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 Huit milliards d'habitants sur Terre : pourquoi la


planète n'est pas "surpeuplée" (et ne le sera pas)
 Eight billion inhabitants on Earth: why the planet is not "overpopulated" (and will not
be)

D’après les projections de l’ONU, nous franchirons le cap des 8 milliards de terriens ce
15 novembre. Et nous culminerons à 10,4 milliards dans les années 2080 avant de diminuer,
alors que l’urgence écologique et l’épuisement de nos ressources nous menacent. Si bien que
certains s’interrogent : faut-il continuer à faire des enfants ?

Le retour du piège démographique ? Au tournant du XIXe siècle, le pasteur Thomas Malthus


s’alarmait d’une croissance incontrôlée de la population, qui condamnerait l’humanité à la
pauvreté par épuisement des ressources. Ces craintes ont ensuite été balayées par la baisse de
la fécondité et la révolution industrielle… mais sont remises au goût du jour par la crise
environnementale : alors que, d’après l’ONU, nous atteindrons les 8 milliards d’habitants le
15 novembre, certains écologistes vont jusqu’à défendre un contrôle des naissances pour
soulager la planète. « Le nombre d’êtres humains sur la Terre est forcément déterminant dans
la pression exercée sur la nature » plaide ainsi Didier Barthès, porte-parole de l’association
Démographie responsable.

À l’avenir, cette pression démographique devrait même augmenter, jusqu’à atteindre un pic de
10,4 milliards d’habitants dans une soixantaine d’années. Car si le taux de fécondité est
désormais inférieur à 2,1 dans la plupart des pays développés, seuil sous lequel la taille d’une
population baisse mécaniquement, il dépasse encore 5 dans certains pays pauvres. « Les
milliards d’individus supplémentaires naîtront principalement au Moyen-Orient, en Asie de
l’Ouest, mais surtout en Afrique » décrit Gilles Pison, démographe et auteur d’un Atlas de la
population mondiale. Une personne sur six vit aujourd’hui sur ce continent, qui devrait abriter
plus d’un tiers de l’humanité à la fin du siècle.

AUGMENTER FORTEMENT LES RENDEMENTS


AGRICOLES
La planète pourra-t-elle supporter 2 milliards d’habitants supplémentaires ? « Cette question
n’a pas forcément de sens, parce qu’il n’y a pas de limite naturelle balaie Sandrine Paillard,
économiste et directrice du pôle français de Future Earth, un programme international de
recherche sur le développement soutenable. Avant l’invention de l’agriculture, la planète ne
pouvait pas nourrir plus de quelques centaines de milliers de personnes. Quant à l’avenir,
toutes les projections montrent que l’on pourra nourrir 10 milliards d’habitants tout en limitant
les impacts sur l’environnement, même en intégrant les répercussions du changement
climatique. »

C’est ce que soutient un rapport publié en décembre 2018 par le cercle de réflexion World
Resources Institute (WRI), et auquel ont participé des chercheurs français du Centre de
coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et de -
l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Ces
travaux estiment que, en 2050, l’agriculture pourrait sustenter 10 milliards d’habitants tout en
utilisant moins de terres qu’aujourd’hui, et en réduisant fortement ses émissions de gaz à effet
de serre. Grâce notamment à deux leviers : une forte hausse des rendements agricoles,
atteignable même sans « rupture technologique », et une baisse de la consommation de viande
en Europe et en Amérique. « Il y a d’énormes marges de rendement en Afrique, notamment
grâce à des pratiques s’appuyant sur une meilleure connaissance des écosystèmes » précise
Sandrine Paillard.

Au-delà du nombre de bouches à nourrir, nos modes de production et de consommation sont


donc déterminants. Et ce constat ne vaut pas que pour l’agriculture : « Plutôt que de la
démographie, le problème vient du mode de vie du milliard d’habitants des pays riches, qui
n’est pas durable » souligne Gilles Pison. Problème : si le reste du monde se développe à son
tour, ne risque-t-on pas de crever le plafond ? Pas si sûr, puisque la pollution ne se résume pas
non plus au niveau du PIB. En témoignent les exemples du Canada et de la France : alors que les
deux pays ont un niveau de richesse comparable, un Français a émis en moyenne 6,48 t de CO2
en 2019, contre 15,38 t pour son homologue canadien. Des économies de même taille peuvent
consommer plus ou moins d’énergie fossile. Autrement dit, même 10 milliards d’humains sortis
de la pauvreté ne seraient pas forcément « trop nombreux ».

ACTIONNER LE LEVIER DE L’INSTRUCTION


Plutôt que leur nombre d’enfants, le modèle de développement des pays pauvres sera donc
crucial. Sans compter que, même si l’on voulait restreindre les naissances, une telle politique
mettrait plusieurs décennies à porter ses fruits. « La majorité des personnes qui seront en vie
lorsque nous atteindrons les 10 milliards sont déjà nées. Il est donc illusoire de vouloir jouer sur
la population humaine à court terme » insiste Gilles Pison. En effet, des milliards de personnes
sont déjà en âge de procréer : même si les femmes ne faisaient toutes qu’un enfant, les
naissances resteraient plus nombreuses que les décès, vu les faibles effectifs de personnes
âgées au niveau mondial. Si une politique de l’enfant unique était instaurée en France, celle-ci
ne réduirait par exemple les émissions de CO2 que de 3 à 11 % en 2100, d’après les calculs de
l’ingénieur Emmanuel Pont, auteur de Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète
? paru au début de 2022.

Malgré tout, une baisse accélérée de la fécondité pourrait être bénéfique dans certaines
régions. Notamment en Afrique subsaharienne, où la pression démographique sera la plus forte
dans les décennies à venir : « S’approcher plus rapidement du taux de fécondité de 2,1 enfants
par femme y réduirait grandement les risques de famine, [tout] en réduisant les contraintes
environnementales » plaide le rapport du WRI. « Dans cette région, il faut actionner le levier de
l’instruction des jeunes filles : les pays dans lesquels les femmes ont un haut niveau d’éducation
ont un taux de fécondité plus faible », précise Gilles Pison. Plutôt que de réviser Malthus, mieux
vaut construire des écoles et des centres de planning familial là où l’humanité en manque.

According to UN projections, we will cross the milestone of 8 billion earthlings on November 15.
And we will peak at 10.4 billion in the 2080s before declining, as the ecological emergency and
the depletion of our resources threaten us. So much so that some are wondering: should we
continue to have children?

The return of the demographic trap? At the turn of the 19th century, Pastor Thomas Malthus
was alarmed by uncontrolled population growth, which would condemn humanity to poverty
through resource depletion. These fears were then swept away by the decline in fertility and
the industrial revolution... but are brought up to date by the environmental crisis: while,
according to the UN, we will reach 8 billion inhabitants on November 15 , some
environmentalists go so far as to defend birth control to relieve the planet. "The number of
human beings on Earth is necessarily decisive in the pressure exerted on nature" pleads Didier
Barthès, spokesperson for the Responsible Demography association.
In the future, this demographic pressure should even increase, reaching a peak of 10.4 billion
inhabitants in about sixty years. Because if the fertility rate is now below 2.1 in most developed
countries, the threshold below which the size of a population falls mechanically, it still exceeds
5 in some poor countries. “The billions of additional individuals will be born mainly in the
Middle East, in West Asia, but especially in Africa” describes Gilles Pison, demographer and
author of an Atlas of the world population. One in six people now live on this continent, which
is expected to be home to more than a third of humanity by the end of the century.

Will the planet be able to support 2 billion additional inhabitants? “This question does not
necessarily make sense, because there is no natural limit sweeps Sandrine Paillard, economist
and director of the French pole of Future Earth, an international research program on
sustainable development. Before the invention of agriculture, the planet could not feed more
than a few hundred thousand people. As for the future, all projections show that we will be
able to feed 10 billion people while limiting the impact on the environment, even taking into
account the repercussions of climate change. »

This is supported by a report published in December 2018 by the World Resources Institute
(WRI) think tank, and in which French researchers from the Center for International
Cooperation in Agricultural Research for Development (CIRAD) and National Research Institute
for Agriculture, Food and the Environment (Inrae). This work estimates that, in 2050,
agriculture could support 10 billion people while using less land than today, and significantly
reducing its greenhouse gas emissions. Thanks in particular to two levers: a sharp increase in
agricultural yields, achievable even without “technological breakthrough”, and a drop in meat
consumption in Europe and America. “There are huge yield margins in Africa, in particular
thanks to practices based on a better knowledge of ecosystems,” says Sandrine Paillard.

Beyond the number of mouths to feed, our production and consumption methods are
therefore decisive. And this observation does not only apply to agriculture: “Rather than
demography, the problem comes from the way of life of the billion inhabitants of rich countries,
which is not sustainable” underlines Gilles Pison. Problem: if the rest of the world develops in
turn, don't we risk breaking the ceiling? Not so sure, since pollution is not limited to the level of
GDP either. The examples of Canada and France bear witness to this: while the two countries
have a comparable level of wealth, a French person emitted an average of 6.48 t of CO2 in
2019, compared to 15.38 t for his Canadian counterpart. Economies of the same size may
consume more or less fossil energy. In other words, even 10 billion people lifted out of poverty
would not necessarily be “too many”.

Rather than their number of children, the development model of poor countries will therefore be
crucial. Not to mention that, even if we wanted to restrict births, such a policy would take several
decades to bear fruit. “The majority of people who will be alive when we hit 10 billion have already been
born. It is therefore illusory to want to play on the human population in the short term,” insists Gilles
Pison. Indeed, billions of people are already of childbearing age: even if all women had only one child,
births would still outnumber deaths, given the low numbers of elderly people worldwide. If a one-child
policy were introduced in France, it would, for example, only reduce CO2 emissions by 3 to 11% in 2100,
according to the calculations of the engineer Emmanuel Pont, author of Faut-il stop having children to
save the planet? released in early 2022.

Despite everything, an accelerated decline in fertility could be beneficial in certain regions. Particularly
in sub-Saharan Africa, where demographic pressure will be greatest in the decades to come:
"Approaching the fertility rate of 2.1 children per woman more quickly would greatly reduce the risk of
famine there, [while] reducing environmental constraints” argues the WRI report. "In this region, we
must activate the lever of the education of young girls: countries in which women have a high level of
education have a lower fertility rate", specifies Gilles Pison. Rather than revise Malthus, it is better to
build schools and family planning centers where humanity lacks them.

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