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2012-2013
TD 11
LA FISCALITE OPTIMALE DES BIENS ET DES REVENUS
L’Etat peut taxer 2 types de domaine : les biens et les revenus. (+ les sociétés…)
TD porte sur la taxation des biens
Conduit à distinguer entre prix payé par le consommateur et prix perçu par le producteur
O O’=g(p-t)
O=g(p)
C B
p c* pc*
p 0* A p0* A
p p* pp* C
B
D=f(p)
D’=f(p+t) D
q1* q0* q 1* q0*
Equilibre avant taxe : point A défini par Equilibre avant taxe : point A défini par
O=D (courbe de demande avant impôt : O=D (courbe d’offre avant impôt :
D=f(p)) O=g(p))
p0* = prix d’équilibre avant la taxe p0* = prix d’équilibre avant la taxe
On obtient le prix taxe comprise, qui est On obtient le prix hors taxe, qui est aussi
aussi le prix payé par le consommateur le prix perçu par le producteur (pp*), en
(pc*), en ajoutant le montant de la taxe à retranchant le montant de la taxe à pc*.
pp*. On est alors au point C. On est alors au point C.
2 questions principales se posent :
- question de l’efficacité de la taxation (problème de la perte sèche)
QUESTIONS
Question 11.1. Incidence et perte sèche. La demande de rutabaga est Qd = 240 – 6p et l’offre Qo = - 60
+ 4p. Il existe une taxe unitaire de 4$ prélevée sur les ventes de rutabaga.
2
a. Qui supporte l’incidence statutaire de cette taxe ?
La taxe porte sur la vente. C’est donc le producteur qui supporte l’incidence statutaire de la taxe.
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On obtient enfin le prix payé par le consommateur pc* :
p ∗c = p ∗p + t = 27,6 + 4
p ∗c = 31,6
Si la taxe est désormais prélevée sur les consommateurs, la perte sèche associée à cette taxe sera-t-elle modifiée ?
Le 1er principe de la théorie de l’incidence est celui de l’équivalence d’un impôt dû par les offreurs
et d’un impôt dû par les demandeurs. La perte sèche ne sera donc pas modifiée.
Si on observe l’incidence :
Charge du consommateur = pc* - p0* = 33,33 – 33,33 = 0
Charge du producteur = p0* - pp* = 33,33 – 29,33 = 4
4
Lorsque l’offre est inélastique, c’est le producteur qui supporte toute la charge de la taxe. Si c’était
la demande qui était inélastique, ce serait le consommateur qui aurait assumé la totalité de la
charge de la taxe.
=> 2ème principe de la théorie de l’incidence : l’incidence dépend de l’élasticité de l’offre et de la
demande. Les agents qui subissent le plus la charge de l’impôt sont ceux dont l’offre ou la
demande tend à être inélastique = ceux qui ont le plus de difficulté à échapper à l’impôt en
reportant leur offre ou leur demande sur les marchés de biens non ou moins imposés.
On remarque que lorsque l’offre est inélastique, la perte sèche est nulle. On aurait un résultat
similaire si c’était la demande qui était inélastique.
(=> taxation forfaitaire ?)
Rmq :
Objectif de l’exercice mesurer les variations de bien-être consécutives à l’introduction
d’une taxe. On sait que les meilleurs types de mesure des variations de bien-être sont
variation équivalente et variation compensatoire. Dans les exercices proposés, on va
ignorer l’effet revenu => on utilise des fonctions de demande qui ne dépendent pas
du revenu => surplus est une bonne mesure. + ça simplifie les choses
A l’équilibre, en l’absence de taxe ou de subvention, le prix payé par l’acheteur est le même que le
prix reçu par le vendeur, soit p D = p S = p et la quantité demandée par l’acheteur est égale à la
quantité offerte par le vendeur, soit q D = q S = q . Les prix et quantité d’équilibre se déduisent
donc du système à 2 équations suivant :
q = 120 − 2 p
=> 120 − 2 p = 4 p => 6 p = 120 => p = 20 et q = 4 × 20 = 80
q = 4p
5
prix
60
20
b
D
quantité
0 80
(60 − 20) × 80
Surplus du consommateur (a) : SC = = 1600
2
20 × 80
Surplus du producteur (b) : SP = = 800
2
(unités : en dollars si les prix sont en dollars)
b. Supposez maintenant que le gouvernement lève une taxe de 6$ sur chaque bien échangé. Quel est le nouvel
équilibre ? Quelles sont les variations des surplus du producteur et du consommateur et le coût en bien-être de la
politique de taxation ?
Du fait de la taxe, le prix payé par l’acheteur est désormais supérieur au prix reçu par le vendeur.
(pD > pS)
=> q t = 4 × 18 = 72
6
prix
60
O
c
24
e f
18
d
D
quantité
0 72
(60 − 24) × 72
Surplus du consommateur (c) : SC = = 1296
2
18 × 72
Surplus du producteur (d) : SP = = 648
2
Montant perçu par le gouvernement (e) : T = (24 − 18) × 72 = 432
(24 − 18)(80 − 72)
Perte sèche (f) : DWL = = 24
2
Au total, du fait de la taxe, les acheteurs et les vendeurs ont vu leur surplus total diminuer de :
(1600 + 800) − (1296 + 648) = 456 . Une partie de ce surplus a été appropriée par le
gouvernement (432) et une partie a été perdue pour l’économie (coût en bien-être de la politique
de taxation : 24).
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Impôt forfaitaire = impôt qui ne provoque pas de perte de bien-être, donc pour
lequel la perte sèche est nulle. seul impôt à être parfaitement efficace. Simple
transfert du consommateur ou du producteur vers l’Etat (recettes fiscales).
=> il n’a aucun effet substitution. il ne provoque pas de distorsion des choix des
consommateurs. le contribuable ne peut en affecter le montant par une modification
quelconque de son comportement
- raison politique ou éthique : d’autre part, impôt très injuste et très impopulaire (on
taxe de la même manière les riches et les pauvres). L’impôt est souvent vu comme un
outil de redistribution => on retrouve le dilemme efficacité-équité : un impôt efficace
n’est en général pas équitable => trade-off entre ces 2 objectifs
=> L’idée d’impôt forfaitaire sert « d’idéal » auquel on compare les solutions mises en
pratique (multitude de sorte : proportionnel, progressif…) qui sont du second rang et
sont source d’une plus ou moins grande inefficacité.
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l’ensemble des coûts (perte sèche + coûts adm…) générés par l’imposition d’une taxe est
généralement pris en compte (dans les ACB par exemple) par le coût marginal des fonds publics
/ coût d’opportunité des fonds publics (marginal cost of raising public funds)
=> On introduit dans le calcul économique un coefficient multiplicateur (supérieur à 1 – noté α)
appliqué à tout euro public dépensé dans un projet public et représentant le prix fictif d’une unité
de fonds public.
Ainsi, on considérera qu’il est déraisonnable de dépenser un euro supplémentaire dans un projet
si le gain qu’en retire la collectivité est inférieur à α euro.
En France, le rapport Lebègue recommande de choisir la valeur de 1,2 comme coefficient
multiplicateur représentant le coût marginal des fonds publics.
Rq :
1 ∗
Avec les notations des graph du début : DWL = AireABC = (q 0 − q1∗ )( p c∗ − p ∗p )
2
=> q s = 4 × 21 = 84
9
prix
60
O
g
21 k
i l
j
18 h
D
quantité
0 84
(60 − 18) × 84
Surplus du consommateur (g+i+j) : SC = = 1764
2
21 × 84
Surplus du producteur (h+i+k) : SP = = 882
2
Coût pour le gouvernement (i+j+k+l) : C = (21 − 18) × 84 = 252
(21 − 18)(84 − 80)
Perte sèche (l) : DWL = =6
2
Au total, du fait de la subvention, les acheteurs et les vendeurs ont vu leur surplus total
augmenter de : (1764 + 882) − (1600 + 800) = 246 . Mais comme la subvention a coûté 252 au
gouvernement, la politique se traduit par une perte sèche de 6 (coût en bien-être de la politique de
subvention).
Question 11.4. La taxation optimale. => régle de Ramsey (similaire à tarification Ramsey-
Boiteux)
On considère une économie comprenant deux marchés repérés par l’indice h = 1,2 . Sur chaque marché on
distingue le prix à la consommation qh et le prix à la production égal à 1. La différence th = qh − 1 représente la
taxe sur le bien h. La demande totale des consommateurs pour le bien h, notée yh est définie par :
yh = 1 + α h − α h qh avec α h > 0
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b. Le gouvernement doit prélever un total de taxe T. Il choisit les taxes qui maximisent le surplus total des
consommateurs sous cette contrainte [revient à minimiser la perte sèche]. Calculez le rapport t2 t1 pour les taxes
optimales et interprétez le résultat.
Le gouvernement choisit les taux de taxes t1 et t2 de manière à maximiser le surplus des
consommateurs (SC1+SC2) en respectant la contrainte fiscale. Son programme s’écrit donc :
Max. SC1 + SC2
s.c. t1 y1 + t 2 y 2 = T
Le surplus du consommateur sur le marché h, noté SCh, est égal à l’aire du triangle ABC sur la
figure :
Prix à la
consommation
1+αh A
αh
q Fonction de
C demande du
qh bien h
B
yh
1 + α h − α h qh
Autrement dit :
1 1+αh
SC h = × (1 + α h − α h q h ) × ( − qh )
2 αh
1 1 + α h − α h qh
SC h = × (1 + α h − α h q h ) × ( )
2 αh
(1 + α h − α h q h ) 2
SC h =
2α h
En utilisant le fait que t h = q h − 1 , on peut écrire :
y h = 1 + α h − α h q h = 1 − α h (q h − 1) = 1 − α h t h
On peut ainsi réécrire le surplus du consommateur et la contrainte budgétaire :
(1 − α h t h ) 2
SC h = et t1 (1 − α 1t1 ) + t 2 (1 − α 2 t 2 ) = T
2α h
(1 − α 1t1 ) 2 (1 − α 2 t 2 ) 2
L= + + λ (t1 (1 − α 1t1 ) + t 2 (1 − α 2 t 2 ) − T )
2α 1 2α 2
Les taxes optimales vérifient les conditions :
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∂L 1
= × 2 × (1 − α 1t1 ) × (−α 1 ) + λ (1 − 2α 1t1 ) = 0
∂t1 2α 1
∂L
Soit = −(1 − α 1t1 ) + λ (1 − 2α 1t1 ) = 0
∂t1
∂L
= −(1 − α 2 t 2 ) + λ (1 − 2α 2 t 2 ) = 0
∂t 2
1 − α 1 t1 1 − α 2t2
Ceci implique : λ = =
1 − 2α 1t1 1 − 2α 2 t 2
t 2 α1
Et donc : α 1t1 = α 2 t 2 , ou encore : =
t1 α 2
Le rapport du taux de taxe des 2 biens est égal à l’inverse du rapport des élasticités-prix : plus la
demande d’un bien est fortement élastique au prix, moins il doit être taxé. On retrouve ici une
formulation simplifiée de la règle de taxation de Ramsey (règle de l’élasticité inverse).
Intuitivement, l’idée est simple et repose sur le fait que la perte sèche générée par une taxe varie
en fonction des élasticités de l’offre et de la demande. Plus précisément, la perte sèche (la
réduction de surplus par euro de recette fiscale) est d’autant plus grande que la demande de bien
est fortement élastique au prix (cf ex. 11.1). Il convient donc de taxer faiblement les biens à
demande très élastique et de taxer fortement les biens à demande peu élastique.
[Ce résultat doit toutefois être infléchi si des objectifs redistributifs sont poursuivis : par exemple
si les bien 1 est surtout consommé par des individus que l’on souhaite avantager parce qu’ils sont
défavorisés dans la distribution des revenus, il peut être judicieux de ne pas trop le taxer. On voit
alors que l’objectif d’efficacité (maximiser la somme des surplus) peut entrer en conflit avec celui
de l’équité (avantager les individus défavorisés).]
− b ± ∆ 12 ± 48 6 ± 12
Le polynôme admet donc 2 solutions : t 2 = = =
2a 2 × 24 24
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Soit : t 2 = 0,106 et t 2 = 0,394
La solution optimale correspond à la valeur la plus basse des taux de taxes (le surplus total
prenant alors la valeur la plus grande). On a donc :
t 2 = 0,106 et t1 = 0,212
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