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n peu circonspects, les Burdi travaillent d’arrache-pied pour concevoir les dix-sept costumes

commandés par Michael Jordan. Et sitôt les costumes sont-ils livrés à Highland Park que le basketteur en
redemande. Encore et encore. Sa passion pour les costumes Burdi confine presque au fétichisme. Très
souvent, la star fait le déplacement jusqu’à East Walton Street pour compulser les liasses de tissus à
disposition. Le numéro 23 affectionne tout particulièrement la laine des vigognes, ces lamas à poil ras. Il
a aussi un faible pour les cotons du fabricant anglais Holland and Sherry. Sur tous les costumes de
Jordan, on retrouve la signature discrète des Burdi : un bouton unique au niveau de la manchette.
Quelques ajustements sont effectués au fil du temps. «À force de regarder les matchs de Michael, j’ai
remarqué qu’il avait les jambes arquées. J’ai donc modifié le bas de ses pantalons pour que cela ne se
voie pas», note ainsi Alfonso Burdi. Le tailleur est tellement absorbé par son travail que parfois, pendant
les essayages, il ne se rend pas compte qu’il pique les cannes de Sa Majesté avec ses aiguilles. «Michael
me criait dessus gentiment: “Pops, faites attention, je dois jouer demain !”» Soudainement, Jordan est
salué et reconnu pour son allure. Un jour, il envoie Rino Burdi à New York récupérer en son nom un prix
célébrant son style si personnel. À Chicago, quelques-uns de ses coéquipiers, comme son fidèle
lieutenant Scottie Pippen ou l’ogre australien Luc Longley, viennent demander aux Burdi de leur
façonner des costumes semblables à ceux de Michael. «Qu’on le veuille ou non, Michael a crée une
mode, martèle Reno Burdi. Le look extra-large de Michael s’est retrouvé partout en quelques mois.»
Copié, Michael Jordan repousse ses limites. Un jour, il commande aux Burdi un blazer d’un rouge
semblable, au pigment près, à celui du taureau des Chicago Bulls. Alfonso et Rino sont contraints de
demander au tisseur Loro Piana de fabriquer un rouleau de tissu spécial. «Ils n’avaient jamais fait de
rouge comme ça. Pour l’obtenir, ils ont dû nettoyer de fond en comble leurs machines et leurs cuves. Il
fallait être certain que rien ne puisse contaminer le rouge», se souvient Rino Burdi. Naturellement, à
chaque fois qu’il s’adresse au monde, Michael Jordan parade dans ces costumes monstres. Le 6 octobre
1993, lorsqu’il annonce sa retraite, il arbore un complet de couleur crème. Le 19 mars 1995, le voici en
gris, motif prince de Gales, pour dire qu’il revient sur les parquets. Le 13 janvier 1999, pour annoncer
une nouvelle fois sa retraite, il porte cette fois un complet noir comme la nuit. C’est l’un des tous
derniers costumes faits pour Jordan par les Burdi. Quelques mois plus tard, la star quittera Chicago pour
rejoindre Washington, et effectuer une dernière pige. Plus rien ne sera comme avant. Ni sur les parquets
ni en dehors.

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