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de notre terre
Les Algonquins
Daniel Clément
Tradition orale
Les Algonquins
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
L’ethnobotanique montagnaise de Mingan
(Québec, Centre d’études nordiques, Coll. Nordicana, 1990)
The Algonquins
(Ottawa, Canadian Museum of Civilization, Mercury Series 130, 1996)
Daniel Clément
Les Algonquins
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil
a investi 153 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des
Canadiens de tout le pays.
We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts, which last year invested
$153 million to bring the arts to Canadians throughout the country.
Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année de la Société de développement des
entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme
de publication.
ISBN 978-2-7637-3852-9
PDF 9782763738536
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Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce
soit est interdite sans l’autorisation écrite des Presses de l’Université Laval.
Table des matières
Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Les origines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1. Origine de l’homme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2. La vie autrefois dans le bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Histoires de Décepteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3. Wiskedjak poursuit le Castor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4. Comment l’archipel des Mille-Îles fut formé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
5. Wiskedjak tue Ours et reste la tête coincée dans son crâne . . . . . . . 17
6. Wiskedjak invite les canards à danser. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
7. Wiskedjak assèche son anus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
8. Wiskedjak se déguise en Lynx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
9. Wiskedjak et le violon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
10. Wiskedjak s’habille en femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
11. Ciŋgəbis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
12. Meso et la roche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
13. L’hôte maladroit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Tcakabesh. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
14. Tcakabesh et le géant Misabe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
15. Tcakabesh et le Soleil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
16. Tcakabesh et l’Ours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
VII
VIII LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
Jongleurs et jonglerie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
28. La sorcière et son gendre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
29. Étranges pouvoirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
30. Un incident à Wolf Lake. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Spiritualité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
31. La matière des rites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
32. Le guide spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
33. Les rites de passage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
34. Prescriptions de chasse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
35. Jeux de divination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
36. Traditions de Timiskaming. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Liste des figures
Fig. 5.— Des héros algonquins, Baptiste Kistabish et son épouse Jeannotte.. . 51
Fig. 10.— Lac des Deux-Montagnes au XIXe siècle (W.H. Bartlett) . . . . . . . 113
XI
Fig. 1.— Les communautés algonquines.
Présentation
1
2 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
7
8 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
1. Origine de l’homme
Il y eut un grand déluge. La terre était couverte d’eau. Les gens
montèrent dans un canot et flottèrent pendant très longtemps.
Ils flottèrent pendant plus d’un mois, cherchant un rivage. Une
partie des gens quittèrent le grand canot et partirent dans un
plus petit en écorce d’orme. On ne les revit jamais plus.
Ces gens flottèrent jusqu’à ce qu’ils aperçoivent une terre.
Il y avait du poisson et du gibier là mais aucun arbre. Ils accos-
tèrent. Plus tard, les arbres firent leur apparition à cet endroit.
Ces gens se nommaient eux-mêmes les Algonquins.
Les origines 9
13
14 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
3. Bladder dans l’original. Il se pourrait que la membrane provienne d’un autre organe
du système digestif de l’ours.
20 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
4. Beech dans le texte en anglais. L’hêtre n’est pas présent dans la région d’où le conte
provient.
5. Cedar dans le texte original. Il s’agit sans doute du thuya occidental (Thuya occiden-
talis).
22 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
Histoires de Décepteur 23
entrèrent tous. Puis il fit en sorte que le feu au milieu éclaire juste
assez pour voir un petit peu. « Maintenant », dit-il, « vous devez
suivre les directives relatives à cette danse et faire ce qu’on vous
demande lorsqu’on vous l’ordonnera. » Il s’assit d’un côté du feu
près de la porte et ils se mirent tous à danser autour. Bientôt,
on ne put les distinguer, tout autant qu’ils étaient, les oies, les
canards, les huards et toutes les sortes d’oiseaux, et Ciŋgəbis
était présent aussi. Exaltés par la danse, ils s’entremêlaient et
Wiskedjak dit alors : « Maintenant, vous devez fermer vos yeux
et ne pas les ouvrir avant que je ne l’aie dit. » Ils obéirent tous
et continuèrent à danser avec leurs yeux fermés. Puis, pendant
qu’ils avaient les yeux fermés, Wiskedjak se leva et se mit à leur
tordre le cou l’un après l’autre. Le bruit de la danse les empêchait
d’entendre ce qu’il faisait.
Très vite, Ciŋgəbis sentit que Wiskedjak se déplaçait autour,
alors il se dirigea en dansant vers un coin plus obscur, là où
Wiskedjak ne pourrait le voir, il entrouvrit un œil et regarda à
la dérobée. Là, il vit Wiskedjak parmi les danseurs, tordant
leur cou et il cria : « Wiskedjak est en train de vous tuer ! Envo-
lez-vous ! » Alors, ils ouvrirent les yeux et virent ce qui se passait
et déployèrent leurs ailes et s’envolèrent. Mais le petit Ciŋgəbis
était encore loin dans un coin. Lorsque les oiseaux se dirigèrent
vers la porte, Ciŋgəbis fut le dernier à y parvenir. Wiskedjak sauta
sur lui et lui donna un coup par derrière qui le déforma. Puis il
le jeta dehors en criant : « Maintenant, va-t’en, petit vaurien. »
Ciŋgəbis s’envola. Mais depuis ce temps, il est difforme. Ses
pieds sont si retirés vers l’arrière qu’il ne peut se déplacer sur
terre. Wiskedjak ne mangea pas les canards malgré tout. C’était
un personnage bien étrange, ce Wiskedjak. (Je ne suis pas resté
avec lui très longtemps. Je l’ai laissé là.)
Histoires de Décepteur 25
se retourna et vit tout le sang qu’il avait laissé sur les branches
de saules. Il dit alors : « Maintenant, vous, les jeunes saules, on
vous appellera désormais ‘saules rouges’. Et lorsque les Indiens
manqueront de tabac, ils vous couperont et gratteront votre
écorce pour la sécher et la fumer comme tabac. » Il leva la tête vers
les roches où il était tombé. Là il vit ses gales collées aux roches
où il était resté pris, certaines petites, d’autres plus grosses. Il dit
aux roches : « Vous vous agripperez fermement à ces gales. Ne
lâchez jamais prise. Et lorsque les Indiens auront de la difficulté
à se trouver à manger, vous leur donnerez quelques-unes de
mes gales et leur direz de bien les laver sous l’eau froide et de
les faire bouillir avec de la viande de lièvre ou n’importe quelle
autre viande ou du poisson. Cela leur fera une bonne soupe, en
particulier les plus petites. Pour ce qui est des plus grosses, vous
pourrez leur dire que s’ils ont de l’huile, peu importe la sorte,
ils pourront les huiler et les rôtir devant eux au-dessus d’un feu
et que cela leur fera un repas très nourrissant lorsqu’ils auront
de la difficulté à se trouver à manger. » C’est depuis ce temps
que les Indiens ont utilisé l’écorce de saule rouge pour fumer
et la « tripes-de-roches » pour manger en cas de nécessité. À ce
moment-là, anus Wiskedjaki magnopere doluit et Wiskedjak se
dit qu’il pourrait aller dans l’eau pendant un moment et refroidir
ses brûlures.
Bien, j’avais encore à me déplacer un peu et je l’ai laissé là,
et je ne sais pas où il est allé.
Histoires de Décepteur 31
9. Wiskedjak et le violon
Wiskedjak était un grand violoneux. Un jour il alla se promener
dans le bois et rencontra un lièvre. Lièvre dit : « Wiskedjak,
montre-moi comment jouer du violon. » Au bout d’un moment,
Wiskedjak dit : « Très bien » et demanda à Lièvre de se faufiler
dans son sac en peau de cervidé et d’écouter. Lièvre dit qu’il
faisait noir dans le sac. « La noirceur avant la connaissance »,
répondit Wiskedjak. Puis il suspendit le sac dans un peuplier et
partit.
Il rencontra bientôt un ours. L’ours dit : « Wiskedjak,
montre-moi comment jouer du violon. » Wiskedjak dit : « Très
bien. » Puis il prit sa hache et fendit un pin et coinça les pattes
de l’ours dans l’arbre. « Whouah », dit Ours, « ça fait mal. » « La
connaissance est douloureuse », dit Wiskedjak et il s’en alla.
Il rencontra bientôt un renard. Le renard dit : « Wiskedjak,
montre-moi comment jouer du violon. » Wiskedjak dit : « Très
bien. » Cette fois, il coupa un érable et en fit un pieu et cala
le renard contre le pieu. « Oh ! », dit Renard, « ça fait mal. » « La
connaissance est toujours douloureuse », dit Wiskedjak, puis il
partit.
Au bout d’un moment, Wiskedjak sentit la fatigue et s’en-
dormit.
Bientôt, Lièvre sortit du sac en le rongeant. Il était furieux.
Il suivit les traces de Wiskedjak jusqu’à ce qu’il rencontre l’ours.
« Que fais-tu ainsi ? » demanda le lièvre.
« Ce Wiskedjak est un mauvais bougre », dit Ours. « Il m’a
mis dans cette position pour m’enseigner la musique. Il est parti
maintenant et je ne peux pas me dégager. »
34 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
11. Ciŋgəbis
Ciŋgəbis était quelqu’un de remarquable, un plongeur extraor-
dinaire qui pouvait rester sous l’eau une journée complète s’il
le voulait. Il était marié et vivait avec les parents de son épouse.
Un jour il eut une sorte de différend avec eux et ils ne voulurent
pas lui céder. Alors il a dit qu’il partirait. Comme c’était l’hiver, il
y avait un trou, pour l’eau domestique, percé dans la glace d’un
lac. Il s’y rendit, se laissa glisser dans l’eau puis disparut. Ses
parents passèrent toute une journée à le chercher le long des
rives, en pensant qu’il pourrait peut-être émerger près du bord,
mais il n’en fit rien. Ensuite ils s’en allèrent chez eux et l’aban-
donnèrent. Quelques mois plus tard, les frères de son épouse,
qui étaient dans leur canot sur le lac, virent un petit canard qui
nageait au loin. Ils ramèrent vers lui. C’était Ciŋgəbis. Lorsqu’ils
furent plus près, ils le reconnurent et lui demandèrent : « N’es-tu
pas Ciŋgəbis ? » « Oui », dit-il. « Nous pensions que tu t’étais noyé.
Est-ce que tu vas revenir ? » « Non », dit-il et il battit des ailes et
disparut sous l’eau, ne laissant que son bec, qu’ils ne pouvaient
voir, dépasser. Cette fois-là, il demeura sous l’eau toute la
journée et lorsque la nuit vint, il quitta la région. Les parents de
son épouse crurent qu’il était mort ou parti.
Ensuite Ciŋgəbis voyagea jusqu’à un autre village, où il
entendit parler d’une très belle fille. Lorsqu’il la vit, toute vêtue
de beaux vêtements, neufs et brodés de perles, il voulut l’épouser
et demanda sa main à ses parents : « Qui es-tu ? » lui deman-
dèrent-ils. « Je suis Ciŋgəbis », dit-il. « Oh, nous avons entendu
dire que tu t’étais noyé », dirent-ils. « Ce n’est pas vrai. Me voici.
Je suis Ciŋgəbis et je suis vivant. » « Tu ne peux pas être Ciŋgəbis,
parce qu’il n’y a qu’un seul Ciŋgəbis, et nous avons entendu dire
qu’il s’était noyé. Mais si tu es lui, tu ne peux pas épouser la fille
parce que tu as déjà une autre épouse. » Mais Ciŋgəbis voulait la
fille et resta dans ce camp. Il ne voulait pas partir. Alors, cette
Histoires de Décepteur 37
c’est bien », dit-il. « Je vais la laisser dormir et alors il n’y aura
aucune chance qu’elle soit enlevée ce soir car je suis las et j’ai
très sommeil et je ne peux pas rester éveillé pour la surveiller ce
soir. C’est bien ; elle dort profondément. » Et il palpa sa couver-
ture et il crut reconnaître ses formes à travers les peaux de lièvre.
Puis il s’étendit doucement à côté d’elle en faisant attention à ne
pas la réveiller et s’endormit profondément presque aussitôt.
Très vite, les fourmis commencèrent à se réchauffer
au contact de son corps et se mirent à marcher sur lui. « Oh !
qu’est-ce qui marche sur moi ? Sais-tu ce qui est en train de
marcher sur nous ? » demanda-t-il à son épouse en lui donnant
un petit coup de coude. Aucune réponse. « Bien, tu dors encore.
Mais c’est très bien. Il n’y aura aucune chance que tu sortes
dehors et que tu attires d’autres hommes pendant que je dors.
Mais oh ! qu’est-ce qui mord ainsi ? Je me demande bien ce que
ça peut être ! » Puis il s’assoupit encore une fois, mais fut encore
réveillé par les fourmis qui le piquaient. Il endura le supplice
toute la nuit et, au matin, il se réveilla brusquement, plein de
piqûres. Il sauta debout, enleva la couverture en peaux de lièvre
et vit au lieu de sa femme un vieux tronc d’épinette pourri pullu-
lant de fourmis.
Histoires de Décepteur 41
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46 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
48 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
Fig. 5.— Des héros algonquins, Baptiste Kistabish et son épouse Jeannotte.
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52 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
le filet, je serai vêtu et, pourtant, dévêtu. Dans mon for intérieur,
je pense que j’ai maintenant toutes les réponses.
C’est exactement ce que le roi m’a dit, d’être vêtu et dévêtu
en même temps. » Ce serait bien si la princesse pouvait voir ses
accessoires à travers le filet.
C’est ce qui arriva. Il sortit son porc et partit avec lui. Son
porc comprenait très bien ce qu’il disait, semble-t-il. Il arriva
ainsi au palais du roi. Il chevauche le porc et ses pieds touchent
par terre. Il est vêtu et, pourtant, il est dévêtu.
Alors le roi vient vers lui. « Tu es très intelligent », lui dit-il.
« Tu m’as battu, mon garçon. Tu vas maintenant prendre ma
place et marier ma fille. Tu seras le roi et tu régneras sur tout le
monde ici. »
Alors, un mariage doit avoir lieu. Ainsi, en pensant qu’un
mariage sera bien célébré, ils commencent à préparer des
biscuits et des tartes. Des gâteaux de toutes sortes, y compris
un gâteau de noces, sont faits. Ils tuent quelques cochons et je
ne me rappelle plus combien de bœufs. Tous sont affairés dans
les cuisines. Car tous les habitants de cette ville, tous sont invités
aux noces. Et lorsque tout est bien et vraiment prêt, les invités
viennent de partout pour féliciter Mishk.
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60 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
22. Memengwesiwag
Les Memengwesiwag sont de petites gens que j’ai rencontrées
une fois lorsque j’étais un très jeune homme. À cette époque, je
voyageais beaucoup dans le bois. Un jour que je me déplaçais en
canot autour d’un lac, j’ai vu des gens qui avaient l’air étranges.
Ils étaient trois qui ramaient si rapidement que je n’ai pu que les
entrevoir. C’était un grand lac et ils l’ont traversé en un instant.
Mon intention était d’installer mon camp près des rapides à la
décharge. Il y avait une chute dans ces rapides et une grotte
derrière.
Alors que je m’approchais de ma destination, j’ai vu soudai-
nement un autre canot avec plusieurs personnes à bord cette
fois. Ils se déplaçaient si vite que c’était comme si je ne bougeais
pas quand ils m’ont dépassé. Leur canot s’est tout à coup scindé
en deux et a disparu dans les rapides. Peu de temps après, j’ai
entendu chanter et danser. Cela venait de la grotte derrière la
chute. J’ai eu si peur que je me suis enfui à pied. J’ai franchi toute
la montagne en courant jusqu’à ce que je sois rentré chez moi.
68 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
27. Windigo
Charlie Smith : Avant l’arrivée des Blancs, il n’y avait rien. Les
Indiens étaient de plus en plus paresseux et crevaient de faim
en hiver. Pour survivre, un Indien pouvait manger sa femme. Une
fois qu’il avait goûté la chair humaine, il en redemandait. Alors
il mangeait les femmes des autres. Afin de prévenir que cela ne
se reproduise pas, il était chassé de la bande. On l’appelait alors
Windigo et il avait besoin de chair humaine pour vivre.
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76 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
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84 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
La Quête de Vision
Mariage
Funérailles
La hanche de castor
a. [En saisissant d’une main l’os et en visant de l’autre main,
mais sans regarder] Si le chasseur arrive pile avec le doigt sur
la dépression de l’os de la hanche, il trouvera un barrage où il y
aura du castor.
b. S’il arrive pile dans le trou situé dans la partie supérieure de
l’os de la hanche, le chasseur trouvera un lac où il y a du castor.
Un rhombe en os
L’os de caribou utilisé à Abitibi s’appelle nōnō’mĭkăn. On dit que
les Indiens mourront de faim s’ils utilisent le rhombe – du moins,
les enfants en étaient avertis pour qu’ils cessent de faire vrombir
l’os.
Spiritualité 97
(9) Pour savoir quelle sorte d’animal sera tué le lendemain, les
hommes brûlent ou roussissent un bréchet de perdrix devant un
feu, juste avant leur départ. La forme qui apparaît sur la partie
brûlée suggère vaguement la forme de l’animal qui sera tué.
(10) Les bouts des ailes d’un oiseau tué pour être mangé sont
conservés au camp comme fétiche pour la chance ou, comme ils
le disent, « pour demander plus de chance ». Certains chasseurs
conservent aussi les crânes de tous les animaux qu’ils tuent.
100 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
(12) Si des poils de lièvre sont jetés dans la fumée d’un feu en
hiver, ils s’élèveront avec la chaleur vers le ciel et il neigera le
lendemain. Les enfants sont réprimandés s’ils le font au mauvais
moment.
(14) Une autre conception veut qu’un « gaucher soit très intel-
ligent, parce que sa façon de faire les choses berne les gens ».
que les deux restent liés. La tête avec la masse de graisse pecto-
rale est mise dans un chaudron séparé. Puis la viande découpée
en morceaux est placée sur des bandes d’écorces de bouleau qui
proviennent d’un quelconque wigwam et qui, souvent, atteignent
douze pieds en longueur. Des plats en écorce de bouleau sont
placés sur l’écorce pour chacun des participants, avec des plats
supplémentaires pour la sauce. La graisse de cuisson est retirée
des chaudrons et versée dans un plat séparé afin qu’elle refroi-
disse et soit assez épaisse pour être bue. Lorsque la viande a été
bouillie suffisamment, les invités s’assoient à leur place autour
de la table en écorce. À ce moment, ils se lèvent souvent pour
danser autour. Avant qu’ils ne commencent à manger, le chef
qui tient à la main environ une tasse et demie de graisse dans un
plat, en verse à chaque invité une cuillerée à l’aide d’une grosse
cuillère en bois. Puis ils se mettent à manger.
À peu près au milieu du festin, le chef se lève et décore la
tête d’ours avec des rubans de couleurs vives, six pouces environ
de long, attachés à de petits bâtons en cèdre, longs d’environ
quatre pouces et dont les extrémités sont fendues pour y insérer
les rubans. Ces banderoles sont enfoncées dans la graisse autour
de la tête. La tête est ensuite empalée sur un bâton et le chef, qui
l’a saisi d’une main, danse autour des convives à deux reprises
en chantant une mélodie de syllabes. Après son spectacle, le chef
plante le bâton avec la tête au milieu de la table devant tous les
convives et elle y reste. Ils terminent ensuite le repas.
Après le festin, la tête de l’ours et la graisse pectorale sont
offertes à l’homme le plus âgé et le plus respecté du camp qui
peut les apporter chez lui ou en faire la distribution aux invités.
Une fois le festin achevé, le chef doit faire le tour des lieux et
manger toute la graisse qui reste. Il démontre ainsi ses aptitudes
en tant qu’homme et bon mangeur. Éventuellement, la mandibule
est replacée dans sa position initiale sur le crâne et des bandes
102 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
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104 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
40. Le vison
Le vison, nommé en algonquin cangweci, est l’emblème de ceux
qui sèment partout la discorde dans le dessein de profiter ensuite
des dépouilles des ennemis vaincus.
Cangweci ayant rôdé dans le bois sans rien prendre à la
chasse, espéra être plus heureux à la pêche. Il se rend donc au
bord d’un lac et, trouvant une auge au pied d’un érable, il s’y
embarque, et le voilà voguant sur l’eau, quand, tout à coup, il
rencontre Oka, c’est-à-dire le Doré, excellent poisson, objet
de sa convoitise. « Oh ! pauvre ami, qu’as-tu donc fait à kinonje
(le brochet) pour le fâcher ? Il veut te tuer, tu es perdu s’il te
rencontre. » — « Je ne le crains pas, ce vilain museau pointu ;
s’il ose m’attaquer, je saurai bien le raccourcir. » ― « Oh non,
camarade, il ne faut pas se battre ; calme-toi, je vais voir kinonje,
j’arrangerai son esprit, et vous serez bons amis. » À ces mots,
le vison prend congé du doré et va à la recherche du brochet.
L’ayant trouvé, il lui dit : « Ah ! camarade, éloigne-toi vite d’ici.
Vois-tu là-bas le doré ? Il est furieux contre toi ; il parle de te
couper le museau. Il veut, dit-il, t’épointer. » — « Qu’il vienne,
répond aussitôt le brochet, qu’il essaye de m’épointer, il aura
vite ses gros vilains yeux crevés. » Il avait à peine fini de parler
que le doré paraît devant lui, et le combat commence. Le vison
contemple avec une joie cruelle l’acharnement des deux combat-
tants et, tout en feignant de vouloir les séparer, il les excite au
contraire en les mordant lui-même avec une exécrable perfidie.
« Oh ! mes amis, arrêtez-vous, je vous prie, vous allez vous
détruire l’un l’autre, vous voilà tout meurtris, vous perdez tout
votre sang, ayez donc pitié de vous-mêmes. » Et disant cela,
il continue à donner des coups de dents tantôt à l’un tantôt à
l’autre, si bien qu’à la fin, il ne resta plus que deux cadavres.
Alors le vison, tout fier de sa pêche, se saisit des poissons et, les
ayant mis dans son canot, il s’en retourne chez lui pour faire un
bon souper.
Animaux et plantes 109
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114 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
dans les rapides, ils vont vous aider », leur rapporta celui qui
était venu débarquer. Il avait conservé en mémoire la langue des
Indiens. Alors, les Indiens dirent qu’ils pouvaient débarquer :
« Soit ! »
C’est vrai, ils avaient pensé : « Nous serons bien traités. » Ils
s'imaginaient qu'ils le seraient de façon constante. Mais cela ne
s'est jamais réalisé. Ils ont dévasté la terre. Ils nous dévastent.
Ils ont inondé nos habitats et ils enlevèrent la vie aux arbres
dès qu'ils furent débarqués. Ils les coupèrent, puis ils inondèrent
plusieurs beaux endroits avant de boucher les lacs. Maintenant,
j'en éprouve de la pitié. À présent, les voies d'eau sont bouchées,
ainsi que cela apparaît pour de bon dans l'arrière-pays. On ne
voit plus de conduites adéquates.
De point en point, ils ne leur ont même pas donné à
manger, ont-ils dit, pour les secourir. Au contraire, ils les ont
fait travailler. Ils ont emporté beaucoup d’argent d’ici, de la terre
des Indiens. Tout cela, on le racontera encore continuellement,
comme on le racontait naguère.
Je les ai vus, là-bas, à Senneterre, construire un chemin, un
pont aussi. Il y a bien longtemps que je suis au monde (rires) ! Il
n’y avait pas de maisons qui longeaient les lacs ou qui se distri-
buaient sur nos étendues de terre. Il n’y avait pas de Wemiti-
gojis [Français, Euro-Canadiens] installés dans les parages. À un
moment donné, les locomotives arrivèrent avec le chemin de fer.
Plein de choses furent introduites. N’importe quel Indien d’âge
mûr [aurait pu dire] : « Vous le voyez alors : c’est ce qui arrivera :
eux, les Wemitigojis qui sont débarqués sur la terre indienne, ils
vont la détruire entièrement, notre terre. Vous le verrez au fur
et à mesure que vous vivrez. » À l’époque où arriva le chemin
de fer, je ne m’étais pas encore mariée ; puis vinrent les routes
carrossables pendant que l’on traçait des chemins. À présent, la
terre indienne est clôturée dans les lieux que nous habitons ; elle
120 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
123
124 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
50. Pagak
Pagak est le nom donné au squelette qui vole aux alentours.
La description tire son origine d’une personne très maigre… je
crois. Un jour, une famille indienne campait près d’un lac et la
femme était en train de préparer le repas. Ils entendirent tout à
coup un sifflement et le son semblait se rapprocher. Pressentant
ce que c’était, la femme dit : « Oh ! Oh ! j’espère qu’il ne s’abattra
pas ici à cause de l’odeur de la nourriture. » Alors, « Boum ! » il
tomba tout près. L’homme dit à sa femme : « Prends du bouillon
et nourris-le. » Le squelette pouvait à peine avaler quoi que ce
soit. Ils continuèrent à le nourrir jusqu’à ce qu’il soit en mesure
de se lever et de s’en aller en marchant.
126 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
51. Bàgak
Lorsque les gens voyageaient de nuit, ils pouvaient entendre
Bàgak, semble-t-il. En fait, plusieurs personnes l’ont déjà
entendu. Lorsque mon père était encore en vie, il en parlait
souvent. On entend quelque chose dans les airs. On entend son
bruit trois fois. Et s’il vole bas, on l’entend cliqueter. Parce que ce
sont les os de quelqu’un. Ça donne la frousse.
Certaines personnes ont peur lorsqu’elles l’entendent. Et si
une personne a peur, dit-on, elle ne vivra pas longtemps. Elle va
mourir bientôt. Mais d’autres n’en ont pas peur. Ils en parlent. Il
n’arrive rien à celui qui n’en a pas peur. C’est ce que les gens ont
pu constater.
Si quelqu’un en a peur, il ne vivra pas longtemps, dit-on.
Ce sont les os de quelqu’un. C’est quelqu’un qui est mort de
faim ou quelque chose d’autre, une créature vivante autrefois
qui a été emportée dans les airs comme si elle ne pesait rien. Il
y a très longtemps, lorsque les gens l’entendaient, ils jetaient de
la viande ou de la graisse dans le feu. Alors, il se pose dans un
arbre, comme ça. Ils disaient aussi qu’il s’agissait de quelqu’un
qui cherchait à nuire à une autre personne et qui utilisait ses
pouvoirs maléfiques, que c’était quelqu’un qui voulait faire
mourir de faim quelqu’un d’autre.
Récits divers 127
54. L’humour
J’ai une autre expérience à conter… c’est arrivé lorsque je me suis
mariée… mon mari et moi nous pensons à ce jour où nous nous
sommes mariés… nous étions assis… à l’autel et mon beau-frère,
il était très nerveux… je veux dire que mon mari et mon beau-
frère étaient nerveux… Je n’étais pas nerveuse… c’était un grand
jour pour moi, le jour où mon père me donnait en mariage…
et tout à coup, mon beau-frère offre cette gomme à mâcher et
nous en prenons bien sûr car nous ne savions pas alors qu’il était
défendu de mâcher de la gomme… parce que nous devions rece-
voir la communion plus tard… et nous mâchions de plus belle et
le prêtre était en train de lire un passage dans son livre… et il est
là qui nous regarde et il essaie de… il fait toutes ces grimaces et
nous pensons… « Quoi ? »… et il essaie de dire quelque chose et
je dis « Quoi ? »… et je demande à mon mari… « Qu’est-ce qu’il
dit ? »… Il regarde son frère… « Qu’est-ce qu’il dit ? »… « Je ne
sais pas »… Je demande à ma demoiselle d’honneur qui est ma
cousine Virginia… « Qu’est-ce qu’il dit ? »… elle dit… « Je ne sais
pas »… et nous sommes là tous penchés vers lui à essayer de
comprendre ce qu’il dit… et alors il dit… « Retirez la gomme de
votre bouche »… « Oh ! »… c’était si drôle et là nous ne savons
pas quoi faire avec la gomme parce que mon mari a remis à
mon beau-frère tous les emballages et il me redonne un embal-
lage que je passe à ma demoiselle d’honneur… c’était si drôle
que nous avons dû remettre toutes nos gommes à mon beau-
frère qui les a mises dans sa poche où il y avait l’anneau bien
sûr… c’est rien tout ça… lorsque nous nous sommes levés en
avant à côté de l’autel où il nous avait placés… c’est là que nous
avons bu le sang du Christ… disons… que… mon beau-frère est
le premier à boire et il ne savait pas qu’il devait le partager et
il a vidé la coupe… il a dit… « Ah ! Ça c’est bon »… et le prêtre
est là qui nous dévisage… il a dû alors verser encore du vin et
Récits divers 131
RÉCITS
LES ORIGINES
1. ORIGINE DE L’HOMME
Ce court récit a été recueilli par Beck (1947 : 260-261) auprès de
Stephen Mongo (Loon Man) de Kitigan Zibi, alors que l’auteur deman-
dait à ses informateurs s’ils connaissaient des histoires sur l’origine
de l’homme. Le récit n’est pas titré. Beck rapporte au sujet de Stephen
que « sa famille est venue du Sud […] et était connue sous le nom
de Shawineabeesie (South Birds) » (ibid., p. 260). Il y aurait eu des
guerres intertribales et la famille n’aurait pu retourner chez elle. Le
nom aurait ensuite été changé pour celui de Mong. Stephen a occupé
à peu près tous les emplois possibles pour un Algonquin : forestier,
postier, guide, cuisinier de camp, draveur, travailleur de la construc-
tion et trappeur.
Note : Le déluge originel est un motif extrêmement répandu chez les
Amérindiens, comme il l’est dans les mythologies occidentales.
133
134 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
HISTOIRES DE DÉCEPTEUR
9. WISKEDJAK ET LE VIOLON
C’est d’un article de Horace P. Beck (1947 : 262-263) que provient
cette courte histoire intitulée à l’origine Wisekedjak and the Fiddle.
Le conteur est Jean-Paul Bras Coupé, de Kitigan Zibi. Au dire de l’auteur,
cet Algonquin était le petit-fils adopté de Madame Buckshot et il avait
seize ans à cette époque. Madame Buckshot était la principale infor-
matrice de l’ethnologue (voir la note du récit no 27).
Note : Là où Beck écrit Wisekedjak, nous avons utilisé la graphie
Wiskedjak afin d’uniformiser ce recueil.
11. CIŊGƏBIS
Ce récit a été consigné par Speck (1915 : 17-20) avec comme titre le
nom du héros principal Ciŋgəbis. Le conteur était Benjamin Mackenzie de
Timiskaming (voir la note du récit no 3).
Note : Ciŋgəbis a été identifié par Speck comme étant un grèbe
[Podiceps sp.] au sujet duquel il ajoute ce détail : « […] un person-
nage très connu de la mythologie ojibwa qui partage avec Wiskedjak
certaines aventures » (1915 : 9 ; notre trad.).
138 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS
TCAKABESH
22. MEMENGWESIWAG
Ce conte, qui porte le même titre en anglais, est d’Arthur Smith de
Kitigan Zibi (Tenasco 1980 : 54). Voir la note du récit no 17 pour des
renseignements sur le conteur.
27. WINDIGO
Horace P. Beck (1947 : 261-262) a regroupé ces propos tenus par trois
personnes différentes sous le titre Windigo. Les trois Algonquins
étaient Charlie Smith, Madame Buckshot et Stephen Mongo, tous de Kitigan
Zibi. On se référera aux notes des récits no 4 et no 1, respectivement,
pour des informations sur le premier et le troisième conteur.
Madame Buckshot était la principale informatrice de l’ethnologue.
Beck (ibid., p. 260 ; notre trad.) fournit quelques précisions à son sujet :
« Madame Buckshot, qui était âgée de quatre-vingt-un ans lorsque
nous sommes restés chez elle, était l’épouse de Michel Buckshot, feu
chef de la tribu. Originaire de Golden Lake, elle est la petite-fille de
Paganowatik (‘Arbre frappé par l’éclair’), qui fut le dernier vrai chef
‘à vie’, et c’est lui qui, il y a soixante-dix ans, emmena la bande ici
à partir du lac des Deux-Montagnes. Il est considéré comme un des
grands hommes de la tribu. Le nom indien de Madame Buckshot est
Meshkosikwe (la Femme-castor). Les sources de revenus de Madame
Buckshot comprennent la fabrication de curiosités. La pochette
casse-tête, faite comme sa grand-mère le lui a montré, est sans
doute le plus intéressant. Elle piège un peu et tanne les peaux. Elle
est guérisseuse et jongleur pour la tribu. »
D’autres informations ainsi qu’une photographie de Madame
Buckshot apparaissent dans Norcini (2008).
Sources et notes 143
JONGLEURS ET JONGLERIE
Nous avons regroupé dans cette section des récits ayant en commun le
thème de la sorcellerie. MacPherson (1930) a rapporté de nombreuses
histoires de ce genre dans sa monographie sur les Abitibiens.
SPIRITUALITÉ
ANIMAUX ET PLANTES
40. LE VISON
L’abbé Cuoq (1893 : 154) a consigné cette histoire algonquine sous le
titre Fable du Vison. Aucun nom de conteur n’est fourni et nous ne
connaissons pas sa provenance exacte.
Note : Il existe des variantes de ce récit. Nous en avons répertorié
au moins deux : la première, algonquine, de Kitcisakik (Leroux 2003 :
207-209) ; la seconde, innue, du Labrador (Millman 1993 : 33-34).
RÉCITS DIVERS
50. PAGAK
C’est à Clara Decontie (Tenasco 1980 : 68) de Kitigan Zibi que l’on doit
ces propos au sujet d’un personnage très connu des Algonquiens, le
squelette volant. Le titre est le même dans la version anglaise. Voir la
note du récit no 29 pour des informations sur la conteuse.
Note : Voir les récits no 36 et no 51 pour des variantes du squelette
volant.
51. BÀGAK
Annette Smith (1976 : 3-4) a recueilli et traduit cette histoire de sque-
lette volant de Madame Paddy Beaudoin de Kitigan Zibi. Aucune préci-
sion n’est fournie sur la narratrice. Le titre est celui-là même qui
paraît dans l’ouvrage où est consigné le récit.
Sources et notes 149
54. L’HUMOUR
Louise Wawatie-Pien, à qui l’on doit ces propos, est originaire de la
communauté de Lac-Rapide. Ils ont été consignés par Michelle A.
Poirier (2000 : 58-59) qui donnait cet exemple, entre autres, d’hu-
mour algonquin.
ILLUSTRATIONS
153
154 LES RÉCITS DE NOTRE TERRE • LES ALGONQUINS