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Marcel Pacaut, agrégé et docteur es lettres, enseigna à l’Université de Lyon II, en tant que
titulaire de la chaire d’histoire du Moyen-Âge et il fut à travers ses recherches un spécialiste
de l’histoire du christianisme, inscrivant ses pas dans un courant historiographique multi-
séculaire. Ses successeurs au sein de ce courant historiographique seront pour les plus connus,
J.-M Mayeur, Ch.Pietri, A. Vauchez et M. Venard qui entre 1990 et 2001auront co-dirigé une
monumentale Histoire du Christianisme.
Dans un ouvrage publié en 1957, Marcel Pacaut va s’attacher à dessiner et définir les
relations entre l’église catholique et l’état de puis l’antiquité jusqu’au début du XIVe siècle,
pour l’essentiel de l’ouvrage.
Mais il faut naturellement revenir aux premières notions. A l’époque de l’Empire romain,
l’église représentait une communauté nouvelle avec la tradition d’Israël mais en conservant
uniquement la dimension spirituelle pour conduire les hommes au salut éternel. L’église s’en
tint à la théorie ferme de l’évangile : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu ». En 313 avec Constantin et Théodose 379-395 : la religion chrétienne devint
progressivement la religion officielle de l’Empire et se posait à partir de là, le problème des
relations entre l’église et l’Empire. En 390, le pape Valentinien II excommuniait par deux fois
l’empereur Théodose. Aux IVe et Ve siècle deux théories allaient au moins en partie
s’opposer. Celle de Saint-Augustin, évêque d’Hippone et théologien, qui affirmait à plusieurs
reprises la nécessaire absorption du droit naturel dans le droit surnaturel mais avec l’existence
et une distinction totale de la cité céleste vis à vis de la cité terrestre tout en considérant que
les deux pouvoirs venant de Dieu, le pouvoir spirituel était finalement par essence supérieur
au pouvoir temporel.
Dans la théorie dite « Gélasienne » du pape Gélase on dénote une contradiction. Les rois ont
une potestas, les pontifes ont une auctoritas, seul ce terme exprimant la pleine souveraineté.
Mais pour autant dans le domaine spirituel, les rois étaient « fils de l’église » et dans les
affaires politiques et temporelles, les pontifes étaient subordonnés au prince.
Ensuite après la chute de Rome et les temps barbares, le réflexe des clercs fut de se réfugier
dans les monastères. Mais le pape Grégoire le Grand (590-604) renouvela la pensée
médiévale en affirmant la primauté romaine sur le patriarche de Constantinople et un pouvoir
séculier au service du dessin divin ce qui confinait l’auctoritas à la papauté seule, c’est à dire
la pleine autorité du spirituel sur le temporel. Mais jusqu’à la chute de la dynastie
mérovingienne, les deux pouvoirs coexistaient essayant malgré tout de trouver un équilibre
avec un pouvoir temporel en situation de protection vis-à-vis du pouvoir spirituel.
Dans la seconde partie de son livre, Maurice Pacaut aborde la période carolingienne ou les
conditions des sacres respectifs de Pépin III dit le bref et de Charlemagne mettent en scène
une volonté de domination du pouvoir temporel avec un renversement de tendance à partir du
règne de Louis le Pieux et l’affirmation de la pleine souveraineté (auctoritas) de l’église.
Mais en 962, après la disparition du titre impérial pendant plusieurs décennies, le
couronnement d’Otton le Grand en tant qu’Empereur par Jean XII allait affirmer l’autorité du
pape qui seul pouvait procéder à ce couronnement et ce en récompense de la victoire de
l’Empereur contre les Hongrois.
Il sera intéressant lors de l’oral de consacrer quelques minutes pour donner un éclairage
particulier à l’analyse du contenu de la bulle Unam Sanctam.