Chapitre 3

AU MUSÉE LANGUEDOCIEN D’ART

L’inspectrice Gentil a tout fait selon les règles. «  C’est certainement pas l’ moment d’ignorer
le protocole ou de travailler à  l’arrache  », s’était-elle dit. Sa carrière était en jeu.

Elle a informé ses supérieurs à  la Police Nationale et la gendarmerie. Et en moins d’  cinq
heures, Gentil, «  simple  » inspectrice du commissariat de Montpellier, dirigeait une énorme
opération nationale. Son téléphone n’arrêtait pas d’  sonner. Appels, messages, e-mails, et
encore plus d’appels... «  J’  crois qu’ j’ vais exploser  !  », se dit-elle.

L’épée avait été laissée aux soins du Musée Languedocien d’Art, d’Histoire et d’Archéologie
d’  Montpellier. Son amie Sophie, qui était déjà habituée à  travailler avec la police, a été
choisie comme responsable de sa conservation. Le Louvre avait à  son tour envoyé son
propre expert: Vincent Gautreaux, spécialiste des Antiquités Gauloises.

«  Recevez-le comme si vous receviez le président lui-même, c’est bien compris  ? demande
Gentil à  Sophie au téléphone.

— Ça marche, on f’ra ça, la rassure Sophie.

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 — Tu t’ rends compte  ? continue Gentil. Ce gars est revenu de vacances exprès pour
examiner l’épée. C’est pas rien. Et en plus ma carrière est en jeu dans cette affaire  !

— T’inquiète, la mienne aussi, répond Sophie. Mais tu sais, c’est vraiment bizarre de
travailler avec autant de flics autour du musée.

— Et ouais! Bienv’nue dans mon monde, rigole Gentil.

— Mais c’est quand même différent pour moi, continue Sophie. J’ai pas l’habitude. Le
musée est entièrement cerné par les policiers. On dirait une forteresse.

— I’ craignent que quelqu’un essaye de voler l’épée une deuxième fois, explique Gentil. Mais
t’en fais pas. Assure-toi juste que ce Vincent Gautreaux soit bien traité. Donne-lui tout ce
dont il a  besoin pour travailler, ok?

— C’est comme si c’était fait,  » répond Sophie.

Gentil dit au revoir et raccroche. «  Mais en fait, moi aussi j’ dois travailler différemment,
cette fois-ci, se dit-elle. Je dois coopérer avec un nouveau collègue. C’qui est assez rare. Je
travaille seule depuis tellement longtemps.  »

Elle vérifie encore une fois sur son ordi le descriptif de Jacques Martin que la Police
Nationale lui avait envoyé. Cinquante ans, spécialisé dans l’ trafic illégal des biens culturels.
Ancien membre d’  la Gendarmerie Nationale.

«  C’est un CV impressionnant, pense Gentil. Et parfait pour notre affaire.  » Martin avait
travaillé sur des affaires de trafic, de contrefaçon, mais aussi d’homicide. Et même si
personne n’ voulait l’admettre, la mort d’Archambault pourrait très bien être un homicide
volontaire, en fait. I’ s’était écrasé contre un lampadaire, c’est vrai, mais ça avait l’air
suspect. Les accidents de voiture, ça arrive, c’est sûr, mais c’était quand même rare de se
promener avec un tel trésor dans son coffr’.

L’expérience de Martin dans l’ domaine de trafic d’œuvres d’art allait être plus que
nécessaire pour cette affaire. Lui et Gentil étaient non seulement chargés de découvrir
c’ qui se cachait derrière la mort d’Arthur Archambault et de Jean-Paul Renoir, mais
i’  devaient également prend’ soin et restaurer un trésor national français.

«  Et voilà une nouvelle matinée d’ travail qui s’ termine au bureau  », pense Gentil en
s’étirant. Elle finit son troisième café. Elle avait besoin d’énergie. Elle n’allait pas avoir une
vraie nuit d’  sommeil avant longtemps. Ce soir-là, son fils Matthieu avait un spectacle
à  l’école. I’ faisait partie du club de théâtre, et i’s allaient jouer une adaptation de l’Avare de
Molière. Elle voulait surtout pas la rater, mais i’  faudrait quand même qu’elle rentre plus tôt
pour faire une p’tite sieste avant le spectacle.

«  Inspectrice, y a  quelqu’un en bas qui veut vous parler, lui dit l’agent Pereyra. Un certain
Martin.

— Ah! Faites-le entrer, dit Gentil. Et en rev’nant, apportez-moi un aut’ café s’il vous plaît.  »

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