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L'Art de La Guerre Pour Les Femmes - Catherine Huang, Arthur Rosenberg
L'Art de La Guerre Pour Les Femmes - Catherine Huang, Arthur Rosenberg
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Catherine Huang & A. D. Rosenberg
L’ART DE LA GUERRE
POUR LES FEMMES
R éussir pour une femme ne veut pas nécessairement dire battre à leur
propre jeu les hommes – ou d’autres femmes qui réussissent. Bon
nombre de femmes ont découvert les avantages que présente la compétition
en fonction de leurs conditions personnelles. Nous avons tous entendu ces
clichés disant que les femmes doivent travailler deux fois plus dur et
accomplir trois fois plus que les hommes pour ne recevoir que la moitié de
la reconnaissance dont ceux-ci bénéficient généralement. Il est temps de
mettre de côté ces maximes lapidaires et de vous concentrer sur ce qui
fonctionne le mieux pour vous, et, simultanément, vous donne le sentiment
que c’est la chose à faire.
L’Art de la guerre appliqué aux problèmes que rencontrent les femmes ou
à toute autre poursuite s’apparente à une métaphore. Heureusement, tirer
profit des stratégies et des tactiques de Sun Tzu ne requiert pas
nécessairement d’encombrer la voie avec des ego blessés. La sagesse
consacrée d’éviter la confrontation directe est considérablement en
adéquation avec ses enseignements : depuis l’aube de la civilisation, en cas
d’attitudes improductives ou de conflits, guerriers comme travailleurs ont
reconnu la stupidité de perdre de l’énergie et des ressources.
Le tableau de ce que signifie vraiment le fait de gagner est un point plus
important à considérer. Clairement, rabaisser les femmes – comme
quiconque – et les écarter du leadership et des prises de décision est une
perte pour tout le monde. La pratique essentiellement masculine de
l’emporter au détriment de quelqu’un d’autre – le rapport de force gagnant-
perdant – pourrait apporter momentanément un petit sentiment agréable de
gratification, mais un rapport gagnant-gagnant sert à plus long terme les
intérêts des deux parties. Et, comme la plupart des femmes en ont
conscience, cela demeure un objectif dont l’accomplissement vaut la peine,
comme le perfectionnement de cette compétence.
Parfois, dans la poursuite de ses intérêts légitimes, la confrontation ne
peut être complètement évitée. À ce titre, Sun Tzu nous montre comment
entrer en compétition en mettant en valeur nos forces uniques et collectives
personnelles. Qui êtes-vous, et qui voulez-vous devenir ? Investissez en
vous.
1. Planification
Sun Tzu dit :
La guerre est une affaire d’une importance vitale pour l’État. C’est le
domaine de la vie et de la mort, la voie : la conservation ou la perte […] en
dépendent ; il est impérieux de bien la régler.
Les comparaisons
En cherchant à déterminer la situation militaire, utilisez les questions
suivantes comme base de comparaison :
1
. Lequel des deux dirigeants (le nôtre ou le leur) observe le mieux les
principes juridiques et moraux ?
2
. Quel chef semble être le plus compétent ?
3
. Quel groupe possède les plus grands avantages dans des conditions
naturelles et sur le terrain ?
4
. Quel camp est le plus discipliné ?
5
. Quelles ressources sont les plus puissantes ?
6
. Quel camp est le mieux entraîné ?
7
. Quel camp est plus cohérent et juste en attribuant récompenses ou
sanctions ?
La ruse stratégique
Sun Tzu nous dit ici (ainsi que continuellement dans L’Art de la guerre)
que la guerre est basée sur la ruse. C’est ainsi qu’il conseille de donner
l’impression (à l’ennemi) d’être faible quand on est le plus fort, ainsi que :
1
. Prétendez que vous vous reposez alors que vous avancez.
2
. Si vous êtes loin, donnez l’impression d’être tout près, et si vous êtes tout
près, d’être loin.
3
. Usez de leurres (par exemple, en créant l’illusion d’une faiblesse) pour
tenter l’opposition.
4
. Embrouillez l’ennemi avec de faux signes et de fausses informations.
5
. Préparez-vous pour un ennemi d’envergure, mais évitez-le s’il est
particulièrement puissant.
6
. S’il semble être troublé ou en colère, cherchez à l’irriter.
7
. S’il se repose, obligez-le à dépenser son énergie.
8
. S’il est organisé, initiez un conflit dans ses rangs.
9
. Greffez-vous là où il est le moins préparé.
1
0
. Progressez quand il ne s’y attend pas.
Il s’agit des stratégies qui mènent au succès. Il ne faut pas les divulguer à
l’avance, même à votre propre camp, et elles doivent être échafaudées en
fonction des opportunités qui se présentent.
Le général qui gagne la bataille aura calculé méticuleusement ses plans au
préalable. Les préparations minutieuses favorisent la victoire, les calculs
médiocres font augmenter la probabilité d’une défaite.
2. Faire la guerre
Sun Tzu dit :
En règle générale, toute campagne exige mille chars rapides ainsi que
mille fourgons protégés pour les approvisionnements, cent mille soldats en
armure, et des vivres et des munitions en suffisance pour nourrir une armée
projetée à mille lieues3 de ses bases […] le coût total montera à mille onces
d’argent par jour.
La motivation
La colère est ce qui motive les soldats à tuer l’ennemi, et des récompenses
matérielles les encouragent à s’emparer de ses possessions. Lorsque vos
gens auront pris sur l’ennemi au-delà de dix chars, commencez par
récompenser libéralement tant ceux qui auront conduit l’entreprise que ceux
qui l’auront exécutée. Employez ces chars aux mêmes usages que vous
employez les vôtres, mais auparavant ôtez-en les marques distinctives qui
pourront s’y trouver.
Traitez bien les prisonniers […] ; faites en sorte, s’il se peut, qu’ils se
trouvent mieux chez vous qu’ils ne le seraient dans leur propre camp […]
et, pour le dire en deux mots, conduisez-vous à leur égard comme s’ils
étaient des troupes qui se fussent enrôlées librement sous vos étendards.
Voilà ce que j’appelle conquérir l’ennemi pour renforcer votre propre camp.
Pour résumer, [l]’essentiel est dans la victoire et non dans les opérations
prolongées. Le général qui s’entend dans l’art de la guerre est le ministre du
destin du peuple et l’arbitre de la destinée de la victoire, de la sécurité ou de
la mise en danger de la nation.
3. Stratégie offensive
Sun Tzu dit :
En règle générale, il est préférable de préserver un pays à le détruire, un
corps d’armée à le détruire, un bataillon à le détruire, une escouade à la
détruire, une brigade à la détruire.
Ainsi, combattre et conquérir dans toutes vos batailles n’est pas
l’excellence suprême ; l’excellence suprême consiste à briser la résistance
de l’ennemi sans combattre.
La stratégie
La politique de guerre la plus efficace consiste à attaquer la stratégie de
l’ennemi ; puis rompez ses alliances ; puis attaquez son armée. La pire des
politiques consiste à attaquer les citées fortifiées.
N’y consentez que si aucune autre solution ne peut être mise à exécution,
et qu’en dernier recours.
Si vous y êtes contraint […], disposez de telle sorte vos chars, vos
boucliers et toutes les machines nécessaires pour monter à l’assaut, ce qui
prendra trois mois en totalité ; et entasser des monticules de terre contre les
murs prendra trois mois encore pour y parvenir.
Entre-temps, le général pourrait être dans l’incapacité de maîtriser son
impatience et ordonner à ses hommes d’aller à l’assaut en imitant la
vigilance, l’activité, l’ardeur et l’opiniâtreté des fourmis. Auquel cas, il
perdra un tiers de ses forces, et ne parviendra pas à prendre la cité. Tels sont
les effets désastreux d’un siège.
Un habile général […] sans donner des batailles, […] sait l’art d’humilier
ses ennemis ; sans [les assiéger], il vient à bout de prendre les villes ; sans
mettre les pieds dans les royaumes étrangers, il trouve le moyen de les
conquérir sans opérations prolongées. Son objectif consiste à exercer sa
maîtrise tout en préservant ses forces indemnes, laissant ses armes bien
affûtées, ce qui lui permet de préserver ses victoires militaires. Tel est l’art
de la stratégie victorieuse.
Bien que des forces en nombre limité puissent bien combattre, un manque
de souplesse entraînera leur capture par celles en plus grand nombre.
4. Disposition militaire
Sun Tzu dit :
Anciennement ceux qui étaient expérimentés dans l’art des combats se
rendaient invincibles, attendaient que l’ennemi soit vulnérable et ne
s’engageaient jamais dans des guerres qu’ils prévoyaient ne pas devoir finir
avec avantage.
Vous prémunir de la défaite est entre vos mains ; l’opportunité de vaincre
l’ennemi est offerte par l’ennemi même. C’est ainsi que le combattant
capable peut s’épargner la défaite, mais ne peut être certain de vaincre
l’ennemi.
C’est ainsi qu’il est dit : vous pouvez savoir comment conquérir l’ennemi,
mais le moment pourrait être mal choisi pour mettre votre plan en action.
La défense/l’offensive
Si les conditions ne sont pas favorables pour passer à l’attaque, il vous
faut établir vos défenses ; quand vous pourrez vaincre l’ennemi, passez à
l’offensive.
Une position défensive implique une force insuffisante ; passer à l’attaque
indique une force en abondance.
Les experts dans la défense doivent s’enfoncer jusqu’au centre de la Terre.
Ceux, au contraire, qui veulent briller dans l’attaque doivent s’élever
jusqu’au neuvième ciel. C’est ainsi que d’un côté, vous cacherez toutes vos
démarches, et que vous serez impénétrable, et que de l’autre, vous
parviendrez à une victoire totale.
L’excellence
Ne considérer une victoire que si elle se situe dans l’image des masses
n’est pas le summum de l’excellence. Pas plus qu’une victoire pour laquelle
tout l’empire exprime son admiration et son approbation.
De même, soulever le duvet des lapins en automne ne demande pas
grande force ; il ne faut pas avoir les yeux bien pénétrants pour découvrir le
soleil et la lune ; il ne faut pas avoir l’oreille bien délicate pour entendre le
tonnerre lorsqu’il gronde avec fracas ; rien de plus naturel, rien de plus aisé,
rien de plus simple que tout cela.
Les habiles guerriers ne trouvent pas plus de difficultés dans les combats ;
ils font en sorte de remporter la bataille après avoir créé les conditions
appropriées. […] Ils savent la situation des ennemis, ils connaissent leurs
forces, et n’ignorent point ce qu’ils peuvent faire et jusqu’où ils peuvent
aller ; la victoire est une suite naturelle de leur savoir.
Aussi, les victoires remportées par un maître dans l’art de la guerre ne lui
rapportaient ni la réputation de sage ni le mérite d’homme de valeur […].
[Il n’attribuait son] succès qu’au soin extrême qu’[il avait] eu d’éviter
jusqu’à la plus petite faute. Éviter jusqu’à la plus petite faute veut dire que,
quoi qu’il fasse, il s’assure la victoire ; il conquiert un ennemi qui a déjà
subi la défaite.
[En d’autres termes, celui qui excelle dans l’art de la guerre] prend une
position telle qu’il ne peut subir une défaite ; il ne manque aucune
circonstance propre à lui garantir la maîtrise de son ennemi. [Dans ce sens],
[une] armée victorieuse remporte l’avantage, avant d’avoir cherché la
bataille ; une armée vouée à la défaite combat dans l’espoir de gagner.
Ceux qui sont zélés dans l’art de la guerre cultivent le Tao et préservent
les régulations [en adhérant strictement à la méthode et à la discipline] ; ils
sont donc capables de formuler des politiques de victoire.
La méthode
La méthodologie militaire consiste en :
1
. La mesure du terrain (dérivée de l’espace).
2
. L’estimation des forces (dérivée de la mesure du terrain).
3
. Le nombre des hommes (dérivé de l’estimation des forces).
4
. L’équilibre des forces (dérivé du nombre des hommes).
5
. Et les chances de victoire (dérivées de tout ce qui précède).
[C’est ainsi que l’armée victorieuse s’apparente à un] Y [qui] surpasse un
Tchou. Dans les plateaux d’une balance, le Y emporte le Tchou. Soyez à
vos ennemis ce que le Y est au Tchou. (Si Y pèse environ 700 grammes,
Tchou ne pèse même pas un gramme.) [C’est ainsi que les] forces
[conquérantes sont] telles les eaux contenues qui, soudain relâchées,
plongent dans un abîme sans fond.
5. Énergie
Sun Tzu dit :
Généralement, le commandement du grand nombre est le même que pour
le petit nombre, ce n’est qu’une question d’organisation […] [,] de
formation et de transmission des signaux.
6. Force et faiblesse
Sun Tzu dit :
Dans la plupart des cas, celui qui occupe le terrain en premier et attend
l’ennemi sera prêt pour la bataille ; celui qui arrive en retard et doit se
dépêcher y parviendra épuisé. Celui qui est capable de faire venir l’ennemi
de sa propre initiative le fait en lui offrant quelque avantage ; et celui qui est
désireux de l’en empêcher le fait en le blessant. C’est ainsi que celui qui est
compétent à la guerre impose sa volonté sur l’ennemi sans que la volonté de
celui-ci lui soit imposée.
C’est de cette façon qu’il est possible de fatiguer un ennemi reposé :
tâchez de l’affamer au milieu de l’abondance, de lui procurer du tracas dans
le sein du repos, et de lui susciter mille terreurs dans le temps même de sa
plus grande sécurité […] [,] par votre mouvement provoquez le sien,
donnez-lui de fréquentes alarmes, faites-lui naître l’occasion de faire
quelque imprudence dont vous puissiez tirer du profit.
[…] Vous avez parcouru l’espace de mille lieues (un millier de li5) sans
que vous ayez reçu encore aucun dommage. Vous pouvez avancer en terrain
inoccupé sans vous fatiguer. Le grand art […] est de faire en sorte que
l’ennemi ignore toujours le lieu où il aura à combattre, et de lui dérober
avec soin la connaissance des postes qu’il fait garder. Pour garantir le
succès, n’attaquez que les positions non défendues ; pour que votre défense
soit assurée, sécurisez des positions que l’ennemi ne pourra attaquer.
La ruse stratégique
[…] Un habile général attaque de telle sorte que son adversaire ne sait où
orienter ses défenses ; et se défend de telle sorte que son adversaire ne sait
où lancer ses attaques. Sans être vu, il voit ; il entend, sans être entendu ; il
agit sans bruit et dispose comme il lui plaît du sort de ses ennemis. Tels sont
les arts de la subtilité et du secret.
Vous pourrez avancer sans la moindre résistance en attaquant les
faiblesses de l’ennemi ; et vous pourrez vous retirer sans danger d’être
poursuivi en étant plus rapide à bouger que lui. Ainsi, si j’ai dessein de
livrer la bataille, les ennemis restent dans leurs retranchements […] surtout
s’ils sont bien retranchés, s’ils ont de larges fossés et des murailles élevées
qui les couvrent, ils seront contraints de se battre, car j’attaque les cibles
qu’ils doivent sauver.
Sans vouloir combattre, même si les lignes de notre campement ne sont
que tracées au sol, je peux empêcher l’ennemi d’attaquer. Tout ce que j’ai à
faire, c’est de faire dévier sa direction et le désorienter dans ses
mouvements.
C’est ainsi que j’apprends la répartition des forces ennemies en
camouflant les miennes, ce qui me permet de concentrer mes forces là où
les ennemis sont divisés. Ayez constamment une extrême attention à ne
jamais séparer les différents corps de vos armées. Faites qu’ils puissent
toujours se soutenir aisément les uns les autres […]. [Si l’ennemi] se
partage en dix corps, attaquez chacun d’eux séparément avec votre armée
tout entière […]. De cette sorte, quelque petite que soit votre armée, le
grand nombre sera toujours de votre côté. Et si je suis ainsi en mesure
d’attaquer ses forces réduites avec des forces supérieures, il sera dans une
mauvaise passe.
Que l’ennemi ne sache jamais comment vous avez l’intention de le
combattre, ni la manière dont vous vous disposez à l’attaquer, ou à vous
défendre. De cette façon, il doit se préparer à se défendre contre une attaque
potentielle à plusieurs endroits. Car, s’il se prépare au front, ses arrières
seront faibles ; s’il se prépare à l’arrière, son front sera fragile ; s’il se
prépare à sa gauche, sa droite sera vulnérable ; s’il se prépare à sa droite, sa
gauche sera affaiblie ; et s’il se prépare en tous lieux, il sera partout en
défaut. S’il l’ignore absolument, il fera de grands préparatifs, il tâchera de
se rendre fort de tous les côtés, il divisera ses forces, et c’est justement ce
qui fera sa perte.
Le nombre
La faiblesse en ce qui concerne le nombre vient d’avoir à se préparer
contre des attaques éventuelles ; la force en ce qui concerne le nombre vient
de contraindre votre adversaire à faire ces préparations contre vous.
Il s’ensuit que connaître le lieu et l’heure de la bataille qui s’annonce
permet de couvrir un millier de lieues (li) et de se concentrer pour engager
le combat. Mais, sans connaître ni l’heure ni le lieu de la bataille, l’aile
gauche sera dans l’incapacité d’aider l’aile droite, qui sera tout autant dans
l’incapacité de soutenir l’aile gauche, le front de son armée ne [pourra] pas
recevoir du secours de ceux qui sont à la queue, qui ne pourra soutenir le
front. Dix lieues (li) entières sont le plus grand espace que vous deviez
laisser entre votre armée et la sienne, et même au plus près de plusieurs
lieues (li) !
En fonction de mon estimation, les soldats du roi d’Yue dépassent en
nombre les nôtres, mais quel avantage cela leur apportera-t-il pour atteindre
la victoire ? Je dis que la victoire peut être créée ; même si l’ennemi est en
nombre, je peux l’empêcher d’engager le combat.
Détermine les plans de l’ennemi et tu sauras quelle stratégie sera
couronnée de succès et celle qui ne le sera pas. Perturbe-le et fais-lui
dévoiler son ordre de bataille. Détermine ses dispositions et fais-lui
découvrir son champ de bataille. Mets-le à l’épreuve et apprends où sa force
est abondante et où elle est déficiente.
La suprême tactique consiste à disposer ses troupes sans forme apparente ;
alors les espions les plus pénétrants ne peuvent fureter et établir des plans
contre vous.
Les tactiques
C’est selon les formes que j’établis des plans pour la victoire, en fonction
des propres tactiques de l’ennemi, mais la multitude ne le comprend guère.
Bien que tous puissent voir les tactiques par lesquelles je conquiers,
personne ne peut comprendre la stratégie selon laquelle j’ai créé ma
victoire. Et quand vous avez remporté une bataille, ne répétez pas les
tactiques, mais faites en sorte que vos méthodes répondent aux
circonstances selon une variété infinie de voies.
Maintenant, il doit en être des tactiques à peu près comme d’une eau
courante. De même que l’eau qui coule évite les hauteurs et se hâte vers le
pays plat, de même dans la guerre, la méthode consiste à éviter la force et à
frapper la faiblesse. L’eau, dans son cours, suit la situation du terrain dans
lequel elle coule; de même, votre armée doit s’adapter au terrain sur lequel
elle se meut, en contrôlant ainsi le cours de la victoire en fonction de
l’opposition. Tout comme l’eau ne conserve pas de forme constante, dans la
guerre, il n’y a pas de conditions constantes.
Celui qui est capable de modifier ses tactiques en fonction de son
opposant, et ainsi de réussir en gagnant, est appelé un chef spirituel.
C’est ainsi que les cinq éléments (eau, feu, bois, métal, terre) ne sont pas
partout, ni toujours également purs ; les quatre saisons ne se succèdent pas
de la même manière chaque année. Parmi les jours, certains sont longs,
d’autres courts. La lune croît et décroît.
7. Manœuvres
Sun Tzu dit :
Après que le général aura reçu du souverain l’ordre de tenir la campagne,
il rassemble les troupes et mobilise le peuple6, puis s’en va confronter
l’ennemi et camper ses troupes. Se présente ensuite l’étape la plus difficile,
celle des manœuvres tactiques, consistant à transformer la route déviée en
voie directe, et l’adversité en avantage.
L’art de la déviation consiste ici à inciter l’ennemi (en lui présentant le
leurre d’un avantage) à s’engager sur une longue route qui fait un détour, de
cette façon, même après vous être mis en route après lui, vous parvenez à
arriver avant lui. Cette manœuvre est accomplie par l’approche tactique
directe et indirecte.
La logistique
Combattre avec une armée est un avantage, mais avec une multitude
indisciplinée, un danger. Si vous faites marcher une armée totalement
équipée ayant reçu l’ordre de s’emparer d’un avantage, vous arriverez trop
tard. Et si vous envoyez en avance des forces en nombre réduit, vous
perdrez votre bagage et votre équipement.
Si vous faites cent lieues (li) de chemin en laissant votre armure et si vous
devez aller plus loin, marchez jour et nuit ; faites le double du chemin
ordinaire, en ayant fait cent lieues afin de remporter l’avantage, les chefs de
toutes vos (trois) divisions seront capturés : les hommes les plus forts
arriveront les premiers, ceux qui sont épuisés se laisseront distancer, et seul
un sur dix hommes de votre armée arrivera à destination.
Si vous marchez cinquante lieues afin de déjouer les plans de l’ennemi,
vous perdrez le chef de votre première division, et seule la moitié de vos
forces atteindra l’objectif.
Si vous marchez trente lieues de la même façon, deux tiers de vos
hommes arriveront.
Clairement, une armée sans bagages et équipement pesant est perdue ;
sans provisions, elle est perdue ; sans réserve d’approvisionnement, elle est
perdue.
La familiarité
Si vous êtes ignorant des plans de vos voisins, vous ne pourrez établir
d’alliances.
Si vous ignorez la configuration du terrain – là où il y a une forêt, […] un
lieu marécageux, […] une montagne, […] un vallon, un précipice –, vous
ne saurez conduire votre armée. Il n’est possible de tirer profit de l’avantage
du terrain qu’en faisant appel à des guides locaux.
Dans la guerre, il est nécessaire de pratiquer la ruse stratégique, des
manœuvres avantageuses et l’adaptabilité. Votre décision de concentrer ou
de diviser vos troupes doit être dictée par les circonstances.
Que votre rapidité soit celle du vent, votre tranquillité quant à l’ordre
semblable à celle qui règne au milieu des plus épaisses forêts ; s’il faut
sortir pour aller au pillage, ayez l’activité du feu ; pour vos défenses, s’il
faut être ferme dans votre poste, soyez-y immobile comme une montagne.
S’il faut cacher vos desseins, soyez obscur comme les ténèbres ; lors de vos
mouvements, soyez comme un éclair.
Quand vous pillez, faites toujours une exacte répartition entre vos
hommes de tout ce que vous aurez enlevé à l’ennemi ; quand vous vous
emparez d’un nouveau territoire, divisez les profits entre les soldats.
Quand vous bougez, l’équilibre de votre puissance stratégique est à
contrôler.
Celui qui connaît l’art de l’approche tactique directe et indirecte sera
victorieux. Voilà l’art de l’affrontement.
La discipline mentale
On peut voler à une armée son esprit […], de même que l’esprit de son
commandant. Au petit matin, les esprits des soldats sont pénétrants ; durant
la journée, ils s’alanguissent, et le soir, leurs esprits les incitent à rentrer à la
maison. Par conséquent, un général intelligent évite un ennemi dont l’esprit
est pénétrant, mais attaque si l’adversaire est faible, fatigué, et n’a qu’une
envie, regagner son campement. C’est la façon de manipuler l’esprit de
l’ennemi.
Discipliné et calme, il attend de repérer quelque désordre dans les rangs
ennemis. Tel est le contrôle du facteur de la maîtrise de soi.
Pour être près en attendant ceux qui sont loin ; pour être reposé en
attendant les fatigués ; pour être bien nourri alors que l’ennemi a faim. Tel
est le contrôle du facteur de la force.
N’engagez pas le combat lorsque l’ennemi déploie ses bannières bien
rangées et des formations en rang impressionnant ; voilà le contrôle des
facteurs de changement des circonstances.
La sagesse militaire déconseille de poursuivre l’ennemi sur des lieux
élevés, ou de l’affronter s’il en descend. Ne poursuivez pas un ennemi qui
prétend fuir ; n’attaquez pas des troupes agiles et lestes et bien ordonnées ;
ne vous laissez pas duper par le leurre que vous présente l’ennemi ; et
n’interférez pas avec une armée qui rentre à la maison.
À un ennemi encerclé, vous devez laisser une voie de sortie.
1
. Ne vous acharnez pas sur un ennemi aux abois.
2
. Tel est l’art de la guerre.
8. Variations tactiques
Sun Tzu dit :
Ordinairement l’emploi des armées relève du commandant en chef, après
que le souverain l’a mandaté pour mobiliser le peuple et assembler l’armée.
9. En marche
Sun Tzu dit :
Avant de faire camper vos troupes, sachez dans quelle position sont les
ennemis.
Le terrain
Pour traverser les montagnes, occupez les vallées du côté du midi et
passez rapidement. Campez dans les lieux élevés. N’allez jamais chercher
l’ennemi s’il campe sur les hauteurs. C’est une guerre en montagne.
Si vous avez à passer une rivière, éloignez-vous-en. Si les ennemis […]
veulent en hasarder le passage dans votre direction, ne les attaquez point
tant que la moitié de leurs gens n’est pas de l’autre côté. Si vous décidez de
vous engager dans la bataille, tenez-vous toujours sur les hauteurs […]
n’attendez pas l’ennemi près des bords d’une rivière qu’il doit traverser.
N’allez pas au-devant de lui, ni contre le courant pour l’affronter. C’est une
guerre en bord de rivière.
Si vous êtes dans des lieux glissants, humides, marécageux et malsains,
sortez-en le plus vite que vous pourrez, puis éloignez-vous-en sans tarder.
Si vous êtes contraint de vous y battre, tâchez d’en occuper les bords des
marais. S’il y a des forêts aux environs, laissez-les derrière. C’est la guerre
en zones humides.
Si vous êtes en plaine dans des lieux unis et secs, prenez une position
facilement accessible sur quelque hauteur sur votre droite et à l’arrière,
ainsi le danger sera devant et l’arrière sera en sécurité. C’est la guerre en
terrain plat.
Tels sont les avantages des différents déploiements militaires qui
permirent à l’empereur Jaune de soumettre à ses lois quatre souverains.
Le yin et le yang
Les hauteurs sont en général plus salutaires aux troupes que les lieux bas
et profonds, et les lieux ensoleillés (yang) que les lieux sombres (yin).
Campez près de l’herbe et de l’eau pour éviter des centaines de maladies.
Un campement de cette nature est avant-coureur de la victoire.
Là où il y a des collines et des talus, occupez le côté du midi avec la pente
sur votre arrière à droite. Cela profitera à vos soldats et permettra
d’exploiter l’avantage naturel du terrain.
Quand de fortes pluies se produisent en amont, de l’écume se forme sur la
rivière. Si vous voulez passer de l’autre côté, attendez pour le faire que les
eaux aient repris la tranquillité de leur cours ordinaire.
Pour ce qui est des terrains à la configuration pleine de périls, comme des
falaises escarpées séparées par des torrents rapides, des gorges profondes,
les endroits confinés, les fourrés enchevêtrés, les bourbiers et les crevasses,
éloignez-vous-en le plus tôt que vous le pourrez. Gardez-vous bien de vous
en approcher.
Si vous fuyez ces lieux, l’ennemi pourrait être incité à s’en approcher et
tombera peut-être dans les dangers que vous venez d’éviter. Ainsi, en lui
faisant face, ces lieux périlleux seront derrière lui.
Les signes
Si, dans le voisinage de votre campement, il se trouve des lieux humides
avec des roseaux et de hautes herbes, des lieux couverts de broussailles ou
de petits bois, ou pleins de hauts et de bas, où l’on est sans cesse, ou sur des
collines ou dans des vallons […] [,] soyez dans une attention continuelle,
car l’ennemi peut sortir à chaque instant vous surprendre. Fouillez-les
soigneusement, car ce sont des lieux pleins d’embuscades et des espions
pourraient y être dissimulés.
1
. Si un ennemi est proche et demeure silencieux, il compte sur la force
naturelle de sa position.
2
. S’il reste à distance et essaie de vous provoquer à engager le combat, il
veut que vous avanciez, car il détient un avantage sur le terrain.
3
. Si sa position est facilement accessible, il vous présente un leurre. Si les
arbres sont en mouvement, quoique par un temps calme, concluez que
l’ennemi est en marche. Les obstacles apparents dans les herbes denses
signifient que l’ennemi veut vous rendre suspicieux. Si des oiseaux
attroupés prennent leur envol, on vient vous tendre des pièges. Si on voit
les animaux courir la campagne, apeurés, une attaque soudaine se prépare.
4
. Si au loin des tourbillons de poussière s’élèvent dans les airs, concluez
que la cavalerie et les chars ennemis sont en marche ; si la poussière est
basse et s’étend sur une large zone, les gens de pied approchent. Si la
poussière se répand dans plusieurs directions à la fois, ils sont partis
chercher du bois à brûler. Si de petits nuages de poussière apparaissent et
disparaissent, ne doutez pas que l’armée ennemie ne soit campée.
5
. Lorsque ceux de vos espions qui sont près du camp des ennemis vous
feront savoir qu’on y parle bas et d’une manière mystérieuse […] [,]
concluez qu’ils pensent à une action générale et qu’ils en font déjà les
préparatifs. Si vous apprenez au contraire qu’ils sont bruyants, fiers et
hautains dans leurs discours, soyez certain qu’ils pensent à la retraite.
6
. Si leurs chars vides se déploient sur les côtés, préparez-vous à combattre,
car les ennemis viennent à vous en ordre de bataille.
7
. Gardez-vous bien d’écouter alors les propositions de paix ou d’alliance
qu’ils pourraient vous faire, ce ne serait qu’une perfidie de leur part.
8
. Si les ennemis vont et viennent, et que les soldats sont formés en rang, le
moment critique est arrivé.
9
. S’ils avancent en partie et reculent autant, c’est un leurre pour vous attirer
au combat.
1
0
. Si, debout et sans rien faire, ils s’appuient sur leurs lances comme sur des
bâtons […], c’est qu’ils meurent presque de faim.
1
1
. S’ils courent tous en désordre pour être les premiers à se désaltérer, c’est
qu’ils ont souffert de la soif.
1
2
. Si vous leur avez présenté l’appât de quelque chose d’utile pour eux, sans
cependant qu’ils aient su ou voulu en profiter, c’est qu’ils sont épuisés.
1
3
. Les oiseaux que vous verrez attroupés dans certains endroits vous
indiquent que ces lieux sont inoccupés.
1
4
. Si l’ennemi crie la nuit, c’est qu’il a peur.
1
5
. Si le désordre règne dans le camp des ennemis, c’est une preuve infaillible
que leurs généraux n’ont point d’autorité.
1
6
. Si leurs étendards et leurs flammes changent souvent de place, c’est une
preuve que leurs hommes ne savent à quoi se déterminer.
1
7
. Si leurs officiers sont inquiets, mécontents et qu’ils se fâchent pour la
moindre chose, c’est une preuve qu’ils sont ennuyés ou accablés sous le
poids d’une fatigue inutile.
1
8
. S’ils tuent leurs chevaux pour en manger la chair, c’est une preuve que
leurs provisions de céréales sont sur la fin.
1
9
. S’ils laissent suspendues leurs marmites au-dessus des feux de camp et ne
reviennent pas au campement, c’est la preuve que leur armée est aux abois
et qu’elle se battra jusqu’à la mort.
2
0. Si les soldats se groupent continuellement, et chuchotent entre eux, c’est
que le général a perdu la confiance de son armée.
2
1
. L’excès de récompenses et de sanctions montre que le commandement
ennemi est au bout de ses ressources, et dans une grande détresse. S’il
commence par des fanfaronnades avant de montrer de la peur, il révèle un
manque ultime d’intelligence.
2
2
. Si des émissaires sont dépêchés avec des offrandes, l’ennemi souhaite une
trêve.
2
3
. Si les troupes de l’ennemi sont en marche avec colère et demeurent face
aux vôtres sur une période prolongée sans s’engager dans la bataille ou se
retirer, essayez d’en déterminer précisément la raison.
Le généralat
Les connaissances exactes de la configuration naturelle du terrain sont un
atout pour le soldat ; la capacité à évaluer les forces et les faiblesses de
l’adversaire, contrôler les forces menant à la victoire, et calculer avec
perspicacité les degrés de difficulté, les dangers et les distances du terrain,
tel est le test pour un grand général.
Celui qui possède ces connaissances et les met en pratique à la bataille
sera assurément victorieux. Celui qui les ignore ou ne les met pas en
pratique sera assurément vaincu.
Si la victoire est assurée, vous saurez sûrement qu’il faut engager le
combat, même si le souverain l’a interdit ; si la victoire est improbable,
vous devriez savoir qu’il faut éviter le combat, même si le souverain vous a
ordonné de vous y engager.
C’est ainsi que le général qui avance sans chercher la renommée et qui
ordonne le repli sans craindre la disgrâce, dont la seule pensée est de
protéger son pays et de servir son souverain, est le joyau du royaume.
Si vous considérez tous ceux qui sont sous votre conduite comme des
enfants, ils vous suivront dans les vallées les plus profondes ; considérez-les
comme vos propres fils adorés, et ils resteront à vos côtés, même jusqu’à la
mort.
Si, cependant, vous êtes indulgent mais incapable d’exercer votre autorité,
avez bon cœur mais êtes incapable de faire respecter vos ordres, ou de
réprimer le désordre, alors vos soldats sont comme des enfants gâtés et
inutiles.
Si vous savez que vos propres hommes sont en état d’attaquer l’ennemi,
mais ignorez s’il est actuellement en état de défense ou non, vos chances de
victoire sont réduites de moitié.
Si vous êtes au fait que l’ennemi peut être attaqué, et que vos hommes
sont en mesure de passer à l’attaque, sans savoir si le terrain est adapté ou
non pour cela, vos chances de victoire sont réduites de moitié.
C’est ainsi que celui qui a de l’expérience dans ces questions n’est jamais
dérouté quand il se met en marche, jamais perdu quand il passe à l’action.
Donc il est dit : connais-toi toi-même, connais ton ennemi, ta victoire ne
sera jamais mise en doute. Connais le ciel et la terre, ta victoire sera alors
totale.
1
. Le terrain de division ou de dispersion : le lieu où un chef se bat sur son
propre territoire.
2
. Le terrain léger (près des frontières) : le lieu où on entre en territoire
hostile, mais pas très profondément.
3
. Le terrain de contentieux (qui peut être disputé) : le lieu qu’il serait
avantageux pour les deux parties d’occuper.
4
. Le terrain de réunion (ouvert) : le lieu où chaque camp peut aller.
5
. Le terrain à plusieurs issues : le lieu contigu à trois autres États, si bien
que le premier à le contrôler pourrait obtenir le soutien de ces États
voisins.
6
. Le terrain sérieux (grave et important) : le lieu où l’on a pénétré
profondément en territoire ennemi en ayant laissé derrière soi de
nombreuses cités fortifiées.
7
. Le terrain difficile (gâté ou détruit) : le lieu où il y a des forêts de
montagne, des déclivités accidentées, des marais et des sols où l’on ne
saurait marcher qu’avec beaucoup d’embarras.
8
. Le terrain cerné : le lieu dont l’accès est restreint, et duquel le retour est
difficile et indirect, permettant à l’ennemi de frapper avec un petit groupe
d’hommes.
9
. Le terrain désespéré (de mort) : le lieu où l’on doit combattre avec le
courage du désespoir pour ne pas périr.
Pour ces raisons :
1
. Sur terrain de dispersion, ne livrez jamais de bataille.
2
. Sur terrain léger, ne vous arrêtez pas.
3
. Sur terrain de contentieux, ne livrez point de combat pour en chasser
l’ennemi.
4
. Sur terrain de réunion, ne laissez pas vos hommes s’éloigner les uns des
autres.
5
. Sur terrain à plusieurs issues, unissez-vous avec les souverains voisins.
6
. Sur terrain sérieux, rendez-vous maître de tout ce qui vous environne pour
ne pas manquer de vivres nécessaires.
7
. Sur terrain difficile, fuyez le plus promptement qu’il vous sera possible.
8
. Sur terrain cerné, recourez à la stratégie.
9
. Sur terrain désespéré, n’hésitez point à combattre avec toute votre énergie.
Principes généraux
Voici les principes à observer par une force envahisseuse.
Plus vous pénétrez en territoire ennemi, plus sera grande la solidarité de
vos troupes, et ainsi, les défenseurs seront incapables de vous opposer de la
résistance.
Faites des incursions en terrain fertile pour nourrir votre armée. Veillez au
bien-être de vos hommes et ne les surmenez pas. Gardez votre armée
toujours en mouvement, et élaborez des plans insondables.
Placez vos soldats dans des positions où il n’y a nulle issue pour s’en
échapper, et ils combattront jusqu’à la mort sans battre en retraite. Face à la
mort, les officiers et les hommes s’investiront avec toute leur énergie. Les
soldats en situation désespérée perdront leur sentiment de peur et ne
bougeront pas. Quand il n’y a pas d’alternative, ils se battront avec férocité.
Ainsi, même sans instructions, ils seront prêts ; sans attendre qu’on le leur
demande, ils coopéreront ; sans restriction, ils seront loyaux ; sans ordres, il
sera possible de leur faire confiance. Veillez à ce qu’on ne sème pas de faux
bruits, coupez racine aux plaintes et aux murmures, ainsi qu’au doute, ne
permettez pas qu’on tire des augures sinistres de tout ce qui peut arriver
d’extraordinaire, afin que rien, si ce n’est la mort même, ne soit redouté.
Si nos soldats n’ont pas un surcroît de richesses matérielles, ce n’est pas
parce qu’ils dédaignent les biens de ce monde ; s’ils s’exposent à la mort et
que leur existence en est écourtée, ce n’est point qu’ils n’aiment pas avoir
une grande longévité.
Lorsque tous vos ordres auront été donnés pour que vos hommes engagent
le combat, vos soldats iront jusqu’à verser des larmes roulant sur leurs joues
en mouillant leurs manches. Mais face à un combat désespéré, ils
montreront le courage des immortels Tchouan Tchou et Tsao-Kouei.
Le tacticien compétent peut être comparé au Chouai Jen, une espèce de
gros serpent qui se trouve dans la montagne de Tchang Chan. Si l’on frappe
sur la tête de ce serpent, à l’instant sa queue va au secours, et se recourbe
jusqu’à la tête ; qu’on le frappe sur la queue, la tête s’y trouve dans le
moment pour la défendre ; qu’on le frappe sur le milieu ou sur quelque
autre partie de son corps, sa tête et sa queue s’y trouvent d’abord réunies
pour l’attaque.
Mais cela peut-il être pratiqué par une armée, afin qu’elle ressemble au
Chouai Jen ? dira peut-être quelqu’un. Oui, cela se peut.
Considérez que les hommes du royaume d’Ou et ceux du royaume d’Yue
sont ennemis ; mais s’ils traversaient une rivière en même temps et qu’un
vent impétueux soufflait, ils coopéreraient comme la main droite avec la
main gauche.
C’est pour cela qu’il n’est pas suffisant d’attacher les chevaux et
d’embourber les roues des chars pour empêcher les soldats de fuir. Le
principe de gouvernement de l’armée consiste à établir un critère de
courage applicable à tous. Ce qui est fait par l’usage approprié des aspects
durs et mous du terrain. C’est ainsi qu’un général habile mène son armée
comme s’il menait un seul homme par la main.
Un bon général doit garder son calme et le silence pour ne rien dévoiler de
secret, gouverner avec droiture et discipline pour maintenir l’ordre, en
s’assurant qu’officiers et soldats ignorent ses desseins. Il change de
direction et de stratégies pour éviter de les révéler. Il modifie ses positions
et prend des routes indirectes pour empêcher l’ennemi d’anticiper ses plans.
Au moment critique, les troupes auront l’impression d’avoir grimpé à une
certaine hauteur et fait tomber l’échelle d’un coup de pied. Le général
accompagne ses hommes en pénétrant profondément en territoire hostile
avant de révéler ses intentions. Il brûle ses bateaux et brise ses marmites ;
comme un berger conduit un troupeau, il fait aller ses hommes où bon lui
semble sans qu’aucun d’entre eux ne sache vers quelle destination.
Rassembler ses forces et les mettre face au danger. Telle est la
responsabilité d’un général.
Par conséquent :
1
. Sur terrain de division, je travaillais à l’union des cœurs et à l’uniformité
des sentiments dans un objectif commun.
2
. Sur terrain léger, je rassemblais mon monde.
3
. Sur terrain de contentieux, je faisais accélérer l’arrière.
4
. Sur terrain à plusieurs issues, j’étais sur mes gardes.
5
. Sur terrain de réunion, je consolidais les alliances.
6
. Sur terrain sérieux (grave et important), j’assurais un approvisionnement
continu.
7
. Sur terrain difficile (gâté ou détruit), j’avançais avec une extrême
diligence.
8
. Sur terrain cerné, je bloquais tout accès en remplissant les vides.
9
. Sur terrain désespéré (de mort), je faisais croire à l’ennemi que nous ne
pouvions survivre.
Car c’est la nature d’un soldat de se défendre s’il est encerclé, de se battre
jusqu’à la mort quand il n’y a pas d’alternative, et de suivre les ordres
quand la situation le dicte.
Si vous êtes ignorant des plans des États voisins, vous ne pourrez préparer
vos alliances. Si vous ignorez où il y a des montagnes et des forêts, des
pièges et des précipices, des lieux humides et marécageux. Si vous n’avez
pas soin de vous munir de guides sûrs, vous ne pourrez profiter des
avantages naturels. Celui qui n’a pas connaissance de l’un ou l’autre de ces
principes ne peut commander l’armée d’un véritable souverain.
Lorsqu’un véritable dirigeant attaque un État puissant, il fait en sorte qu’il
soit impossible à l’ennemi de se rassembler. Son généralat s’illustre en
empêchant la concentration des forces ennemies. Il s’appuie sur sa capacité
d’intimider ses opposants, en empêchant leurs alliés de s’unir contre lui.
Pour cette raison, il ne cherche pas seulement toute alliance disponible ou
à soutenir le pouvoir des autres États. Il met ses plans à exécution, laissant
ses antagonistes sidérés. C’est ainsi qu’il est en mesure de s’emparer de
leurs cités et de renverser les souverains.
Accordez des récompenses sans vous préoccuper des usages habituels,
publiez des ordres sans respect des précédents, ainsi, vous pourrez vous
servir de l’armée entière comme d’un seul homme. Donnez vos ordres sans
expliquer leurs objectifs, et faites savoir exactement la possibilité de tous
vos avantages, mais en cachant avec grand soin les dangers. Placez votre
armée dans une situation périlleuse et elle survivra. Disposez-la sur un
terrain de mort et elle vivra, car, lorsque l’armée est placée dans une telle
situation, elle peut faire sortir la victoire des revers.
Le nœud des opérations militaires dépend de votre faculté de faire
semblant de vous conformer aux désirs de votre ennemi. Ne divisez jamais
vos forces ; la concentration vous permet de tuer son général, même à une
distance de mille lieues ; là se trouve la capacité d’« atteindre votre objet
d’une manière ingénieuse ».
C’est pourquoi, dès que votre armée sera hors des frontières, faites-en
fermer les avenues, déchirez les instructions qui sont entre vos mains et ne
souffrez pas qu’on écrive ou qu’on reçoive des nouvelles de tout émissaire.
Assemblez votre conseil et exhortez-le à exécuter le plan et à contrôler la
situation, et gagnez son soutien. Lorsque l’ennemi vous offre une
opportunité, saisissez-en vite l’avantage ; anticipez-le en vous rendant
maître de quelque chose qui lui importe. La doctrine de la guerre consiste à
suivre la situation de l’ennemi afin de décider de la bataille ; évaluez et
réagissez à l’ennemi afin de planifier votre stratégie. Avant que la
campagne ait commencé, soyez comme une jeune fille qui ne sort pas de la
maison jusqu’à ce que l’ennemi vous offre une opportunité ; puis ayez la
promptitude d’un lièvre. L’ennemi sera dans l’incapacité de vous voir venir
ou de s’opposer à vous.
L’espionnage
Quand ces espions sont mis au travail en même temps, cette
« manipulation de l’esprit » est la ressource la plus précieuse du souverain.
Il en est ainsi de toutes les affaires militaires, aucune relation n’est plus
intime que celle avec les espions ; aucune n’est plus récompensée
librement, et aucun arrangement n’est des plus secrets.
Les espions ne peuvent être employés sans être en possession de la
sagesse d’un sage, et ne peuvent être dirigés sans générosité, bienveillance
et humanité. Sans subtilité et perspicacité, la validité de leurs rapports ne
peut être correctement évaluée et mise à profit.
Il s’agit d’un travail subtil, si subtil, car les espions sont employés dans
toutes sortes de situations. Si une information secrète est révélée avant
l’heure, il faut faire mourir sans rémission tant ceux qui l’auront divulguée
que ceux à la connaissance desquels elle sera parvenue.
Que votre objectif soit l’attaque d’une armée, l’assaut d’une ville ou un
assassinat, il vous faut commencer par apprendre les noms du commandant,
de ses assistants, de son personnel, de ses gardes du corps et des sentinelles.
Il vous faut envoyer vos espions pour obtenir ces informations.
3 Environ 500 kilomètres, ou 310 miles de nos jours (un peu moins autrefois).
4 Unité de poids correspondant à 60 kilos environ.
5 500 kilomètres.
6 Sun Tzu fait référence à l’armée professionnelle (entraînée) et la multitude de conscrits non
entraînés.
7 Cette référence aux « neuf changements » a rendu confus les érudits et les traducteurs depuis
des siècles ; nous ne pouvons qu’en déduire qu’ils se rapportent aux (10) points répertoriés à la
page 41-42.
8 Le Tao de la défaite.
Les stratégies et les tactiques
de Sun Tzu pour les femmes
1. La planification
« La guerre est d’une importance vitale pour l’État.
C’est le domaine de la vie et de la mort :
la conservation ou la perte […] en dépendent ;
il est impérieux de bien la régler
[en fonction des avantages et des inconvénients de]
cinq choses principales. »
— Sun Tzu
Ce chapitre présente les cinq principaux piliers sur lesquels est fondé
L’Art de la guerre :
1
. L’intégrité.
2
. Les conditions.
3
. Les obstacles.
4
. Le leadership/la crédibilité.
5
. Le management/la politique.
Les thèmes abordés ici, et leur signification pour les femmes,
réapparaîtront en détail et dans d’autres contextes au fil de ces pages.
L’intégrité
« La rectitude [l’intégrité] est la force sous-jacente à la création. »
— attribuée à Sun Tzu
Sun Tzu met l’accent sur l’intégrité en tant que force sous-jacente, ou
« poste de contrôle » moral des ambitions du guerrier. En quoi est-ce
important pour les femmes ?
Pour plusieurs raisons, la première étant pour questionner le statu quo de
l’ambition aveugle établie et largement acceptée, notamment par la
communauté masculine. Un autre problème potentiel, c’est que la petite
nouvelle, c’est-à-dire la minorité visible (dont celle des femmes), attire
probablement plus que sa part d’attention. C’est ainsi que de petites erreurs
de jugement, et il va sans dire les indiscrétions, tendent à être amplifiées et
à rester dans les mémoires.
Pour l’essentiel, le message, c’est de faire ce qu’il faut faire – et éviter de
faire ce qu’il ne faut pas. Ce qui signifie commencer par vous demander
pourquoi vous voulez faire quelque chose, et quel sera le résultat probable
si vous y parvenez.
Exemple : pour quelles raisons veux-je être sélectionnée comme cheffe de
projet ?
a.Pour évoluer professionnellement ?
b
. Pour motiver l’équipe ?
c.Pour décrocher une promotion ?
d
. Pour obtenir une augmentation ?
e.Pour gagner en reconnaissance en tant que femme professionnelle ?
f. Pour gagner un pari ?
g
. Pour empêcher un ou une collègue d’obtenir ce poste ?
>> EN BREF
Si vous êtes fidèle à vous-même, juste envers les autres, et cohérente, le reste devrait couler
de source.
Prendre l’avantage
« S’il y a quelque profit à espérer [, mettez-vous] en mouvement […] ; si
vous ne prévoyez aucun avantage, tenez-vous en repos… »
— Sun Tzu
Le meilleur moment pour avancer, se restreindre ou reculer dépend de ce
qui se passe autour de vous. L’efficacité se rapporte à votre approche quant
aux conditions en cours ; si vous nagez contre un courant inégal, vous ne
pouvez vous permettre de gaspiller votre énergie.
L’Art de la guerre enseigne que recourir à point nommé des mesures
défensives peut être aussi agressif qu’une offensive. Vous précipiter
aveuglément risque de vous exposer à des dangers évidents et de faire des
dégâts côté alliés et ressources potentiels ; la préparation, une puissante
défense, et savoir à quel moment vous en servir, fait partie des clés d’une
campagne couronnée de succès. Sun Tzu parlait des terrains, des saisons et
des ressources lors de l’élaboration des tactiques. Ces conditions sont
appliquées à des astuces et des stratégies utiles pour les femmes, et
présentées dans les derniers chapitres de ce livre.
Le maître nous rappelle aussi l’équilibre universel représenté par ces
termes chinois, yin et yang. Dans ce contexte, il est particulièrement
important de comprendre leur pertinence en ce qui concerne les femmes.
Le yin, qui représente le féminin et la terre, est traditionnellement associé
au bouleversement, à l’obscurité, au froid, à la conservation et à la
substance ; le yang – l’aspect masculin – correspond au ciel, à la lumière, la
chaleur, la destruction et la désintégration.
La reconnaissance
Ce n’est pas un secret pour les femmes, le sexisme est un horrible obstacle
pour elles au niveau social et du point de vue de leur carrière, ici sur la
planète Terre. Aux États-Unis, comme dans les nations les plus
développées, la discrimination sexuelle, illégale, n’en est pas moins en
grand apparat ; dans bon nombre d’autres contextes, cela demeure le statu
quo.
En remontant au XVIIe siècle, le poète George Herbert écrivait : « Les mots
sont femmes, les actions sont hommes » – ceci venant d’un homme de
lettres. Deux siècles plus tard, Mathew Arnold écrivait : « Avec les femmes,
le cœur dispute, pas l’esprit. » Ce type d’attitudes n’a-t-il pas finalement
disparu ? Pas complètement. Au vu de la sensibilité dans notre société et sur
nos lieux de travail de nos jours, les sentiments sexistes sont exprimés bien
moins librement que jamais auparavant, mais indépendamment de ce qui est
dit ou non, les femmes poursuivent leur lutte pour l’égalité de salaire,
l’égalité des chances pour une promotion ou ce type de missions qui les
mettra au défi et leur donnera l’occasion de prouver leur valeur en milieu
professionnel. Les raisons expliquant cela sont nombreuses, y compris les
idées dépassées sur ce que les femmes auraient à offrir. Ce qu’il reste
encore à comprendre pour bon nombre d’hommes, c’est que les femmes
comme la Grande Catherine, Jeanne d’Arc, Margaret Mead, Golda Meir,
Marie Curie, Indira Gandhi, Chien-Shiung Wu, Mère Teresa et Benazir
Bhutto (pour n’effleurer que le sujet) ne représentent pas l’exception qui
confirme la règle.
Au XXe siècle, Marianne Williamson – auteure, conférencière et ministre –
écrivait dans Un retour à l’amour : réflexions sur les principes énoncés
dans Un cours sur les miracles : « Notre peur la plus profonde n’est pas
d’être inapte. Elle est que nous puissions être doté d’un pouvoir sans
commune mesure. C’est notre clarté, pas nos zones d’ombre, qui nous
effraie. Nous nous demandons “Qui suis-je pour être brillant, talentueux,
fabuleux, splendide ?” En fait, quelle place ne méritez-vous pas ? »
Il faut espérer que de nos jours toutes les femmes prennent conscience que
les perceptions qui ne les lâchent pas depuis tant de temps sont erronées. En
fait, les handicaps, comme une expérience limitée et des compétences
médiocres personnelles, analytiques ou en communication, concernent à
parts égales les hommes et les femmes, et peuvent être surmontés – ou du
moins améliorés – par l’un ou l’autre sexe. Il est cependant plus difficile de
se débarrasser de ces handicaps que représentent ces perceptions, et qui
continuent de piéger les femmes dans une impasse. Alors qu’elles sont en
effet prodigieusement puissantes, il est sage de se préparer au fait que
certains combats continuent à être difficiles à mener – et certains seront plus
ardus que d’autres.
De retour à l’époque de Sun Tzu, les femmes étaient reconnues comme
très compétentes à dos de cheval. Leur stature plus petite et plus légère
permettait à leur monture de les faire parcourir plus vite de plus grandes
distances, mais limitait leur capacité à manier de lourdes armes et épées. La
technologie a permis d’effacer ce désavantage, et les femmes sont à présent
reconnues comme étant au moins égales aux hommes dans l’habileté au tir,
le pilotage d’un avion ou d’un bateau. Néanmoins, l’armée demeure un
bastion de la domination masculine en continuant à adhérer à sa perception
du « sexe faible ». Et ce n’est qu’un exemple d’une profession sous ce type
de domination.
En définissant plus précisément la carrière de votre choix, examinez
attentivement la configuration du terrain. Atteindre le succès dans la plupart
des domaines est suffisamment compliqué ; de surcroît, les portes closes, le
plafond de verre et peut-être une concurrence hostile doivent aussi être
considérés.
L’expérience a montré que le sexisme est plus virulent dans certaines
professions et organisations. En fonction de votre tolérance face aux
obstacles, cela pourrait être une préoccupation légitime en décidant à qui
adresser votre CV. Tout comme vous ralentiriez et chercheriez à repérer des
nids-de-poule en faisant du jogging sur un terrain peu familier, il vous
faudra savoir quelles ombres pourraient rôder sur le parcours menant à vos
objectifs de carrière.
Il vous est aussi recommandé de faire le point sur vos forces et vos
faiblesses – c’est-à-dire vos forces d’un niveau plus faible –, afin de vous
assurer que les premières sont utiles et que les dernières ne vous empêchent
pas de progresser avant d’avoir eu l’occasion de les améliorer.
>> EN BREF
Les femmes sont habituées à faire face aux obstacles et à les surmonter. Faites bien la
différence entre ceux issus d’attitudes déterminées par le sexe et ceux que connaissent
également les hommes. Puis servez-vous de la clé adaptée à la porte que vous avez décidé
d’ouvrir.
Leadership et crédibilité
« Quel général est le plus capable ? »
— Sun Tzu
Sun Tzu met l’accent sur les relations entre souverains et commandants en
disant qu’il quittera le service d’un empereur qui refuse ses conseils. Dans
le contexte actuel de l’entreprise, toute directrice ou toute cadre a besoin du
soutien de sa hiérarchie. Sinon – indépendamment du fait qu’elle soit ô
combien compétente ou brillante – elle ne pourra se montrer à la hauteur.
Pour les femmes, qui sont plus souvent et intensément critiquées après
coup, un manque de soutien venant du haut entrave autant leur capacité à
prendre des décisions stratégiques qu’à diriger.
L’Art de la guerre définit plusieurs facteurs en fonction desquels seront
déterminés le succès ou l’échec lors d’un conflit, et dont la plupart
dépendent du commandement. Les plus évidents, ce sont les capacités et la
compétence du dirigeant ; d’autres, comme la discipline, la formation, les
récompenses et les sanctions, constituent sa responsabilité directe. On
pourrait résumer comme suit les qualités d’une dirigeante accomplie et leur
importance pour les femmes :
1
. Gagner la confiance du souverain (du haut de la hiérarchie).
2
. Tout le monde a besoin de soutien venant d’en haut, et d’autant plus les
femmes, leur autorité étant plus souvent remise en question que celle des
hommes.
3
. La capacité de développer et conserver votre crédibilité parmi les
membres de votre équipe.
4
. Les femmes sont souvent meilleures à nouer des relations personnelles et
à comprendre les autres, des qualités qui peuvent peser dans la balance
pour développer confiance et assurance.
5
. L’aptitude à se préparer, à évaluer et à agir en fonction à point nommé et
avec efficacité – à diriger.
Afin de surmonter toute réticence à suivre les femmes qui dirigent, il leur
est vivement recommandé d’anticiper les problèmes potentiels avant qu’ils
ne se présentent.
>> EN BREF
Pour diriger avec crédibilité, le soutien des personnes sous la direction desquelles vous êtes
placée vous sera nécessaire, ainsi que de celles placées sous votre direction. Cela doit se
mériter et être justifié par vos performances.
Management et politique
« Il faut plutôt subjuguer l’ennemi sans donner bataille :
ce sera là le cas où plus vous vous élèverez au-dessus du bon,
plus vous approcherez de l’incomparable et de l’excellent. »
— Sun Tzu
Warren Bennis et Peter Drucker, gourous du management, le définissent
par faire les choses comme il faut. Sun Tzu ajoute que c’est l’art de faire
faire les choses efficacement, c’est-à-dire au moindre coût et avec le
minimum de gaspillage, et enseigne que la victoire est mieux atteinte par la
coercition et la diplomatie. À cette fin, l’art de la ruse stratégique, la
maîtrise de soi et la prudence sont préférables à l’agression.
Qu’est-ce que cela signifie pour les femmes ?
N’est-il pas évident que la philosophie de Sun Tzu préconisant de limiter
les comportements agressifs fait le jeu des femmes, de leur cœur et de leur
caractère ? Pour accentuer le propos, penchons-nous sur les conseils du
maître.
La coercition
Il s’agit de l’usage de la force, de la menace ou de l’intimidation pour
contraindre quelqu’un à faire ce que vous voulez qu’il fasse – ou
l’empêcher de faire ce que vous ne voulez pas qu’il fasse. Cela peut se
manifester par des menaces de punition en mettant en garde ou en
disciplinant des enfants, ou par des risques pour la santé, le règlement
intérieur à l’usage des employés (avec des pénalités implicites), des critères
juridiques ou par diverses formes de conflit.
De prime abord, ce terme semble avoir une connotation négative, faisant
penser à la pratique de la contrainte, du harcèlement ou de l’oppression.
Cependant, il peut aussi se rapporter à un moyen de pacifier ou d’éviter des
conséquences d’autant plus déplaisantes. Il faut bien l’admettre, la
coercition est une tactique qu’il vaudrait mieux réserver aux situations
intenses ; en user à l’excès tend à lui faire perdre de son efficacité et à ériger
des barrières. Il existe des degrés de coercition différents qui peuvent aller
des menaces de défaveur ou de suppression d’emploi, à celles de ruine
financière ou morale.
Selon notre expérience, en général, les femmes préfèrent les méthodes
judicieuses plutôt qu’autoritaires pour contrôler ce qui se passe autour
d’elles. Des menaces de violence ne sont assurément pas une spécificité
féminine – notamment parce que les femmes savent depuis des temps
immémoriaux que la subtilité est plus efficace et demande beaucoup moins
d’efforts.
La diplomatie
À l’époque de Sun Tzu, comme en Chine et dans d’autres nations
asiatiques de nos jours, le concept de face est comparable au prestige :
« donner de la face » signifie amplifier le prestige de quelqu’un, ou du
moins, ne pas présenter cette personne défavorablement. Lors de
négociations, il est habituel d’exprimer un accord oralement pour donner
l’impression que les deux parties ont « gagné de la face ».
La coercition diplomatique, par conséquent, correspond à une situation où
vous obtenez ce que vous voulez en donnant l’impression que l’autre partie
a également gagné quelque chose de valeur. Cela concorde avec la notion
du rapport gagnant-gagnant que nous avons mentionné précédemment.
Alors que la coercition peut être un outil utile en temps de guerre, gérer
votre travail et votre vie va bien au-delà des promesses de récompense ou
des menaces de sanction. Le management est essentiellement une question
de responsabilité pour gérer le temps et les ressources en vue d’accomplir
avec succès un ensemble ou une série d’objectifs définis. Cela signifie par
ailleurs savoir gérer les difficultés, comme les attentes déraisonnables, les
ressources insuffisantes, et s’adapter à tout un éventail de personnalités.
Les dirigeants sont ceux à qui on a confié l’autorité et la responsabilité de
prendre des décisions d’affaires. En fonction du niveau, cela peut inclure la
politique de l’entreprise, l’organisation, la planification et la gestion des
ressources afin d’atteindre les objectifs.
>> EN BREF
Sachez gérer vos intérêts ; ne vous battez que si c’est nécessaire et en fonction de vos
propres conditions. Apprendre comment gagner sans combattre est le thème prévalent de
Sun Tzu ; la planification et la préparation sont les principaux outils en vue de cette
éventualité.
POUR RÉSUMER
L’intégrité, réagir aux conditions du moment, surmonter les obstacles, le leadership (ou la
direction)/la crédibilité, et le management (ou la gestion)/la politique, constituent la base
des principes de Sun Tzu. L’importance des cinq est accentuée par leur introduction au
premier article, suivie d’explications supplémentaires dans L’Art de la guerre. Maintenant
que vous avez pris connaissance de ces thèmes, passons aux références étendues présentées
en détail dans les chapitres suivants.
PORTRAIT
Khanh Diep
« […] L’élan de celui qui est habile
dans l’art de la guerre est irrésistible. »
— Sun Tzu
La major Khanh Diep de l’US Army, l’armée de terre des États-Unis, naquit à Saïgon, au
Vietnam. Sa famille immigra aux États-Unis quand elle avait cinq ans, pour s’installer à
Houston, au Texas. Joueuse de tennis à l’université, elle obtint son diplôme à l’Académie
militaire de West Point en 1999, l’année où elle épousa Chad Foster, également diplômé
de cette école militaire.
Les théories de Sun Tzu dans L’Art de la guerre m’ont été très utiles ces
dix dernières années. Je ne prétends pas être son élève accomplie, mais
j’ai eu l’occasion de lire son œuvre classique, et j’ai eu quelques
conversations à ce sujet avec mon époux – également officier dans
l’armée.
Si je devais mentionner un concept de Sun Tzu qui a été pour moi d’une
grande utilité, ce serait ses pensées sur la connaissance de soi et de
l’ennemi. Il nous avertit : « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même
[et] vous serez victorieux. » Cette notion est peut-être un peu idéaliste, car
il est rarement possible de connaître parfaitement son adversaire, et il est
aussi souvent difficile de faire en toute honnêteté une évaluation de ses
propres faiblesses et capacités. C’est ainsi que tant d’obstacles se
présentent, comme l’ego, la peur ou la paresse. Cependant, j’ai toujours
considéré l’idée de Sun Tzu comme étant applicable à la résolution de
problèmes personnels. Ce n’est pas qu’un concept pour le champ de
bataille ; on peut l’appliquer au quotidien.
À cette fin, je trouve utile de remplacer le mot « ennemi » par « la
nature du problème ». Il est crucial de considérer attentivement les
nouveaux défis afin de cerner complètement la nature du problème en
question en se le représentant bien à l’esprit comme, par exemple, des
difficultés relationnelles avec les supérieurs, les collègues ou les
subordonnés. Mieux vous les comprendrez, plus il y aura de chances que
vous trouviez un moyen d’interagir efficacement avec eux.
Simultanément, cela permet d’avoir une compréhension claire de soi-
même – de ses forces, faiblesses, préjugés, peurs, etc. Cela se traduit par
la détermination de ce que vous pouvez raisonnablement faire pour
résoudre le problème du moment.
De nombreux incidents l’illustrent dans ma vie. En tant qu’élève
officier, je me sentais souvent submergée par les nombreuses requêtes
imposées à l’académie. En m’intéressant de plus près à ce qui se passait
autour de moi et en moi, j’ai pris conscience que même les plus grands
défis étaient des opportunités me permettant de me développer, et non des
situations pleines de dangers où je risquais ma vie.
En ce qui concerne le quotidien d’un élève officier, mes camarades de
classe et moi-même nous sommes retrouvés dans des situations où le
travail d’équipe était essentiel pour réussir à s’en sortir. C’était
évidemment intentionnel, et j’ai dû dépasser le stress et le chaos du
moment pour voir le tableau d’ensemble en perspective. Ce qui m’a
amenée au cœur du problème. J’ai dû aussi continuer à faire des
autoévaluations honnêtes pour trouver des options réalistes. Parfois, cela
voulait dire compter sur mes amis, ou pour mes amis, compter sur moi.
Vous pouvez dire que j’ai appliqué les théories de Sun Tzu à la fois au
niveau personnel et collectif avec mes camarades de classe. Le devoir
militaire actif fournit des applications supplémentaires pour des stratégies
issues de L’Art de la guerre.
En tant que commandante de la compagnie déployée en Irak, j’ai
souvent dû voyager via des localisations identifiées comme étant des
points chauds pour des embuscades et des engins explosifs. Dans ces
zones, on savait que l’ennemi cherchait des cibles « faciles » qui
semblaient moins bien préparées à gérer les attaques des insurgés. Qu’est-
ce qu’une cible facile ? Le genre de situations où certains soldats semblent
avoir relâché la sécurité, portant même des écouteurs d’où sort de la
musique à fond ! Il y eut au moins un rapport sur un artilleur à bord d’un
Humvee (HMMWV pour High mobility multipurpose wheeled vehicle ou
véhicule de transport à roues de l’US Army), qui s’assoupit en fait dans
un convoi.
Mon unité était un détachement de soutien du personnel, et il nous
manquait la puissance de feu de l’artillerie lourde d’une infanterie ou
d’une unité blindée. Notre plus lourd système d’armes était une escouade
armée d’armes automatiques M246, des mitraillettes légères avec une
grande puissance de feu, mais pas beaucoup de punch. C’est au cours de
mes préparations pour nos mouvements que j’ai repensé à un autre
concept articulé par Sun Tzu, consistant à « faire naître la force du sein
même de la faiblesse » et à en convaincre l’ennemi.
Cela touchait vraiment le cœur du problème : quand mon unité était en
route, il fallait donner l’impression d’être une cible plus « difficile » – une
cible contre laquelle l’ennemi préférerait ne pas engager le combat.
Heureusement, cela pouvait être en partie accompli par le maintien d’une
solide discipline militaire : des soldats vigilants et alertes d’esprit à leurs
postes, les armes prêtes.
Une approche que j’amorçais consista chaque fois que possible à
dissimuler nos convois parmi des éléments plus grands, mieux équipés,
comme des unités de la police militaire ou de combattants du génie.
Quand nous devions nous déplacer seuls, je renforçais notre puissance de
feu en obtenant quelques gros calibres (du calibre 50 et des mitraillettes
M240B), et je m’assurais que mes soldats étaient correctement entraînés
pour s’en servir. En d’autres termes, là où j’évaluais que mon unité était
vulnérable, je prenais des dispositions pour renforcer nos compétences et
nos armements, et donner ainsi davantage – et tangiblement – une
impression de force. Cela indiqua clairement à l’ennemi que nous n’étions
pas une cible facile.
Le plus grand enseignement que j’ai reçu de L’Art de la guerre, c’est
peut-être de prendre le contrôle de toute situation dans laquelle je me
trouvais. Sun Tzu ne suggère pas que l’on puisse totalement maîtriser la
situation, mais qu’il est possible de faire tourner les circonstances à son
avantage. Dans le jargon militaire de nos jours, c’est ce que l’on désigne
par « préparer le champ de bataille ». Et une fois encore, la stratégie va
bien au-delà du combat dans la vie de tous les jours.
Comme mentionné plus tôt, il est vital de vous comprendre vous-même,
notamment vos faiblesses. À partir de là, il vous faut travailler pour que
ces faiblesses deviennent des forces. Ce concept n’est pas exclusif à Sun
Tzu, mais m’a conduite à améliorer les domaines dans lesquels j’étais
moins à l’aise. La compétence n’est pas seulement améliorée en vous
concentrant sur ce pour quoi vous êtes déjà douée… il faut plutôt sortir de
votre zone de confort pour travailler sur ces domaines où vous êtes plus
faible. Cela vous permettra de vous améliorer personnellement, ainsi que
de gagner le respect de vos pairs et de vos subordonnés.
Permettez-moi de vous le dire, gagner le respect est particulièrement
important pour une femme dans l’armée. Même si l’US Army est
probablement l’institution la plus diversifiée et tolérante dans notre pays,
elle n’en est pas moins encore puissamment sous domination masculine.
Cependant, par-dessus tout, c’est une méritocratie. Faire son chemin en
étant confronté à l’intimidation pour gagner votre place dans une unité
n’est pas que réservé aux femmes. Mais selon moi, cela est amplifié pour
elles en raison du rôle traditionnel de subordonnée que nous avons joué,
dans l’armée comme dans la société en général. Quand vos collègues
voient que vous avez la volonté de vous confronter à vos peurs et que
vous travaillez à vous améliorer dans des domaines où vous n’êtes
clairement pas dans votre élément, vous gagnez le respect qui est essentiel
dans le milieu militaire comme dans le civil.
Les élèves sérieux de Sun Tzu pourraient se concentrer sur ses vues plus
nuancées se rapportant à la stratégie et au combat, mais nous ne pouvons
oublier que ces pensées ont une applicabilité dans bon nombre d’autres
domaines de toute entreprise personnelle. Tous les défis ne supposent pas
d’avoir à gérer les balles, mais presque tous requièrent que l’on surmonte
le stress et résolve les problèmes, que ce soit individuellement ou en
équipe. Je ne vois que peu d’autres meilleures sources d’inspiration que
Sun Tzu.
2. Préparation
« On ne saurait tenir les troupes longtemps en campagne,
sans porter un très grand préjudice à l’État… »
— Sun Tzu
Le deuxième article de Sun Tzu explique sa stratégie pour employer les
forces armées, en mettant l’accent sur l’efficacité, le moment pour passer à
l’action, les dépenses et la motivation. Ces considérations présentent de
nombreux parallèles avec les préoccupations des femmes dans le monde
compétitif des affaires.
Nous avons tous entendu parler des personnalités dans le domaine de
l’entreprise ou du sport, qui parlent de l’emporter sur la compétition comme
« aller à la guerre », en vue d’évoquer un état d’esprit porté sur l’effort
agressif. Une autre stratégie saine consiste à accentuer un style plus positif
et pratique, celui de gagner avec le minimum de pertes pour les deux
parties.
Les opérations militaires, d’affaires et privées requièrent toutes des
budgets adéquats pour fournir les ressources humaines et autres nécessaires
pour triompher. Cela peut comprendre les employés à plein temps, les
consultants, l’équipement, le transport, les provisions, l’assistance
potentielle, et de nombreux autres besoins. Plus l’effort est grand, plus il en
coûte ; et plus il est prolongé, plus il sera difficile de le soutenir du point de
vue du coût, de l’endurance et du moral.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Nous reconnaissons que, dans le monde des affaires, les femmes
rencontrent souvent des difficultés pour affronter les hommes sur un pied
d’égalité. Et si on leur donne l’occasion de le faire, elles risquent de se
retrouver sous le feu de projecteurs particulièrement lumineux, entraînant
une surveillance plus rapprochée, moins de tolérance en cas d’erreurs, et
des critiques plus dures qu’envers leurs collègues masculins occupant des
postes à responsabilité similaires. Et ainsi, afin de recevoir du crédit pour
avoir fait un bon travail, une femme se doit d’être bien organisée. Cela
commence par une planification efficace et l’attribution des ressources.
Évaluez
Avant de considérablement vous investir, procédez aux évaluations
suivantes :
1
. Cela peut-il être accompli dans un temps raisonnablement imparti ?
2
. Aurez-vous les ressources suffisantes à disposition pour le temps et les
efforts nécessaires ?
3
. Quelles contingences seront disponibles si cela coûte davantage ou
demande plus de temps que prévu ?
Ce que faire
Si vous rencontrez de la résistance chez votre patron ou patronne en lui
parlant du temps et des ressources nécessaires pour accomplir une étape ou
un objectif, décomposez le projet en détails subtils pour exprimer votre
point de vue et bien vous faire comprendre. Vous pourriez trouver comme
outil un logiciel de gestion de projet comme Microsoft Project, ou
quelqu’un pourrait trouver un logiciel de planification à cette fin, ce qui
vous permettra par ailleurs d’assigner des tâches et de suivre leur
progression une fois que vous aurez commencé.
S’il est probable que le projet entrepris se prolonge au-delà de huit ou dix
mois, essayez de le diviser au moins en deux objectifs distincts pouvant
employer différents membres du personnel. Il y a plusieurs raisons à cela.
Au fil du temps, les retards tendent à s’accumuler et la frustration à
s’intensifier, menant à l’exaspération, un travail bâclé et un intérêt qui
s’amenuise.
Il faut s’attendre à quelques changements de personnel entre différents
projets, ce qui est malheureusement gênant en essayant d’atteindre un
objectif.
Certaines des erreurs inévitables que vous avez faites au début pourront
être évitées par la suite.
Terminer une tâche définie apporte de l’assurance et une grande
gratification personnelle ; cela fait aussi marquer davantage de points qu’en
terminant simplement l’une des séries d’objectifs.
Quant aux sexes, mieux vaut prévoir généralement une répartition
équilibrée hommes-femmes dans votre équipe qui représente votre
entreprise, plutôt que de la surcharger de femmes ou de les en exclure
carrément, car, que ce soit juste ou injuste, on a tendance à remarquer ce
genre de détail quand une femme est aux commandes.
>> EN BREF
Déterminez si vous avez les ressources suffisantes pour remplir votre mission ; ne croyez
personne d’autre sur parole à ce propos.
Planifiez efficacement
« Se préparer à la guerre est le meilleur moyen de préserver la paix. » —
George Washington
La préparation ne garantit pas le succès, bien qu’un manque de
préparation tende vers l’échec. Les hommes ont tendance à aller de l’avant
avec plus d’énergie et d’optimisme que de prévoyance et de prudence. Une
préparation solide peut offrir aux femmes un avantage compétitif en évitant
les erreurs prévisibles, les retards, les dépassements de budget et tout un tas
de pièges potentiels.
Tels des nids-de-poule, laissés sans supervision, les petits détails se
multiplient en détails flagrants : des vis desserrées entraînent une panne de
moteur, la décomposition finit peu à peu par faire tomber des arbres
imposants, et comme on a pu le constater, la suspicion suffit pour briser une
carrière.
RR, une styliste de mode, travaillait pour un fabricant de robes à New
York. Ses créations se vendaient bien si elles étaient bien coupées et
assemblées ; mais si la confection était de mauvaise qualité, elles perdaient
de leur attrait. Étant finalement responsable du succès de sa collection, elle
décida de s’investir dans les détails, au niveau des coutures, boutons,
fermetures à glissière, des prix et d’une multitude d’autres éléments. Grâce
à ses robes, elle récupéra une importante part du marché.
De ce fait, RR en conclut qu’un bon design ne vaut rien sans une grande
attention aux détails au moment du procédé de confection et de la mise en
vente.
Une planification efficace comprend généralement certaines
considérations, comme un produit ou un service clairement défini,
l’accomplissement des objectifs dans les temps, les ressources adaptées (les
effectifs et le budget), le soutien des cadres supérieurs, une bonne
communication et les contingences. Gardez à l’esprit que les budgets dans
l’entreprise sont sujets à variation, que les gens vont et viennent, et que ce
qui est chaud aujourd’hui pourrait finir par tomber à l’eau. Comme
mentionné précédemment, évitez le piège d’accepter un programme de
travail déraisonnable sans soutien adapté.
>> EN BREF
La loi de Murphy prévient que : « Si quelque chose doit mal tourner, c’est ce qui se
passera. »
Et nous la modifions ainsi : « Mais uniquement si vous laissez faire. »
Tout est sujet à changement ; laissées ignorées, les situations tendent à se détériorer. Lors de
changements d’envergure, afin d’exercer un certain degré de contrôle et de proposer des
recommandations, il faut que vous fassiez preuve de vigilance quant aux signes avant,
pendant et immédiatement après.
>> EN BREF
Assurez-vous d’avoir des bases solides pour faire valoir vos compétences.
Apportez de la valeur
… et recevez du crédit.
Apporter de la valeur est assez direct pour requérir une petite explication :
vous faites ce que l’on vous demande de faire, le faites bien et de façon à
être dans les temps, et trouvez d’autres choses à faire également
nécessaires. Comme vous êtes payée pour apporter de la valeur par le biais
des résultats des tâches qui vous sont confiées, il paraît raisonnable d’en
faire l’effort.
La perception
Cependant, être reconnue pour la valeur que vous apportez est moins
évident. On a tendance à observer ce qu’on s’attend à voir. Que perçoit-on
quand on vous regarde ?
Pour réussir professionnellement, il ne suffit pas toujours de faire un bon
travail et d’attendre d’être reconnue pour cela : il est nécessaire d’être
perçue comme quelqu’une qui, par ses contributions, apporte quelque chose
de valeur. Sans s’éterniser sur les stéréotypes genrés, les hommes semblent
cependant être plus adeptes que les femmes à faire la promo de leurs
capacités et de leurs accomplissements, ce qui signifie qu’ils ont plus de
chances de recevoir davantage de crédit en effectuant moins de travail. Que
pouvez-vous faire à ce sujet sans avoir à monter sur votre bureau et à vous
envoyer des fleurs comme un candidat politique ?
Si vous avez un patron ou une patronne qui reconnaît vos contributions et
le laisse également savoir aux autres, quelle chance ! Mais cela ne veut pas
dire que vous pouvez vous permettre de disparaître dans votre box en
laissant votre carrière à ses bons soins. Réfléchissez-y : votre superviseur
du moment pourrait partir ou assumer une autre fonction, et la prochaine
personne à laquelle vous allez rendre des comptes pourrait voir les choses
différemment (ainsi que vous). Dans le monde réel, il n’est pas payant de
laisser votre carrière entre les mains de quiconque, à part les vôtres.
Qu’est-ce que la perception, précisément ? Vue par la fenêtre du yin et du
yang, il s’agit de l’équilibre entre l’image et la réalité. La plupart d’entre
nous se rendent compte que lorsqu’un magicien apparaît pour scier son
assistante en deux, il joue avec nos perceptions. Nous ne croyons pas
vraiment qu’ainsi sont tranchés la chair et les os, avant que la victime
revienne miraculeusement à son état d’origine. Il est à espérer que nous
comprenons qu’un tour de passe-passe – c’est cela, un tour – est en train
d’être joué pour nous divertir.
Cependant, tant d’hommes et de femmes se font avoir par des arnaqueurs
en quête des sujets les plus innocents et naïfs qu’ils puissent trouver. Des
millions de personnes ont investi dans des actions non existantes, ont fourni
l’accès à leurs cartes de crédit et à leurs comptes bancaires à des criminels,
et font confiance à des gens qui n’ont comme idée que de les escroquer.
Elles ont été séduites par de fausses impressions.
Le contrôle
Sur le lieu de travail, les fausses impressions pourraient être difficiles à
reconnaître et à gérer. Afin d’exercer ne serait-ce qu’un peu de contrôle sur
les impressions qu’ont de vous vos collègues et vos superviseurs, il est
nécessaire que vous ayez conscience que :
1
. Dans tout milieu professionnel, chacun se fait une impression de chaque
autre personne.
2
. Les impressions sont généralement davantage basées sur des propos
rapportés que sur des évaluations personnelles, notamment en ce qui
concerne les femmes.
3
. Certaines personnes propagent activement des rumeurs, ce qui influence
les impressions.
4
. Les femmes passives (comme toute personne qui l’est en général)
exercent moins d’influence sur les impressions que les autres ont à leur
sujet.
>> EN BREF
La valeur que vous apportez est bien réelle ; les perceptions ne sont que subjectives.
Adoptez un rôle proactif pour vous assurer d’être reconnue pour vos accomplissements.
Exercez le contrôle
Pouvoir excessif = perte de contrôle.
Pour la plupart, Sun Tzu fait référence au pouvoir en relation avec
l’autorité (en étant capable de donner des ordres), la ruse stratégique (en
prétendant être plus ou moins puissant pour embrouiller l’ennemi) et le
timing (en exerçant efficacement le pouvoir en évitant les pertes). Le
contrôle est mis en avant dans l’ensemble de L’Art de la guerre pour mettre
en place les troupes et les ressources, et s’abstenir de suivre les instructions
(du souverain) si nécessaire.
Le pouvoir vous permet de prendre des décisions et d’agir en fonction ; le
contrôle peut être exercé comme une influence modératrice pour affaiblir
cette aptitude. En d’autres termes, le pouvoir et le contrôle sont des forces
opposées mais complémentaires, s’apparentant beaucoup au yin et au yang.
En termes pratiques, le pouvoir est principalement orienté vers le résultat,
alors que le contrôle se concentre plutôt sur le déroulement de l’action mise
en œuvre pour parvenir au résultat. Chacun d’eux peut être utilisé par vous
ou contre vous.
L’exercice du pouvoir
La poursuite la plus judicieuse du pouvoir consiste à reconnaître les
options qui s’offrent à vous. Cependant, tout comme Sun Tzu nous enseigne
que les plus grandes victoires sont accomplies sans combattre, l’usage le
plus sage du pouvoir consiste à ne pas l’exercer.
Si vous possédez un grand pouvoir, ce serait maladroit (et inutile) de
bousculer les gens comme un athlète professionnel qui fait tomber des
amateurs. D’un autre côté, le pouvoir exercé très modérément pourrait
s’avérer d’une certaine précarité en s’y essayant dans des situations où il
risque d’être mis au défi ou réfuté.
Dans un cas comme dans l’autre, l’abus de pouvoir suscite plus de
ressentiment que de coopération, et motive par ailleurs les autres à faire en
sorte que le contrôle se retourne contre vous.
Pour exercer le pouvoir intelligemment, usez de subtilité, sans que
personne ne sache que c’est ce que vous faites. Cela vous dit-il quelque
chose ? Assurément, étant donné que les femmes ont appliqué cette tactique
avec succès depuis le début des annales de l’histoire, et sans doute depuis
bien plus longtemps encore ! Comment procéder au mieux ? Répertorions
les méthodes.
En voici quelques exemples :
1
. Convaincre : le pouvoir de la persuasion est intensifié par votre statut
(votre position) dans l’entreprise ou d’autres milieux. Les gens sont
généralement plus disposés à être convaincus qu’à recevoir des ordres,
surtout par quelqu’un dont ils ne peuvent refuser le pouvoir.
2
. Solliciter : demander à quelqu’un d’accomplir une tâche est l’alternative
polie pour lui dire de la faire. Ceux qui reconnaissent le plus vivement
votre pouvoir apprécieront le plus votre doigté.
3
. Négocier : si vous pouvez proposer à quelqu’un une faveur ou un
privilège, même si ce n’est rien de plus que votre gratitude, vous gagnerez
probablement son respect et sa loyauté.
La maîtrise du pouvoir
Le rôle principal du contrôle est de restreindre le pouvoir.
Les organisations essaient ainsi de le limiter par des procédures requises,
la responsabilité, la sécurité et, évidemment, le consensus. Les réunions de
comité et les multiples approbations nécessaires ont probablement arrêté la
progression de plus de projets que les murs d’une prison ont gardé de
criminels à l’intérieur.
En fait, les batailles les plus intenses et continues menées dans le monde
de l’entreprise se passent entre le pouvoir et le contrôle : qui est chargé de
décider et de faire quoi ? Sans contrôle, ceux avides de pouvoir finiraient
par diriger le monde, en ajoutant encore plus de chaos aux dommages dont
ils sont déjà responsables. Les contrôles qu’ils essaient d’imposer ont pour
objectif de consolider leur pouvoir ; les contrôles que la plupart d’entre
nous ont besoin d’appliquer sont censés limiter leur pouvoir et, par
extension, leur contrôle sur nos vies.
Il n’y a pas besoin de chercher plus loin que les dictateurs du siècle
dernier comme exemples d’accros au pouvoir hors de contrôle. En effet, ce
sont assurément des cas extrêmes, mais même eux ont commencé à petite
échelle. La remarque « le pouvoir corrompt ; le pouvoir absolu corrompt
absolument » se rapporte au pouvoir incontrôlé.
Nous ne suggérons pas que vous êtes responsable, sans l’aide de
personne, d’exercer le pouvoir sur ce type d’individus. Cependant, il vous
faut vous protéger pour éviter de vous retrouver sous leur contrôle. Que ce
soit au travail, à la maison, ou quelque part entre les deux, ayez conscience
de cet équilibre au niveau de votre propre comportement, et chez ceux dont
le concept du monde n’a rien à voir avec celui où vous voulez vivre.
>> EN BREF
Exercez le contrôle que vous pouvez pour atténuer le pouvoir que d’autres ont sur vous ; et
équilibrez le pouvoir que vous avez sur d’autres grâce à une dose raisonnable de maîtrise de
soi.
POUR RÉSUMER
La préparation – les devoirs à faire, si vous préférez – correspond à la différence entre
exploiter au maximum les opportunités et perdre du temps. Afin d’appliquer ce qui joue en
votre faveur, il est nécessaire d’évaluer précisément vos ressources, et de façon réaliste.
N’oubliez pas, le moment de vérifier si votre parachute est en état de fonctionnement, c’est
avant de sauter. Vous ne pouvez pas non plus laisser cette question essentielle aux bons
soins de quiconque, pas plus qu’à la confiance.
La préparation établit les bases pour une planification efficace, un timing approprié et la
gestion contrôlée des coûts, des programmes et des ressources. Cela, à son tour, vous mettra
dans la position d’anticiper et de résoudre les problèmes, de tirer profit des opportunités, et
d’exceller en tant que directrice et dirigeante. Actuellement, dans le milieu de l’entreprise,
on s’attend à ce qu’une femme soit meilleure que la concurrence afin de se retrouver sur un
pied d’égalité.
Exemple :
Si certaines compétences techniques sont nécessaires pour contribuer à
votre projet ou à votre objectif, révisez le domaine qui vous pose problème
et sollicitez l’aide de quelqu’un de compétent. Une option consiste à
demander l’expertise requise (on ne s’attend pas à ce que tout le monde
maîtrise tout) ; une autre possibilité pourrait être d’offrir quelque chose de
valeur à cette personne en échange de son aide.
Traditionnellement, l’ego masculin incite à des démonstrations de
confiance en soi plus que manifestes, que ce soit justifié ou non. Les
femmes, d’un autre côté, s’effacent bien trop souvent. La fausse assurance
et la vantardise contre la modestie discrète : des extrêmes du yin et du yang.
Aucun de ces extrêmes n’a de chance d’inspirer la confiance chez vos
collègues ou vos responsables. L’assurance discrète, née de la connaissance
de soi, repose sur des fondations solides et perdure ; de même, la prise de
conscience d’une certaine limite que vous êtes en voie d’aborder fera plus
probablement venir à vous le respect que le mépris. L’équilibre se trouve
quelque part entre ces cas de figure, plutôt en un flux et en un reflux qu’à
un point précis.
>> EN BREF
La perfection n’est pas nécessaire tant que vous êtes compétente. Cela signifie savoir
comment atteindre les objectifs qui pourraient requérir des compétences qui vous manquent.
Analysez la concurrence
« Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même,
tes chances de perdre et de gagner seront égales. »
– Sun Tzu
Trop de concentration sur vos lacunes perçues risque de vous empêcher
d’être attentive aux personnes avec lesquelles vous pourriez travailler ou
rivaliser. Gardez à l’esprit que vous ne fonctionnez pas en vase clos, mais
parmi d’autres hommes et femmes imparfaits.
En gardant bien en tête vos actifs/atouts et vos responsabilités
personnelles, il est temps de procéder à une analyse concurrentielle. Votre
concurrence pourrait être quelqu’un dans votre groupe qui rivalise pour la
promotion que vous visez ou certaines personnes dans d’autres entreprises
qui ciblent la même clientèle. En procédant ainsi, cela pourrait permettre
aux femmes d’obtenir un avantage sur leurs collègues masculins.
Pour quelle raison ? Parce qu’il est généralement admis qu’elles ont une
meilleure capacité d’écoute. Pas toutes, pas toujours, mais la plupart du
temps.
L’observation répandue que les hommes n’écoutent pas – ou n’entendent
pas – ce que les femmes ont à dire se vérifie souvent. Cependant, il ne faut
pas oublier de mentionner que celles-ci n’excellent pas toutes à être à
l’écoute, contrairement à certains hommes.
Le titre du livre d’Allan et Barbara Pease, Pourquoi les hommes
n’écoutent jamais rien et les femmes ne savent pas lire les cartes
routières ?, alimente plusieurs stéréotypes aussi instructifs qu’induisant
potentiellement en erreur. Plutôt que de débattre de l’exactitude de ces
affirmations, voyons comment nous pourrions en tirer profit.
Ce qui est positif, c’est qu’à une majorité écrasante les femmes peuvent
apprendre plutôt bien à lire les cartes routières, et même celles d’entre elles
qui auraient pu croire le contraire. Quand on vous dit alors que vous
grandissez que vous êtes meilleure à faire certaines choses que d’autres, il
est bien naturel de se laisser embobiner en se laissant prendre au jeu.
Heureusement, cela ne demande pas une nature extrêmement rebelle pour
s’opposer à ces stéréotypes sexistes, seulement un esprit curieux, ouvert.
Pour être juste, beaucoup d’hommes peuvent apprendre à mieux être à
l’écoute. L’astuce consiste à leur laisser savoir quand leur opinion est
souhaitée ou quand vous voulez seulement qu’ils écoutent. Certains mecs le
comprennent même, en fait, parfois10.
Pourquoi toute cette discussion à propos des stéréotypes ? Parce que des
mecs et des nanas font probablement partie de vos concurrents, et cerner
leurs tendances est essentiel pour votre analyse. En d’autres termes, ayez
conscience des stéréotypes sexistes courants en évitant d’être aveuglée par
eux. Considérez par ailleurs que ces mêmes stéréotypes peuvent influencer
la façon dont les autres vous considèrent.
Concentrez l’analyse de vos concurrents sur leur efficacité : ont-ils du
succès et comment procèdent-ils pour mener à bien une tâche ? Travaillent-
ils dur et sont-ils bien préparés, charmants, beaux parleurs ? Ce qu’ils
proposent est-il substantiel ou est-ce un écran de fumée ? Honorent-ils leurs
engagements ou recourent-ils à des excuses ? Analysez leurs actifs/atouts et
leurs limites, et, grâce à ces informations, améliorez votre capacité à
rivaliser avec eux jusqu’au succès.
Exemples :
Le concurrent n° 1 est expérimenté et très charmant, mais votre produit ou
vos services sont supérieurs. Auquel cas, concentrez votre offensive sur ce
qui différencie les produits en question, et non sur les personnalités.
Le concurrent n° 2 a moins de compétences exemplaires en
communication. Par conséquent, élaborez un résumé, bien formulé de votre
statut, et faites en sorte que ce soit prêt pour le donner au patron ou à la
patronne tous les lundis matin.
La concurrente n° 3 semble traîner autour du bureau de la direction,
cherchant toute occasion de s’attirer des bonnes grâces. Vous pourriez
mettre un point d’honneur à arriver plus tôt une fois par semaine pour
proposer un résumé oral du bilan et demander au patron ou à la patronne
s’il y a quelque chose d’important auquel vous pourriez contribuer en
donnant un coup de main supplémentaire.
Le concurrent n° 4 est brillant avec les acronymes et les chiffres, ce qui
impressionne lors des réunions de bilan hebdomadaires. Votre stratégie
consiste à réviser toutes les données et tous les chiffres se rapportant à votre
travail, et à les présenter clairement, avec assurance, lors de ces meetings.
Étant donné les stéréotypes courants, il y a de fortes chances que vous (une
femme) puissiez obtenir davantage de points pour une prestation égale.
N’oubliez pas, plus vous connaissez et avez bien cerné quelle est la
concurrence, mieux vous pourrez vous placer pour vous en sortir haut la
main.
>> EN BREF
Observez attentivement la concurrence et cherchez les avantages. Ce qu’il y a de mieux en
rivalisant avec d’autres, c’est que vous n’avez pas à rivaliser avec vous-même.
>> EN BREF
Au lieu de chercher un moyen de vaincre les obstacles, faites-en sorte qu’ils jouent en votre
faveur.
Si vous pariez, attendez-vous à perdre.
Préparez-vous à gagner
« Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même,
tu ne compteras tes combats que par tes défaites. »
— Sun Tzu
La préparation
Les personnes qui ont de la chance sont celles qui font leurs devoirs à la
maison. Ce thème souvent mentionné, dérivé des écrits de Sun Tzu et
d’innombrables enseignants, est une étape clé dans la poursuite du succès.
Il est également possible de trouver ici des avantages subtils pour les
femmes. Car, alors que les hommes sont parfois tentés de « décoller à vue
de nez », les femmes tendent à adopter une approche plus patiente et
prudente. Ce qui concorde avec une préparation minutieuse.
Si votre carrière en est à ses balbutiements ou si vous vous trouvez dans
un environnement peu familier, l’une des meilleures façons de vous
préparer avant d’entreprendre un projet consiste à enregistrer autant
d’éléments que possible en utilisant un logiciel de planification. Ce genre
d’outil est utile non seulement pour les personnes chargées de diriger des
projets complexes, mais aussi pour prédire et suivre de près les
responsabilités et la productivité d’une équipe ou d’une personne.
Vous familiariser avec les outils, programmes, systèmes et procédures
adaptés au travail que vous avez à effectuer est un autre type de devoirs à
faire à la maison. Si vous n’êtes pas une programmeuse, on ne s’attendra
probablement pas à ce que vous appreniez les derniers codes et protocoles,
mais ce ne serait pas une mauvaise idée de reconnaître les acronymes
utilisés en interne et d’avoir une vue d’ensemble de la façon dont les
systèmes de votre entreprise interagissent. Considérez vos forces comme
des actifs/atouts fonctionnels, et vos faiblesses comme des actifs/atouts
restant à renforcer.
La préparation, par conséquent, est essentielle pour décider si vous voulez
vous investir dans un projet (si cette option vous est offerte), ainsi que pour
être prête à y contribuer avec efficacité.
L’engagement
Une fois que vous avez accepté des responsabilités personnelles, de
participer à un projet ou au travail d’équipe, concentrez-vous pour le faire
aussi bien que possible. Les efforts peu enthousiastes sont condamnés en
matière de procédés et d’effets : votre entourage le remarquera et perdra son
respect à votre égard, et il va sans dire, vos résultats en souffriront. Mieux
vaut démissionner et aller chercher un autre emploi que de finir
inévitablement par être mise au placard.
Chaque fois que vous vous sentez débordée ou que vous rencontrez des
difficultés pour exécuter à temps une tâche, demandez à votre superviseur
de l’assistance. Dites à cette femme ou à cet homme que vous êtes investie
dans votre rôle, mais que vous avez besoin d’aide pour accélérer ou
rattraper votre retard. Ayez conscience que les hommes rencontrent aussi
souvent que les femmes des problèmes et des obstacles – c’est la façon dont
vous faites face et surmontez ce genre d’inconvénients qui vous permettra
de vous démarquer. L’important, aussi difficile soit-il d’admettre de tels
problèmes, c’est qu’il vaut mieux le faire que prendre du retard ou
commettre de graves erreurs. En fait, pour la plupart, les cadres supérieurs
préfèrent ce genre d’honnêteté plutôt que de voir les problèmes s’accumuler
plus tard sur leur perron.
La visibilité
Dans la guerre, Sun Tzu recommande la ruse stratégique pour contrer ses
ennemis. Sur le lieu de travail, cependant, ce genre de pratique doit être mis
en œuvre avec délicatesse. Après tout, indépendamment de combien la
concurrence peut se révéler rude, vous ne faites probablement pas face à des
situations de vie ou de mort, et il vaudrait mieux ne pas vous faire une
réputation de bluffeuse ou d’hypocrite chez vos alliés ou vos opposants.
Cela ne veut pas dire qu’il faut impérativement révéler à la ronde tous vos
plans et toutes vos préparations. Comme le dit Sun Tzu : « Un bon général
[…] fait toutes ses opérations avec le plus grand secret […]. Si les
événements changent, il change de conduite ; si ses méthodes, ses systèmes
ont des inconvénients, il les corrige […] comme il le veut. Si ses propres
gens ignorent ses desseins, comment les ennemis pourraient-ils les
pénétrer ? »
De nos jours, sur le lieu de travail, une femme devrait considérer
comment appliquer le conseil du maître en interne (aux collègues) et en
externe (aux personnes de l’extérieur).
Sur votre lieu de travail, l’ouverture et la cohérence seront probablement
plus encouragées que le secret et l’imprévisibilité. Mais encore, mieux vaut
garder pour vous tout sentiment négatif ou d’inquiétude que vous pourriez
éprouver envers vos collègues, comme dans certaines situations
professionnelles ou personnelles. Vous avez sûrement remarqué combien
d’hommes considèrent comme un signe de faiblesse d’aller s’épancher sur
ses anxiétés.
Gardez à l’esprit qu’un secret partagé n’a plus rien de secret. À vos
collègues, ne dites que ce que vous voulez qu’ils sachent : gardez vos
doutes pour vous et choisissez prudemment vos confidents. En ce qui
concerne ceux qui pourraient vous nuire, essayez de ne pas leur donner de
raisons de vous choisir comme adversaire et surveillez-les de près.
En rivalisant avec d’autres entreprises et leurs représentants, il serait
préférable pour vous de les dérouter en les laissant supposer ce que sont vos
nouveaux produits, services ou politiques. N’allez surtout pas leur fournir la
liste de vos clients actuels ou potentiels, pas plus que toutes promotions et
réductions spéciales en perspective. En effet, moins ils en sauront sur vos
projets, mieux cela vaudra.
L’efficacité
L’un des messages les plus puissants et constants de Sun Tzu qui nous est
parvenu au fil du temps, c’est gagner efficacement. C’est-à-dire rapidement
et avec un minimum de dépenses et de pertes. Ses principes de base sont :
1
. Sachez où, quand et comment employer vos ressources.
2
. Assurez-vous que tous les participants dans une entreprise risquée sont sur
la même longueur d’onde.
3
. Faites l’effort de vous préparer pour la tâche à accomplir.
4
. Et assurez-vous que vos responsabilités sont clairement définies et
comprises.
>> EN BREF
Gagner découle principalement d’une bonne préparation, d’une bonne attitude et de
tactiques.
Si vous ignorez ce que vous devez faire, vous ne l’accomplirez jamais.
POUR RÉSUMER
Chaque environnement de travail présente un groupe de défis distincts, mais familiers. Et
chaque personne met sur la table son complément unique de compétences et d’expérience.
Sun Tzu nous dit comment déterminer ces facteurs, et ainsi qu’une compréhension de la
concurrence, créer une stratégie de travail qui porte ses fruits. Cela signifie accompagner les
probabilités, et non aller à leur encontre, afin d’atteindre vos objectifs à court ou à long
terme.
PORTRAIT
Tammy Rosenthal
Restez concentrée sur votre objectif
La Dr Tammy Rosenthal, diplômée de la George Washington University Medical School
(l’École de médecine et des sciences de la santé de l’université George Washington),
pratique la médecine dans le système de soins Kaiser Permanente à Reston, en Virginie.
Sa mère est française, son père, américain. Elle a grandi dans le comté de Westchester
de l’État de New York.
Croyez en vous
Dans le cas contraire, qui croira en vous ?
Croire en vous commence par une évaluation et une acceptation de vos
forces et de celles restant à améliorer. Selon les généralisations sur ce qui
différencie les hommes et les femmes, les hommes sont peut-être enclins à
l’optimisme en exagérant leurs forces tout en minimisant leurs faiblesses,
alors que les femmes tendent bien trop souvent à faire le contraire. La
raison pour laquelle il vous est recommandé d’être objective en évaluant
vos atouts personnels afin de les appliquer là où ils pourront vous être utiles
est d’éviter de vous retrouver paralysée par vos limites perçues – qui sont
des atouts en voie de développement.
Celles d’entre nous qui ne sont pas parfaites tendent à avoir des domaines
de faiblesse relatifs à toute situation donnée. S’il vous faut gérer des
hommes ou des femmes d’affaires chinois, et que vous ne connaissez pas
bien leur langue, vous pouvez l’apprendre ou recourir à un traducteur/une
traductrice ou à un/une interprète. Cela vaut-il la peine d’investir votre
temps et vos efforts dans la tentative de maîtriser le mandarin ? Cela dépend
de l’étendue de ces contacts particuliers que vous anticipez et de votre
motivation à entreprendre une mission particulièrement ambitieuse.
La même logique peut s’appliquer au code de programmation, aux
composants biochimiques, à la terminologie de l’ingénierie et aux réseaux
de télécommunication, pour ne citer que ces quelques exemples. En général,
une vue d’ensemble des applications de la terminologie (et des acronymes)
et de leurs relations pouvant influer sur votre travail ou le chevaucher est
utile pour établir de la crédibilité et en favoriser la compréhension. Certains
des spécialistes les plus brillants dans le monde sont des dirigeants
médiocres, et de solides compétences en management ne demandent pas
nécessairement des capacités techniques hors pair. Le dénominateur
commun le plus précieux est la capacité de communiquer d’un bout à
l’autre de l’éventail de vos responsabilités.
>> EN BREF
Dirigez avec vos forces, améliorez vos faiblesses et avancez.
Visualisez le succès
Gagnez avant la bataille.
La philosophie de Sun Tzu concernant la victoire implique de visualiser
les détails de la confrontation à venir, de la préparation à l’engagement, et à
la victoire ultime. Ainsi, vous pourrez vous faire une image positive de ce
que vous allez gagner avant d’y investir vos efforts. Nous faisons allusion,
il va sans dire, au fait de vous préparer, de planifier et de mener à bien votre
programme, au lieu de rester à ne rien faire, si ce n’est à fantasmer sur votre
renommée et gloire à venir.
Dans l’ensemble, les femmes font plus montre de sens pratique que leurs
homologues masculins. Pour cette raison, elles sont plus disposées qu’eux à
attendre de voir ce qui se passe. Dans la mesure où faire vaut mieux que
rêvasser, sans conteste. Cependant, visualiser – c’est-à-dire planifier chaque
étape et démarche d’un plan d’action – peut révéler des besoins et des
problèmes avant qu’ils surgissent.
La visualisation n’est pas qu’un domaine exclusivement réservé aux
artistes, philosophes et aspirants de la loterie, c’est également une
contribution à toute entreprise d’envergure. Le grand Albert Einstein parlait
de l’imagination comme « l’aperçu des futures attractions de la vie ».
Évidemment, tout le monde n’est pas capable d’avoir les vives
visualisations d’Einstein, mais un peu d’imagination suscite l’inspiration et
l’enthousiasme.
Favoriser en vous une aura positive (plutôt qu’indécise ou négative) et
que vos collègues la perçoivent est un avantage souvent négligé. Ne sous-
estimez jamais le pouvoir d’une attitude optimiste, notamment si un dur
travail et des efforts sont requis sur la durée.
>> EN BREF
Formez une image de là où vous voulez être et étendez les limites de votre objectif en vous
en rapprochant. Au fur et à mesure que vous évoluez, il faut que votre programme fasse de
même.
>> EN BREF
Même les risques les plus méticuleusement calculés engendrent des erreurs.
N’ayez crainte d’en faire ; apprenez de celles que vous faites ou que vous voyez d’autres
faire. Telle est la base de l’expérience.
>> EN BREF
Cultivez vos forces pour en développer de nouvelles et accéder à des opportunités.
Le mauvais combat
Il s’agit de celui au bout duquel la victoire ne vaut même pas la peine.
La lutte dans laquelle il est préférable de ne pas vous engager est celle où
vous n’avez pas trouvé de vulnérabilités en mesure d’être exploitées. Si,
après une évaluation objective, la victoire demeure incertaine ou à un prix
bien trop élevé pour en justifier l’effort, reculez : regroupez-vous,
redéfinissez votre plan ou lancez votre attaque contre une autre cible.
L’optimisation efficace de vos efforts est un processus d’apprentissage
continu. Votre objectif est de parvenir au plus grand avantage avec le
minimum d’efforts et de gâchis. Cela s’apparente un peu à parcourir en
voiture plus de kilomètres pour quatre litres d’essence et à la faire réviser
aussi souvent que nécessaire (mais pas plus souvent) pour qu’elle roule sur
des centaines de milliers de kilomètres. Cependant, à un moment donné,
certaines pièces coûteuses se retrouvent trop usées pour vous permettre de
la conduire sans risques. À ce stade, un nouveau véhicule pourrait être
l’investissement le plus sage.
>> EN BREF
La plupart des positions présentent des points faibles ou peuvent être manœuvrées sur un
terrain moins stable. Tel est l’art charmant d’utiliser moins de ce que vous avez en votre
possession pour obtenir davantage de ce que vous désirez !
POUR RÉSUMER
Dans le monde réel, personne n’est totalement à l’abri des balles. Cela étant dit, une femme
doit se tenir prête à se défendre face aux attaques de concurrents et concurrentes envieux,
jaloux et/ou sans pitié, que rien n’arrêtera pour vous piéger.
Simultanément, restez vigilante pour ne pas rater des opportunités. Visualisez la place que
vous voulez occuper, faites moins de ces erreurs évidentes, et n’ayez pas peur d’incarner
vos forces, ou évitez d’être trop modeste. Vous positionner pour atteindre la réussite n’a pas
à être nécessairement aux dépens d’amis ou de collègues !
5. Être performante
« […] Recherchez la victoire dans la configuration stratégique
du pouvoir et non pas en dépendant des gens. »
— attribuée à Sun Tzu
L’article V a fait l’objet de diverses interprétations concernant la
performance par l’exercice du pouvoir, l’usage de l’énergie, du timing et de
l’élan. Y est aussi présentée l’une des stratégies majeures de Sun Tzu
recourant à la ruse afin d’embrouiller l’ennemi. Il insiste sur les avantages
de la souplesse, la manœuvrabilité et la rapidité.
Dans ce contexte, Sun Tzu parle d’appliquer le timing pour tirer profit de
l’élan. Il décrit les utilisations « directe » (« orthodoxe » ou
conventionnelle) ou « indirecte » (« hétérodoxe » ou non conventionnelle)
des forces comme se faisant pendant, dans un cycle sans fin. Explorons ce
qu’il nous dit afin de savoir ce que cela pourrait signifier pour vous.
Pratiquez
Des exemples pratiques du timing de l’univers (en agissant en
synchronisation avec les forces de la nature) vont de ne pas risquer de voir
votre parapluie soufflé sur l’envers par des bourrasques à concevoir des
bâtiments ergonomiques qui exploitent l’énergie du soleil et du sol. Les
Chinois, par exemple, ont employé avec succès le timing de l’univers par le
biais de systèmes applicables dans la vie, comme le feng shui11, une
philosophie pratique très ancienne qui perdure dans ce millénaire.
Sun Tzu suggère que la pensée originale mène à des actions innovantes –
et souvent inattendues. Au fil du temps, évidemment, même les innovations
les plus originales évoluent inévitablement en des stratégies
universellement acceptées.
En Chine, la construction d’un énorme barrage12 sur le fleuve Yangzi
Jiang fut accomplie en commençant par faire dévier l’écoulement du fleuve
pour qu’il contourne le site de chantier du barrage, puis en déroutant l’eau
de son cours d’origine. Ce faisant, la planification des hommes fut
coordonnée au timing de l’univers.
De nos jours, la déviation du cours des fleuves pour construire des
barrages est une pratique courante, mais la première fois que ce fut conçu et
mis en application, cela dut être considéré comme une brillante innovation.
Comment les femmes modernes pourraient-elles tirer profit de ce principe ?
Initialement, en observant les courants autour de vous : la politique de
l’entreprise, les intérêts personnels (plus difficiles à observer mais valant
bien la peine d’être découverts), le pouvoir hiérarchique, etc. Au tout début
de votre carrière, tout du moins, vous ne vous rendez pas du tout service en
allant à l’encontre de ces courants établis. Car, bien qu’ils ne soient pas
nécessairement universels, ils représentent les forces dominantes et
prévisibles qui influent considérablement sur votre environnement. Dans ce
cas, aller à leur encontre s’apparente à nager contre le courant : un défi posé
à une quasi-force de la nature n’a que peu de chances d’être couronné de
succès.
Initiez le changement
En vue de nos objectifs, nous étendons la métaphore à la déviation du
courant existant de l’histoire majoritairement masculine vers un cours plus
favorable pour les femmes. Non pas pour remplacer une forme de
domination par une autre, mais plutôt pour stabiliser l’ordre en un équilibre
plus en accord avec la nature. Ce genre d’équilibre sain n’aurait-il pas une
meilleure chance de durer plus longtemps à l’avenir que la situation bancale
qui l’a précédé ?
Hélas, les changements majeurs de cette ampleur se heurtent à la
résistance de la structure du pouvoir en place (principalement masculin) et,
par conséquent, à un certain degré d’opposition. Dans ce cas précis,
cependant, les forces opposées entrent en jeu. Tout d’abord, les
préoccupations des femmes sont en pleine floraison avec un élan qui leur
est propre. Bien que chaque femme ne semble pas vraiment prête à
rejoindre le défilé, vous n’êtes certainement pas la seule en quête d’un
traitement et d’opportunités sur un pied d’égalité. Deuxièmement, les droits
des femmes représentent un meilleur équilibre que la version
majoritairement masculine, et ainsi, en effet, nous promouvons un courant
plus naturel qu’il en est actuellement le cas.
>> EN BREF
Soyez en phase avec vous-même et vous trouverez le temps d’influencer votre
environnement. Les changements qui améliorent les conditions des femmes rendent service
à toute l’humanité.
L’illusion du changement
Tous les changements ne sont pas significatifs. Des remaniements
superficiels (cosmétiques) pourraient être institués par les directeurs et les
cadres souhaitant laisser une trace sans perturber le statu quo. Par exemple,
ils pourraient initier une nouvelle terminologie (des synonymes pour des
termes existants) et déplacer des membres du personnel dans d’autres
bureaux ou box, pour donner l’impression que depuis qu’ils sont aux
commandes, il y a eu du changement.
Une analogie pas très éloignée des tactiques de guerre de Sun Tzu dans un
contexte civil correspond aux pratiques trompeuses de nombreux
politiciens. Avez-vous remarqué comment certains d’entre eux, qui espèrent
renverser ceux en place, n’arrêtent pas de préconiser le changement ? Ils
promeuvent ce concept ostensiblement pour améliorer les conditions des
électeurs, bien que le changement le plus important – si ce n’est le seul –
qu’ils espèrent, c’est d’être élus. Il est ironique que ces très anciennes
stratégies s’avèrent toujours aussi efficaces, une majorité des votants
semblant disposée à croire les promesses des candidats. La ruse stratégique
– dans ce cas, en affirmant une chose en voulant dire autre chose – est ce
qui permet de le faire fonctionner.
>> EN BREF
La meilleure action dépend généralement du timing, c’est-à-dire quand vous êtes prête et
que votre cible – ou la concurrence – est vulnérable.
Initiez l’inattendu
« Les ressources de ceux qui sont habiles dans l’utilisation
des forces indirectes [de l’inattendu] sont aussi infinies
que celles des cieux… » — Sun Tzu
Sun Tzu pensait que l’initiative et l’élan pouvaient être pris en faisant ce à
quoi on ne s’attend pas, un précurseur stratégique de penser de façon
originale et, ainsi, sortir des sentiers battus. Il nous recommande aussi :
« Usez généralement des forces directes pour engager la bataille et des
forces indirectes pour emporter la décision. » Quel en est le sens dans le
cadre du bureau ?
Innovez
La forme d’innovation la plus courante correspond à une nouvelle façon
de procéder, ou améliorée, en vue d’accomplir une certaine tâche ou
d’atteindre un objectif. Si vous parvenez à trouver une idée rafraîchissante,
réfléchissez-y sérieusement (et, si possible, mettez-la à l’essai) avant de la
présenter. Il sera préférable d’éviter d’initier un départ de la norme qui se
conclut par un échec, car votre crédibilité pourrait en prendre un coup.
L’innovation ne se limite pas à faire les choses créativement et
différemment. En réalité, ce n’est pas quelque chose que vous pouvez
simplement décider de faire. Par exemple, être vigilante pour ne pas rater
des opportunités, puis vous mettre dans la position d’en tirer parti est un
excellent moyen pour commencer. Prendre l’initiative de vous engager dans
de nouveaux projets et tâches essentiels est également novateur.
Anticiper les opportunités qui ne sauraient tarder vous place en meilleure
position pour mettre votre chaussure (et peut-être tout le pied) dans la porte
avant la ruée. Il va sans dire qu’il vous faudra prévoir une raison pour vous
trouver là, c’est-à-dire un plan détaillé de ce que vous voulez, la logique
sous-jacente à votre démarche pour justifier de l’obtenir, et une ou deux
raisons laissant entendre pourquoi cela pourrait bénéficier à la personne qui
prend les décisions. Cela vous demandera d’avoir toute conscience de ce
qui se passe autour de vous – une aptitude à déchiffrer les signes et tout lien
avec les changements et les événements imprévus (voir chapitre 2.13).
Une autre tactique innovante qui découle de cette prise de conscience est
la capacité à rester à un ou deux pas en avant de la concurrence, comme des
collègues rivalisant avec vous ou des personnes de l’extérieur concourant
pour le même marché.
>> EN BREF
La prédictibilité n’a rien de nouveau. Faites en sorte que vos qualités (fiabilité, intégrité,
coopération, etc.) soient reconnues tout en gardant pour vous vos intentions.
Prenez de la vitesse
« [Le pouvoir stratégique consiste à faire] en sorte que l’ennemi
soit entre vos mains comme une pierre de figure ronde,
que vous auriez à faire rouler d’une montagne
qui aurait mille toises de haut. »
— Sun Tzu
Il est possible de prendre de la vitesse en initiant le mouvement et en le
maintenant, ou en redirigeant ce qui est déjà en mouvement.
Amorcer les choses requiert force et énergie ; attraper ce qui est en
mouvement demande un timing de toute beauté. Dans les deux cas,
conserver leur élan nécessite de la persévérance.
Tout étant égal, propulser un véhicule vers l’avant à partir d’un arrêt
nécessite le plus d’énergie, prendre de la vitesse en demande moins, et
maintenir une grande vitesse, moins encore. C’est à quoi se rapporte
essentiellement l’élan. Quelle que soit la quantité de force qui vous serait
nécessaire pour commencer à faire rouler une grosse pierre du haut d’une
montagne, une fois en mouvement, elle prendra d’elle-même une puissante
vitesse. En réalité, il sera sans doute impossible de l’arrêter avant qu’elle
soit arrivée en bas.
Comment prendre de la vitesse pour servir au mieux vos intérêts ? En
établissant et en conservant l’équilibre, un objectif et le contrôle. Si cela
vous donne l’impression d’être une contradiction, permettez-nous de vous
rappeler le yin et le yang, les forces opposées qui forment l’équilibre sur
lequel insiste Sun Tzu dans tous ses écrits.
L’équilibre
Une échelle a pour utilité de permettre d’atteindre ce qui se trouve au-
dessus du bout de nos doigts tendus. Nous grimpons à la hauteur nécessaire
ou disponible en faisant confiance aux échelons pour soutenir notre poids et
garder l’équilibre.
Les échelles se tiennent sur deux montants de longueur à peu près égale,
les tabourets sur trois pieds, et les chaises, sur quatre. Alors que des
escabeaux plus courts peuvent s’ouvrir en deux sections à deux montants
chacune, les échelles extensibles plus hautes n’en ont que deux. Pourquoi
ne fabrique-t-on pas d’échelles avec autant de montants que des pieds de
chaise ou de table ? La réponse, comme vous l’aurez sûrement deviné, c’est
qu’en en ayant davantage, elles seraient plus lourdes et difficiles à déplacer.
Par ailleurs, une base étroite ne serait-ce que de quatre montants (disons de
la longueur des pieds d’une chaise) est moins stable plus l’échelle s’élève
en hauteur. La configuration habituelle correspond à deux montants dont
une extrémité est posée au sol, l’autre étant appuyée en hauteur contre un
mur, un arbre ou une autre surface solide.
Cependant, rien de cela n’a d’importance si la personne sur l’échelle
(c’est-à-dire vous) est déséquilibrée, étant donné que vous et l’échelle ne
serez alors pas en phase. Auquel cas, l’échelle la plus solide du monde ne
pourrait vous éviter la chute. Le point soulevé étant : où que vous soyez –
sur la terre ferme, une échelle ou votre lieu de travail –, votre équilibre
dépend de votre sentiment d’équilibre intérieur, et non pas des accessoires
sur lesquels vous pourriez compter.
Si vous dirigez des employés, ils dépendent de vous pour conserver un
sens de l’équilibre afin d’être guidés de manière avisée et productive. Sans
cette stabilité, il vous sera difficile de maintenir votre vitesse dans une
direction positive.
En d’autres termes, l’équilibre dans votre vie – personnelle et
professionnelle –, et de ceux qui dépendent de vous, commence et se
termine en fonction de vous.
Objectif et contrôle
L’équilibre sans détermination s’apparente à une balance sans rien à peser.
De même, rester assise discrètement dans votre coin avec un sourire béat ne
risque pas de faire progresser votre carrière. Alors évitez d’être prise en
flagrant délit d’utiliser l’équilibre comme une fin en soi, car il s’agit plutôt
d’une approche pour mener à bien vos tâches, ou, dans ce cas, prendre de la
vitesse de manière contrôlée et productive.
Loin de nous l’idée d’aller suggérer que vous manquez d’objectifs
significatifs, seulement que vous êtes prête à les choisir, modifier et
poursuivre alors que les conditions et vos inclinaisons changent. Des
objectifs réalistes (équilibrés) correspondent à ce qui est réalisable dans les
limites d’un groupe de conditions définies et d’une certaine période de
temps. Afin de les accomplir, il est impératif que vous contrôliez la
direction de l’élan que vous êtes en train de favoriser.
En guise d’exemple, vous ne vous attendriez certainement pas à traduire
en allemand un livre de cuisine de 300 pages en quinze jours, une tâche on
ne peut plus déraisonnable (déséquilibrée) si votre maîtrise de cette langue
laisse à désirer.
La plupart des objectifs dont vous êtes responsable sont moins évidents et
plus nuancés. Le point soulevé étant : il vous faut poursuivre vos objectifs
de manière contrôlée afin de prendre de la vitesse de façon positive, en vous
basant sur une progression tangible et significative, des qualités de
dirigeante solides et un management efficace.
>> EN BREF
Maintenez votre vitesse, sinon vous serez arrêtée dans votre élan ; restez équilibrée, sinon
vous tournerez en rond.
La négociation
Soyez disposée à donner ce qui a moins d’importance pour remporter ce
qui en a davantage.
Les entreprises asiatiques préfèrent les décisions et les solutions à la suite
desquelles chaque partie s’en va avec un sentiment d’avoir au moins gagné
une importante concession. Bien que moins souvent mise en application de
notre côté du Pacifique, cette stratégie a été utilisée avec succès par les
femmes au cours de l’histoire. Si cela vous rappelle le paradigme gagnant-
gagnant dont nous avons parlé précédemment, c’est précisément ce dont il
s’agit en pratique. Comparativement au paradigme gagnant-perdant, voué à
se faire plus d’ennemis que d’alliés, vous pouvez clairement imaginer
l’avantage qu’il y a à permettre à toutes les parties autour de la table de se
sentir au moins partiellement satisfaites, contentées.
Les Chinois et les autres Asiatiques s’y rapportent par l’expression se
traduisant littéralement par « gagner de la face ». Nous l’appelons « le b.a.-
ba de la psychologie » !
La préparation
La surprise est des plus efficaces dans un environnement bien ordonné,
car elle est, par définition, inattendue. Alors que l’imprévisibilité qui
émerge du désordre est moins une surprise, puisque personne ne sait à quoi
s’attendre.
Des surprises fréquentes, cependant, créent le désordre, alors ne lâchez
vos bombes que si c’est nécessaire, et pas trop souvent pour que votre
entourage ne puisse les anticiper. Et faites-le d’un environnement
apparemment stable et structuré. C’est-à-dire qu’il vous faudra être bien
organisée afin de :
1
. Planter le décor pour une surprise occasionnelle.
2
. Prendre votre temps pour élaborer adéquatement une stratégie et prévoir
le timing.
D’accord, revenons en arrière pour l’instant, en nous penchant sur le titre
de cette section : « Créez votre propre réalité. » Comme expliqué
précédemment, cette métaphore ne se rapporte qu’à une partie de votre
environnement de travail, et non à ce qui va bien au-delà de votre aptitude à
exercer une forte influence. L’objectif consiste ici à peindre subtilement
votre tableau, afin d’influencer votre entourage pour qu’il partage votre
perception prévue et soutienne votre place dans cette composition.
Votre préparation consiste à définir clairement ce que vous voulez, à
identifier et analyser la concurrence, à répertorier les qualités et les raisons
pour lesquelles on vous soutient, et à les vendre aux décisionnaires. En
d’autres termes, vous créez votre monde, puis vous les invitez à y entrer.
>> EN BREF
Plantez le décor dans lequel vous avez l’intention de jouer un rôle et mettez en scène votre
performance.
POUR RÉSUMER
La splendide association du timing de l’univers, de l’élan et de la ruse stratégique se trouve
au-delà de l’imagination de la majorité de vos concurrents, à moins que les enseignements
de Sun Tzu ne leur soient connus. Tout d’abord, le timing de l’univers est inconnu à la
plupart des Occidentaux, comme la subtilité de la ruse (qui n’a rien à voir avec le
mensonge).
Il en est de même du concept de Sun Tzu des forces directes et indirectes comme étant
complémentaires. Qu’il s’agisse d’une façon de penser typiquement asiatique ne vous
empêche pas, cependant, de vous inspirer de ces notions pour élaborer vos stratégies et
tactiques occidentales.
6. Exploiter la faiblesse
« Il en doit être des troupes
à peu près comme d’une eau courante. »
— Sun Tzu
À l’article VI, Sun Tzu compare l’illusion et la réalité. Le thème provient
des suggestions du Tao que ce qui semble réel (comme le pouvoir) pourrait
n’avoir que peu de substance, voire aucune ; alors qu’une faiblesse perçue
(une vulnérabilité) pourrait se révéler bien plus qu’on aurait pu le penser
comme une force.
Pour en revenir au yin et au yang, le maître nous rappelle que la réalité et
l’illusion (comme la force et la faiblesse) font partie du même ensemble. Le
message adressé aux femmes, c’est que l’illusion comme la réalité sont des
outils à disposition pour toute image, quelle qu’elle soit, que vous
souhaiteriez incarner en public ou en privé.
Vous pourriez questionner la moralité d’aller exploiter la faiblesse de
quiconque. Selon nous, cela dépend de la façon de procéder et de la raison
pour laquelle vous le faites, ainsi que de ce qui en résultera. Nous ne vous
recommandons pas d’aller piquer les jouets ou le boulot de quelqu’un, et
d’autant moins de lui nuire. Mais si votre concurrente prend du retard, qu’y
a-t-il de mal à en profiter pour vous mettre sur les rangs?
La moralité ne vous demande pas de vous effacer afin de permettre à
d’autres d’atteindre leurs ambitions à vos dépens. Nous avons parlé des
rapports gagnant-gagnant comme étant préférables à leur version gagnant-
perdant. Mais encore, les circonstances sont rarement aussi simples en
offrant des voies et des distinctions sans équivoque. S’il y en a qui
convoitent ce que vous avez obtenu en travaillant dur, vous n’êtes sous
aucune obligation morale de le leur céder.
Ne nous voilons pas la face, alors que vous grimpez les échelons vers le
succès, d’innombrables nanas et mecs moins talentueux et moins motivés
penseront probablement que vous avez obtenu tous les congés qu’ils
méritaient. Qu’ils méritaient, pas nécessairement qu’ils ont gagnés ! Telle
est la réalité inévitable de la nature humaine.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’il est nécessaire de chercher à accomplir
du mieux possible des objectifs honnêtes et honorables – en suivant des
principes comme celui du gagnant-gagnant. Il est raisonnable de
questionner en cours de route ses motivations et ses méthodes, mais pas de
remettre en question chaque étape que l’on est parvenu à atteindre, ou de
s’apitoyer sur son sort en se sentant coupable parce que tout le monde ne
s’est pas montré à la hauteur. Être une femme décente qui réussit ne garantit
pas que chaque coup de main que vous proposez sera apprécié ou
récompensé. Mais ce n’est pas votre problème, à moins de le considérer
comme tel.
>> EN BREF
Certains murs peuvent être abattus, d’autres contournés. Les grandes routes sont pavées
pour y voyager, et bon nombre d’options s’offrent à vous.
>> EN BREF
Découvrez qui vous êtes, puis laissez savoir aux autres autant d’informations qu’il sera
nécessaire pour servir vos objectifs.
Les initiatives
Étant donné que les hommes apprécient leur réputation de preneurs de
risques, les initiatives sont moins attendues d’une femme. C’est aussi bien
comme ça, car cela vous permettra de vous démarquer de la foule. Notez,
cependant, que les risques que vous initiez seront examinés à la loupe et
critiqués après coup à un degré bien supérieur que ceux pris par vos
collègues masculins. De ce fait, choisissez-les avec grand soin, en fonction
du style que vous avez adopté et de votre probabilité de réussite.
Cette probabilité que nous mentionnons souvent n’est pas une question de
pourcentages précis comme ceux établis dans les casinos. Il vous faut
compter sur votre analyse des objectifs, des besoins, des ressources
disponibles, de l’échéance et du soutien derrière chaque entreprise risquée,
y compris de la valeur qu’il y a à réussir. Nous parlons de peser les risques
par rapport à la récompense : après tout, il n’y a pas plus de raison d’initier
une tâche conséquente qui ne sera pas appréciée que de se battre contre
d’abondantes probabilités. Clairement, verser de l’eau dans un trou profond
n’est pas plus gratifiant que d’essayer de la contraindre à en remonter.
Exemple :
Si vous avez l’intention d’aborder une tâche d’une manière bien différente
que celle à laquelle on aurait pu s’attendre, expliquez-la – par écrit et
verbalement –, ainsi que la raison de votre innovation. Si vous ne pouvez
pas la justifier ou obtenir du soutien, réévaluez votre projet.
Les innovations
Il y a tant de nouveau sous le soleil : n’êtes-vous pas unique en votre
genre ?
L’innovation peut être une approche toute nouvelle pour accomplir
quelque chose ou l’application d’une technique connue à un nouvel usage.
Quand une innovation fonctionne, gloire à l’innovateur ou à l’innovatrice.
Dans le cas contraire, il faut espérer qu’en cours de route vous aurez appris
quelques enseignements de valeur qui faciliteront votre prochaine tentative.
Faire les choses différemment est, par définition, un départ de la norme.
La plupart des gens étant installés dans une certaine routine, ils tendent à
résister à tout changement qui les pousse à sortir de leur zone de confort.
Telle est la nature de la résistance à laquelle vous pouvez vous attendre en
essayant d’innover : plus l’innovation en question sera majeure, plus vous
rencontrerez une forte résistance. Associez-la au facteur déterminé par le
sexe, de nombreux hommes s’opposant fortement à une nouvelle direction
orchestrée par des femmes, et vous aurez identifié le poids de l’opposition.
Ne négligez pas d’autres facteurs potentiels, comme les collègues ou les
directeurs qui, après avoir essayé, en vain, de résoudre le problème auquel
vous faites face, pourraient ne voir aucun intérêt à se faire éclipser par une
femme. Il va sans dire, en convaincre un ou deux pour qu’ils collaborent et
partagent une dose de la gloire (en cas de réussite) est à ne pas oublier dans
la boîte à outils de votre créativité, si vous y êtes disposée.
Les meilleures de toutes, ce sont les innovations inspirées de votre
expérience passée qui semblent adaptées à la situation du moment.
Personne, à l’exception peut-être de votre patron/patronne, n’a besoin de
savoir que votre innovation est pour l’essentiel une resucée. Unique ou pas,
une innovation efficace peut assurément booster une carrière.
L’innovation peut aussi servir à faire diminuer l’opposition, comme en
cooptant à l’avance des poches de résistance majeures. Une tactique que
nous avons déjà proposée consiste à solliciter la participation à votre
approche. Une autre, à inviter des suggestions et des conseils sur des
aspects mineurs de l’innovation en question. Puis, en créditant certaines
personnes pour leurs précieuses contributions, vous serez peut-être
parvenue à neutraliser leur opposition, si ce n’est à gagner leur soutien.
Bien joué ! Belle démonstration d’intelligence !
>> EN BREF
Prenez des risques raisonnables qui apportent un gain proportionnellement égal.
Commencez par la méthode conventionnelle, puis trouvez une meilleure voie.
Vers le haut
À moins qu’une autre femme n’ait ouvert la voie menant à la haute
direction, vous êtes à présent sur un terrain exceptionnel. Évaluez le
territoire devant vous (chapitre 1.11) et procédez en fonction. La tradition
pourrait vous faire obstacle – ce bon vieux club de garçons, ainsi que les
attitudes bien ancrées qu’ils ne reconnaissent même pas. C’est là que votre
charme et votre intuition féminine pourront bien vous servir. En règle
générale, votre stratégie pour infiltrer ce territoire consiste à vous présenter
ainsi :
1
. Comme l’alliée d’au moins un ou deux principaux intéressés.
2
. Comme un avantage pour l’équipe.
3
. Et surtout pas comme une menace prête à initier des changements majeurs
dans la zone de confort bien établie de ces messieurs.
Une fois bien installée dans la place, déployez vos ailes juste assez pour
vous mettre un peu plus à l’aise. Si vous utilisez un savoir-faire subtil, il y a
de fortes chances que les mecs ne remarquent même pas de différences.
Vers l’extérieur
Plus vous grimpez la pyramide de l’entreprise, plus la concurrence
s’intensifie pour des positions de choix qui se raréfient. Vous souvenez-
vous de ce jeu où les participants tournent autour d’un cercle de chaises
diminuant en nombre ? Celui qui reste debout sans place où s’asseoir est
éliminé. Le concours se poursuit jusqu’à ce que la personne qui récupère la
dernière chaise soit déclarée vainqueure.
Les positions dans une entreprise s’apparentent beaucoup à ce jeu,
compliquées par des chaises mouvantes et de tout nouveaux participants.
Les cadres changent parfois de positions, et quelqu’un peut être embauché
de l’extérieur pour occuper un bureau vacant. Les positions pour lesquelles
vous et vos pairs êtes en concurrence pourraient n’être disponibles à aucun
de vous.
Pendant ce temps, un sentiment intense de compétition prévaut et tout le
monde ne joue pas gentiment. Ne soyez pas surprise si vos concurrents
ajoutent au mélange des tactiques aussi rudes qu’impitoyables afin de
déjouer vos plans. Et n’allez pas vous imaginer que le mérite prévaut sur la
politique, le contraire se vérifiant plus fréquemment. Par conséquent,
décidez si vous voulez rivaliser à ce niveau, entrez dans l’arène en ayant
toute conscience du terrain, et préparez-vous pour une version de la
concurrence se rapprochant davantage de l’analyse de la guerre de Sun Tzu.
Gardez à l’esprit que s’ils (les mecs) peuvent le faire à leur manière, vous
pouvez le faire comme il vous plaira.
Vers le bas
Estimez les personnes qui vous rendent des comptes et traitez-les bien.
Soyez juste et cohérente ; favorisez un bon moral et la loyauté, et préservez
un environnement où il vaudra la peine pour votre personnel de s’investir
pour vous avec leurs meilleurs efforts. Soutenez les directeurs, ainsi que les
responsables qui dépendent de vous, sans vous impliquer dans les détails
inutiles. Indépendamment de combien la politique peut être intense là où
vous êtes en poste, n’oubliez pas ce qui vous a permis d’y accéder pour
commencer.
>> EN BREF
Bâtissez sur une base solide dans ces trois directions et utilisez vos forces autant que
nécessaire. N’oubliez pas, il est possible d’éteindre une bougie en soufflant dessus, mais pas
un feu de forêt.
Unissez
Certains de vos concurrents sont aussi brillants et pleins de ressources que
vous. Ce type de collègues peut être ouvert à la possibilité d’une alliance
stratégique, lorsque travailler ensemble permet d’accomplir plus de deux
fois ce que l’on parviendrait à effectuer seule.
Étant donné que la sélection d’un ou une partenaire présente certains
avantages et inconvénients, il ne s’agira pas de votre priorité du point de
vue des considérations. Une collaboration fonctionnelle se doit d’être
fondée sur ce qui suit.
1
. La confiance : il est préférable de ne pas faire équipe avec une personne
manquant de fiabilité et qui pourrait vous laisser tomber en plein vol.
2
. Les compétences et les talents complémentaires : alors que certaines de
vos forces pourraient se chevaucher, les vulnérabilités que présente
chacune d’elles devraient être couvertes par les forces de votre partenaire
– sinon ce que vous obtenez n’est rien de plus qu’une association basée
sur une admiration mutuelle.
3
. La compatibilité : dans quasiment chaque interaction humaine, la capacité
à bien s’entendre est essentielle – l’incompatibilité étant un désastre
assuré en affaires.
Esquivez
Vous serez peut-être en mesure de vous trouver une niche pour laquelle
vos compétences de niveau plus faible n’entrent pas en jeu. Par exemple, il
est probable qu’une cheffe de projet ne possédera ou n’aura pas besoin des
compétences techniques des analystes qu’elle supervise. Cependant, de
nombreux spécialistes techniques se retrouvent d’eux-mêmes dans une
impasse en négligeant les capacités d’encadrement et de direction qui leur
sont nécessaires afin d’être des directeurs ou des cadres compétents.
Mettez-vous à niveau
Pourquoi ne pas convertir en atouts certaines de vos forces restant à
améliorer?
La plupart des grosses entreprises proposent de rembourser les cours et les
formations, et de nombreux cours en ligne sont disponibles pour une femme
souhaitant faire cet effort. Il s’agit d’un investissement à faire pour vous-
même.
Contournez
Si vous vous retrouvez dans une situation où vos responsabilités
l’emportent sur vos forces, envisagez un changement de carrière dans une
direction mieux adaptée à vos centres d’intérêt et à vos compétences. C’est
assurément plus facile à dire qu’à faire mais, pour chaque mois passé à vous
réorganiser, vous apprécierez probablement une ou deux années de
satisfaction dans une carrière plus gratifiante. Considérez par ailleurs que si,
là où vous êtes, vous ne vous sentez ni dans votre élément ni en sécurité,
vous n’êtes sans doute pas la seule à en avoir conscience.
Une suggestion
Répertoriez vos forces et celles de plus faible niveau dont vous avez au
mieux connaissance. Ensuite, validez et priorisez ces éléments avant d’aller
en discuter avec l’un ou l’une de vos amis/amies ou collègues de confiance
– et pourquoi pas les deux ? L’objectif étant de vous faire une idée précise
de ce que sont en réalité vos forces et celles restant à améliorer.
Ce faisant, nous vous prions de ne pas oublier que vos forces et vos
faiblesses sont des éléments complémentaires (yin/yang) dont l’équilibre est
à préserver. Acceptez les avantages et les désavantages comme s’ils
faisaient partie de votre boîte à outils, et comptez sur eux pour vous
améliorer.
>> EN BREF
Utilisez ce qui fonctionne pour vous et trouvez des moyens de compenser ce qui ne
fonctionne pas.
POUR RÉSUMER
La ligne ténue entre illusion et réalité peut aussi se traduire par des niveaux de perception
distincts. La question étant : comment la perception (la croyance) peut-elle influer sur le
monde physique ?
Dans le contexte actuel, nous nous concentrons pour influencer le comportement de nos
opposants, et à un moindre degré, de nos collègues et des décisionnaires.
Telle la beauté, ce qui semble réel (par exemple, un problème ou une menace perçus) a de la
substance dans l’esprit de la personne qui y croit. Assurément, s’inquiéter d’une menace
peut inciter à devenir de plus en plus appréhensive et avoir un impact sur la santé. Alors que
la capacité de ne pas se préoccuper du même danger supposé produit un tout autre effet. Par
conséquent, jusqu’au moment où la situation problématique a été confirmée ou réfutée, sa
réalité tangible pourrait causer moins de dommages que la perception que l’on en a.
Maintenant, si la menace physique (disons un virus électronique) n’existe pas, cela la rend-
elle pour autant moins réelle pour celles et ceux qui la redoutent? Inversement, un véritable
virus est-il moins une menace si on refuse de croire en son existence ?
Le but de ce petit exercice est d’amplifier le pouvoir de perception et les possibilités de ruse
stratégique qu’il offre. Cela s’applique aux faiblesses et aux forces, pour ouvrir et fermer les
portes, et représenter toute facette de votre personnalité sous tous les angles de votre choix.
Il s’agit d’un autre exemple des relations complexes entre des opposés apparents, comme le
yin et le yang.
7. Se mettre en position
« Tout l’art de la guerre est basé sur la [duperie]. »
— Sun Tzu
Ce chapitre traite essentiellement des manœuvres nécessaires pour
occuper une position favorable avant que l’adversaire y parvienne. La
tactique de Sun Tzu pour accomplir ce principe vital est basée sur
l’obtention d’autant d’informations que possible sur votre concurrence sans
révéler quoi que ce soit de valeur susceptible d’être exploité. En fait, cet
auteur recommande de l’induire en erreur en recourant à la dissimulation de
vos intentions, vos plans et vos stratégies. L’objectif consiste à choisir, puis
à atteindre la première votre destination (la position), sans être contrainte de
lutter pour le pouvoir.
Sun Tzu faisait se déplacer des armées de milliers d’hommes, avec
chevaux, chars, munitions, provisions et autres équipements, dans des
positions stratégiques majeures. Votre mission est beaucoup moins
complexe, mais n’en est pas moins importante. Voyons comment la sagesse
du maître peut vous aider à vous mettre en position pour réussir.
Exemple :
Votre interlocuteur/interlocutrice : « Josh disait qu’il n’est pas très facile
de travailler avec vous. J’ai entendu dire qu’il est lui-même plutôt entêté. »
Réponse 1 : « Vraiment ? Eh bien, je suis du genre à préférer ne pas
riposter même quand ce qu’on raconte sur moi est négatif. »
Réponse 2 : « Personnellement, je préfère adopter une ligne modérée et ne
pas alimenter le feu qu’on a allumé. »
Réponse 3 : « Heureusement, vous et moi, nous aurons l’occasion de
travailler ensemble. Et ainsi, vous pourrez vous en faire une idée. »
Ce qu’il faut retenir : quelles que soient les approches adaptées à votre
style (ou d’autres complètement différentes), cette tactique peut contribuer à
façonner votre image sur votre lieu de travail, ou du moins à l’influencer.
Assurez-vous seulement que votre message est bien en accord avec votre
attitude et votre comportement.
>> EN BREF
Pour contrôler votre réputation, ne laissez savoir que ce que vous voulez que l’on sache.
La critique
Le meilleur moyen de gérer la critique est de la prendre en considération.
Une critique valide, qu’elle soit faite dans une intention positive (pour vous
aider à vous améliorer) ou négative (pour vous rabaisser), n’en est pas
moins utile. Tout comme vous préféreriez apprendre de vos erreurs que de
les répéter, toute critique négative vous permettra de vous améliorer.
Comment savoir s’il vaut la peine de tenir compte d’une critique ?
Grâce à plusieurs méthodes :
1
. Quelqu’un vous en a-t-il parlé ?
2
. La personne dont elle provient vous semble-t-elle disposée à vous aider
par ce moyen ?
3
. Ses observations vous semblent-elles rétrospectivement raisonnables ?
4
. Cela vous met-il tellement mal à l’aise que vous vous refusez à y
réfléchir ?
>> EN BREF
Protégez-vous là où vous êtes la plus vulnérable, et organisez-vous pour savoir comment
gérer les propos négatifs. Le parcours de quiconque n’est pas sans obstacles à partir d’ici
jusqu’à la destination choisie.
Déstabilisez la concurrence
Toutes les tactiques militaires de Sun Tzu ne peuvent être appliquées dans
les pratiques commerciales actuelles. Il va sans dire que nous n’allons pas
vous recommander de saboter la réputation ou la carrière de vos collègues
dans le simple but de leur piquer leur place en vue d’un certain objectif.
Cela étant dit, il sera tout à votre avantage d’en apprendre autant que
possible sur vos principaux adversaires, comme qui d’autre pourrait essayer
d’obtenir la fonction que vous ciblez.
Ce serait peu judicieux de cuisiner la personne pour obtenir des
informations tout en prétendant ne pas être sur la même piste. Ce genre
d’astuce trompeuse pourrait fonctionner une fois, mais vous risquez d’y
gagner à l’avenir son inimitié et sa méfiance. Une meilleure approche serait
plutôt de demander : « Je me demande, à part Mel et moi, évidemment, qui
pourrait être le plus intéressé par GYQ, RPM et ##. »
Ce degré de curiosité ne serait pas considéré comme sortant de l’ordinaire
dans un service ou une entreprise, les rumeurs contribuant souvent en partie
à une conversation très propice aux révélations. Là où nous voulons en
venir, c’est qu’en étant en mesure d’identifier votre concurrent pour RPM,
par exemple, cela vous permettrait alors de modifier un peu votre
proposition pour mettre plutôt l’accent sur vos forces par rapport à ses
faiblesses. Quand la vérité finira par émerger, on pourrait être surpris ou
ennuyé par votre stratégie et vos tactiques, mais personne ne pourra vous
accuser de malhonnêteté ou de sournoiserie. En dernière analyse, toutes les
circonstances concurrentielles n’aboutissent pas à une situation gagnant-
gagnant.
Si vous remportez le projet RPM, vous pourriez aborder l’un ou l’une de
vos concurrents et l’inviter à travailler dessus avec vous (mais pas à parts
égales). Cela aurait notamment du sens si cette personne avait une précieuse
compétence à offrir. « J’apprécierais vraiment de collaborer avec vous sur le
goulet d’étranglement concernant le projet RPM, dans le domaine duquel
j’ai compris que vous aviez une excellente expérience. » Si votre
proposition est acceptée, vous pourrez créditer ce ou cette collègue pour son
assistance dans un domaine particulier sans affaiblir votre responsabilité en
ce qui concerne l’ensemble du projet.
D’un autre côté, si vous êtes en concurrence avec une entreprise proposant
les mêmes produits ou services, vous pourriez considérer adopter une plus
forte position. Mais, une fois encore, nous préférons vous dissuader de
recourir à toute affirmation fausse ou induisant véritablement en erreur,
étant donné que le risque que cela vous nuise à long terme en sera accru.
>> EN BREF
En rivalisant en fonction de vos conditions, cela vous donne un avantage sur votre propre
terrain.
Prenez soin de votre santé
« Le contentement et la santé […] donnent du courage
et de la force au soldat [le menant assurément à la victoire…]. »
— Sun Tzu
Votre cerveau est la force sous-jacente de votre jugement, votre
motivation et votre bien-être. Pour le meilleur ou pour le pire, il réside dans
votre corps. Quels que soient les défis auxquels vous faites face, n’oubliez
jamais qu’un esprit sain mérite de vivre dans un corps sain.
Ce conseil est aussi utile aux hommes, cependant, nous avons découvert
que les femmes sont plus enclines à sacrifier leur bien-être en jonglant entre
des responsabilités inhérentes à leur carrière et à leur famille. Les
problèmes rencontrés en élevant des enfants sont connus des mères dans le
monde entier. Il semblerait par ailleurs que les relations entre époux
reposent plus lourdement sur les femmes. Ces tendances ajoutent de la
pression sur le lieu de travail, où on attend d’elles qu’elles entrent en
compétition dans des environnements pesant souvent de tout leur poids
contre elles.
Il va sans dire qu’il est facile pour nous de recommander un régime
alimentaire approprié, de l’exercice physique et une bonne hygiène de vie,
alors que vous êtes là dehors à vous battre pour survivre. Cependant, nous
insistons sur ce point, une mauvaise santé peut devenir un obstacle parmi
tant d’autres.
L’équilibre
Mis à part ce qui est évident – comme éviter d’exposer votre organisme
aux poisons (la fumée de cigarette, l’excès d’alcool, entre autres) –, ayez
conscience des aliments que vous consommez et de leurs effets sur votre
poids et votre énergie. Trop de ceci et pas assez de cela perturbera
l’équilibre de votre flux vital (souvenez-vous du yin et du yang). Si vous ne
brûlez que de la matière grise en laissant le reste de votre corps se
débrouiller seul, vous risquez de voir apparaître des problèmes physiques,
comme un sommeil médiocre, des articulations et des muscles douloureux,
et une énergie en baisse. La maladie et la dépression ne vont-elles pas tarder
à se présenter ?
Ne prenez pas la peine de répondre que vous n’avez pas le temps de faire
de l’exercice, car c’est malheureusement le cas de bon nombre d’entre nous.
La moitié des gens au moins qu’on trouve engagés dans cette activité dans
des clubs de remise en forme n’ont pas plus de temps libre que vous, et
cependant, les y voilà !
Pour l’essentiel, faire de l’exercice en salle de sport, du jogging en plein
air ou se mettre en mouvement sur une machine chez soi, tout cela requiert
une certaine discipline. Il vous faut planifier un moment pour ces activités,
tout comme pour toutes les autres d’importance. Il s’agit de la rencontre du
corps et de l’esprit, une communion précieuse qui vous appartient, en
propre. Considérez-le comme votre temps personnel, loin du reste du
monde, et (à moins d’une urgence) ne laissez rien ni personne
l’interrompre. La bonne nouvelle, c’est que lorsque vous aurez pris
l’habitude de faire de l’exercice, ce sera plus facile de continuer sur cette
voie, et vous vous sentirez mieux, physiquement et mentalement.
Le stress
Il s’agit de la cause la plus négligée de maladies liées à la carrière. Cet
état subtil, et néanmoins puissant, est causé par des changements au niveau
physique et mental qui nous sont fortement imposés. Sa subtilité vient de
deux facteurs : le premier, les signes de stress se manifestent presque
imperceptiblement ; le second, ses symptômes peuvent servir de mécanisme
d’alarme utile pour nous alerter de la possibilité d’une menace qui entrave.
Le stress découle souvent de l’indécision de savoir comment gérer une
menace ou un sérieux problème, et est largement causé par la perception
que l’on a de ces deux cas de figure. La perception est le signal initial,
l’anxiété concernant le mental : quelle que soit la crise, elle n’est stressante
que si on s’en inquiète. Le second indicateur est l’indécision, car en étant
dans l’incapacité de se décider sur un plan d’action, il est peu probable que
l’anxiété s’atténue.
En d’autres termes, le stress correspond pour l’essentiel à votre réaction
mentale aux problèmes que vous reconnaissez, mais en étant incapable de
vous décider sur la façon de les résoudre. Il peut être déclenché par des
problèmes à la maison ou au bureau, ou simplement par une menace
potentielle. S’inquiéter de la santé d’un proche, des incertitudes au travail,
de difficultés financières et de soucis d’ordre émotionnel sont autant de
situations disposant au stress. Que cela se vérifie ou que ce soit imaginaire,
les effets sont similaires.
En réalité, à petites doses, le stress peut en fait vous aider à vous préparer
à un examen ou une présentation importante. À plus fortes doses et sur une
certaine durée, cependant, vous risquez de vous retrouver en plus mauvaise
posture.
Les signes, visibles pour votre entourage, sont la fatigue, l’irritabilité, un
sommeil difficile, le négativisme, la dépression, la santé qui se détériore,
une moins bonne performance et tout autre schéma de comportement
contraire à vos habitudes. Il est plus probable que ceux qui vous connaissent
remarqueront ces changements ; d’autres pourraient en arriver à croire qu’il
s’agit de votre véritable personnalité.
Franchement, vous pourriez vous passer du stress. Cependant, étant donné
qu’il disparaît rarement de son plein gré, il vous est recommandé de le gérer
dès que vous en reconnaissez les signes avant-coureurs. En fait, plus vite
vous vous y attaquerez, plus il sera facile de vous confronter à ce qui
pourrait en être la cause. Dans cet objectif, nous vous donnons les
recommandations suivantes :
1
. Essayez de reconnaître les signes de stress, même les plus subtils, au
niveau de votre humeur et de votre comportement.
2
. Prenez note des problèmes qui vous préoccupent, et divisez-les en [a]
ceux que vous pouvez facilement résoudre ; [b] ceux qui sont difficiles
mais qu’il est possible de résoudre ; et [c] ceux que vous ne savez pas
comment résoudre.
>> EN BREF
Trouvez le temps et faites l’effort de vous occuper de votre bien-être. Vous ne pouvez être là
pour les autres si vous êtes dans l’incapacité de vous aider.
>> EN BREF
N’allez pas sauter sur la glace si vous ne savez pas patiner. Faites plutôt en sorte que le jeu
se déroule sur un terrain familier où vous avez déjà appris à naviguer.
POUR RÉSUMER
Se mettre en position, une tactique essentielle sportive et militaire, est considérablement
négligé en ce qui concerne la carrière en Occident. Ce n’est pas comme si les principes
sous-jacents étaient inconnus, mais ils sont rarement soulignés ou mis en application pour
obtenir un avantage.
Il se pourrait que des termes comme « induire en erreur » ou « dissimulation » soient jugés
détestables par certaines femmes qui préfèrent poursuivre des relations ouvertes et
honnêtes. Cependant, tel que Sun Tzu recommande ces pratiques, cela ne devrait poser que
peu de risques de conflit, voire pas du tout. Après tout, il ne suggère pas que vous mentiez
ou trichiez – et certainement pas avec insistance ! Seulement qu’il n’est pas prudent de tout
révéler, et que cela ne pourrait en rien vous avantager.
Est-il nécessaire de laisser connaître à tout votre bureau vos ambitions à court, moyen et
long terme ? Quels collègues vous respectez le plus ou le moins ? Quelles sont vos peurs et
vos inquiétudes ? Vos faiblesses perçues ? Bien sûr que ce n’est pas nécessaire ! Il est clair
que les désavantages latents l’emporteraient de loin sur les bénéfices potentiels.
Regardez les choses en face – les relations interpersonnelles correspondent à un équilibre
délicat entre la vérité et les convenances sociales. Vous ne diriez pas plus à votre patronne
que sa jupe alourdit sa silhouette que vous ne feriez remarquer à la ronde que le front d’un
collègue se dégarnit. Que ce soit du tact ou de la stratégie, est-ce bien honnête de blesser
moralement quelqu’un ou de révéler vos vulnérabilités, ou serait-ce une erreur de
jugement ?
8. Naviguer
« … [Prenez] une position telle [que vous ne pouvez]
subir une défaite… »
— Sun Tzu
Ce chapitre traite principalement des conditions essentielles qui dictent les
stratégies militaires couronnées de succès comme celles présentées dans
L’Art de la guerre, où il est précisé quelles voies suivre ou éviter ; quand
avancer, rester sur ses positions ou se retirer ; et pour quelles raisons
certaines règles et instructions devraient être ignorées.
Sun Tzu nous met aussi en garde contre certains aspects caractéristiques
risqués qu’il est conseillé d’éviter aux chefs (et par extension, à vous),
comme le pessimisme ou l’optimisme immodéré, les émotions incontrôlées,
l’obsession et les sentiments excessifs.
Comme ailleurs, les messages sous-jacents insistent sur la préparation,
l’anticipation et la souplesse, ce que nous avons adapté dans des principes
pratiques, et cependant souples, à l’intention de la femme active.
Développez votre crédibilité
La confiance en soi, la performance et la cohérence sont convaincantes.
En tant que directrice, cheffe et/ou employée, la crédibilité professionnelle
n’est pas moins essentielle pour votre carrière que ses ailes pour un cygne
en migration. Les directeurs et les collègues ne vous confieront des
opportunités, des responsabilités et leur confiance que dans la mesure où ils
croient en votre compétence et en votre intégrité. Pensez à la crédibilité
comme s’il s’agissait de votre nom de marque, une réputation qui a le
potentiel de dégager la voie qui vous attend ou l’encombrer d’obstacles.
La méthode qui a fait ses preuves pour favoriser votre crédibilité consiste
à développer une réputation pour réussir sans faire de dégâts au sein de
votre entreprise, parmi vos collègues, ou en ce qui vous concerne
personnellement.
Est-ce plus facile à dire qu’à faire ? Pas vraiment, si vous êtes une femme
raisonnablement compétente qui sait comment repérer et éviter les pièges
prévisibles. Telle une renarde, même très affamée, évitant un piège qui lui
donne une forte impression de danger.
En fonction de ce que Sun Tzu préconise quant à la préparation, la
patience et le jugement, l’objectif ici consiste à reconnaître les
circonstances et les situations présentant une probabilité élevée d’aboutir à
la réussite. En d’autres termes :
1
. Observez et considérez les circonstances connues qui pourraient
contribuer à mener au succès ou à l’échec.
2
. Soyez prête à exploiter les avantages que vous découvrirez.
3
. Restez souple pour adopter des tactiques et des stratégies alternatives au
moment opportun.
Ces simples concepts vous permettront de développer votre assurance
dans vos capacités et vos prises de décisions.
>> EN BREF
La crédibilité est votre marque de fabrique, la base de votre réputation.
Gagnez-la, protégez-la et misez dessus.
>> EN BREF
Soyez prête à faire marche arrière en cas d’accord laissant à désirer. Ne laissez pas l’orgueil,
la peur ou des vœux pieux embrumer votre jugement.
>> EN BREF
La souplesse signifie de vous confronter avec ténacité à une tâche vous posant un défi,
trouver un meilleur moyen de l’accomplir ou décider finalement de ne pas l’effectuer.
Anticipez
Il y a une raison pour laquelle les choses vont de travers.
Il y a des impondérables et ils continueront à se présenter, et cela pour une
raison, ce qu’il faut garder à l’esprit. L’imperfection est aussi naturelle dans
notre monde que les ouragans et les tremblements de terre. Par exemple, si
lors de la dernière pluie, votre toiture avait des fuites, cela se reproduira
jusqu’à ce que la cause soit découverte et réparée. Dans le cas contraire,
attendez-vous à des fuites de toit à chaque averse.
Au travail, presque tout ce qui se passe – en bien, en mal ou de moche –
peut être directement lié aux gens. En faisant attention aux problèmes, ce
que vous voyez est ce que vous pouvez vous attendre à obtenir. Ce qui
signifie que les employés qui font généralement un travail médiocre
continueront probablement ainsi jusqu’à ce que quelque chose soit fait pour
le corriger en recourant à de l’assistance, une formation, la supervision ou
le remplacement.
Lorsqu’un procédé, un système ou un projet commence à présenter des
failles, c’est que quelque chose (généralement au nombre supérieur à un)
n’a pas été fait correctement. Des erreurs au niveau du système, des
objectifs ratés, entre autres du même genre, signalent un problème. La
façon habituelle de le gérer consiste à essayer de remédier à la pagaïe et à
négocier pour obtenir plus de temps et de ressources.
Si vous cherchez une opportunité, ne cherchez pas plus loin ! Vous
constaterez qu’essayer de fixer avec beaucoup de ruban adhésif un objet de
toute évidence trop lourd pour que ça tienne est, tout du mieux, un remède
bouche-trou. Trouver une meilleure solution demande un peu de recherche
afin de déterminer la nature de l’objet : sa dimension et son poids, où et
comment il sera utilisé, etc. S’il n’arrête pas de tomber, il est nécessaire
d’opter pour autre chose de plus fiable que du ruban adhésif (comme du fil
de fer, une corde, une table ou un récipient particulier).
En d’autres termes, soyez prête à anticiper les ouvertures et les
opportunités venant de ces personnes fréquemment à l’origine de
problèmes, tout comme si un drapeau d’alerte était levé.
Identifiez
Dans la partie 4, nous vous avons recommandé de considérer vos
faiblesses comme des forces plus faibles restant à améliorer. Nous allons
maintenant reporter notre attention sur l’identification des imperfections,
c’est-à-dire des fautes et des erreurs pouvant tourner à votre avantage. Sur
le lieu de travail, nous nous préoccuperons de deux types de faiblesse :
celles observées au niveau du comportement et celles qui se présentent dans
des projets médiocrement conçus et exécutés.
Il est possible de catégoriser encore les faiblesses humaines en fonction de
celles des autres et des vôtres. Nous avons pu observer que les femmes
procèdent différemment des hommes à l’observation et à l’évaluation.
Disons que vous effectuez un projet avec trois collègues et que quelque
chose ne se passe pas du tout comme prévu. Jusqu’à ce que la cause de
l’erreur ait été identifiée, il n’y a qu’une chance sur quatre qu’elle vous soit
imputable. Entre-temps, la responsabilité vous incombe, à tous les quatre,
de l’identifier et de la corriger.
1
. Votre erreur : s’il s’avère que vous avez fait rater quelque chose,
reconnaissez votre erreur et tirez-en des enseignements. Si la raison n’est
pas claire pour vous, cherchez à la clarifier en sollicitant l’avis de vos
collègues afin de ne pas répéter votre erreur. Puis continuez à avancer
avec dynamisme, ce que les hommes ont tendance à faire.
Les femmes, d’un autre côté, sont plus enclines à prendre personnellement
leurs erreurs (même les plus minimes) et à se tracasser en y repensant. De
nouveau, personne n’arrive quelque part sans assumer des responsabilités
et sans prendre de risques. Il en découle que plus on prend de risques, plus
il y a de chances de faire des erreurs. Il faut vous y attendre, du moment
qu’elles se présentent à l’occasion parmi des entreprises réussies. Alors ne
perdez pas votre souffle à pleurer sur un latte renversé.
2
. L’erreur des autres : si quelqu’un en est responsable, assurez-vous que
cette personne comprend ce qui est allé de travers, aussi pour que cela ne
se reproduise pas. Dans un cas comme dans l’autre, le problème doit être
identifié et corrigé pour permettre à votre équipe d’avancer.
3
. Ce qui est important : peu importe qui est responsable de l’erreur, cette
personne se doit de la reconnaître. Sinon elle ne risque pas de faire l’effort
d’éviter de la reproduire et pourrait même essayer de la reprocher à l’un
de vous. Voici ce que pourrait être votre réponse :
Exemple : « Nous formons une équipe, de ce fait, nous allons travailler
ensemble pour la résoudre. » Mais surtout évitez de dire : « Oh, ne
t’inquiète pas, j’ai fait des erreurs bien pires que ça ! »
Pour l’essentiel : il va sans dire que tout le monde fait des erreurs, mais
vous n’êtes pas responsable de celle-là !
Les plans
Des plans médiocrement élaborés et exécutés concernent une écrasante
majorité de projets et d’objectifs. Plus ces entreprises sont conséquentes et
complexes, plus elles sont sujettes à des erreurs en raison du nombre de
détails qu’elles comprennent, des personnes qui y contribuent, et des
programmes incompatibles auxquels elles renvoient.
N’oubliez pas de protéger ces domaines où vous vous sentez le plus
vulnérable (voir chapitre 2.3), car certains de vos collègues ou de vos
concurrents, hommes et femmes, vous surveillent de près, attendant de les
voir se révéler.
Tirez profit
Divers moyens permettent de profiter d’une opportunité.
1
. Proposez de résoudre un problème qui vous permettra de gagner en
visibilité ou des bons points, et personnellement, de la satisfaction.
Attention : soyez sûre de ce que vous faites dans ce cas, sinon vous aurez
l’air pire que si vous étiez restée là sans rien dire.
2
. Aidez les personnes responsables à y remédier.
Avantage : une tactique aussi brillante qu’efficace consiste à faire en sorte
que l’on vous identifie à une entreprise couronnée de succès là où vous
pourriez ne pas être sûre de vous en travaillant seule.
3
. Faites-le remarquer à une personne décisionnaire sans vous investir par
ailleurs.
Attention : si le problème est trop gros et embrouillé pour y remédier
rapidement, cela risque de démoraliser toute personne qui cherche à le
résoudre.
>> EN BREF
Anticipez, identifiez et tirez profit d’une opportunité avant que l’on ne vous coupe l’herbe
sous le pied.
Exemple :
Votre patron vous dit que Daniel a pris du retard avec sa documentation
sur un nouveau système de logiciel, ce qui risque d’en retarder le lancement
et la mise en application prévus. Il vous demande si vous pouvez lui donner
un coup de main.
Vous êtes disposée à l’aider, mais sans avoir la moindre idée de la quantité
de travail que cela représente, ou, d’ailleurs, de la qualité du travail de
Daniel. De ce fait, vous demandez deux jours pour étudier la situation.
Scénario 1 : le travail de Daniel semble être sur la bonne voie, mais est
manifestement trop important à gérer pour une seule personne. Vous lui
proposez donc de passer trois semaines à l’aider à rattraper son retard.
Scénario 2 : le travail de Daniel est en général acceptable, mais vous
décidez qu’il est nécessaire d’effectuer quelques modifications au niveau du
format, en plus d’assumer une partie du travail. Daniel accueille bien votre
contribution, de ce fait, vous lui proposez un partenariat sur un pied
d’égalité en fonction duquel vous vous partagerez les responsabilités.
Scénario 3 : Daniel est manifestement désorganisé dans son travail,
signifiant qu’il a autant besoin de supervision que d’assistance. Vous
proposez de prendre le relais en ce qui concerne la tâche à accomplir, en
précisant qu’il sera nécessaire que vous réorganisiez et revoyiez ce qui a
déjà été fait afin de le remettre sur la bonne voie. Dans ce cas, Daniel devra
vous rendre des comptes.
Dans ces trois scénarios, vous soutenez Daniel et faites de votre mieux
pour ne pas le dévaloriser. Il va sans dire, ce faisant, que vous vous
valorisez.
Scénario 4 : Daniel est particulièrement sur la défensive en ce qui
concerne le projet et son travail, et vous ne pouvez que vous demander s’il
vous en voudrait si vous vous impliquiez. Par conséquent, vous préférez ne
pas rester en contact avec lui.
>> EN BREF
Si l’odeur et le goût sont agréables, cela ne vous empoisonnera probablement pas.
POUR RÉSUMER
Quand votre carrière présente des périodes troubles, cela requiert de la mener d’une main
ferme et avec lucidité. Selon les multiples voies qui s’offrent à vous, il vous faut prendre de
sages décisions quant au moment de vous arrêter ou partir, et dans quelle direction.
Sun Tzu a clairement et succinctement identifié les situations et les paramètres dont se
servir en prenant des décisions chaque jour ou à plus long terme, ainsi que les extrêmes à
éviter. Les clés sont la préparation, l’anticipation et la souplesse.
N’oubliez pas, l’option la plus raisonnable est parfois de reculer.
PORTRAIT
Jennifer Key
Équilibrez humilité et assurance
Jen Key est développeuse en technologie de l’information sans prétention, charismatique
et très motivée professionnellement. Mère, épouse et entrepreneure, elle fait partie de
ces personnalités rares qui sont plutôt à l’aise des deux côtés du Pacifique.
Son enfance
Je suis née à Beijing et j’ai été élevée par mes grands-parents à peu près
jusqu’à mes cinq ans. Quand la révolution culturelle a commencé, ils
furent contraints d’aller vivre dans une région rurale, et je fus envoyée
vivre avec mes parents à Shenyang.
Maman et papa étaient des scientifiques, tous les deux très occupés avec
leurs projets. J’ai commencé l’école élémentaire à six ans, avant de
retourner vivre à Beijing plus tard, puis de revenir une fois encore à
Shenyang pour le collège. Pendant que je vivais à Beijing, voyager seule
en train pour me rendre à Shenyang et en revenir faisait partie de ma vie
durant les vacances d’été et d’hiver.
Les années que j’ai passées au collège et au lycée n’ont manqué ni de
bons moments ni d’amitiés. La plupart de mes camarades de classe étaient
du même campus de l’institut où nos parents travaillaient pour
l’Académie chinoise des sciences. Après l’école, nous passions beaucoup
de temps dehors à jouer à des jeux de notre invention. Nous avons eu la
chance, après la révolution culturelle, de passer les tout premiers examens
d’entrée pour le lycée. Après avoir obtenu mon diplôme au lycée, j’ai eu
le bonheur d’entrer à l’université.
Je me suis spécialisée dans le génie électrique à l’université de
technologie de Dalian. Excellente élève, je suis retournée ensuite à
Beijing et j’ai obtenu un master scientifique (MS) à l’Académie des
sciences. Bien que je sois une étudiante sérieuse, j’ai commencé à prendre
conscience que le génie électrique ne m’intéressait pas vraiment. En
troisième cycle universitaire, je me suis retrouvée à lutter péniblement
contre plusieurs épisodes de dépression, me rétablissant avec l’aide de
mes amis et de ma famille, mais dans le doute quant à la direction à
choisir pour ma carrière.
Après avoir obtenu mon diplôme, je suis allée à Changchun me marier.
Là, j’ai travaillé pour l’université de Jilin, où l’enseignement me plaisait
beaucoup et où j’ai noué des liens forts avec mes étudiants. Ce fut une
merveilleuse expérience d’apprendre à les connaître et à les comprendre.
À cette époque, voyager à l’étranger était en train de devenir tendance.
Entretenant la croyance que l’Amérique serait le seul endroit sur terre
pouvant offrir la liberté à mon âme, j’ai travaillé très dur pour postuler
dans des écoles doctorales aux États-Unis. Deux années d’efforts m’ont
permis d’être admise dans plusieurs d’entre elles, mais l’université d’État
de Louisiane (LSU pour Louisiana State University) a été la seule à
m’offrir le soutien financier qui m’était nécessaire.
L’arrivée aux États-Unis
Mon tout premier vol atterrit à San Francisco, en route pour la Nouvelle-
Orléans. Excitée et perdue, le monde me semblait stupéfiant. Mais
l’anglais que je croyais connaître semblait être ici une tout autre langue :
rares étaient les personnes qui me comprenaient.
Sur le campus, j’ai connu le plaisir de posséder mon propre chéquier.
Mais lorsque la secrétaire du département m’a tendu mon premier chèque
de salaire, j’ignorai quoi en faire. Une autre expérience toute nouvelle,
c’était cette urgence de gagner de l’argent et d’économiser, en comptant
chaque penny, après m’être rendu compte que ne pas en avoir assez pour
acheter de quoi manger et payer le loyer demeurait perpétuellement un
risque. La vie était dure, mais excitante et pleine d’espoirs, et croire que le
dur labeur finirait par payer me soutenait et m’encourageait à traverser
chaque jour en apprenant de plus en plus.
Les différences culturelles se reflétaient pratiquement à chaque
occasion. Vous voyez, les Chinois sont élevés pour être humbles et moins
vocaux, afin que l’esprit d’équipe prévale sur l’esprit individualiste. Alors
qu’ici, aux États-Unis, les gens ont tendance à se faire entendre. Même
pendant les cours, les étudiants pouvaient interrompre leurs professeurs
pour soulever des questions chaque fois qu’ils le voulaient !
Connaissez-vous vous-même ainsi que votre adversaire
L’Art de la guerre de Sun Tzu a fait partie très tôt de mon éducation et
de ma philosophie professionnelle. L’un des plus importants
enseignements qu’il nous offre, c’est de se connaître soi-même, ainsi que
son adversaire et l’environnement afin de s’en sortir avec une longueur
d’avance. Cela et la liberté d’esprit que j’ai découverte aux États-Unis
m’ont encouragée à me réévaluer, ainsi que mes objectifs et mes options,
m’incitant à me demander : « Qui suis-je, qu’est-ce que je veux faire, et
comment puis-je me positionner pour y arriver ? »
J’aboutis à la conclusion que je n’étais pas faite pour le travail pratique
nécessaire au génie électrique, ma passion et ma force se situant là où je
travaillais avec les gens. C’est ainsi qu’afin d’utiliser mon expérience
acquise dans l’ingénierie et de me préparer pour une carrière plus orientée
vers les gens, je passai de ma précédente spécialisation à celle du
management des systèmes d’information. Les défis que pose le
changement de spécialisations dans la carrière furent accentués par la
barrière de la langue, qui posait beaucoup plus de problèmes dans le
monde des affaires que dans le domaine des sciences. Mais comme on dit,
« on n’a rien sans rien », et la transition s’avéra être l’une des meilleures
décisions que j’aie jamais prises. Aussi ardu que cela se révéla, les
enseignements de Sun Tzu me permirent de prendre conscience que je ne
me connaissais pas si bien que ça, d’accepter mes faiblesses, et
finalement, de voir le côté positif. Même en ayant grandi avec L’Art de la
guerre, ce n’est qu’à la trentaine que je les ai appliqués dans ma vie. Et
cela s’est avéré d’une grande aide.
Faites des concurrents des partenaires,
favorisez les relations gagnant-gagnant
Après mon diplôme, je travaillai pour AT&T pendant cinq ans. Cette
expérience me permit d’en faire une autre chez Corporate America, un
travail d’équipe très enthousiasmant, et avec une culture riche de
diversité. Cela me convainquit aussi que fonder ma propre entreprise
n’avait pas à n’être qu’un rêve ; je pouvais en faire une réalité. C’est ainsi
qu’avec quelques partenaires d’affaires, nous avons créé O-Net
International avant de le restructurer en Ascentta, une entreprise proposant
des solutions avec la fibre optique. Ensemble, nous avons exploré le
capital-risque, la joint-venture, la « bulle optique » et tant de moments
extraordinaires.
J’ai ainsi découvert que l’arène des affaires s’apparente
considérablement à un champ de bataille. La meilleure stratégie n’en
demeure pas moins un rapport gagnant-gagnant. Par exemple, certains de
nos partenaires équipementiers (OEM pour Original Equipment
Manufacturer, ou fabricant d’équipement d’origine) sont d’anciens
concurrents contre lesquels nous avions tenté de rivaliser avec les mêmes
gammes de produits. Après nous être marchés les uns les autres sur les
pieds, nous avons finalement abouti à la conclusion qu’il vaudrait mieux
concentrer nos efforts sur nos forces, et nous associer sur certaines de ces
gammes. C’est ce qui nous a permis de couvrir l’ensemble de l’éventail de
produits en se partageant des segments du marché.
Personnellement, je vois tout rapport gagnant-gagnant comme s’il
s’agissait d’un état d’esprit, alors que la bataille est essentiellement
motivée par l’orgueil. Si on arrête d’y penser, être généreux envers soi ou
autrui est plus facile à dire qu’à mettre en pratique. Cependant, l’effort en
vaut largement la peine !
9. Gérer et diriger
« […] Celui qui ne réfléchit pas [stratégiquement]
et sous-estime l’ennemi sera capturé. »
— Sun Tzu
Les conseils du maître sont clairs, sans ambiguïté : afin de réussir, il est
nécessaire d’avoir élaboré un plan solide, et il est bien imprudent de sous-
estimer la concurrence.
En ce qui concerne l’aptitude à encadrer et l’aptitude à diriger, les
spécialistes militaires ont depuis longtemps identifié les différences entre
ces importantes qualités. Dans la vie civile, cependant, ces distinctions ne
sont pas toujours reconnues. Considérons de quelle façon elles se
différencient l’une de l’autre.
Gérer le travail
Des compétences en management sont très appréciées dans la plupart des
entreprises ayant besoin de responsables pour organiser les tâches, que ce
soit pour produire des pièces automobiles, proposer des services financiers
ou quoi qu’elles fassent pour gagner de l’argent et rester en activité. La
familiarité avec quasiment toutes sortes d’entreprises pourrait vous
permettre de peser dans la balance grâce à vos compétences en management
dans un large éventail de positions dans ce secteur.
Ces dernières années, les voies menant aux fonctions managériales ont été
gravées par l’intermédiaire du marketing, de la connaissance des produits et
de la technologie. De telles tendances sont basées sur l’hypothèse que la
capacité de bien accomplir une tâche équivaut à être en mesure de contrôler
le procédé. Cependant, cela ne garantit pas d’être gagnant à coup sûr,
comme peuvent en attester tant d’ex-responsables. Une raison, c’est
l’incapacité de prendre du recul pour considérer le tableau d’ensemble ; une
autre, c’est un manque de compétences en ce qui concerne les qualités de
dirigeant.
L’expérience indique qu’un management efficace requiert une formation
allant au-delà de la connaissance des produits et des prestations de vente.
En d’autres termes, grimper les échelons ne garantit pas le succès à la
prochaine étape. Vous avez peut-être gagné l’opportunité et avez le
sentiment que vous le méritez, mais il vous faut par ailleurs vous y préparer
pour que ça marche. Un directeur ou une directrice qui réussit a besoin
d’avoir en sa possession un groupe de compétences spécialisées. Par
conséquent, si le management est votre objectif, assurez-vous d’inclure lors
de votre préparation les qualités de dirigeante et de gestionnaire.
Pourquoi des qualités de dirigeante ? N’est-il pas possible de réussir en
tant que responsable sans de bonnes compétences en direction ? Dans
quelques cas isolés, peut-être ; mais il est rare de siéger dans le bureau de la
direction sans assumer également quelques responsabilités envers les gens.
Quand il s’agit de gérer les éléments de votre travail, il est nécessaire que
vous pesiez ces deux considérations principales.
Votre autorité et vos responsabilités telles que les perçoivent les personnes
auxquelles vous rendez des comptes et celles que vous supervisez (ainsi que
vous). En tant que femme, il faut que vous soyez sûre de vos
responsabilités, de votre autorité et d’être soutenue.
Avez-vous conscience de vos forces et de celles de niveau plus faible,
ainsi que de celles de vos concurrents, et êtes-vous réaliste vis-à-vis
d’elles ?
Gérer le temps
« J’ai gaspillé le temps et maintenant le temps perdu me détruit. »
Cette réflexion provocatrice de Shakespeare nous rappelle à tous qu’il est
important d’allouer le temps avec sagesse. À part la santé, le temps est votre
plus précieux atout. C’est la seule ressource dont il n’y a jamais assez, et on
ne peut jamais la réapprovisionner ou la recycler. Il faut que les femmes,
considérablement plus sollicitées pour nourrir les membres de leur famille
et en prendre soin que leurs époux, frères ou collègues masculins, soient
particulièrement conscientes des conflits et du stress que posent comme
menaces les multiples requêtes qu’on impose sur leur temps.
Des chapitres, et même des livres entiers, sont consacrés à des astuces
permettant de mieux gérer son temps. La question essentielle, c’est que la
gestion du temps est étroitement liée à la personnalité, au style et aux
priorités. Par exemple, si vous êtes excessivement sensible à l’idée de
heurter les sentiments des autres, vous aurez peut-être tendance à consacrer
trop de temps à les écouter s’épancher sur leurs malheurs, au risque d’en
manquer pour gérer votre programme. De même, échouer à maintenir et à
prioriser votre liste de choses à faire risque d’entraîner une situation aussi
critique que frénétique pour pouvoir terminer les livrables clés à temps.
Pour éviter de vous disperser et limiter ce genre de pression, décidez de ce
qui est le plus important pour vous, ainsi que des tâches à effectuer, et dans
quel ordre. Même si vous préférez laisser la porte de votre bureau ouverte
au personnel et aux collègues, il vous faudra par moments la refermer afin
de vous occuper du travail important et le terminer.
Gérer votre santé
N’attendez pas de devoir consulter un médecin.
Dans les temps anciens, les médecins chinois ruraux étaient rémunérés
souvent en nature (comme avec de la nourriture ou des vêtements) par les
membres de leur communauté pour qu’ils prennent soin de leur santé. Si
quelqu’un tombait malade, il arrêtait de payer ainsi le médecin jusqu’à ce
qu’elle/il l’ait soigné. En d’autres termes, le médecin avait tout intérêt à
s’assurer que tous ses patients recouvrent la santé.
De nos jours, en Chine et ailleurs dans le monde, les médecins sont
rémunérés pour nous guérir de la maladie et réparer ces parties de notre
corps qui ne fonctionnent pas bien. Si vous avez des enfants, il y a de fortes
chances que vous surveilliez de près leur alimentation et leurs activités afin
de les protéger. Mais qu’en est-il de vous – prenez-vous autant soin de vous
que des membres de votre famille ? Vous sentez-vous aussi concernée par
vos besoins et vos modes de comportement, ou attendez-vous que quelque
chose aille de travers avant d’agir ? Y a-t-il quelqu’un d’autre (un époux ou
une épouse, un frère ou une sœur, ou encore une amie proche qui vous
soutient) sur qui vous pouvez compter pour se charger en partie de vos
fardeaux familiaux ?
>> EN BREF
Gérez vos responsabilités, vos relations et vous-même. Mais pas les gens.
Diriger
L’expérience et la formation contribuent essentiellement à développer
efficacement des qualités de dirigeant. Un don inné pour diriger aura sans
doute son utilité, mais une attitude souple, un bon sens du contact,
l’ouverture d’esprit et l’empressement à accepter les responsabilités vous
seront également nécessaires. Ces facteurs contribuent à de bonnes qualités
de dirigeant.
Pourquoi tant d’organisations confondent-elles les fonctions de direction
avec celles propres à la gestion ? Probablement pour la même raison pour
laquelle on trouve couramment le leadership répertorié comme une
compétence managériale plutôt que comme un intitulé de poste distinct :
c’est parce que ces distinctions ne sont pas clairement reconnues. Pour cette
raison, une femme qui comprend ce qui les différencie pourrait bénéficier
d’un avantage compétitif.
Comparons les deux concepts dans le cadre familier du foyer, avant de les
étendre au lieu de travail.
Scénario 1 : vous dites à votre fille : « Il faut que tu obtiennes plus de
15/20 sur ton bulletin de notes pour pouvoir entrer dans l’une des
meilleures universités. » Puis, par la suite, vous surveillez de près son
bulletin de notes, et vous assurez qu’elle passe une certaine durée de temps
par jour à étudier et à faire ses devoirs.
Scénario 2 : vous dites à votre fille : « Il faut que tu obtiennes plus de
15/20 sur ton bulletin de notes pour pouvoir entrer dans l’une des
meilleures universités. » Puis, par la suite, vous parlez ensemble de ses
réussites et de ses problèmes, et prenez le temps de l’aider à aborder les
sujets qu’elle trouve les plus difficiles. Vous encouragez la discussion,
proposez des approches, ainsi que des conseils, vous encouragez ses efforts
et la complimentez pour ce qu’elle réussit.
Lequel de ces deux cas de figure vous semble plus proche du leadership
que du management ?
Le second, évidemment !
Au travail, on vous confie un projet à accomplir dans les six mois. Voici
un résumé des divers rôles que vous avez à endosser en tant que
responsable et directrice :
1
. Le scénario du management
Vous dressez la liste des livrables, de la preuve de concept (ou de la
démonstration de faisabilité) jusqu’à l’achèvement, y compris les tests
utilisateurs (ou d’utilisabilité) et les modifications. Puis vous décidez
combien de membres de votre personnel, et lesquels, seront nécessaires
pour terminer les livrables à temps, requérir le budget adapté et préciser
les tâches.
2
. Le scénario du leadership
Vous assignez par écrit des tâches particulières aux membres individuels
d’une équipe et les conviez ensuite à des réunions chacun à leur tour. Puis
vous déterminez par le biais de questions et de réponses s’ils ont
clairement compris ce qu’ils ont à faire, et vous abordez ce qui pourrait
les préoccuper. Vous continuez par la suite à les contrôler et à les
encourager, en leur donnant des explications et une formation si
nécessaire. En général, vous les mettez ainsi dans la position de réussir.
Le leadership s’adresse à nous, et non à moi. Un bon chef fait un usage
optimal de l’effort humain. Si vous voulez diriger, pensez-y comme s’il
s’agissait d’enseignements, d’optimisation des compétences de votre
équipe, et de progression vers un but précis. Les meilleurs dirigeants
pilotent en fonction d’exemples, en montrant et expliquant au fur et à
mesure de la progression.
Pour être une directrice compétente, il est nécessaire que vous
reconnaissiez à quel moment vous placer au premier rang ou vous fondre
dans le groupe. Il n’y a rien de mal à suivre la direction de quelqu’un
d’autre si cela est approprié. Diriger ne vous demande pas toujours d’être au
premier plan : vous pouvez être aussi efficace parmi les autres ou en
coulisse. La responsabilité vous incombe de reconnaître à quel moment on a
besoin de votre aide et de l’apporter. Vous vous concentrez sur
l’identification des problèmes et de leurs causes, avant d’agir pour les
résoudre. Vous entretenez la coopération et éliminez les obstacles. Vous
apportez un soutien à la fois positif et négatif, clarifiez, attribuez et
dynamisez – toutes des qualités auxquelles les femmes tendent à exceller.
Roberta est cheffe de produit dans une entreprise de produits cosmétiques.
Son groupe est responsable de la recherche et de la création de crèmes
hydratantes. Étant donné que depuis plusieurs mois, elle n’a présenté aucun
produit fabuleux, son budget a été réduit, elle a perdu deux membres de son
équipe, et le moral dans son service est tombé à un niveau des plus bas
encore jamais atteint.
Au lieu de se plaindre ou de s’en prendre à son personnel, Roberta s’est
saisie avec énergie des rênes pour reprendre les choses en main. Elle a
réparti ses employés en deux équipes, en donnant à chacune des instructions
légèrement différentes et les a aidées à démarrer leurs projets de recherche.
Les semaines suivantes, elle leur a consacré son temps à parts plus ou
moins égales, en leur apportant des suggestions et de l’encouragement.
Lorsque l’un de ces groupes lui présenta une idée intéressante – une
crème hydratante pouvant aussi être appliquée comme écran solaire –,
Roberta réassigna à la seconde équipe d’assumer le rôle de cadres
supérieurs qui devaient poser des questions ardues et mettre au défi les
suppositions sans fondement. Puis elle réunit tout le monde pour en
discuter, en les séparant en fonction de diverses lignes de produits en
équipes de production et de vente, et elle les aida à préparer en détail l’étape
R&D (recherche et développement) et des présentations de plan marketing.
Quand la préparation approcha de son terme, Roberta se rendit
discrètement à l’arrière de chaque équipe, les encourageant et leur donnant
des conseils d’une voix adoucie.
En résultat, ses employés prirent confiance en eux et se firent confiance,
convaincus par le produit qu’ils avaient conçu, et grâce à leur travail
performant, leur service devint l’un des plus productifs de l’entreprise.
En réalité et en pratique, bon nombre de directeurs et de cadres présument
que l’autorité se transpose facilement en qualités de dirigeant. Cependant, la
supposition que les directeurs expérimentés sont automatiquement qualifiés
pour diriger est à côté de la plaque. Tout aussi erronée, c’est la notion qu’il
est possible de gérer les gens avec succès au lieu de les diriger. Ces idées
fausses ouvrent la voie aux femmes qui comprennent que les rôles dans le
leadership et le management sont différents et nécessitent des compétences
distinctes.
La direction demande une image positive – de soi, ainsi que publique –,
de bonnes compétences en communication et de l’expérience. Les bons
chefs reconnaissent que diriger se rapporte à enseigner, montrer,
encourager, inspirer et faire, ce que l’on répertorie couramment sous
l’expression « un bon sens du contact », un avantage dont bénéficient
souvent les femmes par rapport aux hommes.
Les images masculines prédominent dans la représentation de la majorité
écrasante des rôles de dirigeant. Vous n’avez qu’à allumer la télé sur une
chaîne d’actualités ou ouvrir un journal pour voir cette tendance se
confirmer. Ce n’est pas tant que les hommes sont des dirigeants plus
compétents ou talentueux que les femmes, même en sachant faire de
manière sensationnelle la démonstration de leur grande assurance.
Comment les femmes peuvent-elles dépasser l’image historique
d’hommes à la large carrure et à l’air sûrs d’eux, chevauchant étalons ou
motos d’une grande puissance ? L’un des moyens serait de chevaucher un
étalon ou une moto d’autant plus impressionnants, bien qu’une meilleure
option serait de devenir une sacrée bonne dirigeante et de le prouver par des
résultats tangibles (voir partie 8).
À notre avis, les femmes sont plus naturellement des cheffes que les
hommes : elles instruisent mieux parce qu’elles savent écouter ; elles savent
prendre davantage soin des autres, un rôle qu’on leur a traditionnellement
attribué ; elles ont davantage de sens pratique et sont plus terre à terre ; et
elles ont plus d’expérience quand il s’agit de prodiguer des conseils et de
montrer l’exemple, comme à leurs enfants.
La crédibilité
Des qualités de dirigeant se doivent d’être équilibrées par la crédibilité, ce
que l’on acquiert en ayant fait progressivement ses preuves avec fiabilité.
Les femmes employées sont confrontées au même problème que leurs
collègues masculins, celui d’acquérir de l’expérience sur le terrain.
Cependant, se lancer représente généralement pour elles un plus grand défi.
La raison est double :
1
. L’attitude personnelle : peu de femmes se considèrent comme des cheffes.
Si votre carrière est au ralenti en raison de l’incertitude entourant vos
qualités de dirigeante, votre confiance en vous ou votre disposition à
prendre des risques, revoyez vos objectifs de carrière pour déterminer si
un revirement est nécessaire.
2
. L’attitude en public : jusqu’à ce que davantage de femmes soient
reconnues en tant que cheffes compétentes et fiables, endosser un rôle
dans la direction demeurera un dur combat. Par tous les moyens, inspirez-
vous d’Hillary Rodham Clinton, de l’ancienne Première ministre du
Royaume-Uni Margaret Thatcher, de la chancelière allemande Angela
Merkel, de la femme d’affaires Carly Fiorina, de la juge de la Cour
suprême des États-Unis Sonia Sotomayor, ou de Carolyn Lamm, ex-
présidente de l’American Bar Association, mais n’oubliez pas que la
majorité des dirigeantes efficaces ne sont ni riches ni célèbres. Ce sont
simplement des personnes compétentes, dévouées et qui travaillent dur,
quasiment comme vous.
Les qualités
Trois voies largement reconnues mènent à la direction :
1
. Posséder ces traits de caractère :
un tempérament agréable, sociable, la confiance en soi, la capacité
d’observer et de communiquer, et l’enthousiasme à prendre des
responsabilités, autant de ressources ayant leur utilité.
2
. Se montrer à la hauteur :
quand des opportunités se présentent, battez le fer tant qu’il est chaud.
Sinon quelqu’un d’autre le fera et toutes vos merveilleuses qualités
risquent de demeurer inexploitées.
3
. Apprendre :
la capacité d’apprendre est l’autre face du leadership. Ce n’est qu’en
reconnaissant ce qui fonctionne – ou pas – que vous serez en mesure de
faire passer à d’autres le message.
>> EN BREF
Prêchez par l’exemple et mettez les autres dans la position de réussir.
>> EN BREF
La plupart des problèmes sont des opportunités à venir… si vous y êtes préparée.
Il va sans dire que si les réponses aux questions 1 et 2 sont négatives, vous
pouvez probablement la remettre à plus tard. La réponse à la question 4
pourrait dépendre de celle à la question 3, ce qui la rend trop difficile à
terminer dans les temps comme prévu.
Mais encore, la dernière question pourrait vous contraindre à reconsidérer
les quatre précédentes.
Les deux catégories principales de priorités sont déterminées par leur
importance (ce qui doit être fait) et leur urgence (ce qui doit être fait
immédiatement).
Exemple 1 : l’importance
Les directeurs d’un groupe travaillant sur les tâches principales
constituant un projet à venir doivent être choisis avant que le travail
commence.
Exemple 2 : l’urgence
Le projet en est encore à l’étape de planification ; pour le moment,
l’organisation et le financement sont les besoins les plus urgents.
Une dernière pensée sur le sujet, c’est que si vous échouez à établir les
priorités, quelqu’un d’autre pourrait le faire à votre place. C’est alors que
vous risquez de vous retrouver coincée avec des opinions, des valeurs et des
interprétations que vous trouverez difficiles à digérer.
>> EN BREF
Déterminez votre destination et comment y parvenir à partir de votre position actuelle. S’il
n’est pas possible d’y parvenir à partir de ce point de départ, cela signifie qu’il vous faut
vous situer ailleurs.
La demande à faire
Sur le lieu de travail de nos jours, la plupart des besoins sont liés au
travail : des ressources adéquates (effectifs, financement et temps), l’accès
aux informations, l’assistance d’experts et le soutien managérial font partie
des exemples les plus courants. De l’aide, un besoin que nous connaissons
tous à différents niveaux, est ce que nous sommes si réticents à exprimer ou
demander. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas donner l’impression
d’être incapables de nous montrer à la hauteur de nos responsabilités.
Les hommes et les femmes réagissent typiquement différemment aux
divers besoins. Les premiers pourraient être trop machos pour l’admettre
ouvertement, mais n’en cherchez pas moins quelqu’un avec davantage
d’expérience pour lui demander ce qu’il/elle ferait en pareille circonstance :
« Juste pour étendre potentiellement mes options » ou « je l’ai sous
contrôle, mais ça m’intéresse toujours s’il y a une méthode plus efficace. »
De nombreuses femmes, d’un autre côté, tendent à entretenir des
sentiments d’inadéquation et à se reprocher d’être incapables d’accomplir
seules des missions délicates. Elles oublient que, parfois, il est possible
pour tout un chacun de recevoir un coup de main ou une phrase de sagesse.
En proie au stress, demander de l’aide pourrait être perçu comme un signe
de faiblesse, plutôt que comme un moyen logique de gérer un
questionnement ou un problème.
Le meilleur moyen de répondre à vos besoins, c’est d’en parler à votre
patron/patronne, voire à un ou une collègue que vous respectez et en qui
vous avez confiance. Même s’ils ne possèdent pas de solides connaissances
sur le sujet, ils seront peut-être en mesure de vous orienter vers d’autres
ressources.
Il va sans dire, ce n’est pas une voie à emprunter trop souvent mais, de
temps en temps, il est logique d’en faire la demande.
La réponse
Tôt ou tard, chaque personne dans votre entourage a besoin d’aide. C’est
là que vous serez peut-être en mesure d’aider quelqu’un en ayant besoin, un
excellent moyen de gagner en crédibilité et en respect. Même sans être
experte quant au problème, parfois, tous les gars et toutes les filles ont
besoin d’une oreille amicale. Et de manière générale, les femmes ont une
bien meilleure capacité d’écoute que les hommes.
En d’autres termes, ne serait-ce qu’en étant réceptive, vous serez en
mesure d’offrir votre précieuse assistance à un ou une collègue, surtout si sa
situation problématique l’inquiète ou le/la contrarie. Vous pourriez même
le/la guider vers la résolution du problème en question en le voyant sous un
autre angle ou l’inviter à s’adresser à quelqu’un de plus compétent.
>> EN BREF
N’oubliez pas en cours de route de chercher à répondre à ce qui vous est nécessaire.
POUR RÉSUMER
Maintenant que vous vous êtes familiarisée avec les différences entre le management et le
leadership, vous voilà prête à appliquer ces compétences à votre plan de carrière.
N’oubliez pas d’user de vos stratégies en management dans certains cas tout en devenant
une dirigeante. Tout se résume à bien faire ce qui doit être bien fait. Les femmes tendant à
exceller quand il s’agit de comprendre et de motiver les autres, vous avez déjà une bonne
longueur d’avance sur vos collègues masculins.
10. Progresser
« Connais-toi toi-même, connais ton ennemi,
ta victoire ne sera jamais mise en danger.
Connais le terrain, connais ton temps,
ta victoire sera alors totale. »
— Sun Tzu
Cet article de L’Art de la guerre traite essentiellement de la géographie,
ou de la configuration du terrain. Sun Tzu s’y référait aux conditions
auxquelles est confrontée une armée et aux décisions du commandant au
sujet du moment, du lieu et de la façon d’avancer. Les adaptations en
fonction de notre monde actuel s’appliquent aux circonstances et aux
conditions qui vous attendent alors que vous planifiez vos mouvements.
Comme d’habitude, nous voilà confrontés au fait qu’il faut que les femmes,
plus sujettes à la critique dans des environnements majoritairement
masculins, exercent avec prudence avant de s’engager dans des étapes
majeures.
Notre enseignant définit six types de terrain (ou lieu) et un nombre égal de
causes d’échec. Il ajoute à cela une bonne discipline, ainsi que la
connaissance de soi et de son adversaire pour évaluer à quel moment
avancer ou temporairement poireauter.
>> EN BREF
Avant de décider quelles chaussures porter, établissez si vous allez danser, skier ou marcher
sous la pluie.
>> EN BREF
Exercez du contrôle sur ce qui vous est possible de contrôler, en demeurant méfiante à
l’égard du reste, et faites de votre mieux pour équilibrer ces deux cas de figure.
La bonne voie doit aussi inclure vos intérêts de carrière : votre mission
vous permettra-t-elle de progresser vers vos objectifs – au sein et en dehors
de l’entreprise – ou s’agit-il d’une impasse ? La trouvez-vous intéressante et
potentiellement gratifiante ? En cas contraire, il vous faudrait peut-être en
chercher une autre.
Exemple :
Votre patron/patronne : « J’ai besoin que vous établissiez un bureau
satellite à Houston. Voici la liste de ce dont vous devriez avoir besoin, y
compris le programme et les ressources. »
Vous : « Super ! Je vais vérifier votre estimation du temps et des
ressources et je vous recontacterai à ce sujet jeudi matin. »
>> EN BREF
Quelle que soit la voie que vous acceptez de prendre ou de votre choix, faites en sorte de
vous l’approprier.
>> EN BREF
Il est impossible d’éviter chaque erreur éventuelle, mais vous pouvez sans doute éviter les
erreurs les plus évidentes.
La patience
« La vie est un marathon, pas un sprint. »
— Dr Donald A. Redelmeier
Certaines périodes sont favorables ou défavorables pour passer à l’action,
certaines étant plus évidentes que d’autres. Étant donné l’impossibilité
d’aborder chaque situation donnée, nous vous proposons ces quelques
exemples évidents :
1
. Tout le monde ne peut agir au même rythme que vous. Considérez
également la qualité du travail des autres.
2
. Le vendredi après-midi n’est généralement pas le meilleur moment pour
demander à votre patronne de prendre une décision importante ou
difficile, notamment si elle s’apprête à prendre un week-end prolongé.
3
. Si un concurrent vous coiffe au poteau, regroupez-vous pour considérer si
votre mouvement prévu est toujours d’actualité ou s’il vaudrait mieux
changer de direction.
4
. Avez-vous toutes les munitions nécessaires ou un peu plus de préparation
pourrait-il renforcer votre situation ?
5
. Ne laissez jamais tomber si les événements ne se déroulent pas sans heurt
ou aussi rapidement que vous l’espériez. Si vous manquez de patience vis-
à-vis de vous-même, qu’est-ce qui risque de se passer en ce qui concerne
votre entourage ?
>> EN BREF
Discipline et patience sont le yin et le yang de l’efficacité.
POUR RÉSUMER
Les décisions militaires et sur le lieu de travail consistent à savoir comment évaluer les
conditions dans lesquelles vous opérez. Un élément clé est d’être en mesure d’influencer les
circonstances importantes en observant et analysant tout en faisant preuve de bon sens. Un
autre consiste à éviter les erreurs évidentes et dommageables.
Restez disciplinée : certains risques calculés pourraient être nécessaires, mais laissez les
actions manquant d’intelligence à ceux qui manquent d’intelligence.
11. Se déployer
« […] Emparez-vous de quelques lieux
[que l’ennemi] chérit, et il se fera conforme à vos désirs… »
— Sun Tzu
L’article XI peut se traduire par « Les neuf sortes de terrain », une
définition que nous allons appliquer ainsi :
1
. Aux conditions et circonstances à considérer avant de vous engager dans
une entreprise risquée – ainsi que votre temps, vos ressources et votre
réputation.
2
. Et à la façon d’optimiser vos chances de succès.
Si ces thèmes vous rappellent quelque chose, restez avec nous. Nous vous
avons mentionné précédemment qu’il y aurait parfois quelques
recoupements, mais nous n’allons pas nous répéter (du moins, si peu).
En fait, de nombreux historiens asiatiques considèrent cet article de Sun
Tzu comme le plus décousu, en cela qu’il y présente certains sujets de façon
incomplète ou hors contexte. Dans notre présentation, nous avons essayé
d’établir un flot plus cohérent en y incluant, là où cela nous a paru
approprié, quelques pensées de Sun Tzu issues d’autres articles.
L’essentiel, c’est qu’une femme qui a conscience de l’environnement où
elle s’apprête à faire son entrée sera mieux à même de faire valoir ses forces
par rapport aux vulnérabilités de ses opposants.
Le terrain limitrophe
En allant vous promener de l’autre côté de la ville, allez-y d’un bon pas
plein d’entrain. Ne vous laissez pas aller à croire de ne pas vous y risquer,
parce que vous vous éloignez de chez vous ou que vous pourriez vous
cogner le doigt de pied.
Dans un nouveau travail, foncez tout en restant prudente pour gagner en
responsabilités. Vous vous trouvez toujours sur un terrain peu familier tant
que vous n’y êtes pas bien installée.
Si vous êtes en concurrence avec une autre filiale ou un autre service,
donnez aux clients potentiels une raison pour laquelle il pourrait être à leur
avantage d’envisager de faire affaire avec vous. Faites en sorte de vous
établir sur le marché, avant de travailler pour l’élargir jusqu’à ce que vous
parveniez à faire des affaires sur un pied d’égalité. Puis manœuvrez en vue
de le dominer.
Ne l’interprétez pas comme « en en oubliant toute prudence », mais plutôt
comme une progression à point nommé et de la persistance. En hésitant sur
ce terrain, vous risquez de vous retrouver dans un pays imaginaire. En effet,
la préparation est essentielle, mais une demi-miche de pain et un kilomètre
valent mieux qu’une miche entière et que quelques mètres. Votre avenir
pourrait finalement ne pas dépendre de ce segment de votre parcours, mais
votre performance in situ fera toujours partie de votre palmarès.
Pourquoi alors insistons-nous sur la rapidité et la ténacité à ce stade ?
Parce que – pour en revenir un instant aux stéréotypes – les femmes tendent
en général à être plus prudentes et moins agressives que les hommes.
N’oubliez pas que les autres observent et font des comparaisons. Une fois
que vous vous serez montrée à la hauteur de la tâche qui vous a été confiée,
votre réputation commencera à dépasser les attitudes découlant de ces idées
reçues.
Le terrain concurrentiel
La concurrence est parfois un processus juste et sain, ou aussi impitoyable
que le légendaire Jack l’Éventreur. Nous vous recommandons de vous
préparer en vue de votre campagne en évaluant vos concurrents. Si une
personne a un positionnement favorable et est soutenue par davantage
d’expérience et de préparation, reconsidérez si cette tentative en vaut
l’effort.
Option 1 : rapprochez-vous de cette personne, reconnaissez ses
qualifications et demandez-lui de vous conseiller sur la façon de vous
préparer pour une opportunité similaire.
Option 2 : demandez-lui de considérer de vous sélectionner pour intégrer
son équipe afin de vous permettre d’apprendre de ses membres tout en y
apportant votre précieuse contribution.
D’un autre côté, si vous vous sentez tout du moins aussi qualifiée,
cherchez à identifier les forces que vous possédez par rapport à ses
faiblesses, et trouvez des raisons logiques pour présenter sous une lumière
favorable ce qui pourrait vous désavantager.
Exemple : « Je suis en train de me mettre à niveau au sujet des maths
utilisées dans le calcul des primes et des commissions. »
La concurrence entre des candidats pour un nouveau poste, une promotion
ou une mission de choix est souvent d’ordre subjectif. En supposant que
toutes ces personnes possèdent des qualifications valides, d’autres facteurs
(comme l’ancienneté, la popularité et la politique) pourraient avoir une
influence.
Le conseil de Sun Tzu de ne mener que le bon combat prévaut dans
l’ensemble de ses stratégies et tactiques. Dans le cadre de cet exemple, cela
signifie rivaliser activement si vous avez une probabilité raisonnable de
gagner, au lieu de le laisser à la chance. En général, nous sommes d’accord,
mais il y a des exceptions. Si, par exemple, votre envie de rivaliser pour un
projet est si irrésistible que vous êtes prête à prendre le risque d’échouer –
ou que vous avez si peu à perdre en ne l’emportant pas –, surtout n’hésitez
pas ! La vie n’est pas toujours une question de ne prendre aucun risque et
d’attendre une opportunité chanceuse qui pourrait ne jamais se présenter.
Au moins, vous n’aurez pas à vous demander après coup ce qui aurait pu se
passer si vous aviez fait de votre mieux pour l’obtenir. Dans un cas comme
dans l’autre, ayez simplement conscience des scénarios possibles.
Dans un cas comme dans l’autre ? C’est exact, étant donné que si vous
vous en sortez haut la main en atteignant la réussite après l’avoir disputée
avec acharnement, les autres (notamment celles ou ceux que vous avez
battus) vous examineront au microscope, et vous risquez de voir ainsi vos
erreurs exagérées et vos résultats positifs minimisés. Par conséquent, si
vous décidez de réussir contre toute attente, consacrez-vous-y en toute
conscience des pièges potentiels accompagnant les bénéfices, quels qu’en
soient les résultats. Soyez prête à justifier (surtout vis-à-vis de vous-même)
que vous étiez, en effet, le bon choix.
Autre possibilité : en fonction de ce qui concorde avec votre style
personnel, vous pourriez décider de rivaliser pour obtenir une mission
moins courue, qui vous permettrait d’apprécier une liberté relative pour
progresser et devenir une étoile montante. Mais tout d’abord, découvrez la
raison pour laquelle vos concurrents les plus féroces ne s’y intéressent pas
du tout.
Le terrain neutre
Cette catégorie correspond pour nous au libre marché, offrant à toute
personne une égalité des chances. Que l’on pense à ses ambitions
personnelles ou à une stratégie d’entreprise, il est moins probable de
parvenir à dominer le marché, et quasiment tout le monde a accès à une part
du gâteau. Étant donné le peu de choses dans ce cas pour avantager les
femmes, nous allons poursuivre vers un terrain plus fertile.
Le terrain d’entente
Il s’agit de ce que Sun Tzu appelle un terrain à plusieurs issues, contigu à
plusieurs États. Selon son concept, être en mesure de le contrôler permet de
gagner le soutien des proches voisins.
L’appliquer à notre époque peut s’avérer étonnamment utile. Supposons
que votre entreprise vient de prendre le contrôle d’une firme, petite mais
essentielle, et cherche comment l’intégrer sans heurt à son organisation
existante. Dans notre scénario, vous êtes à la tête d’un service ou d’une
division qui cherche à faire fusionner cette acquisition et votre groupe.
Ajoutons à cela le problème complexe que présentent deux ou trois autres
chefs de service qui tentent de leur côté de s’emparer de ce nouveau
trophée, et il s’agit d’hommes qui considèrent personnellement qu’ils en ont
absolument le droit – pour des raisons se résumant à une ambition teintée
d’agressivité. Est-ce dans votre intérêt d’aller affronter ces mecs, ou y
aurait-il un meilleur moyen de poursuivre votre objectif ?
Et si vous vous rapprochiez d’un chef de groupe – de préférence celui
dont les capacités et le personnel complémentent les vôtres – pour faire
équipe avec une proposition commune ? En supposant que rien d’autre ne
change par ailleurs, cette approche ne vous offrirait-elle pas un avantage sur
vos concurrents en train de se chamailler ? Sur sa lancée, l’un des autres
mecs pourrait commencer à se rendre compte qu’il s’est fait dépasser et
demander à se joindre à vous, renforçant ainsi d’autant plus votre position.
Supposons qu’ils décident tous de participer à votre entreprise commune –
quelles seraient les probabilités de réussir ? Gardez toujours à l’esprit, il va
sans dire, que vous, en tant qu’organisatrice à l’origine et interlocutrice
intermédiaire, vous conservez le siège principal au sein même de cette
coalition.
À partir de votre approche de conciliation, dénuée de toute provocation,
vous avez favorisé en conclusion un rapport gagnant-gagnant malgré les
conflits internes et l’acrimonie potentielle. La parfaite touche féminine !
Le terrain d’engagement
Si vous avez l’intention de poursuivre activement vos rêves, il arrive un
moment où l’engagement ne peut plus être évité. Après avoir fait votre
chemin au pays des responsabilités et de la crédibilité, vous ciblez des
trophées plus importants et êtes prête à faire un effort de taille pour les
remporter. Étant sortie de votre zone de confort, vous voilà dehors dans la
cour des grandes et des grands, ce qui est redoutable ; mais encore, tout
comme eux.
Quelle différence y a-t-il avec le terrain concurrentiel dont nous avons
précédemment parlé ? Eh bien, on y joue quasiment de la même façon, en
évaluant les forces par rapport aux faiblesses, cependant, les enjeux sont
plus élevés et plus lourds de conséquences. Pour gagner, il vous faudrait
contracter des alliances, des compromis et des dettes ; en perdant, cela
risque potentiellement de présenter votre carrière sous un éclairage négatif.
Par conséquent, mieux vaut progresser avec une considération prudente,
étant donné qu’étant parvenue aussi loin il pourrait n’y avoir aucun repli
possible. Que vous gagniez ou perdiez, vous vous retrouverez sous les
projecteurs bien plus que jamais auparavant – ce qui se produit
invariablement sur ce terrain.
Le terrain accidenté
À l’époque de Sun Tzu, les forces militaires se retrouvaient confrontées à
des montagnes, des rivières, des forêts, des marais et Dieu sait quoi encore !
La métaphore s’étend à des problèmes connus ou imprévisibles de nature
financière, juridique, politique, culturelle ou technique. Nous ne devrions
pas ignorer les attitudes humaines, personnalités et programmes
contradictoires.
Alors qu’il semble difficile de naviguer entre les bosses prévisibles et les
avalanches sur le parcours, il est quasiment impossible de toutes les
anticiper. La raison pour laquelle votre plan d’action a besoin de
contingences afin d’être en mesure de gérer les imprévus. D’un côté, il vous
faut vous préparer à des obstacles et des aléas soudains ; d’un autre côté,
vous ne pouvez pas vous permettre de laisser leurs spectres vous empêcher
d’avancer.
L’expédition de Lewis et Clark (1802-1804) dans toute l’Amérique en est
le parfait exemple. Ils firent face à des obstacles et des dangers aussi
nouveaux qu’inattendus, qu’ils surmontèrent en totalité pour voyager de
l’océan Atlantique au Pacifique, avant de faire le trajet en sens inverse. Ce
qui prouve qu’avec une bonne planification, les talents adéquats et, il va
sans dire, un peu de chance, surmonter les défis est possible, comme en
venir à bout.
Depuis, on a marché sur la lune et envoyé des véhicules spatiaux jusqu’à
des distances éloignées dans notre système solaire. Et cependant, 40 %
environ des Américains n’ont jamais vécu ailleurs que là où ils sont nés. Il
est juste de dire que le progrès dans un monde dominé par une population
des plus déterminées à s’opposer au changement repose sur les épaules de
celles et ceux qui sont prêts à prendre des risques.
Qu’est-ce que cela signifie pour les femmes ? Une rapide observation
indique que beaucoup d’opportunités sont à disposition, n’attendant qu’on
s’en saisisse. Bon, c’est relativement vrai, mais évidemment, d’autres
facteurs encombrent la voie. Tout d’abord, les types agressifs se retrouvent
à se battre contre des hommes et des femmes ambitieux dans les plus
grandes villes et entreprises. C’est là que l’action se joue en majeure partie,
et la raison pour laquelle nous le désignons par « le terrain accidenté ». Par
conséquent, si vous préférez cheminer sans heurt, vous pourriez fort bien
être sur la mauvaise voie.
Les hommes sont habitués à s’engager dans des jeux plus brutaux que la
majorité des femmes, étant orientés vers la compétition par le biais du sport
et du contact social. Les sports pour femmes sont assurément reconnus à
leur juste valeur, mais, dans le domaine sportif, il leur reste encore à se
maintenir sur un pied d’égalité. Un autre facteur à considérer, c’est que,
jusqu’à présent, la plupart des sports féminins sont ségrégués par le sexe :
les filles sont en compétition contre des filles, et non des garçons. De ce
fait, si vous comptez sur le rebond dans la bataille des sexes en vue de la
prétendue égalité des chances, n’oubliez pas que les outils et l’équipement
avec lesquels vous avez grandi pourraient être différents de ceux que les
hommes utilisent.
Autant dire que les règles du jeu ont changé, et cette transition vous en
demande encore un peu plus.
Le terrain piégé
Les femmes professionnelles entourées d’hommes comprennent le
concept d’être cerné, comme les membres des minorités raciales peu
représentés dans l’environnement de l’entreprise. Sun Tzu définit la prise au
piège en fonction de situations dans lesquelles un engagement fort a été fait,
le repli semble être une option médiocre et on est fortement dépassé en
nombre.
Que faire ? Surtout, pas de panique, sinon vous renoncerez ainsi à toute
possibilité de réussir, en donnant de vous une mauvaise image par-dessus le
marché. Vos options viables se résument à ce qui suit.
Changez de cap pour suivre une nouvelle voie. Par exemple, nouez une
alliance pour renforcer votre position ou modifiez votre objectif d’une
façon vous semblant plus viable. Vous pouvez même revoir vos plans à la
baisse en optant pour une voie plus gérable et soutenable.
Cherchez à influencer les conditions qui menacent votre objectif, comme
en réaffectant les ressources et ce qui soutient un autre projet risqué vers le
vôtre. Naturellement, il vous faudra justifier votre requête, mais personne
n’a dit que ce serait facile.
Affaiblissez ou cooptez votre adversaire. Cette tactique est similaire à
celle que nous vous avons présentée dans la partie 5 sur le terrain d’entente
ou à plusieurs issues, sauf qu’à présent vous négociez en étant en position
de faiblesse.
Cherchez une façon de vous en sortir avec élégance : il est inutile de vous
investir en pure perte. Redescendez sur terre en admettant avoir fait une
erreur de jugement ou que les conditions ont eu un impact sur la situation,
ce qui pourrait être préférable à couler avec le navire.
Le terrain désespéré
Selon le credo du soldat, si vous tombez, entraînez dans votre chute autant
d’ennemis que possible. Heureusement, nul besoin d’élaborer un scénario
aussi désespéré à l’intention de nos lectrices. Cependant, par moments, un
effort extrême est l’unique chance qui reste de survivre.
Dans la Chine d’aujourd’hui, les jeunes diplômés d’université, dont bon
nombre en possession de doctorats, sont disposés à s’investir par semaine
de soixante à soixante-dix heures afin d’optimiser leur intégration au sein
d’une nouvelle entreprise. Selon notre expérience, quelques Américains – et
encore moins d’Européens – sont enclins à sacrifier ainsi leur temps et leurs
efforts. Au lieu de cela, nous demandons des bénéfices et de la
reconnaissance comme si nous avions droit aux récompenses et au succès,
en négligeant le dévouement nécessaire pour se retrouver en tête sur un
marché de plus en plus compétitif.
D’un autre côté, les femmes ont davantage tendance à payer le prix, au
point même d’être souvent exploitées par des employeurs sans scrupule. En
effet, il y a une ligne ténue entre l’exploitation et le sacrifice raisonnable.
Nous donnons ce message aux femmes : au sein d’un environnement où
on a tendance à croire que tout est un dû, la volonté de parcourir un
kilomètre de plus (et non tout le marathon) peut vous placer comme étant
un élément fiable auprès des personnes qui apprécient vos efforts et vos
résultats.
>> EN BREF
Apprenez à bien connaître l’environnement dans lequel vous opérez. Grâce à la préparation
permettant de vous y habituer, tout terrain se fera moins inhospitalier.
Embrouillez l’adversaire
« [Il s’agit d’] éloigner de l’ennemi tout ce qui pourrait
lui être avantageux, et [de] rapprocher de vous tout ce dont
vous pourrez tirer quelque avantage [et,] ensuite
[, de] vous tenir continuellement sur vos gardes
pour n’être pas surpris, et [de] veiller sans cesse
pour épier le moment de surprendre votre adversaire. »
— Sun Tzu
Dans l’ensemble de L’Art de la guerre, l’auteur fait l’éloge de la tactique
consistant à déstabiliser continuellement l’adversaire, ce qui permet d’éviter
ses forces, ainsi que de percevoir et de profiter de ses faiblesses. Dans notre
monde, cela s’applique principalement aux entreprises concurrentes, car il
serait préférable d’éviter de tromper vos collègues sans la moindre retenue.
Mais même eux n’ont pas besoin d’être au courant de vos ambitions et de
vos projets, à moins de vous aider à les accomplir. Voici la règle générale :
1
. Perturbez le timing de vos concurrents en leur donnant des informations
qui les induiront en erreur.
Exemple : divulguez qu’un autre logiciel mis à jour que celui prêt à être
édité par votre entreprise est annoncé.
2
. Embrouillez leurs stratégies en agissant d’une façon qu’ils sont loin
d’anticiper.
Exemple 1 : proposez de collaborer avec votre principal adversaire.
Cela les déstabilisera et fera probablement s’atténuer toute animosité
qu’ils pourraient entretenir à votre encontre. Qu’avez-vous à y gagner ?
La probabilité d’une tension plus modérée, des aperçus quant à votre
concurrent, et une situation gagnant-gagnant : vos collègues et votre
supérieur vous respecteront pour votre ouverture d’esprit et votre
confiance en vous.
Exemple 2 : louez la concurrence de façon à ce que cela joue en votre
faveur : « XYZ est la référence depuis des années, c’est pourquoi nous
avons dû proposer des options supplémentaires en cherchant à égaler la
même qualité. »
3
. Créez la confusion en présentant vos forces comme des faiblesses et vice-
versa.
Exemple : remédiez au défaut d’un produit à améliorer pour qu’il soit
supérieur à l’avantage que détient la concurrence.
>> EN BREF
L’information est un pouvoir ; moins votre concurrence en saura sur vous, mieux vous
pourrez prévoir le moment pour effectuer vos manœuvres.
Dynamisez
Celle qui hésite après la préparation et l’évaluation ne fera aucun progrès.
En vous arrêtant pour y réfléchir, il est plus facile d’évoquer des raisons
pour attendre que pour poursuivre. Préparez-vous, faites votre travail à la
maison et passez à l’action pour accomplir votre mission.
Si vous travaillez seule, parlez-vous pour vous encourager et faire circuler
l’énergie positive. Plus vous avancez, plus le danger sera grand que
l’incertitude et l’anxiété concourent à faire ralentir ou dévier votre
progression. Parlez si possible à un ou une collègue de votre travail, de vos
préoccupations et de vos progrès. S’il s’agit d’une personne qui travaille
seule, elle aussi, vous pourriez ainsi vous donner l’une à l’autre le sentiment
de travailler en équipe.
En tant que directrice ou cheffe d’équipe, faites en sorte de favoriser le
bon moral des membres de votre personnel en étant à leur écoute, en les
encourageant et en les dirigeant. Incarnez l’exemple que vous voudriez
suivre, et ils vous suivront.
Établissez au sein de l’équipe une hiérarchie pour aider chacun de ses
membres à se soutenir mutuellement. Vous ne pouvez pas tout faire en solo,
comme vous le savez, il est donc essentiel de faire en sorte qu’ils
s’investissent dans ce que vous avez prévu d’accomplir. Soyez pour eux un
modèle qui dynamise pour que chacun se mette au travail.
Déterminez les objectifs à atteindre et à récompenser pour motiver les
membres de votre équipe, et soyez juste et cohérente pour gagner leur
loyauté et la conserver. Sollicitez des suggestions et des observations sans
donner l’impression de douter de votre propre jugement. Jouez la
transparence pour qu’ils se sentent inclus dans vos projets ; mais n’allez pas
pour autant en révéler trop, au risque de ne pas vous faciliter la tâche si
vous devez procéder à quelques modifications et d’engendrer une certaine
confusion.
Par-dessus tout, faites preuve de suffisamment de souplesse pour adopter
les changements nécessaires sans donner l’impression d’être en train
d’improviser au niveau de votre direction générale.
>> EN BREF
Rechargez vos batteries et soyez prête à passer à la prochaine étape.
Exemples :
1
. Adressez-vous aux hommes comme aux femmes en mentionnant un bon
conseil et des exemples positifs.
2
. Activez-vous autant que les hommes et les femmes dans votre entourage
en prenant les choses en main, en proposant des suggestions, et (si c’est
approprié) en contestant certaines idées exprimées.
3
. Favorisez sur la durée une atmosphère où prévalent courtoisie et
considération, des qualités nullement diamétralement opposées à
l’assurance et à la force.
4
. Vous ne pouvez soulever seule le joug des attitudes déterminées par le
sexe, mais vous pouvez en délester vos épaules en faisant la
démonstration de votre assurance, de vos compétences et de votre
professionnalisme.
>> EN BREF
Mettez-les en échec ; pensez comme une personne, et non en fonction d’une identité de
genre particulière.
POUR RÉSUMER
Mesurez vos points forts par rapport aux points faibles de vos adversaires, une approche
consistant en grande partie à laisser les principes du yin et du yang œuvrer en votre faveur
en déstabilisant continuellement la concurrence.
La nature de l’attaque
« Ne combattez pas si vous n’êtes pas menacé. »
— Sun Tzu
La paranoïa ne signifie pas nécessairement que les menaces que vous
percevez sont le fruit de votre imagination. Dans un environnement de
travail où la concurrence va bon train, les employés à tous les niveaux
essaient constamment de se placer pour monter en grade. Lorsque la
concurrence vient d’une autre entreprise (ou d’un candidat politique, etc.),
vous avez affaire à une tout autre dynamique. Nous allons commencer par
le défi le plus immédiat auquel vous pourriez avoir à faire face en tant que
femme, incarné par ces collègues tout sourire qui complotent dans votre dos
pour vous évincer.
Disons que vous avez trouvé une bonne idée : vous avez fait des
recherches en fonction, l’avez justifiée et avez entrepris de la vendre à votre
patron. Si le concept lui plaît, il en parlera probablement à certains de vos
collègues afin qu’ils y contribuent, comme à l’occasion d’une réunion de
votre service.
Vous reconnaissez instantanément ceux qui sont probablement vos
partisans et vos détracteurs. Les arguments contre votre projet vous
permettront d’identifier s’ils sont raisonnables, illogiques ou orientés
différemment. Nous vous dirons comment vous en occuper à la section
suivante ; pour le moment, concentrons-nous sur la façon d’identifier la
nature des objections, quelles qu’elles soient, auxquelles vous pouvez vous
attendre.
Plus que probablement, vos opposants tenteront de trouver des arguments
pour contrer votre concept. Si cette tactique échoue, ils pourraient en
changer pour s’en prendre au défenseur dudit concept – vous ! Si l’une ou
l’autre de ces offensives s’avère couronnée de succès, votre proposition sera
condamnée, et votre carrière pourrait en prendre un sacré coup.
>> EN BREF
Glanez du soutien et isolez vos ennemis.
Exemple :
« Bonjour, Todd, je repensais à vos objections lors de la réunion
concernant mon projet, et je me demandais si nous pourrions en discuter. Je
serais ravie de bénéficier ainsi de vos idées et de votre expérience. »
Voici les réactions probables de Todd :
1
. Il accepte d’en discuter, auquel cas vous avez fait un pas dans la bonne
direction pour bénéficier de sa coopération. À moins qu’il ne soit
catégoriquement contre votre idée (ou contre vous, personnellement), un
compromis est une possibilité. Auquel cas, vous avez peut-être coopté un
opposant tenace en l’incitant à se rallier à votre camp.
2
. Il refuse (ce qui est toujours une éventualité), auquel cas vous pourriez
aller voir votre patron en disant quelque chose comme ça : « Je me rends
compte que Todd est opposé à mon idée. Mais quand je lui ai demandé de
m’exposer son point de vue en détail, il a semblé réticent à en discuter
avec moi. Que me conseilleriez-vous ? »
3
. Il vous écarte poliment en disant qu’il est occupé, etc., ce qui nous renvoie
à sa réaction 2 ci-dessus.
D’accord, disons que Todd est têtu comme une mule pour se laisser
coopter malgré tout votre tact. Le moment est venu de combattre le feu par
un peu de chaleur de votre cru. Mais au lieu d’une confrontation de type
viril, vous allez user de votre touche féminine.
Exemple :
Vous dites à votre patron : « J’ai essayé de rallier Todd à ma proposition,
mais après avoir abordé ses objections particulières, il n’en démord toujours
pas. Pensez-vous qu’il ait quelque chose contre moi ? »
Naturellement, votre patron va vous rassurer en vous assurant qu’il n’en
est rien, cependant, il sera utile de lui mettre en tête cette possibilité. Et cela
pourrait faire dévier tout commentaire négatif que Todd pourrait faire à
votre encontre à l’avenir. Simultanément, vous lui laissez la porte ouverte si
jamais il se décidait à se détendre ou à coopérer avec vous.
Les attaques personnelles peuvent vraiment dégénérer, et il est impératif
de savoir les gérer avec efficacité.
Tout d’abord, il est nécessaire de savoir que vous êtes attaquée.
Deuxièmement, par qui : Todd, par exemple, ou quelqu’un d’autre ? Pour
cela, il vous faut un ou une confident/confidente qui vous informera de ce
qui se trame dans votre dos. Ensuite, avec un ou deux alliés pour vous
soutenir, cela ne fera aucun mal.
Si vous pensez que vous ne pourriez pas vous retrouver dans une telle
situation, réfléchissez-y à deux fois ! Car plus vous réussissez, plus vous
grimpez les échelons dans l’entreprise, plus le risque est grand de vous
retrouver la cible d’un ou une concurrent/concurrente en proie à la jalousie.
Pour le transposer à un extrême aussi improbable qu’éventuel, n’oubliez
pas que si on raconte sur vous des mensonges de façon à nuire à votre
carrière, ces personnes risquent d’en être tenues juridiquement
responsables. Cela ne veut pas dire qu’il faille vous précipiter chez le
premier avocat que vous pourrez trouver. Rien qu’en mentionnant cette
possibilité, ou en transmettant le message par personne interposée, cela
devrait avoir comme résultat de les arrêter dans leur élan en faisant taire ces
mauvaises langues.
De surcroît, les entreprises sont particulièrement sensibles ces temps-ci à
tout commentaire déplacé visant à rabaisser les femmes qui y travaillent. Ne
vous tracassez pas de blesser moralement quelqu’un qui cherche à vous
donner du fil à retordre, parce qu’il/elle ne mérite en rien votre sympathie.
Quant à se faire un ou une ennemi/ennemie, admettez que vous en avez déjà
un ou une et que vous allez dès à présent vous en occuper sérieusement. Si
on vous impose un rapport gagnant-perdant, vous n’avez pas à être la
perdante.
>> EN BREF
Binez votre jardin avant que les mauvaises herbes ne prennent le dessus.
Exemple :
Vous avez mis au point une approche pour obtenir un poste de manager.
Ayant appris que l’une des directrices va partir – ou être promue –, vous
prenez rendez-vous avec elle. Vous préparez quelques questions et sollicitez
ses conseils concernant vos qualifications. Votre stratégie consiste à gagner
son soutien, voire une recommandation, et à la rallier comme mentor
potentiel.
>> EN BREF
Reconnaissez quand c’est le bon moment et montrez-vous à la hauteur de la situation.
Exemples :
1
. « Comme Fran l’a fait remarquer, le programme présente encore quelques
bugs. Pour info, nous travaillons dessus depuis quelques jours et nous
espérons les résoudre en une semaine avant la mise en vente prévue. »
2
. « Le budget de notre groupe, pour lequel j’accepte en majeure partie la
responsabilité, a été grevé au-delà de toute attente. Les raisons, que nous
n’aurions pas pu prévoir en totalité, sont en train d’être identifiées et
documentées. »
3
. « Le problème, que nous reconnaissons complètement, est en fait moins
grave que ne le redoutaient plusieurs observateurs. Permettez-moi de
développer… »
>> EN BREF
Ce n’est pas paranoïaque de vous préparer en anticipant une attaque ou de vous défendre si
elle survient.
Survivez et prospérez
Plus la pyramide de l’entreprise est haute, moins il y a de bureaux et plus
la concurrence est rude. Dans le corps des professionnels employés et des
cadres intermédiaires, la rivalité est généralement moins intense.
Néanmoins, quasiment chaque environnement de travail – que ce soit dans
l’enseignement ou le domaine de l’entreprise – présente ses défis.
Le message à garder en tête, c’est qu’indéniablement il ne suffit pas de
faire un bon travail ; des problèmes peuvent se retrouver dans la mêlée, et
s’y retrouveront, de ce fait, faire preuve de vigilance est indispensable.
N’est-ce pas dommage que la politique de bureau et les intentions cachées
puissent compliquer à un degré bien plus élevé la vie professionnelle d’une
femme que celle d’un homme ? Absolument ! C’est pour cette raison que
nous aimerions vous aider à gérer divers types de contrariétés potentielles,
afin que cela occupe moins vos pensées en vous causant des soucis.
Faire face est une condition préalable à la survie. Cela signifie gérer les
problèmes de toute ampleur pour éviter qu’ils ne fassent capoter vos plans.
En ce qui concerne les menaces, c’est le minimum qu’il vous est nécessaire
d’accomplir ; dans l’incapacité de vous en sortir, la survie s’apparente à une
voie sans issue.
Survivre signifie que vous ne vous débrouilliez pas trop mal pour que
votre parcours se passe sans heurt. En ce qui concerne votre carrière, c’est
au moins la condition requise afin de réussir – sans que ce soit néanmoins
garanti. La survie n’équivaut pas non plus au bonheur, à l’épanouissement
ou à la satisfaction. Les frustrations et le stress contribuent sans tarder aux
obstacles qui se présentent le long de la voie que vous avez choisie.
Prospérer est, il va sans dire, le but vers lequel sont dirigés vos objectifs
de carrière : le parcours ou le train ne rencontre pas de problèmes, la
destination étant atteinte dans les temps ou un peu en avance, et vous
appréciez tout du moins une grande partie du voyage. La réalité de votre
parcours de carrière et ce que vous en pensez sont en harmonie. Le yin et le
yang sont en équilibre.
Bravo !
>> EN BREF
Anticipez le pire, acceptez le meilleur et faites ce qui vous semble juste.
POUR RÉSUMER
Aussi déplaisant que cela puisse être, trouver le temps de gérer les situations les plus
désagréables se justifie par les dommages auxquels vous pourriez être vulnérable, ainsi que
toute femme.
Pourquoi voudrait-on vous faire du mal ? Les raisons vont de la jalousie à la peur de la
concurrence et à la cruauté, en passant par la méchanceté pure et simple. En général, les
gens ne sont pas comme ça, mais n’oubliez pas – il ne suffit que d’un automobiliste grillant
un feu rouge pour causer un terrible accident.
Nous vous avons donné, par l’intermédiaire de Sun Tzu, quelques conseils pour savoir
comment gérer certaines situations du moment ou potentielles. Il ne dépend que de vous de
les prendre assez au sérieux pour vous protéger.
Amies, restez vigilantes !
>> EN BREF
Conformez-vous au protocole du réseautage.
>> EN BREF
Il y a des gens dehors qui pourraient avoir besoin de vous autant que vous pourriez avoir
besoin d’eux. Rencontrez-les, cultivez vos relations et partagez avec eux.
Exemple 1 :
« Charlie Morgenstern a suggéré que je prenne contact avec vous au sujet
de votre considérable expérience dans le système de surveillance à distance
avec la télémétrie sans fil. C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup… »
Si vous contactez quelqu’un sans recommandation, assurez-vous de
commencer votre conversation par une phrase intéressante pour capter son
attention.
Exemple 2 :
« J’ai lu votre interview dans Business Week, et j’espère sincèrement que
ma question ne vous ennuiera pas. La raison pour laquelle je vous contacte,
c’est que, franchement, je serais très intéressée de travailler dans une
entreprise comme la vôtre. Si vous acceptez de me consacrer quelques
minutes, vous trouverez peut-être que mes compétences et mon expérience
y seront plutôt bien adaptées. »
Sans référent personnel, vos chances d’obtenir une réponse favorable sont
plutôt minces, cependant, chercher à joindre une personne clé au moment
opportun contribue parfois à déjouer les pronostics.
>> EN BREF
Ne laissez personne vous faire perdre votre temps, et évitez de le faire perdre à quiconque !
Votre temps
La question du temps s’imposera quand de plus en plus de gens se
mettront à vous contacter. Ils pourraient faire appel à votre bonne nature en
vous demandant des services chronophages ayant peu de chance d’être
payés de retour. Si en lisant ceci, cela vous donne l’impression d’être
froidement calculatrice, réfléchissez-y bien. Ce qu’il faut en retenir, c’est
que vous ne pourrez jamais aider tout un chacun, c’est pourquoi il vous faut
décider quels sont vos critères de choix et vos priorités.
Bon nombre d’entre nous sont flattés que l’on sollicite leurs opinions ou
leur assistance personnelle. Pour le meilleur ou pour le pire, on considère
souvent les femmes comme étant plus bonnes pâtes que les hommes, ce qui
fait qu’elles sont plus susceptibles de faire l’objet de ce genre de requêtes.
En conséquence, classez et priorisez les appels et les e-mails que vous
recevez en fonction des partenaires de réseau potentiels – qui pourraient
avoir quelque chose à vous offrir – et des contacts à sens unique – qui ne
vous seront probablement d’aucune utilité. Puis déterminez le temps que
vous pouvez leur consacrer sans que cela ne soit au détriment de votre
programme et de vos besoins. Il va sans dire qu’il n’y a rien de mal à aider
les autres, du moment que ce ne soit pas à vos dépens.
Quel genre de personnes voulez-vous comme partenaires de réseau ?
Commencez par celles ayant de l’expérience dans vos domaines d’intérêt.
Par ailleurs, les hommes et les femmes employés dans des entreprises ou
ayant des spécialités que vous aimeriez cibler pourraient être en interne des
sources d’information précieuses. S’ils vous considèrent comme une source
potentielle, c’est encore mieux !
Pensez à vous
Mis à part le temps perdu, les deux erreurs les plus courantes que font les
gens en réseautant, c’est de consacrer d’importantes tranches horaires de
leur journée de travail à la poursuite de leurs intérêts personnels et de
s’investir auprès de « mauvaises » personnes.
1
. L’intégrité : que vous trouviez le réseautage fascinant, captivant,
fastidieux ou d’une qualification intermédiaire, n’oubliez pas que le temps
pris sur votre programme de travail est rémunéré par votre employeur.
Nous ne parlons pas de quelques minutes ici ou là, mais plutôt de blocs
d’heures. Ce serait un manque d’éthique d’abuser de sa confiance et, en le
faisant, vous risquez de vous retrouver confrontée à des contrariétés et des
vexations. De surcroît, soyez consciente que de nombreuses entreprises
surveillent les e-mails qu’envoient leurs employés !
2
. Les contacts contestables : tout le monde n’est pas franc du collier ou bien
intentionné. En fait, il y en a certains qui sont malhonnêtes quant à leurs
raisons pour réseauter. Considérez les exemples suivants, dont seuls les
noms et quelques détails mineurs ont été modifiés.
a.Roxanne a été engagée dans la compagnie d’assurances ABC comme
experte. Betsy, la seule femme assumant cette fonction, s’est presque
aussitôt liée d’amitié avec elle, lui proposant de la présenter à ses
collègues et de l’aider à commencer. Roxanne, enchantée par cette
proposition, l’invita à déjeuner pour lui témoigner sa gratitude.
Au fil du temps, elles continuèrent à déjeuner à l’extérieur une ou deux
fois par semaine, généralement à la suggestion de Betsy. Mais comme elle
ne proposait jamais de couper l’addition en deux, Roxanne continua à la
régler en totalité. Elle se demandait si Betsy profitait d’elle, tout en s’étant
habituée à compter sur ses conseils et en préférant ne pas faire de vagues.
Lors de la première réunion d’évaluation trimestrielle de Roxanne, son
superviseur trouva des fautes dans sa performance, dont bon nombre
faites après avoir suivi les conseils de Betsy. C’est ainsi qu’elle se rendit
compte que cette dernière, ne souhaitant pas qu’elle l’éclipse (elles étaient
les seules femmes au bureau), l’avait intentionnellement mal informée.
Roxanne en tira des leçons sans trop de dommages. Elle commença à
apporter son déjeuner sur son lieu de travail, trouva d’autres collègues
avec lesquels réseauter et reçut par la suite des évaluations bien plus
favorables de sa performance.
b
. Linda était à un échelon supérieur des représentants commerciaux de son
entreprise. Plusieurs de ses collègues, et quelques contacts à l’extérieur,
sollicitaient à l’occasion ses conseils. Elle faisait de son mieux pour les
aider sans que cela ait un impact sérieux sur son emploi du temps.
Un jour, Mike, VRP pour une autre entreprise, lui fit une requête sortant
de l’ordinaire : il demanda à Linda s’il pouvait l’accompagner lors de
quelques appels de prospection afin d’« apprendre du maître ».
Étant donné que Mike représentait une gamme de produits qui n’était pas
en concurrence avec celle de Linda, elle ne vit aucune raison de refuser.
Après tout, sa compagnie lui était agréable, il l’avait invitée dans un
charmant restaurant pour le déjeuner, et l’admiration apparente qu’il lui
témoignait pour son professionnalisme était plutôt flatteuse.
Tout se passa comme Linda l’avait anticipé, et elle n’y pensa plus jusqu’à
plusieurs mois plus tard, en apprenant que Mike, après avoir changé
d’entreprise, était maintenant en concurrence directe avec elle. Ce qui
était le plus choquant, c’est qu’il avait démarché sa clientèle, répandu
plusieurs inventions au sujet de son entreprise et essayé de s’emparer de
ses comptes clients.
Comme on aurait pu s’y attendre, l’aspect le plus dur du réseautage, c’est
de mettre la machine en route. Une fois que l’on a pris un peu d’élan, il
faut continuer à l’alimenter, parce que c’est toujours difficile de
redémarrer. Il s’agit en partie de lâcher prise quant à ces erreurs de
jugement en réseautant. Ne perdez pas de temps à vous plaindre de ces
situations où l’on vous aura attirée par la ruse. Tirez-en des enseignements
et continuez à avancer.
>> EN BREF
Conservez votre élan en cultivant les contacts prometteurs et en tirant un trait sur ceux qui
sont loin de l’être.
>> EN BREF
Prêtez attention à ce qui se trouve sous votre nez.
POUR RÉSUMER
Étant donné l’abondance d’outils électroniques actuellement à notre disposition, le manque
d’informations a cédé la place à la surcharge d’informations. En vérité, il y a assez de
données accessibles en ligne pour inonder le Grand Canyon et étouffer chaque piranha dans
l’Amazone. Le problème, c’est de limiter le flux vers des domaines d’intérêt ou
d’inquiétude, puis de le prolonger vers ces directions choisies et de veiller à mettre vos
informations à jour.
Sun Tzu connaissait la valeur des renseignements et préconisait d’employer des espions
pour rassembler ceux qui lui étaient nécessaires. De nos jours, des millions de
professionnels sophistiqués dépendent du réseautage, une chaîne logistique organisée de
noms, lieux et événements clés d’entreprises, d’industries, d’organisations, de groupes
d’intérêt et d’activités.
Êtes-vous connectée à un réseau qui pourrait favoriser votre carrière ? Dans le cas contraire,
qu’attendez-vous ?
PORTRAIT
Catherine Huang
Être honnête et digne de confiance ne veut pas dire laisser
savoir à tout le monde ce que vous pensez.
Catherine Huang dirige une entreprise d’importation internationale qu’elle a développée
de A à Z au cours de ces neuf dernières années. Auparavant créatrice de mode, elle
importe des fruits et des légumes surgelés de Chine, d’Égypte et d’Europe, ainsi que des
desserts et des produits préparés pour le petit déjeuner de Belgique et des Pays-Bas.
Elle est née à Taïwan de parents chinois qui furent contraints de quitter la Chine
continentale lorsque le Parti communiste de Mao Zedong prit le contrôle du pays.
Son enfance
J’ai grandi à Taipei, où mon père était officier dans l’armée. Mes
parents, pour qui l’éducation était précieuse, m’ont inscrite dans une école
très exigeante où l’on enseignait la langue classique chinoise, le
mandarin14, et une version inaltérée de la vaste histoire de la Chine.
Maman et papa nous emmenèrent, mes deux jeunes frères et moi, alors
adolescente, en Californie. Au départ, toute la famille dut dépendre de
mon anglais limité, même si tout le monde l’apprit vite – notamment mes
frères. Comme tant de familles chinoises ayant immigré, nous avons
ouvert un restaurant où je travaillais après l’école et faisais mes devoirs
entre servir les clients et faire la vaisselle.
Finalement, j’ai obtenu mon diplôme au Los Angeles Fashion Institute,
et mes frères obtinrent le leur à l’université de Californie à Los Angeles
(UCLA). J’ai commencé ma carrière dans l’industrie de la mode à Los
Angeles avant d’emménager à Chicago, puis finalement à New York (où
je rencontrai mon futur époux lors d’un rendez-vous à l’aveugle).
Après des années d’emploi rémunérateur et, à l’occasion, créatif, j’ai
décidé de mettre de côté cette activité pour me lancer dans le monde de
l’entreprise. L’importation de produits alimentaires est un secteur
majoritairement masculin au point d’en être écrasant, et dans lequel je
n’avais pas la moindre expérience, pas plus que de contacts personnels.
Pourquoi l’avais-je choisi ? Pratiquement par hasard et en raison des
circonstances, et j’étais prête pour un nouveau défi. Il est vrai que cela
aide d’avoir un époux encourageant, mais il avait un temps limité à
consacrer à mon nouveau projet, et il me fallait trouver ma voie par mes
propres moyens.
À présent, neuf ans plus tard, je m’efforce toujours de développer mon
entreprise, mais je pense que c’est censé se passer de cette façon. Après
tout, un repas gratuit n’est jamais qu’à moitié aussi savoureux que celui
que vous avez dû gagner.
Ayant grandi dans la culture chinoise, j’ai eu connaissance des concepts
de Sun Tzu la majeure partie de ma vie. En résultat, ses conseils sont pour
moi plus intuitifs et de bon sens qu’une révélation en soi. C’est difficile de
dire précisément jusqu’à quel point il a influencé mon approche de la vie
et des affaires, cependant, je peux indiquer quelques principes de travail
dérivés directement de L’Art de la guerre.
Un exemple en particulier, c’est l’insistance de Sun Tzu sur l’intégrité
personnelle et la nécessité de la ruse, ce qui, de prime abord, semble poser
une contradiction du point de vue philosophique. Pour moi, il s’agit de
questions aux antipodes l’une de l’autre.
« Intégrité », purement et simplement, signifie être honnête et digne de
confiance. C’est ce que l’on m’a appris à la maison et à l’école
élémentaire, et mes parents ont veillé à ce que je ne l’oublie jamais. Il ne
vaut mieux pas avoir mauvaise réputation dans le monde du commerce ou
ailleurs, alors que les gens qui ont fait affaire avec vous depuis des années
savent qu’ils peuvent se fier à votre parole !
« Ruse, d’un autre côté, implique de savoir combien d’informations
donner, et que garder pour soi. Cela n’autorise en rien à mentir, tricher ou
d’autres actions malhonnêtes. Le plus souvent, j’ai tendance à employer
ce mot quand quelqu’un essaie (avec succès ou en vain) de me duper.
Ma tactique consiste à dissimuler combien je vois clair dans son petit
jeu ; je le gère en y parant simplement aussi efficacement que faire se
peut, en laissant la personne continuer à croire combien elle est plus
maligne que moi. Il va sans dire qu’à partir de là nous n’aurons plus
l’occasion de collaborer et que je prendrai toutes les actions nécessaires
pour me protéger. Je pourrai même donner quelques détails de l’affaire à
certains de mes proches associés. Il y a gros à parier que l’individu en
question ne saura jamais ce que j’ai découvert ou fait, ce qui ne me
dérange absolument pas.
Un autre des points soulevés par Sun Tzu est de se préparer
méticuleusement bien avant de prendre une décision importante. Avant un
voyage d’affaires ou une réunion, j’élabore mon plan d’action, j’y intègre
une ou deux alternatives, et me voilà prête si une opportunité doit se
présenter. C’est ainsi que je suis rarement prise au dépourvu.
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont découvert plus récemment Sun
Tzu, même si vous ne glanez que quelques conseils pour vous inspirer et
vous aider dans votre vie et votre carrière, je pense que vous trouverez
que cela en vaut largement la peine.
— Catherine Huang
9 Le réseautage (voir « 13. Employer des espions », p. 59) peut devenir un outil essentiel pour vous
aider dans votre progression.
10 Pourquoi ne pas leur donner un exemplaire du livre de John Gray publié en 1992, Les hommes
viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus.
11 Le feng shui (littéralement vent et eau) est l’ancien système chinois intégrant l’énergie et les lois
du ciel (l’astronomie) et de la terre (la géographie) pour favoriser un meilleur équilibre.
12 Il s’agit du barrage des Trois-Gorges.
13 Franz Kafka.
14 Le gouvernement de la Chine continentale fit modifier la langue enseignée dans les écoles en une
version « simplifiée », et décida d’accentuer ou de désaccentuer divers récits historiques en vue de
soutenir son programme politique.
Index
A
aborder les obstacles 69, 72
abus de pouvoir 93
actifs 97-98, 100-101, 106, 116
actifs intangibles 97
actifs tangibles 97
aide 59, 87, 95, 98-99, 106, 162, 181, 182, 196, 205-206, 218, 247, 248, 254, 259
alliances 39, 55-56, 153, 222, 247-248
ambition 64, 66, 112, 187, 221
analyse 92, 100-101, 142, 146, 157
analyser la concurrence 136
analyser les problèmes 229
anticipation 166, 179
anticiper 54, 72, 75, 95, 127, 135, 172-174, 202, 223, 227, 256
aptitudes positives permettant de diriger 194
Arnold, Mathew 70
Art de la guerre 12-14, 16-19, 23, 40, 63-64, 67, 74, 78, 80-81, 93, 109, 166, 182, 194, 207, 226, 259
assurance 15, 72, 75, 85, 98, 102, 110, 115, 163, 167, 171, 180, 197, 199, 217-218, 229, 247
assurances 254
atouts 69, 97-98, 100-101, 106, 111, 116, 140-141, 148, 193, 201-202
attaque 17, 29, 31-32, 35, 40, 42, 45, 47, 50, 52, 54, 56, 58, 60, 110-111, 118-119, 127, 231, 235, 237,
238, 241-242
attitude 14, 91, 108, 113, 139, 152, 194, 198, 200, 213, 237, 249, 251
attitudes déterminées par le sexe 72, 74, 229
autopromotion 151
avantage 14, 22, 24, 29-30, 34, 36, 38, 39, 42, 44-45, 48, 52, 57-58, 63, 67, 69, 72, 81, 85, 97, 100,
102, 109, 111, 113, 116, 119, 134-135, 145, 157-158, 162-164, 170-171, 174, 185, 194, 197, 209,
218, 221, 226-227, 230, 235-236, 246
avantages et inconvénients 147
B
Bennis, Warren 75, 184
besoins 83, 109, 113, 142, 147, 184, 193, 204-205, 253
Bing Fa (Les Compétences du soldat) 17
bonne voie 178-179, 194, 211
bon sens 104, 164, 168, 191, 216, 229, 251, 259
C
capacités 49, 73, 74, 79, 89, 97, 98, 112, 134, 140-141, 148, 151, 163, 167, 184, 194, 221, 248, 251
caractère 42-43, 73, 76, 91, 128, 130, 152, 200
chances 15, 27, 29, 31, 50, 79, 89, 99, 102-103, 116-117, 122, 124, 145, 169, 175, 189, 193, 199,
216, 235, 251-252
changement 12, 14, 86, 122-125, 128, 143, 148, 160, 170-171, 182, 223, 232
changements 12, 42, 85-86, 122-123, 125, 130, 139, 145, 160-161, 171, 186, 213, 228, 256
circonstances à considérer 216
coercition 75-77
cohérence 107, 166, 201
collaboration 147
Comme va l’eau 13
communication 71, 86-87, 91, 101, 134, 188-189, 194, 197, 214, 244, 247, 249
compétence 16, 68, 74, 81, 88, 140, 157, 166, 194
compétences 17, 71, 81, 87-88, 98, 99, 101, 108, 112, 114, 117, 125, 127, 134, 140, 147-148, 185-
187, 189, 194, 196-197, 201, 206, 229, 248-250
compétences en direction 187
compétences en management 186
compétition 14, 16-17, 82, 127, 145, 159, 224
concept de face 76
concurrence 15
conditions 16, 21-22, 28-30, 37, 49, 64, 67, 77, 96, 123-125, 133, 158, 166, 171, 207-208, 216, 225,
235
conditions menant à l’échec 49
confusion 28, 227, 228
contourner 15, 27, 202
contrôle 33, 40, 47, 64, 81, 86, 90, 93-95, 103-104, 131, 133, 205, 208-210, 221, 232, 235, 258
contrôle des facteurs
de changement des circonstances 40
courage 22, 24, 32, 51, 53-54, 68, 158, 171, 210
courtoisie 73, 201, 229, 251
crédibilité 22, 64, 74-75, 77, 103-104, 112, 129, 166, 169, 191, 198-199, 201, 206, 222, 238
critères 41, 76, 203, 212, 253
D
défense 29, 34, 50, 67, 110, 237
dépenses 25, 59, 82, 108, 237
déploiement 33, 49
dépression 159-161, 181
désordre 32, 40, 46, 50, 52, 135
Déstabilisez la concurrence 157
déviation 38, 122, 162
diplomatie 75, 76
discipline 22, 30, 40, 47, 54, 68, 74, 80, 159, 207, 214
dissimulation 150, 165
dissimuler 80, 87, 260
Drucker, Peter 75, 184
dynamisez 196, 227
E
échec 74, 84, 85, 102, 104, 115, 124, 129, 167, 169, 171, 178, 189, 207, 209, 230, 236
égalité 70
égalité des chances 11, 70, 207, 221, 224
ego 79, 98, 185, 249
élan 78, 120, 122, 126, 131, 133, 136, 144, 170, 211, 233, 235, 249, 255
Embrouillez l’adversaire 226
émotions 166-168
énergie 23, 52, 53, 66-67, 85, 112, 118, 120-121, 131, 159, 162, 196, 227, 237, 238
énergie positive 167, 227
engagement 103, 106, 113, 209, 222, 224
ennemi 3, 13, 15, 23, 25-31, 33-61, 63, 75, 78-81, 93, 96, 99, 105, 110, 123, 131, 160, 169, 184, 207,
208, 216, 226, 235, 252
équilibre 31, 39, 66-68, 87, 89, 95, 99, 121, 122, 123, 131, 132, 133, 141, 149, 159, 165, 168, 187,
237, 243
équité 91, 231
erreurs 43, 49, 64, 83, 85, 106, 112, 114-116, 118, 120, 130, 155, 168, 174-177, 212-214, 216, 220,
229, 253, 255
espionnage 60, 245
espions 36, 45, 59, 60-61, 244-245, 252, 257
être surprise 128, 145, 256
évaluer les conditions 215
éviter les erreurs 115
éviter les problèmes 191, 202
exploiter la faiblesse 137
exploiter les avantages 167
F
face aux obstacles 72, 74, 223
faiblesse 23, 32, 34, 36-37, 80, 87, 91, 107, 111, 118, 137, 172, 205, 225
faiblesses 35, 42, 49, 68, 72, 79, 81, 87, 98-99, 106, 111-112, 116-118, 138, 140, 141, 149-150, 157,
165, 174, 182, 193, 219, 222, 226-227
fausses impressions 90
feng shui 121
force 16, 18, 24, 29-30, 32-33, 36-37, 40, 45, 48, 53, 64, 68, 76, 80-81, 87, 102, 116, 122, 131-134,
137-138, 140, 158, 171, 182, 229, 237
forces 17, 24, 27-28, 30-33, 35-36, 38, 47-49, 54, 56, 68, 72, 79, 81-82, 87-88, 93, 98-99, 106, 111-
112, 116-118, 120-122, 126, 131, 136, 138-139, 140-141, 144, 146-150, 157, 174, 183, 187, 191,
193, 200, 213, 216, 219, 222-223, 226-227
forces directes et indirectes 136
forces naturelles 121
forces opposées 93, 122, 131
force stratégique 48
forces universelles complémentaires 68
G
gagnant-gagnant 13, 16, 77, 135, 137-138, 157, 183, 222, 227, 248
gagnant-perdant 16, 135, 137, 235
gagner 29, 30, 52, 58, 61, 65, 74, 77, 81, 83, 99, 103, 105, 108, 110, 113, 119, 128, 135, 144, 157,
176, 178, 181, 186, 199, 206, 208-209, 218, 220-222, 227-228, 236, 259
gain 69, 91, 103, 144
gérer les attentes 187
gérer le temps 77, 194
Giles, Lionel 18
Gray, John 100
H
handicaps 69, 71, 193
harcèlement 11, 76, 230
Herbert, George 70
I
identifier les problèmes 240
illusion 23, 125, 137, 149
image 30, 89, 113, 114, 137, 141, 151, 152, 154, 171, 188, 194, 197-198, 224, 239
impression 23, 54, 73, 77, 80-81, 90, 125, 127, 131, 140, 163, 167, 205, 228, 237, 253
impressions 33, 90, 188
impressions négatives 91
imprudence 34, 42
inattendu 126, 191
inconvenance 73
influencer les circonstances 215
initiative 34, 124, 126, 127, 129
initiatives, Prenez des 142
innovation 122, 129, 142, 143, 191
innovations 121, 142, 143
innover 143
intégrité 64, 77, 131, 152, 166, 214, 253, 259
J
jalousie 153, 234, 239, 243
K
Kafka, Franz 134
L
lâcheté 42
la ruse afin d’embrouiller
l’ennemi 120
leadership 16, 64, 74, 77, 184, 194-197, 200, 206, 214
logistique 22, 38, 257
loyauté 94, 146, 184, 228
M
maîtrise de soi 40, 75, 95
maladie 68, 110, 159-160, 193
maladies 44, 160
management 64, 75, 77, 112, 117, 133, 182, 184, 186-187, 194-195, 197, 206, 212-214
manœuvrabilité 120, 124
manœuvres 32, 38-39, 150, 227
manœuvres orthodoxes ou hétérodoxes 31
menace 76, 145, 149, 160-161, 231, 235, 238
menaces 76, 77, 192, 230, 231, 237, 238, 242
mettre à profit 15, 237, 256
Microsoft Project 84, 190
moral 64, 83, 146, 196, 213, 228, 245
moralité 137
motivation 25, 65, 82, 111, 158, 160, 214
motivations 13, 66, 138, 212
N
naviguer 164, 166, 208, 223
négociation 135
négocier 94
O
objectifs 12, 14, 16, 56, 66, 72, 77, 84-87, 97, 99, 104, 108, 110, 112, 114, 122, 128-129, 133, 138,
141-142, 151, 169-170, 174, 176, 182, 186, 188, 198-199, 201-203, 208, 211, 228, 238, 240, 243,
252
obsession 42, 166, 168
obstacles 45, 64, 70, 79, 88, 105, 106, 138, 156, 166, 196, 200, 209, 211, 223, 242
optimisme 85, 111, 166, 167, 235
organisation 14, 17, 22, 31, 33, 77, 117, 204, 213, 221, 244
outil 77, 84, 91, 105, 245, 246
outils 14, 77, 105, 118, 137, 143, 149, 201, 204, 224, 257
P
patience 69, 111, 162, 167, 215, 251
Pease, Allan et Barbara 100
perception 66, 71, 89, 92, 136, 149, 150, 161
perceptions 71, 73, 89, 92
perdre de l’énergie 16
performance 104, 120, 136, 151, 161, 166, 168, 173, 188, 190, 219, 239, 241, 254
performances 12, 75, 240, 241
personnalité 15, 72, 73, 128, 150, 151, 161, 184, 192, 229
persuasion 94
perte 16, 21, 36, 64, 93, 203, 225, 238
pertes 13, 18, 42, 83, 93, 108, 169, 207, 209
pessimisme 166, 167
pièges 45, 56, 85, 167, 220, 256
pièges prévisibles 167
plafond de verre 71, 144
politique 12, 26, 64, 75, 77, 89, 122, 140, 145-146, 194, 209, 213, 220, 223, 231, 242, 252, 258
politiques 26, 30, 107, 237, 244
positionnement 164, 219
pouvoir 32, 48, 56, 58, 71, 91, 93, 94, 95, 113, 118, 120, 122, 131, 137, 144, 150, 152, 185, 192, 195,
199, 209, 211, 227, 239
pouvoir excessif 93
préoccupations des femmes 82, 122
préparation 14, 67, 77, 85, 95, 102, 105-106, 108, 111, 113-114, 117, 135-136, 166-167, 170, 179,
187-188, 197, 215, 219, 226, 227, 241
préserver votre énergie 170
prioriser 192
priorités 171, 192, 202-204, 236, 253
probabilité 23, 42, 103-104, 118, 124, 142, 167, 177, 214, 220, 227, 236, 238
probabilités 103, 108, 124, 142, 169, 212, 222
problèmes 13, 15-16, 19, 72, 75, 79, 82, 106, 113, 156, 158-162, 173-174, 182, 195-196, 201-203,
223, 229, 241-243
Q
qualités de dirigeant 47, 114, 140, 167, 184-185, 187, 194, 197-198
qualités de dirigeant négatives 167
R
réalité 11, 13, 89-90, 98, 115, 129, 131, 134-138, 148-149, 161, 163, 183, 197, 217, 237, 238, 243,
256
reconnaissance 16, 18, 65-66, 70, 110, 162, 189, 225
reconnaître les circonstances 167
Redelmeier, Donald A. 215
relations 74-75, 111, 139, 141, 150, 158, 165, 168, 183, 188, 193-194, 237, 249
relations interpersonnelles 70, 165, 194
relations professionnelles 73, 104
remaniements superficiels 125
remédier aux problèmes 162
reproche 115, 168
réseautage 91, 245-247, 250, 253, 255, 257
résistance 26, 33, 35, 53, 63, 84, 122, 124, 127, 138, 143
résoudre les problèmes 95, 241
responsabilité 17, 54, 74, 77, 83-84, 94, 97, 158, 175, 190, 196, 199, 208, 238
responsabilités 49, 65, 100, 105, 106, 108, 112, 124, 125, 139, 144, 148, 158, 166, 175, 179, 187,
193, 194, 199-201, 205, 218, 222
ressources 15, 16, 22, 32, 46, 67, 77, 83-86, 93, 95, 97, 104, 108, 110, 111, 118-119, 126, 142, 147,
169, 171, 174, 178, 184-185, 189-191, 194, 199, 200-201, 203, 205, 208, 211-212, 216, 225, 236-
238, 244
retour objectif 126
retours constructifs 112
risques 13, 76, 102-103, 115-116, 119, 142, 144, 165, 175, 178, 188, 198, 211, 216, 223
rivaliser 99, 101-102, 134, 146, 168, 183, 220
ruse 14, 23, 60, 255, 259, 260
ruse stratégique 23, 35, 39, 75, 93, 107, 126, 130, 136, 150, 237
S
sacrifices 69, 178, 209
sagesse 16, 22, 41, 60, 68, 114, 150, 192, 205
santé 68, 76, 109-110, 116, 149, 158-161, 192-193
s’échapper 53, 208
secret 12, 15, 35, 54, 70, 107, 128, 244, 245
se défendre 11, 35, 55, 91, 119, 235
sexisme 70, 72, 91, 144
Sima, Qian 18
sollicitude excessive 42
souplesse 27, 120, 124, 166, 170-172, 179, 228
sous-estimer 98, 184
soutien 11, 51, 57, 74-75, 80, 86, 103, 110, 112, 128, 142, 144, 181, 185, 191, 196, 205, 213, 221,
233, 236, 241
spéculations 256
stéréotypes 89, 100-102, 217, 219, 229
stratégie 14, 17, 22, 26, 27, 33, 36-37, 52, 57, 81, 82, 83, 101, 108, 111, 117, 128, 135, 145, 157, 163,
165, 183, 221, 236, 238, 240, 250
stratégies 13, 14, 16, 23, 54, 63, 67, 80, 96, 120-121, 125, 136, 150, 166-167, 206, 220, 227, 239
stress 79, 82, 160-161, 192, 205, 242
subtilité 35, 60, 76, 93, 136, 160, 202
Sun Tzu 12-18, 21, 23-24, 26, 29, 31, 34, 38, 41, 43, 48, 51, 57, 59, 63, 64, 67, 69, 71, 74-78, 80-83,
93, 96, 99, 105, 107-110, 113-114, 118-121, 123, 125-126, 131, 134, 136-138, 144, 146, 150, 157-
158, 160, 162, 165-169, 171, 179, 182, 184, 191, 194, 204, 207, 209, 211-212, 216-217, 220-221,
223-224, 226, 230-231, 235-237, 243-244, 247, 252, 256-257, 259, 260
Sun Wu 17
Sun Wu/Sun Tzu 17
surmonter les obstacles 72, 77
survie 211, 242
survivre 55, 159, 225, 257
T
tâche 85, 94, 101, 106, 108, 127, 129, 133, 142, 162, 170, 172, 179, 186, 189-190, 203, 212, 219,
228, 236
tâches 59, 84, 89-98, 114, 129, 133, 139, 140, 168, 170-171, 184, 186, 192, 195, 199, 203-204, 208,
210, 212, 236, 248
tactiques 12-14, 16, 17, 22, 28, 37-38, 41-42, 55, 63, 67, 108-109, 111, 125, 136, 145, 157, 167, 220
Tao 14, 21, 30, 49, 137-138
taoïsme 14
Tao Te King 14
Tenir le coup et s’en sortir 230
terrain 21, 22, 31, 34, 37, 39, 41-45, 48-50, 53, 54-56, 71-72, 118-119, 144, 146, 158, 164, 169, 198,
207-209, 211, 216-219, 221-222, 224-226, 248
terrain accessible 48, 207
terrain accidenté 223, 224
terrain à plusieurs issues 51-52, 55
terrain cerné 51-52, 55
terrain dangereux 41
terrain de contentieux 51, 55
terrain de dispersion 51
terrain de division 55
terrain de réunion 51-52, 55
terrain désespéré 51-52, 55, 225
terrain difficile 51-52, 55
terrain distant 48, 208
terrain embroussaillé 48, 208
terrain léger 51, 55
terrain où gagner du temps 48, 208
terrain précipité 48, 208
terrain restreint 48, 208
terrains 44, 48, 51, 55, 67, 217
terrain sérieux 51-52, 55
timing 32, 93, 95, 111, 120-123, 131, 134-136, 226
timing de l’univers 121-123, 136
timing personnel 123
tirer profit 16, 24, 39, 42, 52, 58, 95, 100, 120, 122, 124, 152, 217, 235
tirer profit des acquis 58
travail d’équipe 79, 106, 183
tyrans 91
V
valeur 17, 30, 32, 70, 77, 88-90, 92, 97-98, 109, 129, 134, 142-143, 150, 224, 236, 245, 247, 249-
250, 257
visibilité 107, 176
visualiser 113
voie directe 38
voie naturelle 13
voies menant aux fonctions managériales 186
votre pré carré 217
vulnérabilités 111, 118, 128, 146-147, 153, 165, 173, 216
W
Williamson, Marianne 71
Y
yin/yang 44, 67, 69, 149, 167
Maquette et composition : Soft Office