temps;à vôtre pensée de
sortir hors de ce Monde, pour en
venir voiruaautre toutnouveau
Chapitre VI. ? 67;
que je feray naître ensà présence,
dans les espaces imaginaires. Les
Philosophes nous disent que ces
espaccssont infinis, & ils en doi-
vent bien être crûs, car ce font
eux mêmes qui les ont faits ;
mais afin que cette infinité ne
nous ernpesche point, ne tâchons
pas d'aller jusqu'au bout. En-
trons y seulement si avant que
nous puissions perdre de vcuér
lesi
toutes créatures, que Dieufîc.
il y a cinq pu six mille ans, 6ç
âpres nous être arrêtez làenqUcl-
quc lieu déterminé, supposons
que Dieu crée de nouveau touc
autour de nous tant de matière,
que de quelque côté que nôtre
imagination sepuisse étendre^ellç
n'y aperçoive plus aucun Hetìiquì
E ij
ffî Traité de la Lumière
soit vuide. Bien que la mer ne,
soit pas infinie, ceux qui sont au
milieu fur quelque vaisseau,peu-
vent étendre leur veáë ce semble
àl'infiny » & toutesfois il y a en-
core de leauipar delà tout ce qu'ils
voycnt. Ainsi encore que nôtre
imagination semble se pouvoir
étendre à Tinfiny, & que cette
nouvelle matière ne soit pas sup-
posée être infinies nous pouvons
bien toutesfois supposer, qu'elle
remplit des espacesbeaucoup plus
grands, que tous ceux que nous
aurons imaginé. Et mefmeafin
qu'iln'y ait rien en tout cecy, en
quoy vous puissiez treuver à re-
dire;., ne permettons pas à nôtre
imagination de s'étendre si loin
qu'ellepourroit* Mais retenons
Chapitre VI, ï>®
îa tout à dessein dans un espace
détermine, qui nefojt pas plus
grand par exemple, que la distan-
ce qui cstdepuis la Terre, jusques
aux principales étoiles du Firma-
ment: & supposons que ia matiè-
re que Dieu aura créée, sNecend
bien loin au delà de tous cotez,
jusques à une distance indéfinie.
Car il y a bien plus d'apparance*,
Sc nous avons bien mieux lc pou-
voir de prescrire dés bornes âi'a-
ction de nôtre pensée, que non
pas aux oeuy res de Dieu.Or puis-
que nous prenottsla liberté ^ds
feindre cette matière ànôtrefaïis.
t aisie,atrîbuôs luy,s*il vousplaît,
une nature en laquelle il n y ait
rien du tout que chacun nepuissis
connoltre aussi patfàitemét qu'il
E iii
7O Traite de là Lumière,
est possible. Et pour cét effet sup-
posons expressément qu'elle n'a
point la forme de la Terre, ni du
Feu, nidel'Air, ni aucune autre
plus.particuliere,comme du bois,
dunepierre,ou d'un métal, non
plus que lés qualitez d'être chau-
de ou froide,,féche ou humide,
Jegere ou pesante ou d'avoir
,
quelque gòût,oUi>deur, ou son,
pueouleur, ou lumière, ou autre
semblable: en là nature de laquel-
le on puisse dire qu'il y ait qucl-
qúe chose,q ui ne soit pas éy idem-
lïiét corinuède toutle monde. Et
ne pensons pas aussi d'autre côté
quelle soit cette matière premiè-
re desPhiIosophes,qu'on a si bien
dé'poiiilléede toutes ses formes Sc
qualitez, qu'il n'y est rien de-
Chapitre VI. &f
meute de reste qui ípustc être
clairemententendue mais eóncet
la
vons comme uti; vray /corps
parfaitement solide;,; qui temjplit
égabi^eEittoBCfiS'leiJAfgrat^iloJ^
gueurss^profondeursdeçegráE
espaces au milieu \ duquel nous
avons,arresté nôtre?penséev en
sorte qúè cliacune de ses parties
occupe4toûjours,uhe;partifedecec
espace tellement proportionnée
•»
à sa grandeur* qu'ellen'ensáûroit
remplir une plus grajnde, ni fe
retirer&une moindre ,;ni soufrât
que pendant quelle y demeure^
quelqu'autre y treuve place. Ad-
j oûtons que cet ce matière peut
être divisée en toutes ses parties,
& selon toutes les figures, que
nous pouvons imaginer,,&» qtíe
E iiij
#S Traité de la Lumière,
chacune de ses parties est capáí
ble de recevoir en soy tous les
mouvemens que non s pouvons
au$ì imaginer.Supposbfisde plus
que Dieu Indivisée veritablemét
Cri^usieurstiéllesparties, ses unes
plusigrossè&r les autresíplus peti-
tes: les unes d'une figure, fie les
autres d'une* autre, telles qu'il
nousplairadesesfeindre.5wonpas
*ju$ les sépare pour cela^en sorte
attelles ayent di* vuide efttre*
eu« mais pensons que toute k
*,

distinction qu'il y met, consiste


cnladiversitë des mouvemens
quìlseur donne, faisant que de*
puis; le premier instant qu'elles
font creéesjles unes commencent
à se mouvoir d'un côté, les autres
d'un autre > lès unes plus vite, les
Chapitre Vh 7£
autres plus lentement, ou si vous
voulez, point du tout,& quelles
continuent âpres, leur mîoùvet-
ment suivant seslpix de JaJNaw
turé. Car Dieuasl merveilleusei-
ment établi ces Loix, qu encore
*

que nous supposions qu'il ne crée


fiende plus quecex}uei'ayditiJ&
même qssil ne mette en cecy;arir
cun mordre proportionné > mais
qu'il en compose vncahos se plus
confus Ôè le plus embrouillé que
les Poètes puissent décrire, elles
font suffisantes pour faire que les
parties de ce cabosse démêlent
d'elles mêrnes,& se disposent ea
si bon ordre qu'elles auront la
,
forme d'un Monde tres paríàit b
-
dans lequel on pourra voir non
feulement de la Lumière » mais
74 Traité de la Lumière,
aussi toutes les autres choses, tant
générales q ue particulières:, qui
parôiflent dans ce vray Monde,
Mais avant que j'explique cecy
plusau longì ,s arjreítez -.vousen-
•£.mm. u peu m
n considérer:! ce: ca-
Bos* M, remarquez quîísne con?
itientí aucunercfcse qui ne: vious
:

soitsiparfaiter^íenteonnu ë* que
vous ne sçaudcz pas mesmesein-
idre de fignoreri Car pour les
aqualitezqueíj'yay misesi si vous
iyiàuez pris garde, ie les ay seu-
íemcnt soppo(ee^,telles que vous
les Couviez imaginer. Et pour la
matière dontsel'ay cópofé, il n'y
M rien de plus simple, ni dec plus
facile à con n pifire: dans le$,créa-
tures inanimées* Et son idée est
tellement, comprise en toutes
Chapitre VI' 7$
selles quenótre imagination peut
former, qu'il faut nécessairement
la
que vous conceyiez, ou que
vous n'imaginiez jamais aùçùne
chose. Toutesfois, parce,que les
Philosophes sont.si subtils, qu'ils
íçavént trouver des difficultez
;
dans les choses qui semblent; ex-
trêmement claires: aux aûtires
;

hommes,, & que se souyenirde


leur matière ;premsere :qu^s fça*
vent estre assezr mal^iseéaìç#n^
cevoir, lespourroit divertir fie la
connoisîançedeçéjle dont i&pat
*
le ; íl fautf que je leur dise, en
qét endroit, que si jë:neme trôm-
pe,tpute la difficulté qu'ilséplfou-
uent en leur, rie vient que de
la
çe qu'ils la veulent distinguer de
si propre quaníité &de son éten-
7G Traitédelà Lumières
âvt'èextérieure, c'est á dire âcìè
propriété qucHé a d'occuper de
l'espace Í En quoi toutesfois je
veux kie» qu'ils croyent avoir
raisons car je n'ai pas dessein de
m'árFester à les contredire. Mais
ils ne doivent pas aussi trouver
étrange, si je suposequclaquan-
tité de la matière que j'ay d écrite,:
né diffère non<piûs/desa substan-
ces] uè le nomfere fait dés choses
notsâbrèes j &# jecônçois son é*
tendue ou? la propriété qu'else a!
5

d oçcupér dei'^ípâcè, non point


comme un accident, niais com*
méCa vraye ferme & son essence:
car ils ne sçauroiéwt nier qu'elle
5

nesoit tres facile à* concevoir en


Cette forte. Et mon dessein n'est
pas d'expliquer conime eux les
-
Chapiée VI' '77
choses qui sont en effet dans le
vray mondcvmaisseulementd en
feindre un à plaisir,dans lequel
il n'y ait rien, que le plus grossier
esprit ne soit capable de con-
cevoir, & qui punis toutefois
estre créé tout de mesme que je
l?àuray feint. Si j?y mettois la
moindre chbfe qui fût obscure,
il se poufroit faire que parmi cette
obscuritéil y auroitquelque ré-
pugnance cachée, dont je toc me
serois pas aperceu & ainsi que
,
fans y penser, je íapposer|Ìs uáë
çhoseimpossible,au lieu qu£'p#u-
vant distinctemét imaginer touc
ce que j'y mets, il est indubitable
qu'encore qu'il n'y ait rien de tel
dans l'ancìen monde Dieu le
,
peut toutesfois créerdans un nou-
7S? Traité de la Lumière
veau. Car isest certain qu'il peut
créér touteslès choses, que nous
pouvdnsjmagihér.

CHAP.iyii
Parquettes Lois & par quels moyens
les parties de ce Monde fe ti-
reront d'elles mémes hors du
cabas, &de la confusionoù elles
itoUnt.

MAÏS jè neveux pas difV


férer plus long temps à
vous dire, par quel moyen làna-
turè seule pourra démêler lá Con-
fusion du cahos dont j'ái parlé,
& quelles sont ses Lois que Dieu
luya imposées. Saches donc*
Chapitre Vit» 7f"
premieremcnt que parla Nature
je n'entens point icy quelque:
Déesse ou quelque autre sorte de
puistlinee imaginaire : Mais que:
ie me sers de ce mot pour signi-
fier la matière même, en tant
que je la considère avec les
qualitez, quéie lui ay attribuées
comprises toutes erisembîe, '&
sous cette condition que Dieu
contistuëdelaconservef en la mê-
me fâcon* qu'il l'a cteée. Car de
Célaseulquil continueairisi de la
conserver v-il"fuit de nécessités
quildoit y avoir plusieurschan-
gemens es parties, qui né pou-
en f
VantjCe me semble, être propre-
ment attribuez à faction de
Dieu, parce qu'elle ne change
point, ie les attribue à la nature:
go Traité de là Lumière,.
Et les reigles suivant lesquelles se
font ces changemens, ie les nom-
me les Loix de la Nature. Pour
mieux entendre cecy, souvenez
vous qu'entre les qualitez de la
matière, rions avons suppoíétjue
fcsparties avoient eu divers mou-
vemens,dés se commencement
qu'elles ont esté créées ; Et outre
eelá qu'elles; &'entre- touchoient
toutes de tous collez, fans qu'il y
eût aucun Vnidé entre, deux* S>où
il fuit de nécessité, que dés tors en
çómmançatít àse mouvoir * elles
ontr Commencé aussi à changer
& diversifier ìcurs mouvemens
parla rencontrielune de l'autre.
Et ainsi que si Dieu les conserve
aprés au mefme estât qu'il les a
créées, il ne les conserve pas au
méme
Chapitre VII. $í
,
méme estât : C'est à dire que
Dieu agissant toujours en méme
forte, ôc par conséquent pro-
duisant toujours se mesme effet
en substances se treuve comme
par accident plusieurs diversités
en cét effet. Et ii est facise à croire
que Dieu qui, commè chacun
doit sçav oir p est immuable, agk
toujours en mesme sorte. Mais
fans m'ecgager plus avant dans
des considérations Métaphysi-
ques, ie mctfxay icy deux ou trois
des principales règles, suivant
léquelles il faut penser que Dieu'
fait agir la nature de ce nouveau
Monde, & qui suffiront comme
ie croy, pour vous faire con-
noître touces ses autres. La pre-
mière est,Que châquepar tiède la
F
82, Traite dt la Lumière,
matière en particulier continue
toujours d'être en un méme état,
pendant que la rencontre des au-
tres ne îa contraint point de le
changer. C'estàdire,quesielle a
quelque grosseur, elle ne devien-
dra jamaisplus petite, sinon que
les autres la divisent : Si elle est
ronde ou quarréc, elle ne chan-
gera jamais cette figure, fans que
les autres l'y contraignent:Si elle
est arrêtée en quelque lieu, elle
n'en partira jamais que les au-
,
tres ne l'en chassent : Et si elle a
une fois commencé à semouvoir
elle continuera toujours avec
égalie force, jusques à ce queles
autres l'arrétent ou la retardenr.
11 n'y a personne qui ne croye que
çette méme Régie s'obîerve dans
V W •.«.»«*»«». *>-£.
Chapitre VII. 83
l'ancien monde touchant la gros-
seur ,la figure,le repos ôc mille au-
tres choses semblables. Mais les
Philosophes en ont excepté se
Mouvement,quiest toutesfois ce
que íe désire le plus expressément
y comprendre- Et ne pensez pas
pour cela que j'aye dessein de leur
contredire, le mouvement dont
ils parlent est si fort différant de
celuy quej'yconçoy,qu'ilsepeut
aifémentfairequecequiest vray
de l'un, ne lesoit pas de l'autre. Ils
advouënt eux-mefmesque la na-
ture du leur est fort peu connue,
6c pour la rendre en quelque fa-
çon intelligible, ils ne l'ont en-
core feu expliquer plus claire-,
ment qu'en ces termes, AíotuseJÍ
aâìus émis inpotentia, prout'in poL.
Fij
84 Traité de la Lumière,
tentia3 léquels font pour moy si
obscurs, que je fuis cótraínt de les
laisser icy en leur langue, parce
queie ne les saurois interpréter. *
Etau contraire la naturedumou-
vement duquel j'entens icy par-
ler, est sifacileà connoítre,que
les Géomètres mémes,qui entre
tous les hommes fe font le plus
estudìê à concevoir bien distinc-
tement ses choses qu'ils ont con-
sidérées l'ont iugée plus simple
»
& plus intelligible que celle de
leurs superficiées, ni de leurs li-
gnes Ì ainsi qu'il paroic, cn ce
qu'ils ont expliqué la ligne par
le mouvement d'un point, & la
soperficie par celuy d'une ligne.
* Ctt mots, ie mowvtrritnttst ta&t d'un itte cn
fiHÌffknce tntant qu'il ift en puijfnnçç ne fait
,tUirs,
f«s f lus y mr étrf ^ratigi is.
.,
Chapitré VU- 85
Les Philosophes supposent plu-
sieurs mouvemcns qu'ils pensent
pouvoir être faits,fans qu'aucun
corps change de place, comme
ceux qu'ils appellent» Motus ai
formam, motus ad caìorem, motus
ad quantitatem»* &milse%autres.
Et moy ie n'en connois aucun,
queceluyquelesGeomçtres ont
iugé plus aisé à concevoir que
leurs lignes, & qui fait que les
corps passent d'un lieu à un autre,
& occupent successivement tous
les espaces qui font entre-deux.
Outre cela ilsattribuënt au moin»
dre de ces mouvemcns, un être
beaucoup plus solide 6c plus vé-
ritable qu'ils ne font au repos,
lequel ils disent n'en être que la
*Mettvemtnt klafqtme, mouvtmmtà lathaltur^
mouvement <* lu quantité.
F iij
S6 Traité de la Lumière
3
Ítrivátion. Et moy je conçois que
e repos est aussi bien une qua-
lité qui doit estre attribuée à la
matière jpendantqu'elle demeu-
re cnune place, comme le mou-
vement en est une qui luy est
attribuée, pendant qu'elle en
change. Enfin le mouvement
dont ils parlent,est dune nature
si étrange, qu'au lieu que toutes
les autres choses ont pour fin leur
perfection, &ne tachent qu'à se
conserver il n'a point d'autre fin
>
ni d'autre but que le repos, &c
contre toutes les Lois de la na-
ture, il tâche soy-mesme à se dé-
truire. Mais au contraire ecluy
que ie suppose, suit les mesmes
Loix de la Nature, que font gé-
néralement tout es les difpositiós
Chapitre Vil. $7
&C toutes les qualitez qui se troU-

en la matière : auffi bien celles


que les Doctes appellent, Modos
gy entia rationis cum fundamento
inre , * comme leurs qualitez
réelles, dans lèquelles, je confesse
ingénument ne trouver pas plus
de réalité que dans les autres.
Ie suppose pour la secondeRégle,
Que quád un corps en pousse un
autre, il neluy peut donner au-
cun mouvement, qu'il n'en per-
de en mesme temps autant du
sien, nlluy en ôter que le sien
ne s'augmente d'autant. Cette
Régie jointe avec la précédente
se rapporte fort bien a toutes les
experiances, dans lèquelles nous
voyons qu'un corps commence
* Des modes & dis êtrts déraison AVCCf,/hlimcni-
dans la chose,
F iïïj.
88 Traité de la Lumière
s
ou cesse de se mouvoir, pource
qu'il est poussé ou arrêté par
quelque autre. Carayant.supposé
la précédante, notis sommes
exems de la peine où se trouvent
les Doctes, quand ils veulent
fendre raison de ce qu'une pierre
çontinuëde se mouvoir,quelque
temps âpres être hors de la main
de cêluy qui l'a jettée. Et on nous
doit demander pjjûtosspourquoy
elle ne continue' pas toujours,
dont la raison est facile á rendre.
Car qui est-ce qui peut nier que
l'air dans lequel elle se remue, nc
lui fasse quelque résistance ? On
l'enténd siffler lors qu'elle le di-
vise, & si l'on y remue dedans vn
eVantail ou quelque autre corps
fòrtleger & fortétendu,on pourV
Chapitre V*ïï. ®9
ra mêmes
,
sentir au pois de la
main, qu il en empêche le mou-
vement , bien loin de le
continuer , ainsi que quel-
ques-uns ont voulu dire. Mais si
Ton manque d'expliquer l'esset
de fa résistance suivant nostre se-
conde Règle, ôc que l'on pense
que plus un corps peut résister»
plus il soit capable d'arrester le
mouvement des autres,ainsi que
peut- estre d'abord on pourroic
se
persuader,on aura derechef bien
de la peine à rendre raison pour-
quoy le mouvement de cette
pierre s'amortit, plûtoít en ren-
contrant un corps mol & dont
la résistance est médiocre, qu'il
ne fait lors qu'elle en rencontre
un plus dur, 6c qui lu y résiste da-
*>Ò Traité de la Lumière ;
vantagè :. Et pourquoy fí ton
qu'elle a fait un peu d'effort con-
tre ce dernier , elle retourne in-
continant, comme sur ses pas,
plutôt que de s'arrêter ni d'inter-
rompre son mouvement pour
son sujet. Au lieu que supposant
cette Régie il. n'y a point du tout
cn cecy de difficulté. Car elle nous
aprend que le mouvement d'un
corps n'est pas retardé par la ren-
contre d'un autre à proportion de
ce que celui-cy luy résiste, mais
seulement, à proportion de ce
que fa résistance en est surmon-
tée, & qu'en luy obéissant il re-
çoit cnsoyla force de semouvoir
que l'autre quitte. Or encore
qu'en la plus part des mouve-
mens que nous voyons dans le
Chapitre Vil. §r
vray Monde, nous ne puissions
pas apercevoir que corps qui
les
commencent ou cessent de îc-
mouvoir, soient poussez òu ar-
restezpar quelques autres, nous
n'avós pas occasion de juger pour
cela que ces deux Règles n'y soiéc
pas exaistement observées. Car il
est certain que ces corps peuvent
souvent recevoir leur agitatio des
deux Elemensde l'Air & du Feu,
qui se trouvent toujours parmy
eux,fans y pouvoir être sentis,
ainsi qu'il a tantost été dit, ou
mesme de l'Air plusgrossiér, qui
ne peut non plus estre senty : Ec
qu'ils peuvent Ia transférer tantôt
à cet Air plusgrossiér, & tantôt
à toute la masse de la Terre, en la-
quelle étant dispersée^!le nepciít
PZ Traite, de U lumière]
être apperccuë. Mais encore que
tout ce que nos sens ont jamais
cxpcrimentêdanssevray Monde,
semblât manifestement être con-
traire à ce qui est Contenu dans
ces deux RcgieSíla raison qui me
les a enseignées, me sembsesi for-
te, que je ne laisseroispas de pen-
ser d'estre obligé de les supposer
dans le nouveau, que ie vous dé-
cris.Car quel fondement plus fer-
me & plus solide pourroit-on
trouver pour établir une vérité,
encore qu'on le voulût choisir à
souhair,que de prendre la ferme-
té méme, &l'ím mu tabilitéqui est
en Dieu ? Or est il que ces deux
Régies suivent manifestementde
cela seul que Dieu est immuable,
& qu'en agissant toujours en mé-
Chapitre Vil. 9%
me sorte, il produit toujours le
méme effet. Car supposant qu il a
miscertainequantitéde mouve-
ment das toute matière en gê-
la
nerai, dés le premier instant qu'il
la creée, il faut ad vouer qu'il y en
conserve toujours autant, ou
ne pas croire qu'il agisse tou-
jours en mesme sorte. Et
supposant avec cela que dés ce
premier instant les diverses par*
ties de la matière dans lèquelles
ces mouvemens se font trouuez
inégalement dispersez, ont com-
mencé à les retenir, ou à les trans-
férer de l'une àlautre,sclon qu'el-
les en ontpû avoit la force î 11
faut nécessairement penser qu'il
leur fait toujours continuer la
méme choie. Et c'est se conte-
Í?4 Traite de la Lumière]
de
nu ces deux Régies, l'adjoûte-
jray pour la Troisième, Que lors
qu'un corps seremuë,encorcquc
son mouvement se fasse souvent
en ligne courbe, & qu'il ne s'en
puiste jamais faire aucun qui ne
soit en quelque façon circulaire,
ainsi qu'il a esté dit icy dessus :
toutesfois chacune de ses parties
en particulier, tend toujours à
continuer le sien en ligne droite.
Et ainsi leur action, c'est à dire
l'inclinatió qu'elles ont à se mou-
voir, est différante de leur mou-
vement. Par exemple, sil'on fait
tourner une roue fur son essieu,
encore que toutes ses parties
aillent en rond, parce qu'étant
jointes l'une à l'autre,elfcs ne sau-
roient aller autrement : Toutes-
Chapitre VII. 95:
fois leur inclination est d'aller
droit i ainsi qu'il paroist claire-
ment, si quelqu'une parhazard
se détache des autres. Car aussi-
tôt qu'elle est en liberté,son mou-
vement cesse d'estre circulaire, 8>c
fe continue en ligne droite. De
méme quand on fait tourner une
pierre dans une frode, non feule-
ment elle vá tout droit, aussi, tost
qu'elle en est sortie :mais déplus
pendant tout le temps qu'elle y
est,elle presse le milieu dela fron-
de & fait tendre îa corde,mon-
trant évidemment là
par qu elle a
toujours inclination d'aller en
droiteligne, & qu'elle ne va en
rondque par contrainte. Cette
Règle est appuyée fur le méme
fondement que les deux autres,
?t» Traite de laljitmîere,
& ne d e'pen d q ue de ce q ue Dieu
conserve chaque chose par une
action continuelle, ôc par consé-
quent qu'il ne la conserve point
telle qu'elle peut avoir esté quel-
que temps au parauant : mais pré-
cisément telle qu'elle est au mé-
me instant, qu'il la conserve. Or
est- il que de toux les mouvcmens
il n'y en a que ie droit qui soit en-
tièrement simple, & dont toute
la nature soit comprise en un in-
stant.Carpour le concevoir il suf-
fit de penser qu'un corps est en
action,pour se mouvoir vers cer-
tain côté, cequïsctrouveenchài
cun des instans qui peuvent estre
déterminés, pendant le temps
qu il se remue : Au Heu que pour
concevoir le circulaire,ou quel-
que
Chapitre VII. 97
qu'autre que ce puisse être, il
faut aumoins considérer deux de
ses instans, ou plutôt ^deux de
ses parties, 6c îc rapport qui est
entre elles. Mais afin que ses Phi-
losophes neprennent pas icy oc-
casion d'exercés leurs subtilisez
superflues, remarquez que je ne
dis pas pour cela que le áiouvc-
nlènt droit se puisse faire èn un in-
stant : Mais seulement que tout
ce qui est nécessaire pouiri le pro-
duire se treuve dans lcsjcorpscn
,
chaque instant qui puisse être dcJ
terminé, pendant qu'ils se re-
muent, , & non pas touc çc qui est
nécessaire pour produire îecircu-
laire.Comme3 si une pierre se rc«
c,
i\ Trait é de Id Lumière,

Et que vous îa considériez préci-


sément telle qu'elle est en sinífànt
qu'elle arrive au point A, vous
trenvez bien qu'elle est en action
pour se mou voir,car elle ne s'y ar-
rête pas, &c pour it mouvoir vers
Chapitre VIL s§
certains cotez,savoir vefs G, car
c'est vers là que son actiott est dé-
terminée en cét instant : Mais
vóus n'y sauriez rien treuvef, qui
fasse que son mouvement soit cir-
culaire. Si bien que supposant
qu élle commence pour lors à
sortir de la fronde, 6c que Dieu
continue dev là conserver telle
qu'elle y est, il est certain qu'il nè
îa conservera point avéque l'in-.
clination d'aller circulairemenr,
suivant la ligne, A & B. Maisa-
vec celle d'aller tout droit vers Ifc
point C. Suivant donc cette Ré-
gie il faut dire que Dieu seul est
,
Auteur de tous les mouvemens
entant qu'ilssont,& entant qu'ils
font droits, mais que ce sont les
diverses dispositionsde la matière
G ij
JGO Traité de la Lumière
s
qui ses rendent irreguliers&cour-
bez ainsi que les Théologiens
>

nous aprennent que Dieu est aus-


si Auteur de toutes nos actions,
entant qu'elles sont, 6c entant
•qu'elles ont quelque bonté : mais
que ce sont les diverses díspositiós
de nos voloiirez q»i ses peuvent
rendre vicieuses. Ie pourrois met-
tre encore icy plusieurs régies
pour déterminer cn particulier,
quand 6c comment, 6c de com-
bien Ie mouvement de chaque
corpspeut être détourné, ou aug-
menté,ou diminué par la rencon-
tre des autres : ce qui comprend
souverainement tous les effets de
îa nature : mais ie me contenteray
de vous advertir qu'outre les lois
que j'ay expliquées, ie n'en yeux
Chapitre VIL "roi"'
point supposer d'autres que céllcs
qui suivent infailliblement de cçs
veritez éternelles, fur lèquelles
les Mathématiciens ont accoutu-
mé d'appuyer leurs plus certaines
&plus évidentes démonstrations:
ces veritez disje suivant séquelles,
D ieu méme nous a enseigné qu'il
avoit disposé toutes choses en n ô-
bre, en pois, 6c cn mesure, 6c dont
la connoissanec est si naturelle à
nos âmes, que nous ne saurions
les
ne pas juger infaillibles, lors
ses
que nous concevons distincte-
ment» ni douter que Dieuavoit
si
créé plusieurs Mondes, elles ue
fussent en tous aussi véritables
qu'en cclui-cy.De sorte que ceux
qui sauront suffisamment exami-
ncr. les conséquences de ces vérï-
G iij ' ' ~'r
IQfc Traite de la Lumière,
tez & de nos régies, pourront
çonnoître les effets par leurs cau-
ses, &pOur m'cxpliqwer en termes
del'Ecple, avoìç des démonstra-
tions à Priori* de tout ce qui peut
estreproduit en ce nouveau Mo-
de. Et afin qu'il n'y ait point
d'exception quirempéche, nous
ad j oût er ons, s'il vous plaît, à nos
suppositjons,queDieu n'y fera ja-
mais aucunmiraele,& quesesIn-
telligences ou les âmes raisonna-
bles que nous y pourrons âpres
supposer n'y troubleront nul-
,
lement le cours ordinaire de la
nature. Ensuite de quoy toutes-
fois ie ne vous promets pas, de
mettre icy des démonstrations
cxactes,de toutes les choses que ie
dìray.'cesera assez que j'ouvre le
* Par U caují.
Chapitre VU* .XQ3*
ehemin par lequel vous-seipour-
de
rez treuvcr vous mémes, quád
vous prendrez la peine de les
chercher. Lapluspartdes esprits
se dégoûtent sors qu'on leur rend
les Chosestrop fecises : & pour fai-
re icy unTabseauqui vous agrée,'
il est besoin que j'y employé de
sobre aussi bien que descQuleufs
claires :si bien que iemeconten-
teray de poursuivre la description
que j'ay commencée, comme
n'ayant autre dessein que de wm
raconter une fable.

G iiij
sÔ4 Traite de U Lumière;

CHAP. VIII.
Comment dans le Monde aupara-
vant décrit, ilfe formera un
Sqleil &. des Etoiles.

QVcIques inégalitez &


quelques confusions que
nous puissiós supposer que Dieu
aît mises au cómcncement entre
les parties de la matiere,il faut fui-
vát lesloixqu'il a imposées à la na-
ture, qu'elles se soient aprés ré-
duites presque toutes à une gros-
seur, & à un mouvement médio-
cre, 6c ainsi qu'elles ayent pris la
forme du second Elément, telle
que ie l'ay icy.dessus expliquée.'
Chapitre VÎH. ïo?
Caií pour cósidcrercette matière
x

enl'état qu'elle aaroitpûcstre a-


vant que Dieu eût commencé de
la mouvoir, on la doit imaginer
le
comme corps le plus dur & le
plus solide qui soie au monde. Et
commeonnesauroit pousser au-
cune partie d'un tel corps, fans
pousser auffi ou tirer par mefme
les
moyc toutes autres, ainsi faut-
il penser quel'aóHon ou la force
de se mouvoir ôï de se diviser qui
aura été mise d'abord en quelques
unes de sas parties,s'est épandue ôc
distribuée en toutes les autres au
même instant, auííi également
qu'il se pouvoit. 11 est vray que
cette égalité n'a pû totalement
être parfaite. Car premièrement
à cause qu'il n'y a point du tout de
ï&é Tírdkêdeía TLumiere J
vuìdeen ce nouveau Monde, il à
été impossible que toutes les par-
ties deía matière se soient mues
en ligne droite : Mais estant éga-
les à peu prés & pouvant presque
auffi facilement être détournées
lune que l'autre, elles ont dûsa-s
corder toutes ensemble à quel-
ques mouvemens circulaires. Et
toutesfois à cause que nous sup-
posons que Dieu les a mues da*
bord diversement, nous ne devós
pas penser qu'elles se soient toutes
acardces à tourner auoourd'un
seul centre,mais au tour dcplu^
sieurs differens, 6c que nous pou*
vons imaginer diversement si-
tuez les uns à l'égard des autres.
Ensuite dequoy l'on peut cócîure
quelles ont du naturellement
être moins agitées ou plus petite
tes, ou lune & l'autre ensemble
vers les lieux les plus proches de
ces centres, que vers les plusélo^
gnezr Car ayant toutes inclinatio
à continuer leur mouvemët en li-
gné droite, il est certain que ce
sont les plus fortes,! c'est à dis©
les plus grosses entre celles qui q*
toient! également agitées, & les
plus agitées entre celles qui é-
toient également grosses,qui ont
du décrire les plus grandscerçles,
comme êtant les plus aproehans
de la ligne droite. Et pour la ma-
tierecontenuë entre trpis ouplu-
sieurs de ces cercles, elle a pu d'a-
bord se treuver beaucoup moins.:
divisée & moins agitée que tou-
te l'autre. Et qui plus est, parce
108 Truite de U Lumière
que nous supposons que Dieu á
«lis au commencement toute
forte d'incgalité entre les parties
de cette matière, nous devons
penser qu'il y en a eu pour lors de
toute forte de grosseur & défigu-
re, & de disposées à se mouvoir
à
ou ne mouvoir pas en toutes
se
façons & en tous sens. Mais cela
a'empéche pas qu'elles ne se
soient âpres rendues presque tou-
tes tsser égales, principalement
celles quiiont demeurées à pareil-
le distance des centres autour
,
déqùelles elles touraoyoiét. Car
ne pouvant mouvoir les unes
se
fans les autrcs,il a fallu que les plus
agitées communicassent de leur
mouvement à celles qui festoies,
moins ,& que les plus grosses se
Cbápare VIII. 1091
rompissent & divisassent, afin de
pouvoir passer par les memes
îieuxque celles qui les preecdoier,
ou bien qu'elles montassent plus
haut : & ainsi elles se sont arran-
gées cn peu de temps toutes par
ordre, en telle forte que ch acune
s'est treuvée plus ou moins éloi-
gnée du centre, au tour duquel
elle a pris, son cours, íelon qu'elle
a été plus ou moins grosse & agi-
tée, à comparaison des autres. Ec
mémes parce que la grosseur
répugne toujours à la viteíîe du
mouvement, on doit penser que
les plus éloignées de chaque cen-
tre ont été celles qui étant un
peu plus petites que les plus pro-
ches, ont été avec cela de beau-
coup plus agitées.Tout de méme
Ìi6 Trditë de îa Lumière,
pour leurs figures écoreque nous
supposions quelles ayent été au
commencement de toutes fortes,
&qu elles ayét eu pour laplusparc
plusieurs ágles & plusieurs côtés,
ainsi que les pièces qui s'écartent
d'une pierre* quand on la rompt:
il est certain q u aprés en se re-
muant &: se heurtant l'une contre
l'autrei elles ont dû rompre peu
à peu les petites pointes de leurs
angles, èc émousser les quarrez
de leurs costez, jusques à ce qu'el-
les se soient rendues à peu prés
toutes rondes, ainsi que font les
grains de fable &îes cailloux,îors
qu'ils roullent avec l'eau d'une
rivière. Sibiéqu'il n'ypeutavoir
maintenant aucune notable dif-
ferance entre celles qui font ailes
Chapitre VIII. ïíï
vôy siues,ni mémè auffi entre cel-
les qui font fort éloignées, sinon
en cequ'elles peuvent se mouvoir
un peu plus vîtc, &estreun peut
plus petites ou plus grosses l'une
qucl'autre* Et cecy tì'empéche
pas qu'on ne leur puisse attribuer
à toutes laméme fqrme : seulô-
ment en faut-il excepter quel*
ques- unes qui ayant été dés le
tommencement beaucoup plus
grosses que les autres, n'ont pû si
facilement se diviser, ou quiayáí
eu desfigures fort irregulieres &c
empêchantes se font pîûrót join*-
tes plusieurs ensemble que de se
rompre pour s'arrondir î & ainsi
elles ont retenu la forme du troi-
sième Elément, & ót servi à com-
poser les planètes & les corne-
\Xt Traité de U Lumière.,
tes , comme je vous diray
âpres. De pins, íi est besoin de
remarquer que la matière qui est
sortie d autour des parties du se-
cond Elcmcnt, a mesure qu'elles
ont rompu & émoussé les petites
pointes de leurs angles pour s'ar-
rondir > a dû nécessairement ac-
quérir un mouvement beaucoup
piusvîtequeleleur, & ensemble
une facilité de se diviser & de chá-'
ger àtousmomens defigure,pour
saccómoder à celle des lieux où
cllefctrouvoit: & ainsi qu'elle a
pris la forme de l'Elemcnt que
j'ay ìcy- dessus expliqué tout le
premier. Ic dis qu'elle a dû ac-
quérir un mouvement beaucoup
plus vîte que le leur, $£ la raison
enestévidante. Car devant sortir
de
Chapitré VlIL «1
costé &c par des passages fort é-
troitSjhors des petits elpacesqui
font entre elles à mesure qu'elles
s'alloient rencontrer de front
l'une l'autre,elle avoitbcaucoup
plus de chemin quelles à faire en
méme temps. Il est auffi besoin
de remarquer que ce djui se treu-
ve de plus de ce premier Elément
qu'il ne faut, pour remplir les pe-
tits intervalles que les parties du
second,étant rondes laissent né-
cessairement autour d'elles, se
doit retirer vers les centres, au-:
tour déquels elles tournent, a
cause qu'elles occupent tous les
autres lieux plus éloignés : & que
là il doit composer des corps róds
parfaitement liquides & subtils,
lécjueîs tournansfans cesse beau-
H
ÏJ4 Trttidde la ìáfëím&è,
coup plus vire & ten rïïémesens
>
queíçspartiesdu secod Elément
qu>i les environne, &®t la fotrce
f
d'augìmenter agitation de ctise
dotrcàls feítír les plim proches,^
mémes de lès pousser toutes de
taus côcèz> ën tirant du centre
verslacirconferanceyainsiquï'l-
les fe poussent- auffi ses unes les
aatresîpar rune a€tfon qtìl fku-
àtk tantôt que j'eìx|ïlique se ipkís*
c-xact^mkn^qúe ie pourFay. ïaï
ieVosîs^dvercisqae c*e#eiseíqie
nous$fefidronsticy- pour Êû- h
miere.Cí^iBîfûe-nòasf;pr3endmns
auffi,<-sfttvousîpkist^, cfes corps
ronds composés dé la matière
dii premierÈsemént«toute ;pure y
l'un:pour le Soleil, & le«^aUtres
pou^sesÈMtefijgesduíióùveaíi^
"'''Chapitre V1ÌL ïîj
Monde que ie vous décris, & la
matière du second Elément qui
tourne autour d'eux , pour les
Cieux.Imaginez vousparexem-
ple que les points, S. E. e. A.
font les centres dont ìe vous par-*
se,'& que toute la matière com-
prise en l'espace F. G. G. F. est
un Ciel quitOurne autour du So-
leil marqué S. & toutes celles de
l'espace H. G. G. H. un autre qui
tourne autour de l'Etoille mar-
quée e. ôc ainsi des autres : Ea
forte qu'il y a autant de divers
Cieux, comme d'Etoiles déquel-;
lesle nombre est indefiny, & que
le Firmament n'est autre chose
que la superficie sans épaisseur
>
qui sépare tous les Cieux les uns
des autres. Pensez auffi que les
H ij
mafitré FIII. '%7
parties du second Elément qui
Font vers F. ou vers G. font plus
agitées que celles qui font vers Kl
ni vers L. L. en forte que leur
vitesse diminue peu à peu depuis
la circonferance extérieure de
chaque Ciel,jusques à certain en>-
droit, par exemple jusques à la
Sphère K autour du Soleil, ôc
jusques à la Sphère L. autour de
^Etoile, e: d'où elle augmente
à
peu peu jusques aux centres de
ces Cieux, à cause de fagkatjpn
des astres qui s'y treuvent. Enfor-
te que pendant que les parties du
second Elément qui font vers K
ont loisir d'y décrire un cercle en-
tier autour du Soleil, celles qui
font vers T. que ie suppose en é*
ire dix, fois plus proches,n'ont pas
H iij
fì# Traité dé la Lumière,
seulement eu loisir d'y en décrire
dix,ainsiqu'elles feroietjsi elles ne
se remiioient qu'également vice»
mais peut-estre plus detrente; Et
de rechef, celles quifont vers F.
G.
ou vers que je fupppsc en être
deux ou trois mille fois plus éíoi-
-gnces, en peuvent peut-estre dé-
crire plus de soixante. P 'où vous
pourrez entendre tantôt que les
jpíanetes qui font les plus hautes,
se doivent remuer pluslentement
que ses plus basses ou plus proches
<3ií Soleil: Et ensemble plus Ien*.
temcstt que les comètes qui en
font toutesfois plus éloignées.
Pour la grosseur de chacune des
parties du second Elément, on
peut penser qu'elle est égale en
toutes celles qui font depuis la
ehaptm YÏIÌ2 :ÍB
drconferance extérieure duCÀes
F. G. G. F. jusques au cercle I£»
ou mémes que les plus hautes
d'entre elles font quelque pea
plus petites quele&bctsseSjpoMrveu
qu'on ne suppose point la disses
rance 4e leur grosseur plus gran-t
de à proportion, que celle de leur
vitesse : mais il faut penser au
contraire que depuis k cercle K.
jusques au Soleil, ce font les plus
basses qui son,t le? plus petites* Se
mesmesque la difiserance deleuí
grosseur est plus grande ©u dur
moins auffi grande à proportion»
que celle de leur vitesse. Car au^
trement ces plus basses étant les
plus fortes à cause de leur agita-
b
tion
• î!
elles •
iroient

occuper la pla-
1 1

ce des plus hautes. Enfin remar-


H iiij
í i o 'Traita de U Lumière,
quez que vu la façon dont j'ay dit
que le Soleil & les autres Etoiles
fixes se formoientjleurscorps peu-
vent estre si petits à l'égard des
Cieux qui les contiennent, que
méme tous les cercles K. L. &
semblables qui marquent jusques
où leur agitation fait avancer le
c«urs de la matière du second E-
lement, ne seront considérables
à comparaison de ces Cieux, que
comme des points qui marquent
leur centre. Ainsi que les nou-
veaux Astronomes ne considè-
rent quasi que comme un point
toute la Sphère de Saturne, à
comparaison du Firmament.
Chapitre Vlll. 121

CHAP. ix:
VOrigine, le cours, &r les autres
propriétés des Comètes, ç^4 des
Phnetes en gênerai ;&*en par-;
tkulter des Comètes.

O R afin que je commence à


vous parler desPlanetes Sc
des Comètes, considérez que vû
la diversité des parties de la ma-
tière que j'ay supposée, bien que
la plupart d'entre elles en se frois-
sant & divisant par la rencontre
l'une de l'autre, ayent prisla for-
me du second Elément ou du pre-
mier : Il ne laisse pas de s'en être
182 TtakkdéULuffîkn?
encore treuvé de deux sortes, qui
ont dû retenir celle du troisième.
Savoir celles dont les figures ont
été si étendues & si empêchantes
que lorsqu'elles se sont rencon-
trées l'une l'autre, il leur a été
plus aisé de se joindre plusieurs
ensemble, & par ce moyen de
devenir grosses, que de se rom-
pre s& amoindrir : Et celles qui
ayant été dés le commencerae^:
les plus grosses & les plus massives
de toutes, ont bien pû rompre &z
froisser les autres en les heurtant
»
mais nonpas reciproquemét en é±
tre froissées.or foitque vous VQUS
imaginiez que ces deux sortes dé
parties ayent été d'abord fort agi-
tées, ou fort peu, ou point du
tout : II est certain qu'elles se
Chapitre IX.? 123
doivent âpres mouvoir deméme
branle que la matseredu Ciel,qui
les contient. Car si elles se font
mues plus vice auparavant, n'a-
yant pû manquer de la pousser eu
la rencontrant leur chemin»
en
elles ont dû en peu de temps ìuy
transférer une partie de leur agi-
tation. Et si au contraire elles
n'ont eu en elles mémes aucune
inclination à se mouvoir, neant-
moins estant environnées de tou-
tes parts de cette matiereduciel*
elles ontdûnécessairementfui v r e
son cours : ainsique les barreaux:
&les autres divers corps qui flot et
dans l'eau,auffi bien les plus gravis
& les plus maffifs, que ceux qui
le font moins, suivent ceiuy de
l'eau dans laquelle ils font, quand
H4 Traite de la Lumière,
il n y a rien d'ailleurs qui les en
empêche. Et remarquez qu'en-
tre les divers corps qui flotent
ainsi en l'eau, ceux qui font assez
durs & assez maffifsjcomme font
lesbatteaux ordinairement,prin-
cipalement lesplusgrands & les
plus chargez, ont toujours beau-
coup plus de force qu'elle à con-
tinuer leurs mouvemens, encore
mémeque ce foie d'elle seulequ'ils
I'ayent receue. Et qu'au contrai-
re ceux qui font fort legersitels
que peuvent être ces amas d'écu-
me blanche, qu'on voit floter se
long des rivages en temps de tem-
peste, en ont moins. Ensorte que
si vous imaginez deux Rivières
qui fe joignent en quelques en-
droits l'une à l'autre, & qui se se-
Chapitre IX! 12
"parent derechef un peu âpres,a-
varìt queleurseaux qu'il faut sup-
poser fort calmes 6c d'une force
assez égale, mais avec cela fort
rapides, ayent îoysir de se mêler :
lesBaïteaux ou les autres corps af-,
fez maflìfs & pesans qui serót em-
portés par le cours del'une,pour-
ront facilement passer en l'autre:
au lieu que ses plus légers s'en é-
loigneront & seront rejettez par
la force de cette eau,vers les lieux .

oìièlle est le moins rapide. Par


exemple, si ces Rivières font A.
B- F. & C. D. G. qui venant
de deux cotez diffcrens, se ren-
contrent vers E. puisdelà se dé-
tournent A. B. vers F. & C. D. 1

vers G. íi est certain que le ba-


teau H. suivant le cours de la
12 < Traite de U tumieve.

-Rivière Â. B. doit passer par E.


-vers G. Et réciproquement le ba-
teau I. vers F. si ce n'est qu'ils se
.
rencontrent tous deux au passage
en aiémetemps,auqueî casleplus
grattd 6ck plus fort brisera l'au-i
Ère ; Et qu'au contraire i'éeume>
ses feiiilles d'arbres & les plumes,
les fétus, 6c autres tels corps fort
segêìs qui peuvent stoter vers A.
doivent être poussez par le cours
dereauquiles contient> non pas
vers E. & G. mais vers B. où il
faut penserqu'elle est moins for*
te, 6c moins rapide que vers E.
pwree qu'elle y prend son cours
suivant une ligne qui est moins
approchante de la droite. Et de
pìus, il faut considérer que tant
cescorps légers que d'autres plus
pesant 8c massifs,-en se rencon-
trant fe peuuentsjoindre, & tour-
noyant avéque í'eau qui les en-
traîne, composer plusieurs en-
semble de grosses boules» telles
ïz.8 Traité de la tumiere^
que vous voyez & K. L.dontles
unes comme L. vont vers E. 6c
les autres comme K. vers B. se-
lon que cbâcune est plus ou
moins solide , & composée de
parties plus ou moins grosses 6c
massives. A l'exempledequoy il
est aisé de coprendre, qu'en quel-
que endroit que se íoient trou-
vées au commencement les par-
ties de la matiere,quine pouvoiét
prendre la forme du second Ele-*
ment ni du premier : toutes les
plusgrosses & plus massives d'en-
tre elles, ont dû en peu de temps
prendre leur cours vers la circon-
ferance extérieure des Cieux qui
les contenoient, 6c passer âpres
continuellement des uns de ces
Cieux dans les autres, fans s'ar-
récer
Chapitre IX.
1 hp
f
gérer jamais beaucoup de temps
de íuite dans lé méme : Et qu'au
contraire toutes les moins maffia
vesont dû être pouces chacune
vers se centre duCiel qui les con*
tenoit ,par le-oouts^s la matière
de ee ciel. Itquevûlesfigures
qftê ieseuray attribuées, clsesoitt
dâ etì fe rencontrant l'une fati-
îfe,íe joindre plusieuirseníèmbleí
& composer de grosses boules*
qui tousnoyans dans les cieux,y
©nt un mouvement tempéré
de tous ceux, que pourroient
avoir leurs parties étans séparées:
en forte les fe
que unes vont ren-
dre vers les circonferancesde ces
deux, 6c les autres vers seurs cen-
tres. Et sachez que ce sont celles
qui fe vont ainsi ranger vers le
I
ISO; Traite de U Lumière,
centre de quelque ciel ,• que noùs
devonsiprendre icy'pour lesPîa-
nettes, 6c celles qui passent au
travers de divers cieux, que nous
devons prendre pour des Go*
metes. Or premièrement tou-
chant ces Comètes, il faut re-
marquer qu'il y en doit avoir peu
en ce nouveau Monde,à compa-
raison du nombre des cieux. Car
encore qu'il y en eût eu beaucoup
au cómeneement, elles auroient
dû par succeffion de temps en pas-
sant au travers de divers cieux, se
heurter 6c se briser pi esque toutes
les .unes les autres, ainsi que j'ay
dit que font deux bateaux quand
ils se rencontrent : en forte qu'il
n'y pourroit maintenant rester
que les plus grosses. II faut auffi
Chapitre l2£. 131
remarquer que lors qu'elles pas-
sent d'un ciel en l'autre, elles
poussent devant soy quelque
quantité de la matière de celuy
d'où eîles sortent, & en demeu-
rent enveloppées jusques à ce
qu'elles soient entrées aífez avant,
dans les limites de l'autre ciel, où
étant elles s'en dégagent enfin
comme tout d'un coup, & fans y
employer peut-estre plus de téps
que fait se Soleil à se le se
ver ma"
tinfurnostre horison. De façon
qu'elles se remuent beaucoup
plus lentement lors, qu'elles ten-
dent ainsi à sortir de quelque ciel,
qu'elles ne font un peu âpres y être
entrées. Çomme vous voyez icy
que la Comète qui prend son
cours suivant la ligne C. D. Q.
I ij
'.Chapitre ÏM* Ï3§
Ri étant dé- ja entrée bien míxm
dans les limites du Ciel E ú.¥,
lorsquèlls est aupoínt C elle de-
meure neantmoms encore ttlìç-
lopéé de la matière du Cisel F. î. f.
d'omelle vient* & n'en peut ctitie.
rèmdntéfredélivréeváVatìt qï/ël-
h soit dnvirori sepoincì* D. Màís
£tât qu'elle y est parvenue, elle
eo-ramênce à suivre le cours dm
CíelR G; G. F. &ainsiàseméuî.
voir beaucòUr} plus v&e qu'elle tífc
faifoit auparavant. Puis contk.
Huant fòn cours de làsvers R. fôíi
mouvements doit retarder dé^
rechefpeu à peu, à mefuté qïfelle
approché du point Qijant à cali-
fe de la résistance du Ciel F. G. H;
daris ses limites duquelelfe m-tife
Mence Centrer, qu'à câtïfë qù'f
I uj
134' Traité de la ILumiere,
ayant moins de distance entre S.
.&D. qu'entre S. & Q^toute la
matière duCíel qui y est,se remuë
plusvîte, ainsi que nous voyons
.que les rivières coulent toujours
plus promptement aux lieux où
leur lìct est plus étroit 6c reserré;,
qu'en ceux óù il est plus large &
étendu.Depìusjil faut remarquer
que cette Comète ne doit pa-
roîcre a céux qui habitent vers le
centré du Ciel KG. F. que pen-

dant le temps-qu'elle employéâ


passer depuis D. jusques à Q.ainsi
que vòus entendrez tanrôt :plus
clairement, lorsque jé vous auray
diteéquec'estquelaLumiererEt
par mérríe moyen vous cohnoi-
trezqué son mouvement leur
doitpároîcre beaucoup plus vîse,
j- Chapitre it. ; "us
6c fott corps beaucoup plusgrád»
6c fa lumière mé me plus claire au
commencement du temps qu'ils
la voyent,quev.ersla fin. Et ou-
tre cela si vous considérez un peu:
curieusement en queîlelorte la
-
lumière qui peut venir d'elle „se,
doit distribuer de tousiCÔtèzdans*
le Ciel, vous pourrez bien auíîi
d
enten re qu'é tant for t. grosse, c ó -
me,nous la devons supposer, if
peutparoitre certains rayons au-
tour d'elle, qui s'y étendent quel-
>
quesfois en forme de chevelure;
detous cotez & quelquesfois se
,
ramassét en for me de queue d'un
seul côcéj selon îesdivers endroits
où se tteuvét les yeux qui la regar-
dent: en sortequ'il ne luy manque
de
pas une toutes les particulari-
I iiij
'if 6 Traiteàe tàÎJMÌkre'ì
tes çjui om esté observées ju&
<jmes icy en celles qtífon a vûës
áans le Vray mdndë, du moins;
de ceHes qui doivent ëstre ténues
pour véritables. Car fíqueiqûes
/ Mistorieïïs ptíur feire ìin pttëdige;
<|ui meriacèlë croissant des Turcs
JBOUS rac^îìfônt qut'ètílan 145òí la
Luneâ esté éclipsée par une Ço-£
mete qui páffoitaiu dessous, òa
diofeíempabse r Jésìses Astres
nomeseâíjeusent mal ìa quantitei
dés rçfíaciiotïsdesCíeux laquelle 1

ils ignôrent-j & k vkcssedu mour


Vementdè^èo^rjaetes^niêflsineèr-*
táin,lëárátíííbuâint âfe de para-!
láxepoUr étfè* placées áupres des
Planètes, óu méfníê au dessous,
quelques uns les ventent tirer
©ii
comme par force> nous nesòm-
ChdpHre IX* W>
mës pas obligez de lès croire*

CHAPÎ r
L'wplìëatíon des Planètes pfiná*
,
paiement de laTmë& de
U Lune.

ILfí to43tde méme touchant


les Planètes plusiçurs choses a
remarquer, dont la première est
qu'encore qu'elles tendent toutes
•vers les centres des Cieux qui ses
contiennent*ce n'esspasa dire
pour cela qu'elles puiûent jamais
párvèhií jusques au dedans de ces
centres. Car comme, j'ay dêjadít
icy-dessus, c'est ïe Soleil & ses au-
tres Estoilíes fixes qui les occu-
I3S Traite de la Lumière,
pet îmais afin je
que vous fasse eri->
tédre distinctement en quels en-
droits elles s'arrestent Voyez par
>
exemple celle qui est marquée T?.
queie fùpose suivie le cours de la
matière du ciel qui est vers le çetx
cíe 1Ç> & considérez que si cette
planète avoit tant soit peu^lus
de force â continuer son mouve-
ment cn ligne droite, que n ont
íés parties du second Élément quji
l'environnént, auiièu 4e íuivre
lé cercle K. elle'i'ro'it vers Y. 6c
ainsi s'éloigneront plus quelle
n'est du centre S. PUR parce que
ses parties du fécond Elemerit qui
l'énvironneroient vers Y. Te re-
múëntplus vice &méme font un
peuplus petites, Ou du moins ne
font point plus grosses que celles
Chapitre X. «39
ijfl TtaiÛàeUluìiàere;
qui sont vers K. elles luy donne-
roient encore plus de force pour
passer outre vriif P. I>e façon
qu'elle iffit itifque^d la citeon-
fefanpede çe cíël>fans se pouvoir
árréter est aucune place qufsoíì
etítredeux.Puis delà elle pássefôit \
facilement dans un autre cïeJ, 6c
áinfì au lieu d'être une planète V
$\\è deviendréitf une Conajetel
ÎP'c*ùvous voyez qu'il ne se|?èuk
akréter aucun astre en toiit^e/
yaftc espace qui est depuiá XtjéttJ
cie: K.-jusque» * lacir^onfcrafl^e
du CSiefr. Gr E. pat où ses ccfitíé-
tesprcnncntlcurcours: Et outre
cela,qnilfautde nécessité que les
planètes n'ayent point plus de
force à continuer leurs mouve-
picnscn ligne droite les
que pat-
Chapitre X. X4I
®es du •
second Elément qui font
Vers K. lors; qu'elles se remuant
de mesme branle avec elles, 6c
les
qìuetous corps qui enont plus»
font des comètes. Pensons danc
maintenant que cette planète %:
a moins de force que les parties du
second Elément qui l'environ-
netit : en sotte que celles qui la
fuiront, êc sont placées un peç
plus bas qu'elie,puissentla détour-
ner, & faire qu'au lieu deíuivre
se cercle K. elle descende vers <£
©ù estant il fe peut faire qu'elle fe
trouvera jugement auÉf forte
quejes partìesdu secod llement >
qui pour iors l'environneront.
JDont la raison est que ces partses
du second llement, étant plus
agitées que celles qui font vers K.
Î42 Traité de la Lumien,
ellesi'agiteront auííì davantage/,
&c qu'étant aveccela plus petites Í
elles ne iuy pourront pas tant rési-
ster :auquel cas elle demeurera iu-
stement balancée au milieu d'el-
les, & y prendra son cours en mê-
me sens qu'elles font autour du
Soleil-, fans s'éloigner de Iuy plus:
Ou moins une fois que l'autre,'
qu'autant qu'elles pourront aussi
s'en éloigner. Mais si cette pla-
nete étant vers T. a encore moins
de force à continuer son mouvez
ment en ligne droite que lama-)
tiere du ciel qu'elle y trouvera,el-!
le sera poussée par elle en core plus
bas vers ,& ainsidè fuite, jul-,
#.qu'enfin elle se

ques ce treuve.
environnée d'une matière qui
n'aitniplus nimoinsdeforceEt
Chapitre X.- 143
ainsi vous voyés qu'il peut y a4
v oir diverses pla netés ses unes pliis
6c les autres moins éloignées du
Soleil, telles que font icy *?• %•
o*.-T. ç.£ & dont les pi us basses
&c moins massives peuvent atein-
dre jusques à fa superficie ;mais
dont les plus hautes ne passent ja-
mais au delàdu cercle K. qui bien
que tres grand,à comparaison de
chaque planète en particnliérjest
ïieantmóins si extrêmement pe-
tit, à comparaison de tout lé ciel
F. G. F. que comme j'ay déja dit»
ilpeut estre considéré comme
son centre. Que si je ne vous ay
pas encore assez fak'entendre la
cause,qui peut faire que les parties
du ciel qui font au delà du cercle
K. étant incomparablement plus
144 Trattk de U Lumière;
petites que les planètes, ne laissent
pas d'avoir plus de force qu'elles
a continuer leur mouvement en
ligne droite : Considérez que cet-
te force ne dépend pas seulement
de la quantité de la matière qui eû
en ehâqnecorps, mais aussidel'^
tendue de fafuperficie.Carenco,.
feque lors que deux corps m?se
muëat également vice > si l'un
contient deux fois autant de f&%r
ttere que l'autre ^ il ait aussi deux
fois autant d'agitation:ce n'est pas
à dire qu'il ait pour cela deux fois
i
autant de force continuer de se
pouvoir en ligne droite i, mais il
tfen anraqu'autant justement, fí
avec cela fa íùperfiese est juste--
ment deuxfois aussi étendue, à
çaiisè qu'il rencontrera toujours
deux
Chapitre X. 14$
deux fois autant d'autres corpsqui
luy feront résistance : Et il enau-
ra beaucoup moins, si fa fupérfi-
eie'êst étendue beaucoup plus dé
deux fois. Or vous savez que
les parties du ciel fónt a peu prés
ttíutes ródesV&í ainsi qu'elles ònt
celle de toutes les figures qui có-
prèndleplus de matière fôuS une
moindre supés ficic.-Et qu'au con-
traire les piaríetes étânf compo-
sées de petites parties qui ont des
figures fort irregulieres ôc éten-
íducs, ont beaucoup de superficie
à raison déla quantité de leur ma^
ticre, en fortequ elles peu vent eri
avoir plus que là plûpajt de ces
parties du ciel, 6c toutesfois aus-
si en avoirmoins,que quelques
unes des pluspètitès, & qui'font
K
Í4-6 Traité de la 'Lumière,
îles plus proches des centres. Car
il faut favoir ^qu'entre deux bou-
les toutes massives, telles que font
ces parties du ciel, la plus petite a
toujours plus de superficie à rai-
son de sa quantité que la plus
,
grosse & on peut aisément con-
>
firmer cecy par expérience. Car
poussant une grosse boule com-
posée de plusieurs branches d'ar-
bres, confusément jointes & en-
tafléesl'uneíïir l'autre, ainsi qu'il
faut imaginer que font les parties
de la matière dont les planètes
font composées > H est certain
qu'elle ne pourra pas continuer si
loin son mouvement,encore mê-
me qu'elle fut poussée par une for-
ce entièrement proportionnée à
fa grosseur,comme feroit une au-
Chapitre X. 147;
tre boule beaucoup plus petite &
composée d'un meme boisa mais
quiseroit toute massive i 6c ilest
certain aussi qu'on pourrojt faire
de rechef une autre bouse du mê-
me bois & toute massive,mais
quiseroit si extrêmement petite,
quelle auroit encore moins da
force à continuer son mouve-
ment, que première : 6c enfin
la
que cette première en peut avoir
plus ou moins selon que les bran-
ches qui la composent, font plus
ou moins grosses 6c pressées.D'où
vous voyez comment diverses
planètes peuvent être suspendues
au dedans du cercle K. à diverses
distances du Soleil, 6c comment
ce ne font pas simplement celles
quiparoissentàrexterieur lesplus
*"""" Kij ""
î4S Traité de la Lumière ;
grosses, mais celles auffi qui en
îcur intérieur font les plus massi-
ves & solides, qui en doivent être
les plus éloignées. II faut remar-
quer âpres cela que commè nous
expérimentons que les bateaux
qui suivent le cours d'une ri vicre,
ne se remuent iamaîs si vîte que
l'eau qui les entraîne, nfrnéme
les plus grands d'entre-eux, si vîte
que les moindres, ainsi encore
que les planètes fûivent le cours
de la matière du Ciel fans rési-
stance 6c se remuent de mê-
me branle avec elle ce n'est
à dire cela
,
qu'elles se
pas pour re-
muent jamais du tout vîte : 6c
si
mesme ['inégalité de leur mouve-
ment doit avoir quelque raport à*

celle qui se treuve entre la


Chapitre X. 14$
grosseur de leur masse & la peti-
tesse des parties du ciel qui les en-
vironnent. Dont la raison est que
généralement,plus un corps est
gros, plus il luy estfacile de com-
muniquer vne partie de son mou-
vement aux autres corps, 6c plus
il est difficile aux. autres de luy
communiquer quelque chose du
leur: car encore quéplusieurs pe-
tits corps en s accordant tous en-
semble pour agir contre un plus
gros , puissent avoir autant de
force que luy, toutesfoisils ne le
peuvent jamais faire mouvoir fí
vîte en tous sens comme ils fe
meuvent,à cause que s'ils s'accor-
dent en quelques uns de leurs
mouvemens léquelsils luy com-
muniquent Ì ils diffèrent infailli*
K ii)
ïjò Traité de la Lumière,
blemeht en d'autres en mémo
temps ,léquels ils ne luy peuvent
communiquer. Or il fuit deux
choses de cecy?qui me semblent
fort considérables. La première
est que la matière du Ciel ne doit
pas seulement faire tourner les
planètes autour du Soleil, mais
autour de leur propre centre ex-
cepté lors qu'il y a quelque cau-
se particulière qui les empesche :
Et ensuite qu'elle doit composer
de petits cieux autour d'elles,qui
se remuent enmesme sens que le
plus grand. La seconde est que s'il
se rencontre deux planètes inégal-
Ics en grosseur, mais disposées à
prendre leur cours dans le ciel à
unemémedistance du Soleil,en
forte que l'une soit justement
Chapitre X. 4$f
^

d'autant plus massive, que l'autre


fera plus grosse, la plus petite de
ces deux ayant un mouvement
plus vîte que Iaplus grosse, devra
se joindre au petit ciel qui sera au- *

tour de cette plus grosse, 6c tour-


noyer continuellement avec luy
ifí, Traité de LLumiere,
Car ppisque les parties du ciel qui
font par exemple vers A. se re^
muent plus vîte que la planète
marquée T. qu'elles pousset vers
Z* il est évident qu'elles doivent
être détournées par elle, & con-
traintes de prendre leur cours vers
B. le dis vers B. pîûtot que vers
P. car áyantihçîiflation à conti-
nííerjcur mouvement cn ligne
droite*, elles doivent plârot aller
vers le dehors <|u cercle A%0l'íZ.
N; qu'elles décrivent, que Ve/s-§.
le centre. Or passant ainsi d'Ái
vers B. elles obligent la Élaïkte
I. de tourner avec elles autpuç
de son centre, 6c réciproquement
cette planète ensetournanp/leur
dpnhè occasion de.prendfe Jéur
còutS de B .vers C. puis ver s D. 6c
Çhapitu X. Í 5j
,
Vers Â. & ainsi de former un ciel
particulier autour d'elle, avec, le-
quel elle doit toujours aprescon-
tinuer a fe mouvoir de ía, partie
qu'on nomme l'Occicsent, vers
celle q u'on nomme i'Orient»non
feulement autour du Soleil, mais
auíïiautour desonproprc: centre.
Dé plus fâchant que la planète
marquée (^est disposée à prendre
son cours suiyantjc cercle N. Á.
C. Z.; aùflí bien que celle qui cíjb
marquée T. &, qu'elle se^doi^t
mouvoir plus vîte qu'elle ,a cause
qu'elle est plrçs petite : iiestaisçà
cntëdrequ'enquelque endroit du
ciel qu'elle sepuissc. éstre rreuyée
au commencement, eîíea^&en
de
Î>cu temps s'alser rendre c/Wts
a superficie extcrîçurpjíu fpetiç
Íj4 Traitéde la Lumière,
ciel A. B. CD. & s'y étant une
fois jointe, elle doit toujours a-
presfuivresoncoursautourdeT.
avec les parties du second Elé-
ment qui sont vers cette superfi-
cie. Car puisque nous supposons
qu'elle auroit justemêt autant de
force que la matière de ce ciel, à
tourner suivant le cercle N. A. C.
Z. si l'autre planète n'y étoit point
il faut penser qu'elle en a quelque
peu plus à tourner, suivant le cer-
cle A. B. C. D. à cause qu'il est
plus étroit, & par conséquent
qu'elle s'éloigne toujours le plus
qu'il est possible du centre T.ain-
h qn'une pierre étant agitée dans
une fronde tend toujours à" s'éloi-

du
gner centre du cercle qu'elfe
décrit, 6c toutesfois cette plànetç
Chapitre X. '__ 15?
êtartt vers A. n'ira pas pour cela
s'écarter vers L. parce qu'elle eri-
treroit en unendroit du ciel,dont
lá matière auroit la force de la re-
pousser vers le cercle N.A.CZ.
Et tout de même étant vers C. eU
le n'ira pas décendre vers K. par-
ce qu'elle s'y trouveroit envi-
ronnée d'une mâtiere,qui luy dó-
tieroit la force de remonter vers
ce racsme cercle N. A. C. Z. Elle
n'ira pas non plus de B. vers Z. ny
beaucoup moins de D. vers NI
parce qu'elle n'ypourroit aller si
facilement ni si vîte que vers
Ç. 6c vers A, si bien qu'elle doit
«demeurer comme attachée à îa
superficie du petit ciel A. B. C. D.
& tourner continuellement avec
clleautourdeT.ee qui empêche
i}$ Traité de là Lumière.
qu'il ne fe forme, un autre petit
ciel autour d'elle,qui ìà face tour?
.net derechef autourde son cenr
tre.Ié n'adjoustepoint Comment
il se peut rencontrer plus grand
nombre de planètes jointes en-
semble, & qui prennent leurs
cours l'une autourde l'autre»
comme celles que les Àstrono-!
mes ont observées autour de lu-:
piter & Saturne. Car ie n'ay pas
entrepris de dire toutï 6c ie n ay
parlé en particulier de ces deux»
qu'afin de vous représenter later
«
rc que nous habitons célse
, par
qui est marquée T. 6c la Lune
qui tourne autour d'elle, par celle,
qui est marquées.
Chapitre XI. ï$j

CHAP. XI.
Ce que céflquèla Pesanteur.

MAIS ie désire maintes


nant, que vous considé-
riez quèllé est la pefapteur de cet-
te Terre c'est à dire la force qui
>
unit toutes ses parties, & fait
qu'elles tendent vers son centre>
chlcune plus ou moins, selon
qu'elles font plus oUmoins gros-
ses 6c solides : laquelle n'est autre
sinon que ses parties du petit ciel
qui Tenvironne, tournant beau-
coup plus vîte que les siennes au-
tourde son centre, tendent aussi
ï$8 Traité de la "Lumière,
avec plus de force à s'en éloigner
&par conséquent les y repousser,
en quoy voussi treuvez quelques
diâScultez fur ce que j'ay tantôt
dit que les corps ses plus massifs &
plus solides, tels que j'ay supposé
ceux des Comètes, s'aioient ren*
dre vers les circonférences des
Cieux, & qu'il n'y avoit que ceux
qui l'étoiët moins, qui fussent re-
poussez vers leurs centres : com-
ine s'il devoir suivre de cela, que
ce fussent feulement les parties de
la Terre les moins solides qui pus-
sent être poussées vers son centre,'
& que les autres dussent s'en é-
loigner > remarquez que lors que
i'ay dit que les corps les plus soli-
des ôc plus massifs tendoient à s e-
loigner du centre dcquelque ciel,
Chapitre XI. i$9
i'ay supposé qu'ils se mouvoîciit
déja auparavant de mesme branle
que la matière de ce ciel. Car il est
certain que s'ils n'ont point en co-
re commencé à* fe mouvoir, ou
s'ils fe meuvent que ce soit moins
vîte qu'il n'est nécessaire pouc
suivre le cours de cette ma-
tière , ils doivent d'abord être
chassez par elle, vers le centre au-
tour duquel elle tournc.Et méme
íjue d'autant qu'ils feront plus
gisòs & plus íiáides,ils feront
y
poMÏcz^éc plus dé force & de
vitesse 6c toutesfois cela n'em-
>
pêche pas que s'ils le font assez
pour composer des Çomercs, ils
ne s'aillent rendre peu âpres vers
les circonferances extérieures des
Çicux .Parce que i'agitation qu'ils
Ï6Ó Traité de la Lumière ;
auront aquise en descendant vers
quelqu'un de leurs centres, leur
donnera infailliblement la force
de passer outre & remontrer vers
la circonferance. Mais afin que
Chapitre XI. l5l
vous entendiez cecy plus claire-
ment , voyez la Terre E< F. G, H.
ávecl'eau i„ z. 3 4. & i'air 5. 6. 7.
8. qui comme ie vous diray âpres»
ne font composez que de queU.
ques unesdesmojns-íbjidesdeses
parties, &c font xi ne ín'efnie niasse
avec elle. Puis voyez auíîì la ma-
tière du ciel qui remplit non feu-
lement tout l'espace qui est entre
les cercles A. B.Ç. D.& 5.6:7,8.'
mais cnçòre tous les petits inter-
valles quifont au dessous entrel és
partiésdWAir, dé l'Eau 6c dela
Terre. Et pensez que ce ciel 6c
cette terre tournant ensemble au-
du T,
tour centre toutes Jeurs par-
ties tendent à s'en éloigner, mais
beaucoup plui fort celles du ciel
que celles de la Terre à eaufe
, -
I&& Trajtéxle la Lumière,
qu'elles font beaucoup plus agi-
tées : 6ç méme aussi entre celles de
la Terre, les plus agitées vers ie
méme coté que celles du Ciel,
tendent plus à s'en éloigner que
Içsaytres : en forte que si tout l'efi
paxe qui çst au dela du cercle A.'
B.Ct p.étoitvuide, c'est a dire,
n'étoit rcmply que d'une matière
qui ne peût résister aux actions
desajitres corps, pi produire au-
cun érTet çoníideraple c'est
: car
ajnfì qu'il Faut prendre le nom de
vtiçide toutf s ses, parties du Ciel
>
qirifont d,a,ns se.cercle A, B.Ç, E>*
eiifortirosent les pren^seres, puis/
cènes dq l'Aìr & de l'Eau les fui*
vrqiçnt, 6c enfin aussi celles de
Terre : chacune d'autant plus,
la(

promptement quelles se trouve-,


Chaphre XI1 i$ì
toit moins atachée au reste de fa
,

masse. En mesmc façon que fort


une pierre hors la fronde, en la-
quelle elle est agitée, si tôt qu'on
luy âche la corde : 6c que la pous-
1

sière qu'on peut jetrer fur Une pí-i


roliete pendarìt quelle tourne,
s'en écarte tout auísi-tot de tous
côtéz, Puii considerei que n'y
ayant point ainsi auciin eípaee au
delà du cercle A. B. C. D. qàïfait
vuldéy wy oùc les parties dur0fel
contenues aii dédansde ce cercle
puissent aller, si cè n'est quVa mé-
me: instant il y en eàtre d'autres
eá leur pkce,qurlcur foièt toutes
semblables rléspaïties de ía Terre
auflìi s'éloigner plus
ne peuvent
qu'elles ne font du centre T. si
ce n'est qu'il en descende én seur
Lij
16 4 Traité de la Lumières
place de celles du Ciel ou d'autres
terrestresjtoutautantqu'il en faut
pour là remplir; ny réciproque-
ment s'en approcher, qu'il n'en
monte tout autant d'autres en
leur place. En forte qu'elles font
toutes opposées chacune à celles
qui doivent entrer en fa place, en
cas qu'elle monte, & derechef à
celles qui doivent y entrer en cas
qu'elle descende : ainsi que ses
deux cotez d'une balance lé sont
l'un à l'autre. C'est à dire que co-
rne l'un des cotez de la balance
ne peut fe baisser ni se hausser,
que l'autre ne fàssc au mesmé in-
stant toùt le contraire,& que tou-
jours le plus pesant emporte l'au-
tre : ainsi la pierre R. par exem-
ple est tellement opofée à la quan-
.
Chapitre XI. Ì6$.
tiré d'air justemét égaie à sa gros-
seur, duquel elle devroit occuper

la place, en cas qu'elle s éloignât


davantage du centre Tqu'iî fau-
dtoitque cét air descendit à me-
Lu]
Ï04 Traite de la Lumière,
sure qu elle móteroitvEt derechef
ellq est tellemét opposée à urie au-
tre pareille quáfîtê d'air q ui est au
deiîoûs d'elle^ ôcdqnt elîedqit oc-
cuper la place^en cas qu'elle s*ap-
proche de ce cétre,qu'íl est befoiri
qu'elle descende lorsqu'il monte.
Or il est évident que çette pierre
contetiant. en foy beaucoup plus
delaírr^tserec|elaTerre>§: en ré-
compense en contenant doutant
moins 4? celle du cielr> qu'une
quantité d'air 4'égase étendu ë,&
mémes ses parties terrestres étans
moins agitées par la matière du.
eielque celle de cét air, elle ne
doit pas avoir la fôrce de monter
au dessus de luy ; mais bien luy au*
contraire de la faire descendre au
dc-ssous.En forte qu'il fe treuve le-
Chapitre XI. \ Us
ger étant comparé ávéc èllé: áti
itêia qu'éíánt còfíi^áre áv'êé M
matière díi cîéï fótàsé* piïféy it est
pesant. TÈ/i ainsivousvoyëz[qëé
châquépáttiedeïcorpiS teËréssreá
est pressée vérsT.nón póíritindrfc
férëment par t-óUtcíá marier é qui
l'énvirônné, mais féûsemèiít:î>aí
uneqUantité dé cétte matíëré ju-
stement égale à ía groí^uriíc|U'i'é^
tant au dessous peut préndres jfcr
placé en cas qu'elledescende. Çe?
qui est cause qu*entré ses p&rties*
d unmefme éorps,qu'onnomme
Momogenesy comme entre cel-
les de l'air ou dé taau, lés plus
basses ne íbnrpoint notàblénient
plus pressées que les plus hautes/
&q u'un homme étant au dessous
d^unccau fort profonde ne la
,
Liiii
iSi Traite de la Lumière,
sent point davantage peser su r son
dos quçs'il nageoit tout au dessus.
Mâis s'il vous semble que la ma-
tière du ciel faiíànt ainsi descen-
dre la pierre R. versT. au dessous,
de 1 air qui l'envi/onne, la doit
auffi faire aller vers 6. ou vers 7.
c'est à dire versTQccidét ou vers
rOrient plus vîte que cét air, en
forte qu'elle ne descende pas tout
droit &àplomb>ainsique font ses
corps pefans fur la vraye Terre:
Considérez premièrement que
,
toutes les parties terrestres com-
prises dans le cercle 5.6.7.8 étans
pressées vers T. par la matière du
ck\ a la façon que ie viens d'expli-
quer,.& ayant avéc cela des figu-
res fort irregulieres 6c diverses,
se doivent joindre 6c accrocher
Chapitre XI. 10
les unes aux autres, 6c ainsi ne
composer qu'une masse qui est
emportée toute entière par le
cours duciel A.B^C.D.en telle
forte que pendant qu'elle tourne,
celles de ses parties qui font par
exëple vers 6. demeurét toujours
vis à vis de celles qui font tou-
jours vers f. 6c vers F. fans s'en
écarter notablement ni çà ni là,
qu'autant que les vens ouïes au-
tres causes particulièreslesy con-
traignent. Et de plus remarquez
que ce petit ciel A. B. C. D. tour-
ne beaucoup plus vîte que cette
Terre, mais que celles de ses par-
ties qui font engagées dans ses po-
res des corps terrestres, ne peu-
vent pas tourner notablement
plus vîceque ces corps, autour du
,
i?o Traité de la Lumière,
centre T. encore qu'elles fe rë-
inuè'nt beaucoup plus vice en di-
vers autres sens, félon la disposi-
tion de ces pores* Puis afin que
vous lâchiez quíencôre que la
matière du Gieï faceaproeker la
pierre R. dé ce centre à cânfe
qu'elle tend avec plus» dé force
qu'elle às en éloigner;* cile ne doit
pas tout dé méme la contraindre
de reculer ve*s KDcridcnt, bien
qu'elle tende auífi avec plus dé
force qu'elle à alleí versl'Orientí:
considérez que cette matière dii
Ciel tend à s'éloigner du centre
T. pource qu'elle tend à conti-
nuer son mouvement en ligne
droite, mais qu'elle ne tend de
l'Occidcnt vers fOrient, que
simplement, pource qurcl% tend
Chapitre XI. ïjl
à le continuer en sa vitesse, de
qu'il luy est d'ailleurs indiffèrent
de se treuvet vers £. ou vers 7. Or
il est évident qu'elle fe remue
quelque peu plus en ligne droi-
te pendant qu'elle fait descendre
la pierre R. vers T. qu'elle ne
feroit en la laissant Vers R. mais
elle ne pourroit pas se remuer si
vîte veísFOrsent, fíelselafaifok
récuser vers l'Oceident : que si el-
le la laisse en fa place-,, ou méme
que si elìe la pousse devant soy>.
Et toutçsfois afin que vous fau-
chiez aussi qu'encore q;ue cette
matière du ciel ait plus de force à
faire descendre cetfe pierre R.
vers T. qu'à y faire defcendïe l'air
qui í'environne, elle ne doit pas
tout dé mesmes en avoir plus- à
S72 Traite'de la Lumière,
la pousser devant foy, de l'O.cci-
dent vers l'Orient,ni'par confer
quent la faire remuer plus vîté en
ce sens là: considérez qu'il y a ju-
stement autant de cette matière
du ciel qui agit contre elle, pour
lasaire descendre vers T. & qui y
employé toute fa force, qu'il en
entre de celle de la terre en la co-
position defon corps, 6c que par-
ce qu'il y en entre beaucoup da-
vantage, qu'enune quantité d'^air
de pareille étendue, elle doit é-
tre pressée beaucoup plus fort
Vers T. que n'estcét air : mais que
pour la faire tourner vers I'Orient
cest toute la matière du ciel con-
tenue dans ce cercle R. K. qui
agist contre elle 6c conjoincte-
ment contre toutes ses parties ter-
Chapitre XI.' 17'î
restres de l'air, contenu ence mé-
me cercle. Eîi forte que n'y en a-
yant point davantage qui agisse
cotre elleqùe contre cét air,elle he
doit point tourner plus vîte que
luyenceféhslà. Et vous pouvez
entendre de cecy que les raisons
dont se servent plusieurs Philoso-
phes pour réfuter le mouvement
de la vray e Terre, n'ont point de
force contre ceîuy de la Terre que
jevousdécris. Comme lorsqu'ils
disentque si la Terre se mouvait,
les corps pefans ne dé violent pas
descendre à plomb vers son cen-.
tre-, mais plutôt s'enécarter çà 6c
là vers se Ciel : Que ses canons
pointez versrOccidentjdevroiéc
porter beaucoup plus loin qu'é-
tant pointez versl'Orient, 6c que
174 Traité de la Lumière,
'l'ón'devròit toujours sentir en
l'air de grands vents 6c o'ùk de
grands bruits 6c choses fembla-
bles,qui n'ont lieu qu'en cas qu'ó
suppose qu'elle n'est pas empor-
tée parle cours duCtel qui î'en-
vironne, mais qu'elle y est-mue
par quelque autre force, & en
quelqueautre sens que ce Ciel*

CHAP. XII.
Du flux & reflux de U Mer)
OR âpres vôus avoir ainsi
expliqué la pesanteur dés
parties de cétc terré,quì arrive par
faction de la matière ducieí,qui
est en ses pores : Il faut auffi que je
Chapitre XIL 175
vous parle d'un certain mouve-
de
ment toute (a masse quiest pro-
duit par la présence de la Lune, 6c
de quelques partiçuîaritezqui en
dépendent. Voyez à céc effet la
Lune par exemple vers B.où vous
176 Traitéde la Lumière
s
la pouvez supposer comme im~
mobile à comparaison de la vi-
j
tesse dont se remuëlamatieredu
Ciel qui estsous elle, & considé-
rez que cette matière du Ciel a-
yant moins d'espace entre o. 6c
6. pour y passer, qu'elle n'enau-
roit entre B, 6c 6. si la Lune,n'oc-
cupoit point Teípace qui est en-
tre o. & B. & par conséquent sê
devant remuer un peu plus vîte,
elle ne peut manquer d'avoir la
force de pousser quelque peu tou-

te la Terre vers D. en forte que
son centre T* s'éloigne comme
vous voyez du point M. qui est
le centre du Ciel A. B. C. D.
car il n'y a rien que le seul cours de
la matière de ce ciel qui la fou.
tienne au lieu où elle est. £t par-
ce
Chapitre 2£lL \JJ
cequel'air 5. 6. 7.-8. & í'eau i.z.
.

3. 4. qui environner cette Terre,

sontdes corps liquides i II est évi-


dent que la m'elme force qui les
presse en cette façon, les doi fai-,
M
17S Traité de la Lumière;
rebaisser vers T. non feulement
dju Í ôté & 6c %., mais aussi de son
contraire 8. 6c 4. &; en recom-
pense JesfaîreTiausser apx endroits
$,J6c u 6c 7, 6c 3. £ft forte que la
superficie de la terre E. F. G. H.
demeurant ronde, à cause qu'elle
est dure, cejkdeî'cau 4, z. 3. 4.
& de l'ait ''p ,4.7.8.quifontJiqui-
des,se forment en o vale.Puis con-
sidérez Que îa Terre tournant ce
pendant autour de son centre,
& par ce moyen faisant les jours
qu'on peut diviser en 14. heures,
tomme les nostrcs, celuy de ses
c osts z. F. qui est maintenant vis
à vis dela Lune &c fur lequelpour
cette cause l'eau z .est moinshau-
te, se doit treuver dans six heures
visa vîsdu ciel marqué C. ou cet-
{Jháphre Xìí. \T%
te eauser^ipiushaute,, êc dans iií
heures visà v isd é l'endrôit du ciel
oài'eati iderechef feraplus basse*
En forte*que la Mer quieft repre*
fentéepaícetteeaut.i.j. 4. doit
avoir Con flux & vectik autour de
cette T«rns desifc en sixìheures*
cômme elie a auteur «de eéile <|uè
nousíhafeitotìs. Considérez auát
qmpendafffirquêceWè teitetôur*
ned^çfarfv vers X2* c'est dííei
de i? Occident par leMidy, vers
l'Omnt*--seftéwrc4t l'tmjQc Ût
l'air^«Sdemenrc vers 1. & 5. &£.
ì&7.îpâsse de fa partie Orientale
vers f'Occidentale, y faiïant «a
Hjuxíàns téflux ,toutseïiïblablé %
.ceuiy qui selon le râppfârtdeno|
pilotes, riend la navigation beau»
coup plus facile dansnos meìs4s
Mij
WO Traite de la Lumière,
KOrjerit vers--f Occident;,,que de
l'Qccìdenivsrs l'Drierm Et pour
neiriçnoublkren cét endroit, adí
joutons quelaLurteifaitenchât
quéinois le méme jour quelateri
ié fait en çhâque tour >:éi ainsi
qu'elle fait avancerpeu à peu vers
l'Orient ses points i. £. 3, 4. qui
marquent ses plus hautesrí& les
plus passes marées ejnfbtte; que
>

ces marées né changent; pas precii-


sement de si* en six heures, mais
q nelles y:retárdettt d'environ la
cinquiérne partievj^néï heure à
chaque fois ainsi qWfbnt auslì
»
c&lses denos niers. Considérez
outre cela que le petit ciel A. B.
CD. n'estpas exactement rond,
mais qu'il s'étend avec plus de îi*
berté vers À. 6c vers G. 6c fe re-
chapitre XlSWT ïftsî
mue à proportionplus lentement
qu e vers B. ni y ers L^ou il ne peut
pas si aisé ment rompre se courx
de la matière de l'autre ciel qui le %
contient. De sqrte que la Lune
qui demeure toujours cpm me at-
tachée a fa superficie extérieure,
se doit remuer un-peirplus vîte 6c
s'écarter moins dé fa foute, & en-
suite faire lés flux & reflux dela
Mer beaucoup plus grands, lors
qu'elle est vers B. où elle est plei-
&
ne, vers D. où elle est nouvelle.»
que lors qu'elle est A.
vers & vers
C où elle n'est qu'à demy-pìeïrie,
qui font des particularisez que les
.
Astronomes observent auífitour
tes semblables en la vraye Lune,
bien qu'ils n'en puissent pas si faci-
lement rédre raisó parl'hypothe-
M iij
ig 4 Traikkckìà. Lmiem,
...L-;m.

ze,dont ils le servent, pour les


autres essets de cette Lune,qui
diffèrent quand elle estpleine 6c
quand elle est noaveIíe,ils dépen-
dent manifestement de fa kimie-
Chapitre Xlî. Ï$$
re. Et ses
pour autres particulari-
tez du flux & reflux, elfes dépen-
dent en partie dé kdrterfe situa-
tion des cotez de la mer, 6c en par-
tiedes.vents qui régnét aux téps
& aux lieux qu'on ses observe. En
sin pour les autres monvcmens
generaux,tantdelaTerre & de h
Luncque des autres Astres 6c des
Gieux, vous ses pouvez assez en-
tendre de ce que j'ay dit, ou bien
ils ne fervent pas à mon sujet. Si
bié qu'il ne me reste plus iey qu'à
expliquer cette action des cieux
& des astres, que j'ay tàntost dk
devoir être prise pour leur Lu-
mière.

M iiij
r'8 4 Traité de la Lumière,

Ç H AT. XIIL
Ce en quoy la Lumière confijìe.

I'Ay déjadir plusieurs fois que


les corps qui tournent enród,
tendent toujours à s'éloigner des
centres des cercles qu'ils décri-
vent i Mais il faut icy plus parti-
culièrement que je détermine
vers quels cotez tendent les par-
ties des Cieux & des Astres. Et sa-
chezà cét effet que lors que ie dis
qu'un corps tend vers quelque
coté, ie ne veux pas pour cela
qu'on s'imagine qu'il ait en soy
une pensée ou une volonté qui
l'y porte, mais seulement qu'il est
Chapitre XIII. 185
disposé à se mouvoir vers là, soit
que véritablement il si meuve,
soit plutôt que quelque autre
corps l'en empefchc:car c'est prin-
cipalement en ce dernier sensque
ie me sers du mot de tendre,à cau-
se qu'il semble signifier quelque
effort, & que tout effort prefupo-
se de la résistance. Or parce
qu'il se treuve souvent diverses
causes qui agissent ensemble con-
tre un mesme corps, 6c empef-
chent leffet l'une de l'autre, on
peut selon diversesconsiderations
dire que ce corps tend vêts divers
cotez en méme temps. Ainsi qu'il
a tantoíl esté dit que les parties de
la terre tendent à s'éloigner de son
centre, entant quelles sont consi-
dérées toutes seules, 6c qu'elles
-186 Trait é de la Lumière ;
tendent au contraire à s'en appro-
cbtr*eManÊ que l'on considère la
fotce des parties du ciel qui les y
poussé, & derechef qu'elles ten>-
detà s'enéloigner,si on leseoside,-
re comme oposées à d autres par-
ties terrestres, qui composent des
corps plus massifs qu'ils ne font.
Et Ainsi la pierre qui tourne dans
une fronde, suivant le cercle A.
B. tend vers C. lorsqu'elle est au
point A. si on neconsidère autre
chose que son agitationtoute feu?
le, & elle tend ckculairemcnt
d* A.vcfsB*sionneconsidere
que
son mouvement, comme rcìgîé
& determinépar la longueur de
la corde qui la retient, & enfin
lamcfmetend versE.siíànscon-
sidérer la partie de son agitation,
Chapitre XïU. f 87
dcfnti'effct n'est point empêché,
onenopposc l'autre? partie à lare-
sissance que luy fait continweîle-
meût cette froide, mafepow en-

tendre distinctement C& dernier


point, imaginez vousl'mclnatió
188 Traité de ta Lumière.
qu'a cette pierre à fe mouvoir d'
A. vers C. comme si elle étoit
composée dé deux autres qui
fussent,l'une de tourner suivât le
cercle A. B. &i'autredeîmonter
suivant la ligne V. X. Y. 6c ce
Chapitre XIIÎ. >8^
en telle proportion se
que trouT
vant i
.l'endroit de lafronde mar-
qué V.v lors qu'elle est enTen-
jdrpit du cercle marqué A. elle se
deust treuver âpres en l'endroit
marqué X. lors que la fronde sc-
roit vers B. 6c à l'endroit marqué
Y.lors(jù'elleferoitversF.& ain-
si demeurer toujours en la ligné
droite Ai G. G. Puis sachant que
l'une des parties de son inclina-
tion, savoir celle qui la porte
suivant le cercle Ai B. itfést nul-
lement empêchéepar cette fron-
de vous verrez bien qu'elle né
>

treuve de résistance que pour


l'autre partie, savoir pour cèllé
qui la feroit mouvoir suivant la
ligne D.V. X. Y.Et par consé-
quent qu'elle ne tend, c'est à di«
r# o Traité de la Lumen,
rené fait effort que pour s'éloi-
gner directement du centrcD.Ec
remarquez que'selon cetteconsi"
deration etant au point A. elle
íend si véritablement vers Ê».
^u'elsen'est pointdu tòtitpbsdnu
posée ÌL sè mouvoir vers H. q<ue
vers L fcien q*s'©n se laissâtfàcilé*
ment persuaderte contraire,si oh
manquok à considérer la diffe-
jence^ui tíst entre Je mouvement
qu'elle adéja, &c inclination àfe
jnouyoir qui luy reste. Or vous
iJeyez penser de châcmne des
parties du second Esemcnt qai
composent les cieux tout le me «
«
itìcqucde cette pierre,savoir que
.celses<jui fontpatexempse versC.
.ne tendent de leur propre incli-
nation [-que yers G. màk que
(hapme X'ÏIL s?*
19 2 Traité de la Lumière,
géant de toutes les autres en mê-
me forte,vous voyez en quel sens
on peut dire qu'elles tendent vers
ses'ìíeux qui fontdirectementop-
posés au centre du Ciel qu'elles
composent. Mais il y a èncóre en
elles àcósiderer de plus qu'enufte
pierre qui tourne dans une fron-
de,q nelsesfontcontinuelsement
poussées ,tant par toutes celles de
leurs semblables qui font éntre el-
les^ & l'astre qui occupe le cen-
tre de leur ciel, que mesmé par
Ja matière de cét astre, 6c qú'eL
les ne le sont en aucune façon par
les; autres. Par exemple que
,
celles qui font versE. ne sótpoinE
poussées par celles qui font vers
M. ou vers G. ou vers F. ou
vers K. ou vers H, mais feule-
ment
Chapitre XIII.' Ï9I
l<j 4 Trakéde U Lumière,
sent^ar leíieu ouelíés font. Mais
afitrqtìel'feXpîicâtion de cecy soit
plus facisejje désire que vous con-
sidériez les parties du second Elé-
ment toutes seules, 6c comme si
tousses espaces qui font occupez;
par la,matière du premier, tarît
celiíy où est léSpleil que les autres
étoient Vuides > mémés à câuse
qu'iln'y a point de meilleur moyé
pour favoit si un corps est poussé
par.quelquesv autres, que dé voir
si ces autres s'avanceroiét actuel-'
leMént Vers le lieu où il est, pour
le remplir en cas qu'il fût Vuidêjje
défis auíîì que vous imaginiez
e
que les parties dusecond Elément
qui íòht vers E. soient ostées: &
cela posé, que vous regardiez en
premier lieu qu'aucunes de celles
Chapitre XIII. Ì9$
qui sont au dessus du cercle
F. E. G. comme vers M. ne
font point disposées à remplir
leur place parce qu'elles ten-
,
dent tout au contraire à s'en éloi-
gner.Puisauflì que celles qui font
etìrce cercle , savoir vers ;F.
n'y font point non plus disposées:
car encoteque véritablement el-
les se meuvent d'F. vers G*,
suivant le cours de tout se cieli
toutesfbis pource que ceiksqUi
font vers G. íe meuvent aussi ai-
yéc pareille vitesse vers R.i*espac^
Ê. qu'il faut imaginer mobiìeìeo^
me elles Í ne
laisseroit pas de de-
meurer vuide tmtt G. 6c F. s'il
n'en venoit d'autres pour le rem-
plir. Et en troisième lieu que cel-
les qui font au dessous de cecer-
Nij
196 Traité de la Lumière,
cle,mais qui ne font pas compri-
ses entre les lignes A F, D G.
comme celles qui font vers H, &
vers K. ne tendent aussi nulser
ment à s'advancer vers; cét espace
E.pour le remplir j écore que l'in-
clination qu'elles ont à s'éloigner
du point S. les y dispose en quel-
que forte: ainsi que la pesanteur
d'une pierre la dispose, non feule-
ment à descendre tout droit en
Tair libre, mais aussi à rouller de
travers fur le penchant d'une mó-
tagne, en cas qu'elle ne puisse
deícendre d'autre façon. Or la
raifo qui les en empelche, est que
toi s les mouvemës se continuent
autant qu'il est possible en ligne
droite: & par conséquent que lors
que la nature a plusieurs yoyes
Chapitre XIIÏ. 197
pour parvenir à méme effect, el-
le fuit toujours infaiîliblementla
plus courte, car sises parties du se-
cond Elément qui font par exem-
ple vers K. s'avançoient vers E.
toutes celles qui font plus proches
qu'ellesdu Soleil, s'avanceroient
aussi au mefmeinstant vers le lieu
qu'elles quiteroient, & ainsi i'ef-
fetde leur mouvement ne feroit
autre,sinon que l'espace É.se rem-
plíroit, 6c qu'il y en auroit un
autre d'égale grandeur la
en cir*
conferance A. B. C. D. qui de-
viendroit vuide en même temps.
Maisil est manifeste que ce mé-
me effèt peut suivre beaucoup
mieux ,,si celles qui font entre les
lignes A F. D G. s'avancent tout
droit vers E. & par conséquent
N iij
Ï9§ Traité de la Lumière,
CkpitreXUh m
vent avancer ensemble vers ççc
espace E. pour se remplir au mes-
me instanr, qu'elle est vuide. Car
encore qu'il n'y ait que lïnclina,-
tion qu'elles ont à s'éloigner du
point S. qui ses y porte, 6c que
cette inclination fasse que celles
qui font entre les lignes B.FSÇ Q.
tendent plus directement vers là,
quecellesqui restent entre-les li-
gnes A F. B F. 6c D G- C G.
vous verrez toutesfois que ces
dernieres ne laissent pas d'être auf-
sidispoféesquelesautres'ày aller,
si vous prenez garde à leffet qui
doit suivre de leur mouvement,
qui n'est autre sinon que com-
me j'ay dit tout maintenant, l'es-
Éf se remplisse, 6c qu'il
pace y en
ait un autre d'égale grandeur en
N mj
-Jt T -* ft
200 TraitédeULumìere,
la circonferance A. B. C. D. qui
devienne vuide à mesme temps.
Garpourle changemctde situa-
tion qui leur arrive dans les autres
lieux qu'elles remplissoient aupa-
ravant, &qui eh demeurent âpres
encore pleins : il n'est nullement
considérable, parce qu'elles doi-
vent être supposées si égales & si
pareilles en tout les unes aux au-
tresqu'il n'importe déquelïes cha-
cun de ces lieux íoit remply. Re-
marqués toutesfois qu'on ne doit
pas conclure de cccy qu'ellesfoiet
toutes égales, mais seulement que
les mouvemensdont leur inéga-
lité peut être cause, n'appartien-
nent point à faction dont nous
parlons. Oriln'ya point déplus
court moyen pour faire qu'une
Chapitre XIII, i©i
partie defef paceE.se remplissant,
celuy par exemple qui est vers
D.deviennevuidc, que si toutes
les parties de la matière qui se
treuvent en la ligne droite D G.'
ou DE. s'a váncent ensemble
E.
vers car s'il n'y avoit que celles
qui font entre lés lignes B F. C
G. qui s'avariçassent les premiers
vers cét espace E. elles en láisse-
roieht un autre au dessous d'elles
vers V. dans lequel devroient ve-
nir celles qui font vers D. en forte
que lé méme èstet qui peut être
produit par Ie mouvement
de la matière qui est en ligne
droite D G. ou D E. le fe-
roit par le mouvement de celle
quiest en la ligne courbé D V E.
ce qui est contraire aux lois de la
2D2 Traité de la Lumière,
nature. Mais si vous treuvezicy
quelque dificulté touchant la fa-
çon que les parties du second Elé-
ment qui font entre les lignes A
F. D G. se peuvent avancer tou-
tes ensemble, vers E. fur ce qu'y
ayant plus de distance entre A. &
D.qnentre F. 6c G. l'espace où
elles doivent entrer à cét effet, est
plus étroir, que ccîuy d'où elles
doivent sortir : Considérez que
faction par laquelle elles tendent
à s'éloigner du centre de leur ciel,
ne ses oblige point à toucher cel-
les de leurs voisines, qui font à
pareille distance de ce centre,
mais seulement à toucher celles
qui en sortt d'un degré plus éloi-
gnées. Ainsi que la pesanteur des
petites boules i.t, $. 4.5.n'oblige
Chapitre XWL 203

point Cellesqui font marquées


d'un méme chiffre à s'entretou-
cher,mais seulement oblige celles
qui font marquées 1. ou ro. a s'ap-
puyer fur celles qui sot marquées
x ou z o. & celles cy fur celles qui
font marquées 3, 01130.& ainsi de
fuite.Eri forte qu'elles ne peuvent
pas seulement être arrangées co-
rne vous les voyez en la septième
figure mais auíïì comme en la
,
huict 6c neufviéme* &en mille
autres façons. Puis considérez
que ces parties du second ésemeqt
* Q»t,sont les deux qui fuissent.
204 Traité et la Lumière,

se remuant séparément les unes


des autres,ainsiqu'il a été dit icy-
dessus qu'elles doivent faire, ne
peuvent jamaisétrearrangées co-
rne les boules de la septiémefigu-
re.*Ettoutesfois qu'il n'y a que
cette seule façon,en laquelle la di-
ficulté proposée puisse avoirquel-
que lieu. Car on ne faiiroit suppo-
ser si peu d'intervalle entre celles
de ses parties qui font à pareille di-
stance du centrede léUr ciel, que
* X>ajnl*f*g* frtcedtnu.
Chapitre XI IL zo5
cela nesuffisepour concevoir que
i'incîination qu'elles ont à s'éloi-
de
gner ce ccntre,doit faireàvan-
cer celles quìíbnt entre les lignes
 F. D G. toutes ensemble vers
l'espace E. lors qu'il est vuide,ain-
sique vous voyez en la neufvié-
me figure,rapportée à la dixième,
206 Traité de la Lumière,
que la pesanteur des petites bou-
les 40. 30. les doit faire descendre
toutes ensemble vers l'espace
,
qu'occupe celle qui est marquée
50.si tôt que celle- cy en peut sor-
tir. Et on peut ìcy clairement ap-
pefcevoir,comment celles de ces
boules qui font marquées d'un
méme çhiffre,fe rangent en un es-
pace plus étroit que n'est ceîùy
d'où: elles sortent, savoir ens'ap-
prochant l'une de l'autre On peut
auffi appercevoir que les deux
marquées 40/doÌYent descendre
unp.eu.pi us vice, 6c s'approcher à
proportion un peu plus l'une de
l'autre,, que les tróis marquées 30.
&cès.-.trois, que les quatre mar-
quées .2,0. 6c ainsi des autres. En
fuitedequoy vous médirezpeut_
Chapitre XIIl. 207
être, que comme il paroist en la

dìxiéme figure, que les deux bou-,


ses 40.40. âpres être tant soit peU
descendues viennent a s'entre-
touchêr : ce qui est cause qu'elles
s'âttestenr,fahspòuvòir descedie
plus bas : Tout de niéme lés par-
ties du second Elément qui fe doí.
vent avattcer versE. s arrêteront
avant qned avoiráchevède rem-
plir tout l'espace quettousy avós
supposé. Mais je répons qu'elles
ne peuvent si peu s'avancer vers
20$ Traite de la Lumière,
là, que ce ne soit assez pour prou-
ver parfaitement ce que j'ay dit :
savoir que toutl'cfpace qui y est,
étant dé ja plein de quelque corps
quel qu'il puisse étrc,ellespressent
continuellementce corps & font
effort contre îuy,jCommé pour le
chasser hors de fa place. Puis ou-
tre cela, je répons que leurs autres
mouvemens qui continuent
pendant qu'elles s'avancent ainsi
E.
vers ne leur permettant pas de
demeurer un seul moment arran-
gées en méme forte, les empéchét
de s'entretoucher, ou bien font
qu'âpres s'étre touchées, clìes se
separentincontinent derechef,&
ainsi ne laissent pas pour cela de
s'avancer fans interruption vers
l'espace E. jusques à ce qu'il soit
tout
Chapitre XIII. 209;
tout rempl-y. Dé sorte qu'on ne
peut conclure de cecy autre cho-
se, sinon que la force dont elles
tendent versE. est peur être cÓme
tremblante, & se rédouble & se
relachéà diverses petites secousses,
selon qu elles changent de situa-
tion ce qui semblé être une pro-
,éfort cóvenable à la lumière..
prier
Orsi vousavez entendu toutee-,
cy suffisamment en supposant lès
espaces E. & S; & tous les petits
angles qui font èntre les parties
du ciel, comme vuidès : vous
l'entendrez encore mieux, en les'
supposant être remplis de la ma-/
tiere du premier Elément; Câr
les parties de ce premier Elément
qui se trouvent en l'espace E. ne
peuvent empêcher que celles duv
O
210 : Traite'de la Lumière^
second qui sont entre les lignes
A F. D G. ne s'âvancent pour
les remplir, toút de méme que
s'il était vuide, à cause quêtant
extrêmement subtiles, 6c ex-
trêmement agitées elles font
,
toujours auísi prêtes à sortir des
lieux où elles se treuvent,que puis-
se être aucun autre corps à y en-
trer. Et pour cette méme raison,
celles qui occupent ses petits an-
gsesqui sont entre les parties du
ciel, cèdent leur place íàns rési-
stance à celles qui viennent de
cêt espace E. 6c se vont rendre
vers le point S. le dis pîûtot vers
S» que vers aucun lieu,à cause que
lesautrescorpsqui étansplus vnis
6c plus gros ont plus de force,ten-
deuttous à s'en éloigner. Mémes
Chapitre XI > 211.
il faut remarquer qu'elles passent
d'Ë» vers S. éntre ks parties
du seóoncf Elément qui vontd'S*
vers B. fans s'empêcher les unes
les autres. Ainsi que l'air qui est
emfermé; dans I'Hbor loge X. Y.
Z.mont'edeZvers
X.au tráVéfsdu si-
ble Y.quiúelaisse
pas pour cela de
décendre cepen-
dant vers %. Enfin
les parties de ce
premier Elément
qui se treuvent en
1 espace: A. B. C. D. elles
ou com-
posent se corps du Soleil y tour-
nant en rond fort promptement
du
autour point S. tendent à s'en
éloigner ,!e tous cotez en ligne
O ij
212 Traité de U Lumière,
Chapitre XIII. - zij
toutes celles dé ces parties du se-
cond Elément, qui íont entre les
lignes A F. D G. s'avançassmc
vers l'espace E. encore qu'elles n'y
eussent aucune inclination d'elles
mêmes, A u réste puis Qu'elles doi-
vent auísis'àvancer vers cét espa-
ce E.. lors qu'il n'est occupé que
par la matière du premier Elé-
ment : Il est certain qu'elles ten-
dent auíïì a y aller,encore méme
qu'il soit remply de quelque au-
tre corps. : & par conséquent
qu'elles font effort cotre ce corps
comme pour le chasser hors de fa
place. En forte que si c'est l'ceii
d'un homme qui soit au point E.
il sera pousse, actuellement, tant
par le Soleil la
que par toute ma-
tière du ciel qui est entre les lignes
O iii *
.214 Traité dela Lumières
A F, D G. Et il faut savoir que
ieshommesde ce nouveau mon-
de, seront de telle nature que
,
la rs que leurs yeux seront poussez
en cette façon, ils auront un sen-
timent tout semblable à celuy
que nous avons de la lumierèjaist-
sique ie dkay âpres plus ample-
ment.

CHAP. XIV.
Les propriété^ de U Lumière.

MAIS je me veux arrêter


encore un peu en çét en-
droit, á expliquer lesproprietez
4e faction dom les yeux peuvent
Chapitre XIV. âïs
ainsi être poussez» Car elsesïè rap-
portent toutes si parfaitement à
celles que nous remarquons en la
Lumière, que lors que vous ses
aurez considérées,je m'assuré que
vous avouerez comme moy ,
qu'il n'est point besoin d?iniagj>
ner,dans les astres ni dans les cieux
d'autres qnalitez>que cête action
qui s'appesedu nom de Lumière»
Les principales de ses propriété*
font i, qu'elle s'étend en rond dé
tous eôtez,autoUr des côrpsqu'on
nomme lumineux t, Et à toute
forte de distance j.' Et en un in-
stant 4. Pour l'ordinaire en ligne
droite, qui doivent étré prises
pour ses rayons de la Lumière 5.
Et que plusieurs de ces rayons ve-
nans de divers points peu vêt s*af?
Oiiij
tliì Traité de la Lumière,
embler en un méme. ù .Où venát
d'un méme s?ai:ler rendre en di-
vers,7.0ii venantdedivers &al-
lans vers diversjpasser par un mé-
me> fans s'empêcher les uns les
autres 8. Et qu'ils peuvent auíîì
quelquefois s'empêcher savoir
,
qoand leur force est fort inégale
9«Et qu'enfinjqu'ils peu vent être
détournées par réflexion io.ou
refraction ir, Et leur force aug-
mentée n. ou diminuée par les
diverses dispositions, ou qualitez
de la matière qui les reçoit. I. Que
cecte action se doive étendre de
tous cotez autour des corps lumi-
neux : La raison en est évidente, à
causé que c'est du mouvement
circulaire de leurs parties qu'elle
procède. 2. II;est évident auílì
.'Chapitre XIV. «7,
qu elle peut s'étendre à toute sor-
te de distance. Car par exemple
supposant que les parties du ciel
qui fetreuvent entre A. F 6c D
G. font déja d'elles mémes dispo-
sées à s'avancer vers E. comme
nous avons dit qu'elles font,on ne
peut douter que la force dont le
Soleil pousse celles qui font vers
A. B. G. D. ne se doivent auísi é-
tendre jusques à E. encore méme
qu'il y eut plus de distance de l'u-
ne à l'autre, qu'il n'y en a depuis
les plus hautes Etoiles du Firma-
ment, jusques à nous.5. Sachant
que les parties du second élément
qui font entre A. F 6c D G. fe
touchent & pressent toutesTune
l'autre;autant qu'il est possible:
On ne peut auífi douter que l'a-
ilS Traité de la Lumières
éfciondont ses premières sot pou£
fées ne doive passer en un in*
stant, jusques aux dernieres : tout
de même que celle dont on pouf-
fe l'un des bouts d'un bâton, pas-
se jusques à l'autre bout au méme
instant : ou plutôt ,afin que vous
ne faíïìez point de difficulté fur ce
que ces parties ne font point atta-?
chées l'une à l'autre ainsi que font
celles d'un bâton \ tout de méme
qu'en la neufviéme figure la pe*
tite boule marquée 50. décendant
Chapitre XIV, 219
vers 6-les autres marquées io# dé-
cendent aussi vers là au méme in*
stant 14. Quanta ce qui est des li-
gnes fuivaiat léqueìles se com-
munique çette action » & qui
sont proprement les rayons de la
Lumière :il faut remarquer qu'el-
les diffèrent des parties du second
Bsemét, par l'entrcmisc déquelles
cette méme action sc.commuai»
que,& qu'elle ne sont rien de ma-
tériel dans le milieu par ou elles
pàssént, mais qu'elles designent
feulement, cn quel sens le corps
lumineux agit contre celuy qu'il
illumine : 8ç ainsi qu'on ne doit
pas laisser de sesconeevoir exacte*-
ment droites, les
encore que par-
ties du second Elément qui ser-
vent à transmettre la Lumiere,ne
Zto Traité de laLumkre,
puissent presque jamais être si di-
rectement posées l'une far l'autre,
qu'elles cópofent des lignes tou-
tes droites. Tout de m e m e q U
vous pouvez aisément c once voe
que la main A. pousse
le corps E. suivant la
ligne droite A E. enco-
re qu'elle ne se pousse
que par l'entremise du
bâton B C D. qui est
tortue. Et tout de mé-
me que la boule mar-
quée r. pousse celle qui est marx
quée 7. par l'entremise desdeut
•marquées 5. 5. auífi directemen^
que par l'entremise des autres z
5. 4. 6. Vous pouvez aisé-
ment auíîì concevoir. 5. 6. com-
ment plusieurs de cesravons ve-
Chapitre XIV. ' 221
nans de divers points
s'assemblent en un mé
me, où venant d'un
méme fe vont rendre
en divers, sanss'empe
cher ni dépendre les
uns des autres. Com-
me en la sixième figu-
re * les rayons qui viennent des
points A. B. C. D.s'sssemblent
au point E. 6c plusieurs qu vien-
nent du seul point D. s'éten-
dentl'unvers E. l'autre vers K. &
ainsi vers une infinité d'autres
lieux. Tout de méme que les for-
ces dont on tire les cordes 1.2,. 5.
4. 5. s'assemblent toutes en la
poulie 15. & que "la résistance de
cette poulie s'étend jusques à
*. Vstyea cens figure feu «presdansUpage^^
z 22 Traité de la Lumière,

toutes les diverses mains qui ti-


rent cescordes,7. Maispour con-
cevoir comment plusieurs de ces
rayons venant de divers points,
6c allans vers divers, peuvent
paflèrpar un méme, fans sem-
pécher, comme en cette sixième
figure, les deux A N. & t> L.
passent par se point E. il faut con-
214 Traite de la Lumière,
tendrez encore mieux,si vousre-
gardez,qu'on peut pousser ì^air cn
méme temps d'F. vers G. d'H.

vers I. & de K. vers L.pâr ses trois


tuyaux F G. H I. KL. bien que
CCS
Chapitre XIV. 2>5
ces tuyaux soient tellement unis
au point N.que tout l'air qui passe
par le milieu de chacun d'eux
doit nécessairement passer auíïì ,
par le milieu des deux autres. 8.Ec
cette méme comparaison peut
servira expliquer comment une
forte Lumière empêchei'effet de
cellesqui sont plus foibles. >Cat
si l'on pousse l'air beaucoup plus
fort par F. que par H. ni par K.
il ne tendra point du tout versl.
ni vers L. mais vers G.seulement.
9. 10. pour la réflexion 6c réfra-
ction , ie les ay ailleurs suffisam-
ment expliquées:toutesfois pour-
ce que ie me fuis servy pour lors
del'exempledu mouvement d'u-
ne baie, au lieu de parler des Ra-
yons de la Lumière :
afinderen-
P
2í§ Traite de la Lumière,
drè par cé moyen mon discours.
f lus intelligible, il mereste enco-
re iey à vous fàire c-onsideter,que
Faction•òuj'kiélination à se mou*
vòif,qaiest transmise d'unlieuen
ùnaptréparlé moye de plusieurs
corps (jui s'entrétouchent 6c fe
treúvént fans ínteruption en tout
feffacé qui est entre deux , fuit
éxàctément la méme voyepat oà
elle poursoît fâiré mouvoir le pre-
mier dé ces corps ,si ses àUtres n'é-
toieftt point en son chemin ,fans
qu'il ^ áït àtícunedifferance, sinó
qli'il raudroit du temps I ce corps
pour fê môúv oir, au lieu que fa-
ction qui est en luy peut pat l'en-
tremise de ceux qui le touchent,
s'étendre jusques à toutes fortes
de distancesen uninstant : &par
Chapitre XIV. 2in-
conséquent que comme une baie*
fe réfléchit quand elle donne con-
la
tre paroy d'un jeu de paume, 6c
qu'elle souffre refraction quand
elle entre obliquement dans de
l'e.au où quelle en fort : ainsi
quand les rayons de la Lumière.
rencontrent un corps qui ne leur
permet pas de paíser outre, ils doi-
vent se réfléchir, & quand ils en-
trent obliquement en quelque
lieu par où ils, fe peuvent éten-
dre plus ou moins aisément, que
par celuy d'oè ils sortent, ils doi-
vent aussi en ce changement se
détourner 6c souffrir réfractions
n. ít. Enfin la force délai Lumie-
est non seulement plus ou moins
gradé èn çhâque lieu selo la çjua
-
tité desray onsquis'y aísern||lehir,
Pij~"
228 Trait h de la Lumière,
mais elle peut auffi être augmen-
tée & diminuée par les diverses
dispositions des corps,qui se treu-
vent aux lieux par où elle passe:
;ainsiquela vitesse dune baie ou
d'une pierre qu'on pousse dans
l'air, peut-être augmentée parles
Vents qui soufflent vers le méme
côté qu'elle se remu'é, 6c diminu é
par leurs contraires.

CHAP. XV.
6c dernier.
.

Lafaçon dont le Soleil & lesAflres


agijjent contre nos jeux.

AYant ainsi expliqué la na-


ture 6ç la propriété de la-
Chapitre XV.., 21?
ction,que'j,ay prise pourla lumiè-
re: Il faut ausïï que j'expiiqùéK
commé'par íbh mòyen lesdiabi-
tansde la planète quëj!ay supo|eeS:
pour la Terre , peuvent voir la \
face dé leur Ciel toute séblable â
celle du notre. l%emierement il
n'y a point de doute qu'ils ne dot-
vent vòir le corps marqué S. tqtìt '
plein de lumière 6c semblable a)
nôtre Soleihveu.que ce corps en-
des
voyé rayons, tous de lespoins
de fa superficie vers leurs yeux. Et
parce qu'il: est beaucoup plus prp-
che d'eux que les Etoiles, il leur
,
doit paroitre beaucoup plus giad.
II est vray que les parties du pe-
tit ciel A. B. C. D. qui tourns au-
tour de la terre, font quelque ré-
sistance à ces rayons,.mais pour-
2 32 Traite de la Lumière,
fit pas pour empêcher queíes ra-
yons de plusieurs Etoiles fixes ne
parviennent jusques à k terre du
côté qu'elle n'est point éclairée ,
par le Soleil.Car il faut savoir que
ìesgrands Cieux, c'est adiré ceux
qui ont uneEstoile fixe ou le So-
leil pour leur centre quoy que
,
peat estre assez inégaux en gran-
deur doivent être toujours exa-
ctement d'égale force : en forte
que toute la matière qui est par
exemple en la ligne S Bdqit ten-
dre aussi fort vers E. que celle qui
est en la ligne, ëB. tend Vers S.Çat
s'ils n'avoient entï'eux cette égali-
té, ils se détruiroient infaillible-
ment dans peu de temps, où du
moins fe changeroient jafquês à
Chapitre XV. *33
ce qu'ils l'eusssnt aquife. Or puis
que toute la force du rayon S B.
par exemple, n'estque justement
égale à celle du rayon e B. il
est manifeste que celle du rayon
T B.qui est moindre,nepeut em-
pêcher cette autre e B. de s'éten-
dre jafquesá T. Et tout de méme
quel'Etòile A. peut étendre ses
rayons jusques à la terre T. par-
ce que la matière du Ciel qui est
depuis A. jusques à z. leur ayde
jplus que celle qui est depuis 4 juf-
quesà T. ne leur résiste: & avec
cela que celle qui est depuis 3. jus:
ques à 4. ne leur ayde pas moins,
que leur résiste celle qui est depuis
3. iusquesà 2,, & ainsi jugeant des
autres à proportion , vous pou-
vez entendre que ces Etoiles ne
«, 34 Traite de la "Lumière,
doivent pas poroître moins
confusémentasrangées, ni moin-
dres ennombre,ni moins inéga-
lesentreellesj qâefont celles que
nous voyonsdans le vray monde.
Mais il faut encore,que vous con-
sidériez touchant leur arrange-
ment, qu'elles ne peuvent quasi
jamaisiparoître dans le vray lieu
oh elles font. Car par exemple,
celle qui est marquée* e. par©it
comme si elle étoit en la ligné
droite T B. & l'autre marquée A.
comme en Jai ligne T .4» Hont lá
raison est,que les Cieux êîans iné-
gaux~en grandeur, les superficies
«pli les íeparent ne se treuvenc
quasi jamais tellement disposées,
que les rayons qui passentaoitra-
verspour aller de ces Etoiles; vers
Chapitre XV. 1 iìi
la Terre, les rencontrent à angles
droits. Et lorsqu'ils les rencon-
trent obliquement ilest certain,
suivant ce qui a esté démontré
en la Dioptrique,qu'ils doivent
s'y courber, & souffrir beaucoup
de refraction, parce qu'ils pas-
sent beaucoup plus aisément par
l'un des cotez dé cette superficie,
que par l'autre. Et il faut supposer
ces lignes T B. T4. & sembla-
bles si exri'emement longues à
cotxiparaison du diamètre du cer-
cle que la Terre décrit autour du
Soleil, qu'en quelque endroit de
ce cercle qu'elle se treuve, les
hommes qu'elles soutiennent
vòyènttoûJQursles Etoiles éòm-
,
mé fixés ôc attaëliéès adx meímes
endroits du Firmament, cést à
Chapitre XF. ' ztf
dire pour user du terme des Astro-
nomes, qu'ils ne peuvent remar-
quer en elles aucunes paralaxes.
Considérez aufh touchant le
nombre des Estoiîes,que souvent
une méme peut paroîcre en divers
lieux, à cause des diverses super-
ficies qui détournent ses rayons
vers laTerre.Comme icy l'Etoile
qui est marquée A. paroîc en la
ligne T 4. par le moyen du rayon
A 2, 4 T. & ensemble en la ligne
T 5. par le moyen du rayon A
í j T. ainsi que se multiplient
les objetsqu'on regardeau travers
des vitres ou autres corps transpa-
rans, qui font taillez á plusieurs
faces.De plus considérez touchât
leur grandeur, qu'encore qu'elles
doivent, paroîcre beaucoup
z38 Traite de h Lumièret
moindres qu'elles ne (ont à cause
de leur extrême éloignement, &:
méme qu'il y enaitiaplusgrand
part, qui pour cette cause ne doi-
vent paroître en aucune façon,
& d'autres qui ne paroiísent
qu'entant que les rayons de plu-
sieurs joints ensembîe,rendent íes.
parties du Firmament par où iJs
passent un peu plus blanches, 8c
semblables à certaines Etqiles
que les, Astronomes appellent
Nubileuscs, ou à cette grande
ceinture de nôtre Ciel, que le?
Poètes feignent être blanchie çju
lait de íunon : toutesfois pour
ce)iles qui spnt le moins éloign ées,
il n'est besoin de lessuposer qu'en-
viron égales à nôtre Soleil,pour
juger qu'elles peuvent paroîcre
ChapitreXV. 239
aussi grandes quefont les plus
,
grandes de nôtre Monde. Car
ourreque généralement tous les
corps qui envoyent de plus forts
rayons contre yeux desregar-
les
dans, que ne íbnt ceux qui les en-
vironnent , paraissent aussi plus
grands qu'eux à proportion, &t
par conlequênt que ces Etoiles
doivent toujours sembler plus
grandes que les parties de leurs
Cieux égales à elles,ainsi qùej'ex-
pliqueray âpres, les superficies F
G H. 11. & semblables où se
fontlesrefractiôsde leurs rayons
peuvent être courbées en telle
Façon qu'ellesaugmentent beau-
coup leur grandeur, & méme
feulement étant toutes plateselles
l'auçmentent. Outre cela il est
x 40 Traite de la Lumière
9
bien vray-semblable que ces su-
perficies étant en une madère
fort fluide & qui ne cesse jamais
de se mouvoir, doivent branler
8c ódoyer toujours quelque peu,
& par conséquent que les Etoiles
qu'on voit au traversjdoivent par
roïcre aussi bien que les nôtres
étincelantes & comme trem-
,
blantes, & méme à cause de leur
tremblemét un peu píus grosses :
ainsi que fait l'imagcdelaLune,
au bord d'un lac dontl'eau n'est
point fort agitée, mais seulement
crêpée tant soit peu .par le souffle
de quelque vent.. Enfin il sepeut
faire que par succeípon de temps,
ces superficies se changent aussi
un peu, où méme aussi quequel-
quesunes se courbent assez notar
* blement
fihapim X V.' Hî
blefìtenÉ en peu de temps, ne fût
qu'àl'occasion d'une comète qui
s'eû approche^ & par eêmbyea
que plusieurs Etoiles semblent
âpres Un long temps être unpeii
changées déplacé fans lustré dé
grandeur, oú tèmr de gíándeW
sansl'ëtredcpláce: ëc mfrrté que
quelques rates Gemmêneent: as-
sez subitement à paroïcf ëou à áif-
paroicreí ainsi qu'ost l'á vâ àrriVet
dans le vray Monde. Pour les Pîa*
netes & les CDometes qui sótít
dans le mémíe ciel que ìeSoleih
sachant que les parties du troisié-
meElement dont elles fêtât eòm-
pósées, fònt si grosses ©a telle-
ment jointes plusieurs ensemble,
qu'elicspeuvêiiíi résister à l'actión
de ia Lumière; 11 êstáifé àètìtti&*,
242 Traite de la Lumière,
dre qu'elles doivent paroîcre pat
le moyen des rayons qùcle Soleil
envqye vers elles, & qui íe réflé-
chissent de là vers la Terre : ainsi
que les objets opaques ou obscurs
qui font dans une chambre, y
peuventétre vus par le moyetides
rayons que le flambeau qui y é-
claire, envoyé vers eux , & qui
retournent delà vers les yeux des
regardais. Etaveccelaies rayons
du Soleil ont un avantage fort re-
matquabìe pardessus ceux d'un
flaniDeau, qui consiste en ccque
leur force le conserve ou méme
s'augmente dé plus en plus, à me-
sure qu'ils s'éloignent du Soleil,
îusques à ce qu'ils soient parve-
nus à la superficie extérieure de
son ciel,à cause que toute la ma-
Chapitre XV* 2-43
tiere de ce ciel ten d vers la j au lieu
les
que rayons d'un flambeau s'af-
foiblissenten s?éloignant, à raison
de la grandeur des siiperficies
sphériques qu'ils illuminent, 8c
méme;encore qûfeíqUe peu plus»
à cauíe de la reíistancè dél'airpaí
où ils passent, D'òù vient que les
objets qui sotjpròçhesi ire ce flam-
beau i en so/rií íiotabletrlént plus
éclairez que tèùx cjuî en font
loin, &^qìíé leVpíliïs báíFësplanè-
tes he font pas à méme^ropow
tíon plus éclairées pair íe Soleil >
que les plus hàutes> rii méme que
les çometes,quién íbntsans com-
paraison plus éloignées. Gr l'cx-
periance noiis montre que le sem-
blable arrive aussi dans le vray
Monde, & toutesfois ie necroy
Q'j
244 Traite de la %ttmieYe,
pas qu'il soit possible d'en rendre
r 3Ìsòn,íì on suppose que la lumiè-
re y soiít autre chose dans lesob-
jersjqu'une action ou disposition
tálçqae je l'ay expliquée. Ie dis
une action ou disposition car si
>

^ous avez pris garde à ce que j ay


tantôt démontré,que si l'eípace
où .est le Solei!,écoittout vui^c,
les parties de son ciel ne laisse-
noientpas de tendre vers les yeux
des regardans, en méme façon
que lors quelles ibnt pousses par
Ci matière, & presque avec autant
de force, vouspouvez bien jugej?
qu'il n a pas besoin d'avoir en soy
aucune action, ni méme d'être
autre chose, qu un pur espace,
pourparoîtretel que nous le voy-
ons : ce que YOUS eussiez peut-être
Qhapitfe XV* T 245
prisauparavantpoir itne propo-
sition fort patadíosce. Auffestele
inoiivcment qu'ont ces plttnîetës
aiSíòur de leur centre* e® caníe
qu'elles étincellent, mais beau-
coup moins fort & d-ùne autre
fkçoa y que tìë font les toiles
fixes : Si parce que la Lune est
privée de ce mouveitaaents èlk
ïi'éttacelle point du tout. Pour
les Coimetcsquinefbnt pas dans
le méme ciel que le Soleil»elles
ne peuvent à beaucoup firéç en-
voyer tant rayons vers Tép-
de la
i?e,quefi elles étoientdaSS'ceéiel,
itoft pas mémes lors qu'elles font
toutes prêtes à y entrer* ni pat
conséquent être vues par les hotìî-
;mesiíì ce n est peut étré quelque
peu lor$ que-leur grandeur«&«£-

%4>6 Traite de la "Lumière,
traordinaite. Dont la raison est l
que la pluspart des rayons que le
Soleil envoyé vers elles, font
écartés çà & là, & comme dissi-
pez par la refraction qu'ils sóuf-
írentenla partie du Firmament,
par où ilspaíïènt. Car parexemple
au lieu que Comète CD. re-
la
çoitdU Soleil marqués, tous les
rayons qui font entre les lignes S
C.S Dk & renY^ye vers la terre
tous ceux qui sontentre les lignes
C T; D T. * II faut penser que la
ComefeeÇ. 5* #, nc reçoit du
mémeíSpleil que les rayons qui
sontentre les lignes S G. C S. E
C. à cause quç passan&beaucoup
plusaisémentdepuis S. jusques à
la superficie Q E. que. ie prens
* Voyez, lfl;jïgureii4«ns ta page 156,
**. Paru \k figuré(mv&nti.
Chapitre XV; 247
jpour une partie du Firmamenr,
,

qu'ils ne peuvent passer au delà :


leur refraction y doit être fort
grande éc fort en dehors vers la
Comète. Veu pnncipalemët que
cette superficie est courbée au
dedans vers le Soleil * ainsi que
vous savez qu'elle doit se cour-
berji lors qu'une Comète s'en ap-
proche. Mais encore qu'elle fût
toute plate ou méme courbée de
l'autre côtéjla plufpartdes rayons
que le Soleilluy évoy roit,ne lais-
seroientpas d'être empeschés par
la refraction,sinon d'aller jusques
à elle, au moins de retourner
de là jusques à la Terre. Par
exemple supposant la partie du
,
Firmament G E. être une portion
de la Sphere,dpnt le centre soit au
QiJij; !
248 TfàìâdeléXtùMiere^
f oint S. les rayons N L. M M^ne
doivéc point dutout courber^
s y
aiíant vers la CometeC. mais eá
revanche ils se doivent beaucoup
courber, retournans de là vers la
Terre, en forte qu'ils n'y peu-
vent parvenir que fort foibies &
en fort petite q uantité.Outre que
cçcy ne pouvant a*rivet que lors
que lia Comète est encor© assesç
loin dbciel qui contient le Sokili
son éloignement empêche qu'eU
len*eh reçoive tant dé ráyoná quje
lorsqu'elle est prête à y entter.
Et pour les rayons qu'elle recoin
derÊtoile fixe qui est au centre
du Ciel qui là contient, elle
mè les peut point renvoyer vers la
Teírej non plus que la Lune étant
nouvelle n'y renvoyé pas Gèaét
Chapitre t F:
du Sfófcil.- Mais ce qu'il y a de
24®

plus ^marquable touchant ces


Cornets., c'est une certaine re-
fractijdrtà' èfe leurs rayons, qui est
ordíi^ternent cause qu'il en pa-
rois dij^^ès-uns en forme de
queue b^i $s chevelure autour
d'dlèss Ainsi quèvous en|endrez
Faicil^m^íHjS1-v^u^s, regardez cet-
te figure, èîï S. èfí|e Soleil, C.
ifrefc«rilb&)$&Qt. làSphere qui
fbr&rà^ cè cfuì a estévdit|ev, destus
èít fcoi^gofëe des fj0tmé$£'J
cond Eleb^nia cjpi ft^nfeJèi |>lus
g^dsses &Σs r^nsjagfeees dìç tou^
tes Í Sç '©i^fFÍ fe&rcîeqtáest
decfrit paA rné^éi^ient annuel
^de la T^rrfeíj l|iq^e vous pensiez
qufele rayo|i qui v^en^de/C- Vers
B, |>asse $iest tout dïQÎfcîíisques au
yo Traite de la Lumière ;
Chapitre XV, 2$i
jpoint A. mais qu'outre cela il
commenceaupointB.à s'élargir
&c se diviser en plusieurs autres
rayons, qui s'étendent çà & là de
tous cotez: en telle forte que cha-
cun d'eux se treuve dautant plus
foible qu'il s'écarte davantagede
celuy du milieu B A. qui est le
principal de tous, & le plus fort.
Puisauílì que le rayon C E, com-
mence étant au point E.à s'élargir
& se diviser en plusieurs, com-
me EH. EY. E S. mais:que;Ie
principal & le plus fort dë^ceux:
cy ,est E H. & le plus foible Ê S.
& tout de méme que C G. passe
principalement de G. versj. mais
quoutre cela, il s'écarte aussi vers
S. & vers tous les espaces qui font
entre GI. & G S. & enfin que
25á Traitéde U Lumière ,-
tous les autres rayons qûi peu-
vent être imaginez entre ces trois
C E. C B. .C û,tiennent plus 01*
moins de la nature de chacun
d'eux ,'feion qu'ils en fontpîusots
moinsproches. A quoy ie jbouf*
rois adjoûter qu'ils doivent être!:
un peu courbez vers ie Soleil :
mais cela n'est pas tout à fait né-
cessaire à mon sujet, & j obmers
fouvíínt beaucoup^echoscsiafiiií
de rendre celícs que jiexpliqué
dautant plus simples íc plus ai-
sées. Or cette refraction étant su-
posée il est manifeste que lors
,
qus kTerre est vers A*non seule*
ment le rayon B Â,doitteevoir
aux hommes qu'elle foutiení Je
éorps de la comète G* mais au{Èl
que les rayons L A.KA, & sem*
Chapitre XV* ajS
biables qui font plus foibles que
B A. venans vers leurs yeux»leut
doivent faire paroître une cou»,
sonne ou chevelure de Lumière
êparse également de tous cotez
autour d'elleicomme vous voyez
ii. au moins s'ils font assez sorts
pour être sentis,ainíì qu'ils le peu-;
Vent être fouvent,venant des Co J
metes que nous fuposonsétre fort
grosses, mais non pas venant des
Planetes,ni méme des Etoiles fi-
xes i qu'il fàut imaginerplus peti-
tes. Il est manifeste aum que lors
que laxerre est vcrsM&que la cor
meteparoîe parle moyédu rayon
C KMvsa chevelure doit paroître
le
par moy é de Q M. & de tous
les autres quitendentvers M. en
forte qu'elle s'étéd plus loin qu'au
254 Traité de la Lumières
paravant vers la partie opposée au
Soleil, & moins ou point du tout
vers celle qui íe regarde, comme
vous voyezii.& ainsiparoissant
toujours de plus en plus longue
vers le côté qui est contrai -;
re au Soleil à mesure que la
,
Terre est plus éloignée du poinct
A .elle perrpeu a peulâfigure d?u-
ne chevelure, & se transformé en
unelonguc queue,que laCometè
trainèa pres ell e. Co rame laTerré
estant vers D. les rayons QD. V
D. la fontparoître semblable à 33.
Et la Terre étant vers o. les ra-
yons Vó.E o. la fontparoître
encore plus longue, & enfin la
Terre étant vers Y, on ne peut
plus voir laçomcte à cause de l'in-
terpositiondu Soleil : mais les ra^
Chapitre XV- '255
yoris V Y- E Y. 8c semblables ne
laissent pas de faire encore paroî-
fa
tre queue en forme d'un che-
vron ou d'une lance de feu, telle
qu'est 44. Et il faut remarquer
que la sphère E B G.n'étant poinc
toujours exactemeïit ronde ni
aussi toutes les autre^qu'elle con-
,
tient} ainsïqu'ilestaitéí à jngrer de
.

çe que nous avpns explique^ ces


^queuësoucbev^ons deiètínedói-i
vent:poìint toujours; paraître exa- '
ctement droits j ni tout à fait en
méme plan que le Soleil;. Pour
la refraction qui est caufcde tout
cecy, je confessé qu'elle est d'une
nature fort particulière &fort dif-
férante de toutes celles qui se re-
marquent communément aìl-
Heurs : mais vous ne laisse-
?5<> Traie de U Lumière;
xez, pas de voir clairement qu'elle
se doit faire en la façon que je
viens de vous décrire si vous re-
,
gardez que la bouieH.étantpouG-

fée vers í- pousse vers là aussi tou-


tes cejles qui íont au dessous, iul-
ques
Chapitre XV- 2tf
quesàK. mais que celle-cy étant
environnée de plusieurs autres
plus petites, comme 4. 5. 6. ne
pousse que 5. vers 1.8c cependant
qu'elle pousse 4. vers L. & 6.
vers M. & ainsi des autres ; En-
forte pourtant qu'elle pousse cel-
le du milieu 5. beaucoup plus
fort que les autres 4.6. & sem-
blables qui font vers les cotez.
Et tout de méme que la boule
N. étant poussée vêts L. pousse
les petites boules 1. z. 3. l'une
uers L'l'autre vers I. & l'autre
vers M. Mais avec cette différen-
ce, que c'est 1. qu'elle pousse le
plus fort de toutes, & non pas
celle du milieu z. Et de plus que
les petites boules 1, z. 3. 4. &c.
étant ainsi en méme temps
$.•§ %
Traité de la LUmiere
,
routes poussées par ìes autres bou-
les N. H. P. s'empêchent les
unes les autres, de pouvoir aller
vers les cotez L. 8c M. si faci-
lement que vers le milieu I. En-
forte.que si tout l'espace LI M.
«toit plein dépareilles petites bou-
les, les rayonsde leur actions'y
dissribuëroient en méme façon,
quej'ay dit que font ceux des co-
mètes au dedans de la Sphère E
$ Gr A quoy si vous m'objectez
que l'inegalité qui est entre les
boules N. H. P. & i. z; 3.4. est
beaucoup plus grande que celle
que j'ay supposée entre les par-
ties du second Elément, qui com-
posent la Sphère E B G. & celles
qui font immédiatement au des-
sous vers le Soleil : Ie répons
r-
ÛhdpitreXV' •'S&>
•qu'on ne peut tirer de cecy autre
coníèquencejsinonqu'il nesedoit
f)as tant faire de refractió en cette
Sphère E B G. qu'en celle que
composent les boules t. z. 3. 4.
ÔicMais qu'y ayant derechef de
l'inegalité entre les parties du se-
cond Elément qui sont immé-
diatement au dessous de cette
S père EB G. 8c celles qui font
encore 'plus bas vers le Soleil,
cette refraction s'augmente de
plus en plus, à mesure que les
rayons pénètrent plus outre En-
S

sorte qu'elle peut bien être auííî


grande,ou mêmes plus grande,
lors qu'ils parviennent a la Spe-
re de la Terre D A F. que celle
de faction dont les petites bou-
les 1. z, 3. 4. &c. font poussées. 1

Rij J
mscovRs
s- PRONONCE'
,
D^Sy L'ASSEMBLEE
DE MONSIËVR
DE MONTMOR»
TOVCHANf
tË MOVVEMENf
ET LE REPOS.
PoUr montre* qu'il riarrive aucun
changement en la matière que
l'en ne puìjfe expliquer par lè
mouvement locaL

El-
IferegàiiiTout le monde demeuré
d'accord qu'il n'y a rien de fi con-
traire au mouvement que le repost
A
i" Discours
Vtfinitìo
Or il est certain que quánd
x.
mi repos, on dit qu'vn corps est en repos t
on n'entetíd autre chose íinort
que Ce corps est tousiours appliqué
d'une même façon,aux mêmes par-
ties des corps qui l'environnent.
Dffinitio 2. Ainsi suivant la règle des con-
/'..'.! mott-
traires j quand òn parle du mouve-
ment d'un corps ,on ne doit enten-
dre autre choie ,sinon que ce corps
est transporté, en sorte qu'il est suc-
cessivement, éc tousiours différem-
ment appliqué à differenres parties
des corps qui l'environnent.
E fiat dé 3. On pourroit demander ce qui
lu- ç«e-
fait cette application tousiours di-
ferenteen laquelle consiste le mou-
vement , St cette application tou-
jours une , en làquelIe_confíste le
repos : mais ce seroit sortir de la
question proposée, dont le but n'est
pas d'expliquer les causes du mou-
vement ou du repos des corps, mais
seulement d'en connoistre la riatur
re , c'est à dire de trouver vne de-
,
finition qui puisse convenir à ton-
âit motsvement local |
ies les manières de se mouvoir
, ou
fcTestrç en repos que nous cònnoif-
>
sons dans, les corps.
4> Ie pense que l'on acordera
.
ai-
sément
,
celle que i'ay aportée du re-
pos í i5c conséquemment celle dii
mouvemet,puis qu'elle est tirée sui-
uant vne règle tousiours infaillible.
5. II reste donc de faire voir que
cette définition convient à tous les
mouvemensqui nous font connus.
6. Quelques personnes aduoiiaric
Qu'elle est tres-propre à expliquer
te changement de lieu* auquel on
dontíe le nom de mouvement local,
disent qu'elle ne peut Convenir qu'à
celuy-là j & qu elle ne f>eut s'applì-
qyer à ces changemens de la quan-
tité, qu'on appelle acroissement éc
deçroiffement; à ceux de la qualité,
qu'on appelle altération , &àceux
de la forme , qu'on appelle gène-
ration du corruption.
7. Mais si ie montre que toils
les changemens n'arriuentque par
íc mouvement auquel on aduoiie
A ij
4 Discours
que ma définition convient, il sserì-
-suivra qu'elle convient à tous les
mouvemens qui nous font connus.
8. Quítnt aux changemens de la
quantité, si une masse augmente j
n'est-ce pas que de nouveaux corps
se soignent à ceux qui composoient
desia cette masse ? Si elie diminué'
n'est-ce pas que quelques vns de
>

ces corps en font' séparez ? Et peu-


vent ils estre adjoûtez ou séparez
sans ce mouvement local, que nô-
tre définition explique fi bien?
9' QuVn morceau de paste soit
adjoûté à un autre, pour augmen-
ter la quantité d'un pain: ou qu'un
morceau de terré , qui étoit déja
proche d'une pierre, soit tellement
remiié par la chaleur du Soleil ou
par d'autres causes , que ce qu'il y
aura de plus humide en exhale Sc
,
que ce qu'il y aura de parties plus
solides s'embarassent en forte par
leurs figures irregulieres , SC se
serrentf tellement les unes con-
tre les autres qu'enfin elles parois-
du mouvement local y
sent dans un état tout à fait sem-
blable au reste de cette pierre il
,
est çettain que, cette exhalaison de
quelques parties , Sc ce raproehent
de quelques autres n'est qu'un mou-,
vement local, &c qu'ainsi cette aug-
mentation de quantité , qu'on ap-
pelle communément iuxta-fofi-
tien peut estre expliquée^par no*
,
tre définition.
10. Pour l'augmentation qui se
fait par intus -fufieptiort elle ne
>
diffère en rien de l'autre sinon
,
qu'en la première espeçe , les par-
ties qui s'accumulent font iointes
par les extremitez aux parties de
la masse qui. s'accroisti 8c que dans
la seconde, les parties qui arriuent
de nouueau, glissent entre les moin-
dres espaces qui se trouvent entre
celles qui composent déja cette mas-
se, Jusqu'à ce qu'elles ayent trouvé;
des endroits un peu plus étroits3
qu'il ne faudroit pour les admet-
tre : De forte que faisant effort'pour
y paster s elles font souvent dans
A iij
6 Discours.
un mouvemcntassez puissant ,pouç
s'y faire entrée : mais souvent ausit
ce mouvement n'étant pas assez
fort pour les faire passer outre,elles
y demeurent engagées, Sc croissent
ainsi la masse : Comme il arriveroit
à une flèche qui seroit tiréedansun
faisceau fait de plusieurs autres flè-
ches. Gjisçait que quelque étroite
que fut leur union,ilyauroit toá-
sours des espaces entr'elles, où cette
flèche s'introduiroit : & qu'encore
qu'elle eut assez de force*pour les
écarter un peu les unes des autres,
elle pourroit auíïì âpres auoir per-
du tout son mouvement, demeu-
res engagée .entre les autres , &c
çroistre ainsi le faisceau quî pour-
,
roit augmenter dautant de flèches
.
que l'on en pourroit tirer.
n. Ainsi arrive-t'il aux plantes,
qui ne prennent d'accroissement
que-par ce que la chaleur du Soleil
faisant mouvoir dans les entrailles
de la" terre differens sucs, c'est à di-
se , différentes petites particules 4
du mouvement local. 7
dont les figures sont diuerscs les
,
élevé enfin Sc les fait couler par
,
une infinité de petits conduits ,
dansleíquels ces particulles venant
à rencontrer quelques grains de se-
mences, dont les pores sont appro.-
charts de leurs figures s'y donnent
entrée , parce qu'il leur est plus
commode de continuer ainsi leur
mouvement en ligne droite : Et
ayant consommé une partie de leur
impétuosité à se faire ouverture
dans ces grains, elles y demeurent
engagées, Sc en augmentent la sub-
stance.
Que si elîes conservent assez
iz.
de mouvement pour passer outre.,
elles ne fervent de rien à la nourrie
ture. D'où vient qu'un trop grand
mouvement de ces particules, fait
feichcr les semences dans le sein
d'une terre qui les seroit germer
,
si elle étoit moins éroeuë, & mé-
me un trop, grand mouvement
peut estre cause que des particules
plus grosses, que celles qui doivent
A iíij
$ Discours
servir d'alliment à certaines plan?,
tes, s'y frayentdesjpassagesqui ruy-
nant la figure &c l'arrangementdes
pores de çette plante la mettent er^
état de ne pouvoir plus retenir cel-
les qui luy serpient propres. Com-
me au contraire , le deffaut de
mouuementpeut faire que certains
sucs ne puissent auoir assez de for-
çe,pour s'introduire dans les semen-
ces qui le pourroient augmenter,
Se qu'ainsi elles deviennent inutiles,.
13. Delà encore on peut conje-
cturer que tous les petits sucs n'ayát
pas de figures semblables , tous ne
sont pas propres à s'insinuer dans
toutes fortes de semences, mais que
chacun âpres avoir heurté vaine-
ment contre celles où il ne peut en-
trer , peut en fin être emporté en
des endroits, où il rencontrera des
semences, dont les pores soient as-
'sez ajustez à sa figure pour l'arré-
ter. Desortequela même terre en,
peut contenir à la fois, &: le même
Soleil en peut émouvoir enmçjne-
du mouvement local. 9
assez de differens
temps , ,sucpour
nourrir vne plante donc le sera
mortel tout proche d'vnc plante
,
qui pourra servir d'Antidote à çe
poison : étant certain que iamais
l'une ne recevra ce qui fera propre
£ la nourriture de l'autre , par la.
même raison que deux cribles di-
versement percez n'admettront;
,
iamais que les grains qui seront pro-
portipnez à là figure de leurs trous.
14 Quant attx changemens de
quafité, qu'on appelle altération il*»

est facile de faire voir qu'ils arrivent


tous par ce mouvement auquel
,
nôtre définition se rapporte. Pour
cela il faut d'abord examiner ce
qu'on entent parie mot d'alteratió.
15.' On entent fans doute par ce
mot tous leschangemes qui peuvêt
arriver à un corps fans augmenter
ou diminuer fa masse ou fans dé-
,
truire cette constitution départies,
en laquelle on fait consister fa na-
ture particulière, c'est à dire,cequi
^e rend diffèrent des autres corps.
ÏQ BisïQUVS
ï6. Ie dis fans augmenter ni di-
minuer fa masse , par ce que cette
forte de changement est de quanti-
té , comme ripus l'avorjs çjéja rcr
marqué.
V7- î'ajpûte que l'alteration ne
jdoit point détruiredanslecorpsau-
quel elle arrive cette* constitution:
particulière départies, qui fait tou-
te fa nature & le rend diffèrent des
autres corps, parce que ce grand 8ç
dernier changement regarde la for-
me , dont nous deuons parler dans:
î'article suivant.
18. Cela posé, ie dis quelalterar
tion ne peut arriver fans mouve-
ment local. Car un corps n'étant
corps que par ses parties, ilnepeuç
recevoir de changement que par ses
parties.
Or il est certain que si les
19.
moindres de ses parties demeurent
tousiours en méme situation', fans
s'éloigner, fans s'approcher, 8C fans
passer les unes dans les autres : II est
certain, dis-je, qu'il n'arrivera point
du mouvement local. JJ
jle changement, &c que tant que ce
fepos de toutes les parties d'un 4

corps durera , on pourra asseurér


qu'il est toujours de même ^ c'est à
dire , qu'il n'est point altéré.
zo- Donc si l'en apperçoit du
changement dans un corps il faut
,
conclure qu'il est arrivé, parce que
ses parties se sont ou scrrées,ou écar-
tées, ou qu'elles ont passé les unes
dans les autres, ce qui np se peut fai-
re que par le mouvement local : se
conséquemment, c'est par luy que
les altérations, ou changemens de
qualité arrivent.
zi. Si nous descendons aux cho-
ses particulières, nous verrons par
exemple que le pain fans cesser d'ê-
,
tre pain peut avoir indifferemmët,
,
la qualité ou de tendre ou de sec,
mais qu'il ne peut être ni tendre ni
sec que par un mouvement fiíunc
,
différente situation de ses parties.
En effet, il n'est tendre, que par ce
que ses parties étant encores imbi-
bées des parcelles de l'eau dont il
Ii Difkows
est composé s sont plus pliantes Sg
résistent moins au toucher. D'ail?
leurs elles ont un reste de mouve-
ment qui les tenant plus éloignées
les unes des autres , font que l'on
peut facilement y mettre les dentsr
8c qu'elles mal-traittent moins le
pajais, $c les autres parties de la
bouche.
De même, il ne devient sec
ii. quelques
âpres iours , que parce
que les parcelles de l'eau , excitées
ou parleur mouvement propre , ou
par celuy. de l'air 8c des autres corps
voisins, s'évaporent. De sorte que
les parties, plus grossières qui de-
meurent avec un mouvement beau-?
coup moindre, se serrent dauanta-
geles unes contre les autres, Se lais-
sent le pain en tel état, qu'à peine y
peut-on mettre le couteau.
ÌJ. Cependatil est toûiours appel-
lé pain, parce que ses parties gardée
encor es assez de cét arangement,
dans lequel on fait consister fa na-
ture ainsi l'on void que ce n'est pas
5
du mous estent local. ï$
mal définir l'alteration,"que de di-
re que c'est un changement, tel que
le corps auquel il arriue,peut affe"
tíer quelques-uns de nos sens, au*
tremenc qu'il ne les affeetoic aùpa-
rauat: non toutesfois de telle sorte*
que nous n'y reconnoissions plus
rien de tout ce qui nous paroissoit
en luy} car en ce eas (ainsi que i'on
verra par la fuite) nous dirons qu'il
y auroit corruption d'une forme §
& génération d'une autre. Mais eé
que nous devons considérer ici,
c'est que l'alteration que nous
avons expliquée dans le pain, nV
tu pour cause que l'e'vaporation de
certaines parties , & le raproche*
íhent de quelques autres. Ce qui
est un mouvement suivant nòtre
définition.
14. Restent .les changemens de
forme,, que l'on appelle génération
ou corruption. On dit qu'il y a
corruption & ensuite génération
,
dans vne certaine portion de la
rnaticre, lors qu'on n'y reconnoît
Í4 'Discours-
plus rien de son premier atàrigë*
ment. Çt nos sens font tellemenc
les maiítres de nos créances , que;
quand il ne nous paroîc plus rien
cn une chòfc de ce qui nous y pa7
roissoit auparauánt, hon feulement
nous còmrtíençons à luy donner
vn riorri qui puisse répondre à la
nouvelle idée que nous en avons*
mais encore nous còmrtíençons a
croire qu'elle n'est plus la même;
& souvent nous disons que c'en est
Vné autré.
ay. Sans douce que nous parle-
rions plus propreíncnt, si nous di*
fions simplement qu'elle est routé
autre, c'est à dire, qu'elle est toute
à fait altérée. Mais qùoy,dn estac-
coùsturnc de faire deux ordres pu
espèces de changement, bien qu'H
n'y aie différence entr'eux que dií
plus ou moins. On veut quand
une choie n'est pas çliangcç ius-
iju a être méconnue , qu'elle soit
seulement alterc'e : Mars quand
son changement est tei, qu'il n'y
du mouvement local. ïf
|>aroît plus rien de tout te qui y pa-
roissoit,on assure que ce n'est plus la
même. Cependant si l'on confulce
là raison plutost que les sens, Toit
trouvera que cette chose est tou-
jours le même corps, lequel atoû-
JOUK autant de parties , & nc
peut avoir été change que par cc
que ses moindres parties sont dis-
posées tout autrement qu'elles n'e-
toient, si bien qu'elles n'ont plus
rien qui approche de leur première
conformation. Et pour montres
que le mouvement que nous avoná
desiny est la cause de ce dernier
,
çífect; aùffi bien que des autres,il nc
faut qu'examiner un de ses extrê-
mes changemens, que l'on appclle;
changement de forme.
i6. Vn tas de bled nous paroîc
divisé en plusieurs petits grains.
Les parties des tous les grains sont
pressées d'vne maniéré, qui les faic
presque ronds: & une écorce assez
délicate pour ne les point fouler,
mais assez forte pour les conserver^
\è \ jbijfsçfflì
repousse vers nos yeux la íurhíerê
d'une façop > qui nous les fait pa-
roître d'un gris jaunâtre, & mar-
qué de blanc en quelque endroit.
trj. Que si vous l'expoíez fous la
íneûle, vous verrez que les grains
qui font au dessus s'ernbarassanc
dans les petits creux qu'on a faiè
exprés en ecttè pierre sonc con-
,
trains de suivre ses mouvemens.
Et comme la première couche dé
ses grains a plusieurs pointes enga-
gées dans les entre-deux que fonê
entr'eux les grains de la seconde t
cette seconde est eh tnême-tcmps
obligée de suivre ^ emportant pat
même raison la troisième :&ç celle-
là celle qui sc treuve au dessous j
tant qu'en fin toute la masse tour-
ne. De sorte que le poids de lama-
chine joint à l'cssort des mouve-
,froisse
mens les grains brise ieut
,
éeorce & faic que chacune des
,
particulesqu'elle enfermoit, se dé-
barassant de celles dont elle estoic
environnée, se mile avec d'autres
' qui
du mouuement local. \"f
qui commencent ensemble à com-
poser un certain tout d'une cou-
leur si différente, &c d'une constitu-
tion si diverse de la première, que
n'y reconnoissant plus aucune des
apparences du bled , nous commen-
çons a rappelles farine :
Iusquesicyj
il me semble qu'il n'y a rien , qu'on
ne puisse assez facilement expliquer
par le mouuement que iay definy.
z$. Si pour faire du pain, oh sé-
pare les petits éclats de Fécorce qui
,
font le son,d'avec les parties qui font
laplusbelle farine, on voici que cela
se fait par les loix du mêtíie mouve-
ment.
z^. Si l'on vient à ráéler ces par-
ties de la plus délicate farine avec
les parties de Peau, en sorte que les
unes s'embarassant dans les autres*
elles commencent à devenir plus
liées entr'ellesjiecroy que personne
n'en cherchera la cause que dans le
même mouvement.
30. QìiÇÍi i °Pie^Ç.Q-Ce cetce masse
pétrie, à la chafëui"d'v'ivfeu r enfer-
• ': S'"': -rj ì i>
i8 Visio tirs
nié dans quelque lieu capable d'en
reunir loiìte 1 activité, elies élèvera
à abord, lapluspart des parcelles de
l'eau s'évaporeront les parties du
,
dedans estant excitées, s éloignerot
lés unes des autres,ceHes de la super-
ficie estant rasées par l'air, -sc les au-
tres petits cotpuscuies environ-
nans , seront plus polis, pius'serrezj
plus seichez &c plus colorez que ie
reste de cette masse. Enfin > fi aipres
le temps nécessaire, vous h retirez
d? ce lieu, vousla verrez entée état,
auquel vous l'appellez pain'.
31.
En vérité, n'est-ce ipas tou-
jours la même masse, qui a souffert
.

e-es
differenschangemerrs,,8£ he luy
sont ils pas tous arrivezipar le mou-
vement que noùs avons definy? Ce-
pendant on dit qu'elle a changé de
forme , qu'il y a eu corruption de
celle de bled,&generation de celle
de pain.
3z. Ie ne puis trouuer effrange
qu'on appelle mutation de forme
cét extrême changement , qui fait
dît ìnouyclient local. ì^
'qu'on nëreconnoist plus rien de cé .

qui paroissoit eh une massé, a la dif-


férence deceschangemês, qui étant
inoihdres soht ajppelleì simples al-
térations de qualité : Mais ie ne puis
concevoir ce quifàit imaginer à plu-
sieurs qu'une forme perisse,&: qu'u h
autre s'engendre; ni moins encore
qu'il salle passer par lá priuàtioni
jpour aller de 1 vrie à l'autre ce mi-
5
lieu m'a tousiours paru âustìcheme-
rique que les deuxextremitez,dont
oh veut qu'il isoit le lien. Et il me
semble que pouvant rendre raison
des plus grands changemens qui ar-
rivent.|à la inátiere par l'arrange^
,
ment, par les figures, 8c pair le mou-
vemeht que l'on y connoît ,,il ne
faut point former de houVeauJí
êtres que lonhe connòitpoinu
33. Ie sçay bien que plusieursqui
n'ont point coustume d'alleguër les
formes tant qu'ils s'en peuvent pas-
ser,ne vOht point chefcher d'autres
causes des changemens d'un corps
que ie mouvement de ses parties, St
B ij
lò Discours
la diversité de leurs figures , tandis
qu'ils peuvent appercevoir ce mou-
vement 8c ces figures: Mais toutes
les fois que les parties dont le mou-
vement & la figure causent quelque
changementjsont trop petites pour
estrcapperceuës,c'estalorsqu'ils re-
clament les formes, &: afin de sauver
1 honneur des formes qu'ils ont in-

ventées, 8c de leur donner toute la


gloire des generationsâls disent que
tout changement qui arrive par la
figure, ou par le mouvement, n'est
point vne génération.
34. Mais il est facile au contraire
de montrer qu'on peut rendre rai-
son de tout,ce qu'on appelle généra-
tion , par le mouvement &c la figure
des peckes parties soit qu'on les
,
puisse appercevoir,ou qu'elles soient
imperceptibles.
35.- Premièrement il est certain
,échapper
que les corps pour à nos
sens ,n'en sont pas moins des corps,
ils n'en ont pas moins leurs figures
particulières 8c ils n'en sont pas
,
du mouvement local. zl
moins susceptibles du mouvement.
Cela étant , si nous rendons raison
des changemens qui arrivent dans
les corps, par la figure Scie mouve-
ment de certaines parties ,
lorsque
nous les appercevons : 11 s'enfuit,
puis que nous sommes convaincus,
que les plus imperceptibles ont de
toutes ces choses, que nous devons
croire qu'elles agissent .comme les
plus grosses, 8c même qu'elles eau r
sent de plus grands changemens;
puis que plus que toutes les parties
d'un corps font petites., &c plus il est
susceptible des changemens qui peur
vent estre causez par ies mouve-
mens & les figures. •

3<£. La Nature n'a point fait de


loix pour lès corps que nous voyós,
ausquellesceux que nous ne voyons
pas, ne soient assujettis, 8c les règles
quelaMechanique sçaitestresicer-
tainespour les uns, sont infaillibles
pour les autres.
37. Et de fait, qui croira voyant
les bouillons d'une eau émue parla
B iij
iz Discours
chaleur du feu, & ces tourbillons de
fumée qui en exhalent, que quand
Fagitation de l'air les aura assez dis-
sipées, pour faire que chaque parti-
cule ne soit plus apperceiiè' elles,
,
n'auront plus de figure ni de mou^
vement,nesera-t'ilpas trompé dans
fa conjecture ?
38. Ou bien si croyant comme U
le faut croire, qu'elles gardent leurs,
figures 8c leurs mou vernes, il vient
a penser que ces figures 8c ces mou-
vemens nè suivent plus la loy des
autres, ne s'abusera il pas dans,
-
son raisonnement ?
39. Mais ne sera-t'il pas convain-
cu de son erreur, lorsque le froid
d'une plus haute région venant a<
calmer le mouvement de ces petio-
tes particules &c à les resserrer , les,
fera retomber en eau comme aupa-
ravant S'il estoit vray qu'elles ne
>

suivissent plus la loy des autres


corps, qui les y auroit pû soumettre.
une seconde fois, &C si elles eussent
échappé un seul moment à cette
du tnoul/ement local- 23
puissance qui eut pû les remettre
,
sous le joug ì
40 Ç erre s., on void qu'il est plus

raisonnable de conclurçe,. que tant
qu'une chose est corps pour petite
qu'elle soit, elle agk comme lesau-
cres corps : 8c si nous trouvons dans
la figure 8c le mouvement.la raison
de tout ce qui arrive en ceux que la
grosseur de kwrs parties sou-bniçt. à
nos sens, nous devons assurer que
c'est cela même qui cause le change-
de
ment ceux, dont le*parties sont
vrop déliées pour estreapperceuës.
.41. Mais afin que Fexemple de
l'un de ces changemens, où l'on dit
qu'il y a génération de nouvelle
£orme,nous serve encore en ce lieu ;
Voyons si cette masse qui a passe de
bled en pain, par des mouvemens
ss bien expliquez en nôtre définitif
pourra passer, en la substance d'un
homme Se prendre , pour parler
,
avec l'Efcolie , îa forme de chair „
par les mêmes mouvemens qui ont
rendu raifoade tout le reste.
B ìiìj
z4 Discours
4Z- Celuyqui en coupe'unmor-î
ceau , doit demeurer d'accord qu'il
ne le sépare du reste, que par un de
ces mouvemens
'.43. Si le mettant dans fa bouche
il le ronap en, parcelles plus délié
afin qu'il puisse passer das l'cesopha-.
ge, 8c si quelque salive s'y mêlant
sert à mieux faire cette première di-
vision, on void quetputcela n'arri-
ve que par le mouvement.
44. Sitout état passédásTestomac,
&cy treuvant certaine liqueur, dont
les.moindres parties coupantes ca-
me celle de Teau forte, font excitées
par la chaleur des entrailles : il est
encore plus divisé qu'auparavant,
8c reduit à peu prés au même état,
que ces lambeaux.de tant de diver-
ses couleurs assemblez sous les Mar-
telles d'u n mou lin à papier, lesquel-
les pour estre seulement imbibez
d'une eau qui y coule fans cesse ,se.
divisent en tant de parcelles, qu'élu
les composer une liqueur blanchâ-
tre comme la colle : Cela arriye-t'ii
du mouvement local. 25
par'd'autres causes que par le mou-
vement 5
45. Si lors que cette liqueur est
descendue de ce viscerre dans ceux
qui entourent le mesenstëre,le,pres-
sement continuel du bas ventrç
vient à exprimer les plus délicats
des parties à travers les pores, qui
répondent auxpetits conduits qu'on
nomme les veines lactées, 8c à re-
pousser les plus terrestres parties de
cette même liqueur dansles gros in-
testins pour en décharger le corps
,
comme d'un faix inutile : Nedoit-
on pas encore attribuer cét effet au
même mouvement ì
4.$.. Que si delà, le plu s délicat &c
le plus précieux de cette liqueur,
passant dans ces conduits que les
yeux n'ont pû suivre par tout, &c
dont la seule adresse de Monsieur
Pequeta sceu démêler les détours,
devient plus excité qu'auparavant,
soit qu'une portion débile s'y mêle
pour y lu donner plus d'action soit
,
que forçant des passages trop étroits
%,£ BtjCQtm
les parties acquièrent plus d*ém«s-
_

tion , &C à cause de cela commen-


cent: à, repousser autrement qu'elles
jeté faisaient la lumière contre nc&
yeux,on verra que tout cela se fait
pa,r le, mauviemeint.
47' Qu^ sise mêlant avec le sang;
%UÎ çoukdéjadans les vaisseaux que
fônature a, mechaniquemet disposée
à eés usage, il vaiusques au £oeur, oà;
|l acquiert encore plus, de chaleur
8$ d'action pour passer enfin dans
les artères.; Celafansdoute, est en:
çor« un effet du mouvement, 8s,
de la disposition de toutes fe& par-
ties.
4% Qje s'il est pousse dans les;
artères avec un effort qui les fas-
se, enster; iusques aux extremitez,
©n.forte que leurs peaux s'étenr
dant M leur, pores s'ouvrant, il
,
puisse passer des particules de sang»
par d&& pores qui soient ajustez à
leur figure, cela n'arrive-.t'ií pas par
le, mouvement ì
49. Que si çes particules quìs,'é~
à;ti mouvement local z^f
çhapent étant de différentes figu-
res , &c mains solides les unes que
les autres, selon les diverses prépa-
rations qu'elles ont receuès, &c les,
différents endroits o.ù elles ont pas-
sé, vortt ou plus loin ou plus prés,
se mêler entre íes filets droits ou
courbez, qui composent déja les
chairs en sorte qu'elles y fassent
,
çroistre la masse des parties qui leur
sont semblablesjTom cela ne se fait-
il pas par le mouvement, Sf cette
assimulation ,dontlaíraison cravail-
\Q tant ceux qui la vont chercher
où elle n'est pas i est-elle si d i Sicile
à concevoir parce biais l.
50. Par cette fuite on a pû ce',
nie semble appercevoir, que la mê-
me massé qu^on difoit avoir dans
y n certain arrangement, la forme
du pain a pacte lors que ses-mêmes,
,
parties ont esté plus divisées , 8ç
autrement ajustéesíes unes aux au-
tres en une liqueur à laquelle on a
assigné une autre forme. Enfin ,on
a. pû observer-que cette même li- '
&8 Discours
queúr, dont'toutes les gouttes pa-
roissoiènt uniformes quand ses par-
ties étoient bien mêlées, n'étoit pas
pourtant composée de parties tou-
tes semblables : puis que ía diversité
de leur figure &c de leur grosseur
leur adané moyen de passer par des
endroits si différents, Se de..former
en iìuh dedá chair , en l'autre de la
graisse,;en un autre des cheveux ,
Scehunautre une autre, chose : en
sorte qu'aucune de ses petites par-
celles n'est perie,maisatellement
change fa figure; fa situation 8c son
,
mouvement, qu'à voir ce qu'elle est
enl'homme, on a peine à croire ce
qu'elle étoit dans le pain.. Et cela ar-
rive, parce qu'ordinairement<3n ne
fuit pas assez exactement dans son
progrés la cause du changement
de chaque particule Sc que nc
,
considérant pas que c'est par le
mouvement qu'elle passe peu à peu,
d'un estât à l'autre ; on vient tout
à coup à considérer celuy où elle
a été a.utresfois, 8í celuy où on la
du mouvement local. %y
Voìd pour lors, comme deux choses
si étrangement différentes , qu'en
s'imagine que ce changement doit
avoir une cause tout autre que le
mouvement, 8c pour l'assigner, on
dit qu'il y a nouvelle forme.
51. Au reste il seroit facile
,
d'expliquer , en suivant, tousiours
ces petites particules que i'ay lais-
sées en differens endroits de nôtre,
corps , pouxquoy leurs mouve-
mens étant trop grands, elles sor-
tent du corps fans s'arrester de
,
manière que l'on devient presque
sec. Ie pourrois aussi expliquer
qu'elle est la figure des parties qui
font la graisse, comment faute d'un
assez grand mouvement, ou pour
estre trop abondantes elles s'em-
barassent, comment.âpres elles s'é-
puisent: 8c enfin qu'elle est le diffè-
rent cours des particules que les ar-
tères pouffent hors d'elles suivant
>
la différence des âges , des lieux &c
des faisons. Mais i'ay desia trop ar-
resté cette compagnie, 8c il mefuf-
30 Discours
fit d'avoir tante d'expliquer téái
les mouvemehs qui nous sont con-
nus par -une feule définition > ott
ee qui est lamêìrrae chose, de níon-
trer que tous ies mouvemens sonc
d'une même eípece : 8c que c'est
plûtost la diversité de leurs degrés
ou dé leurs effects sensibles j que
îá différence dé leur nature qu'on
a voulu marquer , quand oh leur
á donné tantôt le nom de mouve-
ment local óu changement de lieu}
ì&c tantôt celuy de
mouvement de
quantité, de qualité>ou de fortóe.
5z. On doit dire le.même *du re^-
pois ; car tant qu'une chose demeu-^
rera appliquée aux mê'mes parties
des corps envirofraans on appel-
,
lera cét état repos de lieu.
53. Que si lés parties dé cette
chose étant un peu eh mouve-
ment , on ne void pas que pour
cela elles se quittent ni qu'elles
,
admettent entf'ëlle's aucunes nou^
velles parties qui leur soient serri-
blableís': Ònssirâ -qu'elle h'-aúg-meh-'
au mouvement socoeL ìt
•*
te i. . .. point
ni ne diminue . 8c cet
, .

état s'appellera un repos de quan-


tité.
54. En fuite tant qu'on verra
,
que les parties de cette même cho-
se garderont toujours assez d'une
certaine situation , pour produire
toujours vn certain effet fur nos
sens quoy que d'ailleurs eiles se
j
remuent, on nommera cét état un
repos de qualité.
55. Et enfin tant qu'il luy re-
stera assez de cét arrangement de
"partie auquel on fait consister fa
,
nature particulière , on appellera
cét état un repos de forme.
56. Ainsi Messieurs, si un corps
demeure en même état , c'est que
ses parties n'ont point changé leur
situation 8c si le même corps â
,
changé d'état, cr^eíLparce que ses
parties ont change ïèùr^situâtion.
DISCOVRS
DE LA

A
AVIS D"V LIBRAIRE
Lecteur.
LE au
petit Traitéau mouve^
je viens de
ment que vous
donner spart de la plume du&
Philosophe, dont lestile montre
djfe\& l& netteté de ses con*
cessions &'lasoliditédeson es
prito LeT>iscourssuivant de la
B tévre est de la compostionsun
autre "Philosophe & Mathéma-
ticien, a qui le Public a quelque
sorte dobligation deplusieurs dé-
couvertes qu'il a faites dans la
^physique, le vousdiroisle nom
de tun & de lautre fi fen avois
la permission. Mais comme ces
Traitez*mont estécomuniqueXi
A ij
par quelque s-tins de leurs Amis
qm ne m ont pas voulu afieurer
de leur en avoir parlé: Tout ce
que 3 c puisfaire, est de vous dire
que ces petits Ouvrages ont esté
{eus dans une Assemblée Illustre
de Physiciens, qui fi tient une
fois la semaine chez> <ûìdr de
Aíontmor. Si vous me témoi*
gne^jque le présent que je vous
fais vous soit agréable, je ta-t
cheray pour voftre satisfaéiion
dyobtenir de l Auteur du dernier
Discours quelques Traitez* de
3
plus grande conséquence, qu'on
ma asurèquîla en estâtd este
missous la Preste.
DISCOVRS
FIÈVRE. DE LA

SlfSîSfflf Vis qv E le froid de


? |§§J|Ìl^a Fièvre fait aujour-
| É^fflSd'huy toute nostrere-
fJìPwilcherche, nous devons
principalement prendre gardede
ne rien avancer touchant fa na-
ture, qui ne s'accorde avec l'ex-
plication des autres phainomenes
oU accidens de cette maladie.
C'est pourquoy me hazardanfc
Aiij
6 Discours
d'en dire icy mon sentiment, ie
me trouve obligé de parler de la
Fièvre méme Et comme elle est
•>

une suite de quelque dérègle-


ment qui arrive dans le corps de
ranimai, il ne fera pas tout à fait
hors de propos de rapporter quel-
ques-unes des règles qui entre-
tiennent son harmonie.
II faut premièrement recon-
noître pour constant, que le sang
se raréfiant dans le coeur, 8c ainsi
acquérant la forme de l'esprit vi*
tal, en sort avec impétuosité pour
entrer dans les artères, par lesquel-
les il est porté jusqu'aux extremi-
du
tez corps» d'où il passe dans les
petites veines, & ensuittedans les
plus grosses, en forte qua la fin
Eoutparvient à la veine cave, qui
de la Fièvre. 1?
îeredonne au coeur» ou iltecom*
mence sa circulation, qui se reïterè
ainsi plusieurs fois dans4 espace de
chaque jôur.
C'est une vérité clairement de*
montrée pat plusieurs experiea*.
ces, & par des raisons tres-fortes*
qu'il y a dans le corpsplusieurs au*,
tres diverses liqueurs, qui ont pa*
reilletnent vn cours réglé & des
routes déterminées > tellement
que la plupart de ces parties qu'on
nomme solides, en ne se touchant
pas immédiatement > eamposenc
comme vne infinité de petits ca*
maux sensibles ou insensibles, par
où les parties fluides prennent leur
cours.
Les battemens de s artères» qui
font précisément égaux en nom*
A iiij
,,.& Discours
breà ceux du coeur, se renouvel-
lent toutes les fois qu'elles en re-
çoivent du sang. Et parce que
cette liqueur est composée de
plusieurs petites parties, qui se
meuvent diversement les unes à
l'égard des autres j il en échape
toujours une assez grande quan-
tité par les pores insensibles des
artères, qui sert à nourrir 1 animal»
ou à augmenter íbn corps quand
il est en estât de croistte.
Ces parties du sang qui se sépa-
ainsi des doivent Éns
rent autres
doute estre les plus agitées 8c les
plus subtiles de toutes > 8c ce qui
retourne dans les veines doit|cstre
le plus grossier î mais il se subtilise
en passant derechef dans le coeur.
C'est pourquoy toute la masse du
de la Fièvrel £
sang pourroit à la fin se conuertir
en esprits, qui échaperoient tous
desarteres, & ainsi le sang tarirait
dans les veines si ce n'eftoit qu'a-
>

vec celuy qui est prest à retourner


dans le coeur, il se meíle vne cer-
taine quantité de chile, dont il re-i
çoit quelle sorte de rafraîchisse-
ment, & qui le rend moins propre
à y prendre feu, & à s'y embraser.
Le sang qui sort du coeur cou-
lant sans cesse tres vîte dans tou-
tes les artères 8c les veines, porte
parce moyen la chaleur qu'il ac-
quiert dans le coeur à toutes les au-
tres parties du corps ; mais celuy
qui se porte en haut par le plus
gros canal de l'Aorte donne
,
moyen à ses plus vives parties de
passer au travers des artères Car o-
ìo Discours
tides jusques dâns le cerveau,où
estant séparées des autres moins
subtilts, ôc moins agitées, elles
composent les eíprits animaux,
qui passants de là dans les nerfs 8c
dans les muscles produisentdeux
effets considérables. Dont lèpre-
mier est, qu'enflant «n muscle
plûtost que fen opposé, eliesfont
que ce muscles'accourcit, & con-
séquemment qu'il tire le membre
auquel il est attaché, putsquand
le muscle opposé vient I s'enfler
& à se racourcir, il retire vers soy
cette partie , 8c la remet en fou
premier estât. Tellement qu'on
peut dire que le mouvement
des membres dépend immé-
diatement du cours des esprits
animaux.
de la Fie Wf* U
L'autre effet qui suit de ce que
les esprits coulent dans les nerfs >
est, qu'en continuant leur agita-
tion entre les filets qui composent
leur moelle ils les tiennent sepa-í
rez » 8c par ce moyen si les parties
du corps où ces filets aboutissent
font meuës par quelques objets
extérieurs >leur«at~tion se transmet
aisément jusqu'au cerveau, d'où
résultent quelques sensations 8c '>

c'est cét estât qu'on nomme U


veille.
Au contraire, si ces esprits man-
quent de remplir les nerfs, soit
qu'ils ayent esté tout à fait dissi-
pez, ou seulement qu'y en ayant
vne trop petite quantité ils ne
puissent pas suíEre à remplir le
cerveau & les nerfs, alors leurs
12 "Discours
filets demeurants lâches,- & com-
me collez les uns contre les au-
tres , rimpression que les objets
feront fur les organes extérieurs,
ne se transmettra plus jusqu'au
cerveau » & ainsi nous cesserons
de sentir r Et cét estât n'est autre
que celuy du Sommeil'-, qui ne
sçauroit finir qu'âpres qu'il se sera
fait des esprits animaux en si gran-
de quantité, qu'ils ayent Iaforcc.
de dilater le cerveau, & d'ouvrir
les orifices des nerfs, & enfuitte de
les remplir » Et quand il n'y au-
roit dans le cerveau qu'une fort
petite quantité d'esprits , pour-
veu ncantmoinsque le corps rc-
ceust au dehors vne impression
assez grande poUr estre portée
jusqu'au cerveau, nonobstant le
de U Fié\>re. 13
peu de disposition qui se rencon-
tre alors dans les organes, on ne
laisseroit pas de s'évsiller en quel-
que fiçon: Car alors il en rcful-
teroìceni'ame unesensation,qui
seroit cause que la pluspart des
clprits prenans leurs cours vers le
lieu d'où viendroit l'ímpression
,
les artères & les nerfs s'ouvri-
roient, 8c donnans ainsi passage
à ce peu d'esprits animaux, qui
fans cela auroient esté employez
à d'autres y sages, ils pourroienc
mouvoir quelques membres, 8c
disposer le corps à quelles actions
de la veille.
Ces remarques supposées, si
pour quelque cause que ce soit,
vnepecite portion de quelqu'une
de nos humeurs, croupissant en
14 Discours
quelque endroit de nostre corps
íe corrompt en quelque manière,
& coulant au bout de quelque-
temps, vient à se mefler avec le
sang des veines, par lesquelles elle
soit portée dans le coeur» la sup-
posant d'ailleurs moins propre à
se raréfier que lç sang que les Mé-
decins appellent louable : ( De
mesmequelebois verds'enflame
plus malaisément que celuy qui
est sec ) il doit arriver que le coeur
ne s'enflera que trespeu>& con-
séquemment que les artères qui
ne recevront qu'vn tres- petite
creuë de sang ne battront que
tresr foiblement. Et ce qui est ícy
de tres grande importance à ob-
seruer ,est, que les esprits vitaux
courant dans le corps en bien
de la Fièvre'; ïf
moindre quantité, &avec beau^
coup moins d'agitation que de
Ie
coutume, mouvement ordi-
naire des parties, lequel ils entre*
tiennent 8c en quoy consiste leur
chaleur naturelle, doit cesser. Et
ainsi nous deuons expérimenter
ce sentiment de froid qu'on
le froid de la
,
Fièvre, qui
nomme
peut estre accompagné decertaù
nés piqueures aiguës, ou mousses,
selon que la matière corrompue
qui couledans les artères ébranle
leur peau intérieure, ou selon que
quelques-vnes de ses parties qui é-
chapentpar les pores meuvent di-!
versement les filets des nerfs qu'el-,
les rencontrent en leur chemin. 1

Et parce que tandis que nous


sommes en cét estât, il est im-
3L<í
Discours
possible qu'il se fasse autant d'es-
prits animaux qu'à l'ordinaire,
ceux que la volonté détermine à
prendre leur cours vers quelques
muscles, pour mouvoir le corps,
ou pour le tenir en certaine po-
sture, ne se trouvants pas en quan-
tité suffisante pour presser les val-
vules contre les pores par où ils
peuvent échaper »
il doit arri-
ver que comme l'air qui n'a esté
seringue qu'en petite quantité
dans un ballon, ne presse pas la
languette contre le trou, 8c en
fort facilement : auíîì ces esprits
qui estoient entrez dans ces mus-
cles en échapent, & sc portent
témérairement d'un muscle dans
l'autre, 8c ainsi tirent & secouent
alternativement les membres vers
des
de la Fievréí ï$j
des parties contraires > c'est à-dû
re qu'ils causent ce tremblement
qui accompagne le froid de la
Fièvre»
Et bien que toute la matière
corrompue ait peut* estre passé
en moins d'un demy quart-d'heu-
re dans le coeur , il se peut faire
neantmoins que le froid ouïe fris-
son dure beaucoup plus long *
temps parcequeparlaloydeía
>
circulation, cette méme matière
peut-estre ramenée dans le coeur:
auec aussi peu de disposition à se
dilater qu'elle en avoit la pre-
mière fois qu'elle y a passé : Mais
par la méme raison qui faitque Ie
bois verd à force d'estre échauffé
s'embrase bienplus fort que le
bois sec : ce/tá0ï5àìfexrc corrom-
"""' ímsíí 'B'
ï& *' *Dï[ci)urs
pu-eápres avoir passé plusieurs foïs
àansle coeur, peut àîa fin s'y rare-
fier extraordinsirement 8c ainsi
>

en sortir bien plus vice & plusagi-


fécquede cóutnmc» ce qui surît
pour causer cét estât qu'on nom-
me tarifais-de la fièvre, qui suc-
cède â vn si grand froid.
-
Carpòur le battement du poulx,
ilesté vident qu'il doit être beau-
coup plus fréquent, & plus élevé
^u* decoutume'»-puisquele sang
íedechargc dans les artères par re-
prises plus souvent réitérées, &
<ju'il «st plus dilaté qu'à 1 ordinai-
res Et i'ondoií expérimenter vne
chaleur beaucoup plus gran-
de * puisque lé sang qui sort tout
bouillant du coeur,^st porté d'vne
tres- grande viteCe jusques au xex-
tremitez
de ta Fiêvrél
des membres i fans qu'il
^
aie le temps de se rafraîchir par la
longueur du chemin.
: De plus 'j parce que dans cét état
il doit entrer beaucoup plusd'ek
prits dans le cerueau,& de làdátis
les nerfs 8c dans lesmufclesi U en
doit résulter la difficulté de dor-
mir , les Couleurs de teste y cette
sensibilitétres importune par tou?
tés les parties du corps, Se cette
force extraordinaire qu'on obferì
Ve en quelques malades.
'Il peut méme arriver q ue les es-
prits animaux qui courent fortui-
tement dans le cerueau, & qui ont
beaucoup de forçe;se portent òpi*
niâtrement d'eux mémesi ouvrir
8c à ébranler certaines parties, à la
façon qu'elles lontautrefois esté à
B ij
iù ' Discours
íá présence de quelq ues objets Í
C'est pourquoy on sentira ces
mémes objets cóme s'ilscstoient
prèsens i Et c'est ce qui cause ces
fortes resveries.
Et si cét état duroit long-tempsí
comme les parties du fanç , qui
devroient s'aller joindre a celles
de nostre corps qui s usent con-
rinueliement afin de les réparer!
auroient beaucoup plus de mou-
vement que de coutume, elles ne
pouroient pas s'arrester contre el-
îésyihais passèroient outre enfer-
me de sueuri ou par transpiration
insensible j Sc en entraisneroient
méme avec soyquclques.unes: Et
ainsi le corps deviëdroit maigre à
la façon que les plates sè dessechéti
íôrs que durant une chaleur excef-
de h Fièvre! Mì
iîve,le suc de la terre qui lesde-
Vroit nourrir, passe au travers de
leurs pores fans s'y arrester.
lin y a pas dedoute que la Fié-Í
vre ne sîengendre àla fit çon que je
viensde dire :si l'on considerequç
quand il fe fait dupusdans quel-
que abcez,ou à l'occasiondequel-
que blessure, on expérimente ht.
Fièvre dont on est ordinaires
>

ment délivré quand ce pus cesse


de se faire, oùquandiipreûdìori
Cours hors du corps»
Au reste encor que cette matiè-
re pourriecesie de couler dùfoy er
où elle sestoit engendrée, & qu'il
nc s'en mêle plus de nouvelle a-
vec Ie sang qui va au coeur, celle
qui y est déja mêlée peut.sufÏÏce
pour faire durer l'accez-iusqu'à ce
Biij
quepâí plusieurs circulations elîè
se soit épurée, 8c réduite à peu prés
au tempérament dusang louable*
de méme que le vin nouueaus c-
claireit à la longue à force de
bouillir dans le tonneau. Ainsi
l'accez finissant, la Fièvre ne de*
vroit plus reprendre ,s'il ne restoic
comme vn levain,, ou certaines
dispositions au Heu où la première
matière s'estoit corrompue, pour
faire qu'ils'y en rasrembled'autrcî
laquelle s'estant derechef meuric
au bout d'un certain temps.., vient
à couler vers le coeur à la façon
de la première : Et ainsi cause
tous les mémes symptômes.
D'où il faut conclure que la Fiè-
vre estquarte, quand la matière a
besoinde trois jours pour se meu-
âeUFìé<vfêì $í
Vît, 8c devenir capable de cotííet
ave c le sang : qu'elle est tlercer*
quand elle n'a besoin que de cfaix
iours: qu'elle est continue quaad
ellecourecontinuêmençï Et cm
fin qu'elle est continue avecí i?e*
doublement, quand cette mafe
re a teliemét gasté le sang, qu'il ns
sçauroit fe purifier dans le téps qui
est compris entre ce montent au*
quel fa dernieregoutte s'est;évom-f
lée i & celuy auquel k ptentierç
goutte de celle qui s'êlt derechef
assemblée commence ÍJ coulet
le
vers coeur : où bien quand ccfe*
te méme matière qui íecorrompc
s'amasse en plus grande quantité*
qu'il nc s'en écoule : en forte qu**
au bout de certaines heures, elâe
puisse estre accrue â tel exces ,'
Bihj
A$ Dìfcour*
quelle force les digues qui lareté*
noient en partie,
Cardans l'un ou l'autre de ces
deux cas, estant vray qu'il y a un
temps auquel la matière corrom-
puëfeporte en plus grande quaaJ
cité au coeur,il estneceflàire qu'el-
le cause un plus grand embrase-
ment. Et cecyfcprouve, parce
que comme cette matière que
sous avons comparée au bois
vcrd, doit d'abord eu quelque
façon rafraîchir le Jàng, aupara-
vant que de se trouver capable
d^estre raréfiée : aussi quand elle
Î>asse pour la première fois dans
ecoeur, elle cause certains petits
frissons, &des dispositionsà dor-
mir , comme font les baillemcns
,& l'aflbupifíèment > Et ce n'est
de la Fièvre! 5|
qùensûitc qu'on expérimente le
redoublement.
Tout ce que j'ay dit deviendra
encore plus croyable,si l'on con?
sidère les moyens que les Méde-
cins employentpour guérir laFié-
Vre. Ce qu'ils nous ordonnent eí|
dene plus prendre tant de nourri-

ture, nous faire tirer du sangide
prendre quelques purgations: où
eequi est plus rare, denousfaire
appliquer quelque médicament à
fexterieur, aux endroits où les ar-
tères font moins cachées sous la
peau.Par les deuxpremiers moy-
ens nous avons sujet de devenir
un peu plus maigres, 8c les fibres
des chairs diminuant de grosseur
ne se.serrcntplussifort. Ce qui
est évident en ce que le corps d'u>
26 Discount \
ne personne maigre est plus moE
Et par là il arrive que ces.petirs ca-*

nauxpar coulent les humeurs
se dilatent, & le sang íe trouvanc
d'ailleUrs en plus petite quantité;»
il a moins d'occasiond'être retenu
à Tendroit ou il pourroit entre-
tenir la maladie. Peut- estre aufil
la
que nature des alimens contri-
buans à cette corruption, si l'on;
v ienta s'en abstenir, on fait que la
cause de la Fièvre cesse, & coníè-
quément l'effèt, qui est la Fié vre;
Par la purgation, le sang se peut
purifier, & se décharger de ce qui
le rendoit fort différend du sang
loiiablc : demêmequepar leméw
langed'une goutte de certaine li-
queur, les Chimyques clarifient
une grande quantité d'une autre
de la Fièvre 2%.
liqueur qui estoit. toute írpuble.»
_
Ensuite de quoy venant à passer
par le foyer de la Fièvre, il nedoiç
se
pas corrompre si aisément, &
les choses déviennent petits pptit
à leur premier estât. Ou bien il se>
peut faire que l'essct de la purga-,
tion soit défendre ie sang plus íi-,
quide fans changer autrement,
son tempérament;, & cela suffiroit,
pour guérir la Fièvre; parce qu'il:
pourroit avec cette qualité passer
où il estoit auparavant retenu»
8c conséquemment ne se plus,
pourrir. I'estime que les medi-
camens apliquez par dehors ne
sont capables que de ce dernier,
efíet & méme qu'ils doivent être,
,
moins efficaces que les autres,, à
í% Discours
cause qu'ils agissînt de plus loin*
Encore eroiroisje que le boa-
heur se doit joindre avec eux
pour faire qu'ils réussissent. E t si
je m'éloigne en ceci du sentiment
de ceux qui donnent aux remèdes
beaucoup plus de vertu qu'ils n'en
ont, aussi ne tiens-je pas leparty
de ces ennemis de la Médecine
?
qui disent que tous les remèdes-
indifféremment n'en ont aucune,
si ce n'est peut-estre celle de causer
une maladie différente de celle
qu on a déja, de
ou l'augruenter»
& que si l'on cótoit le nombre de
ceux qui meurentfautedese faire
traiter, il ne se r rouveroit pas plus
grád q ue celuy de ceux quimeurét
pour avoir esté traitez : 8c qu'il y
de la Fìévrël éf
in à rootautant quiéehapentdes
maladies fans Taide des Médecins*
de
que ceux qui doivent leur san-
té à l'execution de leurs ordon-
nances. A lleguans en outre ìe-
xemple de quelques peuples Se-
ptentrionaux : lesquels par une
pratique toute contraireàîanôtre
ne boivent du vin que quand ils.
ont la Fièvre ">
Et composent
quelque fois des Médecines d'ail
& de poudre à canon pillez &
broyez avec del'eau de vie pour
s'en délivrer. le nevoudroispas
être de ce sentiment : aussi ne
voudrois-je pascroireque les re-
mèdes ordinaires eussent d'autres
vertusque celles que j'ay déjarap--
portées, qui combattent la Fièvre
§0 Discours de la Fièvre.
suivant'Implication que j'en ay
dotínée, & qui ne la peuvent gue-
riravec certitude, qu'autant que
Texpérience nojìs, le fait con-
Tioîcre. ': :/0t'^^\ -:

FLÍít

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