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de l’expression
écrite et orale
Du même auteur aux éditions Sirey
Petit dictionnaire de culture générale
Le pictogramme qui figure ci-dessus mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que
représente pour l’avenir de l’écrit, particulièrement dans le domaine de l’édition technique et universitaire, le dévelop-
pement massif du photocopillage.
Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif
sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur,
provoquant une baisse brutale d’achat de livres et de revues, au point que la possibilité même pour les auteurs de
créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée.
Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, de la présente publication est interdite sans autorisa-
tion de l’auteur, de son éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20 rue des Grands-
Augustins, 75006 Paris).
Éditions DALLOZ
31-35 rue Froidevaux, 75685 Paris Cedex 14
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2o et 3o a), d’une part, que les
« copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective »
et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation
ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est
illicite » (art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée
par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Techniques
de l’expression
écrite et orale
11e édition
2008
actualisée
Sommaire
Introduction page 5
Chapitre I. S’informer page 7
I. Où trouver l’information ? page 9
II. Les moyens de l’informatique page 14
III. Critique de l’information page 15
Chapitre II Le Plan page 19
I . A la recherche du plan page 21
II . Principaux types : A. Addition page 29
B. Mouvement linéaire page 34
C. Opposition page 38
D. Raisonnement page 42
E. Structures combinées page 44
III. Avec le désir de persuader page 48
Corrigé des exercices page 79
Chapitre III. L’Argumentation page 85
I. Rôle de l’argumentation page 86
II. Petite panoplie d’arguments page 91
III. Mise en œuvre des arguments page 104
IV. Pour réfuter, quelles cibles viser ? page 106
V. Chercher les points faibles page 108
Corrigé des exercices page 131
Chapitre IV. Le Résumé page 137
I. A quoi sert un résumé ? page 138
II. La réduction d’un texte page 139
III. Une application page 142
Corrigé des exercices page 168
Chapitre V. La Synthèse – Le Dossier page 173
I. Une méthode page 174
II. Un exemple page 175
III. Le dossier page 182
Corrigé des exercices page 211
V
Chapitre VI. Conclusion – Introduction page 215
I. La conclusion page 216
II. L’introduction page 221
Corrigé des exercices page 235
Chapitre VII. Ecrits professionnels page 237
I. La note page 238
II. Le compte rendu page 239
III. Le procès-verbal page 243
IV. Le questionnaire page 248
V. Donner des ordres page 251
VI. La correspondance page 256
VII. La langue du e-mail page 262
VIII. La demande d’emploi – Le C.V. page 263
IX. Le communiqué de presse page 268
Corrigé des exercices page 275
Chapitre VIII.Le rapport page 285
I. Les rapports traditionnels page 287
II. Le rapport fonctionnel page 295
III. La présentation du rapport page 301
IV. Le mémoire ou rapport de stage page 306
Chapitre IX L’expression orale page 311
I. Les présentations page 312
II. La lecture à haute voix page 314
III. Adapter le langage au destinataire page 318
IV. L’intervention improvisée page 321
V. L’exposé préparé page 323
VI. La communication téléphonique page 327
VII. Discussions et travail en groupe page 330
VIII. Entretiens et négociations page 336
Corrigé des exercices page 340
Index page 343
Formes et techniques de l’expression page 343
Thèmes page 344
Auteurs cités page 344
VI
Les confidences
de Joseph Grand
auxiliaire municipal temporaire
C’est ici que se place l’originalité de Grand ou du moins l’un de ses signes. Il eût
pu, en effet, faire valoir, sinon des droits dont il n’était par sûr, du moins les
assurances qu’on lui avait données. Mais, d’abord, le chef de bureau qui l’avait
engagé était mort depuis longtemps et l’employé, au demeurant, ne se souvenait
pas des termes exacts de la promesse qui lui avait été faite. Enfin, et surtout,
Joseph Grand ne trouvait pas ses mots.
C’est cette particularité qui peignait le mieux notre citoyen, comme Rieux
put le remarquer. C’est elle en effet qui l’empêchait toujours d’écrire la lettre de
réclamation qu’il méditait, ou de faire la démarche que les circonstances exi-
geaient. À l’en croire, il se sentait particulièrement empêché d’employer le mot
« droit » sur lequel il n’était pas ferme, ni celui de « promesses » qui aurait
impliqué qu’il réclamait son dû et aurait par conséquent revêtu un caractère de
hardiesse, peu compatible avec la modestie des fonctions qu’il occupait. D’un
autre côté, il se refusait à utiliser les termes de « bienveillance », « solliciter »,
« gratitude », dont il estimait qu’ils ne se conciliaient pas avec sa dignité person-
nelle. C’est ainsi que, faute de trouver le mot juste, notre concitoyen continua
d’exercer ses obscures fonctions jusqu’à un âge assez avancé. Au reste, et tou-
jours selon ce qu’il disait au docteur Rieux, il s’aperçut à l’usage que sa vie
matérielle était assurée, de toutes façons, puisqu’il lui suffisait, après tout, d’adap-
ter ses besoins à ses ressources. Il reconnut ainsi la justesse d’un des mots favoris
du maire, gros industriel de notre ville, lequel affirmait avec force que finalement
(et il insistait sur ce mot qui portait tout le poids du raisonnement), finalement
NB. Les corrigés des exercices (Ex) se trouvent à la fin de chaque chapitre. Ils permettent
aux utilisateurs individuels de contrôler leur travail en le comparant à un essai de solution – car en
notre domaine il n’y a pas de modèle unique. Mais ces corrigés ne doivent être consultés qu’après
avoir pratiqué soi-même l’exercice, sous peine de réduire l’efficacité de l’étude personnelle.
Les travaux dirigés (Td) sont proposés sans corrigés car ils sont destinés à des activités ou
des contrôles effectués en groupes.
Le discours, en apparence, a beau être bien peu de chose, les interdits qui le frap-
pent révèlent très tôt, très vite, son lien avec le désir et avec le pouvoir. Et à cela
quoi d’étonnant : puisque le discours – la psychanalyse nous l’a montré –, ce n’est
pas simplement ce qui manifeste (ou cache) le désir ; c’est aussi ce qui est l’objet
du désir ; et puisque – cela, l’histoire ne cesse de nous l’enseigner – le discours n’est
pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce
pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer.
Michel Foucault, L’ordre du discours,
© Éditions Gallimard, 1971, p.12.
2 La presse
La lecture des quotidiens et hebdomadaires est utile, surtout pour les
questions d’actualité. Pourquoi ne recommanderions-nous pas le jour-
nal Le Monde qui est généralement reconnu comme l’organe d’infor-
mation le plus sérieux de la presse française ? Conservez les articles
qui sont susceptibles de vous servir plus tard. Le Monde publie chaque
mois Dossiers et Documents, supplément vendu à part qui rassemble,
autour de 2 sujets distincts, des extraits d’articles parus les années
précédentes.
Pour retrouver des articles concernant des faits plus anciens,
feuilletez les collections de journaux soit au siège de chaque journal,
soit dans une bibliothèque. Et vous disposez sur Internet des sites de
la plupart des publications.
Consultez aussi les revues et publications spécialisées. Il en existe
pour satisfaire toutes les curiosités. Vous en trouvez la liste complète
au dépôt ou bureau local des messageries ou dans le catalogue des
périodiques d’une bibliothèque.
Vous pouvez aussi découvrir les titres des publications distribuées
par les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne ou par les Messa-
geries Lyonnaises de Presse sur leur site Internet respectif
(www.nmpp.fr et www.mlp.fr).
1 Les CD-Rom :
Votre micro-ordinateur doit être équipé d’un lecteur et, généralement,
d’une carte-son (traitement et émission des sons numérisés). Ces
disques proposent des informations de toute nature, sous une forme
attrayante (textes, images fixes ou animées, son). Leur capacité de
stockage est importante : une encyclopédie volumineuse peut être
contenue sur un tel support.
2 Internet :
La « toile » incontestablement est la voie royale pour se documenter,
elle vous met en contact avec presque toutes les informations du
monde.
Bien sûr, il faut disposer d’une adresse électronique obtenue
auprès d’un opérateur ou fournisseur d’accès (Orange, Free, AOL,
etc.). Renseignez-vous sur les conditions ; il en existe de gratuits.
L’utilisateur paie soit un abonnement illimité, soit d’une durée fixée
au-delà de laquelle les heures supplémentaires sont facturées.
Les grands fournisseurs d’accès proposent leur portail (moteur de
recherche). Vous pouvez aussi contacter un autre moteur (par exemple
Yahoo ! ou Google). Les moteurs les plus nombreux sont anglo-
phones, mais offrent une version en français. Vous indiquez par
quelques mots l’objet de votre recherche. En réponse vous obtenez
une quantité souvent impressionnante de titres de documents ; par un
tri de plus en plus pointu, vous parviendrez à obtenir le renseignement
souhaité.
Date de l’information ?
Elle a une importance évidente dans les secteurs où les évolutions
des connaissances sont rapides. Un document de 1980, outre son inté-
rêt historique, peut être valide s’il contient des idées générales, s’il
touche à un problème permanent. Par contre, il sera périmé en grande
partie s’il concerne des données économiques ou techniques. Il
convient donc de classer les documents dans l’ordre chronologique
inverse, en commençant par les plus récents qui ont plus de chance
d’apporter l’information la plus à jour. Sur Internet notamment, la
date doit être vérifiée.
䊐 C RECOUPEMENT
En cas de doute, c’est la méthode à utiliser. Ce procédé, illustré par
les enquêtes policières, a toujours son efficacité. Confirmer un fait
par deux ou plusieurs documents conforte les certitudes. En opposant
contradictoirement des sources, des essais, des données, on parvient à
mieux établir les faits.
4 La présentation du plan
Elle doit être nette et rigoureuse grâce à l’ordre de la mise en page.
Car elle fait apparaître (si vous étudiez un document) ou elle préfigure
souvent (si vous préparez un travail de rédaction ou une intervention
orale) l’organisation d’un texte long, comme un mémoire, un rapport
ou un exposé.
Vous pouvez aussi, pour indexer les divers éléments d’un plan,
avoir recours à
䊐 B LE MOUVEMENT LINÉAIRE
C’est un ordre que l’on adopte aisément, car il correspond aux grands
axes de l’univers humain : l’espace et le temps.
1 L’espace
Si j’ai à décrire un local, une installation, je peux énumérer les éléments
qui les composent en suivant le mouvement même du regard qui les
découvre successivement dans l’espace : de la gauche vers la droite,
ou du bas vers le haut, ou depuis l’entrée jusqu’au fond, etc.
Voici un exemple de ce type de plan :
Une usine hydraulique se compose en général des ouvrages suivants :
– un barrage de prise d’eau sur le cours d’eau dont on veut capter la puis-
sance ;
– un canal d’amenée dans lequel sont dérivées les eaux ;
– une conduite forcée ;
– l’usine elle-même, et un canal de fuite qui restitue les eaux dans le lit
naturel de la rivière.
2 Le temps
L’ordre chronologique est peut-être plus spontané encore, plus cou-
rant. C’est celui de tout récit historique évidemment.
Un bon exemple de cet ordre est constitué par le compte rendu
d’un accident de la circulation qui se doit d’être précis en ce qui
concerne la suite des faits dans le temps.
En voici un autre exemple. En 2003, le gouvernement avait
demandé à une commission, présidée par Bernard Stasi, de réfléchir
Plan du texte :
Remarques :
• Très souvent un même plan associe la succession des faits dans
le temps et dans l’espace. Ainsi un compte rendu de voyage est en
même temps géographique et chronologique.
• Le plan linéaire ne manque pas d’efficacité, mais s’il est tentant
pour ceux qui répugnent à pousser plus loin leur effort d’analyse et
de composition, il faut se méfier de son apparente facilité.
• Il convient de renoncer très souvent à l’ordre linéaire et d’en
adopter un autre plus révélateur. Ainsi après une enquête, un stage,
une réunion, une inspection, etc, on ne se contentera pas simplement
de transcrire ou de lire les notes que l’on a prises ; ce serait souvent
䊐 E STRUCTURES COMBINÉES
Si les structures que nous venons de passer en revue suffisent à mettre
en ordre un texte bref, c’est souvent leur combinaison qui permet
d’ordonner un texte plus long et plus complexe. Ainsi une de ces
structures commandera l’ensemble et, à l’intérieur de chacune des par-
ties, d’autres viendront organiser les développements secondaires.
Vous constaterez vite que tout le monde utilise peu ou prou ces
enchaînements d’idées et que la clarté d’exposition et le talent ne sont
souvent que la maîtrise de ces structures étagées. Et vous vous convain-
crez aussi que cela est à votre portée, soit pour pratiquer une lecture
approfondie, soit pour construire à votre tour le plan de vos interven-
tions écrites et orales.
Prenons comme exemple cet article :
§ 1. Aujourd’hui l’horizon familial de nos sociétés développées se situe quelque part
entre la famille matricentrée de type afro-américain (la femme, chef de ménage,
vivant seule avec ses enfants et parfois sa mère, auxquels s’ajoutent, comme des
pièces rapportées, des mâles de passage qui restent le temps de faire un enfant
supplémentaire)... et la solitude pure et simple.
§ 2. Cette solitude voulue, heureuse (?), est-elle fille de l’esprit du temps qui encou-
rage les tendances les plus narcissiques de l’individu ? Il y a quelques années, une
superbe créature qui s’affichait sur les murs de Paris annonçait avec un sourire
espiègle : « Ce soir, j’ai rendez-vous avec moi. » Le phénomène n’est pas propre à
la France. Comme les autres indicateurs des nouvelles façons de vivre – baisse
de la natalité, déclin du mariage, augmentation des divorces, légalisation de
l’avortement, etc. –, il touche presque tous les pays occidentaux, avec une diffu-
sion progressive du Nord au Sud : les pays scandinaves ont été les pionniers du
changement ; les pays méditerranéens (Italie, Espagne, Grèce, etc.) rattrapent le
peloton à marche forcée.
§ 3. Mais la tendance au célibat s’appuie aussi sur une assez longue tradition par
laquelle l’histoire de nos pays occidentaux se distingue non seulement de l’est
de l’Europe mais de presque toutes les autres civilisations. Le démographe bri-
tannique John Hajnal, qui a été le premier à théoriser la particularité du « modèle
de mariage occidental », le définit par deux traits qui l’opposent nettement à ce
§ 7. Sous la Révolution, le célibataire est l’ennemi que l’on matraque d’impôts supplé-
mentaires. Au XIXe siècle, l’homme célibataire, souvent rentier, artiste ou homme
de lettres, est un monstre, facilement suspecté d’égoïsme ou de turpitude. Quant
à la vieille fille, quand on ne la soupçonne pas de dissimuler une cupidité d’acca-
pareuse (voir Balzac), on l’appelle « mademoiselle » avec un mélange de compas-
sion et de mépris.
Remarques
Dans cet article, plusieurs structures se retrouvent, à divers
niveaux.
.............................................................................................
V.Suspension
.............................................................................................
VI.Direction
.............................................................................................
.............................................................................................
.............................................................................................
etc.
2 OPPOSITION
La contradiction n’est parfois que négative : on veut prouver que la
thèse avancée par un autre n’est pas acceptable, ou que l’action propo-
sée serait inutile ou dangereuse. Le plan aura aussi la forme d’une
accumulation ou de l’association d’arguments. Mais le plus souvent,
on oppose, à la thèse que l’on repousse, une autre thèse que l’on
défend. Le plan est alors articulé sur un double mouvement, le premier
I II
Deuxième plan
I. Réfutation de la thèse opposée
II. Argumentation en faveur de votre thèse
I II
Troisième plan
I. Critique de la thèse adverse
A. concession
B. réfutation
II. Argumentation en faveur de votre thèse
I II
I II
§1 L’une des choses que je crois avec le plus de force – l’une des rares dont je sois
à peu près sûr – c’est qu’il n’existe, de nous à l’animal, qu’une différence du plus
au moins, une différence de quantité et non point de qualité ; c’est que nous
sommes de même étoffe, de même substance que la bête (...).
§6 Certes, nous conviendrons, en toute objectivité, qu’on n’a pas le droit de tenir
l’évolution organique pour une certitude dès lors qu’il s’agit d’événements révo-
lus sans témoins et dont il est permis de douter que la nature actuelle nous
fournisse encore l’exemple ; mais si l’on ne peut que croire 1 en l’évolution, il est
quasiment impossible, pour le biologiste, de ne pas y croire, et il serait fâcheux
qu’un excès de scrupule positiviste jouât au bénéfice d’hypothèses somme toute
beaucoup moins plausibles que celle de l’évolution.
1. L’on ne peut qu’y croire, c’est-à-dire qu’on ne peut pas l’affirmer, l’établir avec une certitude
absolue.
3 RAISONNEMENT
Les plans étudiés ci-dessus ne méconnaissent pas, bien sûr, la logique.
Mais il nous reste à indiquer sommairement deux schémas d’organisa-
tions complexes.
• Schéma discursif :
I. La situation : les besoins constatés ou l’objectif à atteindre.
II. La proposition : solution préconisée – sa description.
III. Réfutation des objections possibles.
IV. Avantages de la solution proposée.
« Urgences » en anglais !
Enseigner les langues étrangères aux enfants, c’est bien. Faire en sorte qu’ils les
parlent et les comprennent, c’est mieux.
Le non-dit honteux de tous les débats menés en France sur l’enseignement des
langues porte précisément sur les résultats. Les élèves français apprennent des
langues, ça oui. Ils commencent plus tôt que la plupart des autres élèves européens
– ne parlons même pas des Américains –, ils en font plus d’heures, pendant plus
d’années, et ont le choix entre plus d’idiomes. Deux langues mortes, cinq ou six
langues régionales, une dizaine de langues étrangères principales et une foule de
langues plus rares sont accessibles, non pas à tous les élèves, mais à un très grand
nombre d’entre eux. C’est une offre éducative d’un luxe sans équivalent. Et le
ministère de l’éducation nationale va encore pousser dans ce sens en proposant des
langues vivantes variées aux enfants de maternelle.
Avec un tel investissement, on pourrait, on serait même en droit de s’attendre que
les Français soient de fins polyglottes. Ceux qui ont moins de cinquante ans
devraient parler au moins l’anglais, puisque sur une scolarité de douze ans ils l’ont
étudié sept ans ; l’allemand vient derrière, comme première ou deuxième langue
obligatoire (cinq ans d’études), ensuite l’espagnol... Or l’expérience personnelle et
L’histoire des transports peut être vue comme une succession de réponses à des
enjeux politiques, militaires ou stratégiques : souci de marquer l’unité d’un territoire
Les images que nous avons tous en tête du Monde sont des planisphères. Cette
figure nous semble neutre. Certes, les effets pervers des choix de projections carto-
graphiques sont bien connus, particulièrement ceux qui ont tendance à sous- esti-
mer la zone intertropicale (dont on se souvient alors qu’elle abrite les pays en voie
de développement...). On prend souvent moins garde au fait qu’elle est orientée et
qu’elle a des bords.
Or le choix de placer au nord l’« orientation » (terme qui littéralement signifie
tourné vers l’est) et non vers le sud, comme les cartes chinoises anciennes, est une
conséquence de la position assez septentrionale de l’Europe et de son écriture à
partir du haut. Plus lourdement, la position centrale généralement accordée au
fuseau Europe-Afrique découle d’un placement au centre du lieu initiateur de la
mondialité. Comme disent naïvement de jeunes enfants : le méridien de Londres a
été choisi comme origine parce qu’il est au milieu. Et, au fond, ce ne fut pas si faux,
en tout cas quand l’Europe du XIXe siècle avait effectivement ordonné le Monde
autour d’elle. À ce moment, le choix de la ligne de changement de date au milieu du
Pacifique s’imposait logiquement. Et les deux bords gauche et droit du planisphère
correspondaient alors à des bouts du Monde.
Cette projection de la subjectivité européenne sur le globe va beaucoup plus loin
dans des cadres de pensées qui pourraient sembler neutres. C’est, pour l’essentiel,
l’Europe qui a nommé les parties du Monde, ce qui suppose qu’elle les a préalable-
ment découpées. Sans doute les continents paraissent des réalités plutôt paisibles,
des sortes de grandes îles qu’on apprend très tôt à l’école à identifier et à nommer.
1. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts [1750], éd. Jacques Roger, Paris, GF-
Flammarion, 1992.
1. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, IIe partie [1883], « de la délivrance », tr. fr.
G. Bianquis [modifiée], Paris, Gallimard, 1947, p. 138. Voir le commentaire de Martin Heideg-
ger, Essais et conférences, tr. fr. A. Préau, Paris, Gallimard, 1958, puis coll. « Tel », 1980, p. 133 sq.
2. Claude Lefort, in « Entretien avec C. Lefort » (19 avril 1975), l’Anti-mythes, no 14, novembre
1975, p. 10.
3. Voir mon livre L’Effacement de l’avenir, op. cit., passim.
4. Ibid., p. 217 sq., 459-467.
1. Georges Sorel, Réflexions sur la violence [1908], Paris, Marcel Rivière, 1972, p. 301.
1. Prévalence : rapport du nombre de cas d’une maladie à l’effectif d’une population donnée,
sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens.
䉲 Ex 2 Pas de corrigé.
䉲 Ex 3 Si nous laissons de côté des rubriques trop précises (ou des sous-titres) et
le fait que n’importe quelle information peut passer en première ou dernière page,
si elle est importante, nous pourrons classer de la façon suivante :
1. Actualité politique :
a) intérieure : 6,9 ;
b) internationale : 3,8,13,15.
2. Actualité sociale et économique : 5, 10.
3. Actualité sportive : 1,11.
4. Faits divers : 7.
5. Culture : 4,12.
6. Revue de la presse : 2,14.
䉲 Ex 4 – À cause de la route : 3, 5, 6, 7.
– À cause des autres usagers : 4, 8, 12, 13.
– Pour obéir à la signalisation : 1, 2, 14.
– En raison d’intersections diverses : 9, 10, 11.
䉲 Ex 7 La mode de l’antiquaille
I. Manifestations de cet engouement :
䊊 䊊 䊊 Remarque :
Ce plan est une addition des avantages de ce sport.
䉲 Ex 9 à 12 Pas de corrigés.
䊊 䊊 䊊 Remarques :
Le mouvement du texte est très clair. L’auteur fait d’abord un constat, assez
pessimiste, de la situation du système français de protection sociale. Il critique
ensuite et les mesures déjà essayées pour remédier à cette situation et les
mesures que l’on envisage ici ou là. De sorte que la vraie solution, qui est
proposée dans la conclusion, apparaît comme la seule raisonnable. Notons que
son principe seul est indiqué et que l’auteur ne la formule pas en détail.
La structure du texte est donc celle du raisonnement : on part de faits, on
recherche ensuite comment les modifier, en rejetant les remèdes vains ou
dangereux, en proposant enfin le bon remède.
À l’intérieur des deux parties de ce mouvement logique, on peut reconnaître
des structures secondaires d’addition en I B, en II A et en II B.
䉲 Ex 14 « Urgences » en anglais !
Introduction (§ 1) : Il ne suffit pas d’enseigner une langue, il faut la faire
parler.
I. L’état de l’enseignement des langues en France (§§ 2 à 6) :
a. Constat (§§ 2 et 3) : on enseigne beaucoup de nombreuses langues étran-
gères mais avec des résultats décevants.
b. Réfutation d’une objection possible (§ 4) : Les Français polyglottes le
doivent à un ascendant étranger, ou à un séjour prolongé. Ce sont des privilégiés.
c. La fracture linguistique (§§ 5 et 6) : L’anglais étant indispensable, ne pas
le pratiquer par manque de moyens est une nouvelle source d’inégalité.
II. Les solutions insuffisantes (§§ 7 à 9) :
a. Un enseignement précoce et abondant se révèle inopérant (§ 7).
b. Une méthode efficace mais inégalitaire (§§ 8-9) : étudier dans la langue
étrangère, comme dans certains pays africains ou de l’Est ; comme dans les lycées
internationaux ou les filières bilingues. Ce sont surtout des enfants favorisés sociale-
ment qui en bénéficient.
III. Une bonne solution hors de l’école : la télévision (§§ 10 à 12) :
a. L’exemple des Scandinaves (§§ 10 et 11) : ils pratiquent l’anglais parce
que ni à la télé ni au cinéma les films ou émissions étrangers ne sont doublés.
b. Imitons-les : les séries américaines pourraient devenir des exercices lin-
guistiques et, comme les enfants les moins favorisés les regardent aussi, cela rédui-
rait cette inégalité linguistique.
Conclusion (§ 13) : Ainsi apprendre une langue étrangère pourrait être un
plaisir.
䊊 䊊 䊊 Remarques :
Ce plan est basé sur un raisonnement, de nature argumentative ; observez la
concession faite au § 4, la critique préalable des solutions non satisfaisantes,
le plaidoyer pour la solution préconisée qui s’appuie sur des exemples.
䊐 E DU CONTENU AU TYPE
Faisons à présent un petit effort d’abstraction.
Si je dis : « Votre argument du coût de l’opération (ou de la
qualité de ce matériel, ou du standing de la maison, etc.) m’a convain-
cu ; je suis décidé à acheter cet appareil », j’ai désigné par le mot
« argument » un contenu.
L’analyse d’une argumentation s’arrête le plus souvent à ce
niveau. Tout au plus, et nous avons procédé ainsi globalement dans le
chapitre II, classe-t-on les arguments d’après leur provenance, leur
appartenance à des catégories qui n’ont pas été établies en fonction de
leur structure logique : on parlera, par exemple, d’arguments tech-
niques, économiques, psychologiques, etc. Ce classement permet de
䊐 B AUTORITÉ
Si, pour faire adopter vos idées ou votre solution, vous signalez que Mon-
sieur Un Tel, jouissant d’un certain prestige, est du même avis, vous utili-
sez l’argument d’autorité. Le prestige viendra de l’âge, de l’expérience,
de la compétence, des fonctions exercées, de la valeur morale, etc.
D’autres « autorités » seront invoquées : une opinion répandue,
un livre réputé (La Bible, le Littré, etc.), une science en général, un
corps professionnel (La Faculté dit que...), un journal, etc.
Pour recommander certaines techniques de gestion, d’éducation,
etc., on se contente souvent aujourd’hui de faire appel au prestigieux
modèle américain.
䊐 C CAUSE
On a souvent l’impression de n’avoir compris une situation que lors-
qu’on a découvert ce qui l’a provoquée. C’est dire l’importance que
l’on attache au rapport causal et l’utilisation fréquente qui en est faite.
L’argumentation s’attachera :
䊐 D DÉFINITION ET DESCRIPTION
Dire ce qu’implique une notion, en quoi consiste tel phénomène, ce
qu’est tel objet, c’est définir.
La définition est souvent regardée comme un simple élément
d’information : de même que l’on décrit une machine à quelqu’un
qui doit s’en servir, de même l’on s’efforce, pour éclairer un débat, de
préciser par exemple ce que l’on entend par « autonomie », « légitime
défense », etc. Mais l’on se rend moins compte que la définition est
un des instruments les plus fréquemment utilisés et les plus efficaces
lorsqu’il s’agit de persuader ; ce pouvoir tient à la nature même de la
définition.
En effet, définir, c’est habituellement choisir parmi un ensemble
de caractéristiques, car l’on ne peut toutes les énumérer. Ce choix ne
dépend pas seulement de l’importance du caractère considéré, mais
aussi et surtout de ce que l’on veut prouver.
䊐 E DILEMME
Enfermer quelqu’un dans un dilemme, c’est lui prouver que les deux
solutions qu’il peut imaginer pour se tirer d’affaire sont également
dangereuses et inacceptables.
Une fois que vous aurez bloqué ainsi votre adversaire, vous profi-
terez de son désarroi pour lui présenter une troisième solution, la
vôtre, seule issue à la situation.
Ainsi le plus souvent le dilemme n’est établi que pour être
dépassé au bénéfice de votre thèse.
Un Directeur de société cherche à recruter un cadre de la Fonc-
tion Publique : « Votre situation de fonctionnaire restera toujours
médiocre. Ou bien vous vous contentez de votre traitement. Ou bien
vous faites des heures supplémentaires et l’État vous en reprend, par
l’impôt, une grande partie. Pour mener une existence plus large, venez
chez nous : vous aurez des avantages plus substantiels. »
䊐 G ÉTAPES, GASPILLAGE
Pour encourager quelqu’un à aller jusqu’au bout de son effort, du
travail qu’il a entrepris, on usera parfois de l’argument qui consiste à
jalonner le chemin qui reste à parcourir. Faire miroiter un but trop
éloigné n’est pas toujours efficace ; on montrera donc qu’il est pos-
sible d’atteindre un premier résultat partiel, puis que le résultat suivant
n’est pas très éloigné, etc. Cet argument que nous appellerons « des
étapes » peut être figuré par une escalade pénible marquée d’arrêts,
de paliers (voir partie V : Engrenage).
On fera inversement mention des étapes déjà parcourues, des
sacrifices déjà consentis. Tous ces efforts seraient perdus, gaspillés, si
l’on ne persévérait pas : heures de travail, démarches, discussions, frais
engagés, etc.
Appliqué à l’avenir, le même argument du gaspillage invitera à
ne pas négliger une occasion qui se présente.
䊐 H ÉVALUATIONS
Plusieurs arguments ont une grande force logique parce qu’ils s’ap-
puient, de façon plus ou moins nette, sur une notion de mesure . Assu-
rément hors du domaine des sciences exactes, il serait impossible
d’effectuer une mesure véritable. Si je demande à un voisin de me
prêter son échelle pour que je puisse atteindre les hautes branches de
mon cerisier, parce qu’elle est plus longue que la mienne, il ne pourra
justifier un refus en rejetant mon argument : cette comparaison est
quelque chose de vérifiable, de rigoureux. Il n’en ira pas de même
pour de nombreux arguments fondés sur des évaluations parfois très
subjectives et qui sont sujettes à discussion.
3 Probabilités
On accorde aujourd’hui une certaine confiance à des probabilités esti-
mées à partir de calculs, de statistiques, etc. Mais les erreurs commises
par des Instituts de sondage des opinions prouvent qu’il reste une
marge d’appréciation subjective.
D’ailleurs nous étayons notre argumentation sur des probabilités
bien plus douteuses, parce que nous ne sommes pas capables d’utiliser
des techniques fort savantes, ou parce que nous appliquons ce raison-
nement à des réalités peu mesurables. Il n’empêche que l’argument,
sous- tendu par une idée de mesure assez vague, a une certaine effi-
cacité.
1 Est-ce un argument ?
« Je vous le donne en exemple » signifie que l’on recommande de prendre
une personne, un acte pour modèles à imiter (voir : Autorité).
Mais quand on dit : « Prenons un exemple », ou : « Donnez-moi
un exemple », c’est parce que l’on éprouve le besoin de sortir d’un
développement trop abstrait, d’examiner à propos d’un fait précis et
concret ce qui vient d’être affirmé d’une façon générale. L’exemple
est alors souvent une simple illustration. On serait par suite tenté de le
ranger parmi les moyens d’animer le style.
Prenons-y garde : bien loin de n’être qu’un ornement dont on
pourrait se passer, l’exemple joue très souvent le rôle important de
preuve. Il fonde un principe, une règle, sur un ou plusieurs cas particu-
liers ; c’est dire qu’à partir de l’exemple on généralise, on raisonne
par induction.
2 Comment l’utiliser ?
a)Le choix de l’exemple exige une juste appréciation de la situa-
tion. En particulier, le fait évoqué doit, pour être convaincant, apparte-
nir à un domaine familier au destinataire ou proche de son expérience.
On se méfiera de l’exemple que l’on a voulu trop significatif et
qui perd sa valeur parce qu’il est exceptionnel.
b)L’exemple conserve parfois un certain degré de généralité :
« La jeunesse, disent les vieux, ne respecte plus rien. Ainsi les jeunes cadres
veulent tout bouleverser dans notre entreprise. » Ce premier exemple, jugé
trop général, pourra être précisé : « Dans mon bureau d’études, M. X...
trouve peu pratique notre système de références pour les pièces ; il en propose
un autre qui nous obligerait à modifier tous les numéros. »
c)On alignera quelquefois une série d’exemples. Bien des déve-
loppements sont constitués uniquement d’illustrations diverses d’une
même affirmation, ou accumulent des cas particuliers d’où l’on
conclura à la validité d’une affirmation.
d)Lecteur ou auditeur, on sera attentif à ce passage du général au
particulier (ou inversement) que constitue l’exemple.
Sans doute il n’est pas toujours facile de distinguer un exemple
d’une comparaison ou d’une analogie (voir : Analogie). L’exemple,
fait précis et concret le plus souvent, doit être compris comme appar-
tenant à l’ensemble défini par l’affirmation à laquelle il est rattaché.
Qu’il fonde la « règle » ou l’éclaire, l’exemple est rarement absent
䊐 J FINS ET MOYENS
La succession causale peut être envisagée sous deux aspects :
• Fait Conséquence (voir : Cause ).
• Moyen Fin.
Conçue comme le rapport d’un moyen à une fin, elle prêtera à
des argumentations variées. On prouvera que :
1. Tel moyen est le meilleur pour atteindre tel objectif.
2. Tel moyen qu’on a permet d’envisager et d’atteindre une fin.
On fera état des possibilités techniques, par exemple, dont on
dispose pour la fabrication d’un nouveau matériel, pour le contrôle
d’un produit, d’un procédé.
3. Telle fin permet tel moyen.
Pour des raisons diverses, techniques ou morales, on montrera
qu’un moyen, jugé d’abord inacceptable ou discutable (le coût, la
durée, etc.), doit être employé, parce que l’objectif qu’il permet d’at-
teindre en vaut la peine.
䊐 L SYMBOLE
Le symbole établit une relation particulière entre deux termes, renvoie
de l’un à l’autre sans les distinguer nettement.
La valeur symbolique est parfois difficile à déterminer, car un
même objet, par exemple, peut être à la fois signe et symbole. Ainsi
le drapeau français à la fois désigne une nation et la symbolise. Un tel
objet prend alors une valeur exceptionnelle et si, par exemple, on
déchire ou brûle ce simple morceau de tissu, on exprime une certaine
opinion à l’égard de la France ou du principe de nationalité. Cet acte
est d’ailleurs répréhensible. Il y a peu de temps, un jeune Américain
a été condamné à un an de prison parce qu’il avait ravaudé son panta-
lon avec un drapeau de son pays.
Une valeur symbolique sera souvent attachée à un objet, un acte,
un événement, qui en sont ordinairement dépourvus ; ils auront alors
une portée toute différente. L’augmentation du prix du pain naguère,
du bifteck hier, du litre d’essence aujourd’hui n’est pas seulement celle
d’un aliment, mais est significative de toute l’évolution économique.
Ainsi la présentation d’un fait comme symbolique fournit parfois un
argument frappant.
IV - POUR RÉFUTER,
QUELLES CIBLES VISER ?
䊐
L’objectif, c’est l’argumentation adverse. Mais on dirigera le tir de son
artillerie tantôt sur un secteur, tantôt sur l’autre.
1 L’ensemble de la thèse
Parfois la critique ne s’applique pas à démontrer, à analyser ; c’est un
refus global, justifié par des affirmations générales : la solution est
inefficace, ce projet n’est pas acceptable pour un homme honnête, etc.
Cette façon de faire, souvent très légitime, est condamnable lorsqu’elle
correspond à une réaction affective, lorsqu’elle sert à masquer un refus
de discussion. Elle intéresse plus la psychologie et la tactique que la
logique de l’argumentation.
3 Les données
Entendons par ce mot à la fois :
a) Les faits
Vous prouverez s’il y a lieu que la situation ou le problème n’a pas été
étudié à fond, que l’exposé est incomplet ou partial ; vous opposerez à
ces faits des données complètes et sûres. Cela vous sera possible si
vous avez vous-même procédé à une enquête préalable et si vous avez
un dossier solide. Mais vous irez parfois plus loin dans cette analyse
critique, prouvant que tel fait admis implicitement mérite d’être
réexaminé. De nombreuses réfutations se placent à ce niveau.
b) Les vérités
Toute discussion s’appuie nécessairement sur des vérités plus générales
qu’on ne remet pas systématiquement en cause. Dans certains cas vous
estimerez qu’il y a lieu de les réviser. Par exemple, pour vous opposer
au projet d’une nouvelle fabrication, vous inviterez à revoir le prin-
cipe, admis jusqu’alors dans l’entreprise, suivant lequel « plus on met
de produits divers sur le marché, plus les bénéfices augmentent ».
Qu’il s’agisse de faits circonstanciels ou de vérités, veillez à ne
pas être dupe d’une pétition de principe , qui consiste à présenter comme
vrai et admis ce qu’il faut peut-être prouver et établir.
Ainsi pouvez-vous discuter un fait ou une notion en pratiquant
une dissociation : vous distinguez entre la réalité et l’apparence, le sub-
jectif et l’objectif, la théorie et la pratique, etc.
4 Les arguments
Nous entrons à présent dans l’analyse des raisonnements proprement
dits.
Distinguons deux modes de critique :
䊐 A ANALOGIE
1 Vous contestez la valeur de toute analogie : « Comparaison
n’est pas raison. »
2 L’analogie est quelque chose de fragile ; vous n’admettez pas
la similitude de rapports ; A/B n’a rien à voir avec C/D ; tout au plus
A ressemble vaguement à C .
䊐 B AUTORITÉ
1 Vous contestez « l’autorité » invoquée
– cette personne n’a pas le prestige qu’on lui prête,
䊐 C CAUSE
Pour réfuter une argumentation qui tente d’établir un rapport de cause
à effet entre deux événements, selon les cas on objectera, que :
䊐 D CONTRADICTION (INCOMPATIBILITÉ)
On m’a reproché une contradiction.
1 Je prouve que les deux points qui paraissent s’exclure mutuel-
lement sont en réalité conciliables et peuvent coexister.
Par exemple, j’ai souhaité que le gouvernement construise plus de logements
et favorise l’expansion de l’industrie. On m’affirme que ces deux actions sont
incompatibles, qu’il faut choisir l’une ou l’autre. Je réponds que justement
ce sont les pays, comme les États-Unis, où l’investissement en logements a
progressé, qui ont connu la plus forte croissance industrielle.
䊐 E DÉDUCTION
(Voir partie II : Transitivité, syllogisme )
Dans une argumentation, le raisonnement aura parfois une allure
déductive ; en fait, dans des systèmes ouverts, cette déduction n’est
jamais rigoureuse.
Ainsi le point de départ du raisonnement (ou prémisse) est-il
souvent fragile.
䊐 F DÉFINITION (DESCRIPTION)
Point n’est besoin d’insister ici. Nous avons vu que, pour définir un
objet, un phénomène, etc., dans une argumentation, on pratiquait un
choix parmi des caractéristiques nombreuses. Il sera relativement aisé
de montrer que ce choix est discutable, que d’autres caractéristiques
seraient à retenir.
䊐 G DILEMME
Si l’on prétend vous enfermer dans un dilemme, vous essaierez :
1 De prouver que ce n’est pas un vrai dilemme. Les deux solu-
tions envisagées, par exemple, ne sont pas les seules ; on peut fort
bien en imaginer une autre pour sortir de l’impasse.
2 D’argumenter en faveur de la moins mauvaise des deux solu-
tions. Ainsi notre fonctionnaire (voir partie II, Dilemme) rétorquera au
Directeur de société : « S’il est vrai que mes impôts augmentent avec
mes revenus, je gagne quand même à faire des heures supplémentai-
res. »
3 D’établir que le dilemme disparaîtra avec le temps.
䊐 H EFFICACITÉ
L’argumentation basée sur le seul critère de l’efficacité sera combattue
par l’appel à des valeurs jugées plus nobles.
Ainsi on discutera une amélioration de la productivité parce
qu’elle léserait les travailleurs (fatigue accrue, horaires incompatibles
avec une vie de famille normale, etc.). On opposera ainsi à une valeur
d’ordre économique une valeur humaine jugée supérieure.
䊐 I ENGRENAGE
(Voir partie II : Étapes)
䊐 J FINS ET MOYENS
䊐 K GÉNÉRALISATION ABUSIVE
(Voir partie II : Exemple, induction )
Elle consiste à établir une vérité générale sur un cas particulier
ou un trop petit nombre d’observations.
Elle sera réfutée aisément à l’aide d’autres exemples qui prouvent
le contraire.
䊐 L PERSONNE ET ACTES
La solidarité établie entre une personne et ses actes sera parfois
détruite, souvent diminuée sans grande difficulté.
1 On veut vous persuader que telle personne, responsable de tel
acte, n’est pas estimable, doit être écartée de telle fonction etc.
Vous objectez que :
– ou bien elle n’a pas commis cet acte,
– ou bien l’acte doit être interprété autrement ou expliqué par
des circonstances exceptionnelles,
– ou bien l’acte n’a pas de rapport avec la question à résoudre.
Évidemment si le délit est flagrant, il n’y aura pas de réfutation
possible.
2 De même, ne vous laissez pas abuser par l’idée qu’un homme
est totalement solidaire de tel groupe auquel il appartient. Son apparte-
nance au groupe sera parfois incertaine, et, même si elle est patente,
ne peut-il avoir des opinions, un comportement individuels ?
䊐 M SACRIFICE
Voir partie II : Évaluations, 2)
La balance entre ce qui est sacrifié et le résultat pour lequel le
sacrifice a été consenti est parfois déséquilibrée. L’argument offre alors
une prise à la réfutation.
䊐 N SYMBOLE
La force du symbole et même son existence sont variables d’un groupe
à l’autre. Vous en diminuerez parfois l’éclat, en limitant son domaine
d’action.
Vous nierez même la valeur symbolique d’un geste, d’un évé-
nement.
䊐 O TOUT ET PARTIES
1 Une partie peut valoir plus, en qualité , que le tout. Vous refuse-
rez donc le tout pour privilégier la partie intéressante.
2 Si quelqu’un a procédé par division d’un tout en ses parties,
puis par élimination de toutes les parties, à l’exception d’une seule,
vous vérifierez si l’énumération est complète. Vous découvrirez peut-
être un autre élément qui n’a pas été envisagé.
䊊 Ex 2 Même travail
Faux tranquillisant de l’opinion, la peine de mort risque d’être, pour les pouvoirs
publics, un alibi qui les dispense des réformes profondes, seuls moyens capables de
faire reculer le crime. Ce qu’il faut condamner à mort, c’est l’argent-roi, l’alcoolisme
(90 % des cas de bourreaux d’enfants), le proxénétisme, la dissociation familiale,
l’étalage de la violence, la prison-pourrissoir...
(même source que le texte précédent).
䊊 Ex 3 Même travail
Mettez votre café moulu à côté de notre café moulu. Votre mouture est beaucoup
plus grosse, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’elle ne fera jamais un café vraiment
bon, vraiment parfumé : un café moulu plus fin est un café qui libère beaucoup plus
d’arôme dans l’eau. Et donc, qui donne le meilleur de lui-même dans votre tasse.
Et bien, direz-vous, il n’y a qu’à laisser tourner son moulin plus longtemps ! Erreur :
les moulins chauffent, et l’arôme du café s’évapore dans l’air...
Alors ? Alors, chez Melitta, nous broyons notre café d’une manière toute particu-
lière : lentement et à froid. Pour garder tout l’arôme intact.
(extrait d’une publicité)
䊊 Ex 4 Même travail
Sans vouloir me prononcer sur le fond, il me paraît intéressant de comparer l’enjeu
et le coût d’une grève, celle des agents de la RATP.
L’éducation mondialisée
Avant tout, il faut répondre à la question : qu’est-ce qu’un être humain ? Une
réponse raisonnable, conforme à ce que nous apprend la science et qui ne devrait
choquer aucune religion pourrait être la suivante : un homme est un individu réalisé
par la nature, semblable à tous les êtres vivants, mais qui a le pouvoir de se méta-
morphoser en une personne consciente, à condition d’être tiré hors de lui-même,
d’être éduqué.
Cette fonction d’éducation peut être considérée comme l’impératif premier de
toute organisation sociale. Elle doit par conséquent avoir la priorité dans la réalisa-
tion d’une organisation de l’ensemble de l’humanité. La tâche de cette dernière est
donc de mettre en place un système éducatif prenant en charge tous les petits
d’hommes. Bien sûr, la diversité des cultures doit être préservée, mais le coût du
système éducatif de chaque nation doit être supporté par toutes. Pourquoi ne pas,
pour commencer, faire rémunérer tous les instituteurs par un organisme unique,
l’Unesco par exemple, dont c’est explicitement la fonction ?
L’écueil le plus évident qui se dresse sur la route du pacifisme, c’est que les pacifistes
sont obligés de se dire que si leur action était efficace, son premier effet serait de
mettre les États dans lesquels le pacifisme serait une force politique appréciable à
la merci de ceux dans lesquels il serait impuissant, ce qui reviendrait à permettre
Il ne faut pas maltraiter les mots car on risque de se faire mal comprendre et aussi
mal juger.
C’est pourquoi le Petit Robert vous signale toutes les difficultés grammaticales qu’il
illustre par des exemples.
Et quand on sait ce qu’on veut dire, on peut demander appui aux grands auteurs
pour le dire encore mieux. « La forme est la chair même de la pensée ». C’est une
citation de Flaubert. Dans le Petit Robert il y a des milliers d’autres citations, d’au-
teurs classiques ou contemporains.
Cela évite de rester sans mot dire.
Le Petit Robert vous aide à trouver vos mots et à vous exprimer clairement. N’est-
ce pas le meilleur moyen pour se faire comprendre ?
Une langue n’est conquérante qu’autant que le peuple qui la parle est conquérant
et pèse de toute sa suprématie sur les peuples environnants, par la force des armes,
par le monopole du commerce ou de l’industrie... Et la culture, hé ? La culture,
c’est comme le reste, elle est du côté des gros bataillons et des gros comptes en
banque. La nécessité impose l’hégémonie. Le prestige suit.
Nous ne parlerions pas une langue issue du latin si les Romains n’avaient pas vaincu
et soumis la Gaule. L’Europe entière, du moins l’Europe aristocratique, parla fran-
çais aussi longtemps que, de Richelieu à Bonaparte, les armées françaises mirent
l’Europe à feu et à sang. Les classicismes s’épanouissent au pied des trônes vain-
queurs. Corneille, Racine ni Molière ne sont nés au Luxembourg. Voltaire, Diderot
ni Balzac ne sont nés à Monaco. Et si Rousseau vit le jour en Suisse, il s’en est bien
vite échappé.
La victoire amène la puissance. La puissance amène la richesse. La richesse amène
les loisirs. les loisirs des rois sont des loisirs chic. Donc, la victoire amène la culture,
qui est le plus chic des loisirs. Et qui ajoute à la puissance le rayonnement intellectuel
et artistique, chose particulièrement prisée des tyrans illettrés.
Enfin, bon, le français n’est plus la langue du plus riche, du plus fort, du plus vain-
queur, du plus grande gueule. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, le français, car
il se croit toujours la langue du plus intelligent, du plus fin, du plus artiste. Il trouve
que ce n’est pas juste et il traite, en son for intérieur, les étrangers de grossiers qui
ne savent pas apprécier ce qui est bon.
Aux siècles où le français rayonnait, il fit aux autres langues nationales exactement
ce que l’anglo-américain est à son tour en train de leur faire : il les subjugua, il les
snoba, il les infiltra, il les imprégna.
Le vocabulaire allemand est truffé de mots français. Le russe aussi, concurremment
avec des mots allemands, la Russie ayant plus souvent senti le poids de la botte
prussienne que celui de l’escarpin français et ayant de ce fait conçu une haute idée
du prestige teuton, mais comme les expressions qu’elle empruntait à l’allemand
provenaient elles-mêmes bien souvent du fonds français, un certain nombre de
mots russes ne sont autres que des mots français prononcés à l’allemande (« guéné-
ral » : général, « batalione » : bataillon... Petite curiosité : les expressions universelles
䉯 Td 3 L’arche de Noé
Une nouvelle court sur les téléscripteurs et terrorise tous les habitants du globe :
par suite d’une grave avarie survenue dans une énorme usine nucléaire en Amérique
du Sud, la surface de la terre va être dévastée dans un délai inférieur à 2 heures.
Rien ne peut arrêter le processus de désintégration en cours.
Le Haut Conseil des Nations décide d’envoyer dans l’espace le seul engin de vol
cosmique disponible et fiable, car il est préprogrammé totalement et n’a pas besoin
de recourir à des bases logistiques au sol. Seules six personnes peuvent prendre
place à bord. Le Haut Conseil espère qu’après un vol de 200 jours en orbite, ces
6 représentants de l’humanité parviendront à revenir sur terre et à s’adapter aux
conditions qui régneront sur le globe ruiné et désert. La mission qui va être confiée
aux rescapés est, en somme, de perpétuer l’espèce humaine qui sera détruite par
la catastrophe.
Le navire spatial contient, entre autres équipements destinés à assurer la survie,
des réserves d’oxygène, d’eau, de vivres, des médicaments de première nécessité,
des outils, des semences, un couple de chiens, un de chats, un coq et trois poules,
une encyclopédie britannique, etc.
La candidature de dix personnes disponibles immédiatement est présentée par le
Haut Conseil à un Comité spécial qui doit procéder à l’ultime sélection.
(Attention au feu)
Ce sont vos enfants qui vous le demandent. Pour leur santé.
Pour « leur avenir ». Car les forêts, c’est leur domaine.
Et ils savent.
Ils savent que chaque hectare de forêts en moins représente des millions de mètres
cubes d’oxygène perdus dans un monde qui en manque tragiquement.
Ils savent que quand les arbres brûlent, c’est une partie de l’âme de notre pays,
presque ses monuments historiques, qui part en fumée.
Ils l’annoncent dès la première ligne et c’est vrai : l’ouvrage qu’ils ont rédigé à
quatre mains est « un livre de colère ». Un livre accusateur, qui ne mâche ni ses
mots, ni ses arguments, ni sa dédicace : « À la mémoire de Roger Nimier, Albert
Camus, Louis Nucera, Fernand Raynaud, Françoise Dorléac, Coluche, Lady Diana et de
quelque cinq cent mille autres victimes anonymes. » Autant d’images et de souvenirs
qui arrachent aussitôt le lecteur à la torpeur des discours et des statistiques, en le
mettant d’emblée dans l’état d’esprit souhaité par les auteurs : attentif et concerné.
Cinq cent mille victimes, c’est le nombre de tués sur la route en France depuis
1950. Ramené de nos jours à environ 8 000 décès par an, 700 par mois, 22 par
jour. Soit l’équivalent de deux Airbus qui s’écraseraient chaque mois, ou d’un télé-
phérique bondé chaque jour. Le tout dans une indifférence générale, alimentée par
la conviction qu’il n’y a rien à faire contre une telle fatalité, rien qui n’ait déjà été
tenté par les pouvoirs publics.
䉯 Td 6 Soit dans une discussion collective, soit par une réflexion indivi-
duelle, essayez de résoudre le problème suivant :
En des temps anciens, lorsque l’enseignement était payant et très coûteux, un pro-
fesseur de droit avait accepté dans son cours un jeune homme doué mais démuni
de toute ressource financière, en lui accordant des conditions spéciales de crédit :
l’étudiant paierait le prix des leçons lorsqu’il aurait gagné sa première cause devant
un tribunal. Mais quand l’étudiant eut achevé ses études, il ne se fit pas avocat, ne
gagna donc ni ne perdit aucune affaire en justice, et ne versa rien au professeur !
S’estimant lésé, celui-ci engagea une action devant un tribunal afin de se faire régler.
Voici les conclusions des deux parties.
Le professeur demande au juge d’être payé :
a) si l’étudiant perd le procès, car celui-ci a lieu pour décider justement du paie-
ment ;
䉲 Ex 3 Efficacité.
䉲 Ex 4 Évaluations.
䉲 Ex 6 Dans les deux premiers §, la définition de l’homme est orientée vers la thèse
de l’auteur, l’obligation d’une éducation mondialisée.
Dans le troisième, pour soutenir ce point de vue, utilisation d’une analogie
entre éducation et élevage, encore plus frappante entre vaches et enfants.
Dans le quatrième, généralisation de cette analogie avec d’autres domaines
((banques, commerce).
䉲 Ex 10 Les distraits comprennent sans doute que 100 % de ceux qui ont tenté leur
chance ont gagné !
La publicité est d’autant plus séduisante qu’elle paraît s’appuyer sur une
statistique, c’est-à-dire sur une donnée quantitative, mesurable (cf. Évaluations).
䉲 Ex 13 I) a) Ces deux faits sont : l’extermination des peuples d’Amérique et, par
suite, la disparition de la main-d’œuvre dans ce pays.
b) La faiblesse du raisonnement :
– la cause principale évoquée (l’extermination des Américains) n’est pas un
phénomène naturel contre lequel l’homme ne peut rien (inondations, tremble-
ments de terre, etc.) ;
– l’effet ne s’imposait pas non plus : ne pouvait-on trouver de la main-
d’œuvre autrement qu’en faisant des esclaves ?
2) a) On fait travailler la canne à sucre par des esclaves pour que le sucre
soit moins cher (ou bien : le sucre est moins cher parce qu’on fait travailler la plante
qui le produit par des esclaves).
b) Le tour choisi par Montesquieu est plus piquant : il oblige à saisir le réel
par l’intermédiaire de l’irréel.
c) Les deux transpositions ci-dessus accentuent l’une, le rapport de moyen
à fin (pour que), l’autre, le rapport de cause à effet (parce que). En fait, toute la
fausse naïveté de l’argument résulte du flottement entre ces deux rapports. Celui
qui parle fait semblant de ne voir là qu’un rapport (objectif) de cause à effet ; nous
y découvrons une fin d’ordre économique (on veut laisser le sucre à un bas prix)
pour laquelle est employé un moyen odieux, qu’elle ne justifie pas : la réduction
d’hommes en esclavage.
3) La réfutation est opérée sur un mode ironique : elle prend l’apparence
d’un plaidoyer en faveur de l’esclavage. Mais les arguments se détruisent d’eux-
mêmes, si bien que l’on ne peut s’y tromper : Montesquieu plaide la cause des
nègres réduits en esclavage. L’ironie est grinçante ; le mot « exterminer » trahit une
indignation, qui était bien rare à cette époque-là.
䉲 Ex 14 Ces deux « syllogismes » font rire parce qu’ils aboutissent à des conclusions
fausses, à des absurdités, bien que la majeure et la mineure soient recevables. Il y
a donc erreur formelle, sophisme.
On peut analyser, de diverses manières, ces pseudo-raisonnements ; le plus
frappant, c’est qu’ils intervertissent des termes. En effet, ils sont construits en appa-
rence sur le modèle scolaire bien connu : « Tous les hommes sont mortels/Or
Socrate est un homme/Donc Socrate est mortel ». Mais, pour être conforme à ce
modèle et correct, le premier syllogisme devrait se présenter de la façon suivante :
Le chat a quatre pattes/Isidore et Fricot sont des chats/Donc Isidore et Fricot ont
quatre pattes. Correct cette fois, ce lourd raisonnement aboutirait cependant à une
䉲 Ex 17 La Tour Eiffel
Dans ce débat, les idées principales sont aisées à repérer et à comprendre.
Cependant l’argumentation est, dans le détail, d’une grande richesse. Nous retien-
1 La première lecture
Elle évitera deux erreurs opposées : le survol trop rapide et la lenteur
tatillonne. La deuxième est peut-être plus fréquente que la première :
on veut travailler avec le plus de soin possible, on lit très lentement
et l’ensemble n’est plus perçu, l’arbre cache la forêt. Il convient donc,
en mobilisant toute son attention, d’accélérer le mouvement, de ne
pas s’attarder pour l’instant à un mot inconnu, à une construction
inhabituelle. L’essentiel est de bien voir de quoi il est question, quelle
est l’idée principale : celle-ci est souvent exprimée nettement une ou
2 La lecture approfondie
Si vous avez repéré les sommets, vous pouvez à présent entreprendre
une promenade plus lente sans crainte de vous égarer.
C’est le moment de souligner les termes porteurs des idées impor-
tantes, de cocher les passages significatifs, de numéroter dans la marge
les faits ou les arguments qui se succèdent, d’entourer les mots et les
formules de liaison, d’éclairer, à l’aide d’un dictionnaire, le sens de
mots plus difficiles. Mais, attention ! pas de surcharge de signes : cer-
tains, usant de crayons ou feutres de couleur, transforment le docu-
ment en peinture abstraite et...indéchiffrable.
Pour des textes plus longs, efforcez-vous de trouvez des sous-
titres, des inter-titres, comme on le fait couramment dans de nom-
breuses revues. Cet effort d’analyse et de formulation vous permet de
repérer le plan du texte, d’en saisir le mouvement (comme on l’a vu
au chapitre II). Ainsi vous assurez les fondements de votre résumé.
䊐 D LE PLAN DU RÉSUMÉ
Il faut prendre garde au fait qu’une idée extraite de son contexte
immédiat et déplacée peut se modifier, s’altérer, parfois gravement.
Résumer, ce n’est pas prélever au hasard des idées importantes, mais
c’est faire ressortir les rapports qui existent entre elles.
Si le texte original présente un plan simple, clair, solide, il n’y a
aucune raison de le détruire ; on veillera particulièrement à conserver
le plan lorsque le raisonnement est serré.
Mais si le plan du texte est maladroit, confus, si l’on a affaire à
un texte écrit à la diable, où les idées s’enchevêtrent et se répètent, il
est préférable de construire un plan. Cette solution ne sera adoptée
qu’avec prudence, après une analyse attentive du document : il
comporte peut- être, en effet, une organisation mais que l’on n’a pas
aperçue tout de suite.
Votre résumé ne comptera pas nécessairement le même nombre
de paragraphes que le texte. Le plus souvent vous opérerez des regrou-
pements d’idées. Analyser un texte et le résumer paragraphe après
paragraphe, mécaniquement, est d’ailleurs une mauvaise méthode : la
䊐 E CONSEILS PRATIQUES
1 Plus on a étudié le texte, plus on a souligné de mots, d’expres-
sions jugées importantes, plus on va être tenté de fabriquer son résumé
en ajoutant bout à bout, et tant bien que mal, des fragments prélevés
ici et là. Le résumé ressemble ainsi à un habit rapiécé ou au costume
d’Arlequin.
Cette manière de faire n’est pas acceptable : le résumé devient
peu cohérent, peu fidèle. Résumer, c’est, une fois qu’on a bien
compris, exprimer les idées importantes dans son style personnel, en
évitant de reprendre paresseusement des lambeaux du texte. Il ne faut
pas confondre le résumé avec la citation .
2 Le résumé doit être clair et « autosuffisant ». C’est pourquoi
certains « trucs » faciles, comme le style télégraphique et les paren-
thèses, sont à éviter ; ces procédés, surtout répétés, ne facilitent pas la
lecture, ou même rendent le résumé obscur.
De même on évitera l’abstraction excessive, en conservant les
exemples indispensables, et on ne rendra pas la suite des idées difficile
à saisir en supprimant tous les mots de liaison, toutes les formules
d’annonce ou de rappel, sous prétexte de concision et d’économie.
Un bon test consiste à lire son résumé en oubliant le document
de départ ; cette lecture attirera votre attention sur ce qui ne va pas
3 Pour permettre l’exploitation ultérieure du résumé, n’oubliez pas
de mentionner la référence précise du document original et la date du
résumé. Reportez également le titre ou, si le texte n’en comportait pas,
créez-en un qui donne l’idée la plus précise du contenu.
§2 Une baisse progressive de la fécondité a été prise en compte dans les calculs.
On a admis qu’elle aboutirait au niveau assurant exactement le renouvellement
des générations au début du prochain siècle pour la Chine, au milieu pour l’Asie
du Sud-Est, et à la fin pour l’Afrique et l’Amérique latine. Certes, une accélération
de cette baisse peut intervenir, mais elle est peu probable compte tenu de l’in-
fluence puissante de l’ensemble des contraintes culturelles sur le comportement
procréateur. On sait à quelles extrémités les autorités chinoises ont dû se rési-
gner pour infléchir la progression de l’effectif de ce pays. Il est peu probable que
d’autres États recourront à de telles méthodes.
§3 Les prévisions présentées ont été calculées en admettant des progrès dans la
lutte contre les maladies tels que l’espérance de vie à la naissance soit partout
de 75 ans à la fin du XXIe siècle. Cette égalité devant la mort ne sera sans doute
pas encore réalisée, mais on peut espérer que tous les efforts seront faits pour
s’en approcher. Imaginer que les déséquilibres mis en évidence par les projec-
tions démographiques pourront être résorbés par un accroissement de la morta-
lité dans les régions menacées de surpeuplement revient à admettre qu’une
« bonne guerre » ou une « bonne épidémie », par exemple de sida, emportera
une partie importante de la population. Certes, ce n’est pas impossible ; mais ce
n’est pas par millions que les victimes devront se compter, ce serait insuffisant ;
il en faudra plusieurs centaines de millions pour que les conséquences soient
démographiquement significatives. Même localisés dans des régions éloignées, de
tels cataclysmes ne seraient pas sans conséquences pour les peuples restés à
l’abri du fléau.
§4 La sagesse impose d’admettre que les variations de la mortalité, pas plus que
celles de la fécondité, ne modifieront pas fondamentalement les données du
problème.
§9 L’ampleur des tensions à prévoir est plus importante encore si l’on tient compte
du raccourcissement (parfois même la suppression) des distances provoqué par
le développement des moyens de transport. Les échanges d’hommes ne concer-
neront pas que les pays voisins ; les « différences de potentiel » se manifesteront
aussi bien entre peuples éloignés. Prenons un seul exemple : le Nigeria, grand
comme presque deux fois la France, a aujourd’hui une population double de la
nôtre, les densités moyennes sont donc proches ; mais, en 2025, sa population
sera cinq fois la nôtre ; la pression de ces hommes en surnombre attirés par des
contrées riches et moins encombrées ne pourra être longtemps contenue.
§ 11 Tel est le monde vers lequel nous allons, le monde qui sera celui des Terriens
lorsque nos enfants atteindront l’âge que nous avons aujourd’hui. Sur la planète
saturée d’hommes qui sera la leur, le bonheur d’empêcher un enfant de mourir
se paiera nécessairement de l’obligation d’empêcher un enfant de naître, ou,
mieux, d’être conçu. Procréer, qui, depuis notre origine, s’est imposé comme
un devoir absolu, devient un droit aux limites chichement définies.
LE RÉSUMÉ
• n’est ni un plan à la présentation schématique, ni une prise
de notes en style télégraphique, ni une mosaïque d’expressions
empruntées au texte.
• se compose de phrases claires et complètes.
Qu’est-ce qu’une vertu ? C’est une force qui agit, ou qui peut agir. Ainsi la vertu
d’une plante ou d’un médicament, qui est de soigner, d’un couteau, qui est de
couper, ou d’un homme, qui est de vouloir et d’agir humainement. Ces exemples,
qui viennent des Grecs, disent assez l’essentiel : vertu c’est puissance, mais puis-
sance spécifique, la vertu de l’ellébore n’est pas celle de la ciguë, la vertu du couteau
n’est pas celle de la houe, la vertu de l’homme n’est pas celle du tigre ou du serpent.
La vertu d’un être, c’est ce qui fait sa valeur, autrement dit son excellence propre :
le bon couteau c’est celui qui excelle à couper, le bon remède celui qui excelle à
soigner, le bon poison celui qui excelle à tuer...
On remarquera qu’en ce premier sens, qui est le plus général, les vertus sont
indépendantes de l’usage qui en est fait, comme de la fin qu’elles visent ou servent.
Le couteau n’a pas moins de vertu dans la main de l’assassin que dans celle du
cuisinier, ni la plante qui sauve davantage de vertu que celle qui empoisonne. Non,
certes, que ce sens soit dépourvu de toute visée normative : dans quelque main
que ce soit, et pour la plupart des usages, le meilleur couteau sera celui qui coupe
le mieux. Sa puissance spécifique commande aussi son excellence propre. Mais cette
normativité reste objective ou moralement indifférente. Il suffit au couteau d’accom-
plir sa fonction, sans la juger, et c’est en quoi bien sur sa vertu n’est pas la nôtre.
Un excellent couteau, dans la main d’un méchant homme, n’est pas moins excellent
pour cela. Vertu c’est puissance, et la puissance suffit à la vertu.
Mais à l’homme, non. Mais à la morale, non. Si tout être a sa puissance spécifique,
dans quoi il excelle ou peut exceller (ainsi un excellent couteau, un excellent médi-
cament...), demandons-nous quelle est l’excellence propre de l’homme. Aristote
répondait que c’est ce qui le distingue des animaux, autrement dit la vie raison-
nable1. Mais la raison n’y suffit pas : il y faut aussi le désir, l’éducation, l’habitude,
la mémoire... Le désir d’un homme n’est pas celui d’un cheval, ni les désirs d’un
homme éduqué ceux d’un sauvage ou d’un ignorant. Toute vertu est donc histo-
rique, comme toute humanité, et les deux, en l’homme vertueux, ne cessent de se
rejoindre : la vertu d’un homme, c’est ce qui le fait humain, ou plutôt c’est la
puissance spécifique qu’il a d’affirmer son excellence propre, c’est-à-dire (au sens
Érotisme et publicité
L’érotisme de la marchandise est avant tout publicitaire, et par là il concerne directe-
ment la culture de masse, qui englobe les plus importants moyens de publicité modernes
(journaux, radio, télévision). Effectivement la virulence érotique se manifeste beaucoup
plus dans les publicités que dans les marchandises elles-mêmes, c’est-à-dire beaucoup
plus dans l’incitation à consommer que dans la consommation (la pin-up qui montre ses
jambes pour Schweppes ne se retrouve évidemment pas dans cette boisson gazeuse).
L’injection d’érotisme dans la représentation d’une marchandise anérotique (les
publicités qui accolent une attirante image féminine à un frigidaire, une machine à
laver ou un soda) a pour rôle, non seulement (ou tant) d’exciter directement la
consommation masculine, mais d’esthétiser aux yeux des femmes la marchandise
qu’elles s’approprieront ; elle met en jeu chez l’éventuelle cliente la magie d’identifi-
cation séductrice ; la marchandise joue à la femme désirable, pour être désirée par
les femmes en faisant appel à leur désir d’être désirées par les hommes. En même
temps la pin-up devient symbole esthétique de la qualité, elle indique que dans son
domaine, le produit dispose des vertus charmantes de la belle. Cette pin-upisation
s’ajoute à la nouvelle esthétique de l’offre marchande, par carénages aérodyna-
miques, emballages en cellophane, couleurs vives.
D’autre part, la publicité opère, pour certains produits, un dévoilement quasi psy-
chanalytique des latences érotiques que peut éveiller leur consommation, et surtout
elle survolte les objets déjà dotés de charge érotique. Ainsi la poussée érotique se
fait virulente à l’extrême sur les produits pour l’épiderme et les parties sexuelles
secondaires du corps, chevelure, poitrine, cuisses et aussi les produits pour l’âme :
journaux, magazines, films. Certes, il y eut de tout temps des produits de séduction.
Mais c’est le nouveau cours publicitaire qui devait transformer les produits d’hygiène
en produits de beauté et de séduction. La publicité de masse a dévoilé l’érotisme
jusqu’alors latent (et même refoulé) du produit d’hygiène type, le savon, et l’a
imprégné d’érotisme jusqu’à le transformer en produit de séduction : « 9 stars sur
10 utilisent le savon Lux ». La publicité a rapidement franchi le chemin qui va de la
propreté à la beauté et de la beauté au sex-appeal. Shampooings, crèmes, pâtes
dentifrices ont vu leur finalité première submergée par la finalité érotique. Colgate,
Gibbs ne luttent pas contre la carie ; ils procurent dent blanche, haleine fraîche,
sourire charmeur – mille baisers. Les produits de régime à leur tour sont devenus
des produits de séduction, ajoutant la valence beauté à la valence santé, puisqu’ils
apportent désormais, outre la santé à l’hépatique, la sveltesse au bedonnant.
E. Morin, L’esprit du temps,
© Éditions Bernard Grasset, 1962, pp. 161-162.
1. Hiérarchie est composée du grec hiéros (sacré) et arkhein (commander), donc pouvoir
d’origine religieuse.
2. Carlyle : historien et philosophe écossais du XIXe siècle.
1. Concrètement, du fait d’une moins bonne formation, du fait surtout d’un capital installé
(machines, infrastructures) bien plus faible, un ouvrier thaïlandais – par exemple – ne produit
pas autant, en une heure de travail, que l’ouvrier similaire en France.
Galanteries animales
Pour tout un chacun, séduire, c’est obtenir du partenaire que l’on a choisi un bien-
fait, qu’il s’agisse d’un avantage social (supérieur hiérarchique) ou sentimental – « et
plus si affinités » (partenaire de cœur). Dans bien des cas, les deux aspects sont
mêlés : il se peut que l’avantage social corresponde à l’accès à un plus grand nombre
de partenaires sentimentaux et que l’avantage sentimental constitue un tremplin
pour grimper l’échelle sociale. Autant de caractéristiques que nous défendons
comme spécifiques de l’espèce humaine, bipède au cerveau surgonflé, et de sa
différence avec les autres animaux, uniquement capables de parades nuptiales très
ritualisées et répétitives, où il n’y a ni volonté ni stratégie consciente. Pourtant, en
y regardant de près, ces animaux-là nous interrogent de façon troublante.
En matière de séduction, le canari fait l’objet d’études scientifiques très poussées
aux résultats surprenants. Au printemps, le mâle se pose sur une branche bien en
évidence de plusieurs femelles installées dans leur nid. Il se lance alors dans des
trilles virevoltants, mais impossible de déterminer quelle femelle de son auditoire
en est la cible. Le choix est fait par les oiselles, qui adoptent une posture d’accouple-
ment équivalant à une invite. Mais attention ! Si le chant du mâle en question
contient une phrase sonore particulière, la « sexy phrase », toutes les femelles arbo-
rent, dans un bel ensemble, la posture d’invite. Une seule réussira à attirer le séduc-
teur dans son nid, tandis que les autres se contenteront de mâles au ramage moins
enchanteur.
Cet exemple montre bien que le séducteur actif n’est pas maître de la situation,
qui se concrétise ici par un accouplement dans le nid de la décideuse. En outre,
tous les mâles ne sont pas égaux en termes de séduction – vérité douloureuse, mais
relative, rassurons-nous. Seuls certains sont capables de produire la sexy-phrase et
de ravir un auditoire entier. Les autres – la majorité – trouvent pourtant une parte-
naire avec qui assurer leur descendance. Ce trille qui fait craquer les femelles canaris
possède des caractéristiques remarquables : il s’agit d’une envolée lyrique rendue
particulièrement stridente – même pour un canari – par l’utilisation simultanée des
deux syrinx (chacun des conduits qui relient les poumons à la zone de production
des sons, l’équivalent de notre larynx), sorte de prouesse irrésistible pour les
femelles. Mais pourquoi ?
Il semble que seuls les mâles en parfaite condition physique – dont l’état des
réserves de graisse, entre autres, est bon – soient capables de produire ces sons.
1. Maurice Grevisse, Le Bon Usage, douzième édition, Paris, Duculot, 2001, p. 795.
2. Le Bon Usage, op. cit., p. 791.
Depuis la fin des années 1970 les activités à risque connaissent un étonnant succès,
de même les entreprises des « nouveaux aventuriers », des sportifs de l’« extrême ».
Sur un autre plan, les conduites à risque des jeunes générations se développent et
suscitent l’inquiétude.
Une apparente contradiction oppose en effet une société globale préoccupée par
la traque du risque, les programmes de prévention, de prise en charge, les opéra-
tions de contrôle, les mesures de précautions, etc., et les pratiques individuelles
souvent vouées à l’exposition volontaire de soi, sous des formes variées, notamment
les activités physiques et sportives, ou à une certaine indifférence comme dans le
domaine de l’éducation pour la santé où les campagnes d’information atteignent
rarement leurs objectifs initiaux. Cet écart entre le souci politique de réduction des
risques d’accidents, de maladie, de catastrophes technologiques ou naturelles, de
protection optimale des populations, et la recherche individuelle de sensations
fortes, de stress, de loisirs qui ne sont pas de tout repos, marque en profondeur
l’ambivalence de nos sociétés occidentales.
䊊 䊊 䊊 Remarque
Les idées sont claires, mais abstraites. D’où un taux de contraction peu élevé.
䊊 䊊 䊊 Remarques
Le texte proposé traite d’un sujet souvent dans l’actualité et qui peut intéresser
la plupart d’entre vous. Il est très clair et ne présente pas de difficulté de
compréhension. Le taux demandé (1/5) n’est pas une contrainte excessive.
L’auteur cite quelques livres ou articles (Meynaud, Lucot, Marquet). Dans un
résumé, sauf s’il s’agit d’une citation très marquante ou d’une formule frap-
䉲 Ex 4 Érotisme et publicité
Pour favoriser la consommation, la publicité recourt à l’érotisme, une straté-
gie appliquée à toutes les marchandises. C’est un aspect de la culture de masse.
La publicité utilise la féminité séduisante pour ajouter de l’érotisme à des
marchandises qui en sont dépourvues, à un réfrigérateur par exemple. L’intérêt,
䊊 䊊 䊊 Remarques
Exemple de résumé qui n’a pas à respecter les proportions du texte : le 3e
paragraphe, le plus long, est réduit à 3 lignes.
䊊 䊊 䊊 Remarques
Le texte à résumer est relativement court et le taux de contraction demandé
est d’un quart seulement. C’est que la pensée est dense. La difficulté, outre la
reformulation personnelle, consiste à dégager les idées essentielles :
– théâtralité de tout pouvoir, d’ordre religieux ou historique ;
– particulièrement exaltation d’un héros autrefois béni des dieux, aujourd’hui
pourvu d’une vision de l’avenir ;
䊊 䊊 䊊 Remarques
Plan du texte :
Introduction (§ 1) : mondialisation récente des échanges.
I. Déréglementation et craintes (§§ 2 à 4).
II. Avoir une autre attitude (§§ 5 à 7).
Conclusion (§§ 8-9) : imaginer une organisation de l’économie mondiale.
Les idées sont assez denses, abstraites et générales. Le résumé, assez difficile,
doit surtout retenir le mouvement de la réflexion.
2 La confrontation
- relever et regrouper les idées identiques ou voisines, les points
d’accord éventuels ;
- relever les divergences, les oppositions ;
- enfin noter les idées qui ne se trouvent que dans un seul texte.
II - UN EXEMPLE
䊐
Nous avons à rédiger en 300 mots (+ ou – 10 %) la synthèse du
dossier suivant concernant l’astrologie, composé de deux documents.
Premier texte
Pour un esprit rationnel qui la juge de l’extérieur, les affirmations de l’astro-
logie classique sont devenues impossibles à intégrer dans notre pensée scien-
tifique. Sans doute reconnaît-on les actions de gravitation et de rayonnement
du Soleil (les saisons) et de la Lune (les marées), et même conçoit-on une
certaine influence de l’activité solaire, l’apparition des taches sur notre astre
diurne s’accompagnant de perturbations terrestres. Mais il ne saurait être
question de mettre sur le même plan que ces influences générales, universel-
lement admises, les influences « spéciales » – parce que individualisées – de
ces luminaires, et à plus forte raison de planètes comme Mars et Saturne.
Et pourtant, l’astrologie, c’est cela, c’est-à-dire tout ce qui est en marge des
1. Michel Gauquelin, Influence des Astres ; Étude critique et expérimentale, édition du Dauphin, 1955.
䊐 A VUE D’ENSEMBLE
Nous parcourons rapidement les documents afin de les situer l’un par
rapport à l’autre. Les opinions sont globalement contradictoires. Le
premier texte soutient l’astrologie ; le second en fait une critique
sévère. Il y a donc un débat sur la validité, la crédibilité de cette
« science ».
䊐 B ANALYSE
• Premier texte (A. Barbault)
1 On admet que certains astres (soleil, lune) exercent une
influence générale, mais on refuse l’idée d’influences individualisées,
idée jugée absurde par beaucoup.
2 Mais cette absurdité n’a rien d’une évidence : le rapport entre
indices célestes et phénomènes terrestres est un fait. Or, ce fait n’a
jamais été étudié par la science officielle.
3 Pourtant un statisticien, lui-même d’abord incrédule, a prouvé
l’existence de l’influence astrale (25 000 données de naissances). L’as-
trologie, comme d’autres sciences, s’imposera peu à peu.
4 Cependant deux erreurs à éviter :
– placer un traité d’astrologie entre les mains d’un anxieux ;
– trop demander à l’astrologie ; comme les autres connaissances,
elle doit encore se développer.
5 Un conseil : mettre l’astrologie à l’épreuve en utilisant ce
Traité.
6 L’astrologie concourt à redonner à l’homme sa place dans
l’univers.
䊐 C JUGER
Nous avons affaire à deux prises de position antithétiques. Barbault
fait un plaidoyer en faveur de sa croyance... et de son livre ! Il use de
l’argument d’autorité, joue sur le statut fragile d’un fait, appelle à la
rescousse un argument quantitatif. Lequèvre se sert des armes de la
réfutation : à une quantité, il en oppose une autre, il utilise un exem-
ple comme preuve, il souligne l’inadéquation du moyen à la fin. Il
invoque aussi la psychologie et la morale.
䊐 D PLAN DE LA SYNTHÈSE
Un résumé successif de ces deux textes ne ferait pas apparaître claire-
ment les points de désaccord. L’analyse comparative permet d’en déga-
ger quatre principaux que la synthèse va exposer. Dans le plan ci-
dessous, pour éviter toute confusion sur l’origine des idées, le premier
texte est désigné par (I) et le second, par (II).
INTRODUCTION
L’astrologie, sujet du dossier.
Positions respectives.
1. Le statut de l’astrologie :
une manifestation d’obscurantisme (II)/une science qui se cherche (I)
2. Les preuves :
sa validité est prouvée (I)/un exemple d’erreur grossière (II)
䊐 E RÉDACTION
Faut-il accorder foi à l’astrologie, particulièrement aux horoscopes ? Un pra-
ticien, A. Barbault, soutient que l’étude des influences astrales aboutit à des
« résultats certains », tandis que F. Lequèvre lui refuse toute crédibilité. Le
débat porte sur quatre points principaux.
Lequèvre reproche à l’astrologie de profiter d’une vague d’obscurantisme
qu’elle contribue à développer, alors que le premier auteur fait grief à la
Science de refuser de prendre l’astrologie en considération ; il défend cette
dernière en rappelant que toute discipline scientifique nouvelle – or l’astrolo-
gie est en cours d’élaboration – a mis du temps à se faire reconnaître.
La validité de l’astrologie est prouvée, selon Barbault, par les statistiques, le
calcul des probabilités et une vérification qui a porté sur 25 000 données de
naissances. Mais, pour montrer la fragilité de cette pseudo-science, le second
auteur se contente de rappeler l’erreur grossière, d’un astrologue prédisant,
en 1939, que 1940 serait une « année de grandeur pour la France. »
Selon Lequèvre, l’astrologie abuse les esprits faibles et les conditionne. Il
proteste, avec vigueur, contre l’utilisation qui en est faite parfois dans les
procédures d’embauche ou jusque dans le choix prémédité du lieu et du
moment de la naissance. Barbault reconnaît – et c’est bien le seul point
d’accord partiel entre ces deux auteurs – qu’un profane peut tirer de son
Traité des interprétations angoissantes.
Enfin, pour lui, l’astrologie prend en compte les relations que l’homme
entretient avec le cosmos ; ce que conteste Lequèvre, affirmant qu’elle
donne une idée fausse de l’Univers.
Bien que ce dossier n’offre pas à la réflexion d’éléments proprement tech-
niques, la confrontation est suggestive ; mais le débat ne semble pas prêt
d’être clos tant il s’y mêle de passion !
(300 mots)
䊐 A CONSTITUER UN DOSSIER
Vous avez à en confectionner un lorsque vous voulez procéder, pour
vous-même ou pour quelqu’un d’autre, à une collecte d’informations
sur une question, permettant une mise au point. Nous n’entrerons pas
dans la technique précise du documentaliste. Vous trouverez des
conseils pour réunir des informations dans le chapitre I.
Ajoutons simplement qu’il faut :
• Choisir un ordre de classement des documents (chronologique ? théma-
tique ? selon les diverses opinions ou solutions ?).
• Unifier le format des différentes pièces pour éviter les risques de
confusion ou de perte. Il est efficace de s’astreindre à coller sur des
feuilles de même dimension (A4) les photos plus petites ou un extrait
réduit découpé dans un article de presse, par exemple. Cette discipline
facilitera la photocopie du dossier en plusieurs exemplaires, si l’on en
a besoin.
• Indiquer soigneusement les références de chaque document.
• Présenter sous reliure ou dans une chemise convenable l’ensemble du
dossier.
• Scander son organisation à l’aide de sous-titres apparents.
• Placer en tête du dossier un inventaire exhaustif des pièces du dossier.
Ce récapitulatif ordonné assurera une consultation aisée.
䊐 B TRAITER UN DOSSIER
On étudie un dossier en confrontant ses éléments, en dégageant une
synthèse, en formulant à partir de cet examen une suggestion ou un
jugement. L’étude d’un dossier tient donc à la fois de la confrontation,
Premier texte
Au-delà du système solaire, parmi les milliards d’étoiles qui composent notre
Galaxie, parmi les milliards de galaxies qui composent notre univers, y a-t-il des
êtres vivants ? Les étoiles sont loin. L’exploration sur les lieux est un projet pour
les millénaires à venir.
À défaut d’aller voir sur place, on peut observer et chercher des preuves, dans un
sens ou dans l’autre. On peut se demander, par exemple, si, comme notre Soleil,
d’autres étoiles possèdent un cortège planétaire. La planète présente une solution
idéale aux multiples problèmes de la matière qui s’organise. Nous savons, en tout
cas, que les étoiles célibataires sont une minorité. Plus de la moitié des étoiles
vivent en ménage avec un ou plusieurs partenaires. Que certains de ces corps
célestes aient une constitution semblable à la Terre, que, parmi ceux-ci, quelques-
uns reçoivent, grâce à la position de leur orbite, une chaleur appropriée au dévelop-
pement de la vie, cela semble bien vraisemblable... Le nombre de planètes habitées
pourrait être très élevé. Certains auteurs parlent d’un million dans notre seule
Galaxie. Cette estimation, bien sûr, c’est la prise de conscience de l’acharnement
avec lequel la vie se développe partout où les conditions le permettent. Et de son
aptitude à altérer ces conditions pour améliorer ses chances de progrès.
Le Soleil est né assez tard dans la vie de notre Galaxie. Des milliards d’étoiles sont
nées avant lui. Quelles bêtes foisonnent à la surface de leurs hypothétiques planè-
tes ? Méduses, dinosaures, hominiens, ou tout autre chose ? Des planètes, par mil-
liers, peuvent déjà avoir atteint une technologie bien supérieure à la nôtre, et
communiquer entre elles par des messages radiophoniques ou des voyages inter-
stellaires. Ces messages, nous devrions pouvoir les capter. Nos radiotélescopes sont
assez puissants pour recevoir l’équivalent de France-Inter ou de la BBC émis à
quelques années-lumière. Des tentatives d’écoute ont été faites à plusieurs reprises.
Deuxième texte
(L’auteur critique Léon Mercadet qui s’inspire d’un romancier de science-fiction).
Là-dessus, Mercadet enchaîne des considérations non moins sidérantes sur les
OVNI. Il s’inspire des spéculations de Jacques Vallée, l’auteur d’un roman de
science-fiction intitulé Alintel. Après des dizaines d’enquêtes, d’interviews, d’interro-
gatoires sous hypnose, Vallée est parvenu à une certitude : une fois éliminés tous
les témoignages bidons, il reste 2 % de phénomènes non seulement inexpliqués,
mais inexplicables.
Le gouvernement américain serait au courant de tout, mais garderait le secret par
peur de l’impact sur les populations. Mais aucun doute possible, la Terre reçoit des
visiteurs venus d’une autre dimension. Une Mexicaine interrogée par Vallée prétend
avoir visité un engin dont l’intérieur était plus grand que l’extérieur. Pour Mercadet,
c’est clair : « Les OVNI se déplacent dans un type d’espace fort différent du nôtre,
un de ces espaces à n dimensions que décrivent par exemple les mathématiques
topologiques. Et ils ne voyageraient pas dans des vaisseaux spatiaux, avec du fuel,
mais en utilisant des couloirs d’énergie de même nature que l’énergie psychique –
puisque, précisément, le psychisme humain peut capter leurs apparitions. »
Le bon sens imbécile en conclurait que les OVNI sont des fantasmes. Pour Merca-
det, cela signifie surtout qu’il faut sacrément faire gaffe : si on ne perce pas le
mystère des 2 % irréductibles, les satellites de l’initiative de défense stratégique
risquent de déclencher la guerre des étoiles contre les petits hommes verts.
Michel de Pracontal, L’imposture scientifique en dix leçons,
2001, pp.95-96.
Troisième texte
(À propos d’un symposium de bio-astronomes réunis en juin 1990, l’auteur fait le
point sur les recherches en bio-astronomie).
D’autres systèmes solaires ? La première branche de la bio-astronomie se
consacre à la recherche de planètes orbitant autour d’étoiles, et à la définition des
conditions pour que certaines soient propices à l’apparition et au développement
de la vie. Dans ce domaine, c’est l’amélioration des techniques de mesure des
vitesses radiales qui est la plus prometteuse. Rappelons que la vitesse radiale est la
Texte no 2, Extraits de La graphologie, © PUF, coll. « Que sais-je » no 256, 19e édi-
tion, 1995. Ouvrage du graphologue Herbert Hertz.
L’écriture est un aspect essentiel de notre activité cérébrale. Si la formation et
l’application exacte de l’acte d’écrire sont du ressort de la calligraphie, et si l’enquête
et l’expertise des données matérielles d’un graphisme ressortissent à la graphomé-
trie, la graphologie, elle, s’occupe plus spécialement du rapport qui existe entre une
écriture et son auteur, en tant que reflet de la personnalité intime de celui-ci.
Il n’est point surprenant que l’entreprise de vouloir déceler et juger le caractère
d’une personne d’après quelques pages écrites rencontre de prime abord une cer-
Document no 1
L’entreprise, antichambre de la dépression nerveuse
Selon l’OIT (Organisation internationale du travail), le stress est en progression dans
les entreprises et touche particulièrement le personnel subalterne, précisément
celui dont toute la formation et l’itinéraire professionnel sont en contradiction avec
l’injonction de s’exprimer sur son travail et de prendre des responsabilités. Aux
Etats-Unis, « les poursuites... pour stress atteignent aujourd’hui 14 % des plaintes
en dédommagement pour maladies professionnelles ». Un rapport fait par des
médecins du travail de la région parisienne montre un accroissement des dépres-
sions nerveuses, des troubles psychosomatiques et un développement de l’anxiété.
Selon le Dr Perissol, un tiers des salariés des entreprises qu’il suit font une déprime.
Quand les difficultés d’une entreprise commencent à être visibles par les salariés,
note le Dr Darnaud, « inconsciemment chacun comprend qu’il ne doit plus être le
plus faible et encore moins s’avouer son état. Celui qui le ferait se condamnerait.
Document no 2
Le soft et le hard : le désir et la mort
En langage informatique, le soft, c’est le doux, l’immatériel, par analogie avec le
software ou logiciel, tandis que le hard, c’est le dur, le matériel, par analogie avec
Le paradis du soft
Le soft, c’est tout le versant séducteur de l’entreprise, c’est tout ce par quoi elle
suscite et comble le désir, c’est l’image de jeunesse et de prospérité qu’elle donne
d’elle-même et, ce faisant, qu’elle renvoie à chacun. On en trouve une assez bonne
description chez Hewlett Packard, par exemple, avec le fameux concept du HP
way, qui désigne une façon d’être et de vivre dans l’entreprise, pleine de charme
et de promesses et qu’on ne pourrait, semble-t-il, trouver nulle part ailleurs. « HP
est une boîte où on respire cet esprit de communication, cet esprit relationnel fort,
où on communique, où on va vers l’autre. C’est une relation affective... le président,
quand on le voit, on le tutoie... Cette ambiance, ça vient du tutoiement, de beau-
coup de choses qui nous obligent à avoir ce type de relations très consensuelles.
C’est une relation sociale. Quelque chose aussi qui suscite le désir chez nous, c’est
qu’il y a, je crois, beaucoup de jeunes. Il y a beaucoup de types qui sont jeunes, il
y a un sens de la communication qui est partout, il y a l’autonomie dans le travail,
une autonomie très forte. Il y a des choses qu’on peut faire et pas ailleurs. C’est
une manière d’être... quand vous avez la communication, l’autonomie dans le travail,
l’urban space, le tutoiement, les pauses café telles qu’elles se passent ici, quand
vous avez la manière dont on vous donne les informations, tous les mois on vous
donne les informations concernant le groupe et on se réunit, tout le personnel,
pour un petit déjeuner... tout ça, ça ne peut pas laisser indifférent, c’est une manière
de concevoir l’entreprise... Quand vous avez la possibilité de voir votre président
et de lui dire : « Salut, j’ai besoin de te voir... », c’est une manière d’être... ça n’a
pas de prix... parce que je peux toucher mon président du directoire, je peux lui
dire : « J’ai envie de te voir », il me dit : « On va prendre un café ». J’ai jamais connu
ça avant. Ça c’est un plus. C’est une manière de vivre en convivialité et ça c’est
important, ça a son coût, ça. Ce type de vie permet une créativité parce qu’on est
dans une ambiance pour le faire. En plus, c’est une boîte qui est dans le top, qui a
une bonne image avec son chiffre d’affaires, et sa croissance, et puis il y a la possibi-
lité d’acheter des actions, on a des informations sur le plan du dollar... Il y a mille
choses qui font qu’on se sent informé en permanence, on gagne du fric et on le
sait. Il y a aussi les autres principes, la qualité, la satisfaction du client... Tout ça, ça
donne un état d’esprit que, moi, j’apprécie profondément. Un truc comme ça, moi,
j’adhère complètement... Très honnêtement, je suis malheureux quand je vais dans
une autre boîte maintenant et que je vois des trucs fermés, des bureaux fermés ».
Document no 3
Le travail, entre souffrance et plaisir
... On cherche à nous faire croire, ou l’on a tendance à croire spontanément, que
la souffrance dans le travail a été très atténuée, voire complètement effacée, par la
mécanisation et la robotisation : ces dernières feraient disparaître les contraintes
mécaniques, les tâches de manutention, le rapport direct avec la matière qui carac-
térisent les tâches industrielles. Elles transformeraient les manœuvres « pue-la-
sueur » en opérateurs aux mains propres, elles tendraient à transmuter les ouvriers
en employés et à débarrasser Peau d’Âne de sa malodorante vêture pour lui ouvrir
un destin de princesse en robe de couleur de lune. Qui donc, parmi les gens ordi-
naires, ne serait capable d’évoquer les images d’un reportage de télévision ou le
souvenir d’une visite guidée dans une usine propre, « new look » ? Malheureuse-
ment, tout cela relève du cliché, car on ne nous montre que les devantures ou les
vitrines offertes par les entreprises, généreusement il est vrai, au regard du badaud
ou du visiteur.
Derrière la vitrine, il y a la souffrance de ceux qui travaillent. De ceux, d’abord,
dont on prétend qu’ils n’existent plus, mais qui sont en réalité légion et qui assument
les innombrables tâches dangereuses pour la santé, dans des conditions peu diffé-
rentes de celles d’antan, et parfois même aggravées par les infractions redevenues
si fréquentes au Code du travail : ouvriers du bâtiment, des entreprises sous-trai-
tantes de la maintenance nucléaire, des entreprises de nettoiement (aussi bien dans
les industries que dans les immeubles de bureaux, les hôpitaux, les trains ou les
䉲 Ex 2 Les extraterrestres
Ce dossier sur les extraterrestres porte sur trois questions : l’existence
d’autres planètes où la vie aurait pu se développer, la détection de signaux radio
ou autres venus de l’espace, enfin « le tourisme interstellaire », c’est-à-dire les
OVNI dont on a tant parlé.
H. Reeves évoque rapidement les dimensions gigantesques de l’univers
constitué de milliards de galaxies. Nous sommes loin de l’avoir exploré, mais on
peut supposer qu’il y a – autour d’autres étoiles que notre soleil – des planètes où
les conditions sont favorables à l’apparition de la vie. Les bioastronomes, dont
Y. Delaye résume les travaux, se sont consacrés à cette recherche. Leur conclusion
est formelle : l’existence de telles planètes est fort probable.
Ces deux auteurs décrivent aussi les efforts qui ont été faits pour capter
d’éventuels messages venus de l’espace. En dépit d’appareils puissants et de nom-
breuses heures d’écoute, nous n’avons reçu, dit H. Reeves, que de la « friture ».
Mais précisément les bioastronomes ont fait, ces dernières années, des progrès,
souligne Y. Delaye. Un nouveau programme d’écoute débute, plus performant : la
sensibilité est augmentée d’un facteur 100 et le nombre de canaux « écoutés »,
multiplié par 10 000. En trois minutes on recueillera autant d’informations que
pendant les trente dernières années. Et les recherches vont s’intensifier et se préci-
ser : choix des fréquences, détection sélective des signaux, élimination des para-
sites.
Quant aux visiteurs venus d’ailleurs, H. Reeves n’en rejette pas absolument
l’idée, bien que, dans la plupart des cas, les informations se soient révélées truquées
ou non fondées. Michel de Pracontal stigmatise les billevesées d’esprits faibles :
䊊 䊊 䊊 Remarques
Les trois textes ne s’accordent pas sur la valeur que l’on peut reconnaître à la
graphologie.
Celle-ci est, bien sûr, présentée comme une discipline fiable, dont l’étude et
l’application doivent être sérieuses, par le deuxième texte dû à un graphologue
de profession. Le premier texte, l’article du Monde , s’efforce à un exposé neutre
à son propos. Le troisième, extrait du Nouvel observateur, sur un ton très caus-
tique met en question cette pratique, notamment quand il s’agit d’examiner
les demandes d’emploi.
Le plan de la synthèse partira d’un constat, suivi d’une explication, qui sera
enfin réfutée :
1. L’usage en France de l’examen graphologique dans les procédures d’em-
bauche (textes 1 et 3).
2. Sur quoi se fondent les tenants de la graphologie (textes 2 et 1).
3. Les critiques (texte 3).
1 Oralement
• marquez une pause avant la conclusion afin de la détacher net-
tement ;
• jetez un regard panoramique sur vos auditeurs pour les « re-
prendre » et les avertir ;
• votre diction doit souligner le changement : ralentissez le débit,
modifiez le ton de votre voix (le plus souvent vous la rendrez plus
grave) ;
• annoncez que vous arrivez à la fin, par une transition originale
et astucieuse si vous le pouvez ; sinon par une déclaration franche,
que l’oral tolère mieux que l’écrit : Concluons ; Une conclusion s’impose ;
Je terminerai... ; Enfin, et ce sera ma conclusion ; etc.
• votre style change, voyez ci-dessous pour l’écrit.
䊐 B SA DOUBLE FONCTION
À vrai dire, il n’y a pas de méthode universelle pour bien conclure.
Votre goût, votre matière, votre public vous guident. Mais deux atti-
tudes sont possibles à la fin d’un discours : soit reprendre brièvement
ce qu’on a dit, soit en indiquer les perspectives futures.
1 La conclusion récapitulative
Elle rappelle avec netteté les points principaux de la question traitée ;
la mémoire ainsi « rafraîchie », le lecteur ou l’auditeur conserve une
vue à la fois nette et globale.
Au bilan rapide des travaux exposés dans leur article, les auteurs
ajoutent des indications sur les progrès envisagés. Élargissant le pro-
pos, ils soulignent qu’une meilleure connaissance du noyau terrestre
permettra, à l’avenir, de mieux comprendre celui des autres planètes
du système solaire.
Ces dernières réflexions montrent la voie de futures recherches.
On a, en effet, le souci de donner une impulsion à l’action que l’on
souhaite.
3 En réalité, la conclusion combine très souvent ces deux pro-
cédés et, tout en rappelant globalement les grandes lignes du sujet,
s’ouvre vers l’avenir. Ainsi celle d’une étude sociologique sur les élec-
tions présidentielles de 2007 en France et sur les premiers mois de la
présidence de Nicolas Sarkozy :
La campagne présidentielle de 2007 a marqué une accélération dans la muta-
tion de notre vie politique, passée du texte à l’image, du discours au sym-
bole, de la conviction à la croyance. La politique, pour être acceptée, a
besoin d’être mise en récits, au travers de grands mythes, qui visent à struc-
䊐 C POUR EN FINIR
• Une faute à ne pas commettre : conclure sur un point de détail. Il est
évident d’après ce qui précède que c’est sur l’ensemble du sujet traité
que doit porter la conclusion, ou en tout cas sur le point essentiel
dégagé.
• Une manie inefficace : celle de la citation en guise de conclusion. À
moins d’être parfaitement adaptée au sujet que vous avez traité, elle
provoque une sorte de rupture avec votre style personnel et relâche
plutôt l’attention du lecteur (ou de l’auditeur) qui vous avait jusqu’ici
suivi dans votre raisonnement.
• Un cas particulier : la conclusion de chaque partie importante du
texte. Elle fixe les idées sur ce qui vient d’être traité et, les « arrières »
ainsi assurés, permet de passer au point suivant, qu’elle annonce par-
II - L’INTRODUCTION
䊐
Vous faire écouter ou vous faire lire, tel est votre objectif. La réussite
dépend en grande partie de votre départ. Voilà pourquoi la première
qualité d’une introduction est d’intéresser au sujet les auditeurs ou le
lecteur. Au besoin en les forçant, parfois avec vigueur, le plus souvent
par le charme, l’inattendu, la pertinence de vos paroles initiales.
Après avoir saisi l’attention, vous cherchez à donner l’envie de
connaître la suite. Pour cela, facilitez la compréhension de tout ce que
vous allez dire en préparant les destinataires à cheminer avec vous. Que
la question soit claire dès le début afin qu’on éprouve le besoin de
connaître la réponse. Et pour guider mieux, indiquez d’avance la route
qui sera la vôtre et sur laquelle vous souhaitez qu’on vous accompagne.
Aujourd’hui, dans la presse notamment, l’introduction est sou-
vent remplacée par ce que l’on appelle le « chapeau » de l’article. C’est
un texte court qui, non seulement attire l’attention sur le sujet, mais
aussi résume plus ou moins le contenu. Parfois l’introduction tradi-
tionnelle subsiste après le chapeau.
L’introduction
• capte l’attention
• annonce le plan
Plus les chercheurs observant les chimpanzés dans leur milieu naturel sont nom-
breux, plus de nouveaux comportements sont mis en évidence. De tout temps,
l’humanité, souvent à travers ses philosophes et ses scientifiques, s’est interrogée
sur ce qui la différencie des autres animaux. Mais cela ne fait que quelques décennies
que des humains font l’effort d’aller étudier les animaux dans leur milieu originel
pour constater de visu ce que ces espèces sont réellement capables de faire. Un
effort pour ne pas détruire le monde qui nous entoure s’impose afin que nous
puissions mieux le connaître et par conséquent mieux nous connaître nous-mêmes.
Christophe Boesch et Hedwige Boesch-Achermann, Les chimpanzés et l’outil,
in La Recherche, no 233, juin 1991, p. 731.
1. Analysez-là.
2. Qu’a-t-elle de particulier ? Peut-on la rattacher à l’un des trois
types principaux ?
Le monde humain s’est modelé lentement à partir de la glaise des émotions : il a fallu
des corps pour se désirer, des sens pour coexister, et des paroles pour conquérir le
temps.
Mais dès que l’homme est devenu capable d’histoire, il s’est rendu coupable d’his-
toires. Le passé ne meurt jamais, pour un homme qui en fait des récits, alors que
chez le lion il ne laisse que quelques traces.
À force de la raconter, on finit par donner corps au mythe qui crée en nous un
sentiment de vérité aussi authentique que la perception d’un objet. Nos cultures
hallucinées confondent le réel avec l’idée qu’elles se font du réel. Nous habitons un
monde que nos paroles inventent, sans soupçonner le pouvoir de nos mots. Un
jour, le premier homme a dit à la première femme : « Tu es belle, et je t’aime... » ;
trois millions d’années plus tard, cette phrase a donné quelques milliards de descen-
dants !
Les hommes parlent trop peut-être ?
En débarquant sur Terre, toute espèce vivante possède une espérance de vie de
sept millions d’années. Nous venons donc de naître puisqu’il n’y a que trois millions
d’années que nous nous arrachons à l’animalité, que nous marchons sur nos pattes
postérieures, que nos mains libérées fabriquent des outils ; il n’y a que trente mille
ans que nous sommes devenus « savants », que nous nommons nos pères, que nos
récits racontent les mythes qui nous façonnent et que nos techniques utilisent les
lois de la nature pour échapper à la nature. Nous avons encore droit à quatre
millions d’années !
On rit de tout, jamais de rien. Sous cape ou à gorge déployée, gras ou jaune,
l’éclat de rire est toujours comme une rupture, un comportement soudain, à peine
contrôlable, jamais gratuit. Paradoxe : on rit aux larmes. Le fou rire renvoie au rire
fou, et si l’on en vient à s’écrouler de rire, voire à se « pisser dessus », ce peut être
au risque d’en mourir. Au sens propre. Cela s’est déjà vu au Kenya, où une mysté-
rieuse « épidémie » de rire incoercible affecta un millier d’écolières et leurs familles.
Plusieurs personnes durent être hospitalisées d’urgence. L’une d’entre elles en per-
dit la vie.
Le rire, pourtant si familier, garde encore une bonne partie de son mystère. Pour-
quoi rit-on ? De quoi ? Comment ? Quelle est la signification profonde de cette
déformation grotesque du visage accompagnée de vocalisations incohérentes et de
spasmes violents ? Une chose apparaît cependant certaine : le rire est le propre de
l’homme, on l’a suffisamment dit, à la suite de ce grand rieur de Rabelais. Encore
faudrait-il savoir à quel moment de l’évolution l’hilarité a fait son entrée dans la
lignée des Homo.
Philippe Chambon, Le rire, Sciences et Avenir,
no 530, avril 1991, p. 28.
Le réseau de la douleur est une sorte de garnison dont les colonnes se déploieraient
depuis une tour de contrôle, le cerveau, jusqu’à des millions de sentinelles postées
Des prix prohibitifs, des patients soignés à deux vitesses, des dentistes qui se disent
mal honorés : la situation des soins dentaires en France est à la croisée des chemins.
« L’enjeu est historique », souligne Michel Yahiel, le chargé de mission du gouverne-
ment sur le sujet. De plus en plus fort, d’une seule voix, les dentistes réclament
une revalorisation des soins conservateurs en échange d’une baisse du prix des
prothèses. En février, la Cnam a fait le premier pas en annonçant le remboursement
de trois nouveaux soins, dont le scellement des sillons, qui permet de lutter efficace-
ment contre les caries. De son côté, l’Union des jeunes chirurgiens-dentistes a déjà
䉲 Ex 2 Ici, pas de récapitulation globale de l’article, mais l’accent mis sur une ques-
tion de méthode : c’est dans leur milieu naturel qu’il faut observer ces animaux si
l’on veut obtenir des résultats intéressants.
Il faudra donc – et la conclusion ouvre sur l’avenir – protéger la nature si
l’on désire mieux connaître le monde et l’homme.
䉲 Ex 3 L’auteur juge d’abord, de façon nuancée, les motivations de ceux qui s’adres-
sent aux sectes ; il dénonce l’exploitation de ces besoins par des charlatans. Il
indique quelle est la cause du développement des sectes à notre époque : un mau-
vais fonctionnement de la société. Enfin, il nous met en garde : cet engouement
persistera si notre civilisation se montre incapable d’apporter à l’homme les idéaux
indispensables.
Cette conclusion n’est donc pas simplement récapitulative : elle propose un
approfondissement de la réflexion et une ouverture.
䉲 Ex 5 Cette introduction, très rapide, et d’un type banal, est présentée sous forme
de questions, directes pour les premières, indirectes pour les dernières qui annon-
cent le plan. Remarquez qu’elles ne sont pas posées en termes techniques, mais
Le ......................................
Compagnie XXX
Département des Recherches techniques
Le Directeur
informe M. .....................................
demande à Fonction ............................
rappelle à Département ....................
2e exemple de note :
Société PPP Le .........................................
3e exemple de note :
Société PPP Le .........................................
Comptabilité
䊐 A LE CR D’UN ÉVÉNEMENT
Il est d’un usage courant : témoignage écrit sur un accident, avis qu’un
fournisseur ne respecte pas une date de livraison, relation d’un diffé-
rend avec un client, description d’un incident de fonctionnement
d’une machine-outil, etc.
En voici un spécimen amusant.
Monsieur,
Je soussigné...., maçon...chargé des réparations dans la toiture du bâtiment
à..., j’ai l’honneur de vous informer de l’accident suivant :
Le 21 novembre, quand je suis arrivé au bâtiment j’ai découvert que l’oura-
gan avait fait tomber du toit quelques briques. J’ai donc installé sur le toit
du bâtiment une poutre et j’ai hissé un couple de caisses de briques. Quand
j’ai eu réparé le toit, il restait une quantité de briques. J’ai hissé de nouveau
la caisse et j’ai fixé la corde en bas et je suis descendu et j’ai détaché la
corde. Malheureusement la caisse était plus lourde que moi et avant que j’ai
su ce qui m’arrivait la caisse a commencé à descendre, me soulevant de
terre d’un seul coup.
J’ai décidé de m’aggriper et à mi-montée j’ai rencontré la caisse qui descen-
dait et j’ai reçu un sérieux coup à l’épaule. Alors j’ai continué jusqu’en haut
me cognant la tête contre la poutre et m’écrasant les doigts dans la poulie.
Quand la caisse a frappé le sol le fond a lâché et toutes les briques se sont
répandues. Alors j’étais plus lourd que la caisse et je suis reparti vers le bas
à toute vitesse. À mi-chemin j’ai rencontré à nouveau la caisse qui montait
et j’en ai reçu de nombreuses blessures au tibia. Alors j’ai heurté le sol, j’ai
atterri sur les briques dont les arêtes tranchantes m’ont infligé plusieurs
coupures douloureuses.
䊐 B LE CR DE MISSION
Il a pour but de rendre compte d’une action accomplie par son auteur,
seul ou en groupe. Si la mission est de longue durée, des CR partiels
renseignent, à intervalles réguliers, sur le déroulement des opérations.
Ce type de CR s’en tient aux faits marquants. C’est souvent le premier
document fourni, dès la fin de la mission ; il est suivi, s’il s’agit d’une
affaire importante, d’un rapport de synthèse qui reprendra l’ensemble
des données déjà livrées dans le ou les CR, mais qui en tirera les
conséquences.
De tels CR sont demandés aux inspecteurs, représentants, déléga-
tions, etc. Ils peuvent prendre la forme d’une lettre : phrase d’intro-
duction + le CR lui-même + une formule de salutations. Le plus
souvent le CR est transmis quotidiennement par internet.
Exemple d’un CR de voyage d’inspection :
Durand Le .........................................
Inspecteur des
Messageries TT
à Monsieur le Directeur
Commercial de la Compagnie ZZZ Paris
Monsieur le Directeur,
À la suite de la réclamation que vous avez présentée aux Messageries TT
le 9 courant, nous avons effectué les constatations suivantes concernant la
distribution de vos produits sur le marché italien.
Aucun retard n’est imputable à nos services de transport.
Mais les emballages cartonnés dans lesquels vous livrez la marchandise ne
semblent pas d’une résistance suffisante. Notre agent général a dénombré
45 % de colis endommagés au cours des trois derniers acheminements.
Les vérifications entraînées par ces avaries, qui ralentissent la distribution, et
la mise au rebut d’une partie des envois expliquent les ruptures d’approvi-
sionnement qui se sont produites à Bologne, Rome et Naples.
Le conditionnement de vos marchandises est à étudier de nouveau.
䊐 C LE CR D’UN ENTRETIEN
Nous groupons dans cette catégorie les relevés qui rendent compte
d’une démarche, d’une audience, d’une conversation. Parfois ils
constituent des CR partiels pendant une mission, et ils entrent donc
alors dans la catégorie précédente (B). Ils laissent une trace d’une
intervention orale, ils font le point d’une négociation en cours ; on en
devine l’utilité.
À la suite d’une communication téléphonique, un tel CR servira
de base à la lettre de confirmation qu’on enverra à l’interlocuteur pour
fixer par écrit les conclusions de l’entretien. Une lettre pourra aussi
rappeler les termes importants de tout autre type de conversation.
Exemple de CR d’une audience :
Compagnie XXX Le 6 novembre 2010
Service Général
Objet : construction prévue à J...
䊐 D LE CR D’UN DOCUMENT
Il consiste en un résumé très réduit d’un ou de plusieurs textes. Sous
une forme ou sous une autre, il est assez répandu dans les entreprises ;
citons :
– le CR d’une publication technique, intéressant l’activité d’un
département ou d’un atelier (utilisation fréquente dans les services de
documentation et dans les bureaux d’études) ;
– le CR d’un ensemble de correspondances (utilisation dans les
directions, les services comptables, administratifs ou de contentieux) ;
– le CR d’articles de journaux et périodiques concernant un pro-
duit de l’entreprise (ce qu’on appelle « revue de presse », dans les
services commerciaux et dans les services de publicité).
Ne pas confondre ce type de CR avec la note critique sur un
ouvrage, note qui analyse, mais aussi apprécie la portée et la valeur
de l’ouvrage. Pour le CR, on s’en tient à la simple indication du
contenu du texte dont on rend compte.
Exemple de CR d’un ouvrage technique :
Louis SUSSFELD : Le Factoring, © PUF, 130 p.
La société de factoring achète aux entreprises productrices les créances
qu’elles détiennent sur leurs clients. Elle facilite ainsi le financement
commercial.
L’auteur expose l’origine américaine de cette activité qui se développe en
France, son statut, la technique de ses opérations, son importance écono-
mique.
䊐 A L’EN-TÊTE
comprend les renseignements suivants :
– nom de la collectivité dont les débats sont rapportés,
– lieu, date et heure de la réunion,
– objet du débat (ou ordre du jour décidé),
– nom et qualité du président de séance, du ou des secrétaires,
et, s’il y a lieu, des membres du bureau de l’assemblée,
– énumération des participants, des excusés, des absents, ou
bien, si l’assemblée est nombreuse, indication du nombre de membres
présents ou représentés,
– mention des personnalités assistant aux travaux.
Exemples d’en-tête de PV de séance :
1.Procès-verbal de la réunion de la Commission sociale de la Mutuelle Sani-
taire, du 18 décembre 2009 à 17 h au siège de la société.
Président : M. Agénor, secrétaire de la Commission.
Secrétaire de séance : Mme Plume.
Présents : Mlle Cassis, Mme Poire, MM. Boule, Minix, Régime, Termite.
Excusé : M. Loir.
Absents : Mme Silence, M. Paresse.
䊐 C LE PROCÈS-VERBAL RÉGLEMENTAIRE
Plus résumé que le CR de séance, il est en général rédigé, d’après celui-
ci, par le secrétaire ou le responsable de l’organisme qui a délibéré.
Après l’en-tête, ne sont mentionnés que les principaux points exa-
minés et les décisions arrêtées. Ce PV est la pièce qui fait autorité, il
est conservé dans les archives de la société ou de la commission, ou
bien transcrit sur le registre légal prévu à cet effet. Il est signé par le
Président de séance et doit être adopté au début de la réunion suivante.
Nous vous donnons maintenant l’extrait de PV correspondant au
CR de séance présenté ci-dessus :
Sur rapport de la commission financière et après discussion, l’Assemblée
décide de porter de 16 à 20 % la part de remboursement mutualiste en
raison des nouveaux décrets relatifs à la SS (134 pour, 12 contre, 7 absten-
tions).
IV - LE QUESTIONNAIRE
䊐
Vous pouvez avoir besoin de recueillir des informations auprès du
personnel, de la clientèle, des utilisateurs, etc. Souvent, pour ce faire,
vous demandez que l’on remplisse un questionnaire ou une formule.
Ce cadre présente l’avantage d’harmoniser les réponses que vous rece-
vrez et ainsi d’en rendre l’exploitation plus facile.
Mais la mise au point d’un questionnaire requiert du soin et de
la réflexion. Trop souvent on n’obtient pas ce que l’on désirait parce
que les questions ont été mal posées : inutiles, incomplètes, trop
floues. Il n’y a pas de questions « passe-partout », chaque cas doit
entraîner la rédaction minutieuse des formules interrogatives. Vous
avez sûrement, comme nous, dû perdre votre temps à compléter les
longs questionnaires que votre employeur ou votre administration
vous soumettait, parfois en exemplaires multiples, et vous vous êtes
demandé à quoi pouvait bien servir tous les détails qu’on exigeait de
vous. Ce souvenir ne doit pas vous quitter lorsque vous préparez à
votre tour un questionnaire.
1 Définissez d’abord soigneusement les renseignements que
vous désirez recueillir.
VI - LA CORRESPONDANCE
䊐
䊐 A ÉCRIRE UNE LETTRE
1 Une lettre privée est comme une conversation : votre personna-
lité, votre cœur s’y expriment librement, avec correction, bon sens et
bon goût, avec familiarité, avec passion, selon les cas et les destina-
taires.
2 Une lettre commerciale est un acte qui engage, un document qui
fait foi. Il faut donc respecter les règles et les usages de ce genre
déterminé de correspondance. Nous vous conseillons de recourir à un
manuel de correspondance commerciale.
3 Une lettre technique ne comporte pas de bavardages inutiles, de
considérations sur la pluie et le beau temps. C’est un écrit de travail,
sobre et net, encadré entre l’appellation initiale et la formule de saluta-
tion finale.
4 À gauche, sous l’en-tête, vous inscrivez la référence de la lettre
à laquelle vous répondez, la référence et, si besoin, l’objet de votre
envoi. Par exemple :
V/Réf. : 1207 FG/EM
N/Réf. : 32 C. production
OBJET : Configuration de commande de tel matériel.
5 Un seul sujet doit être traité dans chaque lettre relative au travail.
Cela en facilite, et pour vous et pour le destinataire, l’exploitation et
le classement.
䊐 C L’ENVELOPPE
Elle exerce déjà une influence sur votre destinataire. Tachée, froissée,
gribouillée, elle donne une fâcheuse idée de votre goût et de votre
soin.
1 L’adresse
Elle est inscrite dans la moitié inférieure de l’enveloppe et elle est
lisible.
Monsieur A. JARRY
29, Impasse des Canulars
54000 NANCY
䊐 E SALUTATIONS DISTINGUÉES
Une phrase, qui indique la nature des sentiments qu’on éprouve pour
le destinataire, précède la signature. Nous n’en sommes pas encore à
la sobriété et à l’efficacité des Anglo-Saxons à qui Sincerely yours ou
tout simplement yours suffit démocratiquement du haut en bas de
l’échelle sociale, et vice-versa. En France mille formules fleurissent et
l’on reste attentif aux nuances.
• Les lettres privées et familières peuvent se contenter de :
Amicalement, cordialement à vous, Affectueusement vôtre, tout à vous...
– à une célibataire :
ses compliments ou ses sentiments respectueux...
䊐 B LE CURRICULUM VITAE
Le curriculum vitæ (CV), littéralement la « carrière de la vie », est une
sorte d’autobiographie résumée.
• Présentation
Ne confondez pas le CV, sorte de fiche technique, avec la lettre
qui doit l’accompagner. Cette dernière est courte et complètement rédi-
gée ; le CV, destiné à prendre place dans votre dossier, regroupe, par
rubriques, des indications brèves et précises.
L’usage se répand d’apposer une photo d’identité récente... et de
bonne qualité.
• Contenu
Le CV sera complet, mais limité aux renseignements strictement
nécessaires : pas de bavardage sans intérêt, par d’exhibitionnisme, ni
de confession larmoyante.
Vous pourrez utiliser le cadre suivant :
1 État civil
NOM (en lettres capitales)
Prénom usuel :
Date de naissance :
Situation de famille :
Adresse :
Ce n’est pas l’occasion de vous plaindre de votre épouse ou de
gémir sur « le prix de revient » des enfants.
3 Expérience professionnelle
Entreprise(s) ou Administration(s) :
Années de présence :
Titre exact :
Fonctions exercées ou Emploi(s) tenu(s) :
Ces derniers renseignements doivent être détaillés. Et présentés à
rebours, c’est-à-dire en commençant par les activités les plus récentes,
en remontant en quelque sorte le fil de votre carrière.
Cette rubrique ne concerne évidemment pas un débutant ; un
« ancien » pourra y ajouter quelques indications, s’il a amélioré sa
qualification par des études complémentaires et des stages, ou s’il a
exercé des responsabilités para- ou extra-professionnelles.
4 Références
Elles concernent aussi bien vos études ou stages que vos activités pro-
fessionnelles. Elles sont précises : nom des personnes, adresse exacte,
numéro de téléphone.
5 Divers
Signalez ici ce qui est relatif à des circonstances particulières.
Exemple : vous disposez d’une voiture, vous pouvez parcourir
telle région que vous connaissez bien, vous avez telle compétence en
informatique (langages, types de systèmes...), etc.
Certains renseignements, jugés confidentiels, prendront naturel-
lement place, non dans le CV, mais dans la lettre d’accompagnement.
• Remarque
Le plan du CV proposé ci-dessus n’est pas le seul possible.
IX - LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE
䊐
De plus en plus, les entreprises et les collectivités institutionnelles ou
associatives entretiennent des rapports avec les médias (presse, radios,
chaînes de télévision, voire Internet), par l’intermédiaire desquels elles
font passer de l’information. Cela fait partie de la politique de commu-
nication. Presque à tous les postes de travail, chacun peut avoir un
jour à s’adresser aux journalistes, spécialisés ou locaux, pour atteindre
grâce à eux le public le plus large.
Or, il ne suffit pas de parler à un journaliste pour être certain que
le message désiré soit correctement repris et publié. Il est bon de
connaître les techniques et les usages qui permettent de s’assurer d’un
minimum d’écoute. Il faut savoir aussi comment un texte ou une
déclaration doit être présenté afin d’avoir une chance que les médias
s’en fassent l’écho.
Dans les relations avec la presse, l’improvisation peut s’avérer ineffi-
cace ou redoutable, et nuire à l’image de la firme ou de l’administra-
tion que l’on représente.
2 Établir un document
Attention ! Vous ne dictez pas l’article que vous espérez, vous donnez
un complément d’information.
Ce texte d’appui, il faut le concevoir d’avance et à tête reposée. Il
doit être complet et précis.
Rappelez-vous cette technique habituelle des rédacteurs journa-
listiques : comme un article risque toujours d’être raccourci pour les
nécessités de la mise en page ou de l’actualité, il est composé par
vagues successives. Les premiers paragraphes fournissent l’essentiel de l’in-
formation, un résumé en quelque sorte. Ensuite, les circonstances, les
détails sont peu à peu développés. Mais s’ils sont supprimés, si le
䊐 B LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE
1 Définition
C’est un texte bref qui apporte une information réelle, c’est-à-dire nou-
velle, et qui est envoyé aux médias. Il doit avoir un contenu objectif,
et non publicitaire. L’émetteur espère que son message est suffisam-
ment digne d’intérêt pour que les journalistes le reprennent en tout
ou en partie, également pour qu’il suscite des questions appelant des
développements et des articles plus conséquents.
Cette forme de communication convient particulièrement pour
signaler une innovation, un événement, une manifestation, et en cas
de situation difficile ou inattendue, pour diffuser auprès du public
concerné une mise au point autorisée.
3 Comment le rédiger ?
Commencez par lui donner un titre bref et évocateur de son contenu,
en proscrivant toute formule trop racoleuse. Par exemple « Commé-
moration du trentième anniversaire de telle institution » ou « Ouver-
ture de tel service technique pendant le mois d’août ».
Suivant le principe de composition indiqué ci-dessus (A 2), les
premières phrases, servant d’introduction, doivent fournir l’informa-
tion globale et essentielle. Parfois ce sont elles seules qui seront rete-
nues par le journal.
Puis, en trois ou quatre paragraphes concis, formés de phrases
courtes et claires, vous développez les précisions indispensables. Évitez
4 Comment le présenter ?
La présentation tout comme le contenu ont à offrir une image digne
de la firme ou de l’organisme qui émet le communiqué. Pensez-y
lorsque vous mettez au point la rédaction définitive.
Si possible, imprimez-le sur papier à en-tête de la collectivité expé-
ditrice, avec le logo habituel. Sinon identifiez nettement au nom de
qui l’envoi est effectué.
Intitulez visiblement votre texte avec la mention : COMMU-
NIQUÉ DE PRESSE.
Le lieu et la date d’émission sont nécessaires à la validation de
votre information.
Vous portez le titre choisi.
Le texte suit, dont la correction et l’orthographe sont attentive-
ment vérifiés, ainsi que la netteté du tirage.
À la fin, n’oubliez pas de donner les renseignements permettant
de prendre contact avec l’émetteur, en vue d’une confirmation ou d’un
supplément d’information :
– nom du responsable,
– no de téléphone, d’e-mail , de fax,
– service ou fonction exercée,
– adresse.
Notez que certaines entreprises ou administrations enregistrent
leurs communiqués sur répondeur téléphonique ou sur Internet, de
sorte que les personnes intéressées, alertées par une indication partielle
parue dans la presse, puissent obtenir le message complet.
Le communiqué de presse réussi est celui qui est repris dans les
médias ou qui suscite une interview, une enquête ou un reportage.
NOM :
FONCTION :
ADRESSE :
TÉLÉPHONE :
– assistera
– n’assistera pas }
aux journées ;
– demande que lui soit retenue – 1 personne (prix : 42 €),
– ne demande pas }
une chambre { – 2 personnes (prix : 50 €),
䉲 Ex 4 Remarque
Le but de ce communiqué est d’empêcher tout accident grave qui entraîne-
rait un dommage durable pour l’image de la marque. Mais en même temps le
communiqué ne doit pas effrayer les consommateurs. C’est pourquoi le vocabulaire
utilisé devra être modéré. On ne parlera ni d’erreur de conception, ni de malfaçon,
ni de dysfonctionnement certain. On tentera de considérer le défaut signalé comme
exceptionnel. On évoquera plutôt une mesure de prévention. On essaiera de mon-
trer le sérieux de la marque et de conserver la confiance de la clientèle.
Tout avertissement trop comminatoire aurait pour conséquence de faire
naître la crainte. On évitera donc les termes forts comme « Attention ! », « risque »,
« danger », etc.
En guise de corrigé, nous reproduisons une insertion réelle qu’une marque
bien connue a fait paraître dans les quotidiens il y a plusieurs années, à la suite d’un
incident rare de fabrication
䊊 䊊 䊊 Remarque
Il faut surtout éviter de composer un texte publicitaire qui ne « passerait » pas,
mais rechercher un contenu informatif susceptible d’intéresser la rédaction du
journal, puis le grand public.
On choisit un titre explicite, on donne des renseignements sur le principe, les
performances, le calendrier envisagé, sans toutefois livrer des données trop
précises sur la fabrication et la commercialisation.
On peut aussi accompagner un tel texte d’une invitation faite aux journalistes
spécialisés de venir essayer le produit.
䉲 Ex 7 Remarques
C’est un des communiqués les plus délicats à rédiger (un peu comme celui
de l’Ex 4 ci-dessus) car il est écartelé entre deux exigences :
COMMUNIQUÉ DE LA MAIRIE
Ne pas boire provisoirement l’eau distribuée par la commune
La détérioration accidentelle d’une des canalisations qui alimentent les réservoirs
de la ville a entraîné la pollution de l’eau distribuée aux robinets. Elle ne satisfait
plus momentanément aux normes d’hygiène.
Il faut immédiatement cesser de boire cette eau et de l’utiliser pour laver des
aliments qui ne seront pas bouillis. L’usage pour la toilette et pour le lavage du
linge ne présente aucun danger.
Dès qu’ils ont eu connaissance des conséquences de ce malheureux accident, les
services municipaux ont pris les dispositions réclamées par la situation :
– réparation au plus vite des canalisations endommagées ;
– désinfection de l’ensemble du réseau d’alimentation en eau potable ;
– distribution dans chaque quartier, avec l’aide des sapeurs-pompiers, d’eau propre
à la boisson et à la cuisine ;
– approvisionnement des cantines scolaires et de l’hôpital en eau minérale.
1 Le rapport général
1 Nous appelons ainsi les rapports de synthèse retraçant le dévelop-
pement d’une activité au cours d’une période limitée (annuelle, par
exemple) et appelant un jugement sur cette activité. C’est en général
l’organisme, l’exécutif responsable qui est l’auteur d’un tel rapport.
Citons parmi les rapports de ce type :
– le rapport du Conseil d’Administration d’une Société industrielle
ou commerciale ;
– le rapport d’activité du Président, du Secrétaire Général ou du
Bureau d’une Association, d’une Coopérative, d’une Mutuelle ou d’un
Syndicat.
2 Bien entendu, comme un tel rapport est soumis à l’approbation
d’une Assemblée Générale ou d’un congrès de délégués, ses auteurs
font en sorte que l’activité décrite soit jugée favorablement. Pour cela,
ils mettent l’accent :
• sur la conformité de leur action aux décisions prises antérieurement
et qu’ils avaient mission d’exécuter ;
• sur les résultats obtenus, sur les progrès ;
• sur l’efficacité des mesures de création, d’organisation, etc, qu’ils
ont été amenés à prendre ;
• sur les difficultés qu’ils ont eu à surmonter, et qui tiennent à la
conjoncture, à des incidents locaux, à des évolutions, etc.
Ce type de rapport relève à la fois du plaidoyer et du commu-
niqué de victoire, mais toujours sous le couvert de l’exposé historique
et de la présentation objective des faits.
3 Ce rapport comprend donc forcément entre autres développe-
ments :
2 Le rapport d’enquête
1 Comme le précédent, il sanctionne surtout une activité passée,
tout en ouvrant des perspectives. Relèvent de cette catégorie les rap-
ports de stage, de voyage, de visite, etc. Ils diffèrent d’un simple
compte rendu dans la mesure où ils préparent dans toutes leurs parties
la conclusion qui sera un jugement porté sur l’opération étudiée,
accompagné des enseignements à retenir ; l’attitude de l’auteur n’est
pas celle d’un observateur, mais celle d’un critique, qui est amené
parfois à proposer des modifications.
2 La partie évidemment la plus importante d’un tel rapport est
la description de ce qui a été constaté ; elle n’est pas toujours chrono-
logique ou linéaire, mais elle regroupe les informations de façon à ce
que le point de vue que l’on défend soit renforcé. On développe avec
soin, les raison pour lesquelles on émet une appréciation favorable ou
défavorable à propos des faits ou procédés que l’on a remarqués.
3 Le rapport technique
1 C’est le type de rapport que vous aurez le plus fréquemment
à rédiger. Le sujet vous est imposé par le destinataire, généralement
l’échelon hiérarchique supérieur. Par exemple, on vous a demandé
6 Le rapport collectif
Mentionnons enfin, assez délicat à rédiger, le rapport collectif, c’est-à- dire
le texte qui présente et justifie les décisions prises par un groupe ou une
commission, mais qui est écrit par un rédacteur au nom de tout le
groupe. Ce rapporteur a la charge de faire la synthèse du travail collectif,
de mettre en place les arguments, de leur donner leur forme définitive.
C’est une lourde responsabilité. Il faut rester fidèle à l’esprit du groupe
et ne pas déformer les idées sur lesquelles un accord a pu être réalisé.
䊐 B CARACTÉRISTIQUES DU RAPPORT
Un rapport est un outil de travail, il approfondit la question qu’il traite,
il fait accomplir un progrès à la réflexion. Par là, il se différencie
d’autres catégories d’écrits et sa forme exige un contrôle sérieux.
LE RAPPORT
• traduit votre activité et votre esprit d’initiative,
• communique vos résultats,
• engage votre responsabilité vis-à-vis de la collectivité.
On VOUS juge d’après vos RAPPORTS.
• Remarque
L’expérience nous ayant prouvé la vanité des longs modèles qui ne
n’appliquent jamais pertinemment aux cas rencontrés par les débu-
tants, nous nous sommes abstenus d’insérer des exemples dans l’ex-
posé qui précède. Nous croyons que l’étudiant ou le professionnel ne
progressera dans la rédaction des rapports qui lui sont demandés que
s’il est attentif à l’objet de son travail et s’il réfléchit, avec un esprit
critique, à ses difficultés, à ses insuccès éventuels, et aux rapports qu’il
trouvera dans les dossiers de son entreprise.
Quelques questions le mettront sur la voie, afin que son effort
porte tous ses fruits :
– Pourquoi tel rapport trouvé dans les dossiers semble-t-il insuffi-
sant ? que lui manque-t-il ? quelle partie est bavarde ou inutile ?
– Quelle faiblesse, quelle omission, quelle maladresse dans mon
précédent rapport ?
– Que m’a-t-on demandé ?
– Qui me l’a demandé ? Qui va le lire ?
– En vue de quel objectif ? Donc, qu’attend-on de mon travail ?
– Quel reflet de mon activité et de ma personnalité va donner ce
rapport en cours ?
Voilà qui va orienter le travail de recherche et la mise au point
rédactionnelle.
Vous aurez à composer des rapports dans le domaine technique
qui est le vôtre, sur une matière dont vous possédez les éléments.
Imaginer ici un rapport « gratuit » serait vous inviter à l’artifice, aux
généralités rebutantes et inefficaces ; la méthode que nous pratiquons
dans cet ouvrage s’oppose à de tels « devoirs » irréels.
1 Exemples
(Nous supprimons les noms propres et les données trop précises).
• Premier exemple : Rapport d’une étude technique.
I. OBJET : À la demande de la Direction des fabrications, procéder aux essais
d’une plieuse automatique de tôle d’aluminium et déterminer sa rentabilité
dans la production de nos emballages no 2031.
II. CONCLUSION :
1. Cette machine-outil assure sans incident ni rebut le pliage des feuilles de
2/10 utilisées pour la fabrication des contenants no 2031.
2. 1 200 pliures doubles dans le même sens sont effectuées à l’heure. La
réalisation des contenants serait rapide (pas de manipulation pour les chan-
gements de sens) si deux machines étaient couplées, une pour chaque sens
de pliure.
3. Voir les mesures jointes en annexe (temps, régularité, résistance du métal
après la courbure).
䊐 B SES AVANTAGES
䊐 A PRÉSENTATION MATÉRIELLE
1 En-tête
Nous n’envisageons pas le cas, qui ne pose aucune difficulté, où l’en-
tête est normalisée dans l’entreprise ou l’administration, voire prévue
par des imprimés.
• Si votre rapport comporte plus de 10 feuilles (ampleur donnée à titre
indicatif), l’en-tête sera constituée par la première page devenue ainsi
page de titre. Par exemple :
DOCUMENT CONFIDENTIEL
à ne diffuser qu’aux destinataires nominalement désignés.
• Remarque
Cette page pourrait être présentée sur une feuille à en-tête de la
société.
• Si votre rapport est d’une longueur inférieure,
a) l’en-tête peut être celle d’une lettre, surtout si vous vous adres-
sez personnellement au destinataire.
b) pour laisser son caractère impersonnel au rapport, la présenta-
tion suivante est possible :
Lyon, le 16 septembre 2010
SOCIÉTÉ ROUGEMONT
Laboratoire des recherches et essais
Rapport
à Monsieur le Directeur
sur la mise au point de tel produit
de Fabrication
................................................................................................................................................
................................................................................................................................................
2 Le sommaire
• Il n’est pas nécessaire pour un rapport fonctionnel ou un rapport ne
dépassant pas 3 ou 4 pages.
• Il est restreint à quelques lignes reprenant les parties principales, si
le texte va de 5 à 6 pages. Par exemple :
Rapport sur la mise au point de tel produit :
I. État d’avancement des recherches.
II. Difficultés restant à surmonter.
III. Prévisions actuelles.
IV. Conclusion.
• Le sommaire constitue obligatoirement la première page après le
titre, si le rapport dépasse 6 pages. Il peut alors être un peu plus
détaillé si l’on mentionne les principales subdivisions. Chaque point
doit être suivi de l’indication de la page où il commence. La référence
de pagination est obligatoire : c’est à partir de cette table des matières
que le destinataire lira ou relira les passages les plus importants pour
lui. Exemple :
3 Titres et sous-titres
L’articulation du rapport doit être évidente. Elle apparaît grâce à des
titres et sous-titres éloquents et détachés dans la mise en page.
• Choix des formules. Proscrire les titres passe-partout qui n’évoquent
rien à l’esprit du lecteur, du genre « étude analytique de la situation »
ou « conséquences ». Utiliser des termes concrets et adaptés à la matière
traitée, par exemple :
– montage utilisé ;
– des résultats qui ne sont pas suffisants ;
– une hypothèse : un filtre en tel alliage.
4 Mise en page
• Les citations de documents doivent être détachées visuellement de votre
texte, les sources de vos informations seront indiquées avec précision.
• Vous insérez les tableaux et graphiques en face du texte qui les
commente ou les utilise. Vous donnez à la dactylo des instructions en
ce sens : rien n’est plus agaçant que d’être obligé, en lisant, de feuille-
ter tout un rapport pour trouver le tableau correspondant.
5 Reliure
• Elle est nécessaire pour un ensemble supérieur à 10 pages. Sur une
couverture assez forte, vous inscrivez le titre du rapport.
• Vous numérotez les pages et vérifiez que les renvois sont complétés
avec la pagination exacte.
Enfin, vous relisez le tout et n’oubliez pas de reporter vos correc-
tions sur tous les exemplaires .
Ces conseils, bien entendu, ne valent pas que pour les rapports,
mais pour tous les écrits que vous serez amené à diffuser.
䊐 A PENDANT LE STAGE
1 Observer
– L’organisation générale et le fonctionnement du bureau
d’études ou du service.
– Sa place et son rôle dans l’entreprise.
– Ses liaisons avec les autres services et avec la direction.
– Les diverses étapes de conception d’une étude ou d’une opéra-
tion, depuis l’ingénieur jusqu’aux exécutants : rôle de chacun, nature
des documents établis.
– Méthodes de classement des documents.
– Documentations utilisées.
– Les méthodes de travail, leur rapidité, leur efficacité.
– Les dénominations utilisées.
1. J. Peytard : Pour une typologie des messages oraux. In « La Grammaire du français parlé ». Le
Français dans le Monde, no 57, juin 1968.
䊐 A SE PRÉSENTER
Vous avez à le faire en l’absence d’intermédiaire.
1 Une femme
Se présente en faisant précéder à sa convenance son nom de Madame
ou Mademoiselle.
Une jeune fille donne son prénom et son nom : Clarisse Beau-
minois.
Attention : on ne se présente pas à n’importe qui, au passant à
qui l’on demande un renseignement sur un trottoir, par exemple.
䊐 B PRÉSENTER
Nous sommes reconnaissants envers ceux qui nous présentent à des
inconnus. Aussi ne manquons jamais de présenter les unes aux autres
nos relations qui ne se connaissent pas encore. C’est un devoir de
courtoisie.
䊐 D REMARQUES
a) Pour une présentation, on se tient toujours debout , et sans
cigarette, les hommes sont découverts évidemment.
䊐 A ÊTRE AUDIBLE
1 Articulez
Plus encore que l’exposé simplement parlé, dont l’auditeur suit aisé-
ment le cours grâce aux intonations personnelles, à toute la mimique
dont on accompagne inconsciemment ce qu’on dit, la lecture, moins
« vécue », doit parvenir à l’auditoire sans qu’il en perde un mot ni
une syllabe. Ne parlez pas entre vos dents ; ouvrez assez la bouche
pour qu’on entende parfaitement vos voyelles ; sans asperger de postil-
lons les malheureux du premier rang, faites sentir nettement vos
consonnes. Les exercices bien connus auxquels se livrent les apprentis
comédiens ne seraient pas ici sans utilité.
䊐 B ÊTRE CLAIR
1 Les groupements de mots
Sous peine de devenir inintelligible, groupez, dans votre lecture, les
mots qui, pour le sens et la construction, constituent des sous-
ensembles de la phrase.
Ainsi on pourra grouper les mots comme indiqué dans l’exemple
suivant (le double trait marquant une pause plus importante) :
Le gouvernement japonais a annoncé,// mardi 17 mars, // des mesures de
stimulation de l’activité et de stabilisation des prix.// Celles-ci portent/ princi-
palement/ sur une baisse du taux d’escompte/ qui revient de 2,25 à 1,25 %,//
l’octroi anticipé de contrats de travaux publics,// une relance de la construc-
tion dans le secteur privé,// des mesures d’assistance financière aux petites
et moyennes entreprises/ très touchées depuis des mois,// comme le mon-
trent les nombreuses faillites/ qui se sont produites parmi elles.
2 La ponctuation
Elle signale les principaux groupements qui doivent être respectés, et
dans une certaine mesure, la durée des diverses pauses. Mais il ne
suffit pas de régler mécaniquement sa lecture sur elle. Ainsi, dans
l’exemple proposé ci-dessus, l’adverbe principalement doit être détaché,
parce qu’il exprime une réserve importante et qu’il ouvre une énumé-
ration dont il faut bien marquer les termes successifs.
䊐 C ÊTRE VIVANT
Même correcte et claire, la lecture, que l’on croit plus facile que la
parole improvisée, est très souvent morne, ennuyeuse et ne retient pas
l’attention des auditeurs. Pourquoi ? La parole est rendue diverse et
animée par la recherche de l’expression qui arrive aux lèvres selon la
vie de la pensée, tantôt lente, tantôt pressée, tantôt hésitante ; mais
dans la lecture à voix haute, l’esprit du lecteur se livre à une activité
plus mécanique, les termes lui sont fournis sûrement, régulièrement.
Du coup, le lecteur est entraîné vers une cadence monotone ; il lui
faut faire un effort pour l’éviter. Comment ? C’est une question de
rythme et de ton .
1. Vous trouverez, si nécessaire, des renseignements plus abondants dans la Grammaire du français
contemporain, Larousse, p. 24, § 27, ou dans La prononciation française, Traité pratique, de M. Gram-
mont, Delagrave, pp. 129-135.
2 Variez le ton
Vous savez ce que c’est qu’une voix monocorde : elle énonce tout sur
la même note . Il ne s’agit pas de chanter, bien sûr, mais d’étendre un
peu votre registre. Les interrogations que comporte votre texte, les
parenthèses sont déjà une occasion d’utiliser des « notes » plus hautes
ou plus basses.
Méfiez-vous des fins de phrases : ne laissez pas tomber la voix (ou
ne la montez pas) systématiquement.
Enfin, traduisez par vos inflexions de voix les intentions de l’au-
teur : ironie, gravité, mais seulement s’il y a lieu, et sans excès.
J’exige l’exactitude : c’est ici, songez-y, que se juge et se jauge le zèle d’un associé ;
sans ce soin assidu, sévissent les défaillances successives et surgissent sans cesse de
fâcheux incidents.
IV - L’INTERVENTION IMPROVISÉE
䊐
Nous parlons de la prise de parole non préparée que l’on est amené à
faire à l’improviste. Il faut, par exemple, donner une information un
peu développée, décrire un processus, fournir une explication assez
circonstanciée, développer un point de vue. On va devoir s’exprimer
䊐 A AVANT DE COMMENCER
Accordez quelques secondes à la réflexion :
• fixez-vous un objectif (qu’est-ce que je veux dire ?) ; déterminez en
quelque sorte votre idée de manœuvre. Non seulement vos idées
seront plus nettes, mais en plus vous gagnerez de la confiance en vous
parce que vous aurez effectué un choix tactique ;
• précisez dans votre tête le point d’où vous allez partir et celui auquel
vous voulez arriver. N’oubliez pas qu’une des difficultés de l’improvisa-
tion, c’est le démarrage et le bouclage de votre intervention. Ces deux
moments doivent être très fermes et très clairs. Si vous ne bredouillez
pas au départ, si vous terminez sur une formule bien assise, vous
donnez déjà une impression favorable ;
• essayez aussi de prévoir les deux ou trois parties ou articulations de
votre « discours », autrement dit mettez de l’ordre dans votre interven-
tion, ayez à l’esprit un plan simple. Inspirez-vous des conseils donnés
dans le chapitre II. Des structures modestes, comme l’addition, le
regroupement par catégories, l’opposition ou le mouvement linéaire,
peuvent être utilisées aisément. Écoutez les hommes politiques dans
les débats ou les conférences de presse : vous constaterez qu’ils font
souvent appel à ces plans pour organiser leurs réponses et qu’ils se
montrent ainsi habiles ou éloquents.
Si vous en avez le temps, en attendant par exemple votre tour de
parole, jetez sur un petit bout de papier les deux ou trois mots-clés qui
esquisseront votre plan et vous éviteront de connaître les affres du
« trou » de mémoire, notamment lorsque la situation de communica-
tion est un peu éprouvante pour vous.
䊐 B EN PARLANT
• Concentrez-vous sur la démarche que vous suivez ; tenez compte des
réactions de votre auditoire, mais sans vous laisser aller à des digres-
sions, sans perdre votre fil directeur.
• Gardez-vous de retours en arrière fréquents.
• Variez le rythme et l’intensité de votre voix.
V - L’EXPOSÉ PRÉPARÉ
䊐
Celui qui n’a pas l’habitude de prendre la parole en public s’en tiendra
d’abord à de courts exposés ; il trouvera ici des conseils pratiques qui
lui éviteront de commettre les maladresses du débutant.
䊐 A LA PRÉPARATION DE L’EXPOSÉ
Quelques-uns sont capables d’improviser ; qu’ils remercient la nature !
La plupart sont obligés de méditer ce qu’ils vont dire et de s’aider de
notes écrites. Quelles préoccupations doit-on avoir ?
Des notes trop sèches, trop réduites, vous laisseront peut-être
« en panne » : qu’ai-je voulu dire par là ? Qu’avais-je mis sous ce
titre ?
Les débutants ont plutôt tendance à rédiger le texte complet de
leur exposé : ils se sentent ainsi à l’abri, il n’y a plus qu’à lire... quitte
à endormir l’auditoire.
䊐 C INTÉRESSER L’AUDITOIRE
Sans doute entre spécialistes appréciera-t-on surtout la valeur, la
nouveauté de l’information, mais on sera sensible à l’agrément de la pré-
sentation. Les exposés les plus techniques, les plus arides peuvent être
vivants.
3 L’efficacité
Dans ce genre de « discours », on s’efforce avant tout de bien « faire
passer » une information ou une opinion, c’est-à-dire d’être exacte-
ment compris.
Rappelons seulement ici trois moyens pour « être suivi » et atti-
rer l’attention sur l’essentiel :
• bien marquer la succession des développements ; indiquer au
besoin le plan ;
• formuler avec vigueur les idées principales, en particulier celles
qui trouvent naturellement leur place au début et à la fin de chacun
de ces développements ;
• changer de rythme, de force et d’intonation. Quand vous indiquez
un résultat important de votre enquête, ralentissez, articulez davan-
tage, changez de ton (voix plus grave généralement).
Vous pouvez aussi répéter (sans en abuser), ménager un court
silence avant ou après, etc. Inutile de multiplier les conseils théo-
riques : que chacune de vos expériences soit une occasion de réflexion
et de progrès.
VI - LA COMMUNICATION
TÉLÉPHONIQUE
䊐
Le téléphone établit un contact rapide et direct entre deux individus. Mais
il ne devient pas pour autant le seul moyen de communication. Il ne
remplace :
• ni l’entretien de vive voix : le « coup de fil » n’excède normalement
pas 5 minutes, sinon il encombre le réseau intérieur de l’entreprise.
䊐 A AVANT D’APPELER
L’appel téléphonique et le contenu du message doivent être per-
tinents et, pour cela, préparés.
1 Préparation matérielle
• Rassembler devant soi de quoi écrire, les documents qui peuvent être
nécessaires, son carnet d’adresses, son agenda pour un RV éventuel.
• Assurer les conditions d’une communication tranquille : on ne télé-
phone pas d’une cabine dans la rue pour demander des renseigne-
ments techniques délicats ; si l’heure d’appel a été convenue, on la
respecte ; on se libère à temps ; etc.
䊐 B L’ENTRETIEN
1 Le demandeur
S’assure de l’identité de son correspondant :
– le no ou le nom de la collectivité ?
– le poste ? la personne ?
– ou, plus directement : « Est-ce Monsieur un tel qui est à l’appa-
reil ? » ou encore : « Un tel ? »
– il prie qu’on l’excuse s’il s’est trompé ;
– s’il doit parler longtemps, il demande d’abord si le correspon-
dant dispose du temps nécessaire.
2 L’appelé
Se fait reconnaître :
« Ici Rastignac, ou l’Entreprise Bidon, ou l’atelier de montage. »
Un responsable dit : « Ici le Directeur du bureau d’études. »
Un employé : « Ici Valenod, de l’Hôpital départemental. »
3 Pour tous
– Ne pas crier, mais articuler distinctement et ralentir un peu le
débit habituel ;
– ne pas livrer de noms inconsidérément, ou de secrets ;
– réduire les formules de politesse, surtout dans le travail ;
– pour mettre fin à l’entretien, remercier (c’est en général
compris) ou présenter des excuses : « Je ne veux pas vous importuner
davantage. »
䊐 A CONNAÎTRE L’OBJECTIF
ET LES MODALITÉS DE LA DISCUSSION
L’animateur de la réunion doit réfléchir à la forme et au contenu de
la discussion, le participant doit s’en informer pour jouer un rôle utile.
Faute de ces mises au point préalables, la réunion sera mal préparée,
l’échange incohérent, et le but souhaité ne sera pas atteint.
1 Un objectif précis
Fixé en tenant compte des possibilités, des intentions et des circons-
tances, il détermine la nature de la réunion. En gros, les objectifs se
réduisent à deux types :
• L’information et la recherche : on ne désire pas aboutir à une prise
de position collective, on ne vise qu’à échanger, opposer, susciter
des points de vue ; les participants explorent, parfois à l’aide de leurs
contradictions, des faits ou des idées. La discussion appelle l’interven-
tion de chacun, la mise en commun des connaissances, des expé-
riences, des réflexions. Plus que de compétition, il s’agit de
coopération ; plus que de controverse, il s’agit de critique construc-
tive. Une discussion de ce type représente souvent un moment d’in-
vestigation collective en cours d’études, avant la phase terminale qui
sera celle de la décision à prendre. Dans les entreprises, de telles
séances sont organisées pendant la préparation d’un projet. Ces discus-
sions ouvertes assurent en même temps une large information de tous les
participants.
• La décision : la discussion est prévue pour qu’à son terme soit déga-
gée une conclusion reconnue préférable par la majorité ou par les
responsables qui cherchaient à être éclairés. L’objectif en ce cas peut
être :
a) Un choix théorique ou d’orientation générale : l’examen des idées
ou des positions est conduit de façon à éliminer les propositions qui
paraissent les plus fragiles, les plus aléatoires ou les plus difficiles,
au profit de celle qui présente le maximum d’avantages : adaptation,
efficacité, etc. La discussion porte sur des principes et des options dont
䊐 B VOTRE INTERVENTION
1 Écouter
Quelle que soit votre impatience d’exprimer votre opinion, rappelez-
vous que dans une discussion vous n’êtes pas seul et que vous assumez
un rôle social. Ce que pensent et disent les autres est aussi important
que la valeur propre de votre point de vue. Sachez être un auditeur
actif, c’est-à-dire ne méprisant ou ne négligeant pas a priori la pensée
d’autrui, s’efforçant de suivre et de comprendre les diverses idées,
cherchant à en saisir les motivations, étudiant leurs faiblesses ou leurs
qualités. Dans une discussion animée, ne vous fiez pas à votre
mémoire. Chaque point de vue nouveau chasse les précédents. Nous
vous conseillons d’inscrire sur une feuille en deux ou trois mots le
sens de chaque intervention, quitte à prendre des notes plus précises
quand un participant développe un argument important ou quand
vous critiquez ce qui est dit. Ainsi vous préparerez une intervention
pertinente.
2 Que dire ?
Évitez :
a) l’excès de timidité qui contraint le débutant au silence, et lui
laisse ensuite des regrets quand il se rend compte que d’autres expri-
ment des idées qu’il avait lui-même déjà trouvées ;
b) l’intempérance et la confusion d’interventions multipliées :
vous lassez, vous agacez.
Dégagez nettement le point de vue auquel vous tenez, cherchez
des formules capables de le mettre en valeur, proscrivez toute redite
de ce qui a déjà été lancé dans la discussion. Songez par avance aux
objections possibles.
3 Quand le dire ?
C’est affaire de tactique.
4 Comment le dire ?
Deuxième aspect tactique. Le choix des arguments, du style, du ton
de votre prise de parole, leur adaptation à la situation ponctuelle de la
discussion sont à méditer. Votre calme après un intervenant coléreux,
votre netteté après un moment désordonné impressionneront.
En définitive, ce qui compte, c’est de se faire écouter, d’apporter
du nouveau et du sérieux à l’effort collectif. On néglige qui ne dit
rien, on s’irrite contre les bavards impénitents, on apprécie ceux qui
offrent, même maladroitement, une collaboration franche et nette
dans l’examen d’une question importante.
1 Préparation
À moins d’être très habitué, vous préparerez l’entretien en réfléchis-
sant à :
• ce que vous voulez obtenir (telle image de l’entreprise, telle convic-
tion,...) ;
• la personnalité probable de l’interlocuteur. Parfois même vous aurez,
s’il vient d’un pays étranger, à rafraîchir votre connaissance des usages
propres à ce pays ;
• la base de votre argumentation : faits, documents, etc ;
• votre tactique.
2 Conduite de la discussion
a) L’abord
Les formules de politesse (voir partie I ci-dessus : Les Présentations),
les libertés que l’on peut se permettre varient selon l’individu, la natio-
nalité. On sait, par exemple, qu’il y a, en Amérique, une familiarité
plus grande qu’en France entre un chef d’entreprise et ses ouvriers ou
cadres, alors qu’au Japon les marques de respect sont plus accentuées.
b) Souplesse...
Vous ne développez pas en général votre argumentation d’une façon
continue, comme dans une conférence ou un exposé, mais vous enga-
gez une conversation. Vous ne pourrez habituellement disposer vos
arguments dans l’ordre prévu, d’abord parce que les réponses de votre
interlocuteur vous feront souvent dévier et ensuite parce que, lui aussi,
entend placer les siens. Le dialogue demande donc une très grande
souplesse.
c) et fermeté
Vous n’en suivrez pas pour autant votre partenaire sur tous les terrains
où il vous entraîne, ni ne renoncerez à « placer votre balle » à un
autre moment.
3 Les résultats
Si le dialogue aboutit à un accord, à une décision d’action commune,
vous n’oublierez pas que :
• une négociation, c’est un compromis. Chaque partenaire est amené
à lâcher du lest. À vous de bien déterminer à l’avance jusqu’où il vous
est possible d’aller ;
• toute ambiguïté, toute formule vague est dangereuse pour la suite.
Ainsi, le délai prévu pour une fabrication, une livraison, devra être
précisé.
䉲 Ex 4 1. J’ai été très (extrêmement) surpris par ce qu’il m’a dit (appris). 2. L’avez-
vous lu ? C’est remarquable (très intéressant ; passionnant). 3. Rassurez-vous, je
vais le retrouver. 4. Ce n’est pas manque de bonne volonté (de ma part), mais
impossibilité absolue. 5. Cela devait arriver ; il est coutumier du fait. 6. Je ne vois
pas d’autre méthode (solution). 7. N’espérez pas que j’accepte cet arrangement
(proposition...). 8. Les récriminations sont bien inutiles. 9. Nous avons d’abord dû
subir un assez long exposé. 10. Commençons, si vous le voulez bien.
343
Téléphone 327-330 Sciences
Titres 304 – géographie 71-72
– géologie 219, 222-223, 232
– médecine 76-78, 230-231
THEMES
– et religion 57-58
Société (problèmes de)
Amitié 234 – famille 44-46
Amour 158-160 – inégalités 149-150
Animaux 158-160, 166-167, – minorité (indienne aux USA) 218
188-193, 228 – protection sociale 64-66, 163-164,
Arts 232-233
– architecture 121-124 – retraites 43
– cinéma 32 Sports 63, 150-152, 164-166
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Expression (difficulté d’) 1-3, 6
Barbault A. 175-177
Bergeron A. 232
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Brohm J.M. 150-152
France 35-37, 38-41
Buffenoir J. 193-194
Graphologie 193-198 Burguière A. 44-46
Humanité 57-58, 148-149, 229-230 Camus A. 1-3,
Humanitaire (action) 74-76 Castillo (M. del) 6
Laïcité 35-37 Cavanna 125-126
Langues 38-41, 66-68, 125-126, Caviglioli F. 196-198
160-163 Chambon P. 230
Mondialisation 71-72, 116-117, 118, Closets (F. de) 227-228
155-157 Comte-Sponville A. 148-149
Politique Coutrot Th. 163-164
– action humanitaire 74-76 Cyrulnik B. 229
– pacifisme 117-118 Defrance J. 63
– progressisme 72-74 Dejours C. 207-208
– propriété 61 Delaye Y. 186-188
– spectacle 154-155, 219-220 Dreux C. 76-78
Progrès 72-74 Ehrenberg A. 203-205
Publicité 153 Eiffel G. 122-124
Religion 57-58, 228-229 Ferry L. 166-167
Santé 64-66, 76-78,-203-210 Fleury L. 30-31
index 345
RÉALISATION : NORD COMPO À VILLENEUVE-D’ASCQ