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bibliothèque d’histoire médiévale

sous la direction de Martin Aurell,


Élisabeth Crouzet-Pavan et Michel Sot
14

Lyon, entre Empire et Royaume


(843-1601)
Ouvrage publié avec le soutien de l’UMR 5648 – CIHAM
« Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens
et musulmans médiévaux », de l’UMR 5037 – IHPC
« Groupe Renaissance et âge classique » et de la Ville de Lyon
Lyon,
entre Empire
et Royaume
(843-1601)

Textes et documents

Sous la direction d’Alexis Charansonnet,


Jean-Louis Gaulin, Pascale Mounier et Susanne Rau,
avec la collaboration de Frédéric Chartrain

PARIS
CLASSIQUES GARNIER
2015
Alexis Charansonnet, maître de conférences d’histoire médiévale à l’université
Lumière - Lyon 2, travaille sur la prédication et la communication politiques, les
relations de Lyon et des Capétiens, la compétition entre les royaumes de France et
d’Angleterre, la culture et la religion des nobles, à la fin du Moyen Âge.

Jean-Louis Gaulin est professeur d’histoire médiévale à l’université Lumière -


Lyon 2. Ses recherches portent sur l’histoire de l’Italie, de la Savoie et de Lyon au
Moyen Âge. Il dirige le CIHAM – UMR 5648 « Histoire, archéologie, littératures
mondes chrétiens et musulmans médiévaux » (Lyon-Avignon).

Pascale Mounier, maître de conférences de lettres à l’université de Caen, travaille sur


le roman au xvie siècle (Le Roman humaniste, Paris, 2007 ; Urbain, édition critique
avec Janine Incardona, Genève, 2013 ; Jean des Gouttes, Philandre, édition critique,
Paris, 2015). Elle examine plus largement les rapports entre histoire et fiction d’un
point de vue épistémologique et de poétique des genres.

Susanne Rau, professeur d’histoire moderne à l’université d’Erfurt et vice-présidente


chargée de la recherche, est spécialiste d’histoire spatiale et d’histoire de l’historiographie.
Elle travaille actuellement sur l’histoire de la cartographie (la maison Perthes, Gotha) et
l’histoire urbaine dont celle de Lyon (Räume der Stadt. Eine Geschichte Lyons 1300-1800,
2014). Elle a été professeur invité à l’ENS de Lyon à plusieurs reprises.

© 2015. Classiques Garnier, Paris.


Reproduction et traduction, même partielles, interdites.
Tous droits réservés pour tous les pays.

ISBN 978-2-8124-5984-9 (livre broché)


ISBN 978-2-8124-5985-6 (livre relié)
ISSN 2107-1853
INTRODUCTION
« Part de l’Empire » – « Part du Royaume »
Appartenances, ruptures et confins

RUPTURE

« Le roi de France prit la cité1 ». C’est dans ces termes directs que
le dominicain Bernard Gui commente les événements de l’année 1312
qui aboutissent à la cession de la ville de Lyon au roi Philippe le Bel
par l’archevêque Pierre de Savoie. Mais qui s’en souvient aujourd’hui ?
Dans la préface à un aperçu sur l’avancement des sciences à Lyon et
dans sa région publié en 1906, Édouard Herriot (1872-1957), alors à l’aube
de sa longue carrière de maire de la cité rhodanienne, écrit que la nature
n’a pas donné de frontières au Lyonnais2. Né à Troyes en Champagne, il
vante ici « l’indépendance » et l’ouverture de sa ville d’adoption que, dans
le même ouvrage, l’historien et géographe Sébastien Charléty (1867-1945)
décrit lui aussi comme une ville non fermée, sans bornes naturelles, créée
par « un fait géographique, le confluent de la Saône et du Rhône ». À
propos de la période médiévale de la ville, Charléty se rappelle que Lyon a
d’abord fait partie de l’Empire germanique, au moins « théoriquement ».
En réalité, écrit-il, Lyon était une ville « indépendante3 ».
Pour Fernand Braudel (1902-1985) aussi, l’histoire de Lyon est liée au
fleuve et au confluent. Le célèbre historien la considère comme une ville
1 Rex Francie habuit civitatem. Voir Lyon, de l’Empire au Royaume : autour du rattachement de
la ville de Lyon à la France, 7e centenaire du traité de Vienne (avril 1312). Actes du colloque de
Lyon, 27-28-29 septembre 2012, éd. par Alexis Charansonnet, Jean-Louis Gaulin et Xavier
Hélary, à paraître.
2 Herriot, Édouard, « Préface », dans Lyon et la région lyonnaise en 1906, Lyon : Alexandre
Rey, 1906, p. xv-xvii.
3 Charléty, Sébastien, « Sommaire de l’histoire de Lyon », dans Lyon et la région lyonnaise en
1906, Lyon : Alexandre Rey, 1906, p. 20 et p. 31.
8 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

marchande, à la fois capitale régionale et capitale européenne – dépendante


par conséquent des logiques internationales. Mais il rappelle également
que la trajectoire de la ville est liée à la genèse même de la France et au
déplacement par à-coups de ses frontières vers l’est, du xiiie au xixe siècle1.
Lyon n’a en effet pas toujours été française. Avant d’être annexée
au Royaume, la ville a été gouvernée par un puissant archevêque et a
fait partie durant trois siècles de l’Empire germanique, cette grande
construction politique de l’Occident médiéval qui a réuni, à partir de
962, le royaume de Germanie, l’Italie du nord (jusqu’à Rome), mais
aussi, à partir de 1032, le royaume de Bourgogne (l’actuel Sud-Est de
la France), incluant la seigneurie ecclésiastique lyonnaise.
Vers 1300, Lyon était une ville de Saône, également campée sur les
deux rives : en rive droite se trouvait la cité épiscopale, surplombée par
le bourg fortifié de Saint-Just ; en rive gauche, le bourg, d’abord centré
sur l’église Saint-Nizier, se développa ensuite autour des grands cou-
vents, principalement ceux des prêcheurs (les Jacobins) et des mineurs
(les Cordeliers). Le Rhône, dont les eaux rencontraient celles de la Saône
très en amont par rapport à l’actuelle Confluence – c’est le monastère
d’Ainay qui limitait la ville au sud – formait une véritable barrière
urbaine qui n’a été franchie qu’avec les grands travaux des ingénieurs
et architectes de la fin du xviiie siècle. Mais où passait la frontière du
Royaume dans cette ville avec deux fleuves ? Quelle était sa nature ?
Quel impact avait-elle dans la vie quotidienne ? C’est à cet âge presque
oublié de l’histoire de la ville de Lyon que ce livre est consacré.
De la ville d’aujourd’hui, les sociologues nous apprennent qu’elle
est spontanément décrite par les Lyonnais et les observateurs extérieurs
sur un mode ambivalent, comme bourgeoise et populaire, catholique
et franc-maçonne, industrieuse et épicurienne, fermée ou ouverte2. Les
historiens remarquent que cette série d’images contrastées n’intègre
pas la notion d’appartenance ou de non-appartenance à un espace
français – question qui se pose spontanément dans le cas de Nice ou
de Strasbourg par exemple. La ville semble en effet avoir toujours fait
partie du Royaume.

1 Braudel, Fernand, L’identité de la France. 1 : Espace et histoire, Paris : Arthaud, 1986, p. 249
et p. 260-266.
2 Authier, Jean-Yves, Grafmeyer, Yves, Mallon, Isabelle, et Vogel, Marie, Sociologie de Lyon,
Paris : La Découverte (Repères ; 556), 2010, p. 6-22.
INTRODUCTION 9

L’un des principaux stéréotypes associés à Lyon, celui de la ville aux


multiples titres de capitale, insiste au contraire sur le lien qui unit le
destin de la cité rhodanienne à l’histoire de la Gaule puis de la France.
De la capitale des Gaules à la capitale de la Résistance, la liste des hon-
neurs que peut revendiquer la ville de Lyon est hétéroclite et toujours
ouverte. Du point de vue de la trajectoire historique de la ville, cette
accumulation de titres renvoie inévitablement à la concurrence séculaire
entre Lyon et Paris, à l’opposition entre ces deux villes qui constitue « un
trait fort de l’imagerie et de l’identité lyonnaises1 », et, en définitive, à
l’appartenance de Lyon à un espace géo-politique centré sur « la » capitale.
Les relations entre Lyon et le pouvoir central ont laissé des traces
souvent douloureuses dans la mémoire locale, dont le musée d’Histoire
de la ville de Lyon (musées Gadagne) se fait encore aujourd’hui l’écho.
On pense, par exemple, au souvenir du siège de Lyon, déclarée rebelle
à la Convention, en 1793 – « Lyon fit la guerre à la Liberté : Lyon n’est
plus. » – ou à celui des deux révoltes des Canuts réprimées par l’armée
sous la Monarchie de Juillet (1831 et 1834)2. Il semble toutefois diffi-
cile de trouver à Lyon des traces visibles, qu’elles soient anciennes ou
commémoratives, des débuts de l’histoire complexe des relations entre
Lyon et Paris ou, plus largement, de l’entrée de la ville dans l’espace
français et son histoire. L’un des salons de l’Hôtel de ville, pourra-t-on
nous objecter, est décoré d’une fresque peinte sous la Troisième République
représentant la concession à la ville de la Charte sabaudine, qui donna
aux Lyonnais en 1320 leurs premières « libertés3 ». Mais l’épisode que
l’on a voulu représenter est celui de l’origine du consulat lyonnais,
dont se revendiquent les institutions municipales modernes, et non
les démêlés de l’archevêque Pierre de Savoie, seigneur de la ville, avec
Philippe le Bel et ses fils. Quant au défilé folklorique annuel de quelques
pennons de quartier4, il peine à célébrer dignement l’anniversaire de
la charte de 1320.

1 Ibidem, p. 19.
2 Musée d’Histoire de la ville de Lyon (musées Gadagne), salle 18.
3 L’œuvre, datée de 1889, se trouve dans le Salon Henri IV ou Salon de la Nomination,
au-dessus de la cheminée. L’auteur de cet Affranchissement de la Commune de Lyon en 1320
est le peintre Joanny Domer (1833-1896) ; cf. L’Hôtel de ville de Lyon, Paris : Imprimerie
nationale, 1998, p. 123.
4 Les pennons sont responsables d’une compagnie de quartier ou pennonage. Le mot pennon
désignait aussi la bannière portée par ces officiers.
10 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Seul un retour aux sources historiques peut restituer l’histoire


du rattachement de Lyon au Royaume, et plus largement l’histoire
compliquée des changements d’appartenance de Lyon et des Lyonnais.
Car l’histoire de la « francisation » de Lyon ne se réduit pas à une seule
charte, si importante soit-elle. Les documents qui composent ce recueil
proposent une relecture des étapes, des modalités et des conséquences
du changement politique qui a fait de Lyon, dans les deux premières
décennies du xive siècle, une ville française certes, mais pour long-
temps encore – dans le langage des officiers du roi – « assize sur les
extremitez et lisieres » du Royaume. L’idée est de voir comment, sur la
longue durée, les textes et les représentations artistiques produits par la
municipalité, par les citadins ou par des étrangers ont posé, invalidé ou
encore fait perdurer le rattachement tardif et difficile au Royaume. Cela
seul permet de comprendre la surprenante récurrence des expressions
« part de l’Empire » et « part du Royaume » dans le discours officiel
et les productions sociales jusqu’au xvie siècle, relayées même jusqu’à
la veille de la Révolution par les formules « côté de Saint-Nizier » et
« côté de Fourvière ».
L’enquête sur Lyon ville frontière doit commencer au partage de
l’Empire carolingien, qui a lié en 843 le destin de ses habitants à
celui de la Lotharingie et des royaumes qui s’en sont détachés. Elle
est restée une « clé du Royaume », métaphore utilisée puisque la ville
était située à quelques kilomètres de la frontière jusqu’au Traité de
1601, par lequel la Savoie cède la Bresse, le Bugey et le Valromey au
royaume de France. Durant cette longue période, la ville a appartenu à
plusieurs constructions politiques, de l’Empire carolingien au royaume
de Bourgogne, de l’Empire romain germanique au royaume de France,
tout en restant en situation périphérique par rapport aux principaux
lieux de pouvoir. Dans le même temps, la réalité de cette situation de
passage et de rencontre ainsi que les termes qui l’exprimaient ont aussi
changé. Ce sont ces réalités changeantes et leur formulation que l’on
suivra dans les documents choisis pour retracer aussi bien l’itinéraire
de la ville de 843 à 1601 que les interprétations anciennes ou récentes
de cette histoire.
INTRODUCTION 11

AU GRÉ DES APPARTENANCES :


L’ITINÉRAIRE POLITIQUE D’UNE VILLE

Bien avant de devenir une cité épiscopale que les partages carolin-
giens ont laissé – quand le lecteur ouvre ce livre – aux confins de la
Lotharingie, Lyon avait eu rang de capitale politique et religieuse des
Trois Gaules dans le contexte totalement différent de l’Empire romain.
Le souvenir de ce Lyon d’autrefois, dont on sait combien il plaît aux
humanistes du xvie siècle offre aussi un paradigme territorial (la Gaule)
mis à contribution par les Capétiens au début du xive siècle pour justifier
l’appartenance de la cité à leur Royaume.
À la suite de la division de l’Empire carolingien, la cité lyonnaise et son
diocèse se sont retrouvés aux marges de la Lotharingie – à laquelle ils appar-
tenaient – et de la Francie occidentale (voir ill. 1). La ville et son comté ont
ensuite intégré le royaume de Bourgogne, puis, en 1032, l’Empire romain
germanique. La Bulle d’or concédée en 1157 par l’empereur Frédéric Ier
à l’archevêque Héracle a conféré à celui-ci et à ses successeurs les droits
régaliens sur la ville : l’exercice de la justice, la monnaie et l’organisation
des marchés, le pouvoir de fortifier. Tel était le socle du pouvoir archié-
piscopal, à la fois spirituel et séculier, qui façonna durablement la société
lyonnaise. Le clergé de la cathédrale – les chanoines, qui portaient, comme
l’archevêque lui-même, le titre de comte depuis que le détenteur laïc de
ce titre avait quitté la cité pour s’installer en Forez – et aussi, quoique
dans une mesure moindre, celui des collégiales – Saint-Just, Saint-Irénée,
Saint-Paul – et des monastères – Ainay principalement – exerçaient des
pouvoirs dans la ville et sur ses habitants.
Lyon est ensuite devenue ville royale. C’est cet événement – dont le
degré de violence se discute1 – qui produit le changement d’appartenance
territoriale. À partir du xiiie siècle, les archevêques qui se sont succédé à
Lyon durent en effet affronter les revendications des rois de France, qui

1 Cf. Lyon, de l’Empire au Royaume, op. cit. ; pour une interprétation plus pacifique, voir Se
donner à la France : les rattachements pacifiques de territoires à la France (XIVe-XIXe siècle), études
réunies par Jacques Berlioz et Olivier Poncet, Paris : École des chartes (Études et rencontres
de l’École des chartes ; 39), 2013, et notamment l’article de Bruno Galland, « La “réunion”
de Lyon à la France », p. 9-29.
12 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

tentaient d’élargir leur royaume vers l’est et dans la vallée du Rhône. De


leur côté, les habitants se plaignaient de l’administration épiscopale ou
bien, lorsque la charge était vacante, de celle des chanoines. Après une
première révolte en 1269 qui a provoqué l’intervention de Louis IX en
route pour la croisade, ils ont lutté contre leur évêque Pierre de Tarentaise
(le futur pape Innocent V, qui avait été membre du couvent des prêcheurs
de Lyon), et ont fait appel à Philippe III qui a obligé le prélat à lui prêter
hommage (1272-1273). Philippe le Bel a ensuite imposé la présence d’un
gardiateur, officier royal chargé de protéger les Lyonnais. En 1307-1308,
deux chartes royales – les célèbres Philippines – ont défini les droits du roi
et ceux de l’Église sur la ville, sans convaincre ni les citoyens, ni les clercs.
En 1310, l’archevêque Pierre de Savoie s’est à son tour révolté contre cette
situation qui limitait l’exercice de ses pouvoirs. Le roi a envoyé contre lui
une armée conduite par son fils Louis, alors roi de Navarre. Après trois
mois de siège, la ville a capitulé, l’archevêque se trouvant prisonnier dans
son château de Pierre-Scize. Le traité de cession de la ville au roi a fina-
lement été signé le 10 avril 1312 à Vienne, où se tenait un grand concile.
L’annexion de la ville de Lyon au Royaume s’est produite au terme
d’une quarantaine d’années de troubles mettant aux prises les officiers du
roi, les citoyens et les habitants, les évêques, les chanoines, sans oublier
la curie pontificale, qui a séjourné à plusieurs reprises dans la cité. À
cette intense poussée capétienne ont succédé sur un rythme beaucoup
plus lent la francisation des institutions et des esprits, l’acculturation
à la langue royale et la réorientation des échanges marchands. Lyon est
devenue progressivement l’une des clés du Royaume et l’installation des
hommes du roi dans la ville, longtemps prudente, aboutit seulement
au tournant des années 1600 à la pleine intégration dans le Royaume.

SCANSIONS

Dans ce vaste arc chronologique ouvert du ixe au début du xviie siècle,


les scansions correspondent à des coupures politiques, de portée à la fois
locale et régionale ou suprarégionale. Six parties du volume rendent
compte de l’évolution des relations de pouvoir entre les acteurs locaux
INTRODUCTION 13

ou extérieurs depuis la partition de l’empire de Charlemagne jusqu’au


règne d’Henri IV.

– I. 843-1032 : De l’Empire carolingien au royaume de Bourgogne.


Le traité de Verdun (843) place Lyon dans la Francia media,
la Lotharingie, qui sera elle-même partagée en 855. Lyon est
alors rattachée au royaume carolingien de Provence jusqu’en
933, puis annexée au royaume de Bourgogne, qui lui succède
ici. Comme tête de l’Église royale bourguignonne, Lyon gagne
un rôle religieux éminent tandis que les comtes et l’archevêque
se partagent le Lyonnais.
– II. 1032-1226 : La cité aux confins de l’Empire et du Royaume.
C’est en 1032 que Lyon est intégré dans l’Empire germanique,
comme tout le royaume de Bourgogne. Ville d’Empire, mais
voisine de la Francie, Lyon est gouvernée par ses archevêques,
sur lesquels la plupart des princes laïcs s’appuient.
– III. 1226-1320 : De l’évêché d’Empire à l’annexion capétienne.
Localement, 1226 est marquée par la mort du grand archevêque
Renaud de Forez. C’est aussi l’année de la première incursion
importante d’un Capétien à l’est du Rhône, avec le siège et la
prise d’Avignon par Louis VIII. Mais cette pression capétienne
ne devient une réalité perçue, à Lyon, qu’à la toute fin du règne
de Louis IX à la faveur de la révolte des Lyonnais contre leur
Église. De 1269 à 1320, un demi-siècle politiquement fertile
aboutit à l’intégration de la ville de Lyon à la couronne capé-
tienne et à la reconnaissance officielle par l’archevêque de la
communauté des citoyens de Lyon (Charte sabaudine).
– IV. 1320-1487 : Lyon, ville frontière, ville royale.
Encore sous l’influence de la Savoie et du Dauphiné au début du
xive siècle, culturellement éloignée du pouvoir royal, la ville de
Lyon intègre progressivement un espace désormais orienté vers
Paris. Durant cette époque difficile, marquée par la guerre de
Cent Ans et les actions des compagnies d’aventures, la guerre
civile entre Armagnacs et Bourguignons, Charles VII séjourne
plusieurs fois à Lyon, qui lui demeure fidèle et reçoit en retour
les premiers privilèges des foires, promesse de prospérité et
14 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

d’essor démographique. Le « transport » du Dauphiné à la


couronne de France en 1349 ne modifie pas fondamentalement
le caractère de ville frontière de Lyon que quelques kilomètres
seulement séparent des avant-postes savoyards, Miribel et
Montluel.
– V. 1487-1563 : Lyon, clé du Royaume.
La « clé du Royaume » joue un rôle central à l’époque des
guerres d’Italie qui lui valent de devenir l’un des principaux
séjours de la Cour sous Charles VIII, Louis XII et François Ier.
Ville prospère par ses foires et par l’imprimerie naissante, Lyon
rayonne alors grâce à ses lettrés et humanistes.
– VI. 1563-1601 : Assujettissement et allégeance à l’autorité
royale.
Réceptive aux idées réformées, Lyon vit une période de forts
contrastes. Ils aboutissent à une crise politique et militaire
majeure dans les années 1562-1563, qui marque durablement
la mémoire de la ville. Théâtre de multiples entrées royales
depuis celle de Charles VI en 1389 jusqu’à celle de Marie
de Médicis en 1600, la ville de Lyon est contrainte d’adopter
le modèle municipal parisien (édit de Chauny) au moment où
l’annexion de la Bresse et du Bugey l’éloigne durablement de
sa position frontalière.

CONFINS

Durant ces huit siècles, les appartenances de la ville de Lyon et du


Lyonnais ont été plurielles, successives et superposées. Au plan politique,
ces appartenances se sont définies d’abord par des formes de fidélité au
prince, ensuite seulement par un territoire1 précisément délimité. Mais
1 Les recherches sur les frontières au Moyen Âge et à l’époque moderne sont devenues foi-
sonnantes : Nordman, Daniel, Frontières de France : de l’espace au territoire (XVIe-XIXe siècle),
Paris : Gallimard (Bibliothèque des histoires), 1998 ; Grenze und Differenz im frühen
Mittelalter, éd. par Walter Pohl et Helmut Reimitz, Wien, Verlag der Österreichischen
Akademie der Wissenschaften (Denkschriften – Österreichische Akademie der Wissenschaften.
INTRODUCTION 15

ces frontières mêmes, comme le cas de Lyon le démontre, ont été mou-
vantes. Par ces mouvements qui se produisent à des rythmes irréguliers,
les appartenances sont mises au défi de s’adapter. Plusieurs acteurs (rois,
seigneurs, évêques) ont contribué à définir les appartenances de la ville
et à déterminer des frontières qui n’ont pas toujours été en concordance.
Progressivement fixées par les pouvoirs politiques, les frontières de la
ville et de son territoire se sont peu à peu matérialisées et pérennisées.
L’historien peut se demander dans quelle mesure elles ont été acceptées,
respectées ou détournées par les contemporains.
Le partage de 843 a d’emblée fait de Lyon, pour des siècles, une
ville de confins, mais non pour autant une ville-frontière. Les partages
carolingiens, encore d’actualité en 1032 lorsque la ville est entrée dans
l’Empire germanique, ont en effet suivi la géographie des diocèses. Centré
sur la cité, le diocèse de Lyon englobait à l’ouest le Roannais, le Forez et
le Jarez et à l’est la Bresse, la Dombes et une partie du Bas-Dauphiné.
L’axe Saône-Rhône n’était donc pas une frontière.
Au xiie siècle, toutefois, comme plusieurs indices documentaires le
laissent penser, cet axe fluvial s’est transformé en limite séparant l’Empire
et le Royaume. En 1157, les juristes impériaux eux-mêmes ont pris soin
de préciser que les droits régaliens concédés par Frédéric Barberousse
à l’archevêque de Lyon sont situés citra Sagonam, c’est-à-dire dans la
Presqu’île et non pas en rive droite de la Saône. Un demi-siècle plus tard,
si l’empereur Henri VI tenait légitimement les péages de Béchevelin et
Trévoux situés sur la rive gauche, Philippe Auguste contrôlait désormais
le péage de Givors situé sur la rive droite, mais dans le diocèse de Lyon.
Le fleuve semble être devenu non pas une frontière, mais un enjeu pour
le pouvoir royal, dans le but, non pas de le partager, mais de le dominer
et de le franchir1. Au xiiie siècle, l’appartenance politique de Lyon est
restée ambigüe. La cité a accueilli deux conciles œcuméniques et servi
Philosophisch-historische Klasse ; 287 – Forschungen zur Geschichte des Mittelalters ; 1), 2000 ;
Grenze und Grenzüberschreitung im Mittelalter : 11. Symposium des Mediävistenverbandes vom
14. bis 17. März 2005 in Frankfurt an der Oder, éd. par Ulrich Knefelkamp und Kristian
Bosselmann-Cyran, Berlin : Akademie Verlag, 2007 ; Faktum und Konstrukt : politische
Grenzziehungen im Mittelalter. Verdichtung – Symbolisierung – Konstruktion, éd. par Nils Bock,
Georg Jostkleigrewe et Bastian Walter, Münster : Rhema (Symbolische Kommunikation und
gesellschaftliche Wertesysteme ; 35), 2011 ; Balossino, Simone, et Chiffoleau, Jacques, « D’Arles
à Lyon, la frontière incertaine ? », dans Lyon, de l’Empire au Royaume, op. cit.
1 Balossino, Simone, et Chiffoleau, Jacques, « D’Arles à Lyon, la frontière incertaine ? »,
dans Lyon, de l’Empire au Royaume, op. cit.
16 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à plusieurs occasions de refuge aux papes dans leur lutte contre les
empereurs. La cour pontificale était-elle encore dans l’Empire ou déjà
en France lorsqu’elle séjournait dans le burgus sancti Iusti, en surplomb
de la cité dont l’évêque était un fidèle de l’empereur ? Au tournant des
années 1300, les légistes de Philippe le Bel ne se posaient plus la ques-
tion et multipliaient les arguments contre le principal seigneur de la
cité afin de justifier l’entrée de Lyon dans le royaume : « C’est en vain
également que l’archevêque et le chapitre disaient que la main de notre
supériorité ne devait, du moins, pas s’étendre au-delà de la Saône et du
Rhône : en effet, la Saône et les autres fleuves ne constituent nulle part
les frontières de notre royaume ; les limites des royaumes ne sont jamais
déterminées par les fleuves, mais par les nations composant la patrie
et par les terres, selon que celles-ci furent depuis les origines soumises
à tel ou tel royaume1 ». Derrière cette conception du fleuve pensé non
pas comme frontière mais comme passage, il faut voir la récupération
juridique de l’héritage romain, qui fait du souverain le maître des eaux
courantes2.
L’installation progressive des officiers du roi dans la ville (depuis le
gardiateur de 1292, en passant par les viguiers représentants des baillis
de Mâcon, jusqu’au sénéchal, titre significativement méridional, créé par
Philippe le Bel à l’été 1313 avec la circonscription du même nom3), a fait
définitivement passer tout le corps de la cité, rive droite de la Saône bien
sûr, mais aussi Presqu’île et pont du Rhône, dans le Royaume. Cette
frontière politique redessinée au bénéfice du Royaume, qui s’emparait
alors de toute la ville, ne coïncidait pas exactement avec la topographie
urbaine. Avec son unique pont construit à partir du xie siècle, la Saône
était, durant toute la période étudiée dans ce livre, l’axe vital d’une ville
reliée à l’extérieur par ses « quartiers de rivières4 », alors que le Rhône
marquait un véritable front urbain que la ville n’a effectivement franchi
qu’au xviiie siècle au temps de son « agrandissement5 ». Bien avant cette

1 Cf. infra, document III.05.b., § 17.


2 Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge : histoire et représentations d’un fleuve européen,
Paris : Aubier (Collection historique), 2007.
3 Xavier Hélary, dans Lyon, de l’Empire au Royaume, op. cit.
4 Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge, op. cit.
5 Sur l’histoire de l’urbanisation de la rive gauche voir en dernier lieu : Rau, Susanne, « The
urbanization of the periphery : a spatio-temporal history of Lyon since the eighteenth
century », Historical Social Research, 38 (2013) : 3, p. 150-175.
INTRODUCTION 17

phase d’urbanisation de la rive gauche du Rhône, les Lyonnais revendi-


quaient ces terres adjacentes sur lesquelles leur archevêque a construit
(vers 1180) la motte castrale de Béchevelin qui contrôlait l’accès à la ville
par l’est. Mais, même après 1320, des conflits de juridiction ont mis aux
prises l’archevêque et les officiers du comte de Savoie, remplacés par ceux
du Dauphin après 1355. Il fallut l’intervention du commissaire royal
Louis Tindo en 1479 sur ordre de Louis XI pour que fussent précisées
les limites orientales de la sénéchaussée : de Saint-Clair au nord à Pierre-
Bénite au sud, ces limites englobaient toute la plaine d’inondation du
Rhône, avec les maisons qui donnèrent naissance, à la fin du xve siècle,
au hameau de La Guillotière1.
Pour justifier l’annexion de Lyon au Royaume, la propagande capé-
tienne a mobilisé un autre argument qu’elle a retourné contre les pouvoirs
locaux avec une redoutable efficacité. On n’avait pas oublié en effet, à la
cour du roi, que Lugdunum avait été caput Galliarum dans l’Antiquité
et que, pour cette raison, le pape Grégoire VII lui avait décerné le titre
honorifique de premier siège des Gaules, prima sedes Galliarum… Le
souvenir de la Gaule associé à la primatie de l’Église de Lyon fournissait
à l’extension du royaume un argument d’autant plus efficace qu’il repose
sur un imaginaire puissant et réanimé à plusieurs reprises.
Tout en tirant profit du cadre mouvant et parfois conflictuel des rela-
tions entre la ville et le roi depuis les événements de 1312, les pouvoirs
locaux ne sont toutefois jamais parvenus à s’autonomiser durablement.
Lyon est restée, en dépit des velléités locales d’indépendance, à la « lisière
du Royaume ».

1 Rossiaud, Jacques, Lyon 1250-1550 : réalités et imaginaires d’une métropole, Seyssel : Champ
Vallon (Époques), 2012, chapitre 11, « Le Rhône aux frontières de la ville : sur l’histoire
du quartier de La Guillotière » ; voir aussi Kleinclausz, Arthur, Lyon, des origines à nos
jours : la formation de la cité, Lyon : Pierre Masson, 1939, p. 333-358.
18 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

SOLIDARITÉS

Quoique située en marge du Royaume et divisée en son sein, la ville


s’insère dans des réseaux de solidarité, ce que présupposent les mots
mêmes de frontière et de limite1.
Dans la ville, des solidarités internes s’exprimaient dans certaines
circonstances en dépit des dissensions et conflits de diverses natures qui
la divisaient. Ainsi l’archevêque de Lyon a-t-il célébré jusqu’à la fin du
xive siècle la grande fête des Merveilles dans l’espoir de rassembler la
population et de réaffirmer son autorité2. Unis dans la défense de leur
cité, les Lyonnais se sont eux-mêmes soumis à l’impôt pour financer
l’entretien ou les réparations des remparts érigés pour protéger la
communauté (IV.04.).
Au niveau régional, par-delà le fleuve et le long du fleuve, des rela-
tions intenses se nouaient. Les acteurs politiques qui intervenaient dans
l’histoire de la cité se nommaient rois de Bourgogne – Rodolphe III et
sa femme Ermengarde font par exemple donation d’une villa à l’abbaye
d’Ainay (I.18.) – comtes de Forez et comtes de Savoie. On apprend ainsi
que le comte de Forez Artaud a élu sépulture dans l’église Saint-Irénée
(I.19.) ou encore que le jeune Amédée VIII de Savoie a décidé d’édifier
le couvent des Célestins sur les biens du Temple acquis par son ancêtre
Amédée V (IV.08.). De puissantes églises interféraient avec l’histoire
de Lyon : Cluny, bien sûr, mais aussi l’Église de Vienne si proche et
longtemps redoutable concurrente de celle de Lyon.
Les complémentarités économiques et les échanges commerciaux des-
sinaient un bassin où les solidarités de l’axe Rhône-Saône rapprochaient
les habitants du Massif central de ceux des Alpes et les habitants de la
Bourgogne de ceux de la Provence et des rivages méditerranéens. À la
fin du Moyen Âge, comme l’explique Jacques Rossiaud, les échanges
étaient intenses de part et d’autre de la Saône. « Ainsi se sont nouées,
entre le fleuve et l’alpe, des solidarités fondamentales qui ont, dans les

1 Au sujet de la frontière comme lieu de passage, voir les réflexions de : Kaiser, Wolfgang,
« Penser la frontière – notions et approches », Histoire des Alpes – Storia delle Alpi – Geschichte
der Alpen, 1998 (3), p. 63-74.
2 Rossiaud, Jacques, Lyon 1250-1550, op. cit., chapitre 20.
INTRODUCTION 19

limites du bassin, complété la construction d’une économie interrégio-


nale confortée dans les derniers siècles du Moyen Âge par les courants
bénéfiques du grand commerce occidental1. » En attestent par exemple,
dans ce recueil, des achats de bois faits par les Lyonnais en Dauphiné et
en Savoie (IV.12.) ou les dépenses en vin de Beaune et en parchemin de
chevreau effectuées par l’archevêque de Riga en séjour forcé à Lyon…
(IV.07.). Même s’il est difficile de délimiter l’arrière-pays de la cité (qui
varie selon les époques et selon les produits), il est certain que, pour le
clergé comme pour les marchands de Lyon, la ville se trouvait plutôt
au centre d’une vaste région qu’aux « extrémités ».
En élargissant encore le cadre d’examen des solidarités urbaines, on
s’aperçoit que les échanges avec les villes d’Italie, d’Allemagne du Sud,
de Catalogne et de Castille faisaient de Lyon du xve au xviie siècle un
rouage essentiel des réseaux marchands et financiers2.
L’annexion de Lyon au Royaume au début du xive siècle, sans mettre
fin à ces solidarités locales, transfluviales, régionales ou interrégionales,
a subitement ouvert une dimension nouvelle et reconfiguré cet ancien
système de relations, comme en témoignent de façon concordante divers
documents rassemblés dans cette anthologie. L’entrée de Lyon dans le
Royaume provoqua aussi l’irruption de la capitale du Royaume dans
la documentation lyonnaise, que l’on songe à un projet d’horloge sur
le pont de Saône « à la manière dont sont édifiées à Paris une tour et
l’horloge qui se trouve dessus » (IV.10.) ou encore à la réorganisation de
l’échevinat à l’exemple de celui de Paris en 1595 (VI.05.).

UNE HISTOIRE DE LYON PAR LES DOCUMENTS

Le livre se propose de reconstruire cette histoire de la ville de Lyon


et de ses deux « parts » – de l’Empire et du Royaume – en partant de
sources variées, connues ou inédites. Il ne s’agit pas, on l’aura compris,

1 Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge, op. cit., p. 67.


2 Lyon vu/e d’ailleurs (1245-1800) : échanges, compétitions et perceptions, éd. par Jean-Louis Gaulin
et Susanne Rau, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 22), 2009.
20 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

d’une histoire générale de la ville illustrée par les documents, mais d’une
relecture d’un échantillon de l’immense documentation historique sous
l’angle de la construction lente et difficile d’une singularité. Des thèmes
classiques de l’histoire de Lyon, souvent traités dans d’autres ouvrages
– on pense à l’histoire du livre imprimé, par exemple, ou aux difficiles
débuts de l’industrie de la soie –, ont été volontairement négligés.
Quelque cent cinquante documents sont proposés aux amateurs et
aux spécialistes. À eux d’en tirer des éléments d’interprétation sur le
devenir administratif, politique, religieux et culturel de la ville. Les
sources sont toutes offertes à l’analyse. Elles ont vocation à éclairer des
questions variées : les pouvoirs locaux et le contexte régional, l’autorité
de l’archevêque et la construction de la primatie, l’espace urbain et les
moments de rencontre – les entrées solennelles, les rencontres diploma-
tiques –, l’essor du cosmopolitisme marchand, l’alternance de phases
d’ouverture culturelle et de phases de repli.
Les textes et images, isolés ou groupés autour d’un thème, sont tous
éclairés par une présentation donnant les éléments essentiels sur leur nature,
leur producteur et le contexte dans lequel ils ont vu le jour et sont replacés
par l’introduction de la partie à laquelle ils appartiennent dans le cours de
l’évolution historique de la ville. Les textes sont en l’occurrence d’origine
diverse. Certains sont produits par les chancelleries royales et impériales
(actes diplomatiques), d’autres proviennent des grands monastères (Ainay,
Cluny…). On dispose des archives de la municipalité à partir du xive siècle, et
en premier lieu du cartulaire municipal que le consul Étienne de Villeneuve
a confectionné en 1336 à partir des originaux conservés dans la chapelle
Saint-Jaquême, près de Saint-Nizier. D’autres documents encore ont été
produits par des personnes privées –  commandés par la ville, comme les
entrées, ou sans relation avec le consulat, comme les testaments, chroniques,
récits de voyage… L’anthologie comporte également des images, en bon
nombre. Il s’agit d’enluminures, de gravures illustratives, de photographies
de monuments ainsi que de cartes, anciennes ou conçues pour ce livre. Au
total, on trouvera ici des « grands » et des « petits » documents : des textes
incontournables, comme la Bulle d’or de 1157 et le plan scénographique de
Lyon daté de 1550 environ, et d’autres moins connus, comme des extraits
des registres des comptes de la ville ou des testaments, qui donnent souvent
des informations de façon indirecte. À chacun de glaner dans le choix pro-
posé de quoi se faire une idée de l’identité complexe et évolutive de Lyon.
INTRODUCTION 21

RÉMINISCENCES MODERNES

Part du Royaume, part de l’Empire : cette façon originale de sub-


diviser le territoire de la ville en deux parties séparées par la Saône est
restée familière aux Lyonnais après 1601. L’expression vaut comme repère
urbain, frontière urbaine si l’on veut, mais non frontière politique1.
En dépit du déplacement vers l’est de la frontière politique par le
traité de Lyon, cette limite intra-urbaine s’est préservée mentalement et
administrativement jusqu’à la Révolution française2. Dans la gestion du
territoire urbain lyonnais, on retrouve en effet pendant longtemps l’ancienne
division entre terre d’Empire et terre de Royaume où la Saône servait
de ligne de partage. À l’époque moderne, la Sâone représentait toujours
une délimitation entre les territoires, que l’on appelait désormais « côté
de Saint-Nizier » et « côté de Fourvière ». Il ne s’agit pas d’invoquer une
continuité revendiquée dans l’organisation des circonscriptions administra-
tives, mais d’authentiques rémanences que l’on trouve, par exemple, dans
le système de nomination des « ouvriers ordinaires » de la ville, ces ouvriers
privilégiés chargés d’effectuer les réparations que nécessitent les bâtiments
publics. Le consulat a ainsi nommé au xviie siècle un « serrurier ordinaire »
pour le côté de Fourvière, un autre pour le côté de Saint-Nizier3, suivant
l’usage qui voulait que, depuis le xive siècle, toutes les charges publiques
soient tenues à égalité par des habitants de rive droite et de rive gauche.
Les formes d’organisation du service d’incendie de la seconde moi-
tié du xviie siècle reprennent aussi la vieille distinction entre Empire
et Royaume, pondérée en fonction des densités démographiques. Le
consulat a ainsi créé deux secteurs des secours, organisation repensée
en 1723 selon un principe de proximité4. La géographie administrative
1 Les premières occurrences de ces deux expressions, « part de l’Empire » et « part du
Royaume », datent du xive siècle et sont d’un usage courant jusqu’au début du xvie siècle
pour désigner les deux quartiers, séparés par la Saône, qui forment alors la ville de Lyon.
Depuis la charte de 1320, toutes les charges publiques sont réparties à égalité entre les
populations des deux « parts » : consuls, commissaires fiscaux, enquêteurs…
2 Nous tenons à remercier Olivier Zeller de nous avoir fourni les éléments qui suivent.
3 Archives municipales de Lyon, BB 206, fol. 112, 15 février 1652. Pour les verriers : BB 211,
fol. 554, 18 décembre 1657.
4 Archives municipales de Lyon, BB 186, fol. 155 ; DD 25, p. 31, 25 novembre 1723 ; DD 25,
p. 34, 27 novembre 1723, affiche imprimée.
22 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

a fini par évoluer, mais la partition ancienne s’est reflétée jusqu’à la fin
de l’Ancien Régime dans les rites civiques. En 1787 encore, on allait
chercher en carrosse à leur domicile les magistrats urbains revêtus de
leur robe noire, puis on les reconduisait avec honneur, huit voitures
étant ainsi attelées : quatre du côté de Saint-Nizier, quatre du côté de
Fourvière1. À la fin de l’année suivante, l’ultime « syndicat » proclamé
à la dernière fête de la Saint-Thomas annonçait encore :
« les compagnies assemblées dans l’hôtel commun de cette ville et
le peuple au son de la grosse cloche à la manière accoutumée, à tous
présents et avenir savoir faisons qu’en conséquence et à la forme de la
délibération prise dans l’assemblée générale de MM. les prévôt des
marchands et échevins, conseillers de ville et notables tenue le 18 du
présent mois, ensuite de la convocation qui en a été faite, lesdits sieurs
prévôt des marchands et échevins, conseillers de ville et notables ont
retenu et confirmé messire Louis Tolozan de Montfort, chevalier, prévôt
des marchands ; ont également retenu Jacques Imbert-Colomès et Joseph
Steinman, échevins ; et ont nommé Nobles Marie-Antoine Bertholon,
avocat au Parlement et aux Cours de Lyon pour échevin du côté de
Fourvières et Jean-Marie Degrais pour échevin du côté de Saint-Nizier
et ce pour l’année prochaine 1789 et la suivante 1790… ».

PROTOCOLE D’ÉDITION

Le parti retenu pour la présentation des documents rassemblés ici


est celui de la lisibilité. Il s’agit de donner accès à un public large, non
exclusivement universitaire, à des textes et à des documents iconogra-
phiques de nature variée (par leur époque, par leur genre et par leur
style). Un titre et une présentation donnent les éléments nécessaires à
la compréhension des circonstances et des acteurs et montrent l’intérêt
du document dans la perspective des rapports entre Lyon et l’Empire et
le Royaume. Une bibliographie sommaire rend compte des principales
études disponibles sur le document.

1 Archives de La Perrière, E3-02, liasse 4 [1787].


INTRODUCTION 23

TRADUCTION ET TRANSCRIPTION

– pour les traductions du latin ou de toute autre langue ou


dialecte, comme le franco-provençal, le rendu est littéral. Les
noms de personne et de lieu sont francisés sauf ceux qui ne
sont pas actuellement identifiables.
– pour les transcriptions du moyen français et du français pré-
classique, l’orthographe et la ponctuation sont modernisées,
en dehors des noms de personnes et de lieux. Des indications
apparaissent entre crochets sur le sens des mots qui ont disparu
ou qui ont changé d’acception depuis.

La traduction ou la transcription peut faire apparaître, conformément


à l’usage, des indications pour faciliter le repérage de la structure du
propos (par une numérotation des items par exemple, sous la forme
[1], [2], etc.).

DATATION

Dans les textes et traductions les datations sont celles de l’original.


Dans les présentations des textes et dans les titres, en revanche, les data-
tions sont toutes en « nouveau style ». Rappelons que dans le royaume
de France au Moyen Âge, l’année commençait à Pâques (ancien style).
À partir de l’édit de Roussillon donné par Charles IX le 9 août 1564,
l’année commença au premier janvier (nouveau style).
INDEXATION

Deux index finaux, réalisés par Frédéric Chartrain, rassemblent les


noms de personnes et les noms de lieux mentionnés dans les introduc-
tions, les textes et leurs traductions à l’exclusion des tableaux et des
listes. Pour les textes en moyen français ou français préclassique on donne
pour entrée le nom tel qu’il figure dans l’original, s’il s’éloigne de la
forme actuelle (Esnay pour Ainay). Toutes les variantes graphiques pré-
sentées par les documents sont rassemblées entre crochets, par exemple :
Allemagne [Allemagnes, Allemaigne, Almaigne] ; Bourges, Claude de [M. de
Myons] ; Henri III [Henry de Valois troisième de ce nom ; grand roi de Valois ;
monseigneur le duc d’Anjou] ; Ainay [Esnay, Esney, Hesnay] ; Rhône [Rosne].
24 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Dans l’index des noms de personnes, l’indexation est au prénom


pour les années antérieures à 1300, au nom par la suite.
ANNOTATION

Elle se veut minimale. L’idée est de ne pas forcer l’interprétation


des textes et de laisser ouvertes les identifications des individus et des
lieux. Les seules notes insérées servent à la compréhension immédiate
des documents, sans reprendre l’identification des personnes et des lieux
faites dans les index mis en annexes, et à la précision des sources de
passages cités (notamment pour les formules bibliques).

Les éditeurs scientifiques remercient très vivement pour leur aide les institu-
tions et les personnes suivantes : les Archives nationales de France ; les Archives
départementales du Rhône ; les Archives municipales de Lyon ; le service du
fonds ancien de la Bibliothèque municipale de Lyon ; les musées Gadagne ;
l’Institut historique allemand de Paris ; Elisabeth Brown, professeur émérite
d’histoire au Brooklyn College de la City University of New York ; Jean-Marie
Carbasse, professeur d’histoire du droit à l’Université Montpellier 1 ; Guido
Castelnuovo, professeur d’histoire médiévale à l’Université d’Avignon et des pays
de Vaucluse (CIHAM, UMR 5648) ; Stéphane Frioux, maître de conférences
à l’Université Lyon 2 ; Karyn Mercier, infographiste CNRS (CIHAM, UMR
5648) ; François Planet, conservateur au Musée des Beaux-Arts de Lyon ;
Maria-Anne Privat-Savigny, conservateur en chef du patrimoine, alors direc-
trice des musées Gadagne ; Jacques Rossiaud, professeur émérite à l’Université
Lyon 2 ; Martine Sainte-Marie, conservatrice aux Archives départementales de
Vaucluse ; Laurent Vallière, ingénieur d’études CNRS (CIHAM, UMR 5648).
Ils remercient également pour leur contribution financière : le CIHAM, UMR
5648, « Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans
médiévaux » ; le GRAC-IHPC, UMR 5037 ; la Ville de Lyon ; l’Université
d’Erfurt.
DE L'EMPIRE CAROLINGIEN
AU ROYAUME DE
BOURGOGNE (843-1032)
INTRODUCTION

par François Demotz

Avec Charlemagne, Lyon retrouve un nouveau lustre et son rôle de


puissante métropole. Destinée à être un avant-poste de l’orthodoxie
chrétienne et de l’idéologie carolingienne, elle est confiée au Bavarois
Leidrade, homme sûr et lettré qui est nommé archevêque. Cette entrée
forcée dans le moule carolingien, ce rattachement imposé à un monde
septentrional, revivifient le rayonnement intellectuel de Lyon. Le scrip-
torium multiplie les copies pour le plus grand profit de la bibliothèque
épiscopale qui devient un centre d’étude réputé et attractif, en particulier
pour les régions méridionales dont Agobard, le successeur de Leidrade,
paraît issu. Intellectuel actif, homme influent à la cour de Louis le Pieux
et image locale du gouvernement impérial, Agobard affirme la puis-
sance de l’évêque sur la ville et l’unité de l’empire (I.01.). Toutefois,
malgré ses efforts et ceux de son Église, le partage territorial s’impose
et se répète, ouvrant une période incertaine pour Lyon. La Plainte sur la
division de l’empire du diacre Florus, alors célèbre pour son enseignement
et sa culture, n’y change rien (I.02.).
La partition de l’Empire carolingien fait de Lyon un carrefour des
midis. Les conflits entre les fils de Louis le Pieux terminés par le fameux
traité de Verdun de 843 placent Lyon dans la Francia media, la Lotharingie.
Lothaire Ier récompense alors l’Église de Lyon pour le soutien qu’Agobard
lui a apporté (I.03.) et compte sur la cité pour verrouiller l’axe Saône-
Rhône. À la mort de l’empereur en 855, le houleux partage d’Orbe
confirme la division de la Lotharingie en trois parts et Lyon appartient
désormais au royaume le moins prestigieux, celui d’un cadet chétif,
Charles. La ville ne retrouve un destin impérial qu’avec l’intégration en
1032, au sein de l’empire germanique restauré, du royaume de Bourgogne
augmenté de la Provence.
Ill. 1 – Schéma des appartenances politiques entre 843 et 942.
© 2013 F. Demotz / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
DE L’EMPIRE CAROLINGIEN AU ROYAUME DE BOURGOGNE 29

En effet, pour près d’un siècle, Lyon est attachée au royaume de Provence.
Ce retour vers un monde méridional ne provoque plus de réticence unitaire,
même de la part des prélats lyonnais : ceux-ci peuvent profiter de la nouvelle
proximité du souverain pour promouvoir les droits de leur Église, y compris
une primauté sur la Gaule. L’archevêque Rémy (852-875) est « chapelain
suprême du sacré palais » de Charles de Provence et celui-ci, attaché à
Lyon, octroie de nombreux diplômes à son Église et choisit d’être inhumé
à l’abbaye Saint-Pierre en 863 (I.04.). Lothaire II, frère et successeur de
Charles, s’appuie également sur l’archevêque Rémy et sur le comte Girard.
Cependant, à sa mort en 869, son oncle Charles le Chauve chasse le comte
Girard et, tout en gardant de bonnes relations avec le prélat, installe un
de ses fidèles, Boson, comme maître de Lyon et Vienne. Ce dernier profite
de la confusion qui suit la disparition de Louis le Bègue, après un court
règne de deux ans, pour se faire élire roi de Provence en 879.
La tentative de Boson trouve un réel soutien à Lyon. Espérant être un
nouvel Hincmar, l’archevêque Aurélien (875-895) est au premier rang
de l’assemblée de Mantaille qui proclame Boson roi (I.05.) et il le sacre
à Lyon. En retour, il est nommé archichancelier et précepteur de Louis,
fils de Boson. Si la cité est rapidement reprise par les Carolingiens, puis
intégrée dans un empire unifié une dernière fois par Charles le Gros,
elle suit à nouveau le parti de la Provence lorsque l’éclatement définitif
se produit en 888. Couronné roi en présence de l’archevêque Aurélien
(I.06.), Louis de Provence protège l’Église de Lyon et les abbayes lyon-
naises (I.07.), mais il fait de Vienne sa capitale, marginalisant Lyon, et
quand, en 905, il revient aveugle de sa seconde tentative malheureuse
pour être roi d’Italie et empereur, son pouvoir s’efface plus encore au
profit des comtes.
Le pouvoir comtal local est tenu par de très puissants personnages
dont le rôle dépasse de beaucoup Lyon, d’où le titre de duc ou de
marquis qu’ils utilisent parfois, et il est l’objet de rivalités entre deux
grandes familles, les Bosonides et les Guillelmides. Quand Boson est
chassé par les Carolingiens coalisés contre sa tentative royale, Lyon
est confiée pendant près d’un demi-siècle aux Guillelmides, Bernard
Plantevelue, comte d’Auvergne et marquis de Gothie, puis en 900 son
fils Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine et fondateur de Cluny, auquel
succède à son tour en 918 son neveu le duc Guillaume le Jeune (I.08.
et I.09.). Les Bosonides remettent ensuite la main sur Lyon quand elle
30 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

passe sous l’autorité d’un neveu de Boson, le marquis Hugues le Noir.


Ce personnage considérable par ses possessions (duché de Bourgogne et
comté de Besançon) et sa parenté (il est le frère du roi Raoul de France, le
cousin germain de Rodolphe II de Bourgogne et de Louis de Provence),
gouverne Lyon pendant un quart de siècle.
Tous ces aristocrates de très haut rang n’oublient pas d’affirmer leur
autorité comtale dans la cité et en Lyonnais, recourant à des missi et à des
vicomtes, contrôlant l’atelier monétaire, protégeant les abbayes lyonnaises
et favorisant les liens avec Cluny naissant (I.10.). Toutefois, à l’image
d’Hugues le Noir installé à cheval sur trois royaumes, ils sont extérieurs à
la cité et celle-ci est d’autant moins au cœur de leur pouvoir que les biens
fiscaux à disposition du comte ou du roi y sont limités et que la ville est
dominée par les clercs, qui ne relèvent pas de la justice comtale. Cette
situation profite aux évêques qui semblent au contraire issus de la province
voire de la ville elle-même. Ils obtiennent des souverains des privilèges
d’immunité, des restitutions de biens et des donations qui confortent la
puissance de l’Église de Lyon, dans la ville mais aussi à l’extérieur. Par
ailleurs, les clercs affirment que leur Église est la première de toute la Gaule.
L’entrée de Lyon dans le royaume de Bourgogne redonne à la ville
un rôle religieux éminent comme tête de l’Église royale bourguignonne
et modifie l’équilibre politique au profit de l’archevêque.
Dès le début des années 930, profitant de la succession de Louis
l’Aveugle, le roi de Bourgogne Rodolphe II avance ses pions dans le
royaume de Provence, notamment à Belley et à Vienne. À Lyon, il se
contente sans doute de soutenir les appétits d’Hugues le Noir : le contrôle
de Lyon par son cousin, qui est aussi son fidèle autant que celui du
roi Raoul, est riche d’opportunités futures. De fait, en 935, le soutien
du roi de Germanie permet à Rodolphe II de mettre la main sur la
Provence. Si la période qui suit est assez confuse, marquée notamment
par les ravages des Hongrois en Lyonnais en 935 et par une vacance
du pouvoir bourguignon à partir de 937 – le roi nouveau, Conrad, est
mineur et retenu en Germanie –, la situation se stabilise en 942 : avec
l’appui d’Otton Ier de Germanie, qui cherche à créer un état tampon
entre la France et l’Italie, Conrad retrouve son trône et son royaume
est définitivement augmenté de toute l’ancienne Provence, de Lyon à
la Méditerranée. En 943 Conrad vient à Lyon pour asseoir sa nouvelle
autorité, qui semble avoir été d’autant mieux acceptée qu’il bénéficie du
DE L’EMPIRE CAROLINGIEN AU ROYAUME DE BOURGOGNE 31

soutien des clunisiens et des deux principaux personnages du Lyonnais,


l’archevêque Guy et surtout le marquis-comte Hugues le Noir (I.11.).
L’élection au siège de Lyon du frère du roi, Burchard Ier, en 949 et la
mort sans descendant d’Hugues le Noir en 952 modifient considérablement
l’équilibre politique local. Le pouvoir royal s’affirme en laissant la fonc-
tion comtale vacante, pour le plus grand profit d’un archevêque issu de
la dynastie régnante (I.13.). Burchard II (979-1033), fils du roi Conrad
et abbé de Saint-Maurice d’Agaune, est le véritable numéro deux du
royaume de Bourgogne, tandis que les clercs lyonnais exaltent la figure
du saint archevêque de l’Église royale (I.14.). Son père et lui s’appuient
sur les abbayes lyonnaises, comme l’Île-Barbe (I.12.) ou plus encore
Savigny (I.15.) : tout en manifestant l’autorité royale et archiépiscopale
par des diplômes, ils leur confèrent de vastes droits et domaines qui
leur permettent de jouer un rôle dans la politique royale et renforcent
leur rôle régional. Les monastères font alors preuve d’une grande vita-
lité tant intellectuelle que religieuse : Odilon de Cluny vient étudier à
l’Île-Barbe (I.17.) et le roi Rodolphe III les associe particulièrement aux
prières pour le salut de son âme (I.18.). Burchard II utilise également
sa position archiépiscopale pour lutter contre les ennemis de son frère
Rodolphe III tout en renforçant le prestige de son Église, par exemple
en réunissant de très nombreux prélats lors du concile d’Anse en 994
(I.16.). Vers l’an mil, il reprend à son compte la titulature Dei gratia
utilisée jusque-là par les comtes Guillaume le Pieux ou Hugues le Noir.
Toutefois, Conrad favorise aussi l’émergence d’une nouvelle lignée
comtale : en choisissant un comte dans une famille locale, il s’assure
du soutien de l’aristocratie et ainsi de l’élection archiépiscopale de son
fils Burchard II en 979. Si le nouveau comte, Artaud, dispose de vastes
biens en Lyonnais et d’une implantation dans la ville (I.19.), sa puissance
est limitée par l’immunité dont bénéficient l’Église de Lyon et tous les
monastères. Les conflits entre le comte et le clergé sont d’autant plus
importants (I.20.) que Burchard II s’affirme seigneur temporel au-dessus
du comte : il réclame la sujétion des clercs et des laïcs au gouvernement
du prélat, celui-ci ayant prééminence par son auctoritas et l’appui du roi,
son frère. L’apparition en 998 du pagus de Forez, un comitatus distinct de
celui de Lyon, et la mort du comte Artaud (dont la veuve épouse Ponce
de Gévaudan) en l’an mil constituent des étapes de la victoire du prélat
et de la marginalisation du comte repoussé hors de Lyon, en Forez.
LYON ET LA DIVISION
DE L’EMPIRE CAROLINGIEN

I.01. AGOBARD DÉFENSEUR DE L’UNITÉ


DANS L’EMPIRE CAROLINGIEN

Documents présentés et traduits par Michel RUBELLIN

Présentation

Succédant à Leidrade qui avait entrepris la restauration matérielle


et spirituelle de l’Église que lui avait confiée Charlemagne, Agobard,
originaire de Septimanie, fut archevêque de Lyon de 816 à 840. Il a
laissé une œuvre abondante et variée, tombée assez vite dans l’oubli
et retrouvée par hasard au début du xviie siècle. Il s’est intéressé aussi
bien aux questions dogmatiques (lutte contre l’hérésie et contre les
superstitions) que liturgiques, pastorales ou ecclésiologiques, suivant
un fil conducteur très augustinien, à savoir la nécessaire unité, gage du
salut, qui doit régner ici bas.
Appliquée au domaine politique, cette obsession de l’unité apparaît
de manière éclatante dans deux combats majeurs qu’il a menés avec
passion. En 817-822, dans l’Adversus legem Gundobaldi, il dénonce à
l’empereur Louis le Pieux la pluralité des lois héritée des royaumes
barbares et qui subsiste encore dans l’empire. Pour lui, elle est d’autant
plus néfaste que la loi à laquelle est soumise la région lyonnaise est
celle des Burgondes (loi Gombette ou de Gondebaud) qui reconnaît
le duel judiciaire comme moyen de preuve. Il complète la mise en
cause de cette forme de jugement de Dieu par un dossier de citations
scripturaires (De divinis sententiis contra judicium Dei). Puis, quelques
années plus tard, il se dresse contre Louis le Pieux à partir du moment
34 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

où celui-ci cherche à revenir sur l’organisation de sa succession telle


qu’il l’avait établie en 817 par l’Ordinatio imperii, et qui garantissait
l’unité de l’empire. En 829, Agobard se contenta de lui adresser une
lettre de mise en garde dont on trouvera quelques extraits ci-dessous ;
mais en 833 il participa activement cette fois à la révolte des fils de
l’empereur qui conduisit à la déposition temporaire de leur père.
L’échec final de ce mouvement et la restauration de Louis le Pieux
entraînèrent son exil. Puis, pardonné, il retrouva son siège épiscopal en
838. L’idée d’unité nécessaire de l’empire demeure forte à Lyon après
la mort d’Agobard : peu après, le très savant diacre Florus, qui fut un
très proche collaborateur d’Agobard et de ses successeurs, se lamente
dans un long poème sur la division de l’empire intervenue lors du très
récent partage de Verdun (843).
I.01.A. CONTRE LA PLURALITÉ DES LOIS (817-822)

Document

2. [Les apôtres] annoncent à toute créature, c’est-à-dire à toutes les


nations du monde, qu’une seule foi était inspirée par Dieu, une seule
espérance répandue par l’Esprit saint dans le cœur des croyants, une
seule charité suscitée en tous, une seule volonté, un seul désir enflammé,
une seule prière transmise, de sorte que vraiment tous, de nations
différentes, de conditions différentes, de sexe différent, de renommée,
de dignité, de sujétion différentes, disent ensemble au seul Dieu et
Père de tous : « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié »,
demandent une seule sanctification de même qu’ils invoquent un
seul Père, aspirant à un seul royaume, souhaitant un seul accomplis-
sement de sa volonté, comme cela se fait au ciel, implorant que leur
soit donné un seul et même pain quotidien, et que les offenses soient
pardonnées à tous. […]
3. Et, tous désormais étant frères, quelle juste convenance il y a
dans l’invocation qu’adressent à un seul Dieu Père le serviteur et le
maître, le pauvre et le riche, l’ignorant et le savant, le faible et le fort,
l’humble travailleur et le sublime empereur ! Dorénavant personne ne
méprise autrui, personne ne s’estime inférieur à autrui, personne ne
s’élève au-dessus d’autrui, puisque nous sommes un seul pain, un seul
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 35

corps du Christ, mieux un seul Christ, selon l’Apôtre « nous dépouillant


du vieil homme avec ses agissements, et revêtant le nouveau, qui est renouvelé
pour la connaissance selon l’image de celui qui l’a créé ; là, plus de gentil ni de
juif, de circoncision ni de prépuce, de barbare ni de Scythe », d’Aquitain ni
de Lombard, ni de Burgonde ni d’Alaman, « d’esclave ni d’homme libre,
mais le Christ qui est tout et en tout1. » […]
4. Si donc le Seigneur a souffert précisément pour rapprocher dans
son sang ceux qui étaient loin, si le mur de la division est désormais
anéanti, si la haine a été tuée en lui, si tous ont été réconciliés avec Dieu
en un seul corps et sont devenus un seul corps dans un seul Esprit à un
point tel qu’ils sont appelés Christ plutôt que chrétiens […], je désire
savoir de votre piété si cette si grande unité d’opération divine n’est pas
en quelque façon mise en échec par une diversité de lois aussi répandue
que celle qu’on voit non seulement d’une région ou d’une cité à l’autre,
mais aussi, souvent, d’une maison à l’autre. En effet, il arrive bien des
fois que, sur cinq hommes qui marchent ou s’assoient ensemble, aucun
n’ait pour les choses qui passent une loi extérieure commune avec les
autres, alors que pour celles qui demeurent, ils relèvent de la même loi
intérieure du Christ. […]
14. […] Et plût au Dieu tout-puissant que, sous un roi très pieux,
tous fussent régis par une loi unique, celle-là même sous laquelle
vit le roi en personne et dont ses proches relèvent. Assurément, cela
contribuerait beaucoup à la concorde de la cité de Dieu et à l’équité
entre les peuples. Mais parce que cela est grand, et peut-être impossible
à l’homme, du moins, que la seule loi dont il est ici question2 soit
mise à l’écart en raison non seulement de son inutilité, mais encore
de sa nocivité.

Source

Agobard, « Adversus legem Gundobaldi », dans Agobardus Lugdunensis


opera omnia, éd. par Lieven Van Acker, Turnhout : Brepols (Corpus
christianorum. Continuatio medievalis ; 52), 1980, p. 19-21, p. 28. Traduit
du latin.

1 Col. 3, 9-11.
2 Il s’agit de la loi Gombette évoquée auparavant.
36 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

I.01.B. CONTRE LA DIVISION DE L’EMPIRE (829)

Document

1. Au seigneur très glorieux Louis, empereur, Agobard, son humble


serviteur. Comme chaque fidèle doit à tout fidèle une foi sans mélange,
il n’y a pas de doute : c’est surtout à l’égard du fidèle qui est à la tête
des autres, celui à qui est dévolu le gouvernement des affaires publiques,
que la fidélité doit être respectée par tous ceux qui sont soumis en toute
fidélité au plan divin, comme l’enseigne l’Apôtre : « Que toute âme soit
soumise aux puissances supérieures1 », encore qu’il ne faille manquer de
fidélité à l’égard de personne. […]
2. Dans ces conditions, puisque que tous doivent vous être fidèles,
comment quelqu’un pourra-t-il vous être fidèle si, voyant ou comprenant
le danger que vous encourez, il ne s’implique pas autant qu’il le peut
pour vous le montrer et vous en rendre conscient, si toutefois l’occasion
ou la possibilité ne lui en sont pas totalement refusées ? Je prends à
témoin Dieu tout-puissant, qui sonde les cœurs et les reins, qu’il n’y a
aucune autre raison à l’audace de cette lettre, si ce n’est que je souffre
à un point que je ne saurais dire des dangers qui manifestement vous
menacent vous, et votre âme surtout. […]
4. Au temps où vous avez pris soin d’associer votre fils à votre dignité,
vous avez commencé en interrogeant vos proches en conseil à ce sujet : « Ce
qui concourt à la stabilité du royaume et à la solidité du gouvernement,
doit-on le remettre à plus tard ou non ? » Et comme tous avaient répondu
qu’il ne faut pas remettre à plus tard ce qui est utile et nécessaire, mais
plutôt en accélérer l’accomplissement, vous avez aussitôt révélé à tous
ce dont vous aviez discuté avec un tout petit nombre, et vous avez dit
vouloir, en raison de la fragilité de la vie, parce qu’on ne sait quand la
mort viendra, attribuer la dignité d’empereur à un de vos trois fils, tant
que vous étiez en bonne santé, celui sur lequel vous auriez pu connaître
d’une manière ou d’une autre la volonté de Dieu. Pour connaître cette
volonté, vous avez ordonné à tous un jeûne de trois jours et enjoint aux
prêtres d’offrir des sacrifices à Dieu tout-puissant qui est doux et bon et
d’une grande miséricorde envers tous ceux qui l’invoquent ; vous avez
en outre ordonné que, pendant ces trois jours, tous fassent l’aumône,
1 Rm. 13, 1.
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 37

et plus généreusement que d’habitude, afin que Dieu tout-puissant qui


dirige avec la plus grande bonté les cœurs de ceux qui espèrent en lui
insuffle sa volonté dans votre cœur et qu’il ne permette pas que votre
volonté tende vers un autre que celui qui lui aurait plu.
Ainsi avez-vous accompli tout ce qui devait l’être dans une telle
situation, avec une foi et une espérance si grandes que personne ne
pouvait douter que vous étiez pénétré de l’inspiration divine. Vous
avez assigné à tous vos autres fils des parts de votre royaume, mais
pour qu’il y ait un seul royaume et non trois, vous avez donné la pré-
séance à celui que vous aviez associé à votre dignité. Et ensuite vous
avez demandé la rédaction d’actes, la signature et la validation de ces
documents, et vous avez envoyé à Rome celui qui participait de votre
dignité avec vos actes à faire approuver et confirmer par le souverain
pontife1 ; et ensuite vous avez ordonné à tous de jurer qu’ils respecte-
raient et défendraient tous sans exception cette élection et ce partage.
Ce serment n’a paru ni méprisable ni inutile à personne, mais plutôt
opportun et légitime, dans la mesure où il semblait concourir à la paix
et à la concorde. Dans les temps qui suivirent, toutes les lettres impé-
riales envoyées dans n’importe quel endroit de l’empire contenaient le
nom des deux empereurs.
Mais après que votre volonté a changé, ces statuts ont été ébranlés, son
nom2 a disparu des lettres et on a entrepris de faire le contraire en tout,
alors que Dieu ne vous avait dit ni par sa propre voix, ni par un ange,
ni par un prophète : « Je me repens d’avoir pris cette disposition3 », comme
il l’a dit à Samuel au sujet de Saül. Encore maintenant vous ignorez de
quelle manière Dieu a pris sa décision dans ses conseils secrets, et voici
que sans raison ni délibération en conseil, celui que vous aviez choisi
avec Dieu vous l’écartez sans Dieu, et, sans attendre le résultat de la
volonté de celui que vous aviez interrogé pour cette élection, vous rejetez
une décision qui avait été approuvée. Votre prudence ne l’ignore pas : il
faut suivre Dieu et non le précéder. En effet, celui qui veut le précéder
le tente, ce qui n’est pas un gage de foi, comme ledit le Seigneur lui-
même : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu4. ».

1 Eugène II.
2 Lothaire.
3 1 R 15,11.
4 Mt 4, 7.
38 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

5. Je prie, mon seigneur, que votre piété très bienveillante intervienne,


afin que vous ne réserviez pas un accueil dédaigneux à ces propos ; mais
entrez plutôt avec Dieu dans le sanctuaire de votre esprit, parlez avec
lui par l’intermédiaire de la piété de la foi et retrouvez ce que vous
avez dit à Dieu non en paroles, mais en actes : « Seigneur, nous avons
interrogé et prié en suppliant ton regard pour choisir, par ton illumi-
nation et sous ta conduite, l’associé de l’Empire ; mais parce qu’avec
toi nous n’avons pas bien fait, sans toi nous avons formé un meilleur
dessein. » Inadmissible ! Inadmissible ! Que Dieu vous garde de repousser
l’inspiration divine et de promouvoir la volonté d’hommes aux pensées
seulement charnelles, vous induisant et vous conduisant à l’erreur.[…]
Prenez garde aux hommes qui suivent leur esprit propre, parce que la
foi n’est pas le lot de tous.[…]

Source

Agobard, « De divisione imperii », dans Agobardus Lugdunensis opera


omnia, éd. par Lieven Van Acker, Turnhout : Brepols (Corpus christia-
norum. Continuatio medievalis ; 52), 1980, p. 247-250. Traduit du latin.

Bibliographie

Boshof, Egon, Erzbischof Agobard von Lyon : Leben und Werk, Köln/Wien :
Böhlau (Kölner historische Abhandlungen ; 17), 1969.
Rubellin, Michel, « Agobard de Lyon ou la passion de l’unité », dans
Idem, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon : Presses
universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales ;
10), 2003, p. 179-221.
Agobard, Œuvres, éd. et trad. à paraître dans la collection des Sources
chrétiennes.
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 39

I.02. FLORUS DE LYON,


UN GRAND INTELLECTUEL DU MONDE CAROLINGIEN,
TRAVAILLE SUR L’ŒUVRE DE SAINT AUGUSTIN
(MILIEU DU IXe SIÈCLE)

Document présenté et traduit par Marie-Céline ISAÏA

Présentation

Augustin est sans doute le Père de l’Église que le premier ixe siècle


carolingien a le plus lu et médité, lui reconnaissant une autorité supérieure.
Or l’œuvre d’Augustin ne se présente pas sous la forme des commentaires
exégétiques dont le haut Moyen Âge a l’habitude : l’évêque d’Hippone
a rarement commenté un unique livre biblique un verset après l’autre,
selon la méthode de la lectio divina, comme Grégoire le Grand le fait à
partir du livre de Job dans ses Moralia par exemple ; mais au gré des
besoins de ses correspondants, au fil des prédications ou des synthèses
thématiques, Augustin puise ses arguments, c’est-à-dire des citations qu’il
interprète, dans toute la Bible. Le diacre de Lyon Florus a donc voulu
donner aux enseignements épars d’Augustin l’allure d’un commentaire
suivi ou Expositio sur les lettres de Paul : il a collecté, entre 840 et 852,
dans les manuscrits augustiniens dont il disposait à Lyon, toutes les
mentions commentées des lettres pauliniennes. Rangées selon l’ordre
du Nouveau Testament, et des versets eux-mêmes, elles dessinent alors
un commentaire augustinien des épîtres qu’Augustin n’a jamais écrit
mais dont il est l’auteur indiscutable.
Les copistes, c’est-à-dire Florus et au moins trois proches collabora-
teurs, ont commencé par distinguer les différents textes mis en relation
par un jeu de couleurs. Le texte biblique est noté en encre de couleur
bleue. Des titres rouges indiquent qu’on passe d’une épître à l’autre.
Le commentaire d’Augustin a été copié dans une encre brune ou sépia,
corrigé et ponctué en noir. Un cartouche bleu dans la marge permet
de savoir d’où provient le commentaire, sous une forme abrégée. Le
recours à la couleur est d’autant plus indispensable que les extraits sont
copiés les uns à la suite des autres, dans une écriture tassée, souvent
Ill. 2 – Commentaires de saint Augustin sur les épîtres de saint Paul
rassemblés par Florus. © cliché Bibliothèque municipale de Lyon,
Ms 0484, fol. 85vo.
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 41

minuscule, qui doit permettre de faire tenir tout le commentaire en


un unique volume. Puis Florus a ajouté deux niveaux supplémentaires
de renvois : de simples lettres permettent de corriger une omission, en
désignant dans les marges les passages qui les compensent ; des titres
en noir renvoient éventuellement à d’autres lettres de Paul. Comme
pour mieux distinguer les textes qu’il réunit, Florus recourt encore à
des écritures variées, comme on change aujourd’hui de police typogra-
phique : le texte de Paul est noté en capitales rustiques, une écriture
déjà archaïque au ixe  siècle qui signale à l’attention du lecteur qu’il
s’agit du texte fondamental. Mais le commentaire est composé dans
cette minuscule caroline qui caractérise la Renaissance carolingienne :
rapide, sans ambigüité, c’est l’écriture par excellence d’un monde qui
produit beaucoup de manuscrits et leur assigne une fonction pédagogique.
Sur la reproduction (voir ill. 2), on voit le folio 85v de l’Expositio. Le
texte biblique en bleu est celui de l’épître aux Éphésiens, au chapitre 5,
vs. 18-19 : Sed implemini sp<irit>u, loquentes vobismetipsis, in psalmis et ymnis
| et canticis spiritalibus, cantantes et psallentes in cordibus u<est>ris D<omi>no
puis vs. 20 : Gratias agentes semper pro omnibus in nomine D<omi>ni n<ost>ri
Iesu Chr<ist>i D<e>o et Patri et vs. 25 : sicut Chr<ist>us dilexit eccl<esi>am
et seipsum tra|didit pro ea ut illam s<an>ctificaret mundans lauacro aque in
uerbo. Ces extraits n’ont pas été copiés par Florus, mais c’est lui qui les a
corrigés en noir, comme ici avec la lettre y ajoutée au début de ymnis : le
copiste avait-il écrit hymnis ? Le diacre est surtout responsable de l’ajout
en rouge, en bas de page, d’un passage ex s<e>r<mone> de X chordis, qui
court aussi sur le folio 86, dans l’écriture minuscule qui le caractérise.
Florus l’a encadré et surtout a indiqué dans le texte lui-même, juste
avant le début du verset 25, par un P barré l’endroit où il convenait
d’interrompre sa lecture pour lire cet ajout : le même P barré est porté
au début du passage, comme un appel de note de bas de page ou un
astérisque. Dans la marge de gauche, les cartouches indiquent que le
premier commentaire vient du traité d’Augustin Sur les psaumes, le
deuxième de La Cité de Dieu, le troisième du Traité sur l’Évangile de Jean.
La démarche de Florus est révélatrice des réflexes des intellectuels de
son temps : ils pensent que la science la plus haute est celle de l’Écriture,
qu’il faut pouvoir comprendre dans sa logique discursive, donc lire in
extenso ; ils considèrent en même temps la tradition patristique comme un
trésor indépassable mais sans tomber dans le fondamentalisme, puisque
42 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

le legs de la tradition peut être réagencé, voire réinterprété, selon les


besoins des temps présents ; ils se fabriquent des outils de recherche de
type encyclopédique par la compilation exhaustive en un seul volume
d’informations autrefois dispersées, ce qui suppose le maniement rationnel
de fonds de bibliothèque considérables et des compétences en critique
codicologique. Ces intellectuels conçoivent enfin le manuscrit comme
un support flexible où des notes, des renvois et mille signes marginaux
invitent à la circulation d’un passage à l’autre, d’une œuvre à l’autre, et à
leur confrontation. Le livre, sous la forme du codex que nous manipulons
encore, n’est plus conçu comme le réceptacle d’un discours à lire d’un
bout à l’autre, mais comme un outil de recherche dynamique.
Le manuscrit est toujours conservé à Lyon, à la bibliothèque muni-
cipale qui l’a entièrement numérisé pour le rendre plus accessible.
En partie brûlé, en partie délavé, il a encore été privé de ses derniers
folios, aujourd’hui conservés à Paris. Malgré Florus, qui avait voulu
que les différents cahiers qui composent un manuscrit médiéval soient
reliés en un volume unique, les fascicules de parchemin ont été parta-
gés en deux ensembles, si bien que le manuscrit 484 ne contient que
les commentaires des lettres aux Corinthiens (II), aux Galates, aux
Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens (I et
II), à Timothée (I et II), à Tite et à Philémon. Il reste un témoin peu
spectaculaire mais sans égal de la première place que Lyon a occupée
dans la vie intellectuelle de l’Empire carolingien.

Document
[Traduction des cartouches en bleu, révélateurs de la méthode de
Florus]
« Soyez remplis d’Esprit, partageant entre vous des psaumes, des
hymnes et des chants inspirés, chantant et louant dans vos cœurs le
Seigneur. » [En marge :] Tiré du Traité des psaumes, LXXXVI […]
« Rendant grâce en tout temps et pour tout à Dieu le Père, au nom
de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » [En marge :] Tiré de La Cité de Dieu,
VII […]
« Comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle, pour la
sanctifier en la purifiant d’un bain d’eau et par sa parole. » [En marge :]
Tiré du Traité sur l’Évangile de Jean, XV.
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 43

Source

Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds ancien, ms. 484 (414). Traduit


du latin.

Bibliographie

Holtz, Louis, « Le ms. Lyon, B. M. 484 (414) et la méthode de travail


de Florus », Revue bénédictine, 119 (2009) : 2, p. 270-315.

I.03. RESTITUTION À L’ÉGLISE DE LYON


DE BIENS SPOLIÉS PAR DE GRANDS LAÏCS :
DIPLÔME DE LOTHAIRE Ier POUR L’ÉGLISE DE LYON (841-852)

Document présenté et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

La spoliation des biens ecclésiastiques au profit du souverain et des


grands laïcs, largement pratiquée par les premiers Carolingiens au
viiie siècle, s’est poursuivie sous Charlemagne et Louis le Pieux. Agobard
la dénonça vigoureusement au plaid d’Attigny en 822, sans autre résultat
que celui de s’attirer l’hostilité de l’empereur et des grands. La longue
lettre (De dispensatione ecclesiasticarum rerum) qu’il adressa peu après à un
correspondant anonyme fait connaître très clairement sa position sur
la question. Mais il faut attendre la mort de Louis le Pieux pour voir
l’Église de Lyon bénéficier de quelques restitutions. En effet, Lothaire Ier
a besoin du soutien de ses évêques et il n’a sans doute pas oublié l’aide
que lui avait apportée Agobard lors de ses révoltes contre son père. Il
accorde sept diplômes aux successeurs de celui-ci. Le premier restitue à
Amolon (841-852) des biens qui avaient été donnés en bénéfice à deux
personnages, Évrard et son fils Bermond, connus par ailleurs. Les biens
récupérés situés en Lyonnais et Escuens (entre Lons-le-Saunier et Saint-
Claude) posent de délicats problèmes d’identification, d’autant plus qu’on
ne les retrouve pas dans la liste des possessions tenues ultérieurement
44 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

par l’Église de Lyon. Enfin, il faut signaler que ces restitutions ne furent
sans doute pas effectives, un conflit étant survenu entre Amolon et
Lothaire Ier comme l’indique une autre diplôme de ce dernier qui les
renouvelle en 852 en faveur de Rémy (852-875) successeur d’Amolon.

Document

Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lothaire, par la disposition


de la divine providence empereur auguste. C’est le devoir de la sublimité
impériale d’accroître et de toujours multiplier par la faveur de sa largesse
les biens confiés par les donations d’hommes pieux aux lieux dédiés à
Dieu, afin que par cette bonne œuvre on se réjouisse que les prêtres
de Dieu auxquels a été confié le soin de ces églises ainsi que tous ceux
qui leur ont été confiés prient fidèlement et sans relâche pour le salut
et la prospérité de leurs princes, et qu’en retour de la dévotion et de la
générosité d’une piété perpétuelle s’accroisse pour eux auprès du Dieu
tout puissant le prix de la récompense. Que la masse de tous les fidèles
de la sainte Église et les nôtres présents et à venir apprennent que le
vénérable Amolon, archevêque de l’Église de Lyon, a rapporté à notre
grandeur qu’une part non négligeable des biens de l’église du bienheu-
reux protomartyr Étienne, à la tête de laquelle il est reconnu se trouver,
a été soumise à la domination d’hommes séculiers, et qu’à cause de cela
ceux qui sont là de façon permanente au service du culte divin ont bien
souvent été dans le besoin. Prêtant une attention diligente à son récit
et encore davantage à sa plainte, nous avons prescrit que soit établi ce
précepte par lequel nous ordonnons que soient restitués certains biens
qu’on sait avoir été soustraits, depuis un certain temps et à cause de
diverses perturbations, à la domination dudit siège : c’est à savoir, dans le
comté de Lyon, la villa appelée Oullins et, dans le comté d’Escuens, une
autre villa appelée Morges avec leurs dépendances qui sont dans chaque
pagus et dans diverses villulae, à savoir Assenacum, Villaria, Luperciacum,
et un autre Luperciacum, Vercellia, Vercellione, Carnate et Sancia, ainsi
que la villa Sainte-Marie. Dans ces divers endroits, nous rendons et
confirmons audit siège autant qu’il est reconnu comme relevant du droit
de l’église du bienheureux Étienne, et que Bermond et son père Évrard
sont considérés avoir tenu en bénéfice. De même, nous restituons et
remettons une villula appelée Callisis avec tout ce qui en dépend, et une
LYON ET LA DIVISION DE L’EMPIRE CAROLINGIEN 45

autre appelée Coriacus, qui sont situées dans le pagus de Lyon, de sorte
qu’elles demeurent sans diminution ni soustraction de notre part ni de
celle de nos successeurs ou de n’importe quel pouvoir pour les besoins
de ladite église, et que par le précepte de notre excellence ses recteurs
aient le pouvoir de les conserver et d’en disposer autant que cela leur
sera utile, de même que pour les autres biens de l’église. Et pour que
ce précepte qui est le nôtre conserve pour les temps futurs une fermeté
inviolable, nous l’avons confirmé de notre propre main et ordonné qu’il
soit signé par l’impression de notre anneau.

Source

Die Urkunden der Karolinger. Dritter Band : Die Urkunden Lothars I. und
Lothars II., éd. par Theodor Schieffer, Berlin / Zürich : Weidmannsche
Verlagsbuchhandlung (Monumenta Germaniae historica. Diplomata.
Diplomata Karolinorum ; 3), 1966, no 117, p. 268-270, ici p. 270. Traduit
du latin.

Bibliographie

Guigue, Georges, « Les possessions territoriales de l’Église de Lyon


d’après la bulle du pape Sergius III et les diplômes carolingiens »,
Bulletin historique et philologique, 1925, p. 13-45.
Schieffer, Theodor, « Die Urkunden Lothars I. für Lyon », Archiv für
Diplomatik, 9-10 (1963-1964), p. 1-41.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der
Stadt, des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert,
Köln : Wienand, 1968.
LYON DANS LE ROYAUME
DE PROVENCE

I.04. CONFIRMATION DES PRIVILÈGES


DE L’ABBAYE DE L’ÎLE-BARBE :
DIPLÔME DE CHARLES DE PROVENCE (861)

Document présenté et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

L’original de ce diplôme, le plus ancien conservé aujourd’hui aux


Archives départementales du Rhône, a été retrouvé tout à fait par
hasard en septembre 1914 à l’occasion de travaux effectués dans les
combles de la chapelle de Bourbon de la cathédrale Saint-Jean de Lyon.
Il y avait été caché très probablement au début de la Révolution avec
d’autres documents (dont les bulles d’or de Frédéric Barberousse) pro-
venant des archives du chapitre cathédral. Tel qu’il nous est parvenu,
ce parchemin, qui comporte encore son sceau, a beaucoup souffert, et il
faut parfois recourir aux copies des xve-xvie siècles et aux éditions des
xviie-xixe siècles pour suppléer les lacunes du manuscrit.
Durant son court règne (855-863), Charles de Provence – et Girard de
Vienne qui gouverne en son nom – menacé en permanence par l’appétit
de ses frères, Lothaire II au nord et l’empereur Louis II au sud, s’appuya
sur l’Église de Lyon et son archevêque Rémy (852-875) qui était aussi
son archichapelain. Sur la quinzaine de diplômes émanant de lui que
l’on a conservés, la moitié la concerne. Il s’agit avant tout de restitutions
de biens. Ici cependant le roi renouvelle les privilèges accordés par ses
prédécesseurs (seule une copie de celui délivré par Louis le Pieux en
815 nous est parvenue) à l’abbaye de L’Île-Barbe, la plus ancienne du
48 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

diocèse, et lui confirme donc l’immunité, l’exemption de tonlieu pour


ses bateaux, le seul lien de dépendance vis-à-vis de l’archevêque étant
le versement annuel d’une livre d’argent. Cela donne alors à L’Île-Barbe
une place à part parmi les monastères du diocèse de Lyon, qui, à partir
du milieu du ixe siècle, passent sous le contrôle de l’archevêque. Deux
ans après la délivrance de ce diplôme, Charles de Provence meurt à
Lyon et est enterré dans un monastère de la ville, celui des moniales de
Saint-Pierre, où son tombeau est retrouvé au xviie siècle.
Le diplôme est délivré à Mantaille, résidence royale où Boson fut
proclamé roi quelques années plus tard (cf. I.05.).

Document

Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu éternel, Charles, roi


par la disposition de la divine providence, fils de feu l’illustre et très
pieux Lothaire Auguste. Par devoir de piété et amour de la considération
divine, nous sommes incités à subvenir aux besoins des serviteurs du
Christ avec d’autant plus de bienveillance que nous les avons vus plus
efficaces dans les cultes divins et plus empressés à notre service. Sache donc
notre royaume tout entier qu’à la demande de Rémy, vénérable pontife de
l’Église de Lyon, Gondran, abbé du monastère de L’Île-Barbe, est venu
en suppliant devant notre clémence, tenant dans ses mains les décrets et
préceptes que notre père de divine mémoire, notre grand-père et notre
arrière-grand-père avaient fermement établis pour ledit monastère, et
demandant humblement que soit renouvelé par un privilège inébranlable
de notre sérénité ce que leur piété très libérale avait accordé. Exauçant
sous l’inspiration divine ces prières et jugeant digne et raisonnable de
les faire suivre d’effet, nous avons accordé que soit rédigé ce précepte
par lequel nous décidons et ordonnons que ledit monastère dispose à
l’avenir de cette libéralité et de cette condition sans amoindrissement
ni trouble de la part de quiconque, ainsi qu’il apparaît que Leidrade,
vénérable archevêque de l’Église de Lyon, l’avait déjà sollicité et obtenu
de mes arrière-grand-père et grand-père les glorieux empereurs. Nous,
donc, suivant leurs traces, et y consentant, établissons la même chose
et confirmons, en le décidant par notre autorité, que chaque année une
livre d’argent sera payée par ce même monastère au trésor de l’évêque
et que nul ne prétende revendiquer plus de lui ou réclamer au sujet des
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 49

biens lui appartenant, ni n’ose exiger des droits de gîte, de fourniture


de vivres ou toutes autres redevances, mais qu’il soit permis aux moines
qui servent le Seigneur en cet endroit de posséder à perpétuité pour
leur salaire, intégralement, sans division ni diminution, le monastère
avec tous les biens qui de droit lui reviennent ainsi que leurs navires, et,
obéissant pieusement à leur abbé comme il convient, qu’ils conservent
leur monastère avec l’aide de Dieu sans trouble de quiconque librement
et sincèrement. Nous voulons aussi, et par notre autorité nous prescri-
vons, qu’aucun juge public ou quiconque ayant un pouvoir judiciaire
ne prétende jamais pénétrer sur les lieux et biens de ladite Église pour
entendre les litiges, exiger des amendes, exercer un droit de fourniture de
vivres ou de gîte, prendre des garants, retenir injustement des hommes
dudit monastère demeurant sous l’immunité, ou pour exiger un cens ou
une quelconque redevance, ni pour exiger ce qui est noté ci-dessus ; car
il est heureux, pour nous comme pour la stabilité de notre trône confié à
nous par Dieu, que les moines qui servent Dieu à cet endroit, obtiennent
avec plus d’application et de liberté par leur prières la miséricorde du
Seigneur. Et pour que cette décision royale qui est la nôtre demeure
inviolable, nous la souscrivons en main propre et nous ordonnons de la
marquer du sceau de notre anneau.
Seing de Charles, roi glorieux.
Aurélien, notaire, à la place de Bertraius, j’ai reconnu et souscrit.
Le onze des calendes de septembre, la cinquième année du règne
de notre très glorieux roi Charles, indiction neuf. Fait publiquement à
Mantaille. Au nom de Dieu. Heureusement.

Source

Original : Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 3125.


Édition : Guigue, Georges, « Documents des archives de la cathédrale
de Lyon récemment découverts », Bibliothèque de l’École des chartes, 76
(1915), p. 532-544, ici p. 542-544. Traduit du latin.

Bibliographie

Picot, Joseph, La seigneurie de l’abbaye de L’Île-Barbe, Lyon : Desvignes, 1953.


Rubellin, Michel, « Monastères et évêques dans le diocèse de Lyon
50 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

aux ixe et xe siècles » et « L’histoire de L’Île-Barbe (ve-xe siècle) »,


dans Idem, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon : Presses
universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales ;
10), 2003, p. 245-262 et p. 265-275.

I.05. L’ÉLECTION DE BOSON COMME ROI À MANTAILLE,


EN PRÉSENCE DE L’ARCHEVÊQUE DE LYON (879)

Document présenté et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

Un événement important concerna la région lyonnaise en 879 : le duc


Boson, très puissant personnage issu d’une grande famille de l’aristocratie
lotharingienne, parent par alliance des Carolingiens, soutien très actif de
Charles le Chauve dans les dernières années de son règne, maître entre
autres du Lyonnais, du Viennois et de l’Autunois, se fit proclamer roi
par une assemblée d’évêques et sans doute aussi de grands laïcs réunie à
Mantaille. Il se rendit ensuite à Lyon où il fut couronné par l’archevêque
Aurélien dont il fit son archichancelier. Cet événement a été diversement
jugé. Contrairement à ce qui a été dit parfois, il ne s’agissait pas pour
Boson de créer (ou de recréer) un royaume « régional » voire périphérique
limité à la Provence, ce qui aurait accéléré la décomposition du monde
carolingien, mais bien davantage, en profitant de la quasi vacance du
pouvoir en Francie occidentale (Louis le Bègue venait de mourir et ses
deux jeunes enfants ne semblaient pas en mesure de s’imposer), de se
poser en successeur légitime du roi carolingien. Il pouvait même espérer,
mettant en avant son épouse de souche impériale et s’appuyant sur le
pape Jean VIII qui l’appréciait et recherchait un souverain capable de
défendre l’Italie contre la menace des invasions sarrasines, relever à son
profit la dignité impériale vacante depuis la mort de Charles le Chauve
en 877. On sait que la tentative de Boson fit long feu. Les souverains
carolingiens des deux Francie firent bloc contre lui et Boson disparut
en 882.
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 51

Les actes de l’assemblée de Mantaille comportent trois documents :


outre le procès-verbal de l’élection donné ci-dessous, la demande
d’acceptation adressée par l’assemblée à Boson et la réponse de celui-
ci. Aucun original de ces textes ne nous est parvenu. La copie la plus
ancienne –  d’après un manuscrit aujourd’hui perdu – du seul pro-
cès-verbal de l’élection de Boson a été insérée peu avant le milieu du
xiie siècle dans un ajout au troisième cartulaire de l’Église de Grenoble
attribué à saint Hugues1. Quant à l’ensemble du dossier, il nous est
connu par la copie tardive (accompagnée d’une traduction en français)
d’une « pancharte en vieil parchemin », alors à Chalon-sur-Saône mais
disparue aujourd’hui, donnée par l’érudit Guillaume Paradin dans ses
Annales de Bourgogne publiées à Lyon en 15662. Sa transcription, parfois
fautive, a été améliorée par des érudits des xviie et xviiie siècles. C’est
sur la base de ces deux plus anciennes copies que repose l’édition des
MGH qui a été utilisée pour la traduction ci-dessous.

Document

Alors que les saints pères étaient venus à Mantaille au territoire de


Vienne pour tenir concile au nom du Seigneur sauveur du monde, qu’ils
se disposaient à traiter de nombreuses affaires de l’Église, et qu’ils allaient
se retirer dans le sanctuaire de la sainte sollicitude, beaucoup se levant,
poussés par leur propre réflexion, le zèle sacerdotal répandu depuis tou-
jours dans le cœur des pères dicta comme une évidence qu’il fallait se
préoccuper d’une personne grâce à laquelle, comme c’est l’habitude tant
dans le Nouveau que dans l’Ancien Testament, un gouvernement tout
à fait digne serait présenté au peuple. Et puisque depuis longtemps déjà
tant les saints pères eux-mêmes – appelés évêques par la permission de
la grâce divine – que les princes et le peuple tout entier, manquant de
la protection d’une telle personne, n’étaient soutenus ni aidés par qui-
conque, surtout que depuis la mort du roi commun personne par une
générosité charitable ne les prendrait en son sein, beaucoup en venaient
à se tourmenter parce que la sainte mère l’Église semblait ruinée de fond
1 Hugues de Châteauneuf, évêque de Grenoble. Cartulaire édité par Jules Marion : Cartulaires
de l’église cathédrale de Grenoble dits Cartulaires de saint Hugues, Paris : Imprimerie impériale
(Collection de documents inédits sur l’histoire de France. Première Série : Histoire politique), 1869,
p. 265-267.
2 Paradin, Guillaume, Annales de Bourgogne, Lyon : Antoine Gryphe, 1566, p. 105-111.
52 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

en comble, non seulement de l’intérieur à cause de l’ennemi invisible,


mais aussi de l’extérieur à cause d’ennemis visibles ainsi que par ceux
qu’elle avait elle-même suscités contre le Christ. C’est pourquoi, alors que
les regards se tournaient partout et qu’avec les plus nobles on passait en
revue les personnes capables de faire face à cette nécessité, n’en trouvant
pas une qui semblait répondre à cette recherche, vu que tous ne se sou-
ciaient aucunement d’assumer une telle charge en l’honneur de Dieu, de
ses saints et de la sainte Église, tous, enflammés, implorèrent du fond
du cœur Dieu, prince de tous les princes, pour sortir de cette situation
critique, de sorte que celui qui a le soin particulier des mortels et dont
la disposition incline le cours des siècles donne un juste conseil et fasse
connaître un signe évident de son aide. Enfin, tout le cœur et toute la
volonté s’adressent à celui qui est accessible. Considérant les âmes fatiguées
des grands comme des petits, il fit entrevoir un soulagement certain et
la solution se présenta ainsi : connu de tous et, sous l’inspiration divine,
désiré à l’unanimité, un homme fut présenté ; il avait été jadis le défen-
seur et l’auxiliaire indispensable du seigneur Charles dans son principat
et, après lui, le seigneur roi Louis, fils dudit empereur, remarquant son
insigne prudence, lui avait accru sa confiance. Lui-même avait brillé aux
yeux de tous non seulement en Gaule, mais aussi en Italie, à tel point que
le seigneur apostolique, Jean de Rome, l’embrassant comme un fils, avait
bien des fois loué sa loyauté et que, retournant à son siège, il l’avait chargé
de sa protection. Donc, sur l’ordre de Dieu et par le suffrage de ses saints,
en raison de la nécessité présente et de l’intérêt désirable, comme de la
très prudente et très providentielle sagesse qu’on a trouvée en lui, d’un
esprit commun, d’un même vœu et d’un même consentement, guidés
par le Christ, on a demandé et unanimement choisi pour remplir cette
fonction royale le très illustre prince et seigneur Boson. Et, en considération
d’une si lourde tâche, il aurait renoncé et refusé, mais on lui opposa que
cela venait de Dieu et de son Église, et en fin de compte il se soumit en
promettant d’obéir. L’élu est établi par Dieu, les prières sont dites, et avec
l’aide de la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui l’avait emporté dans
la décision, il attend, suffisamment efficace, un accomplissement certain.
Et afin que cette élection soit connue avec plus de certitude par les présents
comme par les futurs, la souscription de tous les évêques le montre d’une
manière éclatante. Fait à Mantaille, publiquement, l’an de l’Incarnation
du Seigneur DCCCLXXIX, indiction XII, aux ides d’octobre.
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 53

Otramn humble archevêque de Vienne. Aurélien archevêque de


Lyon. Teutran archevêque de Tarentaise. Robert humble évêque d’Aix.
à la place d’Adalgaire évêque d’Autun… archidiacre. Ratbert évêque de
Valence. Bernaire évêque de Grenoble. Hélie évêque de l’Église de Vaison.
Emico humble évêque de l’Église de Die. Adalbert évêque de Maurienne.
Biraco évêque de Gap. Eustorge évêque de Toulon. Gerbaud évêque de
l’Église de Chalon. Baldemar évêque de […]. Jérôme évêque de Lausanne.
Richard évêque d’Apt. Gontard évêque de Mâcon. Rostaing archevêque
d’Arles. Thierry archevêque de l’Église de Besançon. Éthère évêque
de Viviers. Léodoin évêque de Marseille. Germard évêque d’Orange.
Ratfrid évêque d’Avignon. Walafrid évêque de l’Église d’Uzès. Édold
humble évêque de l’Église de Riez. Léoboin chorévêque. Manno prévôt.
Geilon humble abbé1.

Source

Capitularia regum Francorum. Tomus secundus, éd. par Alfred Boretius


et Viktor Krause, Hannover : Hahnsche Buchhandlung (Monumenta
Germaniae historica. Leges. Capitularia regum Francorum ; 2), 1897, no 284,
p. 365-369, ici p. 368-369. Traduit du latin.

Bibliographie

Poupardin, René, Le Royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933 ?),


Paris : Émile Bouillon (Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences
historiques et philologiques ; 131), 1901.
Bautier, Robert-Henri, « Aux origines du royaume de Provence : de la
sédition avortée de Boson à la royauté légitime de Louis », Provence
historique, 23 (1973) : 93-94, p. 41-68.
Bouchard, Constance Brittain, « The Bosonids or rising to power in the
Late Carolingian Age », French Historical Studies, 15 (1988), p. 407-431.
Staab, Franz, « Jugement moral et propagande : Boson de Vienne vu
par les élites du royaume de l’Est », dans La Royauté et les élites dans
l’Europe carolingienne (du début du IXe aux environs de 920), éd. par
Régine Le Jan, Villeneuve d’Ascq : Centre d’histoire de l’Europe du
Nord-Ouest (Histoire et littérature régionales ; 17), 1998, p. 365-382.

1 Geilon, abbé de Saint-Philibert de Tournus.


54 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bougard, François, « En marge du divorce de Lothaire II : Boson de


Vienne, le cocu qui fut fait roi ? », Francia, 27 (2000) : 1, p. 33-51.

I.06. L’ARCHEVÊQUE DE LYON PARTICIPE À L’ÉLECTION


DU ROI LOUIS L’AVEUGLE :
NOTICE DU CONCILE DE VALENCE (890)

Document présenté et traduit par Laurent RIPART

Présentation

En décidant d’élire en 890 le roi Louis, fils de Boson, le concile


d’évêques et de grands qui s’était assemblé à Valence prit la décision
de créer un nouveau royaume aux dimensions de la vallée du Rhône.
Connue par une mauvaise transcription, transmise par l’historien lyonnais
Guillaume Paradin, la notice de cette élection témoigne des difficul-
tés de ces temps, marqués tout à la fois par le délitement de l’Empire
carolingien consécutif à la déposition à l’automne 887 de l’empereur
Charles III le Gros, mais aussi par les ravages causés par les Normands
et, plus récemment, par les Sarrasins, qui venaient de s’établir sur le
lieu de Fraxinetum dans l’actuel golfe de Saint-Tropez. Dans ce contexte
marqué par les carences de l’ancien ordre carolingien, le concile de Valence
décida de se doter, non sans hésitations, d’une royauté régionale, espérant
qu’elle lui donnât la stabilité politique nécessaire au retour de la paix.
En choisissant d’élire Louis, alors encore dans l’âge de l’enfance, les
grands assemblés à Valence n’entendaient toutefois pas le placer dans la
continuité du règne illégitime de son père, l’anti-roi Boson, qui ne leur
avait guère apporté que guerres et dévastations. La notice prend ainsi
grand soin de présenter Louis, non pas tant comme le fils de Boson,
mais comme le petit-fils par sa mère Ermengarde de l’empereur Louis II
d’Italie, ce qui lui permettait d’affirmer que le jeune roi était bien « issu
de la souche impériale ». Elle s’attache aussi à rappeler que l’empereur
Charles III le Gros, qui l’aurait adopté peu avant sa mort en 887, avait
déjà eu le projet de lui confier une couronne royale, mettant ainsi en
exergue la légitimité carolingienne du jeune roi. Elle souligne enfin que
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 55

le concile n’avait agi qu’à l’initiative du pape Étienne V et avec l’accord


du souverain carolingien Arnulf, héritier principal de Charles III le Gros,
qui avait demandé à ce que Louis fût couronné avec le sceptre qu’il lui
avait fait envoyer, afin de se poser en protecteur du nouveau monarque.
Bien que le concile de Valence se fût ainsi attaché à situer la royauté
de Louis dans la continuité de l’ordre carolingien, cette élection royale
traduit toutefois une évidente rupture avec les temps anciens. Dans un
contexte marqué par l’essor des pouvoirs locaux, on observera l’importance
donnée aux évêques, en premier lieu aux grands archevêques rhodaniens
dont les rivalités étaient notoires : il n’est certainement pas anodin que la
notice s’attache à mettre en évidence l’autorité de l’archevêque Barnoin
de Vienne, reléguant au second plan l’archevêque Aurélien de Lyon et
les archevêques d’Arles et d’Embrun. Tout aussi remarquable est le
poids de la haute aristocratique laïque, en particulier du duc Richard
le Justicier, oncle paternel du jeune roi, dont l’autorité princière, centrée
sur le duché français de Bourgogne, s’étendait au-delà des frontières du
royaume de Francie jusques en Lyonnais et qui, au côté d’Ermengarde,
se voit conférer par le concile de Valence la régence du jeune roi.

Document

La 890e année de l’Incarnation du Seigneur, indiction 8, le reli-


gieux et très vénérable Barnoin, archevêque du saint siège de Vienne,
se rendit au siège apostolique pour les besoins de son église et plus
généralement de celles de tout le royaume, afin de consulter le seigneur
apostolique à qui revient l’attention et la sollicitude de toutes les
églises. Par un digne récit des troubles qui dévastaient le royaume, il
rapporta comment, après être resté longtemps sans roi ni prince après la
mort du très glorieux empereur Charles, il avait été gravement affligé,
non seulement par ses propres habitants que plus aucune verge ne
retenait, mais aussi par les païens, tant par les Normands qui avaient
porté leurs ravages à l’intérieur des terres que par les Sarrasins qui
dévastaient la Provence, terre laissée à la désolation. Ayant entendu
de sa bouche ces choses et d’autres semblables, le vénérable seigneur
apostolique étienne, ému jusqu’aux larmes, enjoignit par sa très sainte
exhortation ceux de la Gaule cisalpine, tant par des paroles que par
des écrits adressés aussi bien aux archevêques qu’aux respectables
56 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

évêques, qu’ils établissent à l’unanimité et en parfait accord Louis,


petit-fils du défunt Louis, très glorieux empereur, roi sur le peuple de
Dieu. Quand nous prîmes connaissance avec diligence que l’accord
de notre mère, la sainte, catholique et apostolique église, permettait
cette élection, nous vîmes ensemble dans la cité de Valence, le seigneur
Aurélien archevêque du siège de Lyon, le seigneur Rostaing arche-
vêque de la ville d’Arles, le vénérable archevêque Arnaud d’Embrun
et Barnoin archevêque de Vienne, par qui nous avons avec vénération
appris la volonté du seigneur apostolique. Après en avoir débattu avec
nos nombreux autres co-évêques, nous nous sommes interrogés sur
la volonté de Dieu, si nous devions dignement et raisonnablement
établir un roi, selon les exhortations du seigneur apostolique, dont
nous avions les écrits en main. Il y eut un accord général sur le fait
que nous ne pouvions prendre meilleur roi que l’enfant qui, issu de la
souche impériale, manifestait déjà de bonnes aptitudes. Bien qu’il fût
d’un âge insuffisant pour pouvoir châtier la cruauté des barbares, il
est toutefois entouré, avec l’aide de Dieu, par le conseil et la vaillance
de nobles princes de ce royaume en nombre important. Il bénéficiera
tout d’abord du ferme soutien de Richard, remarquable duc et éminent
prince, mais aussi de la très glorieuse reine Ermengarde, sa très fine
et subtile assistance placée par la prudence divine auprès de lui pour
l’utilité du royaume, lui étant aussi adjointe la digne exhortation des
susdits évêques et le conseil des élites de tout le royaume, selon la très
bienfaisante peur de Dieu. Enfin, confiants et enthousiasmés par une
telle assurance, par la volonté de Dieu, comme nous le croyons, nous
avons élu roi le susdit Louis, fils du très excellent roi Boson, et nous
avons ordonné qu’il fût oint, jugeant qu’en était digne celui à qui le
très éminent empereur Charles avait déjà concédé la dignité royale
et que son successeur Arnulf, garant et protecteur du royaume en
toute chose, a approuvé en lui remettant son sceptre par ses très sages
ambassadeurs, l’évêque Réoculf et le comte Bertold. Avec l’autorisation
d’une si puissante autorité, par le consentement de tous ceux qui sont
venus dans ladite cité, nous avons ordonné d’établir cette constitution
royale, nous l’avons de surcroît ratifiée de nos propres mains et chacun
d’entre nous l’a souscrite, en souhaitant qu’elle assure la félicité pour
les temps à venir.
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 57

Source

Ludovici regis Arelatensis electio, dans Capitularia regum Francorum, éd. par


Georg Heinrich Pertz, Hannover : Hahnsche Buchhandlung (Monumenta
Germaniae historica. Leges. Leges (in folio) ; 1), 1835, p. 558-559. Traduit du latin.

Bibliographie

Boehm, Laetitia, « Rechtsformen und Rechtstitel der burgundischen


Königserhebungen im 9. Jahrhundert. Zur Krise der karolingischen
Dynastie », Historisches Jahrbuch, 80 (1961), p. 1-57.
Bautier, Robert-Henri, « Aux origines du royaume de Provence : de la
sédition avortée de Boson à la royauté légitime de Louis », Provence
historique, 23 (1973) : 93-94, p. 41-68.
Ganivet, Pierre, « La consolation de l’Empire. Louis III de Provence dit
“l’Aveugle” ou les ambitions d’un prince », dans Carolingian Europe :
colloquium organized in Poreč and Split (23-27.05.2001), éd. par Miljenko
Jurković et Ante Milošević = Hortus artium medievalium, journal
of the International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages,
8 (2002), Zagreb-Motovun : International Research Center for Late
Antiquity and Middle Ages, 2002, p. 179-191.

I.07. LOUIS L’AVEUGLE, ROI DE PROVENCE, CONFIRME LES BIENS


ET L’IMMUNITÉ DE L’ÉGLISE DE LYON (18 MARS 892)

Document présenté et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

Le mouvement de restitution de biens en faveur de l’Église de Lyon


amorcé par l’empereur Lothaire Ier au temps de l’archevêque Amolon
(I.03.) se poursuit jusque dans les années 870. Il s’accompagne de
quelques donations, notamment celles des monastères de Nantua et
de Savigny, consenties au successeur d’Amolon, l’archevêque Rémy.
Au total ce sont dix-neuf diplômes émanant de Lothaire Ier, Charles de
58 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Provence, Lothaire II et Charles le Chauve qui ont permis à l’Église de


Lyon de récupérer une partie au moins de son patrimoine. Mais, passé
877, le temps des restitutions et des donations accordées par les souve-
rains est révolu. Dans un contexte politique de plus en plus incertain,
l’archevêque Aurélien s’attache dès lors à consolider ce qui avait été
acquis. En 878, à l’occasion du concile de Troyes au cours duquel le
pape Jean VIII couronne Louis le Bègue roi de Francie occidentale, il
obtient de celui-ci un premier diplôme de confirmation des biens et de
l’immunité de son Église que l’empereur Charles le Gros renouvela en
885. Puis en 892, deux ans après son avènement, le jeune roi Louis,
fils de Boson et d’Ermengarde, qui entend s’inscrire dans la lignée des
souverains carolingiens, même s’il semble admettre – provisoirement
– la restriction de son royaume à la Provence, fait de même : il reprend
le diplôme de Charles le Gros en ajoutant à la liste des biens confirmés
l’abbaye d’Ainay et la villa d’Aciacum dans le pagus de Valence. C’est là
le dernier diplôme carolingien portant confirmation des biens de l’Église
de Lyon, celui du même Louis en faveur d’Alvala, successeur d’Aurélien,
paraissant suspect (P. Ganivet). Il faut attendre ensuite la bulle du pape
Sergius III en 910 pour retrouver, dans un contexte différent, un docu-
ment analogue, qui accorde en outre à l’Église de Lyon l’élection de son
archevêque par ses suffragants. On le sait, ces confirmations de biens
ne permettent pas d’avoir une vue d’ensemble précise des possessions
de l’Église de Lyon au moment de leur délivrance (H. Gerner). Elles
mentionnent très probablement avant tout les biens qui apparaissent
les plus menacés, soit qu’ils aient été restitués récemment, soit qu’ils
soient situés en dehors du diocèse.
Aurélien, le destinataire de ces diplômes, est le dernier des grands
archevêques lyonnais du ixe siècle. Issu d’une grande famille de la
région possessionnée en Lyonnais, Viennois, Bugey, Diois, Maurienne,
mais aussi, beaucoup plus loin, en Chartrain, Dunois et Duesmois, il
fut d’abord archidiacre d’Autun. En 859, il entreprit la restauration
de l’abbaye d’Ainay, dont il resta l’abbé jusqu’à sa mort, et fonda sur
ses biens propres l’abbaye Saint-Benoît de Cessieu (Ain). Successeur de
Rémy sur le siège de Lyon en 875, comme lui il joua un rôle politique
important. On l’a vu tenir la première place en 879 à l’occasion de
l’accession au trône de Boson (I.05.). Il est toujours présent en 890 à
Valence au couronnement de son fils Louis, mais sa place n’est plus
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 59

aussi prééminente : même s’il est qualifié de précepteur du jeune roi, il


n’obtient pas, comme en 879, la charge d’archichancelier qui échoit cette
fois à l’archevêque de Vienne, Barnoin. D’autre part il essuie au même
moment un échec sérieux face à l’archevêque de Reims dans sa volonté
de promouvoir un homme à lui sur le siège suffragant de Langres, et il
doit faire face durant les dernières années de son épiscopat à la montée
de l’influence viennoise dans l’entourage du roi Louis (P. Ganivet).
Est-ce pour contrebalancer ces difficultés qu’il prend à l’occasion d’un
concile provincial réuni à Chalon-sur-Saône en 894 la titulature de
« primat de la Gaule tout entière » (primas totius Galliae) ? Quoi qu’il
en soit, après sa mort en 895, le siège lyonnais semble avoir connu une
assez longue vacance.

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Louis, roi par la disposition


de la divine providence. Si nous prêtons attentivement notre oreille aux
justes et raisonnables demandes de nos fidèles et si, en y répondant, nous
pourvoyons à leurs besoins, nous travaillons pour la dignité royale, et par là
nous rendons leurs esprits toujours plus dévoués et, mieux, plus empressés
envers notre fidélité. C’est pourquoi, qu’il soit connu de tous les fidèles de
la sainte Église de Dieu et des nôtres, présents et à venir, qu’à la prière
et à l’exhortation ou conseil de notre très glorieuse mère, Ermengarde,
et au nom de la déférence très sincère d’Aurélien notre précepteur, nous
avons concédé à l’église du très saint protomartyr Étienne de Lyon, à la
tête de laquelle le même vénérable Aurélien est réputé se trouver comme
archevêque, des églises et des villae avec leurs dépendances, sises dans
le pagus de Lyon, afin que le très saint protomartyr Étienne veuille bien
intercéder pour nous, nos parents, nos aïeux et nos bisaïeux, à savoir, hors
les murs de la ville, l’église Saint-Laurent avec le petit bénéfice qui en
dépend, et en-deçà de la Saône, l’abbaye Saint-Martin dite d’Ainay avec
toutes les dépendances la concernant dans leur totalité, Genouilleux avec
le port et le marché, comportant une chapelle et trente-trois manses parmi
ceux qui sont occupés ou vides avec tout ce qui en dépend, Dagneux
avec une chapelle et trente manses parmi ceux qui sont occupés ou vides
et tout ce qui en dépend. Nous concédons aussi à l’église Saint-Irénée,
pour la rétribution des chanoines qui servent ici pour une récompense
60 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

éternelle, trois manses à Luperciacus, un manse à Viliacus, deux manses à


Monte, deux manses à Cabanniacus. Nous voulons bien sûr, selon le vœu
de notre très glorieuse mère, confirmer par ce précepte de notre autorité
les préceptes établis par nos aïeux et nos bisaïeux, à savoir les très pieux
empereurs augustes Lothaire, Louis et Charles, ainsi que par les rois
leurs fils et leurs neveux et aussi par notre cousin le roi Louis : dans le
pagus de Lyon, les monastères de Nantua et de Savigny avec toutes leurs
dépendances, et dans le même pagus, l’immunité de Villeurbanne jouxte
la cité, pour l’usage des frères, et Oullins, Caliscus et Cortennacus ainsi que
la villa Egena et le bourg d’Ambérieux et Bouligneux, également Lurcy
et Cocciacus, avec leurs dépendances et les non libres des deux sexes ; dans
le pagus de Vienne, la villa de Tournon, des Loives et de Luzinay dans
leur totalité ; dans le pagus de Valence, la villa d’Aciacum ; dans le pagus
de Sermorens et de Grenoble, les villae de Colonge et Fitilieu, de Chélieu
avec leurs dépendances ; dans le comté d’Escuens, la villa de Morges,
avec l’immunité et ses dépendances ; dans le pagus de Brienne, la villa de
Piney dans sa totalité ; dans le pagus d’Autun, la villa de Candiacus avec
ses dépendances ; dans le pagus de Beaune, la villa de Pommard dans sa
totalité ; et dans le comté de Portois, les villae de Flagy et Pusey, avec
toutes leurs dépendances ; dans le pagus de Chalon, la villa de Montaurius,
Villare et Scovella, avec leurs dépendances ; dans le pagus de Bassigny,
Rançonnières, avec ses dépendances. Nous voulons donc, comme nous
l’avons dit plus haut, que les biens qui ont été donnés ou restitués par
nos prédécesseurs déjà nommés, ou ceux qui ont été accordés par d’autres
hommes à quelque ordre qu’ils appartiennent, ou encore ceux qui, avec la
bienveillance de Dieu, seront conférés dorénavant, demeurent fermement
et durablement en notre immunité. Aussi, prescrivant, nous ordonnons,
et en ordonnant nous prescrivons, qu’aucun juge public ou quiconque
en vertu d’un pouvoir judiciaire n’ose pénétrer à aucun moment dans
les églises, lieux, terres ou autres possessions de ladite Église qu’elle
possède légalement à l’heure actuelle dans le ressort de notre royaume,
ou dans ce que la piété divine voudra bien accroître à l’avenir dans sa
juridiction, pour entendre des litiges, exiger des amendes, exercer un
droit de fourniture de vivres ou de gîte, prendre des garants, retenir sans
raison des hommes de ladite Église, requérir redevances ou taxes illicites,
ou ne présume exiger en rien tout ce qui est énuméré ci-dessus ; mais
qu’il soit permis à l’archevêque susdit et à ses successeurs de posséder
LYON DANS LE ROYAUME DE PROVENCE 61

en paix les biens de ladite Église et de nous servir fidèlement, et qu’ils


ne négligent pas de prier pour nous, pour notre très glorieuse mère et
pour la stabilité de notre royaume tout entier. Et afin que cet acte de
notre munificence conserve pour toujours sa fermeté au nom de Dieu,
nous l’avons confirmé ci-dessous de notre main et nous avons ordonné
qu’il soit scellé par l’impression de notre anneau.

Seing de Louis, très sérénissime roi.


Warimaldus, notaire, a reconnu à la place de Barnoin.
Donné le XV des calendes d’avril, l’an de l’Incarnation du Seigneur
DCCCXCII, et, avec l’aide de Dieu, la deuxième année du règne de
notre seigneur Louis en Bourgogne ou Provence, indiction X. Fait dans
la cité de Lyon, au nom de Dieu heureusement. Amen.

Source

Recueil des actes des rois de Provence (855-928), éd. par René Poupardin,
Paris : Imprimerie nationale (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de
France), 1920, no XXIX, p. 51-54. Traduit du latin.

Bibliographie

Poupardin, René, Le Royaume de Provence sous les Carolingiens (855-933 ?),


Paris : Émile Bouillon (Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences
historiques et philologiques ; 131), 1901.
Guigue, Georges, « Les possessions territoriales de l’Église de Lyon
d’après la bulle du pape Sergius III et les diplômes carolingiens »,
Bulletin historique et philologique, 1925, p. 13-45.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der
Stadt, des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert,
Köln : Wienand, 1968.
Ganivet, Pierre, « La consolation de l’Empire. Louis III de Provence dit
“l’Aveugle” ou les ambitions d’un prince », dans Carolingian Europe :
colloquium organized in Poreč and Split (23-27.05.2001), éd. par Miljenko
Jurković et Ante Milošević = Hortus artium medievalium, journal
of the International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages,
8 (2002), Zagreb-Motovun : International Research Center for Late
Antiquity and Middle Ages, 2002, p. 179-191.
LES MARQUIS COMTES DE LYON,
DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE

I.08. LE RATTACHEMENT DE LYON À LA PRINCIPAUTÉ AQUITAINE :


LES CHANCELLERIES DE GUILLAUME LE PIEUX

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

Les circonstances dans lesquelles Guillaume le Pieux, comte d’Auvergne


et duc des Aquitains (886-918), obtint le comté de Lyon ne sont pas posi-
tivement établies. Les rares textes disponibles après l’élection de Mantaille
(supra, I.05.) sont d’interprétation délicate. Toutefois, il semblerait que la cité
lyonnaise, comme le castrum de Mâcon, ait été confiée par le roi Carloman
au père de Guillaume, le marquis Bernard Plantevelue : Guillaume aurait
donc « hérité » de Lyon, même s’il faut attendre 902 pour avoir la preuve
textuelle qu’il détient le comté. Sa présence auprès de Louis et Ermengarde,
dans les semaines qui précèdent l’élection de Valence (supra, I.06.) plaide
en ce sens. Sans doute est-ce d’ailleurs dès cette époque qu’est projeté son
mariage (attesté dès 898) avec Ingelberge (infra, I.08.b.), la sœur de Louis.
Après la dislocation de l’Empire carolingien, au tournant des ixe et
xe siècles, Lyon se trouve donc dans une configuration politique par-
ticulière : partie intégrante du royaume provençal de Louis l’Aveugle,
qui règne cloîtré dans son palais de Vienne à partir de 905, la cité et
le comté s’intègrent également dans une « principauté » (J. Dhondt)
essentiellement aquitaine, dont le centre auvergnat aussi bien que les
marges bourguignonnes (Mâconnais, Nivernais) relèvent du royaume de
Francie occidentale. Les liens de Lyon avec ce dernier restent d’autant plus
étroits que tous les autres sièges de la province ecclésiastique en relèvent.
64 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Les deux textes ci-dessous montrent comment le gouvernement de cette


principauté transcende les limites entre les deux royaumes. Le premier
texte, longtemps connu par la seule édition partielle de Mabillon, doit
être daté de 916 et non, comme on l’a cru jusqu’à la récente transcription
de l’original par Marie-José Gasse, de 901. Rien, dans l’acte, ne permet
d’évoquer le « plaid de Lyon » dont certains auteurs ont pu parler. Cette
charte répond à une demande adressée à Guillaume le Pieux par l’abbé
et les moines d’un monastère inconnu, mais vraisemblablement auver-
gnat, car le texte indique clairement que Guillaume se trouvait alors
en Auvergne et les noms des fidèles dont l’acte porte les souscriptions
évoquent l’aristocratie auvergnate davantage que celle du Mâconnais
ou du Lyonnais. L’acte en question a pourtant été dressé à Lyon par un
scribe nommé Égyl, qui se qualifie de « notaire de Saint-Paul », peut-
être le prêtre Egil inscrit sur l’obituaire de Saint-Paul de Lyon au 4 des
nones de juin. La rédaction de l’acte intervient donc dans un contexte
distinct de la requête initiale à la fois dans le temps et dans l’espace, et
le fait que l’affaire traitée soit purement auvergnate n’empêche en rien
cette rédaction à Lyon, par un scribe lyonnais. Le recours à un chanoine
de Saint-Paul s’éclaire à la lumière du lien que la maigre documentation
relative à cette église met en évidence avec le comitatus : l’abbatiat de
Saint-Paul est un « honneur », c’est-à-dire une dignité assortie d’une
dotation, qui paraît avoir été à plusieurs reprises associé à la charge
comtale jusqu’au début du xie siècle. Il semble probable que Guillaume
le Pieux ait été abbé laïque de Saint-Paul en même temps que comte
de Lyon, de la même manière qu’il était à la fois comte d’Auvergne et
abbé (laïque) de Brioude.
À ce titre, le parallèle s’impose avec le second texte, rédigé moins
de six mois plus tard, et qui nous est parvenu par l’intermédiaire du
cartulaire C de Cluny. Il s’agit, cette fois, de l’exécution d’une donation
pieuse voulue par Ingelberge, sœur de l’empereur Louis de Provence
et épouse de Guillaume le Pieux, par ce même Guillaume et quelques
autres personnages, au profit du monastère de Cluny, récente fondation
guillelmide. La libéralité porte sur un vaste domaine public, le « fisc »
de Romans, et un ensemble de dépendances situées « dans le pays de
Lyon », mais c’est un scribe nommé Sulpice de Brioude qui, faisant
fonction de chancelier, reconnaît l’acte et le date par référence à Charles
le Simple, roi de Francie occidentale. Malgré la situation lyonnaise des
LES MARQUIS COMTES DE LYON, DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE 65

biens cédés, l’acte a donc été rédigé à Brioude même, en ce « lieu où le


duc d’Aquitaine exerce des droits et jouit de prérogatives dont le roi seul
pouvait naguère disposer » (J.-P. Brunterc’h), et où il choisit d’ailleurs
d’être inhumé. Sa femme Ingelberge, encore vivante deux mois plus tôt,
y a sans doute aussi élu sépulture.
Une dernière remarque s’impose en ce qui concerne le vocabulaire
employé par Sulpice de Brioude dans ce second texte, et notamment
deux termes empruntés au droit romain des successions : « légataire »
(legatarius) et « fidéicommis » (fideicommissum). Le choix a été fait ici d’une
traduction littérale de ces deux termes, même s’ils n’ont, à l’évidence,
plus de rapport avec les institutions romaines correspondantes. En droit
romain, un « légataire » est le bénéficiaire d’un legs inséré dans un
testament. Ici, il sert à qualifier les personnes chargées d’exécuter les
volontés de la bienfaitrice : legatarii aurait pu être traduit par « exécuteurs
testamentaires », à condition d’entendre par « testament » (testamentum),
non pas un testament au sens romain du terme, mais une libéralité au
sens large ; legatarii est donc synonyme d’elemosinarii, « aumônier », autre
terme utilisé dans la charte, et qu’on emploiera surtout, à partir des
xie-xiie siècles, dans un contexte monastique pour désigner le religieux
spécialement chargé de l’aumône. Quant au fidéicommis, que le droit
romain distinguait du legs proprement dit, il s’agissait d’une disposition
insérée dans un testament ou dans un codicille, et non soumise aux
règles de forme ordinaires, par laquelle le testateur s’en remettait à la
bonne foi (fides) de l’héritier ou d’un légataire, pour l’accomplissement
d’actes portant sur tout ou partie du patrimoine successoral. L’emploi
du terme, pour l’accomplissement des dernières volontés que l’intéressée
n’avait sans doute exprimée qu’oralement, n’est donc pas dépourvu de
cohérence juridique.
I.08.A. ÉGYL, NOTAIRE DE SAINT-PAUL DE LYON,
DRESSE LA CHARTE DE PROTECTION DE GUILLAUME LE PIEUX
EN FAVEUR D’UN MONASTÈRE AUVERGNAT (25 JUILLET 916)

Document

L’an de l’incarnation du Seigneur 916, indiction 4, alors que l’illustre


comte et très puissant marquis Guillaume se trouvait dans le pays
d’Auvergne placé en sa domination, se rendit auprès de lui un abbé de
66 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

vie vénérable, nommé Archenold, accompagné de la congrégation qui


lui était soumise, pour lui raconter humblement de quelle manière le
père du comte avait, de sa propre volonté et par son intervention, enrichi
le lieu où ils demeurent, lui-même et sa congrégation, et de quelle
manière il avait magnifié ce même lieu auprès des éminents rois Louis
et Carloman. Mais, la tourmente des hommes mauvais s’étant levée, ce
lieu finit par péricliter, et il est entièrement ruiné et réduit à un désert.
À ses prières, le comte susnommé, compatissant d’un pieux sentiment,
afin que lui-même ne s’écarte pas du bien et que ne soit empêché ce
que son père avait fait par amour de Dieu, et afin de prendre part à
l’accomplissement du bien, a établi par toute sa puissance que personne,
parmi les siens, ose saisir ou troubler les biens de l’abbé susdit et de sa
congrégation, mais qu’il leur soit permis, sans aucun trouble, de tenir
l’intégralité de leurs biens. Car les biens de ladite congrégation subissent
des troubles continuels et il n’est pas permis aux moines d’observer la
norme de vie religieuse qu’ils ont engagée. Au contraire, quand tout est
ravagé sans le moindre respect de l’amour de Dieu, le saint sacrifice est
refusé à ceux par qui il avait été préparé. Le même comte, se souvenant
de la bienveillance que son père eut à l’égard du même lieu, ne veut
pas que cela se fasse de l’extérieur, mais pour l’aumône de ses parents
prédécesseurs et la récompense de la vie éternelle, il décida de faire
une charte de ces lettres, la fortifia de son nom, et la présenta pour être
touchée des mains de ses fidèles, afin que partout où ils pourront porter
secours au monastère, ils soient confortés par l’autorité de cet acte dans
le réconfort de leur aide et de leur soutien. Si jamais quelqu’un avait
l’audace d’agir contre ce décret, ou d’apparaître à l’égard des susdits
biens comme un envahisseur téméraire, que, condamné par le jugement
de Dieu tout-puissant, il paie et verse à la même congrégation cent livres
d’or, et que, à travers la succession des temps, l’autorité de cette cession
demeure intangible.

Guillaume, illustre comte, a demandé de faire et de confirmer


l’ensemble de ces lettres. Seing de Guillaume le Jeune. Seing d’Emmenon.
Seing d’Armand. Seing d’Ucpert. Seing de Léobold. Seing de Gualdon.
De même, seing de Guillaume.
Fait à Lyon, le 8 des calendes d’août, par la main d’Égyl, notaire de
Saint-Paul.
LES MARQUIS COMTES DE LYON, DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE 67

Source

Original : Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 11829, no 2a.


– Édition électronique : http://www.cn-telma.fr/originaux/charte1814/
= Acte 1814 (Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 11829,
no 2a), dans Chartes antérieures à 1121 conservées en France, éd. par Cédric
Giraud, Jean-Baptiste Renault et Benoît-Michel Tock, Nancy :
Centre de médiévistique Jean Schneider / Orléans : Institut de recherche
et d’histoire des textes, 2010 [Date de mise à jour : 29 mars 2012 ;
consulté le 10 septembre 2013]. – Édition partielle : Acta sanctorum
ordinis sancti Benedicti… Saeculum V, quod est ab anno Christi CM ad M,
éd. par Luc d’ACHERY et Jean Mabillon, Paris : Veuve d’Edme Martin
et Jean Boudot, 1685, p. 89-90. Traduit du latin.
I.08.B. SULPICE DE BRIOUDE, AGISSANT COMME CHANCELIER,
DRESSE L’ACTE D’EXÉCUTION DE L’AUMÔNE LYONNAISE CONSENTIE
PAR LA COMTESSE INGELBERGE EN FAVEUR DE CLUNY (JANVIER, 917 ?) 

Document

La largesse divine consacre la possibilité que nous avons de nous


préparer, à partir des biens éphémères, la récompense éternelle ; et il est
légalement permis à n’importe qui de transférer, par lui-même ou par des
légataires, les biens qui relèvent de son droit en la puissance d’autrui. Voilà
pourquoi, en vertu de cette sanction, nous les aumôniers de la comtesse
Ingelberge – à savoir : le comte Guillaume, son mari, et le comte Roger,
Teutard, Azon ainsi qu’Arnaud –, par l’autorité du commandement de
cette même Ingelberge et de notre témoignage qui est établi de manière
idoine pour un fidéicommis, nous remettons au monastère de Cluny fondé
en l’honneur des saints apôtres Pierre et Paul, où le seigneur abbé Bernon
préside, la villa et le fisc de Romans, avec l’église qui est consacrée en
l’honneur de l’auguste confesseur du Christ Martin. Cet alleu est situé
dans le pays de Lyon – ce fisc, donc, avec toutes ses appendances et les
petites villae ayant pour noms Nerviniacus, Faia, Lasnincus, et tout ce que
nous avons dans l’autre Lasnincus, et pareillement tout ce que nous avons
dans la villa de Condeissiat et dans la chapelle qui est en l’honneur de
saint André à Huiriat, et Campaniola et Mons Bernardi et Longa Curtis, tout
ce que nous y avons. Ainsi donc, ces biens désignés, avec d’autres biens
68 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sis dans le susdit comté de Lyon, avec les vignes, les champs, les prés, les
forêts, les eaux, les moulins à farine, les pâtures, les sorties et les accès, ce
qui est cultivé et ce qui n’est pas cultivé, ce qui est requis et à requérir,
le tout dans son intégralité, et les serfs et serves qui dépendent des biens
désignés, où qu’ils soient ou habitent, Ingelberge par nos mains les remet
au Seigneur Dieu et à ses saints apôtres, et au monastère susdit, pour le
salut de son seigneur Guillaume, et pour elle-même, et aussi pour Louis,
son frère, et pour leurs pères et mères, et pour tous les fidèles chrétiens, de
sorte qu’après ce jour, les moines les aient, tiennent et possèdent par droit
perpétuel, sans contestation de quiconque. Si jamais quelqu’un, quelque
proche ou quelqu’homme, s’élevait contre cette charte de donation, qu’il
encoure d’abord la colère de Dieu tout puissant et de ses saints, qu’il soit
associé à Judas le traître, et Dathan et Abiron, et à eux qui dirent au
Seigneur Dieu : « Éloigne-toi de nous », et que, déjà dans le monde présent,
il soit maudit lorsqu’il entre et lorsqu’il sort1, et qu’il endure ce châtiment
à jamais, à moins qu’il ne vienne à résipiscence. Et pour cette affaire ou
querelle qu’aura provoquée sa subversion, qu’il paie, sous la contrainte de
la puissance publique, cinq livres d’or, et qu’ensuite cette charte demeure
ferme et stable, avec la stipulation qui y est attachée. Seing de Guillaume,
comte. Seing de Roger, comte. Seing d’Hubert. Seing de Teutard. Seing de
Raoul. Seing d’Ainard. Seing d’Aganon. Seing d’Arlulf. Seing de Guigue.
Seing de Dalmace. Seing de Liétaud. Seing d’Emmon. Seing de Guibert.
Fait le jour de samedi, au mois de janvier, la 20e année du roi Charles2.
Sulpice de Brioude, faisant fonction de chancelier, a reconnu.

Source

Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome premier : 802-954, éd. par


Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie nationale,
1876, no 205, p. 193-194. Traduit du latin.

Bibliographie

Fournial, Étienne, « Recherches sur les comtes de Lyon aux ixe et


xe siècles », Le Moyen Âge, 58 (1952), p. 221-252.

1 Dt 28, 19.
2 Charles III, dit le Simple, roi de Francie occidentale.
LES MARQUIS COMTES DE LYON, DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE 69

Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der


Stadt, des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert,
Köln : Wienand, 1968.
Lauranson-Rosaz, Christian, L’Auvergne et ses marges (Velay, Gévaudan)
du VIIIe au XIe siècle, Le Puy-en-Velay : Les Cahiers de la Haute-Loire,
1987, p. 66-72.
Brunterc’h, Jean-Pierre, « Naissance et affirmation des principautés
au temps du roi Eudes : l’exemple de l’Aquitaine », dans Pays de
Loire et Aquitaine de Robert le Fort aux premiers Capétiens : actes du
colloque scientifique international tenu à Angers en septembre 1997 réunis
et préparés par Olivier GUILLOT et Robert FAVREAU, Poitiers : Société des
antiquaires de l’Ouest (Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest
et des musées de Poitiers. 5e série ; 4), 1997, p. 69-116.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 130-150 et p. 228-230.

I.09. L’APOGÉE DES GUILLELMIDES : ARNOUL, ABBÉ, ET LES MOINES


DE SAVIGNY, ACCORDENT UN BÉNÉFICE DU CONSENTEMENT
DU COMTE GUILLAUME (1er MAI 918)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Le mot « précaire » (precaria) désigne habituellement une concession


en bénéfice accordée à la prière (preces) du bénéficiaire, pour un temps
déterminé, comme la durée de la vie du couple bénéficiaire dans l’exemple
ci-dessous (le sens dérivé actuel de l’adjectif « précaire » tient au fait
que le bénéfice n’est pas transmissible de plein droit à l’héritier). Les
formulaires du haut Moyen Âge montrent qu’une telle opération passe
en réalité par la rédaction de deux écrits : la « précaire » (precaria) pro-
prement dite, qui est l’acte contenant la demande, et la « prestaire »
70 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

(prestaria), qui est l’acte par lequel le concédant met le bien sollicité à la
disposition (praestare) du bénéficiaire. La remise de l’acte de prestaire à
celui-ci valait investiture du bien, et cet acte était restitué au concédant
lorsque le bien lui faisait retour. C’est pourquoi la plupart des actes
antérieurs à 935, qui sont insérés dans le Livre des chartes de l’abbé Ponce
– le cartulaire de l’abbaye de Savigny compilé vers 1135 (II.04.) – sont
des prestaires (l’acte ci-dessous, par exemple, est bien désigné in fine
comme prestaria) : l’abbaye fut incendiée et ses archives brûlées lors du
raid hongrois de 935 (I.12.) ; ce sont donc les titres rédigés ou récupérés
ultérieurement par les moines que le compilateur a retrouvés dans le
chartrier monastique et transcrits dans le cartulaire au xiie siècle. Il
s’agit, en l’espèce, d’une prestaire « rémunératoire » : les biens de Saint-
Martin, dont la communauté monastique accorde la jouissance viagère
au couple Blain et Arembour, leur sont concédés en récompense du don
qu’ils ont eux-mêmes effectué.
Le principal intérêt de cet acte réside dans la mention du « consentement
du seigneur comte Guillaume ». Depuis 852, l’abbaye de Savigny était
soumise à l’Église de Lyon, et c’est l’accord de l’archevêque qui était
éventuellement requis pour une prestaire. L’immixtion comtale dans les
affaires saviniennes, qui survivra quelques temps à Guillaume le Pieux,
s’est vraisemblablement faite à la faveur d’une vacance du siège archiépis-
copal, ce qui incite à dater l’acte de 918 (18e année de l’empire de Louis),
plutôt que de 921. Guillaume meurt quelques semaines plus tard, le
28 juin, sans doute à Lyon ou dans la région ; son corps est transféré dans
le sanctuaire aquitain de Brioude, où il est déposé le 6 juillet suivant.

Document

Au seigneur Blain et à sa femme Arembour. Moi, au nom de Dieu,


Arnoul, humble abbé, et toute la congrégation du monastère Saint-
Martin de Savigny, nous vous concédons en bénéfice ces biens que vous
avez offerts en aumône à notre monastère, à savoir trois manses et trois
cabanneries1, avec champs et prés, et avec toutes leurs dépendances. Ces
biens se trouvent dans le pays de Lyon, dans l’ager de Feurs, et à l’intérieur
du finage de la villa de Neyrieux ; et leur limite est au matin le petit
ruisseau qui s’assèche en été et le finage de la villa de Meys, au midi la
1 « Cabannerie » désigne ici un petit courtil.
LES MARQUIS COMTES DE LYON, DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE 71

voie publique, au soir une petite goutte et le finage de la villa de Tribus


Messellis, au nord la villa Tornica. À l’intérieur de ces limites, nous vous
concédons en bénéfice tout en intégralité. Et parce que vous nous avez
fait don de vos biens, nous aussi, du consentement de notre seigneur le
comte Guillaume, nous vous concédons un bénéfice constitué sur les
biens de cette Église, qui ont été donnés en aumône pour sa subsistance :
il s’agit de deux villae qui sont dites Dommeriacus, et les maisons avec
les manses et les champs et les prés et les vignes, avec les sorties et les
accès, les eaux et cours d’eau, et avec les moulins à farine. Ces biens sont
situés dans le pays susdit et la vallée de la Brévenne, et leur limite est au
matin la terre de cette église1 et le finage de Bagny et la forêt de Saint-
Martin, au midi la forêt de Saint-Martin et le finage de Crécy, au soir
une petite goutte et le finage de Mons Ailoeni, au nord la voie publique
et le finage de la villa des Mortairols. À l’intérieur de ces limites, nous
vous concédons en bénéfice les biens susdits, à cette condition que vous
vous acquittiez chaque année, à la fête de saint Martin, de cinq sous à
titre de cens. Vous posséderez ce qui restera d’autre de l’usage et des
fruits tant que vous vivrez et, après votre mort, ces biens bonifiés feront
retour à notre monastère. Mais si vous vous montriez négligents dans
le versement de ce cens, vous paieriez autant et encore autant que ces
biens vaudraient, et de surcroît vous perdriez ces mêmes biens. Moi,
Arnoul, abbé, ai ordonné de confectionner cette prestaire. Seing de
Faroul, moine. Seing de Ferlaic, moine. Seing de Frédéric, moine. Seing
de Fredusus, moine. Donnée par la main de Ratbert, prêtre, le jour des
calendes de mai, l’an de l’incarnation du Seigneur 921, indiction 8, la
18e année de l’empire de Louis.

Source

Original : Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds Coste, ms. 392,


fol. 5 ro. Édition : Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire
de l’abbaye d’Ainay. Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste
Bernard, Paris : Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur
l’histoire de France. Première Série : Histoire politique), 1853, no 12, p. 15-16.
Traduit du latin.

1 Saint-Martin de Savigny.
72 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 141 et note 56.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 245-262 et p. 295-326.

I.10. HUGUES LE NOIR ET SES FIDÈLES TIENNENT UN PLAID


OÙ EST RÉGLÉ LE CONFLIT OPPOSANT LES MOINES DE CLUNY
AU VICOMTE ADÉMAR À PROPOS DE THOISSEY (28 MARS 944)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Les actes lyonnais d’Hugues le Noir († 952) sont peu nombreux,


mais significatifs. Parmi eux, la notice ci-dessous est particulièrement
intéressante. Cet acte est connu à la fois par le Cartulaire A de Cluny,
où elle est malencontreusement placée sous l’abbatiat de Bernon (910-
927), et par une copie effectuée au xviiie siècle par Lambert de Barive.
On y voit Hugues le Noir, seul qualifié de « marquis », entouré des
principaux comtes de l’ancien royaume de Vienne (à l’exception du
comte de Provence) et de quelques potentes lyonnais, imposer le respect
de la volonté royale au vicomte de Lyon, un certain Adémar. Le comte
de Lyon fait ainsi figure d’acteur de premier plan dans l’intégration des
anciens territoires provençaux au royaume de Bourgogne. Le « précepte »
de Conrad auquel le texte fait allusion date du 23 avril 943. Eu égard
à la thématique générale de ce recueil de sources lyonnaises, il importe
de souligner que, peu après l’abandon de ses prétentions par le vicomte
Adémar, les moines de Cluny se sont aussi tournés vers le roi de Francie
occidentale, pour consolider leurs droits sur la villa de Thoissey, et que
Louis IV leur répondit favorablement (1er juillet 946). Cet appel au roi
LES MARQUIS COMTES DE LYON, DE L’AQUITAINE À LA BOURGOGNE 73

de Francie occidentale doit se comprendre comme une action préventive


contre une possible usurpation ou d’éventuels empiétements d’un seigneur
voisin que son origine ou sa fidélité soumet en principe à ce roi. Le fait
que certains donateurs de biens situés « dans le pays de Lyon » (in pago
Lugdunense), soient essentiellement possessionnés dans des régions relevant
du royaume de Francie occidentale (Mâconnais et Auvergne), et donc
relèvent de l’autorité des rois des Francs explique, de la même manière,
la datation de quelques actes lyonnais par référence au règne de ceux-ci,
sans qu’il soit besoin de prétexter une « fantaisie » de scribes en « zone
frontière » (Poupardin), ou d’imaginer une quelconque partition du pagus
Lugdunensis entre les royaumes de Francie et de Bourgogne (Fournial).

Document
Notice de la manière dont les moines du monastère de Cluny, s’étant
présentés au-devant du seigneur Hugues, très glorieux marquis, se
plaignirent d’Adémar, vicomte de Lyon, qui s’était efforcé d’enfreindre
le précepte qu’ils avaient obtenu du roi, par le conseil du prince susdit,
sur Thoissey et toutes ses dépendances, et avait tenté, à l’encontre de
l’exercice de la puissance royale, de détourner à son profit ce que le roi
avait donné à Dieu et à saint Pierre, avec le consentement d’un prince
aussi grand, en arguant de ce que les biens précités relevaient de sa
vicomté. Donc, entendant un précepte d’une telle autorité, et voyant son
seigneur être favorable au parti des moines, et s’apercevant qu’il n’avait
aucun argument en l’espèce, Adémar, en présence du marquis déjà
nommé et de ses fidèles dont les noms seront écrits ci-dessous, se démit
de tout au profit de saint Pierre, en promettant de ne jamais prétendre
à plus à partir de ce moment. Afin que cela demeure intangible et que
cette prétention ne soit reprise par aucun des successeurs d’Adémar,
cette notice a été confirmée au nom du comte et de ses fidèles qui
entendirent l’argument des moines. Seing d’Hugues, comte et marquis.
Seing d’Adémar, vicomte. Seing de Liétaud, comte. Seing de Charles,
comte. Seing de Guillaume, comte. Seing d’Ogier. Seing d’Humbert.
Seing de Girard. Seing d’Artaud. Seing de Sobon. Seing d’Hugues, fils
de Bermond. Seing d’autre Girard. Seing de Gui. Seing d’Aicard. Seing
de Bérard. Seing d’Itier. Donnée par la main d’Aimon, sous-diacre, le
5 des calendes d’avril, le roi Conrad régnant pour la 7e année.
74 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome premier : 802-954, éd. par


Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie nationale,
1876, no 656, p. 610-611. Traduit du latin.

Bibliographie

Poupardin, René, Le royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les


origines du royaume d’Arles, Paris : Honoré Champion (Bibliothèque de
l’École des hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 163), 1907,
p. 240-241.
Fournial, Étienne, « La souveraineté du Lyonnais au xe siècle », Le
Moyen Âge, 62 (1956), p. 413-452.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 192-196, p. 277 et p. 293-312.
Ganivet, Pierre, « Pagus et comitatus (xe-xie siècles) : retour sur les
origines du comté de Forez », Bulletin de la Diana, 61 (2002) : 3,
p. 255-280, et 62 (2003) : 3, p. 208-230.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande, 2008.
LE ROI DE BOURGOGNE
ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON

I.11. LE ROI CONRAD PREND LE CONTRÔLE DE LYON


AVEC L’AIDE DE CLUNY ET D’HUGUES LE NOIR (943)

Documents présentés et traduits par François DEMOTZ

Présentation

Les deux diplômes pour Cluny datés de 943 marquent le début d’une
nouvelle époque à bien des points de vue. Sur le plan diplomatique, ils
constituent le premier témoignage du fonctionnement régulier de la
chancellerie du royaume de Bourgogne depuis 926 : le notaire Henri,
rédacteur d’actes l’année précédente, est désormais sous l’autorité d’un
chancelier, l’évêque de Genève Aimon. Ils représentent également les
premiers actes des rois de Bourgogne concernant Lyon et le début du
retour de la collaboration entre les abbés de Cluny et les Rodolphiens.
Les trois faits sont liés à la fin de la minorité du roi Conrad.
Aucun des actes datés d’avril ne porte d’indication de lieu, mais
ils doivent être émis en Lyonnais, puisqu’en juin de la même année
Conrad est à Vienne, où il fait son entrée entouré d’une cour brillante
où figurent également le chancelier Aimon de Genève, le notaire Henri
et Hugues le Noir. Ce dernier est présenté comme le véritable maître
de Lyon : tandis que l’archevêque Guy n’apparaît pas, on rappelle sa
parenté royale et il est le seul intervenant, alors qu’il n’est que le premier
des témoins laïcs à Vienne.
Le premier des deux diplômes qu’Hugues le Noir obtient du roi
Conrad n’est en fait que la confirmation de la concession d’un fisc
76 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

royal faite quatre ans plus tôt sous l’autorité de Louis IV de Francie1.
Le sceau royal qui y est apposé se situe dans la tradition carolingienne
des souverains de profil en césar ceint de lauriers : ce type de sceau est
utilisé par les Carolingiens aussi bien en Germanie qu’en Francie (voir
ill. 3 et 4). Au xe siècle, on le rencontre en Provence sous Louis l’Aveugle
et il reste ensuite en usage en Francie sous Louis IV et Lothaire ; au
contraire, en Germanie, Otton Ier l’abandonne au profit d’un roi de face,
en buste, trônant et couronné. Sous le règne de Conrad, la chancellerie
bourguignonne suit l’usage carolingien puis se rallie au modèle otto-
nien, plus royal, en 967. La même évolution est perceptible en Francie,
de Lothaire à Hugues Capet.
Le second diplôme, frère du précédent, n’est connu que par une
copie et ne comporte plus de sceau. Plus que le premier, il insiste
sur la position respective des grands laïcs qui dominent Lyon. Ainsi,
la parenté entre le roi et le comte est non seulement rappelée, mais
la mémoire familiale commune est mise en avant par la prière pour
l’âme de Rodolphe II, père de Conrad et cousin de germain d’Hugues
le Noir. De même la hiérarchie des pouvoirs en Lyonnais est soulignée :
le comte, responsable des biens publics pendant une période incertaine
et particulièrement des domaines comtaux, les remet symboliquement
au roi. Les deux pouvoirs, dans une posture de légitimité, en disposent
au profit de Cluny, située dans le comté de Mâcon sur lequel Hugues
le Noir a autorité. Le grand absent est le vicomte Adémar qui reven-
dique le fisc comtal de Thoissey.
I.11.A. LE ROI CONRAD DONNE LA VILLA DE BOULIGNEUX EN LYONNAIS
À L’ABBAYE DE CLUNY À LA DEMANDE DU COMTE HUGUES LE NOIR
(23 AVRIL 943)

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Conrad par les largesses


de la faveur divine très sérénissime roi.
Tout ce que nous considérons juste et droit, nous avons suffisamment
le pouvoir de le conforter et de le confirmer. Ainsi, qu’il soit connu de
tous nos fidèles, aussi bien présents que futurs, que le comte Hugues,
notre parent, a sollicité notre hauteur royale pour que, par notre autorité,
1 Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome premier, no 509, p. 494.
Ill. 3 – Sceau du roi Conrad. André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon, II,
Lyon, Bernoux et Cumin, 1897, fig. 195 (p. 209).
© cliché Bibliothèque municipale de Lyon.
Ill. 4 – Diplôme pour l’abbaye de Cluny avec le sceau du roi Conrad (943).
© BnF, ms. Bourgogne 76, fol. 19.
LE ROI DE BOURGOGNE ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON 79

nous concédions à l’abbaye de Cluny, élevée en l’honneur des saints Pierre


et Paul, la villa de Bouligneux et son église dans le pagus de Lyon, avec
les petits domaines, les terres, les vignes, les prés, les bois, les pâturages,
les eaux et cours d’eau, les serfs des deux sexes et toutes ses dépendances
et appendances, ce qui est acquis et à rechercher ; ce que, ainsi et pour
l’amour de Dieu, nous avons réalisé. Nous voulons véritablement et par
ce précepte nous décrétons avec fermeté que ladite abbaye conserve la
pleine possession sans aucune contestation ou réclamation. Pour qu’en
outre notre précepte conserve toute sa force, nous l’avons validé de notre
main et nous avons ordonné d’y fixer notre sceau.
Souscription [monogramme] du seigneur Conrad, très pieux roi.
Henri, notaire, a reconnu à la place de l’évêque Aimon. [Sceau portant
« Conrad roi par la grâce de Dieu »]
Donné le 9 des calendes de mai, l’année de l’Incarnation de Notre-
Seigneur Jésus-Christ 943, le seigneur Conrad, roi et fils de Rodolphe,
régnant pour la 6e année.

Source

Original : Paris, Bibliothèque nationale de France, Collection Bourgogne,


volume 76, no 19. Éditions : Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome
premier : 802-954, éd. par Auguste Bernard et Alexandre Bruel,
Paris : Imprimerie nationale, 1876, no 627, p. 584-585. Die Urkunden der
Burgundischer Rudolfinger, éd. par Theodor Schieffer et Hans Eberhard
Mayer, München : Monumenta Germaniae historica (Monumenta
Germaniae historica. Diplomata), 1977, no 27, p. 133-134. Sceau reproduit
dans Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais,
Forez, Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 209, figure 195.Traduit du latin.
I.11.B. CONRAD DONNE À CLUNY CE QUI LUI A ÉTÉ RENDU
PAR SON PARENT LE COMTE HUGUES LE NOIR (23 AVRIL 943)

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Conrad, par la volonté de


Dieu tout puissant, roi sérénissime.
80 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Il convient à chacun de nous de l’Église de Dieu, pour soi et pour


tous les siens, de glorifier et secourir les fidèles à Dieu. C’est pourquoi,
qu’il soit connu des activités de tous nos fidèles présents et futurs que
le comte Hugues, notre parent, est allé trouvé notre grandeur royale,
pour que, pour le repos de l’âme de notre seigneur le roi Rodolphe, de
bonne mémoire et pour les nôtres, nous concédions par précepte, suivant
l’usage de la royauté, ce qu’il nous rend, soit la villa de Thoissey dans
le pays de Lyon, tout ce qui est réputé lui appartenir légitimement en
terres, vignes, prés, forêts, eaux et cours d’eau, droits de pêche, serfs des
deux sexes, au monastère de Cluny qui est construit en l’honneur des
apôtres Pierre et Paul ; ce que nous avons fait. Nous voulons ainsi et
nous décrétons avec fermeté que l’abbaye citée ci-dessus obtienne toute
autorité et tout ce qui lui appartient dans la villa citée avec toutes ses
dépendances et appendances, ce qui est acquis ou à rechercher, tout en
entier, sans personne faisant obstacle ou contestant. En outre, afin que
notre précepte que voici soit par tous respecté et par personne violé,
nous le validons de notre propre main et nous ordonnons de le sceller
de notre sceau.
Souscription [monogramme] du seigneur Conrad, très pieux roi.
Henri a confirmé à la place de l’évêque Aimon.
Donné le 9 des calendes de mai, l’année 943 de l’Incarnation de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, le seigneur Conrad, roi et fils de Rodolphe,
régnant pour la 6e année. Sous d’heureux auspices, amen.

Source

Copie dans les cartulaires de Cluny : Paris, Bibliothèque nationale de


France, Cartulaire C, no 54, p. 53 ; Cartulaire D, fol. 80 ro, et Cartulaire
E, fol. 126 ro. Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome premier : 802-
954, éd. par Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie
nationale, 1876, no 628, p. 585-586. Die Urkunden der Burgundischer
Rudolfinger, éd. par Theodor Schieffer et Hans Eberhard Mayer,
München : Monumenta Germaniae historica (Monumenta Germaniae
historica. Diplomata), 1977, no 28, p. 134-136. Traduit du latin.
LE ROI DE BOURGOGNE ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON 81

Bibliographie

Castelnuovo, Guido, « Les élites des royaumes de Bourgogne (milieu


ixe-milieu xie siècle) », dans La Royauté et les élites dans l’Europe
carolingienne (du début du IXe aux environs de 920), éd. par Régine
Le Jan, Villeneuve d’Ascq : Centre d’histoire de l’Europe du Nord-
Ouest (Histoire et littérature régionales ; 17), 1998, p. 383-408.
Demotz, François, L’an 888. Le royaume de Bourgogne : une puissance
européenne aux bords du Léman, Lausanne : Presses polytechniques et
universitaires romandes (Le Savoir suisse ; 83), 2012.
Demotz, François, « De l’alliance politique à l’affinité spirituelle :
l’amitié personnelle entre clunisiens et rois de Bourgogne », dans
Cluny : les moines et la société au premier âge féodal, Rennes : Presses
universitaires de Rennes, 2013, p. 249-259.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000.

I.12. LE ROI CONRAD PROTÈGE L’ABBAYE DE L’ÎLE-BARBE (971) 

Document présenté et traduit par François DEMOTZ

Présentation

Avant l’intégration du royaume de Provence à celui de Bourgogne,


aucun texte ne nous éclaire sur les relations entre les Rodolphiens et
les monastères lyonnais, à l’exception de l’établissement jurassien de
Gigny. Ensuite, le roi Conrad applique en priorité ses soins au contrôle
du siège épiscopal : c’est grâce à son frère Burchard Ier, archevêque en
949, véritable maître du Lyonnais à la mort d’Hugues le Noir en 952,
qu’il exerce son autorité sur les abbayes lyonnaises. Toutefois, dévelop-
pant une politique d’Église royale, il émet autour de 970 une série de
diplômes protégeant les abbayes et destinée à faire contrepoids à l’autorité
82 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

épiscopale d’Arles, de Besançon et peut-être de Lyon, où l’archevêque


Amblard n’appartient pas à la famille royale contrairement à son pré-
décesseur. C’est alors que l’abbaye de L’Île-Barbe se voit confirmer ses
privilèges carolingiens d’immunité, y compris pour ses bateaux, contre
une redevance annuelle à l’archevêque ; Conrad fait ajouter une liste des
biens protégés, situés pour l’essentiel au nord de Lyon, en Forez et en
Gapençais, et le droit de libre élection de l’abbé.
Ce type de diplôme est suffisamment usuel pour que toute la fin de
l’acte soit recopiée presque intégralement sur le privilège octroyé par
Charles de Provence en 861. Ce dernier texte, dans sa première partie,
mentionne plusieurs archevêques de Lyon, en particulier Rémy, comme
demandeurs ; au contraire, le diplôme de Conrad est concédé à la demande
de l’abbé et les archevêques n’y apparaissent pas. Il est d’ailleurs établi
non à Lyon, mais à Vienne, qui joue le rôle de capitale du royaume de
Provence et qui est le séjour favori de Conrad. L’acte est connu par des
copies remontant au xve siècle.

Document

Au nom de Dieu tout puissant et de notre sauveur Jésus Christ.


Conrad roi par l’intervention de la clémence divine.
Puisqu’il faut que la dignité royale apporte l’aide de ses largesses aux
lieux consacrés à Dieu et que les besoins des serviteurs du Seigneur soient
fortifiés par une protection particulière, pour que, à cause de cette œuvre de
piété, une récompense leur en soit donnée en retour par le Seigneur, pour
cela nous voulons que soit connu de tous les fidèles de la sainte Église de
Dieu et par les nôtres, évêques, abbés, ducs, comtes, vidomnes, viguiers,
centeniers, tonloyers et tous ceux qui gouvernent la chose publique, présents
aussi bien que futurs, que l’abbé Hildebert et les moines du monastère de
Saint-Martin construit sur l’île Barbe, s’adressant à notre clémence, ont
demandé que nous leur renouvellions par notre autorité les dispositions
immunitaires pour les biens concédés audit monastère par nos prédécesseurs
ou tout autre fidèle de Dieu. À leur requête, pour l’amour du culte divin,
prêtant l’oreille de notre clémence, nous avons décrété que soit établi ce
précepte de notre sérénité, par lequel nous ordonnons et décidons que, de
même que jusqu’à présent les abbés du monastère susdit et leurs moines
sont demeurés dans la quiétude suivant l’antique autorité, qu’ainsi pour
LE ROI DE BOURGOGNE ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON 83

notre temps et à l’avenir ils demeurent sans aucun trouble. Et parce que
la situation de leurs biens, par suite de la donation d’hommes fidèles,
jouxte divers lieux, nous prescrivons par notre autorité qu’on inscrive ici
leurs noms, afin qu’ils puissent plus librement et plus facilement et sans
aucun trouble conserver ces biens, à savoir ledit monastère et tout ce qui
est réputé lui appartenir : l’église Saint-Florent à Vimy et la même villa
avec le port et tout ce qui appartient à cette église et à cette villa ; l’église
Saint-Pierre à Montanay ; l’église des Saints-Marcellin-et-Pierre à Bressolles,
et aussi l’église Saint-Jean à Niost et la villa elle-même ; Rillieux et l’autre
Rillieux avec les chapelles ; et puis l’église Sainte-Marie à Openacum et
toute la villa ; l’église Saint-Cyprien à Bey et Saint-André à Chemillieu ;
l’église Saint-Genis à Fleurieu et Saint-Pierre à Amodum et aussi la celle
Saint-Martin en Forez et l’église Saint-Bonnet à Cleppé avec la villa et ce
qui est réputé lui appartenir ; également la celle d’Occiacum avec l’église
Saint-André et la chapelle voisine dédiée en l’honneur de saint Côme et
Novellis et tout ce qui leur est adjacent ; la celle Sainte-Marie de Firminy et
l’église Sainte-Marie de Cottance ; ensuite en Provence la villa de Bollène
avec l’église dédiée en l’honneur du saint Sauveur et toutes les dépendances
appartenant à cette villa ; aussi la chapelle Saint-Benoît récemment édifiée
par ces mêmes moines, et tout ce qui est pieusement concédé au monas-
tère susdit en Gapençais par l’évêque Hugues ou par d’autres fidèles de
Dieu dans une quelconque région soumise à notre autorité royale. Enfin
nous voulons et nous ordonnons qu’ils tiennent dès lors ces biens et tout
ce qui en dépend sans aucun trouble ni atteinte. Par conséquent, nous
prescrivons et nous décrétons ainsi que nous confirmons, en le décidant
par notre autorité, que chaque année une livre d’argent soit payée par ce
même monastère au trésor de l’évêque et que nul ne prétende revendiquer
plus de lui ou réclamer au sujet des biens lui appartenant, ni n’ose exiger
des droits de gîte, de fourniture de vivres ou toutes autres redevances,
mais qu’il soit permis aux moines qui servent le Seigneur en cet endroit
de posséder à perpétuité pour leur salaire intégralement, sans division ni
diminution, le monastère avec tous les biens qui de droit lui reviennent
ainsi que leurs navires, et qu’ils conservent, comme il convient, librement
et sincèrement avec l’aide de Dieu l’honneur de leur abbé. Qu’ils aient aussi
le pouvoir de choisir les abbés au sein de leur abbaye et d’amener les élus
devant l’évêque de la cité de Lyon pour que, la bénédiction reçue de lui,
ils s’appliquent à gouverner la communauté qui leur a été confiée selon la
84 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

règle. Nous voulons aussi, et par notre autorité nous prescrivons, qu’aucun
juge public ou quiconque ayant un pouvoir judiciaire ne prétende jamais
pénétrer sur les lieux et biens de ladite église pour entendre les litiges,
exiger des amendes, prendre des garants, retenir injustement des hommes
dudit monastère demeurant sous l’immunité, ou pour exiger un cens et
ce qui est noté ci-dessus ; car il est heureux, pour nous comme pour la
stabilité de notre trône confié à nous par Dieu, que les moines qui servent
Dieu à cet endroit obtiennent avec plus d’application et de liberté par
leur prières la miséricorde du Seigneur. Et pour que cette décision royale
qui est la nôtre demeure inviolable, nous la souscrivons en main propre
et nous ordonnons de la marquer du sceau de notre anneau.
Donné le 13 des calendes de septembre, l’année de l’incarnation
du Christ 971, indiction 14, l’année 29 du règne de Conrad, roi très
invaincu. Établi en public dans la cité de Vienne. Au nom de Dieu,
sous d’heureux auspices, amen.

Source
Texte connu par une copie des années 1400, Torino, Archivio di Stato,
et un vidimus de 1494, Lyon, Archives départementales, 10 G 3127.
Grande Pancarte ou Cartulaire de l’abbaye de l’Île-Barbe, suivi de documents
inédits et de tables, publiés par le comte de Charpin-Feugerolles et Georges
Guigue, Volume I, Montbrison : Éleuthère Brassart, 1923, no 5, p. 224.
Die Urkunden der Burgundischer Rudolfinger, éd. par Theodor Schieffer
et Hans Eberhard Mayer, München : Monumenta Germaniae historica
(Monumenta Germaniae historica. Diplomata), 1977, no 45, p. 167-170.
Traduit du latin.

Bibliographie
Ganivet, Pierre, « Représentation, répartition et évolution des pouvoirs
à Lyon autour de l’An mil », dans Le royaume de Bourgogne autour de
l’An mil, éd. par Christian Guilleré et al., Chambéry : Université
de Savoie (Société, religions, politiques ; 8), 2008, p. 131-151.
Picot, Joseph, La seigneurie de l’abbaye de L’Île-Barbe, Lyon : Desvignes, 1953.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.
LE ROI DE BOURGOGNE ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON 85

I.13. LES MONNAIES FRAPPÉES À LYON PAR LE ROI CONRAD


ET SES FILS, L’ARCHEVÊQUE BURCHARD II ET LE ROI RODOLPHE III

Documents présentés par François DEMOTZ

Présentation

Le très riche médaillier du musée des Beaux-arts de Lyon conserve une


belle collection de monnaies bourguignonnes, en particulier de deniers
et d’oboles émis à Lyon pendant le royaume de Bourgogne (voir ill. 5).
Cette production montre clairement que l’atelier monétaire de Lyon
est revenu dans la main du roi au plus tard à la mort d’Hugues le Noir
en 952. En effet, aux monnaies émises par ce dernier succèdent des
pièces au nom du roi Conrad et de l’archevêque Burchard II, son fils.
Celui-ci continue à faire frapper des monnaies au nom du roi sous le
règne de son frère, Rodolphe III. Les monnaies lyonnaises sont de types
alors usuels, en particulier ceux immobilisés depuis Louis le Pieux
comme le denier « au temple » et « au calvaire » ; elles se rencontrent
non seulement dans les trouvailles faites en Lyonnais, en particulier dans
les domaines épiscopaux comme à Anse, mais aussi très régulièrement
dans les monnaies royales ou épiscopales de Genève et de Lausanne,
c’est-à-dire au cœur historique du royaume, en Bourgogne transjurane.
Ces monnaies illustrent à la fois la domination du pouvoir royal sur
les grandes cités comme Lyon et le rôle que joue l’archevêque comme
auxiliaire de ce pouvoir. Toutefois, le roi de Bourgogne ne concède pas
officiellement de nouveaux droits publics à l’Église de Lyon, comme
Rodolphe III le fait à Lausanne. De fait, au contraire de l’atelier lau-
sannois, l’atelier monétaire de Lyon n’émet pas de nouvelles pièces
représentant la cathédrale.
I.13.A. DENIER D’ARGENT DU ROI CONRAD

Avers : +LUGDUNUS avec un grènetis (légende) ; temple tétrastyle


en forme de calvaire surmonté d’une croix à quatre branches égales
pattées (champ)
Ill. 5 – Monnaies lyonnaises au temps du royaume de Bourgogne. Musée
des Beaux-Arts de Lyon, médailler no 49 et 62, 67 et 66.
© Lyon MBA – Photo DR
LE ROI DE BOURGOGNE ÉTEND SON AUTORITÉ SUR LYON 87

Revers : +CONRADUS avec un grènetis (légende) ; croix à quatre


branches égales pattées (champ)
Taille : 21,5 mm
I.13.B. DENIER D’ARGENT DU ROI CONRAD
ET DE L’ARCHEVÊQUE BURCHARD

Avers : +LUGDUNUS entre deux grènetis (légende) ; BUR (champ)


Revers : +CONRADUS I entre deux grènetis (légende) ; croix à
quatre branches égales pattées (champ)
Taille : 21 mm
I.13.C. DENIER D’ARGENT DE RODOLPHE III

Avers : +LUGUDUNUS entre deux grènetis (légende), un S couché


(champ)
Revers : +RODULFUS entre deux grènetis (légende), croix à quatre
branches égales pattées (champ)
Taille : 19,5 mm
I.13.D. OBOLE D’ARGENT DE RODOLPHE III

Avers : LUGUDUNUS avec un grènetis (légende) ; temple tétrastyle


surmonté d’une croix pattée faisant office de croisette, (champ)
Revers : +RODULFUS entre deux grènetis (légende) ; croix à quatre
branches égales pattées (champ)
Taille : 15,3 mm

Source

Lyon, Musée des Beaux-Arts, Médaillier, monnaies frappées à Lyon :


no 49 (a) ; no 62 (b) ; no 67 (c) ; no 66 (d).

Bibliographie

Lafaurie, Jean, « Le trésor monétaire du Puy (Haute-Loire) : contribution


à l’étude de la monnaie de la fin du xe siècle », Revue numismatique,
5e Série : 14 (1952), p. 59-169.
88 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Duplessy, Jean, Les Trésors monétaires médiévaux et modernes découverts en


France, 1. 751-1233, Paris : Bibliothèque nationale, 1985.
Bouvier, Alegria, Faure-Boucharlat, Élise, Forest, Vianney,
Laffont, Pierre-Yves, et Monnier, Jean-Laurent, « La motte castrale
de Décines-Charpieu (Rhône) », Archéologie médiévale, 22 (1992),
p. 231-307.
L’ARCHEVÊQUE DE LYON,
TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE

I.14. LA VIE DE SAINT LOUP (IXe-XIe SIÈCLE ?) : 


PORTRAIT RETOUCHÉ D’UN ÉVÊQUE MÉROVINGIEN

Document présenté et traduit par Marie-Céline ISAÏA

Présentation

Le siège épiscopal de Lyon était occupé au moment du concile d’Orléans


(538) par un certain Loup, successeur de Viventiole : voilà tout ce que
les sources historiques connaissent du personnage. Dans la première
moitié du ixe siècle, Loup est considéré comme saint : un auteur ano-
nyme lui fait alors jouer le rôle du mentor et du modèle de saint Lubin,
évêque de Chartres († vers 552-567) dans la Vie de saint Lubin ; dans les
calendriers ou martyrologes de la même époque, sa fête est mentionnée
au 25 septembre, « fête de la mort de saint Loup, évêque de l’Église de
Lyon, qui était anachorète » (Anonyme lyonnais de 806). Ces deux sources
contemporaines s’accordent apparemment sur le fait que Loup menait
la vie d’un solitaire avant de devenir évêque. La tradition lyonnaise a
essayé par la suite de combler les lacunes de notre information. En 1681,
Claude Le Laboureur a publié une Vie de l’évêque, dont il conclut que
Loup était un moine de L’Île-Barbe : d’abord initié à la vie cénobitique,
il aurait été autorisé par son abbé à s’isoler dans ce qu’on appelle à Lyon
une recluserie, avant de devenir évêque malgré lui. La vénération de ses
reliques au monastère de L’Île-Barbe se trouve ainsi expliquée, mais à
condition de broder beaucoup autour d’un texte qui n’est pas si bavard.
Un siècle plus tard, cette Vie de saint Loup éditée par Cl. Le Laboureur a
été à nouveau publiée par le bollandiste Jean Périer d’après un bréviaire
90 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

lyonnais, avec des variantes assez nombreuses : c’est à partir de ce texte


latin que la traduction française a été établie.
Cette Vie de saint Loup a été composée pour servir à la commémoration
liturgique de l’évêque, à une date délicate à déterminer. La désignation
archaïque de Lyon comme « cité des autels » évoque une composition
ancienne ; le texte, en prose souvent rimée, est cependant loin d’avoir
l’allure d’une biographie mérovingienne. Peut-être à partir d’un substrat
ancien, très lacunaire, on a ici beaucoup glosé. Tous les détails biogra-
phiques sur les origines de l’évêque ayant été perdus ou oubliés, l’auteur
anonyme les a remplacés par des considérations sur l’étymologie de son
nom, qui sont représentatives d’un goût carolingien tardif. D’ailleurs,
Loup est désigné comme « archevêque », titre qui n’est porté qu’à partir
du milieu du ixe siècle. La Vie fait surtout apparaître ce qui est considéré
comme un bon équilibre des pouvoirs au moment où elle est rédigée,
avant la réforme grégorienne : Loup devient évêque parce que son nom
a été suggéré par le roi. Le roi n’agit pas au nom de sa potestas, comme
au temps où Charlemagne désignait Leidrade à la tête de l’Église de
Lyon (ca. 800), mais du fait de son incontestable autorité de roi saint
et prophète : le rôle joué par le roi des Burgondes Sigismond (516-524)
dans l’élévation de Loup – rôle qui peut être historique puisque les deux
hommes sont plus ou moins contemporains – est dépeint dans la Vie
sous l’apparence d’une désignation providentielle et fait la part belle au
plus célèbre des rois burgondes, protecteur du monachisme à Agaune.
La mise en valeur du couple de saint Sigismond et saint Loup pourrait
inciter à placer la composition de la Vie dans le contexte de la prise du
pouvoir à Lyon par la monarchie rodolphienne, plutôt après 952 (mort
d’Hugues le Noir) et surtout après l’élection de Burchard, fils du roi
Conrad, comme archevêque de Lyon (979). La mémoire de saint Loup
connaît à coup sûr un renouveau au cours des années 970, puisque c’est
à ce moment que son nom est ajouté dans les interpolations au rapport
de Leidrade en faveur des abbés de l’Île-Barbe.
Une datation plus précise serait hasardeuse tant le texte est représen-
tatif de ces éloges liturgiques carolingiens où les citations de l’Écriture
viennent suppléer les informations biographiques défaillantes : on
n’apprendra rien sur le personnage de Loup, ni sur sa carrière, mais
beaucoup sur ce qu’on considère alors (ixe-xe siècle ?) comme le portrait
d’un bon évêque de Lyon.
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 91

Document

Le nom de Loup le désigne comme la lumière de l’universel pasteur,


Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, la lumière ineffable de la divinité
a resplendi d’une manière admirable dans la personne du bienheureux
Loup, dans sa sainte vie, dans son obéissance aux commandements du
Dieu tout-puissant, mais aussi dans la protection qu’il accordait aux
pauvres qui trouvaient refuge auprès de lui. Quelle fut l’origine familiale
du bienheureux confesseur Loup, archevêque de Lyon, sur cette terre, je
l’ignore, mais je suis sûr cependant qu’on peut la déduire de l’extrême
noblesse de son comportement, de la façon supérieure dont il se mit au
service de Dieu. C’est un fait qui a été décrit au sujet de cet exemple de
l’Ancien Testament, Melchisédech, qui surgit sans avoir été annoncé et,
comme le dit l’Apôtre, qui n’est désigné ni en fonction de son père, ni de sa
mère, ni de sa généalogie1 : de la même manière, c’est avant tout l’élévation de
sa dignité et son talent inné pour la foi et la vertu qu’on devra rechercher
à propos de cet évêque. Je pense en effet que ce nom de Loup lui a été
donné pour une raison providentielle, et sous l’effet d’une disposition et
d’une inspiration divines plutôt que d’un calcul humain. En tout état de
cause, que les noms soient donnés à chaque créature par choix, par hasard
ou par accident, c’est à coup sûr par quelque présage que ce nom lui a été
donné, pour que, de loup, il devienne pasteur véritable2. À moins que ce
ne soit parce que, selon l’étymologie grecque, loup se dit presque comme
leopos, c’est à dire « pied de lion », de ce « lion » qui, venant de la tribu de
Juda3, a remporté la victoire, et dont approcher les pieds4 signifie recevoir
l’enseignement ou le posséder, ou encore prêcher le verbe de Dieu en par-
tant de par le monde répandre la semence de vie. En effet, sous le nom du
« Supplanteur5 », Loup est appelé « fils de ma droite », celui qui mange au
matin sa proie, qui partage le soir venu les dépouilles6 lui qui, revêtu du don de
Dieu, après avoir retiré aux peuples que le malin avait entravés les armes
dans lesquelles ils plaçaient leur confiance7 les a fait entrer dans le corps de

1 Hebr. 7, 1-3.
2 Ioh. 10, 12-14.
3 Gn. 49, 8-9.
4 Deut. 33, 3.
5 Jacob, Gn. 27, 36.
6 Comme Benjamin, « loup rapace » dans Gn. 49, 27.
7 Lc. 11, 22.
92 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’Église. Pour finir, il choisit et établit les ministres du Christ et, au temps
voulu, leur distribua une mesure de grain1. Mais si quelqu’un cherche à
connaître l’endroit ou le lieu où vivait Loup, c’était tout à côté ou presque des
remparts de Lyon, sur les bords de ces multiples cours d’eau qui abondent
la Saône, comme on le découvre dans nombre de récits, parce que, comme
jadis le prophète Élie, comme Jean dans le désert, Loup résidait dans des
lieux retirés. Il avait pris tout petit en horreur les naufrages de ce monde
trompeur, et, souhaitant s’en évader, il retira la main qu’il avait tendue
pour saisir la branche des pompes mondaines : considérant par avance les
profits qu’apporte la solitude, il choisit ce mode de vie. C’est au milieu des
bois qu’il le découvrit2, bien qu’il ait produit des œuvres fécondes, porté du
fruit et se soit étendu largement à la foule des peuples. C’est en effet à
l’époque de Sigismond que cet homme exceptionnel commença à se faire
connaître : le pieux roi encore enfant eut le soin de faire de lui son intime,
puisqu’il était clairvoyant et remarquable par sa sainteté. Ce prince voyait
même en esprit les choses à l’avance et, alors que le saint enfant était devenu
son compagnon dans la solitude, il dit que Loup n’était pas fait pour être
un voleur qui mènerait les brebis à leur perte, mais un protecteur qui les
conduirait au salut. « Il sera le pasteur désigné pour “la ville des autels3”,
il construira les églises du Christ. Il a fabriqué un bercail aux brebis ?
Il accroîtra le troupeau du Seigneur et, le talent qu’on lui a confié, il le
rendra augmenté d’autant quand il paraîtra devant son Seigneur4. » Or, le
temps suivit par la suite son cours et, l’évêque de Lyon ayant vécu jusqu’à
son dernier jour, la cathèdre du pontife se trouva privée d’occupant, de
sorte que le siège put être acquis par un homme qui n’était pas de même
condition5 que son prédécesseur. C’est pourquoi le peuple rassemblé et
le clergé ensemble, inspirés par la déclaration du roi susdit, réclament
que Loup soit ordonné et remplisse la charge pastorale. Il opposa toute
la résistance qu’il put ; mais attrapé, arraché à ses lieux retirés, l’Église
le désigna pour être celui qui l’administrerait, en tant qu’homme digne
de la maison de Dieu. Il devint la tête de la ville, mais n’ajouta aucune
pompe à son train de vie, ni ne mit un terme aux usages existants. Avec
quelle prudence il gouverna, de quelle vigilance il fit bénéficier ses fils,
1 Lc. 12, 42.
2 Ps. 131, 6.
3 in urbe Attaria ou Araria.
4 Matt. 25, 15 sq.
5 J. Périer a corrigé en non impar, « qui n’était pas sans lui ressembler ».
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 93

il n’est pas possible de le dire entièrement. Mais, au moment où il faisait


preuve de la ruse du serpent, il ne perdait pas la simplicité de la colombe1.
Il décidait le peuple qui lui était soumis à rejeter ce qui pouvait lui nuire
et à accomplir ce qui lui était profitable. Comme un capitaine prévoyant,
il veillait avec force et fermeté à la direction du gouvernail et à l’arbre de
la voile, et ne baissait jamais les bras devant les orages menaçants, mais,
mettant sa confiance dans l’ancre2 de la foi, toute tempête ayant été apai-
sée, il restait tranquillement assis, en commandant serein. Pour le reste,
il évaluait tout avec la balance de la justice. Et, comme on le lit à propos
de saint Zacharie, il suivait sans discuter tous les commandements et les lois du
Seigneur3. Et, puisque c’est le propre de la justice d’accorder à chacun ce qui
lui revient, en aimant Dieu par-dessus tout et plus que tout, il faisait en
sorte d’aimer son prochain avec la même mesure, comme lui-même4. À Dieu,
tous les jours, il rendait le culte que lui doivent ses serviteurs, comme il
accomplissait ses fonctions pour ses frères en humanité ; sa clairvoyance
accordait aux plus petits respect et déférence, aux égaux la manifestation
qu’il les tenait pour ses égaux, à ceux qui dépendaient de lui son attention.

Source

Acta sanctorum septembris… Tomus VII…, Anvers : Bernard Albert van


der Plassche, 1760, p. 84-85. Traduit du latin.

Bibliographie

Coville, Alfred, Recherches sur l’histoire de Lyon du Ve au IXe siècle, 450-


800, Paris : Picard, 1928.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.
Dubois, Jacques, et Renaud, Geneviève, éds., Édition pratique des
martyrologes de Bède, de l’Anonyme lyonnais et de Florus, Paris : Éditions
du Centre national de la recherche scientifique, 1976.

1 Toute la phrase démarque Matt. 10, 16 : « Montrez-vous donc rusés comme des serpents
et innocents comme des colombes ».
2 Heb. 6, 19.
3 Lc. 1, 6.
4 Matt. 19, 19 ; Lc. 10, 27 ; Mc. 12, 31.
94 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Le Laboureur, Claude, Les Mazures de l’abbaye royale de l’Isle-Barbe lez


Lyon, Paris : Jean Couterot, 1681.

I.15. LA TUTELLE DES ARCHEVÊQUES RODOLPHIENS


SUR LES MONASTÈRES LYONNAIS
DANS LA DEUXIÈME MOITIÉ DU Xe SIÈCLE

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Ce document est l’un des rares originaux qui subsistent du char-


trier de l’abbaye de Savigny (voir ill. 6). Le compilateur du cartulaire
monastique l’inséra naturellement dans le Livre des chartes de l’abbé Ponce
vers 1135 (II.04.), avec les mêmes indications de date que l’original,
comme en témoigne la plus ancienne copie intégrale connue du car-
tulaire. Dès le xviie siècle cependant, des érudits comme Chifflet
(1664) ou La Mure (1671) ont manifestement été gênés par l’apparente
contradiction existant entre les éléments de datation qui suivent la
formule de notification (15 août 949) et la date portée dans l’eschatocole
(un lundi de novembre, la 14e année du roi Conrad, c’est-à-dire au plus
tôt en 950, voire jusqu’en 955 selon le point de départ adopté pour le
règne) : ces savants ont donc caché l’une ou l’autre de ces deux dates.
Sans doute à la même époque, et pour la même raison, un anonyme a
corrigé grossièrement la copie du cartulaire, en changeant 949 en 954,
influençant de la sorte ceux qui ont exécuté les autres copies connues
du cartulaire de Savigny.
Il convient, en réalité, de distinguer au moins deux phases :
la démarche effectuée par l’abbé Badin, le 15 août 949, auprès de
l’archevêque Burchard Ier, alors que celui-ci présidait, comme à
l’accoutumée, l’assemblée des chanoines de Saint-Étienne ; et l’expédition
de l’acte, donné au mois de novembre d’une année restant à déterminer,
l’archevêque de Lyon n’étant plus seulement entouré des chanoines
de la cathédrale (3e groupe de souscriptions), mais aussi de quatre
autres évêques dont l’acte paraît porter les souscriptions autographes
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 95

(1er groupe de souscriptions). La chancellerie archiépiscopale semblant


adopter le couronnement de Lausanne comme point de départ du
règne de Conrad, cette seconde phase devrait être de novembre 950.
L’indication d’un lundi (férie 2) de novembre incite à opter – mais
sans certitude – pour le 11 novembre, jour de la Saint-Martin, patron
du monastère de Savigny.
Dans un troisième temps, entre juin 978 et juin 981, un nouveau
groupe de souscriptions (non autographes) est apposé sur le privilège
accordé par Burchard Ier (2e groupe) : ce sont celles de son neveu et
successeur Burchard II (978-1033), fils adultérin du roi Conrad, de
Rodolphe, fils légitime du même Conrad, peut-être âgé de dix ou
douze ans, et de quelques prélats provençaux (dont la concomitance
permet de cibler la période 978-981) et dignitaires du chapitre cathé-
dral de Lyon. La confirmation de Burchard II intervient donc au
début de son archiépiscopat. Elle ne répond pas seulement au souhait
formulé par son prédécesseur et homonyme ; elle s’inscrit également
dans une politique de soutien du pouvoir rodolphien à l’égard des
monastères lyonnais, du moins de certains d’entre eux : Savigny avait
obtenu de Conrad, en 973 ou 976, une protection et une immunité
qui protégeait le monastère contre d’éventuelles usurpations et exac-
tions de la part des archevêques et de tout représentant de l’autorité
publique. L’Île-Barbe bénéficie de la même action concertée du roi
et de l’archevêque (I.12.).

Document

Le zèle du soin pastoral doit s’appliquer aux évêques en sorte que le


troupeau qui leur a été confié, en s’élevant plus haut, progresse toujours
en s’améliorant et soit nourri sans cesse avantageusement, de peur qu’il
ne se prive de quelques bénéfices avantageux.
En conséquence, qu’il soit connu des fils de l’Église que, l’an 949
de l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, indiction 7, le 18 des
calendes de septembre, c’est-à-dire le jour de l’Assomption de la géni-
trice du fils de Dieu, alors que moi, Burchard, quoiqu’indigne, évêque,
je siégeais de la manière habituelle au chapitre des frères qui traitaient
de l’intérêt commun, se présenta parmi eux l’abbé du monastère de
Savigny consacré en l’honneur de saint Martin, du nom de Badin,
96 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

subrogé par notre prédécesseur, le seigneur Guy. Il raconta à tous la


désolation de cette communauté, c’est-à-dire comment elle fut envahie
par des tyrans, renonça à la règle et fut incendiée par les Hongrois. Il
n’avait des anciens absolument plus aucun titre ou privilège auquel il
pût se fier. Il disait craindre par ailleurs qu’après son inévitable rappel,
le travail régulier accompli par lui depuis longtemps en ce lieu-là ne
soit anéanti à l’avenir, comme cela arriva jadis, à quelque occasion. Sur
l’exhortation des frères1 que nous devions offrir notre assentiment à sa
requête, nous concédons volontiers à la communauté susmentionnée
un privilège de notre petitesse, et néanmoins de l’autorité épiscopale,
dans lequel nous ordonnons d’insérer ceci, afin que son honneur ancien
et régulier – sauf soumission à la sainte mère Église de Lyon – soit
fermement observé et persiste inviolablement :
Que, dorénavant et par la suite, les moines servant Dieu en ce lieu,
sous l’autorité de l’abbé régulier, possèdent paisiblement et jouissent
correctement, sans quelque contestation, soustraction ou amoindrissement
de nos successeurs, ni usurpation d’hommes iniques, de tous les biens
qu’ils possèdent en cet instant, ou qu’ils ont possédés jusqu’à présent,
ou même qu’ils auront été d’ici là en mesure d’acquérir avec l’aide
de Dieu. Qu’ils ne renoncent pas à implorer sans cesse la miséricorde
du Seigneur pour nous et pour tous nos prédécesseurs et successeurs.
Qu’aucun de nos successeurs n’ait l’audace d’imposer quelque chose de
nouveau et d’injuste, ni des droits de gîte illicites, ni n’entreprenne de
leur causer de l’embarras à l’occasion d’un déplacement, ni n’ait jamais
l’audace, en aucune circonstance, d’imposer un abbé dans ce monastère,
si ce n’est de leur avis commun et choix volontaire ; mais qu’il leur soit
permis de servir fidèlement le Seigneur, paisiblement et avec quiétude,
sans violence ou entrave quelconque.
Quant à cet abbé, que notre prédécesseur a préposé à ce monastère pour
qu’il y préside selon la règle du bienheureux Benoît, nous le confirmons
de notre autorité pontificale en ce lieu afin que, là, il remplisse la charge
d’abbé tout le temps de sa vie, à moins que des fautes – que cela ne soit
pas le cas ! – ne le chassent. Qu’aussi, après sa mort, les moines susdits
maintiennent en toute circonstance l’élection monastique et régulière pour
élire un abbé. D’autre part, je vous conjure par le Seigneur Jésus Christ,

1 Les chanoines de Saint-Étienne.


L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 97

toi notre bienheureux successeur et, de la même manière, tes propres


successeurs, et je vous requiers, sous l’invocation de la majesté divine,
pour l’amour de Dieu tout-puissant et la vénération du bienheureux
Martin, confesseur du Christ, en l’honneur duquel il est établi que le
monastère susmentionné a été fondé, et des autres élus de Dieu sous les
patronages desquels les droits de tout évêché sont placés, d’offrir votre
assentiment à ce genre de dispositions que nous avons prises, et de ne
pas répugner, vous, à les confirmer derechef par des écrits et de votre
autorité, et de permettre qu’en toute circonstance elles restent intangibles.
Si quelqu’un cependant, en raison de sa cupidité, avait l’audace
d’enfreindre ou de violer ces statuts accordés dans l’intérêt fraternel
– ce qu’en aucune façon nous ne croyons –, nous invoquons Dieu que
celui-ci rende compte au tribunal qu’on doit redouter, face au juge
suprême qui est le vengeur de toutes les injustices et face à tous les
saints, et qu’il soit puni par la séparation de l’anathème. Afin qu’en de
telles dispositions, cet acte reste donc inviolable et intangible à travers
le temps, nous l’avons corroboré de notre propre main et aussi donné à
consolider aux mains de nos fidèles.
(Chrisme) Burchard, par la grâce de Dieu humble archevêque, a sous-
crit. (Chrisme) Childebod, évêque. (Signe) Maimbod, évêque. (Chrisme)
Gotescalc, évêque (signe). (Chrisme) Je suis l’évêque Isard.
Seing de Burchard, archevêque du siège de Lyon. Seing d’Itier, arche-
vêque. Seing de Rodolphe, fils du roi. Seing de Walcaud, évêque. Seing
de Garnier, évêque d’Avignon. (Signe) Hornat, doyen. (Ruche) André,
prévôt. (Ruche) Oyend, lévite. (Chrisme) Ponce, lévite. (Signe) Aymon, lévite.
SGÆ [monogramme]. (Signe) Rencon, diacre, a souscrit. (Signe)
Hector, prêtre, a souscrit. (Signe) Gontran, lévite, a souscrit. (Chrisme)
Nithard, diacre, a souscrit. (Signe) Éribert, diacre, a souscrit. (Signe)
Anchéri, prêtre, a souscrit. (Signe) Erlulf, pécheur, a souscrit. (Signe)
Arnoul, sous-diacre (signe). (Signe) Jean, diacre, a souscrit. (Chrisme)
Milon, diacre, a souscrit. (Signe) Manassès, sous-diacre, a souscrit. (Croix)
Ingelard, lévite, a souscrit. (Croix) Annon, diacre, a souscrit. (Croix)
Vuitzo, lévite, a souscrit. (Chrisme) Ailbert, lévite, a souscrit.
Donné par la main de Christian, prêtre et moine, sur l’ordre d’Eilmar,
archichancelier, la 14e année du règne de Conrad, roi de Jurane, la férie 2
du mois de novembre.
Ill. 6 – Privilège de Burchard Ier en faveur de Savigny, 949-950.
© Arch. dép. Rhône, 1 H 7, no 1.
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 99

Source

Original : Lyon, Archives départementales du Rhône, 1 H 7, no 1.


– Édition diplomatique : Ganivet, Pierre, « Notes d’historiographie
savinienne. – I. Archétype et copies intégrales du Liber cartarum Poncii
abbatis », dans Programme collectif de recherche Savigny : l’abbaye
et son territoire, dir. par Olivia Puel, Rapport annuel 2010 (SRA Rhône-
Alpes, no 2009/1086), dactylographié, p. 25-97, ici Annexe 3 : Le pri-
vilège de Bourchard Ier, archevêque de Lyon, en faveur de l’abbaye de Savigny,
p. 88-95. – Édition électronique : http://www.cn-telma.fr/originaux/
charte538/ = Acte 538 (Lyon, Archives départementales du Rhône, 1
H 7), dans Chartes antérieures à 1121 conservées en France, éd. par Cédric
Giraud, Jean-Baptiste Renault et Benoît-Michel Tock, Nancy : Centre
de médiévistique Jean Schneider / Orléans : Institut de recherche et
d’histoire des textes, 2010 [Date de mise à jour : 29 mars 2012 ; consulté
le 10 septembre 2013]. – Voir aussi Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi
du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay. Volume I : Cartulaire de Savigny,
éd. par Auguste Bernard, Paris : Imprimerie impériale (Collection de
documents inédits sur l’histoire de France. Première Série : Histoire politique),
1853, no 38, p. 35-38 (d’après l’original). Traduit du latin.

Bibliographie

Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :


Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 245-262 et p. 295-326.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande, 2008.
Ganivet, Pierre, « Représentation, répartition et évolution des pouvoirs
à Lyon autour de l’An mil », dans Le royaume de Bourgogne autour de
l’An mil, éd. par Christian Guilleré et al., Chambéry : Université
de Savoie (Société, religions, politiques ; 8), 2008, p. 131-151.
Ganivet, Pierre, « Notes d’historiographie savinienne. – I. Archétype et
copies intégrales du Liber cartarum Poncii abbatis », dans Programme
collectif de recherche Savigny : l’abbaye et son territoire, dir. par
Olivia Puel, Rapport annuel 2010 (SRA Rhône-Alpes, no 2009/1086),
dactylographié, p. 25-97.
100 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

I.16. L’ARCHEVÊQUE DE LYON


ORGANISE ET PRÉSIDE LE CONCILE D’ANSE (994)

Document présenté et traduit par François DEMOTZ

Présentation

Ce texte inséré dans le cartulaire de Cluny ne correspond pas aux actes


de concile mais à une notice qui les résume pour ne conserver que les
éléments intéressants les clunisiens. La formulation est par endroit sur-
prenante, avec des mots manquants ou surnuméraires, des constructions
fautives, les sujets sont mal liés… Comme l’a écrit P. Ganivet, « il s’agit
en réalité d’un texte hétéroclite et négligé » qui comporte sans doute des
ajouts : la liste des possessions est coupée de la phrase qui l’introduit
par divers propositions et le cas de Lourdon ; les droits clunisiens sur
Charlieu sont affirmés dans le passage qui aborde le bourg de Cluny.
De même les indications chronologiques ne sont pas concordantes.
Toutefois, la tenue d’une assemblée à Anse est assurée et sa datation
précisée, car le concile est mentionné par une autre source, une charte
de l’archevêque Thibaud de Vienne octroyée lors de la même réunion
en faveur de Saint-Barnard de Romans, et datée de 994, au plus tôt le
19 octobre. C’est sans doute une erreur de l’auteur de la notice ou du
copiste du cartulaire de Cluny qui a transformé la date de CMXCIV
en « CMXC indiction V ».
Élaboré à Cluny, le texte fait la part belle aux abbés Maieul et Odilon
et à la protection que les clunisiens reçoivent d’un épiscopat très favorable.
Il reprend les privilèges déjà obtenus par les clunisiens qui l’ont donc
copié parmi les diplômes royaux, impériaux et pontificaux. Il comporte
donc des dispositions très habituelles comme la confirmation de biens
ou l’immunité, mais aussi de plus nouvelles : le développement de la
seigneurie monastique, notamment à Cluny même, le pouvoir de lever
l’anathème, les bonnes pratiques reprises de conciles peu antérieurs. C’est
pourquoi les historiens insèrent le concile d’Anse dans le mouvement
de paix, même s’ils en discutent la place, du simple reflet marginal au
chaînon nécessaire.
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 101

Le concile d’Anse illustre aussi la place tenue par l’archevêque de


Lyon à la jonction des Bourgognes et de la Provence, homme du roi
de Bourgogne, influent en France, protecteur de Cluny et proche des
réformateurs comme Guy d’Anjou. C’est à la fois le prélat et le frère du
roi Rodolphe III qui réunit dans un de ses principaux domaines ceux de
ses suffragants qui relèvent du royaume des Francs, les archevêques de
Vienne et celui de Tarentaise avec leurs suffragants, qui appartiennent
au royaume de Bourgogne, et l’évêque d’Uzès. Ce qui unit tous ces
personnages, c’est l’archevêque Burchard qui intervient pour des raisons
autant politiques que religieuses. La protection accordée à Cluny vise
le comte Artaud qui fait une restitution de biens en 995 mais surtout
le comte de Bourgogne Otte-Guillaume et ses partisans, en particulier
deux prélats qui auraient dû être présents, l’archevêque de Besançon et
l’évêque de Langres1, seul suffragant de Lyon absent. Elle s’insère aussi
dans les luttes d’influence autour du roi Robert et de son oncle duc de
Bourgogne, entre les amis d’Otte-Guillaume et ceux de Guy d’Anjou.

Document

Que toute la sainte mère Église catholique sache qu’en l’année de


l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ 990, indiction 5, nous avons
vu le synode réuni dans la basilique Saint-Romain, dans le territoire de
Lyon appelé Anse, et donc assemblés là de saints et vénérables pères,
à savoir le seigneur Burchard, archevêque du saint siège de l’Église de
Lyon, Thibaud, archevêque du saint siège de Vienne, Gautier, vénérable
évêque du saint siège d’Autun, mais aussi le seigneur Lambert, évêque
du saint siège de Chalon, Liébaud, évêque du saint siège de Mâcon, éga-
lement Guigues, évêque du saint siège de l’Église de la cité de Valence,
Héribald, évêque de la ville d’Uzès, Évrard, évêque du saint siège de la
cité de Maurienne, Humbert, évêque du saint siège de la cité de Grenoble,
Anselme évêque du saint siège de l’Église de la cité d’Aoste, Amizon,
évêque du saint siège de l’Église de la cité de Tarentaise.
Pendant que ceux-ci, fortifiés par les enseignements des saints pères,
traitaient de nombreux sujets en vue de l’établissement de la foi ortho-
doxe et de la stabilité de la sainte Église de Dieu, le vénérable abbé
Odilon, chéri par la communauté du saint monastère de Cluny et
1 L’archevêque Liétaud et l’évêque Brunon.
102 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

donné à nous par Dieu, avec autour de lui le seigneur Vivien, éminent
prieur, et également un groupe important de frères, se présenta devant
l’assemblée des saints pères, qui réunissaient des évêques, des abbés
et encore d’autres hommes religieux, implorant leur dignité d’évêque,
mettant en particulier en avant combien et comment ils étaient étroi-
tement opprimés et ledit très saint monastère de Cluny était durement
opprimé à cet instant, réclamant de leurs saintetés qu’ils leur concédassent
d’avoir en leur possession un privilège protégé par le terrible châtiment
de l’anathème, au nom de Dieu. Les très saints pères, accédant à ces
demandes, tant pour le respect de saint Pierre, pour lequel les moines
s’acquittaient du service divin, et des autres saints dont on entretenait
ici la mémoire, que pour celui du seigneur et très saint abbé Maieul,
en tout magnifique adorateur de Dieu, dont le trépas les attristait mais
dont les lumières les réjouissaient autrefois, mais aussi pour les actuels
persécuteurs du très saint lieu, octroyèrent par leur autorité épiscopale
inviolable ce privilège pour tout ce que comporte les privilèges ou chartes
d’acquisition des moines, sans aucune contestation.
Que personne n’ose prendre les églises, avec les dîmes et services qui
reviennent au monastère, ou le bourg de ce saint lieu, à l’intérieur ou à
l’extérieur, sans le consentement de l’abbé ou des frères de ce lieu. De
plus, nous interdisons, en octroyant ce privilège et en confirmant en toutes
choses la seigneurie (potestas) du saint lieu susnommé, d’enfreindre ou
de violer celle-ci et d’enlever le butin là ou dans les églises appartenant
à la même abbaye, avec les maisons et celliers, à savoir :
ainsi, dans le pays de Mâcon, sous l’excommunication et l’anathème
liées à leur autorité pontificale, ils défendirent instamment de prendre
ou de piller le mont de Lourdon, Blanot et Bezornay, avec la curtis et la
villa lui appartenant ; Mazille et Péronne, Chevigne, Solutré, Ecussols et
Clermain, avec ses appendances ; Saint-Victor établi sur la rivière de Rhins ;
Beaumont situé dans le pays de Chalon ; dans le pays de Lyon, Savigneux
et la potée de Romans, Chaveyriat et Thoissey, Pouilly, Arthun, la celle
d’Ambierle avec ses appendances, Iguerande et le château d’Huillaux ;
le monastère Sornin qu’on appelle Charlieu, le monastère de Régny dans
le comté de Mâcon, sur la rivière de Rhins, ainsi que les églises avec les
« poestés » rattachés audit monastère de Charlieu, ainsi qu’à Régny avec
ses dépendances, à savoir les maisons et celliers lui revenant ; et tout ce
qu’ils sont réputés avoir ou posséder de quelque façon, ou tout ce qui sera
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 103

acquis en plus dans le futur par la volonté divine dans quelque lieu ou
pays, que nul n’entende en rien le contester ou le piller. Également, de par
leur autorité épiscopale, ils interdirent et firent instamment défense, sous
l’invocation de l’anathème, que nul agent public ou collecteur de taxe,
ou encore comte ou n’importe quelle armée, particulière ou mercenaire,
entende – ce qu’on a prétendu quelquefois –  construire un château ou
édifier quelque fortification dans ou à côté de l’abbaye ou des « poestés »
dudit lieu sacré. Ils décidèrent également dans le même saint concile que
nulle haute charge séculière ni rang militaire élevé n’entende emmener
comme prise des hommes établis à côté de Cluny ou habitant dans le
lieu déjà cité de Charlieu, dans ce château ou le bourg de ce lieu, ou
envoyer du dehors au dedans ou du dedans au dehors d’autres butins
tant en bœufs, vaches ou porcs qu’aussi en chevaux, ou tout ce qui peut
être considéré ou désigné comme butin, parce qu’il ne convient pas que
les contestations d’hommes mauvais et orgueilleux soient imposées aux
saints moines demeurant dans le saint lieu déjà cité.
Ils ordonnèrent d’écrire dans ce privilège et firent défense à tout
homme, si ce n’est aux seuls prêtres, de porter le corps et le sang au
malade ; que jamais le corps du Seigneur soit conservé dans l’église plus
de huit jours et qu’il soit renouvelé toujours le dimanche ; qu’on vienne
souvent aux vigiles, qu’on se tienne là avec gémissement et soupir,
sans bavardage ni amusement ; pour l’office divin qu’on ne fasse rien
d’autre que ce qui est utile aux âmes ; que nul clerc n’aille à la chasse :
qu’il sache, celui qui s’en moque, qu’il est damné par Dieu. Il est aussi
décrété par les saint pères en concile et par les évêques catholiques que
les prêtres s’abstiennent d’épouses ; dans le cas contraire, qu’ils n’exercent
plus le saint mystère dans les églises et qu’ils perdent ces églises qu’ils
possèdent. Qu’ils ne recourent ni ne croient aux sortilèges, aux augures
ou aux divinations ; celui qui cependant l’aura fait ne sera libéré ni des
châtiments perpétuels ni des flammes s’il ne s’est pas corrigé par une
véritable pénitence. Qu’on n’ait aucune activité le samedi après none.
Le dimanche que nul ne prétende acheter ou vendre, si ce n’est ce qu’il
peut manger durant la journée ; qu’on ne réclame ni ne tienne un plaid.
Que tous les laïcs s’abstiennent de viande le 4e jour de la semaine et
jeunent le 6e jour, s’ils peuvent le faire ainsi complètement, ou bien
qu’ils distribuent des aumônes aux pauvres. Le 2e, le 4e et le 6e jour,
qu’ils entendent la messe s’ils le peuvent.
104 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Que sur les protecteurs de ce privilège, de Dieu le Père et du Seigneur


Jésus Christ, la paix descende sur eux d’une course rapide avec toute la
bénédiction céleste. Que les violateurs soient, eux, condamnés à l’anathème
Maranatha, sauf s’ils se sont repentis et ont fait pénitence ou s’ils ont été
absous par les abbés du très saint monastère de Cluny ou par des frères
du même monastère ; sans quoi, au contraire, qu’ils restent condamnés
à l’éternel supplice. Amen. Que cela soit, que cela soit.

Source

Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome troisième, 987-1027, éd. par


Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie nationale,
1884, no 2255, p. 384-388. Traduit du latin.

Bibliographie

Barthélemy, Dominique, L’An mil et la paix de Dieu : la France chrétienne


et féodale, 980-1060, Paris : Fayard, 1999.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande, 2008.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 358.
Ganivet, Pierre, « Représentation, répartition et évolution des pouvoirs
à Lyon autour de l’An mil », dans Le royaume de Bourgogne autour de
l’An mil, éd. par Christian Guilleré et al., Chambéry : Université
de Savoie (Société, religions, politiques ; 8), 2008, p. 131-151.
Gingins La Sarra, Frédéric-Jean-Charles de, Les trois Burchard archevêques
de Lyon, aux Xe et XIe siècles, Lyon : imprimerie d’Aimé Vingtrinier,
1852 ; repris dans Idem, Histoire de la cité et du canton des Équestres
suivie de divers autres opuscules, Lausanne : imprimerie Georges Bridel
(Mémoires et Documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande ;
20), 1865, p. 317-351.
Iogna-Prat, Dominique, Ordonner et exclure : Cluny et la société chrétienne
face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam, 1000-1150, Paris : Aubier
L’ARCHEVÊQUE DE LYON, TÊTE DE L’ÉGLISE ROYALE DE BOURGOGNE 105

(Collection historique), 1998, rééd. Paris : Flammarion (Champs ; 553),


2004.
Méhu, Didier, Paix et communautés autour de l’abbaye de Cluny (Xe-XVe siècle),
Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 9), 2001 – 2010.
Rosenwein, Barbara H., To be the neighbor of St-Peter : The social meaning
of Cluny’s property, 909-1049, Ithaca/London : Cornell University
Press, 1989.
LE PRESTIGE
DES ABBAYES LYONNAISES

I.17. LE SOUVENIR DU RAYONNEMENT INTELLECTUEL DE LYON


AU DÉBUT DU Xe SIÈCLE : LES ÉTUDES DE MAIEUL À LYON

Documents présentés et traduits par Michel RUBELLIN

Présentation

Conduite par l’évêque Leidrade, poursuivie et consolidée par ses


successeurs au ixe siècle, la restauration culturelle de l’Église de Lyon
donna de brillants résultats. Par la création d’écoles pour les clercs, par la
relance de l’activité du scriptorium qui avait produit jadis de forts beaux
manuscrits, par l’accueil dès le début du ixe siècle de clercs étrangers
au diocèse (par exemple des Espagnols) qui apportèrent sans doute des
manuscrits et une riche culture, Lyon prit une place très importante et
quelque peu excentrée sur la carte culturelle du monde, dont le centre de
gravité était plus septentrional. Sa bibliothèque, qui est celle du chapitre
cathédral, est désormais renommée par son abondance, sa qualité et sa
variété. Attirés par ces outils et par la qualité des prélats et surtout du
diacre Florus, on vient à Lyon pour parfaire sa culture (pour ne citer que
quelques exemples, Claude de Turin, Adon avant son accession au siège
épiscopal de Vienne en 860, ou encore Mannon, qui fut ensuite prévôt
de Saint-Oyend). Mais on consulte aussi Florus sur des sujets difficiles,
et on sollicite l’avis de l’Église de Lyon sur la question très délicate de la
prédestination. Puis, passé la fin du ixe siècle, ce brillant tableau s’efface,
semble-t-il, et on n’a plus d’écho précis de l’excellence culturelle lyon-
naise au xe siècle. Ainsi, quand Syrus, moine de Cluny, et hagiographe
de Maieul, parle, après 999, de la formation que celui-ci reçut à Lyon
108 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

vers 925-930, il cite bien un maître officiant à L’Île-Barbe et inconnu


par ailleurs, mais quand il veut mettre en avant le prestige culturel de la
ville, il ne trouve rien de mieux que de reprendre textuellement le tableau
qu’en avait fait vers 870-875 Heiric d’Auxerre dans les Miracula de saint
Germain1, tableau qui, à travers une citation de Juvénal, renvoyait aussi
à l’antiquité païenne de Lyon. Quant à Odilon, qui reprend et abrège
Syrus en 1030-1032, il ne donne pas davantage de précision sur l’éclat
culturel de Lyon : il supprime même la longue citation d’Heiric, qu’il
remplace de manière lapidaire et surprenante par la définition donnée
par saint Augustin2 à Athènes : « mère et nourrice de la philosophie ».
I.17.A. VIE DE MAIEUL PAR LE MOINE SYRUS (APRÈS 999)

Document

À la même époque, à Lyon, un certain Antoine, passablement érudit


en philosophie, brillait par ses bonnes mœurs, et la vertu et la piété
l’avaient placé à la tête du monastère de L’Île-Barbe. Ayant eu connaissance
de cela au récit de certains, et parce qu’il brûlait d’un ardent désir de
s’instruire, l’homme de Dieu3 gagna Lyon et s’en remit à l’enseignement
de cet homme pour apprendre. Il progressa considérablement non seu-
lement grâce à la science, mais aussi grâce aux bonnes mœurs et à la
manière de vivre de celui-ci. La cité en question l’emportait alors sur
toutes ses voisines tant par le respect des vertus que par l’étude des
arts libéraux. En effet la sagesse, qu’on doit chercher à atteindre pour
elle-même, offensée par l’indécent appât du gain de certains, par la vie
dissolue de beaucoup, par, enfin, la paresse honteuse de tous ceux qui
la recherchaient mollement, et, à cause du manque de maîtres et de
la quasi ruine des écoles des Anciens, malheureusement méprisée de
manière scandaleuse dans cette région qui est la nôtre, la sagesse donc,
établit pour longtemps son séjour habituel à Lyon. Là, on rapporte que
la connaissance des arts libéraux, pratiqués chacun point par point,
prit un tel développement que, pour les écoles, la ville était appelée
le gymnase public de ce côté-ci de la mer. Et, pour apporter quelque

1 Patrologie latine, tome 124, c. 1209-1210.


2 La Cité de Dieu, xviii, 9.
3 Maieul.
LE PRESTIGE DES ABBAYES LYONNAISES 109

chose qui soit établi par la raison, nous joignons à cet argument ceci,
à savoir que tout individu qui se serait livré à l’étude de ces arts pour
les enseigner, ne méritait pas d’être inscrit parmi les professeurs avant
d’être examiné ici avec une attention particulière. Le Satirique est
d’accord avec cela, lui qui, afin d’éclairer les choses avec les circons-
tances d’un exemple, attaquant durement et longuement les impudiques
dans le premier livre de son œuvre, rapporte qu’il les a fait pâlir par la
conscience de leur fréquent crime « comme le rhéteur qui devait prendre
la parole devant l’autel lyonnais1 ». Il apparaît ainsi clairement que cet
autel avait généreusement conféré jadis aux sages des nominations et
des palmes. C’est pourquoi, dans cette ville, comme nous l’avons déjà
dit, alors que Maieul écoutait les philosophes et les hommes d’Église,
sous l’inspiration de la grâce divine, il l’emportait en sagesse sur tous
ses rivaux. La richesse de l’éloquence allait de pair avec la gravité de la
sagesse. Grâce aux éléments de cette combinaison, il commença à être
un vase d’élection.

Source

Syrus, Vita sancti Maioli, éd. par Dominique Iogna-Prat, dans Idem,


Agni immaculati : recherches sur les sources hagiographiques relatives à saint
Maieul de Cluny (954-994), Paris : Éditions du Cerf (Thèses Cerf ; 23),
1988, p. 163-285, ici I, 4, p. 185-187. Traduit du latin.
I.17.B. VIE DE MAIEUL PAR ODILON ABBÉ DE CLUNY (1031-1033)

Document

Cet homme, notre bienheureux père Maieul, issu d’une lignée illustre,
fut élevé noblement avec un soin vigilant dès son bas âge par ses nobles
parents. Arrivé à l’âge de l’enfance, il fut attiré par les études ecclé-
siastiques, de sorte qu’il s’imprégna de littérature spirituelle. Il se fit
donc par un signe d’en haut et par la divine providence qu’un enfant
ayant de bonnes espérances se dirigeât maintenant plus strictement
dans l’accomplissement des choses divines, de sorte qu’il franchit tout
le temps de l’adolescence sans danger pour sa chasteté, et il arriva que

1 Juvénal, Satires, I, 44.


110 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

toute sa vie durant il maintint la parure virginale de son corps. Déjà, à


l’approche de la jeunesse, il n’attendit pas pour aborder ce qu’il y a de
plus élevé et de plus estimable dans les études divines et de plus difficile
et de plus grave dans les études humaines, et pour cette raison, motivé
par l’un et l’autre enseignement, il ne craignit pas de se rendre à l’autel
lyonnais. Ensuite, dans cette ville mère et nourrice de la philosophie
qui, selon un ancien usage et le droit ecclésiastique, gardait à bon droit
la forteresse de la Gaule tout entière, il voulut avoir comme précepteur
dans les arts libéraux Antoine, homme savant et sage. En fait, il suivit
davantage les exemples de cet Antoine, grand disciple du seul Christ que
les enseignements du même Antoine, philosophe séculier de profession.

Source

Odilon, Vita sancti Maioli, dans Patrologiæ Cursus completus Series secunda
Patrologiæ Tomus CXLII, éd. par Jacques-Paul Migne, Paris : Jacques-Paul
Migne, 1853, colonnes 943-962, ici colonnes 248-249. Traduit du latin.

Bibliographie

Rubellin, Michel, « Les humanismes à Lyon du ixe au xiiie siècle »,


dans Lyon, l’humaniste : depuis toujours, ville de foi et de révoltes, éd. par
Claude Royon, Paris : Autrement (Mémoires ; 105), 2004, p. 32-46.

I.18. LES ABBAYES LYONNAISES


DANS LE SALUT DE RODOLPHE III (1030-1032)

Documents présentés et traduits par François DEMOTZ

Présentation

Les donations à Ainay et à Savigny sont parmi les derniers actes


du règne de Rodolphe III et de la dynastie rodolphienne. Elles ne sont
connues que par des copies, dès la seconde moitié du xie siècle pour
Talloires mais seulement au xviie siècle pour Ainay ; dans ce dernier
LE PRESTIGE DES ABBAYES LYONNAISES 111

cas, le texte originel est une version viennoise qui pourrait bien avoir
été retouché lors d’une copie un siècle ou un demi-siècle après avoir
été émis, avec notamment une mise à jour des titres et du vocabulaire.
Aucune des deux copies n’a conservé la formule de datation, mais les
actes sont émis entre le début de l’épiscopat de Léger à la fin de l’année
1030 et la mort de Rodolphe III le 6 septembre 1032. Si la tradition
conservée à Talloires au xviiie siècle est authentique, la consécration
aurait eu lieu le 17 octobre 1031. La donation à Ainay pourrait être
antérieure à celle à Savigny : alors que Rodolphe intervient lui-même
pour Ainay, il ne le fait plus à propos de Talloires, contrairement aux
actes antérieurs pour le même lieu, laissant agir la reine Ermengarde,
sans doute à cause de sa santé déclinante. Elle pourrait même être anté-
rieure au 22 juin 1031, date de la mort de Burchard II, qui ne figure
pas dans cet acte concernant une abbaye épiscopale.
Ces actes ont donc d’abord une dimension eschatologique, d’où le
souci du pardon des péchés, et ils s’inscrivent dans une série de dona-
tions en faveur d’abbayes, en particulier pour l’établissement de trois
communautés : Rodolphe restaure Saint-André-le-Haut de Vienne au
profit de moniales, dont la vocation est souvent mémorielle, il instaure
le prieuré masculin de Lémenc, confié à Ainay, et Ermengarde fait de
même à Talloires, comme dépendance de Savigny. Confronté à son
prochain trépas et à celui de son frère, le roi multiplie les gestes pieux
envers des abbayes différentes et cette diversité des intercesseurs n’est pas
sans rappeler l’influence clunisienne et l’ultime pèlerinage de sa tante,
l’impératrice Adélaïde. Les abbayes lyonnaises sont alors privilégiées,
sans doute en mémoire de Burchard II.
Les donations ont aussi une dimension politique. Elles permettent
de voir en partie qui sont les proches d’une dynastie finissante : ce sont
les Viennois – la reine Ermengarde, le comte Humbert ou l’archevêque
Léger – tandis que les prélats grenoblois et lyonnais sont absents.
Qu’il y ait eu vacance épiscopale ou non à la mort de Burchard II,
Burchard III ne fait pas partie des amis d’Ermengarde. Pour cette
dernière, la mort prochaine de son époux, pose la question du devenir
des biens royaux et fiscaux qu’elle a reçus. Elle en remet une grande
partie aux églises, cathédrales et viennoises quand il s’agit de sa propre
mort, mais lyonnaises et monastiques du vivant de Rodolphe III,
sensibilisé au sort des abbayes lyonnaises par le long épiscopat de son
112 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

demi-frère Burchard II et à celui de Savigny par son attachement à


Cluny dont l’abbé Itier est issu.
C’est ainsi qu’Ainay se voit confier un prieuré, qui n’est alors
qu’embryonnaire, à Lémenc, dans la cluse de Chambéry, et que Savigny
reçoit l’ancienne celle de Talloires avec de nombreux domaines sur la rive
septentrionale et à l’issue orientale du lac d’Annecy. Ces prieurés qui
s’ajoutent à ceux déjà reçus confortent la place des abbayes lyonnaises
sur des routes majeures du royaume de Bourgogne : avec Talloires et
Lutry, autre bien éminemment royal situé sur un bord de lac, à l’est de
Lausanne, les moines de Savigny sont présents sur les principaux chemins
qui mènent vers l’Italie depuis le nord ; les moines d’Ainay, déjà bien
présents jusqu’aux abords de Genève, c’est-à-dire à la charnière entre
la vallée du Rhône et la zone lémanique, sont aussi installés sur l’axe
qui relie Lyon et Vienne à l’Italie.
I.18.A. RODOLPHE III DONNE LÉMENC À AINAY POUR Y FONDER UN
MONASTÈRE

Document

À la sacrosainte église de Dieu d’Ainay à la tête de laquelle se trouve


le seigneur abbé Géraud, homme d’une sainteté merveilleuse, le roi
Rodolphe et sa femme, la reine Ermengarde, – considérant la chute de
la fragilité humaine, qu’ils reçoivent ici-bas et à présent le fruit d’une
bonne action, et qu’ils méritent dans le futur d’obtenir les récompenses
du bonheur éternel, parce que, comme dit le Seigneur, ainsi que l’eau
éteint le feu, l’aumône éteint le péché – sur le conseil du seigneur
Léger, archevêque de Vienne, qui se tient fermement à la tête de son
Église, ainsi que d’autres hommes très honorables, tant laïcs que clercs,
ont donné la villa qu’on appelle Lémenc. Ledit abbé, poussé par leurs
justes demandes, sur le conseil commun des frères d’Ainay, a envoyé là
des moines pour qu’ils intercèdent avec zèle auprès de la miséricorde
de Dieu pour leurs âmes et celles de tous leurs ancêtres. En outre, ils
ont concédé, si quelqu’un voulait faire aux moines l’aumône d’un fief
qu’il est réputé tenir d’eux, que ce soit librement et sans coutume. En
outre ils ont donné un manse dans un autre endroit, dans la villa qu’on
appelle Le Noiray, et la châtaigneraie et les prés dépendant des manses
de la même villa, et le manse de Vifred.
LE PRESTIGE DES ABBAYES LYONNAISES 113

Souscription de roi Rodolphe et de la reine dame Ermengarde, qui


ont fait ce don et, pour qu’il demeure à jamais inébranlable, ils ont
ordonné de le confirmer par écrit.
Souscription de Léger éminent primat. Souscription d’Artaud prévôt
de la ville de Vienne. Souscription du seigneur Hugues doyen de la même
ville. Souscription de Richard, chapelain de la reine. Souscription de
Foucher. Souscription de Wifred de Chambéry. Souscription d’Amalric
vicaire. Souscription du comte Humbert. Souscription d’Odon.

Source

Die Urkunden der Burgundischer Rudolfinger, éd. par Theodor Schieffer


et Hans Eberhard Mayer, München : Monumenta Germaniae historica
(Monumenta Germaniae historica. Diplomata), 1977, no 127, p. 303-304.
Texte connu par une copie du xviie siècle (Montpellier, Bibliothèque
de la Faculté de médecine, ms. 97 (Coll. Guichenon), vol. 2, no 39). Traduit
du latin.
I.18.B. LA REINE ERMENGARDE DONNE TALLOIRES À SAVIGNY

Document

Par des catastrophes qui s’accumulent, des indices certains montrent


que la fin du monde approche ; pour cette raison, il faut que chacun
persiste avec zèle à ne pas se lasser à travailler, aussi longtemps qu’il
demeure en vie, pour mériter les biens éternels grâce à ceux de la terre
et acquérir les biens perpétuels grâce à ceux qui sont transitoires. Par
conséquent, moi Ermengarde, humble épouse du seigneur roi Rodolphe,
pour le salut de l’âme de mon seigneur, le roi Rodolphe, et pour le salut
de mon âme, j’ai construit l’église en l’honneur de sainte Marie pour
l’habitation des moines du monastère de Saint-Martin de Savigny, pour
le gouvernement et l’autorité de l’abbé Itier et de ses successeurs et pour
l’usage des frères qui servent Dieu selon la règle à cet endroit, dans le
pays d’Albanais, dans la villa qu’on appelle Talloires. à ce lieu, avec la
permission de mon seigneur Rodolphe, sur le conseil des archevêques
et évêques, à savoir Léger de Vienne, Aimon de Tarentaise, Frédéric
de Genève, Ponce de Valence, du comte Humbert et d’autres de nos
fidèles qui vinrent ici pour la dédicace de l’église, j’ai donné pour la
114 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

subsistance des frères la « poesté » de Doussard, avec l’église et ses dépen-


dances, Marceau avec ses dépendances, Vésonne avec ses dépendances, la
« poesté » de Marlens avec l’église et toutes ses dépendances, la villa de
Bluffy avec l’église et ses dépendances, à Vérel et à Ponnay autant que
je parais posséder, un manse qu’on appelle de Ramponnet, le manse
d’Écharvines, la forêt que l’on nomme Chère, la villa de Charvonnex,
avec ses dépendances et deux parties des dîmes de cette villa, de sorte
que les frères les possèdent et tiennent librement, sans contradiction de
personne. Et, pour que cette donation demeure toujours ferme et stable,
nous la confirmons de notre propre main et demandons de la confirmer.
Souscription du comte Humbert, souscription de Sigibold, souscription
de Foucher, souscription de Allold, souscription de Vulard.
Nous voulons qu’il soit aussi noté que ce don est fait de telle manière
que la reine Ermengarde, aussi longtemps qu’elle vivra, tienne les trois
« poestés » de Doussard, Vésonne et Marlens, à moins qu’elle ne les ait
rendues volontairement, et que tous les ans à la fête de saint André,
pour ce qu’elle a conservé, elle paye aux moines de ce lieu vingt sous
de cens et de rente pour usufruit. Après son décès néanmoins, toutes
les choses écrites ci-dessus reviendront librement à ceux qui habitent
ce lieu et qui servent pieusement le seigneur Dieu.

Source

Die Urkunden der Burgundischer Rudolfinger, éd. par Theodor Schieffer


et Hans Eberhard Mayer, München : Monumenta Germaniae historica
(Monumenta Germaniae historica. Diplomata), 1977, no 137, p. 314-316.
Texte connu par une copie de la seconde moitié du xie siècle (Torino,
Archivio di Stato) et par des copies modernes (xvie-xviiie siècle) d’un
cartulaire du xiie siècle aujourd’hui perdu. Traduit du latin.

Bibliographie

Brasier, Vincent, « Étude sur les origines du prieuré de Talloires »,


Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne, X (1887), p. 29-36
et p. 101-102.
Demotz, François, « Saint Maurice et les Rodolphiens : du lien identitaire
à la sainteté symbolique », dans Autour de saint Maurice : actes du colloque
LE PRESTIGE DES ABBAYES LYONNAISES 115

« Politique, société et construction identitaire, autour de Saint Maurice »,


29 septembre-2 octobre 2009, Besançon (France)-Saint-Maurice (Suisse),
Saint-Maurice : Fondation des archives historiques de l’abbaye de
Saint-Maurice/Besançon : Laboratoire des sciences historiques de
l’université de Franche-Comté, 2011, p. 147-160.
Gaussin, Pierre-Roger, « L’expansion des moines de Savigny dans l’espace
savoisien », dans Quinze siècles de présence bénédictine en Savoie et dans
les Pays de l’Ain, sous la direction de Louis Trénard = Cahiers de
civilisation alpine, 3 (1983), Genève : Slatkine – Chambéry : Centre
d’études franco-italien, 1983, p. 69-82.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.
LES COMTES DE LYON

I.19. LA DIGNITÉ COMTALE AUX MAINS


DE L’ARISTOCRATIE LOCALE : L’ÉMERGENCE DES ARTAUDS

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

En 952, la mort d’Hugues le Noir marque, pour Lyon, la fin du


temps des principautés. L’absence de mention comtale, pendant un quart
de siècle, accrédite l’hypothèse d’une vacance prolongée du comitatus (dont
l’archevêque serait le principal bénéficiaire), même si quelques indices
ténus permettent d’envisager l’hypothèse d’une attribution partielle
de prérogatives publiques à quelques personnages influents, comme
le comte de Valentinois Geilin ou un vicomte Artaud. Le titre comtal
reparaît dans les années 980, justement porté par un certain Artaud,
dont les ancêtres étaient possessionnés aux confins des pays de Lyon,
de Mâcon et d’Autun, et apparaissaient dans l’entourage d’Hugues
le Noir (I.10.). Issu de l’aristocratie locale, Artaud est le premier de
sa famille à revêtir la dignité comtale. Les deux premiers actes dans
lesquels il s’intitule comte font état de violences commises contre les
églises lyonnaises lors de son accession à cette fonction. Il n’en fallut pas
davantage à l’historiographie lyonnaise pour postuler une usurpation
du titre comtal, donc une appropriation par la force. Cependant, des
approches plus nuancées ont aussi pu être proposées.
Le premier texte appelle deux remarques. L’une concerne le concile
auquel il est fait référence, et qui reste inconnu par ailleurs : il ne peut
s’agir ni de la réunion d’évêques provençaux autour de Burchard II en
978/981 (I.15.), ni –  contrairement à ce qui a parfois pu être affirmé
118 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

– du concile d’Anse de 994 (I.16.). L’autre remarque a trait au terme


hæreditas, qui désigne les biens cédés à l’abbaye de Savigny par le comte
Artaud et qui est à l’origine de l’idée selon laquelle ces biens, comme
d’autres donnés ailleurs, « sont des terres héréditaires, dont la possession
ne suppose pas chez leur propriétaire la jouissance de l’autorité comtale
dans les territoires dont font partie ces domaines » (Poupardin). On ne
saurait nier que hæreditas puisse désigner un bien héréditaire, mais ici
cette acception ne s’impose pas d’elle-même parmi les différents sens
de ce mot. Chez Poupardin, elle vient à l’appui de l’hypothèse selon
laquelle le pouvoir des Artauds serait initialement circonscrit aux
marges occidentales du pagus Lugdunensis. Or, on ne saurait se fonder,
comme lui, sur le titre de « comte de Forez » adopté par les descendants
d’Artaud à la fin du xie siècle pour préjuger de la juridiction primitive
de ces comtes. La neutralité de haereditas s’impose d’autant plus que
le comte Géraud, fils d’Artaud, use d’une expression comparable – de
rebus meis – pour qualifier une terre manifestement assimilable à un
ancien domaine public (I.21.). Hæreditas, traduit par « fonds », sera
compris ici soit comme l’ensemble des biens fonciers dont le donateur
avait jusqu’alors la maîtrise (dominium), soit comme l’un de ces biens en
particulier, indépendamment de l’origine, familiale (privée) ou fiscale
(publique), du ou des biens en question.
Le second document soulève des questions d’un autre ordre, du fait
d’une longueur et d’un contenu très inhabituels. Dès le xvie siècle,
Paradin le signalait dans un chapitre consacré aux comtes de Lyon
comme « la plus belle pancarte de toutes les mentionnées », se contentant
toutefois d’en donner les premiers mots et quelques souscriptions. Le
texte complet, transcrit plus tard sur l’original par l’archiviste du
Rhône, Gauthier, a été joint en 1868 aux « preuves fondamentales »
de l’Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez de La Mure. Cette
transcription, généralement utilisée, est fautive en plusieurs endroits.
Mieux vaut employer, si l’on ne recourt pas au document original,
celle, moins connue mais de meilleure qualité, des Lugdunensis historiae
Monumenta de Monfalcon. Bien que l’authenticité du texte ait pu être
mise en doute, l’acte est encore cité par tous les historiens de Lyon.
Sans doute mériterait-il un ample examen, externe et interne ; ce n’est
toutefois pas ici le lieu d’y procéder. Outre l’allusion aux dommages
causés dans sa jeunesse par le comte Artaud (qui fait écho au premier
LES COMTES DE LYON 119

texte), on retiendra notamment les informations qu’il est possible de


rapporter aux deux églises de Saint-Just et de Saint-Irénée, même en
l’absence d’identification formelle de l’une et de l’autre. La présence,
confirmée par la visite de 1288, des corps de l’évêque Arige († 614/626),
restaurateur supposé de la basilique, et de saint Viateur, compagnon de
saint Just, permet d’attribuer à Saint-Just les deux autels mentionnés en
l’honneur de la Vierge et de l’apôtre Thomas. En revanche, c’est à Saint-
Irénée qu’Artaud élit sépulture : l’allusion aux « milliers de martyrs »,
dont le comte recherche la protection, évoque l’inscription figurant sur
la mosaïque installée lors de construction de la crypte aux xe-xie siècles
et détruite en 1562. Au début du xvie siècle, une inscription peinte
sous la voûte d’une « chapelle treillée de fer, à main gauche » selon Paradin,
signalait encore l’emplacement du tombeau. Bellièvre, qui rapporte le
témoignage de son cousin le chanoine Claude Bullioud, la situait « quand
on monte de la grand nef de Sainct Irigny, à Lion, au cueur ». On en sait
cependant trop peu sur l’ancienne église de Saint-Irénée pour vérifier
sa concordance avec le souhait d’Artaud d’être inhumé « devant les
portes de [la chapelle] du bienheureux Jean-Baptiste », ante vualvas beati
Johannis Baptistae (ce vocable étant celui de la basilique primitive). Par
ailleurs, cette inscription peinte, dans les différentes versions qu’en ont
rapportées les érudits modernes, ne saurait être antérieure au xive siècle.
Notons, pour terminer, qu’une tradition rapportée par le chanoine Nivon
au xviiie siècle identifiait le sépulcre d’Artaud au sarcophage dit du
triomphe de Bacchus, dégagé du pied de l’escalier de l’église en 1824
et actuellement conservé au Musée gallo-romain de Lyon.
I.19.A. LE COMTE ARTAUD FAIT UNE IMPORTANTE DONATION
AUX MOINES DE SAVIGNY, EN RÉPARATION DES MAUX QU’IL A COMMIS
CONTRE LE MONASTÈRE ET LES TERRES DE SAINT-MARTIN,
EN AGISSANT « POUR L’ACQUISITION ET LA DÉFENSE DE SON HONNEUR »
[984/993]

Document

Au nom de Dieu, moi Artaud, comte, fils de feu Gérard, homme


noble, et de Gimberge, me remémorant tous les maux que j’ai commis
contre les préceptes de Dieu, tant pour l’acquisition que pour la défense
de mon honneur, je redoute les jugements de Dieu, craignant pour cela
120 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de souffrir sans fin les supplices éternels. Mais en vérité, parce que la
patience du Seigneur envers moi n’a que trop duré, je ne diffère pas plus
longtemps de me soumettre aux remèdes de la pénitence. C’est pourquoi
je me suis rendu dernièrement au concile des prêtres et ministres de
Dieu, cherchant auprès d’eux un conseil salutaire : lesquels, prononçant
sur mon cas selon les statuts des saints canons, me prescrivirent, entre
autres avertissements, ceux qui pourraient plus légèrement absoudre mes
péchés. Averti de ces préceptes salutaires, considérant quels maux – des
maux si grands – j’avais commis contre le monastère de Saint-Martin
qui est appelé Savigny, en pillant ses villae et en dévastant ses terres,
je concède au premier chef au bienheureux Martin lui-même quelques
biens de ma possession.
Ainsi donc, moi Artaud, je donne de mes fonds à l’église Saint-Martin
que dirige le seigneur abbé Hugues, en même temps qu’au troupeau
qui lui a été confié. Ce fonds est situé dans le pays de Lyon, dans l’ager
de Cogny, sur la rivière de la Saône, dans la villa de Toriniacus : il s’agit
d’une vigne domaniale, avec les courtils, les verchères, les champs,
les prés, les bois, les eaux et cours d’eau, les terres cultes et incultes,
les serfs et serves aussi, et tout ce que je suis réputé avoir dans cette
même villa ; et dans la villa de Casoccus, un manse avec toutes ses
appendances, c’est-à-dire les courtils, les champs, les prés et les bois, et
tout ce que je suis réputé avoir là de fonds, et tout ce que je suis censé
avoir à Mizérieux et à La Motte, c’est-à-dire le port avec les droits de
pêche, les terres cultes et incultes, les serfs et serves. Tout ce que moi,
je suis réputé avoir dans ces villae susdites, et de la rivière de Morgon
à Reneins, je le donne, intégralement et absolument, à saint Martin et
au monastère de Savigny, pour l’entretien des frères qui y servent Dieu,
en réparation du mal causé et pour l’absolution de tous mes péchés et
de ceux de tous mes parents. J’ai ordonné que cette donation chari-
table soit faite de telle manière qu’à partir de ce jour, les biens susdits
demeurent en la maîtrise et puissance de saint Martin, et qu’il ne soit
permis, à compter d’aujourd’hui et par la suite, à aucun homme, ni
à moi-même, ni à aucun de mes parents ou de mes proches, ni à un
évêque ou abbé, à aucune puissance, dis-je, d’arracher ou d’enlever à
cette église la moindre part de ces biens.
Seings d’Artaud, comte, et de sa femme Thiberge, qui demandèrent
qu’il soit ainsi fait et confirmé. Seings de Frédélan, de Guichard, de
LES COMTES DE LYON 121

Milon, de Bérard et d’un autre Bérard, d’Ételin, de Léger. Donnée par la


main de Gerberne, moine, au mois de mars, sous le règne du roi Conrad.

Source

Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds Coste, ms. 392, fol. 66 vo-67 ro :


copie de la fin du xvie siècle ou du début du xviie. Édition : Cartulaire de
l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay. Volume I :
Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris : Imprimerie
impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de France. Première
Série : Histoire politique), 1853, no 437, p. 237-238. Traduit du latin et
présenté.

Bibliographie

Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,


Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 218-225.
Poupardin, René, Le royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les origines
du royaume d’Arles, Paris : Honoré Champion (Bibliothèque de l’École des
hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 163), 1907, p. 241-247.
Fournial, Étienne, « Recherches sur les comtes de Lyon aux ixe et
xe siècles », Le Moyen Âge, 58 (1952), p. 221-252, ici p. 238-249.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der Stadt,
des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert, Köln :
Wienand, 1968, p. 139-145.
Fédou, René, « Les temps obscurs (ve-xe siècles) » et « Seigneurs et
clercs : querelles féodales, vitalité religieuse (xie-xiiie siècles) », dans
Histoire de Lyon et du Lyonnais, éd. par André Latreille, Toulouse :
Privat, 1975, p. 61-72 et p. 73-90.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 324-336.
Ganivet, Pierre, « Représentation, répartition et évolution des pouvoirs
à Lyon autour de l’An mil », dans Le royaume de Bourgogne autour de
122 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’An mil, éd. par Christian Guilleré et al., Chambéry : Université


de Savoie – Laboratoire Langages-Littératures-Société, 2008, p. 131-
151, ici p. 136-140.
I.19.B. LE COMTE ARTAUD FAIT UNE DONATION AUX CHANOINES
DE SAINT-IRÉNÉE ET DE SAINT-JUST ET ÉLIT SÉPULTURE
EN L’ÉGLISE SAINT-IRÉNÉE (985/990 OU 993, 30 JUIN)

Document

L’an de l’Incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ 993, indiction 6,


cela fait publiquement à Lyon. Que soit connue de tous les fidèles de
l’Église de Dieu, tant présents qu’à venir, quelle requête a été adressée
aux chanoines de Saint-Irénée et de Saint-Just de la part d’un certain
Artaud, comte, lorsqu’il vit le monde périssable dans l’instant et rongé
par les malheurs nombreux des mortels. Ainsi, reconnaissant avoir
lui-même, encore fébrile et ardent dans son jeune âge, beaucoup failli
contre les lieux consacrés à Dieu et notamment contre ce lieu même
auquel sa requête a été adressée, il lui vint, par la grâce de l’économie
divine, cette résolution : que ces mêmes chanoines s’adresseraient chaque
jour à Dieu, créateur de toute chose, pour l’absolution de ses crimes, en
sorte qu’il puisse en ce monde vivre de manière apaisée dans sa chair et
éprouver une joie plus féconde à l’issue de sa très misérable vie. Aussi
a-t-il donné, tant pour lui que pour la sépulture d’Étienne, son frère, et
pour le remède des âmes de son géniteur et de sa génitrice, ainsi que de
tous ses parents, des terres situées dans le comté de Lyon et dans l’ager
de Ternand, à savoir l’église de Saint-Martin qui est communément
dite « à Létra », en même temps que les dîmes et le bénéfice presbytéral,
et avec toutes ses appendances, comme il est réputé en tenir de lui la
possession, c’est-à-dire les manses, les terres labourées et les terres non
cultivées, les vignes et les vignes complantées que le susdit Étienne
a plantées, et celles que le donateur lui-même a mises en culture, et
beaucoup d’autres ensuite, avec les prés et les saulaies, les moulins
également, avec les installations, ainsi que les bois, les cours d’eau et
les pâtures, avec les voies de sortie et de retour. De ces biens susdits,
qu’il remette à la mense des frères un manse ou trois muids de vin en
guise d’investiture, et cela chaque année, à l’époque des vendanges.
Et la moitié de cette même église, que tient Onfroi, son frère, qu’elle
LES COMTES DE LYON 123

revienne aussitôt après sa mort à la mense des saints frères susdits ; quant
à l’autre moitié, qu’elle reste en son pouvoir tant qu’il vivra. Aussi, après
la mort du respectable personnage précité – comte en vérité –, que les
biens décrits ci-dessus dans tout leur entier demeurent en leur pouvoir,
ensuite et après pour toujours, sans aucun amoindrissement ni retard.
Le même comte, très bienveillant, demande avec un peu d’insistance
et plus remarquablement encore avec une grande humilité, que les
chanoines du même lieu célèbrent chaque jour l’office divin, à savoir
l’office du matin avec toutes les heures et une messe en l’honneur de
sainte Marie, mère de Dieu et toujours Vierge, aussi à son propre autel,
derrière lequel a été déposé le corps du bienheureux Viateur, confesseur
du Christ, à la gauche duquel a été enseveli le bienheureux Arige, pontife
de Lyon, et à droite est vénéré l’autel de Thomas Didyme, apôtre. Or
ensuite, ce même héros, c’est-à-dire ce seigneur et homme fort, vivifié,
c’est-à-dire nourri de l’inspiration divine, se rendit compte qu’aucun lieu
n’avait été découvert qui pourrait briller de façon plus éclatante du grand
nombre des mérites de milliers de saints comme l’église de l’auguste
martyr et pontife du Christ Irénée, qui est consacrée sur la Montagne
sainte ; or, convaincu de cela, il se répétait à lui-même que, là où il y
a un plus grand nombre de martyrs du Christ, alors on repousse plus
vigoureusement et plus aisément la phalange pernicieuse, méchante et
insidieuse qu’est la foule des démons ; et il méditait très sincèrement sur
le fait qu’à ceux qui viennent se réfugier auprès des martyrs, le secours
de Dieu sera accordé plus promptement grâce à leurs mérites. Aussi,
afin que se réalise ce qu’il espérait, il commanda, par pur sentiment de
charité, qu’on lui aménage un sépulcre devant les portes de Saint-Jean-
Baptiste, et que, le jour de son anniversaire, les chanoines du même lieu
se rassemblent devant son tombeau et, là, fassent une cérémonie funèbre
à son intention, comme cela doit se faire lors d’un anniversaire. Et sur
ces biens qu’il leur a apportés, plein d’ardeur et avec charité, qu’ils se
restaurent eux-mêmes, le même jour, au réfectoire.
Lorsque les chanoines déjà souvent cités entendirent une requête si
importante et inouïe – solliciter pareille chose ne s’était jamais entendu
– ils la rapportèrent aux oreilles des membres de l’église-mère1, pour
qu’ils donnent ensuite un conseil heureux et averti. Ceux-ci, percevant
la sagesse d’un personnage aussi grand et reconnaissant que sa requête
1 L’archevêque et les chanoines de Saint-Étienne.
124 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

était motivée par la charité, les exhortèrent à recevoir ce même requé-


rant dans sa demande, conformément aux préceptes de l’Apôtre, qui
dit : « Qu’il porte les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la
loi du Christ1 ». Eux2, ayant entendu le conseil du seigneur prélat et
fils de roi, c’est-à-dire de Burchard, et des autres seigneurs3, établirent
qu’eux-mêmes, aussi bien que leurs successeurs, observeraient à jamais
ces dispositions intangibles, selon ce qui a été dit plus haut.
Plus avant, Artaud ajouta encore ceci : si quelqu’un – lui même, ou
bien son frère, ou bien sa sœur, ou bien tout autre proche – détériore ou
détruit cette donation qu’il a faite au motif de la rédemption perpétuelle
des âmes précitées, qu’il endosse lui-même toutes ses fautes et celles
de tous ses parents, et qu’ensuite, de ce fait, il fasse droit, c’est-à-dire
qu’il paie aux chanoines susdits autant et encore autant que la valeur
des biens concernés. Et si avant le milieu de la première année pendant
laquelle il aura entrepris ces méfaits, il ne s’est pas vraiment appliqué
à réparer selon la loi ces actes remplis de présomption, qu’il encoure
la colère de Dieu tout-puissant ; et aussi longtemps qu’il s’interposera
et s’éloignera de la communion des chanoines, qu’il soit tenu à l’écart
de toute l’Église et de l’assemblée des fidèles chrétiens, comme le fut
de son peuple l’orgueilleux roi Nabuchodonosor, qui demeura sept ans
parmi les bêtes sauvages et, comme un bœuf, mangea du foin à cause
de sa malignité ; il n’arrivera pas moins, mais la même chose, à celui qui
aura entièrement détruit ou aura nui à ce don ; et qu’alors, surpris par
son erreur, une mort soudaine l’emporte et que les démons l’enferment
dans les ténèbres de l’enfer, où il expiera, c’est-à-dire paiera et endurera,
avec Datan et le traître Judas, des peines cruelles et éternelles, sans
aucune pitié ni fin. Et que cette donation en soit à jamais fortifiée, avec
la stipulation qui y est attachée.
Seing du seigneur Artaud, comte religieux, ensemble avec sa très
douce épouse, à savoir Thiberge, qui, de leur âme bienveillante, firent
cette donation et demandèrent de la conforter et confirmer.
Seing du seigneur Hugues, abbé, son frère. Seing d’Asseline, abbesse.
Seing de Gauceran. Seing de Frédélan. Seing de Léger. Seing de Girin.
Seing d’Ardrad. Seing de Blain. Seing de Silvius. Seing de Rencon,
1 Ga 6, 2.
2 Les chanoines de Saint-Irénée.
3 Les chanoines de Saint-Étienne.
LES COMTES DE LYON 125

chanoine. Seing d’Onfroi. Seing de Drudolène. Seing de Rencon. Seing


d’Arnold. Seing d’Hugues. Seing d’Arri. Seing de Bernard. Seing de
Bernard la Hideuse qu’on nomme Entrailles.
[Chrisme, et en lettres de chancellerie] L’antigraphe Alchier, lévite, prêtre
de Saint-Just, a daté de la veille des calendes de juillet, la 48e année du
règne du roi Conrad.

Source

Lyon, Archives départementales du Rhône, 12 G 1097, no 1. – Éditions :


Monfalcon, Jean-Baptiste, Histoire monumentale de la ville de Lyon.
Tome VIII, Paris : typographie Firmin Didot, 1869, p. 106-107 ; voir
aussi La Mure, Jean-Marie de, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de
Forez… publiée pour la première fois d’après un manuscrit de la bibliothèque de
Montbrison portant la date de 1675. Tome troisième, Paris : Potier / Montbrison :
Lafond / Lyon : Auguste Brun, 1868, p. 7-8, no 6 bis. Traduit du latin.

Bibliographie

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, p. 112 et p. 259-260.
Guigue, Marie-Claude, « Visite des corps saints de l’église Saint-Just
de Lyon en 1288 », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de
France, 1879, p. 115-1118.
Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,
Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 218.
Martin, Jean-Baptiste, Histoire des églises et chapelles de Lyon. Volume I,
Lyon : Henri Lardanchet, 1908, p. 139-160.
Coville, Alfred, Recherches sur l’histoire de Lyon du Ve au IXe siècle, 450-
800, Paris : Picard, 1928, p. 441-445.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der Stadt,
des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert, Köln :
Wienand, 1968, p. 143, p. 256-268 et p. 287.
Reynaud, Jean-François, Lugdunum christianum : Lyon du IVe au VIIIe siècle,
topographie, nécropoles et édifices religieux, Paris : Éditions de la Maison
126 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

des sciences de l’Homme (Documents d’archéologie française ; 69), 1998,


p. 89-93, p. 176.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 332.
Le Mer, Anne-Catherine, et Chomer, Claire, Lyon, Paris : Académie
des inscriptions et belles-lettres (Carte archéologique de la Gaule ; 69, 2),
2007, no 601*, p. 664-665.
Rubellin, Michel, « Les archevêques de Lyon, les abbayes lyonnaises
et la Réforme grégorienne », dans L’abbaye d’Ainay des origines au
XIIe siècle, éd. par Jean-François Reynaud et François Richard,
Lyon : Presses universitaires de Lyon, 2008, p. 181-202, ici p. 194.

I.20. LA CONCURRENCE ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE


SUR LES TERRES PUBLIQUES :
L’EXEMPLE DU MONS LEDAYCUS (MARS 1000 ET 1016/1017)

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

La double donation du Mons Ledaycus1 à l’abbaye de Savigny, d’abord


par l’archevêque, puis par le comte de Lyon, a donné lieu de la part des
historiens de Lyon et du Lyonnais aux interprétations les plus diverses.
Auguste Bernard paraît s’être mépris en analysant l’« ancienne répar-
tition » (antiqua distributio) dont il est question dans les deux chartes,
comme un « partage de terres entre l’archevêque et le comte » : le
contexte renvoie plutôt au bornage des différentes villae citées, qui eut
pour conséquence de répartir la forêt concernée sur leurs territoires
respectifs (sans en affecter l’unité « fiscale »). En réalité, et à l’évidence,
la double donation s’explique par l’origine publique du fonds concerné :
le Mons Ledaycus doit être un ancien bien fiscal, que l’archevêque et le
1 Aujourd’hui Les Oncins, à Saint-Germain-sur-L’Arbresle (Rhône).
LES COMTES DE LYON 127

comte considéraient comme un bien attaché à leurs fonctions respec-


tives, c’est-à-dire à l’episcopatus pour l’un (aliquid rerum nostrae sedis, dit
Burchard), au comitatus pour l’autre : l’expression de rebus meis employée
dans la charte de Géraud désigne un bien attaché à « l’honneur comtal »
que son père Artaud avait défendu en son temps (I.19.a.), mais que, ayant
hérité du titre de comte, il considère désormais comme un bien propre.
Steyert voyait dans la double donation du Mons Ledaycus à Savigny une
confirmation de son hypothèse d’un condominium local, exercé depuis
l’époque carolingienne par l’archevêque et par le comte, allant même
jusqu’à parler d’« union » et de « droit de co-propriété » des deux pou-
voirs. C’est une perspective opposée qu’Hubert Gerner a privilégié plus
récemment : les deux cessions du Mons Ledaycus seraient révélatrices
des tensions existant entre l’archevêque et le comte, et même d’une
querelle qui allait ensuite dégénérer en conflit armé. Mais il convient
de rester prudent sur ce dernier point : les relations entre l’archevêque
Burchard et le comte Artaud avaient été, sinon toujours pacifiques, du
moins rapidement pacifiées (I.19.b.), et mieux vaut ne pas plaquer sur
le début du xie siècle les réalités du milieu du xiie siècle. On retien-
dra donc essentiellement de la double donation du Mons Ledaycus une
concurrence entre comte et archevêque pour la maîtrise des anciennes
terres publiques.
I.20.A. L’ARCHEVÊQUE BURCHARD DONNE À L’ABBAYE DE SAVIGNY
LE MONS LEDAYCUS, DÉPENDANT DE SON SIÈGE (MARS 1000)

Document

Alors qu’au nom du Christ, moi, Burchard, humble prélat des Lyonnais,
désirant que la piété soit ranimée au sein de notre très saint siège, et la
foule qui m’entourait de nos fils et vénérables frères, nous travaillions
avec diligence à pourvoir aux besoins et aux intérêts de la mère Église
que Dieu nous a confiée et des églises qui lui sont soumises, fut présent
à notre assemblée un homme qui nous est très cher, le vénérable abbé de
la sainte église de Savigny, nommé Hugues, avec la cohorte des moines
que Dieu lui a remise, demandant que nous leur concédions, pour servir
à leur subsistance, quelque bien parmi ceux qui dépendaient de notre
siège. Approuvant une demande aussi profitable et raisonnable, nous
avons décidé, d’un avis partagé et fraternel, de leur attribuer ce qu’ils
128 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

demandaient ; ce que nous avons fait. Il y a ainsi dans le pays de Lyon,


dans l’ager de Ternand, dans les limites de la villa qui est appelée Conzy,
un mont qui est dit Ledaycus, propre à être ensemencé de blé, et qui est
enserré dans les limites des villae que nous allons faire suivre : au matin,
il confine aux limites de la susdite villa qui est appelée Conzy ; au midi,
il confine aux limites de Versennacum et d’Apinost, au soir à celles de
Mantigny, et au nord à la terre de ce même monastère Saint-Martin de
Savigny et au cours d’eau de l’Azergues. Ce Mons Ledaycus susdit, avec
la forêt située au même endroit, autant qu’une ancienne répartition
l’établit dans les limites des villae circonvoisines désignées, et qu’elle
se rattache et est réputée se rattacher au même mont, nous le donnons
à l’église déjà mentionnée, du consentement de tous et par une largesse
fraternelle, pour être toujours affecté et demeurer éternellement à la mense
des frères, et nous le transférons de notre droit en leur pouvoir, en sorte
qu’ils aient désormais la liberté, dans l’intérêt de cette même église,
d’en faire tout ce qu’à bon droit ils décideront, c’est-à-dire de l’avoir
et le tenir, de le donner et l’échanger, et de le posséder pour toujours.
Que l’adversaire de cette donation soit considéré comme dilapidateur
des églises, et se sache livré à l’anathème perpétuel et à la malédiction,
privé de la communion, à moins qu’il ne soit revenu à résipiscence. Afin
que cet écrit reste ferme, nous l’avons confirmé de notre propre main
et avons demandé aux fils de notre Église de le confirmer. Seing de
Burchard, archevêque. Seing de Rencon, prévôt et archiclave. Seing de
Fouchier, doyen. Seing de Roland, précenteur. Seing de Richon, diacre.
Seing de Dodon, chanoine. Seing d’Amalric, lévite. Seing de Fredald,
prêtre. Donné à Lyon publiquement, par la main de Gautier, moine, au
mois de mars, la férie 6, la 7e année du règne du roi Rodolphe.

Source

Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds Coste, ms. 392, fol. 67 ro-vo.


– Édition : Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire
de l’abbaye d’Ainay. Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste
Bernard, Paris : Imprimerie impériale (Collection de documents inédits
sur l’histoire de France. Première Série : Histoire politique), 1853, no 438,
p. 238-239. Traduit du latin.
LES COMTES DE LYON 129

I.20.B. LE COMTE GÉRAUD DONNE À L’ABBAYE DE SAVIGNY


LE MONS LEDAYCUS QUI RELÈVE DE SES BIENS (1016/1017)

Document

Au nom de Dieu, moi Géraud, comte, avec le conseil de mes fidèles,


je donne de mes biens à Dieu et au monastère Saint-Martin de Savigny,
que le seigneur Duran abbé préside, pour le remède de mon âme et
pour les âmes de mon père Artaud et de ma mère Thiberge et de mon
frère Artaud : il y a ainsi dans le pays de Lyon, dans l’ager de Ternand,
dans les limites de la villa qui est appelée Conzy, le mont qui est dit
Ledaycus, propre à être ensemencé de blé, et qui est enserré dans les
limites des villae dont nous avons fait suivre les noms : au matin, la villa
qui est dite Conzy ; au midi, Versennay et Apinost ; au soir, Mantigny ;
au nord, la terre de Saint-Martin. Ce Mons Ledaicus, avec la forêt située
là, autant qu’une ancienne répartition l’établit dans les limites des
villae circonvoisines désignées, et qu’elle se rattache et est réputée
se rattacher au même mont, je le donne à l’église déjà mentionnée,
du consentement commun de mes fidèles, pour préserver toujours et
demeurer éternellement à la mense des frères, et nous le transférons de
notre pouvoir en leur domination. Afin que cet écrit reste ferme, moi
Géraud, comte, j’ai confirmé de ma propre main et ai demandé à mes
fidèles de confirmer. Seings d’Onfroi, de Silvius, de Bérard, de Girard,
de Ponce, de Jarenton, de Silvion.

Source

Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds Coste, ms. 392, fol. 82 vo.


– Édition : Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire
de l’abbaye d’Ainay. Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste
Bernard, Paris : Imprimerie impériale (Collection de documents inédits
sur l’histoire de France. Première Série : Histoire politique), 1853, no 602,
p. 296. Traduit du latin.

Bibliographie

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay.


Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris :
130 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de


France. Première Série : Histoire politique), 1853, p. 296, note 11.
Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,
Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 233-234.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der Stadt,
des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert, Köln :
Wienand, 1968, p. 159-160 et note 222.
DEUXIÈME PARTIE

LA CITÉ AUX CONFINS DE L’EMPIRE


ET DU ROYAUME (1032-1226)

Coordination : Pierre Ganivet


Contribution : Hervé Chopin, François Demotz, Fabrice Delivré,
Pierre Ganivet, Michel Rubellin
INTRODUCTION

À la mort de Rodolphe III (1032), la cité de Lyon intègre l’Empire


pour près de trois cents ans, avec le royaume de Bourgogne tout entier
(II.03.). Intégration momentanément contestée, non pas toutefois en
faveur du roi de Francie occidentale, à qui le pagus Lugdunensis échappe
depuis longtemps, mais d’un descendant de Conrad le Pacifique par sa
mère, Eudes de Blois, qui se revendique comme seul héritier légitime des
Rodolphiens (II.01.). Cette contestation, qu’une partie des élites lyonnaises
semble avoir partagée, fait long feu (II.04.), et, jusqu’au xiiie siècle, il
ne paraît pas que la cité de Lyon ait remis en cause son appartenance
à l’Empire, même lorsque des vicissitudes politico-religieuses comme
la querelle des Investitures à la fin du xie siècle (II.05.), ou le Schisme
papal de la deuxième moitié du xiie siècle (II.22.-II.23.) fragilisent le
pouvoir impérial.
Devenue donc une cité de l’Empire, Lyon est peut-être plus encore
une cité aux marges de l’Empire. Du xie au xiiie siècle, les séjours ou
passages des empereurs dans la ville sont rares. Et leurs manifestations
d’autorité, pour significatives qu’elles soient, demeurent sporadiques.
Henri III, par exemple, conformément aux pratiques impériales, inter-
vient directement dans les nominations archiépiscopales en 1042 et 1046
(II.02.). Ces interventions apparaissent surtout comme un moyen de
protéger le siège lyonnais contre certaines convoitises locales (II.08.).
Mais, dès 1052, l’élection d’un nouveau prélat échappe totalement, et
définitivement, au contrôle de l’empereur. Dans la seconde moitié du
xie siècle, l’influence impériale s’exerce de manière indirecte, se rédui-
sant à une ingérence mal documentée des comtes de Bourgogne (II.09.).
Les véritables maîtres de la cité – l’historiographie lyonnaise n’a eu de
cesse de le souligner – sont les archevêques, même si les Artauds, deve-
nus comtes de Forez, revendiquent encore, en Lyonnais et à Lyon même,
certains droits (II.10.) et possessions (II.11.). Au milieu du xiie siècle,
134 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’archevêque Héracle de Montboissier croit pouvoir régler la situation


au profit exclusif de son siège en s’adressant à l’autorité impériale, au
moment même où celle-ci tient à s’affirmer dans le royaume d’Arles. La
bulle d’or de 1157 (II.14.), qui octroie à l’archevêque de Lyon les regalia
sur « tout le corps de la cité » et toute la partie de l’archevêché relevant
de l’Empire, atteste à nouveau du lien qui unit Lyon à l’Empire. Mais,
dans le même temps, elle ravive un conflit local demeuré latent depuis
trois quarts de siècle (II.20.-II.22.). Le soutien d’autres serviteurs de
l’Empire, comme le comte Girard de Vienne ou le chancelier Rainald
de Dassel, ne suffit pas à l’emporter (II.23.a.). Seul le ralliement de
l’Église de Lyon au pape Alexandre III, après l’élection de l’archevêque
Guichard de Pontigny (II.23.b), permet d’envisager un règlement du
conflit (II.24.). Après 1173, toujours cité d’Empire, et toute entière
aux mains de l’archevêque, la cité de Lyon finit par être débarrassée
des prétentions de ces comtes qui avaient rattaché leur terre à la cou-
ronne capétienne (II.25.). L’autorité impériale se réaffirme bientôt par la
concession d’une seconde bulle d’or (1184), qui, sans accroître le pouvoir
effectif de l’empereur, permet à l’archevêque d’évincer politiquement le
chapitre qui cherchait à peser dans les affaires urbaines.
Les scribes locaux ont longtemps trouvé à exprimer la marginalité
lyonnaise dans les formules de datation de leurs actes. L’appartenance
à la Gallia l’avait emporté sous le règne du « roi du Jura » (désignation
locale du roi de Bourgogne) ; la référence à la Burgundia s’impose lorsque
la Bourgogne jurane devient elle-même satellite de l’Empire, comme s’il
était nécessaire, une fois encore, d’exprimer un certain décalage entre
appartenance géographique et dépendance politique (II.04.). Il est vrai
qu’au xiie siècle, à Lyon même, ceux dont la voix nous est parvenue
– c’est-à-dire les clercs des églises de la cité – abandonnent toute réfé-
rence régionale pour se réclamer directement de l’empereur ou du roi
des Romains (II.16.). Pour autant, le rapport de la cité à l’Empire n’a
rien de comparable avec la prétention à l’universalisme qui avait prévalu
à l’époque carolingienne. Car non seulement des liens se nouent avec le
royaume capétien, mais ces liens, loin d’être niés, tendent à s’affirmer
plus étroitement.
Les rapports entretenus avec l’autre royaume tiennent en premier
lieu aux institutions ecclésiastiques. La configuration de la province
métropolitaine – rappelons que les quatre sièges suffragants de Lyon
LA CITÉ AUX CONFINS DE L’EMPIRE ET DU ROYAUME 135

(Autun, Langres, Chalon et Mâcon) appartiennent au royaume capé-


tien –  confère aux archevêques un droit de regard sur les affaires de
certaines églises « françaises », et ces liens religieux ne sont pas sans
conséquences politiques : la « régale réciproque » entre Lyon et Autun,
dont on perçoit les prémices à la fin du xiie siècle, en offre l’exemple le
plus frappant (II.26.). Par ailleurs, les archevêques de Lyon se voient très
tôt reconnaître, par Rome, d’autres qualités ou fonctions qui renforcent
leurs liens avec les églises du Royaume ou en créent de nouveaux, bien
au-delà des limites de leur province, non parfois sans frictions : ainsi
de la primatie que la papauté reconnaît au plus ancien siège des Gaules
sur les quatre anciennes Lyonnaises (II.05.-II.07.), ou encore les légations
apostoliques accordées à plusieurs des titulaires de ce siège à partir de
la seconde moitié du xie siècle.
Un retour sur la documentation des xie-xiie siècles fait apparaître un
autre fait majeur, que tous les historiens de Lyon et du Lyonnais n’ont
pas reconnu, et que souvent même les atlas historiques ignorent. Il s’agit
de l’émergence dans les sources, littéraires comme diplomatiques, d’une
incertitude concernant la limite séparant le Royaume de l’Empire. Alors
que rien ne permet de douter qu’elle suivait les contours de l’ancien
pagus lors du rattachement à l’Empire en 1032 (II.03.), les contemporains
semblent la fixer sur le cours de la Saône et du Rhône à partir des années
1150 (II.12.-II.14.). Dans la seconde moitié du xiie siècle et le premier
quart du xiiie siècle, tout se passe en effet comme si, les territoires
situés sur la rive gauche restant à l’Empire, ceux de la rive droite étaient
passés au Royaume (II.28.), à la seule et notable exception de la cité elle-
même (II.06., II.14. et II.16.), dont le roi des Francs Louis VI lui-même
reconnaît en 1121 qu’elle « est d’un royaume étranger » (II.06.) : ainsi
Philippe Auguste dispose-t-il du péage de Givors (II.15.b.) – lorsque les
empereurs concèdent ceux de Trévoux (II.15.a.) et de Béchevelin (II.29.)
– ou de droits régaliens sur l’abbaye de Savigny (II.19.), qui ne semble
reconnaître que les rois des Francs depuis la fin des années 1120 (II.17.) ;
mais jamais le Capétien n’intervient directement à Lyon, ni n’émet de
prétention sur la cité même.
Cette évolution apparente des limites accentue la marginalité de
Lyon : toujours impériale, la ville semble désormais située du côté du
Royaume. Mais la chronologie du phénomène reste floue – entre le milieu
du xie siècle et celui du xiie siècle ? – et, en l’état actuel de la recherche,
136 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

on en discerne mal les ressorts. Aucune explication d’ordre général ou


régional n’est encore pleinement satisfaisante, sinon, peut-être, à l’avenir,
l’éclaircissement des fondements juridiques de la situation « entre
deux eaux » de la cité lyonnaise. Le mutisme des sources ne permet de
l’imputer ni à un éventuel souvenir ou à une réinterprétation des par-
tages carolingiens, comme ceux de Verdun (843) ou de Meerssen (870),
ni à la poussée et aux prétentions des sires de Beaujeu ou des comtes
de Forez, fidèles du roi des Francs (II.11., II.19.). On voit seulement que,
leur juridiction s’étendant « tant sur les terres d’Empire que sur celles
du royaume de France » (II.28.), les archevêques, seigneurs de la ville,
ont aussi fini par devenir des fidèles du Capétien (II.15.b.). Les actes de
ce grand prélat féodal que fut Renaud de Forez (1193-1226) illustrent
de manière éclatante la double fidélité, envers l’empereur et envers le
roi de France, à laquelle le titulaire du siège lyonnais est tenu à l’orée
du xiiie siècle (II.29.).
LE RATTACHEMENT DE LYON
ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE

II.01. LA SUCCESSION CONTESTÉE DE RODOLPHE III (1034)

Documents présentés et traduits par François DEMOTZ

Présentation

La meilleure description du rattachement de la Bourgogne et donc


de Lyon à l’Empire en 1034 vient d’un chroniqueur particulièrement
bien informé à un double titre : prêtre originaire de la partie aléma-
nique du royaume de Bourgogne, Wipon appartient à l’entourage de
Conrad II et de Henri III dont il est le précepteur puis le chapelain et
pour lequel il écrit la vie de son père vers 1040-1046. Dans les années
qui suivent, l’œuvre de Wipon est reprise par le moine Hermann de
Reichenau, vivant près de la frontière entre Germanie et Bourgogne,
qui écrit une excellente chronique jusqu’à 1054, année de sa mort,
et une addition à la Vie de Conrad de Wipon, sous le titre Vies des
empereurs Conrad et Henri.
Les récits de Wipon et d’Hermann, qui se complètent par des détails
différents, ont en commun d’adopter le point de vue germanique et
de mentionner Burchard comme rebelle à Conrad II. L’insistance sur
l’opposition de Burchard ne résulte pas de sa haute naissance, mais
de la position essentielle qu’il occupe en Bourgogne : peu aupara-
vant, il a succédé au demi-frère du roi, son parent homonyme, dans
la double charge d’archevêque de Lyon et d’abbé de Saint-Maurice
d’Agaune, siège archiépiscopal et trône abbatial les plus importants
du royaume. Ces deux positions morales et politiques le placent au
sommet du pouvoir.
138 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Pour Hermann de Reichenau, la raison de ces révoltes est à cher-


cher dans l’absence de moralité de Burchard. Comme aucun élément
précis ne vient à l’appui, il faut sans doute considérer les accusations
d’impiété, de dilapidation des biens d’église et d’adultère comme le
portrait standard du mauvais évêque au milieu du xie siècle et préférer
la courte remarque de Raoul Glaber1 disant que Burchard était « très
orgueilleux au dessus de la mesure ». Surtout, la position anti-impériale
de Burchard semble avoir été partagée par une partie au moins des élites
du Lyonnais (II.04.c.).
Révolté, puis pardonné par l’empereur en 1034, Burchard est au
contraire maintenu en prison après une nouvelle révolte en 1036. Il n’est
libéré qu’en 1039, lors de l’avènement de Henri III en Bourgogne, mais
sans retrouver son siège.
II.01.A. SELON LA VIE DE CONRAD DE WIPON

Document

XXXII. Comment l’empereur chassa Eudes de la Bourgogne.


An du Seigneur 1034. L’empereur célébra la Sainte Pâques en Bavière
à Ratisbonne. L’été de cette année, alors qu’Eudes ne tenait pas ses pro-
messes mais conservait jusqu’ici une partie de la Bourgogne qu’il avait
injustement envahie, l’empereur Conrad, les Allemands et les Italiens
étant prêts, entra profondément en Bourgogne. Les Allemands d’un côté
et, sous la conduite du comte bourguignon Humbert, l’archevêque de
Milan Héribert et tous les autres Italiens de l’autre convergèrent jusqu’au
Rhône. L’empereur arrivant à la cité de Genève, il soumit Gérold, le
prince de cette région, et l’archevêque de Lyon, ainsi que bien d’autres
princes ; retournant sur ses pas, il prit d’assaut le château de Morat,
défendu par de très bons chevaliers d’Eudes, et il rendit captifs tous
ceux qu’il trouva à l’intérieur. Apprenant cette nouvelle, tous les autres
partisans d’Eudes prirent la fuite par la seule crainte de César. Celui-ci,
les poursuivant, les chassa complètement du royaume, puis après avoir
reçu de nombreux otages de la part des grands de Bourgogne, s’en
retourna vers l’impératrice en Alsace.

1 Histoires, l. V ch. iv c. 21.


LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 139

Source

Wipos Gesta Chuonradi imperatoris, dans Die Werke Wipos, éd. par Harry
Bresslau, Hannover/Leipzig : Hahnsche Buchhandlung (Monumenta
Germaniae historica. Scriptores. Scriptores rerum Germanicarum in usum
scholarum separatim editi ; 61), 1915, p. 1-62, ici p. 51. Traduit du latin.
II.01.B. SELON LA CHRONIQUE D’HERMANN DE REICHENAU

Document

1034. L’empereur, attaquant pour la seconde fois la Bourgogne avec


des troupes nombreuses, soumit tous les châteaux jusqu’au Rhône,
détruisit Morat, entra dans la cité de Genève, reçut la soumission de
l’archevêque de Lyon Burchard, homme noble et diligent mais en tout
impie et sacrilège, avec beaucoup d’autres grands et, le royaume de
Bourgogne étant soumis, il rentra. […]
1036. […] Burchard, archevêque de Lyon et pourtant tyran et pil-
leur sacrilège d’églises, ainsi qu’adultère incestueux, attaqua le fils de
Seliger, Ulric, par lequel vaincu, capturé et amené à l’empereur, chargé
de chaînes et abandonné à la prison, il fut retenu dans les fers pendant
de nombreuses années.

Source

Herimanni Augiensis chronicon, éd. par Georg Heinrich Pertz, Hannover :


Hahnsche Buchhandlung (Monumenta Germaniae historica. Scriptores.
Scriptores (in Folio) ; V), 1844, p. 121-122. Traduit du latin.

Bibliographie

Mariotte, Jean-Yves, « Le royaume de Bourgogne et les souverains


allemands du haut Moyen-Âge », Mémoires de la Société pour l’histoire
du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands,
23 (1962), p. 163-183.
Demotz, François, « Des chroniqueurs médiévaux aux historiens
européens contemporains : regards croisés sur un autre rattachement
(1032-1034) », dans La Savoie et ses voisins dans l’histoire de l’Europe
140 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

(XLIIIe Congrès des sociétés savantes de Savoie, 11-12 septembre 2010),


Annecy : Académie florimontane, 2010, p. 25-36.
Demotz, François, L’an 888. Le royaume de Bourgogne : une puissance
européenne aux bords du Léman, Lausanne : Presses polytechniques et
universitaires romandes (Le Savoir suisse ; 83), 2012.
Poupardin, René, Le royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les
origines du royaume d’Arles, Paris : Honoré Champion (Bibliothèque de
l’École des hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 163), 1907.

II.02. L’INTERVENTION D’HENRI III DANS LA NOMINATION


DES ARCHEVÊQUES ODOLRIC (1042) ET HALINARD (1046)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

La Chronique de Saint-Bénigne de Dijon est l’œuvre d’un religieux


anonyme, entré encore enfant au monastère, à l’époque où Halinard,
futur abbé (1031), était le prieur de la communauté. Le manuscrit
original, « probablement autographe », est conservé à la Bibliothèque
municipale de Dijon, sous le no 571 (anc. 348). Le texte de la Chronique
occupe la première moitié de cet in-quarto sur vélin (fol. 1-58), dont le
reste forme un ensemble documentaire qu’on appelle « ancien cartulaire »
de Saint-Bénigne (fol. 59-124), formé de débris de deux cartulaires des
xie-xiie siècles1 ».
La Chronique retrace l’histoire de l’abbaye dijonnaise, depuis son
origine supposée au vie siècle, jusqu’à la mort de l’abbé Halinard en
1052. L’auteur est donc un contemporain des événements rapportés dans
l’extrait ci-dessous, à savoir la désignation de son propre abbé, Halinard,
comme archevêque de Lyon en 1046, après celle d’Odolric en 1042.
Ainsi voyons-nous qu’Henri III étend à l’un des plus importants sièges
de Bourgogne – ancien foyer d’opposition à Conrad II (II.01.) –, les
prérogatives que ses prédécesseurs et lui exerçaient traditionnellement
1 Bougaud 1875, p. 1 et 5.
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 141

dans les diocèses de Germanie et d’Italie. L’intervention directe du roi


dans le processus de nomination épiscopale est la marque d’une autorité
qui n’est plus contestée. Mais cette « ingérence » fut de courte durée
(M. Rubellin). La « querelle des Investitures », qui opposa les papes aux
empereurs à partir de 1075, affaiblit considérablement l’influence des
seconds en Bourgogne, et notamment à Lyon : la promotion archiépis-
copale de l’impétueux légat pontifical, Hugues de Die, en 1082, acta
la perte d’influence des princes franconiens. À vrai dire, la désignation
d’un nouvel archevêque échappa à l’empereur bien plus tôt : dès 1052,
avant de mourir, Halinard exhorta ses chanoines à élire un prélat sorti
de leurs rangs, et leur recommanda le prévôt Humbert, qui lui succéda
effectivement1 ; et le témoignage du chroniqueur de Saint-Bénigne montre
qu’Henri III dut lui-même composer avec les idéaux réformateurs de
l’abbé Halinard.
L’auteur est particulièrement soucieux du caractère canonique de la
nomination d’Halinard : le choix de l’abbé de Saint-Bénigne émane de
« tout le clergé », approuvé par le peuple ; et l’élu reçoit la consécration
sans avoir prêté le serment de fidélité requis. Pourtant, le chroniqueur
semble gêné par la seule venue d’Halinard à la cour royale (Henri III
n’est couronné empereur qu’en 1046). C’est pourquoi il s’efforce de la
justifier par une digression, relativement longue, sur l’appartenance du
siège lyonnais au royaume de Bourgogne (in cujus regni termino sita est
Lugdunum civitas), et le rattachement de ce royaume à l’Empire, depuis
la désignation, par Rodolphe III, d’Henri II comme héritier : l’Empire
ayant ensuite échu à Conrad le Salique, puis à son fils Henri III, c’est de
ce dernier que le royaume relève désormais ; l’auteur évoque le mariage
de Conrad avec la sœur de Rodolphe III, mais ne déduit de cette union
aucun droit à la succession du royaume : c’est de son père (ex successione
paterna) qu’Henri III tient la Bourgogne.
Le point le plus intéressant réside dans la manière dont est justifiée
l’appartenance de Lyon au royaume de Bourgogne : l’auteur en fait une
acquisition de Conrad le Pacifique, à l’occasion de son mariage avec
Mathilde, la sœur du roi des Francs Lothaire. Quoique dépourvue de
tout caractère historique, l’anecdote de la « dot de Mathilde » sera reprise
par plusieurs chroniqueurs, depuis Hugues de Flavigny2 et Hugues
1 Cartulaire d’Ainay, no 190.
2 MGH, SS 8, p. 364.
142 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de Fleury1 au début du xiie siècle, jusqu’à Albéric de Trois-Fontaines2


dans le second quart du xiiie. Hugues de Flavigny, par exemple, écrit
dans les années 1100, à propos du roi Lothaire (954-986), que « celui-ci
accorda sa sœur Mathilde en mariage à Conrad, roi de Bourgogne, et
lui donna en dot Lyon, qui est située dans les limites du royaume de
Bourgogne, et qui dépendait en ce temps-là du royaume des Francs ».
Voilà qui donne le ton des idées reçues dans certains milieux lettrés, aux
xiie-xiiie siècles, à propos de Lyon. Et le mythe de la dot de Mathilde aura
la vie longue : il deviendra l’objet d’un véritable enjeu politique dans
l’historiographie classique, donnant lieu, tout au long du xviie siècle,
aux opinions les plus diverses. Les uns, avec Rubys (1604), Guichenon
(1662) ou La Mure (1675), invoqueront un très anachronique « droit de
réversion » et verront, par conséquent, dans la possession impériale de
la ville et du comté de Lyon une pure « usurpation de souveraineté » (en
1647, la thèse de l’usurpation sera reprise par les autorités civiles de la ville
dans leur instance contre les doyens et chanoines de Lyon, tendant à leur
interdire la qualité de « comtes de Lyon »). Les autres, avec Saint-Aubin
(1666), Le Laboureur (1681), Ménestrier (1696) considèreront à l’inverse
la dot de Mathilde comme la preuve de l’abandon par Lothaire de toute
prétention sur Lyon et le Lyonnais. L’érudition moderne reprendra lar-
gement cette antienne3. Seul Louis Aubret, dans ses Mémoires pour servir
à l’histoire de Dombes (vers 1725), en réaction aux thèses fantaisistes que
François de Camps, abbé de Signy, entendait défendre dans un Traité de
la haute souveraineté de nos Rois sur les Royaumes de Bourgogne Transjurane
& d’Arles (qui ne verra jamais le jour), proposera une interprétation plus
originale : la cession de Lothaire à Conrad n’aurait pas concerné la cité de
Lyon elle-même, mais la partie forézienne du diocèse (pagus), sur laquelle
la « souveraineté » des rois de Francie occidentale semble attestée par un
certain nombre de chartes datées de leur règne jusqu’en 966 (époque du
mariage de Conrad et de Mathilde). Cette hypothèse sera redécouverte
par Étienne Fournial au milieu du xxe siècle4, et emportera un temps
une prudente adhésion5.

1 MGH, SS 9, p. 382.
2 MGH, SS 23, p. 773.
3 Poupardin 1907, p. 80 et n. 5.
4 Fournial 1956, p. 441.
5 Gerner 1968 ; Perroy 1976.
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 143

Document

Il1 était aimé au plus haut point des rois des Francs Robert et Henri.
Mais l’empereur Conrad et son fils, le césar Henri, l’honoraient aussi
d’une extrême affection. D’où il advint que, le siège de Lyon étant sans
évêque, c’est par ce même empereur Henri que l’honneur de cet évêché
lui fut offert parce qu’il était connu de lui depuis longtemps, et était
très aimé pour la qualité de sa vie religieuse et sa réputation de sainteté.
Mais lui-même recula devant le poids accablant de ce sommet orageux,
par souci d’humilité, en objectant qu’étant moine, il ne serait pas du
tout capable d’exercer une charge pareille. À cette époque-là, il y avait
dans le clergé de Langres un certain clerc nommé Ouri, avancé tant en
âge que par la sainteté de sa vie, tout à fait versé dans les lettres, qui se
trouvait alors au palais du roi, mais n’était cependant pas vraiment connu
du prince. Le seigneur Halinard, notre père, conseilla de le choisir, lui
que l’étendue de sa sagesse et la dignité de son âge recommandaient.
Ces paroles ayant été rapportées au roi, celui-ci, surpris à la fois qu’il
attachât aussi peu de valeur à l’honneur du sacerdoce qui lui était offert,
et qu’il déclinât pour lui ce qu’il demandait avec tant de sollicitude pour
un autre, donna son assentiment et concéda la dignité de l’épiscopat
audit seigneur Ouri. Notre père2 le conduisit lui-même jusqu’à sa chaire,
et il pourvut à tout ce qui relevait de son service comme s’il était un
membre de sa maison. Ouri gouverna l’Église de Lyon pendant cinq
années, instruisant les âmes de ses sujets par la parole et l’exemple des
bonnes œuvres. Un jour, certains hommes malveillants et envieux dont
il avait enduré les manœuvres, ne pouvant le tuer par le fer, n’hésitèrent
pas à le faire périr par le poison. Et ainsi occis, il fut uni aux autres
saints pontifes reposant au même endroit.
Alors seulement, la voix de tout le clergé, avec le consentement du
peuple, exhorte Halinard à courber l’échine pour assumer cette haute
dignité, et le supplie de remplir pour eux la charge de pasteur. Ils
dépêchent une légation auprès de l’empereur, et sollicitent instamment
que le seigneur Halinard leur soit donné pour pontife. Un précepte de
l’empereur est expédié, qui prescrit d’introniser le seigneur Halinard. Mais
son esprit, affermi par la force divine, ne cède en rien jusqu’à ce qu’il soit
1 Halinard, abbé de Saint-Bénigne de Dijon.
2 Halinard.
144 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

admonesté par des lettres du père apostolique. Jean, surnommé Gratien1,


occupait alors le siège apostolique. Celui-ci, quand il apprit qu’Halinard
ne voulait pas acquiescer aux vœux de ceux qui le suppliaient, s’adressa
à lui en lui commandant, par l’autorité pontificale, d’obéir aux prières
du clergé et du peuple. Alors devenu le dépositaire et le compagnon de
l’honneur apostolique, il mena effectivement et nominalement une vie
apostolique. Il conserva la même vertu d’humilité, tout en multipliant
les œuvres de charité. […] Il se gardait absolument de jurer, afin qu’il
ne lui arrivât de se parjurer. C’est pourquoi on ne saurait taire ce qui
s’est passé dans le palais de l’empereur.
L’empereur Henri III gouvernait le royaume de Bourgogne. En effet,
le roi de Bourgogne Rodolphe, resté sans enfants, fit du césar Henri II
l’héritier de son royaume. C’est à Conrad, après lui, que l’Empire échut.
Celui-ci eut pour femme la sœur dudit roi, nommée Gisèle, de laquelle il
engendra Henri III, auquel le royaume de Bourgogne advint par droit de
succession paternelle. Dans les limites de ce royaume se trouve la cité de
Lyon que Lothaire, roi des Francs, donna en dot à sa sœur la reine Mathilde,
qui épousa Conrad, roi de Bourgogne, père du susdit Rodolphe. Alors, en
raison du don de l’évêché, le seigneur Halinard, choisi pour cette charge,
se rendit à la cour du césar Henri, et avec lui les archidiacres représentants
des évêques suffragants, ainsi que les clercs de Lyon qui le demandaient
lui-même comme pasteur. L’empereur, comme c’était l’usage, requit de
lui le serment de fidélité qui lui était dû pour la charge épiscopale don-
née. De leurs paroles, le seigneur Hugues, archevêque de Besançon, était
l’intermédiaire et le médiateur. Lui, ayant entendu ces paroles, répondit :
« si je négligeais les préceptes du Roi éternel et de la Règle que j’ai pro-
mis par serment de suivre, quelle confiance m’accordera-t-on pour devoir
garder un serment à l’empereur ? Le Seigneur dit en effet dans l’Évangile
de ne jurer aucunement2 et la Règle du père Benoît prescrit au moine
de ne pas jurer et de se rendre étranger aux activités du siècle3. » Le roi
fut surpris de ce qu’on lui rapportait et, appréciant sa constance d’esprit,
voulant cependant éprouver sa persévérance, dit qu’en aucune façon il
ne lui donnerait le pontificat s’il n’obéissait pas à ses ordres. Et Halinard
d’affirmer : « Mieux vaut pour moi ne jamais recevoir le sacerdoce que
1 Le pape Grégoire VI.
2 Mt 5, 34.
3 Voir Règle de saint Benoît, IV, 27 et 22.
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 145

de transgresser les commandements de Dieu. » À cela, les évêques de


ces régions, et surtout Sigibodo, l’évêque de Spire, où ces événements se
déroulaient, réagissaient en disant : « Qui est-il, celui qui a osé, dans le
palais du prince, ne pas se soumettre à ses ordres ? C’est une chose que
personne, parmi nous, n’a jamais eu l’audace de faire. Qu’il jure fidélité
au roi, ou soit chassé ! » Mais Thierry, évêque de Metz, Bruno, évêque
de Toul, et Richard, évêque de Verdun, qui étaient ses amis, donnaient
au prince ce conseil qu’il ne devait pas, pour cela, causer d’ennui à cet
homme de religion, dont ils connaissaient la fermeté d’âme dans la foi
et les autres vertus. À cela l’empereur rétorqua : « Engagez-le, s’il ne
veut pas prêter serment, à se présenter à cette fin, pour qu’il ait l’air de
l’avoir fait, afin que l’usage de notre patrie ne soit pas réduit à néant. »
Halinard répondit : « Que je simule ou que je fasse, cela revient au même :
puissè-je m’en abstenir. » L’empereur, voyant comme il demeurait ferme,
ne voulut pas le tourmenter davantage et, se contentant d’accorder foi à
sa parole et à ses promesses, il lui donna ce qui était demandé. Et il le
fit ordonner en sa présence, lui donnant chacune des choses nécessaires
à la bénédiction sacerdotale. Et il préparait tout de la sorte, à savoir les
vêtements, les livres, les linges et chacune des choses nécessaires, non
seulement à lui-même ou aux autres évêques, mais encore aux diacres et
aux desservants de l’autel, comme s’il était non pas le prince, mais un
serviteur. Ce roi pieux était en effet très favorable à l’Église et dévoué
au culte divin.
Le vénérable père Halinard fut en outre ordonné par la main du
seigneur Hugues, archevêque de Besançon, dans le lieu qui est appelé
Herbrestinc dans la langue teutonique, ce qui dans la nôtre signifie
« Bonnes Maisons1 », l’an 1046 de l’incarnation du Seigneur. […]

Source

Chronique de l’abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, suivie de la chronique de


Saint-Pierre de Bèze, éd. par Louis-Émile Bougaud et Joseph Garnier,
Dijon : Darantière (Analecta Divonensia), 1875, p. 186-190. Traduit du
latin.

1 En fait, le toponyme Herbrechtingen est composé de l’anthroponyme Herbrecht et du


suffixe germanique -ingen (comme dans Göttingen, etc.), à valeur collective : il signifie à
peu près « les gens [dépendants] d’Herbrecht ».
146 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Rony (l’abbé), « Halinard de Sombernon, archevêque de Lyon, 1046-


1052 », Bulletin historique du diocèse de Lyon, 15 (1926), p. 188-201 et
p. 281-292.
Rony (l’abbé), « Les archevêques de Lyon et la réforme de l’Église au
xie siècle », Bulletin historique du diocèse de Lyon, 15 (1926), p. 177-201
et p. 281-292, et 16 (1927), p. 13-21.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 173-191.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 371.
Rubellin, Michel, « Les archevêques de Lyon, les abbayes lyonnaises
et la Réforme grégorienne », dans L’abbaye d’Ainay des origines au
XIIe siècle, éd. par Jean-François Reynaud et François Richard,
Lyon : Presses universitaires de Lyon, 2008, p. 181-202.
Vregille, Bernard de, « Dijon, Cluny, Lyon et Rome : à propos de deux
documents sur Halinard de Sombernon, mort en 1052 », Annales de
Bourgogne, 31 (1959), p. 5-24.
Vregille, Bernard de, Hugues de Salins, archevêque de Besançon, 1031-
1066, Lille : Atelier national de reproduction des thèses / Besançon :
diffusion Maison du Livre de Franche-Comté, 1983, vol. 1, p. 110-
112 et p. 132-138.
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 147

II.03. L’« ARCHEVÊCHÉ ET COMTÉ DE LYON »


TOUT ENTIER DANS LA BOURGOGNE D’EMPIRE (1049)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Le seul diplôme d’Henri III dans lequel il soit question de Lyon


ou du Lyonnais est daté du 4 décembre 1049. Son destinataire n’est
pas un établissement religieux du diocèse, mais le monastère voisin de
Cluny, diocèse de Mâcon, par les archives duquel il nous est parvenu
sous sa forme originale, ainsi que par l’intermédiaire du cartulaire C
de l’abbaye1.
Le document est intéressant à plusieurs points de vue. D’abord, le
prince agit non seulement comme empereur (suscription) mais aussi en
tant que roi de Bourgogne (souscription), confirmant à Cluny l’ensemble
de ses possessions situées dans le royaume de feu Rodolphe. Henri III
n’omet d’ailleurs pas de se référer aux Rodolphiens, à deux reprises,
pour mieux s’inscrire dans la continuité bourguignonne.
Ensuite, et d’un point de vue plus strictement lyonnais, le texte
rappelle incidemment le rôle essentiel joué, auprès de Rodolphe, par
son frère, l’archevêque Burchard († 1030/1031), seul nommé de tous
les « princes du royaume ». L’incise permet de souligner l’évolution
consécutive au rattachement à l’Empire, avec l’influence désormais prise
par l’archevêque de Besançon, Hugues de Salins, dont l’empereur a fait
son archichancelier pour le royaume de Bourgogne.
Enfin, après la confirmation spéciale d’un certain nombre de posses-
sions clunisiennes situées en Alsace ou en Italie, mais surtout dans les
territoires jurans, avec Payerne, Romainmôtier, Bevaix, Vaux-sur-Poligny
ou Saint-Victor de Genève, une clause générale étend la confirmation
aux régions ayant formé jadis le royaume de Provence : où l’on voit que
le royaume de Rodolphe III ne subit aucune amputation territoriale
en passant sous la domination de l’empereur, et en particulier que
« l’archevêché et comté de Lyon » est logiquement considéré en son entier,
1 BnF, NAL 2262.
148 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sans qu’aucune mention ne soit faite de la Saône et du Rhône. L’idée de


limite fluviale reste, par conséquent, totalement étrangère au xie siècle.

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Henri, par la faveur de la


clémence divine empereur des Romains, auguste. […] Que l’activité de
tous les fidèles de la sainte Église de Dieu et des nôtres, présents et futurs,
sache qu’Hugues, vénérable abbé du couvent de Cluny, est venu en notre
présence, en nous priant humblement et nous suppliant de renforcer par
l’autorité d’un précepte que nous lui concéderions, pour lui-même et ses
successeurs, les préceptes impériaux et royaux de son monastère. Accédant
volontiers à sa requête, en raison de l’ancienne proximité et affection
que lui-même et ses prédécesseurs ont entretenu avec nos prédécesseurs
rois et empereurs, au moyen des prières adressées au Seigneur pour la
stabilité de leurs royaumes et de l’Empire, et pour le salut de leurs âmes,
afin ensuite qu’ils fassent montre de la même affection envers nous, sur
l’intervention de notre très chère épouse Agnès, impératrice auguste,
nous garantissons au frère susdit et notre fidèle, selon sa requête, et à
ses successeurs, le monastère du lieu de Payerne – consacré en l’honneur
de la mère de Dieu, et enrichi, construit et anobli par la reine Berthe,
mère du roi Conrad et de l’impératrice Adélaïde, après la mort de sa
mère – et les deux cours de Huttenheim et de Colmar en Alsace, que
le duc Rodolphe, frère de l’impératrice susdite, acquit d’Otton le Très
Grand, premier du nom, et toutes les dépendances du monastère susdit
en Bourgogne et en Alsace. Nous confirmons aussi et concédons audit
frère et à ses successeurs le monastère de Romainmôtier consacré en
l’honneur des apôtres Pierre et Paul, comme cela a été dit, et les églises
et les terres qui dépendent à bon droit et légalement de ce lieu, ainsi
que la celle de Bevaix, remise au monastère de Cluny par feu Rodolphe,
homme de bien, mais aussi la celle qui est appelée Vaux dans l’archevêché
de Besançon, en l’honneur de la sainte mère de Dieu, sous le château
de Poligny. Nous confirmons aussi le monastère construit en l’honneur
de la mère de Dieu et en mémoire du bienheureux Maieul dans la ville
de Pavie, et toutes les terres et domaines qui ont été apportés au même
lieu par des hommes de bien ; et nous concédons au même lieu le droit
d’usage que les frères y habitant ont eu depuis longtemps dans notre
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 149

forêt royale qui est appelée Carbonara. Nous confirmons, approuvons


et corroborons cet accord pour la considération et l’intérêt de l’Église
de Genève, qui a été passé entre Hugues, évêque de cette cité, de bonne
mémoire, et le vénérable Odilon, abbé de Cluny, d’heureuse mémoire,
sur la recommandation de l’impératrice Adélaïde, avec l’approbation
du roi Rodolphe et la faveur de son frère, l’archevêque Burchard, et des
autres princes du royaume. De plus, nous leur concédons, à lui et à ses
successeurs, les monastères, les celles, les églises et toutes les possessions
que ledit frère lui-même et ses prédécesseurs ont possédé et possèdent
dans nos états en vertu de préceptes impériaux et royaux, de décrets
épiscopaux, et de la générosité très considérable des comtes, marquis
et autres fidèles de Dieu, dans les archevêchés et comtés de Lyon, de
Vienne, d’Arles et de Valence, et dans toute cette région qu’on appelle
de son nom propre Provence ; et tout ce que lui-même et les successeurs
pourront acquérir justement et légalement, dans la succession des temps,
nous recommandons en le souhaitant et souhaitons en le recommandant
qu’ils le tiennent et le possèdent, sans aucun trouble ni contestation,
pour l’honneur du monastère de Cluny et dans l’intérêt des frères qui
lui sont attachés. Et afin que la sanction de notre précepte impérial
demeure inaltérable et ferme, corroborant de notre propre main, nous
avons ordonné de le marquer de l’empreinte de notre sceau.
Seing du seigneur Henri (monogramme), deuxième du nom comme
sérénissime empereur des Romains, auguste, premier du nom comme
roi des Bourguignons. Hugues, archichancelier et archevêque, a reconnu.
Donné le 2 des nones de décembre, l’an de l’Incarnation de Notre-Seigneur
1049, indiction 3, la 21e année de l’ordination du seigneur Henri III,
roi toujours invaincu, mais la 11e de son règne, et la 3e de son empire.
Fait à Strasbourg, heureusement. Ainsi soit-il.

Source

Original : Paris, Bibliothèque nationale de France, Collection Bourgogne,


volume 78, no 102. – Éditions : Die Urkunden Heinrichs III., éd. par
Harry Bresslau et Paul Kehr, Berlin : Weidmannsche Buchhandlung
(Momumenta Germaniae historica. Diplomata ; DD H III), 1931, no 244,
p. 326-328. Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome quatrième, 1027-
1090, éd. par Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie
nationale, 1888, no 2977, p. 171-174. Traduit du latin.
150 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Vregille, Bernard de, Hugues de Salins, archevêque de Besançon, 1031-


1066, Lille : Atelier national de reproduction des thèses / Besançon :
diffusion Maison du Livre de Franche-Comté, 1983.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande, 2008, p. 661.

II.04. LE LYONNAIS DE LA GALLIA À LA BURGUNDIA :


LE TÉMOIGNAGE DES ACTES LOCAUX (1023-1098)

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

Les principales – et quasi exclusives – sources autochtones de l’histoire


lyonnaise du xie siècle sont deux cartulaires monastiques publiés au
milieu du xixe siècle par Auguste Bernard, sous les titres respectifs de
Cartulaire de l’abbaye de Savigny et de Petit cartulaire de l’abbaye d’Ainay.
Avec ses quelque 940 chartes et notices couvrant près de trois siècles
(deuxième moitié du ixe siècle – première moitié du xiie siècle), le cartu-
laire de Savigny est, de loin, le plus important des deux : le compilateur
lui-même l’intitule « Livre des chartes de l’abbé Ponce » (Liber cartarum
Poncii abbatis), par référence à l’abbé qui en a ordonné la confection.
Réalisé vers 1135, le cartulaire original a longtemps été conservé dans
les archives abbatiales, mais il a disparu du château de Sain-Bel au cours
du xviiie siècle. Ce Liber cartarum n’est donc plus connu, aujourd’hui,
que par le biais de cinq copies modernes. Des recherches en cours sur sa
tradition manuscrite montrent que la seule copie utile est celle à laquelle
Auguste Bernard n’a malheureusement pas eu d’accès direct pour son
édition de 1853 : il s’agit du manuscrit Coste 392 de la Bibliothèque
municipale de Lyon, copié à la fin du xvie siècle ou au début du xviie siècle.
Le second cartulaire local est nettement moins volumineux, avec
un peu moins de deux cents chartes des xe et xie siècles (presque toutes
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 151

des années 970 aux années 1030), auxquelles s’ajoutent quelques notices
du xiie  siècle1. L’original est conservé à la Bibliothèque nationale :
Latin 11027. Auguste Bernard l’avait baptisé Petit Cartulaire d’Ainay
afin de le distinguer de deux cartulaires plus tardifs (1286 et 1341)
provenant du même monastère, que le comte de Charpin-Feugerolles,
M.-C. Guigue et A. Vachez publieront ultérieurement (1885). Mais ce
Petit cartulaire mériterait sans doute une autre appellation, car il semble
réunir les seules chartes intéressant le prieuré de Chazay-d’Azergues.
Du point de vue de l’histoire politique, la manière dont les scribes locaux
datent leurs actes est riche d’enseignements. Jusqu’en 1032, les chartes lyon-
naises sont logiquement et systématiquement datées par référence au règne
du roi de Bourgogne transjurane – Conrad (942-993) puis Rodolphe III
(993-1032) –, affublé du titre de « roi du Jura » (rex Jurensis) ou simplement
dit « roi » (rex), la précision « régnant en Gaule » (regnante in Gallia) per-
mettant de qualifier le territoire envers lequel les Lyonnais ont encore un
sentiment privilégié d’appartenance. Dans la seconde moitié du xie siècle,
le terme de Gaule (Gallia) glisse cependant au royaume capétien (II.04.h.),
avant de disparaître au profit de celui, plus exact, de Francia, « France » ou
« Francie » (II.16.). Celui de « Bourgogne » (Burgundia) est désormais seul
employé pour les anciens états rodolphiens (II.04.i. et II.16.).
Les formules de datation se font aussi l’écho des résistances auxquelles
les rois de Germanie et empereurs se sont heurtés en 1033/1034 et 1078.
Cependant, passée la tentative d’Eudes de Blois à la mort de Rodolphe III
(II.04.c.), elles témoignent de la reconnaissance d’Henri III († 1056), roi de
Germanie à la mort de son père Conrad le Salique (1039), couronné roi de
Bourgogne dès 1038, et empereur à la Noël 1046 (II.04.d. et II.04.e.) ; puis
d’Henri IV († 1106), fils du précédent, roi de Germanie en 1056 (II.04.f.),
qui reçoit les insignes du patriciat en 1061 (d’où le titre d’« auguste » qui
le désigne infra, II.04.g.) et finit par être couronné empereur en 1084.
La double référence, cette année-là, à Henri en Bourgogne et à Philippe
en France (II.04.h.) peut s’expliquer par le fait que la donation concerne
l’église de Mirambeau en Saintonge. Signalons, pour terminer, une double
lecture possible dans l’acte de 1032/1034 (II.04.c.) : l’éditeur a retenu la
leçon summis iuribus, « avec les meilleurs droits » ; Poupardin proposait
aussi de lire summis viribus, « de toutes ses forces ».

1 Ainay, no 194-201.
152 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.04.A. DONATION À L’ABBAYE D’AINAY


D’UNE VIGNE SITUÉE DANS L’AGER DE TERNAND (1023)

Donnée de la main de Romain, moine, férie 4, le roi Rodolphe


régnant en Gaule heureusement depuis trente ans.
II.04.B. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE BIENS SITUÉS AU VOISINAGE DE SARCEY (SEPTEMBRE 1030/1032)

Donnée de la main de Leuto, moine, au mois de septembre, le roi


Rodolphe régnant en Gaule.
II.04.C. DONATION À L’ABBAYE D’AINAY
DE FONDS SITUÉS DANS LA RÉGION DU MONT D’OR (1032/1034)

Donnée de la main de M., Eudes de Champagne revendiquant pour


lui-même, avec les meilleurs droits [ou : de toutes ses forces], le royaume
de Gaule.
II.04.D. DONATION À L’ABBAYE D’AINAY
D’UNE DEMI-COLONGE (7 JANVIER 1039/1056)

Donnée par la main d’Upert, moine, le 7 des ides de janvier, le


prince Henri régnant.
II.04.E. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE FONDS SITUÉS VERS TARARE (7 MARS 1051)

Donnée par la main de Martin, moine, le jour des nones de mars,


férie 5, l’empereur Henri régnant.
II.04.F. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY
D’UN COURTIL EN FOREZ, AU LIEU DE LIGEAY (6 OCTOBRE 1066)

Cette charte a été faite au mois d’octobre, férie 6, le 13e jour de la


lune, l’an du Seigneur 1066, le roi Henri régnant. Donnée par la main
d’Ismidon, moine.
LE RATTACHEMENT DE LYON ET DU LYONNAIS À L’EMPIRE 153

II.04.G. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY


DE L’ÉGLISE SAINTE-PAULE, DANS LES MONTS DU LYONNAIS (MAI 1078)

Le seigneur Henri, auguste, faisant la guerre avec le duc Rodolphe, le


saint pape Hildebrand1 siégeant sur le trône apostolique, et l’archevêché
de Lyon s’apaisant sous le gouvernement du seigneur Gébuin, le seigneur
Dalmace tenant encore la crosse du monastère de Savigny. […]
La charte de ce don a été faite au mois de mai, férie 6 et 14e (sic) jour
de la lune, l’an du Seigneur 1078, indiction 1, concurrent 6, épacte 4.
Écrite de la main de Laurent, moine.
II.04.H. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE L’ÉGLISE DE MIRAMBEAU EN SAINTONGE (1084)

Donnée de la main d’Hugues, moine, l’an 1083, indiction 7, sous


l’empire d’Henri, empereur, Philippe régnant en Gaule.
II.04.I. DONATION À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE L’ÉGLISE LYONNAISE D’OUILLY (30 AVRIL 1086)

Fait dans le chapitre de Savigny, au mois d’avril, férie 5 et 13e jour de


la lune, indiction 9, épacte 3, cycle decemnovenal 4, Henri régnant en
Bourgogne. Écrite de la main d’Hugues, faisant fonction de chancelier.
Donnée le 2 des calendes de mai.
II.04.J. DONATION D’UN MANSE À L’ABBAYE DE SAVIGNY
ET À L’ÉGLISE DE MORNANT (6 MAI 1098)

Donnée de la main de Ponce, clerc, la veille des nones de mai, 1re lune,


l’empereur Henri régnant.

Sources

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay,


éd. par Auguste Bernard, Paris : Imprimerie impériale (Collection de
documents inédits sur l’histoire de France. Première Série : Histoire politique),
1853. Volume II : Cartulaire d’Ainay, no 161 (a), p. 673, no 22 (c), p. 567-568,
et no 95 (d), p. 625. Volume I : Cartulaire de Savigny, no 708 (b), p. 365,

1 Grégoire VII.
154 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

no 738 (e), p. 381, no 796 (f), p. 416-417, no 758 (g), p. 395-396, no 752
(h), p. 389, no 826 (i), p. 438-439, no 871 (j), p. 460. Traduit du latin.

Bibliographie

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye


d’Ainay, éd. par Auguste Bernard, Paris : Imprimerie impériale
(Collection de documents inédits sur l’histoire de France. Première Série :
Histoire politique), 1853.
Poupardin, René, Le royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les origines
du royaume d’Arles, Paris : Honoré Champion (Bibliothèque de l’École des
hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 163), 1907, p. 145-175.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande, 2008, p. 607-639.
Ganivet, Pierre, « Notes d’historiographie savinienne. – I. Archétype et
copies intégrales du Liber cartarum Poncii abbatis », dans Programme
collectif de recherche Savigny : l’abbaye et son territoire, dir. par
Olivia Puel, Rapport annuel 2010 (SRA Rhône-Alpes, no 2009/1086),
dactylographié, p. 25-97.
LA MÉTROPOLE DE LYON,
PREMIER SIÈGE DES GAULES (XIe-XIIe SIÈCLES)

II.05. LE PAPE GRÉGOIRE VII CONFIRME À L’ARCHEVÊQUE GÉBUIN


LA PRIMAUTÉ SUR LES QUATRE PROVINCES DE LYON,
ROUEN, TOURS ET SENS (1079)

Document présenté et traduit par Fabrice DELIVRÉ

Présentation

Le privilège accordé à Gébuin (1077-1082) par le pape Grégoire VII


(1073-1085) marque une étape majeure dans l’instauration de la primatie
lyonnaise. D’après la chronique d’Hugues de Flavigny, l’archidiacre de
Langres aurait été désigné archevêque de Lyon lors du concile d’Autun
(1077) et consacré par les mains du légat pontifical Hugues de Die qui
présidait l’assemblée, afin de remplacer Humbert, déposé pour simonie
et relégué au monastère jurassien de Saint-Oyend. On ne s’explique pas
autrement, à l’heure des débats soulevés par l’investiture laïque des évê-
chés, les passages du privilège qui, dans le sillage de Grégoire le Grand
(† 604), refusent toute forme de corruption, de faveur et d’intromission
séculière pour mieux célébrer le principe de l’élection canonique. L’octroi
du privilège est intervenu à l’occasion du voyage effectué par Gébuin
à Rome, avec quelques chanoines du chapitre cathédral, dans le but
d’obtenir, par la sanction du Siège apostolique, le renforcement d’une
prérogative mise à mal au concile de Poitiers (1078) – si l’on s’en tient à
l’explication que fournit le bénéficiaire au métropolitain de Tours Raoul
de Langeais. L’acte révèle les fondements de l’idée de primatie, issue
de la conjonction entre, d’une part, les Fausses Décrétales du Pseudo-
Isidore (il y a tout lieu de penser que Gébuin, plutôt que Grégoire VII, a
156 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

invoqué l’autorité d’Anaclet, dont la lettre apocryphe est transcrite dans


le mandement que le pape adresse aux archevêques de Rouen, Tours et
Sens), selon lesquelles le primat (primas), évêque du premier siège, doit
l’emporter sur le métropolitain, et, d’autre part, la Notitia Galliarum
(v. 400), une nomenclature civile convertie dans l’ordre ecclésiastique
qui recense les quatre anciennes Gaules lyonnaises (Lugdunensis I-IV),
soit les provinces de Lyon, Rouen, Tours et Sens. Allégué au concile
général de Clermont (1095), le privilège de Grégoire VII est éclipsé par
la confirmation qu’en donne Urbain II (1088-1099). Il faut attendre le
xviie siècle, la ferveur gallicane de Pierre de Marca et d’Étienne Baluze,
ainsi que l’important procès (1697-1702) soutenu au Conseil d’État du
roi entre les archevêques de Lyon et de Rouen, Claude de Saint-Georges
et Jacques-Nicolas Colbert, pour assister à l’exhumation – par le biais
de copies, en l’absence de l’original disparu –  d’un privilège de 1079
qui accède au statut d’acte fondateur.

Document

Grégoire, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, au bien aimé frère en


Christ Gébuin, archevêque de Lyon. Désirant suivre, autant que la grâce
divine le permet, les anciens pas des saints Pères, auxquels, bien qu’indignes
et de loin inégaux en mérites, nous avons succédé dans l’administration de
ce siège, il convient, par égard pour ladite succession, de maintenir intact
et inchangé et de fortifier par le rempart de nos décrets, afin qu’il soit doté
d’une stabilité perpétuelle, le droit qu’eux-mêmes ont concédé à chacune
des Églises, selon son mérite et sa dignité. C’est pourquoi, comme tu nous
as demandé, bien aimé frère en Christ Gébuin, de confirmer la dignité
que nos prédécesseurs ont concédée à l’Église que tu présides par l’action
de Dieu et de protéger ce qui lui appartient de toute attaque hostile, par
la défense du Siège apostolique, accédant à tes prières, nous confirmons la
primauté sur quatre provinces à ton Église de Lyon et, à travers elle, à toi
et à tes successeurs – mais à ceux seulement qui auront été élus ou promus
sans l’intervention d’une quelconque faveur, c’est-à-dire par la main, par
le service et par la langue : par la main, pour qu’aucune somme d’argent
ne soit absolument donnée par lui ou un autre ; par le service, pour que
rien ne soit fait au titre d’un service, comme certains ont coutume d’en
rendre aux puissantes personnes, en vue d’une dignité ecclésiastique ;
LA MÉTROPOLE DE LYON, PREMIER SIÈGE DES GAULES 157

par la langue, pour que lui ou une personne soumise ne se répande pas
en prières. En seront exclus ceux qui seront parvenus à cette dignité par
la puissance séculière, c’est-à-dire par un don ou par la confirmation
d’une personne, ce qui semble être contraire à la sainte religion et aller à
l’encontre de la pure et authentique autorité des saints Pères. Mais nous
prescrivons que cette dignité doit être assurément concédée à ceux qui te
succéderont par une élection pure et intègre et qui, de cette façon, entreront
par la porte, comme nous avons su que ta fraternité était entrée. Mais
ceux qui seront entrés autrement, c’est-à-dire ceux qui, selon la sentence
du Seigneur, se seront élevés non par la porte mais ailleurs, comme des
voleurs et des brigands, non seulement nous ne leur concédons pas la
primauté de cette dignité mais nous les déclarons indignes et privés de
tout honneur du gouvernement ecclésiastique. Quant aux provinces que
nous vous avons confirmées, nous désignons celles de Lyon, Rouen, Tours
et Sens, afin que lesdites provinces montrent à l’Église de Lyon la digne
obéissance et qu’elles acquittent avec humilité et dévotion l’honneur que
les pontifes romains ont établi, dans leurs propres écrits, comme devant
être rendu, étant sauves en toutes choses la révérence et l’autorité du Siège
apostolique. De plus, selon la teneur de ta requête, par le présent décret
de notre autorité, nous accordons, concédons et confirmons à ton Église
les privilèges considérés, statuant qu’aucun roi ou empereur, aucun prélat
pourvu d’une quelconque dignité ou aucun autre qui avancerait, parmi
les premières raisons, l’excuse de son avarice n’ose concéder ce qui a été
donné par certains hommes, de leur propre droit, ou sera conféré à l’avenir,
par la compassion divine, à ladite Église, et nous voulons que tout ce qui
a été offert ou le sera, tant par toi que par ceux qui te succéderont dans
ton office et dans ta place, soit possédé dans son intégrité et sans trouble,
pour une durée perpétuelle. Si cependant un roi, un empereur, un prêtre,
un clerc, un juge ou une personne séculière s’efforçait en connaissance, par
une audace téméraire, d’aller contre cette page de notre constitution et,
qu’averti une et plusieurs fois, jusqu’au nombre de trois, selon des délais
convenables, il ne soit pas venu à résipiscence et n’ait pas donné satis-
faction à ladite Église, qu’il soit privé de la dignité de la puissance et de
l’honneur, et qu’il se sache responsable de l’iniquité perpétrée, et, s’il n’a
pas réparé le mal qu’il a fait ou, par une digne pénitence, versé des larmes
sur ce qu’il a commis de façon illicite, qu’il soit rendu étranger aux très-
sacrés corps et sang de Notre-Seigneur rédempteur Jésus-Christ et qu’il
158 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

soit soumis, au jour du Jugement dernier, à une sévère punition. Que la


paix de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit au contraire avec tous ceux qui
observent les choses justes, afin qu’ils perçoivent ici-bas le fruit de leur
bonne action et qu’ils trouvent auprès du juge impartial les récompenses
de la paix éternelle. Donné à Rome le treize des calendes de mai, par la
main de Pierre, cardinal-prêtre de la sainte Église romaine et bibliothé-
caire, la sixième année du pontificat du seigneur pape Grégoire VII, dans
la deuxième indiction.

Source

Original : perdu. – Copies : Città del Vaticano, Archivio segreto vaticano,


Registra Vaticana 2 (Registre de Grégoire VII), fol. 168 vo (Rome, 20/04/1079).
Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 152 (Saint-Aubin d’Angers,
XIIe siècle, tradition dépendante de l’original), fol. 39 vo (Rome, 19/04/1079).
– Éditions : Das Register Gregors VII., II : Buch V-IX, éd. par Erich Caspar,
Berlin : Weidmann (Monumenta Germaniae historica. Epistolae. Epistolae selectae ;
II, 2), 1923, livre VI, no 34 (Rome, 20/04/1079), p. 447-449 ; Quellen und
Forschungen zum Urkunden – und Kanzleiwesen Papst Gregors VII. – I. Teil.
Quellen : Urkunden, Regesten, Facsimila, éd. par Leo Santifaller, Città del
Vaticano : Biblioteca apostolica Vaticana (Studi e Testi ; 190), 1957, no 171
(Rome, 19/04/1079), p. 196-198. – Régestes : Regesta pontificum Romanorum ab
condita Ecclesia ad annum post Christum natum MCXCVIII. Editionem secundam…
Tomus primus : a sancto Petro ad annum MCXLIII, éd. par Philipp Jaffé [et al.],
Leipzig : Veit, 1885, no 5125 ; Martin, Jean-Baptiste, Conciles et bullaire du
diocèse de Lyon, des origines à la réunion du Lyonnais à la France en 1312, Lyon :
imprimerie d’Emmanuel Vitte, 1905, no 294, p. 79-80 – Traductions : The
register of Pope Gregory VII, 1073-1085 : an English translation, éd. et trad. en
anglais par Herbert Edward John Cowdrey, Oxford : Oxford University
Press, 2002, no VI.34., p. 315-316. Traduit du latin.

Bibliographie

Cowdrey, Herbert Edward John, Pope Gregory VII, 1073-1085, Oxford :


Clarendon Press / New York : Oxford University Press, 1998.
Delivré, Fabrice, « The foundations of primatial claims in the Western
Church (eleventh-thirteenth centuries) », The Journal of ecclesiastical
history, 59 (2008), p. 383-406.
LA MÉTROPOLE DE LYON, PREMIER SIÈGE DES GAULES 159

Delivré, Fabrice, « Prima sedes Galliarum : une image de la métropole


ecclésiastique de Lyon (xiie-xve siècle) », dans Lyon vu/e d’ailleurs (1245-
1800) : échanges, compétitions et perceptions, éd. par Jean-Louis Gaulin
et Susanne Rau, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection
d’histoire et d’archéologie médiévales ; 22), 2009, p. 43-54.
Fuhrmann, Horst, « Studien zur Geschichte der mittelalterlichen
Patriarchate », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte :
kanonistische Abteilung, 40 (1954), p. 1-84.
McKeon, Peter A., « Gregory VII and the primacy of archbishop
Gebuin of Lyons », Church History, 38 (1969), p. 3-8.
Villard, François, « Primatie des Gaules et réforme grégorienne »,
Bibliothèque de l’École des chartes, 149 (1991), p. 421-434.

II.06. LE ROI DE FRANCE LOUIS VI DÉNONCE AU PAPE CALIXTE II


LA SOUMISSION DE L’ARCHEVÊQUE DE SENS
À LA PRIMATIE DE L’ÉGLISE DE LYON (MI-JUIN 1121)

Document présenté et traduit par Fabrice DELIVRÉ

Présentation

Précieux témoignage des relations entre la royauté française et le Siège


apostolique, les lettres de Louis VI (1108-1137) à Calixte II (1119-1124)
sont indissociables de la « querelle des Investitures » qui voit s’affronter
le pape et l’empereur Henri V. Ancien archevêque de Vienne, grand
artisan des faux privilèges qui exaltent la primauté de son Église sur les
Sept-Provinces, Calixte a été élu en février 1119 à l’abbaye de Cluny, où
Gélase II a trouvé la mort au terme de son exil dans le royaume. C’est
après une longue itinérance que Calixte II fait son entrée solennelle à
Rome, en juin 1120. Un moment essentiel de sa conquête du pouvoir,
dont se félicite Louis VI, est la capture de « l’antipape » Grégoire VIII,
surnommé Burdinus, élevé en 1118 par la volonté impériale. Son triste
sort lui vaut de figurer dans le cycle iconographique (1122-1124) du Palais
du Latran – connu de Suger, qui le mentionne dans sa Vie de Louis VI
160 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

– qui met en scène les papes foulant aux pieds leurs adversaires illégi-
times. Sensible à la restauration de l’autorité pontificale, le roi de France
insiste sur sa fidélité indéfectible à l’Église romaine et, en particulier,
sur sa présence au concile général de Reims (1119), afin d’appuyer sa
démarche auprès de Calixte II. Cette dernière a pour objet de libérer
l’Église de Sens de la soumission à la métropole de Lyon, alors même
que l’archevêque Humbaud (1118-1128) a reçu de Calixte, quelques
mois plus tôt, la confirmation de sa primauté (1121). La polémique
n’est pas neuve. Si Lambert d’Arras éclaire la réactivation concurrente
de la primauté rémoise, l’Anonyme normand et Yves de Chartres se
font l’écho des résistances des métropolitains de Rouen et de Sens à
accomplir la profession d’obédience au primat exigée depuis le concile
de Clermont. Dans notre cas, tout porte à croire que l’archevêque de
Sens Daimbert (1098-1122) – celui qui a sacré Louis VI à Orléans, en
1108 – ait accepté de se soumettre, comme il l’avait fait en 1111-1112
au bénéfice de Josserand, d’après Geoffroy de Vendôme. Rapportant le
problème structurel de l’obéissance du métropolitain au primat, une
affaire qui se prolonge jusqu’au milieu du xiie siècle, les lettres de Louis VI
valent également pour leur prise de position tonitruante en faveur de
la cause sénonaise, alors que Sens est une place forte du domaine royal
capétien, face à une Église de Lyon dont la cité est dite d’un royaume
étranger, la Bourgogne, par opposition à la France.

Document

Votre grandeur nous a écrit au sujet de la capture de l’apostat Bourdin


et de la conservation de votre état. D’où il ressort, très doux Père,
que nous vous aimons beaucoup et plus que les autres et que nous
mettons notre application, en toutes choses, dans votre honneur. En
remettant la sentence contre le métropolitain de Sens, par égard pour
notre honneur, vous avez en partie apaisé notre esprit mais, puisqu’elle
a été momentanément remise, vous avez créé une grande incertitude et
un doute. Il paraît en effet que l’archevêque de Lyon a encore quelque
espoir d’obtenir la soumission qu’il demande. Mais, à dire la vérité, je
supporterais plutôt l’incendie de tout notre royaume et même la mise
en danger de notre tête que l’opprobre de cette soumission et abjection.
Il semble de fait que tout ce qui serait entrepris contre nous de cette
LA MÉTROPOLE DE LYON, PREMIER SIÈGE DES GAULES 161

manière, ce qui ne s’est jamais produit, nous couvrirait de mépris. Votre


expérience sait pourtant que le royaume des Francs, disposé aux bons
offices, a été pour vous un ami dans les nécessités et que, en dépit des
prières et des promesses de l’empereur, nous ne nous sommes jamais
détaché de la fidélité à l’Église romaine. Et si votre voix se taisait, nos
bonnes œuvres proclameraient et mes bons offices démontreraient la
ferveur d’âme et l’humilité d’esprit avec lesquelles nous vous avons
obéi. Pour ne retenir qu’un exemple parmi d’autres, votre paternité se
souviendra que, travaillé, comme vous le savez, par une grave infirmité,
sous l’emprise d’une forte maladie du corps, nous nous sommes soucié
d’être présent au concile de Reims, à notre grande peine mais pour
votre honneur, et nous avons pris soin de votre volonté plus que de notre
faculté, de votre honneur plus que de notre pouvoir. Tout ceci, très doux
Père, nous vous l’avons rappelé par écrit, non parce qu’il nous déplaît
d’avoir agi de la sorte, mais parce que nous voulons que cela ne s’efface
pas de votre mémoire. Si notre amour et notre service ont quelque valeur
et pouvoir auprès de vous, nous vous prions et vous demandons de ne
pas réduire en servitude l’Église de Sens, qui est toujours demeurée à
l’écart et libre de la soumission dont elle est maintenant frappée, mais
de fortifier, par l’autorité apostolique, et de protéger, par la solidité
d’un privilège, son ancienne liberté – ce qui équivaut, cependant, à
n’exiger rien de vous qui soit contre la justice. Et si l’on oppose que
l’institution des Anciens a concédé la primauté à l’Église de Lyon, on
répondra au contraire que ce qui défend l’Église de Sens d’une telle
soumission est la possession de l’ancienne liberté. Ce qui a été acquis
en vertu d’une ancienne possession ne peut, comme on le rapporte, être
enlevé par aucun droit, même s’il est reconnu que cela relevait du droit
de l’Église romaine. Pour cette raison, la liberté de l’Église de Sens doit
demeurer inébranlable et intacte, et elle ne doit point être troublée et
violée au motif d’une soumission nouvelle et imprudente. Car on dit que
celle-ci a été faite en secret et comme à la dérobée, c’est-à-dire à l’insu
du clergé de Sens, sans consultation des évêques de cette province, et
même dans l’ignorance du roi. La dignité de l’Église en dépend et une
soumission ainsi faite paraît davantage concerner l’ignominie de celui
qui l’a acceptée à tort que le profit de l’Église qui ignore tout de son
existence. Une affaire commune doit être traitée en effet par un conseil
commun plutôt que tranchée par un entretien secret et privé. Puisque
162 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

la dignité est attachée à l’Église et non à la personne, si cet archevêque


de Sens, et lui seul, a disposé de ce qui n’était pas à lui, ce qu’il ne faut
pas faire, s’il a promis ce qu’il ne devait pas promettre, l’Église de Sens
n’a pas perdu, pour autant, ce qui lui appartient, de même qu’elle n’a pas
été privée de la liberté qu’elle a eue de toute antiquité, pas plus qu’elle
ne peut être contrainte à une soumission qu’elle n’a jamais montrée.
Ces choses considérées, très doux Père, que votre discrétion veille à ce
que la cité de Lyon, qui est d’un royaume étranger, ne brille pas à notre
détriment et à ce que l’ami ne soit pas soumis à l’ami, car, si l’ami est
trompé en faveur de l’ami, l’ami deviendra justement un ennemi. Si
le roi de France, qui est le propre fils de l’Église romaine, est méprisé
dans une cause simple et dans une requête légère, aucun espoir ne lui
sera laissé dans celles d’importance et il n’endurera pas plus avant d’être
éconduit dans les autres s’il supporte, dans celles-ci, l’offense d’avoir
été repoussé. Mieux vaut en effet pour l’honnêteté royale renoncer aux
prières que de contracter la rougeur de la honte à la suite d’un rejet.
Ce qui est contenu en peu de mots dans ces lettres, Algrin, porteur des
présentes, le complètera de vive voix, dont vous recevrez et tiendrez les
paroles comme si elles étaient sorties de notre bouche.

Source

Original : perdu. – Copie (fin xviie siècle) : Paris, Bibliothèque nationale


de France, Nouvelles Acquisitions françaises 7339, fol. 188. – Éditions :
Bullaire du pape Calixte II, 1119-1124 : essai de restitution par Ulysse ROBERT,
Paris : Alphonse Picard, 1891, II, Appendice, no 5 (s. l. n. d. [après le
27/04/1121]), p. 368-369 ; Recueil des actes de Louis VI, roi de France.
Tome I : Actes antérieurs à l’avènement et 1108-1125, éd. par Jean Dufour,
Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres / diffusion De Boccard
(Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), 1992, no 178 (s. l. n. d.
[06/1121]), p. 369-372. Traduit du latin.

Bibliographie

Delivré, Fabrice, « Prima sedes Galliarum : une image de la métropole


ecclésiastique de Lyon (xiie-xve siècle) », dans Lyon vu/e d’ailleurs (1245-
1800) : échanges, compétitions et perceptions, éd. par Jean-Louis Gaulin
LA MÉTROPOLE DE LYON, PREMIER SIÈGE DES GAULES 163

et Susanne Rau, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection


d’histoire et d’archéologie médiévales ; 22), 2009, p. 43-54.
Fliche, Augustin, « La primatie des Gaules depuis l’époque carolingienne
jusqu’à la fin de la querelle des Investitures (876-1121) », Revue
historique, 173 (1934) : 2, p. 329-342.
Fuhrmann, Horst, « Studien zur Geschichte der mittelalterlichen
Patriarchate », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte :
kanonistische Abteilung, 40 (1954), p. 1-84.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome/Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Schilling, Beate, Guido von Vienne – Papst Calixt II., Hannover :
Hahnsche Buchhandlung (Schriften der Monumenta Germaniae historica ;
45), 1998.

II.07. LE PAPE ALEXANDRE III CONFIRME À L’ARCHEVÊQUE


GUICHARD LA PRIMAUTÉ SUR LES ARCHEVÊCHÉS DE ROUEN,
TOURS ET SENS (MONTPELLIER, 11 AOÛT 1165)

Document présenté et traduit par Fabrice DELIVRÉ

Présentation

Délaissant la solution diplomatique du privilège solennel, les lettres


d’Alexandre III (1159-1181) à l’archevêque Guichard (1165-1182)
s’inscrivent dans une conjoncture troublée pour l’Église universelle.
Alors qu’il s’apprête à regagner l’Italie par la mer après un séjour forcé
de plus de trois ans dans le royaume de France, le pape confirme la
primauté sur les archevêchés de Rouen, Tours et Sens tout en formu-
lant de sévères critiques à l’encontre de l’Église de Lyon. La singula-
rité de la charge ne se comprend qu’à la lumière du schisme ouvert
en 1159. Bénéficiaire de la Bulle d’or de 1157 (II.14.), l’archevêque
Héracle de Montboissier (1153/54-1163) s’était engagé au service de
164 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’empereur Frédéric Ier Barberousse et de Victor IV (1159-1164), rival


d’Alexandre III. À l’été 1165, la clémence du Siège apostolique s’exerce
au profit de Guichard. Abbé du monastère cistercien de Pontigny de
1137 à 1165, il a accueilli l’archevêque de Canterbury dans son exil
continental. Il revient d’ailleurs à une lettre de Thomas Becket au roi
de France Louis VII (II.23.b.) d’apprendre que Guichard a été promu
archevêque de l’Église de Lyon avec l’accord unanime du clergé et du
peuple – ses détracteurs ne sont pas de cet avis – puis consacré par le
pape à Montpellier le 8 août 1165. Accordées trois jours plus tard, les
lettres affermissent l’autorité d’Alexandre III aux confins du royaume
de France et de l’Empire autant qu’elles dressent Guichard contre
Dreux de Beauvoir (1163-1167), archevêque élu de Lyon après la mort
d’Héracle, fidèle à la ligne de l’empereur et de « l’antipape » Pascal III
(1164-1168), et dont les partisans contrôlent la cité rhodanienne. De
fait, selon Jean de Salisbury, Guichard n’a pris possession de son siège
que le 11 novembre 1167. Après la confirmation des actes relatifs à la
primatie demandée à Urbain V par l’archevêque Charles d’Alençon, en
1366, les lettres d’Alexandre III font l’objet d’un regain d’intérêt au
xve siècle. Elles sont alors transcrites dans plusieurs copies authentiques,
dont un instrument public (1409) qui les associe aux privilèges et lettres
d’Urbain II (1095, 1099), Pascal II (1116), Calixte II (1121), Célestin II
(1144) et Adrien IV (1154). C’est à travers cette médiation, avec les autres
actes, que les lettres de 1165 sont confirmées en 1418 par Martin V à
l’archevêque Amédée de Talaru, après la tenue du concile général de
Constance, théâtre du renouveau juridictionnel de la primatie lyonnaise.

Document

Alexandre, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, au vénérable


frère G1., archevêque de Lyon, salut et bénédiction apostolique. Bien
que ton Église ait commis d’énormes excès et qu’elle ait mérité d’être
gravement punie, en regard cependant de la dévotion manifeste dont
tu es animé envers nous et envers l’Église, et par l’habituelle clémence
du Siège apostolique, nous voulons conserver ses droits et ses dignités
dans leur propre intégrité, à toi et à cette Église. C’est pourquoi nous
confirmons par l’autorité apostolique, à toi et, à travers toi, à l’Église et
1 Guichard.
LA MÉTROPOLE DE LYON, PREMIER SIÈGE DES GAULES 165

à tes successeurs, la dignité de primatie sur les archevêchés de Rouen,


Tours et Sens, comme nous savons qu’elle a été accordée à tes prédé-
cesseurs par le bénéfice de la concession de l’Église romaine. Donné à
Montpellier, le trois des ides d’août.

Source

Original : perdu. – Copies : Lyon, Archives départementales du Rhône,


10 G 576, fol. 4 vo (Grand Cartulaire du chapitre cathédral de Lyon (1350),
d’après l’original) ; Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 1391,
no 1 (Lyon, 18/04/1409, copie authentique d’après l’original) et no 8 (Lyon,
23/12/1415, copie authentique d’après l’original) ; Città del Vaticano,
Archivio segreto vaticano, Registra Lateranensia 189, fol. 200 vo-204 vo,
ici fol. 204 vo (Genève, 01/08/1418, d’après la copie authentique de 1409).
– Éditions : Recueil de quelques-uns des principaux titres produits dans l’instance,
à la suite de Seconde Requête au Roi et à Nosseigneurs les Commissaires nom-
més par Sa Majesté pour la primatie de Lyon, servant de réponse à la requête
de M. l’archevêque de Rouen, du 22 de décembre 1698. Pour messire Claude
de Saint-George,… archevêque comte de Lyon,… demandeur, contre messire
Jacques-Nicolas Colbert,… archevêque de Rouen, défendeur, Paris : Jean
Anisson, 1699, p. 1-9, ici p. 7-8 (d’après la copie authentique de 1409) ;
Papsturkunden in Italien : Reiseberichte zur Italia Pontificia. III : 1901-1902,
éd. par Paul Fridolin Kehr, Città del Vaticano : Biblioteca apostolica
Vaticana (Acta Romanorum pontificum ; 3), 1977, no 14 (Montpellier,
11/08/[1165], d’après le registre pontifical), p. 504. – Régestes : Regesta
pontificum Romanorum ab condita Ecclesia ad annum post Christum natum
MCXCVIII. Editionem secundam… Tomus secundus : ab anno MCXLIII ad
annum MCXCVIII, éd. par Philipp Jaffé [et al.], Leipzig : Veit, 1888,
p. 195 ; Martin, Jean-Baptiste, Conciles et bullaire du diocèse de Lyon, des
origines à la réunion du Lyonnais à la France en 1312, Lyon : imprimerie
d’Emmanuel Vitte, 1905, no 620, p. 165. Traduit du latin.

Bibliographie

The correspondence of Thomas Becket, archbishop of Canterbury, 1162-1170,


éd. et trad. en anglais par Anne J. Duggan, Oxford : Clarendon
Press – Oxford University Press (Oxford medieval texts), 2000.
166 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.
COMITATUS ET EPISCOPATUS
La cité aux mains des pouvoirs locaux

II.08. CONVOITISES COMTALES SUR LE SIÈGE ARCHIÉPISCOPAL :


LA TENTATIVE DU COMTE GÉRAUD (1031-1032 OU 1036-1042)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Moine bourguignon, gyrovague par goût et parfois par nécessité,


Raoul Glaber est une figure célèbre du Moyen Âge central. Ces Cinq
Livres d’histoires (ou Histoires) forment une sorte de chronique univer-
selle, couvrant tout le xe siècle et, surtout, la première moitié du xie. Le
premier exemplaire connu est un manuscrit partiellement autographe1,
ainsi que Monique-Cécile Garand l’a montré. Il n’en existe que deux
autres copies médiévales : l’une de la fin du xiie siècle, l’autre du xve2. Ce
sont surtout les éditions qui en ont été données à partir du xviie siècle
qui ont contribué à la diffusion du texte dans les milieux savants. Le
personnage et l’œuvre de Raoul ont longtemps traîné une mauvaise
réputation. La perspective millénariste de l’auteur, son goût pour les
prodiges, ses erreurs chronologiques et géographiques, l’incorrection
de son style, ont longtemps focalisé l’attention des érudits classiques
et des historiens positivistes, avant que le monde savant commence,
dans la seconde moitié du xxe siècle, à reconsidérer le témoignage du
Bourguignon, à la suite de Georges Duby.
C’est à partir des années 1020, après la rencontre décisive de Guillaume
de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, et à la demande de ce
1 BnF, Lat. 10912.
2 BnF, Lat. 6190 et BAV, Reg. Lat. 618.
168 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

grand réformateur, qui a dirigé au total une trentaine de monastères en


Italie, en Bourgogne, en Lorraine et en Normandie, et fut « sans doute
l’un des hommes les mieux renseignés de son temps » (M. Arnoux),
que Raoul entreprit la rédaction de ses Histoires. L’œuvre, finalement
dédiée à saint Odilon, qu’il avait connu lors de son séjour à Cluny dans
les années 1030, comptait initialement quatre livres. Elle fut parache-
vée par la rédaction d’un cinquième livre, vers 1046/1047. Raoul était
alors au crépuscule de sa vie : il propose, en ouverture de son Livre V,
un portrait de lui-même, entre autobiographie et confessions, qui est
l’un des passages de l’œuvre les plus connus (Histoires V, 1-13) ; puis
il consacre ses derniers chapitres (V, 14-26) à une série d’événements
intervenus entre 1041 et 1046, à ses yeux les plus marquants. Parmi
eux, la « querelle pour le siège archiépiscopal de Lyon » (V, 21-22),
consécutive à la mort de Burchard II († 22 juin 1030 ou 1031), qui
prit fin avec la nomination impériale d’Odolric en 1042 (II.02.). Ce
témoignage est précieux car il complète utilement celui des annalistes
impériaux ou du chroniqueur de Saint-Bénigne. Il n’est cependant
pas dépourvu d’ambiguïtés. L’auteur relate d’abord les tribulations de
Burchard III, dressant de lui un portrait aussi défavorable qu’Hermann
de Reichenau (II.01.), puis évoque la tentative, par « un certain comte »
(quidam comes), d’imposer son jeune fils sur le siège lyonnais. Le passage
soulève deux problèmes essentiels : celui de l’identité de ce comte, et
celui de la chronologie relative des différentes tentatives de mainmise
sur le siège archiépiscopal.
Sur le premier point, il convient de signaler l’erreur commise par les
principaux éditeurs des Histoires, qui attribuent le nom de Géraud, cité
par Raoul, au jeune enfant que son comte de père tente d’imposer comme
archevêque. L’abréviation Gerald. du manuscrit principal1 doit être lue
Geraldus et non Geraldum : il s’agit donc du comte Géraud, identifiable
au comte de Lyon homonyme et contemporain (I.23.), et non au comte
de Genève Gérold comme cela a été suggéré un temps (voir ill. 7).
Le récit de Raoul situe clairement la tentative du comte Géraud après
la mainmise de Burchard III sur l’archevêché de Lyon. Mais il est difficile
de se fier à sa chronologie, défaillante au moins sur un point : l’élection
d’Odilon de Cluny au siège de Lyon ne saurait avoir été consécutive aux

1 Lat. 10912, fol. 53 vo : la haste du d étant barrée d’un trait horizontal.


COMITATUS ET EPISCOPATUS 169

menées de Burchard et de Géraud, car elle intervint sous le pontificat


de Jean XIX († janvier 1033), dont on a gardé une lettre par laquelle
il blâme l’abbé bourguignon d’avoir décliné l’honneur que le clergé
lyonnais lui avait fait en le désignant. Or on sait que Burchard II est
mort le 22 juin 1030 (ou 1031), et que Burchard III était archevêque
de Lyon dès le 15 août 1032. C’est donc nécessairement entre juin
1030 et août 1032 que le siège de Lyon fut offert à Odilon de Cluny,
son refus ayant permis à Burchard III de s’en emparer rapidement. La
tentative du comte Géraud, quant à elle, est contemporaine soit de ces
événements (1031-1032), soit de la période d’incarcération et d’exil de
Burchard III (1036-1042).

Document

À l’époque précédemment mentionnée, un très grave conflit éclata


après la mort de Burchard, archevêque de Lyon, à propos de la direc-
tion de ce siège, que beaucoup convoitaient sans justes mérites, mais
emportés par leur orgueil. Premier de tous, le neveu dudit Burchard, son
homonyme, orgueilleux au-delà de toute mesure, après avoir abandonné
son propre siège de la cité d’Aoste, s’empara impudemment de celui de
Lyon. Après avoir commis de nombreux méfaits, il fut pris par les soldats
de l’empereur et condamné à l’exil perpétuel. Après lui, s’autorisant de
sa seule audace, un certain comte Géraud substitua avec arrogance son
fils, un jeune enfant, sur le même siège ; bientôt, se conduisant non pas
comme un pasteur de brebis, mais plutôt comme un mercenaire, celui-ci
prit la fuite et disparut. Après que toutes ces choses eurent été rapportées
au pontife romain, des hommes de foi lui suggérèrent de choisir, de sa
propre autorité, de faire consacrer le père Odilon, abbé du monastère de
Cluny, évêque de ce lieu. Voici, en effet, que la piété de tout le clergé et
du peuple réclame ce choix à grands cris. Envoyant aussitôt à ce père
le pallium en même temps que l’anneau, il lui commanda de devenir
archevêque de la cité susdite. Mais l’homme pieux, fidèle à son dessein
d’humilité, refusa de toutes façons de s’exécuter. Toutefois, prenant le
pallium et l’anneau pour celui qui serait digne de Dieu, il les conserva
pour le futur pontife de ce même siège. De toute ancienneté, en effet,
on considère cette cité comme le parangon de la vraie lumière pour la
plus grande partie de la Gaule, car c’est d’abord en arrivant là que les
Ill. 7 – Raoul Glaber (Histoires V, 21). © BnF, Lat. 10912, fol. 53 vo.
COMITATUS ET EPISCOPATUS 171

hérauts de la foi chrétienne, envoyés par saint Polycarpe, le disciple de


l’apôtre Jean, ont répandu la lumière sur tout le pays.

Source

Raoul Glaber, Les Cinq Livres de ses Histoires (900-1044), éd. par


Maurice Prou, Paris : Alphonse Picard (Collection de textes pour servir à
l’étude et à l’enseignement de l’Histoire), 1886, p. 130-131 (Livre V, § 21,
texte du manuscrit principal : Paris, Bibliothèque nationale de France,
Latin 10912). Les Histoires de Raoul Glaber ont déjà fait l’objet de
traductions françaises : Chronique de Raoul Glaber, trad. en français par
François Guizot, dans Idem, Collection de mémoires relatifs à l’histoire
de France depuis la fondation de la monarchie jusqu’au 13e siècle. Tome VI,
Paris : Brière, 1824, ici p. 349-350 ; L’An mille : œuvres de Liutprand,
Raoul Glaber, Adémar de Chabannes, Adalbéron, Helgaud, éd. et trad. en
français par Edmond Pognon, Paris : Gallimard (Mémoires du passé
pour servir au temps présent), 1947, p. 45-144, ici p. 141-142 ; Raoul
Glaber, Histoires, éd. et trad. en français par Mathieu Arnoux,
Turnhout : Brepols (Miroir du Moyen Âge), 1996, ici p. 303 et 305. Cf.
aussi Duby, Georges, L’An mil, Paris : Julliard (Archives ; 30), 1967.
Traduit du latin.

Bibliographie

Manteyer, Georges de, « Les origines de la Maison de Savoie en


Bourgogne, 910-1060 », Mélanges d’archéologie et d’histoire, 19 (1899),
p. 363-540, ici p. 473-474 et p. 523.
Poupardin, René, Le royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les origines
du royaume d’Arles, Paris : Honoré Champion (Bibliothèque de l’École des
hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 163), 1907, p. 157-158.
Ganivet, Pierre, Recherches sur l’évolution des pouvoirs dans les pays lyonnais
de l’époque carolingienne aux lendemains de l’An mil, thèse de doctorat :
histoire du droit et des institutions, Université de Clermont I,
Clermont-Ferrand, 2000, p. 338-344.
Demotz, François, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-
1056) : roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne : Société d’histoire
de la Suisse romande, 2008, p. 613-619, p. 660 et p. 679-680.
172 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.09. L’ÉVOLUTION DU POUVOIR COMTAL :


ANCRAGE FORÉZIEN ET PRÉSENCE BOURGUIGNONNE (V. 1075)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Nous sommes très mal renseignés sur le pouvoir comtal après la


tentative du comte Géraud sur le siège archiépiscopal (II.08.). Géraud
disparaît sans laisser d’autres traces dans les textes. Son fils et successeur
Artaud II est attesté dès 1061, puis reparaît dans des chartes saviniennes
des années 10701. La maigre documentation disponible permet de
déceler, pour l’époque d’Artaud II († 1078/1079), deux phénomènes
majeurs, dont il demeure néanmoins difficile de saisir les tenants et
les aboutissants. Le premier réside dans l’intervention des comtes de
Bourgogne dans les affaires lyonnaises : la prise du château roannais de
Lay par le comte Renaud en atteste dès le milieu du siècle2. Le second est
l’adoption tardive, par Artaud II, de la titulature de « comte de Forez »
(comes Forensis). Ce titre rend compte, certes, d’un solide ancrage comtal
dans la partie occidentale de l’ancien pagus de Lyon – c’est en effet dans
la seconde moitié du xie siècle que le château de Montbrison, qui passe
pour être de construction récente, semble devenir la résidence privilégiée
des comtes –, mais il est peut-être prématuré de le considérer comme
la preuve d’une renonciation à toute autre prétention, notamment sur
la ville de Lyon (II.11.).
Immixtion bourguignonne et ancrage forézien, un acte illustre par-
ticulièrement bien cette double évolution caractéristique du troisième
quart du xie siècle : il s’agit de la donation de la moitié du péage de
Lyon aux moines de Cluny, consentie, vraisemblablement vers 1075,
par le « comte de Forez » Artaud, avec l’accord du puissant comte de
Bourgogne, Guillaume (1057-1087), fidèle d’Henri III, puis d’Henri IV,
dont l’influence s’étendait jusqu’à Vienne. Un auteur comme Steyert eut
même tendance à exagérer cette influence en attribuant à Guillaume

1 La Mure, 1675, III, no 20 ; Savigny, no 757, 758, 762.


2 Savigny, no 802.
COMITATUS ET EPISCOPATUS 173

de Bourgogne les monnaies frappées à Lyon par un Willelmus comes


habituellement identifié à Guillaume le Pieux. La place éminente que
tient le personnage dans le royaume de Bourgogne suffit à expliquer sa
laudatio à l’acte d’Artaud, sans qu’il soit besoin d’évoquer un lien de
parenté, comme le firent La Mure ou Ménestrier.
La charte du comte Artaud provient du Cartulaire B de Cluny1, dans
lequel elle est rangée sous l’abbatiat d’Hugues de Semur (1049-1109).
L’acte ne fut publié qu’en 1888, dans le quatrième tome du Recueil
des Chartes de l’abbaye de Cluny, mais il était déjà connu des érudits
du xviie siècle, par l’intermédiaire de Jean Du Bouchet, qui avait eu
accès aux archives clunisiennes. La Mure et Ménestrier voyaient dans
la concession comtale l’origine de la maison de Cluny à Lyon, que la
documentation du xive siècle situe près du cloître du chapitre cathédral,
et que les moines bourguignons auraient édifiée afin de percevoir les
produits du péage : ces anciens auteurs se sont mépris sur le sens de la
concession comtale, qui n’est pas un transfert des revenus comtaux, mais
une simple exemption de droits au profit des Clunisiens.

Document

Sachent tous, présents et à venir, de l’un et l’autre sexes et de tous


âges, que moi, Artaud, comte de Forez, pour le salut de mon âme et de
celle de toute ma propre parenté, avec le consentement et l’approbation
du seigneur Guillaume, comte des Bourguignons, je donne à Dieu et
à ses bienheureux apôtres Pierre et Paul, et au monastère de Cluny, la
moitié du péage de la cité des Lyonnais, étant convenu que les frères du
susdit monastère, lorsqu’ils emmèneront de là ou y amèneront quelque
marchandise, ne paieront absolument rien à personne sur la moitié de
celle-ci, comme s’il s’agissait de leur bien propre. Et afin que ce don
demeure ferme et entier par la suite, moi Guillaume, son fils, avec ma
mère Raymonde, nous l’approuvons et le confirmons, maudissant tous
les adversaires, violateurs et briseurs, quels qu’ils soient, d’un don aussi
louable. Tout cela a été fait par la main de Guigue, moine et doyen de
Mazille, sous la condition qu’il me verse à moi, Artaud, qui ai fait ce
don en premier lieu, cinq cents sous, et à moi, Guillaume, son fils, vingt
sous pour l’accord et le consentement donnés à cette affaire.
1 Paris, BnF, NAL 1498, fin xie s.
174 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Tome quatrième, 1027-1090, éd. par


Auguste Bernard et Alexandre Bruel, Paris : Imprimerie nationale,
1888, no 3529, p. 651. Traduit du latin.

Bibliographie

La Mure, Jean-Marie de, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de


Forez publiée pour la première fois d’après un manuscrit de la bibliothèque
de Montbrison portant la date de 1675. Tome premier, Paris : Potier /
Montbrison : Lafond / Lyon : Auguste Brun, 1860, p. 103-104.
Ménestrier, Claude-François, Histoire civile et consulaire de la ville de
Lyon, Lyon : Nicolas et Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 319-320.
Bernard, Auguste, « Histoire territoriale du Lyonnais », Recueil
de mémoires et documents sur le Forez publiés par la Société de La Diana,
2 (1875), p. 227-325, ici p. 294.
Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,
Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 265-266.

II.10. EPISCOPATUS ET COMITATUS :


LE PSEUDO-ACCORD DE TASSIN (1076)

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

La découverte du cartulaire de l’abbaye de Savigny par le monde éru-


dit, au milieu du xviie siècle, est à l’origine du mythe historiographique
de « l’accord de Tassin », prétendument conclu en 1076 par Humbert,
archevêque de Lyon, et Artaud, comte de Forez. Le chanoine de La Mure,
qui fut le premier à exploiter ce document majeur dans le cadre de
l’histoire locale, consacre un long paragraphe dans son Histoire des ducs
COMITATUS ET EPISCOPATUS 175

de Bourbon et des comtes de Forez (1675) à la rencontre de Tassin, au cours


de laquelle l’archevêque et le comte se seraient entendus au sujet des
« droits temporels de la ville de Lyon ». Bien que son manuscrit n’ait été
publié qu’en 1860, la référence à cet « accord de Tassin » se retrouve très
tôt dans d’autres écrits, comme dans le Mémoire sur le gouvernement de Lyon
de Lambert d’Herbigny (1697) et, surtout, l’Histoire civile ou consulaire de
Ménestrier (1696). Elle est restée habituelle chez les historiens de Lyon
et du Lyonnais jusqu’à la fin du xxe siècle. L’accord de Tassin s’inscrirait
dans la longue lutte qui aurait opposé, tout au long des xie et xiie siècles,
les archevêques de Lyon et les comtes de Forez. Malgré l’échec de leur
tentative de mainmise sur le siège archiépiscopal dans les années 1030
(II.8.), les comtes n’auraient pas renoncé à toute prétention sur la cité
lyonnaise. Finalement excommunié pour ses exactions en février 1076,
le comte Artaud II aurait composé avec l’archevêque Humbert lors de
la rencontre de Tassin, abandonnant notamment à l’Église de Lyon le
droit de battre monnaie et la moitié de la « coutume » de la ville de Lyon
(le mot consuetudo désigne, d’une manière générale, une taxe, redevance
ou prestation en nature, ayant acquis un caractère coutumier, en dépit,
le cas échéant, de son origine publique : amendes judiciaires ou droits
de péage par exemple).
Aucun texte, en réalité, ne mentionne cet « accord de Tassin ». Il s’agit
d’une construction historiographique, suggérée par le rapprochement de
plusieurs textes quasi contemporains, et censés s’articuler de la manière
suivante : a) l’excommunication du comte de Forez pour des vexations ou
persécutions (infestationes) envers l’Église de Lyon lors du concile romain
de février 1076 (II.10.a.) ; b) la mention, dans une charte de donation à
l’abbaye de Savigny, d’un plaid (placitum) entre l’archevêque Humbert et
le comte Artaud (II.10.b.) ; et c) la notice consacrée au même archevêque
Humbert († 13 mai 1077, selon Beyssac) dans l’obituaire de l’église
cathédrale de Lyon, d’après laquelle le prélat « recouvra la monnaie et la
moitié des coutumes de la ville » (II.10.c.). Mais le mot placitum employé
dans la formule de datation de l’acte savinien ne désigne pas un « accord »
ou un « traité » : il s’agit d’un « plaid », c’est-à-dire d’une assemblée,
rencontre ou réunion visant à prendre une résolution commune pour
régler un différend. L’objet de ce différend et la transaction à laquelle ce
différend a éventuellement donné lieu sont totalement inconnus. Estimer
176 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

que l’enjeu de la rencontre de Tassin résidait dans les droits temporels


sur la ville de Lyon est donc pure conjecture.
Les incertitudes qui entourent cette rencontre ont, à juste titre, conduit
quelques historiens à ignorer ou à révoquer en doute l’hypothèse d’un
accord formel. Les auteurs concernés ne considèrent pas moins qu’un
lien direct subsiste entre l’excommunication du comte de Forez (II.10.a.)
et la restitution par celui-ci, à l’archevêque, de la moitié des taxes cou-
tumières perçues à Lyon (II.10.c.). Notre ignorance de la chronologie
relative des événements laisse encore planer le doute. Il est d’autant plus
difficile de démêler cet imbroglio qu’à l’idée d’un unique archevêque
Humbert ayant siégé de 1052 à 1077, on tend à préférer depuis les années
1970, l’hypothèse de deux homonymes – Humbert Ier (1052-v. 1060) et
Humbert II (v. 1065-1077) –, séparés par un prélat nommé Geoffroy
mentionné dans des sources d’origine clunisienne. Dès lors se pose la
question de savoir auquel de ces deux Humbert rapporter les indications
de l’obituaire de l’Église de Lyon, qui n’en connaît qu’un seul.
II.10.A. EXCOMMUNICATION DU COMTE DE FOREZ
ET D’HUMBERT II DE BEAUJEU (ROME, 14-20 FÉVRIER 1076)

Document

L’an de l’incarnation du Seigneur 1075, indiction 14, ce même seigneur


Grégoire, pape de Rome, a célébré dans l’église du Seigneur Sauveur qui
est dite Constantinienne, un synode auquel furent présents des évêques et
des abbés ainsi qu’une multitude de clercs et de laïcs de rang divers. […]
[…] Nous excommunions Didier et les clercs de l’église de Romans,
qui en ont chassé nos réguliers et ont communié avec des excommuniés,
dès maintenant et jusqu’à ce qu’ils satisfassent ; l’abbé de Saint-Gilles
de même, et le comte de Saint-Gilles pour consanguinité ; et le comte
de Forez et Humbert de Beaujeu pour leurs persécutions contre l’Église
de Lyon […]

Source

Das Register Gregors VII., I : Buch I-IV, éd. par Erich Caspar, Berlin :
Weidmann (Monumenta Germaniae historica. Epistolae. Epistolae selectae ;
II, 1), 1920, III, 10a., p. 268-271. Traduit du latin.
COMITATUS ET EPISCOPATUS 177

II.10.B. PLAID DE TASSIN ENTRE L’ARCHEVÊQUE HUMBERT


ET LE COMTE ARTAUD (1055-V. 1060 OU V. 1065-1077)

Document

Au nom du Christ, moi, Ardrad de Barbares et ma femme Constance, et


Blain, mon fils, et Bernard de Nant, et Agnelle, mère d’Étienne de Randans,
et Élisende, mère de Girin de Pinet, nous donnons quelque bien de notre
hérédité à Dieu et au monastère de Saint-Martin de Savigny, que l’abbé
Dalmace est réputé diriger – de l’approbation du seigneur Humbert, arche-
vêque de Lyon, et de l’archidiacre Berlion, son neveu, et du doyen Blain, et
de Fouchier Tedin, et d’Étienne Cou-Tordu, et du pénitencier Robaud –,
c’est-à-dire la moitié de l’église de Saint-Jean le Baptiste et l’Évangéliste,
située dans le pays de Lyon, dans le village qui est appelé Duerne, avec
ses dîmes et dépendances. […] Fait dans le village de Tassin, au plaid qui
se tint entre le seigneur Humbert, archevêque de Lyon, et Artaud, comte.

Source

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay.


Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris : Imprimerie
impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de France. Première Série :
Histoire politique), 1853, no 762, p. 398. Traduit du latin.
II.10.C. NOTICE NÉCROLOGIQUE DE L’ARCHEVÊQUE HUMBERT
(13 MAI, 1060 ENVIRON OU 1077)

Document

Le 3 des ides de mai […] mourut Humbert, archevêque de Lyon,


qui recouvra pour Saint-Étienne1 la monnaie et la moitié des coutumes
de cette ville de Lyon, et le village de Meximieux, et édifia la maison
épiscopale munie de tours.

Source

Obituaire de l’église primatiale de Lyon, 3 des ides de mai. – Obituaires


de la province de Lyon. Tome I : Diocèse de Lyon, Première Partie, éd. par

1 Le chapitre cathédral de Lyon.


178 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Georges Guigue et Jacques Laurent, Paris : Imprimerie nationale


(Recueil des historiens de la France. Obituaires ; 5), 1951, p. 79. Obituarium
Lugdunensis Ecclesiae. Nécrologe des personnages illustres et des bienfaiteurs de
l’Église métropolitaine de Lyon du IXe au XVe siècle, éd. par Marie-Claude
Guigue, Lyon : Nicolas Scheuring, 1867, p. 45. Traduit du latin.

Bibliographie

La Mure, Jean-Marie de, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de


Forez publiée pour la première fois d’après un manuscrit de la bibliothèque
de Montbrison portant la date de 1675. Tome premier, Paris : Potier /
Montbrison : Lafond / Lyon : Auguste Brun, 1860, p. 100.
Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,
Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 264-265.
Beyssac, Jean, Notes pour servir à l’histoire de l’Église de Lyon : Humbert,
prévôt et archevêque, 1032-1077, Lyon : Imprimerie d’Emmanuel
Vitte, 1912 = Bulletin historique du diocèse de Lyon, 8 (1911-1912) :
76, p. 498-507.
Kleinclausz, Arthur, Histoire de Lyon. Tome I : Des origines à 1595,
Lyon : Pierre Masson, 1939, p. 114.
Bitsch, Horst, Das Erzstift Lyon zwischen Frankreich und dem Reich im
hohen Mittelalter, Göttingen : Musterschmidt (Göttinger Bausteine zur
Geschichtswissenschaft ; 42), 1971, p. 47.
Fédou, René, « Seigneurs et clercs : querelles féodales, vitalité religieuse
(xie-xiiie siècles) », dans Histoire de Lyon et du Lyonnais, éd. par André
Latreille, Toulouse : Privat, 1975, p. 73-90, ici p. 74-75.
Vregille, Bernard de, Hugues de Salins, archevêque de Besançon, 1031-
1066, Lille : Atelier national de reproduction des thèses / Besançon :
diffusion Maison du Livre de Franche-Comté, 1983, p. 990-992.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 18.
COMITATUS ET EPISCOPATUS 179

Fédou, René, « Humbert Ier » et « Humbert II », dans Dictionnaire


d’histoire et de géographie ecclésiastique, XXV (1995), col. 353-355.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 374-375.
Rubellin, Michel, « Les archevêques de Lyon, les abbayes lyonnaises
et la Réforme grégorienne », dans L’abbaye d’Ainay des origines au
XIIe siècle, éd. par Jean-François Reynaud et François Richard, Lyon :
Presses universitaires de Lyon, 2008, p. 181-202, ici p. 182 et note 3.

II.11. LA GÉOGRAPHIE DES VIGUERIES COMTALES


EN LYONNAIS ET EN FOREZ (V. 1100)

Carte présentée par Pierre GANIVET et réalisée par Karyn MERCIER

Présentation

Un acte du cartulaire des amortissements du comté de Forez (1292-


1293)1 donne une idée de la répartition géographique des principaux
centres du domaine comtal au tournant des xie et xiie siècles. Il s’agit
d’une notice relative à l’hôpital des pauvres fondé dans le château de
Montbrison par le comte de Forez, Guillaume Ier, mort en 1096 : ce
comte ayant accordé au nouvel établissement la dîme du pain et du vin
de toute sa terre, ses fils Guillaume et Eustache confirmèrent sa dona-
tion et en ordonnèrent l’exécution à leurs « viguiers et clavaires » de
Montbrison [1], de Sury [2], d’Estivareilles [3], d’Aurec [4], de La Place
[5], de Saint-Chamond [6], d’Yzeron [7], de Lyon [8], d’Oingt [9], du
Mont Chamelet [10], de Cottance [11], de Cleppé [12], de Saint-Haon
[13] et de Saligny [14]. Selon Étienne Fournial, le nom de « clavaires »
(clavigerii) « évoque une fonction financière et le fait qu’on les appelle
aussi cellériers porte à penser qu’ils étaient chargés de la levée des
prestations en argent ou en nature, alors que les viguiers avaient plus
spécialement des fonctions judiciaires ».
1 Paris, AN, P. 14012, no 1076.
180 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Sur les quatorze « vigueries » nommées, quatre seulement sont situées


sur le territoire de l’ancien pagus Forensis [1, 2, 11, 12], deux autres se
trouvant sur les confins vellaves de Forez [3, 4]. Deux autres se trouvent
plus au nord, en Roannais [13, 14]. Six sont lyonnaises, toutes à l’ouest
de la Saône et du Rhône, dont l’une à Lyon même [5 à 10]. D’autres
sources montrent même que les comtes de Forez étaient intéressés plus
à l’est, en Dombes, à Saint-Trivier [15] et à Meximieux [16].

Document

Ill. 8 – Carte des vigueries, principaux centres du domaine comtal


du Forez au tournant des xie et xiie siècles.
© 2013 P. Ganivet / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.

Source

Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume XXI – Chartes no 1285


à 1434, publiées par Édouard Perroy, Marguerite Gonon et Étienne
Fournial, Paris, Librairie Charles Klincksieck, 1973, no 1286.
COMITATUS ET EPISCOPATUS 181

Bibliographie

Fournial, Étienne, « Le droit de vieral », dans Études foréziennes. I,


Mélanges, Saint-Étienne : Centre d’études foréziennes, 1968, p. 53-69,
ici p. 57-58.
LE LYONNAIS
PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE

II.12. UN DIPLÔME CAPÉTIEN AMBIGU :


LOUIS VII EXEMPTE LES MOINES DE TOURNUS DE TOUTE TAXE
SUR LA LOIRE, LA SAÔNE, LE DOUBS ET LE RHÔNE
(1er AOÛT 1146-2 FÉVRIER 1147)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

L’exemption de taxes maritimes ou fluviales fait partie des privilèges


confirmés dès 1146-1147 par Louis VII à l’abbaye de Tournus. Le texte
mentionne quatre cours d’eau, pour lesquels la disposition semble valoir
tout spécialement : la Loire, la Saône et son affluent, le Doubs, mais aussi
le Rhône, qui permet aux moines de relier leurs nombreuses dépendances
méridionales. Or, si l’on considère l’extension de l’ancien royaume de
Bourgogne, tel que les empereurs l’ont reçu de Rodolphe III au xie siècle
(II.03.), aucune portion du Rhône n’est censée traverser, ni même longer
le territoire du royaume capétien. Le diplôme de Louis VII pourrait
donc apparaître comme l’expression d’une réalité politique nouvelle,
ou, tout au moins, d’une prétention capétienne : l’extension du regnum
à l’est, jusqu’au Rhône. Il est vrai que le texte est surtout connu par
les éditions que donnèrent, dans leurs Preuves, les historiens de Tournus
aux xviie et xviiie siècles, Chifflet et Juénin (la grande collection des
Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France étant encore dépourvue
d’un recueil des actes de Louis VII). Mais l’original existe toujours, et
son authenticité n’a suscité aucune réserve de la part des diplomatistes
modernes qui se sont intéressés aux actes de Louis VII.
184 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Le document peut donc être considéré comme fiable. Il doit pour-


tant être remis en perspective. La disposition par laquelle les moines de
Tournus sont exemptés de taxes diverses « en mer, sur le fleuve Loire, sur
le Rhône, la Saône, le Doubs et les autres fleuves navigables ou littoraux »
reprend purement et simplement une formule d’exemption insérée dans
le diplôme concédé en 875 aux moines de Saint-Philibert par Charles
le Chauve, maître d’une partie de la vallée du Rhône (Lyon et Vienne)
depuis le Traité de Meerssen (870), puis répétée dans tous les diplômes
confirmatifs des rois de Francie occidentale, de Louis le Bègue en 878
à Philippe Ier en 1060. Considéré isolément, le diplôme de 1146-1147
est donc trompeur. Il ne saurait étayer seul, sur le fondement d’une
clause reproduite mécaniquement, mais reflétant elle-même une situa-
tion politique depuis longtemps caduque, l’idée d’une revendication
capétienne sur les eaux du Rhône et, par conséquent, de prétentions
territoriales jusqu’au fleuve. On ne saurait nier, cependant, que ce
conservatisme diplomatique serve les desseins de Louis VII. La clause
prend un relief nouveau en regard d’un diplôme délivré en faveur de
l’évêque et de l’Église du Puy, exactement contemporain de celui pour
Tournus (1er août 1146-2 février 1147), et qui, entre autres dispositions,
interdit à quiconque d’exercer aucune violence et de prélever des exac-
tions ou coutumes non seulement dans la cité du Puy et leurs autres
possessions, mais encore à l’intérieur d’un territoire qui s’étend « du
Rhône à l’Allier1 ». Les prochains textes (II.13.) montrent, d’ailleurs,
qu’en ce milieu de xiie siècle, l’idée de limite fluviale trouve écho hors
même de la chancellerie royale.

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Louis, par la grâce de Dieu


roi des Francs et duc des Aquitains […]. Nous leur2 concédons encore
l’immunité de six cents sous que Charles, empereur, et d’autres rois après
lui, ont concédée, ordonnant dans le même temps qu’aucun des nôtres ou
de nos successeurs, aucun duc, comte ou vicomte, ou viguier, ou envoyé
itinérant, dans ladite immunité conférée par nous et nos prédécesseurs,
ou dans le monastère, n’ait l’audace de réquisitionner aucun gîte, cheval
1 Gallia Christiana II, Instr. eccl. Aniciensis, no XIII, col. 231.
2 Les moines de Tournus.
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 185

ou présent ; ni que l’un quelconque d’entre eux n’ait la présomption


ou l’audace d’exiger de leurs serfs, colons ou libres demeurant sur leur
terre, que ce soit à propos des affaires des frères1 ou des leurs, un tonlieu
ou tout autre impôt sur les marchés publics, ou d’exiger, soit de ceux
qui naviguent sur la mer, le fleuve Loire, ou le Rhône, ou la Saône, le
Doubs, ou d’autres rivières, soit de ceux qui résident sur les côtes, une
redevance sur les navires, ou bien une taxe de passage ou d’amarrage,
ou sur terre une taxe sur les chariots, ou dans les auberges la moindre
subsistance. […]
Fait publiquement près la cité d’Autun, l’an de l’Incarnation du
Seigneur 1146, et de notre règne le 10e (…).

Source

Original : Mâcon, Archives départementales de Saône-et-Loire, 1 H


178, no 3. – Éditions : Chifflet, Pierre-François, Histoire de l’abbaye
royale et de la ville de Tournus, Dijon : Veuve de Philibert Chavance,
1664, p. 445-447. Juénin, Pierre, Nouvelle Histoire de l’abbaïe royale et
collégiale de Saint-Filibert et de la ville de Tournus, Dijon : Antoine de Fay,
1733, p. 160-161. Traduit du latin.

Bibliographie

Luchaire, Achille, Études sur les actes de Louis VII, Paris : Alphonse


Picard (Histoire des institutions monarchiques de la France sous les premiers
Capétiens : mémoires et documents),1885, 2e partie, p. 159, no 187.
Gasparri, Françoise, L’écriture des actes de Louis VI, Louis VII et Philippe
Auguste, Genève : Droz / Paris : Minard (Hautes Études médiévales et
modernes ; 20), 1973, p. 124, no 49.
Cartron, Isabelle, Les pérégrinations de Saint-Philibert : genèse d’un réseau
monastique dans la société carolingienne, Rennes : Presses universitaires
de Rennes (Histoire), 2009, p. 219 sq.

1 Des moines.
186 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.13. LA SAÔNE ET LE RHÔNE AU MILIEU DU XIIe SIÈCLE :


NOUVEAUX CONFINS ENTRE ROYAUME ET EMPIRE ?

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET


II.13.A. L’AFFIRMATION DE PIERRE LE VÉNÉRABLE (1143/1144)

Présentation

Neuvième abbé de Cluny (1122-1156), Pierre le Vénérable a laissé


plusieurs écrits aujourd’hui bien connus, dont un recueil de Miracles,
œuvre divisée en deux livres, « témoin d’une richesse rare sur la men-
talité religieuse de son époque », mais aussi « document d’histoire, non
pas à la manière d’une charte ou d’une chronique proprement dite,
mais par le fait qu’il met en scène bien des personnages parfaitement
identifiables par ailleurs ou qu’il transmet sur la vie de Pierre et sur
Cluny des renseignements qu’on ne rencontre que là1 ». Le second Livre
de ces Miracles, dont l’auteur a entamé la rédaction dans les années
1143-1144, s’ouvre sur un premier chapitre consacré au sort d’un comte
de Mâcon que l’auteur ne nomme pas, mais que les historiens ont
identifié à Guillaume l’Allemand († 1125-1126), dont on sait qu’il fut
assassiné par ses propres vassaux. Tout à son entreprise d’édification,
Pierre le Vénérable reprend la fable dont les contemporains ont couvert
le meurtre, peignant le comte comme un « oppresseur des églises qui
fut visiblement enlevé par le diable et emporté dans les airs à la stupeur
de tous ceux qui étaient là ». Mais l’auteur ancre ce prodige dans un
cadre tout à fait réel ; il consacre donc un paragraphe entier – le passage
repris ci-dessous – à situer la cité de Mâcon dans laquelle il s’est produit.
Ce faisant, il est, à notre connaissance, le premier à fixer la limite entre
le Royaume et l’Empire sur le cours de la Saône et du Rhône : celui-ci
« sépare » (disterminat), le « royaume des Francs » (regnum Francorum) de
l’« empire des Teutons ou des Romains » (a Theutonicorum vel Romanorum
imperio). Les termes sont remarquables, hissant le propos sur un registre
politique manifeste, qu’on retrouve par exemple, un demi-siècle plus

1 Torrell-Bouthillier 1992, p. 29.


LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 187

tard, chez Guy de Bazoches (le récit de son voyage en Terre sainte situe
les confins de l’Empire et du Royaume à Lyon et sur le Rhône). Bien
sûr, l’affirmation générale de Pierre le Vénérable paraît contestable : le
Rhône ne saurait constituer une ligne de séparation jusqu’à la mer, dans
la mesure où la cité de Viviers et la partie des diocèses de Vienne et de
Valence située à l’ouest du fleuve relèvent de l’Empire. Pourtant, en ce qui
concerne le diocèse de Lyon – dont le propre frère de Pierre le Vénérable,
Héracle de Montboissier, sera bientôt l’archevêque (1153-1163) – de nou-
veaux témoignages viennent bientôt conforter celui de l’abbé de Cluny.

Document

En premier lieu, pour la terreur et la correction des mauvais princes,


il faut rapporter ce qui s’est passé à Mâcon. […] Cette même cité de
Mâcon se trouve dans les limites du royaume des Francs, que sépare de
l’empire des Teutons ou des Romains la rivière de Saône, qui prend sa
source en Lorraine, puis le Rhône, qui se jette dans la mer Méditerranée.
Mâcon, appelée par certains bourg (oppidum), honorée par d’autres du
nom de ville (urbs), tient le rang de cinquième siège dans la Première
Lyonnaise. Elle est soumise, pour tout ce qui relève du droit ecclésias-
tique, au primat de Lyon, pour tout ce qui relève du droit séculier, au
roi des Francs. […]

Source

Éditions : Pierre le Vénérable, De miraculis libri duo, dans Bibliotheca


Cluniacensis, éd. par Martin Marrier et André du Chesne, Paris : Robert
Fouet, 1614 – Mâcon : Protat, 19152, col. 1247-1338, ici col. 1299. Pierre
le Vénérable, De miraculis libri duo, éd. par Denise Bouthillier,
Turnhout : Brepols (Corpus Christianorum. Continuatio mediaevalis ; 83),
1988, p. 97. Traduit du latin.

Bibliographie

Torrell, Jean-Pierre, et Bouthillier, Denise, Pierre le Vénérable et sa vision


du monde : sa vie, son œuvre, l’homme et le démon, Leuven : Spicilegium
sacrum Lovaniense (Spicilegium sacrum Lovaniense ; 42), 1986.
Pierre le Vénérable, Livre des merveilles de Dieu, trad. en français par
188 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Jean-Pierre Torrell et Denise Bouthillier, Fribourg : Éditions


universitaires (Vestigia ; 9) / Paris : Éditions du Cerf (Textes), 1992.
Rameau, Barthélemy, Les comtes héréditaires de Macon, Macon : Protat
frères, 1903 = Annales de l’Académie de Macon, 3e Série : 6 (1901),
p. 121-209.
Iogna-Prat, Dominique, Ordonner et exclure : Cluny et la société chrétienne
face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam, 1000-1150, Paris : Aubier
(Collection historique), 1998, rééd. Paris : Flammarion (Champs ; 553),
2004.
II.13.B. LA LIMITE FLUVIALE : LYON AU ROYAUME ?

Présentation

Ancien moine de l’abbaye normande du Bec, Robert de Thorigny


(† 1186) fut prieur, puis abbé du Mont-Saint-Michel en 1154. Sa prin-
cipale œuvre historique est la Chronique qu’il composa à partir de celle,
célèbre, du Lorrain Sigebert de Gembloux († 1112), complétée d’un grand
nombre de renseignements relatifs à l’histoire de l’Angleterre et de la
Normandie, et continuée de 1100 à 1182. L’origine et les préoccupations
de l’auteur expliquent la diffusion essentiellement normande et anglaise
de la Chronique. Son succès, que trahissent aussi les emprunts que lui
firent un certain nombre d’annalistes et de chroniqueurs ne s’est pas
démenti à l’époque moderne puisqu’elle a connu une dizaine d’éditions,
complètes ou partielles, entre le xvie et le début du xixe siècle. Les der-
nières sont celles de Ludwig Konrad Bethmann, dans la série Scriptores
des MGH et surtout de Léopold Delisle.
En dépit de la notoriété de la Chronique de Robert de Thorigny, le
passage qui nous intéresse ici ne semble guère avoir retenu l’attention des
historiens de Lyon jusqu’à une époque récente (Bonnassieux, par exemple,
l’a ignoré). C’est Bruno Galland qui a, le premier, attiré l’attention sur
« la relation assez déformée » que Robert donne de l’élection du succes-
seur de l’archevêque Héracle de Montboissier : le chroniqueur se trompe
en mentionnant Guillaume de Champagne, fils du comte Thibaud, au
lieu de l’archidiacre Dreux de Beauvoir ; il est encore dans l’erreur en
faisant état du consentement du pape Alexandre III, alors que Dreux
est connu pour son ralliement rapide au parti impérial. Signalons, en
outre, une confusion entre le comte « de Fréjus » (Forojulensis) évoqué par
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 189

Robert, et le comte de Forez (Forensis ou Foresiensis) qui a effectivement


pris la ville de Lyon l’année précédente. C’est dire qu’en l’espèce Robert
de Thorigny paraît bien mal renseigné, quoique sa relation appartienne à
la deuxième rédaction de la Chronique (finalisée en 1169) et, donc, qu’elle
ait été rédigée quelques années seulement après les événements rapportés.
Ses erreurs factuelles ne rendent que plus intéressant son propos sur la
situation de Lyon : aux yeux d’un observateur comme lui, certes loin-
tain, la cité relève – ou devrait relever – du regnum Franciae parce qu’elle
se trouve sur la rive occidentale du Rhône. Un tel raisonnement, un
quart de siècle après la rédaction des Miracula (II.13.a.), va dans le sens
de l’affirmation de Pierre le Vénérable : le fleuve passe, aux yeux de cet
observateur lettré « Plantagenêt » du royaume capétien, pour marquer la
limite entre celui-ci et l’empire germanique. La situation de Lyon – de
la cité même –, dont nul ne conteste l’appartenance à l’Empire romain
germanique, n’en devient que plus marginale, plus exceptionnelle.

Document
[1163] Le siège archiépiscopal de Lyon étant vacant, le clergé et le
peuple, avec la complaisance de l’empereur Frédéric, élirent Guillaume,
fils du comte Thibaud l’Ancien – ce à quoi le pape Alexandre aussi
consentit. Or cette ville, qui est en deçà du Rhône, dépend du royaume
de France. Mais parce que les comtes Guigue Dauphin et de Fréjus
(sic) l’avaient frauduleusement enlevée au susdit archevêque l’année
précédente, et qu’il n’avait pu la récupérer par intervention du roi de
France, à cause de cela, ce même archevêque se rallia à l’empereur, qui
lui rendit ladite cité. Et, depuis lors, il tint celle-ci de lui.

Source

Robert de Thorigny, Chronique, anno 1163. – Éditions : Roberti de


Monte Cronica, éd. par Ludwig Conrad Bethmann, dans Monumenta
Germaniae historica. Scriptores. Scriptores (in Folio) ; VI, Hannover : Hahnsche
Buchhandlung, 1844, p. 475-535, ici p. 513. Chronique de Robert de
Torigni, abbé du Mont-Saint-Michel. Tome I, éd. par Léopold Delisle,
Rouen : Auguste Le Brument (Société de l’histoire de Normandie), 1872,
p. 343-344. Traduit du latin.
190 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 52-53.

II.14. LA BULLE D’OR DE FRÉDÉRIC BARBEROUSSE


(18 NOVEMBRE 1157)

Document présenté par Pierre GANIVET et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

Voici, sans conteste, l’un des textes les plus célèbres de l’histoire
lyonnaise du xiie siècle (voir ill. 9). La Bulle d’or de 1157 est un diplôme
délivré par la chancellerie de l’empereur Frédéric Ier Barberousse le
18 novembre 1157, ainsi nommé en raison de son mode de scellement,
réservé aux actes les plus solennels. Précieusement conservé par l’Église
de Lyon, qui prit soin d’en transcrire le texte dans le cartulaire dit de
1350 (ou encore de Crémeaux) retrouvé sous les voûtes de la cathé-
drale en 1915, l’original se trouve toujours dans le fonds du chapitre
métropolitain, aux Archives départementales du Rhône. L’importance
du document explique qu’il ait été très tôt publié, voire traduit, par
les historiens de Lyon, entre autres par Paradin (1573), Severt (1608),
Saint-Aubin (1666) et Ménestrier (1698), avec cependant plus ou
moins de bonheur. Désormais, il faut naturellement se tourner vers
les éditions scientifiques du xxe siècle, celle de Georges Guigue (1917)
en premier lieu, ou celle donnée plus récemment par Heinrich Appelt
aux MGH (1975).
En se rendant à la diète de Besançon, auprès de l’empereur, en octobre
1157, l’archevêque Héracle de Montboissier accomplit une démarche
inédite. Depuis l’intégration du royaume de Bourgogne à l’Empire, et
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 191

abstraction faite des nominations d’Odolric et d’Halinard dans les années


1040 (II.02.), les prélats lyonnais paraissent n’avoir entretenu aucune
relation particulière avec les souverains germaniques. Comme l’écrit
Bruno Galland, qui a parfaitement analysé le contexte et le contenu de
la Bulle d’or, Héracle compte « parmi les derniers prélats importants du
royaume d’Arles à renoncer à l’attitude indifférente qui avait caractérisé
pendant près d’un siècle les relations avec l’Empire ». La concession d’un
diplôme solennel par lequel l’empereur investit l’archevêque « de tout le
corps de la cité de Lyon et de tous les droits régaliens, à l’intérieur ou à
l’extérieur de la cité, dans tout l’archevêché » est une opération profitable
pour les deux parties : l’empereur, sans rien céder des prérogatives qu’il
avait effectivement exercées jusqu’alors, s’attache la première puissance
locale ; et l’archevêque, qui prétend à l’exercice du pouvoir temporel à
Lyon et en Lyonnais, est conforté dans cette position, face au chapitre
cathédral peut-être, face au comte de Forez plus sûrement.

Ill. 9 – Bulle d’or de 1157, détail.


© Arch. dép. Rhône, 10 G 2546, no 2

La possession des regalia par les archevêques de Lyon avant 1157


n’en appelle pas moins quelques remarques. La clause d’investiture (fin
du deuxième paragraphe) inscrit l’action de l’empereur Frédéric dans
la continuité de la politique suivie par ses prédécesseurs, se référant
même expressément à leurs diplômes (sacra munimenta). Or, non seule-
ment il n’existe aucun précédent à la bulle de 1157, mais les historiens
s’accordent en outre aujourd’hui à considérer qu’aucun archevêque
de Lyon, pas même Burchard II, n’a jamais obtenu des anciens rois
de Bourgogne une concession formelle du comitatus ou d’autres droits
publics. Le dernier diplôme royal ou impérial dont l’Église de Lyon
192 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

avait été bénéficiaire – en tous cas le dernier qui ait été conservé – est
le diplôme « récapitulatif » de 892 (I.07. ; son jumeau de 901 est un
faux), par lequel le jeune Louis de Provence confirmait l’ensemble des
droits, possessions et privilèges, notamment l’immunité, accordés par les
Carolingiens tout au long du ixe siècle. Il y a donc tout lieu de croire que
les sacra munimenta allégués par Frédéric sont ces diplômes carolingiens.
La clause d’investiture apparaît ainsi, d’abord et avant tout, comme un
artifice diplomatique visant à légitimer le pouvoir impérial des Staufen
en tant qu’héritiers des Carolingiens. Elle induit une redéfinition de
l’immunité visée à la fin du dispositif (fin du troisième paragraphe),
dont la concession n’entraînait aucun transfert de prérogatives publiques
dans les diplômes du ixe siècle, mais qui est désormais perçue à l’aune
du modèle germanique développé depuis l’époque ottonienne, et qui
tend à l’assimiler au ban royal. Cela étant, la Bulle d’or de 1157 ne fait
guère que sanctionner une situation de fait, à laquelle les comtes ne se
sont peut-être pas définitivement résignés (voir leur réaction ci-dessous,
p. 217 à 242), mais qu’ils ne paraissent guère en mesure de contrecarrer.
Pour en terminer sur ce point, on attirera l’attention sur le fait que
l’idée selon laquelle les droits régaliens relèvent, dans le diocèse, de
l’Église de Lyon, est présente dans un document méconnu, légèrement
antérieur à la bulle de 1157, la chronique Quae in posterum de Bernard
d’Ambronay, qui relate la fondation de la chartreuse de Portes en 1115 :
« ce lieu, écrit le rédacteur, était d’ancienneté de droit royal et, pour
cette raison, dépendait de l’Église de Lyon par droit royal, comme les
autres regalia de son évêché ».
Le diplôme impérial du 18 novembre 1157 soulève une autre question
dont il est difficile de faire ici l’économie. Le dispositif ne présente-t-il pas
une contradiction entre la clause d’investiture visant « tout le corps de la
cité de Lyon et tous les droits régaliens, à l’intérieur ou à l’extérieur de la
cité, dans tout l’archevêché » (fin du deuxième paragraphe), dont l’archevêque
Héracle est personnellement bénéficiaire, et la clause de concession à
perpétuité de « tout le corps de la cité de Lyon et tous les droits régaliens
dans toute l’étendue de l’archevêché en deçà de la Saône, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur de la ville » (début du troisième paragraphe) ? La cité elle-
même est visée à deux reprises, ce qui confirme, à l’évidence, son appar-
tenance à l’Empire. Mais pour le reste, pourquoi se limiter à l’avenir à la
rive gauche de la Saône et du Rhône ? On a parfois voulu voir, dans cette
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 193

formulation, une réminiscence de la limite établie par le traité de Verdun


(843) entre la part de l’empereur Lothaire (rive gauche) et celle de son frère
Charles, roi de Francie occidentale (rive droite). Pourtant, jamais le fleuve
n’a constitué une frontière politique, et jamais l’ancien pagus Lugdunensis
n’a fait l’objet d’une partition entre deux regna ; du ixe jusqu’au xie siècle,
il a au contraire toujours conservé son unité politique, y compris lors du
rattachement du royaume de Bourgogne à l’Empire dans les années 1030
(II.03.). D’où l’embarras manifestement perceptible chez un grand historien
du royaume d’Arles comme Paul Fournier. Une génération plus tard, en
1927, renouant d’ailleurs avec un point de vue déjà exprimé par Aubret
au début du xviiie siècle, Pouzet évoquait une alternative : « La restriction
formulée en ces termes : citra Ararim, peut s’expliquer de deux façons : ou
l’empereur considérait que les pays à l’ouest de la Saône ne relevaient pas
de l’Empire, ou il réservait les droits des comtes de Forez sur ce territoire.
Les deux opinions peuvent se défendre ». Il tranchait cependant quelques
années plus tard (1939) : « La réserve exprimée dans ces mots citra Ararim
indique nettement que l’empereur considérait la rivière comme la limite de
ses États du côté de l’Ouest, sauf dans la ville elle-même qui, de l’aveu du
roi de France Louis VI le Gros, relevait tout entière de l’Empire ». Depuis,
c’est à cette interprétation que les historiens de Lyon et du Lyonnais se
rallient de façon unanime.

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité, Frédéric, par la faveur de


la clémence divine, empereur des Romains et toujours Auguste. Aux
yeux de Dieu qui voit tout, nous croyons qu’un égal mérite sera reconnu
à celui qui donne et à celui qui confirme ; nous croyons aussi qu’il est du
devoir de notre majesté impériale de porter attention aux prérogatives de
toutes les églises de Dieu – et plus particulièrement de celles qui sont
spécialement placées sous le droit et la seigneurie de l’Empire romain
– et de leur apporter l’appui de notre confirmation pour les renforcer à
perpétuité, et pour abolir ce qui leur est défavorable. De la sorte, elles
servent Dieu sûrement et sans trouble, et, par des prières inlassables,
elles implorent la miséricorde divine pour la stabilité de notre Empire.
Sachent donc tous les fidèles du Christ et de notre Empire, tant
présents que futurs, combien nos prédécesseurs et divins empereurs
194 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

ont rehaussé l’Église de Lyon par de grands honneurs, combien il


l’ont comblée de grands bienfaits, et combien il est digne qu’ils
l’aient confiée à nous, leur successeur, pour qu’elle soit élevée dans
les sommets des dignités impériales. Nous avons reçu, venant à notre
cour, Héracle, archevêque et primat du siège de Lyon (qui, aux temps
anciens, l’emportait sur les autres cités par ses premiers prêtres selon
le rite des païens et ses premiers docteurs de la Loi ; qui, maintenant,
domine plus largement par la religion divine et la magnificence impé-
riale ; qui est la première parmi les églises de la Gaule, et brille par
la dignité primatiale) avec tout l’honneur dû à sa dignité, et l’avons
traité avec la bienveillance accoutumée. Comme la pieuse et vénérable
autorité de nos prédécesseurs l’a établi, et comme leurs documents
sacrés (sacra munimenta) nous l’ont appris, nous l’avons investi de tout
le corps de la cité de Lyon et de tous les regalia, dans ou hors la cité,
et dans tout l’archevêché, tels que l’Église de Lyon semble les avoir
pleinement tenus tant autrefois qu’aujourd’hui.
Nous avons donc concédé au susdit archevêque et primat Héracle,
et par lui à tous ses successeurs à perpétuité, le corps entier de la ville
de Lyon et tous les droits régaliens dans toute l’étendue de l’archevêché
en deçà de la Saône, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la ville, sur
les abbayes et leurs possessions, les monastères, les églises et leurs
dépendances en quelque lieu qu’elles soient, sur les droits comtaux, les
tribunaux, les duels, les marchés, la monnaie, les tonlieux, les péages,
les châteaux, les bourgs et villages, les terres, les serfs et les serves, les
tributaires, les dîmes, les forêts et les bois, les chasses, les moulins, les
eaux et les cours d’eaux, les champs, les prés, les pâturages, les terres
cultivées et incultes, et généralement tout ce qui relève de l’Empire
dans l’évêché de Lyon. Nous lui avons aussi concédé, relevant de l’ancien
comme du nouveau droit, les chasements tant du comte de Savoie que
tous les autres relevant de l’Église de Lyon, et dans tous, que ce soit
dans ou en dehors de l’évêché de Lyon, la juridiction générale. Que
nul n’entreprenne donc d’exercer sur ces choses un pouvoir tyran-
nique, que nulle puissance ne cherche à s’y immiscer avec violence,
que nul comte, nul juge ne prétende y exercer quelque juridiction,
sinon l’archevêque et primat de Lyon. Que toute la possession de ces
droits soit à l’Église de Lyon au titre de l’immunité. Que cette cité
de Lyon et tout l’évêché soient donc libres de tout pouvoir extérieur,
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 195

étant sauve en tout la justice impériale. Que ceux qui servent Dieu
en ce lieu puissent et veuillent nous recommander, nous l’auteur et le
confirmateur, par leurs prières empressées à Dieu, comme ils célèbrent
la mémoire du premier fondateur.
Par ailleurs, afin que l’Église de Lyon exulte et se réjouisse d’avoir
reconnu l’empereur des Romains pour son seigneur, nous investissons,
par une nouvelle et gratuite marque d’affection, son archevêque d’une
prérogative plus ample et plus éminente, qui puisse être du fait de notre
excellence impériale : qu’il soit à jamais le très glorieux exarque de notre
sacré Palais de Bourgogne, et le prince le plus élevé de notre conseil et
le plus éminent dans tous nos faits et gestes.
Afin que notre donation et confirmation soit garantie à jamais, nous
avons ordonné que cette page soit écrite et qu’elle soit scellée d’une bulle
d’or, qu’elle porte notre seing, et que des témoins idoines, dont les noms
suivent, soient ajoutés. Humbert archevêque de Besançon, Adon abbé
de Saint-Oyend, Henri protonotaire de la cour, Eberhard archidiacre
de Besançon, Mathieu duc de Lorraine, Berthold duc de Zähringen,
Depold frère du duc de Bohême, Ulrich comte de Lenzbourg, Hugues
comte de Dagsbourg, Étienne comte.
Seing du Seigneur Frédéric empereur très invincible des Romains.
Moi Rainald chancelier, j’ai reconnu à la place d’Étienne archevêque de
Vienne et archichancelier. Donné à Arbois le 14 des calendes de décembre,
indiction 5, l’an du Seigneur 1157, sous le règne du seigneur Frédéric
empereur très glorieux des Romains, la sixième année du royaume, la
troisième de l’Empire.

Source

Original : Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 2546,


no 2. – Copie : Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 576,
fol. 41 ro-42 ro (copie du xive siècle). – Éditions : Guigue, Georges,
« Les bulles d’or de Frédéric Barberousse pour les archevêques de Lyon
(1157-1184) ; texte d’après les originaux », Bulletin philologique et his-
torique, 1917, p. 52-62, ici p. 58-60. Die Urkunden Friedrichs I., 1152-
1158, éd. par Heinrich Appelt, Hannover : Hahnsche Buchhandlung
(Monumenta Germanie historica. Diplomata ; X, 1), 1975, no 192, p. 321-323.
– Traduction : Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard
196 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à Valdès, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et


d’archéologie médiévales ; 10), 2003, p. 372-373. Traduit du latin.

Bibliographie

Aubret, Louis, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, éd. par Marie-


Claude Guigue, Trévoux : Damour, 1868, I, p. 344. Bonnassieux,
Pierre, « Observations sur cette question : le Lyonnais faisait-il partie
de la France en 1259 ? », Bibliothèque de l’École des chartes, 35 (1874),
p. 57-65, ici p. 60.
Fournier, Paul, Le royaume d’Arles et de Vienne (1138-1378) : étude sur
la formation territoriale de la France dans l’Est et le Sud-Est, Paris :
Alphonse Picard, 1891, p. 24, p. 53 et p. 74.
Pouzet, Philibert, L’Anglais Jean dit Bellesmains, 1122-1204 : évêque de
Poitiers, 1162-1182, puis archevêque de Lyon, 1182-1193, Lyon : Camus
et Carnet, 1927, p. 86.
Pouzet, Philibert, « Le gouvernement de l’Église », dans Kleinclausz,
Arthur, Histoire de Lyon. Tome I : Des origines à 1595, Lyon : Pierre
Masson, 1939, p. 111-216, ici p. 115.
Déniau, Jean, Histoire de Lyon et du Lyonnais, Paris : Presses universitaires
de France (Que sais-je ? ; 481), 1951, p. 30.
Gerner, Hubert, Lyon im Frühmittelalter : Studien zur Geschichte der Stadt,
des Erzbistums und der Grafschaft im 9. und 10. Jahrhundert, Köln :
Wienand, 1968, p. 146-164.
Picard, Jean, « La chronique Quae in posterum de Bernard d’Ambronay »,
dans Miscellanea Cartusiana 4, Salzburg : Institut für Anglistik und
Amerikanistik, Universität Salzburg (Analecta Cartusiana ; 43), 1979,
p. 3-57, ici p. 43-44.
Lorcin, Marie-Thérèse, Rubellin, Michel, et Méras, Mathieu, « Dix
siècles de Moyen Âge », dans Le Rhône et Lyon de la Préhistoire à nos jours,
sous la dir. de Gilbert Garrier, Saint-Jean-d’Angély : Bordessoules
(L’Histoire par les documents), 1987, p. 102.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 40-47.
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 197

Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :


Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 370-372. Lyon : primatiale des Gaules, dir.
par Philippe Barbarin, Strasbourg : La Nuée bleue (La Grâce d’une
cathédrale ; 3), 2011, p. 337 (avec reproduction photographique).

II.15. RIVE GAUCHE, RIVE DROITE :


DEUX INTERVENTIONS PARALLÈLES (1188 ET 1208).

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

Dans le sillage de la Bulle d’or de 1157 et des observations qu’elle


suscite quant à la limite fluviale de l’Empire, il est intéressant de mettre
en parallèle la concession, par Henri VI, « roi des Romains », du péage
de Trévoux, sur la rive gauche de la Saône, en amont de Lyon (1188), et
celle, par Philippe Auguste, « roi des Francs », de celui de Givors, sur
la rive droite du Rhône, en aval de la cité (1208). Bien que largement
postérieurs à la Bulle d’or, et eux-mêmes distants d’une vingtaine
d’années, ces deux actes renforcent l’idée suggérée par la documenta-
tion du milieu du xiie siècle, tendant à fixer sur le cours de la Saône et
du Rhône la limite entre le Royaume et l’Empire (II.13. et II.14.). Les
péages (pedagia ou pedagium dans les deux textes) font en effet partie des
droits régaliens : c’est à ce titre qu’ils sont mentionnés dans le diplôme
de 1157, récemment réitéré (1184). Du côté de Philippe Auguste, rien
ne semble justifier la concession du péage de Givors à l’archevêque
Renaud, sinon l’appartenance de cette localité, et donc le rattachement
de la partie occidentale du diocèse, à la mouvance capétienne. Car il
ne s’agit pas d’un acte isolé : la confirmation de la permutatio de 1173
(II.25.) et l’intervention dans les affaires de l’abbaye de Savigny (II.19.)
illustrent, elles aussi, le partage territorial qui s’est opéré au cours
du xiie siècle entre le Royaume et l’Empire – un partage d’ailleurs
reconnu de manière très explicite, vers 1200, par l’ancien archevêque
Jean Bellesmains (II.28.).
198 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Le diplôme d’Henri VI, daté de Theyssonacum (localité non identifiée)


est contemporain de son passage à Lyon en 1188. L’original semble
perdu depuis longtemps, et l’acte n’est connu que par une copie, elle
aussi disparue, insérée dans un diplôme de Frédéric II de 1238, autrefois
conservé au château de Maillat, que Guichenon fut le premier à éditer.
Le diplôme de Philippe Auguste, dont l’original subsiste (voir ill. 10),
est d’autant plus intéressant que l’empereur Frédéric est lui-même
réputé avoir fait délivrer un acte, par sa chancellerie, à Givors en 1170.
Son obtention est rappelée dans la notice nécrologique de l’archevêque
Renaud (II.29.).
II.15.A. CONCESSION D’UN PÉAGE À TRÉVOUX (23 JUILLET 1188)

Document

Henri VI, par la faveur de la clémence divine, roi des Romains et


toujours auguste. Nous faisons savoir à tous les fidèles de l’Empire,
présents et futurs, que, remarquant le dévouement constant et sincère
que notre fidèle Humbert de Thoire a témoigné à notre majesté et dont
on croit qu’à l’avenir il répondra toujours avec une entière fidélité, nous
lui concédons deux péages que tenait Étienne de Villars de l’autorité
royale, pour les tenir à son tour, en arrière-fief de l’Empire : l’un, de six
deniers de France sur la route publique, proche d’Ambronay ; l’autre,
de six deniers sur la rivière de Saône, à Trévoux. En outre, nous vou-
lons que parvienne à la connaissance de la postérité qu’Humbert, cité
plus haut, a donné certains de ses alleux en toute propriété, savoir le
château de Varey, et semblablement ce qu’Amédée de Coligny tient du
même Humbert, savoir la moitié du château de Saint-André et le quart
de Varey ; et, en outre, tout ce qui est tenu du même Humbert dans
la paroisse de Poncin, à titre de fief, par ledit Amédée ou par quelque
autre que ce soit a été donné en propriété d’Empire. Toutes ces choses,
dont nous avons reçu la propriété de cet Humbert cité plus haut, nous
les lui avons concédées à notre tour pour les tenir toujours de l’Empire
à titre de fief, décidant et, de l’autorité royale, ordonnant fermement,
par cette impériale et pragmatique constitution, qu’absolument aucune
personne, de haute ou humble condition, laïque ou ecclésiastique, n’ait
l’audace de contrevenir à cet acte écrit par nous ou de l’anéantir d’une
quelconque manière. Celui qui aurait l’audace de le faire, qu’il paye
Ill. 10 – Diplôme de Philippe Auguste concernant le péage de Givors.
© Arch. dép. Rhône, 10 G 2387, no 1.
200 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

une amende de quarante livres d’or, la moitié à notre Trésor, et le reste


subi à titre de dommage.
Pour preuve perpétuelle de cette chose, nous avons donc ordonné qu’on
rédige la présente charte et qu’on la munisse du sceau de notre majesté.
Les témoins de cette chose sont : Henri, évêque de Bâle ; Otton, duc
de Bourgogne ; notre illustre frère Conrad, comte palatin du Rhin ;
Hugues, duc de Dijon ; le comte Hugues de Leiningen, et plusieurs autres.
Donné à Theyssonacum, l’an du Seigneur 1188, indiction 6, le 10 des
calendes d’août.

Source

Guichenon, Samuel, Histoire de Bresse et de Bugey, Lyon : Jean-Antoine


Huguetan et Marc-Antoine Ravaud, 1650, Preuves de Bugey, p. 248-251
(« Tirée du Chasteau de Mailla en Bugey »). Bibliotheca Dumbensis, ou Recueil
de chartes, titres et documents relatifs à l’histoire de Dombes. Tome I, éd. par
Joannès-Erhard Valentin-Smith et Marie-Claude Guigue, Trévoux :
imprimerie de Damour, 1854, p. 131-132. Historia diplomatica Friderici
secundi. Tomus V, pars I, éd. par Jean-Louis-Alphonse Huillard-Bréholles,
Paris : Henri Plon, 1857, p. 246-247. – Mention : Regesta Imperii. IV : Ältere
Staufer. Dritte Abteilung : Die Regesten des Kaiserreiches unter Heinrich VI.,
1165 (1190) – 1197, éd. par Gerhard Baaken d’après Johann Friedrich
Böhmer, Köln / Wien : Böhlau, 1972, p. 33-34. Traduit du latin.
II.15.B. CONCESSION D’UN PÉAGE À GIVORS (1208)

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Ainsi soit-il. Philippe,


par la grâce de Dieu roi des Francs. Sachent tous, présents et futurs
également, qu’à notre très cher parent et fidèle Renaud, archevêque de
Lyon, et par lui à l’Église de Lyon, en considération de son dévouement
et de la fidélité qu’il nous a toujours témoignée, nous concédons à per-
pétuité, dans le château de Givors, un péage, tant par terre que par eau,
de douze deniers forts sur les grands chargements et de six deniers, forts
également, sur les petits chargements.
Pour assurer sa force perpétuelle, nous confirmons le présent acte
par l’autorité de notre sceau et le monogramme royal tracé plus bas.
LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 201

Fait à Compiègne, l’an du Seigneur 1208, et de notre règne la


29  année, étant présents dans notre palais ceux dont les noms et sous-
e

criptions sont portés ci-dessous : nul n’étant sénéchal ; Guy, bouteiller ;


Mathieu, chambrier ; Dreux, connétable.
Donnée, la chancellerie vacante, par la main de frère Guérin.

Source

Original : Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 2387, no 1.


– Éditions : Guigue, Georges, « Le carcabeau du péage de Givors,
xiiie-xive siècles », Revue lyonnaise, 5 (1883), p. 98-106, ici p. 99. Recueil
des actes de Philippe-Auguste, roi de France. Tome III : Années du règne
XXVIII à XXXVI (1er novembre 1206-31 octobre 1215), éd. par Jacques
Monicat et Jacques Boussard, Paris : Imprimerie nationale (Chartes
et diplômes relatifs à l’histoire de France), 1966, p. 116, no 1046. – Autre
traduction française (René Lacour) : Histoire du Lyonnais par les textes,
Lyon : Centre régional de documentation pédagogique, 1963, p. 26,
no 15. Traduit du latin.

II.16. « EMPEREUR DES ROMAINS » ET « ROI DES FRANCS »


DANS LES ACTES DATÉS DE LYON AU XIIe SIÈCLE

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

Comme ceux du xie siècle à partir des années 1030, les actes du


xii  siècle sont rarement datés ou, lorsqu’ils le sont, ne se réfèrent souvent
e

qu’à l’année de l’Incarnation, voire au pontificat contemporain. La datation


par référence au règne correspond donc à une pratique exceptionnelle,
sans doute à mettre en rapport avec l’éloignement du pouvoir royal ou
impérial. La liste ci-dessous, avec la composition de 1167, la permutation
de 1173 et la fondation du chapitre Saint-Thomas de Fourvière en 1192
qui sont repris intégralement ci-dessous (II.24., II.25 et II.27.), recense
les rares exceptions émanant des autorités religieuses qui ont leur siège
202 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

dans la cité : il s’agit surtout de l’archevêque et du chapitre cathédral,


et, exceptionnellement, du chapitre de Saint-Paul (II.16.b.) et de l’abbesse
de Saint-Pierre (II.16.g.). La mention du règne n’est alors pas exclusive
des éléments de datation plus ordinaires, comme le millésime ou la
référence au pontificat ou à l’archiépiscopat.
La répartition chronologique des mentions de règne est extrême-
ment inégale, avec un seul acte (II.16.a.) antérieur à 1175 – deux, si
l’on tient compte de l’accord de 1167 (II.24.). Ce déséquilibre reflète
celui de la documentation en général, qui devient plus abondante dans
le dernier quart du xiie siècle. Sans surprise, ce sont les empereurs
Henri V et Frédéric Ier Barberousse qui sont d’abord visés (II.16.a.
et II.16.b.), et l’on observera que la référence à l’empire est ensuite
toujours présente. Elle reste même exclusive de toute autre mention
princière dans les actes du chapitre cathédral (II.16.d. et II.16.e.). En
revanche, dès 1176 (II.16.c.), elle s’accompagne toujours de la mention
du « roi des Francs », notamment lorsque l’archevêque est partie à
l’acte. Le fait, peu commenté jusqu’à présent, reflète-t-il l’extension de
l’archevêché « tant sur les terres d’Empire que sur celles du royaume
de France » (II.28.) ?

Documents

II.16.A. STATUT SUR L’AUMÔNE DUE PAR LES SEIGNEURS OBÉANCIERS


DU CHAPITRE CATHÉDRAL (1123)

[…] Cette charte a été faite et corroborée ensemble, à Lyon, l’an de


l’Incarnation du Seigneur 11231, indiction 1, sous le règne d’Henri,
glorieux empereur des Romains, la 5e année du pontificat du pape
Calixte II. Remise par la main de Jean, chancelier.

1 Dans l’original, 1023.


LE LYONNAIS PARTAGÉ ENTRE ROYAUME ET EMPIRE 203

II.16.B. ACCORD ENTRE LES CHANOINES DE SAINT-PAUL DE LYON


ET LES RELIGIEUSES DE BLYES AU SUJET DES DÎMES DE CETTE PAROISSE
(1er JUILLET 1176)

Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L’an de l’Incarnation du


Seigneur 1176, indiction 9, le jour des calendes de juillet, l’empereur
Frédéric régnant, Guichard étant archevêque […].
II.16.C. CESSION, PAR L’ARCHEVÊQUE GUICHARD, À L’ÉGLISE SAINT-PAUL
DE LYON, D’UNE PIÈCE DE TERRE POUR AGRANDIR SON CIMETIÈRE (1176)

[…] Cela a été fait l’an de l’Incarnation du Seigneur 1176, le seigneur


pape Alexandre III présidant à l’Église romaine, régnant Frédéric,
empereur des Romains, et Louis, roi des Francs. […].
II.16.D. PRISE EN FIEF DE L’ÉGLISE DE LYON, PAR LE CHANOINE HUGUES FERLO,
D’UN MAS À LACHASSAGNE (1186)

[…] Ces choses ont été faites l’an de l’Incarnation du Seigneur 1186,
Frédéric, très pieux empereur des Romains, régnant, et Jean étant
archevêque de l’Église de Lyon. […].
II.16.E. PARTAGE DE TERRES ENTRE LES CHANOINES DU CHAPITRE
CATHÉDRAL (1187)

[…] Cela a été fait l’an de l’Incarnation du Seigneur 1187, Frédéric,


très pieux empereur des Romains, régnant, et Jean, vénérable arche-
vêque, présidant à Lyon.
II.16.F. ENGAGEMENT, PAR L’ARCHEVÊQUE ET L’ÉGLISE DE LYON,
AUX CITOYENS DE LYON DES TAILLES COUTUMIÈRES LEVÉES
SUR LES MARCHANDISES DANS LA CITÉ (1193)

Cela a été fait l’an de l’Incarnation du Seigneur 1193, le pape


Célestin III présidant à l’Église romaine, l’empereur des Romains,
toujours auguste, Henri exerçant l’empire, et Philippe, roi des Francs,
régnant.
204 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.16.G. ACCORD CONCLU ENTRE L’ABBESSE DE SAINT-PIERRE DE LYON


ET GAUTIER DE CHAPONNAY, AU SUJET D’UNE VIGNE DE SERIN (1194)

[…] Cela a été fait l’an de l’Incarnation du Seigneur 1194, sous Henri,
empereur, Philippe, roi des Francs, Renaud, archevêque de Lyon, dans
notre cour […].

Sources

Lyon, Archives départementales du Rhône, 10 G 416, no 4 (a) [copie du


xiiie s.], 10 G 416, no 9 (e) [éd. : Obituarium Lugdunensis Ecclesiae. Nécrologe
des personnages illustres et des bienfaiteurs de l’Église métropolitaine de Lyon du IXe
au XVe siècle, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Nicolas Scheuring, 1867,
Pièces justificatives, no 10, p. 180-182], 10 G 715, no 1 (f) [éd. : Cartulaire
municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Auguste
Brun (Publications de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon),
1876, App. no I], 10 G 1954 (d) [éd. : Obituarium…, Pièces justificatives,
no 8, p. 179-180] ; 13 G 338 (c) [éd. : Obituarium…, Pièces justificatives,
no 4, p. 177] ; 13 G 911, no 1 (b) [copie xive s. ; éd. : Polyptique de l’église
collégiale de Saint-Paul de Lyon, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon :
Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique et archéologique
de Lyon), 1875, App. no II] ; 27 H 248, no 1 (g) [éd. : Cartulaire lyonnais.
I : Documents antérieurs à l’année 1255, éd. par Marie-Claude Guigue,
Lyon : Association typographique (Collection de documents inédits pour
servir à l’histoire du Lyonnais), 1885, no 67]. Traduit du latin.

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 79-83.
L’ABBAYE DE SAVIGNY
Cible d’ambitions rivales,
témoin de la pénétration capétienne

II.17. LA DATATION DES ACTES SAVINIENS AU XIIe SIÈCLE :


UNE RÉFÉRENCE CONSTANTE, PUIS EXCLUSIVE,
AU « ROI DES FRANCS »

Documents présentés et traduits par Pierre GANIVET

Présentation

L’abbaye de Savigny constituait, après l’archevêque et l’Église de


Lyon, les comtes de Forez et les sires de Beaujeu, l’une des quatre plus
grandes puissances du Lyonnais médiéval. Sa position géographique
la désigne comme un excellent observatoire de l’évolution politique
qu’on a vue s’esquisser au xiie siècle : la production documentaire de
ce monastère, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la cité
de Lyon, révèle des pratiques diplomatiques très différentes de celles
qu’observaient les églises implantées dans la cité dans leur manière de
dater leurs actes, lorsque ceux-ci étaient datés (II.16.). Il est vrai que les
actes saviniens datés par référence à un règne offrent un décalage chro-
nologique par rapport à ceux que réunit la rubrique précédente. Il n’en
demeure pas moins que ces actes, insérés dans le Livre des chartes de l’abbé
Ponce au moment de sa compilation vers 1135 (II.04.), ou transcrits plus
tard sur ses derniers feuillets restés vierges, apportent un témoignage
irremplaçable sur la pénétration de l’influence capétienne dans la partie
occidentale du diocèse.
Les formules de datation des trois premiers se réfèrent simultanément
au règne ou à l’empire d’Henri IV († 1106) et d’Henri V († 1125) « en
206 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bourgogne » (in Burgundia) ou « en Allemagne » (in Alemania), d’une


part, et au règne de Philippe Ier († 1108) et de Louis VI († 1137) « en
France » (in Francia), d’autre part. À dire vrai, la double datation des
actes saviniens par référence à l’empereur et au roi de France se rencontre
dès les années 1080. Mais l’interprétation des actes de cette décennie est
malaisée, car, soit ils concernent des personnages originaires de provinces
« françaises », lointaines (Saintonge) ou voisines (Beaujolais), soit leurs
dates présentent des anomalies qui les rendent suspectes (mentions en
1087 de l’archevêque Gébuin, mort en 1082). Le premier acte vraiment
significatif – en raison de l’absence de lien quelconque de ses acteurs et
de ses lieux avec le royaume capétien – est à peu près contemporain de
celui qui clôt, en 1098, une série d’actes datés exclusivement des règnes
d’Henri III, Henri IV et Henri V en Bourgogne (II.02.j.) : il s’agit de la
donation de l’église de Feurs par l’archevêque de Lyon (II.17.a.). La réfé-
rence à l’empereur Henri IV se comprend parfaitement à la lumière du
transfert de l’ancien pagus Lugdunensis (et du royaume de Bourgogne dans
son ensemble) sous l’autorité des rois et empereurs germaniques ; mais
quid de la mention de « Philippe en France » ? Aubret, au xviiie siècle,
avait raison de souligner que l’incise in Francia s’opposait à la conclusion
qu’en avaient tirée certains de ces prédécesseurs comme La Mure ou
de Camps, d’une « haute souveraineté » des rois de France, puisque Lyon
et le Lyonnais appartenaient à la Burgundia, sur laquelle l’empereur est
expressément reconnu régner. La référence aux deux règnes n’en reste
pas moins inédite par rapport aux pratiques diplomatiques des deux
siècles précédents. D’ailleurs, l’argument d’Aubret perd de sa pertinence
au regard du troisième acte (1121), avec la mention du règne d’Henri V
« en Allemagne » (II.17.c.) : la cité et l’archevêché de Lyon ne se trouvant
manifestement ni in Francia, ni in Alemania, le scribe Roger ne pouvait
exprimer de meilleure manière cette impression « d’entre-deux » que
laissent les premières mentions saviniennes. Le basculement s’opère rapi-
dement : la référence au « roi des Francs » devient exclusive dès les années
1120 (II.17.d. et II.17.e.), quels que soient les personnages et les localités
concernés. La seule exception se rencontre en 1162, lorsqu’est mentionné
aussi le règne de Frédéric (dont le nom est déformé en Frédélan) … « en
Italie » (in Italia) : la notice, rédigée a posteriori, se fait ainsi l’écho de la
toute récente victoire de Milan (février 1162). La référence à l’empereur
apparaît, en conséquence, comme une fausse exception, et s’apparente
L’ABBAYE DE SAVIGNY 207

à un simple repère événementiel, comme les dissensions qui agitent le


chapitre après la mort de l’archevêque Humbaud en 1128 (II.17.f.), ou
la querelle entre le comte et l’archevêque en 1162 (II.17.g.).
II.17.A. DONATION, PAR PLUSIEURS LAÏCS FORÉZIENS, À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE L’ÉGLISE FORÉZIENNE DE SALVIZINET, AVEC L’APPROBATION D’HUGUES,
ARCHEVÊQUE DE LYON (1096/1101)

[…] Étant témoins Girin le Chauve, doyen, Rostaing, archidiacre,


Girin, chapelain, avec beaucoup d’autres clercs et laïcs, Henri exerçant
l’empire en Bourgogne, et Philippe en France.
II.17.B. DONATION, PAR L’ARCHEVÊQUE DE LYON, À L’ABBAYE DE SAVIGNY
DE L’ÉGLISE DE FEURS (1101)

[…] Fait à Lyon, dans le chapitre des chanoines, l’an de l’Incarnation


du Seigneur 1101, indiction 9, 2e jour de la lune, Philippe régnant en
France, Henri en Bourgogne.
II.17.C. CONFLIT RELATIF À L’ÉGLISE DE DUERNE, OPPOSANT LES MOINES
DE SAVIGNY À HUGUES DE BEAUJEU, ABBÉ DE SAINT-JUST, PORTÉ DEVANT
L’ARCHEVÊQUE HUMBAUD ET LES DIGNITAIRES DU CHAPITRE CATHÉDRAL
(1121)

[…] Fait à Lyon, en présence des personnages susdits, l’an de


l’Incarnation du Seigneur 1121, Louis régnant en France, Henri exerçant
l’empire en Allemagne. Écrit de la main de Roger, moine.
II.17.D. DONATION, PAR GIRARD, ÉVÊQUE D’ANGOULÊME ET LÉGAT DU SIÈGE
APOSTOLIQUE, À L’ABBAYE DE SAVIGNY, DE L’ÉGLISE DE SAINT-AMANT SUR
LA CHARENTE (1124)

[…] Cette donation a été faite l’an de l’Incarnation du Seigneur 1124,


dans le chapitre de Savigny, Louis, roi des Francs, régnant.
II.17.E. ACCORD ENTRE LE PRIEUR DE MONTROTTIER ET LE VIGUIER DE
PANISSIÈRES SUR LES DROITS DE CE DERNIER (12 AOÛT 1127)

[…] Fait à Savigny, l’an de l’Incarnation du Seigneur 1127, indiction 5,


épacte 6, concurrent 5, au mois d’août, la veille des ides de ce mois, le
très pieux roi Louis régnant en France. Écrit de la main de Roger.
208 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.17.F. DONATION DE LA VILLA DE VINDRY ET ABANDON DE LA GARDE


DE SAINT-LOUP PAR AYMON DE LAY (15 MARS 1128)

[…] Ces choses ont été faites au château de Lay, dans la maison
d’Aymon, devant les témoins indiqués, férie 5 de la première semaine de
Carême, l’an de l’Incarnation du Seigneur 1128, indiction 6, épacte 17,
concurrent 7, et le très pieux roi Louis régnant en France pour la
10e année1, pendant qu’à Lyon, après la mort de l’archevêque Humbaud2,
le clergé tombait en conflit au sujet du siège archiépiscopal. Écrit de la
main de Roger.
II.17.G. RESTITUTION PAR MILON, ABBÉ DE SAVIGNY, DES TONLIEUX DU
MARCHÉ DE SAIN-BEL POUR LE RÉFECTOIRE DES FRÈRES (25 FÉVRIER 1162)

L’an de l’Incarnation du Seigneur 1161, le très victorieux empereur


Frédélan régnant en Italie, et le roi Louis en France, Héracle gouvernant
l’archevêché de Lyon, et lui-même, avec le clergé, se querellant avec le
comte de Forez, le seigneur Milon, abbé de Savigny, […] siégeant dans
le chapitre, le premier dimanche de Carême […].
II.17.H. VENTE PAR PIERRE DES ÉTOUX, AU MONASTÈRE DE SAVIGNY,
DE FONDS SITUÉS À L’ARBRESLE (1173)

[…] Fait à Saint-Lager, Louis VII, roi des Francs, régnant, l’an de


l’Incarnation du Seigneur 1173, l’archevêque Guichard, légat du Siège
apostolique, siégeant à Lyon.

Sources

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye


d’Ainay. Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard,
Paris : Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire
de France. Première Série : Histoire politique), 1853, no 834 (a), p. 443, no 819
(b), p. 433-434, no 907 (c), p. 484-485, no 933 (d), p. 500-501, no 916
(e), p. 491-493, no 913 (f), p. 488-489, no 944 (g), p. 511-512, no 946 (h),
p. 513. Traduit du latin.

1 Sic. Il faut corriger : 20e.


2 Survenue le 3 novembre 1127.
L’ABBAYE DE SAVIGNY 209

Bibliographie

Aubret, Louis, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, éd. par Marie-


Claude Guigue, Trévoux : Damour, 1868, I, p. 249-319.
Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay.
Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris :
Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de
France. Première Série : Histoire politique), 1853, p. xc-xcix.

II.18. L’EMPEREUR ACCORDE SA PROTECTION AUX MOINES


DE SAVIGNY : UN DIPLÔME DE FRÉDÉRIC Ier BARBEROUSSE
(7 SEPTEMBRE 1162)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

En 1874, Auguste Longnon publia une carte du royaume de France


au temps de saint Louis, incluant la partie du Lyonnais située sur la
rive droite de la Saône et du Rhône. L’intégration de ces territoires
au royaume capétien lui valut des « observations » particulières de
Bonnassieux, qui publiait au même moment sa Réunion de Lyon à la
France. Parmi les arguments présentés par Longnon dans ses « notes
explicatives », figure notamment le fait que « l’autorité du roi de France
était reconnue dans l’abbaye de Savigny » (II.17.). Cet argument est celui
que son contradicteur sembla réfuter de la manière la plus péremptoire,
en affirmant qu’« à diverses reprises, on voit l’empereur d’Allemagne
faire acte de souveraineté sur les moines de Savigny ». Bonnassieux ne
se prévalait pourtant que d’un seul acte : le diplôme de 1162 par lequel
Frédéric Barberousse « confirma solennellement les privilèges et pos-
sessions de l’abbaye ». L’auteur aurait, certes, pu évoquer également le
précepte d’Henri IV de 1087, reconnaissant à Savigny la possession du
prieuré de Lutry, au diocèse de Lausanne1 ; cet acte a ceci de remarquable

1 Cartulaire de Savigny, no 809.


210 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

qu’il est le seul diplôme impérial concédé à une église lyonnaise avant
la Bulle d’or de 1157. Mais, passée cette date, il ne subsiste aucune trace
d’une intervention impériale dans les affaires de l’abbaye lyonnaise, en
dehors du diplôme de 1162, aujourd’hui connu par un simple vidimus
de 1481 et deux copies du xviiie siècle. Cet acte tient donc une place
déterminante dans la fixation de la juridiction impériale sur l’abbaye.
Il fut délivré à la requête de l’archevêque Héracle, qui avait rejoint
l’empereur à Saint-Jean-de-Losne, après la prise de la cité de Lyon par
le comte Guigues (II.21.). Il a pour objet précis de confirmer à l’abbaye
de Savigny l’ensemble des églises situées sur les terres d’Empire et qui
lui sont affiliées, c’est-à-dire ses dépendances des diocèses de Lausanne
(Lutry), Genève (Talloires, Saint-Jorioz, Lovagny) et Die (Bourdeaux),
et de les placer sous la protection impériale. Or –  c’est là un point
fondamental –, l’empereur n’étend pas cette protection à l’abbaye elle-
même, ni à ses possessions au diocèse de Lyon, toutes situées à l’ouest
de la Saône et du Rhône. Le texte ne saurait donc être considéré comme
une preuve de la souveraineté impériale sur l’abbaye de Savigny (nul,
d’ailleurs, n’aurait l’idée de déduire l’appartenance de Cluny à l’Empire
d’après le diplôme concédé à l’abbaye bourguignonne par Henri III en
1049 : cf. II.03.). Il tend, au contraire, à confirmer le fait que la partie
occidentale du diocèse échappe à l’Empire dès le milieu du xiie siècle.

Document

Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Frédéric, par la faveur


de la clémence divine, empereur des Romains, auguste. Notre bonté a
toujours eu coutume d’accéder aux prières des fidèles et n’a jamais refusé
son assentiment bienveillant aux vœux de ceux qui se montraient plein
de mérites, en particulier de ceux qui, par l’accomplissement de leurs
actions, ont très souvent fait montre d’un dévouement et d’une fidélité
sincère envers l’honneur et le service de l’empire. Pour cette raison,
sachent tous les fidèles de l’empire, présents et futurs, que, d’abord par
égard pour Dieu, deuxièmement en réponse à l’intercession de notre
très cher prince Héracle, primat et vénérable archevêque de Lyon, et à
la pieuse requête de nos autres fidèles, nous prenons sous notre protec-
tion impériale l’église de Lutry avec son prieur et ses frères, et aussi ses
biens et possessions, avec leurs dépendances intérieures et extérieures.
L’ABBAYE DE SAVIGNY 211

En outre, puisque la susdite église de Lutry, qui est située dans


l’évêché de Lausanne, avec ses dépendances, ensemble les prieurés sui-
vants, à savoir le prieuré de Talloires avec ses dépendances, l’église de
Saint-Jorioz, et l’église de Lovagny, et l’église de Bourdeaux, et leurs
dépendances, se rattachent en tant que filles au monastère de Savigny,
nous les recevons tous sous notre protection. Et, emboîtant le pas de
nos prédécesseurs, nous concédons au monastère de Savigny les biens
susdits et les possessions acquises à bon droit ou qui seront acquises
légalement à l’avenir, en tous lieux de notre empire ; et, par l’autorité
impériale, nous les confirmons en ajoutant tout ce qui est utile au même
monastère, savoir – en dépendants des deux sexes, en places à bâtir, en
édifices, prés, pâtures, terres cultivées et incultes, voies et accès, chasses,
eaux et cours d’eau, meules et moulins, pêcheries, voies de sortie et de
retour, avec aussi toutes leurs éventuelles productions utiles au monastère
précité de Savigny et aux susdites églises qui lui sont soumises.
Par ailleurs, prononçant par notre édit impérial, nous ordonnons à
toute personne dans notre empire, grande ou petite, laïque ou ecclésias-
tique, de n’avoir pas l’impudence de troubler, d’ennuyer ou d’importuner
de quelque façon le monastère mentionné ci-dessus de Savigny ou les
églises qui lui sont soumises. Mais si quelqu’un, par une audace témé-
raire, osait contrevenir à notre précepte, il devrait régler et acquitter
cent livres d’or à titre d’amende, la moitié à notre fisc et la moitié au
monastère de Savigny.
Pour éviter que naisse, à l’avenir, le moindre doute à propos des
prieurés susdits, il est établi que relèvent de l’évêché de Genève ces
trois prieurés de Talloires, de Saint-Jorioz et de Lovagny ; le prieuré de
Bourdeaux, quant à lui, relève de l’évêché de Die. Ainsi donc, toutes
les églises susdites et leurs possessions, nous les confirmons librement
au monastère de Savigny, ce que nous fortifions de notre sceau, étant
sauve en tout la justice impériale.
Les témoins de cette concession et confirmation, sont : Héracle, pri-
mat archevêque de Lyon ; Henri, duc de Bavière et de Saxe ; Berthold,
comte d’Andechs ; Henri, protonotaire ; Dreux, archidiacre de Lyon ;
Dalmace Morel, sénéchal de Lyon, et plusieurs autres.
Seing du seigneur Frédéric, empereur des Romains, très invincible.
Moi, Ulrich, chancelier, j’ai reconnu à la place de Rainald, élu de
Cologne, archichancelier.
212 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ces choses ont été faites l’an de l’Incarnation de Notre-Seigneur


1162, indiction 10, le seigneur Frédéric, empereur des Romains très
victorieux régnant, la 10e année de son règne, et la 7e de son empire.
Heureusement. Ainsi soit-il. Donné au Pont de Losne, sur la rivière de
Saône, le 7 des ides de septembre.

Source

Die Urkunden Friedrichs I., 1158-1167, éd. par Heinrich Appelt, Hannover :


Hahnsche Buchhandlung (Monumenta Germanie historica. Diplomata ; X,
2), 1979, no 387, p. 256-257. Traduit du latin.

Bibliographie

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay.


Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris :
Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de
France. Première Série : Histoire politique), 1853, p. xc-xcix.
Longnon, Auguste, « XXI. Notes explicatives des cartes », dans Jean,
sire de Joinville, Histoire de saint Louis, Credo et Lettre à Louis X,
éd. et trad. en français moderne par Natalis de Wailly, Paris :
Firmin Didot, 1874, p. 555-593, ici p. 563-564.
Bonnassieux, Pierre, « Observations sur cette question : le Lyonnais
faisait-il partie de la France en 1259 ? », Bibliothèque de l’École des
chartes, 35 (1874), p. 57-65.

II.19. LOUIS VII, ROI DES FRANCS, DISPOSE DE LA GARDE


DU MONASTÈRE DE SAVIGNY (VERS 1170)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Au xiie siècle, l’enclavement de la seigneurie savinienne entre les zones


d’influence respectives des trois principales puissances régionales – Église
L’ABBAYE DE SAVIGNY 213

de Lyon à l’est et au sud, comtes de Forez à l’ouest, et sires de Beaujeu au


nord – oblige les moines et leurs abbés à un jeu savant d’équilibre politique,
en même temps qu’il les place à la merci de leurs ambitions concurrentes.
Placé sous la dépendance de l’Église de Lyon en 852, l’abbaye avait d’abord
subi la tutelle plus ou moins pesante des archevêques carolingiens, puis
rodolphiens. En 1124, Pascal II lui accorda la protection du Siège apostolique.
Mais l’influence beaujolaise avait grandi depuis les années 1080 : généreux
bienfaiteurs de Saint-Martin de Savigny, les sires de Beaujeu furent, durant
plusieurs décennies, les « conseillers et protecteurs attitrés du monastère »,
selon l’heureuse expression des éditeurs des Chartes du Forez. Menacés par
l’expansion beaujolaise au-delà des Monts du Lyonnais, jusqu’aux portes du
Roannais et du Forez, les comtes semblent avoir enfin réagi par les armes
contre Humbert III. Ils ont également tenté de s’approprier le patronage
de l’abbaye : Guigues Ier († avant 1158) aurait même élu sépulture dans
le chœur de l’abbatiale. Son fils, Guigues II, réussit à obtenir l’abbaye de
son seigneur, le roi des Francs, auprès duquel Humbert III de Beaujeu ne
tarda pas à protester, avec succès. Voici donc la royauté capétienne qui, à la
faveur de rivalités locales, s’immisce dans les affaires saviniennes. Philippe
Auguste suivra son père sur cette voie.
Le document qui nous renseigne sur l’implication de Louis VII est
une notice rédigée au nom d’Humbert III, et copiée, peu après les faits
rapportés (vers 1170), sur un feuillet vierge du cartulaire de Notre-Dame
de Beaujeu. Initialement composé au milieu du xiie siècle, ce cartulaire
nous est parvenu mutilé et lacunaire, et la partie contenant la notice
d’Humbert III a disparu1. Marie-Claude Guigue l’a donc insérée dans
son édition du Cartulaire de Beaujeu d’après le texte heureusement
reproduit deux cents ans plus tôt par Étienne Pérard dans son Recueil de
plusieurs pièces curieuses servant à l’histoire de la Bourgogne (1664). Plusieurs
autres éditions en ont été données (Baluze, Bernard, Jacotin), toutes
d’après Pérard, la dernière en date étant celle des Chartes du Forez (1978).
Littéralement, le texte porte que c’est « l’abbaye » que le roi a d’abord
concédée au comte de Forez, et que c’est cette même « abbaye » qu’il a
ensuite restituée au sire de Beaujeu, lors de son passage à Montbrison
en 1170 ou 1171. En fait, le mot « abbaye » recouvre un simple ensemble
de droits et de devoirs sur elle. Pour les éditeurs des Chartes du Forez,
il s’agit de la « garde », c’est-à-dire d’une obligation de protection en
1 Archives départementales du Rhône, 18 G 76.
214 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

contrepartie de laquelle le gardien est en droit de percevoir certaines


taxes, de lever des hommes ou d’utiliser les châteaux qui dépendent de
l’église concernée.

Document

Afin que ce qui existe soit connu à l’avenir, moi, Humbert de Beaujeu,
je veux que les personnes présentes et à venir sachent que mon neveu
Guigues, comte de Forez, a restitué par la baguette à Louis, par la grâce
de Dieu roi des Francs, lorsque celui-ci revenait du Puy-Sainte-Marie,
emmenant avec lui, captifs, le vicomte de Polignac et son fils Héracle, le
don qu’il lui avait octroyé, à savoir la garde de l’abbaye de Savigny, qui
avait toujours été à mes prédécesseurs et à moi. Cette abbaye susdite, qui
avait été et doit être mienne, le roi me l’a restituée entière, par la même
baguette, savoir à Montbrison, en l’église de Sainte-Marie-Madeleine
hors la ville, où le roi entendit la messe.
Étant témoins, de l’entourage royal : Guy de Garlande ; Guy, bou-
teiller ; Guy de Chevreuse, mon parent.
Cela a été fait en présence de l’abbé de Savigny, qui fut là ainsi que
le grand-prieur, le cellérier et Bertrand de Tarare.
De l’entourage du comte de Forez : Guichard d’Oingt, Ponce
de Rochebaron et Ponce d’Aubigny.
Et de mon entourage : Arduin de La Salle ; Odelard, son parent ;
Hugues de Vinzelles, Maieul et Guillaume, son frère, de Vinzelles ;
Arduin Rabutin et Thomas de Grandris.

Source

Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Tome XIII – Chartes no 1558 à


1686, publiées par Édouard Perroy, Marguerite Gonon et Étienne
Fournial, Paris, Librairie Charles Klincksieck, 1978, no 1564. – Voir
aussi : Pérard, Étienne, Recueil de plusieurs pièces curieuses servant à l’histoire
de Bourgogne, Paris : Claude Cramoisy, 1664, p. 586 (sous la rubrique :
« Pieces adioustées du Cartulaire de l’Eglise Collegiale de Beauieu »).
Cartulaire de l’église collégiale Notre-Dame de Beaujeu, éd. par Marie-Claude
Guigue, Lyon : Auguste Brun, 1864, no 30. Traduit du latin.
L’ABBAYE DE SAVIGNY 215

Bibliographie

Cartulaire de l’abbaye de Savigny, suivi du Petit Cartulaire de l’abbaye d’Ainay.


Volume I : Cartulaire de Savigny, éd. par Auguste Bernard, Paris :
Imprimerie impériale (Collection de documents inédits sur l’histoire de
France. Première Série : Histoire politique), 1853, p. xc-xcix.
Méras, Mathieu, Le Beaujolais au Moyen Âge, Villefranche-en-Beaujolais :
Éditions du Cuvier, 1956 – Marseille : Laffitte, 19792, p. 23-41.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 295-326.
Dubreucq, Alain, « L’abbaye de Savigny et les pouvoirs en Lyonnais,
d’après deux chartes de 1204 », dans Programme collectif de
recherche Savigny : l’abbaye et son territoire, dir. par Olivia Puel,
Rapport annuel 2010 (SRA Rhône-Alpes, no 2009/1086), p. 47-53.
LE CONFLIT ENTRE COMTE
ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe SIÈCLE
Une rivalité locale bientôt doublée d’enjeux européens

II.20. LA CAMPAGNE D’YZERON (1158)

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

La guerre à laquelle l’archevêque Héracle et le comte Guigues se sont


livrés est l’un des faits les plus connus et les plus marquants de l’histoire
politique lyonnaise du xiie siècle. Il en est question pour la première fois
dans deux chartes concédées aux hospitaliers en juillet 1158, l’une par le
comte lui-même, l’autre par Humbert III de Beaujeu1 : ces deux actes
sont datés de la rencontre organisée aux confins d’Anse et de Villefranche,
à propos de la « guerre » (guerra) qui opposait l’archevêque de Lyon et
le comte de Forez. La chronologie rend évidentes les raisons du conflit,
liées à l’obtention, quelques mois plus tôt, par l’archevêque Héracle,
des regalia sur la cité et la partie orientale du diocèse (II.14.). Mais nous
serions condamnés à tout ignorer de ses modalités si, exceptionnellement,
un texte de nature hagiographique ne rapportait clairement à l’année
1158 une désastreuse initiative archiépiscopale : l’assaut imprudent du
château comtal d’Yzeron.
Le texte en question est connu sous le titre de Circumvectio corporis
sancti Taurini, « Circuit du corps de saint Taurin », l’un des saints
protecteurs du prieuré clunisien de Gigny. Situé sur les confins jurans
1 Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volumes III – Pièces 301 à 450, publiées sous la
dir. de Georges Guichard par le comte de Neufbourg, Édouard Perroy et Jean-Étienne
Dufour, Mâcon, Protat, 1934, no 301 et no 302.
218 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

du diocèse de Lyon, le monastère de Gigny avait été fondé à la fin du


ixe siècle par l’abbé Bernon – celui-là même à qui Guillaume le Pieux
confia la direction de sa nouvelle fondation de Cluny en 910. Ce furent
d’ailleurs des moines de Gigny et d’autres, en nombre égal, venus de
Baume, qui composèrent la première communauté clunisienne. Les deux
monastères n’en furent pas moins indépendants l’un de l’autre jusqu’au
pontificat de Grégoire VII, qui confia Gigny à la désormais puissante
abbaye de Cluny (1075). Réduit au rang de prieuré à la fin du xie siècle,
Gigny subit un incendie en 1158. À une époque inconnue, les moines
avaient récupéré une partie des reliques du premier évêque d’Évreux,
saint Taurin, qui avaient d’abord été transportées en Auvergne, à Lezoux,
pour échapper aux pillages normands : ils décidèrent de parcourir la
région avec ces reliques, afin de recueillir les offrandes nécessaires à la
reconstruction de leur église, grâce aux miracles que le saint ne man-
querait pas d’accomplir. Le cortège gagna d’abord Cluny, puis Mâcon,
fit plusieurs étapes dans la Bresse et dans la Dombes, et poussa jusqu’à
Lyon avant de regagner Gigny. Peu après, un moine anonyme, qui avait
sans doute pris des notes à chaque étape du parcours, rédigea le récit de
cet itinéraire, ou « circuit du corps de saint Taurin1 ». Au xviie siècle, le
texte fut découvert dans « un manuscrit de Gigny » par le jésuite Pierre-
François Chifflet, qui en prit copie pour les bollandistes, et ceux-ci le
publièrent dans le volume des Acta sanctorum correspondant à la date
d’anniversaire du saint, le 11 août, avec les autres pièces hagiographiques
se rapportant à lui.
La troisième et dernière partie de la Circumvectio, consacrée au « retour
au monastère de Gigny », s’ouvre sur trois paragraphes consacrés au
passage des reliques à Lyon. Le premier le situe dans son contexte : la
campagne lancée par l’archevêque contre le château comtal d’Yzeron
venait d’échouer, et les habitants de la cité étaient en proie au chagrin et
à la douleur provoqués par la mort ou la mutilation de nombre de leurs
parents2. Dès leur arrivée, les reliques de saint Taurin réconfortèrent la
population et accomplirent un premier grand miracle, à la narration
duquel l’auteur consacre l’essentiel du deuxième paragraphe lyonnais de
son récit3. Le corps de saint Taurin fut exposé à la vénération des fidèles
1 Sigal 1987, p. 175.
2 Circumvectio 3, 24.
3 Circumvectio 3, 25 ; cf. Schmitt 1979, p. 147-148.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 219

dans l’église Saint-Nizier, où se produisirent d’autres faits miraculeux1.


Seul le premier de ces trois paragraphes nous intéresse ici.
Aux côtés de l’archevêque Héracle, on remarquera la présence de
Girard de Vienne, comte de Mâcon, qui le soutiendra encore en 1163
(II.18.b.). Bien que son comté relevât du royaume capétien, Girard est
un proche de l’empereur : Frédéric Ier avait épousé sa cousine Béatrice en
1156. On notera encore la manière dont l’auteur localise la cité de Lyon,
« dans la province de Bourgogne » (in provincia Burgundiae) – expression
qui n’a chez lui aucune dimension politique puisqu’il l’emploie éga-
lement à propos de Mâcon2 –, et l’associe au fleuve (supra Rhodanum),
ainsi que l’importance accordée à la prééminence sur les trois cités de
Rouen, de Tours et de Sens (II.5.-II.7.) : la primatie, pour notre moine,
est un élément caractéristique de la cité lyonnaise, au même titre que sa
situation géographique ; la référence pourrait prendre un certain relief,
si l’on pouvait affirmer avec certitude que la version définitive du texte
a été rédigée dans le contexte du schisme qui éclate à la mort du pape
Adrien IV († 1er septembre 1159), schisme qui vient bientôt donner une
dimension nouvelle à la rivalité des pouvoirs locaux.

Document

Dans la province de Bourgogne sur le Rhône, fleuve très impétueux


et turbulent, a été fondée une cité du nom de Lyon, qui tient par son
antique dignité le premier rang en Gaule. À celle-ci, par la soumission
de l’obéissance, ont été subordonnées trois opulentes cités : la première
est celle de Rouen, qui est la capitale de la province qu’on appelle désor-
mais, son nom ayant changé, Normandie ; la deuxième, celle de Tours,
à laquelle présida, grand aux yeux de Dieu, l’évêque Martin ; la troi-
sième, celle de Sens, qu’on dit être la limite de la Gaule et le début de la
Bourgogne pour ceux qui viennent de la mer de Bretagne. L’archevêque
de la cité susdite et le comte de Mâcon Gérard, ayant imprudemment
lancé campagne, attaquèrent avec impétuosité, par le fer et par les
flammes, de toute la vaillance de leurs forces, un certain château qui
est appelé Yzeron, qui est comme un clou fiché dans l’œil de la cité de
Lyon, désirant en obtenir la destruction. Alors qu’ils s’évertuaient de
1 Circumvectio 3, 26.
2 Circumvectio 2, 10.
220 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

toutes leurs forces à le prendre d’assaut, les deux comtes d’Albon et de


Forez, faisant soudain irruption sous l’effet d’une ruse, fondirent sur
eux. N’ayant pas la force de supporter leur charge, ils abandonnèrent le
château, mirent fin à leur assaut, et puis leur tournèrent le dos. Eux, se
mettant promptement aux trousses des fuyards, massacrèrent les uns du
tranchant de leurs glaives, mutilèrent les autres de leurs membres. Cette
infortune apprise, toute la cité, pour laquelle il y avait grande matière à
souffrance, changea de traits et de mise, tandis que l’un apprenait que
son père était livré à la mort, l’autre qu’un frère, ou un ami, était blessé
à mort ou privé de ses membres.

Source

Circumvectio corporis sancti Taurini, III.24., dans Acta sanctorum augusti…


Tomus II…, Anvers : Bernard Albert van der Plassche, 1735, p. 654.
Traduit du latin.

Bibliographie

Sur le texte même : Schmitt, Jean-Claude, Le saint lévrier : Guinefort,


guérisseur d’enfants depuis le XIIIe siècle, Paris : Flammarion (Bibliothèque
d’ethnologie historique), 1979, p. 145-148. Sigal, Pierre-André, « Le
travail des hagiographes aux xie et xiie siècles : sources d’information
et méthodes de rédaction », Francia, 15 (1987), p. 149-182, ici p. 175.
Résumé dans Gaspard, Bernard, Histoire de Gigny, au département
du Jura, de sa noble et royale abbaye, et de saint Taurin, son patron, Lons-
le-Saulnier : Imprimerie de Frédéric Gauthier, 1843, p. 558-561.
Sur les événements et leur contexte : Rameau, Barthélemy, Les comtes
héréditaires de Macon, Macon : Protat frères, 1903 = Annales de
l’Académie de Macon, 3e Série : 6 (1901), p. 121-209, ici p. 172-174.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les
archevêques de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle
au milieu du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris :
diffusion De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de
Rome ; 282), 1994, p. 62-63.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 221

II.21. LA PRISE COMTALE DE LA CITÉ DE LYON


(1158 OU 1161-1162)

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

L’issue des pourparlers engagés entre le comte et l’archevêque en


juillet 1158 (II.20., présentation) est inconnue, mais il est certain que
la situation resta tendue : une charte comtale du 24 novembre 1160,
datée du « gué d’Yzeron1 », témoigne de l’importance stratégique que
le site conserve pour le Forézien ; et le fait que l’archevêque Héracle
s’abstienne de rejoindre l’empereur à Pavie en février 1160, puis à Lodi
en juin 1161, s’explique vraisemblablement par sa volonté de parer à
toute éventualité, bien plus que par une prise de distance à l’égard de
l’empereur, qu’il rejoint à nouveau en 1162 (II.18.).
La reprise du conflit trouve un premier écho dans l’acte du 25 février
1162, remarqué plus haut dans la documentation savinienne (II.17.g.).
De prime abord, c’est à peu près à cette époque que semble devoir se
situer la prise de Lyon par les troupes comtales, que la chronique de
Robert de Thorigny signale précisément en 1162 (II.13.b.). Un texte
hagiographique, là encore, nous en apprend davantage sur ce nouvel
épisode du conflit entre les deux puissances locales : il s’agit de la Vie du
chartreux saint Antelme, devenu évêque de Belley en septembre 1163.
L’auteur serait le propre chapelain d’Antelme, qui semble avoir rédigé
son texte « quelques années après la mort du saint évêque († 1178), du
moins avant la fin du xiie siècle2 ». Ses plus anciens témoins manuscrits
proviennent de chartreuses belges, et datent des xive-xve siècles3. Le texte
a également été recueilli au xviie siècle par Le Couteulx dans ses Annales
de l’ordre cartusien, d’après un manuscrit d’origine et d’époque inconnues.
Il existe, par ailleurs, une version abrégée et des versions remaniées de la
1 Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume XXI – Chartes no 1285 à 1434, publiées
par Édouard Perroy, Marguerite Gonon et Étienne Fournial, Paris, Librairie Charles
Klincksieck, 1973, no 1287.
2 Picard 1978, p. 74*.
3 Ibid., p. 75*-77*
222 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Vita Antelmi, dont la plus connue est celle que le Bollandiste Godefroid
Henschen († 1681) découvrit dans un manuscrit non identifié provenant
de la chartreuse de Meyriat, et que les Acta sanctorum publièrent en 1709.
L’extrait qui nous retient ici est contemporain du priorat d’Antelme
à Portes, ce qui soulève une difficulté chronologique qui ne peut être
ignorée. Les différents éditeurs de la Vita Antelmi, ainsi que plusieurs
historiens de Lyon1, associent les événements rapportés – prise de la cité
par le comte de Forez, refuge d’Héracle à Portes – à la campagne d’Yzeron
(II.20.), et les datent, en conséquence, de 1157 ou 1158. C’est en effet la
conclusion que semble imposer le récit de l’hagiographe, qui ne fournit
aucune date, mais indique, d’une part, que le priorat d’Antelme à Portes
dura à peine deux ans2, et, d’autre part, qu’Antelme avait déjà quitté
ses fonctions pour redevenir simple moine dans la Grande-Chartreuse
au moment où éclata le schisme d’Octavien (1159-1160). Le dernier état
de la recherche lyonnaise privilégie cependant le témoignage de Robert
de Thorigny qui, on l’a dit, attribue clairement la prise de Lyon à l’année
1162 (II.13.b.) : l’occupation de la cité expliquerait qu’Héracle, après s’être
d’abord réfugié à Portes, ait rejoint l’empereur à Pavie en avril 11623.

Document

En ce temps-là, le comte de Forez dévasta la ville de Lyon prise par ruse,


dévastant tout, exerçant surtout la rage de sa méchanceté contre l’Église,
ruinant les maisons des clercs, eux-mêmes échappés grâce au Dieu Sauveur.
Lorsque, comme des fugitifs et des proscrits, le seigneur Héracle et d’autres
vénérables dignitaires furent arrivés à Portes, où ils avaient pris l’habitude
de venir pour délibérer sur d’importantes questions, le prieur Antelme,
homme magnanime et fort dans le Seigneur, après les avoir consolés, ajouta
ces mots : « Mes seigneurs, n’errez point au hasard et n’allez pas ailleurs,
mais restez ici. Mais cependant, si vous sortiez pour vos affaires, revenez
ici. En effet, en dehors des montures, nous nous occuperons de vous, de
vos prêtres et de vos clercs, aussi longtemps qu’il sera nécessaire. Cela nous
sera agréable et, pour vous, cela ne sera pas déshonorant ».

1 Bernard 1876, p. 5-6 ; Pouzet 1939, p. 115 ; Bitsch 1971, p. 58 ; Fédou 1975, p. 75.
2 Vita, 15.
3 En ce sens : Galland 1994, p. 64, n. 141, suivi par Rubellin 2003, p. 375 ; et, déjà : Steyert
1897, p. 336.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 223

Ainsi donc, qu’ils soient allés et venus, qu’ils se soient, pour certains,
appliqués à rester, il a été pourvu à grands frais, avec empressement et
joie, aux choses nécessaires à leur entretien jusqu’à ce que bientôt, non
sans un grand miracle, par la volonté de Dieu, après que leurs enne-
mis eussent été chassés et eussent honteusement pris la fuite, le clergé
retourna chez lui. Mais revenons à notre sujet.

Source

Vita sancti Antelmi Bellicensis episcopi, 14 (1158) – Édition : Vita sancti


Antelmi Bellicensis episcopi ordinis Cartusiensis, éd. et trad. en français par
Jean Picard, Lagnieu : Jean Picard (Collection de recherches et d’études
cartusiennes ; 1), 1978, p. 15-16. Traduit du latin.

II.22. LA TERRE COMTALE


MENACÉE PAR LES « SCHISMATIQUES DE LYON » (1163)

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

Révélateur d’un renversement du rapport de forces entre l’archevêque


de Lyon et le comte de Forez, le texte suivant montre surtout comment
le schisme d’Octavien vient se greffer sur le conflit local, comment,
aussi, ce conflit commence à prendre une tournure éminemment poli-
tique, avec une habile tentative comtale d’impliquer le roi des Francs en
personne. Cette lettre du comte Guigues à Louis VII, que le contexte
permet de dater du début de l’été 1163 (expédition royale en Auvergne)
est révélatrice de l’étroitesse des liens tissés entre les intéressés, bien qu’il
n’en subsiste aucune trace antérieure. La conservation de son texte tient
à sa transcription dans le recueil épistolaire formant l’actuel manuscrit
Reg. lat. 179 de la Bibliothèque apostolique du Vatican, et qui avait été
découvert par André Du Chesne dans un « vieux manuscrit » apparte-
nant au collectionneur Alexandre Petau († 1672). Ce recueil réunit, pour
l’essentiel (fol. 1-247 vo) les « lettres adressées à Louis VII ou émanées de
224 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Louis VII, ou d’autres lettres touchant de près la politique royale1 », auquel


s’ajoute une correspondance strictement victorine (fol. 247 vo-275 vo).
Sa composition, vers 1174-1175, est attribuée à l’ancien chancelier royal
Hugues de Champfleuri, évêque de Soissons, retiré en l’abbaye parisienne
de Saint-Victor après sa disgrâce intervenue en 1172. Le ms. Reg. lat.
179, dont Luchaire datait l’écriture du début du xiiie siècle, est en réalité
« une copie contemporaine ou de très peu postérieure » à la confection
même du recueil ; peut-être s’agit-il même du manuscrit original2. Par
bien des aspects, il s’apparente à un registre de chancellerie. Les élé-
ments de la correspondance royale, qui constitue l’une des principales
sources du règne, sont classés en fonction de la dignité des auteurs ou
destinataires : papes, cardinaux et archevêques, évêques, abbés et autres
clercs, princes, comtes, femmes, personnes diverses…
La première édition de la lettre du comte Guigues à Louis VII fut
donnée par Du Chesne dans le tome IV de ses Historiae Francorum scriptores
(1641), repris par dom Brial dans le Recueil des Historiens des Gaules et de
la France3. Le document fut également remarqué par l’érudition locale :
bien avant que les éditeurs des Chartes du Forez ne lui empruntent le texte
latin, le père Ménestrier l’inséra dans les preuves de son Histoire civile ou
consulaire et en donna une traduction complète dès la fin du xviie siècle4.
L’absence d’original, parfois invoquée pour passer rapidement outre le
document5, n’ôte rien à l’intérêt du texte dont il n’existe aucune raison
de suspecter l’authenticité.
On ne sait rien du rédacteur de cette lettre, mais il est remarquable
d’y trouver une parfaite expression de l’idéologie royale qui accompagne
l’affermissement du pouvoir capétien au xiie siècle, et notamment,
malgré l’insistance initiale sur les liens personnels unissant le comte
Guigues à Louis VII, l’idée de mouvance qui concourt alors à la redé-
finition du « royaume » (regnum) comme entité territoriale de laquelle
procède chaque grand fief – ici la « terre » du « comte des Lyonnais
et des Foréziens ». Sans doute la délimitation de ce comté (comitatus)

1 Gasparri 1976, p. 136.


2 Ibid., p. 135.
3 Tome XV de l’édition de 1808 ; tome XVI de la nouvelle édition dirigée par Léopold
Delisle (1878).
4 Ménestrier 1696, p. 310, et Pr., p XL.
5 Viallard 1987, p. 204.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 225

paraît-elle extrêmement problématique : il n’est pas sûr que les limites


qu’établira la permutatio de 1173 (II.25.) soient ici pertinentes, pas plus
d’ailleurs que la limite fluviale (II.13.a.). Le titre de « comte des Lyonnais
et des Foréziens » est sans doute l’expression des prétentions comtales
sur la cité même : cela ne suffit évidemment pas à montrer, ni même
à suggérer, que Louis VII, pourtant reconnu à l’ouest de la Saône bien
au-delà des territoires effectivement contrôlés par Guigues (II.16. et
II.17.), ait lui-même jamais considéré ou revendiqué la ville de Lyon
comme partie intégrante de son royaume.

Document

À son très honoré seigneur Louis, par la grâce de Dieu roi des Francs,
Guigue, comte des Lyonnais et des Foréziens, salut et fidélité due en
toutes choses.
Je suis très surpris, mon seigneur roi, alors que je suis vôtre, alors que
j’ai été formé par vous à la chevalerie, alors que mon père m’a confié à
votre soin et tutelle, alors que toute ma terre dépend de vous, que vous
ne m’ayez rien mandé au sujet de votre arrivée en Auvergne. Toutefois,
je serais déjà à vos côtés, dans votre armée, si le comte Girard et les
Lyonnais schismatiques n’étaient venus les armes à la main sur ma terre.
Or ils sont venus non seulement pour me priver de mon héritage s’ils le
pouvaient, mais encore pour transférer mon comté, qui relève de votre
couronne, à l’empire teutonique. Or, s’ils y parvenaient, ce serait un très
grand affront pour vous qu’ils agissent sous vos yeux et entre vos mains.
Ainsi donc, maintenant, mon seigneur roi, que votre majesté pourvoit
à votre honneur et à ma délivrance. Aussi je vous supplie de croire le
porteur des présentes pour toutes les affaires qui me concernent et, s’il
vous plaît, de lui accorder comme moi toute confiance.

Source

Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume IX – Pièces 911 à 1050,


publiées sous la dir. de Georges Guichard par le comte de Neufbourg,
Édouard Perroy et Jean-Étienne Dufour, Mâcon, Protat, 1943, no 916
[d’après : Du Chesne, François, Historiæ Francorum scriptores. Tomus IV,
Paris : Sébastien Cramoisy, 1641, Epistola CCCXCV, p. 708-709. Recueil
des historiens des Gaules et de la France. Tome XVI, nouvelle édition publiée sous
226 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

la direction de M. Léopold DELISLE, Paris : Victor Palmé, 1878, no CLXI,


p. 49]. Traduit du latin.

Bibliographie

Viallard, Éliane, « Les liens du Forez avec la couronne de France, xiie-


xive siècle », dans Les libertés au Moyen Âge, Montbrison : Ville de
Montbrison, 1987, p. 203-220, ici p. 204.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 50-51 et p. 65.

II.23. DE L’ÉLECTION DE DREUX À LA CONSÉCRATION


DE GUICHARD : LES INTERVENTIONS D’ALEXANDRE III (1163-1165)

Documents présentés et traduits du latin par Pierre GANIVET

Présentation

La mort de l’archevêque Héracle (30 octobre 1163) n’influe pas seule-


ment, sur le moment, sur le rapport des forces locales ; elle ouvre, au sein
de l’Église de Lyon, des dissensions qu’exacerbe un contexte politique
et religieux favorisant aussi les prises de parti extérieures, comme en
témoignent les deux lettres suivantes, extraites du même recueil que
la précédente (II.22.).
La lettre du pape Alexandre III au roi Louis VII, du 30 juillet
1164 (II.23.a.), paraît contemporaine des manœuvres lancées dans
le royaume de Bourgogne par l’archevêque de Cologne et chancelier
impérial, Rainald de Dassel, après la nomination du nouvel antipape
Pascal III (22 avril 1164). Rainald convoqua plusieurs archevêques à
Vienne, en vue d’obtenir des troupes au service de l’empereur d’une
part, et la reconnaissance de Pascal III d’autre part. On sait que le
concile de Vienne, sur ce dernier point, fut un échec pour Rainald.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 227

Alexandre III put donc un temps espérer que l’« archevêque élu »


de Lyon, le Dauphinois Dreux de Beauvoir, qui avait déjà succédé à
Héracle de Montboissier comme archidiacre de Lyon quelques années
plus tôt, rompe avec le parti schismatique de son prédécesseur ; et c’est
sans doute afin de provoquer une décision en ce sens qu’il lui enjoignit
de contrecarrer les desseins bourguignons du chancelier impérial. La
lettre d’Alexandre III à Louis VII nous apprend seulement que Rainald
avait ordonné des travaux aux confins du royaume (in confinio regni),
sans doute la construction d’une forteresse à Lyon. L’identification de
celle-ci au château de Béchevelin ou à celui de Pierre-Scize demeure
hypothétique et semble contredite par l’attribution de ces constructions,
dans l’obituaire de l’Église de Lyon, aux archevêques Jean Bellesmains
(1181-1193) et Renaud de Forez (1193-1226). Du moins retiendra-t-on
ici qu’après le comte de Forez (II.22.), ce fut au tour du pape de presser
– manifestement en vain – le roi des Francs à intervenir manu militari
dans les affaires lyonnaises, pour protéger son propre royaume. Les
protestations d’obéissance que Dreux crut bon d’envoyer à Louis VII
montrent sans doute qu’« il n’oubliait pas que la partie occidentale
de son diocèse était située en France » (B. Galland). Pour autant, le
Capétien ne lui apporta aucun soutien contre le concurrent que lui
suscita la minorité alexandrine du chapitre, en la personne de Guichard,
abbé de Pontigny.
Guichard de Pontigny fut consacré par Alexandre III à Montpellier le
8 août 1165. Le renseignement nous vient d’une lettre de Thomas Becket
à Louis VII (II.23.b.), qui exprime ouvertement l’un des arguments sans
doute exploités depuis quelques temps par les partisans de l’ingérence
capétienne à Lyon : le rattachement de la cité au Royaume. L’intervention
de l’archevêque de Canterbury auprès du roi de France s’explique aisé-
ment. À la fin de l’année 1164, Louis VII avait offert l’hospitalité à
Thomas Becket, déclaré rebelle au roi d’Angleterre Henri II, après son
refus d’avaliser les fameuses constitutions de Clarendon. L’archevêque de
Canterbury avait aussi été accueilli favorablement par Alexandre III, qui
séjournait alors à Sens et le confia aux soins des Cisterciens de Pontigny.
L’abbé Guichard est donc l’hôte de Thomas, lorsqu’il est promu sur le
siège archiépiscopal de Lyon.
228 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.23.A. LETTRE DU PAPE ALEXANDRE III AU ROI LOUIS VII (30 JUILLET 1164)

Document

Alexandre, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, au très cher fils


dans le Christ Louis, roi des Francs, salut et bénédiction apostolique. […]
Que ton altesse sache notamment, par cette notification, que, d’un
certain abbé qui vient de la région de Bourgogne, nous avons acquis
la certitude assez évidente qu’un bon nombre d’ouvriers avaient déjà
été rassemblés par Rainald, ancien chancelier de Frédéric, soi-disant
empereur, et, sur son ordre, avaient commencé à œuvrer, comme on
le dit, à la limite de ton royaume ; notre estimé fils, le noble comte de
Forez, rempli d’ardeur et de bravoure, a hardiment chassé ces mêmes
ouvriers du lieu, et, les menaçant avec véhémence, ceux-là et d’autres
qui participaient à cette entreprise, il a semé une grande terreur dans
leurs esprits.
Mais en vérité, parce que le chancelier susdit, ne se départissant en
rien de sa malignité, a laissé beaucoup d’argent pour que ce qu’il pro-
jetait vienne à exécution, il est de ton intérêt qu’une fois pris le conseil
des barons et des hommes sages de ton royaume, tu détruises ce qui a
été fait, afin qu’il n’aille pas plus avant, et que tu mettes entièrement
fin à la méchanceté des hommes iniques. Le fait est que, parfaitement
résolu et prêt à dispenser conseil et aide, nous avons fermement donné
l’ordre à l’élu de Lyon de ne consentir à cette chose en aucune manière,
mais de s’efforcer de l’empêcher autant qu’il le pourra.
Donné à Sens, le 3 des calendes d’août.

Source

Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume IX – Pièces 911 à 1050,


publiées sous la dir. de Georges Guichard par le comte de Neufbourg,
Édouard Perroy et Jean-Étienne Dufour, Mâcon, Protat, 1943, no 917
[d’après : Du Chesne, François, Historiæ Francorum scriptores. Tomus IV,
Paris : Sébastien Cramoisy, 1641, Epistola CLIII, p. 621-622. Sacrosancta
concilia… Tomus decimus : ab anno MLXXIII ad annum MCXCVII, éd. par
Philippe Labbe et Gabriel Cossart, Paris : Societas typographica libro-
rum officii ecclesiastici ex decreto concilii Tridentini, 1671, col. 1346.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 229

Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome XV, nouvelle édition


publiée sous la direction de M. Léopold DELISLE, Paris : Victor Palmé, 1878,
no CXXXIX, p. 819. Patrologiæ Cursus completus… Series secunda…
Patrologiæ Tomus CC, éd. par Jacques-Paul Migne, Paris : Garnier
frères, 1855, col. 299]. Traduit du latin.

Bibliographie

Pacaut, Marcel, Louis VII et son royaume, Paris : S. E. V. P. E. N. (Bibliothèque


générale de l’École pratique des hautes études. 6e section), 1964. Sassier,
Yves, Louis VII, Paris : Fayard, 1991.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.
II.23.B. LETTRE DE THOMAS BECKET, ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY, AU ROI
LOUIS VII, RELATIVE À L’ÉLECTION ET À LA CONSÉCRATION DE GUICHARD,
ABBÉ DE PONTIGNY, COMME ARCHEVÊQUE DE LYON (APRÈS LE 8 AOÛT 1165)

Document

À son très aimé seigneur Louis, par la grâce de Dieu illustre roi des
Francs, Thomas, par la même grâce humble serviteur de l’Église de
Canterbury, salut de celui qui donne le salut aux rois. […]
Et voici, seigneur très cher dans le Christ, que l’abbé de Pontigny,
votre fidèle, a été promu archevêque de l’Église de Lyon, de la commune
approbation du clergé et du peuple, et consacré par le seigneur pape1, le
dimanche avant la présente fête du bienheureux Laurent, à Montpellier2.
De ce succès, nous gageons par la grâce de Dieu, en tant qu’il est
notre ami très cher, que, soit par amour pour vous, soit pour nous,
il vous sera toujours fidèle, tant qu’il vivra, et que, dans la mesure
de ses forces, il soumettra et assujettira, comme cela est juste, sa cité
et ces régions à vous et à votre royaume. Portez-vous bien dans le
Christ, très cher.

1 Alexandre III.
2 Le 8 août 1165.
230 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Du Chesne, François, Historiæ Francorum scriptores. Tomus IV, Paris :


Sébastien Cramoisy, 1641, Epistola CLXXXII, p. 632-633. = Recueil
des historiens des Gaules et de la France. Tome XVI, nouvelle édition publiée
sous la direction de M. Léopold DELISLE, Paris : Victor Palmé, 1878,
no CCCLXXXIV, p. 124-125. Traduit du latin.

Bibliographie

Sur Guichard de Pontigny : Pouzet, Philibert, « Le pape Innocent IV


à Lyon : le concile de 1245 », Revue d’histoire de l’Église de France, 15
(1929) : 68, p. 281-318.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994, p. 51-86.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003, p. 479-499. Sur « l’affaire Thomas Becket » :
Sassier, Yves, Louis VII, Paris : Fayard, 1991, p. 373-398.

II.24. UNE PREMIÈRE TENTATIVE DE RÈGLEMENT DU CONFLIT :


LA COSEIGNEURIE DU 15 OCTOBRE 1167

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

Consacré par Alexandre III dès l’été 1165 (II.23.b.), Guichard


de Pontigny ne put prendre possession du siège archiépiscopal de Lyon
qu’en 1167, le jour de la Saint-Martin. Son installation fut préparée
par la conclusion d’un accord entre le chapitre cathédral et le comte
de Forez, à l’instigation d’Alexandre III et sous l’égide de l’archevêque
Pierre de Tarentaise. Cet arrangement, que certains historiens ont perçu
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 231

comme un rétablissement du pseudo-accord de Tassin de 1076 (II.10.),


« instituait une sorte de condominium du comte et de l’archevêque sur
la ville de Lyon, où ils exerçaient en commun la justice et se parta-
geaient les revenus du pouvoir seigneurial1 ». Substituant ce régime à
l’exclusivité établie dix ans plus tôt par l’autorité impériale au profit
de l’archevêque dans le périmètre de la cité, l’accord de 1167 apparaît
comme une réplique directe à la Bulle d’or de 1157 (II.14.). Mais, bien
que l’Église de Lyon ait précieusement conservé le document original
et en ait transcrit les dispositions dans ses cartulaires du xive siècle, son
impact doit être nuancé d’un double point de vue.
Tout d’abord, il ne remet pas en question l’appartenance de la cité
de Lyon à l’Empire : si la formule de datation de l’acte ne qualifie pas
Frédéric d’empereur en raison de son excommunication, les clercs lyonnais
ne le reconnaissent pas moins comme princeps ; et le fait que le comte de
Forez soit vassal du roi de France suffit à expliquer la référence au règne
de Louis VII, sans qu’il soit besoin de postuler une intégration de la
cité à la « terre » que Guigues II affirme tenir de la couronne capétienne
(II.22.). On en voudra pour preuve la géographie des châteaux qu’en
cette même année 1167 le roi de France lui accorde en augment de fief
ou sur lesquels il lui concède son « droit royal » : ces châteaux sont tous
situés en Forez ou en Jarez, c’est-à-dire dans les territoires qui relèvent
déjà, semble-t-il, du Royaume.
Par ailleurs, la permutatio de 1173 (II.25.), puis le renouvellement de
la Bulle d’or en 1184 rendent bientôt caduc l’accord de 1167. Ce der-
nier n’en conserve pas moins un intérêt historique, ne serait-ce qu’en
raison du fait qu’il est l’un des rares textes du xiie se rapportant à la
cité elle-même, l’un des premiers à livrer quelques indications topogra-
phiques concernant la ville. La « cité » (civitas), que la documentation
des siècles précédents situe sur la rive droite de la Saône et distingue
du « bourg » (burgus), sur la rive gauche, semble ici l’englober. Comme
Steyert le notait à la fin du xixe siècle, « le traité de 1167 fixe l’étendue
de la ville de Lyon, qu’il détermine simplement par deux diagonales,
menées conformément à l’alignement romain, l’une de la croix de
Saint-Sébastien, au nord-est, à la croix de Saint-Irénée, au sud-ouest ;
l’autre du ruisseau de Charavay, au nord-ouest, à la porte Vieille, au
sud-est. La croix de Saint-Sébastien se trouvait sur le boulevard actuel
1 Pouzet 1939, p. 114-115.
Ill. 11 – Lyon en 1167.
D’après André Steyert, Nouvelle histoire de Lyon, II,
Lyon, Bernoux et Cumin, 1897,
Fig. 332 (p. 339). © K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 233

de la Croix-Rousse, au point où débouche la montée des Colinettes ;


celle de Saint-Irénée, vers la place du même nom. La porte Vieille était
l’ancienne porte romaine, vers Saint-Bonaventure, à la hauteur du pont
Lafayette. Le ruisseau de Charavay existe toujours à Vaise. Formé de la
réunion de trois ruisseaux venant du pied de Montribloud, il traverse
Vaise souterrainement, passe à l’extrémité méridionale de la place du
Marché, longe l’impasse Charavay, qui en a conservé le nom, et tombe
dans la Saône un peu en aval de la rue de Paris. […]1 ». Le texte men-
tionne encore trois portes : celle du Palais semble connue par ce seul
texte, mais renvoie au lieu-dit Palatium situé dans la rue Saint-Jean ;
la seconde, porte Froc ou porte des Frères (porta fratrum), constituait
l’entrée principale du quartier canonial ; et la porte Vieille (porta vetus)
se trouvait à la hauteur des Cordeliers, sur le Rhône.

Document

Parce que les choses qui ont été accomplies tombent facilement dans
l’oubli, nous avons recommandé à la gloire des lettres celles qui ont été
faites, par transaction, entre les clercs de l’Église de Lyon et Guigues,
comte de Forez. Ainsi donc, qu’il soit connu de tous qu’en la présence de
l’archevêque de Tarentaise, une fois confirmé par serment le témoignage
de G. de Sal et de G. de Talaru, sacristain, d’Aimon de Rovère, péni-
tencier, de Salomon, prêtre, d’Abon Gros et de Duran Solier, les droits
du comte de Forez et de l’archevêque de Lyon à l’intérieur des limites
de la cité de Lyon, qui vont de la croix de saint Irénée jusqu’à la croix
de saint Sébastien, et de la rivière de Charavay jusqu’à la porte Vieille,
ont été proclamés sur l’ordre du seigneur pape de la manière suivante :
Les péages, aussi bien sur eaux que sur terre, sont communs entre
l’archevêque et le comte de Forez. De même, la monnaie est commune,
à l’exception de la dîme qui est propre à l’archevêque. Au sujet des
feudataires, il est dit que l’archevêque ne doit pas acquérir un fief du
comte, ou le comte un des siens. Les leydes du marché et des fêtes sont
communes, les droits de plainte et de ban sont communs, à l’exception
des clercs et de leur entourage domestique.
Ceux qui commettront quelque méfait devront être traduits en
justice. La même règle sera appliquée aux domestiques du comte. De la
1 Steyert 1897, p. 339 (commentaire accompagnant la carte reproduite en II.24.)
234 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

porte du Palais jusqu’à la porte Froc, les méfaits commis devront être
punis en commun. Mais, à l’intérieur des maisons, rien ne doit être
recherché, à l’exception des brigands, des adultères, des homicides et des
falsificateurs des mesures. L’archevêque et le comte ont ensemble crédit
à travers toute la cité, à l’exception du cloître, en victuailles et boisson
seulement, à l’exception de ce qui est apporté par les étrangers pour être
vendu, à la condition cependant de s’acquitter de leurs crédits quatre
fois dans l’année. Si jamais ils ne veulent pas payer, qu’ils perdent leur
crédit jusqu’à ce qu’ils aient payé. Si vraiment ils cessent absolument de
payer, que l’archevêque exige du comte ou des siens qu’ils payent, et le
comte pareillement de l’archevêque ou des siens. Si un homme du comte
se saisit d’un accusé, qu’il n’ose pas le juger ni le libérer sans l’homme
du pontife. À l’égard des hommes de l’archevêque, il est dit de même.
S’ils s’en saisissent tous deux ensemble, l’accusé devra être jugé devant
le sénéchal, en présence toutefois des hommes des deux parties. Ceux
qui doivent subir une peine corporelle seront jugés devant l’archevêque,
mais en présence du comte ou de ses hommes.
Le pont sur la Saône est commun. Si on élève un édifice sur les
rives des fleuves ou sur les places, l’investiture est à l’un et à l’autre,
l’édifice restant à celui sur le sol duquel il se trouve. Les clercs sont à
l’archevêque, spécialement. Les rues, les places, les rives des fleuves et
leur accrue sont communes. Les maisons des clercs desservant l’église
Sainte-Croix, et celles de Saint-Étienne et de Saint-Jean, qu’eux-mêmes
habitent effectivement, aussi longtemps qu’elles seront à eux, et, de même,
les maisons des clercs venant d’abbayes, qui cependant desservent les
églises, jouiront du même droit que les maisons du cloître. De fait, les
chanoines vivant continûment ensemble auront cependant, en vertu de
ce droit, crédit comme l’archevêque et le comte.
Par ailleurs, qu’une discorde née entre le comte et les clercs soit
terminée légalement devant l’archevêque. De la même manière, si elle
naît entre le comte et l’archevêque, qu’elle soit terminée dans le chapitre,
devant les chanoines, légalement.
Cet acte a donc été fait et achevé l’an 1167, indiction 15, épacte 28,
concurrent 6, le dimanche des ides d’octobre, 28e jour de la lune, le roi
Louis régnant, Frédéric étant prince, du vivant d’Alexandre, souverain
pontife.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 235

Source

Original : Paris, Archives nationales, P. 14001, no 892 – Éditions :


Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume XIII – Chartes no 1558
à 1686, publiées par Édouard Perroy, Marguerite Gonon et Étienne
Fournial, Paris, Librairie Charles Klincksieck, 1978, no 1562 (cf. aussi
no 1765). Traduit du latin.

Bibliographie

Steyert, André, Nouvelle histoire de Lyon et des provinces de Lyonnais, Forez,


Beaujolais, Franc-Lyonnais et Dombes. II. Moyen-Âge : depuis la chute
du royaume burgonde (534) jusqu’à la mort de Louis XI (1483), Lyon :
Bernoux et Cumin, 1897, p. 338-339.
Pouzet, Philibert, « Le gouvernement de l’Église », dans Kleinclausz,
Arthur, Histoire de Lyon. Tome I : Des origines à 1595, Lyon : Pierre
Masson, 1939, p. 111-216, ici p. 166-167.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 67-68.

II.25. LE RÈGLEMENT DU CONFLIT :


LA PERMUTATION DE 1173

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

L’esprit de l’accord de 1173, qui met définitivement fin au conflit


opposant le comte de Forez à l’archevêque et à l’Église de Lyon, est très
différent de celui qui avait présidé à l’arrangement de 1167. Il ne s’agit
plus de définir les modalités d’une coseigneurie sur la seule cité, mais
d’opérer un partage d’influence, assurant à chaque partie un pouvoir
236 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

exclusif de l’autre sur un ensemble territorial environnant son siège


principal (Lyon ou Montbrison), de part et d’autre d’une zone tampon
entre Monts du Lyonnais et Haut-Jarez (voir la carte, ill. 12). Aussi l’acte
de 1173 est-il souvent présenté comme l’acte de fondation des comtés
de Lyon et de Forez. L’opération passe par certaines renonciations – la
principale étant l’abandon de toute prétention comtale sur la cité –, mais
consiste essentiellement en un échange de possessions et d’hommages.
Le texte emploie précisément le mot permutatio : emprunté au droit
romain tardif, c’est un terme technique qui désigne souvent l’échange
dans les bulles et diplômes des xie et xiie siècles et qui, dans une région
comme la Bourgogne voisine, se répand dans les chartes au cours du
xiiie siècle, suivant les progrès du droit savant.
Publié et traduit dès les xvie-xviie siècles par Paradin puis Ménestrier, le
texte de la permutatio de 1173 est connu par différents canaux. Aujourd’hui
encore, subsiste un exemplaire de l’acte original, jadis scellé, mais plusieurs
autres actes contiennent une copie de verbo ad verbum du texte de l’accord : 1)
une bulle adressée au comte Guigues par Alexandre III le 1er avril 1173 (le
serment juré par le comte et son fils d’observer les termes de la permutatio
rend son application justiciable de la juridiction canonique) ; 2) une autre
bulle confirmative, délivrée par Lucius III en 1182, dont le destinataire
est cette fois le chapitre cathédral ; enfin, 3) un diplôme de confirmation,
d’après la version de 1182, expédié par Philippe II Auguste à la demande
de l’archevêque Jean Bellesmains en 1183, dont on a l’original aux Archives
nationales et plusieurs copies médiévales que Georges Guigue a utilisées
pour son Cartulaire des fiefs de l’Église de Lyon. Sanctionnée par l’autorité
pontificale et le roi de France, la permutatio de 1173 n’a, en revanche, fait
l’objet d’aucune ratification impériale, bien que certaines de ses dispositions
intéressent des places situées en terre d’Empire. L’archevêque de Lyon sollicita
bien plus habilement Frédéric Barberousse, en obtenant de lui en 1184 qu’il
renouvelle intégralement la Bulle d’or de 1157 : cette seconde concession
lui permit d’effacer certains effets du schisme et de se repositionner face au
chapitre comme unique dépositaire de la cité et des regalia.

Document

Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la stabilité d’une paix


perpétuelle entre le seigneur Guichard, archevêque de Lyon, et l’Église
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 237

de Lyon, d’une part, et Guigues, comte de Forez, d’autre part, on a


procédé, de leur consentement commun, à l’échange suivant.
Le seigneur archevêque et l’Église ont concédé au comte tout ce qu’ils
possédaient, eux-mêmes ou un autre en leur nom, au-delà de la Loire,
c’est-à-dire l’obéance de Nervieux et de Souternon, jusqu’à Amions
et jusqu’à Urfé, et au-delà s’ils ont quelque droit au titre de l’obéance
susdite ; et tout ce qu’ils possédaient d’Urfé à Cervières, et de Cervières
à Thiers, ayant retenu pour eux les revenus de Saint-Jean-la-Vêtre, en en
concédant cependant la seigneurie au comte, ainsi que la seigneurie du
château de Rochefort, que le seigneur de Thiers possédait au nom de
l’Église. Ils lui ont aussi concédé tout droit qu’ils avaient dans le château
de Saint-Romain-le-Puy et, de là, jusqu’au Puy et jusqu’en Auvergne.
Par ailleurs, l’archevêque et aussi bien l’Église que le comte ont retenu
pour eux tout droit qu’ils avaient depuis Amions et les autres limites
susdites en direction du Nord, à cette condition cependant que dans
l’archiprêtré de Roannais au-delà de la Loire et en deçà de la Loire, aussi
loin que s’étend la domination des seigneurs de Roannais, l’Église ne
pourra ériger ou acquérir de fortification ; et s’ils viennent à en faire ou
à en acquérir une, elle sera au comte, qui la possèdera de l’Église. Que,
cependant, l’Église puisse acquérir des terres de plaine à l’occasion
d’une oblation canoniale et à l’occasion d’une aumône, pourvu que
cette aumône se fasse sans versement d’argent, et, dans ses obéances,
les dîmes, les droits de garde et de viguerie, et tous autres droits se
rattachant aux obéances.
En deçà de la Loire, depuis Balbigny et Pouilly jusqu’à Villechenève,
qui est dans les terres du comte, ils ont concédé au comte tout droit
qu’ils avaient dans le mandement de Donzy jusqu’au mandement de
Chamousset, et dans le mandement de Reculion jusqu’au mandement
de Saint-Symphorien, de sorte que Maringes et Meys demeurent dans
les terres du comte. Ils ont aussi concédé au comte Saint-Héand et
tout ce que l’archevêque avait à Chevrières. Châtelus et Fontanès, avec
leurs mandements, sont dans les terres du comte, exceptée l’obéance de
Grammond que l’Église se réserve. De plus, le serment que le comte
devait à l’Église pour Saint-Priest et ce que Gaudemar de Jarez possé-
dait au même endroit au nom de l’Église, elle le remet au comte, à la
condition toutefois qu’il tienne le château de l’Église. Elle a concédé
au comte le château de Feugerolles et ce que Guichard de Jarez devait
238 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

pour celui-ci, ainsi que ce que Briand avait de l’Église dans le château
de Grangent, sauf le droit tant de l’Église que du comte à Sorbiers.
Saint-Jean-Bonnefonds et Saint-Genest, Villars et Saint-Victor sont
restés librement à l’Église.
Il faut cependant noter qu’en toutes ces choses tant l’archevêque que
l’Église se sont réservé les églises – que le droit royal ait été concédé au
comte ou à un autre –, les parées et les cens des églises, avec les oblations
et les sépultures ; ils se sont aussi réservé tout droit réputé dépendre
des chapellenies, ayant cependant concédé au comte leurs possessions et
l’ensemble des revenus de celles-ci, tant en dîmes qu’à d’autres titres,
exceptés ceux qui dépendent des chapellenies.
Donc, pour toutes ces choses que l’archevêque et l’Église ont concédées
au comte, à titre de réciprocité de l’échange, le comte Guigue et son fils,
après avoir prêté serment, ont concédé à l’Église, en droit perpétuel, les
choses indiquées ci-dessous, à savoir :

– à Lyon et dans ses dépendances, tout droit que ce même


comte avait ou qu’un autre possédait en son nom, et dans ses
dépendances ;
– de plus, au-delà du Rhône, tout ce que lui-même ou un autre
en son nom possédait depuis Vienne jusqu’à Anthon et jusqu’à
Bourgoin, sauf la succession qui lui serait dévolue par droit
héréditaire, en ligne de consanguinité, et à l’exclusion de tout
autre ;
– de plus, au-delà de la Saône, il a concédé le château de Pérouges,
que Guichard d’Anthon possédait de lui en fief, et la moitié
de Montanay que Pierre de Montluel avait de lui, ainsi que
Birieux, que Hugues Deschaux tenait de lui en fief, et la
fidélité des susdits ;
– par ailleurs, en deçà de la Saône, le château de Châtillon
et tout ce qu’il avait aussi bien dans le château que dans le
mandement, pour quoi le seigneur du château doit hommage
et fidélité lige ; le château et le mandement d’Oingt jusqu’à
Villechenève, et l’hommage et fidélité lige qui sont dus pour
cela ; Chamousset également, et le mandement, et son hommage
et fidélité lige ; Yzeron, avec le mandement, et l’hommage et
fidélité lige des seigneurs.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 239

Saint-Symphorien et le mandement restent dans les terres de l’Église.


Grézieu et L’Argentière, jusqu’au mandement de Meys, ainsi que le fief
du seigneur de Riverie et son hommage et fidélité lige, le comte les a
concédés à l’Église. Que soient des terres de l’Église le château et le
mandement de Riverie, et tout ce qu’il comprend jusqu’au mandement
de Châtelus. À partir de l’Aubépin en direction des terres du comte,
l’Église ne doit ériger aucune fortification. Pareillement, le château de
Chagnon, avec son mandement, et les deux châteaux de Saint-Chamond,
avec leurs mandements, se trouvent dans les terres de l’Église, sauf la
route du comte à partir de la Croix de Mont-Viol en direction du Forez.
Qu’aucune des deux parties ne puisse édifier de tour entre Saint-Chamond
et Saint-Priest. Bérard de Pizay et son chasement sont laissés à l’Église,
d’où vient qu’il doit hommage et fidélité. Tout ce qui est compris dans
le mandement de Rochetaillée, jusqu’à Malleval, est dans les terres de
l’Église ; en particulier, Aimar de Farnay a concédé à l’Église tout ce
qu’il avait à Chavanay en fief du comte, et sa fidélité. Par ailleurs, dans
cette terre, le même comte a donné à l’Église le château de Montagny
et ce qu’il avait dans le mandement, et l’hommage et fidélité lige du
seigneur, et ce qu’il avait à Taluyers, et tout droit que lui-même possé-
dait, ou un autre en son nom, dans ladite terre.
Par ailleurs, il faut savoir que dans les terres de l’Église mentionnées
ci-dessus, le comte ne peut rien avoir ou acquérir, ni ériger de fortification ;
et s’il en érige une, par violence ou incurie de l’Église, elle appartiendra en
propre à l’Église. Il ne doit pas non plus soutenir ou aider contre l’Église
quelque vassal demeurant dans cette terre. De même, l’archevêque et
l’Église ne pourront ériger ou acquérir de fortification dans les terres
du comte ; et s’ils en acquièrent ou édifient une, celle-ci appartiendra en
propre au comte, à cette condition cependant qu’il la possèdera au nom
de l’Église. L’archevêque et l’Église ne devront pas non plus soutenir
ou aider quiconque demeurant dans les terres du comte contre lui, si
ce n’est par le glaive spirituel. Dans les terres du comte, l’Église pourra
acquérir à titre d’aumône ou à l’occasion d’une oblation canoniale, des
terres de plaine données sans versement d’argent. Par ailleurs, dans toutes
les choses susdites, l’archevêque se réserve les droits archiépiscopaux.
Mais quiconque aura le château de Saint-Priest ou de Rochetaillée, le
château de Roche ou de Feugerolles ou de Grangent devra hommage et
fidélité lige au comte. Quant à ce que le comte a donné à Briand dans le
Ill. 12 – Carte de la permutation de 1173 (localités mentionnées dans le document).
© 2013 P. Ganivet / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
LE CONFLIT ENTRE COMTE ET ARCHEVÊQUE AU MILIEU DU XIIe S. 241

château, la place et le mandement de Saint-Chamond, ce même Briand


l’aura de l’Église ; il doit donc hommage et fidélité à l’Église.
Si quelqu’un, pour des choses comprises dans cet échange, déclenche
un conflit ou une guerre contre l’une ou l’autre partie, celles-ci doivent
se prêter un secours mutuel, à leurs propres frais et sans réparation du
préjudice, de bonne foi et selon leur pouvoir. Et elles doivent veiller de
toutes les façons à ce que, pour toutes les choses comprises dans l’échange,
le comte ne soit pas excommunié ou que sa terre ne soit pas mise en
interdit. Il faut aussi savoir ceci, que le seigneur archevêque a promis au
comte et à ses héritiers d’observer fermement cet échange. Les chanoines
ont aussi confirmé, en prêtant serment, qu’ils ne recevraient dorénavant
nulle personne comme chanoine tant qu’elle ne confirmerait pas la
même chose par serment ; et ils ont promis de ne point faire obéissance
et fidélité aux futurs archevêques tant qu’ils ne promettraient pas, de
même, d’observer fermement cet échange. En outre, il faut savoir que
le comte doit hommage et fidélité lige à l’archevêque, et voici le fief
pour lequel il est tenu envers lui par l’hommage et la fidélité : le châ-
teau de Feugerolles, la moitié de Grangent, le château de Saint-Priest,
Saint-Héand, Chambéon, Poncins, Villedieu, Nervieux et leurs dépen-
dances. Par ailleurs, quand le comte ou son héritier reconnaissent leur
fidélité à l’archevêque, ils doivent promettre sous serment de fidélité
d’observer fermement la convention susdite. Les dîmes qui lui viennent
du fief de l’Église, le comte peut les donner, pour son âme, à des lieux
et des personnes religieux ; mais s’il les aliène d’une autre manière, il
doit en recevoir autant sur sa terre en fief de l’Église. Le chasement de
l’Église ne peut être séparé du comté, et tout le droit que l’Église ou
l’archevêque possèdent depuis le mandement de Saint-Symphorien,
en deçà de la Loire, en direction de la terre du comte, et au-delà de la
Loire, depuis Amions, Urfé et Cervières jusqu’à Thiers, et depuis Thiers
jusqu’au Puy, ils l’ont concédé au comte. Par ailleurs, les chapellenies
ne peuvent être amoindries par les obéanciers. Entre Saint-Chamond et
La Tour, et Saint-Chamond et Saint-Priest, aucune des deux parties ne
peut ériger de fortification. Nous voulons aussi faire savoir ceci, qu’outre
les choses susdites, l’Église a donné au comte pour cet échange mille
cent marcs d’argent.
Ces choses ont été faites l’an de l’Incarnation du Seigneur 1173, le
pape Alexandre III présidant l’Église, Frédéric, empereur des Romains,
242 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

conduisant l’Empire, et Louis, très pieux roi des Francs, régnant au


Royaume.

Source

Original, jadis scellé : Paris, Archives nationales, P. 14001, no 845.


– Édition : Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volumes I et II – Pièces
1 à 300, publiées sous la dir. de Georges Guichard par le comte de
Neufbourg, Édouard Perroy et Jean-Étienne Dufour, Mâcon, Protat,
1933, no 4. Traduit du latin.

Bibliographie

Bernard, Auguste, « Histoire territoriale du Lyonnais », Recueil de


mémoires et documents sur le Forez publiés par la Société de La Diana,
3 (1876), p. 1-157, ici p. 13-20.
Pouzet, Philibert, L’Anglais Jean dit Bellesmains, 1122-1204 : évêque de
Poitiers, 1162-1182, puis archevêque de Lyon, 1182-1193, Lyon : Camus
et Carnet, 1927, p. 87-92.
Bitsch, Horst, Das Erzstift Lyon zwischen Frankreich und dem Reich im
hohen Mittelalter, Göttingen : Musterschmidt (Göttinger Bausteine zur
Geschichtswissenschaft ; 42), 1971, p. 70-76.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994, p. 69-71.
Magnani, Eliana, « L’échange dans la documentation diplomatique
bourguignonne : autour du vocabulaire des transferts », dans
Tauschgeschäft und Tauschurkunde vom 8. bis zum 12. Jahrhundert /
L’acte d’échange, du VIIIe au XIIe siècle, éd. par Irmgard Fees et Philippe
Depreux, Köln / Weimar / Wien : Böhlau (Archiv für Diplomatik,
Schriftgeschichte, Siegel – und Wappenkunde ; 13), 2013, p. 403-426.
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe
ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE

II.26. LES SOURCES DES FUTURES PRÉTENTIONS CAPÉTIENNES :


LA « RÉGALE » RÉCIPROQUE DE LYON ET D’AUTUN (1189)

Document présenté et traduit du latin par Pierre GANIVET

Présentation

L’acte ci-dessous, dont deux exemplaires originaux scellés sont conservés


dans le fonds du chapitre cathédral aux Archives départementales du
Rhône, constitue la première manifestation d’une pratique dont l’ancienne
Église de France offre « un exemple unique1 » : la régale réciproque entre
deux Églises, et plus précisément entre un siège métropolitain (ici Lyon)
et son premier suffragant (Autun). À dire vrai, le diplôme émis par
Philippe Auguste en 1189 témoigne des seules origines de l’institution :
le terme regalia, employé à propos de l’Église d’Autun, s’entend encore
en un « sens passif », désignant des objets de droits, et non au « sens
actif, pour désigner le droit exercé sur ces biens (jus regaliarum ou jus
regale des textes de l’époque postérieure)2 ». Par ailleurs, on remarque
que Philippe Auguste se garde d’utiliser le mot regalia pour Lyon, et
préfère n’évoquer que « l’ensemble des dépendances » de cet archevêché.
Simple prudence diplomatique ou réelle différence entre ce à quoi le
roi de France renonce au profit des deux prélats concernés ? Il ne paraît
pas que Philippe Auguste ait jamais contesté le fait que la cité, siège
de l’Église de Lyon, se trouvât en terre d’Empire. Et au xiiie siècle, ses
successeurs n’émettront de prétentions que « sur la fraction du temporel
1 J. Gaudemet.
2 Gaudemet 1938, p. 26.
244 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

archiépiscopal située dans le royaume1 ». Il n’empêche que l’appartenance


d’Autun au royaume et la réciprocité reconnue aux deux sièges créent
une situation inédite et offrent au roi de France, paradoxalement par un
geste de dessaisissement, une première occasion de se mêler directement
des affaires du siège lyonnais : plus tard (cf. la troisième partie), il suffira
aux légistes royaux de préférer le terme de « régale » à l’évocation de la
simple administration des dépendances de l’archevêché, pour prétendre
que « Lyon est dans le royaume »…

Document
Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Ainsi soit-il. Philippe, par la
grâce de Dieu roi des Francs. Sachent tous, présents et futurs également,
que nous avons appris par le témoignage d’hommes dignes selon la loi
que c’est une prérogative de l’Église de Lyon que, toutes les fois que le
siège d’Autun est vacant, l’archevêque de Lyon doit tenir en sa main les
biens régaliens qui sont nôtres à Autun et les autres qui appartiennent
à l’évêché d’Autun ; et, inversement, toutes les fois que le siège de Lyon
vient à être vacant, l’évêque d’Autun doit tenir et garder en sa main
l’ensemble des choses qui appartiennent à l’archevêché de Lyon. En
conséquence, puisque nous voulons et devons conserver intacts les droits
de ces Églises, nous avons décrété et ordonné que l’une et l’autre Églises
jouissent intégralement de leur droit, comme cela a été dit, et comme
nous l’avons appris d’après le témoignage d’hommes dignes selon la loi.
Qu’ainsi donc, ni l’une ni l’autre ne subisse de préjudice du fait que
nous nous sommes emparé, par ignorance, des biens régaliens de l’évêché
d’Autun après la mort d’Étienne, évêque d’Autun. C’est pourquoi nous
avons restitué ces biens régaliens à notre fidèle Jean, alors archevêque de
Lyon, et nous les avons concédés, par son intermédiaire, à ses successeurs,
pour qu’ils en jouissent pour toujours pendant la vacance de ce siège.
Pour assurer sa force perpétuelle, nous ordonnons de confirmer le
présent acte par l’autorité de notre sceau et le monogramme royal tracé
plus bas.
Fait à Paris, l’an de l’incarnation du Seigneur 1189, de notre règne
la 10e année, étant présents dans notre palais ceux dont les noms et
seings figurent ci-dessous. Seing du comte Thibaud, notre sénéchal.
1 Gaudemet 1938, p. 36.
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 245

Seing de Guy, bouteiller. Seing de Mathieu, chambrier. Seing de


Raoul, connétable.
Donné alors que la chancellerie est vacante.

Source

Recueil des actes de Philippe-Auguste, roi de France. Tome I : Années du règne


I à XV (1er novembre 1179-31 octobre 1194), éd. par François Delaborde,
Paris : Imprimerie nationale (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de
France), 1916, no 254, p. 308-309. Traduit du latin.

Bibliographie

Ménestrier, Claude-François, Histoire civile et consulaire de la ville de


Lyon, Lyon : Nicolas et Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 299-316.
Gaudemet, Jean, « Les origines de la régale réciproque entre Lyon et
Autun », Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions
des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 5 (1938), p. 21-48.

II.27. FONDATION DU CHAPITRE


DE SAINT-THOMAS DE FOURVIÈRE (1192)

Document présenté et traduit par Hervé CHOPIN

Présentation

À la fin du xiie siècle, il n’existait que trois chapitres de chanoines


séculiers –Saint-Jean-Baptiste le chapitre cathédral, Saint-Just et Saint-
Paul – tant dans la cité épiscopale que dans le diocèse. Avec l’érection
en collégiale, sous le vocable de Notre-Dame et de Saint-Thomas-Becket,
d’une chapelle fondée par le doyen du chapitre cathédral, quelques
années auparavant, l’archevêque se positionna face au pouvoir temporel.
Ainsi, Jean Bellesmains (1180-1193) qui procéda à cette transformation,
poursuivit-il la politique de son prédécesseur Guichard de Pontigny
(1165-1180). Le texte, tel qu’il est conservé aujourd’hui, provient du
246 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

« barbet » de Fourvière, terme utilisé pour qualifier les recueils de sta-


tuts des chapitres lyonnais. La plus ancienne copie conservée date du
xve siècle. Les autres copies sont modernes. C’est donc après la fondation
d’une chapelle sous le vocable de Notre-Dame par le doyen du chapitre
cathédral, Olivier de Chavannes, que l’archevêque la transforma en
collégiale qu’il plaça sous le vocable non seulement de la Vierge mais
aussi de Thomas Becket (†1170), ancien ami de l’archevêque et de son
prédécesseur Guichard, mort en martyr à peine vingt ans plus tôt.
L’archevêque s’associa au doyen du chapitre cathédral, Étienne de Saint-
Amour. On ne fixa pas le nombre de chanoines tout de suite. Il fallut attendre
une réforme des statuts par Philippe de Savoie dans les années 1260 pour
que celui-ci fût fixé. Les liens avec le chapitre cathédral étaient importants.
Les chanoines et clercs de ce dernier purent désormais être inhumés dans
le cimetière de la nouvelle collégiale. On procéda également au partage des
pierres tirées des ruines antiques que l’on retrouve aujourd’hui dans un
grand nombre de bâtiments médiévaux. Un dignitaire du chapitre cathédral
dirigea la nouvelle communauté : le prévôt de Fourvière.
L’acte mentionne plusieurs lieux nécessaires à la communauté : le
cimetière, l’église mais aussi un dortoir et une maison. Il est difficile
de dire ce qu’il advint de ces bâtiments. Cependant, le plan scénogra-
phique de Lyon du milieu du xvie siècle (voir ill. 13) permet d’avoir
une idée assez précise de l’organisation du quartier canonial : à l’ouest,
une porte permet d’entrer dans une petite enceinte crénelée ; au sud
de l’église se trouvent peut-être les maisons des chanoines et au nord
d’autres bâtiments communautaires. Du haut de la « colline sainte »,
Fourvière domine la ville.

Document

Jean, par la grâce de Dieu humble prêtre de l’église primatiale de


Lyon, et Etienne, doyen de cette même Église, avec tout son chapitre,
aux fidèles de Dieu pour l’éternité. Les plantes que l’on vient de planter
dans l’Église de Dieu, et que lui-même fait pousser, il faut les renforcer
grâce à des racines solides, pour éviter qu’avec le cours du temps, par
oubli ou par incurie, elles n’aient à craindre la ruine.
C’est pourquoi, par le présent écrit, nous faisons savoir à la postérité à
venir, que nous, siégeant en commun dans notre chapitre, avons institué
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 247

et doté de la manière indiquée ci-dessous, sous l’inspiration de Dieu, la


chapelle de Fourvière, fondée en l’honneur de sainte Marie et de saint
Thomas de Canterbury, archevêque et martyr, sur nos possessions, par
Olivier de bonne mémoire, autrefois doyen.
En premier lieu, nous avons concédé qu’elle sera une église conventuelle
de sorte que, pour le culte de Dieu et en l’honneur de Sainte Marie et
du nouveau martyr, de nouveaux chanoines soient créés, qui auront
pour chef l’un de nos chanoines, et personne d’autre, choisi en cha-
pitre avec le commun accord du vénérable archevêque siégeant alors
et de l’ensemble du chapitre ; il doit être élu d’un commun accord et,
aussitôt célébrée son élection, avant qu’il ne reçoive une maison de la
main de l’archevêque par le Livre1, il jurera de ne jamais faire de lui-
même ou par l’intermédiaire d’un autre, ni de consentir à ce quelqu’un
fasse en aucune manière, quelque chose qui puisse se retourner, même
seulement en apparence, en dommage ou en tort pour notre Église ; et
de ne pas prétendre demander quelque privilège que ce soit du Siège
apostolique, sinon de la volonté commune et du conseil de l’archevêque
et de l’ensemble de notre chapitre, nommément convoqué à cet effet.
Par ailleurs, lui et les frères, que le Seigneur lui donnera, auront le pou-
voir d’instituer des chanoines, auxquels nous avons accordé dans notre
chœur la même prérogative que celle que possèdent les chanoines de
Saint-Just et de Saint-Paul.
De plus, nous avons institué que l’assemblée de notre Église soit
tenue de célébrer ici la grand-messe le jour de la passion de ce saint, de
la même manière et selon le même ordre que ce qui se faisait dans notre
chœur, c’est-à-dire avec trois prêtres, trois diacres, trois sous-diacres, deux
céroféraires ; et que tous, revêtus de leurs ornements reçoivent procuration
dans notre réfectoire, ce qu’ils faisaient aussi auparavant ; cependant, on
ne sera pas du tout tenu de célébrer ici les vêpres à l’occasion de sa vigile.
Quant aux autres choses que l’on jugera devoir ordonner concernant ce
lieu, ils devront les ordonner après avoir réuni un conseil commun, de
sorte que celui qui en sera prévôt ne prétende pas ordonner quoi que ce
soit sans la plus grande et plus sage partie des frères résidents, pas plus
que ceux-ci sans le conseil du prévôt.

1 Le prêtre qui est investi d’une charge ecclésiastique prête serment sur les Évangiles (per
librum).
248 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Nous leur avons concédé aussi le droit paroissial dans les vignes et
lieux dans lesquels notre trésorier perçoit les dîmes, si une nouvelle
maison venait par hasard à y être construite, établissant au même
endroit le cimetière de notre église, de telle manière que les chanoines
comme les autres clercs qui desservent le chœur de la cathédrale, de
Saint-Étienne ou de Sainte-Croix soient enterrés là, tout en préservant
l’ancienne liberté par laquelle, tant qu’ils sont encore vivants, il leur est
possible d’élire sépulture dans d’autres églises ; mais si le père du défunt
est encore en vie, qu’il puisse choisir la sépulture de son fils lorsque
ce dernier n’a donné aucun mandat à ce sujet. Nous avons institué ce
même usage pour les familiers de notre domesticité, le droit paroissial
de leurs églises restant toutefois sauf.
Nous leur avons toutefois fait don du lieu même où se trouve l’église,
le donnant libre de toute autre coutume, exception faite de celle qui est
notée ci-dessous, ainsi que du dortoir, d’une maison et d’un cimetière,
de vignes, de jardins et d’un champ, à condition toutefois qu’aucun
édifice ne soit bâti dans ce champ ; et tout ce que tenaient les premiers
chapelains, de la Grotte ronde1 jusqu’à la vigne des Vulgrimes2, ainsi
que le lieu qui est appelé en langue vulgaire Les Sales, en conservant
cependant la place où sont habituellement vendus les bœufs.
Nous leur avons donné aussi la place où se trouvait la tour de Colle3,
en conservant toutefois, concernant ce qui vient d’être énuméré, ceci :
si la grande église mère veut creuser ou fouiller, les blocs de marbre et
les pierres que l’on appelle choins en langue vulgaire seront propriété de
celle-ci ; le reste en revanche appartiendra autant à cette même grande
église qu’à l’église Sainte-Marie-et-Saint-Thomas. Cependant, si c’est
l’église Sainte-Marie-et-Saint-Thomas qui fouille ou creuse, le marbre
et le choin seront propriété de la grande église et les autres pierres le
seront de l’église Sainte-Marie-et-Saint-Thomas. De même, nous leur
avons concédé tout ce que nos feudataires voudront leur donner de nos
fiefs, tant de ceux de l’archevêque que de l’Église ; mais s’ils voulaient
vendre quelque chose d’un desdits fiefs, il sera permis aux chanoines de
1 Grota rotonda, peut-être la grotte Bérelle, c’est-à-dire une citerne souterraine gallo-romaine,
située sous l’esplanade du lycée Saint-Just à Lyon.
2 Toponyme non identifié.
3 Le lieu dénommé Croix de Colle (des décollés) est lié, d’après la tradition, aux martyres
des saints Irénée, Alexandre et Épipoy et des 19 000 chrétiens décapités sous l’empereur
Antonius Verus.
Ill. 13 – Saint-Thomas de Fourvière sur le Plan scénographique.
© Archives de Lyon, 2 SAT 6.
250 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’acheter, à moins que l’archevêque ou l’Église ne préfèrent conserver


pour eux le droit d’acheter.
En outre, nous avons établi que ceux qui, par la volonté de Dieu,
serviront dans cette église, célèbrent les offices de nos anniversaires, et
qu’ils reçoivent le repas du défunt, qui était auparavant donné à l’un
de nos prêtres. Que pendant trente jours ils fassent le trentain de nos
défunts et que pendant trente jours ils en reçoivent le bénéfice, en per-
cevant chaque jour six deniers tirés des biens du défunt, si sa fortune
permet de les y trouver.
Si, un de ces jours-là, il devait arriver que le réfectoire soit en vacance,
ils auront aussi la dîme des revenus que le défunt aurait reçus de l’église,
depuis le jour de son décès jusqu’au premier mars, après le règlement
des réfectoires et des dettes, et une fois les plaintes apaisées.
Quant à leurs personnes, ils devront suivre la procession et la messe
de notre Église à Noël, à Pâques, à la Pentecôte, à la Nativité de saint
Jean et à sa Décollation, à l’Invention du corps de saint Etienne, pour
les trois jours des Rogations et pour les Rameaux. Pour tout ce que
nous leur avons donné, et pour ce qu’ils acquerront selon la volonté de
Dieu, ils donneront à saint Jean un cierge d’une livre pour sa Nativité
et à saint Etienne un autre d’une livre pour l’Invention de ses reliques.
Ceci a été fait l’année de l’Incarnation du Seigneur 1192, la 20e année
de la passion dudit martyr, dixième indiction, épacte 4, troisième
concurrent, sous le gouvernement du pape Célestin III à Rome, sous le
règne d’Henri empereur des Romains, et alors que Philippe était roi des
Francs. Et pour que ne soit laissée à la postérité qui nous succèdera pas
même la possibilité d’un commencement de doute ou de soupçon sur
cette donation que nous faisons, et pour qu’au contraire elle conserve
toujours une force et une teneur ferme et inébranlable, nous avons fait
marquer la présente charte du sceau tant de l’archevêque que de l’Église.

Source

Lyon, Archives départementales du Rhône, 14 G 28 ; 10 G 527 ;


10 G 1595 (copie du xviiie siècle). Longin, Émile, Recherches sur Fourvière :
fondation de l’église et de la chapelle Notre-Dame, suivie du Barbet ou recueil
de chartes, Lyon : Brun, 1900, p. 83-87. Traduit du latin.
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 251

Bibliographie

Cahour, Arsène, Notre-Dame de Fourvière, ou Recherches historiques sur


l’autel tutélaire des Lyonnais et sur les principaux événements qui en ont
retardé ou hâté la gloire, Lyon : Pélagaud et Lesne, 1838.
Longin, Émile, Recherches sur Fourvière : fondation de l’église et de la chapelle
Notre-Dame, suivie du Barbet ou recueil de chartes, Lyon : Brun, 1900.
Beyssac, Jean, Les prévôts de Fourvière, Lyon : Grange, 1908.
Gonthier, Nicole, « Fourvière au Moyen Âge », dans Hardouin-
Fugier, Élisabeth, Voir, revoir Fourvière, Lyon : Élisabeth Hardouin-
Fugier / Hauteville-Lompnes : Imprimerie Ardant, 1988, p. 35-40.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :
Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.
Chopin, Hervé, « Le chapitre de Saint-Thomas et Notre-Dame », dans
Fourvière : l’âme de Lyon, dir. par Jean-Dominique Durand, Bernard
Berthod, Véronique Molard-Parizot et Nicolas Reveyron,
Strasbourg : La Nuée bleue (La Grâce d’une cathédrale ; 11) – Paris :
Éditions Place des Victoires, 2014, p. 285-287.
Isaïa, Marie-Céline, « La chapelle Saint-Thomas aux xiie et xiiie siècles »,
dans ibid., p. 282-284.

II.28. LETTRE DE JEAN BELLESMAINS À L’ÉVÊQUE DE GLASGOW


SUR LA « PLEINE JURIDICTION » DU SIÈGE DE LYON (1200/1202)

Document présenté et traduit par Michel RUBELLIN

Présentation

En 1182, à la mort de l’archevêque Guichard de Pontigny, le chapitre


cathédral de Lyon choisit pour lui succéder Jean Bellesmains, évêque de
252 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Poitiers depuis 1162. D’origine anglaise – il était né à Canterbury vers 1120


– il avait été très proche de Thomas Becket. Sitôt installé à Lyon, deux
tâches lui parurent urgentes. En premier lieu, dès 1183, il s’attaqua au
problème posé par la présence dans la ville de Valdès et de ses disciples (les
Pauvres de Lyon ou Vaudois). Depuis une dizaine d’années, sans encourir
d’interdiction formelle ni de l’archevêque Guichard, ni même du pape
Alexandre III, ce riche lyonnais, qui avait renoncé à tous ses biens, prêchait
la pauvreté volontaire, sans remettre en cause le dogme ni l’institution
ecclésiale. L’afflux de disciples provoqua très certainement des débordements
que le nouvel archevêque, qui avait montré dans sa fonction précédente
à Poitiers qu’il était un homme d’ordre, ne pouvait tolérer. Dès 1183, il
expulsa de Lyon Valdès et ses disciples, qui furent condamnés l’année sui-
vante comme hérétiques par le pape à Vérone. La deuxième urgence pour
le nouvel archevêque était d’obtenir la confirmation du statut politique de
son diocèse – dont il vante la singularité à son correspondant – à cheval sur
le royaume de France et l’Empire. Dès 1183, Philippe Auguste confirma la
permutatio de 1173 (II.25.). L’année suivante, à Vérone, Frédéric Barberousse
lui délivra une nouvelle Bulle d’or, rigoureusement identique (moins
l’adresse bien sûr), mais dans un contexte qui avait changé, à celle de 1157.
Puis Jean Bellesmains s’employa à ce que ses puissants voisins ne remettent
pas en cause la position de l’Église de Lyon. Il déjoua très habilement la
menace que représentait en 1183 le rapprochement entre Guy II, comte de
Forez, et Humbert III, sire de Beaujeu, en se faisant reconnaître la garde
de l’abbaye de Savigny par le roi de France ; de même, en 1193, il sut faire
admettre au jeune Guichard IV de Beaujeu la suzeraineté de l’Église de
Lyon sur un certain nombre de positions limitrophes importantes comme
Chamelet, et il l’amena à renoncer à certaines comme Bully, ou encore à
en engager d’autres comme Lissieu. L’archevêque renforça par ailleurs la
sécurité et la protection des terres de son Église en élevant des fortifications
(à Ternand ou à Béchevelin, en liaison sans doute pour cette dernière avec
la construction d’un pont sur le Rhône au droit de l’actuelle rue Sainte-
Hélène), et en portant le fer contre les petits seigneurs indisciplinés, comme
il l’avait fait jadis dans son diocèse de Poitiers. Jean fut sans doute un bon
administrateur. Peu habitué en tant qu’ancien sujet du roi d’Angleterre à
ne pas trouver en face de lui la justice du prince, au point d’aller chercher
à Rome la justification de l’existence à Lyon de son sénéchal, il n’en pose
pas moins le principe d’une étroite séparation des justices séculières et
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 253

ecclésiastiques. Par ailleurs il entretint de bonnes relations avec son chapitre


cathédral, qui, il est vrai, ne semble pas manifester encore un vrai désir
d’autonomie. C’est avec les chanoines qu’il promulgue les statuts capitu-
laires de 1185, ou qu’il procède en 1187 à la première répartition entre eux
des biens de la mense capitulaire connue – ou « distribution des terres ».
C’est au chapitre cathédral qu’il rattacha étroitement le nouveau chapitre
qu’il fonda à Fourvière en l’honneur de son ami Thomas Becket. On sait
par ailleurs qu’il disposait d’un pouillé (malheureusement perdu) pour
la perception de certains droits (notamment la livraison de cire) dus par
les paroisses du diocèse. Enfin ses rapports avec les monastères du diocèse
semblent avoir été excellents.
En 1193, pour de multiples raisons (désir d’expier ses fautes comme
il le laisse entendre, fatigue due à l’âge, changement du contexte lyon-
nais…) et avec l’accord du pape Célestin III, il renonça à sa charge
épiscopale pour se retirer à Clairvaux avec une pension annuelle de
cent vingt livres à la charge du chapitre de Lyon. Sa retraite ne fut pas
inactive. Il s’intéressa à des questions liturgiques et théologiques qu’il
soumit au pape Innocent III et dut répondre à des correspondants tel,
ici, Guillaume Mauvoisin, chancelier du royaume d’Écosse, qui avait
été sacré évêque de Glagow à Lyon en 1200, avant d’être transféré deux
ans plus tard à Saint Andrews où il mourut en 1238.

Document

Au vénérable seigneur et confrère dans le sacerdoce Guillaume, par


la grâce de Dieu évêque de Glasgow, Jean jadis archevêque de l’église
primatiale de Lyon et maintenant le plus petit des prêtres du Christ, salut.
Comme nous avions répondu, mon bon frère, par de précédentes
lettres aux vôtres, nous savons que vous pourrez rencontrer sur votre
chemin de retour, que nous vous souhaitons sans encombre, beaucoup
de personnes sages et avisées qui, sur les questions que vous nous avez
posées et sur d’autres, pourront vous répondre plus sagement et plus
complètement, surtout si vous vous disposez à passer par Paris : là, en
effet, il est certain qu’on rencontre beaucoup d’experts en droit tant
humain que divin. Et pour ne pas laisser notre sollicitude inactive,
nous allons nous attacher à vous dire ce que nous avons cherché à faire
à l’exemple des ancêtres et selon l’expérience de notre temps.
254 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ce siège archiépiscopal, dans lequel vous avez reçu la consécration épis-


copale, et sur lequel, bien qu’indigne, nous avons assuré durant quelques
années la charge épiscopale, a pleine juridiction, celle que vous appelez
baronniale, tant sur les terres d’Empire que sur celles du royaume des
Francs, puisque le diocèse se trouve dans les deux ; et nous ne pensons
pas qu’on puisse facilement trouver une autre Église qui jouisse de la
prérogative d’une telle liberté. Nous usions de la charge et de l’honneur
qui nous avaient été confiés à la manière de nos prédécesseurs. J’avais un
sénéchal auquel je confiais le soin et le souci des affaires judiciaires, et
qui traitait non seulement des causes pécuniaires, mais aussi des crimes
et délits qu’il punissait selon les coutumes de la région : de sorte que,
comme vous le rappelez dans votre lettre, l’audace des hommes dépravés
ne puisse croître à cause de l’impunité. Je craignais cependant que, si par
hasard la nature de la faute devait entraîner pendaison ou mutilation,
on ne m’informe de cette sentence. Ce sénéchal se prononçait avec ses
assesseurs, sans me consulter. Je savais sans doute que c’était moi qui
lui avais conféré l’autorité pour connaître et juger ; mais de cette dissi-
mulation il me venait une sorte d’assurance, puisque les saints hommes
qui m’avaient précédé sur ce siège avaient agi de même sans encourir
aucun reproche. Nulle part dans le monde latin, sinon dans notre église
majeure, on ne trouve tant de saints martyrs ou de confesseurs, ce que
vous pourrez facilement constater en consultant le martyrologe de Bède
ou celui de son successeur Usuard, qui a largement augmenté le cata-
logue des saints. Est venu s’ajouter pour accroître l’assurance dont il a été
question le fait que le préfet de la ville de Rome, qui est spécialement
préposé à la punition des coupables, est réputé recevoir l’autorité de
sa préfecture du seigneur pape. Et, le dimanche où on chante Laetare
Jerusalem, le souverain pontife porte une rose d’or au cours d’une pro-
cession solennelle et rémunère de cette rose le préfet de la ville comme
pour le rétribuer de ses services. Et à Bénévent, qui dépend de la mense
apostolique, le seigneur pape ordonne un recteur qui, soit lui-même,
soit par des citoyens de ladite ville, punit et liquide les crimes commis
en ce lieu. J’usais de consolations de ce genre ; sachant cependant que si
un profit provenait de ce type de causes, il était affecté à mes dépenses,
déduction faite du droit de mon sénéchal auquel on donnait le tiers de
ce profit pour sa rémunération. Nous avons attentivement veillé, tant
nous-mêmes que nos prédécesseurs, à ce que celui qui devait être chargé
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 255

de cette fonction ne soit pas ensuite promu aux ordres sacrés. Voilà, mon
bon frère, nous avons répondu à votre première question…
Voici maintenant ce que nous pensons devoir répondre à votre deu-
xième question. Les clercs, et tout spécialement ceux qui sont promus
aux ordres sacrés, ne doivent pas engager de poursuites pour rapines ou
autres vols commis à leur détriment devant une cour séculière ; si on ne
peut les en empêcher, qu’ils n’osent en aucune façon aller jusqu’au duel
judiciaire, à l’ordalie du fer rouge ou de l’eau ou à tout autre épreuve de
ce type. S’ils ne respectent pas cette interdiction et que par suite de leur
citation interviennent mutilation ou exécution capitale, ils mériteront
d’être privés de leur office et de leur bénéfice ecclésiastique. L’autorité
apostolique leur oppose en effet ceci : « Pourquoi ne souffrez-vous pas
plus que la fraude commise1 ? » Nous croyons qu’il faut appeler fraude
la condamnation prononcée contre un individu par la malignité ou la
fraude d’un autre. Nous vous avons transcrit cela assez méticuleuse-
ment, sans préjudice d’un meilleur et d’un plus sain conseil. À cause
des affaires rappelées ci-dessus et de quelques autres qui m’ont assez
sérieusement accablé, j’ai choisi, vénérable prêtre du Christ, de passer
le reste de vie que Dieu m’accordera dans la pénitence et les larmes, et
de goûter la douceur de la vie contemplative (si cela peut se faire). J’ai
dû, alors que j’exerçais l’honneur de la charge archiépiscopale de Lyon,
m’impliquer dans l’honneur de la milice du siècle. J’ai poursuivi à main
armée les auteurs de rapts, les sacrilèges et les bandits de grand chemin,
et assiégé, brûlé et démoli leurs retranchements et leurs châteaux. Et
dans cette lutte sont morts non seulement ces malfaiteurs, mais aussi
certains de ceux que nous avions emmenés contre eux. C’est pourquoi,
prosterné maintenant aux pieds de votre sainteté, tel un misérable
pécheur, je vous supplie d’intervenir pour obtenir le pardon de mes
fautes. Portez-vous bien.

Source

Patrologiæ Cursus completus… Series secunda… Patrologiæ Tomus CCIX,


éd. par Jacques-Paul Migne, Paris : Garnier frères, 1855, col. 879-882.
Traduit du latin.

1 1 Co 6, 7.
256 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Pouzet, Philibert, L’Anglais Jean dit Bellesmains, 1122-1204 : évêque de


Poitiers, 1162-1182, puis archevêque de Lyon, 1182-1193, Lyon : Camus
et Carnet, 1927.
Bitsch, Horst, Das Erzstift Lyon zwischen Frankreich und dem Reich im
hohen Mittelalter, Göttingen : Musterschmidt (Göttinger Bausteine zur
Geschichtswissenschaft ; 42), 1971.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.

II.29. L’ŒUVRE DE L’ARCHEVÊQUE


RENAUD DE FOREZ (1193-1206)

Document présenté et traduit par Pierre GANIVET

Présentation

Le manuscrit 925 de la Bibliothèque de l’Université de Bologne


est un petit in-folio de 272 feuillets, dont la présentation de Georges
Guigue et Jacques Laurent, ses derniers éditeurs, rappelle les vicissitudes
depuis son abandon au début du xive siècle jusqu’à sa redécouverte en
Italie à l’orée du xxe1. La partie principale du manuscrit réside dans
un ensemble de 28 cahiers, contenant le martyrologe et l’obituaire de
l’Église de Lyon, tous deux publiés pour la première fois en 1902. Le
Martyrologe de la Sainte Église de Lyon le fut par Condamin et Vanel, et
l’obituaire par Marie-Claude et Georges Guigue, qui purent en fixer
l’époque de composition aux années 1221/1226, c’est-à-dire aux der-
nières années de l’archiépiscopat de Renaud de Forez (1193-1226). L’obit
de ce prélat, inscrit au 22 octobre, est la plus ancienne des additions
datées dont l’ouvrage fut augmenté jusqu’à la fin du xiiie siècle. Les

1 Obituaires I, p. 12-18.
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 257

circonstances de la confection du manuscrit, autant que l’importante


activité de l’archevêque Renaud, expliquent donc la longueur inhabi-
tuelle de la notice qui est consacrée à ce grand prélat « féodal », reprise
in extenso dans le nouvel obituaire confectionné au xive siècle et édité
dès 18671. On ne peut, en quelques lignes, que souligner la richesse de
cette notice. Elle montre notamment l’importance des châteaux dans
l’œuvre de Renaud de Forez. Elle laisse également transparaître son
positionnement politique : la concession du péage de Givors sur la rive
droite (II.15.b.) évoque ses liens étroits avec Philippe Auguste, celle du
péage de Béchevelin sur la rive gauche (diplôme non conservé) rappelle
qu’il prit parti pour Philippe de Souabe contre Othon de Brunswick,
avant de garder ses distances à l’égard de Frédéric II : absent de la Diète
de Bâle en 1214, en conclut Bruno Galland, « il était alors sorti de la
sphère d’influence impériale pour glisser dans celle du roi de France2 ».

Document

Le 11 des calendes de novembre. Mourut Renaud, vénérable arche-


vêque de Lyon, de bonne et heureuse mémoire, qui dirigea heureusement
l’Église de Lyon pendant trente-trois ans, et pourvut avantageusement
à ses intérêts. Pour que son anniversaire soit célébré avec honneur, il a
laissé aux convents des trois églises3 cent marcs d’argent, avec certaines
terres qu’il avait acquises à Condrieu ; et pour la construction de la
grande église, cent marcs ; et il a donné à la grande aumône cinq cents
mornantets4 de seigle. De même, il a laissé à cette église une chape en
soie de prix, une dalmatique, une aube, un calice d’argent doré, et deux
candélabres avec deux burettes d’argent.
Il construisit beaucoup de nouvelles fortifications, à savoir le châ-
teau de Pierre-Scize, le château de Chasselay, le château neuf d’Anse,
et il réédifia somptueusement l’ancienne grand-salle d’Anse. Il édifia,
au moyen de murs et de levées de terre, les enceintes de Dardilly et de
Lentilly. Il fortifia de murs et de fossés le village du Bois5 et le bourg de
1 Arch. dép. Rhône, 10 G 3442 ; Obituarium, p. 132-140.
2 Galland 1994, p. 244.
3 Les trois églises du groupe épiscopal : Saint-Jean (Grande Église), Saint-Étienne et
Sainte-Croix.
4 Mesure de Mornant (Rhône, arr. Lyon, ch.-l. cant.).
5 Aujourd’hui Bois-d’Oingt.
258 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ternand. De même, fut acquise par ses soins la seigneurie du château de


Rochefort, où il éleva une enceinte, et il acquit à ses frais de nombreuses
terres et domaines. Il fit aussi fortifier par des murs et des levées de terre
le village de Rive-de-Gier, et il dépensa une grosse somme d’argent dans
les bâtiments de Saint-Martin-la-Plaine. De même, à Condrieu, dans la
forteresse, il construisit une tour, un rempart et une courtine, et au même
endroit il édifia à grand frais un mur et une levée de terre du côté de
l’aquilon, et le portail et le mur qui sont devant la chapelle Saint-Jean,
avec les deux fourneaux et la citerne qui sont à l’intérieur de la forteresse.
À Givors, il acquit trois parts de la poype, et il fortifia toute la poype
depuis les fondations ; et, au même endroit, il obtint le péage de Philippe,
roi des Francs. De plus, il éleva entièrement et fortifia l’enceinte d’Irigny
et l’enceinte de Francheville. Et il eut et obtint de Philippe, empereur des
Romains, le péage de Béchevelin. Et il créa et bâtit la paneterie qui est
devant l’église Saint-Nizier ; il fit aussi aménager à ses frais la grand-salle
de Saint-Romain lès Couzon. De même, il acheta la viguerie d’Anse à
Bernard de Saint-Germain, chevalier, et à sa femme Guillème, et l’acquit
pour cent vingt marcs d’argent ; et au même endroit, il mit quatre cents
livres – la moitié acquittée par le chapitre – dans le gage de Guillaume
de Marchampt, chevalier ; et tout ce que Guillaume de Tarare avait à
Anse, il l’acquit pour cent vingt marcs. De même, en accroissement
du gage de Lissieu, dans lequel avaient été ajoutés par certains autres
le fief d’Aimon de Châtillon dans le même château et d’autres fiefs à
l’extérieur du château même, qui faisaient tous partie de la seigneurie
de Beaujeu, il mit deux cents marcs, la moitié acquittée par le chapitre.
De même, dans le gage de Guichard d’Oingt, il mit mille sous. Et
dans l’acquisition de la maison de Guillaume de Furans, qui est devant
la porte de la citadelle de Condrieu, il mit vingt livres de viennois. De
plus, il acquit, au prix de mille sous de viennois, et rebâtit les maisons
des Pannonenches. Il acquit aussi la terre de Pierre Arrivi au prix de mille
sous de viennois, et trois parts d’un four pour trois mille sous. Dans le
gage qu’a l’Église de Guigues de Jarez à Chavanay, il mit cent marcs. Et
dans le gage qu’il reçut des frères Foulques et Ogier d’Ampuis, il mit
trois mille sous. De même, à Ternand, il acquit de Guigues d’Oingt et
de Guillaume de Tarare la moitié de la garde de Saint-Vérand pour mille
sous ; il acheta pour dix livres les autres gardes qu’Albert de Thizy avait
au même endroit. Il acquit encore d’Agnon d’Oingt la moitié de la garde
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 259

que celui-ci avait dans le cimetière de Chasselay. De même, à Yzeron, il


racheta pour mille sous le quart de toute la seigneurie, tant dans le châ-
teau lui-même que dans le mandement, qui avait été concédée à l’Église
de Lyon par le chanoine Girin de Sal ; il acquit de Blanche de Montagny
un autre quart pour cent vingt livres, et il érigea là, à ses propres frais,
le château de Fautéon, dans lequel il acquit de chevaliers et d’autres
personnes de nombreuses pies. Il fit aussi faire l’enceinte de Pollionay, et
il y fit beaucoup d’acquisitions. […] De même, il perfectionna à grand
frais l’enceinte de Saint-Cyr. Et il renforça le château de Saint-André de
levées de terre, et là, il construisit des pièces et d’autres édifices. […]
En outre, il acquit pour lui et ses successeurs, un grand nombre de
fiefs et des hommages. D’Hugues, seigneur de Coligny, qui lui devait déjà
l’hommage pour le village de Druillat, il obtint d’unir à cet hommage le
village de Gravelles. Après le rétablissement de la paix entre eux, il reçut
le château de Saint-André-de-Revermont, rendable par le même Hugues,
soit en temps de paix, soit en temps de guerre, de manière que l’archevêque
puisse et doive revenir chaque fois qu’il le voudrait, avec beaucoup ou peu
d’hommes, aussi bien dans le château que dans l’enceinte, pourvu que les
hommes de ce même noble ne soient pas chassés de là, parce que c’était
l’accord qu’il y avait entre eux. De même, Humbert de Thoire reçut en
fief du même archevêque la forteresse du Châtelard, et en conséquence
lui fit hommage et ordonna que cela soit fait aussi par ses successeurs.
De même, Étienne, seigneur de Chandieu, lui fit hommage lige, après le
comte de Savoie, pour le fief de Chassieu, et il ordonna que cela soit fait
également par ses héritiers. De même, Achard le Bressan reçut de lui en
fief tout le droit qu’il avait dans la paroisse de Saint-Jean de Thurigneux,
et en conséquence, il lui fit hommage et ordonna que cela fût fait par ses
successeurs. De même, Amédée de Boenc et son frère reçurent de lui en fief
le village de Vioble, et en conséquence, firent hommage et ordonnèrent aux
leurs de le faire à leur tour. De même, Aymon de Bocsozel reçut de lui en
fief la forêt de Contes, et en conséquence, il lui fit hommage et ordonna aux
siens d’en faire autant. Guy de Synicie aussi reçut de lui en fief la terre et les
possessions qu’il avait au-delà du Rhône, et en conséquence fit hommage.
Ceux de Chavorlay également reçurent du même tout ce qu’ils avaient à
Saint-Priest, et lui firent hommage ; et ils concédèrent au même archevêque
et à ses successeurs, à perpétuité, une redevance de cinquante poules sur
ce même village. De même, Jean, abbé d’Ainay et son convent donnèrent
260 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et concédèrent au même archevêque, dans le village de Vénissieux, une


redevance de deux sous et deux chapons sur les courtils des Rumfredi ; et sur
chacun des courtils qui viendraient par ailleurs à s’ajouter là, par allotisse-
ment, ils concédèrent en outre six deniers et un chapon pour la garde. […]
De même, à Yzeron, il racheta pour mille sous le quart engagé à Jocerand
de Lavieu de tous les usages du même château, tant dans le mandement
que dans la seigneurie, que Girin de Sal, jadis chanoine de Lyon, avait tous
donnés à cette église. Il acquit par ailleurs un autre quart de dame Blanche
de Montagny, pour cent vingt livres, et il édifia en ce lieu la forteresse de
Fautéon, où il acheta pour vingt sous une pie à Girard de Bully ; et il acheta
une pie à Hugues de Bully pour sept sous, et une pie à Pierre de Talaru
pour quinze sous, et les jardins d’Étienne de Saint-Sorlin et de sa femme
pour cinquante-cinq sous, et la pie de Foulques de Vaux pour soixante
sous, et la pie de Ponce Dalavart pour dix sous et la pie de Toset pour
vingt-cinq sous, et la pie de Guillaume de Chassagny pour huit sous, et
la pie de Guillaume Talart pour sept sous et une quartalée de seigle. […]
De même, à Givors, il acquit d’Étienne Parent une redevance de dix-
sept sous de forts sur les jardins, et la moitié d’un moulin grevé d’un
cens d’un setier de seigle ; et le même Étienne Parent reçut en fief de ce
même archevêque sa maison, qui est sous la maison de Blanc et la maison
de Jacques de Maniveu, et un certain cellier que tiennent les héritiers
de Guillaume de Bornue, et le courtil que tient Bonet Deschas, et cinq
autres pièces de terre que les successeurs de Guillaume de Bornue tiennent
de même, qui relèvent de ce fief, dont l’une est sous les fourches et une
autre près du fonds d’Antelme de Chandieu, et l’équivalent d’une vigne
qui est près de la vigne de Guillaume Arenc, à Arriceu, et une métérée
de terre près de la vigne de Blanche de Malosas à Arriceu, une autre pièce
de terre entre le Mornantet et le Garon, et un jardin à Frédière, et une
autre pièce de terre à Baon, près de la vigne d’André Cornoley. De même,
il acquit tout le droit que l’église de L’Isle-sous-Vienne avait sur l’île de
Givors, au prix de 28 livres de forts, de même la seigneurie et la portion
de poype que Bérard de Pizay avait dans tout le château de Givors. Il
instaura un droit de cent sept livres de forts et cinquante sous sur le
péage ; il acheta ensuite à ce même Bérard, pour cinquante-huit livres
de viennois, et trois cents sous de drouille1 qu’eut Aimar de Montfol,
1 Les éditeurs des Chartes du Forez (t. X, p. 359) donnent : « drouilles, étrennes données par
l’acheteur à la femme ou aux enfants du vendeur ».
L’ÉGLISE DE LYON À LA FIN DU XIIe ET AU DÉBUT DU XIIIe SIÈCLE 261

les maisons, jardins et terres planes qu’il avait dans le mandement de


Givors. De même, il échangea avec Guichard de Montagny et dame
Blanche, sa femme, ce que l’Église avait à Monte Irtundo et aux Beisses,
et en outre il leur donna une grosse somme d’argent pour la portion de
droit et de seigneurie qu’ils avaient sur la poype de Givors. De même, il
acquit d’Étienne de Farnay tout ce qu’il avait de droit et seigneurie sur
la même poype, pour cinquante-huit livres de forts. De même, il acquit
de Guillaume Arenc, au prix de soixante sous, deux parts du marché
de Givors et une redevance de douze deniers à Tuell […]

Source

Bologna, Biblioteca universitaria, ms. 925 (xiiie siècle). – Éditions :


Obituaires de la province de Lyon. Tome I : Diocèse de Lyon, Première Partie,
éd. par Georges Guigue et Jacques Laurent, Paris : Imprimerie natio-
nale (Recueil des historiens de la France. Obituaires ; 5), 1951, p. 119-126.
Obituaire de l’église primatiale de Lyon : texte du manuscrit de la bibliothèque
de l’université de Bologne, XIIIe siècle, éd. par Marie-Claude Guigue et
Georges Guigue, Lyon : Emmanuel Vitte, 1902, p. 83-87. Voir aussi
Obituarium Lugdunensis Ecclesiae. Nécrologe des personnages illustres et des
bienfaiteurs de l’Église métropolitaine de Lyon du IXe au XVe siècle, éd. par
Marie-Claude Guigue, Lyon : Nicolas Scheuring, 1867, p. 132-140
(d’après l’obituaire du xive siècle : Lyon, Archives départementales du
Rhône, 10 G 3442). Traduit du latin.

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu
du XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.
Galland, Bruno, « Les fortifications de Renaud de Forez, archevêque de
Lyon », dans Paysage de force et plaisir du paysage : 135e Congrès national
des sociétés historiques et scientifiques – Neuchâtel, 2010, sous la direction
de Henri Bresc, p. 121-127, édition électronique : http://cths.fr/ed/
edition.php?id=5874 (consulté le 16/10/2013).
INTRODUCTION

par Alexis Charansonnet

Du point de vue de l’étude des conditions politiques selon lesquelles


Lyon est passée de l’Empire au Royaume, la période comprise entre 1226
et 1320 s’avère à tous égards décisive.
Cette conviction, née de la lecture des textes et des images, a conduit,
au sein de la séquence chronologique ici prise en compte, à négliger le
premier demi-siècle et à concentrer l’attention sur une période courte :
1269-1320. Deux raisons justifient cette focalisation. L’une tient à la
structure de la « politique extérieure » capétienne au cours du xiiie siècle,
l’autre à la conjoncture documentaire concernant Lyon et le royaume
au début du xive siècle.
Au plan structurel, on a vu plus haut que la frontière interne du comté
de Lyon avait évolué au cours du xiie siècle dans le sens d’un partage
assez net des souverainetés entre roi et empereur de part et d’autre des
fleuves, la ville de Lyon seule pouvant poser un problème, à la confluence
Saône-Rhône. De même, les historiens du règne de Philippe Auguste
témoignent que des relations avec Lyon et des préoccupations concernant
la frontière orientale du royaume ont existé chez les Capétiens à partir
des années 1220 au plus tard. Elles sont révélées entre autres par la
présence (évoquée par Guillaume le Breton à la fin de sa Philippide) de
l’archevêque Renaud, fils du comte de Forez – lequel est depuis 1137
vassal du roi capétien – aux funérailles du souverain en 1223, ou par cette
vision que narre le clerc et historien gallois Giraud de Barri : l’enfant-roi
Philippe s’appuie sur les têtes des deux souverains les plus fiers du monde,
l’empereur germanique et le roi d’Angleterre, qu’il enfonce dans le sol.
On ne peut non plus sous-estimer l’importance, pour la progression
du royaume vers le sud-est, immédiate ou à venir, de l’acquisition du
comté de Mâcon en 1239 par Louis IX. Pourtant, à partir du règne
266 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de son père Louis VIII, on ne trouve que très peu de mentions et de


documents d’origine capétienne liés à Lyon. Ce fait a sans doute partie
liée avec l’absence d’une publication scientifique récente des actes de ces
deux souverains, qui limite les possibilités d’investigation détaillée sur
certains aspects politiques de leurs règnes. Mais il doit aussi être mis
en rapport avec l’une des deux « victimes » de la vision rapportée par
Giraud de Bari, le roi d’Angleterre, qui constituait le principal obstacle
à l’ambition territoriale majeure de ces deux souverains : agrandir leur
domaine et apaiser leur royaume du côté occidental. On peut certes voir
leur chemin passer par Lyon et longer le Rhône, quand il faut partir en
croisade contre les Albigeois (Louis VIII prend Avignon en 1226) ou
contre les Sarrasins en se rendant à Aigues-Mortes (Louis IX en 1269).
Mais l’alliance traditionnelle entre Capétiens et empereurs de la famille
des Hohenstaufen interdit toute velléité expansionniste au-delà de la Saône
et du Rhône, d’autant que Frédéric II n’a pas complètement renoncé à
s’adresser aux grands habitant la part de ses possessions située à l’est
du fleuve, part à laquelle Gervais de Tilbury, dans ses Otia imperialia, a
donné le premier dans les années 1210 le nom de « royaume d’Arles »,
qui devait lui rester. Toutefois, l’empereur retenu en Italie par sa guerre
contre la papauté et les villes guelfes et les rois de France occupés sur
d’autres fronts, ce sont précisément les papes qui font de Lyon, durant
la trentaine d’années séparant les deux conciles œcuméniques qu’ils y
organisent (1245 et 1274), une sorte de tête de pont pontificale en vallée
rhodanienne, s’installant à Saint-Just exactement comme devaient le
faire plus tard les Capétiens, pour les mêmes raisons de sécurité défen-
sive à l’abri des murailles du cloître. Une papauté qui, en outre, face à
des souverains laïcs trop puissants – l’empereur Frédéric II bien sûr, et
peut-être tout autant le Capétien Louis IX, allié nécessaire mais en passe
de devenir le plus grand monarque d’Occident – cherche et trouve des
appuis chez les princes. Comment interpréter autrement l’installation
par le pape Innocent IV en 1245, sur le siège lyonnais, d’un membre de
la maison de Savoie, Philippe, qui avait conduit ce pape depuis l’Italie à
travers les Alpes jusqu’au lieu du concile, qui ne devait jamais recevoir
les ordres majeurs et qui renonça à son siège archiépiscopal en 1268
pour devenir comte de Savoie, ce qui déclencha les troubles qui devaient
mener à la première intervention directe d’un roi capétien dans les affaires
lyonnaises (III.01.) ?
DE L’ÉVÊCHÉ D’EMPIRE À L’ANNEXION CAPÉTIENNE 267

Par la suite, la papauté comme la maison de Savoie ont dû plier face


à la volonté capétienne, Philippe le Bel ayant entrepris, non sans de très
durs affrontements avec Boniface VIII, d’imposer un certain nombre
de restrictions drastiques, notamment judiciaires et fiscales, à ce qu’il
considérait comme des empiètements de la théocratie papale sur l’Église
de son royaume. Quand le roi emprisonne l’archevêque révolté, le pape
ne peut que s’y résoudre tout en cherchant à favoriser la paix (III.10.).
De l’éphémère « pontificalisation » de Lyon au xiiie siècle, on perçoit
encore de tardifs échos au xive siècle, lorsque successivement Clément V
en 1305 (III.04.a.), puis Jean XXII en 1316, il est vrai sous étroit contrôle
capétien, s’y font couronner, ce dernier selon un ordo qui doit s’adapter
à la topographie de la ville (III.15.). Mais ces couronnements lyonnais
peuvent aussi bien être interprétés comme une « francisation » de la
papauté : Philippe le Bel n’a-t-il pas rêvé un moment à une installation
de la papauté à Lyon ?
Semblablement, en 1294, le testament que dicte en 1294 la comtesse
de Savoie Sibylle, héritière de la seigneurie de Bâgé, témoigne de de son
fort attachement aux églises lyonnaises (III.02.), tandis que le long séjour
de son époux le comte Amédée V à l’abbaye d’Ainay, à l’occasion du
couronnement de Clément V, révèle les liens que les Humbertiens entre-
tenaient avec certains des plus riches citoyens de la ville, leurs bailleurs
de fonds, liens qui transparaissent clairement dans les compte de l’Hôtel
(III.04.b.). Mais la venue à Lyon du comte s’explique tout autant par la
nécessité d’un rapprochement, contre les ennemis dauphinois, avec les
Capétiens devenus incontournables dans la ville et la région. Le temps
d’une hypothétique solution politique savoyarde à Lyon est définitive-
ment révolu, le siège archiépiscopal passant à la petite noblesse locale.
Mais surtout, ce combat de Philippe le Bel pour la souveraineté sur
son Église suscite au plan conjoncturel l’élaboration d’une très abondante
documentation de la part des principaux conseillers du roi, ses célèbres
légistes, dans le but de préparer et justifier sa politique agressive. Une
part de cette production, notamment des papiers de l’un d’entre eux,
Guillaume de Nogaret, concerne Lyon et y est produite : ce conseiller
royal avait pris tant de part à toutes les affaires importantes de la royauté
entre 1302 et 1314, en en assumant souvent la responsabilité, que peu
après sa mort en mars 1313 on saisit ses archives, qui furent versées
au Trésor des chartes de la monarchie française. Depuis, à de rares et
268 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

notables exceptions près, elles n’ont été qu’assez peu lues, rarement sous
un angle prioritairement politique, et jamais traduites. Leur intérêt est
double, de forme et de fond. À côté de versions préparatoires de véri-
tables « monuments » de l’histoire lyonnaise, telle la grande Philippine
(III.06.a.), permettant à travers une comparaison entre l’état initial et la
version finale, officielle de l’acte, d’évaluer le durcissement de la position
royale au fil de mois de négociation, on y dispose, au sein de ce que
les historiens actuels aiment à qualifier d’« écritures pragmatiques »
ou « grises », de mémoires administratifs plus confidentiels, destinés
à servir de bases au travail interne en vue de fournir des arguments
aux hommes du roi, et souvent exempts, du fait de ce statut, de toute
autocensure. S’y fabrique, comme dans les deux documents III.05.a.
et III.05.b, une reconstruction historico-juridique extraordinairement
sélective, tirant parti des origines gauloises de Lyon, de la prétendue
création par les rois francs, en ce lieu, d’un évêché qu’ils ont doté, devenu
ensuite premier siège épiscopal des Gaules – la primatie a en réalité été
mise en avant sous l’impulsion de la papauté grégorienne, voir ci-dessus
la deuxième partie, ce que Nogaret se garde bien de rappeler –, pour
faire de l’Église primatiale de Lyon celle du royaume et justifier son
incorporation à l’ordre juridique capétien. Pointe aussi dans ces deux
mémoires, puisque Lyon est royale, l’accusation politique de rébellion
et trahison contre ceux des archevêques qui auraient dans le passé fait
appel à des forces étrangères au royaume ou se seraient fait donner par
elles des privilèges : ipso facto, l’allégation de la Bulle d’or de 1157 devient
un crime. Ces textes peuvent aussi contenir, à cause de leur statut non
officiel, des arguments spéculatifs audacieux, éminemment représentatifs
des réflexions en cours sur la notion de frontière : on y lit (III.05.b.),
contre l’argument « naturel », que les fleuves, la Saône et les autres (« les
quatre rivières » sans nul doute), n’ont jamais constitué historiquement
une frontière pour le royaume capétien, seules les « nations » et les
« terres », de par leur appartenance d’origine, faisant foi en matière de
limites territoriales.
De la complexité et de la difficulté des négociations qui eurent alors
lieu, témoignent les relations entre la petite Philippine (III.06.b), que
les historiens présentent habituellement comme le préambule de la
grande, et cette dernière (III.06.a.). La petite Philippine fut en réalité
rédigée au terme de la longue négociation qui, de septembre 1307 à
DE L’ÉVÊCHÉ D’EMPIRE À L’ANNEXION CAPÉTIENNE 269

mai 1308, permit d’abord de se mettre d’accord sur l’acte fleuve, la


première Philippine, tellement « grande » qu’on lui préféra toujours, par
la suite, sa version abrégée, dite « petite ». Pour boucler préalablement
la « grande » et passer de l’une à l’autre il avait fallu mener, parallè-
lement aux négociations, des campagnes de propagande en faveur de
l’accord, auprès des villageois sujets traditionnels de l’Église lyonnaise
et habitants de la baronnie nouvellement créée, auprès des citoyens de
Lyon, auprès enfin des églises et des seigneurs locaux. Les premiers
furent systématiquement « consultés » sur un texte qu’ils ratifièrent, on
ignore de quelle manière précise, tout aussi systématiquement (III.07.,
ici Saint-Genis en Terre noire, l’une des trente-cinq communautés où
les notaires ont instrumenté). En revanche les citoyens, sur lesquels à
l’origine la royauté s’était appuyée contre l’Église, eurent le sentiment
d’être les dindons de la farce et refusèrent tout net de signer un texte à
l’élaboration duquel ils n’avaient, disaient-ils, pris aucune part, et qu’on
refusait de leur faire connaître avant ratification et prestation de serment :
dans un document où l’on entend l’écho des prises de parole et des débats
publics, les citoyens lyonnais exigeaient que la juridiction fût confiée
au seul archevêque, à l’exclusion du chapitre, et que les officiers et la
justice du roi continuassent à les protéger, en somme ce qu’ils devaient
obtenir en 1320 (III.08.). Finalement, seigneurs et prélats apportent à
leur tour leur concours au processus (III.09.a. et III.09.b.), transportés
de bonheur avec toutes les composantes de la population de la « terre
et baronnie de Lyon », car libérés enfin des angoisses de l’insécurité, de
sorte que les rédacteurs des textes n’ont pas assez de métaphores pour
fleurir leur prose à la plus grande gloire du Capétien présenté dans son
habit traditionnel de père nourricier et pacificateur de ses sujets.
La brève et vaine révolte de l’archevêque moins de trois ans plus
tard, à l’été 1310, pousse le roi à militariser la ville et le Lyonnais, et à
y placer un capitaine, Béraud de Mercœur, dont on connaît une partie
des dépenses occasionnées par la garde de Lyon (III.11.a. et III.11.b.).
Elles révèlent l’emploi d’effectifs d’hommes d’armes non négligeables,
en particulier lorsque des rumeurs se répandent concernant le passage
à proximité du roi des Romains Henri de Luxembourg, en route pour
Rome et le couronnement impérial avec son escorte de Savoyards. En
réalité, ce dernier, à défaut de pouvoir intervenir militairement, n’était
pas indifférent à cette captation d’un archevêché de son empire. On en
270 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

possède la preuve dans la lettre en forme de réplique que lui envoya à


l’été 1312 Philippe le Bel (III.14.), où ce dernier affirme, face aux reven-
dications impériales de supériorité, que le roi de France est le champion
des souverains chrétiens, aimé entre tous du Seigneur et tenant de lui,
sans nulle médiation, son pouvoir royal. À ce titre on le voit convoquer,
peu avant, des États généraux à Lyon (III.12.), en vue de lutter contre
la subversion hérétique, celle des Templiers. Lyon, près de laquelle se
tient le concile de Vienne, est constituée par ce biais en une sorte de
capitale anti-hérétique du royaume, tête de pont frontalière de la colla-
boration avec la papauté en vue de l’éradication des troupes du Malin,
son souverain capétien assumant son titre de « défenseur de la foi » en
conséquence de l’élection particulière par le Seigneur du royaume de
France comme étendard de la catholicité.
L’archevêque félon, au milieu de tout cela, n’a pas d’autre choix que de
céder sa juridiction au roi de France (III.13.), qui compense – chichement
disent les hommes de l’évêque, plus que généreusement réplique Nogaret
– financièrement cette perte. Le même prélat dut attendre huit années et
faire preuve d’obéissante fidélité pour se voir restituer cette juridiction,
toute contestation théorique et pratique de la souveraineté royale étant
désormais impossible. Cette restitution (III.16.) fait certes de l’archevêque
Pierre de Savoie le seul maître, désormais, de la juridiction temporelle de
la ville – le chapitre, bénéficiaire d’une simple compensation, n’est plus
coseigneur. Mais l’acte a un coût politique élevé, puisqu’est lourdement
rappelée la « souveraineté » royale, sous la forme notamment du droit
pour les citoyens lyonnais de relever du « ressort » capétien et donc de
faire appel des jugements des tribunaux ecclésiastiques à ceux du roi,
à Lyon puis à Paris (le Parlement). Significativement, la baronnie qui
entourait Lyon, dont les contours avaient été soigneusement délimités
en 1307-1308 dans les Philippines, voit son existence fortement mise en
question ; interdiction est faite enfin aux parties lyonnaises, l’archevêque,
le chapitre ou les citoyens, en cas de révolte de l’une d’elles contre le
roi, de lui prêter appui, en frais souvenir de la courte guerre déclenchée
par Pierre de Savoie durant l’été 1310 (III.04.a., III.10., III.11.a.), quand
il eut pris conscience des conséquences désastreuses, pour la réalité de
son pouvoir, des Philippines acceptées moins de trois ans plus tôt. En
échange, le roi réaffirme sa protection auxdites parties, qu’il conserve
sous sa « garde », agissant de même envers les chanoines seigneurs de
DE L’ÉVÊCHÉ D’EMPIRE À L’ANNEXION CAPÉTIENNE 271

Saint-Just, tenus à l’écart du compromis car réputés conserver, à cet


égard, un statut antérieur à l’accord de 1312, par quoi se marque le
rôle privilégié que cette forteresse a tenu pour les Capétiens, dès qu’ils
ont voulu se rapprocher territorialement de Lyon (III.03.a. à III.03.d).
Ce long document de 1320 fournit une récapitulation commode
des thèmes comme des acteurs essentiels du processus d’annexion de la
ville de Lyon à la couronne capétienne, puisqu’on y trouve évoquées les
trois revendications politiques majeures, « supériorité, ressort et garde »,
déjà énoncées sous cette forme dans la grande Philippine (III.06.a.), qui
manifestent la légitimité des prétentions des rois de France à la souverai-
neté sur la ville. De même qu’on y trouve mentionnées les forces locales
entre lesquelles le souverain a dû louvoyer pour parvenir à ses fins. Il
n’est pas jusqu’au silence fait, dans le document, sur d’autres acteurs
majeurs du processus et du théâtre politique lyonnais, le pape du côté
ecclésiastique, du côté séculier les princes régionaux (dauphin de Viennois,
comte de Savoie) et surtout l’empereur, très ancien souverain de la ville,
qui ne revête un sens : Philippe V, soit qu’il se sente assez puissant, soit
qu’il préfère éviter d’évoquer des personnages fondés à contester juri-
diquement, à des titres divers, l’opération, choisit d’apparaître comme
le seul interlocuteur, souverain et féodal, du prélat. Ce dernier dut en
outre franchir une autre étape décisive, longtemps retardée : accorder
dans la foulée aux citoyens, le 21 juin suivant, une charte célèbre, dite
Sabaudine (du nom de la Maison du prélat), fondatrice du consulat
enfin institutionnalisé. Si l’on se rappelle que ce sont les citoyens qui,
par leur appel au roi Philippe III, ont les premiers incité ce dernier à
intervenir politiquement à Lyon cinquante ans plus tôt (III.01.), un cycle
complexe de révoltes sociales, institutionnelles et politiques lyonnaises
parvient ainsi à son terme, sous la forme d’un changement définitif de
souveraineté sur la ville.
ARCHEVÊQUES ET PAPES
SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE (1226-1306)

III.01. LE ROI PHILIPPE III REÇOIT LES LYONNAIS


SOUS SA GARDE (MAI 1271)

Document traduit et présenté par Alexis CHARANSONNET

Présentation

L’historien est fondé à faire de 1271 la date à partir de laquelle les


Capétiens, qui avaient pu montrer depuis un demi-siècle, mais très
occasionnellement, de l’intérêt pour Lyon, s’immiscent directement dans
les affaires de la ville. Pour cela, ils ont mis à profit les conflits internes
de ses habitants, ne laissant plus au seul pouvoir de l’archevêque le soin
de les apaiser. Avant d’en arriver à cet acte de Philippe III où il prend
sous sa garde, c’est-à-dire sa protection, les citoyens lyonnais unanimes,
lit-on, à le réclamer, il a fallu qu’une véritable insurrection vienne, en
1269, couronner plusieurs décennies de tensions voire d’affrontements
entre trois composantes majeures de la vie politique lyonnaise : l’Église
(fréquemment appuyée par le pape mais elle-même souvent divisée
entre l’archevêque et son chapitre, comme plusieurs documents ci-des-
sous le rappellent, notamment III.05.a, III.05.b. et III.14) ; les citoyens
(surtout, mais non exclusivement, les plus riches d’entre eux, ceux que
le document distingue comme tels du « peuple lyonnais ») ; enfin les
seigneurs régionaux ayant conservé des droits ou des prétentions sur la
ville et son pays.
De prime abord, cette phase insurrectionnelle ne semble opposer,
d’après le titre de la source principale qui en rend compte, le Tractatus
de bellis et indiciis que fuerant inter canonicos sancti Iohannis et canonicos sancti
274 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Iusti ex una parte, et ciues ex altera…, que les chanoines (de Saint-Jean et
de Saint-Just) aux citoyens lyonnais. Elle a en fait débuté dès 1268, à
l’occasion de l’abdication de l’archevêque Philippe de Savoie (1267) et de
la longue vacance du siège qui débute alors, et n’a été que ponctuellement
apaisée par une intervention du pape, pour rebondir en 1269 lors de
la capture par les hommes du chapitre de Saint-Jean, à l’intérieur de la
cité, d’un bourgeois non citoyen. Des violences s’ensuivent, dans la ville
(assauts contre les cloîtres, surtout Saint-Just, où le deux chapitres se
sont réfugiés) comme le plat-pays, où des massacres sont commis contre
des villageois dépendant des chanoines, à la suite de l’intervention à
leurs côtés de troupes foréziennes. La ville est placée sous interdit ecclé-
siastique mais, finalement, l’évêque d’Autun puis le pape puis le roi
interviennent comme médiateurs et donnent, en apparence, globalement
raison à l’Église lyonnaise, puisque les institutions que se sont données
les conjurés sont supprimées comme « nouveautés » et qu’un arrêt du
parlement de Paris, de juin 1273, rejette les prétentions des citoyens,
en leur interdisant en particulier l’usage de leur sceau, cela avant que
le pape Grégoire X, en 1274, ne confirme ces sentences.
Mais la grande nouveauté de cet épisode, mal saisie sur le moment,
c’est le rôle majeur que le roi capétien devait désormais jouer sur le
théâtre politique lyonnais, dans une ville d’Empire jusqu’ici indu-
bitablement réputée « libre », statut consacré par la Bulle d’or de
Frédéric Ier Barberousse de 1157. En acceptant de « garder » Lyon,
archevêché hors de son royaume, Philippe III a consciemment mis
le doigt dans un engrenage de contestation de l’ancrage territorial
séculaire de la ville.
On ne possède de l’acte qu’une copie, effectuée au sein d’un registre
conservé à Paris aux Archives nationales, le JJ 30A (pièce no 598), manuscrit
composé principalement d’actes de Louis IX et de son fils Philippe III
et complété au début du xive siècle, mais sa présence en ce registre peut
indiquer l’importance qu’il a acquise rétrospectivement.
En somme, même si durant quinze ans roi capétien et Église lyon-
naise sont réconciliés, la brièveté du document de 1271 ne doit pas
tromper : le règne de Philippe III, à Lyon comme ailleurs, marque un
véritable tournant. Désormais les Capétiens ne devaient plus jamais se
désintéresser de la ville et du Lyonnais.
ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 275

Document

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, faisons savoir à tous ceux
présents comme futurs que nous, sur la supplication de la totalité des
citoyens et de tout le peuple lyonnais, nous avons reçus ces derniers sous
notre protection, notre surveillance ou garde, tant qu’il plaira à notre
volonté, sauf en toutes choses notre droit et aussi celui d’autrui, en foi
de quoi nous avons fait apposer aux présentes lettres, en témoignage,
notre sceau. Fait à Arnay-le-Duc l’année du Seigneur mille deux cent
soixante et onze au mois de mai.

Source

Édition : Ménestrier, Claude-François, Histoire civile et consulaire de


la ville de Lyon, Lyon : Nicolas et Jean-Baptiste de Ville, 1696, Esso es
la lettra de la garda lo rey, p. 19 des Preuves. Paris, Archives nationales,
JJ 30A, no 598 (copie enregistrée). Traduit du latin.

Bibliographie
Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique d’après
les documents originaux, Lyon : imprimerie d’Aimé Vingtrinier, 1874.
Langlois, Charles-Victor, Le règne de Philippe III le Hardi, Paris : Hachette,
1887.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Fédou, René, « Regards sur l’insurrection lyonnaise de 1269 », dans
Économies et sociétés au Moyen Âge : mélanges offerts à Édouard Perroy,
Paris : Publications de la Sorbonne (Publications de la Sorbonne. Études ;
5), 1973, p. 311-320.
Rossiaud, Jacques, « Du récit judiciaire à l’histoire : essai sur le Tractatus de
bellis et induciis… et la préhistoire municipale de Lyon », dans Comprendre
le XIIIe siècle. Études offertes à Marie-Thérèse Lorcin, éd. par Pierre Guichard
et Danièle Alexandre-Bidon, Lyon : Presses universitaires de Lyon,
1995, p. 73-83 ; repris dans Idem, Lyon 1250-1550 : réalités et imaginaires
d’une métropole, Seyssel : Champ Vallon (Époques), 2012, p. 311-321.
276 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.02. TESTAMENT DE SIBYLLE DE BÂGÉ,


COMTESSE DE SAVOIE (11 MAI 1294)

Document traduit et présenté par Étienne COLLET

Présentation

Dernière héritière du lignage bressan des Bâgé, Sibylle est d’abord la


pupille de Philippe de Savoie alors archevêque de Lyon. Une fois devenu
comte, ce dernier lui fait épouser, en 1272, son neveu Amédée, destiné à
lui succéder à la tête de la principauté humbertienne, incorporant ainsi au
patrimoine savoyard la « terre de Bâgé ». Après avoir été comtesse de Savoie
pendant moins de dix ans, Sibylle de Bâgé dicte son testament le mardi
11 mai 1294. Par le soin apporté à la forme, il illustre l’influence de plus en
plus prégnante des juristes au sein du milieu curial savoyard. La présence
comme exécuteur testamentaire du seigneur vaudois Nicolas de Billens est,
en ce sens, révélatrice. Ce spécialiste en droit, formé à Bologne, enseigne
à Lyon où il est aussi chanoine du chapitre cathédral. Quant à la liste des
établissements ecclésiastiques bénéficiaires de legs pieux, elle souligne logi-
quement les préoccupations dynastiques de la comtesse (élection de sépulture
à l’abbaye de Hautecombe, donations à des monastères traditionnellement
liés à la Savoie…) mais rappelle aussi l’attachement du lignage des Bâgé
envers certains pôles religieux de la Bresse et de Mâcon.
Un certain nombre de legs profitent aussi aux églises, couvents et
abbayes lyonnaises. Ainsi, il faut relever l’attention particulière portée
à l’abbaye d’Ainay, dont l’abbé, Jocerand, est fait en outre exécuteur
testamentaire. Ce choix peut se comprendre quand on connaît les liens
familiaux de Sibylle avec la famille de Lavieu, dont ce dernier était
issu. C’est aussi un signe des bonnes relations entre les Humbertiens
et le monastère, qui possédait de nombreuses dépendances en Savoie.
L’intérêt pour Lyon est confirmé par les fondations d’anniversaires dans
les couvents des Prêcheurs et des Mineurs, comme par les donations
à l’œuvre de l’église Saint-Jean ainsi qu’à celle du pont du Rhône. Le
choix de la testatrice de confier le salut de son âme aux religieux lyonnais
n’est probablement pas sans rapport avec les efforts réitérés du comte
ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 277

pour s’imposer politiquement dans la cité, en intervenant notamment


dans les conflits récurrents entre l’archevêque et les citoyens de Lyon.
Avant tout intéressé par les questions successorales et dynastiques,
Samuel Guichenon, l’éditeur scientifique, n’a pas transcrit l’intégralité de
ce testament conservé aujourd’hui aux Archives de Turin1. Les nombreux
dons faits par Sibylle de Bâgé aux personnes de son entourage, par exemple,
ne figurent pas dans son édition. En outre, les dispositions successorales
au sens strict (legs aux parents) de la partie éditée du document ont été
supprimées dans la traduction ci-dessous (elles correspondent à la coupe).

Document

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Amen. L’An du Seigneur


1294, le mardi en l’octave de saint Jean devant la Porte latine.
Nous, Sibylle, comtesse de Savoie et dame de Bâgé, épouse de l’illustre
seigneur Amédée comte de Savoie, saine d’esprit, et bien que malade de
corps, ne voulant pourtant pas décéder intestat et afin qu’après notre mort,
au sujet de nos biens et de nos affaires et de notre héritage, aucune matière
à dissensions ou bien à discordes ne puisse naître entre nos enfants issus de
notre corps et, au sujet de ces mêmes affaires, de nos biens et de notre héritage,
par le présent testament mis par écrit, ou nuncupatif, ou dernière volonté,
nous mettons en ordre nos dispositions et nous les réglons comme suit.
[01] Premièrement, nous rendons et recommandons notre âme à Dieu
et à la Glorieuse Sainte Vierge Marie.
[02] De même, nous élisons notre sépulture au cimetière de l’église
de l’abbaye de Hautecombe et à cet endroit nous voulons être inhumée,
abbaye de Hautecombe à laquelle nous donnons et léguons deux cent
livres viennoises déposées en acquisition de dix livres de viennois de rente
annuelle pour célébrer dans ce même lieu deux anniversaires chaque
année, pour nous et nos successeurs, c’est-à-dire, l’un le jour de notre
mort et l’autre en la vigile de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie.
[03] De même, nous donnons et léguons aux frères prêcheurs de
Mâcon trente livres viennoises en une fois pour célébrer en ce même
lieu un anniversaire chaque année.

1 Torino, Archivio di Stato, Sezione Corte, Materie politiche per rapporto all’interno :
Testamenti 21.
278 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[04] Également, aux frères mineurs du même lieu, nous donnons et


léguons trente livres viennoises en une fois pour célébrer en ce même
lieu un anniversaire à notre intention chaque année.
[05] De même, donnons et léguons aussi bien aux frères mineurs
qu’aux frères prêcheurs de Lyon, à chacune de leurs communautés, trente
livres viennoises en une fois pour célébrer un anniversaire dans chacun
de leurs couvents chaque année.
[06] De même, donnons et léguons aux frères mineurs de Chambéry
en une fois vingt livres viennoises pour célébrer un anniversaire chaque
année.
[07] De même, donnons et léguons à la maison du Temple de Laumusse
pour le salut de notre âme, de nos parents et ancêtres, quatre-cents
livres viennoises, pour asseoir en ce lieu vingt livres viennoises de rente
annuelle, toutefois ce que nous voulons, c’est qu’en plus de ces prêtres
qui ont l’habitude d’y demeurer et d’y célébrer l’office divin, pour ces
vingt livres annuelles, soient spécialement constitués deux prêtres des
templiers, ou bien des séculiers, qui y soient spécialement chargés de
célébrer l’office divin pour le salut de notre âme, et de nos parents et
ancêtres.
[08] De même, donnons et léguons à l’abbaye d’Ainay soixante livres
viennoises en une fois, pour soixante sous à établir en rente annuelle,
pour célébrer un anniversaire pour nous chaque année.
[09] De même, donnons et léguons au prieuré de La Silve, en Viennois,
de l’ordre cartusien, quarante livres viennoises en une fois pour établir
quarante sous de rente annuelle pour célébrer chaque année notre
anniversaire et celui de notre très cher oncle Alexandre, inhumé en ce
même lieu.
[10] De même, donnons et léguons aux prieurés de Seillon et de
Montmerle à chacun d’entre-eux vingt livres viennoises en une fois
pour établir en chacun vingt sous de rente annuelle pour célébrer notre
anniversaire dans les dits prieurés chaque année.
[11] De même, donnons et léguons aux maisons de la Chartreuse
et d’Aillon, de même à l’Hôpital d’Épaisse, à chacun d’entre eux dix
livres viennoises pour dix sous de rente annuelle à établir en chacun
pour célébrer notre anniversaire en ces dits lieux chaque année.
[12] De même, donnons et léguons à la maison des mineures de
Chambéry et aux moniales de Neuville en la terre de Bâgé, également au
ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 279

monastère des moniales du Villars, et aussi à l’hospice du Grand Saint-


Bernard, de même, à l’hospice du Petit Saint-Bernard, et à l’hospice du
Mont-Cenis, et à l’hospice de Villeneuve de Chillon, à chacun d’entre
eux vingt livres viennoises en une fois pour vingt sous de rente annuelle,
à établir en chacun des dits lieux pour célébrer notre anniversaire
chaque année.
[13] De même, donnons et léguons à chaque église paroissiale de
notre terre de Bâgé cinq sous viennois en une fois pour le luminaire.
[14] De même, donnons et léguons à l’hospice de Montmélian cent
livres viennoises en une fois, pour cent sous de rente annuelle à établir
en ce même lieu pour le salut de notre âme et de notre très cher oncle,
le seigneur Philippe, jadis comte de Savoie, et de nos parents et ancêtres.
[15] De même, donnons à l’œuvre de l’église Saint-Jean de Lyon,
également à l’œuvre du Pont du Rhône de Lyon, à chacune d’entre elles
cent sous viennois en une fois.
[16] De même, donnons et léguons à l’église Saint-Vincent de Mâcon
trente livres viennoises, pour vingt sous de rente annuelle à établir en
ce lieu pour y célébrer notre anniversaire.
[17] De même, donnons et léguons à l’église Saint-Pierre de Mâcon
vingt livres viennoises pour vingt sous de rente annuelle à établir en ce
lieu pour célébrer notre anniversaire ici-même.
[18] De même, donnons et léguons au premier chapitre général des
frères mineurs qui se tiendra à Lyon après notre mort cinquante livres
viennoises en une fois.
[19] De même, donnons et léguons au premier chapitre général des
frères prêcheurs qui se tiendra à Lyon après notre mort, cinquante livres
viennoises en une fois, en demandant aussi bien aux frères mineurs
qu’aux frères prêcheurs que lors desdits chapitres, tous les frères de
leurs provinces respectives étant présents, ils recommandent à Dieu
notre âme et les âmes de nos parents et ancêtres, demandant aussi que
pour le salut de notre âme et des âmes dessus dites, ils fassent célébrer
des offices divins par chaque prêtre parmi les frères présents dans les
dites provinces.
[20] De même, donnons et léguons à l’église des chanoines réguliers
de Tarentaise trente livres viennoises en une fois pour trente sous viennois
de rente annuelle à établir pour célébrer notre anniversaire chaque année.
280 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[21] De même, donnons et léguons à l’église des chanoines séculiers


du même lieu vingt livres viennoises, pour vingt sous viennois de rente
annuelle à établir pour y célébrer notre anniversaire chaque année.
[22] De même, donnons et léguons à l’Église d’Aoste et à l’Église
de Maurienne, à chacune d’entre-elles quarante livres viennoises, pour
quarante sous de rente annuelle à établir en chacun des dits lieux pour
y célébrer à notre intention notre anniversaire chaque année.
[23] De même, donnons et léguons aux abbayes d’Abondance, d’Aulps,
de Filly, de Saint-Rambert, d’Ambronay, du Betton, de Bons, à chacune
des dites abbayes vingt livres viennoises pour vingt sous de rente annuelle
à établir en chacun des dits lieux pour célébrer nos anniversaires chaque
année en chacun des lieux dessus dits.
[24] De même, donnons et léguons à l’abbaye Saint-Maurice d’Agaune
trente livres viennoises pour trente sous de rente annuelle à établir pour
célébrer à notre intention un anniversaire chaque année.
[25] De même, donnons et léguons quarante livres viennoises pour
les jeunes filles nobles de notre terre de Bâgé prêtes à marier, à distribuer
en une seule fois à ces mêmes jeunes filles pour leur mariage, selon la
disposition de nos exécuteurs testamentaires.
[27] De même, donnons et léguons à notre très chère tante et religieuse
dame Sibylle, moniale de Sainte-Marie du Lys, cent livres viennoises en
une fois et nous ordonnons que les vingt-cinq livres de petits tournois
qui lui sont dues chaque année, à vie selon le legs ou don fait pour elle
par notre cher oncle Alexandre de Bâgé, continuent à lui être payées
pleinement et intégralement chaque année aussi longtemps qu’elle vivra
sur les revenus de Bâgé et si ces sommes ont été retenues par le passé,
qu’elles lui soient restituées pleines et entières.
[28] De même, donnons et léguons au seigneur Hugues de Châtillon,
fils du seigneur de Châtillon-en-Bazois, chanoine de Lyon, notre frère1,
cinquante livres.
[29] De même, donnons et léguons au seigneur Jocerand d’Oncieu,
notre chevalier, cinquante livres viennoises en une fois.
[…]
[30] Ainsi, de cette dernière volonté, testament ou disposition qui sont
nôtres nous faisons et ordonnons en droit en manière et forme par lesquels

1 Hugues de Châtillon était le frère utérin de Sybille de Bâgé.


ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 281

mieux nous pouvons, nos exécuteurs les chers fidèles et très chers nôtres,
c’est-à-savoir l’homme de Dieu et notre très cher parent frère Jocerand
abbé d’Ainay, le seigneur Nicolas de Billens, docteur en droit, le seigneur
Hugues de Chandée et le seigneur Jean Fleury, notre chapelain, donnant et
concédant, en droit en manière et en forme, du mieux que nous pouvons,
à tous et à chacun de nos exécuteurs susdits, qu’ils soient trois, qu’ils
soient deux ou un seul parmi eux, si les autres ne veulent ou ne peuvent
y pourvoir, de telle manière que celui qui en disposera n’en tire aucune
supériorité et que ce que l’un aura entrepris, l’autre puisse l’achever,
plein et entier pouvoir mais aussi mandement spécial, sur tous nos biens
meubles et immeubles et avant tout notre château de Miribel en Forez
et toutes nos rentes, fruits et revenus de notre terre de Bâgé, la première
année après notre mort, sous leur propre autorité et non celle d’un autre
seigneur, ou d’un juge chargé de recevoir, percevoir et partager les rentes,
fruits et revenus susdits de notre terre de Bâgé, ladite première année.
[31] De même, donnons et léguons à l’œuvre de l’église des frères
mineurs de Chambéry, une deuxième fois, dix livres.
[32] De même, donnons et léguons à l’église des mineures du même
lieu trente livres viennoises.
[33] De même aux frères mineurs et aux frères prêcheurs de Genève à
chacun d’entre eux trente livres viennoises pour célébrer à notre intention
notre anniversaire chaque année en ces susdits lieux.
[34] De même, à l’œuvre de Sainte-Marie de Lausanne, nous donnons
et léguons vingt livres viennoises.
[35] De même, à l’œuvre de Sainte-Marie de Bourg nous donnons
et léguons vingt livres viennoises.
[36] De même, donnons et léguons à frère Marc, prieur des frères
prêcheurs de Genève, dix livres viennoises pour subvenir à ses besoins.
[37] Et nous prions notre très cher seigneur et époux, le seigneur
Amédée, comte de Savoie, qu’il donne son assentiment et consente à
notre présent testament, disposition ou dernière volonté et à tout ce qu’il
contient, et qu’il veuille bien que toutes et chacune des choses contenues
dans ce testament soient soumises à exécution et en totalité accomplies.
[38] Et pour lui assurer plus de force, qu’il appose son sceau à notre
testament, ou notre dernière volonté.
[39] Les témoins appelés et requis sont ici le seigneur Hugues
de Chandée, le seigneur Guillaume de La Rochette, le seigneur Rodolphe
282 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de Mouxy, chevaliers, maître Pierre de Verceil, médecin, maître Jacques,


curé de Saint-Georges-d’Espéranche, Geoffroy Guyot, châtelain de
Saint-Étienne, Hugues de Frontenay, clerc, maître Jean de Maurienne,
médecin, huitième témoin appelé et requis, et employé par nous à signer
pour nous car nous ne savons pas le faire.
[40] De même le seigneur Guichard de Laya, chevalier, le seigneur
Amblard d’Entremont, professeur de lois, Pierre de Montmélian, clerc1,
Jacques de Suse, Aymon Barral.

Source

Testament de Sibille de Baugé comtesse de Savoye. Tiré de la Chambre des


Comptes de Savoye, dans Guichenon, Samuel, Histoire généalogique de la
royale maison de Savoie. Tome II : Livre VI contenant les preuves de l’histoire
généalogique, Lyon : Guillaume Barbier, 1660, p. 150-154. Traduit du latin.

Bibliographie

Andenmatten, Bernard, La Maison de Savoie et la noblesse vaudoise


(XIIIe-XIVe s.) : supériorité féodale et autorité princière, Lausanne : Société
d’histoire de la Suisse romande (Mémoires et documents de la Société
d’histoire de la Suisse romande. Quatrième Série ; 8), 2005.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Lorcin, Marie-Thérèse, « D’abord il dit et ordonna… » : testaments et société
en Lyonnais et Forez à la fin du Moyen Âge, Lyon : Presses universitaires
de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales ; 18), 2007.
Paravy, Pierrette, De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné :
évêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530), Rome : École française
de Rome (Collection de l’École française de Rome ; 183), 1993.
Perroy, Édouard, Les familles nobles du Forez au XIIIe siècle : essais de filiation,
Saint-Étienne : Centre d’études foréziennes (Thèses et mémoires ; 8-9) /
Montbrison : La Diana (Recueil de mémoires et documents sur le Forez ;
20-21), 1976-1977.

1 Petrus clericus de Montemeliano.


ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 283

Rubellin, Michel, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon :


Presses universitaires de Lyon (Collection d’histoire et d’archéologie
médiévales ; 10), 2003.

III.03. LES CLÉS D’UNE VILLA FORTIFIÉE CONVOITÉE,


SAINT-JUST (1302-1310)

Documents traduits et présentés par Marie-Thérèse LORCIN

Présentation

L’intérêt stratégique de la villa fortifiée, dont il ne reste que des pans


de mur (voir ill. 14 et 15), explique le rôle important que joua Saint-Just
dans la politique européenne du xiiie au xvie siècle. Ses murailles hautes
de six toises (environ quinze mètres), larges de quatre pieds (environ
un mètre cinquante), entourées de fossés et renforcées de vingt-deux
tours, englobaient un espace de sept à huit hectares. Leur tracé et leur
aspect sont connus par des documents du xvie siècle : le plan scénogra-
phique de 1550 (voir ill. 16 et 17) et le procès-verbal dressé sur ordre
du roi en 1563 et détaillant les destructions opérées par les protestants
l’année précédente1. On ne peut dater exactement ces fortifications,
mais elles inspiraient suffisamment confiance au pape Innocent IV pour
qu’il convoquât en ce lieu le premier concile dit « de Lyon ». Lui-même
s’installa dès décembre 1244 dans le cloître de Saint-Just, qui avait ses
défenses propres, et y séjourna jusqu’en avril 1251. Exemple suivi par
d’autres papes et nombre de princes, au premier rang desquels les rois
de France attirés par les avantages du site.
Un site élevé (250 à 300 m) sans être isolé, ce que rappelle le carre-
four de Trion (Trigoncium), dominant la ville de Lyon alors cantonnée
au bord des fleuves (176 m au bord de Saône). Une forteresse qui fut
complète avant même que Lyon n’ait terminé ses propres fortifications.

1 Voir : Destruction de l’église de Saint-Just, du cloître et de partie de faubourg par les Protestants
en 1562 : enquête et procès-verbaux, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Henry Georg
(Collection lyonnaise ; 2), 1878.
Ill. 14 – Fortifications subsistantes en 2013 :
place Wernert, Lyon 5e.
© clichés K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
Ill. 15 – Fortifications subsistantes en 2013 : rue des Tourelles, Lyon 5e.
© clichés K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
286 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Son destin était certes de devenir un faubourg de Lyon, mais, à l’époque


des documents, elle n’était conjointe à sa voisine ni par les murailles ni
par un habitat intercalaire alors inexistant, et son intérêt stratégique était
majeur. Aussi les textes de l’époque l’appellent-elle villa plus souvent
que burgus. Saint-Just fit-elle jamais partie de l’Empire ? On en discute
encore, dans cet ouvrage même. En tout cas, les Lyonnais convoitaient
ce site stratégique si proche d’eux et tentèrent de s’en emparer en 1269.
Pour le roi, Saint-Just fut un jalon commode en direction de Lyon
(voir III.04.a.).
Cette ville fortifiée, que l’on peut comparer à celles de Condrieu,
Anse et Saint-Symphorien-sur-Coise, encadrant le comté de Lyonnais,
était une seigneurie du chapitre de Saint-Just. Celui-ci, malgré les faveurs
dont l’avait comblé Innocent IV, n’avait ni la richesse ni le prestige du
chapitre cathédral. Au début du xive siècle, il semble incapable d’assurer
seul la garde de son imposante forteresse.
C’est ce qu’illustre le cartulaire qu’à partir de 1336 Étienne de
Villeneuve († 1348), issu d’une des familles de l’aristocratie du commerce
lyonnais, a formé une fois devenu consul, et qui copie ensemble quelques-
uns des titres les plus fameux des libertés, franchises, propriétés de la
cité lyonnaise, jusqu’alors éparpillés, puisque la municipalité à cette
époque ne possédait pas d’archives à proprement parler. Très logique-
ment, on y trouve de nombreux documents relatifs aux fortifications et
en particulier à celles de Saint-Just, dont le statut en outre (du Royaume
ou d’Empire ?) n’a cessé de poser des problèmes avant le coup de force
de Philippe le Bel.
À ces mêmes murailles, les artistes lyonnais procurèrent une gloire
posthume. Joannès Drevet (1854-1940) s’inspira du plan scénographique
et dessina une impressionnante forteresse assez proche du modèle (voir
ill. 18). Rogatien Le Nail (1877-1918) s’en éloigne davantage, confondant
cloître et bourg à l’intérieur d’une seule enceinte. Le commentaire qui
accompagne le dessin est à lui seul un roman : « Le grand cloitre forti-
fié de SAINT-JUST, l’un des maillons de cette chaine de petites villes
fortifiées qui, au début du vie siècle, se bâtirent sur la rive droite de la
Saône pour s’opposer aux invasions » (voir ill. 19).
Ill. 16 – Le bourg de Saint-Just. Extrait du Plan scénographique. © Archives de Lyon, 2 SAT 6.
Ill. 17 – Le cloître et la ville fortifiée de Saint-Just durant la guerre
de Cent Ans, plan reconstitué.
© 2013 M.-Th. Lorcin / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
Ill. 18 – Dessin du cloître de Saint-Just par Joannès Drevet (1854-1940)
dans Emmanuel Vingtrinier, Le Lyon de nos pères, Lyon, Bernoux, Cumin et
Masson, 1901. © cliché Bibliothèque municipale de Lyon.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


Ill. 19 – Dessin du bourg de Saint-Just par Rogatien Le Nail (1877-1918), Bimillénaire de Lyon,
Revue historique de l’Armée, numéro spécial, Paris, Ministère de la Guerre, mai 1958.
© cliché Bibliothèque municipale de Lyon.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 291

III.03.A. PROTESTATION D
­ ’ANDRÉ DES ÉCHELLES, PRÉVÔT DE SAINT-JUST,
­CONTRE ­L’OCCUPATION DES PORTES DE SAINT-JUST PAR LES GENS DU ROI
(28 JUILLET 1302)

Document

Au nom du Seigneur, amen. L­ ’an 1302, le samedi après la fête des


bienheureux Jacques et Christophe, indiction 15, 8e année du pontificat
du seigneur pape Boniface VIII, le présent instrument public a pour
objet de signaler à tous que devant moi, Pierre Fillon, de Montluel,
clerc, notaire public de par ­l’autorité apostolique et en présence des
témoins à ce ­convoqués dont les noms sont ­consignés plus loin, se
présenta en personne vénérable seigneur André des Échelles, prévôt
de ­l’église Saint-Just de Lyon, accompagné par vénérables et discrètes
personnes les seigneurs Hugues Brun, obéancier, Boson des Langes,
Guillaume, Étienne, Bonin et Bernard de Ryom, Thomas de Pouilly,
Hugon de Taney et Henri ­d’Ars, chanoines de ­l’église Saint-Just, ainsi
que Pierre de Colomans, clerc, procureur du chapitre Saint-Just. Ledit
prévôt, parlant pour lui et pour ledit chapitre, présenta la protestation
dont la teneur suit ­contre noble seigneur Philippe de Pizay, chevalier,
courrier pour le roi de France.
En premier lieu, il rappelle que la garde de la ville de Saint-Just et
les clés des portes de ladite ville appartiennent au prévôt ainsi que la
juridiction afférant à cet office.
Cependant ledit courrier fit venir plusieurs hommes d­ ’armes et les
fit entrer dans la ville de Saint-Just, sans mandat ni autorisation dudit
prévôt et malgré l­ ’opposition de celui-ci. Lesdits hommes d­ ’armes prirent
position aux portes et poternes de ladite ville, ils brisèrent les clés et
serrures des portes, et firent faire d­ ’autres clés, au préjudice de l­ ’Église,
de ses privilèges et des droits du prévôt.
Le procureur demande que le courrier du roi fasse retirer ses gens
­d’armes des portes et poternes de la ville et ­qu’il paye une indemnité
pour les dommages infligés par lui et ses gens.
Le prévôt réaffirma ­qu’il est prêt à garder la ville et les portes de
sorte que cela ­n’entraîne aucun préjudice pour le seigneur roi, ni pour
ses gens, ni pour les citoyens ou la cité de Lyon.
Le courrier rétorqua q­ u’il n­ ’en ferait rien, et que ce ­qu’il avait fait il
­l’avait fait pour le service du roi et au nom de celui-ci.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


292 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ce débat eut lieu dans le cloître de Saint-Just, en la maison du


seigneur Barthélemy de Saint-Galmier, sacriste de Saint-Just, en pré-
sence des seigneurs Jean de Cafignon et Jean de Bourgneuf, chapelains
perpétuels de ladite église de Saint-Just, André Cholet, clerc, seigneur
Giraud de Communay, chanoine de Lyon et ­d’Autun, dom Pierre, curé
de Francheville, Hufred de Corogny, donzeau, Jean Garin de Saint-Julien,
Guillaume des Échelles, Barthélemy de Saint-Maurice et dom Pierre,
matriculaire, prêtres, Étienne des Langes et Guicherd (sic) de La Roche,
clercs, témoins requis et c­ onvoqués pour cela.
Et moi, Pierre Fillons, de Montluel, clerc, notaire public de par
­l’autorité apostolique, fus présent à ce que dessus et ­j’en ai fait un ins-
trument public écrit de ma propre main et signé de mon seing manuel.

Source

Cartulaire municipal de la ville de Lyon, recueil formé au xive siècle par


Étienne de Villeneuve. Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon,
éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société
littéraire, historique et archéologique de Lyon), 1876, no 16. Traduit du latin.
III.03.B. PROTESTATION DES CHANOINES DE SAINT-JUST ­CONTRE
­L’OCCUPATION DE LEUR CLOÎTRE PAR LES SERGENTS DU GARDIATEUR
(11 AOÛT 1303)

Document

Au nom du Seigneur, amen. ­L’an 1303, dimanche lendemain de


la fête du bienheureux Laurent martyr, indiction 1, neuvième année
du pontificat du seigneur pape Boniface VIII, le présent instrument
public a pour objet de signaler à tous que devant nous, Pierre Fillons,
de Montluel, et Étienne Poysat, clercs, notaires publics de par ­l’autorité
apostolique, et en présence des témoins requis et ­convoqués pour cela,
vénérables personnes seigneurs André des Échelles, obéancier de l­ ’église
Saint-Just de Lyon, Pierre de Dargoire, Étienne, Guillaume et Bavin
de Riom, Hugues de Taney, Henri d­ ’Ars, Jean de Balme et Jean Chevrier
chanoines de ladite église de Saint-Just, pour eux-mêmes et au nom des
autres chanoines du même chapitre de Saint-Just, se rendirent auprès
de noble Geoffroy, seigneur de Berzé, chevalier, gardiateur de la cité et
des citoyens de Lyon et lui présentèrent la requête suivante.

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 293

Ledit gardiateur a fait établir ses sergents dans le cloître de Saint-Just


et arma ledit cloître, chassant les sergents de l­ ’obéancier et du chapitre,
leur ôtant les clés des portes du cloître au préjudice de l­ ’obéancier et du
chapitre, pour donner au roi de France ­l’assurance ­qu’aucun dommage
ne puisse advenir ni au roi ni à la cité ni aux citoyens de Lyon en raison
de ce cloître. Il en résulte que ­l’obéancier et le chapitre, ­c’est-à-dire les
chanoines, les chapelains et les clercs qui demeurent hors du cloître
ne peuvent accéder ni au cloître ni à l­’église. Ils ne peuvent entreposer
leurs grains, leurs vins et leurs autres biens à ­l’intérieur du cloître, sou-
mis au bon vouloir des sergents qui détiennent les clés des portes. Ils
demandent donc que les clés soient restituées à ­l’obéancier et au chapitre
de sorte ­qu’ils puissent librement entrer dans le cloître et dans ­l’église
et en sortir. Ils se déclarent tout à fait près à assurer la garde de leur
cloître au moyen de leur personnel, de sorte que cela ­n’entraîne aucun
dommage pour le roi ou pour ses gens.
De plus, sache le seigneur gardiateur ­qu’il est impensable ­d’empêcher
les chanoines ­d’entrer sans perturber le service divin qui doit être célébré
en ­l’église.
Le seigneur gardiateur répondit que lui-même avait à ce propos
envoyé des messagers au roi, lesquels devraient être de retour dans la
huitaine, et ­qu’il pourrait alors donner suffisante réponse à la demande
présentée par ­l’obéancier et le chapitre.
Fait à Lyon, en la maison dite Franchisserie où habite ledit gardiateur.
Présents : seigneur Geoffroy Bocard, chevalier, dom Pierre des Chaux,
docteur en décrets, dom Jean Caffignon, chapelain perpétuel en l­ ’église
Saint-Just, maître Jacques, clerc du seigneur archevêque de Lyon, Étienne
Magnarit, clerc juré et notaire du seigneur official de Lyon et plusieurs
autres personnes […].

Source

Cartulaire municipal de la ville de Lyon, op. cit., no 17. Traduit du latin.

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294 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.03.C. REMISE DE LA GARDE DE LA PORTE DU PONT-LEVIS DE SAINT-JUST


AUX CITOYENS DE LYON (11 AOÛT 1303)

Document

Nous Barthélemy de Joux, professeur de ­l’un et ­l’autre droit, offi-


cial de Lyon, faisons savoir que […] dom Jean du Chastelard, prévôt de
Saint-Just de Lyon, se rendit à la porte de la ville de Saint-Just susdite,
porte appelée porte du Pont-Levis, où ­l’attendaient des citoyens de Lyon,
Jacquemet de Viga et Raymond Ferratier, alors négociateurs et semainiers
de ladite cité, qui amenaient avec eux plusieurs hommes armés pour
garder la ville et la porte de Saint-Just susdite […]. Il dit à ces citoyens
­qu’il voulait en tant que prévôt de Saint-Just que ces hommes armés
lui prêtent serment de garder bien et fidèlement la ville et les portes en
son nom propre. Ce que lesdits Jacquemet et Raymond, négociateurs
et semainiers de ladite cité, […] trouvèrent justifié. Ils ordonnèrent aux
hommes armés de prêter serment à dom Jean, prévôt de ladite église,
de bien et fidèlement garder la ville et la porte susdites en son nom […].
Ce que les hommes armés promirent et jurèrent sur les saints Évangiles
de Dieu […].

Source

Cartulaire municipal de la ville de Lyon, op. cit., no 20. Traduit du latin.


III.03.D. REMISE PAR UN OFFICIER DE SAINT-JUST DE LA MAISON DU PRIEURÉ
DE SAINT-IRÉNÉE AUX CITOYENS DE LYON, POUR LA FORTIFIER (11 AVRIL 1310)

Document

Nous Barthélemy de Joux, professeur de l­ ’un et l­ ’autre droit, official


de la cour de Lyon, faisons savoir que […] Aymery de Vanes, lieutenant
de dom Jean du Chastelard, prévôt de Saint-Just de Lyon, se rendit à
la maison ou prieuré de Saint-Irénée de Lyon, que les citoyens de Lyon
voulaient fortifier et défendre. Ledit Aymery répondit ­qu’il refusait que
quiconque fortifie cette maison ou prieuré sans le mandat et la volonté de
dom Jean du Chastelard, prévôt de Saint-Just de Lyon […]. Les citoyens
lui répondirent q­ u’ils voulaient fortifier et défendre la maison ou prieuré
pour l­ ’honneur et la c­ ommodité dudit Jean du Chastelard […]. Et, sur

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 295

cela, quinze hommes armés prêtèrent serment sur les saints Évangiles
de Dieu de garder fidèlement la maison et prieuré au nom dudit prévôt
et de lui obéir en tout en ce lieu […].

Source

Cartulaire municipal de la ville de Lyon, op. cit., no 21. Traduit du latin.

Bibliographie

Destruction de ­l’église de Saint-Just, du cloître et de partie de faubourg par les


Protestants en 1562 : enquête et procès-verbaux, éd. par Marie-Claude
Guigue, Lyon : Henry Georg (Collection lyonnaise ; 2), 1878.
Fédou, René, « Regards sur l­’insurrection lyonnaise de 1269 », dans
Économies et sociétés au Moyen Âge : mélanges offerts à Édouard Perroy,
Paris : Publications de la Sorbonne (Publications de la Sorbonne. Études ;
5), 1973, p. 311-320.
Wyss, Simone, Le cloître de Saint-Just à travers les âges : de la nécropole
gallo-romaine aux tours des Minimes, Lyon : Association ­culturelle des
sanctuaires de Saint-Irénée et Saint-Just (Bulletin spécial ; 7), 2002.

III.04. LE PAPE, LE ROI, LA VILLE ET SES PUISSANTS VOISINS :


LE COURONNEMENT DE CLÉMENT V ET SES C ­ ONSÉQUENCES
(1305-1310)

III.04.A. LES ÉVÉNEMENTS VUS PAR LA ­CONTINUATION


DE GÉRAUD DE FRACHET (V. 1364)

Document traduit et présenté par Stéphane Bruneau-Amphoux

Présentation

Le document se c­ ompose de trois extraits de la chronique dite


« ­continuation de Géraud de Frachet », rédigée à l­’abbaye de Saint-
Denis au xive siècle, grand lieu de production historiographique de
la monarchie française au Moyen Âge. La ­continuation poursuit la

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


296 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

chronique universelle du dominicain limousin j­ usqu’à l­ ’année 1364, dans


sa rédaction la plus récente1, et remanie la c­ ontinuation de Guillaume
de Nangis. Un premier et court extrait indique les c­ onditions de ­l’élection
du nouveau pape à Pérouse. Le deuxième extrait relate l­’accident qui
se produisit, sans doute au Gourguillon, sur le parcours du cortège
pontifical quittant Saint-Just, une fois le pape couronné, pour rejoindre
la cité et les quais de Saône. L­ ’événement est bien documenté chez les
chroniqueurs du temps : outre la ­continuation de Guillaume de Nangis,
on le retrouve dans les Flores chronicorum de Bernard Gui, et il ­connaît
aussi des échos Outre-Monts, chez Ptolémée de Lucques (Historia eccle-
siastica) et Outre-Manche (Chronica Sancti Albani, Annales Wigornienses,
Flores historiarum). Ce couronnement ­s’inscrit dans la tradition des
séjours lyonnais des papes du Moyen Âge et montre l­ ’importance prise
par la ville pour Philippe IV le Bel, qui insista pour que la cérémonie
se déroulât à Lyon, ville désormais sous sa « garde », plutôt ­qu’à Vienne,
située en terre ­d’Empire. On notera toutefois que les esprits tardent à
intégrer la nouvelle géographie politique : aux yeux du ­continuateur,
au milieu des années 1360, le roi quittant Lyon retourne « en France ».
Le dernier extrait intéresse la révolte des Lyonnais de 1310, dernier acte
de résistance à la mainmise royale avant l­’accord c­ onclu entre le roi et
­l’archevêque à Vienne en 1312, et met en lumière le rôle joué par le
primat, dans une rédaction qui diffère de celle de la c­ ontinuation de
Guillaume de Nangis.

Document

Alors que les cardinaux avaient différé depuis près d­ ’un an l­ ’élection
du souverain pontife, ils finirent par élire, à la veille de la Pentecôte2,
Bertrand, archevêque de Bordeaux, qui fut le 199e pape sous le nom
de Clément V. […]
Le dimanche après la fête de la Saint-Martin d­ ’hiver3, le pape Clément,
­consacré à Lyon dans l­’église du bourg fortifié royal appelé Saint-Just
en présence des cardinaux, des prélats et de nombreux princes, revient
à sa maison dans la ville portant les insignes de son couronnement ; il

1 Paris, BnF, Lat. 5005C.


2 5 juin 1305.
3 14 novembre 1305.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 297

est alors ­conduit par le roi de France qui, par humilité, marchait à côté
de lui, tenant la bride de son cheval – mais seulement dans la cour du
château mentionné. De là, le pape est pris en charge par les frères du
roi, Charles et Louis, et le duc de Bretagne, Jean, qui l­’accompagnent
­jusqu’à sa maison de la même manière. Par la suite, alors q­ u’une très
grande foule de peuple était accourue pour assister à ce spectacle, un
mur, à côté duquel le pape allait passer, s­’écroula si soudainement et
si violemment que le duc de Bretagne fut mortellement blessé par cet
effondrement, ainsi que le prouva sa mort survenue peu de temps après.
Charles, le frère du roi, fut lui aussi grièvement blessé ; il échappa cepen-
dant à la mort, alors que bon nombre de personnes avaient été blessées
et tuées. Et ­c’est ainsi que ce jour qui, à première vue, annonçait joie et
exultation, amena finalement la c­ onfusion et les lamentations.
Le pape Clément, avant que le roi ne quittât Lyon, lui ­concéda de
faire transporter la tête de saint Louis, son aïeul, ainsi ­qu’une de ses
côtes, du monastère de Saint-Denis à sa chapelle de Paris1. En outre,
sur ses prières, il rendit aux frères Giacomo et Pietro Colonna, déchus
depuis quelque temps par le pape Boniface, leur ancienne dignité2. En
outre, ­comme dédommagements pour les dépenses engagées en Flandre,
il ­concéda au roi, pour une durée de trois ans, la décime des églises et
les annates, et il pourvut avantageusement à l­’avance les chapelains et
clercs du roi et ceux de ses frères, des premières prébendes qui vien-
draient à être vacantes dans presque toutes les églises de son royaume.
Le roi promit aussi, à ce ­qu’on disait, ­d’améliorer sa monnaie faible et
de la ramener à la stabilité habituelle.
À Lyon, le pape Clément créa dix nouveaux cardinaux supplémen-
taires, et en envoya deux à Rome à sa place pour c­ onserver sa dignité de
sénateur. Il déposa ­l’évêque ­d’Arras et aussi celui de Poitiers ; il ­concéda
le patriarcat de Jérusalem à ­l’évêque de Durham ; il accorda de larges
grâces aux pauvres clercs, les pourvoyant de bénéfices selon leurs mérites
personnels.
Le roi Philippe, après la Nativité du Seigneur, revient de Lyon en
France. […]

1 La Sainte-Chapelle.
2 Il s­ ’agit de la dignité cardinalice. Giacomo Colonna et son neveu Pietro, cardinaux hostiles
à Boniface VIII qui lança c­ ontre eux une croisade, les poussant dans les bras de Philippe
le Bel.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


298 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Les Lyonnais, se révoltant ­contre le roi de France, saccagent avec vio-


lence le château appelé Saint-Just, et essaient de se fortifier eux-mêmes au
moyen d­ ’un grand retranchement tout autour de la ville. Contre eux, le
roi envoya son fils aîné, le roi de Navarre, Louis le Hutin, avec deux de ses
frères et leurs oncles, aux alentours de la fête du Baptiste du Seigneur1,
avec une armée nombreuse. Là-bas, les débuts de la jeunesse du fils aîné
du roi furent assurément dignes de louanges, tant par sa sagacité que
par ses hautes qualités morales, de sorte ­qu’il se rendait aimable à tous.
­C’est pourquoi, lorsque les ennemis virent que les nôtres se disposaient
virilement en ordre pour l­ ’assaut, frappés d­ ’une très grande crainte, ils se
soumirent avec leur ville à ­l’autorité du roi. Mais de plus, ­l’archevêque
de la cité, Pierre de Savoie, leur capitaine principal, fut amené au roi
en France par le ­comte de Savoie ; et en fin de c­ ompte, il obtint, grâce
à ­l’intervention des grands, le pardon des fautes ­commises.

Source

Chronicon Girardi de Fracheto et anonyma ejusdem operis c­ontinuatio, dans


Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome vingt et unième, éd. par
Joseph-Daniel Guigniaut et Natalis de Wailly, Paris : Imprimerie
impériale, 1855, p. 1-70, ici p. 25, p. 26 et p. 34. Traduit du latin.

Bibliographie

Chronique de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis (1328-1344), suivie de


la ­continuation de cette chronique (1344-1384), éd. par Jean Lemoine,
Paris : Librairie Renouard (Publications pour la Société de ­l’histoire de
France ; 278), 1896, p. xvi-xliii.
Bruneau-Amphoux, Stéphane, « “Lyon sur Rhône”. Lyon et le ­concile
de 1245 d ­ ’après les chroniques italiennes, françaises et anglaises
(milieu xiiie-milieu xive  siècle) », dans Lyon vu/e d­ ’ailleurs (1245-
1800) : échanges, ­compétitions et perceptions, éd. par Jean-Louis Gaulin
et Susanne Rau, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection
­d’histoire et ­d’archéologie médiévales ; 22), 2009, p. 25-42.
Guyot-Bachy, Isabelle, et Moeglin, Jean-Marie, « Comment ont été
­continuées les Grandes Chroniques de France dans la première moitié

1 24 juin 1310.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 299

du xive siècle », Bibliothèque de l­’École des chartes, 163 (2005) : 2,


p. 385-433.
Fédou, René, Les papes du Moyen Âge à Lyon : histoire religieuse de Lyon,
Lyon : Éditions lyonnaises d­ ’art et d­ ’histoire, 20062.
Rech, Régis, « La diffusion de la Chronique universelle de Géraud de
Frachet », Cahiers de Fanjeaux, 35 (2000), p. 391-422.
III.04.B. LE TÉMOIGNAGE DU C
­ OMPTE DE L­ ’HÔTEL D
­ ’AMÉDÉE V, ­
COMTE DE SAVOIE, LORS DE SON SÉJOUR À LYON À ­L’OCCASION
DU COURONNEMENT DU PAPE CLÉMENT V (JANVIER-AVRIL 1306)

Document traduit et présenté par Étienne Collet

Présentation

À la fin du mois ­d’octobre 1305, le c­ omte de Savoie, Amédée V,


arrive à Lyon pour assister au couronnement du pape Clément V et
demeure dans la région bien après la cérémonie, ­jusqu’en mars 1306.
Pendant cette période, il est principalement l­ ’hôte de l­ ’abbaye d­ ’Ainay.
Les ­comptes de son hôtel itinérant ne représentent q­ u’une partie de la
production documentaire qui tend à se développer au sein de la princi-
pauté humbertienne depuis le milieu du xiiie siècle. Au sein-même de
­l’hôtel ­comtal, plusieurs ­comptes sont élaborés par les clercs au service
­d’Amédée V : des ­comptes journaliers, des récapitulatifs hebdomadaires
ou des pièces éparses correspondant à des achats exceptionnels. On peut
ainsi qualifier le document présenté ici de ­compte de synthèse, destiné à
faire le bilan du fonctionnement de ­l’hôtel sur une période plus longue.
Il reprend une structure éprouvée : d­ ’abord les recettes en argent et
leur provenance, puis la somme des dépenses ordinaires et des gages,
calculée ­d’après les ­comptes journaliers et dont le détail ­n’apparaît pas
ici. Figurent ensuite tous les paiements en argent (librata), avant le
solde du c­ ompte et l­’énumération des produits en nature c­ onsommés,
supprimée dans la traduction. Ces paiements correspondent en général
à une série de dépenses réalisées sur ordre du ­comte ou de ses officiers :
achats de produits de luxe, dons, cadeaux ou diverses rétributions, frais de
transport, financement des missions diplomatiques, salaires des hommes
­d’armes… Ils se distinguent ainsi, dans la ­comptabilité savoyarde, des
dépenses ordinaires (expense), inhérentes au fonctionnement de l­’hôtel.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


300 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Recettes et dépenses se font en diverses monnaies, provenant ­d’ateliers


de princes distincts. Le « viennois du seigneur », appellation de prime
abord énigmatique, renvoie à une monnaie frappée en Savoie sous
­l’autorité du c­ omte, sur le modèle de celle de Vienne.
Ce document ­comptable apporte un ­contrepoint intéressant à l­ ’image
que donnent les chroniques du séjour lyonnais de Clément V et des
princes venus pour le couronnement. Les liens, bien ­connus, entre les
Humbertiens et le pape, ­comme le rapprochement ­conscient de la mai-
son de Savoie avec Philippe le Bel, sont perceptibles, de même que les
opérations diplomatiques destinées à obtenir une trêve avec ­l’ennemi
dauphinois. Son intérêt va toutefois au-delà : de par sa nature même, le
­compte dévoile les pourvoyeurs de provisions et surtout de numéraire,
dont une bonne partie appartient aux notables de Lyon, parfois qualifiés
de « citoyens ». En outre, le caractère itinérant de l­ ’hôtel princier, éclairé
ici par le ­contexte ­d’intenses négociations diplomatiques, permet de
mettre en lumière une certaine topographie de la ville, ­l’importance
du Rhône et de la Saône, au gré des déplacements d­ ’Amédée V, de son
entourage et de son matériel. Le c­ omte fait halte à Ainay et à l­’abbaye
de L­ ’Île-Barbe, points d­ ’ancrage solides hors de ses domaines bressans et
viennois. Les coupes figurant dans la traduction ci-dessous sont dues au
mauvais état de c­ onservation du document, qui rend sa lecture difficile.

Document

Compte de Pierre Curbaud des dépenses de ­l’hôtel du seigneur ­comte


faites par lui-même, du lundi après la fête de la Circoncision de Notre
Seigneur, qui fut le troisième jour de janvier, inclus, l­ ’an de la Nativité
du Seigneur 1306, j­usqu’au lundi, inclus le repas de midi du même
jour, qui est le 25e du mois ­d’avril de la même année, ­c’est-à-dire pour
une période de seize semaines, à l­ ’exception de six jours où le seigneur
­comte fut en Bresse avec le roi de France, au retour du même roi de
Lyon, pour lesquels Pierre de Montmélian fit les dépenses du seigneur
­comte. Et pendant lesdits six jours ledit Pierre1 demeura à Ainay, où
Agnès, la fille du seigneur c­ omte, était allongée en couches2 et étaient
ici le seigneur Ébal, Guy de Seyssel, le seigneur Jean Arthaud et plusieurs

1 Pierre Curbaud.
2 jacebat in puerperio.

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 301

autres de la famille du seigneur c­ omte. Et ledit Pierre fit les dépenses de


ceux-ci, ­comme il est indiqué plus loin dans les paiements. À ­l’exception
aussi de quatre jours où le seigneur c­ omte demeura à Saint-Georges-­
d’Espéranche, pour les dépenses de la dame c­ omtesse, lesquelles étaient
faites par Pierre Suchet. Et pendant ces quatre jours, ledit Pierre resta
pareillement à Ainay avec ladite Agnès et plusieurs chevaliers et d­ ’autres
de la famille du seigneur c­ omte c­ omme il est dit plus loin dans les paie-
ments. Reçu au Bourget par Durand du Fay et Rosset de Saint-Rambert.

<Recettes>1

Le même rend ­compte :


–– de 61 livres, 17 sous, 6 deniers de Lyon reçus de Jean Lambert,
de Saint-Symphorien, en paiement de vingt sommées et demi
de vin ;
–– de 380  livres 7  sous de petits tournois reçus de Pierre
de Montmélian, le jour de la fête de saint Vincent, par la
main de Jean de Lavanches, clerc du seigneur Édouard, en
7 livres, 12 sous […] et 7 livres de petits tournois et 37 florins
de Florence ;
–– de 636 livres […] de Pierre2 le 16e jour de mars ;
–– de 1 500 livres de Lyon reçues dudit Jean Lambert, le lundi
avant la Purification de la Sainte Vierge Marie ;
–– de 106 livres 18 sous 10 deniers de Lyon et 413 livres 6 sous
2 deniers de viennois du seigneur c­ omte reçus dudit Jean
Lambert le dimanche avant la fête de saint Valentin, pour le
paiement des dépenses des chevaux du seigneur c­ omte et des
valets ­d’écurie […] par la main de Saniour, ­comme indiqué
plus bas en paiements ;
–– de 627 livres de Lyon reçues dudit Jean le jour de la fête de
la Chaire de saint Pierre, en négociation de prêt faite par lui,
­c’est-à-dire en main ­d’Étienne Rolet, de Lyon, 400 livres et en
main […] de Nicolas Panczu, de Lyon, 228 livres ;

1 Cette indication, qui ne figure pas dans le texte latin, vise à clarifier la structure du
document.
2 Pierre de Montmélian ? Parchemin abimé.
3 La lecture du texte latin (XLI ?) est incertaine.

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302 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

–– de 14 livres 16 sous de viennois du seigneur ­comte reçues de


Pierre […] de Chanaz, en négociation de prêt […] Pierre, du
port de Chanaz ;
–– de 6 livres 11 sous 10 deniers de Lyon de Humbert, chacipol
de Marboz ;
–– de 39 sous de Lyon reçus de Geoffroy de Chanay, châtelain
de Jasseron ;
–– de 82 livres1 reçues de Jean Bonnivard ­l’Ancien, ­qu’il a payées
et doit payer à Michalon, clerc du châtelain du Bourget, […]
pour les poissons achetés auprès de lui ;
–– de 60 livres de viennois du seigneur ­comte reçues de maître
Pierre de Sallenôves, que celui-ci avait récupérées […] ;
–– de 1 200 livres de petits tournois reçues de Jean de Fabricis,
citoyen de Lyon, q­ u’il négocia en prêt à Colichius […] ;
–– de 43 sous 5 deniers de petits tournois reçus dudit Colichius,
­qu’il devait ­comme restant de son c­ ompte ;
–– de 240 livres de Lyon reçues de […], poissonnier de Lyon, pour
106 brochets et 106 carpes à lui vendus pour autant, reçus de
Geoffroy Guyot, châtelain de Bâgé, en plus des 60 brochets,
161 carpes dépensés en ­l’hôtel du seigneur ­comte ;
–– de 12 livres de Lyon […] pour des poissons à lui vendus pour
autant par Andrevet, marchand de lard (lardonarium), appor-
tés du Bourget en plus des 7 brochets et 400  […] carpes
­consommées par ­l’hôtel du seigneur ­comte et en partie offerts
au seigneur Aymenius de ­L’Arbret  ;
–– de 83 livres de Lyon reçues dudit […] pour des harengs achetés
à lui que le seigneur ­comte doit lui régler ;
–– de 10 livres de Lyon reçues de Guillaume de Grangio, citoyen de
Lyon, pour achat de blés, pour lequel on a une lettre du seigneur
­comte et dudit Pierre de ladite dette à acquitter le mois de Pâques ;
–– de 400 livres de Lyon reçues dudit Beguyn pour achat de pain,
pour lequel on a une lettre du seigneur c­ omte et dudit Pierre
de ladite dette à acquitter le mois de Pâques ;
–– de 594 livres 9 sous 542 deniers reçus de Guillemette Becherone,
de Lyon, pour achat de vin, pour lequel on a une lettre du

1 De « viennois du seigneur ».
2 La lecture du texte latin (LIIII ?) est incertaine, le parchemin étant abimé.

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 303

seigneur c­ omte et dudit Pierre de ladite dette à lui acquitter


le mois de Pâques ;
–– de 107 livres 10 [sous] […] reçus dudit Jean Bonnivard, ­qu’il
a payés ou doit payer à Laurent Saczon pour des harengs ­qu’il
lui a achetés ;
–– de 200 livres de viennois du seigneur ­comte reçues du même Jean
Bonnivard le lundi jour de la fête de saint Marc ­l’Évangéliste ;
–– de 41 livres 11 sous de petits tournois reçues de Geoffroy
Guyot, châtelain de Bâgé, par la main de Guillemet de Saint-
Rambert, le 9e jour de mars ;
–– de 28 livres de Lyon reçues pour une sapine appartenant
au seigneur c­ omte, vendue à Ainay par la main de Richard
Champion ;
–– de 4 livres 12 sous 5 deniers de Lyon reçus pour un quintal
quatre-vingt dix-sept livres et demi de séracs1 vendus pour
autant par Andrevet des séracs restants à Ainay au moment
du Carême ;
–– de 60 livres de viennois du seigneur c­ omte reçues de Guillaume
Bertrand, juge de Bâgé, en soixante sous de gros tournois ;
–– de 20 livres de viennois du seigneur ­comte reçues de Bertholot
Guyot ;
–– de 102 livres 5 sous de Lyon reçus de Pierre du Clos par
­l’intermédiaire de Jean, son frère ;
–– de 8 livres de viennois du seigneur ­comte reçues de Henri
de Chorgien, à cette époque châtelain de Saint-Rambert ;
–– de 11 livres 6 sous de viennois du seigneur c­ omte reçus de
Jaquemin de Lans, châtelain du Bourget ;
–– de 8 livres 15 sous de viennois du seigneur c­ omte reçus de
Jean des Hurtières, châtelain de Montfalcon ;
–– de 53 livres 10 sous 7 deniers de viennois du seigneur c­ omte
reçus du seigneur Guillaume Burdin, métral de Voiron.

Somme de la recette :
–– 4 887 livres 3 sous 7 deniers de Lyon,
–– 2 260 livres 10 sous 52 deniers de petits tournois,
1 Le sérac est un fromage fabriqué en Savoie.
2 Lecture incertaine.

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304 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

–– et 558 livres 13 sous 9 deniers viennois de Savoie.

Desquelles :
en dépenses ordinaires dudit hôtel pendant lesdites seize semaines,
­comme ­confirmé dans les lettres particulières examinées par Durand
du Fay, Rosset et Raymond de Féternes […] :
–– 1 954 [livres] […] 7 deniers de Lyon
–– 256 livres 11 sous 3 deniers de petits tournois
–– et 850 livres 13 sous 9 deniers de viennois du seigneur c­ omte.

Gages.
Item en gages pour ladite période :
–– 70 livres 10 sous 11 deniers de Lyon
–– 4 livres 8 sous 4 deniers de petits tournois
–– 3 livres 18 sous 9 deniers de viennois du seigneur ­comte
–– et 11 deniers de gros tournois.

Paiements.
Il a payé pour les dépenses ­d’Agnès, fille du seigneur c­ omte, en couches à
Ainay, avec elle trois femmes ainsi que le seigneur Ébal, Guy de Seyssel,
le seigneur Jean Arthaud, le seigneur Jean de Camillii et quarante-quatre
autres personnes et vingt-trois chevaux, pendant six jours ­commençant
le lundi après la fête de la circoncision de Notre Seigneur, ­l’an de la
nativité du Seigneur 1306 : 139 livres 11 sous […] de Lyon.

Le même a payé à Hugues, fils du seigneur c­ omte de Boeca, pour dix


livres de petits tournois : 12 livres 10 sous de Lyon.

Le même a payé à Burgondion le charretier, envoyé avec une litière, un


autre charretier et deux roncins pour transporter le seigneur Guillaume
de Longueville, chevalier, qui avait la jambe cassée, en cent sous de
petits tournois : 6 […] de Lyon.

Le même a payé à Torchebœuf, envoyé en Bourgogne, pour ses dépenses,


en quatre livres de tournois : 100 sous de Lyon.

Il a payé pour les dépenses de ladite Agnès, fille du seigneur ­comte, et


de sa famille – le seigneur Jean Arthaud, le seigneur Jean de Camillii, le

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 305

seigneur Bassiano1, maître Jean Pilosus, ledit Pierre Curbaud, Andrevet,


Gossuyn, le neveu du seigneur Ébal, […], Antoine de Clermont –, avec
onze personnes de la famille du seigneur c­ omte, pendant quatre jours
et demi, avec treize chevaux […] et pour les dépenses du seigneur Ébal,
du seigneur Humbert de Maubec, du seigneur Aymar de Beauvoir, du
seigneur Hugues de Chandée et de maître Pierre de Sallenôves, avec
leur famille, pour un jour assigné à Lyon avec les [gens] du Dauphin,
­comme indiqué dans les ­comptes particuliers qui sont en sa possession :
145 livres 14 sous 8 deniers de Lyon.

Il a payé à Guillaume […] de Mâcon2, pour ­convoyer les affaires de la


dame ­comtesse par la Saône ­jusqu’à Pont-de-Veyle, inclus 10 sous de
petits tournois pour Colinet, accompagnant ce ­convoi, pour ses dépenses :
6 livres 10 sous de petits tournois.

Il a payé, pour les dépenses de quatre-vingt quatre chevaux aussi bien du


seigneur c­ omte que de sa famille, demeurant à Saint-Symphorien-­d’Ozon
pendant vingt-trois jours finissant le vendredi après la Purification de la
Sainte Vierge Marie, et pour les dépenses dudit Saniour, maréchal, pen-
dant la même période, et les gages de soixante valets ­d’écurie s­ ’occupant
desdits chevaux – et ces dépenses furent faites par Jean Lambert, c­ omme
mentionné dans son c­ ompte, dont l­’examen a été réalisé sur ordre du
seigneur c­ omte par Pierre de Saint-Didier et Andrevet de Montmélian –,
en plus des 573 bennes ­d’avoine reçues dudit Jean Lambert : 41 livres
de viennois du seigneur c­ omte et 106 livres 18 sous 10 deniers de Lyon.

Le même a payé à ladite Agnès, fille du seigneur ­comte, en deniers,


­comme justifié par sa lettre de reçu, qui rend : 3 sous 4 deniers de
tournois ancien.

Le même a payé au seigneur Geoffroy, seigneur de Clermont, duquel


le seigneur Pierre de Saint-Didier possède une lettre de reçu aussi bien
de lui-même que ­d’autres, soixante livres : 40 livres de viennois du
seigneur ­comte.

1 Peut-être Bassiano d­ e’ Guaschi, juriste italien de ­l’entourage du futur empereur


Henri VII.
2 Sans doute « naute de Mâcon » : parchemin abimé.

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306 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Le même a payé, pour deux mille harengs achetés à Lyon et envoyés à


la dame c­ omtesse à Pont-de-Veyle : 33 livres 15 sous de Lyon.

Le même a payé à Jean de Fabricis, citoyen de Lyon, pour douze aunes


de camelin de Malines achetés pour Agnès, fille du seigneur ­comte,
inclus vingt sous pour la coupe de ce drap : 37 livres de petits tournois.

Il a payé au même Jean, pour deux aunes de brunette pour des chaus-
sures, au service du seigneur ­comte : 6 livres de petits tournois.

Il a payé, en location de plusieurs logis à Ainay pour la famille du sei-


gneur ­comte, les chevaux et pour entreposer ­l’avoine, le foin, les pailles
pendant la période1 où le seigneur ­comte fut ici avec sa provision :
31 livres 10 sous de Lyon.

Il a payé, pour diverses soieries2 achetées par la main de Blondel : 8 livres


10 sous de Lyon.

Il a payé, pour les salaires de six hommes ­conduisant sur ­l’eau ­d’Ainay
j­usqu’à Saint-Symphorien les tonneaux, ­l’équipement de la cuisine, les
tables, les bancs et les affaires du seigneur ­comte, à trois reprises, et il
leur a été donné en tâche à chaque fois 4 livres de Lyon, inclus 8 sous
6 deniers pour André l­’Anglais, accompagnant un de ces voyages :
12 livres 8 sous de Lyon.

Il a payé, pour transporter en bateau ces dits équipements de cuisine et


pour la location ­d’un autre navire transportant sur ­l’eau les affaires du
seigneur ­comte de ­L’Île-Barbe ­jusqu’au pont de Saône, ainsi que le louage
de plusieurs hommes tirant par le cou ce matériel du pont de Saône
­jusqu’à Ainay, inclus 50 sous pour les dépenses de Richard Champion,
avec un roncin et un valet d­ ’écurie, et celles de Blondel, accompagnant
et surveillant ces choses pendant trois jours : 110 sous de Lyon.

Il a payé, aussi bien par sa main que par celle de Pierre de Saint-Didier,
pour la ­constitution des lettres pontificales de monseigneur Aymon de
Savoie : 6 sous 9 deniers de gros tournois anciens.
1 Lecture incertaine (parchemin abimé).
2 Lecture incertaine.

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 307

Il a payé à Jean de Cuisery, envoyé par le seigneur de Pont-de-Veyle à


Paris pour acheter des draps : 10 livres de petits tournois.

Il a payé à Jean Pont-­d’Arve, envoyé par le seigneur auprès du prieur de


Saint-Symphorien, présent à la curie papale : 8 livres de petits tournois.

Il a payé audit prieur de Saint-Symphorien, que lui porta ledit Pont-­


d’Arve, en 6 livres de gros tournois : 240 livres de petits tournois.

Il a payé à la dame ­comtesse, par la main du seigneur Pierre de Saint-


Didier et à elle transmis à Bourg-en-Bresse : 3 sous 4 deniers de gros
tournois anciens.

Il a payé à Bochet, envoyé ­d’Ambronay par le seigneur auprès du pape :


4 sous 2 deniers de gros tournois vieux.

Il a payé, pour les dépenses du seigneur Jean Arthaud et de son c­ hirurgien,


avec trois chevaux et quatre charretiers ­conduisant le chariot portant les
affaires du seigneur ­comte de L­ ’Île-Barbe j­ usqu’à Pont-de-Veyle : 7 livres
11 sous 8 deniers de Lyon.

Il a payé, pour le passage du seigneur ­comte et de sa famille ­d’Ainay


­jusqu’à Saint-Jean par la Saône, aussi bien par la main dudit seigneur
Jean Arthaud que par celle de Henri de Septème : 3 sous 8 deniers de
gros tournois.

Il a payé à Guillaume de La Baume, envoyé par le seigneur ­comte auprès


du roi de France : 100 sous de viennois du seigneur c­ omte.

Il a payé à Jean Poisson, envoyé auprès du seigneur Édouard en Lombardie :


60 sous de viennois du seigneur ­comte.

Il a payé à la dame ­comtesse, pour une pitance faite aux sœurs mineures
de Chambéry : 40 sous de viennois du seigneur ­comte.

Il a payé, pour les dépenses de Colinet Billoud et d­ ’un charretier, avec


trois chevaux du chariot c­ onduisant une partie des affaires du seigneur
­comte et de la dame c­ omtesse de Pont-de-Veyle au Bourget, pendant

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308 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

huit jours, incluant la location par ledit Colinet de plusieurs chariots et


de bêtes de somme à cette fin, incluant aussi la location de deux navires
de Chanaz ­jusqu’au Bourget, inclus dix-huit sous pour la location de
deux autres navires transportant cette partie desdites affaires et le char
de la ­comtesse de Chanaz au Bourget, avec neuf chevaux du char et
du chariot : 9 livres 12 sous 10 deniers de viennois du seigneur c­ omte.

Il a payé, pour les dépenses du seigneur c­ omte à Cusy et pour la nuit


à Albens, par la main de Hugonet de Corent, outre trois livres de cire
à lui transmises par Galopin, les genevois changés en viennois […] :
8 livres 15 sous de viennois.

Il a payé, pour une fourrure blanche, un surcot et un capuchon vermeil


achetés par sa propre main : 36 sous de viennois du seigneur c­ omte.

Il a livré à lui-même ce q­ u’on lui devait du restant de son c­ ompte précé-


dent : 628 livres 16 sous de viennois du seigneur ­comte, 13 livres 5 sous
2 deniers obole de genevois et 460 livres 17 sous 10 deniers de Lyon.

Somme des paiements :


–– 976 livres 2 sous 9 deniers de Lyon,
–– 300 livres 10 sous de petits tournois,
–– 740 livres […] de viennois du seigneur ­comte,
–– 21 sous 3 deniers de gros tournois ancien
–– et 13 livres 5 sous 2 deniers obole de genevois.

Somme des dépenses ordinaires, des gages et des paiements :


–– 6 000 livres 16 sous 3 deniers de Lyon,
–– 568 livres 9 sous […] [de petits] tournois,
–– 614 livres 18 sous 6 deniers de viennois du seigneur ­comte,
–– 22 sous 2 deniers de gros tournois.
–– et 13 livres [5 sous 2 deniers obole de genevois].

Et ainsi lui sont dues :


–– 1 123 livres 12 sous 8 deniers de Lyon,
–– 1 061 livres 3 sous […],
–– […] 22 sous 2 deniers de gros tournois,
–– et 13 livres 5 sous 2 deniers obole de genevois.

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ARCHEVÊQUES ET PAPES SOUS LA PRESSION CAPÉTIENNE 309

Et lui-même doit […] ce qui lui était dû, ­comme indiqué ci-dessus,
en changeant [les tournois à] la quinzaine en tournois à la douzaine :
898 livres 18 sous.
Ainsi, il doit encore : 793 livres 6 sous 9 deniers de petits tournois.
Pour lesquels ont été déduits […], ce qui lui était dû, en changeant
deux tournois pour un viennois : 396 livres 13 sous 4 deniers obole de
viennois du seigneur ­comte […].

Et lui sont dus finalement :


–– 59 livres 11 sous 4 deniers obole de viennois du seigneur ­comte,
–– 22 sous 2 deniers de gros tournois
–– et 13 livres 5 sous [2 deniers obole de genevois].

Source

Torino, Archivio di Stato, Sezioni Riunite, Inventario 38, fol. 21,


5e ­compte : c­ ompte de l­ ’hôtel ­d’Amédée V de Savoie – du lundi 3 janvier
au lundi 25 avril 1306 – rendu par Pierre Curbaud, et vérifié au Bourget
par Durand du Fay et Rosset de Saint-Rambert. Traduit du latin.

Bibliographie

Andenmatten, Bernard, et Castelnuovo, Guido, « Produzione e


­conservazione documentarie nel principato sabaudo, xiii-xv secolo »,
Bullettino d­ ell’Istituto per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 110
(2008) : 1, p. 279-348.
Collet, Étienne, « Entre Saône et Rhône : les rencontres diplomatiques
de ­l’hiver 1305-1306 entre Amédée V de Savoie, Philippe le Bel et
Clément V », dans Les relations diplomatiques au Moyen Âge : formes
et enjeux (XLIe Congrès de la SHMESP : Lyon, 3-6 juin 2010), Paris :
Publications de la Sorbonne (Histoire ancienne et médiévale ; 108),
2011, p. 209-218.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l­ ’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu
du xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.

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310 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge : histoire et représentations d­ ’un


fleuve européen, Paris : Aubier (Collection historique), 2007.
Valous, Guy de, Le patriciat lyonnais aux xiiie et xive siècles, Paris : Auguste
et Jacques Picard, 1973.

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LA REVENDICATION CAPÉTIENNE
DE SOUVERAINETÉ
Philippe le Bel (1307-1312)

III.05. PHILIPPE LE BEL DÉMONTRE


QUE LYON APPARTIENT AU ROYAUME (MAI 1308)

Documents traduits et présentés par Sébastien Nadiras


et Alexis Charansonnet

Présentation

Ce texte et le suivant sont de statut hybride : ­conservés au Trésor


des chartes sous la forme de rouleaux de parchemin, c­ ’est-à-dire de
documents de travail, ils ­s’ouvrent à la manière ­d’un acte par une sus-
cription suivie ­d’un préambule identique à celui de la Petite Philippine
(III.06.b.). Il s­ ’agit toutefois non ­d’actes mais de mémoires, à caractère à
la fois narratif et argumentatif. Ces mémoires sont l­ ’œuvre de Guillaume
de Nogaret, qui orchestra l­’ensemble de l­’affaire lyonnaise de 1307 à
1312, et ne remontent sans doute pas au-delà du mois de mai 1308, date
de l­ ’approbation royale de la Grande Philippine. On peut supposer q­ u’ils
forment la teneur ­d’un projet ­d’introduction à la Grande Philippine
destiné à figurer dans un recueil de copies de textes relatifs aux affaires
lyonnaises tel que le registre JJ 5 des Archives nationales (III.05.a. § 7).
Technocrate avant ­l’heure, Nogaret mit en œuvre dans ces deux
textes ses vastes ­connaissances et c­ ompétences discursives. Chacun
­d’eux ­comportait une partie narrative donnant à lire l­’histoire longue
de ­l’Église de Lyon « revisitée » par le légiste, où tout, de son antique
fondation par le roi de France à la régale réciproque entre celle-ci et
Autun, ­concourait à démontrer ­l’appartenance de Lyon au royaume. Ce

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312 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

récit se trouvait enrichi, dans le second texte, que ­l’on peut qualifier de
« fleuve », d­ ’un copieux argumentaire se présentant sous la forme d­ ’une
véritable disputatio universitaire : après avoir brièvement mentionné les
raisons et c­ onclusions de l­ ’archevêque et du chapitre de l­ ’Église de Lyon
(§ 3) puis celles, c­ ontraires, des gens du roi (§ 4), Nogaret revenait aux
assertions des Lyonnais pour les mettre en pièces une à une et dévelop-
per, avec le secours de diverses autorités – le droit, la Bible, les Pères –,
sa propre argumentation (§ 5-18).
Ces deux textes présentent bien des tours et tournures caractéris-
tiques des manières de faire du garde du sceau de Philippe le Bel : ton
péremptoire et cassant, renversement des rôles – Nogaret cite révé-
rencieusement la Bible et accuse ­l’Église de pactiser avec le Malin –,
assimilation de toute forme ­d’opposition – ici, les affrontements entre
administrateurs du roi et de l­’Église de Lyon – à une rébellion c­ ontre
la souveraineté capétienne. ­L’histoire y tient ­comme souvent une place
essentielle, ­qu’elle soit récente, puisée à la source du fonds ­d’archives du
légiste, ou ancienne, se prêtant alors à toutes les réinterprétations sinon
travestissements. On relève à ce propos ­l’utilisation que fait ­l’auteur
des images et des symboles, qui remploie la qualification de prima
sedes Galliarum, lue pour la première fois sur une monnaie épiscopale
lyonnaise de la seconde moitié du xie siècle, et déduit de la présence
­d’un lys – marial – sur le sceau du chapitre la soumission de ce dernier
vis-à-vis du roi au temporel (voir ill. 20 et 21).
Ni argumentaire établi en vue des négociations de 1307, ni résumé
objectif des ces dernières – la question des citoyens, qui fut pourtant
au cœur des tractations, y est à peine évoquée –, ces textes furent, on
­l’a dit, ­composés a posteriori à des fins mémorielles. Associant le corpus
idéologique ­conçu à l­’occasion des affaires lyonnaises à la structure
­d’un acte souverain empruntant aux actes pontificaux leur prétention
à l­’universalité – voir ci-dessous leur adresse, éminemment romaine,
à « ­l’ensemble des fidèles de Jésus-Christ » –, ils c­ onstituèrent pour
le c­ oncepteur de la politique lyonnaise de Philippe le Bel l­’espace de
liberté où mettre en verbe, pour le léguer tel un monument politique
à la postérité, le récit idéal de ­l’établissement de ­l’autorité royale sur la
cité de Lyon, et la preuve de son évidente nécessité.

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La revendication capétienne de souveraineté 313

III.05.A. LA NARRATION HISTORIQUE

Document

Au nom de la Trinité une et indivise, Philippe, par la grâce de Dieu


roi des Francs, à ­l’ensemble des fidèles de Jésus-Christ, salut.
[1] Parmi les soucis qui nous sollicitent et auxquels veille notre âme,
notre esprit travaille indéfectiblement, médite assidument et recherche
les moyens par lesquels nos sujets puissent jouir de la tranquillité de
la paix : c­ ’est là en effet la ­condition pour que ­s’accomplisse le service
divin et que ­s’ensuivent les fruits de justice que tous désirent.
[2] Aussi, après avoir relu ­d’antiques écrits, observons-nous que la
noble cité de Lyon, capitale et maîtresse des Gaules aux temps très
anciens – de sorte que ­c’est en raison de ces terres gauloises que les
Gaulois sont universellement désignés sous ce nom, avant ­d’avoir été
ensuite appelés Francs pour avoir rompu le joug de la servitude –, a été
admirablement honorée par nos prédécesseurs rois des Francs, p­ uisqu’ils
y fondèrent, sous le titre de saint Jean, glorieux précurseur de notre
Seigneur, une église au Très-Haut, établissant là, ­conformément aux
mérites de la cité, le vénérable premier siège des Gaules ; cette Église,
ils ­l’embellirent de multiples dons et honneurs, en lui ­concédant la
juridiction haute et basse de ladite cité, de son district et de son ter-
ritoire, sans préjudice du ­comte qui dans ces mêmes lieux possédait
semblablement, par ­concession royale, juridiction pleine et entière ; ils
lui c­ oncédèrent également des châteaux, des domaines et des c­ ontrées,
des tonlieux, de gras revenus et des terres pour ­l’entretien du prélat,
des chanoines et des ministres qui y servent Dieu ; en outre, ainsi que
le rapportent ses antiques privilèges, la même Église obtint à juste
titre, devant les autres Églises des Gaules, la prérogative de la primatie.
Donc, le prélat de cette Église gouvernait et administrait la juridiction
que lesdits rois lui avaient ­concédée sur ladite cité et son territoire,
mais le c­ omte susmentionné, dit de Forez, y exerçait semblablement
une juridiction pleine et entière : de leur ­concurrence, non moins que
de ­l’exercice partagé et par la faute de leurs administrateurs, résultait
la plupart du temps un préjudice pour chaque partie ; en outre, la
prospérité du lieu en était largement mise à mal. Par ­conséquent, le
chapitre de ladite Église échangea avec ledit ­comte, avec ­l’accord de

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314 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

celui de nos prédécesseurs qui régnait alors, la juridiction de ladite


cité, de ses district et territoire, que le ­comte possédait ­comme on ­l’a
dit en exercice partagé avec ledit prélat, en lui cédant à titre ­d’échange
certaines terres q ­ u’il possédait, qui étaient plus proches et plus utiles
audit ­comte, et que tient a­ ujourd’hui notre très cher fidèle le c­ omte de
Forez, successeur dudit ­comte. Donc, après cette acquisition, aussi bien
­l’archevêque que le chapitre de l­ ’Église susdite exerçaient en c­ ommun,
chacun en indivis, la juridiction précitée, mais de leur ­concurrence
advenait souvent ­qu’ils ­s’opposaient l­’un à ­l’autre ; ­c’est pourquoi les
citoyens ­comme les habitants de la cité et de son district en étaient
mis à mal en de multiples occasions, d ­ ’où découlaient en leur sein de
grandes discordes et des scandales, non seulement entre les citoyens
eux-mêmes et ­l’Église, mais fréquemment entre le prélat et le chapitre ;
de ces occasions multipliées et de leur persistance, on sait que procé-
dèrent de nombreux homicides, bien ­d’autres graves excès, ainsi que
des crimes, par le moyen desquels Satan, fauteur de ces forfaits, fit errer
tantôt les citoyens, tantôt certains prélats eux-mêmes, partis chercher
­l’appui ­d’un pouvoir chez des alliés étrangers : en effet, alors que les
citoyens auraient dû avoir recours à nos prédécesseurs, ils invoquaient
pour les défendre l­ ’appui de nobles et de barons étrangers c­ ontre cette
même Église, ses prélats ou ses ministres, abandonnant leur prince, le
roi des Francs ; ils invoquaient semblablement le patronage ­d’étrangers,
entreprises occasionnant un grave préjudice à notre royaume. Or ni les
prélats ni les citoyens ne pouvaient légitimement alléguer ­l’ignorance
en l­ ’espèce, puisque les prélats de ladite Église de Lyon, c­ ’est-à-dire les
archevêques qui ont siégé à leur tour, nous ont prêté, à nous et à nos
ancêtres les rois des Francs, serment de fidélité depuis la fondation de
leur Église ; cette fidélité, ils auraient dû savoir ­qu’ils la prêtaient à raison
de leur temporel, qui de notoriété publique procède de notre maison
royale, ­puisqu’une telle fidélité ­n’est pas prêtée à raison du spirituel.
En outre, les citoyens aussi bien que les prélats n ­ ’avaient aucun droit
à ­l’ignorance, du fait que lorsque le siège de Lyon est vacant, l­’évêque
­d’Autun, ayant-cause de nos royaux prédécesseurs, perçoit la régale de
tout le temporel de ­l’archevêque de Lyon, faisant siens les fruits de ce
même temporel, ­comme nous ­l’aurions fait par droit de régale si nos
prédécesseurs ­n’avaient ­concédé la régale de ladite Église de Lyon aux
évêques d ­ ’Autun. Et de même que nous appartiennent les fruits des

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La revendication capétienne de souveraineté 315

autres Églises du royaume, où nous jouissons de pareil droit de régale,


quand les sièges de ces mêmes Églises viennent à vaquer, ledit évêque
­d’Autun tient notoirement et reconnaît tenir de nous le droit à la régale
de ­l’Église de Lyon ; inversement, de même que les archevêques de Lyon
perçoivent la régale de l­ ’Église d ­ ’Autun quand son siège est vacant, ils
reconnaissent pareillement tenir de nous ce droit.
[3] Que voient donc les doctes, que ­comprennent les sages désireux
de ­connaître la vérité, q­ u’ils observent avec soin c­ ombien il est prouvé
de manière claire, limpide et manifeste que ­l’Église de Lyon nous est
soumise au temporel, puisque nous possédons, par l­ ’intermédiaire d­ ’un
autre de nos fidèles, notre ayant-droit et ayant-cause, le droit de régale
de son temporel en cas de vacance du siège ; si donc il y eut des arche-
vêques de Lyon pour éventuellement tenter de se reconnaître d­ ’autres
supérieurs au temporel – ce qui est ici en cause –, il faut être idiot,
manquer de raison pour ne pas reconnaître ce qui brille plus clair que
le soleil, à savoir que de telles reconnaissances, si jamais il y en eut,
­n’ont pu nous causer, à nous ou à nos prédécesseurs, aucun préjudice,
puisque les archevêques en question n­ ’ont pu nous priver de notre droit
de propriété ni modifier notre droit à la possession ­d’un tel temporel,
à notre préjudice ou à celui de nos prédécesseurs – quoique les prélats,
quant à eux, eussent pu encourir de notre part, et à leur préjudice, la
­commise de leur temporel, à vie ou, le cas échéant, si leur chapitre avait
donné son assentiment aux susdites choses, à perpétuité.
[4] ­C’est pourquoi nos ancêtres, et nous durant notre gouvernement,
mettant la main à la charrue1, tantôt avons défendu, en cas de nécessité,
cette Église ­contre la violence des citoyens et réprimé ­l’audace de ces
derniers ; et inversement, quand nous ­l’avons jugé nécessaire, nous avons
défendu ces mêmes citoyens de l­’oppression desdits archevêques et du
chapitre et dans ce but, dans la mesure où cela relevait de notre office,
nous avons mis provisoirement en notre saisine leur temporel et avons
en outre exercé, par voie d­ ’appel et autrement, notre droit de ressort sur
la cour temporelle de l­ ’Église lorsque les citoyens ­s’estimaient lésés par
les juges ou ministres de ­l’Église, dans la mesure où, ­comme on sait,
cela nous revient par droit de supériorité ; mais ces droits de ressort et de
supériorité, certains archevêques, appuyés par leur chapitre, s­ ’efforçaient
de les entraver de multiples façons, et accomplirent, eux-mêmes c­ omme
1 Luc 9, 62.

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316 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

leurs gens, moult désobéissances et violences au préjudice de notre hon-


neur, en raison de quoi moult procès furent faits par nos gens ­contre eux,
et de lourdes ­condamnations prononcées. Redoutaient-ils que nous ne
voulussions, en raison des susdites entreprises c­ ommises par eux ou par
leurs prédécesseurs au préjudice de notre droit, les priver du temporel de
ladite Église par c­ ommise en notre faveur, ou supprimer par un autre
moyen le temporel ou les droits de ­l’Église ? ­C’est portés par un c­ onseil
rien moins que sage ­qu’ils ­conjecturaient cela, puisque ­c’est avec ferveur
et désir que nous cherchons plutôt à les doter, eux et leur Église, à la
manière de nos ancêtres, de bienfaits appropriés, pourvu toutefois que
nous rencontrions chez eux l­’obéissance due, q ­ u’ils s­’abstiennent des
choses défendues entreprises par leurs prédécesseurs et q­ u’ils c­ onsentent
à modérer leurs attaques, leurs violences et leurs oppressions c­ ontre les
citoyens. Ces derniers, ils doivent désormais les choyer à nos côtés et les
entourer de bienfaits, bien loin des haines anciennes, dont ils doivent
par leurs prières rendre à Dieu le c­ ompte exigé.
[5] En outre, ­l’archevêque et le chapitre se plaignaient de ce que nos
gens avaient levé et c­ onsommé les fruits et les revenus de leurs biens
et en exigeaient la restitution ­complète à hauteur ­d’une lourde somme,
tandis que nos gens au ­contraire prétendaient que ces fruits et revenus,
perçus au titre de la sanction des c­ ontumaces de ­l’archevêque, de son
chapitre et de ses ministres, avaient été levés à juste titre et c­ onsommés
par leur faute, et voulaient imposer des peines et des c­ ondamnations
­d’une extrême lourdeur ­contre l­’archevêque et le chapitre.

Ill. 20 – Monnaie de l’archevêque de Lyon (xiiie s.-début xive s.).


musée des Beaux-Arts de Lyon © Lyon MBA – Photo Alain Basset.

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Ill. 21. a – Sceau du chapitre de Lyon en 1307, dessin dans L. Bégule
et M.C. Guigue, Monographie de la cathédrale de Lyon, Lyon, 1880.
© cliché K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
Ill. 21. b – Sceau original appendu à la demande d’approbation
de la Philippine adressée au pape Clément V (cf. Ill. 25).
© Archives nationales, AE II 312.

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318 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[6] Pour finir, nous étant nous-même rendu à Lyon à la rencontre du


souverain pontife au sujet de certaines affaires de l­ ’Église de Dieu, ledit
souverain pontife et lesdits archevêque et chapitre nous ayant prié et
demandé de bien vouloir pacifier ladite Église et ramener à la tranquillité
­l’état de ses relations avec nous, nous avons fini par incliner notre esprit
à députer, parmi nos gens, des ­prud’hommes aux fins de traiter des voies
et des modes d­ ’un accord, sur tous les sujets évoqués, avec l­ ’archevêque
et le chapitre, lesquels p ­ rud’hommes ont traité de tout cela avec les
personnes députées par notre cher et fidèle Louis, archevêque de Lyon,
et son chapitre, en réservant notre volonté à ce sujet, et nous ont ensuite
apporté à Paris les articles du traité et ­l’accord ­contenant la transaction ;
­l’archevêque et le chapitre nous ont envoyé ­comme procureur sage et
discrète personne ­l’archidiacre de cette Église Thibaud de Vassalieu,
possédant plein pouvoir afin de se réunir, transiger et ­composer avec
nous, et ­d’imposer un terme définitif à tous et chacun des différends
évoqués, ainsi ­qu’aux questions afférentes, non moins ­qu’à celles qui,
entre nous ou nos gens et ­l’archevêque et le chapitre, pouvaient ­d’une
manière ou ­d’une autre se poser.
[7] Nous donc, après avoir vérifié les articles du traité nous ayant
été apporté, avons délibéré à leur propos, relevant dans certains ­d’entre
eux quelque dureté c­ ontre lesdits citoyens, qui ­s’y trouvaient en par-
tie ­concernés ; pour cette raison, nous avons modéré les articles de ce
traité et, sur tous les sujets évoqués, nous nous sommes entendus, en
notre nom et celui de nos successeurs, et par le moyen ­d’une transac-
tion, ­d’une ­composition et ­d’un accord définitif, avec ledit procureur
archidiacre, procureur qui au nom desdits archevêques et chapitre de
­l’Église de Lyon a donné son accord à tout ce qui précède et c­ onsenti
à ladite modération ; et avec ce dit procureur nous avons transigé par
procuration, nous nous sommes mis d ­ ’accord et avons ­composé dans
les termes qui figurent ci-dessous. Toutefois, il a été acté entre nous et
ledit procureur que les articles du traité susdit, une fois montrés aux
citoyens eux-mêmes ainsi q­ u’ils avaient primitivement été mis au point
à Lyon par lesdits négociateurs, demeureraient valides si les citoyens
­considéraient devoir les accepter, et ne recevraient du présent accord
aucun préjudice, p­ uisqu’ils se trouvent modérés par celui-ci ; et que
nous patienterions pour cela durant une année, et davantage si cela
nous semblait bon, dans ­l’hypothèse où ­l’archevêque et le chapitre y

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La revendication capétienne de souveraineté 319

c­ onsentiraient ; sans quoi fut acté que ce délai passé, ­l’accord et la tran-
saction rédigés ci-dessous vaudraient perpétuellement et que les articles
dudit traité, dans la mesure où ils ­contreviennent à ­l’accord ci-dessous,
perdraient absolument toute valeur.

Source

Paris, Archives nationales, J 263, no 21J. Édition partielle : Acta Imperii


Angliae et Franciae ab anno 1267 ad annum 1313, éd. par Fritz Kern,
Tübingen : Jacob Christian Benjamin Mohr, 1911, no 285, p. 225-233.
Traduit du latin.
III.05.B. LES ARGUMENTS JURIDIQUES, ­
COMPLÉTANT LA NARRATION HISTORIQUE

Document

Philippe etc., à l­ ’ensemble des fidèles de Jésus-Christ qui ces présentes


lettres verront, salut.
[…]
[3] En effet, l­’archevêque et le chapitre s­’efforçaient de remettre en
question de multiples manières nos droits de ressort, garde et supériorité,
auxquels les citoyens avaient recours c­ ontre eux :
–– premièrement, parce ­qu’ils prétendaient que le temporel de
­l’Église, ­consacré à Dieu, ne devait être soumis à aucun prince
temporel, cela pour toujours ;
–– deuxièmement, ils prétendaient posséder des privilèges ou
lettres impériaux qui ­contenaient expressément que certains
archevêques de Lyon, en leur temps, avaient reconnu que le
temporel de leur Église était soumis à l­’empereur ;
–– troisièmement, parce q ­ u’on ­n’avait pas entendu dire ­qu’aux
temps anciens les rois de France aient joui, dans la cité de
Lyon, ou dans une autre possession temporelle de ­l’Église, de
la supériorité, du ressort ou de la garde ;
–– ils ajoutaient c­ omme quatrième point q­ u’au-delà, du moins,
de la Saône et du Rhône la main de notre supériorité ne devait
en aucun cas ­s’étendre sur la cité ou sur tout autre temporel de
­l’Église, prétendant au nom de la c­ onstitution de Grégoire X

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320 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

que Lyon ne pouvait ni ne devait se reconnaître un nouveau


patron supérieur ou seigneur au temporel.
En vertu de quoi l­’archevêque et le chapitre prétendaient que nos
gens, à qui ils ­n’avaient pas obéi pour les raisons exposées, avaient saisi
injustement leurs terres et leurs temporels et devaient restituer à l­ ’Église
tout ce q­ u’ils y avaient levé.
[4] Mais inversement, nos gens montraient plus clairement que le
jour que l­ ’archevêque, le chapitre et leur Église nous étaient notoirement
soumis pour leurs temporels, en tant que ­l’Église avait été fondée et
dotée de son temporel par les rois des Francs, et que nous détenions
et devions détenir sur leurs terres la garde, le ressort et la supériorité,
en particulier dans la cité et tout ce qui en dépendait, et ­qu’en outre
nos ancêtres avaient joui à plusieurs reprises et de manière fréquente
aux temps passés, à chaque fois que de besoin, desdits garde, ressort
et supériorité ; ­qu’enfin l­’Église de Lyon ­n’avait jamais été sujette à un
autre que nous ou nos prédécesseurs rois des Francs pour son temporel,
ni ne devait ­l’être.
[5] Au premier argument ­contraire de ­l’archevêque et du chapitre,
selon lequel leur temporel n­ ’était soumis à aucun prince temporel, nos
gens répondaient que, bien que cette soumission ne soit établie par nulle
raison particulière, en vertu toutefois des raisons suivantes, à savoir le
droit ­commun et les décrets des saints pères, les églises et les personnes
ecclésiastiques, surtout pour ce qui ­concerne leurs biens temporels,
­qu’elles possèdent de droit non divin, mais humain, sont et doivent être
soumises à leurs princes temporels, et surtout à leurs seigneurs féodaux,
de qui proviennent de tels biens ;
[6] De même, lorsque rois et princes donnent aux églises, pour
­l’entretien de leur ministres, des ­contrées, des châteaux ou des domaines,
ils ­n’entendent pas leur ­concéder le droit royal de supériorité, par lequel
tous les régnicoles sont astreints vis-à-vis du roi ­comme un seul corps
vis-à-vis de sa tête : de toute autre réponse découlerait que toute église
possèderait, sur les biens lui ayant été octroyés, le droit du roi, en sorte
que le royaume serait divisé en plusieurs parties, ce qui est inouï et que
ne peut accepter le droit ou la raison naturelle, particulièrement dans
le royaume de France, où les anciens princes, rois des Francs, ont fondé
en leur temps un si grand nombre d­ ’églises vénérables et les ont dotées
de temporels opulents tout en faisant que le royaume, son droit et la

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La revendication capétienne de souveraineté 321

supériorité sur de tels temporels demeurent toujours sans amputation,


­comme pour les terres des barons. Tout cela a été observé dans le royaume
de France depuis sa fondation par le Seigneur. ­L’Église de Lyon ne peut
ni ne doit se distinguer des autres Églises du royaume : « honte en effet
à la partie qui ne ­s’adapte pas au tout dont elle procède1 », cela ­d’autant
moins q ­ u’en vertu de ­l’ample honneur à elle apporté par les rois des
Francs lors de sa fondation, elle doit et est tenue de montrer aux autres
Églises ­l’exemple de la meilleure obéissance.
[7] Que donc les Églises soient soumises à leurs rois pour leurs biens
temporels, c­ ’est un principe de droit et une loi ­qu’on observe sur toute la
terre, et non seulement dans le royaume de France, cela quand bien même
les princes ne retiendraient pas pour eux ce droit de supériorité lors de
la ­concession de ces temporels aux Églises ; mais cela est nettement plus
clair et plus vigoureux encore quand les princes retiennent pour eux la
fidélité, ­l’hommage ou semblables droits lors de la ­concession, c­ omme
nos prédécesseurs rois des Francs ­l’ont notoirement fait en c­ oncédant le
temporel de Lyon, c­ omme il appert pleinement de ce qui suit.
[8] Donc, c­ omme dans ladite cité, qui fut ­d’antiquité la maîtresse
et la capitale des Gaules, a été fondée ­l’Église de Lyon, semblablement
capitale et maîtresse, en tant que premier siège, des autres Églises qui
se sont fondées dans les Gaules – Gaules qui ­d’antiquité sont le fon-
dement et la partie principale du royaume de France –, il est notoire
que l­’Église de Lyon est sujette au roi des Francs c­ omme à son prince
temporel, ce que montre aussi la monnaie de Lyon, à travers les lettres
­qu’on y voit gravées.
[9] En outre, les rois des Francs qui se sont succédé, et nous-même,
avons toujours et ­continuellement été en possession de la sujétion de
cette Église, cela depuis si longtemps q ­ u’il n
­ ’existe aucune mémoire
du ­contraire, ce que la prestation de l­’hommage ou de la fidélité des
prélats de cette Église ainsi que la perception de la régale démontrent
à ­l’évidence :
–– en effet, tous et chacun des prélats de cette Église qui se sont
succédé depuis le temps de sa fondation ont notoirement
prêté hommage et fidélité pour le temporel de leur Église
à nous et nos prédécesseurs les rois des Francs. Puisque ce

1 Augustin ­d’Hippone, Confessions, III, 8.

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322 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

type d ­ ’hommage et de fidélité n ­ ’est pas prêté en raison du


spirituel, il s­’ensuit ­qu’ils l­’ont fait pour le temporel, ­c’est
notoire, et par ­conséquent q­ u’ils ont reconnu par leurs diffé-
rents hommages et fidélités la sujétion de leur temporel ; par
une reconnaissance de cette nature, à chacune de ces occasions,
toute sorte de prescription a été interrompue, au cas où elle
aurait c­ ommencé à courir c­ ontre nous – qu’il ­n’en soit rien –,
­puisqu’une quelconque prescription n­ ’aurait jamais pu valoir
­contre nous ou nos prédécesseurs à propos des choses susdites,
dans la mesure où nous et nos prédécesseurs avons notoirement
possédé auxdites époques tous les biens temporels de ladite
Église et les avons légitimement prescrits – un fait ­qu’aucune
mémoire ne peut c­ ontester ;
–– ceci se reflète clairement aussi dans la perception de la régale
de cette Église, car les évêques ­d’Autun, qui sont nos fidèles et
­l’ont été de nos prédécesseurs, ont, ­comme évoqué ci-dessus,
toujours perçu, quand ­l’Église de Lyon était privée de son
pasteur, toutes les rentrées, les revenus et les produits reve-
nant à ­l’archevêque de ­l’Église de Lyon au titre de la régale,
régale dont on sait notoirement que les évêques ­d’Autun
­l’ont toujours tenue et ont reconnu ­qu’ils devaient la tenir de
nous et de nos prédécesseurs les rois des Francs, ces mêmes
évêques ­d’Autun nous ayant prêté fidélité et hommage pour
la régale de l­’Église de Lyon au même titre que pour leurs
autres biens temporels, et cela est ouvertement et notoirement
observé depuis tant d­ ’années q­ u’il n­ ’existe aucune mémoire
qui puisse valoir ­contre cela, et ­l’on n ­ ’a jamais ouï rien de
­contraire. Donc, bien que les évêques ­d’Autun aient joui de
ladite régale et perçu leurs fruits et revenus, ils possédèrent
cela pour nous, et nous ainsi que nos prédécesseurs possédons
par leur intermédiaire ce droit de régale, ce que démontre à
­l’évidence le nom même de « régale » : en effet, si les évêques
­d’Autun n ­ ’usaient pas sur ce point ­d’un droit royal, on ne
parlerait pas de « régale » pour désigner ce qui, on le sait, est
perçu dans les autres Églises de la province de Lyon ou dans
les autres Églises gauloises uniquement par nous ou par nos
ayant-cause en vertu du seul droit royal, et que ­l’on nomme

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La revendication capétienne de souveraineté 323

« régale ». Que les doctes et les sages ­considèrent donc avec


soin ceci : par quel droit, pour quelle raison jouissons-nous
des revenus des Églises dont nous avons la régale, sinon parce
que nous ­n’y avons pas ­d’homme qui puisse, en cas de vacance
du siège de telle ou telle Église, nous servir pour le temporel
qui meut de nous ? Ce droit, c­ ’est donc à cause d­ ’un défaut de
personne, non par le droit ecclésiastique, mais par le droit du
seigneur principal, et par le droit royal, que nous le possédons,
et nous procédons de même dans les fiefs que les laïcs tiennent
de nous. Nul homme sain ­d’esprit ne peut donc trouver dans
ce qui précède matière à mettre en doute que nous et nos
prédécesseurs rois des Francs qui se sont succédé avons détenu
la possession et la saisine, depuis la fondation de l­’Église de
Lyon, en tant que seigneur principal et autorité supérieure,
sur les biens et les terres temporels de ladite Église, et que
nous avons été au temporel en possession et en saisine de la
sujétion de ladite Église.
[10] ­Qu’en outre ceux qui désirent savoir la vérité c­ onsidèrent ceci :
pourquoi l­ ’antique sceau dont use ordinairement le chapitre pour sceller
ses lettres imprime-t-il ouvertement le lys, notre royal signe, sur tout
sceau de cire ou ­d’autre matière habituellement appendu auxdites lettres,
sinon parce que – démonstration évidente – ledit chapitre est soumis
au temporel à notre maison royale ?
[11] Ensuite, qui peut nier en ayant toute sa tête q ­ u’en raison de la
juridiction temporelle, des tonlieux, des redevances et des châteaux mou-
vant de notre maison royale que ledit c­ omte1 avait à Lyon et à ­l’entour
– toutes choses que le chapitre a c­ omme indiqué ci-dessus revendiquées
auprès dudit ­comte –, en raison également des châteaux acquis par le
chapitre dans la mouvance du ­comté de Mâcon – ­comté qui a toujours été
notoirement mouvant, avec ses dépendances, de notre maison royale –,
en raison des si nombreux et si grands biens héréditaires attribués à
cette Église par nos ancêtres rois des Francs, mais aussi en raison des
autres biens mouvant en fief de notre maison royale et revendiqués tant
par les archevêques que par le chapitre, qui peut nier que pour tout
cela, l­’archevêque et le chapitre nous sont soumis au temporel et que,

1 Le ­comte de Forez.

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324 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

bien plus, nous pourrions fort bien, si nous voulions choisir la voie de
la rigueur, revendiquer les châteaux et autres biens mouvant de nous
en fiefs, acquis par eux sans notre accord ou celui de nos prédécesseurs ?
[12] Contre cela le chapitre ne peut non plus arguer de ce que seuls
les archevêques qui se sont succédé au cours du temps, et non le chapitre,
nous ont prêté hommage et fidélité, à nous et à nos prédécesseurs, et
de ce que nous avons perçu la régale, directement ou par les évêques
­d’Autun, non sur les biens du chapitre mais seulement sur ceux qui
relèvent des archevêques : en effet, il n­ ’y a q­ u’une seule Église de Lyon,
dotée d ­ ’une tête unique, l­’archevêque, qui est dans ­l’Église et dans
lequel est ­l’Église, et qui la représente entièrement ; aussi, ­quoiqu’au
point de vue de l­’administration les biens de ­l’Église soient répartis
entre archevêque et chapitre, au point de vue de la propriété cependant,
tous appartiennent en indivision à ­l’Église. ­C’est pour cela que seul
­l’archevêque, et non le chapitre, doit prêter hommage, fidélité et autres
serments semblables pour tous ces biens ; cela est de droit et de raison,
répond à un usage ancien, voire à une coutume générale approuvée dans
tout le royaume à l­’endroit des Églises qui y sont établies ; ­c’est même
une coutume manifeste, on le sait, à l­’endroit de toutes les Églises du
royaume où nous avons pareils droits de régale, q­ u’en cas de vacance
du siège de telle ou telle ­d’entre elles, nous jouissons, en vertu du droit
de régale, des biens relevant de son seul prélat, et non des biens du
chapitre : en effet, nous ne nous trouvons jamais privé du service spiri-
tuel que le chapitre nous doit pour ses biens, à savoir le ­culte divin et
le service ecclésiastique, ni du service temporel qui peut lui incomber
pour les biens qui lui échoient, car de chapitre, on ne manque jamais ;
en revanche, nous nous trouvons privé, en cas de mort du prélat, du
service temporel et spirituel que celui-ci était tenu de nous fournir en
sa personne quand il vivait. Aussi ­n’est-il pas rationnel que nous jouis-
sions des biens du chapitre pour lesquels nous est fourni le service dû ;
autrement il en découlerait, chose absurde, un arrêt ­complet du ­culte
divin dans cette église, ainsi que du service dû par cette même Église,
­contre notre vœu et celui de nos ancêtres, qui ont ­concédé aux Églises
pareils biens pour ­l’accomplissement dudit service.
[13] Les privilèges impériaux invoqués par l­ ’archevêque et le chapitre ?
Loin de les excuser, ils les accusent : il est certain en effet et ­connu ­qu’en
des temps troublés, dans les tempêtes des guerres, de nombreux barons,

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La revendication capétienne de souveraineté 325

et même quelques églises se sont rebellés c­ ontre nos prédécesseurs ;


nombre ­d’entre eux se portèrent alors vers des princes étrangers, décla-
rèrent leur être soumis et reçurent d­ ’eux, en tant que leurs supérieurs,
lettres et privilèges, ce pour quoi nombre ­d’entre eux furent sévèrement
punis. Si donc des prélats lyonnais firent alors pareille chose, ce qui n­ ’est
pas vraisemblable, s­ ’ils reçurent par fraude de ces soi-disant supérieurs,
qui ne ­l’étaient pas, des privilèges pour ceux de leurs biens temporels
qui mouvaient en réalité de notre royaume ou s­ ’ils leur délivrèrent des
lettres à ce sujet, force est de c­ onstater ­qu’ils ont alors c­ ommis de graves
excès et nous ont donné c­ ontre eux c­ ommise de leur temporel mouvant
de nous, et que ce temporel, si pareilles choses ­s’avèrent avoir été faites
avec ­l’assentiment ou ­l’approbation du chapitre, nous pouvons en faire
la revendication ­comme ­commis1 à nous et saisissable. Aussi ­l’allégation
de pareils privilèges, fussent-ils – nous l­ ’ignorons – ceux des empereurs
ou d­ ’autres princes, n­ ’excuse ni ne ­conforte l­’archevêque et le chapitre
au sujet de ce qui précède, mais, à l­’évidence, les ­confond : par le fait,
de telles reconnaissances en matière de propriété ou de possession ne
peuvent avoir aucun effet à notre préjudice ou à celui de nos prédéces-
seurs, tout en exerçant à ­l’inverse leur effet, si elles furent accomplies,
au préjudice et au tort de ladite église, ­comme on ­l’a dit ; en outre et en
effet, ­l’archevêque ou le chapitre ­n’ont pu de pareille manière, en vertu
du droit ou de la coutume, modifier de la sorte leur droit de possession
ou subvertir le nôtre en la matière.
[14] On ne sache pas ­qu’un autre prince, quel ­qu’il soit, ait jamais
accompli ­d’actes de supériorité, que ce soit dans la cité de Lyon ou dans
un autre des biens temporels de cette Église, particulièrement au su des
rois des Francs, puisque les rois des Francs ont toujours exercé, en tant
que de besoin, ladite supériorité. Nous et nos ancêtres possédant cela,
personne n­ ’a pu le posséder et acquérir par prescription cette charge,
puisque deux personnes ne peuvent ­conjointement posséder la même
chose en vertu du même droit. Et si d­ ’aventure par le passé – ­qu’il n­ ’en
soit rien ! – ­quelqu’un ­d’autre avait eu ­l’audace ­d’exercer à notre insu,
sans que la chose ne nous soit dénoncée, ce droit sur ce temporel, ces
actes auraient été clandestins et ­n’auraient pu nous causer aucun préju-
dice quant à la saisine ou à la propriété ; si ­d’aventure ­l’archevêque et le
1 Ce sens est inconnu du français actuel mais on a voulu maintenir le calque du latin
(tanquam nobis ­commissas) pour rester fidèle à la notion juridique féodale de ­commise.

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326 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

chapitre nous ont porté la ­contradiction sur ce qui précède ou nous ont
entravé dans ­l’exercice des choses susdites, en aucune manière cependant
ils ­n’ont pu modifier ou subvertir leur ou notre droit de possession en
la matière, mais au ­contraire ont mérité, en raison de ces entraves, une
très sévère punition, ce pour quoi, en raison de pareilles entraves et
agressions, nos gens ont légitimement, à plusieurs reprises, exercé leur
­contrainte sur ce même temporel, le saisissant et le mettant en notre
main tandis ­qu’eux-mêmes, du fait de leurs désobéissance et de leurs
agressions, étaient c­ ondamnés à de lourdes peines et amendes.
[15] ­C’est en vain que ­l’archevêque et le chapitre prétendent ­contre ce
qui précède que nos ancêtres ­n’ont pas joui des droits susdits dans leur
temporel aux temps passés ou anciens, puisque le ­contraire peut être
clairement démontré. Pourquoi en effet notre aïeul saint Louis a-t-il brisé
les chaînes, les tours et les forteresses de Lyon, que lesdits citoyens avaient
édifiées au préjudice de leur église ? Pourquoi notre père, fils de saint Louis,
a-t-il fait justice de ­l’archevêque et du chapitre pour leurs désobéissances
en tenant en sa main toute la juridiction de la cité en deçà du pont sur
la Saône ­jusqu’à ce que, sur les prières du pape Grégoire, il procédât à
mainlevée, si ce ­n’est parce ces deux rois agissaient, ­c’est ­connu, en vertu
de leur droit de garde et de supériorité ? Pourquoi, en outre, notre père
a-t-il accordé aux citoyens un gardiateur spécial pour les défendre des
injustices et des violences manifestes q­ u’ils affirmaient craindre de la part
de ­l’archevêque et du chapitre, au cas où ces actes auraient été c­ ommis
par l­ ’archevêque et le chapitre ou tout autre en dehors de toute justice, si
ce ­n’est en vertu dudit droit de garde et de supériorité ?
[16] En outre, si aux temps anciens, où les guerres avaient la vigueur
des tempêtes dans le royaume de France, l­’on n ­ ’avait pas recours à
nos ancêtres en matière de supériorité ou de garde dans les diverses
régions de notre royaume, et notamment dans le temporel de cette
Église, dont certains des prélats tentèrent, ­comme d ­ ’autres prélats et
barons du royaume, de transférer aux dépens de nos prédécesseurs le
droit, nulle raison tirée du droit ou de la coutume ne peut souffrir
que, touchant notre maison royale et le peuple à nous soumis en rai-
son de notre supériorité, une fois terminés les troubles des guerres,
les sujets eux-mêmes ne puissent avoir recours à nous en matière de
supériorité et que nous ne puissions exercer envers eux notre devoir
de justice ; du reste, on ne trouvera attesté nulle part que même du

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La revendication capétienne de souveraineté 327

temps de guerres anciennes, ou ­d’autres, les rois des Francs, ­s’ils en


furent requis ou si l­’on eut recours à eux, ­n’aient pas exercé leur
droit de supériorité, de ressort et de garde dans le temporel de ladite
Église de Lyon.
[17] ­C’est en vain également que ­l’archevêque et le chapitre disaient
que la main de notre supériorité ne devait, du moins, pas s­’étendre
au-delà de la Saône et du Rhône : en effet, la Saône et les autres fleuves
ne ­constituent nulle part les frontières de notre royaume ; les limites
des royaumes ne sont jamais déterminées par les fleuves mais par les
nations ­composant la patrie et par les terres, selon que celles-ci furent
depuis les origines soumises à tel ou tel royaume. Cela s­ ’observe plus
clairement que le jour dans les temporels des autres Églises de la
province de Lyon, dont nous percevons la régale sur ­l’espace de leur
temporel situé en deçà c­ omme au-delà de la Saône ; cela ­s’observe
également dans plusieurs lieux situés au-delà de la Saône, attribués
à diverses églises de ces régions par des rois des Francs qui n­ ’étaient
pourtant pas empereurs – ces biens sont ceux sur lesquels ces mêmes
églises furent fondées par les rois eux-mêmes ; et cela est encore prouvé
très clairement dans le temporel de ­l’Église de Lyon situé au-delà de la
Saône, temporel dont nous et nos ancêtres percevons par ­l’intermédiaire
de ­l’évêque ­d’Autun les revenus en cas de vacance du siège au même
titre que dans le temporel archiépiscopal situé en deçà de la Saône.
Dans la cité de Lyon enfin, la domination et la juridiction temporelle
que le ­comte exerçait ­d’antiquité et que le chapitre de Lyon acquit
par l­’autorité de notre prédécesseur, s­’étend au-delà ­comme en deçà
de la Saône ; de même, nous et nos ancêtres avons exercé nos droits
de supériorité tant dans la partie de la cité située au-delà de la Saône
que dans celle qui se trouve en-deçà.
[18] ­L’archevêque et le chapitre peuvent bien prétendre, en se fondant
sur ­l’interdiction qui leur en fut faite par Grégoire X, ne pas devoir ni
pouvoir se reconnaître un nouveau protecteur pour ce qui précède, cela
ne les excuse pas : en effet, ce n ­ ’est pas une nouvelle reconnaissance
de supériorité sur ces points que nous exigeons de leur part, nous n­ ’en
avons pas besoin ; ce que nous voulons, c­ ’est que notre très ancien droit,
observé depuis si longtemps q­ u’il ­n’existe aucune mémoire du ­contraire,
ne soit pas entravé en ces matières ou ce qui ­s’y rapporte, mais ­qu’il
demeure inaltéré.

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328 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[19] De tout ce qui précède nos gens c­ oncluaient donc que c­ ’est
c­ ontre Dieu et la justice que l­’archevêque et le chapitre remettaient
en question ou cherchaient à entraver notre droit, un droit pourtant si
clair et si limpide sur les choses susdites ; ils réclamaient que fussent
appliquées les peines et les amendes auxquelles archevêque et chapitre
avaient été c­ ondamnés moult et diverses fois pour leurs désobéissances
et leurs torts, et dûment menées à leur terme et j­usqu’à exécution les
procédures initiées ­concernant les innombrables excès et torts ­commis
par ces derniers et par leurs gens à notre préjudice, en disant que ­comme
le temporel de l­ ’archevêque et du chapitre avait été mis en notre main
en juste punition de leurs multiples torts et désobéissances et c­ omme
certains revenus en avaient été perçus et tirés, ces mêmes revenus avaient
été légitimement dépensés pour payer, entre autres, nos officiers, nos
gens et nos armes, choses nécessaires, ce pourquoi ils ne devaient pas
être restitués à ladite Église, à quoi nos gens ajoutaient en outre que le
temporel de ­l’archevêque et du chapitre devait leur être retiré en raison
de leurs allégations susmentionnées, et appliqué à notre fisc. […]

Source

Paris, Archives nationales, J 263, no 21G. Édition partielle : Acta Imperii


Angliae et Franciae ab anno 1267 ad annum 1313, éd. par Fritz Kern,
Tübingen : Jacob Christian Benjamin Mohr, 1911, no 285, p. 225-233.
Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique


­d’après les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier,
1874.
Guyotjeannin, Olivier, « Le roi de France en ses préambules (xie-
début du xive siècle) », Annuaire-bulletin de la Société de ­l’histoire de
France, 111 (1998), p. 21-44.
Guyotjeannin, Olivier, « Traces ­d’influence pontificale dans les actes
épiscopaux et royaux français (xiiie-xve siècle) », Papsturkunde und
europäisches Urkundenwesen : Studien zu ihrer formalen und rechtlichen Kohärenz
vom 11. bis 15. Jahrhundert, éd. par Peter Herde et Hermann Jakobs,

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


La revendication capétienne de souveraineté 329

Köln / Weimar / Wien : Böhlau (Archiv für Diplomatik, Schriftgeschichte,


Siegel – und Wappenkunde. Beiheft ; 7), 1999, p. 337-364, ici p. 357.
Strayer, Joseph Reese, The reign of Philip the Fair, Princeton : Princeton
University Press, 1980, p. 357-361.
Poey ­d’Avant, Faustin, Les monnaies féodales de France. Tome I, Paris :
Camille Rollin, 1858 ; Tome II, Paris : Camille Rollin, 1860 ;
Tome III, Paris : Camille Rollin, 1862. Réimpression augmentée
­d’une introduction et d ­ ’une mise à jour de Georges Depeyrot,
Paris : Claude Burgan-Maison Florange, 1995.
Légier, Henri-Jacques, « ­L’Église et ­l’économie médiévale. Un exemple :
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Économies, Sociétés, Civilisations, 12 (1957) : 4, p. 561-572.
Perroy, Édouard, et Fournial, Étienne, « Réalités monétaires et
réalités économiques », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 13
(1958) : 3, p. 533-540.
Fournial, Étienne, « Monnaie de Lyon et monnaie de Vienne : la
circulation monétaire en Lyonnais et en Forez au xiiie siècle », Cahiers
­d’histoire, 4 (1959), p. 103-130.
Légier, Henri-Jacques, « Réalités monétaires, réalités économiques,
réalités historiques », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 14
(1959) : 3, p. 535-542.
Douët ­d’Arcq, Louis, Collection de sceaux. Tome II, Paris : Henri Plon
(Archives de ­l’Empire. Inventaires et documents), 1867, p. 460-461, no 6318-
6322 (1259-1312).
Bégule, Lucien, Monographie de la cathédrale de Lyon, précédée d­ ’une notice
historique de Marie-Claude Guigue, Lyon : Mougins-Rusand, 1880.
Kleinclausz, Arthur, Histoire de Lyon. Tome I : Des origines à 1595,
Lyon : Pierre Masson, 1939, p. 199 : reproduction du sceau du sacriste,
repris du précédent.
Collomb, Pascal, « Les statuts du chapitre cathédral de Lyon (xiie-
xve siècle) : première exploration et inventaire », Bibliothèque de l­ ’École
des chartes, 1995 (153) : 1, p. 5-52.
Delivré, Fabrice, « Prima sedes Galliarum : une image de la métropole
ecclésiastique de Lyon (xiie-xve siècle) », dans Lyon vu/e d­ ’ailleurs (1245-
1800) : échanges, ­compétitions et perceptions, éd. par Jean-Louis Gaulin
et Susanne Rau, Lyon : Presses universitaires de Lyon (Collection
­d’histoire et ­d’archéologie médiévales ; 22), 2009, p. 43-54.

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330 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.06. L­ ’ACCORD ENTRE LE ROI ET ­L’ÉGLISE DE LYON :


LES PHILIPPINES (SEPTEMBRE 1307-MAI 1308)

Présentation

Ainsi q­ u’en témoigne le surnom dont les a affublées la tradition éru-


dite, la Grande et la Petite Philippine sont, au même titre que la Bulle
­d’or de 1157 ou la « Sabaudine » de 1320, deux actes emblématiques de
­l’histoire lyonnaise. Ces chartes royales scellées de cire verte sur lacs de
soie rouge et verte répondaient à des objectifs différents : la première
­d’entre elles ­s’attachait à définir précisément les droits respectifs du roi
et de l­ ’Église sur la ville ; la seconde était un acte gracieux, instrument
de la générosité et de la sollicitude royales à l­ ’égard de l­ ’Église de Lyon.
La date uniforme ­qu’elles présentent ­l’une et l­ ’autre (Pontoise, septembre
1307) masque en réalité une genèse c­ omplexe, échelonnée entre septembre
1307 et mai 1308 pour la Grande Philippine ; la Petite Philippine ne
fut, pour sa part, probablement pas rédigée avant cette dernière date.
III.06.A. LA GRANDE PHILIPPINE (SEPTEMBRE 1307-MAI 1308)

Document traduit et présenté par Sébastien Nadiras

Présentation

Acte royal monumental, la Grande Philippine découlait du ­compromis,


sinon du « marché », c­ onclu à Pontoise en septembre 1307 entre les
­conseillers royaux et ­l’archidiacre Thibaud de Vassalieu, représentant
­l’Église de Lyon : tout en reconnaissant à celle-ci, archevêque c­ omme
chapitre, une juridiction temporelle pleine et entière sur la ville et baron-
nie de Lyon, il établissait que ladite juridiction ­s’exercerait à ­l’avenir
sous le droit supérieur – superioritas –, le ressort – droit de recevoir les
seconds appels – et la garde – protection exercée sur les Églises – du roi
de France. ­L’acte sanctionnait par là officiellement l­ ’intégration, sinon à
la « France », du moins à ­l’ordre juridique royal, de la première Église
du royaume. S­ ’apparentant à un véritable règlement d­ ’administration
publique, cet acte-fleuve c­ omptait près d­ ’une cinquantaine d­ ’articles.

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La revendication capétienne de souveraineté 331

Seul son exposé, suivi de la première clause, se trouve ici traduit. Dans
une première version de ­l’acte, non publiée (version initiale), ledit exposé
offrait ­l’argumentation des ­conseillers royaux : selon ces derniers, dans la
mesure où, à l­ ’ouest de la Saône et du Rhône, elle s­ ’étendait passablement
– seriosius – à ­l’intérieur du royaume, la cité et baronnie de Lyon relevait
entièrement de celui-ci. La version finale, réécrite en mai 1308, était
moins équilibrée, et plus autoritaire. Elle campait un Philippe le Bel
imploré de toutes parts – pape, Église, seigneurs et sujets –, tour à tour
menaçant et magnanime, acceptant en vue de la paix et de la ­concorde
de terminer à ­l’amiable les différends q­ u’il avait avec ­l’Église de Lyon,
une Église que dans sa munificence il ­comblait de divers privilèges.

Documents

–– La version initiale (non publiée) : exposé et première clause

Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs, faisons savoir à tous,
présents et à venir, ­qu’il y avait depuis longtemps entre nos gens, agissant
en notre nom et pour nous, et notre cher et fidèle archevêque et chapitre
de Lyon matière à ­controverse et à ­conflit en raison de ce que nos gens
déclaraient de façon catégorique et affirmaient pour nous et en notre
nom que toute la ville et cité de Lyon et toute la terre et baronnie de
­l’Église de Lyon – dans la mesure où elles ­s’étendent passablement dans
notre royaume, à l­ ’ouest de la Saône et du Rhône –, ainsi que ces deux
fleuves et tout ce qui d­ ’une manière ou d­ ’une autre se trouve c­ ompris
à ­l’intérieur desdites terre et baronnie relevaient pleinement de notre
royaume et nous étaient depuis toujours soumis à nous et à nos prédé-
cesseurs ; que nous exercions et avions depuis toujours exercé sur tout
cela le ressort, la garde et tous les droits royaux de supériorité ; enfin,
que ledit archevêque nous devait ­l’hommage pour ce qui précédait,
nos dites gens proposant à ce sujet, en notre nom et pour nous, tant au
possessoire ­qu’au pétitoire, nombre ­d’arguments irrécusables.
À l­ ’inverse, l­ ’archevêque et le chapitre affirmaient tout le ­contraire,
qui disaient que la ville et cité, terre et baronnie de Lyon ­n’avaient par
le passé en rien été soumis à nous ni à nos prédécesseurs, q­ u’ils ne nous
devaient aucun hommage, et que ni nous ni nos prédécesseurs ­n’avions
­d’une manière ou d­ ’une autre exercé un quelconque droit en matière
de garde ou autre.

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332 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Enfin, vénérable et discrète personne notre cher maître Thibaud


de Vassalieu, archidiacre de Lyon, ayant été établi procureur spécial
desdits archevêque et chapitre avec pleins pouvoirs pour ce faire, après
moult et diverses tractations à ce sujet mais aussi sur toutes les affaires,
procès, dommages, dépenses et gaspillages, litiges, débats, c­ ontroverses
et querelles qui par le passé existaient entre nos gens et ­l’archevêque
et le chapitre de Lyon, ensemble ou séparément, à titre principal ou
accessoire, et afin ­qu’à ­l’avenir règne pour toujours entre nous et ces
derniers, par ­l’action de Dieu, propice amateur de paix, une véritable
paix et c­ oncorde, nous, pour nous et nos successeurs rois des Francs
à venir, et ledit archidiacre, procureur spécial desdits archevêque et
chapitre, nous sommes mis ­d’accord sur tout ce qui précède, avons fait
la paix, transigé et nous sommes entendus de la manière qui ­s’ensuit.
[1] En premier lieu, ledit archidiacre Thibaud, au nom et ­comme
procureur desdits archevêque et chapitre de la prime église de Lyon, veut,
accepte, déclare et reconnaît publiquement, à cause de la présente entente,
­convention, c­ oncorde et transaction perpétuelle, que nous et nos successeurs
futurs rois des Francs détenons à perpétuité, en tant que supérieur en la
matière, ainsi ­qu’il est détaillé ci-dessous, le ressort, à savoir le droit de
recevoir les appels partout dans toute la cité et ville de Lyon en deçà du
Rhône, ainsi que dans toute la terre et baronnie de ­l’Église de Lyon en
deçà et du côté ouest de la Saône – dans la mesure où celles-ci ­s’étendent
passablement dans notre royaume et se trouvent ci-dessous délimitées. Et
nous déclarons, pour nous et nos successeurs rois des Francs, que toute la
juridiction haute et basse ainsi que le mère et mixte empire dans la cité
et ville de Lyon relèvent entièrement et intégralement, sous notre ressort,
de l­ ’archevêque et de l­ ’Église de Lyon, et que nous exercerons et devrons
exercer perpétuellement lesdits droits de ressort ou ­d’appel selon les
strictes modalités qui s­ ’ensuivent selon la forme et la manière exprimées
ci-dessous, et pas autrement, à savoir que […].

–– La version finale : exposé et première clause

Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs, faisons savoir à tous,
présents et à venir, ­qu’en raison des multiples sujets de ­controverse
existant entre nos gens, d­ ’une part, et ­l’archevêque et le chapitre de
Lyon, de l­’autre – en particulier, ces derniers s­’employaient par tous

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La revendication capétienne de souveraineté 333

les moyens, directement et par leurs ministres, à empêcher nos gens


­d’exercer librement et pacifiquement nos droits de garde, de ressort et
de supériorité dans la cité, terre et baronnie de ­l’Église de Lyon, leurs
officiers avaient à de nombreuses reprises ­commis, à leur su et avec leur
accord, moult excès et désobéissances, au grave préjudice de nous-même
et de nos sujets –, nos gens affirmaient que le temporel de cette Église
devait nous revenir par ­commise, ou du moins, si nous voulions nous
montrer clément, que nous devions punir lesdits archevêque et chapitre
à hauteur de deux cent mille livres tournois et au-delà, en raison des
procès passés et à venir avec eux. Pour tout cela, et pour bien d­ ’autres
offenses, désobéissances et agressions ­commises par lesdits archevêques
et chapitre et leurs serviteurs à notre encontre, nos gens, administrant
pour nous la cité, avaient mis et tenaient depuis longtemps en notre
main les terres et les biens de ladite Église.
­L’archevêque et le chapitre pour leur part, affirmant que tout cela
avait été injustement ­commis par nos gens, réclamaient la restitution
des revenus tirés de leurs terres et de leurs biens, et ­l’annulation desdites
­condamnations en tant ­qu’indues.
Tout cela – et bien d ­ ’autres choses encore – ayant donné lieu à
­controverse, notre cher et fidèle Louis, archevêque de Lyon, G., doyen, et
le chapitre de ­l’Église de Lyon nous ont humblement supplié de daigner
­compatir au sort de cette Église c­ omme à la c­ ondition de ses sujets,
régler pacifiquement ces questions et nous entendre obligeamment et
amicalement avec eux ; se trouvant alors à Lyon, notre très saint père
Clément, souverain pontife de l­’Église romaine et universelle, nous a
instamment requis, et, après lui, les suffragants de ladite Église, abbés,
nobles, barons de la région, ainsi que nombre de sujets de ladite Église
nous ont humblement supplié de bien vouloir accorder à cette dernière
la paix et la c­ oncorde à propos des choses susdites.
Aussi nous, qui de toutes nos forces sommes tendu vers la paix et la
tranquillité de nos sujets et en particulier des Églises et des personnes
ecclésiastiques du royaume, ne voulant pas repousser les prières de notre
très saint père, touchés par les suppliques desdits archevêque et chapitre
et de ceux qui nous imploraient pour eux, avons ­consenti à traiter avec
eux en vue de la paix et de la ­concorde : après nous être transporté à
Lyon, puis avoir dûment vu et examiné les divers traités ­conclus par
celui qui était alors notre cher et fidèle clerc, Pierre de Belleperche,

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334 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

devenu ensuite évêque d­ ’Auxerre, envoyé par nous c­ omme négociateur,


avec discrète personne Thibaud de Vassalieu, archidiacre de Lyon, et
­d’autres encore, députés par lesdits archevêque, doyen et chapitre, sur
les questions susmentionnées, avons transigé, ­convenu et nous sommes
accordés avec ledit archidiacre, procureur desdits archevêque et chapitre,
dûment habilité pour ce faire ; afin ­d’accroître encore la grâce de ladite
Église, nous avons en outre octroyé de nombreux privilèges et faveurs
auxdits archevêque et chapitre, ainsi q­ u’il appert par ces présentes et par
­d’autres de nos lettres, p­ uisqu’en raison de la longueur du texte, tout ne
pouvait être ­compris dans une seule lettre ou un seul acte.
[1] Nous déclarons tout ­d’abord, en notre nom et en celui de nos
successeurs rois des Francs, que le mère et mixte empire, la totalité de
la juridiction haute et basse ainsi que ­l’exercice et ­l’exécution de ceux-
ci dans toute la cité et ville de Lyon et dans ses dépendances relèvent
directement, pleinement et intégralement de l­ ’archevêque et du chapitre
de ­l’Église de Lyon sous nos ressort, garde et supériorité, lesquels ressort,
garde et supériorité, nous et nos successeurs devrons perpétuellement
exercer de la façon qui ­s’ensuit et pas une autre, selon la forme et les
modifications stipulées ci-dessous, à savoir que […].

Source

Paris, Archives nationales, J 263, no 21A (version initiale). Paris, Archives


nationales, J 263, no 21B (version finale). Édition : Ménestrier, Claude-
François, Histoire civile et ­consulaire de la ville de Lyon, Lyon : Nicolas et
Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 39-45 des Preuves. Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique d­ ’après


les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier, 1874.
Déniau, Jean, « Autour de la réunion de Lyon au royaume de France »,
Revue de ­l’université de Lyon, 2 (1929), p. 379-392, et 3 (1930), p. 29-53.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et ­l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu du
xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


La revendication capétienne de souveraineté 335

Nadiras, Sébastien, Guillaume de Nogaret en ses dossiers : méthodes de travail


et de gouvernement ­d’un ­conseiller royal au début du xive siècle, thèse de
doctorat d­ ’histoire, université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), 2012.
III.06.B. LA PETITE PHILIPPINE : LE ROI DE FRANCE, PHILIPPE LE BEL,
ACCORDE À ­L’ARCHEVÊQUE ET AU CHAPITRE CATHÉDRAL DE LYON LA
VILLE ET LE C ­ OMTÉ DE LYON ET LEUR TEMPOREL (MAI 1308)

Document traduit et présenté par Bruno Galland

Présentation

L­ ’acte est rédigé de manière à souligner que tout ce que possèdent


­l’archevêque et le chapitre vient du roi, et leur est « ­concédé ». ­L’archevêque
et le chapitre « reçoivent » la ville et le c­ omté de Lyon, la régale d­ ’Autun
et de ­l’abbaye de Savigny – ­qu’en réalité ils possédaient déjà – par « droit
royal ». Le roi leur pardonne tout ce q­ u’ils ont pu c­ ommettre c­ ontre lui
et ses officiers. Il affirme sa souveraineté en leur abandonnant tout ce
­qu’ils pourraient posséder sans autorisation royale.

Document

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, nous faisons savoir à


tous présents et à venir ce qui suit.
Parmi toutes les choses que nous désirons, qui nous réconfortent et
qui nous charment, figure le développement ­continu du ­culte divin,
la faveur accordée aux églises et ­l’augmentation de leurs ressources.
Aussi, tournant les yeux et ­l’esprit vers la vénérable Église de Lyon, qui
détient la primatie dans notre royaume sur les autres Églises de Gaule,
et ­compatissant par une pieuse affection devant les troubles ­qu’elle a
supportés au cours des périodes passées, c­ ’est volontiers et de bonne grâce
que nous lui accordons ce qui lui permettra de grandir dans ­l’obéissance
divine, et de fortifier de manière plus féconde dans ­l’avenir les honneurs
et les avantages qui sont les siens.
Pour cette raison, ­considérant avec attention, ­d’une part, que cette
Église de Lyon a été honorée depuis les origines et à de si nombreuses
reprises par de nombreux bienfaits, grâces, privilèges, prérogatives
­d’immunité et faveurs de la part de nos prédécesseurs les rois de France,

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


336 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

toutes choses dont elle n­ ’a pas pu jouir, dans le passé et encore main-
tenant, à cause des guerres et des assauts temporels divers et variés ;
­d’autre part, que le c­ omté de Lyon, qui jadis ­s’étendait au Lyonnais et au
Forez, est ensuite passé, par suite de l­ ’échange c­ onsenti avec le c­ omte de
­l’époque, sous ­l’autorité de ­l’Église de Lyon, mais avec ­l’accord exprès et
la c­ onfirmation royale de nos prédécesseurs les rois de France ; et voulant
que ­l’Église de Lyon ne jouisse pas seulement de ­l’honneur de ce ­comté,
mais que l­ ’honneur et la dignité de celui-ci se développent pour toujours,
par la teneur des présentes, nous c­ oncédons gracieusement à nos aimés
et fidèles, ­l’archevêque, le chapitre et l­’Église de Lyon elle-même, que
cette Église possède, non seulement les choses qui relèvent de ce ­comté
à Lyon ou en dehors, mais la cité de Lyon elle-même, les châteaux,
villes, fiefs, arrière-fiefs, terres, possessions, et droits quelconques de sa
juridiction ou de sa baronnie, existant de quelque manière que ce soit ;
­qu’elle ait perpétuellement le temporel dans le ­comté de Lyon, et, au
titre de la dignité et de la prérogative spéciale du ­comté et de la baron-
nie, que tout le temporel du ­comté de Lyon soit à cette Église ; et nous
voulons et ­confirmons par notre autorité royale ­qu’elle soit désormais
appelée « ­comté de Lyon », ­qu’elle soit par c­ onséquent recensée sous les
privilèges et les honneurs du c­ omté et de la baronnie pour toujours, et
­qu’elle en jouisse sur toutes choses, par droit royal.
Par la teneur des présentes, nous donnons et c­ oncédons gracieusement
aux susdits archevêque et chapitre de Lyon la régale de l­ ’évêché ­d’Autun
et de ­l’abbaye de Savigny, ainsi que les droits domaniaux de celle-ci,
avec le droit royal dont on sait ­qu’ils l­ ’ont obtenu de nos prédécesseurs
les rois de France, par pure libéralité, entre autres grâces spéciales.
Pour que tout sujet de doute entre nos gens et les susdits archevêque,
chapitre et Église de Lyon soit levé, que sur ce sujet chacun soit apaisé,
et que nous les favorisions de la prérogative ­d’une grâce plénière et de
la générosité ­d’une faveur spéciale, nous approuvons en vérité, nous
voulons et nous ­concédons gracieusement la cité, la ville de Lyon, et
tous et chacun des châteaux, villes, possessions ; tous lieux, juridictions
et temporels quelconques, péages, tant par terre que par eau, tonlieux,
monnaies, hommes, arrière-fiefs, cens, services, servitudes, marchés,
foires, revenus, privilèges, libertés, immunités, grâces et autres droits
quelconques de quelque nature ou type que ce soit, obtenus à titre
légitime par les archevêques alors en fonction, le chapitre, et ­l’Église

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La revendication capétienne de souveraineté 337

de Lyon, ensemble ou séparément, quel que soit le titre, la cause, la


manière ou la façon dont ils ont été obtenus, avec les territoires, les
droits, les dépendances et les annexes, tous et chacun existant dans les
limites de notre royaume.
Si on trouve, parmi ces biens, que certains ont été acquis en dehors de
notre autorité royale ou de celle de nos prédécesseurs les rois de France,
ou sans leur ­consentement exprès, ­l’archevêque, le chapitre et ­l’Église
pourront les ­conserver à bon droit, mais ils ne peuvent pas les céder ou les
aliéner à qui que ce soit sans nous verser quelque redevance, à nous-mêmes
ou à nos successeurs ; mais ils peuvent en jouir et les posséder en paix à
perpétuité, de par notre gracieuse générosité et notre ­confirmation royale.
Toutefois, nos gens disaient que le temporel de cette Église et toutes
les choses susdites relevaient de nous, parce ­qu’elles étaient tombées
sous notre main à la suite de plusieurs causes anciennes légitimes. Ils
réclamaient que des peines diverses et nombreuses soient appliquées en
raison de notre fisc, mais aussi des injures, désobéissances, excès, rébel-
lions, c­ ontumaces, infractions à la paix, félonies et autres transgressions
perpétrées à maintes reprises ­contre nous et nos gens tant par le susdit
L., archevêque, que par ses prédécesseurs, par les ministres du chapitre,
par les gens et par les sujets de la susdite Église. En ­conséquence, nous
remettons généreusement et en totalité, par la teneur des présentes, et
nous pardonnons, à ­l’archevêque, au chapitre et à l­’Église de Lyon, les
­commissions, les forfaitures, les assauts, et les excès des fiefs ou des arrière-
fiefs de la cité, des villes, châteaux, terres, lieux et possessions quelconques
ou de ­n’importe quel bien ; les peines, les amendes et les ­condamnations
que nous aurions pu réclamer, exiger ou de quelque manière que ce soit,
de manière légitime, par nos droits, à cause des choses susdites, prendre
à ­l’archevêque ou au chapitre, ensemble ou séparément, à cause des
forfaitures, félonies, délits, excès, injures, désobéissances, c­ ontumaces,
rébellions, infractions à la paix quelconques et tout autre motif.
Nous interdisons de surcroît que quiconque, sous peine de notre indi-
gnation, ne tente quoi que ce soit ­contre la teneur de notre présente gra-
cieuse c­ oncession du c­ omté et de la baronnie, ­constitution, ­confirmation,
donation, quittance et rémission, ou ne prétende y ­contrevenir de quelque
manière, raison ou cause que ce soit.
Enfin, nous voulons, nous approuvons et nous ratifions pleinement
toutes et chacune des choses susdites, qui ont été approuvées, c­ oncédées

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338 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et ­confirmées, et nous les ­confirmons, de notre certaine science et de


notre autorité royale, par la teneur des présentes. Pour ­qu’elles demeurent
fermes et stables à toujours, nous y avons fait apposer notre sceau, sauf
en tout notre droit, et celui d­ ’autrui.
Fait à Pontoise, en l­ ’année du Seigneur 1307, au mois de septembre.

Source

Paris, Archives nationales, J 265, no 30. Édition : Ménestrier, Claude-


François, Histoire civile et ­consulaire de la ville de Lyon, Lyon : Nicolas et
Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 38-39 des Preuves. Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique d­ ’après


les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier, 1874.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et ­l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu du
xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.

III.07. LA CAMPAGNE ­D’APPROBATION DE LA PHILIPPINE ­


CONDUITE DANS LE LYONNAIS À ­L’INITIATIVE DE ­L’ÉGLISE DE LYON
(DÉCEMBRE 1307-JANVIER 1308)

Document traduit et présenté par Sébastien Nadiras

Présentation

Résultat des tractations ayant mis aux prises à Pontoise en septembre


1307 les c­ onseillers royaux et l­ ’archidiacre Thibaud de Vassalieu, repré-
sentant ­l’Église de Lyon, la Grande Philippine (III.06.a.) ne disait mot
de la question des citoyens lyonnais. Celle-ci avait pourtant été au cœur
des débats : la partie lyonnaise, entendons ­l’Église de Lyon, exigeait en
effet l­ ’insertion dans le texte de dispositions hostiles au groupe desdits

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La revendication capétienne de souveraineté 339

citoyens ; les c­ onseillers royaux pour leur part s­ ’y opposaient, qui souhai-
taient ­conserver le bénéfice de l­ ’alliance jadis nouée par le roi de France
avec ces derniers. Chaque partie campant sur ses positions, la Philippine
fut temporairement suspendue et ­l’on c­ onvint que ­l’acte serait promul-
gué dans sa version la plus c­ onforme aux intérêts de l­’Église si celle-ci
parvenait à négocier avec les citoyens la fin du ­conflit qui les opposait de
longue date. C ­ ’est dans ce c­ ontexte que doit se c­ omprendre l­ ’importante
opération c­ onduite dans les campagnes lyonnaises en décembre 1307 et
en janvier 1308 à ­l’initiative de ­l’Église métropolitaine et notamment
du chapitre : durant plusieurs semaines, les notaires Chérubin de Pynn
et Étienne Poizat – ce dernier pour le c­ ompte de l­ ’archevêque – lurent
de village en village le texte de ­l’accord récemment ­conclu entre le roi
et ­l’Église et recueillirent à ce sujet les approbations de près de trente-
cinq ­communautés d­ ’habitants (voir ill. 22 et 23). L­ ’objectif principal
de cette campagne était de créer un mouvement ­d’opinion favorable
à la Philippine, de manière à entraîner l­’approbation des citoyens à ce
sujet – qui était à vrai dire la question centrale. Las, ceux-ci rejetèrent le
traité le 19 janvier (III.08.) et ­l’Église lyonnaise dut ­s’avouer vaincue sur
ce point. L­ ’ampleur des moyens mis en œuvre ­n’en témoigne pas moins
de ­l’importance de ­l’enjeu que représentait pour elle le fait de pouvoir
recouvrer, à la faveur de ­l’alliance royale, un pouvoir temporel puissant
à ­l’intérieur de la baronnie, et tout particulièrement de la cité lyonnaise.
­L’acte notarié présenté ici ­constate ­l’approbation de la Philippine par
la c­ ommunauté de Saint-Genis en Terre noire, qui dépendait du chapitre.

Document

Au nom du Seigneur amen.


Nous, Jacques Le Blanc, de Tournus, clerc de très excellent prince
notre seigneur roi des Francs et garde du sceau ­commun de la baillie
de Mâcon, Pierre ­d’Échallon, chanoine de Saint-Just et official de Lyon,
et Robert de Saint-Rigaud, juge général de la terre et baronnie du cha-
pitre de l­’Église de Lyon, faisons savoir à tous ceux, tant présents ­qu’à
venir, qui verront ces lettres, ­qu’en la présence de Chérubin de Pynn,
clerc, notaire public tant par autorité impériale et royale que par celle
de ­l’official de Lyon, député à cette fin, et en la présence de nous, susdit
juge, les hommes et habitants du château et ville de Saint-Genis en Terre

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340 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

noire, à savoir […], c­ onstitués en leurs personnes, ­convoqués au son de la


cloche et de la trompe au nom et sur ordre de leurs vénérables seigneurs
le doyen et le chapitre de ­l’Église de Lyon, représentant la plus grande
et la meilleure part des hommes du lieu, ainsi ­qu’ils ­l’affirmaient et
­qu’il se disait publiquement, se rassemblèrent après criée publique et
délibération requises en pareil cas, pour entendre ce que le roi et leurs
seigneurs les doyen et chapitre avaient à leur annoncer.
Il leur fut alors exposé q ­ u’avait été c­ onclu un traité entre le roi
et ­l’archevêque, le doyen et le chapitre de Lyon sur le ressort et la
garde de la cité, terre et baronnie de ­l’Église de Lyon ainsi que sur
les querelles et c­ ontroverses qui avaient lieu depuis longtemps en
la matière ; ­qu’il s­’en était suivi un accord en bonne et due forme,
accord que le roi avait, dit-on, suspendu et ­qu’il ne voulait pas rati-
fier pour ce qui ­concernait les hommes de ladite Église de Lyon tant
que ceux-ci n­ ’auraient pas donné, pour autant que cela les regardait,
leur ­consentement à son sujet. Le ­contenu de ­l’accord et la teneur des
chartes royales leur ayant été exposés et lus en intégralité en langue
vulgaire, lesdits hommes l­ ’ont approuvé et l­ ’approuvent de leur mieux,
unanimement et spontanément, en leur nom mais aussi en celui des
absents et de leurs successeurs ; cet accord, ils le veulent, le ratifient
et ­l’acceptent. Si celui-ci devait être encore amélioré, lesdits hommes
ont, avec ­l’autorisation de leur seigneur, ­constitué leurs procureurs
en les personnes de vénérables seigneurs Thibaud de Vassalieu, archi-
diacre de Lyon, et Falque Didier, chanoine de Saint-Paul et chevalier
de ­l’Église de Lyon ; ils leur donnent plein pouvoir de souscrire audit
accord et à son ­contenu mais aussi de supplier le siège apostolique
de bien vouloir, pour autant ­qu’il y est intéressé, le ­confirmer quand
il aura été parachevé ; ils approuvent et ratifient par avance tout ce
qui sera établi et décidé par lesdits Thibaud et Falque en vue du
parachèvement dudit accord, et demandent par la présente que cela
soit porté à la ­connaissance de tous ceux qui ont ou auront à l­ ’avenir
intérêt en la matière.
En foi de quoi nous, Jacques Le Blanc, Pierre, official de Lyon, et
Robert, juge, qui avons été présents, avons sur la prière des susdits
hommes respectivement apposé notre sceau aux présentes lettres. Fait
à Saint-Genis en Terre noire le vendredi après la Saint-André en l­’an
du seigneur 1307, indiction sixième.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


Ill. 22 – Carte des communautés d’habitants ayant approuvé l’accord
conclu entre l’Église de Lyon et le roi (déc. 1307-janv. 1308).
© 2013 S. Nadiras / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


Ill. 23 – Liste des 35 communautés et habitants du Lyonnais
ayant approuvé la Philippine. © Archives nationales, registre JJ5 fol. 45v.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


La revendication capétienne de souveraineté 343

Et moi Chérubin, notaire public susmentionné, qui ai assisté à


­l’accomplissement de tout cela par lesdits hommes, ai établi le présent
instrument public, l­ ’ai souscrit de ma propre main et y ai apposé mon
seing accoutumé ainsi que j­’en fus requis.

Source

Du texte : Paris, Archives nationales, J 266, no 4318, et JJ 5, fol. 44-45.


Édition : Maillard, François, « Noms de personnes du Lyonnais en
1307 », Bulletin philologique et historique (­jusqu’à 1610) du Comité des travaux
historiques et scientifiques. Année 1964. Actes du 89e Congrès national des
Sociétés savantes tenu à Lyon, p. 735-770, ici p. 738-741. Traduit du latin.
De la carte : Paris, Archives nationales, JJ 5, fol. 45-45vo.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique


­d’après les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier,
1874.
Maillard, François, « Noms de personnes du Lyonnais en 1307 »,
Bulletin philologique et historique (­jusqu’à 1610) du Comité des travaux
historiques et scientifiques. Année 1964. Actes du 89e Congrès national des
Sociétés savantes tenu à Lyon, p. 735-770.
Nadiras, Sébastien, Guillaume de Nogaret en ses dossiers : méthodes de travail
et de gouvernement ­d’un ­conseiller royal au début du xive siècle, thèse de
doctorat d­ ’histoire, université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), 2012.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


344 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.08. LES CITOYENS DE LYON REFUSENT ­D’ENTÉRINER


LES PHILIPPINES (19 JANVIER 1308)

Document traduit et présenté par Alexis Charansonnet

Présentation

On a vu que, dès ­l’origine (1269), le roi de France avait profité de


troubles internes à la ville pour faire alliance plus ou moins explicite
avec les citoyens lyonnais, les prenant sous sa protection afin de faire
plier ­l’archevêque et le chapitre cathédral à sa volonté politique.
Il semble que la négociation de la Philippine en 1307-1308 ait
quelque peu desserré ces liens et que le roi, désormais assuré de son
succès, ait c­ ontre certains de ses c­ onseillers jugé moins indispensable
­d’instrumentaliser le c­ ontre-pouvoir des cives lyonnais. L­ ’Église, de son
côté, tentait de rameuter l­ ’opinion cléricale de la région à sa cause (III.07.).
En tout cas, à l­’occasion d­ ’une assemblée de janvier 1308, dont on lira
ci-dessous le procès verbal en forme ­d’instrument public, on ­s’aperçoit
que les plus puissants d ­ ’entre eux, les grandes familles du patriciat
lyonnais, dont on trouve la liste dans ­l’énumération par laquelle débute
le document, se plaignent aux représentants respectifs de ­l’Église et du
roi ­d’être tenus à ­l’écart des tractations et les somment de produire une
copie des articles du traité en cours d­ ’élaboration qui les c­ oncernent,
si vraiment, c­ omme le prétend le procureur royal, rien ne s­’y lit qui
puisse leur nuire ; ce que ledit procureur, Pierre de Chalon, refuse de
faire tout en tentant maladroitement de les rassurer. Publiquement, les
citoyens, par la voix du professeur de droit Jean Favre, « ­conseiller de
­l’université de ladite cité », entendons juriste au service de la c­ ommune
naissante – même si ce dernier mot ­n’est pas encore employé, seuls les
« syndics » sont désignés c­ omme tels –, récusent d­ ’avance leurs quatre
« députés » à la négociation avec le représentant de ­l’Église, ­s’ils venaient
à ­consentir au chapitre la moindre parcelle de la juridiction sur la cité.
­C’est là un aspect majeur de leurs exigences, ­qu’on peut ainsi résumer :
revendication de la supériorité et du ressort royaux (ce qui implique la
présence ­d’un juge royal des appels dans Lyon), maintien d­ ’un gardiateur

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


La revendication capétienne de souveraineté 345

royal qui les protège, c­ oncession ­d’une juridiction indivise, « de toute
nature », ­confiée au seul archevêque. Faute de quoi le traité en question
ne saurait recevoir leur assentiment.

Document

Au nom du Seigneur, amen. ­L’année de ­l’Incarnation du Même mille


trois cent sept, le samedi avant la fête de saint Vincent, indiction sixième,
la troisième année du pontificat du seigneur pape Clément V. Qu’il appa-
raisse à tous de manière évidente par le présent instrument public que
­l’année et le jour dessus dits, dans la demeure de vénérable homme le
seigneur Guillaume Le Blanc, chantre de Saint-Paul de Lyon, devant
vénérables et prudents hommes les seigneurs Thibaud de Vassalieu,
archidiacre de Lyon, et maître Pierre de Chalon, procureur de ­l’illustre
prince et seigneur Philippe, par la grâce de Dieu roi des Francs, en présence
de nous, notaires souscrits, et des témoins mentionnés ci-dessous, ont
­comparu Humbert de Chaponnay, Bernard de Varey ­l’Aîné, Giraud
Amauri, Gaudemar Flamens, Bernard de Varey de la Porcherie, Pierre
Boyer, Barthélemy Charreton, Gui de La Mure, Humbert de Varey,
Raymond Filhatre, Guillaume Rodolphe, Jean Raymond, Thomas Le Blanc,
Gui de Varey, Jean de Fuers, Jean de Varey, Bernard Hugues, Guillaume
Grignieu, Guillaume de Charnay, Zacharie de Foreys, Aymon de Marcua,
Pierre d­ ’Andars, Jean de Rignieux, Jean Malcarres, Barthélemy Achert,
Bernard Vedel, Matthieu de Fuers, Jean Liatard dit Besançon, Jean d­ ’Albois,
en même temps que l­ ’abondante foule des meilleurs et puissants citoyens
de la cité de Lyon, ainsi que de nombreux autres experts en droit, c­ onseillers
de ­l’université de ladite cité, à savoir les seigneurs Humbert des Vaux et
Anselme de Durche, professeurs de droit, les maîtres Jean Favre et Laurent
Ferrail, experts en droit, en présence aussi de Rolet Cassard, Pons Varisson,
Pierre de Ville et Jeannin Dodieu, syndics et procureurs de ladite uni-
versité, en présence, disais-je, des seigneurs Humbert des Vaux déjà cité,
Barthélemy Chevrier, Matthieu de La Mure et Jean Ogier, citoyens lyonnais
députés pour traiter avec ledit seigneur archidiacre de certains articles
touchant le fait de ladite cité. En ce lieu, ledit maître Jean Favre exposa
au nom de ladite université que, malgré la présence de très nombreux
experts qui sauraient mieux que lui, s­ ’ils le voulaient, développer devant
lesdits archidiacre et procureur le fait de la cité, il entendait cependant,

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346 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

c­ onformément à la volonté des honnêtes citoyens de Lyon qui se trouvaient


là, exposer certains éléments à ­l’intention des mêmes archidiacre et pro-
cureur, afin ­qu’à ­l’avenir ledit procureur ne puisse prétendre ignorer que
­l’on avait porté à sa c­ onnaissance ce q­ u’il avait ­l’intention d­ ’expliquer face
à eux au mot près ; et ­comme ­l’occasion ­s’offrait de réaliser son propos, il
produirait son témoignage, ensemble avec les notaires ici présents. Aussi
ledit maître Jean exposa-t-il au nom de ladite université que lesdits citoyens
et université déclarent et reconnaissent publiquement – et ils veulent que
cela parvienne à la ­connaissance de tous – que le sérénissime et illustre
prince, seigneur et roi des Francs, a et doit avoir le ressort dans la cité de
Lyon, et q­ u’il a de tout temps eu ce ressort dans ladite cité – il n­ ’est per-
sonne pour se souvenir du c­ ontraire –, q­ u’eux-mêmes, les citoyens, recon-
naissent c­ omme leur supérieur ledit seigneur roi, ont recours et ont
coutume de recourir à lui ­comme à leur supérieur, et que le même seigneur
roi doit avoir et a coutume ­d’avoir son juge en la cité de Lyon pour ­connaître
des causes en appel, ce qui fait l­ ’honneur et l­ ’utilité dudit seigneur roi et
­l’accroissement de son royaume, ­puisqu’à cette occasion sa supériorité se
manifeste plus ouvertement en cette cité. ­C’est pourquoi ledit maître Jean
a supplié, au nom de ladite université, le procureur dudit seigneur roi de
ne c­ onsentir et vouloir c­ onsentir en aucune manière à ce que l­ ’on modifie
ou innove en ces matières. De même il exposa, au nom de ladite université,
que le même seigneur roi a eu et a coutume et doit avoir dans ladite cité
de Lyon son gardiateur, qui a coutume et devoir de défendre les citoyens
­contre les outrages et les violences de certaines personnes, où se joue
­l’honneur du seigneur roi lui-même, ainsi que ­l’utilité et ­l’avantage de
son royaume et de tous les habitants de la cité de Lyon – raison pour
laquelle ledit maître Jean a réitéré sa supplication. De même il a exposé,
au nom de ladite université, que la juridiction de toute nature sur ladite
cité appartient au seigneur archevêque de Lyon, ainsi que l­’exercice de la
juridiction dans ladite cité ; à ce sujet il existe une sentence rendue par le
seigneur roi lui-même et scellée de son sceau, sentence dont il s­ ’est proposé
de faire pleinement foi. Aussi, puisque le seigneur roi ne doit pas c­ ontrevenir
à sa propre sentence, droitement promulguée, ni aller c­ ontre son propre
fait, ledit maître Jean a supplié, au nom de ladite université, ledit procureur
­qu’il n­ ’aille pas défaire ce qui a été accompli droitement par le roi lui-
même, et ­qu’il ne ­consente en aucune manière à la division de la juridiction
du seigneur archevêque, ni ne fasse sécession d ­ ’avec le susdit seigneur

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La revendication capétienne de souveraineté 347

archevêque. De même, ledit maître Jean a exposé, au nom de ladite uni-


versité, que ladite cité de Lyon est franche et libre, et que ses citoyens
jouissent d­ ’une liberté telle que nul ne peut leur imposer de servitude ;
pour cette raison, il supplia, au nom de ladite université, ledit procureur
de ne ­consentir en aucune façon à quelque c­ ontravention ou innovation
que ce soit aux libertés de la cité. De même, il a exposé, au nom de ladite
université, que le seigneur archevêque et le chapitre de Lyon négociaient
ou avaient négocié avec le roi, à l­ ’insu des citoyens eux-mêmes dit-on, un
traité touchant le fait de la cité et des citoyens lyonnais qui y demeurent ;
et q­ u’il avait été donné à entendre auxdits citoyens que, dans ce traité,
figuraient vingt-six articles, dont ces derniers ignoraient ce q­ u’ils c­ ontenaient,
à ­l’exception de deux articles qui, ­s’ils venaient à être exécutés, selon ce
­qu’on leur avait laissé entendre, iraient au détriment et grand préjudice
de la cité et des citoyens, ledit maître Jean déclarant au nom de ladite
université, disais-je, que les citoyens avaient réclamé à plusieurs reprises
aux dits seigneurs, Thibaud et le procureur, de faire réaliser pour les
citoyens une copie dudit traité, ce q­ u’ils avaient refusé, à ce que disait
maître Jean. ­C’est pourquoi il supplia ledit procureur de faire réaliser
pour eux une copie du traité, si celui-ci existait, afin que lesdits citoyens
pussent délibérer sur ce ­qu’on devait faire c­ oncernant ces articles, ledit
maître Jean déclarant au nom de ladite université, disais-je, que si un
traité quelconque était en cours ­d’élaboration, ou avait été élaboré, qui
­contredise ce qui précède, cela irait au préjudice de la cité et des citoyens,
ce à quoi les syndics et procureurs de la cité et les citoyens ne c­ onsentaient
pas ou plutôt, autant q ­ u’ils le pouvaient, s­’opposaient, le même maître
Jean protestant, au nom de ladite université, que si lesdits quatre citoyens
députés pour négocier avec le seigneur Thibaud c­ onsentaient en quelque
manière à ce que la juridiction sur la cité fût pour une part quelconque
soustraite au seigneur archevêque, et que le chapitre de Lyon y possédât
quelque part, à cela ils ne ­consentent pas, mais désavouent ces mêmes
députés et, autant ­qu’ils le peuvent, les c­ ontredisent. Tous ces points,
énoncés en bloc et un à un par ledit maître Jean, les syndics et citoyens
présents en ce lieu les ont ratifiés. À quoi le procureur répondit, entre
autres, q­ u’il n­ ’était pas en son pouvoir de produire le traité mentionné,
car il ne ­l’avait pas sur lui ni ­n’avait reçu mission de le produire, déclarant,
disais-je, que dans le traité négocié entre notre seigneur roi et ­l’Église de
Lyon, il ne se trouve rien, croit-il, qui ne soit à ­l’honneur et à la louange

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348 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de la cité et des citoyens lyonnais, et l­ ’utilité suprême de la primatie dans


son entier ; et que si les marchands et les autres habitants avaient c­ onnaissance
de ­l’utilité qui ­s’y trouve, ils y ­consentiraient en battant des mains et lui
donneraient leur accord. Il répondit en outre ­qu’il était disposé à œuvrer
autant ­qu’il le pouvait, en toutes choses et par tous moyens, en son nom
propre ­comme en tant que procureur royal, à ­l’utilité et à ­l’honneur de
la cité et des citoyens lyonnais ­comme à tout ce qui regardait son office.
Il répondit en outre que si, au sein du traité, il avait ­connaissance de
quelque point qui tournerait au désavantage de notre seigneur roi et de
la cité et des citoyens lyonnais, il ­s’y opposerait ­comme procureur royal.
À quoi ledit maître Jean répondit que si ce traité ­contenait une aussi
grande utilité que ­l’affirmait le procureur, celui-ci devait ­d’autant mieux
divulguer ce qui s­’y trouvait, afin que les citoyens pussent mesurer si ce
­qu’il disait était vrai. Ledit maître Jean répondit en outre q­ u’il n­ ’était pas
vraisemblable q­ u’un tel traité fît l­ ’utilité de la cité et des citoyens lyonnais,
du fait que ceux-ci ne pouvaient nourrir de certitude sur son ­contenu et
que le procureur se refusait à le révéler. Fait dans la maison dudit chantre,
­l’année et le jour indiqués plus haut, en présence des nombreux témoins
qui s­’y trouvaient.
Quant à moi, Hugues Chauchas, de Saint-Haon, clerc, notaire public
de par l­ ’autorité du siège apostolique, j­’ai assisté avec les notaires men-
tionnés ci-dessous aux précédentes déclarations ­comme aux réponses qui
­s’en sont suivies, j­’ai souscrit le présent instrument et, invité à le faire,
je ­l’ai signé de mon seing ; il faut aussi savoir ce qui est omis ci-dessus,
au début de la réponse du procureur, à savoir ­qu’il avait été envoyé ici
par défaut de la personne c­ ompétente.
Et moi, Pierre Fillaus, de Montluel, clerc, notaire public de par
­l’autorité du siège apostolique, j­’ai assisté aux précédentes déclarations
­comme aux réponses qui s­’en sont suivies, ensemble avec ledit maître
Hugues Chauchas et Pierre de La Chapelle, notaire public, ­j’ai souscrit
le présent instrument et, invité à le faire, je ­l’ai signé de mon seing.

Source

Paris, Archives nationales, J 266, no 45. Édition : Ménestrier, Claude-


François, Histoire civile et ­consulaire de la ville de Lyon, Lyon : Nicolas et
Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 46-47 des Preuves. Traduit du latin.

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La revendication capétienne de souveraineté 349

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique


­d’après les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier,
1874.
Valous, Guy de, Le patriciat lyonnais aux xiiie et xive siècles, Paris : Auguste
et Jacques Picard, 1973.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l­ ’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu
du xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.
Nadiras, Sébastien, Guillaume de Nogaret en ses dossiers : méthodes de travail
et de gouvernement ­d’un ­conseiller royal au début du xive siècle, thèse de
doctorat d­ ’histoire, université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), 2012.

III.09. DEUX SUPPLIQUES EN FAVEUR DE ­L’APPROBATION


DES PHILIPPINES (FÉVRIER-MARS 1308)

Documents traduits par Sébastien Nadiras et Julien Théry-Astruc

Présentation

Ainsi que le montrent les précédents documents, les négociations entre


gens du roi et représentants de ­l’Église de Lyon furent particulièrement
disputées. En février 1308, soit près de six mois après les discussions
de Pontoise, ­l’Église lyonnaise acceptait enfin ­d’approuver la Grande
Philippine dans une version dépourvue des clauses hostiles aux citoyens
­qu’elle aurait souhaité y voir figurer. Les c­ onseillers royaux avaient
dès lors champ libre pour mettre en scène de manière retentissante la
­conclusion de cette séquence politique.
Cette mise en scène se traduisit par ­l’élaboration de deux suppliques,
­l’une souscrite par les seigneurs laïques du Lyonnais et à destination
de Philippe le Bel, ­l’autre, adressée à Clément V, scellée par pas moins
­d’une trentaine ­d’églises de la province ecclésiastique de Lyon – parmi

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350 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

lesquelles toutes les églises cathédrales et des églises têtes d­ ’ordre telles
que Cluny et Cîteaux (voir ill. 24). Les uns et les autres brossaient le
tableau apocalyptique ­d’une région soumise aux crimes et aux dépré-
dations de brigands et de pillards qui ­s’en prenaient notamment aux
églises et aux objets liturgiques, provoquant en cela ­l’interruption du
service des ­cultes. Se trouvait a ­contrario dépeint à grand renfort ­d’accents
lyriques ­l’état de liesse générale qui régnait depuis ­l’annonce de la
­conclusion ­d’un traité entre le roi de France et ­l’Église lyonnaise, seul à
même de remédier au funeste état de choses précédemment décrit. Tous
en appelaient, en ­conséquence, au parachèvement de l­’accord esquissé.
Ces deux textes, rédigés sans nul doute à la chancellerie royale, si ce
­n’est par Guillaume de Nogaret lui-même, se caractérisent par l­ ’emploi
­d’une rhétorique emphatique, empreinte de résonances classiques, tissée
surtout de multiples citations, notamment bibliques, écho de formules
des lettres des papes théocrates du xiiie siècle. Le roi de France s­ ’y voyait
célébré en élu de Dieu, protecteur des églises et garant du salut de son
peuple.
Ces documents n­ ’étaient pas moins spectaculaires dans leur forme
(voir ill. 25), et ­l’on imagine que les ­conseillers royaux ne se privèrent pas,
bien au ­contraire, de les produire au mois de mai 1308 à Poitiers devant
Clément V – avec qui ­l’on discutait alors âprement de la ­condamnation
de ­l’ordre du Temple : ­c’est ce lieu et ce moment précis que choisit
Philippe le Bel pour accéder aux suppliques des requérants en approu-
vant la Philippine et en promulguant la version définitive de cet acte.
III.09.A. LES SEIGNEURS DU LYONNAIS SUPPLIENT PHILIPPE LE BEL
­D’APPROUVER ­L’ACCORD ­CONCLU AVEC L­ ’ÉGLISE DE LYON,
AUQUEL ILS SOUSCRIVENT SANS RÉSERVE (FÉVRIER-MARS 1308)

Document

À très excellent prince leur seigneur Philippe, par la grâce de Dieu


roi des Francs, ses humbles et dévoués chevaliers mais aussi damoiseaux,
hommes de ­l’Église de Lyon ci-dessous nommés, dévouement loyal,
obéissance et soumission à vos décrets.
Sache votre altesse royale que ­lorsqu’il nous fut demandé, de votre
part et de celle de nos seigneurs l­’archevêque et le chapitre de l­’Église
de Lyon, si nous voulions ­consentir, pour ce qui nous regarde, à ­l’accord

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La revendication capétienne de souveraineté 351

c­ ommencé et restant à ­conclure entre vous et ­l’Église de Lyon au sujet de


toutes les discordes, c­ ontroverses et querelles existant depuis longtemps
entre vous et cette même Église ­concernant le ressort et la garde de sa
terre et baronnie ainsi que d­ ’autres points, nous, véritables fils et disciples
du bienheureux Thomas Didyme par notre lenteur à croire, ­n’avions par
le passé jamais osé non seulement dire mais même ­concevoir en esprit
­qu’il puisse advenir en notre temps ou en celui de notre postérité, étant
donné nos fautes et nos péchés, que la terre et baronnie de l­’Église de
Lyon jouisse ­d’une si grande félicité ­qu’avec vous, elle ­connaîtrait la
paix et la c­ oncorde. Aussi, quand pareilles choses nous furent exposées
­d’une voix quasi angélique, ­l’enchantement d­ ’un suprême et délicieux
bonheur souleva nos entrailles ; et tandis que celles-ci c­ oncevaient ces
transports de joie inattendus et cette liesse pour ainsi dire excessive, les
yeux de notre âme, riant au milieu des larmes, ­s’illuminèrent de l­ ’éclat
­d’une ineffable clarté ; et ainsi pouvons-nous dire à juste titre avec le
Psalmiste : « Nous attendions, nous attendions le Seigneur ; ­s’inclinant
vers nous, il a exaucé dans son immense bonté nos prières1 ». Vraiment,
nous pouvons affirmer, et il ­s’agit là ­d’une vérité incontestable, que notre
seigneur Dieu dans sa grande clémence vient d­ ’exaucer les prières de son
peuple du Lyonnais. Celui-ci était soumis à tant ­d’angoisses, de douleurs
et d­ ’inévitables périls, subissait quotidiennement tant d­ ’oppressions ! Si
grands et si nombreux étaient les assauts nocturnes des brigands qui
éventraient les murs de ses maisons ! Il était exposé à tant d­ ’inimaginables
supplices ! Abandonnant ses enfants à une misérable pauvreté, il perdait
cruellement ses femmes, accablées ­d’incessants gémissements. Cela, un
esprit humain ne pourrait en aucune manière le ­concevoir, ni trouver
aucun mot pour ­l’exprimer.
Assurément, il sont bien peu nombreux, ceux qui ­jusqu’à présent ont
pu dire avec effet : « Ceci est à nous » ; en plein jour, ­c’est à grand peine
que même les plus vieux c­ ultivateurs pouvaient ­conserver entre leurs
mains un unique pain, quasiment réduit à ­l’état de cendres, sans que
justement pilleurs et voleurs, dans leur coupable avidité d­ ’usurpation et
leur incessante voracité, niant en tout point le droit des gens, c­ onsidérant
tout ­comme un bien ­commun, ne ­s’approprient ceci, cela, et ainsi
toute chose autant ­qu’ils le peuvent, à moins que le glaive ne ­s’oppose

1 Ps. 39, 2.

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352 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

virilement au glaive et que la force des armes ne résiste à leur coupable


volonté. Et tous ces méfaits, la téméraire audace de ces brigands ne craint
pas de les perpétrer : c­ ’est que, dans leur rapacité féroce, ils n­ ’ont pas
encore éprouvé la puissante opposition de votre royale majesté. Aussi,
que d­ ’allégresse et de liesse, que de bien ­commun dans cet accord, seul
à même, quand il aura été effectivement ­conclu – Dieu en est témoin –,
­d’obvier pour toujours et en toutes choses à de tels ravages, et par quoi le
Seigneur nous tirera de la fosse de perdition et de la fange de l­ ’horrible
bourbier ! Et quels transports de joie provoquera dans nos oreilles et
dans celles de toutes les personnes c­ oncernées la douce voix qui annon-
cera la ­conclusion de cet accord, attendue depuis si longtemps, quand
la simple nouvelle de la préparation ­d’un traité a déclenché chez nous
et dans tout le peuple une incommensurable liesse !
Et rien ­d’étonnant si les vieillards se réjouissent – à bon droit – avec
les plus jeunes, et les veuves avec les enfants : ne voit-on pas déjà les
oiseaux des fourrés s­ ’élancer en gazouillant et voleter délectablement,
les prés s­’égayer et les pâturages se remplir de nouveau, parcourus
par un bétail désormais en sécurité, mugissant à l­ ’envi, libre c­ omme
jamais de folâtrer et de paître ? De même « le bœuf déjà reconnaît son
possesseur, et l­ ’âne ­l’étable de son maître », à ­l’abri des déprédations des
ennemis et de la rapacité des brigands1. Q ­ u’une voix s­ ’élève à présent,
de celui qui ­s’écrie sur les places : « Que désormais les brigands cessent
de s­ ’insurger c­ omme à leur habitude mais se terrent dans les cavernes,
que désormais les pirates des fleuves soient engloutis sous la menace
des épines ardentes du feu et du glaive capital ; q­ u’ils fuient la voix
des émissaires royaux, les dévastateurs des campagnes que poursuit le
gibet ». ­Qu’elle ­s’élève en outre, cette voix, et fasse résonner au plus
haut : « Ô ­comme il a été désiré le début, heureux le développement et
très saint ­l’aboutissement de cet accord ! Ô ­combien de mérite ont les
personnes qui ont fidèlement œuvré à la dite composition de tous leurs
moyens, préservant assurément en toutes et chacune de nos paroles la
discipline ecclésiastique de même que le respect à l­ ’égard des ancêtres
et leur autorité ! » Ni le mérite de nombreux martyrs ni l­ ’exemple de
tel ou tel c­ onfesseur de la sainte religion n­ ’ont pu davantage profiter à
aucune région que la peine et le labeur fructueux de ceux qui, rayonnant

1 Isaïe 1, 3.

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La revendication capétienne de souveraineté 353

d­ ’une active charité, ont travaillé à cela et y travailleront efficacement ;


car à la seule douce annonce de ce qui précède, ils prennent la fuite,
les brigands, les dévastateurs, les pillards et les homicides, tandis que
les voyageurs cheminent désormais tous et chacun en sécurité, même
par les voies détournées, par quoi se trouve évitée la mort de nombre
­d’entre eux. Ainsi les solennités de la messe et du ­culte divin, qui, il
en coûte de le dire, ont depuis trop longtemps cessé non seulement
dans ­l’église de Lyon elle-même mais aussi dans les chapelles et les
paroisses des campagnes, que leurs chapelains et desservants quittent
pour gagner les cités et les lieux plus peuplés car ils n­ ’osent plus y
célébrer le c­ ulte et ne peuvent souvent, quand bien même ils l­ ’oseraient,
nous délivrer, à nous ainsi q­ u’à nos sujets, les sacrements de l­ ’Église,
­puisqu’en plusieurs sanctuaires, ceux des localités les plus modestes,
il nous faut remplacer les objets liturgiques volés plusieurs fois par
an par des brigands sacrilèges ; les solennités de la messe et du c­ ulte
divin, donc, pourront être célébrées en toute sûreté sous votre royale
protection, par quoi le salut de ­l’âme est assuré pour les fidèles du
Christ. Ainsi la pureté virginale et intacte repoussera les ravisseurs,
les incestueux et les adultères, rendus à la chasteté par la c­ ontinence
– vertus qui représentent glorieusement les âmes devant Dieu le
très-haut – ; les pupilles seront soutenus par leurs tuteurs légitimes,
les veuves se marieront c­ omme il c­ onvient au lieu de s­’enflammer,
les étrangers chemineront sans danger, les malades recouvreront la
santé espérée tandis que leurs voisins et leurs proches pourront en
toute sécurité les visiter charitablement, et les pauvres personnes,
toutes autant q ­ u’elles sont, et tous quels q­ u’ils soient, recevront un
soutien sans faille. Tous ces gens, les brigands venus de partout et les
voleurs dissimulés dans la nuit c­ onsidéraient leurs ressources c­ omme
des cadeaux pour le peuple ; quand dans leur férocité ils épargnaient
leurs personnes, ils affirmaient que leurs biens, exposés ­comme à
Radicofani1 à leur voracité de pillards, devaient leur revenir pour le
salut de leurs âmes et de celles de leurs parents.
Au vrai, puisque vous êtes entre tous les rois et princes chrétiens,
pour ce qui est de la c­ onstance dans la pureté et l­ ’orthodoxie de la foi et
1 Le bourg toscan de Radicofani fut à la fin du xiiie siècle le repaire du brigand Ghino
di Tacco, fameux pour avoir – entre autres – capturé l­’abbé de Cluny au retour de sa
visite à Boniface VIII.

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354 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de ­l’exercice de la justice, ­comme « le lys entre les ronces1 », lys dont le
symbole vous appartient dûment et ne doit être assigné en propre à nul
autre roi ou prince, ­l’entière majesté royale vous ayant été ­conférée de plein
droit, devant tous les autres, par la volonté divine, vous, dont l­’origine
procède uniquement et immédiatement du plus haut des cieux, vous, roi
des Francs et notre seigneur spécial, vous, débiteur de la justice publique
spécialement établi par le Seigneur, vous qui dans les limites de votre
royaume possédez le fleuron de toute la chevalerie, armée ou non, vous,
dont l­ ’honneur royal aime en tout temps la justice, ramenant la puissance
à un acte de charité, vos humbles et dévoués vous requièrent par voie de
nécessaire ­conséquence, en vertu de la charge de justice dont vous leur
êtes redevable, et supplient votre altesse royale de bien vouloir, ­s’il vous
plaît, faire œuvre de piété et de charitable c­ ompassion et parachever en
tout et pour tout le susdit accord, que tous attendent à raison depuis
trop longtemps ; et, nous ­l’affirmons en vérité par serment militaire, ni
notre mère ­l’Église de Lyon, ni nous-mêmes, ses fidèles sujets, ni notre
féconde – si Dieu le veut – descendance, ni enfin aucun des habitants
du Lyonnais ne vivront dans la tranquillité si vous ne parachevez pas
effectivement ledit accord. Cet accord et ­l’intégralité de son ­contenu,
en tout et en détail, nous y souscrivons unanimement, de notre plein
gré et en toute c­ onnaissance de cause, pour nous, nos successeurs, nos
hommes et nos sujets, nous le ratifions et l­ ’approuvons pleinement pour
autant ­qu’il nous ­concerne et pourra nous ­concerner ­d’une manière ou
­d’une autre à l­’avenir, nous, nos successeurs, nos hommes et nos sujets.
Et ­s’il ­s’en trouve certains qui, par quelques faux rapports, osent
à dessein affirmer le c­ ontraire, sache votre altesse royale q­ u’ils furent
trompés ou peut-être désirent tromper. Leur ignorance crasse ou leur
malignité frauduleuse, enveloppée de dol et de ruse, apparaîtra au grand
jour lors de la c­ onclusion dudit accord ; elle reconnaîtra avoir été abusée
quand la loi et la discipline militaire, ­jusqu’ici négligées de façon aussi
lamentable q­ u’affligeante, séviront c­ ontre les criminels par le puissant
glaive de votre magnifique et royale majesté, en sorte que ­l’amour filial,
naguère privé de sa vigueur, enveloppant désormais tendrement fils et
amis dans le devoir de charité, retrouvera par là même dans ­l’action
la force qui lui sied2. Ainsi, ce que la puissance locale des armes n ­ ’a
1 Cantique des cantiques 2, 2.
2 Voir Digeste, 49, 15, 19.

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La revendication capétienne de souveraineté 355

pu obtenir ­contre les brigands sera accompli par l­’accomplissement de


votre royale justice.
Alors ­l’homme retournera à son ouvrage et y vaquera joyeusement ­jusqu’au
crépuscule, à l­ ’abri désormais du danger sous votre royale protection. Ainsi
les champs donneront en abondance ; et tandis que les troupeaux seront
préservés de la main des pillards, le bétail multipliera à travers étables et
bergeries. Ainsi cessera, sous l­’effet de votre juste et royale puissance, par
nous depuis si longtemps désirée, la c­ onfusion qui prospère de longue date
faute de justice publique, et la sangsue de l­’antique tourment qui nous
accable avec ­l’ensemble des habitants du Lyonnais sera par vous extirpée à
la racine, ce pourquoi nous chanterons glorieusement au Seigneur : « Gloire
soit rendue par tous au plus haut des cieux à celui qui accordera par votre
entremise, vous qui êtes son ministre dans ­l’exercice de la justice, aux
hommes de bonne volonté que nous sommes, la paix sur la terre1 ».
Et s­’il restait quelque chose à faire pour exprimer mieux encore
notre volonté dans cet accord, nous désignons, établissons et c­ onstituons
unanimement vénérables et discrètes personnes les seigneurs Thibaud
de Vassalieu, archidiacre de Lyon, et Falque Didier, chanoine de Saint-
Paul et chevalier de l­ ’Église de Lyon, c­ omme nos légitimes procureurs,
syndics ou représentants et leur donnons à chacun ­d’eux plein, général
et franc pouvoir et mandat spécial pour ­consentir pleinement en toutes
choses audit accord, à ­l’ensemble et à chacun des articles ­qu’il ­contient
ainsi même q ­ u’à tout autre accord à faire ou à c­ onclure sur toutes et
chacune des choses susdites par ledit archidiacre avec ledit seigneur roi
ou ses gens par voie de procuration et pour nous, les relevant tous et
chacun d­ ’eux de toute obligation de donner caution, et ratifiant, agréant et
­confirmant maintenant et à jamais tout ce que lesdits Thibaud et Falque
ou un seul ­d’entre eux pour les deux auront décidé, établi, ordonné,
ratifié ou c­ ompromis avec ledit seigneur roi sur toutes et chacune des
choses qui leur paraîtront, à eux ou à l­’un d­ ’entre eux pour les deux,
utiles ou nécessaires en vue du c­ omplet parachèvement dudit accord.
Et cela, nous le faisons savoir par la teneur des présentes lettres à
tous et chacun de ceux qui y ont ou y auront à ­l’avenir intérêt ; et,

1 Adaptation aux circonstances de l­ ’hymne dont les premières paroles reprennent le chant
des anges à Bethléem (Luc 2, 14), utilisé pendant la Messe, et qui débute ainsi : « Gloire
à Dieu, au plus haut des cieux et paix sur la Terre aux hommes q­ u’il aime » (Gloria in
excelsis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis).

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356 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

publiquement et spécialement ­constitués à cette fin, ainsi ­qu’il a été dit,


en présence des notaires soussignés investis des autorités apostolique,
impériale et royale ainsi que de celle de l­ ’official de Lyon, nous enjoignons
vivement et fermement à ces derniers de faire établir, relativement aux
susdites ratification, supplication et c­ onstitution de procureurs, syndics
ou représentants, un instrument public muni du sceau ­commun du roi
dans le bailliage de Mâcon et de ceux de ­l’official de la cour de Lyon
et du juge de la terre et baronnie de ladite Église de Lyon, ainsi que
des seings publics accoutumés, pour en c­ onserver une mémoire perpé-
tuelle, et nous demandons instamment à vénérables hommes et sages
maîtres Jacques Le Blanc, de Tournus, clerc de notre seigneur le roi et
chancelier de Mâcon, Pierre ­d’Échallon, official de la cour de Lyon, et
Robert de Saint-Rigaud, susdit juge de la terre et baronnie de ­l’Église
de Lyon, ­d’apposer leur sceau aux présentes en témoignage de vérité.
Et nous, Jacques Le Blanc susdit, chancelier, Pierre, official, et Robert,
juge de la terre et baronnie de ­l’Église de Lyon, sur les prières à nous
présentées de la part desdits chevaliers, damoiseaux et hommes de la
susdite Église de Lyon par lesdits notaires, auxquels nous accordons
toute foi pour ces choses et pour ­d’autres plus importantes, nous avons
apposé le sceau c­ ommun du roi notre sire dans le bailliage de Mâcon,
le sceau de la cour de Lyon et le sceau de la judicature de cette terre, en
­l’an du Seigneur 1307, aux mois de février et de mars.
Et moi, Pierre de la Chapelle, clerc du diocèse de Clermont, notaire
public de la cour dudit seigneur official de Lyon et par autorité aposto-
lique et impériale, je fus présent quand ­s’accordèrent nobles hommes les
seigneurs Henri, seigneur de Montagny, Guigue Malamouche, Gui, Henri,
Guillaume ­d’Albon, frères, Henri de Grignieu, Guillaume de Chuyer,
Hugues de Marzé, chevaliers, Pierre de Saint-Symphorien, seigneur de
Chamousset, son fils Jean, Guichard, fils du seigneur de Montagny,
Allamand Gilbert, Henri Lambert, Barthélemy de La Valette, Isabelle
de Chuyer, Hugonet Bulioud, Barthélemy Siboud, Pierre de Saint-Romain,
Hugonet Baudrans, Hugues de Chavannes, Poncet de Rochefort, Jean
Rufier, Henri de Grignieu, Jean de Saint-Symphorien, seigneur de
Grézieu, Jean de Fontenelle, damoiseaux, et quand ils ­constituèrent
leurs susdits procureurs, syndics et représentants ainsi ­qu’il est dit plus
haut, en présence des témoins dont les noms figurent dans mon proto-
cole avec les jours, an et indiction où ils ­s’accordèrent et ­constituèrent

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Ill. 24 – Localisation des églises ayant scellé la demande d’approbation
de la Philippine adressée au pape Clément V (février-mars 1308)
© 2013 S. Nadiras / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.

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358 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

leurs procureurs, j­ ’ai souscrit de ma propre main le présent instrument


public qui en fut réalisé et l­ ’ai signé de mon seing accoutumé ainsi que
­j’en étais requis.
Et moi Chérubin de Pynn, clerc, notaire public par autorité du roi
et de l­’official de Lyon, je fus présent quand nobles hommes Jeannin
de Châtillon, Pons de Rochefort, Pierre de Farnay et Roland de Tassin,
damoiseaux, c­ onstituèrent leurs procureurs, syndics et représentants
ainsi ­qu’il est dit plus haut, j­’ai souscrit de ma propre main le présent
instrument public et l­ ’ai signé de mes seings accoutumés ainsi que ­j’en
étais requis.
Fait en l­’an du Seigneur 1307, indiction sixième, aux jours et en
présence des témoins indiqués dans mon protocole.

Source

Paris, Archives nationales, J 266, no 48, et JJ 5, fol. 44v-45, no 40. Texte
inédit. Traduit du latin.
III.09.B. LES ÉGLISES DE LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DE LYON SUPPLIENT
CLÉMENT V DE ­CONFIRMER ­L’ACCORD ­CONCLU ENTRE LE ROI DE FRANCE
ET ­L’ÉGLISE DE LYON (FÉVRIER-MARS 1308)

Document

Au très saint père dans le Christ et leur seigneur le seigneur Clément,


par la providence de la clémence divine pontife suprême de la sacro-
sainte Église romaine et universelle, ses humbles et dévoués Louis, par la
permission divine archevêque, Guillaume, doyen, et le chapitre de Lyon,
Barthélemy, Guillaume, Robert, Nicolas, évêques des Églises ­d’Autun,
Langres, Chalon et Mâcon, Bertrand, Henri, abbés des monastères de
Cluny et de Cîteaux et les autres abbés, doyens, chapitres, prieurs et
­communautés de la province de Lyon dont les sceaux sont appendus plus
bas, avec la révérence due et dans le lien de vraie sujétion, des baisers
de dévotion sur vos saints pieds.
La préoccupation ­d’une immense sollicitude et ­d’un embarras ­jusqu’ici
inouï oppresse nos sens, nos pensées et nos actions, plongeant nos cœurs
dans un trouble extrême, quand un accablement plein de larmes ramène
à notre mémoire affligée l­ ’état misérable de notre Église métropolitaine

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La revendication capétienne de souveraineté 359

de Lyon. Celle-ci, bien ­qu’elle fût en ses premiers temps opulente en


toute chose, resplendissant, par prérogative spéciale, de l­ ’honneur affé-
rent à la dignité de primatie, très glorieuse sépulture q­ u’illustrent les
corps de saints presque innombrables et les tombeaux de toute sorte que
­l’enceinte des murs de la cité de Lyon renferme dans les diverses églises
qui lui sont soumises et adjacentes, et q­ u’illustre aussi l­’accroissement
de la sainte religion dans sa province, dont attestent Cluny, Cîteaux et
­d’autres vénérables têtes ­d’ordres – puissent-elles recevoir à ­l’avenir le
développement que nous appelons de nos vœux –, et bien ­qu’elle ait
obtenu la primatie entre les autres Églises des Gaules et soit à juste titre
appelée la première, en tant que cuirasse de la foi et parfait casque de
charité, elle qui, étincelant c­ omme une vraie lanterne de foi, était placée
devant toutes les autres en exemple, ô douleur, elle est de nos jours misé-
rablement entraînée pour sa ruine dans les détours de chemins périlleux.
Et, déjà la proie des voyageurs étrangers, elle est en outre ­comme
soumise maintenant à l­ ’affliction ­d’un tribut par certains, scélérats, de
ses nombreux voisins ; lesquels – ­considérant dans leurs tanières avec la
fourberie du renard que ­l’illustre seigneur roi de France et cette même
Église sont en litige au sujet du ressort, de la garde et de certains autres
droits que les gens de cette même Église disent lui appartenir par son
droit dans sa cité, terre et baronnie, estimant perfidement en eux-mêmes
que pour cette raison ce même seigneur roi ne montrerait pour elle
aucune attention spéciale et ­qu’ainsi les excès de leur perversité féroce
demeureraient perpétuellement impunis – souillent son heureuse beauté
et ses ornements ­d’une horrible et repoussante pollution par les outrages
des guerres, par diverses déprédations et ­d’autres manières honteuses
et perverses ; dévorant sa substance et se partageant ses dépouilles, ils
tirent au sort pour attribuer sa tunique sans couture1 ; et certains d­ ’entre
eux, qui se sont faits pires encore que les pires, semblables aux pirates
des fleuves et aux dévastateurs des campagnes, infligent d­ ’innombrables
atteintes atroces aux personnes et aux choses ­d’immenses dommages
impossibles à estimer ; et même, ils ne s­’attaquent pas seulement aux
sujets et fidèles de cette même Église avec les outrages quotidiens de leur
avidité, mais disposent aussi quotidiennement des embûches ­contre ceux
­qu’ils ­considèrent c­ omme les amis de ses fidèles et serviteurs, clamant
1 Cf. Ps 21, 18-19 (Ipsi autem c­ onsideraverunt me ; diviserunt sibi vestimenta mea, et super vestem
meam miserunt sortem).

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360 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

par la voix du pilleur : « Venez, pour que tous autant que nous sommes
nous les poursuivions et les faisions disparaître et même, mieux, les
extirpions à la racine, car nous n­ ’avons pas à craindre que la volonté de
quiconque plus puissant ­s’oppose à nous pour les aider ou les arracher
au tourbillon de notre puissance et de nos mauvais desseins, puisque
la puissance de la majesté royale, avec laquelle ils ne s­ ’accordent pas en
ce moment – et q­ u’ils rejettent plutôt, c­ onformément à notre désir, en
refusant de la reconnaître en matière de garde et de supériorité – ne
­s’opposera pas à notre mauvais dessein ».
Hélas, quelle angoisse pressante s­ ’empare douloureusement de nous
lorsque, le cœur pris ­d’anxiété, nous faisons état de telles choses, au
sujet desquelles nous sommes saisis d­ ’une telle amertume intérieure et
nos soupirs irrépressibles, arrachant presque nos entrailles, sont si forts
que nos langues, occupées à de lugubres sanglots, en perdent presque
­l’usage de la parole, et il ­n’y a sans nul doute pas à ­s’en étonner, puisque
les larmes devraient plutôt nuit et jour être le pain de nos bouches1 ; et
lorsque, anxieux, y dirigeant notre attention, nous c­ onstatons q­ u’avec
raison nous est infligée la lamentation qui fut propre à Jérémie, émettant
en pleurant ses plaintes lugubres sur la captivité ­d’Israël et la destruction
de Jérusalem. Car le peuple ­d’Israël, ­c’est-à-dire le clergé qui depuis si
longtemps rend catholiquement le service canonique dans cette même
Église de Lyon, est c­ omme réduit en captivité, aussi bien parce q­ u’affligé
par la puissance de ses ennemis il est privé de ressources temporelles,
que parce que la sainte Jérusalem, ­c’est-à-dire ­l’Église de Lyon, ayant
depuis longtemps fait taire les solennités de la messe et du reste du ­culte
divin, se trouve, pour la douleur de la divinité, perturbée au spirituel.
Et ­comme depuis les temps du bienheureux Pierre, dont vous êtes le
légitime successeur ­comme lieutenant de Dieu sur terre, aucun parmi
vos saints prédécesseurs ­n’a été placé au sommet de hauteur du saint
Siège apostolique qui ait su mieux que vous la vérité sur tout ceci – car
les tenants et aboutissants de la présente cause, ­l’état de cette Église
misérable, la ­condition de ses personnes et des principaux habitants de
cette c­ ontrée vous sont ­connus ­comme le jour ­d’hier qui passe2 et, familia-
risé avec toute l­’affaire, vous avez pu en d­ ’autres circonstances prendre
­connaissance avec les yeux de la foi des exigences du soin de cette Église
1 Cf. Ps. 41,4.
2 Ps. 89, 4.

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La revendication capétienne de souveraineté 361

et de la sollicitude de son gouvernement, vous qui, par la providence de


la clémence divine, détenez maintenant le plein et absolu c­ ommandement
de ­l’Église universelle en toute chose –, de fait ceci paraît bien avoir
été disposé par le Seigneur de toute éternité, p­ uisqu’il vous a réservé la
pleine décision ­d’une cause si ancienne et puisque ce qui, en raison des
multiples revendications des parties, ­n’a pu être définitivement réglé
par d­ ’autres – vos saints prédécesseurs –, cela, votre heureux travail de
­consolidation, auquel tous les habitants de la région aspirent, le terminera
gracieusement, imposant une fin perpétuelle à un si grand désastre, et
elle empêchera non seulement les disputes, mais aussi les mauvaises
actions, en sorte que par vous votre dévouée Église de Lyon sera sous-
traite aux dommages et guidée vers la prospérité, ce que nous croyons,
tous et chacun, ­d’une foi inébranlable. En effet, ­l’œuvre dont presque
tous désespéraient depuis très longtemps, à savoir le traité par lequel
ladite Église et ses sujets pourraient trouver paix et vraie c­ oncorde avec
ledit seigneur roi, qui avait été remis en chantier à plusieurs reprises au
temps de plusieurs de vos saints prédécesseurs, nous avons entendu ces
temps-ci ­qu’elle pourrait, ­s’il plaisait à votre sainteté, être menée à bien.
Dans ces circonstances, le lien de sainte obéissance et de véritable
sujétion et les sentiments de sincère dévotion que nous avons pleinement
pour votre sainteté par devoir de raison, la puissance de votre domination,
que sans relâche vous tournez vers ­l’accomplissement ­d’une œuvre de
charité, les graves dommages encourus et ­l’immensité des douloureuses
misères déjà éprouvées, et par suite la nécessité qui découle des choses
susdites, que le remède doit être attendu du sommet1, nous c­ onduisent
à tourner nos regards vers votre très sainte paternité et à vous expliquer
par ces lettres ­l’intention de notre misérable requête, en vous suppliant,
tous et chacun, pieusement et humblement, que votre providence de
suprême sainteté – que ­l’amour ne fléchit pas et que jamais le feu de la
haine ­n’a animé, dont seule la sentence rendue dans les formes dévoile le
mouvement de l­ ’âme, mais qui a toujours devant ses yeux d­ ’aigle Dieu
seulement, le Juge ultime, et use avec un suprême discernement de la
balance du droit jugement –, que votre sainteté daigne, mue par sa bonté
et par l­ ’abondance de sa sainteté, c­ onfirmer gracieusement, l­ orsqu’il sera
achevé, le traité dont la négociation a heureusement ­commencé au nom
de cette Église et du seigneur roi, à ce que nous avons appris, au prix
1 Le latin ­n’est pas clair et la traduction en devient ­conjecturale.

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362 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de nombreuses veilles, dépenses et peines, et dont ­l’achèvement absolu


dépend de votre sainte c­ onfirmation.
Pour ce qui est de la réalisation souhaitée de ce traité, bien que ­l’on
sache ­qu’elle nous tient plus douloureusement à cœur, et à juste titre,
­qu’à tous les autres vivants, cependant les nobles et les fidèles habitants
et les sujets des bourgs fortifiés et des villages de la terre et baronnie de
cette même Église, tout en vous suppliant aussi par eux-mêmes, nous
ont requis avec des lamentations, renouvelant de plusieurs manières
et à plusieurs reprises leurs instances, de supplier au tréfonds de sa
charité votre sainteté à ce sujet, car ils tiennent pour certitude que
­l’atermoiement prolongé quant à la réalisation ­complète de ce traité est
cause de grave préjudice non seulement pour cette Église, mais aussi
pour de très nombreuses personnes, et que son heureuse ­conclusion,
recherchée depuis longtemps par tous, fera ­l’honneur et la louange du
Très-Haut Créateur et de vous-même ainsi que l­ ’utilité des habitants de
toute la région, car avec votre bonne et généreuse volonté seront réédifiés
les murs de Jérusalem1, ­c’est-à-dire ­l’état de cette Église, terre et baronnie
de Lyon, laquelle sera à ­l’abri des outrages des ennemis et offrira à Dieu
le sacrifice de la justice2 et l­’offrande de suprême louange.
Et bien ­qu’ils ne posent pas de taurillons sur son autel3, cependant, à ­l’abri
des attaques de la permanente avidité des ennemis et de la rapacité des loups4,
déjà ils vont librement par les champs de licence ; et lorsque leur charrue et
leurs autres biens seront placés, par la disposition de votre clémence, sous
la susdite fidèle protection royale, ils trouveront ­l’accroissement spirituel
souhaité, en sorte que les soupirs et les langueurs de notre affliction seront
changés en ces joies auxquelles nous aspirons tandis que nous verrons sans
divagation cette Église de Lyon devenir chef, ses membres vivant uniformé-
ment en sécurité sous la protection royale, et le peuple ­s’accorder avec le clergé,
pour ­qu’ainsi, c­ onjoints par votre union destinée à une durée perpétuelle,
nous trouvions refuge, pour notre salut, sous ­l’ombre et le voile de vos ailes5, et
que ­l’Altesse royale qui dit le droit et la majesté victorieuse, à elle ­conférée
par la volonté divine pour ­l’honneur des bons et la punition des mauvais,

1 Ps 51 (Miserere mei Deus), 20-21.


2 Ps 51, 21.
3 Ps 51, 21.
4 Gn 49, 27.
5 Ps 16, 18.

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La revendication capétienne de souveraineté 363

chasse par votre généreuse disposition les iniquités des calomniateurs et


protège pour toujours tous et chacun de ceux qui sont sans reproche, et
pour q­ u’ainsi cette même Église de Lyon, par vous gracieusement restituée
à ses biens d­ ’abord, et ensuite à son nom, première devant les autres Églises
des Gaules, puisse être dite réellement opulente en toute chose et sa terre et
baronnie, ses hommes fidèles et ses sujets, vivant sous la protection royale,
ne perdent plus leurs biens et leurs corps.
Nous désirons donc ce traité par zèle de piété, nous aspirons à cet accord
au tréfonds de notre cœur, nous souhaitons instamment ­qu’ils soient de
part et ­d’autre portés à terme et c­ onfirmés par le jugement de votre sain-
teté et de votre autorité absolue et nous leur apportons spécialement notre
­consentement, car, en pure ­conscience, Dieu en est témoin, nous ­n’espérons
pas que cette Église, ses fidèles et ses sujets puissent être autrement rendus
à ­l’état prospère de tranquillité et de paix, et nous croyons d­ ’une foi iné-
branlable que ceux qui vous affirmeront le ­contraire sont trompés par des
rapports mensongers ou le feu de ­l’envie ou de la haine, ou damnablement
mus par l­’utilité privée, ­qu’ils font passer avant les utilités publiques1, et
que ­l’heureux accomplissement en toutes choses de cette affaire et votre
sainte ­confirmation, quand elle aura suivi, apporteront non seulement à
cette Église et à ses fidèles sujets, mais aussi aux habitants de toute la région
lyonnaise, la paix de l­ ’esprit et une très grande sécurité du corps quant aux
personnes, une protection perpétuelle quant aux choses et aux biens, et
ainsi la glorieuse restauration de leur statut en toutes choses.
Et pour que toutes et chacune des choses susdites, dont – Dieu en est
témoin – nous demandons instamment par zèle de charité et supplions
avec humilité, tous et chacun, unanimes, q ­ u’elles soient ainsi termi-
nées et c­ onfirmées, apparaissent avec évidence avoir procédé de notre
­consentement spécial par mûr c­ onseil, nous avons apposé nos sceaux
aux présentes lettres pour mémoire perpétuelle.
Fait en l­’an du Seigneur mille trois cent sept, aux mois de février
et de mars.

Source

Paris, Archives nationales, J 266, no 49. Paris, Archives nationales,


AE II 312. Texte inédit. Traduit du latin.
1 Code 12.63.3 : Utilitas publica praeferenda est privatorum ­contractibus.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


Ill. 25 – Demande d’approbation de la Philippine adressée à Clément V
(fév.-mars 1308) – appendus : les 40 sceaux des prélats.
© Archives nationales, AE II 312.

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La revendication capétienne de souveraineté 365

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique


­d’après les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier,
1874.
Nadiras, Sébastien, « Le tournant décisif (1307-1312) : essai de relecture
critique », à paraître dans les Actes du colloque Lyon de ­l’empire au
royaume. Autour du rattachement de la ville de Lyon à la France. 7e
centenaire du traité de Vienne (avril 1312) – Lyon, 27-29 septembre 2012.
Théry, Julien, « Philippe le Bel, pape en son royaume », ­L’Histoire, 289
(juillet 2004), p. 14-17.
Théry, Julien, « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret
et les ­conflits de Philippe le Bel avec la papauté », dans Guillaume
de Nogaret. Un Languedocien au service de la monarchie capétienne, éd. par
Bernard Moreau, Nîmes : Lucie éditions (Patrimoine des régions),
2012, p. 101-127.

III.10. CLÉMENT V DONNE MISSION À SES NONCES,


LES CARDINAUX ÉTIENNE DE SUISY ET LANDOLFO BRANCACCIO,
DE SE RENDRE À LYON POUR RÉTABLIR LA PAIX ENTRE PHILIPPE
LE BEL, ­D’UNE PART, ­L’ARCHEVÊQUE PIERRE DE SAVOIE,
LE CHAPITRE ET LA CITÉ DE LYON, D ­ ’AUTRE PART (24 JUIN 1310)

Document traduit et présenté par Laurence Moulinier-Brogi


et Armand Jamme

Présentation

Fidèle à ­l’interprétation traditionnelle des fonctions pacificatrices du


siège apostolique, Clément V ordonne à ses nonces de ramener la paix
entre le roi et ­l’archevêque de Lyon. Une autre lettre adressée le même jour
aux mêmes cardinaux les engage à obtenir des deux parties ­confirmation
de l­’accord précédemment négocié entre le roi et l­’archevêque Louis
de Villars (1301-1308). Elle leur ­confère aussi la faculté ­d’en réviser les
termes. Pierre de Savoie, que Clément V avait élevé en 1308 au siège

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366 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

épiscopal de Lyon, avait d­ ’abord ­confirmé les Philippines (III.06.a. et


III.06.b.). Puis, il les avait récusées, ­s’était emparé militairement de la
ville et avait chassé la garnison royale du château Saint-Just. La riposte de
Philippe le Bel fut si rapide q­ u’Étienne de Suisy et Landolfo Brancaccio
­n’eurent sans doute pas la possibilité de prôner un retour à la situation
de 1307 : assiégé dans sa forteresse de Pierre-Scize, Pierre de Savoie
capitulait dès le 22 juillet 1310. Tous ses châteaux en terre française
étaient passés en la main du roi. Clément V lui ordonnait le 5 août de
se présenter devant lui pour forcer sa libération, car le roi le tenait alors
en résidence surveillée : on ne sait si l­ ’archevêque put rejoindre la curie.
Devant les ambassadeurs que le roi Philippe envoya à Avignon en
octobre, Clément V, frère de l­’archevêque Bérard de Got (1289-1294),
se montra très critique à l­’égard des agissements du roi. Lorsque ceux-
ci évoquèrent en effet le roi de Germanie, le pape détourna aussitôt la
­conversation sur la question de Lyon, pour engager le roi de France à
mieux c­ ontrôler ses officiers : ­qu’ils ne ­s’emparent pas à ­l’avenir des droits
de ­l’Empire, afin ­qu’aucune dissension ­n’advienne avec le roi Henri. Puis,
soudainement moraliste et visionnaire, il en venait à distinguer trois
temps de l­ ’histoire de la monarchie. Dans le premier, le roi avait la paix
avec ses voisins, l­ ’obéissance de ses sujets et des richesses en abondance.
Dans le second, tout ceci lui faisait défaut. Philippe se trouvait actuel-
lement dans le troisième : il avait la paix avec ses voisins et ­l’obéissance
de ses sujets, mais son royaume était vidé de ses richesses. La chute était
­commandée par les circonstances : en ayant la paix, Philippe pourrait
développer rapidement son opulence… si ses officiers, en se c­ ontentant
­d’exercer leurs droits, cessaient d­ ’usurper à ­l’avenir ceux des autres !

Document

À ses bien aimés fils Étienne, cardinal prêtre au titre de Saint-


Cyriaque, et Landolfo, cardinal prêtre au titre de Saint-Ange, nonces
du siège apostolique.
Nous nous réjouissons et exultons dans le Seigneur qui a infusé
en vous les dons de la grâce céleste et qui a donné en surcroît à vos
épaules la force de la vertu, si bien que vous les soumettez sans faiblir
aux charges de l’Église universelle pour les supporter en union avec
nous ; et vous les supportez avec une mâle vigueur par déférence pour

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La revendication capétienne de souveraineté 367

le Sauveur. C’est pourquoi nous les imposons d’autant plus résolument


à votre solidité que notre esprit trouve plus sûrement le repos en vous,
­comme dans de nobles membres de la susdite Église.
Il se trouve qu’est arrivé aux oreilles de notre apostolat, non sans
troubler grandement notre esprit, que notre très cher fils dans le Christ
Philippe, illustre roi de France, c­ ontre notre vénérable frère l’archevêque,
­contre le chapitre, la cité de Lyon et ses citoyens, a ordonné le rassem-
blement de son armée, dépêchant spécialement pour les attaquer notre
très cher fils dans le Christ Louis, illustre roi de Navarre, son fils aîné,
ainsi que d’autres de ses fils et frères, et quelques-uns des plus grands
nobles de son royaume avec de fortes troupes, en raison de certains
excès ou manquements ­commis sans la moindre prudence ­contre le roi
lui-même ou ses gens et officiers.
Au vrai, ­considérant avec beaucoup d’attention le fait qu’en faveur de ce
même archevêque, de l’Église et de la cité de Lyon et ses citoyens, croîtront
amplement les fruits de l’aisance et de l’honneur, s’ils demeurent dans les
bonnes grâces du roi et si nous employons à cela autant que nous pouvons,
avec Dieu, le soin de notre sollicitude, nous mandons par écrit apostolique
à votre discernement, en lequel nous avons une pleine c­ onfiance dans le
Seigneur, de veiller à inciter et exhorter efficacement par des attentions
zélées lesdits archevêque, chapitre et citoyens à prendre soin de manifester
et faire à volonté en faveur dudit roi tout ce à quoi ils sont tenus et, sur les
excès et manquements susdits, à implorer humblement et avec révérence
la miséricorde et le pardon du roi, en ­contraignant lesdits archevêque et
chapitre, si nécessaire, par notre autorité, sans exception d’appel ; et ne
vous employez pas moins auprès dudit roi de France, une fois qu’ils lui
auront rendu ce à quoi ils sont tenus, pour intercéder efficacement de notre
part, afin qu’il les reçoive avec bonté en sa grâce et bienveillance et que,
par révérence envers Dieu, le siège apostolique et nous-même, mû par une
pieuse clémence, il renonce à l’indignation qu’il a ­conçue à leur encontre,
en l’induisant à cela, selon la prudence qui vous a été donnée par Dieu,
par l’insistance de salutaires admonitions et d’opportunes exhortations,
de telle sorte que par votre fructueux ministère il satisfasse nos désirs
en cette affaire, que le Très Haut vous récompense ensuite du prix de la
rétribution éternelle, et que nous exaltions par de dignes louanges dans
le Seigneur la diligence dont vous aurez fait preuve.
Daté d­ ’Avignon le VIII des calendes de juillet an V. 

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368 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Città del Vaticano, Archivio segreto vaticano, Registra Vaticana 57,


cap. 43, fol. 286b, lettre curiale. Édition : Regestum Clementis Papae V ex
Vaticanis archetypis sanctissimo domini nostri Leonis XIII pontificis maximi jussu et
munificentia nunc primum editum cura et studio monachorum ordinis sancti Benedicti.
Annus sextus, Roma : Typographia Vaticana, 1887, no 6319. Traduit du latin.

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et ­l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu du
xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Paravicini Bagliani, Agostino, « Clément V », dans Dictionnaire
encyclopédique du Moyen Âge. Tome I : A-K, éd. par André Vauchez,
Paris : Éditions du Cerf, 1997, p. 340.
Menache, Sophia, Clement V, Cambridge : Cambridge University Press
(Cambridge Studies in medieval life and thought. Fourth Series ; 36), 1998.
Mollat, Guillaume, « Contribution à l­’histoire du Sacré Collège de
Clément V à Eugène IV », Revue d­ ’histoire ecclésiastique, 46 (1951),
p. 22-112 et 566-594.

III.11. BÉRAUD DE MERCŒUR, CAPITAINE DE LYON (1310-1311)

Documents présentés, traduit ou transcrit par Xavier Hélary

Présentation

­L’intégration de Lyon au royaume capétien procède avant tout de


longues tractations où se mêlent droit et diplomatie, sans que la force
ait été employée. Au début de 1310, cependant, à Paris, Pierre de Savoie,
archevêque de Lyon depuis août 1308, refuse de jurer fidélité au roi de
France Philippe IV le Bel et, de retour à Lyon, fait chasser les officiers
royaux de Saint-Just (­l’épisode est rapporté par la ­continuation de la

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La revendication capétienne de souveraineté 369

chronique de Guillaume de Nangis). Le roi réplique en c­ onfiant une


petite armée à son fils aîné Louis, roi de Navarre (le futur Louis X, voir
III.10.), flanqué de ses deux oncles, Charles de Valois et Louis d­ ’Évreux,
de Gui de Châtillon, ­comte de Saint-Pol, du ­connétable de France,
Gaucher de Châtillon, et de ­l’inévitable Enguerran de Marigny, alors
le principal c­ onseiller de Philippe le Bel. Brièvement rapportée par les
chroniqueurs du temps, ­l’affaire est rondement menée. Le 22 juillet
1310, après quelques jours de siège, Pierre de Savoie est c­ ontraint de se
soumettre. La garde de la ville est alors ­confiée à Béraud de Mercœur,
­connétable de Champagne. Deux documents gardent la trace de son
activité. Le premier est un état des gages versés aux hommes d­ ’armes
dont Béraud dispose pour la garde de Lyon et des châteaux et forteresses
des environs, c­ onfisqués à l­’archevêque et précisément cités. Le docu-
ment, sans doute destiné à être soumis à la Chambre des ­comptes en vue
du remboursement des sommes avancées par Béraud, date visiblement
du mois de janvier 1311. Y sont indiqués la date de nomination de
Béraud, le 21 juillet 1310, le tarif des gages des différentes catégories de
­combattants, du chevalier banneret au simple c­ ombattant que sont les
« sergents », organisés en « ­connétablies », c­ ommandées chacune par un
« ­connétable ». Les effectifs tendent à baisser rapidement, sauf quand est
signalé le passage non loin de Lyon du « roi ­d’Allemagne », Henri VII,
qui fait alors route vers ­l’Italie pour y recevoir son couronnement. On
maintient alors des troupes plus nombreuses, sans doute parce q­ u’on craint
un coup d­ ’éclat et peut-être un coup de force réaffirmant l­ ’appartenance
de Lyon à l­’Empire. Le document c­ ontient également des indications
sur une expédition dirigée par Béraud, sur ­l’ordre du roi de Navarre,
­contre Saint-Laurent en Viennois, a­ ujourd’hui Saint-Laurent-de-Mure.
Le ­contexte nous échappe assez largement, mais il est intéressant de
noter que, pour ­constituer son armée, Béraud recourt à deux officiers
du roi, le bailli de Mâcon et le gardien de Lyon, à un prince ­d’Empire
(le dauphin de Viennois), à deux seigneurs du Royaume (le ­comte de
Forez et le seigneur de Beaujeu), et au chapitre de Lyon (­l’archevêque,
en résidence surveillée à Paris, est empêché). Il fait également appel,
certainement en leur promettant une solde, à des volontaires, venus du
Royaume mais aussi de ­l’Empire. Certains seigneurs de Lyon et des
environs se gardent bien de servir aux gages du roi : ce serait reconnaître
­qu’ils sont dans sa main. Bien ­qu’il ­s’agisse ­d’une expédition de quelques

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370 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

jours, les effectifs mobilisés paraissent importants – le chapitre de Lyon


fournit plus de mille huit cents fantassins.
Le second document prend la suite du premier. ­L’entretien ­d’une
garnison coûte cher. En janvier 1311, du coup, le roi précise les c­ onditions
dans lesquelles Béraud de Mercœur assurera à ­l’avenir la garde de Lyon
et des places de la région, en ­contrepartie ­d’une somme globale que lui
verse le roi. De façon très traditionnelle, les obligations des deux par-
ties sont précisément détaillées, notamment la suite de Béraud (­qu’on
appelle à l­’époque son « hôtel »). Les dernières lignes du texte mettent
en évidence une véritable hantise de la trahison. On peut notamment
remarquer la mention qui est faite de « mots de passe certains » (certa
intersigna), dont le roi aurait c­ onvenu à l­ ’avance avec Béraud de Mercœur
et dont ­l’absence dans des lettres censées provenir du roi en dénoncerait
la fausseté. En 1310-1311, la mainmise capétienne sur Lyon est encore
fragile.
III.11.A. GAGES VERSÉS AUX GENS D
­ ’ARMES DE BÉRAUD DE MERCŒUR
POUR LA GARDE DE LYON ET DES FORTERESSES DES ENVIRONS
ET POUR L­ ’EXPÉDITION C­ ONTRE SAINT-LAURENT EN VIENNOIS (1310-1311)

Document

­L’an de grâce mille CCC et dix, le mardi XXI jour en juillet, établit


le roi de Navarre monseigneur de Marquel capitaine de Lyon, du c­ onseil
monseigneur de Valois, monseigneur d­ ’Evreux, monseigneur de Saint
Pol, monseigneur de Marigni, et des autres barons du ­conseil du roi,
pour garder la frontière de ces parties [territoires] et établie [garnison].
Et le lendemain le dit messire de Marqueil entra à Lyon si c­ omme
[­comme] il ­s’ensuit.
Le mercredi XXII jour de juillet entra messire de Marqueil à Lyon,
capitaine de la ville et des parties, si c­ omme dessus est dit, et avait
avec lui XIIXX gens ­d’armes ; ­c’est à savoir lui XII de bannerets [lui et
onze autres bannerets], LXX chevaliers simples et VIIXXXVIII écuyers,
desquels il garnit Saint Just et toutes les portes de Lyon et toutes les
autres forteresses de la ville. Pour le banneret, XX sous par jour, pour
le chevalier simple X sous, pour l­’écuyer V sous.
Le jeudi ensuivant, donna messire ­congé à XL hommes ­d’armes,
savoir III bannerets, VII chevaliers simples et XXX écuyers. Et ainsi

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La revendication capétienne de souveraineté 371

retint-il à soi IX chevaliers bannerets, LXIII chevaliers simples et


VIXXVIII écuyers. Et les tint ès établies [dans les garnisons] dès le jour
dessus-dit au jour [­jusqu’au jour] de la Toussaint enclos [inclus].
Et est à savoir ­qu’il retint IIC hommes ­d’armes pour établir [garder]
le pays sûrement et jusques à ce que le roi d ­ ’Allemagne fût passé et
pour mettre aux lieux nécessaires.
Item, LXIIII sergents qui étaient gentilshommes, qui prenaient
chacun II sous par jour, dont les X qui étaient ­connétables prenaient
IIII sous, lesquels étaient ès portes de Lyon et de Saint Just et en
aucunes [certaines] forteresses nécessaires de la ville. Et y demeurèrent
dès le mercredi XXII jour en juillet ­jusqu’au jour de la Toussaint. Et ils
furent établis de ­l’ordonnance [sur ­l’ordre] de monseigneur de Marigny.
Item, un homme d­ ’armes et XII sergents qui furent mis en établie
[en garnison] à Saint Sebastin, desquels ­l’homme d ­ ’armes prenait V sous
et les sergents XII sous. Et y furent mis le I jour de septembre et y
demeurèrent jusques au jour de la Toussaint.
Et est à savoir que ce jour de la Toussaint monseigneur ôta toutes
les établies [garnisons] dessus dites et les renouvela en la manière qui
­s’ensuit.
­C’est à savoir ­qu’il retint V bannerets et X chevaliers simples et
XLIX écuyers qui y ont été dès la Toussaint et qui encore y sont au
jeudi XXII janvier.
Item, XV sergents tant seulement qui étaient gentilshommes, qui
furent mis ès portes de Lyon dès la Toussaint jusques au XX janvier.
Item, pour IIII hommes d­ ’armes et XII sergents, qui sont établis à
garder le château de Hyreignis, de Bardille, de La Sale, de Coson, et y furent
mis le XXV jour de juillet et y sont demeurés jusques au XXII janvier.
Item, pour Jean Daumas, lui IIII hommes ­d’armes [lui et trois
hommes ­d’armes] et XII sergents qui sont établis à garder le château
de Chalai, ­d’Orliens, de Vernoisans et la châtellenie de Chaulay ; et ils
furent mis le XXV jour de juillet et y sont demeurés jusques au jeudi
XXII jour en janvier.
Item, ­commandé fut à monseigneur de Marqueil par monseigneur de
Navarre et par tout le ­conseil q­ u’il allât devant Saint Lorent en Viennois
si efforciement [en tel état de puissance] ­qu’il le prît à force ; pour quoi
messire manda efforciement [de toute sa puissance] le bailli de Macon, le
gardien de Lyon, le dauphin de Vyennois, les gens du c­ omte de Foreiz,

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372 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

du seigneur de Beaujeu, et les gens du chapitre de Lyon et grand foison


­d’autres gens à pied et à cheval du royaume et de l­’Empire.
Pour les gages de XVIIIC et XXVII sergents de pied qui étaient de
la terre du chapitre de Lyon et de la terre du seigneur de Jarrais pour
XIIII jours, ­compté leur aller et leur venir, ­qu’ils furent en ­l’ost de
Saint Lorent1.
Item, pour blés, vin, pour chairs et autres viandes, pour plusieurs gens
­d’armes à cheval qui ne prenaient nuls gages du roi, à savoir messire Hugues
du Plantain et le neveu de ­l’archidiacre de Lyon, Louis de Vasseille, qui
avaient XLVIII hommes ­d’armes ; le chambrier de Lyon, VIII hommes
­d’armes ; messire Guichard de Marzi, X hommes d ­ ’armes, de la terre
de messire le ­comte de Forez ; et de la terre du seigneur de Beaujeu,
XLV hommes d­ ’armes, et y demeurèrent par le terme de XII jours.
Item IIIIXXX hommes ­d’armes que Monseigneur avait mandés en
Bourgogne en la terre du c­ omte d­ ’Auxerre et en celle de monseigneur
Jehan de Chalon et de monseigneur Jehan de Vienne pour venir en ­l’ost
[­l’armée] de Saint Lorent. Et les fit venir parmi la costiane [aux abords]
de la terre du c­ omte de Savoie, pour tenir en plus grande tremour [agi-
tation] les gens du ­comte de Savoie, lesquels faisaient semblant de lever
le siège, et pour-ce que [pour que] la ville de Lyon en fût plus sûre de
la partie de ­l’Empire. Et vinrent jusques à X lieues près de l­’ost, et de
là monseigneur les c­ ontremanda [leur donna un c­ ontrordre].
Est à savoir que des dépens que Monseigneur a faits à Saint Just en
son hôtel [demeure] où lui et Madame ont toujours tenu leur ménage,
il ne c­ ompte rien. Mais il les met en la bonne volonté du roi.

Source

Paris, Bibliothèque nationale de France, manuscrit français 32510, fol.


54 ro-vo : Extrait du ­compte en roulleau de mons. Beraud de Mercœur estant en
la Chambre [des ­comptes], par Honoré Caille Du Fourny (1630-1713) ; ana-
lysé par Robert Fawtier et François Maillard dans leur introduction aux
Comptes royaux : Comptes royaux (1285-1314). Tome III : Introduction, appen-
dice, supplément, indices, éd. par Robert Fawtier et François Maillard,
Paris : Imprimerie nationale (Recueil des historiens de la France. Documents
financiers ; III, 3), 1956, p. CII-CIII. Graphies et ponctuation modernisées.
1 ­L’indication de la somme manque.

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La revendication capétienne de souveraineté 373

III.11.B. ACCORD ­CONCLU ENTRE LE ROI PHILIPPE IV LE BEL ET BÉRAUD


DE MERCŒUR, CAPITAINE DE LYON, À PROPOS DE LA GARDE DE LA CITÉ,
DE SAINT-JUST ET DE PLUSIEURS CHÂTEAUX ET FORTERESSES
DE LA RÉGION (20 JANVIER 1311)

Document

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à tous ceux qui ces
présentes lettres verront, salut. Nous faisons savoir ­qu’ayant pleine
­confiance dans la fidélité et dans ­l’application de notre cher et notre
fidèle Béraud, seigneur de Mercœur, c­ onnétable de Champagne, capitaine
pour notre ­compte dans la région de Lyon, nous avons ­conclu avec lui les
­conventions et les accords qui suivent, à savoir : lui, à son propre péril,
a reçu le gouvernement et la garde de la cité et des citoyens de Lyon,
en particulier de la ville et du château de Saint-Just au-dessus de Lyon,
ainsi que de tous les châteaux, de toutes les forteresses et de toutes les
maisons fortes que, dans la région de Lyon, nous tenons dans notre main,
pour certaines causes, de ­l’archevêque de Lyon ; et particulièrement la
garde des châteaux de Pierre-Scize, de Francheville, de Saint-André de
Teruaut1, de Fautéon2, de Dardilly, de La Sale, de Couzon, d­ ’Irigny. La
cité de Lyon, la ville et le château de Saint-Just, les forteresses susdites,
ledit seigneur de Mercœur a promis de les tenir, de les garnir, et, à son
propre péril, de les garder, les frais et les dépenses étant à sa charge. Il
doit avoir dans son hôtel sept chevaliers, dont un banneret, et dix-huit
écuyers, et il doit faire garder les châteaux et places fortes susdites avec
le nombre c­ onvenable d­ ’hommes, à son propre péril. Pour le gouver-
nement et la garde décrits ci-dessus, nous avons promis de donner
audit Béraud 10 822 livres et 10 sous de bons tournois petits pour une
année à partir ­d’­aujourd’hui, en ajustant la somme en fonction de la
durée effective de la garde. Si le cas se présente ­qu’en raison ­d’une cause
légitime il faut plus de quatre sergents pour la garde de chacune des
six portes de Lyon et des trois portes de Saint-Just, ou pour la garde
de plusieurs portes des différents lieux indiqués, ou ­qu’il faut établir
une garnison plus grande dans les châteaux susdits ou renforcer ­l’hôtel
de Béraud ­d’un plus grand nombre de chevaliers et ­d’écuyers que ce
qui a été dit, et ­s’il paraît à Béraud ­qu’il est nécessaire de diminuer

1 ­Aujourd’hui Saint-André-la-Côte.
2 ­Aujourd’hui Châteauvieux.

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374 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

les dépenses des garnisons et d­ ’augmenter celles de son hôtel, nous lui
avons promis de lui faire ­compter et verser de l­’argent en proportion :
pour un chevalier banneret, vingt sous, pour un chevalier, dix sous, pour
un écuyer, cinq sous, pour un sergent noble, deux sous, en monnaie
de bons petits tournois, et, pour une plus grande quantité de gens, s­ ’il
faut en augmenter le nombre, les gages c­ onvenus. Enfin, Béraud pourra
tenir la cité, la ville et les châteaux et forteresses avec le nombre de
gens ­d’armes ­qu’il voudra, pour la somme indiquée plus haut. Nous
devons quant à nous nommer un courrier, un juge et un chancelier et
leur payer leurs gages. Béraud a promis de bonne foi, en mettant en
garantie tous ses biens, meubles et immeubles, présents et à venir, où
­qu’ils se trouvent, de bien protéger, garder et défendre, selon ce qui a
été ­convenu, la cité, la ville, les châteaux et les forteresses c­ ontre toutes
personnes, et de ne les rendre à quiconque sinon sur notre ordre spécial
et par nos lettres pendantes c­ ontenant certains mots que nous lui avons
dits, et si, au même moment, nous avons disposé du château, de la ville
ou de la forteresse. S­ ’il était prouvé avec certitude q­ u’il a livré la ville,
la cité ou un château en ­connaissance de cause, de propos délibéré ou
par sa faute, Béraud serait réputé et tenu pour traître à nous et à notre
royaume, et en tous lieux c­ onsidéré c­ omme forfait. En témoignage de
quoi nous avons fait apposer notre sceau. Donné à Poissy, le vingtième
jour de janvier, l­’année du Seigneur 1310.

Source

Original perdu. Copie c­ ontemporaine : Paris, Archives nationales, JJ


42A, fol. 118v, no 129. Analyse : Registres du Trésor des Chartes. Tome I :
Règne de Philippe le Bel. Inventaire analytique, par Jean Glénisson et Jean
Guérout, sous la direction de Robert Fawtier, Paris : Imprimerie
nationale, 1958, no 876, p. 156. Dans le registre, le scribe a fait précéder
le texte de ­l’analyse suivante en latin, écrite en rouge : Comment le seigneur
roi a ­confié à B., seigneur de Mercœur, la cité de Lyon ainsi que les châteaux
et les villes ici décrites, pour ­qu’il les garde. Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique d­ ’après


les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier, 1874.

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La revendication capétienne de souveraineté 375

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l­ ’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du xiie siècle au milieu
du xive siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion
De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises ­d’Athènes et de Rome ;
282), 1994.
Les gouverneurs de Lyon, 1310-2010 : le gouvernement militaire territorial,
éd. par Bernard Demotz [et al.], Lyon : Éditions lyonnaises ­d’art et
­d’histoire, 2011.

III.12. LES « ÉTATS GÉNÉRAUX » DE LYON EN 1312 :


PHILIPPE LE BEL ­CONVOQUE LES ­CONSULS DE PÉRIGUEUX
(30 DÉCEMBRE 1311)

Document traduit du latin et présenté par Julien Théry-Astruc

Présentation

En octobre 1311 ­s’ouvrit à Vienne un ­concile universel dont le principal


objet était le jugement des templiers et de leur ordre, accusés ­d’hérésie.
Les Pères réunis à la ­convocation du pape Clément V devaient statuer
au vu des résultats des procédures, menées ­d’abord à ­l’instigation du roi
de France Philippe le Bel, à partir ­d’octobre 1307, puis, sous la pression
de ce dernier, à la demande de Clément V lui-même, à partir de ­l’été
1308, dans la plupart des régions d­ ’Europe. En l­’absence de preuves
­convaincantes de la c­ ulpabilité des templiers, le pape ne parvint pas à
obtenir ­l’assentiment de ­l’assemblée à une ­condamnation. Pire – aux
yeux du roi de France et de ses c­ onseillers –, il dut même faire face à la
demande formulée par certains Pères de laisser ­s’exprimer une défense de
­l’ordre. Philippe le Bel choisit alors d­ ’exercer sur le pape et sur le c­ oncile
un surcroît de pression, par un moyen déjà utilisé au printemps 1308,
­lorsqu’il ­s’agissait ­d’arracher à Clément V son approbation à ­l’arrestation
et à la mise en accusation des templiers : en ­convoquant une assemblée
de représentants des c­ ommunautés du royaume qui seraient appelés à
soutenir les exigences royales.

© 2015. Classiques Garnier. Reproduction et diffusion interdites.


376 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

À Tours en mai 1308, ils avaient ainsi été des centaines à approuver
au nom de leur ville, de leur village, de leur chapitre ou de leur abbaye
les accusations présentées par les ­conseillers royaux, puis à choisir des
délégués qui accompagnèrent Philippe le Bel à Poitiers pour des négo-
ciations avec le pape. À Lyon, autour de la mi-mars 1312, ­l’affluence
fut certainement moindre. La campagne de mobilisation ne semble
pas avoir été aussi intense et ­l’événement lui-même eut sans doute des
dimensions plus réduites, si l­ ’on en juge par la rareté des sources. Sous
bénéfice ­d’inventaire, on ­connaît ­aujourd’hui seulement huit documents
laissés par les « États généraux » de 1312. Quatre sont des lettres de
­convocation à peu près identiques adressées au bailli de Bourges ainsi
­qu’aux c­ onsuls d ­ ’Albi, de Narbonne et de Périgueux. On donne ici
une traduction de la dernière ­d’après ­l’original c­ onservé aux Archives
départementales de la Dordogne.
Le choix de la ville de Lyon pour tenir l­ ’assemblée était bien sûr lié
à sa proximité avec Vienne. Grâce aux quatre autres documents dont
on dispose, qui ­concernent les frais de déplacement des représentants
­d’Albi, Cahors, Périgueux et Toulouse, on sait d­ ’ailleurs q­ u’une partie au
moins des délégués se rendit aussi à Vienne, en c­ ompagnie du roi, après
la réunion lyonnaise. Nul doute que Philippe le Bel et ses ­conseillers
aient aussi saisi l­ ’occasion pour bien signifier l­ ’appartenance de Lyon au
royaume, au moment où les négociations avec le pape allaient aboutir
avec le traité de Vienne (10 avril 1312) au transfert officiel au Capétien
de ­l’imperium sur la ville.
Michel Hardy, dans l­ ’introduction à son édition du document en 1892
(ici légèrement corrigée ­d’après ­l’original pour parfaire la traduction), sentait
à juste titre « percer la griffe de Nogaret » dans le « réquisitoire » ­contre les
templiers que forme cette lettre. Le fameux légiste, qui dirigea la politique
royale pendant le procès et occupait alors la fonction de chancelier, est en
effet probablement ­l’auteur du texte. On y retrouve ses thématiques favo-
rites : droit et devoir pour tout catholique de se dresser pour la défense de
la foi (sous-entendu : sans avoir à attendre ­l’autorisation ou la décision du
pape) ; élection divine de la famille capétienne et du royaume de France
pour cette même défense ; mission providentielle impartie à Philippe le
Bel ­comme ministre de Dieu pour réprimer la « perfidie » des templiers.
Les réminiscences bibliques – qui renvoient à Is 58, 2, sur le « temps favo-
rable », ainsi q­ u’à Ex 20, 26 et Rom 1, 2, avec une allusion sous-jacente

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La revendication capétienne de souveraineté 377

à la sodomie, sur « la turpitude révélée » des accusés – sont bien dans la
manière de Nogaret. ­L’image des templiers qui « pressurent honteusement
les mamelles de mère Église » vaut signature : dans un texte rédigé le
12 septembre 1304 pour rendre ­compte de sa ­conduite dans ­l’affaire des
accusations ­d’hérésie c­ ontre le pape Boniface VIII, Nogaret avait déjà
prétendu que les défenseurs de ce dernier « tentaient de pressurer les très
saintes mamelles de ­l’Église ­comme celles ­d’une prostituée ». Il utilisait
dans ce document, ­comme dans le présent texte, le verbe très rare subaccare,
qui est peut-être de son invention (par déformation du participe subacta
dans Ez 23, 1 et 21) et c­ onstitue en tout cas un idiotisme. Trois ans plus
tôt, dans un mémoire pour justifier ­l’arrestation de ­l’évêque de Pamiers
Bernard Saisset en violation du for ecclésiastique (affaire qui déclencha le
« grand différend » avec la papauté), le même légiste soulignait que les
ancêtres de Philippe le Bel avait été « allaités aux mamelles de l­’Église ».
­L’opposition court ainsi, ­d’un texte de Nogaret à un autre, entre la famille
capétienne, progéniture légitime de l­ ’Église à bon droit nourrie à son sein,
et les templiers, qui « bien que ­d’une autre naissance, étrangère à la foi et
fausse, tirent son lait ».

Document

Philippe, roi de France par la grâce de Dieu, à nos aimés et fidèles


­consuls de Périgueux, salut et dilection.
Vous savez ­comment la perfidie des templiers, qui était demeurée
cachée si longtemps, a été ces derniers temps – par le ministère de
Dieu plus que par celui des hommes – révélée et portée à une clarté
plus claire que la lumière du jour, tant c­ ontre eux que c­ ontre leur ordre
malfaisant, si ce dernier peut être appelé « ordre », car au vrai il ne ­s’agit
pas ­d’un ordre mais ­d’une secte damnable et ­d’un collège ­d’hérétiques
manifestement réprouvé, et à nulle époque il n­ ’y eut de secte d­ ’autres
hérétiques d­ ’aucune sorte qui fût aussi dépravée, aussi dangereuse que
celle-là, car, professant extérieurement le Christ et sa foi sous couleur
de religion, blasphémant intérieurement la majesté divine et reniant le
Christ et crachant sur lui et lui infligeant d ­ ’abominables injures, ils
ont honteusement pressuré les mamelles de mère Église et, bien que
­d’une autre naissance, étrangère à la foi et fausse, ils tirent son lait, se
sont emparés des biens à eux attribués par les catholiques en faveur de

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378 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

la Terre sainte et, feignant de les utiliser pour cette sainte affaire afin
de masquer l­ ’hypocrisie de leur hérésie, ils ont trompé ­l’église de Dieu
et nous et nos ancêtres tout spécialement.
­Aujourd’hui, selon la parole du Seigneur, leur turpitude a été révélée
[cf. Ex 20, 26 et Rom 1, 27], non seulement dans notre royaume mais
aussi dans les autres, et portée à la lumière en toute clarté, ­s’il pouvait
­s’agir de clarté ; et ­s’ils ­n’avaient pas feint ­d’être catholiques, ils ­n’auraient
pas pu rester cachés aussi longtemps ni en outre posséder ­d’une telle
manière les biens des catholiques et ­l’honneur mondain dont, à ­l’imitation
de leur maître Lucifer, ils jouissaient plus que tous les autres superbes
du monde. Voici donc venu le temps favorable [cf. Is 58, 5 et surtout
le chant liturgique de la Toussaint Nunc adest tempus, venite ad me omnes
sancti quia paravi vobis regnum] pour que, lors de ce ­concile général, cette
damnable lignée soit extirpée à la racine, de telle sorte que, une fois
cette abomination ôtée de ­l’Église de Dieu, ­l’affaire de la Terre sainte,
qui ne pourrait vraisemblablement être menée à bien autrement, puisse
être énergiquement endossée par nous et ­d’autres catholiques avec ­l’aide
de Dieu et de l­’Église et être portée au terme désiré pour la louange
de Dieu, la promotion et la stabilité de la foi catholique et de la divine
Église. Pour cela et pour ­d’autres affaires qui touchent à l­ ’heureux état
de l­’Église de Dieu et de notre royaume, nous avons laissé de côté les
affaires du siècle qui exigeaient notre présence, bien q ­ u’elles fussent
et soient pressantes, et nous nous hâtons de nous rendre audit ­concile.
Et parce q­ u’il s­ ’agit d­ ’une affaire c­ ommune à tous les catholiques et spé-
cialement à ceux du royaume de France, que le Seigneur par sa propre grâce
­s’est spécialement choisi pour la défense de la foi catholique, ­comme on sait,
nous exhortons dans le Seigneur votre sincérité et vous ­commandons au nom
de la foi par laquelle vous nous êtes liés d­ ’être présents ou de dépêcher des
envoyés officiels, en hommes éprouvés dans la sincérité de la foi catholique,
pour l­’octave après la prochaine fête de la Purification de la bienheureuse
Vierge Marie, à Lyon, où nous nous proposons d­ ’être (ou à proximité) pour
apporter notre soutien à ­l’affaire de Jésus Christ, ordonner et disposer ­d’une
manière qui puisse et doive être agréée par Dieu, et maintenir ­comme il
­convient ­l’honorable renommée de défense de la foi et de l­’Église de Dieu
qui par Dieu nous a été donnée ainsi ­qu’à ce royaume.
Donné à Poissy, l­’avant-dernier jour de décembre, ­l’an du Seigneur
mille trois cent onze.

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La revendication capétienne de souveraineté 379

Source

Périgueux, Archives municipales, AA 19/1. Copie du xviie siècle :


Paris, Bibliothèque nationale de France, Collection Doat, vol. 16, fol. 123.
Édition : Hardy, Michel, « Députation des villes du Périgord pour le
procès des templiers », Bulletin de la Société historique et archéologique du
Périgord, 19 (1892), p. 475-483, ici p. 479-480. Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique


­d’après les documents originaux, Lyon : imprimerie ­d’Aimé Vingtrinier,
1874.
Boutaric, Edgard, La France sous Philippe le Bel. Étude sur les institutions
politiques et administratives du Moyen Âge, Paris : Henri Plon, 1861.
Dupuy, Pierre, Histoire du différend d­ ’entre le pape Boniface VIII et Philippes
le Bel roy de France, Paris : Sébastien et Gabriel Cramoisy, 1655.
Hardy, Michel, « Députation des villes du Périgord pour le procès des
templiers », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord,
19 (1892), p. 475-483.
Lalou, Élisabeth, « Les assemblées générales sous Philippe le Bel »,
dans Actes du 110e Congrès national des sociétés savantes, Montpellier,
1985, Section d­ ’histoire médiévale et de philologie. 3. Recherches sur les
États généraux et les États provinciaux de la France médiévale, Paris :
CTHS, 1986, p. 7-29.
Müller, Ewald, Das Konzil von Vienne (1311-1312) : seine Quellen und
seine Geschichte, Münster : Aschendorff, 1934.
Taylor, Charles Holt, « The Assembly of 1312 at Lyons-Vienne », dans
Études ­d’histoire dédiées à la mémoire de Henri Pirenne par ses anciens élèves,
Bruxelles : Nouvelle Société ­d’éditions, 1937, p. 337-349.
Théry, Julien, « Une hérésie ­d’État. Philippe le Bel, le procès des “perfides
­templiers” et la pontificalisation de la royauté française », dans Les
templiers dans ­l’Aube, Troyes : La Vie en Champagne, 2013, p. 175-214.
Théry, Julien, « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret
et les ­conflits de Philippe le Bel avec la papauté », dans Guillaume
de Nogaret. Un Languedocien au service de la monarchie capétienne, éd. par
Bernard Moreau, Nîmes : Lucie éditions (Patrimoine des régions),
2012, p. 101-127.

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ÉPILOGUE
Lyon est incorporée au royaume (1312-1320)

III.13. L’ARCHEVÊQUE DE LYON CÈDE AU ROI DE FRANCE


PHILIPPE IV LE BEL LA JURIDICTION QU’IL EXERCE SUR LA VILLE
MOYENNANT JUSTE COMPENSATION EN TERRES (10 AVRIL 1312)

Document traduit et présenté par Alexix CHARANSONNET

Présentation

À l’occasion du traité d’avril 1312, l’archevêque Pierre de Savoie


doit faire le dos rond face au roi qui l’a tenu captif, en lui cédant la
juridiction temporelle de Lyon, mais sous la forme d’une « permuta-
tion » en terres. Dans ce document, le prélat laisse percer ses regrets
en admettant qu’il a choisi cette voie faute d’autre solution. Allusion à
sa vaine tentative de résistance militaire à l’été 1310 ? De fait, cet acte
est entièrement produit par la chancellerie royale, la vue de l’original
ne laissant aucun doute ; on a simplement demandé à l’archevêque d’y
apposer son sceau. Ainsi, l’insistance forte sur l’insécurité et la fréquente
cessation du culte engendrées par les discordes antérieures, l’argument
de la paix nécessaire au royaume et à ses Églises sont-ils typiquement,
quasiment par nature, des arguments royaux que le prélat se voit ici
contraint d’endosser. Le « mère et mixte empire » de l’essentiel des
anciennes possessions de l’Église de Lyon passe au roi, le prélat ne
conservant comme droits politiques que des broutilles : la seigneurie sur
le château de Pierre-Scize et ses dépendances, la justice sur sa « famille »
(au sens médiéval du terme) – encore les crimes lui échappent-ils –, des
prérogatives militaires, symbole d’autrefois auquel il s’accroche, sous
la forme concrète du droit de chevaucher dans Lyon et alentours pour
382 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

y faire la guerre, enfin la fête des Merveilles qui devait durer plusieurs
décennies encore et finir par être détestée des citoyens. Au plan fiscal,
il n’a pas tout perdu des anciens privilèges impériaux, conservant sa
monnaie, quelques taxes. Mais surtout, en sa faveur, un point essentiel
des modalités de la cession, cité d’emblée, même si le détail n’en apparaît
qu’à la fin du texte, consiste dans la « permutation » qu’opère l’acte, au
sens propre une compensation au profit de l’Église, dont l’évaluation
devait donner lieu ultérieurement à de dures tractations où Guillaume
de Nogaret se montra impitoyable négociateur.
Certains des documents précédents indiquent qu’en réalité le même
Nogaret aurait bien voulu éviter d’aller jusqu’à la confiscation de la juri-
diction, en se contentant de la part du prélat d’une approbation d’une
nouvelle version de la Philippine, mais désamorcée, c’est-à-dire vidée
de ses dispositions les plus favorables à l’Église, et donc indirectement
hostiles aux citoyens et seigneurs locaux récemment mobilisés par les
campagnes de propagande de la royauté (III.7., III.09.a. et III.09.b.). Il
est probable que seule la révolte de l’archevêque à l’été 1310 a contraint
le roi et ses conseillers à envisager sa punition, mais une punition
modérée par la permutation – elle-même octroyée sous forme de fief
tenu perpétuellement du roi. On ne peut non plus écarter l’hypothèse
que le besoin de se concilier la maison de Savoie ait joué dans le même
sens. Car il n’était pas de bonne politique que le souverain oint du
Seigneur, maître d’un royaume élu entre tous pour défendre l’Église
et la chrétienté, affichât, comme principale marque de l’incorporation
désormais irréversible de la première Église des Gaules à son royaume,
la coercition à l’encontre de son prélat.

Document
À tous ceux présents et à venir qui verront les présentes lettres,
nous, Pierre de Savoie, par la miséricorde divine archevêque de l’Église
primatiale de Lyon, faisons savoir que considérant les maux, les dangers
et les graves scandales qui aux temps anciens, c’est notoirement connu,
nous sont advenus à nous ainsi qu’à nos prédécesseurs, à notre Église, à
nos sujets, spécialement les citoyens lyonnais, et à la région voisine, du
fait des débats, discordes et controverses survenus aux temps anciens
de façon longue et répétée entre nous et nos prédécesseurs, d’une part,
ÉPILOGUE 383

et le chapitre de notre Église, de l’autre, ainsi qu’entre nous et nos


prédécesseurs tantôt avec le chapitre, tantôt seuls, tantôt entre le seul
chapitre, d’une part, et lesdits citoyens lyonnais, de l’autre, sous des
formes multiples, diverses et variées, au sujet de la juridiction tem-
porelle sur la cité de Lyon, la forteresse de Saint-Just, les villages de
Saint-Irénée, de Fourvière et de Saint-Sébastien, et de ce qui touche
cette juridiction ; considérant en outre les dangers, les dépenses, les
maux et les scandales qui ont résulté, aux temps passés, de la discorde
existant entre nous, nos prédécesseurs et notre chapitre, d’une part, et
les gens du seigneur roi des Francs et de ses ancêtres, de l’autre, par
ignorance surtout du droit dudit seigneur roi et de ses ancêtres, à quoi
concouraient les suggestions fallacieuses de personnes désirant troubler
la paix de notre Église, de la cité et de la patrie à cause de ladite juridic-
tion et de ce qui s’y rapportait, au point que si aucun remède adéquat
n’était apporté pour obvier auxdits maux et scandales, de plus graves
pourraient s’ensuivre à l’avenir, rien moins que la destruction de la cité
et de l’Église – qu’il n’en soit pas ainsi ! – et un trouble considérable
de la paix de la patrie ; prenant attentivement en compte combien de
traités, de compromis, de déclarations, de jugements, de transactions ou
de compositions ont précédé, en vue d’éradiquer les maux susdits, qui
au final n’ont servi à rien, mais ont plutôt fourni l’occasion d’un surplus
de dépenses ; désirant de tout notre cœur offrir, avec l’aide de Dieu, la
paix à notre église, de manière à ce qu’en son sein, et dans les autres
églises lyonnaises, l’administration du culte divin et des sacrements
ecclésiastiques ne puisse venir à manquer à l’occasion des faits évoqués,
comme cela s’est notoirement produit autrefois à plusieurs reprises, de
façon répétée et en de longues et diverses périodes, et de manière à ce
que lesdites discordes, les dangers, les scandales et les dépenses touchant
biens, corps et âmes cessent d’où qu’ils viennent, que la sécurité et la
tranquillité publiques soient affermies, non seulement celles de ladite
cité et de la patrie, mais aussi de l’ensemble de la chose publique du
royaume de France, béni par le Seigneur, alors qu’un résultat inverse,
comme nous l’enseignent les exemples du passé, pourrait en découler
si l’on n’obviait pas aux dangers évoqués ; nous avons donc choisi après
délibération prudente de nombreux sages, n’en voyant aucune autre,
la seule voie convenable à cette fin, consistant à transférer à titre de
permutation, comme décrit ci-dessous, la totalité de la juridiction
384 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

temporelle de toute nature qui nous revient sur les lieux cités à raison
de notre Église en faveur du sérénissime prince et seigneur Philippe,
par la grâce de Dieu roi des Francs, et de ses successeurs les futurs rois
des Francs, bienveillants défenseurs des églises, par la main de qui sera
exercée et gouvernée cette juridiction pour le salut spirituel et temporel
des âmes et des corps, seront rendues paix et tranquillité à notre Église
non moins qu’à la cité, arrêtés lesdits dangers et scandales, et réfrénées
lesdites dépenses ; la paix, le calme et la tranquillité seront assurés à la
patrie et l’on pourvoira à la sécurité, ce qui autrement ne pourrait se
réaliser de manière commode pour la chose publique dudit royaume ;
et ledit seigneur roi, au-delà de cette domination temporelle, préservera
intacte notre église pour prix de cette juridiction, en nous offrant à nous
et à notre église une digne compensation.
Nous avons donc conclu et concluons aujourd’hui une permutation
avec le seigneur roi cité et, à cause de cette permutation, pour nous,
nos successeurs et notre Église, nous donnons et concédons à perpétuité
audit seigneur roi et à ses successeurs rois des Francs le mère et mixte
empire et la juridiction temporelle de toute nature, haute et basse, de
la cité de Lyon et de ses dépendances en-deçà et au-delà de la Saône,
avec en outre la juridiction temporelle de toute nature sur la forteresse
de Saint-Just lès Lyon, les villages de Saint-Irénée, de Fourvière et de
Saint-Sébastien, et aussi la juridiction de toute nature que nous avons
acquise du seigneur de Beaujeu près de Lyon, juridiction qui s’étend, à
l’intérieur des vieux fossés1, de la Saône jusqu’au Rhône, et de là descend
jusqu’au pont sur le Rhône avec ses îles, la juridiction aussi des droits et
des dépendances de ces lieux, autant que et dans la mesure où ils nous
reviennent ou peuvent et doivent nous revenir à raison de notre Église
de Lyon et de l’abbatiat de Saint-Just, avec tous les revenus et tous les
droits, quels qu’ils soient, de la juridiction susdite.
Nous retenons toutefois pour nous, nos successeurs et notre Église
ce qui suit, à savoir le mère et mixte empire et la juridiction temporelle
de toute nature du château de Pierre-Scize avec ses dépendances décrites
ci-dessous, c’est-à-dire allant du monastère de Saint-Martin d’Ainay
inclusivement en montant à travers la colline jusqu’à la Tourette et
depuis la Tourette en suivant le mur de la ville de Lyon qui descend
jusqu’aux fossés de Pierre-Scize, et de là en suivant la pente descendant
1 Fossés coupant la presqu’île au pied de la colline. Voir plan IV.04.
ÉPILOGUE 385

de la colline jusqu’à la porte de Bourgneuf exclusivement, avec les reve-


nus et les droits y attenant ; nous retenons en outre notre monnaie de
Lyon et le cours qu’elle a habituellement connu jusqu’ici, monnaie que
nous et nos successeurs pourrons frapper et produire à l’intérieur de la
cité ou à l’extérieur, dans les lieux qui sont nôtres ; les monétaires et les
ouvriers intervenant dans la fabrication de notre monnaie jouiront des
privilèges habituels, et nous et nos successeurs posséderons sur eux le
droit de contrainte et la juridiction s’ils venaient à commettre un délit
dans l’exercice de leur office ; de même, nous retenons la contrainte, la
coercition et la juridiction sur la levée, la perception et la collecte des
taxes, des péages, des cens, de l’impôt du sel, du banvin du mois d’août
et des autres revenus et redevances qui nous appartiennent, avec les
confiscations et commises qui s’attachent à ces revenus ou aux biens eux-
mêmes ; nous retenons de même, au sein de notre famille et de celle de
nos successeurs les archevêques de Lyon, à savoir sur les domestiques et
les familiers que nous garderons sans fraude à notre service, la contrainte
et la juridiction dans tout procès, à l’exception des crimes énormes tels
l’homicide, le rapt et autres semblables. Nous retenons en outre l’usage
de l’armée et de la chevauchée pour nous et nos successeurs dans la cité
de Lyon et dans les lieux susdits, pour autant qu’ils nous reviennent, pour
exercer notre pouvoir de contrainte ou pour la guerre qu’il nous arrive de
mener outre-Saône ou outre-Rhône, comme il est de coutume dans notre
région. Nous retenons aussi pour nous et nos successeurs la fête dite des
Merveilles, et la contrainte et le châtiment de ceux qui, désobéissants
et délinquants, n’accomplissent pas leurs obligations concernant ladite
fête, comme c’est par ailleurs la coutume à Lyon. De même, ledit roi ou
ses gens ne pourront jamais tenir leur cour temporelle et ne possèderont
pas de prison dans la maison de l’archevêque ni dans ses emprises ou
ses dépendances à Lyon. Nous et nos successeurs pourrons également
avoir à Lyon nos serviteurs pour exercer la contrainte, la coercition et la
juridiction retenues ci-dessus en notre faveur.
Quant audit seigneur roi, en acceptant et en recevant, en son nom et
celui de ses successeurs, les principes ci-dessus, il concède et constitue
en notre faveur, celle de nos successeurs et de notre Église, dès à présent
et à perpétuité, en raison de la permutation susdite, une compensation
convenable, décente et digne, en considération des éléments et conditions
susmentionnés, consistant en terres qui appartiendront à nous et à l’Église
386 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de manière héréditaire, avec le mère et mixte empire et la juridiction


de toute nature, haute et basse, les revenus et les droits qui lui sont
liés, le tout en des lieux appropriés selon l’estimation et le jugement
de prud’hommes que nous devrons y désigner en commun, le roi lui-
même et nous, nominativement, dans d’autres lettres, prud’hommes
qui prêteront serment, en touchant les sacrosaints Évangiles, d’agir de
manière fidèle dans le traitement de ces matières, et estimeront ce qui
doit être reçu de part et d’autre pour cela.
Le seigneur roi susdit ou ses successeurs, en raison de ladite permu-
tation, n’obtiendra ni ne prendra possession des biens cités que nous lui
concédons en vertu de la présente permutation, et qu’il doit obtenir à
ce titre, avant que lui-même ou ses successeurs transfèrent et délivrent
réellement à nous et à nos successeurs ce que ledit seigneur roi nous
concède et doit nous remettre en vertu de cette permutation et de ladite
compensation. Toutefois, nous effectuons dès à présent un transfert
conditionnel des biens ci-dessus concédés par nous audit seigneur roi
et constituons, à présent comme pour l’avenir et pour l’avenir comme à
présent, un droit réel en sa faveur une fois que nous aurons pris possession
de ladite compensation ; à l’inverse, le même seigneur roi semblablement,
à présent comme pour l’avenir et pour l’avenir comme à présent, nous
transfère les biens cités dont nous entrerons en possession en vertu de
ladite compensation, et établit notre droit réel sur eux ; et le transfert
de ces biens, concédés par nous plus haut audit seigneur roi, ne prendra
effet qu’au moment où et seulement où nous entrerons en possession
de la compensation susdite, et cette même compensation désormais,
et la terre dont nous prendrons possession en vertu de celle-ci, nous la
tiendrons en fief du seigneur roi et de ses successeurs, et le seigneur roi
lui-même ou ses successeurs ne placeront jamais ces biens, ou partie
d’eux, hors de leur main royale.
Ces dites choses, nous promettons par stipulation solennelle de les
accomplir, de les respecter et de les observer toutes et chacune à perpé-
tuité et le jurons sur les saints Évangiles à notre dit seigneur roi et à ses
successeurs en leur obligeant solennellement nous-même, nos successeurs,
notre Église et tous les biens de notre dite Église. En témoignage et
garantie de quoi nous avons apposé notre sceau aux présentes. Donné
à Vienne, le lundi après la Miséricorde du Seigneur, au mois d’avril,
l’année du Seigneur 1312.
ÉPILOGUE 387

Source

Paris, Archives nationales, J 267, no 57. Édition : Ménestrier, Claude-


François, Histoire civile et consulaire de la ville de Lyon, Lyon : Nicolas et
Jean-Baptiste de Ville, 1696, p. 51-52 des Preuves. Traduit du latin.

Bibliographie

Bonnassieux, Pierre, De la réunion de Lyon à la France, étude historique d’après


les documents originaux, Lyon : imprimerie d’Aimé Vingtrinier, 1874.
Charansonnet, Alexis, « Sources administratives et négociation.
Les tractations du roi, du pape et de l’archevêque concernant le
rattachement de Lyon à la France (1311-1312) », dans Francia, 39
(2012), p. 439-471.
Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques
de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Nadiras, Sébastien, Guillaume de Nogaret en ses dossiers : méthodes de travail
et de gouvernement d’un conseiller royal au début du XIVe siècle, thèse de
doctorat d’histoire, université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), 2012.

III.14. PHILIPPE LE BEL RÉPLIQUE À L’EMPEREUR HENRI VII :


LYON EST ET A TOUJOURS ÉTÉ DU ROYAUME, OÙ LE ROI DE FRANCE
N’A JAMAIS CONNU DE SUPÉRIEUR AU TEMPOREL
(FIN JUILLET – DÉBUT AOÛT 1312)

Document traduit et présenté par Alexis CHARANSONNET

Présentation

Henri VII a écrit, le 29 juin 1312, une lettre encyclique à plusieurs


souverains et « puissants » d’Occident, pour leur annoncer son tout
récent couronnement impérial survenu à Rome. Voici la réponse que
lui aurait adressée peu après Philippe le Bel, contestant de manière
388 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sèche la missive impériale sur deux points principaux : a) le roi de


France depuis l’origine et de par la volonté du Christ ne connaît aucun
supérieur au temporel, car Dieu l’a préféré donc distingué parmi tous
les autres princes chrétiens ; b) Philippe s’étonne d’autant plus, et sa
noblesse avec lui, qu’une lettre impériale adressée aux citoyens lyonnais
les traite comme fidèles et sujets de l’Empire, alors que la ville a toujours
été « dans et du Royaume ».
Certains points ont fait douter de l’authenticité de cette lettre attri-
buée à Philippe, inhabituelle dans sa forme et posant des problèmes de
contenu, et penser qu’elle pourrait avoir constitué un exercice rhétorique.
Dans ce sens, en l’absence du document original, on constate d’abord
qu’il manque, pour les deux copies qu’on en possède, les dates de lieu
et de temps, alors que dans les deux manuscrits où on les lit, constitués
pour une part comme recueils épistolaires respectivement par Jean
de Montreuil, en 1384 sans doute, puis à sa suite par Pierre d’Ailly
qui reprend certaines lettres chez Jean, pour toutes les autres lettres
copiées les auteurs ont systématiquement mentionné ces dates. Au plan
du contenu, l’adresse, où le nom de Philippe précède celui d’Henri, est
extraordinaire, comme l’est la référence au royaume de France tenu du
Christ (plutôt que de Dieu, la formule habituelle).
Mais justement, eu égard aux circonstances de la captation de Lyon
et du Lyonnais, il paraît possible de donner du sens à ces ruptures avec
la tradition à l’été 1312 : l’adresse n’est extraordinaire que si on juge
par rapport aux canons diplomatiques habituels, mais puisque le but est
précisément de montrer l’indépendance du roi vis-à-vis de l’empereur,
la première façon de l’affirmer réside dans l’inversion du protocole ;
d’autre part la dépendance du Christ, si elle est bien un hapax, peut
se justifier par le souci là encore de créer du nouveau, dans le sens de
la « pontificalisation » du souverain capétien, car si tous les rois pré-
tendent tenir leur pouvoir de Dieu, seul le pape est vicaire du Christ ;
en outre cela consonnerait avec les références insistantes, dans les écrits
capétiens du temps, aux rois de France comme champions de la croisade,
à Louis IX en particulier, distingués en cela des autres monarques ;
or, la Terre sainte, c’est l’héritage du Christ. Certaines des phrases de
la lettre font écho précisément aux mots et aux idées contemporains
énoncés par Guillaume de Nogaret et Guillaume de Plaisians, repris
par Clément V dans sa bulle du 29 avril 1311, Rex glorie, notamment
ÉPILOGUE 389

l’idée du sang répandu par les Capétiens pour le Christ et l’Église. Bien
qu’aucune lettre d’Henri VII pour Lyon ne soit conservée, une « Copie
de la lettre que l’empereur a envoyée aux Lyonnais » figurait parmi les
papiers de Guillaume de Nogaret saisis après sa mort, dont on possède
l’inventaire ; cette copie n’ayant pas été retrouvée, sa nature précise et
son authenticité ne peuvent évidemment être établies.
En tout cas, il n’est pas impossible que la lettre de Philippe le Bel
telle qu’elle demeure ait été effectivement conçue à la chancellerie royale,
même si ce n’est pas là que Jean de Montreuil l’aura trouvée, sinon il
aurait immanquablement reproduit les dates dans sa copie. On peut
admettre qu’une lettre de chancellerie ait été remise en forme et éditée
pour être incluse dans un recueil proposant des modèles rhétoriques,
où Jean l’aura trouvée.
Si l’on maintient l’authenticité substantielle du document, comme
aucune critique décisive ne s’y oppose, les arguments échangés sur un ton
vif confirmeraient que l’empereur n’est pas encore quantité négligeable
pour le Capétien, cela juste après le traité d’avril 1312, et que l’affaire
lyonnaise, au-delà de la conjoncture, entre dans un cadre idéologique
et institutionnel structurel, où le roi et ses conseillers non seulement
revendiquent pour ce dernier d’être empereur en son royaume, mais
affirment le caractère supérieurement chrétien du souverain comme du
peuple français, élus par le Christ, au détriment explicite du pouvoir
séculier à prétention universelle de l’empereur romain, et de manière
implicite à celui de son allié spirituel dialectique, le pape.

Document

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à l’illustre prince Henri,


par la même grâce empereur des Romains toujours auguste, et ami très
cher, salut et succès prospère et joyeux à ses souhaits.
Nous avons reçu de votre sérénité la lettre par laquelle vous avez pris
soin de nous annoncer votre couronnement et rendons grâces et louanges,
à celui de qui tout bien procède, d’avoir décidé d’honorer dans les temps
présents de tant de grandeur votre personne qui, sans nul doute, nous a
toujours été chère et le demeure. Avec l’espoir très ferme aussi que, si seu-
lement, prenant conscience avec humilité de l’ampleur de ce bienfait, vous
vous appliquez à marcher virilement sur la voie que tracent ses mandats
390 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et prenez soin d’imiter d’un cœur joyeux sa volonté de maintenir la paix


de la sainte Église de Dieu et le cap vers la très précieuse Terre sainte, il
fera prospérer chaque jour vos pas et vos actions, du bien vers le mieux.
Après avoir scruté avec beaucoup d’attention le préambule de vos lettres,
nous avons décidé de rendre public à votre altesse, par la présente, le fait
que de nombreux princes et puissants de notre royaume, à qui vous avez
écrit ainsi qu’à nous, pour annoncer ce même couronnement, n’ont pas été
peu étonnés par son mode d’expression. Car, des mots de ce même préam-
bule, semblait découler votre conviction et votre assertion que, de même
qu’au sein de la hiérarchie céleste tous les rangs de régiments des cieux
combattent sous un unique Dieu, de même aussi sur la terre l’ensemble des
hommes, distingués par royaumes et répartis par provinces, devraient se
soumettre à l’empereur romain en tant que leur unique premier monarque,
et combattre sous sa puissance temporelle. Mais si votre sérénité avait orienté
son attention de manière à prendre en compte la condition et le statut de
notre royaume de France, qu’elle connait suffisamment bien, elle aurait dû
à bon droit excepter ce royaume de ce type de sujétion générale. En effet,
de façon notoire et générale, ce que tout le monde prêche, et partout, c’est
que depuis l’époque du Christ, le royaume des Francs n’a tenu pour roi en
son sein que le sien propre, soumis au Christ en personne, roi des rois et
seigneur des seigneurs, maître de toute créature, ne se reconnaissant ou ne
tenant pas d’autre supérieur au temporel, quel que fût l’empereur au pou-
voir. C’est ce que nos ancêtres ont tenu, ce que nous aussi et l’ensemble des
régnicoles tenons, et que tiendront nos successeurs perpétuellement, si Dieu
le leur concède. Mais que cela n’aille pas provoquer l’étonnement de votre
excellence. Assurément celui qui du haut des cieux qu’il habite contemple
la terre ici-bas, qui procure aux rois le salut, Jésus-Christ le Très-Haut, a
trouvé dans ce même royaume, mieux que dans tout le reste du monde,
un fondement stable de la sainte foi et de la religion chrétiennes, et a pris
en compte qu’on y témoignait une dévotion suprême à son propre égard,
à celui de son vicaire et de ses autres ministres : de même qu’il a constaté
que dans ce royaume plus qu’en d’autres il était aimé, craint et honoré,
de même il a décidé de l’honorer d’une prérogative singulière le plaçant
au-dessus des autres royaumes et principautés, usant de sa puissance pour
l’exempter de toute supériorité qu’y exercerait un prince ou un seigneur
temporels quelconques et confirmant en la personne de l’exempt l’unique
souverain du royaume, en quelque sorte stabilisé à perpétuité comme
ÉPILOGUE 391

monarque, ainsi que le prouve la narration véridique contenue dans de vieux


ouvrages d’histoire. En outre, ce ne fut pas, pour nos princes et nos magnats,
une moindre cause d’étonnement légitime, que de lire dans la lettre que
vous avez envoyée à nos chers citoyens lyonnais, à propos du couronnement
en question, que vous les y appeliez vos fidèles et vos sujets, alors qu’ils
n’ont jamais été sujets de vos prédécesseurs ou de vous-mêmes, en aucune
manière, ou ne sont tenus à l’obligation de quelque fidélité à votre égard ;
de tout temps, notoirement, ils ont été dans et du royaume de France et,
avec l’aide de Dieu, le demeurent et le demeureront. De tels propos, nous
ne pouvons croire que vous les ayez tenus animé d’un sentiment de supé-
riorité. Mais si par hasard votre conviction s’avérait contraire à la nôtre,
rappelée à l’instant – qu’il n’en soit pas ainsi !–, à n’en pas douter cela ne
saurait nous plaire ni recevoir notre accord. Mais avec l’aide de celui pour
la foi et le nom de qui, prêche-t-on publiquement, nos ancêtres ont versé
leur propre sang, nous entendons bien maintenir et protéger de toutes nos
forces cette prééminence en matière de liberté.

Source

Constitutiones et acta publica imperatorum et regum. Tomus IV : 1298-1313.


Pars II : 1312-1313, éd. par Jakob Schwalm, Hannover : Hahnsche
Buchhandlung (Monumenta Germaniae historica. Leges. Legum Sectio IV :
Constitutiones et acta publica imperatorum et regum ; IV, 2), 1909-1911, no 811,
p. 812-814. Traduit du latin.

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Grieser, Rudolf, Das Arelat in der europäischen Politik von der Mitte des
10. bis zum Ausgange des 14. Jahrhunderts, Jena : Frommann, 1925.
Resmini, Bertram, Das Arelat im Kräftefeld der französischen, englischen und
angiovinischen Politik nach 1250 und das Einwirken Rudolfs von Habsburg,
Köln / Wien : Böhlau (Kölner historische Abhandlungen ; 25), 1980.
Wenck, Karl, Philipp der Schöne von Frankreich, seine Persönlichkeit und
das Urteil der Zeigenossen, Marburg : Koch, 1905.
392 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.15. L’ORDO DU COURONNEMENT


DE JEAN XXII (1316)

Document traduit et présenté par Armand JAMME

Présentation

Le texte est extrait du cérémonial attribué par Mabillon à Jacopo


Caetani Stefaneschi († 1343). Cette attribution, réfutée par Bernhard
Schimmelpfennig, a été confirmée par Marc Dykmans, qui s’est appuyé
sur la personnalité de l’auteur et sur ses références historiques, toutes
afférentes à des événements situés entre 1289 et 1328, pour démontrer
que les deux collections liturgiques qui nous sont parvenues à travers
une dizaine de manuscrits ne peuvent avoir été constituées que par
ce cardinal. Pour établir l’ordo du couronnement de Jean XXII, élu à
Lyon le 7 août 1316, l’auteur a été amené à compiler des ordines plus
anciens dont le contenu a été adapté à la singularité du contexte et
aux volontés de l’élu. Réfléchir à un nouveau rituel, appuyé non plus
sur Saint-Just où Clément V avait été couronné, mais sur les deux
complexes architecturaux les plus marquants de la ville, la primatiale
Saint-Jean et les bâtiments des prêcheurs, servait autant à honorer un
pontife issu de l’ordre de Saint-Dominique qui avait choisi de régner
sous le nom de Jean, qu’à effacer des mémoires l’horrible incident
qui avait coûté la vie au duc de Bretagne et au frère de Clément V, le
14 novembre 1305 (III.04.a.).
Le texte souffre d’une rédaction maladroite, peut-être rapide – le
rédacteur hésite parfois entre le présent et le futur qu’emploient ses
modèles –, et des imprécisions demeurent, exactement comme si le pape
avait encore à décider lui-même de ce qu’il souhaitait pour ce jour de
fête. La cérémonie du couronnement fut pourtant reportée à plusieurs
reprises à la demande du régent. L’auteur sait qu’elle est prévue pour
un dimanche, mais les notes additionnelles prouvent qu’il ne sait pas
encore si un roi ou un fils de roi seront effectivement présents. Le comte
de Poitiers et régent du royaume, ainsi que ses oncles, Charles de Valois
et Louis d’Évreux, n’arrivèrent semble-t-il à Lyon que le jour même.
ÉPILOGUE 393

Plus que les ordines précédemment établis pour des couronnements


qui eurent souvent lieu hors de Rome dans la deuxième moitié du
xiiie siècle, ce rituel, exonéré du sacre puisque l’élu est un cardinal-
évêque, s’inscrit fortement dans la topographie de la ville qui l’héberge,
aussi bien dans la cathédrale Saint-Jean, encore inachevée, mais dont
on perçoit la structure, que dans la ville de Lyon, étendue de part et
d’autre de la Saône comme l’était Rome sur les deux rives du Tibre.

Document

Du couronnement du pape hors de Rome


et de la première révérence faite par les cardinaux et les prélats

En premier, au début de la matinée, à une heure convenable, le sei-


gneur pape revêtu d’un pluvial rouge et d’une mitre brodée d’or entrera
dans l’église Saint-Jean, où ledit couronnement doit être célébré. Après
être entré dans l’église, au milieu de celle-ci, là où le faldistoire aura été
préparé pour lui, il priera. Puis, debout, ayant reçu la révérence de tous
les cardinaux et les prélats chacun selon son ordre, il dira : « Que le nom
du Seigneur soit béni1 » et lui sera répondu : « Et à partir de ce etc. »
Une fois donnée sa bénédiction, il se dirigera vers le lieu où il devra être
habillé. Après voir dit l’office de tierce avec les chapelains, assisté par un
cardinal-évêque qui doit tenir le livre contenant la prière prononcée par
le pape, il sera revêtu des chausses et des sandales par un sous-diacre et
un de ses acolytes, tandis que les chapelains entonneront les psaumes :
De quel amour sont aimées tes demeures2, ainsi que ceux qui sont habituelle-
ment dits. Ceci étant accompli avec les prières accoutumées, il se lavera
les mains ; un cardinal-évêque en lui versant l’eau devra l’assister dans
cette tâche. L’ablution terminée et le cardinal-évêque étant revenu à sa
place, le pape sera revêtu, comme le requiert le jour du seigneur, de tous
les ornements verts, précieux et solennels, qu’un pontife romain porte
habituellement lors des messes solennelles, par un cardinal-diacre et un
sous-diacre, qui les auront reçus des acolytes. Après que le cardinal-évêque
sera retourné à sa place, comme il a été dit, le pape sera recouvert du
surplis, de l’amict, du pluvial vert et d’une simple mitre.

1 Job 1, 21.
2 Ps. 83, 2.
394 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

De la mitre imposée par un cardinal-diacre


et de l’anneau donné par un cardinal-évêque

Après l’imposition de la mitre précieuse par un cardinal-diacre,


l’anneau pontifical lui sera donné par l’évêque qui le sert, un des cubi-
culaires plaçant le petit anneau au doigt du pape. Ensuite, après avoir
reçu la navette des mains de l’acolyte, l’évêque la présentera au seigneur
pape et baisera sa main. L’encens ayant été placé dans l’encensoir par le
seigneur pape, l’évêque ira à sa place, là où se trouveront les autres car-
dinaux-évêques ordonnés pour la procession. Tout ceci ayant été effectué
selon les rites qui ont coutume d’être suivis lorsqu’on revêt et pare les
pontifes romains, étant excepté que dans la procession qui suit il ne
portera pas le pallium puisqu’il le recevra à un autre moment, comme
il est décrit plus loin, ladite procession sera ordonnée par le prieur des
cardinaux-diacres de la manière suivante.

De l’ordre de la procession avant l’introït

En premier, le précède le sous-diacre avec la croix, revêtu d’une


tunicelle. Le suivent les abbés, les évêques et les archevêques revêtus
de pluvials et de mitres simples. Après viennent les cardinaux-prêtres
revêtus de chasubles et de mitres simples. Ensuite, arrivent les car-
dinaux-évêques revêtus de pluvials et de mitres simples, chacun à sa
place. Après cela, suivent deux acolytes portant des candélabres et un
portant la navette, l’encensoir et l’encens, revêtus de surplis. Après
lesdits acolytes seront disposés sept sous-diacres avec leurs tunicelles,
portant sept candélabres à petite flamme ; au milieu des sept se trouvera
le sous-diacre qui devra dire l’Épître et portera le livre des Évangiles
devant sa poitrine ; à côté de ce sous-diacre s’en trouvera un autre qui
dira l’Épître en grec1. Après, viennent les cardinaux-diacres selon leur
ordre, revêtus de dalmatiques, au milieu desquels apparaît le cardinal
qui dira l’Évangile en dernier. Ensuite, deux cardinaux-diacres, l’un
à droite et l’autre à gauche, conduisent le seigneur pape qui apparaît
comme il est d’usage avec un dais étendu au-dessus de sa tête. En dernier
arrive le sous-diacre qui fait le service de la mitre et porte la touaille2.

1 Répétition indue dans le texte établi par M. Dykmans.


2 La serviette du pape, avec laquelle il s’essuie.
ÉPILOGUE 395

Le seigneur pape en avançant ainsi en procession dans l’église bénit


continuellement l’assistance. Parvenu au chœur, s’avanceront vers lui
trois cardinaux-prêtres qu’il reçoit pour la paix et qui le baiseront avec
révérence sur sa poitrine. Le dernier parera la chasuble du pape.

De la confession qu’il fait à l’autel, de l’introït


et des prières que l’on dit au-dessus de lui, près de l’autel

Ensuite, il ira en suivant la procession jusqu’à l’autel, sans toutefois


monter jusqu’à lui. La mitre lui ayant été enlevée par un cardinal-diacre,
il fait sa confession, comme il est d’usage. Tandis qu’il fait sa confession,
les chantres entonnent l’introït, puis Kyrieleison. La confession faite, le
seigneur pape recevra la mitre et ira jusqu’à son siège, mais pas celui
qui est le plus haut : il s’assied sur le faldistoire placé entre le chœur
et l’autel, à cause de la disposition de l’église, orienté cependant vers
l’autel. Le seigneur pape étant assis, viendront devant lui trois cardinaux-
évêques, ceux d’Albano, de Porto – mais comme nous n’en n’avons pas1,
celui de Sabine lui sera subrogé – et d’Ostie. Ceux-ci debout devant le
pape, Albano dira la première prière, soit :
Oraison. « Dieu qui ne dédaigne pas d’être présent partout où l’on t’invoque
avec dévotion accède, nous t’en prions, à nos supplications et sur ton serviteur
N., que le jugement commun de ton peuple a élu à la dignité apostolique,
répands la profusion de ta bénédiction céleste, afin qu’il sente que c’est par
don de toi qu’il est parvenu à ce faîte. Par notre Seigneur. »

L’évêque de Porto ou son subrogé, de Sabine, dira la deuxième, soit :


Oraison. « À nos supplications, Dieu tout-puissant, donne l’effet de ton habi-
tuelle bonté, et répands la grâce de l’Esprit saint sur ton serviteur N., afin
que celui qui est porté à la tête des Églises par notre ministère, soit renforcé
par la solidité de ta vertu. Par notre Seigneur. »

L’évêque d’Ostie dira la troisième, soit :


Oraison. « Dieu, toi qui as voulu que ton apôtre Pierre exerce la primauté
parmi les autres apôtres et lui as imposé de surcroît la charge de la chrétienté
universelle, regarde avec bienveillance, nous t’en prions, ton serviteur N., que

1 Le cardinal de Porto, Jacques Duèse, venait en effet d’être élu au souverain pontificat.
396 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

nous avons par la force élevé de son humble chaire au trône du prince des
apôtres, afin qu’il soit comme comblé par les avantages d’une telle dignité,
qu’il cumule les mérites de la vertu, porte dignement avec ton aide le fardeau
de l’Église toute entière et reçoive de toi, qui es la béatitude des tiens, un
rôle mérité. Toi qui vis. »

Il faut savoir cependant que lorsque lesdites prières seront dites, le


seigneur pape ne sera pas assis, mais debout et sans mitre.

De la deuxième révérence des prélats

Après cela, le seigneur pape, siégeant sur le faldistoire entre le chœur


et l’autel, recevra les seigneurs cardinaux et tous les prélats pour le baiser
du pied et de la bouche.

Du pallium donné par le prieur des cardinaux diacres

Ceci fait, il viendra à l’autel où se trouvera le pallium préparé par le


prieur des chapelains sous-diacres. Deux prieurs des cardinaux-diacres
tiendront devant lui le pallium. Ensuite, le premier des deux lui remet-
tra seul le pallium pontifical en disant ces mots : « Reçois ce pallium,
plénitude de l’office pontifical, pour la gloire de Dieu tout-puissant, de
la très glorieuse vierge Marie sa mère, des saints apôtres Pierre et Paul
et de la sainte Église romaine. »

De la montée du pape à l’autel, de l’encensement de l’autel


et de la troisième révérence des cardinaux et prélats
devant le siège éminent

Le pallium ayant été attaché sur ses épaules avec trois petites épines
d’or par un cardinal-diacre et un sous-diacre, comme il est d’usage, le
seigneur pape montera à l’autel qu’il encensera. Puis, il ira vers le siège
éminent. Une fois assis, toujours vêtu du pallium, il recevra tous les car-
dinaux et prélats pour le baiser de pied et de bouche pour la deuxième
fois1. Ensuite, debout, il entamera : « Gloire à Dieu au plus haut des
cieux ». Cet hymne angélique ayant été chanté par les chantres, il dira,

1 À la condition que l’on ajoute « près de l’autel » comme l’a remarqué M. Dykmans, sinon
il s’agit de la troisième fois.
ÉPILOGUE 397

assis sur le même siège : « La paix soit avec vous. » Lui sera répondu : « Et
avec ton esprit. » Puis il commencera la prière dominicale à voix haute.
Celle-ci achevée et suivie de la réponse : Amen, il pourra dire une autre
prière, secrètement, pour lui-même, s’il le désire – on exprime néanmoins
cette prière dans toute son étendue1. Après cela, il restera sur son siège.

Des rangs ordonnés par le prieur des cardinaux


et des louanges entamées par lui avant l’Épître

Le seigneur pape étant assis sur ce siège, le prieur des diacres2, portant
la férule en ses mains, descend devant l’autel et fait avec les diacres,
sous-diacres, notaires et juges, tous revêtus de pluvials selon le rite, deux
rangs, de part et d’autre, également composés afin que dans chacun
se trouvent des membres de chaque ordre. Il place en premier, près
de l’autel, les diacres qui pourront avoir des mitres s’ils le désirent, en
second les sous-diacres, en troisième les juges, en quatrième les notaires.
Ces rangs ayant été ordonnés, le prieur des diacres commencera à haute
voix, presqu’en lisant, debout et sans mitre, la louange : « Exauce nous
Seigneur ! » Les juges et les notaires lui répondront de la même manière,
en chantant presque en lisant : « Que vive notre seigneur N. décrété
par Dieu pontife suprême et pape universel ! » Ainsi sera dit et répondu
par trois fois par le prieur des cardinaux et par les juges et notaires.
Ensuite, le même prieur des diacres dira : « Sauveur du monde… » et les
juges et notaires répondront : « Toi, aide-le ! » Ceci sera dit et répondu
par trois fois. De même, le prieur des diacres dira : « Sainte Marie… »
et les susdits répondront par deux fois : « Toi aide-le ! » De la même
manière, le même prieur dira une fois : « saint Michel, saint Gabriel,
saint Raphael, saint Jean-Baptiste, saint Pierre, saint Paul, saint André,
saint Étienne, saint Léon, saint Grégoire, saint Benoît, saint Basile, saint
Saba, sainte Agnès, sainte Cécile, sainte Lucie… », et ils répondront à
chaque fois : « Toi aide-le ! » Puis, le prieur des diacres dira Kyrieleison
et les juges et notaires répondront Kyrieleison, ceci par trois fois. Après
cela, tous diront ensemble d’une seule et forte voix Kyrieleison.

1 Note incise.
2 Le pontifical du xiiie siècle dit « le prieur des cardinaux-diacres ». La suite de ce même
paragraphe prouve la confusion opérée par l’auteur entre prieur des cardinaux et prieur
des diacres.
398 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

De l’Épître en latin et en grec,


de l’Évangile, du graduel et de l’Alleluia

Les louanges achevées, on lira du grand pupitre l’Épître en latin et


ensuite en grec. Puis, on chantera le graduel et l’Alleluia. Après cela, on
lira du grand pupitre l’Évangile en latin, puis en grec, étant rassemblés
selon l’usage sept sous-diacres avec sept petites torches précédant lesdits
diacres et l’encensoir avec l’encens. Puis, la messe se poursuit selon son
ordre jusqu’à sa fin.

De la communion du seigneur pape au siège éminent

Le seigneur pape au moment opportun communiera avec solennité, non


pas au-dessus de l’autel, mais assis sur le siège éminent. La cérémonie de
la communion sera toutefois donnée comme il est d’usage pour les autres
messes solennelles. Une fois celle-ci achevée, le seigneur pape dira : « Que
le nom du Seigneur soit béni… », et lui sera répondu : « À partir de main-
tenant et jusque dans le siècle ! » Puis il donne sa bénédiction. Ensuite, le
cardinal-évêque qui l’a servi ne lui dira pas : « De nombreuses années ! »

De ce qui est fait après la messe et du parement du seigneur pape,


des cardinaux, des prélats et autres

Tout ceci ayant été fait, comme il a été dit, selon le rite, le seigneur
pape et tous les cardinaux et autres prélats, sous-diacres, juges et notaires,
chacun selon son grade, une fois déposés leurs vêtements verts, seront
revêtus de vêtements blancs et précieux s’ils en ont : les évêques de
pluvials, les prêtres de chasubles, les diacres de dalmatiques, les sous-
diacres de tunicelles, les acolytes et autres chapelains de surplis ; les
patriarches, archevêques et abbés seront revêtus de pluvials, les juges
et notaires aussi, mais les chantres de surplis.

Du couronnement du pape effectué par le prieur des diacres1

Le seigneur pape aura tous ses vêtements précieux, le pallium, la


mitre précieuse, les gants et l’anneau pontifical. Ainsi orné, il viendra

1 Même remarque que précédemment.


ÉPILOGUE 399

avec tous les participants à la porte ou aux marches de l’église, puis


montera sur l’estrade ou scène de bois, où se trouvera placé un siège
solennellement préparé. Une fois assis, le prieur des cardinaux-diacres
lui retirera la mitre et imposera sur sa tête la couronne que l’on appelle
« royaume », tout le peuple clamant alors Kyrieleison.

De l’indulgence donnée au peuple

Et là, par le prieur des cardinaux-évêques, de l’autorité même du


seigneur pape, l’indulgence sera donnée au peuple, comme il plaira au
pape.

De l’ornement des chevaux dans la procession

Ceci fait, ils descendront de l’estrade. Chacun des cardinaux et des


prélats, avec tous leurs ornements, montera sur un cheval couvert de
drap blanc. Les sous-diacres, les chapelains, les juges, les notaires et les
autres toujours parés monteront cependant des chevaux non recouverts
de drap. Le pape chevauchera lui un grand cheval orné de phalères et
sur sa partie postérieure d’écarlate.

Ordre de la procession solennelle


après le couronnement du pape

Tous les chevaux ainsi montés, le prieur des diacres, portant la férule
en ses mains, ordonnera la procession de la manière suivante : en premier,
apparaîtra le cheval du seigneur pape orné de phalères ; le sous-diacre
avec la croix passera en second ; en troisième, suivront douze bannerets
portant douze drapeaux rouges, plus deux autres avec deux chérubins sur
des lances ; en quatrième, deux préfets des navettes1 revêtus de pluvials ;
cinquièmement, les notaires ; sixièmement, les avocats ; septièmement,
les juges ; huitièmement, les chantres ; neuvièmement, les diacres et
sous-diacres qui liront l’Épître et l’Évangile en grec ; dixièmement, les
abbés ; onzièmement, les évêques ; douzièmement, les archevêques ; trei-
zièmement, les patriarches et cardinaux-évêques ; quatorzièmement, les
cardinaux-prêtres ; quinzièmement, les cardinaux-diacres ; seizièmement,

1 Ou thuriféraires.
400 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

le sous-diacre avec la touaille et le serviteur tenant l’ombrelle, qui vont


par deux un peu éloignés du pape ; dix-septièmement, le seigneur pape.

Des cinq jets d’argent en divers lieux

La procession ainsi ordonnée et le seigneur pape monté sur son che-


val, dans ce même lieu, seront faits derrière lui par le maréchal ou un
autre, trois jets d’argent. Lorsque le pape sera parvenu à la place devant
l’église Saint-Nizier, un de ses familiers, debout sur un poste éminent,
fera un autre jet d’argent ; là, le seigneur pape s’arrêtera un moment.

De la Loi offerte par les juifs et de la réponse du pape

Viendront les juifs avec leur Loi. Ils lui feront louange et lui offriront
la Loi pour qu’il l’adore. Ensuite, le seigneur pape recommandera la Loi
et condamnera l’observance des juifs ou leur intelligence, puisque ce
qu’ils prétendent être à venir, l’Église enseigne et prêche que c’est déjà
advenu avec le seigneur Jésus-Christ.
De la même manière que précédemment, après être parvenu à la
place où demeure le seigneur Pietro Colonna, un de ses familiers ou le
même familier fera un autre jet d’argent. Une fois parvenu au carrefour
où demeure l’élu de Viterbe, le même familier fera un jet d’argent.
Enfin, lorsqu’il sera parvenu à l’entrée du palais, le même familier fera
un autre jet d’argent.

De ce qu’ils font après la procession, tant les louanges


par le prieur des cardinaux-prêtres que le don du presbiterium1

Le trajet ainsi achevé et le pape parvenu à l’entrée du palais ou maison


des prêcheurs, les frères, revêtus avec solennité, avec la croix, l’encens
et l’eau bénite, recevront en procession le seigneur pape, chantant res-
pectueusement : « Toi, Dieu nous te louons. » Quand le seigneur pape
sera parvenu à l’église, avant qu’il ne descende de cheval, le prieur des
cardinaux-prêtres, après avoir ordonné en file les juges et les notaires,
fera là la louange du pape, comme le cardinal-diacre l’avait faite au
cours de la messe avant l’Épitre, mais après la prière dominicale. Après

1 Gratification accordée aux prêtres lors du couronnement pontifical.


ÉPILOGUE 401

sa descente de cheval, le prieur des cardinaux-diacres lui retirera de la


tête le « royaume » et lui imposera la mitre. Étant placé à sa droite, il le
conduira jusqu’à l’autel, tandis qu’un autre se trouvera à sa gauche. À
l’autel, le pape priera sur le faldistoire préparé pour lui. La prière faite, il
donnera sa bénédiction en disant : « Que le nom du Seigneur soit béni ! »
et lui sera répondu : « Et à partir de ce etc. » Ceci fait, il sera conduit
à un siège éminent et s’assiéra en ce lieu, paré avec ses ornements. Une
fois retirés sa chasuble, le pallium et les gants, mais en conservant le
manteau sur les épaules et la mitre sur le fanon, il donnera à chacun
des cardinaux le presbiterium d’usage de la manière suivante : chacun
des cardinaux et prélats, ayant ôté sa mitre et la tenant dans ses mains
ira devant le seigneur pape, assis. Les genoux fléchis, ils tiendront leur
mitre ouverte devant lui. Il mettra à l’intérieur de l’argent que lui pré-
sentera le camérier dans une coupe, comme on le trouve dans le livre de
la Chambre. Ceux qui recevront dans leur mitre de l’argent baiseront
le genou du seigneur pape.

Du retour du pape à sa chambre et du banquet

Le camérier et les clercs de la Chambre en surplis assisteront le pape.


Après le don du presbiterium, il sera conduit par deux cardinaux-diacres
à sa chambre. Puis il sera conduit à la table solennellement préparée
pour lui. Une fois assis, un cardinal-évêque, plus exactement le prieur,
lui donnera de l’eau. Deux cardinaux-diacres tiendront la touaille, sans
tenir son manteau.

Des solennités, vêtements et ornements, tant du seigneur pape


que des cardinaux, des prélats et des autres qui sont au banquet

Après cette ablution et la bénédiction de la table, ils vont s’asseoir. À


la droite du seigneur pape, s’assoient les cardinaux-prêtres et évêques, à
sa gauche les cardinaux-diacres. Tant qu’il est à table, le seigneur pape
est revêtu de tous les ornements de messe, à l’exception de la chasuble,
du pallium et des gants ; il tiendra le manteau sur ses épaules, le fanon
en tête avec la mitre par dessus. Tous les cardinaux porteront le surplis
avec leur manteau et de simples mitres de même que tous les prélats.
Devant le seigneur pape, serviront les laïcs les plus nobles qui seront
402 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

présents. Après les tables des cardinaux se trouveront les tables de tous
les prélats et des autres nobles. Le repas achevé, le seigneur pape se
lavera les mains comme précédemment avec deux cardinaux-diacres,
l’eau étant versée par un cardinal-évêque. De la même manière, chacun
des cardinaux se lavera les mains avec l’eau que lui versera un écuyer.
Les cardinaux qui l’assistent tiennent la touaille, l’un et l’autre de part
et d’autre du verseur d’eau, le servant ainsi à tour de rôle. Ces ablu-
tions achevées et après que tous ont rendu grâce, le seigneur pape sera
reconduit à sa chambre par deux cardinaux-diacres, qui auront remis
leurs manteaux. Là, une fois retirés ses vêtements sacrés et déchaussées
les sandales par un sous-diacre, il se reposera.

Du retour des cardinaux et des prélats à leur demeure

Les cardinaux et autres prélats reviendront à leur hôtel à cheval avec


leurs mitres, parés comme ils l’étaient pendant le repas, les chevaux
toutefois n’étant pas recouverts.
Il faut noter qu’il est d’usage que les laïcs les plus nobles, même s’ils
sont rois, guident le pape à cheval. Les lieux de changements seront
distribués entre eux comme ils le voudront et leur sera ordonné, afin
qu’aux deux premiers guides succèdent une autre paire.
À table, le premier plateau est placé devant le pape par l’un des
principaux nobles, même s’il est roi ; ceci étant fait, ce roi va s’asseoir
à sa place. Les autres grands nobles, même s’ils sont fils de roi, servent
le pape à table, l’un de la coupe, l’autre du couteau pour tailler. Les
autres assistent les convives, suivent le porteur des plateaux, et portent
eux-aussi les tailloirs au pape et aux cardinaux, comme il sera ordonné.
Que deux de ces serviteurs nobles du pape, éventuellement des fils de
rois ou de semblables princes, s’assoient ou non à table, où et comment,
maintenant nous omettons de le dire.
Pour mémoire, qu’aux juifs on ne fasse aucun mauvais traitement
lorsqu’ils offrent la Loi.

Source

Dykmans, Marc, Le cérémonial papal de la fin du Moyen Âge à la Renaissance.


II : De Rome en Avignon ou le cérémonial de Jacques Stefaneschi, Bruxelles /
ÉPILOGUE 403

Rome : Institut historique belge de Rome (Bibliothèque de l’Institut his-


torique belge de Rome ; 25), 1981, p. 290-305. Traduit du latin.

Bibliographie

Dykmans, Marc, Le cérémonial papal de la fin du Moyen Âge à la Renaissance.


II : De Rome en Avignon ou le cérémonial de Jacques Stefaneschi, Bruxelles /
Rome : Institut historique belge de Rome (Bibliothèque de l’Institut
historique belge de Rome ; 25), 1981.
Jamme, Armand, « Les couronnements lyonnais de Clément V et
Jean XXII. Imperium pontifical et monarchie française », dans Lyon,
de l’Empire au Royaume : autour du rattachement de la ville de Lyon à
la France, 7e centenaire du traité de Vienne (avril 1312). Actes du colloque
de Lyon, 27-28-29 septembre 2012, éd. par Alexis Charansonnet,
Jean-Louis Gaulin et Xavier Hélary, à paraître.
Le Pontifical de la curie romaine au XIIIe siècle, éd. et trad. en français
par Monique Goullet, Guy Lobrichon et Éric Palazzo, Paris :
Éditions du Cerf (Sources liturgiques), 2004.
Paravicini Bagliani, Agostino, Morte e elezione del papa : norme, riti
i conflitti. Il Medioevo, Roma : Viella (La Corte dei papi ; 22), 2013.
Schimmelpfennig, Bernhard, Die Zeremonienbücher der römischen Kurie im
Mittelalter, Tübingen : Niemeyer (Bibliothek des Deutschen Historischen
Instituts in Rom ; 40), 1973.
Schimmelpfennig, Bernhard, « Papal coronations in Avignon », dans
Coronations : medieval and early modern monarchic ritual, éd. par János
M. Bak, Berkeley : University of California Press, 1990, p. 179-196.
404 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.16. LE ROI DE FRANCE, PHILIPPE V,


RESTITUE À L’ARCHEVÊQUE DE LYON, PIERRE DE SAVOIE,
LA JURIDICTION TEMPORELLE (4 AVRIL 1320)

Document transcrit et présenté par Bruno GALLAND


et Alexis CHARANSONNET

Présentation

Dans cet acte, exacte réplique au traité d’avril 1312 (III.13.),


Philippe V remet à l’archevêque seul la juridiction sur la ville de Lyon,
que l’archevêque et le chapitre avaient transférée à Philippe le Bel en
1312. Cet « échange » est assorti de plusieurs conditions : l’archevêque
et ses successeurs reconnaîtront qu’ils tiennent cette juridiction en fief
du roi de France ; le chapitre recevra une compensation, qu’il tiendra
également en fief du roi de France ; les appels de la juridiction épisco-
pale seront reçus par les officiers du roi, qui devront seulement veiller
à ne pas s’installer à Lyon ou dans le domaine de l’Église ; l’archevêque
remet au roi ses droits à la régale de l’évêché d’Autun ; le roi et ses
gens pourront entrer quand ils le souhaitent dans la ville et s’en faire
remettre les clés des portes et des forteresses ; enfin, l’archevêque, les
chanoines et les citoyens devront prêter régulièrement serment de fidélité
au roi et s’engager à le défendre si nécessaire. En conclusion, l’acte de
1312, également qualifié d’« échange », est annulé. Ainsi, le roi obtient
une nouvelle reconnaissance de sa souveraineté, tout en se défaussant
de l’exercice de la juridiction de première instance, qui présente plus
d’inconvénients que d’avantages, et dont seule la révolte de Pierre
de Savoie en 1309-1310 l’avait contraint à s’emparer.

Document

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, savoir


faisons à tous présents et à venir que comme nous, pour certaine et juste
cause, eussions en notre domaine, tenissions [tinssions] et possédissions
[possédassions], et à nous appartenît [appartînt] la juridiction temporelle,
haute, moyenne et basse de la ville de Lyon et des appartenances, et notre
ÉPILOGUE 405

amé [aimé] et féal [fidèle] l’archevêque de Lyon nous ait signifié que,
comme il ait [avait] en ladite ville de Lyon plusieurs choses et droitures
[droits de justice] en lesquelles il a aucune [quelque] juridiction ou coercion
[pouvoir de juridiction], pour lesquelles et pour ladite notre juridiction
temporelle moult de débats, contents [contentieux], frais et dépenses
pourraient naître et sourdre [surgir], dont l’Église de Lyon pourrait moult
être dommagiée [subir beaucoup de dommages] au temps à venir, et
que grand profit serait à ladite Église se [si] ladite juridiction était toute
transportée en [remise à] lui, au nom de l’Église, pour quoi [pour cette
raison] ledit archevêque, du consentement et de l’accord du doyen et du
chapitre de ladite Église, eus [après avoir eu] entre eux sur ce plusieurs
traités solennels et délibérations porvues [prévues] et plénières, et par
plusieurs fois, si comme [comme] ils disaient, en plein chapitre pour ce
assemblé au son de la cloche, si comme [comme] il est accoutumé, nous
a supplié et requis à grande instance que ladite juridiction temporelle
à cause de [à titre de] permutation nous lui voulions délaisser [laisser] à
toujours [pour toujours], perpétuellement pour lui et pour ses successeurs
archevêques de Lyon, en certaine forme et parmi certaines offres faites
par lui à nous, pour ce [pour cela] ci-dessous contenues.
Nous, qui toujours avons désiré et encore désirons que les églises
et les personnes d’icelles [de celles-ci] puissent vivre en bonne paix et
en bonne tranquillité sous nous, pour ôter toute matère [matière] de
discorde et eschiver [éviter] tous frais et dommages qui en pourraient
venir, et pour les offres qui nous en ont été faites, si comme [comme]
dit est, et pour les choses ci-dessous contenues, ladite juridiction haute,
moyenne et basse, retenu [ayant retenu] à nous et à nos successeurs la
souveraineté et le ressort, dès orendroit [dès à présent] baillons [donnons]
et transportons par plein droit par le bail [don] de ces présentes lettres
audit archevêque pour soi et pour ses successeurs archevêques de Lyon, à
tenir perpétuellement par eux de nous et de nos successeurs en fié [fief],
pour lequel ils nous seront tenus de faire et feront serment de fidélité et
hommage lige, parmi l’échange, récompensation [compensation], forme
et conditions ci-dessous écrites. C’est à savoir que lesdits archevêques
et successeurs reconnaîtront à tenir, prendront et tiendront de nous et
de nos successeurs en fié [fief], pour lequel il nous seront tenus de faire
et feront serment de féalté [fidélité] et hommage lige toutes fois qu’il
y aura nouvel seigneur ou vassal et dès maintenant le nous fera ledit
406 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

archevêque, la devant-dite juridiction de toute la ville de Lyon et des


appartenances, tant [autant] pour la partie [part] que les archevêques de
Lyon y ont anciennement eue paisiblement comme [que] pour la partie
[part] que le chapitre a contendu [s’est efforcé] à y avoir ès temps passés,
laquelle partie [part] l’archevêque doit avoir de l’accord [consentement]
et de l’assentiment dudit chapitre parmi certaine récompensation.
Et ainsi ledit archevêque et ses successeurs doivent avoir et auront
la juridiction de ladite ville de Lyon et tous seuls en useront sous notre
souveraineté et ressort, et avec ce tout leur temporel, quel qu’il soit, en
ladite ville de Lyon et ès appartenances, tant [autant] deçà [en-deçà de] la
Saône comme [que] de là jusques au Rhône, et hors1, en quelle que part
[endroit] que ce soit dedans notre royaume, en quelle que chose que ledit
temporel soit assis [installé], tant [autant] en ladite juridiction de ladite
ville de Lyon et des appartenances, aussi comme dessus est dit, comme
[que] en autres lieux et choses de sondit temporel, soit en châteaux, for-
talesses [forteresses], villes, fiés [fiefs], arrière-fiés [arrière-fiefs], censives,
rentes, revenus, justices hautes, moyennes et basses, seigneuries, régales,
honneurs, services et en toutes autres choses quelles qu’elles soient et
comment qu’elles puissent être nommées, que ledit archevêque ou ses
devanciers avaient et tenaient ou pouvaient avoir et tenir et qui dudit
archevêque et de ses devanciers sont ou ont été tenues sans moyen ou
par moyen [directement ou indirectement] ou qui à son dit temporel
appartiennent ou peuvent appartenir, en notre royaume.
Et pour ce que [parce que] par cet accord ladite juridiction demeure
audit archevêque et à ses successeurs seul [seulement] pour le tout, parmi
certaine et suffisante récompensation qu’il en doit faire au doyen et au
chapitre de ladite église de Lyon, laquelle il a promis en notre présence
à faire à eux, lesdits doyen et chapitre reconnaîtront à tenir [qu’ils tien-
dront], prendront et tiendront de nous et de nos successeurs en fié [fief],
pour lequel ils seront tenus de faire et feront à nous et à nos successeurs
serment de féauté [fidélité] et hommage lige, ladite récompense qui par
ledit archevêque leur sera baillée avec tous les droits, usages et coutumes
qu’ils ont ou peuvent avoir sur les leydes, péages, monnaies, censives
et autres rentes temporelles en ladite ville de Lyon et ès appartenances.
Et ledit serment de féalté [fidélité] et hommage fera le doyen et ladite

1 Comprendre : « hors de Lyon ».


ÉPILOGUE 407

église en nom de soi et dudit chapitre, ou la personne du chapitre qui


sera en plus grande dignité et présente en l’église si doyen n’y avait [s’il
n’y avait pas de doyen] ou s’il était absent, toutes les fois qu’il y aura
un nouveau roi ou gouverneur [régent] au royaume ou que doyen se
changera en ladite église, et dès maintenant le fera à nous le doyen qui
ores est [le présent doyen], pour soi et pour son dit chapitre.
Et est à savoir que le ressort et les premiers appels de ladite ville et
justice de Lyon et des appartenances viendront à nous et à nos successeurs
et seront connus et déterminés lesdits appels par nos juges d’appel que
nous ordonnerons et établirons à ce [à cet effet] là où il nous plaira, mais
toutevoies [toutefois] que ce ne soit pas en ladite ville de Lyon ne [ni] ès
appartenances ne [ni] en aucun lieu de ladite terre ne [ni] du domaine
ne [ni] de la baronnie desdits archevêque, doyen et chapitre, se [si] ainsi
est qu’ils aient [s’ils viennent à avoir] baronnie, et les seconds appels
qui seront faits de nosdits juges d’appel viendront à nous et à nos suc-
cesseurs et seront déterminés en notre parlement de Paris ou par ceux
à qui nous les commettrions à déterminer illuec [ici] ou ailleurs, et les
ressorts et les seconds appels de la terre, des domaines et de la baronnie
desdits archevêque, doyen et chapitre, s’ils ont baronnie, et de toutes
les terres qui d’eux sont tenues en notre royaume sans moyen ou par
moyen [directement ou indirectement] hors de ladite ville de Lyon et
des appartenances dedans notre royaume, ès [pour les] cas et ès [pour les]
personnes dont ils ont accoutumé d’avoir les premiers appels, viendront
à nous à tenir et déterminer par nos juges d’appel, là où il nous plaira,
mais que ce soit hors de ladite ville de Lyon et des appartenances et
que ce ne soit en lieu qui soit de la terre ne [ni] du domaine ne [ni] de
la baronnie desdits archevêque, doyen et chapitre, se [si] baronnie ont.
Et avec ce, ledit archevêque pour cause de ladite permutation et
dudit échange et en récompensation des choses qu’il a de nous, nous a
baillé et délaissé [remis] et a trasporté [transféré] et transporté en nous
et en nos successeurs toute la régale, le droit et émolument [revenu] et
profit de régale qu’il tenait de nous et avait en l’Église et en la cité, en
l’évêché et en le diocèse d’Autun, vacant [quand vaque] le siège d’icelle,
excepté l’exercice et les émoluments [revenus] des cours spirituelles
dudit évêché, de laquelle régale nous et nos successeurs devrons user et
userons tout en la manière que nos devanciers ont usé et nous usons de
la régale en l’Église de Paris.
408 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Derechef avec ces choses, nous avons retenu et réservé que nous, nos
gens, nos successeurs et leurs gens, envoyés de nous ou de nos successeurs,
nos baillis de Mâcon qui pour le temps seront et leurs lieutenants pour-
rons entrer en la ville de Lyon en armes et sans armes à tant [avec autant]
de gens comme [que] nous, nos successeurs, nos gens, les gens de nos
successeurs envoyés de nous ou de nos successeurs, nos baillis de Mâcon
pour le temps [à ce moment] et leurs lieutenants voudrons et demeurerons
en icelle, issir hors [en sortir] et retourner en icelle toutes fois et tant de
fois qu’il plaira à nous, à nos successeurs, à nos gens, aux gens de nos
successeurs, à nos baillis, leurs lieutenants et les gens envoyés de nous
ou de nos successeurs ou par ledit bailli ou son lieutenant, toutes fois
que nous aurons guerre, suspicion ou présomption de guerre ou que par
aucune [quelque] autre nécessité le voudrons faire, sans ce que contredit
[contradiction] nous en puisse être fait. Et aurons en tel cas, nous, nos
successeurs, nos gens, les gens de nos successeurs, envoyés par nous ou
par nos successeurs, notre bailli devant dit, son lieutenant ou ceux que
il [lui] ou l’un d’eux y commettrait, s’il plaît à nous, à nos successeurs
ou à eux, la garde et les clés des portes et des fortelesses [forteresses] de
ladite ville, sans ce que nul se puisse entremettre de ladite garde fors que
[à l’exception de] nous, nos gens, nos successeurs ou leurs gens envoyés
par nous ou par nos successeurs, le bailli, son lieutenant dessus-dit ou
ceux qui par eux y seraient commis, tant seulement [uniquement]. Et à
ce, se sont accordés les citoyens de ladite ville, qui les clés dessus-dites
ont en garde. Et tout en autelle manière [de la même manière] aurons
nous, nos successeurs, nos gens, les gens de nos successeurs, les baillis
de Mâcon, leur lieutenants et les gens envoyés à ce par nous, par nos
successeurs ou par eux, les châteaux, les clés et la garde des châteaux que
ledit archevêque et ses successeurs tiendront de nous ou de nos succes-
seurs, c’est à savoir en temps de guerre, de suspicion ou de présomption
de guerre et de toute autre nécessité, desquelles choses il sera cru à nous
et à nos successeurs, à notre-dit bailli et à son lieutenant, simplement,
sans autre connaissance de cause, sauf à ce que notre-dit bailli en sa
création [lors de sa nomination] sera tenu de jurer que ces clés ne [ni]
ces gardes il ne demandera fors [excepté] pour les causes dessus-dites,
sans malice et sans fraude, et autre opposition ne lui en pourra être faite.
Et n’est pas notre intention que par la prise desdites clés, des portes et
des fortelesses [forteresses] soit fait aucun [quelque] préjudice auxdits
ÉPILOGUE 409

archevêque, doyen et chapitre, citoyens et ville en leurs autres droits et


en autres choses qui leur sont par nous octroyées.
Encore est-il accordé [convenu] que si l’archevêque ou ses successeurs
voulaient être désobéissants ou rebelles à nous, à nos successeurs ou à nos
gens, que ja n’advienne [pourvu que cela n’advienne jamais !], le doyen ni
le chapitre ne seraient tenus de le suivre ne [ni] aider et ne l’aideraient en
rien, ains [au contraire], ils seraient tenus d’aider nous et nos successeurs,
nos gens et les gens de nos successeurs en bonne foi et sans fraude, de
tout leur pouvoir, à le contraindre à venir à obéissance à nous et à nos
successeurs, toutes fois qu’ils en seront requis de par nous ou par nos gens
ou par nos successeurs ou leurs gens. Et en autelle manière seront tenus
ledit archevêque et ses successeurs à nous et à nos successeurs aider en
bonne foi et sans fraude de tout leur pouvoir à contraindre lesdits doyen
et chapitre à venir à obéissance à nous et à nos successeurs, s’ainsint
était [s’il arrivait] que lesdits doyen et chapitre fussent désobéissants ou
rebelles à nous ou à nos successeurs, que ja n’advienne. Et si l’archevêque
ou le chapitre ou tous deux ensemble voulaient désobéir ou rebellir [être
rebelles] à nous ou à nos successeurs ou à nos gens, que ja n’advienne, la
ville de Lyon ne [ni] les citoyens ne seraient tenus de les aider en rien et
de rien ne les aideraient, ains [au contraire] seraient tenus d’aider nous
et nos gens et nos successeurs et leurs gens à contraindre les à venir à
obéissance à nous et à nos successeurs, à nos gens et aux gens de nos
successeurs, de tout leur pouvoir, en bonne foi et sans fraude. Et s’ainsint
était que la ville ou aucun [quelqu’un] de la ville de Lyon vousît [voulût]
rebeller [se rebeller] ou désobéir à nous ou à nos successeurs ou à nos
gens ou aux gens de nos successeurs, que ja n’advienne, l’archevêque, le
doyen et le chapitre seraient tenus en la manière dessus devisée [relatée]
d’aider nous et nos gens et nos successeurs et leurs gens à contraindre
les à venir à obéissance à nous et à nos successeurs et à nos gens et aux
gens de nos successeurs, toutes fois qu’ils en seraient requis.
Et est à savoir [il faut savoir] que tous les chanoines de l’église qui
ores sont [sont en place], sitôt qu’ [comme] ils viendront premièrement à
l’église, et de ci en avant [par la suite] tous les autres en leur réception,
jureront singulièrement [individuellement], c’est à savoir les présents
en leurs personnes et les absents qui par procureur seront reçus1 suffi-

1 Corr. pour : « … qui par procureur seront reçus par procureur… ».


410 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

samment [comme il convient], en chapitre en la présence de nos gens,


que ils seront féaux [fidèles] à nous et à nos successeurs rois de France
et qu’ils aideront nous et nos successeurs en bonne foi et sans fraude,
de tout leur pouvoir, à la défense et à l’honneur de nous et de notre
royaume et encontre [contre] toutes personnes et qu’ils rendront et gar-
deront fermement l’accord présent et tout ce qui contenu y est. Et tout
autel [pareil] serment feront l’archevêque qui ores [actuellement] est
et ses successeurs archevêques pour eux, et le doyen qui ores est et ses
successeurs au nom d’eux et du chapitre, auquel doyen et ses successeurs
ou, se [si] doyen n’y avait, à la personne qui aurait la plus grande dignité
en ladite église, le chapitre donne déjà [dès à présent] plein pouvoir et
spécial mandement de ce faire, avec l’hommage et le serment de féauté
[fidélité] qu’ils feront à nous et à nos successeurs. Et ce même serment
avec le serment de féalté [fidélité] seront tenus de faire et feront à nous
se [si] nous sommes présents à Lyon, ou à nos gens en notre absence,
dès ores [dès à présent], tous les citoyens de Lyon et les autres habitants
de la ville de Lyon de quatorze ans et dessus [plus], et à nos successeurs
le feront en leur nouvelleté [avènement] sitôt comme [dès que] ils en
seront requis, et se renouvellera ce serment au temps d’un même roi de
dix ans en dix ans, et est à savoir que les chanoines qui auront fait le
serment dessus devisé [relaté ci-dessus] par leur procureur le feront en
leur personne la première fois qu’ils viendront à l’église.
Et nous et nos successeurs serons tenus de garder et défendre
l’archevêque, le doyen et le chapitre, et les chanoines de l’Église de
Lyon et leurs successeurs, leurs biens et leurs terres et les citoyens de
la ville en la forme et en la manière que nous et nos devanciers avons
accoutumé de garder les prélats, les églises et les personnes et les biens
des églises et des bonnes villes de notre royaume.
Encore est-il accordé [convenu] expressément entre nous et l’archevêque
et le doyen et le chapitre devant-dit que s’il advenait que ces choses, si
comme [comme] elles sont dessus contenues, ne prissent [produisissent]
leur accomplissement et leur effet, ou qu’après qu’elles l’auraient pris
[produit], elles fussent défaites par aucun cas [pour quelque raison], que
les parties et toutes choses retournassent à plein au point et en l’état
qu’elles étaient le premier jour du mois de février qui fut l’année 1319,
non contractant [nonobstant] toute saisine, possession ou teneur que
l’une partie ou l’autre eût eue par vertu de cet accord, auquel cas ledit
ÉPILOGUE 411

archevêque s’établit et confesse soi posséder [qu’il possède] la juridiction


devant-dite et toutes les autres choses baillées à lui par cet accord en
nom de nous par précaire1. Et nous consentons et voulons que au cas
dessus-dit, que ja n’advienne, que nulle confession [reconnaissance] faite
parmi [dans] ce présent accord par lesdits archevêque, doyen et chapitre
leur soit préjudiciable, en tout ne [ni] en partie, et ne puisse justifier
notre fait ne [ni] le leur, plus qu’il était au jour dessus-dit.
Et est à savoir que ces choses accomplies de par nous, lesdits arche-
vêque, doyen et chapitre nous délaissent [remettent] et nous recouvrons
par cause de l’échange dessus-dit toutes les choses qu’ils avaient eues
ou devaient avoir de nous par cause d’une autre permutation çà arrière
[auparavant] faite précédemment entre notre cher seigneur et père et
l’archevêque, le doyen et le chapitre dessus-dit, et nous rendons aussi
à l’archevêque toutes les choses que il [lui] et le chapitre nous avaient
remises qui à eux appartenaient, sauf les choses retenues à l’une partie et
à l’autre en cet accord, en telle manière que tout ce que nous ou nos chers
seigneurs le roi Philippe notre père ou le roi Louis notre frère, nos gens
ou les leurs, avons levées [prises] des choses qui par lesdits archevêque,
doyen ou chapitre nous avaient été baillées, nous demeurent notre quitte
[acquis]. Et nous devons aussi entériner la value [valeur] de la terre que
nous leur devons bailler parmi ladite permutation et échange par tout
le temps de lors en ençà [pour toute la période précédente], sauf ce que
tout ce que l’archevêque, le chapitre ou leurs gens, ou chacun par soi,
en aurait reçu ou levé, en serait rabattu ou déduit.
Et n’est pas l’intention de nous ni de l’archevêque, doyen et chapitre
devant-dits que par les choses qui sont dessus écrites et accordées,
aucune [quelque] nouvelleté [nouveauté], immutation [modification]
ou préjudice soit fait en aucune [quelque] chose ou droit en la sei-
gneurie ni en la justice que le chapitre de Saint-Just dit et maintient
soi avoir pour lui en la ville de Saint-Just et ès appartenances, ne [ni]
au droit que nous y avions avant ladite permutation faite avec notre
devant-dit seigneur et père, soit de garde ou d’autre droiture [justice],
quelle qu’elle soit.

1 La précaire est une vieille institution d’orgine carolingienne qui associait souvent don
et reprise, créant ainsi une superposition de droits ; la réutilisation du mot moyennant
adaptation peut s’expliquer par le contexte : l’évocation par le roi d’un hypothétique
retour à la situation antérieure au traité.
412 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Encore [en outre] se consentent dès maintenant lesdits archevêque,


doyen et chapitre, pour tant comme à chacun touche [chacun pour
ce qui le concerne], que toutes fois où nous ou nos successeurs pour-
rons prochasser [prétendre] que nous ayons la régale de l’Église et de
l’archevêché de Lyon pour [au nom de] celle d’Autun, laquelle ils nous
ont déjà transportée [remise] si comme [comme] dit est, ou par autre
manière, nous l’ayons, tenions et en usions en la manière que dessus est
devisé [relaté], et à ce prochasser nous aideront ils et à nos successeurs
en bonne foi, toutes fois qu’ils en seront requis.
Et se [si] cet échange ne se faisait, cela ne déferait pas l’accord des
autres choses dessus devisées [relatées], ains [au contraire] demeurerait
en sa vertu [en vigueur].
Et pour ce que toutes les choses dessus-dites et chacune d’icelles soient
fermement tenues et gardées perpétuellement sans venir encontre [être
contredites], nous avons fait mettre notre sceau à ces présentes lettres
en témoignage de vérité.
Ce fut fait et accordé à Paris, en l’an de grâce 1320, au mois d’avril.

Source

Paris, Archives nationales, J 268, no 65/4, copie (original perdu ; les


actes no 65/1 et 65/2 sont deux originaux scellés par l’archevêque et le
chapitre, datés du 4 avril 1320 ; l’acte no 65/3 est une copie de l’acte passé
au nom de l’archevêque ; l’acte no 65/5 est un vidimus de l’acte royal
donné par le garde de la prévôté de Paris, d’avril 1320 ; c’est d’après ce
dernier que Ménestrier a procuré son édition, défectueuse, avec plusieurs
contresens ou fautes de lecture). Graphies et ponctuation modernisées.

Bibliographie

Galland, Bruno, Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques


de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe siècle au milieu du
XIVe siècle, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 282), 1994.
Galland, Bruno, « La “réunion” de Lyon à la France », dans Se donner à la
France : les rattachements pacifiques de territoires à la France (XIVe-XIXe siècle),
études réunies par Jacques Berlioz et Olivier Poncet, Paris : École
des chartes (Études et rencontres de l’École des chartes ; 39), 2013, p. 9-29.
INTRODUCTION

par Sylvain Parent et Léonard Dauphant

La réunion de Lyon à la Couronne ne signifie pas son intégration


immédiate au Royaume. Selon le discours officiel qui se structure au
cours du xive siècle, le royaume de France est défini par les frontières des
« Quatre Rivières » héritées du traité de Verdun de 843 : Escaut, Meuse,
Saône et Rhône séparent la souveraineté du Roi de celle de l’Empereur,
qui sont ainsi mises sur le même plan par les juristes français. Cette
théorie contraste avec les réalités du terrain : Lyon est à cheval sur deux
de ces fleuves-limites ; désormais, Saint-Jean est sans conteste dans le
Royaume, mais la situation de la Presqu’île est ambiguë. Pour les Lyonnais,
elle est outre-Saône, donc en Empire, par rapport à Saint-Jean. Pour la
monarchie, elle est en-deçà du Rhône, donc du Royaume, par rapport
au Dauphiné. Surtout, située en marge du Royaume, la ville est encore
en partie sous l’influence de la Savoie et du Dauphiné, principautés
d’Empire dont les seigneurs, moins puissants que le roi, sont bien plus
proches : le comte de Savoie établi en Viennois, le Dauphin à Miribel ou
Vaulx-en-Velin ; tous deux sont bien implantés dans la ville (IV.08.). En
1349-1355, le roi crée un contexte nouveau en achetant le Dauphiné puis
en remodelant la frontière entre le Dauphiné et la Savoie par le traité
de Paris (IV.11.). La Presqu’île est désormais bordée, de l’autre côté du
Rhône, par une principauté où règne la maison de France. La frontière
se réduit désormais à une bande étroite face au comté de Savoie, entre
Caluire et Miribel, mais Lyon devient une porte du royaume : lieu de
passage mais aussi, progressivement, objet d’intérêt pour la monarchie,
qui tente d’utiliser sa fonction de carrefour frontalier (ill. 26).
L’intégration au royaume est contemporaine du début de la guerre
de Cent Ans. Même si la ville n’est pas directement touchée, en ce
sens qu’elle n’est ni assiégée ni pillée au cours de cette période, elle vit
416 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

dans la peur des Grandes Compagnies ou « compagnies d’aventures »,


ces soldats laissés sans emploi après les défaites (Crécy, 1346, Poitiers,
1356) et qui continuent la guerre pour leur propre compte. Venus de
Bourgogne en 1362, les « Tard-Venus » menacent Lyon et écrasent à
Brignais une armée censée les combattre ; leurs bandes menacent encore
les environs de la ville à la fin du règne de Charles V (IV.02.). Comme
dans les autres villes françaises, les consuls montrent un souci constant
de se protéger. L’État royal leur permet de lever les impôts nécessités par
la guerre : payer une partie de l’énorme rançon du roi Jean II (IV.03.),
acheter le départ des pillards, étendre progressivement le système de
fortifications et l’entretenir à grands frais (IV.04.). Dans la région, le
règne de Charles V (1364-1380) permet une pacification durable : la ville
subit encore des alertes (en 1430, les troupes bourguignonnes passent le
Rhône à Anthon), mais ne sera plus directement menacée.
Progressivement, les bourgeois lyonnais se font au poids de la pré-
sence des officiers royaux et à leurs pratiques juridiques, non sans
incompréhensions et tensions (IV.01.). Il faut également souligner la fin
de l’influence de la maison de Savoie sur le siège lyonnais : après Pierre
de Savoie († 1322), aucun des onze archevêques de la période n’est plus
issu de la famille comtale, la visibilité politico-religieuse du comte à
Lyon revêtant d’autres formes, par exemple la fondation d’un couvent
de Célestins en 1407, sur des terrains possédés depuis 1320 (IV.08.).
On trouve au contraire, parmi les archevêques, des familiers des papes
d’Avignon, des officiers du roi de France, et surtout de petits nobles de
la région (cinq issus des familles de Thurey et de Talaru), suivis par les
Bourbons au xve siècle. Lyon tire un intérêt direct de la présence de la
cour pontificale à Avignon au xive siècle, accueillant ponctuellement
des cardinaux (IV.07.). Mais la ville reste loin du roi et des centres du
pouvoir royal. Au xive siècle, le roi ne vient que rarement dans la région :
Charles VI fait exception, avec sa Joyeuse Entrée de 1389 (IV.05.), au
cours de son voyage d’un an vers Avignon et le Languedoc. La guerre
civile entre Armagnacs et Bourguignons (1411-1435) oblige le futur
Charles VII à fuir Paris. Installé dans le val de Loire mais toujours en
voyage, le « roi de Bourges » dessine une nouvelle géographie du pouvoir
dont Lyon est un élément important : il y séjourne six fois. Dépourvue
de Parlement ou de gouverneur, la ville tente aussi de maintenir un
contact direct avec le roi, notamment par les lettres.
LYON, VILLE FRONTIÈRE, VILLE ROYALE 417

Entre 1320 et la seconde moitié du xve siècle, la physionomie de la


cité ne change que très lentement, sous l’action de la commune qui a
désormais entre ses mains le pouvoir qui jadis revenait aux archevêques.
L’espace est très inégalement occupé. Les hauteurs de la colline de
Fourvière, où autrefois la ville romaine s’était développée, sont restées
très largement désertes au cours des siècles précédents, et le demeurent
encore à notre période. En fait, l’habitat se concentre surtout dans les
parties basses, au pied de la colline – dans une mince frange en bor-
dure de la Saône –, et dans une partie de la Presqu’île, globalement
comprise entre les environs de l’actuelle place Bellecour et la place des
Terreaux. Hors de la ville, les rives du Rhône sont plantées de saules et
cultivées. En face de la Presqu’île, à La Guillotière, la ville possède un
brotteau communal, qui fournit le bois aux travaux du consulat (IV.13.).
Au-delà, le paysage des rives est encore formé par la mise en valeur et
l’exploitation péri-urbaine : les Lyonnais se fournissent en bois jusqu’à
Vaulx-en-Velin et Meyzieu, alors en Dauphiné (IV.12.).
Si la cathédrale Saint-Jean continue d’être un point de repère impor-
tant dans la vie des Lyonnais, le cœur de la ville, politique comme
économique, se déplace plus au Nord dans la zone qui va du quartier
du Change à l’église Saint-Nizier, où les consuls se font élire et qui est
vraiment le cœur de la vie municipale (IV.06.). Autre monument de
prestige de la ville : le pont de Saône. Ville fluviale, Lyon vit autour de
ses ponts, qu’elle doit entretenir et qu’elle cherche à mettre en valeur
(IV.10.). Si la ville compte alors de nombreux artisans, dont certains
exercent régulièrement des charges au sein de la commune, Lyon n’est
pas, à cette période, une ville économiquement très dynamique. En
revanche, les tensions sociales montent au cours du xve siècle : comme
dans beaucoup de villes, la répartition très inégalitaire de l’impôt par
les patriciens à leur profit déclenche l’indignation du menu peuple,
notamment lors la « Petite Rebeyne » de 1436, qui tente d’imposer un
contrôle populaire sur les estimes municipales (IV.09.).
Il est difficile pour l’historien d’évaluer le nombre d’habitants que
pouvait compter la ville à cette époque, faute de sources précises – il ne
s’agit pas là d’une spécificité lyonnaise et les historiens sont confrontés à
de semblables difficultés pour de nombreuses autres villes du Royaume.
En croisant les informations disponibles, Jacques Rossiaud estime que
la ville pouvait alors compter, dans la première moitié du xive siècle,
Ill. 26 – Lyon aux frontières du Royaume au xve siècle.
© 2013 L. Dauphant / adaptation NB : K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
LYON, VILLE FRONTIÈRE, VILLE ROYALE 419

entre 15 000 et 18 000 habitants. Alors qu’elle ne fait déjà pas preuve
d’un grand dynamisme démographique, la ville est touchée de plein
fouet par la Grande Peste qui atteint une grande partie de l’Occident à
partir de 1348. Les historiens estiment que le fléau décime alors entre un
tiers et la moitié de la population. Les épisodes pesteux récurrents (1361,
vers 1380, 1410), ne font qu’affaiblir un peu plus la ville : la décroissance
continue peut-être dans les décennies 1430-1440 et il faut attendre les
années 1450 pour constater vraiment une reprise démographique, en
partie grâce à l’immigration.
Lyon semble être restée longtemps, pour reprendre la formule de
Jacques Rossiaud, « une ville frileuse à l’intérieur d’une enceinte deve-
nue bien trop vaste pour ses quelques milliers d’habitants ». Après la
guerre de Cent Ans, la prospérité retrouvée permet à Lyon de réaliser
les grandes ambitions économiques que l’État royal nourrit pour elle.
Pour Louis XI, Lyon, ville-frontière qui vit de l’accueil des étrangers,
a une vocation de carrefour commercial, porte ouverte du Royaume
sur l’extérieur, et d’abord l’Italie. Les privilèges des foires, dont la
série débute dès 1420, et l’installation des banquiers italiens sont ainsi
destinés à détourner les flux commerciaux des foires de Genève, alors
en Savoie. En 1490, Charles VIII fait son premier grand séjour en ville
avant d’aller conquérir Naples. Prospère et de plus en plus peuplée, Lyon
devient alors, avec Paris et Tours, une des trois capitales du Royaume,
celle qui est liée aux intérêts italiens.
LYON ET LE POUVOIR ROYAL
AU TEMPS DE LA GUERRE DE CENT ANS

IV.01. DOLÉANCES, COUTUMES ET DROIT :


LES COMMISSAIRES-RÉFORMATEURS (1319 ET 1347)

Document présenté et traduit par Gisela NAEGLE

Présentation

Philippe VI, roi des Francs, constate qu’il a reçu, dûment scellées, deux
lettres des trois commissaires-réformateurs – Pierre, prieur de La Charité,
Jean de Forgetes, archidiacre de Brie, et Thomas de Marfontaines, che-
valier – qui ont été envoyés à Lyon. Ces deux lettres, distinctes mais
datées l’une et l’autre du 31 juillet 1319, contiennent les dispositions
des commissaires sur les doléances des citoyens de Lyon, qui concernent
particulièrement leurs relations avec les officiers royaux. En avril 1347,
les deux textes sont confirmés par le roi sous réserve des droits des tiers.
Les lettres sont passées, signées et scellées avec la mention latine « de par
le roi », en la présence de Gérard Quiéret et « en l’absence des autres ».
Les plaintes des Lyonnais reflètent la situation particulière de la ville,
dont le consulat fut accepté par l’archevêque en 1320, mais qui n’obtint
pas de compétences judiciaires pour ériger ses propres tribunaux. Au cours
des siècles, il y eut de nombreux conflits de juridiction et des luttes de
pouvoir entre les juges et les officiers royaux et épiscopaux, et la ville fut
contrainte de trouver sa place parmi plusieurs pouvoirs rivaux. S’insérant
dans ce cadre général, le texte montre les tentatives des citoyens de Lyon
de défendre leurs coutumes locales. En même temps, tout en élargissant et
en défendant leurs privilèges, les habitants essayent d’obtenir la protection
des officiers royaux contre les tiers. Les problèmes évoqués sont typiques
422 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de ce genre de doléances urbaines. On les retrouve pour d’autres villes :


des enquêtes des officiers royaux jugées trop envahissantes, des résistances
contre les procédures « d’office », des frais de sceaux et de justice jugés
trop élevés par la population, des préoccupations économiques (Lyon
veut exporter des étoffes de laine), le débat sur la procédure à suivre pour
les testaments et inventaires après décès et, finalement, la question de
la poursuite judiciaire appropriée de l’adultère. À Lyon comme ailleurs,
la poursuite et la punition de ce délit furent particulièrement sujettes à
des débats et des variations dans le temps. Dans ce contexte, la notion de
« flagrant délit » joue un rôle important. En même temps, du point de
vue de l’histoire du droit, ces doléances lyonnaises sont un témoignage
précieux des progrès de l’introduction de la procédure inquisitoire et de
la réception du droit romano-canonique, ainsi que des relations complexes
entre droit écrit et coutumes.

Document

Et premièrement, sur le premier point, c’est-à-dire que le juge ordi-


naire enquête de tous côtés et d’une façon indifférenciée, sur tous les
crimes sans accusateur ou dénonciateur qui aurait engagé légitimement
des poursuites, comme il correspondrait à la coutume desdits citoyens,
comme ils disent, et attendu qu’il devrait seulement faire une enquête
en cas de crimes de vol, homicide et trahison et non pas en d’autres, si ce
n’est sur dénonciation ou accusation, comme dessus, et que, jusqu’alors,
aucune personne n’a été diffamée, nous avons ordonné que les témoins
seraient reçus au sujet de la coutume susdite ; une fois ces témoins reçus,
après leurs dépositions, nous avons publiées celles-ci et nous devons
porter les attestations avec nous à notre seigneur le roi, afin qu’il les
fasse inspecter et décider ou qu’il pourvoie sur ladite coutume, comme
il voudra le faire.
Item, au sujet du procureur du roi, que lesdits bourgeois demandent
d’éloigner de la ville de Lyon, nous ordonnons et avons prévu que la
disposition sur son éloignement sera remise au roi ; cependant, entre-
temps, ledit procureur ne fera faire aucune enquête, si ce n’est celles que
le sénéchal lui aurait ordonné de mener à l’extérieur de la cité de Lyon,
et il ne traitera pas d’autres causes au nom du roi dans la cité de Lyon,
si elles ne concernent pas le patrimoine ou l’héritage royal.
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 423

Item, à propos de la plainte qu’ils disent qu’ils ont l’intention de


produire contre ledit Boileau, citoyen de Lyon, au sujet d’une enquête
qui fut faite contre lui ex officio, et sur laquelle le juge mage ne voulait
pas donner de sentence, nous avons ordonné audit juge mage qu’il fasse
justice au sujet de cette cause.
Item, à propos d’une amende d’Henri de Divion, qui avait été
condamné à payer une certaine quantité d’argent, nous avons transformé
ladite peine pécuniaire en un pèlerinage à Sainte-Marie du Puy.
Item, au sujet des laines à propos desquelles les citoyens se plaignent
que les gens du roi ne leur permettent pas de les exporter hors de Lyon,
bien qu’elles soient des laines de basse qualité destinées à faire des étoffes
grossières, nous avons ordonné que nous en parlerions au roi.
Item, sur le fait qu’ils se seraient plaints que le sénéchal et quelques
autres officiers du roi les citent quelquefois à Paris, nous avons interdit
qu’il en soit fait ainsi, si ce n’est à la demande du roi ou par ses lettres.
Item, sur le fait qu’ils se plaignent qu’ils sont mal protégés et mal
défendus par les officiers du roi contre les injures qui leurs sont faites
par les étrangers, nous avons enjoint audit sénéchal qu’il les défende
énergiquement et avec courage comme il convient.
Item, au sujet d’un homme qui a provoqué un incendie dans le
Royaume, nous avons prévu et ordonné que le sénéchal procède dans
cette affaire.
Item, au sujet d’un homme appelé Muaus et de Jean Bonard, dont
l’un fut attaché toute une journée à un arbre du côté de Miribel et l’autre
gravement battu, nous avons pourvu à ce que le sénéchal enquêterait
et punirait comme il conviendra.
Item, sur le fait qu’ils se sont plaints que le sénéchal et d’autres offi-
ciers royaux font rédiger par des messagers les ouvertures de testaments,
les inventaires après décès, les tutelles et autres documents, nous avons
ordonné que lesdits citoyens puissent faire rédiger lesdits documents par
des notaires royaux, pourvu qu’il soient cependant dignes de confiance
et idoines.
Item, sur le fait qu’ils se plaignent que si un citoyen en faisait citer
un autre, et qu’ils aient déjà conclu une paix avant d’aller devant le juge
et si, dans ce cas, celui-ci veut admettre une plainte, nous interdisons
que cela ait lieu, parce que cela ne fut pas fait en d’autres occasions.
424 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Item, ils se plaignent que, quand quelqu’un se prépare à comparaître


en justice, s’il n’a pas été arrêté pour crime d’homicide, trahison ou
vol ou pour un autre grave délit, les officiers royaux ne veulent pas
l’élargir, bien qu’ils affirment que selon la coutume de la ville ils doivent
l’élargir dans de tels cas : nous avons ordonné et pourvu à ce que le
droit et la coutume de la patrie soient observés.
Item, pour le cas de l’épée pointée sur quelqu’un mais qui n’est pas
utilisée pour frapper, nous avons ordonné que dans ledit article le droit
soit observé si on ne trouve pas le contraire dans la coutume.
Item, sur le fait qu’ils se plaignent qu’à la cour royale le chancelier,
le prévôt et quelques autres officiers du roi prennent quelquefois parti
contre les citoyens, nous avons interdit qu’à l’avenir cela se produise.
Item, nous avons décidé que les biens des citoyens de Lyon qui seraient
pris injustement par quelqu’un, où qu’ils se trouvent, seront d’abord
réclamés, et qu’ensuite si les détenteurs ne veulent pas les rendre, le
sénéchal devra procéder à leur récupération d’une façon énergique.
Item, si des citoyens de Lyon se battent sans qu’il y ait effusion de
sang ou bien se portent d’autres coups graves, et qu’après cela il n’est
pas d’usage de porter plainte à la cour du roi, que la plainte et l’amende
ne soient pas levées.
Item, sur le fait qu’ils se plaignent qu’ils font quelquefois des procla-
mations sous une peine plus grave que celle qui aurait dû être prononcée
selon les coutumes de la cité, nous avons interdit qu’il en soit ainsi fait
si cela n’a pas été observé jusqu’alors.
Item, nous avons prévu ou ordonné que quand des gages sont vendus
aux enchères, une fois la vente à l’encan faite dans les règles, l’argent
est déposé là où les parties voudront se mettre d’accord ; si elles ne
parviennent pas à se mettre d’accord, que la somme soit déposée par le
juge chez un citoyen honnête.
Item, ils se plaignent qu’on prenne quatre deniers pour le sceau de
la sénéchaussée et quatre autres deniers pour les écrits ; on parlera de
cela avec notre seigneur le roi.
Item, ils se plaignent que les notaires du roi prennent trop pour les
écritures, grevant ainsi lourdement sur ce fait lesdits citoyens ; nous avons
décidé que les ordonnances royales éditées sur ce sujet seront observées
d’une manière inviolable.
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 425

Item, nous avons interdit qu’un citoyen de Lyon soit reconnu comme
adultère à moins qu’il n’ait été découvert nu ou qu’il ait été pris en train
de commettre ce délit.
Item, au sujet de la reconnaissance du sceau royal, au cas où quelqu’un
s’est obligé sous le sceau royal de Lyon et que le comte de Forez et le
seigneur de Beaujeu s’efforcent d’avoir la connaissance et que certains
disent qu’ils ont un privilège royal à cet effet, ce qui est au grand préjudice
des citoyens et du sceau, on parlera de cela avec notre seigneur le roi.
Item, nous avons interdit que d’autres exceptions soient admises
contre les lettres royales, sauf en cas de faux, de quittance ou de paiement
complet, parce qu’il n’est pas d’usage que les autres exceptions soient
admises contre ledit sceau.
Item, nous avons interdit que les officiers royaux obligent certains
héritiers à recevoir des quittances de testaments, sauf s’ils le veulent.
Item, en ce qui concerne la taxation des écritures faite par le sénéchal,
à savoir combien les notaires doivent recevoir, elle est à observer de la
même manière pour les citoyens de Lyon.
Item, lesdits citoyens se plaignent que le garde des sceaux ou le chan-
celier prennent une trop grande quantité d’argent pour les ouvertures
de testaments. Nous avons été informés sur ce point par des personnes
dignes de confiance et nous avons vu qu’il est de coutume qu’ils reçoivent
de ces gens-là une participation raisonnable et modérée ; c’est pourquoi
nous avons décidé et prévu qu’il serait fait comme cela a été fait jusqu’à
présent, mais sans faire d’excès ; toutefois, nous intercèderons chez le
roi notre seigneur pour que ladite recette, dans la mesure du possible,
soit modérée.
Item, nous avons prévu et décidé que, quand un denier de Mâcon
est reçu pour le sceau, dans la cité de Lyon on prendra seulement une
obole aux citoyens, et cela dans les contrats des débiteurs ; pour les
ventes aussi bien des possessions que des biens immobiliers on prendra
un denier entier par livre.
Item nous avons ordonné et enjoint audit sénéchal et aux autres
officiers du roi qu’ils observent et gardent les autres coutumes, usages,
libertés et franchises observés de manière inviolable jusqu’à présent, et
nous ordonnons que toutes les choses évoquées ci-dessus soient observées
de manière inviolable par le sénéchal et les officiers du roi. […] Donné
426 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

dans la maison de Saint-Antoine de Lyon, le dernier jour de juillet,


l’année du Seigneur 1319.
[…]
Item […] sachez que nous avons interdit au sénéchal de Lyon qu’il
fasse ou permette de faire – en vertu exclusive de son office dans la
ville de Lyon – des enquêtes contre des citoyens de ladite ville au sujet
de crimes, sauf dans les cas d’homicides, de vol ou de trahison, et ce
jusqu’à ce que notre seigneur le roi en ait décidé autrement sur les choses
susdites, à l’exception des crimes notoires et des présents forfaits, outre
les crimes mentionnés ci-dessus.
Item, le procureur royal ne fera faire aucune enquête contre les citoyens
de cette même cité, jusqu’à ce que ledit seigneur roi ordonne sur lesdites
affaires, excepté selon ce qui est contenu dans d’autres ordonnances qui
lui sont transmises par nos soins.
Item, qu’il n’y ait pas de bannissements, sinon dans les affaires cri-
minelles, si ce n’est dans des cas dans lesquels ils doivent être prononcés
selon la coutume et le droit.
Donné sous nos sceaux à Lyon, le dernier jour de juillet, l’année du
Seigneur 1319.

Source

Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude Guigue,


Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique et
archéologique de Lyon), 1876, no CXLIII, p. 341-344. Traduit du latin.

Bibliographie

Caillet, Louis, Étude sur les relations de la commune de Lyon avec Charles VII
et Louis XI, 1417-1483, Lyon : Alexandre Rey / Paris : Auguste Picard
et fils (Annales de l’université de Lyon. II : Droit, Lettres ; 21), 1909.
Fédou, René, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Âge : étude sur
les origines de la classe de robe, Paris : Les Belles Lettres (Annales de
l’université de Lyon. Lettres ; 37), 1964.
Gonthier, Nicole, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval
de la fin du XIIIe siècle au début du XVIe siècle, Paris : Arguments, 1993.
Naegle, Gisela, Stadt, Recht und Krone : französische Städte, Königtum
und Parlement im späten Mittelalter. Teilband 1 : Stadt und Krone im
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 427

späten Mittelalter et Teilband 2 : Fallstudien : städtische Prozesse vor dem


Parlement von Poitiers, Husum : Matthiesen Verlag (Historische Studien ;
468 :1-2), 2002, t. 1, p. 280-307 ; t. 2, p. 561-571 et p. 670-680.

IV.02. LA PRÉSENCE RÉCURRENTE DES COMPAGNIES D’AVENTURE


DANS LE LYONNAIS PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS (1378)

Document présenté et traduit par Marine BLOSTIN

Présentation

Rédigeant en 1378 un compte des dépenses effectuées par la ville


de Lyon pour ses fortifications et sa garde entre 1351 et 1370, un clerc
justifie les frais engagés par la ville en énumérant tous les fléaux auxquels
le Lyonnais fut confronté sur cette période. En dépit de l’exagération
de l’auteur, ce document, qui est tout autant narratif que comptable,
indique que la ville de Lyon fut confrontée à la présence récurrente dans
son proche voisinage des compagnies d’aventure à partir de 1356. Jusqu’à
cette date, Lyon et le Lyonnais étaient restés relativement à l’écart de
la guerre. La prospérité de la ville, liée au commerce, se maintint plus
longtemps que dans d’autres régions du Royaume. C’est cette même
prospérité qui attira progressivement les routiers des régions voisines
– notamment l’Auvergne, où ils étaient très nombreux, et le Midi, où
les villes résistèrent – forçant les compagnies à prendre la direction du
Nord. Ce n’est qu’entre 1368 et 1370 que les compagnies quittèrent pro-
gressivement le Lyonnais. L’accumulation des fléaux dus aux compagnies
et mentionnés par l’auteur du compte peut donner l’impression que
Lyon et son espace proche furent ravagés sans cesse durant ces années.
Dans les faits, des phases de très fortes tensions liées à la présence des
compagnies – bataille de Brignais en 1362, prise d’Anse en 1365 –,
alternent avec des phases d’apaisement – départ puis mort en 1366 du
chef de compagnie Seguin de Badefols. La présence des compagnies se
manifeste par une insécurité très importante et par la levée régulière de
sommes pour fortifier la ville ou pour acheter le départ des chefs ennemis
428 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et de leurs troupes. Le manque à gagner pour la ville est considérable,


sa prospérité en est fortement atteinte.

Document

Ce sont les causes et raisons pour lesquelles les conseillers, bourgeois


et habitants de la ville de Lyon ont fait les guets, échauguettes, arrière-
guets, à pied et à cheval, et garder les portes, dont dépense est fait
mention ici à cause de la garde et de la défense de ladite ville.
Pour des guets, échauguettes, arrière-guets de vingt-deux ans :
127 875 francs.
Item, pour les gardes des portes de cette période : 13 500.
Pour total : 141 375 francs.
Et premièrement, que l’an 1356, vers la Saint-Michel, fut pris le roi
Jean, que Dieu absolve, dont il s’ensuivit que l’an 1357 le roi d’Angleterre
chevaucha avec une grande armée à travers plusieurs régions du royaume
de France et vint jusqu’en Bourgogne.
Item, cette année-là commencèrent les compagnies, dont vinrent au
pays d’Auvergne et de Forez, proche du Lyonnais, celles du Poursuivant
d’Amour et d’Alle de Buet, qui furent sur ledit pays avec grande quantité
de gens d’armes trois ans durant.
Item, l’an 1361, pendant le carême, furent pris par les compagnies le
château de Brignais, à deux lieues de Lyon, et le château de Rive de Gier,
à quatre lieues de ladite ville, qui sont aux gens d’Église de ladite ville.
Item, l’an 1363, messire Seguin de Badefols prit la ville de Brioude,
à quinze lieues de Lyon, et il vint avec ses gens loger à Savigny, qui est
à quatre lieues de Lyon ; il y demeura durant plusieurs jours, jusqu’à
ce qu’il fût convenu qu’il pacifie le pays et qu’il le quitte contre une
grande somme d’argent qu’on lui donna.
Item, l’année suivante 1364, ledit messire Seguin, accompagné d’une
grande quantité de gens d’armes, prit la ville d’Anse, à quatre lieues de
Lyon, qui est des gens d’Église de ladite ville, et la tint près d’un an,
avant de la quitter en échange d’une grande somme d’argent que lui
donnèrent les gens du pays.
Item, l’an 1366, Bernard de La Sale et messire Bertucat d’Albret
s’établirent au pays de Forez et d’Auvergne, où ils prirent une grosse
forteresse appelée Marcilly, et ils demeurèrent en Forez et en Auvergne
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 429

environ trois ans, puis ils quittèrent ce pays à cause d’un traité et accord
qui fut fait avec eux par les gens dudit pays à grands frais.
Item, quittant ce pays, ils s’établirent en Lyonnais et en Mâconnais
vers l’an 1370, au temps où monseigneur de Berry y était lieutenant du
roi et aussi comte de Mâcon. Et alors un traité et accord fut fait avec eux
par ordre et volonté dudit monseigneur de Berry afin qu’ils quittent ledit
pays de Lyonnais et de Mâconnais en échange d’une certaine somme de
deniers qui leur fut donnée par lesdits pays.
Item, il y eut plusieurs autres passages des gens des compagnies,
qui traversèrent ledit pays si souvent et en si grand nombre que c’est
grande pitié à entendre.
Et pour les causes et raisons susdites, il apparaît clairement que
toutes les charges, dépenses et frais que les susdits conseillers, bourgeois
et habitants de ladite ville de Lyon ont supportées, ou du moins la plus
grande part, sont dues à la mauvaise mise en défense des forteresses et
châteaux desdits gens d’Église.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 190, Taxes communales (1361-1378),


fo 25 vo-fo 26 vo. Traduit du franco-provençal, d’après la transcription
effectuée par Cécile Nivelon dans son mémoire de recherche en histoire
médiévale (Université Jean-Moulin–Lyon 3, septembre 2008), p. 89-93.

Bibliographie

Colombet-Lasseigne, Claude, Les hommes et la terre en Forez à la fin du


Moyen Âge : la seigneurie rurale face aux crises des XIVe et XVe siècles, Saint-
Etienne : Publications de l’université de Saint-Etienne (Bibliothèque
du CERHI [Centre de recherche en histoire de l’université de Saint-Étienne] ;
4), 2006.
Guigue, Georges, Récits de la guerre de Cent Ans : les Tards-Venus en
Lyonnais, Forez et Beaujolais, 1356-1369, Lyon : Vitte et Perrussel, 1886.
430 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

IV.03. LES LYONNAIS ET LA RANÇON ROYALE (1361-1363)

Documents présentés et transcrits par Marine BLOSTIN

Le lundi 19 septembre 1356, les armées françaises perdirent la bataille


de Poitiers contre les troupes anglaises du Prince noir. La déroute mili-
taire, qui rappelle celle de Crécy dix années plus tôt, se doublait cette
fois-ci d’un désastre politique : cerné de toutes parts, le roi Jean II s’était
rendu aux Anglais. Les négociations en vue de la libération du roi contre
rançon furent longues et difficiles. Elles aboutirent le 8 mai 1360 à la
signature du traité de Brétigny qui fixa le montant de la rançon royale
à trois millions d’écus d’or à payer en plusieurs versements. Restait
maintenant à organiser la levée des fonds nécessaires au paiement de
cette rançon. Le 5 décembre 1360, l’ordonnance de Compiègne mit en
place trois aides indirectes pour le financement de la rançon. Il s’agissait
d’une gabelle sur le sel, d’un treizième sur le vin et enfin d’une taxe
sur les marchandises.
Comme les autres habitants du royaume, les Lyonnais furent sommés
de lever ces aides. Ils entreprirent toutefois très rapidement des démarches
pour les faire annuler et verser à leur place une cotisation fixe annuelle, une
composition (IV.03.a.). Cette démarche reflète le dynamisme commercial
et économique de la ville : il n’était rentable d’annuler les aides indirectes
au profit d’un tribut fixe que si les aides avaient de fortes chances de rap-
porter plus que le tribut, si élevé soit-il. En acceptant l’offre des habitants
de Lyon, le roi Jean témoigna de la confiance qu’il leur portait. Parmi les
cinq villes du royaume ayant remplacé les aides par un tribut fixe – Lyon,
Mâcon, Boulogne, Arras et Lille –, la composition des Lyonnais est de loin
la plus élevée. Par comparaison, le tribut payé par les Lillois était inférieur
de mille florins. Ce montant élevé peut être interprété comme une preuve
supplémentaire de la prospérité de la ville, mais aussi comme un effort
consenti afin de se distinguer par rapport aux autres villes. Saisissant
l’occasion d’un bref séjour de Jean II dans leur ville à l’automne 1362, les
Lyonnais augmentèrent de mille florins leur composition annuelle, pour-
tant déjà très élevée. Le roi Jean rédigea dans les jours suivants des lettres
patentes confirmant cette augmentation (IV.03.b.). Destinée à remercier le
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 431

souverain d’honorer la ville de sa présence, cette augmentation est aussi


un geste de munificence ayant pour objectif de montrer au roi les efforts
généreusement consentis par sa bonne ville pour le paiement de sa rançon.
Les deux premiers documents présentés (IV.03.a. et IV.03.b.) sont issus de
l’inventaire Chappe consultable aux Archives municipales de la ville de
Lyon. Il s’agit d’un inventaire réalisé par Marc-Antoine Chappe, archiviste
de la ville entre 1746 et 1781. Sa consultation est relativement complexe
car Marc-Antoine Chappe a opté pour un classement par thème et il n’y a
pas de cote de rangement associée.
En plus du tribut versé chaque année, les Lyonnais s’acquittèrent en 1363
d’une taille pour le paiement de la rançon royale. Le registre concernant
la levée de cette taille est aujourd’hui conservé aux archives municipales
de Lyon. Il s’agit du premier compte complet conservé, qui constitue par
ailleurs un témoignage de l’attachement des Lyonnais à la figure royale
dans la seconde moitié du xive siècle. Contraints de payer une taille pour
participer au financement de la rançon de Jean II le Bon, les chefs de feux
s’exécutèrent massivement. En effet, seuls neuf d’entre eux, sur mille cinq
cent quarante, ne s’acquittèrent pas de l’impôt. Le registre se compose de
deux parties : il y a tout d’abord une liste du montant payé par chaque
chef de feu (IV.03.c.), puis une liste présentant l’estimation du capital des
mêmes individus (IV.03.d.). Les deux listes sont organisées selon la logique
suivante : la ville est divisée en sept bannières – il s’agit d’une division
militaire –, qui comprennent elles-mêmes plusieurs pennons. Ces pennons
correspondent à différents quartiers de la ville, leurs limites précises nous
sont aujourd’hui inconnues. Des notables avaient la charge des pennons
et des bannières. Les deux extraits ont été choisis de façon à illustrer les
deux parties du registre. Ils concernent le pennon dont un nommé Tevenin
Peyrolet était responsable. Ce pennon relevait de la bannière Saint-Paul,
située à proximité de l’église du même nom. Un tableau récapitule ensuite
le nombre de chefs de feux et le montant total payé pour chaque pennon.
IV.03.A. LA MISE EN PLACE DE LA COMPOSITION LYONNAISE

Document

Lettres patentes du roi Jean écrites en latin données le 10 juin 1361 et


adressées à ses Trésoriers de Paris, portant qu’ils eussent à tenir quittes
432 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

les citoyens de Lyon du subside de 12 deniers, du 5e sur le sel et du 13e


des vins moyennant la finance de 4 000 florins qu’ils étaient convenus
de payer pour la rançon de sa majesté, lesdites lettres signées per regem
ad relationem consilii et Varreau et scellées.

Source

Lyon, Archives municipales, Inventaire Chappe, volume II, « Le roi Jean


prisonnier en Angleterre », folios 176 et 177. Graphies et ponctuation
modernisées.
IV.03.B. UN GESTE DE MUNIFICENCE DE LA PART DES LYONNAIS

Document

Lettres patentes du roi Jean écrites en latin données à Lyon le 6 9bre


1362 signées sur le repli per regem ad relationem consilii, fermées et scellées
du grand sceau en cire jaune par lesquelles sa Majesté recouvrit que les
citoyens de Lyon ont augmenté de 1 000 florins la somme qu’ils avaient
ci-devant promis de payer pour sa rançon et ordonne à ses Trésoriers
sur le fait des subsides pour sa rançon et au bailli de Macon de les tenir
quittes de tous subsides.

Source

Lyon, Archives municipales, Inventaire Chappe, volume II, « Le roi Jean


prisonnier en Angleterre », fo 179. Graphies et ponctuation modernisées.
IV.03.C. LA TAILLE DE 1363 POUR LA RANÇON ROYALE : LES MONTANTS PAYÉS

Document

El penon Stevenon Peyrolet


Pero Bacunet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I fran I quart
Johan Bergier affanour (manœuvre). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III gros
Li Mycanna affanares. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III gros
Johennous li Frenos affaneurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III gros
Li Bres affanares. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III gros
Bertholomers Chalos peschares (pêcheur). . . . . . . . . . . . . . . . fran demie
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 433

Vincens Gruars peschares. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fran I tiers


Johan Ganaing clerc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . fran demie
Symon Blan. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I fran et demie
Joffreys l’affanour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III gros.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 59, Taxes perçues au nom du roi (1363),


fo 2 ro. Transcrit du franco-provençal.
IV.03.D. LA TAILLE DE 1363 POUR LA RANÇON ROYALE : LES ESTIMATIONS

Document

Suet li penin Tevenin Perolier 


Pero Bacunet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XX gros
Bergier l’afanour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IIII gros
Lamarguisa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI gros
Nodint lo peletier (le pelletier) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .IIII gros
Bertolome Chalot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . X gros
Lo Bret afanou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IIII gros
Vincent Gruart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VIII gros
Juhenin Danfreno . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IIIIC florins

Source

Lyon, Archives municipales, CC 59, Taxes perçues au nom du roi (1363),


fo 26 ro.
434 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

IV.03.E. TABLEAU RÉCAPITULATIF

Document

Nombre Somme
Bannière Pennon de chefs totale
de feux (en francs)
Pennon Johan de la Tybanderi 38 37

Bannière Pennon Thevenin Peyrolet 89 67


Saint-Paul Pennon Barthélemy de Molon 81 84
Pennon Pierre de Saint-Trivier 71 74
Penon Peron Larmeour 84 59
Bannière du Palais
Pennon Monet Larmayour 46 46
PennonPierre Faure 95 67
Bannière G.
Pennon Jaquemet Michon 129 51
Chevrier
Pennon Odet Durant 74 38
Pennon Thevenin Bacuvier 85 80
Bannière M.
Pennon Perrenin de Belors 64 54
Chaponay
Pennon Jehan du Vergier 90 100
PennonHumbert de Charentay 120 52

Bannière P. de Pennon Guillaume Piquot 48 49


Nièvre Pennon Mathieu de Fuer 56 64
PennonMathieu Chenever 73 58

Bannière Pennon Johan Jacquet le Vieux 81 46


Saint-Vincent Pennon Salandrin 59 32
Bannière
Bannière Saint-Georges 138 85
Saint-Georges
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 435

Source

Tableau mis en forme d’après Lyon, Archives municipales, CC 59, Taxes


perçues au nom du roi (1363).

Bibliographie

Favier, Jean, Finance et fiscalité au bas Moyen Âge, Paris : Société d’édition
d’enseignement supérieur (Regards sur l’histoire ; 15), 1971.
Gonthier, Nicole, Lyon et ses pauvres au Moyen Âge (1350-1500), Lyon :
Éditions L’Hermès (Les Hommes et les Lettres. Documents ; 6), 1978.
Henneman, John Bell, Royal taxation in fourteenth-century France : the
captivity and ransom of John II, 1356-1370, Philadelphia : American
Philosophical Society (Memoirs of the American Philosophical Society ;
116), 1976.
Mouradian, Georges, La rançon de Jean II le Bon, thèse soutenue à
l’École des chartes, Paris, juin 1970.

IV.04. L’ENTRETIEN DES FORTIFICATIONS (1359-1394)

Documents présentés et traduits par Sylvain PARENT

Présentation

À partir du xiiie siècle, la ville commence à se doter d’un système


défensif (voir ill. 27). À l’image de la muraille qui protégeait le cloître de
Saint-Just, une ligne de défense crénelée haute d’une dizaine de mètres
est construite dans la Presqu’île au pied de la colline Saint-Sébastien :
les fossés de la Lanterne. Cet ouvrage fut complété au xive siècle et au
début du xve siècle. Sur la rive droite de la Saône, l’un des points défensifs
les plus importants était constitué par le château de Pierre-Scize, qui
dominait la rivière ; confiée au xive siècle à un gouverneur, sa garde était
assurée par une petite garnison composée d’une douzaine d’hommes. La
grande période de renforcement du système défensif reste le xive siècle,
dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Dans les années 1360 en effet,
436 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

le château est intégré dans l’enceinte de la ville récemment construite


sur la colline de Fourvière, également appelée enceinte de la Retraite,
qui courait sur environ mille huit cents mètres. Enfin, pour améliorer
la protection de la ville, on construisit dans ces mêmes années une
muraille qui longeait le Rhône et reliait la zone des Terreaux à celle des
Cordeliers. Le financement de la construction et de l’entretien de ces
murailles constitua une préoccupation constante des autorités munici-
pales. C’est ce que montrent les textes choisis pour ce dossier. Le premier
(IV.04.a.), daté du 30 janvier 1359, présente quelques-unes des clauses
établies dans le cadre des conventions passées entre les commissaires
délégués du consulat et du clergé de Lyon et Jean de Remacin, maître de
l’œuvre de Saint-Jean, et son associé, au sujet des réparations à faire aux
fortifications de la ville. Mais l’entretien des murailles constitua toujours
un problème épineux et les textes suivants insistent sur la difficulté à
trouver les ressources nécessaires au financement de ces ouvrages auprès
de l’ensemble des populations : ainsi, le 4 décembre 1368, le parlement
de Paris donne commission aux capitaines et juges du ressort de Lyon et
au bailli de Saint-Gengoux1 pour contraindre tous les ecclésiastiques à
participer pour un cinquième, chacun dans la proportion des biens qu’il
possède à Lyon, aux frais de fortification et de garde (IV.04.b.). Mais il
est intéressant de constater que la communauté juive de Lyon fut égale-
ment particulièrement visée et que les bourgeois de la ville transmirent
leur plainte au roi à ce sujet : le 27 septembre 1364, le roi de France
s’adresse au bailli de Mâcon afin qu’il contraigne les juifs qui résident à
Lyon à contribuer aux frais engendrés par la mise en défense de la ville
(IV.04.c.). Il faut croire que ces demandes ne furent pas suivies des effets
escomptés car, entre les années 1360 et 1390, plusieurs lettres royales
viennent rappeler les obligations des juifs à l’égard de la communauté
lyonnaise : la dernière lettre (IV.04.d.), datée du 29 juillet 1394, qui
dénonce sans nuance l’attitude d’une communauté juive qui profiterait
de la protection des murailles grâce à l’argent des chrétiens, est expé-
diée quelques semaines seulement avant le décret d’expulsion définitive
des juifs du royaume de France, le 17 septembre. Si les juifs de Lyon
n’avaient pas été directement affectés par les mesures de bannissement
prises par le roi Philippe IV en 1306, puique leur ville n’appartenait
1 Le siège du bailli de Mâcon fut transféré à Saint-Gengoux – auj. Saint-Gengoux-le-National
(Saône-et-Loire) – entre 1359 et 1372, puis de 1424 à 1435.
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 437

pas encore à son royaume, si même on les vit figurer marginalement dix
ans plus tard au couronnement pontifical de Jean XXII (III.15.) – les
successeurs de Philippe le Bel ayant d’ailleurs laissé des juifs se réinstaller
progressivement jusque dans leur capitale –, leur résidence à Lyon serait
désormais irrévocablement interdite jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
IV.04.A. UNE CONVENTION AU SUJET DE LA RÉPARATION
DES FORTIFICATIONS (1359)

Document

Qu’on rédige de la part du roi et de la curie lyonnaise de bonnes et


fiables lettres selon lesquelles les vénérables hommes Jean de Talaru, cha-
noine et custode de l’église Saint-Jean, Pierre de Viris, chanoine et maître
de chœur de l’église Saint-Just, Aynard de Villeneuve et Jean de Neyvre,
citoyens lyonnais, commissaires généraux députés pour les réparations
à faire aux remparts et aux murs de la cité au nom de la communauté
de Lyon […], d’un côté, et de l’autre maître Jean de Remacin, maître
de l’œuvre de l’église de Lyon, et Guillaume Marsat, citoyens lyonnais,
tailleurs de pierre associés en cette affaire […], réunis en présence du
notaire et des témoins souscrits, font […] les conventions et pactes qui
suivent, à savoir que messieurs les commissaires donnent mission et que
lesdits associés acceptent et promettent de bâtir et réparer là où cela est
nécessaire tous les murs et clôtures de ladite cité indiqués ci-dessous, et
dont on a pu mesurer la longueur en toises, à savoir, à partir de la porte
Saint-Irénée jusqu’à la poterne sise au-dessus de la serve du château de
Pierre-Scize, aussi bien en ce qui concerne l’élévation et l’épaisseur que
les extrémités, aussi bien les créneaux hauts et bas que le reste, en sup-
primant la partie ou les parties fragilisées, peu sûres ou qui menacent
de tomber en ruine, et de les réédifier et de les réparer en faisant un
travail de bonne qualité, dans les règles, en toute légalité et fidèlement,
aussi bien concernant les murs que les voutes [croctas] neuves et anciennes
ainsi que toutes les autres choses à faire ou à réparer qui sont utiles à la
défense de la cité, d’une grosseur et d’une solidité égale à celle dont offre
une preuve et un exemple l’ouvrage déjà existant […]. Il a également été
convenu que lesdits associés doivent rendre, faire et compter toute toise
desdits murs selon une épaisseur et une grosseur de quatre pieds, et à
la toise ou mesure d’une toise de Saint-Georges. Et pour chaque toise
438 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de Saint-Georges d’une épaisseur et grosseur de quatre pieds aussi bien


hautes que basses, comme il a été dit, lesdits associés auront et doivent
se faire payer, de la part desdits messieurs, en vertu du pacte contracté
entre eux, tant en raison de leur ouvrage, de leur peine et de leur labeur
que pour le transport de l’eau, des pierres et du sable et pour les amener
au lieu dudit chantier, le prix qu’assurément ils estiment juste et légal,
de huit florins d’or bon et fin, d’un juste et légitime poids.
[…]
Item, il a aussi été acté que lesdits associés doivent et sont tenus de
remplir au mortier, à l’intérieur comme à l’extérieur, les murs nouveaux
et les réparations qui doivent être faits par eux, et de remettre en état
ou réparer tous les trous ou cavités [ furnus] qui s’y trouvent.
[…]
Item, il a été acté que lesdits messieurs doivent procurer auxdits
associés la chaux qui leur est nécessaire et la leur apporter sur leur lieu
de travail où elle sera mise à disposition pour fabriquer le mortier aux
frais de la communauté, ainsi que les pierres, le sable et l’eau sur les
lieux mêmes où l’on s’en procure, et lesdits associés doivent et sont tenus
de les apporter, faire apporter et convoyer audit chantier à leurs propres
frais et au prix mentionné de huit florins par toise.
Item, il a été acté que lesdits associés doivent à leurs frais faire procurer
et placer les étais dont ils ont besoin et les pièces de bois [leyourias], les
échelles et toutes les choses qui leur sont nécessaires.
Item, il a été acté que si, à un autre endroit des murs, il est nécessaire
de réparer les fondations [ fundamenta seu pyeson], lesdits associés doivent
creuser et excaver la terre correctement et suffisamment, autant que
nécessaire, en fonction de l’ouvrage et du poids, à leurs frais, et doivent
dégager des zones d’entrepôt nécessaires au chantier pour les pierres
qu’on en aura extraites, afin de pouvoir les utiliser à l’ouvrage. […]
Item, il a été acté que lesdits associés doivent et sont tenus de
commencer et de faire réaliser la préparation et la venue des matériaux
nécessaires aux travaux de maintenant au prochain lundi, et doivent
continuer leur travail sans interruption et le réaliser et l’exécuter cor-
rectement et activement, de manière qu’ils soient capables et à même
d’édifier le mur en deux endroits, avec quatre maçons bons ouvriers
dans chacun de ces deux endroits, accompagnés de leurs valets et les
manœuvres nécessaires, avant le quinzième jour du mois de février […].
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 439

Item, il a été acté que lesdits messieurs doivent fournir auxdits associés
l’argent pour faire ce travail, de manière qu’on ne puisse aucunement
invoquer le manque d’argent pour reporter la conclusion dudit ouvrage,
et cela selon le prix énoncé plus haut.
[…]
Acté et donné dans la chambre du conseil de la maison de l’archevêque
de Lyon, en présence de Jean Collacet, clerc et notaire, de Jean Tondut
de Virix, témoins sollicités, l’avant-dernier jour de janvier, l’an du Seigneur
1358, Pierre de Rothonay. Ceci est une copie de François Humbert.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 89, fol. 29-31. Édition : Cartulaire muni-


cipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Auguste
Brun (Publications de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon),
1876, p. 471-473. Traduit du latin.
IV.04.B. LA PARTICIPATION DU CLERGÉ À LA PROTECTION DE LA VILLE (1368)

Document

Charles, par la grâce de Dieu roi de France, à nos aimés le capitaine


de la ville de Lyon – présent ou à venir –, le juge des ressorts et des
appels de ce lieu et le bailli de Saint-Gengoul, ou à leurs lieutenants,
salut. Les bourgeois et les autres citoyens de ladite ville de Lyon, après
une plainte insistante, ont fait savoir à notre cour que, à cause des
périls imminents causés par les guerres dans notre royaume, ils ont
depuis longtemps fait de nombreuses et grandes dépenses, tant pour
la construction et la réparation des murs et des fossés que pour les
autres aménagements, remparts et murs qu’il est nécessaire de réaliser
pour la garde, la protection et la sécurité de ladite ville et de tous ses
habitants, de jour et de nuit. Maintenant encore, chaque jour menacent
des dépenses, des coûts et des frais de gardes supplémentaires, dépenses
et frais de gardes auxquelles doivent contribuer tous et chacun des
habitants qui possèdent des biens et du temporel et qui bénéficient
dans cette ville d’une sécurité et d’un recours, en fonction de leurs
moyens, tant du point de vue du droit et de la raison que de l’usage et
de la coutume en général observée en la matière. Néanmoins, plusieurs
440 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

habitants de ladite ville qui possèdent dans cette ville un temporel


important, et surtout les ecclésiastiques de cette ville, qui tiennent et
possèdent la plus grande partie du temporel, ont contesté et ont refusé,
tant par le passé qu’actuellement – et continuent jour après jour de
contester et de refuser – de contribuer aux dépenses susdites, alors
même qu’à plusieurs reprises ils y ont été enjoints par nos lettres, à la
seule exception que de temps à autre lesdites personnes ecclésiastiques
contribuent pour un tiers ou à peu près à plusieurs montures pour
des hommes en arme mobilisés pour la protection et la défense de
ladite patrie, tandis qu’ils ont refusé de contribuer aux autres frais et
dépenses ou n’ont rien voulu payer de ces mêmes frais, et que bien au
contraire ils ont objecté et continuent d’objecter, ainsi qu’on l’a dit.
À cause de ces refus et contestations, rumeur et scandale pourraient
naître selon toute vraisemblance dans ladite ville et ainsi un grand et
irréparable danger pourrait suivre si l’on n’y remédie pas rapidement,
surtout si l’on considère que les fortifications de cette ville incluent une
vaste clôture et un grand espace et que, tant en raison de la mortalité
que desdites guerres qu’elle a longuement connues, elle a perdu des
habitants ; et lesdits plaignants ne sont pas en mesure de supporter
les frais et les dépenses nécessaires pour les choses susdites sans la
contribution et l’aide desdits ecclésiastiques, comme ils l’affirment,
nous suppliant d’apporter un prompt remède adapté à la nécessité et
à l’exigence de la situation. C’est pourquoi, ayant médité et réfléchi à
ces choses en délibérant d’un sage conseil, accueillant favorablement
la supplique desdits requérants, nous enjoignons et ordonnons que
vous obligiez avec énergie et comme il se doit tous et chacun des
habitants de ladite ville qui possèdent du temporel dans celle-ci à
contribuer raisonnablement et en fonction de leurs possibilités aux
frais et dépenses faites pour les choses susdites ou qui seront faites
par la suite. Si toutefois lesdits ecclésiastiques voulaient s’opposer à
l’une des dépenses faites pour cette raison, ajournez ces opposants à un
jour précis et approprié en notre parlement, toutes affaires cessantes,
et pour instruire le procès découlant de ladite cause d’opposition,
et pour répondre auxdits opposants sur cette affaire et sur ce qui en
dépend, et pour agir et instruire plus avant, autant que de raison.
Entre-temps toutefois, pour éviter les dangers qui pourraient autrement
surgir, contraignez ou faites contraindre sans délai par notre main, en
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 441

tant qu’elle est supérieure, et par voie de provision et sans préjudice


des parties et de la cause, lesdites personnes ecclésiastiques ou celles
qui auront fait opposition, à contribuer pour la cinquième part aux
dépenses et frais au sujet des choses susdites qui seront nécessaires
par la suite, en proportion de ce qui leur revient de payer pour ledit
cinquième, chacun en fonction de ses facultés, ainsi qu’à assurer ou à
faire assurer par des personnes idoines les frais de garde dans ladite
ville lorsque le danger menace, en fonction de leur statut, en usant
si nécessaire de la saisie, de la confiscation et de la détention de leur
temporel ; cela, après l’audition des présents, jusqu’à ce qu’il en soit
décidé autrement sur ce sujet par notre dite cour, si, en considération
de ce qui précède et d’après la cause, elle veut qu’il en soit fait ainsi.
Donné à Paris, en notre parlement, le 4 décembre, l’an du Seigneur
1368 et la cinquième année de notre règne.

Source

Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude


Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique
et archéologique de Lyon), 1876, p. 362-364. Traduit du latin.
IV.04.C. LES JUIFS ET LA PARTICIPATION À L’EFFORT COMMUN (1364)

Document

Charles, par la grâce de Dieu roi des Francs, au bailli de Mâcon ou


à ses lieutenants, salut. Nos chers bourgeois et habitants de la ville de
Lyon nous ont fait exposer que dans ladite ville de Lyon demeurent un
grand nombre de juifs qui, bien qu’ils possèdent dans cette même ville
de nombreux biens et y mènent leurs affaires au milieu desdits habitants,
s’efforcent toutefois d’être exemptés des dépenses et contributions levées
dans ladite ville de Lyon jour après jour pour assurer sa clôture et sa
garde, sous le prétexte de certains privilèges qui leur ont été, prétendent-
ils, octroyés, au grand préjudice desdits plaignants et de l’ensemble du
bien public, comme on l’affirme. Pour cette raison, le remède de notre
prudence ayant été requis sur ce point, nous vous mandons par une
rigoureuse injonction que vous contraigniez fermement et comme il se
doit, ou fassiez contraindre, lesdits juifs des deux sexes à contribuer et
442 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

participer auxdites dépenses faites et à faire dans ladite ville à l’occasion


des faits évoqués, chacun bien sûr selon sa fortune, nonobstant les privi-
lèges mentionnés, les oppositions et les appels sans valeur, ainsi que les
lettres subreptices qui ont été ou seront obtenues en vue du contraire,
de quelque nature qu’ils soient. Donné à Paris le 27 septembre, l’année
du Seigneur 1364.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 4248, no 3, texte inédit. Traduit du latin.


IV.04.D. NOUVELLE RÉCLAMATION FAITE AUX JUIFS DE LYON (1394)

Document

Charles, par la grâce de Dieu roi des Francs, au bailli de Mâcon, au


sénéchal et juge de notre ressort de Lyon ou à ses lieutenants, salut.
Nous avons entendu la plainte des consuls de la ville de Lyon sur
Rhône qui tous, issus de ladite cité, disent que les juifs et les juives
qui demeurent dans ladite ville, sous le prétexte du tribut ou subside
qu’ils sont tenus de nous verser chaque année et de certaines lettres
obtenues de nous sur ce point, comme ils le prétendent, s’efforcent
de s’exempter du paiement de la contribution et du règlement dus
pour la réparation et la garde de ladite ville, aux grands dommage,
préjudice et charges des autres composantes, chrétiennes, du peuple
de cette même ville ; ces chrétiens pour qui il serait lourd et pénible
de protéger à leurs propres frais, derrière l’immunité des fortifications
de ladite ville, ces funestes juifs et juives, se voyant transformés de
ce fait en esclaves desdits juifs, ce qui est inacceptable, surtout que
lesdits juifs et juives ont eu coutume en d’autres temps révolus de
contribuer à ces dépenses, comme on le rapporte ; pour ces raisons,
nous mandons à tous et à chacun d’entre vous, et avec beaucoup
d’insistance, que les deux parties demeurent dans vos sénéchaussée
et judicature et, concernant les travaux publics de ladite ville, nous
décidons que vous contraigniez ou fassiez contraindre pour les temps
passé et futur, par tous les moyens et remèdes légitimes, lesdits juifs
et juives qui demeurent dans ladite ville à contribuer à la réparation
des fortifications et à la garde de cette même ville et à payer la somme
Ill. 27 – Les fortifications de Lyon au xive siècle.
© 2013 S. Parent / K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
444 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

dont, pour cette raison, ils ont été ou ils seront légitimement taxés et
imposés, comme ce fut la coutume jusqu’ici. Et, en cas d’oppositions,
après avoir entendu les parties, rendez bon et prompt complément de
justice. Puisque nous voulons qu’il en soit ainsi, nous l’avons aussi
accordé et l’accordons auxdits plaignants par les présentes lettres, de
grâce spéciale, nonobstant les lettres subreptices qui ont été ou seront
obtenues en vue du contraire, de quelque nature qu’elles soient. Donné
à Paris le 29 juillet de l’année du Seigneur 1394, la quatorzième de
notre règne.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 4248, no 3, texte inédit. Traduit du latin.

Bibliographie

Dallemagne, François, Les défenses de Lyon : enceintes et fortifications,


Lyon : Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 20102.
« Forts et fortifications », dans Dictionnaire historique de Lyon, éd. par
Bruno Thévenon, Lyon : Éditions Stéphane Bachès, 2009, p. 508-511.

IV.05. L’ENTRÉE DU ROI CHARLES VI (14 OCTOBRE 1389)

Document présenté et adapté par Sylvain PARENT

Présentation

Le 2 septembre 1389, Charles VI – roi de France de 1380 à 1422 –


quitte Paris pour un voyage dont le but principal est la visite du
Languedoc – terre qui a connu des révoltes au début de son règne –,
avec un passage par Avignon où le souverain doit rencontrer le pape
Clément VII et assister au couronnement comme roi de Sicile de son
cousin Louis II d’Anjou. Il effectue ce voyage en compagnie de son
frère Louis, duc de Touraine, et de son oncle le duc de Berry, et ne
revient à Paris que le 23 février 1390. Après être passé par Melun,
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 445

Nemours, La Charité-sur-Loire, Nevers, Moulins, Paray-le-Monial,


Charolles, Cluny et Mâcon, la bonne ville de Lyon constitue une
étape incontournable de ce déplacement et sa venue donne lieu à
une joyeuse entrée royale. Il y séjourne durant une semaine, du 14
au 21 octobre, hébergé dans le palais de l’archevêque. L’entrée du roi
est alors l’occasion d’un grand déploiement de fastes, où se mêlent
théâtre, musique et banquets. Jean Juvénal des Ursins, dans son
Histoire de Charles VI, rapporte que « feux et tables furent mises par
les rues, et ne cessèrent pendant quatre jours de se faire, jour et nuit ».
Le texte présenté ici, intégré au Cartulaire municipal, fait le récit de
cette entrée, sous la forme d’une énumération des axes urbains de
circulation décorés à cette occasion.

Document

Premièrement depuis la porte de Veysse [Vaise] jusqu’à la porte


de Bornue [Bourgneuf], la charrère [rue] fut bien arringiée [décorée]
et parée ès deux flancs de fueillie [feuillages] frèche, et fut fait celle
année le pavement de ladite porte de Veysse jusque ès Amans [les
Deux-Amants].
Item que dès la porte de Bornue jusqu’à la porte du cloustre [cloître]
de Saint Johan [Saint-Jean] fut paré à ciel [de manière à construire un
ciel] du large de IIII toiles tout au long qui étaient tendues sur bigues
billons ers [des poutres et pièces de bois dressées].
Item dès ladite porte de Bornue jusqu’au Sainc Cristoble [saint
Christophe] de la maison des enfants maîtres Tevenin Bonut., les deux
flancs de la charrère furent parés de mantils [nappes] et tuailles [serviettes]
blanches, et dès ledit Sainc Cristoble jusqu’à la porte du cloustre Sainct
Johan de parements de laine.
Item que l’un [l’on] fit peindre à la porte de Bornue les armes du roi
et de plusieurs autres seigneurs de France, et au-dessus de ladite porte
un grand bannière ès armes de France.
Item que l’un mit ès charrère d’arène [du sable] por ce que [pour
que] l’un puisset [puisse] mieux chivauchier [chevaucher].
Item qu’il [ils] allèrent au-devant du roy pour lui faire la révérence
cinq cent personnes à chival [cheval] tous vesti [vêtus] de roge [rouge]
et III ménétriers et deux trompettes que la ville vêtit aussi de roge.
446 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Item que une grand quantité des enfants de la ville furent vêtis de
toiles perses [bleues] semées de fleurs de lys et tenait chacun un petit
confanon [étendard] des armes du roi en sa main, et allèrent au-devant
jusqu’au courtil [jardin de] monseigneur de Lyon1, et iqui [ici] furent
mis tous au long de crémaux [murs] dudit curtil et attendirent jusque
le roy ot [eut] passé, et en passant ils criarent [crièrent] à haute voix :
« Monjoye Saint Denis ! Vivet [vive] le roi ! ».
Item que XXV des plus notables femmes de la ville li [lui] allèrent
à l’encontre jusqu’à la porte de Bornue, où il avait fait tout au long du
curtil Symonet Leion unes galeries por [pour] lesdites dames parées de
draps pers, et en vis [en face de] lesdites galeries et de la porte avaient
un paveulion [tente] couvert aussi de draps pers, dedans lequel était un
paille [dais] que la ville avait fait faire por porter au-dessus du roi quand
il chevacherait par la ville, loquel [lequel] paille était d’un drap d’or
et les battants étaient de cendal [tissu de soie] pers à fleurs dou [de] lis
enlevées et faites de broderie, et le dessous desdits pendants étaient de
franges vers de soye et les IIIII bâtons pens [peints] noblement as [aux]
armes de France ; loquel paille IIII desdites femmes, après ce que toutes
li orent [eurent] fait la révérence, présentarent [présentèrent] au roi, et
quatre des bourgeois vêtis de sacarins [satins] rouges lo li portirent [por-
tèrent] au-dessus jusqu’à l’hôtel monseigneur de Lyon, où il s’était logé.
Item fut faite une fontaine au-devant de la maison Pierre Girerdin,
c’est à savoir en la place devant la draperie du Royaume, qui gitait
[jetait] à grand abondance vin blanc par deux canons, vin claret [clairet]
par deux canons et yaue [eau] par III canons, laquelle gardèrent deux
hommes sauvages que l’un fit des deux plus grands hommes que l’un
trouva en la ville.
Item ladite venue fut merveilleusement longue par la presse du pueble
[peuple] qui se mettait au-devant du roi ; si fut tardet [tard] quand il
fut devant ladite fontaine, et pour ce [pour cela] LX de la ville vêtis de
rouge allumèrent iqui LX torches et l’accompaignirent [accompagnèrent]
jusqu’à son hôtel.
Item lendemain après sa messe la ville le servit de VI pos [pots] et VI
XIInes de copes [coupes] d’argent que la ville avait fait faire tout à nove
[neuf] qui estoient très bien dorées, et les émaux étaient à ses armes.

1 C’est-à-dire l’archevêque.
LYON ET LE POUVOIR ROYAL PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS 447

Item servit la ville de monseigneur de Toraine [Touraine] son frère,


de trois XIInes copes bien dorées et ès emaux ses armes.
Item que l’un servit plusieurs autres seigneurs de sa compaignie de
torches, d’épices et de plusieurs autres choses.

Source

Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude


Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, histo-
rique et archéologique de Lyon), 1876, p. 369-370. Graphies et ponctuation
modernisées.

Bibliographie

Autrand, Françoise, Charles VI : la folie du roi, Paris : Fayard, 1986. Les


entrées royales françaises de 1328 à 1515, éd. par Bernard Guenée et
Françoise Lehoux, Paris : Éditions du Centre national de la recherche
scientifique (Sources d’histoire médiévale ; 5), 1968, p. 142-151.
Juvénal des Ursins, Jean, Histoire de Charles VI, roy de France, éd. par
Denys Godefroy, Paris : Imprimerie royale, 1653, p. 75-76.
Relation des entrées solemnelles dans la ville de Lyon de nos rois, reines, princes,
princesses, cardinaux, légats et autres grands personnages, depuis Charles VI
jusques à présent, Lyon : Aymé Delaroche, 1752, p. 1-4.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE :
CONTRASTES ET TENSIONS

IV.06. SAINT-NIZIER :
UNE ÉGLISE AU CŒUR DE LA VIE POLITIQUE ET SOCIALE

Documents présentés et traduits par Sylvain PARENT

Présentation

L’église Saint-Nizier est un lieu important dans la vie religieuse


et politique lyonnaise. Déjà mentionnée dans l’œuvre de Grégoire
de Tours (v. 538-594), elle est utilisée, durant les premiers siècles du
Moyen Âge, comme lieu d’inhumation des évêques de Lyon. Elle est
transformée en collégiale en 1306. À partir du xiiie siècle, l’église est de
plus en plus liée à la bourgeoisie et s’impose progressivement, au siècle
suivant, comme le centre de la vie politique, puisque c’est là que chaque
année, en décembre, les nouveaux conseillers sont élus pour une durée
d’une année. Les archives conservent plusieurs procès-verbaux de ces
cérémonies d’élection des conseillers de la ville, dont nous donnons un
exemple pour l’hiver 1358 (IV.06.a.). Parmi les documents intéressants
qui nous renseignent sur l’histoire de cette église et de sa paroisse, on
trouve aussi une comptabilité des sépultures effectuée pour les années
1346-1348 par des chanoines (IV.06.b.) : l’exemple ici choisi permet
de prendre la mesure de l’augmentation de la mortalité au moment de
l’arrivée de la Peste noire à Lyon, au tout début du mois de mai 1348 :
on dénombre en effet cinq sépultures en janvier, sept en février, huit
en mars, douze en avril, quarante-trois en mai et soixante-trois en juin.
Comme on le voit, cette épidémie décime des familles entières et touche
indistinctement les milieux modestes et l’élite urbaine : ainsi, à la fin
450 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

du mois de juin 1348, le riche drapier Aymon de Nièvre donne-t-il la


somme de huit florins pour la sépulture de sa femme, contre cinq sous
pour une simple servante inhumée le même jour.
IV.06.A. UNE CÉRÉMONIE D’ÉLECTION DES CONSEILLERS
DE LA VILLE DE LYON À SAINT-NIZIER EN DÉCEMBRE 1358

Document

Au nom du Seigneur, amen. Par le présent instrument public qu’il


apparaisse évident à tous que l’an du Seigneur 1358, 22e jour du mois
de décembre, vers midi, à la 11e indiction, la 6e année du pontificat
du saint Père dans le Christ et notre maître Innocent VI, pape par la
providence divine, en présence des notaires publics et des témoins sous-
crits, la grande cloche de l’église de Saint-Nizier ayant sonné, comme
c’est l’usage, afin de rassembler le peuple de la communauté de Lyon,
et une fois le peuple ainsi rassemblé […], discret homme (discretus vir)
maître Pierre Girerdin, expert en droit, qui tenait dans ses mains une
feuille de papier cachetée de plusieurs sceaux – que l’on disait être les
sceaux des maîtres de métiers nommés ci-dessous –, d’abord ouverte par
ledit maître Girerdin, à la demande et avec le consentement du peuple
rassemblé, lut des lettres qui étaient écrites sur cette feuille de papier
publiquement, de façon intelligible, à haute voix, en langue maternelle,
en présence de nous les notaires publics et des témoins inscrits ci-dessous,
lettres dont la teneur est la suivante :
« Au nom du Seigneur. […] Le peuple est rassemblé en l’église Saint-
Nizier de Lyon au son de la grosse cloche pour publier, nommer et
établir les conseillers et pourvoyeurs sur les faits de ladite communauté,
par le conseil, la volonté et le consentement des maîtres des métiers
de ladite cité, à savoir : Jeannin de Varey, Naime de Nièvre, drapiers ;
Stévenet de Pressiat, Audr[…], […] ; Barthélemy de Molon, Pierre
du Verney, épiciers ; Guillaume Piquet, Jaquemin Lombart, merciers ;
[…], Andrevet Caillé, pelletiers ; Jean Bonnel, Poncet Chol, sauniers ;
Bernier de Varey, Prey[…], […] ; Barthélemy Clerc, Monet de Montaron,
taverniers ; Péronin de Saint-Rambert, Barthélemy Meliet, tanneurs ;
Pierre Perroton, Pierre Bouchan, panetiers ; Jean de Blacieu, Jaquemet
Girout, charpentiers ; Guienet Segrétan, Guillermet Bellet, tondeurs et
couturiers ; Jean Barral, André Bechet, hôteliers ; Pierre Colin, Jaquemin
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 451

Neyrout, bouchers ; Andrevet Berout, Jaquemet Vincent, pêcheurs ;


André Bonin, Pierre de Banno, ferratiers ; Jaquemet Alissandres, Jaquemet
Clemençon, potier et dorier, faisons et ordonnons conseillers de ladite
ville, du jour des calendes qui sera l’an 1358 jusqu’au jour des calendes
de l’an 1359, à savoir : Jeannet du Nièvre, Gillet de Vignol, Jaquemet
de Chapponnay, Jean de La Mure le Grand, Michel Pançu, Mathieu
de Varey, Aynard de Villeneuve, Andrevon Bayle, Humbert de Varey,
Andrevet Berou, Hugonin Rigaud, Jean de Saint-Trivier, auxquels nous
lesdits maîtres et le peuple assemblés en ce lieu […] donnons pleine puis-
sance et commandement spécial pour les réunir là où bon leur semblera
afin de conseiller, pourvoir et ordonner ou agir ou négocier pour ledit
peuple, tous les jours et toutes les heures qu’il leur plaira, durant ledit
mandat, au nom de ladite communauté. Ils leurs enjoignent de venir
tous les vendredis et les autres jours qui leurs sembleront opportuns ou
profitables dans la chapelle Saint-Jaquème où ailleurs, où ils voudront,
le matin […] ».
[…]
Une fois ces lettres lues, tout le peuple qui était présent, à la demande
dudit maître Pierre Girerdin, concéda sciemment et spontanément toutes
et chacune des choses contenues dans lesdites lettres et y consentit spé-
cialement et expressément, sans que personne ne conteste, à l’exception
de Jean de La Dorche, du Port, citoyen de Lyon, qui n’y consentit pas
et bien au contraire n’était pas d’accord avec ces lettres […]. Item, le
peuple et la communauté pour la partie la plus grande et la plus saine,
rassemblés dans ledit lieu au son de la cloche, comme cela a été dit, de
bon gré et de science certaine, à l’exception dudit Jean de La Dorche, ont
fait, institué et créé et ordonné les consuls de ladite cité et communauté
susnommés […]. Donnant et concédant ledit peuple et ladite communauté
[…] auxdits consuls susnommés et à la majeure partie d’entre eux le
plein, général et libre pouvoir et mandat spécial en toutes choses […].

Source

Lyon, Archives municipales, BB 367. Édition : Cartulaire municipal de la ville


de Lyon, éd. par Marie-Claude Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications
de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon), 1876, p. 466-470.
Traduit du latin (premier et dernier paragraphe) et du franco-provençal.
452 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

IV.06.B. COMPTES DE SÉPULTURES DE SAINT-NIZIER


ENTRE JANVIER ET JUIN 1348

Document
Et tout d’abord les grandes sépultures.

Tout d’abord, le 5 janvier, pour la femme de Jean Trium : 2 florins et demi.


Item, le 6 janvier, pour la sépulture de la femme de Girard de Melondino : 4 florins.
Item, le 8 janvier, pour la sépulture de la fille de Pierre Pachoud : 4 florins.
Item, le 9 janvier, pour la sépulture de Jean de Platre : 4 florins.
Item, le 24 janvier, pour la sépulture de Jacquemet Nichoy : 1 florin et demi.
Item, le 3 février, pour la sépulture de Mathieu de Vallibus : 1 florin.
Item, le 11 février, pour la sépulture de Peronet de Saint-Laurent : 6 florins.
Item, le 14 février, pour la sépulture de la femme de Pierre Lo Peyro : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une pauvre femme : 15 sous de Vienne de
petit poids.
Item, le 15 février, pour la sépulture d’une femme pauvre : 10 sous de bonne monnaie.
Item, le 20 février, pour la sépulture de Jean Escoffier : 2 florins et demi.
Item, l’avant-dernier jour de février, pour la sépulture de la servante de Jacquemet
Martinet : 6 gros.
Item, le 4 mars, pour la sépulture de la femme de Jacquemet Martinet : 4 florins.
Item, le 5 mars, pour la sépulture de Jean Messager : 1 florin et demi.
Item, le 13 mars, pour la sépulture du curé de Marboz (Marbo) : 10 florins.
Item, le 25 mars, pour la sépulture de la fille du tailleur Jacquemet : 10 sous de
bonne monnaie.
Item, le 27 mars, pour la sépulture de Jean Brunet : 2 florins.
Item, le 28 mars, pour la sépulture d’une femme pauvre : 5 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture d’un homme : 6 sous de Vienne.
[…]1
Item, pour la sépulture d’un homme pauvre : 5 sous de Vienne.
Item, le samedi saint, à savoir le 19 avril, pour la sépulture d’un homme de
Villeurbanne : 20 sous.
Item, le 21 avril, pour la sépulture de la femme de Renaud le peintre : 1 florin et demi.
Item, le 23 avril, pour la sépulture d’un homme pauvre : 3 sous de Vienne.
Item, l’avant-dernier jour d’avril, pour la sépulture du neveu d’Étienne Pinson :
12 sous de Vienne.
Item, le dernier jour d’avril, pour la sépulture de Rufus, sergent : 1 florin.
Item, le même jour, pour la sépulture de la sœur de Jacques Varequerii.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une femme pauvre : 6 sous de Vienne.
Item, le 2 mai, pour la sépulture de Étienne Occerii : 20 sous de Vienne.
Item, le 4 mai, pour la sépulture de la femme de Pierre de Genas : 2 florins et demi.

1 On omet le total du premier compte (janvier-mars) et le prologue du second (avril-juin).


LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 453

Item, le 5 mai, pour la sépulture de Bartheloti de Portu : 4 florins.


Item, le 7 mai, pour la sépulture de la femme de Stéphane Occerii : 6 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de Étienne Chaufand : 10 sous de Vienne
Item, le 9 mai, pour la sépulture de la femme de Bertoloti : 2 florins et demi.
Item, le même jour, pour la sépulture de Rose de Portu : 20 sous de Vienne.
Item, le 10 mai, pour la sépulture de Martin Biatricis : 6 florins.
Item, le 11 mai, pour la sépulture de Rufus, fils de Berteloti de Portu : 2 florins.
Item, le 12 mai, pour la sépulture d’Hugues Lovrerii  : 6 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Mourini, clerc de cette église : 1 florin et demi.
Item, le 13 mai, pour la sépulture de Étiennette, fille de Rose de Portu : 10 sous de
Vienne.
Item, le 15 mai, pour la sépulture de Lavita : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Jacquinet Lo Mois : 6 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de la femme d’Hugues Livrerii : 5 florins.
Item, le même jour, pour la petite sépulture de Ruynelli : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Latray : 10 sous de Vienne.
Item, le 16 mai, pour la sépulture d’Étienne Raynalli : 8 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture du fils de Mathieu de Portu : 1 florin.
Item, le même jour, pour la sépulture d’un homme pauvre de Portu : 6 sous de Vienne.
Item, le 17 mai, pour la sépulture de la femme de Mathieu de Portu : 2 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille de Masculi : 30 sous de Vienne.
Item, le 18 mai, pour la sépulture d’un clerc qui demeurait dans le Temple (in
Templo) : 12 sous de Vienne.
Item, le 19 mai, pour la sépulture dudit Alvito : 6 florins.
Item, le 22 mai, pour la sépulture de la femme de Jacquinet Lo Mois : 3 florins.
Item, le 23 mai, pour la sépulture de la femme de Simon de Barra : 5 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de son frère : 4 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture dudit Vaneirii : 3 florins.
Item, le 24 mai, pour la sépulture de Crochie de Portu : 15 sous de Vienne.
Item, le 25 mai, pour la sépulture de ladite La Luytri : 20 sous de Vienne.
Item, le dimanche avant les Rogations, pour la sépulture de la femme dudit Lo
Macho : 2 florins.
Item, le lundi des Rogations, pour la sépulture du fils de La Lorgelata : 30 sous de
Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de Jacquemete, femme de Pierre de Treforcio :
5 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture du fils de Bruneti : 1 florin et demi.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une nourrice qui habitait dans le Temple
(in Templo) : 10 sous.
Item, le même jour, pour la sépulture de Laurent de Marlia.
Item, le mardi des Rogations, pour la sépulture du fils de Péronnet de Ges : 3 florins.
Item, le jour de l’Ascension, pour la sépulture de Morel, vendeur : 15 sous de Vienne.
Item, le vendredi qui suit l’Ascension, pour la sépulture du clerc Humbert Barralis :
10 sous de Vienne.
454 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Item, le dernier jour de mai, pour la sépulture de Jean Oboli : 10 sous de Vienne.
Item, le premier juin, pour la sépulture d’Andriveti Bruneti : 1 florin et demi.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille dite a Lorgeleta : 1 florin.
Item, le 2 juin, pour la sépulture d’Anthonie, sœur de Bruneti : 8 florins.
Item, le 4 juin, pour la sépulture de la mère de la sœur de Caveti : 5 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une pauvre femme : 5 sous de Vienne.
Item, le 5 juin, pour la sépulture de la sœur de Jacques le Reclus : .8 sous de Vienne.
Item, le 5 juin, pour la sépulture de la femme dudit Chauchiterra : 20 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de ladite La Juerii : 10 sous de Vienne.
Item, le 7 juin, pour la sépulture de la fille de Bruneti et sa sœur : 5 florins.
Item, le 9 juin, pour la sépulture de la fille de Jean de Quinsiaco : 8 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille de Michel de Quota : 1 florin.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une femme : 6 sous de Vienne.
Item, le 10 juin, pour la sépulture d’une femme pauvre : 6 sous de Vienne.
Item, le 11 juin, pour la sépulture de la mère de Jacques le Reclus : 5 sous.
Item, le 12 juin, pour la sépulture de la fille d’Hugues Mallant : 20 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une femme pauvre : 6 sous.
Item, le même jour, pour la sépulture de ladite La Clergi : 15 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture d’un homme pauvre : 6 sous.
Item, le même jour, pour la sépulture du fils de Péronet de Burgo : 30 sous de Vienne.
Item, le 13 juin, pour la sépulture de la mère et de la fille de Bénédicte : 10 sous
de Vienne.
Item, le 14 juin, pour la sépulture de la femme de Barnavot : 10 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille dite La Venderci : 10 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille de Giraude dite la Chapellière :
8 sous de Vienne.
Item, le 15 juin, pour la sépulture d’Hugues de Viviers : .4 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Guionet Pellati : 6 sous de Vienne.
Item, le 16 juin, pour la sépulture de la fille de Platier : 8 sous de Vienne.
Item, le dimanche après la Pentecôte, pour la sépulture de la femme de Stéphane
Escoffier : 8 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille de Stéphane Gauthier : 20 sous de
Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de Pierre Mocellerii : un demi florin.
Item, le dimanche avant la fête du Corps du Christ, pour la sépulture de la femme
de Pierre Messager : 5 sous de Vienne.
Item, le lundi avant la fête du Corps du Christ, pour la sépulture de la nourrice de
la maison de Jean de Durchia : 12 sous.
Item, le mardi avant la fête du Corps du Christ, pour la sépulture de la mère de
Jeanne Bonnefille : .5 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la femme de Pierre Gaucherii : 20 sous de
Vienne.
Item, le mercredi, veille du Corps du Christ, pour la sépulture de la femme de
Facondi : 5 florins.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 455

Item, le même jour, pour la sépulture de Pierre Terelli : 10 sous de Vienne.


Item, le jour du Corps du Christ, pour la sépulture de la femme de Pierre Buet :
5 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture d’un cordonnier : 8 sous de Vienne.
Item, le vendredi après la fête du Corps du Christ, pour la sépulture d’une béguine :
20 sous de Vienne.
Item, le samedi suivant, pour la sépulture de la femme de Bernard Brunel : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Josserand Girinien : 2 florins et demi.
Item, le dimanche après la fête du Corps du Christ, pour la sépulture de la femme
de Jacques de Vergy : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de la femme de Brunetti : 15 sous de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de la femme de Pierre Mecellarii : un demi florin.
Item, le lundi après la fête du Corps du Christ, pour la sépulture de la femme de
Jean Graquerii
Item, le même jour, pour la sépulture d’une femme pauvre : 5 sous de Vienne.
Item, le 22 juin, pour la sépulture de la servante de Josserand Dozenii : 5 sous de Vienne.
Item, le jour de la naissance de saint Jean-Baptiste, pour la sépulture de Renaud,
notaire : 3 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Jacquemet Borene : 14 sous, 6 deniers.
Item, le même jour, pour la sépulture du mari de la petite Laurence : 7 sous, 6 deniers.
Item, le mercredi après la naissance de saint Jean-Baptiste, pour la sépulture de
Jeanne, femme pauvre : 5 sous de Vienne.
Item, le mercredi après la naissance de saint Jean-Baptiste, pour la sépulture de la
femme de Jean Barbier : 4 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Bruneti qui valent à Vienne 75 sous de
Vienne. : 60 sous de Tours,
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille d’Odon Pilon : 5 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de la servante de la maison Ponder : 5 sous
de Vienne.
Item, le même jour, pour la sépulture de Fabri et de sa sœur : 16 sous de Vienne.
Item, le vendredi après la naissance de saint Jean-Baptiste, pour la sépulture de la
femme d’Aymon de Nièvre : 8 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture de Giraude, bonnetière : 2 florins.
Item, le même jour, pour la sépulture d’une servante : 5 sous.
Item, le même jour, pour la sépulture de la fille de Pierre Dandard : un demi florin.

La somme totale pour les grandes sépultures présentes dans ce cahier


est de 42 livres, 4 sous de Vienne, ce qui représente 704 florins.
Suivent les petites sépultures.

Tout d’abord, le 1er avril, pour la sépulture d’un petit enfant : 12 deniers de Vienne.
Item, le 11 avril, pour la sépulture du fils dudit Epignot : 2 sous de Vienne.
Item, le 19 avril, pour la sépulture du fils de Martin Boysonis : 2 sous de Vienne.
Item, l’avant-dernier jour d’avril, pour la sépulture d’un enfant : 8 deniers de Vienne.
456 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Item, le 7 mai, pour la sépulture d’un enfant : 2 sous, 6 deniers de Vienne.


Item, l’avant-dernier jour de mai, pour la sépulture d’une jeune fille pauvre : 12 deniers.
Item, le 1er juin, pour la sépulture de la fille dudit Vianney : 2 sous de Vienne.

La somme de ces sépultures est de 11 sous, 2 deniers de Vienne.

Source

Édition : Inventaire du Trésor de Saint-Nizier de Lyon (1365-1373) : liste


des sépultures de la paroisse (1346-1348), éd. par Georges Guigue, Lyon :
Société des bibliophiles lyonnais, 1899, p. 47-57. Traduit du latin.

Bibliographie

Fargeix, Caroline, Les élites lyonnaises du XVe siècle au miroir de leur langage :


pratiques et représentations culturelles des conseillers de Lyon, d’après les
registres de délibérations consulaires, Paris : De Boccard (Romanité et
modernité du droit), 2007.
Fédou, René, Les hommes de loi lyonnais à la fin du Moyen Âge : étude sur
les origines de la classe de robe, Paris : Les Belles Lettres (Annales de
l’université de Lyon. Lettres ; 37), 1964.
Inventaire du Trésor de Saint-Nizier de Lyon (1365-1373) : liste des sépultures
de la paroisse (1346-1348), éd. par Georges Guigue, Lyon : Société
des bibliophiles lyonnais, 1899.
Jaeger, Philippe, Saint-Nizier, une église lyonnaise, Lyon : Les Amis de
l’église Saint-Nizier, 2007.
Reveyron, Nicolas, Chantiers lyonnais du Moyen Âge (Saint-Jean, Saint-
Nizier, Saint-Paul) : archéologie et histoire de l’art, Lyon : Association
de liaison pour le patrimoine et l’archéologie en Rhône-Alpes et en
Auvergne (Documents d’archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne ; 28 /
Documents d’archéologie en Rhône-Alpes. Série lyonnaise ; 9), 2005.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 457

IV.07. LE COMPTE LYONNAIS D’UN ARCHEVÊQUE BALTE


EN EXIL À AVIGNON (1332)

Document présenté et traduit par Armand JAMME

Présentation

La présence pontificale à Avignon eut sur le développement des


affaires dans la région de Lyon des impacts qu’il est encore difficile de
mesurer. Blés et vins remplirent les celliers des hôtels des très nom-
breux prélats qui s’installèrent sur les bords du Rhône, mais d’autres
produits furent aussi concernés. L’archevêque de Riga, plus ou moins
contraint de résider durablement en curie à cause d’un long conflit avec
les Teutoniques – qui s’emparaient effectivement de sa cité en 1331 – eut
un compte ouvert auprès de marchands lyonnais issus d’une famille
de rang consulaire, les La Dorche. Ancien pénitencier du pape pour la
langue tchèque, Friedrich von Pernstein (Fridrich z Pernštejna) était un
homme cultivé et curieux qui se constitua une riche bibliothèque de
manuscrits juridiques, historiques et théologiques – il eut une traduction
du Coran – qui pour certains furent enluminés. Les quelque 216 vélins
qu’il se fit livrer à Avignon en 1332 servirent peut-être à la confection
d’un de ces ouvrages.
Ce texte, intitulé au dos, probablement par son camérier, Compte de
Lyon, laisse penser que l’archevêque avait ouvert des comptes auprès de
plusieurs sociétés de commerce. Sa succession prouve néanmoins que
les La Dorche, étaient avec les Acciaiuoli de Florence ses principaux
fournisseurs : Aymon et Jean furent en effet amenés à verser entre 1343
et 1351, plus de huit cents florins à la Chambre apostolique, probable
solde du compte ouvert auprès d’eux par le défunt archevêque plus de
vingt ans auparavant.
458 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Document

Compte de Lyon (au dos)

Monseigneur l’archevêque de Riga doit à Aymon et Jean


de La Dorche (Durchia), citoyens de Lyon, pour un camelin
à usage des frères, que lui a apporté le seigneur Chabert
d’Hugues, dans la semaine de la Saint-Michel 1331 : . .  18 florins.
De même, pour quarante rases d’avoine : . . . . . . . . . . . . .  32 florins.
pour des tonneaux de vin de Cluny : . . . . . . . . . . . . . . . . 38 florins.
et pour le transport de cette avoine et de ce vin : . . . . . . .  14 florins.
Tout ceci Jean, notre familier, le lui a amené dans la semaine de la
Toussaint 1331.
De même, pour un camelin à usage des clercs que lui a apporté
Humbert Leroux dans la semaine précédant les Rameaux
1332 :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  16 florins.
De même, pour dix douzaines de parchemins de chevreau que
lui a apportés Angarnier dans la semaine suivant la Pentecôte
1332 :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 florins.
De même, pour dix-huit douzaines de parchemins de veau que
lui a apportés Perronet de Chaveyriat, à la fin du mois d’août
1332 :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  16 florins.
De même, pour un camelin à usage des clercs que lui a apporté
Jacques de Vergey dans la semaine précédant la fête de saint
Luc l’Évangéliste 1332 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  15 florins.
De même, pour deux tonneaux de vin rouge de Beaune et une
queue de vin blanc : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 florins.
pour un camelin de Provins à usage des clercs : . . . . . . . .  14 florins.
et pour le transport et le droit du roi : . . . . . . . . . . . . . . .  11 florins.
Tout ceci Pérelle, notre familier, le lui a amené dans la semaine suivant
la fête de saint André 1332.
De même, pour un camelin de Chalon à usage des frères, que lui
a apporté un nautonier dans la première semaine du Carême
1332 :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  15 florins.
Total :  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .235 florins.
Comme nous lui devons : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 826 florins,
nous restons ainsi ses débiteurs pour : . . . . 2 591 florins de Florence.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 459

Source

Città del Vaticano, Archivio segreto vaticano, Instrumenta miscel-


lanea no 1204. Texte inédit. Regeste : Jean XXII (1316-1334) : lettres
communes. Tome XI : fascicule 24, éd. par Guillaume Mollat, Rome :
École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard (Bibliothèque des
Écoles françaises d’Athènes et de Rome ; 1 bis : 11), 1930, no 58220. Traduit
du latin.

Bibliographie

Guillemain, Bernard, La cour pontificale d’Avignon (1309-1376) : étude


d’une société, Paris : De Boccard (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes
et de Rome ; 201), 1962.
Forstreuter, Kurt, « Erzbischof Friedrich von Riga (1304-1341).
Ein Beitrag zu seiner Charakteristik », Zeitschrift für Ostforschung, 19
(1970), p. 652-665.
Valous, Guy de, Le patriciat lyonnais aux XIIIe et XIVe siècles, Paris : Auguste
et Jacques Picard, 1973.
Williman, Daniel, Bibliothèques ecclésiastiques au temps de la papauté
d’Avignon, Paris : Éditions du Centre national de la recherche
scientifique (Documents, études et répertoires – Institut de recherche et
d’histoire des textes ; 25), 1980.
Williman, Daniel, The right of spoil of the popes of Avignon, 1316-1415,
Philadelphia : American Philosophical Society (Transactions of the
American Philosophical Society ; 78 : 6), 1988.
Hledíková, Zdeňka, « Z domácností Friedricha z Pernštejna [Aus dem
Haushalt des Friedrich von Pernstein] », Pocta Janu Janákovi, éd. par
Bronislav Chocholáč, Brno : Matice moravská, 2002, p. 391-403.
460 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

IV.08. LA FONDATION DU COUVENT DES CÉLESTINS


PAR AMÉDÉE VIII (25 FÉVRIER 1407)

Document présenté et traduit par Jean-Louis GAULIN

Présentation

Les manifestations de la présence de la maison de Savoie devinrent


paradoxalement plus évidentes après le rattachement de la cité au
royaume. Amédée V acquit en 1320 les biens que les hospitaliers avaient
reçus des templiers – dont la maison devint la domus de Sabaudia – et les
géra sur le modèle de ses domaines. C’est sur ce vaste ténement de bord
de Saône qu’Amédée VIII organisa l’installation à Lyon d’un couvent
des célestins qui servit de point d’ancrage à la famille princière et aux
officiers savoyards lors de leurs séjours dans la cité. Lorsque l’ordre des
Célestins fut supprimé, le royaume de Sardaigne réclama les biens du
couvent passés au clergé de la ville et un compromis permit la transla-
tion à Annecy de reliques ayant appartenu aux célestins de Lyon (1784).
L’acte de fondation est traduit in extenso.

Document

Amédée, comte de Savoie, duc de Chablais et d’Aoste, marquis en


Italie et comte de Genève, aux hommes vénérables et religieux, au prieur
provincial de la province de France, à l’ensemble et à chacun des frères
et moines présents et à venir appelés célestins, de l’ordre de saint Benoît,
qui vivent dans ladite province selon les institutions du bienheureux
confesseur Pierre Célestin et selon leur coutume, et à toutes les autres
personnes dudit ordre en deçà des monts qui relèvent directement de
l’Église romaine, salut et charité sincère dans le Seigneur.
En souvenir perpétuel des présentes et au regard des actes qui favorisent
la gloire et l’honneur de notre créateur, rédempteur et sauveur, ainsi que
l’accroissement de son culte, nous sommes tenus de rendre plus largement
encore les justes largesses, selon l’usage et en imitant nos prédécesseurs,
car c’est de lui en effet que nous recueillons tous les bienfaits, par lui que
nous vivons et attendons à la fin une récompense éternelle.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 461

S’il est vrai que celui qui est puissant rétribue grandement de ses
biens les petites actions et donne en récompense des biens célestes pour
des biens temporels et pour des biens passagers des bienfaits éternels,
à plus forte raison nous pouvons et même nous devons être généreux
envers les églises et leurs serviteurs.
En effet, nous ne nous nourrissons pas seulement d’aliment corporel
et nous ne nous défendons pas nous-mêmes ni ne défendons les nôtres
seulement par la vertu guerrière, mais aussi, assisté par leurs mérites,
nous sommes spécialement nourri par les prières des pieux et honnêtes
religieux et nous protégeons ce que la libéralité du créateur suprême
nous a attribué.
Certainement, l’intégrité de votre sainte religion, dans laquelle, ayant
écarté tous les attraits du monde, vous vous consacrez sans relâche au
service divin, nous sollicite et nous incite, par son mérite, à ce que nous,
qui lui portons une affection spéciale de dévotion, vous nous trouviez
bienveillant, généreux et libéral pour ce qui concerne la propagation
de votre ordre et l’augmentation du culte divin.
C’est pour cette raison que, désirant fonder et instituer dans notre
maison sise dans la cité de Lyon entre le Rhône et la Saône, maison
de Savoie qui est couramment appelée Le Temple, qui confine à l’est au
couvent des frères prêcheurs de cette cité par une rue mitoyenne qui
mène aux jardins de Bellecourt, à l’ouest à la Saône, au sud aux jardins
susdits et au terrain du seigneur Jean Lavitte appelé en langue vulgaire
Bellecourt et, de l’autre côté, à la voie publique par où l’on va du couvent
de ces mêmes prêcheurs jusqu’à la Saône, ou à d’autres limites si elles
s’avèrent plus justes que celles-ci, un monastère de votre ordre avec
église, campanile, cloches, cloître, cimetière et toutes les annexes utiles
et nécessaires, en l’honneur de Dieu tout-puissant et de la bienheureuse
Marie toujours vierge, de toute la cour des citoyens célestes sous le
vocable de l’Annonciation du Seigneur.
Nous vous donnons et concédons cette maison, avec son terrain,
libre et franche de tout cens, service, seigneurie et servitude, depuis
longtemps amortie, avec ses accès, issues, droits, biens et autres choses,
avec l’église et le cloître anciennement construits à cet endroit, avec
le terrain et toutes les dépendances, afin d’y fonder et d’y édifier pour
toujours un monastère, pour le séjour et l’usage des moines et des autres
personnes de votre ordre, pour vous et vos successeurs moines du même
462 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

ordre, tant présents que futurs qui vivent sous lesdites institutions de
ladite province et des citramontains, en donation pure et irrévocable,
dite inter vivos, faite par nous en toute conscience, volontairement, après
une délibération mûrement réfléchie prise en notre conseil, pour le salut
de notre âme et de celle de notre très chère épouse, de nos prédécesseurs
les comtes de Savoie et de tous ceux de notre sang.
Nous vous faisons donation à perpétuité à vous et à vos successeurs
et nous vous transférons libéralement notre maison avec la pleine sei-
gneurie, l’usage, les droits et actions en justice, son terrain avec toutes
ses dépendances qui relèvent de quelque manière de nous et de nos
prédécesseurs les comtes de Savoie lorsqu’ils étaient de ce monde ; et,
en raison de la donation de cette maison et de ce terrain, nous voulons
en être le premier fondateur, reconnu comme tel, en vous constituant
et même en vous ordonnant, vous religieux susdits en la personne de
frère André de Bourville, moine de votre ordre et procureur général
expressément reconnu de par la volonté, le consentement et le mandat
desdits religieux de l’ordre, qui en attestent, les véritables seigneurs et
procurateurs légitimes pour cette maison et toutes ses dépendances ; de
sorte que pour ce qui la regarde, vous puissiez agir et faire valoir vos
droits en justice envers et contre toutes personnes de quelque condition
qu’elles puissent être et faire et dire en général et en particulier ce qu’un
seigneur véritable peut et doit faire et dire pour un de ses biens propres,
la donnant et concédant en notre nom et en celui de nos successeurs à
vous religieux en la personne dudit frère André, ici présent et stipulant
comme dessus, pour qu’à partir d’aujourd’hui vous preniez ou que vous
fassiez prendre par vous-mêmes, par frère André ou n’importe lequel
de vos procurateurs ou d’autres agissant en votre nom et par l’autorité
dudit ordre, la possession réelle et corporelle de la maison, du terrain,
de l’église, du cloître, des droits, des biens et des choses susdites, en
vertu et par la teneur des présentes, sans demander le moins du monde
l’autorisation d’un juge, préteur ou de qui que ce soit, et en vous en
conservant perpétuellement la possession, à vous et à votre dit ordre.
Et jusqu’à ce que vous en ayiez pris réellement et corporellement
possession, vous-même ou d’autres en votre dit nom, comme il est dit,
nous nous constituons et nous voulons tenir de vous à titre précaire
cette maison avec son terrain et toutes ses dépendances, mais nous
ordonnons toutefois que, dans l’intervalle des deux années à venir à
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 463

compter de la date des présentes lettres, vous soyez obligés d’installer


et d’établir des moines de votre ordre dans cette maison pour le service
divin à perpétuité.
Et nous voulons que l’autel majeur de l’église de ce monastère soit
fondé en l’honneur, à la gloire et sous le vocable de l’Annonciation
du Seigneur, avec une image de ladite bienheureuse Vierge Marie qui
sera pour toujours la patronne dudit monastère. Et que chaque année,
le jour où l’office de l’Annonciation sera célébré, on chante la messe
solennelle de l’Annonciation cum nota1 avec diacre et sous-diacre, sauf
si, ce qu’à Dieu ne plaise, un interdit ou un empêchement canonique ne
s’y oppose ; et que le prêtre qui célèbrera ladite messe soit tenu de faire
une mention particulière dans son memento pour l’état bon et prospère
et la prospérité du comte de Savoie alors vivant, de son épouse et de
leurs enfants et pour le salut des âmes des comtes de Savoie défunts.
Et que le jour suivant la célébration de l’office susdit, ou bien si cela
ne peut se faire, le jour férié le plus proche ou le plus convenable qui
se pourra trouver, on célèbre solennellement en ce lieu, tant que nous
serons de ce monde, une messe de l’Esprit saint ou de la bienheureuse
Vierge Marie pour le salut de notre âme et de notre très chère épouse
et de nos enfants ; et, après notre mort, qu’au lieu de cette messe soit
célébrée celle pour les défunts, avec un diacre et un sous-diacre, pour
notre salut, le salut de notre dite épouse et les âmes des comtes de Savoie
trépassés. Et qu’aussitôt la messe dite, on chante le répons Libera me
Domini etc. selon l’usage dudit ordre, avec la prière Inclina Domine etc.,
sauf si un interdit ou un autre empêchement raisonnable ne s’y opposent.
Et que l’on fasse perpétuellement en ce lieu tous les autres suffrages,
pour nous et nos successeurs, que l’on a coutume de faire dans cet ordre
pour une telle fondation.
Et que nous soit expressément réservé dans cette église, près du grand
autel sur la droite ou dans un autre endroit décent et honnête, un lieu
adapté et convenable pour notre sépulture, selon notre jugement ou celui
de nos représentants. Que ce lieu cependant ou cette sépulture ne soit
pas un obstacle à proximité de l’autel ou de la piscine et du siège du
prêtre célébrant la messe ou de ses ministres, ni ne provoque aucune gêne
inconvenante. Que dans ce monument personne ne soit jamais enterré

1 Messe polyphonique.
464 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sans notre consentement ou le consentement du comte de Savoie alors


régnant et que, sur ce monument, il nous soit permis de faire peindre
une image de nous et de notre chère épouse la comtesse, avec nos armes
et les siennes. Et que cette image de nous offre à la Vierge Marie et au
bienheureux confesseur Pierre Célestin une église peinte. Et chaque fois
qu’il adviendra que nous nous rendrons à Lyon, nous ou nos successeurs
comtes de Savoie, ou bien notre conseil ou le leur, pour nos affaires ou les
leurs, les religieux qui demeureront alors dans cette maison ou monastère
seront tenus de nous y loger, si nous le voulons, nous, nos successeurs
et les conseillers si eux aussi le souhaitent, à l’exclusion de tout autre
seigneur de notre entourage. Et que lesdits religieux reçoivent ces laïcs
selon leur qualité et autant que le permettra la disposition de ladite
maison ou monastère, sans toutefois que notre séjour et celui des autres
seigneurs ne soit source de gêne et d’embarras à cause du désordre et de
l’agitation. Et que ces religieux ne soient en aucune façon contraints de
faire aucune dépense ou frais, de nous donner, acquitter ou servir quoi
que ce soit au motif de notre arrivée, de notre entrée, de l’accueil ou du
logement, en quelque occasion que ce soit.
Que rien ne soit fait ni toléré par nous-mêmes et nos successeurs, par
nos conseillers, nos gens, nos familiers et les leurs, qui irait contre la
règle, les constitutions, les statuts et les cérémonies, et contre l’honneur
de l’ordre et desdits religieux. Qu’il ne nous soit pas permis, à nous,
à nos sucesseurs, à nos conseillers, gens et familiers et aux leurs, de
manger de la viande dans le monastère ou lieu susdits, sous quelque
apparence et en quelque période que ce soit, à l’exception toutefois de
nous-même et du comte de Savoie alors régnant qui pourrons manger
de la viande, si nous le désirons, mais à condition de le faire à l’écart, en
particulier, et sans scandale pour l’ordre et lesdits religieux. Et qu’il ne
nous soit pas permis à nous et à nos successeurs, ni à nos conseillers et
familiers, ni à personne d’autre, de conduire ouvertement ou en cachette
dans ce monastère ou d’y introduire des femmes, à l’exception toutefois
de la comtesse de Savoie et des filles dudit comte alors régnant, et à la
condition que ladite comtesse et ses filles n’y couchent pas la nuit et
qu’en ce lieu elles ne jouent ni ne dansent ni ne s’adonnent à aucun jeu.
Qu’aucun schismatique, excommunié, homicide, usurier manifeste,
jongleur ou homme de mauvaise vie de quelque condition qu’il soit,
de notre entourage, de celui de la comtesse ou de nos conseillers, n’ose
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 465

de quelque manière que ce soit jurer par Dieu et ses saints, vitupérer
ou blasphémer dans ledit lieu ou monastère. Nous voulons que les
contrevenants soient punis et corrigés comme il se doit, mais sans aller
jusqu’à la peine de sang, par nous-mêmes, par nos successeurs, par le
chancelier ou d’autres de nos officiers qui se trouveront alors et à qui
la punition de ces crimes appartiendra, en fonction de l’importance du
délit commis et selon que nous ou bien eux serons arrivés en premier
sur ce lieu de notre seigneurie.
En outre, afin que les religieux et tous ceux qui résideront à l’avenir
dans ledit monastère vivent plus paisiblement au service de Dieu, tous
et chacun d’eux, ainsi que le lieu lui-même, le monastère et l’ordre tout
entier, les religieux et leurs familiers, tous leurs biens et possessions dudit
ordre en quelque endroit que ce soit, nous les prenons pour toujours,
de notre science certaine, sous notre protection spéciale et celle de nos
successeurs par les présentes lettres.
Et aussi, aux mêmes religieux qui se trouveront à l’avenir dans ce
lieu ou monastère, de la même science certaine, nous concédons perpé-
tuellement, de grâce spéciale, le droit de prendre ou de faire prélever
librement et sans coût ni taxe, dans nos terres et juridictions où qu’elles
se trouvent, et d’apporter audit lieu tout ce qu’il leur faut en nourri-
ture et autres nécessités et pour l’entretien des bâtiments dudit lieu et
monastère, sans fraude de leur part et sans tenir compte d’interdictions
contraires, d’ordonnances, statuts particuliers ou généraux faits par nous,
par nos prédecesseurs ou successeurs ou qui viendraient à être faits.
Nous voulons néanmoins aussi, par la même science et une grâce
plus ample encore, que lesdits religieux puissent bénéficier et jouir à
perpétuité de tous les privilèges, libertés et franchises, dans toutes nos
terres et juridictions, dont bénéficient et jouissent les autres frères de
cet ordre installés dans la cité de Paris, dans le royaume de France et
les autres parties du monde.
Nous vous faisons interdiction cependant à vous religieux susdits et à
vous successeurs, de transférer tout ou partie de ce lieu en quelque temps
que ce soit dans un autre endroit ou de l’aliéner sans notre consentement,
ou celui du comte de Savoie alors régnant.
S’il advenait au contraire que ce lieu soit aliéné, qu’aussitôt quand
cela se produira, qu’il nous revienne à nous ou à nos successeurs de plein
droit, comme avant.
466 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Nous promettons, de bonne foi et sur l’obligation de tous nos biens


présents et futurs, que ni nous ni nos prédécesseurs n’avons fait dans le
passé ni ne ferons à l’avenir de vente, de donation ou action quelconque
qui ait pu ou puisse aller contre cette donation et concession, mais qu’au
contraire notre donation et notre concession peuvent et doivent produire
dès maintenant et pour toujours leur plein et entier effet.
Et nous ne ferons rien ni ne permettrons que rien ne soit fait à aucun
moment contre les choses susdites, en général comme en particulier, et
nous vous promettons de bonne foi, à vous susdits religieux du susdit
ordre et à vos successeurs qui vivront dans cet ordre et dans ce monastère,
de les maintenir et de les observer perpétuellement intactes.
Et nous, comte Amédée susdit, désirant que notre donation produise
son plein effet et que toutes les choses susdites demeurent perpétuelle-
ment intactes, fortes et vigoureuses, de notre science certaine, pour les
choses susdites, nous renonçons expressément à l’un et l’autre droit, à
l’usage, au statut, au privilège et à la coutume, et à la loi qui dit qu’une
donation excédant cinq cents ducats, faite sans suggestion du juge ou
du préteur, ne vaut pas et peut être cassée, et à celle qui dit qu’une
donation peut être révoquée à cause de l’ingratitude de celui à qui est
faite la libéralité ou à cause de la naissance d’enfants ou pour d’autres
raisons, au moyen desquels nous pourrions nous ou nos successeurs nous
opposer aux choses susdites ou à une partie d’entre elles d’une façon
quelconque dans le futur ou vouloir le faire.
Et nous renonçons à toutes les autres exceptions et défenses de droit
et de fait qui pourraient être objectées ou formulées contre notre susdite
donation et la teneur des présentes lettres et à celle de la loi qui dit
qu’une renonciation générale ne vaut pas si la renonciation particulière
ne l’a pas précédée.
Pour la force et témoignage desquelles choses, nous avons scellé les
présentes lettres de notre grand sceau où nous sommes représenté à
cheval, et l’avons apposé pour les renforcer.
Donné au Bourget, ce vingt-cinquième jour du mois de février, l’an
de notre Seigneur mille quatre cent sept.
Pour le comte, étaient présents les seigneurs : de Vallufin, Guichard
Marchand, chancelier de Savoie, Boniface de Challant, maréchal de
Savoie, François de Menthon, d’Apremont et Johannes Burle. [À droite :]
Franciscus Bondrici
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 467

Source

Lyon, Bibliothèque municipale, Fonds Coste, ms. 264 (1). Édition :


Guichenon, Samuel, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie.
Tome quatrième, deuxième partie, Turin : Jean-Michel Briolo, 1780, p. 648-
651. Traduit du latin.

Bibliographie

Marie José, La Maison de Savoie. Amédée VIII, le duc qui devint pape,


Paris : Albin Michel, 1962, vol. 2, p. 53-54.
Demotz, Bernard, « La politique internationale du comté de Savoie
durant deux siècles d’expansion (début xiiie – début xve siècle) »,
Cahiers d’histoire, 19 (1974), p. 29-64, ici p. 32-34.
Da Celestino V all’« Ordo coelestinorum », éd. par Maria Grazia Del Fuoco et
Luigi Pellegrini, L’Aquila : Libreria Colacchi (Studi e testi / Deputazione
abruzzese di storia patria ; 29), 2005.

IV.09. TENSIONS SOCIALES :


LA « PETITE REBEYNE » (1436)

Documents présentés et transcrits par Jacques ROSSIAUD

Présentation

Passionné d’inscriptions et d’écritures anciennes, l’humaniste


Claude Bellièvre eut heureusement l’idée – cent ans après les faits –
de retranscrire un extrait des informations prises en l’an 1436 sur « la
mutinacion lors à Lion faicte par certains du menu peuple pour cause
de la première assiette des gabelles et aydes ». Cet extrait contient
les interrogatoires conduits en janvier 1437 de quatre des principaux
acteurs des événements. Le texte IV.09.a. présente l’essentiel du témoi-
gnage de Raoulin de Mâcon, secrétaire puis procureur de la ville,
détesté du peuple et farouche ennemi des citoyens protestataires, le
texte IV.09.b. est la déposition du notaire démocrate Jean de Condeyssié.
468 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ces dépositions concernent la phase centrale de la révolte (« rebeyne »),


entre le dimanche de la Trinité (3 juin) et la dernière grande assemblée
populaire tenue aux Cordeliers le mercredi 6 juin. Les deux témoins
sont, pour des raisons diamétralement opposées, conduits à dramatiser
les faits ; le premier, parce qu’il se présente en victime des violences
qui auraient été commises, le second parce qu’il veut montrer que son
action a évité le pire.
La délibération consulaire (IV.09.c.) concerne l’une des respon-
sabilités majeures du magistrat : la bonne répartition des « deniers
mis sus ». C’est pourquoi neuf consuls sur douze et cinquante-trois
maîtres sur soixante-deux sont présents. Participation exceptionnelle !
L’impôt est théoriquement proportionnel aux fortunes (vaillants)
immobilières et mobilières (le meuble et pratique qui inclut le capital
de l’entreprise). Cette fiscalité directe –  constituant l’essentiel des
contributions demandées aux citoyens – se fonde sur une estimation
détaillée des biens (maisons, terres, pensions, capitaux) possédés par
chaque contribuable. L’ensemble de ces estimes constitue le livre du
Vaillant (ou papiers, ou nommées) servant de socle et de référence aux
cahiers des tailles utilisés par les receveurs. En 1458, les estimes dispo-
nibles, qui datent de 1446-1448, pourraient sembler suffisantes ; mais
deux faits les rendent presque inutilisables : la récurrence pesteuse de
1457 a été fort dure, les listes d’imposables ne sont donc plus à jour ;
en second lieu, depuis une quinzaine d’années, les affaires vont bon
train et les marchands s’enrichissent. Il faut, dès lors, mettre fin aux
« desordonnances » ; mais celles-ci sont pour les uns inadmissibles et
pour les autres utiles. Devant les divergences d’opinions, les consuls
retardent leur décision d’une semaine. Le 23 juillet 1458, conseillers
et notables décident la réfection des papiers et, pour ce faire, font élire
six prudhommes à qui ils doivent donner des instructions. Six mois
plus tard, celles-ci ne sont pas encore transmises, et c’est seulement
en 1461 que les commissaires élus terminent leurs révisions, qui ont
porté uniquement sur les meubles et pratiques. L’immobilier n’a
pas été pris en compte. La réfection annoncée s’est transformée en
correction partielle, et les estimes de 1446 surchargées de retouches
et de « désordonnances » serviront, contre toute raison (et justice),
jusqu’en 1493.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 469

IV.09.A. DÉPOSITION DE RAOULIN (13 JANVIER 1437)

Document

Déposition de Raoulin de Mâcon

L’an mil quatre cent trente-six et le treizième jour de janvier dudit


an, Roulin de Mascon, procureur de la communauté de la ville de Lyon,
a dit et déposé tout ce qu’il peut savoir […]
[…] dit ledit Roulin que, le jour de la Trinité, il était à l’église de
la Platiere. Et là vint à lui Nicolet Le Borcier, qui lui va dire que les
conseillers le demandaient vers Sainct Jaqueme. Et lors ledit Roulin,
cuidant qu’il dît vrai [pensant qu’il disait vrai], s’en alla avec lui. Et,
quand il fut devant ledit Sainct Jaquemo, il trouva là assemblés Jhean
de Bresse, Le Fluyvier, Loys d’Arbent, Tavel et plusieurs autres, dont
ne lui souvient des noms, jusqu’au nombre de quinze ou dix-huit per-
sonnes. Lesquels assemblés envoyèrent incontinent quérir un sergent
de [du] Daulphin, nommé Roulin de Moncud, qui était en ladite ville ;
lequel s’en vint avec eux en celle [cette] place. Et là dit généralement
ledit de Moncud qu’il avait été présent le mercredi précédent à La Tourt
du Pin, que [quand] les seigneurs du conseil de Grenoble avaient reçu
lettres du Roi par lesquelles il abolissait les impositions que paravant
naguère [qui peu auparavant] avaient été créées à Lyon. Et sur ce, à ces
nouvelles, se commença illecques assembler grand peuple [une foule
commença à s’assembler en ce lieu]. Et lors ledit Roulin qui parle [qui
fait cette déposition], voyant qu’il commençait tomber [que cela risquait
de tourner] à grand péril et danger, va dire que l’on menât ledit Moncud
à Monsieur le Bailli, que l’on disait être ès Jacopins [aux Jacobins]. Et,
sur ce, ledit de Moncud se perdit. Et adont tout celui peuple [et alors
toute cette foule] mena ledit qui parle en grand presse jusque devant
le carré de Pierre de Sainct Barthelemy, où là il fut à coup eimay de [il
fut soudain décontenancé par des] paroles âpres et sauvages, tant par
Jhean Nicolas, Tavel et plusieurs autres, qui là lui dirent qu’il leur avait
celé [caché] les lettres de l’abolition piéça [autrefois] faites par le Roi,
lors régent ; et entre les autres [notamment] un sancturier [ceinturier]
nommé Gilliquin, qui était lors vêtu de gris et portait une loyne de
til [une branche de tilleul], dit audit Roulin, qu’il était près du lieu
470 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à une bonne toise [dont une bonne toise le séparait], que ledit Roulin
était traître au commun et, car [comme] ledit Roulin lui répondit qu’il
ne fut oncques traiteur [qu’il n’avait jamais trahi], ledit Gilliquin le
démentit [contredit] deux ou trois fois. Et tient ledit Roulin que, si ledit
Gilliquin l’eut point approcher [avait pu l’approcher], que si eut fait si
ne fut la presse [il l’eut fait sans la foule], qui l’eut frappé [il l’aurait
frappé]. Et fut ledit Roulin là tellement détraint [écrasé] de la presse du
grand peuple qui là était que, si Dieu ne lui eut soudainement envoyé
Monsieur le Courrier et Aynard de Villeneufve, et après la bannière et
la procession de la Trinité, icelui Roulin ne pouvait plus parler et qu’ils
l’eussent [l’auraient] là tué. Et a ouï dire depuis ledit Roulin auxdits
M. le Courrier et Aynard qu’ils avaient vu sur ledit Roulin deux ou
trois couteaux traits [tirés] pour frapper sur ledit Roulin, s’ils ne fussent
sitôt survenus.
[…]
[Le soir suivant :] Et incontinent, dedans peu de temps, furent assem-
blés grand nombre de gens, tant deça la Saonne que delà, qui firent le
guet jusqu’à la minuit en armes. Et allèrent les uns visiter l’hôtel de la
Monoye [Monnaie], où ils ne trouvèrent que bien [rien à redire], et les
autres le logis de messire Symond Charles ; et desquels s’en allèrent faire
le tour par devers [du côté de] Sainct Pol. Et, en allant [en s’en allant],
ledit Roulin ouït dire, comme [il] lui semblait, à Jhean Marlet que l’on
avait rompu la porte d’Anthoine Audry, aucuns [quelques-uns] dudit
guet, et que, ce ne fut ledit Merlet [sans Merlet], qu’ils y eussent fait un
grand exulté [tumulte]. Et si dit plus [encore] ledit Merle audit Roulin,
comme [il] lui semble, que Pierre Fosseur ou Glaude Dufourt avait
rompu ladite porte à [avec] une grosse pierre de faix. Et après chacun
s’en alla chez soi, et ne fut plus [il n’y eut plus rien] celui jour [ce jour-
là] de quoi ledit Roulin soit recors [se souvienne] à présent.

Source

Bellièvre, Claude, Souvenirs de voyages en Italie et en Orient : notes his-


toriques, pièces de vers, éd. par Charles Perrat, Genève : Droz (Travaux
d’humanisme et Renaissance ; 23), 1956, p. 91-93.
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 471

IV.09.B. DÉPOSITION DE JEAN DE CONDEYSSIÉ (18 JANVIER 1437)

Document

Déposition de Jean de Condeyssié, notaire

Jehan de Condeyssié, notaire demeurant à Lyon, prisonnier, ouï,


juré et examiné sur le cas de son emprisonnement, dit qu’il n’a été en
assemblée quelconque ença [auparavant] autrement que en après dira.
Et ne sait par ouï-dire ni autrement qu’aucunes assemblées particulières
en hôtel d’aucun [chez quelqu’un] de la ville avait été faites.
Dit que le jour de la Trinité dernièrement passé il [lui] qui parle
était au matin en l’église de Sainct Nizier et sentit [perçut] et ouït
dire, ne se recorde [ne se rappelle] à qui, qu’il [y] avait en la ville grand
effroi et commotion de peuple. Et se doutait [redoutait], il qui parle,
qu’aucun [que quelque] grand inconvénient n’advint en la ville. Et fut
entredeux [il hésita] de soi partir et enfuir hors de la ville et sauver ce
qu’il pourrait de ses biens. Toutefois ne le fit-il pas, mais demeura en
ladite église de Sainct Nizier pour la sûreté de sa personne jusqu’après
complies ou environ. Puis, cuidant [pensant] que l’effroi fût passé, s’en
alla en sa maison.
Et en allant rencontra Rolet le Picard, pour lequel démène certaines
causes [il conduit certaines affaires] en la cour de l’official de Lyon, et le
mena souper avec lui en sa maison. […] Et lors il qui parle commença à
parler audit Rolet que la ville était en grand péril et en voie qu’aucune
grande meurtrerie [quelque grand massacre] s’y fit comme avait été à
Paris. Dit outre il qui parle audit Rollet que ces choses étaient péril-
leuses et venaient pour occasion des tailles que les grands de la ville
ne voulaient payer. Et lui semblait qu’il serait bon et expédient pour
apaiser le peuple d’en faire aucune mémoire et articles [un mémoire
récapitulatif]. Ledit Rollet dit que ce serait bien fait. Lors il qui parle,
après souper, ordonna, dressa et nomma audit Rollet, qui écrivit devant
lui, certains articles commençant « Soit interrogé par serment, etc. »,
lesquels sont signés de sa main et lui ont été montrés et exhibés. Et lui
semble bien que ce sont ils [eux].
Dit que le lundi ensuivant, lendemain de la Trinité, il qui parle alla
aux Cordelliers où étaient assemblés les conseillers, maîtres de métiers
472 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et autres, jusques au nombre [de] deux mille ou environ, et y avait grand


tumulte, cris et rumeur de peuple, et sans autres quelconques et telle-
ment que l’un n’entendait pas l’autre, et ne saurait dire bonnement de
quoi ils parlaient. Et là il qui parle montra et exhiba audit courrier et
aussi à Barthelemy Dalmes lesdits articles. Lesquels courrier et Dalmes,
après qu’ils les eurent vus et avisés, dirent que c’était très bien fait pour
apaiser un chacun et qu’il n’y avait que tout bien. Et furent lus lesdits
articles du commandement de tous ceux qui là étaient à haute voix en
une chaire par ledit Dalmes. Et après qu’ils furent ainsi lus, tous de
ladite assemblée crièrent que c’était bien fait, mais qu’il n’y avait pas
assez et n’y était pas contenu tout ce qu’ils demandaient. […] Et lors il
qui parle dit audit Dalmes qu’il dît au peuple qu’ils eussent patience
jusqu’au mercredi ensuivant, auquel jour ils auraient autres articles où
serait déclaré plus à plein ce qu’ils demandaient, tellement [de telle sorte]
qu’ils seraient contents. Et ainsi se départit [se sépara] ladite assemblée
sans autre chose faire ne dire.
Dit que ledit mercredi ensuivant, au matin, il qui parle rencontra
un nommé Joguet, qui pour lors vendait vin à taverne et est compère
de lui qui parle. Et lui dit qu’il boirait volontiers de son vin blanc. Et
était avec lui qui parle ledit Rollet le Picart […], et allèrent il qui parle
et ledit Rolet à l’hôtel [chez] dudit Joguet, et là burent ensemble sans
autres. Et là aussi il qui parle ordonna, dicta et nomma audit Rollet et
[celui-ci] écrivit devant lui autres articles que dessus, commençant par :
« Ce sont les demandes et articles additionnels, etc. », contenant ceux
qui devaient arrérages [des arriérés] de tailles et qui occupaient aucuns
[certains] lieux et places communes appartenant à ladite ville. Lequel
rôlet [petit rôle, registre] il qui parle porta ledit mercredi à l’assemblée
faite icelui jour [ce jour-là] aux Cordelliers, où étaient bien deux mille
personnes, tant conseillers et maîtres des métiers que autres. Et montra
et exhiba lesdits articles auxdits courrier et Dalmes, lesquels, après ce
qu’ils les eurent vus et avisés [et en eurent pris connaissance], dirent
que c’était bien fait et qu’il n’y avait que tout bien et faisaient bien
[convenaient] à leur apaisement du peuple. Et depuis [ensuite] furent
lus lesdits articles à haute voix en une chaire par ledit Dalmes et du
commandement de tous qui là étaient ; et fut dit qu’on pourvût à tout
par justice. Après laquelle lecture, tous qui là étaient en grande multi-
tude, grands et petits, dirent que c’était très bien fait et qu’ils avaient
LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 473

ce qu’ils demandaient, mais qu’il fallait élire gens pour recevoir lesdits
arrérages et faire accomplir le contenu desdits rôles. Et lors furent élues et
nommées par tous ceux de ladite assemblée généralement dix personnes
appelées commis ou auditeurs de la ville.

Source

Bellièvre, Claude, Souvenirs de voyages en Italie et en Orient : notes his-


toriques, pièces de vers, éd. par Charles Perrat, Genève : Droz (Travaux
d’humanisme et Renaissance ; 23), 1956, p. 97-99.
IV.09.C. DÉLIBÉRATION CONSULAIRE SUR LA RÉFECTION DU VAILLANT (1458)

Document

Messire Jehan Grand docteur en lois, Antoine de Varey, Benoît


Chenal, Mathieu Audebert, Jehan de Villars, Pierre Thomassin, Pierre
Brunier, Etienne Coillet et Grégoire Payen citoyens et consuls de l’année
prédite de ladite ville.
Par l’ordonnance et commandement desdits conseillers mandés en
ladite chapelle de Saint-Jaquême par Pierre Archambaud, mandeur du
consulat de ladite ville, consul de l’année passée, maîtres de métiers et
autres notables de ladite ville sur ce que, combien que de toute ancien-
neté les manants et habitants d’icelle ville aient accoutumé de contribuer
ès aides, tailles et subsides qui sont mis sus et se lèvent en ladite ville
selon la valeur et estimation de leurs biens tant meubles qu’immeubles,
et pour cette cause et garder égalité entre lesdits habitants, ils seoient et
aient accoutumé [ont l’habitude] qu’iceux biens ensemble leurs valeurs et
estimations soient enregistrés en livres et papiers sur ce faits et ordonnés
et, bien que iceux livres et papiers naguère et depuis dix ou douze ans
en ça aient été refaits et renouvelés, toutefois depuis ladite réfection et
renouvellement d’iceulx papiers, à cause de la mortalité qui avait régné
en ladite ville, comme aussi plusieurs ventes, échanges et transports par
lesdits habitants d’iceux leurs biens faits en l’impôt desdites tailles, avait
beaucoup de fautes et désordonnances [de désordre] et n’y était aucunement
égalité gardée. En ces jour, an et lieu comparant en propres personnes
maîtres Philippe Burle, Anthoine Penin, Henri de Syvrieu [suivent 51 noms]
et plusieurs autres tant maîtres de métiers que notables de ladite ville
474 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

après ce que, par lesdits conseillers et par la voix dudit messire Jehan
Grand et dessus mandés et comparants, a été dit et exposé ce que dessus
et avec ce que aussi que depuis la réfecion desdits papiers plusieurs mai-
sons et autres édifices avaient été mis sus et réparés et plusieurs autres
en ruine et démolition, plusieurs aussi habitants étaient creissus [accrus]
et augmentés de meubles et marchandises dont toutefois ne se veulent
charger ni mettre à raison. Pour cela, expédient et de nécessité était d’y
donner ordre et provision et à cette fin avaient fait faire iceux conseillers
ledit mandement pour avoir sur ce les avis, opinions et consentements
d’iceux maîtres de métiers et autres notables dessusdits et afin qu’il ne
leur puisse être imputé à l’avenir ne pas avoir fait leur devoir. Pour faire
leur devoir, étaient iceux conseilliers, comme disait ledit messire Jehan
Grant, prompts et appareillés [disposés], ainsi que vrai et avisé serait.
Les dessusdits comparants et assemblés ont été sur ce de trois opinions,
c’est à savoir les uns de ne pas refaire quant à présent lesdits papiers en
général sinon tant seulement au regart de ce qui apparait avoir acquis et
être augmenté de biens depuis ladite réfecion desdits papiers ; et qui les
referaient tout au long se devrait être par autorité de justice ou autrement
il n’y aurait comme ils disaient aucune perfection. Les autres étaient
d’autre opinion, c’est à savoir que l’on ferait faire don de ci en là, sans avoir
regard au moins du tout auxdits papiers, les impôts et assiettes desdites
tailles par rues et quartiers comme dans certaines villes de ce Royaume
et imposer chacun selon ce que l’on verrait et connaîtrait que sa faculté
et de ce qui peut supporter. Et les autres et la plus grande et saine partie
d’iceux assemblez étaient d’opinion que l’on devait refaire et remettre
sus lesdits papiers, ainsi que d’ancienneté avait été fait et taxé un chacun
bien au regard des immeubles et héritages et que des meubles, pratiques
et marchandise selon sa faculté et pour se faire et y conclure plus à plein,
leur semblait que l’on devait mander en autre jour en plus grand nombre
et des plus notables de ladite ville ; et finalement lesdits conseillers après
l’issue et département [la sortie et le départ] des dessus-dits assemblés
dudit conseil, attendant et considérant la diversité desdites opinions ont
conclu et délibéré qu’il ferait mander à un autre jour sur cette matière.

Source

Lyon, Archives municipales, BB 7, fol. 96 vo à 97 vo.


LA SOCIÉTÉ LYONNAISE : CONTRASTES ET TENSIONS 475

Bibliographie

Bellièvre, Claude, Souvenirs de voyages en Italie et en Orient : notes historiques,


pièces de vers, précédées d’une notice par Jean TRICOU, éd. par Charles
Perrat, Lyon : Société des bibliophiles lyonnais, 1956, p. 81-101.
Déniau, Jean, Les nommées des habitants de Lyon en 1446, Lyon : Alexandre
Rey / Paris : Félix Alcan (Annales de l’université de Lyon. II : Droit,
Lettres ; 42), 1930.
Fédou, René, « Un Dombiste à Lyon au xve siècle : Jean de Condeyssié »,
Visages de l’Ain, janvier-mars 1954, p. 29-37.
Fédou, René, « Une révolte populaire à Lyon au xve siècle : la Rebeyne
de 1436 », Cahiers d’histoire, 3 (1958), p. 129-149.
Histoire de Lyon des origines à nos jours, éd. par André Pelletier, Jacques
Rossiaud et al., Lyon : Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 2007,
p. 310-313.
Rossiaud, Jacques, Lyon 1250-1550 : réalités et imaginaires d’une métropole,
Seyssel : Champ Vallon (Époques), 2012, p. 145-170.
LYON ET SES FLEUVES
Ponts, brotteaux et castors…

IV.10. LYON ET SES PONTS (1381, 1386, 1396)

Documents présentés, transcrits ou traduits par Sylvain PARENT

Présentation

Au cours du Moyen Âge, Lyon ne compte que deux ponts. Le plus


ancien est celui qui franchit la Saône : son édification commence au
xie siècle, sous l’épiscopat de l’archevêque Humbert. Il fut appelé par
la suite pont du Change, parce qu’il reliait la place du Change, lieu
d’intense activité commerciale, à l’église Saint-Nizier. Les deux textes
présentés donnent une idée des difficultés que rencontrent les autorités
pour réussir à lever les fonds nécessaires à l’aménagement du pont de
Saône. Ainsi, le 12 novembre 1381, le roi de France Charles VI essaie de
contraindre Jean Clairvaux et Pierre du Pré à tenir l’engagement qu’ils
avaient pris de construire une tour et une horloge, sous peine de pour-
suites judiciaires (IV.10.a.) ; en 1386, le problème n’est toujours pas réglé
puisque par une lettre du 20 août le roi autorise la levée d’un impôt qui
pèse sur les habitants de Lyon afin de procéder à la construction d’une
tour et d’une horloge sur ce même pont. Ce nouvel impôt semble alors
loin de faire l’unanimité au sein de la communauté (IV.10.b.).
Le second pont fut construit sur le Rhône et fut rapidement appelé
pont de la Guillotière. Il semble remonter à la fin du xiie siècle, mais
son emplacement originel demeure discuté et difficile à établir avec
certitude. Le pont est, à la fin du xive siècle, un monument composite
et son état semble inquiéter les autorités municipales qui décident de
diligenter une enquête afin d’évaluer l’étendue des dégâts et la nature des
478 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

réparations à effectuer. Le procès-verbal qui a été dressé le 21 décembre


1396 à l’occasion de cette visite du pont a été conservé (IV.10.c.).
En 1550, le Plan scénographique met en valeur ce parcours terrestre
obligé conduisant d’un pont à l’autre, entre Saône et Rhône (ill. 28).
IV.10.A. UNE PROMESSE NON TENUE D’EMBELLIR LE PONT SUR LA SAÔNE (1381)

Document

Charles, roi des Francs par la grâce de Dieu, au bailli de Mâcon ou à


son lieutenant, salut. Nos chers consuls et habitants de la ville de Lyon
ont pris soin de nous signifier que Jean Clairvaux, citoyen de Lyon, et
Pierre du Pré ont promis en bonne intelligence et à l’unanimité, pour
le bien public de la ville de Lyon et de la patrie alentour, en présence
d’un notaire public et de plusieurs témoins dignes de foi de construire
ou de faire construire dans la cité de Lyon, sur le pont de Saône, une
tour avec une horloge à son sommet, à la manière dont sont édifiées
à Paris une tour et l’horloge qui se trouve dessus, comme cela appa-
raît clairement par un instrument public confectionné sur ce point.
Pourtant, lesdits Jean et Pierre ont refusé de faire les choses susdites et
le refusent de façon indue et injuste, au grand dommage et préjudice du
bien public de cette ville, comme on nous le signifie en nous suppliant
d’y apporter un remède par notre grâce. C’est pourquoi nous, après
examen, voulant régler rapidement ces affaires qui concernent le bien
public, dans le bailliage ou le ressort où lesdites parties habitent, nous
vous mandons, si nécessaire, et vous chargeons de prescrire et enjoindre
de notre part auxdits Jean et Pierre, chacun pour ce qui lui revient,
et sous peine de sanctions importantes que nous leur appliquerions,
que vous ordonniez et imposiez, ou fassiez ordonner et imposer, qu’ils
fassent ou fassent faire sur-le-champ cette tour et cette horloge […] ;
en cas d’opposition, une fois les parties convoquées et entendues, vous
ferez procéder, de façon sommaire, directement, sans chicane et figure
de jugement, à un complément d’enquête accéléré, ce que, par grâce
spéciale, nous vous autorisons à signifier aux intéressés cités, non obstant
les lettres subreptices obtenues ou à obtenir qui y seraient contraires.
Donné à Paris le 12 novembre, l’année du Seigneur 1381, la deuxième
année de notre règne. […]
LYON ET SES FLEUVES 479

Source

Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude


Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique
et archéologique de Lyon), 1876, p. 474-475. Traduit du latin.
IV.10.B. UN PROJET FINANCÉ PAR L’IMPÔT DES LYONNAIS (1386)

Document

Charles, par la grâce de Dieu roi de France, au bailli de Mâcon ou à son


lieutenant à Lyon, salut. À l’humble supplication de plusieurs habitants de
la ville de Lyon contenant que, combien que [bien que] la plus saine partie
d’icelle ville ait été d’accord que, aux dépens [aux frais] des habitants d’icelle
ville, une tour soit faite et sur ladite tour une reloge [horloge] sur une des
piles du pont de la rivière de Saône, qui est aussi que ou au milieu de ladite
ville [qui fait partie de la ville et coule en son milieu], et que déjà il ait été
marchandé [convenu] de faire ladite tour pour la somme de huit cents francs
d’or et qu’il soit avisé [donné avis] que le surplus se pourra faire pour moins
de mille francs ou environ, néanmoins aucuns [quelques] autres habitants
d’icelle ville sont refusants et contredisants de [se refusent et s’opposent à]
contribuer à faire ladite tour et reloge, pourquoi [raison pour laquelle] ledit
reloge ne pourrait être fait se il n’y était pourvu de remède [s’il n’y était
remédié], nous vous mandons et commandons en commettant [en vous
en chargeant], se métier est [si nécessaire], que ou cas dessusdit vous, par
l’avis et délibération de trois ou de quatre personnes des plus suffisantes
[convenables] et plus expertes de ladite ville, imposez ou faites imposer
à chacun desdits habitants telle somme, comme bon vous semblera, eu
regard à leurs facultés, pour l’accomplissement de ladite tour et reloge et
pour convertir en icelui, en contraignant ou faisant contraindre, se métier
est, chacun d’eux par prise, vendue et explectation [confiscation, vente et
saisie] de ses biens, à payer ce que ainsi imposé lui aura été, car ainsi le
voulons-nous être fait et l’avons octroyé et octroyons par ces présentes, non
obstant oppositions et appellations [appels] frivoles1 et lettres subreptices2

1 L’appel frivole, ou fol appel, est un appel dilatoire et dépourvu de fondement.


2 Une lettre subreptice est une lettre de chancellerie obtenue en omettant, occultant ou
déformant quelque fait essentiel.
480 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à ce contraires. Donné à Paris, le 20e jour d’août, l’an de grâce 1386 et de


notre règne le sixième.

Source

Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude


Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique
et archéologique de Lyon), 1876, p. 475-476. Transcrit du moyen français.
IV.10.C. LA NÉCESSAIRE RÉFECTION DU PONT DU RHÔNE (1396)

Document

Nous, Hugues Le Fort, d’Autun, en charge du sceau royal commun


dans le bailliage de Mâcon, faisons savoir à tous ceux qui ces présentes
lettres verront que, alors que le lundi 18 décembre de l’an du Seigneur
1396 le noble et puissant seigneur Karados des Quesnes, seigneur de
Sarresviller, chevalier, chambellan de notre seigneur roi, bailli de Mâcon
et sénéchal de Lyon, se trouvait à Lyon, dans la chambre du conseil du
roi à la maison de Roanne, nous avons entendu la supplique et la requête
des consuls et échevins de Lyon et de leur procureur au nom de la
communauté de ladite ville, ainsi que celle du procureur royal de la cité
et du sénéchal de Lyon chargé des travaux publics, exposant que les
édifices nouveaux construits sur le pont du Rhône de ladite ville, faute
d’achèvement desdits édifices, et pas seulement de ces édifices neufs
mais aussi du vieux pont, et faute aussi de réparations, menacent de
tomber en ruine, si l’on n’y remédie pas ; nous demandons qu’il soit
ordonné qu’un inventaire soit fait des matériaux – à la fois les pierres,
le bois et les autres matériaux –, qui sont disponibles à l’usage de la
construction dudit pont, et que l’on fasse faire des enquêtes (informationes)
par des experts sur l’état dans lequel sont à présent ce pont vieux et les
autres nouveaux édifices, dans le but qu’ils soient capables d’informer
en temps et en lieu sur ce sujet. Comme prud’homme Aynard
de Villeneuve, citoyen de Lyon, qui avait jusqu’ici la direction et
l’administration des travaux et des gains procurés par ledit pont, en
présence dudit bailli et desdits consuls dans ladite chambre, ce lundi,
démissionna de cette direction, administration et charge, comme il est
dit dans l’acte public qui en a été fait, ledit seigneur bailli et sénéchal
LYON ET SES FLEUVES 481

ordonna donc, en raison de l’urgence, de faire l’inventaire de tous les


matériaux encore disponibles pour les travaux de ce pont ainsi que des
enquêtes sur l’état et la conformation dudit pont, des nouveaux edifices
et des environs ; cette ordonnance devra être exécuté en présence de
Thomas Rossignol, clerc, notaire royal public de par l’autorité royale,
requis pour assister à la réalisation des choses contenues dans ladite
ordonnance, et en présence des témoins souscrits, comme il apparaît
ci-dessous. Premièrement, le mardi 19 décembre de cette même année,
Hugonet Brunet, sergent du Roi, rapporta en présence dudit notaire
royal qu’à la demande du seigneur lieutenant dudit seigneur bailli il a
dit et notifié audit Aynard de se présenter, le jeudi suivant, à none, pour
faire l’inventaire et les enquêtes dont il est fait mention plus haut, lui
indiquant le jour, le lieu et l’objet. En réponse, Aynard dit à ce sergent
qu’il ne s’y rendrait pas et qu’il n’y enverrait personne, parce qu’il devait
prendre avis sur la façon dont il devait procéder à ce sujet. Par conséquent,
le jeudi qui précède la Nativité du Seigneur, le 21 décembre de ladite
année 1396, à la demande et en présence des discrets hommes maîtres
Étienne Boillat, procureur royal de la cité et de la sénéchaussée de Lyon,
au nom et dans l’intérêt public, et Guillaume de Cuysel, procureur des
consuls et de la communauté susdite, et en présence des honorables
hommes Humbert de Varey, Jean de Nèvre, Michel Chenevier, Humbert
Gontier, Pierre Thomassin, consuls de ladite cité chargés de suivre cette
affaire, ainsi qu’en présence dudit notaire royal et d’Antoine de La Croix,
prêtre, Michelet Chavence, Barthélemy Lambert et plusieurs autres
témoins requis, les discrets hommes et maîtres Jacques de Beaujeu,
Pierre de Châteauvieux, Girard de Cuysel, dit Le Masson, et Jean Vachon,
tailleurs de pierre et jurés des travaux de la ville de Lyon, ont été choisis
par lesdits consuls pour faire la visite des ponts ancien et nouveau. Le
pont neuf est composé de huit arches qui ne sont pas encore couvertes
et achevées, bien que cela fasse cinq ou six ans que lesdites huit arches
ont été construites, aucune autre intervention n’ayant eu lieu depuis, ce
qui explique qu’elles soient restées à découvert et le sont encore, mena-
çant de tomber en ruine. De même le pont vieux, à cause de sa vétusté,
de l’affouillement, de la force du fleuve et par manque d’une réparation
nécessaire, menace à l’évidence de tomber en ruine. Ils se rendirent
personnellement au pont afin d’effectuer la visite. Lesdits jurés nommés
ci-dessus étant parvenus devant le pont près de sa loge furent requis
482 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

avec insistance par ledit procureur royal, dans la mesure où cela peut
concerner le bien public, et par le procureur desdits consuls et de la
communauté de Lyon de faire la visite dudit pont, aussi bien de l’ancien
que du nouveau, et ensuite, une fois cette visite effectuée, de rendre
compte de son état, des réparations nécessaires et des dommages qui
pourraient survenir du fait que la partie neuve dudit pont est restée
découverte et inachevée, et de la même manière du pont vieux, du fait
qu’il n’a pas été réparé autrefois, et d’en rendre compte pour évaluer
quels matériaux et en quelle quantité, aussi bien les pierres, les bois, les
cordes que tous les matériaux quels qu’ils soient, sont à ce jour dispo-
nibles et prêts pour la construction dudit pont, afin que l’on puisse
connaître la vérité sur tous ces aspects et y remédier, selon ce qu’on
jugera le plus opportun de faire. Lesdits maîtres et jurés des travaux de
la ville jurèrent sur les saints Évangiles de Dieu de rendre compte de la
vérité sur les choses susdites. Ensuite, une fois le serment prêté, le pont
vieux et le pont neuf furent examinés […] et, ayant délibérés entre eux,
ils rapportèrent à l’unanimité ce qui suit : en premier lieu, en ce qui
concerne le pont vieux, il y a de cela environ un an, ils avaient examiné
deux arches dudit pont, à savoir les numéros quatre et cinq, et que, lors
de cet examen, les piles et les fondations étaient très affouillées à cause
de la force du courant, et qu’à cette époque les réparations nécessaires
auraient pu être faites moyennant cent soixante livres tournois, et qu’à
présent on ne peut plus les réaliser avec cette somme puisque durant
une année des dégâts plus importants sont survenus. Ils ont également
rapporté que pour la première arche dudit pont vieux, à l’exception de
la chapelle, on dit qu’une réparation de grande ampleur est nécessaire ;
ils n’ont cependant pas pu la voir, et ainsi, pour cette raison, ils ne
peuvent fournir une estimation convenable de la réparation nécessaire
pour ce dit pont ancien. Item, en ce qui concerne le pont neuf, ils disent
et rapportent qu’il a subi de grands dommages, que le pont est resté
sans couverture, il aurait mieux valu moins avancer le chantier dudit
pont et qu’il soit couvert et complet comme il convient, parce que la
pierre dont est fait ledit pont neuf est d’une nature telle que si on ne
met pas une toiture pour que l’eau ne puisse pas l’atteindre, il est dans
la nature de cette pierre qu’elle devienne compacte puis se putréfie ;
ainsi ledit pont neuf, qui n’a pas de couverture, se détruit peu à peu à
cause du ruissellement des eaux pluviales, qui infiltrent les jointures
LYON ET SES FLEUVES 483

des pierres faute de protection, et il se détruira de plus en plus si l’on


n’y remédie pas dans les plus brefs délais. Cependant, à ce jour, sans
une consultation et une enquête plus approfondie, ils ne peuvent ni ne
savent évaluer le dommage causé par le fait que jusque-là le pont neuf
est demeuré inachevé et sans toiture. Item, ils rapportent également
que, pour toutes les personnes susnommées et pour quiconque le voyant
ou voulant le voir, le dernier pont, du côté de la maison de la Guillotière,
est affouillé sur l’une de ses piles, et tombe en ruine. Item, ils rapportent
que pour les pierres, le bois, les cordes et les autres matériaux qui sont
disponibles pour cette œuvre, il n’est pas possible de faire une estimation
précise ou un inventaire, puisque plusieurs pierres peuvent être cachées
et couvertes dans la terre autour de ce pont, […] demandant un autre
délai pour fournir un rapport complet à ce sujet […]. Acté et donné
l’année, les jours susdits et en présence des personnes susdites. En
témoigne de quoi nous avons fait apposer le sceau royal de la commune
aux présentes lettres.
Cela fut acté, comme c’est écrit plus haut, en ma présence : Thomas
Rossignol.

Source

Édition : Cartulaire municipal de la ville de Lyon, éd. par Marie-Claude


Guigue, Lyon : Auguste Brun (Publications de la Société littéraire, historique
et archéologique de Lyon), 1876, p. 477-480. Traduit du latin.

Bibliographie

Le pont de la Guillotière : franchir le Rhône à Lyon. Approche interdisciplinaire,


Lyon ; Circonscription des antiquités historiques (Documents d’archéologie
en Rhône-Alpes ; 5 – Série lyonnaise ; 3), 1991.
« Ponts », dans Dictionnaire historique de Lyon, éd. par Bruno Thévenon,
Lyon : Éditions Stéphane Bachès, 2009, p. 1024-1028.
Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge : histoire et représentations d’un
fleuve européen, Paris : Aubier (Collection historique), 2007.
484
LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ill. 28 – Lyon et ses ponts. Plan scénographique. © Archives de Lyon, 2 SAT 6.


LYON ET SES FLEUVES 485

IV.11. LA FRONTIÈRE DU RHÔNE

Document présenté et transcrit par Léonard DAUPHANT

Présentation

Grand administrateur du Dauphiné à l’époque de Charles VII et du


dauphin Louis II son fils (le futur roi Louis XI), le patricien lyonnais
Matthieu Thomassin expose les frontières de la principauté, brièvement
pour le Rhône (Lyon, le fleuve, Saint-Genix-sur-Guiers, le Guiers vif, puis
les gorges de Chailles et Les Échelles), puis de manière détaillée pour
la vallée du Grésivaudan, telles que le traité de Paris les a modelées en
1355. Le fleuve apparaît comme la limite idéale qui permet d’ordonner
le paysage et de découper des territoires en blocs homogènes. Le texte
laisse donc de côté les problèmes techniques que sont le partage des
eaux, des îles ou des ponts.

Document

Les limites du Dauphiné et de Savoie


C’est à savoir que, depuis les échanges, le Dauphiné a été limité et
divisé par la manière qui s’ensuit :
Premièrement, de la part de Savoie et de Viennois, depuis la ville
de Lyon jusques à Saint-Genis en Savoie, la riviere du Rhône fait limite
et division.
Item, depuis ledit Saint-Genis, où la riviere du Guier Vif fait limite
et division en montant sus jusques à l’échaillon des Échelles1…

Source

Grenoble, Archives départementales de l’Isère, B 3874, fo 1-2 : Matthieu


Thomassin, Déclaration des limites du Dauphiné, du Rhône au Belledonne,
1438.

1 Aujourd’hui gorges de l’Échaillon.


486 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie

Lemonde, Anne, « Matthieu Thomassin, conseiller du dauphin Louis II,


à la recherche d’une identité dauphinoise », dans De la principauté
à la province : autour du 650e anniversaire du Transport du Dauphiné à
la couronne de France, sous la direction de Pierrette Paravy et René
Verdier, Grenoble : Centre de recherche en histoire de l’Italie et
des pays alpins (Les Cahiers du CRHIPA ; 4), 2001, p. 313-354.
Dauphant, Léonard, « Matthieu Thomassin et l’espace dauphinois
(1436-v. 1456) : naissance d’un humanisme géopolitique », Journal
des savants, 2008 : 1, p. 57-105.

IV.12. BROTTEAUX ET LAPINS :


LES RIVES DU RHÔNE

Documents présentés et traduits par Léonard DAUPHANT

Présentation

Depuis le traité de Paris, signé entre le roi de France et le comte de


Savoie en 1355, le Rhône sépare le Dauphiné (rive gauche) de la Savoie
(rive droite) jusqu’à Lyon. Face à la Presqu’île s’étend donc le Dauphiné,
sauf au débouché du pont du Rhône (ou pont de la Guillotière), contrôlé
par la ville. En face de la ville, les rives forment un paysage à la fois
naturel et artificiel, dont l’exploitation est partagée entre les villageois
et seigneurs dauphinois et les bourgeois lyonnais (IV.12.a.), même si les
usages répondent à des logiques différentes, sinon contradictoires (IV.12.b.)
À côté des usages et des paysages, les archives peuvent nous rensei-
gner sur l’évolution du cours du fleuve. En 1570, le Rhône laisse sur sa
gauche La Verchandière, terroir cadastré sur le parcellaire de Meyzieu
en 1593. Pourtant, dès 1489, La Verchandière est « albergée » (acensée)
par la Chambre des comptes du Dauphiné, témoignage qu’un bras nord
du Rhône existait auparavant, distinct d’un bras sud.
LYON ET SES FLEUVES 487

IV.12.A. L’EXPLOITATION DES BROTTEAUX (1379)

Document

Nous, Martin de L’Orme, licencié en lois, sacristain de Saint-Nizier,


official de Lyon, faisons savoir à tous […] qu’en présence de Jean Torral,
clerc juré de notre cour, délégué par nous, et en présence des témoins men-
tionnés ci-dessous, comparaissent noble homme Guillaume de Treffort,
châtelain de Vaulx près de Lyon, pour et au nom du dauphin de Viennois,
d’une part, et Guicherd Bissard, écuyer, paroissien de Vaulx, et Odet
Durand, boulanger, citoyen de Lyon, d’autre part […]. Le châtelain […]
alberge en emphytéose et livre au titre de parfait, perpétuel, irrévocable
albergement, et pour ainsi dire cède et concède aux dits Guicherd et
Odet […], pour eux et leurs héritiers […], pour la somme de quarante
sous dont ledit châtelain se dit payé et satisfait […], à savoir un brot-
teau ou des creyssues (pousses) de brotteau situées dans le mandement
de Vaulx, près du lieu dit Les Grandes Paschiis ou Pasches, à côté du
brotteau desdits Guicherd et Odet d’une part, du fleuve Rhône de deux
parts et du brotteau dudit Guicherd de l’autre côté, avec son fonds, son
entrée et sa sortie, et tous ses autres droits et appartenances […], contre
un service et canon annuel de douze deniers viennois […] au receveur
du château de Vaulx […] à la Sainte-Marie d’hiver.

Source

Grenoble, Archives départementales de l’Isère, B 2878, fol. 3,


17 novembre 1379, albergement d’un brotteau à Vaulx-en-Velin. Traduit
du latin.
IV.12.B. UN CAS DE CONCURRENCE D’USAGES DES RIVES (1489)

Document

1489. Albergement d’un brotteau comme garenne


au seigneur de Saint-Priest après sa mise aux enchères.
… Aux nobles et prudents seigneurs le président et les auditeurs
de la Chambre des comptes delphinale il est humblement exposé de la
part du seigneur Antoine Chaponnay, licencié en lois, procureur fiscal
488 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

général du Dauphiné […] : il y a dans le mandement de Vaulx-en-Velin


une parcelle de bois et de brosses au lieu dit « en Verchandière », proche
du Rhône d’un côté et qui touche de l’autre aux prés de Burins dans
le mandement de Jonage, vacante depuis longtemps, au grand dom-
mage et préjudice du sérénissime prince le roi des Francs, dauphin de
Viennois […]. Il est proposé d’alberger ladite parcelle vacante pour y
construire une garenne à lapins et en donner un cens annuel au châte-
lain du lieu. […]1 Par-devant le châtelain, sur la place publique dudit
Vaulx-en-Velin, il a été ordonné que comparaissent ceux qui offrent le
plus de service et de droit d’investiture pour ces possessions […]. En
premier, noble Glaude Martin, écuyer, seigneur de Dizimieu, propose
deux lapins de cens annuel et deux écus d’investiture ; François Garin,
citoyen de Lyon, dix sous de service et dix livres d’investiture ; Jean
Forraci et Pierre Guichard, de Meyzieu […], douze lapins et quatre
écus d’or ; Pierre Dalmace, de Meyzieu, treize lapins et quatre écus
d’or ; […] Germain Bourillon, châtelain de Saint-Priest, comme pro-
cureur d’Antoine Richard, seigneur de Saint-Priest, vingt-cinq lapins
et dix écus ; noble et puissant Étienne Garrier vingt-sept lapins et
dix écus. Et finalement Germain Bourillon, procureur du seigneur de
Saint-Priest, proposa trente lapins de service annuel perpétuel et dix
écus d’or d’investiture […] à payer à la Saint-Martin dans les mains
du châtelain de Vaulx.
Fait le 15 octobre 1489, dans la nouvelle salle basse du château
de Saint-Priest, par Jean de  L’Estang, clerc, notaire de la paroisse de
Villeurbanne.

Source

Grenoble, Archives départementales de l’Isère, B 2885, cahier de


papier. Traduit du latin.

Bibliographie

Belmont, Alain, « Étude historique de la dynamique fluviale dans la


plaine de Miribel-Jonage (Haut-Rhône) à la fin du Moyen Âge »,
Revue de géographie de Lyon, 64 (1989) : 4, p. 191-196, ici p. 195.

1 Suit la procédure d’enquête locale.


LYON ET SES FLEUVES 489

Rossiaud, Jacques, Dictionnaire du Rhône médiéval : identités et langages,


savoirs et techniques des hommes du fleuve (1300-1550). Tome 2 : Dictionnaire,
Grenoble : Centre alpin et rhodanien d’ethnologie, 2002, article
Brotteau, p. 68.
Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge : histoire et représentations d’un
fleuve européen, Paris : Aubier (Collection historique), 2007.

IV.13. UNE FORÊT EN FACE DE LA VILLE :


ENTRETIEN ET EXPLOITATION
DU BROTTEAU DE LA GUILLOTIÈRE (1454)

Document présenté et transcrit par Léonard DAUPHANT

Présentation

Le paysage lyonnais était marqué par le grand fleuve et les forêts


des rives. Sur une grande partie de son cours, et même en face de Lyon
(Les Brotteaux, La Guillotière), les berges et les îles sont constituées par
des « brotteaux » plantés de saules (sauges), cadre de promenade pour
les citadins, qui fournissent aussi du bois (fagotz ou mayère) et abritent
prés et champs. La ville loue ces brotteaux, à charge pour les preneurs
ou « censiers » d’y planter les plançons achetés dans des pépinières du
haut Rhône savoyard.

Document

Le jeudi quatorzième jour de novembre l’an mil IIIIC LIIII


À Saint-Jaqueme

Aynar de Villenove, Jehan Garnier, Mathieu Audebert, Reymond


Dodieu, Jehan Brunicart, André Poculot, Pierre Brunier, Pierre Thomassin
et Françoys Guerin, citoyens et consuls de la ville de Lyon.
[…]
Item les dessus nommés conseillers comme administrateurs et gou-
verneurs de l’œuvre et fabrique du pont du Rhône de ladite ville ont
490 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

accensé, baillé et remis […] à Benoit Chastellan dit de Saint Roman et


Pierre Morant fils de Jaquemet Morant demeurant en ladite ville […]
tout le brotel [brotteau] et saugis [saulaie] dudit pont étant et situé
outre ledit pont à la partie du Dauphiné jouxte le brotel [jouxtant
le brotteau] de Saint Yriquier […] et le fleuve du Rhône […]. Pour le
temps et terme de cinq ans commençant à la fête de Nativité Notre-
Seigneur prochain venant et pour le prix et somme une chacune année
[…] de six livres tournois […] ils ont convenu […] rendre et payer
[…] à nous ou à leur receveur dudit pont […]. Et ne pourront et ne
devront iceux censiers fagocter ni quoctoyer [faire des fagots dans] ledit
brotteau sinon une fois durant leur dite cense et en temps et en taille
due et raisonnable. Et au regard dudit saugiz [saulaie], lesdits censiers
pourront […] couper, tailler et cueillir la mayère d’iceux sauges [le
bois de ces saules] […] à taille de trois ans et non autrement, laquelle
taille desdits fagots, quocteys et mayère lesdits censiers seront tenus
[…] signifier et intimer auxdits conseillers ou à leurs successeurs […]
afin d’y être et l’inspecter […].
Item plus, seront tenus iceux censiers […] de planter audit brotteau
aux places et lieux nécessaires et où […] ordonné leur sera, chaque
année […] un cent de plançons de saule bon, gros et suffisant, et iceux
plançons garnir et environner d’épines et de bois pour les contregarder
des bêtes.
[…]
Item […] devront iceux censiers curer et nettoyer tous les saules vieux
et jeunes dudit brotteau […], sans couper […] aucun saule […] sinon
que iceux saules fussent de tout morts et secs.
Item et si lesdits conseillers avaient mestier [besoin] de fagots pour
les peyssières [écluses] dudit pont ou autres réparations de ladite ville,
que lesdits censiers soient tenus […] de leur en bailler [donner] et que
iceux conseillers en puissent prendre audit brotteau au prix […] de neuf
gros le cent.

Source

Lyon, Archives municipales, BB 5, fol. 238 ro-vo : registre consulaire,


année 1454. Transcrit du moyen français.
LYON ET SES FLEUVES 491

Bibliographie

Rossiaud, Jacques, Dictionnaire du Rhône médiéval : identités et langages,


savoirs et techniques des hommes du fleuve (1300-1550). Tome 2 : Dictionnaire,
Grenoble : Centre alpin et rhodanien d’ethnologie, 2002, article
Brotteau, p. 68.
Rossiaud, Jacques, Le Rhône au Moyen Âge : histoire et représentations d’un
fleuve européen, Paris : Aubier (Collection historique), 2007.
INTRODUCTION

par Jean-Louis Gaulin et Susanne Rau

À partir des années 1460 s’est ouvert pour la ville de Lyon un siècle
fastueux dont les succès ont été maintes fois célébrés. Bien peuplée – la
population quintuple en trois générations et compte environ 55 000 âmes
à la veille de la peste de 1564 –, la ville est réputée pour ses foires, elle
accueille l’industrie prometteuse de la fabrication du livre imprimé et
rayonne par ses poètes et ses lettrés. Si les limites de cet apogée ont été
parfois sous-estimées – Jacques Rossiaud nous incite à voir aussi « les
haillons […] au milieu des brocards » –, il est indéniable que la cité
lyonnaise qui était encore médiocre lors de son rattachement au royaume
de France figure désormais parmi les principales villes européennes.
Quelles furent, dans ce contexte de splendeur, les relations entre
Lyon et le pouvoir royal ? L’aisance éloigna-t-elle la ville et ses élites de
leur fidélité au roi et leur donna-t-elle des idées d’émancipation ? Les
documents rassemblés dans cette partie orientent la réflexion autour de
quelques thèmes : la ville-frontière, l’espace urbain, les jeux de pouvoir,
la construction historique et les « vues » d’ailleurs.
D’un point de vue spatial, si le Rhône dessine bien la limite orien-
tale de la ville (à l’exception du petit village de La Guillotière, en terre
delphinale mais sous la juridiction de l’archevêque), il ne marque pas
la frontière politique du royaume. Pont-de-Beauvoisin en Dauphiné,
Miribel et Montuel en Savoie étaient les points de passage obligés pour
qui entrait en France ou en sortait par la ville de Lyon. C’est à Miribel
– à une quinzaine de kilomètres de la ville – que le duc Charles Ier est
accueilli en 1489 avec un cérémonial qui manifeste son entrée dans
le royaume (V.07.). Et loin d’être une barrière, la frontière était alors
synonyme de lieux de rencontre et de points de passage, comme en
témoignent aussi les récits de maints voyageurs (V.02.).
496 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Les limites de l’espace urbain matérialisées non seulement par le


Rhône mais aussi par une enceinte n’ont pas considérablement changé
depuis le xive siècle (voir ill. 27). La principale modification du tracé
des fortifications concerne le mur des Terreaux qui fut reconstruit plus
au Nord sur les pentes, déplacement bien mis en évidence par le plan
de Braun et Hogenberg (1572). L’accroissement de la population imposa
donc une forte densification de l’habitat accompagnée de l’urbanisation
partielle de terrains dans la Presqu’île. Au milieu du xvie siècle, au
moment de la main-mise des réformés sur la ville, la raréfaction de
l’espace public et les difficultés de circulation sont telles que le consulat
de 1562 fera de l’ouverture de voies et places nouvelles un thème impor-
tant de son programme politique, avec l’accord du roi et de ses officiers
(V.10., voir ill. 32).
Sur le plan des relations diplomatiques et civiles, alors que les Lyonnais
n’ont toujours pas édifié d’Hôtel de ville, le palais de Roanne (une maison
canoniale devenue propriété des Dauphins) héberge épisodiquement les
officiers du roi en bordure de la Saône dès les années 1330, en contradiction
avec les traités de 1307, 1312 et 1320 (voir ill. 29). En 1494, toute la
cour s’installe à Lyon qui sert alors de point de départ à Charles VIII
puis à Louis XII dans leurs guerres en Italie, avec des conséquences
locales multiples. L’historiographe de Louis XII décrit, par exemple, le
spectacle des joutes organisées à Ainay où s’affrontèrent des nobles de
l’entourage du roi et de la reine (V.09.). Le lys royal voisine désormais avec
le lion de Lyon sur les divers supports de la communication politique.
Ainsi, les privilèges octroyés à la ville sont-ils ornés des armes royales
et municipales (V.08.). Parmi ces privilèges royaux, ceux concernant
les foires ont joué un rôle décisif dans l’essor de la ville. Transférées à
Bourges par Charles VIII en 1484 à la demande des États généraux,
les foires de Lyon sont rétablies, au nombre de deux, dès 1487 (V.06).
En échange d’une forte contribution à l’expédition milanaise du roi de
France, la ville retrouva ses quatre foires en 1494.
Les lettrés installés à Lyon participent à l’éloge de la ville en pui-
sant dans des matériaux renouvelés : auteurs antiques, « trouvailles »
archéologiques, récits et documents récents. Bellièvre, l’humaniste,
et Champier, l’archéologue antiquaire, produisent des histoires de la
ville à partir d’argumentations contemporaines, d’où l’idée d’empire
médiéval est exclue, et valorisent la Gaule antique ou l’ancien royaume
CLÉ DU ROYAUME 497

de Bourgogne, sans remettre en question le lien entre la ville et la


monarchie (V.03.-V.04.), lien qui résista même à l’épisode à la fois des-
tructeur et inventif du consulat réformé qui gouverna la ville en 1562
(V.11.). Sous d’autres cieux, le même discours humaniste conduit, dès
la fin du xve siècle, le nurembergeois Schedel à intégrer Lyon dans sa
chronique universelle, dont les villes sont les protagonistes. Lugdunum
est l’une des quatre villes du royaume (avec Paris, Marseille et Toulouse)
à avoir les honneurs d’une représentation figurée (quoique stéréotypée)
accompagnant une notice très érudite qui – au rebours de l’histoire locale
– renvoie dans un passé lointain la domination des « rois des Francs »
sur la ville de Lyon (V.01.).
Ill. 29 – Le siège du pouvoir royal : le palais de Roanne, Plan scénographique. © Archives de Lyon, 2 SAT 6.
ESPACES FRONTALIERS
ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE

V.01. DESCRIPTION DE LYON DANS LA CHRONIQUE UNIVERSELLE


DE HARTMANN SCHEDEL (1493)

Texte présenté et traduit par Gisela NAEGLE

Présentation

Peu connue par le public français, la description de Lyon dans la


chronique universelle du médecin humaniste nurembergeois Hartmann
Schedel († 1514) est un témoignage de la perception médiévale de cette
ville. Cette chronique en latin fut imprimée en 1493 à Nuremberg ainsi
qu’une traduction allemande due à Georg Alt († 1510). Celle-ci présente
plusieurs différences par rapport au texte latin. Le livre, qui contient
de nombreuses gravures, dont une vue très célèbre de Nuremberg,
fut répandu dans plusieurs pays européens. Il est très connu dans
l’historiographie allemande.
Le texte de Schedel est fortement influencé par des auteurs antiques
et surtout par des précurseurs italiens (dont Giacomo Filippo Foresti,
de Bergame, Flavio Biondo, Pétrarque, Boccace, Enea Silvio Piccolomini
etc.). Citant Strabon, Sénèque et les Lettres familières de Pétrarque, sa
présentation de Lyon met en valeur de nombreux éléments qui se
retrouvent dans plusieurs autres descriptions ultérieures de cette ville,
dont celle de la Cosmographie universelle de François de Belleforest (1575),
qui –  s’inspirant également de la Cosmographie de Sebastian Münster
(première édition en 1544 à Bâle) – est beaucoup plus détaillée.
La gravure associée à la description de Lyon dans le livre de Schedel
est une image symbolique sans lien avec la topographie réelle de la ville.
500 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Elle est d’ailleurs également utilisée pour Mayence, Naples, Aquilée et


Bologne. On peut par conséquent lui préférer la belle vue cavalière de
Lyon qui figure à la fois dans la Cosmographie de Belleforest et l’Épitomé
de la corographie d’Europe de Guillaume Guéroult, imprimé à Lyon en
1553 chez Balthasar Arnoullet, également diffusée sous forme d’estampe
(voir ill. 30).
Dans sa version adressée à un public germanophone, Alt réduit nota-
blement les références érudites. Parfois, il introduit des interprétations
qui ne se trouvent pas dans le texte latin. En exemple, on peut citer le
passage sur l’appartenance territoriale de la ville. Dans la version latine,
Lyon fut « longtemps soumise aux rois des Francs ». En allemand, Lyon
est français et ses seigneurs furent les « rois de France ».

Document

Lyon

D’après Eusèbe, Lugdunum, c’est-à-dire Lyon, la ville principale


de la Gaule transalpine, près de Vienne, fut fondée à l’époque de
l’empereur Auguste Octavien par Numancius Plaucus sur une mon-
tagne située au confluent des deux fleuves Arar et Rhodanus. Pour sa
part, François Pétrarque écrit sur cette ville que Lyon serait une noble
colonie (Wonung) des Romains et un peu plus ancienne que la ville
de Cologne1. En ce qui concerne la présence de savantes personnes
très célèbres, Strabon affirme qu’elle a rayonné longtemps plus que
toutes les autres villes de la Gaule, à l’exception de Narbonne. Aux
temps passés et encore après cette période, le commerce y florissait et
fut beaucoup pratiqué. Sur l’ordre de l’empereur romain Auguste, les
ducs (Hertzogen) y ont frappé des monnaies en argent et en or. Devant
la ville, au lieu de la jonction des deux fleuves mentionnés ci-dessus, il
y a un temple, financé aux frais communs, qui fut construit par tous
les Gaulois en l’honneur de l’empereur Auguste. Au même endroit
se trouve également un petit temple très honorable avec une colonne
portant une inscription renvoyant à soixante peuples. Dans le passé,

1 « Lettres à Giovanni Colonna, cardinal de l’Église romaine, Lyon, 9 août [1333] », dans :
Pétrarque, Lettres familières / Rerum familiarum, éd. / trad. par Ugo Dotti, Frank La Brasca
et André Longpré, 1 : Livres I-III, Paris : Les Belles Lettres, 2002, p. 62-70, citation p. 68.
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 501

cette ville était la capitale du peuple des Ségusiaves, qui habitaient


entre les fleuves Rhône et Doubs. Les autres peuples lui font suite
jusqu’au Rhin et ils sont séparés par les eaux du Doubs d’un côté et
celles de la Saône de l’autre côté. Ces fleuves ont leurs sources dans
la montagne et se réunissent finalement dans un seul courant. Ils se
jettent dans le Rhône et par la suite le Rhône se dirige vers Vienne.
La disposition de ces trois fleuves est telle qu’à leur source ils courent
vers minuit et ensuite au crépuscule et, quand ils sont enfin réunis
dans un seul fleuve, ce fleuve est orienté de nouveau vers midi, jusqu’au
moment où, débordant suite à l’affluence d’autres eaux, il aboutit
finalement dans la petite mer. Mais, à l’époque de Sénèque (quand il
écrivit à Lucilius), le temple ainsi que tous ses environs furent brûlés
par un léger incendie1. Plotin2, qui le premier enseigna la rhétorique
latine, fut originaire de cet endroit. Les personnes suivantes y sont
nées : saint Augendus3, célèbre pour sa vie et ses miracles, item
l’évêque saint Désiré, saint Baldomer4, qui éblouit continuellement
la ville avec des signes miraculeux, item saint Romain, l’abbé, qui au
début y avait mené une vie d’ermite et qui fut le père de nombreux
moines. Cette ville est également honorée par l’évêque saint Nizier
et par l’évêque Irénée, disciple de saint Polycarpe, qui y fut marty-
risé. Dans ce lieu reposent en Dieu l’abbé Domitien, l’évêque Loup
et l’évêque Antioche ; saint Just y finit également sa vie. Cette ville
digne d’éloges fut longtemps soumise aux rois de la France (Künigen
zu Franckreich), qui y ont instauré une belle foire de commerce. Bannis
par les princes romains, Pilate et Hérode y ont, dit-on, fini une vie
sans honneur. Lugdunum tire son nom de la légion impériale qui
s’appelle Lugda – cela veut dire « éclair » –, parce que cette légion
avait l’habitude d’hiverner là-bas. Ainsi, selon les dires de Tacite, on
y installa également une légion romaine contre les Espagnols et elle
fut nommée « la légion rapace » (das rawbend Heer) pour effrayer les
peuples par un tel nom cruel.
1 Le texte allemand n’est pas clair, il parle d’un « léger » incendie (eim leichten fewer) ce
qui est une contradiction avec la lettre de Sénèque, évoquant une ville entièrement
détruite. La version latine contient l’expression facili igne. Les recherches archéologiques
contemporaines n’ont pas confirmé cet incendie.
2 En réalité, il s’agit de Lucius Plotius Gallus.
3 Il pourrait s’agir d’une confusion avec saint Eucher probablement né à Lyon.
4 Respectivement Oyend, Pothin et Galmier.
Ill. 30 – « Lyon cité opulente située es confins de Bourgongne,
Daulphiné et Savoye ». © BnF, GE D - 25714 - RES.
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 503

Source

Schedel, Hartmann, La chronique universelle de Nuremberg : l’édition de


1493, coloriée et commentée, éd. par Stephan Füssel, Köln / Paris / London :
Taschen, 2001. Schedel, Hartmann, Liber cronicarum, Nürnberg : Anton
Koberger, 1493, fol. 88. Traduit de l’allemand.

Bibliographie

Burmeister, Karl Heinz, Sebastian Münster : eine Bibliographie, Wiesbaden :


Guido Pressler, 1964. 500 Jahre Schedelsche Weltchronik : Akten des
interdisziplinären Symposions vom 23.-24. April 1993 in Nürnberg,
éd. par Stephan Füssel, Nürnberg : Hans Carl, 1994 = Pirckheimer-
Jahrbuch, 9 (1994).
Hernad, Béatrice, et Worstbrock, Franz Josef, « Schedel, Hartmann »,
dans Die deutsche Literatur des Mittelalters – Verfasserlexikon. Band 8 :
« Revaler Rechtsbuch » – Sittich, Erhard, Berlin / New York : Walter
de Gruyter, 1992, col. 609-621.
Kirsch, Mona, « Eine neue Perspektive auf Hartmann Schedels “Buch
der Chroniken und Geschichten” : Weltchronistik an der Schwelle
zwischen Mittelalter und Früher Neuzeit », Concilium Medii Aevi, 13
(2010), p. 85-115. Voir http://cma.gbv.de/z/2010 (consulté le 8/10/ 2013).
Pastoureau, Mireille, Les atlas français (XVIe-XVIIe siècles) : répertoire
bibliographique et étude, Paris  : Bibliothèque nationale, 1984,
« Belleforest, François de », p. 55-66, et « Guéroult, Guillaume »,
p. 225-227 ; vue de Lyon des Epitome de Guéroult, fig. 75, p. 559.
Reske, Christoph, Die Produktion der Schedelschen Weltchronik in Nürnberg /
The production of Schedel’s Nuremberg Chronicle, Wiesbaden : Harrassowitz
(Mainzer Studien zur Buchwissenschaft ; 10), 2000.
504 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

V.02. DESCRIPTION DE LA VILLE-FRONTIÈRE (1521)

Texte présenté par Susanne RAU

Présentation

Cet extrait d’un récit de voyage, rare et précoce exemple de ce genre


à cette époque, décrit la ville de Lyon au début du xvie siècle, ville fort
belle et pleine de marchands. Par ses murailles elle garde toujours ses
fonctions de défense et de frontière, même si celle-ci se situe à quelques
kilomètres plus à l’est. Un des voyageurs est un éminent personnage
de l’époque : le cardinal Louis d’Aragon, petit-fils du roi de Naples
Ferdinand Ier et donc issu de la maison royale d’Aragon. Son secrétaire est
moins connu : Antonio De Beatis, un chanoine de Melfi, né à Molfetta
près de Bari, qui accompagnait le cardinal, sûrement en premier lieu
pour réciter la messe et écrire des lettres. Lors du voyage, qui lui per-
mit de visiter villes, contrées, églises de plusieurs pays européens ainsi
que d’observer les mœurs des peuples et d’expérimenter auberges et
cuisines, il prit aussi des notes au jour le jour. Peu après le décès de son
maître, au début de l’année 1521, il transforma ses notes en un récit
qu’il rédigea dans son dialecte natal des Pouilles. Plusieurs copies cir-
culèrent à l’époque, dont deux sont encore connues aujourd’hui, outre
une version abrégée. L’historien Ludwig Pastor a trouvé l’une d’elles, il
y a cent vingt ans, dans une bibliothèque à Naples. Après la trouvaille
– et ensuite l’achat –  d’une autre copie à Rome en 1901, il a édité le
texte et a décrit le voyage de manière détaillée (en allemand). Comme il
a souvent abrégé et résumé, il ne s’agit pas d’une vraie traduction qui a
seulement été réalisée (en français) quelques années après par Madeleine
Havard de la Montagne. Une question ouverte est celle du but de ce
voyage : à première vue il pourrait s’agir d’un voyage de plaisance, tant
la liste des observations sur les édifices, les œuvres d’art et les coutumes
des populations est longue. Mais le dessein dissimulé du voyage devait
plutôt être de se faire connaître des souverains européens et spécialement
du nouveau roi d’Espagne, Charles Ier, futur empereur Charles Quint,
en leur rendant visite. À la fin de leur long périple, avant de retourner
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 505

en Italie par Grenoble, Avignon, Arles, Marseille, Monaco et Gênes, le


cardinal et sa nombreuse suite passent par Lyon.

Document

Le 20 octobre1, de Tarare, nous sommes allés déjeuner à Lyon qui


est à six lieues, et à trois lieues nous avons traversé l’Arbresle, village
de peu de maisons.

Lyon
La ville de Lyon est construite dans une vallée fort bien située ; du
côté droit, en venant de France, elle s’étend sur la montagne ; les murailles
commencent à la porte d’entrée du côté de la France, et longent le quar-
tier qui est sur la rive de la Saône. Elles vont jusqu’à la porte par où l’on
gagne l’Italie, de telle sorte qu’elles ferment une bonne partie de la colline
sur laquelle sont disséminées ça et là, sans ordre et sans rues, quelques
habitations. Du côté gauche, le Rhône longe la ville et se réunit à la Saône.
La Saône traverse Lyon et y passe sous un beau pont de pierre, elle se
jette dans le Rhône près d’une abbaye appelée Ainay. Le Rhône prend
sa source au lac de Genève ; outre la Saône, grosse rivière qui vient de
Bourgogne, il reçoit la Sorgues, la Valserine et deux autres cours d’eau
dont je parlerai plus tard.
Lyon a pour archevêque le frère du comte de Guise, monseigneur de
Rohan, comme je l’ai dit à propos d’Angers.
À la porte par où l’on entre en venant de France, comme à celle par
où l’on sort pour aller vers l’Italie, s’étendent de gros faubourgs ; là où
la Saône se jette dans le Rhône, un beau et long pont de pierre conduit
à l’un des faubourgs au-delà duquel commence le Dauphiné.
Sans être petite, la ville n’est pas très grande. Les rues sont bien
taillées, les maisons sont généralement de pierre ; on y exerce dans la
perfection de nombreux métiers et le commerce y est actif. Les femmes
y sont plus belles qu’en aucune ville de France. Lyon est habitée par de
nombreux marchands de toutes nations, principalement des Italiens.
Tant par son commerce que par ses hommes, ses femmes et son aspect,
cette ville a un je ne sais quoi de la belle Italie, ce qui me la fait juger
la plus belle ville de France !
1 1517.
506 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

De Lyon à Chambéry
Le 26 octobre, de Lyon où nous demeurâmes cinq jours, nous sommes
partis après déjeuner pour aller souper à Bourgoin, ville éloignée de
six lieues ; sur la route à mi-chemin, on rencontre un village appelé
Saint-Laurent-de-Mure.
Le 27, de Bourgoin, après déjeuner, nous sommes allés à Aiguebelette
pour dîner. C’est un petit village n’ayant guère de maisons, mais possédant
de fort bonnes auberges à cause du va-et-vient continuel des voyageurs. En
effet, tous ceux qui circulent entre la France et l’Italie s’y arrêtent forcément.
Il y a sept lieues entre Bourgoin et Aiguebelette ; sur la route, à
trois lieues de Bourgoin, on traverse La Tour-du-Pin, petit village, et,
deux lieues plus loin, une ville médiocre appelée Pont-de-Beauvoisin, à
cause d’un certain pont qui y est jeté sur un petit fleuve. On n’a qu’à le
traverser pour entrer en Savoie. Les deux dernières lieues pour arriver à
Aiguebelette se font sur une maudite route ; on chevauche tout le temps
le plus désagréablement du monde parmi des pierres et des cailloux.

Source
De Beatis, Antonio, Voyage du cardinal d’Aragon en Allemagne, Hollande,
Belgique, France et Italie (1517-1518), trad. en français par Madeleine
Havard de la Montagne, Paris : Perrin et Cie, 1913, p. 205-208. Pour
les versions italienne et allemande : De Beatis, Antonio, Die Reise des
Kardinals Luigi d’Aragona durch Deutschland, die Niederlande, Frankreich
und Oberitalien, 1517-1518, éd. par Ludwig Pastor, Freiburg im Breisgau :
Herder (Erläuterungen und Ergänzungen zu Janssens Geschichte des deutschen
Volkes ; IV, 4), 1905, p. 147-148. Traduit de l’italien.

Bibliographie

Chambers, David Sanderson, « Isabella d’Este and the travel diary of


Antonio de Beatis », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes,
64 (2001), p. 296-308.
Chastel, André, Le cardinal Louis d’Aragon : un voyageur princier de la
Renaissance, Paris : Fayard (Les inconnus de l’histoire), 1986.
Moneta, Milena, « De Beatis, Antonio », dans Dizionario biografico
degli Italiani. XXXIII : D’Asaro-De Foresta, Roma : Istituto della
Enciclopedia italiana, 1987, p. 345-346.
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 507

V.03. ÉRUDITION ET ÉLOGE DE LA VILLE :


LE LYON D’AUTREFOIS DE CLAUDE BELLIÈVRE (1525)

Texte présenté et traduit par Stéphane BRUNEAU-AMPHOUX

Présentation

Claude Bellièvre (1487-1557) est issu d’une famille de notaires arri-


vée à Lyon dans la première moitié du xve siècle, famille qui s’intègre
rapidement au patriciat urbain. Ses études le conduisent à Pavie et à
Turin au début du xvie siècle ; il est docteur en droits à la date de 1513.
Il est conseiller de la ville à deux reprises (1523-1524, 1528-1529) et sa
fidélité au roi est récompensée par la charge de premier président du
parlement de Grenoble en 1541. De retour à Lyon, il se consacre à ses
travaux d’érudition et réunit une célèbre collection d’antiques dans sa
maison du bas du Gourguillon.
Le goût de Bellièvre pour l’histoire de Lyon, particulièrement son
passé antique, est ancien et il est à l’initiative de l’achat par la ville
des fragments de la Table claudienne découverts en 1528. Cet intérêt
se manifeste dans la collation d’un recueil de citations d’auteurs (pour
beaucoup classiques), d’inscriptions latines et autres curiosités histo-
riques lyonnaises, le Lugdunum priscum, « Lyon d’autrefois », dont nous
proposons ici quelques extraits. Selon toute vraisemblance, ce carnet
de notes, à l’allure quelque peu déroutante, n’avait pas vocation à être
publié, en tout cas sous cette forme, ce qui explique le désordre apparent
du recueil et une langue mêlant parfois français et latin.
Ce document éclaire tant la démarche que la culture érudite d’un
humaniste lyonnais de la première moitié du xvie siècle, dont les qualités
d’historien et d’antiquaire sont reconnues par ses successeurs. Le manuscrit
autographe est conservé à la bibliothèque de la Faculté de médecine de
Montpellier (ms. 257) et a été édité, à vingt-cinq exemplaires seulement,
en 1846 par Jean-Baptiste Monfalcon. Deux des extraits choisis évoquent
explicitement l’appartenance disputée de Lyon au royaume de France
(lettre du pape Innocent III au roi de France et révolte de 1310), dont le
souvenir ne s’est pas estompé à l’époque de Bellièvre. D’autres extraits
508 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

affirment la gloire de la cité antique et des premiers temps chrétiens,


matériau constitutif de l’éloge de la ville.

Document

Sur le site de la ville


[…]
Le pape Innocent III, écrivant au roi des Francs, dit que Lyon n’était
pas dans le royaume de France (voir Tit. in C. novum de Offic. Leg.) ; mais,
bien lu, ce texte n’arrive pas à cette conclusion, car il parle de la province,
dont une partie se présente en dehors du royaume.
Flavius Josèphe, au livre XVIII des Antiquités judaïques en petits
volumes, mentionne la cité des Lyonnais de Gaule.
Volterrano : « Au pied des Cévennes (la rivière Cevia coule depuis le
mont Cevenius des Alpes au pied des Cévennes, Pline, III, 4), Lyon quant à
elle, a été fondée là où l’Arar rencontre le Rhône, sous forme de colonie par
Plancus. Elle brûla à l’époque de Sénèque, comme lui-même le rapporte
dans une lettre. Il considérait qu’il y avait un temple dédié à Auguste,
et un autel vénérable sur lequel étaient inscrits les noms des peuples au
nombre de soixante et qui portait la statue de chacun. De cette ville les
empereurs romains firent un marché réputé, où ils battaient également
monnaie. Ces choses-là, Strabon les dit. Par la suite, la cité fut ornée par
les prélats Nizier et Eucher, qui brilla sous Valentinien II. »
[…]
Sur la dignité et la puissance de la cité de Lyon
[…]
Ce n’est pas à une époque récente que les cités furent ornées de
l’honneur patriarcal ou primatial : cette institution était très ancienne1,
chapitres ii et iii, distinction LXXX, où l’on dit que les apôtres, dans
les cités où ils étaient les premiers flamines et les premiers docteurs de
la loi auprès des païens, et dans celles où ils résidaient et où on faisait
appel à eux pour les causes majeures, saint Pierre voulut qu’ils fussent
institués primats ou patriarches, d’où il apparaît et d’où l’on conclut
que dans l’Antiquité et à l’époque des gentils, le premier flamine était à

1 En note : « Remarquer cependant que dans l’Église primitive de Lyon, le prélat était un
évêque : en effet Irénée, qui ne fut pas le premier, et Just étaient connus comme évêques
de Lyon, comme je l’ai lu dans des livres anciens. »
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 509

Lyon. Et il y avait le sénat, auquel on avait coutume de faire appel pour


les causes majeures, puisque le siège de Lyon est patriarcal.
À propos de la Gaule lyonnaise : Lyon était autrefois une cité si
remarquable que la partie de la Grande Gaule qui comprend les Celtes
avait été nommée d’après son nom. Voir ce que j’ai noté au début de ce
chapitre au sujet de la dignité de la ville de Lyon.
[…]
Plutarque : « Là maintenant se trouve la ville de Lyon, la plus célèbre
de Gaule. Lyon a pour mère Rome, la plus opulente cité de toutes celles
que la terre ait portées. Lyon a pour ancêtre et pour père le peuple
romain, jadis vainqueur des peuples et maître du monde. Les premiers
citoyens de Lyon furent de vrais Romains. Homme de lettres avant tout
et brave à la guerre, Plancus fonda Lyon. »
[…]
Lyon, comme elle était une localité de Gaule celtique, et qu’elle
était fondée sur une colline, fut appelée Lugdunum, des mots « luce » et
« duno », c’est-à-dire « lumière » et « colline », son nom équivaut donc
à « montagne de lumière ».
[…]
Dans l’Histoire de Paul Émile, folio 177, verso, n. 50 : « Aux temps de
Philippe le Bel, un tumulte éclata à Lyon. Pierre, le pontife des Lyonnais,
était apparenté à la maison de Savoie. Une controverse éclata entre lui et les
magistrats du roi au sujet des juridictions épiscopale et royale : il semblait
s’approprier plus que de juste les droits régaliens, et les citoyens lyonnais
étaient à ses côtés. Louis, roi de Navarre, envoyé avec une énorme armée,
réduisit cette province ; il porte le surnom de Hutin, mot par lequel on dési-
gnait chez les Francs, dans leur langue maternelle, la puissance du désordre
et du tumulte. Abattu, le pontife se confia à la protection de l’armée de
Savoie qui était venue avec le fils du roi. Ainsi, sans combat, l’affaire fut
arrangée, la paix fut accordée à la très brillante cité et au pontife. »
Quand Charles Martel alla contre les Sarrasins qui s’étoient gectés
dedans Avignon, passant par Lion, il prit serment de la ville de Lion. […]
[…]
Dans le même livre1, folio 83, volume 3, partie sur la Gaule Aquitaine
etc. : « de Tholouse fut édificateur Tholosus, Troyen ; le douzième roi,

1 Les Gestes des Toulousains.


510 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Narbo, éleva Narbonne, dont le fils et roi, Lugdus, fonda Lyon avant
les villes de Rome, de Paris et de Troie. » 

Source
Bellièvre, Claude, Lugdunum priscum, éd. par Jean-Baptiste Monfalcon,
Lyon : imprimerie de Dumoulin et Ronet (Collection des bibliophiles lyonnais),
1846, p. 61-62, 68, 70-72. Traduit du latin et transcrit du moyen-français.

Bibliographie

Bellièvre, Claude, Lugdunum priscum, éd. par Jean-Baptiste Monfalcon,


Lyon : imprimerie de Dumoulin et Ronet (Collection des bibliophiles
lyonnais), 1846.
Bellièvre, Claude, Souvenirs de voyages en Italie et en Orient : notes historiques,
pièces de vers, précédées d’une notice par Jean TRICOU, éd. par Charles
Perrat, Lyon : Société des bibliophiles lyonnais, 1956.
Fédou, René, « Bellièvre, Claude », dans Les Lyonnais dans l’histoire,
éd. par Jean-Pierre Gutton, Toulouse : Privat (Les hommes dans
l’histoire), 1985, p. 180-181.
Poncet, Olivier, Pomponne de Bellièvre (1529-1607) : un homme d’État
au temps des guerres de Religion, Paris : École des chartes (Mémoires et
documents de l’École des chartes ; 50), 1998.

V.04. SYMPHORIEN CHAMPIER ET L’HISTOIRE


DU TRANSFERT DE LA CATHÉDRALE DE LYON (1529)

Texte présenté et transcrit par Nicolas REVEYRON

Présentation

Jusque dans les années 80 du xxe siècle, l’histoire du transfert du


siège épiscopal lyonnais d’un édifice à un autre durant l’Antiquité
tardive et le haut Moyen Âge paraissait un fait acquis. Transmis par
une longue tradition historiographique, il était confirmé par de rares
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 511

textes médiévaux et par des exemples similaires, quoique plus simples,


vérifiés dans d’autres villes épiscopales. Un des premiers guides de Lyon,
composé par André Clapasson en 1741, en établit la vulgate, qui se
rencontrera dans les guides touristiques jusque dans la seconde moitié
du xxe siècle : « L’église de saint Nizier a été longtemps la cathédrale de
Lyon, mais le siège épiscopal fut transféré dans celle de saint Etienne,
et ensuite dans celle de saint Jean1 ». Le premier récit développé qui
en a été fait appartient au premier tiers du xvie siècle. Il est tiré d’un
opuscule intitulé De la hiérarchie de l’Église de Lyon et attribuable au
médecin lyonnais Symphorien Champier.
Né en 1472, à Saint-Symphorien-sur-Coise, et mort sans doute dans
la seconde moitié de l’année 1539, Symphorien Champier mène d’abord
une vie itinérante, en Lorraine, où il est le premier médecin du duc, et
en Italie, où il accompagne le roi de France sur les champs de bataille.
Puis il s’installe à Lyon, qu’il quittera parfois pour des séjours plus ou
moins longs, notamment après la Grande Rebeyne de 1529 pendant
laquelle sa maison a été pillée, et participe activement à la vie intellec-
tuelle et politique de la ville. Deux fois consul, il est un des promoteurs
du collège de la Trinité et soutient la fondation de l’Aumône générale.
Humaniste, il est parmi les premiers à prendre en compte les inscrip-
tions antiques dans ses travaux d’histoire. Polygraphe fécond – il a
composé plus d’une centaine d’opuscules et d’ouvrages –, il a écrit des
chroniques, des œuvres littéraires, des livres de médecine, d’histoire,
de philosophie, d’astronomie, de théologie… La plus ancienne édition
connue de l’opuscule De la hiérarchie de l’Église de Lyon date de 1529, mais
elle a vraisemblablement été précédée d’une première publication qui
n’a pas été conservée. Léonard de La Ville, écrivain lyonnais d’origine
charolaise, en a donné une édition posthume en 1579, reprise en 1648.

Document
Premièrement fut fondée par saint Phutin, premier évêque de Lyon,
et lui succéda Hyreneus, lequel fut décollé et pris martyr sous Anthonius
Verus avec dix-neuf mille martyrs. Après un temps fut édifiée l’église Saint-
Étienne, là où furent plusieurs évêques, et, après que la cité fut parfaite et
1 Clapasson, André, Description de la ville de Lyon, avec des recherches sur les hommes célèbres
qu’elle a produits, Lyon : imprimerie d’Aimé Delaroche, 1741.
512 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

crue en Jésus-Christ, fut transportée au lieu que [où] maintenant est l’église
Saint-Nizier, et se nommait ecclesia Quadraginta Octo Martyrum, lesquels
furent décollés à Esnay ; pourquoi [c’est pourquoi] ceux d’Esnay disent leur
église être fondée d’iceux [par ces] martyrs. Cette église des Martyrs, que à
présent est dite Saint-Nizier, était métropolitaine et icelle régnèrent plusieurs
saints évêques, comme saint Just, Alpinus, Anthiocus, Elpidius, Sicarius,
Eucherius, Desiderius, Veranus, Patiens, Affricanus, Rusticus, Stephanus,
Viventiolus, Lupus, Agobardus, Sacerdos, Nicessius, Arigius, Annemundus,
Genesius, Lambertus, Remigius, saints évêques et canonisés par l’Église ;
et tous firent leur résidence à l’église des Martyrs, sive in ecclesia Apostolorum,
que [qui] maintenant est Saint-Nizier. Et longtemps après, du temps des
rois de Bourgongne, l’église cathédrale fut remise et transportée au lieu
de Saint-Étienne, et furent nommés les chanoines canonici sancti Stephani, et
encore retiennent [gardent] le nom et se disent « chanoines saint Étienne »,
pource que [parce que] Saint-Jean n’est que chapelle et n’y a aucune image
sur l’autel ni corpus Domini, en démontrant n’être [ce qui prouve qu’elle n’est
pas] église cathédrale mais chapelle. Longtemps après que l’Église de Lyon
fut translatée [déplacée] du lieu que [qui] maintenant est dit Saint-Nizier
à Saint-Étienne, le roi Jean de Bourgongne, voyant l’église Saint-Étienne,
en laquelle n’avait [il n’y avait] que douze chanoines, au nom des douze
apôtres, et l’archevêque, tenant le lieu de Jésus-Christ, fit édifier l’église
de saint Jehan d’un des côtés de Saint-Étienne et Sainte Croix de l’autre
côté, là où il constitua [établit] l’église parrochiale [paroissiale]. Et ce roi
de Bourgongne, après qu’il eut édifié Saint-Jean et Sainte-Croix, constitua
[établit] la hiérarchie métropolitaine de Lyon ainsi qu’il s’ensuit ad instar
Ecclesie triumphantis. C’est qu’ainsi qu’en l’Église triomphante, laquelle est
Paradis, il y a un Dieu en Trinité, ainsi en l’Église de Lyon sont trois églises :
Saint-Jehan, Saint-Étienne et Sainte-Croix. Saint-Étienne représente le Père,
Sainte-Croix représente le Fils, Saint-Jehan représente le Saint-Esprit, trois en
personnes, un par essence. Et fut ordonné que les trois églises commenceraient
l’office au son d’une cloche, démontrant [représentant] un dieu en essence,
aux trois églises, démontrant trinité en une essence.

Source

Cy apres s’ensuit la Hierarchie de l’Eglise de Lyon, par laquelle est demonstrée


l’antiquité et noblesse d’icelle Eglise : composée par le Seigneur de la Faverge,
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 513

selon la description du Seigneur Campese, en son livre de claris Lugdunensibus,


Lyon, Jean Champion, 1648, p. 35 sqq.

Bibliographie

Allut, Paul, Étude biographique et bibliographique sur Symphorien Champier,


suivie de plusieurs opuscules françois de Symphorien Champier : « L’Ordre
de chevalerie », « Le Dialogue de noblesse », « Les Antiquités de Lyon et de
Vienne », Lyon : Nicolas Scheuring, 1859.
Baillet, Adrien, Auteurs deguisez sous des noms etrangers, empruntez, supposez,
feints à plaisir, chiffrez, renversez, retournez, ou changez d’une langue en
une autre, Paris : Antoine Dezallier, 1690.
Barbier, Antoine-Alexandre, Dictionnaire des ouvrage anonymes et
pseudonymes…, seconde édition. Tome second, Paris : chez Barrois l’Aîné,
1823.
Clapasson, André, Description de la ville de Lyon, avec des recherches
sur les hommes célèbres qu’elle a produits, Lyon : imprimerie d’Aimé
Delaroche, 1741.
Quincarnon, Charles Malo, sieur de, Les antiquitez et la fondation de
la métropole des Gaules ou de l’Église de Lyon et de ses chapelles, Lyon :
Matthieu Libéral, 1673.

V.05. TESTAMENT DE THOMAS GADAGNE LE JEUNE,


CITOYEN DE FLORENCE (6 OCTOBRE 1541)

Texte présenté et transcrit par Jean-Louis GAULIN

Présentation

Indissociable de l’histoire de Lyon, l’histoire de la famille des


Gadagne doit aussi être replacée dans le contexte plus large de la mobi-
lité des familles de marchands, qui relève autant de motifs politiques
– proches des Albizzi, ils doivent quitter Florence gouvernée par les
Medici – qu’économiques. Le choix de Lyon est lié à l’essor des foires
et ne résiste pas au déclin de celles-ci. En dépit d’une forte insertion
514 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

dans la cité (consulat) et dans le royaume, Thomas II Gadagne se tient


toujours pour « citoyen de Florence » lorsqu’il dicte son testament en
Avignon, ville où il établit ses affaires à la fin de sa vie. Citoyen de la
« république des marchands » définirait tout aussi bien l’appartenance
politique de ce grand négociant et prêteur. Réputé incomplet par
Georges Yver, auteur en 1902 de la dernière étude documentée sur les
Gadagne, ce testament est conservé intégralement dans les minutes de
Gilles Roberty. L’extrait proposé (tout le début de ce long document)
donne la liste des legs pieux.

Document

Testament de haut et puissant seigneur


Thomas de Olivier Gadaigne, citoyen florentin
à présent résident en Avignion.
Au nom de la sainte et indivise Trinité, du Père, du Fils et du benoît
[bénis] Saint-Esprit, amen. Sachent tous qui les présentes verront et
orront [entendront] que l’an de la nativité Notre Seigneur mille cinq
cent quarante-un, indiction quatorzième et le sixième jour du mois
d’octobre, du pontificat de notre saint Père en Dieu pape Paul troisième
de ce nom l’an septième, et très chrétien prince Francho [François] par
la grâce de Dieu roi de France premier de ce nom régnant, en la présence
de moi notaire et tabellion apostolique et royal dessous signé et des
témoins ci-après nommés, très sonnellement établi et constitué magni-
fique seigneur Thomas de Olivier Gadaigne, citoyen florentin à présent
résident en Avignion, seigneur et baron de Lunel, aussi seigneur des
lieux de Galhargues en Lenguedoc, de Saint-Galinier et Saint-Ouen en
Forestz, d’Ambayrieu en Dombes et de Beauregard près Saint-Ginies-
Laval en Lyonnais, lequel étant à présent grâce à Dieu sain de ses sens,
personne, parole, pensée, mémoire et entendement, considérant néan-
moins et ayant regard de la fragilité de l’état humain qui gît en tant
de périls et défauts et qu’il n’est rien plus certain que la mort ni moins
certaine que l’heure d’icelle [celle-ci], craignant comme il dit le péril
de la mort et qu’il ne décède ab intestat, voulant à ce obvier [éviter cela]
et plutôt prévenir que être prévenu et pour ces causes et autres à ce le
mouvant [l’incitant à cela], en révoquant préablement et annulant tous
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 515

autres testaments et ordonnances de dernière volonté qu’il a et pourrait


avoir par ci-devant faits et lesquels il révoque par ces présentes, a fait
et ordonné et par cesdites présentes fait et ordonne son testament
nuncupatif et ordonnance de dernière volonté1, au nom de Dieu le
Rédateur [Rédempteur] et de la sacrée glorieuse Vierge Marie sa mère,
en la manière qui s’ensuit. [1] Et premièrement, en invoquant le nom
de Dieu et faisant sur sa personne le vénérable signe de la croix disant
in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti amen, donne et recommande son
âme, dès à présent et quand de son corps départira [se séparera], à Dieu
notre salveur [sauveur] et rédempteur ; aussi la recommande à la sacrée
Vierge Marie et à tous les saints et saintes de la cour cellestielle [céleste]
du vrai royaume de paradis, disant et protestant qu’il veut vivre et
mourir comme bon chrétien en notre sainte foi catholique. [2] Item,
tous et chacun ses dettes, clameurs [plaintes], légats [legs], faits funé-
raires, preuves, aumônes et exéquies [obsèques], veut et ordonne être
payés, acquittés et pacifiés [réglés] de ses biens par ses héritiers universels
ou leurs tuteurs et administrateurs après nommés, sommairement et
sans figure de procès. [3] Item, et s’il advient que ledit seigneur testateur
aille de vie à trépas en la ville de Lyon ou à l’environ, il a élu et élit la
sépulture de son corps, veut et ordonne être inhumé en l’église du
couvent des frères prêcheurs dudit Lyon appelé Notre Dame de Confort,
et en la chapelle des Gadaignes qui y a été naguière construite et édifiée.
Et s’il décède et va de vie à trépas en cette ville d’Avignon ou autres
deçà les monts, veut et ordonne que sondit corps soit porté audit Lyon
et mis en sépulture en ladite chapelle des Gadaignes, le plus tôt que
sera possible et au plus tard dans dix-huit mois après son trépas ; et ce
pendant [pendant ce temps] veut et se contente que sondit corps soit
mis par manière de déposite [dépôt], s’il va de vie à trépas en cette dite
ville d’Avignon, en l’église des frères précheurs, au lieu auquel fut mis
feu magnifique seigneur Thomas de Simon Gadaigne en son vivant son
oncle et maître d’hôtel ordinaire du roi très chrétien de France. [4] Item,
veut et ordonne que le premier enterrement de son corps, au lieu où il
décèdera, soit fait sans aucune pompe funéraille mais seulement à la
discrétion de ses exécuteurs après nommés, et que les pauvres qui lors
seront vêtus et habillés soient pris, choisis et élus par lesdits exécuteurs

1 Le texte comporte une répétition de « fait et ordonné » et de « ordonnance de dernière


volonté ».
516 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de ceux qui vont mendiant et des plus nécessiteux, et non au plaisir [au
hasard] ne pour complaire à autres personnes ; chacun desquels pauvres,
oultre un vêtement, il donne et veut être baillé pour Dieu et aumône
cinq sous tournois. [5] Item, veut et ordonne que le jour de sondit
enterrement, soit à Lyon ou en Avignon, soient donnés et distribués à
chacun des pauvres des hôpitaux du lieu où il décèdera et se fera ledit
premier enterrement, pour Dieu et aumône, trois sous tournois, afin
qu’ils prient Dieu pour l’âme d’icellui seigneur testateur et de ses parents
et amis trépassés. [6] Item, veut et ordonne que, audit jour de sondit
premier enterrement et le lendemain, soient dites et célébrées trois cent
messes basses eucharistilles [avec eucharistie] de l’office des trépassés ;
et, pour chacune d’icelles, seront payés aux prêtres qui les célèbreront,
en aumônes, deux sous tournois. [7] Item, et ledit jour de sondit enter-
rement et lendemain, veut et ordonne être dits les offices des trépassés
en chacune des églises des couvents mendiants et ses (sic) frères des
célestins du lieu où il décédera, soit à Lion ou en Avignion ; et pour ce,
sera payé à chacun desdits couvents pour lesdits deux jours, pour une
fois, six livres tournois, pour Dieu et aumône. [8] Item, veut et ordonne
que, en l’église en laquelle sera sondit corps mis en sépulture, durant
cinq ans prochains ensuivant après [suivant] son décès, soit dite et célé-
brée chacun [chaque] jour pour le remède et salut de son âme, une messe
basse eucaristille de l’office des trépassés en l’honneur et révérence de
la sainte Trinité ; et pour chacune messe, veut être payés deux sous
tournois. Et, en oultre, veut et ordonne que, en ladite église en laquelle
sera sondit corps, chacun an durant quinze ans prochains ensuyvant
après sondit décès, et untel et semblable jour qu’il sera décédé, soit dite
et célébrée une messe haute et solennelle dudit office des trépassés pour
le salut de son âme ; et, pour ce, être payé en aumônes à ladite église
un écu dix sols, pour chacun an, durant lesdits quinze ans. [9] Item,
veut et ordonne être dites et célébrées dans deux mois prochains après
sondit trépas, dix fois les messes de saint Grégoire, en telle église que
bon semblera à sesdits exécuteurs, soit à Lyon ou en Avignion, et pour
chacune desdites messes être payés deux sous tournois. [10] Item, donne
et lègue, pour Dieu et aumône, à chacun des couvents mendiants et
célestins de Lyon ou d’Avignion et de celui d’iceux lieux où qu’il [où
il] sera premier son corps mis en sépulture, pour une fois seulement,
cinq livres tournois afin que les religieux d’iceux couvents soient tenus
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 517

prier Dieu pour le remède et salut de l’âme d’icelui seigneur testateur.


[11] Item, donne et lègue ledit seigneur testateur pour Dieu, charité et
aumône au grand hôpital du pont du Rosne de Lyon, la somme de trois
cent livres tournois ; laquelle somme il veut et ordonne être employée
en une pension ou revenu annuel de quinze livres tournois1, lesquelles
quinze livres tournois seront distribuées en deniers comptants à tous
les malades dudit grand hôpital, chacun an, perpétuellement, à chacun
jour de fête de saint Thomas apôtre, assurant à chacun d’iceux pauvres
malades sa rata [juste] part, selon le nombre qui se trouvera audit jour
en icelui hôpital. [12] Item, ledit testateur donne et lègue à l’hôpital de
saint Thomas dudit Lyon, qu’il a nouvellement fait édifier près l’hôpital
de saint Laurens pour recevoir les pestiféreux [pestiférés] la somme de
mille livres tournois ; laquelle somme, il veut et ordonne être employée
en revenu annuel, dans trois ans prochains après le décès dudit testateur,
si, lors dudit décès, icelui seigneur testateur n’avait jà [déjà] employées
icelles mille livres audit revenu annuel au profit d’icelui hôpital, pour
icelui revenu servir aux réparations, entretenement et mantainement
[entretien et maintenance] dudit hôpital de saint Thomas ; lequel revenu,
il veut et entend être recouvert et distribué par les mains de messeigneurs
de la nation de Florence pour lors résident à Lyon, à savoir des consuls
et conseillers d’icelle nation qui d’année en année se trouveront audit
office, joint et appelé avec eux un des enfants mâles et héritiers dudit
seigneur testateur ou autre ayant pouvoir de lui ; et que du tout soit
tenu compte au livre du consulat d’icelle nation florentine, ayant toutefois
premier [auparavant] eu sur ce le consentement de messeigneurs les
consuls de la ville et communauté dudit Lyon, lesquels consentiront
que telle administration, quant audit revenu et le soin ou cure de tenir
ledit hôpital net et réparé audit Lyon, soit et appartienne auxdits sei-
gneurs consuls et conseillers de ladite nation florentine résidant audit
Lyon ; lesquels seigneurs conseillers dudit Lyon, néanmoins, auront les
clefs dudit hôpital, comme ceulx de ladite nation de Florence, pour
disposer des malades et toute autre chose à leur plaisir et volonté. Et au
cas que chacune année ledit revenu ne s’employa ès [aux] dites réparations
audit hôpital de saint Thomas, veut que, de cinq années en cinq années,
les comptes desdites réparations soit soudé [soient soldés], et que lors

1 AMLY, BB, 61, f. 159 confirme l’exécution de cette clause en déc. 1543 (Yver, Guadagniis,
p. 92, n. 5).
518 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

tout ce que se trouvera d’avance soit employé en augmentation dudit


revenu d’icelui hôpital par lesdits consuls et conseillers d’icelle nation,
appelé à ce, comme dessus, un de cesdits enfants mâles et héritiers ; et,
en défaut de ce faire par eux, veut que lesdits gouvernement et admi-
nistration d’icelui revenu soit et appartienne auxdits seigneurs conseillers
de ladite ville et communauté de Lyon, sous les conditions et qualités
dessus dites. [13] Item, donne et lègue ledit seigneur testateur à l’hôpital
des pestiféreux dans Avignon appelé de Champflori la valeur et sort
principal [capital] de que1 cent cinquante écus d’or des pensions qu’il a
eues dudit seigneur René Gentil, qui furent achetées pour neuf cent
cinquante écus à sept pour cent, qui seront pour les susdits quatre cent
cinquante écus trente un écus et demi de pension pour chacun an. Et
veut que iceux trente un écus et demi de pension soient des pensions
dessusdites telles qu’il plaira aux tuteurs et exécuteurs après nommés.
Et s’il advenait que les pensionnaires et débiteurs d’icelles pensions les
voulsissent [voulussent] rechater [racheter] et rendre le sort et prix prin-
cipal d’icelles, veut et ordonne que ledit sort et prix desdits xxxi écus
et demi soit incontinent [immédiatement] converti et employé au profit
d’icelui hôpital en biens immeubles ou pensions sur Avignion, pour
subvenir aux réparations et malades dudit hôpital ; duquel revenu, tant
sur la recette comme sur la distribution d’icelle en la manière que dit
est, ledit seigneur testateur en a laissé et donné la charge, cure et admi-
nistration à messeigneurs les consuls dudit Avignion, joint et appelé à
ce avec eux l’un desdits enfans mâles et héritiers dudit testateur, ou qui
pour eux se trouvera lors audit Avignon. Et quains [si] ledit revenu
superavancerait [excèderait] la dépense desdites réparations, veut et
ordonne, comme en l’article précédent, à savoir que de cinq années en
cinq années, lesdits seigneurs consuls dudit Avignion soldent les comptes
desdits revenu et dépenses, appellé à ce, comme dessus, l’un desdits
enfans mâles et héritiers d’icelui testateur ou qui pour eux lors sera
audit Avignion. Et s’il a quelque surplus, veut que soit employé en
acquêts et augmentation dudit revenu au profit dudit hôpital pour servir
à réparer icelui aux nécessités des pestifereux d’icelui. [14] Item, donne
et lègue, pour Dieu et aumône, à tous les autres hôpitaux dudit Avignion,
esquelz [dans lesquels] continuellement sont pauvres résidents, à tous
par ensemble la somme de cent livres tournois, pour une fois ; laquelle
1 Sic, pour « quatre ».
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 519

somme, il veut et ordonne être distribuée par cesdits exécuteurs après


nommés, dans l’an après sondit décès, à cesdits hôpitaux, à la volonté
et discrétion d’iceux exécuteurs, à savoir à l’un plus et aux autres moins,
ainsi qu’ils cognestront les nécessités. [15] Item, veut et ordonne que,
incontinent après son trépas, tous et chacun les serviteurs qui se trou-
veront lors en son service, tant à Lyon que Avignion, soient vêtus et
habillés d’habillements de deuil et noirs, chacun d’eux selon leur état
et qualité et au jugement et discrétion desdits exécuteurs. Et en outre,
donne et lègue, à chacun des susdits serviteurs et chacun d’iceux, tant
dudit Lyon que d’Avignion, cinq livres tournois qu’il veut être payées
à chacun d’eulx outre leurs salaires, à leurs volonté et requête, ledit
testateur préablement décédé. [16] Item, veut et ordonne icelui seigneur
testateur auquel [jour]1 il décèdera, et le plus tôt que faire se pourra
après son trépas, soient données et distribuées deux cent livres tournois
pour aider à marier pauvres filles, à la discrétion des tuteurs et exécuteurs
après nommés, et ne veut que pour chacune fille soit baillé plus de dix
livres tournois. [17] Item, donne et quitte à Rosino Silvestrini, pour les
bons et agréables services qu’il lui a faits, tout ce dont il lui peut être
et a été débiteur et redevable, pour quelque cause que ce soit de tout le
temps passé jusques à présent, et défend à sesdits héritiers après nommés
de n’en rien jamais lui en demander ; et, en outre, veut et ordonne que
icelui Rosino, tant que vivra, soit nourri et alimenté de tous dépens de
bourse [frais] en la maison de sesdits héritiers, et ce tant qu’il y voudra
résider et sans rien lui en faire payer. [18] Item, ledit seigneur testateur
veut et ordonne que, s’il va de vie à trépas ains [aussi bien à] Avignion
que à Lyon et Florence, incontinent [dès] qu’ils auront nouvelle de sa
mort, en chacun desdits deux lieux, soient dites et célébrées deux cent
messes basses eucaristilles et une messe haute avec tous les offices des
trépassés ; à savoir, audit Lyon, audit couvent de Notre Dame de Confort
et, audit Florence, en l’église de Notre Dame de l’Annunciade. Et s’il
va de vie à trépas audit Lion, veut et ordonne que la semblable [la même
chose] soit fait audit Florence, audit Avignion, audit couvent des frères
précheurs ou au couvent des célestins qui semblera bon à sesdits exé-
cuteurs. [19] Item, donne et lègue à ladite église de l’Annunciade et
aux quatre [couvents] mendiants dudit Florence, à chacune desdites
règles, cinq écus d’or pour une fois afin qu’ils prient Dieu pour le salut
1 Mot restitué.
520 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et remède de son âme ; lesquels, il veut et ordonne leur être payés en


telle chose dont ils auront plus grande nécessité. [20] Item, donne et
lègue au monastère des Murates de Florence, la somme de cent écus
d’or, pour une fois seulement, et pour Dieu et aumône, afin que les
religieuses dudit monastère aient meilleure occasion, pour Dieu, pour
le salut de son âme, lesquels cent écus il veut leur être payés dans un
an après son décès. [21] Item, il donne et lègue, pour Dieu et aumône,
au monastère de sainte Claire de Florence, la somme de deux cent écus
d’or, et à l’hôpital des Innocents dudit Florence cent écus d’or ; et à tous
les autres monastères des nonnains dudit Florence qui sont observants,
à tous par ensemble, deux cent écus aussi d’or ; lesquelles sommes, il
veut et ordonne être payées dans l’an après le décès dudit seigneur
testateur, à savoir : lesdits deux cent écus audit monastère de sainte
Claire, audit hôpital des Innocents lesdits cent écus, et à tous les autres
monastères de nonnains observants de Florence, à tous par ensemble,
lesdits deux cent écus aux uns plus et aux autres moins, selon le nombre
des religieuses et pauvres desdits monastères au jugement et discrétion
desdits tuteurs et exécuteurs. [22] Item, donne et lègue en aumône à
l’hôpital de sainte Marie neuve dudit Florence la somme de cent écus
d’or, laquelle somme il veut et ordonne être payée audit hôpital, pour
une fois, en tels jours que les seigneurs tuteurs et exécuteurs verront
être nécessaire pour les pauvres dudit hôpital, dans l’an après sondit
décès. [23] Item, donne et lègue, pour Dieu et aumône, à tous les autres
hôpitaux de Florence esquels [dans lesquels] ordinairement sont pauvres
et pélerins, à savoir à ceux que semblera aux prédits tuteurs et exécuteurs
être plus nécessiteux, la somme de cent écus ; lesquels il veut être dis-
tribués par lesdits tuteurs et exécuteurs à tous lesdits hôpitaux par
ensemble, à l’un plus et à l’autre moins, à la discrétion d’iceux tuteurs
et exécuteurs, dans dix-huit mois au plus loin après le décès dudit tes-
tateur. [24] Item, veut et ordonne que, dans l’an après sondit décès,
soient baillés et délivrés aux bons hommes de saint Martin de Florence
trois cents écus d’or, pour iceux être distribués à pauvres honteux, à la
discrétion desdits bons hommes et où ils verront être plus de nécessité.
[25] Item, veut et ordonne ledit seigneur testateur que, pour marier
pauvres filles de Florence ou les aider à marier, soient donnés et employés
cinq cents écus d’or, quand et où lesdits tuteurs et exécuteurs voiront
[en verront] la nécessité et à leur discrétion et desdits bons hommes de
ESPACES FRONTALIERS ET ÉCRITURE DE L’HISTOIRE 521

saint Martin ensemble avec eux, et en baillant [en donnant] pour cha-
cune fille plus de vingt cinq écus. [26] Item, et pour ce que puis naguière
[il y a peu] est venu à notice [à la connaissance] dudit seigneur testateur
que un nommé Jehan Baptiste Gadaigne, qui se tenait et réputait pour
son fils naturel demeurant à Boloigne à l’étude, est allé de vie à trépas,
et qu’il a ouï dire que ledit Jehan Baptiste a laissé un fils semblablement
naturel, à cette cause, étant la chose ainsi vraie et que on voie que ledit
fils ait affection à faire bon portament [comportement], il le recommande
à cesdits héritiers universels après nommés, qu’ils lui veuillent aider en
remettant ladite aide à leur discrétion et arbitrage. [27] Item, veut et
ordonne que, dans un an après son décès, soit faite et donnée par ces
susdits héritiers universels après nommés, si ledit testateur ne l’a fait et
donné en sa vie, c’est à savoir une manteline [court manteau] de toilette
d’or tiré, jusques à la valeur de vingt-cinq écus d’or, à l’image Notre
Dame del Sasso, étant pris les possessions dudit seigneur Olivier Gadaigne
son père au détroit [district] de Florence ; et veut que en la chapelle de
ladite image Notre Dame de Sasso, après sondit décès, soient dites et
célébrées par sept fois sept messes, en l’honneur et révérence des sept
fois de Notre Dame, que seront en tout quarante-neuf messes […] …

Source

Avignon, Archives départementales de Vaucluse, 3 E 12 / 1653 (6 octobre


1541). Transcrit du moyen français.

Bibliographie

Yver, Georges, De Guadagniis (« les Gadaigne ») mercatoribus Florentinis


Lugduni XVIo post Christum natum saeculo commorantibus, Paris : Cerf,
1902 (thèse de Lettres en latin).
Chiffoleau, Jacques, La comptabilité de l’au-delà : les hommes, la mort et
la religion dans la région d’Avignon à la fin du Moyen Âge, vers 1320-
vers 1480, Rome : École française de Rome / Paris : diffusion De Boccard
(Collection de l’École française de Rome ; 47), 1980.
Zaccaria, Raffaella, « Guadagni, Simone », dans Dizionario biografico
degli Italiani. LX : Grosso-Guglielmo da Forlì, Roma : Istituto della
Enciclopedia italiana, 2003, p. 71-73.
FOIRES ET FÊTES

V.06. RÉTABLISSEMENT DE DEUX FOIRES À LYON (MAI 1487)

Texte présenté et transcrit par Jean-Louis GAULIN et Susanne RAU

Présentation

Ré-inventées par Édouard Herriot en 1918, les foires de Lyon virent


le jour en 1420 par décision royale et connurent leur apogée entre 1460
et 1560. Le dauphin Charles institua les deux premières foires annuelles,
à Pâques et en novembre, dans une ville qui n’était pas jusque là un
rendez-vous commercial important. Le soutien royal aux foires de Lyon
– une troisième fut octroyée en 1444, une quatrième en 1463 – visait
à concurrencer la place de Genève, qui était progressivement devenue,
au cours du xive siècle, un centre d’échanges particulièrement actif.
Louis XI réorganisa alors les foires de Lyon – elles durent désormais un
mois et sont au nombre de quatre – en même temps qu’il interdit aux
marchands de son royaume de se rendre aux foires de Genève.
L’abolition des foires lyonnaises au profit de Bourges fut décidée par
le jeune Charles VIII à la suite des États généraux de 1484 pendant
lesquels plusieurs villes, notamment celles du Languedoc, se plaignirent
de la place prise par Lyon dans l’importation des soieries italiennes et
des épices. Ce revers déclencha une vive réaction du consulat et des mar-
chands français et étrangers accoutumés à fréquenter les foires de Lyon.
Le consulat développa une intense activité diplomatique en direction
du roi et de la cour, de personnages influents, de villes du royaume et
aussi des Ligues allemandes. Les marchands du royaume mais aussi des
marchands forains venus d’Allemagne, de la Confédération helvétique,
d’Italie et de la péninsule Ibérique firent savoir que leur préférence allait
524 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à Lyon, comme l’évoque la lettre royale qui, en mai 1487, rétablit deux
foires à Lyon. La reprise effective des foires ne semble avoir eu lieu qu’à
l’automne 1489 ; en 1494, Lyon retrouva ses quatre foires.
L’acte royal de mai 1487 – une charte qui a conservé une partie de
son sceau – justifie le rétablissement des foires à l’aide d’arguments
classiques, déjà présents dans les précédents privilèges : la situation
géographique (carrefour routier et fluvial), la localisation d’une ville
« assise sur les extrémités et lisières de notre royaume, faisant frontières
à plusieurs pays étrangers », la récente affluence des marchands qui ont
enrichi la ville et le royaume et le risque d’appauvrissement que fait
courir la suppression des foires. Pour décider de l’opportunité de rétablir
les foires, le roi prit l’avis d’une commission extérieure à la ville alors
que, précédemment, seul le premier privilège accordé par Charles VII
(1420) faisait état d’une « information » qui avait été confiée au sénéchal
de Lyon et au bailli de Mâcon. Le procès-verbal de la mission menée pour
le roi par l’évêque de Saint-Papoul et le juge Pierre de Cohardy (ou de
Courthardy) sur « la matière des foires » (il est conservé dans le même
carton d’archives que cette charte) permet de retracer l’itinéraire suivi
de Paris à Bourges – où les commissaires royaux furent mal reçus par
la population –, en passant par Dijon, Beaune, Chalon, Mâcon et Lyon.
Conservés dans les archives de la ville et imprimés plusieurs fois
dès le xvie siècle, les « privilèges des foires » n’ont toujours pas fait
l’objet d’étude systématique. Il est intéressant de noter que ce corpus
documentaire commercial établit une filiation directe entre les foires
de Lyon et les plus anciennes foires du royaume, celles de Champagne
et de Brie ainsi que celle du Lendit à Saint-Denis.

Document

Charles, par la grâce de Dieu roi de France, à tous présents et à venir.


Comme nous, considérant que notre bonne ville et cité de Lyon est assise et
située sur et entre les rivières du Rosne et de la Saosne, qui sont deux gros
fleuves navigables et passant le long de nos pays de Bourgoigne, Lyonnais,
Daulphiné, Languedoc et Provence et du pays de Savoye et autres hors
[hors de] notre royaume jusques à la mer de Levant, et aussi est assise à
une journée près de la rivière de Loire, laquelle traverse notre royaume
jusques en la mer Océane, par lesquelles rivières et semblablement par
FOIRES ET FÊTES 525

terre ont afflué et affluent chacun [chaque] jour en ladite ville plusieurs
marchands, tant de notre royaume, pays et seigneuries d’Allemaigne,
Ytallie, Arragon, Espaigne que autres pays étrangers. et au moyen de
l’affluence desdits marchands a été fait le temps passé en ladite ville
grande entremise [entreprise] et distribution de marchandises, ainsi
que nous ont fait dire et remontrer plusieurs marchands, lesquels, et
mêmement [surtout] ceux des anciennes ligues des hautes Almaigne,
nous ont plusieurs fois fait requérir [demander] que notre plaisir fut y
établir, ordonner et donner aucunes [quelques] foires franches, et à icelles
octroyer les privilèges, tels que en semblables foires on a accoutumé [a
coutume de] jouir et user et que ce serait le bien, profit et utilité de la
chose publique de notre royaume. Sur lesquelles choses, pour mieux
en entendre et savoir la vérité, par l’avis et délibération d’aucuns [de
plusieurs] des princes et seigneurs de notre sang et lignage et gens de
notre conseil, avons commis puis naguères [il y a peu de temps] l’évêque
de Saint-Papoul et maître Pierre de Cohardy, juge ordinaire du Maine,
pour enquérir [chercher à savoir] avec les marchands, tant de notre-dit
royaume que étrangers, du lieu plus propice et convenable pour tenir
foires en notre-dit royaume. Lesquels au moyen de ladite commission
se sont transportés [déplacés] en plusieurs bonnes villes d’icelui notre
royaume et nous ont rapporté en notre-dit conseil que par la déposition
de très grand nombre de marchands, tant de notre-dit royaume que
étrangers, ils ont trouvé que ladite ville de Lyon est la ville de notre-dit
royaume la plus propice, convenable, utile et profitable pour le bien de
la chose publique pour tenir foires.
Savoir faisons que nous, ouï le rapport de nos-dits conseillers :
– considérant que ladite ville de Lyon est assise sur lesdites
rivières au centre et milieu de toutes nations et contrées qui
ont accoutumé fréquenter marchandamment icelle ville en
laquelle, par lesdites rivières, ils pourront amener et d’icelle
ramener toutes denrées et marchandises à moindres frais, coûts
et dépens que ailleurs, aussi se [si] l’entrecours [échange] de
marchandise qui a accoutumé [a l’habitude d’] être en ladite
ville était discontinué [interrompu], les marchands qui ont
accoutumé y fréquenter, pourraient eux acheminer en autres
pays et contrées et en pourrait notre-dite ville de Lyon qui est
assise sur les extrémités et lisières de notre royaume, faisant
526 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

frontières à plusieurs pays étrangers, tomber en ruine, désolation


et dépopulation, qui [ce qui] tournerait à grand préjudice à la
chose publique de notre dit royaume ;
– considérant aussi la bonne et parfaite amour et loyauté que
nos très chers et biens aimés les bourgeois manants et habi-
tants de notre dite ville de Lyon ont toujours montrée par
effet sans varier avoir envers nos prédécesseurs et que sommes
bien informés que s’ils n’avaient icelles foires, ladite ville ne
se pourrait bonnement entretenir, mais l’abandonneraient
tous marchands ;
– voulant à cette cause [pour cette raison] élever et accroître
icelle ville en droits, prérogatives et prééminences [avantages]
et leur impartir sur ce notre grâce et libéralité afin qu’ils
soient de plus en plus enclins de continuer envers nous en la
loyauté qu’ils ont eue à nos dits prédécesseurs, par l’avis et
délibération desdits princes et seigneurs de notre sang et gens
de notre conseil, de notre certaine science, grâce spéciale, pleine
puissance et autorité royale pour le bien, profit et utilité de
la chose publique de notre dit royaume et à la requête de nos
très chers et très aimés cousins, le cardinal de Lyon et le duc
de Bourbon notre oncle, connétable de France, lesquels nous
ont très instamment de cette matière plusieurs fois supplié et
requis, avons créé, institué, établi et ordonné, créons, instituons,
établissons et ordonnons en notre-dite ville de Lyon deux
foires franches lesquelles nous y voulons être tenues chacun
[chaque] an perpétuellement et à toujours [pour toujours],
l’une commençant le premier lundi après Quasimodo1 et la
seconde le troisième jour de novembre ensuivant [suivant], et
dureront chacune d’icelles quinze jours ouvrables, continuels
[continus] et consécutifs sans interruption. Et afin que lesdites
foires se puissent de bien en mieux entretenir et que tous
marchands tant de notre royaume que étrangers, de quelque
part, nation ou contrée qu’ils soient ou puissent être, soient
plus enclins de les fréquenter, voulons et nous plaît et auxdits
habitants de notre dite ville de Lyon et à tous marchands et

1 La fête de Quasimodo est le premier dimanche après Pâques.


FOIRES ET FÊTES 527

autres quelconques qui fréquenteront lesdites deux foires,


avons octroyé et octroyons que durant chacune d’icelles, ils
et chacun d’eux, ensemble [ainsi que] leurs biens, denrées et
marchandises, jouissent de tous et chacun les [l’ensemble des]
privilèges, franchises, libertés, exemptions, droits et préroga-
tives qu’ils avaient et dont ils ont joui et jouissaient durant
les foires qui ont été tenues en ladite ville de Lyon au vivant
du feu notre très cher seigneur et père, que Dieu absolve et
jusques à son trépas, tout ainsi que s’ils étaient ici expressément
spécifiés et déclarés, sauf l’ordonnance par nous faite et à faire
touchant l’entrée de l’épicerie.

Si [Ainsi] donnons en mandement [ordonnons] par ces mêmes présentes,


à nos aimés et féaux les gens de nos comptes, trésoriers de France et
généraux sur le fait et gouvernement de toutes nos finances, au sénéchal
de Lyon, bailli de Mascon, et à tous nos autres justiciers et officiers, ou
à leurs lieutenants et à chacun d’eux, si comme [comme] à lui appar-
tiendra [reviendra], que desdites deux foires, ensemble de tous et chacun
les privilèges, libertés, franchises, droits, et prérogatives dessus-dites, ils
fassent, souffrent et laissent ladite ville de Lyon, bourgeois, manants et
habitants d’icelle ville, présents et à venir, ensemble tous autres auxquels
ce pourra toucher, jouir et user, pleinement et paisiblement sans leur
faire mettre ou donner aucun détourbier [trouble] ou empêchement
au contraire. Ains [Au contraire] se [si] fait, mis ou donné y était, ou
avait été, ils le fassent incontinent et sans délai réparer et mettre au
premier état et dû. Et à ce faire [pour ce faire] contraignent ou fassent
contraindre tous ceux qui pour ce seront à contraindre par toutes voies
dues et raisonnables. Et en outre, afin que des choses dessus-dites aucuns
[nuls] ne puissent prétendre cause d’ignorance, voulons et nous plaît que
cesdites présentes ils fassent lire et publier en leurs cours, juridictions
et auditoires, à son de trompe et cri public, se [si] métier [besoin] est, et
partout ailleurs où il appartiendra [faudra]. Et pource que [parce que]
de ces présentes l’on pourra avoir à besoin [avoir besoin] en plusieurs et
divers lieux, voulons que au vidimus d’icelles, fait sous scel [sceau] royal,
foi soit ajoutée comme à ce présent original.
Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours [pour toujours],
nous avons fait mettre notre scel à cesdites présentes, sauf en autres choses
528 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

notre droit et l’autrui en toutes. Donné à Laval au mois de mai, l’an de


grâce mil CCCC quatre vingt et sept et de notre règne le quatrième.
[Sur le repli :] Par le Roi, monsieur le duc de Bourbon, connétable de
France, les comtes d’Angoulesme, de Clermont et de Vendosme, vous
les sires de Chastillon et de La Tremoille, l’Amiral, les sires de Curton,
de L’Isle et de Grimault, les sénéchaux de Carcassonne et de Périgort,
et maistre Jehan Martin et autres présents.
[Signé :] Primandaire1.

Source

Original : Lyon, Archives municipales, HH 282, no 39. Éditions :


Ordonnances et privileges des foires de Lyon : et leur antiquité : avec celles de
Brie, & Champaigne, et les confirmations d’icelles par sept roys de France,
depuis Philippe de Valois, sixieme du nom : jusques à François second, à présent
regnant, Lyon : Pierre Fradin, 1560, p. 52-56. Privileges des foires de Lyon,
octroyez par les roys tres-chrestiens, aux marchands françois et estrangers y
negocians sous lesdits privilèges, ou residens en ladite ville, Lyon : Guillaume
Barbier, 1649, p. 54-59.

Bibliographie

Brésard, Marc, Les foires de Lyon aux XVe et XVIe siècles, Paris : Auguste
Picard, 1914.
Gascon, Richard, « Nationalisme économique et géographie des foires.
La querelle des foires de Lyon (1484-1494) », Cahiers d’histoire, 1
(1956) : 3, p. 253-287.
Bergier, Jean-François, Les foires de Genève et l’économie internationale de
la Renaissance, Paris : S. E. V. P. E. N., 1963.
Häberlein, Mark, Brüder, Freunde und Betrüger : soziale Beziehungen,
Normen und Konflikte in der Augsburger Kaufmannschaft um die Mitte des
16. Jahrhunderts, Berlin : Akademie Verlag (Colloquia Augustana ; 9),
1998.

1 À droite : Visa. Contentor Bude vidit. Jean Budé, notaire et secrétaire du roi, signait souvent
par contentor. Voir Lapeyre, André, et Scheurer, Rémy, Les notaires et secrétaires du roi sous
les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII (1461-1515) : notices personnelles et généalo-
gies, Paris : Bibliothèque nationale de France (Collection de documents inédits sur l’histoire de
France), 1978.
FOIRES ET FÊTES 529

V.07. ENTRÉE DUCALE : CHARLES Ier DE SAVOIE À LYON (1489)

Textes présentés et transcrits par Jean-Louis GAULIN

Présentation

Les entrées solennelles à Lyon ne furent pas seulement le fait des


rois de France (IV.05. et VI.01.). Celles des princes de Savoie ont un
intérêt particulier relativement à la thématique de la frontière entre le
Royaume et l’Empire. Si les États de Savoie sont en effet situés en terres
d’Empire –  comme le rappelle en 1416, l’érection du comté en duché
par l’empereur Sigismond qui fit aussi d’Amédée VIII son vicaire en
Italie –, la maison de Savoie a fait le choix de l’alliance avec son puis-
sant voisin français sous Amédée V (1285-1323). L’annexion de Lyon
au royaume ne diminua pas, bien au contraire, la présence savoyarde
en ville, qu’il s’agisse de celle des migrants repeuplant la cité après les
épisodes pesteux, des nombreux chanoines de la cathédrale issus des
familles nobles de Savoie, ou encore des officiers et des prince eux-mêmes
qui disposaient, on le sait, d’une résidence lyonnaise avec le couvent des
Célestins (IV.08.). En dépit de ces liens multiples, l’entrée à Lyon du duc
de Savoie, préparée par les officiers royaux et par les consuls, revêtait
un caractère diplomatique illustré par une série de documents relatifs
au passage de Charles Ier à Lyon au début de l’année 1489. Celui-ci se
rendait alors à la cour du roi Charles VIII pour tenter d’obtenir le soutien
royal dans le litige qui opposait Savoie et Dauphiné pour l’hommage
du marquisat de Saluces. L’influence française sur le duché était très
forte et plusieurs mariages « français » renforcèrent cette alliance au
xve siècle : Louis XI avait épousé Charlotte de Savoie, fille de Louis Ier,
tandis qu’Amédée IX épousait Yolande de France, fille de Charles VII.
Ainsi Charles Ier, fils d’Amédée IX et de Yolande, duc de Savoie de 1482
à 1490, était-il cousin du roi Charles VIII.
Les archives de la ville ont gardé la mémoire de ce court séjour :
délibération du consulat et dépenses enregistrées dans les comptes de la
ville. Le cérémonial de l’entrée met en évidence la frontière de l’est qui
passe entre le territoire de la ville du côté du Rhône et les châtellenies
530 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

savoyardes de Miribel et Montluel. Il manifeste aussi les liens anciens


de la dynastie humbertienne avec l’Église de Lyon. L’entrée ducale est
aussi une fête pour la population lyonnaise, une de ces « joyeusetés »
qui prirent une toute autre envergure l’année suivante, lorsque le roi
Charles VIII fit son entrée à Lyon.
V.07.A. PROCÈS-VERBAL DE L’ENTRÉE DU 30 MARS

Document

Le lundi, pénultième jour de mars, mille quatre cent quatre vingt


et huit, Monseigneur le duc de Savoie, nommé Charles, entra en ladite
ville, environ [vers] quatre heures après midi, accompagné de toute la
noblesse de Savoye, richement et pompeusement habillés, et allèrent
au-devant de lui les devant-nommés abbé de Saint Denis et marquis1
jusques à Mirebel, où ledit seigneur dîna ce jour et les officiers royaux,
conseillers et autres notables de ladite ville jusques un peu outre [après]
la Justice, et furent les rues de ladite ville tendues depuis la porte de
Saint-Marceau jusques à porte Froc, et faites sept ou huit histoires en
diverses places desdites rues, et fut mené ledit seigneur en la grande
église de Saint-Jehan avec les processions des églises collégiales et quatre
mendiants, depuis ladite porte Saint Marcel jusques à ladite porte de
Porte Froc. Et de là ceux de la grande église le menèrent en ladite église,
en laquelle ils le reçurent pour chanoine et entré en habit de chanoine,
comme ses prédécesseurs avaient accoutumé. Puis de là s’en alla loger
en l’hôtel de ceux de la banque de Medicis, où lesdits conseillers, le
lendemain, lui allèrent faire la révérence et après le firent servir de ce
que dessus est dit, dont ledit seigneur se contenta et eut bien agréable,
soi offrant [s’offrant] à la ville de tout son pouvoir.

Source

Original : Lyon, Archives municipales, BB 19, fol. 128 ro. Édition :


Caillet, Louis, Les entrées des princes et princesses de la maison de Savoie à
Lyon au XIVe et au XVe siècle, Lyon : Louis Brun, 1909, doc. XL.

1 Le marquis de Rothelin.
FOIRES ET FÊTES 531

V.07.B. ACHATS D’AVRIL

Document

Dépense faite par la main Guillaume de Blet, trésorier et receveur


général des deniers communs de la ville de Lion et pour la dépense faite
par les affaires communes de ladite ville, en la semaine commençant le
lundi vie jour d’avril, l’an IIIIC IIIIXX et huit.

Plus [de plus], à Jehan de Paris, peintre, pour avoir fait deux écussons
aux armes de la ville et adoubé un autre écusson, fait un grand soleil
et une lune et pour les clous et avoir tendu la tapisserie à l’entrée de
Monseigneur le duc de Savoie : III livres tournois.
Item, à Barthelemy et Jehan Vincent, merciers, habitants de ladite
ville, pour avoir fait une moralité1 à ladite venue, c’est à savoir une fille
que jetait vin blanc et clairet par les deux tétins et certaines autres
petites joyeusetés : III livres tournois.

Source

Original : Lyon, Archives municipales, CC 519, no 15, § 5 et § 6. Édition :


Caillet, Louis, Les entrées des princes et princesses de la maison de Savoie à
Lyon au XIVe et au XVe siècle, Lyon : Louis Brun, 1909, doc. XLI.
V.07.C. DETTES

Document

Pierre de Villard, Jehan Buatier, Jehan Le Maistre, Daulphin de La Fay,


Glaude Guerrier, Loys Teze et Guillaume Rossellet, citoyens et conseillers
de la ville de Lion à honorable homme Guillaume de Blet, trésorier de
ladite ville et receveur général des deniers communs d’icelle, salut ! Nous
vous mandons et commandons par ces présentes que de et sur les deniers
de votre-dite recette vous baillez et délivrez [donniez] à Marquet Blondel
demeurant audit Lion la somme de trente livres tournois à lui due pour
quatre poinçons [tonneaux] de vin, les deux de blanc et les autres deux
de clairet, par lui vendus et livrés à ladite ville au prix de cinquante sols

1 Représentation dramatique.
532 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

tournois chacune [chaque] année, tenant lesdits quatre poinçons douze


ânées de vin, pris et achetés par icelle ville pour donner et depuis donnés
au nom de ladite ville à monsieur le duc de Savoie, lui étant en cette-dite
ville en allant derrière [ensuite] en France. Et parmi rapportant cesdites
présentes avec quittance suffisante dudit Marquet Blondel de ladite somme
de XXX livres tournois, icelle somme vous sera allouée de et sur lesdits
deniers de votre dite recette et rabattue en vos comptes par les auditeurs
d’iceux, esquels [auxquels] nous mandons [demandons] que ainsi le fassent
sans difficulté. Donné à Lion en l’hôtel commun de ladite ville le pénul-
tième jour du mois d’août, l’an mille quatre cent quatre vingt et neuf.
Vu et passé par mesdits seigneurs conseillers, Dupont.

Source

Lyon, Archives municipales, CC 512 no 47. Transcrit du moyen-français.

Bibliographie

Labande-Mailfert, Yvonne, Charles VIII : le vouloir et la destinée,


Paris : Fayard, 1986.
Uginet, François-Charles, « Carlo I, duca di Savoia », dans Dizionario
biografico degli Italiani. XX : Carducci-Carusi, Roma : Istituto della
Enciclopedia italiana, 1977, p. 288-294.

V.08. ARMOIRIES LYONNAISES


ET ARMOIRIES ROYALES (1491-1494)

Documents présentés par Tania LÉVY

Présentation

Les deux œuvres enluminées conservées aux Musées Gadagne portent


deux textes importants pour la cité : celui du barrage du pont du
Rhône (Inv. 166, avant 1491 ?) et celui des privilèges des foires de la
ville (Inv. 172, 1494).
FOIRES ET FÊTES 533

Dans les deux cas, les armes royales sont associées à celles de la ville :
l’écu de Charles VIII (couronné, orné de fleurs de lis et de croix de
Jérusalem) surmonte le texte et les armoiries lyonnaises dans le no 166.
L’absence des armes de la reine Anne de Bretagne induit une datation
avant leur mariage, en 1491. Une présentation plus raffinée, malheureu-
sement très endommagée, est choisie pour le no 172 : des anges, finement
peints, présentent dans la partie inférieure du parchemin les écus royaux
(mi-partis fleur de lis et hermines) alors que la cité est matérialisée par
la présence de deux lions, au registre supérieur.
On ne connaît pas les artistes qui ont réalisé ces deux œuvres et le
no 166 n’est étonnamment pas documenté. En revanche, le no 172 est
mentionné dans les archives de la ville. Le 10 décembre 1494, le consulat
« fait mectre et escripre en beau parchemin et couller en tablaux bien illuminez et
ystoriez (…) » plusieurs calendriers et tableaux, dont celui des privilèges
des foires (BB 22, fo 31 vo), qu’il règle au peintre, sans le nommer, le
10 avril 1495 (CC 528, pièce no 45). Il demeure impossible d’attribuer
cette enluminure à un artiste en particulier, en raison notamment de
son état de conservation. Toutefois, la physionomie des anges peut être
associée à la production de l’atelier du Maître de Guillaume Lambert,
actif dans le dernier quart du xve siècle.
Ce voisinage des armes royales et lyonnaises dans les deux parchemins
s’explique par la teneur même de chaque texte, qui révèle l’intervention
royale importante dans l’administration de la ville, particulièrement
dans le cadre des foires.
534 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

V.08.A. LE BARRAGE DU PONT DU RHÔNE

Document

Ill. 31. a – Armoiries Lyonnaises et armoiries royales.


© Lyon, musées Gadagne, inv. 166.
FOIRES ET FÊTES 535

Source

Lyon, Musées Gadagne, Inv. no 166 : Le barrage du pont du Rhône (avant


1491 ?), parchemin, 560 x 320 mm.
V.08.B. LES PRIVILÈGES DES FOIRES DE LYON

Document

Ill. 31. b – Armoiries Lyonnaises et armoiries royales.


© Lyon, musées Gadagne, inv. 172.
536 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Lyon, Musées Gadagne, Inv. no 172 : Les privilèges des foires de Lyon (1494),
parchemin, 720 x 560 mm. Édition : Privileges des foires de Lyon, octroyez
par les roys tres-chrestiens, aux marchands françois et estrangers y negocians
sous lesdits privilèges, ou residens en ladite ville, Lyon : Guillaume Barbier,
1649, p. 62.

Bibliographie

Burin, Elizabeth, Manuscript illumination in Lyons, 1473-1530, Turnhout :


Brepols (Ars nova ; 3), 2001.
Musées Gadagne : Musée de l’histoire de Lyon, Fiche descriptive de la
salle 7.
Lyon, Archives municipales, Lettres patentes du roi Louis XI autorisant les
quatre foires annuelles de Lyon, document et notice en ligne (consultés
le 05/03/2014) : http://www.archives-lyon.fr/static/archives/contenu/
old/public/tresors/HD/tres017.htm.

V.09. LES JOUTES D’AINAY (MAI 1500)

Texte présenté et transcrit par Nicolas LE ROUX

Présentation

À l’époque des guerres d’Italie, Lyon est devenue l’un des princi-
paux lieux de vie de la cour. Charles VIII et Louis XII s’y rendaient
régulièrement pour superviser les opérations militaires, et c’est là qu’ils
rassemblaient leurs troupes avant de franchir les Alpes. Lyon fut ainsi
la principale résidence de Charles VIII, qui y séjourna 528 jours, au
cours de son règne – contre seulement 169 à Paris –, principalement en
1494, 1496 et 1497. Pour sa part, Louis XII y passa 721 jours – contre
264 à Paris et 2 273 à Blois –, notamment en 1500, 1501, 1503 et 1508.
Devenu roi en avril 1498, Louis XII entendait s’emparer du duché de
Milan, dont il se considérait comme le seigneur légitime, car sa grand-mère,
FOIRES ET FÊTES 537

Valentine Visconti, appartenait à la dynastie qui régnait sur cette princi-


pauté jusqu’au milieu du xve siècle. Mais depuis 1450, la Lombardie était
aux mains des Sforza. C’est pourquoi Louis XII entendait chasser Ludovic
Sforza, dit le More, qui dominait le duché à cette époque.
Louis XII se rapprocha du pape Alexandre VI pour combattre les
Sforza et pour faire annuler son mariage avec Jeanne de France, car il
avait l’intention d’épouser la veuve de Charles VIII, Anne de Bretagne.
Le 29 juillet 1498, le Saint Père signa un bref énumérant les motifs
d’annulation du mariage. En remerciement, Louis XII confia à César
Borgia, le fils d’Alexandre VI, le duché de Valentinois et le gouverne-
ment du Lyonnais, tandis que le pape accordait le chapeau de cardinal
à Georges d’Amboise, le principal ministre du roi.
Pour préparer la guerre, Louis XII se rendit à Lyon, où il fit son
entrée le 10 juillet 1499. Les troupes royales franchirent les Alpes à la
mi-juillet. Milan tomba très vite, mais, après s’être enfui en Autriche,
Ludovic le More rassembla des troupes, et il parvint à chasser les Français
en février 1500. Les Français, commandés par Louis II de La Trémoille,
reprirent vite contrôle de la Lombardie, et Ludovic fut fait prisonnier
à Novare le 10 avril.
La cour séjournait toujours à Lyon, où la reine Anne avait retrouvé son
époux. Pour célébrer la victoire, le monarque ordonna qu’on allume des
feux de joie et qu’on accomplisse des processions solennelles. Lui-même
alla prier dans plusieurs églises de la ville, notamment à Notre-Dame de
Confort. Ludovic le More fut mené à Lyon, où il arriva le 2 mai 1500. On
l’enferma dans le château de Pierre-Scize, où il demeura quelques jours.
On organisa ensuite des joutes spectaculaires à proximité de l’abbaye
d’Ainay. Alors à l’extrémité de la Presqu’île, le vieux sanctuaire était
entouré de prairies où l’on pouvait dresser les lices et installer des « écha-
fauds » pour les spectateurs. Le dimanche 10 mai 1500, une séance de
délibérations de la municipalité fut consacrée à la préparation du « tournoy
que le Roy a ordonné faire à Esnay1 ». Le 22 mai, sept gentilshommes
de la suite du roi, qui arboraient des sayons blancs, affrontèrent autant
de combattants tenant le parti de la reine, qui portaient des sayons
bleus bordés de jaune. Chaque participant était associé à une dame qui
assistait aux combats dans la tribune royale.

1 Lyon, Archives municipales, BB 24, fol. 252 vo (délibérations consulaires, 10 mai 1500).
538 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ces joutes ont été décrites par le chroniqueur Jean d’Auton (1466-
1527). Ce religieux augustin tenait le rôle d’historiographe du roi. Il
accompagnait la cour pour écrire une histoire des conquêtes de Louis XII,
recueillant des informations auprès des combattants royaux. Il était
manifestement fasciné par les exploits belliqueux des gentilshommes,
et c’est pourquoi il s’est intéressé particulièrement aux joutes lyonnaises
de 1500.

Document

En l’entrant du mois de mai1, la Reine fut en voyage à Saint Glaude, et


de là à Lyon le Saunier, en Bourgoigne, tenir un fils du prince d’Orenge.
Avec elle, furent les seigneurs de la Roche de Bretaigne, de Tournon,
de Chastillon et plusieurs des gentilshommes de la maison du Roi, les
Cent Suyces de la garde et trois cents hommes d’armes.
Des danses, banquets, ébats et joyeux passetemps qui à ce voyage
furent faits, ne ferai autre compte, si n’est que peu durèrent les jours à
ceux qui là se trouvèrent, car onques [jamais] ne fut vue meilleure dame,
tant honorable ni si délibérée [avisée] que, pour lors, était la Reine.
À son retour de Bourgoigne, voulut que dedans Lyon, à Hesnay, fût
fait un tournoi de sept gentilshommes, de sa part, contre sept autres, de
ceux du Roi, et fut, le vingt-deuxième jour de mai, audit lieu d’Esnay,
ordonné le tournoi.
Du parti du Roi, furent le seigneur infant de Navarre, frère du comte
de Foix, le seigneur d’Avanes, le seigneur de Bonneval, le seigneur de
la Rochepot, le seigneur des Barres, le seigneur de Verdusant et le sei-
gneur de Ravel, nommé Pocquedenare.
Du côté de la Reine, le seigneur de la Roche de Bretaigne, le seigneur
de Chastillon, le seigneur de Fremente, le seigneur de Sainct Amadour,
Françoys Cours, Maugeron et un nommé le jeune Camicant, lesquels se
trouvèrent sur les rangs, au jour entrepris, tous en armes et bien montés.
Ceux qui étaient du parti du Roi entrèrent les premiers aux lices,
l’armet en tête et la lance sur la cuisse, vêtus sur le harnois d’un blanc
soye [sayon] et bardés de pareille couleur.
De l’autre côté des lices entrèrent ceux de la Reine, chacun, son ser-
viteur et sa dame, en habillements de bleu, bordés de jaune et semés de
1 En l’an 1500.
FOIRES ET FÊTES 539

petites patenôtres [chapelets] de bois1 ; et, eux ainsi entrés en la lice, leurs
dames mirent pied à terre et s’en allèrent à l’échafaud [estrade] de la Reine.
De l’autre part [côté], était le Roi, en son échafaud, accompagné
du comte de Foix, du prince d’Orenge, du comte de Dunoys, du duc
d’Albanye, du maréchal de Rieux et du maréchal de Gyé et plusieurs
autres grands seigneurs. Avec la Reine étaient la princesse de Tharente,
la comtesse de Gayace, mademoiselle de Candalle et grand nombre
d’autres dames et damoiselles. Lorsque chacun fut prêt, trompettes et
tambourins sonnèrent pour faire commencer le tournoi. Le seigneur
infant et le seigneur de Fremente firent la course première, lesquels
marchèrent si rudement le long des lices que, sous les pieds de leurs
chevaux, semblait que terre dut profonder [s’enfoncer]. Au joindre [à la
rencontre], l’infant de Navarre fut de la lance atteint par la vue [visière]
de son armet si rudement que sur les arçons fut renversé et blessé au
visage, et tant fut étonné du coup que de longtemps après ne put la tête
redresser. Les seigneurs d’Avanes et de la Roche de Bretaigne joutèrent
après et ne se rencontrèrent des lances, mais à l’épée se combattirent.
Aux premiers coups perdit le seigneur d’Avanes son épée, puis la reprit
et très bien, à cette fois, se trouva au combat. Après ce, laissèrent courir
le seigneur de Chastillon et Pocquedenare si rudement que, au choquer,
les lances allèrent par éclats, et fut Pocquedenare asséné [frappé] si à
droit [exactement] que, pour la force du harnois, ne demeura que, au
travers du bras dextre [droit], ne lui demeurât le tronçon de la lance.
Toutefois, pour ce [pour cette raison] ne s’arrêta, mais de son bras
arracha le tronçon et tant aida d’une main à l’autre qu’il tint l’épée en
serre [enserrée], et dix ou douze coups en donna si rudement que, tout
au délivré [en portant ses coups], semblait avoir le bras blessé, dont, à
chacun coup qu’il ruait [portait], saillait le sang jusqu’à terre. Le sei-
gneur de la Rochepot, Bonneval, Sainct Amadour et les autres firent
si bien qu’il n’y eut à redire. Le seigneur des Barres, du parti du Roi,
et Françoys de Cours, de celui de la Reine, finirent le tournoi, lesquels
se rencontrèrent à la course si à droit [exactement] que, à l’assembler [à
la rencontre], lances par pièces [morceaux] furent brisées. Au combat
de l’épée, Françoys de Cours par le seigneur des Barres fut de la sienne
désarmé. Le seigneur de Fremente qui, au premier coup de lance, avait

1 Allusion à la cordelière franciscaine. En 1498, Anne de Bretagne a fondé l’ordre de la


Cordelière, dédié à saint François d’Assise.
540 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

tant foulé [blessé] son homme qu’à l’épée n’avait su combattre, contre le
seigneur des Barres fut mis en place ; lequel Fremente fut pareillement
de son épée dessaisi. Ainsi fut le tournoi mis à fin.
Quoi plus ? Ce jour, plusieurs lances furent rompues et maints coups
d’épée donnés, et après que le tournoi fût fini, le Roi et la Reine s’en
retournèrent au logis. Plus de quinze jours après en suivant se continuèrent
joutes et combats, où maintes bonnes courses et faits chevaleureux
[chevaleresques] furent mis en avant.
Et ce temps, furent devers le [auprès du] Roi, à Lyon, les ambassades
du pape, des rois d’Espaigne et d’Angleterre, de la seigneurie de Venize
et de l’Archiduc. Le grand maître de Rodes, ces jours, transmit au Roi
des lettres qu’il avait reçues du Grand Turc, par lesquelles était contenu
le sauf-conduit d’un nommé Monjoye Saint Denys, roi d’armes, et autres
ambassades que le Roi envoyait en Turquie.
Le cardinal d’Amboise, après avoir reçu les deniers que les villes
de Lombardye et des Italles avaient par composition promis de bailler
[donner] au Roi, mis en ordonnée police l’affaire politique, établi juges
et gouverneurs suffisant pour l’entretènement [entretien] des pays,
laissé garnisons et morte-payes1 dedans [dans] les villes et châteaux et
dûment pourvu au bien de la chose publique du duché de Millan, s’en
voulut en France retourner, et droit à Lyon, sur le Rosne, le travers [à
travers] des montagnes prit son chemin. Avec lui retournèrent le sire
de la Trimoille, le seigneur Jehan Jacques, le seigneur de Mauléon et
plusieurs autres capitaines et gentilshommes, lesquels furent à Lyon le
vingt-troisième jour de juin et arrivèrent ainsi que le Roi oyait la messe
à l’église de Nostre Dame de Confort.

Source

Auton, Jean d’, Chroniques de Louis XII. Tome premier, éd. par René de


Maulde La Clavière, Paris : Librairie Renouard, 1889, p. 284-294.

Bibliographie

Quilliet, Bernard, Louis XII : Père du Peuple, Paris : Fayard, 1986.


Le Fur, Didier, Louis XII : un autre César, Paris : Perrin, 2001.

1 Groupes employés plutôt à la logistique qu’au combat.


FOIRES ET FÊTES 541

Chatenet, Monique, La cour de France au XVIe siècle : vie sociale et


architecture, Paris : Picard (De architectura), 2002.
Contamine, Philippe, « Jean d’Auton, historien de Louis XII »,
dans Louis XII en Milanais : XLIe Colloque international d’études
humanistes, 30 juin-3 juillet 1998, éd. par Philippe Contamine et
Jean Guillaume, Paris : Honoré Champion, 2003, p. 11-29.
Vissière, Laurent, Louis II de La Trémoille (1460-1525) : « sans poinct
sortir hors de l’orniere », Paris : Honoré Champion (Études d’histoire
médiévale ; 11), 2008.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI

V.10. LES PROTESTANTS S’EMPARENT DE L’URBANISME (1563)

Texte présenté et transcrit par Olivier ZELLER


Carte réalisée par Bernard GAUTHIEZ

Présentation

Pour le consulat de Lyon, démolir des maisons pour améliorer le


réseau viaire se heurtait à une double difficulté. Il était osé de s’attaquer
à la propriété « éminente », et les possesseurs des droits seigneuriaux,
presque tous ecclésiastiques, voyaient d’un mauvais œil la perte irré-
versible de leurs droits de laods et de mi-laods1 sur les mutations ainsi
que celle des cens, des servis et des crues exigibles annuellement. Il
fallait donc procéder à des opérations d’amortissement extrêmement
coûteuses pour satisfaire des prétentions souvent exorbitantes. Il était
également dispendieux de s’en prendre à la propriété « utile » dont
jouissaient les propriétaires de maisons à démolir. Avant 1661, la poli-
tique d’urbanisme fut entravée par l’impossibilité de les indemniser ;
par la suite, elle resta toujours une affaire de notables, menée par les
échevins dans le cadre défini en 1680 par l’archevêque et lieutenant
général. Enfin, il n’était guère de construction qui ne soit hypothéquée
par une ou plusieurs rentes foncières, ce qui imposait de restituer les
capitaux correspondants.
Une très notable exception fut constituée par le gouvernement de
la ville lors de l’occupation protestante de 1562-1563. L’urbanisme de
cette période ne se limita pas aux décisions du baron des Adrets. Sous la
menace d’abandonner Lyon à son sort, il fit réparer le système défensif,
1 Laods : droits seigneuriaux de mutation. Mi-laods : droits seigneuriaux de succession.
544 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

construire deux ponts provisoires1 et dégager un cheminement au nord


de Bellecour que complétèrent la démolition de la maison de Rontalon,
propriété épiscopale en bord de Saône, le prolongement de la rue Belle-
Cordière2 et le percement d’un accès vers la place de Confort à travers
le clos des Jacobins3. Le Consulat voulait donner une interprétation
extensive aux lettres patentes du 4 août 1561 qui permettaient non
seulement d’abattre des galeries enjambant les rues et les auvents qui
les obscurcissaient, mais également d’agrandir les rues et les places en
détruisant des maisons. Il convoqua donc une assemblée qui permit à
une partie de la population de s’exprimer. Malgré l’inévitable mise en
forme, son procès-verbal constitue un texte très vivant où la modération
des notables s’oppose au radicalisme des gens de métier. Il témoigne du
caractère très exceptionnel de circonstances où l’obstacle de la seigneurie
ecclésiastique se trouvait momentanément balayé. Les Protestants prati-
quaient alors une certaine démocratie. Alors que toutes les assemblées
générales réunies au xvie siècle et au début du xviie siècle par le Consulat
ne furent formées que de notables, ces assemblées de 1562-1563 attestent
de la prise de la parole par des artisans, à l’évidence peu respectueux
d’une propriété ordinairement considérée comme sacrée. La période 1562-
1563 constitua donc un temps d’exception où, en affectant de respecter
la volonté royale, on rompit avec l’état de fait ordinairement accepté.
Significativement, les destructions opérées en vertu des assemblées de
l’époque protestante furent le plus souvent entérinées discrètement par
la municipalité au cours de la décennie qui suivit (voir ill. 32).
L’épisode passé, tout se remit à dépendre de l’autorité royale. Rien
n’avait été possible sans les Lettres patentes de 1561 ; et rien d’important
ne se fit avant 1582, quand de nouvelles lettres royales programmèrent
à moyen terme l’alignement de la rive nord de la place des Changes4. Et
les démolitions de maisons nécessaires à l’agrandissement de cette place
ne se firent, en dépit de l’opposition de l’archevêque, qu’avec l’aide du
roi Henri III qui promit quatre mille écus5.

1 Lyon, Archives municipales, BB 83, fo 79, 1er juin 1563.


2 Ce n’est pas la rue Belle-Cordière d’aujourd’hui, qui était la rue Bourchanin, mais la rive
orientale de l’actuelle rue de la République.
3 Future rue Saint-Dominique, aujourd’hui rue Émile-Zola.
4 Lettres patentes du 31 mai 1584. Lyon, Archives municipales, BB 109, passim.
5 Lyon, Archives municipales, BB 115, fo 42, 19 février 1584.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 545

Document

Le mardi cinquième jour de janvier l’an mille cinq cent soixante-


deux en l’hôtel commun après midi […] ont été mandés les notables
terriers [propriétaires fonciers] et maîtres des métiers de ladite ville,
desquels sont comparus ceux qui ont ci-après opiné [émis leur opinion],
auxquels comparants a été remontré [fait remarquer] par ledit Jean de
La Porte, conseiller nommé pour la commodité de ladite ville et embel-
lissement d’icelle, [que] l’on a dernièrement fait abattre et démolir la
maison de Rontallon tant pour faire un port sur la rivière de Saône, à
ce que [pour que] les notables terriers et maîtres des métiers y baillent
[donnent] et prêtent leur consentement et que pour ce qu’il serait bien
nécessaire faire abattre et démolir six ou sept maisons faisant une petite
ruette [ruelle] obscure appelée de la Panetterie1, qui est fort nuisante
[nuisible] aux charrois publics et empêche [gêne] la place du marché
qui a accoutumé être tenu au devant la place du temple Saint-Nizier2,
à ce que [afin que], suivant la permission baillée [donnée] par le roi
auxdits conseillers échevins par ses lettres patentes, ont été demandées
les opinions, comme s’ensuit.
Et premièrement Monsieur le président Grollier est d’avis, suivant
lesdites lettres patentes du roi, desquelles lecture a été faite en pré-
sence desdits comparants, que l’on doit faire abattre et démolir lesdites
maisons jusques à la chapelle Saint Jacquème, en ce non compris la
maison de Philippe Galand3 sinon que [à moins que] l’on eût moyen
de le récompenser [dédommager] et faire faire les estimations desdites
maisons pour récompenser les propriétaires.
Monsieur le président Colas n’est d’avis procéder auxdites démolitions.
Monsieur Burin est d’avis de faire abattre lesdites maisons et que
avant que procéder auxdites démolitions il faut avoir l’avis de la plupart
des notables et habitants de ladite ville.
Monsieur Aubert est d’avis de faire abattre les saillies et hauts
vents [auvents], et quant à la démolition des maisons sera la décoration

1 La rue de la Panetterie était formée par deux tronçons de ruelles orthogonales sur le tracé
approximatif des actuelles rives sud-ouest et ouest de la place Saint-Nizier. L’odonyme
est porté sur le plan scénographique.
2 Nom attribué à l’église Saint-Nizier lors de l’occupation protestante.
3 Il s’agit de la « maison ronde », bien visible sur le plan scénographique.
546 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

et commodité de ladite ville, et n’est d’avis de les démolir sinon en


récompensant les propriétaires.
Monsieur Pictre dit qu’il est nécessaire abattre les maisons qui empêchent
la décoration de la ville ; et, avant que procéder auxdites démolitions, appeler
les propriétaires pour dire cause [le motif] pour lesquelles elles ne seront
pas démolies ; et, quant à celles qui [qu’il] conviendra démolir et abattre,
ne [ne pas] procéder sans récompenser les propriétaires ; et, quant aux hauts
vents, de les abattre sans appeler parties [d’office, sans convocation préalable].
Monsieur Pagnier dit qu’il [que lui] et autres commis à l’exercice
de la justice ne peuvent bailler leurs avis parce qui [qu’ils] peuvent être
juges des oppositions qui seront formées auxdites lettres pour [en] raison
desdites démolitions.
Monsieur Bernod dit que l’on a vu les grandes incommodités qui
étaient en ladite ville à cause des places et rues publiques étroites qui
empêchaient les charrois et passages publics ; par quoi [en conséquence]
suivant les lettres patentes du roi l’on doit procéder à l’exécution desdites
lettres, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, appelés [en
convoquant] les propriétaires selon la forme desdites lettres.
Monsieur Dalmais dit que suivant l’édit du Roi fait à Orléans pour
toutes les villes de son royaume et ses lettres patentes octroyées auxdits
conseillers l’on doit procéder à l’exécution d’icelles selon leur forme et
teneur, et ce faisant l’on doit procéder aux démolitions nécessaires pour
l’embellissement et décoration de ladite ville, appelés les propriétaires
qui seront remboursés à la forme desdites lettres.
Monsieur Cézar dit que, vu lesdites lettres obtenues par lesdits
conseillers, dûment entérinées et vérifiées, l’on doit procéder à l’exécution
d’icelles, et pour ce qui [parce que qu’il] peut advenir plusieurs procès,
différents et oppositions dont ils pourraient être juges, n’est d’avis qu’ils
en puissent opiner [donner leur avis].
Monsieur Hacard dit qu’il [que lui] et autres de sa qualité n’en peuvent
bailler leurs avis, parce qu’ils sont commis à l’exercice de la justice de
cette ville et semblerait [il semblerait]  qu’ils fussent juges et parties,
et que Messieurs du Conseil y procèdent comme ils verront être à faire
sans qu’ils baillent leurs avis.
Monsieur Greysolon dit que l’on doit procéder à l’exécution des
lettres patentes du roi et continuer les démolitions commencées, appelés
toutefois les propriétaires.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 547

Monsieur Ailloud dit que, étant lesdites démolitions nécessaires


pour la commodité et embellissement de ladite ville pour la nécessité
de ladite ville, que l’on doit procéder à l’exécution desdites lettres et
démolitions commencées, appelés les propriétaires, et pour ce, que si la
nécessité y était, l’on doit passer outre.
Monsieur de Castellas est d’avis que lesdites lettres du roi soient
exécutées et, ce faisant, faire démolir les maisons pour la décoration
de ladite ville.
Monsieur Durret, procureur du roi, est d’avis que, attendu le vouloir
du roi, l’on doit passer outre.
Monsieur l’élu de La Bessée trouve bon la démolition de Rontalon,
aussi celle desdites maisons devant la place du temple Saint-Nizier, et
que l’on doit démolir en récompensant les propriétaires, auxquelles
contributions chacun doit contribuer.
Monsieur Thomas, idem.
Monsieur le maître Aubrel, idem.
Gabriel Geny, que l’on doit procéder aux démolitions desdites mai-
sons suivant lesdites lettres et que l’on doit icelles mettre bas pour
l’embellissement dudit lieu le plus tôt que faire se pourra.
Monsieur Lusson, que l’on doit exécuter les lettres du roi.
Jacques Thomas, hôte de la Pome1, idem.
Henry Palet, que l’on ne doit procéder a la démolition desdites mai-
sons sans préalablement récompenser les propriétaires.
Maître Pierre Bonnet, dit de Provence, dit que, attendu la volonté du
roi, l’on doit procéder a l’exécution de ses lettres patentes et procéder
aux démolitions des maisons sans récompenser aucun, attendu qu’ils
ont usurpé sur le public.
Martin Ponthus, d’abattre et démolir les maisons suivant la volonté
du roi et récompenser les propriétaires.
Claude Daverdy, idem.
Jean Frelon approuve la démolition de Rontalon et que l’on doit
procéder a la démolition desdites maisons étant devant le temple Saint-
Nizier, récompensant les propriétaires.
Mathieu Chevalier, idem.
Jean François de Gabiano, idem.

1 La Pomme, hôtellerie située rue du Bât d’Argent.


548 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Maistre Olivier Roland, d’exécuter les lettres patentes du Roi et


ce faisant pour l’embellissement de la ville abattre les hauts vents et
maisons devant Saint-Nizier.
Clément Gaultier, idem, approuve la démolition de Rontalon.
Jean Marchant, idem.
Salvator Granger, idem, et qu’il y a longtemps que l’on devait obéir,
faire exécuter les lettres du roi.
Jean-Baptiste Momele, idem, et que l’on doit abattre lesdites maisons
pour élargir la place du temple Saint-Nizier.
Simon Defert1 est d’avis d’abattre lesdites maisons et avoue [approuve]
la démolition de Rontalon et, pour le regard des maisons de la place
du temple Saint-Nizier, est d’avis d’abattre la ruette jusques à Saint-
Jacquemo, non la maison de Galand, parce que a présent l’on ne pourrait
avoir le moyen de le récompenser.
Pierre Raisin, idem.
Jean Babin, idem.
Claude Bernard dit Gueydon approuve la démolition de Rontalon et
de faire abattre la ruette devant le temple Saint-Nizier.
Loys Faro, idem.
Guillaume Rosset, idem.
Loys Henri, chirurgien, avoue la démolition de Rontalon et que
l’on doit exécuter les lettres du Roi et, ce faisant, démolir la ruette
jusqu’à Saint-Jacquemo et la maison de Galand, récompensant les
propriétaires.
Jean Gaultier, idem, et s’ébahit comme l’on a tant attendu d’abattre
les ruettes jusqu’à Saint-Jacquemo.
Claude Trotier, boucher, idem, d’abattre les maisons devant le temple
Saint-Nizier, avoue la démolition de Rontalon.
Jean Thomé, que l’on doit abattre les maisons devant Saint-Nizier,
avoue la démolition de Rontalon.
Jacques Croset, idem.
Jean Bruzon, idem.
Benoist Couchet, maréchal, avoue la démolition de Rontalon et qu’il
est nécessaire abattre les maisons devant Saint-Nizier.
Girard Granjon, idem.

1 Propriétaire d’une maison avançant notablement sur la rue Malpertuis.


LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 549

Guillaume Gazeau avoue la démolition de Rontalon et de faire abattre


les maisons devant Saint-Nizier.
Bastien Honorat, idem.
Pierre des Molins, idem, et qu’il y a longtemps que l’on dût avoir
démoli les ruettes devant le temple Saint-Nizier.
Guyon Goyet, idem.
Jean Bonet, avoue la démolition de Rontallon et que l’on doit démolir
les ruettes devant le temple Saint-Nizier et que l’on n’oublie d’abattre
le carré des Célestins1.
Maître Jean Jourdain, idem.
Laurent Pourra, costurier [tailleur d’habits], idem, et qu’il y a les
estres [étais] de rue Thomassin que l’on doit abattre et toutes choses
empêchant les rues publiques.
Pierre Humbert dit Cadet, idem.
Barthelemy Royer, idem, a avoué la démolition de Rontalon et que
l’on doit abattre les ruettes devant Saint-Nizier.
François Delaforge, hôte du Cerf2, idem, et que l’on doit abattre le
carré des Célestins.
François Ponthus, idem, et que l’on devait avoir abattu les ruettes
devant Saint-Nizier.
Jehan Baudran, sellier, idem, et avoue la démolition de Rontallon.
Paul Chasselay, d’abattre les ruettes devant Saint-Nizier et avoue la
démolition de Rontalon.
Guillemin Petit, idem.
Michel Mortier avoue la démolition de Rontalon et de faire abattre
les maisons devant Saint-Nizier, mêmes [surtout] la maison des hoirs
feu Philippe Galand3.
Suivant l’avis et opinions dessus écrites et pluralité d’icelles ont este
commis lesdits Léonard Méraud et Claude Gappaillon, conseillers,
monsieur le Receveur Laneau et Martin Ponthus, pour notables, maîtres
Olivier Roland et François de Poytiers, maîtres maçons, maîtres Etienne
Genyn et Salvator Grangier, charpentiers, pour voir et visiter les maisons

1 À Rontalon, futur Port-le-Roi.


2 Plusieurs hôtelleries arboraient l’enseigne du Cerf.
3 Cette maison est probablement celle, détruite au début du xixe siècle, qui occupait l’espace
au nord-ouest de la façade de l’église, entre la place Saint-Nizier alors dégagée et la rue
de la Limace.
550 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

des ruettes de la Paneterie et jusques à la place Saint-Jacquemo avec


Jacques Gimbre, voyeur1, pour faire l’estimation desdites maisons, et est
enjoint audit Gimbre faire savoir aux propriétaires et inquilins [locataires]
desdites maisons qu’ils aient à les faire démolir dans la présente semaine
pour toutes préfixions [termes] et délais, autrement et à faute de le faire
se feront les démolitions et seront les étoffes [matériaux] confisquées2.

Source

Lyon, Archives municipales, BB 83, fo 9 sq.

Bibliographie

Lyon 1562, capitale protestante : une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance,


éd. par Yves Krumenacker, Lyon : Éditions Olivétan, 2009.

1 Le voyeur, qui devint le voyer, était chargé faire appliquer les règlements de construction
et de voirie. Au xvie siècle, il jouait aussi un rôle de premier plan dans la lutte contre les
épidémies. Jacques Gimbre avait succédé dans cette fonction vers 1552 à son père Hubert
Gimbre. Il fut remplacé en 1563 par Léonard Mirault, puis par Guillaume Chazottes le
1er mars 1564. Son rôle durant l’occupation protestante ne fut peut-être pas étranger à
cette éviction.
2 Les principaux matériaux, dont les tuiles, les poutres et les solives ainsi que les « tailles »,
c’est à dire les encadrements de portes, de fenêtres, d’arcs de boutique et les pièces
d’escalier étaient universellement récupérés, soit pour être réemployés sur place, soit pour
être revendus. Seuls les terres et les gravats, les merreins, étaient évacués pour servir au
remblaiement des ports et des places publiques.
Ill. 32 – Places et rues nouvelles à Lyon, 1562-1563.
© Bernard Gauthiez / adaptation NB: K. Mercier, CNRS – UMR 5648.
552 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

V.11. LYON RÉFORMÉE (1562-1563) :


REBELLE OU LOYALE À SON ROI ?

Textes présentés et transcrits par Michèle CLÉMENT

Présentation

Lyon tombe aux mains des réformés dans la nuit du 29 au 30 avril


1562. La ville passe entièrement sous pouvoir calviniste, militaire, civil
et religieux, non sans violences et exactions ponctuelles, et ce jusqu’au
19 mars 1563, lorsque la paix fut proclamée dans le royaume avec l’édit
d’Amboise. Mais cette paix dans le royaume ne coïncida pas avec une
reddition de la ville, toujours dominée par les réformés, et il fallut toute
l’année 1563 pour que progressivement soit restauré le culte catholique
dans la ville, que l’édit royal soit appliqué et que gouvernent à part
égale des consuls catholiques et réformés. Cette difficile vie commune
se maintint jusqu’à la fin de l’année 1567, date à laquelle Lyon redevient
exclusivement catholique. Les publications confessionnelles, qu’elles
soient politiques, théologiques ou satiriques vont bon train pendant
la période calviniste, puisqu’une partie des imprimeurs est gagnée à
la cause. Parmi les nombreux textes publiés à Lyon, certains sont des
textes adressés à toute la communauté, y compris hors frontière, comme
ceux de Bèze ou de Calvin, certains sont des textes de chefs réformés
français comme l’Ample déclaration faite par Monsieur le Prince de Condé
Pour monstrer les raisons qui l’ont contraint d’entreprendre la defence tant de
la Religion qu’il maintient comme bonne et saincte, que de l’autorité du Roy, &
repos de ce Royaume, et enfin certains sont des textes strictement lyonnais
dans leur objet comme l’Histoire des triomphes de l’Eglise lyonnoise, avec la
prinse de Montbrison ou comme La juste et saincte defense de la ville de Lyon.
C’est ce dernier massif qui est ici présenté afin d’y percevoir le rapport
au pouvoir royal de la communauté lyonnaise réformée. En marge des
controverses théologiques, cette communauté lyonnaise, jamais majoritaire
même si elle fut dominante, a travaillé à se représenter légitime et surtout
loyale à son roi. Le caractère contestable de cette position, défendue par
une habile rhétorique judiciaire, est pourtant avéré et il est révélé par
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 553

un détail administratif : aucun de ces textes réformés n’est pourvu de


« privilège royal » accordé habituellement à l’imprimeur ou à l’auteur,
l’auteur restant d’ailleurs anonyme dans presque tous ces textes ; cela
signifie que le pouvoir royal ne reconnaît comme légitime aucun de ces
textes, au point qu’un d’eux, publié à Lyon en 1561, parodie ce privilège
impossible à obtenir : Le grand pardon de pleniere remission. Pour toute per-
sonne et durant à perpétuité. Nouvellement imprime, avec Privilege perpétuel.
Le déficit de légitimité est évident chez les réformés et la communauté
lyonnaise va s’emparer des moyens offerts par l’imprimerie pour y
remédier. Écouter la voix des futurs vaincus que seront les réformés
n’est pas sans intérêt pour comprendre un pan de l’histoire lyonnaise
difficilement audible si ce n’est d’un point de vue catholique puisque,
depuis la vigoureuse reprise en main de 1567, l’histoire lyonnaise a été
largement écrite par les vainqueurs.
Les textes primitifs, en 1561 et au début 1562, défendent la légiti-
mité de l’entreprise armée et de la conquête du pouvoir et ne répugnent
pas à la satire et au réquisitoire : la communauté réformée sous le nom
d’« Église lyonnaise » est fondée à agir du fait des exactions et des vices
des comtes et chanoines de Lyon ; il faut rétablir l’ordre moral et reli-
gieux et revenir sous la bannière du roi, tel serait l’objectif du baron des
Adrets, tel est le récit de l’Histoire des triomphes de l’Eglise lyonnoise, avec la
prinse de Montbrison (V.11.a.). Le texte développe une série d’arguments
de légitimité : le pillage des églises de Lyon n’est pas le fait des réformés
(un des griefs majeurs des catholiques contre l’occupation protestante)
mais des chanoines qui sont partis avec les trésors sous prétexte de les
mettre en sécurité ; ils sont aussi lourdement responsables de l’ostracisme
cruel des décennies précédentes contre les réformés ; et surtout, argument
majeur, « les rebelles à Dieu et au Roi », ce sont eux, les catholiques,
qui participent à la « guisarde conjuration », alors que le baron des
Adrets, lui, intervient pour « faire régner Jésus Christ, sous la couronne
de notre souverain Charles neuvième de ce nom ». Qu’il s’agisse donc
d’exactions ou d’infidélité au roi, les catholiques sont coupables, les
réformés irréprochables. Quant aux quelques « sauteries » advenues à
Montbrison, il est bien précisé que ce sont les catholiques qui se sont
précipités volontairement du haut des tours sans y avoir été contraints.
Mais le ton change au printemps 1563, quand les choses se gâtent pour
les réformés lyonnais, précisément au moment où la paix est rétablie dans
554 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

le royaume et restaurée l’autorité royale, après un an de guerre civile : c’est


alors qu’il faut avec plus de solennité se défendre de toute désobéissance
au roi sous la forme d’un plaidoyer constitué de trente-cinq causes : c’est
l’objet de La juste et saincte defense de la ville de Lyon, un livret de seize
feuillets publié à Lyon, daté du 18 mars 1563, la veille de la déclaration de
l’édit d’Amboise qui met fin à la guerre. L’imprimeur en est sans doute
Jean Saugrain ; on trouvera ici le début et la fin de la plaquette (V.11.b.).
Contre ce texte, Gabriel de Saconay écrira avec beaucoup de prolixité et de
virulence une Apologie pour la ville de Lyon contre le libelle faucement intitulé
la juste et saincte defense de la ville de Lyon, qu’il publiera à Lyon en 1569,
en pleine réaction catholique, avec un privilège royal accordé à l’auteur
(V.11.c. ; voir ill. 33). Les trente-cinq « causes » qui constituent le texte
sont numérotées dans les marges de l’original et dans le corps du texte ;
sont données ici numérotées les sept premières causes et les trois der-
nières. Toute la légitimité réformée y est balayée et rebaptisée du nom de
« rébellion » : l’histoire des vainqueurs est en marche. Ces trois textes ont
été réunis dans plusieurs recueils factices, notamment celui conservé à la
Bibliothèque de l’Institut catholique de Lyon (cote R.C-132B), contenant
quarante-deux pièces réformées publiées entre 1557 et 1562 et presque
toutes imprimées à Lyon ; sur la page de garde apparaît la mention
manuscrite « est prohibitus » ; sur la page de titre de la première pièce qui
est l’Histoire des triomphes de l’Eglise lyonnoise, avec la prinse de Montbrison :
« ce livre est tout heretique et par conséquent défendu ».
V.11.A. JUSTIFICATION DE LA PRISE D’ARMES (1562)

Document

Les jadis comtes, prêtres, chanoines de Saint-Jean de Lyon, ayant


dominé et plus que tyrannisé l’espace de huit à neuf cents ans en
ladite ville et ressort d’icelle, ruiné les âmes, corps et biens des pauvres
Lyonnais, par eux abusés, même envahi [ayant envahi] la juridiction
dudit lieu puis [depuis] quatre cents ans et en çà, furent – par le juste
jugement de Dieu ayant déployé la bannière de sa vérité, fait sonner le
tambourin de son Évangile et dégainé la verge de fer de son fils Notre
Seigneur Jésus-Christ en la force de son Église – chassés et exterminés
dudit Lyon, l’an présent de grâce mille cinq cent soixante-deux, et le
jeudi dernier jour du mois d’avril, Dieu sait avec quel miracle.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 555

Lesdits comtes avaient auparavant amassé toutes les forces à eux


possibles, déployé tous leurs trésors, affûté tous leurs canons, dressé
tant qu’ils voulurent de compagnies, et bref jà [déjà] ployé [ayant plié]
la victoire en leurs mouchoirs, chanté leur Te deum laudamus et fait leur
libeaux [livrets] de proscriptions plus cruelles que celles de Gay Marius
ou de Sylla ou de César, même donné [ayant donné] les confiscations
des plus nobles, saintes et riches familles dudit Lyon et ressort, et en
outre délibéré d’exterminer Jésus-Christ et son Église hors ladite ville,
quand le bras de Dieu les frappa.
Car il est plus que notoire – et lesdits comtes s’étaient jactés [s’étaient
targués] vers le roi – que l’Église chrétienne (pour lors par eux appelée
la troupe des Huguenots) était une – au regard d’eux – petite, et de
vrai, elle était troupe simple, humble, obéissante ou plutôt du tout
[complètement] selon le monde, abjecte, outragée, moquée, hoquée
[malmenée] et chassée par les faubourgs ; mais quoi Seigneur, qui est
contre ton bras puissant ? Ta main fléchira-t-elle au Diable ? Tes pro-
messes seront-elles, et notre foi, vaines ?
Donc lesdits jadis comtes, s’enfuyant avec les reliques, trésors, titres
et [le] plus précieux des (qu’ils disent) églises, se sont rués en Forez,
pays conjoint au Lyonnais et où ils tenaient plusieurs places. Là, ils ont
suscité, suborné et attiré plusieurs gentilshommes, n’épargnant or ni
argent pour penser avoir rente grande en leur premier pigeonnier.
Entre autres, y avait certains gentilshommes des plus apparents et
affectionnés serviteurs d’un des maréchaux de France, révolté contre
Dieu, et tacitement avec la guisarde conjuration1 contre le roi, d’où un
nommé seigneur et capitaine Montsala, l’autre le sieur de Montrond2
firent sonner le tambourin par ledit pays de Forez. Conséquemment
arrençonnèrent [rançonnèrent] les meilleures et plus opulentes familles
dudit pays de Forez ; sous prétexte de religion, chassèrent les ministres
[pasteurs], volèrent les pauvres villageois et mirent à mort qui se mon-
trait sentir de la foi.
[…]

1 Stratégies politique et matrimoniale de la famille des Guise pour mettre les jeunes fils
d’Henri II, d’abord François II, puis Charles IX, sous leur catholique « protection » depuis
l’année 1559.
2 Montsala est un capitaine catholique qui va mourir à Montbrison ; Montrond désigne
Jacques de Saint-André, maréchal de France, gouverneur de Lyon, qui était aussi seigneur
de Montrond.
556 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

François de Beaumont, seigneur des Adrets, gentilhomme de la


chambre du roi, notre souverain seigneur, colonel de l’infanterie chrétienne
en pays du Dauphiné, Lyonnais, Provence et Auvergne, conduit par le
conseil chrétien, dressait les forces chrétiennes contre ledit bâtard du
pape et adhérents, lorsqu’il lui fut dit [lorqu’on lui parla] de Tavannes,
Montsala, Montrond et Maugeron1. […] Il braqua donc l’artillerie contre
ledit Montbrison le mercredi quinzième du présent mois de juillet mille
cinq cent soixante-deux, fit brèche la nuit, fut vaillamment victorieux
et pris ladite ville, occit ou mit en fuite tous les cafards ou soutenards
de leur querelle. Ceux de la ville pour avoir importuné les soudards
chrétiens, jeté pierres des fenêtres et reçu chez eux les rebelles à Dieu
et au roi, furent mis à mort avec leurs complices, au nombre de trois à
quatre cents, sauf le plus.
Montsala (avec sa mordieu et sa sangdieu2), admonesté de son salut
par mondit seigneur colonel, en cuidant [croyant] échapper sa vie, avec
onze autres, sauta d’une tour de trois cent toises de hauteur en bas sur
un rocher, pour récompense de ses œuvres.
Mondit seigneur et colonel, ne tendant qu’à faire régner Jésus-Christ,
sous la couronne de notre souverain prince, le roi de France, Charles de
Valois neuvième du nom, se préparait en Avignon et pour rétablir les
chrétiens chassés du pays de Provence. Dieu par sa divine bonté avançant
le règne de son fils et par la grâce de son saint Esprit, veuille conduire
son armée et la rendre victorieuse.
Ainsi soit-il. 

Source

Histoire des triomphes de l’Eglise lyonnoise, avec la prinse de Montbrison,


Lyon : [s. n.], 1562.

1 Quatre chefs catholiques actifs en Lyonnais : outre les deux cités plus haut, Gaspard de
Saulx, sieur de Tavannes, et Laurent de Maugiron, gentihomme de la chambre du roi,
capitaine et futur lieutenant général pour le roi en Dauphiné.
2 Les catholiques avaient l’habitude de proférer des jurons y compris sur le nom de Dieu,
ce que les calvinistes s’interdisaient rigoureusement.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 557

V.11.B. PROTESTATION D’OBÉISSANCE AU ROI (18 MARS 1562)

Document

Sire,
Vous serez ici suffisamment averti, comme de chose notoire à tous,
que vos très humbles et loyaux sujets de l’Église réformée de Lyon ont été
par nécessité contraints de prendre les armes pour maintenir l’honneur
de Dieu et vous conserver l’intégrité de votre couronne, qui est le but
auquel nous avons toujours tendu et aspiré, quelques mensonges et
déguisements que nos adversaires mettent en avant pour nous calomnier
envers Votre Majesté, vers laquelle nous espérions avoir plutôt sûr accès
pour nous en justifier [1] et faire connaître que la coulpe [faute] des
armes prises premièrement par eux, leur doit être imputée, ayant par
une pertinace [opiniâtre] obstination non seulement résisté à vos édits
mais, pour iceux enfreindre et violer, pris les armes et se sont bandés
[organisés en bandes armées] par esprit de contradiction à nous molester,
ainsi que tant leurs précédentes actions mauvaises que leurs procédures
malignes depuis faites font connaître évidemment. De sorte que pour
éviter les dangers apparents, nous avons été contraints et forcés de nous
armer, pour non seulement détourner le glaive qu’ils avaient presque
fait joindre contre notre poitrine mais aussi pour vous conserver, Sire,
cette noble cité, qui est l’une des frontières et le principal boulevard de
votre royaume. Il plaira donc à votre majesté d’entendre qu’à l’occasion
de ce que par votre bonté et clémence, et suivant la délibération même
de la reine votre mère et des princes du sang et autres sieurs de votre
conseil privé, [2] selon la conclusion sur ce prise ès États Généraux du
royaume, les persécutions contre les enfants de Dieu furent prohibées
en votre dit royaume, et ordonné temples pour l’exercice de la religion
réformée, les chanoines de Saint-Jean, qui disent faussement et se vantent
publiquement cette ville leur appartenir entièrement, usurpant préroga-
tives de licence à tous maux, s’efforçaient par tous sinistres moyens de
distraire [retirer] cette ville de votre obéissance […] Et lors [alors] iceux
chanoines comme forcenés s’oublièrent de tant qu’ils ont bien osé dire
et proposer en plein jugement [sciemment] que votre règne ne durerait
pas toujours et que l’on verrait bientôt une autre métamorphose pour
laquelle avancer [hâter], ils faisaient apposer et semer plusieurs placards
[affiches] séditieux par la ville et excitaient journellement le peuple à
558 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

émotion et violence, sous prétexte qu’on ne devait souffrir que l’Évangile


y fut purement prêché. [3] Et pour apaiser toutes noises et assoupir
lesdites séditions condescendîmes sur la fin du mois de décembre 1561
d’aller ouïr les prêches du Saint Évangile dehors la ville, à la première
remontrance que nous en fit monsieur le comte de Cursol, pour lors
[alors] votre lieutenant général et représentant votre personne en ces
pays. [4] Nous savions toutefois ce commandement nous avoir été fait
à la poursuite [requête] desdits chanoines, qui ne pouvaient souffrir
que, régnant Jésus-Christ dans la ville, leurs vices et abominations n’y
seraient soufferts. Ils firent donc tant qu’ils mirent Jésus-Christ aux
faubourgs, d’où ils avaient, par complots délibérés, projeté de le déchas-
ser bientôt après de tout ce pays ; pour ce qu’en tel lieu ils pensaient
d’avoir plus facile moyen de nous mettre à mort, [5] ainsi que la plupart
de ceux qui étaient lors échevins de cette ville, du tout [entièrement]
contraires à la religion chrétienne et adhérant auxdits chanoines, fit
connaître clairement lorsqu’ils commandèrent à leur secrétaire de nous
faire fermer les portes du pont du Rhône1, cependant que nous étions
au prêche à La Guillotière, pour l’espérance qu’ils avaient de ce que,
ce jour même, le sieur de La Mottegondrin nous dut venir massacrer à
l’heure du prêche et se confiaient sur [comptaient sur] plusieurs soldats
que lesdits chanoines avaient fait entrer dans la ville, comme nous
notifiâmes à monsieur de Sault, chevalier de votre ordre, pour lors
notre gouverneur, qui nous répondit n’en avoir été averti et que lesdits
soldats n’y étaient mandés pour votre service. [6] Et encore que nous
vissions les cloîtres et maisons de nos adversaires remplis de brigands
et gens de mauvaise vie en armes et que nous sussions qu’ils avaient
toute votre artillerie et munition de guerre qui était dans cette ville et
qu’ils eussent fait grandes provisions de pals [pieux] et piques pour raser
nos maisons après le sac d’icelles et assassinement de nos personnes,
lesquels instruments ont été employés à meilleur usage, ayant servi à
la démolition du fort que lesdits chanoines avaient dans cette dite ville
et aussi pour les fortifications d’icelle. Et nonobstant que nous fussions
avertis des forces que ledit sieur de La Mottegondrin, les sieurs de Saint-
Chaumont, d’Achon et Saint-Forgeu avaient assemblé près d’ici pour
nous massacrer, [7] nous continuâmes néanmoins d’aller ouïr les prêches
dehors la ville l’espace de quatre mois et jusqu’au pénultième jour du
1 Seule voie d’accès terrestre du faubourg de la Guillotière à la ville de Lyon à cette époque.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 559

mois d’avril, encore que suivant la requête à vous présentée à Orléans


par les États et que par mûre délibération de la reine votre mère, du feu
roi de Navarre et autres princes de votre sang et par l’avis des autres
sieurs de votre conseil privé et des plus notables de toutes vos cours de
parlements assemblés à Saint-Germain en Laye au mois de janvier 1561
par vos lettres patentes publiées en la cour de cette sénéchaussée, vous
nous eussiez permis, comme à toutes vos autres villes de frontière, de
nous assembler dans la ville pour prier Dieu et communier à ses saints
sacrements, chose plus expédiente [efficace] pour la conservation d’icelle
et repos des habitants, que d’aller dehors pour ce faire.
[…]
(33) Croyez donc, Sire, et vous tenez assuré de la fidélité de nous, vos
très humbles sujets, qui, avec l’aide de Dieu, vous conserverons cette ville
en son entier, comme jusqu’à présent nous avons fait, nonobstant toutes
les menaces de vos capitaux ennemis et les nôtres, qui ne nous la feront
abandonner, desquelles nous ne reçûmes onc [jamais] ébahissement ou
crainte, ayant mis toute notre fiance [confiance] en Dieu, qui est le fort
et puissant pour renverser et détruire avec la seule prédication de son
Évangile toutes les entreprises et machinations de nos adversaires [34]
auxquels nous avons à juste occasion empêché de tout notre pouvoir
l’entrée de cette ville, étant assurés de la délibération qu’ils ont de se
venger des hontes par eux reçues et pertes de leurs compagnons toutes et
quantefois [à chaque fois] qu’ils ont tâché de surprendre cette ville pour
la détruire et saccager, ainsi qu’ils ont fait la ville de Vienne, combien
que ceux de ladite ville fussent sortis au-devant d’eux et leur eussent
porté et livré les clefs, et reçus comme amis dans leur dite ville, laquelle
néanmoins ont saccagé, pillé, violé les femmes mariées et vierges et
exercé tous blasphèmes, vilénies et idolâtries. Ils ont volonté de faire le
pareil ou pire en cette ville de Lyon et nous contraindre à idolâtrer et
rebaptiser les enfants, comme a été fait par eux ès églises et villes de
Blois, Bourges, Rouen ; ce qu’ils n’eussent onc osé entreprendre, Sire,
si nos principaux ennemis ne leur portaient le menton [ne les soute-
naient], lesquels ayant anéanti tous vos édits faits pour la tranquillité
publique, conspirent la mort de tous les fidèles, même des plus grands
de ce royaume, et contre toutes les villes et pays qui sont du parti de
l’Évangile. Par quoi sommes contraints de veiller sur nos gardes plus
que jamais. Nous leur avons gardé cette modestie que combien qu’il
560 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[quoiqu’il] nous eut été facile de les assaillir et leur courir sus, néan-
moins pour ce qu’ils se vantaient et couvraient de votre nom, Sire, ne
l’avons jamais fait et encore qu’ils fussent la plupart du temps débandés
[dispersés] ça et là, saccageant les villages mais reconnaissant que nous
sommes inscrit au rôle [sur la liste] des enfants de Dieu, qui est Dieu
de toute mansuétude et douceur, aussi à ce qu’ils [afin qu’ils] n’eussent
de quoi se plaindre et quereller, ne les avons assaillis, si n’est [ce n’est]
quand ils ont bien voulu présumer de vouloir entrer par force et échel-
ler cette ville et autrement la surprendre. Il vaut mieux qu’entendiez
d’eux mêmes, Sire, la honte qu’ils ont reçue, avec le dommage de leurs
soldats et principalement des vieilles bandes de Piémont, et combien
ils en trouvèrent de faute [manquants] quand ils furent de retour en
leur camp. Lesquels néanmoins furent épargnés en leur fuite car il
était bien en la puissance de ceux qui nous commandaient de les faire
suivre en leur fuite honteuse, voire le chef de leur troupes et de les
offenser [blesser] grandement par l’artillerie, mais on les a épargnés, ce
qu’ils n’eussent fait, s’ils eussent eu tel avantage sur nous. Donc loué
soit Dieu que nos dits ennemis n’ont de quoi se rire de nous et qu’ils
n’ont de quoi nous reprendre, sinon d’avoir usé envers eux de trop de
douceur et clémence, les aidant en toutes leurs nécessités, soit en santé
ou maladie, d’hommes et des biens de cette ville, et sous cette facilité
ils ont toujours machiné gagner gens et moyens pour surprendre cette
dite ville, lesquels ont toujours été découverts par la grâce de Dieu,
voire jusqu’à leurs conseils et desseins qu’ils estimaient bien secrets
et cachés. Ainsi toutes leurs entreprises sont tournées en fumée et à
moins d’effet que le vent. Il est vrai qu’ils nous ont constitués en frais
merveilleux [qu’ils nous ont coûté très cher], comme nous espérons,
Sire, vous le vérifier par le menu et à votre Conseil ; mais pour entre-
tenir le devoir de notre obéissance envers vous et la conservation de
votre ville, nous n’avons eu respect à nos pertes, ayant égard au devoir
de notre subjection envers vous, Sire, et conservation de l’entier de
votre Royaume. Aussi vous connaîtrez l’état de la forteresse de votre
dite ville bien autre qu’elle n’a été du passé et, par ce moyen, que nous
n’avons épargné le nôtre pour l’utilité de votre royaume. La vue seule
découvrira la vérité. À tout ce que dessus nous avons été incités par
les exemples anciens, mêmement [particulièrement] des histoires du
temps d’Ésaïe et Jérémie. Ésaïe, cent ans auparavant la captivité de
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 561

Babylone, avait accusé l’ignorance et négligence du peuple d’Israël et


de Juda d’obéir aux commandements de Dieu1. Et parce qu’il n’a usé de
cette science et moyen salutaire, il a été depuis avec ses rois en servage
et captivité. Lesquels exemples nous admonestent de ne nous laisser
encourir la ruine et désolation de notre ville, ni de l’état de notre roi
et de son royaume, comme il est advenu de tout temps ès royaumes et
pays à cause de l’idolâtrie, dont nous avons vu et voyons les exemples
et dangers imminents, qui nous contraignent de veiller sur ce que la
loi et commandements du grand souverain Dieu nous obligent. [35]
Et outre ce, nous sommes émerveillés2 par les cruautés que ceux qui
nous ont fait la guerre ont faites à tous vos pays, nos circonvoisins, qui
ne leur ont fait aucune résistance et n’avaient senti aucun dommage
avant la venue de nos dits adversaires. Car nous nous sommes toujours
efforcés à nous gouverner de telle sorte que ne fissions chose qui vous
dût déplaire, et vous avons gardé en tout et partout la fidélité que nous
vous devons, pour laquelle maintenir en et sous la foi et obédience de
Jésus-Christ notre Seigneur, Roi des Rois et Sieurs des Sieurs, nous
sommes délibérés d’exposer jusqu’à la dernière goutte de notre sang,
avec l’assistance du grand Dieu céleste, père de Notre Sieur Jésus Christ,
lequel nous avons prié et requérons journellement qu’il lui plaise vous
donner son Saint-Esprit seul bon et vraiment principal, et l’augmenter
avec vous, avec accroissement d’âge et grandeur en longues années.
Psaume LXXVI verset 10 et 11 : « Quand Dieu se lèvera pour faire
jugement, pour sauver tous les humbles de la terre … Certainement la
colère de l’homme retournera à ta louange et restreindras [tu restreindras]
le reste de tes fureurs ». FIN

Source

La juste et saincte defense de la ville de Lyon (sous-titre sur la première page


de texte : Les causes de la justice, et innocence des Citoyens, manans et habitans
de la ville de Lyon, sur le faict de la defense de ladicte Ville, à l’encontre des
obsesseurs d’icelle, Adressée au Roy le dix-huitiesme jour de Mars l’an Mil cinq
cent soixante deux avant Pasques], Lyon : [s. n.], 1563.

1 Double allusion biblique au livre de Jérémie et à celui d’Isaïe ; ici Is, 1, 2-5.
2 Nous corrigeons le texte, qui donne éveillés.
562 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

V.11.C. REJET DE L’AUTORITÉ RÉFORMÉE SUR LA VILLE


PAR GABRIEL DE SACONAY (1569)

Document

Au lecteur

L’intention de l’auteur du présent discours, composé l’année mille


cinq cent soixante trois (la ville de Lyon n’étant entièrement réduite en
l’obéissance de Sa Majesté) n’était pas (ami lecteur) qu’il fut exposé en
lumière, désirant, comme Sa Majesté avait pardonné à la rébellion de
ses sujets, qu’aussi leurs fautes passées demeurassent assoupies ; mais
les ingrats, abusant de la bonté, clémence et patience de leur roi, ont
aussitôt brassé contre Sa Majesté nouvelles conjurations et alliances avec
plusieurs, étrangers ennemis de la France, tâchant endormir Sa Majesté
par belles paroles, pour la surprendre au dépourvu. Ce qu’ils ont osé
attenter l’année mille cinq cent soixante sept, s’efforçant en toute hos-
tilité saisir et captiver les Majestés du Roi, de la Reine sa mère, et tous
seigneurs ses frères, les tenant par quelques jours, comme assiégés dedans
Paris, mettant peine surprendre ses villes et même celle de Lyon, exer-
çant cruellement par toute la France plusieurs impiétés ; ce que derechef
débonnairement leur aurait Sa Majesté pardonné. Mais connaissant le
cœur déloyal, obstiné et impénitent des Lyonnais – je dis les hérétiques
et séditieux – qui se sont encore rebellés cette année mille cinq cent
soixante huit et ont repris les armes contre Sa Majesté, aidant de leurs
personnes et favorisant apertement [ouvertement] ses adversaires, par
armes, argent et pratiques, ayant aussi refusé le pardon et grâce qui leur
était libéralement octroyée et offerte par Sa Majesté pour les attirer et
réduire en son obéissance et recevoir à merci, en promettant lui être
par ci-après loyaux sujets, tout devoir commande –  comme aussi fait
Sa Majesté – à tous fidèles sujets s’employer selon leur force et pouvoir,
pour maintenir cause si juste et animer toutes nations contre la secte
satanique, ennemie de Dieu et des siens, indignes des grâces et pardons
de son roi, pour démontrer à la postérité combien est chose pernicieuse au
salut des âmes et dangereuse à l’état d’un royaume, de laisser l’union de
l’Église de Dieu, catholique et romaine et quitter la fidélité et obéissance
de son roi pour adhérer et suivre nouveauté odieuse, aspirant à tyrannie.
LA VILLE RÉFORMÉE ET LE ROI 563

Source

Discours des premiers troubles advenus a Lyon, avec L’Apologie pour la ville de
Lyon, contre le libelle faucement intitulé, la juste et saincte defense de la ville
de Lyon, par M. Gabriel de SACONAY, præcenteur et conte de l’eglise de Lyon,
Lyon : Michel Jove, 1569.

Bibliographie

Péricaud, Antoine, « La Prinse de Lyon par les fidèles, au nom du


Roy, le dernier d’avril 1562, avec des notes de M. Péricaud aîné »,
Archives historiques et statistiques de la ville de Lyon, 13 (1831) : 74-75
(décembre 1830-janvier 1831), p. 93-105.
Péricaud, Antoine, « Histoire des triomphes de l’Église lyonnaise, avec la
Prinse de Montbrison, avec des notes de M. Péricaud aîné », ibidem,
p. 232-238.
Péricaud, Antoine, « Cantique nouveau contenant le discours de la guerre
de Lyon, avec des notes de M. Péricaud aîné », ibidem, p. 331-339.
Monfalcon, Jean-Baptiste, Histoire monumentale de la ville de Lyon.
Tome II, Paris : typographie Firmin Didot, 1866, p. 115-131.
Lyon 1562, capitale protestante : une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance,
éd. par Yves Krumenacker, Lyon : Éditions Olivétan, 2009.
Ill. 33 – Lyon réformée : Apologie pour la ville de Lyon de G. de Saconay,
gravure sur bois. © cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 355 892.
INTRODUCTION

par Pascale Mounier et Olivier Zeller

Après des efforts pour asseoir la place politique et financière de


Lyon dans le royaume, la période entre 1563 et 1601 marque des temps
extrêmement troublés. Certes, l’épisode protestant s’achève en 1563 par
l’édit d’Amboise, qui amnistie les Réformés et leur accorde la liberté de
culte. L’édit de pacification tâche de faire oublier aux citadins des deux
confessions l’horreur des massacres de l’année précédente, spécialement
la vue des corps emportés par le Rhône. Mais, dans le dernier tiers du
xvie siècle, Lyon subit les effets de la crise économique, amplifiés par les
épidémies, les « chertés » du blé et les guerres civiles. Il en résulte une
forte dépopulation et même un véritable effondrement au temps de la
Ligue, quand les bourgeois subissent des taxations, des arrestations, des
confiscations et des bannissements arbitraires. La soumission définitive
de la ville à la couronne n’intervient que lors de la « réduction » de 1595.
Lyon est à ce moment-là exsangue : alors qu’elle comptait quelque 55 000
habitants lors de son apogée des années 1550, elle n’en a pas 35 000 à
l’orée du xviie siècle. Le rôle de grande place bancaire internationale est
définitivement perdu, ce qui va supposer une reconversion industrielle
et commerciale. Très vite, Lyon cesse aussi d’être une ville-frontière aux
avant-postes du royaume. En 1601, Henri IV annexe en effet la Bresse,
la Dombes, le Valromey et le pays de Gex.
Tout au long du xvie siècle les festivités organisées par la muni-
cipalité pour accueillir la famille royale lors de ses déplacements en
Italie ou dans le reste du royaume ont rappelé la fidélité de la ville à la
couronne de France (VI.01.). Comme celles de l’entrée de Charles VI
en 1389 (IV.05.) et du duc Charles Ier de Savoie en 1489 (V.07.), depuis
le xive siècle les entrées solennelles ont commémoré périodiquement le
rattachement de Lyon à la France et mis en scène le don vieux de deux
568 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

siècles fait au monarque. Elles ont donc toujours eu un statut festif et


administratif, plus encore quand la personnalité accueillie était le roi,
sa femme ou son fils que quand il s’agissait d’un des représentants indi-
rects de la couronne. Après les troubles de 1562-1563 et l’épisode de la
Ligue, qui dure globalement de 1589 à 1594, Charles IX et Henri IV
font eux-mêmes la démarche de parcourir les routes de France pour
s’assurer de leur mainmise sur différentes villes. À Lyon, des transfuges
comme Pierre Matthieu ou Claude de Rubys jouent un rôle déterminant
dans la propagande royaliste et dans la construction d’un imaginaire
monarchique, qui prend une ampleur sans précédent à la fin du siècle.
D’autres textes que les livrets d’entrée offrent une image idéalisée des
rapports de la ville et du roi, sans recourir aux emblèmes et aux mythes
de la royauté. Guillaume Paradin récapitule ainsi dans la première his-
toire de Lyon en langue vulgaire différentes démarches pour conforter
l’autorité royale (VI.02.). Il mentionne la visite de Charles IX en 1564
ainsi que des ordonnances prises par le roi durant les années qui ont
suivi. Les inscriptions épigraphiques de la place de Confort construisent
aussi l’idée d’une harmonie sans faille entre Lyon et les représentants du
pouvoir (VI.03.). Rédigées en plusieurs langues en 1609, elles louent de
manière cryptée, à destination spécifiquement des citadins lettrés, à la
fois les représentants de la municipalité et Henri IV.
Mais Lyon est le théâtre, comme les autres villes du royaume, des
massacres de la Saint-Barthélemy (VI.04.). Le gouverneur de la ville,
Mandelot, se montre tiraillé dans la lettre qu’il écrit en 1572 à Henri III
entre son statut de responsable, qui l’appelle à protéger les habitants, et
celui de représentant du roi, qui lui impose de rétablir l’ordre. Claude
de Rubys, catholique jadis heureux des exactions commises envers les
protestants, est gêné en 1604 de se réjouir de la demande d’appliquer
par la violence l’édit de pacification que le roi a faite au gouverneur de
Lyon durant les troubles. La Ligue est évidemment l’infidélité majeure
à la couronne durant la période. On pourrait aussi interpréter l’édit
de Chauny de 1595, qui réduit le nombre des dirigeants municipaux,
comme la sanction infligée par Henri IV à l’attitude rebelle de Lyon
(VI.05.). Mais la réforme du Consulat doit plutôt être comprise, dans
un contexte de difficulté économique, comme une mesure financière
prise par la royauté pour briser toute possibilité de financement direct
de la municipalité par ses membres.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE
À LYON (1515-1600)

Documents présentés, transcrits et traduits


par David CLOT et Pascale MOUNIER

Présentation

Les entrées solennelles sont un genre en vogue au xvie siècle. Le


fait qu’un roi ou qu’un membre de sa famille visite telle ou telle de ses
« bonnes villes » hérite d’une longue tradition. À Lyon, le témoignage le
plus ancien conservé dans les archives remonte à l’entrée du roi Charles VI,
en 1389. À compter de cette date et jusqu’à l’entrée de Louis XII et
Anne de Bretagne en 1509, on recense une quinzaine d’entrées royales.
Les préparatifs des entrées sont consignés dans les registres de comptes
et les délibérations consulaires. L’entrée de François Ier, en 1515, se dis-
tingue par la rédaction d’un manuscrit où la cérémonie est décrite et
illustrée avec précision. Ce type de document, dont la fabrication est
longue et coûteuse et dont l’usage est attesté jusqu’en 1533, fait place à
partir des années 1530 à la publication d’un ou plusieurs livrets relatant
les festivités organisées par la municipalité et l’Église en vue de divertir
le roi lors de son passage. Complémentaires des sources d’archives, ces
récits entrecoupés de descriptions et de discours renseignent de manière
souvent vive et brillante sur l’image que la ville a voulu donner d’elle
et sur l’accueil que le roi a fait aux dépenses qu’elle a engagées. La
ville de Lyon en l’occurrence accueille à de nombreuses reprises la cour
au xvie siècle, déléguant à une ou à plusieurs individualités locales le
soin d’établir le programme du parcours du roi, d’imaginer les décors
monumentaux et les spectacles éphémères et d’orchestrer le défilé des
nations et des corporations venant présenter leur harangue au monarque.
Différents témoignages ont été conservés d’une telle démonstration de
570 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

richesse : entre 1515 et 1600, de la venue de François Ier à celle de Marie


de Médicis, on compte exactement sept entrées royales mises en livret.
De mieux en mieux explorés, mais pour certains encore jamais réédités,
ces textes en prose ou en vers, souvent illustrés, sont d’un extraordinaire
intérêt : ils constituent des documents à part entière de l’histoire lyon-
naise. Les rédacteurs, qui gardent parfois l’anonymat, sont souvent les
ordonnateurs des cérémonies eux-mêmes, autrement dit des personnalités
attachées à la politique municipale, Lyonnais d’origine ou d’adoption.
En 1515, le programme riche et complexe de l’entrée de François Ier
est confié à deux lettrés, Jean Yvonnet et Jean Richier, également
auteurs présumés du manuscrit anonyme conservé à la Bibliothèque
ducale de Wolfenbüttel ; venant du nord et longeant la Saône, le roi
assiste, à proximité du couvent de l’Observance nouvellement édi-
fié, à un spectacle nautique au cours duquel plusieurs membres de la
bourgeoisie lyonnaise endossent le costume d’acteur et jouent les rôles
de François Ier, Charles III de Bourbon ou bien encore Gian Giacomo
Trivulzio afin d’expliquer et de justifier, sous couvert de l’allégorie, la
nouvelle campagne militaire dirigée contre le duché de Milan. Plus
loin, sur l’arc de triomphe érigé à la porte de Bourgneuf, les figures du
roi, du connétable et du maréchal ont pris place cette fois aux côtés de
Grâce divine, de France, de Loyauté mais aussi de Lyon (ill. 35) qui, à
cette occasion, ne manque pas de rappeler sa fidélité envers la couronne
et son rôle déterminant en tant que ville frontière, étape obligée sur la
route d’Italie (VI.01.a.).
Pour la venue en 1533 de la reine et du dauphin, Jean de Vauzelles
livre un témoignage tout à la fois savant et vivant sur les festivités.
Contemporain des antiquaires Symphorien Champier et Guillaume
Du Choul, Vauzelles débute son récit en expliquant l’étymologie du
nom de la ville avant de comparer l’union d’Éléonore d’Autriche avec
François Ier à l’Arche d’alliance, symbole d’union et de paix (ill. 36 et
37). De par son état, Éléonore, qui est la sœur de Charles Quint mais
également la nouvelle épouse de François Ier, est la seule capable de
résoudre en douceur et sans violence les conflits existant entre ces deux
princes (VI.01.b.).
L’entrée dirigée par Maurice Scève en 1548 en l’honneur d’Henri II et
Catherine de Médicis est généralement considérée comme la plus réussie
de toutes celles organisées au cours du siècle. C’est sans nul doute la plus
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 571

ambitieuse mais aussi la plus coûteuse. Craignant la diffusion d’éditions


pirates, le consulat confie personnellement au poète le soin de rédiger le
livret illustré de quinze gravures sur bois attribuées à Bernard Salomon.
L’ouvrage, immédiatement traduit en italien, semble avoir été largement
diffusé. Maurice Scève y décrit notamment les spectacles organisés
à Pierre-Scize, où le roi, tout d’abord, la reine ensuite, sont témoins
d’une représentation mettant en scène la figure de Diane chassant avec
ses compagnes et maîtrisant un lion avant de l’offrir aux souverains.
Place du Change, le décor tout entier est modifié et les protagonistes
de l’entrée sont invités à effectuer un transfert qui les conduit dans la
célèbre ville de Troie afin d’arbitrer le différend opposant Neptune et
Pallas (VI.01.c. et ill. 38).
Le livret anonyme de 1564 relate l’entrée de Charles IX, organisée
par l’avocat Antoine Giraud, assisté par les peintres maître Thomas et
Pierre Eskrich ; entré par la porte de Vaise, le jeune roi, qui a des goûts
et des talents de poète, découvre dans le quartier de Bourgneuf un pro-
montoire rocheux, où sont représentés le Parnasse, Apollon et les neuf
Muses, puis la figure de Justice, sous les traits d’une vierge (VI.01.d.).
En 1574, deux textes évoquent l’entrée d’Henri III, tout juste monté
sur le trône. Un récit anonyme résume d’abord brièvement le parcours
du roi, salué par les consuls et les échevins et acclamé par la foule à
Bellecour, régalé d’un feu de joie près de sa demeure de l’Archevêché,
où le gouverneur l’a conduit, et mentionne la messe faite à Saint-Jean en
son honneur (VI.01.e.). Charles IX vient alors de mourir et le roi revient
de Pologne, où il régnait depuis 1573. Gabriel Chappuys, homme de
lettres et historiographe de France, imagine ensuite dans des vers pro-
phétiques un songe allégorique relatant la façon dont Lyon, ville faite
personnage, a combattu l’hydre de la haine et s’est assujettie devant le
chasseur royal (VI.01.f.).
Mandaté par la municipalité pour superviser la cérémonie, Pierre
Matthieu rapporte en 1595 de manière prolixe l’entrée d’Henri IV et
fait imprimer son texte à la demande du roi lui-même, comme le pré-
cise le privilège. Dans la réédition de 1598, qui est ici retenue, faite par
l’imprimeur du roi Thibaud Ancelin, on trouve toujours la gravure du
cortège (ill. 40) réalisée par l’un des peintres des décors, Jean Perrissin,
augmentée d’une légende des lieux et des personnes éminents, ainsi
qu’un portrait mythologique du roi, exécuté par le même graveur
572 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

(ill. 39) ; à la porte de Bourgneuf, face à ce que la légende de la gravure


du cortège appelle « L’Arc de la force et de constance », le roi découvre
un portail à l’antique représentant allégoriquement la ville et les deux
fleuves (VI.01.g.).
Dédié à celle qui s’apprête à épouser Henri IV dans la ville, le livret
de l’entrée de Marie de Médicis rédigé par le même Pierre Matthieu est
plus circonstanciel, quoique entrecoupé lui aussi de digressions histo-
riographiques. À la porte du pont du Rhône, la future reine reçoit les
clés de la ville de la main du prévôt des marchands (VI.01.h.).
L’organisation de ces entrées rend éminente la notion de frontière.
En franchissant symboliquement le seuil de la ville, la personne royale
commémore le rattachement de Lyon à la France en même temps qu’elle
renouvelle sa prise de possession d’un territoire dont la soumission est
encore imparfaite. Deux entrées ont ainsi un rôle clé dans la mesure où
elles viennent effacer des épisodes de trouble : lors du règne de Charles IX
et de celui d’Henri IV. Après la période de domination protestante en
1562 et 1563, le roi vient dans une ville appauvrie, qui s’excuse du
manque de fastes des réjouissances qu’elle lui offre en invoquant la
précipitation imposée par les circonstances et qui lui assure qu’elle va
lui obéir (VI.01.d.). Après quatre années ligueuses, Lyon accueille le roi
en 1595, vingt jours après son sacre, effaçant sa résistance en rappelant
qu’elle a été la dernière ville à gagner la Ligue et la première à recon-
naître volontairement le roi (VI.01.g.). Signalant à demi-mot les tensions
civiles encore présentes, les récits et les descriptions sont donc toujours
orientés : les livrettistes prennent le parti de l’ordre. Il n’est pas anodin
que l’allégorie de Justice, accompagnée de Piété, de Paix et de Clémence,
soutienne Charles IX dans sa volonté de pacifier le royaume et qu’elle
annonce sous forme d’invective des représailles contre ceux qui ont mis
en péril l’unité nationale ni qu’Apollon rappelle que le roi a l’intention
de punir tout sujet entaché de vice. Pierre Matthieu ouvre aussi son
compte rendu de la venue d’Henri IV en mentionnant que la ville s’est
révoltée contre les abus de pouvoir du gouverneur Charles-Emmanuel
de Savoie et, sans mentionner son propre changement de camp, incite les
Lyonnais à la fidélité à un roi clément qui, selon le quatrain placé sous
le portrait en tête de l’édition de 1598 du livret, a pris tous les risques
pour sauver le royaume (ill. 39).
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 573

Mais c’est dans leur ensemble que les livrets se mettent au service de
la politique royale et la célèbrent. Ils s’appuient pour cela sur les artifices
de la description allégorique – les vertus sont incarnées dans des person-
nages vivants, richement parés et prononçant des discours édifiants –, de
la poésie – Valois rime avec Lyonnois – et de la gravure – l’art graphique
garde trace de la profusion des décors et des costumes. Les ekphraseis,
c’est-à-dire les descriptions d’objets et de monuments, entremêlent les
figures issues de la mythologie ou de l’histoire classique, tels Hercule
ou Alexandre et les motifs chrétiens, comme l’arbre de Jessé (VI.01.a.)
ou l’Arche d’alliance (VI.01.b.). Elles mobilisent de nombreux symboles
monarchiques, au premier rang desquels se trouve la traditionnelle
fleur de lys mais aussi le cerf blanc ailé qui, en 1515, par un jeu savant
de miroir renvoie non seulement à François Ier mais également à son
illustre prédécesseur, Clovis, ainsi qu’à la maison de Bourbon (VI.01.a.
et ill. 34). Au-delà de l’enjeu de la réconciliation nationale, il s’agit
donc dans ces textes de faire l’éloge de la personne du roi : l’utilisation
des emblèmes et des mythes de la royauté démontre la capacité de la
ville à se soumettre à l’autorité du monarque. Mais Lyon elle-même est
tout autant mythifiée que le roi. La ville en effet n’hésite pas à rappeler
ses origines antiques et sa grandeur passée. Jouant sur les mots, usant
de glissements phonétiques, certains auteurs proposent d’effectuer un
parallèle entre Troie et Lyon via Ilion (VI.01.b.) et, pour cette raison, de
transposer, sans égard pour la légende, l’action de la dispute entre Athéna
et Poséidon, traditionnellement située à Athènes, dans la ville de Troie
(VI.01.c.). Emblématisée en animal puissant – le jeu orthographique
sur lion, graphié lyon à l’époque, et Lyon permet l’équivoque –, la ville
se voit dotée de vertus qui rendent méritoire son assujettissement au roi
(VI.01.f.) ou même à la maîtresse de celui-ci, figurée en Diane chasseresse
(VI.01.c.). La métaphore du lion est exploitée dans tous ses aspects, y
compris dans le domaine de l’astrologie : le signe astral d’Henri IV ne
prête-t-il pas au roi les qualités de courage, de concorde et de force propre
au lion, donc aux Lyonnais (VI.01.g.) ? Tous ces jeux de miroir tendent
à idéaliser l’union du roi et du peuple lyonnais : il s’agit de célébrer la
place éminente de la ville dans le royaume et de forger l’image d’une
ville puissante apte à soutenir les ambitions monarchiques.
574 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

VI.01.A. L’ENTRÉE DE FRANÇOIS Ier (12 JUILLET 1515)

Document

Le roi venu devant l’église des Observantins, appelée le couvent de


frère Jehan Bourgeois, délaissa le grand chemin et alla au bord de la
rivière de Saône, pour ce que [parce que], du bas de ladite rivière et
milieu d’icelle, venait au-devant de lui, nageant en l’eau, un grand cerf
tout blanc, lequel avait grandes ailes très richement peintes. Aussi avait
autour du col une ceinture d’espérance à laquelle attaché était un grand
écu des armes de Bourbon, peint d’or et d’azur et autour d’icellui l’ordre
du roi. Sur ledit cerf, était un beau personnage, tout debout, richement
accoutré de chaînes, joyaux, bagues et affiquets [bijoux], vêtu d’un riche
séon [casaque] de drap d’or, et par dessus une robe de soie bleue semée
de fleurs de lys d’or avec une bande de gueules [rouge]. Ledit personnage
tenait en sa dextre [droite] main une belle et riche épée. Et de l’autre
main, tenait une des cornes dudit cerf. Ledit cerf était harnaché de
grosses chaînes d’or et, à l’une d’icelles, était attaché un grand navire
fait en sorte d’un navire de mer, lequel était par ledit cerf tiré et mené
contremont [en amont de] ladite rivière et était ledit navire garni de
châteaux devant et derrière. Et, sur le bord du château de devant, était
un personnage de belle stature, richement accoutré, de toute pièce
armé, le heaume réservé [excepté]. Sur ledit arnois [armure], avait un
riche séon [casaque] de drap d’or, et par dessus icellui un autre de soie
bleue à trois fleurs de lys d’or et tenait en sa main une hache d’armes. À
l’entrée dudit château de devant, étaient deux belles filles très richement
accoutrées de chaînes, affiquets [bijoux], bagues et joyaux. Dont celle
étant à la dextre [celle qui était à droite] était vêtue d’une cotte de drap
d’or et par-dessus une robe de soie bleue semée de fleurs de lys d’or, de
laquelle la fourrure et monstres [apparences] étaient hermines [celles de
l’hermine]. Et portait sur son chef [tête] une couronne d’or garnie de
très riches pierres précieuses. L’autre fille était de même accoutrée, mais
non couronnée. Derrière elles, au milieu dudit navire, y avait plusieurs
belles filles richement accoutrées, servant de demoiselles d’honneur. Au
milieu dudit navire, avait un grand mât portant une grande et belle
Ill. 34 – Maître de l’Entrée de Francois Ier [ Jean Yvonnet ou Jean Richier
(attribué à)], La nef du cerf ailé, enluminure tirée de [L’Entrée de Francois Ier à
Lyon], manuscrit, s. d. [c. 1515], fol. 7 vo-8.
© Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel : Cod. Guelf, 86,4 Extrav.
Ill. 35 – Maître de l’Entrée de Francois Ier [ Jean Yvonnet ou Jean Richier
(attribué à)], Le clos de France, enluminure tirée de [L’Entrée de Francois Ier
à Lyon], manuscrit, s. d. [c. 1515], fol. 11 vo.
© Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel : Cod. Guelf, 86,4 Extrav.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 577

voile, le tout garni d’échelles et cordage et, au dessus dudit mât, une
belle hune peinte d’azur à semence [parsemée] de fleurs de lys d’or. En
laquelle hune était un jeune enfant, tout nu, fors [à l’exception d’] une
petite huque [tunique] de soie ventillante [flottante] et avait ailes très
bien peintes et tenait à deux mains un soufflet doré duquel soufflait
dedans ladite voile. Au dessus dudit mât et hune, avait un grand éten-
dard de soie bleue et à double queue. Le haut dudit étendard était des
armes de France et, au milieu d’icellui, une grande salamandre, autour
de laquelle y avait grande quantité de fleurons flamboyants semés sur
ledit étendard. Et y avait en icellui écrit deux mètres ou vers en grosses
lettres d’or, dont la teneur est telle :
Maximus est regum mundi salamandrius heros,
Angue qui curvo lilia juncta gerit1.

Sur le bout de derrière [à la poupe] et château dudit navire, était


un personnage d’âge compétant [approprié], richement accoutré, vêtu
d’une robe de soie de jaune et vert en bandes de haut en bas. Et portait
ledit personnage, à son col [cou], l’ordre du roi, et tenait à deux mains
le gouvernail dudit navire.
Afin de donner clairement à entendre [comprendre] la morale et
figure des choses prédites [susdites] et les causes pourquoi ainsi ont été
ordonnées, est nécessaire premièrement savoir la signification du blanc
cerf nageant par ladite rivière, lequel tirait et conduisait ledit navire.
Vrai est, comme il est écrit en la Chronique de Clovis, premier roi de
France chrétien, que, pour certaine juste querelle qu’il avait contre les
Germains et Allemands, délibéra leur faire mortelle guerre. Et, pour
ce faire, assembla tous les nobles, vassaux et gens de guerre de sondit
royaume pour aller assaillir lesdits Allemands en leur pays.
[…]
Le susdit roi Clovis, avec son armée, arrivé sur le bord d’une grosse
rivière laquelle passer lui convenait pour entrer au pays des Allemagnes,
et passer icelle ne lui était possible, car lesdits Allemands, de sa venue
avertis, avaient les ponts rompus, les barques et bateaux retirés. Ce
voyant [voyant ceci], ledit roi, et apercevant ladite rivière être de grande

1 « C’est le plus grand des rois du monde, le héros à la salamandre / Qui porte les lys unis
au serpent onduleux. »
578 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

largeur acreuse [de grande et terrifiante largeur] et profonde, tenant à


l’impossible icelle passer, était fort pensif et en propos [pensait] son
voyage rompre et s’en retourner.
Et lors [alors], étant en cette pensée, sur la balme [berge abrupte] de
ladite rivière et en la présence de son armée, sortit d’un bois prochain
[proche] dudit lieu un grand cerf tout blanc, lequel passa par devant
l’armée jusqu’au lieu où ledit roi était et là entra en ladite rivière pour
icelle passer.
Lors [alors], ledit roi Clovis, remémorant le vœu qu’avait fait au Dieu
des chrétiens, eut ferme foi et crëance [croyance] que ce lui était miracle
démonstratif [évident] que son entreprise rompre ne devait et que ledit
blanc cerf de Dieu lui était envoyé pour conduite et guide de son affaire.
Par quoi, premier entra en ladite rivière à la suite dudit cerf, lequel sans
aucun dommage passa avec son armée. Par quoi, a été ledit cerf en ce
lieu figurant ledit roi François [ledit cerf est en ce lieu afin de figurer
ledit roi François] allant à son entreprise et conquête de son duché de
Milan usurpé par Suisses et Allemands sans aucun titre de droit.
[…]
Ledit cerf était nommé le Cerf Volant. L’écu, la ceinture et les fleurons
flamboyants sont les armes et devise du très noble et illustre prince et
seigneur Charles, duc de Bourbon et connétable de France.
Le personnage étant sur le cerf figurait ledit seigneur, lequel tenait
l’épée royale comme connétable et nommé était Guide Loyal.
Par l’épée et flammes, est à entendre que ledit connétable doit
précéder le navire royal, par lequel navire royal est entendu le roi, ses
nobles capitaines, gendarmes, munitions et tous préparatifs de guerre.
Par ladite épée, doit préparer la voie dudit roi et navire et du double
tranchant d’icelle couper à dextre et senestre [à droite et à gauche] les
épines, ronces et chardons empêchant ladite voie et desdits flambeaux
icelles ronces et épines brûler, qui est à entendre [ce qu’il faut comprendre
comme] à l’épée punir les ennemis du roi et par feu leurs maisons, villes
et châteaux brûler et nettoyer la voie dudit sieur et roi. Ainsi, comme
saint Jean-Baptiste précéda et prépara au désert la voie de Jésus-Christ.
Le cerf volant avec l’espérance, devise dudit Connétable, figurait la
hardiesse et noble courage d’icellui. Car, comme le cerf a de soi [a natu-
rellement] jambes légères et ignelles [rapides] et le cœur volant et gai et
volant, ne craignant courir ou passer par plains [plaines], montagnes ou
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 579

vallées, nonobstant encombriers [obstacles] de bois, boucages [bocages],


ronces ou épines, car de sa nature, où le passage en iceux lui est étroit,
par ses branches et cornes l’a soudain élargi, dont parvient à son désir
et espoir. Ainsi, en ladite histoire, était mis ledit cerf en espérance que
ledit connétable précéderait, légèrement mènerait et en sûreté conduirait,
comme cerf volant, arme de noble espérance, le roi et navire royal.
[…]
Le personnage étant sur le château de devant et front dudit navire,
de toutes pièces armé, fors [hormis] le chef, tenant la hache au poing,
figurait la personne du roi, chef et capitaine dudit navire et exercice de
guerre, prompt et délibéré ses ennemis combattre tant à pied qu’à cheval.
Les deux dames […] figuraient la reine1 et sa sœur Renée, lesquelles
dames causaient [étaient à l’origine de] l’entreprise dudit roi et personnage
en ladite histoire nommé était [qui était nommé] le Noble Champion.
La dame couronnée était dite Amour Royal et l’autre Noble Fraternité.
Lesquelles dames ont juste titre paternel et héréditaire sur le duché de
Milan, dont l’une livrait au Noble Champion son bon droit, l’autre sa
juste querelle pour la conquête dudit Milan.
Le personnage étant en la hune dudit navire […] était nommé
Zéphirus, lequel figurait l’ange de Dieu transmis, haut élevé pour voir
les éminents périls empêchant du roi l’entreprise, pour à iceux obvier
[remédier] et temps prospère livrer pour icelle entreprise à bonne fin
mener.
Comme devant [auparavant] est dit, sur le derrière dudit navire était
un personnage d’âge assez compétant [approprié] tenant le gouvernail
dudit navire. Vêtu était de jaune et vert qui sont les couleurs des armes
de messire Jehan Jaques2, maréchal de France, que [qui] sont un écu
palé d’or et de sinople, et était nommé Féal Patron.
[…]
Après que le roi eut entendu et ouï parler les personnages de la pré-
cédente histoire, prit le chemin pour venir à la ville et, arrivé devant la
porte d’icelle dite la porte de Bourgneuf, s’arrêta, voyant devant icelle
une autre porte de nouveau fabriquée et richement accoutrée en sorte
d’arc triomphant, laquelle était peinte d’or et d’azur et fines couleurs à
diverses devises plaisantes à regarder.
1 Claude de France, épouse de François Ier, reine de France (1515-1524).
2 Gian Giacomo Trivulzio.
580 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Aussi, étaient près ladite porte deux grosses tours quarrées, élevées
d’environ quinze pieds1 de hauteur, garnies de soubasses [soubassements]
et chapiteaux dorés. Et étaient lesdites tours peintes d’or, d’azur et fines
couleurs et à candélabres et façon antique. Et, par dessus lesdites tours,
un beau couronnement doré traversant de la tour du quartier droit à
celle du quartier senestre [gauche]. Sous lequel couronnement, sur ladite
porte, entre les deux tours, avait en écrit, en grosses lettres romaines :

Civitas Inviolata2.

Ès [sur les] chapiteaux desdites était en deux mètres [vers] l’exposition


écrites desdits deux mots écrits sur ladite porte, c’est à savoir, en la
première, avait :

Inviolata Jugum sevi non passa tyrani3.

Et en l’autre, avait :

Gallorum semper parvit Imperio4.

Lequel dicton [sentence] montre que jamais ladite cité de Lyon n’a été
sujette à aucuns [quelques] princes étrangers mais toujours obéissante
et loyale aux rois de France.
Sur lesdites tours, avait deux belles filles très richement vêtues et
parées de riches chaines et joyaux. Dont celle étant [celle qui était] sur
la tour, à la dextre [droite] de ladite porte, vêtue était d’une cotte de
satin jaune et par-dessus une robe de damas blanc, tenant en sa main
une grand clef qui figurait icelle fille être portière, garde et capitaine
de la ville et citée de Lyon. Ladite fille était nommée Loyauté.
L’autre fille, étant sur l’autre tour, aussi richement accoutrée, avait
cotte de damas blanc et, par-dessus, robe de satin cramoisi jusqu’à la
ceinture et le dessus de satin bleu, sur lequel y avait trois fleurs de lys
d’or en rang et sur le satin cramoisi avait un grand lion d’argent en
figure des [en rappel des] armes de la ville de Lyon, lesquelles sont un

1 4,85 m.
2 « Cité inviolée ».
3 « Inviolée, jamais elle n’a subi le joug d’un tyran cruel. »
4 « Elle a toujours été sujette de l’empire des Gaulois. »
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 581

lion d’argent sur champ de gueules à un chef de France. Ladite dame


tenait une sorte de serrure qu’on appelle bout, qui figurait la cité de Lyon
être l’un des bouts de France. Ladite fille était nommée la Cité de Lyon.
En arrière lesdites tours et porte, avait une clôture en sorte de clô-
ture de camp de guerre qui dite était le Clos de France et avait par le
milieu une entrée gardée de deux beaux hommes d’armes armés dont
l’un, sur son harnois [armure], portait un séon [casaque] bleu des armes
de Bourbon et était nommé Noble Désir. L’autre aussi portait un séon
[casaque] des couleurs de messire Jehan Jaques, pour lors gouverneur
en Lyon, et nommé était Franc Vouloir.
Au droit de l’entrée dudit clos et dedans icelui, avait un préau de
verdure élevé, duquel sortait un grand lys dont la tige droite du milieu
était bien de vingt pieds1 de hauteur. De laquelle tige sortaient quatre
branches, deux d’un à droite et deux d’autre, à sorte [à la manière] d’un
candélabre dont les branches plus basses l’une d’un à droite et l’autre de
l’autre [de part et d’autre], aussi le sommet de la tige du milieu, por-
taient chacun une fleur de lys espandie [éclose], et dedans une chacune
d’icelles [à l’intérieur de chacune] un beau personnage. Cil [celui] qui
était au haut et milieu était un beau fils, vêtu d’une robe de drap d’or
et par-dessus un manteau royal semé de fleurs de lys d’or, tenant en sa
main un sceptre et, sur son chef, une riche couronne. Sous ladite fleur,
avait un écriteau où était son nom écrit : François Ier.
Au plus haut, par dessus ledit lys, étaient deux anges sortant de
deux nuées, tenant une grande couronne, laquelle couvrait tout ledit lys.
Le personnage étant en la fleur espandie [éclose] de la branche basse
du quartier droit était une belle fille très richement accoutrée et son
nom en un rouleau sous sa dite fleur était écrit : Grâce de Dieu.
À la fleur semblable, de l’autre quartier, avait une autre belle fille
aussi richement accoutrée et au rouleau son nom écrit : France. Aux
deux branches de dessus étaient deux fleurons non espandis [non éclos]
qui figuraient espérance, en temps et lieu, espandir et fruit produire de
Dauphin et royale génération [qui figuraient l’espérance qu’en temps
et lieu, le dauphin et la descendance royale s’épanouiraient et qu’ils
produiraient des fruits].
Ledit lys, tige, branches, feuilles et fleurs étaient d’or ; le dossier et
champagne de derrière [l’arrière-plan et le champ] d’azur.
1 6,50 m.
582 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Et sur ledit préau, au pied dudit lys, une grande salamandre fort
élevée. Et, sous et alentour d’elle, plusieurs flambeaux de feu brûlants
et flamboyants.

Source
[L’Entrée de François Ier à Lyon], manuscrit, s. d. [c. 1515], fol. 4-6 vo, f. 9-10 vo
(exemplaire de Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Codex
Guelferbytanus 86.4 Extravagantum (Cod. Guelf. 86.4 Extrav.). Texte
transcrit du français et ponctuellement traduit du latin par David Clot.

VI.01.B. L’ENTRÉE D’ÉLÉONORE D’AUTRICHE


(27 MAI 1533)

Document

En ensuivant [suivant] la légale disposition, selon laquelle la lyonnaise


province se régit, qui ordonne qu’ayant été dûment avertis de leur prince
de sa délibérée entrée, qu’ils1 se doivent tous préparer à le recevoir en
festivité solennelle et donner ordre que le tout soit allègre par prompte
et honnête modestie. Outre pouvoir [au-delà de ses possibilités], s’en
est efforcé le faire Lyon, de toute antiquité appelé en langage paisain
[paysan] d’alors Lugdunum, pour être en une montagne construit, pour
autant que Dunum et [ou] dune signifie hauteur ou promontoire, ainsi
que la hune d’un navire encore en retient le nom. Et qu’il soit vrai [et
pour montrer que cela est vrai], voyez si toutes les villes terminées en
ce vocable dunum, comme Augustodunum [Autun], Laudunum [Laon],
Ebrudunum [Embrun, Yverdon] et semblables n’ont ès montagnes leur
originelle fondation. Ainsi que jadis était la cité de Lyon avant que par
feu, en une nuit, ainsi elle fut incinérée et arsée [brûlée] qu’à peine
put-on au lendemain y trouver aulcune [quelque] apparence de ville.
Parquoy [à partir de quoi], de nouveau rebâtie, çà bas [là-bas], là où
maintenant elle est, fut, non sans grande fatalité, dénommée Lyon pour

1 Les édiles et les citoyens de la ville.


LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 583

être comme est le lion entre les animaux, l’une des principales villes non
seulement de France mais du monde. Laquelle à bon droit se pourrait
dire le second Ilion, car je ne crois point qu’en cet Ilion de Troie on vit
jamais tel triomphe ni si universelle liesse comme quand ce noble sang
royal y est arrivé.
Premièrement à Froviere, fort virent1 et verdoyant, ou fort vieux, ou
fort viril, jouxte [suivant] la dénomination de laquelle je le pense plus
être dérivé que de forum Veneris, ou vraiment plus de Forum Vrie duquel
parle Catulle et Cornelius Tacitus, au Tiers de ses Histoires, donnant la
raison pourquoi Vénus est Vrie appelée. On eut vu là si grand remue-
ment [mouvement] et de personnes et de rameaux qui par les jardins
gradués là s’accrochaient qu’il semblait que tout y sursautât ; les rochers
de Pierre Scize et la montagne de Serain Serenes au devant jusqu’aux
inexpugnables murailles de saint Sebastien montraient je ne sais quelle
allégresse par la multitude des gens qui y était que vous eussiez dit que là
était un autre siècle doré auquel [durant lequel] tous vivaient en commun.
Pareillement, saint Just, consacré du sang de tant de mille martyrs, par sa
joyeuse représentation, semblait inviter toute celle [cette] noblesse à aller
là-haut loger. Mais surtout Esney, naïvement [naturellement] plaisant et
solacieux [divertissant], non dénommé d’Athanatus, mais bien de naos,
vocable grec signifiant temple à cause de Ara Lugdunensis qui là encore
du temps de Caligula triomphait, s’efforça à se dilater en plaine [plate]
verdure, en sorte qu’ [de sorte que] en ses oboutissans [ultimes] préaux,
pouvez voir le Rhône avec la Saône en se entreaccollans [s’unissant] plus
doucement qu’ils ne souloient [qu’ils n’ont coutume] accourir à la mer
Méditerranée et y porter nouvelles de royal avènement. Je me tais [je ne
parlerai pas] des huis [baies], portes et fenêtres de toute la ville, qui riaient
aux gens, et des divers bateaux qui sur Saône sursautaient comme petits
poissons au son des buccins [des trompes], clairons, tambourins, trom-
pettes et autres instruments musicaux qui là faisaient si grande mélodie
aux dames et damoiselles s’y ébattant qu’à peine de telles sirènes se fusse
su garantir [eût su se prémunir] un plus sage qu’Ulysse.
[…]
Marchant donc par ce cloître, arrivèrent2 jusqu’en la calade [parvis]
de cette somptueuse et magnifique église de sainct Jehan, sur laquelle,
1 Coquille de l’imprimeur ? Peut-être faut-il lire vert.
2 Il s’agit de la reine et du cortège.
584 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

au devant de la grande porte, était dressé un bel échafaud [estrade]


richement entapissé [tapissé] de draps d’or et de soie. Avait sur ledit
échafaud un beau et grand propitiatoire [table d’or] sur un chariot élevé,
au bout des deux bouts duquel étaient les deux chérubins représentant
messieurs les Enfants de France. Était écrit audit propitiatoire richement
fait et orné en lettres d’or :
Divae Leonorae, Gallici propitiatorii reduci foeliciss., Honor triumphus, et gloria1.

Et fut là figurée une médaille en la forme ici représentée avec ce


distique :
Ecce Philistaeis ablatem foederis arcam,
Per te, quam mundi servat utrumque caput2.

Avait ledit chariot sur lequel était ledit propitiatoire un grand timon,
lequel tirait une belle dame nommée Altera Hester, non pas avec les mains,
mais avec un ruban estaché [attaché] à sa ceinture. De ses deux mains
s’efforçait à délier un nou [nœud] plus entrelacé que le nou indissoluble
dit Gordien, lequel, comme récitent les histoires, le seul Alexandre
délia, non pas qu’il trouva le moyen de le délier, mais quand il le vit
si difficile qu’il n’en pouvait venir au bout, le coupa avec son épée. Et
cette dame, ne faisant comme ledit Alexandre, déliait ledit nou pai-
siblement sans force de couteau, c’est-à-dire qu’elle à dénoué et résolu
le nou des querelles par amitié et considération mieux que nul autre.
Était en écrit sur ledit nou :
Soluit Alexander per vim, Leonora per artem,
Quem posuit nodum Gordius, est quis ovans3 ?

Fut là prononcé à la reine :


Si on donna los [louange] jadis à Alexandre,
Quand à l’épée il voulut entreprendre

1 « À la divine Éléonore, très heureuse des faveurs faites pour son retour en Gaule, honneur,
triomphe et gloire. »
2 « La voici, grâce à toi, l’Arche d’alliance ravie par les Philistins, que préserve chacune des
têtes du monde. »
3 « Lequel est digne d’ovation, Alexandre, qui a défait par la force, ou Éléonore, par son
talent, le nœud qu’a disposé Gordius ? »
Ill. 36 – Anonyme, L’Arche d’Alliance, gravure sur bois tirée de Jean de Vauzelles, L’entrée de la Royne
faicte en l’antique et noble cité de Lyo[n] l’an Mil cinq cens trente et troys le XXVII de may, Lyon,
Jehan Crespin, s. d. [c. 1533], f. E. © cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 355 890.
Ill. 37 – Anonyme, Le nœud gordien, gravure sur bois
tirée de Jean de Vauzelles, L’entrée de la Royne faicte en l’antique et noble cité de
Lyo[n] l’an Mil cinq cens trente et troys le XXVII de may, Lyon,
Jehan Crespin, s. d. [c. 1533], fol. E 2 vo.
© cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 355 890.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 587

À dénouer le nou dit Gordien,


À vous reine qui par meilleur moyen
Dénouez bien lieure [lien] plus liée,
Est dû honneur et solennelle entrée.
Voyant donc que la noise dissolue,
Très humblement l’église vous salue,
Grâces rendant du propitiatoire
Par vous rendu en France à très grande gloire,
Et de ce nou par vous bien délié
Lequel sera derechef relié
Par vous, si bien que par aucune [quelque] outrance,
Nul n’en pourra délier l’alliance.

Source
[Vauzelles, Jean de], Lentree de la royne faicte en lantique et noble cite de
Lyo[n] lan mil cinq cens trente et troys le xxij. de may, Lyon : Jehan Crespin, s. d.
[1533], fol. A vo-A2 vo, fol. [D4 vo]-E2 (exemplaire de Lyon, Bibliothèque
municipale, Rés. 355 890). Texte transcrit et ponctuellement traduit
du latin par David Clot.

VI.01.C. L’ENTRÉE D’HENRI II ET CATHERINE DE MÉDICIS


(23 ET 24 SEPTEMBRE 1548)

Document

À côté de ladite obélisque1 et de la main droite, était un préau ceint


sur le grand chemin d’une muraille de quelque peu [d’un peu] plus de
six pieds de hauteur, et ledit préau aussi haut de terre, et lequel avait
été distinctement rempli d’arbres de moyenne futaie entreplantés [sépa-
rés] de taillis épais, et à force [avec beaucoup de] touffes d’autres petits
arbrisseaux accompagnant la descente de la montagne du château, pleine
semblablement [de même] d’arbres fruitiers. Et en cette petite forêt
s’ébattaient petits cerfs, biches et chevreaux toutefois privés [apprivoisés],
et lors [alors] sa majesté entreouït [entendit] aulcuns [certains] cornets
1 L’obélisque de Pierre-Scize.
588 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sonner. Et tout aussi tôt aperçut venir à travers ladite forêt Diane chassant
avec ses compagnes ; elle, tenant dans la main un riche arc turquois [à la
Turc] avec sa trousse [carquois] pendante au côté, accoutrée en atours de
Nymphe, le corps duquel était avec un demi-bas à six grands lambeaux
ronds de toile d’or noire semée d’étoiles d’argent ; les manches et le
demourant [le reste] de satin cramoisi avec porfilure [passement] d’or ;
troussée jusqu’à demi jambe, découvrant ses bottines à l’antique et de
satin cramoisi, couvertes de broderies et perles ; ses cheveux entrelacés
de gros cordons de riches perles avec quantité de bagues et joyaux de
grande valeur, et, au dessus du front, un petit croissant d’argent. Ses
compagnes [étaient] ornées chacune de diverses façons d’accoutrement
antique de satin et taffetas tant rayés d’or qu’autrement et de plusieurs
couleurs hautes entremêlées pour la gaieté, chaussées de bottines riches
de velours ou de satin, la tête illustrée [ornée] de divers joyaux de
grand monstre [allure]. Aucunes [certaines] conduisaient petits lévriers
et épagneuls en laisse de gros cordons de soie blanche et noire. Autres
portaient petits dards [javelots] du Brésil, le fer doré à belles petites
houppes pendantes de blanc et noir ; le cornet de Bouffle morné [la corne
de buffle garnie d’une morne] d’or ou d’argent pendant en escarpe [de
façon abrupte] à cordons de fil d’argent et soie noire. Et ainsi qu’elles
aperçurent sa sacrée majesté, un Lion sortit du bois qui se vint jeter aux
pieds de ladite Déesse, lui faisant fête. Laquelle, le voyant ainsi mansuete
[calme], doux et privé [apprivoisé], le prit avec un lien noir et blanc et,
sur l’heure, le présenta au roi ainsi qu’il passait. Et s’approchant avec
le lion humilié [paisible] jusque sur le bord du mur du préau joignant
le chemin, et à un pas près de sa majesté, lui dit assez hautement [avec
une voix très forte] :
Le grand plaisir de la chasse usitée,
Auquel par monts, vallées et campagnes
Je m’exercite [m’exerce] avec mes Compagnes,
Jusqu’en vos bois, Sire, m’a incitée,
Où ce Lion d’amour inusité
S’est venu rendre en cette notre bande,
Lequel soudain à sa privauté [familiarité] grande
J’ai reconnu, et aux gestes humains,
Être tout vôtre. Aussi entre vos mains
Je le remets et le vous recommande.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 589

Ceci dit d’une bien bonne grâce, toutes lui firent la révérence. Et sa
majesté l’ayant attentivement écoutée, et toutes regardées et saluées, se
partit content de leur plaisante chasse et d’assez jolie invention.
[…]
Passant outre la rue de Flandres, sa majesté entra au Change où était
une perspective d’une place de ville refigurant [représentant] Troie.
Joignant laquelle s’élevaient deux plates-formes, sur l’une un Dieu
antique, sa couronne à pointes et un trident en main, un roc devant
soi, de l’autre une bien belle jeune fille, l’armet [le petit casque] en tête
riche et reluisant de pierreries, sa robe troussée découvrant ses bottines
et le tout couvert d’une merveilleuse richesse, en la main une lance,
s’appuyant de l’autre sur un pavois auquel était la tête de Méduse ;
désignant tous deux la contention [la dispute] que Neptune et Pallas
eurent sur la cité de Troie, lequel des deux créerait chose plus [la plus]
utile à l’homme. Sa majesté là arrêtée, Neptune frappa de son trident
sur le roc et soudain sortit un cheval jusqu’à demi de terre, mouvant
pieds, tête, oreilles et yeux tout ainsi que s’il fut vif [vivant]. Et sur ce,
Neptune dit ainsi, parlant à Pallas :
De mon trident, ce cheval je procrée
Non tant pour être à l’homme familier
Que pour servir cet heureux chevalier,
Qui tout ce siècle à son venir recrée.

À la fin de ce dicton [sentence], Pallas lui répondit d’un gracieux et


pudique maintien :
De cette lance, où toute force ancrée
De Mars jadis confondait les alarmes,
De ses haineux humiliant les armes,
Lui rendra paix qui tant au monde agrée.

Son dire fini, elle planta sa lance en terre et, tout aussitôt, commença
à fleurir et fut convertie [changée] en olivier, voulant donner à entendre
[comprendre] que la force et puissance de sa majesté seront telle crainte
à ses ennemies que leur malveillance se convertira en paix.
[…]
Et en cet équipage, la reine vint jusqu’à Pierre Scize, où elle trouva
Diane chassant avec ses Nymphes diversifiées d’accoutrement de velours,
Ill. 38 – Bernard Salomon, La perspective du Change, gravure sur bois tirée
de [Maurice Scève], La Magnificence De La Superbe Et Triumphante entrée
de la noble & antique Cité de Lyon faicte au Treschrestien Roy de France Henry
deuxiesme de ce Nom, Et à la Royne Catherine son Espouse le XXIII.
de Septembre M. D. XLVIII, Lyon : Guillaume Roville, 1549, fo [G 4].
© cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 355 882.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 591

satin et taffetas vert, et le même lion du jour précédant fors [excepté]


qu’il s’ouvrit la poitrine, montrant les armes d’elle [ses armes] au milieu
de son cœur, et à l’heure [à ce moment] Diane lui dit en cette sorte :
Vous faisant part, princesse très prudente,
De notre chaste et honorable quête,
Vous présentons cette amoureuse bête,
Qui de son gré toute à vous se présente.

Et lui ayant fait la révérence, la reine passa outre [avança] […].


La reine […] passa outre sans pouvoir bien bonnement [correctement]
contempler, et selon le désir de sa générosité, l’excellence des spectacles et
théâtres pour [à cause de] la nuit qui avançait d’avantage par [en raison
de] l’ombrage des toiles tendues, en sorte qu’on fut contraint allumer
grand nombre de torches par les rues. Elle donc, ainsi conduite jusqu’au
Change, trouva aussi Neptune avec Pallas, lequel avant que rien dire
[avant de s’exprimer], fit sortir son cheval, puis dit :

Si je voulus le roi tant estimer,


Que mon cheval dès Troie lui donnai,
Ce mien trident aussi vous destinai
Pour avec moi dominer la grande mer.

Lui ayant montré son trident doré, comme le lui présentant, Pallas
poursuivit après avoir premièrement fait convertir sa lance en arbre de
Paix :
La France alors commençant à aimer,
Muai pour vous, princesse sage et bonne,
La guerre en paix, comme le ciel s’adonne
À vos vertus hautement consommées.

Le plaisir reçu de leur affectueuse démonstration, se détourna


[s’engagea] en la rue sainct Jean […].

Source
[Scève, Maurice], La magnificence de la superbe et triumphante entrée de
la noble & antique cité de Lyon faicte au treschrestien roy de France Henry
deuxiesme de ce nom, et à la royne Catherine son espouse le XXIII. de septembre
592 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

M. D. XLVIII, Lyon : Guillaume Rouillé, 1549, fol. D4 vo-E, fol. G3 vo,


fol. I4-K (exemplaire de Lyon, Bibliothèque municipale, Rés. 355 882).
Texte transcrit par David Clot.

VI.01.D. L’ENTRÉE DE CHARLES IX (13 JUIN 1564)

Document

Ce spectacle, à la vérité, recommandable, et d’industrie [habileté]


ingénieuse, fut assez [très] longuement contemplé par le roi, lequel enfin
marchant outre [avançant] entra dans la porte de Vaise, en laquelle il
trouva messieurs les échevins de Lyon revêtus comme ci-dessus nous
avons déduit [exposé]. Lesquels, ayant très humblement salué sa majesté
avec révérence condigne [due], lui présentèrent un poêle [dais] de fin drap
d’or frisé, excellement riche, fait en ouaille [laine de brebis], ayant six
colonnes royales semées de fleurs de lys d’or en champ d’azur, et au-dessus
un dôme soutenu aussi de six colonnes. Sous lequel ce roi très chrétien
marcha jusqu’au roc composé par l’artifice de nature [l’imitation de la
nature], assis [placé] près de la porte de Bourg-neuf. Et là fut constuit
un théâtre spacieux, moult [très] forjeté en place [très avancé sur la
place], lequel eut le devant de son soubassement bâti à la rustique. Au
pourpris [enclos] de dessus fort ample, apparut une prairie délectable,
et au milieu d’icelle la fontaine de Parnasse, jetant eau plantureuse.
En icelle prairie fut vu Apollon tout revêtu à l’antique d’accoutrement
de satin blanc, enrichi d’or, couronné de laurier et tenant une lyre en
main, et lequel faisant très humble révérence à sa majesté, lui proféra
une harangue diserte, exprimée par les vers suivants :
apollon au roi
Prince que je connais plus que moi reluisant,
Plus que moi fleurissant, plus de biens produisant,
Plus grand et plus parfait en ta jeunesse blonde,
Que moi qui après toi suis lumière du monde :
Moi qui suis Apollon, à qui rien n’est couvert [caché],
À qui de ton dessin le secret est ouvert,
Et qui de toi avant avais la connaissance
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 593

Que de sang immortel ta grandeur eût naissance :


Crois-moi, roi, que j’avais longtemps adiviné [deviné]
Que lorsque France aurait un Charles couronné
Qui le nombre parfait des filles de Mémoire1
Atteindrait de ce nom, accomplie la gloire
Serait lors [alors] des Français. Car accompli ce prince
Heureuse dessous lui rendrait toute province,
Et trois et trois fois grand il serait surnommé
Et par tout l’univers sur tous rois renommé.
Il aurait sur le front telle majesté peinte
Que du premier abord le vice en aurait crainte,
S’enfuyant devant lui : si que [si bien que] le bannissant
Ceux qui le recevraient il serait punissant.
Par lui le siècle d’or en France tournerait [reviendrait],
Et avec lui toujours il y séjournerait.
Ainsi de toi jadis ma parole prophète
Roi Charles prédisait, qui est ores [aujourd’hui] parfaite [accomplie],
Car neuvième du nom, mes neuf Sœurs tu comprends,
Le mieux d’elles aimé, les sciences apprends2,
Et sont de l’Âge d’or les richesses connues
Par Justice et ses sœurs pour toi du ciel venues,
Lesquelles dans Lyon tu verras révérées
Et pour te recevoir et aimer préparées.
Non toutefois avec si plaisant appareil [préparatifs]
Que mérite le roi qui n’a point son pareil.
Beau et grand tes sujets l’avaient bien su choisir,
Mais de l’achever tel ils n’ont eu le loisir.
Jamais peuple ne fut en paisible cité
Son prince tant aimant, d’aise [joie] tant incité,
Pour le voir et l’avoir comme le Lyonnais
Dévot à t’obéir. Car, comme je connais [pour autant que je sache],
Ainsi jamais du ciel prince ne descendit
Qui tant que toi heureux tout son siècle rendît.
Sus [allez !] donc, mes doctes sœurs, ce prince saluez,
La grandeur avec moi chantez et le louez.

[…]
Au fond et enchâssure dudit théâtre et au premier étage d’icelui,
fut portraite [représentée] la perspective d’un palais somptueux qui
donnait grande admiration aux spectateurs, tant naïve [naturelle] elle

1 Les neuf Muses.


2 Charles IX a des goûts et des talents de poète.
594 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

se montrait. Et en cet étage apparut une vierge parfaitement belle,


revêtue d’un surcot [vêtement de dessus] de drap d’or et d’une cotte
de satin violet enrichi et recamé [traversé] de large brodure d’argent à
franges de même étoffe, ayant son atour de tête fort riche, diapré d’or
et de pierreries, façonné à mode de [à la manière de] nymphe. Icelle
représentait Justice, se soutenant droite et portant le glaive nu en main
dextre [droite] et en la sénestre [gauche] une règle d’or. Icelle vierge
d’une fort bonne grâce salua le roi puis avec un gent [noble] maintien
prononça ces vers,
Roi comblé de bonheur pour enrichir ton âge,
Roi plus que Salomon en ta jeunesse sage,
Sous lequel je devais du ciel ici tourner [venir],
Pour le monde avec toi régir et gouverner,
Suivie de mes sœurs, Piété, Paix, Clémence :
Observer je ferai tes saintes lois en France,
Si que [si bien que] sera puni de tant et tant d’excès
Qu’a fait à tes sujets cette Hydre de procès1.
Je m’ébranle déjà ; mon épée j’apprête.
Bien qu’il en ait plusieurs pour la rendre sans tête
Et pour mettre en ta main mon épée très juste,
Régnant sur tous d’un bras équitable et robuste.
Tremblez, méchants, tremblez, car les obstinés
Pour la sûrté des bons seront exterminés.

Source

Discours de l’entree de tresillustre, trespuissant, treschrestien, et tresvictorieux


prince Charles de Valois neuviéme de ce nom roy de France en sa tresrenommée
et fameuse ville de Lyon, le treiziéme jour de juin, M. D. LXIIII. avec la
declaration des arcz triomphans, & autres magnifiques figures & portraicts,
Paris : Mathurin Bréville, 1564, fol. C4-D, fol. D2 vo-D3 (exemplaire
de Paris, Bibliothèque nationale de France, Lb33-150). Texte transcrit
par Pascale Mounier.

1 Certainement les protestants ou les guerres civiles.


LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 595

VI.01.E. L’ENTRÉE D’HENRI III (6 SEPTEMBRE 1574)

Document

De là Sa Majesté, accompagnée de la reine mère, de Monsieur1,


du roi de Navarre à cheval à côté de celle-ci, de la reine de Navarre
son épouse, du duc de Savoie et de plusieurs autres princes et grands
seigneurs, arriva dans sa ville de Lyon en habit de deuil royal2 dedans
[dans] un coche couvert de velour noir. Et arrivée qu’elle fut à l’entrée
du champ de Bellecourt, les consuls et échevins de ladite ville, avec
toute humilité et révérence la saluèrent, entre lesquels il y en eut un,
lequel lui fit la harangue de la part de la ville.
Et dans ledit champ de Bellecourt étaient trente-six enseignes ou penons
de ladite ville, bien en conche [en ordre], lesquels, avisant [apercevant] sa
majesté venir et passer ledit champ de Bellecourt, firent une plaisante et
gentille escopetterie [décharge d’arquebuse], qui donna aussitôt avertissement
à ceux de la citadelle, du boulevard [fortification] Sainct Jean et plusieurs
autres lieux de la ville de saluer sa majesté de plusieurs coups de canon.
Tout à l’heure [aussitôt] le peuple, pour témoigner de leur bonne
volonté et affection et de la joie extrême qu’il avait de voir sa majesté, se
prit à crier tous d’une voix si haut « Vive le roi ! » que l’on n’entendait
audit champ le son des cloches, ni le bruit de l’artillerie.
De là sa majesté arrivant en son bateau susdit, préparé au port de
Rontalon, ledit sieur de Mandelot, gouverneur, y reçut sa majesté et
passa [traversa] l’eau pour aller en son logis, qui est l’Archevesché.
Un peu après, sur le soir, fut fait en signe de joie et allégresse, sur la
rive de Saône audit port de Rontalon, un feu vis-à-vis dudit Archevesché,
hôtel [logement] de sa majesté, lequel feu lesdits échevins et consuls de
la ville allumèrent. Et sur ce point [à ce moment-là] on tira plusieurs
coups de canon de son arsenal et furent par semblable [de même] toutes
les cloches des églises de la ville sonnées.
Le mercredi, huitième dudit mois, jour de la nativité Notre-Dame,
sa majesté alla ouïr la messe en ladite église Sainct Jehan, laquelle messe
1 François de France (1555-1584), frère des rois François II, Charles IX et Henri III.
2 Charles IX est mort le 30 mai.
596 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

fut chantée dévotement en musique et célébrée par monsieur d’Angers,


qui administra [servit] sadite majesté assistée de deux cardinaux, des
princes et grands seigneurs de sa cour, avec une très grande multitude
de peuple, louant Dieu de bon cœur de son heureux retour en la France1
et se réjouissant de contempler la face de leur prince, en l’absence duquel
il était toujours demeuré en tristesse, pour [en raison de] l’infortune
advenue par la mort du très chrétien roi de France dernier, maintenant
réparée par l’avènement à la couronne du très chrétien roi de France et
de Pologne, Henry de Valois troisième de ce nom, que Dieu nous veuille
par sa grâce longtemps maintenir et garder (car de sa volonté dépendent
les monarchies et royaumes) et permettre qu’il régisse et gouverne ses
sujets en paix et tranquillité à son grand honneur et profit de toute la
république française.

Source

L’ordre tenu à l’arrivée du treschrestien roy de France et de Pologne, Henry


de Valois troisiesme de ce nom, faicte à Lyon le sixiesme jour de septembre, mil
cinq cens septante quatre, Lyon : Benoît Rigaud, 1574, fol. 11-14 (exem-
plaire de Lyon, Bibliothèque municipale, Rés. 355895). Texte transcrit
par Pascale Mounier.

VI.01.F. L’ENTRÉE D’HENRI III (6 SEPTEMBRE 1574)

Document
« Du songe nous voyons, ô roi, l’expérience [les faits réels] :
Vous êtes le Chasseur plein de gloire et puissance,
Et je suis le Lyon qui d’un cœur vertueux
Ai l’Hydre combattu, à savoir vos haineux.
La Sphère accompagnant vos sceptres signifie
Que l’Europe sera à votre empire unie
Et tout le monde encore, ô Alcide françois [français],
Et que vous soumettrez l’univers à vos lois,

1 Le roi revient de Pologne, où il régnait depuis 1573.


LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 597

Obéi [vous serez obéi], d’où Phébus commence sa carrière


Jusqu’au lieu où, lassé [fatigué], il trempe la crinière
De ses chevaux recrus dans l’onde de Thétis
Et où les peuples sont basannés mi-rôtis
Vers la double Éthiopie, où cette ardente torche
Éclairant l’univers les voisine et approche.
Votre nom est déjà aux pays plus lointains
Des ailes du parler porté aux souterrains [pays sous la terre].
Votre honneur sera dit en mille et mille modes [manières],
Loué d’un grave vers, chanté dedans [dans] les odes
Par le poète1 épris de divine fureur,
Appuyé maintenant dessous votre faveur.
Les poètes ce sont par leurs œuvres poétiques
De l’heur [prospérité] qui vient aux rois les prêtres fatidiques.
Chérissez donc toujours un Ronsard timbréen
Et d’autres animés [inspirés] d’Apollon cynthien :
Un Baïf, un Belleau, un Filleul, un d’Amboise.
Mais chérissez surtout la Muse vendômoise,
Qui de vous, triomphant du dieu bistonien
Que vous pouvez tenir serré sous le lien,
Fera, roi valeureux, la mémoire éternelle
Par une Henriade et autre œuvre nouvelle.
Recevez cependant, ô grand roi de Valois,
La bonne volonté du peuple lyonnois,
Qui, vous souhaitant roi sans guerre et sans envie,
Vous présente humblement son pouvoir et sa vie. »
Cela dit se taira et verra ce grand roi
Du peuple lyonnais le bon cœur et la foi.
Chacun retournera [repartira] et d’une voix divine
À son honneur dira, retournant [adressant] un bel hymne.

Source

Chappuys, Gabriel, Heureux presage sur la bien venue du tres chrestien roy
de France & de Polongne, Henry de Valoys troiziesme, en sa tres antique &
fameuse ville & cité de Lyon, Lyon : Benoît Rigaud, 1574, fol. B2-B2 vo
(exemplaire de Lyon, Bibliothèque municipale, Rés. 355896). Texte
transcrit par Pascale Mounier.

1 Ronsard.
598 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

VI.01.G. L’ENTRÉE D’HENRI IV (4 SEPTEMBRE 1595)

Document

Depuis ce grand coup d’état, cette vive et généreuse résolution que la


ville de Lyon suivit pour, en s’affranchissant d’une servitude étrangère1,
se remettre sous la juste obéissance de celui que Dieu, la nature et la
loi avaient déclaré roi de France, elle n’eut plus grand désir au cœur,
plus ferme pensée en l’âme que l’heur [prospérité], l’honneur et le
contentement de voir cet Hercule des Français, qu’elle ne reconnaissait
que par la vive image de sa bonté, les salutaires effets de sa clémence et
la réputation de sa valeur, n’attendant d’autre main que de la sienne le
rétablissement de ses ruines, le soulagement de ses citoyens, la guérison
de ses plaies, ne se promettant que de sa présence l’éloignement de ses
ennemis et la fin de ses misères.
Et le roi, considérant que cette réduction avait crevé les voiles qui
bandaient les yeux de la plus grande et moins sainte partie de ses sujets,
désespéré les espérances de ses ennemis et que ce coup avait justement
donné aux [touché les] cœurs des plus obstinés, ne désirait rien tant
que de visiter sa bonne ville de Lyon, qui par sa fidélité s’était acquise
l’illustre surnom de fille aînée de sa couronne, comme celle qui avec
tant de sincérité et d’allégresse s’était jetée entre ses bras sans autre
mouvement que de la seule gloire d’être la première à se reconnaître,
ainsi qu’elle avait été la dernière à se débaucher.
[…]
Le roi passa le portail qui était dressé à l’endroit où autrefois on
voyait la première porte de Lyon, qu’on appelle aujourd’hui le bourg
neuf. L’architecture était d’ordre ionique, haute de quarante et huit pieds,
large de vingt, avec ses colonnes, architrave, frise et corniche, enrichie
d’infinis embellissements, lettres à la force et générosité de ce grand
Timoléon de France et à la fidélité inviolable, constance et fermeté de
la ville de Lyon au service de sa majesté, et pource [pour cette raison]
tout chargé de lion,
1 La ville a chassé le gouverneur Charles-Emmanuel de Savoie, duc de Nemours, qui avait
incité les protestants à se soulever et qui la tyrannisait.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 599

Généreux animal, qui n’est si fier aux fiers,


Que courtois aux courtois, qui prête volontiers
L’oreille pitoyable à cil [celui] qui le supplie
Et qui d’un cœur ingrat les biens reçus n’oublie.

Sur la grande corniche du second ordre de cet arc paraissaient en


colosse trois lions de sculpture de marbre feint [factice]. Celui qui était
sur un piédestal, au milieu, tenait deux rameaux de palme et avait des
ailes au dos, avec cette devise : Mihi virtus addidit alas1, pour dire qu’un
grand courage porte ses ailes et montrer que la ville de Lyon ajouta à
sa bonne volonté et à ses forces les ailes d’une prompte résolution pour
se rendre au service du roi. La même devise fut reconnue sous un autre
corps en l’enseigne neuve du quartier saint Vincent et jugée des plus
belles et ingénieuses.
Au milieu du piédestal en lettres d’or et fond d’azur : Regiæ fortitu-
dini2. Car, comme le lion est un hiéroglyphique [emblème] de générosité
et de magnanimité, encore [de même] était-il élevé en ce lieu avec trois
étoiles au front et une à la poitrine, pour le signe céleste qui se trouva
en l’onzième maison de la nativité [naissance] du roi, calculée sur son
horoscope du 13 jour de décembre à une heure six minutes après midi
de l’année 1553. Aussi tous les exploits du roi ne sont qu’effets d’une
grande valeur et d’une générosité admirable. Et les jugements astro-
nomiques favorisent amplement les entreprises de ceux qui ont le lion
en ce domicile, qu’ils appellent de la bonne fortune et des expéditions.
Le lion qui était à la droite n’avait point d’ongles et sa poitrine était
couverte d’une rondelle d’acier, avec ce mot : Concors in pectore virtus3, se
rapportant à l’union et concorde des citoyens, qui est la principale force
d’une ville, comme celle du lion n’est pas aux griffes ni aux ongles, ains
[mais] en la vigueur de son courage. Pour ce [pour cette raison] Pline
dit : Leone vis maxima in pectore4.
Le lion de l’autre côté ouvrait sa poitrine, de laquelle sortait une
vigoureuse Flamme et, pour montrer que la nature de cet animal est
toute de feu, était écrit au dessous : Mihi vigor igneus5. La plus grande

1 La Vertu m’a redonné des ailes.


2 À la toute-puissance de la royauté.
3 La vertu est concorde dans le cœur.
4 La plus grande force du lion est dans son poitrail.
5 Ma force est feu.
Ill. 39 – Jean Perrissin, Portrait du roi Henri IV, gravure sur cuivre tirée de
Les deux plus grandes, plus celebres et memorables resjouissances de la ville de Lyon,
1598, frontispice. © cliché Bibliothèque municipale de Lyon :
Thibaud Ancelin, Rés. 116181.
Ill. 40 – Jean Perrissin, Le cortège royal, gravure sur cuivre tirée de Les deux plus grandes, plus celebres et memorables
resjouissances de la ville de Lyon, Lyon : Thibaud Ancelin, 1598, frontispice. n. p.
© cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 116181.
602 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

ardeur du soleil se reconnait quand il loge en ce signe, lorsqu’il sèche


l’herbe des prés et le froment des plaines et qu’il fait tarir les fleuves.
Sous la corniche, s’enfonçait une grande niche remplie de quatre
figures : le Rhône en faune, la Saône en nymphe, versant de leurs vases
toutes sortes de fruits, auprès du lion qui était entre deux, et Plancus
derrière. Et en cela se représentait l’histoire de l’édification de Lyon, la
commodité de son assiette [site], l’abondance et le commerce qu’il retire
de ses fleuves. Le lion avait au col [cou] les armes de la ville avec ce vers
imité de l’inscription qui se trouva au collier du cerf de Jules Cesar :
Henricus Cæsar me tanto munere donat1.

Source

Matthieu, Pierre, Les deux plus grandes, plus celebres et memorables resjouis-
sances de la ville de Lyon. La premiere, pour l’entrée de tres-grand, tres-chrestien,
tres-victorieux prince, Henri IIII. roy de France & de Navarre. La seconde, pour
l’heureuse publication de la paix. Avec le cours & la suite des guerres entre les
deux maisons de France & d’Austriche, Lyon : Thibaud Ancelin, 1598, p. 1,
p. 36-38 (exemplaire de Lyon, Bibliothèque municipale, Rés. 116181).
Texte transcrit et ponctuellement traduit par Pascale Mounier.

VI.01.H. L’ENTRÉE DE MARIE DE MÉDICIS (3 DÉCEMBRE 1600)

Document

En cet ordre elle arriva à la porte du pont du Rosne, où elle était


attendue par M. le prévôt des marchands, lequel avec les autres échevins
lui présenta le poêle [dais], les clefs de la ville et ces paroles :
« Madame, ce Lyon, qui a témoigné par tant d’actes signalés son
devoir qu’il est généreux d’effet comme de nom, ne présente les clefs
de ses portes à votre majesté par des cœurs féminins comme il le fait
en d’autres lieux, ains [mais] par la main d’un chevalier échappé de

1 « Henri, César, me gratifia de tant de richesse. »Selon certains historiens, un cerf possédant
une inscription a été donné par Jules César aux rois de France.
LES ENTRÉES DE LA FAMILLE ROYALE À LYON (1515-1600) 603

plusieurs combats, votre très humble sujet et fidèle serviteur, lequel


prosterné à vos pieds, vous offre par même moyen [de la même manière],
les cœurs, les vœux et les affections de tous ses concitoyens. Que si en
cette réception vous ne trouvez tant de pompe et magnificence comme
votre majesté mérite et que jadis en fut faite à la reine Catherine votre
très honorée tante, que Dieu absolve, accusez-en les disgrâces passées
et la brièveté du temps que nous avons eu pour nous y préparer. Car en
affection et désir de vous faire humble service, nous ne cédons à autre
[aucune autre] province de votre royaume. »
Ce devoir achevé, il monta à cheval et prit son rang devant la litière
de la reine. Devant lui marchaient les gladiateurs et maîtres d’escrime,
le sieur de Masso, lieutenant du sieur du Soleil, les mandeurs [huissiers],
les officiers de la maison de ville [hôtel de ville].
Le poêle [dais] de la reine était porté par quatre échevins,
M. de Jarnioust, M. de Poculot, M. de Regnaut, M. de Masso, sei-
gneur de Saint Andre du Coing en la place et par l’indisposition de
M. de Myons, premier échevin.
Après la reine venaient les princesses, duchesses, et autres grandes dames
de la cour en leurs carrosses, et après tout cela les chariots de la reine.
En cet ordre sa majesté entra en la ville, l’artillerie tonnant, les trom-
pettes, hautbois et instruments de musique sonnant, les rues tapissées,
les principales places ornées et embellies des arcs, portiques, pyramides
et théâtres qui sont représentés en la figure1 […].

Source

Matthieu, Pierre, L’entrée de la Reine à Lyon le III. decembre M. D. C., Lyon :


Thibaud Ancelin, 1600, f. 23 vo-24 vo (exemplaire de Lyon, Bibliothèque
municipale, Rés. 355891). Texte transcrit par Pascale Mounier.

Bibliographie de VI.01

Berens, Romaine, « Jean Perreal in Lyon : die “Entrée royale” von


François I. in Lyon im Jahre 1515. Studie zu einem Wolfenbütteler
Codex (Codex Guelf. 86.4 Extravagantum) », Wolfenbütteler Renaissance-
Mitteilungen, 20 (1996), p. 112-131.

1 L’édition du livret comporte une gravure du cortège.


604 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Burin, Elizabeth, Manuscript illumination in Lyons, 1473-1530, Turnhout :


Brepols (Ars nova ; 3), 2001 p. 31-33, 209-211.
Capodieci, Louisa, « Procul este profani : hermétisme et symbolique du
pouvoir dans l’entrée de Charles IX à Lyon en 1564 », dans Vérité et
fiction dans les entrées solennelles à la Renaissance et à l’Âge classique, éd. par
John Nassichuk, Québec : Les Presses de l’université de Laval (Les
collections de la République des Lettres : symposiums), 2009, p. 151-188.
Cogoluenhes, Henri, « Un séjour lyonnais d’Henri IV (1595) », Rive
gauche, 158 (septembre 2001), p. 23-27.
Cooper, Richard, « Court festival and triumphal entries under Henri II »,
dans Court festivals of the European Renaissance : art, politics and performance,
éd. par James Ronald Mulryne et Elizabeth Goldring, Aldershot /
Burlington, VT : Ashgate, 2002, p. 51-75.
Cooper, Richard, « Humanism and politics in Lyon in 1533 », dans
Intellectual life in Renaissance Lyon : proceedings of the Cambridge Lyon
Colloquium, 14-16 April 1991, éd. par Philip Ford et Gillian Jondorf,
Cambridge : Cambridge University Press (Cambridge French Colloquia),
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LA RÉÉCRITURE MYTHIQUE
DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME

VI.02. LE RÉTABLISSEMENT DE L’AUTORITÉ ROYALE


D’APRÈS GUILLAUME PARADIN (1573)

Documents présentés et transcrits par Marthe PAQUANT

Présentation

Guillaume Paradin (ca. 1510-1590), doyen du chapitre de Beaujeu,


doit sa notoriété à ses ouvrages consacrés à l’histoire : l’Histoire de nostre
temps (1551), la Cronique de Savoye (1552 et 1561), les Annales de Bourgogne
(1566) et les Mémoires de l’Histoire de Lyon, qu’il rédige à la demande de
la municipalité et qu’il publie en 1573. Cet ouvrage lui vaudra le res-
pect des historiens car, en précurseur, il mêle le travail sur documents
d’archives à l’épigraphie, se rapprochant ainsi dans sa façon d’écrire
l’histoire de la méthode moderne.
Les cinq chapitres présentés ici concernent le rétablissement de l’autorité
royale à Lyon et ils couvrent dans l’ouvrage les années 1563 à 1568. Ils
suivent la période des troubles pendant laquelle Lyon tombe aux mains des
protestants après leur coup de force d’avril 1562 jusqu’à la reprise en mains
de la ville le 15 juin 1563 par le maréchal de Vieilleville. Paradin ne dit
presque rien des treize mois de la période troublée. Dans ces cinq chapitres
il relate principalement les décisions royales, recopie les textes officiels
témoignant de cette reprise en mains. Au chapitre xxxiii, il évoque un
des gestes du roi en faveur de Lyon : le rétablissement des foires qui avaient
été transférées à Chalon pendant les troubles (VI.02.a). Les lettres patentes
ont été reçues par François-Louis d’Agoult de Montauban, le lieutenant
général du Lyonnais, Forez, Beaujolais et Bourbonnais. Le chapitre xxxvi
608 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

relate l’arrivée du maréchal de Vieilleville et la pacification de la ville


par ce dernier (VI.02.b). Le chapitre xxxix est consacré à la venue du roi
Charles IX le 13 juin 1564, lors du tour de France qu’il a entrepris de 1564
à 1566 pour renouer contact avec ses sujets et leur réapprendre l’obéissance
(VI.02.c). Après un passage à L’Île-Barbe et dans différents châteaux, comme
ceux de Beauregard et du Perron, le roi rencontre Emmanuel-Philibert de
Savoie à Miribel. Son entrée est à peine évoquée et contraste avec l’entrée
royale rapportée l’an même de l’événement dans un livret publié à Lyon
(VI.01.d), car Paradin dresse un tableau bien sombre de la ville, dévastée
après les troubles et en proie à une épidémie de peste. Dans le temps passé
à Lyon le roi ordonne la construction d’une citadelle sur la colline Saint-
Sébastien, dont les travaux mettent au jour des antiquités. Ces découvertes
sont mentionnées par Paradin, qui a bien conscience de l’importance
des vestiges du passé, en particulier pour les historiens. Au chapitre xl,
Charles IX, dans sa reprise en mains, instaure dans tout le royaume un
contrôle des élections aux corps de la ville partout où se trouve un évêché
ou archevêché, un parlement ou un présidial ; à Lyon le contrôle s’exerce
sur l’élection des conseillers et échevins de la ville, suscitant une montée
de mécontentement et de protestation (VI.02.d). Le chapitre xli récapitule
ou cite textuellement quelques-unes des ordonnances prises par le pouvoir
pour éviter tout risque de troubles et conforter l’obéissance des habitants
au roi, dont celles spécifiquement établies pour surveiller les protestants
(VI.02.e). La crainte de nouvelles insurrections est donc toujours palpable.
Guillaume Paradin ne fait d’ailleurs, dans toute sa liste des ordonnances,
à caractère largement coercitif, aucun commentaire personnel, s’en tenant
à un rendu strictement événementiel.
VI.02.A. LE RÉTABLISSEMENT DES FOIRES (19 MARS 1563)

Document

Chap. xxxiii
Des foires remises et rétablies en la cité de Lyon, et révoquées de
Chalon, après les premiers troubles.

L’an 1563. Après le premier Édit de pacification des troubles, fait


le dix neuvième jour de mars, l’an mille cinq cens soixante trois,
le roi désirant remettre et restituer toutes choses en leur premier
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 609

état, révoqua les foires qui pendant le temps des troubles avaient été
translatées [transférées] de Lyon en la ville de Chalon en Bourgogne, à
cause qu’ [parce que] étant ladite ville de Lyon occupée par la guerre,
le commerce accoutumé ne s’y pouvait exercer ; tellement qu’ [si bien
que] étant les choses pacifiées, le roi voulut remettre et rendre à la cité
de Lyon son ornement et décoration, dont les rois ses prédécesseurs
l’avaient honorée. Et furent les foires susdites remises en la cité de
Lyon par lettres patentes de sa majesté, adressées au comte de Saux,
chevalier de son ordre et son lieutenant général au gouvernement de la
ville de Lyon etc., et au trésorier général de ses finances établi à Lyon
et au sénéchal dudit lieu et conservateur des privilèges desdites foires.
Desquelles lettres les mots sont tels : « Ayant plu à Dieu mettre fin
aux troubles de notre royaume, par la paix qu’il nous a donnée, suivant
l’édit de laquelle celles de nos villes qui durant lesdits troubles ont
été en la puissance de ceux de la religion prétendue réformée ayant
les armes en main ont été réduites à leur première liberté, commerce,
sûr accès, trafics et négociations. Entre lesquelles se trouve de présent
notre bonne ville et cité de Lyon être des principales, et où lesdites
armes ont été depuis naguère mises bas étant les habitants d’icelle
soumis à toute obéissance et observation de nos édits, ordonnances et
commandements. Au moyen de quoi et afin de la remettre en sa pris-
tine [précédente] négociation, commerce et trafic, y étant maintenant
les affaires réduites [ramenées] en grande tranquillité et douceur, avec
bonne union, réconciliation et aimable intelligence les uns avec les
autres, nous ayant tous assemblement [d’un commun accord] assurés
et promis de vivre dorénavant en cette façon, avec l’entière obéissance
qu’ils nous doivent, nous, pour ces causes, et autres bonnes, justes et
raisonnables considérations à ce nous mouvans [incitant], avons par
l’avis de notre très honorée dame et mère la reine, princes de notre sang
et seigneurs de notre conseil, ordonné, voulu et déclaré, ordonnons,
voulons et déclarons par ces présentes que les foires, changes et paye-
ment de celles-ci, ensemble les gabelles, douanes et autres impositions
qui auparavant lesdits troubles se tenaient et levaient en notre dite
ville de Lyon, et lesquels au moyen de [en raison de] ces troubles nous
avons transférés et permis être faits, tenus et levés en notre ville de
Chalon, en Bourgogne ou ailleurs, seront remis, rétablis et restitués,
tenus et levés en notre dite ville de Lyon. » […]
610 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, III, 33, p. 365-366.
VI.02.B. LA REPRISE EN MAIN DE LA VILLE PAR LE MARÉCHAL DE VIEILLEVILLE
(15 JUIN 1563)

Document

Chap. xxxvi
Les causes de la venue de monseigneur le maréchal de Vielle-Ville
à Lyon en ladite année.

La cité de Lyon étant composée quasi de toutes les nations qui


sont sous le ciel, à cause de la variété du commerce et les advenues
[arrivées] en la Gaule de toute l’Europe, tant par mer que par terre,
il est bien malaisé de contenir tant de cerveaux de diverses et tant
contraires humeurs, d’autant que divers climats opèrent effets différents
et contraires, ainsi en la cité de Lyon, ce qui est agréable à une nation
est odieux à l’autre. Tellement que [si bien que] après les premiers
troubles les citoyens extraits [issus], originaires et indigènes de la cité
se rendaient très obéissants au roi et à son édit de pacification, mais
le vulgue [le peuple] et populasse, fait de pièces rapportées, faisaient
comme divers animaux et bêtes sauvages, tigres, lions, lynces [lynx],
lubernes [panthères], loups, chiens, renards et autres enclos [enfermés]
en une même cage, lesquels on ne peut garder de se mordre, égrati-
gner et gronder l’un à l’autre, de mode que [de sorte que] la révérence
[l’autorité] et vigilance du magistrat ne pouvait empêcher qu’il n’y
eut toujours quelque altération de repos en la ville, encore qu’on leur
proposât plusieurs aigres et rigoureux supplices. Quoi considérant, le
roi fit élection [le choix] de la personne du seigneur de Vielle-Ville,
maréchal de France, comme de celui qui pouvait par sa faconde dou-
ceur amener à obéissance et par sa grave autorité contenir en crainte
ce populaire bigarré de tant de nations. Ledit seigneur maréchal, étant
arrivé à Lyon et désirant pacifier premièrement les émotions [troubles]
qu’il connaissait être ceux de la religion qu’on prétend réformée et les
catholiques, pour raison des temples, fit publier une ordonnance par
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 611

laquelle il donna ordre à ce différend, ordonnant que dans six mois


ceux de ladite religion se départiraient des temples qui lors [alors] leur
furent permis par ledit seigneur, et pendant ce temps en pourraient
bâtir d’autres pour l’exercice de leur religion prétendue réformée.
Cette ordonnance fut publiée à Lyon le vingt-quatrième de juin. Au
premier jour du mois de juillet ensuivant [suivant] fut publiée à Lyon
autre ordonnance suivant le rétablissement de foires, qui du temps des
troubles avaient été translatées [transférées] en la ville de Chalon en
Bourgogne. Par cette ordonnance était très expressément commandé
à toutes personnes, de quelque état, nation et condition qu’il fût, qui
voulait fréquenter les foires de la cité de Lyon, et mêmement [notam-
ment] aux redevables pour cause des prochains paiements de la foire
des Rois qui était passée, de ne faire lesdits paiements ni autres des
foires subséquentes [suivantes] ailleurs que en la ville de Lyon. Et pour
ce [pour cette raison] était enjoint à tous ceux qui voulaient préfiger
[déterminer] le jour des changes et paiements en la cité de Lyon de s’y
rendre et trouver dans le dixième dudit mois de juillet pour arrêter
[fixer] à la manière accoutumée le jour desdits changes et paiements.
Davantage [en outre] était enjoint aux marchands de faire conduire à
droiture [directement] en la ville de Lyon toutes sortes de marchandises
venant des pays étranges [étrangers] et autres et décharger celles-ci
à la douane du roi pour y payer les droits anciens et accoutumés, et
ce sur peine [sous peine] de désobéissance et confiscation desdites
marchandises, le tout suivant l’édit de la paix par lequel est ordonné
de rétablir le commerce en toutes les villes de ce royaume ainsi qu’il
était auparavant les troubles. Les villes de Provence ne rendirent telle
[la même] obéissance à mondit seigneur le maréchal que Lyon.

Source

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, III, 36, p. 372-373.
612 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

VI.02.C. LA VISITE DE CHARLES IX ET AUTRES ÉVÉNEMENTS (JANVIER 1564)

Document

Chap. xxxix
De la venue du roi Charles neuvième en sa cité de Lyon,
avec la reine sa mère et de la citadelle nouvellement édifiée.

L’an 1564. Le roi Charles neuvième, en son nouvel âge et avènement,


étant conseillé de se faire voir et connaître par son peuple après la
pacification des premiers troubles, entreprit de visiter son royaume.
En cette délibération [dans ce but] partit de Paris, ville capitale et
siège des rois, le vingt-quatrième jour de janvier l’an mille cinq cent
soixante-quatre, accompagné de la reine sa mère et plusieurs princes
et seigneurs, et, passant par le pays de Champagne, entra en son pays
de Bourgogne. De Langres vint à Dijon, de là à Seure, puis à Chalon,
auquel lieu, de la part de messieurs les conseillers, échevins, citoyens
et habitants de la cité de Lyon, vint par le contremont [l’amont] de la
rivière de Saône un beau bateau, en équipage et ornement à la royale et
digne d’un si grand roi, pour porter et conduire sa majesté jusques en
leur cité. Le roi, donc, après avoir fait séjour de deux jours seulement
en la ville de Chalon, entra en son bateau lyonnais, le samedi troisième
jour de juin et alla coucher à Mascon, où il fit son entrée. Sa majesté
étant de séjour en la ville de Mascon alla dîner et souper au Pont de
Veyle, en la Bresse, petite ville appartenant à monsieur le comte de
Besne, et de là retourna coucher à Mascon, qui était le sixième jour
de juin. Le vendredi suivant, se réembarqua en son bateau de Lyon et
vint coucher à l’Île, abbaye jadis et maintenant collège de chanoines
séculiers, lieu honoré de la librairie [bibliothèque] de l’empereur
Charlemagne, comme nous avons montré ci-devant [précédemment]. Le
samedi dixième, s’en alla sa majesté souper au logis de monseigneur le
maréchal de Vielle-Ville et retourna coucher à l’Île. Lendemain coucha
à Lyon, où il fut tout le lundi. Puis le mardi treizième de juin, l’an
mille cinq cent soixante-quatre, fit son entrée en ladite cité de Lyon,
qui fut fort belle, et se peut faire jugement de la beauté et magnifi-
cence de celle-ci par la grandeur, richesse et noblesse de la ville et de
ses citoyens. Sa Majesté, après avoir été dans Lyon en grande allégresse
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 613

l’espace de [durant] seize jours, alla dîner et souper à Beau-Regard,


dans lequel lieu monseigneur le duc d’Anjou, frère charnel [de même
sang] de Sa Majesté, se trouva, et retournèrent ce jour coucher à Lyon.
Dans les jours suivants l’on donna le plaisir à sa majesté de plusieurs
ébattements [divertissements], festins et joyeusetés apprêtés tant en la
cité, comme en certaines belles maisons et châteaux des environs de
la ville comme Beau-Regard, le Peron, et autres. Le jeudi quatrième
de juillet, ayant su que monseigneur le duc de Savoie avec madame
la duchesse venaient le trouver, s’en alla dîner à Mirebel, château près
de Monluel, sur le chemin de Geneve ; dans ce lieu, s’étant rencontrés,
ses princes s’en allèrent tous ensemble coucher à Lyon. Le roi étant à
Lyon, lui fut apporté l’ordre du Bleu Jarretier [ordre de la Jarretière],
qui est l’ordre d’Angleterre, qui fut présenté à Sa Majesté par un
grand seigneur du pays qui renouvela les alliances étant entre les deux
royaumes. En ce temps la mortalité fut si extrême en la cité de Lyon
qu’il n’est mémoire, ni par histoires ni de souvenances des vivants,
en avoir vu de plus cruelle car il demeura si peu de personnes après
celle-ci et après la malheurté [le malheur] des troubles que la cité de
Lyon était tant dissemblable à ce qu’elle avait été que peu après l’on
ne la pouvait reconnaître, tant les grandes ruines et la mort l’avaient
défigurée et déguisée. En ce temps fut donné commencement à une
forte et formidable citadelle en la montagne sainct Sebastien, de telle
dimension et si exacte proportion qu’elle domine toute la ville de Lyon.
Elle fut ainsi entreprise pour contenir en obéissance les séditieux et
rebelles, et les bons et obéissants sujets du roi en paix et tranquillité.
Le seigneur de Chambery, sage, accort [avisé] et vaillant, y fut établi
pour en avoir le gouvernement. Au remuement de la terre de ladite
citadelle furent trouvées plusieurs choses antiques comme sépultures
et autres choses mémorables et spectables [qui attirent le regard].

Source

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, III, 39, p. 378-379.
614 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

VI.02.D. LE CONTRÔLE ROYAL DE L’ÉLECTION DES REPRÉSENTANTS


MUNICIPAUX (JUILLET 1564-FÉVRIER 1565)

Document

Chap. xl.
D’une confirmation d’élection et nomination des conseillers
et échevins de la ville de Lyon, faite extraordinairement
par arrêt du conseil privé du roi.

L’an 1565. Le roi Charles neuvième, pour certains grands respects et à


raison des [du fait des] occurrences [circonstances] qui se présentaient, fit
expédier ses lettres patentes, le seizième de juillet, en l’an mille cinq cent
soixante-quatre, touchant les élections des majeurs ou maires, échevins,
gouverneurs, consuls, jurats et administrateurs des villes du royaume de
France, suivant lesquelles les conseillers et échevins de la ville de Lyon
procédèrent à la nomination et élection de plusieurs bons personnages,
jusqu’à double nombre [deux fois plus], d’autant de personnes qu’il
avait accoutumé [qu’il était habituel] être fait. Laquelle nomination fut
envoyée au roi par monseigneur de Losse, lors [alors] lieutenant général
pour sa majesté au gouvernement de Lyonnais, ensemble [en même
temps que] les remontrances faites par les habitants de la ville susdite.
Lesquelles nominations, élections et remontrances ayant sa majesté mises
en délibération par devers [devant] son conseil privé, fut dit, déclaré et
ordonné que, des conseillers qui étaient l’an passé, il en demeurerait pour
la présente jusqu’au nombre de six, c’est à savoir : le seigneur de Feysin,
le seigneur du Vivier, le seigneur de Combelande, Pierre Seve, Leonard
Prunas, Antoyne Perrin ; et pour nouveaux conseillers et échevins : le
seigneur de Servieres Bonin, le seigneur de Salla, le seigneur Girardin
Panse, le seigneur de Sainct Joiri Groz, le seigneur Jacques Bournicard
et François Cousin, lesquels douze conseillers et échevins tant anciens
que nouveaux furent reçus et admis à faire leur charge. Toutefois parce
que telle nomination n’avait été faite par les terriers et maîtres des
métiers de la ville, ès [dans les] assemblées et avec les solennités aupa-
ravant accoutumées (lesquelles le roi voulait pour cette fois seulement
être différées pour certaines bonnes causes), il y eut des oppositions et
appellations interjetées [introduites en appel] de l’ordonnance, vouloir
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 615

et intention du roi. À cette cause, fut dit et déclaré, par arrêt du privé
conseil [conseil privé] que lesdits conseillers et échevins susnommés
auraient depuis le jour de leur réception et serment auparavant fait, tel
et semblable pouvoir, autorité, puissance et commandement de disposer,
ordonner et déterminer des affaires de ladite ville de Lyon, comme ont
toujours eu leurs prédécesseurs conseillers, et qu’il est porté et octroyé
par les syndicats [procès-verbaux] faits et publiés les années précédant les
troubles au jour de la fête de Saint Thomas, en l’église Saint Nizier de
Lyon, et tout ainsi que si lesdits terriers et maîtres des métiers avaient
été assemblés et convoqués pour accorder et faire ladite élection, sans
qu’il fût nécessaire avoir autre aveu ou consentement que ledit arrêt, et
ce pour cette fois seulement, et sans préjudice des privilèges et libertés
de la communauté de la ville de Lyon. Nonobstant protestations, oppo-
sitions ou appellations, lesquelles furent déclarées frivoles [sans valeur],
nulles et impertinentes [inopportunes]. L’arrêt fut donné à Tholose, le
premier jour de février 1565.

Source

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, III, 40, p. 379-380.
VI.02.E. LES ORDONNANCES PRISES PAR LE POUVOIR ROYAL POUR RENFORCER
L’OBÉISSANCE DE LA VILLE (1561-1568)

Document

Chap. xli.
De diverses ordonnances des seigneurs gouverneurs et lieutenants
généraux du roi au gouvernement de la Cité de Lyon,
pour la conservation de la ville en l’obéissance de Sa Majesté.

Nous avons montré ci-dessus l’ordre qui fut donné en la cité de Lyon,
pour la garde de la ville, embellissement et tranquillité d’icelle en l’an
de salut mille cinq cent soixante et un ; depuis, tant monseigneur le
duc de Nemours gouverneur en chef que les seigneurs lieutenants géné-
raux du roi audit gouvernement firent diverses ordonnances, tant pour
la conservation de la ville en l’obéissance de Sa Majesté, que pour autres
616 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

occurrences [circonstances], ainsi que fit monseigneur le maréchal de


Vieille-Ville pour la restitution des temples et pour la reddition des
foires de Lyon en l’an 1563 ; monseigneur de Losse, contre les vagabonds
étant en la ville sans aveu [sans consentement], en l’an 1564 ; une autre
contre ceux, qui en la ville portaient armes couvertes [dissimulées] et
armes à feu, en l’an 1565. Depuis, monseigneur le président de Birague
en fit une pour faire obéir les habitants à leurs penons, qui fut l’an 1567.
Une autre touchant les biens de ceux de la religion prétendue réformée.
Une autre par laquelle est fait commandement auxdits de la religion de
vider [quitter] la ville. Une autre portant défense de ne tumultuer [faire
du tumulte], pour raison d’une mine trouvée et découverte dessous la
citadelle. Une autre au nom de monseigneur le duc de Nemours de l’an
1568 contre les gens sans aveu et vagabonds, auxquels est fait
commandement de vider [quitter] la ville dedans vingt quatre heures,
sur peine [sous peine] d’être pendus et étranglés ; et aux bateliers et
batelières et autres personnes quelconques, d’entrer ou sortir de la ville,
par eau, sans la permission dudit seigneur gouverneur et sans que leurs
bateaux soient visités par ses commis ; et aux hôteliers et cabaretiers de
ne recevoir aucuns [qui que ce soit] en leurs maisons sans les connaître
et savoir leurs noms et armes et du tout [entièrement] en informer et
donner avis audit seigneur, sur les peines contenues en ladite ordonnance
et ès [dans les] précédentes sur tels commandements. Consécutivement
en fut faite une autre par monseigneur de Mandelot, lors [alors] lieute-
nant général de sa majesté au gouvernement de Lyonnais et Beaujolais
en l’absence de monseigneur le duc de Nemours, qui fut en l’an 1568
le 16 de décembre, de laquelle ordonnance nous avons ici inséré la teneur
pour faire paraître de la vigilance et diligence dont on usait en la
conservation de la cité tant importante à cette couronne : « Pour ce que
[parce que] nous sommes informés et bien avertis que parmi le nombre
des allants et venants qui arrivent journellement [chaque jour] en cette
ville il y en a plusieurs étrangers et autres qui s’y arrêtent et séjournent
tant ès [dans les] hôtelleries, tavernes, cabarets qu’autres maisons et logis
particuliers, dont n’ayant autrement connaissance, ni du nombre, ni de
leur condition, il pourrait naître quelque inconvénient et désordre, il
est enjoint à tous capitaines notables, soldats et autres commis à la garde
des portes de cette ville ne laisser entrer en icelle aucune personne que
ce soit, tant de cheval que de pied [tant cavalier que piéton], sans les
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 617

avoir premièrement bien et dûment enquis d’où ils viennent, où ils vont,
en quel logis ils veulent loger, le temps qu’ils y voudront séjourner et
pour quelles affaires, et de tout prendre note par écrit pour le rapporter,
par l’un deux, chaque jour au seigneur gouverneur, ou autre [ou à une
autre personne] à ce [à cela] par lui commis, sur peine [sous peine] de
privation de leurs états et charges et d’amende arbitraire. Est aussi
commandé et défendu très expressément à tous hôteliers, taverniers,
cabaretiers et à tous autres manants et habitants de cette dite ville, de
quelque qualité et condition qu’ils soient, ne recevoir ni loger en leurs
dites hôtelleries, tavernes, cabarets et maisons, aucuns desdits nouveaux
arrivés s’ils n’ont bonne et certaine connaissance d’eux, ou qu’ils les
aient premièrement bien enquis [renseignés] de même qu’il est ordonné
ci-dessus auxdites gardes des portes. En outre cela, se saisir de leurs
armes jusqu’à ce qu’ils aient fait entendre audit seigneur gouverneur,
ou autre à ce par lui commis, ce qu’ils auront entendu d’iceux, à quoi
ils satisferont à l’instant même ou pour le moins par chacun [chaque]
soir, à heure de porte close. Et au cas que [au cas où] lesdits étrangers
et nouveaux arrivés demeurassent plus longuement qu’ils n’auraient dit,
le faire entendre comme dessus dedans vingt-quatre heures après, le
tout sur peine [sous peine] de punition corporelle et d’amende arbitraire.
Sur les mêmes peines de punition corporelle et d’amende arbitraire, est
très expressément prohibé et défendu à tous ceux desdits cabaretiers
qui sont de la nouvelle religion ne recevoir à loger, ni retirer en leurs
maisons et cabarets, aucuns d’iceux étrangers, ni autres nouvellement
arrivés, quels qu’ils soient. Aussi est fait commandement et défenses à
tous manants et habitants de cette dite ville, qui sont de ladite nouvelle
religion, de quelque qualité et condition qu’ils soient, que les sept heures
du soir passées ils n’aient à sortir de leurs maisons, ni aussi de quelque
autre heure, que ce soit de jour ni de nuit, en quelque lieu, ni pour
quelque cause que ce puisse être, se trouver ni assembler en plus grand
nombre que de trois ou quatre, sur peine [sous peine] de punition cor-
porelle et d’amende arbitraire. Et à tous manants et habitants catholiques
de cette dite ville, est aussi enjoint de connaître parmi leurs serviteurs
ceux qui seront de ladite nouvelle religion, et les envoyer et licencier
hors de leurs maisons et service dans le temps de vingt-quatre heures
après la publication de cette présente ordonnance sur peine [sous peine]
d’amende arbitraire et punition corporelle. Pareillement est enjoint à
618 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

tous penons quaterniers et dizeniers de cette dite ville de bien soigneu-


sement faire faire les gardes ordonnées en leurs quartiers, et à ne recevoir
personne qui ne soit capable et garni [muni] d’armes suffisantes, et ceux
qui y défaudront [manqueront] ou feront aucun refus être par eux accusés
et déférés audit seigneur gouverneur, ou autre par lui à ce commis, pour
les contraindre par les peines portées par l’ordonnance de monseigneur
de Nemours naguère faite et publiée en cette dite ville. Aux gardes des
chaînes des rivières du Rhône et de la Saône, ès [aux] entrées de cette
dite ville, est très expressément commandé ne laisser descendre ni passer
plus outre que lesdites chaînes de leur garde aucun bateau, petit ou
grand, chargé de quelque chose que ce soit, sans l’avoir premièrement
bien visité, principalement ceux chargés de bois et de charbon. Et où
s’y trouverait chose prohibée et défendue, les arrêter du tout [complètement]
et en avertir sur le champ ledit seigneur gouverneur sur peine [sous
peine] (où il s’y trouverait faute) de privation de leurs charges et états
et d’amende arbitraire. Commandant aussi à tous vagabonds, gens sans
aveu et autres inconnus n’étant sous la charge des capitaines, de vider
hors de [quitter] cette dite ville dedans vingt-quatre heures après la
publication de la présente, sur peine [sous peine] de l’estrapade, de trois
traits de corde, dont il sera procédé à l’exécution d’eux ledit temps échu.
Fait et arrêté au conseil, le seizième jour de décembre, l’an mille cinq
cent soixante huit et signé François de Mandelot. » Tel a été l’ordre
donné en la cité de Lyon sous le roi Charles neuvième du règne duquel
nous y avons vu gouverneurs, premièrement messire Jacques d’Albon,
marquis de Fronsac, seigneur de Saint-André et maréchal de France, et
lieutenant au gouvernement de ce temps François d’Agoult, comte de
Sault. Depuis fut gouverneur monseigneur le duc de Genevois et de
Nemours, en l’absence duquel ont été plusieurs lieutenants du roi audit
gouvernement, comme le seigneur de Losses, capitaine de la garde
écossaise de Sa Majesté, monsieur le Président René de Birague et mon-
seigneur François de Mandelot, seigneur de Passy, pour le jourd’hui
[aujourd’hui] gouverneur en chef par sa vertu et héroïque conduite.

Source

Paradin, Guillaume, Mémoires de l’histoire de Lyon, Lyon : Antoine


Gryphe, 1573, III, 41, p. 380-382.
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 619

Bibliographie de VI.02

Histoire et dictionnaire des guerres de religion, par Arlette Jouanna,


Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi, et al., Paris : Robert
Laffont (Bouquins), 1998.
Dictionnaire de l’Ancien Régime, Royaume de France XVIe-XVIIIe siècle, sous la
dir. de Lucien Bély, Paris : Presses universitaires de France, 1996.
Poidebard, Alexandre, Guillaume Paradin de Cuyseaulx, doyen de l’église
collégiale de Notre-Dame de Beaujeu, auteur de la plus ancienne historique
de Lyon, Lyon : Alexandre Rey, 1906 = Mémoires de l’Académie des
sciences, belles-lettres et arts de Lyon. Troisième Série, 9 (1907), p. 169-206.
Monfalcon, Jean-Baptiste, Histoire monumentale de la ville de Lyon.
Tome II, Paris : typographie Firmin Didot, 1866, p. 70-71.
Collombet, François-Zénon, Études sur les historiens du Lyonnais, Lyon :
Sauvignet et Cie / Giberton et Brun, 1839, p. 36-49.

VI.03. LA SOUMISSION ÉPIGRAPHIQUE :


LA PYRAMIDE DE LA PLACE DE CONFORT EN 1609

Documents présentés, transcrits


et ponctuellement traduits par Anne BÉROUJON

Présentation

Le début du xviie siècle est caractérisé par le renouveau des écritures


monumentales qui marquent la cité lyonnaise du nom du roi, de celui de
ses hommes (le gouverneur et/ou son représentant, le lieutenant général)
et de ceux des consuls. Ces inscriptions, capitales latines gravées dans la
pierre, quadrillent la cité aux points névralgiques, ports, ponts, places,
édifices civils et religieux. Il s’agit d’énoncer la puissance de ceux qui
gouvernent, symboliquement liés dans un écrit dont certains éléments
néanmoins, tant textuels que matériels – hauteur des caractères, nombre
de mots et qualificatifs qui caractérisent chacune des autorités énoncées –,
manifestent une hiérarchie et une domination épigraphiques qui jouent
620 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

à l’avantage, dans la première moitié du xviie siècle au moins, du roi


et de ses représentants. Les inscriptions de la pyramide de la place de
Confort, actuelle place des Jacobins, datant de 1609, relèvent de cette
nouvelle politique monumentale. Gravées par le peintre Jacques Maury
à l’instigation du consulat pour orner la nouvelle pyramide qui fait face
au couvent des Jacobins, elles ont laissé quelques traces d’émolument
dans les registres de délibération consulaire et dans les vues de Lyon,
comme celle de Thomas Wyck vers 1650 (ill. 42). Mais leur texte reste
peu et mal connu. On en dispose d’une partie grâce à la recension du
père jésuite Claude-François Ménestrier. Dans son Éloge historique de la
ville de Lyon (1669), monument de papier qui reprend un grand nombre
d’écritures exposées depuis 1604, il restitue le texte latin à la gloire
d’Henri IV qui ornait le bas de la pyramide (VI.03.a.). Des écritures
situées au-dessus, on peut se faire une idée grâce à l’inventaire des ins-
criptions publiques réalisé à la fin du xviiie siècle (inscriptions depuis la
fin du xvie siècle jusqu’en 1783, VI.03.b.). Il y est noté que la pyramide
et l’inscription altérées par le temps sont refaites en 1739 et, à cette
occasion, on dispose de leur transcription (ill. 41). Le chiffre trois sert
de fil conducteur à l’ensemble : une pyramide sur une place elle-même
triangulaire, des textes qui rappellent, pour le versant latin, les trois
autorités politiques réunies et, pour le versant grec, la confession du
symbole trinitaire de Nicée.
Quelle a pu être la réception de cette inscription par la population ?
L’imprimeur et auteur Louis Garon n’y voit que vaine parade. Il tourne
la savante construction en dérision dans son Chasse ennuy, en 1628.
Une édition datée de 1600 est à prendre avec prudence, car à cette
date la pyramide n’est pas élevée et l’on connaît l’humeur facétieuse
de Louis Garon, qui assortit d’ailleurs la date de 1600, sur la page de
titre, de la mention « trop-tost » (VI.03.c.). Dans cet ouvrage, recueil
de badineries, il imagine la lecture hétérodoxe de la pyramide par un
Savoyard. Le Savoyard joue le rôle, chez Louis Garon, de benêt patenté,
employé comme ressort comique dans plusieurs historiettes. Il fait aussi
figure de paradigme dans une ville de forts brassages démographiques.
La moquerie reste pourtant ambiguë. Si le rire naît principalement
du quiproquo et de la méprise du Savoyard (qui lit le grec dans son
patois), il vient aussi de la prétention de « jeux de lettres » dont la
complexité reste illisible à une large partie de la population. Décalage
RÉÉCRITURE MYTHIQUE DE L’INTÉGRATION DANS LE ROYAUME 621

entre les savantes inscriptions des élites et les parlers locaux, décalage
entre la symbolique orthodoxe et les imaginaires populaires. La satire
dit enfin que le rattachement politique de 1601 n’a pas de résonance
linguistique, l’aire du franco-provençal débordant la Bresse, le Bugey
et le pays de Gex.
VI.03.A. LES INSCRIPTIONS DE LA PLACE DE CONFORT
SELON CLAUDE-FRANÇOIS MÉNESTRIER (1669)

Document

1609. […]
Cette année, on dressa à la gloire du roi Henri IV la pyramide de
la place de Confort, avec des éloges gravés en lettres d’or, en langue
hébraïque, grecque et latine, et cette inscription dessous :

Henrici IV ter Max[imi] Piiss[imi] Clem[entissimi]


Fortiss[imi] Galliar[um] et Navar[rae] Regis
Inavgvrationi
Car[olo] Neovillaeo Haliocvrt Regii ord[inis] Eqvite
ab Int[us] Reg[is] Cons[iliis] Lvgd[unensis] Prov[inciae]
Praes[ide]
Praef[ectus] Mercat[orum] Coss[consules] P[opulus] Q[ue]
L[ugdunensis]
Ea V[ota] P[ublica]
D[onaverunt] D[edicaverunt] C[onsecraverunt]
C[uraverunt]
Anno a X [christi] D[omini] N[ostri] N[ascienta]
M. DC. IX1

1 Pour la glorification / D’Henri IV, trois fois grand, pieux, clément / Roi très valeureux des
Gaules et de Navarre / Charles de Neufville d’Halincourt, chevalier des ordres du roi, /
Étant gouverneur de la province de Lyon par décision royale / Le prévôt des marchands
les échevins et le peuple de Lyon / Ont donné, dédié, pris soin de consacrer / Ces vœux
publics / En l’an 1609 / Après la naissance du Christ notre Seigneur.
622 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Ménestrier, Claude-François, Éloge historique de la ville de Lyon, et sa


grandeur consulaire sous les Romains, et sous nos rois, Lyon : Benoît Coral,
1669, n. p. Texte transcrit et traduit ponctuellement du latin.
VI.03.B. LES INSCRIPTIONS DE LA PLACE DE CONFORT
SELON L’INVENTAIRE DES INSCRIPTIONS PUBLIQUES (1759)

Document
Face du midi
Un seul dieu
en une trinité
et une trinité
en une unité
le père
et
le verbe
sainte
victime
deus
pax vita salus

Face du matin déclinant nord


Oméga
et alpha
de la
sainte divinité
à la fois unité
et trinité,
le saint symbole et
pour Dieu
tout-puissant
sauveur
l’intercesseur

Face du soir déclinant nord


Nom de Dieu en vingt-deux langues1

1 Suivent encore trois inscriptions latines placées sur la pyramide, qui reprennent pour la
première (avec quelques variantes) l’inscription latine de 1609.
Ill. 41 – Inscriptions faites pour les ouvrages et événements publics.
© Archives de Lyon, DD 369, no 50.
624 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Source

Lyon, Archives municipales, DD 369, no 50, Inscriptions faites pour les


ouvrages et événements publics, 1609, 1739, 1759.
VI.03.C. LES INSCRIPTIONS DE LA PLACE DE CONFORT SELON LOUIS GARON
(1628)

Document

Plaisant rencontre d’un Savoyard


voyant la Pyramide de la Croix de Confort

Un Savoyard, venu à Lyon tout de nouveau [pour la première fois],


qui, ayant ouï parler en son pays de la Pyramide de la place de Confort,
fut curieux de la voir. Comme il la contemple, voyant en l’une des
faces un grand nombre de caractères hébreux, caldées, syriaques et
arabiques, n’y connaissant que le haut allemand, il se retourna vers la
face qui regarde l’église, où voyant plusieurs mots écrits en caractères
grecs, croyant que ce fussent des lettres capitales romaines, il va lire
TA IEPA, et TON IEPON, et crut que ce fût en langue savoyarde, Ta
iepa, et Ton iepon1, puis tournant à [se tournant vers] la troisième face où
il vit A ION, croyant que le fût une L renversée, et qu’on eût voulu
mettre A LION, il dit en son patois I lon fai ouna fauta en cé mot2. Après
se retournant vers quelques-uns qui le regardaient, il va dire Di garde
ma cé qu’a fay ceta perameda poi qué ly a mecla de savoyar3.

Source

Garon, Louis, Le Chasse-Ennuy, ou L’Honneste Entretien des bonnes compagnies,


Lyon : Claude Larjot, 1628, LXXXIX, p. 523-524. Traduit ponctuel-
lement du provençal.

1 « Ta jupe et ton jupon. »


2 « Ils ont fait une faute en ce mot. »
3 « Dieu garde celui qui a fait cette pyramide, puisqu’il y a mêlé du savoyard. »
Ill. 42 – Thomas Wyck, Place Confort de Lyon, xvii e siècle,
plume et lavis sur papier. © Vienne, Albertina, inv. no 9318.
626 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Bibliographie de VI.03

Béroujon, Anne, Les écrits à Lyon au XVIIe siècle : espaces, échanges, identités,


Grenoble : Presses universitaires de Grenoble (La Pierre et l’Écrit), 2009.
Gardes, Gilbert, Le monument public français : l’exemple de Lyon, thèse
de doctorat d’État, Université Lumière (Lyon 2), 1986.
Histoire de Lyon des origines à nos jours, éd. par André Pelletier, Jacques
Rossiaud et al., Lyon : Éditions lyonnaises d’art et d’histoire, 2007.
Lignereux, Yann, Lyon et le roi : de la « bonne ville » à l’absolutisme
municipal, 1594-1654, Seyssel : Champ Vallon (Époques), 2003.
Lyonnais-Beaujolais, par Marc Bonneville, Danielle Bonniel, Jacques
Bonniel, et al., Paris : Éditions Bonneton (Encyclopédies régionales),
1991.
Petrucci, Armando, Jeux de lettres : formes et usages de l’inscription en
Italie (XIe-XXe siècle), Paris : Éditions de l’Écoles des hautes études en
sciences sociales (Recherches d’histoire et de sciences sociales ; 55), 1993.
Van Damme, Stéphane, Le temple de la sagesse : savoirs, écriture et sociabilité
urbaine (Lyon, XVIIe-XVIIIe siècles), Paris : Éditions de l’École des hautes
études en sciences sociales (Civilisations et sociétés ; 119), 2005.
Zeller, Olivier, Les recensements lyonnais de 1597 et 1636 : démographie
historique et géographie sociale, Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1983.
TROUBLES CIVILS
ET RÉFORMES MUNICIPALES

VI.04. LA SAINT-BARTHÉLEMY À LYON (1572)

Documents présentés et transcrits par Nicolas LE ROUX

Présentation

La ville de Lyon a été fortement marquée par les guerres de Religion.


Le protestantisme s’y est développé précocement et, dès le début des années
1520, des prédicateurs y appelaient publiquement à la réformation de
l’Église. Les artisans du textile et du livre furent touchés par cet appel,
et des ouvrages de sensibilité protestante commencèrent à être publiés
dans la ville de façon importante à partir de 1540. Plusieurs pasteurs
séjournèrent à Lyon à partir du milieu des années 1540. Ces prédicants
prenaient de gros risques, et ils devaient se cacher et fuir pour échapper
aux poursuites. L’un d’entre eux, Claude Monier, fut brûlé vif sur la
place des Terreaux en octobre 1552. En mai 1553, cinq étudiants venus
de Lausanne connurent la même fin.
En dépit de la répression, les calvinistes étaient de plus en plus nom-
breux, en particulier parmi les artisans et les négociants qui vivaient
dans la Presqu’île, alors que la rive droite de la Saône, qui était le quartier
des hommes de loi, des ecclésiastiques et des grands marchands, était
beaucoup moins touchée par les idées nouvelles. Au début de septembre
1560, quelques réformés fomentèrent un soulèvement à Lyon, mais
celui-ci fut maté, et il y eut plusieurs exécutions. Des échauffourées se
produisaient régulièrement dans la ville ; les protestants s’en prenaient
publiquement aux symboles catholiques. Le 4 juin 1561, jour de la Fête-
Dieu, un protestant osa frapper la custode renfermant l’hostie consacrée
628 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

lors du passage de la procession du Saint-Sacrement. Furieux, quelques


catholiques s’écrièrent « Pour le corps de Dieu, il faut tuer tous les hugue-
nots ! » Certains investirent le collège de la Trinité, où ils assassinèrent
le principal, Barthélemy Aneau, qu’ils accusaient d’encourager l’hérésie.
Les guerres civiles débutèrent en mars 1562, quand la suite du duc de
Guise massacra la communauté réformée de la petite ville champenoise
de Wassy. En réaction, le prince de Condé prit les armes et rassembla
la noblesse huguenote autour de lui. Les protestants s’emparèrent de
Lyon dans la nuit du 29 au 30 avril. La domination huguenote dura
un an. Un capitaine protestant très énergique, le baron des Adrets, fit
saisir les trésors ecclésiastiques. On brûla les crucifix et l’on détruisit de
nombreuses statues dans les églises de la ville. L’église Saint-Just, qui
dominait la ville, fut même rasée. Pour faciliter les déplacements, on
traça une voie entre le couvent des Cordeliers et le pont de la Guillotière.
Ces événements ont constitué un véritable traumatisme pour les
catholiques lyonnais. La crainte d’une surprise de la cité par les hugue-
nots allait animer les notables de la ville jusqu’à la fin des guerres de
Religion. L’édit d’Amboise, qui mit fin à la guerre en 1563, permit aux
catholiques de reprendre possession de leurs lieux de culte et de célébrer
de nouveau la messe. Il fallait désormais assurer la cohabitation entre les
deux confessions. Le maréchal de Vieilleville, qui était chargé de faire
appliquer l’édit de pacification, accorda le droit d’établir trois temples
à l’intérieur des murs, alors que l’édit n’en autorisait que deux. Pour
permettre aux catholiques de reprendre place dans l’administration
de la ville, on instaura un consulat mixte, composé d’une moitié de
catholiques et d’une moitié de protestants. La cour fit un rapide passage
à Lyon en 1564. À cette occasion, le roi imposa la construction d’une
forteresse, la citadelle Saint-Sébastien, sur la colline de la Croix-Rousse,
afin de contrôler la ville.
L’esprit de reconquête était très marqué dans le clergé et chez les
notables catholiques. Le collège de la Trinité fut ainsi confié aux jésuites.
Au sein de la Compagnie de Jésus, le père Edmond Auger joua un
rôle majeur dans le travail de contrôle spirituel de la ville. La reprise
des guerres, en 1567, mit fin au fonctionnement du consulat mixte et
à l’exercice du culte réformé à l’intérieur de la ville. La situation ne
s’apaisa pas avant la paix de 1570, qui rétablissait les dispositions de
1563. Catherine de Médicis et son fils Charles IX se montraient très
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 629

attachés au maintien de la paix. À plusieurs reprises, le roi fit savoir


au gouverneur de la ville, Mandelot, qu’il avait l’intention de préserver
l’ordre et la paix, et que son édit devait être appliqué. Pour autant, la
ville était inquiète. À chaque fois qu’une troupe inconnue était aper-
çue dans la campagne, on craignait que les protestants ne cherchent à
s’emparer de Lyon.
Alors que le mariage de la dernière fille de Catherine de Médicis,
Marguerite, avec le jeune Henri de Navarre, célébré à Paris le 18 août
1572, devait réconcilier définitivement les anciens adversaires, l’attentat
contre l’amiral de Coligny, le 22 août, prit de court la reine mère et ses
conseillers. Le jour même, Charles IX écrivit au gouverneur de Lyon,
François de Mandelot, pour lui annoncer que l’amiral était blessé.
Il déclarait vouloir châtier le coupable de façon exemplaire, et priait
Mandelot de veiller à l’application de l’édit de pacification. Cette lettre
parvint au gouverneur de Lyon dans la matinée du 27. Entre-temps,
Paris était devenue le lieu d’un carnage sans précédent. Dans la journée
du 23, on avait décidé de mettre à mort les principaux chefs protestants
pour éviter une prise d’armes. Cette exécution se déroula le 24 août, à
l’aube, mais elle fut suivie d’un massacre général qui n’était certainement
pas prémédité. Le roi adressa alors une nouvelle lettre à Mandelot, par
laquelle il lui faisait savoir que « ceux de la maison de Guise » s’étaient
« fort émus », car ils craignaient la vengeance des amis de l’amiral, et
qu’il s’était produit « une grande et lamentable sédition ». Mandelot
était invité à rassembler des forces pour maintenir l’ordre à Lyon et dans
les autres places de son gouvernement. Cette lettre, portée par le sieur
du Peyrat, parvint à Lyon le 29 août, mais une autre missive décrivant
les massacres parisiens était arrivée la veille. Ses auteurs étaient les
représentants du consulat lyonnais à Paris, Guyot de Masso et Claude
de Rubys. Les deux hommes ne craignaient pas de déclarer que le roi
leur avait fait savoir qu’il attendait qu’un massacre soit également
commis à Lyon.
C’est dans ce contexte qu’il fut décidé d’enfermer les protestants. Dans
la matinée du 30 août, Mandelot fit publier une ordonnance enjoignant
aux protestants de se rassembler pour entendre la volonté du roi. Les sol-
dats de la citadelle et les arquebusiers de la ville menèrent les huguenots
dans les prisons du palais de Roanne – le siège de la justice royale – et de
l’Archevêché, ainsi que dans les cloîtres des couvents des Cordeliers et des
630 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Célestins. Dans l’esprit du gouverneur, il s’agissait de les protéger de la


foule catholique, conformément aux ordres du roi. Cependant, les esprits
s’échauffèrent rapidement, et finalement, le dimanche 31 août, une grande
tuerie débuta dans la ville. Vers huit heures du matin, des catholiques
entrèrent dans le couvent des Cordeliers pour tuer les protestants qui y
étaient détenus, et dans l’après-midi, à l’heure des vêpres, une troupe
menée par le capitaine des arquebusiers de la ville, Le Clou, pénétra dans
les prisons de l’Archevêché, où plusieurs centaines de personnes furent
égorgées. Pendant ce temps, Mandelot et le commandant de la citadelle,
La Mante, s’étaient rendus dans le faubourg de la Guillotière pour y
maintenir l’ordre. Quand il revint en ville, le gouverneur constata que
les prisonniers de l’Archevêché avaient été tués. Les meurtriers se disper-
sèrent à son arrivée, mais dans la nuit les massacreurs s’emparèrent des
gens enfermés dans la prison de Roanne, qu’ils jetèrent dans la Saône. Le
1er septembre, on débarrassa les rues des cadavres amoncelés dans la cour
de l’Archevêché et dans les rues voisines. Un témoin estime à sept cents
le nombre des victimes, mais un discours protestant les évalue à mille
cinq cents au moins. Certains avaient pu s’enfuir et se réfugier à Montluel,
petite ville située sur les terres du duc de Savoie. D’autres avaient pu se
cacher dans la ville, et même dans la citadelle Saint-Sébastien, dont les
portes furent ouvertes pour les protéger.
Dans la lettre qu’il adresse au roi à l’issue de ces événements, le
2 septembre (VI.04.a.), Mandelot se dédouane de toute responsabilité.
Certains l’ont accusé d’avoir volontairement quitté la ville pour laisser
le champ libre aux massacreurs. Il y a par ailleurs des zones d’ombre sur
les « commandements verbaux » faits par le sieur du Peyrat, le porteur de
la lettre royale du 24 août, qui arriva à Lyon le 29 août. Était-il chargé
de transmettre à Mandelot l’ordre de veiller à la sécurité des huguenots
en les enfermant, ou avait-il d’autres instructions ? Le 3 septembre,
Mandelot reçut une lettre du roi datée du 28 août, qui contenait la
déclaration que Charles IX avait faite au Parlement deux jours plus tôt.
Les protestants y étaient jugés coupable de crime de lèse-majesté parce
qu’ils avaient fomenté une insurrection à Paris, et leur châtiment, dont
le roi assumait la responsabilité, était donc parfaitement légitime. Le
5 septembre, Mandelot accusa réception de ces lettres, mais il précisait
que la lettre du roi était arrivée quatre jours après « ce qui est advenu
en cette ville le dernier dudit mois passé ».
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 631

Claude de Rubys, qui se trouvait à Paris au moment de la Saint-


Barthélemy, s’est certainement réjoui des violences contre les protestants.
Ce notable lyonnais allait s’engager par la suite dans la Ligue, et il ne
revint dans le giron royal qu’une fois Henri IV converti et sacré. En
1604, il publia une monumentale Histoire véritable de la ville de Lyon,
dans laquelle il retrace le passé glorieux de la cité. Le passage consacré
à la Saint-Barthélemy (VI.04.b.) est particulièrement intéressant. Rubys
évoque ces moments tragiques pour dire qu’il ne peut en parler. Comme
l’a montré l’historien Denis Crouzet, le choc causé par la Saint-Barthélemy
fut tel qu’il fut pratiquement impossible pour ses acteurs, comme pour
ses témoins, d’écrire sur cet événement. L’enthousiasme des catholiques
militants a rapidement fait place à une sorte de complexe de barbarie, et
le fait même que l’hérésie n’ait pas été entièrement éradiquée a pu être
interprétée comme le signe de la désapprobation divine à l’égard de la
violence. L’énergie des catholiques les plus engagés s’investit désormais
dans des œuvres de sanctification individuelle et collective : processions,
création de compagnies pénitentielles et surtout fondation de couvents.
Depuis qu’il s’était rallié à Henri IV, Rubys entendait se comporter en
loyal sujet, respectueux des édits de pacification, et spécialement de
l’édit de Nantes de 1598, qui assurait la coexistence confessionnelle.
Mais son texte révèle bien que, dans l’esprit des catholiques zélés, le
régime de tolérance ne pouvait être que temporaire. La tolérance n’était
pas l’acceptation de la différence confessionnelle, mais le moyen de laisser
aux fidèles serviteurs de Dieu le temps et les moyens de convertir les
hérétiques.
VI.04.A. LETTRE DU GOUVERNEUR DE LYON, MANDELOT, AU ROI
SUR LA SAINT-BARTHÉLEMY (2 SEPTEMBRE 1572)

Document

Sire, j’écrivis avant hier à votre majesté la réception des lettres qu’il
lui aurait plu m’écrire des 22 et 24e du passé [du mois passé], et comme
suivant icelle, et ce que le sieur du Perat m’aurait dit de sa part, je n’aurais
failli pourvoir par tous moyens à la sûreté de cette ville, si bien, Sire,
que et les corps et les biens de ceux de la religion auraient été saisis et
mis sous votre main sans aucun tumulte ni scandale, jusque lors depuis,
et hier l’après-dînée, m’en étant allé par ville pour pourvoir toujours à
632 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

contenir ce peuple, mêmement [tout particulièrement] vers la Guillottiere,


où j’aurais su paraître danger [risque] de quelque remuement, serait
intervenu cependant que ce peuple ayant trouvé moyen d’entrer ès [dans
les] prisons de l’Archevesché, où ils savaient être quelques deux cents de
ceux de la religion connus factieux ou avoir porté les armes, lesquels ils
auraient tous mis à mort avant que j’en pusse rien savoir ; et m’y étant
allé aussitôt, n’y aurais plus trouvé aucun de ceux qui se seraient mus à
ce fait, s’étant écartés tout soudain, et ce que j’aurais pu faire a été faire
rechercher et perquérir [chercher partout] par tous moyens, mêmement
par justice, qui [ceux qui] auraient été auteurs et exécuteurs de ce fait,
et comme le tout en passe [comme le tout s’est passé]. Afin que votre
majesté en puisse bien au vrai être éclaircie, je continue, au mieux qu’il
m’est possible, de contenir toutes choses, voyant ce peuple n’être pas
encore bien apaisé et que c’est tout ce que l’on peut faire, obvier [éviter]
à un sac, n’ayant néanmoins jusqu’ici été fait aucun tumulte, meurtre ni
saccagement [pillage] par la ville ni ès [dans] maisons, et estime que le
peuple desdits de la religion saisis pourront demeurer en sûreté ès [dans]
lieux où je les ai fait retirer, attendant que je puisse mieux entendre ce
qu’il plaira à votre majesté en être fait, et spécialement de tous leurs
biens meubles, marchandises, papiers et autres, que j’ai ja [déjà] écrit
avoir fait saisir et mettre sous votre main, sans toutefois en être rien
déplacé ni transporté des lieux et maisons desdits de la religion. Osant
bien assurer votre majesté que le tout lui sera sûrement et fidèlement
conservé, et suis après à pourvoir de les faire retirer en magasins et lieux
sûrs à ce qu’il n’y soit commis aucun abus. J’oserai dire à votre majesté
que si j’étais l’un [un de ceux] à la conseiller, je ne serais d’opinion
qu’elle fît aucun don des biens meubles et marchandises desdits de la
religion que premièrement on ne voit ce qu’il y aura, et que pour le
moins elle sache la valeur de ce qu’elle donnerait et que plutôt elle fît
don et récompense à ceux qu’il lui plairait sur les immeubles ; et pour
ne mettre en cela la conscience [par scrupule], je ne veux être le premier
à en demander à votre majesté, m’assurant que, si elle a commencé par
quelques autres, elle me fait tant d’honneur de ne m’oublier. Au reste,
Sire, il me semble ne devoir taire à votre majesté que, en tout ce qui
échoit ici pour son service, je trouve le sieur de La Mante prompt et
affectionné d’en suivre à son pouvoir, ce que je lui en fait entendre, dont
à la vérité il mérite être reconnu et bien récompensé.
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 633

Source

Paris, Bibliothèque nationale de France, Français 2704, fol. 332 vo-333 ro.


Cette lettre a été éditée une première fois dans Correspondance du roi
Charles IX et du sieur de Mandelot, gouverneur de Lyon, pendant l’année 1572,
époque du massacre de la Saint-Barthélemy, éd. par Paulin Paris, Paris :
Crapelet (Monuments inédits de l’histoire de France ; 1), 1830, p. 45-50.
VI.04.B. LA SAINT-BARTHÉLEMY ÉVOQUÉE PAR UN NOTABLE LYONNAIS,
CLAUDE DE RUBYS (1604)

Document

En la même année, à la poursuite des protestants, fut envoyé à Lyon


maître Jean Jacques de Mesmes, sieur des Arches, maître des requêtes de
l’hôtel [la maison] du roi, pour l’exécution de l’édit de pacification, lors
[alors] nouvellement publié. Par devant lequel les catholiques étaient jour-
nellement assignés, à la requête desdits protestants, pour choses frivoles et
de peu de valeur, comme pour la restitution d’un perroquet, d’une enclume,
d’un pot de graisse, d’une livre de chandelles, et infinies autres choses de
même qualité. Ce qui anima plus les habitants de la ville les uns contre
les autres que n’avaient fait tous les troubles et guerres civiles passées, et
saigna depuis cette plaie jusqu’à la nouvelle qui arriva de l’exécution qui fut
faite à Paris contre les protestants, le dimanche jour de Saint-Barthélemy
24e jour d’août audit an 1572, qui fut appelée les Matines parisiennes, parce
qu’elle commença au point du jour. Et fut suivie par les Vêpres lyonnaises,
faites le dimanche suivant 31e d’août à l’heure de vêpres. Des particularités
desquelles je ne peux et ne veux rien dire, parce que j’étais à Paris avec le
sieur Guyot de Masso, seigneur de Saint-André, lors échevin de la ville, où
nous poursuivions la révocation de la commission dudit sieur des Arches,
et avions en tête Jacques Baronat et l’élu Castelas, qui coururent fortune
de leur vie [qui risquèrent la mort] à Paris, comme fit aussi ledit sieur
des Arches à Lyon, si monsieur de Mandelot ne l’eût réparé [protégé],
tant les catholiques étaient animés contre lui à cause de sa commission.
Cependant, parce que je me souviens avoir autrefois, plus par animosité
de jeunesse que par solidité de jugement – Nam iuvenum facta, at senum
consilia1, dit le proverbe – applaudi à cette exécution, je dirai maintenant,
1 « Les actions sont pour la jeunesse, les conseils pour la vieillesse ».
634 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

mieux avisé et me conformant aux modernes édits de France, lesquels ne


voulant mortem peccatoris, sed magis ut convertatur et vivat1, nous commandent
de vivre en paix et en repos les uns avec les autres, et ne nous rien demander
ou quereller pour le fait de la religion, attendant que Dieu par sa bénignité
et bonté, inspirant les dévoyés, les ramène au droit chemin, et au troupeau
de son Église, et que, fiat unum ovile et unus pastor2 […], nous sommes hors
de danger de plus voir chose semblable en France, puisque la liberté de
conscience y est permise par ordonnance, comme en Pologne et autres lieux
où cela a été trouvé expédient [profitable] pour le bien de la paix et le repos
du pays, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de rembarquer dans la nef de son
Église ceux qui en sont dehors.

Source

Rubys, Claude de, Histoire veritable de la ville de Lyon, Lyon : Bonaventure


Nugo, 1604, p. 421-422.

Bibliographie de VI.04

Crouzet, Denis, La nuit de la Saint-Barthélemy : un rêve perdu de la


Renaissance, Paris : Fayard (Chroniques), 1994.
Davis, Natalie Zemon, Les cultures du peuple : rituels, savoirs et résistances
au XVIe siècle, Paris : Aubier Montaigne (Collection historique), 1979.
Jouanna, Arlette, La Saint-Barthélemy : les mystères d’un crime d’État,
24 août 1572, Paris : Gallimard (Les journées qui ont fait la France), 2007.
Lyon 1562, capitale protestante : une histoire religieuse de Lyon à la Renaissance,
éd. par Yves Krumenacker, Lyon : Éditions Olivétan, 2009.
Le Roux, Nicolas, Les guerres de Religion (1559-1629), Paris : Belin
(Histoire de France), 2009.

1 « La mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive », d’après Ézéchiel, 18, 23 et
33, 11.
2 « Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » ( Jean, 10, 16).
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 635

VI.05. LA RÉFORME DU CONSULAT,


MESURE FINANCIÈRE (1547-1595)

Documents présentés et traduits par Olivier ZELLER

Présentation

L’édit de Chauny de 1595 (VI.05.a.), qui réduisit d’autorité la muni-


cipalité lyonnaise de douze consuls à quatre échevins dirigés par un
prévôt des marchands, donne traditionnellement lieu à l’aveugle répéti-
tion d’une interprétation mettant l’accent sur le caractère rétorsif d’une
mesure ayant frappé une ville ligueuse que le Béarnais aurait voulu
punir. Pour certains, il s’agissait de limiter le nombre d’opportunités
d’anoblissement offertes par un court passage à l’hôtel de ville ; mais
Richard Gascon a jadis montré qu’elles n’avaient jamais été exploitées
à fond, puisque les consuls se recrutaient parmi un nombre restreint
de lignages. Pour d’autres, il se serait agi d’une atteinte aux « libertés
anciennes » de la ville, faisant ainsi leur une vision largement mythi-
fiée du passé. Mais c’est sans doute du côté de l’histoire financière que
se situent les explications fondamentales. Une première fois, Henri II
donna un édit de réduction en 1547, précisément à l’époque où il rom-
pait totalement avec la politique thésaurisatrice de son père et ne se
mettait donc plus dans le cas de devoir emprunter massivement sur la
place lyonnaise (VI.05.b.). Le simple fait que l’édit soit resté lettre morte
– ce qui n’était pas rare sous l’Ancien Régime – peut très bien avoir
résulté du rapide revirement du monarque qui, se finançant à nouveau à
Lyon, aurait finalement préféré conserver les réseaux existants. Surtout,
Henri IV renouvela l’édit selon beaucoup de ses considérants d’origine,
et 1595 fut marqué par son application immédiate et sans retour, qui
préserva toutefois l’équilibre symbolique entre « côté de Fourvière » et
« côté de Saint-Nizier », chacune de ces parties de la ville restant repré-
sentées par deux des quatre échevins. Une érudition purement locale a
longtemps interdit de comprendre cet acte. Grâce à S. Finley-Croswhite,
nous savons maintenant qu’il ne s’agissait guère que d’une application
particulière d’une politique générale, et que le roi restreignit le nombre
de magistrats municipaux de plusieurs autres villes. Son indication était
636 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

particulièrement nette dans le cas de Lyon : quatre échevins ne pourraient


plus mobiliser autant de crédit personnel que douze, et l’édit visait donc
avant tout à assainir les modes de financement de la municipalité. Très
logiquement s’ensuivit l’application de la « méthode Sully » (F. Bayard)
qui apura drastiquement le passif accumulé.
VI.05.A. L’ÉDIT DE SAINT-GERMAIN (JUIN 1547)

Document

Henry par la grâce de Dieu roi de France à tous présents et avenir


salut. Comme notre ville et communauté de Lyon qui est l’une des meil-
leures et principales villes de notre royaume et d’aussi grande importance
que nulle autre tant à l’occasion de ce que c’est l’une des importantes
clefs, entrées et passages de notre dit royaume que pour le grand fait
[la grande activité] des banques, change et rechange et grand trafic
ouvert et négociation de toute manière de deniers et marchandises de
toute ancienneté qui s’y font, et en considération de ce [cela] a été donné
plusieurs beaux droits, prérogatives, privilèges, franchises, libertés que
pour le gouvernement d’icelle et tant [de la sorte] y conduire les affaires
communes de ladite ville que autres qui journellement y surviennent
[arrivent] et se prêtent, y ait de tout temps échevins et conseillers jusqu’au
nombre de douze des habitants d’icelle choisis, élus et institués suivant
lesdits privilèges et anciennes coutumes de faire.
C’est nombre par trop grand efficace d’autant, que, pour le petit
nombre qui se retrouve de vrais bourgeois, manants et habitants de
ladite ville qui soient de la qualité requise à l’administration d’une telle
ville, l’on est bien souvent contraint de continuer audit échevinage des
mêmes personnes ayant fait et achevé en ladite charge et état d’échevins
leur temps préfix [prévu] par lesdits privilèges ou bien les y remettre
trop souvent et quelquefois d’en élire [nommer] et prendre d’autres qui
n’entendent telles affaires et administrations au grand préjudice du bien
public, vexation des habitants et retardement des affaires concernant
notre service, sur ce est très requis et nécessaire pourvoir.
Pour ce est-il que Nous, considérant qu’en l’échevinage de notre
ville de Paris n’a qu’un prévôt des marchands et quatre échevins pour
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 637

la conduite et administration des affaires d’icelle qui sont beaucoup


plus grandes que ceux de l’échevinage de notre dite ville de Lyon et
qu’icelles affaires de notre dite ville de Lyon pouvaient [être] mieux et
plus promptement traitées, conduites et gouvernées par moindre nombre
de qualité à ce requis que de douze, lequel nombre de douze de ladite
qualité ne se peut aisément trouver en notre dite ville et que ladite […]
expédition tournera à l’expédition du bien public et soulagement de
nos sujets en icelle ville.
Pour ces causes et après avoir eu sur ce avis et délibération de ceux
de notre conseil près de Nous, avons dit, statué et ordonné, disons,
statuons et ordonnons qu’audit échevinage de notre dite ville de Lyon,
au lieu dudit nombre de douze n’ait [il n’y ait] dorénavant qu’un prévôt
des marchands et quatre échevins, un procureur et un clerc ou secré-
taire qui sont choisis et élus par lesdits manants et habitants de notre
dite ville de Lyon en telle forme et manière que par ci-devant étaient
élus et choisis lesdits douze, et auront lesdits prévôt des marchands et
quatre échevins, procureur et secrétaire tels gages et robes de couleur
qui leur sont ordonnés par l’avis et ordonnance des notables et maîtres
des métiers de ladite ville assemblés pour cet effet en la manière accou-
tumée pour, par ledit prévôt des marchands, dresser, traiter, conduire
et gouverner toutes et une chacune les affaires d’icelle ville en telle
autorité, prérogative, faculté et privilège et tout ainsi que par ci-devant
ont fait lesdits douze.
Lequel nombre de douze Nous, pour les causes susdites, avons res-
treint et réduit, restreignons et réduisons audit nombre d’un prévôt des
marchands et quatre échevins avec telle [la même] autorité que celui de
notre dite ville de Paris et sur les empêchements d’icelle et tout ce que
l’on fait, traite, négocie et administre par lesdits prévôt des marchands
et quatre échevins de notre ville de Lyon en affaires et gouvernement
d’icelle, validons et autorisons et voulons être de tel effet, force et vertu
comme si fait était par ledit nombre de douze, nonobstant quelques
privilèges, usages et coutumes à ce contraire que nous avons révoqué
et révoquons en ce qui concerne l’élection et établissement des susdits
douze échevins, demeurant toutefois les susdits privilèges de notre dite
ville en toutes les autres choses en leur force, vigueur et vertu.
Ne voulons aussi que pour raison de ce, lesdits conseillers et éche-
vins n’entreprennent aucun droit de justice ou police sur les manants et
638 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

habitants de ladite ville et faubourgs d’icelle ou autres au préjudice des


droits et autorité des archevêque, doyen, comtes chanoines et chapitre
dudit Lyon.
Donnons en mandement [ordonnons] par ces présentes au sénéchal
de Lyon ou son lieutenant que notre dit édit, statut et ordonnance ils
entretiennent, gardent et observent, fassent entretenir, garder et observer,
lire, publier et enregistrer et à ce faire et souffrir contraints et fassent
contraindre par toutes voies dues et accoutumées en tel cas, nonobstant
opposition ou appellation quelconques sans préjudice d’icelles pour
lesquelles ne voulons un si grand bien en notre dite ville de Lyon être
aucunement retardé ni empêché car tel est notre plaisir, nonobstant
lesdits privilèges et quelconques ordonnances, mandement et défenses à
ce contraire et, afin que ce soit ferme et stable à toujours, Nous avons fait
mettre notre sceau à ces dites présentes, sauf en autres choses notre droit.
Donné à Saint Germain en Laye au mois de juin l’an de grâce mille
cinq cent quarante sept et de notre règne le premier, ainsi signé par le
roi en son conseil, Maubepin.

Source

Lyon, Archives municipales, BB 439, Extrait des actes et registres de la


Cour de la Sénéchaussée de Lyon signé Croppet, p. 12, 2 juin 1547.
VI.05.B. L’ÉDIT DE CHAUNY (DÉCEMBRE 1595)

Document

Henry par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre à tous


présents et avenir salut, comme le feu roi Henri deuxième notre très
honoré seigneur et beau-père – que Dieu absolve – reconnaissant que
notre ville de Lyon, qui est l’une des plus meilleures et principales de
notre royaume et des plus importantes clefs, entrées et passages d’iceluy,
en laquelle il se faisait grand commerce comme il se fait encore pour
le fait de banque, échange et rechange et négociation de toutes sortes
de denrées et marchandises avec tous les étrangers, lesquels se règlent
pour le regard dudit change sur ceux qui sont pratiqués en ladite ville
de Lyon, et pour autres grandes considérations ou essais par toutes sortes
de gratifications d’augmenter et gratifier ladite ville et mettre les affaires
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 639

d’icelle en tel état qu’elle peut largement subsister et s’accroître en toute


sorte de grandeur et prospérité.
Et pour témoignage plus particulier de sa bonne volonté au désir de
son temps de retrancher le nombre effréné d’échevins qui se trouvaient
en ladite ville jusques au nombre de douze, pris à l’exemple de notre
bonne ville de Paris capitale de notre royaume, se régler et réduire en
un prévôt des marchands et quatre échevins, comme il Nous est apparu
par son édit du mois de juin mille cinq cent quarante-sept dont copie
est ci-attachée sous le contre-scel de notre chancellerie, lequel édit est
demeuré depuis ledit temps sans exécution.
Savoir faisons que Nous, désirant faire paraître en toutes choses
la singulière affection que Nous portons à ladite ville et aux habi-
tants d’icelle de leur donner moyen de la maintenir comme ils ont fait
jusqu’ici, considérant qu’en l’échevinage de notre dite bonne ville de
Paris qui est de beaucoup plus grande étendue que celle de Lyon, ledits
prévôt des marchands et lesdits quatre échevins sont suffisants pour la
conduite et administration des affaires d’icelle, comme véritablement à
Lyon peuvent mieux et plus promptement être, traiter et négocier par
moindre nombre de qualité requise que de celle de douze qui est deprès
[actuellement] établi en notre dite ville de Lyon.
Pour ces causes et autres à ce Nous mouvant, de l’avis de notre conseil
et pour le bien, sûreté et tranquillité de ladite ville et expédition des
affaires occurant en icelle [celle-ci] en confirmant et approuvant ledit
édit du feu roi Henri deuxième et voulant iceluy être mis en usage.
Nous avons par cestuy [ce] perpétuel et irrévocable dit, statué et
ordonné, disons, statuons et ordonnons que l’échevinage de notre dite
ville de Lyon, au lieu dudit nombre de douze, il n’y aura dorénavant
qu’un prévôt des marchands et quatre échevins, un procureur et un clerc
et secrétaire qui soient choisis et élus parmi lesdits manants et habitants
de notre dite ville de Lyon en la même forme et manière qu’ont été élus
et choisis lesdits douze échevins jusqu’à présent et auront lesdits prévôt
des marchands et quatre échevins, procureur et secrétaire tels gages et
robes de couleurs qui leurs seront ordonnés par l’avis et ordonnance des
notables et maîtres des métiers de ladite ville assemblés pour cet effet
en la manière accoutumée.
Pour, par lesdits prévôt des marchands et quatre échevins, traiter,
diriger et négocier toutes chacunes les affaires de ladite ville en telle
640 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

prérogative, autorité, faculté et privilège et tout ainsi que par ci-devant


ont fait lesdits douze échevins, lesquels pour les causes et considérations
dessus dites, Nous avons restreint et limité, restreignons et limitons audit
nombre d’un prévôt des marchands et quatre échevins, un procureur
et un clerc et secrétaire, lequel prévôt des marchands précédera lesdits
quatre échevins avec telle [la même] autorité que celui de notre ville
de Paris à tout ce qui sera fait, traité, négocié et administré par lesdits
prévôt des marchands et quatre échevins de notre dite ville de Lyon
en affaire occurant en icelle, Nous avons validé et autorisé, validons et
autorisons par ces présentes et voulons être de tel effet, force et vertu,
comme fait était par ledit nombre de douze, nonobstant quelconques
privilèges, usages et coutumes à ce contraires que Nous avons révoqué
et révoquons en ce qui concerne l’élection [le choix] et établissement des
susdits douze échevins, demeurant toutefois les privilèges de notre dite
ville de Lyon en toutes autres choses en leur vigueur et vertu.
Ne voulons aussi que, pour raison de ce, lesdits prévôt des mar-
chands et échevins entreprennent aucun droit de police ou justice sur
les manants et habitants de ladite ville ou faubourgs d’icelle ou autres,
au préjudice des droits et autorité des archevêque, doyen, comtes cha-
noines, chapitre dudit Lyon.
Si [ainsi] donnons en mandement [ordonnons] par les présentes au
sénéchal de Lyon que ce présent notre dit édit, statut et ordonnance,
entretienne, garde et observe et fasse maintenir, garder et observer,
publier et enregistrer et à ce faire contraint et faire contraindre tous
ceux qu’il appartiendra par toutes voies et manières dues et accoutu-
mées en tel cas, nonobstant oppositions ou appellations quelconques et
sans préjudice d’icelles, pour lesquelles ne voulons un si grand bien en
notre dite ville de Lyon être aucunement [en rien] retardé ni empêché,
car tel est notre plaisir, nonobstant lesdits privilèges et quelconques
ordonnances, mandement, défenses et autres à ce contraires.
Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait
mettre notre sceau à ces dites récentes, sauf en autres choses notre droit
et l’autruy en toutes.
Donné à Chauny au mois de décembre l’an de grâce mille cinq cent
quatre-vingt et quinze et de notre règne le septième, signé sur le repli
par le roi, de Neufville, et à côté visées et scellées de cire verte sur lacs
de soie rouge et verte, levées et publiées en jugement de la sénéchaussée
TROUBLES CIVILS ET RÉFORMES MUNICIPALES 641

et siège présidial de Lyon à jours de plaids et iceux tenants, ouï à ce


requérant le procureur du roi, et par après enregistrées ès [dans les] actes
et registres de ce siège pour y avoir recours quand besoin sera, le tout
suivant et à la forme des jugements judiciellement [en justice] donnés ce
jourd’huy [aujourd’hui], auquel sont contenues les remontrances faites
tant par ledit sieur procureur du roi que par lesdits sieurs consuls et
échevins faits à Lyon le vendredi quinzième décembre mille cinq cent
quatre-vingt et quinze.

Source

Lyon, Archives municipales, BB 439, Extrait des actes et registres de la


Cour de la Sénéchaussée de Lyon signé Croppet, p. 13, 7 et 15 décembre 1595
(copie postérieure).

Bibliographie de VI.05

Bayard, Françoise, « La méthode Sully en matière de finances : les


traités de rachat », XVIIe Siècle, 44 (1992) : 174, p. 53-76.
Finley-Croswhite, S. Annette, Henry IV and the towns : the pursuit of
legitimacy in French urban society, 1589-1610, Cambridge : Cambridge
University Press (Cambrige studies in early modern history), 1999.
Cahiers d’histoire, 46 (2001) : 2 = Numéro thématique Le traité de Lyon
(1601), sous la dir. de Denise Turrel.
Ill. 43 – Joris Hoefnagel, extrait de Lugdunum vulgo Lion,
T. 05, p. 19 . © cliché Bibliothèque municipale de Lyon, Rés. 5133.
BIBLIOGRAPHIE

SOURCES

SOURCES INÉDITES

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644 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

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Extravagantum (Cod. Guelf. 86.4 Extrav.) Voir Accès en ligne.
SOURCES ÉDITÉES

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Continuatio medievalis ; 52), 1980, p. 247-250.
Agobardus Lugdunensis opera omnia, éd. par Lieven Van Acker, Turnhout :
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Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume IX – Pièces 911 à 1050, publiées
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Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle. Volume XIII – Chartes no 1558 à 1686,
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INDEX PERSONARUM

Abon Gros [1167] : 233 Agnelle, mère d’Étienne de Randans,


Acciaiuoli, famille florentine à la tête donatrice entre 1055 et 1077 de biens
d’une compagnie marchande et sis à Duerne en faveur de l’abbaye
financière opérant dans toute l’Europe Saint-Martin de Savigny : 177
entre 1282 et 1345 : 457 Agnès, vénérée comme sainte par l’Église
Achard le Bressan [1193-1206] : 259 catholique romaine : 397
Achert, Barthélemy, citoyen de Lyon Agnès de Poitou (1025 ?-1077) : 148
[1308] : 345 Agnès de Savoie (1286-1322), fille du
Adalbert, évêque de Maurienne présent comte de Savoie Amédée V, épouse
à l’assemblée de Mantaille (879) : 53 du comte de Genève Guillaume III :
Adalgaire, évêque d’Autun (875- 300, 301, 304, 305, 306
893), représenté par son archidiacre Agnès, impératrice auguste : voir Agnès
à l’assemblée de Mantaille (879) : 53 de Poitou
Adélaïde, impératrice : voir Adélaïde Agnon d’Oingt [1193-1206] : 258
de Bourgogne Agobard, archevêque de Lyon (816-840)
Adélaïde de Bourgogne (931/932- [Agobardus] : 27, 33, 34, 36, 43, 512
999) : 111, 148, 149
Agobardus : voir Agobard
Adémar, vicomte de Lyon en 944 : 72,
Agoult, François-Louis d’~ de
73, 76
Montauban, comte de Sault,
Adon, abbé de Saint-Oyend (1149-1175) :
195 lieutenant général en Lyonnais [le
Adon, archevêque de Vienne (860-875), comte de Saux ; François d’Agoult, comte
auteur notamment d’un Chronicon et de Sault] : 609, 618
d’un Martyrologium, vénéré comme Aicard [944] : 73
saint par l’Église catholique romaine : Ailbert, lévite [978/981] : 97
107 Ailly, Pierre d’~ (1351-1420), théologien
Adrets, le baron des ~ : voir Beaumont : et philosophe, évêque de Cambrai
François de ~ (1396-1411), cardinal-prêtre de San
Adrien IV, pape (1154-1159) : 164, 219 Crisogono (1411-1420) : 388
Affricanus : voir Africain Aimar de Farnay, seigneur vassal du
Africain, évêque de Lyon à la fin comte de Forez, puis de l’Église de
du ve  siècle, vénéré comme saint Lyon [1173] : 239
et martyr par l’Église catholique Aimar de Montfol [1193-1206] : 260
romaine [Affricanus] : 512 Aimon, archevêque de Tarentaise [1030-
Aganon [917] : 68 1032] : 113
684 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Aimon, évêque [943]  : voir Aimon, Albon, le comte d’~ [1158]   : voir
évêque de Genève Guigues V (1125 ?-1162)
Aimon, évêque de Genève, archichancelier Albret, Bertucat d’~, chevalier gascon,
du royaume de Bourgogne [943] : 75, chef d’une compagnie de routiers
79, 80 opérant en Forez et Auvergne en
Aimon, sous-diacre [944] : 73 1366 : 428
Aimon de Châtillon [1193-1206] : 258 Albret, Gabriel d’~ (†  1503), sire
Aimon de Genève : voir Aimon, évêque d’Avesnes et de Lesparre, grand
de Genève sénéchal de Guyenne [le seigneur
Aimon de Rovère, pénitencier [1167] : d’Avanes] : 538, 539
233 Alençon, Charles d’~, archevêque de
Aimon de Tarentaise : voir Aimon, Lyon (1365-1375) : 164
archevêque de Tarentaise Alexandre (†  178 ?), compagnon
Ainard [917] : 68 d’Irénée, vénéré comme saint martyr
Alamans : 35 par l’Église catholique romaine : 248
Albano, cardinal-évêque d’~ [1316] : Alexandre (356-323 av. l’ère commune),
voir Aux : Arnaud d’~ roi de Macédoine : 573, 584
Albanye, le duc d’~ : voir Stuart : Jean ~ Alexandre, évêque, serviteur des
Albéric de  Trois-Fontaines († serviteurs de Dieu [1164 ; 1165] :
voir Alexandre III, pape (1159-1181)
après 1252), moine cistercien et
Alexandre, pape [1163]   : voir
chroniqueur : 142
Alexandre III, pape (1159-1181)
Albert de Thizy [1193-1206] : 258
Alexandre, souverain pontife [1167] :
Alberti, Niccolò, cardinal-évêque
voir Alexandre III, pape (1159-1181)
d’Ostie (1303-1321) : 395
Alexandre III, pape (1159-1181) : 134,
Albigeois : 266 163, 164, 188, 189, 203, 226, 227,
Albin, évêque de Lyon au ive siècle, 228, 229, 230, 234, 236, 241, 252
vénéré comme saint par l’Église Alexandre VI, pape (1492-1503) : 537
catholique romaine [Alpinus] : 512 Alexandre de Bâgé († avant 1272), sire
Albizzi, famille florentine dont certains de Bourg, oncle paternel de Sibylle
membres s’opposèrent de façon répétée de Bâgé : 278, 280
aux Medici pour le gouvernement de Algrin, chanoine d’Étampes, clerc du
la seigneurie : 513 roi des Francs Louis VI [1121] : 162
Albois, Jean d’~, citoyen de Lyon [1308] : Alissandres, Jaquemet, maître potier
345 lyonnais [1358] : 451
Albon, Gui d’~, seigneur du Lyonnais Allemands : 138, 577, 578
[1308] : 356 ; Guillaume d’~, seigneur Allold [1030/1032] : 114
du Lyonnais [1308] : 356 ; Henri d’~, Alpinus : voir Albin
seigneur du Lyonnais [1308] : 356 ; Alt, Georg (†  1510), auteur d’une
Jacques d’~ (1505 ?-1562), marquis traduction allemande du Liber
de Fronsac, seigneur de Saint-André[- chronicarum de Hartmann Schedel :
d’Apchon] et maréchal de France, 499, 500
gouverneur de Lyon et du Lyonnais Alvala, archevêque de Lyon (895-906) :
[le sieur d’Achon] : 558 58
INDEX PERSONARUM 685

Amalric, lévite [1000]1 : 128 Amolon, archevêque de Lyon (841-852) :


Amalric, vicaire [1030/1032]2 : 113 43, 44, 57
Amauri, Giraud, citoyen de Lyon [1308] : Anaclet, pape (76-88) : 156
345 Ancelin, Thibaud (15..-1608),
A mblard, archevêque de Lyon imprimeur du Roi : 571
(957 ?-978) : 82 Anchéri, prêtre [978/981] : 97
Amblard d’Entremont, professeur de Andars, Pierre d’~, citoyen de Lyon
lois [1294] : 282 [1308] : 345
Amboise, Georges d’~ (1460-1510), André, vénéré comme saint, notamment
ministre du roi de France Louis XII, par l’Église catholique romaine : 67,
cardinal-prêtre de San Sisto (1498- 114, 397, 458
1510) [le cardinal d’Amboise] : 537, André, prévôt [950] : 97
540 ; Guy d’~ (1475-1508), dit André l’Anglais, serviteur du comte
Poquedenare (Pochi Denari), neveu du de Savoie Amédée V [1306] : 306
cardinal [le seigneur de Ravel, nommé André Cornoley [1193-1206] : 260
Pocquedenare] : 538, 539 ; Michel d’~ Andrevet, familier d’Agnès de Savoie
[1306] : 305
(1505 ?-1547), poète : 597
A n dr evet, ma rchand de la rd
Amédée, comte de Savoie [1294] : voir
(lardonarius), fournisseur de l’hôtel du
Amédée V
comte de Savoie Amédée V [1306] :
Amédée, comte de Savoie, duc de
302, 303
Chablais et d’Aoste, marquis en
Aneau, Barthélemy (1505 ?-1561),
Italie et comte de Genève [1407] : professeur de réthorique et poète,
voir Amédée VIII principal du collège de la Trinité à
Amédée V (1249-1323), comte de Savoie Lyon : 628
(1285-1323) : 18, 267, 276, 277, 281, Angarnier, intermédiaire entre la
299, 300, 309, 529 société lyonnaise des frères de
Amédée VIII (1383-1451), comte de La Dorche et l’archevêque de Riga
Savoie (1391-1416), duc de Savoie Friedrich von Pernstein [1332] : 458
(1416-1440), antipape (Félix V, 1439- Angers, monsieur d’~ : voir Ruzé :
1449) : 18, 460, 466, 529 Guillaume ~, évêque d’Angers
Amédée IX (1435-1472), duc de Savoie (1572-1587)
(1465-1472) : 529 Anglais : 430
A médée de  Boenc, va ssal de Angleterre, le roi d’~ [1357] : voir
l’archevêque de Lyon [1193-1206] : Édouard III (1312-1377) ; [1500] : voir
259 Henri VII (1457-1509]
Amédée de Coligny [1188] : 198 Angoulesme, le comte d’~ [1487] : voir
Amiral, l’~ [1487]  : voir Malet de Charles d’Orléans (1459-1496)
Graville, Louis Anjou, le duc d’~ [1564] : voir Henri III
Amizon, archevêque de Tarentaise en (1551-1589)
994 : 101 Anne de Bretagne (1477-1514), reine

1 Peut-être identique à : Amalric, vicaire [1030/1032].


2 Peut-être identique à : Amalric, lévite [1000].
686 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de France (1491-1498 et 1499-1514) : l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de


533, 537, 539, 569 Césarée [Anthonius Verus] : 248, 511
Anne de Foix (1484-1506), fille du Appelt, Heinrich (1910-1998), historien
comte de Candalle Gaston II de Foix, et diplomatiste autrichien, membre
né Jean, demoiselle d’honneur de la directeur des Monumenta Germaniae
reine de France Anne de Bretagne, Historica (Deutsches Institut für
puis reine de Hongrie, de Croatie et Erforschung des Mittelalters), pour
de Bohême par son union en 1502 lesquels il édita notamment les actes
avec Vladislas Jagellon [mademoiselle de l’empereur Frédéric Ier : 190
de Candalle] : 539 Apremont, Aymon d’~, officier du comte
Annemundus : voir Ennemond de Savoie Amédée VIII [1407] : 466
Annon, diacre [978/981] : 97 Aquitains, duc des ~ : voir Guillaume Ier
Anonyme normand, auteur de traités (875-918), Louis VII (1120-1180)
théologiques et politiques vers 1100 : Aragon, famille royale : voir Charlotte
160 d’~ (1479/1480-1506), Louis d’~
Anselme, évêque d’Aoste en 994 : 101 (1475-1519)
Antelme ou Anthelme de Chignin Arbent, Louis d’~, tavernier [1436] [Loys
(1107-1178), prieur général des d’Arbent] : 469
chartreux (1139-1151), prieur de la Archenold, abbé [916] : 66
chartreuse de Portes (1152 ?-1163 ?), Arches, sieur des ~ : voir Mesmes (Jean-
évêque de Belley (1163-1178), cano- Jacques de)
nisé en 1368 : 221, 222 Archiduc, l’~ [1500] : voir Philippe
Antelme de Chandieu [1193-1206] : d’Autriche
260 Ardrad [993] : 124
Anthiocus : voir Antioche / Andéol Ardrad de Barbares, donateur de biens
Antioche ou Andéol, évêque de sis à Duerne en faveur de l’abbaye
Lyon († 410 ?), vénéré comme saint, Saint-Martin de Savigny [1055-
notamment par l’Église catholique vers 1060 ou vers 1065-1077] : 177
romaine [Anthiocus] : 501, 512 Arduin de La Salle, familier du sire de
Antoine, abbé de Saint-Martin de L’Île- Beaujeu Humbert III [vers 1170] : 214
Barbe à la fin du xe siècle : 108, 110 Arduin Rabutin, familier du sire de
Antoine de Bourbon (1518-1562), duc Beaujeu Humbert III [vers 1170] : 214
de Vendôme, roi de Navarre (1555- Arembour [918] : 70
1562) par son mariage avec Jeanne Ariberto da Intimiano, archevêque
d’Albret [le feu roi de Navarre] : 559 de Milan (1018-1045) : 138
Antoine de Lorraine (1489-1544), Arige ou Arey, évêque de Lyon au début
duc de Lorraine et de Bar (1508- du viie siècle, vénéré comme saint par
1544) : 511 l’Église catholique romaine [Arigius] :
Antonius Verus, nom par lequel la tradition 119, 123, 512
hagiographique de l’Église de Lyon Arigius : voir Arige
désignait l’empereur romain Marc Arlulf [917] : 68
Aurèle, sous le règne duquel auraient Armagnacs, l’un des deux partis
péri les martyrs de Lyon connus par qu’opposa entre 1410 et 1435 une
INDEX PERSONARUM 687

guerre civile en France, dans le cadre Artauds, dynastie comtale du Forez :


de la guerre de Cent Ans : 13, 416 117, 118
Armand [916] : 66 Arthaud, Jean, officier du comte de
Arnaud, archevêque d’Embrun en 890 : Savoie Amédée V [1306] : 300, 304,
56 307
Arnaud, exécuteur testamentaire Aubret, Louis (1669-1748), conseiller
(elemosinarius) d’Ingelberge [917] : 67 au parlement de Dombes, auteur
Arnold [993] : 125 de Mémoires pour servir à l’histoire de
Arnoul, abbé de Saint-Martin de Dombes : 142, 193, 206
Savigny en 918 : 69, 70, 71 Aubusson, Pierre d’~ (1423 ?-1503),
Arnoul, sous-diacre [978/981] : 97 grand-maître de l’ordre de l’Hôpital
Arnoullet, Balthasar (1517 ?-1556 ?), (1476-1503) [le grand maître de Rodes] :
imprimeur-libraire lyonnais, installé 540
rue Confort entre 1540 et 1556, Audebert, Mathieu, citoyen de Lyon,
éditeur notamment de la Christianismi consul de Lyon [1454] : 473, 489
restitutio de Michel Servet : 500 Augendus : voir Oyend
Arnoux, Mathieu, professeur d’histoire Auger, Émond / Edmond ~ (1530-1591),
médiévale, éditeur scientifique des jésuite, confesseur du roi de France
Histoires de Raoul Glaber : 168 Henri III : 628
Auguste (63 av.  l’ère commune-14 de
Arnulf (850 ?-899), roi de Francie
l’ère commune), premier empereur
orientale (887-899), roi d’Italie (896-
romain (27 av. l’ère commune-14 de
899), empereur (896-899) : 55, 56
l’ère commune) [Auguste Octavien] :
Arras, l’évêque d’~ [1305]   : voir
500, 508
Pigalotti : Gerardo ~
Augustin (354-430), évêque d’Hippone,
Arri [993] : 125 docteur de l’Église latine : 39, 40,
Ars, Henri d’~, chanoine de l’église 41, 321
Saint-Just de Lyon [1302 ; 1303] : Aurélien, archevêque de Lyon (875-
291, 292 895) : 29, 50, 53, 55, 56, 58, 59
Artaud [944] : 73 Aurélien, notaire [861] : 49
Artaud [984/993], fils de Gérard et Auton, Jean d’~ (1466-1527), religieux
Gimberge, comte de Lyon à la fin augustin, historiographe du roi
du xe siècle : 18, 31, 101, 118, 119, Louis XII : 538
120, 122, 124, 127, 129 Aux, Arnaud d’~, cardinal-évêque
Artaud, comte de Forez [v. 1075 ; 1076] : d’Albano (1312-1320) : 395
voir Artaud II († 1078/1079) Auxerre, le comte d’~ [1310-1311] : voir
Artaud, frère du comte de Lyon Géraud Jean II (1292-1361)
[1016/1017] : 129 Avanes, le seigneur d’~ : voir Albret,
Artaud, prévôt de la ville de Vienne Gabriel d’~
[1030-1032] : 113 Aymon, lévite [950] : 97
Artaud, vicomte [3e quart du xe siècle] : Aymon Barral, officier du comte de
117 Savoie Amédée V [1294] : 282
Artaud  II (†  1078/1079), comte de Aymon de Bocsozel [1193-1206] : 259
Forez : 172, 173, 174, 175, 177 Aymon de  Lay, seigneur vassal de
688 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

l’abbaye Saint-Martin de Savigny, Barral, Jean, maître hôtelier lyonnais


frère de l’abbé Ponce de Lay [1128] : [1358] : 450
208 Barres, Louis des ~ († 1549), en 1500
Aymon de Savoie (1291-1343), comte capitaine de La Réole, pensionné
de Savoie (1329-1343) : 306 par le roi de France Louis XII, puis,
A zon, exécuteur testamentaire sous le règne de François Ier, maître
(elemosinarius) d’Ingelberge [917] : 67 d’hôtel ordinaire du roi [le seigneur
des Barres] : 538, 539, 540
Badefols, Seguin de ~ (1331 ?-1366), Barthélemy, évêque d’Autun (1298-
chef d’une compagnie de routiers 1308) : 358
ayant opéré en Lyonnais : 427, 428 Basile, vénéré comme saint, notamment
Badin, abbé de Saint-Martin de Savigny par l’Église catholique romaine : 397
(937-953) : 94, 95 Bassiano [1306], peut-être Bassiano de’
Bâgé, lignage bressan  : 276 ; voir  : Guaschi, juriste italien : 305
Alexandre de Bâgé, Sibylle de Bâgé Baudrans, Hugonet, seigneur du
(† après 1294), Sibylle de  Bâgé Lyonnais [1308] : 356
(1255-1294) Bayard, Françoise, historienne : 636
Baïf, Jean-Antoine de ~ (1532-1589), Bayle, Andrevon, conseiller de Lyon pour
poète, membre de la Pleiade : 597 l’exercice 1358-1359 : 451
Baillon, Pierre de  ~, prévôt des Béarnais, le : voir Henri IV (1553-1610)
Béatrice de Bourgogne (1140/1144-
marchands de Lyon en 1600 : 572, 602
1184) : 219
Bajazet II (1447-1512), sultan ottoman
Beaujeu, Jacques de ~ († 1418), maître
(1481-1512) [le Grand Turc] : 540
tailleur de pierre et juré des travaux
Baldemar, évêque de [deest] en 879 : 53
de la ville de Lyon [1396], connu
Baldomer : voir Galmier surtout comme maître de l’œuvre
Balme, Jean de ~, chanoine de l’église de la cathédrale Saint-Jean et maître
Saint-Just de Lyon [1303] : 292 des œuvres du Dauphiné : 481
Baluze, Étienne (1630-1718), secrétaire Beaujeu, le seigneur de ~ [1310-1311] :
de l’archevêque de Toulouse Pierre voir Guichard VI († 1331)
de Marca, puis bibliothécaire du Beaumont, François de ~ (1512/1513-
ministre Jean-Baptiste Colbert et 1587), baron des Adrets [François de
professeur de droit canon au Collège Beaumont, seigneur des Adrets] : 543,
de France, l’un des fondateurs de la 553, 556, 628
méthode historique moderne : 156, Beauvoir, Aymar de ~ [1306] : 305
213 Becherone, Guillemette, de Lyon,
Banno, Piero de  ~, maître ferratier fournisseuse de l’hôtel du comte de
lyonnais [1358] : 451 Savoie Amédée V [1306] : 302
Bar, Nicolas de ~, évêque de Mâcon Bechet, André, maître hôtelier lyonnais
(1296-1316) : 358 [1358] : 450
Barnoin, archevêque de Vienne (886- Bède le Vénérable (673 ?-735),
899 ?) : 55, 56, 59, 61 bénédictin, proclamé docteur de
Baronnat, Jacques, échevin de Lyon l’Église en 1899, auteur notamment
[1572] [ Jacques Baronat] : 633 d’un Martyrologe : 254
INDEX PERSONARUM 689

Beguyn, fournisseur de l’hôtel du comte Bermond, fils d’Évrard, bénéficier [841-


de Savoie Amédée V [1306] : 302 852] : 43, 44
Bek, Antony, évêque de Durham (1284- Bermond, père de Hugues [944] : 73
1311), patriarche de Jérusalem (1306- Bernaire, évêque de Grenoble en 879 :
1311) : 297 53
Belleau, Rémi (1528 ?-1577), poète, Bernard [993 (1)] : 125
membre de la Pléiade : 597 Bernard [993 (2)] [la Hideuse, qu’on
Belleforest, François de ~ (1530-1583), nomme « Entrailles »] : 125
écrivain français, auteur notamment Bernard Ier (10..-115. ?), prieur de Portes,
d’une Cosmographie universelle : 499, moine de l’abbaye bénédictine Notre-
500 Dame d’Ambronay, puis fondateur
Belleperche, Pierre de ~ (vers 1230- en 1115 et premier prieur de la
1308), clerc du roi de France chartreuse Notre-Dame de Portes,
Philippe IV, puis évêque d’Auxerre qu’il dirigea jusqu’en 1143 (ou 1157 ?),
(1306-1308) : 333 auteur de la chronique Quae in poste-
Bellet, Guillermet, maître tondeur et rum : 192
couturier lyonnais [1358] : 450 Bernard d’Ambronay : voir Bernard Ier
Bellièvre, Claude (1487-1557), (10..-115. ?), prieur de Portes
humaniste lyonnais : 119, 467, 496, Bernard de Nant, donateur de biens sis
507 à Duerne en faveur de l’abbaye Saint-
Benoît, le bienheureux ~ : voir Benoît Martin de Savigny [1055-v. 1060 ou
de Nursie v. 1065-1077] : 177
Benoît, le père ~ : voir Benoît de Nursie Bernard de Saint-Germain, chevalier
Benoît, vénéré comme saint, notamment [1193-1206] : 258
par l’Église catholique romaine : voir Bernard Gui (126.-1331), dominicain,
Benoît de Nursie auteur notamment de Flores
Benoît de Nursie (env. 480- 547), chronicorum : 7, 296
auteur de la règle bénédictine : 96, Bernard Plantevelue (841-886),
144, 397, 460 comte d’Auvergne et marquis de
Bérard [944] : 73 Gothie : 29, 63
Bérard [984/993] (1) : 121 Bernard, Auguste (1811-1868),
Bérard [984/993] (2) : 121 correcteur à l’Imprimerie royale,
Bérard [1016/1017] : 129 puis impériale, et son historiographe,
Bérard de Got, archevêque de Lyon historien du Forez et du Lyonnais,
(1289-1294), cardinal-évêque éditeur des cartulaires des abbayes
d’Albano (1294-1297), frère du pape de Savigny et d’Ainay ainsi que des
Clément V : 366 chartes de l’abbaye de Cluny : 126,
Bérard de Pizay, doyen de l’Église de 150, 151
Lyon [1173] : 239, 260 Bernon (vers 850-927), abbé de Saint-
Béraud, abbé de Saint-Gilles en 1076 : Pierre de Gigny (890-909), puis de
176 Saint-Pierre-Saint-Paul de Cluny
Berlion, archidiacre de Lyon, neveu (910-925), abbayes fondées par lui :
de l’archevêque Humbert II [1055- 67, 72, 218
v. 1060 ou v. 1065-1077] : 177 Berout, Andrevet, maître pêcheur
690 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

lyonnais, conseiller de Lyon pour de Lyon, conseiller du comte de Savoie


l’exercice 1358-1359 : 451 Amédée V : 276, 281
Berry, le duc de ~ [1389] ; monseigneur Billoud, Colinet, serviteur du comte de
de ~ [1370] : voir Jean de France Savoie Amédée V [1306] : 307
(1340-1416) Biondo, Flavio (1392-1463), humaniste,
Berthe de Souabe († 957/961), reine historien et archéologue, secrétaire
de Bourgogne : 148 des papes Eugène  IV, Nicolas  V,
Berthold, comte d’Andechs  : voir Calixte  III et Pie  II, auteur
Berthold III (1110/1115-1188) notamment des Historiarum ab inclina-
Berthold, duc de Zähringen : voir tione Romanorum imperii decades : 499
Berthold IV (vers 1125-1186) Biraco, évêque de Gap en 879 : 53
Berthold III (1110/1115-1188), comte Birague, René de ~ (1506-1583)
d’Andechs (1151-1188) et de la marche [monseigneur le président de Birague] :
d’Istrie (1173-1188) : 211 616, 618
Berthold IV (vers 1125-1186), duc de Bissard, Guicherd, écuyer, paroissien
Zähringen et recteur de Bourgogne de Vaulx, auj. Vaulx-en-Velin : 487
(1152-1186) : 195 Blacieu, Jean de ~, maître charpentier
Bertholon, Marie-Antoine ~, échevin lyonnais [1358] : 450
de Lyon en 1789 : 22 Blain [918], vassal de l’abbaye Saint-
Bertraius [861] : 49 Martin de Savigny : 70
Bertrand, abbé de Cluny [1308] : voir Blain [993] : 124
Colombier (Bertrand du) Blain [1055-v. 1060 ou v. 1065-1077]
Bertrand, archevêque de Bordeaux (1), doyen du chapitre cathédral de
[1305] : voir Clément V Lyon : 177
Bertrand de Tarare, vassal de l’abbaye Blain [1055-v. 1060 ou v. 1065-1077] (2),
Saint-Martin de Savigny [v. 1170] : fils d’Ardrad de Barbares, donateur
214 de biens sis à Duerne en faveur de
Bertrand, Guillaume, juge de Bâgé l’abbaye Saint-Martin de Savigny :
[1306] : 303 177
Berzé, Geoffroy de ~, gardiateur de Lyon Blanc [1193-1206] : 260
[1303] : 292 Blanche de Malosas [1193-1206] : 260
Besançon, l’archevêque de ~ [994] : Blanche de Montagny [1193-1206] :
voir Liétaud, archevêque de Besançon 260
Besne, le comte de ~  : voir Costa Blet, Guillaume de ~, trésorier de la
(Giovanni Lodovico) ville de Lyon en 1488 : 531
Bethmann, Ludwig Konrad ~ (1812- Blondel, serviteur du comte de Savoie
1867), historien et philologue Amédée V [1306] : 306
allemand : 188 Blondel, Marquet, habitant de Lyon,
Beyssac, Jean (1859-1929), historien de fournisseur de la Ville : 531, 532
l’Église de Lyon : 175 Bocard, Geoffroy, chevalier [1303] : 293
Bilhères-Lagraulas, Jean de ~, abbé Boccace / Giovanni Boccaccio (1313-1375),
de Saint-Denis (1475-1499) : 530 écrivain italien : 499
Billens, Nicolas de ~ († 1304), juriste Bochet, serviteur du comte de Savoie
originaire du pays de Vaud, chanoine Amédée V [1306] : 307
INDEX PERSONARUM 691

Boileau, citoyen de Lyon [1319] : 423 Bourbon, monsieur le duc de ~,


Boillat, Étienne, procureur royal de connétable de France [1487] : voir
la cité et de la sénéchaussée de Lyon Jean II (1426-1488)
[1396] : 481 Bourbons  : 416 ; voir Antoine
Bollandistes, Société des ~, institution de Bourbon (1518-1562), Charles III
jésuite éditrice des Acta sanctorum (1490-1527), Charles de Bourbon
depuis 1643 : 218 ; voir Henschen, (1433-1488), François de Bourbon
Godefroid ~ (1601-1681) ; Périer, Jean (1470-1495), Jean II (1426-1488),
~ (1711-1762) Louis de  Bourbon (1530-1569),
Bonard, Jean, gravement battu [1319] : Pierre II (1438-1503)
423 Bourdin, l’apostat ~ : voir Grégoire VIII,
Bonet Deschas [1193-1206] : 260 antipape
Boniface VIII, pape (1294-1303) : 267, Bourgeois, Jean († 1494), frère mineur,
291, 292, 297, 353, 377 fondateur à Lyon du couvent de
Bonin, chanoine de l’église Saint-Just l’Observance [frère Jehan Bourgeois] :
de Lyon [1302] : 291 575
Bonin, André, maître ferratier lyonnais Bourges, Claude de ~, sire de Mions,
[1358] : 451 ; Antoine ~, sieur de
premier échevin de Lyon en 1600
Servières, échevin de Lyon en 1565, [M. de Myons] : 603
catholique [le seigneur de Servières
Bourges, le roi de ~ : voir Charles VII
Bonin] : 614
(1403-1461)
Bonnassieux, Pierre (1850-1895),
Bourgneuf, Jean de  ~, chapelain
archiviste paléographe français,
perpétuel de l’église Saint-Just de
auteur d’une étude De la réunion de
Lyon [1302] : 292
Lyon à la France : 188, 209
Bonnel, Jean, maître saunier lyonnais Bourgogne, le duc de ~, oncle du roi des
[1358] : 450 Francs Robert II [994] : voir Eudes-
Bonneval, Germain de ~ († 1524), Henri (946 ?-1002)
chambellan des rois de France Bourguignons, l’un des deux partis
Charles VIII, Louis XII et François qu’opposa entre 1410 et 1435 une
Ier [le seigneur de Bonneval] : 538, 539 guerre civile en France, dans le cadre
Bonnivard, Jean l’Ancien [1306] : 303 de la guerre de Cent Ans : 13, 416
Borgia, César (1475-1507), fils du pape Bourillon, Germain, châtelain de Saint-
Alexandre VI, duc de Valentinois, Priest [1489] : 488
gouverneur de Lyon et du Lyonnais Bournicard, Jacques, échevin de Lyon
(1498-1507) : 537 en 1565, catholique : 614
Boson, roi de Provence (879-882) : 29, Bourville, André de  ~, procureur
30, 48, 50, 51, 52, 56, 58 général de l’ordre des Célestins en
Bosonides : 29 1407 : 462
Bouchan, Pierre, maître panetier Boyer, Pierre, citoyen de Lyon [1308] :
lyonnais [1358] : 450 345
Bourbon, le duc de ~ notre oncle, Brancaccio, Landolfo, cardinal-diacre
connétable de France [1487] : voir de Sant’Angelo in Pescheria (1294-
Jean II (1426-1488) 1312) : 365, 366
692 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Braudel, Fernand (1902-1985), Burchard Ier, archevêque de Lyon (949-


historien : 7, 8 956 ?) : 31, 81, 94, 95, 97
Braun, Georg (1541-1622), doyen du Burchard II, archevêque de Lyon (979-
chapitre de l’église collégiale Sankt 1030/1031) et abbé de Saint-Maurice
Maria ad Gradus (Mariengraden) d’Agaune, fils du roi de Bourgogne
de Cologne, géographe, éditeur Conrad : 31, 85, 87, 90, 95, 97, 101,
scientifique entre 1572 et 1618 du 111, 112, 117, 124, 127, 128, 147, 149,
grand atlas Civitates orbis terrarum, 168, 169, 191
qui fit date dans l’histoire de la Burchard III, évêque d’Aoste, puis
cartographie des villes : 496 archevêque de Lyon (1032-1036) :
Bresse, Jean de ~ [1436], aubergiste 137, 138, 139, 168, 169
[ Jhean de Bresse] : 469 Burdin, Guillaume, métral de Voiron
Brial, Michel-Jean-Joseph ~ (1743- [1306] : 303
1828), bénédictin de la congrégation Burdinus : voir Grégoire VIII, antipape
de Saint-Maur, l’un des auteurs du Burgondes  : 35 ; roi des ~  : voir
Recueil des historiens des Gaules et de Sigismond
la France : 224 Burgondion, charretier au service du
Brillac, Clément de ~, évêque de Saint- comte de Savoie Amédée V [1306] :
Papoul (1472-1495) : 524, 525 304
Brun, Hugues, obéancier de l’église
Saint-Just de Lyon [1302] : 291 Cafignon ou Caffignon, Jean de ~,
Brunet, Hugonet, sergent du Roi chapelain perpétuel de l’église Saint-
[1396] : 481 Just de Lyon [1302, 1303] : 292, 293
Brunicart, Jean, citoyen de Lyon, consul Caillé, Andrevet, maître pelletier
de Lyon [1454] [ Jehan Brunicart] : 489 lyonnais [1358] : 450
Brunier, Pierre, citoyen de Lyon, consul Caligula : voir Gaius Julius Caesar
de Lyon [1454] : 473, 489 Augustus Germanicus (12-41)
Bruno d’Eguisheim-Dabo, évêque de Calixte II, pape (1119-1124) : 159, 160,
Toul (1026-1049), ultérieurement le 164, 202
pape Léon IX (1049-1054) : 145 Camicant, le jeune ~ : voir Cassaignet,
Brunon de Roucy, évêque de Langres Bernard de ~
(980-1016) : 101 Camillii, Jean de ~ [1306] : 304
Buatier, Jehan, citoyen et conseiller de Camps, François de ~ (1643-1723), abbé
la ville de Lyon : 531 de Signy, numismate et historien,
Budé, Jean († 1501), notaire et secrétaire auteur notamment d’un traité De la
du roi de France Charles VIII : 528 Souveraineté de la couronne de France sur
Buet, Alle de ~, chef d’une compagnie les royaumes de Bourgogne transjurane et
de routiers opérant en Auvergne et d’Arles : 142, 206
en Forez en 1357 : 428 Candalle, mademoiselle de ~ : voir
Bulioud, Hugonet, seigneur du Lyonnais Anne de Foix
[1308] : 356 Canuts, nom donné à Lyon aux ouvriers
Bullioud, Claude, chanoine de Saint- tisserands de la soie : 9
Just et de Saint-Paul de Lyon actif Capétiens : 6, 11, 265, 266, 267, 271,
entre 1512 et 1520 : 119 273, 274, 388, 389
INDEX PERSONARUM 693

Carcassonne, sénéchal de ~ [1487] : Chaponnay, Antoine, licencié en lois,


voir Montfaucon, Claude de ~ procureur fiscal général du Dauphiné
Carloman (v. 866-884), roi de Francie [1489] : 487 ; Gautier de ~ [1194] :
occidentale (879-884) : 63, 66 204 ; Jacquemet de  ~, conseiller
Carolingiens : 29, 43, 50, 76, 192 de Lyon pour l’exercice 1358-1359
Cassaignet, Bernard de ~ [1500] [le [ Jaquemet de Chapponnay] : 451 ; Hum-
jeune Camicant] : 538 bert de ~, citoyen de Lyon [1308] :
Cassard, Rolet, syndic et procureur de 345 ; Nicolas de ~, seigneur de Feyzin,
l’université de la cité de Lyon [1308] : échevin de Lyon en 1565, catholique
345 [le seigneur de Feysin] : 614
Castelas, l’élu ~, officier de finance : 633 Chappe, Marc-Antoine ~ (1697-178.),
Catherine de Médicis (1519-1589), reine avocat, recteur et administrateur de
de France : 570, 587, 603, 628, 629 l’hôpital général de la Charité en 1734
Cécile, vénérée comme sainte, et 1736, échevin de Lyon entre 1740 et
notamment par l’Église catholique 1743, archiviste et bibliothécaire de la
romaine : 397 ville de Lyon entre 1746 et 1781 : 431
Célestin II, pape (1143-1144) : 164 Chappuys, Gabriel (1546 ?-1613 ?),
Célestin III, pape (1191-1198) : 203, homme de lettres et historiographe
250, 253 de France : 571
Celtes : 509 Charlemagne (747/748-814), roi des
Cent-Suisses, compagnie de mercenaires Francs (768-814), empereur (800-
suisses au service des rois de France 814) : 13, 27, 33, 43, 90, 612
de 1497 à 1792 [Cent Suyces] : 538 Charles (v. 845-863), dit le Jeune, roi de
César (100-44 av.  l’ère commune), Provence (855-863) : 27, 29, 47, 48,
général et homme politique romain : 49, 52, 57-58, 82
555, 602 Charles, comte [944] : voir Charles-
Chabannes, Gilbert de ~ († av. 1493), Constantin, comte de Viennois
sire de Curton, conseiller des rois de Charles, le dauphin ~ : voir Charles VII
France Louis XI et Charles VIII [le (1403-1461)
sire de Curton] : 528 Charles, duc de Bourbon et connétable
Challant, Boniface de ~ († 1426), de France [1515] : voir Charles III
maréchal de Savoie (1384-1418) : 466 (1490-1527)
Chalon, Pierre de ~, procureur du roi de Charles, empereur auguste [892] : voir
France Philippe IV [1308] : 344, 345 Charles II (823-877)
Champier, Symphorien (1472-1539), Charles, frère du roi de France
médecin lyonnais, archéologue Philippe IV : voir Charles de France
antiquaire, auteur notamment d’un (1270-1325)
traité De la hiérarchie de l’Église de Charles, par la grâce de Dieu roi
Lyon : 496, 510, 511, 570 de France [1368] : voir Charles V
Champion, Richard [1306] : 303, 306 (1338-1380)
Chanay, Geoffroy de ~, châtelain de Charles, par la grâce de Dieu roi de
Jasseron [1306] : 302 France [1386]   : voir Charles  VI
Chandée, Hugues de ~ [1294 ; 1306] : (1368-1422)
281, 305 Charles, par la grâce de Dieu roi de
694 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

France [1487] : voir Charles VIII Charles Ier (1468-1490), duc de Savoie


(1470-1498) (1482-1490) : 495, 529, 530, 567
Charles, par la grâce de Dieu roi Charles de Bourbon (1433-1488),
des Francs [1364] : voir Charles V archevêque de Lyon (1444-1488),
(1338-1380) cardinal-prêtre de Santi Silvestro e
Charles, par la grâce de Dieu roi Martino ai Monti (1476-1488) [le
des Francs [1394] : voir Charles VI cardinal de Lyon] : 526
(1368-1422) Charles de France (1270-1325), comte
Charles, roi des Francs par la grâce de Valois, frère du roi de France
de Dieu [1381]  : voir Charles  VI Philippe IV [monseigneur de Valois] :
(1368-1422) 297, 369, 370, 392
Charles II (823-877), dit le Chauve, roi Charles d’Orléans (1459-1496), comte
des Francs (840-877) et empereur d’Angoulême (1467-1496) [le comte
d’Occident (875-877) : 29, 50, 58, d’Angoulesme] : 528
60, 184, 193 Charles de Provence : voir Charles (v.
Charles  III (839-888), dit le Gros, 845-863), dit le Jeune, roi de Provence
empereur (881-887) : 29, 54, 55, (855-863)
56, 58 Charles de  Valois  : voir Charles
Charles Ier, roi d’Espagne : voir Charles de France (1270-1325)
Charles le Chauve : voir Charles II
Quint (1500-1558)
(823-877)
Charles III (879-929), dit le Simple, roi
Charles le  Gros  : voir Charles  III
de Francie occidentale (898-923) :
(839-888)
64, 68
Charles le Simple : voir Charles III
Charles V (1338-1380), roi de France (879-929)
(1364-1380) : 416, 439, 441 Charles Martel (v. 685-741), maire du
Charles VI (1368-1422), roi de France palais d’Austrasie et de Neustrie : 509
(1380-1422) : 14, 416, 442, 444, 477, Charles Quint (1500-1558), roi
478, 479, 487 [dauphin de Viennois], d’Espagne (1516-1556), empereur
567, 569 (1519-1556) : 504, 570
Charles VII (1403-1461), roi de France Charles, Simon [1436] [messire Symond
(1422-1461) : 13, 416, 485, 523, 524, Charles] : 470
529 Charles-Constantin, comte de
Charles VIII (1470-1498), roi de France Viennois en 944 : 73
(1483-1498) : 14, 419, 488 [roi des Charles-Emmanuel de Savoie
Francs, dauphin de Viennois], 496, 523, (1567-1595), duc de Genevois et de
524, 529, 530, 533, 536, 537 Nemours, gouverneur de Lyon et
Charles IX (1550-1574), roi de France du Lyonnais [monseigneur le duc de
(1560-1574) : 23, 553, 555, 556, 568, Nemours ; monseigneur le duc de Genevois
572, 592, 593, 595, 608, 612, 614, et de Nemours] : 572, 598, 615, 616, 618
618, 629, 630, 631 Charléty, Sébastien (1867-1945),
Charles  III (1490-1527), duc de historien et géographe : 7
Bourbon, connétable de France  : Charlotte d’Aragon (1479/1480-
570, 578 1506), princesse de Tarente, fille du
INDEX PERSONARUM 695

roi de Naples Frédéric Ier apparentée, Chavence, Michelet, témoin requis


par sa mère Anne de Savoie, au roi de [1396] : 481
France Charles VIII, élevée à la cour Chaveyriat, Perronet de  ~ [1332],
de France et dame d’honneur de la intermédiaire entre la société
reine Anne de Bretagne [la princesse lyonnaise des frères de La Dorche
de Tharente] : 539 et l’archevêque de Riga Friedrich
Charlotte de Savoie (1441-1483), reine von Pernstein : 458
de France : 529 Chenal, Benoît, citoyen de Lyon, consul
Charnay, Guillaume de ~, citoyen de de Lyon [1458] : 473
Lyon [1308] : 345 Chenevier, Michel, consul de Lyon en
Charpin-Feugerolles, Hippolyte 1396 : 481
de ~ (1816-1894), homme politique Chevrier, Barthélemy, citoyen de Lyon
et historien : 151 [1308] : 345
Charreton, Barthélemy, citoyen de Chevrier, Jean, chanoine de l’église
Lyon [1308] : 345 Saint-Just de Lyon [1303] : 292
Chastelard, Jean du  ~, prévôt de Chifflet, Pierre-François ~ (1592-
l’église Saint-Just de Lyon [1303 ; 1682), jésuite, auteur d’une Histoire de
1310] : 294 l’abbaye royale et de la ville de Tournus :
Chastellan, Benoît, dit de Saint Roman, 94, 183, 218
habitant de Lyon [1454] : 490
Childebod, évêque de Chalon (auj.
Chastillon, le sire de ~ [1487], le
Chalon-sur-Saône) en 950 : 97
seigneur de ~ [1500] : voir Coligny,
Chol, Poncet, maître saunier lyonnais
Jacques de ~
[1358] : 450
Châteauvieux, Pierre de ~, maître
Cholet, André, clerc [1302] : 290
tailleur de pierre et juré des travaux
de la ville de Lyon [1396] : 481 Chorgien, Henri de ~, châtelain de
Châtillon, Gaucher de, connétable Saint-Rambert [1306] : 303
de France (1302-1329) : 369 ; Gui Christian, prêtre et moine [950] : 97
de ~, comte de Saint-Pol (1289-1317) Chuyer, Guillaume de ~, seigneur du
[monseigneur de Saint Pol] : 369, 370 Lyonnais [1308] : 356 ; Isabelle de ~,
Châtillon, Jeannin de ~, seigneur du dame du Lyonnais [1308] : 356
Lyonnais [1308] : 358 Clairvaux, Jean, citoyen de Lyon, maître
Chauchas, Hugues, de Saint-Haon, horloger [1381] : 477, 478
clerc, notaire public [1308] : 348 Clapasson, André (1708-1770), avocat
Chaufand, Étienne [1348] : 453 lyonnais, auteur d’une Description de
Chauveau, Gilbert, dit Montjoie Saint- la ville de Lyon : 511
Denis, roi d’armes au service du Claude de France (1499-1524), reine
roi de France Louis XII, envoyé en de France (1515-1524) : 579
ambassade dans l’Empire ottoman Claude de  Turin  : voir Claude  II,
[1500] [Monjoye Saint Denys] : 540 évêque de Turin
Chaux, Pierre des ~, docteur en décrets Claude II, évêque de Turin (873-887),
[1303] : 293 ou Claude Ier, évêque de Turin (818-
Chavannes, Hugues de ~, seigneur du 827) : 107
Lyonnais [1308] : 356 Clémençon, Jacquemet, maître doreur
696 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

lyonnais [1358] [ Jaquemet Clemençon] : Collacet, Jean, clerc et notaire, témoin


451 [1359] : 439
Clément  V, pape (1305-1314), Colomans, Pierre de ~, clerc, procureur
précédemment Bertrand de  Got, du chapitre Saint-Just [1302] : 291
archevêque de Bordeaux (1299- Colombier, Bertrand du ~, abbé de
1305) : 267, 295, 297, 299, 300, 317, Cluny en 1308 : 358
345, 349, 350, 357, 358, 364, 365, Colonna, Giacomo (vers 1250-1318),
366, 375, 388, 392 ≈ voir aussi Bérard cardinal diacre de Santa Maria in Via
de Got, Gaillard de Got Lata (1278-1297) déchu par le pape
Clément  VII, antipape d’Avignon Boniface VIII, cardinal protodiacre
(1378-1394), rival d’Urbain VIII et (1305-1307), cardinal-prêtre de San
de Boniface IX : 444 Lorenzo in Lucina (1307-1318) : 297 ;
Clerc, Barthélemy, maître tavernier Pietro ~ (vers 1260-1326), cardinal-
lyonnais [1358] : 450 diacre de Sant’Eustachio (1288-1297)
Clermont, Antoine de ~ [1306] : 305 ; déchu par le pape Boniface VIII,
Geoffroy, seigneur de ~ [1306] : 305 rétabli par le pape Clément V (1305),
Clermont, le comte de ~ [1487] : voir cardinal-diacre de Sant’Angelo in
Pierre II (1438-1503) Pescheria (1306-1326) : 297, 400
Clos, Jean du ~ [1306] : 303 ; Pierre Combelande, le seigneur de ~ : voir
du ~ [1306] : 303 Guerrier, François ~
Clovis (vers 465-511), roi des Francs (481- Communay, Giraud de ~, chanoine de
511) : 573, 577, 578 Lyon et d’Autun [1302] : 292
Cohardy, Pierre de ~ : voir Courthardy, Condamin, James (1844-1928), chanoine
Pierre de ~ de Lyon, professeur à l’Institut
Colbert, Jacques-Nicolas ~, archevêque catholique de Lyon, éditeur du
de Rouen (1691-1707) : 156 Martyrologe de la sainte Église de Lyon :
Coligny, Gaspard Ier de ~ († 1522), 256
seigneur de Fromente, pensionnaire Condé, Louis de Bourbon (1530-1569),
du roi de France Louis XII, puis, sous prince de ~ : 552, 628
le règne de François Ier, maréchal de Condeyssié, pour Condeissiat (Ain), Jean
France, lieutenant général, prince de ~ [1436], notaire : 467-468, 471
d’Orange [le seigneur de Fremente] : Conrad  II (v. 990-1039), empereur
538, 539, 540 ; Gaspard  II de ~ (1027-1039) : 137, 138, 140, 141,
(1519-1572), amiral de France : 629 ; 143, 144, 151
Jacques de ~ († 1512), seigneur de Conrad († 993), dit le Pacifique, roi de
Châtillon, chambellan des rois de Bourgogne (942-993) : 30, 31, 72,
France Charles VIII et Louis XII, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 84,
prévôt de Paris en 1509 [le sire de 85, 87, 90, 94, 95, 97, 121, 125, 133,
Chastillon, le seigneur de Chastillon] : 141, 142, 144, 148, 151
528, 538, 539 Conrad (1134/1136-1195), comte palatin
Coligny, l’amiral de ~ : voir Coligny, du Rhin (1156-1195) : 200
Gaspard II de ~ Conrad, l’empereur ~ : voir Conrad II
Colin, Pierre, maître boucher lyonnais (v. 990-1039)
[1358] : 450 Conrad, le roi ~ : voir Conrad († 993)
INDEX PERSONARUM 697

Conrad le Pacifique : voir Conrad Cuysel, famille lyonnaise : voir Cuisel


(† 993)
Conrad le Salique : voir Conrad II Daimbert, archevêque de Sens (1098-
(v. 990-1039) 1122) : 160
Conrad, roi de Bourgogne : voir Conrad Dalmace [917] : 68
(† 993) Dalmace, abbé de Saint-Martin de
C onsta nce, ép ou se d ’ A rd r a d Savigny en 1078 : 153, 177
de Barbares, donatrice de biens sis à Dalmace Morel (…-1185), sénéchal de
Duerne en faveur de l’abbaye Saint- Lyon en 1162 : 211
Martin de Savigny [1055-v. 1060 ou Dalmace, Pierre, de Meyzieu [1489] :
v. 1065-1077] : 177 488
Corent, Hugonet de ~, officier du comte Dargoire, Pierre de ~, chanoine de
de Savoie Amédée V [1306] : 308 l’église Saint-Just de Lyon [1303] : 292
Corogny, Hufred de ~, donzeau [1302] : Datan, personnage de la Bible (Nombres,
292 16, 1-40) : 124
Corte, Francesco di ~, de Pavie [1500] Daumas, Jean, officier du gouverneur
[Françoys Cours, Françoys de Cours] :
de Lyon Béraud de Mercœur [1310-
538, 539 1311] : 371
Costa, Giovanni Lodovico ~, comte de Dauphin, dauphin de Viennois : 189,
Bene [1564] [le comte de Besne] : 612 271, 305, 369, 371, 415, 487, 488 ;
Cours, Françoys ou de ~ : voir Corte, [1306 ; 1310-1311]  : voir Jean  II
Francesco di ~
(1279-1319)
Courthardy, Pierre de ~ († 1505), juge
Dauphin, prince héritier de la couronne
ordinaire du Maine, avocat général
de France : 17, 485, 488, 523, 570,
au parlement de Paris (1486-1497),
premier président du parlement de 581 ; voir Charles VI (1368-1422) ;
Paris (1497-1505) [maître Pierre de Louis  XI (1423-1483) ; François
Cohardy, juge ordinaire du Maine] : de France (1518-1536)
524, 525 David, dit le Psalmiste, personnage de la
Cousin, François, échevin de Lyon en Bible, roi d’Israël considéré comme
1565, protestant : 614 l’auteur du livre des Psaumes : 351
Crouzet, Denis, historien : 631 De Beatis, Antonio (14..-15..), chanoine
Cuisel ou Cuysel, Girard de ~, dit de Melfi, chapelain et secrétaire du
Le Masson, tailleur de pierre et juré cardinal Louis d’Aragon : 504
des travaux de la ville de Lyon [1396] : Decize, Robert de ~, évêque de Chalon
481 ; Guillaume de ~, procureur de (1302-1315) : 358
la Ville de Lyon [1396] : 481 Degrais, Jean-Marie ~, échevin de Lyon
Cuisery, Jean de ~, serviteur du comte en 1789 : 22
de Savoie Amédée V [1306] : 307 Delisle, Léopold (1826 -1910),
Curbaud, Pierre, officier du comte de historien, archiviste paléographe et
Savoie Amédée V [1306] : 300, 305, bibliothécaire français : 188, 224
309 Depold frère du duc de Bohême : voir
Curton, le sire de ~ : voir Chabannes, Děpolt Ier (1120/1125-1167)
Gilbert de ~ Děpolt Ier (1120/1125-1167), duc de
698 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Jemnice, frère du duc puis roi de humaniste, archéologue, conseiller


Bohême Vladislav II : 195 du Roi et bailli des montagnes du
Desiderius : voir Didier Dauphiné : 570
Désiré : voir Pothin Duby, Georges (1919-1996), historien :
Didier, chanoine séculier de Saint- 167
Barnard de Romans [1076] : 176 Dunoys, le comte de ~ [1500] : voir
Didier, évêque de Lyon au ve siècle ?, François II d’Orléans (1478-1512)
vénéré comme saint et confesseur, Duran, abbé de Saint-Martin de Savigny
notamment par l’Église catholique en 1016/1017 : 129
romaine [Desiderius] : 512 Duran Solier [1167] : 233
Didier, Falque, chanoine de Saint-Paul Durand, Odet, boulanger, citoyen de
et chevalier de l’Église de Lyon [1307- Lyon [1379] : 487
1308] : 340, 355 Durche, famille lyonnaise  : voir
Divion, Henri de ~ [1319] : 423 La Dorche
Dodieu, Jeannin, syndic et procureur de Durfort, Guillaume de ~, évêque de
l’université de la cité de Lyon [1308] : Langres [1308] : 358
345 ; Raymond ~, citoyen de Lyon, Dykmans, Marc (1905-1991), jésuite,
consul de Lyon [1454] [Reymond bibliothécaire à la Bibliothèque
Dodieu] : 489 apostolique vaticane : 392, 394, 396
Dodon, chanoine du chapitre cathédral
de Lyon [1000] : 128 Ébal, probablement Ébal de Challant,
Domer, Joanny (1833-1896), peintre : 9 vicomte d’Aoste, officier du comte
Domitien, abbé : 501 de Savoie Amédée V [1306] : 300,
Dreux, archidiacre de Lyon : voir Dreux 304, 305
de Beauvoir Eberhard, archidiacre de Besançon
Dreux, connétable : voir Dreux de Mello [1157] : 195
Dreux de Beauvoir, archidiacre de Lyon Échallon, Pierre d’~, chanoine de Saint-
(1160 ?-1163), archevêque de Lyon Just et official de Lyon [1307 ; 1308] :
(1163-1167), élu mais non consacré, 339, 340, 356
et considéré comme schismatique par Échelles, André des ~, prévôt de l’église
l’Église catholique (1165-1167) : 164, Saint-Just de Lyon [1302], obéancier
188, 211, 226, 227 de l’église Saint-Just de Lyon [1303] :
Dreux de  Mello (1138-1218), 291, 292, 293 ; Guillaume des ~,
connétable de France (1193-1218) : prêtre [1302] : 292
201 Édold, évêque de Riez en 879 : 53
Drevet, Joannès (1854-1940), peintre et Édouard III (1312-1377), roi d’Angleterre
graveur lyonnais : 286, 289 (1327-1377) : 428
Drudolène [993] : 125 Édouard, le seigneur ~ ; monseigneur ~ :
Du  Bouchet, Jean ~ (1599-1684), voir Édouard de Savoie (1284-1329)
historiographe et généalogiste : 173 Édouard d’Angleterre (1330-
Du  Chesne, André ~ (1584-1640), 1376), dit le Prince noir, prince de
historiographe du Roi, historien et Galles (1343-1376) et d’Aquitaine
généalogiste : 223, 224 (1362-1372), fils du roi d’Angleterre
Du Choul, Guillaume ~ (1496 ?-1555), Édouard III : 430
INDEX PERSONARUM 699

Édouard de Savoie (1284-1329), comte (attestée entre 1011 et 1033) : 18,


de Savoie (1323-1329) : 301, 307 111, 112, 113, 114
Eilmar, archichancelier du royaume de Ermengarde, reine de Provence (†
Bourgogne en novembre 950 : 97 896/897) : 54, 55, 56, 58, 59, 63
Éléonore d’Autriche (1498-1558), Eskrich, Pierre (1520 ?-159. ?), peintre,
reine de France : 570, 582, 585 dessinateur et graveur sur bois : 571
Élie, prophète, personnage de la Bible : Espagnols : 107, 501
92 Espaigne, les rois d’~ [1500] : voir,
Élisende, mère de Girin de  Pinet, Ferdinand II (1452-1516), Isabelle Ire
donatrice de biens sis à Duerne en (1451-1504)
faveur de l’abbaye Saint-Martin de Ételin [984/993] : 121
Savigny [1055-v. 1060 ou v. 1065- Éthère, évêque de Viviers en 879 : 53
1077] : 177 Étienne, vénéré comme saint,
Elpide, évêque de Lyon au ve siècle ?, notamment par l’Église catholique
connu par les martyrologes, vénéré romaine : 44, 59, 397
comme saint, notamment par l’Église Étienne V, pape (885-891) : 55
catholique romaine [Elpidius] : 512 Étienne, évêque de Lyon dans les
Elpidius : voir Elpide premières années du vie siècle, vénéré
Emico, évêque de Die en 879 : 53 comme saint, notamment par l’Église
Émile, Paul / Emili, Paolo ~ (1460 ?-1529),
catholique romaine [Stephanus] : 512
humaniste et historien italien établi à
Étienne  II, archevêque de Vienne
Paris, auteur notamment de De rebus
et archichancelier de Bourgogne
gestis Francorum : 509
(1155/1156-1163) : 195
Emmanuel-Philibert (1528-1580), duc
Étienne II, évêque d’Autun (1170-
de Savoie (1553-1580) : 595, 613, 630
Emmenon ou Emmon [916, 917] : 66, 68 1188) : 244
Ennemond, évêque de Lyon au milieu Étienne II de Bourgogne (vers 1130-
du viie siècle, vénéré comme saint après 1197), comte d’Auxonne (1157-
et martyr par l’Église catholique après 1197), cousin de l’impératrice
romaine [Annemundus] : 512 Béatrice de Bourgogne : 195
Épipoy, forme locale d’Épipode († 178 ?) Étienne II, sire de Villars en 1188 : 198
dans la tradition hagiographique Étienne comte [1157] : voir Étienne II
de l’Église de Lyon, compagnon de Bourgogne
d’Irénée vénéré comme saint martyr, Étienne, archevêque de Vienne et
notamment par l’Église catholique archichancelier  : voir Étienne  II,
romaine : 248 archevêque de Vienne
Équennes, Jean d’~, dit Carados, seigneur Étienne, cardinal prêtre au titre de
de Sérévillers et de Boulogne-la- Saint-Cyriaque : voir Suisy, Étienne
Grasse, bailli de Mâcon et sénéchal de ~
de Lyon de 1396 à 1409 [Karados Étienne, chanoine de l’église Saint-Just
des Quesnes] : 480 de Lyon [1302 ; 1303] : 291
Éribert, diacre [978/981] : 97 Étienne, évêque d’Autun  : voir
Erlulf [978/981] : 97 Étienne  II, évêque d’Autun
Ermengarde, reine de Bourgogne (1170-1188)
700 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Étienne, frère du comte de Lyon Artaud des Pères de l’Église, notamment par
[993] : 122 l’Église catholique romaine : 500
Étienne, sire de Chandieu [1193-1206] : Eustorge, évêque de Toulon en 879 : 53
259 Évrard [841/852] : 43, 44
Étienne Cou-Tordu (Stephanus Évrard, évêque de Maurienne (auj. Saint-
Torticolli), chanoine du chapitre Jean-de-Maurienne) en 994 : 101
cathédral de Lyon [1055-v. 1060 ou
v. 1065-1077] : 177 Fabricis, Jean de ~, citoyen de Lyon,
Étienne de Farnay [1193-1206] : 261 fournisseur du comte de Savoie
Étienne de Randans, fils d’Agnelle, Amédée V [1306] : 306
donatrice de biens sis à Duerne en Falguières ou Faugères, Arnaud de
faveur de l’abbaye Saint-Martin de ~, cardinal-évêque de Sabine (1310-
Savigny [1055-v. 1060 ou v. 1065- 1317) : 395
1077] : 177 Farnay, Pierre de ~, seigneur du Lyonnais
Étienne de Saint-Amour, doyen de [1308] : 358
Lyon (1186/1187-vers 1200) : 246 Faroul, moine de Saint-Martin de
Étienne de Saint-Sorlin [1193-1206] : Savigny [918] : 71
260 Favre, Jean, expert en droit / professeur
Étienne de Villars : voir Étienne II, de droit, conseiller de l’université de
sire de Villars en 1188 la cité de Lyon [1308] : 344, 345,
Étienne Parent [1193-1206] : 260 346, 347, 348
Étiennette, fille de Rose de Portu Fay, Durand du ~, auditeur des comptes
[1348] : 453 du comte de Savoie Amédée V [1306] :
Eucher, évêque de Lyon (435-450), 301, 304, 309
auteur d’ouvrages apologétiques, Ferdinand Ier (1423-1494), roi de Naples
vénéré comme saint, notamment par (1458-1494) : 504
l’Église catholique romaine : 501, Ferdinand II (1452-1516), roi d’Aragon
508, 512 [Eucherius] (1479-1516) : 540
Eucherius : voir Eucher Ferlaic, moine de Saint-Martin de
Eudes-Henri (946 ?-1002), duc de Savigny [918] : 71
Bourgogne (965-1002) sous le nom Ferrail, Laurent, expert en droit,
de Henri, précédemment nommé conseiller de l’université de la cité
Eudes : 101 de Lyon [1308] : 345
Eudes II (983 ?-1037), comte de Blois Ferr atier, Raymond, citoyen,
(1004-1037) : 133, 138, 151, 152 négociateur et semainier de Lyon
Eudes de  Blois  : voir Eudes  II [1303] : 294
(983 ?-1037) Féternes, Raymond de ~, auditeur des
Eudes de Champagne : voir Eudes II comptes du comte de Savoie Amédée
(983 ?-1037) V [1306] : 304
Eugène II, pape (824-827) : 37 Feysin, le seigneur de ~ : voir Chaponnay,
Eusèbe (265 ?-340), évêque de Césarée Nicolas de ~
de Palestine, historien et polémiste, Filhatre, Raymond, citoyen de Lyon
auteur notamment d’une Histoire [1308] : 345
ecclésiastique, considéré comme l’un Filleul, Nicolas (1530-1575), poète
INDEX PERSONARUM 701

et dramaturge, aumônier du roi de Foulques d’Ampuis [1193-1206] : 258


France Henri III : 597 Foulques de Vaux [1193-1206] : 260
Fillon, Pierre, de Montluel, clerc, notaire Fournial, Étienne (1910-2000),
public [1302 ; 1303 ; 1308] : 291 historien : 73, 142, 179
[ Pierre Fillon], 292 [ Pierre Fillons], Fournier, Paul (1853-1935), universitaire
348 [Pierre Fillaus] français, juriste et historien, auteur
Finley-Croswhite, S.  Annette ~, notamment d’un ouvrage de référence
historienne : 635 sur Le Royaume d’Arles et de Vienne
Flamens, Gaudemar, citoyen de Lyon (1138-1378) : 193
[1308] : 345 Francheleins, Guillaume de ~, doyen
Flavius Josèphe : 508 du chapitre cathédral de Lyon [1307-
Florus, diacre de l’Église de Lyon : 27, 1308] : 333 [G., doyen]
34, 39, 40, 41, 42, 107 François de Bourbon (1470-1495),
Florus de Lyon : voir Florus, diacre de comte de Vendôme (1477-1495) : 528
l’Église de Lyon [le comte de Vendosme]
Foix, le comte de ~ : voir Jean de Foix François de  France (1518-1536),
(1447 ?-1500) dauphin, fils aîné du roi de France
Foix, maison princière : voir, Anne de ~ François Ier : 570
(1484-1506), Jacques de ~ (1463- François de France (1555-1584), frère
1509 ?), Jean de ~ (1447 ?-1500) des rois François II, Charles IX et
Fontenelle, Jean de ~ : 356 Henri III : 595 [Monsieur]
Foreiz, comte de ~ [1310-1311] : voir François Ier (1494-1547), roi de France
Jean Ier (1275-1333) (1515-1547) : 14, 514 [Francho], 569,
Foresti, Giacomo Filippo ~ (1434- 570, 573, 574, 575, 576, 578, 579, 581
1520), moine augustin de Bergame, François II (1544-1560), roi de France
auteur notamment d’un Supplementum (1559-1560) : 555
chronicarum : 499 François II d’Orléans (1478-1512),
Foreys, Zacharie de ~, citoyen de Lyon comte de Dunois (1491-1512), duc de
[1308] : 345 Longueville (1505-1512) : 539 [comte
Forez, le comte de ~ [1076]  : voir de Dunoys]
Artaud  II (†  1078/1079) ; [1162 ; Francs : 509 ; roi des ~ : 135, 136, 141,
1308] : voir Guigues II († 1207), 144, 184, 187, 197, 200, 201, 202,
comte de Forez (1138-1198) ; [1308 ; 203, 204, 206, 207, 208, 212, 213,
1310-1311] : voir Jean Ier (1275-1333) 214, 223, 225, 227, 228, 229, 242,
Forgetes ou Forgettes, Jean de ~, 244, 250, 258, 313, 314, 321, 331,
archidiacre de Brie, commissaire- 332, 339, 345, 346, 350, 354, 383,
réformateur du roi de France 384, 421, 441, 442, 478, 488, 508 ;
Philippe VI [1319] : 421 voir Lothaire (941-986), Robert II
Forraci, Jean, de Meyzieu [1489] : 488 (972 ?-1031), Henri Ier (1008-1060),
Foucher [1030/1032] : 113 Louis VI (1080 ?-1137), Louis VII
Fouchier Tedin, chanoine du chapitre (1120-1180), Philippe II (1165-1223),
cathédral de Lyon [1055-v. 1060 ou Philippe IV (1268-1314), Philippe VI
v. 1065-1077] : 177 (1293-1350) ; Charles V (1338-1380) ;
Fouchier, doyen [1000] : 128 Charles VI (1368-1422) ; Charles VIII
702 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

(1470-1498) ; rois des ~ : 73, 135, 143, et les musées Gadagne, son ancienne
313, 314, 320, 321, 322, 323, 325, 327, résidence, perpétuent son souvenir :
332, 334, 384, 497, 500 ; royaume des 513, 514, 515 [Gadaignes] ; Guillaume
~ : 101, 142, 161, 186, 187, 254, 390 de ~, sénéchal de Lyon en 1563 :
Fredald, prêtre [1000] : 128 609 ; Jean-Baptiste ~ / Giovanni
Frédélan [984/993] : 120, 124 Battista ~ († avant 1541), fils naturel
Frédélan, empereur : voir Frédéric Ier de Thomas ~ le Jeune : 521 [ Jehan
(vers 1122-1190) Baptiste Gadaigne] ; Olivier ~ / Ulivieri
Frédéric Ier (1122 ?-1190), dit Barberousse, ~ (1452-1541), père de Thomas ~ le
duc de Souabe (1147-1152), roi des Jeune : 521 [Olivier Gadaigne] ; Simon
Romains (1152-1190), empereur ~ / Simone ~ (1411-1468), banni de
(1155-1190) : 11, 15, 47, 164, 189, Florence entre 1434 et 1463, établi
190, 191, 192, 193, 195, 198, 202, alors à Turin, puis à Genève et à
203, 206, 208 [Frédélan], 209, 210, Lyon, père notamment d’Olivier et
211, 212, 219, 228, 231, 234, 236, de Thomas l’Ancien : 515 [ Simon
241, 252, 274 Gadaigne] ; Thomas ~ l’Ancien /
Frédéric II (1194-1250), roi de Sicile Tommaso ~ (1454-1533), banquier à
(1198-1250), roi des Romains (1212- la richesse proverbiale, établi à Lyon
1250), empereur (1220-1250), roi de puis à Avignon, créancier et maître
Jérusalem (1225-1228) : 198, 257, 266 d’hôtel ordinaire du roi de France
Frédéric  Ier, dit Emicho, comte de François Ier, fondateur notamment
Leiningen (après 1187-avant 1214) : de la chapelle des Gadagne à Notre-
200 [Hugues de Leiningen] Dame de Confort : 515 [ Thomas de
Frédéric, évêque de Genève (1030- Simon Gadaigne] ; Thomas II ~ ou
1073) : 113 Thomas ~ le Jeune / Tommaso ~
Frédéric, moine de Saint-Martin de (1495-1550 ?), neveu et héritier de
Savigny [918] : 71 Thomas l’Ancien [ Thomas de Olivier
Frédéric Barberousse : voir Frédéric Ier Gadaigne] : 513, 514
(vers 1122-1190) Gaillard de  Got (1265 ?-1306),
Fredusus, moine de Saint-Martin de seigneur de Duras, frère du pape
Savigny [918] : 71 Clément V, victime de l’accident qui
Fremente, le seigneur de ~ : Coligny, marqua le couronnement de celui-ci
Gaspard Ier de ~ à Lyon : 392
Fuers, Jean de ~, citoyen de Lyon [1308] : Gaius Julius Caesar Augustus
345 ; Matthieu de ~, citoyen de Lyon Germanicus (12-41), dit Caligula,
[1308] : 345 empereur romain (37-41) : 583
Galland, Bruno, archiviste-paléographe
G., doyen [1307-1308] : voir Francheleins, et historien français, auteur
Guillaume de ~ notamment de Deux archevêchés entre
Gabriel, vénéré comme saint archange, la France et l’Empire… : 11, 188, 191,
notamment par l’Église catholique 222, 227, 257
romaine : 397 Galmier : 501
Gadagne / Guadagni, famille florentine Galopin, serviteur du comte de Savoie
établie à Lyon, où la rue de Gadagne Amédée V [1306] : 308
INDEX PERSONARUM 703

Ganivet, Pierre, historien du droit : 58, mort en 670, vénéré comme saint
59, 100 par l’Église catholique romaine : 512
Garand, Monique-Cécile ~ (1920-2002), [Genesius]
archiviste-paléographe : 167 Gentil, René, d’origine italienne,
Garin de Saint-Julien, Jean, prêtre président des enquêtes au parlement
[1302] : 292 de Paris, pendu pour malversations
Garin, François, citoyen de Lyon [1489] : en 1543 : 518
488 Geoffroy, archevêque de Lyon (v. 1160-
Garnier, Jean, citoyen de Lyon, consul v. 1165) : 176
de Lyon [1454] : 489 [ Jehan Garnier] Geoffroy de Vendôme (1070 ?-1132),
Garnier, évêque d’Avignon en 950 : 97 théologien, abbé de l’abbaye de la
Garon, Louis (1574-1631), imprimeur, Trinité à Vendôme : 160
auteur du Chasse ennuy : 620, 624 Gérard, comte de Mâcon : voir Girard
Garrier, Étienne [1489] : 488 de Vienne (1142-1184)
Gascon, Richard (1913-1982), historien : Gérard, père du comte de Lyon Artaud
635 [984/993] : 119
Gasse-Grandjean, Marie-José ~ : 64 Géraud, abbé de Saint-Martin d’Ainay
Gauceran [993] : 124 en 1030-1032 : 112
Gaudemar de Jarez, seigneur vassal Géraud († ap. 1046), comte de Lyon :
de l’Église de Lyon et du comte de 118, 127, 129, 167, 168, 169, 172
Forez [1173] : 237 Géraud de Frachet (1205-1271),
Gaulois : 313, 500, 580 dominicain, auteur notamment d’une
Gauthier, Jean-Prosper ~, archiviste chronique universelle : 295
départemental du Rhône (1848- Gerbaud, évêque de Chalon (auj. Chalon-
1877) : 118 sur-Saône) en 879 : 53
Gautier, évêque d’Autun (977 ?-1024) : Gerberne, moine de Saint-Martin de
101 Savigny [984/993] : 121
Gautier, moine de Saint-Martin de Germains : 577
Savigny [1000] : 128 Germard, évêque d’Orange en 879 : 53
Gautier de Bruges, franciscain, évêque Gerner, Hubert, historien allemand,
de Poitiers (1279-1306) : 297 auteur en 1968 de Lyon im
Gautier de Chaponnay [1194] : 204 Frühmittelalter : 58, 127, 142
Gayace, la comtesse de ~ : voir Gonzaga, Gérold, comte de Genève en 1034 :
Barbara ~ 138, 168
Gébuin, archidiacre de Langres, puis Gervais de Tilbury (1155 ?-1234 ?),
archevêque de Lyon (1077-1082) : 153, maréchal de la cour impériale du
155, 156, 206 royaume d’Arles sous le règne
Geilin, comte de Valentinois (943-960) : d’Othon  IV, prévôt de l’abbaye
117 d’Ebstorf (Basse-Saxe) de 1223 à
Geilon, abbé de Saint-Philibert de 1234, auteur notamment des Otia
Tournus en 879 : 53 imperialia : 266
Gélase II, pape (1118-1119) : 159 Gilbert, Allamand, seigneur du
Genesius : voir Genis Lyonnais [1308] : 356
Genis ou Genez, évêque de Lyon Gilliquin [1436], ceinturier : 469, 470
704 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Gimberge, mère du comte de Lyon Girout, Jacquemet, maître charpentier


Artaud [984/993] : 119 lyonnais [1358] : 450
Giovanni da  Veroli, clerc de la Gisèle de  Souabe (989/990-1043),
Chambre apostolique, notaire du impératrice, petite-fille de Conrad,
pape, évêque élu de Viterbe (1312- dit le Pacifique, roi de Bourgogne : 144
1318) : 400 Gondebaud († 516), roi des Burgondes
Girard († 877), dit de Roussillon, comte (480-516) : 33
et régent du royaume de Provence : Gondran, abbé de L’Île-Barbe en 861 :
29, 47 48
Girard (1) [944] : 73 Gontard, évêque de Mâcon en 879 : 53
Girard (2) [944] : 73 Gontier, Humbert, consul de Lyon en
Girard [1016/1017] : 129 1396 : 481
Girard, le comte ~ : voir Girard († 877) Gontran, lévite [entre juin 978 et juin
Gi r a r d (1060 ?-1136), évê que 981] : 97
d’Angou lême (1101-1131) et Gonzaga, Barbara (1482 ?-1558),
légat pontifical (1107-1130/1136), comtesse de Caiazzo par son union
archevêque de Bordeaux (1131-1136) : avec Gianfrancesco Sanseverino,
207 capitaine du duc de Milan Ludovic
Girard de Bully [1193-1206] : 260 Sforza rallié au parti français [la
Girard de Vienne : voir Girard († 877) comtesse de Gayace] : 539
Girard de Vienne (1142-1184), comte Gossuyn [1306] : 305
de Mâcon (1157-1184) : 134, 219 [le Gotescalc, évêque du Puy : auj. Le Puy-
comte de Mâcon Gérard], 225 en-Velay : (935-961) : 97
Giraud de  Barri  : voir Giraud Grangio, Guillaume de ~, citoyen de
le Cambrien Lyon, acheteur de blés du comte de
Giraud le  Cambrien / Giraldus Savoie Amédée V [1306] : 302
Cambrensis (1146 ?-1223 ?), historien Grégoire, vénéré comme saint : voir
gallois : 265, 266 Grégoire Ier, pape
Giraud, Antoine, avocat, organisateur Grégoire Ier, pape (590-604) : 39, 397,
en 1564 de l’entrée du roi de France 516
Charles IX : 572 Grégoire VI, pape (1045-1046) : 144
Girerdin, maître Pierre ~, expert en Grégoire VII, pape (1073-1085) : 17,
droit [1358] : 446, 450, 451 153, 155, 156, 158, 176, 218
Girin [993] : 124 Grégoire VIII, antipape (1118-1121),
Girin, chapelain de l’archevêque de Lyon rival de Gélase II, puis de Calixte II :
Hugues de Die [1096/1101] : 207 159
Girin de Pinet, fils d’Élisende, donatrice Grégoire X, pape (1271-1276) : 274,
de biens sis à Duerne en faveur de 319, 326, 327
l’abbaye Saint-Martin de Savigny Grégoire de Tours (v. 538-594), évêque
[1055-v. 1060 ou v. 1065-1077] : 177 de Tours (573-594), historien et
Girin de Sal, chanoine de Lyon : 259, hagiographe : 449
260 Grégoire le Grand : voir Grégoire Ier,
Girin le  Chauve, doyen de Lyon pape
[1096/1101] : 207 Grignieu, Guillaume, citoyen de Lyon
INDEX PERSONARUM 705

[1308] : 345 ; Henri de ~, seigneur Guichard, archevêque de Lyon : voir


du Lyonnais [1308] : 356 Guichard, abbé de Pontigny (1136-
Grimault, le sire de ~  : voir Vesc, 1165) puis archevê que de Lyon
Étienne de ~ (1165-1182)
Grolier, Humbert, sire du Soleil, Guichard, fils du seigneur de Montagny :
capitaine de Lyon en 1600 : 603 [le voir Montagny, Guichard de ~ [1308]
sieur du Soleil] Guichard IV († 1216), sire de Beaujeu
Gros, César, seigneur de Saint-Joire / (1193-1216) : 252
San Giorio di Susa, échevin de Lyon Guichard VI († 1331), sire de Beaujeu
en 1564-1565, catholique [le seigneur (1295-1331) [le seigneur de Beaujeu] :
de Sainct Joiri Groz] : 614 369, 372, 384, 425
Gualdon [916] : 66 Guichard d’Anthon, seigneur vassal
Guérin (vers 1157-1227), dit frère Guérin, du comte de Forez [1173] : 238
chevalier de l’ordre de l’Hôpital, Guichard de Jarez [1173], seigneur
conseiller du roi de France Philippe II vassal de l’Église de Lyon et du comte
et son garde des sceaux entre 1205 et de Forez : 237
1209, évêque de Senlis (1213-1227), Guichard de Laya [1294], chevalier :
chancelier de France (1223-1227) : 282
201 Guichard de Montagny [1193-1206] :
Guérin, François, citoyen de Lyon, consul 261
de Lyon [1454] : 489 [Françoys Guerin] Guichard d’Oingt 1. [vers 1170], familier
Guéroult, Guillaume (1507 ?-156.), du comte de Forez Guigues II : 214 ;
poète, musicien et traducteur Guichard d’Oingt 2. [1193-1206] :
normand passé à la Réforme, de 1551 258
à 1553 correcteur d’imprimerie à Lyon Guichard de Pontigny : voir Guichard,
et à Vienne – où il assura l’édition abbé de Pontigny (1136-1165)
clandestine de la Christianismi restitutio Guichard, Pierre, de Meyzieu [1489] :
de Michel Servet pour Balthazar 488
Arnoullet, devenu son beau-frère –, Guichenon, Samuel (1607-1664), avocat
auteur notamment d’un Épitomé de la à Bourg-en-Bresse et historiographe
corographie d’Europe : 500 de France, de Savoie et de Dombes,
Guer r ier, Fr a nçois, sieu r de auteur notamment d’une Bibliotheca
Combelande, échevin de Lyon en Sebusiana, d’une Histoire de Bresse et de
1565, catholique : 614 [le seigneur de Bugey et d’une Histoire généalogique de
Combelande] ; Glaude ~, citoyen et la royale maison de Savoie : 142, 198,
conseiller de la ville de Lyon : 531 277
Gui [944] : 73 Guigue, Georges (1861-1926), archiviste
Guibert [917] : 68 de la ville de Lyon et du département
Guichard [984/993] : 120 du Rhône, éditeur scientifique de
Guichard, abbé de Pontigny (1136-1165) sources textuelles, auteur d’études
puis archevêque de Lyon (1165-1182) historiques : 190, 236, 256
et légat pontifical (1167-1173) : 134, Guigue, Marie-Claude ~ (1832-
163, 164, 203, 208, 226, 227, 229, 1889), archiviste du département
236, 245, 246, 251, 252 du Rhône, éditeur scientifique de
706 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

sources textuelles, auteur d’études Guillaume, évêque de Glasgow


historiques : 151, 213 [1200/1202]   : voir Guillaume
Guigue [917] : 68 Mauvoisin
Guigue Dauphin, comte  : voir Guillaume, évêque de Langres [1308] :
Guigues II († 1207) voir Durfort, Guillaume de ~
Guigue, comte des Lyonnais et des Guillaume, fils du comte de Forez
Foréziens [1163] : voir Guigues II Artaud [vers 1075] : voir Guillaume Ier
(† 1207) († 1096)
Guigue, doyen de Mazille, moine Guillaume, fils du comte de Forez
clunisien [v. 1075] : 173 Guillaume  I er (†  1096)  : voir
Guigues, le comte ~ [1158 ; 1163 ; 1173] : Guillaume II († ap. 1107)
voir Guigues II († 1207) ; le fils du Guillaume, fils du comte Thibaud
comte ~ [1173] : voir Guigues III l ’ A ncien   : voir Gu i l l au me
(† 1205/1206) de Champagne (1135-1202)
Guigues d’Oingt [1193-1206] : 258 Guillaume, illustre comte [916] : voir
Guigues de Jarez [1193-1206] : 258 Guillaume Ier (875-918)
Guigues Ier, comte de Forez : 213 Guillaume, illustre comte et très
Guigues II († 1207), comte de Forez puissant marquis [ 916] , voir
(1138-1198) : 189 [Guigue Dauphin], Guillaume Ier (875-918)
210, 213, 214, 217, 223, 224, 225, Guillaume, [naute] de Mâcon [1306] :
231, 233, 236, 237, 238, 252 [Guy II] 305
Guigues III († 1205/1206), comte de Guillaume Ier (875-918), dit le Pieux,
Forez (1198-1205/1206) : 238 comte d’Auvergne (886-918), duc des
Guigues  V (vers 1125-1162), comte Aquitains ou d’Aquitaine (909-918) :
d’Albon (1142-1162) et dauphin de 29, 31, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70,
Viennois : 220 71, 173, 218
Guigues, comte de Forez [1167 ; vers Guillaume  II, dit le Jeune, duc
1170] : voir Guigues II († 1207) d’Aquitaine (918-926) : 29, 66
Guigues, évêque de Valence (994-997) : Guillaume Ier (1020-1087), comte de
101 Bourgogne (1057-1087) : 172
Guillaume (3) [916], signataire d’un acte Guillaume  II  (†  1125-1126), dit
du duc d’Aquitaine Guillaume Ier : 66 l’Allemand, comte de Bourgogne : 186
Guillaume, chanoine de l’église Saint- Guillaume Ier († 1096), dit l’Ancien,
Just de Lyon [1302 ; 1303] : 291, 292 comte de Forez : 179
Guillaume, comte [917 ; 918] : voir Guillaume II († ap. 1107), dit le Jeune,
Guillaume Ier (875-918) fils du comte de Forez Guillaume Ier
Guillaume, comte [944] : 73 († 1096) : 179
Guillaume, comte de Bourgogne (1057- Guillaume Arenc [1193-1206] : 260,
1087) : voir Guillaume Ier (1020-1087) 261
Guillaume, comte des Bourguignons Guillaume de Bornue [1193-1206] :
[vers 1075]   : voir Guillaume  Ier 260
(1020-1087) Guillaume de Bourgogne [vers 1075] :
Guillaume, doyen [1308 ]   : voir voir Guillaume Ier (1020-1087)
Francheleins, Guillaume de ~ Guillaume de Champagne (1135-1202),
INDEX PERSONARUM 707

dit aux blanches mains, fils du comte Glasgow (1200-1202) puis de


de Champagne Thibaud II, évêque St Andrews (1202-1238) : 253
de Chartes (1165-1176), archevêque Guillaume Talart [1193-1206] : 260
de Sens (1168-1176), archevêque de Guillelmides, famille de l’aristocratie
Reims (1176-1202), cardinal prêtre de d’empire carolingienne : 29, 69
Sainte-Sabine (1179-1202) : 188, 189 Guillème, épouse du chevalier Bernard
Guillaume de  Chassagny [1193- de Saint-Germain [1193-1206] : 258
1206] : 260 Guise, maison de ~  : 555, 629 ; le
Guillaume de Furans [1193-1206] : comte de ~ : voir Rohan, Charles de
258 ~ (1478 ?-1528) ; le duc de ~ : voir
Guillaume de La Rochette [1294] : Lorraine, François de ~ (1520-1563)
281 Guy d’Anjou, évêque du Puy (975-
Guillaume de Marchampt, chevalier 996) : 101
[1193-1206] : 258 Guy de Bazoches (né avant 1146 et
Guillaume de Nangis (12..-1300 ?), mort après 1203), chanoine de la
moine à l’abbaye de Saint-Denis, cathédrale Saint-Étienne de Châlons,
chroniqueur : 296, 369 chroniqueur de la troisième croisade :
Guillaume de Tarare [1193-1206] : 187
258 Guy de Chevreuse, familier du roi
Guillaume de Vinzelles, familier du des Francs Louis VII [vers 1170] :214
sire de Beaujeu Humbert III [vers Guy de Garlande [vers 1170] : voir
1170] : 214 Guy III de Garlande
Guillaume de Volpiano (962-1031), Guy de Synicie [1193-1206] : 259
abbé de Saint-Bénigne de Dijon, Guy, archevêque de Lyon (928-949) :
puis de Gorze, enfin de la Trinité de 31, 75, 96
Fécamp : 167 Guy, bouteiller, [vers 1170] : voir Guy III
Guillaume l’Allemand, comte de Senlis ; [1189 ; 1208] : voir Guy IV
de Mâcon  : voir Guillaume  II de Senlis
(† 1125-1126) Guy II, comte de Forez : voir Guigues II
Guillaume le Jeune [916]   : voir Guy XVI (1476-1531), né Nicolas, comte
Guillaume  II, dit le Jeune, duc de Laval (1501-1531), auparavant
d’Aquitaine (918-926) baron de La Roche-Bernard, cousin
Guillaume le Breton (1165 ?-1226 ?), de la duchesse Anne de Bretagne,
chapelain et historiographe du roi de reine de France [le seigneur de la Roche
France Philippe II, auteur notamment de Bretaigne] : 538, 539
d’une Philippide (Philippidos libri Guy III de Garlande (…-après 1186),
duodecim) : 265 sire de Tournan, familier du roi des
Guillaume le Jeune, duc d’Aquitaine : Francs Louis VII : 214
voir Guillaume II, dit le Jeune, duc Guy III de Senlis, bouteiller de France :
d’Aquitaine (918-926) 201, 214
Guillaume le Pieux : voir Guillaume Ier Guy IV de Senlis, bouteiller de France :
(875-918) 245
Guillaume Mauvoisin, chancelier Guyot, Bertholot [1306]   : 303 ;
d’Écosse (1199-1202), évêque de G e o f f r o y ~, c h â t e l a i n d e
708 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs [1294], roi des Bourguignons : voir Henri III


puis de Bâgé [1306] : 282, 302, 303 (1017-1056)
Gyé, le maréchal de ~ : voir Rohan, Henri, évêque de Bâle : voir Henri
Pierre de ~ de  Horbourg, évêque de Bâle
(1180-1191)
Halinard, abbé de Saint-Bénigne de Henri, notaire de la chancellerie du
Dijon (1031-1046), puis archevêque royaume de Bourgogne [943] : 75,
de Lyon (1046-1052) : 140, 141, 143, 79, 80
144, 145, 191 Henri, prince : voir Henri III (1017-1056)
Hardy, Michel (1840-1893), archéologue Henri, protonotaire de la cour impériale
et historien, archiviste municipal de sous le règne de Frédéric Ier (1155-
Périgueux : 376 1190) : 195, 211
Havard de la Montagne, Madeleine Henri, régnant en Bourgogne : voir
(18..-19..), femme de lettres française, Henri IV (1050-1106)
traductrice notamment, en 1913, du Henri, roi : voir Henri IV (1050-1106) ;
journal de voyage rédigé en barais, Henri VII (1278/1279-1313)
italien dialectal des Pouilles, par Henri, roi des Francs : voir Henri Ier
Antonio De Beatis : 504 (1008-1060)
Hector, prêtre [978/981] : 97 Henri, seigneur de Montagny : voir
Heiric d’Auxerre (841-876), moine Montagny, Henri de ~
Henri Ier (876 ?-936), duc de Saxe (912-
bénédictin de l’abbaye Saint-Germain
919), roi de Germanie (919-936) : 30
d’Auxerre, philosophe et théologien,
Henri II (973 ou 978-1024), roi des
hagiographe et prédicateur : 108
Romains (1002-1024), empereur
Hélie, évêque de Vaison (855-911) : 53
(1014-1024), vénéré comme saint par
Henri [943] : voir Henri, notaire de l’Église catholique romaine depuis
la chancellerie du royaume de 1146 : 141, 144
Bourgogne [943] Henri III (1017-1056), roi des Romains
Henri, abbé de Cîteaux (1303-1315) : 358 (1039-1056), empereur (1046-
Henri, auguste  : voir Henri  IV 1056), également, dès 1038, roi de
(1050-1106) Bourgogne, royaume désormais
Henri, césar : voir Henri III (1017-1056) annexé à l’Empire : 133, 137, 138,
Henri, duc de Bavière et de Saxe : voir 140, 141, 143, 144, 147, 148, 149,
Henri, dit le Lion (1129/1130-1195) 151, 152, 172, 206, 210
Henri, empereur  : voir Henri  III Henri IV (1050-1106), roi des Romains
(1017-1056) ; Henri IV (1050-1106) ; (1056-1106), empereur (1084-1105) :
Henri VI (1165-1197) 151, 152, 153, 172, 205, 206, 207, 209
Henri, empereur des Romains : voir Henri V (1081 ou 1086-1125), roi des
Henri  V (1081 ou 1086-1125) ; Romains (1106-1125), empereur
Henri VI (1165-1197) (1111-1125) : 159, 202, 205, 206, 207
Henri, empereur des Romains, auguste : Henri VI (1165-1197), roi des Romains
voir Henri III (1017-1056) ; Henri VII (1169-1197), empereur (1191-1197)
(1278/1279-1313) et roi de Sicile (1194-1197) : 15, 197,
Henri, empereur des Romains, auguste, 198, 203, 250
INDEX PERSONARUM 709

Henri VII (1278/1279-1313), comte de jésuite, membre de la Société des


Luxembourg (1288-1313), roi des Bollandistes : 222
Romains (1308-1313), empereur Héracle, fils du vicomte de Polignac
(1312-1313) : 269, 305, 366, 369, Pons [vers 1170] : 214
387, 388, 389 Héracle de Montboissier, archevêque
Henri II (1133-1189), roi d’Angleterre de Lyon (1153/1154-1163) : 11, 134,
(1154-1189) : 227 163, 187, 188, 190, 191, 192, 194,
Henri VII (1457-1509), roi d’Angleterre 208, 210, 211, 217, 219, 221, 222,
(1485-1509) : 540 226, 227
Henri Ier (1008-1060), roi des Francs Héribald, évêque d’Uzès (994-1030) :
(1031-1060) : 143 101
Henri II (1519-1559), roi de France (1547- Héribert, archevêque de Milan : voir
1559) [Henri deuxième] : 555, 570, 587, Ariberto da Intimiano
635, 638, 639 Hermann de Reichenau (1013-1054),
Henri III (1551-1589), duc d’Anjou moine bénédictin de l’abbaye de
(1566-1573), roi de Pologne et grand- Reichenau, savant et chroniqueur :
duc de Lituanie (1573-1575), roi de 137, 138, 139, 168
France (1574-1589) [Henry de Valois Hérode : 501
troisième de ce nom, grand roi de Valois, Herriot, Édouard (1872-1957), homme
monseigneur le duc d’Anjou] : 544, 568,
politique et écrivain, maire de Lyon
571, 595, 596
(1905-1940/1945-1957) : 7, 523
Henri IV (1553-1610), roi de Navarre
Hildebert, abbé de L’Île-Barbe en 971 :
(1572-1610), roi de France (1589-1610)
[le roi de Navarre, Henry par la grâce
82
Hildebrand, pape : voir Grégoire VII
de Dieu roi de France et de Navarre] :
9, 13, 567, 568, 571, 572, 573, 598, Hincmar, archevêque de Reims (845-
600, 620, 621, 629, 631, 635, 638 882) : 29
Henri, dit le Lion (1129/1130-1195), duc Hochberg, Philippe de ~ (1454-1503) :
de Saxe (1142-1180) et de Bavière 530 [le marquis (de Rothelin)]
(1156-1180) : 211 Hogenberg, Frans (1535-1590),
Henri de Horbourg, évêque de Bâle cartographe et graveur originaire de
(1180-1191) : 200 Malines, principal collaborateur de
Henri de Luxembourg : voir Henri VII Georg Braun dans l’édition du grand
(1278/1279-1313) atlas Civitates orbis terrarum : 496
Henri de Navarre : voir Henri IV Hohenstaufen, dynastie impériale :
(1553-1610) 266
Henry de Valois  : voir Henri  III Hongrois : 30, 70, 96
(1551-1589) Hornat, doyen de Lyon [978/981] : 97
Henry par la grâce de Dieu roi de France Hubert [917] : 68
et de Navarre [1595] : voir Henri IV Huguenots : 555, 629, 630
(1553-1610) Hugues [993] : 125
Henry, Jean, sire de Jarnioux, échevin Hugues († 1020), évêque de Genève : 149
de Lyon [1600] [M. de Jarnioust] : 603 Hugues  III (1148-1192), duc de
Henschen, Godefroid (1601-1681), Bourgogne (1162-1192) : 200
710 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Hugues X, comte de Dagsbourg (1137- Hugues Capet (939/941-996), roi des


1178) : 195 Francs (987-996) : 76
Hugues, abbé (probablement de Saint- Hugues de Beaujeu († 1127 ?), chanoine
Paul de Lyon), frère du comte de Lyon de Lyon en 1094, abbé de Saint-Just
Artaud [993] : 124 en 1121 : 207
Hugues, abbé de Cluny : voir Hugues Hugues de Bully [1193-1206] : 260
de Semur Hugues de Champfleuri († 1175),
Hugues, abbé de Saint-Martin de Savigny chancelier de France (1151-1172),
[984/993 ; 1000] : 120, 127 évêque de Soissons (1159-1175) : 224
Hugues, archevêque de Besançon : voir Hugues de Châteauneuf, évêque de
Hugues de Salins Grenoble : 51
Hugues, archevêque de Lyon  : voir Hugues de Châtillon († après 1294),
Hugues de Die chanoine puis doyen de Lyon, frère
Hugues, archichancelier et archevêque : utérin de la comtesse de Savoie Sibylle
voir Hugues de Salins de Bâgé : 280
Hugues, comte [943] : voir Hugues Hugues de Coligny (1170-1205) : 259
le Noir († 952) Hugues de Die (1040 ?-1106), chanoine
Hugues, comte de Dagsbourg : voir de Lyon (1072-1073), évêque de Die
(1073-1082), légat pontifical (1075-
Hugues  X, comte de Dagsbourg
1085, 1094-1099, 1103-1106),
(1137-1178)
archevêque de Lyon (1082-1106) :
Hugues, comte et marquis [944] : voir
141, 155, 207
Hugues le Noir († 952)
Hugues de Flavigny (1065-1140 ?),
Hugues, doyen de Vienne [1030-1032] : chroniqueur, abbé de l’abbaye
113 bénédictine Saint-Pierre de Flavigny :
Hugues, duc de Dijon : voir Hugues III 141, 142, 155
(1148-1192) Hugues de  Fleury (†  ap.  1122),
Hugues, évêque de Gap (971-1000) : 83 chroniqueur, moine de l’abbaye
Hugues, évêque de Genève : voir Hugues bénédictine Saint-Benoît de Fleury :
(† 1020), évêque de Genève 141-142
Hugues, fils de Bermond [944] : 73 Hugues de Frontenay, clerc [1294] :
Hugues, fils du seigneur comte de Boeca 282
[1306] : 304 Hugues de Leiningen : voir Frédéric Ier,
Hugues, moine de l’abbaye Saint-Martin dit Emicho, comte de Leiningen1
de Savigny faisant office de chancelier Hugues de  Salins, archevêque de
(vicecancellarius) [1084 ; 1086] : 153 Besançon (1031-1066), archichancelier
Hugues, vénéré comme saint par l’Église de Bourgogne : 144, 145, 147
catholique romaine : voir Hugues Hugues de Semur, abbé de Saint-Pierre-
de Châteauneuf Saint-Paul de Cluny (1049-1109) :
Hugues, seigneur de Coligny  : voir 148, 173
Hugues de Coligny (1170-1205) Hugues de Vinzelles, familier du
1 L’acte étant perdu et sa teneur ne nous étant parvenue que par une voie très indirecte, on
peut envisager qu’il fallait lire Emicho plutôt que Hugo.
INDEX PERSONARUM 711

sire de Beaujeu Humbert III [vers de Lyon (1052-1060 ?) ; Humbert II,


1170] : 214 archevêque de Lyon (1065 ?-1077)
Hugues Deschaux, seigneur vassal du Humbert, chacipol de Marboz [1306] :
comte de Forez [1173] : 238 302
Hugues Ferlo, chanoine de Lyon Humbert, comte [1030-1032] : voir
[1186] : 203 Humbert Ier (970/980-1042/1048)
Hugues le  Noir (†  952), duc de Humbert, comte bourguignon [1034] :
Bourgogne : 30, 31, 72, 73, 75, 76, voir Humbert Ier (970/980-1042/1048)
79, 80, 81, 85, 90, 117 Humbert, évêque de Grenoble en 994 :
Hugues, Bernard, citoyen de Lyon 101
[1308] : 345 Humbert, prévôt : voir Humbert Ier,
Hugues, Chabert d’~ [1331], obéancier prévôt puis archevêque de Lyon
de l’église collégiale Saint-Just de (1052-1060)
Lyon en 1336 : 458 Humbertiens, dynastie : 267, 276, 300,
Humbaud, archevêque de Lyon (1118- 530
1128) : 160, 207, 208 Hurtières, Jean des ~, châtelain de
Humbert, François, notaire de Lyon Montfalcon [1306] : 303
(1359) : 439 Hyreneus : voir Irénée
Humbert [944] : 73
Humbert de Beaujeu [1076] : voir Imbert-Colomès, Jacques (1729-1809),
Humbert II (…-1102/1103) échevin de Lyon en 1789 : 22
Humbert de  Scey, archevêque de Ingelard, lévite [978/981] : 97
Besançon (1134-1161) : 195 Ingelberge (877-896/901), sœur de
Humbert de Thoire : voir Humbert II, l’empereur Louis III (vers 880-vers
sire de Thoire 928), mariée au duc d’Aquitaine
Humbert Ier, prévôt puis archevêque de Guillaume Ier (875-918) : 63, 64,
Lyon (1052-1060 ?) : 141, 176 65, 67, 68
Humbert  II, archevêque de Lyon Innocent III, pape (1198-1216) : 253,
(1065 ?-1077) : 155, 174, 175, 176, 507, 508
177, 477 Innocent IV, pape (1243-1254) : 266,
Humbert Ier (970/980-1042/1048), dit 283, 286
Humbert aux Blanches Mains, comte en Innocent V, pape (1276) : voir Pierre
Viennois : 111, 113, 114, 138 de Tarentaise (v. 1225-1276)
Humbert  II (†  1102/1103), sire de Innocent VI, pape (1352-1362) : 450
Beaujeu : 176 Irénée (130 ?-202 ?), évêque de Lyon et
Humbert  III (1120 ?-1193), sire de théologien, réputé mort en martyr
Beaujeu (1137 ?-1193) : 213, 214, par la tradition chrétienne et vénéré
217, 252 comme saint, notamment par l’Église
Humbert II, sire de Thoire [1188 ; 1193- catholique romaine [Hyreneus] : 123,
1206] : 198, 259 248, 501, 508, 511
Humbert, archevêque de Besançon Isabelle Ire (1451-1504), reine de Castille
[1157] : voir Humbert de Scey (1474-1504) : 540
Humbert, archevêque de Lyon : voir Isarn, évêque de Grenoble (950-976) :
Humbert Ier, prévôt puis archevêque 97 [Isard]
712 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ismidon, moine de l’abbaye Saint-Martin (1162-1182), puis archevêque de Lyon


de Savigny [1066] : 152 (1182-1193) : 197, 203, 227, 236, 244,
Italiens : 138, 419, 499, 505 245, 246, 251, 252, 253
Itier [944] : 73 Jean de Foix (1447 ?-1500), vicomte
Itier, abbé de Saint-Martin de Savigny de Narbonne, fils du comte de Foix
en 1030-1032 : 112, 113 Gaston IV et d’Éléonore de Navarre,
Itier, archevêque d’Arles (963 ?-981) : 97 prétendant au titre de comte de Foix
depuis 1483, marié à Marie d’Orléans
Jacotin, Antoine (1852-1924), archiviste – morte six ans avant que son frère
du département de la Haute-Loire, devienne le roi de France Louis XII –,
éditeur notamment des Preuves de la et oncle maternel de la reine de France
maison de Polignac : 213 Anne de Bretagne [le comte de Foix] :
Jacquemet (1261 ?-1323), seigneur de 538, 539
Jarez : 372 [seigneur de Jarrais] Jean de France (1340-1416), duc de
Jacques, maître [1294], curé de Saint- Berry (1360-1416) : 429, 444
Georges d’Espéranche : 282 Jean de Maurienne, médecin de la
Jacques, maître [1303], clerc de comtesse de Savoie Sibylle de Bâgé
l’archevêque de Lyon Louis [1294] : 282
de Villars : 293 Jean de  Montreuil (1354-1418),
Jacques  II (†  1501 ?), seigneur de humaniste et écrivain politique,
Tournon, conseiller et chambellan polémiste, prévôt du chapitre Saint-
du roi de France Charles  VIII, Pierre de Lille, secrétaire du roi de
chevalier d’honneur de la reine Anne France Charles VI : 388, 389
de Bretagne, sénéchal d’Auvergne, Jean de Rome : voir Jean VIII, pape
père notamment du cardinal François (872-882)
de Tournon, archevêque de Lyon : 538 Jean de  Salisbury (1115 ?-1180 ?),
Jacques de  Foix (1463-1509 ?), dit philosophe scolastique : 164
l’infant de Navarre, fils du comte Jean Fleury, chapelain de la comtesse
de Foix Gaston IV et d’Éléonore de Savoie Sibylle de Bâgé [1294] : 281
de Navarre, oncle maternel de la reine Jean Ier (1275-1333), comte de Forez
de France Anne de Bretagne [l’infant (1278-1333) : 372 [messire le comte de
de Navarre] : 538, 539 Forez]
Jacques de Maniveu [1193-1206] : 260 Jean Ier de Chalon († 1315), seigneur
Jacques de Suse, officier du comte de d’Arlay  : 372 [monseigneur Jehan
Savoie Amédée V [1294] : 282 de Chalon]
Jarenton [1016/1017] : 129 Jean II (1239-1305), duc de Bretagne
Jarnioust, M. de ~ [1600] : voir Henry, (1286-1305) : 297, 392
Jean ~ Jean II (1279-1319), dauphin de Viennois
Jarrais, seigneur de ~ [1310-1311] : voir (1306-1319)  : 371 [le dauphin de
Jacquemet (1261 ?-1323), seigneur Vyennois]
de Jarez Jean II (1292-1361), comte d’Auxerre
Jean, le roi ~ [1356 ; 1362] : voir Jean II (1304-1361) : 372
(1319-1364) Jean II (1319-1364), roi de France (1350-
Jean Bellesmains, évêque de Poitiers 1364) : 416, 428, 430, 431, 432
INDEX PERSONARUM 713

Jean II (1426-1488), duc de Bourbon du roi de France Louis XI, duchesse


(1456-1488), connétable de France d’Orléans, puis de Berry après
(1483-1488) : 526 [le duc de Bourbon l’avènement de son mari, le roi de
notre oncle, connétable de France], 528 France Louis XII, et l’annulation de
[monsieur le duc de Bourbon, connétable leur mariage, fondatrice de l’ordre de
de France] l’Annonciade et vénérée comme sainte
Je a n   I V de   C h a l on-A r l ay par l’Église catholique romaine : 537
(1444 ?-1502), prince d’Orange (1475- Jehan de Chalon [1310-1311] : voir
1502) [prince d’Orenge] : 538, 539 Jean Ier de Chalon
Jean l’Évangéliste, l’un des douze Jehan de Paris, peintre : voir Perréal,
apôtres, dans la tradition chrétienne : Jean ~
171, 277 Jehan de Vienne [1310-1311] : voir
Jean le Baptiste, personnage de la Vienne, Jean de ~
Bible : 92, 250, 313 Jehan Jaques ou Jacques  : voir
Jean le Roux, abbé de Saint-Martin Trivulzio, Gian Giacomo ~
d’Ainay [1193-1206] : 259 Jérémie, personnage de la Bible, l’un des
Jean VIII, pape (872-882) : 50, 52, 58 quatre grands prophètes : 360, 560
Jean XIX, pape (1024-1033) : 169 Jérôme, évêque de Lausanne (878-892) :
Jea n  X X II, pape (1316 -1334), 53
précédemment Jacques Duèze, Jocerand, abbé d’Ainay [1294] : voir
cardinal-évêque de Porto : 267, 392, Jocerand de Lavieu, abbé de Saint-
437 Martin d’Ainay
Jean, abbé d’Ainay [1193-1206] : voir Jocerand d’Oncieu († après 1294),
Jean le Roux, abbé de Saint-Martin chevalier au service de la comtesse de
d’Ainay Savoie Sibylle de Bâgé : 280
Jean, chancelier de l’Église de Lyon en Jocerand de Lavieu [1193-1206] : 260
1123 : 202 Jocerand de Lavieu, abbé de Saint-
Jean, devant la Porte latine : voir Jean Martin d’Ainay (1274-1299) : 276,
l’Évangéliste 281
Jean, diacre [978/981] : 97 Josserand, archevêque de Lyon (1107-
Jean, duc de Bretagne [1305] : voir 1118) : 160
Jean II (1239-1305) Joux, Barthélemy de ~, official de Lyon
Jean, employé de la société lyonnaise [1303 ; 1310] : 294
des frères de La Dorche [1331] : 458 Juénin, Pierre (1668-1747), chanoine de
Jean, humble prêtre de l’église primatiale Saint-Philibert de Tournus, auteur
de Lyon [1192] : voir Jean Bellesmains d’une Nouvelle histoire de l’abbaïe royale
Jean, jadis archevêque de l’église et collégiale de Saint-Filibert et de la ville
primatiale de Lyon [1200/1202] : de Tournus : 183
voir Jean Bellesmains Just, évêque de Lyon attesté de 374 à 381
Jean, roi de Bourgogne, créature de et vénéré comme saint, notamment
Symphorien Champier : 512 par l’Église catholique romaine : 119,
Jean, surnommé Gratien  : voir 501, 508, 512
Grégoire VI, pape (1045-1046) Juvénal (60 ?-130 ?), poète satirique
Jeanne de France (1464-1505), fille latin : 108, 109
714 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Juvénal des Ursins, Jean ~ (1388-1473), La Mante : voir Saluces de La Mante,


archevêque de Reims (1449-1473), Michel-Antoine de ~
auteur notamment d’une Histoire de La Mure, Gui de ~, citoyen de Lyon
Charles VI : 445 [1308] : 345 ; Jean de ~ le Grand,
conseiller de Lyon pour l’exercice
L., archevêque de Lyon  : voir Louis 1358-1359  : 451 ; Jean-Marie
de Villars de ~ (1615 ?-1682 ?), chanoine
L’Arbret, Aymenius de ~ [1306] : 302 de la collégiale Notre-Dame de
L’Estang, Jean de ~, clerc, notaire de la Montbrison, auteur d’une Histoire des
paroisse de Villeurbanne [1489] : 488 ducs de Bourbon et des comtes de Forez :
L’Isle, le sire de ~ : voir Villiers de L’Isle- 94, 118, 142, 172, 173, 206 ; Matthieu
Adam, Antoine de ~ (1471-1504) de ~, citoyen de Lyon [1308] : 345
L’Orme, Martin de ~, licencié en lois, La Porte, Jean de ~ : 545
sacristain de Saint-Nizier, official de La Primaudaye, Jean de ~ († 1506 ?),
Lyon [1379] : 487 notaire et secrétaire des finances
La Baume, Guillaume de ~, officier du du roi de France Charles VIII : 528
[Primandaire]
comte de Savoie Amédée V [1306] :
307 La Sale, Bernard de ~ (1329 ?-1391), chef
La Baume, Jean de ~ († 1435), sire de ~ d’une compagnie de routiers opérant
en Forez et en Auvergne en 1366 : 428
et de L’Abergement, bailli de Vaud
La Trémoille, Jacques de ~ (1465-
(1398-1399), lieutenant-général de
1515), capitaine au service du roi de
Bresse (1409), maréchal de France
France Louis XII : 540 [le seigneur de
(1422), premier comte de Montrevel
Mauléon] ; Louis II de ~ (1460-1525),
–  auj. Montrevel-en-Bresse  – en
lieutenant général du roi de France
1427, par décision du duc de Savoie Louis XII [le sire de la Trimoille] : 540
Amédée VIII : 466 [ Vallufin] La Valette, Barthélemy de ~, seigneur
La  Chapelle, Pierre de  ~, clerc du du Lyonnais [1308] : 356
diocèse de Clermont, notaire public La Ville, Léonard de ~, maître d’école
[1308] : 348, 356 et écrivain lyonnais originaire de
La Croix, Antoine de ~, prêtre, témoin Charolles, dont l’activité est attestée
requis [1396] : 481 entre 1570 et 1579 : 511
La Dorche, famille consulaire de Lyon : Lambert, évêque de Chalon (auj. Chalon-
457 ; Anselme de ~, professeur de sur-Saône) en 994 : 101
droit, conseiller de l’université de la Lambert, évêque de Lyon attesté entre
cité de Lyon [1308] : 345 [Anselme 678 et 684, vénéré comme saint par
de Durche] ; Aymon de ~, citoyen de l’Église catholique romaine : 512
Lyon [1332] : 458 ; Jean de ~, citoyen [Lambertus]
de Lyon [1332] : 458 ; Jean de ~, du Lambert d’Arras  : voir Lambert
Port, citoyen de Lyon [1358] : 4511 de Guînes, évêque d’Arras (1095-1115)
La  Fay, Daulphin de  ~, citoyen et Lambert d’Herbigny, Henri-François
conseiller de la ville de Lyon : 531 ~ (16..-1704), intendant de Lyon
1 Peut-être identique au précédent.
INDEX PERSONARUM 715

(1694-1701), auteur d’un Mémoire sur 356 ; Thomas ~, citoyen de Lyon


le gouvernement de Lyon : 175 [1308] : 345
Lambert de Barive, Louis-Henri ~ (17..- Le Bourcier, Nicolas ~ [1436] : 469
17..), avocat d’Autun chargé par le [ Nicolet Le Borcier]
Cabinet des chartes du dépouillement Le Clou, capitaine des arquebusiers de
des archives de l’abbaye Saint-Pierre- Lyon en 1572 : 630
Saint-Paul de Cluny, où il œuvra entre Le Couteulx, Charles ~ (1639-1709),
1770 et 1790 : 72 chartreux, compilateur d’Annales
Lambert de Guînes, évêque d’Arras ordinis Cartusiensis inédites jusqu’en
(1095-1115) : 160 1887 : 221
Lambert, Barthélemy [1396] : 481 ; Le  Fleuvier, André [1436]   : 469
Guillaume ~, scribe lyonnais auteur [Le Fluyvier]
en 1484 d’un Livre d’heures enluminé Le Fort, Hugues ~, d’Autun, garde du
par le Maître de Guillaume Lambert : sceau du bailliage de Mâcon [1396] :
533 ; Henri ~, seigneur du Lyonnais 480
[1308]   : 356 ; Jean ~, de Saint- Le Laboureur, Claude ~ (1601 ?-168. ?),
Symphorien [1306] : 301, 305 prévôt du chapitre canonial de
Lambertus : voir Lambert l’abbaye Saint-Martin de L’Île-Barbe
Landolfo, cardinal prêtre au titre (1629-1656), historien, généalogiste
de Saint-Ange  : voir Brancaccio, et héraldiste : 89, 142
Landolfo ~ Le Maistre, Jehan ~, citoyen et conseiller
Langes, Boson des  ~, chanoine de de la ville de Lyon : 531
l’église Saint-Just de Lyon [1302] : Le  Nail, Rogatien ~ (1877-1918),
291 ; Étienne des ~, clerc [1302] : 292 architecte et archéologue : 286, 290
Lans, Jaquemin de  ~, châtelain Le Viste, Jean II ~ († 1428), notable
du Bourget [1306] : 303 lyonnais, chancelier du duc de
Laurent († 258), diacre de Rome vénéré Bourbon, puis conseiller du roi
comme saint martyr, notamment par de France Charles  VI, détenteur
l’Église catholique romaine : 229, 292 notamment du tènement de
Laurent, moine de l’abbaye Saint- Bellecour : 461 [ Jean Lavitte]
Martin de Savigny [1078] : 153 Léger [984/993 ; 993] : 121, 124
Laurent, Jacques (1876-1955), archiviste- Léger, archevêque de Vienne (1030-
paléographe, éditeur notamment des 1070) : 111, 112, 113
Obituaires de la province de Lyon : 256 Léger, éminent primat [1030-1032] :
Lavanches, Jean de ~, clerc d’Édouard voir Léger, archevêque de Vienne
de Savoie [1306] : 301 (1030-1070)
Lavieu, famille noble du Forez : 276 ≈ Leidrade, évêque ou archevêque de Lyon
voir aussi Jocerand de Lavieu (798-816) : 27, 33, 48, 90, 107
Lavitte, Jean : voir Le Viste, Jean ~ Léoboin, chorévêque de Lyon en 879 : 53
Le Blanc, Guillaume ~, chantre de Léobold [916] : 66
Saint-Paul de Lyon [1308] : 345 ; Léodoin, évêque de Marseille en 879 : 53
Jacques ~, de Tournus, clerc du roi Léon, vénéré comme saint, notamment
de France Philippe IV et chancelier par l’Église catholique romaine : 397
de Mâcon [1307-1308] : 339, 340, Leroux, Humbert [1332], intermédiaire
716 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

entre la société lyonnaise des frères Louis, empereur auguste : voir Louis II
de La Dorche et l’archevêque de Riga (825-875)
Friedrich von Pernstein : 458 Louis, fils de Boson : voir Louis III
Leuto, moine de l’abbaye Saint-Martin (880-928)
d’Ainay [1030/1032] : 152 Louis, frère du roi de France Philippe IV :
Liatard, Jean dit Besançon, citoyen de voir Louis de France (1276-1319)
Lyon [1308] : 345 Louis, roi de Navarre : voir Louis X
Liébaud, évêque de Mâcon (993-1018) : (1289-1316)
101 Louis, roi des Francs et duc des Aquitains :
Liétaud [917] : 68 voir Louis VII (1120-1180)
Liétaud, archevêque de Besançon en Louis, roi, cousin du roi de Provence
994 : 101 Louis [892] : voir Louis III (863 ?-882)
Liétaud, comte de Mâcon en 944 : 73 Louis Ier (778-840), dit le Pieux, empereur
Ligue catholique : 567, 568, 572, 631 d’Occident et roi des Francs (814-
Lombards : 35 840) : 27, 33, 34, 36, 43, 47, 85
Lombart, Jaquemin, maître mercier Louis II (825-875), roi d’Italie (844-875)
lyonnais [1358] : 450 et empereur d’Occident (855-875) :
Longnon, Auguste (1844-1911), 47, 54, 56, 60
historien, auteur notamment d’un Louis III (880-928), dit l’Aveugle, roi
Atlas historique de la France : 209 de Provence (890-928), roi d’Italie
Longueville, Guillaume de ~, chevalier (900-905), empereur d’Occident (901-
[1306] : 304 905) : 29, 30, 54, 55, 56, 57, 58, 61,
Lorraine, François de ~ (1520-1563), 63, 64, 68, 70, 71, 76, 192
duc de Guise : 628 Louis II (846-879), dit le Bègue, roi des
Losse, Jean de ~ (1504-1579), gouverneur Francs (877-879) : 29, 50, 52, 58,
de Lyon et du Lyonnais en 1564-1565 : 59, 184
614, 616, 618 [le seigneur de Losses] Louis III (863 ?-882), roi des Francs (879-
Lothaire Auguste [861]   : voir 882) : 60, 66
Lothaire Ier (795-855) Louis IV (921-954), dit d’Outremer, roi
Lothaire, empereur auguste [841-852 ; des Francs (936-954) : 72, 76
892] : voir Lothaire Ier (795-855) Louis VI (1080 ?-1137), roi des Francs
Lothaire Ier (795-855), empereur franc (1108-1137) : 135, 159, 160, 193, 206,
(823/840-855) : 27, 37, 43, 44, 48, 207, 208
57, 60, 193 Louis VII (1120-1180), roi des Francs
Lothaire  II (vers 825-869), roi de (1137-1180) : 164, 183, 184, 203, 208,
Lorraine (855-869) : 29, 47, 58 212, 213, 214, 223, 224, 225, 226,
Lothaire (941-986), roi des Francs (954- 227, 228, 229, 231, 234, 242
986) : 76, 141, 142, 144 Louis VIII (1187-1226), roi de France
Louis, archevêque de Lyon : voir Villars, (1223-1226) : 13, 266
Louis de  ~, archevêque de Lyon Louis IX (1214-1270), roi de France
(1301-1308) (1226-1270), vénéré comme saint par
Louis, duc de Touraine  : voir Louis l’Église catholique romaine depuis
de France (1372-1407) 1297 : 12, 13, 209, 265, 266, 274,
Louis, empereur : voir Louis Ier (778-840) 297, 326, 388
INDEX PERSONARUM 717

Louis X (1289-1316), dit le Hutin, roi de Loup, évêque de Lyon présent au concile
Navarre (1305-1316), roi de France d’Orléans en 538, vénéré comme
(1314-1316) : 12, 298, 367, 369, 370 saint, notamment par l’Église
[le roi de Navarre], 371 [monseigneur de catholique romaine : 89, 90, 91, 92,
Navarre], 411 [le roi Louis notre frère], 501, 512 [Lupus]
509 [Louis, roi de Navarre] Lubin, évêque de Chartres au milieu du
Louis XI (1423-1483), roi de France vie siècle : 89
(1461-1483) : 17, 419, 485, 523, 527 Luchaire, Achille (1846-1908),
[notre très cher seigneur et père], 529, 569 historien : 224
Louis XII (1462-1515), roi de France Lucie, vénérée comme sainte, notamment
(1498-1515) : 14, 496, 536, 537, 538 par l’Église catholque romaine : 397
Louis II (1377-1417), roi de Sicile, duc Lucifer, archange assimilé par la
d’Anjou, comte de Provence : 444 tradition chrétienne à Satan,
Louis Ier (1413-1465), duc de Savoie (1440- incarnation du Mal dans les religions
1465) : 529 monothéistes : 378
Louis II, dauphin de Viennois : voir Lucilius (Ier siècle), procurateur de Sicile
Louis XI (1423-1483) sous le règne de l’empereur Néron
Louis  II d’Anjou  : voir Louis  II (54-68), correspondant de Sénèque :
(1377-1417) 501
Louis d’Aragon (1475-1519), cardinal Lucius Munatius Plancus (87-15
diacre de Santa Maria in Cosmedin av. l’ère commune), proconsul romain
(1497-1519) : 504 fondateur de Lyon : 500 [Numancius
Louis d’Évreux : voir Louis de France Plaucus], 508, 509, 602
(1276-1319) Lucius Plotius Gallus, rhéteur latin
Louis de Bourbon (1530-1569) : voir du Ier siècle av. l’ère commune : 501
Condé, Louis de Bourbon (1530- Lucius III, pape (1181-1185) : 236
1569), prince de ~ Lugdus, fondateur mythique de Lyon,
Louis de France (1276-1319), comte puis de Rome, Paris et Troie : 510
d’Évreux, demi-frère du roi de Lupus : voir Loup
France Philippe IV : 297, 369, 370 Lyon, l’archevêque de ~ [1320] : voir
[monseigneur d’Evreux], 392 Pierre de Savoie, archevêque de Lyon
Louis de France (1372-1407), duc de (1308-1332)
Touraine (1386-1392), duc d’Orléans Lyon, le cardinal de ~ [1487] : voir
(1392-1407), frère du roi de France Charles de Bourbon (1433-1488)
Charles VI : 444, 447 [monseigneur Lyon, monseigneur de ~ [1389] : voir
de Toraine] Thurey, Philippe de ~
Louis de Provence : voir Louis III
(880-928) Mabillon, Jean (1632-1707), historien
Louis l’Aveugle  : voir Louis  III et érudit bénédictin : 64, 392
(880-928) Mâcon ou Mascon, Raoulin ou Roulin
Louis le Bègue : voir Louis II (846-879) de ~, notaire, procureur de la ville
Louis le Hutin, roi de Navarre : voir de Lyon lors de la Rebeyne de 1436 :
Louis X (1289-1316) 467, 469, 470
Louis le Pieux : voir Louis Ier (778-840) Maffei, Raffaele (1451-1522), dit
718 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Volterrano, humaniste italien, auteur Marcua, Aymon de ~, citoyen de Lyon


notamment de Commentariorum rerum [1308] : 345
urbanarum libri XXXVIII : 508 Marfontaines, Thomas de ~, chevalier,
Magnarit, Étienne, clerc juré et notaire membre du parlement de Paris,
de l’official de Lyon Barthélémy commissaire-réformateur du roi de
de Joux [1303] : 293 France Philippe VI [1319] : 421
Maieul († 994), abbé de Saint-Pierre- Marguerite de France (1523-1574),
Saint-Paul de Cluny (948-994) : 100, duchesse de Savoie : 613 [madame
102, 107, 108, 109, 148 la duchesse]
Maieul de Vinzelles, familier du sire de Marguerite de France (1553-1615),
Beaujeu Humbert III [vers 1170] : 214 duchesse de Valois et reine de
Maimbod, évêque de Mâcon (938-958) : Navarre : 629
97 Marguerite, fille de Catherine
Maître de Guillaume Lambert, de Médicis : voir Marguerite de France
peintre enlumineur lyonnais de la (1553-1615)
fin du xve siècle : 533 Marie de Bourgogne (1386-1422),
Malamouche, Guigue, seigneur du comtesse de Savoie (1401-1416),
Lyonnais [1308] : 356 duchesse de Savoie (1416-1422) : 464
[notre chère épouse la comtesse]
Malcarres, Jean, citoyen de Lyon
[1308] : 345
Marie de Médicis (1573-1642), reine
de France : 14, 570, 572, 602
Malet de Graville, Louis (1438-1516),
Marie, mère de Jésus dans la tradition
amiral de France (1487-1508) : 528
chrétienne : 113, 123, 247, 277, 301,
[l’Amiral]
305, 378, 396, 397, 461, 463, 464, 515
Manassès, sous-diacre [978/981] : 97 Marigny, Enguerran de ~ (1260 ?-1315),
Mandelot, François de ~ (1529-1588), chambellan et conseiller du roi de
seigneur de Pacy-sur-Armançon, France Phi lippe  IV  : 369, 370
lieutenant-général de Lyon (1568- [monseigneur de Marigni], 371
1571), gouverneur de Lyon et du Marsat, Guillaume, citoyen de Lyon,
Lyonnais (1571-1588) : 568, 595, 616, tailleur de pierre [1359] : 437
618, 629, 630, 631 Martin (316/317-397), évêque de Tours
Manno ou Mannon, prévôt de Saint- (372-397), vénéré comme saint,
Oyend de Joux (auj. Saint-Claude) notamment par l’Église catholique
[879] : 53, 107 romaine : 71, 95, 97, 219
Marc, l’un des quatre évangélistes dans Martin, moine de l’abbaye Saint-Martin
la tradition chrétienne : 303 de Savigny [1051] : 152
Marc, frère, prieur des frères prêcheurs Martin V, pape (1417-1431) : 164
de Genève en 1294 : 281 Martin, Glaude, écuyer, seigneur de
Marca, Pierre de  ~ (1594-1662), Dizimieu en 1489 : 488
archevêque de Toulouse, mort élu Martin, Jean (†  1491), médecin,
de Paris, historien, polémiste partisan conseiller et maître des comptes du roi
du gallicanisme : 156 de France Charles VIII : 528 [maître
Marchand, Guichard, chancelier de Jehan Martin]
Savoie en 1407 : 466 Marzé, Guichard de ~, homme d’armes
INDEX PERSONARUM 719

à cheval participant à l’expédition Ménestrier, Claude-François ~ (1631-


contre Saint-Laurent en Viennois 1705), jésuite, auteur notamment
(1310-1311) [messire Guichard d’une Histoire civile et consulaire de la
de  Marzi]  : 3721 ; Hugues de  ~, ville de Lyon : 142, 173, 175, 190, 224,
seigneur du Lyonnais [1308] : 356 236, 412, 620, 621
Marzi, Guichard de ~ : voir Marzé, Menthon, François de ~, officier du
Guichard de ~ comte de Savoie Amédée VIII [1407] :
Masso, Claude de  ~, lieutenant du 466
capitaine de Lyon en 1600 : 603 [le Mercœur, Béraud de  ~ (1275-
sieur de Masso, lieutenant du sieur du 1321), connétable de Champagne,
Soleil] ; Guyot de ~ (1518-1586), sire gouverneur de Lyon (1310-1311) :
de Saint-André du Coing, échevin 269, 368, 369, 370 [monseigneur de
de Lyon en 1572 et en 1600 : 603 Marquel ; messire de Marqueil], 371
[M. de Masso, seigneur de Saint Andre [monseigneur de Marqueil], 373, 374
du Coing ], 629, 633 Mesmes, Jean-Jacques de  ~, sieur
Mathieu, chambrier : voir Mathieu III des Arches, maître des requêtes de
(1145/1155-1208/1209) l’hôtel [1572] : 633
Mathieu, duc de Lorraine  : voir Michalon, clerc du châtelain du Bourget
Mathieu Ier (1110 ?-1176) [1306] : 302
Mathieu  Ier (1110 ?-1176), duc de
Michel, vénéré comme saint archange,
Lorraine (1139-1176) : 195
notamment par l’Église catholique
Mathieu III (1145/1155-1208/1209),
romaine : 397
comte de Beaumont, chambrier de
France (1180-1208) : 201, 245 Milon [984/993] : 121
M athilde (943-992), reine de Milon, abbé de l’abbaye Saint-Martin
Bourgogne : 141, 142, 144 de Savigny (1161-1170) : 208
Matthieu, Pierre (1563-1621), juriste, Milon, diacre [978/981] : 97
historiographe, poète, auteur Mitte de Chevrières, Jacques (1548-
dramatique : 568, 571, 572 1606), baron de Saint-Chamond,
Maubec, Humbert de ~ [1306] : 305 lieutenant du roi au gouvernement
Maugiron, Laurent de ~ (1528-1589) : de Lyon et du Lyonnais  : 558
556 ; Pierre de ~, capitaine [1500] [Saint-Chaumont]
[Maugeron] : 538 Molon, Barthélemy de ~, maître épicier
Mauléon, le seigneur de ~  : voir lyonnais [1358] : 450
La Trémoille, Jacques de ~  Moncud, Roulin de ~ [1436], sergent
Maury, Jacques († 1626), peintre : 620 du Dauphin : 469
Medici, famille et dynastie florentine : Monfalcon, Jean-Baptiste ~ (1792-
513 1874), médecin, journaliste et
Melchisédech, personnage de la Bible : bibliothécaire lyonnais : 118, 507
91 Monier, Claude, maître d’école et
Meliet, Barthélemy, maître tanneur prédicateur protestant brûlé vif sur
lyonnais [1358] : 450 la place des Terreaux en 1552 : 627

1 Cf. Guichard de Marzé, sénéchal de Toulouse (Galland, Deux archevêchés…, p. 517).


720 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Monjoye Saint Denys : voir Chauveau, (1553-1615) ; le roi de ~ : voir Antoine


Gilbert ~ de Bourbon (1518-1562), Henri IV
Monsieur [1574] : voir François de France (1553-1610), Louis X (1289-1316),
(1555-1584) Philippe V (1292/1293-1322)
Montagny, Guichard de ~ [1308], fils Nemours, monseigneur le duc de ~ :
d’Henri de ~, seigneur du Lyonnais : voir Charles-Emmanuel de Savoie
356 ; Henri de ~, seigneur du Lyonnais (1567-1595)
[1308] : 356 Neufville d’Halincourt, Charles de
Montaron, Monet de ~, maître tavernier ~ (1566 ?-1642), gouverneur de Lyon
lyonnais [1358] : 450 et du Lyonnais (1607-1642) : 621, 640
Montfaucon, Claude de ~, chambellan Nèvre, Neyvre ou Nièvre, Aymon,
et conseiller du roi de France Naime ou Nesme de  ~, drapier
Charles VIII [1487] : 528 [le sénéchal lyonnais [1348], maître drapier
de Carcassonne] lyonnais [1358] : 450 ; Jean de ~,
Montmélian, Andrevet de ~, auditeur citoyen de Lyon, conseiller de
des comptes du comte de Savoie Lyon pour l’exercice 1358-1359 et
Amédée V [1306] : 305 ; Pierre de ~, commissaire général député alors
clerc du comte de Savoie Amédée V pour les réparations à faire aux
[1294 ; 1306] : 282, 300, 301 remparts, consul de Lyon en 1396 :
Morand, Pierre, fils de Jaquemet ~, 437, 451, 481
habitant de Lyon [1454] : 490 [Pierre Neyrout, Jacquemin, maître boucher
Morant] lyonnais [1358] : 451
Muaus, « attaché toute une journée à un Neyvre, famille lyonnaise : voir Nèvre
arbre du côté de Miribel » [1319] : 423 Nicessius : voir Nizier
Münster, Sebastian (1489-1552), Nicolas, Jean [1436] : 469 [ Jhean Nicolas]
humaniste bâlois originaire de Nicolas, évêque de Mâcon [1308] : voir
Rhénanie, auteur notamment d’une Bar, Nicolas de ~
Cosmographia en langue allemande Nièvre, famille lyonnaise : voir Nèvre
qui connut une très large diffusion Nithard, diacre [978-981] : 97
et de nombreuses traductions : 499 Nivon, Nicolas, chanoine et infirmier de
Myons, M. de ~ : voir Bourges, Claude Saint-Irénée de Lyon en 1731, année
de ~ de publication de son Voyage du Saint
Calvaire sur la montagne des Martyrs
Nabuchodonosor, personnage de la de Lyon : 119
Bible inspiré du roi de Babylone Nizier (513-573), évêque de Lyon issu
Nabu-kudurri-usur (605-562 av. l’ère d’une famille sénatoriale proche
commune), conquérant notamment du pouvoir royal burgonde, neveu
de Jérusalem : 124 de son prédécesseur Sacerdos et
Narbo, fondateur mythique de oncle de Grégoire de Tours, vénéré
Narbonne, père de Lugdus, fondateur comme saint, notamment par l’Église
mythique de Lyon : 510 catholique romaine : 501, 508, 512
Navarre, l’infant de ~ : voir Jacques [ Nicessius]
de  Foix (1463-1509 ?) ; la reine Nogaret, Guillaume de ~ (1260 ?-1313),
de ~ : voir Marguerite de France conseiller et garde du sceau du roi de
INDEX PERSONARUM 721

France Philippe IV : 267, 268, 270, voir Odolric, archevêque de Lyon


311, 312, 350, 376, 377, 382, 388, 389 (1042-1046)
Normands : 54, 55, 218 Oyend († 512), vénéré comme saint abbé,
notamment par l’Église catholique
Occerii, Étienne [1348] : 452 romaine : 501 [Augendus]
Octavien : voir Victor IV, antipape Oyend, lévite [978/981] : 97
(1159-1164)
Odelard de La Salle, familier du sire Pançu ou Panczu, Michel, conseiller
de Beaujeu Humbert III [vers 1170] : de Lyon pour l’exercice 1358-1359 :
214 451 ; Nicolas ~, de Lyon [1306] : 301
Odilon de Cluny (961 ?-1049), abbé Paradin, Guillaume (vers 1510-1590),
de l’abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul chanoine de la collégiale Notre-Dame
de Cluny (994-1049) : 31, 100, 101, de Beaujeu, érudit lyonnais, auteur
108, 109, 149, 168, 169 notamment d’une Chronique de Savoie,
Odolric ou Ouri, archevêque de Lyon d’Annales de Bourgogne et de Mémoires
(1042-1046) : 140, 143, 168, 191 de l’histoire de Lyon : 51, 54, 118, 119,
Ogier [944] : 73 190, 236, 568, 607, 608
Ogier d’Ampuis [1193-1206] : 258 Pascal II, pape (1099-1118) : 213
Ogier, Jean, citoyen de Lyon [1308] : 345 Pascal III, antipape (1164-1168), rival
Olivier de Chavannes, doyen de Lyon d’Alexandre III (1159-1181) : 164
(1177-1186/1187) : 246, 247
Pastor, Ludwig (1854-1928), historien
Onfroi [993 ; 1016/1017] : 122, 125, 129
autrichien d’origine allemande : 504
Orenge, le prince d’~ [1500] : voir
Patient, évêque de Lyon présent au
Jean IV de Chalon-Arlay
concile d’Arles de 475, vénéré
Ostie, le cardinal-évêque d’~ [1316] :
voir Alberti, Niccolò comme saint, notamment par l’Église
Othon de Brunswick : voir Otton IV catholique romaine : 512 [Patiens]
Otramn, archevêque de Vienne (876- Paul (5 ?-64 ?), apôtre et évangélisateur,
885 ?) : 53 vénéré comme saint, notamment par
Otte-Guillaume (962 ?-1026), comte l’Église catholique romaine : 39, 40,
palatin de Bourgogne (982-1026) : 41, 67, 79, 80, 148, 173, 396, 397
101 Paul III, pape (1534-1549) : 514
Otton, duc de Bourgogne : voir Otton Ier Pérard, Étienne (1590-1663), maître des
(1166/1167 ?-1200) comptes à la Chambre des comptes de
Otton Ier (912-973), roi de Germanie Dijon, auteur d’un Recueil de plusieurs
(936-973), empereur (962-973) : 30, pièces curieuses servant à l’histoire de la
76, 148 Bourgogne : 213
Otton IV (1175/1176-1218), roi des Perat, le sieur du ~ : voir Peyrat, Maurice
Romains (1198-1218), empereur du ~ († 1602)
(1209-1218) : 257 Pérelle [1332], employé de la société
Otton Ier (1166/1167 ?-1200), comte lyonnaise des frères de La Dorche :
palatin de Bourgogne (1188-1200) : 458
200 Périer, Jean (1711-1762), jésuite, membre
Ouri, clerc de l’Église de Langres  : de la Société des Bollandistes : 89, 92
722 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Périgort, le sénéchal de ~ : voir Pérusse Philippe le Bel : voir Philippe IV


des Cars, Gautier de ~ (1268-1314)
Pernstein, Friedrich von ~ / Pernštejna, Philippe régnant en Gaule [1088]
Fridrich z ~, archevêque de Riga ~ en France [1096/1101 ; 1101] : voir
(1304-1341), originaire de Moravie : Philippe Ier (1052-1108)
457 Philippe Ier (1052-1108), roi des Francs
Perréal, Jean (1463 ?-1529), dit Jean (1060-1108) : 151, 153, 184, 206, 207
de Paris, peintre : 531 [ Jehan de Paris] Philippe II (1165-1223), roi des Francs
Perrin, Antoine, échevin de Lyon (1180-1204) puis de France (1204-
en 1564 et 1565, protestant : 614 1223), dit Philippe Auguste : 15, 135,
[Antoyne Perrin] 197, 198, 199, 200, 203, 204, 213,
Perrissin, Jean (1536 ?-1611 ?), peintre : 236, 243, 244, 250, 252, 257, 258,
571 265
Perroton, Pierre, maître panetier Philippe III (1245-1285), roi de France
lyonnais [1358] : 450 (1270-1285) : 12, 271, 273, 274, 275
Pérusse des  Cars, Gautier de ~, Philippe IV (1268-1314), dit le Bel, roi
chambellan et conseiller du roi de de France (1285-1314) : 7, 9, 12, 16,
France Charles  VIII, sénéchal de 267, 270, 286, 296, 297, 300, 311,
Périgord en 1487 : 528 [<le sénéchal> 312, 313, 319, 331, 332, 335, 345,
de Périgort] 349, 350, 366, 367, 368, 369, 373,
Petau, Alexandre (1628-1672), conseiller 375, 376, 377, 381, 384, 387, 388,
au parlement de Paris, collectionneur 389, 404, 411 [le roi Philippe notre père],
de manuscrits : 223 436, 437, 509
Pétrarque / Francesco Petrarca (1304- Philippe V (1292/1293-1322), roi de
1374), poète et humaniste italien : France et de Navarre (1316-1322) :
499, 500 271, 392 [le comte de Poitiers et régent
Peyrat, Maurice du ~ (1555-1602) : 629, du royaume], 404
630, 631 [le sieur du Perat] Philippe VI (1293-1350), roi de France
Peyrolet, Tevenin : 431, 432 [Stevenon (1328-1350) : 421
Peyrolet], 433 [ Tevenin Perolier], 434 Philippe, comte de Savoie : voir Philippe
[ Thevenin Peyrolet] de Savoie
Philippe Auguste : voir Philippe II Philippe, empereur des Romains : voir
(1165-1223) Philippe de Souabe (1177-1208)
Philippe d’Autriche (1478-1506), dit Philippe, par la grâce de Dieu roi de
Philippe le Beau, fils de l’empereur France et de Navarre [1320] : voir
Ma ximilien  I er et de Marie Philippe V (1292/1293-1322)
de Bourgogne : 540 [l’Archiduc] Philippe, roi de France : voir Philippe III
Philippe de  Savoie (1207-1285), (1245-1285) ; Philippe IV (1268-1314)
archevêque de Lyon (1245-1267), Philippe, roi de France et de Navarre :
comte de Savoie (1268-1287) : 246, voir Philippe V (1292/1293-1322)
266, 274, 276, 279 Philippe, roi des Francs : voir Philippe II
Philippe de Souabe (1177-1208), roi (1165-1223) ; Philippe  IV (1268-
des Romains (1198-1208), rival 1314) ; Philippe VI (1293-1350)
d’Othon IV : 257, 258 Phutin : voir Pothin
INDEX PERSONARUM 723

Piccolomini, Enea Silvio ~ (1405-1464), dominicain, archevêque de Lyon


humaniste italien, pape de 1458 à (1272-1273), cardinal-évêque d’Ostie
1464 sous le nom de Pie II : 499 (1273-1276), pape Innocent V (1276) :
Pierre († 64 ?), l’un des douze apôtres 12
et le premier pape, dans la tradition Pierre de Tarentaise [1167] : voir
chrétienne : 67, 73, 79, 80, 102, 148, Pierre, archevêque de  Tarentaise
173, 360, 395, 396, 397, 508 (1141-1174)
Pierre, archevêque de Tarentaise (1141- Pierre de Verceil, médecin [1294] :
1174) : 230 282
Pierre, cardinal-prêtre de la sainte Église Pierre des Étoux, vendeur à l’abbaye
romaine et bibliothécaire [1079] : Saint-Martin de Savigny de biens-
voir Pierre, cardinal-prêtre de San fonds sis à L’Arbresle [1173] : 208
Crisogono (1072-1088) Pierre le Vénérable : voir Pierre
Pierre, cardinal-prêtre de San Crisogono de Montboissier
(1072-1088) : 158 Pietro del  Morrone (1209/1210-
Pierre, curé de Francheville [1302] : 292 1296), moine bénédictin, pape sous
Pierre, le pontife des Lyonnais : voir le nom de Célestin V du 29 août
Pierre de Savoie, archevêque de Lyon au 13 décembre 1294, fondateur de
(1308-1332) l’ordre des Célestins, vénéré comme
Pierre, matriculaire, prêtre [1302] : 292 saint par l’Église catholique romaine
Pierre, official de Lyon [1307 ; 1308] : sous le nom de Pierre Célestin : 460,
voir Échallon, Pierre d’~ 464
Pierre, prieur de La  Charité, Pigalotti, Gerardo, dominicain, évêque
commissaire-réformateur du roi de d’Arras (1295-1316) : 297
France Philippe VI [1319] : 421 Pilate, personnage de la Bible, inspiré
Pierre II (1438-1503), sire de Beaujeu par Pontius Pilatus, préfet de Judée
(1453-1491), comte de Clermont (26-36) : 501
(1456-1488), duc de Bourbon (1488- Pilosus, Jean [1306] : 305
1503) : 528 [le comte de Clermont] Pinson, Étienne [1348] : 452
Pierre Arrivi [1193-1206] : 258 Piquet, Guillaume, maître mercier
Pierre Célestin  : voir Pietro lyonnais [1358] : 450
del Morrone (1209/1210-1296) Pizay, Philippe de ~, chevalier, courrier
Pierre de Montboissier, dit Pierre le de Lyon pour le roi de France [1302] :
Vénérable, abbé de Saint-Pierre-Saint- 291
Paul de Cluny : 186, 187, 189 Plaisians, Guillaume de ~ (1270 ?-1313),
Pierre de Montluel, seigneur vassal juriste, conseiller du roi de France
du comte de Forez [1173] : 238 Philippe IV : 388
Pierre de Savoie, archevêque de Lyon Plancus : voir Lucius Munatius Plancus
(1308-1332) : 7, 9, 12, 270, 346 [le Plantain, Hugues du ~, homme d’armes
seigneur archevêque de Lyon], 366, 368, à cheval participant à l’expédition
369, 381, 382, 404, 416, 509 [Pierre, contre Saint-Lau rent en Viennois
le pontife des Lyonnais] (1310-1311) : 372
Pierre de Talaru [1193-1206] : 260 Plotin (205-270), philosophe néo-
Pierre de Tarentaise (v. 1225-1276), platonicien : 501
724 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Plotius Gallus : voir Lucius Plotius Poncet de Rochefort, seigneur du


Gallus Lyonnais [1308] : 356
Plutarque : 509 Pons de  Rochefort, seigneur du
Pocquedenare : voir Amboise, Guy d’~ Lyonnais [1308] : 358
Poculot, André, citoyen de Lyon, consul Pons, vicomte de Polignac en 1171 : 214
de Lyon [1454] : 489 ; Maurice ~, Pont-d’Arve, Jean, serviteur du comte
commissaire ordinaire des guerres, de Savoie Amédée V [1306] : 307
échevin de Lyon pour l’exercice 1600- Pontigny, l’abbé de ~ : voir Guichard,
1601 : 603 [M. de Poculot] abbé de Pontigny (1136-1165)
Poitiers, le comte de ~, régent de Poquet, Pierre (1340 ?-1408), prieur de
France [1316]   : voir Philippe  V la province de France de l’ordre des
(1292/1293-1322) Célestins en 1407 : 460
Poisson, Jean, serviteur du comte de Porto, le cardinal-évêque de ~ [1316] :
Savoie Amédée V [1306] : 307 voir Jean XXII, pape (1316-1334)
Poizat, Étienne, notaire au service de Pot, René ou Regnier ~ (†  1504),
l’archevêque de Lyon Louis de Villars seigneur de La Rochepot, sénéchal
[1303 ; 1307-1308] : 290 [ Étienne de Beaucaire et Nimes [le seigneur de
Poysat], 339 la Rochepot] : 538, 539
Polignac, le vicomte de ~ : voir Pons, Pothin (85 ?-177), premier évêque de
vicomte de Polignac en 1171 Lyon, connu par l’Histoire ecclésiastique
Polycarpe (70 ?-165 ?), évêque de d’Eusèbe de Césarée, vénéré comme
Smyrne, disciple de l’apôtre Jean et saint, notamment par l’Église
mentor d’Irénée, évêque de Lyon : catholique romaine : 501, 511 [Phutin]
171, 501 Pouilly, Thomas de ~, chanoine de
Ponce († 1016/1018), comte de Gévaudan l’église Saint-Just de Lyon [1302] :
(970-1016) : 31 289
Ponce [1016/1017] : 129 Poupardin, René (1874-1927), archiviste
Ponce, abbé de Saint-Martin de Savigny : paléographe, bibliothécaire honoraire
voir Ponce de Lay de la Bibliothèque nationale, directeur
Ponce, clerc de l’abbaye Saint-Martin d’études à l’École pratique des hautes
de Savigny [1098] : 153 études et professeur à l’École nationale
Ponce, évêque de Valence (1032-1056) : des chartes, ancien membre de l’École
113 française de Rome (1899-1902) : 73,
Ponce, lévite [978/981] : 97 118, 142, 151
Ponce d’Aubigny, familier du comte de Poursuivant d’Amour : voir Wyn, Ieuan
Forez Guy II [vers 1170] : 214 Poysat, Étienne : voir Poizat, Étienne ~
Ponce Dalavart [1193-1206] : 260 Pré, Pierre du ~ [1381] : 477, 478
Ponce de  Gévaudan  : voir Ponce Pressiat, Stévenet de ~, maître de métier
(† 1016/1018) lyonnais [1358] : 450
Ponce de Lay, abbé de Saint-Martin de Primandaire : voir La Primaudaye, Jean
Savigny (1111-1138) : 70, 94, 150, 205 de ~
Ponce de Rochebaron, familier du Prince noir : voir Édouard d’Angleterre
comte de Forez Guy II [vers 1170] : (1330-1376)
214 Prunaz, Léonard, échevin de Lyon
INDEX PERSONARUM 725

en 1564 et 1565, protestant : 614 Ravel, le seigneur de ~ : voir Amboise,


[Leonard Prunas] Guy d’~
Psalmiste : voir David, dit le Psalmiste Raymond (1042-1105), comte de
Ptolémée de Lucques : voir Tolomeo Toulouse : 176 [le comte de Saint-Gilles]
da Lucca (1236 ?-1327 ?) Raymond, Jean, citoyen de Lyon [1308] :
Pynn, Chérubin de ~, clerc, notaire 345
public [1307-1308] : 339, 358 Raymonde, mère de Guillaume, fils du
comte de Forez Artaud [vers 1075] :
Quesnes, Karados des ~ : voir Équennes, 173
Jean d’~ Raynalli, Étienne [1348] : 453
Quiéret, Gérard, conseiller du roi de Réformés : 496, 552, 553, 567, 627,
France Philippe VI [1347] : 421 629, 631, 633
Regnauld, Claude, échevin de Lyon en
Rainald chancelier : voir Rainald 1600 : 603 [M. de Regnaut]
de Dassel (1120 ?-1167) Regnaut, M. de ~ : voir Regnauld,
Rainald de  Dassel (1120 ?-1167), Claude ~
c h a ncel ier i mp ér i a l (1156 - Remacin, Jean de ~, citoyen de Lyon,
1159), archevêque de Cologne et tailleur de pierre, maître de l’œuvre
archichancelier d’Italie (1159-1167) : de la cathédrale Saint-Jean de Lyon
134, 195, 211, 226, 227, 228 [1359] : 436, 437
Rainald, ancien chancelier de Frédéric, Remigius : voir Rémy
soi-disant empereur : voir Rainald Rémy, archevêque de Lyon (852-875),
de Dassel vénéré comme saint par l’Église
Rainald, élu de Cologne, archichancelier : catholique romaine : 29, 44, 47, 48,
voir Rainald de Dassel 57, 58, 82, 512 [Remigius]
Raoul (890 ?-936), roi des Francs (923- Renaud de Forez, archevêque de Lyon
936) : 30 (1193-1226) : 13, 136, 197, 198, 200,
Raoul [917] : 68 204, 227, 256, 257, 265
Raoul de Langeais, archevêque de Renaud Ier (986-1057), comte palatin de
Tours (1072-1085) : 155 Bourgogne (1026-1057) : 172
R aou l Gl a ber (98. ?-10 4. ?), Renaud le peintre [1348] : 452
chroniqueur, moine à l’abbaye Saint- Renaud, archevêque de Lyon  : voir
Germain d’Auxerre, puis à Saint- Renaud de Forez, archevêque de Lyon
Bénigne de Dijon, puis à Cluny : (1193-1226)
138, 167, 168, 170 Renaud, notaire [1348] : 455
Raoul Ier, dit le Roux, comte de Clermont, Rencon [1000], prévôt et archiclave :
connétable de France (1164-1191) : 128
245 Rencon [978/981], diacre : 97
Raoul, connétable : voir Raoul Ier, dit Rencon [993 (1)], chanoine : 124
le Roux Rencon [993 (2)] : 125
Raphael, saint : 397 Renée de France (1510-1574), duchesse
Ratbert, évêque de Valence en 879 : 53 de Ferrare (1528-1574) : 579
Ratbert, prêtre [918] : 71 Renée, sœur de la reine de France [1515] :
Ratfrid, évêque d’Avignon en 879 : 53 voir Renée de France (1510-1574)
726 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Réoculf, évêque, ambassadeur du roi l’Église de Lyon [1307-1308] : voir


Arnulf [890], peut-être Théodulf, Saint-Rigaud, Robert de ~
évêque de Coire : 56 Robert, roi des Francs : voir Robert II
Richard (858-921), dit le Justicier, duc (972 ?-1031)
en Bourgogne : 55, 56 Robert II (972 ?-1031), dit le Pieux, roi
Richard, chapelain de la reine de des Francs (996-1031) : 101, 143
Bourgogne Ermengarde en 1030- Robert de Thorigny (1105 ?-1186),
1032 : 113 moine puis prieur de l’abbaye du Bec,
Richard, évêque d’Apt en 879 : 53 enfin abbé du Mont-Saint-Michel,
Richard, évêque de Verdun (1040- auteur d’une Chronique : 188, 189,
1046) : 145 221, 222
Richard, remarquable duc et éminent Roberty, Gilles, notaire d’Avignon actif
prince : voir Richard (858-921) en 1541 : 514
Richard le Justicier : voir Richard Roche, Guicherd de La ~, clerc [1302] :
(858-921) 292
Richard, Antoine, seigneur de Saint- Roche-de-Bretaigne, le seigneur
Priest [1489] : 488 de La  ~ [1500]  : voir Guy  XVI
Richier, Jean [1515], lettré, co-auteur (1476-1531)
du programme de l’entrée du roi de Rochepot, le seigneur de la ~ : voir Pot,
France François Ier à Lyon : 570, 574, René ou Regnier ~
Rodes, le grand maître de ~  : voir
576
Aubusson, Pierre d’~
Richon, diacre [1000] : 128
Rodolphe, « homme de bien » (bonus vir),
Rieux, Jean de ~ (1447-1518), maréchal
fondateur du prieuré Saint-Pierre de
de Bretagne : 539 [le maréchal de
Bevaix [1049] : 148
Rieux] Rodolphe, duc [1078] : voir Rodolphe
Riga, l’archevêque de ~ [1332] : voir de Rheinfelden
Pernstein, Friedrich von ~ Rodolphe, duc, frère de l’impératrice
Rigaud, Hugonin, conseiller de Lyon Adélaïde [1049]  : voir Rodolphe
pour l’exercice 1358-1359 : 451 de Bourgogne
Rignieux, Jean de ~, citoyen de Lyon Rodolphe, fils du roi [entre juin 978
[1308] : 345 et juin 981]  : voir Rodolphe  III
Riom ou Ryom, Bavin ou Bernard de ~, (966 ?-1032)
chanoine de l’église Saint-Just de Lyon Rodolphe, régnant en Gaule [1023 ;
[1303] : 291, 292 1030/1032]   : voir Rodolphe  III
Robaud ou Rotboldus, pénitencier du (966 ?-1032)
chapitre cathédral de Lyon [entre 1055 Rodolphe II (880/885 ?-937), roi de
et 1077] : 177 Bourgogne (912-937) : 30, 76, 79, 80
Robert, évêque d’Aix (auj. Aix-en- Rodolphe  III (966 ?-1032), roi de
Provence) en 879 : 53 Bourgogne (993-1032) : 18, 31, 85,
Robert, évêque de Chalon [1308]  : 87, 95, 97, 101, 110, 111, 112, 113,
voir Decize, Robert de ~, évêque de 128, 133, 137, 141, 144, 147, 149,
Chalon 151, 152, 183
Robert, juge de la terre et baronnie de Rodolphe de Bourgogne (attesté en
INDEX PERSONARUM 727

960/961), fils du roi de Bourgogne Rossignol, Thomas, clerc, notaire royal


Rodolphe II et de Berthe de Souabe : [1396] : 481, 483
148 Rosta ing, archevêque d’A rles
Rodolphe de Mouxy [1294] : 281-282 (870 ?-913 ?) : 53, 56
Rod ol ph e de   R h e i n f e l de n Rostaing, archidiacre [1096/1101] : 207
(1025 ?-1080), duc de Souabe (1057- Rothelin, le marquis de ~ [1488] : voir
1080), prétendant à la cou ronne Hochberg, Philippe de ~
impériale contre Henri IV (1077- Rothonay, Pierre de ~, notaire [1359] :
1080) : 153 439
Rodolphe, Guillaume, citoyen de Lyon Rubellin, Michel, historien : 141, 222
[1308] : 345 Rubys, Claude de  ~ (1533-1613),
Rodolphiens : 75, 81, 94, 133, 147, procureur général à Lyon, auteur
151, 213 d’une Histoire véritable de la ville de
Roger, comte [917] : 67, 68 Lyon : 142, 568, 629, 631, 633
Roger, moine de l’abbaye Saint-Martin Rufier, Jean, seigneur du Lyonnais
de Savigny [1121 ; 1127 ; 1128] : 206, [1308] : 356
207, 208 Rusticus : voir Rustique
Roger, scribe : voir Roger, moine de Rustique, évêque de Lyon († 501/502) :
l’abbaye Saint-Martin de Savigny 512 [Rusticus]
Rohan, Charles de ~ (1478 ?-1528), comte Ruzé, Guillaume, évêque d’Angers
de Guise : 505 [le comte de Guise] ; (1572-1587) : 596 [monsieur d’Angers]
François II de ~ (1480-1536), évêque
d’Angers (1499-1532), archevêque de Saba, saint : 397
Lyon (1501-1536) : 505 [monseigneur de Sabine, le cardinal-évêque de ~ [1316] :
Rohan] ; Pierre de ~ (1451-1513), sire voir Falguières / Faugères, Arnaud
de Gyé, maréchal de France : 539 [le de ~
maréchal de Gyé] Sacerdos, évêque de Lyon issu d’une
Roland, précenteur [1000] : 128 famille sénatoriale proche du
Rolet, Étienne, de Lyon [1306] : 301 pouvoir royal burgonde, oncle de son
Rolet ou Rollet le Picard [1437] : successeur Nizier et père de l’évêque
471, 472 d’Arles Aurélien, attesté en 549,
Romain (390 ?-463 ?), ermite fondateur mort en 551, vénéré comme saint,
du monastère de Condat, auj. Saint- notamment par l’Église catholique
Claude (Jura), vénéré comme saint romaine : 512
par l’Église catholique romaine : 501 Saczon, Laurent, fournisseur de l’hôtel
Romain, moine de l’abbaye Saint-Martin du comte de Savoie Amédée  V
d’Ainay [1023] : 152 [1306] : 303
Romains : 500, 501, 509 Saint Denis, l’abbé de ~ [1488] — voir
Ronsard, Pierre de ~ (1524-1585), poète : Bilhères-Lagraulas, Jean de ~
597 Saint Louis : voir Louis IX (1214-1270)
Rossellet, Guillaume, citoyen et Saint-Amadour, Jean de ~ († 1538),
conseiller de la ville de Lyon : 531 premier vicomte de Guignen (1519-
Rossiaud, Jacques, historien : 16, 17, 18, 1538), sire de Thoiré-sur-Loire,
19, 417, 419, 495 capitaine des cent archers de la garde
728 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

de la duchesse Anne de Bretagne, Saisset, Bernard, évêque de Pamiers


reine de France, puis grand veneur (1295-1311) : 377
de Bretagne : 538 [le seigneur de Sainct Sala, François, échevin de Lyon en 1565,
Amadour], 539 [Sainct Amadour] catholique : 614 [le seigneur de Salla]
Saint-Aubin, Jean de ~ (1588-1660), Sallenôves, maître Pierre de ~ [1306] :
jésuite, auteur d’une Histoire de la ville 302, 305
de Lyon éditée par Claude-François Salomon, Bernard (1506-1561), peintre,
Ménestrier : 142, 190 dessinateur, graveur et décorateur :
Saint-Barthélemy, Pierre de ~ [1436] : 571, 590
469 [Pierre de Sainct Barthelemy] Salomon, prêtre [1167] : 233
Saint-Chaumont, le sieur de ~ : voir Salomon, roi d’Israël : 594
Mitte de Chevrières, Jacques ~ Saluces de La Mante, Michel-Antoine
Saint-Didier, Pierre de ~, auditeur des de ~ / Michele Antonio di Saluzzo della
comptes du comte de Savoie Amédée Manta, commandant de la citadelle
V [1306] : 305, 306, 307 Saint-Sébastien de Lyon en 1572 [le
Saint-Galmier, Barthélemy de  ~, sieur de La Mante] : 630, 632
sacriste de Saint-Just [1302] : 292 Saniour, maréchal du comte de Savoie
Saint-Georges, Claude de ~, archevêque Amédée V [1306] : 301, 305
de Lyon (1693-1714) : 156 Sarrasins : 54, 55, 266, 509
Saint-Gilles, l’abbé de ~ [1076] : voir
Saux, le comte de ~  : voir Agoult,
Béraud, abbé de Saint-Gilles en 1076 ;
François-Louis d’~ de Montauban
le comte de ~ [1076] : voir Raymond
Savoie, maison et dynastie  : 266,
(1042-1105), comte de Toulouse
267, 300, 382, 416, 460, 509,
Saint-Maurice, Barthélemy de ~, prêtre
[1302] : 292
529 ; voir, Agnès de Savoie (1286-
Saint-Rambert, Guillemet de ~ [1306] : 1322) ; Amédée  V (1249-1323) ;
303 ; Péronin de ~, maître tanneur Amédée VIII (1383-1451) ; Aymon
lyonnais [1358] : 450 ; Rosset de ~, de Savoie (1291-1343) ; Charles Ier
auditeur des comptes du comte de (1468-1490) ; Charles-Emmanuel de
Savoie Amédée V [1306] : 301, 309 Savoie (1567-1595) ; Édouard de Savoie
Saint-Rigaud, Robert de ~, juge général (1284-1329) ; Emmanuel-Philibert
de la terre et baronnie du chapitre de (1528-1580) ; Louis Ier (1413-1465) ;
l’Église de Lyon [1307-1308] : 339, Marguerite de France (1523-1574) ;
356 Marie de Bourgogne (1386-1422) ;
Saint-Romain, Pierre de ~, seigneur du Philippe de  Savoie (1207-1285) ;
Lyonnais [1308] : 356 Pierre de Savoie († 1332) ; Sibylle
Saint-Symphorien, Jean de  ~, fils de Bâgé (1255-1294)
du seigneur de Chamousset Pierre Savoyards : 269, 620, 624
de Saint-Symphorien [1308] : 356 ; Scépeaux, François de ~ (1509-1571), sire
Jean de  ~, seigneur de Grézieu de Vieilleville, maréchal de France
[1308] : 356 ; Pierre de ~, seigneur [monseigneur le maréchal de Vielle-
de Chamousset [1308] : 356 Ville] : 610, 612
Saint-Trivier, Jean de ~, conseiller de Scève, Maurice (1501 ?-1560 ?), poète :
Lyon pour l’exercice 1358-1359 : 451 570, 571 ; Pierre ~, échevin de Lyon
INDEX PERSONARUM 729

en 1564 et 1565, protestant : 614 Sicaire, évêque de Lyon vers 430 ?,


[Pierre Seve] connu par les martyrologes, vénéré
Schedel, Hartmann (1440-1514), comme saint, notamment par l’Église
médecin, historiogaphe et humaniste catholique romaine : 512 [Sicarius]
de Nuremberg, auteur notamment Sicarius : voir Sicaire
d’un Liber chronicarum, traduit en Sigebert de Gembloux (1030 ?-1112),
allemand par Georg Alt comme moine des abbayes Saint-Pierre de
Weltchronik : 497, 499 Gembloux et Saint-Vincent de Metz,
Schimmelpfennig, Bernhard, historien auteur d’une Chronique : 188
allemand : 392 Sigibodo Ier, évêque de Spire (1038-
Segrétan, Guienet, maître tondeur et 1051) : 145
couturier lyonnais [1358] : 450 Sigibold [1030/1032] : 114
Ségusiaves : 501 Sigismond († 524), roi des Burgondes
Sénèque / Lucius Annaeus Seneca (4 (516-524), vénéré comme saint par
av.  l’ère commune-65 de l’ère l’Église catholique romaine : 90, 92
commune), philosophe stoïcien Sigismond (1368-1437), prince électeur
d’expression latine : 499, 501, 508 de Brandebourg (1378-1388 ; 1411-
Septème, Henri de ~, serviteur du comte 1415), roi de Hongrie et Croatie (1387-
de Savoie Amédée V [1306] : 307 1437), roi des Romains (1411-1437),
Sergius III, pape (904-911) : 58 roi de Bohême (1419-1437), empereur
Servieres, le seigneur de ~ : voir Bonin, (1433-1437) : 529
Antoine ~ Silvestrini, Rosino, serviteur de Thomas
Severt, Jacques (1559-1628), chanoine de Gadagne le Jeune [1541] : 519
la collégiale Notre-Dame de Beaujeu Silvion [1016/1017] : 129
puis du chapitre cathédral de Lyon, Silvius [993 ; 1016/1017] : 124, 129
auteur notamment d’une Chronologia Sobon [944] : 73
historica… des archevêques et de Soleil, le sieur du ~ : voir Grolier,
l’Église de Lyon : 190 Humbert ~, sire du Soleil
Seyssel, Guy de ~, officier du comte de Stefaneschi, Jacopo Caetani degli
Savoie Amédée V [1306] : 300, 304 ~ (1270 ?-1343), cardinal-diacre
Sforza, maison ducale de Milan : 537 ; de San Giorgio in Velabro (1295-
Ludovic ~, dit le More (1452-1508), 1343), auteur notamment d’un Liber
régent (1481-1494) puis duc de Milan ceremoniarum Curie Romane : 392
(1494-1499) : 537 Steinman, Joseph (1726-1798),
Siboud, Barthélemy, seigneur du négociant, échevin de Lyon en 1789 :
Lyonnais [1308] : 356 22
Sibylle de  Bâgé († après 1294), Stephanus : voir Étienne, évêque de Lyon
cistercienne, tante paternelle de la Steyert, André (1830-1904), dessinateur,
comtesse de Savoie Sibylle de Bâgé : héraldiste, archéologue, historien
280 et journaliste lyonnais, auteur
Sibylle de Bâgé (1255-1294), comtesse notamment d’une Nouvelle Histoire
de Savoie (1285-1294) : 267, 276, 277 de Lyon et des provinces de Lyonnais,
Sibylle, moniale de Sainte-Marie du Lys : Forez, Beaujolais, Franc-Lyonnais et
voir Sibylle de Bâgé († après 1294) Dombes : 125, 127, 172, 222, 231, 233
730 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Strabon (60 ?-20 ? av. l’ère commune), catholique romaine comme saint et


historien, voyageur et géographe premier évêque d’Évreux, l’un des
gréco-romain : 499, 500, 508 saints protecteurs du prieuré clunisien
Stuart, Jean / John Stewart (1484 ?-1536), de Gigny : 217, 218
duc d’Albany : 539 [le duc d’Albanye] Tavel [1436] : 469
Suchet, Pierre, officier de la comtesse de Teutard [917] : 67, 68
Savoie Marie de Brabant [1306] : 301 Teutran, archevêque de Tarentaise (auj.
Suger (1081 ?-1151), abbé de Saint-Denis, Moûtiers) en 879 : 53
conseiller des rois des Francs Louis VI Teze, Loys, citoyen et conseiller de la
et Louis  VII, auteur notamment ville de Lyon : 531
d’une Vie de Louis VI : 159 Tharente, la princesse de ~  : voir
Suisses : 578 ; voir Cent-Suisses Charlotte d’Aragon
Suisy, Étienne de ~, cardinal-prêtre de Thibaud, archevêque de Vienne (957-
San Ciriaco alle Terme (1305-1311) : 1001) : 100, 101
365, 366 Thibaud, comte, sénéchal du roi des
Sulpice de Brioude, scribe : peut-être Francs Philippe II : voir Thibaud V,
chanoine de Saint-Julien de Brioude : comte de Blois
faisant fonction de chancelier du duc Thibaud  II (1093-1152), comte
d’Aquitaine Guillaume Ier [917] : 64, de Champagne (1125-1152) : 188, 189
65, 67, 68 Thibaud V (1130 ?-1191), comte de Blois
Syrus, moine de Cluny au début du et sénéchal de France (1152-1191) :
xie  siècle, hagiographe de l’abbé 244
Maieul : 107, 108 Thibaud l’Ancien, comte [1163] : voir
Thibaud II (1093-1152)
Tacite (58 ?-120 ?), historien romain : Thiberge, épouse d’Artaud, comte de
501 Lyon [984/993] : 120, 124, 129
Talaru, famille noble du Lyonnais : 416 ; Thierry II, évêque de Metz (1005-1046) :
Jean de ~, chanoine et custode de 145
Lyon en 1359, archevêque de Lyon Thierry, archevêque de Besançon (872-
(1375-1389) : 437 ; Amédée de ~, 895) : 53
archevêque de Lyon (1415-1444) : Tholosus, Troyen, fondateur mythique
164 ; pour mémoire, Hugues de ~, de Toulouse : 509
archevêque de Lyon (1488-1499) Thomas, dit Didyme, l’un des douze
Taney, Hugues ou Hugon de ~, chanoine apôtres, dans la tradition chrétienne :
de l’église Saint-Just de Lyon [1302 ; 119, 123, 351, 517, 615
1303] : 291, 292 Thomas, maître, peintre [1564] : 572
Tard-Venus, compagnie de routiers Thomas Becket (1120-1170), chancelier
opérant aux environs de Lyon entre d’Angleterre (1155-1162), archevêque
1357 et 1370  : 416 ≈ voir aussi de Canterbury (1162-1170), canonisé
Badefols, Seguin de ~, Brignais, bataille par le pape Alexandre III en 1173 :
de ~. 164, 227, 229, 246, 247, 252, 253
Tassin, Roland de  ~, seigneur du Thomas de Canterbury, archevêque
Lyonnais [1308] : 358 et martyr  : voir Thomas Becket
Taurin († vers 412), vénéré par l’Église (1120-1170)
INDEX PERSONARUM 731

Thomas de Grandris, familier du sire de Trimoille, le sire de la ~  : voir


Beaujeu Humbert III [vers 1170] : 214 La Trémoille, Louis II de ~
Thomassin, Matthieu (né vers 1391-mort Trivulzio, Gian Giacomo ~ (1440-1518),
après 1463), juriste, auteur du recueil maréchal de France, gouverneur du
dénommé Regeste delphinal, conseiller Lyonnais  : 540 [le seigneur Jehan
du dauphin Louis II et administrateur Jacques], 570, 579, 581 [messire Jehan
du Dauphiné, dont il fut procureur Jaques]
général dès 1422, membre depuis 1428 Troyens : 509
du Conseil delphinal, devenu Parlement Turc, le Grand ~ : voir Bajazet II
en 1453 : 485 ; Pierre ~ [1396], consul
de Lyon : 481 ; Pierre ~ [1454], citoyen Ucpert [916] : 66
de Lyon, consul de Lyon : 473, 489 Ulric, fils de Seliger, lieutenant de
Thurey, famille noble de la Bresse : l’empereur Conrad II en Bourgogne
416 ; pour mémoire, Guillaume transjurane [1036] : 139
de ~, archevêque de Lyon (1358- Ulrich, chancelier [1162] : voir Ulrich
1365) ; Philippe de ~, archevêque de de Dürrmenz († 1163)
Lyon (1389-1415) : 446 [monseigneur Ulrich, comte de Lenzbourg  : voir
de Lyon] Ulrich IV (avant 1125-1173)
Tindo, Louis (1435-1517), conseiller Ulrich IV (avant 1125-1173), comte de
du roi de France Louis XI et son Lenzbourg : 195
commissaire en Lyonnais : 17
Ulrich de Dürrmenz († 1163), chapelain
Tolomeo da Lucca (1236 ?-1327 ?),
et chancelier impérial (1159-1162),
dominicain, auteur notamment
puis évêque élu de Spire (1163) : 211
d’une Historia ecclesiastica nova : 296
[Ptolémée de Lucques]
Upert, moine de l’abbaye Saint-Martin
Tolozan de Montfort, Louis ~ (1726- d’Ainay [1039/1056] : 152
1811), dernier prévôt des marchands Urbain II, pape (1088-1099) : 156, 164
de la ville de Lyon : 22 Urbain V, pape (1362-1370) : 164
Tondut, Jean ~ de Virix, témoin [1359] : Usuard († 877), bénédictin, moine de
439 l’abbaye Saint-Germain-des-Prés,
Toraine, monseigneur de ~ : voir Louis auteur d’un Martyrologe : 254
de France (1372-1407)
Torchebœuf, messager du comte de Vachez, Antoine (1832-1910), avocat,
Savoie Amédée V [1306] : 304 membre de la Société littéraire de
Torral, Jean, clerc juré de la cour de Lyon : 151
l’official de Lyon [1379] : 487 Vachon, Jean, maître tailleur de pierre
Tournon, le seigneur de ~ [1500] : voir et juré des travaux de la ville de Lyon
Jacques II († 1501 ?) [1396] : 481
Tourvéon, Jacques, sieur du Vivier, Valdès (1140 ?-1218 ?), marchand lyonnais
échevin de Lyon en 1564 et 1565, puis prédicateur, fondateur de la
catholique : 614 [le seigneur du Vivier] Fraternité des pauvres de Lyon, dont
Treffort, Guillaume de ~, châtelain est issue l’Église vaudoise, condamné
delphinal de Vaulx, auj. Vaulx-en- comme hérétique par l’Église
Velin [1379] : 487 catholique romaine en 1184 : 252
732 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Valentinien II (371-392), empereur conseiller de l’université de la cité de


romain (375-392) : 508 Lyon [1308] : 345
Vallufin : voir La Baume, Jean de ~ Vauzelles, Jean de ~ (1495 ?-1557 ?),
Vanel, Jean-Baptiste ~ (1851-1929), poète lyonnais : 570, 585, 586
chanoine de Lyon, professeur au collège Vedel, Bernard, citoyen de Lyon [1308] :
des Minimes, éditeur du Martyrologe 345
de la sainte Église de Lyon : 256 Vendosme, le comte de ~ [1487] : voir
Vanes, Aymery de ~, lieutenant du prévôt François de Bourbon (1470-1495)
de l’église Saint-Just de Lyon Jean Véran, évêque de Lyon au ve  siècle,
du Chastelard [1310] : 294 connu par les martyrologes, vénéré
Varey, Antoine de ~, citoyen et consul comme saint, notamment par l’Église
de Lyon [1458] : 473 ; Bernard de ~ de catholique romaine : 512 [Veranus]
la Porcherie, citoyen de Lyon [1308] : Veranus : voir Véran
345 ; Bernard de ~ l’Aîné, citoyen Verduzan, Odet de ~, gentilhomme
de Lyon [1308] : 345 ; Bernier de ~, gascon, capitaine de Dax de 1503 à
maître de métier lyonnais [1358] : 450 ; 1519 : 538 [le seigneur de Verdusant]
Gui de ~, citoyen de Lyon [1308] : Vergey, Jacques de ~ [1332], intermédiaire
345 ; Humbert de ~, citoyen de Lyon entre la société lyonnaise des frères de
[1308] : 345 ; Humbert de ~, conseil- La Dorche et l’archevêque de Riga
ler de Lyon pour l’exercice 1358-1359 : Friedrich von Pernstein : 458
451 ; Humbert de ~, consul de Lyon en Verney, Pierre du  ~, maître épicier
1396 : 481 ; Jean de ~, citoyen de Lyon lyonnais [1358] : 450
[1308] : 345 ; Jeannin de ~, maître Vesc, Étienne de ~ (1445 ?-1501), sire de
drapier lyonnais [1358] : 450 ; Mathieu Grimaud, chambellan et conseiller
de ~, conseiller de Lyon pour l’exercice du roi de France Charles VIII : 528
1358-1359 : 451 [le sire de Grimault]
Varisson, Pons, syndic et procureur de Viateur († 390 ?), disciple de Just, évêque
l’université de la cité de Lyon [1308] : de Lyon : 119, 123
345 Victor IV, antipape (1159-1164), rival
Varreau, notaire du roi de France Jean II d’Alexandre III : 164
[1361] : 432 Vieilleville, le maréchal de ~ : voir
Vassalieu, Louis de  ~, neveu de Scépeaux, François de ~
l’archidiacre de Lyon Thibaud de ~, Vienne, Jean de ~ [1310-1311] : 372
homme d’armes à cheval participant [monseigneur Jehan de Vienne]
à l’expédition contre Saint-Laurent Vifred [1030/1032] : 112
en Viennois (1310-1311) : 372 [Louis Viga, Jacquemet de ~, citoyen, négociateur
de Vasseille] ; Thibaud de ~, archidiacre et semainier de Lyon [1303] : 294
de Lyon [1307-1308]  : 318, 330, Villard, Pierre de ~, citoyen et conseiller
332, 334, 338, 340, 345, 355, 372 de la ville de Lyon : 531
[l’archidiacre de Lyon] Villars, Jehan de ~, citoyen et consul
Vasseille, Louis de ~ : voir Vassalieu, de Lyon [1458] : 473 ; Louis de ~,
Louis de ~ archevêque de Lyon (1301-1308) : 318,
Vaudois : 252 333, 358, 365
Vaux, Humbert des ~, professeur de droit, Ville, Pierre de ~, syndic et procureur de
INDEX PERSONARUM 733

l’université de la cité de Lyon [1308] : Vuitzo, lévite [978/981] : 97


345 Vulard [1030/1032] : 114
Villeneuve, Aynard de ~ [1359], citoyen Vyennois, le dauphin de ~ [1310-1311] :
de Lyon, commissaire général député voir Jean II (1279-1319)
pour les répa rations à faire aux
remparts, conseiller de Lyon pour Walafrid, évêque d’Uzès en 879 : 53
l’exercice 1358-1359  : 437, 451 ; Walcaud, évêque de Cavaillon (976-
Aynard de ~ [1396], citoyen de Lyon, 979) : 97
administrateur (démissionnaire) du Warimaldus, notaire [892] : 61
pont du Rhône : 480 ; Aynard de ~ Wifred de Chambéry [1030-1032] : 113
[1436], conseiller de Lyon : 470 [Aynard Wijck, Thomas (1616-1677), peintre,
de Villeneufve] ; Aynard de ~ [1454], dessinateur et graveur [Thomas Wyck] :
citoyen de Lyon, consul de Lyon1 : 620, 625
489 [Aynar de Villenove] ; Étienne de ~ Wipon († 1050 ?), clerc, poète, chroniqueur
(† 1348), consul de Lyon : 20, 286 et compositeur, chapelain des
Villiers de L’Isle-Adam, Antoine de ~ empereurs Conrad II et Henri III :
(1471-1504) : 528 [le sire de L’Isle] 137, 138
Vincent, saint : 301, 345
Wyck, Thomas : voir Wijck, Thomas ~
Vincent, Barthélemy et Jehan ~, merciers
Wyn, Ieuan (connu aussi en français
de Lyon [1488] : 531
comme Jacques ~) / Ieuan ap Rhys
Vincent, Jacquemet, maître pêcheur
ap Roppert, dit Le Poursuivant d’Amour,
lyonnais [1358] : 451
Vinol, Gilles de ~, conseiller de Lyon noble gallois attesté entre 1351 et 1384,
pour l’exercice 1358-1359 : 451 [Gillet chef d’une compagnie de routiers : 428
de Vignol]
Viris, Pierre de ~, chanoine et maître Yolande de  France (1434-1478),
du chœur de l’église Saint-Just de duchesse de Savoie : 529
Lyon : 437 Yver, Georges (1870-1961), historien,
Visconti, maison ducale de Milan ; auteur notamment d’une thèse sur
Valentine ~ (1368-1408), duchesse les Gadagne, « marchands florentins
d’Orléans : 536 habitant à Lyon » : 514, 517
Viterbe, l’élu de ~ [1316] : voir Giovanni Yves de Chartres (1040 ?-1116), théologien
da Veroli et canoniste, évêque de Chartres (1089-
Viventiole (514-523), évêque de Lyon 1116) : 160
présent au concile d’Épaone en 517 Yvonnet, Jean [1515], lettré, co-auteur du
[Viventiolus] : 89, 512 programme de l’entrée du roi de France
Vivier, le seigneur du ~ : voir Tourvéon, François Ier à Lyon : 570, 574, 576
Jacques ~
Viviers, Hugues de ~ [1348] : 454 Zacharie, père de Jean le Baptiste,
Volterrano : voir Maffei, Raffaele ~ personnage de la Bible : 93

1 Il peut s’agir du même personnage que le précédent.


INDEX LOCORUM

Abondance (Haute-Savoie) ; abbaye Quint (1500-1558), Conrad  II


Notre-Dame (chanoines réguliers (990 ?-1039), Frédéric Ier (1122 ?-1190),
de saint Augustin) : 280 Frédéric II (1194-1250), Henri II (973
Achon : voir Saint-André-d’Apchon (Loire) ou 978-1024), Henri III (1017-1056),
Aciacum, toponyme non identifié : 58, 60 Henri IV (1050-1106), Henri V (1081
Adrets, Les (Isère) : 543, 553, 556, 628 ≈ ou 1086-1125), Henri VI (1165-1197),
Voir Index personarum, s. v. Beaumont : Henri VII (1278/1279-1313), Otton Ier
François de ~ (912-973), Otton IV (1175/1176-1218),
Agaune, auj. Saint-Maurice (Suisse, Philippe de  Souabe (1177-1208),
Valais) ; abbaye Saint-Maurice Sigismond (1368-1437)
(chanoines réguliers de saint Allemagne, pays [Allemagnes, Allemaigne,
Augustin) : 31, 90, 137, 280 Almaigne] : 19, 523, 525, 577
Aiguebelette, auj. Aiguebelette-le-Lac Allier, rivière, affluent de la Loire (rive
(Savoie) : 506 gauche) : 184
Aigues-Mortes (Gard) : 266 Alpes : 18, 266, 508, 536, 537
Aillon (Savoie, cne d’Aillon-le-Jeune) ; Alsace : 138, 147, 148
chartreuse d’~ : 278 Ambérieux (Rhône) : 60
Ainay : voir Lyon (Rhône) ; 1. Quartiers ≈ Ambérieux-en-Dombes (Ain) [Ambayrieu
Ainay ; 3. Établissements ecclésiastiques en Dombes] : 514
≈ abbaye Saint-Martin d’Ainay Ambierle (Loire) : 102
Aix, auj. Aix-en-Provence (Bouches-du- Amboise (Indre-et-Loire) ; édit d’~
Rhône) ; évêque d’~ : 53 ≈ Voir Index (1563) : 552, 554, 567, 628
personarum, s. v. Robert Ambronay (Ain)  : 198, 307 ; abbaye
Albanais : 113 bénédictine Notre-Dame : 280
Albano, auj. Albano Laziale (Italie, Amions (Loire) : 237, 241
Latium) ; cardinal-évêque d’~ : 395 Angers (Maine-et-Loire) : 505 ; évêque
≈ Voir Index personarum, s. v. Aux : d’~ : 596 ≈ Voir Index personarum,
Arnaud d’~ s. v. Rohan : François II de ~, Ruzé :
Albens (Savoie) : 308 Guillaume ~
Albi (Tarn) : 376 Angleterre : 188, 613 ; roi d’~ : 227,
Albon (Drôme) ; comte d’~ : 220 252, 265, 266, 428, 540 ≈ Voir Index
Allemagne, État1  : 205, 206, 207 ; personarum, s. v. Édouard III (1312-
empereur / roi d’~ : 209, 369, 371 1377), Henri VII (1457-1509)
≈ Voir Index personarum, s. v. Charles Angoulême (Charente) ; comte d’~ : 528
1 Les mentions de l’Empire, ou Saint Empire romain germanique, se rencontrent passim et
n’ont pas été indexées.
736 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

≈ Voir Index personarum, s. v. Charles s. v. Lambert de Guînes, Pigalotti :


d’Orléans ; évêque d’~  : 207 ≈ Gerardo ~
Voir Index personarum, s. v. Girard Arriceu, toponyme non identifié : 260
(1060 ?-1136) Arthun (Loire) : 102
Anjou ; duc d’ : 444, 613 ≈ Voir Index Assenacum, toponyme non identifié : 44
personarum, s. v. Louis II (1377-1417), Athènes / (Grèce) : 108, 573
Henri III (1551-1589) Atlantique, océan [mer de Bretagne, mer
Annecy (Haute-Savoie) : 460 ; lac d’~ : Océane] : 219, 524
112 Attigny (Ardennes) ; plaid d’~ (822) : 43
Anse (Rhône) : 85, 100, 101, 217, 257, Aubépin, L’~ (Rhône, cne de Larajasse) :
258, 286, 428 ; basilique Saint- 239
Romain : 101 ; concile d’~ (994) : Aubigny (Loire, cne de Sury-le-Comtal) :
31, 100, 101, 118 ; prise d’~ par les 214
Tard-Venus (1365) : 427, 428 Aulps (Haute-Savoie, cne de Saint-Jean--
Anthon (Isère) : 238, 416 d’Aulps) ; abbaye cistercienne Notre-
Aoste (Italie, Val d’Aoste) : 101, 169 ; duc Dame : 280
d’~ : 460 ≈ Voir Index personarum, Aurec, auj. Aurec-sur-Loire (Haute-
s. v. Amédée VIII (1383-1451) ; Église Loire) : 179
d’~ : 280 ; évêque d’~ : 101, 169 ≈ Autriche : 537
Autun (Saône-et-Loire) [Augustodunum] :
Voir Index personarum, s. v. Anselme,
185, 244, 480, 582 ; archidiacre d’~ :
Burchard III
voir Église d’~ ; chanoine d’~ : voir
Apinost (Rhône, cne de Bully) : 128, 129
Église d’~ ; concile d’~ (1077) : 155 ;
Apt (Vaucluse) ; évêque d’, : 53 ≈ Voir
Église d’~ : 53, 58, 101, 135, 243,
Index personarum, s. v. Richard
244, 274, 292, 314, 315, 322, 324,
Aquilée / Aquileia (Italie, Frioul-Vénétie 327, 358, 404, 407 ; évêché d’~ :
julienne) : 500 voir Église d’~ ; évêque d’~ : voir
Aquitaine ; duc d’~ : 29, 65 ≈ Voir Index Église d’ ~ ≈ Voir Index personarum,
personarum, s. v. Guillaume Ier (875- s. v. Adalgaire (875-893), Barthélémy
918), Guillaume II (1298-1308), Étienne II (1170-1188),
Aragon, royaume [Arragon] : 525 ; maison Gautier (977 ?-1024) ; pays ou pagus
d’~ : 504 d’~ : 60, 117 ; régale de l’évêché d’~ :
Arar : voir Saône 135, 243, 311, 315, 335, 336, 404,
Arbois (Jura) : 195 407, 412
Arbresle, L’~ (Rhône) : 208, 505 Autunois : 50
Argentière, L’~ (Rhône, cne d’Aveize) : 239 Auvergne : 64, 65, 73, 218, 223, 225,
Arles (Bouches-du-Rhône) : 149, 505 ; 237, 427, 428, 556 ; comte d’~  :
archevêque d’~ : 53, 55, 56, 82 ≈ Voir 29, 63, 64 ≈ Voir Index personarum,
Index personarum, s. v. Itier ; Rostaing ; s. v. Bernard Plantevelue (841-886),
royaume d’~ : 134, 191, 193, 266 ≈ Guillaume Ier (875-918)
Voir Index personarum, s. v. Gervais Auxerre (Yonne) ≈ Voir Index personarum,
de Tilbury s. v. Heiric d’~ (841-876) ; comte
Arras (Pas-de-Calais)  : 430 ; évêque d’~ : 372 ≈ Voir Index personarum,
d’ : 297 ≈ Voir Index personarum, s.  v.  Jean  II (1292-1361) ; évêque
INDEX LOCORUM 737

d’~ : 334 ≈ Voir Index personarum, Barres, Les (Allier, cne de Ferrières-
s. v. Belleperche : Pierre de ~ sur-Sichon) ; seigneur des ~ : 538,
Avanes, auj. Avesnes-sur-Helpe (Nord) ; 539, 540 ≈ Voir Index personarum,
seigneur d’~ 538, 539 ≈ Voir Index s. v. Barres : Louis des ~
personarum, s. v. Albret : Gabriel d’~ Bassigny ; pagus de ~ : 60
Avignon (Vaucluse) [Avignion] : 13, 266, Baume, auj. Baume-les-Messieurs (Jura) ;
366, 367, 416, 444, 457, 505, 509, abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul : 218
514, 515, 516, 518, 556 ; couvent et Bavière : 138 ; duc de ~ : 211 ≈ Voir
église des augustins, dans la rue de Index personarum, s. v. Henri, dit le
la Carreterie : 516 ; couvent et église Lion (1129/1130-1195)
des carmes, auj. cloître des Carmes Beaujeu (Rhône) ; église collégiale
et église Saint-Symphorien : 516 ; Notre-Dame / chapitre de ~ : 213,
couvent et église des célestins, place 607 ; seigneurie de ~ : 258 ; sires
des Corps-Saints : 516 ; couvent et / seigneur de ~  : 136, 205, 213,
église des frères mineurs ou Cordeliers, 369, 372, 384, 425 ≈ Voir Index
à l’emplacement de l’actuel lycée personarum, s. v. Guichard IV († 1216),
Saint-Joseph, rue des Lices : 516 ; Guichard VI († 1331), Hugues de ~
couvent et église des frères précheurs, († 1127 ?), Humbert II († 1102/1103),
dont la porte Saint-Dominique et la Humbert III (1120 ?-1193)
rue du Rempart Saint-Dominique Beaujolais : 206, 607, 616
perpétuent le souvenir : 515, 516 ; Beaumont, auj. Beaumont-sur-Grosne
évêque d’~ : 53, 97 ≈ Voir Index (Saône-et-Loire) : 102
personarum, s. v. Garnier, Ratfrid ; Beaune (Côte-d’Or) : 524 ; pagus de ~ :
hôpital de Champfleury, pour les 60 ; vin de ~ : 19, 458
pestiférés [Champflori] : 518 ; papes Beauregard, château de ~, à Saint-Genis-
d’~ : 416, 457 Laval (Rhône) [Beauregard près Saint-
Ginies-Laval] : 514, 608
Bâgé, auj. Bâgé-le-Châtel (Ain) : 277, Beauvoir, auj. Beauvoir-de-Marc (Isère) :
280 ; châtelain de ~ : 302, 303 ≈ ≈ Voir Index personarum, s. v. Aymar
Voir Index personarum, s. v. Guyot : de ~, Dreux de ~
Geoffroy ~ ; juge de ~ : 303 ≈ Voir Bec, Le, auj. Le Bec-Hellouin (Eure) ;
Index personarum, s.  v.  Bertrand  : abbaye Notre-Dame du Bec : 188
Guillaume ~ ; seigneurie ou terre de Béchevelin  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
~ : 267, 276, 278, 279, 280, 281 ≈ Quartiers ≈ Béchevelin
Voir Index personarum, s. v. Alexandre Beisses, toponyme non identifié : 261
de ~, Sibylle de ~ Bellecour : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS
Bagny (Rhône, cne Chevinay) : 71 ≈ Bellecour ; 2. VOIES ≈ place Bellecour
Balbigny (Loire) : 237 Belley (Ain) : 30 ; évêque de ~ : 221 ≈
Bâle / Basel (Suisse) : 499 ; diète de ~ Voir Index personarum, s. v. Anthelme
(1214) : 257 ; évêque de ~ : 200 ≈ de Chignin (1107-1178)
Voir Index personarum, s. v. Henri Bénévent / Benevento (Italie, Campanie) :
de Horbourg 254
Baon, toponyme non identifié : 260 Bergame / Bergamo (Italie, Lombardie) :
Bardille, localité non identifiée : 371 499
738 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Berry ; duc de ~ : 429, 445 ≈ Voir Index Bons (Ain, cne de Chazey-Bons) ; abbaye
personarum, s.  v.  Jean de  France cistercienne Notre-Dame : 280
(1340-1416) Bouligneux (Ain) : 60, 76, 79
Berzé, auj. Berzé-le-Châtel (Saône-et- Boulogne, auj. Boulogne-sur-Mer (Pas-
Loire) ; seigneur de ~ : 292 ≈ Voir de-Calais) : 430
Index personarum, s. v. Berzé : Geoffroy Bourbonnais : 607
de ~ Bourdeaux (Drôme) ; prieuré bénédictin
Besançon (Doubs) ; archevêque de ~ : Saint-Savin de ~ : 210, 211
53, 82, 101, 144, 145, 147, 195 ≈ Bourg, auj. Bourg-en-Bresse (Ain) : *** ;
Voir Index personarum, s. v. Hugues église Notre-Dame : 281
de Salins, Humbert de Scey, Liétaud, Bourges (Cher) : 496, 523, 524, 559 ; bailli
Thierry ; archidiacre de ~ : 195 ≈ de ~ : 376 ; « roi de ~ » : 416 ≈ Voir
Voir Index personarum, s. v. Eberhard ; Index personarum, s. v. Charles VII
comté de ~ : 30 ; diète de Besançon (1403-1461)
(1157) : 190 ; diocèse de ~ : 148 Bourget, Le, auj. Le Bourget-du-Lac
Besne, auj. Bene Vagienna (Piémont) ; (Savoie) : 301, 307, 308, 309, 466 ;
comte de ~  : 612 ≈ Voir Index châtelain du ~ : 302, 303 ≈ Voir Index
personarum, s. v. Costa : Giovanni personarum, s. v. Lans : Jaquemin de ~
Lodovico ~ Bourgneuf  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
Betton (Savoie, cne de Betton-Bettonet) ; QUARTIERS ≈ Bourgneuf ; 4. AUTRES
abbaye cistercienne du ~ : 280
BÂTIMENTS ≈ porte de Bourgneuf
Bevaix (Suisse, Neuchâtel) ; prieuré
Bourgogne [Bourgoigne] : 148, 168, 219,
clunisien Saint-Pierre : 147, 148
228, 236, 304, 372, 416, 428, 505,
Bey (Ain) ; église Saint-Cyprien : 83
524, 609, 611, 612
Bezornay (Saône-et-Loire, cne de Saint-
Vincent-des-Prés) : 102 Bourgogne, comté [Bourgoigne] : 538 ;
Birieux (Ain) : 238 comte de ~ : 172
Blanot (Saône-et-Loire) : 102 Bourgogne, duché : 30, 55, 101 ; duc de
Blois (Loir-et-Cher) : 536, 559 ; comte de ~ ~ : 200
≈ Voir Index personarum, s. v. Eudes II Bourgogne, royaume fondé en 888,
(983 ?-1037), Thibaud V (1130 ?-1191) intégré à l’Empire romain germanique
Bluffy (Haute-Savoie) : 114 en 1032 : 8, 10, 11, 13, 25, 27, 31, 61,
Bocsozel (Isère, cne de Mottier) ; ≈ Voir 63, 72, 86, 89, 101, 112, 133, 137,
Index personarum, s. v. Aymon de ~ 138, 139, 141, 142, 144, 147, 151,
Bois, Le, auj. Le Bois-d’Oingt (Rhône) : 153, 160, 173, 183, 190, 193, 195,
257 205, 206, 207, 226, 497 [Bourgongne] ;
Bollène (Vaucluse) : 83 ; église Saint- ~ jurane ou transjurane, berceau et
Sauveur : 83 subdivision du royaume de ~ : 134,
Bologne / Bologna (Italie, Émilie- 151 ; roi de ~ : 18, 75, 97 [ Jurane],
Romagne) [Boloigne] : 276, 500, 521 ; 101, 134, 142, 144, 191
Biblioteca universitaria : 256 Bourgoin, auj. Bourgoin-Jallieu (Isère) :
Bonneval (Eure-et-Loir) ; seigneur de ~ : 238, 506
538, 539 ≈ Voir Index personarum, Bresse : 10, 14, 15, 218, 276, 300, 567,
s. v. Bonneval : Germain de ~ 612, 621
INDEX LOCORUM 739

Bressolles (Ain) ; église Saints-Marcellin- Voir Index personarum, s. v. Thomas


et-Pierre : 83 Becket (1120-1170) ; Église de ~ : 229
Bretagne ; duc de ~ : 297, 392 ≈ Voir Carbonara, auj. Carbonara al Ticino
Index personarum, s. v. Jean II (1239- (Italie, Lombardie) : 148
1305), Anne de ~ (1477-1514) ; mer Carcassonne (Aude) ; sénéchal de
de ~ : voir Atlantique, océan ~  : 528 ≈ Voir Index personarum,
Brétigny (Eure-et-Loir, cne de Sours) ; s. v. Montfaucon : Claude de ~
traité de ~ (1360) : 430 Carnate, auj. peut-être Charmoy (Haute-
Brévenne, rivière, affluent de l’Azergues Marne, cne Fayl-Billot) : 44
(rive droite) : 71 Casoccus, toponyme non identifié : 120
Brienne, auj. Brienne-le-Château (Aube) ; Castille : 19
pagus de ~ : 60 Catalogne : 19
Brignais (Rhône) : 416, 428 ; bataille de Célestins  : voir Lyon  (Rhône) ;
~ (1362) : 427 3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈
Brioude (Haute-Loire) : 65, 428 ; abbaye couvent des Célestins
Saint-Julien : 70 ; abbé (laïque) de Cervières (Loire) : 237, 241
~ 64 ≈ Voir Index personarum, Cessieu, auj. Saint-Benoît (Ain) ; abbaye
s. v. Sulpice de ~ Saint-Benoît : 58
Brotteaux, Les : voir Lyon (Rhône) ; 1. Cévennes : 508
QUARTIERS ≈ Brotteaux, Les ~
Chablais, bailliage des États de Savoie ;
Bugey : 10, 14, 58, 621
duc de ~ : 460
Bully (Rhône)  : 252 ≈ Voir Index
Chagnon (Loire) : 239
personarum, s. v. Girard de ~, Hugues
Chailles (Savoie, cne de Saint-Franc) ;
de ~
gorges de ~ : 485
Cahors (Lot) : 376 Chalon, auj. Chalon-sur-Saône (Saône-
Caiazzo (Italie, Campanie) [Gayace] ; et-Loire) : 524, 607, 609, 611, 612 ;
comtesse de ~ : 539 ≈ Voir Index camelin de ~, sorte de drap : 458 ;
personarum, s. v. Gonzaga : Barbara ~ évêque de ~ : 53, 101, 135, 358 ≈
Caliscus, toponyme non identifié : 60 Voir Index personarum, s. v. Childebod,
Callisis, auj. Chalay (Rhône, cne Chasselay) Decize  : Robert de  ~, Gerbaud,
ou Calais (Rhône, c ne Marcilly Lambert ; foires de ~ : 608 ; pays ou
d’Azergues) : 44 pagus de ~ : 60, 102
Caluire, auj. Caluire-et-Cuire (Rhône) : Chambéon (Loire) : 241
415 Chambéry (Savoie) : 112, 506, 613 ≈ Voir
Campaniola, toponyme non identifié Index personarum, s. v. Wifred de ~ ;
(Ain) : 67 couvent et église des frères mineurs :
Candalle / Kendal (Angleterre, Cumbria) : 278, 281 ; couvent et église des sœurs
539 ≈ Voir Index personarum, s. v. Anne mineures : 278, 307 ; prieuré Saint-
de Foix Pierre de Lémenc : 111, 112
Candiacus, auj. peut-être Changy (Saône- Chamelet (Rhône) : 252
et-Loire) : 60 Chamousset (Rhône, cne de Saint-Laurent-
Canterbury (Angleterre, Kent) : 251 ; de-Chamousset) : 237, 238 ; seigneur
archevêque de ~ : 164, 227, 229 ≈ de ~ : 356 ≈ Voir Index personarum,
740 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

s. v. Saint-Symphorien : Jean de ~, Châtelard, Le (Ain, cne de La Chapelle-


Pierre de ~ du-Châtelard) : 259
Champagne  : 7, 612 ; comte de ~  : Châtelus (Loire) : 237, 239
152, 188 ≈ Voir Index personarum, Châtillon (Rhône) : 238, 358 ≈ Voir Index
s. v. Eudes II (983 ?-1037), Guillaume personarum, s. v. Châtillon : Jeannin
de ~ (1135-1202), Thibaud II (1093- de ~
1152) ; connétable de ~ : 369, 373 ≈ Châtillon, auj. Châtillon-sur-Marne
Voir Index personarum, s. v. Mercœur : (Marne) ≈ Voir Index personarum,
Béraud de ~ ; foires de ~ et de Brie : s. v. Châtillon : Gaucher de, Gui de ~
524 Châtillon-en-Bazois (Nièvre) ; seigneur
Chanay (Ain) : 302 de ~ : 280 ≈ Voir Index personarum,
Chanaz (Savoie) : 302, 308 ; port de ~ 302 s. v. Hugues de ~
Chandée, auj. Chandé (Ain, c ne de Châtillon-Coligny (Loiret) ; seigneur ou
Vandeins) : 281, 305 sire de ~ : 528, 538, 539 ≈ Voir Index
Chandieu (Rhône, cne de Saint-Pierre-de- personarum, s. v. Coligny : Jacques de ~
Chandieu) ≈ Voir Index personarum, Chauny (Aisne) ; édit de ~ (1595) : 14,
s. v. Antelme de ~, Étienne de ~ 568, 635, 638, 640
Change : Lyon (Rhône) ; 2. VOIES ≈ place Chavanay (Loire) : 239, 258
du Change ; 4. AUTRES BÂTIMENTS ≈ Chavannes, auj. Chavannes-sur-Reyssouze
pont du Change (Ain) ≈ Voir Index personarum,
Chaponnay (Rhône) ≈ Voir Index s. v. Hugues de ~, Olivier de ~
personarum, s. v. Antoine ~ ; Gautier Chaveyriat (Ain) : 102, 458 ≈ Voir Index
de ~ ; Jacquemet de ~ ; Humbert personarum, s. v. Chaveyriat : Perronet
de ~ ; Nicolas de ~ de ~
Charavay : voir Lyon (Rhône) ; 2. VOIES Chavorlay (Rhône, cne de Saint-Priest) :
≈ impasse Charavay ≈ ruisseau de 259
Charavay Chazay-d’Azergues (Rhône) ; prieuré de
Charité, La, auj La Charité-sur-Loire l’abbaye Saint-Martin d’Ainay : 151
(Nièvre) : 421 ≈ Voir Index personarum, Chélieu (Isère) : 60
s. v. Pierre, prieur de La Charité Chemillieu (Ain, cne de Nattages) ; église
Charlieu (Loire) : 103 ; abbaye bénédictine Saint-André : 83
/ prieuré clunisien Saint-Fortuné : Chère, forêt, auj. Roc de Chère, réserve
100, 102, 103 naturelle (Haute-Savoie, c ne de
Charly (Rhône) [Chalai, Chaulay] : 371 Talloires) : 114
Charolles (Saône-et-Loire) : 445 Chevigne (Saône-et-Loire, cnes de Prissé
Chartrain : 58 et de Davayé) : 102
Chartreuse : voir Grande-Chartreuse Chevreuse (Yvelines) ≈ Voir Index
Charvonnex (Haute-Savoie) : 114 personarum, s. v. Guy de ~
Chassagny (Rhône) : 260 ≈ Voir Index Chevrières (Loire) : 237 ≈ Voir Index
personarum, s. v. Guillaume de ~ personarum, s. v. Mitte de ~ : Jacques
Chasselay (Rhône) : 257, 259 ~ (1548-1606)
Chassieu (Rhône) : 259 Chuyer (Loire) ≈ Voir Index personarum,
Chastillon : voir Châtillon-Coligny (Loiret) s.  v.  Chuyer  : Guillaume de  ~ ;
Châteauvieux (Rhône, cne d’Yzeron) : 373 Isabelle de ~
INDEX LOCORUM 741

Cîteaux (Côte-d’Or, cne de Saint-Nicolas- Cologne / Köln (Allemagne, Rhénanie-


lès-Cîteaux) ; abbaye Notre-Dame : du-Nord-Westphalie) ; archevêque de
350, 359 ; abbé : 358 ≈ Voir Index ~ : 211, 226 ≈ Voir Index personarum,
personarum, s. v. Henri, abbé de ~ s. v. Rainald de Dassel
Clairvaux (Aube, cne de Ville-sous-la- Colonge (Isère, cne Chassignieu) : 60
Ferté) ; abbaye cistercienne : 253 Combelande (Rhône, cne de Millery) ;
Clarendon (Angleterre, Wiltshire), palais seigneur de ~ : 614 ≈ Voir Index
royal aujourd’hui ruiné ; constitutions personarum, s. v. Guerrier : François ~
de ~ : 227 Communay (Rhône) ≈ Voir Index
Cleppé (Loire) : 179 ; église Saint-Bonnet : personarum, s. v. Communay : Giraud
83 de ~
Clermain (Saône-et-Loire) : 102 Compiègne (Oise) : 200 ; ordonnance de
Clermont (Isère, cne de Chirens) : 305 ~ (1360) : 430
Clermont (Oise) ; comte de ~ : 528 ≈ Condé, auj. Condé-en-Brie (Aisne) ;
Voir Index personarum, s. v. Pierre II prince de ~ : 552, 628 ≈ Voir Index
Clermont (Puy-de-Dôme, cne de Clermont- personarum, s.  v.  Condé  : Louis
Ferrand) : ; concile de ~ (1095) : 156, de Bourbon (1530-1569), prince de ~
160 ; diocèse de ~ : 356 Condeissiat (Ain) : 67
Cluny (Saône-et-Loire) : 100, 103, 218, Condrieu (Rhône) : 257, 258, 286
445 ; abbaye Saint-Pierre-Saint-Paul :
Confédération helvétique : 523
18, 20, 29, 30, 31, 64, 67, 72, 73, 75,
Confluence  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
76, 78, 79, 80, 100, 101, 102, 104,
QUARTIERS ≈ Confluence
107, 109, 112, 147, 148, 149, 159, 168,
Constance / Konstanz (Allemagne, Bade-
169, 172, 173, 186, 187, 210, 218, 350,
353, 358, 359 ≈ Voir Index personarum, Wurtemberg) ; concile de ~ (1414-
s. v. Bernard : Auguste ~ ; Lambert 1418) : 164
de Barive : Louis-Henri ~ ; abbé de ~ Contes, toponyme non identifié ; forêt de
≈ Voir Index personarum, s. v. Bernon ; ~ : 259
Colombier : Bertrand du ~ ; Hugues Conzy (Rhône, cne de Châtillon) : 128, 129
de Semur ; Maieul ; Odilon de Cluny ; Cordeliers : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS
Pierre de Montboissier ; maison de ≈ Cordeliers ; 3.  ÉTABLISSEMENTS
~ à Lyon  : voir LYON  (Rhône) ; ECCLÉSIASTIQUES ≈ couvent des Cordeliers

3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈ Corent, auj. Corand (Ain, c ne de


maison de Cluny, dite de la Bombarde ; Chaveyriat) ≈ Voir Index personarum,
moine de ~ : ≈ Voir Index personarum, s. v. Corent : Hugonet de ~
s. v. Raoul Glaber ; Syrus ; vin de ~ Coriacus, auj. peut-être Courzieu (Rhône) :
458 45
Cocciacus, toponyme non identifié : 60 Cortennacus, auj. peut-être Courtenay
Cogny (Rhône) ; ager de ~ : 120 (Isère) : 60
Coligny (Ain) ; seigneur de ~ : 259 ≈ Cottance (Loire) : 179 ; église Sainte-
Voir Index personarum, s. v. Amédée Marie : 83
de Coligny ; Coligny : Gaspard de Courthardy (Sarthe, cne de Rouessé-
~, Jacques de ~ ; Hugues de Coligny Vassé) ≈ Voir Index personarum,
Colmar (Haut-Rhin) : 148 s. v. Courthardy : Pierre de ~
742 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Couzon, auj. Couzon-au-Mont- d’Or Voir Index personarum, s. v. Guillaume


(Rhône) : 258, 373 de  Volpiano ; Halinard ; Raoul
Crécy, auj. Crécy-en-Ponthieu (Somme) ; Glaber ; bibliothèque municipale de
bataille de ~ (1346) : 416, 430 ~ : 140 ; duc de ~ : 200 ≈ Voir Index
Crécy, auj. Croix de Crécy (Rhône, cne personarum, s. v. Hugues III
Chevinay) : 71 Diois : 58
Croix de Mont-Viol, auj. Croix de Dizimieu (Isère) : 488
Montvieux (Loire, cne de Doizieux) : Dombes : 15, 142, 180, 218, 514, 567
239 Dommeriacus, toponyme non identifié ou
Cuisery (Saône-et-Loire) ≈ Voir Index disparu, entre Chevinay et Bessenay
personarum, s. v. Cuisery : Jean de ~ (Rhône) : 71
Curton, auj. Saint-Martin-Curton (Lot- Donzy (Loire, cne de Salt-en-Donzy) : 237
et-Garonne) ; sire de ~ : 528 ≈ Voir Doubs, rivière, sous-affluent du Rhône
Index personarum, s. v. Chabannes : par la Saône (rive gauche) : 183, 184,
Gilbert de ~ 185, 501
Cusy (Haute-Savoie) : 308 Doussard (Haute-Savoie) : 114
Druillat (Ain) : 259
Dagneux (Ain) : 59 Duerne (Rhône) : 177 ; église Saint-Jean :
Dagsbourg, auj. Dabo (Moselle) ; comte 207
de ~ : 195 ≈ Voir Index personarum, Dunois : 58 ; comte de ~ : 539 [Dunoys] ≈
s. v. Hugues X Voir Index personarum, s. v. François II
Dardilly (Rhône) : 257, 371 [Bardille], 373 d’Orléans
Dargoire (Loire) ≈ Voir Index personarum, Durham (Angleterre) ; évêque de ~ : 297
s. v. Dargoire : Pierre de ~ ≈ Voir Index personarum, s. v. Bek :
Dassel (Allemagne, Basse-Saxe) ≈ Antony ~
Voir Index personarum, s. v. Rainald
de Dassel Échallon (Ain) ≈ Voir Index personarum,
Dauphiné : 19, 556 s. v. Échallon : Pierre d’~
Dauphiné, principauté [Daulphiné] : 13, Écharvines (Haute-Savoie, c ne de
14, 415, 417, 485, 489, 495, 502, 505, Talloires) : 114
524, 529 ; Chambre des comptes du Échelles, Les (Savoie) : 485 ; échaillon des
~ : 486, 487 ; Dauphin : 17, 305, ~, auj. gorges de l’Échaillon (Savoie,
415 ; procureur fiscal général du cne de Saint-Christophe) : 485
~ : 488 ≈ Voir Index personarum, Écosse, royaume ; chancelier d’~ : 253 ≈
s. v. Chaponnay : Antoine ~ Voir Index personarum, s. v. Guillaume
Deux-Amants, les : voir Lyon (Rhône) ; Mauvoisin
1. QUARTIERS ≈ clos des Deux-Amants Ecussols (Saône-et-Loire, cne de Saint-
Die (Drôme) ; diocèse / évêché de Die : Pierre-le-Vieux) : 102
210, 211 ; évêque de Die : 53 ≈ Voir Egena, toponyme non identifié : 60
Index personarum, s. v. Emico Embr u n (Hautes-A lp es)  : 582
Dijon (Côte- d’Or) : 524, 612 ≈ Voir [Ebrudunum] ; archevêque d’~ : 55, 56
Index personarum, s.  v.  Pérard  : ≈ Voir Index personarum, s. v. Arnaud
Étienne ~ ; abbaye bénédictine Épaisse (Ain, cne de Bâgé-la-Ville) ;
Saint-Bénigne  : 140, 143, 167 ≈ commanderie hospitalière : 278
INDEX LOCORUM 743

Escaut, fleuve : 415 Flandre : 297 ; rue de ~, à Lyon : voir


Escuens, comté : 43, 44, 60 LYON (Rhône) ; 2. VOIES ≈ rue de Flandre
Esnay / Esney : voir Lyon (Rhône) ; 1. Fleurieu, auj. peut-être Fleurieu-sur-Saône
QUARTIERS ≈ Ainay (Rhône) ou Fleurieux-sur-L’Arbresle
Espagne [Espaigne] : 525 ; roi / rois d’~ : (Rhône) : 83 ; église Saint-Genis : 83
504, 540 ≈ Voir Index personarum, Florence / Firenze (Italie, Toscane)  :
s.  v.  Charles Quint (1500-1558), 457, 513, 517, 519, 520 ≈ Voir Index
Ferdinand II (1452-1516) et Isabelle Ire personarum, s. v. Acciaiuoli, Albizzi,
(1451-1504) Gadagne, Medici ; confrérie des
Estivareilles (Loire) : 179 Buonomini di San Martino, siégeant
Étoux, Les (Rhône, cne de Beaujeu) ≈ Voir à l’église San Martino al Vescovo [bons
Index personarum, s. v. Pierre des Étoux hommes de saint Martin de Florence] :
Europe : 375, 596, 610 520 ; couvents des ordres mendiants
Évreux (Eure) ; évêque d’~  : 218 ; [les quatre mendiants dudit Florence] :
monseigneur d’~ : 370 [Evreux] ≈ Santa Maria Novella (prêcheurs),
Voir Index personarum, s. v. Louis Santa Croce (mineurs), Santo Spirito
de France (1276-1319) (augustins), Santissima Annunziata
(servites) : 519 ; district / distretto
Faia, toponyme non identifié dépendant de ~ [le détroit de Florence] : 521 ;
de Romans (Ain) : 67 église basilique de l’Annonciade /
Farnay (Loire) ≈ Voir Index personarum, Santissima Annunziata, maison mère
s.  v.  Aimar de  Farnay ; Étienne de l’ordre des servites [Notre Dame de
de Farnay ; Farnay : Pierre de ~ l’Annunciade] : 519 ; florin de ~ : 301,
Fautéon, auj. Châteauvieux (Rhône, cne 458 ; hôpital des Innocents / spedale
d’Yzeron) : 259, 260 degli Innocenti (enfants trouvés)  :
Féternes (Haute-Savoie) ≈ Voir Index 520 ; hôpital de Santa Maria Nuova
personarum, s. v. Féternes : Raymond [l’hôpital de sainte Marie neuve] : 520 ;
de ~ monastère des Emmurées / monastero
Feugerolles (Loire, cne de Le Chambon- delle Murate (recluses) [le monastère des
Feugerolles) : 237, 239, 241 Murates] : 520 ; monastère Sainte-
Feurs (Loire) ; ager de ~ : 70 ; église de Claire / Santa-Chiara, auj. Galleria
~ : 206, 207 Pio Fedi : 520
Feysin, auj. Feyzin (Rhône) ; seigneur Foix (Ariège) ; comte de ~ : 538, 539 ≈
de ~ : 614 ≈ Voir Index personarum, Voir Index personarum, s. v. Foix : Jean
s. v. Chaponnay : Nicolas de ~ de ~ (1447 ?-1500)
Filly (Haute-Savoie, cne de Sciez) ; abbaye Fontanès (Loire) : 237
de ~ (chanoines réguliers de saint Foreiz : voir Forez, comté
Augustin) : 280 Forestz : voir Forez
Firminy (Loire) ; celle bénédictine Sainte- Forez, PAGUS / pays de ~ : 11, 15, 31, 82,
Marie de ~, dépendant de l’abbaye 152, 179, 180, 213, 231, 239, 252,
de L’Île-Barbe, depuis prieuré Saint- 281, 336, 428, 514 [Forestz], 555, 607
Pierre : 83 Forez, comté : 179, 236 ; comte de ~ : 18,
Fitilieu (Isère) : 60 118, 172, 173, 174, 176, 179, 189, 191,
Flagy (Haute-Saône) : 60 208, 213, 214, 217, 220, 222, 223,
744 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

227, 228, 230, 231, 233, 235, 237, 500, 508, 509, 585, 610 ; royaume
265, 313, 314, 323, 369, 371 [Foreiz], de ~ : 152
372, 425 ; comtes de ~ : 18, 133, 136, Gaule aquitaine, province instituée
175, 179, 193, 205, 212 par l’empereur romain Auguste
Fourvière  : voir Lyon  (Rhône) ; 1. probablement en l’an 27 avant notre
QUARTIERS ≈ Fourvière ; 3. Établissements ère avec pour capitale successivement
ecclésiastiques ≈ église collégiale Notre- Saintes / Mediolanum Santonum,
Dame-et-Saint-Thomas de Fourvière Poitiers / Lemonum et Bordeaux /
Francheville (Rhône) : 258 ; château de Burdigala : 509
~ : 373 ; curé de ~ : 292 Gaule cisalpine : 55
Francie occidentale, puis Francie, royaume Gaule lyonnaise, province instituée
issu de la division de l’Empire par l’empereur romain Auguste
carolingien, origine du royaume de probablement en l’an 27 avant
France : 11, 13, 50, 55, 58, 63, 64, 68, notre ère avec Lyon / Lugdunum pour
72, 73, 76, 133, 142, 151, 184, 193 capitale : 509
Fraxinetum, auj. La Garde-Frainet (Var) : Gaules lyonnaises, ensemble constitué,
54 dans la géographie administrative de
Frédière (Rhône, cne de Givors) : 260 l’Empire romain des ive et ve siècles
Fréjus (Var) ; comte de ~ : 188, 189 –  et par conséquent de l’Église
romaine –, par les quatre provinces
Fremente : voir Fromente
du diocèse des Gaules issues de la
Fromente (Ain, cne de Neuville-sur-
subdivision de la Gaule lyonnaise :
Ain) ; seigneur de ~ [Fremente] : 538,
Lugdunensis prima ou province de
539, 540 ≈ Voir Index personarum,
Lyon, Lugdunensis secunda ou province
s. v. Coligny : Gaspard Ier de ~ de Rouen, Lugdunensis tertia ou
Fronsac (Gironde) ; marquis de ~ : 618 province de Tours, Lugdunensis Senonia
≈ Voir Index personarum, s. v. Albon : ou province de Sens : 156
Jacques d’~ (1505 ?-1562) Gaules, ensemble constitué par les trois
provinces de Gaule lyonnaise, Gaule
Gadagne, musées : voir Lyon (Rhône) ; 4. aquitaine et Gaule belgique instituées
AUTRES BÂTIMENTS ≈ musées Gadagne par l’empereur romain Auguste
Galhargues : voir Gallargues-le-Montueux probablement en l’an 27 avant notre
G allargues-le-Montueu x (G ard) ère : 9, 11, 17, 135, 155, 268, 313, 321,
[Galhargues] : 514 359, 363, 382, 621
Gap (Hautes-Alpes) ; évêque de ~ : 53, 83 Gayace : voir Caiazzo
≈ Voir Index personarum, s. v. Biraco, Gênes / Genova (Italie, Ligurie) : 505
Hugues Genève (Suisse) : 112, 138, 139, 613 ;
Gapençais : 82, 83 comte de ~ : 168, 460 ≈ Voir Index
Garon, rivière, affluent du Rhône (rive personarum, s. v. Agnès de Savoie,
droite) : 260 Amédée VIII, Gérold ; couvent des
Gaule [Gallia, Gaule celtique, Gaule frères mineurs : 281 ; couvent des
transalpine, Grande Gaule] : 9, 11, 17, frères prêcheurs : 281 ≈ Voir Index
29, 30, 52, 59, 110, 134, 150, 151, personarum, s. v. Marc : frère ~ ; diocèse
152, 153, 169, 194, 219, 335, 496, / évêché de ~ : 210, 211 ; Église de
INDEX LOCORUM 745

~ : 149 ; évêque de ~ : 75, 113 ≈ Grande-Chartreuse, monastère (Isère, cne
Voir Index personarum, s. v. Aimon, de Saint-Pierre-de-Chartreuse) : 278
Frédéric, Hugues ; foires de ~ : 419, Grangent (Loire, cne de Saint-Étienne) :
523 ; lac de ~ : voir Léman, lac ; 238, 239, 241
monnaie de ~ ou denier genevois : Gravelles (Ain, cne de Saint-Martin-du-
85, 308 ; prieuré clunisien Saint- Mont) : 259
Victor : 147 Grenoble (Isère) : 101, 505 ; conseil de ~,
Genevois ; duc de ~ : 618 ≈ Voir Index ou Conseil delphinal : 469 ; Église de
personarum, s. v. Charles-Emmanuel ~ : 51 ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir Index
de Savoie (1567-1595) personarum, s. v. Bernaire, Hugues
Genouilleux (Ain) : 59 de Châteauneuf, Humbert, Isarn ;
Germanie, royaume issu de la division de pagus de ~ : 60 ; parlement de ~ : 507
l’Empire carolingien, ensuite noyau Grésivaudan : 485
de l’Empire germanique et l’un de Grézieu, auj. Grézieu-le-Marché (Rhône) :
ses membres : 8, 30, 76, 137, 141, 239 ; seigneur de ~ : 356 ≈ Voir Index
151, 366 ≈ Voir Index personarum, personarum, s. v. Saint-Symphorien :
s.  v.  Frédéric  I er (1122 ?-1190), Jean de ~
Frédéric II (1194-1250), Henri Ier Grimault, auj. Grimaud (Var) ; sire de
(876 ?-936), Henri II (973 ou 978- ~  : 528 ≈ Voir Index personarum,
1024), Henri  III (1017-1056), s. v. Vesc : Étienne de ~
Guiers vif, rivière, sous-affluent du Rhône
Henri  IV (1050-1106), Henri  V
par le Guiers (rive droite) [Guier Vif] :
(1081 ou 1086-1125), Henri  VI
485
(1165-1197), Henri VII (1278/1279-
Guillotière  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
1313), Otton Ier (912-973), Othon IV
QUARTIERS ≈ brotteau de La Guillotière
(1175/1176-1218), Philippe de Souabe ≈ Guillotière  : La  ~ ; 4.  AUTRES
(1177-1208), Sigismond (1368-1437) BÂTIMENTS ≈ maison de la Guillotière
Gex (Ain) ; pays de ~ : 567, 621 ≈ pont de la Guillotière
Gigny (Jura) ; prieuré clunisien Saint- Guise (Aisne) ; comte de ~ : 505 ≈ Voir
Taurin, ci-devant abbaye Saint- Index personarum, s. v. Rohan : Charles
Pierre : 81, 217, 218 de ~ (1478 ?-1528) ; duc de ~ : 628 ≈
Givors (Rhône) : 198, 200, 258, 260, Voir Index personarum, s. v. Lorraine :
261 ; péage de ~ : 15, 135, 197, 199, François de ~ (1520-1563) ; maison
200, 257 de ~ : 555, 629
Glasgow (Écosse) ; évêque de Glasgow : Gyé, auj. Gyé-sur-Seine (Aube) ; maréchal
251, 253 ≈ Voir Index personarum, de ~ : 539 ≈ Voir Index personarum,
s. v. Guillaume Mauvoisin s. v. Rohan : Pierre de ~
Gothie, marquisat issu d’une partie du
royaume des Wisigoths annexée Hautecombe (Savoie, cne de Saint-Pierre-
par les Francs, dont la capitale était de-Curtille), abbaye, anciennement
Narbonne ; marquis de ~  : 29 ≈ cistercienne, nécropole de la maison
Voir Index personarum, s. v. Bernard de Savoie : 276, 277
Plantevelue (841-886) Herbrestinc, auj. Herbrechtingen
Grammond (Loire) : 237 (Allemagne, Bade-Wurtemberg) : 145
746 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Hesnay : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS Jarnioust, auj. Jarnioux (Rhône) ≈ Voir


≈ Ainay Index personarum, s. v. Henry : Jean ~
Hippone, auj. Annaba (Algérie) ; évêque Jarrais : voir Jarez
d’~ : 39, 321 ≈ Voir Index personarum, Jasseron (Ain) ; châtelain de ~ : 302 ≈
s. v. Augustin Voir Index personarum, s. v. Chanay :
Huillaux (Allier, cne du Donjon) : 102 Geoffroy de ~
Huiriat, auj. Saint-André- d’Huiriat Jérusalem / Yerushalayim/al-Quds
(Ain) : 67 (Israël/Palestine) ; croix de ~ : 533 ;
Hurtières, auj. château ruiné, cne de Saint- destruction de ~ : 360 ; patriarcat
Georges-des-Hurtières (Savoie) ≈ Voir de ~ : 297 ≈ Voir Index personarum,
Index personarum, s. v. Hurtières : Jean s. v. Bek : Antony ~ ; ~, symbole de
des ~ l’Église de Lyon : 360
Huttenheim (Bas-Rhin) : 148 Jonage (Rhône) : 488
Jura ; roi du ~ : voir Bourgogne, royaume ;
Ibérique, péninsule : 523 roi de ~
Iguerande (Saône-et-Loire) : 102 Jurane ; roi de ~  : voir Bourgogne,
Île, L’~  : voir Lyon  (Rhône) ; 3. royaume ; roi de ~
ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈
abbaye Saint-Martin de L’Île-Barbe L’Isle, auj. L’Isle-Adam (Val-d’Oise) ; sire
de ~ : 528 ≈ Voir Index personarum,
Irigny (Rhône) : 258, 371 [Hyreignis], 373
s. v. Villiers de L’Isle-Adam : Antoine
Isle-sous-Vienne, L’~ : voir Vienne (Isère) ;
de ~
église Notre-Dame-de-l’Isle
Lachassagne (Rhône) : 203
Italie [Ytallie, les Italies, Italles] : 8, 19,
Langres (Haute-Marne) : 612 ; archidiacre
30, 50, 52, 112, 141, 147, 163, 168, de ~ : 155 ≈ Voir Index personarum,
256, 266, 369, 419, 505, 506, 511, s. v. Gébuin ; clergé de ~ : 143 ≈ Voir
523, 525, 540, 567, 570 ; guerres d’~ : Index personarum, s. v. Ouri ; évêché de
14, 496, 536 ~ : 59, 135 ; évêque de ~ : 101, 358
Italie, royaume issu de la division de ≈ Voir Index personarum, s. v. Brunon
l’Empire carolingien, finalement de Roucy, Durfort : Guillaume de ~
englobé dans l’Empire germanique : Languedoc : 416, 444, 514 [Lenguedoc],
54, 206, 208, 460, 529 ; roi d’~ : 29 523, 524
≈ Voir Index personarum, s. v. Arnulf Lanterne ; fossés de la ~  : voir
(850 ?-899), Louis  II (825-875), Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS ≈ fossés
Louis III (880-928) de la Lanterne
Laon (Aisne) : 582 [Laudunum]
Jacobins : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS Lasnincus, toponyme non identifié de deux
≈ Jacobins / clos des Jacobins ; 2. VOIES dépendances de Romans (Ain) : 67
≈ place des Jacobins ; 3. ÉTABLISSEMENTS Laumusse, auj. L’Aumusse (Ain, c ne
ECCLÉSIASTIQUES ≈ couvent des Jacobins de Crottet) ; maison du Temple,
Jarez : 15, 231 ; seigneur de ~ : 237, 258, commanderie templière : 278
372 [ Jarrais] ≈ Voir Index personarum, Lausanne (Suisse, Vaud) : 95, 112, 627 ;
s. v. Gaudemar de Jarez, Guichard diocèse / évêché de ~ : 210, 211 ; Église
de Jarez, Guigues de Jarez, Jacquemet de ~ : 85 ; cathédrale Notre-Dame :
INDEX LOCORUM 747

281 ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir Index Lotharingie, subdivision de l’Empire


personarum, s. v. Jérôme ; monnaie de carolingien : 10, 11, 13, 27
~ : 85 Lourdon (Saône-et-Loire, c ne de
Laval (Mayenne) : 528 Lournand) : 100, 102
Lavieu (Loire) ≈ Voir Index personarum, Lovagny (Haute-Savoie) : 210, 211
s. v. Jocerand de Lavieu ; Lavieu. Lugdunum, le Lyon romain, aux origines
Lay (Loire)  : 172, 208 ≈ Voir Index de la ville : 17, 500, 501, 509, 582
personarum, s. v. Aymon de Lay ; Ponce Lunel (Hérault) : 514
de Lay. Luperciacum, auj. Lurcieu (Rhône, cne de
Leiningen, auj. Altleiningen (Allemagne, Sainte-Foy-lès-Lyon) : 44
Rhénanie-Palatinat) ; comte de ~ : Luperciacum, auj. Lurcy (Ain) : 44
200 ≈ Voir Index personarum, Lutry (Suisse, Vaud) ; prieuré bénédictin
s. v. Frédéric Ier, dit Emicho. Saint-Martin : 112, 209, 210, 211
Léman, lac : 505 [lac de Genève] Luxembourg, comté de l’Empire
Lémenc : voir Chambéry (Savoie) ; prieuré germanique, devenu duché en 1354 ≈
Saint-Pierre de Lémenc Voir Index personarum, s. v. Henri VII
Lentilly (Rhône) : 257 (1278/1279-1313)
Lenzbourg / Lenzburg (Suisse, Argovie) ; Luzinay (Isère) : 60
comte de ~  : 195 ≈ Voir Index Lyon (Rhône) ; 1. Quartiers ≈ Ainay : 300,
301, 303, 304, 306, 307, 496, 512
personarum, s. v. Ulrich IV
[Esnay], 536, 537, 538 [Esnay, Hesnay],
Létra (Rhône) ; église Saint-Martin : 122
583 [Esney] ≈ Béchevelin : 15, 17, 135,
LEVANT ; mer de ~ : voir MÉDITERRANÉE, mer
227, 252, 257, 258 ≈ Bellecour : 461
Ligeay (Loire, cne de Débats-Rivière-- [Bellecourt], 544, 571, 595 [Bellecourt]
d’Orpra) : 152 ≈ Bourgneuf : 571, 598 [le bourg
Lille (Nord) : 430 neuf] ≈ brotteau de La Guillotière :
Lissieu (Rhône) : 252, 258 489 ≈ brotteau de Saint Yriquier :
Lodi / Lodi (Italie, Lombardie) : 221 490 ≈ Brotteaux : Les ~ : 489 ≈
Loire, fleuve : 183, 184, 185, 237, 241, Change : Le ~ : 417, 589, 590, 591
524 ; val de ~ : 416 ≈ cloître de Saint-Jean : 173, 234, 266,
Loives, Les (Isère, cne Roybon) : 60 445 [cloustre de Saint Johan, cloustre
Lombardie : 307, 537 Sainct Johan], 583 ≈ clos des Deux-
Longa Curtis, auj. peut-être Longecour Amants, à l’emplacement de l’actuel
(Ain, cne Dommartin) : 67 Conservatoire national supérieur
Lons-le-Saunier (Jura) : 43, 538 [Lyon de musique, quai Chauveau, dont
le Saunier] l’actuelle rue des Deux-Amants, bien
Lorraine : 168, 187 qu’éloignée, perpétue le souvenir :
Lorraine, duché de l’Empire germanique : 445 [ès Amans] ≈ Confluence : 8 ≈
511 ; duc de ~ : 195 ≈ Voir Index Cordeliers : 233, 436, 468 ≈ côté de
personarum, s. v. Antoine de Lorraine Fourvière : 10, 21, 22, 635 ≈ côté
(1489-1544), Mathieu Ier (1110 ?-1176) de Saint-Nizier : 10, 21, 22, 635 ≈
Losse (Dordogne, cne de Thonac) ≈ Voir Croix-Rousse : 628 (voir aussi Saint-
Index personarum, s. v. Losse : Jean Sébastien) ≈ fossés de la Lanterne, à
de ~ (1504-1579) l’emplacement de l’actuelle place des
748 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Terreaux : 435 ≈ fossés de Pierre- de Bellecourt] ≈ place de Confort, à


Scize : 384, 437 [la serve du château de l’emplacement de l’actuelle place
Pierre-Scize] ≈ Fourvière : 246, 253, des Jacobins : 544, 568, 619, 620,
383, 384, 417, 436, 583 [Froviere] ≈ 621, 622, 624, 625 ≈ place de
Guillotière : La ~ : 17, 417, 489, 495, Trion : 283 ≈ place des Jacobins :
558, 630, 632 [la Guillottiere] ≈ îles 620 ≈ place des Terreaux  : 417,
du Rhône : 384, 489 ≈ Jacobins ou 627 ≈ place devant la Draperie du
clos des Jacobins : 469 [ès Jacopins] Royaume : 446 ≈ place du Change :
≈ jardin de l’Archevêché  : 446 477, 571 ≈ quais de Saône : 296 ≈
[courtil monseigneur de Lyon] ≈ Pierre- rue Belle-Cordière, à l’emplacement
Scize : 571, 587 ≈ Porcherie : La ~, à d’une partie de l’actuelle rue de la
l’emplacement de l’actuel temple du République : 544 ≈ rue de Flandre,
Change et de la rue de la Loge, où à l’emplacement de l’actuel quai de
se trouvait le puits de la Porcherie : Bondy : 589 [rue de Flandres] ≈ rue
345 ≈ port de Rontalon, sur la rive de Paris, auj. rue Roger-Salengro :
gauche de la Saône, à l’emplacement 233 ≈ rue Saint-Jean : 233, 591 [rue
de l’actuel quai des Célestins : 595 sainct Jean] ≈ rue Sainte-Hélène : 252
≈ Presqu’île : 15, 16, 384, 415, 417, ≈ rue Thomassin : 549 ≈ ruisseau de
435, 486, 496, 537, 627 ≈ Saint- Charavay, à Vaise, affluent de la Saône
Clair : 17 ≈ Saint-Irénée : 383, 384 (rive droite) : 231, 233
≈ Saint-Jean : 307, 415 ≈ Saint-Just Lyon  (Rhône) ; 3. Établissements
ou cloître de Saint-Just [Saint Just] : ecclésiastiques ≈ abbaye Saint-Martin
8, 16 [burgus sancti Iusti], 266, 271, d’Ainay : 8, 11, 18, 20, 58, 59, 110,
274, 283, 286, 287, 288, 289, 290, 111, 112, 151, 152, 259, 267, 276,
291, 292, 293, 294, 296, 298, 366, 278, 281, 299, 300, 384, 505, 512
368, 370, 371, 372, 373, 383, 384, [Esnay], 537 ; voir Index personarum,
411, 435, 583 ≈ Saint-Sébastien s. v. : Bernard : Auguste ~, Géraud,
ou colline Saint-Sébastien, auj. La Jean le Roux, Jocerand de Lavieu,
Croix-Rousse : 371 [Saint Sebastin], Leuto, Romain, Upert ≈ abbaye
383, 384, 435, 613 [montagne sainct Saint-Martin de L’Île-Barbe : 82, 612
Sebastien] ≈ Saint-Vincent : 599 ≈ [l’Île] ≈ abbaye Saint-Pierre : 29, 48,
Serin : 204, 583 [Serain Serenes] ≈ 202, 204 ≈ Archevêché, résidence
Temple : Le ~, ancienne commanderie de l’archevêque, actuel palais Saint-
templière, devenue l’hôtel de Savoie, Jean : 177 [la maison épiscopale], 439
puis le couvent des Célestins, dont [la maison de l’archevêque de Lyon],
les rues actuelles des Templiers et 445 [le palais de l’archevêque], 446
du Port-du-Temple perpétuent le [l’hôtel monseigneur de Lyon], 571,
souvenir : 18, 453, 461 ≈ Terreaux : 629, 630 ≈ cathédrale Saint-Jean,
436 ≈ Tourette : La ~ : 384 primatiale [Saint-Jehan] : 47, 234,
Lyon (Rhône) ; 2. Voies ≈ boulevard de la 257, 276, 279, 392, 393, 417, 436,
Croix-Rousse : 233 ≈ Gourguillon, 437, 512, 530, 554, 557, 571 ; voir
auj. montée du Gourguillon : 296, Index personarum, s.  v.  Beaujeu  :
507 ≈ impasse Charavay : 233 ≈ Jacques de ~, Remacin : Jean de ~
place Bellecour : 417, 595 [champ ≈ chapelle de Bourbon, dans la
INDEX LOCORUM 749

cathédrale Saint-Jean : 47 ≈ chapelle l’emplacement de l’actuelle place des


des Gadagne, dans l’église Notre- Jacobins : 515, 519, 537, 540 ≈ église
Dame de Confort : 515 [chapelle des Notre-Dame de la Platière, collégiale
Gadaignes] ≈ chapelle Saint-Jacquème de l’ordre de Saint-Ruf depuis 1075
ou Saint-Jaquême, première maison de et dont l’actuelle rue de la Platière
ville de la commune, voisine autrefois perpétue le souvenir : 469 [l’église de
de l’église Saint-Nizier : 20, 451, 469 la Platiere] ≈ église Notre-Dame-et-
[Sainct Jaqueme, Sainct Jaquemo], 473, Saint-Thomas de Fourvière, collégiale
489 [Saint-Jaqueme], 545 ≈ couvent depuis 1192 : 201, 245, 246, 247, 248,
de l’Observance, à l’emplacement 249, 253 ≈ église Saint-Bonaventure :
de l’actuel Conservatoire national 233 ≈ église Saint-Étienne, adossée à
de musique, quai Chauveau : 570, la cathédrale Saint-Jean, du côté du
574 [l’église des Observantins, appelée nord, et détruite en 1796 : 44, 59,
le couvent de frère Jehan Bourgeois] ≈ 94, 96, 123, 124, 234, 248, 257, 511,
couvent des Augustins, auj. école 512 ≈ église Saint-Irénée, collégiale :
La Martinière des Terreaux, mais 11, 18, 59, 119, 122, 123, 124 ; voir
dont la rue des Augustins perpétue également prieuré de Saint-Irénée ≈
le souvenir : 516 [couvents mendiants], église Saint-Just, collégiale : 119,
530 [quatre mendiants] ≈ couvent des 122, 125, 207, 245, 247, 271, 274,
Carmes, à l’emplacement de l’actuelle 286, 291, 292, 293, 296, 339, 384,
place Tobie-Rebatel : 516 [couvents 392, 411, 437, 629 ≈ église Saint-
mendiants], 530 [quatre mendiants] ≈ Laurent : 59 ≈ église Saint-Nizier,
couvent des Célestins, sous le vocable collégiale depuis 1306, éphémèrement
de l’Annonciation du Seigneur et dont transformée en temple réformé en
l’actuelle place des Célestins perpétue 1562 : 8, 20, 219, 258, 400, 417, 449,
le souvenir : 18, 416, 460, 516, 519, 450, 452, 477, 487, 511, 512, 545,
529, 630 ; voir Index personarum, s. v. : 547, 548, 549 ≈ église Saint-Paul,
Bourville : André de ~, Poquet : collégiale : 11, 64, 65, 66, 202, 203,
Pierre ~ ≈ couvent des Cordeliers 247, 340, 345, 431 ≈ église Sainte-
ou frères mineurs, dont l’actuelle Croix : 234, 248, 257, 512 ≈ maison
place des Cordeliers perpétue le de Cluny, dite de la Bombarde : 173
souvenir : 8, 233, 276, 278, 279, ≈ maison de Saint-Antoine : 426 ≈
436, 468, 516 [couvents mendiants], prieuré de Saint-Irénée : 294
530 [quatre mendiants], 628, 629, Lyon (Rhône) ; 4. Autres Bâtiments ≈
630 ≈ couvent des Jacobins ou frères château de Béchevelin : 17, 227, 252 ≈
prêcheurs, dont l’actuelle place des château de Pierre-Scize, en surplomb
Jacobins perpétue le souvenir : 8, de l’actuel quai de Pierre-Scize et de la
12, 276, 278, 279, 392, 400, 461, passerelle de l’Homme-de-la-Roche,
469, 515, 516 [couvents mendiants], 519, à hauteur de la rue de Montauban :
530 [quatre mendiants], 544, 620 ≈ 12, 227, 257, 366, 373, 381, 384, 435,
église des Martyrs, ancien nom de 437, 537 ≈ citadelle Saint-Sébastien :
l’église Saint-Nizier : 512 ; voir église 608, 612, 616, 628, 629, 630 ≈ collège
Saint-Nizier ≈ église Notre-Dame de de la Trinité, actuel lycée Ampère :
Confort, église des frères prêcheurs, à 511, 628 ≈ croix de Saint-Irénée :
750 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

231 ≈ croix de Saint-Sébastien : 231 Sebastien] ≈ mur des Terreaux : 496


≈ Draperie du Royaume : 446 ≈ ≈ musées Gadagne : musée d’Histoire
enceinte de la Retraite, sur la colline de la ville de Lyon : 9, 532 ≈ pont de
de Fourvière : 436 ≈ forteresse de la Guillotière : 477, 486, 628 ; voir
Saint-Just : 383, 384 ≈ hôpital du aussi pont du Rhône ≈ pont de Saône
pont du Rhône : voir Hôtel-Dieu ≈ ou pont du Change : 19, 306, 417,
hôpital Saint-Laurent, vers l’église 477, 478 ≈ pont du Change : 477 ;
Saint-Laurent et le bas de la montée voir aussi pont de Saône ≈ pont du
Saint-Laurent : 517 [hôpital de saint Rhône ou pont de la Guillotière :
Laurens] ≈ hôpital Saint-Thomas, 16, 276, 279, 480, 486, 489, 532,
fondé par Thomas Gadagne le Jeune 534, 572, 602 ; voir Index personarum,
vers l’extrémité sud de l’actuelle s. v. Villeneuve : Aynard de ~ ≈ pont
rue de la Quarantaine, à proximité Lafayette : 233 ≈ porte de Bourgneuf :
de l’hôpital Saint-Laurent, pour 385, 445 [porte de Bornue], 446 [porte
recevoir les pestiférés : 517 ≈ hôtel de de Bornue], 570, 572, 579, 592 [porte de
Médicis : 530 [hôtel de ceux de la banque Bourg-neuf] ≈ porte de Saint-Marceau
de Medicis] ≈ hôtel de Savoie (domus ou porte Saint Marcel, au bas de la
de Sabaudia), couramment appelée Grande-Côte : 530 ≈ porte de Vaise :
Le Temple, ancienne commanderie 445 [porte de Veysse], 571, 592 ≈ porte
templière acquise par le comte du Palais : 234 ≈ porte Froc ou porte
Amédée V en 1320, transformée en des Frères (porta fratrum) : 233, 234,
couvent de célestins par Amédée VIII 445 [porte du cloustre de Saint Johan,
en 1407, mais dont l’actuelle rue de porte du cloustre Sainct Johan], 530 [porte
Savoie perpétue le souvenir : 453, 460, de Porte Froc] ≈ porte Saint-Irénée :
461 ≈ Hôtel de ville : 9, 496, 603, 635 437 ≈ porte Vieille : 231, 233
≈ Hôtel-Dieu : 517 [grand hôpital du Lyon le Saunier : voir Lons-le-Saunier
pont du Rosne] ≈ maison de Roanne ou (Jura)
palais de Roanne, maison canoniale Lyonnais ou pagus de Lyon : 13, 14, 30,
devenue propriété des dauphins de 31, 43, 50, 55, 58, 64, 75, 76, 85, 135,
Viennois, puis siège du pouvoir et 137, 138, 142, 147, 150, 153, 175, 179,
de la justice royale à Lyon après son 183, 205, 206, 209, 213, 236, 336,
rattachement au royaume de France, 338, 556, 607, 614, 616 ; monts du
à l’emplacement de l’actuel Palais de ~ : 153, 213, 236
justice historique : 480, 496, 498, Lys (Seine-et-Marne, cne de Dammarie-les-
629, 630 ≈ maison de Rontalon, sur Lys) ; abbaye cistercienne Notre-Dame
la rive gauche de la Saône, vis-à-vis du Lys : 280 [Sainte-Marie du Lys]
l’Archevêché, vers l’extrémité sud de
l’actuel quai des Célestins : 544, 547, Mâcon (Saône-et-Loire) : 63, 186, 187,
548, 549 ≈ maison de la Guillotière, 218, 276, 430, 445, 524, 612 [Mascon]
sur la rive gauche du Rhône : 483 ≈ Voir Index personarum, s. v. Mâcon
≈ maison de saint Christophe : 445 ou Mascon : Raoulin de ~ ; bailli de
[sainc Cristoble de la maison des enfants ~ ou de Saint-Gengoux : 16, 369,
maîtres Tevenin Bonut] ≈ mur de Saint- 371, 408, 432, 436, 439 [bailli de
Sébastien : 583 [murailles de saint Saint-Gengoul], 441, 442, 478, 479,
INDEX LOCORUM 751

480, 524, 527 [Mascon] ≈ Voir Index Marceau (Haute-Savoie, cne de Doussard) :
personarum, s. v. Équennes : Jean d’~ ; 114
bailliage / baillie de ~ : 339, 356, Marchampt (Rhône) ≈ Voir Index
480 ; comte de ~ : 186, 219, 429 ≈ pe rsonarum, s.  v.  Guillau me
Voir Index personarum, s. v. Girard de de Marchampt, chevalier [1193-1206]
Vienne (1142-1184), Guillaume II Marcilly, pour Marcillat (Puy-de-
(† 1125-1126), Jean de France (1340- Dôme) ? : 428
1416), Liétaud ; comté de ~ : 76, 103, Marcua (Ain, cne de Saint-Nizier-le-
265, 323 ; voir aussi Mâconnais ; Désert) ≈ Voir Index personarum,
couvent des frères mineurs : 278 ; s. v. Marcua : Aymon de ~, citoyen
couvent des frères prêcheurs : 277 ; de Lyon [1308]
denier de ~ : 425 ; diocèse ou évêché Marigni, auj. Margny (Seine-Maritime, cne
de Mâcon : 135, 147 ; église Saint- de Dampierre-en-Bray) ; monseigneur
Pierre : 279 ; église Saint-Vincent : de ~ ≈ Voir Index personarum,
279 ; évêque de ~ : 53, 101, 358 ≈ Voir s.  v.  Marigny  : Enguerran de  ~
Index personarum, s. v. Bar : Nicolas (1260 ?-1315)
de ~, Gontard, Liébaud, Maimbod ; Maringes (Loire) : 237
garde du sceau du bailliage de ~ / Marlens (Haute-Savoie) : 114
chancelier de ~ : 339, 356 ≈ Voir Marqueil / Marquel, auj. Mercœur (Haute-
Index personarum, s.  v.  Le  Blanc  :
Loire) ; messire ou monseigneur de ~ ≈
Jacques ~, Le Fort : Hugues ~ ; naute
Voir Index personarum, s. v. Mercœur :
de ~ : 305 ≈ Voir Index personarum,
Béraud de ~
s. v. Guillaume ; pays de ~ : 102, 117 ;
Marseille (Bouches-du-Rhône) : 497,
voir aussi Mâconnais
505 ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir Index
Mâconnais : 63, 64, 73, 429 ; voir aussi
Mâcon (Saône-et-Loire) ; comté de ~ ; personarum, s. v. Léodoin
pays de ~ Marzé (Rhône, cne d’Alix) ≈ Voir Index
Maillat (Ain) : 198 personarum, s. v. Marzé : Guichard
Maine ; juge ordinaire du ~ ≈ Voir Index de ~, Hugues de ~
personarum, s. v. Courthardy : Pierre Mascon : voir Mâcon (Saône-et-Loire)
de ~ Massif central : 18
Malines / Mechelen (Belgique, Anvers) ; Maubec (Isère) ≈ Voir Index personarum,
camelin de ~, type d’étoffe : 306 s. v. Maubec : Humbert de ~
Mantaille (Drôme, cne d’Anneyron) : 48, Mauléon (Deux-Sèvres) ; seigneur de
49, 50, 51, 52 ; assemblée de ~ (879) : ~ : 540 ≈ Voir Index personarum,
29, 50, 51, 63 s. v. La Trémoille : Jacques de ~
Mante, La, auj. Manta (Italie, Piémont) ; Maurienne : 58
sieur de ~ : 630, 632 ≈ Voir Index Maurienne, auj. Saint-Jean-de-Maurienne
personarum, s. v. Saluces de La Mante : (Savoie) ≈ Voir Index personarum,
Michel-Antoine de ~ s. v. Jean de ~ ; Église de ~ : 280 ;
Mantigny (Rhône, cne de Bully) : 128, 129 évêque de ~ : 53, 101 ≈ Voir Index
Marboz (Ain) [Marbo] ; chacipol (sergent personarum, s. v. Adalbert, Évrard
ou officier subalterne chargé de lever Mayence / Mainz (Allemagne, Rhénanie-
les impôts) de ~ : 302 ; curé de ~ : 452 Palatinat) : 500
752 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Mazille (Saône-et-Loire) : 102 ; doyenné Mons Bernardi, toponyme non identifié


clunisien Saint-Blaise de ~, 173 (Ain) : 67
Méditerranée, mer : 18, 30, 187, 524 [mer Mons Irtundus, toponyme non identifié :
de Levant], 583 261 [Monte Irtundo]
Meerssen (Pays-Bas, Limbourg) ; traité Mons Ledaycus, auj. Les Oncins (Rhône,
de ~ (870) : 136, 184 cne de Saint-Germain-sur-L’Arbresle) :
Melun (Seine-et-Marne) : 445 126, 127, 128, 129
Menthon, auj. Menthon-Saint-Bernard Mont d’Or lyonnais : 152
(Haute-Savoie) ≈ Voir Index Montagny (Rhône) : 239 ; seigneur de
personarum, s. v. Menthon : François ~  : 356 ≈ Voir Index personarum,
de ~ s. v. Blanche de Montagny [1193-
Mercœur (Puy-de-Dôme, cne d’Ardes) ; 1206], Guichard de Montagny [1193-
seigneur de ~ : 373, 374 ≈ Voir Index 1206], Montagny : Guichard de ~
personarum, s. v. Mercœur : Béraud [1308], Henri de ~ [1308]
de ~ Montanay (Rhône) : 238 ; église Saint-
Metz (Moselle) ; évêque de ~ : 145 ≈ Voir Pierre : 83
Index personarum, s. v. Thierry II Montaron (Nièvre) ≈ Voir Index
Meuse, fleuve : 415 personarum, s. v. Montaron : Monet
Meximieux (Ain) : 177, 180 de ~
Meyriat (Ain, cne de Vieu-d’Izenave) ; Montaurius, auj. Montret (Saône-et-Loire) :
chartreuse Notre-Dame : 222 60
Meys (Rhône) : 71, 237, 239 Montboissier (Puy-de-Dome, cne de
Meyzieu (Rhône) : 417, 486, 488 Cunlhat) ≈ Voir Index personarum,
Midi, Sud de la France : 427 s. v. Héracle de ~, Pierre de ~
Milan / Milano (Italie, Lombardie) : 206, Montbrison (Loire) : 179, 213, 236, 555,
496, 537, 579 ; archevêque de ~ : 138 556 ; château de ~ : 172, 179 ; église
≈ Voir Index personarum, s. v. Ariberto Sainte-Marie-Madeleine : 214
da Intimiano ; duché de ~ : 536, 570, Mont-Cenis ; hospice du ~ (Savoie, cne de
578, 579 ≈ Voir Index personarum, Lanslebourg-Mont-Cenis) : 279
s. v. Sforza, Visconti Montfalcon (Savoie, cne de La Biolle) : 303
Mions (Rhône) ≈ Voir Index personarum, Montluel (Ain) : 14, 291, 292, 348, 530,
s. v. Bourges : Claude de ~ 613 [Montluel], 630 ≈ Voir Index
Mirambeau (Charente-Maritime) : 151, personarum, s. v. Fillon : Pierre ~,
153 Pierre de Montluel
Mirebel : voir Miribel (Ain) Montmélian (Savoie) ≈ Voir Index
Miribel (Ain) [Mirebel] : 14, 415, 423, personarum, s.  v.  Montmélian  :
495, 530, 608, 613 Andrevet de ~, Pierre de ~ ; hospice
Miribel (Loire, cne de Périgneux) : 281 de ~ : 279
Mizérieux (Loire) : 120 Montmerle (Ain, cne de Lescheroux) ;
Monaco (principauté de Monaco) : 505 prieuré de ~ (bénédictins devenus
Monluel : voir Montluel (Ain) chartreux en 1210) : 278
Mons Ailoeni, toponyme non identifié ou Montpellier (Hérault) : 163, 164, 165,
disparu, entre Chevinay et Bessenay 227, 229 ; bibliothèque de la Faculté
(Rhône) : 71 de médecine de ~ : 113, 507
INDEX LOCORUM 753

Montrottier (Rhône) ; prieur (bénédictin Henri IV (1553-1610), Louis X (1289-


de l’abbaye Saint-Martin de Savigny) 1316), Philippe V (1292/1293-1322)
de ~ : 207 Nemours (Seine-et-Marne) : 445 ; duc de
Mont-Saint-Michel, Le (Manche) ; abbaye ~ : 598, 615, 616, 618 ≈ Voir Index
Saint-Michel : 188 personarum, s. v. Charles-Emmanuel
Morat / Murten (Suisse, Fribourg) : 138, de Savoie (1567-1595)
139 Nervieux (Loire) : 237, 241
Morges (Jura, cne Montrevel) : 44, 60 Nerviniacus, toponyme non identifié à
Morgon, rivière, affluent de la Saône (rive proximité de Romans (Ain) : 67
droite) : 120 Neuville, auj. Neuville-les-Dames (Ain) ;
Mornant (Rhône) : 153 ; « mornantet », prieuré de bénédictines dépendant de
mesure de ~ : 257 l’abbaye de Saint-Claude : 278
Mornantet, rivière, sous-affluent du Neuville-sur-Saône (Rhône) : voir Vimy
Rhône par le Garon (rive droite) : 260 Nevers (Nièvre) : 445
Mortairols, Les, auj. Le Mortier (Rhône, Neyrieux (Loire, cne de Virigneux) : 70
cne Bessenay) : 71 Nice (Alpes-Maritimes) : 8
Motte, La (Mota), auj. La Grande-Motte Nicée, auj. İznik (Turquie) ; symbole de
(Loire, cne de Feurs) : 120 ~, profession de foi chrétienne : 620
Moulins (Allier) : 445 Niévroz (Ain) ≈ Voir Index personarum,
Mouxy (Savoie) ≈ Voir Index personarum, s.  v.  Nièvre  : Aymon, Naime ou
s. v. Rodolphe de Mouxy [1294] Nesme de ~ ; Jean de ~
Myons : voir Mions (Rhône) Niost, auj. Saint-Jean-de-Niost (Ain) ;
église Saint-Jean : 83
Nantes (Loire-Atlantique) ; édit de ~ Nivernais : 63
(1598) : 631 Normandie : 168, 188, 219
Nantua (Ain) ; abbaye bénédictine Saint- Notre Dame de / del Sasso : voir Pontassieve
Pierre (clunisienne depuis 959, (Italie, Toscane)
devenue ensuite prieuré) : 57, 60 Novare / Novara (Italie, Piémont) : 537
Naples / Napoli (Italie, Campanie)  : Novellis, toponyme non identifié, Nuelles
419, 500 ; roi de ~  : 504 ≈ Voir (Rhône, cne Saint-Germain-Nuelles)
Index personarum, s. v. Ferdinand Ier paraissant douteux : 83
(1423-1494) Nuremberg / Nürnberg (Allemagne,
Narbonne (Aude) : 500, 510 ; consuls Bavière) : 499
de ~ : 376
Navarre, royaume ; infant de ~ : 538, 539 Occiacum, auj. Saint-Rambert (Loire, cne
≈ Voir Index personarum, s. v. Foix : Saint-Just-Saint-Rambert) ; église
Jacques de ~ (1463-1509 ?) ; reine Saint-André et chapelle Saint-Côme :
de ~ : 595 ≈ Voir Index personarum, 83
s. v. Marguerite de France (1553- Oingt (Rhône) : 179, 238 ≈ Voir Index
1615) ; roi de ~ : 12, 298, 367, 369, personarum, s.  v.  Agnon d’Oingt
370, 371, 404, 509, 559, 595, 621, [1193-1206], Guichard d’Oingt [vers
629, 638 ≈ Voir Index personarum, 1170], Guichard d’Oingt [1193-1206],
s. v. Antoine de Bourbon (1518-1562), Guigues d’Oingt [1193-1206]
754 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Oncieu (Ain) ≈ Voir Index personarum, (1355) : 415, 485, 486 ; trésoriers de
s. v. Jocerand d’Oncieu ~ : 431
Openacum, toponyme non identifié, Pavie / Pavia (Italie, Lombardie) : 148,
probablement aux environs de 221, 222, 507 ; prieuré clunisien Saint-
Trévoux (Ain) ; église Sainte-Marie : Maieul / San Maiolo, auj. Archivio di
83 Stato : 148
Orange (Vaucluse) ; évêque d’~ : 53 ≈ Payerne (Suisse, Vaud) ; prieuré clunisien
Voir Index personarum, s. v. Germard ; Notre-Dame : 147, 148
prince d’~ [Orenge]  : 538, 539 ≈ Périgord ; sénéchal de ~ [Périgort] : 528
Voir Index personarum, s. v. Jean IV ≈ Voir Index personarum, s. v. Pérusse
de Chalon-Arlay (1444 ?-1502) des Cars : Gautier de ~
Orbe (Suisse, Vaud) ; partage d’~ (856) : Périgueux (Dordogne) ; Archives
27 départementales de la Dordogne :
Orléans (Loiret) : 160, 546, 559 ; concile 376 ; consuls de ~ : 375, 376, 377
d’~ (538) : 89 ; édit d’~ (1561) : 546 Péronne (Saône-et-Loire) : 102
Orliénas (Rhône) : 371 [Orliens] Pérouges (Ain) : 238
Ostie / Ostia, auj. Ostia Antica, subdivision Pérouse / Perugia (Italie, Ombrie) : 296
de Rome (Italie) ; cardinal-évêque Perron, château du ~ : voir Pierre-Bénite
d’~ : 395 ≈ Voir Index personarum, (Rhône) ; château du Perron
s. v. Alberti : Niccolò Pierre-Bénite (Rhône) : 17 ; château du
Ouilly (Rhône, cne de Gleizé) : 153 Perron : 608
Oullins (Rhône) : 44, 60 Pierre-Scize  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
Quartiers ou voies ≈ Pierre-Scize ≈ fossés
Passy, auj. Pacy-sur-Armançon (Yonne) ; de Pierre-Scize ; 4. Autres bâtiments ≈
seigneur de ~ : 618 ≈ Voir Index château de Pierre-Scize
personarum, s. v. Mandelot : François Piney (Aube) : 60
de ~ (1529-1588) Place, La, auj. Saint-Clément-les-Places
Panissières (Loire) : 207 (Rhône) : 179
Pannonenches, toponyme non identifié : Plaisians (Drôme) ≈ Voir Index personarum,
258 [domos Pannonenches] s.  v.  Plaisians  : Guillaume de  ~
Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) : 445 (1270 ?-1313)
Paris : 9, 13, 14, 19, 42, 244, 253, 270, Platière  : voir Lyon  (Rhône) ; 3.
307, 318, 369, 412, 416, 419, 423, Établissements ecclésiastiques ≈ église
441, 442, 444, 445, 465, 471, 478, Notre-Dame de la Platière
480, 497, 510, 524, 536, 562, 612, Poissy (Yvelines) : 374, 378
629, 630, 631, 636, 637, 639, 640 ; Poitiers (Vienne) : 252, 350, 376 ; bataille
abbaye Saint-Victor : 224 ; Archives de ~ (1356) : 416, 430 ; comte de
nationales de France  : 236, 274, ~ : 392 ≈ Voir Index personarum,
311 ; couvent des Célestins : 465 ; s. v. Philippe V (1292/1293-1322) ;
échevins : 19, 636, 639 ; parlement de concile de ~ (1078) : 155 ; diocèse de
~ : 270, 274, 407, 436, 441 ; prévôt ~ : 252 ; évêque de ~ : 251, 297 ≈
des marchands de ~ : 636, 637, 639, Voir Index personarum, s. v. Gauthier
640 ; régale de l’Église de ~ : 407 ; de Bruges, Jean Bellesmains
Sainte-Chapelle : 297 ; traité de ~ Polignac (Haute-Loire) ; vicomte de ~ :
INDEX LOCORUM 755

214 ≈ Voir Index personarum, s. v. Pons, Pressiat (Ain) ≈ Voir Index personarum,
vicomte de Polignac s. v. Pressiat : Stévenet de ~
Poligny (Jura) : 148 Provence : 18, 27, 50, 55, 61, 83, 101,
Pollionay (Rhône) : 259 149, 524, 547, 556, 611
Pologne : 571, 634 ; roi de ~ : 596 ≈ Provence, comté ; comte de ~ : 72
Voir Index personarum, s. v. Henri III Provence, royaume issu de la division de
(1551-1589) l’Empire caroligien : 13, 29, 30, 47,
Pommard (Côte-d’Or) : 60 50, 58, 76, 81, 82, 147 ; roi de ~ : 29
Poncin (Ain) : 198 Provins (Seine-et-Marne) ; camelin de ~,
Poncins (Loire) : 241 sorte de drap : 458
Ponnay (Haute-Savoie, cne de Talloires) : Pusey (Haute-Saône) : 60
114 Puy-en-Velay, Le (Haute-Loire) : 184,
Pont de Losne, auj. Saint-Jean-de-Losne 214, 237, 241, 423 ; Église du ~ :
(Côte-d’Or) : 212 184 ; église cathédrale Notre-Dame :
Pontassieve (Italie, Toscane) ; sanctuaire 423 ; évêque du ~ : 184 ≈ Voir Index
de la Madonna del Sasso, où l’on personarum, s.  v.  Gotescalc, Guy
vénère une Vierge à l’enfant conservée d’Anjou ; pélerinage au ~ : 423
dans la chapelle inférieure : 521 [Notre Puy-Sainte-Marie, Le : voir Puy-en-Velay :
Dame del Sasso / de Sasso] Le ~
Pont-de-Beauvoisin, auj. Le ~ (Isère et
Savoie) : 495, 506 Radicofani (Italie, Toscane) : 353
Pont-de-Veyle (Ain) : 305, 306, 307, 612 Ramponnet (Haute-Savoie, c ne de
[Le Pont de Veyle] Menthon-Saint-Bernard) : 114
Pontigny (Yonne) ; abbaye cistercienne Rançonnières (Haute-Marne) : 60
Notre-Dame : 164 ; abbé de ~ : 164, Ratisbonne / Regensburg (Allemagne,
227, 229 ≈ Voir Index personarum, Bavière) : 138
s. v. Guichard, abbé de Pontigny Ravel (Puy-de-Dôme) ; seigneur de
(1136-1165) ~ : 538 ≈ Voir Index personarum,
Pontoise (Val-d’Oise) : 330, 338, 349 s. v. Amboise : Guy d’~
Portes (Ain, cne de Bénonces) ; chartreuse Reculion, toponyme non identifié, peut-
Sainte-Marie : 192, 222 être La Tour (Loire, cne de Chazelles-
Porto, ancien port de Rome, auj. dans sur-Lyon) : 237
la commune de Fiumicino (Italie, Régny (Loire) ; prieuré clunisien Saint-
Latium) ; cardinal-évêque de ~ : 395 ≈ Martin : 103
Voir Index personarum, s. v. Jean XXII, Reic hen au (A l lem a gne, B a de -
pape (1316-1334) Wurtemberg) ≈ Voir Index personarum,
Portois, comté : 60 s. v. Hermann de Reichenau
Pouilles / PUGLIA : 504 Reims (Marne) ; archevêque de ~ : 50 ≈
Pouilly, auj. Pouilly-le-Monial (Rhône) : Voir Index personarum, s. v. Guillaume
102 ≈ Voir Index personarum, de Champagne, Hincmar, Juvénal
s. v. Pouilly : Thomas de ~ des Ursins : Jean ~ ; concile de ~
Pouilly, auj. Pouilly-lès-Feurs (Loire) : 237 (1119) : 160, 161
Presqu’île : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS Reneins, auj. Saint-Georges-de-Reneins
OU VOIES ≈ Presqu’île (Rhône) : 120
756 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Retraite, enceinte de la ~  : voir Rochefort (Rhône, cne de Saint-Martin-


Lyon (Rhône) ; 4. AUTRES BÂTIMENTS en-haut)  : 237, 258 ≈ Voir Index
≈ enceinte de la Retraite personarum, s. v. Poncet de Rochefort,
Rhins, rivière, affluent de la Loire (rive Pons de Rochefort
droite) : 102, 103 Rochepot, La (Côte-d’Or) ; seigneur de
R hodes / (Grèce, Égée- ~ : 538, 539 ≈ Voir Index personarum,
Méridionale) ≈ Voir Index personarum, s. v. Pot : René ou Regnier ~
s. v. Aubusson : Pierre d’~ Rochette, La (Savoie) ≈ Voir Index
Rhône, fleuve : 7, 8, 13, 16, 17, 27, 135, pe rsonarum, s.  v.  Guillau me
138, 139, 148, 180, 183, 184, 185, de La Rochette
186, 187, 189, 192, 197, 209, 210, 219, Rodes : voir Rhodes
233, 252, 259, 266, 300, 319, 327, 331, Rhodanus : voir Rhône
332, 384, 406, 415, 416, 417, 436, Romainmôtier, auj. Romainmôtier-Envy
442, 457, 461, 477, 478, 485, 486, 487, (Suisse, Vaud) ; prieuré clunisien
488, 490, 495, 496, 500 [Rhodanus], Saint-Pierre-et-Saint-Paul, ancienne
501, 505, 508, 524 [Rosne], 529, 540 abbaye : 147, 148
[Rosne], 567, 583, 602, 618 ; pont Romans (Ain) : 64, 67, 102
du ~ : voir Lyon (Rhône) ; 4. AUTRES Romans, auj. Romans-sur-Isère (Drôme) ;
BÂTIMENTS ≈ pont du Rhône ; vallée du église collégiale Saint-Barnard : 100,
~ : 12, 54, 112, 184 176
Riga (Lettonie) : 457 ; archevêque de Rome / Roma (Italie, Latium) : 8, 37, 135,
Riga : 19, 457, 458 ≈ Voir Index 155, 158, 159, 160, 176, 250, 252, 254,
personarum, s. v. Pernstein : Friedrich 269, 297, 393, 504, 509, 510 ; église
von ~ Saint-Jean-de-Latran / San Giovanni
Rignieux, auj. Rignieux-le-Franc (Ain) ≈ in Laterano : 176 [église du Seigneur
Voir Index personarum, s. v. Rignieux : Sauveur qui est dite Constantinienne] ;
Jean de ~ pape de ~ : 176
Rillieux ; 1. auj. Rillieux-la-Pape (Rhône) ; Rontalon : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS
2. probablement dans la cne de Neyron ≈ port de Rontalon ; 4. AUTRES
(Ain), toponyme disparu : 83 BÂTIMENTS ≈ maison de Rontalon
Rive-de-Gier (Loire) : 258, 428 [Rive Rothelin / Rötteln (Allemagne, Bade-
de Gier] Wurtemberg, cne de Lörrach) ; marquis
Riverie (Rhône) : 239 de ~ : 530 ≈ Voir Index personarum,
Roannais : 15, 180, 213, 237 s. v. Hochberg : Philippe de ~
Roanne : voir Lyon (Rhône) ; 4. AUTRES Rouen (Seine-Maritime) : 559 ; archevêché
BÂTIMENTS ≈ maison / palais de Roanne ou province ecclésiastique de ~ : 155,
Roche de Bretaigne, La  : voir Roche- 156, 157, 163, 165, 219 ; archevêque de
Bernard : La ~ ~ : 156, 160 ≈ Voir Index personarum,
Rochebaron (Haute-Loire, cne de Bas- s. v. Colbert : Jacques-Nicolas ~
en-Basset) ≈ Voir Index personarum,
s. v. Ponce de Rochebaron Sabine, diocèse suburbicaire, auj. Sabina-
Roche-Bernard, La (Morbihan) ; seigneur Poggio Mirteto, avec son siège à
de ~ : 518 [la Roche de Bretaigne] ≈ Poggio Mirteto (Italie, Latium) ;
Voir Index personarum, s. v. Guy XVI cardinal-évêque de ~ : 395 ≈ Voir
INDEX LOCORUM 757

Index personarum, s. v. Falguières ou Bourg-Saint-Pierre) : 279 ; hospice


Faugères : Arnaud de ~ du Petit ~ (Savoie, cne de Séez) : 279
Sain-Bel (Rhône) : 150, 208 Saint-Chamond (Loire) : 179, 239, 241 ;
Sainct Joiri, auj. San Giorio di Susa seigneur de ~ ≈ Voir Index personarum,
(Piémont) ; seigneur de ~ : 614 ≈ Voir s. v. Mitte de Chevrières : Jacques ~
Index personarum, s. v. Gros : César ~ Saint-Chaumont : voir Saint-Chamond
Saint Andrews / St Andrews (Écosse) : 253 (Loire)
Saint Lorent en Viennois  : voir Saint- Saint-Claude (Jura) : 538 [Saint-Glaude] ;
Laurent-de-Mure (Rhône) abbaye bénédictine Saint-Oyend de
Saint Pol : voir Saint-Pol-sur-Ternoise Joux : 107, 155, 195 ≈ Voir Index
(Pas-de-Calais) personarum, s. v. Adon, Manno ou
Saint Sebastin : voir Lyon (Rhône) ; 1. Mannon
QUARTIERS ≈ Saint-Sébastien Saint-Clément-les-Places (Rhône) : voir
Saint-Amadour (Mayenne, cne de La Selle- Place : La ~
Craonnaise) ≈ Voir Index personarum, Saint-Cyr, auj. Saint-Cyr-au-Mont-d’Or
s. v. Saint-Amadour : Jean de ~ (Rhône) : 259
Saint-Amant (Charente, cne de Graves- Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : 524 ;
Saint-Amant) : 207 abbaye Saint-Denis : 297 ≈ Voir Index
Saint-Amour ( Jura) ≈ Voir Index personarum, s. v. Bilhères-Lagraulas :
p e rson ar um, s.  v.  Étien ne Jean de ~ ; foire du Lendit : 524
de Saint-Amour Sainte-Marie, villa, toponyme non
Saint-André (Ain, cne de Neuville-sur- identifié : 44
Ain)  : 198, 259 [ Saint-André-de- Sainte-Paule, église, toponyme non
Revermont] ; voir aussi Saint-André identifié : 153
du Coing, Saint-André- d’Apchon, Saint-Étienne, auj. Saint-Étienne-de-
Saint-André-la-Côte Saint-Geoirs (Isère) : 282
Saint-André de Teruaut : voir Saint-André- Saint-Étienne, église : voir Lyon (Rhône) ;
la-Côte (Rhône) 3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈
Saint-André du Coing (Rhône, c ne église Saint-Étienne
de Saint-Didier-au-Mont- d’Or) ; Saint-Galmier (Loire) ≈ Voir Index
seigneur de ~ : 603, 633 ≈ Voir Index personarum, s.  v.  Saint-Galmier  :
personarum, s. v. Masso : Guyot de ~ Barthélemy de ~
Saint-André-d’Apchon (Loire) ; seigneur Saint-Genest, auj. Saint-Genest-Malifaux
de ~ : 558 [Achon], 618 ≈ Voir Index (Loire) : 238
personarum, s. v. Albon : Jacques d’~ Saint-Gengoul : voir Saint-Gengoux
Saint-André-de-Revermont : voir Saint- Saint-Gengoux, auj. Saint-Gengoux-le-
André (Ain, cne de Neuville-sur-Ain) National (Saône-et-Loire) ; bailli de
Saint-André-la-Côte (Rhône) : 373 [Saint- ~ : voir Mâcon (Saône-et-Loire) ; bailli
André de Teruaut] de ~ ou de Saint-Gengoux
Saint-Benoît ; chapelle ~, toponyme non Saint-Genis en Savoie : voir Saint-Genix-
identifié, probablement en Provence : sur-Guiers (Savoie)
83 Saint-Genis en Terre noire : voir Saint-
S a i n t- B e r n a r d ; h o s p i c e d u Genis-Terrenoire (Loire, c ne de
Grand-~ (Suisse, Valais, c ne de Genilac)
758 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Saint-Genis-Laval (Rhône) : 514 [Saint- église Saint-Just ; 4. AUTRES BÂTIMENTS


Ginies-Laval] ; voir aussi Beauregard : ≈ forteresse de Saint-Just
château de ~ Saint-Lager (Rhône) : 208
Saint-Genis-Terrenoire (Loire, cne de Saint-Laurent en Viennois : voir Saint-
Genilac) : 269, 339, 340, 343 Laurent-de-Mure (Rhône)
Saint-Genix-sur-Guiers (Savoie) : 485 Saint-Laurent-de-Mure (Rhône) [Saint
[Saint-Genis en Savoie] Lorent en Viennois] : 369, 370, 371, 372
Saint-Georges-d’Espéranche (Isère) : 282, Saint-Loup (Rhône) : 208
301 Saint-Martin-la-Plaine (Loire) : 258
Saint-Gilles (Gard) ; abbé de ~ : 176 ≈ Saint-Maurice (Suisse, Valais)  : voir
Voir Index personarum, s. v. Béraud, Agaune
abbé de Saint-Gilles ; comte de Saint-Nizier  : voir Lyon  (Rhône) ;
~  : 176 ≈ Voir Index personarum, 1.  QUARTIERS OU VOIES ≈ côté de
s. v. Raymond (1042-1105), comte Saint-Nizier ; 3.  ÉTABLISSEMENTS
de Toulouse ECCLÉSIASTIQUES ≈ église Saint-Nizier

Saint Glaude : voir Saint-Claude (Jura) Saintonge : 151, 153, 206


Saint-Haon, auj. Saint-Haon-le-Châtel Saint-Ouen : voir Saint-Héand
(Loire) : 179, 348 Saint-Oyend : voir Saint-Claude (Jura) ;
Saint-Héand (Loire) : 237, 241, 514 [Saint- abbaye bénédictine Saint-Oyend de Joux
Ouen en Forestz] Saint-Papoul (Aude) ; évêque de ~  :
524, 525 ≈ Voir Index personarum,
Saint-Irénée  : voir Lyon  (Rhône) ;
s. v. Brillac : Clément de ~
1.  Q UA R T I E R S ≈ Saint-Irénée ;
Saint-Paul  : voir Lyon  (Rhône) ;
3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈
3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈
église Saint-Irénée ≈ prieuré de Saint-
église Saint-Paul
Irénée ; 4. AUTRES BÂTIMENTS ≈ croix de Saint-Pol, auj. Saint-Pol-sur-Ternoise
Saint-Irénée ≈ porte Saint-Irénée (Pas-de-Calais) ; comte de ~ : 369 ≈
Saint-Jaquême  : voir Lyon  (Rhône) ; Voir Index personarum, s. v. Châtillon :
3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈ Gui de ~
chapelle Saint-Jaquême Saint-Priest (Rhône) : 259 ; château de ~ :
Saint-Jean  : voir Lyon  (Rhône) ; 1. 488 ; châtelain de ~ : 488 ; seigneur
QUARTIERS ≈ cloître de Saint-Jean ≈ de ~ : 487, 488
Saint-Jean ; 2. VOIES ≈ rue Saint-Jean ; Saint-Priest, auj. Saint-Priest-en-Jarez
3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈ (Loire) : 237, 239, 241
cathédrale Saint-Jean, primatiale Saint-Rambert (Loire, cne Saint-Just-Saint-
Saint-Jean-Bonnefonds (Loire) : 238 Rambert) : voir Occiacum
Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or) : 212 Saint-Rambert, auj. Saint-Rambert-en-
[Pont de Losne] Bugey (Ain) ≈ Voir Index personarum,
Saint-Jean-de-Thurigneux (Ain) : 259 s. v. Saint-Rambert : Guillemet de ~,
Saint-Jean-la-Vêtre (Loire) : 237 Péronin de ~, Rosset de ~ ; abbaye
Saint-Jorioz (Haute-Savoie) : 210, 211 Saint-Domitien : 280 ; châtelain de
Saint-Just  : voir Lyon  (Rhône) ; ~ : 303 ≈ Voir Index personarum,
1. QUARTIERS OU VOIES ≈ Saint-Just ; s. v. Chorgien : Henri de ~
3. ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES ≈| Saint-Rigaud (Saône-et-Loire, cne de
INDEX LOCORUM 759

Ligny-en-Brionnais) ≈ Voir Index 187, 192, 193, 194, 197, 198, 209,
personarum, s. v. Saint-Rigaud : Robert 210, 212, 225, 231, 233, 234, 238,
de ~ 266, 268, 283, 286, 296, 300, 305,
Saint-Romain lès Couzon, auj. Saint- 307, 319, 326, 327, 331, 332, 384,
Romain-au-Mont-d’Or (Rhône) : 258 393, 406, 415, 417, 435, 460, 461,
Saint-Romain-le-Puy (Loire) : 237 477, 478, 479, 496, 500 [Arar], 501,
Saint-Sébastien : voir Lyon (Rhône) ; 1. 505, 508 [Arar], 524 [Saosne], 544,
QUARTIERS ≈ Saint-Sébastien 545, 570, 574, 583, 595, 602, 612,
Saint-Symphorien  : voir  : 1. Saint- 618, 627, 630
Symphorien-d’Ozon (Rhône) ; 2.Saint- Sarcey (Rhône) : 152
Symphorien-sur-Coise (Rhône) Sardaigne, royaume continental et
Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône) : 301, insulaire sur lequel régna la maison
306 ; prieur de ~ : 307 de Savoie de 1720 à 1861, date à
Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône) : laquelle elle proclama le nouveau
237, 239 ≈ Voir Index personarum, royaume d’Italie : 460
s.  v.  Lambert  : Jean ~, Saint- Sarresviller, auj. Sérévillers (Oise) ; seigneur
Symphorien  : Jean de  ~, Saint- de ~ : 480 ≈ Voir Index personarum,
Symphorien : Pierre de ~ ; mandement s. v. Quesnes : Karados des ~
de ~ : 241 Sasso, Notre Dame de / del  ~  : voir
Saint-Thomas de Fourvière  : voir Pontassieve (Italie, Toscane)
Lyon  (Rhône) ; 3.  ÉTABLISSEMENTS Sault (Vaucluse) ; comte de ~  : 558
ECCLÉSIASTIQUES ≈ église Notre-Dame- [monsieur de Sault], 609 [comte de
et-Saint-Thomas de Fourvière Saux], 618 ≈ Voir Index personarum,
Saint-Trivier, auj. Saint-Trivier-sur- s. v. Agoult : François-Louis d’~ de
Moignans (Ain) : 180 ≈ Voir Index Montauban
personarum, s. v. Saint-Trivier : Jean Saux : voir Sault (Vaucluse)
de ~ Savigneux (Ain) : 102
Saint-Tropez (Var) ; golfe de ~ : 54 Savigny (Rhône) : 428 ; abbaye Saint-
Saint-Vérand (Rhône) : 258 Martin : 31, 57, 60, 69, 70, 94, 95,
Saint-Victor, auj. Saint-Victor-sur-Rhins 98, 110, 111, 112, 113, 118, 119, 120,
(Loire) : 102, 238 126, 127, 128, 129, 135, 150, 152, 153,
Sale, La, auj. La Salle (Rhône, cne de 174, 175, 177, 197, 205, 207, 208, 209,
Quincieux) ? : 371, 373 210, 211, 213, 214, 252, 335, 336 ≈
Saligny (Loire, cne de Saint-Romain-le- Voir Index personarum, s. v. Arnoul,
Motte) : 179 Badin, Dalmace, Duran, Faroul,
Salle, La (Saône-et-Loire) ≈ Voir Index Ferlaic, Frédéric, Fredusus, Gautier,
personarum, s. v. Arduin de La Salle Gerberne, Hugues (2), Ismidon, Itier,
Saluces / Saluzzo (Italie, Piémont) ; Laurent, Martin, Milon, Ponce de Lay,
marquisat de ~ : 529 Ponce, Roger
Salvizinet (Loire) : 207 Savoie, comté, duché depuis 1416 : 10,
Sancia (Jura, cne Chambéria) : 44 13, 19, 303, 415, 419, 485, 486, 495,
Saône, rivière, affluent du Rhône (rive 506, 524 [Savoye], 529, 530 [Savoye] ;
droite) : 7, 8, 15, 16, 18, 21, 92, 120, armée de ~ : 509 ; chancelier de ~ :
135, 148, 180, 183, 184, 185, 186, 466 ≈ Voir Index personarum, s. v.
760 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Marchand  : Guichard ~ ; comte Septimanie : 33


/ comtes de ~ : 17, 18, 194, 259, Sermorens, auj. faubourg de Voiron
266, 271, 277, 279, 281, 298, 299, (Isère) ; pagus de ~ : 60
372, 415, 460, 462, 463, 464, 465, Servières (Lozère) ; seigneur de ~ : 614
486 ≈ Voir Index personarum, s. v. [Servieres] ≈ Voir Index personarum,
Amédée V (1249-1323), Amédée VIII s. v. Bonin : Antoine ~
(1383-1451), Aymon de Savoie (1291- Seure, auj. Seurre (Côte-d’Or) : 612
1343), Édouard de Savoie (1284-1329), Seyssel, auj. Seyssel (Ain) et Seyssel
Philippe de  Savoie (1207-1285) ; (Haute-Savoie) ≈ Voir Index
comtesse de ~ : 267, 276, 277, 464 personarum, s. v. Seyssel : Guy de ~
≈ Voir Index personarum, s. v. Marie Sicile, royaume ; roi de ~ : 444 ≈ Voir
de Bourgogne (1386-1422), Sibylle Index personarum, s.  v. Louis  II
de Bâgé (1255-1294) ; duc de ~ : 529, (1377-1417)
530, 531, 532, 567, 595, 608, 613, Signy, auj. Signy-l’Abbaye (Ardennes) ;
630 ≈ Voir Index personarum, s. v. abbaye cistercienne Notre-Dame : 142
Amédée VIII (1383-1451), Charles Ier ≈ Voir Index personarum, s. v. Camps :
(1468-1490), Emmanuel-Philibert François de ~
(1528-1580), Louis Ier (1413-1465) ; Silve, La, auj. La Silve bénite (Isère, cne
duchesse de ~ : 613 ≈ Voir Index du Pin) ; prieuré chartreux de ~ : 278
personarum, s. v. Marguerite de France
Solutré, auj. Solutré-Pouilly (Saône-et-
(1523-1574), Marie de Bourgogne
Loire) : 102
(1386-1422) ; États de ~ : 529 ; maison
Sorgue, rivière, affluent du Rhône (rive
de ~ : 266, 267, 300, 382, 416, 460,
gauche) : 505 [Sorgues]
461, 509, 529 ≈ Voir Index personarum,
s. v. Agnès de Savoie (1286-1322), Sornin, dit Charlieu : voir Charlieu (Loire) ;
Charles-Emmanuel de Savoie (1567- abbaye bénédictine Saint-Fortuné
1595), Pierre de Savoie ; maison de Souternon (Loire) : 237
~ (domus de Sabaudia), à Lyon : voir Spire / Speyer (Allemagne, Rhénanie-
Lyon (Rhône) ; 4. AUTRES BÂTIMENTS ≈ Palatinat) ; évêque de ~ : 145 ≈ Voir
hôtel de Savoie ; maréchal de ~ : 466 ≈ Index personarum, s. v. Sigibodo Ier
Voir Index personarum, s. v. Challant : Strasbourg (Bas-Rhin) : 8, 149
Boniface de ~ ; monnaie de ~ : 300, Sury, auj. Sury-le-Comtal (Loire) : 179
304 Suse / Susa (Italie, Piémont) ≈ Voir Index
Seillon (Ain, cne de Péronnas) ; prieuré personarum, s. v. Jacques de Suse
chartreux de ~ : 278
Sens (Yonne) : 160, 228 ; archevêché / Talaru (Rhône, cne de Saint-Forgeux)
province ecclésiastique de ~ : 155, 156, ≈ Voir Index personarum, s. v. Pierre
157, 161, 163, 165, 219 ; archevêque de de Talaru, Talaru
Sens : 156, 159, 160, 162 ≈ Voir Index Talloires (Haute-Savoie) ; prieuré
personarum, s. v. Daimbert, Guillaume bénédictin Sainte-Marie, dépendant
de Champagne ; clergé de ~ : 161 ; de l’abbaye Saint-Martin de Savigny :
Église de ~ : 160, 161, 162 110, 111, 112, 113, 210, 211
Septème (Isère) ≈ Voir Index personarum, Taluyers (Rhône) : 239
s. v. Septème : Henri de ~ Tarare (Rhône) : 152, 505 ≈ Voir Index
INDEX LOCORUM 761

personarum, s. v. Bertrand de Tarare, Tibre / Tevere, fleuve d’Italie qui traverse


Guillaume de Tarare Rome : 393
Tarentaise (Loire) ? ≈ Voir Index Toriniacus, auj. peut-être Régny (Rhône,
personarum, s. v. Pierre de Tarentaise cne de Cogny) : 120
(v. 1225-1276) Tornica (villa), toponyme non identifié à
Tarentaise, auj. Moûtiers (Savoie) ; proximité de Neyrieux (Loire, cne de
archevêque de ~ : 53, 101, 113, 233 Virigneux) : 71
≈ Voir Index personarum, s. v. Aimon, Toul (Meurthe-et-Moselle) ; évêque de
Amizon, Pierre, Teutran ; Église de ~  : 145 ≈ Voir Index personarum,
~ : 101 ; église Saint-Pierre, église s. v. Bruno d’Eguisheim-Dabo
des chanoines réguliers : 279 ; église Toulon (Var) ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir
Sainte-Marie, église des chanoines Index personarum, s. v. Eustorge
séculiers : 280 Toulouse (Haute-Garonne) : 376, 497,
Tarente / Taranto (Italie, Pouilles) ; 615 [ Tholose]
princesse de ~ [Tharente] ≈ Voir Index Tour, La, auj. La Tour-en-Jarez (Loire) :
personarum, s. v. Charlotte d’Aragon 241
Tassin, auj. Tassin-la-Demi-Lune Touraine ; duc de ~ : 444, 447 [ Toraine]
(Rhône) : 174, 175, 176, 177, 231 ≈ ≈ Voir Index personarum, s. v. Louis
Voir Index personarum, s. v. Tassin : de France (1372-1407)
Roland de ~ Tour-du-Pin, La (Isère) : 469 [La Tourt
Ternand (Rhône) : 252, 258 ; ager de ~ : du Pin]
122, 128, 129, 152 Tourette, La  : voir Lyon  (Rhône) ; 1.
Terre sainte : 187, 377 QUARTIERS ≈ Tourette : La ~
Terreaux : voir Lyon (Rhône) ; 1. QUARTIERS Tournon (Ardèche) : 60 ; seigneur de
≈ Terreaux ; 2. VOIES ≈ place des ~ : 538 ≈ Voir Index personarum,
Terreaux ; 4. AUTRES BÂTIMENTS ≈ s. v. Jacques II
mur des Terreaux Tournus (Saône-et-Loire) : 339, 356 ;
Tharente : voir Tarente abbaye bénédictine Saint-Philibert :
Theyssonacum, toponyme non identifié, 53, 183, 184
peut-être Teyssonge (Ain, cne de Viriat), Tours (Indre-et-Loire)  : 375, 419 ≈
où s’implanta une commanderie Voir Index personarum, s. v. Grégoire
hospitalière, à proximité de Bourg- de  Tours, Martin ; archevêché /
en-Bresse : 198, 200 province ecclésiastique de ~ : 155,
Thiers (Puy-de-Dôme)  : 237, 241 ; 156, 157, 163, 165, 219 ; archevêque
seigneur de ~ : 237 de ~ : 156 ≈ Voir Index personarum,
Thizy (Rhône) ≈ Voir Index personarum, s. v. Raoul de Langeais ; monnaie de
s. v. Albert de Thizy ~ : 455
Thoissey (Ain) : 72, 73, 76, 80, 102 Trémoille, La : voir Trimouille : La ~
Tholose : voir Toulouse (Haute-Garonne) Trévoux (Ain) : 198 ; péage de ~ : 15,
Thorigny, auj. Torigni-sur-Vire (Manche) 135, 197, 198
≈ Voir Index personarum, s. v. Robert Tribus Messellis, villa de ~, toponyme non
de Thorigny identifié à proximité de Neyrieux
Thurey (Saône-et-Loire) ≈ Voir Index (Loire, cne de Virigneux) : 71
personarum, s. v. Thurey Trimouille, La (Vienne) ; sire de ~ : 540
762 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

[La Trimoille] ≈ Voir Index personarum, Vaulx-en-Velin (Rhône)  : 415, 417,


s. v. La Trémoille : Louis II de ~ 487, 488 ≈ Voir Index personarum,
Troie, ancienne cité d’Asie mineure s. v. Bissard : Guicherd ~ ; châtelain
célébrée notamment par Homère : de ~ : 488 ≈ Voir Index personarum,
510, 571, 573, 583, 589, 591 s.  v.  Treffort  : Guillaume de  ~ ;
Troyes (Aube) : 7 ; concile de ~ 58 mandement de ~ : 488
Tuell, toponyme non identifié : 261 Vaux-sur-Poligny (Jura) ; prieuré clunisien
Turin / Torino (Italie, Piémont) : 507 ≈ Notre-Dame : 148
Voir Index personarum, s. v. Claude II ; Vendôme (Loir-et-Cher) ≈ Voir Index
Archivio di Stato : 277 personarum, s. v. Antoine de Bourbon,
Turquie : 540 Geoffroy de Vendôme ; comte de
~  : 528 [ Vendosme] ≈ Voir Index
Urfé (Loire, cne de Champoly) : 237, 241 personarum, s. v. François de Bourbon
Uzès (Gard) ; évêque d’~ : 53, 101 ≈ Venise (Italie, Vénétie) ; seigneurie de ~ :
Voir Index personarum, s. v. Héribald, 540 [ Venize]
Walafrid Vercellia, auj. peut-être Verseilles-le-Bas
(Haute-Marne) : 44
Vaison, auj. Vaison-la-Romaine Vercellione, auj. peut-être Verseilles-le-
(Vaucluse) ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir Haut (Haute-Marne) : 44
Index personarum, s. v. Hélie Verdun (Meuse) ; évêque de ~ : 145 ≈ Voir
Valence (Drôme) : 54, 56, 58 ; comté de ~ Index personarum, s. v. Richard ; traité
149 ; concile de ~ (890) : 54, 55, 63 ; de ~ (843) : 13, 27, 34, 136, 193, 415
diocèse de ~ 149, 187 ; évêque de ~ : Verdusant, auj. Verduzan (Gers, cne de
53, 101, 113 ≈ Voir Index personarum, Castéra-Verduzan) ; seigneur de
s. v. Guigues, Ponce, Ratbert ; pagus ~ : 538 ≈ Voir Index personarum,
de ~ : 58, 60 s. v. Verduzan : Odet de ~
Valentinois ; comte de ~ : 117 ≈ Voir Vérel (Haute-Savoie, cne de Talloires) : 114
Index personarum, s. v. Geilin ; duché Vernoisans, auj. Vernaison (Rhône) : 371
de ~ : 537 ≈ Voir Index personarum, Vérone / Verona (Italie, Vénétie) : 252
s. v. Borgia : César ~ Versennacum, toponyme non identifié à
Valromey : 10, 567 proximité de Bully (Rhône) : 128
Valserine, rivière, affluent du Rhône (rive Vésonne (Haute-Savoie, cne de Faverges) :
droite) : 505 114
Varey (Ain, cne de Saint-Jean-le-Vieux) : Vieilleville (Maine-et-Loire, c ne de
198 ≈ Voir Index personarum, Baracé) ; maréchal de ~ : 607, 608,
s. v. Varey 610, 628 ≈ Voir Index personarum,
Vassalieu : voir Vassalieux (Loire, cne de s. v. Scépeaux : François de ~
Chambles) Vienne (Isère) : 12, 29, 30, 63, 75, 82,
Vassalieux (Loire, cne de Chambles) ≈ 84, 112, 113, 172, 184, 238, 296,
Voir Index personarum, s. v. Vassalieu 375, 376, 386, 500, 501, 559 ≈ Voir
Vasseille : voir Vassalieux (Loire, cne de Index personarum, s. v. Artaud, Girard
Chambles) († 877), Girard de Vienne (1142-1184),
Vatican ; Bibliothèque apostolique Jean de Vienne ; abbaye Saint-André-
vaticane : 223 le-Haut : 111 ; archevêché de ~ : 149 ;
INDEX LOCORUM 763

archevêque de ~ : 53, 55, 56, 59, 100, Vimy, auj. Neuville-sur-Saône (Rhône) :
101, 107, 112, 159, 195, 296 ≈ Voir 83 ; église Saint-Florent : 83
Index personarum, s. v. Adon, Barnoin, Vindry (Rhône, cne de Saint-Loup) : 208
Étienne II, Léger, Otramn, Thibaud ; Vinzelles (Saône-et-Loire) : 214 ≈ Voir
comté de ~ : 149 ; concile de ~ (1311- Index personarum, s. v. Guillaume
1312) : 12, 270, 375 ; diocèse de ~ : de Vinzelles, Hugues de Vinzelles,
187 ; Église de ~ : 18 ≈ Voir Index Maieul de Vinzelles
personarum, s. v. Hugues ; monnaie Viterbe / Viterbo (Italie, Latium) ; évêque
de ~ : 258, 260, 277, 278, 279, 280, de ~ : 400 ≈ Voir Index personarum,
300, 452, 453, 454, 455, 456 ; pagus s. v. Giovanni da Veroli
de ~ : 51, 60 ; église Notre-Dame- Vivier, Le, au château de Tourvéon, à
de-l’Isle : 260 ; royaume de ~ : 72 ≈ Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône) ;
Voir Provence, royaume ; traité de ~ seigneur du ~ : 614 ≈ Voir Index
(10 avril 1312) : 12, 376 personarum, s. v. Tourvéon : Jacques ~
Viennois : 50, 58, 369, 370, 371, 415, 485 Viviers (Ardêche) : 187 ≈ Voir Index
Viennois, dauphiné de ~ : voir Dauphiné, personarum, s. v. Viviers : Hugues de
principauté ~ ; évêque de ~ : 53 ≈ Voir Index
Villare, auj. Villard-Chapelle (Saône-et- personarum, s. v. Éthère
Loire, cne de Condal) : 60 Voiron (Isère) ; métral (officier du comte
Villaria, toponyme non identifié : 44 de Savoie) de ~ : 303 ≈ Voir Index
Villars (Loire) : 238 personarum, s. v. Burdin : Guillaume ~
Villars, Le (Saône-et-Loire) ; prieuré de
bénédictines dépendant de Saint- Wassy (Haute-Marne) : 628
Philibert de Tournus : 279 Wolfenbüttel (Allemagne, Basse-Saxe) ;
Villars, auj. Villars-les-Dombes (Ain) ≈ Bibliothèque ducale / Herzog August
Voir Index personarum, s. v. Étienne II, Bibliothek : 570
Villars : Louis de ~
Villechenève (Rhône) : 237, 238 Yverdon, auj. Yverdon-les-Bains (Suisse,
Villedieu (Loire, cne de Sainte-Foy-Saint- Vaud) : 582 [Ebrudunum]
Sulpice) : 241 Yzeron (Rhône) : 179, 217, 218, 219, 222,
Villefranche, auj. Villefranche-sur-Saône 238, 259, 260 ; mandement d’~ : 238
(Rhône) : 217
Villeneuve de Chillon, auj. Villeneuve Zähringen, château ruiné sis à
(Suisse, Vaud) ; hôpital Notre-Dame : Gundelfingen (Allemagne, Bade-
279 Wurtemberg) ; duc de ~ : 195 ≈ Voir
Villeurbanne (Rhône) : 60, 452, 488 Index personarum, s. v. Berthold IV
LISTE DES AUTEURS

Béroujon, Anne (Université Grenoble 2 ; LARHRA, UMR 5190)


Blostin, Marine (Éducation nationale)
Bruneau-Amphoux, Stéphane (Lycée Charlie-Chaplin, Décines-Charpieu ;
CIHAM, UMR 5648)
Charansonnet, Alexis (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Chopin, Hervé (Université Lyon 2, Doctorant ; Archéologie et archéométrie,
UMR 5138)
Clément, Michèle (Université Lyon 2 ; IHPC-GRAC, UMR 5037)
Clot, David (Université Lyon 2)
Collet, Étienne (Cité scolaire « L’Astrée », Boën-sur-Lignon ; CIHAM,
UMR 5648)
Dauphant, Léonard (Université de Lorraine)
Delivré, Fabrice (Université Paris 1 ; LAMOP, UMR 8589)
Demotz, François (Université Lyon 3 ; associé au CIHAM, UMR 5648)
Galland, Bruno (Archives départementales du Rhône)
Ganivet, Pierre (Université d’Auvergne ; CMH, EA 4232)
Gauthiez, Bernard (Université Lyon 3 ; Environnement, ville, société, UMR
5600)
Gaulin, Jean-Louis (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Hélary, Xavier (Université Lyon 3 ; CIHAM, UMR 4658)
Isaïa, Marie-Céline (Université Lyon 3 ; CIHAM, UMR 5648)
Jamme, Armand (CNRS ; CIHAM, UMR 5648)
Le Roux, Nicolas (Université Lyon 2 ; LARHRA, UMR 5190)
Lévy, Tania (Docteur en histoire de l’art, Université Paris-Sorbonne)
Lorcin, Marie-Thérèse (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Mercier, Karyn (CNRS ; CIHAM, UMR 5648)
Moulinier, Laurence (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Mounier, Pascale (Université de Caen ; LASLAR, EA 4256)
Nadiras, Sébastien (Archives nationales de France)
Naegle, Gisela (Universität Giessen)
Paquant, Marthe (CNRS ; IHPC-GRAC, UMR 5037)
Parent, Sylvain (ENS de Lyon ; CIHAM, UMR 5648)
766 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Rau, Susanne (Universität Erfurt ; associée au CIHAM, UMR 5648)


Reveyron, Nicolas (Université Lyon 2, IUF ; Archéologie et archéométrie,
UMR 5138)
Ripart, Laurent (Université de Savoie ; LLS, EA 3706)
Rossiaud, Jacques (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Rubellin, Michel (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Théry-Astruc, Julien (Université Lyon 2 ; CIHAM, UMR 5648)
Zeller, Olivier (Université Lyon 2 ; Environnement, ville, société, UMR 5600)
TABLES DES ILLUSTRATIONS

Ill. 1 – Schéma des appartenances politiques entre 843 et 942 . . . .   28


Ill. 2 – Commentaires de saint Augustin sur les épîtres
de saint Paul rassemblés par Florus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   40
Ill. 3 – Sceau du roi Conrad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   77
Ill. 4 – Diplôme pour l’abbaye de Cluny avec le sceau
du roi Conrad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   78
Ill. 5 – Monnaies lyonnaises au temps du royaume
de Bourgogne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   86
Ill. 6 – Privilège de Burchard Ier en faveur de Savigny,
949-950 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   98
Ill. 7 – Raoul Glaber . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Ill. 8 – Carte des vigueries, principaux centres
du domaine comtal du Forez au tournant des xie et xiie siècles . . . 180
Ill. 9 – Bulle d’or de 1157 (détail) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Ill. 10 – Diplôme de Philippe Auguste concernant le péage
de Givors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Ill. 11 – Lyon en 1167 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
Ill. 12 – Carte de la permutation de 1173 . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
Ill. 13 – Saint-Thomas de Fourvière sur le Plan scénographique . . . 249
768 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

Ill. 14 – Fortifications subsistantes en 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . 284


Ill. 15 – Fortifications subsistantes en 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . 285
Ill. 16 – Le bourg de Saint-Just . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287
Ill. 17 – Le cloître et la ville fortifiée de Saint-Just
durant la guerre de Cent Ans, plan reconstitué . . . . . . . . . . . . . . 288
Ill. 18 – Dessin du cloître de Saint-Just par Joannès Drevet
(1854-1940) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289
Ill. 19 – Dessin du bourg de Saint-Just par Rogatien Le Nail
(1877-1918) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290
Ill. 20 – Monnaie de l’archevêque de Lyon
(xiiie s.-début xive s.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316
Ill. 21. a – Sceau du chapitre de Lyon en 1307 . . . . . . . . . . . . . . 317
Ill. 21. b – Sceau original appendu à la demande d’approbation
de la Philippine adressée au pape Clément V . . . . . . . . . . . . . . . 317
Ill. 22 – Carte des communautés d’habitants ayant approuvé
l’accord conclu entre l’Église de Lyon et le roi
(déc. 1307-janv. 1308) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
Ill. 23 – Liste des 35 communautés d’habitants du Lyonnais
ayant approuvé la Philippine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
Ill. 24 – Localisation des églises ayant scellé la demande
d’approbation de la Philippine adressée au pape Clément V
(février-mars 1308) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357
Ill. 25 – Demande d’approbation de la Philippine adressée
à Clément V (fév.-mars 1308) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364
Ill. 26 – Lyon aux frontières du Royaume au xve siècle . . . . . . . . . 418
Ill. 27 – Les fortifications de Lyon au xive siècle . . . . . . . . . . . . 443
TABLES DES ILLUSTRATIONS 769

Ill. 28 – Lyon et ses ponts. Plan scénographique . . . . . . . . . . . . . . 484


Ill. 29 – Le siège du pouvoir royal : le palais de Roanne.
Plan scénographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 498
Ill. 30 – « Lyon cité opulente située es confins de Bourgongne,
Daulphiné et Savoye » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
Ill. 31. a – Armoiries Lyonnaises et armoiries royales . . . . . . . . . 534
Ill. 31. b – Armoiries Lyonnaises et armoiries royales . . . . . . . . . 535
Ill. 32 – Places et rues nouvelles à Lyon, 1562-1563 . . . . . . . . . . 551
Ill. 33 – Lyon réformée : Apologie pour la ville de Lyon
de G. de Saconay, gravure sur bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 564
Ill. 34 – La nef du cerf ailé, enluminure du Maître de l’Entrée
de François Ier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 575
Ill. 35 – Le clos de France, enluminure du Maître de l’Entrée
de François Ier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 576
Ill. 36 – Anonyme, L’Arche d’Alliance, gravure sur bois
tirée de Jean de Vauzelles  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 585
Ill. 37 – Anonyme, Le nœud gordien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586
Ill. 38 – Bernard Salomon, La perspective du Change,
gravure sur bois tirée de [Maurice Scève] . . . . . . . . . . . . . . . . . . 590
Ill. 39 – Jean Perrissin, Portrait du roi Henri IV . . . . . . . . . . . . . 600
Ill. 40 – Jean Perrissin, Le cortège royal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 601
Ill. 41 – Inscriptions faites pour les ouvrages et événements publics . . . . 623
Ill. 42 – Thomas Wyck, Place Confort de Lyon, xvii e siècle,
plume et lavis sur papier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 625
Ill. 43 – Joris Hoefnagel, extrait de Lugdunum vulgo Lion . . . . . . 642
TABLE DES MATIÈRES

introduction
« Part de l’Empire » – « Part du Royaume ».
Appartenances, ruptures et confins  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  7

première partie
DE L’EMPIRE CAROLINGIEN
AU ROYAUME DE BOURGOGNE (843-1032)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
lyon et la division de l’empire carolingien  . . . . . . . . . . . . 33
I.01. Agobard défenseur de l’unité dans l’Empire carolingien  . . . 33
I.01.a. Contre la pluralité des lois (817-822)  . . . . . . . . . . . . 34
I.01.b. Contre la division de l’Empire (829)  . . . . . . . . . . . . 36
I.02. Florus de Lyon, un grand intellectuel
du monde carolingien, travaille sur l’œuvre de saint Augustin
(milieu du ixe siècle)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
I.03. Restitution à l’Église de Lyon de biens spoliés
par de grands laïcs : diplôme de Lothaire Ier pour l’Église
de Lyon (841-852)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
lyon dans le royaume de provence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
I.04. Confirmation des privilèges de l’abbaye de L’Île-Barbe :
diplôme de Charles de Provence (861)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
772 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

I.05. L’élection de Boson comme roi à Mantaille,


en présence de l’archevêque de Lyon (879)  . . . . . . . . . . . . . . . . 50
I.06. L’archevêque de Lyon participe à l’élection
du roi Louis l’Aveugle : notice du concile de Valence (890)  . . . 54
I.07. Louis l’Aveugle, roi de Provence, confirme les biens
et l’immunité de l’Église de Lyon (18 mars 892)  . . . . . . . . . . . 57
les marquis comtes de lyon, de l’aquitaine
à la bourgogne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
I.08. Le rattachement de Lyon à la principauté aquitaine :
les chancelleries de Guillaume le Pieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
I.08.a. Égyl, notaire de Saint-Paul de Lyon,
dresse la charte de protection de Guillaume le Pieux
en faveur d’un monastère auvergnat (25 juillet 916)  . . . . . . 65
I.08.b. Sulpice de Brioude, agissant comme chancelier, dresse
l’acte d’exécution de l’aumône lyonnaise consentie par la
comtesse Ingelberge en faveur de Cluny (janvier, 917 ?)  . . . . . .  67
I.09. L’apogée des Guillelmides : Arnoul, abbé,
et les moines de Savigny, accordent un bénéfice
du consentement du comte Guillaume (1er mai 918)  . . . . . . . . 69
I.10. Hugues le Noir et ses fidèles tiennent un plaid
où est réglé le conflit opposant les moines de Cluny
au vicomte Adémar à propos de Thoissey (28 mars 944)  . . . . . 72
le roi de bourgogne étend son autorité sur lyon  . . . . . . 75
I.11. Le roi Conrad prend le contrôle de Lyon
avec l’aide de Cluny et d’Hugues le Noir (943)  . . . . . . . . . . . . 75
I.11.a. Le roi Conrad donne la villa de Bouligneux
en Lyonnais à l’abbaye de Cluny à la demande
du comte Hugues le Noir (23 avril 943)  . . . . . . . . . . . . . . . 76
I.11.b. Conrad donne à Cluny ce qui lui a été rendu
par son parent le comte Hugues le Noir (23 avril 943)  . . . . 79
I.12. Le roi Conrad protège l’abbaye de L’Île-Barbe (971)  . . . . . 81
I.13. Les monnaies frappées à Lyon par le roi Conrad
et ses fils, l’archevêque Burchard II et le roi Rodolphe III  . . . . 85
TABLE DES MATIÈRES 773

I.13.a. Denier d’argent du roi Conrad  . . . . . . . . . . . . . . . .   85


I.13.b. Denier d’argent du roi Conrad
et de l’archevêque Burchard  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   87
I.13.c. Denier d’argent de Rodolphe III  . . . . . . . . . . . . . .   87
I.13.d. Obole d’argent de Rodolphe III  . . . . . . . . . . . . . . .   87
l’archevêque de lyon,
tête de l’église royale de bourgogne  . . . . . . . . . . . . . . . .   89
I.14. La Vie de saint Loup (ixe-xie siècle ?) : 
portrait retouché d’un évêque mérovingien  . . . . . . . . . . . . . .   89
I.15. La tutelle des archevêques rodolphiens sur les monastères
lyonnais dans la deuxième moitié du xe siècle  . . . . . . . . . . . .   94
I.16. L’archevêque de Lyon organise et préside
le concile d’Anse (994)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
le prestige
des abbayes lyonnaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  107
I.17. Le souvenir du rayonnement intellectuel de Lyon
au début du xe siècle : les études de Maieul à Lyon  . . . . . . . .  107
I.17.a. Vie de Maieul par le moine Syrus (après 999)  . . . . . 108
I.17.b. Vie de Maieul par Odilon abbé de Cluny
(1031-1033)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
I.18. Les abbayes lyonnaises
dans le salut de Rodolphe III (1030-1032)  . . . . . . . . . . . . . . .  110
I.18.a. Rodolphe III donne Lémenc à Ainay
pour y fonder un monastère  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  112
I.18.b. La reine Ermengarde donne Talloires à Savigny  . . .  113
les comtes de lyon  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  117
I.19. La dignité comtale aux mains
de l’aristocratie locale : l’émergence des Artauds  . . . . . . . . . .  117
I.19.a. Le comte Artaud fait une importante donation
aux moines de Savigny, en réparation des maux
qu’il a commis contre le monastère et les terres de Saint-
Martin, en agissant « pour l’acquisition et la défense
de son honneur » [984/993]  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  119
774 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

I.19.b. Le comte Artaud fait une donation aux chanoines


de Saint-Irénée et de Saint-Just et élit sépulture
en l’église Saint-Irénée (985/990 ou 993, 30 juin)  . . . . . . . 122
I.20. La concurrence entre comte et archevêque
sur les terres publiques : l’exemple du Mons Ledaycus
(mars 1000 et 1016/1017)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
I.20.a. L’archevêque Burchard donne à l’abbaye de Savigny
le Mons Ledaycus, dépendant de son siège (mars 1000) . . . . .  127
I.20.b. Le comte Géraud donne à l’abbaye de Savigny
le Mons Ledaycus qui relève de ses biens (1016/1017) . . . . . . 129

deuxième partie
LA CITÉ AUX CONFINS DE L’EMPIRE
ET DU ROYAUME (1032-1226)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  133
le rattachement de lyon
et du lyonnais à l’empire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  137
II.01. La succession contestée de Rodolphe III (1034)  . . . . . . .  137
II.01.a. Selon la Vie de Conrad de Wipon  . . . . . . . . . . . . . . 138
II.01.b. Selon la Chronique d’Hermann de Reichenau . . . . .  139
II.02. L’intervention d’Henri III dans la nomination
des archevêques Odolric (1042) et Halinard (1046)  . . . . . . . . 140
II.03. L’« archevêché et comté de Lyon »
tout entier dans la Bourgogne d’Empire (1049)  . . . . . . . . . . .  147
II.04. Le Lyonnais de la Gallia à la Burgundia :
le témoignage des actes locaux (1023-1098)  . . . . . . . . . . . . . .  150
II.04.a. Donation à l’abbaye d’Ainay
d’une vigne située dans l’ager de Ternand (1023)  . . . . . . .  152
II.04.b. Donation à l’abbaye de Savigny de biens
situés au voisinage de Sarcey (septembre 1030/1032)  . . . . .  152
TABLE DES MATIÈRES 775

II.04.c. Donation à l’abbaye d’Ainay de fonds situés


dans la région du Mont d’Or (1032/1034)  . . . . . . . . . . . . .  152
II.04.d. Donation à l’abbaye d’Ainay d’une demi-colonge 
(7 janvier 1039/1056)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  152
II.04.e. Donation à l’abbaye de Savigny de fonds situés
vers Tarare (7 mars 1051)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  152
II.04.f. Donation à l’abbaye de Savigny d’un courtil
en Forez, au lieu de Ligeay (6 octobre 1066)  . . . . . . . . . . .  152
II.04.g. Donation à l’abbaye de Savigny de l’église
Sainte-Paule, dans les monts du Lyonnais (mai 1078)  . . . .  153
II.04.h. Donation à l’abbaye de Savigny de l’église
de Mirambeau en Saintonge (1084)  . . . . . . . . . . . . . . . . .  153
II.04.i. Donation à l’abbaye de Savigny de l’église
lyonnaise d’Ouilly (30 avril 1086)  . . . . . . . . . . . . . . . . . .  153
II.04.j. Donation d’un manse à l’abbaye de Savigny
et à l’église de Mornant (6 mai 1098)  . . . . . . . . . . . . . . . .  153
la métropole de lyon,
premier siège des gaules (xie-xiie siècles)  . . . . . . . . . . . . . .  155
II.05. Le pape Grégoire VII confirme
à l’archevêque Gébuin la primauté sur les quatre provinces
de Lyon, Rouen, Tours et Sens (1079)  . . . . . . . . . . . . . . . . . .  155
II.06. Le roi de France Louis VI dénonce au pape Calixte II
la soumission de l’archevêque de Sens à la primatie
de l’Église de Lyon (mi-juin 1121)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  159
II.07. Le pape Alexandre III confirme
à l’archevêque Guichard la primauté sur les archevêchés
de Rouen, Tours et Sens (Montpellier, 11 août 1165)  . . . . . . .  163
COMITATUS et EPISCOPATUS
La cité aux mains des pouvoirs locaux  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  167
II.08. Convoitises comtales sur le siège archiépiscopal :
la tentative du comte Géraud (1031-1032 ou 1036-1042)  . . . .  167
II.09. L’évolution du pouvoir comtal :
ancrage forézien et présence bourguignonne (v. 1075)  . . . . . .  172
776 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.10. Episcopatus et comitatus : le pseudo-accord


de Tassin (1076)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  174
II.10.a. Excommunication du comte de Forez
et d’Humbert II de Beaujeu (Rome, 14-20 février 1076)  . . .  176
II.10.b. Plaid de Tassin entre l’archevêque Humbert
et le comte Artaud (1055-v. 1060 ou v. 1065-1077)  . . . . . .  177
II.10.c. Notice nécrologique de l’archevêque Humbert
(13 mai, 1060 environ ou 1077)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  177
II.11. La géographie des vigueries comtales
en Lyonnais et en Forez (v. 1100)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  179
le lyonnais partagé entre royaume et empire  . . . . . . . . .  183
II.12. Un diplôme capétien ambigu : Louis VII exempte
les moines de Tournus de toute taxe sur la Loire,
la Saône, le Doubs et le Rhône (1er août 1146-2 février 1147)  . . .  183
II.13. La Saône et le Rhône au milieu du xiie siècle :
nouveaux confins entre Royaume et Empire ?  . . . . . . . . . . . . 186
II.13.a. L’affirmation de Pierre le Vénérable (1143/1144)  . . . 186
II.13.b. La limite fluviale : Lyon au Royaume ?  . . . . . . . . . 188
II.14. La Bulle d’or de Frédéric Barberousse
(18 novembre 1157)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
II.15. Rive gauche, rive droite :
deux interventions parallèles (1188 et 1208).  . . . . . . . . . . . . .  197
II.15.a. Concession d’un péage à Trévoux (23 juillet 1188)  . . .  198
II.15.b. Concession d’un péage à Givors (1208)  . . . . . . . . . 200
II.16. « Empereur des Romains » et « roi des Francs »
dans les actes datés de Lyon au xiie siècle  . . . . . . . . . . . . . . . 201
II.16.a. Statut sur l’aumône due par les seigneurs
obéanciers du chapitre cathédral (1123)  . . . . . . . . . . . . 202
II.16.b. Accord entre les chanoines de Saint-Paul
de Lyon et les religieuses de Blyes au sujet des dîmes
de cette paroisse (1er juillet 1176)  . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
II.16.c. Cession, par l’archevêque Guichard,
à l’église Saint-Paul de Lyon, d’une pièce de terre
pour agrandir son cimetière (1176)  . . . . . . . . . . . . . . . 203
TABLE DES MATIÈRES 777

II.16.d. Prise en fief de l’Église de Lyon,


par le chanoine Hugues Ferlo,
d’un mas à Lachassagne (1186)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
II.16.e. Partage de terres entre les chanoines
du chapitre cathédral (1187)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
II.16.f. Engagement, par l’archevêque et l’Église de Lyon,
aux citoyens de Lyon des tailles coutumières
levées sur les marchandises dans la cité (1193)  . . . . . . . . .  203
II.16.g. Accord conclu entre l’abbesse de Saint-Pierre
de Lyon et Gautier de Chaponnay, au sujet
d’une vigne de Serin (1194)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
l’abbaye de savigny
Cible d’ambitions rivales, témoin de la pénétration capétienne  . . . 205
II.17. La datation des actes saviniens au xiie siècle :
une référence constante, puis exclusive, au « roi des Francs »  . . . 205
II.17.a. Donation, par plusieurs laïcs foréziens,
à l’abbaye de Savigny de l’église forézienne de Salvizinet,
avec l’approbation d’Hugues, archevêque de Lyon
(1096/1101)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
II.17.b. Donation, par l’archevêque de Lyon,
à l’abbaye de Savigny de l’église de Feurs (1101)  . . . . . . . . 207
II.17.c. Conflit relatif à l’église de Duerne,
opposant les moines de Savigny à Hugues de Beaujeu,
abbé de Saint-Just, porté devant l’archevêque Humbaud
et les dignitaires du chapitre cathédral (1121)  . . . . . . . . . . 207
II.17.d. Donation, par Girard, évêque d’Angoulême
et légat du Siège apostolique, à l’abbaye de Savigny,
de l’église de Saint-Amant sur la Charente (1124)  . . . . . . . 207
II.17.e. Accord entre le prieur de Montrottier et le viguier
de Panissières sur les droits de ce dernier (12 août 1127)  . . . 207
II.17.f. Donation de la villa de Vindry et abandon de la garde
de Saint-Loup par Aymon de Lay (15 mars 1128)  . . . . . . . . . 208
II.17.g. Restitution par Milon, abbé de Savigny,
des tonlieux du marché de Sain-Bel
pour le réfectoire des frères (25 février 1162)  . . . . . . . . . . . 208
778 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

II.17.h. Vente par Pierre des Étoux, au monastère


de Savigny, de fonds situés à L’Arbresle (1173) . . . . . . . . . . 208
II.18. L’empereur accorde sa protection aux moines
de Savigny : un diplôme de Frédéric Ier Barberousse
(7 septembre 1162) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
II.19. Louis VII, roi des Francs, dispose de la garde
du monastère de Savigny (vers 1170)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  212
le conflit entre comte
et archevêque au milieu du xiie siècle
Une rivalité locale bientôt doublée d’enjeux européens  . . . . . . . .  217
II.20. La campagne d’Yzeron (1158)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  217
II.21. La prise comtale de la cité de Lyon
(1158 ou 1161-1162)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
II.22. La terre comtale menacée
par les « schismatiques de Lyon » (1163)  . . . . . . . . . . . . . . . . 223
II.23. De l’élection de Dreux à la consécration
de Guichard : les interventions d’Alexandre III (1163-1165)  . . . 226
II.23.a. Lettre du pape Alexandre III
au roi Louis VII (30 juillet 1164)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
II.23.b. Lettre de Thomas Becket, archevêque
de Canterbury, au roi Louis VII, relative à l’élection
et à la consécration de Guichard, abbé de Pontigny,
comme archevêque de Lyon (après le 8 août 1165)  . . . . . . . 229
II.24. Une première tentative de règlement du conflit :
la coseigneurie du 15 octobre 1167  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
II.25. Le règlement du conflit : la permutation de 1173  . . . . .  235
l’église de lyon à la fin du xiie
et au début du xiiie siècle  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
II.26. Les sources des futures prétentions capétiennes :
la « régale » réciproque de Lyon et d’Autun (1189)  . . . . . . . . 243
II.27. Fondation du chapitre
de Saint-Thomas de Fourvière (1192) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
TABLE DES MATIÈRES 779

II.28. Lettre de Jean Bellesmains à l’évêque de Glasgow


sur la « pleine juridiction » du siège de Lyon (1200/1202)  . . .  251
II.29. L’œuvre de l’archevêque Renaud de Forez (1193-1206)  . . .  256

troisième partie
DE L’ÉVÊCHÉ D’EMPIRE
À L’ANNEXION CAPÉTIENNE
(1226-1320)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  265
archevêques et papes
sous la pression capétienne (1226-1306)  . . . . . . . . . . . . . . . . 273
III.01. Le roi Philippe III reçoit les Lyonnais sous sa garde
(mai 1271)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
III.02. Testament de Sibylle de Bâgé, comtesse de Savoie
(11 mai 1294)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
III.03. Les clés d’une villa fortifiée convoitée, Saint-Just
(1302-1310)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283
III.03.a. Protestation d’André des Échelles,
prévôt de Saint-Just, contre l’occupation des portes
de Saint-Just par les gens du roi (28 juillet 1302)  . . . . . . . 291
III.03.b. Protestation des chanoines de Saint-Just
contre l’occupation de leur cloître
par les sergents du gardiateur (11 août 1303)  . . . . . . . . . . 292
III.03.c. Remise de la garde de la porte du Pont-Levis
de Saint-Just aux citoyens de Lyon (11 août 1303)  . . . . . . . 294
III.03.d. Remise par un officier de Saint-Just de la maison
du prieuré de Saint-Irénée aux citoyens de Lyon,
pour la fortifier (11 avril 1310)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294
III.04. Le pape, le roi, la ville et ses puissants voisins :
le couronnement de Clément V et ses conséquences
(1305-1310)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
780 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

III.04.a. Les événements vus par la continuation


de Géraud de Frachet (v. 1364)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
III.04.b. Le témoignage du compte de l’Hôtel
d’Amédée V, comte de Savoie, lors de son séjour à Lyon
à l’occasion du couronnement du pape Clément V
(janvier-avril 1306)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299
la revendication capétienne de souveraineté
Philippe le Bel (1307-1312)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  311
III.05. Philippe le Bel démontre que Lyon appartient
au royaume (mai 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  311
III.05.a. La narration historique  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  313
III.05.b. Les arguments juridiques,
complétant la narration historique  . . . . . . . . . . . . . . . . . .  319
III.06. L’accord entre le roi et l’Église de Lyon :
les Philippines (septembre 1307-mai 1308)  . . . . . . . . . . . . . . 330
III.06.a. La Grande Philippine
(septembre 1307-mai 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
III.06.b. La Petite Philippine : le roi de France,
Philippe le Bel, accorde à l’archevêque et au chapitre
cathédral de Lyon la ville et le comté de Lyon
et leur temporel (mai 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  335
III.07. La campagne d’approbation de la Philippine conduite
dans le Lyonnais à l’initiative de l’Église de Lyon (décembre
1307-janvier 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
III.08. Les citoyens de Lyon refusent d’entériner
les Philippines (19 janvier 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344
III.09. Deux suppliques en faveur de l’approbation
des Philippines (février-mars 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349
III.09.a. Les seigneurs du Lyonnais supplient Philippe le Bel
d’approuver l’accord conclu avec l’Église de Lyon,
auquel ils souscrivent sans réserve (février-mars 1308)  . . .  350
III.09.b. Les Églises de la province ecclésiastique de Lyon
supplient Clément V de confirmer l’accord conclu
entre le roi de France et l’Église de Lyon
(février-mars 1308)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  358
TABLE DES MATIÈRES 781

III.10. Clément V donne mission à ses nonces,


les cardinaux Étienne de Suisy et Landolfo Brancaccio,
de se rendre à Lyon pour rétablir la paix entre Philippe le Bel,
d’une part, l’archevêque Pierre de Savoie, le chapitre
et la cité de Lyon, d’autre part (24 juin 1310)  . . . . . . . . . . . .  365
III.11. Béraud de Mercœur, capitaine de Lyon (1310-1311)  . . . 368
III.11.a. Gages versés aux gens d’armes de Béraud
de Mercœur pour la garde de Lyon et des forteresses
des environs et pour l’expédition contre Saint-Laurent
en Viennois (1310-1311)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  370
III.11.b. Accord conclu entre le roi Philippe IV le Bel
et Béraud de Mercœur, capitaine de Lyon, à propos
de la garde de la cité, de Saint-Just et de plusieurs
châteaux et forteresses de la région (20 janvier 1311)  . . . . .  373
III.12. Les « États généraux » de Lyon en 1312 :
Philippe le Bel convoque les consuls de Périgueux
(30 décembre 1311)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  375
épilogue
Lyon est incorporée au royaume (1312-1320)  . . . . . . . . . . . . . . . 381
III.13. L’archevêque de Lyon cède au roi de France
Philippe IV le Bel la juridiction qu’il exerce sur la ville
moyennant juste compensation en terres (avril 1312)  . . . . . . . 381
III.14. Philippe le Bel réplique à l’empereur Henri VII :
Lyon est et a toujours été du Royaume, où le roi de France
n’a jamais connu de supérieur au temporel
(fin juillet – début août 1312)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387
III.15. L’ordo du couronnement de Jean XXII (1316)  . . . . . . . 392
III.16. Le roi de France, Philippe V, restitue à l’archevêque
de Lyon, Pierre de Savoie, la juridiction temporelle
(4 avril 1320)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404
782 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

quatrième partie
LYON, VILLE FRONTIÈRE, VILLE ROYALE (1320-1487)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  415
lyon et le pouvoir royal
au temps de la guerre de cent ans  . . . . . . . . . . . . . . . . . . 421
IV.01. Doléances, coutumes et droit :
les commissaires-réformateurs (1319 et 1347)  . . . . . . . . . . . . 421
IV.02. La présence récurrente des compagnies d’aventure
dans le Lyonnais pendant la guerre de Cent Ans (1378)  . . . . . 427
IV.03. Les Lyonnais et la rançon royale (1361-1363)  . . . . . . . . 430
IV.03.a. La mise en place de la composition lyonnaise  . . . .  431
IV.03.b. Un geste de munificence de la part des Lyonnais  . . .  432
IV.03.c. La taille de 1363 pour la rançon royale :
les montants payés  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432
IV.03.d. La taille de 1363 pour la rançon royale :
les estimations  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433
IV.03.e. Tableau récapitulatif  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 434
IV.04. L’entretien des fortifications (1359-1394)  . . . . . . . . . . .  435
IV.04.a. Une convention
au sujet de la réparation des fortifications (1359)  . . . . . . . . 437
IV.04.b. La participation du clergé
à la protection de la ville (1368)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439
IV.04.c. Les juifs et la participation à l’effort commun
(1364)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441
IV.04.d. Nouvelle réclamation faite aux juifs de Lyon
(1394) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 442
IV.05. L’entrée du roi Charles VI (14 octobre 1389)  . . . . . . . . 444
la société lyonnaise : contrastes et tensions  . . . . . . . . . 449
IV.06. Saint-Nizier : une église au cœur de la vie
politique et sociale  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 449
TABLE DES MATIÈRES 783

IV.06.a. Une cérémonie d’élection des conseillers


de la ville de Lyon à Saint-Nizier en décembre 1358  . . . . . 450
IV.06.b. Comptes de sépultures de Saint-Nizier
entre janvier et juin 1348  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  452
IV.07. Le compte lyonnais d’un archevêque balte
en exil à Avignon (1332)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  457
IV.08. La fondation du couvent des Célestins
par Amédée VIII (25 février 1407)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 460
IV.09. Tensions sociales : la « Petite Rebeyne » (1436)  . . . . . . 467
IV.09.a. Déposition de Raoulin (13 janvier 1437)  . . . . . . . 469
IV.09.b. Déposition de Jean de Condeyssié
(18 janvier 1437)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  471
IV.09.c. Délibération consulaire sur la réfection
du vaillant (1458)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  473
lyon et ses fleuves
Ponts, brotteaux et castors…  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 477
IV.10. Lyon et ses ponts (1381, 1386, 1396)  . . . . . . . . . . . . . . 477
IV.10.a. Une promesse non tenue
d’embellir le pont sur la Saône (1381)  . . . . . . . . . . . . . . .  478
IV.10.b. Un projet financé par l’impôt des Lyonnais
(1386)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 479
IV.10.c. La nécessaire réfection du pont du Rhône (1396)  . . . 480
IV.11. La frontière du Rhône  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 485
IV.12. Brotteaux et lapins : les rives du Rhône  . . . . . . . . . . . 486
IV.12.a. L’exploitation des brotteaux (1379) . . . . . . . . . . . . 487
IV.12.b. Un cas de concurrence d’usages des rives (1489)  . . . 487
IV.13. Une forêt en face de la ville : entretien et exploitation
du brotteau de la Guillotière (1454)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489
784 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

cinquième partie
CLÉ DU ROYAUME (1487-1563)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 495
espaces frontaliers et écriture de l’histoire  . . . . . . . . . 499
V.01. Description de Lyon dans la chronique universelle
de Hartmann Schedel (1493)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499
V.02. Description de la ville-frontière (1521)  . . . . . . . . . . . . . 504
V.03. Érudition et éloge de la ville :
le Lyon d’autrefois de Claude Bellièvre (1525)  . . . . . . . . . . . . 507
V.04. Symphorien Champier et l’histoire
du transfert de la cathédrale de Lyon (1529)  . . . . . . . . . . . . .  510
V.05. Testament de Thomas Gadagne le Jeune,
citoyen de Florence (6 octobre 1541)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  513
foires et fêtes  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  523
V.06. Rétablissement de deux foires à Lyon (mai 1487)  . . . . .  523
V.07. Entrée ducale : Charles Ier de Savoie à Lyon (1489)  . . . . .  529
V.07.a. Procès-verbal de l’entrée du 30 mars  . . . . . . . . . . . 530
V.07.b. Achats d’avril  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  531
V.07.c. Dettes  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  531
V.08. Armoiries lyonnaises et armoiries royales (1491-1494)  . . .  532
V.08.a. Le barrage du pont du Rhône . . . . . . . . . . . . . . . . 534
V.08.b. Les privilèges des foires de Lyon  . . . . . . . . . . . . . .  535
V.09. Les joutes d’Ainay (mai 1500)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 536
la ville réformée et le roi  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 543
V.10. Les Protestants s’emparent de l’urbanisme (1563)  . . . . . 543
V.11. Lyon réformée (1562-1563) : rebelle ou loyale à son roi ?  . . .  552
V.11.a. Justification de la prise d’armes (1562) . . . . . . . . . .  554
V.11.b. Protestation d’obéissance au Roi (18 mars 1562)  . . . .  557
TABLE DES MATIÈRES 785

V.11.c. Rejet de l’autorité réformée sur la ville


par Gabriel de Saconay (1569)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 562

sixième partie
ASSUJETTISSEMENT ET ALLÉGEANCE
À L’AUTORITÉ ROYALE (1563-1601)

introduction  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  567
les entrées de la famille royale à lyon (1515-1600)  . . . . . . 569
VI.01.a. L’entrée de François Ier (12 juillet 1515)  . . . . . . . . . . .  575
VI.01.b. L’entrée d’Éléonore d’Autriche (27 mai 1533)  . . . . . . 582
VI.01.c. L’entrée d’Henri II et Catherine de Médicis
(23 et 24 septembre 1548)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 587
VI.01.d. L’entrée de Charles IX (13 juin 1564) . . . . . . . . . . . . 592
VI.01.e. L’entrée d’Henri III (6 septembre 1574)  . . . . . . . . . . 595
VI.01.f. L’entrée d’Henri III (6 septembre 1574)  . . . . . . . . . . 596
VI.01.g. L’entrée d’Henri IV (4 septembre 1595)  . . . . . . . . . . 598
VI.01.h. L’entrée de Marie de Médicis (3 décembre 1600)  . . . 602
la réécriture mythique de l’intégration
dans le royaume  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 607
VI.02. Le rétablissement de l’autorité royale
d’après Guillaume Paradin (1573)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 607
VI.02.a. Le rétablissement des foires (19 mars 1563)  . . . . . 608
VI.02.b. La reprise en main de la ville
par le maréchal de Vieilleville (15 juin 1563)  . . . . . . . . . .  610
VI.02.c. La visite de Charles IX et autres événements
(janvier 1564)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  612
VI.02.d. Le contrôle royal de l’élection des représentants
municipaux (juillet 1564-février 1565)  . . . . . . . . . . . . . . .  614
VI.02.e. Les ordonnances prises par le pouvoir royal
pour renforcer l’obéissance de la ville (1561-1568)  . . . . . . .  615
786 LYON, ENTRE EMPIRE ET ROYAUME (843-1601)

VI.03. La soumission épigraphique : la pyramide


de la place de Confort en 1609  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  619
VI.03.a. Les inscriptions de la place de Confort
selon Claude-François Ménestrier (1669)  . . . . . . . . . . . . . .  621
VI.03.b. Les inscriptions de la place de Confort
selon l’inventaire des inscriptions publiques (1759)  . . . . . . 622
VI.03.c. Les inscriptions de la place de Confort
selon Louis Garon (1628)  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 624
troubles civils et réformes municipales . . . . . . . . . . . . . . 627
VI.04. La Saint-Barthélemy à Lyon (1572)  . . . . . . . . . . . . . . . 627
VI.04.a. Lettre du gouverneur de Lyon, Mandelot,
au roi sur la Saint-Barthélemy (2 septembre 1572)  . . . . . .  631
VI.04.b. La Saint-Barthélemy évoquée
par un notable lyonnais, Claude de Rubys (1604)  . . . . . . . 633
VI.05. La réforme du consulat, mesure financière (1547-1595)  . . .  635
VI.05.a. L’édit de Saint-Germain (juin 1547)  . . . . . . . . . . 636
VI.05.b. L’édit de Chauny (décembre 1595) . . . . . . . . . . . . 638

bibliographie  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643
INDEX PERSONARUM  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 683
INDEX LOCORUM  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  735
liste des auteurs  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  765
tables des illustrations  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  767

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