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L . K O I L IK O V

ALGÈBRE
ET THÉORIE DES NOMBRES

ÉDITIONS MIR • MOSCOU


Traduit du russe
par OLEG PARTCHEVSKI

JHa (ppatutyacKOM xsbixe

© HaaaieJibCTBo «Bucuian uiKOJia» 1979


© Traduction française Editions Mir 1982
AVANT-PROPOS

Ces dernières années on a introduit dans les instituts pédagogiques


un nouveau programme de cours unifié d'algèbre et de théorie des
nombres. L’objet principal de ce cours est l ’étude des systèmes algé­
briques fondamentaux ainsi que la formation de la culture algébrique
des futurs enseignants nécessaire à la compréhension profonde des
objectifs et des tâches d’un cours scolaire des mathématiques élé­
mentaires ou à option. L’ouvrage proposé a été rédigé en se con­
formant aux nouveaux programmes.
Conventionnellement l’ouvrage peut être divisé en trois parties
liées intimement entre elles. La première partie présente des élé­
ments de logique, des concepts concernant les ensembles et les
relations, des notions préliminaires sur les algèbres et les systèmes
algébriques, les systèmes numériques de base. Les éléments de
logique et de théorie des ensembles sont exposés de façon suffisam­
ment complète et sont, ensuite, largement utilisés dans le cours
d’algèbre et autres branches des mathématiques. L’information pré­
liminaire sur les algèbres et les systèmes algébriques, les groupes et
les anneaux est fournie par le chapitre III. Sur cette base sont étudiés
les systèmes numériques fondamentaux : système des nombres
naturels, anneau des entiers, corps des nombres rationnels, système
des nombres réels et corps des nombres complexes. Le système des
nombres réels est introduit comme un corps complet totalement or­
donné (archimédien). La seconde partie (chapitres V-IX) est réservée
à l ’algèbre linéaire. On étudie d’abord les espaces vectoriels arithmé­
tiques et les systèmes d’équations linéaires, abstraction faite des
déterminants. C’est seulement au chapitre VI que les déterminants
sont appliqués à la résolution des systèmes d’équations linéaires.
Cette manière de procéder non traditionnelle allège le calcul des
principaux problèmes, la théorie des systèmes d’équations linéaires
s’incorporant ainsi organiquement à la théorie des espaces vectoriels
arithmétiques. Le chapitre IX traite des systèmes d ’inégalités liné­
aires et des éléments de programmation linéaire (problèmes cano­
niques et problèmes standards, principe de dualité et méthode du
simplexe).
*6 AVANT-PROPOS

La troisième partie du livre (chapitres X-XVII) est réservée


aux groupes, aux sujets numériques théoriques, aux anneaux et aux
anneaux des polynômes. Dans les deux derniers chapitres on étudie
les anneaux des polynômes associés aux corps numériques de base
ainsi que les éléments de la théorie des corps.
Plusieurs chapitres sont étroitement liés aux nouveaux program­
mes scolaires et peuvent servir de base aux cours scolaires à option.
Tous les chapitres sont divisés en paragraphes. Si l ’on se réfère
au paragraphe du chapitre, on n’indique que le numéro du paragra­
phe. Dans la référence au paragraphe d’un autre chapitre le numéro
<lu chapitre précède celui du paragraphe cité. Les théorèmes, les
propositions et les corollaires d’un même paragraphe sont numérotés
successivement. La référence au théorème ou à la proposition du
chapitre est faite en indiquant le numéro du paragraphe suivi de
celui du théorème. La référence au théorème ou à la proposition
d ’un autre chapitre comporte successivement le numéro du chapitre,
du paragraphe et du théorème. Par exemple, la référence « théorè­
me 4.2 » signifie théorème 2 du paragraphe 4 du même chapitre,
« théorème 4.2.6 », théorème 6 du paragraphe 2 du chapitre IV.
L’auteur remercie chaleureusement les professeurs B.M. Brédikhi-
ne et M.M. Gloukhov pour leurs analyses et remarques critiques
ayant permis d’améliorer le manuscrit du livre.
Auteur
CHAPITRE PREMIER

ÉLÉMENTS DE LOGIQUE

§ 1. Logique des assertions


Assertions. La notion d’« assertion » est primaire. On entend
en logique par assertion l'énoncé d’une proposition dont on peut
dire qu’elle est vraie ou bien fausse. Toute assertion est soit vraie
soit fausse et aucune assertion ne peut être à la fois vraie et fausse.
E x e m p l e s d’assertions : « 0 < 1 », « 2-3 = 6 », « 5 est un
nombre pair », « 1 est un nombre premier ». La valeur de vérité
* des deux premières assertions est « vrai », la valeur de vérité des
deux dernières est « faux ».
Les propositions interrogatives et exclamatives ne sont pas des
assertions. Une définition n’est pas une assertion. Par exemple, la
définition « un nombre entier est dit pair s’il est divisible par 2 »
n’est pas une assertion. Or, l’énoncé de la proposition « si un nombre
entier est divisible par 2 il est alors pair » constitue une assertion
qui, de plus, est vraie. La logique des assertions fait abstraction du
sens logique de l’assertion et se contente de répondre sans ambiguïté
à la question: la proposition énoncée est-elle vraie ou fausse?
Dans la suite de l’exposé on entendra par sens de l’assertion sa
valeur de vérité (l’assertion est-elle « vraie » ou « fausse »?). Les
assertions seront notées par des capitales latines, tandis que leurs
valeurs, c’est-à-dire le fait qu’elles sont vraies ou fausses, respective­
ment par les lettres V et F.
La logique des assertions étudie les relations qui se déterminent
de façon exhaustive par les procédés permettant de former d ’autres
assertions à partir d’assertions dites élémentaires. Les assertions
élémentaires sont considérées comme entières, indivisibles en parties ;
leur structure interne ne nous intéressera pas.
Opérations logiques sur les assertions. A partir d’assertions élé­
mentaires, au moyen d’o p é r a t i o n s l o g i q u e s , on peut
obtenir des assertions nouvelles, plus compliquées. La valeur de
vérité de l’assertion complexe est fonction des valeurs de vérité
d’assertions formant l’assertion complexe. Cette dépendance s’établit
au moyen des définitions données plus loin et peut être constatée
en construisant les tables de vérité. Dans les colonnes de gauche de
ces tables sont indiquées les dispositions possibles des valeurs de
8 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

vérité d’assertions formant l’assertion complexe considérée. Dans


la colonne de droite on inscrit les valeurs de vérité de l’assertion
complexe correspondant aux distributions de chaque ligne.
Soient A et B deux assertions quelconques sur les valeurs de
vérité desquelles on s’abstient de faire des hypothèses. On appelle
négation de Vassertion A la nouvelle assertion vraie si et seulement
si A est faux. La négation A est notée ~\A et est lue « non A » ou
« négation de A ». L’opération de négation se définit complètement
par la table de vérité
A -M

V F
F V
E x e m p l e . L’assertion « il est faux que 5 est un nombre pair »,
dont la valeur est V, est la négation de la fausse assertion « 5 est un
nombre pair ».
A l’aide de l’opération de conjonction on forme à partir de deux
assertions une assertion complexe notée A / \ B. Par définition,
l ’assertion A A B est vraie si et seulement si les deux assertions
A et B sont vraies. Les assertions A et B sont respectivement appe­
lées premier et second membres de la conjonction A A La notation
«A A B » se lit « A et B ». La table de vérité de la conjonction est
de la forme
A B AAB

V V V
V F F
F V F
F F F
E x e m p l e . L’assertion « 7 est un nombre premier et 6 un
nombre impair » est fausse, comme conjonction de deux assertions
dont l’une est fausse.
On appelle disjonction de deux assertions A et B l ’assertion notée
A V Æ, vraie si et seulement si une seule des assertions A et B
est vraie. Respectivement, l’assertion A V B est fausse si et seule­
ment si A et B sont tous les deux faux. Les assertions A et B sont
de même appelées premier et second membres de la disjonction A \y B.
On lit la notation A V B « A ou bien B ». La conjonction « ou »
a dans ce cas un sens non exclusif, puisque l’assertion A V B est vraie
si les deux membres sont vrais. La disjonction peut se présenter
sous forme de table de vérité suivante :
A B I A\ JB

V V V
V F V
F V V
F F F
§ 1] LOGIQUE DES ASSERTIONS 9»

E x e m p l e . L’assertion « 3 < 8 ou 5 < 2 » est une disjonction


de deux assertions dont l ’une est vraie, sa valeur est V.
L’assertion notée A -*■ fi, fausse si et seulement si A est vrai,,
tandis que fi est faux, est appelée implication avec prémisse A et
conclusion B. L’assertion A B se lit « si A , alors fi » ou bien
« A implique fi », ou encore « de A s’ensuit fi ». La table de vérité-
de l’implication est de la forme
A B

V V V
V F F
F V V
F F V
Remarquons qu’entre la prémisse et la conclusion il peut ne pas
exister de relation de cause à effet, toutefois, ce fait n ’entérine pas
la vérité ou la fausseté de l ’implication. Par exemple, l ’assertion
« si 5 est un nombre premier, la bissectrice d’un triangle isocèle est
une médiane » est vraie bien que selon le sens commun la seconde-
assertion ne découle pas de la première. Sera également vraie l’as­
sertion « si 2 + 2 = 5, alors 6 + 3 = 9», car sa conclusion est
vraie. Avec cette définition si la conclusion est vraie, l’implication
sera vraie quelle que soit la valeur de vérité de la prémisse. Au cas
où la prémisse est fausse, l’implication sera vraie indépendamment
de la valeur de vérité de la conclusion. Cette circonstance s’énonce
sommairement ainsi : « la vérité peut provenir de tout », « tout peut
provenir d’une assertion fausse ».
L’assertion notée A fi, vraie si et seulement si A et fi ont
la même valeur de vérité, est appelée équivalence. L’assertion A +-+B~
se lit « A si et seulement si fi » ou « A est équivalent à fi » ou encore
« A est une condition nécessaire et suffisante pour que fi ait lieu ».
La table de vérité pour l’équivalence est de la forme
A B A B
V V V
V F F
F V F
F F V

E x e m p l e . L’assertion « 2 > 5 si et seulement si 3 + 0 = 4 »•


est vraie comme une équivalence de deux assertions fausses.
Formules de la logique des assertions. L’objectif principal de la
l o g i q u e d e s a s s e r t i o n s est l ’étude des formes logiques-
des assertions complexes au moyen d’opérations logiques. La notion
de forme logique de l’assertion complexe s’éclaircie par l’introduction
de la notion de formule de la logique des assertions faite plus loin.
Pour la notation d’assertions on utilisera les minuscules latines
10 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

<le la fin de l’alphabet (si besoin avec indices). Par hypothèse on


ignore dans ce cas quelle assertion (vraie ou fausse) est désignée par
telle ou telle lettre. En fait les lettres
(1) P» (7? • • •» Pi* • ••
seront des variables acquérant en guise de valeurs les valeurs de
vérité « vrai » et « faux ». Généralement, ces variables sont appelées
variables propositionnelles ; on les appellera également formules élé­
mentaires ou atomes.
Pour les formules de la logique des assertions on utilise outre les
symboles (1) des signes d’opérations logiques
1 , Ai V ^ . ~
de même que des symboles garantissant une lecture univalente des
formules — parenthèses gauche et droite: (,).
Présentons la notion de formule de la logique des assertions de la
façon suivante :
1) les formules élémentaires (les atomes) constituent des formules
de la logique des assertions;
2) si A et B sont des formules, ( "|^4 ), (^4 A B), (A \J B)y (A -*• #),
(^4 B) sont également des formules de la logique des assertions;
3) seules les expressions constituant des inférences de 1) et 2)
sont des formules de la logique des assertions.
La définition de la formule implique l’énumération des règles
•de composition des formules. Selon la définition toute formule de la
logique des assertions est soit un atome, soit une expression formée
•d’atomes et obtenue par application suivie de la règle 2). Par exemple,
les expressions
Pi (~k)> (('V *)-► t), ((p V (!/>)) (p -*■ g))
sont des formules de la logique des assertions.
On notera les formules arbitraires de la logique des assertions au
moyen des capitales latines (affectées si nécessaire d’indices):
A , fi, C, . . ., A ly fi1? Cj, . . .
Il n’est de même pas exclu qu’une même formule puisse être exprimée
par des lettres différentes.
Notons qu’aucun atome ne peut se présenter sous la forme (~|^)»
{A A B), (A V B)y (A -► B)y (A B). C’est l’aspect que peuvent
acquérir des formules complexes.
Dans le chapitre premier au lieu de « formule de la logique des
assertions » on dira tout simplement « formule » là où cela n ’entraî­
nera aucune équivoque.
Le nombre de parenthèses peut être réduit en posant la conven­
tion : 1) dans une formule complexe on supprimera les deux parenthè­
ses extérieures; 2) on ordonne les signes d’opérations logiques
§ 11 LOGIQUE DES ASSERTIONS 11

suivant un ordre de priorité donné: \/> A» "1* Dans cette


suite de signes, le signe « a le domaine d’action le plus large, et le
signe ” |, le plus restreint. On entend par domaine d ’action du signe
d ’opération les parties de la formule auxquelles s’« applique » (sur
lesquelles « agit ») le signe introduit considéré. On convient de ne
pas entourer de parenthèses les parties des formules qui peuvent être
lues compte tenu de la hiérarchie de la force liante. En restituant les
parenthèses on encadre d’abord les parties qui portent le signe “ |
{en allant de gauche à droite), ensuite les parties qui portent le signe
A» etc.
E x e m p l e . Dans la formule B ~|C V D A A les parenthè­
ses se restituent par étapes de la façon suivante :
o v i n a A»,
fl-(-|C)V(flA 4 (fi«((lC)V(ûA^)))-
On ne peut s’abstenir de parenthèses dans toute formule. Par
exemple, dans les formules A -*• (B C), ~\(A B) il est impos­
sible de procéder à une subséquente élimination des parenthèses.
Lois logiques. Il existe des formules qui demeurent valables
{sont vraies) indépendamment des valeurs du contenu des atomes
qui les forment. Par exemple,
A \ / ~ ] A , A - * A , (A-+B) V (B-+A), A ^ ( B ^ A ) .
Ces formules jouent un rôle particulier en logique.
Définition. Une formule de la logique des assertions qui acquiert
la valeur «vrai» pour toute distribution des valeurs atomiques cons­
tituant la formule est dite toujours vraie, tautologie ou loi logique.
Il existe des formules non valables (c’est-à-dire fausses) quelles
que soient les valeurs des atomes constituants. Par exemple,
A A l A, ( A V 1 A ) - + ( A A 1 A ) .
Définition. Une formule de la logique des assertions qui reste
fausse pour toute distribution des valeurs atomiques constituant la
formule est dite toujours fausse ou contradiction.
Il est facile de se convaincre que si A est une contradiction, ” 1-4
sera une tautologie et inversement. Par exemple, la formule p A "lP
est toujours fausse, tandis que “J (p A~1 P) est une tautologie.
Il existe des formules qui prennent soit la valeur « vrai », soit la
valeur « faux » suivant les valeurs qu’acquièrent les atomes qui
y figurent. Par exemple,
A \J A, A ^ B , A f \ B - » B / \ C .
La notation t=-4 signifie que A est une tautologie; par exemple,
C=-4 N/ ~"M- Cette loi porte le nom de loi du tiers exclu.
Théorème 1.1. Si A et (A -*■ B) sont des tautologies, B est aussi
une tautologie.
12 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

D é m o n s t r a t i o n . Supposons que A et (A -*■ fi) sont des


tautologies. Admettons que pour une distribution quelconque des
valeurs de vérité des atomes formant A et B la formule B prenne la
valeur n faux ». Vu que A est une tautologie, pour une même distribu­
tion des valeurs de vérité des atomes, la formule A acquiert la valeur
<t vrai ». Par suite, la formule (A — B) est donc fausse, ce qui est
contraire à l’hypothèse selon laquelle (A -+• B) est une tautologie.
Par conséquent, la formule B est V pour toute distribution des valeurs*
de vérité de ses atomes. □
Théorème 1.2. Soit A une formule contenant des atomesply . . .,p n,
tandis que B est une formule qu'on obtient à partir de A en substituant
en même temps à p l9 . . ., pn les formules A u . . ., A n respectivement.
Si A est une tautologie, B l'est aussi.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons donnée une. distribution
quelconque des valeurs de vérité des atomes composant B. Pour
cette distribution des valeurs des atomes les formules A XJ . . ., A n
prendront respectivement les valeurs de vérité alt . . ., an. Si on
donne aux atomes pu . . ., pn respectivement les valeurs aly . . ., an
la valeur de vérité de la formule A coïncidera alors avec celle de la
formule B pour la distribution donnée des valeurs des atomes for­
mant fi. Vu que par hypothèse A est une tautologie, pour la distri­
bution donnée des valeurs des atomes fi a la valeur « vrai », c’est-à-
dire fi est aussi une tautologie. □
Ce théorème montre que toute permutation dans une tautologie
conduit à une tautologie.
On donne plus bas (avec le théorème 1.3) les lois logiques les*
plus fréquentes.
Théorème 1.3. Les formules suivantes sont des tautologies:
Implications tautologiques:
p A (p loi de conclusion ;
p A <7-> p l lois d'élimination de la conjonc­
p A <7->- ? / tion ;
P-+P V
loisd'inclusion delà disjonction ;
q -*-p V
loi d'élimination de la disjonc­
tion ;
p - H p loi d'inclusion de la double né­
gation ;
H p^ p loi d'élimination de la double
négation ;

*) Le signe □ signifie que la démonstration du théorème ou de la pro­


position est achevée.
LOGIQUE DES ASSERTIONS 13

( p — i ) A ( q - + p ) - * ' ( p ~ 9) Zoi d'inclusion de l'équivalence ;


(p — q ) ( p q ) \ Zois d'élimination de l'équiva­
(p -* 9)-»-( 9 -*-p)J lence ;
< p - 9) - H 9 — p) Zoi cte contraposition ;
<~\p-*‘ 9) AC~[ p- *' 1 q)-+p Zoi de démonstration a contrario ;
<p 9) A (q -►r) -►(p -►r) Zoi du syllogisme ;
(p — 0 A (9 ->-r)-*'(p V q~*"r) Zoi d'addition des prémisses;
( p - ^ î ) A ( p ^ ) - » ( p - +q Ar ) loi du produit des conclusions ;
<P ~ 9) A (9 ~ r) -►(p — r) Zoi de Za transitivité de l'équi­
valence .
Equivalences tautologiques :
P~~P Zoi d'identité (d'équivalence lo­
gique) ;
P A P —*P Zoi de V idem potence de la con­
jonction ;
P V p —~ P Zoi de l'idem potence de la dis­
jonction ;
p A q*~*q A p loi de la commutativité de la
conjonction ;
pV?^?V p loi de la commutativité de la
disjonction ;
P A (p A r) —- (p a 9) A r loi de l'associativité de la con­
jonction ;
P V (9 V r) (p V 9) V r loi de l'associativité de la dis­
jonction ;
p A (9\A ) — (p A q)V(pAr) loi de la distributivité de la
conjonction relativement à la
disjonction ;
P V (9 A 0 (p \/ 9) A (p VO loi de la distributivité de la
disjonction relativement à la
conjonction ;
H p- p loi de la double négation ;
(p~~q)~(q~~p) loi de la commutativité de l'é­
quivalence ;
( p — q ) ~ ( ~ \ q-*- 1 p) loi de contraposition ;
~1 (p V 9) ■*“*■( ”1P A ~19) loi de négation de la disjonction ;
n (p a 9) ~ n p v 1 9 ) loi de négation de la conjonction ;
14 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

(P*~* "1 q) loi des contraires ;


p-*~(q->~r)—+q->~(p-+r) loi de permutation des prémisses.
Tautologies traduisant certaines opérations au 'moyen [d'autres
opérations :
p -> ~ q~ 1 p V ? ;
p-m ~~ K p A"U);
p V ? 'm' 1 p~*~q ;
K I p A I î );
p A ? * - “I(p -*-!?);
p A î ^ K I p V I î );
(p ?) —- (p -*• ?) A (q -►p) •
Pour démontrer que chacune des formules fournies est une tautolo­
gie il faut recourir à la m é t h o d e d e s t a b l e s d e v é r i -
t é, c’est-à-dire construire pour chaque formule la table de vérité et
s’assurer que sur chaque ligne de la colonne marginale de droite
figure la lettre V.
A titre d’exemple prenons la loi du syllogisme :

p q r P —> <7 q —> r P —> r (p—>q)Mq—> r) —> (p —>r)

V V V V V V V
V V F V F F V
V F V F V V V
V F F F V F V
F V V V V V V
F V F V F V V
F F V V V V V
F F F V V V V
Notons qu’en vertu des lois d’associativité il est possible de sup­
primer les parenthèses encadrant le groupe de membres formés de
conjonctions et disjonctions polynomiales. A partir de la loi de la
double négation il découle, si besoin est, qu’une suite successive de
deux signes « ~\ » ou plus est toujours évitable.

Exercices
1. Construire la table de vérité pour chacune des formules
q
(a) p “1 P V q; (c) r (r -*» q);
(b) p —► | (q A r); (d) (p A q) -*• (s A “1 « P V s).
2. Que peut-on dire de la valeur « vrai » de l’assertion “I A A B A \J B
si la valeur de l’assertion A -►B est qualifiée « faux »?
§2] DEDUCTION LOGIQUE 15

3. Démontrer que les formules du théorème 1.3 sont des tautologies.


4. Soit C une formule impliquant une inclusion de la formule A , tandis
que C' est la formule obtenue a partir de C en remplaçant cette inclusion de la
formule A par la formule B. Démontrer que si A B est une tautologie,
C •+-*• C Test également.
5. Combien de lignes possède la table de vérité de la formule logique
d’assertions formée de n atomes différents?
6. Supposons que la formule A est construite à partir des atomes p y . . .
. . ., pn uniquement à l’aide des signes "I, Ai V* et la formule A* est obtenue
à partir de A en remplaçant chaque inclusion de A par le symbole V et inverse­
ment ; et, en remplaçant chaque inclusion pt par l’inclusion “I pt et inverse­
ment. Démontrer que la formule "IA -*-*»A* est une tautologie.
7. Démontrer que les formules suivantes sont des tautologies:
(a) (4 A B) C •*-*• A (B -+C);
(b) (A /\ B) -+ C —*■(4 A ~1C)
(c) 1 (A — B) * * A A “1B ;
(d) (A ->• B) A 1 B -* ~[A ;
(e) A -»■ B) ;
(î) A -*■ {B -*■ A)?.
(g) ( 1 4 ^ 4 ) ^ 4 ;
(b) (A -*■ B ) -*■ (A A C -*■ B A C);
(i) (A -*■ B) A (C D) -*■ (A A C —■B A D ) ;
(k) {A -*■ B) A (C D) -*■ (4 V C — B WD) ;
(D -1(4 J3) (1 (4 — B) V 1 (B A)).
8. Montrer qu’aucune formule de la logique des assertions construite uni­
quement avec les signes d’opérations logiques A » V n© constitue ni une tauto­
logie, ni une contradiction.

§ 2. Déduction logique
Définitions principales. Soient A u . . A m, B les formules de la
logique des assertions.
D éfinition. La formule B est appelée déduction logique des for­
mules A ly . . ., A m si avec un choix quelconque des valeurs de vérité
des atomes, entrant dans les formules A ly . . ., A my B, la formule B
acquiert la valeur « vrai » chaque fois où chacune des formules
A u . . ., A m est vraie.
La notation
^1» • • •» Am É—B
signifie que la formule B est la déduction logique des formules
A ly . . -, A m (Al7 . . ., A m entraînant logiquement B).
En recourant aux tables de vérité on dira que la formule B est
la déduction logique des formules A ly • . A m si dans les tables
construites suivant la suite des atomes ply • . -, pn» entrant dans
A ly • • ., A m, J9, la formule B possède la valeur «v rai» sur toutes
les lignes où, simultanément. A u - . ., prennent la valeur « vrai ».
Autrement dit, la collection des jeux de valeurs d’atomes pour les-
16 ELEMENTS DE LOGIQUE [CH. I

quels toutes les formules A u A m sont vraies appartient à la


collection des jeux de valeurs d’atomes pour lesquels la formule fi
est vraie. La suite d’atomes ply . . ., pny entrant dans les formules
A \, Am, fi, peut apparemment acquérir un ordre quelconque.
E x e m p e. A - + B , A ~~\B fc= ~l/4, ce q u i la
table :
A A —> B A —> -|B "1A
* 1
V V V F F
V F F V F
F V V V V
F F V V V

A partir de la définition de la déduction logique il découle que la


tautologie s’ensuit logiquement de toute formule de la logique des
assertions, tandis que la contradiction infère toute formule.
D éfinition . Les formules A et B sont dites équipotentes (logique­
ment équivalentes) si pour un choix quelconque des valeurs de vérité
d ’atomes, entrant dans A et fi, les formules A et fi prennent des
valeurs de vérité identiques.
La notation A = B signifie que les formules A et fi sont équipo­
tentes.
De la définition de l’équivalence logique des formules il découle
que toutes deux tautologies sont logiquement équivalentes de même
que deux contradictions quelconques.
La formule A est équipotente à B si et seulement si A t= fi et
B A.
T héorème 2.1. Les formules A et B sont équipotentes si et seulement
si la formule A ^ B est une tautologie.
On propose au lecteur d’esquisser la démonstration en guise
d ’exercice.
T héorème 2.2. (a) A t= fi si et seulement si t= A fi ; (b) A ly . . .
. . ., A m fi si et seulement si t~AX A • • • A fi.
D é m o n s t r a t i o n , (a) Soit A t= fi. L’implication A B
a la valeur de vérité F si À est « vrai » avec, simultanément, fi
« faux ». Or, en vertu de A ^ fi posé, il ne peut exister de telle
distribution de valeurs de vérité pour les atomes entrant dans A et fi.
Par conséquent, la formule A B acquiert toujours la valeur V,
c’est-à-dire -*■ B.
Posons maintenant que fi. Voyons la distribution quel­
conque des valeurs de vérité des atomes entrant dans A et fi pour
laquelle A est vrai. Comme par hypothèse avec cette distribution
A fi est qualifié V, fi acquiert, cette distributivité se conservant,
la valeur V. Donc, A ^ fi.
(b) A partir de la définition de la conjonction on a A 1%. . ., A m U
fi si et seulement si A Y A • • • A A m t= fi. En outre, en vertu
DEDUCTION LOGIQUE 17

de (a),
■di A • • • A -dm t B si et seulement si fcAj A • • • A A m-+~B.
Par conséquent, Ax, . . A m t B si et seulement si t A l A • • •
- • • A A m -+B. □
E x e m p l e . (A - r B), (B C) t= (A C), vu que la formule
(A —*■B) A (B -*• C) (A -*■ C) est une tautologie.
Theorême 2.3. Ax, . . ., Am, B t= C si et seulement si A u . . .
. . ., A m t= B-*- C.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que Ax, . . ., Am, B t C
et montrons alors que Ax, . . ., i4m t= B-*-C . Admettons qu’il
existe une distribution des valeurs de vérité des atomes entrant dans
les formules A „ . . ., Am, B, C pour laquelle les formules A ,,. . . , i l m
ont pour valeur V, tandis que la formule B C est F. Pour cette
même distribution des valeurs d’atomes les formules Ax, . . ., Am,
B prendraient simultanément la valeur V, tandis que la formule C
serait fausse. Donc, il n’existe pas de telle distribution des valeurs
de vérité d’atomes. Par suite, si A,, . . ., Am, B t: C, on a Ax, . . .
. . ., A m t= B — C.
Supposons maintenant que Ax, . . ., A m B C et montrons
que At, . . ., A m, B fc= C. Admettons qu’il existe une distribution
des valeurs de vérité d’atomes entrant dans les formules Ax, . . ., A m,
B, C pour laquelle les formules Ax, . . ., A m, B ont la valeur V,
tandis que les formules C sont fausses. Avec une distribution identi­
que des valeurs de vérité d’atomes les formules Ax, . . ., A m prendrai­
ent la valeur V et la formule B-*- C la valeur F, ce qui est en contra­
diction avec l’hypothèse. Par conséquent, il n’existe pas de telle
distribution de valeurs de vérité pour les atomes. Par suite, si Ax, . . .
• . ., Ajn t B —^ C, on a Ax, . . Am, B t—C» Q
Corollaire 2.4. A, B t= C si et seulement si t=A (B C).
Sous une forme plus générale : Ax, A „ . . Am t= B si et seulement
si fcA i —*• (A2 —*■(. . . (Am —►B) . . .)).
Pour esquisser la démonstration il suffit d’appliquer plusieurs
fois le théorème 2.3.
Il s’ensuit du théorème 2.3 qu’aux équivalences tautologiques
mentionnées au théorème 1.3 correspondent les équivalences logiques
suivantes :
A = A;
A A A s A;
AV A s A;
AA B s BA A;
A \/ B s B V A\
A A
>{ B A C ) s {AAB)AC-,
A V (B V C) s (A V B) \ / C ;
2 -0 1 7 6 2
18 ELEMENTS DE LOGIQUE [CH. I

a a ( B V C ) — (a a b ) V ( a a c );
AV(BAC)=[A\/B)A(A\/C);
"1 1 A = A;
( A~~B) = ( B ~ A ) ;
(A + B) = n B + - ] A ) ;
-](A\/B)=-\AA1B;
-\(AAB)^-]AV1B;
(A~B) — (-\A ~ -)B )i
A -+ (B -+ C ) = B ^ ( A - + C ) ;
A -* -B = ~\ A V B ;
^ 5 = n ( ^ A l 5 ) ;
A V B s ~] A-*~B;
AVB^-\(~\AA1B);
AABm*-[(A+-\B)i
A A B = m A V lB ) ;
(A+-~B) = (A-+B) A ( B - * A ) .
Schémas déductifs. Les démonstrations de telles ou telles af­
firmations mathématiques s'esquissent sur la base de règles détermi­
nées dont l'essence est traduite par des implications tautologiques de
la logique des assertions. Elles donnent une image schématique de
la marche de la démonstration, aussi les appelle-t-on schémas déductifs
ou règles des démonstrations (voir, par exemple, plus bas règle de
détachement, règle de contraposition, etc.). Donnons les règles cor­
respondant aux 15 premières implications tautologiques du théorè­
me 1.3:
A, A-*-B B règle de détachement;
A , B t= A A B règle d'inclusion de la conjonc­
tion ;
aab x ^ a ) règles d’élimination de la con­
a a b ^ b } jonction
a ^ a v b ) règles d’inclusion de la disjonc­
BtzA V B J tion ;
A \ / B , *"!] B ^ A règle d ’élimination de la dis­
jonction ;
A * H A règle d ’inclusion de la double
négation ;
'IIA^A règle d ’élimination de la double
négation ;
5 2] DEDUCTION LOGIQUE 19

A-*~B, B-*-A t A * * B règle d ’inclusion de l ’équiva­


lence ;
A ~ B t= A -* -B ] règles d ’élimination des équi­
A ~ ~ B ^ B -+ A I valences ;
A->~Bt= règle de contraposition ;
~ \A -+ B , A-*- ~\B\z- A règle de démonstration a contra­
rio ;
A -+ B , B-*-C t= A-*~C règle du syllogisme ;
A ^ C , B-*-Ct=. 4 V B - f C démonstration par analyse des
cas.

Pour noter ces règles on inscrit souvent les prémisses au-dessus


de la ligne horizontale, tandis que la conclusion est placée au-dessous
de cette dernière. Dans cette notation les schémas déductifs susmen­
tionnés prennent la forme:
A -+ B
A_
B
règle de détachement ;
A
B
AA B
règle d ’inclusion de la conjonction ;
A A B . AAB
A ’ B règles d’élimination de la conjonction ;
A . B
AVB ’ A\/B
règles d ’inclusion de la disjonction;
A \y B
~l B
A
règle d ’élimination de la disjonction ;
A
~ in a
règle d’inclusion de la double négation ;
~1~IA
A règle d ’élimination de la double négation;
A-*-B
B—A
A++B
règle d ’inclusion de l ’équivalence ;
A —+B . A++B
A-*-B ’ B-*- A règles d ’élimination de l ’équivalence; •
A -+ B
“ I B — ~\ A
règle de contraposition ;
20 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

n A-+ n b
A
règle de démonstration a contrario ;
A -+ B
B -* C
A -+ C
règle du syllogisme ;
A -+ C
B -+ C
A \J B -+ C
démonstration par analyse des cas.
Démonstration indirecte (démonstration a contrario). La col­
lection des formules A ly . . ., A m de la logique des assertions est dite*
contradictoire si, pour une distribution quelconque des valeurs de
vérité d’atomes qui les composent, une au moins des formules A l f . . .
* . A m acquiert la valeur F. On voit sans peine que la collection
des formules A x, . . A m est contradictoire si et seulement si la
formule A 1 A • • • A A m est une contradiction, c’est-à-dire est une
formule toujours fausse.
Théorème 2.5. Si de la collection des formules A u . . ., A m il
s'ensuit logiquement une contradiction, cette collection des formules est
alors une contradiction.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que A u . . ., A m F, où F
est une formule toujours fausse. Alors, selon le théorème 2.3,
J—Ai / \ . . . / \ Am— F .
En vertu de la table de vérité de l’implication, on en déduit que la
formule A x A • • • A A m est toujours fausse. Donc, la collection
des formules À l9 . . ., A m est une contradiction. □
Les formules toujours fausses (les contradictions) jouent un rôle
essentiel dans la méthode de démonstration indirecte appelée égale­
ment méthode de démonstration a contrario. Les démonstrations de
ce type se basent sur le théorème suivant.
Théorème 2.6. Si des formules A l9 . . ., A m, “|B s'ensuit logique-
ment une contradiction, on a alors À l9 . . ., A m B.
D é m o n s t r a t i o n . Posons A ly . . ., A m, “~|2? fc= F, où F
est une contradiction. Alors, selon le théorème 2.5, la collection des
formules A ly . . ., A m9 ^2? est contradictoire. Donc, si pour une
distribution quelconque des valeurs de vérité d’atomes composant
lesfformules A 19 . . ., A m9 “ |2? toutes les formules A l9 . . ., A m
prennent la valeur V, on obtiendra pour la formule la valeur F
et, partant, B sera qualifié V. Donc, A u . . ., A m fc= B. □
Ainsi, s’il faut démontrer qu’une certaine assertion 2? est logi­
quement impliquée par des prémisses données, on adjoint ~] B à ces
prémisses et l ’on montre qiie de ces prémisses s’ensuit une contra-
§2] DÉDUCTION LOGIQUE 2Î

diction (elle prend habituellement la forme C A H O - Après quoi*


on peut conclure que l’assertion B est la déduction logique des pré­
misses de départ. Pour m = 0 on a un cas particulier, c’est-à-dire
que les prémisses manquent. Si en admettant la vérité de ~\B on
aboutit à la contradiction (C A ^ devient possible d’affirmer
que B est vrai. Ce raisonnement s’appuie sur la règle de la démons­
tration a contrario: "|B ”|
La démonstration p a r a n a l y s e d e s c a s est très couran­
te; son principe est le suivant. Supposons qu’il s’agit de démontrer
la vérité de l ’assertion C. On construit les assertions A et B telles que
A V B, A -*» C, B C soient des assertions vraies (en guise de B
on prend souvent non-^4). Puis, sur la base du schéma déductif cor­
respondant on peut affirmer que C est vrai.
En s’appuyant sur la règle du syllogisme on peut postuler la
vérité de l’assertion A B si l’on est en mesure de construire la
chaîne des implications
A Ai ^ A o, . . ., A n^i An ►B,
dont chacune est vraie.

Exercices
1. Montrer que sont fondés les schémas déductifs suivants:
A -*■ ~| B . A B, A C
(a) b n a ' (i)
A BAC
j4, A ■«-* B A (B C)
(b) B (3) (A B) (A C) ;
A~+ B A C
(c) (k)
(B -*■ C) -*■ (A -*■ C) ; AAB C ’
A B, B ++ C A (B C) .
(d) (l )
A ~ C A AB C *
A +-> B t C ++ D "I A .
(e) (m)
A v C ++ B y C A B ’
A ■*-*■ B %C ‘*~+ D A i» B, H B
(f) A A C ** B A O
(n )
-\A
A -*• B, C -*■ D
(g) A\ J Cy B V D (o )
A B
A By C D A ( B ~»C) .
(h) AA C BA D (P) B (A C) *
A (B C)
a n e "I B) *
2. Démontrer que pour toute formule de la logique des assertions il exista
une formule d'équivalence logique construite seulement à l'aide de l'un des
22 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

couples suivants de copules:


(a) H, (b) n , V; (c) n , A-
3. Démontrer que
(a) -|i41V£, C-+ -\ B t= A -*"l C;
(b) A V B, A C, B D t= C V D ;
(c) A (B C), ~\D \ / A , B D C;
(d) A V B -+C /\ D, D v E ^ F t ^ A + F .

§ 3. Prédicats
Les moyens offerts par la logique des assertions s’avèrent insuffi­
sants pour analyser de nombreux raisonnements mathématiques.
Par exemple, la logique des assertions ne permet pas d’établir la
validité du raisonnement suivant: «Tout nombre entier est un
nombre rationnel ; 25 est un nombre entier, donc 25 est un nombre
rationnel ». Car en logique des assertions les assertions simples à
partir desquelles sont construites les assertions complexes sont
stipulées indivisibles. Elles ne sont pas soumises à l ’analyse de la
structure au sens des relations entre les objets et leurs propriétés.
Aussi, s’avère-t-il nécessaire de construire un système logique dont
les règles permettent d’étudier la structure d’assertions considérées
en logique des assertions comme élémentaires. Ce système est la
l o g i q u e d e s p r é d i c a t s dont la logique des assertions
constitue une des parties.
Variables libres. On utilise largement en mathématiques des
notations littérales. Certaines lettres mises en relief dans le texte
désignent des objets quelconques d ’upe certaine classe. Chacune de
ces lettres conserve généralement son individualité, c’est-à-dire
désigne toujours le même objet tout au long d’une certaine partie
du texte. Des lettres différentes peuvent être affectées soit à un
même objet, soit à des objets différents. Les lettres ainsi utilisées
sont appelées variables libres.
On appelle valeurs spécifiées de la variable libre les objets de la
classe déterminée pour la notation desquels on a utilisé cette variable.
C’est ainsi que les valeurs spécifiées de la variable libre peuvent
être des assertions. Une telle variable libre est dénommée proposition-
nelle.
Les valeurs spécifiées de la variable libre peuvent être des nom­
bres naturels ou entiers. Une telle variable libre s’appelle alors
respectivement naturelle ou entière.
Si les valeurs spécifiées de la variable libre sont des nombres réels
ou complexes, alors cette variable est appelée respectivement réelle
ou complexe.
§ 3] PREDICATS 23

Prédicats. Soit une proposition


(1) x + y = 3
contenant des variables naturelles x et y. Cette proposition n'est
pas une assertion car on ne peut répondre à la question: Est-elle
vraie ou bien est-elle fausse? On l’appelle prédicat ou condition
(sur x et y). Donnons d’autres exemples de propositions avec varia­
bles:
(2) x est un nombre premier;
(3) x est un nombre pair;
(4) x est plus petit que y;
(5) x est le diviseur commun de y, z.
Posons que les valeurs spécifiées des variables x, y et z sont des
nombres naturels. Si dans les propositions (l)-(5) on remplace les
variables par leurs valeurs spécifiées, on obtiendra des assertions qui
pourront être aussi bien vraies que fausses. Par exemple,
0 + 1=3;
2 est un nombre premier;
3 est un nombre pair;
5 est inférieur à 7 ;
3 est le diviseur commun de 6 et 12.
D éfinition . Les propositions avec variables aboutissant à des
assertions après substitution aux variables libres de leurs valeurs
spécifiées sont appelées prédicats.
Les propositions (l)-(5) peuvent être prises pour des exemples de
prédicats.
Suivant le nombre de variables libres composant les prédicats on
distingue les prédicats à une place (monadiques), à deux places (dia­
diques), à trois places (triadiques), etc. Les prédicats (2) et (3) sont
à une place, les prédicats (1) et (4) à deux places, le prédicat (5)
est à trois places. Les assertions seront considérées comme des pré­
dicats à aucune place.
En remplaçant dans le prédicat à une place (2) la variable par
des nombres naturels on aboutit aux assertions:
0 est un nombre premier;
1 est un nombre premier;
2 est un nombre premier;
3 est un nombre premier, etc.
Certaines de ces assertions sont vraies. C’est ainsi que le prédicat
donné à une place détermine parmi les nombres naturels ceux qui,
une fois substitués à la variable, fournissent une assertion vraie : il
24 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

peut donc être assimilé à une condition imposée à la valeur de la


variable libre composant le prédicat. Dans l’exemple considéré les
nombres satisfaisant à cette condition sont les nombres premiers.
Un prédicat à une place peut être assimilé à une condition imposée
à des objets de la classe donnée; un prédicat à deux places à une
condition imposée à un couple d’objets de même classe, etc.
Les prédicats peuvent être posés de façons différentes. En algèbre
on étudie souvent des prédicats posés au moyen d’équations, d’iné­
galités, ainsi qu’au moyen de systèmes d’équations ou d’inégalités.
C’est ainsi, par exemple, que l ’inégalité x + x"1 > 0 définit un
prédicat à une place, l’équation x2 + y = 0 un prédicat à deux
places, tandis que le système d’équations x + y = 0, x — y + z = 0
définit un prédicat à trois places (x, y, z étant des variables ration-'
nelles).
On notera les prédicats par des capitales latines (avec indice
inférieur si nécessaire) avec indication entre parenthèses de toutes les
variables libres composant le prédicat. Par exemple, A (x, y) est la
notation d ’un prédicat à deux places, R (x, y, z) celle d’un prédicat
à trois places et Q (xlf . . ., xn) celle d’un prédicat à n places (n-adi-
que).
Par la suite, on parlera de la valeur de vérité d’un prédicat quel­
conque sur un certain jeu de variables libres qui le composent en
entendant par là la valeur de vérité de l ’assertion obtenue par sub­
stitution aux variables libres des valeurs correspondantes du jeu con­
sidéré.
L’assertion obtenue en portant dans le prédicat R (xl7 . . ., xn)
le jeu de valeurs spécifiées (alt . . ., a^) au lieu de ses variables
sera notée R (al7 . . ., an). Si cette assertion est vraie (fausse) on dit
que ce jeu de valeurs (al7 . . ., an) satisfait (ou ne satisfait pas) au
prédicat R (xl7 . . ., xn).
Notons qu’il faut distinguer les prédicats exprimant une même
condition, mais composés de variables aux valeurs spécifiées diffé­
rentes. Par exemple, le prédicat défini par l’équation 2x — 3 = 0,
où x est une variable entière, doit être distingué du prédicat défini
par la même équation avec x considéré comme une variable ration­
nelle. Le premier prédicat n’est qualifié vrai pour aucune des valeurs
spécifiées de x, tandis que le second est vrai pour la valeur spécifiée
de x = 3/2. En définissant un prédicat on doit donc indiquer le do­
maine des valeurs spécifiées des variables de ce prédicat.
Opérations sur les prédicats. Les prédicats, comme les assertions,
sont qualifiés V et F et peuvent ainsi être soumis à des opérations
logiques analogues à celles de la logique des assertions.
Commençons par un cas particulier simple, celui des prédicats à
une place dont les domaines des valeurs spécifiées des variables coïn­
cident. A partir de deux prédicats P (x) et Q (y) formons un nouveau
prédicat P (x) A Q (y)- C’est un prédicat à deux.variables libres x
§ 3] PREDICATS 2&

et y et sa valeur de vérité pour tout jeu (a, b) de valeurs spécifiées


des variables se définit comme la valeur de vérité de l’assertion
P (a) A P (b). De façon analogue se définissent les prédicats
P ( * ) V Q ( y h l P ( * h P (*) + <?(y), P( * ) ~Q. ( y ) -
Il faut distinguer les prédicats: à deux places P ( x ) / \ Q (y)
de celui à une place P (x) A Q (*) ; dans le premier on spécifie les
variables libres x et y indépendamment l’une de l ’autre, et dans le
second, la variable libre x uniquement.
On définit de façon analogue pour les prédicats à plusieurs places
(polyadiques) les opérations de conjonction, de disjonction, de néga­
tion, d’implication et d’équivalence. Voyons, par exemple, le cas
de prédicats à deux places. Soient P (x, y), Q (y, z) deux prédicats
dont les domaines des variables spécifiées coïncident. P (x, y) A
A Q (yi z) est alors un prédicat à trois places en x, y, z dont la valeur
de vérité pour tout jeu des variables libres spécifiées (a, b, c) est défi­
nie comme la valeur de l’assertion P (a, b) A Q c). Notons qu’en
analysant les opérations sur les prédicats il faut distinguer les variables
désignées par des lettres différentes de celles désignées par des lettres
identiques.
Voyons encore quelques exemples:
1) A ( x ) \ / B ( x , y)prédicat par rapport aux variables li­
bres x et y ;
2) ” | A (y)/\D (s, x) prédicat par rapport aux variables li­
bres x, y, z\
3) E (x, y, z)-+F (z) prédicat par rapport aux variables li­
bres x, z/, z .
Le prédicat A (x) V B (x, y) acquiert la valeur V pour le jeu
des valeurs (a, b) si l ’une au moins desassertions A (a) et B (a, b)
est vraie et, prend la valeur F si ces deux assertions sont fausses. De
façon analogue, on peut établir les valeurs de vérité des autres pré­
dicats pour un jeu donné de variables libres.
Déduction logique. Prédicats équipotents.
D éfinition . Le prédicat A (xx, . . ., x„) est dit toujours vrai si
pour tout jeu de valeurs spécifiées des variables libres qui le com­
posent sa valeur de vérité est V.
On peut prendre pour exemple de prédicat toujours vrai le prédicat
à trois places défini par l ’inégalité (x + y)2 + z2^ 0, où x, y, z sont
des variables rationnelles.
Soient A (xx, . . ., xm) et B (ylt . . ., yn) les prédicats possédant
des domaines identiques de variables libres spécifiées.
D é fin itio n . Le prédicat B ( y ^ . . y„) est dit déduction logique
du prédicat A (xlf . . ., xm) si le prédicat A (x1? . . ., xm)
-*■ B (ÿlt . . ., yn)-est identiquement vrai.
26 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

La notation A fo , . . ., xm) B (ylt . . ., yn) signifie que le pré­


d icat B (yx, . . ., yn) est la déduction logique du prédicat A (xl7 . . .
- • ^m)*
Par exemple, si x est une variable entière, R (x) la notation du
prédicat « x est un nombre pair », P (x) la notation du prédicat « x
•est multiple de 4 », alors R (x) s'ensuit logiquement de P (x), autre­
ment dit, P (x) t= R (x). Dans ce cas le prédicat R (x) n ’entraîne pas
logiquement P (x).
Prenons deux prédicats à n places A (xx, . . xn) et B(x1, . . ., xn)
concernant les mêmes variables libres. Le prédicat B (xlf . . ., xn)
sera la déduction logique du prédicat A xn) si et seulement
si tout jeu de valeurs des variables x11. . ., xn, satisfaisant au prédicat
A (x1? . . xn), satisfait également au prédicat B (xlt . . xJl).
On laisse au lecteur le soin d’esquisser la démonstration de cette
affirmation.
D éfinition . Le prédicat B (zlf . . ., zn) est dit déduction logique
des prédicats A x (xlf . . ., xm), . . ., A k (yx, . . ., yi) si le prédicat
A (xly . . ., xm) A • • • A A k (ylt . . ., yi)-+ B (zx, . . ., zn)
est identiquement vrai. (On suppose dans ce cas que toutes les
variables libres des prédicats considérés possèdent les mêmes valeurs
spécifiées.)
E x e m p l e . Soit P (x) le prédicat « x est un nombre pair »,
Q (x) le prédicat « x est multiple de 3 », R (x) le prédicat « x est
multiple de 6 ». Alors, P (x), Q (x) t= R (x).
D éfinition . Les prédicats A (xx, . . ., x m) et B (ylf . . ., yn)
sont dits équipotents (logiquement équivalents) si le prédicat
A (xx, . . ., xm) B (ylt . . ., yn) est identiquement vrai. La notation
A fo , . . ., xm) = B (yx, . . ., yn) signifie que les prédicats
A (xlf . . ., xm) et B (yl9 . . ., yn) sont équipotents.
On voit sans peine que les prédicats A (x^ . . ., xm) et B (ylf . . .
. . ., yn) sont équipotents si et seulement si
A (Xj, . • ., x m) B (î/i, • • •, gn) ®t
(l/l» • • •» l/n) ^ *4 (Xj, • . Xm).
Il est facile de démontrer que les prédicats A (xlf . . ., xm) et
B (xlt . . ., xn) sont équipotents si et seulement si leurs valeurs de
vérité coïncident pour tout jeu de valeurs spécifiées des variables
x1, . . ., xn. On peut donner en guise d’exemple de prédicats équipo­
tents les prédicats définis par les équations x3 — y3 = 0 et
2 (x — y) (x2 + xy + y2) = 0, où x, y sont des variables ration­
nelles.
D éfin itio n . Le prédicat A (xj, . . ., xn) est dit identiquement faux
si sa valeur de vérité est qualifiée F pour tout jeu de valeurs spéci­
fiées des variables libres qui y figurent.
$ 4] QUANTIFICATEURS 27

Par exemple, est identiquement faux le prédicat x + 1 = x, où


x est une variable entière.
D éfinition . Le prédicat A (xlt . . ., x») est dit réalisable s’il y
a au moins un jeu de valeurs spécifiées des variables libres y figurant
pour lequel sa valeur de vérité est V.
Par exemple, sont réalisables les prédicats tels que « x est un
nombre premier », « x est divisible par y », « x2 — 5x + 6 = 0 »,
où x est une variable entière.
Des définitions susmentionnées il s’ensuit qu’un prédicat identi­
quement vrai se déduit logiquement de tout prédicat, tandis que d’un
prédicat identiquement faux s’ensuit logiquement tout prédicat.
Tout prédicat est soit identiquement vrai, soit réalisable, soit
identiquement faux.

Exercices
1. Donner des exemples de prédicats P (x, y, z) et R (x, y, z), où x, y, z
sont des variables naturelles, dont l’un est une déduction logique de l*autre.
2. Donner des exemples de prédicats à une, deux et trois places qui soient
identiquement faux, identiquement vrais et réalisables (mais non pas identique­
ment vrais).
3. Construire les prédicats A (x) et B (x), où x est une variable entière,
de manière que
(a) les prédicats A (x) et B (x) soient non identiquement vrais, tandis que
A (x) \/ B (x) le soit;
(b) A (x) et B (x) soient des prédicats réalisables, et A (x) A B (*) un
prédicat non réalisable.

§ 4. Quantificateurs
Examinons de nouvelles opérations qui appliquées aux prédicats
ou bien aux assertions fournissent, une fois réalisées, des prédicats
ou des assertions. Ces opérations constituent des expressions d’uni­
versalité ou d’existence.
Quantificateur universel. Soit A(x) le prédicat à une variable
libre x . Par l’expression VxA (x) on désignera l ’assertion qui sera
vraie si A (x) acquiert la valeur V pour toutes les valeurs spécifiées
de la variable x, c’est-à-dire si le prédicat A (x) est identiquement
vrai, et la valeur F dans le cas contraire. L’assertion Vx.4 (x) est
ainsi indépendante de x. Le symbole Vx placé à gauche du prédicat
A (x) est appelé quantificateur universel suivant la variable x. Si,
par contre, A est une assertion, MxA est alors une assertion vraie si
et seulement si A est vrai.
Passons maintenant à un prédicat à plusieurs variables libres,
par exemple le prédicat A (x, y, z) de trois variables. Ce prédicat,
après la substitution arbitraire de toutes les variables libres, sauf x,
par leurs valeurs b et c, constitue un prédicat concernant seulement
28 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

la variable libre x, et l'expression


VxA (x, by c)
est une assertion. Le prédicat VxA (x, y, z) se transforme en une
assertion après la spécification de toutes les variables libres qui le
composent, sauf x, et, partant, ne dépend pas de x. Vx4 (x, y, z)
est ainsi fonction de toutes les variables libres composant A (x, y, z)f
sauf x, c’est donc un prédicat à deux places concernant y et z. Ce
prédicat pour le jeu donné des valeurs des variables libres 6, c
est qualifié V si et seulement si le prédicat A (x, 6, c) ne dépendant
que d’une seule variable libre x est identiquement vrai. Le symbole
Vx se lit « quel que soit x » ou « pour tout x », tandis que la notation
Vx.4 (x, y, z) se lit « quel que soit x on a A (x, y, 2 ) » ou, de façon
plus concise, « pour tout x A (x, y, z) ».
La variable x dont le prédicat VxA (x, y, 2 ) ne dépend pas est
appelée variable liée (pour la différencier des variables y, 2 qui sont
des variables libres).
Quantificateur existentiel. On utilise pour le quantificateur exis­
tentiel le symbole 3x placé à gauche du prédicat ou de l’assertion.
Soit A (x) un prédicat à variable libre x. Par l’expression 3xA (x)
on comprendra l’assertion vraie si A (x) est qualifié V au moins pour
une des valeurs spécifiées de la variable x, (le prédicat A (x) est
réalisable), et fausse, dans le cas contraire. Si, par contre, A est
une assertion, 3x4 est aussi une assertion qui est vraie si et seule­
ment si A est vrai.
Supposons maintenant que A (x, y, 2 ) est un prédicat à trois
places. Si dans ce prédicat à toutes les variables libres, sauf x, on
substitue leurs valeurs, par exemple, 6, c, on obtiendra alors le
prédicat A (x, 6, c) qui ne dépend que d’une variable libre x, et
l ’expression
3xA (x, by c)
sera une assertion. Donc l’expression 3xA (x, y, 2 ) est un prédicat
qui se transforme en une assertion après spécification de toutes les
variables libres, sauf x, et, par suite, ne dépend pas de x. Ainsi,
l’expression 3xA (x, y, 2 ) est un prédicat qui n ’est fonction que
de y et 2 , vu que l’application d’un quantificateur au prédicat à
trois places le fait passer à un prédicat à deux places. La variable x
dont le prédicat 3xA (x, y, 2 ) ne dépend pas est appelée variable
liée.
Le prédicat 3xA (x, y, 2 ) prend la valeur V avec le jeu donné
des valeurs spécifiées fc, c si et seulement si le prédicat à une place
A (x, by c) est réalisable.
Le symbole rx est appelé quantificateur existentiel suiyant la
variable x et se lit : « il existe un x ». L’expression 3x4 (x, y, 2 )
QUANTIFICATEURS 29

se lit : « A (x, y, 2 ) existe au moins pour un a: » ou bien : « il existe


un x tel que A (x, y , 2 ) ».
On applique les quantificateurs de façon absolument analogue
à des prédicats à un nombre de variables plus grand. L’association
d’un quantificateur à un prédicat à n places (pour n > 0) transfor­
me ce dernier en un prédicat à (n — 1) places.
A un même prédicat il est possible d’associer à plusieurs reprises
des quantificateurs. Par exemple, après avoir associé au prédicat
A (x, y) le quantificateur existentiel suivant x, on obtient le prédicat
à une place 3xA (x, y) auquel on peut associer de nouveau le quanti­
ficateur existentiel ou bien le quantificateur universel suivant la
variable y. Finalement on obtient l’assertion
3y (3xA (x, y)) ou bien Vy (3xA (x, y)).
Habituellement on supprime les parenthèses et on obtient les expres­
sions
3y 3xA (x, y) ou bien Vy 3xA (x, y).
Notons que les quantificateurs identiques peuvent être permutés
en obtenant des assertions équivalentes, autrement dit, des équiva­
lences vraies:
VxVy (x, y) VyVxA (x, y) ;
3x3yA (x, y) 3y3xA (x, y).
En effet, les assertions VxVyA (x, y) et VyVxA (x, y) sont toutes
les deux vraies si et seulement si le prédicat A (x, y) est identique­
ment vrai. Les assertions 3x3y (x, y) et 3y3xÀ (x, y) sont toutes
les deux vraies si et seulement si A (x, y) est un prédicat réalisable.
Toutefois, si l ’on associe au prédicat successivement des quantifi­
cateurs différents, l’ordre de leur succession est alors essentiel. Par
exemple, les assertions Vy3xA (x, y) et 3x3yA (x, y) ne sont pas
à proprement parler équivalentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent
avoir des valeurs de vérité différentes.
L'association à un prédicat d’un ou de plusieurs quantificateurs
(universel, existentiel) est appelée quantification.
Voyons sur un exemple comment on applique les quantificateurs.
Soit x + y > 0 un prédicat à deux places, où x et y sont des varia­
bles entières. Ce prédicat exprime la positivité d’une somme de deux
nombres entiers et constitue une assertion chaque fois quand les va­
riables x et y sont spécifiées. Si l ’on associe à ce prédicat un quantifi­
cateur existentiel suivant y on le transforme en un prédicat à une
place
3y (x + y > 0).
Quand on spécifie la variable x de ce prédicat, ce dernier devient
une assertion. Le prédicat 3y (x'^-'y > 0) èst vrai quand les valëurs
30 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

de la variable x fournissent un entier y formant sommé avec z un


nombre positif. On se convainc sans peine que ce prédicat est identi­
quement vrai, et si on associe à ce dernier un quantificateur universel
en z , on obtient alors l'assertion
Vx3y (z + y > 0),
postulant que pour tout nombre entier z il existe un certain nombre
entier y rendant leur somme positive. Cette assertion est à distinguer
de l'assertion
3yVx (z + y > 0),
affirmant qu'il existe un nombre entier dont la somme avec tout
nombre entier est positive. Cette dernière assertion est fausse.
Notation des assertions dans le language de la logique des pré­
dicats. Examinons quatre types principaux d'assertions qu'on ren­
contre fréquemment en mathématiques. Dans la notation symbolique
de ces assertions (le langage de la logique des prédicats) on utilise
les quantificateurs.
Soit A (x) la notation du prédicat « x est un nombre impair »
et B (x) la notation du prédicat « x est un nombre premier », où x
est une variable entière.
1. L’assertion «Tout nombre impair est un nombre premier»
peut être réénoncée de la façon suivante : « Pour tout x, si x est
impair, x est un nombre premier ». Il devient alors clair que dans le
langage des prédicats cette assertion se notera ainsi:
Vx (A (x) B (x)).
2. L'assertion « Aucun nombre impair ne constitue un nombre
premier » ou « Pour tout x, si x est impair, x n'est pas premier »
se notera symboliquement ainsi:
Vx (A ( x ) - > l f l (x)).
Remarquons que dans nos raisonnements la valeur de vérité
de l'assertion ne joue aucun rôle.
3. Le type suivant d'assertion est de la forme : « Certains nombres
impairs sont premiers ». Elle veut dire qu'il existe un x qui est simul­
tanément impair et premier. Aussi l'assertion du troisième type se
notera-t-elle dans le langage des prédicats sous la forme
3x (A (x) A B (x)).
Cette dernière notation n'est pas équivalente à la notation
3x (A (x )-* 5 (x )),
dont le sens est différent à celui de l'assertion de départ.
§ 4] QUANTIFICATEURS 3t

4. Le quatrième type d'assertions est de la forme : « Certains


nombres impairs ne sont pas premiers ». Cette assertion se note
ainsi :
3s (A (s) A H B (s)).
Les exemples examinés montrent que chaque assertion apparte­
nant à l'un des quatre principaux types se prête à une notation
symbolique.
Dans la suite pour énoncer l’assertion « Il existe un s positif teî
que A (s) », au lieu de la notation symbolique
3s (s > 0 A A (s)),
on utilisera une notation plus concise (3s > 0) A (s). De façon
analogue pour l’assertion « Pour tout s positif on a A (s) » au lieu de
Vs (s > 0 A (s))
on se servira de la notation (Vs > 0) A (s).

Exercices
1. Ecrire dans le langage des prédicats les assertions suivantes:
(a) Certains nombres réels sont des nombres rationnels.
(b) Aucun nombre premier n'est un carré exact.
(c) Certains nombres pairs ne se divisent pas par 8.
(d) Tout multiple de 6 se divise par 3.
2. P (x) désigne « x est un nombre premier », Q (x) « x est un nombre pair »r
R (x) «x est un nombre entier », D (x, y) « x divise y ». Formuler en se ser­
vant des mots les assertions suivantes notées dans le langage des prédicats.
Distinguer celles qui sont vraies de celles qui sont fausses:
(a) VxP (x) ~1Ç (x) ;
(b) V* (H P (x) — Vy (P (y) -*■ -| D (x,
(c) Vx «? (x) Vy (D (x. y) ^ Q (y)))
(à) Vx3ÿ (R (x) A R (y) - D (x, y));
(e) VÿVx (R (x) A R (y) ^ D (x, y)) ;
(0 3xVj, (R (x) A R (y) — D (x, y)).
3. En se servant des symboles logiques écrire les assertions suivantes r
(a) Les nombres 5 et 12 n'ont pas de communs diviseurs différents de
-f-1 et —1.
(b) Le nombre naturel divisible par 6 est également divisible par 2 et par 3.
(c) Pour tout nombre entier x il existe un nombre entier y vérifiant soit
x = 2yy soit x = 2y + 1.
(d) Tout nombre naturel a un nombre naturel supérieur à lui.
(e) Il existe un nombre naturel minimal.
(f) Le système d'équations i + y = 0 , i + y = l n'admet pas de solution
(système incompatible).
(g) Il n'existe pas de nombre rationnel x tel que x* — 2 = 0.
(h) Pour tous nombres entiers x et z il existe un nombre entier y tel que
x + y = *.
32 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH- I

(i) Pour tous deux nombres rationnels x et y il existe un nombre ration­


nel z tel que x < z et z < y.
4. Chercher si pour tous prédicats P (2, y), Q (x), R (x) on a les équipoten­
ces suivantes. Si non, donner des exemples de prédicats qui le confirment:
(a) VxSyP (x, y) sa SyVxP (x, y) ;
(b) V*VÿP (x, y) « VyVxP (*, y) ;
(c) V* (JT (x) V Q (*)) - VxJÎ (x) v (*) ;
(d) 3x (R (x) A Q (x)) - 3xR (1) A 3xQ (x) ;
(e) V* Vy (P (x) V Q (y)) s V *R (x) V V *Q (*);
<f) V*ç (*) 5 xi? (x) = 3 X (Ç (x) — i? (x));
(g) 3** (x) VV*<? (*) S 3 * (/? (x) Q (x));
(h) \/x (B (x) - <? (x)) = \fxR (x) VxQ (x).

§ 5. Formules des prédicats. Lois logiques


Formules élémentaires. Supposons qu’on dispose d’une liste
de variables
X , y , Z, U , U7, . . . , X j, y l t Zx, Ul t U7J, . . -,

appelées souvent objets variables, car on leur substitue des noms


-d’objets déterminés
0 , 6 , C, û j , C j, . . .

En outre on admet que pour chaque n naturel on possède un certain


ensemble d’expressions
P (ij, Zj» • • •» ^n)» Q (pi y 1 • • •t t), R (t/i? ■• •t i/n)i • • • »
appelées symboles prédicatifs n-aires (à n places). Par exemple, P (x),
Q (y) sont des symboles prédicatifs singulaires (à une place), P (x, y),
Q (xu x .,) binaires (à deux places), P (x, y, z), Z? (xly x2, x3) ter­
naires (à trois places), A, B, . . . . P, Q zéronaires (à aucune place).
En partant de cette collection de symboles prédicatifs on forme des
expressions qu’on appellera formules élémentaires ou prédicats
atomiques de la logique (atomes de la logique des prédicats).
D éfinition. On appelle formule élémentaire l’expression obtenue
par substitution dans le symbole prédicatif aux variables (x, y, ...)
•qui le composent de certains objets variables non obligatoirement
distincts.
Par exemple, en partant du symbole prédicatif singulaire P (x),
on aboutit aux formules élémentaires (atomes) P (x), P (y), P (0 ),
etc. ; en partant du symbole prédicatif binaire Q (x, y), on obtient
les formules élémentaires Q (x, y), Q (y, z), Q (u, i>), Q Or, x), etc.
En partant du symbole prédicatif R (x, y, z), on a les formules
•élémentaires R (x, y, z), R (y, z, x), R (u, vy w)y R (x, x, x),
§ 5] FORMULES DES PREDICATS. LOIS LOGIQUES 33

R (a;, y, x), etc. Les symboles prédicatifs initiaux à aucune place


sont aussi inclus dans la collection des formules élémentaires. Les
formules élémentaires constituent une collection plus vaste que la
collection de départ des symboles prédicatifs, vu que les objets
variables entrant dans les formules élémentaires ne sont pas obliga­
toirement distincts.
Formules prédicatives. Les formules prédicatives (formules de la
logique des prédicats) s’introduisent de la façon suivante:
(a) toute formule élémentaire est une formule prédicative ;
(b) si A et B sont des formules prédicatives, (“1 A), (A A B),
(A V B), (A ->■ B) et (A B) sont aussi des formules prédicatives.
Si A est une formule prédicative et x un objet variable, (VxA) et
(3xA) sont aussi des formules prédicatives;
(c) une expression n’est une formule prédicative que si elle est
une formule élémentaire ou si elle est construite avec des formules
élémentaires par application successive des règles (a), (b).
Les formules prédicatives qui ne sont pas élémentaires sont dites
formules prédicatives composées.
Pour la notation des formules de la logique des prédicats on se
servira de capitales latines en caractère gras: A, B, C, . . ., R,
P, Q, etc.
Dans les formules (VxA) et (3xA) la formule A est appelée
domaine d'action des quantificateurs \fx et 3x respectivement.
On convient habituellement de supprimer les parenthèses. De
plus, on pose que les quantificateurs ont une force liante supérieure
à celle des autres opérations. Aussi la formule (VxP (x)) R (x, y)
peut-elle s’écrire : VxP (x) -*• R (x, y).
D éfinition . La formule prédicative est dite universelle si après
remplacement des formules élémentaires la composant par des pré­
dicats quelconques, on obtient un prédicat toujours vrai.
D éfinition . Les formules prédicatives sont dites équipotentes
si après substitution aux formules élémentaires qui les composent
des formules prédicatives quelconques, on aboutit à des prédicats
équipotents. L’équipotence des formules A et B se notera ainsi:
A = B.
On démontre sans peine que la formule prédicative A -*-►B
est universelle si et seulement si A et B sont des formules prédica­
tives équipotentes.
Une série d’équipotences de la logique des prédicats peut être
obtenue des équipotences de la logique des assertions. Par exemple,
aux équipotences de la logique des assertions
A/\B = BAA;
“1 “] a = A ;

1(4A 5)^14V 15
3 -0 1 7 6 2
34 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

correspondent des équipotences de la logique des prédicats


A A B = B A A;

1 ( A V B ) * “ | A A “1 B ;
“ I (A A B) = ~] A V I B.
De façon analogue les formules identiquement vraies de la logique
des assertions constituent la source d’où sont puisées les formules
universelles de la logique des prédicats. Par exemple, à la tautologie
A V ”1 A correspond la formule universelle de la logique des prédi­
cats A V "1 A. En effet, en portant des prédicats quelconques dans
toute formule A concrète au lieu des symboles prédicatifs qui la
composent, on obtient un certain prédicat P (xt, . . ., xn). La formu­
le A V H A se transforme dans ce cas en prédicat P (xl7 . . xn) V
V "1 P (*i, . . ., x n) qui acquiert la valeur V pour toutes valeurs
spécifiées des variables (en vertu de la loi du tiers exclu de la logique
des assertions).
En raisonnant de même, on est en mesure de valider les autres
formules universelles et équipotences de la logique des prédicats
transférées de la logique des assertions.
Outre les formules universelles et les équipotences de la logique
des prédicats obtenues de la sorte, il existe des formules universelles
et des équipotences spécifiques en rapport avec le recourt aux quanti­
ficateurs. On en examinera quelques unes.
Lois de la logique des prédicats. Etudions une série d’équipo­
tences jouant un grand rôle en logique des prédicats. On n’esquissera
pas de démonstration rigoureuse. L’équipotence
(1 ) - | (VxA (x)) = 3 x (“ | A (*))
correspond à l ’interprétation habituelle des quantificateurs. Les
assertions « Il est faux que tout objet x satisfait à la condition A (x) »
et « Il existe un objet x qui ne satisfait pas à la condition A (x) »
ont la même signification exprimant l’équipotence (1 ).
L’équipotence
(2) 1 (BxA (x)) = Vx (“ | A (x))
correspond à l ’identification habituelle des assertions « Il est faux
qu’il existe un objet x satisfaisant à la condition A (x) » et « Aucun
objet x ne satisfait à la condition A (x) ».
En appliquant la négation aux deux membres de (1) et (2) et,
compte tenu de la loi de la double négation, on aboutit encore à
deux équipotences
(3) VxA (x) = ~| (3x ~| A (x)) ;
(4) 3xA (x) ~] (Vx “ 1A (x));
§ 5] FORMULES DES PRÉDICATS. LOIS LOGIQUES 35

ces dernières montrent que le quantificateur existentiel peut s’expri­


mer au moyen du quantificateur universel et réciproquement.
Les deux équipotences suivantes traduisent les propriétés de
distributivité du quantificateur universel relativement à la con­
jonction et du quantificateur existentiel relativement à la disjonc­
tion:
(5) 3xA (x) V 3xB (x) = 3x (A (x) V B (x)) ;
(6 ) VxA (x) A Vx£ (x) = Vx (A (x) A B (x)).
A la vérité de ces équipotences sont reliés les importants raisonne­
ments suivants. Le premier membre de (5) acquiert la valeur V si
et seulement si ou bien A (x), ou bien B (x) sont qualifiés V au
moins pour une valeur spécifiée de x, c’est-à-dire quand au moins
un des prédicats A (x) et B (x) est valide. Or, c’est justement dans
ce cas et rien que dans ce cas que sera valide le prédicat A (x) \ JB (x),
c’est-à-dire sera vraie l’assertion 3 x (A (x) V B (x)). Des raisonne­
ments analogues peuvent être conduits pour l’équipotence (6 ).
Le quantificateur existentiel n’est pas distributif relativement
à la conjonction, c’est-à-dire que les formules Ex (A (x) A B (x))
et 3xA (x) A 2 xZ? (x) ne sont pas équipotentes. Il n’est pas difficile
de trouver un exemple de deux prédicats réalisables dont la conjonc­
tion soit non réalisable. Pour de tels prédicats la première formule
est qualifiée F, et la seconde, V. Les formules Vx (A (x) V B (x))
et VxA (x) V Vxf? (x) sont de même non équipotentes, autrement
dit, le quantificateur universel n’est pas distributif relativement
à la disjonction.
A chaque équipotence de la logique des prédicats correspond une
formule universelle. Par exemple, seront universelles les formules
suivantes (on les appelle souvent lois logiques) :
(1) “ J (VxA (x)) — 3x ( “| A (x)) ;
(2) ~1 (3xA (x)) — Vx ( ~| A (x)) ;
(3) VxA (x) —*■~1 (3x “1 A (x)) ;
(4) 3xA (x) •*-*■ ~| (Vx ~] A (x)) ;
(5) 3xA (x) V 3 x B ( x ) 3x (A (x) V B (x)) ;
(6 ) VxA (x) A VxB (x) — Vx (A (x) A B (x)).
Il existe dans la logique des assertions une méthode générale
permettant en un nombre fini d’opérations de dégager pour toute
formule propositionnelle si cette dernière est identiquement vraie
(méthode des tables de vérité). En logique des prédicats on ne con­
naît pas de méthode aussi générale permettant en un nombre fini
d’opérations d’élucider pour toute formule prédicative si cette der­
nière est universelle ou non. Pour certains types de formules on
a élaboré des méthodes semblables.
3*
36 ÉLÉMENTS DE LOGIQUE [CH. I

Exercices
1. Rechercher si les formules suivantes sont universelles (si non le con-
finner par des exemples):
(a) 3xP (x) - V*P(x);
(b) V*P(x) - P (y);
(c) P (y) - VxP(x);
(d) £xQ (x) — Q (y);
(e) Vx=yQ (x, y) -*■ 3?VxQ (x, y)-.
(f) VxVyV=(P(x, y) A P (y, =) - P(x, =));
(g) V*P (x) V VxQ(x) - 3x(P(x) A Q (x));
(h) Vx (P (x) - Q (x)) - 3(xP (x) — 3*Q0
(0 3xP (x) a 3*Q (x) — 3x (P (x) A Q (x));
(j) Vx (P (x) v Q (x)) — VxP (x) v VxQ (x).
2. Montrer le bien-fondé de Tuniversalité des formules suivantes :
(a) VxP (x) V VxQ (x) - Vx (P (x) V Q (x));
(b) 3x (P (x) a Q (x)) - 3xP (x) A 3xQ (x);
(c) V* (P (x) Q (x)) (VxP(x) V*Q (*));
(d) Vx(P(x) «• Q(x)) -H. (VxP(x) — V*Q (x));
(e) Vx (P (x) Q (x)) — QxP (x) 3*Q (*))'•
(0 VxQ(x) - 3xQ (x);
(g) VxP(x) — P (y);
(h) Q (y) 3*Q (x);
(0 "i “i VxP (x, y) -*• V*P (*. y);
(i) VxV yP (x, y) ■*-*■ Vy VxP (x, y);
(k) 3x 3yR (x, y) ** 3y 3xR (x, y);
(D 3xP (x) A £xQ (x) ~ 3x 3y (P (x) A Q (y));
(m) V*R (x) v VxQ (x) Vx Vy (P (x) v Q (y));
(n) VxQ (x, :) — VyQ (y. x);
(o) 3xP(x, s) « 3yP(y, 2);
(P) V* ~1 P (*) V V*Q (x) 3xP (x) -*■ VxQ (x)
(r) 3x (P (x) Q (x)) «-*■ VxP (x) 3*Q(x).
CHAPITRE II

ENSEMBLES ET RELATIONS

§ 1. Ensembles
Notion d’ensemble. La notion d’ensemble est l’une des plus
importantes en mathématiques. On entend sous le terme ensemble
une collection d’objets (articles matériels ou notions abstraites)
considérée comme un tout. On peut, par exemple, parler de l’ensemble
de tous les nombres naturels, de l’ensemble de lettres d’une page,
de l’ensemble de racines d’une équation donnée, etc. Les objets
composant un ensemble sont appelés éléments. La notion d ’ensemble
est considérée comme intuitive, primaire, c’est-à-dire ne pouvant
être réduite à d’autres notions.
Les affirmations « L’objet a est un élément de l’ensemble A »,
« L’objet a appartient à l’ensemble A » dont la signification est la
même peuvent s’écrire de façon compacte sous la forme a £ A.
Si l’élément a n’appartient pas à l’ensemble A , on écrit a $ A .
Le symbole Ç est appelé signe <Tappartenance.
D éfinition . Deux ensembles A et B sont dits égaux et l’on écrit
A = B si A et B contiennent les mêmes éléments.
Ainsi, les ensembles A et B sont égaux si pour tout x x 6 A si et
seulement si x Ç B. Par suite, la démonstration de l’égalité de deux
ensembles donnés A et B revient habituellement à la démonstration
de deux affirmations : 1) pour tout x si x Ç A, x Ç B ; 2) pour tout x
si x £ B, x 6 A.
On désigne fréquemment un ensemble par ses éléments mis entre
accolades. C’est ainsi, par exemple, que l’ensemble composé d’élé­
ments a, 6 , c est noté {a, 6 , c}. L’ensemble composé d’éléments
a,, a2, . . ., an est désigné par {a,, a2, . . ., an).
Les ensembles {1, 2, 3} et {3, 1, 2, 1} sont égaux, car chaque
élément du premier ensemble appartient au second ensemble et
réciproquement. Ils sont tous deux composés de trois éléments.
On se sert habituellement de la notation {1 , 2, 3}.
Un ensemble peut être composé d’un seul élément. Il faut distin­
guer l’élément a de l’ensemble {a} ne contenant qu’un seul élé­
ment a, car on admet l ’existence d’ensembles dont les éléments
constituent eux-mêmes des ensembles. Par exemple, l’ensemble
38 ensembles et relations [ch. n

a = {2 , 1 } est composé de deux éléments 2 et 1 ; l’ensemble {a} a un


seul élément a qui de son côté possède deux éléments.
Sous-ensembles.
D éfinition . L’ensemble A est dit sous-ensemble de l ’ensemble B
si chaque élément de l’ensemble A appartient à l ’ensemble B .
Si A est un sous-ensemble de l’ensemble B, on dit de même que A
est contenu dans B et l’on écrit A a B. Le symbole c= est appelé
signe d'inclusion. Selon la définition
A c B (pour chaque x, x £ A x £ B).
L’ensemble A est appelé sous-ensemble propre de l’ensemble B si
A cz B et A =5^ B. La notation A % B signifie que A est le sous-
ensemble propre de l’ensemble B.
Notons les propriétés de la relation d’inclusion qui se déduisent
sans peine de la définition:
(a) la relation d’inclusion est réflexive, c’est-à-dire A a A
pour tout ensemble A ;
(b) la relation d’inclusion est transitive, c’est-à-dire que pour
tous ensembles A , B, C il s’ensuit de A cz: B et B cz C que A <= C;
(c) la relation d’inclusion est antisymétrique, c’est-à-dire que pour
tous ensembles .4, B, C il s’ensuit de A a B et B cz A que A = B.
Il découle de la propriété (c) que pour établir l ’égalité des en­
sembles A et B il suffit de démontrer que A cz B et B cz A , c’est-à-
dire
( A = B) (A cz B A B c: A).
En théorie des ensembles on adopte le principe suivant pour la
séparation des sous-ensembles d’un ensemble donné avec l’office
des prédicats monadiques : pour tout ensemble A et un prédicat mona-
dique P (x) significatif pour tous les éléments de Vensemble A (c’est-à-
dire tel que, pour tout x de A , P (x) est vrai ou bien faux) il existe
un ensemble composé exactement d'éléments de l'ensemble A pour les­
quels P (x) est vrai.
Cet ensemble est noté ainsi:
{x 6 A | P (x) est vrai}, ou de façon plus concise : {x Ç A | P(x)}.
La dernière notation se lit : « l’ensemble de tels x de A que P (x)
soit valable » ou « l ’ensemble de tels x de A pour lesquels P (x)
est vrai ». Parfois pour désigner cet ensemble on se sert de la nota­
tion:
{x | x Ç A A P (*)}•
Si deux prédicats monadiques P (x) et Q (x) sont équipotents,
alors, en vertu de la définition de l ’égalité des ensembles, ils définis­
sent un même sous-ensemble de l’ensemble A , c’est-à-dire que de
§ 1] ENSEMBLES 39

l'équipotence P (x) = Q (x) se dégage l ’égalité


{ z t A \ P (x)} = { x £ A | Q(x)).
Ensemble vide. Introduisons une nouvelle notion importante.
D éfinition . Un ensemble qui ne contient aucun élément est appelé
ensemble vide.
Ainsi, l’ensemble A est dit vide si pour tout x x $ A. Un tel
ensemble est unique. En effet, si C et D sont des ensembles vides,
on a alors pour chaque x l’équivalence x Ç C - ^ x Ç Z ) , vu que ses
deux termes sont faux. Selon la définition de l’égalité des ensembles
il s’ensuit que C = D.
L’ensemble vide unique est noté par le symbole 0 . Donc pour
chaque x x $ 0 .
P roposition 1.1. Un ensemble vide est un sous-ensemble de tout
ensemble.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, soit A un ensemble quelcon­
que. Pour chaque x se vérifie l’implication x Ç 0 x Ç A, car
une implication à prémisse fausse est vraie. Par conséquent,
0 a A. □
Operations sur les ensembles. Etudions les opérations sur des
ensembles permettant d’obtenir à partir de deux ensembles quel­
conques des ensembles nouveaux.
D éfinition . On appelle réunion de deux ensembles A et B l ’ensem­
ble composé des seuls éléments appartenant à l’un au moins des
ensembles A et B et rien que d’eux.
Un tel ensemble existe toujours.
De la définition de l’égalité de deux ensembles il suit que pour
tous ensembles A et B il existe un ensemble unique constituant leur
réunion. Et de fait, s’il existait deux tels ensembles C et D, ils se­
raient composés des mêmes éléments et, partant, devraient coïncider.
Cet ensemble unique, réunion des ensembles A et B, est noté
A (J B. Ainsi, par définition,
A \J Z? = {x | x Ç A V * € 5}.
Par conséquent, pour un x quelconque on a l’équivalence
z ÇA U B x Ç A V x 6 B.
De la définition de la réunion d’ensembles il suit également que
A c A U B et B c A U B.
E x e m p l e . Si A = {1, 9, 18} et B = {1, 5, 9}, alors A U B =
= {1, 5, 9, 18}.
D éfinition . On appelle intersection des ensembles A et B l’ensemble
composé des éléments communs à A et B et rien que d’eux.
Un tel ensemble existe toujours.
Pour deux ensembles quelconques .A et 2? il existe un ensemble
unique constituant leur intersection. Et de fait, s’il existait deux
40 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

tels ensembles C et D, ils contiendraient alors les mêmes éléments


et, par suite, coïncideraient. L’intersection des ensembles A et fi
est notée par A fl B. Donc, par définition
A[\B={x\xÇA/\xÇB).
Par conséquent, pour un x quelconque on a l’équivalence
x 6 A fl B —+ x ÇA A x 6 fi.
Il s’ensuit de la définition de l ’intersection des ensembles que
A fl B a A et A fl B cz B.
E x e m p l e . Si A ={1/2, 2/3, 5/6}, B ={1, 3/2, 1/2}, alors
Af ] B = { 1 /2 }.
D éfinition . On appelle différence des ensembles A et B l ’ensemble
constitué d’éléments de l ’ensemble A n’appartenant pas à l’en­
semble B et rien que d’eux.
Pour des ensembles quelconques A et B on a toujours un tel
ensemble et il est unique. La différence des ensembles A et B est
notée A \ B. Donc, par définition,
- 4 \ f i = { z | : r € < 4 A z ( £ B ).
Par conséquent, pour un x quelconque on a l ’équivalence
x ÇA \ B x Ç A A x Ç B.
Exemple. Si A = { 6 , 9, 12, 13}, B = { 6 , 9, 10}, alors
A \ B ={12, 13}.
T héorème 1.2. Pour des ensembles quelconques A et B les trois
relations suivantes sont équivalentes:
(a) A cz B ; (b) A U B = B ; (c) A fl B = A.
Démonstration, (a)-*- (b). Chaque élément de l’en­
semble A (J B appartient à A ou B et, en vertu de (a), est un élé­
ment de l’ensemble B , c’est-à-dire A U B cz B. En outre, B (Z A |J
(J B ; par conséquent, A U B = B ;
(a) (c). En vertu de (a) chaque élément de l ’ensemble A est un
élément commun de A et fi, c’est-à-dire A cz A fl B. De plus
A f| fi c: A ; par conséquent, A f| B = A ;
(b) -*■ (c). On a A c A IJ fi et, en vertu de (b), A U fi cz fi,
aussi A cz fi. Comme (a) -*■ (c), on a l ’égalité (c);
(c) -► (a). En vertu de (c) A a A Ç] B. Mais on a aussi A f) B cz
cz fi ; par conséquent, A cz B. □
Propriétés principales des opérations sur des ensembles. Les opé­
rations réunion et intersection sur des ensembles possèdent une série
de propriétés. On passera en revue les principales propriétés de ces
opérations.
§ 1] ENSEMBLES 41

T héorème 1.3. On a pour des ensembles quelconques A , B et C


(1) A\ JA = A idempotence de la réunion ;
(2) A[ \ A = A idempotence de l'intersection ;
(3) A( JB = B[JA commutativité de la réunion ;
(4) A( ] B = B 0 A commutativité de l'intersec­
tion ;
(5) A[}(B\JC) = (A[JB)[JC associativité de la réunion ;
(6 ) A n ( B n C ) = (Af ]B)f]C associativité de l'intersection ;
(7) A[J(BÇ)C) = (A(JB)()(AIJC) distributivité de la réunion
relativement à l'intersection ;
(8 ) ^ n (^ u c ) = ^ n 5 ) u ( ^ n o distributivité de l'intersection
relativement à la réunion.
D é m o n s t r a t i o n . Les quatre premières propriétés d’idem-
potence et de commutativité se déduisent sans peine de la définition
des opérations de réunion et d’intersection. Pour démontrer la pro­
priété d’associativité (5) il suffit de noter que A U (B U C) est un
ensemble d’éléments appartenant à l’ensemble A ou à l’ensemble B y
ou à l ’ensemble C, quant à l ’ensemble (A U B) U C, il est composé
des mêmes éléments. De façon analogue se démontre la propriété (6 ).
Démontrons la propriété (7). Soient
D = A U (B fl C)y E = (A [JB) Ç) (A [}C).
Il faut démontrer que les ensembles D et E sont égaux, c’est-à-
dire : (a) si x 6 Z?, alors x Ç E ; (b) si x 6 E, alors x 6 D.
Soit x 6 A (J (B f] C). Deux cas se présentent :
(a^ x 6 A et (a2) x 6 B f| C.
Si (ai) x £ A U # et x £ A \J C ; par conséquent, x £ E . Si (a2)
x 6 B et x Ç C, de sorte que x ÇA (J B et x ÇA [JC; par consé­
quent, x 6 E.
Supposons maintenant que c’est-à-dire que x 6 (A U B) f|
f] (A (JC), alors
x £ A (JB et x £ A [JC.
De plus, si x $ A, alors x Ç B et x Ç C, de sorte que x Ç B f| C ; par
conséquent, x Ç A (J (B f) C). Si par contre x ÇA, alors x 6 A U
(J (B fl C), c’est-à-dire x Ç D. De (a) et (b) se déduit l ’égalité (5).
La propriété de distributivité (8 ) se démontre de façon analo­
gue. □
Ensemble universel. Complémentaire d’un ensemble. Dans nombre
d’applications de la théorie des ensembles on ne considère que les
ensembles inclus dans un certain ensemble fixé. Par exemple, en
42 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

géométrie on a affaire à des ensembles de points d’un espace donné,


en arithmétique élémentaire à des sous-ensembles d’ensemble de
tous les entiers.
Dans la suite de l ’exposé les lettres A, 5 , . . . désigneront toujours
les ensembles inclus dans un certain ensemble fixé qu’on appellera
ensemble universel en le notant U. On considère donc que pour tout
ensemble A on a A cz U. Par conséquent, pour chaque ensemble A :
<1) A U U = U, A fl U = A.
D éfinition . L’ensemble U \ A est appelé complémentaire de
Vensemble A et est noté A ' (ou 4 ). Le complémentaire U \ A ' de
l ’ensemble A ' est noté A " (ou A).
On voit sans peine que
(2) A U A ' = U, A fl A ’ = 0 .
P roposition 1.4. Pour tout ensemble A
<3) A ” = A (loi d’involution).
On laisse au lecteur le soin d’esquisser la démonstration.
P roposition 1.5. Si A cz B, alors B* cz A '.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A cz B. On doit démontrer que
pour tout a: de U si x Ç J?', on a x Ç A '. En effet, si x Ç B \ alors
Compte tenu de la condition A cz B, on conclut que x Ç A
et x e A '. □
T héorème 1.6. On a les identités suivantes :
(4) (.4 (J B)' = A' fl (lois de de Morgan [appliquées aux
(5) (A n B y = A ' U f i'J ensembles). 5

D é m o n s t r a t i o n . Montrons que pour tout x on a


<6 ) x 6 ( 4 U B)’ ~ x e A ' n B
De fait, x Ç (^4 U B)' si et seulement si x $ A (J B. Mais x $ A \J
(J B si et seulement si x $ A et x $ 5 , c’est-à-dire si x £ A 9 et x 6 B 9
et, par suite, x ÇA' () B'.
L’identité (5) se démontre de la façon suivante. En utilisant
l ’identité (4) et la loi d’involution, on obtient
(A' U B' Y = A ” R B ” = A n B.
Par conséquent,
(.4 n BY = (A' U B T = A' U B',
c’est-à-dire que l ’identité (5) est vraie. □
Diagramme d’Euler-Venn. Pour la représentation graphique
des ensembles et de leurs propriétés on utilise les d i a g r a m m e s
d’ E u l e r appelés également d i a g r a m m e s d e V e n n .
Un ensemble est représenté par un cercle (ou par toute autre figure
§ i] ENSEMBLES 43

fermée) sur un plan et est sensé constituer l ’ensemble des points du


cercle. Si l ’on représente par des cercles les ensembles A et B, les
ensembles A f) B et A \J B correspondront aux parties hachurées

(fig. 1 et 2). Les ensembles A \ B et B \ A seront rendus respective­


ment par les diagrammes des figures 3 et 4. La relation A cz B est
représentée sur la figure 5.

Fig. 4 Fig. 5
L’ensemble universel U est figuré par l ’ensemble des points d’un
certain rectangle. Le complémentaire A' de l ’ensemble A jusqu’à U

Fig. 6 Fig. 7
est la partie hachurée du rectangle (fig. 6 ) se trouvant à l’extérieur
du cercle-image de l'ensemble A. L’égalité A \ ^ B = A fl B' est
illustrée sur la figure 7.
44 ensembles et relations [ch. n

Exercices
1. Démontrer les identités suivantes:
(a) = ^ fl B ' ;
(b) = A f| B ;
(c) B U ( A f l ) = ^ U 5 ;
(d) B n ( iiM > ) = 0 ;
(e) A\{B UO = n (^ \ c ) ;
(f) A \ ( B n C) = ( A \ B ) U ( A \ C ) .
Représenter ces identités au moyen des diagrammes d’Euler-Venn.
2. Montrer par des exemples que les formules suivantes ne sont pas tou­
jours vraies:
(a) (A U B)\^B = A ; (b) ( A \ B ) U B = A.
3. Démontrer les affirmations suivantes:
(a) B <= A -*■(A\B) UB = A ;
(b) A <=B**A f)B = A;
(c) A c B A UB = A;
(d) A n B = 0 — (A UB) \B =
(e) A c B — A\Cc=B\C;
(D A c B -t-A [)C c=B (]C-,
(g) A a B -*■A U C c B U C ;
(b) B c A A C — A \ B A = B U C;
0) A q£ B A b n C = 0 — A U C Çt B U C\
00 C = A \ B -+B fl C = 0 ;
a) A Çt 0 ;
(m) B []C = 0 A A (1 C # 0 - h J4 \ S # 0 ;
(n) A c c - f -1 u (b n c) = M u b ) n e .
Illustrer ces affirmations au moyen des diagrammes d’Euler-Venn.
4. Démontrer les équipotences suivantes:
(a) A UB = 0 zsA = 0 A B --= 0
(b) A \ B == A a B v 4 = B ;
(c) A UB = A \ B = 0;
(d) A \ B == ^ n Æ™ -4 = 0 ;
(e) A UB c :C « « ^ c :C A B <= C;
(0 C a A Ç\B ma C cz A A c c B\
(g) A d B UC waA\B cz C;\
(b) a n B = A UB imA = B;
(i) A d B œ C bmA u b = b n C.
5. Soient A et B des ensembles finis. Démontrer que n (A f| B) = n (4) +
+ n (B) — n (A fl B )f où n (M) est le nombre d’éléments ae l ’ensemble M.
6. Démontrer que l ’ensemble composé de n éléments possède 2n sous-
ensembles différents.
7. Montrer que pour m < n l ’ensemble composé de n éléments possède
----- —---- sous-ensembles différents à m éléments (où m! = 1 -2 . . . m).
(n —m)!(m!)
§ 2] RELATIONS BINAIRES 45

8. Soient A (x) et B (x) des prédicats monadiques et U le domaine des


valeurs spécifiées de la variable x. Démontrer qu’alors:
{x| A (x) V B (x)}= { x \ A (x)} U {*| B (x)};
{x | A (x) A B (x)} = {x | A (x)} fl {* | B (x)};
{x | ~1A (x)} = U \ { x | A (x)} = {x \ A (x))' ;
{ x \ A ( x ) - » B (x)} = {x | A (x)}' U {x | B (x)};
{x \ A (x) B (x)} = ({x \ A (x)}' fl {* | B (x)}') U ({* I A (x)} fl
H {x | B (x)}).
§ 2. Relations binaires
Produit direct d’ensembles. Soient donnés des objets quelcon­
ques a et b. Si a =5^ 6 , l’ensemble {a, b} est appelé couple non ordonné
d'objets a et b. Notons qu’on a toujours {a, b} = {6 , a}.
Introduisons une nouvelle notion élémentaire, la notion de
c o u p l e o r d o n n é . Associons à deux objets a et b un nouveau
objet constitué par leur couple ordonné (a, b).
D éfinition . Les couples ordonnés #<a, b) et <c, d) sont dits égaux
et l ’on écrit (a, b) = (c, d) si et seulement si a = c et b = d.
En particulier, (a, b) = <6 , a) si et seulement si a = b.
Dans la suite on dira souvent « couple <a, b) » au lieu de « couple
ordonné <a, b) ». L’élément a est appelé premier élément du couple
(a, b), tandis que b est le second élément du couple.
D éfinition . On appelle produit direct des ensembles A et B l ’en­
semble de tous les couples ordonnés (x, y) tels que x Ç A et y Ç fi.
On note cet ensemble A X B.
Donc,
A X B = { (x, y) | x 6 A A y 6 B ).
E x e m p l e . Soient A = {0, 1, 2} et B = {3, 5}. On a alors
CO

A < 0 , 5), <1 ,3 ), <1 ,5 ), <2 ,3), <2 ,5 )} ;


X

II
P

B X A = {(3,0), <5,0>, (3,1), <5,1), <3,2), <5,3>};


<N
O

O
X

II

>1 <0 , 1 >, <1 , 2 ),


O
p

<2 , o>, <2 , 1 >, <2 , 2 )};


B x B = {<3, 3), <3, 5>, <5,5), (5,3)}.
La notion généralisée de couple ordonné est la notion de c o r ­
t è g e (jeu ordonné) de n objets. Le cortège de n objets alt . . ., an
est noté (alt . . ., an).
D é fin itio n . Deux cortèges (al3 . . ., an ) et (blf . . ., bn ) sont
dits égaux et l ’on écrit <alf . . ., a*) = <6 lt . . ., bn ) si et seulement
si ai = bij ^ . ., an = bn.
Les cortèges de trois objets sont également appelés triplets ordon­
nés. On appelle produit direct de trois ensembles A , B et C l’ensemble
de tous les triplets ordonnés <x, y, z) tels que x ÇA, y 6 2? et z Ç C.
46 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

Cet ensemble est noté A X B X C; donc,


A X B X C = {(x, y, z) | x 6 A , y Ç B, z Ç C).
Soient A un ensemble non vide et n un entier positif. On note
A n l ’ensemble des cortèges (xu . . xn) d’éléments de A , c’est-à-dire,
A n = {(Xj, • • •, xn) | Xj Ç ^4, . . ., xn Ç A }.
On admettra de même que A 1 = A . L’ensemble A 71 est appelé
ra-uple produit direct de l ’ensemble A ou puissance rc-ième de l ’en­
semble A- En particulier, A 2 = A X A et A 2 = A X A X A.
D éfinition . On appelle produit direct de n ensembles A x, . . ., A n
l ’ensemble des cortèges de longueur n <xx, . . ., xn) tels que xx Ç
. . ., xn Ç A n.
Le produit direct des ensembles A 1% . . ., A n est noté par le
symbole A x X A 2 X . . . X A n ; donc,
A \ X • • • X A n = {(x^, • • ., xn ) |x j . • ., xn Ç A n}.
Relations binaires. C’est une des notions essentielles de la théo­
rie des ensembles.
D éfinition . On appelle relation binaire tout ensemble de couples
ordonnés.
Il s’ensuit de la définition qu’un sous-ensemble quelconque du
produit direct de deux ensembles est une relation binaire.
Si R est une relation binaire et <x, y) 6 R , on dit que x et y
sont liés par la relation R ou bien que Yélément x est en relation R
avec y ou encore que pour x et y est remplie la relation R . Au lieu
de <x, y) e R on utilise souvent une notation plus simple:
xR y,
employée également pour noter l ’affirmation « les éléments x et y
sont liés par la relation R ».
D éfinition . L’ensemble des premiers éléments des couples de R
est appelé domaine (ensemble) de définition de la relation R et est
noté Dom R :
Dom R = {x | B y (<x, y) Ç Æ)}.
L’ensemble des seconds éléments des couples de R est appelé domaine
de valeurs de la relation R et est noté Im R :
Im R = {y | 3 x (<x, y) 6 R)}.
D éfinition . L’ensemble Dom R U Im R est appelé domaine de
la relation R .
On voit sans peine que
R cz Dom R X Im R,
§2] RELATIONS BINAIRES 47

Si R cz A X B, on dit que R est la relation entre les éléments des


ensembles A et B ou que R est défini sur un couple d'ensembles A et B.
Si j4 c C et 5 c Z), on a lî c C X D, c’est-à-dire que R est égale­
ment la relation entre les éléments des ensembles C et D. Si R cz
c i X fi, alors Dom R <r A et Im fi c fi. Chaque relation R
est ainsi une relation entre les éléments des ensembles Dom R et
Im R.
D éfinition. Si R cr A X A , on dit que R est une relation binaire
sur l ’ensemble A.
Il est clair que chaque relation binaire R est une relation sur le
domaine de la relation R.
D éfinition . Les relations binaires R et S sont dites égales si et
seulement si <x, y) £ S pour tous x, y (x, y) Ç R, c’est-à-dire si R
et S sont égaux en tant qu’ensembles.
D éfinition . Soient R et S des relations binaires. L’ensemble de
tous les couples <x , y) tels que pour un certain z (x, z) 6 S et (z, y) € R
est appelé composition (ou superposition) des relations S et R et est
noté R o S.
Par définition, on a
R o S = {<x, y) | Hz (xSz A zRÿ)}-
E x e m p l e . Si S = {<1, 2), <2, 4), <3, 6 )}, R = {<1, 3>f
<2, 6), <3, 9), <4, 12>}, alors R o S = {<1, 6 ), (2 ,1 2 )}.
D éfinition . On appelle inversion de la relation binaire R l’en­
semble de tous les couples ordonnés (x, y) tels que (y, x) € R-
L’inversion de la relation R est notée R~. Donc, par définition,
R~ = {<*, y > I (y, x ) 6 R}-
E x e m p l e . Si R = {<2, 5>, <8 , 15), (4, 1)}, alors R~ =
= {<5, 2), <15, 8), <1, 4)}.
P roposition 2.1. S i R est une relation binaire quelconque, on a
(a) Dom (/?'") = Im R, (b) Im (/?'") = Dom R , (c) = R,
c’est-à-dire que si R '' est une inversion de R , réciproquement, R
est l ’inversion de ZT'.
Cette proposition se déduit directement de la définition de l’in­
version R '' de la relation R.
D éfinition . La relation R est dite restriction de la relation S,
et S extension de R, si R a S.
D éfin itio n . La relation binaire R est appelée restriction de la
relation S par l’ensemble A , si R = (A X A) (1 S.
Si la relation binaire R est une restriction de la relation 5 par
l’ensemble A , R est réciproquement la restriction de S et Dom R œ. A.
T héorème 2.2. La composition des relations est\douée de la pro­
priété d'associativité, c'est-à-dire pour toutes relations binaires R, S,
48 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

T on a:
<1) ( R o S ) o T > = R o ( S o T).
D é m o n s t r a t i o n . Pour tous x et y on a
x (R o S) o Ty 3z (xTz / \ zR o Sy)
3z3t (xTz A zSt A tRy)
3t3z (xTz A zSt A tRy)
31 [3z (xTz A zSt) A tR y1
« 3* IxS o Tt a tRy]
xR o (S o T) y.
Par conséquent, l ’égalité (1) est vraie pour toutes relations binaires
/?, S et T. □
T héorème 2.3. Pour toutes relations binaires R et S (R ©S)w =
= ©/ r .
D é m o n s tjr a t i o n. Pour tous x et y on a
x (R ©S)w y yR o Sx
3z (ySz A zRx)
—- 3 z A zS'-'y)
xS~ o jRwy.
Par conséquent, (R o S)w = ©JRW pour toutes relations binaires
Æ et S. □
Relations /i-aires. La notion généralisée de la relation binaire
est la notion de relation n-aire.
D éfinition . On appelle relation n-aire (n ^ 1) tout ensemble des
cortèges de longueur n (c’est-à-dire un ensemble quelconque de jeux
ordonnés de n objets).
Donc une relation /i-aire est un sous-ensemble quelconque d’un
produit direct de n ensembles.
Une relation à deux places est également appelée relation binaire,
et une relation à trois places relation ternaire. La relation ternaire
est constituée par tout ensemble de triplets ordonnés, c’est-à-dire
tout sous-ensemble du produit direct de trois ensembles.
D éfinition . Soit A n la n-ième puissance d’un ensemble non vide
A , n ^ 1. Tout sous-ensemble de l ’ensemble A n est appelé relation
n-aire sur Vensemble A , et le nombre n le rang de la relation.
En particulier, tout sous-ensemble de l’ensemble A est une rela­
tion à une place (singulaire) sur A ; une relation à trois places (ter­
naire) sur A est constituée par tout sous-ensemble de l ’ensemble A3,
c’est-à-dire tout ensemble de triplets ordonnés d’éléments de l ’en­
semble A.
S 2] RELATIONS BINAIRES 49

Soit A (xj, . . . . xn) un prédicat /i-aire quelconque à variables


libres x1? . . xn. On peut lui associer une relation rc-aire
R = { • • •» %n^ I A (Xj, • • •* ^n)}-
La relation R est appelée graphe du prédicat A (xx, . . ., xn).
Représentation des relations binaires par des graphes. On appelle
graphe une figure plane composée d’un nombre fini de points (des
sommets du graphe) et de lignes joignant certains sommets. Une
ligne joignant deux sommets quelconques du graphe est appelée arête
du graphe. Les lignes peuvent être droites ou courbes. Les points
d’intersection de certaines arêtes du graphe peuvent ne pas constituer
des sommets de ce dernier. Le graphe indiquant par des flèches la
direction de ses arêtes est appelé graphe orienté.
Il existe un procédé fort simple de représentation par des graphes
orientés des relations binaires sur des ensembles finis. Soient A
un ensemble fini non vide et R la relation binaire sur A , c’est-à-dire
R cz A X A. Représentons les éléments de l’ensemble A par des
points sur un plan. A chaque couple (a, b) de R pour a =£ b associons
une arête orientée (fig. 8 ) dirigée du point a vers le point b. Au couple
(a, a) de R associons un lacet (fig. 9) avec un sens fixé de mouvement
(par exemple, toujours dans le sens inverse des aiguilles d’une mon­
tre). Ainsi, à une relation binaire R est associée la figure géométrique
suivante : des points du plan représentant les éléments de l’ensemble
Dom U Im R et des arêtes orientées, c’est-à-dire qu’à chaque
couple (a, b) de R on fait correspondre une arête orientée, dirigée
du point a vers le point fr, ou un lacet, si a = b. Cette figure géomé­
trique porte le nom de graphe orienté de la relation R ou. tout simple­
ment, graphe de la relation R.

a
Fig. 8 Fig. 9

Si la relation R comprend le couple (a, b) et le couple (6 , a),


le graphe de la relation R possède alors deux arêtes de sommets a et b
4 -0 1 7 6 2
50 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

de sens opposés. Dans ce cas les deux arêtes sont remplacées par une
seule munie de deux flèches (fig. 1 0 ).
L ’arête à deux flèches est dite non orientée.
Chaque relation binaire sur un ensemble fini peut être représentée
par un graphe orienté. Inversement, chaque graphe orienté est la
représentation d'une relation binaire sur l'ensemble de ses sommets.
E x e m p l e . La figure 11 représente le graphe de la relation
R = {(a, &>, <6 , c), (d, d>, (e, fl), (e, e)}.

Exercices
1. Montrer que pour tous éléments a, 6, c, d (pas forcément différents)
{a, 6} = {c, d} si et seulement si a = c et b = d ou a = d et b = c.
2. Montrer que pour tous éléments a, b, c, d {{a}, {a, 6}} = {{c}, {c, d}}
si et seulement si a = c et b = d.
R e m a r q u e . En vertu de ce fait, le couple ordonné (a, b) est souvent
défini en théorie des ensembles en tant que l'ensemble {{a}, {a, b}}.
3. Montrer que «a, b), c) = «d, e), /) si et seulement si a = d, b =
c = /.
4. Démontrer que pour tous ensembles A , B, C, D :
(a) Dom (.4 X B) = A ;
(b) Im (A X B) = B ;
(0 (4 R B) X (C nD ) = (.4 X C) n (fi x D);
(d) (A n B ) X c-.= (4 X C) n (B X C) ;
(e) A X (B n C) == (/4 X B) ft(A X C);
(f) (B U C) X i4 == (B X 4 ) U (C X 4 ) ;
(8) (A X B = 0) « = 0 V B = 0 );
(b) ( A \ B ) X C = (j4 X C )\(B X C).
5. Montrer par des exemples que les égalités ci-dessous sont vraies pour
tous ensembles A , B et C :
(a) A X B = B X A;
(b) A X (B X C) = (A X B) X C.
6. Démontrer que pour toutes relations binaires B, 5, T on a:
(a) (Dom (R) = Z) * = (/? = 0 ) = (Im (R) = 0 ) ;
(b) Dom (J?~) = Im (R) ;
(c) Im (J?w ) = Dom (J?w ) ;
(d) ( /? -) - = * ;
(e) (/? o S)** = o Æ—;
(f) Dom (R o 5) c Dom 5 ;
(g) Im (R o 5 ) c Im R .
7. Montrer par un exemple qu'une composition de relations binaires n'est
pas commutative.
§ 3] FONCTIONS 5!

8. Chercher Dom (/?), Im (R ), Æw , /? o /?, R o /?w , /?w o R pour les


relations suivantes:
(a) R = { (x, y) | x, y 6 N et x divise y};
(b) R = {(*. y) 1J. U 6 N et y divise x};
(c) R = {(*> ï) l i, y 6 Q et x + y ^ U), ou Q est l'ensemble de
tous les nombres rationnels;
(d) R = {(X| y) | jrt y 6 Q et 2x < 3j/}.

§ 3. Fonctions
Notion de fonction (d'application). Une des notions essentielles
des mathématiques est la notion de fonction.
Définition. On appelle jonction (<application) la relation binaire
/ si pour tous x, y , 2 il s’ensuit de (x. «/> 6 / et (x, z) £ / que y = z.
Autrement dit, la relation / est appelée fonction si pour tout x
du domaine de définition de la relation / il existe un y unique tel
que (x, y) Ç /. Cet élément unique y est noté / (x) et appelé valeur
de la fonction f pour l’argument x. Si (x, y) Ç / on se sert de la nota­
tion usuelle y = / (x), ainsi que de la notation
f:x>-+ y.
On appelle domaine de définition de la fonction f l’ensemble
Dom / = {x | 3y ((x, y) Ç /)}.
On appelle domaine des valeurs de la fonction f l’ensemble
Im / = {y | 3x ((x, y) 6 /)}.
Deux fonctions / et g sont dites égales (on écrit f = g) si / et g
sont égaux en tant qu’ensembles, c’est-à-dire pour tousx, y (x, y) Ç /
si et seulement si <x, y) Ç g. Par conséquent, les fonctions f et g
sont égales si et seulement si Dom / = Dom g et / (x) = g (x) pour
chaque x de Dom /.
Les fondions sont également appelées applications. Si la fonction
/ est donnée sur le couple d’ensembles A et B , c'est-à-dire si / cr
ci A X B. on dit que / est l’application de A dans B. Si de plus
A = Dom / et I m / c B, on dit que / est Y application de Vensemble
A dans B et l’on note
/:A B ou A B.
f
Si A = Dom / et B = Im f. on dit que f est Y application de
Vensemble A sur B.
L’ensemble de toutes les applications de A dans B est désigné
par le symbole BA.
On appelle image de Vensemble C par application / l’ensemble
/ ( o = {/(*) i * e c > .
4*
52 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

On montre sans peine que pour tout ensemble C et toute appli­


cation /
/ (C) = / (C fl Dom /).
L'image anticipée de Vensemble M par application / est l’ensemble
/ - (M) = {x 6 Dom / | / (x) 6 M ),
c’est-à-dire l ’ensemble de tous les éléments x du domaine de défi­
nition de la fonction / pour lesquels / (x) 6 M . On vérifie sans peine
que pour un ensemble quelconque M et une application quelconque /,
il vient
r m = r i m n im /).
On a vu qu’une relation binaire peut être donnée sous forme de
graphe d’une condition à deux places (d’un prédicat). Une fonction
peut également être donnée par une condition à deux places. Soit
A (x, y) la condition à deux places imposée à x et y, telle qu’il n’existe
pas deux couples ordonnés satisfaisant à cette condition qui auraient
des premiers éléments identiques et des seconds différents. Dans ce
cas le graphe de la condition A(x, y). c’est-à-dire l’ensemble
{(x, y) \A (x, y)}, est une fonction.
C’est ainsi, par exemple, que la fonction définie par la condition
x 2 — y = 1 sur l’ensemble Z des entiers peut être présentée comme
l’ensemble
/= { < * ■ ÿ> \x , y 6 Z et x2 — y = 1},
ou par
/= { < * » y > I ** y 6 z et ^ = x2 — i },
ou encore sous la forme suivante :
/ = {<X, x'” 1 ) | x. y 6 Z}.
La fonction dont le domaine de définition est composé de couples
ordonnés est appelée fonction de deux variables. La fonction dont le
domaine de définition est composé de triplets ordonnés est appelée
fonction de trois variables. Si / est une fonction de deux variables on
écrit alors habituellement / (x, y) au lieu de / ((x,y)). Si / est une
fonction de trois variables on écrit / (x, y , z) à la placede/ ( (x, y , z)).
Dans le cas général la fonction dont le domaine de définition
est composé de cortèges de longueur n est appelée fonction de n
variables. Si / est une fonction de n variables au lieu de / ( {xx, . . ., xn>)
on écrit / (xt, . . ., xn).
Composition des fonctions. Etudions les propriétés de la compo­
sition des fonctions. Sous composition des fonctions on comprend
ici la composition des relations.
§ 3] FONCTIONS 53

Théorème 3.1. Soient f et g des jonctions. Leur composition j » g


est alors également une fonction, telle que
(1) Dom / o g = {x | g (x) 6 Dom /};
(2) (/ o g) (x) = f (g (x)) pour chaque x 6 Dom (/ » g) ;
(3) f o g — {(x, f (g (x))) I g (x) 6 Dom /}.
D é m o n s t r a t i o n . Par définition, la composition des
relations binaires / « g est un ensemble de tous les couples (x, y),
tels que pour un certain z sont simultanément satisfaits (x, z)£ g
et (z, y) Ç /, c’est-à-dire que
/ o g = {<.T, y) I 3z (<x, z> £ g A <*, y> 6 /)}•
Comme g est une fonction, <x , s) Ç g signifie que x £ Dom g et
z = g (x). Puisque / est une fonction, l’inclusion <z, y) £ / signifie
que
z = g (x) £ Dom / et y = / (z) = / (g (x)).
Par conséquent,
/ o g = {(x, y) | <g (x), y > 6 /} ;
(X, y) e f ° g y = j (g) A (g (x) 6 Dom /) ;
/ o g = { <X, / (g (x))> | g (x) Ç Dom /}.
Donc, / o g est une fonction qui satisfait les égalités (1), (2), (3). □
Corollaire 3.2. Soient f, g des jonctions quelconques; on a
(a) Dom (/ « g) c: Dom g, Im (/ o g) c Im j ;
(b) si Im g ci Dom /, aZors Dom (/ o g) = Dom g;
(c) si Im g = Dom /, a/ors Dom (/ ©g) =
= Dom g et Im (/ ©g) = Im /.
T héorème 3.3. Si g est une application de Vensemble A dans B et
f une application de l'ensemble B dans C, alors f o g est une application
de l'ensemble A dans C.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, Im g cz Dom / = B.
Selon le corollaire 3.2, il s’ensuit que
Dom / o g = Dom g = ^1 , I m / © g c I m / c C.
Par conséquent, / ©g est une application de l’ensemble A dans C. □
T héorème 3.4. Si g est une application de l'ensemble A sur B et
/ une application de l'ensemble B sur C, f o g est alors une application
de l'ensemble A sur C.
Ce théorème découle directement du théorème 3.3 et du corol­
laire 3.2.
54 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

T héorème 3.5. La composition des fonctions est associative. c'est-à-


dire f ©(g ©h) = (J o g) o h pour toutes fonctions /, g et h.
Le théorème 3.5 découle directement du théorème 2.2.
D éfin itio n . L’application iA de l ’ensemble A sur lui-même, telle
que iA (z) = z pour chaque x de A est dite application identique
(ou unitaire) de Vensemble A sur lui-même.
T héorème 3.6. Soit f l'application de l'ensemble A sur B. Alors
f ° T~ — î B*
D é m o n s t r a t i o n . L’inversion f " de la fonction / est une
relation binaire, telle que
= {(y, x) | <z, y) 6 /}.
Par définition de la composition des relations
(1) / » r = {<//, z> 13z(<», x ) ) t r A <*, 2) 6 /}.
De (y, z ) 6 /w et (z, s> 6 /> il vient
(2 ) <z, i/> Ç f et (z, s) 6 /•
Comme / est une fonction, de (2) s’ensuit l’égalité y = z. Donc (1)
peut s’écrire sous la forme
/» r = y> I 3x ((x, y) 6 /)}.
D’où, puisque / est l’application de A sur fl,
= {<*■ </> i */€£}•
Par conséquent, / o = i B. □
T héorème 3.7. Soient /, g, /i /es fonctions satisfaisant à la con­
dition
(1) Dom g = Dom h cz Im /.
.4 /ors, si g o f = /* o /, on a g = h.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que
(2 ) g o f = h o f .
En vertu de (1) pour tout y de Dom g il se trouvera un élément z,
tel que y = f (z). D’où, en vertu de (2), il s’ensuit que
g (y) = g (J (*)) = h ( i (x)) = h (y),
c ’est-à-dire que g (y) = h (y) pour tout y de Dom g. En outre, en
vertu de (1) Dom g = Dom h. Donc g = h. □
Fonctions injectives. Parmi les fonctions étudiées en mathéma­
tiques un rôle important revient aux fonctions injectives.
D éfinition . La fonction f est dite injective si pour tous z, y
(extraits de Dom /) il s’ensuit de la condition / (z) = / (y) que
x = y.
En d’autres termes, la fonction / est injective si pour tous z, y , z
du fait que (z, z) 6 / et (y . z) 6 / il découle que x = y.
§ 3] FONCTIONS 55

En vertu de la loi de contraposition il s'ensuit de la définition


que la fonction f est injectiue si et seulement si pour x, y quelconques,
la fonction / prend des valeurs différentes au cas où i ^ y, / (i) ^
=5É / (y), autrement dit, pour des arguments différents.
D éfinition . Une application injective d’un ensemble non vide A
sur lui-même est appelée permutation de Vensemble A ou transfor-
mation de Vensemble A.
En particulier, une application identique ou unitaire iA de
l’ensemble A sur lui-même est une permutation, c’est-à-dire une
application telle que iA (x) = x pour chaque x de A.
P roposition 3.8. Si f est une application de Vensemble A dans
Vensemble B, on a f o iA = /, i B o / = /. □
T héorème 3.9. La composition de deux fonctions injectiues quel­
conques est une fonction injectiue.
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et g des fonctions injectives.
En vertu de l’application injective / pour tous x, y, si f (g (x)) =
= / (g (y)), on a g (x) = g (y). Ensuite, en vertu de l’application
injective g pour tous x, y, quand g (x) = g (y), on a x = y. Donc,
pour x, y quelconques, si f (g (x)) = f (g (y)), on a i = y. Par con­
séquent, pour tous x, y quand (/ o g) (x) = (/ o g) (y), on a x = y.
La fonction f o g est donc injective. □
Corollaire 3.10. Une composition de deux permutations quelconques
de Vensemble A est une permutation de Vensemble A.
Ce corollaire découle directement des théorèmes 3.4 et 3.9.
Soit / une fonction. L’inversion / w = {(x, y) \ (y , x> Ç/} de la
fonction / peut ne pas être une fonction. Ainsi, par exemple, si est
donnée une fonction / = {(x, x2> | x £ Z}, où Z est l’ensemble de
tous les entiers, la relation / w = {(x2, x) | x 6 Z} n’est pas une
fonction, car elle ne contient pas de couples (1 , 1 > et (1 , —1 ) à
éléments premiers identiques et éléments seconds différents.
Cependant pour une fonction g = {(x, 2x> | x Ç N}, où N est
l ’ensemble de tous les entiers non négatifs, l’inversion g"~* =
= {(2x, x) | x Ç N} est une fonction.
P roposition 3.11. Si f et g sont des fonctions, on a
(a) Dom r = I m /; (c) (f ~) ~ = /;
(b) I m T = Dom / ; (d) (f o g)~ = o/w.
Cette proposition se déduit directement de la proposition 2.1
et du théorème 2.3.
Corollaire 3.12. Si f est une application de Vensemble A sur B
et / w une fonction, est une application de Vensemble B sur A .
T héorème 3.13. L'inversion f ^ de la fonction f est une fonction
si et seulement si la fonction f est injective.
D é m o n s t r a t i o n . La relation / w est une fonction si et
seulement si pour tous x, y. z on a x = y au cas où (s. x> £ et
56 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. n

(2 , y) 6 / w . Cette condition est équivalente à la condition stipulant


que la fonction / est injective :
pour tous x, y, 2 si Or, 2 ) 6 / et (y, 2 ) Ç /, on a 1 = ÿ. Par consé­
quent, la relation est une fonction si et seulement si la fonction j
est injective. □
Corollaire 3.14. Si j est une jonction injective, l'est aussi.
oufre, si j est une application injective de A sur B , /w ist aZors une
application injective de B sur A .
T héorème 3.15. Soient /, g, A des jonctions satisfaisant aux con­
ditions :
(1) i° g = î°h;
(2) Dom g = Dom A, Im g c Dom /, Im 7* c= Dom /.
Z?a ns ce cas si la jonction j est injective, on a g = A.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que la fonction j est injective.
En vertu des conditions (1 ) et (2 ), on a
I (g (*)) = / (A (x)) pour tout x de Dom g.
En raison de l’application injective / on a g (x) = A (x) pour tout x
de Dom g. De plus, selon (2) Dom g = Dom A. Donc, g = A. □
Fonctions inversibles. Soit / l’application de l’ensemble A sur B .
D éfinition . La fonction cp est appelée inverse à gauche de la
fonction f si cp est l’application de B sur A et si <p o j = iA. La fonc­
tion possédant une inverse à gauche est dite inversible à gauche.
D éfinition . La fonction h est appelée inverse à droite de la fonc­
tion j si h est l’application de B sur A et.si / o h = i B. La fonction
possédant une inverse à droite est dite inversible à droite.
D éfinition . La fonction g est dite inverse de la fonction j si
g est l’application de B sur A , g ©/ = iA et j o g = i B. La fonction
possédant une inverse est dite inversible. La fonction inverse de la
fonction j est désignée par le symbole / -1.
II découle de ces définitions: a) si <p est la fonction inverse à
gauche de /, la fonction / est alors l’inverse à droite de (p; b) si h
est la fonction inverse à droite de /, la fonction f est alors l’inverse à
gauche de A; c) si la fonction g est l’inverse de /, la fonction / est
alors l’inverse de g; dans ce cas les fonctions f et g sont dites mutuel­
lement inverses.
T héorème 3.16. S i j est l'application injective de l'ensemble A
sur B , on a alors o f = iA, j o = i B.
D é m o n s t r a t i o n . Soit f l’application injective de l’ensem­
ble A sur B. Alors, selon le théorème 3.13, la relation est aussi
une fonction, pour tous x, y la condition
(i) r (y) = z
1 3 ______________ FONCTIONS 57

étant équivalente à
(2 ) /(* ) = *.
En vertu de (2) et (1) pour tout x de A , il vient
r U (*)) = * et (T" o /) (x) = x,
soit o f = iA. Ensuite, en vertu de (1 ) et (2) pour tout y de B r
on a
/ (T' (ÿ)) = y et (/ ° f") (y) = ^
soit f o ^ = i B. □
Corollaire 3.17. Si f est une application injective de Vensemble A
sur B , f est une fonction inversible, la fonction est Vinverse de /.
Corollaire 3.18. Si f est une permutation de Vensemble A y/w o/ =
= iA et f o f ~ = iA.
T héorème ' 3.19. application de Vensemble A sur B
inversible à gauche. Toute fonction inverse à gauche de f coïncide avec / w
et est également une inverse à droite de f qui est inversible.
D é m o n s t r a t i o n . Soit cp: B —* A est une fonction inverse
à gauche de /, c’est-à-dire
(1 ) 9 0 / = iA.
Suivant le théorème 3.6 et la proposition 3.8, il vient
(2 ) f o f ~ = i B, iA 0 f " = r , 9 o i B = 9.
En vertu de (2) et (1),
(p = (p o iB = (f o ( / o n = ( ( p o / ) o r = ^ o / w = r î
donc, cp = f~ . En outre, f ©cp = f o / w = i By la fonction cp est
également une inverse à droite de / et, par suite, f est inversible. □
T héorème 3.20. Soit f Vapplication de Vensemble A sur B inversible
à droite. Toute fonction inverse à droite de f coïncide avec et est
également une inverse à gauche de f qui est inversible.
D é m o n s t r a t i o n . Soit h: B —►A est la fonction inverse
à droite de /, c’est-à-dire
(1 ) f o h = i B.
Suivant le théorème 3.6 et la proposition 3.8, on a
(2 ) h o = iA% i B o /i"-" =
En vertu de (2) et (1), il vient
f = f o iA = f o (h o K~) = (J o h) o /iw = i B o Aw = /iw .
Selon le théorème 2.1 de f = s’ensuit h = / ^ . De plus, h o f =
= /w o/ = c’est-à-dire que la fonction h est également une
inverse à gauche de f et, partant, f est inversible. □
58 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

T héorème 3.21. Les propriétés suivantes de la jonction f sont


équipotentes:
(a) Vinversion de la fonction f est une fonction ;
(b) la fonction f est injective;
(c) la fonction f est inversible h droite;
(d) la fonction f est inversible à gauche;
(e) la fonction f est inversible;
(g) toutes les fonctions inverses de f (à gauche, à droite, bilaté*
res) existent et coïncident avec f~ .
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 3.13. les propriétés
(a) et (b) sont équipotentes.
Si / est une application injective de A sur B , alors selon le théorè­
me 3.14 est une application de B sur A et f o f ^ = i la fonction
f est inversible à droite. Par conséquent, de (b) se déduit (c).
Si la fonction / est inversible à droite, alors, selon le théorème
3.20, elle est également inversible à gauche. Donc, de (c) s’ensuit (d).
Si la fonction / est inversible à gauche, alors en vertu du théorème
3.19, la fonction / est inversible. Par conséquent, de (d) découle (e).
Supposons que la fonction / est inversible. Elle est alors inver­
sible à gauche et à droite. Selon les théorèmes 3.19 et 3.20, toutes les
fonctions inverses de / coïncident avec / w.
Si la condition (g) est satisfaite, l’inversion / w de la fonction /
est une fonction. Donc, de (g) s’ensuit (a).
Par conséquent, les propriétés (a), (b), (c), (d), (e), (g) sont
équipotentes. □
T héorème 3.22. Si les fonctions f et g sont inversibles, la fonction
f c g lest également et (f o g) - 1 = g - 1 o / - l.
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et g des fonctions inversibles.
Leurs inverses et g ^ sont alors des fonctions et
d ) r = / - 1, i r = g-1.
Selon le théorème 2.3, il vient
<2 ) (f o gr = g - o r*.
Comme g ^ et f ^ sont des fonctions, leur composition gw o est
une fonction; donc, en vertu de (2), (J o g)w est une fonction. Aussi
la fonction / o g est-elle inversible et on a :
O) (f o g r = (/ o g)-1.
Sur la base des égalités (1 ), (2), (3) on conclut que la fonction f o g
est inversible et (f o g) - 1 = g - 1 o / - 1. □
Restriction d’une fonction. Un cas particulier de restriction
d ’une relation binaire est la restriction d’une fonction.
§ A] FONCTIONS 59

D éfinition . La fonction g est dite restriction (ou striction) de la


jonction f si g cz /. Si g cz f on dit également que / est Yextension
(ou prolongement) de la jonction g.
D éfinition . La fonction g est appelée restriction de la fonction f
par l'ensemble A (ou striction de la fonction j à Vensemble <4) si g cz /
et Dom g = A.
La restriction de la fonction / à l'ensemble A est notée / A ou / \ A.
P roposition 3.23. Si A cz Dom /, la jonction f o iA est alors une
restriction de la jonction f à Vensemble A , c'est-à-dire f A = / o iA.
Cette proposition découle directement de la définition de la
fonction f A.
T héorème 3.24. La jonction g est une restriction de la jonction f
si et seulement si Dom g cz Dom f et g (x) = / (or) pour tout x extrait
de Dora g.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que g cz /. Alors, Dom g cz
cz Dom / et pour tout x 6 Dom g de (x , y) Ç g s’ensuit (x , y) Ç /,
et, par conséquent, g (x) = /-(x).
Admettons maintenant que Dom g cz Dom / et g (x) = / (x)
pour tout x £ Dom g. Alors, pour tous x, y de (x, y) Ç g, c’est-à-dire
de y = g (x), il s'ensuit que y = / (x) et (x, y) 6 /, donc, g c / . □

Exercices
1. Parmi les relations suivantes lesquelles sont des fonctions? Indiquer
leurs domaines de définition et leurs domaines des valeurs:
et
II

(a) {<*» y) 1 y €N
3

(b) {<*. y) 1 X , y € N et * < y < x + 1} ;


(c) { ix, y) | X , y 6 Z et y = x-};
(d) {(*< y) 1 *. y 6 N et j divise i/};
(e) {(*. y) 1 x , y 6 Z et y = 1 * l> ;
(f) { (x, y) | x, y 6 Z et X = IJ2}-
Ici et plus loin Z est l'ensemble de tous les entiers, N l'ensemble de tous les
entiers non négatifs.
2. Soit A = {0, 1} un ensemble à deux éléments. Rechercher toutes les
applications de l'ensemble A sur lui-même et indiquer celles qui sont injectives.
3. Rechercher toutes les applications de l'ensemble A = {0, 1, 2} sur
l'ensemble B = {0, 1}.
4. Démontrer que pour chaque fonction / et un ensemble quelconque A
f ( A) = 0 si et seulement si A fl Dom / = 0 .
5. Démontrer que si f est une application de l'ensemble A sur A telle que
/ o / = /, on a / = iA .
6. Démontrer que si / est une fonction et A et B des ensembles, alors
f (A Ç\ B) a f (A) f| f (B). Montrer à l'aide d'exemples que l'égalité f (A f| B) =
= f (A) f| / (£) peut ne pas avoir lieu.
7. Soit R a A X B. Démontrer que R est l'application de l'ensemble A
dans B si et seulement si R o cz i B et iA cz R w o R.
60 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

8. Démontrer que chacune des fonctions suivantes possède une inverse.


Chercher le domaine de définition de la fonction inverse:
/ = {(*. y) 1 y 6 N et

+
(a)


II
(b) / = {(n, n*>| n6 N);
(c) / = { ( * . ÿ> 1 y ÇN et y = •r3}.
9. Pour tous ensembles A y B et C démontrer qu'il existe:
(a) une application injective de l'ensemble A X B sur B X A;
(b) une application injective de l'ensemble (A X B) X C sur A X (B X C).
10. Soit / une application de l'ensemble A dans A. Démontrer que si
/ o / o / = iAy f est une application injective de l'ensemble A sur A.
11. Soit / une application de l'ensemble A dans B. Montrer que si Cy D c B
et C n D = 0 , alors (A) fl (B) = 0 .
12. Démontrer que pour toute fonction / sont satisfaites les relations:
(a) f - (A U B) = / ~ (il) U /w (B) ;
(b) / - (A n b ) = r* (A) n (B) ;
(c) f ~ (A \ B) = f - ( A ) \ J ~ (B) ;
(d) A c z B ^ f - ( A ) c z f - (B).
13. Démontrer que si A c Dom / et B c Im /, on a alors
(a) .4 c / ~ (/ (A )) ; (b) / (/~ (B)) = B.
14. Démontrer que / ( A ) \ j (B) œ f (AXB) pour chaque fonction / et
tous ensembles .4 et B. Si / est une fonction injective, on a f ( A ) \ f (B) =
= / (AXB) pour tous ensembles .4 et B.
15. Soient / une application de l'ensemble A dans B et g une application
de l'ensemble B dans C. Démontrer que:
(a) si l'application g ©/ est injective, / l'est également; (b) si g o / est une
application de -4 sur C, g est une application de B sur C.
16. Démontrer que l'application / : A -►B est une application injective
de l'ensemble >1 sur B si et seulement s'il existe une application g : B A
telle que g o f = iA et f o g = i B.
17. Démontrer que la relation binaire R cz A X B est une application
injective de l'ensemble A sur B si et seulement si J? ° /?w = i s et i?w ° B = iA -
18. Démontrer que la fonction / satisfait à la condition / (.4 f] <5) =
= / (j4 ) f) / (£) pour tous ensembles 4 et 5 si et seulement si la fonction /
est injective.
19. Soient .4 et B des ensembles finis composés de m et n éléments res­
pectivement, avec m ^ n. Démontrer qu’il existe n (n — 1) . . . (/t — m + 1)
applications injectives de l'ensemble A dans B.
20. Soient A et B des ensembles finis composés de m et n éléments res­
pectivement.
(a) pour quels m et n existe-t-il des applications injectives de l'ensemble
A dans B ?
(b) Combien y a-t-il d'applications de l ’ensemble .4 dans B ?
(c) Combien a-t-on de relations binaires entre les éléments des ensembles
A et B?

§ 4. Relation d'équivalence
Quelques types de relations binaires. D'après certaines proprié­
tés importantes on divise les relations binaires en types.
D éfinition . La relation binaire R sur l’ensemble A est réflexive
sur A si pour chaque x de A y on a xRx.
§ 4] RELATION D’ÉQUIVALENCE 61

La relation R est réflexive sur A si et seulement si iA cz R, où


iA = {(x, x) | x £ A }. Si la relation R est réflexive, alors chaque
sommet de son graphe est en lacet. Inversement : un graphe dont
chaque sommet a un lacet représente une certaine relation réflexive.
En guise d'exemples de relations réflexives on peut indiquer la
relation de parallélisme sur un ensemble de droites du plan, la
relation d’égalité sur un ensemble quelconque de nombres et la
relation de divisibilité sur un ensemble quelconque d’entiers.
D éfinition . La relation binaire R sur l’ensemble .4 est anti-
réflexive sur A si pour chaque x de A (x, x) ^ R , c'est-à-dire si pour
chaque x de A la condition xRx n’est pas remplie.
La relation R est antiréflexive sur A si et seulement si iA fl R =
= 0 . Si la relation R est antiréflexive, aucun sommet de son graphe
n’est en lacet. Réciproquement : si aucun sommet du graphe ne com­
porte de lacet, le graphe représente une relation antiréflexive.
Par exemple, la relation d’inégalité (=£) sur un ensemble quel­
conque de nombres et la relation de perpendicularité sur un ensemble
de droites du plan sont antiréflexives.
D éfinition . La relation binaire R (sur .4) est dite transitive
(sur ^1) si pour tous x, y , z du domaine de la relation R (sur A) de
xRy et yRz s’ensuit xRz.
La relation R est transitive si et seulement si R o R c R. Si la
relation R est transitive, son graphe, pour chaque couple d ’arêtes
(x, y) et (y , z), possède une arête de fermeture (x, z) et réciproque­
ment.
Par exemple, la relation de divisibilité sur un ensemble d’entiers
est transitive. La relation d’inégalité M=) n’est pas transitive.
D éfinition . Une relation binaire R (sur A) est dite symétrique
(sur A) si pour des x, y quelconques du domaine de la relation R
(de A) de xRy s ’ensuit yRx.
La relation R est symétrique si et seulement si R w = R. Si la
relation R est symétrique, chaque arête de son graphe n’est pas orien­
tée. Réciproquement : un graphe aux arêtes non orientées représente
une certaine relation binaire symétrique.
Par exemple, sont symétriques les relations de parallélisme de
droites, la relation de perpendicularité de droites et la relation
d’égalité.
D éfinition . Une relation binaire R (sur A) est dite antisymétrique
(sur .4) si pour des x, y quelconques du domaine de la relation R
(de A) de xRy et yRx s’ensuit x = y.
La relation R est antisymétrique sur A si et seulement si R fl
f) ci iA. Le graphe de la relation antisymétrique n’a pas d’arêtes
non orientées, mais peut posséder des lacets.
Par exemple, la relation d’inclusion ci sur une collection quel­
conque d’ensembles est antisymétrique.
D éfinition , Une relation binaire R sur un ensemble A est dite
62 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

liée sur A si pour tous éléments x, y de l'ensemble A de x ^ y s'ensuit


xRy V yRx-
Une relation R est liée sur A si et seulement si A X A \ i A cz
<= R IJ
Une relation binaire R sur A est liée sur A si et seulement si pour
tous x. y de A on a soit x = y, soit xR y. soit yR x. c'est-à-dire A \ A =
= iA U R U
Le graphe d une relation liée est doué des propriétés suivantes:
deux sommets quelconques (différents) du graphe sont réunis par une
arête. La réciproque est également vraie.
C'est ainsi par exemple, que la relation banale « inférieur à »
(< ) sur une collection quelconque de nombres est une relation liée.
Relation d’équivalence. Une relation binaire importante est
la relation d'équivalence.
D éfinition . La relation binaire sur l’ensemble A est appelée
relation d'équivalence sur A si elle est réflexive, symétrique et tran­
sitive (sur A).
La relation d'équivalence est souvent désignée par les symboles
» ou = .
E x e m p l e s . 1. Soient .4 un ensemble non vide et iA =
= {(x, x) \ x £ A ) une relation d’identité sur l’ensemble A. La
relation iA est la relation d’équivalence sur A.
2. Soient A un ensemble de droites du plan et
R = {(x, y) | x, y Ç A et x est parallèle à y)
la relation de parallélisme. La relation de parallélisme sur A est
une relation d’équivalence.
3. Soient Z l'ensemble de tous les entiers et m un nombre entier
différent de zéro. La relation
R = {(x, y) | x, y Ç Z et x — y est divisible par //?}
s’appelle congruence modulo m. Cette relation est une relation d'équi­
valence sur Z.
4. Soit A un ensemble de segments orientés d'un plan donné.
La relation d'équipollence des segments orientés est une relation
d'équivalence sur A.
5. La relation de similitude sur un ensemble de triangles d’un
plan donné est une relation d’équivalence.
6. Deux ensembles sont dits équipotents s'il existe une application
injective d’un ensemble sur l’autre. La relation d’équipotence sur
une collection donnée quelconque d’ensembles est une relation
d’équivalence.
D éfinition . Soient R une relation d’équivalence sur A et a £ A.
On appelle classe d'équivalence engendrée par l'élément a l’ensemble
{x Ç A | xR a}, c’est-à-dire un ensemble de tels x de A pour lesquels
(x, a) Ç R .
RELATION D’EQUIVALENCE n3

La classe d’équivalence engendrée par l’élément a est notée ai R


ou [a]R. La collection de toutes les classes d'équivalence de la relation
R sur l ’ensemble A est notée AIR ou [A]R.
D éfinition . Tout élément de la classe d’équivalence est dit
représentant de cette classe. On appelle système complet de représen­
tants des classes d'équivalence l ’ensemble des représentants de toutes
les classes, un par classe.
Dans l ’exemple 1 les classes d’équivalence sont constituées par
des sous-ensembles A à un élément. Dans l’exemple 2 les classes
d’équivalence portent le nom de faisceaux de droites parallèles. Dans
l’exemple 3 les classes d’équivalence s’appellent classes résiduelles
modulo m, chaque classe étant composée de tous les nombres qui
après division par m fournissent un même résidu. Dans l’exemple 4
les classes d’équivalence sont constituées par des vecteurs du plan.
Dans l’exemple 5 les classes d’équivalence sont des ensembles de
triangles semblables deux à deux. Dans l’exemple 6 les classes d’équi­
valence sont des classes d’ensembles équipotents.
Ensemble quotient. Soit A un ensemble non vide.
D éfinition . On appelle ensemble quotient de Vensemble A par
l'équivalence R l’ensemble A!R de toutes les classes d’équivalence.
D éfinition . On appelle partition d'un ensemble A une telle
famille de ses sous-ensembles non vides pour laquelle chaque élément
de A est strictement inclus dans un terme de la famille.
Autrement dit, la partition de l’ensemble A est une famille de
ses sous-ensembles non vides dont la réunion coïncide avec A , tandis
que l’intersection de deux quelconques de ces sous-ensembles est vide.
T héorème 4.1. Soit R une relation d'équivalence sur un ensemble A
(non vide). Alors l'ensemble quotient A!R est une partition de l'ensem­
ble A.
D é m o n s t r a t i o n . Chaque élément a de l’ensemble A
appartient à la classe d’équivalence a/R. Il faut démontrer que
chaque élément de A appartient strictement à un terme de la famille
A / R . Pour cela il suffit de montrer que les classes d’équivalence
possédant au moins un élément commun coïncident. Soient a/R
et b!R les classes d’équivalence à élément commun c, x étant un
élément quelconque de a/R, on a alors xRa, aRc, cRb et en vertu de
la transitivité de la relation R xRb. Ainsi, a/R c= b!R. De façon
analogue on démontre que b/R cz a/R. On a donc a/R = b/R. Bref,
on a établi que l’ensemble quotient A/ R est une partition de l’en­
semble A. □
Corollaire 4.2. Soit R une relation d'équivalence sur l'ensemble
A , alors
(1) a £ a/R pour tout a de A ;
(2) pour tous a, b de A a/R = b/R si et seulement si aRb ;
(3) a/R =7<é= b/R si et seulement si a/R fj b/R = 0 ;
(4) A = U x/R.
*6 A
64 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. H

Ce corollaire découle directement du théorème 4.1.


Soient S une partition de l'ensemble non vide A et R s une rela­
tion binaire définie de la façon suivante: (x, y) Ç Rs si et seulement
si x et y appartiennent au même terme de la famille S .
T héorème 4.3. La relation R s associée à la partition S d'un
ensemble non vide A est une relation d'équivalence sur A . en outre,
l'ensemble quotient A/ Rs coïncide avec la partition S.
La démonstration du théorème s’effectue sans peine et on laisse
au lecteur le soin de l’esquisser en guise d’exercice.
Équivalence d’application. Soit / l ’application de l’ensemble
A dans B. Considérons une relation binaire R sur A telle que
xRy n’ait lieu que si et seulement si / (x) = / («/).
D éfinition . Soit / une application de l’ensemble A dans B . La
relation binaire R ,
R = {<x, y) | / {x) = f (y), x, y £ A) ,
est appelée équivalence d'application /.
T héorème 4.4. Soient f une application quelconque et A = Dom /.
La relation d'équivalence d'application f est une relation d'équivalence
sur l'ensemble A .
D é m o n s t r a t i o n . Soit R une équivalence d’application
/. La relation R est réflexive sur A , car f (x) = f (x) pour tout x
de A . La relation R est transitive, car pour tous x, y , z il s’ensuit
de / (x) = / (y) et f (y) = f (s) que f (x) = / (s). La relation R est
symétrique, car pour tous x, y de / (x) = / (y) s’ensuit f (y) =
= / (x). Par conséquent, R est une relation d’équivalence sur
l ’ensemble A . □
Si a Ç A = Dom /, / (a) = b et R est une équivalence d’appli­
cation /, la classe d’équivalence engendrée par l’élément a est
(6). L’ensemble (x) | x Ç Im /} est l’ensemble quotient de
l ’ensemble A relativement à l’équivalence R , c’est-à-dire AIR =
= { f - (x) I x 6 Im /}.
Toute relation d’équivalence R l sur un ensemble A peut être
assimilée à une relation d’équivalence d’une certaine application de
l ’ensemble A . En effet, on peut définir Y application naturelle de
l'ensemble A sur l'ensemble quotient A / R x en associant à chaque x
de A la classe d’équivalence unique xlR x contenant x. On vérifie
sans peine que la relation d’équivalence R x coïncide avec
l ’équivalence d’application naturelle de l’ensemble A sur Af Rx.

Exercices
1. Etudier les relations suivantes sous l'angle de la réflexivité, de la non-
réflexivité, de la symétrie, de l'antisymétrie, de la transitivité:
(a) {(x, y) | x, y 6 Z et i < y - ( - l } , où Z est l'ensemble de tons
les entiers;
§*] RELATIONS D'ORDRE 65

(b) {<x, y) | x, y e Z et x3 = y3} ;


(c) { y) I *, y 6 Z et I x | = I y 1} ;
(d) { X . y u . y c z et x n y = 0 } ;
(e) {(*. ÿ ) l * i ÿ f N et x divise y) (N est l'ensemble de tous les
entiers non négatifs);
(1) {<*, y) | x, y 6 N et x < y) ;
(g) {(x, y) | x, y 6 N et x + y = 1};
(h) { <x, y> | x, y 6 N et x < y) ;
(i) {<x, y) | x, y 6 N et x y} ;
(j) { <x, y) | x, y 6 Z et x2 + x = y2 + y) ;
(k) j(x, ÿ) | x, y 6 Z et x2 + y2 = 1).

2. Donner des exemples de relations binaires:


(a) réflexives et transitives mais non pas antisymétriques;
(b) transitives et symétriques mais non pas réflexives;
(c) réflexives et transitives mais non pas symétriques;
(d) réflexives et symétriques mais non pas transitives.
3. Soit R c A X A. Démontrer que :
(a) R est réflexif sur l'ensemble A si et seulement si iA œ R ;
(b) R est symétrique si et seulement si R w ci R ;
(c) R est transitif si et seulement si R o R cz R,
4. Démontrer qu'une relation binaire R symétrique et antisymétrique est
transitive.
5. Trouver tous les ensembles quotients de l'ensemble {1, 2, 3}.
6. Montrer que l'ensemble {1, 2, 3, 4} possède 15 ensembles quotients
différents.
7. Démontrer que si R est une relation binaire transitive et symétrique
sur l'ensemble A , ou A est le domaine de la relation J?, R est une équivalence
sur A .
8. Démontrer que la relation binaire R , dont le domaine de définition en
Dom R = A , est une relation d'équivalence sur A si et seulement si R o R c R
et = R.
9. Démontrer que si R est une relation d'équivalence sur l'ensemble A ,
est aussi une relation d'équivalence sur A.
10. Démontrer au'une intersection de toute collection de relations d'équi­
valence sur l'ensemble A est une relation d'équivalence sur l'ensemble A .
11. Démontrer aue pour tout ensemble M non vide il existe une appli­
cation injective de l'ensemble de toutes les partitions do l'ensemble M sur
l'ensemble de toutes les relations d’équivalence sur A/.
12. Démontrer que l'ensemble quotient Z/mod m de l'onsemble des entiers
Z suivant la congruence modulo m comporte exactement m éléments.

§ 5. Relations d’ordre
Relations d’ordre. Soit R une relation binaire sur l’ensemble A.
D éfinition. Une relation binaire R sur l ’ensemble A est appelée
relation d'ordre sur A ou ordre sur A , si elle est transitive et anti­
symétrique.
D é f i n i t i o n . Une relation d ’ordre R sur l ’ensemble A est dite non
stricte si elle est réflexive sur A , c’est-à-dire si (x, x> £ R pour tout x
de A.
5 —01762
66 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

La relation d ’ordre R est dite stricte (sur A) si elle est antiréflexive


sur A , c’est-à-dire si (x, x) (J R pour tout x de A . Or, comme la
relation transitive R est antiréflexive elle est également antisymétri­
que. Aussi peut-on avancer la définition équivalente suivante.
D éfinition . Une relation binaire R sur l ’ensemble A est appelée
ordre strict sur A si elle est transitive et n’est pas réflexive sur A.
E x e m p l e s . 1. Soit P (M) l ’ensemble de tous les sous-ensem­
bles de l ’ensemble M. La relation d ’inclusion c: sur l ’ensemble
P (M) est une relation d’ordre non strict.
2. Les relations < et ^ sur l ’ensemble des nombres réels sont
respectivement des relations d ’ordre strict et non strict.
3. La relation de divisibilité dans un ensemble de nombres natu­
rels est une relation d ’ordre non strict.
D éfinition. Une relation binaire R sur un ensemble A est appelée
relation de préordre ou préordre sur A si elle est réflexive sur A et
transitive.
E x e m p l e s . 1 . La relation de divisibilité dans un ensemble
de nombres entiers n ’est pas un ordre. Or, elle est réflexive et tran­
sitive, c’est donc un préordre.
2. La relation de déduction logique est une relation de préordre
sur un ensemble des formules de la logique des assertions.
Ordre total. Un cas particulier important de la relation d’ordre
est l ’ordre total.
D éfinition. Une relation d ’ordre sur un ensemble A est appelée
relation d'ordre total sur A si elle est liée sur A , c’est-à-dire si pour
tous x, y de A on a
soit xR y, soit x = y, soit yRx.
Une relation d ’ordre non total est habituellement appelée relation
d'ordre partiel ou ordre partiel.
E x e m p l e s . 1 . La relation « inférieur à » sur un ensemble de
nombres réels est une relation d ’ordre total.
2. La relation d ’ordre adoptée dans les dictionnaires de la langue
russe est dite lexicographique. L’ordre lexicographique sur l ’ensemble
des mots de la langue russe est un ordre total.
3. La relation d ’inclusion cz sur la collection des sous-ensembles
d ’un ensemble donné M est une relation d ’ordre partiel si M com­
porte au moins deux éléments différents.
Un même ensemble peut être totalement ordonné par des relations
d ’ordre différentes. C’est ainsi, par exemple, que sur un ensemble
fini M non vide composé de n éléments on peut appliquer n! ordres
totaux différents.
Ensemble ordonné. Soit R une relation d’ordre quelconque sur
un ensemble A non vide.
D éfinition. On appelle ensemble ordonné le couple {A, R), où
A est un ensemble non vide et R une relation d ’ordre sur A . Si
§ 51 RELATIONS D’ORDRE 67

Tordre R sur A est total, le couple (A, R) est appelé ensemble totale­
ment ordonné. Si Tordre R sur A est partiel, alors le couple <-4, R)
est appelé ensemble partiellement ordonné.
D éfinition. Soit <A , -3 > un ensemble ordonné. L’élément a de A
est appelé le plus petit (le plus grand) élément de A si a -3 x (x - 3 a)
pour tout élément x de A différent de a.
Tout ensemble ordonné ne comporte pas plus d ’un plus petit
élément et d’un plus grand élément.
D éfinition. Soit 04, -3 > un ensemble ordonné. L’élément a
est dit minimal (maximal) dans A au cas où est satisfaite la condi­
tion : pour tout x de A si x -3 a, x = a (si a -3 x, alors a = x).
Un ensemble ordonné peut comporter plusieurs éléments mini­
maux et maximaux.
E x e m p l e . Soit R la relation de divisibilité dans l ’ensemble
N \{ 0 , 1} (N est l ’ensemble des nombres naturels). Dans l ’ensemble
ordonné (N \{ 0, 1}, R) tout nombre premier est un élément minimal.
Dans un ensemble totalement ordonné les notions d ’éléments le
plus petit (le plus grand) et minimal (maximal) coïncident.
D éfinition. Un ensemble ordonné (.A , R) est appelé ensemble
bien ordonné si chaque sous-ensemble non vide de l ’ensemble. A
possède le plus petit élément.
E x e m p l e s . 1 . Si < est la relation banale « inférieur à »
sur l ’ensemble N des nombres naturels, alors (N, < ) est un ensemble
bien ordonné.
2. Soit < la relation banale « inférieur à » sur l ’ensemble R de
tous les nombres réels. Dans ce cas l ’ensemble totalement ordonné
(R, < ) n’est pas un ensemble bien ordonné.

Exercices
1. Démontrer que l'application identique iA de l'ensemble A est une rela­
tion d’ordre sur l'ensemble A.
2. Montrer que la relation
R = {<x, y) | x, y £ N (x divise y ou x < y)}
est un ordre total sur l'ensemble N des nombres naturels.
3. Soient A = {1, 2, 3, 4, 5, 6, 7} et
R = {(x, y) \ x, y £ A et (x — y) : 2}.
Montrer que R est une relation d'équivalence sur A .
4. Soient les relations < et < définies sur l'ensemble N des nombres natu­
rels de façon banale. Démontrer que < o < ^ < ; ^ o < = < ; ^<>:> =
= N X N.
5. Construire un ordre total sur l'ensemble N X N.
6. Montrer qu'un ensemble fini comportant n éléments peut être totale­
ment ordonné par /i! procédés.
7. Montrer que la relation d'inclusion c: ne constitue pas un ordre total
sur la collection P (A) de tous les sous-ensembles de l'ensemble A, si A contient
au moins deux éléments.
5*
68 ENSEMBLES ET RELATIONS [CH. II

8. Démontrer que tout ensemble bien ordonné est un ensemble totalement


ordonné.
9. Démontrer que la relation binaire R sur un ensemble A est une relation
d’ordre non strict si et seulement si R o R = R et R o R w = iA.
10. Démontrer crue si R est une relation d’ordre (d’ordre total) la relation
inverse /?w est également une relation d’ordre (d’ordre total).
11. Soit ^ une relation d’ordre non strict sur l’ensemble A. Démontrer
que la relation < n ’est pas réflexive et est transitive sur A .
12. Soit < une relation binaire non réflexive et transitive sur l'ensemble A .
Démontrer que la relation ^ est telle que x ^ y sa (x < y) V (x = y) est une
relation ^d’ordre non strict sur A.
13. Démontrer que pour un ensemble totalement ordonné les notions de
le plus grand (le plus petit) et de maximal (de minimal) éléments coïncident.
14. Démontrer que si R est un ordre partiel (ordre total, bon ordre), sur
l’ensemble A et B c A , R fl (B X B) est un ordre partiel (total, bon) sur l’en­
semble B.
15. Soit R la relation de préordre sur l’ensemble A . Posons a ~ b a
b ((a, b) 6 R A (b, a) 6 R)- Démontrer que:
(a) si a ~ c, b *** d, (a, b) (j R, alors (c, d) £ R ;
(b) ~ est la relation d’équivalence sur A ;
(c) R x est la relation d’ordre sur 4 / ~ , où R x = { (a /^ t bl~) \ (a, b) Ç /?}.
CHAPITRE III

A L G Ê B R E S E T S Y STEM ES A L G E B R IQ U E S

§ 1. Opérations binaires
Opérations binaires et n-aires. Soit A un ensemble non vide.
D éfinition. On appelle opération binaire sur l'ensemble A l'appli­
cation de l'ensemble A X A dans A.
L ’addition et la multiplication banales des nombres entiers sont
des exemples d ’opérations binaires sur un ensemble d entiers. Soit
P (M) l ’ensemble de tous les sous-ensembles de l ’ensemble M ;
la réunion U et l ’intersection fl sont des exemples d’opérations
binaires sur l ’ensemble P (M). ?
Soit / une opération binaire quelconque sur 1 ensemble A . Si dans
l'application / l ’élément c correspond au couple (a, 6 ), c’est-à-dire
((a, 6 ), c) 6 /, alors, au lieu de
/ (<a, b)) = c ou f (a, 6 ) = c
on écrit également
afb = c ou (a, b) »-►c,
1 élément c étant appelé composition d'éléments a et b.
D éfinition. Soit A n la n-ième puissance de l ’ensemble non vide
A et T i ^ l . L’application de l ’ensemble A n dans A est appelée
n-aire opération sur l'ensemble A , tandis que n est dénommé rang
de l'opération. L’opération à aucune place sur l'ensemble A est appelée
séparation (fixation) d ’un certain élément de l ’ensemble A, le nombre
0 est dénommé rang de l'opération à aucune place.
D éfinition. L’application de l ’ensemble A n dans A est appelée
opération n-aire partielle sur A si le domaine de définition de l ’appli­
cation ne coïncide pas avec A n.
Les opérations de rang 0, 1 et 2 sont également appelées à aucune
place, singulaire (unaire) et binaire respectivement. L ’opération
singulaire est aussi dénommée opérateur.
E x e m p l e s . 1. L’application associant à chaque ensemble A
de P (M) son complémentaire M \ A est une opération singulaire
(;unaire) sur un ensemble P (M).
2. Dans le domaine des nombres naturels la soustraction n ’est
pas toujours possible. Donc la soustraction sur un. ensemble de
nombres naturels est une opération binaire partielle.
70 ALGEBRES ET SYSTÈMES ALGEBRIQUES [CH. III

3. L’opération de division des nombres rationnels est une opé­


ration binaire partielle sur un ensemble de nombres rationnels.
4. L’opération associant chaque cortège de « des nombres naturels
au plus grand commun diviseur de ces nombres est une opération
«-aire sur l ’ensemble des nombres naturels.
Pour désigner une opération «-aire on utilise habituellement la
même forme de notation que pour des applications (des fonctions)
quelconques. Si / est une opération «-aire sur l ’ensemble A et
((au . . ., an)y an+1> £ /,
on écrit an+x = / (ax, . . ., an) et l ’on dit que « n + 1 est la valeur de
l ’opération f pour l ’assortiment d ’arguments a1, . . ., an.
Types d’opérations binaires. Soient T et 1 des opérations binai­
res quelconques sur l ’ensemble A.
D éfinition. L’opération binaire T est dite commutative si pour
tous a, b de A est satisfaite l ’égalité a T b = b T a.
D éfinition. L’opération binaire 1 “ est dite associative si pour des
éléments quelconques a, 6 , c de A est satisfaite l ’égalité a T (b T c) =
= (a T b) T c.
D éfinition. L’opération binaire T* est dite distributive relative­
ment à l'opération binaire _L si pour des a, 6 , c quelconques de A
sont satisfaites les égalités
(a J . è) T c = (a T <0 1 (6 T c) et c T (a JL b) =
= (c T a) 1 (c T b).
Si l ’opération T est associative, on peut alors supprimer les
parenthèses et écrire a T b T c au lieu de a T (b T c) ou (a T b) T
T e.
E x e m p l e s . 1. L’addition et la multiplication des nombres
rationnels sont des opérations binaires commutatives et associatives.
2. L’opération de soustraction sur un ensemble de nombres
rationnels n’est ni commutative ni associative.
3. Les opérations réunion et intersection de sous-ensembles de
l ’ensemble M sont commutatives et associatives sur l ’ensemble
P (M ).
4. La composition de fonctions est une opération associative.
La composition de fonctions n’est pas commutative: dans ie cas gé­
néral l ’égalité / » g = g « / n’est pas valable.
5. Les opérations réunion et intersection sur un ensemble P (M )
de sous-ensembles d ’un certain ensemble sont mutuellement distri­
butives l’une par rapport à l ’autre.
6 . Une multiplication d ’entiers est distributive par rapport à
l ’addition. Or l’addition des entiers n’est pas distributive par
rapport à la multiplication, car dans le cas général l ’égalité a +
+ bc = (a + b) (a + c) n’est pas valable.
§ H OPERATIONS BINAIRES 71

Eléments neutres. Soit T une opération binaire sur l’ensemble A .


D éfinition. L’élément e de A est appelé élément neutre à gauche
relativement à Vopération X si pour tout a de A est satisfaite l ’éga­
lité e “T a = a. L’élément e de A est appelé élément neutre à droite
relativement à Vopération T si pour tout a de A on a a T e = a.
D éfinition. L’élément e de A est appelé élément neutre relative­
ment à Vopération T si pour tout élément a de A se vérifient les
égalités e T û = û = fl T «•
Tmêoreme 1. 1. S 'il existe relativement à Vopération binaire X
un élément neutre, il est alors unique.
D é m o n s t r a t i o n . Soient e et e' les éléments neutres par
rapport à T - Alors, e = e X e = e, c’est-à-dire e' = e. □
C orollaire 1.2. S 'il existe un élément neutre relativement à Vopé­
ration X , alors tous les éléments neutres à gauche et à droite par rap­
port à X coïncident avec lui.
E x e m p 1 e s. 1. Le nombre 0 est un élément neutre par rapport
à l ’addition des entiers. Le nombre 1 est un élément neutre par rap­
port à la multiplication des entiers.
2. Un ensemble vide est un élément neutre relativement à l ’opé­
ration réunion d ’ensembles. Un ensemble universel est un élément
neutre relativement à l ’opération d’intersection d ’ensembles.
3. Considérons l ’ensemble O d’applications d ’un ensemble non
vide A sur son sous-ensemble propre non vide B et l'opération com­
position d’applications. L’ensemble O ne comporte aucun élément
neutre à droite. Tout élément <p £ ® tel que cp (x) = x pour un x
quelconque de B est un élément neutre à gauche relativement à
l ’opération concernée.
Eléments réguliers. Soit X une opération binaire sur l ’ensemble A.
D éfinition. L’élément a Ç A est appelé élément régulier à droite
relativement à Vopération X si pour tous éléments 6 , c de l ’ensemble
A il s’ensuit de a X b = a X c que b = c. L’élément a £ A est
appelé élément régulier à gauche par rapport à X si pour tous élé­
ments by c de l ’ensemble A de 4 X fl = fl T fl s’ensuit b = c.
D éfinition. L’élément a g A est appelé élément régulier relati­
vement à Vopération X s’il est régulier à gauche et à droite par rap­
port à X-
Ainsi, si l ’élément a est régulier dans les égalités du type a X b =
= û X f l e t 4 X f l = f l X û o n peut simplifier par a.
E x e m p l e s . 1. Tout entier est régulier par rapport à une
addition.
2. Tout nombre entier différent de zéro est régulier par rapport à
une multiplication; le nombre zéro n’est pas régulier par rapport à
une multiplication.
T hêoreme 1.3. Si les éléments a et b sont réguliers relativement à
une opération associative X* alors leur composition a X 6 est également
un élément régulier par rapport à X-
72 ALGEBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

D é m o n s t r a t i o n . Soient a et b les éléments réguliers par


rapport à T - Supposons que c, d sont des éléments de A répondant à
la condition
(1) (a T b) T c = (a T b) T d.
Puisque l ’opération T est associative, a T (b T c) = a T (b T d).
En vertu de la régularité de l ’élément a, on a b T c = b T d. D’où,
en vertu de la régularité de l ’élément b, on déduit l ’égalité
(2 ) c = d.
Bref, pour tous éléments c, d de l ’ensemble A (2) s’ensuit de (1), et
par suite, l ’élément a T 6 est régulier à droite. De façon analogue
on se convainc que cet élément est régulier à gauche. □
Eléments symétriques. Soit T une opération binaire sur l ’ensem­
ble A comportant un élément neutre e.
D éfinition. L’élément u de A est dit symétrique à gauche de
Vélément a 6 A relativement à l ’opération T si u T a = e. L’élé­
ment* v de A est dit symétrique à droite de a relativement à l ’opéra­
tion T si a “T v = e.
D éfinition . L’élément a' £ A est appelé symétrique de Vélément a Ç
Ç A relativement à l ’opération T si a T a' = e = a9 T a. Dans ce
cas l ’élément a est dit symétrisable, tandis que a et a' sont mutuelle­
ment symétriques.
E x e m p l e s . 1 . Par rapport à l ’addition d ’entiers le symétri­
que à un entier donné est ce même entier, mais affecté du signe moins.
2 . Par rapport à la multiplication de nombres rationnels le sy­
métrique d ’un nombre non nul a est 1 /a; le nombre zéro n’a pas
de symétrique par rapport à la multiplication.
T heorême 1.4. Si Vopération HT est associative et Vélément a est
symétrisable, il existe alors un élément unique symétrique de a.
D é m o n s t r a t i o n . Soient u, v les éléments symétriques
de l ’élément a par rapport à T , c’est-à-dire
a~y u = e = u a, a ~T v = e = v “T a.

Alors en vertu de l ’associativité de “T


u = u T « = w T (û T y) = (^ T û) T y = ^ T y = y»

c’est-à-dire que u = v. □
Corollaire 1.5. Si Vélément a possède un élément symétrique a'
relativement à Vopération associative T", tous les symétriques à gauche
et à droite de Vélément a coïncident alors avec Vélément a \
T heorême 1.6. Si les éléments a, b sont symétrisables relativement
à Vopération associative T» Vélément a T b, est alors également sy­
métrisable et Vélément b' T est symétrique de a T b.
OPÉRATIONS BINAIRES 73

D é m o n s t r a t i o n . Soient a ' et b' les éléments symétriques


de a et b respectivement. En vertu de l ’associativité de T
(a T b) T (b' T a') = ((a T b) T b’) T a' = (a T (b T b')) T a' =
= (a “T e) “T n/ = a "T” a' = e.
On se convainc de même que (6 ' T" a') T (0 T b) = e. Par consé­
quent, l ’élément a T b est symétrisable et l ’élément 6 ' T a' est
symétrique de a T b. □
T héorème 1.7. Un élément symétrisable relativement à une opé­
ration associative T est un élément régulier par rapport à T .
D é m o n s t r a t i o n . Soient a un élément symétrisable et
a T b = a "T c pour les éléments 6 , c de l ’ensemble A. Dans ce cas
si a' est un élément symétrique de a, on a a' T (a T &) = a' T
T (a T c). En vertu de l ’associativité de l ’opération T , on a (û' T
T a) T b = (a' T a) T c. Par conséquent, e T 6 = ^ T c et 6 =
= c. On se convainc de façon analogue que pour tous éléments 6 , c
de l ’ensemble A de l ’égalité b~T a = c~T a s’ensuit b = mc. L’élé­
ment a est donc régulier par rapport à T« □
Sous-ensembles fermés aux opérations. Soient T une opéra­
tion binaire sur un ensemble A et B c^A .
D éfinition. Le sous-ensemble B de l ’ensemble A est dit fermé
à Vopération T si pour tous a, b de B l ’élément a T b appar­
tient à B.
Notons qu’un sous-ensemble vide est fermé à toute opération T -
E x e m p l e s . 1 . L’ensemble de tous les nombres pairs est fer­
mé par rapport à l ’addition et à la multiplication des entiers.
2 . L ’ensemble de tous les nombres impairs est fermé par rapport
à la multiplication, mais ne l ’est pas par rapport à l ’addition des
entiers.
3. L’ensemble de tous les éléments (de A) réguliers relativement à
l’opération associative T" est fermé par rapport à T -
P roposition 1.8. L'ensemble de tous les éléments symétrisables re­
lativement à une opération binaire associative T est fermé par rap­
port à T -
La démonstration de cette proposition découle directement du
théorème 1 .6 .
Soit B un ensemble non vide, B cz A étant fermé à l ’opération T -
On est alors en mesure de définir sur B une opération binaire T ' de
la façon suivante:
a T ' b = a T b pour a, b de B quelconques.
L’opération T ' est appelée restriction de l'opération T à l'ensem­
ble B , tandis que T est le prolongement de l'opération T ' à l'en­
semble A .
74 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. m

Ecritures additive et multiplicative. Les écritures le plus sou­


vent utilisées pour une opération binaire sont les écritures additive
et multiplicative. Avec la forme d ’écriture additive l ’opération bi­
naire X est appelée addition et l ’on écrit a + b au lieu de a T b
en appelant l ’élément a + b somme de a et 6 . L’élément symétrique
de l ’élément a est désigné (—a) et est appelé élément opposé à a.
Un élément neutre par rapport à l ’addition est noté 0 et appelé
élément zéro par rapport à l ’addition. Avec la notation additive les
propriétés d ’associativité et de commutativité se notent sous la
forme
a + (b + c) = (a + b) + c, a + b = b -f a.
Avec l ’écriture multiplicative l ’opération binaire est appelée
multiplication et l ’on écrit a-b (au lieu de a T* b) en appelant l ’élé­
ment a-b produit de a et 6 . L’élément symétrique de a est noté a ”1
et s’appelle élément inverse de a. Un élément neutre par rapport à la
multiplication est noté e ou 1 et est dénommé élément unitaire ou
élément unité par rapport à la multiplication. Avec l ’écriture multi­
plicative les propriétés d ’associativité et de commutativité se no-
pent ainsi
a-(b-c) = (a-b)-c, a-b = b-a.
La propriété de distributivité de la multiplication par rapport à
l ’addition s’écrit ainsi
(a + b)-c = a>c + b-c, c (a + b) = c-a + c-b.
Congruence. Soient R une relation d'équivalence sur l’ensemble A
et T une opération binaire sur A.
D éfinition. Une relation d ’équivalence R est appelée congruence
relativement à Vopération "T" si pour tous éléments a, 6 , c, d de l ’en­
semble A de aRc et bRd s’ensuit (a "T b) R (c T d).
T héorème 1.9. Soient X un* opération binaire sur un ensemble A
et R une congruence par rapport à X - Alors, l'égalité
(1) (a/R) X * (b/R) = (a X b)/R,
où a, b Ç A , définit l'opération binaire X * sur l'ensemble quotient
A /R .
D é m o n s t r a t i o n . La relation binaire X * comporte deux
couples de la forme
(2) ({a/R, b/R), (a X b)/R), où a, b Ç A.
On doit démontrer que X * est une fonction. Soit
«c/R, d/R), (c X d)/R) Ç T *-
On doit montrer que de l ’égalité
(3) J (a/R, b/R> = (c/R, d/R)
ALGÊBRES 75

s’ensuit (a T b)/R = ( c T d)/R. De (3) découlent les égalités


alR = c/R, b!R = dIR et les relations
(4) aRc, bRd.
Vu que R est une congruence par rapport à “T, de (4) s’ensuit :
(a T b) R [c T d) et (a T b)/R = (c T d)/R.
Par conséquent, la relation T * est une opération binaire sur l’en*
semble quotient AIR. □
D éfinition . Une opération binaire T * définie sur un ensemble
quotient AIR par l ’égalité (1) est appelée opération associée à l'opé­
ration T par la congruence R.

Exercices
1. Soient N* l'ensemble de tous les entiers positifs et T l'opération sur
N* d'élévation à une puissance, c’est-à-dire que a T b = ab pour tous a, b £
€ N*. Montrer que l’opération T n’est ni commutatfve ni associative.
2. Soient a, b des nombres rationnels fixés. Montrer que l’application
(x, y) h-►ax + by, où x , y sont des nombres rationnels quelconques, est une
opération binaire associative sur l’ensemble des nombres rationnels.
3. Soient N l’ensemble de tous les nombres naturels et (x, y) le plus
grand commun diviseur des nombres naturels x et y . Démontrer que l’applica­
tion <x, y) *-** (x, y) est une opération binaire commutative et associative sur
l’ensemble N.
4. Soient [x, y] le plus petit commun multiple des nombres naturels x et y.
Montrer que l’application (x, y) ►[x, y] est une opération commutative
et associative sur l’ensemble N.
5. Soit P (U) un ensemble de tous les sous-ensembles de l'ensemble non
vide U. L’ensemble X A Y défini par la formule
X W = ( X \ Y ) UW \ X )
est appelé différence symétrique des ensembles X et Y . Démontrer que A est une
opération binaire commutative et associative sur l'ensemble P (U). Montrer
que l'opération fl est distributive relativement à l’opération A.
6. Donner un exemple d’ensemble A , de relation d'équivalence R sur A
et d’opération binaire T sur A tels que
(a) R soit une congruence par rapport à T ,
(b) R ne soit pas une congruence par rapport à T-

§ 2. Algèbres
Notion d’algèbre. Donnons la définition d’une notion fonda­
mentale en algèbre.
D éfinition. On appelle algèbre un couple ordonné jb = (A, Q>, où
A est un ensemble non vide et Q l ’ensemble des opérations sur A.
Ainsi donc l ’algèbre A se définit par deux ensembles:
(a) un ensemble non vide A noté également | A I ; cet ensemble
est appelé ensemble fondamental (ensemble de base) de l'algèbre A et
ses éléments s ’appellent éléments de l'algèbre A \
76 ALGEBRES ET SYSTEMES ALGEBRIQUES [CH. III

(b) un ensemble d ’opérations Q définies sur A et appelées opéra-


tions principales de Valgèbre Jb-
Si (Aj Q) est une algèbre, on dit de même que l ’ensemble A est
une algèbre relativement aux opérations Q.
D éfinition. Les algèbres jb = (A, Q) et SS = (fi, Q'> sont dites
du meme type s’il existe une application injective de l ’ensemble Q
sur Q' pour laquelle toute opération f ^ de Q et l ’opération f<% de
Q', qui lui correspond dans l ’application, possèdent le même rang.
Le cas le plus général est celui où l ’ensemble Q est fini, c’est-à-
dire Q = {/lT . . ., A}- Dans ce cas au lieu de la notation
Jb = (A, {A, . . ., /,}>
on écrit habituellement
Jb (A , A, . . ., / 5 ).
Si parmi les opérations principales A» • • A de l ’algèbre il y a des
opérations à aucune place, par exemple, / r+1, et ar+1 » • • •» a*
étant des éléments séparés de | Jb |, on utilise aussi la notation
Jb = (^ i A» • • •» /n ^r+li • • -i Æ*)*
Dans ce cas les éléments séparés ar+1, . . ., a, constituant les valeurs
des opérations principales à aucune place sont appelés éléments sépa­
rés ou éléments principaux de Valgèbre Jb.
On appelle typed'algèbre jb = ( i , A» • • ■» / s) la suite (r (A)» - - -
. . ., r (A)), où r (A) est le rang de Vopération A. Les algèbres jb et
= (fi, f[y . . ., A> sont du même type en cas de coïncidence,
c’est-à-dire au cas où le rang de l ’opération A coïncide avec le rang
de l ’opération fl pour i = 1 , . . ., s.
E x e m p l e s . 1 . Soient + et • (addition et multiplication) des
opérations arithmétiques sur l ’ensemble Z des entiers. L’algèbre
(Z, + , •) est une algèbre du type (2, 2).
2. Soient + et • des opérations arithmétiques sur l ’ensemble N
des nombres naturels. L ’algèbre <N, + , • ) est une algèbre du ty-
pe (2 , 2 ).
3. Soient P (U) un ensemble de tous les sous-ensembles d ’un en­
semble non vide U et f)i Ui / des opérations intersection, réunion et
complémentation sur les sous-ensembles de l ’ensemble £/. L’algèbre
</>(£/), Hi Ui '> est une algèbre du type (2 , 2 , 1 ).
Définition. Une algèbre Jb — 04, *, e) du type (2, 0), où A
est un ensemble quelconque non vide, * une opération binaire asso­
ciative sur A , e un élément neutre par rapport à ♦, est dénommée
monoïde.
E x e m p l e . Soient M un ensemble fini quelconque non vide,
A l ’ensemble de toutes les applications de M dans Af, * une opéra-
ALGÈBRES 77

tion de composition d'applications de M dans M, iyr une application


identique de M dans M. Alors, (A , *, iA) est un monolde.
Homomorphismes d’algèbres. Soient A et SS des algèbres du même
type, une opération principale quelconque de l'algèbre A et
l'opération principale qui lui correspond dans l'algèbre SS. On dit
que l'application h de l'ensemble | A I dans l ’ensemble | SS | respec­
te l ’opération f j , de l ’algèbre A si
(1 ) h (alt . . . » ûm)) = f& (J1 (ûi)* . . . , h (am))
pour tous alv . . ., am de | A I»
où m est le rang de l ’opération f ^ .
Distinguons le cas où est une opération à aucune place, c’est-à-
dire qu’elle sépare un élément quelconque a de l'algèbre A • L'opé­
ration qui lui correspond sera alors également une opération à
aucune place et, partant, séparera un élément quelconque b de
l'algèbre SS. Dans ce cas la condition (1) prendra la forme
h (a) = 6,

c’est-à-dire que l ’élément séparé a de l ’algèbre A devient dans l ’ap­


plication h l ’élément séparé b de l ’algèbre SS.
D éfinition. On appelle homomorphisme de Valgèbre -A dans (sur)
l’algèbre du même type SS une telle application h de l ’ensemble
| A | dans (sur) | SS | qui respecte toutes les opérations principales
de l ’algèbre A , c’est-à-dire qui satisfait à la condition (1) pour toute
opération principale de l ’algèbre A . L'homomorphisme de l ’al­
gèbre A sur SS est appelé épimorphisme.
D éfinition. L’homomorphisme h de l ’algèbre A sur l ’algèbre fS
est dénommé isomorphisme si h est une application injective de l ’en­
semble | A I sur | SS |. Les algèbres A et .S sont dites isomorphes
s ’il y a isomorphisme de A sur SS.
La notation A ^ SS signifie que les algèbres A et Si sont iso­
morphes.
D éfinition. L’homomorphisme h de l ’algèbre A dans l ’algèbre
SS est appelé monomorphisme ou injection si h est une application
injective de l ’ensemble | A I dans | SS |.
D éfinition. L’homomorphisme de l ’algèbre A en elle-même est
appelé endomorphisme de Valgèbre A • L’isomorphisme de l ’algèbre
A sur elle-même s’appelle automorphisme de Valgèbre A •
Ainsi, par exemple, l ’automorphisme de l ’algèbre A est une
application identique de l ’ensemble | A \ sur lui-même.
E x e m p l e . Soient -}• l ’opération d ’addition sur l ’ensemble
R des nombres réels et • l ’opération de multiplication sur l ’ensemble
R* des nombres réels positifs. Chacune des algèbres <R*, -, 1 ) et
(R, + , 0) est du type (2, 0). Montrons qu’elles sont isomorphes.
78 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

Considérons l ’application h :
h (x) = log x pour tout x de R*.
On voit sans peine que h est l ’application de R* sur R. L’applica­
tion h est injective, car pour tous x, y de R* est satisfaite la condi­
tion : si log x = log y , alors x = y. En outre, h (1) = 0 et pour tous
x, y de R* on a log (xy) = log x + log y y c’est-à-dire que h (x, y) =
= h (x) + h (y). Donc, l ’application h respecte les principales opé­
rations de l ’algèbre (R*, -, 1). Par conséquent, h est un isomorphis­
me de la première algèbre sur la seconde.
T héorème 2.1. Soient h un homomorphisme de Valgèbre A dans
Valgèbre SS et g un homomorphisme de Valgèbre SS dans Valgèbre
Leur composition g oh est alors un homomorphisme de Valgèbre A
dans Valgèbre V.
D é m o n s t r a t i o n . Soient /^ une opération principale
quelconque de l ’algèbre A (de rang m > 0), /& l ’opération prin­
cipale associée de l ’algèbre SS et l ’opération principale de l ’al­
gèbre ¥ correspondant à l ’opération /jg. Il faut démontrer que pour
tous éléments ax, . . ., am de | A K on a
(1) g °h a m)) = (g o h ( a , ) ..........g o h ( am)).
Par définition de la composition d’applications
g ° h U ^ t( a î» • • -i a m)) = g ( h { f ' j ( d ............... d m))).
Or, comme par hypothèse h et g sont des homomorphismes, on a
g (h {f^{d.............. a m))) = g ( f M h (ai)’ • • •< h (am))) =
= f<$(g (h (ûj)). • • g (h (am))) =
= }%((g°h) (a,), . . ., (g o h) (am)).
Par conséquent, l ’égalité (1) est vérifiée. Pour des opérations prin­
cipales à aucune place les raisonnements sont identiques. □
Théorème 2.2. Soient h un homomorphisme de Valgèbre A sur
Valgèbre SS et g un homomorphisme de Valgèbre SS sur Valgèbre
Leur composition g o h est alors un homomorphisme de Valgèbre A sur
Valgèbre
Ce théorème découle directement du théorème 2 .1 et du théorè­
me 2.3.4.
Théorèm e 2.3. Soient h un isomorphisme de Valgèbre A sur Val­
gèbre SS et g un isomorphisme de Valgèbre SS sur Valgèbre %. Leur
composition g o h est alors un isomorphisme de Valgèbre A sur Val-
gèbre Sf.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 2.1 il découle de
l ’hypothèse que g oh est un homomorphisme de l ’algèbre A dans
ALGÊBRES 79

l ’algèbre %. Ensuite, par hypothèse h est une application injective


de l ’ensemble | A | sur | SS | et g une application injective de l ’en­
semble | SS | sur | i |. Selon les théorèmes 2.3.9 et 2.3.4 il s’ensuit
que go A est une application injective de l ’ensemble | A | sur | % |.
Donc g o h est un isomorphisme de l ’algèbre A sur l ’algèbre £. □
Théorèm e 2.4. Soit h un isomorphisme de Valgèbre A sur Valgèbre
SS. L'application h~l est alors un isomorphisme de l'algèbre SS sur
l'algèbre A -
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse h est une application
injective de l ’ensemble | A | sur | SS |. Aussi, selon le corollaire
2.3.14, A” 1 est-il une application injective de | SS | sur | A I-
Soient f ^ une opération principale quelconque de l ’algèbre A (de rang
m) et fsB llne opération principale appropriée de l ’algèbre Si. Il nous
suffit de démontrer que pour tous éléments bx, . . ., bm de | $ |r
on a
(1 ) h~x ( f ^ b , ..........bm)) = (b,), . . h -' (bm)).
Cette condition est équivalente à la suivante:
(2 ) h (M , . . h -x (bm))) = f ^ b , , . . bm).
Or, comme par hypothèse h est un homomorphisme de l ’algèbre A
sur SS, on a
h (U (h~x (b,)-------- h~x(bm))) = f Æ(h (A-* (b,)), . . .
• • •* h (A-1 (6 m))) = f & (6 i, • • •» bm)T
c’est-à-dire que (2) est vérifiée et, partant, ( 1 ) l ’est aussi. Par consé­
quent, A"1 est un isomorphisme de l ’algèbre SS sur l ’algèbre A • □
T héorème 2.5. Une relation d'isomorphisme sur un ensemble quel­
conque d'algèbres est une relation d'équivalence.
D é m o n s t r a t i o n . Une application identique de l ’algèbre A
sur l ’algèbre A , c’est-à-dire une application h telle que h (a) = a
quel que soit a de | A I, est apparemment un isomorphisme de l’al­
gèbre A sur A . Selon le théorème 2.3 la relation d ’isomorphisme est
transitive. Selon le théorème 2.4 la relation d ’isomorphisme est sy­
métrique. Donc, la relation d ’isomorphisme est une relation d ’équi­
valence. □
Sous-algèbres. Soient / une opération n-aire sur l ’ensemble A
et fi un sous-ensemble non vide de l ’ensemble A. En accord avec la
notion de restriction d ’une fonction à un ensemble on dit qu’une
opération «-aire g sur B est une restriction de l ’opération / à l’en­
semble B si
g (bly . . ., bn) = / (6 ^ . . ., bn) pour tous 6 lf . . ., bn de B.
En particulier, une opération à aucune place g sur B ëst une restric­
tion de l ’opération à aucune place / sur A à l ’ensemble fi, si
80 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

g = /, c’est-à-dire si g et f séparent un même élément respectivement


dans B et A. La restriction de l ’opération f par l ’ensemble B sera
désignée par le symbole f \ B .
Soient A = (A, £2> et .3? = (B , Q'> des algèbres du même type.
D éfinition. L’algèbre SS est appelée sous-algèbre d ’une algèbre du
même type A si B a A et l ’application identique de l ’ensemble B
dans A est un monomorphisme de l ’algèbre SS dans l ’algèbre A ,
c ’est-à-dire pour chaque opération principale de l ’algèbre SS on a
f&(bi, - - -j bm) = • • •» ^m)
pour tous bl9 . . bm de B,
où m est le rang! de l ’opération / ^ , tandis que / jg est l ’opération prin­
cipale de l ’algèbre SS correspondant à
Rappelons que par application identique de l ’ensemble B dans A
on entend une application h telle que h (h) = b quel que soit l ’élé­
ment b de B.
On montre sans peine que la définition de la sous-algèbre donnée
plus haut est équivalente à l ’énoncé suivant: l ’algèbre SS est appe­
lée sous-algèbre de l ’algèbre du même type A si B d A et chaque
opération principale /jg de l ’algèbre SS est une restriction de l ’opé­
ration correspondante de l ’algèbre A à l ’ensemble B .
La notation SS -3 A signifie que l ’algèbre SS est une sous-al­
gèbre de l ’algèbre A •
Soient A = <-4, £2) une algèbre et S a A.
D éfinition. Un sous-ensemble B de l ’ensemble | A | est dit clos
dans Valgèbre A si B est clos relativement à chaque opération prin­
cipale f j de l ’algèbre A y c’est-à-dire si l ’on a
(1) bm) 6 B pour tous bx, . . ., bm de B,
où m est le rang de l ’opération / ^ . Si est une opération à aucune
place, la condition (1 ) prend la forme 6 2 ?.
U va de soi que si SS -3 A y alors l ’ensemble | Si | est clos dans
l ’algèbre A .
A partir des définitions fournies plus haut découle directement le
théorème suivant.
T héorème 2.6. Soient A = (A, / 2, . . ., /,) une algèbre et B un
sous-ensemble non vide de Vensemble A clos dans Valgèbre A • Dans
ce cas Valgèbre
(2) SS = <5, U | B .......... U \ B )
est une sous-algèbre de Valgèbre A .
Puisque le sous-ensemble non vide B de l ’ensemble | A I clos
dans l ’algèbre A définit de façon univoque (de manière susmention­
née) la sous-algèbre SSy on utilise pour cette sous-algèbre au lieu de
ALGÊBRES 81

la notation (2 ) la notation
88 = <*, U........../.).
E x e m p l e s . 1 . Soient + et • (addition et multiplication)
les opérations arithmétiques usuelles sur l ’ensemble Z des entiers
et N un ensemble des nombres naturels. Dans ce cas l ’algèbre (N,
+ , •> est alors une sous-algèbre de l ’algèbre (Z, + , •>.
2. Soit P (U) l ’ensemble de tous les sous-ensembles de l ’ensemble
non vide U, tandis que {], |J et ' sont respectivement les opérations
intersection, réunion et complémentation. L’algèbre <{0, £/}, f|*
IJ, ') est une sous-algèbre de l ’algèbre (P (U), fl» Ui ')-
ThêorêiME 2.7. Si A est une sous-algèbre de Valgèbre 88 et 88 une
sous-algèbre de Valgèbre A est alors une sous-algèbre de Valgèbre %.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A -3 88. Dans ce cas | A | a
c= | 98 | et
(1 ) • • -, am) = fjs(an ■ • •»°m)
pour tous a l7 . . ., am de | A |,
où est une opération principale quelconque de l ’algèbre A et m
son rang, tandis que est l ’opération appropriée de l’algèbre 88.
Ensuite, si 88 -3 r( , on a | 88 | ci | | et
(2) • • -, am) = /^(a,. . . a m)
pour tous alt . . am de | 88 |,
où est l ’opération principale de l ’algèbre £ correspondant à l ’opé­
ration / ^ . Aussi a-t-on | A | cz | % | et en vertu de (1), (2)
/ , ^ ( a l» • • •f a m) = f<j g( a I f • • •* a m)

pour tous aly . . ., am de | A !•


Par conséquent, A est une sous-algèbre de l ’algèbre £. □
Théorème 2.8. La relation binaire -3 (« être une sous-algèbre »)
sur l'ensemble des sous-algèbres de Valgèbre A est une relation d'ordre
non strict.
D é m o n s t r a t i o n . Une application identique de l ’ensemble
| A I sur | A | est un monomorphisme de l ’algèbre A sur A • Par
conséquent, A -3 A , la relation -3 est donc réflexive. En vertu du
théorème 2.7 la relation - 3 est transitive.
Montrons que la relation -«3 est antisymétrique. Admettons que
les sous-algèbres 88 et <6 de l ’algèbre A satisfont aux conditions
(1 ) 88 - 3 £ et % - 3 88.
Alors \ 88 | cz | î? |, | % | cz | 88 | et, par suite,
(2) | 88 | = | S? |.
6 -0 1 7 6 2
82 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

Ensuite, en vertu de (1 ) pour une opération principale quelconque


de l ’algèbre SS on a
(3) bm) — f<g(bî» • • • t &m)
pour tous . . ., bm de | SS |,
où m est le rang de l ’opération f # . En vertu de (2) et (3) on a
(4) J# = pour toute opération principale de l ’algèbre SS•
Sur la base de (2) et (4) on conclut que SS = ? . Donc, la relation -g
est antisymétrique.
Bref, il est établi que la relation -g est réflexive, transitive et
antisymétrique, c’est donc une relation d’ordre non strict. □
T héorème 2.9. L'intersection d'une collection quelconque de sous-
ensembles de l'ensemble | A \ clos dans l'algèbre A est un ensemble
clos dans l'algèbre A -
D é m o n s t r a t i o n . Soient {Ci \ i 6 1} une collection quel­
conque des sous-ensembles Ci de l ’ensemble | A | clos dans l ’algèbre
A et C = fl Si C = 0 le théorème est vérifié car un ensemble
iei
vide est clos dans A - Voyons le cas où C =5^ 0 . Soient une opéra­
tion principale quelconque de l ’algèbre A , m son rang et c2, . . ., cm
des éléments quelconques de l ’ensemble C. Dans ce cas
(1 ) Ij. fo, . . cm) Ç Ci pour chaque i de I,
vu que l ’ensemble Ct est clos relativement à l ’opération / En ver­
tu de (1 )
i 4 foi • • •» ^m) 6 fl ^ i = c ,
iei
c’est-à-dire que l ’ensemble C est clos relativement à toutes les opé­
rations principales de l ’algèbre A - □
Soit A une algèbre
(I) U i \ i 61}
une collection quelconque des sous-algèbres A i de l ’algèbre A
telle que Ç] \ A i \ soit un ensemble non vide.
i€ I
D éfinition . On appelle intersection de la collection (I) des sous-
algèbres de l ’algèbre A la sous-algèbre SS de l ’algèbre A telle que
\ S S \ = fl U i |.
tgi
Le bien-fondé de cette définition découle du fait que (en vertu
du théorème 2.9) l ’ensemble | SS | = fl I A i I est clos dans l ’al-
iei
gèbre A et le sous-ensemble | SS | non vide et clos dans l ’algèbre A
de l ’ensemble | A I (en vertu du théorème 2.6) définit de façon uni­
que la sous-algèbre de l ’algèbre A à ensemble de base | SS |.
ALGÊBRES 83

La notation SS = fl Jhi signifie que l ’algèbre SS est une in-


i€i
tersection de la collection (I) des sous-algèbres Jbi de l ’algèbre Jb.
Bref, si (I) est une collection quelconque des sous-algèbres de
l ’algèbre Jb = (A, f u . . . , / , ) telle que fl I Jbi I =5^ 0 , l ’al-
iei
gèbre SS
SS = { B , h \ B , . . /, |5>,
où B = f) I I* est alors l ’intersection des algèbres de la col-
t€I
lection (I).
T héorème 2.10. Si dans Valgèbre Jb parmi les opérations principa­
les on rencontre au moins une à aucune place, Vintersection d'une col-
lection quelconque (non vide) des sous-algèbres de l'algèbre Jb est alors
une sous-algèbre de l'algèbre Jb.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, si {jbt | i Ç 1} est une collec­
tion quelconque des sous-algèbres de l ’algèbre jb comportant au
moins une opération principale à aucune place / ^ , l ’ensemble B =
= f ) \ A i \ est alors non vide, car il contient un élément séparé
i€l
par l ’opération / ^ . Dans ce cas l ’ensemble B clos dans Jb définit
(en vertu du théorème 2.6) de façon unique la sous-algèbre de l ’al­
gèbre Jb à ensemble de base B . □
Il s ’ensuit de la définition de la sous-algèbre que pour tout en­
semble non vide M d ’éléments de l ’algèbre Jb donnée, M c | Jb |f
il existe une sous-algèbre minimale SS incluant M . On constate
sans peine qu’une telle sous-algèbre est l ’intersection de toutes les
sous-algèbres de l ’algèbre Jb comportant l ’ensemble M . Cette sous-
algèbre minimale SS est dénommée sous-algèbre engendrée par l'en­
semble Af, M étant un système de génératrices de l ’algèbre SS.
Algèbre quotient. Soient jb une algèbre et B une relation d’équi­
valence sur l ’ensemble | Jb |.
D éfinition. La relation R est appelée congruence ou congruence
dans l'algèbre Jb si R est une congruence relativement à chaque opé­
ration principale de l ’algèbre Jb, c’est-à-dire que pour tous élé­
ments a2, &!, . . ., am, bm de l ’ensemble | Jb |
(1) axRbly . . ., amRbm
implique
(2) 1» • • •» ^m) i, . . . » b m)j

où m est le rang de l ’opération / ^ .


Soient Jb = (A, Q) une algèbre, R une congruençe dans Jb et
AIR un ensemble quotient de l ’ensemble A en R . Définissons sur
l ’ensemble A /R une opération m-aire f j .ÎR correspondant à l ’opéra-
6*
84 ALGÉBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

tion f £ de Q de la façon suivante :


(3) (aJR, . . a J R) = /^ (a lt - . am)/R
pour tous al9 . . ., am de A.
La définition est correcte, car, en vertu de (2), la valeur du second
membre de (3) est indépendante du choix des éléments al9 . . ., am
respectivement dans les classes d ’équivalence ax/R 9 . . ., am/R (voir
démonstration du théorème 1.9). L’opération f ^ R est appelée opé­
ration associée à Vopération f j par la congruence R. Notons Q* l ’en­
semble de toutes les opérations associées aux opérations principales
de l ’algèbre A par congruence R , Q* = { f^ /R | f j 6 Q}-
D éfinition. Soient A = (A, Q) une algèbre et R une congruence
dans A - L’algèbre {AIR, Q*) est dénommée algèbre quotient de
l ’algèbre A en congruence R et est notée A I R .
T héorème 2.11. Soit R une congruence dans l'algèbre A . L'appli­
cation h de l'ensemble | A I dans \ A \!R est alors telle que
(1) h (a) = al R pour tout a de \ A I
est un homomorphisme de l'algèbre A sur l'algèbre quotient A I R .
D é m o n s t r a t i o n . Il s’ensuit de (1) que h est une appli­
cation de | A I sur | A |IR- Il est nécessaire de montrer que h res­
pecte toutes les opérations principales de l ’algèbre A • Soient une
opération principale quelconque de l ’algèbre A et f j /R l ’opération
principale associée de l ’algèbre quotient A I R • Alors, en vertu de (1),
pour tous al9 . . ., am de | A on a
h am)) = i, . . am)/R =
~ fAfïi " •••» am/R) =
^A ir ^ ^ (®m))i
où /rcest le rang de l ’opération / ^ . Par conséquent, h est un homo­
morphisme de l ’algèbre A sur l ’algèbre quotient A I R • □
Notons que l ’homomorphisme h défini à l ’aide de (1) est appelé
homomorphisme naturel de l ’algèbre A sur l ’algèbre quotient A I R .
T héorème 2.12. Soient h un homomorphisme de l'algèbre A dans
l'algèbre SS et R une telle relation binaire sur \ A | que pour tous a,
b de | A K on ait
(1) aRb si et seulement si h (a) = h (b).
Dans ce cas R est une congruence dans l'algèbre A .
D é m o n s t r a t i o n . La relation R est une équivalence
d ’application h et, en vertu du théorème 2.4.4, c’est une relation
d ’équivalence sur | A I-
Soient f ^ une opération principale quelconque (de rang m) de
l ’algèbre A et l ’opération principale correspondante de l ’algèbre
ALGÊBRES 85

SS- En vertu de (1), pour tous ax, 6 X, . . am, bm de l ’ensemble


I Jb | de
(2 ) üjRbi, . . ., amRbm
s’ensuivent les égalités
(3) h (a,) = h (b,)------- h (am) = h (bm).
Supposons que les éléments alt bly . . ., am, bm vérifient les condi­
tions (2) et, partant, les conditions (3). Alors, puisque h est un ho­
momorphisme de Jt dans SS, on a
^ • • •’ = fsB (ai)» • - h (am)) =
= f # (h {bx)y . . ., h (bm)) =
= h ( f j (bx..........bm)).
Donc de (2) s’ensuit l ’égalité
^ (û u • • -i a m)) = b U jt (bii • • b m)).
De là, par définition de /?, il vient
(^) f (û l» • • •» a m) R f (^1* • • •* b m).
Bref, pour tous éléments alt bu . . ., am, bm de l ’ensemble | A I de
(2) s’ensuit (4). Par conséquent, R est une congruence dans j t . □

Exercices
1. Soient + , • des opérations banales d'addition et de multiplication
sur l'ensemble N des nombres naturels et h l'application de l'ensemble N dans
N telle que h (x) = 2x pour tout x de N. Démontrer que h est un homomorphisme
de l'algèbre (N, +> dans l’algèbre (N, •>.
2. Soient + et • des opérations banales d'addition et de multiplication sur
l'ensemble R des nombres réels et a un nombre réel positif fixé. Soit h l'appli­
cation de R dans R telle que h (x) = ax pour tout x de R. Démontrer que h
est un homomorphisme de l'algèbre (R, -f-) dans l’algèbre (R, •).
3. Soit h un homomorphisme de l'algèbre (A y /> sur 'algèbre (B , g),
où / et g sont des opérations binaires. Démontrer que :
(a) si l’opération / est commutative, l'opération g l’est également;
(b) si l’opération / est associative, l'opération g l'est également;
(c) si e est un élément neutre relativement à l'opération /, / (c) est un élé­
ment neutre relativement à l'opération g;
(d) si l’élément x est symétrisable relativement à l'opération /, l’élément
/ (x) est symétrisable relativement à l’opération g ; si les éléments x et x sont
mutuellement symétriques relativement à l'opération /, les éléments / (x) et
/ (x') sont alors mutuellement symétriques relativement à l’opération g.
4. Soient N un ensemble des nombres naturels et B — {2X | x 6 N}. Soit
h l’application de l'algèbre (N, + ) sur l’algèbre (2?, •> telle que pour tout
x de N se vérifie l'égalité h (x) = 2X. Montrer que h est un isomorphisme.
5. Soient R un ensemble des nombres réels, RJ un ensemble des nombres
réels positifs, a un nombre réel positif autre que un. Soit h l’application de
l’algèbre (R, + ) dans l’algèbre (RJ, •> telle que h (x) = aPf pour chaque x
de R. Démontrer que h est un isomorphisme.
86 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGEBRIQUES [CH. m

6. Soient / un monomorphisme de l’algèbre A dans SB et g un monomor­


phisme de l’algèbre Æ dans l’algèbre %. Démontrer que la composition g o f
est un monomorphisme de l’algèbre A dans l’algèbre
7. Fournir un exemple d’algèbre A et de relation d’équivalence R sur
| A I qui ne soit pas une congruence dans l’algèbre A .
8. Soit h un homomorphisme de l’algèbre A dans l’algèbre SB. Démontrer
que l’ensemble Im | A | (image homomorphe de l’ensemble de base de l’algèbre
A ) est clos dans l’algèbre J8.
9. Soit h un homomorphisme de l’algèbre A dans l’algèbre SB. Démontrer
que l’algèbre
<«. / i l « . . . . . /.ISf>.
où % = Im | A I, est une sous-algèbre de l ’algèbre SB = (Æ, fa).
Cette algèbre est appelée image homomorphe de l’algèbre A avec homomorphisme
h.
10. Soit h un homomorphisme de l’algèbre A dans l’algèbre SB. Démontrer
que l’image homomorphe de l’algèbre A avec cet homomorphisme est iso­
morphe à l’algèbre quotient A / R , où R est une congruence engendrée par l’ho­
momorphisme h.
11. Démontrer que tout homomorphisme h de l’algèbre A sur l’algèbre SB
est une composition de l’homomorphisme naturel de l’algèbre A sur son algèbre
quotient et de l’isomorphisme de cette algèbre quotient sur l’algèbre SB.

§ 3. Groupes
Notion de groupe. Cette notion est un cas particulier d’algèbres
qui joue un rôle important en mathématiques théoriques et appli­
quées.
D é f i n i t i o n . L’algèbre £? = (G, *, '} du type (2, 1) est appelée
groupe si ses opérations principales vérifient les conditions (axio­
mes) :
(1 ) l ’opération binaire * est associative, c’est-à-dire pour tous
éléments a, b, c de G a + (b +c) = (a * b) * c ;
(2) il y a dans G un élément neutre à droite relativement à l ’opé­
ration *, c’est-à-dire un tel élément e pour lequel a * e = a quel que
soit a de G;
(3) pour tout élément a de G on a l ’égalité a * a' = e.
Ainsi, le groupe est un ensemble non vide muni de deux opéra­
tions: une opération binaire * et une opération singulaire L’opé­
ration binaire est associative et comporte un élément neutre à droi­
te, tandis que l ’opération singulaire est une opération de passage à
l’élément symétrique à droite relativement à l ’opération binaire et,
par suite, chaque élément du groupe comporte un élément symétri­
que à droite relativement à l ’opération binaire du groupe *.
D é f i n i t i o n . Un groupe ÿ = (G, *, ') est dit abélien ou commuta­
tif si l ’opération binaire du groupe * est commutative, c’est-à-dire
si pour tous a, 6 de G a * b = b * a.
D é f i n i t i o n . On appelle ordre du groupe S = <G, *, ') le nombre
d ’éléments de l ’ensemble de base G du groupe lorsque G est fini. Si G
§ 31 GROUPES 87

est un ensemble infini, le groupe ÿ est dénommé groupe d'ordre


infini.
En étudiant les groupes on utilise habituellement pour les opé­
rations principales du groupe des notations additive ou multipli­
cative. Avec l ’utilisation de la notation multiplicative l ’opération
binaire du groupe est appelée multiplication et l ’on écrit a-b (ou
ab) au lieu de a * b en appelant l ’élément a-b produit des éléments
a et b. L’élément symétrique de a noté a~l est appelé inverse de l'élé­
ment a. L’élément neutre par rapport à la multiplication est noté e,
1 ou 1^ et on l ’appelle élément unitaire ou unité du groupe. Dans la
notation multiplicative la définition susmentionnée du groupe s’énon­
ce de la façon suivante.
L’algèbre S = <G, -, “1> du type (2 , 1 ) est appelée groupe si
ses opérations principales vérifient les conditions:
(1 ) l ’opération binaire • est associative, c’est-à-dire pour tous
éléments a, 6 , c de G se vérifie l ’égalité a-(b-c) = (a-b)-c;
(2) il y a dans G une unité droite, c’est-à-dire un élément e tel
que a-e = a pour tout élément a de G;
(3) pour tout élément a de G on a l ’égalité a -a ” 1 = e,
La notion de puissance naturelle an de l ’élément a d ’un groupe
multiplicatif <G, -, “x> se définit de la façon suivante:
a0 = e, an = a-a . . . a pour n £ N \{0}.
Dans une notation additive l ’opération binaire du groupe est
appelée addition et l ’on écrit a + b au lieu de a * b en appelant
l ’élément a + b somme des éléments a et 6 . L’élément symétrique de
l ’élément a est noté (—a) et s’appelle élément opposé de a. L’élément
neutre par rapport à l ’addition est désigné par le symbole 0 ou Oÿ
et est appelé élément zéro ou zéro du groupe. En écriture additive la
définition du groupe est formulée de la façon suivante.
L’algèbre S = {G, + , —) du type (2 , 1 ) est dénommée groupe
si ses opérations principales vérifient les conditions:
(1 ) l ’opération binaire + est associative, c’est-à-dire que pour
tous éléments a, 6 , c de G on a a + (b + c) = (a + b) + c ;
(2) il y a dans G un zéro à droite, c’est-à-dire un élément 0 tel
que a + 0 = a pour tout élément a de G;
(3) pour tout élément a de G a + (—a) = 0.
Exemples de groupes. 1. Soit Q l’ensemble de tous les nombres
rationnels avec une addition banale et une opération singulaire —,
opération de passage du nombre a au nombre opposé (—a). L’al­
gèbre fi = (Q, + , —) du type (2, 1 ) est un groupe. Il est dit groupe
additif des nombres rationnels.
2. Soit Q* l ’ensemble de tous les nombres rationnels autres
que zéro avec multiplication banale et opération singulaire ”1,
opération de passage du nombre a au nombre inverse n"1. L’algèbre
88 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

&* = <Q*, -, “*> est un groupe. Ce groupe est appelé groupe


multiplicatif des nombres rationnels.
3. Soient R l'ensemble de tous les nombres réels avec addition
banale et opération singulaire associant à chaque nombre réel r le
nombre opposé —r. L’algèbre j9+ = (R, + , - > est un groupe. Il
s ’appelle groupe additif des nombres réels.
4. Soient R* l ’ensemble de tous les nombres réels autres que zéro
avec multiplication banale et opération singulaire ~l qui associe à
chaque nombre r différent de zéro son inverse r"1. L’algèbre =
= (R*, -, -1} est un groupe. Ce groupe est appelé groupe multipli­
catif des nombres réels.
5. Soit S n une collection de toutes les permutations de l ’ensemble
M = {1, . . ., n), c’est-à-dire une collection d ’applications injecti-
ves de cet ensemble sur lui-même. Soient r fn = <5n, o, -1) une al­
gèbre avec une opération binaire o (composition d ’applications)
et une opération singulaire -1 associant la fonction / de S n à sa fonc­
tion inverse / “L Cette algèbre est un groupe. En effet, suivant le
théorème 2.3.10 une composition de deux permutations quelconques
de l’ensemble M est une permutation de cet ensemble. Selon le théo­
rème 2.3.5 une composition de permutations est associative. Une
permutation identique est un élément neutre relativement à une
composition de permutations. Pour toute permutation f de l ’en­
semble M /o/ " 1 = i \ r . Ce groupe est dénommé groupe symétrique
des permutations d'indice n ; il possède l ’ordre n\ et n’est pas commu­
tatif pour n > 2 .
6 . Soit G l ’ensemble de tous les vecteurs d ’un plan donné avec
l ’opération banale + d’addition des vecteurs et l ’opération singu­
laire — associant chaque vecteur v à son opposé (—v). L’algèbre
(G, + , —) est un groupe. Ce groupe est appelé groupe additif des
vecteurs du plan.
7. Considérons l ’ensemble G de toutes les rotations du plan au­
tour d ’un point donné O. Une rotation du plan est assimilée à une
transformation du plan, c’est-à-dire à une application injective du
plan sur lui-même. Deux rotations d ’angles a et P sont dites coïnci­
dentes si a — p = 2nn, où n est un entier. La composition cp o yjp
de deux rotations ip et 9 respectivement d ’angles a et P est une rota­
tion d ’angle a + p. Si \p est une rotation d ’angle a, ijr 1 est une rota­
tion d’angle (—a). L’algèbre (G, o, -1) est un groupe. Il est dénommé
groupe de rotations du plan autour du point donné.
8 . Soit Hn un ensemble composé de n rotations d ’un plan donné
d ’angles 2 kn/n, k = 0 , 1 , . . ., n — 1 , autour d ’un point O fixe,
constituant une application d ’un polygone régulier à n angles de
centre au point O sur lui-même. L’algèbre (Hn, o, -1) est un groupe.
Il est appelé groupe de rotation, d'un polygone régulier à n angles.
9. Considérons un ensemble G de toutes les rotations d ’un espace
autour du point O, constituant une application d ’un corps régulier
§ 31 GROUPES 89

donné (tétraèdre, cube, icosaèdre, dodécaèdre) de centre au point O


sur lui même. L’algèbre (G, o, "x> est un groupe. Il est appelé grou­
pe de rotations (autocoïncidences) du corps régulier donné.
Propriétés élémentaires du groupe. On utilisera plus loin la no­
tation multiplicative pour les opérations du groupe.
P ropriété 3.1. Pour tout élément a du groupe a~xa = e, c'est-à-
dire V inverse à droite de a est également un inverse a gauche.
D é m o n s t r a t i o n . Du deuxième et du troisième axiomes
du groupe il s’ensuit que
a ” 1 = a~le = a ”1 (aa”1) = (a~la) a~l.
En vertu des axiomes du groupe on en déduit les égalités
a~la = (a~la) e = (a~xa) (a ’ 1 (a-1)”1) = ((«a,~la) a"1) (a "1) " 1 =
= a~l (a -1 ) ” 1 = e' c’est-à-dire a~la = e. □
P ropriété 3.2. Pour chaque élément a du groupe l'élément a"1 est
l'unique élément inverse. Chaque élément a du groupe possède un élé­
ment inverse unique à droite et un élément inverse unique à gauche, les
deux coïncidant avec a ”1.
Cette propriété découle directement de la définition de l’élé­
ment inverse, de la propriété 3.1, du théorème 1.4 et du corollaire 1.5
de ce dernier.
P ropriété 3.3. Pour tout élément a du groupe ea = a, c'est-à-dire
que l'unité droite est également une unité gauche.
D é m o n s t r a t i o n . A partir des axiomes du groupe et de
la propriété 3.1. il s’ensuit que
ea = (aa”1) a = a (a- 1a) = ae = a, c’est-à-dire ea = a. □
P ropriété 3.4. L'élément e du groupe est l'unique élément unité
du groupe. C'est également l'unique élément unité droite et unité gau­
che du groupe.
Cette propriété découle directement de la définition des éléments
unités, de la propriété 3 .3 , du théorème 1 .1 et du corollaire 1 . 2 de
ce dernier.
P ropriété 3.5. Pour tous éléments a, b du groupe chacune des
équations ax = b et ya = b relativement aux variables x et y possède
dans le groupe une solution unique.
D é m o n s t r a t i o n . L’élément a~lb est la solution de l ’équa­
tion ax = ft, car a (a~lb) = (aa~l) b = eb = b. D’autre part, si c
est une solution arbitraire de l ’équation ax = b, on a c ec =
= (a~la) c = a~l (ac) = a~lb. Par conséquent, l’élément a~xb est
l ’unique solution de la première équation. On démontre de façon
analogue que l ’élément 6 a ”1 est l ’unique solution de la seconde équa­
tion. □
90 ALGEBRES ET SYSTEMES ALGEBRIQUES [CH. III

P ropriété 3.6 {règle de simplification). Pour tous éléments a, 6 , c


du groupe de oc = bc s'ensuit a = b et de ca = cb a = b.
D é m o n s t r a t i o n . Si ac = 6 c, a et b sont les solutions de
Téquation yc = bc. De la propriété 3.3 on déduit que a = b. On
démontre de façon analogue que de ca = cb s’ensuit a = b. □
P r o p r i é t é 3.7. Pour tous éléments a, fc, c du groupe il s'ensuit de
ab = a que b = e et de ca — a que c = e.
D é m o n s t r a t i o n. Si ab = a, on a ab = ae. Selon la règle
de simplification de ab = ae s’ensuit b = e. De façon analogue de
ca = a on déduit que ca = ea et c = e. □
P ro p rié té 3.8. L'élément a est dans le groupe l'inverse de a ”1,
c'est-à-dire que (a -1 ) " 1 = a.
D é m o n s t r a t i o n . D’après le troisième axiome du groupe
(a-1) (a "1) ” 1 = e. Selon la propriété 3.1 a -1a = e. Donc, a"1 (a -1 ) " 1 =
= a - 1a. Selon la règle de simplification il s’ensuit l ’égalité (a ”1) " 1 =
= a. □
P r o p r i é t é 3.9. Pour tous éléments a, b du groupe de ab = e s'en­
suit b = a "1 et a = b~l.
Cette propriété découle directement de la définition de l ’élément
inverse et de la propriété 3.2.
Homomorphismes des groupes. En accord avec la définition de
l ’homomorphisme des algèbres ainsi qu’avec le fait que les groupes
sont un cas particulier des algèbres formulons les définitions sui­
vantes.
S o ien t^ = (G, -, -1> et SS = <H, -1) des groupes multipli­
catifs.
On dit que l ’application h de l ’ensemble G dans H respecte les
opérations principales du groupe S si sont satisfaites les conditions :
(1) h {ab) — h {a) o h {b) pour tous a, & de G;
(2) h (a“x) = {h (a) ) ”1 pour tout a de G.

D é f i n i t i o n . On appelle homomorphisme du groupe 3 dans (sur) le


groupe #£ toute application de l ’ensemble G dans (sur) H respectant
les opérations principales du groupe 3. L’homomorphisme du grou­
pe *§ sur $t< >est appelé épimorphisme.
D é f i n i t i o n . On appelle isomorphisme tout homomorphisme h du
groupe ÿ sur le groupe SS si h est une application injective de l ’en­
semble G sur H. Les groupes S et SS sont dits isomorphes s’il y a
isomorphisme du groupe Ê sur SS•
La notation S ^ SS signifie que les groupes S et SS sont iso­
morphes.
D é f i n i t i o n . On appelle monomorphisme ou infection l ’homomor-
phisme h du groupe ÿ dans le groupe SS si h est une application injec­
tive de l ’ensemble G dans H.
§ 3] GROUPES 91

D é f i n i t i o n . On appelle endomorphisme du groupe S l ’homomor-


phisme de S dans lui-même. L’isomorphisme de S sur lui-même est
appelé automorphisme du groupe
Ainsi, par exemple, est un automorphisme une application iden­
tique du groupe sur lui-même.
T héorème 3.1. Si Inapplication h du groupe ÿ = <G, -, -1> dans
le groupe $£ = (H, o, -1) respecte l'opération binaire du groupe .9 ,
c'est-à-dire si
(1) h (ab) = h (a) ok (b) pour tous a, b de G,
alors h transforme l'unité du groupe S en l'unité du groupe SB &
constitue un homomorphisme.
D é m o n s t r a t i o n . Soient e l ’unité du groupe & et e' =
= h (<e). En vertu de (1), h (e-e) = h (e) o h (e) = h (e), c’est-à-dire
que e’ oe’ = e \ De là, en raison de la propriété 3.7, il s’ensuit que
e1 est une unité du groupe
Soit a un élément quelconque du groupe S. En vertu de (1), de
a-a~l = e s ’ensuit h (a) o h (a"1) = e*. Selon la propriété 3.9 on
obtient
(2) h (a-1) = (h (a) ) * 1 pour tout a de G.
Sur la base de (1) et (2) on conclut que h est un homomorphisme du
groupe S dans □
T héorème 3.2. Sur un ensemble de groupes quelconque la relation
d'isomorphisme est réflexive, transitive et symétrique, c'est-à-dire est
une relation d'équivalence.
Ce théorème découle directement du théorème 2.5.
E x e m p l e s . 1. Considérons un ensemble Q* de tous les
nombres rationnels autres que zéro et fi* = (Q*, -, ~x} constituant
un groupe multiplicatif des nombres rationnels. Soient Q+ l ’ensemble
de tous les nombres rationnels positifs et fi+ = (Q+, •, “*> un grou­
pe multiplicatif des nombres rationnels positifs. L’application h
de l ’ensemble Q* sur Q+ définie par la formule h (a) = | a \ pour
chaque a de Q*, où | a \ est la valeur absolue du nombre a, respecte
les opérations principales du groupe fi*. En effet, pour tous a, b
de Q* se vérifient les égalités | ab | = | a | | b | et | a "1 | = | a I"1.
Par conséquent, l ’application h est un homomorphisme du groupe
fi* sur fi+.
2. Considérons un ensemble R+ de tous les nombres réels positifs
et = (R+, •, -1) constituant un groupe multiplicatif des nombres
réels positifs. Soient R l ’ensemble de tous les nombres réels et J? =
= (R, + , —> le groupe additif des nombres réels. Voyons l ’appli­
cation / : R+ R définie par la formule / (x) = log x. La fonction /
est une application injective de l ’ensemble R+ sur R qui respecte les
opérations principales du groupe Æ+. En effet, pour tous x, y de R+
log (xy) = log x + log y f log (x"1) = —log x.
92 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. n i

Par conséquent, / est un isomorphisme du groupe M+ sur le grou­


pe 3R.
3. Considérons l'application g de l'ensemble R sur R + définie
par la formule g (x) = 2X. L’application g est une application injec-
tive de R sur R+ et elle respecte les opérations principales du groupe
additif 39 = <R, -K —>, car 2 x+î/ = 2X2V et 2 “* = (2 *)”1. Donc, g
est un isomorphisme du groupe additif 3R sur le groupe multiplicatif
.#+ = <R, -, -1).
Sous-groupes. Considérons le groupe S =* (G, •, -l).
D éfinition. On appelle sous-groupe du groupe 3 toute sous-al­
gèbre de ce groupe.
De manière plus détaillée, en fonction de la définition de la sous-
algèbre, la définition du sous-groupe peut être énoncée de la façon
suivante.
L’algèbre SB = (H , ©, - 1) du type (2, 1) est appelée sous-groupe
du groupe 3 = <G, -, ”1) si H cz G et si l'application identique de
l ’ensemble H dans G est un monomorphisme de l ’algèbre SB dans 3 ,
c’est-à-dire si sont satisfaites les conditions:
(1) aQb = a-b pour tous a, b de H ;
(2 ) a -1 = a "1 pour tout a de H .
La notation SB - 3 3 signifie que l ’algèbre SB est un sous-groupp
du groupe 3 .
Si SB -3 3 , alors de la définition du sous-groupe il s’ensuit que
l ’ensemble H est clos dans le groupe 3 et, par suite, l ’application
de toute opération principale du groupe 3 aux éléments de H aboutit
de nouveau à l ’élément de H . En outre, en vertu des conditions (1)
et (2 ) chacune des opérations principales de l ’algèbre SB est une res­
triction de l ’opération principale correspondante du groupe 3 à
l ’ensemble H .
T héorème 3.3. Tout sous-groupe du groupe est un groupe. L'élé­
ment neutre du groupe est l'élément neutre de son sous-groupe quelconque.
D é m o n s t r a t i o n . Soient SB = (H , ©* -1>un sous-groupe
du groupe multiplicatif 3 = (G, •, "l > et e l ’élément neutre du
groupe 3.
L’opération binaire © de l ’algèbre SB est associative, car, en
vertu de (1 ), pour tous a, 6 , c de H , on a
a Q (b Q c) = a-(b-c) = (a-b)-c = (a © 6 ) © c.
L’élément e appartient à H , car, en vertu de (1) et (2), pour tout
a de H y on a e = a -a ” 1 = a © a~l £ H. En vertu de (1), pour tout a
de H se vérifient les égalités a © e = a-e = a, c’est-à-dire que e
est un élément neutre à droite relativement à l ’opération ©.
En vertu de (2), pour tout a de H on obtient a © a~l = a*a~l = ey
c’est-à-dire que a © a ”1 = e. Par conséquent, l ’algèbre SB est un
groupe et e est son élément neutre. □
$ 31 GROUPES 93

Soient ^ = (G, -, ”1> un groupe multiplicatif et A un sous-


ensemble non vide de l ’ensemble G fermé relativement aux opérations
principales du groupe S. Soient © et -1 les restrictions des opéra­
tions principales du groupe S a l ’ensemble A , autrement dit
a © b = a-b pour tous a, b de A ;
a "1 = a -1 pour tout a de i4.
Alors, suivant le théorème 2.6 et 3.3 l ’algèbre
(3) A = {A, ©, -1)
est un sous-groupe du groupe S. Donc, le sous-groupe A du grou­
pe 3/ est défini de façon univoque par le sous-ensemble non vide A
clos dans *§. Aussi au lieu de la notation (3) écrit-on : « sous-grou-
pe A = <A , -, “*> » et lit-on : « l ’ensemble A est un sous-groupe du
groupe ÿ par rapport aux opérations • et - 1 ».
T hêorême 3.4. La relation binaire - 3 (« appartenir à un sous-
groupe ») sur Vensemble des sous-groupes du groupe donné est réflexive,
transitive et antisymétrique et, partant, c'est une relation d'ordre non
strict.
Ce théorème est un cas particulier du théorème 2 .8 .
T heorême 3.5. Une intersection d'une collection arbitraire (non
vide) de sous-groupes du groupe 37 est un sous-groupe du groupe S.
Ce théorème découle directement du théorème 3.3.
Il s’ensuit du théorème 3.6 que pour tout ensemble M d ’éléments
du groupe ÿ il existe un sous-groupe minimal $£ contenant M. Il
est facile de voir que $£. est une intersection de tous les sous-groupes
du groupe S contenant M . Ce sous-groupe minimal Sê est dénommé
sous-groupe engendré par l'ensemble Af, tandis que M est appelé
ensemble de génératrices ou système de génératrices du groupe
D éfinition. Un groupe est dit cyclique s’il est engendré par un
seul élément (ensemble à un élément).
E x e m p l e s . 1 . Considérons un groupe additif “R + =
= <R, + , —) des nombres réels. L’ensemble Q des nombres ration­
nels est un sous-ensemble de l ’ensemble R qui est fermé aux
opérations principales du groupe J?+. Donc, l ’algèbre fî =
= <Q> + , —>, groupe additif des nombres rationnels, est un sous-
groupe du groupe
2. Considérons un groupe multiplicatif J?* = <R*, -, -1) des
nombres réels. L’ensemble Q* des nombres rationnels différents de
zéro est un sous-ensemble de l ’ensemble R* fermé aux opérations
principales du groupe S * . Donc, l ’algèbre fî* = <Q*, -, -1),
groupe multiplicatif des nombres rationnels, est un sous-groupe
du groupe 3)*.
3. Soient 3? = (G, •, -1) un groupe de rotations du plan autour
du point donné O et Hn un ensemble composé de n rotations du plan
autour du point O constituant une application d ’un polygone régu-
94 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

lier à n angles de centre 0 sur lui-même. L’ensemble Hn est clos


par rapport aux opérations principales du groupe 2?. Donc, l ’al­
gèbre SCn = {Hm °» -1)» groupe de rotations d’un polygone régulier
à n angles, est un sous-groupe du groupe S.

Exercices
1. Elucider si les' ensembles des nombres rationnels suivants sont clos
relativement aux opérations principales du groupe additif des nombres ration­
nels:
(a) l'ensemble de tous les entiers;
(b) l'ensemble de tous les nombres naturels;
(c) l'ensemble de tous les entiers pairs;
(d) l’ensemble de tous les entiers multiplesde l’entier donné n;
(e) l’ensemble de tous les entiers impairs;
(f) l'ensemble de tous les nombres rationnels à dénominateurs impairs;
(g) l’ensemble de tous les nombres rationnels à dénominateurs pairs.
2. Elucider si les ensembles des nombres rationnels suivants sont clos par
rapport aux opérations principales du groupe multiplicatif des nombres ration­
nels :
(a) l'ensemble
(b) l'ensemble ?s nombres autres que zéro à dénominateurs pairs;
(c) l ’ensemble de tous les nombres rationnels autres que zéro à dénomi-.
nateurs im pairs;
(d) l’ensemble de toutes les puissances entières du nombre 2;
(e) l'ensemble {pn | n entier), où p est un nombre premier.
3. Former la table de m ultiplication pour les éléments des groupes sui­
vants :
(a) le groupe de rotations d'un triangle équilatéral;
(b) le groupe de rotations d’un carré;
(c) le groupe de rotations d'un pentagone régulier;
(d) le groupe additif des classes résiduelles modulo 5;
(e) le groupe m ultiplicatif des classes résiduelles modulo 5, co n stitu an t
des nombres premiers avec 5;
(f) le groupe de toutes les symétries du losange;
(g) le groupe de toutes les symétries d’un triangle équilatéral;
(h) le groupe symétrioue des permutations de troisième degré;
(i) le groupe des symétries d’un rectangle qui ne soit pas un carré;
(j) le groupe de toutes les symétries a ’un carré.
4. Démontrer par récurrence que l’ordre du groupe symétrique des per­
m utations de degré n et n!
5. Démontrer que si a r = e (e étant l’élément unité du groupe) pour tout
élément a du groupe m ultiplicatif, alors le groupe est abélien.
6. Soient g et h les éléments du groupe m ultiplicatif S. Déterminons la
puissance à exposant négatif : a~n = (a“Mn . Démontrer que pour tous nombres
m et n :
(a) (g~')" = Or")*1;
(b) gmgn = gm+n ;
(c) (gm)n = gmn ;
(d) (g-h)m = gm -hm si $ est un groupe abélien.
7. Démontrer que tout groupe à quatre ou moins d’éléments est un groupe
abélien.
8. Montrer que tout groupe à trois éléments est cyclique. Démontrer que
tous deux groupes comportant trois éléments chacun sont isomorphes.
ANNEAUX 95

9. Soient $ un groupe abélien additif et n un entier. Montrer que l’appli­


cation x »—►n x est un endomorphisme du groupe S.
10. Montrer que l'application i h ►3* est un isomorphisme du groupe addi­
tif des nombres réels sur un groupe m ultiplicatif des nombres reels positifs.
11. Démontrer que le groupe symétriaue des permutations à trois âém ents
est isomorphe au groupe aes symétries au triangle équilatéral.
12. Démontrer que le groupe des rotations du carré n’est pas isomorphe
au groupe des symétries du losange.
13. Considérer un groupe abélien m ultiplicatif S. Montrer que l'ap p li­
cation i H ^ r 1 est un automorphisme du groupe % .
14. Démontrer que le groupe des symétries d’un tétraèdre régulier est iso­
morphe au groupe symétrique des permutations à quatre éléments.
15. Démontrer qu’une algèbre isomorphe au groupe est un groupe.

§ 4. Anneaux
Notion d'anneau. Les anneaux comme les groupes sont un cas
particulier fort important des algèbres.
D é f i n i t i o n . On appelle anneau une algèbre = (Ky -K —, 1>
du type (2 , 1 , 2 , 0 ) dont les opérations principales vérifient les
conditions suivantes:
(1) l ’algèbre {K, + , —) est un groupe abélien;
(2 ) l ’algèbre (Ky -, 1 ) est un monoïde;
(3) la multiplication est distributive par rapport à l ’addition,
c’est-à-dire pour tous éléments a, 6 , c de K
(a + b)*c = a*c + c-(a + b) = c-a + c*b.
L’ensemble de base K de l ’anneau SK est également noté | SK |.
Les éléments de l ’ensemble K sont appelés éléments de Vanneau SK.
D é f i n i t i o n . Le groupe </£, - f , —) est appelé groupe additif de
Vanneau SK. Le zéro de ce groupe, c’est-à-dire l ’élément neutre par
rapport à l ’addition, est dénommé zéro de Vanneau et est noté 0 ou

D é f i n i t i o n . Un monoïde (K , -, 1) est appelé monoïde multipli­


catif de Vanneau SK. L’élément 1 noté également 1^* constituant un
élément neutre par rapport à la multiplication est appelé unité de
Vanneau SK.
L’anneau SK est dit commutatif si a-b = b-a pour tous éléments
a, b de l ’anneau. L’anneau SK est dit nul si | SK | = {0^}.
D é f i n i t i o n . Un anneau SK est appelé domaine d'intégrité s’il est
commutatif, 0 ^ # i$ç et pour tous a, b Ç K de a*b = 0 s’ensuit
a = 0 ou b = 0 .
D é f i n i t i o n . Les éléments a et b de l ’anneau SK sont appelés
diviseurs de zéro, si a 9 ^ 0 , b =#= 0 et ab = 0 ou ba = 0 .
Remarquons que tout domaine d’intégrité ne comporte pas de
diviseurs de zéro.
96 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

Exemples. 1. Soit Q un ensemble de tous les nombres ra­


tionnels et
Q[K2h={û + 6l / 2|a, fr€Q>-
L ’algèbre
& I V 2] = <Q 11^21, + , - , 1>
du type (2 , 1 , 2 , 0 ), où + , • sont des opérations banales d ’addition
et de multiplication des nombres réels et — une opération singulaire
de passage du nombre donné à son opposé, est un anneau commutatif.
2. Considérons un ensemble K de toutes les fonctions réelles dé­
finies sur l ’ensemble R des nombres réels. La somme / + g, le pro­
duit /-g, la fonction (—/) et la fonction unitaire 1 se définissent com­
me habituellement, à savoir:
(f + g) (x) = f (x) + g (x);
(f-g)(x) = f ( x) - g( x) ;
( - /) ( x ) = -/(x );
1 (x) = 1.
Une vérification directe montre que l ’algèbre <K , + , —, 1> est
un anneau commutatif.
3. Considérons un anneau quelconque <SF = (K, 1>.
Le tableau de la forme

où a, b, c, d sont des éléments de AT, est appelé matrice carrée d ’ordre


deux sur 3F ou matrice 2 x 2 sur 3F. L’ensemble de toutes les
matrices 2 x 2 sur 3F sera noté AT2*2. Introduisons sur cet ensemble
la relation d ’égalité. Les matrices

sont dites égales et l ’on écrit

si a —e, 6 = /, c = g, d = h.
Les matrices
ANNEAUX 97

sont dites matrice unité et matrice nulle respectivement. Sur l ’en­


semble des matrices 2 x 2 sur SK les opérations d ’addition, de mul­
tiplication et l ’opération singulaire sont définies de la façon sui­
vante :
Va 61 r ai V | _ [<* + «1 & + V I
[c dtJ — Lc + ci d + d j ’

-[: 3 - [ : : :I]<
û i btl Vaai + bci abi + bdil
[: :]■[ ci dt J Lcai + dci cbt + ddi J
On vérifie directement que l ’algèbre (K2*2, + , —> est un groupe
abélien, l ’algèbre (Æ2*2, -, I) un monoïde et le produit des matrices
est distributif par rapport à l ’addition. Par conséquent, l ’algèbre
(Æ2*2, + , —, •, I) est un anneau qui de plus n’est pas commutatif.
Cet anneau est appelé anneau des matrices 2 x 2 sur SK et l ’on le
désigne par le symbole SK2*2.
Propriétés élémentaires de l’anneau. Soit SK un anneau. Vu que
l’algèbre <£, + , —) est un groupe abélien, en vertu de la propriété
3.5 pour tous éléments a, b de K l ’équation 6 + x = a possède une
solution unique a + (—6 ) notée également a — 6 .
Théorèm e 4.1. Soit SK = (K , + , —, •, 1> un anneau. Alors pour
tous éléments a, b, c de Vanneau:
(1 ) si a + = a, on fl 6 = 0 ;
6

(2 ) si a +6 = 0 , on a 6 = —a;

(3) — (—a) = a ;
©

O
O

(4)
à
II

II

(5) (—a) b = a (—b) = —(ab) ;


(6) (—a) (—b) = a-b »
(7) (a — b) c = ac — bc et c {a — b) = ca —cb.
D é m o n s t r a t i o n , . (1 ) Si a -+- b = a, on a
6 = 0 + 6 = (—a + c )l + 6 = —a + {a + 6) = —a + a = 0.
(2) Si a + 6 = 0, il vient
6 = 0 + 6 = (—a + a) + 6 = —a + (fl + 6) = —a + 0 =

(3) Dans le groupe additif d’un anneau (—fl) + (— (—fl)) =


= —fl + fl. D’où, en vertu de la règle de simplification, s’ensuit
l’égalité — (—fl) = fl.
7-01762
98 ALGEBRES ET SYSTEMES ALGEBRIQUES [CH. III

(4) En vertu de la distributivité de la multiplication par rap­


port à l ’addition 0*a -f- 0*o = (0 + O)*a = 0-a, c’est-à-dire 0*a +
-f 0 -a = 0 *a. En vertu de (1) de la dernière égalité on déduit O-a =
= 0.
(5) En vertu de (4) et de la distributivité de la multiplication
par rapport à l ’addition ab + (—a) b = (a + (—a)) b = 0-6 = 0,
c’est-à-dire ab -f (—a) 6 = 0. D’où, en vertu de (2), il s’ensuit que
(—a) b = — (ab). De façon analogue on démontre que a (—6) =
= - (ab).
(6) En vertu de (5) et (3) ( - a ) - (—6) = —((—a)-b) =
= — (— (ab)) = a-6.
(7) En vertu de (5) et de la distributivité de la multiplication
par rapport à l ’addition (a — 6)*c = (a + (—6))*c = a-c + (—6)X
X c = a'C + (—b-c) = a~c — 6*c. De façon analogue on démontre
que c-(a — 6) = c*a — c-b. □
Homomorphismes, des anneaux. En accord avec la définition de
l 'homomorphisme des algèbres et en rapport avec le fait que les
anneaux sont un cas particulier des algèbres énonçons les définitions
suivantes.
Soient <54? — (K, -f-, —, ot 1) et <54?7 = —, •, l f) des
anneaux. On dit que l'application h de l ’ensemble K dans K ' res­
pecte les opérations principales de l'anneau <54? si sont remplies les
conditions :
(1) h (a + b) = h (a) + h (b) pour tous a, b de K ;
(2) h (—a) = —h (a) pour tout a de K ;
(3) h (a-b) = h (a) o h (b) pour tous a, b de K ;
(4) M l) = !'•
D é f i n i t i o n . On appelle homomorphisme de Vanneau '/C dans (sur)
Vanneau SS?' l'application de l ’ensemble K dans (sur) K 9 qui respecte
toutes les opérations principales de l ’anneau ST. Un homomorphis­
me de l ’anneau <5T sur <5T' est nommé épimorphisme.
D é f i n i t i o n . On appelle isomorphisme l ’homomorphisme h de
l ’anneau SS? sur l ’anneau SS?' si h est une application injective de
l ’ensemble K sur K \ Les anneaux ST et W sont dits isomorphes
s’il existe un isomorphisme de l ’anneau S4? sur <54?'.
La notation SS? sé SS?' signifie que les anneaux 5f et SS?' sont iso­
morphes.
D é f i n i t i o n . On appelle monomorphisme ou injection l ’homomorhis-
me h de l ’anneau SS? dans l ’anneau SS?' si h est une application injec­
tive de l ’ensemble K dans K \
D é f i n i t i o n . On appelle endomorphisme de Vanneau SS? l ’homomor-
phisme de l ’anneau SS? en lui-même. Un isomorphisme de l ’anneau SS?
en lui-même est nommé automorphisme de Vanneau SS?.
ANNEAUX 99

Ainsi, par exemple, on considère comme automorphisme l ’appli­


cation identique de l ’anneau sur lui-même.
T héorème 4.2. Si une application h de Vanneau SK dans Vanneau
SK' fait passer Vunité de Vanneau SK en Vunité de Vanneau SK' tout en
respectant les opérations d'addition et de multiplication, c'est-à-dire
que
h (x + y) = h (x) + h (y) pour tous x, y de K,
h (xy) = h (x) oh (y) pour tous x, y de AT,
alors h fait passer le zéro de Vanneau SK en zéro de Vanneau SK' et
est un homomorphisme.
D é m o n s t r a t i o n . Considérons des groupes additifs
(K* + » —) et </£', + , —>
d’anneaux SK et SK\ Par hypothèse, h respecte l ’opération d’addition.
D’où, en vertu du théorème 3.1, il s’ensuit que h fait passer le zéro
de l ’anneau SK en zéro de l ’anneau SP' et est un homomorphisme du
groupe (K, + , —) dans le groupe (K \ + . —>. En particulier,
h (—x) = —h (x) pour tout x de K. Par conséquent, l ’application h
respecte toutes les opérations principales de l ’anneau SK et est un
homomorphisme. □
T héorème 4.3. Une relation d'isomorphisme sur un ensemble quel­
conque d'anneaux est réflexive, transitive et symétrique et, par suite*
est une relation d'équivalence.
Ce théorème découle directement du théorème 2.5.
E x e m p l e s . 1. Considérons un ensemble Q des nombres ration­
nels, Q l/2 1 = {a + b Y 2 | a, b € Q}- L’algèbre g l/2 ] _ = <Qiy %
+ 1) est un anneau. L’application / : Q IY 2] ->• Q IJ/21
définie par la formule f (a + b Y 2) = a — b Y 2 est une application
injective de l ’ensemble Q [J/ 2] sur lui-même. L’application /
respecte les opérations principales de l ’anneau Q 21. En effet,
pour tous x = a b y 2 et y = c + d Y 2
f (xy) = / (ac + 2bd 4- (ad + bc) ]/ 2) = (ac + 2bd) — (ad + bc) \ 2 =
= ( a - b V 2 ) ( c - d V 2 ) = f(x)f(y);
f ( x + y ) = f ( a + b Y 2 + c + d V 2 ) = a — bV.2 + b— d V 2 =
= f(x) + f(y);
f (Ifi) = 1 = l<î[ /ij-
Par conséquent, l ’application / est un automorphismè de Uftaima»
6IV 21.
100 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

2. Soient K un ensemble de toutes les matrices de la forme


f« b
à a et b rationnels et &C= {K, + , —, •, 1>, anneau de
I 2b a
telles matrices. L’application h : Q ll/2 )-* - ff définie par la
formule

)-[^ *]
h l' + bV 2
constitue une application injective de l ’ensemble Q []/2] sur K.
On vérifie sans peine que l ’application h respecte les opérations
principales de l ’anneau Q, []/ 2]. h est donc un isomorphisme de
l’anneau (2 2] sur l ’anneau &C.
3. Soit L l ’ensemble de toutes les matrices de la forme
a 01
^ nommées diagonales avec a et b rationnels. L ’algèbre
0
X — <L, + où / = T1 q °1^ est un anneau. L’application
Q définie par la formule

/ = a pour tous a, b de Q

est une application respectant les opérations principales de l'anneau


X- Par conséquent, / est un homomorphisme de l ’anneau X sur
l ’anneau Æ des nombres rationnels.
Sous-anneaux. Soit SK = (K , - f , —, •, 1> un anneau.
D é f i n i t i o n . On appelle sous-anneau de Vanneau SK toute sous-
algèbre de cet anneau.
En accord avec la définition de la sous-algèbre on est en mesure
de définir un sous-anneau en plus de détails de la façon suivante.
L'algèbre X = <.L, ©, © , ©, 1%) du type (2, 1, 2, 0) se nomme
sous-anneau de Vanneau SK si L œ K et si l ’application identique de
l ’ensemble L dans K est un monomorphisme de l ’algèbre X dans
c ’est-à-dire si sont remplies les conditions:
(1) a © b = a + b pour tous a, b de L \
(2) © a = —a pour tout a de L ;
(3) a © b = a-b pour tous a, b de L ;
(4) 1j? = l*5sr-
La notation X -3 SS? signifie que l ’algèbre X est un sous-anneau
de l ’anneau Sff.
Si X -3 SK il s’ensuit de la définition du sous-anneau que l ’en­
semble L est clos par rapport à chaque opération principale de l ’an-
§4] ANNEAUX 101

neau SF, autrement dit, l ’application de toute opération principale


de l ’anneau SK aux éléments de L aboutit de nouveau aux éléments
de l ’ensemble L. En outre, en vertu des conditions (l)-(4) chaque opé­
ration principale de l ’algèbre X est une restriction de l ’opération
principale appropriée de l ’anneau SK par l'ensemble L .
Thêorême 4.4. Tout sous-anneau d'un anneau est un anneau. Le
zéro et l'unité de Vanneau constituent le zéro et l'unité de tout son sous-
anneau.
D é m o n s t r a t i o n . Soient # = ( £ , © , © , © , 1^> un
sous-anneau de l ’anneau SK = <K , + , —, •, 1) et 0 le zéro de l ’an­
neau SK. En vertu des conditions (1) et (2) l ’algèbre (L, ©, ©> est
un sous-groupe du groupe additif (K, + , —> de l ’anneau SK. Donc
l’algèbre <L, ©, © ) est un groupe abélien et 0 son élément zéro.
Dans X la multiplication est associative. En effet, en vertu de
(3), il vient
a © (6 © c) = a-(b-c) = (a-b)-c = (a © b) © c
pour tous a, b, c de L. En vertu de (3) et (4) 1 ^ = 1 et a © 1^ =
= a © l = a-1 = a pour tout a de L . Par conséquent, l ’algèbre
<L, ©, i%) est un monoïde.
Dans X la multiplication est distributive par rapport à l ’addi­
tion. En effet, en vertu de (1) et (3), pour tous a, fc, c de L
(a © b) © c = (a + 6)*c = a-c + b>c = a Q b ® b Q c
et, de façon analogue, on a c © (a © b) = *c© a © c © 6. Donc,
l ’algèbre X est un anneau. □
Considérons un anneau vT = <K , + , —, -, 1) et A un sous-en­
semble quelconque non vide de l ’ensemble K fermé aux opérations
principales de l ’anneau SK. Soient ©, 0 , © une restriction des
opérations principales de l ’anneau SK à l ’ensemble A , c’est-à-dire
a © b = a + b pour tous a, b de A ;
© a = —a pour tout a de A ;
a © b = ab pour tous a, b de A.
Alors, suivant les théorèmes 2.6 et 4.4 l ’algèbre Jb
(5) Jk = <A, ©, © , ©, 1>,
est un sous-anneau de l ’anneau SK. Ainsi le sous-anneau j l de
l ’anneau SK se définit de façon univoque par un sous-ensemble non
vide A de l ’ensemble K clos dans SK. Aussi au lieu de (5) écrit-on :
«le sous-anneau jh = <A, + , —, •, 1)» et lit-on « l ’ensemble A
est un sous-anneau de l ’anneau SK par rapport aux opérations + ,
—, -, 1 ».
102 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

Théorème 4.5. La relation binaire -3 (« constituer un sous-an-


neau ») sur un ensemble de sous-anneaux de Vanneau donné est réflexive,
transitive et antisymétrique, c'est-à-dire est une relation d'ordre non
strict.
Ce théorème est un cas particulier du théorème 2.8.
Théorème 4.6. L'intersection d'une collection quelconque (non vi­
dé) de sous-anneaux de Vanneau SK est un sous-anneau de Vanneau SK-
Ce théorème est un cas particulier du théorème 2.10.
Il s’ensuit du théorème 4.4 que pour tout ensemble M d ’élé­
ments de l ’anneau Sfi' il y a un sous-anneau X minimal incluant l ’en­
semble M. On voit sans peine que X est l ’intersection de tous les
sous-anneaux de l ’anneau SK comprenant l ’ensemble M. Ce sous-
anneau minimal X est nommé sous-anneau engendré par l'ensemble
M, M étant le système de génératrices pour l ’anneau X .
E x e m p l e s . 1. Soit D l ’ensemble de toutes les matrices 2 x 2
diagonales de la forme ^ jjj associées à l ’anneau SK. L’ensemble D
est férme aux opérations principales de l ’anneau de toutes les matrices
2 x 2 associées à l ’anneau K , 5T2x2 = <ÀT2x2, + , —, •, /). L’algèbre
(D, + , —, -, 1) est donc un sous-anneau de l ’anneau Sf2x2.
2. Les matrices de la forme sont nommées matrices trian­
gulaires supérieures. Soit L l ’ensemble de toutes les matrices triangu­
laires supérieures associées à l ’anneau SK = <K , 1>.L’en­
semble L est fermé aux opérations principales de l ’anneau SK2x2 =
= (À'2x2, + , —, -, I) des matrices 2 x 2 sur SK. Par conséquent,
l ’algèbre (L , + , —, I) est un sous-anneau de l ’anneau SK2x2.
3. Soient SK un anneau quelconque non nul et S l ’ensemble de
toutes les matrices de la forme ^j aux éléments a, b de K. En
vérifiant directement on voit que l ’ensemble S est fermé aux
opérations principales de l ’anneau SK2*2 = (Æ2x2, + , —, -, I).
L’algèbre <S , + , —, •, I) est donc un sous-anneau de l ’anneau SK2*2.
4. Soit SK = (Ky + , —, •, 1> un anneau de toutes les fonctions
réelles définies et continues sur l ’ensemble R des nombres réels. Soit
D l ’ensemble de toutes les fonctions réelles définies et dérivables sur
l ’ensemble R. L’ensemble D est fermé aux opérations principales
de l ’anneau SK. Donc, l ’algèbre (Z), 1) est un sous-
anneau de l ’anneau SK.
s*] SYSTÈMES ALGÉBRIQUES 103

Exercices
1. Elucider si les ensembles suivants des nombres rationnels sont clos
relativement aux opérations principales de l'anneau des nombres rationnels:
(a) l'ensemble de tous les entiers pairs;
(b) l'ensemble de tous les nombres naturels;
(c) l'ensemble de tous les nombres rationnels dont les dénominateurs sont
l'unité ou des nombres pairs;
(d) l'ensemble de tous les nombres rationnels aux dénominateurs impairs.
2. Elucider si les ensembles suivants des nombres réels sont clos relative­
ment aux opérations principales de l'anneau de tous les nombres réels:
(a) l'ensemble de tous les nombres de la forme a + b Ÿ 2J a a et b entiers ;
(b) l'ensemble de tous les nombres de la forme a + 6 y r 3 à a e t & entiers;
(c) l'ensemble de tous les nombres de la forme a + b à a et b ration­
nels.
3. Considérer un anneau non nul & C . Démontrer que l'anneau des m atri­
ces 2 x 2 sur c?T est un anneau non commutatif avec diviseurs de zéro.
4. Démontrer que dans l'anneau composé de n éléments pour chaque élé­
ment a de l'anneau na = 0.
5. Démontrer que si l'élém ent a de l'anneau est permutable avec l’élé­
ment 6, c’est-à-dire que ab — ba> il est également permutable avec les élé­
ments (—6), 6“l et nb, où n est un entier; si l'élément a est permutable avec
les éléments b et c il est également permutable avec les éléments b -f- c et bc.
6. Soit a2 = a pour chaque élément a de l'anneau c7 C . Montrer que l'anneau
o/C est commutatif.
7. Soit / un homomorphisme de l ’anneau dans l'anneau g7 C ' =
= ( K * , -K — » •. 1). Montrer que l'algèbre ( I m /, + , —, -t 1) est un
sous-anneau de l'anneau & C *.
8. Démontrer aue pour tous éléments xt y d'un anneau commutatif et des
entiers positifs quelconques m et n
(a) z * 1 * x n = xm+n ; (b) (xm)n = xmn ; (c) (*!/)n = x n y n .
9. Démontrer que l'algèbre isomorphe à l'anneau est elle-même un anneau.
10. Démontrer pour un anneau quelconque en recourant à la récurrence
par n le théorème binomial
(a + 6 ) » = a » + C i« n- l6 + C ia » -* 6 * + . . . + 6 " ,

où n est un entier positif et C \= ^ •

§ 5. Systèmes algébriques
Notion de système algébrique. Soit A un ensemble non vide
quelconque.
D éfinition. On appelle systèm e a lg é b riq u e un triplet ordonné
Jk = (A, Q, Q0>,
où A est un ensemble non vide, Q l ’ensemble d ’opérations sur A et
Q0 l ’ensemble de relations sur A.
Un système algébrique A est donc défini par trois ensembles:
(a) un ensemble non vide A noté également A | ; cet ensemble
est nommé en sem ble d e base d u systèm e A et ses éléments é lé m e n ts d u
systèm e A ;
104 ALGÊBRES ET SYSTEMES ALGEBRIQUES [CH. III

(b) un ensemble d ’opérations Q définies sur A et appelées opé­


rations principales du système J t ;
(c) un ensemble de relations Q0 données sur A et nommées rela­
tions principales du système J t .
Si {A, Q, Q0) est un système algébrique on dit aussi que l ’ensem­
ble A est un système algébrique par rapport aux opérations Q et aux
relations Q0.
On comprend parfois par système algébrique le couple {A, Q*),
où Û* = Û (J Q0, Q étant l ’ensemble des opérations sur A, et £20
l ’ensemble des relations sur A. Dans ce cas si Q0 = 0 , le système
(A, Q*) = {A, Q) est alors une algèbre. On peut donc ainsi consi­
dérer l ’algèbre comme un cas particulier du système algébrique.
Définition. Les systèmes algébriques j l = (A, Q, Q0) et 38 =
= (B, Q', Q') sont dits du même type si les algèbres (A, Q) et
{B, £2') sont du même type et qu’il existe une application injective
de l 'ensemble Q0 sur Q' pour laquelle toute relation R ^ de Q0 ainsi
que la relation R ^ de QJ qui lui correspond dans l ’application sont
du même rang.
Le cas rencontré le plus souvent est celui d’ensembles Q et Q0
finis: Q = {jx, . . ., /,}, £20 = {i?l5 . . ., i?t}. Au lieu de la no­
tation
<£ = (A, {fi, . . ., /*}, {R x, . . ., Rt})
on utilise habituellement la notation
Jé = {^i / ij • * •» /*» • ■ •» R\).

En outre la suite (r (/x), . . ., r (/,); r (Rx), . . ., r (Rt)), où r (Ji)


est le rang de l ’opération et r (Rk) le rang de la relation R k, est
nommée ty p e d u sy stè m e J l . Les systèmes algébriques J l et 38,
38 = {B, f[, . . ., R[, . . ., R't),
sont du m êm e ty p e si leurs types coïncident, c’est-à-dire si r (/,) =
= r (/,') pour i = 1, . . ., s, r (iîj) = r (R{) pour * = 1, . . ., t.
En outre, l ’opération /J du système 98 est dite o p é ra tio n associée à
l'o p é r a tio n f t du système J l , tandis que la relation Rj, du système 38
est nommée r e la tio n associée à la r e la tio n R k du système A-
E x e m p l e . Un ensemble de nombres naturels N avec des opé­
rations banales d ’addition -f-, de multiplication • et la relation
d ’o rd r e ^ est un système algébrique (N, -f-, -, du type (2, 2; 2).
Isomorphismes des systèmes algébriques. Soient A et 38 des sys­
tèmes algébriques du même type, R ^ une relation principale arbi­
traire du système j l et R & la relation principale appropriée du sys­
tème 98. On dit que l ’application h de l ’ensemble 1J l | dans | 38 |
§ il SYSTÈMES ALGEBRIQUES 105

respecte la relation R ^ si
(<*i, . •a„) 6 R j ~ - (h (aj), . . h (a„)) 6 R #
pour tous alt . . . . a, de | A I,
où n est le rang de la relation R
Définition. On appelle isomorphisme du système algébrique j t sur
un système du même type St l ’application injective de l ’ensemble
I J t | sur | SB | respectant toutes les opérations et relations princi­
pales du système Jt. Les systèmes Jt et SB sont dits isomorphes s’il y
a isomorphisme du système .4 sur SB.
La notation j t sé SB signifie que les systèmes j t et SB sont iso­
morphes.
D éfinition. On appelle monomorphisme ou injection du système
algébrique Jt dans un système SB du même type l ’application injec­
tive de l ’ensemble | j t | dans | SB | qui respecte toutes les opéra­
tions et relations principales du système Jt.
D éfinition. On appelle homomorphisme du système algébrique Jt
dans le système SB du même type l ’application h de l ’ensemble | j t f
dans | SB | qui respecte toutes les opérations principales du système
Jt et qui satisfait à la condition
(®1» • • •» ®n) 6 (®l)» • • •' h (ttjj)) 6 R j }

pour tous alt . . an de | j t \r


où R ^ est une relation principale quelconque du système j l , n son
rang, tandis que R g est la relation principale du système SB asso­
ciée à la relation R
Sous-systèmes. Soient <4 et SB des systèmes algébriques du même
type, l ’opération principale du système j t et l ’opération prin­
cipale appropriée du système SB, R ^ la relation principale du systè­
me j t et R # la relation principale appropriée du système SB.
D éfinition. Le système j t est nommé sous-système du système SB
si | j t I cr | SB | et pour chaque opération principale et chaque
relation principale R ^ sont remplies les conditions:
(1) (°n • ■ •» ®m) = (®l> • • •» ®m)
pour tous au . . ., am de | j t U
(2) (ai, • • •, ®n) € * * (fli, • • •, fl») 6
pour tous Ox, . . On de | Jt U
où m est le rang de l ’opération et n le rang de la relation R ^
106 ALGÊBRES ET SYSTÈMES ALGÉBRIQUES [CH. III

Autrement dit, le système A est appelé sous-système du système


SS si | A | c: | SS | et l ’application identique de | A | dans | SS |
est un monomorphisme du système A dans le système SS. La nota­
tion A -3 SS signifie que le système A est un sous-système du sys­
tème SS.
Il s’ensuit de la définition que si A -3 SS, l ’ensemble | A I est
clos dans le système SS et, par suite, que l ’application de toute opé­
ration principale f& aux éléments de l ’ensemble | A | aboutit de
nouveau aux éléments de l ’ensemble | A |. En vertu de (1), chaque
opération principale f ^ de l ’algèbre A est une restriction de l ’opé­
ration appropriée f ^ par l ’ensemble | A \, c’est-à-dire qu’on a
fA = Il I-
Soient R une relation de rang n sur l ’ensemble B et A en B.
D é f i n i t i o n . La relation S de rang n sur l ’ensemble A est appelée
restriction de la relation R par Vensemble A si S = R f| A n, ce qui
ost équivalent à la condition
(ûj, • . >, On) £ S -4 —
►(#1 * • • ®n) 6 R
pour tous al7 . . an de A.
Il s’ensuit de cette définition en vertu de (2), que chaque relation
principale d’une sous-algèbre est une restriction de sa relation appro­
priée par l ’algèbre même.
Soient SS = (B, / lf . . ., /*, R l 9 . . ., R t) un système algébri­
que et C un sous-ensemble quelconque non vide de l ’ensemble | SS |
olos relativement aux opérations principales du système SS. Notons
fi | C et R h | C les restrictions par l ’ensemble C de l ’opération f t
et de la relation R k respectivement (i = 1, . . ., s; k = 1, . . É).
Le système
(3) Yr = <C, U | C, . . ., /, I C, R , | C, . . R t | C>
est un sous-système du système SS. Donc, le sous-système Y du sys­
tème SS est défini de façon univoque par le sous-ensemble non vide
C clos dans le système SS. Aussi au lieu de (3) écrit-on : « le sous-
système Y = (C, fi, . . ., / ,; R u . . ., R t) » ou bien « l ’ensemble
C est un sous-système relativement aux opérations / l7 . . ., /, et
aux relations R u . . ., R t ».

Exercices
1. Soit h un isomorphisme d’un système algébrique (A , R ) sur le système
algébrique ( B , S ) , o ù R e t S sont des relations binaires. Démontrer qu’on
a alors:
(a) si R est réflexif (sur A ) , S est aussi réflexif (sur B ) ;
(b) si R n ’est pas réflexif (sur A ) , S n ’est également pas réflexif (sur B ) ;
(c) si la relation R est symétrique, S l ’est également;
(d) si R est transitif, S l ’est également;
s*] SYSTÈMES ALGÉBRIQUES 107

(e) si R est antisymétrique, S Test également;


(f) si R est lié, S Test également;
(g) si R est une relation d'ordre strict (non strict) (sur 4 ), S est aussi une
relation d'ordre strict (non strict) (sur B);
(h) si R est une relation d'ordre total (sur A ) , S est aussi une relation d'ordre
total (sur B ) .
2. Montrer sur l'exemple des systèmes (N, o) et (N, > ) , où a est une
relation binaire vide sur N, quant à N, c'est l'ensemble des nombres naturels,
que chaque homomorphisme mutuellement univoque n'est pas un isomorphisme.
3. Donner des exemples d'isomorphismes et d'homomorphismes de systè­
mes algébriques.
CHAPITRE IV

P R IN C IP A U X S Y ST È M E S N U M E R IQ U E S

§ 1. Système des nombres naturels


Alphabet et mots. On appelle alphabet une collection arbitraire
de symboles nommés lettres. On admet aussi que les lettres peuvent
être répétées un nombre infini de fois comme des caractères d ’impri­
merie. La série des lettres de l ’alphabet peut être énoncée sous forme
d ’une liste concrète de lettres enserrées entre des accolades. Il est
admis que dans une telle liste il ne peut y avoir de répétitions : tou­
tes deux lettres de l ’alphabet sont différentes. Posons que chaque
alphabet possède au moins une lettre.
Les lettres composant l ’alphabet 31 sont nommées lettres de
Valphabet 31. On dit aussi des lettres de l ’alphabet 31 qu’elles appar­
tiennent à 31.
Toute suite finie de lettres est appelée mot. Dans l ’alphabet 31
donné on dénomme mot chaque lettre appartenant à cet alphabet.
Par exemple, les mots a, ba, baab, baaacb sont des mots de l ’alpha­
bet {a, 6, c}. Les mots 0, 00, 0 |, |, 0 | 0 |, || 00 peuvent être considé­
rés comme des mots de l ’alphabet {0, |}. Vu que chaque suite de let­
tres d ’un alphabet écrites l ’une à la suite de l ’autre est un mot, dans
tout alphabet considéré il peut y avoir des mots de longueur aussi
grande que l ’on veut. Il est commode d ’introduire dans l ’étude un
mot ne contenant aucune lettre ; un tel mot est nommé mot vide.
Deux mots sont dits égaux (égaux graphiquement) si leur écriture
coïncide, c’est-à-dire s’ils sont composés des mêmes lettres se dis­
posant identiquement.
Supposons que les symboles A et B désignent des mots dans un
alphabet quelconque. Associons au couple A , B le mot AB qu’on
obtient en écrivant à la suite du mot A (à droite) le mot B. Le mot AB
est dit composition (concaténation) ou assemblage des mots A et B .
Par exemple, si A désigne le mot bac, et B le mot aba, AB désignera
le mot bacaba. La composition de tout mot A avec un mot vide, par
définition, est considérée égale au mot A.
On se convainc sans peine que la concaténation (composition) de
mots est associative : pour trois mots quelconques A , 5 , C ia compo­
sition des mots A B et C est égale à la composition des mots A et BC.
8 1J SYSTÈME DES NOMBRES NATURELS 109

Aussi les deux compositions peuvent-elles être notées de la même


façon : ABC.
Le mot B est dit inversion {par miroir) du mot A si B est composé
des mêmes occurrences de lettres que A, mais écrites dans un ordre
inverse. Par exemple, le mot bac est une inversion du mot cab, et
réciproquement. Un mot est dit symétrique s'il coïncide avec son in­
version, par exemple, les mots sis, bab, 0 | 0 sont des mots symé­
triques.
Le mot A est dit sous-mot du mot B s'il existe des mots C et E
(probablement vides) tels que B = CAE. Si A est un sous-mot de 2?,
on dit que A apparaît dans B. Pour des mots A et B donnés le mot A
peut posséder plusieurs occurrences dans le mot B. Il est clair qu'un
mot vide est sous-mot de tout mot.
Mots d’un alphabet à lettre unique. Considérons un alphabet
r = { 11 composé d’une seule lettre « | » nommée bâton vertical.
Notons N* l'ensemble de tous les mots de l'alphabet r à une lettre.
A l'ensemble N* appartiennent le mot vide noté 0*, les mots |, ||,
III? 1111? etc. Si n est un mot de l'alphabet r, n | est également un mot
de cet alphabet.
Deux éléments m et n de N* sont dits égaux et l ’on écrit m = n
s'ils sont égaux comme des mots (égaux graphiquement). Si les
mots m et n ne sont pas égaux, on écrit m n.
D é f i n i t i o n . Soient m et n des mots quelconques de l ’alphabet r.
La composition des mots m et n porte le nom de somme de m et n
et est notée m © n. L’opération ® est nommée opération d'addition.
Par exemple, la composition des mots || et ||| est le mot |||||.
Donc, || © IM = HUI.
La composition d'un mot quelconque n de N* et d ’un mot vide
0* est par définition le mot n. Donc, n © 0* = w, 0* + n = n.
On a mentionné plus haut qu’une composition de mots est asso­
ciative. En particulier, pour tous éléments m et n de N* se vérifie
l ’égalité m © (n © |) = (m © n) © | ou, puisque n © | = n |,
m © n | = {m © n) |. L’associativité de la composition des mots
permet de déterminer la somme de trois termes et plus:
k @ m ® n = {k ® m) ® n, k @ m ® n ® l =
= (A: © m © n) © Z, etc.
D é f i n i t i o n . On appelle produit de deux mots m et n (n # 0) le
mot égal à la somme de n termes, dont chacun est égal à m. De
plus, on pose que m © 0* = 0 * .
Le produit des mots m et n se note par m © n. L’opération © est
nommée multiplication des mots. On a ainsi
m © / i = m © m © . . . ©m.
n fo ls
110 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

Par exemple, pour tout m de N*, il vient:


m O \ = m, m©| | = m©m,
m © m = m © 77i © m, etc.
Système des nombres naturels. Voyons rapproche axiomatique
de l ’introduction des nombres naturels.
D é f i n i t i o n . On appelle système des nombres naturels l ’algèbre
<N, + , •, 0, 1 >composée d’un certain ensemble N, d'éléments 0 et 1
séparés de N, d ’opérations binaires + et • (nommées addition et mul­
tiplication) satisfaisant aux conditions suivantes (axiomes) :
I. Pour tout 7i de N n + 1 ^ 0.
II. Pour tous 77i et n de N si 771 + 1 = n + 1, on a m = n.
III. Pour tout 771 de N 77i + 0 = 771.
IV. Pour tous 77i et n m + (w + 1) = (m + n) + 1.
V. Pour tout 771 de N 77Z-0 = 0.
VI. Pour tous 771 et n de N 771-(tz + 1) = ttz-tz + m.
VII. Si A est un sous-ensemble de l ’ensemble N tel que (a) 0 Ç. A 7
(b) pour tout 77, si 77 £ A , on a aussi n + 1 Ç A , alors on a de même
A = N.
Le système d ’axiomes sus-mentionné est nommé système d'axiomes
de Peano vu que c’est une variante insensible de l ’axiomatique pro­
posée par le mathématicien italien Peano.
La condition I signifie que l ’élément 0 ne peut être représenté
sous forme de somme d’un élément quelconque de N et de l ’élément 1.
La condition II veut dire que l ’élément 1 est régulier à gauche par
rapport à l ’addition. La condition III indique que 0 est l ’élément
neutre à droite par rapport à l ’addition. La condition IV traduit la
forme faible de l ’associativité de l ’addition. La condition VI est une
forme faible de la distributivité de la multiplication par rapport
à l ’addition. La condition VII est nommée axiome de l'induction
mathématique. A partir de cet axiome s’ensuit le fait que tout sous-
ensemble de l ’ensemble N contenant 0, 1 et clos par rapport à l ’addi­
tion coïncide avec l ’ensemble N. C’est ainsi que de l ’axiome d ’induc­
tion mathématique il découle que l ’unique sous-algèbre de l’algè­
bre = (N, + , -, 0, 1) est l ’algèbre J** elle-même.
Les éléments de l ’ensemble N sont appelés nombres naturels.
Les éléments 0 et 1 sont nommés respectivement zéro et unité du
système J f \
Pour la notation des nombres 1 + 1,( 1 + 1) + 1, ((1 + 1) + 1)+
+ 1, (((1 + 1) + 1) + 1) + 1, . . . on se sert de la symbolique
décimale banale: 2, 3, 4, 5, . . .
Il se pose une question : existe-t-il au moins un système des nomr
bres naturels, c’est-à-dire une algèbre du type (2, 2, 0, 0) satisfaisant
aux axiomes I-VII? L’exemple suivant fournit une réponse affir­
mative à la question posée.
SYSTÈME DES NOMBRES NATURELS lit

Considérons l ’ensemble N* d’un alphabet r à une lettre. On


a déjà défini les opérations © et © sur les mots de l ’alphabet r.
Supposons que le mot vide 0* et le mot | jouent respectivement le-
rôle de zéro et de l ’unité dans l ’algèbre:
j ' * = (N*, 0 , ©, 0*, |).
Cette algèbre satisfait au système d’axiomes I-VII. En effet, pour
tout n de N* le mot n | n ’est pas vide ; donc, n © 1=7*=0* et, partant*
la condition I est satisfaite. Puisque pour tous m, n g N* de l ’égalité-
graphique des mots m | et n \ s’ensuit l ’égalité graphique des mots m
et n, la condition II est remplie. La composition de tout mot m de N*
et du mot vide 0* est le mot m, m © 0* = m, c’est-à-dire que la
condition III est satisfaite. De l ’associativité de la composition des
mots on déduit que la condition IV est remplie. La satisfaction de­
là condition V s’ensuit directement de la définition de l ’opération dé­
multiplication des mots. De l ’égalité graphique des mots
mm . . . m et mm . . . mm
n + l fois n fois

s’ensuit l ’égalité m © (n © |) = (m O n) © m, donc la condition VI


est également remplie. Enfin, il est intuitivement évident que pour
l ’alg èb re^ /’* l ’axiome d ’induction est satisfaite: si l ’ensemble
A ci N* est tel que (a) 0* g A et (b) pour chaque rc, si n g A , n | g A
et, par suite, A = N*. En effet, désignons par A (n) le prédicat
« n £ A »; écrivons pour tout n la suite d ’implications vraies en
vertu de (b) :
A (0*) A (|), A (|) + A (||), . . ., A (n) A (n |).
Puisque A (0*) est vrai, il s’ensuit de la première implication la
vérité de A (|); de la vérité de A (|) et de la seconde implication
découle la vérité de A (||), etc. Après n + 1 étapes on aboutit à la
vérité de A (n |) pour tout n de N*.
Principe de l’induction mathématique (ou de récurrence). L’axiome
de l ’induction mathématique est la base de la méthode de démonstra­
tion par récurrence. La démonstration par récurrence est applicable
quand il s’agit de démontrer qu’un prédicat singulaire (à une place)
à une variable naturelle libre (condition singulaire) est vrai pour
tous les nombres naturels.
Theoreme 1.1. Soi. A (n) un prédicat singulaire quelconque sur
Vensemble N des nombres naturels satisfaisant aux conditions: (a) A (0)
est vrai (0 satisfait au prédicat A (n)) ; (P) pour chaque n de'S, si A (rc)
est vraij A (n + i) Vest aussi. Alors A (n) est vrai pour tout n naturel.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A = {n 6 N | A (n)}. En vertu de
(a) et (P) les conditions suivantes se vérifient: (a) 0 Ç 4 , (b) pour
tout n'de N si n g A on a aussi n + 1 g A. Selon l ’axiome VII il
112 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IV

s ’ensuit que A = N. Cette dernière égalité signifie que tout nombre


naturel n satisfait à la condition A (n). □
Le théorème 1.1 n ’est en fait qu’un autre énoncé de l ’axiome de
l ’induction mathématique et on l ’appellera principe de la récurrence
mathématique. Le principe de la récurrence mathématique peut être
écrit sous la forme
A (0) A Vn (A (n) A (n + 1)) VnA (n)
ou bien sous l ’aspect
A (0) A V* M (n) A (« + !))
VnA(n)
Principales phases de la démonstration par récurrence: 1) on
démontre que 0 satisfait à la condition A ; 2) on démontre que pour
tout n de A (n) s’ensuit A (n + 1). La variable n est nommée varia­
ble sur laquelle s'effectue la récurrence. La partie de la démonstration
qui se lit : « il est vrai que A (0) » est dénommée départ de la récurren­
ce ou base de la récurrence. La seconde partie de la démonstration qui
se lit : « pour tout n de A (n) s’ensuit A (n + 1) » est appelée pas
récurrent. La prémisse « A (n) » est nommée hypothèse de récurrence.
Pour démontrer l ’affirmation
Vn (il (n) -*■ A (n + 1))
on prend un entier naturel quelconque en le notant par une lettre
arbitraire, par exemple A, et l ’on démontre l ’implication A (k)
->■ A (k + 1) suivant la voie habituelle : on suppose que A (k) est
vrai (hypothèse de récurrence) et l ’on montre qu’alors A (k + 1)
est vrai.

Exercices
1. Démontrer par récurrence sur n que l + 2 + . . . + » = n (n + l)/2 .
2. Démontrer par récurrence sur n que l’ensemble de n éléments possède 2n
sous-ensembles.
3. Soient A et B des ensembles finis composés de m et n éléments respec­
tivement. Démontrer par récurrence sur n que:
(a) le nombre d’applications par récurrence de l’ensemble A dans B est
égal à n (n — 1) . . . (n — m + 1) ;
(b) le nombre de toutes les applications possibles de l ’ensemble A dans B
est égal à nm.
4. Démontrer que si A est un sous-ensemble de l ’ensemble des nombres
naturels et que pour un certain n0 de A est satisfaite la condition : si pour chaque
nombre naturel n pour n :> n0 de n 6 A il s’ensuit que n + 1 Ç A , alors chaque
nombre naturel n >. n0 appartient à l’ensemble A .
5. Démontrer par récurrence sur n que la composition des fonctions injec-
tives f n o / n_x o . . . o /j est une fonction injective.
6. Démontrer l’affirmation suivante (principe de Dirichlet) : s’il faut répar­
tir plus de n objets entre n places une au moins de ces dernières contiendra plus
d ’un objet.
§ 2] L’ADDITION ET LA MULTIPLICATION DES NOMBRES NATURELS H3

7. Ecrire les axiomes I-VII du système des nombres naturels en se confor­


mant au langage de la logique des prédicats (en remplaçant l’axiome VII par
le principe de récurrence qui lui est équivalent).
8. Donner un exemple d'algèbre du type (2, 2, 0, 0) qui
(a) satisfait aux axiomes II, VII et ne satisfait pas à l’axiome I (du systè­
me JT);
(b) satisfait aux axiomes I, VII et ne satisfait pas à l’axiome II (du systè­
me j P);
(c) satisfait aux axiomes I, II et ne satisfait pas à l’axiome VII (du systè­
me J T ) .

§ 2. Propriétés de l'addition et de la multiplication


des nombres naturels
Propriétés de l'addition. L'addition des nombres naturels vérifie
les propriétés suivantes (axiomes) :
IV. Pour chaque m de N m + 0 = m.
V. Pour tous m et n de N m + (n + 1) = (m + n) + 1.
Ces propriétés permettent pour tout nombre naturel fixé m de
calculer la somme m + n successivement pour les valeurs de n égales
àO, 1, 2, . . . Par conséquent, ces propriétés permettent d ’obtenir la
somme m + n pour tous nombres naturels m et n.
Soient, par exemple, m = 5 et n = 3. En se servant des condi­
tions III, IV et V on est en mesure d ’écrire la suite suivante d’éga­
lités :
5 + 0 = 5; 5 + 1 = 6; 5 + 2 = 5 + (1 + 1) = (5 + 1) +
+ 1 = 6 + 1 = 7;
5 + 3 = 5 + ( 2 + 1) = (5 + 2 ) + 1 = f + 1 = 8; donc, 5 +
+ 3 = 8.
T hêorême 2.1. L'addition des nombres naturels est associative,
c'est-à-dire pour tous a, 6, c naturels, on a
(1) a + (b + c) = (a + b) + c.
D é m o n s t r a t i o n . Fixons des nombres naturels quel­
conques a et b. La formule (1) définit alors un prédicat à une variable
libre c noté A (c). La démonstration est conduite par récurrence sur
la variable naturelle c.
Base de récurrence: A (0) est vrai vu qu’est vraie l ’égalité
a + (b + 0) = (a + b) + 0.
Pas récurrent. Supposons que pour un certain n naturel A (n)
est vrai, c’est-à-dire qu’est vraie la formule
a + (b + n) = (a + b) + n
et démontrons qu’alors est vrai A (n + 1), autrement dit, la formule
û + (b + (n + 1)) = (a + b) + (n + 1).
8 -0 1 7 6 2
114 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

En effet.
a + (6 + (n + 1)) = cl + ((6 + zi) + 1) (selon l ’axiome IV);
= (a + (6 + n)) + 1 (selon l ’axiome IV);
= ((a + b) + n) + 1 (suivant l ’hypothèse
de récurrence) ;
= (a + b) + (ra + 1 ) (selon l ’axiome IV).
Selon le principe de récurrence, le prédicat A (c) est vrai pour
tout c naturel. Vu qu’on a fixé lors de la démonstration les valeurs
arbitraires de a et b, la formule (1 ) devient vraie pour tous a et b
naturels. □
D é f i n i t i o n . L’algèbre <N, + , 0) est appelée monoïde additif des
nombres naturels.
Lemme 2.2. Pour tous a et b naturels, on a
(1 ) (a + 1) + b = a + (b + 1 )-

D é m o n s t r a t i o n . Faisons la démonstration par récurren­


ce sur b. Fixons le nombre naturel arbitraire a. Notons par B (6 ) le
prédicat défini par la formule (1 ). Convenons que dans ce lemme ainsi
que plus loin dans des cas analogues B (b) est également la notation
de la formule correspondante.
On voit sans peine que la formule
B (0) : (a + 1) + 0 = a + (0 + 1)
est vraie. Admettons que pour un certain nombre naturel n est vraie
également la formule
B (n): (a + 1) + n = a + (n + 1),
et montrons que la formule B (n + 1) est vraie. En effet,
(a + 1) + {n + 1) = ((a + 1) + n) + 1 (selon l ’axiome IV) ;
= (a + (n + 1 )) + 1 (suivant l ’hypothèse
de récurrence) ;
= a + ((n + 1) + 1) (selon l ’axiome IV).
Selon le principe de récurrence, la formule B (b) est vraie pour
tout nombre naturel b. Vu que lors de la démonstration on a fixé la
valeur arbitraire de a, la formule (1 ) est vraie quels que soient a et 6
naturels. □
T héorème 2.3. L'addition des nombres naturels est commutative,
c'est-à-dire pour tous a, b naturels, on a
(1 ) a+ b= b æ.
D é m o n s t r a t i o n . Elle est effectuée par récurrence sur 6 .
§ 2] L’ADDITION ET LA MULTIPLICATION DES NOMBRES NATURELS H5

Démontrons d'abord que la formule


A (0) : a + 0 = 0 + a
est vraie. Raisonnons par récurrence sur a. La formule est apparem­
ment vraie pour a = 0. Ensuite, si pour un certain nombre naturel n
Tl + 0 = 0 + 71,
il vient alors
(n + 1 ) + 0 = n + ( 0 + 1 ) (suivant le lemme 2 .2 ) ;
= (n + 0 ) + 1 (suivant l ’axiome IV);
= (0 + n) + 1 (suivant l ’hypothèse de récurren­
ce);
= 0 + (rc + 1) (suivant l ’axiome IV).
Par conséquent, en vertu du principe de récurrence la formule A (0)
est vraie pour tout a.
Fixons le choix de a arbitraire. Notons A (b) le prédicat défini
par la formule (1). Supposons que pour un certain nombre naturel n
la formule
i4(n): a + n = n + a
est vraie ; alors
a + (n + 1 ) = (a + n) + 1 (selon l ’axiome IV) ;
= (n + a) + 1 (suivant l ’hypothèse de récurren­
ce) ;
= n + (a + 1 ) (selon l ’axiome IV) ;
= (n + 1 ) + a (selon le lemme 2 . 2 ),
c’est-à-dire que la formule A (n + 1) est vraie. Selon le principe de
récurrence la formule A (6 ) est vraie pour tout b. Vu que la valeur de a
a été fixée de façon quelconque, la formule (1 ) devient vraie pour
tous a et b naturels. □
T h éo rè m e 2.4 ( R è g l e d e s i m p l i f i c a t i o n d e L ’a d d i t i o n ) . Pour
tous a, b, c naturels, on a
(1 ) si a + c = b + c, alors a = b.
D é m o n s t r a t i o n (par récurrence sur c avec choix fixé
des valeurs arbitraires a et b). Considérons la formule
A (c) i (a -J- c = b -f- c) — (a = 6).
Vu que a + 0 = a et 6 + 0 = 6, il est vrai que
{a + 0 = 6 + 0) — (a = 6),
c’est-à-dire qu’est vraie la formule A (0).
8*
116 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

Supposons que pour un certain nombre naturel n


A (n): (a + n = b + n) —►(a = b),
et montrons qu’alors la formule A (n + 1) est vraie. Selon l ’axio­
me IV
(2 ) û + (w + 1 ) = (fl + w) + 1 , b + (n -f- 1 ) = (b + n) + 1 -
Ensuite, selon l ’axiome II
(3) ((a + n) + 1 = (b + n) + 1 ) —►(a + n = b + n).
A (n) et (3) étant vrais il s’ensuit que la formule
(4) ((a + n) + 1 = (b + n) + 1) ->■ (a = b)
est vraie. Sur la base de (2) et (4) on conclut que la formule
A (n + 1) : {a + (n + 1) = b + {n + 1)) (æ = b)
est vraie.
Selon le principe de récurrence la formule A (c)est vraie pour tout c
naturel. Vu que le choix de a et 6 était arbitraire l ’affirmation (1)
est vraie pour tous a, 6 , c naturels. □
Corollaire 2.5. Pour tous a et b naturels, s i b ^ 0 o n a a ^ a + b.
T hêorême 2.6. Pour tout nombre naturel a soit a = 0, soit il existe
un nombre naturel b tel que a = b + 1 .
D é m o n s t r a t i o n . Considérons la formule
A (a): (a = 0) V 3 b (a = b + 1).
La démonstration de cette formule est faite par récurrence sur a. La
formule est apparemment vraie pour a = 0. Supposons que pour un
certain nombre naturel n la formule
A (n) : (n = 0) V 3 b (n = b + 1)
est vraie. Il faut montrer que la formule
A (n + 1) : (n + 1 = 0) V 3 b (n + 1 = b + 1)
est vraie. Cette formule est effectivement vraie, car le second membre
de la disjonction est une formule vraie (pour 6 = n + l = 6 + l).
Selon le principe de récurrence la formule A (a) est vraie pour tout a
naturel. □
C o r o l l a i r e 2.7. Pour tous a et b naturels si a ^ 0 ou b # 0 on
a a+ b 0.
D é m o n s t r a t i o n . Posons b ^ 0. Alors selon le théorè­
me 2.6 il existe un tel c naturel pour lequel b = c + 1. En vertu de
l ’axiome IV
a + b = a + (c + 1 ) = (a + c) + 1 .
Selon l ’axiome I, (a + c) + 1 #= 0; donc, a + b ^ 0. □
§ 2] L’ADDITION ET LA MULTIPLICATION DES NOMBRES NATURELS H7

C o ro lla ire 2.8. Pour tous a et b naturels si a + b = 0, alors


a= 0 et 6 = 0 .
T heorême 2.9. Pourtous a et b naturels n'est vraie qu'une et
seulement une des trois conditions:
(a) a = 6 ; (P) a + k = 6 (pour un certain k £ N \ {0}) ;
(y) a = 6 + m (pour un certain m Ç N \ {0}).
D é m o n s t r a t i o n . A partir du corollaire 2.5 il s’ensuit
que des trois conditions seule une peut être satisfaite. En effet, si les
conditions (a) et (P) étaient remplies, on aurait a = a + k et k 0,
ce qui est impossible en vertu du corollaire 2.5. Si ce sont les condi­
tions (a) et (y) qui étaient remplies, on aurait b = b + m e t m ^ 0 r
ce qui est impossible. Si ce sont les conditions (P) et (y) qui étaient
satisfaites, on aurait a = a + (A: + m) et k + m ^ 0, ce qui serait
également contraire au corollaire 2.5.
Montrons maintenant qu’au moins une des conditions (a), (P), (y)
est satisfaite. Fixons le nombre naturel arbitraire a et notons A (b)
la disjonction des conditions (a), (p), (y). Démontrons par récur­
rence sur 6 la vérité de la formule A (b). La formule A (0) est vraie.
En effet, si 6 = 0, on a soit a = 0, soit a =?*= 0. Si a 0, a = 0 + ni,
où m = û ^ 0. Donc, pour 6 = 0 est satisfaite soit la condition (a),
soit la condition (y).
Supposons que pour un certain nombre n est vérifiée la formule
A (n): (a = n) V (a + k = n pour un certain k 6 N\ {0} V
V (a = n + m pour un certain m Ç N \ {0 }),
et montrons qu’alors la formule A (n + 1) est vraie. En effet, si a =
= n, alors a + l = 6 + l e t l a condition (P) est remplie. Si a +
+ k = n, a + (k + 1) = n + 1 et c’est la condition (P) qui est
remplie. Si, par contre, a = n + m, a + l = ( n + i) + m et
m 6 N \ {0}. Dans ce cas si m = 1, a + 1 = (n -f- 1) + 1 et selon
l ’axiome I I a = n + l*l& condition (a) est satisfaite. Vu que m ^ 0,
selon le théorème 2 . 6 il existe un tel k 0 pour lequel m = k + 1 .
Si m =5^ 1, alors A: =£ 0 et de l ’égalité a + 1 = (n + 1) + (k + 1) =
= ((n + 1) + A:) + 1 selon l ’axiome II il vient a = (n + 1 ) + 4,
A: =7^ 0, la condition (y) est satisfaite. Bref, dans tous les cas la for­
mule A (n + 1) est vraie. Selon le principe de récurrence la formu­
le A (b) est vraie pour tout 6 naturel. Puisque le choix de a est fixé
arbitrairement l ’affirmation du théorème est vraie pour tous a et 6
naturels. □
D é f i n i t i o n . On appelle différence de deux nombres naturels a et b
un tel nombre naturel k pour lequel 6 + k = a.
Il s’ensuit du théorème 2.9 que la différence de deux nombrec
naturels a et 6 existe au cas où est satisfaite la condition (a) (aves
118 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

k = 0) ou la condition (7 ). Au cas où est satisfaite la condition (p) la


différence des deux nombres a et b est inexistante.
On montre sans peine que si la différence des nombres a et &
existe, elle est unique. En effet, si b + k = a et b + m = a, on
a alors b + k = b + m,, d’où selon la règle de simplification de
l ’addition il s’ensuit k = m.
Le nombre naturel unique constituant la différence des nombres a
et b se note a — b.
Propriétés de la multiplication. Soit N un ensemble de tous les
nombres naturels.
La multiplication des nombres naturels est définie par les con­
ditions suivantes (axiomes):
V. m*0 = 0 pour chaque m de N.
VI. m (n + 1) = m-n + m pour tous m, n de N.
Il s’ensuit de ces conditions que
771*1 = 771,
771*2 = 771 (1 + 1) = m + 777,
771*3 = 771 (2 + 1) = 771*2 + 77l = (77l+77l) + 77l = 77l+77l +
+ 77i, etc.
Donc, une multiplication est une addition répétée du nombre avec
lui-même.
T h é o r è m e 2.10. l o i d e d i s t r i b u t i v i t é a d r o i t e d e l a m u l t i ­
p l i c a t i o n p a r r a p p o r t à L ’a d d i t i o n ) . Pour tousa, b et c naturels, on a
(1) (a + b)-c = a*c + b-c.
D é m o n s t r a t i o n . Fixons arbitrairement les valeurs de a
et b. Notons A (c) le prédicat défini dans ce cas par la formule (1).
La démonstration est menée par récurrence sur la variable naturel­
le c. Selon l ’axiome V la formule
A: (0) (a + &)*0 = a-0 + 6*0
est vraie.
Supposons que pour un nombre naturel quelconque n la formule
A (77): (a + b)-n = a-n + b-n
est vraie. Il vient alors:
(a + 6)* (ti + 1) = (a + fc)*7i + (a + 6) (selon l ’axiome VI);
= (a* n + 6 *n) + (a + b) (suivant l 'hypothèse
de récurrence) ;
= (a-n + a) + (b-n + b) (en vertu de l ’asso­
ciativité et de la
commutativité de
l ’addition) ;
— a (n + 1) + b (n + 1) (selon l ’axiome VI),
§ 2] L’ADDITION ET LA MULTIPLICATION DES NOMBRES NATURELS U9

c’est-à-dire que la formule A (n + 1) est vraie. Selon le principe de


récurrence A (c) est vrai pour tout c naturel. Puisqu’on a fixé les
valeurs arbitraires de a et b, la formule (1 ) demeure vraie pour tous
a, b et c naturels. □
Lemme 2.11. Pour tout nombre naturel a on a \*a = a.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur a). Selon
l’axiome V, on a 1*0 = 0. Supposons que l-/i = n pour un nombre
quelconque naturel n. Alors l - ( n + l ) = l - n + l = n + 1, c’est-à-
dire l-(n + l) = w + l. Selon le principe de récurrence la for­
mule 1 •a = a est vraie pour tout nombre naturel a. □
T h é o r è m e 2 . 1 2 . La multiplication des nombres naturels est com­
mutative, c'est-à-dire que pour tous a et b naturels, il vient
(1) a*b = b-a.
D é m o n s t r a t i o n . En recourant à la récurrence sur a mon­
trons que pour tout a la formule
A (0) : a-0 = 0 -a
est vraie. Fixons arbitrairement la valeur de a dans la formule (1).
Notons A (b) le prédicat défini par l ’égalité (1). Supposons que pour
un certain nombre naturel n se vérifie la formule
A (n) : a-n = n-a.
Il vient alors
a-(n + 1) = a-n + a (selon l ’axiome VI);
= n-a + a (suivant l ’hypothèse de récurrence) ;
= n-a + 1 -a (selon le lemme 2 . 1 1 );
= (n + 1)-a (en vertu de la distributivité de la mul­
tiplication par rapport à l ’addition),
c ’est-à-dire qu’est vérifiée la formule A (n + 1). Selon le principe
de récurrence A (6 ) est vrai pour tout b naturel. Puisqu’on a fixé la
valeur arbitraire de a, la formule (1 ) est vraie pour tous a et b na­
turels. □
Des théorèmes 2.10 et 2.12 on déduit le théorème suivant.
T h é o r è m e 2.13 ( l o i d e d i s t r i b u t i v i t é à g a u c h e d e l a m u l t i p l i ­
c a t i o n p a r r a p p o r t k L ’a d d i t i o n ) . Pour tous a, b et c naturels se
vérifie Végalité c (a + b) = c*a + c-b.
T h é o r è m e 2.14. La multiplication des nombres naturels est asso­
ciative, c’est-à-dire que pour tous a, b et c naturels on a
(1) a (bc) = (ab) c.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur c). No­
tons A (c) le prédicat défini par la formule (1) avec un choix fixé des
valeurs de a et de b. Selon l ’axiome V, il vient : 6-0 = 0et(a-6)-0 =
120 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

= 0. Donc, la formule
A (0): a (b-0) = (a-b)-0

est vraie. Supposons que pour un certain nombre naturel n se vérifie


la formule
A (n): a (b-ri) = (a-b)-n.

Il vient alors
a-(b-(n + 1 )) = a-(b-n + b) (selon l ’axiome VI);
= a-(b-n) + a-b (selon le théorème 2.13);
= (a-b)-n + a-b (suivant l ’hypothèse de récur­
rence) ;
= (a-b)-n + (a-b)-1 (selon l ’axiome V);
= (a-b) (n + 1) (selon le théorème 2.13),

autrement dit, la formule A (n + 1) est vraie. Selon le principe de


récurrence la formule A (c) est vraie pour tout c naturel. Puisqu’on
a fixé les valeurs arbitraires de a, b, la formule (1 ) est vraie pour tous
nombres naturels a, b et c. □
D é f i n i t i o n . L’algèbre <N, - , 1) est appelée monoïde multiplicatif
des nombres naturels.
T h é o r è m e 2.15. Pour tous nombres naturels a et b si a # b et
6 ^ 0 on a ab 0.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que a 0 et b ^ 0. Selon
le théorème 2 . 6 il existe des nombres naturels m e t n pour lesquels
a = m + l e t & = 7i + l - E n vertu des axiomes VI et IV, il vient
a-b = a-(n + 1 ) = a-n + a = a-n + (m + 1 ) = (a-n + m) + 1 .

Selon l ’axiome I (û*n + m) + 1 ^ 0. Donc, a-b ^ 0. □


T h é o r è m e 2.16. ( R è g l e d e s i m p l i f i c a t i o n d e l a m u l t i p l i c a t i o n ) .
Pour tous a, b, c naturels si ac = bc et c 0, on a a = 6 .
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse,
(1 ) ac = bc, c 0.

Posons a b. Selon le théorème 2.8 soit il existe un k tel que a +


+ k = b et k =£ 0 , soit il existe un m tel que a = b + m e t m ^ 0 .
Dans le premier cas bc = ac + kc et en vertu de (1) bc = bc + kc,
ce qui (selon le corollaire 2.5) est impossible, car A ^O , c ^ 0 et (selon
le théorème 2.15) kc ^ 0. Dans le second cas un raisonnement analo­
gue montre qu’avec l ’hypothèse a =#= b, on aboutit à une contradic­
tion. □
RELATION D’ORDRE SUR UN ENSEMBLE DES NATURELS 121

Exercices
1. Démontrer les formules:
(a) 1 + 3 + 5 + . . . + (2n + 1) = (n + 1)*;
(b) l 2 + 22 + . . . + n2 = * (n + 1) (2n + l)/6;
(c) 1 *2 + 2-3 + . . . + (n — 1) n = (n — 1) n (n -f l)/3 pour n > 1 ;
(d) (1 + 2 + . . . + n)2 = l 2 + 23 + . . . + *2;
(e) l 2 + 32 + . . . + (2n - l)2 = n (2n - 1) (2* + l)/3.
2. Démontrer que le nombre C& des sous-ensembles comportant k éléments
de l'ensemble de n éléments (1 ^ k ^ n) peut être exprimé par la formule
s>h * (n —1) . . . (n — A+ l)
C" = ------- 1 2 ... k---------
3. Démontrer que Cn+i = Cn + C*” 1 pour n > k > 1.
4. Démontrer que pour tout n naturel (n > 1)
(x + l)n = i» + C1* *"-1 + Cgx"-2 + . . . + Ci.
5. Démontrer que
l+C^ + C- + ...+C^ = 2».
71
6. Démontrer que ]£] (^n)î = ^2n*
h=o
7. Démontrer que pour tous nombres naturels a, b, c et d la somme a -j-
+ b + c + d est indépendante de l’ordre des termes.

§ 3. Relation d9ordre sur un ensemble des nombres naturels


Relation d’ordre. Considérons la relation d’ordre sur un ensemble
des nombres naturels.
D éfinition. Si pour des nombres naturels a et b il existe un nombre
naturel k tel que a + A: = b et k 0, on dit alors que « a est infé­
rieur à b » et l ’on écrit a < b. On dit que « a est inférieur ou égal à b »
et l ’on écrit a ^ b si a < b ou a = b.
La relation inverse de la relation < est notée par le symbole > .
Donc, a > b si et seulement si b < a. Si a > b ou a = b on dit que
« a est supérieur ou égal à b » et l ’on écrit a ^ b. La relation ^ est
Vinverse de la relation
T hêorême 3.1. Pour tous nombres naturels a et 6, il vient :
(1) si a < 6, alors a + 1 ^ b ;
(2) 0 < a ;
(3) si a # 0, alors 0 < a ;
(4) a ^ b si et seulement s'il existe un nombre naturel k tel que
a + k = b.
La démonstration du théorème se déduit facilement des défini­
tions des relations < et ^ ; on laisse au lecteur le soin de l ’esquisser.
122 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

D éfinition. Le système algébrique <N, + , -, <> est appelé


système ordonné des nombres naturels.
T h é o r è m e 3.2 ( l o i d e l a t r i c h o t o m i e d e < ) . Pour tous nombres
naturels a et b une et seulement une des trois conditions a < 6 ,
a = 6 , a > b est remplie.
Ce théorème découle directement de la définition de la relation <
e t du théorème 2.9.
C o r o l l a i r e 3.3. Pour tous nombres naturels a et b on a:

(1 ) a ^ a {réflexivité de ;
(2) soit a ^ b , soit b ^ a {rapport de connexion de ;
(3) si a ^ b et b ^ a, alors a = b {antisymétrie de ^ ) .
T h é o r è m e 3.4. La relation binaire < sur un ensemble des nombres
naturels est transitive, c'est-à-dire que pour tous nombres naturels a, b
et c si a < b et b < c, on a a < c.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que a < b et b < c . Il
existe alors des nombres naturels k et m satisfaisant aux conditions:
(1 ) a + k = b, b + m = c;
(2) k ^ 0 , m 0.
En vertu de (1) a + {k + m) = c, de plus, en vertu de (2) et du
•corollaire 2.7, k + m ^ 0 ; donc a<Lc. □
C o r o l l a i r e 3.5. La relation < sur un ensemble des nombres naturels
est une relation d'ordre total strict. Le système (N, <> est un ensemble
totalement ordonné.
C o r o l l a i r e 3.6. Pour tous nombres naturels a, b et c, on a:

(1 ) si a ^ . b et b < c, alors a < c ;


(2) si a < b et b ^ c, alors a <Cc;
(3) si a ^ b et b ^ c , alors a ^ c.
C o r o l l a i r e 3.7. La relation binaire ^ sur un ensemble des nombres
naturels est une relation d'ordre total non strict.
T h é o r è m e 3.8. La relation < est monotone par rapport à l'addition
et à la multiplication, c'est-à-dire que pour tous nombres naturels a, b
et c, on a:
(1 ) a < b si etseulement si a + c < b + c;
(2) si a < b et c ^ 0 , alors ac < bc.
D é m o n s t r a t i o n . La condition a + c < b + c est équi-
potente à la condition a + c + k = b + c et =#= 0 , k étant un
•certain nombre naturel qui suivant la règle de simplification est
équipotent à la condition a + k = b et k ^ 0 pour un certain k
naturel, autrement dit, à la condition a < b.
Supposons que a <Z b et c 0. Il existe un tel nombre naturel k
pour lequel a + k = b, k =7^ 0. En multipliant les deux membres de
RELATION D’ORDRE SUR UN ENSEMBLE DES NATURELS 123

l ’égalité par c, on obtient ac + kc = bc. Selon le théorème 2.15,


kc =£ 0, puisque k ^ O et c ^ 0 ; donc, ac < 6c. □
C o r o l l a i r e 3.9. La relation ^ est monotone par rapport à Vaddition
et à la multiplication, c'est-à-dire que pour tous a, b et c naturels on a :
(1) a ^ b si et seulement si a -f- c ^ 6 + c ;
(2) si a ^ b, alors ac ^ bc.
T h ê o r ê m e 3.10. Pour tous nombres naturels a, b et c de ac < bc
s'ensuit a < b.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le corollaire 3.9 pour tous a, 6, c
naturels
si b ^ a, alors bc ^ ac. De la loi de contraposition s ’ensuit
l ’affirmation :
si ac < bc, alors a < 6 . □
Ordre total d’un ensemble des nombres naturels.
T h ê o r e m e 3.11. Le système (N, <> est un ensemble bien ordonné.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le corollaire 3.7 le système
<N, <> est un ensemble totalement ordonné. On doit démontrer que
tout sous-ensemble non vide de l ’ensemble N des nombres naturels
possède le plus petit élément. Supposons qu’il existe un sous-ensem­
ble non vide A de l ’ensemble N ne possédant pas de plus petit élé­
ment. Démontrons par récurrence sur la variable naturelle b que
pour tout b se vérifie la formule
A (b): a ÇA b ^ a.
Apparemment, la formule est vraie pour 6 = 0, c’est-à-dire que
A (0): aeA-+ 0< ^a.
Posons que pour tout a et un certain nombre naturel n se vérifie la
formule
A (n) : a Ç A n ^ a.
Dans ce cas n $ A, car dans le cas contraire n serait le plus petit
élément de l ’ensemble A ; donc, a £ A n < a. Vu que, selon le
théorème 3.1, de n < a s’ensuit n + 1 ^ a, il vient
A {n + 1) : a ^ A ^ - n + l ^ a .
Par conséquent, pour tout n naturel se vérifie l ’implication A (n)
A (n + 1). On a ainsi démontré que la formule A (b) est vraie
pour tout 6 naturel.
Par hypothèse, l ’ensemble A n’est pas vide et, par suite, il existe
un élément m 6 A. En posant dans la formule A (6) a = m et 6 =
= m + 1, on obtient m 6 A m -j- 1 ^ m. De là, puisque m 6 A,
il vient que m + 1 ^ m, c’est-à-dire que l ’on aboutit à une contra­
diction. □
124 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

T h é o r è m e 3.12. Soit A un sous-ensemble de Vensemble N de tous


les nombres naturels. Si pour chaque nombre naturel n se vérifie la
condition
(1) (Vm < n) (m 6 A) -*■ n Ç A ,
alors A = N.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que .4 =?£ N. Dans ce cas l ’ensem­
ble N \i4 n’est pas vide et (selon le théorème 3.11) possède un plus
petit élément ; il existe donc un nombre naturel k satisfaisant aux
conditions :
(2) k 6 N \i4 ;
(3) (Vm < k) (m e A).
En vertu de la condition (1) on a l ’implication
(4) (Vm <C k) (m e A) ^ k e A .
D’après la règle de séparation il s’ensuit de (3) et (4) que k Ç A, ce
qui, en vertu de (2), est impossible. □
T h é o r è m e 3.13. Soit A (x) un prédicat singulaire quelconque sur
un ensemble N des nombres naturels. Si pour tout nombre naturel n
(Vm < n) A (m) -*■ A (n),
alors on a A (x) pour tout x naturel.
La démonstration du théorème 3.13 se déduit sans peine du théo­
rème 3.12; le soin de l ’esquisser est laissé au lecteur.

Exercices
1. Montrer que pour tous nombres naturels a , 6, c et d:
(a) si a < b et c < d, alors a + c C b + d ;
(b) si a < b et c < d, alors ac < bd.
2. Démontrer que pour tous nombres naturels af, bt si ax < bu a2 < b2, . . .
. . ., fln < 6n, on a ata2 . . . an < bxb2 . . . bn.
3. Démontrer que pour tous nombres naturels a si 0 < ax ^ 6lt 0 <
< a2 *£ b2, . . ., 0 < an < 6n, on a
(1) axa2 . . . an < bxb2 . . . 6n ,
de plus, l'égalité dans (1) a lieu si et seulement si ax — bXJ . . ., an = bn.
4. Montrer que pour tous nombres naturels a, 6 et c se vérifie l'inégalité
ab + bc + ca ^ a2 + tr + c2-
5. Démontrer que pour tous nombres naturels a, b et n > 1 se vérifie
l'inégalité (a + b)n ^ 2n~l (an H- 6n).
6. Démontrer les inégalités:
(a) n2 < 2n pour tout n naturel si n 4;
(b) 2n < ni pour tout n naturel si n >- 4 :
(c) /il < ) n pour tout n natirel si n > 1.
7. Démontrer par récurrence sur n l'inégalité de Bernoulli (1 -f a)* >•
1 + na, où a est un nombre réel quelconque supérieur à (—1).
ANNEAU DES ENTIERS 125

§ 4. Anneau des entiers


Groupe additif des entiers. Soit ,Af' •= (N, 4 - , -, 0, 1) un système
des nombres naturels. L’opération de soustraction n ’est pas toujours
possible dans . autrement dit, pour les nombres naturels donnés
m et n l ’équation m + x = n n’a pas toujours de solution dans N
par rapport à x. C’est seulement quand m ^ n que l ’équation possède
une solution dans N et de plus unique (selon le théorème 4.2.9) ;
cette solution est nommée différence entre les nombres n et m et se
note n — m.
Il s’agit de démontrer qu’il existe un groupe additif abélien S
satisfaisant aux conditions:
(1) l ’ensemble N est inclus dans | S | et l ’addition dans le groupe S
est un prolongement de l ’addition dans „F \
(2) l ’opération de soustraction dans % est toujours possible et
tout élément du groupe % peut se représenter sous forme de diffé­
rence des nombres naturels.
Un tel groupe sera appelé groupe additif des entiers.
Thêorême 4.1. Soit ' = <N, + , -, 0, 1) un système des nombres
naturels. I l existe un groupe abélien % = <Z, -f, —> qui satisfait aux
conditions :
(a) N c= Z et la somme de deux nombres naturels quelconques m et n
du groupe % coïncide avec la somme de ces éléments de j F , c'est-à-dire que
m + n = m + n;
(P) pour tout élément a de Z il existe des nombres naturels n et m
tels que n-\- a = m.
D é m o n s t r a t i o n . Considérons l ’ensemble N X N de cou­
ples des nombres naturels. Définissons sur cet ensemble la relation
binaire ~ de la façon suivante:
(1) <m, n) ~ (r, s) si et seulement si m + s = r + n.
Une vérification directe montre que la relation ~ est une relation
d ’équivalence sur l ’ensemble N X N.
Définissons sur l ’ensemble N X N l ’opération binaire © (addi­
tion) et l ’opération singulaire © au moyen des formules
(2) <m, n) © <p, q) = <m + p, n + q);
(3) © (m, n > = <n, m).
L’addition des couples est commutative et associative. Cela
découle directement de la commutativité et de l ’associativité de
l ’addition des nombres naturels.
Une vérification directe montre que l ’équivalence ~ est une
congruence par rapport aux opérations © et © , c’est-à-dire que de
{m, n) ~ <À\ l) et <p, q) ~ <r, s)
126 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

s’ensuit
<771, n) © </?, q) ~ <k , l) © <r, s)
et de <77i, n) ~ (A, l) découle
© <771, 7l> ~ © </c, Z).
Notons [tti, ti] la classe d ’équivalence comportant le couple <771, 71).
Selon le théorème 3.1 les opérations ©, © (voir formules (2) et (3))
induisent sur l ’ensemble quotient Zx = N X N/ ~ les opéra­
tions + , — :
(4) [771, 71] + [p, q] = [tti + p, n + q];
(5) — [T7l, ti] = [n, tti].
En vertu de (1), il vient
(6) [771, ti] = [r, $]
si et seulement si 771 + s = r + n.
L’algèbre = <Zlf + t —) est un groupe abélien. En effet, une
vérification directe à l ’aide des formules (4)-(6) montre que l ’addi­
tion dans Z1 est commutative et associative. L ’élément [0, 0] est un
élément neutre par rapport à l ’addition dans 2 lt vu qu’en vertu
de (4) [771, n] + [0, 0] = [771, 71]. L ’élément — [771, n] est opposé
à l ’élément [771, 71], car en vertu de (4)-(6)
[771, Tl] + (— [TTI, Tl]) = [771, n] + [Tl, 771] =
= [771 + Tl, 771 + Tl] = [0, 0].
Ce qui signifie que l ’algèbre S i est un groupe abélien.
Considérons l ’ensemble
N* = {[0, Ar] | k e N\{0}}.
La réunion des ensembles N et N* sera notée Z:
Z = N U N*.
Définissons l ’application h de l ’ensemble Zx sur Z de la façon
suivante :
h ([m + k, tti]) = k p our to u t k de N ;
h ([ti, 71 + A]) = [n, ti + k\ p our to u t k de N \{ 0 } .
On constate sans peine que h est une application injective de l ’ensem­
ble Z\ sur Z. Il existe donc une application inverse &"1, application
injective de l ’ensemble Z sur Zx qui satisfait aux conditions
h oA”1 = iZî A"1 o A = iz%y
où iz et iZl sont des applications identiques de Z et Zx respective­
ment.
§*] ANNEAU DES ENTIERS 127

Définissons l ’addition dans Z pour tous a, b de Z à l ’aide de la


formule
(I) a + b = h (h-* (a) + A"1 (b)),
quant à l ’opération singulaire, on la définira par la formule
(II) —a = A ( - h ~ l (a)).
Des formules (I) et (II) se déduisent les formules
(III) h-1 ( a + b ) = h-1 (a) + A"1 (b),
(IV) h -1 ( - a ) = - h - 1 (a).
Considérons l ’algèbre % = <Z, - f , —)• En vertu de (III) et (IV)
l’algèbre Z est isomorphe au groupe abélien S ,. Il s'ensuit que
l’algèbre 2 est un groupe abélien. En effet, l ’addition dans S est
commutative, car, en vertu de (I) et de la commutativité de l ’addi­
tion dans 2 lt il vient
a + b = h (h-1 (a) + A-1 (b)) = h (A-1 (6) + A-1 (a)) = b + a.
L’addition dans % est associative, vu qu’en vertu de (I) et (II),
il vient
o. {b c) = h (A-1 (a) -f- A-1 (6 -(- c)) = A (A-1 (a)
+ A-1 (b) + A-* (c)) = A (A-1 (a + b) + A*' (c)) = (a + b) + c.
Le nombre naturel 0 est un élément neutre par rapport à l ’addi­
tion dans 2 , car pour tout a de Z on a
a + 0 = A (A-1 (a) + A"1 (0)) = A (A"1 (a) + [0, 0]) =
= A (A-1 (a)) = a.
Pour tout a de Z se vérifie l ’égalité a + (—a) = 0, vu que
a + ( - a ) = A (A-1 (a) + h~i (- a) ) =
= A (A-1 (a) + (—A-1 (a)) = A ([0, 01) = 0.
Donc, l ’algèbre % est un groupe abélien.
Montrons que la condition (a) est vraie. En effet, en vertu de (I)
pour tous m, n de N, on a
m + n = h (A-1 (m) + A-1 (n)) = A ([/n, 01 + [n, 01) =
= A ([m + n, 01) = m + n*
autrement dit, l ’addition dans S prolonge l ’addition dans
Montrons que la condition (P) est vraie. Soient a un élément quel­
conque de Z et A-1 (a) = [m, ni ; dans ce cas
n + a = A (A-1 (n) + A"1 (a)) =
= A ((n, 01 + [m, ni) =
= A ([n + m, ni) = m, c’est-à-dire que n + a = m.
128 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

Par conséquent, tout élément de Z peut se représenter sous forme


d ’une différence des nombres naturels: a = m — n.
Bref, on a établi que l ’algèbre 2 = <Z, + , —> est un groupe
abélien satisfaisant aux conditions (a) et (P). □
D éfin ition . On appelle groupe additif des entiers le groupe abé­
lien S = (Z, + , —> qui satisfait aux conditions (a) et (P) du théo­
rème 4.1.
Multiplication naturelle dans un groupe additif des entiers. Soit
2+ = (Z, + , —) un groupe additif des entiers. Selon le théorème 4.1,
N c Z et tout élément de Z peut être représenté sous forme d ’une
différence des nombres naturels; donc,
Z = {m — n | m, n g N}.
Définissons la multiplication dans le groupe 2+ de la façon sui­
vante : pour tous éléments m — n et p — q de Z on pose
(1) (m — n)-(p — q) = (mp + nq) — (mq + np),
où m, n, p, q Ç N et mp, nq, mq, np sont des produits des nombres
naturels dans le système .J \
Représentons tout élément de Z sous forme d ’une différence des
nombres naturels de façon non univoque. Il nous faut donc vérifier
que le produit des entiers défini par la formule (1) est indépendant de
leur représentation sous forme d’une différence des nombres naturels.
Montrons que pour tout élément p — q de l ’ensemble Z de l ’égalité
(2) m — n — m — n' (m, n, m', n' Ç N)
s ’ensuit l’égalité
(3) { m '— n')-(p — q) = (m — n)-{p — q).
En effet, par définition (1),
(m' — n ) (p — q) = (m'p + nq) — (m'g + n'p).
Selon (1) est (4) il suffit de vérifier que
(4) (mp + nq) + (m'q + n'p) = (m'p + n'q) + (mq + np),
ou
(5) (m + n') p + (n + m') q = (m' + n) p + (n + m) q.
En raison de (2) m + n' = m' + n. Donc, les égalités (5), (4) et (3)
sont vraies.
Une vérification directe de nature aussi simple montre que pour
tous éléments m — n et p — g de l ’ensemble Z des égalités
m — n = m' — n' et p — q = p ' — g'
s ’ensuit l ’égalité
(m' — «')*(?' — ?') = (m — n) (p — g).
§ 4] ANNEAU DES ENTIERS 129

Bref, il a été établi qu’une multiplication dans le groupe 2 + définie


par la formule (1) est indépendante du mode de représentation des
facteurs sous forme de différence des nombres naturels.
D é f i n i t i o n . La multiplication dans un groupe additif des entiers
2 + définie par la formule (1) est nommée multiplication naturelle.
Anneau des entiers. Donnons d’abord la définition.
D é f i n i t i o n . L’anneau "JC est appelé anneau des entiers si le groupe
additif de l’anneau W est un groupe additif des entiers et la multi­
plication dans l’anneau "JC est commutative et prolonge la multipli­
cation des nombres naturels (dans le système ji* des nombres naturels).
T h é o r è m e 4.2. Soient (Z, + , —) un groupe additif des entiers,
• une multiplication naturelle dans ce groupe et 1 Vunité du système N
des nombres naturels. Dans ce cas Valgèbre 2 — <Z, + , —, -, 1) est
un anneau des entiers.
D é m o n s t r a t i o n . Montrons que l’algèbre 2 est un anneau
commutatif. Par hypothèse, l’algèbre (Z, -K —), groupe additif de
l ’anneau, est un groupe abélien, vu que c’est un groupe additif des
entiers.
Soient a, 6, c des éléments arbitraires de l’ensemble Z. Selon le
théorème 4.1 on peut les représenter sous forme de différence des
nombres naturels. Posons
(1) a = m — n, b = p — q, c = r — s (m, rc, p, g, r, s Ç N).
Une multiplication naturelle dans Z se définit par la formule
(2) a-b = (m — n)-{p — q) = (mp + nq) — (mq + np).
Une multiplication naturelle est commutative, car
b-a = {p — q)-(m — n) = {pm + qn) — (pn + qm),
de même sont commutatives l ’addition et la multiplication des nom­
bres naturels.
Une multiplication naturelle est associative. En effet, en vertu
de (1) et (2), il vient:
a-(b-c) = (m — n) [(p — g) (r — s)] =
= (m — n) [(pr + qs) — {ps + gr)] =
= (mpr + mqs + nps + nqr) —
— (mps + mqr + npr + nqs);
(a-b)-c = [(m — n) (p — g)] (r — s) =
= [{mp + nq) — {mq + np)] {r — s) =
= {mpr + nqr + mqs + nps) —
— {mps + nqs + mqr + npr).
Par conséquent, en vertu de la commutativité de l ’addition des nom­
bres naturels a -(&•<:) = (a•&)•<:.
9 -0 1 7 6 2
130 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

L’élément 1 est un élément neutre par rapport à la multiplication


naturelle. En effet, pour tout a de Z, il vient
a -1 = (m — n) (1 — 0) = m-1 — n-1 = m — n = a.
Donc, l ’algèbre <Z, -, 1) est un monoïde commutatif.
La multiplication naturelle est distributive par rapport à l ’addi­
tion. En effet,
(a -f b)-c = [(m + p) — (n -f q) 1 (r — s) =
= (mr + pr + ns + qs) — (ms -f- ps + nr + qr) ;
ac + bc = [(mr + ns) — (ms + rcr)l + [(pr + qs) — (ps + qr) 1 =
= (mr + ns + pr + qs) — (ms + nr + ps + qr).
Par conséquent, (a-\~b)-c = a-c + b-c. Vu que la multiplication
naturelle est également commutative, on a de même l ’égalité
c (a + b) = ca + cb.
Bref, on a établi que l ’algèbre 2 est un anneau commutatif.
La multiplication naturelle prolonge la multiplication des nom­
bres naturels dans le système = <N, + , - , 0, 1). En effet, pour m
et n de N, on a
m-n = (m — 0) (n — 0) = (m-n + 0-0) — (m-0 + n-0) = m-n.
De plus, par hypothèse, le groupe additif de l’anneau 2 est un
groupe additif des entiers. Par conséquent, l ’anneau 2 est un anneau
des entiers. □
D éfin itio n . Si pour deux entiers a et b il existe un nombre natu­
rel k tel que a + k = b et k 0, on dit alors que « a est inférieur
à b » et l ’on écrit a < b. On dit que « a est inférieur ou égal à b » et
l ’on écrit b si a < b ou a = b.
La relation inverse de < est notée par le symbole > . Donc,
a > b si et seulement si b < a.
T h é o r è m e 4.3. Soit 2 = <Z, + , — , -, 1) un anneau des entiers.
I l vient alors
(1) pour tous entiers a et b est satisfaite une et seulement une des
trois conditions: a < 6 , a = 6, b < a;
(2) pour tout entier a est satisfaite une et seulement une des trois
conditions : a < 0, a = 0, 0 < a ;
(3) la relation < est monotone par rapport à Vaddition, autrement
d it , pour tous entiers a, b et c
a < b si et seulement si a + c < 6 + c;
(4) la relation < est monotone par rapport à la multiplication ,
autrement dit , pour tous entiers a, b et c
si a < b et c > 0, on a ac < bc.
La démonstration de ce théorème est laissée au soin du lecteur.
§ 4] ANNEAU DES ENTIERS 131

Théorème de division avec reste. Soient a un entier et b un nombre


naturel différent de zéro. Diviser a par b avec reste c’est le repré­
senter sous la forme a = bq-~r, où 0 ^ r < 6, g et r étant des
entiers, g est dans ce cas nommé quotient entier, tandis que r est le
reste de la division de a par 6.
Une division avec reste est toujours possible, tandis que le quo­
tient incomplet (entier) et le reste sont définis de façon univoque par le
nombre divisé (dividende) et le diviseur comme le montre le théorè­
me suivant.
Théorème 4.4. Pour tous entiers a, b pour b > 0 il n'existe qu'un
seul couple d'entiers q et r satisfaisant aux conditions:
(1) a = bq + r et r < b.
D é m o n s t r a t i o n . Démontrons qu’il existe au moins un
couple de nombres g, r satisfaisant aux conditions (1). Considérons
d’abord le cas où a est un nombre naturel. Fixons b et démontrons
par récurrence sur a que
(2) il existe un couple d'entiers g, r satisfaisant à (1).
Pour a = 0 l’affirmation (2) est vraie, car 0 = 6-0 + 0. Admet­
tons que (2) est vraie pour a = n, c’est-à-dire qu’il existe des entiers
g, r tels que
(3) n = bq + r et 0 ^ r < 6,
et démontrons qu’elle est vraie pour a = n + 1. Il s’ensuit de (3)
que n + 1 = bq + (r + 1) et 0 < r + 1 ^ b. Si r + 1 < b le
couple de nombres g, r + 1 est justement le couple cherché. Si, par
contre, r + 1 = 6, alors n + 1 = b (g + 1) et le couple de nombres
g + 1, 0 est le couple cherché.
Considérons maintenant le cas où a < 0 ; on a alors —a > 0. En
vertu de la démonstration faite plus haut, il existe pour le couple de
nombres —a, b des entiers g', r' tels que —a = bq' -f rf et 0 ^ r' <
< 6 . Si r' = 0, a = (6 —g') -{-0. Si, par contre, r' > 0, alors
a — b (—q' — 1) + (6 — r') et 0 < b — r' < b.
En posant g = — q — 1 et r = 6 —r', il vient
a = bq + r et 0 < r < b.
Bref, on a démontré que pour tous entiers a, b pour b > 0, il existe
au moins un couple d’entiers g, r satisfaisant aux conditions (1).
Il reste à démontrer que le couple d’entiers satisfaisant aux con­
ditions (1) est unique. Supposons que pour l ’entier a on a deux repré­
sentations :
(4) a = bq + r, 0< r < b;
(5) a = bqx + rl9 0 < rx < 6.
9*
132 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IV

Posons que r =5^ rx. Alors, r > rx ou rx > r. Si r > rt, en vertu de (4)
et (5), on a
(6) 0 < r — rx C b :
(7) r — rx = b (qx — q).
De (6) et (7) il s’ensuit que qx — q > 0 et, par suite, qx — 1. De
là, en vertu de (7), découle l ’inégalité r — rx^ b qui contredit (6).
On se convainc de façon analogue qu’est également impossible le
cas de rx > r. Par conséquent, r = rt et, en vertu de (4), (5),
b (q — qx) = 0. Comme b =5^ 0, on a : q — qx= 0 et q = qx. □
Relation de divisibilité dans un anneau des entiers. Etudions
les plus simples des propriétés de la divisibilité dans un anneau des
entiers.
D éfin itio n . Soient a et b des entiers. Ondit que b divise a si
a = bq pour un certain entier q. Au lieu de « b divise a » on dit aussi
que a est divisible par 6, ou que a est un multiple de 6, et l’on écrit
b | a ou a 1 b. Dans le cas contraire on dit que a ne se divise pas par b ,
a n'est pas un multiple de b, b ne divise pas a, b n'est pas un diviseur
de a et l ’on écrit b 1 a.
Thêorême 4.5. Soient a, 6, c, d, m, n des entiers quelconques.
On a alors
(1) a | a ;
(2) a | 0 ;
(3) si 0 | a, alors a = 0 ;
(4) ± 1 | a;
(5) si a | b et b | c, alors a | c, c'est-à-dire que la relation de divisi­
bilité est transitive ;
(6) si c | a, alors c \ ab ;
(7) si c | a et c | 6, alors c | (a ± 6) ;
(8) si b | a, alors bc \ac\
(9) si c 0, alors de bc | ac s'ensuit b \ a;
(10) si a | c et b \ d, alors ab | cd ;
(11) si a \ b et a | c, alors a | (mb + ne).
Les propriétés (l)-(U) de la relation de divisibilité se déduisent
facilement de la définition de la divisibilité et des propriétés de
l ’anneau Z . La démonstration est laissée au soin du lecteur.
Lemme 4.6. Si le produit ab des nombres naturels est égal à Vunité,
on a alors a = b = 1.
D é m o n s t r a t i o n . De l ’hypothèse ab = 1 il s’ensuit que a
e t b sont différents de zéro. Selon le théorème 2.6 ils peuvent être
§ '•] ANNEAU DES ENTIERS 133

représentés sous forme de û = c -f- 1, 6 = d + 1. Donc, ab = cd +


+ c + d + 1 = 1 et cd + c + d = 0. Si la somme des nombres
naturels est nulle, alors, en vertu du corollaire 2.8, chaque terme de
la somme est nul. En particulier, c = d = 0 ; donc, a = b = 1. □
Théorème 4.7. Si un entier a divise l'unité, a est alors égal à ± 1-
D é m o n s t r a t i o n . Posons que a divise l ’unité, c’est-à-dire
que ab = 1 pour un certain entier b. Alors a2£r = 1. ar et b2 étant des
nombres naturels, selon le lemme 4.6 on a alors ar = 1. Par consé­
quent, selon le théorème 4.1, il vient
(1) ( - a ) (—a) = 1.
Puisque a ou —a sont des nombres naturels, selon le lemme 4.6, il
s’ensuit de ar = 1 et de l’égalité (1) que a = 1 , ou —a = 1 . □
Théorème 4.8. Si des entiers a et b sont associés (c'est-à-dire a | b
et b | a), alors a = ± b.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, a divise b et b divise a,
c’est-à-dire 6 = ac et a = bd pour des entiers c et d, donc,
(1) a = acd.
Si a = 0, alors b = 0 -c = 0, et le théorème est vérifié. Si a 0, il
s’ensuit de (1) que cd = 1. Selon le théorème 4.7 de l ’égalité cd = 1
on déduit que d = ± 1. De plus, a = bd; donc, a = d= b. □

Exercices
1. Soit mZ = {mx | x 6 Z}, où m est un nombre naturel. Montrer que
pour m 0 il existe une application injective de l ’ensemble Z sur mZ.
2. Soit V = (Z, +♦ —> un groupe additif des entiers. Montrer que
l ’ensemble mZ, où m est un entier, est clos dans le groupe Z, c’est-à-dire est
fermé relativement aux opérations + et —.
3. Montrer qu’un ensemble non vide des entiers clos par rapport à l ’addi­
tion n ’est pas obligatoirement composé de multiples d’un entier fixé.
4. Montrer qu’un ensemble non vide des entiers clos dans le groupe X
(fermé relativement aux opérations + et —) est composé de multiples d’un cer­
tain entier fixé.
5. Etablir si, dans le groupe additif des entiers, sont des sous-groupes
relativement aux opérations + , — les ensembles des entiers suivants:
(a) l’ensemble de tous les nombres pairs;
(b) l’ensemble des nombres naturels;
(c) l’ensemble des nombres impairs.
6. Soient X = (Z, + , —) et m un entier fixé. Montrer que l'algèbre
mX = (mZ, + , —) est un sous-groupe du groupe X. Montrer que tout sous-
groupe du groupe X coïncide avec le groupe mX pour un certain m naturel.
7. Démontrer qu’un groupe additif des entiers X est isomorphe au sous-
groupe mX pour tout entier m autre que zéro.
8. Montrer que l’anneau X des entiers ne présente pas d’automorphismes
différents de l’anneau identique.
9. Démontrer que l’anneau X des entiers ne présente pas de sous-anneaux
différents de X.
134 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

10. Soit (PT un anneau quelconque. Démontrer que dans l'anneau &C il
n'existe qu'un seul homomorphisme de l'anneau Z des entiers.
11. Soit Z [ / 2 ] = {m + n Y 2 | m, n £ Z}. Démontrer que l ’algèbre
a r [ / 21 = ( Z [ / 21, + , - , -, 1> du type (2, 1, 2 , 0), où + , - , • sont
des opérations banales sur des nombres réels, est un anneau commutatif. Indi­
quer un automorphisme non trivial i de cet anneau.
12. Démontrer qu'il n'existe pas d'homomorphismes de l'anneau Z [ \r 2\
dans l’anneau Z [y^S] et que ces anneaux ne sont pas isomorphes.
13. Soit K = {(a, 6) | a, b 6 Z}, les opérations + , —, -, e sur l’ensem­
ble K étant définies de la façon suivante :
(a, 6) + (c, d) = (a -f- c, 6 + d) ;
— (a, 6) = (—a, —6);
(a, b) • (c, d) = (ac, bd) ;
* = <1, 1).
Montrer que l’algèbre (À\ + , —, •, e) est un anneau commutatif avec divi­
seurs de zéro.
14. Démontrer que pour tout n naturel:
(a) 52n — 1 est divisible par 24 ;
(b) 4n + 6n — 1 est divisible par 9 ;
(c) ÎO3*1 — 1 est divisible par 33 ;
(d) 32n + 5 n ’est pas divisible par 8.
15. Démontrer que le produit de trois quelconques entiers consécutifs
se divise çar 6.
16. Démontrer que pour tout entier n :
(a) n2 — n est divisible par 3 ;
(b) n5— n est divisible par 5 ;
(c) rr — n est divisible par 7 ;
(d) n (n2 + 5) est divisible par 6 ;
(e) n1 — n est divisible par 30.
17. Montrer que si un entier n n’est pas divisible par 7, n3 — 1 ou n3 + 1
le sont.
18. Démontrer que pour tous entiers a et b:
(1) si a | b et b 0 , alors | a \ ^ | 6| ,
(2) si a | b et | b | < | a | , alors6 = 0.
19. Démontrer que pour tous entiers a et 6
| a 6 | = | a | «| 6 | , | n + 6 | < | a | + | 6 |.
20. Démontrer par récurrence sur n que pour tous entiers alv . . ., an on
a l’inégalité ai + . . . + «h > 0 » excepté le cas où = . . . = an = 0.
21. Démontrer que tout ensemble non vide des entiers limité inferieure-
ment (supérieurement) présente un plus petit (un plus grand) élément.
> 22. Démontrer que pour tout entier a et tout entier positif b il existe un
entier unique n tel que nb ^ a < (n + 1) 6. . .
23. Démontrer la généralisation suivante du théorème de division avec
reste: pour tous entiers a et 6 avec 6 0 il existe un couple unique d entiers
g, r pour lequel a = bq + r et 0 ^ r < | 6 | .
§ 5] CORPS. CORPS DES NOMBRES RATIONNELS 135

§ 5. Corps. Corps des nombres rationnels


Notion de corps. Donnons les principales définitions.
D éfinition. L’élément a de l ’anneau VC est nommé élément inversi­
ble de Vanneau s’il y a dans l ’anneau un élément b tel que ab = ba =
= 1$*. De plus, les éléments a et b sont dits mutuellement inverses.
D éfinition. On appelle corps un anneau commutatif dont le zéro
est différent de l’unité, 0$ç 1 ^ et chaque élément non nul est un
élément inversible de l ’anneau.
D éfinition. Soit jF = <F, , -, 1> un corps. Le groupe
<F, + , —> est dit groupe additif d'un corps. Son élément neutre est
appelé zéro du corps et est noté par le symbole 0 ou O^r.
L’élément 1, élément neutre par rapport à la multiplication, est
l'unité du corps et est également noté par le symbole 1$?.
D éfinition. On appelle sous-corps du corps jF un sous-anneau du
corps jr dans lequel tout élément non nul est inversible. Le sous-
corps du corps S? différent de & est nommé sous-corps propre.
Il est clair que tout sous-corps est un corps.
D é f i n i t i o n . Un corps est dit simple s’il ne possède pas de sous-
corps propres.
Propriétés élémentaires du corps. Soient a, b des éléments du
corps y et b =5^ 0. L’équation bx = a possède dans le corps la solu­
tion a i r 1; on vérifie sans peine que a i r 1 est la solution unique de
l’équation. L’élément ab "1 est noté par le symbole ou alb.
T h é o r è m e 5.1. Soit 3r = (F, + , —, •, 1 >un corps. On a alors pour
tous éléments a, 6 , c du corps:
(1) si ab = 1 , alors a^ 0 et b = a ' 1 ;
(2 ) si ac = bc et c 0 , alors a = b;
(3) si ab = 0 , alors a= 0 ou b = 0 ;
(4) si a ^ 0 et b 0 , alors ab ^ 0 ;

(5) -—= -^- si et seulement si ad = bcy 6 ^ = 0 et d=£ 0 ;


a c _ ad ± b c
(6) b ± d ~ bd ’
a c _ ac m
(7) b ' d ~~~bdT'

(8)
-r+ i= î>= 0 «
b_ m
(9) si a # 0 et 6=^0, alors *:
a ’
(10)
ac _ a
bc 6 *
136 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

D é m o n s t r a t i o n . (1) Si ab = 1, alors a ^ 0, car avec


o = 0 0 - i = l et 0 = 1 , ce qui n’est pas possible dans un corps.
Puisque a ^ 0, il existe un élément a -1 inverse de a et b = (a- 1a)b =
= a -1 (ab) — a - 1 1 = a -1.
(2) Si ac = bc et c 0, il existe un élément c -1 dans le corps et
a = (ac)c~l = (bc) c -1 = b, c’est-à-dire a = b.
(3) A partir de ab = 0 il s’ensuit que a = 0 ou b = 0. En effet,
si a=j= 0 , il existe un élément a -1 et b = (a- 1a)b = a -1 (ab) =
= a-K) = 0 .
(4) Suivant la loi de contraposition de (3) il s’ensuit que
~l(a = 0 V ^ = 0 ) _>‘ _l (<*& — 0 )» c’est-à-dire que ( a # 0 A
A 6 ^ 0 ) - v ( a i ^ 0 ).
(5) Soit alb = c/d, c’est-à-dire ab -1 = cd~l. On a alors b 0,
d # 0 et ad = (ab-1) (bd) = cb-1-bd = cb, c’est-à-dire ad = cb.
Réciproquement : de l ’égalité ad = cb avec b ^ 0, d ^ 0 s’ensuivent
les égalités adb- 1d -1 = cbb- 1d -1 et ab -1 = cd-1.
(6 ) Vu que a/b = ab -1 et c/d= cd-1, on a y ± -j- = ab~1 ± cd-1 =
= add- 1b~l ± cbb- 1d -1 = (ad ± bc) (bd) -1 = (ad ± bc)lbd.
(7) Pour b 0 et d ^ 0
A i = a 6 -*cr* = ac(M )-‘ = -S -.
(8 ) Pour b ^ 0
+ ± Z fL = ab-1+ ( - a) b-1 = (a - a) b-1 = 0,
donc, —(alb) = — a/ 6 .
(9) Si a ^ 0 et 0, alors (alb)'1 = (a i "1) " 1 = t a ”1 = fc/a.
(10) Pour 6 =7^ 0 et c =5^ 0
adbc = ac (fcc) " 1 = acc^fc"1 = ab-1 = a/fc. □
Corps des nombres rationnels. Introduisons la notion de corps
des fractions (des quotients) du domaine d’intégrité.
Définition. Posons que jF est nommé corps des fractions du domai­
ne d'intégrité SK si sont satisfaites les conditions:
(a) SK est un sous-anneau du corps jF ;
(p) pour tout x de F il existe des éléments a, fc de l ’anneau SK tels
que x = afc"1.
Théorème 5.2. Pour tout domaine d'intégrité SK on a un corps des
fractions. Si jF et SP sont des corps des fractions de l'anneau SKy on
a un isomorphisme du corps jF sur le corps SP faisant passer chaque
élément de l'anneau SK en lui-même.
La démonstration de ce théorème est fournie au chapitre XIII
(voir théorèmes 13.21 et 13.22).
CORPS. CORPS DES NOMBRES RATIONNELS 137

L’anneau % des entiers est un domaine d ’intégrité. Par consé­


quent, selon le théorème 5.2, il existe pour l ’anneau 2 un corps des
fractions et tous deux corps des fractions de l ’anneau % sont isomor­
phes.
D éfinition. On appelle corps des nombres rationnels un corps des
fractions d’un anneau des entiers. Les éléments du corps des nombres
rationnels sont des nombres rationnels.
11 s’ensuit de la définition que tout nombre rationnel peut être
représenté sous forme d’un quotient des deux entiers.
Notons que tout corps isomorphe à un corps des nombres rationnels
est aussi un corps des nombres rationnels.
La relation d’ordre sur l’ensemble Q des nombres rationnels
s’introduit au moyen de la relation d’ordre < sur l’ensemble Z des
entiers.
D éfinition. La relation d'ordre < sur Vensemble Q des nombres
rationnels se définit de la façon suivante : pour deux nombres ration­
nels quelconques plq et r/s, où p, r £ Z et q, s 6 N \ {0}, < -j-
si et seulement si ps < qr.
Il est aisé de vérifier que < sur l ’ensemble Q des nombres ration­
nels est une relation d’ordre strict prolongeant la relation d’ordre
sur l ’ensemble Z des entiers.
T héorème 5.3. La relation binaire < sur l'ensemble Q des nombres
rationnels est douée des propriétés suivantes :
(1) pour tous a, fc, c de Q si a < b et b < c, alors a < c ;
(2) pour tous a, b de Q on n'a qu'une et rien qu'une des trois relations
a <Zb, a = b, b < a ;
(3) pour tous a, 6, c de Q si a < 6, alors a + c < b + c;
(4) pour tous a, 6, c de Q si a < b et 0 < c, alors ac < bc.
La démonstration du théorème est laissée au soin du lecteur.
Exercices
1. E tablir lesquels des ensembles suivants des nombres réels constituent
des corps relativement aux opérations banales , • sur ces ensembles:
(a) tous les nombres naturels;
(b) tous les nombres rationnels à dénominateurs impairs;
(c) tous les nombres de l’aspect a + b >^2, a et b étant rationnels ;
(d) tous les nombres de l ’aspect a + b V^5, a et b étant rationnels ;
(e) tous les nombres de l ’aspect a + b >^2, a et b étant rationnels;
(f) tous les nombies de 'd’aspect û + 6 y ’2 + c ^ 4 , a, b et c étant ration­
nels.
2. Soit K un ensemble de toutes les m atrices de la forme £ à a

et 6 rationnels. Démontrer que l ’algèbre (K , + , —, -, e), où + , —, •


sont des opérations sur les m atrices et * = ^J » est un corps. M ontrer
que ce corps comporte un élément x tel que —e.
133 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IY

3. Soit F un ensemble de toutes les matrices de la forme f * à a


e t b rationnels. Démontrer que l'algèbre 5 r = ( / \ + , —, -, e), où e =

est un isomorphisme du corps FF sur le corps fi (V^2).


4. Lesquels des anneaux Z2, Z*, Z4, et Z 6 sont des corps?
5. Démontrer qu'un corps est dépourvu de diviseurs de zéro.
6. Montrer que chaque sous-anneau d'un corps est un domaine d'intégrité.
7. Soit a un élément non nul d'un corps. Démontrer que pour tous entiers
m et n les égalités am+n = aman et (am)n = amn sont satisfaites.
8. Soient a, b et c des éléments quelconques du corps FF* Démontrer que
de l'égalité ab = ac s'ensuit b = c si et seulement si a =£ 0 .
9. Démontrer que l'intersection de toute collection de sous-corps du
•corps FF est un sous-corps du corps FF.
10. Démontrer que tout domaine d'intégrité fini est un corps.
11. Montrer que le corps fi des nombres rationnels ne présente pas de
sous-corps différents de fi.
12. Démontrer que] tout sous-corps du corps fi (>^2) est soit fi, soit
4S. ( /2 ) .
13. Décrire tous les sous-anneaux du corps fi des nombres rationnels.
14. Soit 9 : FF -► FF' un homomorphisme d'anneau du corps FF dans le
•corps FF'. Montrer qu’avec l'application 9 l'image du corps FF est un sous-corps
•du corps FF'.
15. Démontrer qu’un homomorphisme d'anneau du corps FF est soit une
.application zéro, soit un isomorphisme du corps FF sur son image.
16. Soit 9 : un homomorphisme d’anneau. Si FF est un corps,
-a, 6 6 F et b ^ 0, on a 9 (a/b) = 9 (a)Ap (&) ; le démontrer.
17. Démontrer qu'une application identique est le seul automorphisme
•du corps fi des nombres rationnels.
18. Montrer que tout corps composé de deux éléments est isomorphe au
•corps Z 2.
19. Démontrer qu'un anneau isomorphe au corps est lui-même un corps.
20. Montrer qu'il n'y a pas d'homomorphismes de l'anneau Z 4 dans le
corps Z5.
21. Démontrer que l'algèbre isomorphe au corps est elle-même un corps.
22. Montrer qu'un corps des fractions du corps FF est isomorphe à FF.
23. Démontrer qu'un corps des fractions de l'anneau Z[>^3j est iso­
morphe au corps fi (>^3).
24. Soient gTC et cJC' des domaines d'intégrité isomorphes. Démontrer que
les corps des fractions de ces anneaux sont isomorphes.

§ 6. Système des nombres réels


Corps ordonnés. Le système\algébrique ( F, < > s’appelle en­
semble totalement ordonné si sont remplies les conditions suivantes:
(a) pour tous a, 6, c de F si a < b et b < c, on a alors a < c ;
(P) pour tout couple d’éléments a, b de F n’est satisfaite qu’une
seule et rien qu’une seule des trois relations : a < 6, a = 6, b < a.
D é fin itio n . On appelle corps ordonné le système algébrique
(F, -f-, —, - , 1, <> qui est doué des propriétés:
§«] SYSTÈME DES NOMBRES RÉELS 130

(1) l ’algèbre (F, 1> est un corps;


(2) le système (F, < ) est un ensemble totalement ordonné;
(3) pour tous a, b, c de F si a < h, alors a + c < b + c (mono­
tonie de l ’addition) ;
(4) pour tous a, 6, c de F si a < b et 0 < c, on a alors ac < bc
(monotonie de la multiplication).
L’élément a du corps ordonné est dit positif si 0 < a. Par défini­
tion, b > a si et seulement si a < b. Ensuite, par définition, a ^ b
si et seulement si a < b ou a = b.
E x e m p l e . Soient (Q, 1>un corps des nombres ration­
nels et < la relation d’ordre banale sur l ’ensemble Q. En vertu du
théorème 5.3, les conditions (l)-(4) de la définition susmentionnée
sont satisfaites. Par conséquent, le système (Q, + , —, -, 1) est un
corps ordonné. Ce système est dénommé corps ordonné des nombres
rationnels.
Théorème 6.1. Soient jF = (F, -f-, — , -, 1, < > un corps ordonné
et a, b, cy d ses éléments quelconques. Il vient alors
(1) a < b si et seulement si b — a > 0 ;
(2) pour tout a de F h*est satisfaite qu'une et rien qu'une des trois
conditions: a < 0, a = 0, 0 < a ;
(3) si a > 0 et b > 0, alors a + b > 0 et ab > 0, autrement ditf
Vensemble d'éléments positifs d'un corps ordonné est fermé par rapport
à l'addition et à la multiplication ;
(4) si a < b et c < d, on a alors a + c < b + d;
(5) si a < b et c < 0, alors a c > bc;
(6) si a 0, alors ar > 0 ;
(7) 1 > 0 et 7i-l > 0 pour tout n ^ 0 naturel ;
(8) le corps (F, + , —, -, 1 ) est un domaine d'intégrité.
D é m o n s t r a t i o n. (1) En vertu de la monotonie de l’addi­
tion a <Z b si et seulement si a -f- (—a) < b + (—a). Donc, a < b
si et seulement si b — a > 0.
(2) L’affirmation (2) est vraie puisque (F, <> est un ensemble
totalement ordonné (voir condition (p)).
(3) en raison de la monotonie de l ’addition il s’ensuit de a > 0
et b > 0 que a + b > b e t a - l - 6 > 0 . En vertu de la monotonie de
la multiplication il s’ensuit de a > 0 et 6 > 0 que a b > 0 - b et
ab > 0.
(4) En vertu de la monotonie de l’addition si a < b et c < d,
alors on a aussi a + c < 6 + c e t & - b c < 6 + d. Donc, a + c <
< b + d.
(5) En vertu de (1) si a < b et c < 0, on a b — a > 0 et —c > 0.
En vertu de la monotonie de la multiplication on en déduit que
(b — a) (—c) > 0 et ac — bc > 0. Donc, ac > bc.
140 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [C H . IV

(6 ) En vertu de la monotonie de la multiplication si a > 0, on


a alors ar > 0. Si, par contre, —a > 0, alors (—a) (—a) > 0 et
ar > 0 .
(7) Dans le corps 1 ^ 0. En vertu de (6 ) l 2 = 1 > 0. Comme
l ’ensemble des éléments positifs d’un corps ordonné est fermé par
rapport à l ’addition, il s’ensuit de 1 > 0 que n -1 > 0 pour tout n
naturel autre que zéro.
(8 ) En vertu du théorème 5.1 pour tous éléments a, b du corps si
a =7^ 0 et b =?£ 0, on a ab =5^ 0. Par conséquent, selon la loi de contra-
position si ab = 0, alors a = 0 ou b = 0. Le corps (F, 1)
est donc un domaine d’intégrité. □
D é f i n i t i o n . La valeur absolue de Vélément a d’un corps ordonné
est notée | a | et est définie de la façon suivante :
si a ^ 0 ,

Théorème 6.2. Soient a et b des éléments quelconques d'un corps


ordonné ; on a alors
(1) | a | = | —a |;
(2) | f l | ± f l > 0 ;
(3) | a + 6 | < |a | + |M ;
(4) |a 6 | = | a |- |6 |;
(5) | b | ^ a si et seulement si —a ^ 6 ^ a.
D é m o n s t r a t i o n . (1) L’égalité (1) se déduit directement de
la définition de la valeur absolue de l’élément.
(2) Si a ^ 0, on a alors |a | = a, | a| + a ^ 0 et | a | — a =
= 0. Si, par contre, (—a) > 0, alors | a | = —a, | a j — a =
= I a | + (—a) > 0 et | a | + a = 0.
(3) Si | a + b | = a + b, en vertu de l ’inégalité (2), on a
| a | + | M - | a + M = (|a|-a)-M |M -6)>0.
Si, par contre, | a + b \ = — (a + b), alors de même, en vertu de
l ’inégalité (2),
| a | + | M - | a + 6| = ( | a | + a) + ( | M + 6) >0.
Donc, quel que soit le cas l’inégalité (3) est vraie.
(4) L’égalité (4) est vraie si a ou b est nul. Si les éléments a et 6
sont positifs, alors | ab | = ab = | a | • | b |. Si o < 0 et b < 0,
alors ab = (—a) (—b) > 0 et | ab | = ab = (—a) (—b) = | a |* | b |.
Si a > 0 et b •< 0, alors (—ab) > 0 et | ab | = —ab= a-(—b) =
= | a |* | b |. Enfin, si a < 0 et b > 0, alors (—ab) > 0 et | ab \ =
= —ab = ( - a ) b = | a |-| b |.
(5) L’inégalité | b | ^ a a lieu si et seulement si (—b) ^ a et
b ^ a. Donc, | b | ^ a si et seulement si —a ^ b et b ^ a, c’est-à-
dire si —a ^ b ^ a. □
5 6] SYSTÈME DES NOMBRES RÉELS 141

Système des nombres réels.


D éfinition. Un corps ordonné .t présente un ordre archimédien
si pour tous éléments positifs a et b il existe un nombre naturel n
tel qu’on ait na > b.
Soit (a0, aXJ a2, . . . > une suite infinie d’éléments du corps
ordonné ,F. On la note également (ak)k^N ou (ah).
D éfinition. L’élément a du corps ordonné JF est nommé limite
de la suite (ak) d'éléments du corps si pour chaque élément positif e
du corps il y a un nombre naturel n0 (dépendant de e) tel que
| ak — a | < e pour tout k ?i0 naturel. La suite (ah> possédant
une limite dans le corps , f est dite convergente dans ce corps.
D éfinition. La suite (ah) d’éléments d’un corps ordonné % r
est dite fondamentale (de Cauchy) sur si pour chaque élément
positif e du corps il existe un nombre naturel n0 (dépendant de e)
tel qu’on ait | ah — an | < e pour tous k et n naturels supérieurs
à n0.
D éfinition. Un corps ordonné est dit complet si toute suite de
Cauchy d’éléments de ce corps converge dans ce dernier.
D éfinition. On appelle système des nombres réels un corps complet
archimédien.
Soit (R, + , —, -, 1, < ) un système des nombres réels. Dans
ce cas l’algèbre (R, 1> est un corps dit corps des nombres
réels. L’ensemble R est nommé ensemble des nombres réels.
On peut démontrer que deux systèmes quelconques des nombres
réels sont isomorphes. Donc, sont isomorphes tous deux corps des
nombres réels.
T héorème 6.3. Pour deux nombres réels quelconques a et b avec
b > 0 il y a un entier m et un nombre réel r tels que
a = mb + r, 0 ^ r < b.
D é m o n s t r a t i o n . 1°. Si a = 0, on a apparemment m =
= r = 0. Posons que a > 0. L’ensemble
M = {neK \(n + l)b > a }
des nombres naturels n’est pas vide, car le système des nombres réels
est archimédien. L’ensemble des nombres naturels étant bien ordonné
et M constituant un sous-ensemble non vide de l’ensemble N, il
existe dans M un plus petit élément. Soit m le plus petit élément
de il/, on a alors
mb ^ a < (m + 1) 6, 0 ^ a — mb < b.
En posant a — mb = r, il vient a = mb t r, 0 ^ r < 5.
2°. Posons que a < 0. Alors, selon la proposition démontrée
au point 1°, il existe pour des nombres positifs (—a) et b un nombre
naturel k et un nombre réel 5 tels que
—a = kb + s, 0 ^ 5 < 6.
142 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

Par conséquent, a = (—k) b + ( — 5). Si s = 0, on a la représenta­


tion cherchée. Si, par contre, 5 > 0, on a alors
a = {—k — l)-6 + (b — s).
En posant m = —k — 1 et r = b — s, il vient
a = mb + r, 0 <Z b. □
Soit n un nombre naturel différent de zéro. Introduisons la
notion de racine arithmétique de degré n d’un nombre réel positif.
Mais au préalable démontrons le théorème suivant.
T héorème 6.4. Pour tout nombre positif a il existe un nombre réel
positif unique c tel que c* = a.
D é m o n s t r a t i o n . Considérons la fonction f = xn — a
définie sur un intervalle fermé [0, 6], où b = a + 1. La fonction /
est continue sur cet intervalle et à ses extrémités acquiert des valeurs
aux signes différents, vu que / (0) < 0 < f (b). Appliquons le théorè­
me des valeurs intermédiaires à la fonction / sur l ’intervalle [0, 6].
Il existe selon ce théorème un nombre réel c £ [0, b] pour lequel
cn — a = 0, et, par suite,
(1) cn = a.
Apparemment, c > 0. Supposons que d71 = a pour un nombre
quelconque positif d. Si de plus c < d, alors c71 < d*1 = a, ce qui
est en contradiction avec (1). Mais si c > d, c11 > d71 = a, ce qui
est aussi en contradiction avec (1). Donc, d = c. □
D é f i n i t i o n . Soient a un nombre réel positif et n un nombre natu­
rel autre que zéro. Le nombre réel positif unique c pour lequel c11 = a
est nommé racine arithmétique ou racine principale de degré n de a et
est noté par le symbole c1/*1 ou y f c.
Construction d9un système des nombres réels. On notera (ah )k£s
ou (ah) la suite (a0, ax, a2, . . .) des nombres rationnels. Définissons
sur l ’ensemble QN de toutes les suites des nombres rationnels les
opérations binaires ©, © , l ’opération singulaire © et l ’opération
à aucune place 1 :
© <bk> = (ah + bh>;
© (ak) = <—ah);
<Ak) © <&*> =
1 = (afc), où ak = 1 pour tout k naturel.
Notons F (Q) l ’ensemble de toutes les suites de Cauchy sur le
corps (S des nombres rationnels. Si <ak) et (bh) sont des éléments
quelconques de l ’ensemble F (Q), les suites <ah) © <6*>, ©<a*>,
(a*) © <bk) appartiennent également à l ’ensemble F (Q). Donc»
l ’ensemble F (Q) est clos relativement aux opérations © , © , © .
$ 6] SYSTEME DES NOMBRES REELS 143

Il est aisé de constater que l’algèbre (F (Q), ©, © , ©, I) est un


anneau commutatif.
Faisons opérer sur l ’ensemble F (Q) la relation binaire = : (ak) =
— (bk> si et seulement si la suite <ak — bh) converge vers zéro.
La relation = est réflexive, transitive et symétrique, c’est-à-dire
est une relation d’équivalence sur l ’ensemble F (Q). Convenons de
désigner par le symbole [(a*)] la classe d’équivalence à laquelle
appartient la suite (ak). L’ensemble de toutes les classes d’équiva­
lence sera noté F, F = F/ = .
On montre sans peine que la relation = est une congruence dans
l’anneau (F (Q), ©, © , ©, 1). Cela permet de définir sur l ’ensemble
Fies opérations + , — , -, 1 de la façon suivante:

((fl*)] + [(&*)] = [ {&k + à*)];


— [<ûfc>l = [<—ah)];

1- [il.

L’algèbre (F, + , — , -, 1) est l ’algèbre quotient de l ’anneau


(F (Q), © , © , © , 1) relativement à la congruence = . On est en
mesure de démontrer que l ’algèbre <F, + , — , -, 1) est un corps.
Introduisons sur l ’ensemble F (Q) la relation d'ordre : pour tous
(ak) et (bh) de F (Q) on a
(ak) < <bh>,
s’il existe un nombre naturel n0 et un nombre rationnel positif e
tels que bh — ah ^ e pour tout k ^ rcn.
La relation binaire = est une congruence par rapport à < , c’est-à-
dire que pour tous <afc), (bk)y <ck) et (dk) de F (Q), si
(ah) < (bk), (ak) = ( c k) et (bk) =
on a alors (ck) < (dk)-
Cela autorise d’introduire sur l’ensemble F ia relation d’ordre:
pour tous [<afe>] et [(bk)] de F on pose
l(ah)] < [ ( b h)] si (ak) < (bh).

On est en mesure de démontrer que le système j f = (F, + , —, •, 1,


< ) est un corps archimédien et toute suite de Cauchy sur le corps &
converge vers l’élément de ce corps. Le corps jF est donc un corps
des nombres réels.
144 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [C H . IV

Exercices
1. Soient 2F = (F, +» —» •» 1» <> un corps ordonné et a, 6, c, d 6 F.
Démontrer qu’alors:
(a) si a + c < b + c, on a a < b ;
(b) si a — b < a — c, on a 6 > c ;
(c) si 0 < c et ac < bc, on a a < b ;
(d) 0< — a > 0;
CL

1 1
(e) si 0 < a < 6, on a 0 < -7- < — ;
o a
si a < 6 < 0, on a 0 > — > 4 -î
(f)
a b
(g) si au moins un des nombres ay 6, c est différent de zéro, on a ar +
+ b- r c2 > 0 .

2. Soient a, b des éléments du corps ordonné 2F et a < b. Démontrer qu’il


existe dans 2F un élément c tel que a < c < b.
3. Démontrer que l ’équation ar = 2 n’a pas de solutions dans un corps
êtes nombres rationnels.
4. Démontrer crue pour tout nombre réel positif a l’équation x1 = a pos­
sède une solution dans le corps des nombres réels.
5. Montrer que l ’équation r + 1 = 0 n ’a pas de solutions dans un corps
des nombres réels.
6. Soit R+ un ensemble de tous les nombres réels positifs. Démontrer que
l ’algèbre (R+, % J ) est un groupe; il est nommé groupe multiplicatif des nom­
bres réels positifs.
7. Soient a, 6, c et d des nombres réels positifs. Démontrer que a/b = cld
si et seulement si pour n ’importe lesquels des entiers positifs m et n na >
> mb —►ne > md et na < mb -► ne •< md.
8. Démontrer qu’une application identique est l’unique isomorphisme
•d’un corps des nombres réels dans lui-même.
9. Démontrer qu’un système algébrique isomorphe au système des nom­
bres réels est un système des nombres réels.
10. Soit Qn un ensemble de toutes les^suites des nombres rationnels. Mon­
trer que l ’algèbre = (&N, © , © , © , 1), où
(ak) © (bk> = (ak + bk) ;
O (ak) = (—ak);
(ak) © (bh) = (ak -bk);
T = (ak), où ak = 1 pour tout k naturel,
est un anneau commutatif.
11. Soit F (Q) un ensemble de toutes les suites de Cauchy sur le corps
(S = (Q, -K —t •» 1)* Montrer que] F (Q) est fermé dans l’anneau (SN de
toutes les suites des nombres rationnels et que l’algèbre 2F (Q) = (F (Q), ©,
0 , ©, 1) est un anneau commutatif.
12. Supposons que <ak) ms (6*) signifie que la suite (ak — bk) converge
vers zéro. Démontrer que:
a) la relation ■■ sur l ’ensemble F (Q) est une relation d’équivalence ;
b) la relation mm est une congruence dans l ’anneau 2F (Q).
§7] CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 145

13. Montrer que si (ak) Ç F (Q), a* # 0 pour tous les ÇN et la suite


(ah> ne converge pas vers zéro, on a alors

<l/‘ *> € F (Q) et (ak) © (1/ah) = T.

14. Démontrer que l'algèbre quotient de l'anneau SF (Q) par rapport à la


congruence m est un corps.
_ 15. Soit F l'ensemble quotient F (Q)/«b. Démontrer que le système
(F, +» — * •» 1, < ) est un corps archimédien.
16. Démontrer que dans le système (F, , •, 1, <> toute suite de
Cauchy des éléments de l ’ensemble F converge vers l'élément de F.

§ 7. Corps des nombres complexes

Extension complexe d’un corps. Soient & = (F, + , —, 1>


un corps et t un élément (un symbole) n’appartenant pas au corps y •
L’expression de la forme a + bt, où a et b sont des éléments quel­
conques du corps jF, sera appelée polynôme linéaire à t sur le corps
(ou la forme) Les éléments a et b sont les coefficients du polynôme
a -f- bt.
Deux polynômes linéaires à t sont dits égaux s’ils contiennent
les mêmes termes (les mêmes coefficients) aux coefficients nuis près,
qui peuvent être éliminés de l’expression (pour la forme). En parti­
culier, pour tous éléments a et b du corps &
(I) a -f- (M = û, 0 -|- bt = bt.
Désignons par K l’ensemble de tous les polynômes linéaires à t
sur le corps jF :
K = {a + bt | a, b 6 F}.
Sur l ’ensemble K définissons les opérations + , —, • au moyen des
formules suivantes:
(II) (a + bt) + (c + dt) = (a + c) + (b + d) t;
(III) - (a + bt) = ( - a ) + ( - 6 ) t ;
(IV) (a + bt)-(c + dt) = (ac — bd) + (ad + bc) t.
L’algèbre 5T = (K, + 1 —, -, 1), où 1 est l ’unité du corps jF,
sera appelée algèbre des polynômes linéaires.
T h é o r è m e 7.1. Soit y = ( F , + , —, -, 1) un corps. L'algèbre
= (Ky + , —, -, 1> des polynômes linéaires sur le corps y est un
anneau commutatif et le corps .F est son sous-anneau.
D é m o n s t r a t i o n . Les opérations principales de l’algèbre
&£ constituent des prolongements des opérations principales corres­
pondantes du corps 3F, En effet, en vertu des formules (I)-(IV) pour
10—01762
146 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IV

tous a et b de F
a *4* b = (a -f- 0*t) 4- (6 4- 0*t) =
= (a4-6)-l-0-t = a-(-ô;
—a = — (a + (M) = (—a) ■(- O’i = —a;
a-b = (a -f- 0 ' t ) ‘(b -1- 0 •i) = a•6 -f 0• t —a-6.
En outre, l ’élément 1 de l’algèbre 3C est l ’unité du corps Donc,
le corps ÎF est une sous-algèbre de l’algèbre 5?:
(I ) f -3 &C-
L’algèbre (K, + , —) est un groupe abélien. En effet, dans l’al­
gèbre 3T (selon la formule (II)) l ’addition est commutative et asso­
ciative, vu que l ’addition est commutative et associative dans le
corps p . Le zéro du corps & est un élément neutre par rapport à
l ’addition dans l ’algèbre 3ST, puisque, en vertu des formules (I),
(II) , pour tout élément a + bt de K
(a -|- b't) -f- 0 = (a *4* b-t) -1- (0 4- 0*1) = (a 4* bt).
Tout élément a 4- b-t de K possède son opposé, vu que (a + b-t) +
+ ((—a) + (—b)-t) = 0 -f- 0-t = 0. On a ainsi établi que l’algèbre
(K , + , —) est un groupe abélien.
L’algèbre (K, -, 1) est un monoïde commutatif. En effet, dans
l ’algèbre 3T (selon la formule (IV)) la multiplication est commutative
en vertu de la commutativité de la multiplication dans le corps .
Vérifions que dans l’algèbre ST la multiplication est associative :
(a + 6’*)-[(e + dt)- (e -f ft)) = (a 4* bt) [(ce — df) +(cf + de) t] =
= (ace — adf — bcf — bde) -f-
4- (acf + ade 4- bce — bdf) t ;
((a -f bt)-(c + dt)]-(e + ft) = [(ac — bd) 4-
+ (ad + bc) f] (e + ft) =
= (ace — bde — adf — bcf) 4-
+ (acf — bdf + ade 4- bce) t.
Donc,
(a + 6*).[(c + dt)-(e -f ft)] = [(a + bt) (c + A)] (e + ft).
L’unité du corps & est un élément neutre par rapport à la multi­
plication dans l ’algèbre SP, car
(a bt) -1 = (a 4“ bt) (1 -4- 0 •t) = a -f- bt.

On a ainsi établi que l ’algèbre (K , -, 1) est un monoïde commutatif.


§7] CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 147

La multiplication dans l'algèbre SK est distributive par rapport à


l'addition. En effet,
[(a + bt) + (c + dt)b(e + ft) = l(a + c) + (b + d) t] (e + ft) =
= (ae + ce — bf — df) +
“I" (af + cf + be + de )t ;
(a + bt)*(e + ft) + (c + dt)*(e + ft) = [(ae — bf) + (û/.+ be) $] +
+ [(ce — df) + (cf + de)t] =
= (ae — bf) + ce — df) +
+ (af + be + cf +[de) t.
Donc,
[(a + bt) + (c + dt]\*(e + ft) — (a + bt)*(e + ft) +
+ (c + dt) • (e + ft).
Bref, on a démontré que l'algèbre SK est un anneau commutatif.
En vertu de (1) le corps & est un sous-anneau de l ’anneau SK- □
D éfinition. Soit & = <F, + , — , -, 1) un corps dans lequel le
carré de chaque élément est différent de —1. Le corps SK est appelé
extension complexe du corps si les conditions suivantes sont satis­
faites :
(1) & est un sous-corps du corps SK\
(2) on a dans SK un élément u tel que u2 = —1 ;
(3) chaque élément z du corps SK peut être représenté sous forme
de z = a + bu, où a, b 6 F.
P r o p o s i t i o n 7.2. Soit & un corps dans lequel le carré de chaque
élément est différent de —1. Soient SK Vextension complexe du corps &
et u un élément du corps SK satisfaisant aux conditions (2) et (3) de la
définition susmentionnée. Dans ce cas tout élément z du corps SK peut
être représenté de façon unique sous forme de z — a + bu, où a, 6 £ F.
D é m o n s t r a t i o n . Soit z un élément quelconque du corps SK.
Considérons deux représentations arbitraires de z sous la formel
(4) z = a + bu, z = c + du,
où a, 6, cy d Ç F. Si b ^ d, alors a + bu = c + du et u =
b-—d *
Donc, et u2 = —1. Or, c’est contraire à la con­
dition selon laquelle le carré de chaque élément du corps F est diffé­
rent de —1. Donc, le cas où b d est impossible. Par conséquent,
b = d et en vertu de (4) a = c. □
Thborême 7.3. Soit & = 1) un corps dans lequel le
carré de tout élément est différent de —1. I l existe alors une extension
complexe du corps
D é m o n s t r a t i o n . Soit K l ’ensemble de tous les polynômes
linéaires à t sur le corps & :
(1) K = {a + bt | a, b € (t $ F).
10*
148 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMERIQUES [CH. IV

La relation d’égalité et les opérations + , —, • se définissent sur


l ’ensemble K au moyennes formules (I)-(V). Selon le théorème 7.1
l’algèbre 5F
5F = (K, + , — •, 1)
est un anneau commutatif et le corps .F constitue un sous-anneau de
l ’anneau 5F:
(2) F -3 5F.
Démontrons que l’anneau 5F est un corps. En vertu de (2) le
zéro et l ’unité du corps F sont le zéro et l ’unité de l ’anneau 5F;
donc ^ 1,5$;. Il nous reste à montrer que pour tout élément non
nul de K on a dans 5F un élément qui lui est opposé. Soit a + bt ^ 0»
où a, b Ç F. On a alors d ^ 0 ou 6 ^ 0. Par suite, a2 + bs ^ 0, car
dans le cas contraire a2 -f- b2 = 0 et (alb)2 = —1 (pour b ^ 0) ou
(bla)2 = —1, ce qui est impossible vu l’hypothèse du théorème.
En vertu des formules (II) et (V), il vient

(«+60 -(-^+-ÿÿsrO = 1’
c'est-à-dire que l ’élément a + bt est inversible dans SP. L’anneau SP
est donc un corps.
L’élément t de K satisfait à la condition t2 = —1. En effet, en
vertu.'des formules[(V) et (II), il vient
Ut = (0 + 1.*) (0 + 1-0 = —1 4- 0-t = - 1 . x
Enfin, en vertu de (2), le corps & est un sous-corps du corps SP.
Par conséquent, le corps SP est une extension complexe du corps □
T h ê o r ê m e 7.4. Soit = (F, + , —, -, 1) un corps dans lequel le
carré de tout élément est différent de —1. Soient SP et SP' des extensions
complexes du corps jF. I l existe alors un isomorphisme du corps SP
sur le corps SP' qui laisse invariants tous les éléments du corps .F-
D é m o n s t r a t i o n . Il existe dans SP un élément u tel que
u2 = —1 et tout élément du corps ST se représente de façon unique
sous forme de a + où a, b 6 F- De façon analogue, il existe dans
SP' un élément t tel que t2 = —1 et chaque élément du corps SP'
se représente de façon unique sous forme de a + bt, où a, b 6 F.
Notons l ’application (qui est injective) de K sur K ' associant à
l ’élément a + bu de K l ’élément a -f bt de K '. En outre, ^ respecte
les opérations principales du corps vP. En effet, puisque
(a -f- bu) + (c -f- du) = (a + c) -f- (b + d) a,
— (a + bu) = (—a) + (—6) a,
(a + bu) (c + du) = (ac — bd) + (ad + bc) a,
§7] CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 14 9

on a
yp ((a + bu) + (c + du)) = (a + c) + (6 + d) t = (a + bt) +
+ (c + dt) = yp (a + bu) + a|3 (c + du)f
a|) (— (a + bu)) = (—a) + (—6) t = — (a + bt) =
= —yp (a + 6u)t
tjT((a + 6u) (c + du)) = (ac — bd) + (ad + bc) t =
= (a + bt)-(c + dt) = (a + (c + du).
De plus, \|) (1) = 1 et yp (a) = a pour tout élément a du corps 9r.
Ainsi yp est une application isomorphe du corpsJST sur le corps &C9
qui laisse invariants tous les éléments du corps & . □
Corps des nombres complexes. Dans un corps ordonné le carré
de tout élément non nul est positif. Donc, dans un corps des nombres
réels le carré de tout nombre réel est différent de —1. En vertu du
théorème 7.3 il existe une extension complexe du corps des nombres
réels 3 t. Selon le théorème 7.4 toutes deux extensions complexes du
corps 3 t des nombres réels sont isomorphes.
D é f i n i t i o n . On appelle corps des nombres complexes une extension
complexe du corps des nombres réels.
Soit 31 = (R, + , —, -, D un corps des nombres réels. Soit %
un corps des nombres complexes, extension complexe du corps 31.
L’ensemble de base du corps ® est noté C. Les éléments de l’ensem­
ble C sont nommés nombres complexes. Désignons par i un nombre
complexe pour lequel i2 = —1, de sorte que tout nombre complexe z
de C peut être représenté sous forme de z = a + bi, où a, b Ç R.
Cette représentation est nommée forme algébrique du nombre z.
Le nombre i est dit unité imaginaire du corps des nombres complexes.
T h é o r è m e 7.5. Soient % = (C, 1) un corps des nombres
complexes, extension complexe du corps 3i des nombres réels et a, b, c, d
des nombres réels arbitraires. On a alors
(1) a + bi = c + di si et seulement si a = c et b = d;
(2) (a + bi) + (c + di) = (a + c) + (b + d) i ;
(3) _ (a + bi) = ( - a ) + ( - 6 ) i;
(4) (a + 6i) (c + di) = (ac — bd) + (ad + bc) i ;
(5) ~ si a + bi=£ 0, alors (a + 6i)~* =

D é m o n s t r a t i o n . Soit a + ôi = c + di. Si b = d, on a a = c.
Mais si b ^ d il s’ensuit que i = ÇR et ( b^-d ) = — ce
qui est impossible. Donc, le cas de b~^d est inacceptable. % étant
un corps, on a les égalités (2), (3) et (4).
150 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

Soit a + bi ^ 0. En vertu de (1) a ^ 0 ou b ^ 0 et a — bi =?£=0.


Etant donné que le produit de deux éléments quelconques non nuis
du corps % est différent de zéro, on a (a + bi) (a — bi) = a5 + bz
=£ 0. Par conséquent,
z , » .\_ i cl bi __ cl | ( “ ” 6) _
(a + bi) = at+f)t = ai+bi +",*+6* *• □
D éfinition. *On appelle corps numérique tout sous-corps d’un
corps des nombres complexes.
Tout corps numérique comporte un sous-corps des nombres ration­
nels. En effet, soit FF — {F, , -, 1) un corps numérique quel­
conque. Vu que 0, 1 Ç F et l ’ensemble F est clos relativement aux
opérations + , —, on en déduit que n = 1 + . . . + 1 Ç F et —n Ç F.
Donc, F contient tous les nombres entiers. L’ensemble F est fermé
par rapport à la division et, par suite, renferme tous les éléments de
la forme mn_1 notés min. Donc, F renferme l ’ensemble Q de tous les
nombres rationnels. L’ensemble Q est clos relativement aux opéra­
tions principales du corps 9F et tout élément non nul de Q est inver­
sible dans Q. Il s’ensuit que l ’algèbre <2. (â = <Q, + , —, -, 1),
est un sous-corps du corps FF■Par conséquent, le corps numérique FF
contient un sous-corps (2 des nombres rationnels.
D éfinition. On appelle anneau numérique tout sous-anneau d’un
corps'des nombres complexes.
Ainsi, par exemple, les anneaux Z , (2, % sont numériques.
Le sous-anneau du corps engendré par l’élément i et noté Z (il
est un corps numérique.
Nombres conjugués. Si z — a -f- bi, où o, b 6 R , alors le nombre
a —bi est noté z.
D éfinition. Les nombres complexes z = a + bi et z — a — bi
sont dits conjugués.
Rappelons que l’application isomorphe d’un corps sur lui-même
est appelée automorphisme du corps.
T héorème 7.6. Si z et z' sont des nombres complexes quelconques,
on a alors
(1) z-f- z' = z -f z' ;
(2 )' H z ) = —z ;
(3) z-z' = z-z' ;
(4) (!) ==z;
(5) z = z si et seulement si z £ R ;
(6) si z = a + alors z-z = a2 + b2.
La démonstration du théorème est laissée au soin du lecteur.
C orollaire 7.7. L'application d'un corps des nombres complexes %
en lui-même qui fait correspondre à tout nombre complexe z son conjugué
CORPS DES NOMBRES COMPLEXES 151

z est u n a u to m o rp h ism e d u co rp s î? q u i la isse in v a r ia n ts les n o m b res


réels.
i Module d’un nombre complexe. Introduisons la notion de module
d’un nombre complexe.
D é fin itio n . On appelle m o d u le d 'u n n o m b re co m p le x e a + b i
(a , b Ç R) la racine carrée arithmétique du nombre aa 4- b 2, c’est-à-
dire le nombre (a2 4- b2)1/2. Le module d’un nombre complexe
z = a + b i est noté | z | ou | a -f- b i |. Ainsi, par définition, | z |2 =
= a3 + b2.
Theoreme 7.8. P o u r to u s n o m b res co m p lex e s z e t u , on a
(1) | z | 2 = z-z;
(2) 1z | == 0 si e t se u lem en t s i z
(3) \ z u | = 1* H « |;
(4) |z - 2 | = | z |-1 p o u r z ^ O ;
(5) 1z + » K 1z | + | u |;
(6) 1Z 1 - - | u K * | z 4- » I ;
(7) 1 |Z | — | u | | < | z 4- u |.
D é m o n s t r a t i o n . (1) Si z = a + bi, z = a — bi et
z-z = a2 + b2 = | z |2.
(2) Si | z | = | a 4- bi | = 0 , alors | z |2 = a* + b2 = 0 . Mais
comme a e t b sont des nombres réels, il s’ensuit de a2 + b2 = 0 que
a = b = 0 , c ’est-à-dire que z — 0 .
(3) E n vertu de (1)
| zu |3 = (zu) (zu) = (zu) (zu) = (zz) (uu) = | z |2 | | u |2 =
- ( 1 * 1- 1 » I)2.
De l ’égalité | zu |2 = (| z |-1 u |)a on d éduit la form ule (3).
(4 ) Selon (3), pour z=£ 0
| z-z-1 | = | z |" | z-1 | = 1.
P a r suite, | z-1 | = | z | -1.
(5) |De (1) il vient
| z + 1 |2 = (z; + l).(z + 1) = | z |2 + z + 7 + 1.
De plus, si z = a - f bt, z + z = 2a ^ 2 (a2 + b2)1/2 = 2 | z |. Aussi
| z + 1 |2 ^ (| z | 4- l ) 2 ; par conséquent, | z + 1 | ^ | z | 4 - 1. E n
s ’a p p u y an t sur la form ule (3 ) et sur la dernière inégalité, on conclut
que pour u=^ 0
| z + u | = | u (zu~l + 1) | =s | u | | zu-1 + 1 | ^
< | u | ( | z u - 1 | 4- l ) = | u | ( | z | | u | - 2 + 1 ) .
Donc, | z 4 - u | ^ | z | 4 - | u | .
152 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. IV

(6) Vu que z = —u + (z + u) et | —u | = | u |, en vertu de


(5) \ z \ ^ \ - u \ + \ z + u \ = \ u \ + \ z + u \ . Donc, | z | -
— I u I < I z + U |.
(7) Puisque le nombre | | z | — | u | | est égal à | z | — | u | ou
| u | — | z |, l1inégalité (7) se déduit de l’inégalité (6). □
Interprétation géométrique des nombres complexes. A chaque nom­
bre complexe z = a + bi faisons correspondre un point M (a, b) du
plan (à système des coordonnées rectangulaire) d’abscisse a et d’or­
donnée b. Le point M (a, b) est dit affixe de a + bi.
Pour tous deux nombres complexes a + bi et c + di l ’égalité
a + bi = c + di n’a lieu que si et seulement si a = c et b = d.
Aussi l ’application associant à chaque nombre complexe a + bi
le point M (a, b) du plan des coordonnées constitue-t-elle une appli­
cation injective de l’ensemble C des nombres complexes sur l’ensemble
des points du plan des coordonnées. Le plan des coordonnées dont les
points sont la représentation géométrique des nombres complexes est
appelé plan complexe.
Soient r et cp les coordonnées polaires du point M (O est l ’origine,
Ox l ’axe polaire). Alors r = (a2 + 62)1/2, autrement dit, r est le
module du nombre complexe a + bi.
Les nombres réels sont représentés par des points de l ’axe des
abscisses; c’est justement pourquoi on appelle axe réel l ’axe des
abscisses. Les points de l ’axe des ordonnées représentent des nombres
purement imaginaires, c’est-à-dire des nombres de la forme bi, où
b Ç R, aussi l ’axe des ordonnées est-il nommé axe imaginaire.
Les nombres conjugués z e t z sont figurés par des points symétriques
par rapport à l’axe réel. Les nombres z et —z mutuellement opposés
sont représentés par des points symétriques par rapport à l ’origine
des coordonnées.
Les affixes des nombres complexes de même module r, r > 0,
se disposent sur un cercle de rayon r et ayant pour centre l ’origine
des coordonnées.
Représentons sur un plan complexe les nombres complexes zl =
= ax + z2 = a2 + b2iainsi que leur somme z3 = (aj + a2) +
+ (fej + b2) i par lespoints M 2 et M z respectivement.Le seg­
ment géométriquement orienté ÔMZ s’obtient à partir des segments
orientés OAfl et OM2 suivant la règle du parallélogramme.
Exercices
1. Chercher sur le plan les affixes des nombres complexes 1, i, 1 + i,
i _ i, —i — i, i + 1 y 3, Y z — i.
2. Soient donnés un nombre réel positif a et un nombre] complexe c. Cher­
cher Tensemble des points du plan constituant les affixes* des nombres com­
plexes z et qui satisfont aux conditions:
(a) | z | = a; (b) | z — c | = a ;
(c) \ z \ C a; (d) | z — c \ < a ;
5 8] FORME TRIGONOMÊTRIQUE D’UN NOMBRE COMPLEXE 153

(e) | s — 1 1 <[1 ; (f) | z — 1 — t | < V2;}


(g) | z - 1 1 + | * + 1 1 = 2.
3. Résoudre les équations:
(a) (1 — 3iz = 2 — i;
(b) z «2 — 2z = 3 — i ;
(c) z . r + 3 ( s - l ) = 4 + 3i;
(d) z-z + 3 (z + z) = 7;
(e) 2-2 + 3 (z + z) = 3i.
4. Montrer que pour tous nombres complexes z1 et z2 on al ’égalité
| zy + z* |2 + | Zj — z2 |2 = 2 (| z1 1* + | z2 l2).Quelleest 1*interprétation géo­
métrique de cette égalité?
5. Résoudre le système] d’équations:
(a) ix + (1 + i) y = 3 - i ; (1 - i) x - (6 - i) y = 4 ;
(b) (2 + 0 i - ( 3 + 0 ÿ = i ; (3 - i) i+ (2 + i)J= -L
6. Résoudre les équations (dans un corps des nombres complexes) :
(a) 22 — (4 + 3i) i + ' l + 5f = 0 ;
(b) z2 + 5z + 9 = 0 ;
(c) 22 + z + 1 + i = 0 ;
(d) ^ + 1 = 0 ;
(e) z* + 1 = 0 .
7. Démontrer que dans un corps des nombres complexes il n’existe qu’un
seul automorphisme différent de l ’automorphisme identique qui transforme de
nouveau les nombres réels en des nombres réels.
8. Démontrer que chaque anneau numérique contient un sous-anneau des
entiers.
9. Soit C! un ensemble de toutes les matrices carrées d’ordre deux de
l ’aspect à a et b réels. Démontrer que l ’a lg è b r e ^ , + , —, -,e>
du type (2, 1, 2, 0), où + , —, • sont des opérations banales sur les ma­
trices et *= £q | J est un corps isomorphe au corps des nombres [complexes.
10. Soit K un ensemble des nombres complexes de la forme m + ni à m
et n entiers. Montrer que l’algèbre (K, + , —, -, 1) est un domaine^d’inté­
grité (un anneau d’intégrité). Cet anneau est nommé anneau des entiers de Gauss.
11. Décrire un sous-corps d’un corps des nombres complexes engendré par
le nombre i et des nombres rationnels.

§ 8 . Forme trigonométrique d’un nombre complexe.


Extraction des racines à partir des nombres complexes
Forme trigonométrique d’un nombre complexe. A côté de la
forme algébrique du nombre complexe on utilise fréquemment la
forme trigonométrique.
P roposition 8.1. P our tous nombres réels x et y satisfaisant à la
condition
i) x 2 + r = i,
154 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IV

il existe un nombre réel unique 9 , tel que


(2 ) x = cos 9 , y = sin 9 , 0 ^ 9 < 2 ji.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que les nombres réels x et y
satisfont à la condition (1 ), alors on a
(3) | x | < 1.
Tout nombre réel satisfaisant à la condition (3) appartient au domaine
des valeurs de la fonction cos de l’intervalle fermé [0, ni. Il existe
donc un nombre réel 9 tel que
(4) x = cos 9 . 0 ^ 9 ^ n -
En vertu de (1) et (4) y- = sina 9 et y = ± s in 9 - Si y = sin 9 ,
posons 9 = 9 - Mais si y = —sin 9 , posons 9 = 2n — 9- En tout
cas le nombre réel 9 satisfait aux conditions (2 ).
Supposons que 6 est un nombre réel quelconque satisfaisant aux
conditions
(5) x = cos 0, y = sin 0, 0 ^ 0 < 2n.
Admettons que 0 ^ 9 , alors
sin ( 9 — 0 ) = sin 9 cos 0 — cos 9 sin 0 = yx — xy = 0 .
Or 0 ^ 9 — 0 •< 2n, aussi l ’égalité sin (9 — 0) = 0 n’a-t-elle lieu
que pour 9 — 0 = 0 ou 9 — 0 = n. Si 9 — 0 = it, cos 9 =
= —cos 0 = —x = —cos 9, sin 9 = —sin 0 = —y = —sin 9 ; à
partir des égalités cos 9 = —cos 9, sin 9 = —sin 9 il s’ensuit que
cos 9 = sin 9 = 0, ce qui est impossible. Donc, le cas où 9 — 0 = n
est impossible. Par conséquent, 9 — 0 = 0 et 9 = 0 . □
Thêoreme 8.2. Pour tout nombre complexe z autre que zéro il y a un
couple unique des nombres réels r et 9 tel que
(1 ) z = r (cos 9 + i sin 9 ), 0 < r, 0 ^ 9 < 2n.
D é m o n s t r a t i o n . S i r satisfait aux conditions (1), on a
alors | z |3 = r 3 (cos3 9 + sin 3 9 ) = r 3 et r = | z |. Il n’existe donc
pas plus d’un nombre réel r satisfaisant aux conditions (1 ).
Soit z = a + bi =£ 0, où a, b sont des nombres réels. Posons
r = (a3 + 6 3)1/2, r > 0. Alors (a/r) 3 + (&/r) 3 = 1. En vertu de la
proposition 8 . 1 il existe un nombre réel unique 9 satisfaisant aux
conditions
(2 ) air = cos 9 , b/r = sin 9 , 0 ^ 9 < 2 ji.

Comme r > 0 et z — r + i) 1 il s’ensuit de (2)

(3) z = r (cos 9 + i sin 9 ), 0^ 9 < 2jï.


5 8] FORME TRIGONOMETRIQUE D’UN NOMBRE COMPLEXE 155

D ’un au tre côté, de (3) se déduisent les égalités a + bi = r cos <p 4*


+ r s i n<p- t , a = r cos 9, b = r sin 9. Donc, les conditions (2)
découlent des conditions (3). P a r suite, les conditions (2 ) e t (3)
sont équipotentes pour r > 0 . Il n ’existe donc q u ’un couple unique
des nombres réels satisfaisant aux conditions (1). □
D éfin itio n . On appelle forme trigonométrique du nombre complexe
z sa représentation z = r (cos <p + i sin 9), où r et 9 sont des nom bres
réels e t r ^ 0.
T h êo re m e 8.3. Soient
(1) z = r (cos 9 + t sin 9), r > 0,
(2) z = rx (cos 1(3 + i sin 9 )» ri > 0,
deux représentations du nombre complexe z sous forme trigonométrique.
On a alors r = rx = \ z | et il y a un entier k tel que 9 — 9 = 2 nk.
D é m o n s t r a t i o n . On a é tab li dans le théorèm e 8.2 que de
(1) e t (2) s’ensuivent respectivem ent les égalités r = | z | e t rx = | z |
ou r = rx = | z |. Selon le théorèm e 6.3 il existe pour le couple de
nombres 9 et 2n un nombre réel a e t un entier m tels que
(3) 9 = 2 nm + a , 0 ^ a < 2n.
De façon analogue, pour les nombres 9 et 2n il existe un nombre réel P
et un entier n tels que
(4) 9 = 2 nn + P, 0 ^ p < 2ji.
Sur la base des form ules (1), (3), il vien t r = | z | e t
(5) z = | z | (cos a + i sin a).
En vertu des form ules (2), (4 ), on aboutit à rx = | z | et à
(6) z = | z | (cos p + * sin P).
Puisque | z j ^ 0 , à p a rtir de (5) et (6) on tire
(7) \sos a + i sin a = cos p + t sin p.
Comme 0 ^ a , p < 2« , selon le théorème 8 . 2 , on obtient de (7)
(8) a = p.
Sur la base de (3), (4 ) et (8 ) on conclut que 9 — ijj = 2 nk, où k =
= m — n. □
Thêorem e 8.4. Soient z = | z | (cos 9 + i sin 9 ), zx = | zx \ x
X (cos 9 + i sin 9 )» où 9 et 9 sonl ^es nombres réels, alors
(1) zzx = | z | | Zi | [cos (9 + 9 ) + i sin (9 + 9 )] ;
(2) -f- = - ^ r '[ c o s ( 9 — 9 ) + » s in ( 9 — 9)] pour zx=£ 0 ;
*1 1*11
(3) zn = | z |n (cos « 9 + i sin «9) pour tout n naturel ;
(4) (cos 9 + i sin 9)” = cos « 9 + 1 sin ntp.
156 PRINCIPAUX SYSTÈMES NUMÉRIQUES [CH. r v

D é m o n s t r a t i o n . En vertu de la distributivité de la
multiplication des nombres complexes par rapport à l ’addition, il
vient
z-zx = | z |-1 zx | [(cos <p cos op — sin (p sin op) +
+ (cos cp sin ip + cos ip sin (p) i]»
D’où s’ensuit la formule (1), puisque
cos <p cos Tp — sin (p sin ip = cos (<p + ip) ;
cos (p sin ip + cos op sin (p = sin (<p + op).
En vertu de la formule (1), on obtient
(cos ip + i sin \p) (cos (—*tp) + i sin (—ip)) =
= cos 0 + i sin 0 = 1,
et, par suite,
1
------ . , Tsm
cosip-H .—\p—= cos(\ — ip)
t / +i isin \( — ip),
r/*
et pour Z i^ O
= f —p (cos ( — il?) + i sin (—i|>)).
Par conséquent, selon la formule (1)
J- = 2 - J - = _^L.[cos(<p—I|)) + isin (<p— *)].
*1 *1 \z l\

La formule (3) se démontre par récurrence sur n en s’inspirant de


la formule (1). La formule (4) s’obtient à partir de la formule (3)
pour | z | = 1 . □
Les formules (3) et (4) sont nommées formules de Moivre.
Racines n-ièmes de l’unité. Soit n tout nombre naturel diffé­
rent de zéro.
D éfinition. Un nombre complexe w satisfaisant à la condition
wn = 1 est nommé racine n-ieme de Vunité.
T h éo rè m e 8.5. I l existe exactement n différentes racines n-ièmes
de Vunité qui s'obtiennent toutes par la formule
2 jt k
wh = cos — --- h* i sin
. 2 jt À*
—— avec ki = 0 , a
1,
a
. . . , n —1 .
D é m o n s t r a t i o n . Chacun des nombres wk constitue une
racine n-ième de l ’unité, car, selon la formule de Moivre,
= ^ c o s - ^ - + i s i n - ^ - j n = cos2ixA:+isin2jiA:==l.

Les nombres réels —— —— , • • -■ sont non négatifs,


inférieurs au nombre 2jt et diffèrent deux par deux. Donc, selon le
§ 8] FORME TRIGONOMÊTRIQUE D’UN NOMBRE COMPLEXE 157

théorème 8 .2 , les nombres complexes w0y wu . . ., wn-x diffèrent


deux par deux.
Il nous reste à montrer qu’une racine n-ième quelconque de l ’unité
appartient à l ’ensemble {u?0> wn • • •* ^n-iî- Selon le théorème 8.2
le nombre w peut être figuré sous la forme w = | w | (cos qp - h i sin <p)v
le nombre 'réel <p satisfaisant aux conditions

(1) 0 ^ qp < 2 ji .

Gomme wn = 1, | w |n = 1 et, selon le théorème 6.4, \w | = 1.


Par conséquent, w = cos qp + i sin cp. Selon la formule de Moivre
wn = cos nqp + i sin nqp. lAussi l ’égalité vf1 = 1 peut-elle être
écrite sous la forme
(2 ) cos rnp + i sin rnp = cos 0 + i sin 0 .
Selon le théorème 8.3, il s’ensuit de (2) que mp — 0 = 2nk pour un
entier A, par suite, <p = -^ - . En outre, en vertu de (1), 0 ^ <p =
= — < 2ji et, partant, 0 ^ A: < n. Donc,
2jiJe • . . 2nfc _ ^/ i .
w= C O S— — ht S in = w k 6{U70, wu□
C o r o l l a i r e 8 . 6 . Les points du plan complexe représentant les racines
n-ièmes de Vunité occupent les sommets d'un polygone régulier à n
angles inscrit dans le cercle de rayon unité et de centre à l'origine des
coordonnées, de plus, l'un des sommets se trouve au point (0 , 1 ).
D é f in itio n . Le nombre complexe w est appelé racine primitive
n-ième de Vunité (in ^ 1) si l ’ensemble des nombres {w0, œ1, . . ., u?71-1}
constitue un ensemble de toutes les solutions de l’équation zn = 1 .
C’est ainsi, par exemple, que pour tout n 1 naturel le nombre
wx* = cos -— n
h i sin — n
est, en vertu du théorème 8.5, la racine
primitive n-ième de l’unité.
Racines n-ièmes d’un nombre complexe arbitraire. La forme
trigonométrique d’un nombre complexe résout totalement le pro­
blème de l’extraction des racines des nombres complexes.
T h eo rê m e 8.7. Soient c = | c | ( c o s qp + i s i n cp) un nombre
complexe différent de zéro et n un nombre naturel non nul. I l y a n
racines n-ièmes distinctes du nombre c et, toutes, elles s'obtiennent à
l'aide de la formule

D é m o n s t r a t i on. Montrons qu’on a


(1 ) uk = u0wk, k = 0 , 1, . . ., n — 1 ,
158 PRINCIPAUX SYSTEMES NUMERIQUES [CH. IV

où wn, • . ., wn-i sont les racines n-ièmes de l'unité et


u0= lc l1/n (c o s -^ -+ is in -^ -).
En effet, en vertu de la formule de Moivre
uk = Ici1/" (cos-~--risin-5- j ^cos -^p - + isin ^ j = u0wh.

Chacun des nombres uk est une racine n-ième du nombre c, car, en


vertu de (1 ),
uj? = uju;* = u ô = (|c| 1/n)n ( cos -2 - + i sin -2 - =
= |c| (cos q>+ 1 sin <p) = c.
Si u est une racine n-ième arbitraire du nombre c, alors (uuô1)" =
= un (uô) -1 = cc-1 = 1. Donc,
uuô1 6 {u?0, • • •» U>n-l)
et en vertu de (1 )
w € {u„W0, . . ., U0Wn-i} = {u0, . . ., Un-i}.
Par conséquent, l’ensemble {u0, . . ., un_1} est l ’ensemble de toutes
les racines n-ièmes du nombre c. Cet ensemble contient exactement n
éléments distincts, vu que
{u0, . . . Un-i} = {«o^o» • • •» «o^n-lî»
u0 =t^= 0 et les nombres w0, . . u?n-i diffèrent deux par deux selon le
théorème 8 .2 ). □

Exercices

1. Représenter en forme trigonométrique les nombres complexes:

1. i, - i , - i , i + i , i —i, y 3+ i.

2. Chercher l'ensemble des points du plan représentant les nombres com­


plexes z pour lesquels:
(a) argz = 0 ; (b) argz = —■; (c) argz = Jt; (d) argz=— .

3. A quelles conditions le module de la somme de deux nombres complexes


est égal à la somme des modules des termes?
4. A quelles conditions le module de la somme de deux nombres complexes
est égal à la différence des modules des termes?
§ 8] FORME TRIGONOMÊTRIQUE D'UN NOMBRE COMPLEXE 159

5. Décrire les applications suivantes (C C) :


(a) z >-► z\ (b) z (z =£ 0); (c) z iz;
(d) z ►-* îz\ (e) z »-*• rz, où r est un nombre positif;
(f) z »-► (cos <p+i sin q>); (g) z »-* — z;
(b) 2 r (cos cp+ î sin q>); (i) z z**1.
2 ji
6. Soient u; = c o s-^ — |- i s i n —5- et n un nombre naturel. Calculer:
« O
a) (1 + u>)n; (b) w*+w*.
7. Calculer la somme -^-+cos x + co s 2 x + . . . + co s nx.

sin
n ± l x-sin -ç—
nx
2
8. Montrer que sin x + s in 2 x + .. . + s i n n x

9. Exprimer à l’aide de cos * et sin x :


(a) cos 5x ; (b) sin 5x ; (c) cos 6x ; (d) sin 6x ; (e) cos 8x.
10. Chercher les formules exprimant cos nx et sin nx à l ’aide de cos x
et sin x.
11. Exprimer en forme de polynôme trigonométrique du premier degré
de cosinus et de sinus d’angles multiples de x:
(a) sins x; (b) cos*x; (c) sin6 x; (d) cos6 x.
12. Trouver toutes les racines de l’unité d’indice:
(a) 2; (b) 3; (c) 6 ; (d) 8 ; (e) 12; (f) 24.
13. Trouver toutes les racines complexes des équations:
(a) i» + i = 0; (b) *» + 2 + 2i = 0 ; (c) ** + J + *^ = 0;
(d) s» + i = 0; (e) z* — 1 = 0 .
14. Trouver la somme et le produit de toutes les racines n-ièmes de 1.
2 ji 2 ji
15. Soit e = cos----- M sin — , où n est un entier positif. Montrer que
/l /l
le nombre complexe z est une racine primitive n-ième de l ’unité si et seulement
si 2 = em pour un nombre naturel m premier avec n.
16. Chercher les racines primitives d’indice:
(a) 2; (b) 3; (c) 4; (d) 5; (e) 6 ; (f) 8 ; (g) 12;(h)_24.
17. Chercher tous les nombres complexes satisfaisant à la condition " =
= z71-1, où n est un entier positif et z le conjugué de z.
18. Démontrer les affirmations suivantes:
(a) le produit de la racine m-ième de 1 par la racine n-ième de 1 est une
racine mn-ième de 1 ;
fb) si m et n sont premiers entre eux, il n’y a qu’un seul nombre complexe z
satisfaisant aux conditions zm = 1 et zn = 1 ;
(c) si les nombres m et n sont premiers entre eux, toutes les racines mn-ièmes
de 1 s’obtiennent alors par multiplication des racines m-ièmes de 1 par les raci­
nes n-ièmes de 1 ;
(d) si m et n sont premiers entre eux, le produit de la racine primitive
m-ième de 1 par la racine primitive n-ième de 1 est alors une racine primitive
mn-ième de 1 et réciproquement.
CHAPITRE V

ESPACES VECTORIELS ARITHM ÉTIQUES


ET SYSTEMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES

§ 1. Espaces vectoriels arithmétiques


Espace vectoriel arithmétique à n dimensions. Soient F un corps
de choix arbitraire, F = (F, + , —, •, 1 >, et F son ensemble de base.
Les*éléments de l’ensemble F sont appelés scalaires, F l’ensemble des
scalaires et .F le corps des scalaires. Soit n un nombre naturel fixé
autre que zéro.
D é f i n i t i o n . On appelle vecteur à n dimensions sur le corps F
tout cortège de n éléments du corps F . L’ensemble de tous les vec­
teurs à n dimensions sur le corps F est noté par le symbole Fn.
Généralement le vecteur est présenté sous forme d’une ligne ou
d’une colonne. Dans ce paragraphe on écrira le vecteur à n dimen­
sions en ligne
(®1 ®s> • • •» ®n),
où a „ a a, . . . . a„ 6 F.
Introduisons sur l ’ensemble des vecteurs à n dimensions sur le
corps la relation d’égalité, l’opération d’addition des vecteurs et
l ’opération de multiplication du vecteur par un scalaire.
D é f i n i t i o n . Les vecteurs («Xj, . . ., a„) et (plt . . ., P„) sont dits
égaux si a x = p l t . . ., a» = p „ . !
D é fin itio n . On a p p e l l e somme des vecteurs ( a x, . . . , a „ ) e t
(P i, . . ., P„) le v e c te u r ( a x + p lf . . . , a n + p „ ) , c ’e s t - à - d i r e

(ai, . . ., a„) + (Pi, . . ., P„) = (ai 4- Pi, . . ., a„ + Pn)-


D é fin itio n . On appelle produit d'un scalaire X par le vecteur
(ai, . . ., a„) le vecteur (Xau . . ., Xan), c’est-à-dire
X ( a i , . . ., a „ ) = ( X a x, . . ., Xan).
L’opération de multiplication par un scalaire X sera désignée
par le symbole ©*, c’est-à-dire
(ai, • • a„) = X (ax, . . ., a„).
Pour chaque X de1 F, a>\ est une opération singulaire sur l ’ensem­
ble F" des vecteurs à n dimensions.
§ »] ESPACES VECTORIELS ARITHMÉTIQUES 161

Le vecteur (0, . . . y 0) est appelé vecteur nul et noté 0. Un vecteur


nul est un élément neutre par rapport à l’addition.
Le vecteur (—1)•(<*!, . . ., a n) est dit vecteur opposé du vecteur
a = (<*!, . . a n) et est noté —a. Il va de soi que a + (—a) = 0.
D é f i n i t i o n . On appelle espace vectoriel arithmétique à n dimen­
sions sur le corps & l ’ensemble F* associé à l ’opération binaire d’ad­
dition et aux opérations singulaires oo*, autrement dit, l’algèbre
( r , + , k i u F}).
L’espace vectoriel arithmétique à n dimensions sur le corps &
est désigné par le symbole jp 1.
L’opération d’addition des vecteurs et les opérations singulaires
o)>. sont les opérations principales de l’espace vectoriel jFn.
T h é o r è m e 1 . 1 . Les opérations principales de Vespace vectoriel
sont douées des propriétés suivantes:
(1) Valgèbre {Fn, + , —}, où —a = (a) pour tout a de F71,
est un groupe abélien ;
(2 ) la multiplication par des scalaires est associative, c'est-à-dire
que («P) a = a (fia) pour tous a, $ de F et tout a de F*;
(3) la multiplication par un scalaire est distributive par rapport à
Vaddition, c'est-à-dire que a (a + b) = aa + ab pour tout a de F
et tous a, b de F71;
(4) la multiplication par un vecteur est distributive par rapport à
l'addition des scalaires, c'est-à-dire que (a 4 - P) a = aa 4 - pa pour
tous a, ^ de F et tout a de F*;
(5) 1-a = a pour tout a de F71.
D é m o n s t r a t i o n . Démontrons que l’algèbre (F1, -K —)
est un groupe commutatif. La commutativité de l’addition des vec­
teurs découle directement de la définition de l ’addition, ainsi que
du fait que est un corps. L’associativité de l’addition s’ensuit de
l ’associativité de l’addition des scalaires:

(a + b) + c = ((alt . . ., an) + (Pu - - •> Pn)) + (Yn •• •» Yn) =


= (ai 4* Pi» . • .» a n + pn) 4- (Yu • • -i Yn) =
= ((at + Pi) + Yl» • • •* (a n + Pn) + Yn) =
= (ax + (Pi 4- Yi)i • • •» a n + (Pn 4- Yn)) =
= (aj, • . ., a n) 4* ( P i 4" Yi» • • •» Pn f Yn) =
= a 4- (b 4- c).

Le vecteur 0 est un élément neutre par rapport à l’addition,


c’est-à-dire que a 4 - 0 = 0 4 - a = a pour tout vecteur a. Le vecteur
—a = (—a!, . . ., —a n) est l ’opposé du vecteur a, c’est-à-dire que
a 4- (—a) = 0 = (—a) 4- a. (F71, -f, —> est donc un groupe. Sa
commutativité se déduit de la commutativité de l’addition des
scalaires.
11-01762
162 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

On vérifie de même sans peine la validité des propriétés (2)-(5). □


Dépendance et indépendance linéaires d’un système de vecteurs.
Soient J f un corps des scalaires et F son ensemble de base. Soient
= jFn un espace vectoriel arithmétique à n dimensions sur JF
et alf . . ., a m un système quelconque de vecteurs de l’espace f '\
D é f i n i t i o n . On appelle combinaison linéaire du système des vecteurs
a m une somme de la forme X^j + . . . + X^™, où X1? . . .
. . ., Xm Ç F. Les scalaires Xt , . . ., Xm sont dits coefficients de la
combinaison linéaire. Une combinaison linéaire est dite non triviale
si au moins un de ses coefficients est différent de zéro. Elle est, par
contre, dite triviale si tous ses coefficients sont nuis.
D é f i n i t i o n . L’ensemble de toutes les combinaisons linéaires des
vecteurs du système at, . . ., a m est nommé enveloppe linéaire de ce
système et noté L (an . . ., a m). L’enveloppe linéaire d’un système
vide est un ensemble composé du vecteur nul.
JBref, [par définition,
L ( a l7 • • . , a m) = {X^a^ -|- X2a 2 “H . . . -h Xm a m | X j ,. . . , Xm Ç ^ } .
On constate sans peine que l’enveloppe linéaire d’un système
donné des vecteurs est fermée relativement aux opérations d’addition
des vecteurs et de multiplication des vecteurs par des scalaires.
D é f i n i t i o n . Un système des vecteurs al9 . . ., a m est dit linéaire­
ment indépendant (ou libre) si pour des scalaires quelconques Xj, . . .
. . ., Xm de l ’égalité X ^ + . . . + Xmam = 0 s’ensuivent les égalités
Xq = 0, . . ., Xm = 0. Un système des vecteurs vide est dit linéaire­
ment indépendant.
Autrement dit, un système des vecteurs fini est linéairement
indépendant si et seulement si toute combinaison linéaire non tri­
viale des vecteurs du système n’est pas égale au vecteur nul.
D é f i n i t i o n . Un système des vecteurs al9 . . ., a m est dit linéaire­
ment dépendant (ou lié) s’il existe des scalaires Xj, . . ., Xm non tous
nuis, tels que
^iai + • • • “(“ Xmam = 0.
Autrement dit, un système des vecteurs fini est dit linéairement
dépendant (lié) s’il existe une combinaison linéaire non triviale des
vecteurs du système égale au vecteur nul.
Le système des vecteurs
e1 = (1, 0, . . 0), e2 = (0, 1, 0, . . ., 0), . . .,
en = (0, 0-------- 0, 1)
est appelé système des vecteurs unités de l’espace vectoriel ^ n. Ce
système des vecteurs est linéairement indépendant. En effet, pour
tous scalaires Xlt . . ., Xn de l ’égalité X1e1 + . . . + X ^ = 0 on a
l ’égalité (X,, . . ., Xn) = 0 et, partant, les égalités Xx = 0, . . .
. . ., Xn = 0.
ESPACES VECTORIELS ARITHMETIQUES 1K3

Examinons les propriétés de dépendance et indépendance linéaires


d’un système des vecteurs.
P r o p r i é t é 1.1. Un système des vecteurs comportant un vecteur nul
est linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Si dans le système des vecteurs ax, . . .
. . ., a*, . . ., a m un des vecteurs, par exemple le vecteur a*, est nul,
la combinaison linéaire des vecteurs du système, dont tous les
coefficients sont nuis, excepté le coefficient associé à a*, est alors
égale au vecteur nul. Par conséquent, un tel système des vecteurs
est linéairement dépendant. □
P r o p r i é t é 1.2. Un système des vecteurs est linéairement dépendant
si un de ses sous-systèmes est linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Soit ax, . . ., aft un sous-système linéaire­
ment dépendant appartenant au système at1 . . ., a m, c’est-à-dire
qu’on a Xjaj + . . . + X*aft = 0 avec au moins un des coefficients
de X1? X2, . . ., Xft différent de zéro. Alors, X1a1 + • • • + X*aft +
+ 0 -a ft+1 + . . . + 0 -a m == 0. Donc, le système des vecteurs
alf . . ., a m est linéairement dépendant. □
C o r o l l a i r e . Tout sous-système du système linéairement indépendant
est lui-même linéairement indépendant.
P ropriété 1.3. Le système des vecteurs
(1) lllf u2, . . ., u m,
dans lequel ux ^ 0 est linéairement dépendant si et seulement si au
moins un des vecteurs u2, . . ., um constitue une combinaison linéaire
des vecteurs susmentionnés.
D é m o n s t r a t i o n . Soit le système (1) linéairement dé­
pendant et u2 =7^= 0. Il existe dans ce cas des scalaires Xlt . . ., Xm
non tous nuis, tels que
(2) X ^j + . . . + XmUm = 0.
Notons k le plus grand des nombres 1, 2, . . ., m satisfaisant à la
condition X* 0. On peut alors écrire l’égalité (2) sous la forme
(3) Xitij + . . . + X*uft = 0.
Remarquons que k > 1, car dans le cas contraire X2 = 0, . . ., Xm =•
= 0, = 0; donc, Xj = 0, vu que ux # 0. Il s’ensuit de (3)
l’égalité
u* = (—X^Xj) Uj + . . . + (—X-JXfc.j) u*-!.
Posons maintenant que le vecteur us, 1 < s ^ m, est une com­
binaison linéaire des vecteurs qui le précèdent, c’est-à-dire que
u, = XiUx + . . . + X g O n a alors X^j + . . . +
+ (—1) U, = 0, autrement dit, le sous-système ulf . . . . us du systè­
me (1) est linéairement dépendant. Par conséquent, selon la pro-
u*
164 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

priété 1.2, le système de départ (1) est également linéairement dé­


pendant. □
P ropriété 1.4. Si le système des vecteurs ulT . . u mest linéairement
indépendant, tandis que le système des vecteurs
(2) ul7 u 2î . . u m, v
est linéairement dépendant, alors le vecteur v peut être exprimé linéaire­
ment au moyen des vecteurs
(1) ux, . . u m,
et cela de façon unique.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse le système (2) est linéaire­
ment dépendant, c’est-à-dire qu’il existe des scalaires Xt, . . .,
X non tous nuis, tels que
(3) X1uJ + . - - + XmUm + kv = 0.
De plus X^=0, car pour X = 0 Xxux + . . . + Xmu m = 0, ce qui est
en contradiction avec l’indépendance linéaire du système (1). De
(3) s’ensuit l’égalité
v = (—X~lXx) ux + . . . + (— u m.
Si V = A*'U] + . . . + KnUm et V = P |U } + . . . + PmUm»
alors
( K — Ml) u l + • - • + (Kn — Mm) Um = 0 .
En vertu de l ’indépendance linéaire du système (1) il s’ensuit que
Ml = • • •? Mm = ^
Xi — Mu • • n = Mm- □
Propriété 1.5. Si u Ç L (vlf v2, . . ., vm) et vlt . . ., vm £
Ç L (wlt . . ., w8), on a alors u Ç L (wx, . . ., ws).
D é m o n s t r a t i o n . La condition u 6 L (v1? . . ., vm) signi­
fie qu’il existe des scalaires a t, . . ., a m, tels que
(1) u = c^Vj + . . . + a mv m.
La condition v* Ç L (wlf . . ., ws) signifie qu’il y a des scalaires
Xlh, tels que
(2) Vi = Xtlwx + . . . + Xtsvis (i = 1, . . m).
E n v e rtu de ( 1) et (2), il v ien t
u = a x (^n W! + . . . + XlBwa) -r . . . + a m (Xmxw1 + . . .
. . . + Xmswa) = ( a ^ n + . . . + OLmXml) wt + . . .
(0^1^15 4“ • • • 4”
c’est-à-dire que u 6 L (wlT . . ws). □
§1] ESPACES VECTORIELS ARITHMETIQUES 165

T h êo rê m e1.2. Si Von a
(1) Un . . ., u m+1 Ç L (V j, . . ., vm),
le système des vecteurs uly . . ., u m+1 est alors linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur m). Suppo­
sons que les vecteurs u4, . . ., um+1 ne sont pas nuis, car dans le cas
contraire le théorème devient évident. Posons m = 1 et ul7 u2 Ç
£ L (v^, c’est-à-dire que ux = av, et u2 = Pv^ Alors a ^ 0,
P #= 0 et + (—P"1) u2 = 0. Par conséquent, le système des
vecteurs ulf u2 est linéairement dépendant.
Supposons que le théorème est vrai pour m = n — 1 et démon­
trons que dans ce cas il se vérifie pour m = n. Soit Uj, . . ., un-M Ç
£ L (Vn . . ., vn), c’est-à-dire que
«1 = ^ llv l + • • • + ^ ln V n î

Un —XnlVj T •••"
T^nn^n »

U n+l “ ^n+ 1 ,1 ^ 1 4" • • • 4" ^n-M , u ^ n m


Si dans les seconds membres des égalités (2) tous les coefficients
associés à \ n sont nuis, on a alors u1? . . un Ç L (vlT . . ., v,,^)
et suivant l’hypothèse de récurrence le système des vecteurs iij, . . .
. . ., un est linéairement dépendant et, partant, l’est le système
ux, . . un, u„+1. Mais si au moins un des coefficients associés à vtt,
par exemple X„+lf est différent de zéro, on exclut alors le vecteur \ n
des n premières égalités. Et l’on aboutit ainsi à
U1 — P lu n+1 = ^ i i v l + • • • 4" n - lv n - l*

PnUn + i — ^ n i^ l 4" • • • 4" n -l^ n -l*


Suivant l’hypothèse de récurrence il s’ensuit de (3) que le système
des vecteurs ux — p!Un+1, . . ., un — pnun+1 est linéairement dé­
pendant. Il existe donc des scalaires . . ., Xn non tous nuis, tels que
^1 (ui PlUn+i) 4" • • • 4“ Ârn (Un PnUn+i) = 0
OU

4“ • • • 4" ^nUn 4” ^n+lUn+l = 0?


où Xn+1 = — (Xjpx 4- . . . 4“ X*pn). Par conséquent, le système
des vecteurs ulf . . ., un+1 est linéairement dépendant. □
C o r o l l a i r e 1.3. Si u1? . . ., uk 6 L (vl t .. ., vm) et k > m, alors
le système des vecteurs ut , . . ., u* est linéairement dépendant.
C o r o l l a i r e 1.4. Si ult . . ., uft 6 L (v1?. . . , vm) et le système des
vecteurs ulT . . ., uft est linéairement indépendant, on a alors k ^ nu
C o r o l l a i r e 1.5. Dans un espace vectoriel arithmétique à n dimen-
166 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

sions tout système composé de n — l ou plus de vecteurs est linéairement


dépendant.
Le corollaire 1.5 découle du théorème 1.2 vu que tout vecteur
(a1? . . ., a n) à n dimensions est une combinaison linéaire de vecteurs
unités e1? . . . . en :
(cti, . • ., 0Cn) = CCjej "7” ■ • • T" 6 L (©i* • • •» ©n)*
Systèmes des vecteurs équivalents. Introduisons sur un ensemble
des systèmes finis des vecteurs d’un espace vectoriel donné V l’opé­
ration binaire
D é f i n i t i o n . Soient S et T des systèmes des vecteurs; S ~ T si
chaque vecteur non nul d’un quelconque de ces systèmes peut être
représenté sous forme d'une combinaison linéaire de vecteurs de
l’autre système.
On vérifie sans peine que la relation binaire ~ est réflexive,
transitive et symétrique et, par suite, est une relation d’équivalence.
C’est pourquoi les systèmes de vecteurs S et T sont dits équivalents
si S ~~ T. Notons qu’un système des vecteurs vide est équivalent
aussi bien à un système des vecteurs vide qu’à un système composé
de vecteurs nuis.
Considérons quelques propriétés de systèmes équivalents des
vecteurs.
T h ê o r e m e 1.6. Deux systèmes des vecteurs sont équivalents si et
seulement si leurs enveloppes linéaires sont égales.
D é m o n s t r a t i o n . Soit S ~ T. Chaque vecteur du système
S appartient alors à l’ensemble L (T), tandis que chaque vecteur du
système T appartient à l’ensemble L (S). Aussi en vertu de la pro­
priété 1.5 L (S) œ. L (T) et L (T) cz L (5), c’est-à-dire L (S) =
= L (T).
Réciproquement: si L (S) = L (T), on a évidemment S ~ T. □
T h ê o r e m e 1.7. Si deux systèmes finis des vecteurs sont équivalents
et chacun d'eux est linéairement indépendant. alors les deux systèmes
sont composés d'un même nombre de vecteurs.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est évidemment vrai si les
deux systèmes des vecteurs sont vides. Soient ulT . . ., ur et \ l% . . .
. . ., vs deux systèmes équivalents non vides, chacun étant linéaire­
ment indépendant. Dans ce cas, en vertu du corollaire 1.4,
et 5 ^ r. Donc, r = s. □
D é f i n i t i o n . On appelle transformations élémentaires du système
fini des vecteurs les transformations suivantes:
(a) la multiplication d’un vecteur quelconque du système par un
scalaire non nul ;
(P) l’addition (la soustraction) à un des vecteurs du système d ’un
autre vecteur du système multiplié par un scalaire;
(Y) Texclusion du système ou l’inclusion dans le système d’un
vecteur nul.
§ 1] ESPACES VECTORIELS ARITHMÉTIQUES 167

Les transformations élémentaires (a) et (P) sont dites régulières


et la transformation (y) est nommée singulière.
T h é o r è m e 1.8. Si l'un des systèmes finis des vecteurs s'obtient de
Vautre système des vecteurs après une série de transformations élémen­
taires, ces deux systèmes sont équivalents.
D é m o n s t r a t i o n . Soit
(1) a1? a2, . . ., a m
le système des vecteurs de départ. Si l’on multiplie un des vecteurs
du système, par exemple le premier, par un scalaire X différent de
zéro, on obtient le système Xat, a2, . . ., a m équivalent au système
de départ.
Si l’on ajoute à l’un des vecteurs du système un autre vecteur
multiplié par un scalaire, par exemple, par addition au premier
vecteur d’un vecteur fc-ième multiplié par X, on obtient un système
at + ^a,t, a2, . . ., a m équivalent au système de départ.
En appliquant au système des vecteurs de départ la transforma­
tion ( y ) , on aboutit apparemment au système des vecteurs équiva­
lent au système de départ. Par suite, en vertu de la transitivité de
la relation d’équivalence, le système des vecteurs, obtenu du système
(1) par la série des transformations élémentaires, est équivalent au
système des vecteurs de départ (t). □
Base d’un système fini des vecteurs. Introduisons une des notions
fondamentales de la théorie des espaces vectoriels.
D é f i n i t i o n . On appelle base d'un système fini des vecteurs son
sous-système non vide linéairement indépendant qui lui est équiva­
lent.
Autrement dit, la base d’un système des vecteurs est son sous-
système non vide linéairement indépendant au moyen des vecteurs
duquel s’exprime linéairement chacun des vecteurs du système
donné.
T héorème 1.9. Un système fini des vecteurs comportant au moins
un vecteur non nul possède une base. Toutes deux bases d'un système
des vecteurs fini donné sont composées d'un même nombre de vecteurs.
D é m o n s t r a t i o n . Soit donné le système des vecteurs
(1) ux, . . uft, . . um,
comportant un vecteur non nul. Les vecteurs nuis peuvent être
exclus du système (1), car le système ainsi obtenu est équivalent à
celui de départ. On peut donc considérer que ux =j£ 0. Si le système
(1) est linéairement indépendant, c’est une base du système.
Si le système (1) est linéairement dépendant, alors, en vertu de la
propriété 1.3, il existe un vecteur, par exemple le vecteur uft, égal à
la combinaison linéaire des vecteurs qui le précèdent. Par consé­
quent, le sous-système
(2) Ulf • • •! Uft-l, Uft+l, • • .y um
1 68 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

est équivalent au système de départ et possède un vecteur non nul.


Si le système (2) est linéairement indépendant, il est une base du
système (1). Mais si le système (2) est linéairement dépendant, on
peut en exclure le vecteur constituant une combinaison linéaire des
vecteurs qui le précèdent, etc. Après un nombre fini d’éliminations,
on aboutit à un sous-système des vecteurs dont aucun ne peut être
exprimé linéairement au moyen des vecteurs précédents ; ce sous-
système est la base du système (1), car il est linéairement indépendant
et n’est pas vide (contient le vecteur Uj).
Soient vx, . . ., vr et wx, . . ., \v< deux bases du système des
vecteurs (1). Ces bases sont équivalentes, car chacune d’elles est
équivalente au système (1). Par conséquent, suivant le théorème 1.7,
ces bases sont composées d’un même nombre de vecteurs, c’est-à-dire
que r = s. □
Rang d’un système fini des vecteurs. Introduisons maintenant
la notion de rang d’un système des vecteurs.
D é f i n i t i o n . On appelle rang d'un système fini des vecteurs le
nombre de vecteurs inclus dans une base quelconque du système.
Le rang d’un système des vecteurs nuis et le rang d ’un système des
vecteurs vide sont égaux à zéro.
Considérons quelques propriétés du rang d’un système des vec­
teurs.
T h ê o r ê m e 1.10. Si ux, . . ., uk 6 L (v1? . . ., vm), le rang du
système des vecteurs ux, . . ., uh est inférieur ou égal au rang du système
des vecteurs vl7 v2, . . ., vm.
D é m o n s t r a t i o n . Si le premier système ux, . . ., uk est
composé de vecteurs nuis, son rang est alors égal à zéro et ne dépasse
donc pas celui du second système vx, . . ., vm. Supposons que le pre­
mier système comporte au moins un vecteur non nul. Alors par hypo­
thèse, il s’ensuit que le second système possède également des vec­
teurs non nuis. Donc, selon le théorème 1.9, ces systèmes ont chacun
une base. Supposons que ux, . . ., ur est la base du premier système,
tandis que vx, . . ., vs la base du second système. Mais alors le
système vx, . . ., v5 est équivalent au système vl7 . . ., v m et, en
vertu du théorème 1.6,
L (vx, . . vm) — L (Vj, . . v,).
En outre, par hypothèse, ux, . . ., u* 6 L (vlf . . vm), aussi
a-t-on Uj, . . ., ur 6 L (vx, . . ., v5).
Selon le corollaire 1.4 et en vertu de l’indépendance linéaire du
système des vecteurs ux, . . ., ur il s’ensuit que r ^ s. Donc, le rang
du premier système des vecteurs n’est pas supérieur à celui du second
système. □
P r o p o s i t i o n 1.11. Le rang de tout sous-système du système fini des
vecteurs n'est pas supérieur au rang du système entier.
§1] ESPACES VECTORIELS ARITHMÉTIQUES 169

D é m o n s t r a t i o n . Cette affirmation est évidemment vraie


si le sous-système est vide. Si le sous-système n’est pas vide, la
proposition 1.11 découle directement du théorème 1.10. □
P roposition 1.12. Des systèmes finis équivalents des vecteurs ont
un même rang.
Cette proposition découle du théorème 1.10.
P roposition 1.13. Le rang de tout système fini des vecteurs d'un
espace vectoriel arithmétique à n dimensions est inférieur à n.
D é m o n s t r a t i o n . Soient ex, . . ., en les vecteurs unités
de l’espace vectoriel arithmétique ^ rn. Tout système ax, . . ., a m
des vecteurs de cet espace est contenu dans l’enveloppe linéaire des
vecteurs unitaires a,, . . a m Ç L (ex, . . en) = P 1. Donc, en vertu
du théorème 1.10, le rang du système des vecteurs ax, . . a m ne
peut dépasser n. □
P roposition 1.14. Si un système fini des vecteurs possède le rang r,
tout sous-système de ce dernier composé de k vecteurs avec k > r est
alors linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Cette affirmation est apparemment vraie
si le système est composé de vecteurs nuis. Posons que vx, . . vm
soit un système des vecteurs donné, vx, . . ., v r sa base, u,, . . u*
le sous-système du système donné; on a alors
uif . • -y u* 6 L (vlf . • vr) = L (Vj, • • vm).
En vertu du corollaire 1.3 pour A: > r il s’ensuit que le système des
vecteurs ux, . . ., uk est linéairement dépendant. □
P roposition 1.15. Supposons que le rang du système des vecteurs

(1) ax, . . ., a m

soit égal au rang du système des vecteurs


(2) ax, . . .y amt b.

On peut alors représenter le vecteur b sous forme d'une combinaison


linéaire des vecteurs du système (1).
D é m o n s t r a t i o n . La proposition est évidemment vraie si
les rangs des systèmes (1) et (2) sont égaux à zéro. Supposons que le
rang r du système (1) est différent de zéro et ax, . . a r est la base
du système (1). Comme, par hypothèse, le rang du système (2) est
aussi égal à r, son sous-système ax, . . ., a r, b est linéairement dépen­
dant. Il s’ensuit, en vertu du corollaire 1.4, que b 6 L (ax, . . a r).
Donc, b Ç L (ax, . . ., a m), autrement dit, il existe des scalaires
Xx, . . ., Âm tels que

b — Xxa^ “f" • • • “1“ 1H


170 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’EQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

Exercices
1. Soient (a, p) et (y, ô) des vecteurs de l'espace Montrer que ces
vecteurs sont linéairement dépendants si et seulement si aô — (fy = 0 .
2. Montrer que les vecteurs arithmétiques à n dimensions a et b sont linéaire­
ment dépendants si et seulement si a et b sont proportionnels, c'est-à-dire que
pour un scalaire X,on a a = Xb ou b = X.a.
3. A quelles conditions doivent satisfaire les scalaires P et y pour que les
vecteurs (a. p) et (a, y) soient linéairement dépendants?
4. Démontrer que si à un système des vecteurs linéairement indépendants
ap . . am on adjoint à gauche ou à droite un vecteur quelconque b, dans le
système obtenu un seul vecteur au maximum s’exprimera linéairement au moyen
des vecteurs qui le précèdent.
5. Soient a1? . . ., am et bp bm deux systèmes des vecteurs linéaire-
ment indépendants. Démontrer que si alt . . . » am 6 L (bp bm), on
a alors bp . . ., bm 6 L (ap . . ., am). _
6. Soient /r = T_%un corps résiduel raodulo 2 et l'0 = . ^ n. Montrer que
a + a = 0 pour tout vecteur a 6 V = Fn.
7. Soient & = 2 3 un corps des classes résiduelles modulo 3 et T'0 = ^ n.
Montrer que a + a + a = 0 pour tout vecteur a 6 K.
8. Soient & = X3 un corps des classes résiduelles modulo 3 et n un entier
positif. Combien de vecteurs contient l'espace vectoriel > n ?
9. Quand un système des vecteurs possède-t-il une base unique?
10. Démontrer que tout sous-systèine r des vecteurs linéairement indé­
pendants d*un système des vecteurs de rang r est une base du système.
11. Soit ap . . ., am un système des vecteurs linéairement indépendants.
Démontrer que b £ L (alî . . ., am) si et seulement si le système des vecteurs
a 1..........am, b est linéairement dépendant.
12. Démontrer que b 6 £ (ap . . ., am) si et seulement si le rang du sys­
tème des vecteurs ap . . ., am est égal à celui du système des vecteurs alv . . .
• • m 8jjj, b.
13. Démontrer que deux systèmes des vecteurs non vides équivalents
linéairement indépendants renferment le même nombre de vecteurs.
14. Montrer que si deux systèmes des vecteurs ont un même rang et les
vecteurs d'un des systèmes s’expriment linéairement en fonction des vecteurs
de l'autre, ces deux systèmes sont équivalents.

§ 2.] Systèmes d’équations linéaires


Implications du système d’équations linéaires. Partout plus bas
est un corps, un corps des scalaires.
Définition. On appelle s y s tè m e d ' é q u a t io n s l in é a ir e s s u r le c o r p s &
à v a r ia b le s x l , . . ., x n le système de la forme
“T • • • "t“ ^ 1 n x n — Pl?

« m t * ! - f • • • “T" ® m n ^n = Pm?

OÙ a ih , p j 6 F -
Ce système de m équations linéaires sera noté sous la forme
(1) ctilxl -r • • • -f a /nx„ = P, (i = 1, . . m).
Le système d’équations linéaires (1) constitue le prédicat (la con­
dition) à n variables libres x1? . . ., xn. Les valeurs spécifiées des
SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES 171

variables libres sont considérées partout plus loin comme des élé­
ments du corps des scalaires .F . Ce prédicat n-aire est une con­
jonction de m prédicats rc-aires plus simples définis chacun par Tune
des équations du système (1).
D é f i n i t i o n . Le vecteur ( | 1? . . £n) de Fn est dit solution du
système d'équations (1) si sont vraies les égalités
«<i?i -f • • • — a inH„ = P, (i = 1, . . m).
Définition. Un système d’équations linéaires est dit compatible
s’il possède au moins une solution. Il est dit incompatible s’il est
démuni de solutions, c’est-à-dire que l’ensemble de toutes ses solu­
tions est vide.
A côté du système (1) considérons le système (sur .F)
(2) Y,-i*i — • • • 4- Yin*n = 6 / (i = I, . . s).
Notons qu'un système d’équations linéaires peut ne comporter qu'une
équation.
D éfinition. Le système d’équations (2) est dit implication du
système d'équations (1) si chaque solution du système (1) est égale­
ment une solution du système (2).
La notation (1) => (2) signifie que le système (2) est une implica­
tion du système (1).
Tout système d’équations linéaires (sur % F) à n variables cons­
titue une implication du système d'équations incompatible (sur .F)
aux memes variables.
Le système d’équations linéaires (2) est une implication du
système d’équations (1) si et seulement si l’ensemble de toutes les
solutions du système (1) est un sous-ensemble de l’ensemble de toutes
les solutions de (2).
On constate sans peine que la relation binaire d’implication sur
un ensemble de systèmes d'équations linéaires (sur .r ) est réflexive
et transitive, c’est-à-dire est une relation de préordre.
D é f i n i t i o n . L’équation linéaire

( X jG C n “T" • • • “T • • • “T ~T~ . . . ~r~ X m CLm n ) X n =

= ^lPl T • • • “T ^mPm»
où Jij. . . ., k m sont des éléments arbitraires du corps 3 est appelée
combinaison linéaire d'équations du système (1) à coefficients ...
• • ••
P r o p o s i t i o n 2.1. Toute combinaison linéaire d'équations linéaires
du système d'équations (1) est une implication de ce système.
La démonstration de cette proposition est laissée au soin du
lecteui.
Systèmes équipotents d’équations linéaires et transformations élé­
mentaires du système. On étudie plus loin les systèmes d ’équations
linéaires sur le corps jF à n variables x ^..., x n.
172 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’EQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

D é f i n i t i o n . Deux systèmes d'équations linéaires sont dits équipo-


tents si chaque solution de l’un quelconque de ces systèmes est une
solution de l’autre système.
Les propositions suivantes établissent les propriétés de l’équipo­
tence découlant de la définition de l’équipotence, ainsi que des
propriétés susmentionnées de l’implication des systèmes.
P r o p o s i t i o n 2.2. Deux systèmes d'équations linéaires sont équipo-
tents si et seulement si chacun de ces systèmes est une implication de
Vautre système.
P r o p o s i t i o n 2.3. Deux systèmes d'équations linéaires sont équipo-
tents si et seulement si Vensemble de toutes les solutions de Vun des
systèmes coïncide avec l'ensemble de toutes les solutions de Vautre
système.
P r o p o s i t i o n 2.4. Deux systèmes d'équations linéaires sont équipo-
tents si et seulement si sont équipotents les prédicats définis par ces
systèmes.
D é f i n i t i o n . On appelle transformations élémentaires d'un système
d'équations linéaires les transformations suivantes:
(a) la multiplication des deux membres d’une équation quelcon­
que du système par un scalaire autre que zéro;
(p) l’addition (la soustraction) aux deux membres d’une équa­
tion quelconque du système de membres correspondants d'une
autre équation du système multipliés par un scalaire;
(y) l’élimination du système ou l’adjonction au système d’une
équation linéaire à coefficients nuis et à terme libre nul.
T h e o r ê m e 2.5. Si un système d'équations linéaires s'obtient d'un
autre système d'équations linéaires au bout d'une série de transforma­
tions élémentaires, les deux systèmes sont équipotents.
D é m o n s t r a t i o n . Soit donné un système

« 11*1 + - • • + « ln * n = Pi»
d) .................................................
« m l* i “f" • • • “!" «m n *n = Pm*

Si l’on multiplie l’une de ses équations, par exemple la première,


par un scalaire X différent de zéro, on obtient le système

 an X j + . . . + = *Pn
( 2)

® m i*i “t" • • • + «m n *n = Pm*

Chaque solution du système (1) est également une solution du systè­


me (2). Et réciproquement: si (Elf . . £n) est une solution quel-
SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES 173

conque du système (2), c’est-à-dire


^a n£i + - • • + halnl n = ^Pi,

^rnl^i ~f" • • • “1" ^mn^n Pm»


alors en multipliant la première égalité par Ji"1 et en ne faisant pas
varier les égalités suivantes on obtient des égalités montrant que
le vecteur £n) est une solution du système (1). Donc,
le système (2) est équipotent au système initial (1). D’une manière
aussi aisée on vérifie qu’en appliquant une seule fois au système (1)
la transformation élémentaire ( p ) ou ( y ) , on aboutit au système
équipotent au système initial (1). Vu que la relation d’équipotence
est transitive, une application multiple des transformations élé­
mentaires donne un système d’équations équipotent au système
initial (1). □
Corollaire 2.6. Si à l'une des équations du système d'équations
linéaires on ajoute une combinaison linéaire d'autres équations du
système, on aboutit à un système d'équations équipotent au système
de départ.
Corollaire 2.7. Si Von élimine du système d'équations linéaires
ou si Von adjoint à ce système une équation constituant une combinaison
linéaire d'autres équations du système, on obtient alors un système
d'équations équipotent à celui de départ.
Egalité de rangs des lignes et des colonnes de la matrice. Soit Ÿ
un corps. Le tableau de la forme

où aik 6 F, est appelé matrice associé au corps & ou matrice m X n


sur Sr. Introduisons les notations suivantes pour les lignes et les
colonnes d’une matrice : la i-ème ligne de la matrice est notée
A t = [afl, . . la t-ième colonne de la matrice est
notée A k :

Ah
_^mk _
Les lignes de la matrice A peuvent être assimilées à des vecteurs
arithmétiques à n dimensions sur .F. Les colonnes de la matrice A
peuvent être prises pour des vecteurs à m dimensions sur J r.
D é f i n i t i o n . On appelle rang de la ligne de la matrice A le rang
du système de ses lignes A x, . . ., A m assimilées à des vecteurs de
174 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

dimension n sur jF. On nomme rang de la colonne de la matrice A


le rang du système de ses colonnes A \ . . ., A n, prises pour des
vecteurs de dimension m sur JF.
Le rang de la ligne de la matrice A est noté r (j4), celui de la
colonne p (-4).
La matrice obtenue de la matrice A par substitution à ses lignes
des colonnes correspondantes est dite transposée de A et notée xA y
«m l
*A =

Par les symboles r (*A) et p (lA) on désigne respectivement les


rangs des lignes et des colonnes de la matrice %
A.
Soit
«11^1 "4“ •••"!" «m^n —
(1 ) ...................................................................

a mi*l + • . ■ + = 0
un système homogène d'équations linéaires. La matrice A
«11 - • • «ln I

_«mi • • •
est appelée matrice ou matrice fondamentale (ou de base) du système
d'équations (1).
T h ê o r ê m e 2.8. Si un système homogène d'équations linéaires sur
un corps
«11^1 "t“ • • • «ln^n = 0,
(1 ) ........................................................................

«ml^l “I” • • • “h «mn^n — 0


aux variables . . ., Xn est équipotent au système
« 11^1 • • • + ctinXn = 0,
( 2) ....................................................................

composé des k premières équations du système (1), les rangs des colonnes
des matrices de ces systèmes sont alors égaux.
S Y S T È M E S D 'É Q U A T I O N S L I N É A I R E S 175

D é m o n s t r a t i o n . Soient A et A les matrices des systèmes


d’équations (1) et (2) respectivement. Si A est une matrice nulle,
alors tout vecteur de F71 est une solution du système (2). En vertu
de l ’équipotence des systèmes (1) et (2), il s’ensuit que chaque vec­
teur de F71 est une solution du système (1). Donc, la matrice A est
nulle et son rang est zéro.
Admettons maintenant que A est une matrice non nulle et que
(3) A 1..........Âr
est une base du système des colonnes de la matrice A . Alors en
vertu de l’équipotence des systèmes (1) et (2) le système A1, . . ., A T
des r premières colonnes de la matrice A est linéairement indépen­
dant. Si le système des colonnes A1, . . ., Ar, A* est
linéairement dépendant. Dans le cas contraire, en vertu de l’équipo-
tence de (1) et (2) le système A1, . . Ar, A* des colonnes de la
matrice A serait linéairement indépendant, ce qui contredirait
l’hypothèse (3). Le système A1, . . ., Ar est donc la base du système
des colonnes de la matrice A. Par conséquent, les rangs des colonnes
des matrices A et A sont les mêmes. □
T h é o r è m e 2.9. Le rang de la ligne d'une matrice est égal au rang
de sa colonne.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est apparemment vrai pour
des matrices nulles. Supposons que A = || a ik || est une matrice
non nulle sur le corps & et que ses r premières lignes forment la
base du système des lignes de cette matrice. Considérons un système
homogène d’équations linéaires sur JF
®1I^1 ~f" • • • "f* a irA n = 0,

(1 ) a r l7^ + . . . + <*rnK = 0,

^ml^i “h • • • "t" —9
par rapport aux variables Xj, . . Àn pour lequel A est une matrice.
Considérons également un système homogène
®11^1 “1“ • ••"}" ^ln^Ti = 9,
(2) ......................................
^rlAl H” • • • TŒrn^n = 0,
composé des r premières équations du système (1) ; désignons sa
matrice par A. Comme les r premières lignes de la matrice A consti­
tuent la base du système de ses lignes, chaque équation du systè­
me (1) est donc une combinaison linéaire des équations du systè-
176 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

me (2). Donc, les systèmes d’équations (1) et (2) sont équipotents.


Selon le théorème 2.8 il s’ensuit de l ’équipotence des systèmes (1)
et (2) l’égalité des rangs des colonnes des matrices de ces systèmes,
c’est-à-dire
(3) P ( A ) = p (Â).
Puisque les colonnes de la matrice A constituent des vecteurs de
dimension r sur jF, selon le corollaire 1.6 p (4) ^ r = r (4). Donc,
en vertu de (3), on a
(4) p (A )^r(A ).
Une inégalité analogue s’obtient également pour la matrice trans­
posée lA, c’est-à-dire qu’on a
(5) p ( U ) < r ( U ) .
On voit sans peine que p (lA) = r (A), r (M) = p (A ). D’où en
vertu de (5), il vient
(6) r(A )^p(A ).
Sur la base de (4) et (6) on conclut que r (A) = p (4). □
Critère de compatibilité du système d’équations linéaires. Consi­
dérons un système d’équations linéaires sur le corps & :
{1 ) &li% i “f" • • • + ®in^n = Pi (î = 1» • • •» Tït)m
Les matrices

sont appelées respectivement matrices fondamentale et complète du


système d’équations (1). Le vecteur b
rP t 1
b=
LPmJ
est nommé colonne des termes libres.
Considérons l’équation (sur le corps .F)
(2) xtA 1+ . . . + xnA n = b,
où A 1, . . A n est le vecteur colonne de la matrice A .
T héorèm e 2.10. L'équation (2) est équipotente au système d'équa­
tions (1).
SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES 177

Démonstration. Soit (£t, . . ., £n) toute solution du


système (1), c’est-à-dire
(3) a.it» + . . . + a = p, (i = 1, . . m).
Compte tenu de
T • • • "H ®ln£n
...................................
«m lll + . . • + a mn5n
les égalités (3) peuvent être écrites en une seule égalité
(2') l xA l + .. . T lnAn = b.
Et, réciproquement: supposons que le vecteur (glt . . £n)
est solution de l’équation (2), c’est-à-dire qu’on a l’égalité (2').
Alors, en vertu de (4), à partir de (2') s’ensuivent les égalités (3).
Ainsi, toute solution de l’équation (2) est solution du système (1).
Par conséquent, l’équation (2) est équipotente au système d’équa­
tions (1). □
C o r o l l a i r e 2.11. Un système homogène d'équations linéaires

a a*! + . . . + a lnxn = 0 (i = 1, . . ., m)
est équipotent à l'équation
XiA1 + . . . + xnA n = 0,
oh 0 est le vecteur colonne nul à m dimensions.
L’équation (2) est appelée forme vectorielle de notation du système
d'équations linéaires (1).
T h é o r è m e 2.12. Soient A et B respectivement les matrices fonda-
mentale et complète du système d'équations linéaires (1). Les affirma-
tions suivantes sont êquipotentes:
I. Le système d'équations linéaires (1) est compatible.
II. L'équation (2) admet une solution (sur le corps ,¥).
III. Le vecteur b est une combinaison linéaire des colonnes de la
matrice A y c’est-à-dire b Ç L (A1, . . ., A n).
IV. Les rangs des colonnes (des lignes) des matrices A et B sont
égaux, r (A) = r (B).
D é m o n s t r a t i o n . En vertu de théorème 2.10 l’affirma­
tion I entraîne l’affirmation II.
Si l’équation (2) a une solution, le vecteur b peut alors être
représenté sous forme d’une combinaison linéaire (avec coefficients
du corps .F) des colonnes de la matrice A . Par conséquent, III s’ensuit
de II.
Si b 6 L (A1, . . ., A n), le système des colonnes A 1, . . ., A n
de la matrice A est équivalent au système des colonnes A 1, . . ., A n,
b de la matrice B . Selon la proposition 1.12 cela entraîne l’égalité
12—01762
178 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

des rangs des colonnes des matrices A et fi. Donc, l'affirmation III
implique IV.
Supposons que les rangs des colonnes des matrices A et B sont
les mêmes. Dans ce cas la base du système des colonnes de la matri­
ce A est aussi une base du système des colonnes de la matrice B.
Par conséquent, b 6 L (.A 1, . . ., An), c’est-à-dire qu’il existe des
scalaires . . ., Xn Ç F tels que K^A1 + . . . + A,nAn = b- Cette
dernière égalité traduit que le vecteur (X1? . . ., Xn) est solution
de l’équation (2) et, en vertu du théorème 2.10, solution du système
d’équations (1). Ainsi, de l’assertion IV s’ensuit l ’assertion I. Par
conséquent, les assertions I, II, III et IV sont équipotentes. □
T héorème 2.13 (de K ronecker-C apelli ). Un système d'équa­
tions linéaires est compatible si et seulement si le rang de la matrice
fondamentale est égal à celui de la matrice complète.
Ce théorème découle directement du théorème précédent.
Corollaire 2.14. Si le rang de la matrice d'un système d'équations
linéaires est égal au nombre d'équations du système, ce système d'équa­
tions est compatible.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A et B respectivement les
matrices fondamentale et complète du système de m équations linéai­
res à n variables. On a alors p (fi) p (A) = m. D’autre part,
p (fi) <1 /n, car la matrice fi possède m lignes. Par suite, p (fi) =
= p (A). Donc, selon le théorème 2.13, le système considéré d’équa­
tions linéaiies est compatible. □
Connexion entre les solutions d’un système linéaire inhomogène
et les solutions d’un système homogène qui lui est associé. Soit donné
un système linéaire inhomogène
(1 ) ΠijX j + . . . + a inX n = P| (i = 1, . . 77l)
sur le corps jF. Le système d’équations linéaires
(2) “f" . . . 4" GC/nXn = 0 (i = 1, • • «y 77l)
est dit système homogène associé au système (1).
Soient L l’ensemble de toutes les solutions du système homogè­
ne (2) et c une solution quelconque du système (1). L’ensemble
{c + d | d 6 L) sera noté c + L :
c + L = {c + d | d 6 L).
P r o p o s i t i o n 2.15. Si la solution du système inhomogène (1) est
additionnée à la solution du système homogène (2), on obtient la solution
du système (1).
D é m o n s t r a t i o n . Soient (ylt . . ., yn) la solution du
système (1) et (ôj, . . ., ôn) la solution du système (2), autrement
dit,
a ilYl + •- • + BbiYn = Pi ( i = 1 , . . 77l),

“f" . - • + = 0 (î = ly • • m).
§ 2] SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES 179

En additionnant terme à terme ces égalités on obtient les égalités


«Il (Yi + ôi) + • • • + (Yn + 6„) = P i (i = 1, . . ., rri),
qui montrent que le vecteur (Yi + ôl7 - - -» Yn + ^n) est une solu­
tion du système (1). □
P roposition 2.16. La différence entre deux solutions quelconques
du système inhomogène d'équations linéaires est une solution du système
homogène associé à lui.
D é m o n s t r a t i o n . Soient . . ., yn) et (y', . . ., y’n)
des solutions du système inhomogène d'équations (1), autrement dit,
«iiYi + - . . + a lnyn = Pj (i = 1, . . ., m),
a.lYi + • • • + CCinYn = p« (i = 1, . . m).
En soustrayant terme à terme, on aboutit aux égalités
«il (Yl — YO + • • • + a in (Yn — Yn) = 0 (î = 1, . . ., 7tt),
qui montrent que le vecteur (Yi — Yi* - - -» Yn — Yn) est solution
du système homogène d'équations (2). □
T hêorême 2.17. Soient c Za solution du système inhomogène d'équa­
tions linéaires (1) et L l'ensemble de toutes les solutions du système
homogène (2) associé au système (1). Dans ce cas c + L est l'ensemble
de toutes les solutions du système (1).
D é m o n s t r a t i o n . Soient M l'ensemble de toutes les
solutions du système (1) et c Ç M. Chaque élément de l’ensemble
c + L peut se représenter en forme de somme c + 1, où 1 Ç L.
En vertu de la proposition 2.15, c + 1 6 M. Donc,
(3) c + L c= M .
L'inclusion inverse est également vraie. En effet, si d est une
solution quelconque du système (1), c Ç M, alors, en vertu de la
proposition 2.16, d — c 6 L. Donc, o n a d Ç c + L; par conséquent,
(4) M c c + L.
Sur la base de (3) et (4) on conclut que M = c + L. □
Corollaire 2.18. Un système d'équations linéaires inhomogène
compatible admet une solution unique si et seulement si le système
d'équations homogène qui lui est associé a une solution unique (nulle).
Corollaire 2.19. Si deux systèmes inhomogènes d'équations linéaires
(sur le corps $r) a n variables xu . . ., xn sont compatibles et équipo-
tents, les systèmes homogènes d'équations qui leur sont associés sont
également équipotents.
Théorèmes impliqués par un système d’équations linéaires. Con­
sidérons le système d'équations linéaires
(I) a 4lx, + . . . + a lnxn = Pi (i = 1, . . m)
12*
180 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

sur le corps jF. L’équation linéaire


(II) y XX X + . . - + yn*n = P,
où Yj, . . Yn 6 F est appelée implication du système (I) si chaque
solution du système (I) est solution de cette équation.
Selon la proposition 2.1, toute combinaison linéaire (à coeffi­
cients du corps jF) d’équations du système (I) est une implication
de ce système. Est-ce que la réciproque est vraie? La réponse
à cette question nous est fournie par les théorèmes suivants.
T h é o r è m e 2.20. L'équation linéaire

(2) YlXl • • • ~T Yn%n =


qui est une implication du système homogène d'équations
(1) ”1“ • • • ^ 1» •••» ^)t
constitue une combinaison linéaire d'équations de ce système.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, l’équation (2) est P im­
plication du système (1). Donc, le système
a u X i “ f- • • • “T & i n £ n =

^^ ^ml^l ”!“ . . . "T = 0,


Yl^l “t” • • • T~ yn%n = 0
est équipotent au système (1). Selon les théorèmes 2.8 et 2.9 il
s’ensuit que le rang de la matrice A du système (1) est égal à celui
de la matrice A du système (3). Aussi si c = (yi, . . . » Y»)» a-t-on
rang {At , . . A m, c} = rang {Ax, . . ., A m},
où Ai est la i-ième ligne de la matrice A. Sur la base de cette égalité
on conclut que c est une combinaison linéaire des lignes A x, . . ., A m
de la matrice A . Par conséquent, l’équation (2) est une combinaison
linéaire d’équations du système (1). □
T h é o r è m e 2.21. Deux systèmes homogènes d'équations linéaires sur
le corps JF à n variables . . ., xn sont équipotents si et seulement
si les matrices de ces systèmes sont équivalentes par lignes.
Ce théorème se déduit facilement du théorème 2.20.
T héorème 2.22. Une équation linéaire constituant une implication
d'un système compatible d'équations linéaires est une combinaison
linéaire d'équations de ce système.
D é m o n s t r a t i o n . Admettons que l’équation (II) est une
implication du système compatible (I). Dans ce cas, le système
d’équations
<*11*1 + • • • + « in * » . = Pu

^^ ®ml*l "1” • • • “!" ®mn*n = Pmt


Yi*i + • • • + Yn*n = P
5 2] SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES 181

est compatible et équipotent au système (I). Selon le corollaire 2.19


il s’ensuit une équipotence de systèmes homogènes appropriés,
c’est-à-dire que le système d’équations
(4) a ijX j + . . . + a in x n = 0 (i = 1, . . m )

est équipotent au système d’équations


<*«*1 + . . . + a^nX n = 0,

«m A + . . . + am n*„ = 0 ,
Y l* l + . . . + Y n*n = 0.

En vertu des théorèmes 2.8 et 2.9 le rang de la matrice A du systè­


me (4) est égal au rang de la matrice A du système (5). Donc, les
rangs des matrices fondamentales des systèmes (1) et (3) sont égaux.
Comme les systèmes (1) et (3) sont compatibles, selon le critère de
compatibilité, il s’ensuit que le rang des lignes de la matrice complète
B du système (1) est égal au rang des lignes de la matrice complète B
du système (3). En s’appuyant sur 1 égalité de ces rangs on conclut
que la dernière ligne de la matrice B est une combinaison linéaire
des lignes de la matrice B , c’est-à-dire que
P) € B (B i , . . . , B n ) .
(Yi* • • •» Yn»

Par conséquent, l’équation (II) est une combinaison linéaire d’équa­


tions du système (I). □

Exercices
1. Soit A une matrice n X m à lignes linéairement indépendantes. Démon­
trer que m n.
2. Démontrer que le rang r d'une matrice m X n n'est pas supérieur à m
et n, r < min (m, n ).
3. Démontrer qu'en élim inant une ligne (une colonne) dans une matrice,
on ne modifie pas son rang si et seulement si la ligne (la colonne) éliminée
s'exprim e linéairement en fonction des autres lignes (colonnes).
4. Démontrer que l'adjonction à une matrice d'une ligne (d'une colonne)
ou bien ne modifie pas son rang ou bien l'augmente d'une imité.
5. Démontrer que si le rang de la matrice A ne varie pas après adjonction
à cette dernière d'une colonne quelconque de la matrice B au meme nombre de
lignes, ce rang ne varie de même pas après adjonction à la matrice A de toutes
les colonnes de la matrice B .
6. Supposons que la matrice B s’obtient à p artir de la matrice A par une
série de transformations linéaires régulières des lignes. Démontrer que les lignes
de la m atrice A sont linéairement indépendantes si et seulement si les lignes de
la m atrice B sont linéairement indépendantes.
7. Soient A et B des matrices à n colonnes. Démontrer que les matrices
A e t B sont équivalentes par lignes au cas où l'enveloppe linésure des lignes de
la m atrice A coïncide avec l'enveloppe linéaire des lignes de la matrice B .
182 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D'EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

8. Soient A une matrice m X n et B une matrice m X (n-f-fc) obtenue


à partir de la matrice A par adjonction de k colonnes nouvelles. Démontrer que
(a) si les lignes de la matrice B sont linéairement dépendantes, les lignes
de la matrice A le sont aussi ;
(b) si les lignes de la matrice A sont linéairement indépendantes, les lignes
de la matrice B le sont aussi ;
(c) le rang de la matrice A n'est pas supérieur à celui de la matrice B .
9. Le rang de la matrice d’un système homogène d’équations linéaires est
inférieur d’une unité au nombre de variables. Démontrer que toutes deux solu­
tions de ce système sont proportionnelles (c’est-à-dire qu’elles ne diffèrent que
d’un facteur scalaire).
10. Chercher les conditions pour lesquelles avec toute solution d’un sys­
tème homogène d’équations linéaires la &-ième variable est nulle.
11. Démontrer que si un système d’équations linéaires sur le corps (SL des
nombres rationnels n’a pas de solutions dans (3 , il ne possède pas de solutions
dans tout corps numérique.
12. Soit donné le système homogène d’équations linéaires (1) (sur le corps
& des nombres rationnels) possédant des solutions non nulles. Tout système
fondamental des solutions du système (1) sur (SL est un système fondamental
sur tout corps numérique.
13. Soit
(1) au*! + . . . + ctinxn = 0 (i = 1, . . ., m)
un système homogène d’équations linéaires (sur le corps 2F). Démontrer que
l ’équation
Pi^i + • • • + 071*71 = 0
est une implication du système (1) si et seulement si elle est une combinaison
linéaire des équations (1).

§ 3. Matrices en escalier et systèm es d*équations linéaires


Matrices en escalier. Soit

«11 •
•• ® ln I

—®ml • • • |
la matrice m X n sur le corps JF . L'élément pivot de la ligne de la
matrice est son premier élément (en comptant à partir de la gauche)
non nul. La colonne de la matrice est dite fondamentale si elle con­
tient l'élément pivot d’une ligne quelconque de la matrice.
D é f i n i t i o n . La matrice A est dite en escalier si e l l e s a t i s f a i t a u x
conditions :
(1) les lignes à éléments nuis (si elles existent) se disposent au-
dessous de toutes les lignes à éléments non nuis ;
(2) si a u ,, CZ2 *,, . . OLrhr sont des éléments pivots des lignes
à éléments non nuis de la matrice, alors kx < k %< . . . < k r.
E x e m p l e s de matrices en escalier: 1) la matrice nulle,
2) la matrice uniligne, 3) la matrice unité, 4) la matrice triangulaire
* 31 MATRICES EN ESCALIER 183

supérieure
■<xlt a t2 ...

0 “ 22 • • • ^ 2 n

.0 0 ••• ® nn.
Au système des vecteurs lignes (colonnes) de cette matrice on
peut appliquer les transformations élémentaires.
D éfinition . Les transformations élémentaires sur un système de
lignes (de colonnes) d’une matrice sont appelées transformations
élémentaires de la matrice. Deux matrices sont dites équivalentes
par lignes si l’une est obtenue à partir de l’autre par une série de
transformations élémentaires sur les lignes.
La relation d’équivalence par lignes est réflexive, symétrique
et transitive, c’est-à-dire est une relation d’équivalence.
D éfinition . On appelle rang de ligne de la matrice le rang du
système de ses lignes. On appelle rang de colonne de la matrice le
rang du système de ses colonnes.
De cette définition, en vertu du théorème 1.8, s’ensuit la pro­
position 3.1.
P r o p o s i t i o n 3.1. Si une matrice s1obtient de Vautre à la suite d'une
série de transformations élémentaires sur des lignes, les rangs de ligne
de ces matrices sont alors égaux.
T h ê o r ê m e 3.2. Toute matrice m X n est équivalente par lignes
à une matrice m X n en escalier.
D é m o n s t r a t i o n (par récurrence sur le nombre de lignes
de la matrice). Si le nombre de lignes de la matrice est égal à l’unité,
la matrice est alors en escalier. En posant que le théorème est vrai
pour des matrices à m — 1 lignes, démontrons qu’il est aussi vrai
pour des matrices à m lignes. Soit A une matrice à m lignes:
a n ®i2 • • •
a 21 0t22 «271
A=
1 ®m2 ••• ® m n.
Si dans la première colonne de la matrice on a un élément différent
de zéro, on peut permuter cette ligne à élément non nul avec la
première ligne. On montre sans peine qu’une permutation de lignes
est l’aboutissement d’une série de transformations élémentaires sur
des lignes. Aussi admettra-t-on que a n # 0. La matrice A peut
être transformée en la matrice B :
■i P in

B 0 p22 P2n

-0 Pm2 ••• Pm n _
184 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’EQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

par une série de transformations élémentaires. A cette fin la pre­


mière ligne de la matrice A doit être multipliée par a^J. Ensuite,
la première ligne obtenue, multipliée par (—a ik), est ajoutée à la
i-ième ligne pour i = 2, . . m. La matrice formée à partir de fi
par élimination de la première ligne comporte m — 1 lignes et,
par hypothèse de récurrence, est équivalente par lignes à une certaine
matrice (m- — 1) X n en escalier C* :
* P 22 ••• ?2n “0 Y22 • •• Y2n

«
il
X

D Pm2 Pm n_ _0 Ym2 ••• Tm n.


En s’appuyant sur ce fait ainsi que sur l’équivalence par lignes
des matrices A et fi, on peut conclure que la matrice A est équiva­
lente par lignes à la matrice en escalier C :
■1 Pi2 •• • Pin
0 Y 22 • ••Y2 n
c =
.0 Ym 2 • •• Ymn _
La matrice C est en escalier vu que la matrice C* l’est aussi.
Si la première colonne ou plusieurs premières colonnes de la
matrice A ont partout des zéros, on considérera la matrice obtenue
par élimination de ces colonnes. Cette matrice comporte dans la
première colonne un élément non nul. Il s’ensuit donc de la première
partie de la démonstration que cette matrice est équivalente par
lignes à une matrice en escalier. On constate aussitôt qu’en adjoi­
gnant à gauche à cette matrice en escalier les colonnes à éléments
partout nuis éliminées précédemment, on aboutit à une matrice
équivalente par lignes à la matrice de départ A . □
T h é o r è m e 3.3. Le rang des lignes d'une matrice en escalier est
égal au nombre de ses lignes à éléments non nuis.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est apparemment vrai pour
une matrice nulle. Supposons que A est une matrice en escalier
de r lignes à éléments non nuis. Par commodité d’écriture posons
que les éléments pivots de la matrice A occupent les r premières
colonnes, autrement dit,
«U a 12 • • • ®lr
0 G&22 • • •
A=
0 0 • • • ®rr
0 0 ... 0
où a u 0 pour i = 1, . . ., r. Ainsi, les r premières lignes A u . . .
. . ., A r de la matrice A n’ont pas partout des zéros, tandis que
*3] MATRICES EN ESCALIER 185

les autres (si elles existent) ont partout des zéros. Montrons que
les lignes A x, . . ., A r sont linéairement indépendantes. Il faut
montrer que pour tous scalaires Xt, . . ., Xr de l’égalité
(1) ^\A X + . . . + XrA r = 0
s’ensuivent les égalités
(2) X, = 0, . . Xr = 0.
Vu que
+ • • • + Xp4r =
= (X1a 11, ~t“ XoCtoO7 • • •, XiG-ir -f" . . . -f- Xra rr, . . .),
de (1) s’ensuivent les égalités
XjGCii — 0,
XiOCto “f” XoCtoa ■
— 0,
(3) 1 ; 7 ; ...................

^l^lr + • • • ”!“ ^r^rr =


Puisque a it =£ 0 pour i = 1, . . ., r de (3) s’ensuivent les égali­
tés (2). Ainsi, le système A x, . . . . A r de lignes à éléments partout
non nuis de la matrice A est linéairement indépendant. Par consé­
quent, le rang de ligne de la matrice A vaut r. Dans le cas général
la démonstration est effectuée de façon analogue. □
En s’appuyant sur le théorème 3.3 on aboutit à la règle de calcul
suivante du rang de la matrice. Pour calculer le rang de ligne de la
matrice A il faut la réduire à la forme en escalier C par une série de
transformations élémentaires sur les lignes. Le nombre des lignes à élé­
ments non nuis de la matrice C est égal au rang des lignes de la ma­
trice A .
Matrices en escalier réduites. Lors de la résolution et de l’étude
d’un système d’équations linéaires un rôle important revient aux
matrices en escalier réduites.
D é f i n i t i o n . Une matrice en escalier est dite réduite si la matrice
composée de toutes ses colonnes fondamentales est une matrice
unité.
Une matrice en escalier réduite ne possède pas de lignes à élé­
ments partout nuis et tous les éléments pivots de ses lignes sont
égaux à l’unité.
T h é o r è m e 3.4. Toute matrice non nulle est équivalente par lignes
à la matrice en escalier réduite.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A une matrice non nulle de rang r.
Selon les théorèmes 3.2 et 3.3 elle est équivalente par lignes à la
matrice en escalier, par exemple, à la matrice B composée de r
lignes à éléments non nuis. Divisons chaque ligne de la matrice B
186 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

par son élément pivot. On aboutit à une matrice C en escalier dont


tous les éléments pivots des lignes sont égaux à l’unité. Ensuite,
par une série de transformations élémentaires des lignes de la matrice
C on égale à zéro tous les éléments non nuis se disposant au-dessus
des éléments pivots. On obtient une matrice D dont les colonnes
fondamentales constituent la matrice unité. Par conséquent, D est
la matrice en escalier réduite cherchée qui est équivalente par
lignes à la matrice initiale A. □
Thêoreml 3.5. Toute matrice carrée n X n à lignes linéairement
indépendantes est équivalente par lignes à la matrice unité n X n E.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A la matrice n X n h lignes
linéairement indépendantes. Au moyen d’une série de transforma­
tions élémentaires régulières des lignes elle peut être réduite à une
matrice n X n en escalier C = || y lh ||. Soient yi*i, Ï 2fe,i • • •» Yn/m
les éléments pivots de la matrice C. On a alors
(1) Ylfct • • •» YnJtn ^
(2) 1 ^ kx < k 2 < . . . < kn ^ n.
Des inégalités (2) il s’ensuit que kx = l f k 2 = 2, . . kn = n.
La matrice C est donc de l’aspect
‘ Vu Vis •• • Y in
0 •••
P-

Y in
C
Cll

c =

.0••• Y nn « 0
autrement dit, est une matrice triangulaire supérieure à éléments
non nuis sur la diagonale principale. Multiplions la première ligne
de la matrice par Yn> la seconde par etc. On aboutit ainsi à une
matrice équivalente par lignes
'i Vl2 ••• Yln
0 1 ••• Y2n
C' «

,0 0 ... 1
On constate sans peine que la matrice C' est équivalente par lignes
à la matrice unité n X n E. Il existe donc une série de transforma­
tions élémentaires (régulières) des lignes qui réduit la matrice A en
une matrice unité E. □
Systèmes homogènes d’équations linéaires. Considérons un sys­
tème homogène d’équations sur le corps .F’
a ll*l + • • • + a lnXn = 0,
(1 ) ................................................................
“H • • • ”1” =
$ 3] MATRICES EN ESCALIER 187

Soit

une matrice composée des coefficients attachés aux variables et


appelée matrice fondamentale du système (1), A 1, . . An étant les
colonnes de cette matrice. L’équation (surir)
(2) xxA l + . . . + xnA n = 0,
où 0 est le vecteur colonne nul, est nommée forme vectorielle d'écriture
du système d'équations (1).
Selon le corollaire 2.11 un système homogène d’équations (1) est
équipotent à l ’équation (2).
P r o p o s i t i o n 3.6. Si la matrice A d'un système homogène d'équa­
tions (1) possède le rang r > 0 et A x, . . ., A r est la base du système
de ses lignes, le système (1) est alors équipotent au système
« lA + . • • + a in*n = 0,
(3) .........................................
a n xx + . . . + a rnxn = 0,
composé de r premières équations du système (1).
D é m o n s t r a t i o n . Vu que les r premières lignes de la
matrice A constituent la base du système des lignes de cette matrice,
chaque équation du système (1) est donc une combinaison linéaire
des équations (3). De plus, le système (3) est une implication du
système (1). Par conséquent, les systèmes (1) et (3) sont équipo-
tents. □
P r o p o s i t i o n 3.7. Un système homogène d'équations linéaires de
matrice A possède des solutions non nulles si et seulement si les colonnes
de la matrice A sont linéairement dépendantes.
Cette proposition découle directement du corollaire 2.11.
C o r o l l a i r e 3.8. Un système homogène d'équations linéaires à n va­
riables possède des solutions non nulles si et seulement si le rang de la
matrice du système est inférieur à n.
Corollaire 3.9. Si le nombre d'équations d'un système homogène
d'équations linéaires est inférieur au nombre des variables, le système
a des solutions non nulles.
P r o p o s i t i o n 3.10. L'ensemble de toutes les solutions d'un système
homogène d'équations linéaires est clos par rapport à l'addition, à la
soustraction et à la multiplication par des scalaires. Toute combinaison
linéaire de solutions d'un système homogène d'équations est une solu­
tion de ce système.
La démonstration de la proposition 3.10 est laissée au soin
du lecteur.
188 ESPACES VECTORIELS ET SYSTÈMES D’ÉQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

Système fondamental de solutions. Soit


(1) -f- . • • “h o&fn£n = 0 (i = 1, . . ni)
un système homogène d’équations linéaires sur le corps r .
D é f i n i t i o n . On appelle système fondamental de solutions du système
d'équations (1) le système non vide linéairement indépendant de ses
solutions dont l’enveloppe linéaire coïncide avec l ’ensemble do
toutes les solutions du système (1).
Notons que le système homogène d’équations linéaires ne pos­
sédant qu’une solution nulle n’a pas de système fondamental do
solutions.
P r o p o s i t i o n 3.11. Deux systèmes fondamentaux quelconques de
solutions du système homogène déquations linéaires admettent un
même nombre de solutions.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, deux systèmes fondamentaux
quelconques de solutions du système homogène d’équations (1) sont
équivalents et linéairement indépendants. Aussi, en vertu de la
proposition 1.12, leurs rangs sont-ils égaux. Donc, le nombre do
solutions entrant dans l’un des systèmes fondamentaux est égal
au nombre de solutions composant l ’autre système fondamental
de solutions. □
Si la matrice A d’un système homogène d’équations (1) est
nulle, alors tout vecteur de F71 est solution du système (1); dans
ce cas toute collection de n vecteurs linéairement indépendants de
P 1 est un système fondamental de solutions. Mais si le rang de la
colonne de la matrice A est n, le système (1) n’admet alors qu’une
solution, la solution nulle ; donc, dans ce cas le système d’équations
(1) est démuni de système fondamental de solutions.
T h é o r è m e 3.12. Si le rang r de la matrice d'un système homogène
d'équations linéaires (1) est inférieur au nombre des variables n , le
système (1) a alors un système fondamental de solutions comportant
n — r solutions.
D é m o n s t r a t i o n . Si le rang de la matrice fondamentale
A du système homogène (1) est égal à zéro ou à n, alors le théorème
est vrai, comme il a été montré plus haut. C’est pourquoi on admet
plus bas que 0 < r (A) < n. En posant r = r (A), on supposera
que les r premières colonnes de la matrice A sont linéairement
indépendantes. Dans ce cas la matrice A est équivalente par lignes
à la matrice en escalier réduite, tandis que le système (1) est équiva­
lent au système d’équations en escalier réduit suivant :
X1 • • • Y il^ r + l • • • — Y l.n -r ^ n = 0»
x 2 • • • Y 21x r + i — • • • — Y 2 ,n - r ^ n = 0,

x r Y ri^ r + i . . . — Y r .n - r ^ n “ 0*
* 31 MATRICES EN ESCALIER 189

On vérifie sans peine qu’à tout système des valeurs de variables


libres xr+1, . . ., xn du système (2) ne correspond qu’une et seule­
ment une solution du système (2) et, partant, du système (1). En
particulier, au système des valeurs nulles x r+l = 0 , . . xn = 0
ne correspond que la solution nulle du système (2) et du système (1).
Donnons dans le système (2) à l’une des variables libres la valeur
-égale à 1, tandis que les variables restantes seront considérées comme
nulles. On obtient ainsi n — r solutions du système d’équations (2)
<ju’on écrira sous forme de lignes de la matrice C :
“ïli Ï2i ••• Vn 1 0 ... 0“
c _ Ï 12 Y2 2 • • • V r2 0 1 ... 0

_Yln-r Y2n-r ••• Yr, n - r 0 0 . . . 1 _


Le système des lignes Clt . . .,Cn_r de cette matrice est linéaire­
ment indépendant. En effet, pour tous scalaires . . ., Xn. r de
l ’égalité
XxCx + . . . + Xn—rCn_r = (0, 0, . . ., 0)
s ’ensuit l ’égalité
(. . ., X*|, • • •» ^n-r) = 0, . . ., 0)
et, partant, les égalités
Xx = 0, = 0, . . ., Xn, r = 0.
Démontrons que l’enveloppe linéaire du système de lignes de la
matrice C coïncide avec l’ensemble de toutes les solutions du systè­
me (1). Soit
a = ( o j , . . ., a r, a r+ 1 , . . ., cen)
une solution quelconque du système (1). Le vecteur
d = a — (a r+\CX + a r+ 2^ 2 + . • • + a nCn~r)
est alors aussi une solution du système (1), de plus,
d = (§!, . . ., ôr, 0, 0, . . ., 0) ;
cette solution correspond aux valeurs nulles des variables libres
Ær+1, Aussi, d est-il une solution nulle du système (2)
et du système (1) ; par conséquent,
a = oC r+i^i “4“ • • • "4* a nC n _ r Ç L (C j, • • C n - r).
Bref, on a démontré que l ’ensemble de toutes les solutions du
système (1) coïncide avec l ’enveloppe linéaire du système des vec­
teurs Cu . . ., Cn_r. Donc, ce système de n — r vecteurs est le
système fondamental de solutions pour le système d’équations
<1). □
190 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D’EQUATIONS LINÉAIRES [CH. V

C o r o l l a i r e 3.13. Soient d une solution du système non homogène


d'équations linéaires (sur le corps &)
(I) ”f” • • • + O&friX/i = P i = m)
et Ci, . . ., Cn~r le système fondamental de solutions du système homo­
gène d'équations
&nXi + . . . + ccinxn = 0 (i = 1, . . m).
L'ensemble
{ d -f- AqCj ”f" hn-rCji-r | Xj, X2, • • •» ^ n - r f
est alors l'ensemble de toutes les solutions du système (I).
Résolution du système d9équations linéaires par la méthode d’éli­
mination successive des variables. Soit donné le système d'équations
linéaires (sur le corps & )
^11^1 “f" •••“f" Xn Pi»
(D ........................................................................
a m i;* ! + • • • "4" &mnXn — Pm*
Posons
“ <*11 ••• ® in i a n ••• a m Pi
A =
_^m l •••
i

La matrice A est dite matrice fondamentale du système (1), la matrice


H • • • ® m nPm _

B matrice complète du système (1).


Un système d'équations linéaires est dit en escalier si la matrice
complète du système est une matrice en escalier sans lignes à élé­
ments partout nuis. Un système d’équations linéaires est dit système
en escalier réduit si la matrice complète du système est une matrice
en escalier réduite.
Si B est une matrice nulle, alors tout vecteur à n dimensions
de F71 est une solution du système (1). Mais si A est une matrice
nulle, tandis que B ne l’est pas, le système d’équations (1) est alors
incompatible.
Supposons que la matrice A n’est pas nulle. On peut alors réduire
le système d’équations (1) à un système en escalier par des trans­
formations élémentaires, et, ensuite, à un système en escalier réduit,
ces systèmes étant équipotents au système initial (1). Supposons
que les colonnes A 1, . . ., A T constituent la base du système des
colonnes de la matrice A . Au moyen d’une série de transformations
élémentaires réduisons le système d’équations (1) à un système en
escalier sans lignes à éléments partout nuis. Si cette dernière équa­
tion du système en escalier obtenu est de la forme
0-x1 + - - • + 0-a:n = p, où P =5^= 0 ,
§ 3] MATRICES EN ESCALIER 191

le système d'équations en escalier obtenu est alors incompatible


et, partant, est incompatible le système d'équations (1 ) de départ
qui lui est équipotent. Mais si dans le premier membre de la der­
nière équation du système en escalier obtenu il y a des coefficients
différents de zéro, alors le système en escalier obtenu prend la forme
OCjjXi 4~ 4" • • • 4" r^r 4" • • • T GCi n Xn — P 1?

(2 ) ^ 22^2 4” • • • 4 ” 4~ • • • 4 “ GCjn£ n =

® rr^ r 4 “ • • • — P ri

où les coefficients a 21, ’a '2, . . aTr sont différents de zéro. Le


système (2 ) est compatible et équipotent au système initial (1 ).
A partir du système en escalier (2) passons par une série de trans­
formations élémentaires au système d’équations en escalier
x\ Y ir + i^ r + i • • • ïin ^ n = fil»
(3 ) X2 — V 2 r+ l^ r+ l — • • • — 7271^71 = ^2»

X r Yrr+i^r+i . . . — fir-

Le système (3) est compatible et équipotent au système d'équations


(1) initial. Si, de plus, r = n, le système d’équations (3) (et le systè­
me (1)) admet alors une solution unique (ôx, ô2, . . ôn). Mais
si r (A) = r (5) < n, le système (3) est alors équipotent au système
X\ = Y ir + l^ r + l "4" • • • “f “ Yl7ix 7» 4 ” ^1»
(4) Xo = Y2 r+i^r+i 4" • • - 4” Y27i^n *4” 6 2 »

XT — Y rr+ l^ r+ l “4” • • • “4" Ytti^ti “4" fir»


Les équations du système (4) fournissent une expression explicite
des variables x l, . . ., x r dites principales par l ’intermédiaire des
variables a:r+1, . . ., xn dites libres. En attribuant dans les équa­
tions (4) aux variables libres des valeurs quelconques du corps des
scalaires, on obtient les valeurs correspondantes des variables
principales. On est ainsi en mesure d’obtenir toute solution parti­
culière du système d’équations initial (1 ), puisqu’il est équipotent
au système (4). C’est pourquoi le vecteur
(3 ) (Y ir + l ^ r + l 4 “ • • • 4 “ YlTi^Ti 4 " fil» • • •» Y r r + l ^ r + i “4“ • • •
• • • 4 “ Yl7i^7t 4 “ fi/*» ^ r + l » • • •» x n)
est appelé solution générale du système d'équations (1). Le vecteur (5)
peut être écrit sous la forme
(6 ) x r + j C r + ! 4~ • • • 4* xnCn 4 “ 6 ,
1 92 ESPACES VECTORIELS ET SYSTEMES D’EQUATIONS LINEAIRES [CH. V

où Cr+1, . . Cn 6 F* et 6 = (ôl7 . . ., ôr, 0, . . ., 0) est la solution


particulière du système (1). Le vecteur (6) est également nommé
solution générale du système (1). On voit aisément que les vecteurs
Cr+1, . . Cn constituent le système fondamental de solutions d’un
système homogène d’équations associé au système (1).
L’ensemble {xr+1Cr+1 + . . . + x nCn + 6 | xr+1, . . ., x n 6 F)
est l’ensemble de toutes les solutions du système d’équations (1).
Pour étudier la compatibilité du système donné d’équations
linéaires (1) il faut réduire la matrice complète B du système par
une série de transformations élémentaires sur les lignes à une matrice
en escalier B '. Le système d’équations linéaires (1') à matrice com­
plète B ' est équipotent au système d’équations initial (1). Le système
d ’équations (1') est incompatible si et seulement si le rang des lignes
de sa matrice fondamentale A ' est inférieur au rang des lignes de la
matrice complète B \ c’est-à-dire si dans la dernière ligne de la matri­
ce en escalier B' tous les éléments à part le dernier sont nuis.

Exercices
1. Démontrer qu'une matrice non nulle est équivalente par lignes à une
et seulement à une matrice en escalier réduite.
2. Démontrer que la matrice A d'ordre m X n est équivalente par lignes
à une matrice unité d'ordre n X n si et seulement si le rang de la matrice A
vaut n.
3. iMontrer que deux systèmes homogènes linéaires sur le corps 2F à varia­
bles x ^ . . ., x n sont équipotents si et seulement si les matrices de ces systèmes
sont équivalentes par lignes.
4. Soit 2F un corps fini composé de k éléments. Montrer qu'un système
homogène donné d'équations linéaires sur le corps 2 F à n variables possède
A-n~r solutions, où r est le rang de la matrice du système donné d'équations.
5. Démontrer qu'un système compatible d'équations linéaires à matrice
fondamentale non nulle n'est équipotent qu'à un seul et unique système en
escalier réduit d'équations linéaires.
6. Démontrer que si deux systèmes compatibles d’équations linéaires sont
équipotents, alors les systèmes homogènes d'équations linéaires qui leur sont
associés sont également équipotents.
7. Démonirer que deux systèmes compatibles d’équations linéaires sur le
corps 2 F à variables xlt . ., x n sont équipotents si et seulement si les matrices
complètes de ces systèmes sont équivalentes par lignes.
CHAPITRE VI

MATRICES ET DÉTERMINANTS

§ 1. Opérations sur les matrices et leurs propriétés


Opérations sur les matrices. Partout dans ce c h a p itre ^ = (F, + f
—, - , 1 >est un corps de choix fixé qu’on appellera corps des scalaires.
Les éléments de l’ensemble F seront nommés scalaires.
Soient m e t n des entiers positifs. Le tableau
a ll a 12 • • • a ln

a ®21 G
&22 •••

_®ml ®m2 • • • ®mn _


à éléments de F est appelé matrice sur le corps & ou matrice m X n
sur on note brièvement || a ik || et l’on écrit A = || a ih ||. Si m =
= n la matrice A est une matrice carrée d’ordre n. L’ensemble de
toutes les matrices m X n sur le corps 3F est noté Fmxn. En parti­
culier, l’ensemble de toutes les matrices carrées d’ordre n sur & est
noté Fnxn.
Conservons les notations précédentes pour les lignes et les colonnes
de la matrice A : la i-ième ligne de la matrice A est notée A t :
A i = [ a a i2, . . a inl;
la Ar-ième colonne est notée A h :
h

L«nfe J
Deux matrices m X n A = || a ik || et B = || || sont dites
égales et l’on écrit A = B si a lk = $ih pour tous indices i et k.
Une matrice est dite nulle et est notée O si tous ses éléments sont
nuis.
On appelle somme de deux matrices m X n A et B la matrice
m X n dont l’élément ik-ième est égal à -(-(}**, ç’est-à-dire
^ + B = || cC|fe+ Pife ||.
13—01762
194 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

On appelle produit du scalaire X par la matrice A — || a ik || la


matrice m X n || Xaik || notée XA :
XA = || Xaik ||.
Pour la matrice (—1) A on a l ’égalité
A + ( - 1 ) A = 0.
Aussi la matrice (—1) A est-elle également notée —A et elle est
appelée matrice opposée à la matrice A.
Soient A 6 ^ mxn et B Ç Fn*p :

A =

On admet ainsi que le nombre de colonnes de la matrice A est égal


au nombre de lignes de la matrice B . Le produit de la ligne A i par la
colonne B k se définit ainsi:
"Pife"
A iB h = [aii, a in]

n
= « llP ife + ••-+
= S a tfijk-
« I u P tiJi
;=i
On appelle produit des matrices A et B la matrice m X p dont le
ik-ième élément est égal à A tB k, c’est-à-dire
~ A iB l A tB 2 . . . AJB? '

A«Bl A 2B - . . . A2Bp
A -B =

. A mB * An i u
A mB * . . . « B p Jl

Bref, si A est la matrice m X n et B la matrice n X p, alors AB est


la matrice m X p.
T héorème 1.1. Une multiplication des matrices est associative,
c'est-à-dire pour toutes matrices A , B et C A (BC) = (AB) C si les
produits AB et BC existent.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, les produits AB et BC
existent. On peut donc considérer que A £ F " x", B 6
C Ç FPxq. Donc les produits A (BC) et (AB) C existent et appar­
tiennent à l’ensemble F”***. Soient H = A (BC), H' = (AB) C et
h ik, h\k les ik-ièmes éléments des matrices H et H ' respectivementa
§ 1] OPÉRATIONS SUR LES MATRICES ET LEURS PROPRIÉTÉS 195

Démontrons que hik = h'ik pour tous indices i et k. En effet,

hik —A t (BC)k — [an ,

= a a Z?iCft+ . . . +CLlnB nCk =


p p
= « 11 S P n Y .k + ••• + « !« S PnaYsfc =
a—1 s=l
= . 2 «ijPjaY.k;
i = i .........n
**=1......... P
Yu
h'ik = {AB)i Ck = [A tB '......... A ,B p)
_Yph_
= ^4f5 1Y1Jk+ . . . + A tBvy pk =

= (^2 a t$ jù Yik+ • • • + ( 2 a t$ jp ) Ypk =

= . 2 «ijPj.Yak-
J = l . . . ..n
« - 1 ......... P
Par conséquent, hik = h[k pour tous indices i et k, c'est-à-dire
A (BC) = (AB) C. □
Théorème 1.2. Les opérations sur les matrices sont douées des pro­
priétés suivantes:
(1) Valgèbre (Fmxn, + , —>est un groupe abélien ;
(2) a (A + B) = aA + olB (a, p 6 F, A , B 6 F***) ;
(3) (a + P) A = aA + p,4 ;
(4) (ap) A = a ( p 4 ) ;
(5) 1-ji = 4 ;
(6) Za multiplication des matrices est associative;
(7) la multiplication des matrices est distributive par rapport
à l'addition, c'est-à-dire A (B + C) = AB + AC si le produit AB
et la somme B + C existent, et (B + C) A = B A + CA si le produit
B A et la somme B + C existent ;
(8) pour tout scalaire k et toutes matrices A , B on a
k (AB) = (kA) B = A (kB)
si le produit AB existe.
D é m o n s t r a t i o n . Les propriétés (l)-(5) se démontrent de
la même façon que les propriétés correspondantes de l'addition des
13*
196 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

vecteurs et de la multiplication par un scalaire des vecteurs des


espaces vectoriels arithmétiques.
Selon le théorème 1.1 la multiplication des matrices est associa­
tive.
Démontrons que la multiplication des matrices est distributive
par rapport à l ’addition. Soient A Ç Fm*n, B , C £ F71**. On vérifie
sans peine que A B , A C Ç FmxP, B + C 6 /!mxP. D’où il s’ensuit que
A ( B + C ) et A B + A C sont des matrices m X p. Montrons que
les ik~ièmes éléments de ces matrices sont égaux, c’est-à-dire que
A t ( B + C ) k = A t B h + A i C k . En effet,
A i (B + C )k = ^ a ’i j ( $ j k + Y / * ) ;
;= 1 .........n

A iBk-jrAiCk = \ 0’t$ jk + 5 a ijyjh =


j*=» 1 ..................................................n j = l , . . , n

= S ®i;(P^k + Vyh)*
J—1.......n
Par conséquent, A ( B + C ) = + 2?C. On démontre de façon
analogue que (B + C ) A = B A + C A si le produit B A et la somme
B + C existent.
Pour démontrer la propriété (8) cherchons les i/c-ièmes éléments
des matrices "K ( A B ) , ( X A ) B , A (XB ) :

, . * ( A t B h) = X 5 a„PA; (X A t) B h = ^ ( X a l}) fJ,h;


i-=l i=i
TJ a u (XPJh). A l ( X B h) =
1
Ces trois expressions sont égales entre elles en vertu des propriétés de
l ’addition et de la multiplication des scalaires. Donc, X ( A B ) =
= (XA) B = A (XB). □
Transposition du produit des m atrices. Soit A = | | a <fe|| la matrice
m X n sur le corps JF. On appelle alors matrice transposée de A la
matrice n X m || || telle que $lh = a ik, et elle est notée fA.
On obtient donc la matrice transposée en échangeant les lignes et les
colonnes de la matrice donnée. En particulier,
an
= t [an, . a, „l =
_ a in_

T a 'kl
(*^)k — I I —[®lfci • • • i ®mkl •
L«m kJ
T héorème 1.3. Si le produit AB des matrices A et B existe, il
existe aussi un produit tB -tA et l(AB) = iB~iA .
MATRICES INVERSIBLES 197

D é m o n s t r a t i o n . Supposons que A £ /rmx” et B £ Fnxp.


Alors si C = AS 6 ^ mxP et *(AS) 6 FPxm. De plus, *B 6 ^ Pxw
et *A £ F py'n. Par conséquent, le produit lB - lA existe et lB lA Ç
Ç FPxm. Les matrices C = i(AB) et C' = iB -tA sont ainsi des
matrices p X m. Vérifions que les ifc-ièmes éléments cih et c'ih de
ces matrices sont égaux. En effet.

f > l
clh = AhB x= [akiJ . . . , ®kn] I = a felP ll + • • • + a fenPn< î

I-Pnj
d’autre part,

c<k = (‘5 ) <( U ) h = [ p 1|,

= a feiP il + • • • + a knPni •

Par conséquent, cih = c'ik pour tous indices i et k, c’est-à-dire


l(AB) = tB -iA. □

Exercices
1. Soit 4 = ^ * • Chercher An pour tout entier positif n.
2. Démontrer que si pour les matrices A et B les produits AB et B A existent
et AB — B A y les matrices A et B sont carrées et possèdent un même ordre.
3. Soient A et B des matrices carrées de même ordre et AB = BA. Démon*
trer que pour tout entier positif n est vraie la formule
(A+ S)n = A»+ n •A"~i. B + A"- : • + . . . + S”.

4. Montrer que l'opération de transposition est douée des propriétés sui­


vantes 1
(a) t (A + B) = tA + tB \ (h) *(L4) = X-M, où k est un scalaire;
(c) *(A-*) = (M )-1; (d) HABC) = si le produit ABC existe.
5. Une matrice carrée A est dite symétrique si A = tA . Montrer que si A
est une matrice carrée, la matrice A + *A est symétrique.
6. Une matrice carrée A est dite symétrique gauche si A = —tA. Démon­
trer que toute matrice carrée peut être représentée, et cela de façon unique, sous
forme de somme de matrices symétrique et symétrique gauche.
7. Démontrer que des transformations élémentaires sur les colonnes d'une
matrice peuvent être réalisées au moyen d'une multiplication de la matrice
à droite par des matrices élémentaires correspondantes.

§ 2. Matrices inversibles
Matrices inversibles. Soit A une matrice n X n sur le corps
des scalaires & . Si E est une m atrice unité n x n , o n a alors
(1) A E = A = EA.
198 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

Une matrice carrée est dite inversible s’il existe une matrice B
satisfaisant aux conditions
(2) A B = E , BA = E.
La matrice B satisfaisant à ces conditions est dite inverse de A .
Les matrices A et B sont appelées mutuellement inverses.
P roposition 2.1. Si la matrice A est inversible, il ri existe alors
qriune seule matrice inverse de A.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que B et C sont des matrices
inverses de A . On a alors AC = E = BA et B = BE = B (AC) =
= (BA) C = E-C = C, c’est-à-dire que B — C. □
Si la matrice A est inversible, alors la matrice inverse de A est
notée A "1. Ainsi, pour toute matrice inversible on a les égalités
(3) A A ”1 = E, A ”1A = E.
L’ensemble de toutes les matrices inversibles n X n sur le corps
F est noté GL (n, .F).
Théorèm e 2.2. Valgèbre {GL (n, & ), -, -1) est un groupe.
D é m o n s t r a t i o n . La matrice unité E est, évidemment,
inversible et, en raison de (1), est un élément neutre.
Si la matrice A est inversible, alors en vertu de (2) la matrice
A ”1 est également inversible.
L’ensemble GL (n, SF) des matrices inversibles n X n est égale­
ment fermé par rapport à la multiplication. En effet, si A , B 6
6 GL (n, f ) , on a alors
(AB) (B”1A -1) = E = (B”1A ”1) (AB),
c’est-à-dire que la matrice A B est inversible sur & et, partant,
appartient à l’ensemble GL (n, jF).
Enfin, selon le théorème 1.1, la multiplication des matrices est
associative. □
Corollaire 2.3. Un produit de tout nombre des matrices inversibles
est une matrice inversible.
Matrices élémentaires. Introduisons la notion de matrice élé­
mentaire.
D éfinition. La matrice carrée obtenue à partir de la matrice
unité par transformation élémentaire régulière sur des lignes (des
colonnes) est appelée matrice élémentaire associée à cette transforma­
tion.
C’est ainsi que sont des matrices élémentaires du second ordre
les matrices

p
Lo °i ji • Lo
r 1 i j • Lo
p °i ji r 1’ ° iLo x p
j • ° Ui i j ’
où X est un scalaire non nul quelconque.
§2] MATRICES INVERSIBLES 199

La matrice élémentaire s'obtient à partir d'une matrice unité E


par l’une des transformations régulières suivantes:
1) la multiplication de la ligne (do la colonne) de la matrice E
par un scalaire différent de zéro ;
2) l’addition (ou la soustraction) à une ligne (colonne) quelconque
de la matrice E d’une autre ligne (colonne) multipliée par un scalaire.
Désignons par £?.(*) la matrice obtenue à partir de la matrice E
après multiplication de la i-ième ligne par un scalaire X non nul:
ri.
1
E Hi) = X
1.
U
Désignons par £(j)+jt(fc) ( E ^ ) ^ k)) la matrice obtenue à partir
de la matrice E après addition (soustraction) à la î-ième ligne de la
k-ième ligne multipliée par X:
"1. -1 .
’’1. X 1. —X
£(i)+*(fc) = •1. ; E w -H k)=
’l.
1_ '*1_
On notera E ^ la matrice obtenue à partir de la matrice unité E
après application de la transformation élémentaire cp sur les lignes ;
ainsi E 9 est la matrice correspondant à la transformation cp.
Considérons quelques propriétés des matrices élémentaires.
P ropriété 2.1. T ouïe matrice élémentaire est inversible. Une matri­
ce inverse de la matrice élémentaire est une matrice élémentaire.
D é m o n s t r a t i o n . Une vérification directe montre que
pour tout scalaire X différent de zéro et i et k quelconques on a les
égalités
E U î)E >rm ) = E = Ex~m )Exu) ;

E (i)+Mh)Ea)-uk) = E = £<o-x<*>£<o+Mfc)-
Sur la base de ces égalités on conclut qu’on a la propriété 2.1. □
P ropriété 2.2. Un produit des matrices élémentaires est une
matrice inversible.
Cette propriété découle directement de la propriété 2.1. et du
corollaire 2.3.
P ropriété 2.3. S i une transformation élémentaire régulière par
lignes <p fait passer la matrice m X n A en la matrice B , on a alors
B = E<y (E v Ç FTOxm). La réciproque est également vraie.
200 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. V I

D é m o n s t r a t i o n . Si q) est une multiplication de la Même


ligne >1 = || a ik || par un scalaire non nul X, on a
« I l . . . 0C|n
hx.ti . . . X a l7l
_a m l . . . &mn _
c’est-à-dire B = E ^A . Mais si E ç = E ii)+x(k)^ alors
a il • • • a ln

•£(«+ > .(*) A = a l i + X a * i . . . Œin + taXfen

_^m l • • • ®m n _
c’est-à-dire B = E {l)^ ^ ky A .
On vérifie sans peine que l ’affirmation inverse est également
vraie. □
Propriété 2.4. Si la matrice C est obtenue à partir de la matrice
A par une série de transformations élémentaires régulières par lignes
cpi, . . ., (p*, on a alors C = E qy . . E ^ - A . La réciproque est éga­
lement vraie.
D é m o n s t r a t i o n . Selon la propriété 2.3 la transforma­
tion <p! fait passer la matrice A en la matrice E {v •A , cp2 fait passer
la matrice E^x •A en la matrice E^tE^x •A , etc. Enfin, <ps fait pas­
ser la matrice E v . . . E^x-A en la matrice E ^ E ^ s ^ . . .E ^ -A .
Par conséquent, C = 2?^ . . .E ^ E ^ - A .
On vérifie aisément que la réciproque est également vraie.
Conditions d’inversibilité de la matrice. Pour démontrer le théo­
rème 2.8 on a besoin de trois lemmes suivants.
L e m m e 2.4. Une matrice carrée à ligne {colonne) dont les éléments
sont nuis est irréversible.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A une matrice carrée dont la ligne
est à éléments nuis, B étant june matrice quelconque, A , B Ç /^ x 71.
Soit A t la ligne à éléments nuis de la matrice A y on a alors
(AB)t = lA tB \ . . ., A iB n1 = [0, . . 01,
c’est-à-dire que la Meme ligne de AB ne possède que des éléments
nuis. Donc la matrice A est irréversible. □
L e m m e 2.5. Si les lignes d'une matrice carrée sont linéairement
dépendantes, la matrice est alors irréversible.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A une matrice carrée aux lignes
linéairement dépendantes. Il existe alors une série de transformations
élémentaires régulières par lignes faisant passer A en une matrice
en escalier; soit <pi, . . ., <ps cette série. Selon la propriété 2.4 des
§ 2] MATRICES INVERSIBLES 201

matrices élémentaires on a l’égalité


(1) E Vf . . .E ^ -A = C,
où C est une matrice avec ligne à éléments partout nuis. Par consé­
quent, selon le lemme 2.4 la matrice C est irréversible. Mais si, par
contre, la matrice A était inversible, le produit à gauche dans l’éga­
lité (1) serait alors une matrice inversible, comme produit de matri­
ces inversibles (voir corollaire 2.3), ce qui est impossible. Donc, la
matrice A est irréversible. □
C o r o l l a i r e 2.6. Si une matrice carrée est inversible, ses lignes
sont alors linéairement indépendantes.
L e m m e 2.7. Une matrice carrée à lignes linéairement indépendan­
tes peut être représentée sous forme d'un produit de matrices élémentaires.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A une matrice carrée à lignes
linéairement indépendantes. Il existe une série de transformations
élémentaires régulières par lignes <Pi, . . <p5 faisant passer la ma­
trice A en la matrice unité E. Selon la propriété 2.4 des matrices
élémentaires, il s’ensuit que E^s . . . E^x -A = E. Donc, -4 =
= Eyl . . . 2?ÿl, où, selon la propriété 2.1 des matrices élémentaires»
les facteurs Eÿ\ , . . Eÿ1 sont des matrices élémentaires. □
T h é o r è m e 2.8. Pour toute matrice carrée A (A Ç F11**1) les trois
affirmations suivantes sont équipotentes :
(a) la matrice A est inversible ;
(b) les lignes (colonnes) de la matrice A sont linéairement indé­
pendantes ;
(c) la matrice A peut se représenter sous forme d'un produit des
matrices élémentaires.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le corollaire du lemme 2.5,
(b) s’ensuit de (a). Ensuite, selon le lemme 2.7 (c) s’ensuit de (b).
Enfin, en vertu de la propriété 2.2 des matrices élémentaires et du
corollaire 2.3, (a) dérive de (c). Donc, les affirmations (a), (b) et (c)
sont équipotentes. □
Calcul de la matrice inverse. On est maintenant en mesure de*
fonder une règle très simple de calcul de la matrice inverse.
T h é o r è m e 2.9. S i par une série de transformations élémentaires
régulières par lignes on fait passer une matrice carrée A en une matrice
unité E , la matrice A est alors inversible et cette même série des trans­
formations fait passer la matrice E en la matrice A “x.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que <plT . . ., cp* est la série
des transformations faisant passer la matrice carrée A en la matrice
unité E. Alors, selon la propriété 2.4 des matrices élémentaires^
E = E A .
En vertu de la proposition 2.1 il s’ensuit que la matrice A est inver­
sible et
A -1 = Eyê . . .E ^E .
2 02 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. V I

Selon la propriété 2.4 des matrices élémentaires, il dérive de la


dernière égalité que la série de transformations élémentaires par
lignes (pi, . . q>5 transforme la matrice E en la matrice A"1. □
Le théorème 2.9 permet de formuler la règle suivante d’obtention
de la matrice inverse. Pour trouver la matrice inverse de la matrice A
d'ordre n X n, il faut faire passer la matrice rectangulaire n X 2n
{A | E) en une matrice de la forme (E | C) par une série de transforma­
tions élémentaires régulières par lignes ; la matrice C ainsi obtenue est
inverse de la matrice A .
Notation et résolution du système de n équations linéaires à n
variables sous forme matricielle. Considérons un système d’équa­
tions linéaires
«11*1 “T •- - + «in*n — Pli
<I> .............................................
« n i * ! "T • - .+ C C n n * 7 i = Pn

sur le corps & . En introduisant les notations

•on est en mesure d’écrire le système (I) sous forme d’une équation
matricielle
<2) ASC = 6.
On voit aussitôt que l’équation (2) est équipotente au système d’équa­
tions (I). Elle est dite forme matricielle d'écriture du système d'équa­
tions (I).
T h é o r è m e 2.10. S i les lignes de la matrice A sont linéairement
indépendantes, le vecteur A~*b est alors l'unique solution de l'équa­
tion (2).
D é m o n s t r a t i o n . Supposons qu’un vecteur colonne SC0
est la solution de l ’équation (2), c’est-à-dire que ASC0 = b. En
m ultipliant à gauche les deux membres de l ’égalité AiT0 = b par
A“\ on obtient
<3) SC0 = A - 1-b.
Ainsi, ou bien l’équation (2) possède une solution A ou bien elle
n’en possède pas. Toutefois, l ’égalité A (A_1-&) = b montre que
le vecteur A ”1*b est une solution de l ’équation (2). Par conséquent,
le vecteur A "1-b est l ’unique solution de l’équation (2). □
C o r o l l a i r e 2.11. S i les lignes de la matrice fondamentale A du
système (I) sont linéairement indépendantes, le système est alors compati­
ble et le vecteur A "1-b est la solution unique de ce système.
§ 31 PERMUTATIONS 203

Exercices
1. Soit A = || a u || une matrice carrée d’ordre n (sur le corps S0 . Notons
Eih (*’ £ = 1, . . n) la matrice dont la i-ième ligne et la Ar-ième colonne ont
1 pour élément, les éléments restants étant nuis. Montrer que
(*) A E ik — VliElh + • • • + a n iEnki E ikA = a hlEll + • • • + a knEin-
2. Sur la base de l ’égalité (*) démontrer que la matrice A est permutable
avec chacune des matrices Elk si et seulement si A est de la forme XE, où X 6 F.
3. Utilisant le résultat du problème précédent montrer que la matrice A
est permutable avec une quelconque matrice carrée d’ordre n (sur le corps &)
si et seulement si A = XEy où X 6 F.
4. Soit A une matrice carrée d’ordre n. Démontrer que la matrice A est
permutable avec une matrice diagonale quelconque d’ordre n si et seulement
si la matrice A est elle-même diagonale.
5. Soit A une matrice diagonale, tous les éléments de la diagonale prin­
cipale étant différents l ’un de l ’autre. Montrer que toute matrice qui est per­
mutable avec A est aussi diagonale.
6. Montrer qu’une matrice carrée A d’ordre n permutable avec une matrice
quelconque symétrique du même ordre est une matrice scalaire, c’est-à-dire que
A = XE, où X est un scalaire et E une matrice imité d’ordre n.
7. Soit A une matrice carrée d’ordre n (sur le corps SF). Démontrer que
l ’ensemble de toutes les matrices (sur <F), permutables avec la matrice A , est
fermé par rapport à l ’addition et par rapport à la multiplication.

§ 3* Permutations
Permutations. Groupe des permutations. Considérons les permu­
tations de l’ensemble M = {1, . . ., n}, où n est un nombre naturel
autre que zéro. On appelle permutation de Vensemble M l’application
injective de l’ensemble M sur lui-même.
Toute application (p de l’ensemble M sur lui-même se note de
façon commode sous forme de tableau
/ 1 2 ...
e
U ( i ) q>(2) —
L’ordre des nombres dans la première ligne a peu d’importance,
et on peut le varier de façon quelconque. Toutefois, il faut veiller
à ce que pour tout k le nombre <p (k) soit placé immédiatement au-
dessous de k.
L’ensemble de toutes les permutations de l’ensemble M sera noté
S n ; les éléments de cet ensemble sont nommés permutations d'in­
dice n.
Si <p 6 iSn, alors: (1) q> est une application injective, c’est-à-dire
que pour tous i, k Ç M il s’ensuit de <p (i)=<p (k) que i= k \ (2) cp est
une application de M sur lui-même, c’est-à-dire {q> (1), . . ., q> (n)} =
= {1, . . ., n). M étant un ensemble fini, de la condition (1) se
déduit la condition (2), et réciproquement.
Le produit (pif de deux permutations q) et ip de l’ensemble M se
définit comme une composition d’applications (p et ip (<p\J) = cp-ip)
204 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

Donc, par définition,


<pt|> (t) = <p (if(0), i = 1, . . n.
Une composition de toutes deux applications injectives de l ’en­
semble M sur lui-même est une application injective de l ’ensemble M
sur lui-même. Par conséquent, pour deux permutations quelconques
<p, ip de Sn, on a q\f 6 Sn.
Notons par e l’application identique de l ’ensemble M sur lui-
même :
/I 2 ... n\
e (i) = i, i = 1, . . . , n, c’est-à-dire e =
I l 2 ... n)
On constate aisément que pour toute permutation q de S n qe =
= e<p = q, c’est-à-dire que e est un élément neutre par rapport à la
multiplication.
Si q est une permutation de l ’ensemble M, q r1 est également une
permutation de l’ensemble M et q q -1 = e = q ^ q . De plus,
i _ / r<P(1) — <P(^)\ = / 1 ... n \
9 “ Vi ...» ) W - ‘ ( i ) . . . q > - ‘ (n) /*
T heorême 3.1. L'algèbre <Sn, -, -1) est un groupe.
D é m o n s t r a t i o n . On a établi plus haut que l’ensemble Sn
est fermé aux opérations principales - , -1. Selon le théorème
2.3, une composition des fonctions est associative. Une permu­
tation identique e est un élément neutre par rapport à la multipli­
cation et, pour toute permutation q) de 5 n, on a l’égalité q q -1 =
= e = q ^ q . Ainsi, l ’algèbre (Sn, -, ”*> est donc un groupe. □
D éfinition . Le groupe (Sn, - , -1) est dit groupe symétrique d'indi­
ce n et est noté f f n. L’élément e est nommé élément unité de ce groupe.
Perm utations paires et im paires. Soit donnée une permutation
de l’ensemble M = {1, . . ., n}
/ I 2 ... n \
9=3U (1 ) < p (2 ) . . . < p ( n ) J ’

Considérons un couple non ordonné {i, fc} d’éléments différents de


l’ensemble M. Le couple {i, k} est dit régulier relativement à la
permutation q si les différences i — k et q (i) — q (k) sont affectées
du même signe. On dit que le couple {i, /c} est irrégulier relativement
à la permutation q ou y constitue une inversion si les différences i — k
et q (i) — q (Zc) sont munies de signes opposés. C’est ainsi, par
f i 2 3\
exemple, que dans la permutation identique
I l 2 3 j i l n ï “ paS
d’inversions. Dans la permutation on n’a qu’une inversion.
§ 3] PERMUTATIONS 205

La permutation est dite paire si elle comporte un nombre pair


d’inversions ; elle est dite impaire si le nombre d’inversions est im­
pair. C’est ainsi, par exemple, qu’une permutation identique est
paire.
La permutation 9 de la forme
/ i ... i ... k ... n\
\ i ... k ... i ... n)
est nommée transposition. Autrement dit, la permutation 9 est appe­
lée transposition s’il existe un couple {i, A"} d’éléments différents de M
satisfaisant aux conditions
(1 ) <p (t) = k, <p (k) = i, <p (s) = s
pour chaque s Ç M \ { i , &}.
L emme 3.2. Toute transposition est une permutation impaire.
Démonstration. Soit <p une transposition faisant pas­
ser i en A (i =^= A), c’est-à-dire satisfaisant aux conditions (1). Posons
que i < A. On voit sans peine que le couple {s, t}cr. M peut consti­
tuer une inversion si l’un au moins des éléments est i ou A; dans le
cas contraire les deux différences s — t et <p (s) — 9 (t) coïncident.
Si i < s ou A < 5 , il n’y a pas d’inversions parmi les couples
{s, i} et {A, s} vu que les deux différences sont négatives.
Si i < A, parmi les couples {i, 5 } sont des inversions les
couples suivants: {i, i + 1}, . . ., {i, A}, en tout A — i inversions.
Si i < s < A, parmi les couples {s, A} sont des inversions les
couples {i + 1 , A}, . . ., {A — 1, A} ; il y a au total A — i — 1 in­
versions.
Bref, la transposition 9 comporte au total (A— i) + (A— i — 1) =
= 2 (A — i) — 1 inversions, et, par suite, 9 est une permutation
impaire. □
Signature d’une permutation. La signature de tout nombre ration­
nel a se définit de la façon suivante :
1 pour a > 0 ,
0 pour a = 0 ,
—1 pour a-< 0 .
On voit aussitôt que pour tous nombres rationnels a et 6 , on a
sign (ab) = sign (a)-sign (b).
Cette propriété de la signature est appelée propriété de multiplicati­
vité et elle sera utilisée pour la démonstration du lemme 3 .3 .
Notons sgn l ’application de l ’ensemble S n dans l’ensemble
20 6 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

{1, —1} définie par l ’égalité:


1, si <p est une permutation paire,
{
— 1, si ç est une permutation impaire.
On voit sans peine que la signature (sgn cp) de la permutation <p est
2_£
égale au produit des signatures de tous les nombres ^ corres­
pondant à tous les couples possibles {i, &} de divers éléments de
l’ensemble il/, c’est-à-dire que
sgnq>= JJ sig% ( o " q ,W -
{ i . k)<Z M
i*h
L e m m e 3.3. La signature d'un produit de deux permutations est le
produit des signatures de ces permutations, c'est-à-dire
(1) sgn (q>it?) = sgn <p-sgn if (<p, if 6 *$„).
D é m o n s t r a t i o n . On peut représenter la permutation
/ t ( l ) . . . if(n) \ .
9 U * (1) • • • «P’M »)/ * ° nc’
. ip (i)—1|: (k)
n
{ i . h )C Z M
i+h
par conséquent, on a
(2) sgn <p-sgn if = JJ sign- X
{ i. k )C M
i¥ *

x n sign *(i)-ii>(*) *
{ i . ft}C M

En vertu de la propriété de m ultiplicativité de la signature


sign *f (0—if(fc) i —k
qnp (i)—q>tp (k) ’ if (i) — if {k)
f Ip (0 — (k) i—k \ i—k
- Slgn V <pt|) (i) - qxf (*) ' * (0 - * (*) / g 9* (0 - <P9 (*) *
Aussi s’ensuit-il de (2) que
i —k
sgn (p-sgn if = JJ sign ;sgn (<pif). □
q>9 («')—<p9 (k)
{ i, k }C M

T héorème 3.4. La signature d'une permutation (fonction sgn) est


douée des propriétés suivantes :
(1) la jonction sgn est multiplicative, c'est-à-dire sgn ((pif) =
= sgn <p-sgn if pour tous <p, if de Sn ;
DÉTERMINANTS 207

(2) la signature de la transposition vaut (—1);


(3) les permutations inverses entre elles ont une même signatures
(4) si x est une transposition et cp une permutation quelconque de S n„
on a alors sgn (x(p) = sgn (<px) = — sgn q>.
D é m o n s t r a t i o n . La propriété (1) se vérifie à partir du
lemme 3.3. La propriété (2) découle directement du lemme 3.2. En
vertu de la propriété (1),
sgn (qxp”1) = sgn cp- sgn cp-1 = sgn £ = 1
pour toute permutation cp. Par conséquent, sgn cp = sgn q r1. La
propriété (4) découle directement des propriétés (1) et (2). □
C o r o l l a i r e 3.5. Le produit de deux (ou d'un nombre pair) de
permutations de même parité est une permutation paire.
C o r o l l a i r e 3.6. Le produit de deux permutations de parité diffé­
rente est une permutation impaire.

Exercices
1. Démontrer qu'il existe ni permutations d'un ensemble composé de n
éléments.
2. Montrer que si n > 1 le nombre de permutations paires de l'ensemble
(1, 2, . . ., n} est égal au nombre de permutations impaires.
3. Démontrer que l'ensemble de toutes les permutations paires de Sn est
clos par rapport à la multiplication et à l'opération d'obtention de l'inverse
de l'elément.
4. Montrer que chaque permutation de Sn pour n > 1 peut être représentée
sous forme d'un produit de transpositions de l'aspect (&, k + 1)» où 1 < A:< n.
5. Montrer que chaque permutation de Sn pour n > 1 peut être représentée
sous forme d’un produit de transpositions de l'aspect (1, &), où 1 < k ^ n.

§ 4. Déterminants
Déterminant d’une matrice carrée. Soit jF un anneau commutatif
ou un corps dont les éléments seront nommés scalaires. Soit
’a u «12 . . . Ot|n
a 21 «22 . . . Ctjn
A =

.« n i a„2 •• • ®nn _

une matrice sur SF, A £ Fnxn. Soit S n l'ensemble de toutes les per­
mutations de Tensemble {1, . . ., n).
Considérons l’ensemble M (4) de tous les produits d’éléments de
la matrice A pris par un de chaque ligne et colonne. Tout élément de
l’ensemble M 04) comporte n facteurs et peut être écrit ainsi :
(1 ) • m&nln 9
208 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

Faisons correspondre à l’élément (1) la permutation


'1 2 n
( 2)
h in )
de l ’ensemble {1, . . ti}. Réciproquement: à chaque permuta­
tion t de Sn,
_ / 1 2 ... n \
<3) * - ^ T(1) t (2) . . . t (ri)) '

correspond un élément unique de l’ensemble M (A), à savoir


<4)
Ainsi, l’application associant à chaque permutation t de Sn l ’élé­
ment (4) de l’ensemble M (A) est une application injective de l’ensem­
ble Sn sur M (A).
D é f i n i t i o n . On appelle déterminant de la matrice A la somme

2 2 S gfl (x) aiT (l)-Û 2 T < 2 ) ••• 0 n t (n)-


T6Sn

La somme comporte n! termes et à chaque permutation x de S n dans


cette somme correspond exactement un terme.
On notera le déterminant de la matrice A | A | ou det A , ou
«Il . . . ocin

« m . . . ctnn

Si n = l , det [alft] = a ila Pour n = 2


« il a 12
«11«22 ~Ctf2«2i*
ttjl 0^22
Si ti = 3, on a
«1! a 12 «13
a 2! CCoo «23 — « i i « 2 2 « 3 3 "H « 13&21«32 « 12«23«31 —
«31 a 32 «33

— & 13«22«31 — « 1 1 « 2 3 « 3 2 — « 1 2 « 2 1 « 3 3 *

P r o p o s i t i o n 4.1. Le déterminant d'une matrice avec ligne (colonne)


à éléments nuis est nul.
Une matrice carrée est dite diagonale si sont nuis tous ses élé­
ments ne se trouvant pas sur la diagonale principale.
P r o p o s i t i o n 4.2. Le déterminant d'une matrice diagonale est égal
au produit des éléments de sa diagonale principale.
§ 4] DETERMINANTS 209

Une matrice carrée est dite triangulaire si sont nuis tous ses
éléments se disposant au-dessus (au-dessous) de sa diagonale prin­
cipale.
P r o p o s i t i o n 4.3. Le déterminant d'une matrice triangulaire est
égal au produit des éléments de sa diagonale principale.
La démonstration des propositions 4.1-4.3 est laissée au soin
du lecteur.
Propriétés fondamentales des déterminants. Formulons et démon­
trons les propriétés rencontréesjle plus souvent.
P r o p r i é t é 4.1. Les déterminants d'une matrice carrée A et d'une
matrice transposée lA sont égaux.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A = || a ik || une matrice carrée
d’ordre n et lA = || ||, où = a hi. On a alors
I | = S ( S g n T ) p i , {1) . . . p n t <») î
T6Sn
%
(1) I*i4|= (sgnx)at (i)i . . . a T(n)n.
TgSn
/ n \
1 ... / t (1) . . . t ( n ) \
Etant donné que r = l , . . alors t-1 = | . },
\ t ( 1 ) . . . t (n)/ ' \ 1 . . . ra /
ou, si l ’on dispose sur la ligne supérieure les nombres dans
/ 1 ... n \
l’ordre croissant, r -1 = l . . . . . , I . Dans le produit
Vt 1 (1) . . . t 1 (n))
ocT(Di . . . Oï(n)n disposons les facteurs de manière que les pre­
miers indices suivent un ordre croissant; il vient alors

a T ( 1) 1 • • • (n) n — a lx -* (l) • - •

et l ’égalité (1) peut s’écrire sous la forme

(2) l 'A | = T (sgn t -1) cciT-i(i) . . . o*T-,(n).


T -l £Sn

Vu que la permutation T“l parcourt une fois tous les éléments de


l’ensemble Sn quand t parcourt tous les éléments de cet ensemble une
fois, la somme dans l’égalité (2) est égale au déterminant de la
matrice A. Donc, | *A | = | A |. □
Propriété 4.2. Avec une permutation de deux colonnes (lignes)
d'une matrice son déterminant change de signe.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A = || oc** || la matrice n X n
et B = || || la matrice obtenue à partir de la matrice A par per­
mutation de deux colonnes à indices s et t. Soit o une transposi­
tion de Sn faisant passer s en t, a = ($t), il vient alors
Pifc = pour i, k Ç {1, . . ., n },
14—01762
210 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

pâr suite,
\ B \ = V (SgnT)Pix(i) . . . P„T (n) =
xÇSn
(Sgn T) OCiqx (1) • •• a not (n)«
=
T€Sn
Selon le théorème 3.4, sgn (ox) = — sgn x. En outre, quand la
permutation x parcourt tous les éléments de l’ensemble Sn une fois,
la permutation x' = ox parcourt également tous les éléments de cet
ensemble une fois. On obtient, par conséquent,
1-5 | = — S (sgn T ')ait»a, • • • <*nx’ M = = — M U
T '€Sn
c’est-à-dire \B | = — \ A |.
P ropriété 4.3. Le déterminant d'une matrice possédant deux colon­
nes (lignes) identiques est nul.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que la matrice A = || a ih ||
possède deux colonnes identiques, par exemple, A* = A *. Notons o
la transposition (st). Dans ce cas l ’égalité A* = A 1 entraîne l ’égalité
(1 ) ® 1 t (1)- • - a n i ( n ) — ® l o t ( l ) • • •O & notln)-

Faisons correspondre à chaque permutation t de S n la permuta­


tion o t . Alors, à la permutation o t correspond la permutation T, car
o (o t) = t . Appelons l'ensemble { t, ox) couple de permutations corres­
pondant entre elles.'L’ensemble Sn se divise en couples de semblables
permutations disjoints deux à deux. On est donc en présence d’une
partition de l’ensemble Sn :
s„= U (t, ot},

où A n est l’ensemble de toutes les permutations paires de degré n.


Donc l ’égalité
\ A | = S (sgn t) a lx <o . . . a„t (n)
te S n

peut être écrite de la sorte


(2) | A | = S ((sgnxjattd) . . . a„t(n) +
T£An
+ (sgn ot) a l0T (i) • •. anot <«>]•
De plus, selon le théorème 3.4,
(3) sgn (ot) = — sgn t.
Sur la base de (1) et (3) on conclut que
(sgn t) a lT(i) . . . a nX(„) - f (sgn ot) a 10t{1). • •a nat(n) — 0.
Ainsi, chaque terme de la somme (2) est nul ; par conséquent, | A | =
= 0. □
§ 4| DETERMINANTS 211

P ropriété 4.4. St tous les éléments d'une ligne (colonne) quelcon­


que de la matrice A sont multipliés par le scalaire X, le déterminant de la
matrice A est alors aussi multiplié par le scalare X.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A = || a ih || une matrice carrée
d'ordre n et B une matrice obtenue à partir de la matrice A après
multiplication de la i-ième ligne par le scalaire X:
mi • am
B = Xa n Xa,„
^ni ®nn
On a alors par définition du déterminant

|Æ|= ^ (sgn t) a lx(1). . . (Xa,T(l)) .. .a nT(n) =


TÊS n

=X S (sgnx)a,T(1) . . . a {T(<) . . . a nt(n), c’est-à-dire |5 | = X|i4|.


TgSn

C o r o l l a i r e 4.4. Le déterminant d'une matrice dont deux lignes


(colonnes) quelconques sont proportionnelles est nul.
P r o p r i é t é 4.5. Si chaque élément de la i-ième ligne (colonne)
d'une matrice carrée A est une somme de m termes, le déterminant de la
matrice A est alors égal à la somme de m déterminants, en outre, dans la
matrice du premier déterminant dans la i-ième ligne (i-ième colonne)
sont contenus les premiers termes de la somme, dans la matrice du deuxiè­
me, les seconds termes, etc., tandis que les lignes suivantes sont identiques
à celles de la matrice A .
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que chaque élément de la
i-ième ligne de la matrice A est une somme de m termes :1
(1) a ,k = a $ + . . . * f a î r (fc= 1, . . m).

Dans l ’égalité

|4 | = 2 (Sgfl t ) • • • a l t U ) • • • ® nt(n)
TÇSn

dans chaque terme de la somme substituons au facteur a <T(i> la


somme des m termes selon la formule (1) et représentons toute la som­
me sous forme de m termes:

\A\ — 2 (sjpi "0 ®ix(i) • • • x(i) • • • ^hx(n) “!” •••


TÇSn
• •. + 23 (sgn t) a lt(1) . . . a ^ ’j, . . . a ntM.
X£Sn
14*
212 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

En remplaçant chacune des m sommes par le déterminant on aboutit


à l’égalité cherchée
ail • • •

\A | = Œil • • • ®in + • • • + a—n(m) .. a in .□

ccni • • .a„ a nl . . . a.
P r o p r i é t é 4.6. S i à une colonne (ligne) quelconque de la matrice
du déterminant on adjoint une autre colonne (ligne) de la matrice multi­
pliée par un scalaire arbitraire, le déterminant de la matrice ne varie­
ra pas.
Démonstration. Ecrivons la « X n-matrice A sous
forme
A = (.A\ A 2, . . ., A n).
Admettons que la matrice B s’obtient à partir de la matrice A après
adjonction à la première colonne de la fc-ième colonne multipliée par
le scalaire X, c’est-à-dire
B = (A1 + ^4*, A2, . . A n) (k ^ 1).
Selon la propriété 4.5, le déterminant de la matrice B peut être
représenté sous forme de la somme de deux termes:
| B | = | ( A \ A 2..........A n) | + X | ( A \ A2, . . ., A n)|.
Dans cette somme le second déterminant est nul comme possédant
deux colonnes identiques; donc, | B | = | A |. □
C o r o l l a i r e 4.5. Si à une colonne (ligne) quelconque de la matrice
d'un déterminant on ajoute une combinaison linéaire des autres colonnes
(lignes) de la matrice, le déterminant de la matrice ne variera alors pas.
P r o p r i é t é 4.7. Si une colonne (ligne) quelconque d'une matrice car­
rée est une combinaison linéaire des autres colonnes (lignes) de la matri­
ce, le déterminant de la matrice est alors nul.
Cette propriété découle aisément du corollaire 4.5.

E x e rc ic e s
1. Comment variera le déterminant d'une matrice carrée d'ordre n si
chaque élément de la matrice est remplacé par son opposé?
2. Soient A une matrice carrée d'ordre n sur le corps 2F et X un élément
de ce corps. Démontrer que | X-A | = Xn | A | .
3. Comment variera le déterminant d'une matrice carrée d'ordre n a élé­
ments complexes si chaque élément de la matrice est remplacé par son conjugué?
4. Les éléments d'une matrice carrée d'ordre n satisfont à la condition
ctjfe = âki, où âki est un nombre complexe conjugué de a ih. Démontrer que
\ A | est un nombre réel.
§5] MINEURS ET COMPLÉMENTS ALGÉBRIQUES 213

5. Démontrer que le déterminant d'une matrice triangulaire est égal au


produit des éléments de la diagonale principale de la matrice.
6. Comment variera le déterminant d'une matrice carrée d'ordre n si l'on
échange de place la première et la dernière colonnes les autres colonnes étant
déplacées vers la gauche en conservant leur disposition?
7. Comment variera le déterminant d'une matrice carrée d'ordre n si les
colonnes de la matrice sont écrites dans l'ordre inverse?
8. Supposons que dans le corps 2F est satisfaite l'inégalité 1 -b 1 ^ 0.
Démontrer que le déterminant de toute matrice symétrique gauche sur $ d'ordre
impair est nul.
9. Démontrer que
1 *1
1 *2 x\ = (*2 “ *i) (*3—*2) (*3 —*2)-
1 *3 *î
10. Démontrer qu'on a le développement suivant en facteurs linéaires du
déterminant de Vandermonde d'ordre n:
1 x, xf . .. xp-i
1 xa x\ . . . X?”l
= JJ (Xj -**)•
1 x n XR . . . xj{"1
11. Montrer que si la matrice carrée A est inversible, on a
I A-*\ = | A I-1.
12. Soit A une matrice carrée. Démontrer que \ A k \ = \ A \h pour chaque
entier positif k. Montrer que si la matrice A est régulière, on a | >1* | = | .4 \k
pour tout entier k .

§ 5. Mineurs et compléments algébriques.


Théorèmes des déterminants
Mineurs et compléments algébriques. Soient.^ un corps de scalai­
res et A = || a th || 6 Fmxn;
a ii «la
A =

D é f i n i t i o n . On’ appelle sous-matrice de la matrice A la matrice


obtenue à partir de A par suppression d'une collection quelconque de
ses lignes et colonnes. La sous-matrice composée de k lignes et k
colonnes est appelée sous-matrice d'ordre k.
D é f i n i t i o n . Le déterminant d’une sous-matrice d’ordre k de la
matrice A est appelé mineur d'ordre k de la matrice A.
Les mineurs d’ordre 1 de la matrice A sont ses éléments.
D é f i n i t i o n . Le déterminant d’une matrice obtenue à partir d’une
matrice carrée .4 en supprimant la i-ième ligne et la ft-ième colonne
214 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

est appelé mineur de Vélément a ik et noté M ik. Le produit (—l)i+hM ik


est appelé complément algébrique de l ’élément a ih et noté A ik.
Remarquons que M i k e t A ik = (—1)i+hM ik sont indépendants de
l ’élément a ik, toutefois, A ik dépend de la parité de la somme i + k.
L e m m e 5.4. Soit A 6 / 5Wxïl. Si tous les éléments de la dernière
ligne (colonne) de la matrice A sont nuis, excepté, vraisemblablement,
Vélément ann, on a alors | A | = annM nn.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que
(1) «nh = 0 pour k 6 {1, . . n — 1}.
Par définition du déterminant,
(2) \A\ = S (sgnt) œ1t(1) . . . a n_lT(n_0 . a nX(n).
t€Sn

Définissons l ’ensemble S ’n par l ’égalité


(3) S ’n = ( t Ç S n | x (n) = n}.
Si t Ç Sn\S 'n, alors en vertu de (1) a nT(„) = 0. Donc, dans la som­
me (2) tous les termes correspondant aux permutations t de Sn\ S n
sont nuis. En supprimant dans la somme (2) ces termes, il vient
(4) \A\ = a nn (sgn x) CClT(i) . . . Π( n - l ) x ( n - l) -
xes;
Considérons l ’application (p de l ’ensemble S'n sur Sn- V:

Ainsi x' est la restriction de t à l ’ensemble {1, . . . , n — 1}:


(5) x ' ( i ) = T ( i ) pour t € { l , . . . , n —1},

L’application <p est une application injective de l ’ensemble S'n sur


S n _j. Comme x (n) = n pour x 6 S'n, le nombre d’inversions dans la
permutation t vaut le nombre d’inversions dans la permutation x’ ;
par conséquent,
(6) sgn x' = sgn t (i ' Ç S ^ ) .
Sur la base de (5) et (6) on est en mesure d’écrire l’égalité (4) sous
forme
\A\ = a nn 2 (sg n T ')alT.(1). . . ctn .u ^n .j).
t'S S n -1
Dans cette dernière égalité la somme est le mineur M nn correspon­
dant à l ’élément a„n, c’est-à-dire | A | = a nn-M nn. CD
MINEURS ET COMPLÉMENTS ALGEBRIQUES 215

L e m m e 5.2. Si tous les éléments d'une ligne ( colonne) de la matrice


carrée A sont nuis, à part, vraisemblablement, un élément, | A \ est
alors égal au produit de cet élément par son complément algébrique.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A = || a | | Ç F"*". Supposons
que tous les éléments de la i-ième ligne de la matrice A sont nuis
excepté, il se peut, l ’élément a ik :
(1) a i} = 0, / 6 {1, • • -,
Dans la matrice A on déplacera la Même ligne vers le bas jusqu’à ce
q u ’elle ne devienne la dernière en l ’échangeant successivement avec la
ligne voisine d’au-dessous. Ensuite, la /Même colonne de la matrice
obtenue sera déplacée vers la droite par permutation avec sa voisine
de droite jusqu’à ce qu’elle occupe la dernière place. Finalement la
matrice À se transforme en la matrice]
<*11........................... ............ <*ln <*lh

<*1-1.1 ............... ............ <*1-1. Il

ai+1. 1 ............... ............ <*1+1. h

«ni........................
_<*11 • • • < * ! , fc-1 t t i . fe+ 1 * • * a il

Selon la condition (1), tous les éléments de la dernière ligne de la


matrice B sont nuis à part, peut-être, l’élément a ik. Donc, selon le
lemme 5.1, on a
{2) | B | = a tk ’M ik,

où M ik est le mineur de la matrice A correspondant à l’élément a ik.


La matrice B a été obtenue à partir de la matrice A par n — i per­
mutations de lignes et n — k permutations de colonnes ; donc, selon
la propriété 4.3 des déterminants,
| B | = (—l)n-i+»-* | a |
et
(3) \A | = (-1)*+* | B |.
De (2) et (3), on obtient | A \ = (—l)i+h -alk-Mi k = cc.ihA tk,
c ’est-à-dire | A \ = a lkA ih. Q
Développement du déterminant solvant les éléments d’une ligne
ou d’une colonne. Lors du calcul des déterminants on se sert sou­
vent du théorème suivant.
T h é o r è m e 5.3. Soit A Ç F"*". Le déterminant de la matrice A est
égal à la somme des produits d’éléments d'une colonne (ligné) quelconque
216 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

par leurs compléments algébriques, c’est-à-dire


(1) | A | = -f- . . • + Otnh/lnfc
(i, k 6 {1, . . n}).
(2) | A | = a hA h 4- • • . 4- a inA {n
D é m o n s t r a t i o n . Représentons sous forme d’une somme
de n colonnes la Æ-ième colonne A h de la matrice A :
‘“ îk' ‘ 0 " ■ 0 ■
Ah = 0 4- Otk + • • • + 0

. 6. . 6. _«n*.
Selon la propriété 4.5 des déterminants, à cette représentation cor­
respond la représentation de | A | sous forme d’une somme de n dé­
terminants
0&ii . . • OCjfc • . • G • • • 0 • • • Œ jn

0&21 • • • 0 • • • 0&2 n 0to| • • • 0 • • • Otju


Ml = + . . . 4-

ocn i . . . 0 ccnn
. . . 0Cn i - • • & 7 i k • • nn

Selon le lemme 5.2, le premier terme de cette somme vaut a lki4lk,


le second, a 2ki42k, etc. Par conséquent,
I A | = a lk.4lk + a lki42k 4* . . . 4- OnMnk.
De façon analogue, on démontre la formule (2). □
La formule (1) porte le nom de développement du déterminant sui­
vant les éléments de la k-ième colonne. La formule (2) est le développe­
ment du déterminant suivant les éléments de la i-ieme ligne.
T h e o r ê m e 5.4. Soit A = || a tj || £ f * x * . La somme des produits
d'éléments d'une colonne (ligne) quelconque de la matrice A par les
compléments algébriques d'éléments correspondants d'une autre colonne
(ligne) est nulle, c'est-à-dire
(3) . . . 4~ Œnkj4nj = 0 (k s),
(4) a tlA ml 4- . . . 4- a lnA mn = 0 (m =£ i).
D é m o n s t r a t i o n . Démontrons la formule (3). Ecrivons
A sous forme
A = ( i l 1. •y Ahy • • •yÆA*y • • •y /X
An\J•
En substituant dans la matrice A à la s-ième colonne A un vecteur

arbitraire b = on aboutit à la matrice

B = (-41, . . ., A h, . . ., b, . . ., il").
S 5] MINEURS ET COMPLEMENTS ALGEBRIQUES 217

Développons | B | suivant les éléments de la s-ième colonne :


I B | = PiA la + . . . + pn4„j.
Notons que cette égalité se vérifie pour tout jeu des scalaires plt . . .
.. p„. En particulier, en y posant Pj = a,*, . . p„ =
on obtient l’égalité
0= ~t~ • • • “t" (M ®)»
car la matrice B aura deux colonnes identiques.
De façon analogue on démontre la formule (4). □
Déterminant d'un produit de matrices. Démontrons d’abord deux
lemmes.
L emme 5.5. Si Ey est une matrice élémentaire de même ordre qu'une
matrice carrée B, on a alors
(1) | E^B | = | E v | | B | et | B , | ^ 0.
D é m o n s t r a t i o n . Toute matrice élémentaire est trian­
gulaire et, partant, son déterminant est égal au produit d’éléments
de la diagonale principale. Donc, on a
/o\ , r | _ P si E%= Eixt) (*#0).
() 1 l 1 si Ev = E(l)+X(k);
en outre,

<*>
Sur la base de (2) et (3) on conclut qu’il y a lieu (1). □
L f.mme 5.6. Si E u . . ., E, sont des matrices élémentaires de même
ordre que la matrice carrée B, on a alors
(4) | E xBt . . . E SB | = | * x | | E 2 | . . . | E, | | B |.
D é m o n s t r a t i o n (conduite par récurrence sur le nombre s).
Selon le lemme 5.5, le lemme 5.6 se vérifie pour s = 1. Supposons
que le lemme est vrai pour s — 1 facteurs élémentaires et démontrons
qu’il se vérifie aussi pour s facteurs. Selon le lemme 5.5, on a
| E1 (E, . . . E,B) | = | E x | | E« . . . E,B |.
Par hypothèse de récurrence,
| E* . . . EaB | = | E« | | £ 3 | . . . | E , | | B | ;
donc,
| E .E . . . . E ,B | = | E , | | E . | . . . | E . | | B |.
L’égalité (4) est ainsi vraie pour tout s. □
218 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

C o ro lla ire 5.7. S i E x, . . ., E asont des matrices élémentaires d'un


meme ordre, on a alors
| EXE 2 . . . E9 \ = \ E x \ \ E 2 \ . . . \ E S \.
Thêorême 5.8. Le déterminant d'un produit de deux matrices carrées
est égal au produit des déterminants de ces matrices, c’est-à-dire
\AB\= \A\\B\.
D é m o n s t r a t i o n . Premier cas : les lignes de la matrice A
sont linéairement indépendantes. Selon le théorème 2.8, la matrice A
peut être représentée sous forme d’un produit de matrices élémen­
taires A = E x, . . ., E„ donc, A B = E x . . . E8B . Selon le lem-
me 5.6, on a
\ AB \ = \ Ex \ . . . \ E S \ \ B \ .
De plus, selon le corollaire 5.7,
\ A | = | E x . . . E s | = \ E X | | E2 | . . . | Es |;
par conséquent, | A B | = | A | | B |.
Second cas : les lignes de la matrice A sont linéairement dépen­
dantes. Dans ce cas on peut faire passer la matrice A par une série
de transformations élémentaires régulières en la forme d’une matrice
en escalier qu’on notera C ; les lignes de la matrice étant linéaire­
ment dépendantes, C comporte donc une ligne à éléments partout
nuis. Si

selon la propriété 2.4 des matrices élémentaires, E v . . . E Vf-A =


= C. Multiplions cette égalité à droite par la matrice B :
Ey^ . . . Ey^AB = CB.
Selon le lemme 5.6, | E ^ | . . . | E^s \ \ A B | = | CB |. Com­
me C et, partant, CB sont des matrices possédant une ligne à élé­
ments partout nuis, on a ] CB | = 0. En outre, (selon le lemme 5.5),
I I ^ 0» • • •» I I 0* I I ' *- I I^ 0 î
par conséquent, | A B | = 0 . Comme les lignes de la matrice A sont
linéairement dépendantes, une des lignes de la matrice A est donc
une combinaison linéaire des autres lignes. Aussi, (selon la propriété
4.7 des déterminants) a-t-on | A | = 0. Par conséquent, | A | | B | =
= 0.
Bref, | A B | = | A | | B |. □
Conditions nécessaires et suffisantes de l’égalité à zéro du déter­
minant. Comme le montrent les deux théorèmes suivants, il existe
§5] MINEURS ET COMPLÉMENTS ALGÉBRIQUES 219

diverses conditions mutuellement équivalentes de l'égalité à zéro


du déterminant.
T h é o r è m e 5.9. Le déterminant d'une matrice carrée est nul si et
seulement si les lignes (colonnes) de la matrice sont linéairement dépen­
dantes..
D é m o n s t r a t i o n . Soit A Ç P xn. Démontrons que si les
lignes de la matrice A sont linéairement indépendantes, alors \A | ^=0.
En effet, si les lignes delà matrice A sont linéairement indépendantes,
alors selon le théorème 2.8, elle peut être représentée sous forme d’un
produit de matrices élémentaires, c’est-à-dire que A = E l . . . EH.
Selon le corollaire 5.7, | i4 | = | | . . . | Es |. De plus, selon le
lemme 5.5, le déterminant d’une matrice élémentaire quelconque est
différent de zéro. Donc, | A | 0. Selon la loi de contraposition,
l ’affirmation démontrée est équivalente à l ’affirmation : si | A | =
= 0 les lignes de la matrice A sont alors linéairement dépendantes.
Démontrons à présent la réciproque : si les lignes de la matrice
carrée A sont linéairement dépendantes, on a alors | A | = 0. En
effet, si la première ligne A 1 de la matrice A n’a pas d’éléments
nuis, une au moins des lignes A 2, . . ., A n est alors une combinaison
linéaire des autres lignes de la matrice. Donc, selon la propriété 4.7
des déterminants, | A | = 0. □
T h é o r è m e 5.10. Pour toute matrice carrée A les quatre affirmations
suivantes sont équipotentes :
(a) | A | ^ 0 ;
(b) les lignes (colonnes) de la matrice A sont linéairement indé­
pendantes ;
(c) la matrice A est inversible;
(d) la matrice A peut être figurée sous forme d’un produit de matri­
ces élémentaires.
Ce théorème découle directement des théorèmes 5.9 et 2.8.

Exercices
1. Soient A et C des matrices carrées. Démontrer que
A 0
= \ A \.\C \.
B C
2. Démontrer que

a b c
c a b = / K ) / ( ü>2) /(©,),
b c a

où / = a + bx + ex2 et colt ce,, cot sont les racines cubiques distinctes de


runité.
220 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

3. Calculer le déterminant
a b c d
d a b e
c d a b
b c d a
4. Démontrer que
1 1 1
*1 *2 *3 = (X2—Xi) (XS— Xj) (xs —x2).
*î *1 *3
5. En se servant uniquement de la définition du déterminant, calculer le
déterminant d'une matrice triangulaire A :

*11 0 0 ... 0
*21 *22 0 ... 0
*31 *32 <*33 ■• • 0

*ni am a n3 • • • a nn __

6. Combien de sous-matrices carrées d'ordre k possède la matrice m X n i

§ 6. Théorèmes des matrices.


Règle de Cramer
Théorème sur le rang d’une matrice. Etudions la liaison du rang
de la matrice avec les ordres de ses mineurs non nuis.
T h ê o r e m e 6.1. Le rang d'une matrice non nulle est égal au plus
grand ordre des mineurs non nuis de la matrice.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A une matrice non nulle et
A 6 Fm^ n. Son rang est alors r = r (.4) > 0. Démontrons que la
matrice comporte au moins un mineur non nul d’ordre r. Comme
r = r (4) > 0, la matrice A possède r lignes linéairement indépen­
dantes. Soit B une sous-matrice de la matrice A composée de r lignes
de la matrice A linéairement indépendantes, c’est-à-dire que B Ç
6 FrXn1 r (B) = r. Il s’ensuit de l ’égalité r (B) = r que la matrice B
possède r colonnes linéairement indépendantes. Soit C une sous-
matrice de la matrice B composée de r colonnes linéairement indé­
pendantes de la matrice £ , on a alors C Ç Frxr, r (C) = r. Selon le
théorème 5.10, | C | =^= 0, car les colonnes de la matrice C sont
linéairement indépendantes. Donc, | C \ est un mineur non nul d’or­
dre r de la matrice A.
On vérifie sans peine que pour k > r (4), tout mineur d ’ordre k
de la matrice A est nul. En effet, pour k > r (A) sont linéairement
dépendantes toutes k lignes de la matrice A . Donc les lignes d’une
sous-matrice carrée A: X A: de la matrice A sont linéairement dépen-
THEOREMES DES MATRICES. REGLE DE CRAMER 221

dantes. Par conséquent, selon le théorème 5.9, tout mineur d’ordre


k de la matrice A est nul. □
Matrice inverse. Soient A € FnXn,
« ii OCjo . . . OCjn
A = «*21 OCoo • • • n

<*n2 ••• a n n _
. «ni

et A lh le complément algébrique de l’élément a ih.


On appelle matrice adjointe de A la matrice
^11 A*i . . . Anj
i4jo </4oo • • • An2
A* =
_ A in A^n . . . ^An n _
En vertu des théorèmes 5.3 et 5.4,

il (A*)h = (all, . . . . a <n)


r^
;
i
= «Il-^M + • • • + «in-^kn =
L A hnJ
_ | si i = k,
~ \ 0 si
donc,
\A\ 0 ... 0
0 1^1 . . . 0

= |/4| E (E est une matrice unité);


il

0 0 . . . \A\
(1) A ( \ A |"L4*) = E si | A | =^= 0.
Des calculs analogues conduisent aux égalités
A*A = \ A | E,
(2) (| A |-M *) A = E, si M | ^ 0 .
Les égalités (1) et (2) montrent que les matrices A et | A |~L4* sont
mutuellement inverses. On a ainsi démontré le théorème suivant.
T h e o r e m e 6.2. Si le déterminant d'une matrice carrée A est diffé­
rent de zéro, la matrice A est alors inversible et A~l = | A |-M*.
Règle de Cramer. Considérons un système de n équations linéai­
res à n variables
« n * i + • • • + a lnxn — Pu
(1 ) ...........................................................
« n l* l “f" • • • ”1" ®nn®n = Pn
222 M A T R IC E S E T D E T E R M IN A N T S [CH. VI

sur le corps JT. Notons par A la matrice fondamentale de ce système :


A = || a,* ||.
T h e o r e m e 6.3. Si | A | 0 le système d'équations linéaires (1)
possède une solution unique qu'exprime les formules
(2) xx = \ A l-H M ii + ■ ■ - + M m ) , - - •
• • -, = | A I”1 (Pi<4m + . . . + Pni4nrl).
r * 1 "! p i ~
D ém onstration. En posant 3C

écrivons le système (1) sous forme d'une équation matriciel


U J LPn_
(3) A3£ = 6,
équipotente au système (1). Selon le théorème 5.9, il s'ensuit de la
condition | A | 0 que les lignes de la matrice A sont linéairement
indépendantes et que les systèmes (3) et (1) admettent une solution
unique 3C = A
De là, puisque (selon le théorème 6.2) A~x = | A l"1^ * , il vient
i4u • . . «*4nl
[ ........................

A^fi . . . A nn
I Pi-^li + • • •+Pn^nl
= i^ r1 ...............................
|_ Pl^ln "1" • • • ”}■Pn-^nn
et Xi

*n_ «l ^ r 1(Pi-^in H- • . • + PT\Ann) 1


De cette dernière égalité s’ensuivent les formules (2). □
Les formules (2) sont habituellement appelées formules de Cramer,
tandis que le théorème 6.3 est nommé règle de Cramer.
Notons A (k) la matrice obtenue à partir de la matrice A en subs­
tituant à la A-ième colonne la colonne des termes libres du systè­
me (1) :
Pl <*,. . . . CC|
A{ 1) =
«Pn ® n2 . . . a , ]
. . . , A (n) =

En développant le déterminant de la matrice A (k) suivant les élé­


ments de la fc-ième colonne, on obtient
I A (£)| = + . . . + Pn^nfc (k = 1, . . . . n).
§ 6] THÉORÈMES DES MATRICES. REGLE DE CRAMER 223

Ces égalités permettent de reformuler le théorème 6.3 de la façon


suivante.
T h e o r ê m e 6.4. Si | A | 0 le système d'équations linéaires (1)
admet une solution unique explicitée par les formules
_ lit (1)1 M (il)l
( 2) * Zn
Ml ’ UH ■
Conditions pour lesquelles un système de n équations linéaires
homogènes à i» variables adm et des solutions non nulles.
T h e o r ê m e 6.5. Un système de n équations linéaires homogènes à n
variables a des solutions non nulles si et seulement si le déterminant de
7a matrice du système est nul.
D é m o n s t r a t i o n . Soit donné un système d’équations li­
néaires homogènes
« iA “f“ • • • “4" ® i n P n = 0»

(1 ) ............................................................................
®ni®l “!“ • • • “1“ &nn%n = 0»
-<4 = || am II étant la matrice de ce système. Le système (1) a des
solutions non nulles si et seulement si les colonnes de la matrice A
sont linéairement dépendantes. Les colonnes de la matrice A sont
linéairement dépendantes si et seulement si | A | = 0. Par consé­
quent, le système (1) admet des solutions non nulles si et seulement
si \A | = 0. □
‘0 ’
C o ro lla ire 6 .6 . L'équation matricielle ASC = ou

a des solutions non nulles si et seulement

si \ A\ =0 .

Exercices
1. Montrer que le rang d’un produit de matrices ne dépasse pas celui de
chacun des facteurs.
2. Soient A et B des matrices carrées d’ordre n. Montrer que les équations
A X = B et X A = H, où X est la matrice cherchée, sont insolubles quand le
rang de la matrice B dépasse celui de A .
3. Soient A et B des matrices rectangulaires possédant le même nombre
de lignes et C la matrice obtenue de la matrice A par adjonction à droite de la
matrice B . Démontrer que l ’équation matricielle A X = B y où X est la matrice
cherchée, a une solution si et seulement si le rang de la matrice A est égal à celui
de la matrice C.
224 MATRICES ET DETERMINANTS [CH. VI

4. Soit A X = B une équation matricielle, où X est la matrice cherchée,


et X 0 sa solution quelconque. Démontrer que chaque solution de l'équation
matricielle peut s'écrire sous la forme X 0 + 2/, où y est la solution de l'équa­
tion homogène A y = 0, et réciproquement.
5. Chercher toutes les matrices complexes dont les carrés sont égaux à une
matrice nulle.
6. Etudier l'équation X A = 0, où A est la matrice donnée, et X la matrice
cherchée de deuxieme ordre.
7. Chercher toutes les matrices complexes de deuxième ordre dont les carrés
sont égaux à une matrice unité.
8. Soient A et B des matrices m X n. Démontrer que r (A + 5 ) ^ r M ) - } -
+ r (B) *).
9. Soient il et B des matrices possédant un môme nombre de lignes et C
une matrice obtenue en adjoignant à A toutes les colonnes de la matrice B .
Démontrer que r (C) ^ r (il) + r (B).
10. Montrer que si le produit ilB est une matrice régulière, alors les ma­
trices il et B sont également régulières.
11. Soit il une matrice carrée régulière d'ordre n. Montrer que pour toute
matrice carrée B d'ordre n, les matrices ilB , B et Bil ont même rang.
12. Soient i l , B des matrices n X n de rang r et s respectivement. Démontrer
que r (AB) ^ r + s — n.
13. Démontrer que la matrice est inversible si et seulement si
ad — bc 0.
14. Démontrer que si la m atrice est inversible, alors il~l =

= (ad— •
15. Démontrer que chaque matrice triangulaire il (sur le corps 2F) aux
éléments non nuis sur la diagonale principale est inversible et la matrice il -1
est une matrice triangulaire.
16. Soient il, B des matrices n X n régulières sur le corps Montrer
que les égalités ilB = B il, AB-1 = B -M , A~lB = BA~l , A ^ B " 1 = B~M -1
sont équipotentes entre elles.
17. Soit il une matrice m X n sur le corps 2F. Démontrer que:
(a) il existe une matrice n X m X , telle que X A = B, où B est une matrice
unité n X n si et seulement si le rang de il vaut n;
(b) il existe une matrice n X m telle que A y = B, où B est une matrice
m X m unité si et seulement si le rang de il vaut m.
18. Soit il une matrice triangulaire n X n (sur le corps 2F) dont tous les
éléments de la diagonale principale valent 1. Supposons que B = il — B,
où B est une matrice unité n X n. Démontrer que :
(a) B n+1 = 0;
(b) la matrice il est inversible et i4 -1 = (B + 2?)“l = B — B + B 2 — . . .
. . . + (—l)nBn ;
(c) (B — B )-1 = E + B + B 2 + . . . + B n .
19. Soit il une matrice triangulaire (sur un corps) à éléments non nuis sur
la diagonale principale. Démontrer que la matrice il est inversible.
20. Chercher les conditions que doit satisfaire une matrice carrée à élé­
ments entiers pour que tous les éléments de la matrice inverse soient des entiers.
21. Soient il une matrice n X n carrée et il* la matrice adjointe à il.
Démontrer que:
(a) si il est une matrice singulière, alors la matrice ilil* est nulle;

*) r (il) est ici le rang de la matrice il .


§ 6] THEOREMES DES MATRICES. REGLE DE CRAMER 225

(b) A * = | A | A -1 si A est une matrice inversible ;


(c) A* est une matrice singulière si et seulement si la matrice A est sin­
gulière ;
(d) | A * \ = | A I"-1;
(e) si la matrice A est symétrique ou symétrique gauche, alors A * est
aussi symétrique ou symétrique gauche;
(f) si A est une matrice triangulaire, alors A* est aussi triangulaire.
22. Soit A * une matrice triangulaire adjointe à la matrice n X n A . Dé­
montrer que:
(a) si le rang A < n — 1, alors A * est une matrice nulle ;
(b) si A est de rang n — 1, alors le rang de A* est 1 ;
(c) si A a le rang n, le rang de A * est alors aussi n.
23. Soit A une matrice triangulaire n X n sur le corps 2F. Démontrer que
la matrice A est inversible si et seulement si tous les éléments de la matrice A
se rangeant sur la diagonale principale sont différents de zéro.

U —0 1 7 6 2
CHAPITRE VII

ESPACES VECTORIELS

§ 1. Espaces vectoriels
Notion d’espace vectoriel. Soient *F un corps et F son ensemble
de base. Les éléments de l ’ensemble F seront appelés scalaires, tan­
dis que jF sera nommé corps des scalaires.
Soient F un ensemble non vide et F X F le produit direct des
ensembles F et F. Soit donnée l’application
û) : F X F->- V
associant à chaque couple (X, a) de F X F un élément unique de
l ’ensemble Fnoté X a et appelé produit duscalaire X et de Vélément a.
Si le scalaire X est fixé, l ’application o induit l’application
o)X: {X} X V -+ V ,
qui est la restriction co à l ’ensemble {^} X F. L’application cox
avec X fixé peut être aussi assimilée à une opération à une place (sin-
gulaire) V V associant à chaque élément a de F un élément Xa
de F. Ainsi, a)Xa = Xa pour tout a de F.
E x e m p l e . Soient jF un corps, F = F71 et X un élément fixé
de F . Notons cox l ’application F dans F associant à chaque vecteur
(alt . . ., ctn) de F71 le vecteur (Xal7 . . ., Xan) de Fn appelé produit
du scalaire X et du vecteur arithmétique (0 4 , . . ., a n).
D é f i n i t i o n . L’ensemble F avec l’opération binaire donnée sur
lui + (appelée addition) et l ’opération de multiplication des élé­
ments du corps des scalaires $F par les éléments de l ’ensemble F
est appelé espace vectoriel sur le corps & si pour tous a, b de F et a , p
de F sont satisfaites les conditions (axiomes) suivantes :
(1) l ’algèbre (F, + , —>, où — est l ’opération de multiplication
par le scalaire (—1) des éléments de F, est un groupe abélien ;
(2) (aP) a = a (0a) ;
(3) a (a + b) = a a + a b ;
(4) (a + P) a = a a + Pa ;
(5) l« a = a.
§ l] E S P A C E S V E C T O R IE L S 227

L’espace vectoriel muni de l ’ensemble de base V est noté f \


Ainsi, l ’espace vectoriel f" est une algèbre munie de l ’ensemble de
base V, dans lequel l ’opération binaire + et les opérations singu-
laires cox (multiplication par le scalaire X de F) sont des opérations
principales, c’est-à-dire que
r = +, w \xeF}\
les opérations principales satisfaisant aux conditions (l)-(5) appelées
axiomes de Vespace vectoriel.
Le groupe (F, + , — ) est dit groupe additif de l'espace vectoriel
Le zéro 0 de ce groupe est appelé vecteur nul de l'espace vectoriel T \
Les éléments de l’ensemble Fsont appelés vecteurs de l'espace vectoriel
7f\ Les vecteurs a et (—1) a sont dits opposés l'un à l'autre.
E x e m p l e s d’espaces vectoriels. 1. Soit un espace arith­
métique à n dimensions sur le corps & ; jFn est un espace vectoriel
sur le corps SF. Cas particuliers importants: fim, ^?n, ffV.
2. L’ensemble de tous les vecteurs du plan est un espace vecto­
riel sur le corps des nombres réels par rapport aux opérations
d’addition et de multiplication par des nombres réels.
3. Soit Fmxn un ensemble de toutes les matrices m X n sur le
corps L’algèbre + , («ji I X 6 F}), où + est l ’opération
d’addition des matrices et co* l ’opération de multiplication des
matrices par le scalaire X, est un espace vectoriel sur le corps jF.
On l ’appelle espace vectoriel des matrices m X n sur le corps FF*
4. L’ensemble de toutes les applications de l’ensemble R dans R
est un espace vectoriel sur le corps 3R par rapport aux opérations
d’addition des applications et de multiplication des applications
par des nombres réels.
5. L’ensemble C de tous les nombres complexes est un espaça
vectoriel sur le corps 3H par rapport aux opérations d’addition des
nombres complexes et de multiplication par des nombres réels.
Propriétés élémentaires des espaces vectoriels.
T h é o r è m e 7.1. Soient TT un espace vectoriel sur le corps & , a , b Ç
6 F r f a , p g f . Alors,
(1) si a + b = a, on a b = 0 ;
(2) 0- a = 0 ;
(3) a- 0 = 0;
(4) si a + b = 0, on a b = (—1) a = —a ;
(5) si a*a = a •b et a 0, on a a = b;
(6) si a -a = 0,, on a a = 0 ou a = 0;
(7) si aa = f)a et a 0, on a a = P-
D é m o n s t r a t i o n. (1) Vu que 0 est un zéro du groupe addi­
tif de l ’espace T , on a a + 0 = a. Aussi, peut-on écrire l ’égalité
1 5*
228 ESPA C ES V E C T O R IE L S [CH. VH

a + b = a sous forme a + b = a 4- 0. Selon la loi de simpli­


fication (concernant les groupes) il s’ensuit que b = 0.
(2) Selon l ’axiome (4) de l’espace vectoriel, il vient
0 -a -f- 0-a = (0 + 0) a = 0-a, c’est-à-dire 0 -a + 0 -a = 0-a.
Selon la propriété (1), il s’ensuit que 0-a = 0.
(3) Selon l ’axiome (3) de l ’espace vectoriel,
a -0 -f a -0 = a (0 + 0) = a-0, c’est-à-dire a -0 + a-0 = a-0.
De la propriété (1), il se dégage l ’égalité a -0 = 0.
(4) Vu que a + (—1) a = 0, l ’égalité a + b = 0 peut être
écrite sous forme a -f- b = a -f (—1) a. Selon la loi de simplifi­
cation (concernant les groupes), il s’ensuit que b = (—l)-a.
(5) Pour a 0 de a a = ab, il s’ensuit que a -1 (aa) = a -1 (ab)
et, en vertu de l ’axiome (2) a = b.
(6) Comme a0 = 0, on peut écrire l’égalité a a = 0 sous forme
a a = a-0. Pour o ^ 0 , selon la propriété (5), on en tire que a = 0.
(7) En ajoutant (—Pa) aux deux membres de l ’égalité a a = Pa,
on obtient a a + (—P) a = 0, (a — P) a = 0. Pour a ^ 0 , selon
la propriété (6), il s’ensuit que a — P = 0 e t a = p.
Dépendance et indépendance linéaires d’un système de vecteurs.
Soit un espace vectoriel sur le corps JF. On dit que le système
des vecteurs ax, . . ., am de l ’espace est linéairement dépendant s’il
existe des scalaires Xj, . . ., Xm 6 F non tous nuis tels que Xxaj + . ..
- • • “I" Xmam = 0.
Le système des vecteurs ax, . . ., am de l ’espace T est dit li­
néairement indépendant si pour tous scalaires Xj, . . ., Xm £ F de
l ’égalité Xjax + . . . + Xmam = 0 s’ensuivent les égalités Xx =
= 0, . . ., Xm = 0.
Pour des espaces vectoriels arbitraires restent vrais: les énon­
cés et les démonstrations des propriétés et des théorèmes du § 5.1
sur les dépendance et indépendance linéaires des systèmes (proprié­
tés 5.1.1-5.1.5, théorèmes et corollaires 5.1.2-5.1.5) ; les définitions
et théorèmes du § 5.1 sur les systèmes équivalents de vecteurs et
leurs démonstrations (théorèmes 5.1.6-5.1.8) ; les théorèmes et pro­
positions (et leurs démonstrations) du § 5.1 sur la base et le rang
d’un système fini de vecteurs (théorèmes 5.1.9, théorèmes et propo­
sitions 5.1.10-5.1.15).

Exercices
1. Soit S F = 3Ca un corps des classes résiduelles modulo 2. Combien de
vecteurs contient l ’espace vectoriel '7'° = S-n, espace arithm étique à n di­
mensions sur le corps S F t
2. Soient S F un corps des scalaires et F 2x2 l ’ensemble de toutes les matrices
2 X 2 sur le corps S - . Montrer que l’algèbre
<F2x2, + j {û)x | X Ç F}),
§1] E S P A C E S V E C T O R IE L S 229

où + est l ’opération d ’addition des matrices et ©x l ’opération de multiplica­


tion par le scalaire X, est un espace vectoriel sur le corps
3. Soit CR l ’ensemble de toutes les applications de l ’ensemble R des nom­
bres réels dans l ’ensemble C de nombres complexes. Montrer que l'algèbre
<c* + , - , {cox I X 6 C»,
où + est l ’opération d ’addition des fonctions, ©x l ’opération de multiplication
par le scalaire X, ((X/) ( x ) = X/ (x), X 6 C) et —/ = (—1)*/, est un espace vec­
toriel sur le corps des nombres complexes.
4. Soit Rc l ’ensemble de toutes les applications de l ’ensemble C des nom­
bres complexes dans l’ensemble R des nombres réels. Montrer que l ’algèbre
<RC, + , - , {cox I X € R » ,
où + est l ’opération d ’addition des fonctions et ©x ropération de m ultiplica­
tion par le scalaire X, est un espace vectoriel sur le corps S R des nombres réels.
5. Soient S R un corps des nombres réels et fi un corps des nombres ration­
nels. Montrer que l ’algèbre
(R, + f - , {©x I X 6 Ç}>,
où + est une opération banale d ’addition des nombres réels et ©x une opé­
ration banale de m ultiplication par un nombre rationnel X, est un espace vec­
toriel sur le corps fi.
6. Soient C l ’ensemble de tous les nombres complexes et Q l'ensemble do
tous les nombres rationnels. Montrer que l ’algèbre
(C, + , —, {©x I ^ € Ç}),
où + est une addition banale des nombres complexes et ©x une opération de
multiplication par le scalaire X (par le nombre rationnel X), est un espace vec­
toriel sur le corps fi.
7. Soit V l ’ensemble de toutes les fonctions réelles doublement dériva­
bles / : R R, satisfaisant à l ’équation différentielle f + / = 0. Montrer que
l’algèbre
(V, + , - , {©x | X 6 R}>,
où + est une opération d ’addition et ©x une opération de multiplication de la
fonction par un scalaire (un nombre réel), est un espace vectoriel sur le corps S R -
8. Soit V l ’ensemble de toutes les fonctions réelles n fois dérivables / : R
-v R, satisfaisant à la condition (à l ’équation différentielle)
/<n>+ K - i /(n-1) + . •. + w + w = o;
où /<*) est la A-ième dérivée de la fonction / et X0, . . ., 6 R- Démontrer
oue l ’algèbre (V, + , —, {©x J X 6 R}), où + est une opération d’addition
aes fonctions et ©x une opération de m ultiplication par le scalaire X, est un
espace vectoriel sur le corps SR »
9. Montrer que le système composé d ’un seul vecteur est linéairement
indépendant si et seulement si le vecteur n ’est pas nul.
10. Démontrer au 'u n système de deux vecteurs est linéairement dépendant
si et seulement si r u n des vecteurs est déduit de l ’autre par m ultiplication
par un scalaire.
11. Montrer que les vecteurs (a, P), (y, ô) d'un espace vectoriel arithmé­
tique à deux dimensions sont linéairem ent dépendants si et seulement si aÔ —
- P? = 0. t
12. A quelles conditions doivent satisfaire les scalaires a , P, y pour que
le système aes vecteurs (1, a , a 2), (1, p, p2), (1, y, y2) d’un espace vectoriel
230 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

arithm étique à trois dimensions sur le corps numérique 2 F soit linéairement


indépendant?
13. Soit 9 ° un espace vectoriel sur le corps numérique 2 F . Montrer que si
les vecteurs a, b, c de l ’espace 9 ° sont linéairement indépendants, alors les
vecteurs a + b, a + c , b + c sont aussi linéairement indépendants. Est-ce
vrai au cas où le corps des scalaires 2 F comporte deux éléments?
14. Soit 9 ° = 5 rn un espace arithm étique à n dimensions sur le corps 2 F .
Montrer que le système des vecteurs a^ . . am de l ’espace T'0 est linéairement
indépendant si et seulement si le rang de la matrice m X n aux lignes alv . . .
. . ., am vaut m.
15. Montrer qu’un système des vecteurs non nuis alT . . am de l ’espace
vectoriel 9 * est linéairement indépendant si et seulement si a k g L (alt . . .
. . a ^ ) pour tous k = 2, 3, . . m.
16. Soient 2 F un corps fini composé de p éléments et T'0 = 2 F n . Combien
y a-t-il de systèmes distincts linéairement indépendants comportant k vecteurs
(A: < n) dans l ’espace 9 ® ?
17. Soient un corps et A la m atrice n X n sur 2 F . Démontrer que pour
un m suffisamment grand le système des matrices E , A , A 2 , . . A m, où
E est une matrice unité n X n, est linéairement dépendant sur le corps 2 F .
18. Soit alv . . . » am 6 0- Démontrer que le système des vecteurs a lf . . .
. . ., a™ est linéairement indépendant dans l ’espace 2 ftn si et seulement s’il
est linéairement indépendant dans l ’espace &n .
19. Soit 2 F un corps fini composé de p éléments. Combien de sous-espaces
distincts à k dimensions (& < n) possède l ’espace vectoriel ^ n ?

§ 2. Sous-espaces d’un espace vectoriel


Sous-espace vectoriel. Soient Jr un espace vectoriel sur le corps
FF et U c= V. L’ensemble U est dit fermé dans 5r s’il est fermé rela­
tivement aux opérations principales de °T, opérations d’addition et
de multiplication par un scalaire, c’est-à-dire que pour tous a, b
de U et X quelconque de F, on a a + b Ç U et Jla £ U.
D éfin ition . On appelle sous-espace d'un espace vectoriel f" toute
sous-algèbre de l ’espace °T considéré comme une algèbre.
Soit TT = <F, + , {(ox I ^ Ç F } ) un espace vectoriel sur jF.
Soient une sous-algèbre de l ’espace °T et U son ensemble de base.
Alors U est un sous-ensemble non vide de l ’ensemble V fermé dans
Soient © et co£ les restrictions des opérations principales « + »
et cox de l ’espace °T à l ’ensemble J7, c’est-à-dire
a © b = a + b pour tous a, b de U,
co^a = co = Xa pour tout a de U ;
alors,
(1) U = {U, © , {û>{| *€*■}>.
Toutefois, au lieu de la notation (1), on écrit
<U, + , W | * 6 F » .
Indiquons les propriétés suivantes d’un sous-espace.
P ropriété 2.1. Si T' est un espace vectoriel sur le corps‘F , alors,
tout son sous-espace constitue un espace vectoriel sur le corps JF.
§2] SOUS-ESPACES D’UN ESPACE VECTORIEL 231

P ropriété 2.2. Si 71' est un sous-espace de l'espace vectoriel U


et U un sous-espace de Vespace vectoriel 7 \ alors 7{F est un sous-espace
de Vespace 7 \
On appelle intersection des sous-espaces 7/l7 . . ., 9/m de l’espace
vectoriel 7F le sous-espace T' muni de l ’ensemble de base Ux f|
n, . . fl Um. On définit de façon analogue l ’intersection d’un
ensemble infini de sous-espaces de l’espace T -
P ropriété 2.3. Une intersection de tout ensemble de sous-espaces de
Vespace vectoriel 7r est un sous-espace de Vespace f \
Les propriétés 2.2 et 2.3 découlent des théorèmes 3.1.7 et 3.1.9
respectivement.
Enveloppe linéaire d’un ensemble des vecteurs. Soit {alf..., an}
un ensemble fini des vecteurs de l’espace vectoriel T*. Le vecteur
^iai 4- . . . 4- Xnan est appelé combinaison linéaire des vecteurs
al9 . . an à coefficients dans F.
D éfin itio n . L’ensemble {^aj 4- . . . 4- Xnaa | Xlt . . ., Xn 6 F}
de toutes les combinaisons linéaires des vecteurs al7 . . an à
coefficients dans F est appelé enveloppe linéaire des vecteurs alT . . .
.. an et noté L (alf . . ., an).
On constate sans peine que l’enveloppe linéaire des vecteurs est
fermée dans 7r , c’est-à-dire est fermée relativement à toutes les
opérations principales de l ’espace 7F (addition et multiplication par
des scalaires).
D éfinition. Le sous-espace de l’espace vectoriel T' avec l ’en­
semble de base L (alt . . ., an) est noté X (ax, . . ., a„) et est
appelé sous-espace étalé sur les vecteurs alf . . ., an ou sous-espace
engendré par les vecteurs alt . . ., aa.
D é f i n i t i o n . On appelle enveloppe linéaire de Vensemble M, M c z V
la collection L (M) de toutes les combinaisons linéaires de vecteurs
de M avec coefficients dans F. On appelle enveloppe linéaire d'un
ensemble vide l ’ensemble {0}.
L’enveloppe linéaire de l’ensemble M est fermée dans 5r .
D éfinition. Un sous-espace de l ’espace 7F avec ensemble de base
L (M) est noté X (Af) et appelé sous-espace étalé sur l'ensemble M
ou sous-espace engendré par l'ensemble M.
Somme de sous-espaces. Soient lLm des sous-espaces de
l’espace vectoriel 7" et Ul9 . . ., Um leurs ensembles de base. L’en­
semble

{ai 4~ • • • 4“ am | a! Ç Ux, . . am Ç Um}


est noté Ut 4- • • • 4- Um. On vérifie sans peine que cet ensemble
est fermé dans l ’espace 7F.
D éfinition. Un sous-espace de l ’espace 7F avec ensemble de base
Ux 4- . • . 4- Um est appelé somme des sous-espaces ?/lT . . ., 71m
et noté 7ix 4~ • • • 4~ 7/m-
232 ESPACES VECTORIELS [CH. VH

Notons les propriétés suivantes d’une somme de sous-espaces qui


se déduisent sans peine de sa définition.
Propriété 2.4. Si X et 9/, sont des sous-espaces de l ’espace vec­
toriel 3r 9 alors 9/ + X = X + W..
P r o p r i é t é 2.5. Si X , ?/, JT sont des sous-espaces de l ’espace vec­
toriel alors X + (U + W ) = (X + U) + W‘.
P r o p r i é t é 2.6. Si X est un sous-espace de l ’espace ?/, alors
x + u = n.
Soient X u . . ., X m des sous-espaces de l ’espace vectoriel 3r .
D éfinition. La somme X 1 + . . . + X m est appelée somme di­
recte des sous-espaces X ^ . . ., X m et se note X 1 © . . . © X m si
tout vecteur a de Lj + . . . + L m se représente de façon unique
sous forme
a = a1 + . . . + am, où ax 6 L u . . . , a m 6 L m.
En d’autres termes, la somme X 1 + . . . + X m est dite directe si
l ’égalité ax + . . . + a m = b 2 + . . . + b m entraîne les égalités
a 2 = b lf . . ., am = b m pour tous a a , b x de Ll9 . . ., a m , b m de L m.
T h é o r è m e 2.1. La somme des sous-espaces X et ?/ de Vespace vecto­
riel est directe si et seulement si L f) U = {0}.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que X + % = X © °tl. Alors,
pour tout élément c de L f| U se vérifie l’égalité c + 0 = 0 + c,
de laquelle se déduit l ’égalité c = 0, car la somme X -f- Il est
directe. Donc, L fl U = {0}.
Supposons maintenant que L f) U = {0}. Pour tous vecteurs
al9 b j de L et a 2, b 2 de U l ’égalité 35 + 3 3 = ^ + b 2 entraîne les
relations a1 — b j = a 2 — b 2 Ç L f| U = {0}, par suite, ax = b x et
a 2 = b 2. Par conséquent, la somme X -f °ll est directe. □
T h é o r è m e 2.2. La somme des sous-espaces X l9 . . ., X m de Ves­
pace vectoriel est une somme directe si pour tous vecteurs a1 de L x . . .
. . ., am de Lm légalité
(1) aj + . . . -f- a m = 0

implique les égalités


(2) Bj = 0, • . ., &m =
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que la somme X 1 Jr • . •
. . . -r X/m est directe. Alors de l ’égalité (1), qu’on peut écrire sous
forme ax + . . . + a m = 0 + . . . + 0 , s’ensuivent les égalités
0, . . . , a m = 0.
Admettons maintenant que pour tous vecteurs alY . . ., am
respectivement de L ^ . . ., Lm, l ’égalité (1) entraîne les égalités (2).
Quels que soient les vecteurs b l7 Cj de L u . . ., b m , cm de L m l’éga­
lité
(3) b± + . . . + bm = cx + . . . + cm
§2] SOUS-ESPACES D’UN ESPACE VECTORIEL 233

implique (bx — Cj) + . . - + (bm — cm) = 0, d’où, suivant l ’hy­


pothèse, s’ensuivent les égalités
bi Cj = 0, • • •• bm cm = 0.

Ainsi, de (3) s’ensuivent les égalités


bj = Cj, • • •» bm = cm.
Par conséquent, la somme X 1 + . . . + X m est directe. □
Variétés linéaires. Soient X un sous-espace de l’espace vectoriel f w
et L son ensemble de base. Définissons sur l ’ensemble V la relation
binaire ~ en posant que a ~ b si et seulement si a — b Ç L. Appe­
lons cette relation binaire congruence en X .
P r o p o s i t i o n 2.3. Une congruence sur Vensemble V en X est une
relation d'équivalence sur V.
D é m o n s t r a t i o n . La congruence en X est apparemment
réflexive. La relation en X est symétrique, car de a — b Ç L
s’ensuit b — a £ L. La congruence en X est transitive, car pour
tous a, b, c 6 V, de a — b ÇL et b — c Ç L s’ensuit a — c = (a — b) -f-
-f (b — c) 6 L. Par conséquent, la congruence en X est une rela­
tion d’équivalence sur l ’ensemble V. □
La relation d’équivalence ~ sur V définit la partition de l ’en­
semble V en classes d’équivalence.
D é f i n i t i o n . Soit X un sous-espace de l ’espace vectoriel T . Toute
classe d’équivalence de la congruence en X est appelée variété linéaire
de Vespace TT de direction X .
E x e m p l e . L’ensemble de toutes les solutions d’un système
compatible d’équations linéaires à n variables est une variété li­
néaire de direction X d’un espace vectoriel arithmétique à n dimen­
sions, où X est l ’espace des solutions du système d’équations homo­
gène correspondant.
De la définition donnée plus haut découlent les propriétés 2.7
et 2.8.
P r o p r i é t é 2.7. Deux vecteurs de Vespace vectoriel TT appartiennent
à une même variété linéaire de direction X si et seulement si leur diffé­
rence appartient à L.
P r o p r i é t é 2.8. Toutes deux variétés linéaires de l'espace vectoriel f *
de direction X sont soit coïncidentes, soit disjointes. La réunion de toutes
les variétés linéaires de l'espace 5r de direction X est égale à l'ensemble V.
Notons a + L (a 6 V) l ’ensemble {a + x | x 6 L}.
P r o p r i é t é 2.9. Si H est une variété linéaire de l'espace vectoriel J ~
de direction X et a 6 H, alors H = a + L.
D é m o n s t r a t i o n . Vu que tout élément de l ’ensemble a -j-
+ L est comparable à a en X , on a a + L a H. En outre, tout élé­
ment c de H est comparable à a en L, et on a c — a f L e t c Ç a - r
+ L. Donc, H cz a + L. Par conséquent, H = a + L. □
234 ESPA C ES V E C T O R IE L S [CH. VII

C o r o l l a i r e 2.4. S i a et b sont des éléments d'une même variété


linéaire de Vespace ¥* de direction X , on a alors a + L = b -f- L.
C o r o l l a i r e 2.5. Si X -3 et c un élément quelconque de l'espace
f ' , c + L est alors une variété linéaire de l'espace T' de direction X .
P r o p r i é t é 2.10. Soient X et 11 des sous-espaces de l'espace vectoriel
f ' et a, b £ V.\ L'inclusion a + L c b + î / û lieu si et seulement si
a — b £ U et L a U.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que a + L cz b + U. Alors,
a £ b + 6\ a — b £ { 7 e t a + f / = b + £ / , donc, a + L c a + U
et Lez. U.
Admettons maintenant que sont satisfaites les conditions a — b £
£ t/, L cz U. Alors, a + £/ = b + i7 et a + i c a + £/; donc,
a + Z, c= b + £/. □
Propriété 2.11. Une intersection des variétés linéaires a + L et
b + U d'un espace vectoriel n'est pas vide si et seulement si a — b £
€ L + £/.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que l ’intersection a + L f]
f] b + U n’est pas vide et c est un élément de l ’intersection. Alors,
e = a + l = b + u, où 1 £ L et u £ £7 ; donc a — b = —1 + u
e t a — b £ L -f- U.
Admettons maintenant que a — b £ L -f- U. On a alors a — b =
= v + u, où v £ L, u £ U et a + (—v) = b + u. Par conséquent,
les variétés a + L et b + U ont un élément commun b -f- u. □
Propriété 2.12. Si l'intersection de la variété linéaire de direction
X et de la variété linéaire de direction 7/ n'est pas vide, elle constitue
alors une variété linéaire de direction X fl '?/•
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que l ’intersection des variétés
a + L et b -f- U n’est pas vide et que c est leur élément commun ;
dans ce cas a + L = c + L, b + = c + £7 et a - f - L f l b +
+ £7 = c -{- L f) c + £7. On vérifie sans peine que c + L f) c +
+ U = c + (L f]U). Donc, a + L f| b + U = c (L fl £0» c’est-à-
dire que l’intersection des deux variétés envisagées est une variété
linéaire de direction X (] 1/. □
P r o p r i é t é ^2.13. Si un espace vectoriel TT est une somme directe
des sous-espaces X et°ll, l'intersection des variétés linéaires de direction
X et de direction 11 ne comporte alors qu'un seul élément.
D é m o n s t r a t i o n . Soit T = X © ?/, alors V = L -f- 47,
i fl U = {0}. Soient a + L et b + U des variétés linéaires de di­
rections X et *U respectivement. Selon la propriété 2.11, leur inter­
section n’est pas vide, car a — b £ F = L + £7. Soit c l’élément
commun de l’intersection. Selon la propriété 2.12, il s’ensuit que
a + L ()h + U = c + (L Ç)U) = c + {0} = c. □
S O U S -E S P A C E S D ’U N E S P A C E V E C T O R IE L 235

Exercices
1. Chacune des conditions suivantes dégage de l'espace vectoriel 7° = & n
des ensembles de vecteurs (xx, . . ., xn). Lesquels de ces ensembles sont fermés
dans 7® par rapport à l'addition et la multiplication par des scalaires :
(a) xi + x i + • • ■~i~ xn 0 » (e) = 1;
(b) X1 + x2 + • • • + = (f) = Xn
(c) Xl ~ Xi — ■■• —xn = 0 ; (g) xl'xn =
3H
O

(d) (h) XJ = x3
Il

2. Soit 7® = ^ nXn l’espace vectoriel de toutes les matrices n X n sur


un corps. Montrer que l'ensemble de toutes les matrices symétriques (symétri­
ques gauches) de l’espace,7® est un sous-espace de l'espace T'5 par rapport à l'addi­
tion et la multiplication par des scalaires.
3. Soient 7® = $F71X71 sur le corps numérique & , X un sous-espace de tou­
tes les matrices n X n symétriques et 91 un sous-espace de toutes les matrices
symétriques gauches. Démontrer que 7° = X © 91.
4. Soit 7® un espace vectoriel (sur .#) do toutes les fonctions / trois fois
dérivables : R R, satisfaisant à la condition Jm + f = 0. Montrer que l ’en­
semble de toutes les fonctions de l'espace, satisfaisant à la condition j" + / = 0,
constitue un sous-espace de l'espace 7®.
5. Soit T'0 = mj espace vectoriel des matrices 2 X 2 sur le corps 5t
des nombres réels. Montrer que l'ensemble de toutes les matrices sur & de
l'aspect constitue un sous-espace de l’espace 7°.
6. Soient ax, . . ., aft, bj, . . ., b, des vecteurs de l'espace vectoriel T'5.
Démontrer que
Lt (alf ■ . -, aft) L (bj, . . ., ba) — L (ax, • • •» a^, bx, • • b4).
7. Démontrer que l'intersection de tout ensemble de sous-espaces de l'es­
pace vectoriel T'0 est un sous-espace de l'espace 7°.
8. Soient X et 91 des sous-espaces de r espace vectoriel T'0. Démontrer
que X + 91 est une intersection de tous les sous-espaces de l'espace 7° conte­
nant les sous-espaces X et 91.
9. Soient a, b, c des vecteurs satisfaisant à la condition a + Xb + Çc = 0,
où X, 5 sont des scalaires non nuis. Montrer que L (a, b) = L fb, c) = L (c, a).
10. Supposons que les vecteurs a, b sont linéairement indépendants. Mon­
trer que X (a, b) = X (a) © X (b).
11. Soit un système des vecteurs a, b, c linéairement indépendant. Dé­
montrer que X (a, b, c) = X (a) © X (b) © X (c).
12. Montrer que si le vecteur b est une combinaison linéaire des vecteurs
ax, . . ûjn» &lors L (ax, . . ., = ^ (®i> • • •* ®m» k).
13. Supposons que l'espace vectoriel 7® est engendré par le sous-espace 91
et le vecteur a. Montrer que si b 6 V \ U , alors 7® = 91 © X (b).
14. Soit T'0 la somme des sous-espaces X et 91. Montrer que T'0 = X © 91
si peut être représenté de façon unique au moins un vecteur c 6 V sous forme de
c = a + b, ou a 6 L, b £ U.
15. Soit 7° une somme directe des sous-espaces X et 91. Montrer que si
&n . ♦ » am est un système linéairement indépendant de vecteurs du sous-
espace X , et bp . . ., b, un système linéairement indépendant de vecteurs de
91, alors alv . . ., am, k , . . ., bt est un système linéairement indépendant
de vecteurs de l ’espace 7®.
16. Soit 7® un espace vectoriel, somme des sous-espaces X v
Démontrer que 7'° = X 1 © © X 3 si et seulement si Lt f| L2 = 0 et
(Li + L 2) fl Ln =
236 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CIL VU

17. Soient Y = 3Pn, où SF est un corps des scalaires composé de deux


éléments, et bm un système linéairement indépendant de vecteurs de
l'espace Y . Combien de vecteurs comporte l'enveloppe linéaire L (1^, . . bm)
de ces vecteurs?

§ 3. Base et dimension de l’espace vectoriel


Base de l’espace vectoriel. Soit Y un espace vectoriel avec l’en­
semble de base V. S’il existe dans V un ensemble fini {ax, . . ., am}
de vecteurs tel que V = L (alt . . ., am), on dit alors que l ’espace
Y est engendré par l ’ensemble fini {alt . . ., am} qu’on appellera
ensemble (ou système) engendrant les espaces Y .
D éfinition . Un espace vectoriel est dit de dimension finie s’il est
engendré par un ensemble fini de vecteurs.
D éfinition. On appelle base d'un espace de vecteurs de dimension
finie un système de vecteurs non vide, fini et linéairement indé­
pendant engendrant cet espace.
E x e m p l e . Soit Y = un espace vectoriel arithmétique
sur le corps S* • Le système des vecteurs unités
e4 = (1, 0, . . ., 0), • • ., == (0, 0, 0, 1)
est linéairement indépendant et engendre l ’espace Y , c’est-à-dire
V = L ( e 1, . . ., en). Par conséquent, le système des vecteurs
©i, . . ., en constitue la base de l ’espace
T h é o r è m e 3A. Tout espace vectoriel {0} et de dimension finie
possédé une base. En outre, si le système des vecteurs
(1) • • •*
engendre l'espace vectoriel Y , alors la base du système des vecteurs (1)
e*t la base de l'espace Y -
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que l’espace Y est engendré
par le système des vecteurs (1), c’est-à-dire V = L (alv . . ., am);
on peut estimer que les vecteurs du système (1) ne sont pas nuis.
Selon le théorème 5.1, le système (1) a une base. Soit
(2) blt • . ., bn
la base du système (1). Le système (2) engendre alors aussi l ’espace Y ,
c’est-à-dire V = L (blf . . ., bn). De plus, le système (2) est linéai­
rement indépendant. Par conséquent, le système (2) est la base du
système (1) et, partant, la base de l ’espace Y . □
Théorème 3.2. Soit Y un espace vectoriel =5^ {0} et de dimension
finie. Alors, le nombre d'éléments d'une base de l'espace Y vaut le
nombre d'éléments de toute autre base de cet espace.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 3.1, l ’espace Y pos­
sède une base. Soient
(1) b„ . . ., bn
§ 3] B A S E E T D I M E N S I O N D E L ’E S P A C E V E C T O R IE L 237

une base de l’espace 5r et


(2) clt . . ., c3
toute autre base de cet espace. Alors, V = L (blt . . bn) =
= L (cl7 . . c8). Les systèmes de vecteurs (1) et (2) sont donc équi­
valents. Donc, selon le théorème 5.1.2, n = s. □
C o r o l l a i r e 3.3. Si la base de l'espace vectoriel 7r est composée de n
éléments, alors, pour k > n tout système de k vecteurs de l'espace *T est
linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Si blf . . ., bn est une base de l’espace
f et aj, . . ., a* des vecteurs quelconques de F, alors alv . . ., aft Ç
£ L (bj, . . ., bn). Il s’ensuit, selon le théorème 5.1, pour k > n ,
que le système des vecteurs ax, . . ., a* est linéairement dépen­
dant. □
C o r o l l a i r e 3.4. Si la base de l'espace vectoriel comporte n vec­
teurs, alors tout système de n vecteurs engendrant l'espace *Jr est une base
de cet espace.
T h e o r e m e 3.5. Tout sous-espace 11 d'un espace vectoriel de dimen­
sion finie TT est de dimension finie. Si V possède une base composée de
n éléments et % est un sous-espace ^ {0}, alors ?/. possède une base
dont le nombre d'éléments est inférieur ou égal à n.
D é m o n s t r a t i o n . Soient 5r un espace vectoriel de dimen­
sion finie et 11 son sous-espace. Si % est un sous-espace = {0}, il
est alors de dimension finie. Supposons que le sous-espace 11 est
=7^ {0}. Alors T est un espace ^ {0} et, selon le théorème 3.1, pos­
sède une base. Posons que la base de l ’espace T comporte n élé­
ments. Alors, tout système de vecteurs linéairement indépendant de
l ’espace T contient n éléments au plus.
Soit ux un élément non nul de l ’espace 11. Si U L ( Uj), il
existe un vecteur u 2 6 U — L (u2), le système des vecteurs u x, u 2
étant linéairement indépendant. Si U ^ L (ult u 2), il existe un
vecteur u 3 6 U \ L (%, u 2), le système des vecteurs u x, u 2, u 3 étant
linéairement indépendant. En continuant de la sorte, on aboutit à
la suite
(1) ut , u 2, u 3, . . .
d ’éléments linéairement indépendants de l ’espace 7/. Cette suite
comporte n éléments au plus. Il existe donc un nombre naturel
m 2^ n (m > 0) tel que U = L (ult . . ., u m). Le sous-espace ?/
est ainsi de dimension finie et le système des vecteurs u lt . . ., um
est sa base. □
Complétion jusqu’à la base d’un système de vecteurs indépen­
dant. Est-il possible d’inclure dans toute base un système quelconque
de vecteurs linéairement indépendant?
T heorême 3.6. Un système de vecteurs linéairement indépendant
de l'espace vectoriel de dimension finie et ^ {0} ne constituant pas
238 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

une base de l'espace peut être complété jusqu'à la base de l'espace V .


D é m o n s t r a t i o n . Soit
(1) al7 . . am
un système linéairement indépendant ne constituant pas une base de
l’espace T \ Soit bl9 . . . » bn la base de l’espace 3^. Considérons le
système
(S) aj, . . am, bj, • • •» bn.
Selon le corollaire 3.3, ce système est linéairement dépendant. Donc,
un au moins des vecteurs b2, . . ., bn est une combinaison linéaire
des vecteurs qui le précèdent dans le système (S). Eliminons un de
ces vecteurs du système (S) ; on obtient le système
(Si) aj, ...» am, bj1*, . . . , bn-ii
équivalent au système (S) et, par suite, générateur de l’espace f \
Si (Sj) comporte plus de n éléments, alors, (selon le corollaire 3.3) il
est linéairement dépendant et, partant, un des éléments b(J>, . . .
. . ., b ^ ! est une combinaison linéaire des éléments précédents.
Supprimons cet élément de (S!). On obtient alors le système (S2)
équivalent au système (S) et, par suite, générateur de l ’espace TT.
En poursuivant l ’opération après m éliminations on aboutit au
système den vecteurs
(Sm) a„ . . . . am, b(r \ . . . . bg?m,
équivalent au système (S) et donc engendrant l’espace 5^. Selon le
corollaire 3.4 le système (Sm) est la base de l ’espace Comme le
système (Sm) contient le système de départ (1), le système (Sm) est
la base cherchée de l ’espace T - □
T h ê o r ê m e 3.7. Si 7/ est un sous-espace de l'espace vectoriel 7 ' de
dimension finie, il existe alors un sous-espace W de l'espace f \ tel que
(1) T = 7/: ® W .
D é m o n s t r a t i o n . L’égalité (1) est vraie si 7i est un sous-
espace trivial, c’est-à-dire un sous-espace = {0} ou un sous-espace
coïncidant avec 3^. Supposons que 7L est un sous-espace non tri­
vial et
(2) alf . . ., am
est sa base. Selon le théorème 3.6 le système (2) peut être complété
jusqu’à la base de l ’espace 3^, c’est-à-dire qu’il existe des vecteurs
am+i, . . ., an pour lesquels le système
(3) aj, . . ., am, am+1, . . ., an
devient la base de l ’espace TT. Alors,
(4) V = U + W,
> 31 B A S E E T D I M E N S I O N D E L ’E S P A C E V E C T O R IE L 239

où W = L (am+1, . . ., an). Démontrons que


(5) U f ) W = { 0 } .
En effet, si c 6 U Ç)W, alors
c = ajaj + . . - + a mam 6 U, c = a m+1am+1 + - . •
• • • “f" 6
et, par suite,
<*i*i + . . . + a mam + (—a m+1) am+1 + . - . + (—a n) an = 0.
En vertu de l ’indépendance linéaire du système (3), tous les coeffi­
cients s’annulent et, en particulier, a x = 0, . . ., a m = 0. Par con­
séquent, c = 0, c’est-à-dire (5) se vérifie.
Sur la base de (4) et (5) on conclut que pour 2T = X (am+1, . . .
. . ., an) on a l ’égalité (1). □
C o r o l l a i r e 3.8. Si le système (3) est la base de l ’espace f \ alors
Y = X (Ri* • • •» a m) © X(&jn+1 » • • •» an).
Dimension de l’espace vectoriel. Un des plus importants inva­
riants de l’espace vectoriel est sa dimension.
D é f i n i t i o n . On appelle dimension de Vespace uèctoriel de dimension
finie ^ {0} le nombre de vecteurs d’une base quelconque de l ’es­
pace. La dimension d’un espace vectoriel = {0} est par convention
égale à zéro. La dimension de l ’espace vectoriel est désignée par
dim Y .
E x e m p l e . Soit Srn un espace vectoriel arithmétique sur le
corps jF. Les vecteurs ex = (1, 0, . . ., 0), e2 = (0,1, 0, . . ., 0), . . .
. . ., c„ = (0, 0, . . ., 0, 1) constituent la base de l’espace. Par
conséquent, dim jFn = n.
Considérons quelques propriétés de la dimension.
P r o p r i é t é 3.1. Si Y est un espace vectoriel de dimension finie et
dim Y = n, alors, pour k > n, tout système de k vecteurs de l ’es­
pace Y est linéairement dépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Si n = 0, alors f ' = {0} et la proprié­
té 3.1 est vérifiée. Mais si dim Y = n > 0, la base de l’espace Y
est alors constituée de n vecteurs. Selon la propriété 3.3, on en
déduit que pour k > n tout système de k vecteurs de l’espace f ’
est linéairement dépendant. □
C o r o l l a i r e 3.9. Si dim Y = n et le système des vecteurs b1? . . .
. . ., bm de Vespace Y est linéairement indépendant, alors m ^ n.
P ro p rié té 3.2. Si est un sous-espace d'un espace vectoriel de
dimension finie Y , alors
(1) dim U ^ dim Y -
D é m o n s t r a t i o n . L’inégalité (1) est apparemment vraie
si V = {0}. Mais si le sous-espace {0}, alors (selon le théorè­
me 3.5) il est de dimension finie et (selon le théorème 3.1) a une
240 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

base. Soit b1? . . ., bm la base du sous-espace ?/. Alors, dim V. = m.


Dans l’espace V le système des vecteurs blf . . bm est linéaire­
ment indépendant. Donc, selon le corollaire 3.9 m ^ n. □
P ro p rié té 3.3. S i U est un sous-espace de l'espace vectoriel de
dimension finie et dim % = dim y , on a alors U = Jr .
D é m o n s t r a t i o n . Si le sous-espace V = {0}, alors
dim 11 = 0. Par suite, en vertu de l’hypothèse dim T = 0. Donc T
est également un espace vectoriel égal à {0}. Par conséquent, Il =
= f\
Supposons que 11 # {0}. Il est alors de même que 5r , de dimen­
sion finie et, selon le théorème 3.1, possède une base. Soit blT . . .
. . ., b„ sa base. On a alors dim U = n et, par hypothèse, dim °T =
= n. Le système blt . . ., bn est donc également une base de l’espa­
ce T*. Par conséquent, ?£ = y . □
P ro p rié té 3.4. S i Vespace vectoriel de dimension finie V est une
somme directe des sous-espaces 11 et X , alors
<1) dim T = dim % + dim X •
Démonstration. Par hypothèse y = IL © X et, par
suite,
<2) U n L = {0},
<3) V = ü + L.
Si U ou X sont égaux à {0}, l'égalité (1) est apparemment vraie.
Supposons que V. et X sont {0}. Soient
(4) blt . . bm,
<5) • • •» bm+5
des bases des espaces 7/ et X respectivement. Démontrons que le
système
<6) bi, • . bm, bm+1, • . bm^.4
est une base de l’espace y . En vertu de (2), on a
(7) L (bx, . . ., bm) fl L (bm+1, . . bm+$) = {0}.
Le système (6) est linéairement indépendant. En effet, pour tous
scalaires . . ., Xm+S de l’égalité
^ibi + • • • + ^mbm +
en vertu de (7), s’ensuivent les égalités
(8) Aribi -f" . . . 4” ^mbm = 0, ^ m+ibm+1 “h • • • 4“ ^m+a^m+s ==
= 0,
et comme les systèmes (4) et (5) sont linéairement indépendants,
il s’ensuit de (8) que = 0, . . ., = 0, . . .. Xm+S = 0. Ensui-
§ 3] B A S E E T D I M E N S I O N D E L ’E S P A C E V E C T O R IE L 241

te, en vertu de (3),


V = U + L = L (blf . . b m) -f- L (bm+1, . . b m+s) =
= L (b|, • • •» bmf bm+1, • • «y bm+s),
autrement dit, le système (6) engendre l ’espace f \ Bref, on a dé­
montré que le système (6) est une base de l’espace f Par consé­
quent, dim 7r = m + s = dim -f dim X . □
T h é o r è m e 3.10. Si Vespace vectoriel T est une somme des sous-
espaces de dimension finie U et X , alors
(1) dim (U + X) + dira (U fl X) = dira U + dim X .
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que
(2) f ^U + X .
Si U f| £ = {0}, la somme (2) est alors directe; donc, selon la
propriété 3.4, le théorème est vrai. □
Supposons que U fl £ # 0 - Alors l’espace U fl #» de même
que V, est de dimension finie. Soit
(2) bx...........bs
la base de l’espace UÇ) X. Complétons-la jusqu’à la base des espa­
ces % et X . Soient
(3 ) l» X * • • •» b j , 1*4 + 11 • • -1

la base de l’espace % et
(4) bx........... b.t bm+ii • • bm+ft
la base de l’espace X . Alors,
(5) dim (U fl # ) = s, dim 7/ = m, dim X = s + k
et, par suite,
(6) U = L (bj, . . ., bm), L = L (bj, . . b „ bm+], • • bm+fc)
De (4) et (6), on dérive que
V = U ■(■ L = L (bj, . • •» b m, b g ifi, • - b m+k),
c’est-à-dire que le système
(7) b ,........... bm» bm4-i, . . bm+k
engendre l’espace 7T.
Montrons que le système (7) est linéairement indépendant.
Supposons que l’on a
(8) Xjbx + . . . + ^«b, + . . . + ^mbm + ^m+ibm+1 + . . .
• • • “(“ ^m+fcbm+ft = 0.
1 6 -0 1 7 6 2
242 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

De (6) et (8), on dérive que


6 £/ n L
et, partant,
^m+lbm+l H" • • • ^m+fc^m+fc 6 L» (bj, • .b5).
En vertu de l’indépendance linéaire du système (5), il s’ensuit
que
(9 ) ^m +l = 9, . . A'm+Ji = 0.

A partir de (8) et de (9) on déduit l’égalité


klbl + - • • + ^mbm = 0-
>
Vu l’indépendance linéaire du système (3) découle l’égalité
Xj = 0, - . ., Xm = 0.
Bref, on a établi que le système (7) est linéairement indépendant.
Ainsi, le système (7) est la base de l’espace f" et
(10) dim (U + X) = m + k.
En vertu de (5) et (10), on a
dim (U + X) + dim (?/ fl X) = m + k + s = dim U +
+ dim X . □
Exercices
1. Montrer que le système des vecteurs (a, P), (7 , 6) d’un espace vectoriel
arithmétique à deux dimensions T'3 est une base de l ’espace T'3 si et seulement
si aô — Py ^ 0.
2. Montrer que le système des vecteurs (1, 1, 1), (0, 1, 1) (1, 0, 1) est
une base de l’espace T'3 = Chercher les lignes de coordonnées des vecteurs
unités et = (1, 0 , 0), e 2 = (0, 1, 0), e3 = (0, 0, 1) par rapport à cette base.
3. Montrer que pour des scalaires a, P, 7 quelconques le système des vec­
teurs (1, a, JB), (0, 1, 7), (0, 0, 1) est une base de l ’espace V° =
4. Soit & un corps numérique. A quelles conditions doivent satisfaire les
scalaires a, P, 7 6 F pour que le système des vecteurs (1, a , a 2), (1, p, P2),
(1, 7 , y2) soit une base de l’espace .y*3?
5. A quelles conditions doit satisfaire le scalaire X pour que le système
des vecteurs (X, 1, 0), (1, X, 1), (0, 1, X) soit une base de l’espace £ 3; de
l ’espace GL3?
6. Soit T'0 un espace vectoriel constituant une somme directe des sous-
espaces de dimension finie et J£2. Montrer qu’après avoir complété la base
du sous-espace J£2 par la base du sous-espace X \ on obtient la base de l’espace 7/°.
7. Soit 2F un corps constitué de deux éléments. Combien de bases diffé­
rentes possède l’espace .^ 3?
8. Soit T'0 un espace vectoriel à n dimensions. Démontrer que le système
des vecteurs alf . . ., an est une base de l ’espace 7rj si et seulement si 7° =
= % (®i* • • •» an)*
9. Soit T'3 = 5 rmXn ^ espace vectoriel des matrices m X n sur le corps 2F.
Quelles sont sa base et sa dimension?
§ 4] IS O M O R P H I S M E S DES ESPA C ES V E C T O R IE L S 243

10. Soit 7° un espace vectoriel de dimension finie =^{0}. Démontrer que


la dimension du sous-espace X (a1? . . am) étalé sur les vecteurs donnés
alt . . ., am de l’espace fcr est du rang de la matrice composée avec les lignes
de coordonnées des vecteurs envisagés dans une base quelconque.
11. Démontrer que le système alf . . ., an des vecteurs non nuis de l'espace
vectoriel à n dimensions 7^ n’est une base de l ’espace 7^ que si a k i L (ai, . . .
. . ., a*^) pour k = 2, 3, . . ., n.
12. Soient 2F un corps fini composé de p éléments et 7Æ = 2Fn. Combien
de bases distinctes possède l ’espace vectoriel 7®?
13. Soient alf . . ., an une base de l’espace vectoriel 7® et k un entier posi­
tif inférieur à n. Démontrer que 7e = X (alt . . ., a*) © X (afc+l, . . an).
14. Soit ev . . .. en une base standard de l’espace vectoriel 7^ = & n .
Montrer que le système des vecteurs alv . . . . a a de l ’espace 7° est une base de
l’espace 7® si et seulement si elv . . ., en £ L (a^ . . ., an).
15. Démontrer que si la somme des dimensions de deux sous-espaces d’un
espace à n dimensions est supérieure à n , ces sous-espaces possèdent alors un
vecteur non nul commun.
16. Démontrer que l’espace vectoriel 7° ne possède que deux sous-espaces
si et seulement si l’espace 7° est à une dimension.
17. Démontrer qu’un espace vectoriel à deux dimensions sur un corps numé­
rique possède un ensemble infini de sous-espaces à une dimension distincts.
18. Soient 7° = # © X* où 7V est un espace à trois dimensions, et 37, X
des sous-espaces { ^ 0 } non identiques à 7°. Montrer que l ’un des sous-espaces
37, X est à une dimension, et l ’autre à deux dimensions.
19. Soient X et 37 des sous-espaces à une dimension différents d’un espace
vectoriel bidimensionnel 7®. Démontrer que 7° = X ©37.
20. Soient X et 37 des sous-espaces à deux dimensions différents d’un
espace vectoriel tridimensionnel 7®. Démontrer que 7^ = X + # et X fl#
est un sous-espace unidimensionnel.
21. Soient X et 37 des sous-espaces d’un espace vectoriel à n dimensions 7°
dont les dimensions sont k et s respectivement. Démontrer que:
(a) si L fl V = {0} et k + s = /», alors 7° = X © 37 ;
(b) si 7® = X + 37 et k + s = n, alors 7® = X © 37.
22. Démontrer que l ’espace vectoriel à n dimensions peut être représenté,
pour n > 1, sous forme d’une somme directe de n sous-espaces unidimension­
nels.
23. Soit 1^, . . . . bn la base de l ’espace vectoriel T'®. Montrer que 7° =
= X (bj) © . . . © . £ (bn).
24. Soit = X \ + X« + X z, où X ^ X& X 3 sont des sous-espaces de
l’espace à n dimensions 7/®"dont les dimensions sont r, s, t respectivement.
Démontrer que 7° = X \ © X 2 © si et seulement si r + s + * = n.

§ 4. Isomorphismes des espaces vectoriels


, Ligne de coordonnées d’un vecteur par rapport à une base donnée.
Soit un espace vectoriel sur le corps
T h é o r è m e 4.1. Soit

(1) bn
la base de Vespace vectoriel f \ Pour chaque vecteur r de V il existe
dans P 1 un vecteur arithmétique unique (alt . . . . a n) tel que
(2) a = ctjb! + . . . + Onbn.
16 *
244 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

D é m o n s t r a t i o n . Vu que le système des vecteurs (1) en­


gendre l ’espace 5^, tout vecteur a de F peut être représenté sous
forme d’une combinaison linéaire des vecteurs du système (1) tel
que (2). Cette représentation est unique. En effet, si
a = Pxbx + - - • + Pnbn (Pi 6 F )
est une représentation quelconque de a en forme d’une combinaison
linéaire des vecteurs (1), alors
(ax — Pi) bx + . . . + (an — pn) bn = 0.
En vertu de l’indépendance linéaire du système (1) il s’ensuit les
égalités
a i — pi = 0, . . ., a n — pn = 0 e t a i = pi, . . ., a n = pn.
Par conséquent, le vecteur a possède une représentation unique sous
forme d’une combinaison linéaire des vecteurs de la base (1). □
D éfin ition . Soient blt . . . . b m une base fixée de l’espace T \
a Ç V et a = a ^ + . . . - } - a nb n, où a x, . . ., a n Ç F. Les
coefficients a i , . . ., a n sont dits coordonnées du vecteur a relativement
à la base fixée. Le vecteur ( a x, . . . . a n) £ Fm est appelé ligne de
r«i
coordonnées, tandis que le vecteur est dit colonne de coordon-
a nJ
nées du vecteur a relativement à la base fixée.
Isomorphisme des espaces vectoriels. On appelle application de
Vespace vectoriel IL dans 5r l’application de l’ensemble U dans V.
D é f i n i t i o n . L’appiication de l’espace vectoriel 7/ sur l’espace
vectoriel f ' est appelée isomorphisme si elle est injective et satisfait
aux conditions de linéarité:
/ (a + b) = / (a) + / (b), / (Xa) = X/ (a)
pour des a, b quelconques de U et tout X de F. Les espaces vectoriels
kl et T sont dits isomorphes si l’on est en présence d’un isomorphi­
sme de sur 5r .
En d’auires termes, l’application / de l’espace vectoriel V et °T
est appelée isomorphisme si elle est injective et respecte les opéra­
tions principales de l’espace U considéré comme une algèbre.
La notation 1L ^ T signifie que les espaces vectoriels 7/ et T
sont isomorphes.
T h e o r ê m e 4.2. Soient TT un espace vectoriel à n dimensions sur
le corps & et n > 0. Vespace 5^ est alors isomorphe à Vespace vectoriel
arithmétique j P 1.
D é m o n s t r a t i o n . Soit
§ 4] ISOMORPHISMES DES ESPACES VECTORIELS 245

une base fixée de l’espace TT. Soit


/: V ->• F71
l’application associant à chaque vecteur a de V sa ligne de coordon­
nées / (a) relativement à la base fixée. Soit (yu . . ., yn) un vecteur
arbitraire de F*. Le vecteur vlb1 -f . . . + Vnbn est son image
anticipée dans l’application /. Donc, / est l ’application de V sur F*.
En outre, selon le théorème 4.1, pour tous a, b de V si / (a) = / (b),
alors a = b. Par conséquent, / est une application injective de V
sur F71. L’application / satisfait aux conditions de linéarité. En effet,
si a = ajbj + . . . + Onbn, b = p ^ + . . . + pnbn, alors
a + b = (ax + Pj) bx + . . . + (an + pn) ba
et
/ (a + b) = (ax + pi, . - a n + Pn) =
= K .......... On) + (Px, . . Pn) = / (a) + / (b).
Ensuite, si X Ç F, alors Xa = (Xax) bx + . . . + (Xa*) bn et
/ (^a) = (Xax, . . ., Xan) = X (o&x, • • •» otn) = X/ (a).
Bref, / satisfait aux conditions de linéarité. Par conséquent, l’appli­
cation / est un isomorphisme de l’espace T sur l’espace & n. □
T h ê o r ê m e 4.3. Soient 3r un espace vectoriel à n dimensions sur le
corps & avec une base fixée et n > 0. Vapplication f : V — F71 asso­
ciant à chaque vecteur a de V sa ligne de coordonnées relativement
à la base fixée constitue un isomorphisme de l'espace T* sur l'espace
vectoriel arithmétique S*71.
Ce théorème découle directement du théorème 4.2 et de sa dé­
monstration.
C o r o l l a ir e 4.4. Soit TT un espace vectoriel de dimension finie
^ {0} dont la base est fixée. Un système de vecteurs de l'espace f est
linéairement dépendant si et seulement si le système des lignes (colonnes)
de coordonnées de ces vecteurs relativement à la base fixée est linéaire­
ment dépendant.
C o r o l l a i r e 4.5. Soit °JT un espace vectoriel de dimension finie
à base fixée. Le rang du système des vecteurs al9 . . ., a m de l'espace T
est égal à celui de la matrice composée des lignes (colonnes) de coordon­
nées de ces vecteurs relativement à la base fixée.
Etudions les propriétés des isomorphismes des espaces vectoriels.
P r o p r i é t é 4.1. Si f est un isomorphisme de l'espace vectoriel %
sur f et g un isomorphisme de l'espace f" sur 35T, alors leur composi­
tion est un isomorphisme de 11 sur W .
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, gf est une application
injective de U sur W. L’application gf satisfait aux conditions de
linéarité. En effet, en vertu de la linéarité des applications g et /,
246 ESPACES VECTORIELS [CH. VU

pour tous a, b de F et tout X de F, il vient :


(gf) (a + b) = g (f (a - b)) = g (j (a) + / (b)) =
= g (f (a)) + g (f (b)) = (gf) (a) + (gf) (b),
(gf) (Xa) = g (f (Xa)) = g (X/ (a)) = Kg (j (a)) = X (gf) (a).
Par conséquent, gf est un isomorphisme de ?/ sur f □
Propriété 4.2. Si / esi un isomorphisme de l'espace vectoriel U
sur Vespace vectoriel 7r , alors f~l est un isomorphisme de 7r sur V .
D é m o n s t r a t i o n . / étant une application injective de
U sur F, Z**1 est une application injective de F sur U. En outre,
Z”1 satisfait aux conditions de linéarité. En effet, en vertu de la
linéarité de Tapplication f pour tout a de F et tout X de F, il vient:
/ (/"l (a) -!- Z'1 (b)) = Z (/-1 (a)) -f Z (Z“l (b)) = a + b,
Z (XZ-1 (a)) = XZ (Z"1 (a)) = Xa,
d ’où
Z-1 (a + b) = Z-1 (a) 4- Z-1 (b), Z‘l (*a) = XZ‘l (a).
Par conséquent, f ' 1 est un isomorphisme de 7 ' sur ?/. Q
Propriété 4.3. La relation d'isomorphisme d'un ensemble d'espaces
vectoriels quelconque sur le corps .F est une relation d'équivalence.
D é m o n s t r a t i o n . La relation d’isomorphisme est appa­
remment réflexive. En vertu de la propriété 4.1, elle est transitive.
En vertu de la propriété 4.2, la relation d’isomorphisme est symétri­
que. Donc, la relation d’isomorphisme est une relation d’équivalence.
Propriété 4.4. Soient
(1) bt..........bn
une base de l'espace vectoriel 7/ et f un isomorphisme de 7/ sur l'espace
vectoriel 7r . Le système des vecteurs f (bt), . . ., f (bn) est alors une
base de Vespace 7 \
D é m o n s t r a t i o n . Le système des vecteurs
(2) Z (b,)..........Z (bn)
est linéairement indépendant. En effet, en vertu de la linéarité de
l ’application f pour tous Xj, . . ., XB de F de l’égalité
X,Z (bx) + . . . + XnZ (bn) = 0 \
où 0' est un vecteur zéro de l’espace 7", s’ensuivent les égalités
Z (Xl b l + . . . + Xnb n) = 0 ' = Z (0 ).
Comme l’application f est injective de la dernière égalité il s’ensuit
que
(3) X ^! + • . • + Xnbn = 0.
§5] E S P A C E S V E C T O R IE L S A M U L T I P L IC A T IO N S C A L A IR E 247

Le système (1) étant linéairement indépendant, de (3) dérivent les


égalités = 0 , . . ., hn = 0 .
En outre, le système (1 ) engendre l’espace En effet, si c Ç V,
alors le vecteur f~l (c) £ U et on peut le représenter sous la forme
(4) / - 1 (c) = Yibi + . . . + Ynb„ (Yt, • • Y» € F),
vu que le système (i) est la base de l’espace U. En vertu de la linéa­
rité de l’application / de (4) s’ensuivent les égalités
C = / (Ytbi + . . . + Ynb„) = Yt/ (bt) + • • • + Y«/ (b„).
Par conséquent, le système (2) engendre l’espace JT et est sa base.
T h é o r è m e 4.6. Soient et Tr des espaces vectoriels de dimension
finie sur le corps J 7. Les espaces i l et Tr sont isomorphes si et seulement
si leurs dimensions sont identiques.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que LL ^ f \ Si l’un de ces
espaces est égal à {0 }, l’autre est également égal à {0 }, c’est-à-dire
que dim LL = dim T* = 0. Supposons maintenant que. LL et °T
sont des espaces =5^ {0}. Alors, en vertu de la propriété 4.4, le nombre
d ’éléments de la base de l’espace Li vaut celui de la base de l’espace
TT (les dimensions de ces espaces sont identiques).
Posons à présent que dim U = dim 7r = n. Si n = 0 les espa­
ces il. T = {0} et sont donc isomorphes. Mais si n > 0, alors,
selon le théorème 4.2, et JFn Sé Tr . Il s’ensuit, en vertu
de la transitivité de l’isomorphisme, que les espaces vectoriels
et f ' sont isomorphes. , □

Exercices
1. Soient *ü et IF des espaces vectoriels de dimension finie sur le corps .
Montrer qu'il existe un monomorphisme de l'espace 11 dans si et seulement
si dim # ^ dim ey°,
2. Soient W et T 0 des espaces vectoriels de dimension finie sur le corps 5 r.
Démontrer qu'il existe un épimorphisme de l'espace U sur si et seulement
si dim > dim 9°.
3. Soient îl et 9° des espaces vectoriels à n dimensions sur un corps fini &
composé de m éléments. Combien y a-t-il d'isomorphismes de l'espace 11 sur
l'espace Ÿ'0?
4. Donner un exemple d'espace vectoriel sur le corps & qui ne soit pas de
dimension finie.
5. Soit W un espace vectoriel sur le corps & de dimension non finie. Mon­
trer qu'il existe un monomorphisme de tout espace vectoriel de dimension finie
sur le corps & de l'espace ? /\

§ 5. Espaces vectoriels à multiplication scalaire


Multiplication scalaire dans un espace vectoriel. Soient TT un
espace vectoriel sur le corps jF\ V l’ensemble de base de l’espace 5r
et F l’ensemble de base du corps -F appelé ensemble des scalaires.
D é f i n i t i o n . On appelle multiplication scalaire dans l'espace TF
une application V X F associant à chaque couple d’éléments
248 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

a, b de y un scalaire noté a - b et satisfaisant aux conditions:

(1) a -b = b -a pour tous a, b de V ;


(2) (a a + pb)-c = a (a-c) + (5 (b-c) pour tous a, b de V
et a, p de F.

Le scalaire a -b est appelé produit scalaire des vecteurs a et b.


D é f in itio n . Une multiplication scalaire dans Tespace Y est
dite non dégénérée si a - a ^ 0 pour tout vecteur a de y non nul.
Une multiplication scalaire dans l’espace Y est dite nulle si a -b = 0
pour tous a, b de V.
P r o p o s i t i o n 5.1. S i Y est un espace vectoriel avec multiplication
scalaire, alors a -0 = 0 pour tout a de V.
D é m o n s t r a t i o n . En vertu de la condition (2), a -0 =
= a -(0 + 0) = a -0 + a -0 et, par suite, a -0 + a -0 = a -0 -r 0.
En vertu de la règle de simplification, il s’ensuit que a -0 = 0. □
Remarquons que dans tout espace vectoriel de dimension finie
{0} la multiplication scalaire peut être introduite de manières
diverses.
Soit Y un espace vectoriel avec multiplication scalaire
(3) VXV^F,

satisfaisant aux conditions (1), (2) de la définition. Si X est un sous-


espace de l’espace Y , alors l’application (3) induit 1 application
L X L -> F qui satisfait également sur L aux conditions (1), (2).
Aussi le produit vectoriel X peut-il également être considéré comme
un espace vectoriel avec multiplication scalaire.
Système de vecteurs orthogonal. Soit Y un espace vectoriel (sur
le corps JF) avec multiplication scalaire.
D é f i n i t i o n . Les vecteurs a, b de y sont dits orthogonaux ou
mutuellement orthogonaux si leur produit scalaire est nul.
La notation a l b traduit que a -b = 0.
D é f i n i t i o n . Un système des vecteurs a l7 . . ., a m de l’espace Y
est dit orthogonal si sont orthogonaux entre eux deux quelconques
des vecteurs du système. Un système comportant un seul vecteur
non nul est considéré comme orthogonal. Un système de vecteurs
orthogonal constituant la base de l’espace Y est appelé hase orthogo­
nale de Vespace.
T h é o r è m e 5.2. Soit Y un espace vectoriel avec multiplication
scalaire non dégénérée. Le système orthogonal des vecteurs non nuis de
Vespace Y est linéairement indépendant.
D é m o n s t r a t i o n . Soit

(1 ) • • -i
§ 5] ESPACES VECTORIELS A MULTIPLICATION SCALAIRE 249-

un système orthogonal des vecteurs non nuis de l’espace TT. Montrons-


que pour tous scalaires Alt . . ., Xm (de F) de l’égalité
(2) X1a1 + . . . + Xmam = 0
se déduit l’égalité à zéro de tous les coefficients. Multiplions 1es
deux membres de l’égalité (2) par le vecteur a*, k Ç {1, . . ., m}
et l’on obtient
K (»ia*) + . . . + kh (akah) + . . . + Xm (ama*) = 0.
En vertu de l’orthogonalité du système (1), on en déduit l’égalité
(3) Xk (ak*ak) = 0.
Vu que par hypothèse, ah =^= 0 et la multiplication scalaire dans f*
n’est pas dégénérée, on a ahah ^ 0. Donc, de (3) découle l’égalité
Xk = 0 pour A: = 1, . . ., m.
Par conséquent, le système des vecteurs (1) est linéairement indé­
pendant. □
C o r o l l a i r e 5.3. Si JT est un espace vectoriel à n dimensions =^= {0}
avec multiplication scalaire non dégénérée, alors tout système orthogo­
nal de Vespace de n vecteurs non nuis constitue la base orthogonale de
l'espace T .
Procédé d'orthogonalisation. Le principe du procédé d’orthogo­
nalisation ressort de la démonstration du théorème.
T h ê o r ê m e 5.4. Soit 7T un espace vectoriel de dimension finie avec
multiplication scalaire non dégénérée. Un système orthogonal de vec­
teurs non nuis ne constituant pas la base de l'espace peut être complété
jusqu'à la base orthogonale de Vespace.
D é m o n s t r a t i o n . Soient dim 5r = n > 1 et
(1) 1*1» « . bm
un système orthogonal de vecteurs non nuis de l’espace 3r ne cons­
tituant pas une base de l’espace, c’est-à-dire m < n. Selon le
théorème 3.6, le système (1) peut être complété jusqu’à la base. Soit

(2) bx, • « ., bm, Cm+i* • • .j cn


la base de l’espace Posons

(3 ) bjH-j-j = Cm +i ^ ib x . . . ^m b m

et cherchons pour quelles valeurs des scalaires A], . . ., Am le vec­


teur bm+1 est orthogonal à tous les vecteurs du système de départ
(1), c’est-à-dire satisfait aux conditions
(4) bm+1b, = 0 (i = 1, . . m).
250 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

En vertu de (3) et de l’orthogonalité du système (1), ces conditions


peuvent être écrites sous la forme
Cm+ib* — (bfbj) = 0.
Vu que b| =t^ 0 et bj-bj ^ 0, ces conditions s’écrivent sous la forme

Avec un tel choix des coefficients dans l’égalité (3), le vecteur


b m+1 satisfait aux conditions (4), c’est-à-dire est orthogonal à chaque
vecteur du système (1). Il s’ensuit de (3), en vertu de l’indépendance
linéaire du système b1? . . ., bm, bm+1, que bm+1 0. Par consé­
quent, blf . . . » bm, bm+1 est le système orthogonal des vecteurs
non nuis. Si m + 1 < n, on obtient de façon analogue le vecteur
non nul bm+2 orthogonal aux vecteurs bl7 . . ., bm, bm+1. En pour­
suivant ce procédé dit procédé d'orthogonalisation du système (2) on
aboutit au système orthogonal b,, . . bm, bm+1, . . ., b„ des
vecteurs non nuis de l’espace Y*. Selon le corollaire 5.3, ce système
est la base orthogonale de l’espace Y* et, par suite, constitue le
supplémentaire cherché du système initial (1) jusqu’à la base ortho­
gonale de l’espace T - □
On voit sans peine que l’application du procédé d’orthogonali­
sation à un système linéairement dépendant des vecteurs non nuis
conduit à un système comportant un vecteur nul.
Corollaire 5.5. Tout espace vectoriel de dimension finie {0}
•avec multiplication scalaire non dégénérée est muni d'une base ortho­
gonale.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, selon le théorème 3.1, un
espace de dimension finie # {0} possède une base. Soit
<1) bj........... bn
la base de l’espace Y*. En posant que b! est le système orthogonal
<ie départ et en appliquant au système (1) le procédé d’orthogonali­
sation, on obtient la base orthogonale de l’espace Y'.
Supplémentaire orthogonal d’un sous-espace. Soient Y" un espace
vectoriel avec multiplication scalaire et M cz V. Si le vecteur a
de V est orthogonal à chaque vecteur de M , on le désigne par le
symbole a J_ M. Le symbole M L désigne l’ensemble de tous les
éléments de l’espace Y' orthogonaux à M :
M 1 = {a 6 V | a JL M ).
On vérifie aisément que l’ensemble M 1 n’est pas vide et est fermé
dans Y \ c’est-à-dire fermé par rapport à l’addition et à la multipli­
cation par des scalaires.
D é f i n i t i o n . Un sous-espace de l’espace avec ensemble de base
J[fL est dit orthogonal à l'ensemble M .
§ 5] ESPACES VECTORIELS A MULTIPLICATION SCALAIRE 251

Si X est un sous-espace de l’espace 5r , alors le symbole X 1


désigne le sous-espace à ensemble de base L 1.
D é f i n i t i o n . Un sous-espace X L est dit orthogonal à X dans Vespace
TT ou supplémentaire orthogonal de X dans Vespace
E x e m p l e . Soit f = % f n un espace vectoriel arithmétique
sur le corps jF avec multiplication scalaire standard. Soient M =
= {alt . . a m} <= F et
*1 = (® lli • • •» ® ln )» • • •» ®m = (® m !* • • •• ®m n) (® ift 6 ^ ) *

Considérons un système homogène d’équations linéaires


a u x i + - • - + o c l n x ri — 0 ,

(1) .......................................................
® m l^ l • • • ”!“ & m n x n ~ ^

sur le corps On constate sans peine que l’ensemble M 1 coïncide


avec l’ensemble de toutes les solutions du système (1 ). Soient X =
= X (a........... a m) et L = L (a1? . . ., a m) = L (M ). On vérifie
aisément que chaque vecteur orthogonal à M est orthogonal à toute
combinaison linéaire des vecteurs a^ . . ., a m, c’est-à-dire M 1 c:
cz L L. Inversement, chaque vecteur de L L est orthogonal à A/,
c’est-à-dire L L cz A/1. Ainsi, A/ 1 = L 1. Par conséquent, l’espace
des solutions du système homogène d’équations linéaires (1 ) coïncide
avec l’espace X 1.
T h é o rè m e 5.6. Soient J** un espace vectoriel avec multiplication
scalaire et X son sous-espace de dimension finie dans lequel le carré
scalaire de tout vecteur non nul est différent de zéro. On a alors f" =
= X ®
D é m o n s t r a t i o n . Si X est un sous-espace = {0}, le
théorème est apparemment vrai.
Supposons que X est un espace ^ {0}. Démontrons que
(1) l n = {0 }.
En effet, si a Ç L f| L~, alors a-a = 0. Par hypothèse, a* a =5^ 0
pour a ^ 0. Donc, pour a Ç L fl L 1- il s’ensuit de a-a = 0 que
a = 0.
Ensuite, démontrons que
(2) r = X ® X±.
Par hypothèse, X est un espace vectoriel de dimension finie # {0}
avec multiplication non dégénérée. En vertu du corollaire 5.5,
X est muni d’une base orthogonale. Soit
(3) b |T . . bm
la base orthogonale de l’espace X . Il suffit de montrer que pour
tout vecteur a de L il existe des scalaires Xj, . . ., et un vecteur
252 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

x tels que
(4) a = X ^ + . . . + Xmbm + x ÇL1 .
Multiplions les deux membres de l'égalité (4) scalairement par le
vecteur b*, on obtient a -b { = Xj (b*-bj). Puisque bi - b/ =^0, il
s’ensuit les égalités

(5) X‘ = - â - (*“ !• •••.»»)•


Avec un tel choix des scalaires Xj le vecteur x = a — Xjbj — . . .
. . . — Xmbm est orthogonal à chaque vecteur de la base (3), car,
en vertu de (4) et (5),
xbj = ab/ — X* (bibi) = 0 (i = 1, . . ., m).
Le vecteur x est donc orthogonal à toute combinaison linéaire des
vecteurs blf . . ., bm et, partant, orthogonal à L \ donc,
(6) x = a — Xjbj— . . . —Àmbm EL1 .
Sur la base de (4) et (6) on conclut qu’on est en présence d’une dé­
composition directe de (2). □
C o r o l l a i r e 5.7. Si £ est un sous-espace de dimension finie de
Vespace vectoriel 3r avec multiplication scalaire non dégénérée, alors
T = £ ® £±.
C o r o l l a i r e 5.8. Si £ est un sous-espace de l'espace vectoriel de
dimension finie TT avec multiplication scalaire non dégénérée, alors
T = £ ® £±.
T h ê o r ê m e 5.9. Si £ est un sous-espace d'un espace vectoriel de
dimension finie avec multiplication scalaire non dégénérée, alors
(X±)± = £ .
On laisse le soin de démontrer ce théorème au lecteur.

Exercices
1. Soit a un vecteur non nul de l'espace vectoriel T'0 = avec multi­
plication scalaire standard. Quelle est la dimension du sous-espace de l'espace V*
orthogonal au vecteur a?
2. Soient a, b des vecteurs linéairement indépendants de l'espace 7^ = sA*
avec multiplication scalaire standard. Chercher la dimension au sous-espace
orthogonal aux vecteurs a et b.
3. Soit ^ = Æ2 un espace vectoriel bidimensionnel sur le corps des nom­
bres rationnels avec, multiplication scalaire standard. Chercher dans 7/J le
sous-espace ^ { 0 } dans lequel le carré scalaire de tout vecteur est différent de 1.
4. Soit 7^ un espace vectoriel avec multiplication scalaire non dégénérée.
Démontrer que si un vecteur non nul b est orthogonal aux vecteurs alf . . ., am
de l'espace {Va, alors b (J L (ax, . . ., am).
5. Soit T'0 un espace vectoriel avec multiplication scalaire non dégénérée.
Soit ai, . . ., am un système de vecteurs linéairement indépendant de l'es­
pace y 0. Démontrer cjue si un vecteur non nul b est orthogonal aux vecteurs
alv . . ., am, le système alv . . ., am, b est alors linéairement indépendant.
§6] ESPACES VECTORIELS EUCLIDIENS 253

6. Soit X un sous-espace t£{OÏ d’un espace vectoriel de dimension finie l/0


avec multiplication scalaire non dégénérée. Soient alf . . ., am une base ortho­
gonale de l ’espace X et b,, . . ., b- une base orthogonale de l’espace X 1 .
Démontrer que ax, . . am, bp . . b* est une base orthogonale de l’espace
7. Soient X , V des sous-espaces d’un espace vectoriel de dimension finie
T'0 avec multiplication scalaire non dégénérée. Démontrer que:
(a) (b) ( X + V ) 1 = x ± n v ± ; (c) ( x r ) î t ) x = x 1 + v 1 .
8. Soient X » ^ des sous-espaces de l’espace vectoriel de dimension finie l'9
avec multiplication scalaire non dégénérée, la dimension de X étant inférieure
à celle de U. Démontrer que dans l’espace 21 il y a un vecteur non nul ortho­
gonal au sous-espace X .
9. Soient X , # des sous-espaces de l’espace vectoriel de dimension finie
7° avec multiplication scalaire non dégénérée. Démontrer qu’il existe dans T'0
un vecteur non nul orthogonal aux sous-espaces X et # si X + V. =j£ 9°.

§ 6. Espaces vectoriels euclidiens


Espace vectoriel euclidien. Soit V un espace vectoriel avec mul­
tiplication scalaire sur le corps 3? des nombres réels. Cet espace est
également appelé espace vectoriel réel.
D é fin itio n . Un espace vectoriel sur le corps M avec multiplica­
tion scalaire définie positive (c’est-à-dire a - a > 0 pour tout a 6
{0}) est appelé espace vectoriel euclidien.
Theoreme 6.1. Un espace vectoriel arithmétique sur le corps 31
avec multiplication scalaire standard est euclidien.
D é m o n s t r a t i o n . Soient T' = J?71 un espace vectoriel
arithmétique avec multiplication scalaire standard et a = (alt . . .
. . ., a n), b = (Pu . . ., pn) des vecteurs de cet espace. Selon la
définition de la multiplication scalaire standard, ab = c^pj
. . . -r a„pn. Par conséquent, aa = aj -f . . . + o?n. Et comme
a j, . . ., an sont des nombres réels, on a aa > 0 pour tout vecteur
a non nul de l’espace 7r . □
D é f i n i t i o n . Un espace vectoriel arithmétique 3 tn avec multipli­
cation scalaire standard est dit espace euclidien standard à n dimen­
sions et est noté %n.
E x e m p l e . Considérons l’ensemble V. de toutes les fonctions
réelles d’une variable réelle x continues sur l’intervalle [0, 11.
L’ensemble V par rapport à l’addition et à la multiplication par
des nombres réels est un espace (de dimension infinie) vectoriel
î
sur J?. La formule fg = j / (x) g (x) dx définit dans V la multi-
o
plication scalaire. On obtient ainsi un espace vectoriel euclidien
avec multiplication scalaire.
Norme du vecteur. Soit TT un espace vectoriel euclidien.
D é f i n i t i o n . On appelle norme du vecteur de l'espace euclidien la
racine carrée arithmétique du carré scalaire du vecteur.
254 E S P A C E S V E C T O R IE L S [CH. VII

La norme du vecteur est notée || a ||.


Par définition, || a || = y^a-a. Donc, || a ||2 = a-a.
Définition. Le vecteur a est dit normé si jj a || = 1.
Le théorème suivant énonce les propriétés fondamentales de la
norme d’un vecteur.
Thêorême 6.2. Si a, b sont des vecteurs de l'espace euclidien et
X Ç R, alors
(1) || a || ^ 0, avec || a || = 0 si et seulement si a = 0;
(2 ) || Xa | | = |X | | | a ||;
(3) | a -b | ^ || a ||" || b || (inégalité de Cauchy-Bouniakovski);
(4) || a + b || ^ || a || + || b || (inégalité du triangle).
D é m o n s t r a t i o n . La multiplication scalaire dans un
espace euclidien est définie positive, c’est-à-dire || a || = y a - a > 0
+
pour a ^ 0. En outre, || a || = 0 pour a = 0.
Selon la définition de la norme
Il Xa II = v $ * ) (*») = = | X \ V * = I X I • Il a II,
+ + +
autrement dit, (2) se vérifie.
L’inégalité (3) est vraie si a = 0 ou b = 0. Aussi posera-t-on
que a et b sont des vecteurs non nuis. Pour tous nombres réels <x
et P on a l’inégalité
(a a — pb) (a a — pb) > 0.
En ouvrant les parenthèses dans le premier membre de l’inégalité
a 2a 2 — 2 aP ab + P2b2 > 0 et en posant a = || b || et p = || a ||,
il vient
2 (Il a H* || b ||)2 — 2 || a ||-1| b ||• ab ^ 0,
Il a ||-Il b || (|| a |M | b | | - a b ) > 0 .
Vu que a 0 et b =5^ 0, on a || a ||-1| b || =5^ 0, et, par suite,
(5) ab < || a INI b ||.
Substituons dans cette inégalité —a à a:
- a - b < ||a |M |b ||.
Sur la base de deux dernières inégalités on conclut qu’on est en
présence de l ’inégalité (3).
Pour démontrer l ’inégalité (4) il suffit de montrer que || a +
-f b ||2 ^ (|| a || + || b ||)2. On constate aisément que || a + b ||2 =»
= (a + b) (a + b) = || a ||2 + Il b ||2 + 2 a b ; donc,
Il a + b H* = XII a II + Il b l|)2 + 2 (ab - \\ a INI b ||).
§ 6] ESPACES VECTORIELS EUCLIDIENS 255

En vertu de (5) le deuxième terme dans le second membre de la


dernière égalité est inférieur ou égal à zéro, donc,
lia + b ||2 < (| | a | | + || b H)2;
d’où l’on déduit l’inégalité (4). □
Base orthonormée de l'espace euclidien. Une des notions essen­
tielles des espaces euclidiens est celle de base orthonormée.
D é f i n i t i o n . Le système des vecteurs ax, . . a m de l’espace
euclidien est dit orthonormé s’il est orthogonal, chaque vecteur
étant normé. Le système de vecteurs orthonormé constituant la
base de l’espace est dit base orthonormée de Vespace.
T h é o r è m e G.3. Un espace vectoriel euclidien de dimension finie
¥* {0} est muni d'une base orthonormée.
D é m o n s t r a t i o n . Soit TT un espace euclidien à n dimen­
sions, n > 0. Selon le corollaire 5.5, f possède une base orthogo­
nale ; soit
(1) blt . . bn
une telle base. Xornions le système (1), c’est—àdiro formons le
système
ei = Il b, IP b|, e„ = || b„ ||-1 b„.
On voit sans peine que
1 si i — k,
{ 0 si i =/= k.
Par conséquent, le système . . ., en est une base orthonormée
de l’espace T'- □
Voyons quelques propriétés d’une base orthonormée.
P r o p r i é t é 6.1. Si T est un espace euclidien an dimensions {0},
alors tout système orthonormé de n vecteurs constitue une base orthonor­
mée de l'espace f \
Cette propriété découle directement du corollaire 5.3.
P r o p r i é t é 6.2. Un système orthonormé de vecteurs d'un espace
euclidien de dimension finie =^{0} peut être complété jusqu'à la base
orthonormée de l'espace.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 5.4, un système
orthonormé des vecteurs bj, . . ., bm ne constituant pas une base
peut être complété jusqu’à une base orthogonale
bp . . ., bm, bm+1, . . ., bn
de l’espace. En normant les vecteurs bm+1, . . ., bn de ce système,,
c’est-à-dire en substituant || b< ||‘1*bj à b; pour i = 1, . . ., nr
on obtient une base orthonormée de l’espace. □
256 ESPACES VECTORIELS [CH. VII

P ropriété 6.3. Si elt . . ., en est une base orthonormée d'un


•espace euclidien et
a = + . . . + a nen, b = M i + . . . + P„e„
sont les vecteurs de l'espace,alors
ab = + . . .+ a npn et || a ||2= + . . . + c£.
Cette propriété se déduit sans peine de celle de bilinéarité de la
multiplication scalaire.
P ropriété 6.4. Si e1? . . ., er, est une base orthonormée d'un
nespace euclidien et a = c^e, + . . . -f a ne„, alors = ae* pour
i = 1, . . ., zi, c'est-à-dire que les coordonnées du vecteur a sont ses
projections sur les vecteurs de base.
D é m o n s t r a t i o n . L’égalité a / = ae* s’obtient de l’éga­
lité a = a xCi + . . . + a nen après multiplication scalaire par le
vecteur e*. □
P ropriété 6.5. Si X est un sous-espace de l'espace euclidien de
•dimension finie 7r , alors °T = X © X 1 et dim 7" = dim X -f-
-f dim X ^ •
Cette propriété découle directement du corollaire 5.8 et de la
propriété 3.4, car dans un espace euclidien la multiplication scalaire
■est non dégénérée.
Isomorphismes des espaces euclidiens. Soient U et 7 ’ des espaces
euclidiens.
D éfinition. L’application / de l’espace euclidien ?/, sur JT est
appelée isomorphisme si elle est injective et satisfait aux conditions:
(1) /(a + b ) « / ( a ) + / ( b ) ;
(2) / (Xa) = X/ (a) ;
(3) ab = / (a) / (b)
pour tous a, b de P et tout scalaire X de R. Les espaces euclidiens
sont dits isomorphes s’il y a isomorphisme de l ’espace euclidien ?/
sur 7 ’.
La notation 11 ^ 7r signifie que les espaces euclidiens 11 et 7r
sont isomorphes.
Notons les propriétés suivantes des isomorphismes.
P ropriété 6.6. Une relation d'isomorphisme sur un ensemble quel­
conque d'espaces euclidiens est une relation d'équivalence.
D é m o n s t r a t i o n . On voit sans peine que la relation
•d’isomorphisme est réflexive.
Profitons des propriétés 4.2 et 4.3 des isomorphismes d’espaces
vectoriels. Si / est un isomorphisme de l ’espace euclidien % sur
y \ alors / -1 est bijectif et satisfait aux conditions de linéa­
rité. Ensuite, vu que / satisfait à la condition (3), pour tous a, b
S 6] ESPACES VECTORIELS EUCLIDIENS 257

de V, on a
ab = (//-*) (a) U t 1) (b) = / (Z’ 1 (a)) / U'1 (b)) = Z"1 (a) Z"1 (b),
c'est-à-dire l'application f"1 satisfait également à la condition (3).
Z"1 est ainsi un isomorphisme de l ’espace euclidien 5r sur 7/. Par
conséquent, la relation d'isomorphisme des espaces euclidiens est
symétrique.
Soient ?/, W des espaces euclidiens. Si / est un isomorphisme
de U sur T et g un isomorphisme de TT sur alors, selon la pro­
priété 4.1 des isomorphismes d’espaces vectoriels, la composition
gf est une application injective de 71 sur T* qui satisfait aux condi­
tions de linéarité. Ensuite, vu que
ab = / (a) / (b), / (a) / (b) = g (/ (a)) g (/ (b)),
on a
ab = (gf) (a) (gf) (b)
pour tous a, b de U. gf est donc un isomorphisme de l'espace eucli­
dien 7/ sur ffl. Par conséquent, la relation d'isomorphisme est
transitive. □
Propriété 6.7. Soient 7Z, 5^ des espaces euclidiens et f un isomor­
phisme de 7/ sur T*. Si ex, . . ., en est une base orthonormée de Vespa­
ce U, alors le système f (e^, . . ., / (en) est une base orthonormée de
Vespace
D é m o n s t r a t i o n . Comme / est un isomorphisme, on
a eje* = / (e,) f (eh). Donc,
1 si i — /c,
{ 0 si i * k .
Le système / (e^, . . ., / (e„) est ainsi orthonormé. En outre, selon
la propriété 4.4 des isomorphismes des espaces vectoriels, le système
f (ex), . . ., / (en) est la base de l'espace el \ □
T h é o r è m e 6.4. Tout espace euclidien = £ {0} de dimension n est
isomorphe à un espace euclidien de dimension n standard.
D é m o n s t r a t i o n . Soient TT un espace euclidien à n
dimensions et et, . . ., en sa base orthonormée fixée. Soit ¥ n un
espace euclidien standard à n dimensions. Selon le théorème 4.3
1 application f: V -*■ Rn associant à chaque vecteur x = £xex + . . .
. . . — cnen de V sa ligne de coordonnées (£lt . . ., £n) est injective
et satisfait aux conditions de linéarité. De plus, si y = i\xcx + . . .
. . . -r v|Mcn, alors
xy = + . . . + i ni\n = (Slt . . y (ti,, . . m,,) =
= / (x) / (y)-
Donc, Z ust un isomorphisme de l’espace euclidien 7 ' sur l’espace
euclidien standard £n. □
1 7 —0 1 7 6 2
258 ESPACES VECTORIELS [CH. VII

T h é o r è m e 6.5. Deux espaces euclidiens de dimension finie sont


isomorphes si et seulement si leurs dimensions sont les mêmes.
D é m o n s t r a t i o n . Soient 7/ et Y des espaces euclidiens
de dimension finie. Si les espaces 7/ et f ' sont isomorphes, alors
on a, selon le théorème 4.6, dim 7/ = dim 7r .
Admettons maintenant que dim 7/, = dim 7r = n. Si n = 0,
les espaces 7/ et 7r sont alors = {0} et, partant, isomorphes. Mais
si n > 0, alors, selon le théorème 6.4, 7/. ^ %n et %n ^ Y*. En
vertu de la transitivité de T isomorphisme, il s’ensuit que les espaces
euclidiens 7/ et sont isomorphes. □

Exercices
1. Soient a, b des vecteurs d'un espace euclidien orthogonaux entre eux.
Montrer que || a + b ||2 = || n ||2 + || b ||2.
2. Montrer que pour tous vecteurs a, b de l'espace euclidien || a + b ||2 +
+ Il a - b ||2 = 2 (|| a ||* + || b ||2).
3. Soient a, b des vecteurs de 1 espace euclidien tels que || a || = || b ||.
Démontrer que les vecteurs a — b et a + b sont orthogonaux entre eux.
4. Démontrer que pour tous vecteurs a, b de l'espace euclidien | || a || —
- Il b || | < || a ± b ||.
5. Soient a, b des vecteurs non nuis de l'espace euclidien. Chercher le
vecteur de la forme a + kb, où X, £ R, possédant la plus petite norme et montrer
que ce vecteur est orthogonal au vecteur a.
6. Soient a, b des vecteurs linéairement indépendants d’un espace eucli­
dien tridimensionnel 7A\ Démontrer que dans l ’espace 7 " il n’existe que deux
vecteurs de norme unitaire qui soient orthogonaux aux vecteurs a et b.
7. Soit = &2 un espace vectoriel bidimensionnel sur le corps des nom­
bres rationnels avec multiplication scalaire standard. Chercher dans 7^ un
sous-espace ^={0 } dans lequel le carré scalaire d'un vecteur quelconque est
différent de 1.
8. Soient a, b des vecteurs linéairement indépendants de l'espace eucli­
dien T° à n dimensions. Chercher la dimension du sous-espace de l'espace T'0
orthogonal aux vecteurs a et b.
9. Soient 71 un sous-espace de l'espace euclidien 7/0 à n dimensions et
71^ son supplémentaire orthogonal. Soient a lf . . ., aa une base orthonormée
de l'espace 71 et bv . . ., bn_a une base orthonormée de l'espace 7lL . Démon­
trer que a^ . . ., aa, bly . . ., bn. a est une base orthonormée de l’espace 7^.
10. Soient a, b des vecteurs do l'espace vectoriel euclidien. Démontrer
que | a-b | = || a ||-|| b || si et seulement si les vecteurs a et b sont linéaire­
ment dépendants.
11. Soient alf . . ., am un système orthonormé de vecteurs de l'espace
euclidien CV°. Posons que pour chaque vecteur c de l'espace 7 e || c ||2 =
= (ajC)2 + . . . + (amc)2. Démontrer que le système des vecteurs alt ...» am
est une base de l'espace ei/ù.
12. Soient 71 des sous-espaces de l'espace vectoriel euclidien de dimen­
sion finie. Démontrer que :
(a) ; (b) ( X + V ) J- = X l Ç\Vx : (c) (XÇ\<U)x = X l + V 1 -
CHAPITRE VIII

OPÉRATEURS LINÉAIRES

§ 1. Applications linéaires
Applications et opérateurs linéaires. Passons à l'étude des homo­
morphismes des espaces vectoriels ; ils sont également nommés
applications linéaires.
D é f i n i t i o n . Soient 7 / et TT des espaces vectoriels sur le corps j f .
Une application / : 71 -+ T ' est appelée application linéaire ou
homomorphisme si cette dernière satisfait aux conditions de linéa­
rité, c’est-à-dire pour tous a, b 6 V et tout X Ç F sont satisfaites
les conditions
/ (a + b) = / (a) + / (b), / (X a) = X/ (a).
Si une application linéaire de 7/ sur V est injective, elle s’appelle
alors isomorphisme ou application isomorphe de 7 / sur TT.
Un ensemble de toutes les applications linéaires (homomor­
phismes) de l’espace ?/ dans l’espace sera noté Hom (7£, 5H-
Une application linéaire de l’espace vectoriel dans lui-même
est appelée opérateur linéaire de Vespace Un ensemble de tous
les opérateurs linéaires de l’espace 5^’ est noté Hom ( f ,
Soit <p une application linéaire de l'espace vectoriel 7/ sur l’es­
pace vectoriel î *. Alors, pour tous vecteurs a x, . . ., a n de 7/ et
tous scalaires Xj, . . Xm Ç F, on a
(1) <p (Xja, + . . . + Xma m) = Xjip (a2) + . . . + Xmcp (am).
La démonstration est effectuée par récurrence sur m. Si m = 1,
en vertu de la linéarité de l’application (p, on a cp ( X ^ ) = Xxcp ( a ,) .
Posons que la proposition est vraie pour m — 1 vecteurs. Alors,
en utilisant l’égalité
4“ • ■ • “f" -i®m -l “4“ Xm8 m = (^*ia i "4” • • • ”}" Xm-\&m ~\)
Xma m,
il vient
T (^ la l + • - • + ^m a m) = 9 (^ ia i + . • . Xm _1a m _1) +
"4" 9 (^ma m)-
17*
260 OPERATEURS LINEAIRES [ch. v in

Selon l'hypothèse de récurrence


<P ( X ^ + - . . + = ^1<P (*i) + . . . + k m-i<P
En outre, <p (Xma m) = Xm(p (am). Par conséquent, l’égalité (1) est
vérifiée. □
E x e m p l e s . 1. Soit TT un espace vectoriel. L’application
c: y -* - TT associant à chaque vecteur x de V le vecteur lui-même,
c’est-à-dire e (x) = x est un opérateur linéaire. Il est appelé opé­
r a te u r id e n tiq u e ou u n ita ir e de V espace,
2. Soient TT un espace vectoriel sur le corps & et X un élément
fixé du corps. L’application Xe : Y TT associant au vecteur x le
vecteur Xx est un opérateur linéaire de l'espace °T. On l ’appelle
o p é ra te u r d 'h o m o th é tie de coefficient X. L’opérateur d’homothétie
de coefficient X = 0 est dit o p é ra te u r zéro . L’opérateur d’homothétie
de coefficient X = 1 est un opérateur identique.
3. Soit f = X © u7/. Tout élément x de f sera représenté de
façon unique sous forme de x = I + u, où 1 £ L et u Ç U. L’appli­
cation V -*■ V associant au vecteur x sa composante 1 dans le ter­
me direct de V. est un opérateur linéaire de l’espace On l’appelle
o p é ra te u r p r o je c tif .
4. Soit T* un espace vectoriel (sur &) des fonctions réelles à
une variable x définies et indéfiniment dérivables sur l’ensemble R
des nombres réels. L’opérateur D : T* — °T associant à chaque élé­
ment / Ç V sa dérivée est un opérateur linéaire, car il satisfait
aux conditions de linéarité
D (J + g) = D (fl + D (g); D (X/) = XD (/)
pour tous /, g 6 V et tout X Ç R. Cet opérateur est appelé o p é ra te u r
d e d é riv a tio n .
5. Soient V = tF n un espace arithmétique de vecteurs colonnes
de n dimensions et A une matrice carrée n X n fixée sur le corps jF.
L’application de l’espace f ‘ dans lui-même associant à chaque vecteur
X Ç Fn le vecteur A X est un opérateur linéaire de l’espace f \
Théorème 1.1. S o ie n t 1l e t T* des espaces ve cto rie ls su r le co rp s & ^
. . ., e„ la base d e V espace V. et Cj, . . ., cn d es vecteu rs a r b itra ir e s
d e V espace y ’. I l ex iste a lo rs u n e a p p lic a tio n lin é a ire u n iq u e <p de V es­
p a c e V d a n s V espace s a tisfa isa n t a u x c o n d itio n s
(1) <p ta ) = clt . . q> (en) = cn.
D é m o n s t r a t i o n . Tout vecteur de l’espace V. peut être
représenté sous forme d’une combinaison linéaire des vecteurs de
base, c’est-à-dire sous la forme de X ^ + . . . + Xnen. Notons <p
l’application de CU dans f définie par l’égalité
SP + . . . + Xnen) = XjCj + • • . + XhCn
pour tous Xlf . . ., Xn de F.
* *1 A P P L IC A T IO N S L IN É A IR E S 261

On constate sans peine que l’application cp satisfait aux condi­


tions (1 ).
L’application cp satisfait aux conditions de linéarité. En effet, si
x = ocjej + . . . + a ne„ et y = p ^ , + . . . + P„e„,
alors
x + y = (ai + Pi) e, + • . . + (a„ + Pn) ©n
et Xx = hxiex + • - • + Xarlxn.
Par conséquent, en vertu de la définition de l’application cp,
<P (* + y) = (a a + Pi) Cj + . . . + (a n + pn) cn =
= (a i ci + . . . + a ncn) + (PiCj + . . . + PnCn) =
= cp (x) + fp (y) ;
<p (Xx) = b x ^ + . . . + Xctncn = X ( a ^ + . . . + a nc„) =
= Xcp (x).
Posons que \|> est une application linéaire de 7/ dans TT satisfai­
sant aux conditions yp (e^ = clt . . ., yp (en) = cn. Alors, pour tout
vecteur x = + . . . + OLnen de l’espace V , il vient
iJj (x) = (ej) + . . . + anyp (en) = a xex + . . . + a ncn =
= <P ( x ) ,
c’est-à-dire yp = cp. □
C o r o l l a i r e 1.2. Soient 7/ et TT des espaces vectoriels sur j F , et , . . .
. . ., en une base de Vespace 11 ; cp et yp des applications linéaires de 7/
dans y telles que cp (ek) = yp (eh) pour k = 1, . . .,n. Alors,cp= yp.
C o r o l l a i r e 1.3. Soientely . . ., en une base de Vespace vectoriel f '
et clt . . ., cn des vecteurs arbitraires de cet espace. Il existe alors un
opérateur linéaire unique cp de Vespace TT satisfaisant aux conditions (1 ).
Noyau et image de l’opérateur linéaire. Soit cp l’opérateur li­
néaire de l’espace vectoriel TT. L’ensemble {x Ç V | cp (x) = 0} est
noté Ker cp. Autrement dit, l’ensemble Ker cp est une image inverse
du vecteur nul dans l’application cp, Ker cp = cp"1 (0). En vertu de la
linéarité de l’opérateur cp, cet ensemble est fermé par rapport à l’ad­
dition et à la multiplication par des scalaires. Par conséquent, il
existe un sous-espace de l’espace f avec ensemble de base Ker cp.
D é f i n i t i o n . Un sous-espace de l ’espace vectoriel y avec ensemble
de base Ker cp est appelé noyau de l'opérateur linéaire cp et noté
Gfëer cp. La dimension du noyau porte le nom de défaut de l'opérateur
cp, défaut cp = dim SKer 9 .
L’ensemble {cp (x) | x Ç V } est noté Im cp ou cp (P). En vertu de
la linéarité de l’opérateur 9 , cet ensemble est fermé par rapport à
l’addition et à la multiplication par des scalaires. Il existe donc un
sous-espace de l’espace TT avec ensemble de base Im 9 .
262 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. VIII

D é fin itio n . Un sous-espace de l’espace vectoriel TT avec ensem­


ble de base Im cp est appelé image de l'opérateur linéaire <p et noté
J mip. La dimension de l’image de l’opérateur <p est appelée rang
de l'opérateur cp, rang cp = dim (Jmcp).
T h ê o r ê m e 1.4. Soit cp un opérateur linéaire d'un espace vectoriel
de dimension finie Alors
(1 ) la somme du rang et du défaut de l'opérateur cp vaut dim
D é m o n s t r a t i o n . Premier cas : Ker cp = {0}. Si V = {0 },
on voit immédiatement que la conclusion du théorème est vraie.
Supposons que 7r est un espace =5^ {0}. Soient dim f ' = n et
elf . . ., en une base de l’espace 5r . Alors, le système des vecteurs
cp (ej), . . ., cp (en) engendre l’espace Jmcp, c’est-à-dire Im cp =
= L (<P (eO..........(p (en)).
Ce système de vecteurs est linéairement indépendant. En effet, si
^i 9 (ei) + • • • ■+■ kncp (en) = 0 ,
alors, en vertu de la linéarité de l’opérateur cp,
9 (Kel + • • • + ^nfcn) = 0-
Comme Ker cp = {0}, il s’ensuit que
Xlel + . . . + K e n = 0
et, en vertu de l’indépendance linéaire des vecteurs, = 0, . . •
. . ., Xn = 0 . Le système cp (ej), . . ., cp (en) est ainsi une base de
l’espace Jmcp et, par suite, le rang cp vaut n. En outre, le défaut cp
est égal à zéro. Par conséquent, l’affirmation (1) se vérifie.
Deuxième cas: Ker cp {0}. Posons que défaut cp = r et elf
. . ., er est une base du noyau de l’opérateur cp, la base de l’espace
SKer cp. Si r = dim T*, alors l’affirmation (1) est apparemment vraie.
Admettons que r < n = dim TT. Dans ce cas le système elf . . ., er
peut être complété jusqu’à la base de l’espace 5r • Soit Cj, . . ., er,
er+1, . . ., en la base de l’espace T '; alors
Im cp = L (cp (et), . . <p (en)).
Vu que cp (e^ = 0, . . ., cp (er) = 0, on a
Im cp = L (cp (er+1), . . ., cp (en)),
autrement dit, le système des vecteurs cp (er+1), . • ., cp (e„) engendre
J’espace Jmcp.
Ce système est linéairement indépendant. En effet, si
^r+ i 9 ( ® r + l ) ” 1" . . . + ^»n9 (®n) = 0 ,

alors, en vertu de la linéarité de l’opérateur cp,


9 (^r+lCr+l + • - . -f ^n®n) = 0 ,
§ 1] A P P L IC A T IO N S L IN É A IR E S 263

d’où
^ r + l^ r + l + • • • + ^ ne n 6 Ker <P-
Puisque e l7 . . e r est une base de l’espace 5 fer cp, il existe des
scalaires X l9 . . ., Xr tels que
^r+l^r+l + • • • + = ^1©1 + . . . + K er

et, par suite,


( — Xl ) e x + • - • + (— ^r) e r + ^r+le r+l + • • • + ^nen = 0-

En vertu de l’indépendance linéaire des vecteurs el9 . . en il


s’ensuit que tous les coefficients du second membre de l’égalité sont
nuis et, en particulier, Xr+l = 0, . . ., Kn = 0. Le système des
vecteurs <p (er+1), . . ., cp (en) est ainsi une base de l’espace Jm<ç
et le rang (p vaut n — r. Par conséquent, l’affirmation (1) est vraie. □
Opérations sur des applications linéaires. Soient ?/, et Y des espaces
vectoriels sur le corps & , cp, des applications linéaires de V dans Y .
La somme cp + est définie comme une application de V. dans Y
qui associe à l’élément x U de l’élément cp (x) + (x) deY , c’est-à-
-dire
(<P + * ) (* ) “ Ç W + t (* )•
Le produit du scalaire X £ F et de l'application cp est défini comme
application de % dans f ' associant à l'élément x Ç U l’élément
X9 (x) de l’espace T , c’est-à-dire (X9 ) (x) = X<p (x).
P roposition 1.5. Soient cp et 9 des applications linéaires de l'espace
vectoriel 11 dans l'espace vectoriel "T et k £ F. A lors cp 9 et X9 sont
des applications linéaires de % dans T'.
D é m o n s t r a t i o n . La somme 9 + 9 satisfait aux condi­
tions de linéarité. En effet, pour tous a, b £ U et tout X Ç F, on a :
(cp + 9 ) (a + b ) = cp (a + b ) + 9 (a -f- b ) = cp (a) + <p ( b ) +
- r 9 ( a ) + 9 ( b ) = 9 (a) + 9 (a) + 9 ( b ) + 9 ( b ) =

= (<P + t ) (a) + (9 + ^) (b) î


( 9 + 9) (Xa) = 9 (Xa) -f- 9 (Xa) = X9 (a) + X9 (a) =
= X ( 9 (a) + 9 (a)) = X ( ( 9 + 9 ) (a)).
Ainsi, 9 + 9 est une application linéaire de % dans T .
Le produit X9 satisfait aux conditions de linéarité. En effet, pour
tous a, b Ç U et tout X Ç f on a:
(Xcp) (a + b) = X ( 9 (a + b)) = X ( 9 (a) + 9 (b)) =
= X9 (a) + X9 ( b ) = (X9 ) (a) -f (X9 ) ( b ) ;
(X9 ) (pa) = X9 (pa) = X (p 9 (a)) = (Xp) 9 (a) =
= p (X9 (a)) = p ((X9 ) (a)).
264 OPÉRATEURS LINÉAIRES [CH. VIII

Par conséquent, X9 est une application linéaire de 9/ dans < Jr . □


C o r o l l a i r e 1 .6 . L'ensemble Hom (U, T*) est fermé par rapport à
Vaddition et à la multiplication par des scalaires.

Exercices
1. Soit <p un opérateur linéaire de l'espace vectoriel unidimensionnel 9 °
sur le corps & . Démontrer qu’il existe un scalaire X 6 F tel que 9 (x) = Xx
pour tout vecteur x 6 V .
2. Soient <p et 9 des opérateurs linéaires de l'espace vectoriel de dimension
finie et 9 9 = 0. Aura-t-on 9 9 = 0 ?
3. Soient 9 une application linéaire de l'espace vectoriel T l dans l'espace
9 ° et b 6 Im 9 . Démontrer que l'ensemble 9 - 1 (b) (9 -* (b) = {x £ V | 9 (x) =
= b}) est une variété linéaire do l'espace T l de direction & C c r 9 .
4. Soient 9 une application linéaire de l'espace vectoriel T l dans l'espace
9 ° et ax, . . ., am 6 U . Démontrer que si le système 9 (ax), . . 9 (am) est
linéairement indépendant dans 9 ° , le système a 1? . . ., am est alors linéaire­
ment indépendant dans 1 1 .
5 . Soit 9 une application linéaire injective de l'espace vectoriel T l dans
l'espace 9 ° . Démontrer que si le système ai, . . ., am est linéairement indé­
pendant dans # , le système 9 (ax), . . 9 (am) est alors linéairement indé­
pendant dans 9 ° .
6 . Démontrer que l'application linéaire 9 de l'espace vectoriel T l dans
l'espace 9 ° est injective si et seulement si & C c r y = {0}.
7. Soit 9 une application linéaire de l'espace vectoriel T l à n dimensions
dans l'espace 9 ° de dimension n. Démontrer aiie 9 est un isomorphisme.
8 . Soient 9 une application linéaire de l'espace vectoriel T l sur l'espace
unidimensionnel 9 ° et a 6 tf\K e r< p . Démontrer que T l = ^ 9 ® X (a).
9. Soient 9 , 9 des opérateurs linéaires de l'espace vectoriel 9 ° tels que
Ker <p = KeriJ) = {0}. Démontrer que Ker (9 9 ) = {0}.
10. Soit 9 un opérateur linéaire de l'espace vectoriel 9 ' ° satisfaisant à la
condition 9 0 9 = 9 . Montrer que 7 ° = & C e r 9 © £ f m 9 .
11. Soient T l et 7 ° des espaces vectoriels sur le corps i F , l'espace T l étant
unidimensionnel. Démontrer que toute application différente de zéro de T l
dans 9 ° est injective.
12. Soit 3 6 o m ( T l , 9 * ) un espace vectoriel de toutes les applications linéai­
res de l'espace vectoriel T l de dimension finie dans l'espace de dimension
finie 9 ° . D ém ontrer que
(a) si dim T l — 1, alo rs dim (3 6 o m ( T l , 9 ° ) ) = dim 9 ° , \
(b) si dim 9 — 1, alors dim (< 9C om ( T l , ^ ) ) = d im # .

13. Soient T l et 9 J des espaces vectoriels de dimension finie dont les dimen­
sions sont m et n. Démontrer que la dimension de l'espace vectoriel 3 6 o m ( T l , 9 )
vaut le produit m n .
14. Soit 9 l'application linéaire de l'espace vectoriel de dimension finie
T l dans l'espace vectoriel 9 ° . Démontrer que

dim j ( & C e r 9 ) + dim (C fm 9 ) = dim T l.

15. Soit 9 une application linéaire de l'espace vectoriel T l dans l'espace


vectoriel de dimension finie 9 ° . Soit alT . . . » am un système de vecteurs de
l'e s p a c e # tel que le système 9 (a!), . . ., 9 (am) soit une base de l'espace
C f m 9 . Démontrer que

Tl = SfCtr 9 © X (&!, . . ., a ^ .
S 2] REPRESENTATION DES OPERATEURS LINEAIRES 265-

16. Soit <p un opérateur linéaire de l ’espace vectoriel de dimension finie 7 ^


sur le corps S r . Démontrer que pour un nombre naturel suffisamment grand m
les opérateurs linéaires <p, <p*, . . <pm sont linéairement dépendants sur le-
corps
§ 2. Représentation des opérateurs linéaires
par des m atrices
M atrice d’un opérateur linéaire. Soit TT un espace vectoriel de-
dimension finie sur le corps jF,
(1) e^, • . >t en
étant sa base et q> l’opérateur linéaire de l’espace f ' . Représentons
les vecteurs tp (e j, . . q> (en) sous forme de combinaisons linéaires
des vecteurs de la base (1 ) :
<p (e,) = a n e ! + . . . + a nle„,
(2) ......................................................................................

tp (®n) = ® ln® l “f" • • • “H ®nn®n-

D éfinition. La matrice M (tp)


f a ti • • • a in ~
3/ (q>) = ................
L ® nl • • • ®nn _
dont la Ac-ième colonne est la colonne de coordonnées du vecteur
<p (eh) relativement à la base (1 ), est appelée matrice de l'opérateur
linéaire <p relativement à la base (1 ).
Rappelons que F”xn désigne l’ensemble de toutes les matrices
n'X n sur le corps & .
T h e o r e m e 2.1. Soit T un espace vectoriel sur le corps jF avec une-
base (1) fixée. L'application O associant à chaque opérateur linéaire <p
de l'espace T sa matrice M (<p) relativement à la base (1), est une ap­
plication bijective de l'ensemble Hom ( f ', T") sur l'ensemble Fnxn.
D é m o n s t r a t i o n . O est apparemment une application sur
l’ensemble Fnxn. Démontrons que l’application O est injective,
c’est-à-dire que pour tous <p et if de l’égalité M (<p) = M (if) s’en­
suit l'égalité <p = if. De M (<p) = M (\f) se dégage l’égalité
M (tp (eh)) = M (if (ek)) pour k = 1, . . ., n,
d’où
<p (eft) = if (eft) pour k = 1 , . . ., n.
Selon le corollaire 1.2, il s’ensuit l’égalité <p = if. □
Soit X un scalaire, X £ F . Notons cai l’opération singulaire (unai-
re) dans l'ensemble Hom (11, f ’) associant à chaque application
linéaire (p £ Hom (<?/, 5^) l’application linéaire 9tcp:
f û (<P) = *<P-
266 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. VIII

Cette opération sera appelée opération de multiplication par le sca­


laire X.
T héorèm e 2.2. Soient ? /, T des espaces vectoriels sur le corps F -
L'algèbre
<Hom (?/, r ) , + , - , {ou \ X £ F } )
•est un espace vectoriel sur le corps F •
D é m o n s t r a t i o n . Selon le corollaire 1.2, l’ensemble
Hom (7/, f ") est fermé par rapport à l’addition et aux opérations
singulaires (unaires) co>. de multiplication par des scalaires du
•corps F -
Notons que « — » désigne une opération singulaire (unaire) dans
l’ensemble Hom (?/, JT) associant à l’opérateur cp Ç Hom (?/, T )
l’opérateur —cp = (—1) cp, et 0 l’application zéro de 9Z dans y .
L’algèbre (Hom (?/, T'), + , —> est un groupe abélien. En effet,
on vérifie sans peine que pour tous cp, i|?, x 6 Hom (3/, JT) on a
les égalités
cp + \p = ij) + (p, cp + U = cp,
<p + + x) = (<p + ÿ) + x* <p + (—<p) = ü-
En outre, on vérifie aisément que pour tous X, p ÇF, on a
X (cp + \p) == Xcp + XVp, (Xp) cp = X (pcp),
(X + p) cp = X(p + pcp, 1-cp = cp.
Ainsi, tous les axiomes de l ’espace vectoriel se vérifient. □
L’espace vectoriel
(Hom (7/, T ) , + , - , { u x \ X e F } )
•sera appelé espace vectoriel des applications linéaires 3Z dans T* et on
le notera 3£om (^ , f ').
Connexion entre les colonnes de coordonnées des vecteurs x et
cp(x). Soient
«■(1) elt • • «y en
la base fixée de l’espace vectoriel TT et cp l’opérateur linéaire de cet
espace. Soient, ensuite,
x = + . . . + In^n et cp (x) = rj1e1 + . . . + Tiaen.
Notons NI (x) et M (cp (x)) les colonnes de coordonnées respectivement
•des vecteurs x et cp (x) relativement à la base fixée (1) :
p , ! “m"
M{X)= I ; , Af(cp(x)) = : .
L^n _1 _1)n_
•Cherchons la connexion entre ces colonnes de coordonnées.
§ 2] R E P R E S E N T A T IO N DES OPERATEURS L IN E A IR E S 267

T h é o r è m e 2.3. Soient (p l'opérateur linéaire de l'espace vectoriel


et M (<p) la matrice de l'opérateur <p relativement à la base (1).
Alors pour tout vecteur x Ç V est satisfaite l'égalité
M (cp (x)) = M (cp) M (x).

D é m o n s t r a t i o n . Soit

! « « • • • a ln 1
M ( cp)
L ^nl • • • ®nn J
les égalités (2) sont alors vérifiées. Si x = ^ej + . . . + 5„en 6 V,
alors
<p (x) = |,q> (e,) + . . . + in<P (en).

En substituant sur la base de (2) dans cette égalité les vecteurs


<P (ei). • • •. 9 (e„), il vient
9 (x) = El («iiCi + . • • + a nlen) + . . . + En (« in ® x + •••
• » • "4* ® nn® n)i
d ’où
9 (x) = ( a l x Ex + . . . + d m En) ex + . . . + + . . .

• • • "f” CtnnEn) ®n*


Donc,
F « llE |- f • • • + « ln E n '« 1 1 . . . Ctjn "Ex"
.
M (<p (x)) = I ...............................
. « n i • • • OCnn _ -5 n .

c’est-à-dire M (9 (x)) = M (9 ) M (x). □


T heoreme 2.4. Soient (p l'opérateur linéaire de l'espace vectoriel
f et M (cp) la matrice de l'opérateur cp relativement à la base fixée (1).
Si pour tout vecteur x Ç V on a
(3) M (9 (x)) = BXI (x).

alors B = M (9 ).
D é m o n s t r a t i o n . Selon la définition de la matrice Af(9 ),

(4) M (cp) = (M (cp (e,)), M (9 (e.ï)------- M (9 (e*)))-


268 OPERATEURS LINEAIRES [CH. VIII

En portant successivement dans (3) au lieu de x les vecteurs de base


e„ . . ., e„, il vient
’1'
0
M(<t(ei)) = B M (e i)= B = 5‘;
. 0 .
'0'
1
(5) J / ( 9 (e2) ) = 5 M (e 2) = 5 = 5 2;
.6 .

’O
0
M(<p(en)) = B M (en) = B = 5".
i
Sur la base de (4) et (5) on conclut que les colonnes correspondantes
des matrices M (<p) et B coïncident. Par conséquent, M (ç) = B . □
P roposition 2.5. Soient 9 et if les opérateurs linéaires de l'espace
vectoriel 5r a base fixée elt . . ., e„ et K Ç F; alors
(1) M (<p + *) = M (<p) + M (♦) ;
(2) M (hp) = KM (9 ).
D é m o n s t r a t i o n . Soient x 6 V et
Ç (* ) = 5l® l "4" • • • "4* in® n »
(3)
i|> (x) = lue! + . . . + ti„en,
alors
(<p + t|j) (x) = (?i + ri,) e, + . . . + (!„ + il„) e„.
Donc,
~ lt + *h " "11"
M((<p + $) (x)) = +
_ in . ^In _ Jn_ _ *lri_
= M (<p (x )) + JW(i|> (x ))
et, selon le théorème 2.3,
(4) M ( ( 9 + *) (x)) = (.M (9 ) + M (*)) M (x).
L’égalité (4) est vraie pour tout x 6 V. Selon le théorème 2.4, de (4)
s’ensuit l’égalité (1 ).
§ 2] REPRÉSENTATION DES OPERATEURS LINEAIRES 269

En vertu de (3), (tap) (x) = + .. . + ; donc,


M ((Xcp) (x)) = m (<p (x))
et, selon le théorème 2.3, pour tout x, on a
(5) M ((hp) (x)) = (kM (cp)) M (x).
Selon le théorème 2.4, de (5) s’ensuit (2). □
Rang d’un opérateur linéaire. Etablissons la connexion entre le
rang d’un opérateur linéaire et le rang de sa matrice.
T h e o r ê m e 2.6. Le rang d'un opérateur linéaire d'un espace vecto­
riel de dimension finie ¥= {0} est égal au rang de la matrice de cet opé­
rateur.
D é m o n s t r a t i o n . Soit ex, . . ., en la base fixée de l’espa­
ce vectoriel V - Soient M (<p (ex)), . . ., M (cp (en)) les colonnes de
coordonnées des vecteurs cp (ex), . . ., cp (en) relativement à la base
fixée. Ce sont des colonnes de la matrice Af (<p) de l’opérateur cp re­
lativement à la base fixée, c’est-à-dire
M (cp) = (M (q> (ex)), . . ., M (cp (en))).
Donc,
(1) rang M (cp) = rang (M (cp (ex)), . . ., M (cp (en))).
En vertu du corollaire 7.3, le rang du système des vecteurs cp (ex), . . .
. . ., cp (en) est égal au rang du système de colonnes de ces vecteurs.
De là et à partir de (1) il s’ensuit que
(2) rang M (cp) = rang (cp (ex), . . cp (en)).
Soient x un vecteur arbitraire de l’espace V et x = ^ej + . . .
. . . + Ên£n- En vertu de la linéarité de l’opérateur cp l’égalité
<P (x) = £xcp (ex) + . . . + Ên<P (en) se vérifie. Aussi a-t-on
lm (cp) = L (cp (ex), . . cp (cn)),
c ’est-à-dire que l’image de l’opérateur cp est engendrée par les vec­
teurs cp (e^, . . ., cp (en). Selon le corollaire 7.3, il s’ensuit que
(3) rang cp = rang (cp (ex), . . ., cp (en)).
Sur la base de (2) et (3) on conclut que le rang cp est égal au rang de
la matrice M (cp). □
Connexion entre les colonnes de coordonnées d’un vecteur relati­
vement à de différentes bases. Soit V un espace vectoriel de dimension
n =9^(0} sur le corps Soient données deux bases de cet espace:
ex, . . ., en, la première base et e', . . ., e*, la deuxième. Les vec­
teurs de la deuxième base seront représentés sous forme des combi-
270 OPÉRATEURS L IN É A IR E S [CH. VIII

naisons linéaires de la première base:


e[ = t n ei + . . . + t n le n
(1) (tik6F).

= *in®i ^nn®n
On appelle matrice de passage de la première base à la deuxième la
matrice T ,
*ii t\o • • . *1n
T= *21 *22 ••• *2n

. *nl •• • *nn
*n2
dont la Ar-ième colonne est la colonne de coordonnées du vecteur e*
relativement à la première base.
P roposition 2.7. La matrice T est inversible.
D é m o n s t r a t i o n . Il s’ensuit de l’indépendance linéaire
des vecteurs e', . . ., l’indépendance linéaire des colonnes de
coordonnées de ces vecteurs, autrement dit, l’indépendance linéaire
des colonnes de la matrice T (voir corollaire 7.4). Il s’ensuit, selon
le théorème 5.1, que la matrice T est inversible. □
Notons M (x) la colonne de coordonnées du vecteur x Ç V relati­
vement à la première base et M' (x) relativement à la deuxième
base. Cherchons la relation entre M (x) et M ' (x).
T héorème 2.8. Soient M (x) et M' (x) les colonnes de coordonnées
du vecteur x respectivement relativement à la première et à la deuxième
bases et T la matrice de passage de la première base de Vespace a la
deuxième. On a alors les égalités
(2) M (x) = TM ' (x) ;
(3) M' (x) = T~lM (x).
D é m o n s t r a t i o n . Soient x Ç V et
(^ ) * = “4“ • • • 5n ®n ï
(5) x = ije ' + . . . + ;
par conséquent,

Portons dans (5) les expressions de e j, . . ., e'n des égalités (1), il


vient
X= (*n©i "1” *ni^n) "4“ • • •
• • • “4“ ^nn®n)t
R E P R E S E N T A T IO N D E S O P E R A T E U R S L IN E A IR E S 271
Ü L

d’où
(6) X = (ijili + • • • + fin£n) el + •••
• • • + (* n ltl + • • • + ^nn^n) ®n*

A partir de (4) et (6) on déduit les égalités


£l=*llÊi[+ ••• +*in£n;

Ên = *nl£i+ ••• + *nnÊn-


De là on obtient l’égalité

c’est à-dire que M (x) = TM' (x). Multiplions à gauche les deux
membres de cette égalité par T ”1 et l’on obtient (3). □
C orollaire 2.9. Si lM (x)et % M' (x) sont des lignes de coordonnées
du vecteur x respectivement par rapport à la priemère et à la deuxième
bases, on obtient alors
K\I (x) = KM' (x)‘7\ KM' (x) = lM (xY(T~l).
Connexion entre les matrices d’un opérateur linéaire relativement
à de différentes bases. Soient TT un espace vectoriel de dimension finie
=5^ {0}, et, . . . » en la première base de l’espace TT, ei, . . ., e'n la
deuxième base de l’espace TT et T la matrice de passage de la première
à la deuxième base.
T h é o r è m e 2.10. Soient <p l'opérateur linéaire de Vespace vectoriel
TT* M (<p) et M ' ((p) les matrices de cet opérateur respectivement par
rapport à la première et à la deuxième bases et T la matrice de passage
de la première à la deuxième basey un a alors M ' (cp) = T~lM (cp) T.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 2.8 pour tout x Ç Vr
on a
(2) M (x) = TM ' (x) ;
(3) M 9 (x) = T~KM (x),
où M (x) et M ' (x) sont des colonnes de coordonnées du vecteur x
respectivement par rapport à la première et à la deuxième bases. En
substituant dans (3) <p (x) à x, il vient
M ' («p (x)) = T -'M (cp (x)).
Selon le théorème 2.3, M (cp (x)) = M (cp) M (x), donc,
M ’ (cp (x)) = T~lM (<p) M (x).
En vertu de (2), il vient
M ' (cp (x)) = [ T -W (cp) T] M' (x).
272 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. V III

Etant donné que cette égalité se vérifie pour tout x de F, on a, en


vertu du théorème 2.4, M ' (<p) = T~lM (cp) T. □
D éfinition . Les matrices A et B de l’ensemble FT,xwsont dites
semblables sur le corps <F s’il existe une matrice inversible T 6 Fnxn
telle que A = T“XBT.
Du théorème 2.10 découle le corollaire suivant.
C orollaire 2.11. Si (p est un opérateur linéaire de Vespace vectoriel
de dimension finie non réduit à {0}, alors les matrices de cet opéra­
teur rapportées à deux bases quelconques de Vespace sont semblables.
P r o p o s i t i o n 2.12. La relation de similitude des matrices sur Ven­
semble Fnxn est une ralation d'équivalence.
D é m o n s t r a t i o n . La relation do similitude est réflexive,
«car A = E~XAE, où E est une matrice unité. La relation de simili­
tude est symétrique, car de l’égalité A = T~lB T s’ensuit B =
= (T -l)-lA T - \ La relation de similitude est transitive, car de
A = T~XB T et B = TïlCTx s’ensuit
A = (T J ) ~ XC ( T J ) .
La relation de similitude des matrices sur le corps & définit la
partition de l’ensemble Fnxn en classes d’équivalence appelées
classes de matrices semblables. A chaque opérateur linéaire de l’espace
vectoriel TT est associée une classe unique de matrices semblables.

Exercices
1. Comment variera la matrice d'un opérateur linéaire si l'on permute
dans la base ©j, . . en deux quelconques des vecteurs, par exemple, el et e-?
2. Démontrer que le rang de l'operateur linéaire d'un espace vectoriel de
dimension finie est égal au rang de la matrice de cet opérateur.
3. Montrer que tout opérateur linéaire de rang r d'un espace vectoriel de
dimension finie peut être représenté sous forme d ’une somme de r opérateurs
linéaires de rang 1 .
é. Soit Y un espace vectoriel de toutes les matrices carrées d’ordre deux
s u t le corps & . Montrer que la transformation 9 consistant dans la m ultipli­

cation des matrices de Y° à gauche par la matrice £ j J J est un opérateur liné­


aire. Chercher la matrice de l’opérateur 9 dans la base

ri 0 | ro 11 ro on ro en
l 0 o J ’ Lo o J ’ L i o J ’ l 0 l J #
5. Démontrer que l’opérateur linéaire 9 de l ’espace vectoriel de dimension
finie permutable avec chaque opérateur linéaire de l’espace est un sca­
laire, c’est-à-dire qu’il existe un scalaire X tel que 9 (x) = Xx pour tout vec­
teur x de Y .
6 . Soient 9 un opérateur linéaire quelconque, 9 un opérateur linéaire
inversible de l’espace vectoriel de dimension finie. Démontrer que rang (9 9 ) =
■■ rang (99) = rang 9 .
§3] A L G Ê B R E S L IN É A IR E S 273

7. Soient œ, if des opérateurs linéaires quelconques d'un espace vectoriel


de dimension finie. Démontrer que:
(a) rang (<p + if) < rang <p + rang if ;
(b) rang ((pif) ^ rang (p, rang ((pif) ^ rang if;
(c) déf <p < déf (<pif) < déf (p + déf if.
8. Donner un exemple d'opérateurs linéaires (p, if d'un espace vectoriel
bidimensionnel pour lesquels rang (<p, if) rang(ifqp).
9. Démontrer que pour tous opérateurs linéaires (p, if d'un espace vectoriel
de dimension n est satisfaite l'inégalité
rang (cpif) >. rang <p + rang if — n.
10. Soit (p un opérateur linéaire de l'espace vectoriel 'T'0. Le sous-espace X
de l'espace est dit invariant relativement à <p si cp (L) Œ L. Supposons que
l'opérateur <p possède relativement à la base elt . . en une matrice diagonale
à éléments diagonaux différents. Chercher tous les sous-espaces de l'espace V®
invariants relativement à <p et montrer que leur nombre vaut 2n.

§ 3. Algèbres linéaires
Algèbre linéaire. Soit un corps des scalaires.
D é f i n i t i o n . L'algèbre ( V , + , { w x | k £ F}, • ) est appelée algèbre
linéaire si les opérations binaires - f , • et les opérations singulaires
<0 ;. satisfont aux exigences suivantes:
1) l’algèbre (F, + , {(ox | k 6 F}> est un espace vectoriel sur le
corps jF ;
2) les conditions de bilinéarité sont remplies, c’est-à-dire
(a + b) c = ac + bc, c (a + b) = ca + cb,
ou (ab) = (coxa) b = a (<oxb)
pour tous a, b, c Ç F et tout k £ F.
On appelle rang de Valgèbre linéaire la dimension de l’espace vec­
toriel (F, + , {ou | k 6 F}).
E x e m p l e s . 1. Soit C l’ensemble de tous les nombres com­
plexes. L’algèbre
(C, + , {<ox | k Ç R}, • )
est une algèbre linéaire sur le corps àî des nombres réels. Son rang
vaut deux.
2. Soit F”*11 un ensemble de toutes les matrices n X n sur un
corps. L’algèbre
(F nXn, 4-, {o)X | k Ç F}, • ),
où <ûx est une opération singulaire (unaire) de multiplication par le
scalaire X, constitue une algèbre linéaire sur le corps & de rang n2.
On 1 appelle algèbre matricielle complète sur le corps & Son rang
vaut n2.
3. L’algèbre des quaternions sur le corps J? étant fixée, soient 5^
un espace vectoriel de dimension quatre sur le corps & et e, i, j, k
1 8 -0 1 7 6 2
274 OPÉRATEURS LINEAIRES [CH. VIII

sa base. Définissons la multiplication des vecteurs de base par les


égalités suivantes:
i2 = j- = k2 = —e, ij = —ji = k, jk = —kj = i,
k i = — ik = j ;
ae = ea pour tout vecteur a £ {e, i, j, k}.
Le produit de deux quaternions quelconques est défini par l'égalité
(a e + pi + Yj + ôk) ( a ^ + foi + YiJ + fok) =
= (aax — pfo — tyi — ôôi) e +
+ (api + Paj + ySj — 6 7 ,) i +
+ (avi + a ^ + ôfo — pôj) j +
+ (aôi + a ^ + Pvx — vPi) k.
Les quaternions q = ae + Pi + vj + 6k et q = ae — |5i —
— YJ — ôk sont dits conjugués. Le nombre réel
N (q) = q .q = a 2 + p2 + T + «2
est appelé norme du quaternion.
Une vérification directe montre que les conditions de bilînéarité
sont satisfaites. L’algèbre
(Vy + , {<ox | X 6 R}, O
est donc linéaire. On l’appelle algèbre des quaternions sur le corps
des nombres réels. On vérifie aisément que l’algèbre (V, + , —, • , e>
est un anneau non commutatif, dans lequel pour tous a, b Ç V avec
a =5^= 0 l’équation ax = b est résoluble.
Algèbre d’opérateurs linéaires d’un espace vectoriel. Soient V
un espace vectoriel sur le corps & et <p, des opérateurs linéaires de
cet espace. Le produit (pif est défini comme composition de (p et if,
c’est-à-dire comme application de l’espace T 9 dans lui-même asso­
ciant à l’élément x de V l’élément <p (\|) (x)) :
M ) (x) = <p (x))-
P r o p o s i t i o n 3.1. Un produit de deux quelconques opérateurs liné­
aires de Vespace vectoriel 5r est un opérateur linéaire de cet espace.
D é m o n s t r a t i o n . Soient <p et if des opérateurs linéaires
de l’espace T . Le produit <p\f satisfait aux conditions de linéarité.
En effet, si x, y 6 V et X Ç F, alors
M ) (x -+- y) = q> (t|> (x + y)) = <P (t|> (x) -f 1|> (y)) =
= <P (ÿ (x)) + <p (y)) = M ) (*) + M ) (7) ;
M ) (*x) = <p(t|3 (Xx)) = <p(H (x)) = %(<P (t|) (x))) =
= ^ (M) (x)).
A insi, le produit «pif est un opérateur linéaire de l ’espace T . □
§3] A L G È B R E S L IN É A IR E S 275

Soit TT un espace vectoriel sur le corps En vertu du corollaire


1.6, SBom T ) est un espace vectoriel sur le corps & :
Stom (7 \ T ) = (Hom ( f , r ) , + , {«* | X 6 F}>,
où <ox est une opération singulaire (unaire) de multiplication d'opé­
rateurs linéaires de l’espace 5r par le scalaire X. Considérons l'al­
gèbre
(Hom {T , n . + * {œx I X Ç F}, •>,
où l’opération binaire « • » est une opération de multiplication d’opé­
rateurs linéaires de l’espace T ; cette algèbre s’appelle algèbre d'opé­
rateurs linéaires de Vespace 7" et est notée End TT.
Théorème 3.2. Soit 5r un espace vectoriel sur le corps & . U algèbre
End T' est une algèbre linéaire sur le corps
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 2.2, l’algèbre
<Hom(jr, JO. + . {cox U 6 F } >
est un espace vectoriel sur le corps En outre, les conditions de
bilinéarité sont satisfaites:
(1) (9 + 9) x = 9 X + 9x;
(2) X ( 9 + 9 ) = X 9 + X'I’ ;
(3) X (q>9) = (X<p) 9 = 9 (MO,
où 9, 9» Xe Hom (T", T ) et X 6 F.
Démontrons l’égalité (1). Si x 6 V* alors
( ( 9 + 9 ) X) (x) = ( 9 + 9 ) (X (x )) = 9 (X (* )) + 9 (X (x)) =
= (9 X ) (x) + (9 X ) (x) = (9 X + 9 X ) (x),
c’est-à-dire qu’on aboutit à (1). De façon analogue, on démontre (2).
Démontrons la première des égalités de (3). Si x Ç V, alors
(X ( 9 9 ) ) (x) = X (( 9 9 ) (x)) = X (<p (9 (x))) = (Xcp) (9 (x )) =
= ((M) 9) (x),
c’est-à-dire X (cp9) = (Xcp) 9 . De façon analogue, on démontre l’éga­
lité (Xtp) 9 = 9 (M)- □
Isomorphisme de l’algèbre d ’opérateurs linéaires et de l’algèbre
m atricielle complète. Soient <3 et SJ[ ' des algèbres linéaires sur le corps
jF. L’application CD de l ’algèbre U sur l’algèbre U' est appelée
isomorphisme si elle est injective et respecte les opérations principales
de l’algèbre U, c’est-à-dire
(D (a + b) » O (a) + <D (b), (D (Xa) = X<D (a),
O (ab) = CD (a) <D (b)
pour tous a, b 6 V et tout X £ F. Les algèbres U et U' sont dites
isomorphes s’il y a un isomorphisme de l’algèbre U sur l’algèbre U'.
18*
27C OPERATEURS L IN E A IR E S [CH. VIII

On vérifie sans peine que la relation d'isomorphisme d’une collec­


tion quelconque d’algèbres sur le corps .F est une relation d’équi­
valence.
E x e m p l e . L’algèbre des nombres complexes
(C. -K {nu | X Ç R}, • )
est isomorphe à l ’algèbre de toutes les matrices de la forme
n
J sur Si :

b a J |a’ ^ ^ ’ ^(0>*^^ ^ ®J’ *! #


Dans ce cas la correspondance

a+6i~[& «]
est établie par l'isomorphisme des algèbres linéaires considérées.
Notons SOI (n, jF) l ’algèbre matricielle complète sur & :
3K (n, JF) = +f {Wx | X 6 F},-).
Theorême 3.3. Soit 7" un espace vectoriel de dimension finie sur
le corps JF avec une base fixée e1, . . ., e„. L'application associant à
chaque opérateur linéaire <p de l'espace f ’ sa matrice M (<p) relativement
à la base fixée constitue un isomorphisme de l'algèbre d'opérateurs li­
néaires End f sur l'algèbre matricielle complète SOI (n, &).
D é m o n s t r a t i o n . La correspondance de 9 M ( 9 ) est
une application de l’ensemble End TT = Hom ( f , T ) sur l’ensemble
«F"xn des matrices n X n. En vertu du théorème 2.1, cette applica­
tion est bijective. De plus, elle respecte toutes les opérations prin­
cipales de l’algèbre End T ' , c’est-à-dire
(1) M ( 9 + 9 ) = M (9 ) + M (9 ),
(2) M (A.9 ) = XM ( 9 ) ,
(3) M (9 9 ) = M (9 ) M (9 )
pour tous 9 , 9 6 Hom ( f ‘, f ) et tout X Ç F. Les égalités (1) et (2)
ont été démontrées au paragraphe précédent.
Démontrons à présent l’égalité (3). Soit x Ç V. Alors (9 9 ) (x) =
«= 9 (9 (x)) et, selon le théorème 2.3,

M ((9 9 ) (*)) = M (9 (9 (x))) = M (9 ) M ( 9 (x)) =


= [M (9 ) M (9)1 M (x).
§3] A L G Ê B R E S L IN E A IR E S 277

Ainsi, pour tout vecteur x 6 V, on a


M ((<pt|>) (x)) = [M (q>) Jl/tfl M (x).
Selon le théorème 2.4, il s'ensuit l’égalité (3).
Par conséquent, l'application considérée est un isomorphisme de
l’algèbre End T* sur l’algèbre (n, ;F).

Exercices
1. Démontrer que la multiplication des quaternions est associative.
2. Démontrer que dans l'algèbre des quaternions le système d'équations
i*r + )y = e, kx — ey = i
admet une solution unique, tandis que le système
xi + yj = e, xk — ey = i
n'a pas de solutions.
3. Soient a = œ + pi + yj + ôk un quaternion et a* = ae — pi —
— yj — ôk. Montrer que pour tous quaternions a, b, on a
(a) N (a) = aa* = a 2 + P2 + y2 + ô2;
(b) N (ab) = N (a) N (b) ;
(c) (ab)* = b*a*.
4. Montrer qu'il existe un nombre infini de quaternions satisfaisant à
l'équation x2 + e = 0 .
5. Soit a = ae + Pi + yj + ôk un quaternion quelconque. Vérifier que
les quaternions a et a* sont des racines de i'équation x2 — 2ax + jV (a) e = 0.
6. Montrer que si le quaternion a n'est pas un nombre réel il n'existe que
deux quaternions satisfaisant à l'équation x2 = a.
7. Démontrer que pour tous deux quaternions a et b, on a
(aa*) (bb*) = (ab) (ab)*.
En déduire que si chacun des nombres m, n est une somme des carrés de quatre
entiers, alors le produit mn est également une somme des carrés de quatre entiers.
8. Démontrer qu'en algèbre des quaternions chacune des équations ax = b,
ya = b avec a ^ 0 admet une solution unique.
9. Montrer que l'ensemble de tous les quaternions différents de zéro cons­
titue un groupe par rapport à la multiplication.
10. Montrer que huit quaternions =fce, ± i , ± J, dhk forment un groupe
multiplicatif (il s'appelle groupe quaternionique).
11. Soit à une algèbre de rang n sur le corps Montrer qu’avec k > n
tous k éléments de l’algèbre ty sont linéairement dépendants sur le corps
12. Soient respectivement 1, / , / , K des matrices complexes

k î j - l ï a - n - [ ; _ : r
où i = V - l ■ Montrer que P = J - = K - = —1, JJ = — JJ = À\ J K -
= — K J = I, K J = — I K = /.
13. Démontrer que l'algèbre des matrices de la forme
r a+ p« v + ô ij
I----Y+ ôi a —P*J
avec a , P, y, ô réels et i = est isomorphe à l’algèbre des quaternions
sur le corps des nombres réels.
278 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. VIII

§ 4. Opérateurs inversibles
Opérateurs inversibles. Soient <p un opérateur linéaire de l’es­
pace vectoriel TT et e un opérateur identique de cet espace. L’opéra­
teur <p est dit inversible s’il existe un opérateur linéaire if de l’espace
V tel que
(1 ) cpif = £, if<p = e.
Il n’y a qu’un seul opérateur if répondant aux conditions (1).
En effet, si l ’opérateur i^ satisfait aux conditions = e, ifx<p =
= e, alors
(<P^) = OMO Ÿ = eif = if,
c’est-à-dire ifi = if.
L’opérateur linéaire if satisfaisant aux conditions (1) s’appelle
opérateur inverse de l'opérateur <p et est noté <p-1.
Theoreme 4.1. Soit (p un opérateur linéaire d'un espace vectoriel 5r
de dimension finie ^ {0}. Les conditions suivantes sont alors équipo-
tentes :
(a) l'opérateur <p est inversible;
(b) <p est une application injective de f ' sur 7r ;
(c) Kercp = {0};
(d) déf <p = 0 ;
(e) rang <p = dim 7T\
(f) la matrice de l'opérateur <p relativement à toute base de l'espace
5r est inversible.
D é m o n s t r a t i o n . Soient (p un opérateur inversible et if
l ’opérateur inverse de (p. Démontrons que (p est injectif, c’est-à-dire
que pour tous a, b 6 V il s’ensuit de <p (a) = <p ( b ) que a = b . En
effet, si (p (a) = <p ( b ) , alors
(<p (a)) = ij> (q> ( b ) ) t (i|Mp) (a) = tyq>) (b ),
e (a) = e (b ), a = b.

De plus, 9 est une application sur V, c’est-à-dire que pour tout


a Ç V on a une image anticipée. En effet,
9 ( \ |5 (a)) = (<jn|)) a = ea = a,
c’est-à-dire quei|} (a) est l’image anticipée de a dans l’application q>.
Si <p est une injection, le vecteur nul 0 possède une image anti­
cipée unique dans l’application <p, c’est-à-dire Ker <p = {0}.
Si Ker <p = {0}, la dimension du noyau de l’opérateur 9 est
nulle, c’est-à-dire déf 9 = 0 .
Si déf 9 = 0, alors, selon le théorème 1.4, rang 9 = dim T .
Supposons que rang 9 = dim T = n. Soient eL,. . ., e„ la base
fixée de l’espace f '. Selon le théorème 2.6, le rang de la matrice
* 41 O P E R A T E U R S IN V E R S IB L E S 279

M (cp) est égal à celui de l’opérateur <p et, par suite, vaut n. Ainsi,
les lignes de la matrice M (cp) sont linéairement indépendantes. Par
conséquent, selon le théorème 5.1, la matrice M (<p) est inversible.
Posons que la matrice M (<p) est inversible et B est sa matrice
inverse, c’est-à-dire
M (<p) B = E et B M (q>) = E.
Selon le théorème 2.1, il existe un opérateur linéaireo|) de l’espace^"
tel que B soit la matrice de l’opérateur relativement à la base fi­
xée, c’est-à-dire B = M ((p). En outre, M (e) = E , par conséquent,
M (T) M (n?) = M (e) et M (t|>) M (cp) = M (e).
En vertu du théorème 3.3, M (cp) M (i|i) = M (qnj?) et M (if) M (<p)=
= M (o|xp), aussi a-t-on
M (qnp) = M (e), M (i|xp) = M (e).
Selon le théorème 2.1, il s’ensuit les égalités cpif = e et ^cp = e,
c ’est-à-dire que l’opérateur cp est inversible. □
Groupe linéaire complet. Selon le théorème 5.1, l’ensemble de
toutes les matrices inversibles n X n sur le corps jF est un groupe
par rapport aux opérations de multiplication et d’inversion.
D éfinition . Un groupe multiplicatif de toutes les matrices inver­
sibles n x n sur le corps OF est dit groupe linéaire complet de degré n
sur le corps & et est noté GL (n, .F).
On voit aisément que tout opérateur inversible de l’espace vecto­
riel f ' est un automorphisme de cet espace. Inversement, tout auto­
morphisme de l’espace V est un opérateur inversible. L’ensemble
de tous les opérateurs inversibles de l’espace vectoriel Jr est noté
Aut r .
Considérons l’algèbre <Aut J5'*, -, ~l >, où • est une opération bi­
naire de multiplication d’opérateurs linéaires de l’espace V et “1
une opération de formation de l’opérateur inverse de l’opérateur
donné; cette algèbre sera désignée par le symbole A u t f \
T hêorême 4.2. Soit f ' un espace vectoriel sur le corps jF. L'algèbre
A u t y est alors un groupe.
D é m o n s t r a t i o n . L’ensemble Aut f* d’opérateurs inver­
sibles de l ’espace T' est fermé par rapport aux opérations • et “l.
En effet, si cp est un opérateur inversible, cp'1 est alors un opérateur
inversible, car cpcp"1 = cp^cp = e. En outre, si cp et yÿ sont des opé­
rateurs inversibles, leur produit est un opérateur linéaire inversible,
car
(cpif) (qrhp-1) = e et ( ^ q r 1) (cpif) = e.
Selon le théorème 2.3, la multiplication d’opérateurs linéaires est
associative. L’opérateur identique 8 est inversible et est un élé-
280 OPERATEURS L IN E A IR E S [CH. VIII

ment neutre par rapport à la multiplication, c’est-à-dire que <pe =


= ecp = (p pour tout opérateur linéaire <p. Enfin, pour tout opéra­
teur inversible <p se vérifient les égalités (pqr1 = <ptelcp = e. Ainsi,
les opérations principales de l ’algèbre Jtut Y satisfont à tous les
axiomes du groupe. Par conséquent, cette algèbre est un groupe. □
Thêoreme 4.3. Soit Y un espace vectoriel de dimension n 4^(0}
sur le corps & . Le groupe A u t Y est alors isomorphe au groupe matri­
ciel linéaire complet GL (n , J F ) .
D é m o n s t r a t i o n . Considérons une application bijective
O : Aut Y -*• GL (n, jF),
définie par l ’égalité O (q>) = M (cp), où M (cp) est la matrice de l’opé­
rateur linéaire cp relativement à la base fixée de l ’espace Y - Selon
le théorème 3.3, pour tous (p, 9 Ç Aut Y
M (qnf>) = M (<p) M (if).
Par conséquent, pour tous opérateurs inversibles <p, 9 on a <£>(<p\J?) =
= O (<p) O (9 ). Selon le théorème 3.3.1* il s’ensuit que O est un
homomorphisme. O est donc un isomorphisme du groupe A u t Y sur
le groupe GL (n, □

Exercices
1. Soient <p, 9 des opérateurs linéaires inversibles d ’un espace vectoriel.
Démontrer que 9 9 est un opérateur linéaire inversible et (qnp) -1 = 9 “19 “l .
2. Montrer que les opérateurs linéaires «p, 9 d ’un espace vectoriel sont
inversibles si et seulement si les opérateurs 9 9 et 9 9 le sont.
3. Soit q> un opérateur inversible de l ’espace vectoriel Y . Montrer que
9 est un isomorphisme de 7e sur T'0.
4. Soient <p, 9 des opérateurs linéaires d ’un espace vectoriel 7e de dimen­
sion finie. Montrer que si 9 9 est un opérateur identique de l ’espace 7e , alors
9 et 9 sont inversibles.
5. Soient 9 , 9 des opérateurs linéaires d ’un espace vectoriel. Montrer que
si Ker 9 = K er 9 = {0}, alors Ker (9 9 ) = {0}.
6 . Soient 9 une application linéaire de l’espace vectoriel U dans l'espace
vectoriel 7 ° et 9 une application linéaire de 7e dans l ’espace vectoriel i y \
Démontrer que si Ker 9 = {0} et Ker 9 = {0#}, alors Ker (99) *= {0}.
7. Soient 9 un opérateur inversible et 9 un opérateur linéaire quelconque
d’un espace vectoriel de dimension finie. Montrer que rang (9 9 ) = rang (9 9 ) =
= rang 9 .
8 . Démontrer que l ’opérateur linéaire de l ’espace vectoriel de dimension
finie 7 ° est inversible si et seulement s’il transforme chaque système de vecteurs
linéairement indépendant de l’espace 7 ° en un système de vecteurs linéairement
indépendant de cet espace.
9. Soit J 6 o m (7°, 7e ) un espace vectoriel de tous les opérateurs linéaires
de l ’espace Y . Soient 9 un opérateur fixé et 9 un opérateur linéaire quelconque
de l ’espace Y ° . Démontrer que l ’application 9 9 9 est un opérateur linéaire
de l ’espace J C o m (T'0, T'0). Montrer que l’ensemble { 9 9 | 9 £ Hom (7V, 7e)}
coïncide avec l ’ensemble de tous les opérateurs linéaires de l’espace vectoriel
& € o m (7e', 7e ) si 9 est un opérateur inversible.
§5] V E C T E U R S P R O P R E S ET V A L E U R S PR O P R E S 28f

§ 5. Vecteurs propres et valeurs propres.


Equations caractéristiques
Vecteurs propres et valeurs propres. Soient 7" un espace vectoriel
sur le corps jF et cp un opérateur linéaire de cet espace.
D é f i n i t i o n . Un vecteur a £ V est appelé vecteur propre de Vopé­
rateur cp si a =5^ 0 et le vecteur cp (a ) est égal au produit d’un scalaire-
et du vecteur a .
Le scalaire X Ç F est appelé valeur propre de Vopérateur cp s’il
existe un vecteur a non nul tel que cp (a) = X a.
Si a est un vecteur propre de l’opérateur cp, il existe alors un sca­
laire k Ç F unique satisfaisant à la condition cp (a ) = X a. En effet,,
si a ^ 0 il s’ensuit de l ’égalité Xa = kxa que X = X^ Aussi, si
cp (a ) = X a, dit-on que le vecteur a est associé à la valeur propre X.
E x e m p l e s 1. Soient 7 ‘ un espace vectoriel ^ {0} sur le-
corps 3r et X un scalaire de choix fixé. Définissons l ’application cp:
V F, en posant cp (a ) = Xa pour tous a Ç F. On voit sans peine-
que cp est un opérateur linéaire de l’espace f ' ; on l’appelle opérateur
d'homothétie de rapport X. Le scalaire X est la valeur propre de l’opé­
rateur cp qui, de plus, est unique. Tout vecteur non nul de l’espace-
V est un vecteur propre de l’opérateur cp associé à la valeur propre X.
2. Soit T' un espace vectoriel des fonctions réelles à une variable-
définies sur R et indéfiniment dérivables; 7"* est l’espace sur le-
corps des nombres réels .i). Notons ^ l’opérateur de dérivation asso­
ciant à chaque élément / Ç F sa dérivée —. On voit sans peine que-
l’opérateur de dérivation est un opérateur linéaire de l ’espace 7~.
Si X Ç R, la fonction e*x est alors le vecteur propre de l’opérateur de
dérivation, car = keXx. Ainsi, tout nombre réel est la valeur
propre de l’opérateur de dérivation.
3. Soient 7* un espace vectoriel bidimensionnel sur le corps des
nombres réels V = J?2 et a f R. Notons <pa l ’opérateur de
rotation associant à chaque vecteur de l’espace 7/# un vecteur for­
mant avec le vecteur de départ un angle a. On voit sans peine que
cpa est un opérateur linéaire de l ’espace 7" qui n’a pas de vecteurs
propres si a ^ Atjt, où k est un entier.
Notons e l ’opérateur identique de l’espace vectoriel f \ Si cp est
un opérateur linéaire de l ’espace vectoriel T et X un scalaire arbitrai­
re, X Ç F, on constate aisément que ke — <p est un opérateur li­
néaire de l’espace T .
P roposition 5.1. Soient cp un opérateur linéaire de Vespace vecto­
riel f " et k la valeur propre de cet opérateur. L'ensemble de tous les vec­
teurs propres de l'opérateur cp coïncide avec l'ensemble Ker (Xe — cp) v
\ (0).
282 OPERATEURS L IN E A IR E S [CH. VIII

D é m o n s t r a t i o n . Selon la définition du noyau,


Ker (Xe - cp) = {x 6 V | (Xe - cp) (x) = 0}.
Si a Ç Ker (Xe — <p)\{0}, alors
(Xe — cp) (a) = 0, Xe (a) — (p (a) = 0, <p (a) = Xa.
Ainsi, tout vecteur non nul de l’ensemble Ker (Xe — cp) est le vecteur
propre de l’opérateur cp.
Soit b un vecteur propre quelconque de l’opérateur <p associé
•à X, c’est-à-dire cp (b) = Xb, dans ce cas,
Xb — cp (b) = 0, Xeb — cp (b) = 0, (Xe — cp) (b) = 0.
Donc, b Ç Ker (Xe — cp), et comme b ^ O , alors
b Ç Ker (Xe — <p)\ {0 }. □
Détermination des vecteurs propres d’un opérateur linéaire. Soi­
ent TT un espace vectoriel sur le corps & avec une base fixée ...
. . en, cp un opérateur linéaire de cet espace et A = NI (<p) la
matrice de l ’opérateur cp relativement à la base fixée, A = || alk ||.
Pour déterminer les vecteurs propres de l’opérateur cp associés
à X il faut chercher Ker (Xe — cp). Soit x un vecteur de F; il possède
dans la base fixée une colonne de coordonnées 3C = NI (x) :

Selon le théorème 2.3, la colonne de coordonnées du vecteur


{Xe — cp) (x) est (X£ — A) c’est-à-dire Jl/((Xe — cp) (x)) =
= (kE — A) 5T. Le vecteur) x Ç Ker (Xe — cp) si et seulement si
<I) (kE - A)% = 0.
La condition (I) peut être écrite sous forme d’un système linéaire
homogène par rapport aux variables xx, . . ., xn :
(X—a ^ X i — a 12x2— . . . —a lnxn = 0;
^21^1 “H Û02) ^2 ••• = 0j

ûnl^l ^n2^2 ••• “f” ( ^ a nn) = 0*


Le vecteur x £ V est un vecteur propre de l’opérateur cp associé
à la valeur propre X si et seulement si la ligne de coordonnées (xlT . . .
. . ., xn) du vecteur x est une solution non nulle du système linéaire
homogène (1). On a ainsi démontré la proposition suivante.
P roposition 5.2. Soient cp un opérateur linéairet de l'espace vecto­
riel 7 ’ avec base fixée et NI (cp) = A la matrice de Vopérateur cp relative­
ment à la base fixée. Le vecteur x est un vecteur propre de l'opérateur cp
§ 5] VECTEURS PR O PR ES ET V A LE U R S PR O PR ES 283

associé à la valeur propre X si et seulement si la ligne de coordonnées du


vecteur x est une solution non nulle du système (1).
Equation caractéristique. Soit f ' = un espace des vecteurs
colonnes arithmétiques de dimension n sur le corps jF. Soit A la
matrice n X n fixée associée à *F. Considérons l ’application ty:X
A X pour X 6 jFn. On vérifie aisément que est un opérateur
linéaire de l’espace T .
D éfinition . Soit A la matrice n X n associée au corps jF. Le
vecteur colonne X est dit vecteur propre de la matrice A si X est un
vecteur non nul et A X peut être représenté sous forme de produit
d ’un scalaire et du vecteur X , c’est-à-dire sous forme de A X = XX.
X dans ce cas est appelé valeur propre de la matrice A.
On voit sans peine que les vecteurs propres et les valeurs propres
de l ’opérateur linéaire sont des vecteurs propres et des valeurs pro­
pres de la matrice A .
T héorème 5.3. Soit A une matrice carrée du type n X n sur le
corps ;F. L'élément X de F est une valeur propre de la matrice si et
seulement si
(1) | XE - A | = 0.
D é m o n s t r a t i o n . L’élément X , X £ F, est une valeur
propre de la matrice A si et seulement s’il existe un vecteur colonne
X 1 Ç F11non nul tel que A X x = XXx et, partant, (XE — A ) X x = 0.
Autrement dit, X est une valeur propre de la matrice A si et seule­
ment si l’équation
(2) (A - XE) X = 0
admet une solution non nulle. L’équation (2) peut être considérée
comme la forme matricielle de l ’écriture du système de n équations
linéaires à n variables avec matrice (A — XE). L’équation (2) a une
solution non nulle si et seulement si le déterminant de la matrice
(A — XE) est nul. □
C orollaire 5.4. Un élément X du corps JF est une valeur propre de
la matrice A si et seulement si la matrice XE — A est irréversible.
D éfinition . Soit A une matrice carrée du type n X n sur le corps
JF. L’équation | XE — A | = 0 à variable Tt.est appelée équation
caractéristique de la matrice A.
C orollaire 5.5. Un scalaire X £ F est une valeur propre de la
matrice carrée A (sur JF) si et seulement si X est une racine de Véquation
caractéristique de cette matrice.
E x e m p l e . Soit A = f* ! l une matrice associée au corps des
scalaires JR. Alors
284 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. VIII

L’équation
X -l -1
- 2 X -l = ° °U ^ - 1)2“ 2 = 0
est l’équation caractéristique de la matrice A . Ses racines Xx = 1 -f-
-f- V 2, X2 = 1 —V 2 sont les valeurs propres de la matrice A.
P roposition 5.6. Soient A et B des matrices n X n semblables sur
le corps des scalaires 5r. A lors | XE — A | = | XE — B \ et les équa­
tions caractéristiques de ces matrices coïncident.
D é m o n s t r a t i o n . Vu que A et B sont semblables, il exis­
te une matrice inversible T sur & telle que A = T~XBT, donc,
XE — A = XE - T~lBT = T~l (XE — B) T;
par conséquent,
| XE - A | = | T ’1 | | XE - B | | T |.
Comme | T"1 | | T | = \T~l T \ = | E | = 1, on a | XE - A | =
= | XE — B |. Il s’ensuit que les équations caractéristiques
| XE — A | = 0 et | XE - B | = 0
des matrices A et B coïncident. □
D éfinition. Soient <p un opérateur linéaire de l’espace vectoriel f '*
de dimension finie {0} et M (cp) sa matrice relativement à une base
quelconque. L’équation | XE — M (<p) I = 0 est appelée équation
caractéristique de l'opérateur (p.
Opérateurs linéaires à spectre simple. Etudions les opérateurs
linéaires d’un espace vectoriel de dimension n possédant n valeurs
propres différentes.
Theorêm e5.7. Si les vecteurs propres aj, . . ., a m de V opérateur
linéaire possèdent des valeurs propres différentes, le système alf . . ., am
est alors linéairement indépendant.
D émonstration. Soient cp un opérateur linéaire de l’espace vecto-
rie l^ ’ et ax, . . . , am ses vecteurs propres associés à de différentes
valeurs propres, c’est-à-dire
(1) cp (ax) = A^a^, • • . y cp (am) = A,mam
et
(2) Xt ^ Xk pour i 9^ k.
La démonstration est effectuée par récurrence sur le nombre m. Vu
que tout vecteur propre est différent du vecteur nul, le théorème est
vrai pour m = 1. En admettant que le théorème est vrai pour m — 1
vecteurs, démontrons qu’il est vrai pour m vecteurs. Il faut démon­
trer que pour tous a lt . . ., a m Ç F il s’ensuit de l ’égalité
(3) + . • • + a mam = 0
VECTEURS PRO PRES ET V A LEU R S PR O PR ES 285
1 3 _______
les égalités
<4) a, = 0, . . ., a m = 0.
<p étant un opérateur linéaire il s’ensuit de (3) l’égalité a t(p ( a j + . . .
. . . +ocm<p (a m) = 0 et, en vertu de (1), on a
(5) OC1X1a1 “f“ • • • “t" m = 0-
Ajoutons aux deux membres de l’égalité (5) les parties correspondan­
tes de l ’égalité (3) multipliées par (—Jim), il vient alors
(6) Q -i (A-i — ^m)^l “f" • • • “I” 1 (^m-i ^m) ®m-i = 0.
Selon l’hypothèse de récurrence, le système des vecteurs propres
a lf . . am-! est linéairement indépendant. Aussi déduit-on de (6)
les égalités
0&1 (^1 — A»m) = 0» • • •i “l (^m-l ) = 0*
En raison de (2) on en tire
{0 = 0, . . “1 = 0.
En vertu de (3) et (7) a mam = 0, de plus, am =#0; par consé­
quent, a m = 0.
On a ainsi démontré que de (3) s’ensuit (4), c’est-à-dire que le
système alt . . ., am est linéairement indépendant. □
D é f i n i t i o n . L’opérateur linéaire d ’un espace vectoriel de dimen­
sion n (n > 0) possédant n valeurs propres différentes est appelé
opérateur à spectre simple ; le jeu de toutes les valeurs propres d’un
opérateur est appelé spectre de Vopérateur.
P r o p o s i t i o n 5.8. Soit <p un opérateur linéaire de Vespace vectoriel TT
de dimension n à spectre simple {A.x, . . ., Xn}. Soient elt . . ., en
les vecteurs propres de Vopérateur cpassociés respectivement a AlT . . ., Xn.
Le système elt . . ., en est alors une base de Vespace
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, le spectre X1? . . ., A^
de l ’opérateur <p est composé des scalaires différents deux à deux. En
raison du théorème 5.7, en découle que le système des vecteurs pro­
pres el9 . . ., en est linéairement indépendant. Selon le corollaire
7.3.4 il s’ensuit que le système elf . . ., en est une base de l’espa­
ce T . □
Theorême 5.9. Soient <p un opérateur linéaire de Vespace vecto­
riel T de dimension n à spectre simple A,lt . . ., A^ et elf . . ., en des vec­
teurs propres de l'opérateur <p associés respectivement aux valeurs pro­
pres A,lt . . ., A^. La matrice diagonale

( 1)
286 O P E R A T E U R S L IN E A IR E S [CH. VIII

est alors une matrice de Vopérateur cp relativement à la base elt . . ., en


et pour tout vecteur x = xnen de Vespace f '
(2) cp (x) = + . . . + Xnxnen.
Démonstration. Par hypothèse,
(3) (p (©i) = Xj Cj , . . (p (®n) = ^nC ff

Ces égalités montrent que la matrice diagonale (1) est une matrice de
l ’opérateur (p relativement à la base e,, . . en. Ensuite, si x Ç V
et x = + . . . + xnen, en raison de la linéarité de l’opéra­
teur cp, on a cp (x) = a^cp (ex) + . . . + xncp (en). En vertu de (3), il
s’ensuit les égalités (2). □
Condition de similitude d’une matrice à une matrice diagonale.
Thêoreme 5.10. Soient A une matrice n X n sur le corps .<f possé­
dant n vecteurs propres linéairement indépendants et T la matrice dont
les colonnes sont des vecteurs propres linéairement indépendants de la
matrice A. La matrice T"1A T est alors diagonale et les éléments de sa
diagonale principale sont les valeurs propres de la matrice A.
D é m o n s t r a t i o n . Soit
• • •» X n
les vecteurs propres linéairement indépendants de la matrice A asso­
ciés respectivement à . . ., Xn, c’est-à-dire
AX^ = XjXji • • », A X n = KnX n.

Notons T une telle matrice, de sorte que T* = X t pour i = 1 ,. . ., n*


c’est-à-dire
T = IX:i» • • •»
Comme les colonnes de la matrice T sont linéairement indépendantes,
cette dernière est inversible. De la définition du produit des matrices,
on déduit que

A T - U * i1,* •. •. •» A X n];

d’où, en raison de (1), il vient

A T = [ k jXi, • XnXnJ — [Xlf . . . ,


§5] V ECTEURS PR O PR ES ET V A LE U R S PR O PR ES 287

On obtient ainsi

T~'AT . □

T heorême 5.11. Si une matrice carrée A d'ordre n est semblable sur


le corps ÿ a une matrice diagonale, la matrice A possède alors n vec­
teurs propres linéairement indépendants.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que la matrice A est sem­
blable sur le corps *F à une matrice diagonale, c’est-à-dire qu’il existe*
une matrice inversible T telle que

(1) T~lAT =

avec Xlt . . Xn Ç F. Multiplions à gauche les deux membres de-
l ’égalité (i) par T ; il vient alors
Xj
AT=T

Par conséquent,
[AT1..........A T ] = ^ 7 ”*],
et, par suite,
A T 1 = X ,r , . . ., A T = K T ”,
autrement dit, les colonnes T1, T de la matrice T sont des
vecteurs propres associés respectivement à . . ., Xn. Comme la
matrice T est inversible, ses colonnes sont linéairement indépendan­
tes (selon le théorème 5.1). □

Exercices
1. Chercher les vecteurs propres et les valeurs propres des matrices sui­
vantes sur le corps des nombres rationnels:

«rî;]< »[!!]■ « [ - ; ; ]•
2. Soit a un nombre réel non nul. Montrer que la matrice ^
r o' a]
ne possède pas de valeurs propres réelles.
3. Soit a un nombre réel différent de zéro. Chercher les valeurs propres
et les vecteurs propres sur le corps des nombres complexes de la matrice
[ cos a sin a l
—sin a cos a J *
*288 OPERATEURS L IN E A IR E S [CH. VIII

4. Chercher les vecteurs propres et les valeurs propres sur le corps des
nombres complexes des matrices suivantes:
|-o o i-i r o o o-i
(a) 0 )0 ; (b) <0)1; <«>[JJ]: J-
U 0 oj |_0 1 0J ~ “
5. Soit A = * R06 matrice sur le corps SF• Montrer que le scalaire
X 6 F est une valeur propre de la matrice A quand X2 — (a + ô) X + (aô —
— Pv) = o.
6. Démontrer que les nombres réels sont les valeurs propres d’une matrice
réelle symétrique.
7. Soit A une matrice carrée. Montrer que la matrice transposée lA pos­
sède les mêmes valeurs propres que la matrice A .
8. Montrer que les valeurs propres d’une matrice diagonale sont ses élé­
ments diagonaux.
9. Démontrer que les valeurs propres d’une matrice triangulaire sont ses
•éléments diagonaux.
10. Démontrer que toutes les valeurs propres d’une matrice carrée A sont
différentes de zéro si et seulement si la matrice A est inversible. ^
11. Soient A une matrice carrée et k tout entier positif. Démontrer que
si X est une valeur propre de la matrice A , X* est alors une valeur propre de la
matrice A *.
12. Les valeurs propres d’une matrice inversible A étant connues chercher
les valeurs propres de la matrice A~l .
13. Soit X la valeur propre d’une matrice inversible A . Démontrer que
Xn est une valeur propre de la matrice A n pour tout n entier.
14. Soit A une matrice carrée sur le corps 2F :
f (X) — a 0 + a tX r • • "f” ^ H l X ^ , OU (Xg, O tji . . . i CLjn 6 F f
/ (4) = a 0E + axA + . . + ctmi4m (E est la matrice unité).
Démontrer que si X est une valeur propre de la matrice A , alors / (X) est une
valeur propre de la matrice f (A). Montrer que tout vecteur propre de la ma­
trice A est un vecteur propre de la matrice / {A).
15. Soient A , B des matrices carrées n X n sur le corps 2F, la matrice A
étant inversible. Démontrer que les matrices AB et B A possèdent une même
équation caractéristique.
16. Chercher la matrice diagonale semblable sur le corps des nombres
rationnels à la matrice:

c i ; «[;:]•
17. Chercher la matrice diagonale semblable sur le corps des nombres
téels à la matrice:

«t: JJ- » r : « b u-
18. Chercher la matrice diagonale semblable sur le corps des nombres
complexes à la matrice ^ i oJ*
19. Soit a un nombre réel non entier multiple de n. Démontrer que la
matrice [ C?9 a Sln a 1 n»est pas semblable à la matrice diagonale réelle.
L—sin a cos a J
§5] VECTEURS PROPRES ET VALEURS PROPRES 289

20. Montrer aue toute matrice 2 X 2 réelle dont le déterminant est néga­
tif est semblable a la matrice diagonale réelle.
21. Soient A = ^q J J une matrice sur le corps & et a=£0. Démontrer
que la matrice A n’est pas semblable à la matrice diagonale.
22. Démontrer que deux matrices diagonales sont semblables si et seule­
ment si elles ne diffèrent que par l’ordre de disposition des éléments diagonaux.
23. Soit A une matrice semblable à la matrice diagonale. Démontrer que
la matrice A n est semblable à la matrice diagonale pour tout entier positif.
24. Chercher toutes les matrices carrées de deuxieme ordre sur le corps (Si
aux valeurs propres 1 et —1.

19—01762
CHAPITRE IX

SYSTÈMES D’INÉGALITÉS LINÉAIRES

§ 1. Systèmes d’inégalités linéaires


Notions élémentaires. Le système de la forme
(1) a ilx1+ . . . + a ,„ x „ < y, (i = 1, . . . » m),
où a, 6 R, Yi 6 R> est appelé système d'inégalités linéaires.
Posons
« i = (a,h, • • “ i n ) (i = 1 , . . m ).
Le système (1) peut être écrit sous la forme vectorielle:
(2) a , x < Yi (i = 1, . . m).
Xi
OÙ X =

_
Désignons par A la matrice composée des coefficients du systè­
me (1) :
A= ••• a,ni .
L ^m l • • • ®mn J
Le système (1) peut être écrit sous la forme matricielle:
~Yi ~

(3) Æ x^c, où c= •
L y

Soient l ’espace arithmétique de dimension n sur le corps des


nombres réels 3) et Rn son ensemble de base.
Le vecteur de Rn aux coordonnées est appelé solution
du système (1) si
•••+ Yi (» = i, • • «)•
Le système (1) est dit compatible s’il admet au moins une solution.
S <] S Y S T E M E S D ’I N E G A L I T E S L I N E A I R E S 291

Le système (1) est dit incompatible s’il n’admet pas de solutions.


Le vecteur . . . , £ „ ) € R" est dit non négatif si 0 pour
i — i , . . n. Un vecteur non négatif est dit positif si
l’une au moins de ses coordonnées est positive.
L’inégalité
(4) pji! + . . . + p„in < y
est appelée implication du système (1) si chaque solution du systè­
me (1) est une solution de l ’inégalité (4).
L’inégalité de la forme
(5) (Xxaj + . . . + Xmam) x < X ^ + . . . + Xmy„„
où Xl ^ 0, . . est appelée combinaison linéaire non négative
d'inégalités du système (2).
P r o p o s i t i o n 1 . 1 . Toute combinaison linéaire non négative d'iné­
galités du système (2) est une implication de ce système.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que l’inégalité (5) est une com­
binaison linéaire non négative d’inégalités du système (2). Soit
| Ç R” une solution quelconque du système (2),
(6) a , | < Yi (t = 1, . . ., m).
En multipliant la Même inégalité de (6) par X/ pour i = 1, . . ., m
et en additionnant ces inégalités, il vient
(X1a1 • • • H- ^îTi • • • ”1” Xmym.
Ainsi, l’inégalité (5) est l’implication du système (2). □
Systèmes homogènes d’inégalités linéaires et cônes convexes.
Soient f un espace vectoriel arithmétique sur le corps des nombres
réels jf/, 9 ’ = .itn et a,, . . ., am des vecteurs de l’espace T \
Le système
(1) a ,x ^ 0 (i = 1, . . m)
est appelé système d'inégalités linéaire homogène.
D éfinition. Un ensemble non vide de vecteurs de l’espace vecto­
riel f , fermé par rapport à l’addition et à la multiplication par des
scalaires non négatifs (des nombres réels non négatifs) est appelé
cône convexe de Vespace T \
E x e m p l e s . 1. Soit a £ Rn, a =£ 0. L’ensemble
{Xa | X > 0 , X e R}
est un cône convexe de l ’espace Kftn. Ce cône est appelé demi-droite
engendrée par le vecteur a.
2. L’ensemble de toutes les combinaisons non négatives du sys­
tème des vecteurs a,, . . amde l’espace J9n est un cône convexe do
cet espace; on le notera L+ (a,, . . ., am).
19*
292 SY ST E M ES D 'I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

3. Soit T = X étant un sous-espace de l'espace T et L son


ensemble de base. Alors, L est un cône convexe de l'espace
4. L'ensemble de toutes les solutions non négatives d'un système
d’inégalités linéaire homogène (1) est un cône convexe de l’espace T .
5. Soit a ÇRn, a ^ O . L'ensemble de toutes les solutions de l’iné­
galité a x ^ 0 est un cône convexe de l'espace °T. Ce cône est appelé
sous-espace de Vespace 7 ' défini par le vecteur a.
P r o p o s i t i o n 1.2. Un ensemble de toutes les solutions du système
linéaire homogène (1) est un cône convexe d'un espace vectoriel
La démonstration de cette proposition est laissée au soin du
lecteur.
C o r o l l a i r e 1.3. Si al9 . . ., am sont des vecteurs non nuis, alors le
cône de toutes les solutions du système linéaire homogène (1) est une
intersection de m sous-espaces de Vespace °Ir définis par les vecteurs
am.
Implications d’un système homogène d’inégalités linéaires. Pour
démontrer le théorème de Minkowski il nous faut deux lemmes.
L e m m e 1.4. Si

(3) b $ L (al9 - • ., am),


alors Vinégalité
<2) bx<0
n'est pas une implication du système
(1) a*x^0 (i = 1, . . m).
D é m o n s t r a t i o n . Le rang du système des vecteurs a&, . . .
. . am sera noté r. Supposons qu'est satisfaite la condition (3),
alors
(4) rang {a1? . . am, b} = rang (al9 . . am} + 1 = r + 1.
Soient
a/ = {i — 1* • • •» m) î
b = (Pi* • • Pn)*
Considérons le système d'équations linéaires
« 11*1 + . . . + a lnxn = 0,

<5) «mi*i • • • "f" «mn*n — 0,


Pl *1 “f" • • • Pn*n = !•

Sur la base de (4) on conclut que les rangs des matrices fondamentale
•et complète du système (5) valent r + 1- Par conséquent, le systè-
s 1] S Y S T È M E S D ’I N Ê G A L I T Ê S L I N E A I R E S 293

me (5) est compatible. Aussi existe-t-il un vecteur £ tel que


a,£ = 0
(t = 1 , . . m).
b£ = 1
Le vecteur £ est la solution du système (1 ) qui ne satisfait pas
à (2). Ainsi, l ’inégalité (2) n’est pas une implication du systè­
me (1 ). □
Corollaire 1.5. Si l'inégalité (2) est l'implication du système (1),
alors
b 6 L (a,, . . ., a m).
Selon la loi de contraposition cette affirmation est équipotente
au lemme 1.4.
L emme 1.6. Soient l'inégalité
(2 ) c x < 0
une implication du système
(1) a , x ^ 0 (i = 1, . . ., m)
et
(3) C — A'i&i "1“ • • • "4* *4*
Xj, • . Xm_ j ^ 0 ,
Alors, l'inégalité (2) est une implication du système
(4) a,x ^ 0 (t = 1, . . ., m — 1 ).
Démonstration. Considérons le système
(I) a , x < 0 , . . ., am_1x < 0 , (—am) x < 0 .
Le vecteur c, en vertu de (3), est une combinaison linéaire non
négative des vecteurs alt . . ., am_lt (—am),
(II) C — Xj 8 j - f . . . 4" ( Xm) ( a m).
En vertu de la proposition 1 . 1 , il s’ensuit que (2) est une implication
du système (II):
(5) (II) -M 2).
Il nous faut démontrer que toute solution £ du système (4) est
une solution de l’inégalité (2). Deux cas sont possibles: a m£ ^ 0 ou
(—am) £ ^ 0. Si am£ ^ 0, alors £ est une solution du système (1) et,
par conséquent, par hypothèse, £ est une solution de l ’inégalité (2 ).
Si, par contre, —am£<: 0, alors £est une solution du système (1');
par conséquent, en raison de (4), c’est également une solution de-
l ’inégalité (2). Bref, toute solution de (4) est une solution de l’iné­
galité (2 ). □
294 SY STEM ES D ’I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

Théorème de Minkowski. En théorie des inégalités linéaires un


des théorèmes essentiels est le suivant.
T héorème 1.7. Soit Vinégalité
(2 ) bx < 0
considérée comme une implication du système
(1 ) a ,x ^ 0 (i = 1 , . . ., m).
Alors, b Ç L+ (ai, . . ., am).
D é m o n s t r a t i o n * ) (conduite par récurrence sur m). Le
théorème est vrai pour m = 1. En effet, posons b ^ 0. Par hypothè­
se, l'inégalité b x ^ 0 est l'implication de l'inégalité a ^ ^ 0. Selon
le corollaire 1.5, b = Xa^ où X Ç R. Comme b ^ = 0 , on a X =5^ 0,
al 0 et a ^ j > 0. Donc le vecteur (—aj) est une solution de l’iné­
galité a jX ^ O et, par hypothèse, une solution de l’inégalité (2 ),
c ’est-à-dire Xax (—a ^ ^ 0. Par conséquent, X > 0. Le théorème est
apparemment vrai pour b = 0 .
Supposons que le théorème se vérifie quand le système est com­
posé de m — 1 inégalités. Etant donné que (1) —►(2), en raison du
corollaire 1.5, b Ç L (alt . . ., a m). Parmi les représentations du
vecteur b il y a une représentation où le nombre des coefficients non
négatifs est le plus grand. Soit
(3) b = X^x + . . . + Xmam
une de ces représentations. Soit s le nombre des coefficients non
négatifs dans (3), s ^ m. Il faut démontrer que s = m. Posons que
{4) s < m.
Par convention, les coefficients Xlf . . . » X, ne sont pas négatifs.
■Considérons le vecteur
c= 2 ;
alors,
(5) b -c = ^ W
s<ft<m

Soit M un ensemble de toutes les solutions du système (1) et %un


vecteur quelconque de M , alors 0 et X* ( a * |) ^ 0 si s < k <
< m ; par conséquent,
(6) (b— c ) | = £
_______________ s<k<m
*> La démonstration figure dans Touvrage de S. N. Tchernikov « Théorè­
mes fondamentaux de la théorie des inégalités linéaires» (C. H. HepHiiKOB,
« 06 ocHOBHbix TeopeMax Teopim JiiiHeiiHhix BepaaeHCTB ». CiiéupcK. MaTeM. ne.,
1964, te 5).
§ 1] S Y S T È M E S D ’I N Ê G A L I T Ê S L I N É A I R E S 295

En outre, par hypothèse, b | ^ 0 ; donc,


(7) c H ( b - c ) K 0 .
Sur la base de (6) et (7) on conclut que 0 pour tout | de A/,
c’est-à-dire que l’inégalité c x ^ O est une implication du systè­
me (1).
Selon le lemme 1.6, il en découle que l’inégalité c x ^ O est
une implication du système
a*x^ 0 (i = 1, . . ., m — 1),
composé de m — 1 inégalités. Selon l ’hypothèse de récurrence,
cÇ L + (alt . . ., am-1), c’est-à-dire cpeut être représenté sous forme de
(8) c = Yi»! + . . . + Ym-iam-ii où Yi, . . ., Ym-i> 0.
En raison de (5) et (8)
b= V Yiai + (Yft + Xfc) ak + 0-am.
l^i^a a<kcm
En cette représentation du vecteur b le nombre des coefficients non
négatifs est supérieur à s. Cela contredit l’hypothèse que la représen­
tation (3) du vecteur b renferme le plus grand nombre des coefficients
non négatifs. On a abouti à une contradiction en admettant que
s < m. Ainsi, ce cas est impossible. Par conséquent, s = m, c’est-à-
dire (3) est la représentation cherchée du vecteur b sous forme d’une
combinaison non négative des vecteurs a„ . . .yam. □
Critère d’incompatibilité d’un système d’inégalités linéaires. Pas­
sons à l’étude des systèmes d’inégalités linéaires non homogènes.
T h é o r è m e 1.8. Le système d'inégalités

(1) a ,x < Yi (i = • • •* m)
est incompatible si et seulement s'il existe des nombres réels Xlt . . . ., Xm
satisfaisant aux conditions
Xja1 + . . . + Xmam = 0
(Xj ^ 0 , . . . , Xm ^ 0).
XlYl “t" • • • ^mYm ^ 0
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que le système (1) est incom­
patible et démontrons qu’il existe les nombres réels satisfaisant aux
conditions (2). Soit
{3) bj == (oc/i, . • ., &{n) (i = 1, • • • » m ).
Considérons un système d’inégalités homogène
(4) a nxx + . . . + a inxn — Y**n+i< 0 (i = 1, . . ., m)
aux variables xly . . ., xn, xn+1. L’inégalité
5) 0 -X j + . . . + 0-xn + x „ + i< 0
296 SY ST È M ES D 'I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. EC

est une implication du système (4). En effet, si (|j, . . £n, |„ +1)


est une solution arbitraire du système (4), alors
(6) | n+I< 0 ,
car pour I„+i > 0 le vecteur (lil»+i. • • •> £n5-n+i» 1) serait une
solution du système (4), tandis que le vecteur (iiin+i. • • •>
une solution du système de départ (1), ce qui contredirait l ’hypothèse
de Tincompatibilité de ce système.
Comme l'inégalité (5) est une implication du système (4), selon
le théorème de Minkowski, le vecteur (0, . . . » 0, 1) peut être repré­
senté sous forme d’une combinaison linéaire non négative des vec­
teurs
•••» a ln> Yl)*

•••* n* Ym)*
autrement dit, il existe des nombres réels X1? . . ., Xm tels que
^ia n + • • • + Xma mi = 0,
Xm> 0 ,
X t® in *4* • • • “H XmGCmn 0,
M — Yl) + • • • + ( — Ym) = 1 •
En raison de (3), il s’ensuit que
^ ia i + • • • + Xma m — 0,
• ••»XTn^ 0 ,
^lYl + • • • + ^mYm < 0,
c’est-à-dire les conditions (2) sont satisfaites.
Supposons maintenant qu’il existe des nombres réels Xlt . . ., X*,
satisfaisant aux conditions (2) et démontrons que le système (1) est
incompatible. Considérons l’inégalité
(7) (X^i H- • • • 4“ Xmam) x < XjYj ~f“ • • • Xmym,
constituant une combinaison linéaire non négative d ’inégalités du
système (1). Selon la proposition 1.1, cette inégalité est une implica­
tion du système (1). En raison de (2), l’inégalité (7) peut être écrite
sous forme
0 -x < 0.
Cette inégalité n’a pas de solutions et est une implication du systè­
me (1), aussi le système (1) est-il incompatible. □
Soit — (ocii, • • ., otjjj) pour i 1, . . ., w,
a il •. « In l

................... •
a ml • • • a m n_|
§ 1] S Y S T È M E S D ’I N Ê G A L I T É S L I N É A I R E S 297

T h éo rè m e 1.9. L'inégalité
(2) bx<0
est une implication de l'inégalité
( 1) A x ^ O

si et seulement si le système
(3) fA y = b, y>0,
est compatible.
Le théorème 1.9 découle directement de la proposition 1.1 et du
théorème 1.8.
T h é o r è m e 1.10. Un système

A x + b = 0, 0
(où b est une colonne) est compatible si et seulement si pour tout
y lA y ^ 0 -► rb y ^ 0.
En remplaçant dans le théorème 1.9 A y *A, b, *b, x, y respective­
ment par —*4, —A y *b, b, y, x on se convaincra que le théorè­
me 1.10 n’est qu’une autre expression du théorème 1.9.
Solutions non négatives d’un système d’équations linéaires et
d’un système d’inéquations linéaires. Le système d’équations linéai­
res
(1 * ) « 11*1 + • • • +
+ Pi = 0
a «n*n (i = 1.............. m)
peut être écrit sous forme matricielle
A x + b = 0,

où A = || a ik || est une matrice m X n et b =


[PmJ
Dans l ’étude des problèmes de programmation linéaire on est
obligé de rechercher les conditions pour lesquelles le système (1*)
admet au moins une solution non négative. Cette recherche revient
à étudier la compatibilité du système
(1) A x + b = 0, x > 0.
T h é o r è m e 1.11. Le système (1) est compatible si et seulement si est
incompatible le système
(2) U y>0, *by > 0.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 1.10, le système (1)
est compatible si et seulement si
(3) *Vy ( M y > 0 - ^ *by< 0).
298 SY STÈM ES D 'I N Ê G A L I T Ê S L IN É A IR E S [CH. IX

On voit sans peine que


Vy ( M y > 0 — ‘b y < 0 ) - Vy ( 1 (*A y>0) V (‘b y < 0 ) ) ,
~ Vy ~| (lA (y) > 0 A *by > 0).
Ainsi, le système (1) est compatible si et seulement si pour chaque y
“ 1 (* A y > 0 A *by > 0).
Par conséquent, le système (1) est compatible si et seulement si est
incompatible le système (2). □
T héorème 1.12. Le système
(1) A x -f b < 0, x>0,
est compatible si et seulement si est incompatible le système
<2) U y>0, *by > 0, y > 0.
D é m o n s t r a t i o n . Soient A une matrice m X n et z =
z\
. On voit aisément que le système (1) est compatible si et

seulement si est compatible le système


(1') A x + * .+ b = 0, x ^ 0, 0.
E étant une matrice m X m unité, on a
A x + z + b = A x + Ez + b = [A \ E] + b.

Aussi le système (1) peut-il être écrit sous forme

M |£ |[ ” ] + b = #, [* ]> 0 .

Selon le théorème 1.11, le système (1') est compatible si et seulement


si le système

*by > 0,
[* ]-•
est incompatible, c’est-à-dire qu’est incompatible le système
M y>0, y > 0, *by > 0.

Par conséquent, le système (1) est compatible si et seulement si est


incompatible le système (2). □
P R O B L È M E S S T A N D A R D E T C A N O N IQ U E S 29 9

Exercices
1. Démontrer que tout système de n inégalités linéaires homogènes à n
variables admet des solutions non nulles.
2. Démontrer que l'inégalité 4 x ^ 0 admet des solutions non nulles si
et seulement si les solutions non nulles vérifient l'inégalité M y < 0 .
3. Démontrer que tout polyèdre convexe constitue un ensemble de toutes
les solutions d'un certain système d'inégalités linéaires.
4. Montrer qu'un ensemble de toutes les solutions d'un système compatible
d'inégalités linéaires peut être assimilé à une somme d'un polyèdre convexe
et d'un cône convexe engendré par un ensemble fini de vecteurs.

§ 2. Problèmes standard et canoniques


de la programmation linéaire.
Théorèmes de dualité
Problèmes standard et canoniques. Partout plus loin A est une
matrice m X n sur le corps des nombres réels J ï :
‘il Mn
A =
.:V ;
L^mt ®mn _
b et c étant respectivement des vecteurs colonnes de dimensions m
et n sur J? :
'P i ‘ *Yi "
b = • , C= • et ‘b = |p lf . . . . pm].
.Pm . .Yn.
‘c = h’i.........Y«1•
La forme linéaire + . . . + Vnl/n s’écrira comme un produit
!/i
de la ligne *c et de la colonne y = , c’est-à-dire
ly n
‘cy = Ylÿl+ ••• +Ynÿn-
La forme linéaire PjZj + • . . . + Pmzm s^écrira
Pm “m S ecri comme un pro­

duit de la ligne (b par la colonne z =

*bz = PjZt + . . . + pmzm.


-P '}
300 SYSTÈMES D’INÊGALITÊS LINÉAIRES [CH. IX

Les principaux problèmes de programmation linéaire se


ramènent aux problèmes standard et canoniques de minimum et de
maximum.
P r o b l è m e s t a n d a r d de m i n i m i s a t i o n
S. Chercher la solution du système
a.iÿi + • • • + a lnyn + 0 (i = 1, m ) ;
(i) 0, . . y „ > 0,
minimisant la forme linéaire yxyx + . . . + Ynÿn-
P r o b l è m e s t a n d a r d de m a x i m i s a t i o n
S*. Chercher la solution du système
0 «i**! + • • • + a mhzm + 0,
z , > 0, 2m> 0,
maximisant la forme linéaire Pxzx + + Pm^n
Les conditions (1) et (2) sont appelées contraintes linéaires des
problèmes S et S* respectivement. Les problèmes S et S* sont dits
duals l'un de l'autre.
Sous forme matricielle ces problèmes sont énoncés de la façoB
suivante :
S. Chercher la solution du système
(1) A y + b < 0, 0,
minimisant la forme linéaire *cy.
S*. Chercher la solution du système
(2) L4z + c ^ 0 , 0,
maximisant la forme linéaire *bz.
P r o b l è m e c a n o n i q u e de minimisation
C. Chercher la solution du système
«iiÿi + • • • • + a , „ y n + P, = 0 (i = 1, m).
a) 0, . . y „ > 0,
minimisant la forme linéaire y ly1 + . . . + Ynÿn-
P r o b l è m e d u a l du p r o b l è m e C
C*. Chercher la solution du système
(II) + . . . + am*Zm + Y*> 0 (k = i, . h),
maximisant la forme linéaire $xzx + . . . 4- pmzm.
Les conditions (I) et (II) sont appelées contraintes linéaires des
problèmes C et C* respectivement. Les problèmes C et C* sont dits
duals l'un de l'autre.
Sous forme matricielle ces problèmes s'énoncent de la façon sui­
vante :
§ 2] P R O B L È M E S S T A N D A R D E T C A N O N IQ U E S 301

C. Chercher la solution du système


<I) 4 y + b = 0, y>0,
minimisant la forme linéaire *cy.
C*. Chercher la solution de l'inégalité
(II) 'A z + c > 0 ,
maximisant la forme linéaire *bz.
Vecteurs possibles et optimaux. Un problème de programmation
linéaire est dit possible s’il existe un vecteur satisfaisant aux contrain­
tes linéaires du problème. Si un tel vecteur existe il est dit vecteur
possible du problème.
Un vecteur possible est dit solution du problème ou vecteur optimal
du problème s’il minimise (dans les problèmes S et C) ou maximise
(dans les problèmes S* et C*) la forme linéaire du problème. La va­
leur de ce minimum et de ce maximum est appelée valeur du problème
de programmation linéaire.
Désignons par . . ., xn les premiers membres des inégalités
du système (II), autrement dit, posons
(3) x k = a ikZi + . . . + a mkzm 4- y k (k = 1, . . . . n).
yi
P r o p o s itio n 2.1. Si le vecteur vérifie les inégalités
L y nJ
(U ) cln y x + . . . + CLinyn + ^ i ^ 0 (i = 1, . . m),
alors
Xiüi 4- . . . 4- Xny n < ‘cy — ‘bz.
D é m o n s t r a t i o n . En raison de (3),
*iÿi + • • - 4- xnyn = (au z, 4- . . . 4- a mlzm + Yi) 9i + • • •
• • • 4- (ainZi + • • • 4- a mnzm 4- Yn) ÿn =
= (®nÿi 4- • • • 4- Œmi/n) zx 4- • • • 4- (amJÿi 4- • • •
• • • 4" Œmnyn )zm 4* ‘cy.
De là, en vertu de (1'),
*iÿi 4- . . . 4- xnyn < — (Pxzx 4- . . . 4- pmzm) 4-
4- ‘cy = ‘cy — ‘bz. □
C o r o l l a i r e 2.2. Si y est un vecteur possible du problème standard
de minimum et z un vecteur possible du problème dual, alors
0 < Xiÿi 4- . . . 4- ‘cy — ‘bz.
302 SY ST È M ES D ’I N É G A L I T É S L IN É A IR E S [CH. IX

I II vérifie le système d'équations


P roposition 2.3. Si le vecteur I ;
Li/n J
(O “ nyi + • • . + <*1nUn + Pi = 0 (i = 1, . . ., m),
alors
xrfi + • • • +x„y„ = ‘cy — *bz.
Cette proposition se démontre de façon analogue à la proposi­
tion (2.1).
Corollaire 2.4. Si y est un vecteur possible du problème canonique
de minimum et z un vecteur possible du problème dual, alors
0 < x xyx + . . . + x nyn = *cy — *bz.
P roposition 2.5. Si y est un vecteur possible du problème de mini­
mum (S ou C) et z un vecteur possible du problème dual (S* ou C*),
alors *cy — * b z ^ 0.
La proposition 2.5 découle directement des corollaires 2.2 et 2.4.
P roposition 2.6 (Cr it è r e d ’optim alité des vecteurs ). Si y est un
vecteur possible du problème de minimum, z un vecteur possible du pro­
blème dual et *cy = *bz, alors y et z sont des vecteurs optimaux des
problèmes correspondants.
D é m o n s t r a t i o n . Soit y" un vecteur possible du problème
du minimum. Selon la proposition 2.5,
* cy '> *bz.
En outre, par hypothèse, *bz = *cy, donc * c y '^ *cy quel que
soit le vecteur possible y' du problème de minimum. Par conséquent,
y est le vecteur optimal du problème de minimum.
De façon analogue on démontre que z est le vecteur optimal du
problème de maximum. □
Théorème de dualité des problèmes standard. En théorie de pro­
grammation linéaire les théorèmes de dualité 2.7 et 2.8 sont essentiels.
T h é o r è m e 2.7. Si deux problèmes standard duals l'un de Vautre
(S ei S*) sont possibles, ces deux problèmes ont des solutions et les valeurs
de ces problèmes sont identiques. Si au moins un des problèmes est im­
possible, alors aucun des problèmes n'a de solutions.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que les deux problèmes sont
possibles. Alors, le système
(1) Ay+b<0, y > 0,
(2) Uz + c > 0 , z^O
est compatible.
La première partie du théorème sera démontrée si l’on démontre
l ’existence des solutions y et z respectivement pour les systèmes (1)
P R O B L E M E S S T A N D A R D E T C A N O N IQ U E S 303
Ü I

et (2) qui vérifient


(3) *cy — * b z ^ 0 .
En effet, dans ce cas, selon la proposition 2.5, les vecteurs possi­
bles y et z vérifient l ’inégalité *cy — * b z ^ 0. Donc, si y et z véri­
fient également (3), on a alors *cy = *bz. Par suite, en vertu du cri­
tère d’optimalité, les vecteurs y et z sont des vecteurs optimaux des
problèmes correspondants (S et S*) et les valeurs des deux pro­
blèmes coïncideront. Il suffit ainsi de démontrer la compatibilité du
système

(4)

Ecrivons ce système sous forme matricielle :

Selon le théorème 2.6, le système (4) est compatible si et seulement


si est incompatible le système
u

Ce système peut être écrit sous forme


A \ + bX ^ 0,
(5) — lA u — cX ^O , u^O , v^O , X ^O ,
*cv — *bu < 0.
Montrons que le système (5) est incompatible. Admettons qu’il
existe des vecteurs u et v et un nombre réel Xvérifiant les inégalités (5).
Alors pour X > 0 on a :
A (vX'1) + b < 0 , v X -^ O ,
(5') — % A (uX-1) — c < 0, uX-1^ 0,
<c (vX-1) — *b (uX-1) < 0.
Les premières quatre inégalités montrent que les vecteurs vX~* et
uX’1 satisfont respectivement aux conditions (1) et (2), c’est-à-dire
sont des vecteurs possibles des problèmes correspondants. Par consé-
304 SYSTÈM ES D ’I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

quent, selon la proposition 2.5,


‘c (vX-1) — ‘b (ux-1) > 0 ,
ce qui contredit la dernière inégalité (5').
Mais si % = 0, le système (5) est incompatible. En effet, par
hypothèse, est compatible le système (1), (2), c’est-à-dire le système

« [o - X M - ^ [:]~
Selon le théorème 2.6, de la compatibilité du système (6) s’ensuit
l’incompatibilité du système

c ’est-à-dire est incompatible le système


j4 y ^ 0,
- M u^O , u^O , v^O ,
*cv — *bu < 0.
Ainsi, le système (5) est incompatible et, par suite, le système (4) est
compatible.
Supposons maintenant qu’est possible seul l’un des deux problè­
mes duals l’un de l ’autre, par exemple, le problème S, tandis que S*
ne l'est pas. Démontrons qu’alors le problème S n’a pas de solutions.
La possibilité du premier problème signifie qu’il existe une solution
y' du système (1), c’est-à-dire
<1') ,4y' + b < 0 , y '> 0 .
L’impossibilité du problème S*, c’est-à-dire l’incompatibilité du
système
(2) — tA z — c < 0 , 0,
implique, selon le théorème 1.12, la compatibilité du système
(2*) A x ^ 0, *cx<0, x>0.
Par conséquent, il existe un vecteur x' tel que
<2') A x ' ^ 0, 'ex' < 0, x '> 0 .
Sur la base de (1') et (2') on conclut que pour tout n naturel se véri­
fient les inégalités
(7) A (y' + nx') + b ^ 0, y' + n x 0.
Donc, pour tout n naturel le vecteur y' 4- nx' est un vecteur possible
du premier problème. Toutefois, la forme linéaire *cy n’a pas de
§ 2] P R O B L E M E S S T A N D A R D E T C A N O N IQ U E S 305

minimum. En effet,
*c (y' + nx') = *cy' + n (*cx')
et dans la somme du second membre le premier terme est un certain
nombre réel, tandis que le second terme, en raison de *cx' < 0, peut
être rendu, pour un n suffisamment grand, inférieur à tout nombre
donné. Donc, la forme linéaire *cy n’a pas de minimum, autrement
dit, le premier problème n’a pas de solutions. □
Théorème de dualité pour problèmes canoniques. Examinons les
problèmes canoniques C et C* :
C. Chercher la solution du système Ay -f- b = 0, y ^ 0, minimi­
sant la forme linéaire *cy.
C*. Chercher la solution de Vinégalité lA z + 0, maximisantla
forme linéaire *bz.
Le problème C est équipotent au problème standard suivant :
Sj. Chercher la solution du système

[ 3 » + [ b ] « #' >»°-
minimisant la forme linéaire *cy.
Le problème dual de Sx est le problème suivant :
S*. Chercher la solution du système

\-*A \*A \ [ : . ] + c > 0 ,

'Z i ‘ z m+i

7 ®—

, Z # qui maximise la forme linéaire
.H m .

(-■ b l-M p !].


On voit sans peine que le problème S* est équipotent au problè­
me C*. En effet,

[ - ^ | ^ 4 ] [ * . ] = U ( z '- z ' ) ( [ - ‘b |‘b] £ ] = ‘b ( z '- z ') .


Tout vecteur de dimension m peut être représenté sous forme d’une
différence de deux vecteurs non négatifs de dimension m. Par suite,
si l’on pose z = z" — z/, z parcourt l ’ensemble de tous les vecteurs
de dimension m de Rm quand z 9 et z' parcourent l’ensemble de tous
les vecteurs non négatifs de Rm.
Par conséquent, le problème S* est équivalent au problème suivant
(coïncidant avec le problème C*). Chercher la solution de Vinégalité
lA z + c > 0 , maximisant la forme linéaire *bz.
20-01762
306 SYSTÈM ES D 'I N É G A L I T É S L IN É A IR E S [CH. IX

Les problèmes standard Sx et S* sont duals l’un de l ’autre et pour


eux se vérifie le théorème de dualité. Les problèmes C et C* sont
respectivement équipotents aux problèmes Sx et S*. Donc, le
théorème de dualité s’applique aussi aux problèmes C et C*, c’est-à-
dire qu’on a le théorème suivant.
T héorème 2.8. Si deux problèmes canoniques duals Vun de Vautre
(C et C*) sont possibles, alors les deux problèmes admettent des solutions
et les valeurs de ces problèmes coïncident. Si Vun au moins de ces problè­
mes est impossible, alors aucun des problèmes n'admet de solutions.
Théorème d’équilibre. Rappelons qu’on a convenu de désigner
par x u . . ., xn les premiers membres des inégalités du système (II),
Xk = aifeZi + . . . + a mnzm (k = 1, . . n).
"</i
T héorème 2.9. Soient y = le vecteur possible du pro-

bl'eme canonique de minimum et z = J


Li^nJ

r
L _
*1
le vecteur possible du

problème dual. Si
(*) = 0» • • •» z nyn = 0,
alors y et z sont des vecteurs optimaux des problèmes correspondants
(C et C*).
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que les conditions (*) sont
satisfaites. Selon le corollaire 2.4, on a
(1) 0 < xxyx + . . . + xnyn = *cy — *bz.
Sur la base de (*) et (1) on conclut que *cy — ‘bz = 0. Selon le
critère d’optimalité les vecteurs y et z sont des vecteurs optimaux
respectivement des problèmes C et C*. □
R e m a r q u e . La condition (*) est également nécessaire pour
que les vecteurs possibles y et z soient optimaux. En effet, selon le
corollaire 2.4, (1) est vérifié. Si les vecteurs y et z sont optimaux,
alors, selon le théorème 2.8,
(2) *cy = *bz.
De (1) et (2) il s’ensuit
0 < xxyx + . . . + xnyn = 0.
Puisque y et z sont des vecteurs possibles, on a i l t . . . , i n> 0 et
ÿ i ,. . .,ÿ n> 0. D elà s’ensuivent les égalités (*).
§ 3] M ÉTHODE D U S IM P L E X E (M É T H O D E D E D A N T Z I G ) 307

Exercices
1. Montrer que 9i l’un des problèmes duals l’un de l’autre de la program­
mation linéaire (canoniques ou standard) admet une solution, alors l'autre
problème a également une solution.
2. Donner un exemple de problème standard (canonique) de minimum à
deux variables qui, ainsi que son dual, ne soit pas possible.
3. Construire un exemple de problème standard de minimum admettant
plus d’une solution optimale.

§ 3. Méthode du simplexe (méthode de Dantzig)


Méthode du simplexe. La méthode du simplexe a été mise au
point par Dantzig pour des problèmes de programmation linéaire.
Dans la méthode simple de résolution simultanée de deux problèmes
canoniques duals l’un de l ’autre exposée plus loin on se réfère
à Hall [281.
Considérons les problèmes canoniques duals l’un de l’autre.
C. Chercher la solution du système
a ni/i + • •• + a lnyn + pt = 0,
(I) » i> 0 . . . . , yn> 0,
d m l l / i “t“ • • ■ "4” ® m itÿ n “H Pm = 0»

minimisant la forme linéaire v :


• • • + YnVn = V.
Y l i/l +

C*. Chercher la solution du système

a Uzl + ... + < W m + Y l> 0 »


(II) ........................................
a ln z i a mnz m + Y n > 0 ,

maximisant la forme linéaire u :

P l ^ i 4 “ • • • 4 " P m ^m ~ W.

La méthode du simplexe est la méthode permettant de résoudre


simultanément les problèmes canoniques C et C* duals l ’un de l ’autre.
~ a tl «m l
Soit A = matrice du système d ’équations (I).
.....................'»
_ ® m l • • • ® m n_J

On admettra plus loin que le rang de la matrice A est m; cette hypo­


thèse simplifie quelque peu l ’exposé schématique de la méthode du
simplexe. On peut réduire le cas général à ce cas étudié.
20*
308 SY ST È M ES D ’I N E G A L I T E S L IN É A IR E S [CH. IX

Considérons le tableau

il ti*

** • • ce • • • p • • • y*

X . . Y . . . 6. . . 1/

Ce tab leau se prête à la représentation sim ultanée de deux systèmes


d 'éq u a tio n s linéaires. Il représente le systèm e linéaire su iv an t les
lignes:

• • • + Œil* + • • • + Pu + • • • = —y*»
(!) |
• ••-{-yn* -i- • • • -H + • • • = —y

e t s u iv a n t les colonnes :

. . . + ax* + . . . -j-yx-j- • • • = z*.


(2) j
. . . -I- P®* -|- . . . ôx -|- . . . = z.

La transformation du tableau avec élément pivot a (a =^= 0) substi­


tue au tab leau de d ép art le tab leau correspondant à la solution du
systèm e (1) p ar ra p p o rt à —1|* e t à la solution du systèm e (2) par
rapport à x*.
Une fois résoluejl’équation du systèm e (1) com portant l ’élém ent
p iv o t a p ar rap p o rt à —q*, il vient

. . . + a - 1ÿ * + . . . + a -1pti + . . . = — ri*.
§ 3] M ETHODE D U S IM P L E X E (M E T H O D E D E D A N T Z I G ) 309

En portant cette expression de —t)* dans les autres équations du


système (1), on obtient:
. . . + o r y * + . . . + c r ‘Pti+ . . . = _ tj*,
. . . —a-*Yÿ*+. . . + (6 —a"‘PY) rj4-. . . = —y.
De façon analogue, en résolvant le système (2) par rapport à z*,
il vient

. . . + a~lz* + . . . + ( —c r1‘y )x + . . . = x*,


(2) : :
. . . + a " ‘Pz*+ . . . + ( ô —a^Py) x -f . . . = z.

Ainsi, la transformation du tableau avec élément pivot a rem­


place le tableau de départ par le tableau suivant:

= -tl*

= —y

. . . . = £ * • ' • =Z
correspondant à la solution du système (1) suivant les lignes par
rapport à —q* et du système (2) suivant les colonnes par rapport
à x*.
Les deux problèmes canoniques C et C* duals l’un de l’autre
trouvent leur représentation dans le tableau
Vt • • • Un 1

*1 «h • • - «m Pi

zm ®mi • a mn
1 Vi • • • 7m 0

= *i ’ • * = x n = u
Cherchons simultanément la solution des deux problèmes. Chas­
sons d’abord les variables zl , . . ., zm non soumises aux contraintes.
C’est la première étape de la résolution. Elle est mise en œuvre par
une succession de transformations avec pivot en partant du tableau Tt.
MO SY ST È M ES D 'I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

Les opérations s’effectuent jusqu’à l’apparition dans le tableau d’un


élément non nul avec y au-dessus et zéro à droite sur la ligne. On
obtient finalement le tableau de la forme
y'm +1 ••* y'n 0 . -. 0 1

- y [

: — y'm

Vm+i * * * y'n -V
__/ ___ / __ • __ / __ -,
—xm+i —xn —zl * * ' —zm —u

Dans ce tableau les variables avec primes représentent en un arrange­


ment différent les variables figurant dans le tableau de départ Tlt
les lignes et les colonnes ayant été permutées par rapport à la posi­
tion des zéros. Les m dernières colonnes représentent les équations
exprimant les variables z', . . z’m en fonction des variables x', . . •
. . ., x ’m. Ces équations doivent être extraites:

z\ = dux[ + . . . + d imxm,
(III) .......................
zm—dnijXj dmmxm.

Ensuite, il ne faut considérer que les égalités liant les variables


xi et y), qui sont exprimées par la partie du tableau T ' comportant
les n — m premières colonnes. Ainsi, après élimination des varia­
bles zlt . . ., zm, on aboutit au tableau
ym+i • • • yn 1

X1 Pi
T
xm Pm
1 cm+i • • • cn d

xm+i ’ • • x n U
Le tableau T est dit possible suivant les lignes si sont remplies
les conditions
(1) ^<0, .... pm< 0 .
§ 3] M ÉTHODE DU S IM P L E X E (M E T H O D E D E D A N T Z I G ) 311

Ces conditions traduisent que le vecteur (—pi? . . —pm, 0, . . ., 0)


est le vecteur possible du problème C, c’est-à-dire qu’il vérifie le
système (I). Supposons que le tableau T est possible suivant les li­
gnes, c’est-à-dire que les conditions (1) sont satisfaites. L’objectif de
rétape suivante de résolution du problème est de rechercher par une
série de transformations avec pivot dans le tableau obtenu à partir
de T les vecteurs possibles des deux problèmes (C et C*) satisfaisant
aux conditions
(*) XiVi = 0, . . xnyn = 0 0, 0).
Selon le théorème d’équilibre, ces vecteurs seront des vecteurs opti­
maux des problèmes correspondants.
Introduisons les notations: © un nombre non négatif, © un
nombre non positif. Posons qu’on part du tableau T et que l’on est
en mesure de passer au tableau de la forme

© . - • ®

Alors, en dotant les variables libres xx, . . ., x m et ym+1, . . ., yn de


valeurs nulles, on obtient les vecteurs possibles des deux problèmes
(C et C*) constituant des vecteurs optimaux de ces problèmes.
Voyons l ’influence de la transformation avec élément pivot a r8
sur la colonne des termes libres et la valeur de la forme linéaire v
à minimiser:
OCr# • • • Pr

a it . . . Pi •• Q’Ts&is • • • Pl ®r«Pr®fji

y• •. • 6 • . . . 6 —a?iPrYa.
On suppose que dans le tableau (à gauche) les éléments P* de la
colonne des termes libres ne sont pas positifs, c’est-à-dire
(1) Pi ^ 0 (i = 1, . . ., m).
Il nous faut que la nouvelle valeur de la forme linéaire v ne soit
pas supérieure à la précédente, c’est-à-dire que ô — ciriPrY*^ ô.
Cette inégalité se vérifie si sont satisfaites les conditions
(a) a r8 > 0, Vs < 0.
312 SY ST E M ES D 'I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

Avec la satisfaction de ces conditions la nouvelle valeur de la forme


linéaire v n’est pas supérieure à la précédente, en outre, la nouvelle
valeur de la forme v pour pr < 0 est strictement inférieure à la
précédente.
De plus, il nous faut que les nouveaux éléments de la colonne des
termes libres soient non positifs, c’est-à-dire que
Pi — o t f P r a i . < 0 .

Avec la satisfaction des conditions (a) et pour a ia^ 0 cette inégali­


té est vérifiée. Si, par contre, a > 0 l ’inégalité peut s’écrire sous
forme
(P) Pour tous «u>0 (i¥=r).
On aboutit ainsi à la règle suivante de sélection de Vélément pivot
de la transformation du tableau possible suivant les lignes.
Soit un tableau possible suivant les lignes. En guise d'élément pivot
(de la transformation) il nous faut choisir l'élément a r8 si sont satisfaites
les conditions :
(a) Y «<0, o-t» > 0 ;

(P) CLt8 CLlg avec « i * > 0 (i ¥*r).


Le choix de l’élément pivot conformément à cette règle garantit
la possibilité d’un nouveau tableau suivant les lignes et pour pr < 0
fournit une nouvelle valeur de la forme linéaire v (à minimiser) stric­
tement inférieure à la précédente.
En partant du tableau possible on effectue par lignes la succes­
sion des transformations avec pivot en se conformant à la règle de
choix de l’élément pivot. L’opération s’achève quand dans la derniè­
re ligne du tableau il n’y a plus d’éléments négatifs; cela signifie
que le tableau est possible aussi bien par lignes que par colonnes,
c’est-à-dire qu’on a trouvé les solutions des deux problèmes C et C*
(on a obtenu les vecteurs optimaux).
Le processus prend aussi fin au cas où on se heurte dans le tableau
à une colonne négative (qui n’est pas la dernière) de la forme
0

et, par suite, la règle de choix de l’élément pivot est inapplicable.


Cela signifie que le problème C* est impossible, car on ne peut satis­
faire à la condition x , ^ 0.
§ 3] M ÉT H O D E D U S IM P L E X E (M E T H O D E D E D A N T Z I G ) 313

Le tableau T peut s'avérer impossible aussi bien par lignes que


par colonnes. Dans ce cas en cherchant la solution possible du problè­
me C ou en établissant l'impossibilité du problème C* on agit de la
façon suivante. Les lignes du tableau T sont permutées de façon
que toutes les lignes possibles soient en haut du tableau :
!/m+i • • * i/n 1

*1 © = —Vi

© = —yk
*k+i + = —i/fc+i

xm + = —Vm
1 Ym+i • • • Yn

Les k + 1 premières lignes de ce tableau seront considérées comme


un tableau possible par lignes et on tâchera de minimiser (—y*+1).
Si au cours du cheminement on aboutit à une valeur non positive de
(—yfc+1), on obtiendra alors k + 1 lignes possibles ou davantage. On
poursuit le processus de façon analogue en recherchant la représen­
tation du plus grand nombre de lignes en forme possible. Si une
ligne positive apparaît dans le tableau, c’est-à-dire une ligne (impos­
sible) de la forme

® ••• 0 +

cela signifiera que le problème C est impossible, car on ne peut satis­


faire à la condition —y j ^ O .
Si, par contre, il s’avère que la valeur minimale de (—j/k+i) est
positive, on a le tableau de la forme

\ — +

Dans ce cas en guise d’élément pivot on choisit l'élément marqué


par une flèche. On vérifie sans peine que ce choix fournit k 4- 1
314 SYSTÈM ES D ’I N Ê G A L I T Ê S L IN É A IR E S [CH. IX

lignes possibles ou davantage. On a ainsi obtenu le procédé permet­


tant de trouver la solution possible du problème C dans tous les
cas réalisables.
P r o b l è m e . Chercher la solution du système
5 ! / i — 4 ^ 2 + * 3 y 3 — 2 yk + ys — 2 0 = 0 ,
(i) ÿi — y t + 5y3 — y* + y5 — 8 = o,
y i> o , y 2> o, ÿs> 0, i/4> o, f/5> o,
minimisant la forme linéaire
y\ + 6y2 — l y 3 + i/t + 5ys = v.
Le problème dual à celui qu’on a donné peut être formulé ainsi:
chercher la solution du système
x 1 = 5z1 + z2 + 0,
x 2 = — 4zx — z2 + 6 ^ 0,
<II) x3 = 13zx + 5z2 - 7 > 0 ,
x4 = —2zx — z2 + 1 ^ 0,
X5 = zx -)- z2 -(- 5 ^ 0,
maximisant la forme linéaire u,
— 20zx — 8z2 = u.
Ces deux problèmes se représentent par le tableau suivant:

0x 02 0s 04 Vt 1
5 -4 13 -2 1 -20 =0
*2 1 —1 5 -1 1 —8 =0
1L 1 6 —7 1 5 0 =v

xi X2 X8 X€ x5
Cherchons simultanément les solutions des deux problèmes. Chassons
d'abord les inconnues zx et z2. En chassant z2 par transformation
avec élément pivot 1 (noté en caractère gras) il vient
02 0s 04 0 1

zi 4 -3 8 —1 -1 -12 = 0
X5 1 —1 5 -1 1 - 8 = —05
1 -4 11 -32 6 —5 40 = ü
§ 3] M ET H O D E D U S IM P L E X E (M É T H O D E D E D A N T Z I G ) 315

A présent chassons z2 par transformation avec élément pivot 4 de


la première colonne :

0 yz ys y4 0 1

xi 1/4 - 3 /4 2 - 1 /4 -1 /4 -3 = —yi
*5 -1 /4 -1 /4 3 -3 /4 5/4 -5 = —y»
1 1 8 -2 4 5 -6 28 =v

*1 *2 xs *4 Zn =u

La première et la cinquième colonnes montrent que zl et z2 s'expri­


ment en fonction de xx et x5 de la façon suivante :

zi —\ x \.— 5 -* 5 + ! ;
(ni)
Z2 = --- 4 " *t + *4 ‘ *s — 6 .

En éliminant la première et la cinquième colonnes dans le ta­


bleau précédent, il vient
Vz Vz y< 1

- 3 /4 2 -1 /4 —3 = -y i
-1 /4 3 - 3 /4 -5 = —ya
8 -2 4 5 28 =v

X2 *4 = u

Ce tableau est possible par lignes. En accord avec la règle de choix de


l ’élément pivot on adopte 2 dans la seconde colonne et en réalisant
la transformation on aboutit au tableau
Vz Vl V a 1

- 3 /8 1/2 - 1/8 - 3 /2 = -y 8
7/8 - 3 /2 —3/8 - 1/2 = —y»
-1 12 2 -8 = V

x2 xi *4 = U

Dans le tableau obtenu on choisit l’élément 7/8 dans la première


colonne en guise d’élément pivot et, en réalisant la transformation
316 SY STÈM ES D 'I N E G A L I T E S L IN E A IR E S [CH. IX

on aboutit au tableau
Vb y* 1

*3 3/7 -1/7 —2/7 —12/7


8/7 -12/7 —3/7 -4/7
1 8/7 72/7 11/7 -60/7

*4 =u
Ce tableau est possible aussi bien par lignes que par colonnes. En
supposant les variables « libres » z 2, z 3, yly y4, y5 égales à zéro, il
vient :
x1 = 72/7, x 2 = 0, z 3 = 0, x k = 11/7, x5 = 8/7,
Hi = 0, ÿ2 = 4/7, y, = 12/7, y* = 0, y5 = 0.

En portant les valeurs trouvées de xx et xs dans les formules (III),


on obtient z1 = 23/7, z. = — 50/7. Par conséquent, le vecteur
(0, 4/7,12/7, 0, 0) est la solution du premier problème, tandis que le
vecteur (23/7, —50/7) est la solution du problème dual. De plus,
u = v = — 60/7, c’est-à-dire que la valeur minimale de la forme
linéaire v et la valeur maximale de la forme linéaire u sont éga­
les (-60/7).

Exercices
1. Maximiser la forme linéaire 2xx + 3xa en remplissant les conditions
4xa + 2*. + x9 = 4 et + 3xj| = 5.
2. Maximiser la forme linéaire x1 + 3xt ■+■x, en remplissant les condi­
tions
5xj + 3xa < 3 , + 2xt + 4x* < 4.
3. Résoudre le problème de la compatibilité du système d’inéquations
linéaires
5ij -}- 4i| —
—7i| ^ 1,
—xx + 2x, — x# < —4,
—3xx — 2x, + 4x, <*3,
3xj “ 2xt 2xa ^ —7.
4. Etablir si le système d'inégalités linéaires suivant est compatible:
4xi — 5xt > 3,
—2xj — 7xa > 1,
—2xi + xa >• —2.
§ 3] M É T H O D E D U S IM P L E X E (M É T H O D E D E D A N T Z I G ) 317

5. Est-ce que le système d’équations linéaires


3xx — 5x| “|” 2fg = 0f
2x1 — 4xs + x 3 = 0
admet des solutions non négatives non milles?
6. Démontrer que le système d’inéquations linéaires
5x1 — 4xt ^ 7f
-“3 ij -}" 3x] ^ —5
n’a pas de solutions non négatives.
7. Chercher les solutions non négatives du système d’équations linéaires:
5xi + x, + 6x , — 5x5 = 2 ;
—7xi — — 2xs -j- X4 + 2x§ = —5.
CHAPITRE X

GROUPES

§ 1. Semi-groupes et monoîdes
Semi-groupes. Soit j4 un ensemble non vide. L’opération binaire *
sur l’ensemble A est dite associative si a * (b * c) = (a * b) * c pour
tous éléments a, b, c de A. L’opération binaire * est dite commutative
si pour tous a, b de A , on a a * b = b • a.
C’est ainsi que les opérations d’addition et de multiplication
d’entiers sont associatives et commutatives. L’opération de soustrac­
tion d’entiers est ni associative ni commutative.
D é f i n i t i o n . On appelle semi-groupe l’algèbre <A , *) du type (2)
à opération binaire associative *. Une sous-algèbre d’un semi-grou­
pe est appelée sous-semi-groupe.
E x e m p l e s . 1. Soit + une opération d’addition sur l’en­
semble N des nombres naturels. L’algèbre <N, 4 >est un semi-groupe,
vu que l ’opération d’addition est associative. Ce semi-groupe est dit
semi-groupe additif des nombres naturels.
2. Soit M un ensemble non vide et A la collection de toutes les
applications de l’ensemble M dans lui-meme avec la loi de composi­
tion d’applications o en guise d’opération binaire. L’algèbre C4, ®>
est un semi-groupe, vu que la composition d’applications est asso­
ciative. Ce semi-groupe est appelé semi-groupe d'applications de
Vensemble M dans lui-même.
Monoîdes. Soit A un ensemble à opération binaire *. L’élément
e de A est dit élément neutre par rapport à Vopération * si a * e =
= e +a = a pour tout a de A.
D éfin ition . On appelle monoïde l’algèbre 04, *, e) du type (2, 0),
dont les opérations principales satisfont aux conditions:
(1) l’opération binaire * est associative ;
(2) l’élément e est un élément neutre par rapport à l’opération *.
E x e m p l e s . 1. Soit + une opération d’addition sur l’ensem­
ble N des nombres naturels. L’algèbre (N, 4-, 0) est un monoïde, vu
que l ’addition est associative et 0 est un élément neutre par rapport
à l’addition. Ce monoïde est appelé monoïde additif des nombres natu­
rels.
2. Soit • l’opération démultiplication sur l ’ensemble N des nom­
bres naturels. L’algèbre (N, -, 1) est un monoïde, vu que la multi-
§ 1] S E M I-G R O U P E S E T M O N O T D E S 319

plication est associative et 1 est un élément neutre par rapport à la


multiplication. Ce monoïde s’appelle monoide multiplicatif des nom­
bres naturels.
3. Soient n un nombre naturel fixé différent de zéro, A la col­
lection de toutes les applications de l ’ensemble {1, . . ., n} dans
lui-même et e une application identique de cet ensemble. L’algèbre
(A , o, g), où o est une opération binaire (composition d’applications),
est un monoïde, vu que la composition d’applications est associa­
tive et t* est un élément neutre par rapport à l’opération o. Ce monoï­
de s’appelle monoïde d'applications de Vensemble {1, . . ., n) dans
lui-même.
4. Soit Sf = (A, + , —, -, 1> un anneau. L’algèbre (K , -, 1>
est alors un monoïde. Il s’appelle monoïde multiplicatif de Vanneau
W.
Loi associative généralisée. Soient A un ensemble non vide et
♦ une opération binaire sur ce dernier. Soit aly a2, . . ., an une suite
de n éléments de A . Désignons par le symbole
ûj * Æo * • • • * ^71
la composition de la suite d'éléments définie de façon inductive ainsi :
ûj * . . . * an _i ★ an = (flj * . . . * ûn -1) * ^n-
Selon cette définition,
a + b * c = (a* b) *c; a + b +c * d = (a + b + c) * d.
Si la loi de composition est une multiplication, la composition
d’éléments aly . . ., an est alors appelée produit et est habituelle-
n
ment notée [] a/ ; au cas d’une notation additive de la composition
i-i
d ’éléments aly . . ., an elle porte le nom de somme et est habituel-
n
lement notée 2 ai•
i*=l
Si l’opération binaire * sur l’ensemble A est associative, on
montre sans peine que
a * b +c * d = (a * b) * (c * d) =
= a * (b * c )+ d =
= (a + b * c) +d =
= a * (b * c * d).
Au cas d’une opération binaire associative sur A, l’étude d’une
composition quelconque d’une suite d’éléments de A , peut être me­
née en plaçant les parenthèses de façon quelconque, comme le montre
le théorème suivant.
320 GROUPES [CH. X

Théorème 1.1. Soient A un ensemble à opération binaire associa­


tive * et a1, . . ., 0^ une suite d'éléments de A . Soient 1 <Cnx < n 2 <
< . . . < nk ^ n, où n^, . . ., n* sont des nombres naturels, et
b0 = Oi + . . . * bi = aTlt » . . . * ^ n g- i ï • • •
• • •» = * . . . ^Ofif
alors a^+ . . . * ^ = 60 * • • • * ù*.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur n). Si
n = 2, le théorème est apparemment vrai. Supposons que le théo­
rème est vrai si la suite comprend n — 1 éléments au plus.
Premier cas : nk = n. Dans ce cas bk = a*. Par définition,
<4* • • • = • • • • ^n-l) • arf
Par hypothèse de récurrence,
0\+ . . . * &n-i = b0 * • • • * ^k-i»
par conséquent,
0i • • • • • (ht = (60 • • • • * èfc-i) • bk = 60 • . . . » 6*.
Deuxième cas : nk < n. Dans ce cas
=* («nk • • • • • ®n-i) • (ht = b'k • On,
où bk = Onfc • . . . * On-!, et

(selon l’hypothèse de récurrence) ; par conséquent,


* • - • * an = (al * . . . * an _x) * an =
= (60 • • • • * ùi) * 0« = (par hypothèse de récurrence)
= ((b0 * . . . * bk. i) * bk) * an =
= (ù0 • • • • * ftfe-i) * (bk * «n) =
= (b0 * • • • • bh. l) * 6* =
= b0 * . . . * bh. □
Considérons le cas particulier où l’opération associative binaire
sur l'ensemble A est une multiplication et a1 = a2 = . . . = an = a,
où a Ç A. Alors, par définition,
n
an = ai -a« . . . an = [J at.
i=\
C o r o l l a i r e 1.2. Soient A un ensemble avec une opération binaire
associative de multiplication donnée sur A et a Ç A. Alors , pour tous
Ü I
S O U S -G R O U P E S E T C L A S S E S S U I V A N T U N S O U S -G R O U P E 321

nombres naturels m et n différents de zéro, on a :


Qm+n — aman, amn = (am)n.
Considérons également le cas où l'opération binaire associative
sur l’ensemble A est une addition et ax = a2 = . . . = an = a,
où a £ A. Alors, par définition,
n
na = at + . . . + an =
i=l
Corollaire 1.3. Soient A un ensemble avec opération binaire
associative d'addition donnée sur A et a Ç A. Alors,
(m + n) a = ma + na, (mn) a = m (na)
pour tous nombres naturels n et m différents de zéro.

Exercices
1. Soit (j4, •, 1) un monoïde multiplicatif. Démontrer que pour tout
élément a du monoïde et m et n naturels quelconques, on a les relations
aman = am+*, (am)n = amn.
2. Soient 04, + , 0) un monoïde additif et a 6 A . Montrer que pour tous
m et n naturels, on a
ma + na = (m + n) a, n (ma) = (nm) a.
3. Soit (N, + ) un semi-groupe additif des nombres naturels. Chercher
le système des générateurs de ce semi-groupe.
4. Soit (N, + , 0) un monoïde additif des nombres naturels. Décrire tous
les sous-monoïdes de ce monoïde.
5. Soit (N*, •) un semi-groupe multiplicatif des nombres naturels diffé­
rents de zéro. Chercher le système minimal des générateurs de ce semi-groupe.
6. Soit (N, •) un semi-groupe multiplicatif des nombres naturels. Cher­
cher le système des générateurs du semi-groupe contenu dans tout autre système
des générateurs de ce semi-groupe.

§ 2. Sous-groupes et classes suivant un sous-groupe


Sous-groupes. Soient M un ensemble non vide et S M un ensemble
de toutes les permutations de l’ensemble M, c’est-à-dire la collection
de toutes les applications injectives de l’ensemble M sur lui-même.
Si / et g sont des permutations de l’ensemble M, leur composition
fog et l’application inverse / “l sont alors des permutations de l’en­
semble M.
T hêorême 2.1. Valgèbre (S M, o, -1) est un groupe.
D é m o n s t r a t i o n . L’opération binaire o sur S M, compo­
sition de permutations de l’ensemble M , est associative en vertu du
théorème 2.2. La permutation identique i ^ est un élément neutn
21-01762
322 G ROUPES [CH. X

par rapport à l'opération o. Pour toute permutation / de l'ensemble


M , /o/-1 = iM. Donc, l’algèbre (SM, o, -1) est un groupe. □
D é f i n i t i o n . Le groupe (S M. o, -1) est dit groupe symétrique sur
l’ensemble M et noté & M. Si l’ensemble M est fini et comprend n
éléments, le groupe & M est alors dit groupe symétrique de degré n et
noté n.
Soit S = (G, -, -1) un groupe multiplicatif. A chaque élément
a du groupe associons l’application ta de l’ensemble G sur G définie
par la formule
ta (*) = clx pour tout x de G.
L’application ta est une permutation de l ’ensemble G et est appelée
translation à gauche de G. L’ensemble T (G) = {ta I cl £ G} est appelé
ensemble des translations à gauche de G.
P r o p o s i t i o n 2.2. Soit G = ( S Gj o, -1) un groupe symétrique
sur Vensemble G. L'algèbre 3~ = (T (G), o, -1) est un sous-groupe du
groupe <PC.
D é m o n s t r a t i o n . Pour tous éléments a, b du groupe *§
on a les égalités
(1 ) ta ° tb = ^ab ^a0^ 1 = *G =

où e est l’unité du groupe S . En effet, pour tout x de G


(taotb) (x) = ta (tb (x)) = ta (bx) = abx = tab (*), c’est-à-dire
ta°tb = tab*
En posant dans la dernière égalité b = a -1, il vient taotZl = t e =
= iG, où e est l’unité du groupe S.
En outre, en vertu de (1), taotë = tae = ta et
(2) (ta)"1 = ra1 e T (G).
Sur la base de (1) et (2) on conclut que 1 ensemble T (G) est fermé
relativement aux opérations principales du groupe S (G). Par con­
séquent, l’algèbre (T (G), o, -1) est un sous-groupe du groupe S G. □
T heorême 2.3. (de Cayley ). Tout groupe S = (G, o, -1) est
isomorphe au sous-groupe du groupe symétrique sur Vensemble G. En
particulier, chaque groupe fini d'ordre n est isomorphe au sous-groupe du
groupe symétrique de degré n.
D é m o n s t r a t i o n . Soit T (G) la collection de toutes les
translations à gauche de l’ensemble G. Selon le théorème 2.2, le
groupe S 0 = (T (G), ©, - 1) est un sous-groupe du groupe S G.
Soit h une application de l’ensemble G sur T (G) définie par la
formule
h (a) = ta pour tout a de G.
L ’application h respecte les opérations principales du groupe
S O U S -G R O U P E S E T C L A S S E S S U I V A N T UN S O U S -G R O U P E 323
ÜL
En effet, en vertu de (1) et (2), on a
h (ab) = tab = taotb = h (a)oh(b),
h (a-1) = tr i = (O *1 = (h (fl))"1-
De plus, h est une application injective. En effet, pour tous a, b
de l'ensemble G si h (a) = h (6), on a lQ = t b, ta (l) = (e), où
* est l’unité du groupe £?, ae = fce, et, par suite, a = b. Donc, h est
un isomorphisme du groupe S sur le sous-groupe du groupe symé­
trique S c sur l’ensemble G. □
Classes suivant un sous-groupe. Soit S i = , ~l > un sous-
groupe du groupe ÿ = (G, -, ~1). Introduisons sur l’ensemble G la
relation binaire = :
a = b (mod H) si et seulement si ab”1 Ç H ; appelons cette rela­
tion congruence suivant le sous-groupe S i-
P r o p o s i t i o n 2.4. Soit S i un sous-groupe du groupe ÿ . La congruence
sur G suivant le sous-groupe S i est une relation d'équivalence.
D é m o n s t r a t i o n . Vu que aa”1 Ç //, on a a = a (mod H),
c’est-à-dire que la congruence suivant S i est réflexive. Puisque de
ab”1 Ç H s’ensuit ba~l Ç H, de a = b (mod H) s’ensuit b =
= a (mod H) : la congruence suivant S i est symétrique. Ensuite,
pour tous éléments a, fc, c de G si ab”1 £ H et bc”1 Ç H , alors
(a ir1) (6c”1) = ac”1 Ç H. Donc, si a = 6 et b = c (mod H), alors
a = c (mod H): la congruence suivant H est transitive. Ainsi, la
congruence suivant S i est une relation d’équivalence. □
E x e m p l e . Soient (F, + , —> un groupe additif de l’espace
vectoriel X un sous-espace de l’espace T' et (L, + , —> son groupe
additif. Considérons sur F la relation binaire ~ :
a — b si et seulement si a — b Ç L, appelée congruence des vec­
teurs de V en sens de X . Cette relation est une relation d’équivalence
sur F. Les classes d’équivalence s’appellent variétés linéaires de
l’espace V de sens X .
D é f i n i t i o n . Les classes d’équivalence de la congruence suivant
le sous-groupe S i s’appellent classes à droite du groupe § suivant le
sous-groupe S i-
Notons les principales propriétés des classes suivant un sous-*
groupe.
P r o p r i é t é 2.1. Toutes deux classes à droite du groupe & suivant
le sous-groupe S i soit coïncident soit sont disjointes. L'ensemble G est
la réunion de toutes les classes à droite du groupe S suivant le sous-
groupe S i-
Cette propriété découle directement du théorème 2.4.1.
Soit g 6 G. Notons Hg l’ensemble défini par l’égalité Hg =
= {hg | h 6 H ).
P r o p r i é t é 2.2. Si g 6 G, alors H g est une classe à droite du groupe
jS suivant le sous-groupe S i-
21 *
324 GROUPES [CH. X

D é m o n s t r a t i o n . Soit A la classe à droite du groupe V


suivant le sous-groupe SB comprenant g. Démontrons que A = H g.
Soit hg tout élément de Hg. Alors, hgg-1 6 H et hg = g (mod H).
Donc, H g a A . Inversement : si c Ç A , c’est-à-dire c = g (mod H),
alors, cg-1 = h £ H et c = Ag 6 Hg. Donc A cz Hg. Par conséquent,
A = Hg. D
P r o p r i é t é 2.3. Soient A la classe à droite du groupe 3 suivant le
sous-groupe SB et g Ç A , alors A = H g.
D é m o n s t r a t i o n . Les classes A et Hg possèdent un élé­
ment commun g. Selon la propriété 2.1 elles coïncident, c’est-à-dire
A = H g. a
P r o p r i é t é 2.4. Soit SB un sous-groupe fini du groupe 3 , g ÇG.
Alors, le nombre d'éléments de la classe Hg vaut le nombre d’éléments
de l'ensemble H.
D é m o n s t r a t i o n . Soit m le nombre d’éléments de l’en­
semble H : H — (Ax, . . ., h m). Alors Hg = {A,g, . . ., hmg) et
h [g =/k hkg pour i k, car de h tg = hkg, selon la règle de simplifi­
cation, s’ensuivrait l’égalité ht = hh. Par conséquent, le nombre
d’éléments de l’ensemble Hg vaut m.
Soit SB le sous-groupe du groupe S- Introduisons sur l’ènsem-
ble G la relation binaire ~ de la façon suivante :
a ~ b (mod H) si et seulement si b_1a Ç H ; appelons-la congruen­
ce à gauche suivant le sous-groupe SB- Une vérification directe montre
que cette relation est une équivalence sur l ’ensemble G. Les classes
d’équivalence de cette relation s’appellent classes à gauche du grou­
pe 3 suivant le sous-groupe SB. On vérifie sans peine que les classes à
gauche possèdent des propriétés analogues aux propriétés 2.1-2.4.
Théorème de Lagrange. Soit 3 un groupe fini. Le nombre d’élé­
ments de son ensemble de base G est appelé ordre du groupe 3 .
T h e o r b m e 2.5 (de Lagrange). L'ordre du sous-groupe d'un groupe
fini est un diviseur de l'ordre du groupe.
D é m o n s t r a t i o n . Soient SB un sous-groupe du groupe
fini 3 et
H , Hgt , . . ., Hgh
l ’ensemble de toutes les classes à droite variées du groupe S suivant
le sous-groupe SB. Alors
(1) G = üTU H g t U • • • U H ghi
en outre, deux classes quelconques inclues dans cette réunion sont
idisjointes. Aussi, si n est le nombre d’éléments de l’ensemble G et
m le nombre d’éléments de l’ensemble H, a-t-on, selon la propriété
2.4, que le nombre d’éléments de toute classe Hgt vaut m et, en
;v ertu de (1), n = mk. □
C o r o l l a i r e 2.6. S i 3 est un groupe fini d'ordre n et g £ G, alors,
.l'ordre de l'élément g divise n.
C o r o l l a i r e 2.Î. Tout groupe fini d'ordre simple est cyclique.
* 3] G R O U P E S C Y C L IQ U E S 325

Exercices
1. Soient JjPn = (Sn , -, -1) un groupe symétrique des permutations de
degré n et An un ensemble de toutes les permutations paires de Sn. Montrer
que = C4n, •, *x) est un sous-groupe du groupe <^n.
2. Montrer que pour un sous-groupe arbitraire d’un groupe multiplicatif
les éléments inverses des éléments de la classe à gauche constituent aes élé­
ments de la classe à droite.
3. Démontrer que pour n > 1 les n — 1 transpositions (12), (13), . . .
. . (In) engendrent le groupe symétrique t f n.
4. Montrer que pour n > 2 Jos n — 2 cycles à trois termes (123), . . .
. . (12n) engendrent le groupe c4n des permutations paires.
5. Soit % = (G, -*) un groupe multiplicatif des matricesinversibles
n X n sur le corpâ 3F. Soit H un ensemble de toutes les matrices de G dont le
déterminant vaut l ’unité du corps SF. Montrer que (H, -, “1) est un sous-
groupe du groupe ÿ .
5. Soient R* un ensemble de tous les nombres réels différents de zéro et
SI* = (R*, •, -1) le groupe multiplicatif des nombres réels. Montrer que pour
tout nombre naturel n >. 1 le groupe multiplicatif des racines n-ièmes de l’unité
est l ’unique sous-groupe d’ordre n du groupe &*.

§ 3. Groupes cycliques
Ordre de l'élément du groupe. Soient S = <G, •, ~x> un groupe
multiplicatif, e son élément unité et a 6 G.
D é f i n i t i o n . On appelle ordre de Vêlement a du groupe le plus petit
nombre naturel m différent de zéro, tel que am = e. Si an e pour
tout nombre naturel n non nul, a est alors appelé élément d'ordre
infini.
L'ordre de l'élément a du groupe est noté O (a).
E x e m p l e . Dans un groupe multiplicatif des nombres com­
plexes O (i) = 4, O ( - 1 ) = 2, O (1) = 1, O (2) = oo.
On utilisera plus loin le théorème suivant (voir théorème 4.4.4
sur la division avec reste).
Pour des entiers n et m > 0 il existe des entiers q et r, tels que
(1) n = m-q + r, 0 ^ r < m.
T h é o r è m e 3.1. Soit m un ordre (fini) de Vélément a d'un groupe
multiplicatif. L'égalité an = e, où n est un entier, se vérifie si et seule­
ment si m divise n.
D é m o n s t r a t i o n . Posons que an = e et démontrons que
m divise n. Selon le théorème de la division avec reste, il existe
pour des nombres n et m des entiers q et r satisfaisant aux conditions
(1). Il s’agit de montrer que r = 0. En vertu de la condition am = e
et, par hypothèse, an = e. En vertu de (1), il s’ensuit que
an = a w .cf = (am)q-ar = aT = e.
Vu que O (û) = m e t 0 < r < m , il s’ensuit de ar = e que r = 0,
c’est-à-dire que m divise n.
326 G ROUPES [CH. X

Supposons maintenant que m divise n et démontrons que an = e,


m divisant n, on a n = mk pour un certain entier k. Donc, an =
= amh = (am)k = ek = ey c’est-à-dire a11 = e. □
P r o p o s i t i o n 3.2. Soit a un élément du groupe multiplicatif muni
d'un ordre fini m. L'égalité aT = a*, où r et s sont des entiers, se vérifie
si et seulement si m divise r — s.
D é m o n s t r a t i o n . L’égalité ar = a* a lieu si et seule­
ment si ar“* = e. Selon le théorème 3.1, ar~a = e si et seulement si
m divise r — s. Par conséquent, ar = a* si et seulement si m divise
r — s.
C o ro lla ire 3.3. Soit a un élément du groupe multiplicatif muni
d'un ordre fini m. Soient r e ts des entiers ; r = r + mZ et s = s + mZ
sont des classes résiduelles modulo m. L'égalité aT = a* est vérifiée
si et seulement si r = s.
C o ro lla ire 3.4. Soit a un élément du groupe multiplicatif muni
d'un ordre fini m. Les éléments e (= a0), a, a2, . . ., am~l sont alors
distincts.
P r o p o s i t i o n 3.5. Soient a un élément du groupe multiplicatif
d'ordre infini et r, s des entiers. L'égalité ar = a* a lieu si et seulement
si r = s.
D é m o n s t r a t i o n . De l’égalité r = s s’ensuit apparemment
l ’égalité ar = a*. Posons que ar = as. Si r s, par exemple, si
r > s, alors aT~5 — e et r — s =^= 0. C’est impossible, vu que, par
hypothèse, l’élément a possède un ordre infini. Donc, r = s. □
Groupes cycliques. On donne plus loin la description des grou­
pes cycliques.
D é f i n i t i o n . Un groupe multiplicatif (additif) est dit cyclique
si l’ensemble de base du groupe est composé de puissances (multiples)
d ’un élément quelconque du groupe ; cet élément est appelé élément
générateur du groupe.
E x e m p l e s . 1. Soit 2 = (Z, + , —> un groupe additif des
entiers. Chaque élément du groupe est multiple de 1 (ou (—1)).
Par conséquent, 2 est un groupe cyclique à élément générateur 1
(ou (—1)).
2. Le groupe de superpositions sur lui-même d’un polygone ré­
gulier de m angles est un groupe cyclique d’ordre m. Une rotation de
2ji/m d’un polygone de m angles autour du centre est un élément
générateur de ce groupe.
3. Soient m un entier positif, k = k + mZ et Zm = {0, 1, . . .
. . ., m — 1} un ensemble de toutes les classes résiduelles modulo
m. L’opération d’addition -f et l’opération singulaire — se définis­
sent ainsi:

A:-f $ = £ + $, —(*) = ( — *) = (m —A:).


§ 3] G R O U P E S C Y C L IQ U E S 327

L'opération d'addition est associative et commutative. 0 est l'élé­


ment neutre par rapport à l’addition des classes et k + (—A:) = 0 .
Par conséquent, l'algèbre Z m = (Zm, + , —> est un groupe commu­
tatif d’ordre m. C’est un groupe cyclique à élément générateur 1.
Le groupe Z mest appelé groupe additif des classes résiduelles modulo m.
Theorême 3.6. Si Vélément générateur d'un groupe cyclique est
muni d% un ordre infini, Ze groupe est alors isomorphe au groupe additif
des entiers. Mais si Vélément générateur du groupe cyclique possède
un ordre fini m, le groupe est alors isomorphe au groupe additif des classes
résiduelles modulo m.
D é m o n s t r a t i o n . Soit S = (G, -, un groupe multi­
plicatif cyclique à élément générateur a, c’est-à-dire que G =
Soit Z = (Z, + , —) un groupe additif des entiers
et Z = (Zm, + , —> un groupe additif des classes résiduelles modu­
lo m.
Premier cas: O (a) = oo. Dans ce cas, en vertu de la proposition
3.5, toutes les puissances entières de l’élément générateur a sont dis­
tinctes. Donc, l’application / de l’ensemble G sur Z telle que / (an) =
= n pour tout n entier est injective. L’application / respecte les
opérations principales du groupe S car pour tous entiers n et s:
f (ana*) = / («»+•) = n + s = f (an) 4- / («•),
/ (a-») = - » = - / (a")•
Par conséquent, / est une application isomorphe du groupe S sur
le groupe Z.
Second cas: O (a) = m, l’élément a est muni d’un ordre fini m.
Montrons que dans ce cas le groupe S est isomorphe au groupe Z m.
Démontrons que G = {e, a, a2, . . ., a”1*1}. Soit ak un élément quel­
conque de G. Selon le théorème de division avec reste, il existe pour
les nombres A: et m des entiers q et r tels que
k = mq + r, 0 ^ r < m.
11 s’ensuit que
ah = a!nqaT = aT Ç {e, a, . . ., a77*"1} ;
par conséquent,
G = {e, a, . . ., a”1"1}.
Considérons l’application q) de l’ensemble G sur l’ensemble Zm:
Zm = {0, T, . . ., m — 1} telle que
<p (ak) = k pour k = 0, 1, . . ., m — 1.
En vertu de la proposition 3.2, (p est une application injective de
l ’ensemble G sur Zm. En outre, cp respecte les opérations principales
328 GROUPES [CH. X

du groupe de sorte que


<p (<aka9) = cp (a*+J) = A+ s = A+ s =j p (a*) + <p(a*),
<p (a~h) = m — f t = — (k).

Par conséquent, (p est une application isomorphe du groupe S sur


le groupe %m. □
Sous-groupes du groupe cyclique. Montrons que tout sous-groupe
du groupe cyclique est aussi cyclique.
Theorême 3.7. Tout sous-groupe du groupe cyclique est un groupe
cyclique.
D é m o n s t r a t i o n . Soit un groupe multiplicatif cycli­
que à élément générateur a. Soit SB le sous-groupe du groupe S .
Le théorème est apparemment viai si H ne comprend qu'un seul
élément. Supposons que H comprend plus d'un élément. Le sous-
groupe SB contient au moins une puissance positive de l’élément
a car, autrement, si a~k 6 H , alors (a~k)-1 = ak £ H. Soit a5 un
élément de H avec un plus petit exposant positif de la puissance $.
Tout élément de H est un élément de l'aspect ak. Si et1 Ç H f
alors s divise k. En effet, selon le théorème de division avec
reste (théorème 4.4.4) il existe pour les nombres k et s des entiers
q et r tels que
(1) k = sq + r et 0 ^ r < s.
En raison de (1), ar = ak~iq = ak (a*)"* Ç H . Comme ar £ H et
0 ^ r < s, en vertu du choix du nombre s, r = 0 ; donc k = sq.
L'ensemble H est ainsi composé de puissances de l'élément a9.
Par conséquent, SB est un groupe cyclique à élément générateur
a9. □

Exercices
1. Chercher tous les sous-groupes du groupe additif X de tous les entiers.
2. Chercher tous les sous-groupes du groupe cyclique d*ordre 12.
3. Chercher tous les sous-groupes du groupe cyclique d'ordre 24.
4. Démontrer qu'un groupe fini d'ordre simple est cyclique et que son élé­
ment quelconque, différent de l'élément neutre, est l'élément générateur.
5. Démontrer qu'il existe des groupes cycliques d'ordre arbitraire.
6. Démontrer que l'ordre d'un élément quelconque d'un groupe fini est
un diviseur de l'ordre du groupe.
7. Soient m et n des nombres naturels premiers entre eux. Montrer que
dans un groupe abélien multiplicatif le produit d'un élément a d'ordre m par
un élément b d'ordre n est un élément d'ordre mn.
8. Montrer que tout groupe d'ordre 15 est cyclique.
9. Soit $ un groupe multiplicatif des racines de 1 (racines de puissance n
pour des nombres naturels quelconques n > 0). Montrer que pour tout nombre
naturel m différent de zéro le groupe % ne possède qu'un seul sous-groupe
d'ordre m et que chacun de ces sous-groupes est cyclique.
§«] DIVISEURS NORMAUX ET GROUPES QUOTIENTS 329*

§ 4. Diviseurs normaux et groupes quotients


Diviseurs normaux du groupe. Soit SB un sous-groupe du groupe S .
Une question se pose tout naturellement: à quelles conditions les-
partitions de l’ensemble G en classes à droite et à gauche suivant
le sous-groupe SB coïncident? Les sous-groupes munis de ces proprié­
tés sont distingués au moyen de la définition suivante.
D éfinition . Un sous-groupe SB du groupe S est appelé diviseur
normal du groupe S si g~xhg 6 H pour tout élément g de G et tout
élément h de H.
La notation SB signifie que SB est un diviseur normal dm
groupe S .
E x e m p l e s . 1. Soient éPn un groupe symétrique des permu­
tations de degré n et J ln son sous-groupe de toutes les permutations-
paires. Alors Jkn < &*.•
2. Tout sous-groupe d’un groupe abélien est son diviseur normal.
3. Soient S un groupe multiplicatif des matrices inversibles-
n X n sur le corps jF et SB un sous-groupe des matrices dont les-
déterminants sont égaux à l’unité. Alors SB
Voyons quelques propriétés des diviseurs normaux du groupe.
P ropriété 4.1. Le sous-groupe SB du groupe S est un diviseur-
normal du groupe 3 si et seulement si chaque classe à droite du groupe-
S suivant le sous-groupe SB est également une classe à gauche.
D é m o n s t r a t i o n . Posons
(1) m < s ,
et démontrons que
(2) H g = gH pour tout g de G.
En vertu de (1), g~lhg £ H pour tout h de H. Aussi a-t-on hg £ g/T
et Hg œ. gH. Ensuite, en vertu de (1), (g-1 ) -1 hg~l Ç H. Par consé­
quent, gH 6 Hg pour tout h de H, c’est-à-dire on est en présence-
d’une inclusion gH cz Hg. Ainsi, de (1) découle (2).
Supposons maintenant qu’est satisfaite la condition (2). Alors,,
pour tout h Ç H il existe un hx 6 H tel que hg = gby. Par consé­
quent, g-'hg Ç H pour tout g 6 G et tout h £ H , c’est-à-dire SB <\ S.
Donc, de (2) s’ensuit (1). □
Propriété 4.2. Soient J t un sous-groupe du groupe SB étant
un sous-groupe du groupe "S et j t < ÿ ; alors J t <\ SB.
D é m o n s t r a t i o n . Soient a et b des éléments quelconques
de | £ | et | SB \ respectivement. Alors, h~xah 6 ( jé |, car, par
hypothèse, j t <\ ÿ . Donc, j t <\ SB. □
P ropriété 4.3. Une intersection de toute collection de diviseurs-.
normaux du groupe S est un diviseur normal du groupe ÿ .
D é m o n s t r a t i o n . Soient j t <3 SB et SB < S . Alors-
SB est un sous-groupe du groupe 13. Si c Ç : \À \{ \\S B [ <
330 G ROUPES [CH. X

et g Ç G, alors
g-'cg € I ** I, r 1** 6 I« K
vu que Jt et $}, par hypothèse, sont des diviseurs normaux du
groupe Donc, g~lcg 6 | ^ | f l \ BB \ ei Jt [] BB <\ S.
De fa<;on analogue, on démontre que la propriété 4.3 joue pour
toute collection de diviseurs normaux du groupe ÿ . □
Groupe quotient. Soient S = (G, -, -1} un groupe multipli­
catif et A , fi ci G. Définissons le produit A -B d'ensembles A et fi
par la formule
A -B = {x-y 1*6 A , y 6 fi}.
P roposition 4.1. Soient SB un diviseur normal du groupe S
.et GUI Vensemble de toutes les classes du groupe S suivant le sous-
groupe SB- Le produit de deux classes quelconques du groupe & sui­
vant SB est une classe suivant un sous-groupe. De plus,
H a-H b = Hab.
D é m o n s t r a t i o n . Soient ha et hxb, où h, hx 6 fi, des
éléments quelconques de Ha et Hb respectivement. Dans, ce cas,
ahxa~l 6 fi puisque SB <1 S . Donc,
ha-hxb — h (<ahja"1) ab 6 H ab;
par conséquent, (Ha)-(Hb) c: Hab.
Démontrons l'inclusion inverse. Soit hab 6 Hab. Alors hab —
= (ha) b 6 Ha-H b. Donc Hab c (H a)-(H b); par conséquent,
(Ha)-(Hb) = Hab. □
Définissons sur l'ensemble G/fi les opérations • et ”l par les
formules
(fia)- (Hb) = fia i, (Ha)-1 = Ha~l
et considérons l’algèbre
S/SB = (G/fi, -, - 1).
T héorème 4.2. Soit SB un diviseur normal du groupe S =
= (G, -, ~l ). L'algèbre 31SB = (G/fi, -, -1> est un groupe.
D é m o n s t r a t i o n . Soient fia, Hb 6 G/fi. Les opérations
dans GUI sont définies par les égalités
(1) (H a)-(H b) = Hab, (Ha)-1 = fia "1.
L’opération de multiplication des classes suivant un sous-groupe
est associative. En effet, si A = Ha, B = Hb, C = fie, alors, en
vertu de (1 ),
A-(B-C) = (Ha)-(Hbc) = fiaèc,
(A-fi)-C = (Hab)-(Hc) = Habc.
Donc, A (fiC) = (AB) C pour tous A , B, C de G/fi.
$ 4] D I V I S E U R S N O R M A U X E T G R O U P E S Q U O T IE N T S 331

L’élément H de GIH est un élément unité par rapport à la mul­


tiplication, car A -H = Ha-He — Ha = A , c’est-à-dire que A -H =
= A pour tout A de GUI. En vertu de (1), A -A ~ l = Ha-Ha~l =
= H aa'1 = H pour tout élément A de GIH. Par conséquent, l’algè­
bre S lS ê est un groupe. □
D éfinition . L’algèbre est dite groupe quotient du groupe
S suivant le sous-groupe q%.
E x e m p l e s . 1 . Soient Z un groupe additif des entiers, m un
nombre naturel fixé et k = k + mZ.
Alors,
Z/mZ = {0, 1, . . ., m — 1},
k + n = k + h, —(A) = (—k) — m — k.
L ’algèbre Z/mZ = (Z/mZ, + , — ) est un groupe quotient du
groupe Z suivant le sous-groupe mZ.
2. Soient c fn un groupe symétrique des permutations de degré
n ( n > 1) et J tn son sous-groupe des permutations paires. Alors,
le groupe quotient Jjbn est un groupe cyclique de deuxième ordre,
vu que S J A n = (An, yina}, où a est une certaine permutation
impaire.
Noyau d’un homomorphisme. Soient S = (G, et W = (G',
o, ”l ) des groupes multiplicatifs.
D éfinition . Soit <p un homomorphisme du groupe S dans le
groupe On appelle noyau d'un homomorphisme cp l’ensemble
Ker cp = {x £ G | cp (x) = e },
où e' est l’unité du groupe .9'.
L’ensemble Ker cp n’est pas vide, car cp (e) = e . L’ensemble
Ker cp est fermé dans le groupe S vu que pour tous a, b de Ker cp
on a
cp (a-b) = cp (a) o cp (6 ) = e ©ë = e ;
cp (a-1) = (cp (a) ) " 1 = (e’)-1 = e',
c ’est-à-dire a-b et a -1 appartiennent à l’ensemble Ker cp.
D éfinition . Un sous-groupe ÿ avec ensemble de base Ker cp,
où cp est un homomorphisme du groupe £?, sera noté ffler cp:
ifCer cp = (Ker cp, -, ~l )
et on l’appellera groupe du noyau d'un homomorphisme cp ou simple­
ment noyau cp.
P roposition 4.3. Si cp est un homomorphisme du groupe S dans
le groupe alors M'er cp est un diviseur normal du groupe ÿ .
D é m o n s t r a t i o n . On a montré plus haut que l’ensemble
Ker cp est fermé relativement aux opérations principales du groupe
332 GROUPES [CH. X

3 . En outre, pour tout £ de G et tout h de Ker <p on a


9 (r'h g ) = 9 (g'1) • «' «> (g) = 9 (g~*eg) = 9 («) —
c’est-à-dire g~xhg £ Ker 9 . Par conséquent, &Cer 9 est un diviseur
normal du groupe 3 .
Proposition 4.4. Soit 9 un homomorphisme du groupe 3 dans
le groupe 3 ' avec noyau SB = CH, -, -1>. Pour tous a, h de G, si
q> (a) = cp (b), on a Ha = ffb.
D é m o n s t r a t i o n . 9 étant un homomorphisme et 9 (a) =
= 9 (b), on a
9 (ab-1) = 9 (a)o 9 (Ér1) = 9 (a) o (9 (b ))-1 =
= 9 (a) « (9 (a))-1 = e'~
Par conséquent, a-b~l £ H et Ha = Hb. □
Théorème des homomorphismes. Dans la théorie des groupes le
théorème suivant sur les homomorphismes est un des principaux.
Theorem e 4.5. Soit f un homomorphisme du groupe 3 sur le
groupe 3 ‘ avec noyau SB- Le groupe quotient 31SB est alors isomorphe
au groupe 3 ‘.
D é m o n s t r a t i o n . Soient SB = GKerf et H = K e r/. Soit
G = G/H l’ensemble de toutes les classes du groupe 3 suivant le
sous-groupe SB- Considérons l’application
9 : GIH G',
définie de la façon suivante:
(1) 9 (Ha) = j(a) pour toute classe suivant un sous-groupe Ha
de G.
Vu que Ker / = H, la valeur de 9 (Ha) ne dépend pas du choix
du représentant, de a dans la classe suivant un sous-groupe Ha.
L’application 9 respecte l’opération de multiplication dans le
groupe 3!SBi car
9 (Ha-H b) = 9 (Hab) = / (ab) = f (a)-f (b) = 9 (Ha) 9 (Hb).
Donc, selon le théorème 3.3.1, 9 est un homomorphisme du groupe
3!SB dans le groupe 3 '.
Par hypothèse, / est une application de G sur G'. En vertu de
(1), il s’ensuit que 9 est une application de GIH sur G'. L ’application
9 est injective. En effet, en vertu de (1), de l’égalité 9 (Ha) = 9 (Hb)
il s’ensuit que / (a) = / (6 ) ; selon la proposition 4.4, il s’ensuit
que Ha = Hb. Bref, on a établi que 9 est une application injective
de GIH sur G'. Par conséquent, 9 est un homomorphisme du groupe
quotient 3*SB sur le groupe 3 ’. □
* *] D I V I S E U R S N O R M A U X E T G R O U P E S Q U O T IE N T S 333

Exercices
1. Démontrer que tout groupe quotient d’un groupe additif X des entiers
•est cyclique.
2. Chercher tous les groupes quotients d’un groupe cyclique d’ordre 12.
3. Démontrer que tout groupe quotient d ’un groupe cyclique est cyclique.
4. Démontrer qu’un groupe quotient d ’un groupe symétrique n de per­
m utations de degré n suivant le sou&groupe ,d n de tou os les permutations
paires est un groupe cyclique de deuxieme ordre.
5. Démontrer que le groupe additif X des entiers est isomorphe au groupe
-additif 2X des nombres pairs.
6. Démontrer que le groupe additif de tous les nombres complexes est iso­
morphe au groupe additif de tous les vecteurs du plan.
7. Soit $ un groupe des permutations. Considérons l’application h du
groupe ÿ dans le groupe m ultiplicatif des nombres + 1 et —1 associant chaque
permutation t de ÿ à sa signature sgn t . Montrer que h est un homomorphisme.
8. Montrer que le groupe m ultiplicatif des racines m-ièmes de 1 est iso­
morphe au groupe additif Z m des classes résiduelles modulo m.
9. Soient % le groupe m ultiplicatif des matrices inversibles et réelles
n X n et le groupe m ultiplicatif des nombres réels différents de zéro. Soit
h l ’application de S dans .%* associant chaque élément g du groupe ÿ au
déterm inant | g | . Démontrer que h est un homomorphisme dont le noyau est
le sous-groupe du groupe ÿ de toutes les matrices n X n avec déterminants
égaux à 1.
10. Soient zR. un groupe additif des nombres réels et &C un groupe m ulti­
plicatif des nombres complexes dont le module vaut 1. Démontrer que l ’appli­
cation / de l’ensemble R dans K définie par la formule / ( x ) = cos 2nx +
+ / sin 2nx est un homomorphisme du groupe dï sur le groupe oVC avec noyau Z.
11. Soient (SL un groupe additif des nombres rationnels et Z un groupe
additif des entiers. Montrer que chaque élément du groupe quotient (£/£ pos­
sède un ordre fini. Démontrer que pour tout n naturel différent de zéro, ( S il Z
ne possède qu’un sous-groupe d’ordre n et que chacun de ces sous-groupes est
cyclique.
CHAPITRE XI

TH ÉORIE DE D IV ISIBILITÉ DANS L’ANNEAU


DES ENTIERS

§ 1. Décomposition des entiers en facteurs premiers


Idéaux d’un anneau des entiers. Introduisons la notion d’idéal-
D éfinition . Un ensemble non vide / des entiers est appelé
idéal d'un anneau % des entiers s’il est fermé par rapport à l’addi­
tion et à la multiplication sur tous entiers, c’est-à-dire si a -f br
ma Ç Z pour tous a, 6 Ç / et tout mÇZ.
Il s’ensuit de la définition que tout idéal / est fermé par rapport
à la soustraction et, partant, contient le nombre zéro.
Soit n un entier fixé quelconque. On vérifie sans peine que l’en­
semble nZ, nZ = {nx \ x £ Z}, est un idéal de l’anneau 2 . Cet
idéal est appelé idéal principal engendré par le nombre n. L’idéal
0-Z n’est composé que d’un zéro et est appelé idéal nul. On voit
aisément que nZ = (—n) Z. L’idéal engendré par le nombre n est
également noté (n).
T héorème 1.1. Chaque idéal d'un anneau des entiers est principal.
Si I est un idéal non nul de Vanneau % et d ie plus petit nombre positif
contenu dans / , l'ensemble I est strictement composé de nombres mul­
tiples de d, c'est-à-dire I = dZ.
D é m o n s t r a t i o n . L’idéal nul est apparemment un idéal
principal engendré par un zéro. Soit / un idéal non nul, c’est-à-dire
comprenant au moins un nombre a différent de zéro. Alors, a, —a £
Ç / et l’un de ces nombres est positif. Soit d le plus petit nombre posi­
tif contenu dans / . L’idéal / comprend tous les multiples de d,
c’est-à-dire dZ ci / . U faut aussi montrer que tout nombre c de I
est multiple de d. A cette fin, divisons c par d avec reste:
c = dq -f r, 0 ^ r < d, g, r Ç Z.
Comme c et dq appartiennent à l’idéal / , on a c — dq = r Ç /. Le
cas de r > 0 est impossible, vu qur d est le plus petit nombre positif
contenu dans / . Par conséquent, r = 0 et c = dq. Ainsi, l’idéal I
est strictement composé des multiples de d, / = dZ. □
Nombres premiers. L’entier p est dit premier s’il est différent
de zéro et de ± 1 et n’a pour diviseurs que ± 1 et ± p . Un entier a
différent de zéro et de ± 1 et possédant outre ± 1 et ± a d’autres
diviseurs est appelé nombre composé.
§ 1] D É C O M P O S IT IO N D E S E N T IE R S E N F A C T E U R S P R E M IE R S 335

Une vérification directe montre que les premiers facteurs pre­


miers positifs sont
2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29;
les premiers facteurs premiers négatifs sont
- 2 , —3, - 5 , - 7 , - 1 1 , - 1 3 , - 1 7 , - 1 9 , - 2 3 , - 2 9 .
Factorisation des nombres entiers. Les entiers a et b sont dits
premiers entre eux si tout diviseur commun de ces derniers vaut
+ 1 ou —1 .
P roposition 1.2. Si des entiers a et b sont premiers entre euxr
il existe alors des entiers u, u tels que au + bv = 1 .
D é m o n s t r a t i o n . Considérons l'ensemble
/ = {ax + by | x, y Ç Z}.
On voit sans peine que cet ensemble n’est pas vide et est fermé par
rapport à l’addition et à la multiplication par des entiers. / est
donc un idéal de l’anneau 2 des entiers. L’ensemble I comprend
le nombre a, a = a -1 + 6 - 0 et le nombre b: b = a - 0 -f b-i.
L’ensemble / contient des nombres positifs, car a et b sont premiers
entre eux et, par suite, l’un au moins de ces nombres est différent
de zéro. Notons d le plus petit nombre naturel positif appartenant
à l’ensemble / . Alors, par définition de l’ensemble / , il existe des
entiers n, v tels que au + bu = d. Selon le théorème 4.4.5, d est
un commun diviseur des nombres a et b. a et b étant premiers entre
eux et d > 0,’ il s’ensuit que d = 1. Ainsi, au + bu = 1. □
T heorême 1.3. Si le produit de deux entiers se divise par un nombre
premier p , alors un au moins des facteurs admet p pour diviseur.
D é m o n s t r a t i o n . Soit ab le produit des nombres entiers
admettant p pour diviseur, a ne se divisant pas par p. a et p sont
alors premiers entre eux. Selon la proposition 1.2, il existe des
entiers u, v tels que au + pv = 1 , d’où
abu + pbv = b.
ab se divisant par p il s’ensuit que abu + pbv se divise par p, c’est-à-
dire b admet p pour diviseur. □
T heoreme 1.4. Si un produit de plusieurs entiers se divise par un
nombre premier p, un au moins de ses facteurs admet alors p pour
diviseur.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur le nombre
des facteurs en s’appuyant sur le théorème 1.3). Supposons que le
théorème est vrai pour n facteurs. Soit p | (a, . . . an-an+1); donc,
p | (ax . . . an) o„+1. Selon le théorème 1.3, un au moins des deux
nombres ax . . . a* et a n + 1 se divise par p. Si a n + 1 ne se divise pas
par p, le produit ax . . . a„, par contre, se divise par p. Par consé­
quent, selon l’hypothèse de récurrence, un au moins des nombres
ax . . . an se divise par p. □
•336 THEORIE DE PIY ISIB IU TB DANS L’ANNBAP DES ENTIERS [CH. XX

Théorèm e 1.5. Tout entier positif différent de 1 peut être repré­


senté sous forme de produit de facteurs premiers positifs. Cette repré­
sentation est unique à l'ordre des facteurs pris.
D é m o n s t r a t i o n . Soit a un entier positif différent de 1.
Démontrons !;i représentabilité de a sous forme de produit de fac­
teurs premiers positifs en admettant que cette proposition est vraie
pour tous les entiers positifs autres que 1 et inférieurs à a. Si a est
premier, la proposition est vraie. Si a est un nombre composé, on
peut le représenter sous forme de produit bc des entiers b, c infé­
rieurs à a et supérieurs à l ’unité. Selon l’hypothèse de récurrence,
-b et c peuvent être représentés sous forme de produit des facteurs
premiers positifs:
b —Pi . . . Pn C — Pr+l • » • Pm•
En portant ces factorisations dans l’égalité a = bc, on aboutit à la
représentation du nombre a
a = Pi . . . PrPr+l . . . Pm
sous forme d’un produit de facteurs premiers positifs.
Démontrons l’unicité de cette représentation en nous servant de
la méthode de récurrence. Si a est premier, alors l’unicité de la repré­
sentation découle apparemment de la définition du nombre premier.
Supposons que pour tous nombres inférieurs à a l’unicité de la repré­
sentation est respectée, a étant supposé composé, considérons deux
représentations quelconques du nombre a sous forme de produit de
facteurs premiers positifs:
(1) a — Pi . . . p m = . . . qn.
Vu que pi | qt . . . qn, selon le théorème 1.4, au moins un des fac­
teurs qi . . . qn est divisible par pour un numérotage adéquat,
on peut admettre que pi | qx. Puisque px et qx sont des facteurs pre­
miers positifs, il s’ensuit que p x = qt. En simplifiant les deux
membres de l’égalité (1 ) par p x et en posant a/px = a,, il vient
®1 = Pt ••• Pm = ?l • • • ?»•
Comme le nombre Oj est inférieur à a, par hypothèse de récurrence,
a1 possède une représentation unique sous forme de produit de fac­
teurs premiers positifs ; donc, m = n et, pour un numérotage adé­
quat, Pt — qt , . . ., p m = 9m* Le nombre a possède ainsi une
représentation unique sous forme de produit de facteurs premiers
positifs. □
C o r o lla ir e 1.6. Tout entier c différent de zéro et de ± i se repré­
sente de façon unique sous forme du produit
(1) c = ePi . . . Pm»
où p i . . . p m sont des nombres premiers positifs et e = ± 1 .
5 *] D É C O M P O S IT IO N D E S E N T I E R S E N F A C T E U R S P R E M IE R S 337

Dans la représentation (1) peuvent apparaître des nombres pre­


miers identiques. Si Ton réunit des facteurs premiers identiques
dans la représentation (1 ) et l’on modifie, si nécessaire, le numéro­
tage, on peut représenter (1 ) sous la forme
(2) c = ep«ip«* . . . p**,
où Pi, . . ., p8 sont des nombres premiers distincts, e = ± 1 et
> 0 pour i = 1, 2, . . ., s. La représentation d’un entier (diffé­
rent de zéro) sous forme (2 ) est appelée sa factorisation canonique.
Diviseurs d’un nombre entier. En connaissant la factorisation
canonique d’un nombre naturel, on est en mesure de décrire les
diviseurs de ce nombre.
P roposition 1.7. Soient n un nombre naturel et
(1) n = P*1’PÎ* ••• P*»
sa factorisation canonique. A lors, chaque diviseur naturel d du nombre
n peut être écrit sous forme
(2) d = pjip** . . . pj»,
où 6 1 sont des entiers satisfaisant aux conditions
(3) 6 i 6 {0, 1, • • •, ai} pour i = 1 , 2 , . . s.
D é m o n s t r a t i o n . Soit d un diviseur naturel quelconque
du nombre n. Etant donné que chaque diviseur premier du nombre
d est un diviséur du nombre n, dans la factorisation de d, en raison
de (1 ), on ne peut rencontrer que des nombres de l’ensemble (plf . . .
. . ., p*}. Aussi le nombre d peut-il être représenté sous forme (2),
les exposants 5/ satisfaisant aux conditions (3).
D’autre part, si d acquiert la représentation (2) et les exposants
0/ satisfont aux conditions (3), on a
n = d (p « i-fli . . . p“*”8*) (at —8 ,> 0 ),
c’est-à-dire d est un diviseur naturel du nombre n.
Nombre et somme des diviseurs naturels d’un nombre. La propo­
sition 1.7 permet de calculer le nombre et la somme des diviseurs
naturels d’un nombre.
P roposition 1.8. Soit n = p ? 1 . . . p f8 la factorisation cano­
nique du nombre naturel n. A lors le nombre t (n) des diviseurs naturels
du nombre n s'exprime par la formule x (n) = (ax + 1 ) . . . (a 8 + 1 ).
D é m o n s t r a t i o n . Selon la proposition 1.7, tout diviseur
naturel d du nombre n peut être représenté sous forme
d — p ?1 . . . pî*.

(3) 6i 6 {0, 1, . . . . a,} pour i = 1, 2 , . . ., s.
2 2 -0 1 7 6 2
338 THEORIE DE D IV ISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. X I

Aussi pour trouver le nombre de tous les diviseurs naturels du nom­


bre n suffit-il de calculer le nombre de toutes les collections ordon­
nées ôl7 . . ., ô, satisfaisant aux conditions (3). En raison de (3) ô|
peut prendre a* + 1 valeurs, les choix des différentes valeurs de
fin . . fi, étant indépendants l’un do l’autre et, en vertu de l ’uni­
cité de la factorisation, à des collections différentes correspondent
des diviseurs n distincts. Par conséquent, le nombre de tous les
diviseurs naturels du nombre n vaut (at + 1 ) . . . (a, + 1 ).
E x e m p l e s . 1. Soit n = 180. Alors, 180 = 22 -32*5 et
t (180) = ( 2 + 1 ) ( 2 + 1 ) (1 + 1 ) = 18.

2. Soit n = 60. Alors, 60 = 22 *3*5 et


t (60) = ( 2 + 1 ) (1 + 1 ) (1 + 1 ) = 1 2 .
P rop osition 1.9. Soit n = p®1 . . . la factorisation cano­
nique du nombre naturel n. La somme a (n) de tous les diviseurs naturels
du nombre n s'exprime alors par la formule
Pa . + 1 - 1
a{n) =
P®1+1 — 1 A
(4)
Pi— 1 P s-i •
D é m o n s t r a t i o n . Selon la proposition 1.7, chaque divi­
seur du nombre n prend la forme p ®1 . . . p$* et
(5) o (n )= S p«i...p®
ôi6{0. 1.........a,) *
àse{0. 1 ...... a,)
On voit aisément que chaque terme de la somme dans (5) se ren­
contre exactement une fois après suppression des parenthèses du
produit
(6) (1 + Pi + • • • + P?1) • • • (1 + Ps + - • • 4* P?*)»
La somme (5) est donc égale au produit (6 ). Chaque facteur étant
une somme des termes d’une progression géométrique, le produit
(6 ) vaut

p i- i ••• p. - i •
t a formule (4) est donc vérifiée. □
E x e m p l e . Soit n = 60. Alors n — 22 *3*5 et

a ( ^ - W ‘- | = f - T = f - 7-4 -6 - 168.
Ensemble infini des nombres premiers. Le théorème suivant a
été démontré par Euclide.
T h e o r e m e 1.10. Un ensemble des nombres premiers positifs est
infini.
§ i] D É C O M P O S IT IO N D E S E N T IE R S EN F A C T E U R S P R E M IE R S 339

D é m o n s t r a t i o n . Montrons que pour chaque ensemble


fini donné des nombres premiers positifs piy . . ., pn il existe un
nombre premier positif différent de tous les nombre* de cet ensemble.
A cette fin, considérons le nombre

« = Pi'Pz • • • Pn + 1-
a étant un nombre naturel supérieur à l’unité, selon le théorème 1 .5 ,
on peut le décomposer en un produit de facteurs premiers positifs
et, de ce fait, il a au moins un diviseur premier positif p. Ce diviseur
diffère de Pi-p2, • • -, Pm car, dans le cas contraire, p | pt . . .
• • • Pn» p | a et la différence a - p rp * . . . pn = 1 se diviserait
par p, or c’est impossible. Par conséquent, l ’ensemble de tous les
premiers est infini. □
Crible d’Eratosthène. Etudions la méthode d’obtention des pre­
miers positifs ne dépassant pas un nombre donné.
P roposition 1.11. Un nombre composé positif a possède au moins
un diviseur premier positif ne dépassant pas Y a•
D é m o n s t r a t i o n . Parmi les diviseurs positifs du nombre a
différents de l ’unité il existe un plus petit; désignons-le par p.
Si le nombre p était composé, il comporterait un diviseur positif g
satisfaisant aux conditions l < g < p . Dans ce cas le nombre g
serait un diviseur positif du nombre a inférieur à p, ce qui est en
contradiction avec le choix du nombre p. Donc, p est un nombre
premier. Si a = p 6 , alors b ^ p. En multipliant membre à membre
a = pb et b ^ p et en simplifiant par b, on obtient a ^ p 2 et p ^
^ Y a.
P roposition 1.12. Si un nombre positif a différent de l'unité
ne se divise par aucun nombre premier positif ne dépassant pas Y~&i
il est alors premier.
Cette proposition découle directement de la proposition 1 . 1 1 .
Il existe une méthode simple de construction du tableau des nom­
bres premiers positifs ne dépassant pas un entier donné. Cette mé­
thode porte le nom de crible d'Eratosthène.
Supposons qu’il s’agit de trouver tous les premiers positifs ne
dépassant pas un nombre naturel a. A cette fin, écrivons la suite
de tous les nombres naturels de 2 à a: 2, 3, 4, . . ., a. Dans cette
suite rayons chaque deuxième nombre après 2. Le premier nombre
non supprimé est le nombre premier 3. Ensuite, biffons chaque
troisième nombre après 3 (en comptant les nombres déjà rayés).
Le premier nombre suivant 3 non biffé est le nombre premier 5.
Eliminons chaque cinquième nombre après 5, etc. On continuera
cette élimination tant qu’on n’atteigne le premier nombre premier
non inférieur à / a . En vertu de la proposition 1.12, tous les nom­
bres non rayés seront des premiers positifs ne dépassant pas a.
22 *
340 THÉORIE ü E DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

E x e m p l e . Construisons le tableau des premiers positifs


ne dépassant pas 50. A cette fin écrivons les nombres naturels de 2
à 50 et procédons aux éliminations jusqu’à la rencontre du premier
nombre supérieur ou égal à Y § 0 , c’est-à-dire jusqu’à 1 1 (les nom­
bres rayés sont en caractères non gras) :
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43
44 45 46 47 48 49 50
Barrons dans cette suite chaque deuxième nombre après 2,
ensuite chaque troisième après 3, ensuite chaque cinquième nombre
après 5 et, enfin, chaque septième après le nombre 7. Tous les nom­
bres restants seront premiers. On obtient ainsi le tableau suivant
de la suite des nombres premiers positifs inférieurs à 50:
2, 3, 5, 7, 1 1 , 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47

Exercices
1. Montrer que pour tout entier n le nombre n (n + 1) (n + 2) est divi­
sible par 6.
2. Montrer que pour tout entier n le nombre n (n + 1) (2n + 1) est divi­
sible par 6.
3. Soient m et n des entiers premiers entre eux. Montrer que sont premiers
entre eux les nombres suivants: m et m + nt m et m — n, m + n et 2m + n.
4. Soient a, 6, c, d des entiers positifs et a/5, c/d des fractions irréducti­
bles. Montrer que si a/b = c/d, alors a = c et b = d.
5. Montrer que si 2n + 1 est un nombre premier, alors n = 2m.
6. Montrer que si 2n — 1 est un nombre premier, alors n est premier.
7. Soient a et n des entiers positifs, a > 1. Démontrer que si an + 1 est
un nombre premier, alors n = 2m.
8. Factoriser le nombre 50!
1 1
9. Montrer qu’avec un nombre naturel n > l la somme 1 —
1 n
ne peut être un nombre entier.
10. Un nombre naturel est dit parfait s’il est égal à la moitié de la somme
de ses diviseurs positifs. Démontrer que tout nombre pair parfait est de la forme
2« (2n+1 — 1), où n 6 N, avec 2n *1 — 1 premier.

§ 2. Plus grand commun diviseur


et plus petit commun multiple
Plus grand commun diviseur. Un entier c est dit d i u i s e u r c o m ­
m u n d e s e n t i e r s a ly . . . , a n si c divise chacun de ces nombres.
D é f i n i t i o n . On appelle p l u s g r a n d c o m m u n d i u i s e u r d e s e n t i e r s
Ox, . . . , a n un commun diviseur divisible par tout commun divi­
seur de ces nombres. Des entiers a2, . . . , a n sont dits p r e m i e r s e n t r e
e u x si leur plus grand commun diviseur vaut l’unité.
P L U S G R A N D C O M M U N D IV IS E U R 341

Un plus grand commun diviseur des nombres. aly . . ., an est


noté PGCD (aly . . ., a*); un plus grand commun diviseur positif
de ces nombres est noté pgcd (a1, . . ., an).
Corollaire 2.1. Si d est un plus grand commun diviseur des
entiers aly . . ., an, Vensemble de tous les diviseurs communs de ces
nombres coïncident alors avec Vensemble de tous les diviseurs du nom­
bre d.
Corollaire 2.2. Deux quelconques plus grands communs divi­
seurs des entiers au . . ., sont associatifs, c'est-à-dire ne peuvent
différer que de signe. Si d est un plus grand commun diviseur des nom­
bres aly . . ., a7l, alors le nombre (—d) est également un plus grand
commun diviseur de ces nombres.
P roposition 2 .3 . Si a = [\ paP et b= [] p^p sont des facto-
p Ia pi b
risations canoniques des entiers positifs a et 6 , le nombre
d = [] («p* Pj>)
p Ia
p Ib
est alors le plus grand commun diviseur des nombres a et b.
D é m o n s t r a t i o n . Le nombre d est un diviseur de a comme
de b en vertu de la proposition 1.7, autrement dit, d est le commun
diviseur de a et b. Ensuite, si c est un commun diviseur quelconque
positif de a et b, en vertu de la proposition 1.7,
c = n pvp>
pl a
pl b
de plus, pour chaque diviseur de a et b, on a les inégalités yp ^ ocp,
Yp ^ Pp- Donc, c | d. Par conséquent, d est un plus grand commun
diviseur des nombres a et b. □
Soient aly . . ., an des entiers quelconques. Considérons l'en­
semble
(1) I = {kjOj + . . . + knan | /clt . . kn 6 Z}
de toutes les combinaisons linéaires entières des nombres alt . . .
. . On. On vérifie sans peine que cet ensemble est l’idéal de l’an­
neau %. Cet idéal est appelé idéal engendré par les nombres cx. . . .
. . <tn et noté (ax, . . a„).
T heorëme 2.4. Pour toute collection d'entiers ax, . . ., an il existe
un plus grand commun diviseur. Le nombre d est un plus grand com­
mun diviseur des nombres a1, . . ., an si et seulement si l'idéal (ctj, . . .
. . ., a^) est égal à l'idéal (d).
D é m o n s t r a t i o n . Si tous les nombres alt . . ., an sont
égaux à zéro, l’unique plus grand commun diviseur de ces nom­
bres est le nombre zéro.
342 THÉORIE DE DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

Supposons qu'au moins un des nombres al? . . ., a* est différent


de zéro. Considérons l'ensemble I de toutes les combinaisons linéaires
entières des nombres aXJ . . ., an. L'ensemble I comprend les nom­
bres asi s = 1 , . . ., n, car a8 = k^ + . . . + k*0 *, où k8 = 1
et ki = 0 pour s. Aussi l ’ensemble I comprend-il des nombres
différents de zéro. L’ensemble / est l’idéal de l’anneau des entiers
engendré par les nombres aly . . ., a*; / = (a^ . . ., a^). Selon le
théorème 4.4, chaque idéal de l’anneau % est principal et, par suite,
est composé de multiples d’un certain nombre entier d, I = dZ.
Démontrons que d est PGCD (a1? . . ., a*). Comme chaque élé­
ment de l ’ensemble / se divise par d, on a d | a* pour i = 1 , . . ., n,
c’est-à-dire que d est un diviseur commun des nombres ax, . . ., an.
Ensuite, comme d Ç / , selon (1 ), il existe des entiers kx, . . ., kn
tels que
d = k-y(li “{ " • • . “I"
Il s’ensuit que tout diviseur commun c des nombres alt . . ., an
est également un diviseur du nombre d. Ainsi, tout élément d engen­
drant l’idéal I = (al7 . . ., an) est un plus grand commun diviseur
des nombres ax, . . ., an. Il s’ensuit, en particulier de la démons­
tration, que toute collection finie des nombres ax, . . ., an possède
un plus grand commun diviseur.
Soient d' un quelconque plus grand commun diviseur des nom­
bres alt . . ., dn et d, comme toujours, un nombre engendrant l’idéal
J ; démontrons que (al7 . . ., a*) = (d'). Tous deux PGCD des
nombres ax, . . ., an sont associatifs, c’est-à-dire ne diffèrent que
par le signe. Par suite, d' = ± d . Donc, l’idéal (d') coïncide avec
l’idéal (d). Par conséquent, (aXJ . . ., a*) = (d'). □
L’analyse de la démonstration du théorème précédent permet
également de formuler le théorème suivant.
T h é o r è m e 2.5. Représentons le plus grand commun diviseur d des
entiers a l7 . . ., a* sous forme d'une combinaison linéaire entière de
ces nombres, c'est-à-dire sous forme d = kxax + . . . + aux
entiers . . ., kn. Ceci étant, si les nombres ax, . . ., a* ne sont
pas tous nuis, alors \ d | est le plus petit entier positif représentable
sous cette forme. Tous les nombres représentés sous cette forme, autre­
ment dit, tous les nombres de l'idéal (aXJ . . ., an) sont multiples du
nombre d.
P r o p o sit io n 2.6. Si un diviseur commun d des entiers a^, . . ., a*
se représente sous forme d'une combinaison linéaire entière de ces nom­
bres, d est alors un plus grand commun diviseur des nombres aXi . . ., an.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que le diviseur commun d
des nombres aXJ . . ., an se représente sous forme
d = kxax + . . . + knan,
*2] P L U S G R A N D CO M M UN D IV IS E U R 343

où Av . . An sont des entiers. Dans ce cas tout diviseur commun


des nombres . . ., a* divise la somme k& + . . . + knan et,
partant, d. Donc d est un plus grand commun diviseur des nombres
#1, • • ., CLjf O
P r o p o s i t i o n 2.7. Pour tous entiers a, 6 , c
PGCD (a, 6 , c) ~ PGCD (PGCD (a, 6 ), c).
Démonstration. Soient dlt PGCD (a, b) et d,
PGCD (dj, c). Alors d est un diviseur commun des nombres dx et c,
tandis que le nombre dx est un diviseur commun des nombres a
et b. Donc, d est un diviseur commun des nombres a, b et c. Selon le
théorème 2 .5 , les nombres d et dx peuvent être représentés sous foi me
d — Ad^ “P A3C, d^ == kxa “f A25,
où A, Aa, A2, A3 sont des entiers ; aussi a-t-on d = AAxa + kk2b +
+ A3c. Ainsi, le diviseur commun d des nombres a, 5, c peut être
exprimé linéairement au moyen de ces nombres. Par conséquent,
selon la proposition 2 .6 , d est un plus grand commun diviseur de
ces nombres. □
Cette proposition permet de réduire la recherche du plus grand
commun diviseur de plusieurs nombres à la recherche du plus grand
commun diviseur de deux nombres.
P r o p o s it io n 2.8. Pour des entiers quelconques a, b et c
PGCD (ac, bc) ~ c-PGCD (a, 6 ).
D é m o n s t r a t i o n . Soit d un PGCD (a, 6 ). Alors, selon
le théorème 2.5, d peut être représenté sous forme
d = kxa + A26 ,
où kx et A2 sont des entiers, donc cd = kxac + k 2bc. En outre, comme
d est le diviseur commun de a et 6 , cd l’est de ac et bc. Par consé­
quent, selon la proposition 2 .6 , le nombre cd est un plus grand com­
mun diviseur de ac et bc. □
Nombres premiers entre eux. Etudions les propriétés des nombres
premiers entre eux.
P r o p o s it io n 2.9. Des nombres entiers ax, . . ., an sont premiers
entre eux si et seulement si Vunité se représente sous forme d'une com­
binaison linéaire entière de ces nombres.
D é m o n s t r a t i o n . Si les nombres aly . . ., a* sont pre­
miers entre eux, leur plus grand commun diviseur, l’unité, se repré­
sente, selon le théorème 2.5, sous forme d’une combinaison linéaire
entière de ces nombres.
Inversement, si l’unité se représente sous forme d’une combinai­
son linéaire entière des nombres aXy . . ., an, alors, en vertu de la
proposition 2 .6 , l’unité est un plus grand commun diviseur de ces
nombres. Aussi les nombres ax, . . . , an sont-ils premiers entre eux. □
344 THÉORIE DE DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

P ro p o s itio n 2.10. Des entiers . . ., an sont premiers entre


eux si et seulement s'ils ne possèdent pas de diviseur premier commun.
La démonstration est laissée au soin du lecteur.
T h é o r è m e 2.11. Si un nombre entier divise le produit de deux
entiers et est premier avec Vun des facteurs, alors il divise Vautre facteur.
D é m o n s t r a t i o n . Soient a et b deux premiers entre eux
et a divise bc. Démontrons que a divise c. a et b étant premiers entre
eux, il existe des entiers kx et k 2, tels que
kxa + k 2b = 1 .
En multipliant les deux membres de l'égalité par c, il vient
kxac + k 2bc = c. De plus, a divise bc. Donc, a divise kxac + k2bc,
c’est-à-dire a divise c. □
P ro p o s itio n 2.12. Un diviseur commun d des entiers aY, . . ., an
non simultanément nuis est leur plus grand commun diviseur si et
seulement si at/d, . . ., a jd sont premiers entre eux.
D é m o n s t r a t i o n . Vu que par hypothèse les nombres
aXJ . . ., an ne sont pas tous nuis, on a d =5^ 0. Si d est le plus grand
commun diviseur des nombres a l7 . . ., an, alors, selon le théorè­
me 2 . 5 , il peut être exprimé linéairement au moyen de alT . . ., an :
(1 ) kxax + . . - + &nan = d,
où klf . . ., kn sont des entiers. En divisant les deux membres de
l’égalité par d, il vient

( 2) =

De là, selon la proposition 2.9, il s’ensuit que les nombres ax!d, . . .


. . ., a jd sont premiers entre eux.
Inversement: si les nombres a^ld, . . ., a jd sont premiers
entre eux, alors, selon la proposition 2.9, il existe des entiers kx, . . .
. . ., kn pour lesquels est satisfaite l’égalité (2). En multipliant
les deux membres de cette égalité par d, on obtient l’égalité (1 ).
Vu que le diviseur commun d des nombres ax, . . ., a^ se représente
sous forme d’une combinaison linéaire de ces nombres, selon la
proposition 2 .6 , le nombre d est un plus grand diviseur de ax, . . .
. . . , Qrf!• Q
Plus petit commun multiple. L’entier c est appelé multiple com­
mun des entiers a l9 . . ., an s’il est divisible par chacun de ces nom­
bres.
D é f i n i t i o n . On appelle plus petit commun multiple des entiers
ax, . . an un tel multiple commun qui divise tout multiple com­
mun de ces nombres. Un plus petit commun multiple des entiers
O}, . . ., an est noté PPCM (o^ . . ., an). Un plus petit commun
multiple positif des nombres ax, . . ., a* différents de zéro est noté
§2] P L U S G R A N D C O M M UN D IV IS E U R 345-

De la définition du PPCM (ax, . . .y a^) on tire directement le


corollaire.
C o r o l l a i r e 2.13. Deux plus petits communs multiples quelcon­
ques des nombres . . ., an sont associatifs dans Z, c'est-à-dire ne
different que du signe. Si m est PPCM (al9 . . ., a*), le nombre (—m)
est aussi PPCM (alT . . ., an).
C o ro lla ire 2.14. Si m est un plus petit commun multiple des
nombres all . . ., an, alors Vensemble de tous les multiples communs
de ces nombres coïncide avec l'ensemble de tous les multiples du nom­
bre 771.
P ro p o s itio n 2.15. Soient a = p®» . . . pf* et 6 = pf» . . .
• • • Ps*' °à Pi» ■ • Ps sont des nombres positifs différents deux à
deux premiers entre eux et a*, Pi des entiers non négatifs. Alors
[a, 6 ] = <«i- M . . . p f ax (a<*V .
La démonstration de cette proposition est laissée au soin du
lecteur.
T h e o re m e 2.16. Pour toute collection d'entiers at , . . ., an il
existe un plus petit commun multiple. L'entier m est PPCM («j, . . .
. . ., an) si et seulement si (a^ H . . . fl (an) = (w), où (ai) est
l'idéal engendré par le nombre at .
D é m o n s t r a t i o n . Considérons l’ensemble
(1) / = (flt) fl . . . fl (On).

Vu que les ensembles (a^, . . ., (an) sont fermés par rapport à l’ad­
dition et à la multiplication par des entiers, il est aisément véri­
fiable que leur intersection I est également fermée par rapport à
l’addition et à la multiplication par des entiers. En outre, cet
ensemble n’est pas vide, puisqu’il comporte un zéro. Donc, / est
un idéal de l’anneau des entiers. Selon le théorème 4.4, tout idéal de
l ’anneau des entiers est principal, c’est-à-dire il existe un entier 771,
tel que chaque nombre de I soit multiple de 771, / = (7 7 1 ). Démontrons
que 77i est PPCM (a^ . . ., an). Comme m Ç / , alors, selon (1),
m 6 (ai) pour i = 1, . . ., 771, c’est-à-dire m est un plus petit com­
mun multiple des nombres at , . . ., an. De plus, si m! est un multiple
commun quelconque des nombres aly . . ., an, on a alors mf Ç
€ (a^, . . ., 77i' e (an). Par conséquent, tti' 6 / = (ax) f| - • • fl ( 0 =
= (tm) et, par suite, m' est divisible par m. Ainsi, m est un plus
petit commun multiple des nombres a2, . . ., an.
Supposons maintenant que m^ est un plus petit commun mul­
tiple des nombres alt . . ., an et démontrons que (m j = (c^) f| • • •
. . . f| (an)- Comme les nombres m1 et m sont des plus petits com­
muns multiples d’une même collection de nombres al , . . ., anr
ils sont donc associatifs dans Z , c’est-à-dire 77^ = ± m . Par consé­
quent, (ttzj) — (77 7) et, partant, (a^ f| • • • fl ( a n ) = (^i)- □
346 THEORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

P roposition 2.17. Pour tous entiers a, b et c différents de zéro


avec c > 0 , on a: [ac, 6 c] = c [a, 6 ].
D é m o n s t r a t i o n . Soit m = [a, 6 ]. Vu que m est un
multiple commun de a et 6 , cm est un multiple commun des
nombres ac et 6 c. Soit m' un multiple commun quelconque des nom­
bres ac et 6 c, c’est-à-dire
m' = kac = $6 c,
où A: et s sont des entiers. Comme c =£ 0, ka = sb. Donc, ka est divi­
sible par m et, partant, m' est divisible par me. Ainsi, cm est un
plus petit commun multiple des nombres ac et 6 c. En outre, cm > 0;
donc [ac, 6 c] = cm = c [a, 6 ]. □
Corollaire 2.18. Pour tous entiers a, 6 et c différents de zéro
PPCM (ac, 6 c) ~ c-PPCM (a, 6 ).
P roposition 2.19. Si des entiers a et b sont premiers entre eux,
4 6 csi alors un plus petit commun multiple des nombres a et 6 .
D é m o n s t r a t i o n . Le nombre ab est un multiple commun
de a et 6 . Aussi est-il suffisant de démontrer que tout multiple
commun m des nombres a et 6 est divisible par ab. Le nombre m
est multiple de 6 , c’est-à-dire m = 6 c, où c est un entier, et a | 6 c.
Comme, par hypothèse, a et 6 sont premiers entre eux il s’ensuit,
selon le théorème 2.11, que a divise c, c — ad. Par conséquent,
m = abd, c’est-à-dire m est divisible par ab. Ainsi, ab est un plus
petit commun multiple des nombres a et 6 . □
P roposition 2.20. Si des entiers a et b sont différents de zéro, on a

(1 ) PPCM ( a , b ) ~ pGC‘Db(a>b).
D é m o n s t r a t i o n . Soit d un plus grand commun diviseur
des nombres a et b. a et b étant différents de zéro, on a d # 0. Selon
le corollaire 2.18,
(2) PPCM (a, b) ~ d PPCM (ald, bld).
Ensuite, en vertu de la proposition 2.12, PGCD (ald, bld) = 1.
D’où, en raison de la proposition 2.19,
(3) PPCM ( i , i )
Sur la base de (2) et (3) on conclut que la relation (1 ) se vérifie. □
T héorème 2.21. Pour tous entiers a, b et c, on a
(1) PPCM (a, b, c) ~ PPCM (PPCM (a, b), c).
Démonstration. Soit m = PPCM (a, b, c), rox =
= PPCM (a, b) et m' = PPCM (mu c). Selon le théorème 2.16,
on a
<2 ) (m) = (a) H (b) f) (c), (™i) = (a) fl (&). (m ) = (m,)n (c);
§ 3] A L G O R IT H M E D 'E U C U D E 347

donc
<3) (m') = ((a) R (b)) R (c) = (a) fl (b) fl (c).
De (2) et (3) il s’ensuit que (m) = (m'). □

Exercices
1. Soient a et b des entiers positifs premiers entre eux. Montrer que la
so m m e ---- 1----- —r après réduction au même dénominateur est une fraction
a a-\-b
irréductible.
2. Démontrer que d est un plus grand commun diviseur des entiers a, b, e
si et seulement si ald, bld, e/d sont des entiers premiers entre eux.
3. Démontrer que pour des entiers quelconques a, b, c, k PGCD (ka, kb,
kc) ~ k PGCD (a, 6, c).
4. Démontrer que le multiple commun m des entiers a, b, c est un plus
petit commun multiple si et seulement si les nombres m! a, ml b, m/c sont pre­
miers entre eux (a, b, c ^ 0).
5. Soit a = min, où m, n sont des entiers premiers entre eux, m ■=£ 0 et
n > 0. Si a = r/s, où r, s sont des entiers et s > 0, il existe alors un nombre
naturel t, tel que r = tm et s = tn. De plus, t est un plus grand commun divi­
seur des nombres r et s.

§ 3. Algorithme d’Euclide et fractions continues finies


Algorithme d’Euclide. Etudions le plus simple des procédés
d ’obtention du plus grand commun diviseur de deux entiers.
P roposition 3.1. Soient a et b deux entiers, b # 0 et

(1 ) a = bq + r (0 < r< | 6 |).

Alors pgcd (a, b) = pgcd (b, r).


D é m o n s t r a t i o n . Il s’ensuit de (1) que tout diviseur
commun des nombres a et 6 est un diviseur du nombre r = a — bq
et que tout diviseur commun des nombres b et r est un diviseur du
nombre a. L’ensemble de tous les diviseurs communs des nombres
a et b coïncide donc avec l ’ensemble de tous les diviseurs communs
des nombres b et r. Il s’ensuit que le diviseur commun positif des
nombres a et b coïncide avec le diviseur commun positif des nom­
bres b et r, c’est-à-dire pgcd (a, b) = pgcd (6 , r). □
Si b | a, où b ^ 1, il est évident que pgcd (a, b) = b. Pour
trouver le pgcd de deux nombres entiers on se sert du procédé de
division successive dénommé algorithme d'Euclide. Le principe de ce
procédé réside dans le fait qu’en vertu de la proposition démontrée
plus haut le problème de la recherche du pgcd des nombres a et b
se réduit à un problème plus simple de recherche du pgcd de b et r,
où 0 ^ r < | 6 |. Si r = 0, pgcd (a, b) = b. Si, par contre, r ^ 0 ,
on reprend le raisonnement à partir de b et r. Finalement, on obtient
348 THÉORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

une suite d’égalités


a = ba0+ ri, 0 < r 1< |& |,

b = riai + rî , 0 < r 2 < r 1,


( 2) .........................................................................................
'•n-î = ^n-lOn-l + »‘n. 0 < r n
^"n— i = rnan -[- r n+1.
On a obtenu une suite décroissante des nombres naturels
t j ^ r 2 ^ . . . ^ Tn ^ . . . ^ 0 |
qui ne peut être infinie. Il existe donc un reste égal à zéro; soit
rn+l = 0» rn 0*
Sur la base de la proposition 3.1 à partir de l’égalité (2) on a
pgcd (a, b) = pgcd (b, r j — pgcd (rx, r 2) = . . . = pgcd (rn.lt
rn) = pgcd (r„, 0) = r„, c’est-à-dire r„ = pgcd (a, b). Bref, on
aboutit à la déduction : si à des entiers a, 6 , où 6 # 0 , on applique
l’algorithme d’Euclide, alors le dernier reste non nul de cet algo­
rithme est pgcd (a, b).
Fractions continues finies. Tout nombre rationnel peut être
représenté sous forme de alb, où a et b sont des entiers et 6 ^ 1 .
En appliquant à a et b l’algorithme d’Euclide, on obtient une suite
d’égalités :
a = ba0 + rj,
b = rta! + r2,
r, = r 2a 2 -f r 3,

rn -3 = ^n-2®n-2 *1“ 7»-l»


rn -2 = fn -1 ®n -1 7n »
^n-l ==
où &> rj > r 2 > . . . > rn-! > rn > 0. Cette suite d’égalités peut
s’écrire sous forme

r n-a
7*71-1 ûn-i 7
rn-i a n.
rn
§ 3] ALGORITHME D’EUCLIDE 349

En se servant de ces égalités, il est possible d'exprimer al b au moyen


des nombres <z0, ax, . . an. En effet, la première égalité peut
s'écrire sous forme
a
nr ■

en substituant à blrx son expression tirée de la seconde égalité,


il vient
-T = <V : <*0 +
‘.+ 7 T

etc. Finalement, on obtient


a ,
T = ao+

L ’expression se trouvant dans le second membre de cette égalité


est appelée fraction continue.
D éfinition . On appelle fraction continue finie l ’expression de
la forme
( 1) ao 1

où a 0 est un entier, ax, . . ., an des entiers positifs et an > 1 .


Habituellement, une fraction continue (1) s'écrit de façon abrégée
ainsi :
I a0; ^ 2 » • • •» I*
Les raisonnements fournis plus haut montrent que tout nombre
rationnel peut être représenté sous forme d'une fraction continue
finie.
126
E x e m p l e . Développons en fraction continue le nombre •
A l’aide de l’algorithme d’Euclide on obtient:
_ 3 | ^ - 3 |
37 + 37 + 37 ;3 +
-77-
15 2 - 15 2+
7 2+ t
350 THEORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

-— = |3; 2, 2, 7|.
On peut montrer que tout nombre rationnel possède une unique
représentation sous forme de fraction continue finie.
Réduites. Soit
(1) üq + = 1^0* •••» &n\

une fraction continue finie. La fraction continue


(2) A k = | a0; ax, . . ., ah |,
où A: Ç {0, 1, . . ., ri}, est appelée k~ième réduite de la fraction (1).
Par définition, la réduite nulle de la fraction (1) est le nombre A 0 =
= a0. Notons que la (A: + l)-ième réduite A k+1 peut être obtenue
à partir de la k-ième réduite A * par substitution à l'élément ah
de l’élément ah H-------.
flfc+i
Définissons les nombres P h et Qk (ft 6 {0, 1, . . ., n}) par
récurrence au moyen des formules suivantes:
Po = u0j Ço ==
Pt = a0ai + 1, Qi = au

Ph = Ph-lah + Ph-2 » Qk = Qh-iak + Qh-2


(*€{2, 3, . . n».
Théorème 3.2. Pour toute réduite A h de la fraction continue (1),
on a Végalité
(4) = (Jfe= 0, 1, . . . . n).
D é m o n s t r a t i o n . La formule (4) se démontre par récur­
rence sur k. A partir de la formule (3} il s’ensuit directement les
égalités

A i —a0 aofti + 1 Pl
‘i ~ Qi '
c’est-à-dire que l ’affirmation du théorème se vérifie pour k = 0 et
k = 1. Ensuite,
1_____ (flo^ + D ^ + flo _ P idz+P p
1 Ql*2 + Qo

signifie que l ’affirmation du théorème se vérifie pour k = 2.


§ 3] A L G O R IT H M E D ’E U C L I D E 351

Supposons que l'affirmation du théorème est vraie pour la m-ième-


réduite, où 2 ^ m < n, c’est-à-dire

(5) Am= - ^ - ,
Ym
et démontrons que l’affirmation du théorème se vérifie pour (m + 1 )-
ième réduite. Sur la base des formules (3) l ’égalité (5) peut être-
écrite sous forme

P P m- 2
( 6)
Çm-iûm+ Q m - 2
Substituons dans les deux membres de l'égalité (6 ) à l ’élément am
l’élément am H---- — . Cette substitution transforme A m en A m+T,
am+1
et, par suite, on obtient à partir de (6 )

A m+1 (P m -jam ~t~P m —z) &m+1 "f"P m - j


Qm- 1 (flm+
V " +i /)+Çm-2
“m
De là, en vertu de (3),

a _ Pm&m+1 m -i ___ Pm+\


m+1 Çmam+i+ Çm-i Qm+i

Ainsi, de la vérité de la formule (4), pour k = m, s’ensuit la vérité


de cette formule pour A: = m + 1. Donc la formule (4) est vraie-
pour tous k Ç {0 , 1 , . . ., rc}.
Les nombres Ph et Qh définis par les formules (3) sont respective­
ment appelés numérateur et dénominateur de la k-ième réduite. Les
formules (3) fournissent une méthode commode de calcul successif des-
numérateurs P h et des dénominateurs Qk des réduites. Le calcul se
simplifie s’il est mené suivant le schéma :

*0 al a2 fl3 ... fln

Pk 1 «0 Pi P2 P3 ... Pn

Qk 0 1 Qi <?* Q» ••• Qn
352 T H É O R I E D E D I V I S I B I L I T E D A N S L ’A N N E A U D E S E N T I E R S [C H . X I

E x e m p l e . Cherchons les réduites de la fraction continue


12; 5, 7, 3 | :

2 5 7 3

Pk 1 2 11 79 248

Qk 0 1 5 36 113

Ainsi, les réduites de la fraction continue | 2; 5, 7, 3 | sont les


fractions
P± 2_
Ao = Q» 1 ’ ♦
P, 248
A» 113 *
Q,
T h e o re m e 3.3. Pour k Ç {1, . . ., n) est satisfaite l'égalité
<7) Pfc-xÇh - <?k-iPk = ( - iy .
D é m o n s t r a t i o n . Soit Ah = P k-iQk — Qk-iPk• Sur la
base des formules (3) l’égalité (7) se vérifie pour k = 1 :
< 8) Aj = P 0Q i — Q o P i = a < f li — 1 ( a 0® i + 1) = — 1-

En outre, selon (3),


Ah = Ph-iQk — Qh-iPh = Pii-i {Qh-i&h + Qk-t) —
— Qk-l (Pk-lak + Pk-z) — Pk-iQk-2 — Qk-lPk-2 = —^ft -1
(k 6 {2 , . . ., n}).
En vertu de (8 ), il s’ensuit que
Ah = (—l)h pour k Ç {1 , 2, . . ., n},
autrement dit, l’égalité (7) se vérifie. □
C o r o l l a i r e 3.4. Les nombres P k et Qh sont premiers entre eux et,
par suite, chaque fraction PJQk est irréductible.
D é m o n s t r a t i o n . En raison de (7) tout facteur commun
de Pk et Qk est diviseur de l’unité. Donc, les nombres P k, Qk sont
premiers entre eux et la fraction PkfQk est irréductible. □
Il existe entre deux réduites successives une relation importante
découlant de (7).
Corollaire 3.5. Pour k £ {1, . . ., n) se vérifie l'égalité
Pk Pk-1 ^ (-1)*
Qk Qk-i Qk-iQk '
* 41 ENTIERS SYSTÉMATIQUES 353

Exercices
1. En se servant de l'algorithme d'Euclide chercher:
a) PGCD (549, 387) ; b) PGCD (589, 343) ; c) PGCD (12 606, 64 994).
2. Développer en fraction continue les fractions ordinaires suivantes:
a) 2,3547, b) -% L.
3. Simplifier en se servant du développement en fraction continue
__ 7857
® ~ 9153 •
4%Sachant que 3,141592653 < n < 3,141592654, chercher les quatre
premières réduites pour le nombre n .
5. Sachant que e = 2,71828182845 . . ., chercher les quatre premières
réduites pour le nombre e.
6. Résoudre en nombres entiers les équations suivantes:
a) 5x + 4y = 3 ; b) 7x — 19y = 5 ; c) 12x — 7y = 15.

§ 4. Entiers systématiques
Entiers systématiques. Soient g un nombre naturel supérieur à
1 et M = {0 , 1, . . g — 1}. On dit que le nombre naturel a est
écrit dans un système de position de base g si
(1 ) a = a8g* + a8. 1gSmml + . . . + axg + a0ï
où s est un entier non négatif, a0, . . a8 Ç M et a8 =*£ 0.
Si chaque nombre de l ’ensemble M = {0, 1, . . ., g — 1} est
désigné par un symbole spécial, ces symboles sont alors appelés
chiffres du système g-naire de position. La représentation (1) s’écrit
alors sous forme simplifiée
CL — 8
{ jl ( l8 ~ i . . .

et s’appelle notation du système g-naire de position. C’est ainsi que la


notation
a = (2315)10 signifie que a = 2*10s + 3-10 2 + 1-10 + 5,
la notation
b = (1 0 1 0 0 1 ) 2 signifie que 6 = 1 -2 6 + 0 -2 4 + 1 -2 * + 0 -2 2 +
+ 0 -2 1 + 1.
T h é o r è m e 4.1. Soient g un nombre naturel donné supérieur à
Vunité et M = {0, 1, . . ., g — 1}. Tout nombre naturel a est repré­
sentable de façon unique sous forme
(1 ) a = a8g* + + . . . + axg + a0,
où ai Ç M et a8 =# 0 .
D é m o n s t r a t i o n . L’existence de la représentation (1)
se démontre par récurrence sur a. Si a = 1 ou a < g l ’égalité a = a
2 3 —0 1 7 6 2
354 THÉORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

est la représentation cherchée. Soit a ^ g; supposons que pour tous


les nombres naturels inférieurs à a on a déjà établi la possibilité de
représentation (1). Vu que a ^ g, en divisant a par g avec reste, il
vient
(2) a = bg + a0, où a0 Ç M et 1 ^ b < a.
Puisque 6 < a, selon l ’hypothèse de récurrence, le nombre b est
représentable sous forme
(3) b = cLaS*"1 + - . . + a^g 4“ ûh où alT . . ., a8 £ M et a8 0.
En portant l ’expression (3) de b dans le second membre de (2), on
obtient la représentation pour le nombre a,
a = a5g* + . . . + a^g + a 0» où at 6 M et a8 =£ 0,
appelée décomposition du nombre a en puissances du nombre g.
Démontrons l’univocité de la représentation par récurrence
sur a. Si 1 ^ a < g, on voit sans peine qu’il y a univocité. Supposons
que l’univocité est démontrée pour tous les nombres naturels infé­
rieurs à a. Admettons qu’outre (1) il existe pour a une autre repré­
sentation :
(4) a = a's'g*' 4* • • • + a[g +
En vertu de (1) et (4), il vient
(5) a = g(a8g*~i + . . . + a 2g + ai) + aQ=
= ë (a a'ëS ~ 1 4* • • • 4" &%ë 4 ; û ') 4" Cl'o•
De (5), en vertu de l ’univocité de la division avec reste, il s’ensuit que
ao = ao
b = a8g - ' 4 " ... 4“ azë + 0i = “ 14" • • • 4" a^ë 4" a[•
Comme b < a, par l ’hypothèse de récurrence, s = s' et at = al pour
i = 1, . . s. □
Opérations arithmétiques sur des entiers systématiques. Si les nomb­
res naturels sont écrits dans le système de numération décimale on uti­
lise alors les règles d’addition et de soustraction en «colonnes». Les
opérations d’addition et de soustraction des entiers multivalents
dans le système de numération g-naire s’effectuent suivant les mêmes
règles que dans la numération décimale. Dans la numération g-naire,
comme dans la décimale, en additionnant des nombres multivalents
on additionne d’abord les unités, ensuite on passe à l’ordre suivant,
etc., jusqu’à l’ordre dominant en présence. En outre, chaque fois que
la somme d’un ordre antérieur est supérieure à la base g du système
de numération ou lui est égale, il est nécessaire de faire un report à
l ’ordre suivant.
§*] E N T IE R S S Y S T É M A T IQ U E S 355

Les exemples suivants illustrent les opérations d'addition dans


les systèmes de numération sextenaire et binaire :
(4253)6 (10011)*
+ (2542)0 + (11001)*
(11235)6 (101100)o
La soustraction dans la numération quinaire est illustrée par l ’exemple
_(42044)5
(23141)5
(13403)5
L’opération de multiplication des entiers multivalents en numé­
ration g-naire s’effectue suivant les mêmes règles que dans la numé­
ration décimale (« en colonnes »). En effectuant la multiplication il
est commode de se servir des tables de multiplication. On a donné
plus bas la table de multiplication du système de numération sexte­
naire. Chaque cellule de cette table contient le produit des nombres
représentant les numéros de la ligne et de la colonne dont l ’inter­
section est la cellule même, tous les nombres figurant dans le système
de numération sextenaire.
L’exemple suivant sert d’illustration de la multiplication (« en
colonnes ») dans le système de numération sextenaire :

0 1 2 3 4 5

0 0 0 0 0 0 0
v 235
1 0 1 2 3 4 5 x 343
1153
2 0 2 4 10 12 14 1432
1153
3 0 3 10 13 20 23 135213
4 0 4 12 20 24 32

5 0 5 14 23 32 41

Transfert des nombres d’un système de numération à l’autre.


Supposons que le nombre a est écrit dans le système de numération
m-naire. Cela signifie qu’il est représenté sous forme d’une somme:
(1) a = bhmh + bh- lmk~1 + . . . + b^m + b0.
Comment transcrire ce nombre dans un autre système quelcon­
que, disons, dans le système g-naire? Cela signifie qu’il faut repré-
23*
356 THEORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

senter le nombre a sous forme


(2) a = asg* + cis^g8"1 + . . . + d\g + &0.
Il nous faut pour cela trouver les coefficients a 0, alt . . a8 dont
chacun est un chiffre allant de 0 à g — 1 inclus. Divisons le nombre
a donné en numération m-naire par g, obtenons le reste a 0 et le quo­
tient qv Ensuite divisons le quotient qx par g et obtenons le reste ax
et le quotient q2. L’opération est poursuivie jusqu’à ce qu’on n’ob­
tienne un reste égal à zéro. Finalement, on obtient tous les chiffres
a0, ax, . . a8 entrant dans la représentation g-naire (2) du nombre a.
En guise d’exemple étudions le transfert du nombre a = (5 3 7 8)l0
dans le système de numération sextenaire. En le divisant par 6, on
obtient le quotient 896 et le reste 2. Donc dans la numération sexte­
naire le dernier chiffre du nombre a est 2. Pour trouver le second
chiffre divisons le quotient 896 par 6. On obtient le quotient 149
et le reste 2. Le deuxième chiffre en numération sextenaire du nombre
a est donc 2. Ensuite, divisons 149 par 6, on obtient le quotient 24
et le reste 5. Ce reste est le troisième chiffre du nombre a dans la
numération sextenaire. Enfin, divisons le quotient 24 par 6, on
obtient le quotient 4 et 0 comme reste. Donc,
(5 3 7 8)10 = (4 0 5 2 2)e.

Exercices
1. Former la table de multiplication du système de numération septénaire.
2. Démontrer que A = (anan_j est divisible par 8 (par 9)
si est divisible par 8 (9) le nombre (a1a 0)12 forme avec ses deux derniers chiffres.
3. Montrer que le nombre A = (anan„1 . . . a&Jg, c’est-à-dire le nombre
«n£n + «n-iff71”1 + . . . + arf + a0 est divisible par g — 1 si g — 1 est divi­
sible par la somme de ses chiffres, c’est-à-dire la somme an + + ...
. . . + Ax + f l0 .
4. Démontrer qu’un nombre naturel dont la numération décimale est com­
posée de 3n unités est divisible par 3n.
5. Dans la numération décimale d’un nombre naturel il y a 30 unités, les
chiffres restants étant des zéros. Ce nombre peut-il être un carré parfait?
6. Vous voulez connaître le numéro de mon téléphone par des questions
auxquelles je ne répondrais que parjdes « oui » et « non t. Trouver le procédé
arantissant le succès pour le plus petit nombre possible de questions (le numéro
gu téléphone est composé de cinq chiffres arbitraires).

§ 5. Distribution des nombres premiers


Distribution des nombres premiers. Désignons par j i ( x ) le nombre
des premiers positifs inférieurs au nombre réel x . Il a été établi au
§ 1 qu’il existe une infinité de nombres premiers (théorème d’Euclide).
Par conséquent, Jt (x) oo pour x->* oo.
En 1808 Le Gendre publia la formule empirique qu’il avait
trouvée pour la représentation approchée de la fonction Jt (x). Le
i 5] D IS T R IB U T IO N D E S N O M B R E S P R E M IE R S 357

Gendre énonça la proposition que pour des grandes valeurs de x


ji (x) vaut approximativement iog x _!1<08366 •
Tchébychev montra en 1849 le défaut de cette affirmation. Dans
les travaux publiés en 1848 et 1850 Tchébychev établit la liaison de
la fonction jx (a:)
N avec la relation r— logx • Il démontra le théorème
suivant : I l existe des constantes positives a et 6, a < 6, telles que pour
tous x suffisamment grands on ait

On fournit plus bas la démonstration du théorème: pour tous


x ^ 2 on a les inégalités

(2) l « g 2 - 2 < j i ( x ) < 4 1 o g 2 1^ - + l o g . x •


Sur la base des inégalités (2) on est en mesure d’obtenir les cons­
tantes a et b des inégalités (1).
Pour démontrer les inégalités (2) on introduit la fonction T (x) =
= log [x]! et on établit les majorant et minorant de la fonction
T (x )-2 T (î).
Fonctions T(x) et À(x). Le symbole A(x) désigne la fonction
dont la valeur est log p, si n est un nombre premier ou un exposant
positif du nombre premier p, dans les autres cas sa valeur est zéro
r log p si n = p m pour tout nombre naturel m > 0,
A (« ) = { 0 si

Plus loin on se servira de la propriété suivante de cette fonction :


(1) A(d) = logn.
d In
Soit n = [] p*P la décomposition canonique du nombre naturel
P|n
n . On voit sans peine que
2 A (d)= ^ log p ep lo g p = logn,
d\n p C6|n p in

où pa parcourt toutes les puissances des nombres premiers inclus


dans n.
Le symbole T (x) désigne la fonction qui pour tout nombre réel
x ^ O prend la valeur log [xl!, c’est-à-dire
T (x) = log [x] ! = 2 logn,

où [x] est la partie entière du nombre x.


358 THEORIE DE DIVISIBILITE DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

En sommant (1) en tous les entiers positifs n ^ x, il vient


S A (m) [ l î r ] = 2 log « = log [x \\ = T (x).
m<x n^x

On a ainsi démontré la proposition suivante.


Proposition 5.1. Pour tout nombre réel x ^ 1

(1) T ( x ) = 2 A (i» ) [— ] .
me^x
Inégalités imposées à la fonction T (x). Par définition de la fonc­
tion T(x),
(1) T (n) = log ni,
pour tout x réel positif
(2) T (x) = log [x]l
En raison de (1), on a
(3) T (2n) — 2T (n) = log | ^ = log<??„.
Démontrons que pour tout nombre naturel n ^ 2 sont satisfaites les
inégalités

(4) D - < Æ < 4».


On voit sans peine que < (1 + l) 2n = 4". Les calculs qui sui­
vent démontrent la seconde inégalité :
„n _ 2b (2b — 1) (2 b — 2) ... 2-1 _
° 2n b * ( b — i ) s . . . 1* “

2b (2b — t) (2b — 2) ( 2 b — 3) 2-1 _


— b - ‘ ( b — 1)* * " 1* ~

- 4" ( 1 - 4 - ) ( ‘ - T ô r = 3 r ) - ( 1 - T ) =
- 4 n. 1 .1 .5 . 2b — 1 /n 1 2 3 2n 1 _ 4"
— * 2 4 6 ‘ ‘ ' 2b 2 3 4 ' " 2b 2 b ’

A partir de (3), en vertu de (4), il s’ensuit pour n ^ 2 les inégalités


(5) T(2n) — 22’ (n )< lo g 4 " = 2nlog2,
(6) r(2ra) — 27’ (n )> lo g |^ = 2n log 2 — log2n.
Soit x un nombre réel quelconque supérieur ou égal à 2 et soit 2n
le plus grand nombre pair ne dépassant pas x. Alors, de l’égalité (2)
s *] D IS T R IB U T IO N D E S N O M B R E S P R E M IE R S 359

dérive
(7) T (x) — T (2n) < log x.
T (x) étant une fonction non décroissante, il s’ensuit de (5) et (7)
(8) T (x) — 2T ( - j ) < x log 2 + log x.
En vertu de (6),
T ( x ) - 2 T (-J ) > ( x - 2 ) log 2 - log x.
De là, pour x ^ 4, on obtient l ’inégalité
(9) T (x )-2 r(y )> x lo g 2 -2 1 o g x (x > 4 ).
Inégalités de Tchébychev. On a obtenu plus haut (voir inégalité
(8)) l’inégalité
(1) T (x) — 2T (-|-) < x lo g 2 + logx
et on a démontré l’égalité

(2) T (x)= 2 A (m) [ ~ ] •


m^x
Si < m ^ ix , alors 2m > x . Aussi de l ’égalité = l s ’en­
suit-il que = De là et à partir de (2), il vient:

(3) r (x ) - 2 r ( f ) - 2 A < » ) ( [ - î - ] - 2 [ £ . ] ) >


m^x
> 2 A (m) > 2 log p > i o g ( f - ) [ * ( * ) —" ( y )]*
<m<i y <P^*

En vertu de (2) et (3), on a


(4) ( n ( x ) — n ( | - ) ) log | - < x log 2 + log x .
On déduit de cette inégalité en substituant successivement à x
y , y , y , . . . une série d’inégalités :

<«') ( > ' ( f ) - ” ( f ) ) l o g - | < 4 l o g 2 + l o e | ,

m ( « ( T ) - " ( f ) ) i « s f < T l»e2+ 1°eT-


360 THÉORIE DE DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

En sommant les premiers membres des inégalités (4), (4'), (4*), . .


il vient
J l ( x ) l o g - |- J l ( |- ) ( l o g - — lo g -J) —

— " ( t ) ( log T — log T ) — • • • =


= n (x ) lo g x — ( j i (x ) + ji ( t ) + 31 ( - f - ) - f • • • ) l ° g 2 >

> n ( x ) logx— (^ + + • •*) loS 2 =


= n(x) lo g x —2xlog2.
La somme des seconds membres des inégalités (4), (4'), (4'), . . .
sera inférieure à 2x log 2 + logx-log. x, vu que le nombre d’iné­
galités ne dépasse pas log. x. On aboutit ainsi à l ’inégalité
ji (x) log x — 2x log 2 < 2x log 2 + log x-log. x,
d’où
n (x) < 4 log 2 - + log. x.
En outre, l’inégalité obtenue a lieu pour tout x ^ 2.
On a démontré plus haut l’inégalité

T (x)= 27’ ( - j ) > x l o g 2 — 2 logx.

De plus, vu que T ( x ) — 2 T ( f ) = 2 A (m) ( [ -J'] —[ É ] ) ’ on a


m<x
T(x)-2T (±)< 2 A<“ > = 2 [ - ! § 7 ] l»6Pst
m <x pt^x

< 2 - ^ 7 lo g p < ïi(x )lo g x


p^x
Ainsi, x log 2 — 2 log x < ji (x ) log x. Par conséquent, pour tout
x^ 2
l° e 2 i ^ r - 2 < n ^
c’est-à-dire qu’on a obtenu la borne inférieure de la forme cherchée
pour ji (x).
On a ainsi démontré le théorème suivant.
Theoreme 5.2. Pour tous x ^ 2 on a:

lo g 2 ~ ï é ^ ~ 2 < n ^ < 4 log 2 TSST+ log*


§ 5] D IS T R IB U T IO N D E S N O M B R E S P R E M IE R S 36Î

En 1850 Tchébychev a démontré des inégalités plus strictes. Il


a démontré que pour des x suffisamment grands sont satisfaites les
inégalités
( ° . 9 2 . . . ) - i- T < « W < < U 0 5 . . . ) - n h - .
En démontrant ces inégalités Tchébychev au lieu de T (x) —
—2T ( - j ) s’est servi d’une expression plus compliquée:

En 1851 Tchébychev a émis l ’hypothèse sur la dépendance


entre n (x)
' '
et t log
—:
lim x/log
Z /lO gZ
< l < " l i m x/logx
x -
-^
z/io g x ’

de sorte que si la limite du rapport x!log*(*) existe, elle est


x
égale à 1.
Le résultat fondamental de la théorie des nombres est la loi
asymptotique de la distribution des nombres premiers démontrée
pour la première fois en 1896 par Hadamard et La Vallée-Poussin.
Cette loi stipule que le rapport n (x) : tend vers 1 quand x croît
indéfiniment, c’est-à-dire
n (x) log x
lim 1.
X-»ao
Nombres premiers des progressions arithmétiques. Etudions trois
théorèmes (5.3-5.5) constituant des cas particuliers d’un théorème plus
général — le théorème de Dirichlet.
T h eo rê m e 5.3. La suite arithmétique An + 3 (n = 0, 1, . . .)
contient une infinité de nombres premiers.
D é m o n s t r a t i o n . Considérons le nombre M défini par
l’égalité M = An\ — 1, où n est un entier positif. M est un nombre
de la forme Ak + 3, il ne peut être composé que de facteurs premiers
de la forme Ak + 1, car le produit des nombres de la forme Ak 4- 1
est un nombre de forme identique:
(Ak + 1) (4kx + 1) = A (4kkx + k + kx) + î .
Par suite, le nombre M possède au moins un facteur premier de la
forme Ak + 3 supérieur à n. Ainsi, pour chaque nombre naturel n
il existe un nombre premier supérieur à n et ayant la forme Ak + 3. □
T h e o r e m e 5.4. La suite arithmétique 6n + 5 (n = 0, 1, 2, . . .>
contient une infinité de nombres premiers.
D é m o n s t r a t i o n . Ce théorème se démontre de façon ana­
logue au précédent. Considérons le nombre Af défini par l ’égalité
362 THÉORIE DE DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES ENTIERS [CH. XI

M = 6n! — 1, où n est un entier positif quelconque; M est un


nombre de la forme 6k + 5. Le nombre M ne peut être uniquement
•composé de facteurs premiers de la forme 6/c + 1, car le produit des
nombres de la forme 6/r + 1 est un nombre de forme identique :
(6k + 1) (6^ + 1) = 6 (6kkx + * + + 1.
Par suite, le nombre M possède au moins un facteur premier supé­
rieur à n et ayant la forme 6A: + 5. □
T héorème 5.5. La suite arithmétique
An + 1 (n = 0, 1, 2, . . .)
contient une infinité de nombres premiers.
D é m o n s t r a t i o n . Soit n tout nombre naturel supérieur
à l ’unité. Alors, (rc!)2 + 1, étant un nombre impair, est plus grand
-que l ’unité et possède un facteur premier impair p ; p est donc de la
forme Ak + 1 ou Ak + 3. Posons que p = Ak + 3. Vu que pour des a
naturels et des m impairs
a + 1 \ (am + 1), on a (n !)2 + 1 | (n !)*<*+*> + 1.
Comme 2 (2k + 1) = Ak + 2 = p — 1 et
p | (n !)a + 1 , on a p | (n !)p' 1 + 1 .
Par conséquent,
<1) p | (n !)p + n\
D’autre part, selon le théorème de Fermât
(2) p | (n !)p — n!
Il s’ensuit de (1) et (2) que p | 2 (h!), ce qui est impossible, vu que p
est un nombre premier impair supérieur à n. Par conséquent, p doit
être un nombre de la forme Ak + 1. On a démontré que pour tout
nombre naturel n il existe un nombre premier supérieur à n et ayant
la forme Ak + 1. □
Les théorèmes démontrés plus haut sont des cas particuliers du
théorème de Dirichlet sur les progressions arithmétiques : toute suite
arithmétique a + km (k = 0, 1, 2, . . .), ou (a, m) = i contient une
infinité de nombres premiers.

Exercices
1. Montrer que le polynôme x2 + x + 41 prend pour la suite des nom­
bres x = 0, 1, 2, . . ., 39 des valeurs qui sont des nombres premiers distincts.
2. Soit / un polynôme en x de puissance positive à coefficients entiers.
Démontrer que pour le nombre infini des x naturels le nombre / (x) est un
nombre compose.
3. En s’appuyant sur le théorème de Dirichlet sur les progressions arithmé­
tiques démontrer que pour tout nombre naturel m il existe un nombre premier
dont l’image graphique (dans le système de numération décimale ou tout autre
système dej numération a base naturelle g > 1) contient au moins m zéros.
CHAPITRE XII

T H É O R IE D E S CONGRUENCES
AVEC APPLICATIONS A R ITH M ÉT IQ U ES

§ 1. Congruences et leurs propriétés


Congruences dans un anneau des entiers. Soient Z un anneau des
entiers, m un entier fixé et mZ l’ensemble de tous les entiers multi­
ples de m.
D é f i n i t i o n . Deux entiers a et b sont dits congrus modulo m si m
divise a — b.
Si a et b sont congrus modulo m, on le note ainsi :
{1) a = b (mod m).
La congruence modulo m possède les propriétés de réflexivité,
de symétrie et de transitivité, c’est-à-dire est une relation d’équiva­
lence. Par conséquent, la congruence induit la partition de l’ensemble
Z des entiers en classes d’équivalence qu’on appelle classes résiduelles
modulo m.
Notons que la congruence modulo m coïncide avec la congruence
modulo (—m). La congruence modulo 0 coïncide avec la relation
d ’égalité. Deux entiers quelconques sont congrus modulo 1.
Comme la congruence modulo m est une relation d’équivalence
sur l ’ensemble Z, les classes d’équivalence, c’est-à-dire les classes
résiduelles modulo m, possèdent les propriétés suivantes:
P ropriété 1.1. Toutes deux classes résiduelles modulo m ou bien
coïncident, ou bien sont disjointes. La réunion de toutes les classes ré­
siduelles modulo m coïncide avec Vensemble Z de tous les entiers.
P r o p r i é t é 1.2. Soient A et B des classes résiduelles modulo m,
a 6 A et b 6 B. Les classes A et B suivant un sous-groupe coïncident
si et seulement si a s b (mod m).
P r o p r i é t é 1.3. Si A est une classe résiduelle modulo m et a un
élément quelconque de A , alors A = a + mZ, c'est-à-dire A =
= {a + mk | k Ç Z}.
P r o p o s i t i o n 1 . 1 . Les nombres a et b sont congrus modulo m (m ^ 0)
si et seulement si après division par m ils donnent des restes identiques.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons qu’après division avec reste
des nombres a et b par m on aboutit aux quotients q et ql et aux restes
r et rlt
a = qm + r, 0 ^ r < m ; b = qvm + rl9 0 ^ rx < m.
364 THEORIE DES CONGRUENCES [CH. x n

Posons que r > rx. En soustrayant de la première égalité la


deuxième, il vient
(1) a — b = (q — qx) m + (r — rx), 0 < r — ^ < m.
Si a = 6 (mod m), alors, par définition de la congruence, a — b
est divisible par m, donc r — rx = 0 et r = rx. D’autre part, si
r = rly alors, en vertu de (1 ), a — b est divisible par m , c’est-à-dire
a = b (mod m). □
Propriétés élémentaires des congruences. Plusieurs propriétés des
congruences sont analogues aux propriétés des égalités.
P ropriété 1.4. Les congruences peuvent être additionnées et sous­
traites membre à membre, c'est-à-dire si a — b (mod m ),c = d (mod m),
alors a + c = b + d (mod m).
Démonstration. Par hypothèse, m | (a — 6) et
m | (c — d). Donc, m \ (a — 6) ± (c — d), m | (a + c) — (6 + d)
et m | (a — c) — (6 — d). □
P ropriété 1.5. Les congruences peuvent être multipliées membre à
membre, c'est-à-dire si a s b (mod m), c = d (mod m), ûZors ac =
= bd (mod m).
En particulier, Zes deux parties de la congruence peuvent être mul­
tipliées par le même entier.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, a — b Ç mZ et c — d £
Ç mZ. Donc, ac — bd = (ac — bc) + (bc — bd) = (a — b) c +
+ b (c — d) Ç mZ, c’est-à-dire ac = bd (mod m). □
P ropriété 1.6. Les deux parties de la congruence peuvent être
divisées par leur facteur commun si ce dernier et le module sont premiers
entre eux.
Démonstration. Si ca = cb (mod m), c’est-à-dire
m | c (a — 6) et les nombres c et m sont premiers entre eux, alors m
divise a — b. Par conséquent, a = b (mod ni). □
P ropriété 1.7. Les deux parties de la congruence et le module
peuventfcêtre divisés par leur diviseur commun.
D é m o n s t r a t i o n . Si ka = kb (mod mk)y alors k (a — b)
se divise par km. Par conséquent, a — b est divisible par m , c’est-à-
pire a s b (mod m). □
P ro p riété 1.8. Soit m1 un diviseur quelconque de m . Si a =
= b (mod m), alors a = b (mod mx).
D é m o n s t r a t i o n . Si a = 6 (mod m), alors a — b est
divisible par m. Or, m1 est un diviseur de m, donc a — b se divise
par mlf c’est-à-dire a = b (mod m j. □

Exercices
1. Montrer que tout nombre naturel transcrit en numération décimale
est congru modulo 9 et modulo 3 avec la somme de ses chiffres.
2. Etablir la règle de vérification par 9 des opérations arithmétiques.
SY ST È M E C O M PLET D E R E S ID U S 365

3. Chercher les caractères de divisibilité par 9 et 19 des nombres du sys­


tème de numération décimale.
4. Chercher les caractères de divisibilité par 7 et 13 des nombres du système
de numération décimale.
5. Chercher les caractères de divisibilité par 2, 3, 4, 5, 7, 9 dans le système
de numération octale.
6. Chercher les caractères de divisibilité par 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 13
dans le système de numération dodécanaire.
7. Démontrer que si a es b (mod m), a œi b (mod n) et my n des nombres
premiers entre eux, on a a= s 5 (mod mn).
8. Soit d le plus grand commun diviseur des entiers m et n. Montrer que
si a =□ b (mod m) et a = b (mod n).

§ 2. Système complet de résidus


Système complet de résidus. Selon la propriété 1.1 chaque classe
résiduelle modulo m est définie de façon univoque par tout nombre a
appartenant à cette classe ; cette classe est un ensemble de tous les
nombres de la forme a + km, c’est-à-dire est l ’ensemble
{a + km | k 6 Z} = a + mZ.
La classe résiduelle modulo m comprenant le nombre a, c’est-à-dire
la collection de tous les entiers b tels que b = a (mod m) est notée
tout simplement a mod m :
a mod m = {a + km \ k Ç Z}.
Tout nombre appartenant à la classe résiduelle a mod m est appelé
représentant de cette classe.
D é f i n i t i o n . On appelle système complet des résidus modulo m la
collection de m entiers, contenant strictement un représentant de
chaque classe résiduelle modulo m.
Chaque classe résiduelle modulo m contient strictement un des
nombres de la collection de tous les restes possibles de la division
par m, à savoir 0, 1 , 2, . . m — 1 .
D é f i n i t i o n . La collection des nombres 0, 1, 2, . . ., m — 1 est
appelée système des plus petits résidus non négatifs modulo m.
Partout plus loin la notation (a, m) = 1 signifiera que les nombres
a et m sont premiers entre eux.
P r o p o s i t i o n 2.1. Toute collection de m nombres (m > 1) non congrus
deux à deux modulo m constituent un système complet des résidus
modulo m .
D é m o n s t r a t i o n . Soit M la collection de m nombres non
congrus deux à deux modulo m. Alors les nombres appartiennent à
des classes résiduelles différentes. En outre, M comprend m nombres.
Par conséquent, l ’ensemble M contient un représentant de chaque
classe résiduelle modulo m. □
366 T H É O R IE D E S C O N G R U E N C E S [CH. X II

P r o p o s i t i o n 2.2. Soient a et b des entiers et (a, m) = 1. Si x parcourt


le système complet des résidus modulo m, alors ax + b parcourt aussi
le système complet des résidus modulo m.
D é m o n s t r a t i o n . Soit M le système complet des résidus.
Alors, l ’ensemble M 1 = {ax + 6 | x £ M ) contient, comme M, m
éléments. Tous deux nombres ax1 + b et ax2 + b de M sont non
congrus si x x # x 2 (mod m). Donc, l’ensemble A/, est un système
complet des résidus modulo m. □
Groupe additif des classes de résidus. Désignons par ZimZ l’en­
semble de toutes les classes résiduelles modulo m:
Z/mZ = {0 mod m, 1 mod m, . . ., (m — 1) mod m }.
Définissons les opérations + , — sur l’ensemble des classes résiduelles
de la façon suivante :
a mod m + b mod m = (a + b) mod m,
— (a mod m) = (—a) mod m.
Selon les propriétés 1.4 et 1.5 des congruences, la congruence appliquée
à l ’ensemble Z est une congruence par rapport à l’opération d’addition
dans Z et l ’opération de passage à l’élément opposé. Ainsi, à deux
classes quelconques a mod m et 6 mod m indépendamment du choix
des représentants a et b en leur sein s’associe de façon univoque la
classe (a + b) mod m qui est leur somme. De façon analogue, la
classe — (a mod m) est indépendante du choix du représentant a.
Vu que l ’addition des entiers est commutative et associative, l ’addi­
tion des classes des résidus est aussi commutative et associative,
c’est-à-dire pour tous a, 6, c Ç Z
a mod m + 6 mod m = b mod m + a mod m,
(a mod m + b mod m) + c mod m = a mod m + (b mod m + c mod m).
La classe des résidus 0 mod m est un élément neutre par rapport à
l’addition, c’est-à-dire pour toute classe des résidus a mod m:
a mod m + 0 mod m = a mod m.
Ensuite, les classes a mod m et (—a) mod m sont mutuellement
opposées, c’est-à-dire
a mod m + (—a) mod m = 0 mod m.
On aboutit donc au théorème suivant.
Theorême 2.3. L'algèbre <Z/mZ, + , — > constitue un groupe. Ce
groupe est un groupe quotient du groupe % suivant le sous-groupe m%.
D é f i n i t i o n . Le groupe <Z/mZ, + , —> est appelé groupe additif
des classes résiduelles modulo m.
93 ] SY ST È M E R E D U IT D E S R E S ID U S 367

Anneau des classes résiduelles. Sur l'ensemble des classes résiduel­


les modulo m définissons la multiplication de la façon suivante:
(a mod m) •(b mod m) = ab mod m.
Selon la propriété 1.5 des congruences, la congruence modulo m
sur Z est une congruence par rapport à l’opération de multiplication
sur Z. Ainsi, à chaque deux classes résiduelles a mod m et 6 mod m,
indépendamment du choix en leur sein des représentants a, 6, s’as­
socie de façon univoque la classe résiduelle ab mod m qui est leur
produit. Vu que les opérations d’addition et de multiplication des
classes résiduelles se réduisent à des opérations appropriées sur les
nombres de ces classes résiduelles, ces opérations respectent les lois
de l’addition et de la multiplication, en particulier, les lois de com­
mutativité, d’associativité et de distributivité
(a mod m) (b mod m) = (b mod m) (a mod m),
(a mod m) [(6 mod m) (c mod m)l =
= [(a mod m) (b mod m)] (c mod m)r
(ia mod m) [(6 mod m) + (c mod m)] =
= (a mod m) (b mod m) + (a mod m) (c mod m) .
En outre, la classe résiduelle 1 mod m est un élément neutre par
rapport à la multiplication :
(a mod m) (1 mod m) = a mod m.
Le théorème suivant est par suite vérifié.
T h éo rè m e 2.4. L'algèbre (Z/mZ, + , —, •, 1 mod m) est un
anneau commutatif (abélien).
D é fin itio n . L’anneau (Z/mZ, 1 mod m) est appelé
anneau des classes résiduelles modulo m.

Exercices
1. Chercher le système complet des résidus et le système des absolumeut
plus petits résidus modulo 30.
2. Chercher le système complet des absolument plus petits résidus modu­
lo 19.
3. Les puissances 2°, 2l , 22, . . 210 avec le nombre 0 forment-elles
un système complet des résidus modulo 11?
4. En portant dans l’expression 3x + ly les valeurs de x = 0, 1, 2, 3, 4,
5, 6 et de y = 0t 1, 2 vérifier qu’on obtient finalement un système complet
des résidus modulo 21.

§ 3. Système réduit des résidus


Système réduit des résidus. Soit n un nombre positif quelconque.
Notons fp (n) le nombre d’entiers positifs ne dépassant pas n et pre­
miers avec n. Le plus grand commun diviseur des entiers a, b qui est
un nombre naturel sera noté (a, b).
368 T H E O R IE D E S C O N G R U E N C E S [CH. x n

P roposition 3.1. Tous les nombres de la classe résiduelle fixée


a mod m possèdent avec m un meme plus grand commun diviseur,
égal à (a, m).
D é m o n s t r a t i o n . Si b est un nombre quelconque de la
classe résiduelle a mod m, alors b = mq + a, où q est un certain
entier. De là, en vertu de la proposition 11.3.1, il s’ensuit que
(6, m) = (a, m). □
Par conséquent, (a, m) ne dépend que de la classe résiduelle
a mod m et est indépendant du choix du représentant a dans cette
classe. En particulier, si (a, m) = 1, la classe a mod m est appelée
classe résiduelle constituant un élément premier avec le module m.
P roposition 3.2. Le nombre des classes résiduelles, formant avec m
des éléments premiers, vaut (p (m).
D é m o n s t r a t i o n . A partir du système complet des résidus
modulo m
1, 2, . . ., m
dégageons le système de tous les résidus premiers avec m:
• • •» ^<p(m)-
En vertu de la proposition 3.1, les classes résiduelles
(1) mod m, a2 mod m, . . ., a v{m) mod m
sont des éléments premiers avec le module m. Toute autre classe
n’entrant pas dans (1) n’est pas première avec le module m, car elle
contient un élément de l ’ensemble {1, 2, . . ., m } '\{ a 1, a2,
. . . , a ç(m)}. Les classes figurant dans le système (1) sont distinctes. Par
conséquent, le nombre des classes, formant avec m des éléments
premiers, vaut cp (m). □
D é f i n i t i o n . On appelle système réduit des résidus modulo m la
collection d’entiers contenant un représentant de chaque classe rési­
duelle, premier avec m.
P r o p o s i t i o n 3.3. Toute collection q> (m) des nombres, m > 1,
premiers avec m et deux à deux non congrus modulo m est un système
réduit des résidus modulo m.
D é m o n s t r a t i o n . Soit M une collection q> (m) de nombres
premiers avec m et non congrus deux à deux modulo m. Ces nombres
appartiennent alors à des classes résiduelles différentes. Donc, l ’en­
semble M renferme un représentant de chaque classe résiduelle, pre­
mier avec le module m. Par conséquent, M est un système réduit de
résidus modulo m. □
P r o p o s i t i o n 3.4. Soient a un entier premier avec m et &2, . . .
. . ., br{,(m) un système réduit des résidus modulo m. Alors, la collection
ubj, aè2, . . ., abÇ(m) est aussi un système réduit des résidus modulo m.
D é m o n s t r a t i o n . En raison de la proposition 3.3 il suffit
de montrer que les nombres de la collection abx, ab2, . . ., ab^(m)
sont deux à deux non congrus modulo m . En effet, si abt = abk X
S 3] S Y S T E M E R E D U IT D E S R E S ID U S 369

X (mod m) avec i =£ k , on a alors, selon la condition (a, m) = 1,


bi = bk (mod m), ce qui est impossible vu que par hypothèse de la
proposition 6* et bk sont des éléments distincts du système réduit des
résidus modulo m. □
Groupe multiplicatif des classes résiduelles, éléments premiers
avec le module. Considérons le théorème dégageant une propriété
fort importante des classes résiduelles, éléments premiers avec le
module.
T hêorême 3.5. L'ensemble des classes résiduelles modulo m formant
des éléments premiers avec le module constituent par rapport à la
multiplication un groupe abélien.
D é m o n s t r a t i o n . Soit Gm l’ensemble de toutes les classes
résiduelles modulo m éléments premiers avec m. Le produit de deux
classes résiduelles quelconques modulo m éléments premiers avec
le module constitue une classe résiduelle formant des éléments
premiers avec le module et, par suite, l’ensemble Gm est fermé par
rapport à la multiplication. Ensuite, l’opération de multiplication
des classes est commutative et associative. La classe 1,1 = 1 mod
m est l’élément neutre par rapport à la multiplication. Démontrons
que pour toute classe a£Gm il existe dans Gm une classe inverse. Soit
Gm = &<p(m)}t
c’est-à-dire que al%a2, . . ., a ^ m) est un système réduit des résidus
modulo m. Alors, selon la proposition 3.4 aax, aa2, . . ., aaq(m) est
aussi un système réduit des résidus modulo m ; il renferme donc un
nombre congru avec 1. Soit aah = 1 (mod m). Alors a a h = T, et,
partant, ak est une classe inverse de la classe a de Gm. Ainsi, le
système (Gm, -, ”*> est un groupe abélien. □
D éfinition . Le groupe &m = (Gm, -, "l > est dit groupe multi­
plicatif des classes résiduelles modulo m, formant avec le module
des éléments premiers.
Corollaire 3.6. S i p est un nombre premier, alors l'ensemble des
classes résiduelles non nulles est un groupe abélien par rapport à la
multiplication.
T hêorême 3.7. Un anneau des classes résiduelles modulo m constitue
un corps si et seulement si m est un nombre premier.
D é m o n s t r a t i o n . Soit m un nombre premier. Alors, selon
la corollaire 3.6, l’ensemble de toutes les classes résiduelles non
nulles modulo m est un groupe par rapport à la multiplication.
Aussi l ’anneau des classes résiduelles modulo m est-il un corps.
Soit m un nombre composé, m = ab, 1 < a, b < m. Dans ce
cas (a mod m) (b mod m) = 0 mod m, de plus, par hypothèse,
a mod m # 0 mod m, b mod m # 0 mod m.
Ainsi, l’anneau des classes résiduelles comporte des diviseurs de zéro
et, partant, ne peut être un corps.
24-01762
370 T H E O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

Si m = 1, l'anneau des classes résiduelles modulo m est alors un


anneau réduit à {0}. Si, par contre, m = 0, l'anneau des classes
résiduelles modulo m, 2/(0), est isomorphe à l'anneau 2 et, par
suite, n’est pas un corps. □
D éfinition . Le nombre a est dit inverse du nombre b modulo m si
ab = 1 (mod m). Les nombres a et b seront également appelés mutuel­
lement inverses modulo m.
P roposition 3.8. Soient a un nombre premier avec le module m et
Pn -i le numérateur de Vavant-dernière réduite du nombre — ( —= —^ ] .
n 1 ? a \ a Qn )
Alors, a (—l)71”1 Pn-X= 1 (mod m), c'est-à-dire que le nombre
(—l)71"1 Pn-i est Vinverse de Vélément a modulo m.
P P
D é m o n s t r a t i o n . Soient ; p ^ et ;p les deux dernières
vn-l Qn
réduites du nombre ml a. Alors m = Pnj a = Qn et, selon le corollaire
11.3.5,
P n __ P n - i ^ ( - l )71
Qn Q n -1 Q n-iQ n

P a r conséq u en t,
m__ Pn-i ^ (-l)n
Qn-\m — aPn„i = ( — 1)M et
a Q n -1 Çn-iÇn
a ( — l)71”1 = 1 (mod m). □
Exemple. Cherchons le nombre inverse du nombre 79 modulo
m = 273.
273
Décomposons le nombre en fraction continue, alors
^ - = | 3 ; 2, 5, 7|.
273
Calculons les numérateurs des réduites du nombre ^/9 suivant
le schéma

k 1 2 3 4

<lh 3 2 5 7

Pk 1 3 7 38 273

P 3 = 38 est le numérateur de l’avant-dernière réduite du nombre


273/79. Donc, le nombre (—l)s = —38 est l’inverse du nombre 79,
c’est-à-dire 79 (—38) = 1 (mod 273).
Fonction d’Euler. Le nombre d’entiers positifs ne dépassant
pas n et premiers avec lui est noté q) (n) ; la fonction numérique <p
définie sur l ’ensemble de tous les entiers positifs est nommée jonction
§ 3] SY ST È M E R É D U IT D E S R É S ID U S 371

d'Euler (ou indicateur d'Euler). On constate sans peine que cp (n) est
égal au nombre des entiers non négatifs inférieurs à n et premiers
avec lui.
E x em p le: <p (1) = 1, cp (2) = 1, cp (6 ) = 2, cp (5) — 4 T
cp (12) = 4.
La fonction numérique /est dite multiplicative si pour des entiers
positifs a et 6 premiers entre eux, on a l’égalité / (ab) — / (a) / (6).
Théorème 3.9. La jonction d'Euler cp est multiplicative.
D é m o n s t r a t i o n . Soient a et b des entiers positifs pre­
miers entre eux. Considérons l’ensemble M de tous les entiers non
négatifs inférieurs à ab. Selon le théorème de la division avec reste»
chaque nombre de M peut se représenter de façon unique sous forme
de bq + r, où r £ (0, 1, . . ., 6 — 1}, q £ (0, 1, . . ., a — 1}. Le
nombre bq + r est premier avec a si et seulement si (6, r) = 1. Il
existe cp (6) de tels r. Soit rx l’un d’eux. Alors, selon la proposition
2.2, les nombres r,, 6 + r1? 26 + ru . . ., 6 (a — 1) + rx forment un
système complet des résidus modulo a. Il existe donc parmi ces
nombres exactement cp (a) nombres premiers avec a. Ainsi, à chaque
nombre rx premier avec 6 sont associés exactement q) (a) nombres de
la forme bq + rl premiers avec a et, partant, avec ab. Aussi le nombre
de nombres appartenant à M et premiers avec ab est-il égal à cp(a) q) (6),
c’est-à-dire q) (ab) = (p (a) (p (b).
Théorème 3.10. Si n = f[ est une décomposition canonique%
p In
du nombre naturel n, alors

(1) «p(n) = n JJ ( l - y ) .
p ln

D é m o n s t r a t i o n . Vu que la fonction q? est multiplicative,,


pour le calcul de cp (n) il suffit d’être en mesure de calculer cette*
fonction pour une puissance du nombre premier p. Le nombre des
entiers non négatifs inférieurs à pa et non premiers avec pa vaut
p®”1, car seuls les nombres kp, 0 ^ k < pa~1 ne sont pas premiers
avec p®. Aussi le nombre de nombres inférieurs à p® et premiers
avec p® vaut-il p® — p®"1, c’est-à-dire

(2) ?(/>«) = p « ( l - ^ - ) .

Vu que n = fl Pap et fonction <p est multiplicative, on a


pin

(3) <p(n)= pIlI n <P(Pap)*


24*
372 THEORIE DES CONGRUENCES [CH. XII

De (2) et (3) il s’ensuit que

< ? (" )= n ( 1 — f ) = n pap n ( i - t ) =


pin pin pin

P i n
et, par suite, la formule (1 ) est vérifiée. □
E x e m p l e : <p(30)=30 ( l — — 5 -) ( 1 — g-) =

Théorème 3.11. La somme des nombres <p(d) suivant tous les


diviseurs naturels d du nombre n vaut n, c'est-à-dire ^ 9 (d) = n.
d 1n
D é m o n s t r a t i o n . Si n = f [ est une décomposition cano-
i 1
nique de n, alors
2 (P(^) = f I ( H (P(Pi) + <p(pî) + • • • + ? (p*1))»
dm i 1

puisqu’en ouvrant les parenthèses, on obtient la somme de toutes les


valeurs de <p (d). Ensuite,
s < p ( d ) = n ( i + ( P i - i ) + ( P ï - / > i ) + . . . + ( p “* - p “' " ‘) =
dm i 1 1

==f|p*i = tt, c’est-à-dire ^ ç(d) = /i.


i d 1n

Théorèmes d’Euler et de Fermât. En théorie des congruences


un rôle important est joué par le théorème d'Euler.
Théorème d ’EüLER. Si un entier a est un nombre premier avec m,
alors
(1) a?(m) = 1 (mod m).
D é m o n s t r a t i o n . Soit
(2 ) û j, a«y • • -i &<p(m)

un système réduit des résidus modulo m. Alors, selon la pro­


position 3.4,
(3) aa±, • • •»
l ’est également. Aussi le produit des nombres (3) est-il congru au
produit des nombres (2), c’est-à-dire
(4) a*(m)aia2 . . . a<p(m>s axa« . . . a vim) (mod m).
C O N G R U E N C E S D U P R E M IE R D E G R E 373

Le produit a1a2 . . . a ^ m) est premier avec m. Aussi, selon la pro­


priété 1.6, les deux parties de la congruence (4) se prêtent-elles à une
division par ce produit et on a a^m) = 1 (mod m). □
T hêorême de F ermât. Si un nombre entier a nest pas divisible
par le nombre premier p, alors ap-1 = 1 (mod p).
Ce théorème est un cas particulier du théorème précédent au cas
où m = p. On énonce souvent le théorème de Fermât de façon diffé­
rente.
S econd énonce du thêorême de F ermât. Si p est premier et a un
entier quelconque, alors av = a (mod p).

Exercices
1. En partant de Tégalité aV = (1 + 1 + . . . + l)pt démontrer que pour
tout a naturel et p premier la congruence aP ma a (mod p) est satisfaite.
2. Démontrer que le nombre des fractions réduites positives ayant pour
dénominateurs l’un des nombres suivants: 1, 2, . . ., n et ne dépassant pas
l’unité vaut <p (1) + <p (2) + . . . + q> (n)-
3. Démontrer que pour n > 1 la somme des résidus m modulo n se dispo­
sant dans l’intervalle 1 < m < n est égale à ~ mp (n).
4. Montrer sur des exemples que la congruence am » a (mod m), où m
est premier, peut ne pas se vérifier pour un m composé.
5. Démontrer que si a *1*1 = 1 (mod n) et ad & 1 pour tout diviseur posi­
tif d du nombre (n — 1), alors n est premier.
6. Combien y a-t-il de nombres naturels inférieurs au nombre 234 000 000
*t premiers avec lui?

§ 4. Congruences du premier degré.


Congruences de degrés supérieurs suivant un module simple
Degré et nombre de solutions de la congruence. La congruence
de la forme
(1) a^x71 + . - - + ûjX 4 a0 = 0 (mod m),
où Oj, . . ., a^ sont des entiers, est appelée congruence algébrique.
Le nombre n est dénommé degré de la congruence (1) si an n’est pas
divisible par m.
Si le nombre a satisfait à la congruence (1), alors tout nombre b
congru à a modulo m satisfait également à la congruence (1) ; ces deux
solutions sont considérées comme identiques.
D éfinition . On appelle nombre de solutions de la congruence
modulo m le nombre de solutions de cette congruence au sens d’un
système complet quelconque des résidus modulo m.
E x e m p l e s . 1. La congruence 3a:* — 7 s 0 (mod 4) parmi les
nombres 0, 1, 2, 3 du système complet des résidus modulo 4 est
satisfaite poui deux nombres: x = 1 et x = 3. La congruence a donc
deux solutions: x = 1 (mod 4) et x == 3 (mod 4).
374 T H E O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

2. A la congruence x2 s 1 (mod 8), parmi les nombres 0, 1, 2, 3,


4, 5, 6, 7 du système complet des résidus modulo 8, satisfont quatre
nombres: 1, 3, 5, 7. Aussi, la congruence a-t-elle quatre solutions:
x s l (mod 8), x = 3 (mod 8), x = 5 (mod 8),
x s 7 (mod 8).
Congruences du premier degré. Cherchons les conditions de
résolubilité de la congruence du premier degré.
Theoreme 4.1. Si (a, m) = 1, alors la congruence
(1) ax = b (mod m)
admet une et seulement une solution.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse le nombre a est premier
avec m. Selon le théorème 3.5, il existe un entier a' inverse de a
modulo m, c’est-à-dire a*a = 1 (mod m). Multiplions les deux
membres de (1) par a', il vient
(2) x = a’b (mod m).
Par conséquent, la congruence (1) admet une solution au plus. D’autre
part, (2) est. une solution de la congruence (1), car
a (a'b) = (aa') b s b (mod m).
Ainsi, la classe résiduelle a'b mod m est l’unique solution de la
congruence (1). □
Théorème 4.2. Soit (a, m) = d. La congruence
(1) ax = b ( mod m)
est résoluble si et seulement si d | b. Si d \ b, la congruence (1) possède
en guise de solutions exactement d classes résiduelles modulo m qui
constituent une classe résiduelle commune modulo mld.
D é m o n s t r a t i o n . Soit (a, m) = d > 1. Si la congruence
(1) a pour solution xx, alors axx — b = km, où k est un entier. Vu
que (a, m) = d, il s’ensuit que d divise b.
Admettons maintenant que b est divisible par d et démontrons
que la congruence (1) a d solutions. Soient b = bxd, a = axd et
m = mxd. La congruence (1) est équipotente à la congruence
(2) axx = bx (mod mx).
Selon le théorème 4.1, la congruence (2) possède une solution unique
a\bx mod miy où a\ est un nombre inverse de ax modulo mx. Soit
x0 = a[bx. La classe résiduelle x0 mod mx se sépare en d classes rési­
duelles modulo m suivantes:
(3) x0 mod m, (x0 + mx) mod m, (x0 + 2mx) mod m, . . .
. . ., (x0 + (d — 1) m,) mod m.
§M CONGRUENCES DU P R E M IE R DEGRE 375

Ou constate sans peine que les classes résiduelles (3) sont des classes
de module m distinct. Ainsi, la congruence (2) possède en guise de
solutions des classes résiduelles (3), c’est-à-dire exactement d classes
résiduelles modulo m constituant une classe résiduelle unique modulo
mld. □
Notons que la collection des solutions (3) de la congruence (1)
est une classe du groupe additif # des classes résiduelles modulo m
suivant le sous-groupe ^ •#. Réciproquement: toute classe suivant
le sous-groupe •# du groupe# peut être prise pour un ensemble
des solutions d’une certaine congruence linéaire modulo m.
Congruences de degrés supérieurs suivant un module simple.
Passons au problème du nombre de solutions qu’admet une con­
gruence de degré n suivant un module simple.
T héorème 4.3. La congruence
<1) anzu -r . . . + axx + a0 = 0 (mod p)
de degré n suivant un module simple p admet n solutions au plus.
D é m o n s t r a t i o n (s’effectue par récurrence sur n). Si
n = 0, la congruence est de la forme a0 = 0 (mod p), où p f a0 ;
dans ce cas la congruence a zéro solutions. Supposons que la con­
gruence (1) est de degré n > 0. Si la congruence admet des solutions,
alors pour un certain entier xlt on a
(2) anx? + . . . + axxx + a0 = 0 (mod p).
Soustrayons cette congruence de (1). Dans ce cas, la différence entre
les termes de degré k est de la forme
ak (x*— x*) = ah (x — Xj) (x*-1 + xxx*-f + . . . + x^”1)
avec k = 1, . . ., n; chaque différence contient un facteur linéaire
(x — Xj). Aussi peut-on finalement écrire la différence de la façon
suivante :
(3) (x — X j ) (ôn-xx"-1 + . . . + 40) a O (mod p),
où b0, . . bn-j sont des entiers, bn-x = an. Toute autre solution de
la congruence (1), disons, x2 sera la solution de la congruence
(4) bn. jx"-1 + . . . + &„ = 0 (mod p).
En effet, vu que x2 # ij (mod p) et le module p est simple, de la
congruence
(x2 — Xx) (bn -ix?-1 + . . . + b0) = 0 (mod p)
on tire que
b„_)xn- 1 J- , . . -f i 0 = 0 (mod p).
376 T H E O R IE D E S C O N G R U E N C E S [CH. X II

Comme le degré de la congruence (4) vaut n — 1, suivant l’hypothèse


de récurrence, la congruence (4) admet n — 1 solutions au plus.
Donc, la congruence de départ (1) possède n solutions au plus. □
Corollaire 4.4. Si la congruence anxn + - - • + + a0 =
= 0 (mod p) admet plus de n solutions, tous ses coefficients sont divisi­
bles par p.
P roposition 4.5. Si p est premier, la congruence x?"1 — 1 =
= 0 (mod p) admet exactement p — 1 solutions.
Cette proposition découle directement du théorème de Fermât
et tous nombres non divisibles par p satisfont à la congruence ; ses
solutions sont les nombres 1, 2, . . ., p — 1.
T heorême de W ilson . Si p est premier, alors
(1) (p _ 1) ! + 1 = 0 (mod p).
D é m o n s t r a t i o n . Si p = 2 le théorème est apparemment
vrai. Soit p > 2. Considérons la congruence
(2) (x - 1) (x - 2 ) . . . (x - (p - 1)) - (a?-1 - 1) = 0 (mod p).
Son degré est inférieur à p — 1, mais cette congruence possède p — 1
solutions: 1, 2, . . ., p — 1. Aussi, selon le corollaire 4.4, tous les
coefficients de la congruence (2) sont-ils divisibles par p. En particu­
lier, le dernier coefficient égal à (p — 1) ! + 1 est divisible par p. □
T heorême 4.6. Si p est premier et d est un diviseur naturel du
nombre p — 1, la congruence
(1) x? — 1 = 0 (mod p)
a alors exactement d solutions.
D é m o n s t r a t i o n . Soit d un diviseur quelconque de p — 1,
p — 1 = kd. Alors la congruence
(2) a^"1 — 1 = 0 (mod p)
peut être écrite sous la forme
(3 ) (** _ i) (^(^D + **(*-2) + . . . + é + 1) = 0 (mod p).
Selon la proposition 4.5, la congruence (2) possède p — 1 solutions:
1, 2, . . ., p — 1. Chaque solution de la congruence (2) doit vérifier
l’une des congruences:
(1) — 1 = 0 (mod p),
(4) ^<*-1) + . . . + a* + 1 = 0 (mod p).
Selon le théorème 4.3, la congruence (4) admet d ( k — 1) =
= p — 1 — d solutions au plus. Aussi, la congruence (1) doit-elle
posséder au moins d solutions. Donc, en raison de la proposition 4.5,
la congruence (3) a exactement d solutions. □
RACINES PRIMITIVES ET INDICES 37 T

Exercices
1. Démontrer que si le nombre naturel m > 1, la congruence 1*2*3 . . .
. . . (m — 1) m —1 (mod m) est alors satisfaite si et seulement si m est pre­
mier.
2. Chercher les solutions de la congruence a z a l (mod 7) pour a = 2, 3r
4, 5, 6.
3. Chercher le nombre multiple de sept et fournissant le reste 1 après divi-
sion par 2, 3, 4, 5, 6.
4. Démontrer que la congruence x2 + 1 «a 0 (mod p), pour p = 4n + 1
premier, est satisfaite pour le nombre (2n)!
5. Résoudre les congruences:
x2 » —1 (mod 65) ; s 2 —2 (mod 33).

§ 5. Racines prim itives et indices


Ordre du nombre et de la classe résiduelle suivant un m odule.
Soit a un nombre premier avec m. On appelle ordre du nombre a modulo
m le plus petit entier positif d tel que ad = 1 (mod m). Si b =
= a (mod m), il possède le meme ordre modulo m que a. Ainsi, tous
les éléments de la classe résiduelle a mod m sont d’ordre d ; le nombre
d est appelé ordre de la classe résiduelle a mod m et noté G (a mod m).
P roposition 5.1. Si G (a mod m) = d, alors les nombres a, a2, . . .
. . ., cfi sont non congrus deux à deux modulo m.
D é m o n s t r a t i o n . Si a3 = a* (mod m), où k < s, A, s Ç
Ç {1, 2, . . ., d}, alors as~k = 1 (mod m), ce qui est en contradiction
avec l ’hypothèse, car 0 < 5 — A < d. □
P roposition 5.2. Soient G (a mod m) = d et n tout entier non
négatif. La congruence a11 = 1 (mod m) est vérifiée si et seulement si n
est divisible par d.
D é m o n s t r a t i o n . Montrons d’abord qu’il s’ensuit à partir
de a71 = 1 (mod m) que n est divisible par d. Selon le théorème de
la division avec reste, il existe pour n et d des nombres naturels q
et r tels que
(1) n = dq + r, 0 ^ r < d.
Montrons que r = 0. En raison de (1) et de la condition ad =
b 1 (mod m), on a
an b adqaT b (ad)qar = ar b 1 (mod m)•
Vu que par hypothèse aT 1 (mod m), si 0 < r < d, la congruence
ar b 1 (mod m) n’est possible que pour r = 0. Par conséquent, n est
divisible par d. Supposons maintenant que n est divisible par d,
n = dk pour un certain A. Alors
an b ad* b (ad)k b 1 (mod m), c’est-à-dire an b 1 (mod m). □
P roposition 5.3. Si O (a mod m) = d, aiors (p (m) esi divisible
par d.
378 T H É O R IE D E S CONGRUENCES [CH. XII

D é m o n s t r a t i o n . En vertu de la proposition 5.2, de


av(m) — i (mod m) et de la condition O (a mod m) = d il s’ensuit
que cp (m) est divisible par d. □
P r o p o s i t i o n 5/i. Soit G (a mod m) = d. La congruence a4 =
= ak (mod m) a lieu si et seulement si k = s (mod d).
D é m o n s t r a t i o n . Si
(1) ah = a* (mod m), s,
alors,
(2) a*"s =s t (mod m)
et, par suite, en vertu de la proposition 5.2, k — s est divisible
par d, c’est-à-dire
{3) k = s (mod d).
Réciproquement: de (3) s’ensuivent (2) et (1). □
P r o p o s i t i o n 5.5. Soient a, b des nombres premiers avec m. Si les
nombres G (a mod m) et G (b mod m) sont premiers entre eux, alors
G (ab mod m) = G (a mod m)-G (b mod m).
D é m o n s t r a t i o n . Soient G (a) = d, G (b) = e et G (ab) =
= /. Démontrons que / est divisible par de. Vu que be = 1 (mod m),
alors ac == aebe s (afc)* (mod m) et aef s (ab)e* s ((ab)/)* =
s 1 (mod m). A partir de aef = 1 (mod m), en vertu de la pro­
position 5.2, il s’ensuit que ef est divisible par d. Vu que par hypo­
thèse (d, e) = 1, / est divisible par d. On obtient de meme que /
est divisible par e. Donc, / est divisible par de.
D’autre part, (ab)de = (&d)e (be)d = 1 (mod m). Selon la pro­
position 5.2, il s’ensuit que de est divisible par /. Par conséquent,
/ = de. □
P r o p o s i t i o n 5.6. Si G (a mod m) = n et d est un diviseur naturel
du nombre n, alors G (ad mod m) = nid.
D é m o n s t r a t i o n . Soit G (ad mod m) = /. Par hypo­
thèse, a71 = (ad)n/d = 1 (mod m). Selon la proposition 5.2, il s’ensuit
que nid est divisible par /, c’est-à-dire nid = &/, n = kfd pour un
certain nombre naturel k . Donc, a/d = (a*/ = 1 (mod m). On en
déduit que fd est divisible par n. Donc, A: = l , n = / d e t / = nid. □
P r o p o s i t i o n 5.7. Si G (a mod m) = n et (k, n) = d, alors

G (ah mod m) ~ nid.


D é m o n s t r a t i o n . Soient G (ak mod m) = /, k = A^d,
n = r^d. De l’hypothèse on déduit que
(ak)n!d = (an)*/<* = 1 (mod m).
Par conséquent, le nombre nid = nx est divisible par /. D’autre
paît, (ak)f = ah* = 1 (mod m). Selon la proposition 5.2, il s’ensuit
§ 5] R A C IN E S P R IM IT IV E S ET IN D IC E S 37 9

que kf est divisible par n. Donc, kxf est divisible par nx ; vu que
(A?!* /ij) = 1, / est donc divisible par nx; par conséquent, / = nx =
= nid. □
P r o p o s i t i o n 5.8. Si O (a mod m) = n et (k , n) = 1, alors

O (ak mod m) — «.
Cette proposition découle directement de la précédente.
Racines prim itives suivant un module simple. Pour décrire un
groupe des résidus multiplicatif suivant un module simple il faut
procéder à l’étude des nombres dont l’ordre est le plus grand suivant
ce module.
T h é o r è m e 5.9. Soient p un nombre premier et d un diviseur na­
turel du nombre p — 1. Dans un système réduit des résidus modulo p
il existe exactement cp (d) nombres d'ordre d.
D é m o n s t r a t i o n . Soit B le système réduit des résidus
modulo p. Soit d un certain diviseur naturel du nombre p — 1.
Notons (d) le nombre d’éléments de B dont l’ordre vaut d. Suppo­
sons qu’il existe au moins un élément a £ B dont l’ordre est p, c’est-à-
dire ij? (d) > 0. Alors, a, a-, . . ., ad sont des solutions modulo p
distinctes de la congruence
(1) ^ = 1 (mod p)
et, selon le théorème 4.6, il n’y a pas d’autres solutions. Par suite,
tous les résidus d’ordre d doivent appartenir à l’ensemble
M = {*, a~, . . ., ad).
Selon les propositions 5.7 et 5.8, le nombre ah est d’ordre d si et
seulement si (d, k) = 1. Il s’ensuit que (d) = (p (d) au cas où il
existe au moins un élément d’ordre d. Ainsi
(2) if (d) ^ <p (d) pour tout diviseur d du nombre (p — 1).
Chaque résidu possédant un ordre d, diviseur de p — 1, on a
* (4) = />—!■
d l ( p - 1)

D’autre part, selon le théorème 3.11,


S <P(d) = p - l ,
d U P -1)

donc
(3) S (V(d)-1>(d)) = 0.
d l ( P - 1)

Sur la base de (2) et (3) on conclut que if (d) = cp (d) pour tout divi­
seur naturel d du nombre p — 1. □
Si le résidu a modulo m est d’ordre cp (m), on appelle alors a
racine primitive modulo m.
380 T H É O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

T hêoreme 5.10. Un groupe des résidus modulo p premiers avec le


module est cyclique. Le nombre de racines primitives modulo p vaut
<P (P — !)•
Ce théorème découle directement du théorème précédent selon
lequel il existe «p (/? — 1) générateurs du groupe des résidus premiers
avec p .
Si g est la racine primitive modulo p, les p — 1 puissances
(i) g, .................. f - 1
sont alors non congrues modulo p. Par conséquent, la proposition
suivante est vraie.
P roposition 5.11. Si g est une racine primitive modulo p , les p —■1
puissances g, g2, . . ., g?”1 constituent alors un système réduit des
résidus modulo p.
Les racines primitives n'existent pas pour tout module m, mais
seulement pour m = 2, 4, pft, 2pk (p étant un nombre premier im­
pair).
E x e m p l e . Soit p = 13. Cherchons les racines primitives sui­
vant ce module.
Le nombre p — 1 = 12 possède 6 diviseurs naturels: 1, 2, 3, 4r
6, 12:
<P (1) = 1, (p (2) = 1, (p (3) = 2, cp (4) = 2, cp (6) = 2,
cp (12) = 4.
Les nombres 2, 6, 7, 11 sont des racines primitives modulo 13. Le
nombre 12 a l ’ordre 2 ; le nombre 3 l ’ordre 3 ; les nombres 5, 8 l’ordre
4; les nombres 4, 10 l ’ordre 6, le nombre 1 l ’ordre 1.
Indices suivant un module simple. Soit g une racine primitive
modulo p. Alors, les nombres
(i) g, gz, . .
forment un système réduit des résidus modulo p. Aussi tout nombre a
est-il premier avec p et n ’est congru qu’avec un et seulement un des
nombres de la série (1).
Si a = gh (mod p), alors k est dit indice du nombre a modulo p
affectant la base g et est désigné par le symbole ind a ou ind^ a.
Si k' est un autre nombre pour lequel a = gh' (mod p), alors g* s
= g*' (mod p) et, selon la proposition 5.4, k = k' (mod (p — 1)).
Ainsi, l’ensemble des indices d’un nombre a donné forment une
classe résiduelle modulo p — 1. Par définition de l ’indice, a =
= b (mod p) implique ind a = ind b (mod p — 1).
E x e m p l e . Soit p = 13. Le nombre 2 est la racine primitive
modulo 13. Les indices des nombres 1, 2, . . ., 12 affectant la base
g = 2 sont :
a | 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

ind a | 0 1 4 2 9 5 11 3 8 10 7 6
* *] R A C IN E S P R IM IT IV E S E T IN D IC E S 381

A l'aide de ce tableau, la base du nombre a étant donnée, on obtient


son indice modulo 13. Le tableau qui suit permet, connaissant l'indi­
ce, d'obtenir le nombre correspondant:
ind a 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
a 1 2 4 8 3 6 12 11 9 5 10 7
Au moyen d'indices on est en mesure de réduire une multiplica­
tion modulo p à une addition modulo p — 1 de façon analogue au
procédé qui permet à l ’aide des logarithmes de réduire une multipli­
cation banale des nombres à une addition.
T h ê o r e m e 5.12. Si les nombres a, b sont premiers avec p et n
est un nombre naturel quelconque, alors
ind ab = ind a + ind b (mod p — 1),
^ ind an = n ind a (mod p — 1).
D é m o n s t r a t i o n . Par définition des indices des nombres
a et b, on a:
a = glnd c (mo(J p ^ = gind b (mod p)f
de là on tire le produit
ab = gtnd[a+ind6 (mod p).
Donc, ind a + ind b est l ’un des indices du produit a6, c’est-à-dire
ind ab = ind a + ind b (mod p — 1).
De la congruence a s g111*1a (mod p) il s’ensuit que
cn B f ind a (mod p) ;
aussi n ind a est-il l ’un des indices de la puissance an, c’est-à-dire
ind an == n ind a (mod p — 1). □
E x e m p l e s . 1. Soient p = 13, a = 8, b = 6 ; alors ind 8 =
= 9, ind 6 = 8, ind 8-6 = 9 + 8 = 5 (mod 12).
2. Résoudre la congruence Gx = 7 (mod 13).
La congruence donnée est équipotente à :
ind 6 + ind x = ind 7 (mod 12) ou ind x =
= ind 7 — ind 6 = 11 — 5 = 6 (mod 12).
Il s’ensuit que x = 12 (mod 13).
T h eo rê m e 5.12. Soient ÿ p un groupe multiplicatif des classes
résiduelles, éléments premiers avec p et C un groupe additif des classes
résiduelles modulo p — 1. L'application a mod p ind a (mod p — 1),
associant à chaque élément a du groupe S p Vélément ind a du groupe
C, est un isomorphisme du groupe S p sur le groupe C.
382 T H E O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

D é m o n s t r a t i o n . Par définition de l’indice, la corres­


pondance a mod p >-► ind a (mod p — 1) est bijective. En outre,
<p
dans le groupe est respectée l’opération de multiplication, car de
la congruence
ind ab = ind a + ind b (mod p — 1)
il s’ensuit que
[ind ab] = [ind al + [ind p].
Par conséquent,cp est un isomorphisme du g r o u p e s u r le groupe C. □
En arithmétique courante le fondement de la théorie des loga­
rithmes est un isomorphisme du groupe multiplicatif des nombres
réels positifs et du groupe additif de tous les nombres réels. Le
théorème démontré, constituant le fondement de la théorie des
indices, permet de comprendre pourquoi la théorie des logarithmes
(de l’arithmétique courante) ressemble à la théorie des indices (suivant
un module simple).
Congruences binomiales. On appelle congruence binomiale la
congruence de la forme
(1) ar71 = b (mod p),
où l’exposant n est positif. Si p est premier, la congruence (1) est
équipotente à la congruence
(2) n£ = ind b — ind a (mod p — 1), où £ = ind x.
Pour que la congruence (2) soit résoluble il faut et il suffit que le
nombre d = (n, p — 1) divise la différence ind b — ind a. Si cette
condition est remplie, la congruence (2) admet d solutions modulo
p — 1 ; par conséquent, la congruence (1) possède exactement d
solutions modulo p.
E x e m p l e . Résolvons la congruence
(3) 6s8 = 5 (mod 13).
La congruence (2) prend dans ce cas la forme
8£ = ind 5 — ind 6 (mod 12) ou 8£ = 4 (mod 12).
Cette dernière congruence est compatible, vu que (8, 12) divise 4 et
admet les quatre solutions suivantes:
£ = 2, 5, 8, 11 (mod 12) ; ind a: = 2, 5, 8, 11 (mod 12).
Donc, la congruence (3) possède quatre solutions:
x = 4, 6, 9, 7 (mod 13).
La congruence binomiale (1) peut être réduite à une plus simple
en multipliant les deux membres de la congruence par le nombre a',
* *] R A C IN E S P R IM IT IV E S ET IN D IC E S 383

inverse de a modulo p, a a ss 1 (mod p). La multiplication effec­


tuée, on obtient xn es a b (mod p). Ainsi, toute congruence bino­
miale peut être réduite à la forme la plus simple:
x™ == c (mod p).
D é f i n i t i o n . Le nombre a est appelé k-naire résida modulo m si
la congruence xff = a (mod m) admet au moins une solution.
Soient p un nombre premier et k = (k, p — 1).
Theorême 5.13. Pour tout résidu a suivant un module simple p
les affirmations suivantes sont équipotentes :
(а) a est un k-naire résidu modulo p ;
p -1

(P) a * = 1 (mod p) ;
(Y) l'ordre de la classe résiduelle a mod p est un diviseur
du nombre PT* , c'est-à-dire (amod p)|((p — l)/fc) ;

(б) ind a est un multiple de k.


D é m o n s t r a t i o n , (a)-*- (p). Soit a le k- naire résidu ;
alors, il existe un résidu x 0 premier avec p vérifiant la congruence
x* s= a (mod p). Donc,
p -i p - i

a * = (xJ) * = (x*/*)p“1= 1 (mod p),


c’est-à-dire que ( P ) est vérifiée ;
( P ) -►* (y). Selon la proposition 5.2, de la congruence (P) s’ensuit
(y);
(y) (ô). De la condition (y) il s’ensuit que
p -1

(1) a * = 1 (mod p).


Soit g une racine primitive modulo p. Alors, a = g inda et, en vertu
de (1),
2=1 in d c ^
(glnd a) k — g * 2 5 1 (mod p).
Donc, selon la proposition 5.2,
ind a- = 0 (mod p — 1) ;
k ^
et, par suite, k | ind a, c’est-à-dire qu’est remplie (6).
(6) -*■ (a). Considérons la congruence
= ind a (mod p — 1).
384 T H É O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

Etant donné que k = (fc, p — 1) | ind a, la congruence admet une


solution. Soit £0 la solution de cette congruence, &£023 ind a x
x (mod p — 1). Alors, g**. = ginda (mod p), par conséquent,
(glo)k = a (mod p), c’est-à-dire a est le Zc-naire résidu modulo p.
Ainsi, (ô) -*■ (a). □
Exercices
1. Composer le tableau des indices modulo 19 de base 2.
2. Composer le tableau des indices modulo 29 de base 10.
3. Chercher les racines primitives des nombres 41 et 49.
4. Soient p un nombre premier impair et n > 1. Montrer qu’il existe exac­
tement (p — l)-<p (p — 1) racines primitives différentes du nombre pn non
congrues modulo p2.
5. Si p est un nombre premier impair, n > 1, il existe exactement 9 (9 (pn))
racines primitives différentes du nombre pn.
6. Montrer que si p est un nombre premier impair et n > 1 il existe exacte­
ment 9 (9 (pn)) racines primitives différentes du nombre 2p n.
7. Chercher l ’indice du nombre (—1) suivant un module simple impair p,
la base étant quelconque.
8. Montrer que pour un nombre premier de la forme 2n + 1 avec n > 3,
le nombre 3 est une racine primitive.
9. Montrer que si p est un nombre premier de la forme 4k + 1 et g la racine
primitive modulo p, p — g est aussi une racine primitive modulo p.

§ 6. Conversion d’une fraction ordinaire en fraction


systém atique et appréciation de la longueur
de la période d’une fraction systém atique
Une fraction périodique m-naire
mh (V^m 1- 1+ . . . +&/ + 4m? -+ • • • + - m5t-
h +

s ’écrit de façon condensée sous forme


(* ) T ïl . . . b \y û-1 • . • û fc)»

. . . ah est dans ce cas appelé période de la fraction et bx . . . bi


prépériode de la fraction. Le nombre k est la longueur de la période
et le nombre Z la longueur de la prépériode.
La fraction périodique m-naire (*) est dite normée si sont remplies
les conditions :
(a) ak =£bt ;
(P) la période al . . . ak possède la plus petite longueur pos­
sible.
Si a est la fraction périodique normée m-naire (*), c’est-à-dire
si a = mh (bx . . . bt, ax . . . ak), on dit alors que la fraction
§ G] C O N V E R S IO N D ’U N E F R A C T IO N O R D I N A I R E 385

mh (6t . . . bh ax . . . ah) est la décomposition normée du nombre a en


une fraction périodique m-naire.
P roposition 6.1. Soit m un nombre naturel f ixé supérieur à Vunité.
Pour tout nombre rationnel positif donné a il existe un entier h et des
nombres naturels c, n tels que
(I) a = mh-^ , (m, n) = 1, m + c, (c, n) = 1.
En outre, si Ventier hx et les nombres naturels cx, nx satisfont aux
conditions
(P) a = mh (m, n,) = 1, + (ci9 nft) « l ,
ni
alors, h = hx, c = cx et n = nx.
D é m o n s t r a t i o n . Figurons le nombre rationnel a sous
forme d’une fraction irréductible a = ulv, (u, u) = 1, u, v Ç N.
Notons n le plus grand diviseur naturel du dénominateur v, premier
avec m, v = qn. Alors, chaque diviseur premier du nombre q divisera
m; il existe donc des entiers t tels que Ç N. Notons t0 le plus petit
Ttt tn^^
entier tel que — u £ N. Soit c = — -u, a^ors
a = m~tü~ t mt c, (c, n) = l.
En posant h = —*0, on voit que les nombres h, c, n satisfont aux
conditions (I).
Supposons que les nombres hx, cx, nx remplissent les conditions
(I')
' 7
; alors a = mh- n— = mh' •nx—. Posons h >^ hx,1 alors mh~h' cnx
1
=
= cxn. Vu que, par hypothèse, (m, n) = 1 et m f cx, on a m + cxn;
donc h — hx = 0 et cnx = cxn et, par suite, h = hx et — = ^1.
n itj

n
= — nx
étant irréductibles, —c = c,1 et n = nx. 1

C orollaire 6.2. Pour un m fixé et un nombre a rationnel et positif
donné, il existe un unique entier h, tel que la fraction almh ait un dé­
nominateur premier avec m et un numérateur non divisible par m.
D éfinition . La figuration du nombre rationnel positif a sous for­
me de
(I) a = mh~ ,
où (m, n) = 1, m t c, (c, n) = 1, (c, n) Ç N sera dite m-figuration
du nombre a. Le nombre h sera également noté h (a).
P roposition 6.3. Si une fraction périodique m-naire
mh (6t . . . bt, at . . . ak)
25—01702
386 T H É O R IE D E S C O N G R U E N C E S [CH. XII

satisfait à la condition ak ^ b j, alors sa prépériode a la plus petite


longueur possible.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, si ah = bt e t l > 1, alors
mh (bt . . . b,, at . . . ah) = mh+‘ (6, . . . 6,_„ aAa, . . .
c'est-à-dire qu'on peut diminuer la longueur de la prépériode de la
fraction. □
P roposition 6.4. Supposons que la fraction
(I) mh (bt . . . bh a, . . . ah)
soit la décomposition en fraction périodique m-naire du nombre rationnel
positif a. Soit
(II) a = mh(a>• - -
une m-figuration du nombre a. Dans ce cas les affirmations suivantes
sont équipotentes
(a) bt # ak ;
(P) i4 ^ É 5 (m o d n),
où B = blml~l + .. .-\-bi et .4 = atro*-1+ ... +a* ;
(Y) h = h(a);
(ô) —= — = . . . bi, <i\ . . . fl*.
mh n
D é m o n s t r a t i o n , (a) -*• (P). Définissons les nom bres A
e t B au m oyen des égalités su iv an tes:
(1) 4 = a1m*-1+ . . . 4- ^*, 0 < a lf . . . , ak< m ,
(2) 5 = . . . -f iji ()<&„ . . . ,
V u que 0 ^ bt, ak < m, on déd u it de (a) que
(3) ak bt (mod m).
Sur la base de (1), (2) e t (3) on conclut que
A B (mod m) ;
c’est-à-dire q u ’il y a lieu (P).
(P) (y). Selon l ’hypothèse,
a = mh (bl . . . bi, at . . . ak) =
... +qfe
—1 )•
par suite,
(4)
§ 6] C O N V E R S IO N D ’U N E F R A C T IO N O R D I N A I R E 387

On constate sans peine que


B (mh — 1) + A —5 + A = —6/ + ak (mod m).
Selon la condition (p) il s’ensuit que
(5) B (mh — 1) + A ^ 0 (mod m),
c’est-à-dire que m + (JB (mk — 1) + -4). En outre, en raison de (II)
et de (4), on a
(6) g = m h^ . — = m h . B ( m k - l ) + A
' ’ n m *-l

En vertu de la proposition 6.1, de (5) et de (6) s’ensuit l’égalité


(7) h = h (a) ;
(y) (ô). Par hypothèse,
(8) a = mh<a>-~ = mh (6, . . . bt, a, . . . ak).
De (7) et (8) il vient

(9) —
mft = -n" = 6* • • • * ! . « I •••
et, par suite, est satisfait (6).
(6) -► (a). De la condition (ô) s’ensuit que
c B (/n^ — 1) 4 *^
n mh — 1 *
__ j
c’est-à-dire i? (mfe—l)4-.4 = c ---- -— . Vu que (c, m) = 1 et
( mh^ i ’ m ) “ £ ( m —l) + i4 = —5 + i4 ^ 0 (mod m). En outre»
— 5 + ^4= —bi + ak (mod m). Donc, b i ^ a k (modm). En vertu
de (1), (2), il s’ensuit que b i ^ a k. □
Proposition 6.5. Soit 0, al t . . ., ak la décomposition en fraction
périodique m-naire du nombre rationnel positif r/n, (r, n) = 1, c’est-à-
dire
(1) r/n = 0, a, . . . ak.
A lors, la longueur k de la période est divisible par l'ordre de la classe?
résiduelle m mod n, O (m mod n) | k.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse,
«* «h
(2) T - Ï + - + m* m**1 m**
Posons
A = almh~1 + . . .
25*
388 T H É O R IE DES CONGRUENCES [CH. XII

Alors, (2) peut être écrit sous forme


r _ A A
ti mk m*k
Donc,
r A
<3) n mk—1
et r (mh — 1) = nA. Or, comme (n , r) = 1, on a n | (m* — 1),
•c’est-à-dire
(4) mfc = 1 (mod n).
En vertu de la proposition 5.2, il s’ensuit de (4) que k est divisible
par l’ordre de la classe résiduelle m mod n. □
T héorème 6.6. Un nombre rationnel > 0, (r, n) = 1, se dé­
compose en fraction purement périodique m-naire avec la plus petite
période
(1) 0, a, . . . aft,
si et seulement si sont remplies les conditions
(2) 0 < -£ -< l, (m, n) = 1.
Dans ce cas la longueur kde la plus petite période est égale à l'ordre
■de la classe résiduelle m mod n et la suite au . . ., ak coïncide avec la
■suite des chiffres en figuration m-adique du nombre (mk — 1)-r/n.
D é m o n s t r a'4t i o n. Soit donné un nombre rationnel positif
-a représenté par une fraction irréductible rln satisfaisant aux condi­
tions (2). Posons k = © (m mod n). En multipliant le numérateur
et le dénominateur de la fraction — n
par m*n~ * , il vient
r _ A
(3) a n m* —1
Soit
<4) A = + . . . + ah
une figuration m-adique du nombre a. En raison de (3)
r A , A
(5) a= —
n mk
De (4) et (5) il s’ensuit que
ah . . .,
fl= m + mk mk*1 + . . . + m -k
§ 6] C O N V E R S IO N D ’U N E F R A C T IO N O R D I N A I R E 38£

autrement dit, on a obtenu une décomposition du nombre a en une


fraction purement périodique dont la période est de longueur k :
cl = 0, ... ah.

De plus, en vertu de la proposition 6.5, la longueur k de la période


est minimale et la suite a l9 . . . , a h coïncide avec la suite des chiffres
dans la figuration m-adique du nombre (mk — 1)*rlrt.
Supposons à présent qu’on est en possession de la décompo­
sition du nombre , (r, n) = l, en une fraction purement pério­
dique à période minimale, -^- = 0, ai . . . ak, c’est-à-dire

(1)
n m
+ ——
mk
H—m7kT* 71- + • • • + m-k
+ •••
Soit
(6) A = a xm h ~l + . . . + ak.

Alors,
r A . .4
(7) n mk m*k
et, partant,
(8) —=— — .

En raison de (7) et (8), on a 0 < A ^ mh — 1. De là, ainsi que de


(8) , il s’ensuit que
0< —n
<1.
De (8) on déduit que r (mk —11) = An et, comme (n, r) = 1.
on a n | (mh— 1), c’est-à-dire
(9) mh — 1 (mod n)
et, partant, (m, n) = 1. De (9), selon la proposition 5.2, il s’ensuit
que O (m mod n) | k. Par hypothèse, k est la plus petite période,
donc, en vertu de la proposition 6.5, k = O (m mod n). En raison
de (8), A = (mh — 1 ) ~ . Ensuite, en raison de (2),
(mh— !)•-£- = a,roh- , -f . . . + a k.
Ainsi, la suite
a XJ . . . , a h des chiffres de la période de la fraction
0, coïncide avec la suite des chiffres de la figuration
ax . . . ah

m-adique du nombre (mk — l) ™ ’ □


390 T H E O R IE D E S C O N G R U E N C E S [CH. XII

Thêorême 6.7. Tout nombre rationnel positif a est doué d'une


décomposition normée en fraction périodique m-naire mh (bx . . .
.. . a1 . . . ak). De plus, si a = mhw ~ est une m-figuration
du nombre a, alors:
1) h = h (a) ;
2) k = O (m mod n) ;
3) la suite bly . . ., b[ coïncide avec la suite des chiffres dans la
figuration m-adique du nombre B t où

B = a
1 si
mh
4) /a suite alT . . ., a* coïncide avec la suite des chiffres dans la
figuration m-adique du nombre A , où

D é m o n s t r a t i o n . Selon la proposition 6.1, il existe


pour le nombre a un entier h et des nombres naturels c, n tels que
•(1) a = mh • -jj-, (m, n) = 1, ro te , (c, n) = l.
Le nombre c peut être figuré sous forme de c = Bn + r, où 0 <
< n, (r, n) = 1, B étant un nombre naturel, donc,^
<2) = 5 + 0 < —< 1 .
n 1 n * n
Par conséquent, il vient:

B =
1 si — £Z.
mh mh
Selon le théorème 6.6, la fraction propre r/n se décompose en
une fraction m-naire purement périodique
<3) - - = 0, a t . . . ah.

De plus, la longueur k de la plus petite période est égale à l'ordre


de la classe résiduelle m mod n,
{4) k = O (m mod n),
$ 6] C O N V E R S IO N D ’U N E F R A C T IO N O R D I N A I R E 391

e t la suite ax, . . ah coïncide avec la suite des chiffres dans la


figuration m-adique du nombre A , où

Soit B = bxml~l + - - • + bt une figuration m-adique du nom­


bre B. Alors, en vertu de (1), (2) et (3), il vient
(5} mh7"= “n = ••• b(, ûj . . .

par suite,
(6) a = mti(bi . . . 6Z, a{ . . . ak).
Vu que h = h (a), il s’ensuit de (6), selon la proposition 6.4, l’iné­
galité bt ^ ak. En outre, en raison de (4) et de la proposition 6.5,
la longueur k de la période dans la décomposition (6) est minimale.
Ainsi, (6) est une décomposition normée du nombre a en une fraction
périodique m-naire. □

Exercices
1. Chercher combien y a-t-il de chiffres dans la période des fractions déci­
males en lesquelles sont converties les fractions ordinaires dont les dénomi­
nateurs sont: 3, 7, 11, 13, 17, 19, 21.
2. Convertir les fractions périodiques décimales suivantes en fractions
ordinaires: 0,35 (62); 5,1 (538); 3,(27); 11,12(31).
3. Chercher le dénominateur de la fraction se convertissant en une fraction
purement périodique et possédant trois chiffres dans la période.
4. Soit p un nombre premier autre que 2 et 5. Montrer que si la fraction
1/p est convertible en une fraction décimale purement périodique avec un nombre
pair de chiffres dans la période, alors les chiffres de la seconde moitié de la
période complètent jusqu'à neuf les chiffres correspondants de la première
moitié de la période. Par exemple, 1/7 = 0,142857.
5. Chercher combien y a-t-il de chiffres dans la période des fractions déci­
males en lesquelles sont converties les fractions ordinaires dont les dénomina­
teurs sont: 41, 13-37, 11-13.17, 5-7-19, 2-11-13.
6. Quelle valeur est susceptible de prendre le dénominateur d'une fraction
se convertissant en une fraction décimale purement périodique avec trois chiffres
dans la période?
7. Quelle est la valeur du dénominateur d'une fraction qu'on peut con­
vertir en fraction décimale purement périodique avec cinq chiffres dans la
période ?
CHAPITRE XIII

ANNEAUX

§ 1. Idéaux d’un anneau. Anneau quotient


Idéaux d’un anneau. Soient SK = (K , + 1> un anneau
et / un sous-ensemble de l ’ensemble K . L’ensemble / est dit fermé
dans SK par rapport à la soustraction si a — b 6 1 pour tous éléments
a et b de /.
L’ensemble / est dit stable par rapport à la multiplication à droite
par les éléments de Vanneau SK si ak Ç / pour tout a de / et tout k
de K , c’est-à-dire si dans l’ensemble I, avec chaque élément a de ce
dernier, sont inclus tous ses multiples à droite ak, où k Ç K. On
définit de façon analogue l’ensemble stable par rapport à la multi­
plication à gauche par les éléments de l ’anneau SK.
L’ensemble / est dit stable par rapport à la multiplication par
les éléments de Vanneau SK s’il est stable par rapport à la multipli­
cation à droite et à gauche par les éléments de l ’anneau SK-
Définition. On appelle idéal à droite (à gauche) de Vanneau SK
tout sous-ensemble non vide de l ’ensemble K fermé dans SK par rap­
port à la soustraction et stable par rapport à la multiplication à
droite (à gauche) par les éléments de l’anneau SK.
D éfinition . On appelle idéal bilatéral de Vanneau SK ou tout
simplement idéal de Vanneau SK tout sous-ensemble non vide de
l’ensemble K si ce sous-ensemble est en même temps un idéal à droi­
te et à gauche de l’anneau SK-
Il s’ensuit de la définition que tout idéal / de l’anneau SK ren­
ferme le zéro de l’anneau et est fermé relativement aux trois pre­
mières opérations principales de l ’anneau. L’algèbre (/, + , — ) est
un sous-groupe du groupe additif {K, + , —>de l’anneau. L’ensemble
{O#ç} est un idéal de l ’anneau SK appelé idéal nul ou zéro. L’ensemble
K est également un idéal de l ’anneau SK ; il est composé des multiples
de l’unité de l ’anneau et, par suite, est appelé idéal unité (ou unitai­
re) de Vanneau SK- Les idéaux zéro et unité sont dits idéaux triviaux
de Vanneau SK. Les idéaux de l’anneau distincts des idéaux triviaux
sont dits idéaux propres de Vanneau.
E x e m p l e s . 1. Soient Z un anneau des entiers et n un entier
fixé. L’ensemble nZ = {nx \ x £ Z) est un idéal de l’anneau 2 .
§ 1] IDEAUX D’UN ANNEAU. ANNEAU QUOTIENT 393

2. Soient SK un anneau quelconque et n un entier fixé. L’ensemble


nK = {nx | x Ç K ) est un idéal de l’anneau SK.
3. Soient SK un anneau commutatif et a son élément fixé. L’en­
semble {ka | k Ç K} composé des multiples de l’élément a est un
idéal. Il est appelé idéal principal engendré par Vélément a et noté (a).
Dans les anneaux non commutatifs il est nécessaire de distinguer
les idéaux principaux à droite des idéaux principaux à gauche.
4. Soient SK un anneau commutatif et a,, . . ., an Ç K. L’en­
semble {A^aj + . • • + knan | Aj, . . ., kn Ç K ) est un idéal do
l’anneau SK. On l ’appelle idéal engendré par les éléments ax, . . .
. . ., an et est désigné par le symbole (alt . . ., an).
Dans les anneaux non commutatifs il est nécessaire de distin­
guer les idéaux à droite des idéaux à gauche engendrés par les élé­
ments a1? . . ., an.
Etudions les opérations sur les idéaux. On appelle intersection
des idéaux I et J de l’anneau SK l’ensemble / f| J • On définit de fa­
çon analogue l’intersection de toute collection d’idéaux de l’anneau.
On vérifie sans peine que l’intersection de toute collection d’idéaux
de l ’anneau est un idéal de cet anneau.
On appelle somme des idéaux I et J l’ensemble I + J défini par
l’égalité
I + J = {x + y I x 6 /, y 6 J}-
On vérifie aisément que la somme des idéaux de l’anneau est un
idéal de cet anneau. L’addition des idéaux est douée des propriétés
de commutativité et d’associativité.
On appelle produit des idéaux I et J de l’anneau SK l’ensemble dfr
tous les éléments de la forme xyyx + . . . + x nyn, où X/ Ç / , y t 6 J
et n un entier positif quelconque. Le produit des idéaux 1 et J est
noté I - J . On vérifie sans peine que le produit des idéaux de l’anneau
est un idéal de cet anneau.
Notons que l’idéal principal (a) engendré par l’élément a d’un
anneau commutatif SK est une intersection de tous les idéaux renfermant
Vélément a et, par suite, (a) est le plus petit des idéaux contenant a.
De façon analogue, l’idéal (at, . . ., an) engendré par les élé­
ments ax, . . ., an de l’anneau commutatif SK est une intersection
de tous les idéaux renfermant les éléments aXJ . . ., an, et, par suite,
(ax, . . ., an) est le plus petit des idéaux contenant at, . . ., an.
Congruences et classes résiduelles suivant l'idéal. Soit / un idéal
fixé de l’anneau SK.
D éfin ition . Les éléments a, b de l’anneau SK sont dits congrus
suivant Vidéal I si a — b £ /.
La notation a = b (mod I) signifie que les éléments a et b sont
congrus suivant l’idéal I.
P roposition 1.1. La congruence suivant V idéal I dans Vanneau SK
(sur Vensemble K) est une relation d'équivalence.
394 ANNEAUX [CH. XIII

D é m o n s t r a t i o n . La congruence suivant l’idéal / est ré­


flexive, vu que f l - f l Ç / pour tout élément a de K. La congruence
suivant l’idéal / est transitive, vu que de a — 6 6 / et 6 — c 6 /
il s’ensuit que
a — c = (a — 6) + (6 — c) 6 /•
La congruence suivant l’idéal / est symétrique, vu que de a — 6 6 /
s ’ensuit 6 — a 6 /. □
D é f i n i t i o n . Les classes d’équivalence de la congruence suivant
l ’idéal / dans l’anneau vF sont dénommées classes résiduelles suivant
V idéal I ou classes de Vanneau suivant Vidéal /.
La classe résiduelle contenant l’élément a de l’anneau vF sera
notée à. Apparemment, à = a -f- /.
T h é o r è m e 1.2. Les classes résiduelles de Vanneau VC suivant Vidéal
/ sont douées des propriétés suivantes:
(1) toutes deux classes résiduelles soit coïncident, soit sont disjointes;
(2) la réunion de toutes les classes résiduelles de Vanneau ST suivant
Vidéal I coïncide avec Vensemble | vF |;
(3) les classes résiduelles a et b suivant Vidéal I coïncident si et
seulement si a = 6 (mod /) ;
(4) si c 6 â, alors à = c 4- / (en particulier, à = a -f /).
Les propriétés (l)-(4) du théorème expriment les propriétés
'Correspondantes des classes du groupe (K, -f, —> suivant le sous-
groupe (/, -K — >.
Etudions les principales propriétés des congruences suivant un
idéal.
P ro p rié té 1 . 1 . Les congruences peuvent être additionnées et
soustraites membre à membre, c'est-à-dire de
a s 6 et c = d (mod /)
s'ensuit
a + c= b + d et a —c= b — d (mod /).
Démonstration. En effet, si a — 6 6 / et c — d 6 /»
*lors
a -f- c — (6 -f d) 6/ et (a — c ) — (6 — d) 6 /.
P ar conséquent, a + c œ 6 + d, a — c s 6 — d (mod /). □
P r o p r i é t é 1.2. Les deux membres de la congruence peuvent être
multipliés par tout entier n, cest-à-dire de a = b (mod I) il s'ensuit
:que na = nb (mod /), ou n 6 Z.
D é m o n s t r a t i o n . De a — 6 6 / il s’ensuit que na — nb =
= n (a — 6) 6 /- □
P ro p rié té 1.3. Les d e u x membres de la congruence peuvent être
multipliés à droite et à gauche par tout élément de Vanneau, c'est-à-dire
§ 1] I D E A U X D ’U N A N N E A U . A N N E A U Q U O T IE N T 395

de
a = b (mod /) et c 6 | SK |
s'ensuivent les congruences
ca = cb (mod /), ac = bc (mod /).
D é m o n s t r a t i o n . L’ensemble des éléments de l ’idéal
I est stable par rapport à la multiplication par les éléments de l ’an­
neau. Donc, pour tout élément c de l’anneau SK de a — b £ / s’ensuit
ca — cb 6 I et ac — bc 6 / . □
P r o p r i é t é 1.4. Les congruences peuvent être multipliées membre
à membre, c'est-à-dire si
a = b, c = d (mod /), alors ac = bd (mod /).
D é m o n s t r a t i o n . De fait, si a — 6 £ / et c — d Ç / , alors,
en vertu de la stabilité de l’idéal I par rapport à l’addition et à la
multiplication par les éléments de l’anneau, il vient
ac — bd = ac — bc + bc — bd = (a — b) c + b (c — d) Ç /. □
Anneau quotient. Soit / un idéal de l’anneau SK = (K, + , — ,
-, 1). On a établi plus haut que la congruence modulo / est une re­
lation d’équivalence sur l’ensemble K. Les classes d ’équivalence
sont appelées classes résiduelles ou classes de Vanneau SK suivant l'idéal
I ou modulo /. L’ensemble de toutes les classes résiduelles est dénom­
mé ensemble quotient K modulo I et noté KH.
Les propriétés 1.1-1.4 des congruences suivant l’idéal montrent
que la congruence modulo I est une congruence dans l’anneau SK (une
congruence relativement à toutes les opérations principales de l ’an­
neau SK). Aussi, selon le théorème 3.1.9, est-on en mesure de définir
les opérations + , —, -, 1 associées aux opérations principales de
l ’anneau SK sur l’ensemble quotient K II de la façon suivante :
a + b = a + 6, —a = (—a), ab — ab, T = 1+ /
pour tous éléments a, b de K /I.
Une telle définition des opérations sur l’ensemble quotient KII
est correcte, car elle ne dépend pas du choix des éléments a, b dans
les classes a et b respectivement. _
D é f i n i t i o n . L’algèbre (/£//, -J-, —, -, 1) est dénommée anneau
quotient de Vanneau SK modulo I et notée SKII.
T h é o r è m e 1.3. Soit I Vidéal de Vanneau SK. Dans ce cas Valgèbre
SKII = (KII, 1) est un anneau.
D é m o n s t r a t i o n . L’algèbre (/£//, —> est un groupe
abélien puisque c’est un groupe quotient du groupe additif (K,
— > de l’anneau 5î* suivant le sous-groupe {/. -K —) /voir théorème
10.4.2).
396 THÉORIE DES CONGRUENCES [CH. XII

L’algèbre (K /I, •, 1 ) est un monoïde. En effet, en vertu de l’asso­


ciativité de la multiplication dans SK pour tous a, fc, c de 7f/7, on a
a-(b-c) = a-(bc) = a (bc) = (ab) c = (ab)*c = (a-b)-c,
autrement dit, la multiplication dans l’algèbre SK il est associative.
De plus,
â-T = a* 1 = à = T-â pour tout à de À77,
c’est-à-dire 1 est un élément neutre par rapport à la multiplication
dans l’algèbre S K !I .
Dans SKil la multiplication est distributive par rapport à l ’ad­
dition. En effet, en vertu de la distributivité de la multiplication
par rapport à l’addition dans l’anneau SK pour tous a, 6, c de SKlIy
il vient
(a + b)-c = a + b-c = (a -f b)>c = ac + bc =
= ac + bc — a-c + b-c.
De façon analogue, on se convainc que c {a + b) = c-a + c-b. □
Théorème des épimorphismes d’anneaux. Soient SK et SK' des an­
neaux :
SK = (K , + , - , -, 1>, SK' = (K \ + , - , -, D .
T héorème 1.4. Un noyau d'homomorphisme de Vanneau SK dans
Vanneau SK' est un idéal de Vanneau SK.
D é m o n s t r a t i o n . Soit Ker / un noyau d’homomorphisme
/ de l’anneau SK dans l ’anneau SK\ c’est-à-dire Ker / =
= {x 6 SK | / (x) = 0'}, où 0' est le zéro de l’anneau SK'. L ’ensemble
Ker / n’est pas vide, car 0 £ Ker /. Pour tous a, b de Ker /, il vient
/ (a - 6) = / (a) - / (b) = 0' - 0# = 0',
c’est-à-dire l’ensemble Ker / est fermé dans SK par rapport à la
soustraction.
Pour tout a de Ker / et tout k de K , il vient
/ (Ara) = / (*)•/ (a) = / (*)•()' = 0',
c’est-à-dire ka 6 Ker /. De façon analogue, on se convainc que ak Ç
6 Ker /.
Ainsi, Ker / est stable par rapport à la multiplication par les
éléments de K. Par conséquent, le noyau d ’homomorphisme / est un
idéal de l’anneau SK. □
P roposition 1.5. Soit / un homomorphisme de Vanneau SK dans Van­
neau SK' de noyau I. Pour tous a, b de K Végalité f (a) = / (6) est véri­
fiée si et seulement si a = b.
* »]
ID E A U X D ’U N A N N E A U . A N N E A U Q U O T IE N T 397

D é m o n s t r a t i o n . Soit / (a) = f (b). Alors,


(1) / (a _ 6) = / (a) — / (6) = 0',
puisque / est un homomorphisme. Donc a — 6 g / et, par suite, a = b.
Admettons à présent que a = b. Alors, a — b Ç / et / (fl — 6) =
= 0', vu que / = Ker /. De là, compte tenu de (1). on obt ient
/ ( « ) — / (*) = 0' et / (a) = / (6 ). □
Theoreme l.h. Soit f un épimorphisme de Vanneau 3F sur Van­
neau 3F' de noyau /. Alors Vanneau quotient 3F// est isomorphe à Van-
neau 3F'.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, I = Ker /. Soit K =
= KH l’ensemble de toutes les classes résiduelles de l’anneau 3F
modulo / et
3F// - <A7/, +
où T =1 + [. Désignons par h l’application KII dans | 3F' |, qu’on dé­
finit de la façon suivante :
(1) h (à) = / (â) pour chaque élément à de K.
En vertu de la proposition 1.5, la valeur de h (a) est indépen­
dante du choix du représentant a dans la classe â. Ensuite, l’appli­
cation h respecte les opérations principales de l’anneau 3F//. En effet,
h (I) = 1$£• et pour tous a, b de K, il vient :
h (â + b) = h (T T T ) = / (a + b) = f(a) + f (b) = h Ça) + h (b);
h (-—a) = hJX -a)) = / ( - a ) = - / ( « ) = - * (à);
h (a-b) = h (ab) = / (afc) = / (a)-/ (6) = h (a)-h (b).
Par hypothèse, / est une application de | 3F | sur |3F' |. En vertu de
(1), il s’ensuit que h est une application de l’ensemble K sur l’ensem­
ble |3F' |. L’application h est injective. De fait, en vertu de (1), de
l ’égalité h (a) = h (b) s’ensuit f (a) = f (6) ; en vertu de la propo­
sition 1.5, il en découle que a = b. Par conséquent, h est un iso­
morphisme de l’anneau quotient 3F//sur l’anneau 3F'. □
Caractéristique d’un anneau. Soit 3F = (K, + , —, -, e) un
anneau avec unité e. Dans le groupe additif (K. + , —> de l’anneau
l ’élément e est doué soit d’un ordre fini O (e) = m, soit d’un ordre
infini 0 (e) = oo.
D éfinition . On dit que l’anneau 3F possède une caractéristique
finie m si dans le groupe additif de l ’anneau l’unité de l’anneau a un
ordre fini m. On dit que l’anneau 3F a une caractéristique nulle si
l’unité de l’anneau 3F est douée d’un ordre infini.
Puisque tout corps & est un anneau, on peut parler de la caracté­
ristique d’un corps SF. Convenons de noter ch (3F) la caractéristique
de l’anneau 3F.
398 ANNEAUX [CH. XIII

E x e m p l e s . 1. Soit S un anneau des entiers. Pour tout en­


tier positif h, on a la condition n-1 0, c'est-à-dire 0 (1) = oo.
Par conséquent, un anneau des entiers a une caractéristique nulle.
2. Soit m un nombre naturel quelconque différent de zéro. L’an­
n e au quotient S m = 2b (m) admet une caractéristique finie m, vu
que 1, unité de l’anneau 2 m, possède l’ordre m.
3. Soit SK tout anneau numérique. Alors, pour tout entier po­
sitif n est satisfaite l’inégalité n-1 =j£ 0 et, par suite, © (1) = 0 0 . Donc*
tout anneau numérique est de caractéristique nulle.
4. Soient & un corps de caractéristique m, SK un anneau des
matrices carrées surjT et E une matrice unité (unité de l ’anneau).
L’anneau SK a la caractéristique m, car © (E) = 0 (1^) = m.
T heorême 1.7. La caractéristique d'un domaine d'intégrité est
soit zéro, soit un nombre premier.
D é m o n s t r a t i o n . Soit Si' un domaine d ’intégrité et e
l ’unité de l’anneau SK. Si © (e) = 0 0 , alors SK est de caractéristique
nulle.
Si O (e) = 1, alors e = 1&; = 0 ^ . Or, 1gc vu que X
est un domaine d’intégrité. Donc, <9 (e) 1.
Admettons maintenant que O (e) = m est un nombre composé
naturel positif : m — st, 1 < s, t < m. Par conséquent,
0 = m-e = (st)»e = (se)-(t-é).
Comme O (e) =' m et 1 < s, t < m, on a s-e =£ 0 et t-e =£ 0, mais
puisque <9C est un domaine d’intégrité, il s’ensuit que (s-e)-(t-e) =
= m-e =£ 0. On a abouti à une contradiction en admettant que m
est un nombre composé. Donc, m est un nombre premier. □
Théorèm e 1.8. Soit p un élément premier de Vanneau 2 . Alors
Vanneau quotient Z p = %/(p) est un corps.
D é m o n s t r a t i o n . Soit à tout élément non nul de l’anneau
%p. Il s’agit de démontrer que à est inversible dans l ’anneau %p.
La condition a ^ 0 traduit le fait que p ne divise pas a. Donc, p et
a sont premiers entre eux. U existe donc des entiers m et n tels que
mp + na = 1. Par conséquent, n-a = 1, c’est-à-dire que l’élément
à est inversible dans l ’anneau %p. Ainsi, l ’anneau %p est un corps. □
Le plus petit sous-anneau d’un anneau. Le sous-anneau engendré
par l’unité de l’anneau <X est contenu dans tout sous-anneau de cet
anneau.
D éfinition. Un sous-anneau de l ’anneau &C engendré par son unité
est nommé le plus petit ou le sous-anneau principal de Vanneau X .
Soient e l ’unité de l ’anneau X — (K, + , —, -, e), E =
= {ne | n Ç Z} et £ le plus petit sous-anneau de l ’anneau <X. E est
alors l’ensemble de base de l ’anneau = (E, + , —, -, e). On
vérifie sans peine que l ’anneau % est une intersection de tous les
sous-anneaux de l ’anneau X .
§ 1] I D É A U X D ’U N A N N E A U . A N N E A U Q U O T IE N T 399

T h é o r è m e 1.9. Soit m la caractéristique de Vanneau et % le


plus petit sous-anneau de cet anneau. S i m = 0, alors % est isomorphe
à Vanneau 2 des entiers. Si, par contre, m > 0, alors g est isomorphe
à Vanneau quotient 2 /(m).
D é m o n s t r a t i o n . Considérons l’application h de l’en­
semble Z dans E telle que
(1) h (n) = ne pour tout entier n.
En vertu de (1), h est une application de l’ensemble Z sur E et, de
plus, h respecte les opérations principales de l’anneau 2 , c’est-à-dire
h (n + s) = h (n) + h (s), h (—n) = — h (n),
h (n-s) = h (n)-h (s), h (1) = e
pour tous entiers n et s. Donc, h est un épimorphisme de l ’anneau
2 sur l’anneau t .
Montrons que Ker h = (m). En effet, puisque h (m) = me = 0,
on a (m )c Ker k. Ensuite, si s £ Ker h, alors h (s) = 0 et, par
suite, s-e = 0. En outre, puisque 0 (e) = m, on a 5 6 (m), en vertu
du théorème 10.3.1. Ainsi, Ker Âcz (m) ; par conséquent, Ker h = (m).
Selon le théorème d’épimorphismes d’un anneau, 2/K er h ^ f .
Mais puisque Ker h = (m), t = 2/(m). En particulier, g ^ 2/(0)
pour m = 0. Par conséquent, pour m = 0 l ’anneau g est isomorphe
à l’anneau 2 des entiers. □
C o r o l l a i r e 1.10. Soit ffî un domaine d'intégrité de caractéristique
m > 0. Alors £, le plus petit sous-anneau de Vanneau 3ST, est un
corps.
D é m o n s t r a t i o n . Puisque m > 0, alors selon le théorè­
me 1.7, m est premier. Par conséquent, selon le théorème 12.3.7,
2/(m) est un corps. En vertu du théorème 1.9, l’anneau % est iso­
morphe au corps 2/(m) et, par suite, est lui-même un corps. □

Exercices
1. Soient n un entier quelconque et nZ = {nx, x 6 Z). Montrer que pour
tout n l ’ensemble nZ est un idéal de l'anneau Z. Montrer que tout idéal de
Panneau Z est un ensemble nZ pour un certain nombre naturel n.
2. Montrer que des opérations binaires d’intersection et des sommes d’idéaux
sont commutatives et associatives.
3. Démontrer que l ’intersection d’idéaux à gauche (à droite) de l ’anneau
est un idéal à gauche (à droite) de l ’anneau.
4. Montrer qu’un corps n ’a pas d’idéaux autres que l ’idéal nul et l ’idéal
unité.
5. Soit 7^ un espace vectoriel de dimension finie sur le corps S r. Soit ofcT
un anneau d’opérateurs linéaires de l ’espace eV°. Démontrer que l ’anneau cTC
est démuni d’idéaux bilatères différents des idéaux nul et unité.
6. Chercher tous les idéaux de l ’anneau Z xt. .
7. Démontrer qu’un domaine d ’intégrité fini est un corps. / ,
400 ANNEAUX [CH. XIII

8. Soient oTC un anneau et n un entier. Montrer que l'ensemble {* g K \ nx =


= 0^ .} est un idéal de l'anneau 67C.
9. Soit 2F un corps fini composé de m éléments. Démontrer que am = a
pour tout élément a du corps 2F.
10. Chercher tous les automorphismes d ’un corps des nombres complexes
«font les nombres réels demeurent invariants.
11. Démontrer que pour tout isomorphisme des corps numériques le sous-
corps des nombres rationnels constitue une application identique.
12. Démontrer que l'anneau des matrices de la forme
r a + bi c-\-di~\
L—c + di a —bi J
& a, 6, r, d réels est isomorphe au corps (à l'anneau à division) des quater-
nions a -f 6i + cj + dk sur le corps des nombres réels.
13. Démontrer que le plus petit sous-corps de tout corps de caractéristique
nulle est isomorphe au corps des nombres rationnels.
14. Démontrer que Z j2 Z t s Z 2 et ZJ2Zt s Z 2.
15. Soit n un diviseur positif du nombre naturel] m. Démontrer que
ZmlnZjn s Z n.
16. Démontrer que le domaine de l'intégrité ne contenant que trois élé­
ments est isomorphe à l'anneau quotient Zt3Z.
17. Démontrer que les corps (Si ( V~ ) et 11) ne sont pas isomorphes.

§ 2. Corps des quotients d’un domaine d’intégrité


Corps des quotients d’un domaine d’intégrité. Le problème de
possibilité d’immersion d’un domaine d’intégrité dans un corps
est d’importance majeure.
D éfinition. Un corps.f ' est appelé corps des quotients d'un domaine
d'intégrité 'JC si sont remplies les conditions :
(a) SfC est un sous-anneau du corps
(P) pour tout x de F il existe dans K des éléments a et b tels
que x = fl-6"1.
T héorème 2.1. Pour tout domaine d'intégrité il existe un corps des
quotients.
D é m o n s t r a t i o n . Soient ffî = (K , + , —, •, 1) un domai­
ne d’intégrité, K* = Æ \{0} et
K X K* = {(a, b) \ a £ K, b Ç K*}.
Définissons sur l’ensemble K X K* la relation b in a ire s de la façon
suivante :
(a, b) = (c, d) si et seulement si ad = bc.
Appelons congruence su r K X K* cette relation. La congruence est
réflexive, symétrique et transitive.
La réflexivité et la symétrie sont évidentes. La transitivité se
manifeste également. En effet, il s’ensuit des prémisses que ad = bc,
cf = de, d ^ 0. En multipliant les deux membres de la première
C O R P S D E S Q U O T IE N T S D ’U N D O M A IN E D ’I N T E G R IT E 401
* -]

égalité par /, et de la seconde par b, on obtient: adf = bcf, bcf =


= bed et, par suite, adf = bed. Cette dernière égalité implique af =
= be, vu que 4P est un domaine d’intégrité et d 0. Donc, (a, b) =
ss (e, />.
Ainsi, la congruence est une relation d’équivalence sur l’ensem­
ble K X K*. La classe d’équivalence contenant le couple (a, b) est
notée [a, 6], l’ensemble quotient K X K*! = p a rj/’1. Remarquons
que pour tous [a, 61 et le, d] de F „ on a
(1) (a, b] = [c, d] si et seulement si ad — bc.
Définissons sur l’ensemble K X K* les opérations ©, 0 , © :
(a, b) © (c, d> = (ad 4- bc, bd) ;
0 (a, b) = (—a, b)-,
(a, b) © (c, d) = (ac, bd).
&C étant un domaine d’intégrité, b 0 et d=fc 0 impliquent que
bd 0. Donc, l’ensemble K x K* est fermé relativement aux opé­
rations ©* 0 et ©. On voit sans peine que les opérations d’addition
et de multiplication sont commutatives.
Démontrons que la congruence sur K X K* est une congruence
pour les opérations ©, 0 , et © . Compte tenu de ce que les opéra­
tions d’addition et de multiplication sont commutatives, il suffit de
montrer que de la condition
(2) (a, b) s (a', b')
s’ensuivent les relations:
(3) (a, b) © (c, d) = (a', b') © (c, d);
(4) © (a, b> = © <«', b');
(5) (a, b) © (c, d ) = <a', b') © (c, d).
La vérification de (3) se ramène à l ’établissement de la relation
(ad -f bc, bd) s (a'd + b'c, b’d).
Cette relation se réduit à l’égalité
(ad + bc) b’d = (a'd + b'c) bd
qui, à son tour, peut être remplacée par l’égalité ab'd2 = a’bdr,
qu’on obtient à partir de l’égalité ab' = a’b. Cette dernière égalité
se déduit de la condition (2).
La vérification de (4) se ramène à l’établissement de la relation
(—a, b) = (—a', b'),
réduite à l’égalité (—a) b' = (—a') b qui, à son tour, est remplacée
par l’égalité ab' = a'b valable en vertu dé la condition (2).
2 6 -0 1 7 6 2
402 ANNEAUX [CH. XIII

La vérification de (5) se ramène à l ’établissement de la relation


(ac, bd) s <a'c, b'd),
se réduisant à l’égalité ac-b'd = a'c-bd qui, à son tour, est obtenue
à partir de l’égalité ab' = a'b, vraie en vertu de la condition (2).
Bref, on a établi que la congruence sur l ’ensemble K X K* est
une congruence pour les opérations ©, ©. Selon le théorème 3.1.9
sur les congruences, les opérât ions + , —, . se définissent sur l’ensem­
ble quotient Fx au moyen des formules suivantes :
(6) (a, 6] + [c, dl = [ad + bc, bd] ;
(7) - [a, 6] = l - a , b] ;
(8) la, 61-[c, dl = [ac, 6d),
de plus, les valeurs des opérations définies ainsi sont indépendantes
du choix arbitraire des couples (a, 6) et (c, d) dans les classes d’équi­
valence [a, 61 et [c, d] respectivement.
Pour tout élément a de A’ posons â = [a, 1], en particulier,
0 = [0, 11, ï = [1, 11. Sur la base de (1) on conclut que:
[a, 61 = 0 si et seulement si a = 0 ;
[a, 6] = 1 si et seulement si a = 6;
[a, 61 = [ac, 6cl pour tout c =jÉ 0.
Démontrons que l'algèbre .F i = (Flt + , —, -, ï ) est un corps.
Une vérification directe montre que l ’addition dans est commu­
tative et associative, 0 est un élément neutre par rapport à l ’addi­
tion et, pour tout [a, 61 de Fu il vient
[a, 6] + ( - [a, 61) = Ô.
Par conséquent, l ’algèbre (Fx, - f , —) est un groupe abélien.
Une vérification directe montre également que la multiplication
dans jFj est commutative et associative et 1 est un élément neutre
par rapport à la multiplication. Donc, l'algèbre {Fl} >, 1) est un
monoïde commutatif.
Montrons que la multiplication dans est distributive par
rapport à l ’addition, c’est-à-dire que pour tous [a, 61, [c, dl, [e, /I
de Fi, on a
([a, 61 + [c, dl) [e, f\ = [a, 61 le, /I + [c, dl [c, f].
Il faut montrer que
Iode + bce, bdf] = [ae-df + ce*6/, 6/*d/l,
ou
{ade + bce, bdf) ss. {(ade +bce) f, bdf-f> (J 0).
§ 2] CORPS DES QUOTIENTS D’UN DOMAINE D’INTEGRITE 403

La dernière relation est la conséquence de ce que <ax, b,) = (a,/, bJ )


pour tous ax, 6 j, / avec f 0.
Ainsi, l ’algèbre S'x est un anneau commutatif. Dans l’anneau
est satisfaite la condition 0 ^ = 1 , car 0 * 1 =5^ 1 * 1 dans le corps &•
Dans l’anneau jFi tout élément autre que 0 est inversible. En effet,
si [a, 61 0, alors a # 0, [6 , a] Ç Fx et [a, 61* [6 , a] = 1 . Bref, on
a établi que l’algèbre S'x est un corps.
Le corps jFi contient un sous-anneau isomorphe à l ’anneau ?K.
De fait, considérons l’ensemble K x = {[a, Il | a Ç K ). Cet ensemble
est fermé dans .Fi, de sorte que
(9) la, 11 + [6,11 = [a + b, 11, - la, 11 = l - a , 11, [a, U [6,11 =
= [a6, 11, 11, 11 6 Kt
pour tous [e, 11, 16, Il de Kx. Donc, l’a lg è b r e ^ = (Kx, , 1>
est un sous-anneau du corps 5* x- Définissons Y application hx de
l'ensemble Kx dans K de la façon suivante :
hx (la, 11) = a pour chaque a de K.
ht est apparemment une application injective de l’ensemble Kx
sur K. En vertu de (9), l’application hx respecte les opérations prin­
cipales de l’anneau <3f?„ c’est-à-dire
hx (â -f 6 ) = a + 6 , hx (—a) = — a, ht (ab) = ab, (1 ) = 1.

Ainsi, hx est un isomorphisme de l'anneau 3Cx sur l’anneau vT. Par


conséquent, le corps x contient le sous-anneau SfCx isomorphe à l’an­
neau de départ Sf.
Il faut maintenant construire pour le corps jFi un nouveau corps
isomorphe au corps F i et contenant le sous-anneau 'K■ A cette fin,
remplaçons dans l’ensemble Fx chaque élément [a, 1 ] par l’élément a
(image de l ’élément [a, 1 ] après avoir fait opérer 6 j), en laissant tous
les autres éléments de l ’ensemble F, inchangés. Posons F =
= (^ 1 \ Kx) U K. Notons h l’application suivante de l ’ensemble F,
sur F :

L’application h est une application injective de l'ensemble F, sur F


prolongeant l ’application 6 ,.
Définissons sur l ’ensemble F les opérations , • par les.
formules
a + P = h (h-1 (a) + h - 1 (P)),
(,) — a = h (—h -1 (a)),
a -p = MA-1 (a)-6-1 (P)) (a, P € F).
26*
404 ANNEAUX [CH. XIII

Notons que 1 = A (1). Considérons Talgèbre F = < / % + , - , - , 1>.


Sur la base des formules (*) on conclut que les formules suivantes
sont vraies :
A"1 (a + P) = A-1 (a) + A"1 (p),
h -1 ( - a) = —h-1 (a) (a, p 6 F),
A-1 (ap) = 6 -1 (a)-fe-1 (P),
A*1 (1) = 1.
Ces formules montrent que h -1 est un isomorphisme de l'algèbre .F
sur le corps F V Par conséquent, l’algèbre F est un corps. Dans ce
cas FC est un sous-anneau du corps F car Kcz F et, en vertu des
formules (*), les opérations + , —, • dans F prolongent les opéra­
tions principales correspondantes de l’anneau FC. En effet, pour tous
a, P de K, il vient:
a + p = h (la, 11 + [p, 11) = / i ( [ a + p, 11) = a + P;
— a = h (— [a, 11) = h ([—a . 11) = — a ;
a -p = h ([a, 11-[p, 11) = h ([ap, 11) - ap.
Chaque élément x de F peut être représenté sous forme de quo­
tient d’éléments de l’anneau FC. En effet, si h"1 (x) = [a, 61, où a,
b Ç K et b ^ 0, alors
[a, b] = la, 11-11, 61 et h -1 (x) = â - ^ ) - 1.
Donc,
x = h (a-b'1) = h (a)-h(6"1) = a-6-1, et, par suite, x = a-6"1.
Bref, on a établi que .F est un corps satisfaisant aux conditions :
(a) &C est un sous-anneau du corps .F ; (P) pour tout x de F il existe
dans K des éléments a, 6 tels que x = a-6-1. Par conséquent, jF est
un corps des quotients pour le domaine d’intégrité vT. □
Isomorphisme des corps des quotients. Montrons que tout domaine
d’intégrité contient un corps unique des quotients à l’isomorphis­
me près.
Théorèm e 2.2. Soit 3C = <K , + , — , -, 1) un domaine d'inté­
grité. Soient .F = (F, + , —, -, 1 ) et 3* = (P, ©, © , Q . 1> des
corps des quotients de Vanneau FC. I l existe alors un isomorphisme du
corps .F sur le corps faisant passer chaque élément de l'anneau FC
dans lui-même.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, .F est un corps des
quotients, donc sont remplies les conditions :
(a) FC est un sous-anneau du corps .F ;
(P) pour tout x de F il existe dans K des éléments a, 6 tels que
* = a-6-1. Ensuite, par.hypothèse, 9* est un autre corps des quotients
de l’anneau FC, donc, sont remplies les conditions:
CORPS DES QUOTIENTS D’UN DOMAINE D’INTÊGRITÊ 405

(7 ) est un sous-anneau du corps 9* ;


(8 ) pour tout y de P il existe dans K des éléments au bx tels que
y — a, © b;'.
Définissons la relation h de la façon suivante:
(1) h (a-b-1) = a © b~ 1 pour tous a, b de K.
Montrons que h est une application de F dans P. 11 faut montrer que
l’égalité (1 ) définit la seule valeur h (x) qui ne dépend pas de la
représentation concrète de l ’élément x sous forme de x = a-b’1. En
effet, si x = c-d~l (c, d Ç K) est une autre représentation quelcon­
que de cette forme de l’élément x, alors a-b-1 = c-d~l. Donc, en
vertu de (a) a-d = b-c. En vertu de (y), il s’ensuit que a 0 6 -1 =
= c © b~\ Donc,
h (a-è-1) = a © 6 " 1 = c © d -1 = h (c -d’1).
Ainsi, on a établi que h est une application (fonction). En vertu de (1)
et de la condition (P) Dom h = F. En vertu de (1) et de la condition
(6 ) Im h = P. Par conséquent, h est une application de l ’ensem­
ble F sur P.
Une vérification directe montre que h est un homomorphisme du
corps ,<F sur le corps 9 >, c’est-à-dire pour tous x, y de F sont satis­
faites les conditions
h (x + y) = h (x) © h (y), h (—x) = 0 h (x),
h (x-y) h (x) © h (y), h (ig ) = 1 j»
L’application h est injective. En effet, si pour des éléments
a-b~l et c-d -1 de F, on a
(2) h ia -b -1) = h (c -d ~ 1),
alors, selon (1 ) dans le corps S* se vérifie l’égalité a © b~l = c © d~K
En vertu de (6 ), il s’ensuit l’égalité a-d = b-c. En vertu de (a) de la
dernière égalité on déduit que
(3) a-b-1 = c-d~l.
Bref, il a été établi que, pour tous éléments a-b~l et c-d~l de
l’ensemble F, de (2) s’ensuit (3). h est donc une application injective.
De plus, h est un homomorphisme. Par conséquent, h est un isomor­
phisme du corps jF sur le corps 9*. Enfin, en vertu de (1), h (a) = a
pour tout a de K , c’est-à-dire h fait passer chaque élément de l’an­
neau vî* dans lui-même. □

Exercices
1. Soient &C un sous-anneau du corps SF et K son ensemble de base. Soit
J> un sous-corps du corps & engendré par l'ensemble K , c’est-à-dire & est
l ’intersection ae tous les sous-corps du corps & contenant l ’énsemble K. Dé­
montrer que J 3 est un corps des quotients de l'anneau SK.
406 ANNEAUX [CH. XII l

2. Soient Z [i] = {m + ni | m, n Ç Z} et Z [i] un sous-anneau du corps


des nombres complexes avec ensemble de base Z [/]. Soient 6t (i) = {a +
+ bi | a, b 6 Q} et (k (i) un sous-corps des nombres complexes à ensemble de
base Q (i). Montrer que 61 (i) est un corps des quotients de l'anneau Z [i].
3. Soient ./> et 3>' des corps des quotients des domaines d'intégrité &C
et <?P' respectivement et h un isomorpnisme de o7C sur c?P'. Démontrer qu'il
existe un isomorphisme unique du corps 3 sur J>’ prolongeant l'isomorphisme h.
4. Soient J* un corps des quotients du domaine d ’intégrité c?P et (p un mono­
morphisme de o#* dans le corps 2F. Démontrer que q) peut être prolongé et cela
de façon unique jusqu'au monomorphisme du corps 3 dans le corps ï t .

§ 3. Anneaux des idéaux principaux


Propriétés élém entaires de la divisibilité dans un anneau com ­
m utatif. Soient MC un anneau com m utatif et a, b ses élém ents.
D éfin ition . L’élément b est dit diviseur de a et l’élément a multi­
ple de b s’il existe dans 3P un élément c tel que a = bc.
La notation b | a traduit que b est un diviseur de a. La nota­
tion a • b témoigne que a est divisible par b ou bien que a est multi­
ple de b.
L’élément c est appelé diviseur commun de a et b si c \ a et c \ b
(ou a ; c et b \ c). De façon analogue, est défini le diviseur commun
de plusieurs éléments d’un anneau.
Les éléments a et b de l’anneau SP sont dits associés dans "JC si
a | b et b \ a.
L’élément a est dit inversible dans SP ou diviseur de Vunité s’il
existe dans SP un élément b tel que ab = 1 ; dans ce cas on écrit
b = a -1.
Un diviseur de l ’unité divise tout élément de l’anneau. Si SP est
un corps, alors tout élément de ce dernier est inversible s’il est diffé­
rent de zéro.
Etudions les propriétés élémentaires de la divisibilité dans un
anneau commutatif.
P roposition 3.1. La relation de divisibilité dans un anneau est
réflexive et transitive, c'est-à-dire est une relation de préordre.
P roposition 3.2. Un diviseur commun de deux ou plusieurs élé­
ments d'un anneau est un diviseur de leur somme et de leur produit.
P roposition 3.3. Si l'élément c divise un au moins des éléments
a1, an, il divise alors le produit de ces éléments.
P roposition 3.4. Une relation d'associativité dans un anneau
commutatif est une relation d'équivalence.
P roposition 3.5. Si a est associé à b et b \ c, alors a | c.
La démonstration des propositions 3.1-3.5 est laissée au soin du
lecteur.
P roposition 3.6. Dans un domaine d'intégrité les éléments a et b
sont associés si et seulement s'il existe un élément u inversible dans l'an­
neau tel que a = ub.
§ 3] ANNEAUX D E S ID E A U X P R IN C IP A U X 407

D é m o n s t r a t i o n . Soient SF un domaine d’intégrité et


a, b des éléments associés dans 5F, a ~ b. Si l ’un des éléments a, b
est nul, l ’autre est obligatoirement égal à zéro. On a alors a = 1je-b.
Supposons que a ~ b et a 0, 6 0. Il existe alors des élé­
ments non nuis u et v tels que a = üb et 6 = va. Donc, a = uva
et a (uv — 1) = 0. 'JC étant un domaine d’intégrité et a 0, il
s’ensuit de la dernière égalité que uv — 1 = 0 et uv = 1. Ainsi,
l’élément u est inversible dans 5F et a = ub.
Admettons à présent que a = e6, où e est un élément inversible
de l’anneau 3F; alors b = i~xa. Par conséquent, a et b sont associés
dans 'JC. □
P roposition 3.7. Soit A l'ensemble de tous les éléments inversibles
de Vanneau commutatif 'JC, 5F = (K, + , —, -, 1>. Dans ce cas Valgè­
bre (A, -, ~1), oà "1 est une opération singulaire associant à l'élément
a de A Velément inverse a"1, est un groupe.
La démonstration delà proposition 3.7 est laissée au soin du lecteur.
Eléments simples et composés d’un domaine d’intégrité. Soit 'JC
un domaine d’intégrité. Tout élément a de l’anneau est divisible
par tout élément inversible de l’anneau (par tout diviseur unité de
l’anneau) ainsi que par chaque élément associé à a de l’anneau. Ces
diviseurs sont dits diviseurs triviaux de l'élément a.
D éfinition . On appelle diviseur propre de l'élément a tout diviseur
non trivial de a, c’est-à-dire un diviseur non associé à a et irréversi­
ble dans l’anneau 3F.
D éfinition . Un élément du domaine d’intégrité 'K est dit composé
ou réductible dans JC s’il est différent de zéro et si l’on peut le repré­
senter sous forme d’un produit de deux éléments irréversibles de
l ’anneau 'JC.
En d’autres termes, un élément du domaine d’intégrité est dit
composé s’il est différent de zéro et s’il peut être représenté sous forme
de produit de deux diviseurs propres.
D éfinition . Un élément du domaine d’intégrité 'JCest dit simple ou
irréductible dans 'JC s’il est différent de zéro, irréversible et n’admet
que des diviseurs triviaux.
Notons que tout corps est démuni d’éléments simples comme d’élé­
ments composés.
E x e m p l e s . 1. Dans un anneau 2 des entiers l’élément p
différent de 0 et de ± 1 est un élément simple si et seulement sises
diviseurs ne sont que les éléments ± 1 , ± P - Dans l’anneau 2 les
nombres ± 2 , ± 3 , ± 5 , . . . sont simples (ou premiers).
2. Dans l’anneau 2 , 6 est un élément composé, car 6 = 2*3 et
2, 3 sont des éléments irréversibles.
L'ensemble de tous les éléments d’un domaine d’intégrité se
divise en quatre classes: 1) l ’ensemble comportant un élément zéro;
2) l’ensemble de tous les éléments inversibles (l’ensemble de tous les
diviseurs unité); 3) l ’ensemble de tous les éléments simples (pre-
408 ANNEAUX [CH. XIII

miers); 4) l ’ensemble de tous les éléments composés. Les deux dernières


classes peuvent être vides (si le. domaine d ’intégrité est un corps).
T h ê o r ê m e 3.8. Soient VC un domaine d'intégrité, a, b £ K et
1 l'élément unité de Vanneau '/C. Alors:
(1) b | a si et seulement si (a) cz (b) ;
(2) a | 1 ,i et seulement si (a) = (1) ;
(3) a ~ b si et seulement si (a) = (b) ;
(4) si b est un diviseur propre de a, alors (a) $ (b) ;
(5) a ^ (6) si et seulement si b | a et a ne divise pas b.
D é m o n s t r a t i o n . (1) Soit b | a, c’est-à-dire qu’il existe
un élément c de K tel que a = bc\ alors a Ç (6) ;
(a) = {ma | m Ç K ) = {mcb | m Ç /C}ci {/& | Z 6 K} = (b)

et, par suite, (a)cz (6). Admettons maintenant que (a) ci (6); alors
a g (b) et, par suite, a = bc pour un certain c de A, i.e. b \ a;
(2) si a | 1, alors ( l ) c (a), en vertu de (1). En outre, (a) a (1),
vu que (1 ) = K ; donc, (a) = (1). Si (a) = (1), on a alors a | 1, en
vertu de (1) ;
(3) si a ~ b, c’est-à-dire a | b et b | a, alors, en vertu de (2),
(&)cz (a) et (a)c: (b) et, par suite, (a) = (b). Si (a) = (6), alors
a Ç (6) et 6 Ç (a), et donc, b | a et a | 6, par conséquent, a ~ b:
(4) supposons que b est un diviseur propre de a, c’est-à-dire
b ^ 1, b + a et b \ a. Alors, en vertu de (1) et (3), (b) ^ (a) et
(a) a (b), et, par suite, (a) ^ (6) ;
(5) si (a) ^ (&)i alors, en vertu de (1), 6 | a et, en vertu de (3),
a fj* b et, par suite, b t a. La réciproque se déduit de (1) et (3). □
A nneaux des idéaux principaux. Il faut dégager et étudier dans
la classe des domaines d’intégrité les anneaux dont chaque idéal
soit principal.
D éfin ition . On appelle anneau d'idéaux principaux ou anneaux
principaux le domaine d’intégrité dont chaque idéal est l’idéal
principal.
E x e m p l e s . 1. Tout corps est un anneau d ’idéaux princi­
paux.
2. L’anneau % des entiers est un anneau d’idéaux principaux.
Rappelons que l ’ensemble (a, b) = {clx + by \ x, y Ç Æ}, où
a, b sont des éléments fixés de K , est un idéal d’un anneau commu­
tatif ÿf.
Etudions les propriétés des anneaux d’idéaux principaux.
P r o p o s i t i o n 3.9. Soient p un élément, simple de Vanneau VC des
idéaux principaux et a 6 K. S i p ne divise pas a, alors (p, a) = (1).
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, chaque idéal de l ’an­
neau iff est principal. Donc, il existe dans SfC un élément c tel que
A N N E A U X D E S ID É A U X P R IN C IP A U X 409

(p, a) = (c). L’élément c divise les éléments p et a :
(1) c I p, c I a.
Vu que c est un diviseur de l’élément simple p, c ~ p ou c divise 1.
Si c ~ p, alors p | c et puisqu’en vertu de (1) c | a, on a p | a, ce qui
est en contradiction avec l ’hypothèse. Donc, c divise 1. Par consé­
quent, (c) = (1) et (p, a) = (1). □
P roposition 3.10. Soient p un élément simple de Vanneau &C d'i­
déaux principaux et a, b £ K. Si p divise ab, alors p divise également
a ou b.
D é m o n s t r a t i o n . S i p n e divise pas a, alors, en vertu
de la proposition^.9, (p, a) = (1). Il existe donc dans K des éléments
u, v tels que up + va = 1 . En multipliant les deux membres de
l’égalité par 6, il vient upb + vab = 6. Donc, si p divise ab, il divi­
se également upb + vab et b. Ainsi, si p + a, alors p | b. □
P roposition 3.11. Soient p un élément simple de Vanneau c/T d'i­
déaux principaux et ax, . . ., an Ç K . Si p divise le produit axa2 . . . any
alors il divise un au moins des facteurs ax, . . ., an.
La démonstration de cette proposition s’effectue par récurrence
sur n en s’appuyant sur la proposition 3.10.
D éfinition . La suite (a^, (a2), (a3), . . . des idéaux principaux
d’un anneau est appelée chaîne ascendante des idéaux si
(1) (<*l) 5 («s) S («s) S • • •
P roposition 3.12. Dans un anneau d'idéaux principaux une chaîne
ascendante des idéaux ne peut être infinie.
D é m o n s t r a t i o n . Soit (1) la chaîne ascendante de l’an­
neau SfC d’idéaux principaux. Notons / la réunion de tous les idéaux
de la chaîne (1), c’est-à-dire
(2) / = U ( ûi ).
i

Une vérification directe montre que l ’ensemble I est fermé par rap­
port à la soustraction et stable par rapport à la multiplication par
les éléments de l ’anneau . / est donc un idéal de l ’anneau ffî et, de
plus, un idéal principal. Il existe donc dans K un élément c tel que
/ = (c). En nous appuyant sur (2) cherchons un indicem tel que c Ç(a m).
c € (am) et am Ç / = (c), on a / = (am) = (c). Donc, l ’idéal (am)
est le dernier maillon de la chaîne (1). □
Anneau factoriel d’idéaux principaux. On se propose de géné­
raliser aux anneaux d’idéaux principaux le théorème de l ’existence
et de l ’unicité de la factorisation d’éléments de l’anneau Z des
entiers.
D éfinition. On dit qu’un élément a du domaine d’intégrité iK
admet une factorisation unique si sont remplies les conditions sui­
vantes :
-410 ANNEAUX [CH. XIII

(1) il existe dans vF des éléments simples (premiers) p k tels que


m

D p *;
i-1
n
(2) si a = f| g, est une autre factorisation, où g* sont des élé-
t*=i
ments simples de 5JC, alors m = n et pour une numération adéquate
Pi ~ ?i pour / = 1, . . ., m.
D éfinition . L'anneau «JC est dit factoriel (à factorisation unique)
si c’est un domaine d’intégrité et tout élément de l’anneau différent
de zéro et irréversible se décompose en facteurs premiers.
Notons que tout corps est un anneau factoriel vu qu’il ne possède
pas d’éléments irréversibles différents de zéro.
T hêorême 3.13. Un anneau d'idéaux principaux est un anneau
factoriel.
D é m o n s t r a t i o n . Soit '/C un anneau d’idéaux principaux.
Il nous faut démontrer que tout élément irréversible différent de zéro
de l'anneau se décompose en facteurs premiers. Supposons qu’il existe
dans 'JC un élément irréversible non nul a indécomposable en facteurs
premiers dans 'JC. L’élément a est alors un élément composé. On peut
donc le représenter sous forme d’un produit de deux diviseurs pro­
pres a = axb^ et, selon le point (4) du théorème 3.8, (a) ^ (a,).
Un au moins des facteurs ax, bx, par exemple aXJ ne se décompose en
facteurs premiers. On peut donc représenter ax sous forme de produit
de deux facteurs propres:
ax = a2b2, (fli) $. (^2)*
etc. Ainsi, il existe une chaîne ascendante infinie
(a) 5 (*1) 5 (a2) S • • •
d ’idéaux de l ’anneau «JC, ce qui est impossible en vertu de la pro­
position 3.12. Donc, tout élément irréversible différent de zéro de
l’anneau 'JC se décompose en facteurs premiers.
Démontrons que cette factorisation est unique. Si a est un élé­
ment simple, le théorème est alors vrai. Supposons que le théorème
est vrai pour des éléments représentés sous forme de produit de n
facteurs premiers et démontrons qu’il est aussi vrai pour des élé­
ments représentables sous forme de produit de n + 1 facteurs pre­
miers. Soient données deux décompositions quelconques de l’élément
cl en facteurs premiers:
(1) a = px. . •pnpn+x = qx- . .qsq8+x.
L’élément simple pn+x divise le produit qx . . . gs+1. Par conséquent,
selon la proposition 3.14, il divise un au moins des facteurs qXy . . .
-. par exemple g4+1. pn+1 et q8M étant des nombres premiers,
§ 3] ANNEAUX D E S ID É A U X P R IN C IP A U X 411

on a gs+1 = upn+j , où u est un élément inversible de l'anneau. En


simplifiant les deux membres de l’égalité (1) par pn+1, il vient
Pl- • •Pn = 9l- • • (“ 9.)-
Donc, par hypothèse de récurrence n = s et pour une numération
adéquate pi ~ g* pour i = 1, . . ., n. En outre, pn+l ~ gn+1. Le
raisonnement par récurrence est achevé. □
Anneaux euclidiens. Soient N l’ensemble de tous les nombres
naturels, K l’ensemble de base de l’anneau K.
D éfinition . Un domaine d’intégrité SK est dit anneau euclidien
s’il existe une application fe de l’ensemble K dans N satisfaisant aux
conditions :
(a) pour tous a, b de K avec b ^ 0 il existe dans K des éléments
g, r tels que a = feg + r et h (r) < h (b) ;
(P) pour tout a de /if l ’égalité h (a) = 0 est vraie si et seulement
si a = 0.
E x e m p l e . Soit h une application de l’ensemble Z des entiers
dans N pour laquelle h (a) = | a |. En vertu du théorème de la divi­
sion avec reste (voir théorème 4.4.4), h remplit les conditions (a) et (p).
Donc, S est un anneau euclidien.
T heorême 3.14. Un anneau euclidien est un anneau d'idéaux prin­
cipaux.
D é m o n s t r a t i o n . Soient SK un anneau euclidien et h
l ’application de l ’ensemble K dans N satisfaisant aux conditions (a)
et (P). L’idéal nul est apparemment l’idéal principal. Soit M un
idéal non nul de l’anneau ifC. Il nous faut démontrer que M est un
idéal principal. Vu que A f\{ 0} est un ensemble non vide, en vertu
de (P), h ( M \ { 0}) est un sous-ensemble non vide de l’ensemble
N \{ 0 } et, par suite, selon le théorème 4.3.11, h 0}) contient
le plus petit élément. Par conséquent, il existe dans M un élément
non nul b tel que
(1) h (b)^. h (x) pour tout x de
Démontrons que M = (b). Soit a un élément quelconque de l’en­
semble En vertu de la condition (a), il existe dans K des
éléments g et r tels que
(2) a = bq + r et h (r) < h (b).
Vu que M est un idéal et a, b 6 A/, on a r = a — bq Ç M et, en ver­
tu de (1), (2) il vient
(3) r $ A / \ { 0}.
Donc, r = 0 et a = 6g. Or, comme a est un élément non nul quelcon­
que de l ’ensemble M, M a (b). Vu que b 6 A/, on a M = (b) ; par
conséquent, tout idéal de l ’anneau euclidien SK est un idéal prin­
cipal. □
412 ANNEAUX [CH. XIII

C o r o l la ir e 3.15. Tout anneau euclidien est un anneau factoriel.


C o r o l la ir e 3.16. Un anneau % des entiers est un anneau des
idéaux principaux et, partant, un anneau factoriel.
E x e m p l e . Soit Z [il = {m + ni | m, n Ç Z}. L’ensemble
Z [il est fermé dans l ’anneau des nombres complexes. Donc, l’al­
gèbre S [il = (Z [il, + , —, - , 1> est un sous-anneau de l ’anneau V.
Cet anneau est nommé anneau des entiers gaussiens. Montrons que
l ’anneau % [il est euclidien. Considérons l ’application h de l’ensem­
ble Z [i] dans N pour laquelle, pour a = m + ni, h (a) = | a \2 =
= mr + n2. La condition (P) est apparemment remplie. Montrerons
que pour h est remplie la condition (a). Soient a, b 6 Z [il et b =£ 0.
Alors alb = a + xi, où a, x Ç Q. Il existe des entiers s et i tels que
\ s — a | < y et |i — x - Posons a = a — s et P = x — t.
Alors, a = b (s + a + (t + P) i) = bq + r, où q = 5 + ti et r =
= b (a + pi) ; de plus, q = s + ti Ç Z [il et r = a — bq 6 Z [il.
Donc, A (r) = | r |s = | 6 |2 (a2 + P2) < ± | 6 |2 = \ h (b) et h (r)<
< h (b), c’est-à-dire satisfait également à la condition (a). Ainsi,
l ’anneau des entiers gaussiens est un anneau euclidien.

Exercices
1. Soient K un ensemble de tous les nombres rationnels min à dénomina­
teurs impairs n et <PT = <K , + , —, -, 1) un sous-anneau du corps & des
nombres rationnels. Montrer que &C est un anneau d'idéaux principaux.
2. Soit Z [i] un anneau des entiers gaussiens. Chercher les éléments inver­
sibles de cet anneau.
3. Démontrer qu'un anneau quotient Z [iJ/(3) de l'anneau des entiers
gaussiens suivant l'idéal (3) est un corps contenant neuf éléments.
4. Démontrer que l'anneau quotient Z [i]/(n) de l'anneau des entiers
gaussiens suivant l'idéal (n) est un corps si et seulement si n est un nombre
premier non égal à la somme des carrés de deux entiers.
5. Soient K = {a + bi Y& | a, b 6 Z) et &C = (K, + T —, •, 1) un sous-
anneau d'un corps des nombres complexes. Montrer que dans l'anneau o7C tout
élément irréversible différent de zéro se décompose en facteurs premiers, mais
non pas toujours univoquement. En particulier, montrer que 4 = 2 - 2 =
= (1 -t- i Y 3) (1 — i Y 3) sont deux décompositions de 4 en produit de fac­
teurs premiers, 2 n ’étant pas associé à 1 ± i Y 3.
6. Soit À' un ensemble de tous les nombres complexes de la forme a +
+ ib V 3, où a et b sont soit des entiers, soit tous les deux des moitiés d’entiers
impairs. Soit &£ un sous-anneau d'un corps des nombres complexes à ensemble
de base K. Démontrer que l'anneau &£ est euclidien.
7. Démontrer que i'élément p de l'anneau 3C d'idéaux principaux est
simple (premier) si et seulement si l'anneau quotient 3Cl(p) est un domaine
d'intégrité.
8. Soient 2 [>^2] = {ro + n 1^2 |m, nÇZ} et Z [Y%] un sous-anneau d’un
corps des nombres réels à ensemble de base Z [>^2). Démontrer que l ’an­
neau Z l Y 2l est euclidien.
§ *] P L U S G R A N D CO M M UN D IV IS E U R 413

§ 4. Plus grand commun diviseur. Plus petit commun multiple


Plus grand commun diviseur. Soit (îfë un anneau commutatif.
L'élément c est appelé diviseur commun des éléments ax, . . ., am de
l'anneau vf si c est un diviseur (dans vf ) de chacun de ces éléments.
D éfinition . On appelle plus grand commun diviseur des éléments
ax, . . ., am de l’anneau ï/C leur plus grand commun diviseur divisible
par tout commun diviseur de ces éléments.
Le plus grand commun diviseur des éléments al9 . . ., an est noté
PGCD (a1? . . ., an).
De la définition susmentionnée découle la proposition suivante.
P r o p o s i t i o n 4.1. Si d est le plus grand commun diviseur des élé­
ments al9 . . ., an dans 5T, Vensemble de tous les diviseurs communs des
éléments al9 . . .T an coïncide avec Vensemble de tous les diviseurs de
Vélément d.
D éfinition . Les éléments a et b de l ’anneau vT sont dits premiers
entre eux si l’unité (diviseur unité) de l'anneau est leur plus grand
commun diviseur dans ZK.
On étudie plus bas les propriétés du plus grand commun diviseur
dans l'anneau d'idéaux principaux. La proposition 4.2 est applicable
à tout anneau commutatif.
P r o p o s i t i o n 4.2. Tous deux plus grands communs diviseurs des
éléments al9 . . ., an de Vanneau SfC sont associés dans VC. Si c est le
plus grand commun diviseur des éléments al9 . . ., an tout en étant asso­
cié à d, alors d est également le plus grand commun diviseur de ces élé­
ments.
Cette propriété s'ensuit directement de la définition du plus
grand commun diviseur.
P r o p o s i t i o n 4.3. Pour toute collection d'éléments ait . . ., an de
Vanneau îfC d'idéaux principaux il existe un plus grand commun divi­
seur dans X . L'élément d est le plus grand commun diviseur des élé­
ments aXl . . ., an si et seulement si (al9 . . ., an) = (d).
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que
(1) (a„ . . an) = (d),
et démontrons que d est PGCD (al9 . . ., an). Il s'ensuit de (1) que d
est un commun diviseur des éléments al9 . . ., an et on a :
(2) d = A’i&i 4“ • • • “h OU . . .9 Ç /it.
En outre, en vertu de (2), si c est le diviseur commun de a l9 . . ., an,
alors c divise d. Donc, d est PGCD (at1 . . ., an).
Posons maintenant que d est PGCD (al9 . . ., an) et démontrons
qu’alors (al9 . . ., an) == (d). 5T étant l ’anneau d’idéaux principaux,
il existe dans /iT un élément c tel que (ax, . . ., an) = (c). Comme on
vient de le démontrer, c est PGCD (a^V*. • -i ®n)- En vertu de la pro-
414 ANNEAUX [CH. XIII

position 4.2, il s’ensuit que c et d sont associés et, par suite, selon
le théorème 3.8, (c) = (d). Par conséquent, (alf . . ., an) = (d). □
T heoreme 4.4. Soit d le diviseur commun des éléments ax, . . ., an
de Vanneau SK d'idéaux principaux. U élément d est PGCD (aa, . . ., an)
si et seulement s'il peut être représenté sous forme de d — X ^ + . . .
. . . + Xnan, où Xl7 . . ., Xn Ç K .
D é m o n s t r a t i o n . Soit d PGCD (alt . . ., an). Alors, selon
la proposition 4.3, (d) = (aa, . . ., a„). On peut donc représenter d
sous forme de d = X1a1 + . . . + où X^ . . ., Xn Ç K.
Posons maintenant que d peut être représenté sous forme de d =
= X^j + . . . + X„an, X| Ç K . Alors, tout diviseur commun c des
éléments aly . . . , an divise la somme X1a1 + . . . + XnO*, et, par­
tant, divise d. Par conséquent, d est le plus grand commun diviseur
des éléments aly . . ., a^. □
P roposition 4.5. Pour tous éléments aly . . ., an et le diviseur com­
mun c de Vanneau SK d'idéaux principaux, on a
PGCD (ca2, • . can) ~ oPGCD (a^ . . a*).

D é m o n s t r a t i o n . Soit d PGCD (a1? . . ., an). Selon le


théorème 4.4, il existe dans K des éléments Xx, . . ., Xn tels que d =
= Xjûi + . . . + Xnfln. Donc cd = Xx (caj) + . . . + K (can).J)e plus,
vu que d est le diviseur commun de a1, . . ., an, cd est aussi un divi­
seur commun de caJm . . ., can. Par conséquent, selon le théorè­
me 4.4, cd est le plus grand commun diviseur des éléments cax, . . .
. . ., can. O
P roposition 4.6. Si d est le plus grand commun diviseur des élé­
ments a et b dans Vanneau SK d'idéaux principaux et d =£ 0 alors, les
éléments ald et bld sont premiers entre eux.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, PGCD (a, b) = d ^ 0.
Selon le théorème 4.4, il s’ensuit que %xa + X2& = d pour certains
XlT X2 Ç K ; aussi, X, -j + X2-j = 1. Selon le théorème 4.4, il s’ensuit
que 1 est le plus grand commun diviseur des éléments ald et 6/d, et,
partant, que les éléments ald et bld sont premiers entre eux. □
La proposition 4.6 peut apparemment être généralisée de la façon
suivante : si d est le plus grand commun diviseur des éléments
alv . . ., an dans l’anneau SK d’idéaux principaux et d =^= 0, alors 1
est le plus grand commun diviseur des éléments ax/d, . . ., an/d.
Thêorême 4.7. S i dans Vanneau d'idéaux principaux a divise bc et
les éléments a, b sont premiers entre eux, alors a divise c.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, PGCD (a, b) = 1. Selon
le théorème 4.4, il s’ensuit que + Xa6 = 1 pour certains XlT Xa 6
6 K . En multipliant les deux membres de l’égalité par c, on obtient
Xjac + Xa6c = c. Vu que, par hypothèse, a divise 6c, il divise aussi
Xxac + Xa6c et, partant, a divise c. □
§ 4] P L U S G R A N D CO M M U N D IV IS E U R 415-

Plus petit commun multiple. Soit SK un anneau d'idéaux prin­


cipaux. L’élément c est dit multiple commun des éléments ax.........an
de l’anneau SK si c se divise dans SK par chacun de ces éléments.
D éfinition . On appelle plus petit commun multiple des éléments
alt . . .. an de l’anneau SK leur multiple commun qui divise tout
multiple commun de ces éléments.
Un plus petit commun multiple des éléments u1, . . ., an de l'an­
neau SK est noté PPCM (alt . . ., an).
De cette définition s’ensuit directement la proposition suivante.
P roposition 4.8. Si m est le plus petit commun multiple des élé­
ments ax, . . ., an de Vanneau SK, Vensemble de tous les multiples
communs des éléments ax, . . ., a„ coïncide alors avec Vensemble de tous
les multiples de l'élément m.
Etudions les propriétés du plus petit commun multiple dans
l’anneau SK d’idéaux principaux. La proposition 4.9 s’applique
à tout anneau commutatif.
P r o p o s i t i o n 4.9. Tous deux plus petits communs multiples des
éléments ax, . . ., an de Vanneau SK sont associés dans SK- Si m est le
plus petit commun multiple des éléments aly . . .t et m est associé
à m , alors m' est aussi un plus petit commun multiple des éléments
. . ., a^ .
Cette proposition découle directement de la définition du plus
petit commun multiple.
P r o p o s i t i o n 4.10. Un élément m est le plus petit commun multiple
des éléments de Vanneau SK si et seulement si
(*i) n (*2) n • • • n K ) = (*»)•
Démonstration. Supposons que
(i) k ) n • • - n K ) = M-
Alors m est un multiple commun des éléments ax, . . a*. En outre»
si m' est un multiple commun des éléments aly . . ., an, alors
m' € (<*1), • • •» m' £ (a*), c’est-à-dire
rrV 6 (< h ) fl • • • fl (ûn) = (w>
et, partant, m' est multiple de m. Par conséquent, m est le plus petit
commun multiple des éléments ax, . . ., a*.
Supposons que m est PPCM (alf . . ., an). SK étant un anneau
d’idéaux principaux, il existe dans K un élément mx tel que
(a1) n . - n w = (a»i)-
Selon cette démonstration est le plus petit commun multiple des-
éléments olt . . ., an. En raison de la proposition 4.9, ml est associé
à m. Par conséquent,
("h) = (m) «t (aO f| ... • fl («n) = (m). □
416 ANNEAUX [CH. XIII

C orollaire 4.11. Pour toute collection ax, . . ., an d'éléments de


Vanneau VC il existe un plus petit commun multiple dans <X.
P roposition 4.12. Pour tous éléments a, b, c de Vanneau z/C
(1) PPCM (ac, bc) ~ c-PPCM (a, b).
D é m o n s t r a t i o n . Soit m PPCM (a, b). Il faut démontrer
que me est PPCM (ac, bc). C’est apparemment vrai pour c = 0.
Supposons que c ^ 0. m étant un multiple commun de a et b, me
l’est de ac et bc. Soit m' tout multiple commun des éléments ac
et bc, c’est-à-dire
(2) m — kac, m' = sbc, où Zc, s 6 K.
Puisque VC est un domaine d’intégrité et c ^ 0, de kac = sbc il
s ’ensuit que ka = sb. Donc, ka est multiple de m, c’est-à-dire ka =
= rm, où r Ç K. Par conséquent, en vertu de (2), m' = rmc ot, par­
tant, m' est multiple de me. Ainsi, me est PPCM (ac, bc) et, selon
la proposition 4.9, PPCM (ac, bc) ~ cm. □
P roposition 4.13. Si a et b sont des éléments premiers entre eux de
V anneau <vST, alors ab est un plus petit commun multiple des éléments a, b.
D é m o n s t r a t i o n . Soit m un multiple commun quelcon­
que de a et b. Démontrons que m est multiple de ab. Vu que m est
un multiple de 6, on a m = bc, où c Ç K. Puisque a divise m et, par
hypothèse, a et b sont premiers entre eux dans vF, a divise c (voir
théorème 4.7). Donc, ab divise bc et, partant, m est multiple de ab.
Par conséquent, ab est le plus petit commun multiple des éléments
fl, b. □
P roposition 4.14. Sia, b sont des éléments non nuis de Vanneau ,
alors PPCM (fl, b) ~ pGCD (a, b) m
D é m o n s t r a t i o n . Soit d PGCD (a, b) dans -vF. Vu que
a , b sont des éléments non nuis, on a d ^ O . Selon la proposi­
tion 4.12,
(1) PPCM (a, b) ~ d-PPCM ( A , - ) .

En vertu de la proposition 4.6, PGCD ( - j , - j ) = 1, c’est-à-dire


les éléments -A
a
et 4-
a
sont premiers entre eux. De là, selon la
proposition 4.13, il s’ensuit que
<2) PPCM(f,i) = f . | .

Sur la base de (1) et (2) on conclut que PPCM (a, b) ~ . □


T héorème 4.15. Soient a = u-pf* . . . pS,™/ b = v-pf* . . . pg™,
où p,, . . ., p m sont des éléments irréversibles différents deux à deux de
P L U S G R A N D COM M UN D IV IS E U R 417

Vanneau factoriel 5T, u, v étant des éléments inversibles de Vanneau.


On a alors:
(1) PPCM (a, b) = p l« . . . pJj», où y* = max (ah p,) ;
(2) PGCD (a, b) = pf- . . . p*», où ô, = min (a,, p,).
La démonstration de la formule (1) s’esquisse de façon analogue
à celle de la proposition 11.3.8. La démonstration de la formule (2)
s’esquisse de la façon analogue à celle de la proposition 11.3.1.

Exercices
1. Démontrer le théorème 4.15.
2. Démontrer que le théorème 4.7 et la proposition 4.6 sont vrais pour
tout anneau factoriel &C.
3. Montrer que les propositions 4.10-4.14 sont vraies pour tout anneau
factoriel c&\
4. Soient a, 6, c des éléments d’un anneau factoriel, PGCD (a, c) ~ 1
et PGCD (6, r) ~ 1. Démontrer que PGCD (ab, c) ~ 1.
5. Soient a, 6, c des éléments d’un anneau factoriel. Démontrer que
PPCM (a, PGCD (6, c)) ~ PGCD (PPCM (a, 6), PPCM (a, c)).

2 7 -0 1 7 6 2
CHAPITRE XIV

POLYNOMES À UNE V A R IA B LE

§ 1. A nneau des polynômes


Extension transcendante simple de Panneau. Soient SK et X des
anneaux commutatifs à ensembles de base K et L respectivement.
D éfinition. Un anneau X est dit extension simple de Vanneau SK
par adjonction de l'élément u si sont satisfaites les conditions:
(1) SK est un sous-anneau de l'anneau X ;
(2) tout élément a de L peut se représenter sous la forme
a = a 0 + ol{u + . . . + a nun, où a 0, a ly . . an Ç K.
La notation X = SK lu] signifie que l’anneau X est une exten­
sion simple de l'anneau SK par adjonction de l'élément u. Dans ce
cas l'ensemble de base de l'anneau X est également noté K [u],
L = K [ul
D éfinition. Un anneau X = SK [u] est appelé extension transcen­
dante simple de Vanneau SK si est satisfaite la condition suivante :
(3) pour tous éléments a 0, ocl9 . . a n de l’ensemble K de l’éga­
lité a 0 + ccifl + . . . + a.nun = 0 s’ensuivent les égalités a 0 = 0,
«i = 0, . . a n = 0.
Si X = SK [u] est une extension simple de l’anneau SK par
adjonction de u et u satisfait aux conditions (3), l ’élément u est
alors appelé transcendant par rapport à ou sur SK.
Si SK lu] est une extension transcendante simple de l’anneau SK
par adjonction de u, on appelle également l’anneau S/C lu] anneau des
polynômes en u sur SK et les éléments de l’anneau SK [u] polynômes en
u sur SK ou polynômes sur SK.
P r o p o s i t i o n 1 . 1 . Soit SK lu] une extension transcendante simple de
Vanneau SK par adjonction de u. Alors pour tout élément a de Vanneau
SK [a l, si a = a0 + axu + . . . + anun et a = a' + a [u + . . .
. . . + a'nun, où a(y a\ £ K, on a a\ = a\ pour i = 1, . . ., n.
D é m o n s t r a t i o n . Si
fl = û0 + aiu + . . • + fl^fl" = flo + a\u + • • • + flr»fln
(fl«* flî 6 K)y
alors1
(1) fl0 — flj + (fl! — ûj) u + . . . + (an — ah) un = 0.
* «] ANNEAUX D E S PO LYNO M ES 419

Par hypothèse, l’élément u est transcendant sur SK. Donc de (1)


s’ensuivent les égalités at — a* = 0 et a{ = a\ pour i = 0, 1, . . .
. . n. □
Theoreme 1.2. Soient SK et X des anneaux commutatifs, <p un
isomorphisme de SK sur X , tendis gus Sf [xl si # [y] soni des extensions
transcendantes simples des anneaux SK et X respectivement. Alors
SK \x] ss X [y] et il riy a qu'un seul isomorphisme de Vanneau SK [xi
sur Vanneau X [y] faisant passer x en y et prolongeant V isomorphisme q>
de Vanneau SK sur X .
D é m o n s t r a t i o n . Désignons par \p l’application de l’an­
neau SK [x] dans l’anneau X [yl définie de la façon suivante : pour
tout a = a0 + . . . + umxm de K [x] on a :
* ( « # + . . . + amxm) = cp (a0) + . . . + <p (am) ym.
On voit sans peine que ip satisfait aux conditions: \p (a0) = cp (a0)
pour tout a0 de K y (x) = y et Im = L [y].
En outre, *p respecte les opérations principales de l’anneau SK [x].
En effet, si a = a0 + . . . + et b = b0 + . . . 4- bnxn
(m ^ n), a, b 6 K [x], alors
♦ (« + &) = ♦ ((«o + &<>)+••• + (am+ ^m) *m+ 6m+1xm+1 + . . .
. . . + 6 n- 1xn-1+ 6nxn) =
= V (<*o+ &o) + • • • + <p(am + bm) ym+
+ <p(frm+i) ym+1 + • - • + ç (&n-i) y”"1+ «p(&„) yn=
= (<P(ao)+ .-.+q>(«m) ym) + (<P(&o)+ •••
+<p (M yn) = tp («) + ♦(&).
De façon analogue, on peut montrer que
y (—a) = —tp (a), \p (ab) = îp (fl) tf (&), \p (lj*) = 1^.
Par conséquent, ip est un isomorphisme de SK [xl sur X[y] faisant
passer x en y et prolongeant l’isomorphisme (p.
Démontrons que l ’isomorphisme aux propriétés susmentionnées
est unique. Supposons que ipt est un autre isomorphisme de l’anneau
SK [xl sur l’anneau X [yl tel que \fx (a0) = <p (a0) avec tout a0 de
K et (x) = y. Alors, pour tout a = a0 + . . . + amxm de K [xl,
on a :
M1! («) = (flo) + . . . + *Pl (flm) (s™) = cp (fl0) + cp(flt) y + . . .
. • • + <p (flm) y1" = ♦ (a) ;
ainsi, \p, = ip. □
Corollaire . Soient SK [xl et SK [y] deux extensions transcen­
dantes simples d'un anneau commutatif SK. Alors SK [xl sé SK [yl,
et il ri existe qu'un seul isomorphisme de Vanneau SK [xl sur Vanneau
SK [y] faisant passer x en y et induisant une application identique
sur K .
27*
420 P O L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. XIV

Théorème d'existence de l'extension transcendante simple d'un


anneau commutatif. Soit -JC un anneau commutatif intègre. La suite
infinie a = (a0, ax, . . .) d’éléments de K , dont tous les termes a*
à l’exception de leur nombre fini sont nuis, est appelée suite pseudo­
infinie sur ?JC. Pour toute suite pseudo-infinie a il existe un nombre
naturel n tel que at = 0 pour tous i ^ n.' L’ensemble de toutes
les suites pseudo-infinies sur 3ST sera noté Lx.
Introduisons sur l ’ensemble Lx la relation d ’égalité en posant
(a0, aXJ . . .) = (b0, . . .) si et seulement si ai = 6* pour tout
nombre naturel i.
La somme de deux éléments quelconques a = (a0, ax, . . .) et
b = (fc0, bx, . . .) est définie par l’égalité
a © b = (a0 + bQy ax + bXy . . .).
Ôn notera plus loin par (a ©. b)i la i-ième composante de la somme
a b.
Le produit de l’élément \ de K par l’élément a de Lx se définît
par la formule \a = (Xa0, \a x, . . .). En particulier, on pose Q a =
= (—1) a = ( a0, —alf . . .).
L’addition dans Lx est commutative, associative et est munie
d’un élément neutre 0 = (0, 0, . . .); de plus, pour chaque a de
L x Q a est un élément opposé, c’est-à-dire a © (©a) = 0. Par con­
séquent, l’algèbre (Lu ©, © ) est un groupe commutatif.
Le produit de deux éléments quelconques a = (a0, aI? . . .)
et b = (fc0, bly . . .) de Lx se définit par la formule
(flo? ®1» • • •) © (^0* ^1» • • •) == (c0» Cli • • •)»
où Ck = 3 atbj pour tout nombre naturel k. Plus loin on notera
i+j—fe
par (a © b)k la Ar-ième composante du produit ab.
Ainsi, sur l ’ensemble L x on a défini deux opérations binaires
(l’addition © et la multiplication ©) et l’opération singulaire ©
associant à chaque a de Lx un élément opposé Q a. Partout plus loin 1
est l’unité de l’anneau ST, 1 = 1 ^ et T = (1, 0, 0, . . .).
Lemme 1.3. Une algèbre X x = ( L x, © , © , © , ï > est un
anneau commutatif.
D é m o n s t r a t i o n . On a établi plus haut que l’algèbre
(Lly ©, ©> était un groupe abélien. De la définition de la multi­
plication dans L x il s’ensuit directement qu’elle est commutative.
La multiplication dans L x est associative. En effet, pour tous a, by c
de L x
( o O ( 6 © c ) ) ,- 5 M 6 - c ) .= y a ,( S 6kc,) =
j+5—I fc+I—s
= 2
j+k+l-i >'
§ 1] ANNEAUX D ES PO LYNO M ES 421

((«© & )© <:),= S («&)«*!= 2 ( 5 Ojbk) Cl =


1 f+/»i
= S
i+ f e + r - i
Par conséquent, a © ( 6 Q c ) = (a © 6 )© c .
La multiplication dans Lx est distributive par rapport à l’addi­
tion. En effet, pour tous a, b, c de Lx
( ( a © 6 ) © c ) ,= 2 ( a ® b ) jc k = 2 (a^k + V k)>
i+ fc -i j+k-M

( a © c ® 6 © c )| = (a © c ), ® (6 © c ),= 2 2 bjck =
i+ k -i j+ k -i

= 2 (a ./c k + f y c k)*
j+A*=i
Par conséquent, (a © b) © c = a © c © 6 © c. De plus, 1 est
un élément neutre par rapport à la multiplication dans L x.
Bref, on a établi que l ’algèbre X x est un anneau commutatif. □
Posons
Ho = (1 ? 0, 0, •••)» H|= (0, 1,0, 0, •••), • • •, Uii =
= (0, . . . , 0 , 1,0, . . . ) .
'— *— '
h zéro s

Un élément quelconque a = (a0, ax, . . .) de L x peut être écrit


sous la forme
a = a 0 (1, 0 , 0 , . . . ) © (0, 1, 0, . . .) ® . . .
•••© (0, • • • , 0 , 1 , 0 , . . . ) = ÜqU o 0 d xl l x © . . . 0
c’est-à-dire
a = a 0u 0 © ® . . . © anun,
où n est un nombre naturel tel que at = 0 pour tout i > n.
Pour tout nombre naturel n le système d’éléments u0, u*, . . .
. . ., a,» est linéairement indépendant sur SP, c’est-à-dire que pour
tous éléments X0, A*, . . ., X* de l’ensemble K de l’égalité
(1) ^0^0 © Hj © . . . © = 0
s’ensuivent les égalités X0 = 0, ^ = 0, . . ., K = 0.
En effet, de (1) s’ensuit
kouo + ^1^1 + . . . + Ki^n =
= (^ot • • •» 0, 0, . . .) = (0, 0, 0, . . .),
donc = 0, = 0, . . ., = 0.
422 POLYNOMES A UNE VARIABLE [CH. XIV

Posons x = u x = (0, 1, 0, 0, . . .). De la définition de la mul­


tiplication dans L u on déduit que
ZZ = u2) ? = U. © U, = U„ . . l" = U,,.! © 1*1 = U*.
Par conséquent, chaque élément a de L x pour lequel at — 0 avec tout
i > n peut être figuré sous la forme
a = a0u0 © <^1*! © . . . © anun = a0u0 © axx © . . . © a,,*".
1.4. Pour chaque anneau commutatif intègre SIC =
T h eo rêm e
— + , —, -, 1) il existe une extension transcendante simple.
(K,
D é m o n s t r a t i o n . Soit L x un ensemble de toutes les suites
pseudo-infinies sur SfC. Selon le lemme 1.3, l’algèbre
x x = a*, ® , © , © , T>

est un anneau commutatif. L’ensemble


K x = {a0u0 I a0 6 K), où a0u0 = {a0, 0, 0, . .
est fermé dans l’anneau X x et n’est pas vide. Par conséquent, l'al­
gèbre
SfCx = <K , ©, 0 , © , 1>
est un sous-anneau de l’anneau X x. L’application h^: Kx -*- K
telle que
hx (a0u0) = a0 pour chaque a0 de K
est apparemment une application injective de l ’ensemble K x sur K.
En outre, hx respecte les opérations principales de l’anneau SXx,
vu que pour tous a0, b 0 de K , on a
hx («o“ o © b0u0) = «o + b0,
h i ( © « o“ o) = — û o»
hx (a0“ o © b0u0) = a0-b0,
Ai (1 0 u0) = 1 (c’est-à-dire hx (ï) = 1$ç).
Par conséquent, hx est un isomorphisme de l ’anneau SXx sur SIC,
Ainsi, X x contient un sous-anneau SfCx isomorphe à l ’anneau SIC.
Il nous faut construire sur la base de l’anneau X x un nouveau
anneau isomorphe à X x et contenant le sous-anneau SX. Pour ce
faire, substituons dans l’ensemble L x l ’élément a0 de K à chaque
élément a0u0 de K x (autrement dit, substituons l’élément hx (a0u0)
à a0u0) en laissant tous les autres éléments de l’ensemble Lx inchan­
gés. Posons
L = ( L X\ K X) UK
§ t] ANNEAUX DES POLYNOM ES 423

et définissons l'application h\ Li-+~ L de la façon suivante :


A(a) = | Ai(a) S* a ^ K i '
a si a
On voit sans peine que h est une application injective de l'ensemble
L x sur L qui prolonge l’application c’est-à-dire hx cr h.
Définissons sur l’ensemble L les opérations + , —, •, 1 par les
formules
a + P = h (h-1 (a) © h '1 (p)) (a, P 6 L) ;
— a = h (© h -1 (a));
' 1) a- p = h (h-1 (a) © h~l (P)) ;
i = h ( î ) = igc.
Considérons l’algèbre X = (L, + , —♦ 1). Des formules (I)
s’ensuivent les formules
h - 1 (a + P) = h - 1 (a) © h~l (p);
h - 1 (—a) = ©A"1 (a) ;
(Il) h - 1 (a-p) = h~l (a) © h~l (p);
h - 1 (1) = ï.

Les formules (II) montrent que h -1 est un isomorphisme de l’algèbre


X sur l’anneau X x. Il s’ensuit que l’algèbre X est un anneau com­
mutatif isomorphe à l’anneau X x. Les opérations principales dans
l’anneau X constituent des prolongements d’opérations correspon­
dantes dans l’anneau SP. En effet, en vertu de (I), pour tous a et p
de K, on a:
a + p = h (h,-1 (a) © /i-1 (P)) = h (au0 © Pjz0) =
= h (au„) + h (pu0) = hx (au0) + hx (pu„) = a + P ;
—a = h (O h-1 (a)) = h (© au0) = —h (au0) =
= —hx (au0) = —a ;
a*p = h (h-1 (a) © h -1 (P)) = h (au, © Pu0) =
= h (au0)‘h (pu0) = hx (au0)'h x (Pu0) = ap.
Par conséquent, &C est un sous-anneau de l’anneau X .
Tout élément de X peut être figuré sous forme d’une combinai­
son linéaire d’éléments 1, x, x2, . . . avec coefficients dans K ,
vu que
h (a0u0 © . . . © OnU„) = a0 + axux + . . . + a =
= «o + + . . . + ans* (at g K).
Par conséquent, X = $C [x].
424 PO L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. XIV

L'élément x est transcendant sur SK. De fait, l'égalité


ao + aix + • • • + anZn = 0
entraîne l’égalité
h -1 (fl0 + Q\X + • • • + = W o © ûiui © • • • © anUn = 0.
Puisque les éléments u0, . . un sont linéairement indépendants
sur SK il s’ensuit que a0 = 0, ax = 0, . . an = 0. x est donc
un élément transcendant sur SK et l’anneau X = SK [x] est une
extension transcendante de l’anneau SK par adjonction de x. □
Degré d’un polynôme. Soient SK un anneau commutatif intègre
et SK [x] un anneau des polynômes en x , c’est-à-dire une extension
transcendante simple de SK par adjonction de x. Tout élément non
nul a de K lx] peut être figuré de façon unique sous forme d’une
combinaison linéaire de puissances de x avec coefficients dans K .
D éfin ition . Soit a un polynôme de K [x]. On appelle degré
du polynôme a le nombre naturel n si a = a0 + a^x + . . . + arixn
avec an =?£= 0. Dans ce cas a0, a,, . . an sont les coefficients du
polynôme, l’élément an étant le coefficient dominant. Le polynôme a
est dit normé si son coefficient dominant est égal à l’unité de l’an­
neau SK.
On notera le degré du polynôme a deg a.
Ainsi, le degré du polynôme se définit pour tout polynôme sauf
pour le polynôme nul ; le degré d’un polynôme nul ne se détermine
pas. Le degré du polynôme a0, où a0 est un élément non nul de l’an­
neau SK, vaut zéro.
Notons quelques propriétés du degré d’un polynôme.
P roposition 1.5. Le degré d'une somme de deux polynômes non
nuis est au plus égal au degré maximal de leurs termes, c'est-à-dire
deg (a + b) ^ max (deg a, deg b).
P roposition 1.6. Le degré d'un produit de deux polynômes non
nuis est au plus égal à la somme des degrés des cofacteurs, c'est-à-dire
avec ab 0 deg (ab) ^ deg a + deg b.
La démonstration des propositions 1.5 et 1.6 est laissée au soin
du lecteur.
P roposition 1.7. Si SK est un domaine d'intégrité, le degré du
produit de deux polynômes non nuis est égal à la somme des degrés des
cofacteurs, c'est-à-dire deg (ab) = deg a + deg b.
D é m o n s t r a t i o n . Soient a = a0 -f- . . . + « m /1, b =
= b0 + . . . + bnxn des polynômes sur le domaine d’intégrité SK
et am =5^= 0, bn ^ 0. On a alors ab = a0b0 + (a0^i + ûiù0) x + . . .
.. . + SK étant le domaine d’intégrité, on a ambn =*£ 0.
Donc, deg (aô) = m + n = deg a + deg b. □
T hêorême 1.8. Si SK est un domaine d'intégrité, alors l'anneau
des polynômes SK [xl est aussi un domaine d'intégrité.
Ce théorème découle directement de la proposition 1.7.
§ 1] ANNEAUX D E S PO LY N O M ES 425

Des théorèmes 1.8 et 13.2.1. s’ensuit le corollaire suivant.


Corollaire1.9. Pour un anneau des polynômes SK [xl sur le
domaine d'intégrité SK il existe un corps des quotients.
D ivision d9un polynôme par un binôme e t racines d9un polynôme.
Soit SK [x] un anneau des polynômes en x sur un anneau commutatif
intègre SK. Si / = a0 + axx + - - • + ^nxn Ç K [x] et c0 Ç K, alors
la somme aQ + ajc0 + ' . . . + oncfi sera notée / (c0) et appelée
valeur du polynôme pour l'argument c0.
T héorème 1.10 (de Bézout). Soient f un polynôme sur Vanneau
SK et c0 6 K. Il existe dans Vanneau SK [x] un polynôme q tel que / =
= (* 7 * c0) q + / (c0).
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est vrai si / est un poly­
nôme nul ; dans ce cas f (c0) = 0 et l’on peut poser q = 0. Soit
/ = flo + fli*1 + . . . + flnxïl un polynôme non nul, alors il vient
/ — / fco) = fli (* — c0) + a, (x- — c;) + . . . + an (xn — c?) =
= (x — c0) [al + a2 {x + c0) + . . . + an (xn~l + c0xn“2 + . . .
. . . + c?-1)!;
par conséquent, / = (x — c0) q + / (c0), où
q = ax + a2 (x + c0) + . . . + fln (x71-1 r . . . + c?-1) 6
€ ^ [xl. □
Le théorème de Bézout est souvent énoncé de la façon suivante :
le reste de la division du polynôme f de K lx 1, où ?K est un anneau com­
mutatif, par le binôme (x — c0), c0 6 K, vaut f (c0).
Soit / un polynôme sur l’anneau SK, c0 Ç K.
D éfinition . L’élément c0 de l’anneau SK est appelé racine du
polynôme f sur l'anneau SK si / (c0) = 0.
T héorème 1.11. Soient f un polynôme sur l'anneau SK et c0 6 K.
L'élément c0 est une racine du polynôme f si et seulement si x — c0
divise le polynôme f dans l'anneau SK [xl.
D é m o n s t r a t i o n . Soit c0 une racine du polynôme /,
/ (co) = 0. Selon le théorème de Bézout, / = (x — c0) q, où q 6
Ç K [xl. Par conséquent, x — c0 divise le polynôme / dans SK [xl.
Supposons maintenant que x — c 0 divise le polynôme / dans
SK [xl, c’est-à-dire / = (x — c0) g, où g Ç K [xl. Alors, / (c0) =
= t a — c0) g (c0) = 0. □
Théorème concernant le plus grand nombre possible de racines
d9un polynôme dans un dom aine d’intégrité. Soit SK [x] un anneau
des polynômes sur l’anneau SK.
T héorème 1.12. Soit SK un domaine d'intégrité. Tout polynôme
de K [xl de degré n possède dans SK n racines différentes au plus.
La d é m o n s t r a t i o n est menée par récurrence sur n.
Si deg / = 0, c’est-à-dire si / = <z01 où a0 € K et a0 0, alors le
polynôme / n’a pas de racines. Supposons qu’un polynôme quel-
426 P O L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. XIV

conque de K [x] de degré n possède n racines au plus. Soient / 6


6 K [x] et deg / = n + 1- Si / n’a pas de racines dans SK, le théorème
est alors vrai. Si, par contre, / a des racines dans SK, alors / (c0) = 0
pour un certain élément c0 de K . Selon le théorème de Bézout, / =
= (x — c0) g, où g 6 K lx] ; de plus, puisque SK est un domaine
d ’intégrité, en vertu de la proposition 1.7, le degré du polynôme g
vaut n. L’élément b0 de l’anneau SK, autre que c0, est une racine
du polynôme / si et seulement si / (b0) = (b0 — cQ) g (b0) = 0, c’est-à-
dire si g (b0) = 0, vu que SK est un domaine d’intégrité. Le degré
de g étant n, par hypothèse de récurrence, g a n racines différentes
au plus dans SK. Donc, le polynôme / de degré n + 1 possède dans zK
n + 1 racines différentes au plus. □
C orollaire 1.13. Si le polynôme f = a0 + . . . + 6
Ç K [x] possède dans le domaine d'intégrité SK n racines différentes au
moins, alors f est un polynôme nul.
Egalités algébrique et fonctionnelle des polynômes. Soient SKlx]
un anneau des polynômes sur un domaine d’intégrité SK et f =
= a0 + axx + . . . + anxn Ç K [zl. Notons /* la fonction
{(X, a0 + + • . . + Orn^1) I ^ € Æ}
associant à chaque X de K l’élément f (X) = a0 + axX + . . . + OnX71,
c’est-à-dire la valeur du polynôme / pour l’argument X. Pour cer­
tains anneaux SK des polynômes différents peuvent définir la même
fonction. C’est ainsi par exemple, si S 2 = 2/2% et 2 2 [x] est
un anneau des polynômes sur le corps 2 a, les polynômes x + ar,
x — x2 et 0 définissent alors la même fonction.
T héorème 1.14. Soit SK lx] un anneau des polynômes sur un
domaine d'intégrité infini vf\ Les polynômes f et g de K [x] sont égaux
si et seulement si sont égales les fonctions f * et g* qu'ils définissent.
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et g des polynômes de K [x]
©f /* t g* les fonctions qu’ils définissent. Supposons que / = g.
Si f et g sont des polynômes nuis, alors f* = g*. Admettons que
f et g sont des polynômes non nuis de degré n :
f = aQ+ axx + . . . + anxn, g (x) = 60 + bxx + . . . + bnxn.
Comme f = g, on a
(1) a0 = . . ., an = bn.

Pour tout X de A, il vient:

/* (X) = <i0 + fllX + . . . + anXn, g* (X) = 60 + *iX + • • •


• • • + bnXn.

Donc, en vertu, de (1), /* = g*.


PO LY N O M ES SU R U N CO RPS 427

Posons maintenant que /* = g*, c’est-à-dire que pour tout X


<ie K y on a
/ (X) = a0 + ax% + . . . + anXn= g (X) =
= &o "4" "4“ • • • *4" bnTJ1•
Dans ce cas, pour tout polynôme h = f — g, est satisfaite la con­
dition
{2) h (X) = 0 pour tout X de K .
L ’ensemble K étant infini, (2) signifie que le polynôme h possède
une infinité de racines différentes. Selon le corollaire 1.13, h est
un polynôme nul, c’est-à-dire / — g = 0 e t / = g. Ainsi, il s’en­
suit de /* = g* que / = g. □

Exercices
1. Démontrer les propositions 1.5 et 1.6.
2. Soient S t [x] un anneau des polynômes sur le corps S F et / un ensemble
non vide de F [x| fermé par rapport à la soustraction et satisfaisant aux con­
d itio n s: si / 6 À alors x ./ £ / et A./6 J pour tout k de F . Démontrer que l ’en­
semble / est un idéal de l ’anneau S t [x].
3. Chercher tous les automorphismes de l ’anneau des polynômes Z [x].
4. Chercher tous les automorphismes de l ’anneau des polynômes Q . [xj.
5. Chercher tous les automorphismes de l ’anneau des polynômes SA [xj.
6. Chercher tous les automorphismes de l ’anneau des polynômes % M
su r le corps ^ des nombres complexes.
7. Soit X [x] un anneau des polynômes sur l ’anneau Z des entiers. Mon­
tre r que l ’ensemble de tous les polynômes de Z [x] à termes libres pairs est un
idéal de l ’anneau X [x] tout en nTétant pas un idéal principal.

§ 2. Polynômes sur un corps


Théorème de la division avec reste. Soient &lx\ un anneau des
polynômes sur le corps JF et F [x] son ensemble de base.
T heorême 2.1. Soit h un polynôme non nul de F [x]. Pour chaque
polynôme f de F lx] il existe dans F lx] un couple unique de polynômes
q et r tels que
<1) / = h>q + r et deg r < deg h ou r = 0.
D é m o n s t r a t i o n . Commençons par démontier par récur­
rence sur le degré n du polynôme / qu’il existe des polynômes g et r
satisfaisant aux conditions (1). Soient
deg h = m, h = b0 + . . . + bmxm (bm # 0).
Notons que si / est un polynôme nul ou deg / < m, alors / =
= A-0 + / et, par suite, on peut poser q = 0 et r = /. Il nous reste
donc à étudier le cas où deg f ^ m. Supposons que le théorème
est vérifié pour tout polynôme / de degré inférieur à n. Soit deg f =
428 P O L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. XIV

= n ^ m. Dans ce cas les polynômes / et anbrô,xn"mA possèdent


les mêmes coefficients dominants. Par conséquent, le polynôme-
(2) g = / - a ^ x ^ - h
est soit un polynôme de degré zéro, soit son degré est inférieur à n.
Si g = 0, alors / = anbmXn~mh + 0 et l’on peut poser q = anbmXn~m
et r = 0. Si, par contre, deg g < n , alors, par hypothèse de récur­
rence, il existe dans F [x] des polynômes g et r tels que
(3) g = hq + r et deg r < deg A ou r = 0.
En vertu de (2) et (3), / = A (q + anbm3?~m) + r ou si l’on pose
Q= q +
(4) / = A-g + r et r = 0 ou deg r < deg A.
Démontrons que pour des polynômes f et h donnés le « quotient
incomplet » q et le « reste » r dans (4) se définissent de façon uni­
voque. En effet, supposons que
(5) / = hql + rx et rx = 0 ou deg rx < deg A (rlf qx 6 F [xl).
Alors, en vertu de (4) et (5), il vient
(6) rx — r = A (q — ga), rt — r = 0ou deg (rx — r) < deg A*
Si r2 — r 0, alors g — gi 0 et
deg (rx — r) = deg A + deg (g — gx) > deg A,
ce qui est en contradiction avec les conditions (6). Mais si rx — r =
= 0, alors g — g, = 0 et, par suite, g = gx. □
C orollaire 2.2. Si S* est un corps, Vanneau des polynômes
&[x\ est alors un anneau euclidien.
C orollaire 2.3. Un anneau des polynômes <f[x] sur le corps &
est un anneau des idéaux principaux.
C orollaire 2.4. S i S* est un corps, Vanneau des polynômes
Plx] est alors un anneau factoriel.
Algorithme d’Euclide. Soit SfC un anneau commutatif.
L emme 2.5. Supposons quon ait dans un anneau commutatif ST
pour les éléments a, b, q et r l'égalité
(1) a = bq + r;
alors
(2) PGCD (a, b) ~ PGCD (6, r).
Démonstration. Soient d = PGCD (a, b), d' =
= PGCD (b, r). Vu que d | a, d \ b, alors, en raison de (1), d | r.
d étant le diviseur commun de b et r, on a d | d'. De façon analogue,
on se convainc que d' | d. Par conséquent, d ~ d'. □
PO LY N O M ES SU R U N CO RPS 429
« 21

Pour trouver PGCD de deux éléments de l’anneau des polynô­


mes JF [x] (ou de tout anneau euclidien) on utilise le procédé « de
divisions successives» appelé algorithme d'Euclide. Ce procédé con­
siste à calculer PGCD des polynômes donnés a, b de F [x] en recher­
chant PGCD des polynômes b et r aux degrés inférieurs.
Supposons qu’aucun des polynômes a, b ne se divise (dans jFlxl)
par l’autre et posons b = 6X; alors
a = b\Qi + b 2 î deg bx > deg b2,
bi = M 2 + deg b2 > degb3.

Cette opération continue jusqu’à ce qu’on n’obtienne après


division un reste nul:
bk- 2 = &fe-iîfe-i + bhJ deg bfc-x > deg 6*,
bk-\ = bkqh -f 0.
Notons que la suite deg 6j, deg fc2» • • • est une suite décrois­
sante des nombres naturels. C’est la raison de son arrêt après un
nombre fini de pas. Supposons que bk ^ 0 et = 0; alors
deg &i > deg b2 > deg &3 > . . . > deg b*-! > deg bk.
Sur la base du lemme 2.5, des égalités susmentionnées il s’ensuit
PGCD (a, b j ~ PGCD (6t, ô2) ~ ~ PGCD (bh_lf 6*) -
- PGCD (É^, 0) = 6*.
Ainsi, PGCD (a, 6) ~ bh et bk est PGCD (a, 6).
On a abouti à la conclusion suivante. Si aux polynômes a et b
de Vanneau jf[x] on applique Valgorithme d'Euclide, alors le dernier
reste non nul ainsi obtenu est PGCD des polynômes a et b.
Corollaire 2.6. Soient .F un sous-corps du corps F fx l
het & [x] des anneaux des polynômes respectivement sur .F et sur <9*.
Soient a et b des polynômes non simultanément nuis de .F [xl. Si d
et d' sont des plus grands communs diviseurs normés des polynômes
a et b respectivement dans .F[xl et 5* [xl, alors on a d = d'.
Polynômes irréductibles sur un corps donné. Soit 3F[x\ un anneau
des polynômes sur le corps .F. Dans l’anneau jF[x] ne sont inver­
sibles que les polynômes de degré zéro (diviseurs unité du corps .F),
c ’est-à-dire les éléments non nuis du corps 3r mDonc, tout polynôme
de degré positif de F [x] est irréversible dans l’anneau .FIxl.
Un polynôme de F [xl est réductible ou composé dans l’anneau
& \x \ ou réductible sur le corps jF si l’on peut le figurer sous forme
de produit de deux polynômes de degré positif de F [xl.
En d’autres termes, un polynôme est réductible dans *F[xl
s 'il a un degré positif et comporte des diviseurs non triviaux.
430 P O L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. XIV

Un polynôme de F [x] est irréductible ou premier dans l’anneau


jF[xl ou irréductible sur le corps jF s’il a un degré positif et ne pos­
sède que des diviseurs triviaux, c’est-à-dire que tout diviseur du
polynôme est associé soit à ce dernier, soit à l ’unité.
Aussi, le polynôme a est irréductible dans l ’anneau ^ [ x ] s’il
est de degré positif e- dans toute décomposition de la forme a = bcr
où b, c Ç F [x], l’un des facteurs (b ou c) est associé à l’unité du
corps, et l ’autre à a.
E x e m p l e s . 1. Si & est un corps, alors dans l’anneau des
polynômes SF[x] tout polynôme du premier degré est irréductible.
2. Dans un anneau des polynômes 31 [x], où 3! est un corps des
nombres réels, le polynôme de second degré est irréductible si et
seulement s’il n’admet pas de racines réelles.
P r o p o s i t i o n 2.7. Soient p un polynôme irréductible et a tout
polynôme de Vanneau jF[x]. Alors, soit p divise a, soit p et a sont
premiers entre eux.
D é m o n s t r a t i o n . On pose que S* est un corps. Selon
le corollaire 2.3, 3 \x ] est un anneau d’idéaux principaux. Donc*
en vertu de 13.3.9, si p ne divise pas a, on a alors (p, a) = (1).
Aussi a-t-on Xxp + X2a = 1 pour certains X2 de F. Par consé­
quent, selon le théorème 13.4.4, le plus grand commun diviseur de
p et a vaut 1, c’est-à-dire les polynômes p et a sont premiers entre
eux. □
P ro p o s itio n 2.8. Soient p un polynôme irréductible dans Vanneau
SF [x] et ax, . . ., a* Ç F [xl. Si p divise le produit ax a2 . . . anr
p divise alors un au moins des polynômes ax, a2, . . ., an.
Cette proposition découle directement du corollaire 2.3 et de la
proposition 13.3.11.
T h éo rè m e 2.9. Soit Si [xl un anneau des polynômes sur le corps
3) des nombres réels. L'anneau quotient 31 [x]/(x2 + 1) est isomorphe
au corps des nombres complexes.
D é m o n s t r a t i o n . Soit C l’ensemble de base du corps %
des nombres complexes. Soit h l ’application de l’ensemble R [xl
dans C telle que
h (/) = / (i) pour tout / de R [x].

Une vérification directe montre que h est un épimorphisme de l’an­


neau Si [xl sur le corps des nombres complexes de noyau (x2 + l) r
c’est-à-dire Ker h = (x2 + 1). Donc, selon le théorème 13 1.6 sur
les épimorphismes d’anneaux, il vient 31 [x]/(x2 + 1) %. □
T h é o r è m e 2.10. Soient ^ [x ] un anneau des polynômes sur le
corps .F et p un polynôme irréductible dans 3 lx \. Alors Vanneau
quotient $F [x]/(p) est un corps.
La démonstration de ce théorème est laissée au soin du lecteur.
Décomposition d’un polynôme en produit de facteurs norm és
§2]
PO LY N O M ES SU R U N CO RPS 431

irréductibles (premiers). Soit y un corps, tandis que &[x] est un an­


neau des polynômes sur &
T h ê o r ê m e 2.11. Tout polynôme de degré positif de F [x ] peut
être figuré de façon unique sous forme de produit d'un élément du corps
SF et de polynômes normés irréductibles dans & [ x l .
D é m o n s t r a t i o n . Soit a un polynôme de degré positif
de F [xl. L’anneau jF[xl étant factoriel, le polynôme a peut se
représenter sous forme de produit a = ql . . . q8 de polynômes
qly . . Çs irréductibles dans l’anneau 3 rlx]. Soit le coefficient
dominant du polynôme qk, uk Ç F. Alors, qk = ukpk. où p* est un
polynôme normé irréductible dans S'IxY Donc,
(1) a = upi . . . p „ où u = ux . . . u8 Ç F.
Démontrons l’unicité de la décomposition. Soit
(2) a = vp\ . . . p?, v 6 F,
une décomposition quelconque dans laquelle p*, . . ., p? sont des
polynômes normés irréductibles dans l ’anneau jF[xl. L’anneau
^ [ x l étant factoriel, on a: 1) u = u, puisque u, v sont des coeffi­
cients dominants d’un même polynôme a ; 2) avec une numération
adéquate les polynômes pi et pf sont associés. Vu que pj, p? sont
des polynômes normés, du fait qu’ils sont associés, il découle que
Pi = Pi pour i = 1, . . ., s. □
Soient a £ F [x] et
(1) a = upj . . . p s, où u 6 F,
est une décomposition du polynôme a en un produit de facteurs
normés irréductibles dans 3F [xl. Soient plT . . ., p* les divers fac­
teurs normés irréductibles du polynôme a et a lt . . ., les multi­
plicités de leur immersion dans la décomposition (1). On a alors la
décomposition
(I) a = u p ® i...p£* (u£F).
D éfinition . La décomposition (I) est dite décomposition cano­
nique du polynôme a de jF[xl en facteurs (normés) irréductibles
sur 3F.
Exercices
1. Indiquer pour quelle valeur de X les polynômes x3 — 2Xx + X3 et x3 +
+ X2 — 2 admettent une racine commune dans le corps des nombres complexes.
2. Chercher le plus grand commun diviseur des polynômes x* — 1 et
x 4 + x3 + 2x2 + x + 1 et sa représentation linéaire en fonction de ces polynô­
mes.
3. Chercher le plus grand commun diviseur et le plus petit commun mul­
tiple des polynômes x 4 — 4x* + 1 et x3 — 3sr + 1.
4. Chercher le plus petit commun multiple des polynômes x33 — 1 et
x13 — 1.
432 PO LY N O M E S A U N E V A R IA B L E [CII. XIV

5. Soient 2F [x) un anneau des polynômes sur le corps ^ et a, 6, c des


polynômes de F [x]. Chercher dans F [x] le plus petit idéal contenant tous ces
polynômes.
6. Soit 2F [x] un anneau des polynômes sur le corps 2F. Démontrer que
l'ensemble de tous les multiples communs de deux polynômes donnés / et g
de F [x] est un idéal de l'anneau 2F [x].
7. Soient x 0 et y0 des polynômes de F [x] satisfaisant à l'égalité ax0 +
+ by0 = c, où a, 6, c Ç F [xJ. Chercher dans F [x] l'ensemble de toutes les
solutions de l'équation ax + by = c.
8. Démontrer que si le polynôme h est premier avec les polynômes / et
g, h est premier avec f>g.
9. Démontrer que le polynôme x 4-2 x + 3 est irréductible sur le corps G..
10. Soit p un polynôme de F [x] tel que tout autre polynôme de F [x]
est soit premier avec p. soit est divisible par p. Démontrer que le polynô­
me p est irréductible sur le corps .5". _
11. Soit 2F [x] un anneau des polynômes sur le corps numérique . Soit
c le degré du polynôme irréductible sur a, b 6 F [x] et c divise ab. Démon­
trer que c divise a ou divise b* pour un certain k naturel.
12. Soit / = . . . pkh une décomposition canonique du polynôme
/ sur le corps 2F. Combien de diviseurs normés à coefficients dans F possède le
polynôme /?
13. Soient 2F [x] un anneau des polynômes sur le corps numérique p un
polynôme irréductible sur 2F et 7 l'idéal engendré par le polynôme p. Démon­
trer que l'anneau quotient 2F [x]// est un corps.

§ 3. Anneau des polynômes factoriel


sur un anneau factoriel
Polynômes primitifs. Partout plus loin on utilise les notations
suivantes: SX désigne un anneau factoriel, S? un corps des quotients
de l’anneau SX ; SX lx] un anneau des polynômes en x sur SX ; &[x]
un anneau des polynômes en x sur & .
D éfin ition . Soit / = a0 + axx + . . . + anxn un polynôme
non nul quelconque de K [x]. PGCD dos coefficients a0, ax, . . ., an
dans l’anneau SX est appelé contenu du polynôme f.
D éfinition . Un polynôme / dont le contenu est l’unité ou le
diviseur unité (dans vT) est nommé polynôme primitif dans Vanneau
SX [x].
Le contenu du polynôme / dans SX [x] se définit de façon univo­
que aux facteurs près qui sont des diviseurs unité. En d’autres ter­
mes, deux contenus quelconques du polynôme / sont associés dans SX.
P roposition . 3.1. Si d est le contenu d'un polynôme non nul de
K [x], alors f = dg, ou g est un polynôme primitif dans SX [x].
D é m o n s t r a t i o n . En effet, si dans le second membre de
l ’égalité f = a0 + axx + . . . + cinxn on sort d des parenthèses,
on obtient l’égalité / = d + + •••+ *” ) = où,
en vertu de la proposition 13.4.6, l ’unité est un plus grand commun
diviseur des coefficients ^ ^ , . . ., du polynôme g. Par consé­
quent, g est le polynôme primitif dans SX lx]. □
A N N E A U D E S P O L Y N O M E S PA C T O H T E L 433

Notons que tout polynôme de degré positif irréductible sur Vanneau


SX est primitif dans SX [2 ]. En effet, si f 11’est pas un polynôme pri­
mitif, alors, selon la proposition 3.1, / = dg, où g est le polynôme
primitif dans SX [2 ) de degré positif, tandis que d est le contenu
de /. / étant non primitif, d n’est donc pas un diviseur unité dans SX
et, par suite, d et g sont des éléments irréversibles de SX (xl. Par
conséquent, / est réductible dans SX [2 ]. Ainsi, tout polynôme non
primitif de degré positif est réductible dans SX [2 ] et, partant, tout
polynôme de degré positif irréductible dans SX [2 ] est un polynôme
primitif dans SJC [2 ].
Remarquons de même qu’un polynôme primitif dans SX [2 ] est
réductible sur SX si et seulement si l’on peut le représenter sous forme
de produit de polynômes de degré positif (et de plus, primitifs).
Pour un polynôme non primitif / quelconque cela n’est pas vrai, car
il se peut que / = dg, où d est le contenu de / et deg d — 0, tandis
que g est un polynôme primitif irréductible.
L emmb 3.2. Soient f, h des polynômes primitifs dans SX [2 ] et
(1) cf — dh, où c, d 6 K \ {0}.
Alors d est associé à c dans SX et f est associé à h dans SX [2 ].
D é m o n s t r a t i o n . Soient
f ~~ ûo “f" • • • 4" Æn2 ,
h = Ôÿ -4* • • • 4“ Ôm2m
(<*n ^ 0 , bm # 0) J
alors, cf = ca0 + . . . + con2 n, dh = db0 + . . . + dôm2 m, en ver­
tu de
(1) n = m et
(2) ca0 = db0, . . ., can = dbn.
Puisque 1 est un plus grand commun diviseur des coefficients a0, . . .
. . ., an, en vertu de la proposition 13.4.5, c est un plus grand com­
mun diviseur des coefficients ca0, . . ., can. De façon analogue, en
s’appuyant sur le fait que h est primitif et les égalités (2), on conclut
que d est un plus grand commun diviseur des coefficients ca0, . . .
. . ., cdj,. Donc, c et d sout associés dans SX et, par suite, d = ec,
où e est un élément inversible de l’anneau SX. En divisant les deux
membres de l’égalité (1) par c, on obtient f = eh, c’est-à-dire f et h
sont associés dans SX [2 I. □
L emme 3.3. Soient f et h des polynômes primitifs dans SX [2 ).
Si les polynômes f et h sont associés dans .F (2 ], ils sont également
associés dans SX [2 ].
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et h des polynômes associés
dans .F [2 ]. On a alors / = ah, où a est un élément non nul du
corps & . .F étant un corps des quotients de l’anneau SX, l’élément
a peut être représenté sous la forme a = dc~x, où d, c 6 ^ \ {0}.
2 8 -0 1 7 6 2
434 P O L Y N O M E S A U N E V A R IA B L E [CH. X IV

Ainsi, / = dc~lh et cf = dh. Selon le lemme 3.2, il s'ensuit que


les polynômes f et g sont associés dans l ’anneau SK [x]. □
Lemme 3.4 (de Gauss). Un produit des polynômes primitifs
dans SK [x] est un polynôme primitif dans SK [x].
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et g des polynômes primitifs
quelconques dans SK [x] :
f = fl0 + flxX + . . . + «mî" («m 6 Æ \{0}),
g = b0 + 6 xx + . . . + 6 „xn (6 „ g A \ { 0 }) ;
dans ce cas,
fg — C0 + ctx + . . . + cm+nxm*n (cm+n = dmbn ^ 0).
Montrons que le polynôme fg est primitif dans l’anneau SK [xJ.
Supposons que p est un élément premier quelconque de l ’anneau SK
et démontrons qu’un au moins des coefficients du polynôme fg
ne se divise pas par p. En effet, en vertu du fait que le polynôme f
est primitif, il existe un coefficient ar non divisible par p et possé­
dant le plus petit indice. De façon analogue, il existe un coefficient
6 , du polynôme g, non divisible par p et affecté du plus petit indice.
Le coefficient cr+e du polynôme fg peut être représenté sous forme
d’une somme:
(1) ^r+ « “ "f" (® r+ l^ » -l ”t" • • • ® r-l^ t+ 1 ~f~ • ’
Le premier terme de cette somme n ’est pas divisible par p, quant
au second, il se divise par p ou manque. Ainsi, cr+l ne se divise pas
par p. Donc, le contenu du polynôme fg est 1, c’est-à-dire que le
polynôme fg est un polynôme primitif dans SK [x]. □
Lemme 3.5. Soit f un polynôme dans SK [x]. S i le polynôme f
est réductible dans S* [x], il est également réductible dans SK [x].
D é m o n s t r a t i o n . Soit un polynôme f réductible dans
& [x], c’est-à-dire
(Tj T = gh,
ôïï g et h sont des polynômes de degré positif de F [xl. Admettons
que / est irréductible dans SK [x] et, par suite, primitif dans SK [xl.
Soit
g = a 0 + CCjX -f- . . . + OCnX".
Puisque & est un corps des quotients de l ’anneau SK, chaque coef­
ficient a ; peut être représenté sous la forme
<X| = o r b ï', où a<, bt Ç K, (i = 0 , . . ., n).
Posons 6 = 6 0 *6 ! . . . 6 n ; alors 6 g 6 K [xl et, en vertu de la pro­
position 3.1,
(2 ) 6 g = cgi (6 , c 6 * \ { 0 }),
S 3] A N N E A U D E S P O L Y N O M E S F A C T O R IE L 435

où gx est un polynôme de degré positif primitif dans SK [xl, tandis


que c est le contenu du polynôme bg. On se convainc de façon ana­
logue qu’il existe des éléments d et e tels que
(3) dh = ehl (d, e Ç Æ \{ 0 » ,
où hx est un polynôme de degré positif primitif dans SK [xl.
En vertu de (1), (2) et (3), il vient
(4) (bd) f = (ce) # A (bd, ce 6 ÜT\{0}),
de plus, suivant le lemme de Gauss, le polynôme gxhx est primitif
dans SK [x]. Selon le lemme 3.2, de (4) il s’ensuit que les polynômes
/ et gjt^ sont associés dans SK [x]. Par conséquent,
/ = egA ,
où e est un élément inversible dans K et gx, hx des polynômes de degré
positif de K [x], ce qui est en contradiction avec l’hypothèse admise.
Ainsi, le polynôme / est réductible dans SK [x]. □
C o ro lla ire 3.6. Si un polynôme de degré positif est irréductible
dans Vanneau SK [x], il est alors irréductible dans Vanneau fp (xl.
Anneau factoriel des polynômes. Démontrons le principal théo­
rème de ce paragraphe.
T h éo rè m e 3.7. S i Vanneau SK est factoriel, Vanneau des poly­
nômes SK [xl Vest également.
D é m o n s t r a t i o n . Soit SK un anneau factoriel. Démon­
trons que tout élément différent de zéro et irréversible de l’anneau
SK [x] est décomposable de façon unique en un produit de facteurs
premiers dans SK [xl à l’ordre des cofacteurs et des facteurs inver­
sibles près. Démontrons d’abord la possibilité de factorisation de
cet élément. Soit / un polynôme quelconque non nul de K [xl. Si
/ est un polynôme de degré zéro, alors f £ K. L’anneau SK étant
factoriel, le polynôme / peut être représenté sous forme d’un produit
de facteurs premiers dans SK et, par suite, dans SK [xl. Supposons
que deg / = n > 0, ensuite, procédons à la décomposition en fac­
teurs premiers de tout polynôme dont le degré est inférieur à n. Soit
(1) f = dg (x),
où d 6 K, g (x) est un polynôme de degré positif primitif dans SK [xl.
Si le polynôme g est irréductible sur SK, alors en décomposant dans
(1) le facteur d en facteurs premiers, on obtient une factorisation
de /. Mais si le polynôme g (x) est réductible dans SK [xl, on peut
le représenter sous forme de produit de deux polynômes de degré
positif et inférieur à n : g (x) = h (x) q> (x). Suivant l ’hypothèse de
récurrence h (x) et <p (x) peuvent être représentés sous forme d’un
produit de facteurs premiers dans SK [xl. Par conséquent, g et, en
vertu de (1), / peuvent également être représentés sous forme d’un
produit de facteurs premiers.
28 *
436 POLYNÔMES A UNE VARIABLE [CH. X IV

Démontrons l’unicité de la factorisation. Soient données dans


SK Ix] deux factorisations de / :
(2) / = Pi . . . PhQi ■■■ g. = p[ ■■ ■ p ’q\ • • • g't,
où pi-, pî Ç Æ et qt, q\ sont des polynômes de degré positif irréduc­
tibles et partant, primitifs. Selon les lemmes 3.2 et 3.4.Jil s’ensuit
de (2)
(3) Pi . . . ph ~ p[ . . . p'r dans JC ;
(4) • • • qs ~ q'x • • • Qt dans W 1*1.
L’anneau JC étant factoriel, on déduit de (3) que k = r et pour un
numérotage adéquat
(5) pi ~ pi dans JC, i = 1, . . ., k.
Ensuite, selon le corollaire 3.6, les polynômes qt et q\ sont irréduc­
tibles dans l’anneau & [il. En vertu du fait que l’anneau & [il
est factoriel, il s’ensuit de (4) que s = t et pour un numérotage
approprié
qi ~ gj dans & [il, i = 1, . . ., s.
Les polynômes qt et q\ sont irréductibles dans JC [i] et, par suite,
primitifs dans JC [i], en outre, ces polynômes sont associés dans
& [il. Par conséquent, selon le lemme 3.3, ils sont associés dans
JC [il :
(6) qi ~ qi dans JC [il, i = 1, . . ., s.
En vertu de (5) e t’(6), le polynôme / présente une factorisation uni­
que en facteurs premiers dans l’anneau JC [il. Bref, on a montré
que l’anneau JC [il est factoriel, a

Exercices
1. Le polynôme x* + 2x + 2 est-il réductible ou irréductible : (a) dans
l’anneau fi [x] ; (b) dans l’anneau JP [x] ; (c) dans l'anneau IC [x] ?
2. Le polynôme 2x + 6 est-il réductible ou irréductible : (a) dans l’anneau
fi 1*1*, (b) dans l’anneau Z [x] ?
3. Tout polynôme irréductible dans l’anneau Z [x] est un polynôme pri­
mitif dans Z [x]. Est-ce que la réciproque est vraie?

§ 4. Dérivée formelle d’un polynôme.


Facteurs m ultiples irréductibles
D érivée form elle d ’un polynôm e. Soit JC un anneau des poly­
nômes en i sur le corps^- : 5T=.ïF’[i]. Soit JC [y] une extension trans­
cendante simple de l’anneau JC par adjonction de. y. L’anneau JC [y]
sera également note ,¥ [i, y). Les éléments de, l’anneau jF [i, yl
8 *] D É R I V É E F O R M E L L E D ’U N P O L Y N O M E 437

au cas où ils sont aussi des éléments de l’anneau JF [x] seront notés
/ (x), g (x), etc. ; et s’ils sont des éléments de l’anneau SF lyl, on les
notera f (y), g (y), etc.
Considérons dans l’anneau <F [x, y] les polynômes
/ (x) = a0 + axx + . . . -f anxn (a, 6 F),
f (y) = «o + a^y + . . . + anyn
ainsi que leur différence f (x) — f (y). On voit sans peine que

/ ( * ) - / ( y ) = s «k

= (x—y) 2 a», (**"* + 3*'2y + . . • + y*'*) =


k-i
= (x —y)<D(x, y),
n
où G>(x, y) = 2 (x*-1 + xh~2y + . . . + y h~l). Notons que
fc«l
n
<D(x, x) = 2 kahxh~l = a, -f- 2a2x + . . . 4- na„xn~l.

Définition. Soit / = a0 + axx + . . . + a„xn un polynôme


sur le corps & . Le polynôme
n
O (x , x) = 2 = ax+ 2azx + . . . + nanx1l~l
/t-i
est appelé dérivée formelle du polynôme f (ou polynôme dérivé) et
noté f ou f (x).
Théorème 4.1. Soient jT [x] un anneau des polynômes sur le
corps & , /, g des polynômes quelconques de F \x] et X Ç F ; on a alors
(1) (s + g)9 = r + g§\
(2) (fgY = fg' + f g ;
(3) (V)' = V';
(4) (/m)' = mfm-lf pour tout m naturel.
Démonstration. (1) Soit h = / + g ; alors
/(* ) — / (y) = (x — y) O (x-y), £ (x)— g (y) = (x — y) G (x, y),
h (x) — h (y) = / (x) — / (y) + £ (x) — g (y) =
= (x — y) [(D (x, y) + G (x, y)].
Donc, A' = tD (x, x) -f- G (x, x) = f' + g’ ; par conséquent,
(/ + * ) ' = / ' + *'•
438 POLYNOMES A UNE VARIABLE [CH. XIV

(2) Posons q> = fgt alors


«P (*) — <P (y) = f ( x ) g (x) — f (y) g (y) =
= / (*) (g (*) — g (y)) + g (y) (/ (*) — / (y)) =
= (* — y) 1/ (*) g (x, y) + g (y) <D (x, y ) l
De là on obtient
<p' - / (x) G (x, x) + g (x) <D (x, x) = / (x) g9 (x) + g (x) / ' (x);
par conséquent, (fg)9 = fg9 + f g .
(3) La formule (3) se déduit directement de la formule (2) pour
g = X, car dans ce cas g9 = 0.
(4) La démonstration de la formule (4) s’effectue par récurrence
sur m en la formule (2). □
Décomposition d’un polynôme suivant les puissances de la dif­
férence x — c. Avec la division du polynôme / = a<>xn + ...
. . . + an par un binôme de la forme x — c, il est commode de dis­
poser les calculs suivant un schéma (appelé schéma de Horner) :
«0 1 “ n -i
1
c fcl lu * n -, r
«0 c&o r a i c 6 ,H a* c ^n-2 “1 a n - i c^ n - i fln
Apparemment, a0 = b0; tout coefficient suivant du quotient et le
reste r se calculent par les formules
bh = cbh- x + ah (k = 1, . . ., n — 1) ; r = cbn. x + an.
Ces formules sont obtenues à partir de l’égalité
ûoX71 + ajX71”1 + . . . + an_|X + an =
= (X - c) ( b oxH- 1 + + . . . + fcn -i) + r,

après avoir supprimé les parenthèses, réduit les termes semblables


et égalé l ’un à l ’autre les coefficients associés aux mêmes puis­
sances dans les deux membres de l’égalité.
Le schéma de Horner est commode lorsqu’on effectue une décom­
position du polynôme donné / suivant les puissances du binôme
x — c.
Soient
/ = (x — c) qx + r 0,
<h = (x — c) q2 + rlt
<1 ) .....................................................
Qn—2 === {pc c) qn-j -f* rn-j»
qn-x = (x — c) a0 + rn_.
§ 4] D E R I V E E F O R M E L L E D ’U N P O L Y N O M E 439

où qh et rk désignent le quotient et le reste obtenus après division


de g*-! par x — c. Si la dernière expression dans (1) de qh-x est portée
dans Tégalité précédente, ensuite, la quantité ainsi obtenue est
substituée à qn-2, etc., on aboutit à Tégalité
(2) / = r 0 + rx (x — c) + r 2 (x — c)a + . . .
... + (x — c)n-1 + a0 (x — c)n.
C’est, précisément, la décomposition du polynôme donné / en puis­
sances de (x — c). Dérivons les deux membres de Tégalité (2) et,
en posant x = c, il vient
/ (c) = roi f (c) = rlf / ' (c) = 2! r 2, . . ., /<"> (c) = n! a0.

Aussi peut-on écrire Tégalité (2) sous la forme

f = f(c) + r ( c ) ( x - c ) + - O f ( x - c ) * + . . . + ! ^ ï ( x - c ) n

si seulement / est un polynôme sur un corps de caractéristique nulle.


C’est, précisément, la formule de Taylor pour les polynômes. La
division suivant le schéma de Horner de / par x — c fournit les
coefficients du quotient qx qu’il faut à son tour diviser par x — c,
etc. ; il est commode de disposer tous les calculs sous forme d’un
tableau :
«0 ai ••• fln-i «n
bo bi ••• &n-i r0 r« = /W
co «i ••• ri ri = /'(«)
da dx ... r, = /'(«)
f(n"°(e)
«0 rn-i r"->= (»-!)!
Facteurs multiples irréductibles d’un polynôme. Soit Jf[x\ un
anneau des polynômes sur le corps de caractéristique nulle.
D éfinition . Soient / un polynôme de F [x] et p son facteur
irréductible. On appelle facteur de multiplicité m (ou facteur multiple
d'ordre m) du^polynôme / le polynôme p si

(1) / = pmg, p \ g, g € F [*].

Pour m > 1 le polynôme p est appelé facteur multiple et pour m = 1


facteur premier du polynôme /.
440 POLYNOMES A UNE VARIABLE [CH. X IV

T heoreme 4.3. Soient 9* [z] un anneau des polynômes sur le


corps tF de caractéristique nulle et f Ç F [*]. Soit p un facteur irréduc­
tible de multiplicité m ^ 1 du polynôme f. p est alors un facteur de
multiplicité m — 1 de la dérivée f .
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse, p est un facteur multi­
ple d’ordre m du polynôme / et, par suite, la condition (1) est satis­
faite. En se servant des propriétés de la dérivée, or. obtient
/ ' = mpm~1p'g -f pmg',
(2) f = p " - 1 (mp'g + pg').

Vu que par hypothèse le corps f a une caractéristique nulle, on


a mp' 0 et deg (mp') < deg p ; donc p f mp'. p étant un poly­
nôme irréductible et (en raison de (1)) p ■f g, il s’ensuit que p f
■f (mp') g, donc
(3) p f (mp'g + pg').

Sur la base de (2) et (3) on conclut que p est un facteur de multi­


plicité m — 1 de la dérivée □
Corollaire 4.4. Le polynôme f de F \x] possède des facteurs
multiples irréductibles si et seulement si le plus grand commun divi­
seur des polynômes f et f est de degré positif.
Racines multiples d’un polynôme. Soient & \x\ un anneau des
polynômes sur le corps & et F [z] son ensemble de base.
D éfin ition . Soient / un polynôme de F [z] et c sa racine dans
L’élément c est appelé racine de multiplicité m (ou racine multiple
d'ordre m) si f = (z — c)m g, g (c) 0, g Ç F [z] ; pour m > 1
l’élément c est appelé racine multiple et pour m = 1 il est appelé
racine simple du polynôme f.
P roposition 4.5. Soient [z] un anneau des polynômes sur
un corps de caractéristique nulle et f £ F [z]. L'élément c de F est une
racine multiple du polynôme f si et seulement si f (c) = f (c) = 0.
Cette proposition découle directement du théorème 1.9 et du
corollaire 4.4.
P roposition 4.6. Soient S* [x] un anneau des polynômes sur le
corps & de caractéristique nulle et f Ç. F [z]. L'élément c est une racine
multiple d'ordre m du polynôme f si et seulement si
(1) / (C) = f (c) = . . . = /<m- 1> (c) =» 0, JC) (c) # 0.

D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 4.3, l’élément c est


une racine multiple d’ordre m du polynôme f (c’est-à-dire (z — c) est
un facteur multiple d’ordre m du polynôme f) si et seulement si
(2) (z - c) divise /, / ', . . . , f<m~^ et (z — c) f /<m>.
* *1 DERIVEE FORMELLE D’ON POLYNOME 441

En vertu du théorème de Bézout les conditions (1) et (2) sont équipo-


tentes. □
Exercices
1. Décomposer le polynôme x6— 5x* 4- 3ar* — 1 en puissances de x — 1.
2. Décomposer le polynôme x5 + 4z* — x9 — 29x2 — 14x — 1 en puis­
sances de la différence x — 2.
3. Décomposer le polynôme x6 — z 3 + 1 en puissances de z + i.
4. Calculer les valeurs du polynôme z4 + Ôz2 — 5x + 1 et de ses dérivées
pour z = — 1.
5. Déterminer la multiplicité de la racine 1 du polynôme z 6 — z5 — z 4 +
-f- 2X3 — z 2 — z -f- 1.
6. Déterminer la multiplicité de la racine l du polynôme z4 + z 5 + 3Z4 +
-f- 2Z3 -f- 3z* -{y * 4” 1-
7. Déterminer les coefficients a et 6 de manière que le polynôme ax4 4*
4- bar* 4- 1 de Q [xJ soit divisible par (z — l)2.
8. Déterminer les coefficients a et 6 de manière que le polynôme axn+1 4-
4- bxn 4- 1 de Q [z] soit divisible par (z — l)2.
9. Déterminer le coefficient a de manière que le polynôme z* — ax2 —
— ax 4-1 de Q [z] admette —1 pour racine de multiplicité non inférieure à 2.
10. Chercher à quelles conditions le polynôme z6 4- a*3 + à possède dans
le corps des nombres complexes une racine double autre que zéro.
11. Le polynôme zn 4- a» où n est un nombre naturel et a un nombre non
nul, a-t-il des racines multiples dans le corps des nombres complexes?
z z2 x^
12. Démontrer que le polynôme 1 + -j -j—1— . . . + “^j" est démuni
de racines m ultiples dans tout corps numérique.
13. Soient SF et & des corps numériques, SF étant un sous-corps du corps
Démontrer que si le polynôme / est irréductible dans l'anneau des polynômes*
& [z], il est démuni de facteurs multiples dans l'anneau & [z].
CHAPITRE XV

POLYNOMES À PLUSIEURS VARIABLES

§ 1. Anneau des polynômes à plusieurs variables


Extension multiple d’un anneau. Soient SK un sous-anneau in­
tègre de l'anneau commutatif X et . . ., x m des éléments de
l'anneau X .
D é f i n i t i o n . Une extension minimale de l'anneau SK, qui est un
sous-anneau de l'anneau X et contient les éléments xx, . . xm de L ,
est appelée sous-anneau de Vanneau X engendré par l’anneau SK et
les éléments xx, . . ., xm.
Cet anneau est noté SK lxx, . . ., x m] et son ensemble de base,
K [Xj, . . Xm].
L’anneau SK [xx, . . ., xml est apparemment une intersection de
tous les sous-anneaux de l’anneau X contenant les éléments xlt . . .
. . ., xm et ayant l’anneau SK en qualité de sous-anneau.
D é f i n i t i o n . Un anneau noté SK [xJ . . . [xml et défini par induc­
tion au moyen des formules
SK [xx] [x2l = (SK [xJ) [x2l,
SK IxJ [x2l . . . [xml = (SK [xJ [x2l . . . [Xfn-J) [xml,
est appelé extension multiple d'ordre m de Vanneau SK.
T h é o r è m e 1.1. Soient SK un sous-anneau de Vanneau commutatif X
et xx, . . ., xm Ç L; alors
(1) SK [xj, x2, • • ., xml = <*K [xjl [X2 I . . . [xml.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est apparemment vrai
pour m = 1. Supposons que le théorème est vrai quand on adjoint
m — 1 éléments à l ’anneau SK. Par définition, on a
K. (xj, • • Xm-j] c K [xf, • • Xjfi] et xm Ç K. \xx, . . ., xm],
aussi a-t-on
(2) (K [X|, • • x m-jl) [xml c K [X|, • • ., xml.
D’autre part, puisque xlf xm Ç ( ï [xlf . . ., xml) [xml, on a
(3) K. [x^, . • xml œ. (K [xx, . . ., x m-jJ) [xml.
* *1 ANNEAU DES POLYNOMES A PLUSIEURS VARIABLES 443

En vertu de (2) et (3), il vient


(4) K [ l i , • . «y Xm-J, Xm] = K [ l i , . . .9 Im-J l^ml*
Par hypothèse de récurrence, on a
(5) K lxly . . ., x m-x] = K [xJ . . . Ixm-J.
Sur la base des égalités (4) et (5), on conclut que
K [xlf x2, . . xm] = K [xJ [x2] . . . [xm].
Par conséquent, la formule (1) est vraie. □
Anneau des polynômes à plusieurs variables. Soient m un entier
positif et N un ensemble de tous les nombres naturels. Soient N1 = N
et pour m > 1
Nm = {(fj, • • •* *m) Mii • • •? *m€ N},
où (ij, . . ., im) est un vecteur à m dimensions.
Selon le théorème 1.1, SK [x,, x2] = (SK [xx]) [x2l. Aussi, les
éléments de l’anneau SK [xx, x2l constituent-ils une somme de la
forme
a 0 + axx2 + . . . + a nx",
où ai = ai0 + a^Xx + . . . + almz J1 (alk £ K), et m est la puis­
sance la plus élevée des polynômes a 0, a lt . . ., a n. Donc, les élé­
ments de l’anneau SK [xlf x2l peuvent être écrits sous la forme
v
aixiA 'xif
<*».TT)€Af
où M est un sous-ensemble fini non vide de l’ensemble N2 = N X N.
En se basant sur le théorème 1.1, on conclut également que les
éléments de l’anneau SK [xx, . . ., xm] sont une somme de la forme
V
X^1 j-im
<i«. i im)£Af
où M est un sous-ensemble fini non vide de l’ensemble Nm et
&it ... 0 ° écrira cette somme sous forme condensée
S « < « > * ! * où ( t ) = ( ‘i. î îm)*
(i)6 M
Rappelons que l’élément xx de l’anneau SK [xJ est dit transcen­
dant sur SK si pour tous éléments at, . . ., an de l’anneau SK de
n
l’égalité V, = 0 s’ensuivent les égalités ax = 0, . . ., an = 0.
i=i
La généralisation de cette notion est la notion de l’indépendance
algébrique de la collection d’éléments xlt . . ., xm sur SK.
Soit SK un sous-anneau de l’anneau commutatif X .
D é f i n i t i o n . Les éléments x lf . . . , x m de l’anneau X sont dits
algébriquement indépendants ou simplement algébriques sur Vanneau
444 PO LY N O M E S A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

SK si pour tous éléments a(i) de Panneau SK de l'égalité


(I) S «(O*!1 . . . où M c Nm,
(i)ÊAf
s'ensuit l'égalité à zéro de tous les coefficients a(i).
Pour m = 1 on aboutit à la définition de l'élément algébrique-
ment indépendant (ou algébrique) sur SK qui coïncide avec la défi­
nition de l’élément transcendant sur SK.
T h é o r è m e 1.2. Soient SK un sous-anneau de V anneau commutatif
X et xly . . ., x m £ L. Les éléments xlf . . ., x m sont algébriques sur
SK si et seulement si pour chaque s Ç (1, . . ., m) V élément xs est trans­
cendant sur SK [xly . . .,
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que les éléments xly . . x m
sont algébriques sur SK et démontrons que pour chaque s 6 {1« . . .
. . m ) l’élément xê est transcendant sur l’anneau SK [x1? . . .
. . . , Xs _ ] l.
Soit
(II) A 0 + A & + . . . + A tx ‘t = 0, où A h 6 K [xj, . . *,_!].
Les termes A kx% peuvent prendre la forme
A k X% == 2 û(i)^1 • • • • • • x m i OU - N ,

k = 0, . . Z.
L’égalité (II) peut alors être écrite ainsi:
(3) 2 aU)x \l • • • x88x*s+\ • • • = 0*
<0611***
En vertu de l’indépendance algébrique des éléments xlt . . ., x m
sur l’anneau SK il s’ensuit de (3) l’égalité à zéro de tous les coeffi­
cients a(i) pour (i) £ [} M k, donc, A k = 0 pour & = 0, 1, . . I.
Par conséquent, pour chaque s Ç {1, . . ., m) l’élément x8 est trans­
cendant sur SK [xly . . ., Xs-J.
Supposons que pour chaque s £ {1, . . ., m) l’élément xs est
transcendant sur SK [xlT . . ., x ^ ] et démontrons par récurrence sur
m que de (I) s’ensuit l’égalité à zéro de tous les coefficients a(<>.
Pour m = 1 l’affirmation est apparemment vraie. Admettons
que l’affirmation est vraie pour la collection d’éléments xlt . . .
. . ., xm_x. Ecrivons l’égalité (I) sous la forme
(4) A0+ Atxm + A2x~n+ . . . + A rxrm = 0,

Ak^ n = 2 a(i)Xil ••• Xlr^lXmi


Ak Ç K [X|, • **y M — U M km
k
ANNEAU DES PO LYNO M ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S 445

Par hypothèse, l’élément xm est transcendant sur SK [xj, . . ., xm-t]f


donc, de (4) s’ensuivent les égalités i40 = 0, -A1 = 0, . . . , A r =
= 0. Par hypothèse de récurrence, s’ensuivent les égalités
«(O = 0 pour (î) Ç U M h = M.
Par conséquent, les éléments xt , . . ., x m sont algébriques sur SK. □
Soient SK un anneau commutatif intègre et SK [xt] . . . [xm]
une extension multiple d’ordre k de l’anneau SK par adjonction des
éléments xt, . . ., x m. Selon le théorème 1.1, SK [xj . . . x m] =
= SK [x j . . . [xm] et, par suite, l ’anneau SK [xi, . . ., x m] est éga­
lement une extension multiple d’ordre k de l’anneau SK.
Définition. L’anneau SK [xx, . . ., x m] est appelé extension trans­
cendante multiple d'ordre m de Vanneau SK si pour tout s Ç {1, . . .
. . ., m} l’anneau SK [xlt . . x8] est une extension transcendante
simple de l ’anneau SK [xj, . . ., x8-x] par adjonction de xH.
Remarquons que pour m = 1 l ’extension transcendante multiple
d’ordre m de l ’anneau SK est une extension transcendante simple de
l’anneau SK.
Théorème 1.3. Soit SK un anneau commutatif non réduit à {0}.
Pour tout m naturel différent de zéro il existe une extension transcen­
dante multiple d'ordre m de Vanneau SK. De plus, si SK est un domaine
d'intégrité, alors l'extension transcendante multiple d'ordre m de cet
anneau constitue également un domaine d'intégrité.
D é m o n s t r a t i o n . En s’appuyant sur le théorème 14.1.2 sur
l’existence d’une extension transcendante simple d’un anneau, on
est en mesure de construire successivement les anneaux :
SK [xxlf
(SK [xj) [x2],

<é5ST [Xl] . . . [xm-i]) [ x j ,


où SV [xj] est une extension transcendante simple de l'anneau SV
par adjonction de xx, (SV [xx]) [xj] une extension transcendante
simple de l’anneau SV lxx] par adjonction de x2, etc. Et enfin,
(SV [xx] . . . Um-J) [xm] une extension transcendante simple de
l’anneau SV [xj] . . . [xm_t] par adjonction de xm. Par définition
précédant le théorème, ce dernier anneau est une extension transcen­
dante multiple d ’ordre m de l’anneau SV. De plus, selon le théorème
14.1.6, si SV est un domaine d’intégrité, tous les anneaux construits
plus haut sont des domaines d’intégrité. □
D é f i n i t i o n . L’anneau v ît [ x x, . . ., xm] constituant une extension
transcendante multiple d’ordre m d’un anneau commutatif intègre
SV est appelé anneau des polynômes sur SV en xlt . . ., xm.
Parfois, si nécessaire, les éléments /, g, etc., de cet anneau sont
également notés f (xu . ..., xm), g (xlt . . . . xm), etc.
446 PO LYNO M ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

Isomorphisme d’anneaux des polynômes. Soient SK et X des an­


neaux commutatifs intègres.
T héorème 1.4. Soient SK et X des anneaux isomorphes et <p un
isomorphisme de SK sur X , SK [x1? . . ., x J , X [ylf . . ., y j étant des
anneaux des polynômes. I l existe alors un isomorphisme de Vanneau
SK lxlf . . ., x J sur Vanneau] X [plf . . yn] faisant passer xl% . . .
. . ., xn en yly . . ., yn respectivement et prolongeant l'isomorphis­
me <p.
D é m o n s t r a t i o n . Effectuons la récurrence sur n. Si n =
= 1, alors, selon le théorème 14.1.2, il existe un isomorphisme <px de
l’anneau SK [xJ sur l’anneau X [p j tel que q)j fo) = yJ et «p* (a) =
= <p (a) pour tout élément a de K.
Admettons qu’il existe un isomorphisme q>„ de l ’anneau
SK [x,, . . ., xn] sur l ’anneau X [y,, . . ., yn] faisant passer xlf . . .
. . ., xn en . . ., yn respectivement et prolongeant l ’isomorphis­
me (p. Alors, selon le théorème 14.1.2, il existe un isomorphisme
<pn+1 de l’anneau (SK [xx . . . xnl) [xn+1l sur l’anneau (X [ylt . . .
. . ., ynl) [ÿn+i] faisant passer xn+1 en yn+1 et prolongeant l’isomor­
phisme cpn. Compte tenu de ce que, selon le théorème 1.1,
(SK [xj, . • ïfil) = SK fxj, • • •* xn^-xl et
(X lyu . . y„l) [yn+1] = X lplf . . y„+1K
on aboutit à ce que <pn+1 est un isomorphisme de SSf [ij, . . xn+1l
sur X [ylt . . y„+1] faisant passer les éléments xlt . . ., xn+1 en
y„ . . yn+1 respectivement et prolongeant l ’isomorphisme tp.
Ainsi, l’affirmation du théorème est vraie pour tout nombre na­
turel n. □
Corollaire 1.5. Soient SK [x^ . . ., xnl et SK [y,, . . ., y„l des
anneaux des polynômes sur Vanneau SK. I l existe alors un isomorphisme
q> de Vanneau 'K [xx, . . ., xn] sur Vanneau SK [ylt . . ., yn] faisant
passer x1, . . ., xn en yu . . ., yn respectivement et tel que y (a) — a
pour tout élément de Vanneau SK.
Représentation normale d’un polynôme et degré d’un polynôme.
Soient N un ensemble de tous les nombres naturels et m un nombre
naturel fixé différent de zéro. Pour tout nombre naturel k définissons
l ’ensemble S k:
& k = {(*1» • • • * fm) 6 | i i + • • • “H *m =
Notons que
(1) S( n ^ = 0 pour
Le polynôme S a/nx}* • • • x\n est dit nul si tous les coeffi-
(0 6 M
cients a(l) sont nuis.
T hêoreme 1.6. Soit / un polynôme non nul de Vanneau des poly­
nômes SK [xj, . . . . xm]. I l existe pour le polynôme / un nombre natu-
§ *] ANNEAU DES POLYNOMES A PLUSIEURS VARIABLES 447

rel n et une représentation telle que

(2) /= s ( S «<1)4* . . . 4 r ) , OÙ a(t)£ K ,


* -o (Des*

pour laquelle au moins un coefficient a n o n nul vérifie la relation


i1 + . . . + tm = n. Cette représentation est unique en ce sens que si

(3) /= S ( S bu)x ï . . . 4 r ) , OÙ b0 ) 6 K ,
* -0 (i)£Sk

est une autre représentation, on a alors s = n et a(D = pour tous


les (î) de S k avec k = 0, 1, . . ., n.
D é m o n s t r a t i o n . Soit
(4) /=S ainx\l ...z } T (o<.)6Jf),
(i)€M
où M est un sous-ensemble fini do l’ensemble N*1. Il n’y a pas dans
cette somme de termes semblables et, puisque / est un polynôme non
nul, il existe dans la somme (4) des coefficients non nuis. L’ensem­
ble M étant fini, il y a un nombre naturel n satisfaisant aux condi­
tions
&i\...im ^ 0» ^ 4 " • • • "f = ^
et
si ûfc,...fcm ^ 0, alors kx + • . . + Arm^ /i pour tout
(&1, • • k m) Ç M.
Soit M *= U S h. Posons

au) = 0 pour (0 €
En s’appuyant sur (4), on conclut que
(5) /= S û(i,4l ...4 L ".

Comme Af*= U £ fc et £ ^ £ ^ = 0 pour l^= k. Il s’ensuit de (5)


la représentation (2).
Admettons qu’outre la représentation (2) il existe une représen­
tation (3). Si m < /i, en soustrayant de l’égalité (2) l ’égalité (3), il
vient
(6) ^ 0,1)4’...4r + ••. + Z! ( *S- 0 (i)£
(I)€Sn
(««>Sk
—bu>)41...4r)=o.
En vertu de l’indépendance algébrique des élémenfs *lf . . .,
tous les coefficients dans (6) sont nuis, et, en particulier,
aa) = 0 pour tous (i) Ç £ n.
448 PO L Y N O M E S A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

ce qui est'en contradiction avec l’hypothèse du théorème. De façon


analogue, on se convainc de l ’impossibilité de l’inégalité n < .m ,
donc m = n. Ainsi, l’égalitéJ(6)'peut être écrite sous forme

<7) 2 ( 2 («o,- bU))x[>... afo) = 0.


fc-o imsk
En vertu de l’indépendance algébrique de 2 t, . . ., x m, il s’ensuit
de(7)quea(y) = 6(X> pour tous les (/) (j 5 ft,oùfc = {0,1, . . ., n }. □
La représentation (2) du théorème 1.6 est appelée représentation
normale du polynôme.
D é f i n i t i o n . On appelle degré du monôme . . . xjj*, dont le
coefficient aw n’est pas nul, la somme ix + . . . + im.
Définition. On appelle degré d'un polynôme f non nul, / Ç
Ç K [xx, . . ., xm] le plus grand des degrés des monômes non nuis
entrant dans la représentation normale du polynôme /.
Le degré du polynôme nul n’est pas défini. Le degré du polynôme
/ est désigné par le symbole deg /.
D é f i n i t i o n . Un polynôme / de degré n est dit homogène si

/= 2 .
i l + . . . +<m™n

Un polynôme homogène du premier degré est appelé polynôme li­


néaire.
Notons les propriétés les plus simples du degré d’un polynôme.
T h e o r e m e 1.7. Soient f et g deux polynômes quelconques de Van­
neau des polynômes SfC [xx, . . ., xm). On a alors:
<1) si f + g =5^ 0, alors deg (/ + g ) < max {deg /, deg g };
{2) si f-g est un polynôme non nul, alors deg (/g) ^ deg / + deg g;
<3) si ST est un domaine d'intégrité, alors deg (Jg) = deg / + deg g.
La démonstration du théorème 1.7 est laissée au soin du lecteur.
Anneau de polynômes factoriel. Démontrons un théorème ana­
logue au théorème 14.3.7.
T h e o r e m e 1.8. Soit sfC un anneau factoriel. Alors, l'anneau des
polynômes 5T [xx, . . ., x„] en xx, . . ., x„ sur '/C est aussi un anneau
factoriel.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème se démontre par récurren­
ce sur n. Pour n = 1 l’affirmation est vraie selon le théorème 14.3.7.
Admettons que l’anneau des polynômes vt? [xx, . . ., x„_xl en xx, . . .
. . ., x „ s u r 3ST est factoriel. Démontrons qu’alors est également
factoriel l’anneau &C (xx, . . ., x„). Selon le théorème 1.1,
VÎT [ x j , . . . , x „ l = v f [ x x] . . . [ x „ l = (j/T [ x x] . . . [ x „ _ xl) [ x „ l =

— (oÆT I ^ X, • • •* ^ n -lD
§ 21 P O L Y N O M E S S Y M É T R IQ U E S 449

Par hypothèse de récurrence, Panneau [xlt . . xn.|l est facto­


riel. Par conséquent, en vertu du théorème 14.3.7, est factorielle
son extension (3P [xx, . . ., xn-x]) [xn] par adjonction de l’élément
xn transcendant sur Panneau 5T [xl t . . Ainsi, Panneau des
polynômes ST IxlT . . ., xnl est factoriel pour tout n naturel. □
Corollaire 1.9. Un anneau des polynômes f [xlf . . ., xn1 sur le
corps .t est factoriel.

Exercices
1. Montrer que les polynômes suivants à deux variables sont irréductibles
sur le corps des nombres rationnels: (a) 3x2 — y ; (b) x2 + y2 — 1. Ces
polynômes sont-ils réductibles sur un corps des nombres complexes?
2. Démontrer qu’un anneau des polynômes 2F [x, y] sur le corps 2F à deux
variables ne constitue pas un anneau d'idéaux principaux.
3. Soit 2F [x, y] un anneau des polynômes sur le corps 2F à deux variables.
Démontrer que Panneau quotient 2F [x, yl/(x — y) est isomorphe à Panneau
F [*].
§ 2. Polynômes sym étriques
Ordre lexicographique des termes d’un polynôme. Soient N un
ensemble de tous les nombres naturels et m un nombre naturel fixé
différent de zéro. Les éléments de l’ensemble Nm sont des vecteurs à
m dimensions aux coordonnées naturelles. Soit
i — (ii, • • •, îm)i t = (&i* • • •» k m).
Sur l’ensemble Nm introduisons un ordre lexicographique en
estimant, par définition, que
(1) (I'Ij • • •» n) (^ii • • •» ^m)
si est positive la première coordonnée non nulle du vecteur
(kx — ii, . . ., k m — im). On dira, en outre, que le vecteur i est
inférieur au vecteur k, tandis que le vecteur k est supérieur au vec­
teur i.
T hgorême 2.1. Un ordre lexicographique sur un ensemble N7" est
une relation d'ordre linéaire strict.
D é m o n s t r a t i o n . De la définition de l’ordre lexicogra­
phique il s’ensuit que pour deux vecteurs quelconques i, k de N771
n’est satisfaite que l’une des trois conditions: i < k, i = k, k < i.
La relation < sur l’ensemble N771 est transitive. De fait, si i < k
et k < I, alors k — i > 0, I — k > 0, où 0 = (0. . . ., 0). Il
s’ensuit que (k — i) -f (1 — k) > 0 et I — I > 0, c’est-à-dire
K l. □
Corollaire 2.2. Soit M un sous-ensemble fini non vide de Vensem­
ble Nm. L'ordre lexicographique sur N771 induit donc un ordre linéaire
strict sur M.
Soient / un polynôme non nul de Panneau des polynômes
29-01762
450 POLYNOM ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

SK [xlf . . x m] et
(2) /= ï aa)x\'
(i)6M
sa représentation à coefficients non nuis, c’est-à-dire
a(<) =^0 pour chaque (i) Ç M.
Soit S un ensemble de monômes figurant dans / (dans la somme
(2) ). Introduisons sur l’ensemble S la relation d’ordre en posant que

(3) . . . Xm

si et seulement si (i^ . . ., im) < (fclf . . &m). En effet, cette rela­


tion binaire est transitive, antiréflexive et, de plus, linéaire. Donc,
la relation d’ordre lexicographique sur S est aussi un ordre linéaire
strict.
D é f i n i t i o n . Le plus grand élément d’un ensemble ordonné (5,
< ) est appelé terme directeur du polynôme /.
Si l'inégalité (3) est remplie, on dit que le terme
«h...!»,*!1 • • • SnT est inférieur au terme a*1. . . kmxî1 . . . Xmm. Le
terme directeur [est évidemment supérieur à tout autre monôme
du polynôme /.
Lemme sur le terme directeur du produit de deux polynômes.
Lors de l’étude des propriétés des polynômes symétriques le lemme
suivant s’avère nécessaire.
L emme 2.3. Soit SK [xlT . . ., x m\ un anneau des polynômes en
. . ., x m sur le domaine d'intégrité SK. Le terme directeur du pro­
duit de deux polynômes non nuis de Vanneau SK [xlt . . ., x m] est
égal au produit des termes directeurs des cofacteurs.
D é m o n s t r a t i o n . Soient f et g des polynômes non nuis de
l’anneau considéré, ax\* . . . x*™ et bx*x . . . a4m les termes directeurs
des polynômes f et g respectivement. Il faut démontrer que le terme
directeur du polynôme fg est le monôme

(I) afcrî1+kl
Notons que ab 0, car SK est un domaine d’intégrité. Soient
(1) csi1 . . . a#* et dx? . . . x'£
tous termes non nuis en représentations normales des polynômes /
et g respectivement. On a alors les inégalités
(2) 0*1» • • •» 7m) ^ (^1* • • •* fm)*
(3) ( $ 1, . * «y S m ) ^ ( &! , • • *y fcm ) .
§ 2] P O L Y N O M E S S Y M E T R IQ U E S 451

Il nous suffit de montrer que si une au moins de ces inégalités est


stricte, alors
(4) cdx\l+n . . . x k +‘n < abx\'+hl . . . x1mm+hm.
En effet, si une au moins des inégalités (2) et (3) est stricte, on a
(5) (i\ — / | , • • -t 7m) ^ 0 011 (^*1 $1, • • ••> k m $m)
et, en vertu de (2), (3), (5), il vient
(6) (î| "4" **m4“ ^m) 0*1 "4” ^1» • • •» 7m 4“ ^m) ^
De (ü) on déduit (4). L’inégalité (4) est remplie pour tous termes non
nuis de (1) en représentations normales des polynômes / et g dont
l ’un au moins n’est pas le terme directeur du polynôme respectif.
Sur la base de ces raisonnements on conclut que le monôme (I) est
le terme directeur du produit fg. □
Polynômes symétriques. Soit SK [xlt ..., x m) un anneau des po­
lynômes en j lt . . ., x m sur l’anneau commutatif SK. Soit S m un
ensemble de permutations de degré m.
D é f i n i t i o n . Un polynôme / de SK \xx, . . ., xm] est dit polynôme
symétrique en Xj, . . ., x m si pour toute permutation x Ç S m on a
l ’égalité
/ fa'li • • •» ^m) = / (^ t(i)i • • •* 2?T(m)).
E x e m p l e . Le polynôme x\ + . . . + x ^ + £ 1 + x2 + . . .
. . . + x m redevient lui-même pour toute permutation des éléments
X|, . . ., x m.
D éfinition . On appelle polynômes symétriques élémentaires ert
x m les polynômes
01 = xî + x2 + . . . + x m ;
02 = X j X 2 -j“ ^ 1 ^ 3 4 " • • • 4 “ Xjn-iXjn )

Om — 2?iX2 • • • X m .

Ils apparaissent tout naturellement avec l’étude du polynôme


cp = (x — x3) (z — x2) . . . (z — x m) égal au polynôme
zm — (x2 + x2 + . . . + x m) zm~' +
+ (Z i* 2 + . . . + X m ^ X m ) Zm ~ 2 + . . . + (— \ ) mXx . . . X m .

Ainsi, (p = z111 — + <j 2zw~2 — . . . + (—l)wa m.


On vérifie sans peine que l’ensemble de tous les polynômes sy­
métriques de l’anneau SK [xlv . . ., x m] est un sous-anneau de cet
anneau; notons-le SSK [xlT . . ., xml. D’autre part les polynômes
symétriques élémentaires en xx. . . ., x m engendrent un certain
sous-anneau SK [x^ . . ., xml qu’on notera SK [aj, . . ., a m]. On
29*
452 PO LYNO M ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

constate aisément que


SP laly . . ., amI -3 SSP lxlf . . ., x m].
Ces deux anneaux coïncident-ils? Tout polynôme symétrique en
x x, . . x m est-il représentable sous forme de polynôme composé de
polynômes symétriques élémentaires ax, . . ., a m? On donnera plus
loin une réponse affirmative à cette question.
Lemmes des polynômes symétriques. Soit SP [xly ..., xm] un an­
neau des polynômes en xl% . . ., x m.
L e m m e 2.4. Si ax*ix£* . . . x*,m es* k terme directeur d'un poly­
nôme symétrique, alors kx ^ k2 ^ . . . ^ k m.
D é m o n s t r a t i o n . Soient / un polynôme de K lxx, . . .
. . ., x m] symétrique par rapport à xx, . . ., x m, et
(1) o*î‘^ * . . . * S r (oeif)
le terme directeur du polynôme /. La représentation normale du
polynôme symétrique / comporte également les monômes
(2) a x ^ x ^ x ^ . . . xhmm,
(3) axî'x^xS*
Vu que le monôme (1) est supérieur au monôme (2), on a k x ^ k 2.
Puisque le monôme (1) est supérieur au monôme (3), on a k2 ^ Àr3,
etc. Par conséquent, k x ^ k2 ^ k2 ^ . . . ^ k m. □
L e m m e 2.5. Soit a x ^ x i 2 . -. £mm le terme directeur d'un poly­
nôme symétrique non nul f £ K [ x x, . J?m]. Alors les termes di­
recteurs des polynômes f et aaî'-^O o2”*3 . . . omm coïncideront.
D é m o n s t r a t i o n . On voit aisément que les polynômes
symétriques élémentaires ox, <j 2, . . ., om-i, a m sont munis des
termes directeurs suivants:
Xj, X XX 2 y • • •, XyX2 . . . -1, X , X 2 . . . Xfflm

Selon le lemme sur le terme directeur du produit des polynômes les


termes directeurs des polynômes
/a\ _ _& i —h 2 Ai o “ hm-i-hm km
(1) Ü O i* ,02 a, . . . , O m_1 , Om
sont respectivement les monômes
axkt - k*, (x,xî)k*-'l*1 . . . . (x,!. . . . x m. l)km- i - km, (xt . . . x m)km.
En vertu du même lemme, le produit de ces monômes, c’est-à-dire le
monôme . . . x%™ est le terme directeur du produit des poly­
nômes (1). Ainsi, les termes directeurs des polynômes /e t . ..
. . ., a*"1 coïncident. □
Soit SfC [xx, . . ., x m\ un anneau des polynômes on . . ., x m.
Introduisons sur l’ensemble des polynômes non nuis de cet anneau
PO L Y N O M E S S Y M É T R IQ U E S 453

la relation binaire > : f > g si et seulement si le terme directeur de f


est supérieur à celui de g. On constate sans peine que cette relation
est de nature linéaire.
D éfinition . La suite (plT cp2, cp3, . . . de polynômes de K [xj, . . .
. . ., x,J est appelée chaîne descendante si
(1 ) tpi > <ps > <p3 > . . .
L emme 2.0. Une chaîne descendante de polynômes symétriques non
nuis de Vanneau des polynômes UC [xt, . . ., xml ne peut être infinie.
D é m o n s t r a t i o n . Soit (1) une chaîne descendante de po­
lynômes symétriques. Le terme directeur <p/ est alors supérieur au
terme directeur cp^a.! pour i = 1, 2, 3, . . . Soit ax*ix5* . . . x*,m
le terme directeur du polynôme <pj. cpj étant symétrique, il s’ensuit
du lemme 2.4 que A, k 2 ^ . . . ^ k m. Soit (lly Z2, . . ., lm) le
vecteur des indices du terme directeur d’un polynôme symétrique
quelconque <p,- de la chaîne (1) différent de cpt. En vertu de (1),
(k\y A2, . . ., Am) (/j, Z2, • • •*
donc,
(2) k x > lx > h > • - . > lm-
Substituons à ces conditions des conditions moins strictes
(3) 0 < ^ A1? . . ., 0 ^ lm ^ ^i*
Le nombre de vecteurs (Z,, . . ., lm) de N™ satisfaisant aux condi­
tions (3) pour un k x fixé est apparemment fini et vaut (kx + l)m.
Aussi le nombre de vecteurs (/,, . . ., lm) satisfaisant aux condi­
tions (2) est-il également fini, car des conditions (2) se déduisent les
conditions (3). Par conséquent, la chaîne (3) ne peut être infinie.□
Théorème fondamental des polynômes symétriques. Soit UC [xl9 . . .
. . ., xml un anneau de polynômes en xl7 . . ., xm sur un domaine
d ’intégrité UC. Soient ox, . . ., crm des polynômes symétriques en
Xj, . . ., xm. Tout polynôme g (a,, . . ., a m) sur UC sera considéré
comme un polynôme symétrique
g((j| (x„ . • «y ^m)i • • • • •? ^m)) Xj, . • ., xm sur c4 •
T hêorêmk 2.7. Tout polynôme symétrique de Vanneau des polynô-
mes UC [xlt . . ., xml peut se représenter sous forme d'un polynôme
sur UC composé de polynômes symétriques élémentaires <j1? . . ., a m,
c'est-à-dire que pour tout f (x,, . . ., xm) Ç K [X|, . . ., xml il existe
un polynôme g (xlT . . ., xm) 6 SP [xlt . . ., xml tel que
f • • •» ^m) = S (^1 (^17 • • -i ^m)? • • •» • • •*
D é m o n s t r a t i o n . Soient / un polynôme symétrique non
nul sur SP et a0x*‘ . . . x*m son terme directeur. Le polynôme
(1) f x = f —a0o*i~k2 . . . o^n
454 PO LYNOM ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

est symétrique, vu que c’est une différence de polynômes symétri­


ques, de plus, selon le lemme 2.5, / > f t. Soit axi1,* . . . le
terme directeur du polynôme / x. De façon analogue,
(2) U = — . . . oÜ1
est un polynôme symétrique, avec A > / 2, etc. On obtient finale­
ment une chaîne descendante de polynômes symétriques A> > A >
> / 2 > . . . Selon le lemme 2.6 cette chaîne ne peut être infinie.
Supposons qu’elle s’arrête à (5 + l)-ième étape, c’est-à-dire
( * + 1 ) / * + i = A — a 5o ? l - n * . . . o % » = 0 .

En sommant terme à terme les égalités (1), (2), . , (s + 1), il


vient
f = a0ok1 -** ... + ... a{™+ ... + aao*i-nm . . . o£m.
Cette égalité fournit la représentation cherchée du polynôme sy­
métrique / sous forme d’un polynôme sur X composé des polynô­
mes symétriques élémentaires ou . . ., am. □
Ex e mp l e . x[ + x\ + . . . + *m = (xx + . . . + x m)2 —
— 2 (xxx2 + . . . + x m. xx m) = a; — 2a2.
C o r o lla ir e 2.8. Soient <p = zm + axzm~l -f- . . . + am un po­
lynôme sur un anneau numérique X et cp = (z — cx) (z — c2) . . .
. . . (2 cm)y où c^, . . ., cm 6 C. Si f (xj, • . ., x m) est un poly­
nôme symétrique en xlt . . ., xm avec coefficients dans K , alors
/ (cj, . • cm) 6 K.
D é m o n s t r a t i o n . De l’égalité
(z — cx) (z — c2) . . . (z — cm) = zm+ axzm“i + a2zm~2 + . . .
••• +
s ’ensuivent les formules suivantes (de Viète) exprimant la relation
liant les racines et les coefficients du polynôme
Cx T • • • Cm = f

CXCZ “T" • « • ”1” Cm-l^m = ^2 »

C\C% • • • cm ( 1 ) am.
Ces égalités peuvent être écrites sous forme
<*i (^it - • •» cm) — ax,
^2 (^lt •••» Cm) U» ,

(^ ii • « Cm ) — (— 1) û m*

En vertu du théorème fondamental des polynômes symétriques, le


polynôme f de K [xt, . . ., xm] peut être représenté sous forme d’un
§ 3I R E SU L T A N T D E S PO LYNO M ES 455

polynôme g composé de polynômes symétriques élémentaires olf . . .


. . ., am avec coefficients dans AT, c’est-à-dire
(2) / (Xj, • • «y Xm) = S (^1 fa'li • • •» ^m)i • • •? (^1* • • •» ^m))#
En posant dans l’égalité (2) x x = cx, . . ., x m = cm et, compte tenu
de l’égalité (1), il vient
(3) / (C|, . . .y cm) = g ( 0fy ^2» • • •» ( 1) ^m)«
De plus, g £ K lxu . . ., x m] et au . . ., am Ç AT, par conséquent,
/ (^îi • • -t Cm) 6 n

Exercices
1. Le polynôme (xx — xj) (xa — x3) (x3 — xx) peut-il être considéré comme
un polynôme symétrique?
2. Chercher le terme directeur du polynôme 2<j{<jJo3, °ù <*1 — *i + +
+ X3, 02 = X XX % + X XX S + X*X*, Oa =
3. Montrer que l'ensemble de tous les polynômes symétriques de K [xj> . . .
. . xn], où K est l'ensemble de base du domaine d'intégrité c#, est fermé
dans l'anneau des polynômes [xlf . . xn].
4. Chercher la somme des cubes des racines complexes du polynôme 2z4 —
— 4s3 -f- 2sa — 62 -{- 1.
5. Chercher la somme des carrés des racines complexes du polynôme xn +
+ an- 1xn“l + . . . + axx + a0 sur le corps des nombres complexes*

§ 3. Résultant des polynômes et élimination des variables


Résultant de deux polynômes. Soient f et g des polynômes de
l’anneau des polynômes [x] sur le corps J 7. Cherchons les condi­
tions pour lesquelles ces polynômes possèdent un diviseur commun de
puissance positive.
T heorême 3.1. Soient f et g des polynômes en x sur le corps SF
tels que
f = a0xn -j- ajx”” 1 + . . . + anj
g = 60xm + ôiX"1- 1 + ------ + bm,
dont un au moins des coefficients a0, b0 est différent de zéro. Les poly­
nômes f et g possèdent un diviseur commun de puissance positive dans
[x] si et seulement s'il existe dans F [x] des polynômes c et d satis­
faisant aux conditions:
(a) fc = gd,
(P) c = CaX™-1 -f* • • • 4" Cm-1,
d = doX*-1 + . . . + dn -lt
(y) un au moins des polynômes c et d est différent de zéro.
D émonstration* Supposons que les polynômes f et g possèdent
dans F [x] un diviseur commun u de puissance positive. Il existe
456 POLYNOM ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

alors des polynômes c et d tels que / = du, g = eu. On vérifie sans


peine que les polynômes c et d satisfont aux conditions (a)-(y).
Supposons à présent qu’il existe des polynômes c, d satisfaisant
aux conditions (a), (P) et (y). Posons que le degré du polynôme /
vaut, n, c’est-à-dire a0 =£ 0 (dans le cas contraire on pourrait inter­
vertir les rôles de / et g). Soit cp le plus grand commun diviseur de c
et d. Alors dans F [xl on trouve des polynômes cl et d, tels que
(1) c = Cj<p, d = dxcp, PGCD (cx, dx) = 1.
Notons que dx =£ 0, car dans le cas contraire d = 0 et, en raison de
(a), c = 0, ce qui est en contradiction avec la condition (y). En
vertu de (1) et de la condition (a), foep = gdxcp et, par suite,
(2) = gdv
Le polynôme dx divisant /cj et étant premier avec clt dx divise / ;
de sorte que
(3) / = d,t,
où t est un polynôme de degré positif, vu que le degré de dl n’est pas
supérieur au degré de d, tandis que le degré de d est inférieur au degré
de /, en vertu de la condition (P). De (3) et (2) on déduit dxth = gdx
et g = ht. Ainsi, f et g possèdent un diviseur commun t de puissance
positive. □
Ecrivons les conditions (a) et (P) en plus de détails:
(1) (a0Xn + . . . + « „ ) (CoX™"1 + . . . + Cm.!) =
= (Vr”* + . . . + bm) (do^"-1 + • • • + d,,-!).
Après avoir effectué la multiplication dans les deux membres de
l’égalité et égalé les coefficients des mêmes puissances de x, on aboutit
au système suivant d’équations linéaires
a oc o = M o »
fli^o a0cl ôjd0 fcfldi »
U oC q "f* ÆqCo = hod^ -f- ô |d j ôod* |

a nc m - 2 fln -1e m -1 = b md n - 2 “4" ^ m - i ^ n - 1 »


^n^m-i = bmdji-1«
C’est un système de n + m équations linéaires homogènes à n + m
variables c0, cx, . . ., cm d0, dj, . . ., dnM. Il possède des solu­
tions non nulles si et seulement si le déterminant de ce système est
nul. Pour éviter l ’apparition des moins devant les éléments de la
matrice du déterminant, on peut faire passer les seconds membres
dans les premiers et considérer comme variables c0, cx, . . ., cm-l9
—d0, —dj, . . ., —d„-j. Si, de plus, on transpose la matrice du dé-
S 3] R ESU LTA N T D ES POLYNOM ES •157

terminant, ce dernier prend la forme


g0 a i an
a0 at . . . m
Üq Gf • • •
R =
b0 bt . • • bn
b0 bj . . . bn

b0 bt . . . b„
D é f i n i t i o n . On appelle résultant des polynômes / = a^x11 -f . . .
. . . + an et g = b0af1 + . . . -f- bm le déterminant R.
Il s’ensuit du théorème 3.1 que les polynômes / et g (où a0 =£ 0 ou
b0 0) admettent un diviseur commun de puissance positive si et
seulement si le système d’équations linéaires possède des solutions
non nulles, c’est-à-dire quand le déterminant R est nul. Bref, on a
démontré le théorème suivant.
THEOREME 3.2. Soient f = a0xw + _. . . + an, g = 6„xm + . . .
. . . + bm des polynômes sur le corps JF et un au moins des coefficients
a0 et b0 nest pas nul. Les polynômes f et g possèdent un diviseur commun
de puissance positive si et seulement si le résultant de ces polynômes
vaut zéro.
C o r o l la ir e 3.3. Si le résultant des polynômes f et g est nuL alors
les polynômes soit possèdent un diviseur commun de puissance positive,
soit les coefficients a0 et b0 sont nuis, et réciproquement.
Elimination des variables. On peut appliquer le résultant pour
éliminer les variables du système de deux équations algébriques
dont l’une au moins n’est pas linéaire et possède deux variables.
Soit donné un système d’équations
(1) / (x, y) = 0, g (x, y) = 0,
où / et g sont des polynômes en x et y sur le corps j f . Ecrivons ces
polynômes suivant les puissances décroissantes de x,
1 (x, y) = a0 (y)x"+ at (y) x""1 + . . .+ a„ (y) ;
g (x, y) = b„ (y)x” + bx (y) x”- 1 (y),
où ai (y) et bh (y) sont des polynômes de l’anneau jF [y]. Cherchons
le résultant des polynômes / et g en les considérant comme des poly­
nômes en x. Ce résultant est un polynôme de l ’anneau .F lyl qu'on
notera R (y). _
Supposons que le système (1) admet dans le corps ;r (ou dans son
extension) une solution (a, P). Dans ce cas les polynômes
/ (x, P) = a0 (P)xn+ ai (P) *""1 + . . . + On (P) ;
g (x, P) = b0 (P)X™ + MP) x”*-1 + • • •+ bm (P)
458 PO LYNOM ES A P L U S IE U R S V A R IA B L E S [CH. XV

ont une même racine oc. Ils ont donc un multiple commun de puissan­
ce positive (sur F (P)). Par conséquent, en vertu du théorème 3.2,
leur résultant égal à R (p) devrait être égal à zéro. Réciproquement:
si p est une racine du résultant R (y), c’est-à-dire R (p) = 0, alors,
selon le corollaire 3.3, les polynômes / (z, P) et g (z, P) possèdent soit
une racine commune, soit leurs coefficients aQ(P) et b0 (P) sont tous
les deux nuis.
Ainsi, la résolution du système d’équations (1) à deux variables
se réduit à la résolution de l’équation
(2) R (y) = 0
à une variable y. On dit que l’équation (2) est le résultant de l’éli­
mination de x du système d’équations (1).
E x e m p l e . Cherchons les solutions du système d ’équations
+ x*y 4- y + x = 0,
(1 )
xy2 + 2xy + 1 = 0 .
Eliminons x du système (1). Pour ce faire écrivons les premiers
membres des équations suivant les puissances décroissantes de x :
T) (y* 4- y) *2 + x + y = 0,
{y- + 2y) x + 1 = 0
et composons le déterminant :
yz + y 1 y
R(y) = y2 + 2y 1 o .
o y2+ 2y 1
En calculant le déterm inant, on obtient
R (y) = yz -f- y + y (y- + 2y f — yz — 2y =
- y [(y2 + 2y)2 - il.
L ’équation R (y) = y ((y® + 2y)2 — IJ = y (y + l ) 2 (y” + 2 y) — 1)
présente des racines 0, — 1, —1 + V 2, — 1 — J /2 . »
Pour y = 0 le système (1) se transform e en systèm e x = 0,
1 = 0 , qui est incom patible.
Pour y = —1 le système (1) se transform e en système x — 1 = 0 ,
—x + 1 = 0 . Ainsi, on ob tien t la solution du systèm e (1): (1, —1).
Pour y = — 1 ± Y 2 le système (1) se transform e en système
(2 T V 2 ) x2 + x + ( - 1 ± Ÿ 2 ) = 0,
x + 1 = 0,
dont la solution est x = —1. On o b tien t, pa£ conséquent, encore
deux solutions du système (1): (—1, —1 + Y 2), (—1, —1 — Y 2).
ü ! _______ R É SU L T A N T D E S PO LYNO M ES 459

Exercices
1. Calculer le résultant des polynômes:
(a) 2X3 — 3x2 + 2x + 1 et x2 + x + 3 ;
(b) x3 + 2x* + 2x — 2 et x2 — 2x + 4 ;
(c) x3—3x + 6 et x3 + x2 — x — 1.
2. Pour quelle valeur de k les polynômes possèdent une racine commune:
(a) x3 — 2kx + X3 et x2 + X2 — 2 ;
(b) x3 + >.x2 — 9 et x2 + kx — 3?
3. Eliminer x du système d'équations
x2 — 3xy + y2 — 2 = 0 , 2x2 — xy + 3y* — 1 = 0.
4. En utilisant le résultant résoudre le système d9équations
y2 + x2 — y — 3x = 0, y2 — 6xy — x? + lly + 7x — 12 = 0.
CHAPITRE XVI

POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES


ET SUR UN CORPS DES NOMBRES RÉELS

§ 1. Corps des nombres complexes algébriquement fermé


Théorème de l'accroissement du module d'un polynôme. Soient
% [z\ un anneau des polynômes sur un corps des nombres complexes
^ et C [z] son ensemble de base.
T h é o r è m e 1.1. Soit f un polynôme de degré positif de C [si. Pour
tout nombre réel M > 0, il existe un nombre réel r > 0 tel que pour
tout nombre complexe z | / (z) | ^ A/, aussitôt que \ z | ^ r.
D é m o n s t r a t i o n . Soient
/ (z) = a0 + a,z + . . . + anzn Ç C [z], an ^ 0, n > 1.
En vertu des propriétés du module (théorème 4.7.8),
|a flzn + fln. 1zn"1+ . . . + a 0| > | a nzn| — \a0+ aiz + . . . + a n_xzn~i \,
|a0+ o,xz + . . . + an_xzn~x\ ^ |o0| + |ûi| |z| + •. - + l^n-il I2!71”1-
Par conséquent, pour z^=0
(i) i / w i > i . j i » r [ i - ( - i^ + . - . + - i^ r )J.
Posons
( 2)
|a»i-il ï
......... l«.l /* ,
Notons que pour 1 et | z | > l les inégalités |z|h^ \z\ et
(3) lijft < - î1V
*1
sont remplies. Sur la base de (l)-(3), il vient
(4) |/ ( * ) |> |a n| | « | " ( l - - ^ - ) .
On voit sans peine que
(5) si \z\> 2nb.
$ M CO RPS D ES N O M BR E S C O M PLEXES m

Ensuite, on a
(6) > M , si |2| > ( ^ l - ) l/n.
Sur la base de (4)-(6), on conclut que
|/(* ) |> A /, si |z |> r ,
où r = max | l , 2nby ( ) l/W} . □
Continuité du module d’un polynôme. Soit / un polynôme en
z sur le corps des nombres complexes. L'application z | / (s)|
définie sur l'ensemble C de tous les nombres complexes est une fonc­
tion réelle de la variable complexe. On l’appellera module du poly­
nôme f en le désignant par le symbole | / |.
T h é o r è m e 1.2. Soit f un polynôme quelconque de C [z]. Le module
du polynôme f est une fonction continue sur l'ensemble C.
D é m o n s t r a t i o n . Montrons que pour tout e positif il
existe un ô positif tel que pour tout nombre complexe z si | z — a | <
< 6 , alors | | / ( 2 ) | - | / ( a ) | | < e .
Le théorème est apparemment vrai si le polynôme / est nul ou
de degré zéro. Supposons que le polynôme / est de degré n positif.
Décomposons / en puissances de la différence z — a:
/ (s) = c0 + Ci (z — a) + . . . + cn (z — a)n (cn ^ 0).
Comme / (a) = c0l il vient
/ (z) - / (a) = c, (z - a) + . . . + (z - a)n
et, selon le théorème 4.7.8, s'ensuit l'inégalité
(1) I f (z) - / (fl)| < | c, | | z - a | + . . . + | cn | | 2 - a |n.
Posons
b = max {| cl |, . . ., | cn |};
comme cn ^ 0 , b 0 . On voit sans peine que pour k ^ 1, il vient

(2) | 2 — a |* ^ | 2 — a | si | z — a | ^ 1.
En vertu de (1) et (2), on a
1/(2) - / ( f l ) K n f t I z — a |.
En outre, pour tout e > 0
nb | 2 — a | < e, si | z — a \ <L itnb.
Associons à chaque nombre e un ô positif tel que ô = min 1j ;
alors | / (z) — / (a)| < e si | z — a | < ô. En outre, pour tout nom­
bre complexe z
11/(2)1- | / ( a ) | | < |/(2 ) - / ( a ) | . •
462 PO LYNO M ES SU R U N CORPS D E S N O M BR ES COM PLEXES ET R E EL S [C H . X V I

Par conséquent, pour tout e > 0 il existe un 6 > 0 tel que pour tout
z de C, on ait
11/(2)1- | / ( f l ) | | < e si \ z - a | < 6. □
T h ê o r ê m e 1.3. Soit / un polynôme de C [z]. Si la suite (zn > con­
verge vers un nombre complexe a, alors la suite <| / (zn)|) converge vers
le nombre | / (a)|.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 1.2,
(1) (Ve > 0) (38 > 0) (Vz 6 C) (| z — a | < ô ->»
11/W l - l / ( a ) l l < e ) .
Par hypothèse, la suite (zn) converge vers le nombre a. Donc, pour
tout 6 > 0 il existe un nombre naturel n0 tel que | zn — a | < 6
avec n > n0 quelconque. De là, en vertu du (1), s’ensuit
(Ve > 0) (3n0 6 N) (V/i Ç N ) ( / i > n 0 ^
- H l / ( * „ ) ! - I/(«)II<«).
Ainsi, la suite ( | / ( z n)|) converge vers le nombre | / ( a ) | . □
Valeur minimale du module d’un polynôme. Pour l’exposé ul­
térieur on aura besoin du théorème de Bolzano-Weierstrass connu
de l’analyse: de toute suite infinie (zn) de points du cercle | z | ^ r
(r étant un nombre réel positif fixé) on peut extraire une sous-suite
convergeant en un certain point du cercle.
T h ê o r ê m e 1.4. Soient j un polynôme de C [zl, r un nombre réel
positif et m = inf | / (z)|. Alors, il existe un nombre complexe a tel
I 2I < r
que | / (a)| = m et \ a \ ^ r.
D é m o n s t r a t i o n . Soit (e„) une suite des nombres réels
positifs convergeant vers zéro. Comme m = inf | / (z)|, il existe
\z \^ r
pour chaque terme en de la suite un zn vérifiant
(1) m < | / ( z n) | < m + e„, | z„ | < r.
Aussi la suite ( | / (z„) | > converge-t-elle vers m :
(2) lim | / ( z n)| = ro. ;
n-*oo
En vertu de (1), tous les éléments de la suite (zn) appartiennent au
cercle | z | ^ r. Selon le théorème de Bolzano-Weierstrass cette
suite engendre une sous-suite (xn > qui converge en un certain point a
dit cercle | z | ^ r, c’est-à-dire
(3) lim xn = a, | a | ^ r.
n-*oo
Selon le théorème 1.3, de (3) s’ensuit
(4) lim | / ( x n)| = |/( « ) |.
§ 1] CO RPS D E S N O M B R E S C O M PLEX ES 463

Vu que <| / (:rn)|> est une sous-suite de la suite (/ (z„)) convergeant


vers m, on a
(5) lim | / (xn) | = m.
n-+oo
Sur la base de (3), (4) et (5), on conclut que | / (a)| = m et | a | ^
< r. □
T h e o r e m e 1.5. U n m o d u l e d e p o l y n ô m e q u e l c o n q u e f d e C [z] a t t e i n t
s a v a l e u r m i n i m a l e s u r l 'e n s e m b l e C.
D é m o n s t r a t i o n . Le théorème est apparemment vrai si
deg / = 0 ou / (0) = 0. Supposons donc que deg / ^ 1 et / (0) # 0.
Posons M = | / (0)|. Selon le théorème 1.1, on a
(1) (3r > 0) (Vz Ç C) (| z | > r ^ | / (z)| > M).
Soit K = {z Ç C || z | ^ r}. Selon le théorème 1.4, | / | admet la
plus petite valeur dans le cercle K, c’est-à-dire qu’il existe un nombre
a tel que
(2) | / (a) | ^ | / (z) | si | z | ^ r, en particulier,
(3) l / ( a ) l < I / (0) | = M.
Sur la base de (1) et (3), on conclut que
(4) | / ( û) | < 1/ (z) | si | z | > r .
En vertu de (2) et (4), il vient (Vz Ç C) (| / (a)| ^ | / (z)|). Ainsi,
| / | atteint sur l’ensemble C la plus petite valeur au point a. □
Lemme de d’Alembert. La démonstration du théorème 1.7 s’ap­
puie pour une large part sur le lemme suivant dit lemme de d’Alem­
bert.
L e m m e 1 . 6 . S o i e n t / (x ) u n p o l y n ô m e d e d e g r é p o s i t i f s u r le c o r p s
d e s n o m b r e s c o m p l e x e s e t a £ C. S i f (a ) =/= 0 , i l e x i s t e u n n o m b r e c o m ­
p l e x e c t e l q u e I / (c) | < | / (a) |.
D é m o n s t r a t i o n . Soient f ( x ) = a 0 + . . . + a na ? un
polynôme de degré n > 0 et / ( a ) ^ 0. Décomposons / en puissances
de la différence x — a :
(1) f (x) = c0 + c, (x — a) + . . . + cn (x — a)n, où c, Ç C,
co = f (a) ¥* 0, cn ^= 0.
Posons z = x — a et
(2) g (z) — c0 + ctz + . . . -f cnzn.
Soit cm un coefficient non nul du polynôme g à un plus petit indice
positif (0 < m ^ n) ; alors
(3) f (a + z) = g(z) = c0 + cmzm + cm+1zm+1 + . . . + c„zn.
4f/» POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET REELS [CH. XVI

Définissons h (z) :
zn*m-1 si m < n ,
//\
(4) h(z)\ =J\ Cm+l
u t
[ u si m — n.
Alors l’égalité (3) peut s’écrire sous forme
(5) g (s) = c0 + cmzm 4- zm*lh (z).
En vertu de (1), — # 0. Notons d une racine m-ième quelconque
Cjfi
du nombre (—c0fcm) :
(6) d* = —c jc m.
Considérons dans (5) la valeur de z sous forme
(7) z = Xd, où 0 < X < 1, XÇR.
En vertu de (5) et (fi), on obtient les égalités
g (Xd) = c„ — c0X™ -f- Xm+,dm+Vi (Xd),
( 8)
g (M) = c„ [1 - Xm + Xm*lc~ld m+l/i (Xd) 1.
Sur la base de (4), on conclut que
(Xd) = cm+1dm+l + . . . 4- c„dnXn~m~l (m < n) ;
et
| c ; ‘d m + ,A ( X d ) | < | c 0 | - ‘ [ | c m + W m + ,l + . . . 4 - | c n £ T |] (m < n ).
Posons à présent
M ' 11|Cm-H^+11+ ••• 4 - |c„d"Il si m c n ,
(9) B
= { i ‘ si m = n.
Notons que pour m < n. B > 0, vu que c„ et d sont différents de
zéro.
De (8) et (9) s’ensuit l’inégalité
| g (Xd)l< I c„ I 11 - *m 4- Xm+lB 1 = | c0 | [1 - X” (1 - \S)].
V

Si X satisfait aux conditions |g (X d)|< |c0 |.


Comme cn = / (a) et, en vertu de (3), g (Xd) = / (a 4- Xd), on a alors
0 < X < C m i n { l t Z?"1} pour m < / i ,
\f(a + X d )\< \f(a )\ si
< ^ < 1 avec m = n. □
Fermeture algébrique d’un corps des nombres complexes. Soit
& [ x] un anneau des polynômes en x sur le corps jp •
D é f i n i t i o n . Un corps est dit algébriquement fermé si tout poly­
nôme de degré positif de J f [x\ possède dans le corps jr une racine
au moins.
§ 1] CO RPS D E S N O M BR E S C O M PLEX ES 465

T heorejxe 1.7. Un corps des nombres complexes est algébriquement


fermé.
D é m o n s t r a t i o n . Soit / un polynôme quelconque de de­
gré positif de F [xl. Si / (0) = 0, alors le zéro est une racine du poly­
nôme /. Admettons que / (0) # 0 et posons M = | / (0) |. Soit r un
nombre positif pour lequel
(1) ( V * € C ) ( | z | > r — | /(*)| ).
Ce r existe en vertu du théorème 1.1.
Soit K = {z Ç C | | z | ^ r}. En vertu du théorème 1.4, la fonc­
tion | / | atteint la plus petite valeur sur l'ensemble K, c'est-à-dire
qu’il existe un nombre a £ K, tel que
(2) | / (a) | < | / (z) | pour tout z 6 K (| z | < r)
et, en particulier,
(3) I / (û) | < | / (0) | = M.
De (1) et (3), il vient
(4) (Vz € C) (| z | > r0+ | / (a)| < | / (z) |).
Sur la base de (2) et (4), on conclut que
(5) (Vz Ç C) (| / (a) K l / (z) |).
Si / (a) 0, alors, selon le lemme de d’Alembert, il existe un
nombre complexe a tel que
I / (c) | < | f (a) | (cÇ C).
Or, cette dernière inégalité est en contradiction avec (5), aussi, le
cas de / (a) ^ 0 est-il impossible. Par conséquent, / (a) = 0, c’est-à-
dire le nombre complexe a est une racine du polynôme /. □
C orollaire 1.8. Tout polynôme de l'anneau % [xl, dont le degré
est supérieur à l'unité, est réductible dans l'anneau ’ê [xl.
D é m o n s t r a t i o n . Soient / £ [x1 et deg / > 1. Selon le
théorème 1.7, il existe un a Ç C tel que / (a) = 0. Alors, selon le
théorème 14.1.11, (x — a) divise /, c’est-à-dire qu’il existe un poly­
nôme g dans Œ [xl, tel que / = (x — a)-g. En outre, deg g > 0,
vu que d e g / > 1. Ainsi, le polynôme / est réductible dans l’an­
neau % [xl.
C orollaire 1.9. Tout polynôme f de degré positif de l'anneau ¥ [xl
peut être représenté de façon unique sous forme de produit d'un nombre
complexe et de facteurs linéaires normés, c'est-à-dire sous forme
(1) / = c (x — o,) . . . (x — a„),
ou a l9 . . an sont les racines du polynôme / (dans C) et c le coeffi­
cient dominant du polynôme.
3 0 -0 1 7 6 2
466 POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET REELS [CH. XVI

Cette affirmation découle du corollaire 1.8 et du théorème 14.2.11


de la décomposition du polynôme sur le corps en un produit de fac­
teurs normés irréductibles.
Si dans la décomposition (1) a lT . . ., a m sont tous les racines
distinctes du polynôme / dans C, alors cette décomposition peut être
représentée sous forme
(2) / = c (x — ccx)*! . . . (x — a m)hm, kj, + . . . + k m = n.
La décomposition (2) est appelée décomposition canonique du poly­
nôme f en facteurs irréductibles. Le nombre k8 est appelé indice de
multiplicité de la racine a*.
C o r o l l a i r e 1.10. Tout polynôme f de degré positif n de % [x] admet
exactement n racines complexes si Von compte chaque racine autant de
fois que vaut sa multiplicité.
Formule de Viète. Etablissons la relation entre les racines et
les coefficients d’un polynôme.
THEOREME 1.11 (DE V iê te ). Soient f = zn + CjZ71- 1 + . . .
. . . + cn. xz -f- cn un polynôme sur le corps des nombres complexes et
cclT . . ., a n ses racines ; alors
Cl = —(et! + a2 -f . . . + ctn) ;
c2 = a xa 2 + a ,a 3 + . . . + an. xan ;
(1) cz = —(axa 2a z + . . . + a nr2a n^ a n);

cn = (—1 ) ^ 0 2 . . . a n.

D é m o n s t r a t i o n . Vu que a lt . . ., a n sont des racines


du polynôme /, selon le corollaire 1.9, il s’ensuit
zM-f c xz n ’ 1 + . . . + Cn - Xz + cn =
= (z — ax) (z — eu) . . . (z — a n).
En multipliant les facteurs linéaires dans le second membre tîe l’éga­
lité, on obtient
z71 + CjZ71-1 + . . . + cn-\Z + cn = z71 — (ocj 4- . . .
. . . + a n) z71”1 - f . . . + (—îro^a-» . . . a„.

De l’égalité de deux polynômes en z il s’ensuit une égalité des coeffi­


cients des mêmes puissances de z; en égalant les coefficients des
mêmes puissances de z, on obtient les formules (1). □
Les formules (1) sont appelées formules de Viète.
§ 2] PO LY N O M ES S U R U N CO RPS D E S N O M BR E S R E E L S 467

Corollaire 1.12. S i a x, . . a,, sont des racines du polynôme


c0s" -f- e,zn-1 -f • • • + c„-iz + cn de degré n de C lz], alors
•7 - = — ( a , + . . . + a „ ) ;
c0
+ = a ,a 2 + ajas + . . . + a n_,a„ ;
c0

— = ( —l)n aj02 . . . a„.


c0
Exer:icîS
1. Décomposer en facteurs linéaires dans l ’anneau % U] les polynômes :
(a) 2^ + 5 + 1+ i ; (b) 2« + f» - 2 - 1.
2. Décomposer en facteurs irréductibles le polynôme 24 + 3s3 + 422 +
+ 3 2 + 1 dans ^ [2 ] et dans [2 ].
3. Décomposer le polynôme 271 — 1, où n est un nombre naturel différent
de zéro et de 1, en facteurs linéaires dans £ [2].
4. La somme de deux racines de l’équation 2x® — x2 — Ix + X = 0 est
égale à i. Chercher X.
5. Déterminer X de manière que l ’une des racines de l ’équation x3 — lx +
+ X = 0 soit égale au double de l ’autre.
6. Connaissant que le polynôme zn + a ^ z 71-1 + . . . + <^2 + a0, où
an_j, . . ., aQ sont des nombres complexes, possédé les racines a lf . . a n,
calculer le produit + 1) (a, + 1) . . . (a,, + 1).
7. Soit b2 < 4ar, où a, 6, c sont des nombres réels. Démontrer que l'anneau
quotient .R [z]!(az2 + bz + c) est isomorphe au corps des nombres complexes.
8. Démontrer la proposition inverse au théorème de Viète (théorème 1.11):
si l ’on a les formules de Viète (foimules (1)), alors les nombres complexes o^, . . .
. . ., a,, sont les racines du polynôme / = zn + qz 71”1 + . . . + cn sur le corps

§ 2. Polynômes sur un corps des nombres réels


Conjugaison des racines imaginaires d’un polynôme avec coef­
ficients réels. Soit ZR [x\ un anneau des polynômes sur un corps j?
des nombres réels.
Rappelons qu’un nombre complexe a + bi, où a, 6 Ç R, est dit
imaginaire si b =jé= 0. Si a = a + bi, on notera a le nombre complexe
conjugué a — bi.
Lemme 2.1. Si f est un polynôme de Vanneau £R [xl et a un nombre
complexe quelconque, alors f (a) = / (a).
La démonstration découle directement du théorème 4.7.0.
Thêorême 2.2. Soit / un polynôme quelconque de Vanneau |x|.
Si a + bi est une racine imaginaire du polynôme f, a — bi est égale­
ment une racine de ce polynôme.
D é m o n s t r a t i o n . Soit a + bi une racine du polynôme,
c’est-à-dire / (a + bi) = 0. Alors, selon le lemme 2.1,
/ (a — bi) = / (a + bi) = / (a + bi) = 0 = 0,
c’est-à-dire / (a — bi) = 0. □
30*
468 POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET REELS [CH. XVI

Polynômes irréductibles sur le corps des nombres réels.


T héorème 2.3. Soit f un polynôme dont le degré est supérieur à
Vunité, irréductible sur un corps 31 des nombres réels. Il existe alors
des a, b £ R tels que b ^ 0 et le polynôme f est associé au polynôme
(x - a)- + b2.
D é m o n s t r a t i o n . Selon le théorème 1.7, le polynôme /
admet au moins une racine complexe. Soit a + bi une racinedu
polynôme /, où a, b 6 R. Si b = 0, alors x — a divise /, cequiest en
contradiction avec l’hypothèse d’irréductibilité de / sur 3f. Par
conséquent, 6 ^ 0 . Appliquons aux polynômes / et (x — a)2 + b le
théorème de la division avec reste. Selon ce théorème, il existe dans
l’anneau 31 [x\ des polynômes q (x) et ex + d tels que
/(* ) = ? (*) U* — a)2 + b2] + (ex + d), c, d 6 R.
En posant dans cette égalité x = a + bi, on obtient
/ (a + bi) = c (a + bi) + d = 0, (ca + d) + bei = 0.
Il s’ensuit que ca + d = 0, bc = 0. Or, b ^ 0, donc c = 0 et d =
= 0. Ainsi,
1 (x) = q (x) l(x — a)2 + b2].

Puisque, par hypothèse, le polynôme / est irréductible sur J?,


le degré du polynôme q (x) vaut zéro. Par conséquent, le polynôme /
est associé au polynôme (x — a)2 + b2. □
Corollaire 2.4. Dans Vanneau 31 [a:] ne sont irréductibles que les
polynômes du premier degré, ainsi que les polynômes du second degré
associés aux polynômes de la forme (x — a)2 + b2, où a et b sont des
nombres réels quelconques et b 0.
Du corollaire 2.4 et du théorème 14.2.11 découle le théorème
suivant.
T héorème 2.5. Tout polynôme f de degré positif de Vanneau 31 [zl
peut être représenté de façon unique sous forme d'un produit d'un
nombre réel et de polynômes de 2-ième degré au plus irréductibles sur 3i :
¥

î — d \\ [(x —a*)2 + 6j|] 11(* —O . 0.


h s

Corollaire 2.6. Tout polynôme à coefficients réels admet un nom­


bre pair de racines imaginaires.
Corollaire 2.7. Un polynôme de degré impair à coefficients réels
admet au moins une racine réelle.
Corollaire 2.8. Soit f un polynôme de degré nde3l [x], La parité
du nombre des racines réelles du polynôme f coïncide avec celle du nom­
bre n.
§ 3] É Q U A T IO N S D E T R O IS IE M E ET Q U A T R IE M E DEGRES 469

Exercices
1. Chercher le polynôme aux coefficients réels et de degré minimal admet­
tant les racines i — 1, îi, —1 + i Y Z.
2. Décomposer en facteurs irréductibles sur le corps des nombres réels les
polynômes :
(a) x3 + a: + 2 ; (b) x 4 + 2x2 + 4 ; (c) x6 — 1 ; (d) x4 — x2 + 1.
3. Décomposer le polynôme x4 + 4 en facteurs irréductibles : a) sur le
corps % ; (b) sur le corps gt ; (c) sur le corps fi -
4. Décomposer en facteurs irréductibles sur le corps des nombres réels
le polynôme x* - ax* + 1, où —2 < a < 2.
5. Démontrer que le polynôme x3m + x37141 + x3*J+2 est divisible par le
polynôme x2 + x + 1.
6. Soit / un polynôme sur le corps des nombres réels* dont le' coefficient
dominant et le terme libre sont de signes opposés. Démontrer que le polynôme /
admet au moins une racine réelle.

§ 3. Equations de troisième et quatrième degrés


Equation de troisième degré. L'équation
(1) a? + px + q = 0 (p, q € C)
est appelée équation cubique incomplète. Posons dans l’équation (1)
x — u + v, c’est-à-dire au lieu d’une variable introduisons deux.
On obtient
(u + v)3 + p (u + u) + q = 0,
ou
(2) u3 + u3 + q -f (3ut; + p) (u + v) = 0.
Exigeons que soit remplie la condition 3m; + p = 0, autrement dit,
la condition uv = —p/3. A la satisfaction de cette condition, a et u
vérifient le système
(3) u3 + u3 = —g, uv = —p/3.
Sur la base de (3), (2) et (1), on conclut: si (u, v) est la solution
du système (3) la somme u + v est la solution de l ’équation (1).
Montrons que la proposition inverse est également vraie : si x
est la racine de l ’équation (1), il existe une solution (u, u) du systè­
me (3), telle que x = u + v. En effet, soit x la racine de l’équation (1).
Considérons l’équation
y2 — xy — p/3 = 0.
Soient u, v ses racines complexes. Alors, en appliquant les formules
de Viète, il vient
x = u + u, uv = —p/3.
-470 POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET RÉELS [CH. XVI

x étant la racine de l'équation (1), (u, v) est donc la solution de (2)


et, partant, la solution du système (3). Ainsi, connaissant la solution
du système (3), on peut obtenir toutes les racines de l’équation (1).
Le système d'équations
(4) u? + u* = —g, uV* = —p 3/27,
est apparemment impliqué par le système (3). Les nombres a, v sa­
tisfont à (4) si et seulement si u3, i? sont des racines de l'équation
quadratique
(5) z2 + qz - p3/27 = 0.
Cette équation est dite résolvante pour Véquation (1). Son discrimi­
nant est désigné par A:

Les racines zly z2 de l'équation (5) s'expriment par les formules


(6 ) zt = u3 = — q/2 + Y A, Z2 = u3= — g/ 2 —Y à.
De là on tire neuf solutions du système (4). En choisissant parmi ces
dernières les solutions (a, v) du système (4) qui satisfont à la condi­
tion uv = —p/3, on obtient toutes les solutions du système (3).
Le système (3) admet une solution au moins. En effet, soit (uly vJ
une quelconque des solutions du système (4), alors u*v\ = —p3/27.
Par suite,
Uii;t = — 2 -, ou uivi = — 2 -.8| ou Ui Vi = — 2 --e2, —
donc
u(vx= — 5 -, ou Ht (i^e2) = — -y , ou a 1 (y1e ) = — y .
Par conséquent, pour toute valeur u de la racine cubique de zt il
existe une valeur v de la racine cubique de z2, telle que uv = —p/3,
c’est-à-dire que le couple (u, v) sera une solution du système (3).
Si u, ne, ue2 sont les valeurs de la racine cubique de zx, il leur
correspond u, ue2, ue, valeurs de la racine cubique de z.k Ainsi, si
(a, v) est une solution quelconque du système (3), alors (uy v),
(ue. ue2), (ue2, ve) est la collection de toutes les solutions du système
(3) qui admet trois solutions différentes. On conclut donc que l'équa­
tion (1 ) admet les solutions suivantes:
(7) x x = u + y, x 2 = ue + ue2, x 3 = ue2 + ve.
T héorème 3.1. Soit donnée Véquation
(1) x3 + px + q = 0.
Soient zl et z2 des racines de Véquation résolvante z3 + gz — p3/27 = 0.
Uü É Q U A T IO N S D E T R O IS IE M E ET Q U A T R IE M E DEGRES 471

Les racines de l'équation (1) s'expriment par les formules


(1) Xi = u + v, x2 = ue + vt-, x 3 = ue2 4- ve,
où u et v sont des nombres satisfaisant aux conditions
(*) u* = zlt u5 = z., uv = —p/3,
et e est la racine cubique imaginaire de l'unité.
D é m o n s t r a t i o n . Une vérification directe montre que
x? 4- px 4- q est divisible par x — xl5 le quotient étant égal à x2 +
4- x2x 4- x% -f p ; par conséquent,
(2) x3 + px + q = (x — Xj) (x2 4- x2x -f- x* 4- p).
Ensuite, on a
(3) (x — x2) (x — x3) = x2 — (x2 -f- xs) x + x2x3.
En vertu des formules de Viète
(4) 1 + e 4- e2 = 0 et e + e2 = —1.
De là et des formules (I), il s’ensuit que
(5) Xj + x2 4- x3 = 0, —(x2 + x 3) = xx.
En vertu des formules (I), (*) et (4), il vient
x2xs = (ue 4- ue2) (ue2 + vt) = u2 4- u2 -f uv (e2 4- e) =
= U2 + D2 — uv = (u -f- u)2 — 3ui? = Xj + p»
c ’est-à-dire
(6) x2x3 = x2 + p.
Eu vertu de (5) et (6), la formule (3) peut être écrite sous forme
(7) (x — x.) (x — x3) = x2 + xxx + x2 + p.
Eu se basant sur (2) et (7), on conclut que
x3 4- px 4- q = (x — x2) (x — x2) (x — x3). □
Corollaire 3.2. Les racines de l'équation (1) s'expriment par les
formules
(II) xt = u4-u ; x2= —--(u4-i>)4- i - ^ - ( u — v);

x3= — j - ( u 4 - v ) - i - y - (u — v),
où u et v sont des nombres satisfaisant aux conditions (*).
D é m o n s t r a t i o n . Les formules (II)_s’obtiennent à partir
des formules (I) si l’on pose e = — —- — E
472 PO LY N O M ES SU R U N CO RPS D E S N O M BR E S C O M PLEXES ET R E E L S [C H . X V I

Etude des racines de l'équation de troisième degré avec coef­


ficients réels. Le théorème suivant permet de déterminer le nombre
de racines réelles et imaginaires d’une équation du troisième degré.
T h ë o r e m e 3.3. Soient
(I) x3 -f px + q = 0
q2 p3
une équation à coefficients réels et A = -j- + • A lors :
(a) si A > 0, Véquation (1) admet une racine réelle et deux imagi­
naires conjuguées;
(b) si A = 0, les racines de Véquation (1) sont réelles et l'une d'elles
au moins est multiple ;
(c) si A < 0, toutes les racines de l'équation (1) sont réelles et dis­
tinctes.
D é m o n s t r a t i o n . Premier cas : A > 0. Dans ce cas les
racines z1 et z2 de l'équation résolvante sont réelles et distinctes. Par
conséquent, l’une d’elles au moins, par exemple, Zj, est différente de
zéro. Soit u = (Zj)1/3 la racine arithmétique de zx. Le nombre u est
également un nombre réel, vu que uv = —p/3. Etant donné que
zi =5*= z2 Par su^ e» u3 =^= v8, on a u # v. Selon le corollaire 3.2,
1 i/’g
(II) x t = u + v, x2 = — Y (u + y) + i - V ~ (“ ~ y)’

«3= — -^ (u + u) — i-^Y ~ (u — v).


u et v étant des nombres réels distincts, il s’ensuit des formules (II)
que x1 est une racine réelle, tandis que x2 et x 3 sont des imaginaires
conjuguées.
Deuxième cas : A = 0. Si A = 0 et q 0, zx = z2 = —q/2 =^= 0.
Soit u = (—ql2)1/3 une racine arithmétique du nombre —q/2. uv =
= pl3 étant un nombre réel, il en résulte que v = (—g/2)1*3, c’est-à-
dire u = 0. En vertu des formules (II), il s’ensuit:
x l = 2u # 0, x 2 = x 3 = —u.
Ainsi, avec q 0 l ’équation (I) admet trois racines réelles dont l’une
est double.
Mais si A = 0 et q = 0, alors p = 0. Dans ce cas l ’ëquation (1)
prend la forme x3 = 0. Par conséquent, x1 = x 2 = x 3 = 0._
Troisième cas: A < 0. Dans ce cas z1 = —q/2 + Y A, z2 =
= —g/2 - V à .
Par conséquent, zx et z2 sont des nombres imaginaires conjugués
et, partant,
(1) I *1 I = I *a I # 0
et
(2) zx z2.
E Q U A T IO N S D E T R O IS IE M E ET Q U A T R IE M E D E G R E S 473:

En vertu du théorème 3.1, il existe des nombres u et v tels que


(3) uz = Sj, uv — —p/3, u3 = Zo.
Il s’ensuit de (1) et (3) que | u |3 = | v |3 # 0 et, par suite,
(4) | u | = | v | ¥= 0.
Ensuite, en vertu de (2),
(5) u =5«é=v.
Sur la base de (3) et (4), on conclut que

^ 3ÎuF = 1'
Sur la base de (3) et (6), il vient
(7) v = - 3P_
u
P_ U= P •u = u.
3uu 3|«|*
Il s’ensuit de (5) et (7) que u et v sont des nombres imaginaires
conjugués. Selon le corollaire 3.2, il vient :
Xi = u + v;
(II) x2= — -Y (u + v) + i ^ — (u — v)]

x3= - y (u + v ) - i - X r - ( u —v).
Comme ü = v et u v, il s’ensuit de ces formules que toutes les
racines xit x2 et x s sont réelles. En outre, elles sont deux à deux
différentes. En effet, en vertu des formules (II), x. x3. Supposons
que x1 = x,. Alors, en vertu des formules (I), u + v = ut + vz2,
d’où u (1 — e) = v (e2 — 1); donc, u = vz2. De là on tire l’égalité-
zt = z. et A = 0 ; or cette dernière égalité est en contradiction avec-
la condition A < 0.
De façon analogue ou se convainc que xt ^ x3. □
Equations de quatrième degré. La méthode de Ferrari permet
de résoudre l’équation du quatrième degré en réduisant l’opération
à la résolution d’une équation auxiliaire du troisième degré. Le prin­
cipe de la méthode de Ferrari est le suivant. L’équation donnée du.
quatrième degré avec coefficients complexes
(1) x* + ax3 + èx2 + ex + d = 0
s’écrit sous forme de x4 + ax3 = —bx2 — ex — d. En ajoutant aux
deux membres de l’équation a2a?l4, il vient

( x2+ -y - )2 = ( -Ç-— b ) x2—ex—d.


4 7 4 POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET REELS [CH. XVI

Ensuite, en additionnant aux deux membres de l’équation la somme

►on obtient dans le premier membre de l’équation un carré parfait :


(2) ( * + ^ + JL )2= ( ^ - b + y ) x * + ( ^ - c ) x + ^ - d .
Le trinôme à droite est fonction du paramètre y. Choisissons ce
paramètre y de manière que le trinôme soit un carré d’un binôme
•du premier degré en x. Pour que le trinôme A x2 + Bx + C soit un
►carré du binôme en x, il suffit que B2 — 4AC = 0. De fait, en rem­
plissant cette condition, il vient
.4x2+ B x + C = Ax2 + 2 V i e x + C = (V Â x + ]fC)z.
Il faut donc choisir y dans le second membre de (2) de manière que
.•soit remplie la condition

qu’on peut écrire sous forme


(3) y3 — by2 + (ac — Ad) y — [c2 + d (a2 — 46)1 = 0.
Cette condition étant remplie, le second membre de l’équation (2)
sera un carré d’un binôme linéaire en x.
En résolvant l’équation auxiliaire (3), on obtient l’une de ses
'racines y0. Ensuite, cherchons les nombres m et n rendant le carré
du binôme mx + n égal au second membre de l’égalité (2), alors
(4) (* 2+ - f - + - ^ ) 2= (m* + n)2,

•où m = ] / ~ ^ — 6 + ÿo> —d. La résolution de l’équa-


tion (4) se réduit à la résolution du système de deux équations
•quadratiques suivantes:
X2+ + -¥ $ -= mx + n, x 2 + -y - + -y -= — mx — n.
•Ces deux équations une fois résolues, on obtient quatre racines de
.réquation de départ (1).

Exercices
1. Résoudre les équations suivantes du troisième degré:
(a) r , - 3 i + 2 = 0; (b) x* — te + 4 = 0;
(c) x3 + 3x — x + 4 = 0; (d) x3 + 3x — 21 = 0.
2. Résoudre les équations du quatrième degré suivantes:
(a) x 4 + 2X3 + 2x2 + x — 7 = 0;
S É P A R A T I O N D E S R A C IN E S R É E L L E S D ’U N P O L Y N O M E 475

(b) x4 — x3 — x2 + 2x — 2 = 0 ;
(c) x4 + 12* + 3 = 0.
3. Démontrer que (x* — x 3)2 (xl — x3)2 (x2 — x3)2 = —4p 3 — 27ç2, où
xx, x3, x3 sont les racines de l'équation x3 + px + q = 0.

§ 4. Séparation des racines réelles d’un polynôme


Système des polynômes de Sturm . Soit / un polynôme à coeffi­
cients réels, a et ft, a < b étant des nombres réels quelconques ne
constituant pas des racines du polynôme.
Plus bas, en recourant à la méthode de Sturm, on résout le pro­
blème consistant à trouver le nombre exact des racines réelles distinc­
tes du polynôme / dans l’intervalle a < x < b.
Supposons donnée la suite finie des nombres réels, par exemple,
2, 5, —3, 4, —5, —2, 7. Les signes des nombres de cette suite alter­
nent de la façon suivante : + , + , —, + , —, —, + et varient quatre
fois. Ainsi, dans cette suite on a quatre variations de signes.
Soit / un polynôme de degré positif avec coefficients réels et dé­
muni de racines réelles multiples. Définissons la suite finie des poly­
nômes / 0, / t, / 2, . . ., f m sur la base d’un polynôme donné / 0 = /,
de la façon suivante:
/, = /', où /' est la dérivée de / ;
/o = q j\ — h ;
fi = QiJn — fz ;

/ m-i —Qmf m*
On a ainsi appliqué aux polynômes / et /' l’algorithme d’Euclide)
(méthode de divisions successives) en attribuant à chaque variation
du reste un signe opposé.
D éfinition . La suite des polynômes / 0, / lt /2, . . ., / m est appelée
système des polynômes f de Sturm.
Notons quelques propriétés des polynômes du système de Sturm.
P ropriété 4.1. Tous deux polynômes voisins du système de Sturm
sont démunis de racines réelles communes.
D é m o n s t r a t i o n . Cette affirmation est vraie pour les
polynômes / 0 et f x (f0 = /, A = /'), vu que / n’a pas de racines réel­
les multiples. Trois polynômes qui se suivent sont liés par l’égalité
(*) /ft-i — Çkfh — fh+i-
En vertu de cette égalité l’annulation simultanée des deux polynô­
mes voisins f h et / ft+l entraînerait l’annulation simultanée de f k.x
et A, ensuite, des polynômes et / fc_lf etc., et enfin des polynômes
/o / 1, c© qui est impossible. □
476 POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES COMPLEXES ET RÉELS [CH. XVI

P r o p r i é t é 4.2. Si y est une racine réelle d'un polynôme intermédiaire


fk , 1 ^ k < m, alors les nombres f h~x (y) et / fe+1 (y ) sont de signes
différents.
D é m o n s t r a t i o n . En effet, si f k (y ) = 0, alors en posant
dans l’égalité (*) x = y, il vient f h. x (y) = — f k+x (y). □
Théorème de Stumi. Pour démontrer le théorème de Sturm on
utilisera le théorème suivant de Weierstrass: si une fonction réelle
/ est continue sur l’intervalle [a, b] et les nombres / (a), f (b) sont de
signes opposés, alors / admet une racine entre a et b.
Soit / un polynôme aux coefficients réels. Supposons que pour
chaque nombre réel c, w (c) désigne le nombre de variations de signe
dans la série numérique /„ (c), f x (c), . . ., / m (c) dans laquelle on a
omis tous les zéros.
Théorème (de Sturm). Soient f un polynôme à coefficients réels
ne possédant pas de racines réelles multiples et
(1) /o» fit • • -i fm
le système des polynômes f de Sturm. Soient a et b (a < b) des nombres
réels quelconques qui ne sont pas des racines du polynôme f. Le nombre
des racines réelles distinctes du polynôme f dans l'intervalle (a, b) est
égal à la différence w (a) — w (b).
D é m o n s t r a t i o n . Soit M l’ensemble de toutes les racines
réelles des polynômes (1). Les éléments de l’ensemble M divisent l’in­
tervalle (a, b) en sous-intervalles. Dans chacun de ces sous-in terval-
les aucun des polynômes (1) ne s’annule. En vertu du théorème de
Weierstrass, il s’ensuit que dans chacun des sous-intervalles tous
les polynômes (1) conservent leur signe et, partant, le nombre w (c)
ne varie pas. Il nous reste à déceler comment varie le nombre w (c)
en passant par la valeur réelle y pour laquelle s’annule un au moins
des polynômes (1), c’est-à-dire y 6 M.
Soient a et P (a < P) des points intérieurs de deux sous-intervalles
voisins adjacents au point Y- Démontrons que la différence w (a) —
— w (P) s’exprime par les formules

( 2)

Admettons que y est la racine du polynôme f h, où k < m.


Selon la propriété 4.2, les nombres f h. x (y ) et / ft+1 (y ) possèdent des
signes opposés. Donc, dans deux sous-intervalles adjacents à y les
valeurs des polynômes f h. x et / h+1 sont affectées de signes opposés.
Par conséquent, le nombre de variations des signes dans les suites
/ * - 1 (a ). fk (a), fk+i (a) et f k. x (P), f k (P), / ft+1 (P)
est le même, à savoir est égal à l’unité. Dans les autres parties du
système des polynômes (1) le nombre de variations des signes reste
inchangé. Par conséquent, dans le cas considéré w (a) — w (p) = 0.
* *]
S E P A R A T IO N DES R A C I N E S R E E L L E S D ’U N PO LYNO M E 477

Supposons maintenant que y est la racine du polynôme / (J = / 0<


j x = /'). Etant donné que, par hypothèse, le polynôme / est démuni
de racines réelles multiples, il existe un polynôme g à coefficients
réels, tels que

<3) /o (x) = (x — v) 8 (x), g(y)¥*0;

par conséquent,

<4) U (x) = g (x) + (x — y) g' (x).

En vertu de (4) le signe du polynôme f x au point y et, par suite,


dans les deux sous-intervalles adjacents à y coïncide avec celui du
nombre g (y). Or, en vertu de (3), le signe de / 0 pour chaque valeur
de x coïncide avec celui de (x — y) g (y). Donc, entre / 0 (a) et f x (a)
on n’a qu’une variation de signe, quant aux nombres / 0 (0) et f x (P),
ils sont affectés du même signe. En outre, toutes les autres variations
possibles de signe dans la série (1), comme on l’a déjà montré, se
maintiennent avec le passage par le point y. Ainsi, dans le cas consi­
déré on a w (a) — w (P) = 1.
Bref, on a démontré que c’est seulement avec le passage par la
valeur de la racine du polynôme / que le nombre w (c) diminue d ’une
unité. Par conséquent, le nombre de racines réelles distinctes du
polynôme / est égal à la différence w (a) — w (b). □
Le théorème de Sturm se vérifie également dans le cas où le po­
lynôme admet des racines réelles multiples. La démonstration du
théorème dans ce cas diffère peu de celle donnée plus haut.
Pour déterminer le nombre de toutes les racines réelles distinctes
du polynôme / en se servant du théorème de Sturm, il faut choisir a
et b de manière qu'aucun des polynômes du système de Sturm n’ad­
mette des racines à l’extérieur de l’intervalle a ^ x ^ b. Dans ce
cas les signes des polynômes du système de Sturm se détermineront
par leurs coefficients dominants. En effet, pour de très grandes va­
leurs de x le signe du polynôme + axxn~l + . . . 4* an coïn­
cide avec celui de a0, tandis que pour de très grandes valeurs abso­
lues des valeurs négatives de x le signe du polynôme coïncide avec
celui de (—l)na0. Il n’est donc pas nécessaire de garantir des valeurs
suffisamment grandes à a et 6, car il suffit de connaître les signes
des coefficients dominants des polynômes / du système de Sturm,
ainsi que les degrés de ces polynômes.
En utilisant le théorème de Sturm, on peut séparer les racines
réelles du polynôme / et, par suite, trouver les intervalles ne conte­
nant chacun qu’une racine du polynôme /.
E x e m p l e . Cherchons le nombre des racines positives et néga­
tives du polynôme / = x4 — 4x2 + i + l.
4 7 8 P O L Y N O M E S S U R U N C O R P S D E S N O M B R E S C O M P L E X E S E T R É E L S [C H . X V I

En appliquant la méthode des divisions successives, on trouve


pour / le système suivant des polynômes de Sturm :
/o = / = z4 — 4x2 + x + 1 ;
A= 4x* — 8x + 1 ;
f2 = 8x2 — 3x — 4 ;
h = 87x — 28 ;
A = l.
Pour une valeur négative et suffisamment grande en valeur absolue
de x la série des signes sera + , —, + , —, + (quatre variations de
signe). Pour x = 0 les signes coïncident avec ceux des termes libres,
c’est-à-dire + (deux variations de signe).
Ainsi, on a perdu deux variations de signe, donc le polynôme /
admet deux racines négatives. Pour une valeur positive suffisamment
grande de x les signes des termes dominants sont
(zéro variations de signe). Par conséquent, le polynôme admet deux
racines positives.

Exercices
1. Composer les polynômes de Sturm et séparer les racines des polynômes:
(a) x3 — 3x — 3 ; (b) x* — x — 1 ; (c) x4 — 4x* + 4x2 — 4;
(d) *4 — 4x2 — 1.
2. Déterminer à l ’aide du théorème de Sturm le nombre des racines réelles
du polynôme x 5 + p x + q avec coefficients réels p et <7.
3. Déterminer à l’aide du théorème de Sturm le nombre des racines réelles
du polynôme xn + p x + q avec p et q réels.
4. Démontrer que si le système de Sturm pour le polynôme / de degré n
avec coefficients réels est composé de n + 1 polynômes, alors le nombre de varia­
tions de signe dans la série des coefficients dominants des polynômes de Sturm
est égal au nombre de couples de racines complexes conjuguées du polynôme /.
5. Chercher le nombre des racines réelles au polynôme x4 — 2x2 + 4x — 1.
Entre quels entiers successifs se disposent ces racines?
CHAPITRE XVII

POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES RATIONNELS


ET NOMBRES ALGEBRIQUES

§ 1. Racines entières et rationnelles d’un polynôme.


Critère d’irréductibilité
Racines entières et rationnelles d’un polynôme. Le théorème"
suivant nous permet de trouver les racines rationnelles d’un poly­
nôme à coefficients entiers.
T héorème 1.1. Soient m et q des entiers premiers entre eux et q
0. Si m/q est une racine du polynôme a0 + + ... +
à coefficients entiers, alors m divise a0 et q divise an.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse,
i m . . ( m \ n_1 , ( m \n n
a0+ ai — + • ••+<*"-! ( — j + a" ( ~ J _ 0 -
En multipliant les deux membres de l’égalité par qn, on obtient
(1) a07n + <L\mqn-1+ . . . + a n ^ m ^ q + anmn = 0.
Sur la base de l’égalité (1) on conclut que m divise aQqn. Or, comme
les nombres m et g sont premiers entre eux, les nombres m et qu le
sont aussi. Donc, m divise a0.
En vertu de (1), q divise annin. En outre, les nombres q et ni"
sont premiers entre eux car par hypothèse, les nombres g et m sont
premiers entre eux. Par conséquent, q divise an. □
Corollaire 1.2. Si un entier m est une racine du polynôme a0 -f
-r ü\X + . . . + anxn à coefficients entiers, alors m divise le terme
libre a0.
Corollaire 1.3. Une racine rationnelle d'un polynôme ordonné
au + axx + . . . + xn à coefficients entiers est un nombre entier.
Critère d’irréductibilité d’Eisenstein. Le problème de réducti-
bilité d’un polynôme dans l’anneau fi \x] se réduit à celui de réduc-
tibilité dans l’anneau 2 [x].
P roposition 1.4. Soit f un polynôme de Vanneau des polynômes
2 [x]. Si le polynôme f est réductible dans Vanneau (Ü [x] il est alors
réductible dans Vanneau 2 [x].
Puisque le corps fi est un corps des quotients de l’anneau 2 des
entiers, la proposition 1.4 découle directement du lemme 14.3.5.
Théorème 1.5. (critère d ’E isenstein ). Soit f = c0 + CjX + . . .
t . . . + cnxn un polynôme avec coefficients entiers. Supposons que tous
480 PO LYNOM ES SU R UN CORPS D E S N O M BR ES [CH. XVII

les coefficients du polynôme f excepté le coefficient dominant se divisent


par un nombre premier p quelconque, tandis que le terme libre c0 n'est
pas divisible par p A l o r s le polynôme f est irréductible dans Van­
neau fi [xl.
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que le polynôme / est réduc­
tible dans l’anneau fi [x\. Alors, en vertu de la proposition 1.4, il
est réductible dans l'anneau % [xl, c’est-à-dire il existe dans Z [xl
«des polynômes g et h de degré positif tels que / = gh. Soit
8 = a0 + . . . -r OfeA h = b0 -f . . . + bmxm
(Oh # 0, bm 0) ;
alors
II) f = (aQ + . . . + aha*) (b0 + . . . + bm2 T) =
— c0 “l” CjX -f- . . . -f- cnx ,
•avec 1 ^ k 7 m < w,
(2) c0 = a0b0,
(3) cn = ahbm.
Par hypothèse,
<4) P I c0, P* + *o-
En vertu de (2) et (4), un seul des nombres a0 et b0 est divisible par
p \ soit
<5) P I üqi P + b0.
Par hypothèse, p + cn. De là, en vertu de (3), il s’ensuit que
.(6) p t ah.
Supposons que a8 qui n’est pas divisible par p est un coefficient du
polynôme g dont l’indice est le plus petit, c’est-à-dire
<7) p I û0, . . ., p | a*-!, p+ (1 < s < * < n).
En vertu de (1), le coefficient cs peut être représenté sous forme
c8 = *sb0 + (a8_xbx + . . . + a06a) (s < n).
Il s’ensuit de (7) que p divise a8_xbx + . . . + a0b8J et comme p ne
divise pas b0 et as, p ne divise pas avec s ^ k < n. C’est en con­
tradiction avec l’hypothèse du théorème puisque d’après cette der­
nière, p divise les coefficients c0, cx, . . ., cn„x. □
Corollaire 1.6. Si p est premier et n est un entier positif quelcon­
que, alors le polynôme xn — p est irréductible dans Vanneau & [xl.
§ 21
E X T E N S I O N A L G E B R I Q U E S I M P L E D ’U N CO RPS 481

Exercices
1. Démontrer que le polynôme / à coefficients entiers n’admet pas de racines
entières si / (0) et / (1) sont des nombres impairs.
2. Etablir lesquels des polynômes suivants sont irréductibles sur le corps
des nombres rationnels:
(a) 2x5 + 6*< — 9x2 + i 2; (b) x2 + x + 1 ;
(c) x2 + 3x — 4; ( d) x 3 — 12 ; (e) x5 + x — 2 ;
(f) x3 — 3x + 5 ; (g) x4 — 2x -f* 3.
j-p__^
3. Démontrer que le polynôme ------ = xP-1 + xP"2 + . . . + x + 1*
X“ i
où p est premier, est irréductible sur le corps des nombres rationnels.
4. Démontrer que le polynôme x3 — p, ou p est premier, est irréductible sur
le corps des nombres rationnels.
5. Pour quels entiers n le polynôme x3 + n est réductible sur le corps des
nombres rationnels?
6. Pour quels entiers m et n le polynôme mx3 + n est réductible sur le
corps des nombres rationnels?
7. Décomposer les polynômes xa — 1 et x 8 — 1 en facteurs irréductibles
sur le corps des nombres rationnels.
8. Trouver les conditions de réductibilité du polynôme x4 + ax 2 + p, où
a, p sont des nombres rationnels, sur le corps des nombres rationnels.
9. Démontrer que si le polynôme / est irréductible sur le corps Ct des nom­
bres rationnels, alors le polynôme / (ax p), où a, P sont des nombres ration­
nels et a 0, est également irréductible sur le corps &.

§ 2. Extension algébrique simple d’un corps


Extension simple d’un corps. Soit SP [x] un anneau des polynômes
en x sur le corps <SP, où est un sous-corps du corps jF . Rappelons
que l'élément a du corps jF est appelé algébrique sur le corps SP si a
est une racine d’un polynôme quelconque de degré positif de SP [x].
D éfinition. Soient <S^ -3 .F et a 6 F. On appelle extension simple
du corps dp par adjonction de Vélément a le plus petit sous-corps du
corps jF contenant l’ensemble P et l’élément a. L’extension simple
éP par adjonction de a est notée £P (a), quant à l ’ensemble de base
du corps (SP (a), il est noté P (a).
Soient a 6 F, ÆP [x] un anneau des polynômes en x et
F [al = {/(a) | / 6 F [x]},

c’est-a-dire F [al est un ensemble de toutes les expressions de la


forme a0 -1- axa + - • - + anan, où a0, alt . . ., an Ç F et n un
nombre naturel quelconque.
On voit sans peine que l ’algèbre (F [al, + , —, - , 1), sous-anneau
du corps SP (a), est un anneau; cet anneau est désigné par le sym­
bole ;SP [al.
T héorème 2.1. Soient iP [x] un anneau des polynômes en x sur éP
et cSP (a) une extension simple du corps SP. Soit une application de
1/2 3 1 -0 1 7 6 2
482 PO LYNO M ES SUR UN CORPS D E S N O M BR ES [CH. XVH

P [xl sur P [a] telle que if (/) = / (a) pour tout f de P [xl. Alors:
(a) pour tout a de P (a) = a ;
(b) Mp (x) = a ;
(c) est un homomorphisme de Vanneau !P [x] sur Vanneau !P [al ;
(d) Ker = {/ 6 P [x] | / (a) = 0 } ;
(e) Vanneau quotient SP [xl/Ker ÿ est isomorphe à Vanneau IP [al.

D é m o n s t r a t i o n . Les affirmations (a) et (b) s'ensuivent


directement de la définition de tf. L’application respecte les opé­
rations principales de l’anneau IP [x], car pour tous / et g de P [x],
on a
f ( / r g ) = / ( a ) + g (a), (jg) = / (a) g (a), (1) = 1.

Ensuite, par hypothèse, est une application de P [xl sur P [a].


Par conséquent, est un homomorphisme de l’anneau IP [x] sur
l ’anneau IP [al.
L’affirmation (d) découle directement de la définition de l’appli­
cation \|r.
Puisque \f est un homomorphisme de l’anneau [xl sur IP [al,
selon le théorème 13.1.6, l’anneau quotient -IP [xl/Ker if est iso­
morphe à l ’anneau |P [al. □
Corollaire 2.2. Soit a un élément transcendant sur le corps IP. Alors
Vanneau des polynômes IP [xl est isomorphe à Vanneau IP [al.
D é m o n s t r a t i o n . En vertu de la transcendance de a sur
IP, Ker = {0}. Donc, selon le théorème 13.1.6, IP [x]/{0} ëé
âs IP [al. En outre, l’anneau quotient de l’anneau IP [xl suivant
l ’idéal zéro est isomorphe à IP [x]. Par conséquent, IP [xl âs
IP [al. d
Polynôme minimal de l ’élément algébrique. Soit IP [x] un anneau
des polynômes sur le corps cP.
D éfinition . Soit a un élément algébrique sur le corps IP. On
appelle polynôme minimal de Vélément a sur IP le polynôme normé
de IP [xl de degré minimal admettant pour racine a. Le degré du
polynôme minimal est appelé degré de Vélément a sur IP.
On voit aisément que pour tout élément a algébrique sur IP il
existe un polynôme minimal.
P roposition 2.3. S i a est un élément algébrique sur le corps SP et
g et cp ses polynômes minimaux sur IP, alors g = cp.
D é m o n s t r a t i o n . Les degrés des polynômes minimaux g
et <p coïncident. Si g =?*= cp, l’élément a (de degré n sur IP) est la ra­
cine du polynôme g — <p, dont le degré est inférieur à celui du poly­
nôme <p (inférieur à n), ce qui est impossible. Par conséquent, g =
= <p. □
§ 2] E X T E N S I O N A L G E B R I Q U E S I M P L E D ’U N C O R P S 483

T h ê o r ê m e 2.4. Soient a un élément algébrique de degré n sur le


corps ( ? ( a { P) et g son polynôme minimal sur SP. Alors :
(a) le polynôme g est irréductible dans Vanneau SP [xl ;
(b) si j (a) = 0, ou f 6 P [xl, alors g divise / ;
(c) Vanneau quotient SP [x]/(g) est isomorphe à Vanneau SP [a] ;
(d) SP [xl/(g) est un corps;
(e) Vanneau SP [al coïncide avec le corps SP (a).
D é m o n s t r a t i o n . Supposons que le polynôme g est ré­
ductible dans l’anneau SP [x], c’est-à-dire il existe dans P [xl des
dolynômes cp et h tels que
g = yh, 1 < deg cp, deg h < deg g = n.
Dans ce cas g (a) = cp (a) h (a) = 0 .SP (a) étant un corps, cp (a) =
= 0 ou h (a) = 0 , ce qui est impossible, vu que par hypothèse, le
degré de l’élément a sur 3* vaut n.
Supposons que f £ P lx] et f (a) = 0. Par hypothèse g (a) = 0.
Donc, / et g ne peuvent être premiers entre eux. Le polynôme g
étant irréductible, il divise, par conséquent, /.
Soit ij? un homomorphisme de l ’anneau SP [x] sur l’anneau
SP [al (ip (/) = / (a) pour tout f de P [xl), considéré dans le théorè­
me 2.1. En vertu de (b), le noyau de l’homomorphisme\|; est composé
des polynômes multiples de g, c’est-à-dire Ker if = (g). Par consé­
quent, selon le théorème 13.1.6, l’anneau quotient SP = SP [xl/(g)
est isomorphe à l ’anneau SP [al.
Puisque P [a] cz P (a), SP [al est un domaine d’intégrité. Comme
SP Sé SP [al, l’anneau quotient SP est également un domaine ^d’in­
tégrité. Il nous faut montrer que tout élément / non nul de SP est
inversible dans SP- Soit / un élément de la classe suivant un sous-
groupe /. Comme / =5^ ü, / (a) =5^ 0 également; donc, le polynôme g
ne divise pas le polynôme /. Le polynôme g étant irréductible, il
s’ensuit que les polynômes / et g sont premiers entre eux. Par consé­
quent, il existe dans P [xl des polynômes u et v tels que uj + vg =
= 1. Il s’ensuit l’égalité uj = 1 montrant que l’élément / est in­
versible dans l’anneau SP. Bref, on a établi que l’anneau quotient SP
est un corps.
En vertu de (c) et (d) SP [al est un corps et, par suite, P (a) c:
cz P [al. En outre, il est évident que P [a] cz P (a). Par suite,
P [a] = P (a). Par conséquent, l’anneau SP [al coïncide avec le
corps SP (a). □
Structure de Textension algébrique simple d’un corps.
T h ê o r ê m e 2.5. Soit a un élément algébrique de degré positif n sur
le corps SP. Alors tout élément du corps SP (a) peut être représenté de
façon unique sous forme de combinaison linéaire de n éléments 1, a, . . .
. . ., a 71"1 avec coefficients dans P.
31*
484 PO LYNO M ES SU R U N CO RPS D E S N O M BR ES [CH. XVII

D é m o n s t r a t i o n . Soit p un élément quelconque du corps


SP (a). Selon le théorème 2.4, P (a) = P [al; il existe donc dans
P [x] un polynôme / tel que
(1 ) P = / (a).
Soit g un polynôme minimal pour a sur SP; en vertu des conditions
du théorème, son degré vaut n. Selon le théorème de la division avec
reste, il existe dans P [x] des polynômes h et r tels que
(2 ) / = gh -r r, où r = 0 ou deg r < deg g = n, c’est-à-dire
r = c0 -f cxx + . . . + Cn-jX71-1 (ict 6 P).
En posant dans (2 ) x = a et, compte tenu de l’égalité (1 ), il vient
(3) p = c0 + cxa + . . . + c ^ a 71-1.
Montrons que l’élément P est représentable de façon unique sous
forme d’une combinaison linéaire d’éléments 1, a , . . ., an~l. Soit
(4) p = d 0 + dia + . . . + dnMa*-1 (dt 6 P)
une quelconque de ces représentations. Considérons le polynôme <p
cp = (c0 — d0) -r (cx — di) x — . . . + (c,^ — d„_,) x""1.
Le cas où le degré de (p est inférieur à n est impossible, car en vertu
de (3) et (4), (p (a) = 0 et le degré de (p est inférieur à celui de g.
Seul est possible le cas où cp = 0 , c’est-à-dire c0 = d0, . . ., cn-l =
= dn.!. Par conséquent, l ’élément P est représentable de façon unique
sous forme d’une combinaison linéaire d’éléments 1, a, . . ., a’1”1. □
Levée de l'irra tio n a lité algébrique dans le dénom inateur d'u n e
fraction. Le problème de la levée de l’irrationalité algébrique dans
le dénominateur d’une fraction est le suivant. Soit a un élément
algébrique de degré n > 1 sur le corps SP ; / et h sont des polynômes
de l’anneau des polynômes SP [x] et h (a) ^ 0. Il s’agit de repré-
i (n\
senter l’élément n1 -(7a-)7 6 P (a)
x *
sous forme d’une combinaison linéaire
de puissances de l’élément a, c’est-à-dire sous forme de (p (a), où
<p Ç P Ixl.
Ce problème se résout de la façon suivante. Soit g le polynôme
minimal pour a sur Vu que, selon le théorème 2.4, le polynôme
est irréductible sur et h (a) 0 , g ne divise pas h et, par suite,
les polynômes h et g sont premiers entre eux. Il existe donc dans
P [x] des polynômes u et v tels que
(1) uk + vg — 1.
Puisque g (a) = 0, de (1) il s’ensuit que
u (a) ù (a) = 1 , T L p = u (a).
E X T E N S IO N A L G É B R I Q U E C O M P O S É E D ’U N CORPS 485

Par conséquent, / (a)!h (a) = / (a) u (a), avec /, u Ç P [xl et


/ (a) u (a) Ç P [a]. Bref, on s’est libéré de l ’irrationalité dans le
dénominateur de la fraction 7n{a)
--- •

Exercices
1. Chercher le polynôme minimal pour a sur le corps F si :
(a) a = —i, & = (b)a=i/2, &=

(c) a = i V ï - &= d) o = — + ./>=&•,


(e) a. = \/2 , & = &.
2. Lever l'irra tio n a lité algébrique dans le dénominateur de la fraction

î ^ 4 - 2 3/ 2 - l -
3. Lever l'irra tio n a lité dans le dénominateur de la fraction
1
/ 2 -f2 > / 2 —1 '

§ 3. Extension algébrique composée d’un corps


Extension finie d’un corps. Soit SP un sous-corps du corps F . On
peut alors considérer F comme un espace vectoriel sur SP, c’est-à-
dire envisager l’espace vectoriel
(F, + , {O , \x e p )),

où (o>. est une opération de multiplication des éléments de F par un


scalaire X Ç P.
D éfinition. Une extension .F du corps ^ est dite finie si F ,
espace vectoriel sur SP, est de dimension finie. Cette extension est
notée L F :-9*1.
P roposition 3.1. Si a est un élément algébrique de degré n sur SP,
alors [SP (a) :SP] = n.
Cette proposition découle directement du théorème 2.5.
D éfinition . Une extension F du corps SP est dite algébrique si
chaque élément de F est algébrique sur
T héorème 3.2. Toute extension finie F du corps SP est algébrique
sur SP.
D é m o n s t r a t i o n . Soit n la dimension de F sur SP. Le
théorème est apparemment vrai si n = 0. Posons que n > 0. Tous
n + 1 éléments de F sont linéairement dépendants sur SP. En parti­
culier, le système d’éléments 1, a, . . ., an est linéairement dé­
pendant, c’est-à-dire qu’il existe dans P des éléments c0, cx, . . .
. . ., cn non tous nuis, tels que
<V 1 -f- cla + • • . + cnan = 0.
Par conséquent, l’élément a est algébrique sur SP> □
486 PO LYNOM ES SUR UN CO RPS D E S NOM BRES [CH. XVII

Remarquons qu’il existe des extensions algébriques du corps qui


ne sont pas des extensions finies.
Extension algébrique composée d’un corps. Une extension jF du
corps cP est dite composée s’il existe une chaîne ascendante de sous-
corps X t du corps telle que
3* = X q -3 X i -3 . . . X k = & et &> 1.
T héorèm e 3.3. Soient *F une extension finie du corps X et X une
extension finie du corps Alors, jF est une extension finie du corps
3* et
(I) LF: 3] = L F :X \-IX
D é m o n s t r a t i o n . Soient
(1) a x, . . . , a m
la base du corps X sur 3* (considéré comme un espace vectoriel) et
(2) Plf • ■ -, Pn
la base du corps jF sur X . Tout élément d de F peut être exprimé
linéairement en fonction de la base :
(3) d = Zipi + . . . + ZnPn (h 6 L).
Les coefficients lk peuvent être exprimés linéairement en fonction de
la base (1) :
(4) lk = Piha l + • • • + Pmham (Plk 6 P)-
En portant l ’expression du coefficient lk dans (3), il vient
d = V
Pika iPft-
«<1....... n»>
*eu ........ n)
Ainsi, chaque élément du corps y* est représcntable sous forme d’une
combinaison linéaire d’éléments de l’ensemble B, où
B = {aiPfc | i 6 {1, . . . . ni), k 6 {*» • • -, «}}•
Notons que l ’ensemble B est composé de nm éléments.
Montrons que B est la base de & sur le corps éP. Il nous faut
montrer que le système d’éléments de l ’ensemble B est linéairement
ndépendant. Soit
(5) 2 c/fta iPft= 0»
i. h
où ctk 6 P • Etant donné que le système (2) est linéairement indé­
pendant sur X , il s’ensuit de (5) l ’égalité
(6) clk(*! + • • • + CmkCCm = 0 (A: = 1, . . rt).
E X T E N S I O N A L G É B R I Q U E C O M P O S É E D ’U N C O R P S 487

Les éléments a x, . . ., a m étant linéairement indépendants sur S P y


il s’ensuit de (6 ) les égalités
—0 , . . cm/, = 0 (k = 1, . • ., n),
qui montrent que tous les coefficients dans (5) sont nuis. Ainsi, le
système d’éléments de B est linéairement indépendant et est une
base de S f sur SP.
Bref, on a établi que LF, .3^1 = nm = LF :X ]-IF :3*1. Par
conséquent, .F est une extension finie du corps 3 * et on a la for­
mule (I). □
D éfinition . Une extension .F du corps SP est appelée extension
algébrique composée s’il existe une chaîne ascendante de sous-corps
du corps SP
<1) P = X 0 -3 -3 • • • -3 = Jf (A > 1)
telle que pour i = 1 , . . ., k le corps X i soit une extension algébri­
que simple du corps X ^ x. Le nombre k est dit longueur de la chaî­
ne (1).
C o r o l la ir e 3.4. Une extension algébrique composée .F du corps SP
est une extension finie du corps SP .
La démonstration s’effectue sans peine par récurrence sur la
longueur de la chaîne (1) en s’appuyant sur le théorème 3.3.
T héorème 3.5. Soit aXJ . . ., a h des éléments algébriques du corps
3F sur le corps SP. Alors le corps SP (ocx, . . ., a h) est une extension
finie du corps SP.
D é m o n s t r a t i o n . Soit
X 0 = SPy X x = SP [a^. X 2 = SP \ax, a 2l, . . . , # * =
= P [alf • • -, «kl-
Dans ce cas X x = SP [ax] est une extension algébrique simple du
corps X 0 ; X 2 est une extension algébrique simple du corps X x, car
X 2 = SP [ax, a 2l = (SP lax]) [a2l = X x [a2l = X x (a2), etc.
Ainsi,
= X 0 - 3 X x -3 - • • -3 % h — 3 ,
SP
où X\ = Xi_x (a /) pour i = 1 , . . ., fc, c’est-à-dire que chaque ter­
me de la chaîne (2 ) est une extension algébrique simple du terme
précédent de la chaîne. Bref, le corps JF est une extension algébrique
composée du corps S P . Par conséquent, en vertu du corollaire 3.4,
le corps F est une extension finie du corps SP . □
Corollaire 3.6. Une extension algébrique composée d'un corps est
une extension algébrique de ce corps.
Sim plicité de l'extension algébrique composée d 'u n corps.
488 PO LYNOM ES SU R UN CORPS D E S N O M BR ES [CH. X V II

T h é o r è m e 3.7. Supposons quun corps numérique jF est une exten­


sion algébrique composée du corps c7\ Alors jF est une extension al­
gébrique simple du corps SP.
D é m o n s t r a t i o n . Soit «SP -3 - 3 SF\ avec L = P (a),
F = L (P) et par conséquent,
F = P (a, P).
Soient / et g des polynômes minimaux sur respectivement pour
les nombres a et p et deg / = m, deg g = n. Les polynômes f et g
sont irréductibles sur & et, par conséquent, ne possèdent pas dans
le corps V de nombres complexes des racines multiples. Soient
a = aj, . . ., a m des racines du polynôme / dans C et
P = Pj, . . ., pn des racines du polynôme g dans C.
Considérons l’ensemble fini M :
*€{2, . . . . »>}.
Puisque 3* est un ensemble numérique (et, par suite, infini) il existe
dans P un nombre c distinct des éléments de l’ensemble M c Ç Mt
c $ M. Soit
( 1 ) y = a + cp.
On a alors les relations
(2) y a t + c$k (i Ç {1, . . ., m}, A: 6 {2, . . n}).
En effet, en cas d’égalité de a + cf = ai + cP*, on aurait

ce qui est contradictoire au choix du nombre c.


Soient = <fP (y) et [x] un anneau des polynômes en x .
Supposons que h = / (y — ex) est un polynôme de F1 [x] (y, c Ç
Ç p (y) = Fj). Montrons que x — P est le plus grand commun divi­
seur des polynômes h et g dans l’anneau SFX [x]. Vu que g (P) = 0,
x — p divise g dans V [xl. Ensuite, en vertu de (1)
M P ) = / (Y — cf) = / (a) = 0 .
Donc, x — p divise le polynôme h dans % [x]. Ainsi, x — p est un
diviseur commun de A et g dans l’anneau î? [x].
Démontrons que g et h n’ont pas dans C de racines distinctes de
p. En effet, posons que p*, k Ç (2, . . ., n} est leur racine commune.
Alors, h (P*) = / (y — c f h) = 0. Il se trouvera”donc un tel indice
i Ç {1 , . . ., m} pour lequel y = otj + c f h ( k > 1 ), or c’est en
contradiction avec (2). En s’appuyant sur ce qui précède on conclut
que x — p est le plus grand commun diviseur de g et h dans % [x].
E X T E N S IO N A L G E B R I Q U E C O M P O S E E D 'U N CO RPS 489
ÜL
Vu que x — P est un polynôme normé, il s’ensuit que x — P est le
plus grand commun diviseur de g et h dans l ’anneau & \ [x]. Donc,
(x - p) 6 F, lx] et p 6 F, = P (y).
De plus, a = y — ^P 6 Fi. Ainsi,
F = P (a, P) <= Fx, Fx cz F.
Donc, F = P (y). Vu que y (comme d’ailleurs tout élément de
F) est un élément algébrique sur 3* et 3F = <9* (y)* on a ÿr = & (y)
qui est l’extension algébrique simple cherchée du corps <9*. □
Corps des nombres algébriques. Dans la classe des sous-corps
d’un corps des nombres complexes le corps des nombres algébriques
est l’un des plus importants.
D éfinition. Ou appelle nombre algébrique un nombre complexe
constituant une racine d’un polynôme de degré positif avec des coef­
ficients rationnels.
Notons qu’un nombre algébrique est un nombre complexe quel­
conque algébrique sur le corps fi. En particulier, tout nombre ration­
nel est algébrique.
T heorême 3.8. L'ensemble A de tous les nombres algébriques est
fermé dans Vanneau %: = <C, + , —, -, 1> des nombres complexes.
L'algèbre A = (A , + , —, •, 1) est un corps, un sous-corps du corps
D é m o n s t r a t i o n . Soient a et b tous éléments de A. Selon
le corollaire 3.6, le corps fi (a, 6) est algébrique sur fi. Aussi les
nombres a + ô, —a, aô, 1 sont-ils des nombres algébriques, c’est-à-
dire appartiennent à l’ensemble A. L’ensemble A est ainsi fermé
relativement aux opérations principales de l’anneau V . L’algèbre A
est donc un anneau comme sous-anneau de l’anneau if.
En outre, si a est un élément non nul de A, on a a"1 Ç Q (a, b) et,
partant, appartient à A. Par conséquent, l’algèbre A est un corps,
un sous-corps du corps V. □
Définition. Le corps A — (A, + , —, -, i) est appelé corps des
nombres algébriques.
Fermeture algébrique d’un corps des nombres algébriques.
Theorême 3.9. Un corps des nombres algébriques est algébriquement
fermé.
D é m o n s t r a t i o n . Soit A [x] un anneau de polynômes en x
sur le corps A des nombres algébriques. Soit
/ = aQ+ axx + . . . + anxn (a0, . . an Ç A)
un polynôme quelconque de degré positif de A [x]. Il nous faut dé­
montrer que / admet une racine dans A. Vu que / Ç C [x] et que le
corps îf est algébriquement fermé, / admet une racine dans c’est-à-
dire il existe un nombre complexe c tel que / (c) = 0. Soient X —
= fi (a0, . . ., an) et X (c) une extension algébrique simple du
corps X par adjonction de c. Alors, fi -g X -3 X(c), X (c) étant
l’extension finie du corps X . En vertu du théorème 3.2, X est une
3 2 -0 1 7 6 2
490 PO LY N O M ES SU R U N CO RPS D E S N O M BR ES [CH. XVII

extension finie du corps fi. En vertu du théorème 3.3. X (c) est


une extension finie du corps fi. D’où, selon le théorème 3.2, le corps
X (c) est donc une extension algébrique du corps fi et, par suite,
c Ç A. Ainsi, tout polynôme de A lx] de degré positif admet dans A
une racine, c’est-à-dire le corps j t est algébriquement fermé. C

Exercices
1. Chercher le degré du corps & sur le corps JP si
(a) ^ = ffl ( / 2 , /3 ) , ^ = (b) ^ = ( / 2 , ^B).
30= < î ( / 2 ); (c) 3>=JÎ.
2. Chercher la base et le degré du corps & sur le corps & si
(a) & = y i ) , &=S.\ (b)&=*&(—i),
(c) &=
3. Soient f et g des polynômes sur le corps des nombres rationnels admet­
tant une racine réelle commune. Démontrer que f et g possèdent un diviseur
commun de puissance positive avec coefficients rationnels.
4. Démontrer qu’un polynôme irréductible sur un corps numérique n’ad­
met pas de racines multiples dans un corps des nombres complexes.
5. Démontrer qu’un nombre complexe est un nombre algébrique si et seu­
lement s’il est une racine d’un polynôme de degré positif avec coefficients
entiers.
§ 4. Conditions de résolubilité d’une équation
de troisièm e degré par radicaux carrés
Notion de résolubilité d’une équation par radicaux carrés.
D é fin itio n . Un corps & est dit extension quadratique du corps &
s’il existe un élément a tel que F = P (a), a $ P, a 2 Ç P.
E x e m p l e s . 1. Le corps fi (21/2) est une extension quadratique
du corps fi.
2. Le corps 3Î (i) est une extension quadratique du corps .
3. Le corps fi (21/3) n’est pas une extension quadratique de fi.
On dit que l ’équation
(1 ) x n + a l Xn"1 + • . . + & n - lx + An = 0 (a i € Q)

est résoluble par radicaux carrés si ses racines peuvent être exprimées
de façon rationnelle (c’est-à-dire à l ’aide des opérations d’addition,
de soustraction, de multiplication et de division) par des racines
d’une chaîne d’équations quadratiques binomiales:
x2—a 0 = 0, oc0 Ç Q =

*2—a , = 0, a , 6 ^ t « ^ a (Vr^ ; '


x2—a, = 0, *2 € ^ z = F i (V^ai) »

a ft-i 6 ^ - 1 = Fh-z (V a»-2).


C O N D IT IO N S D E R Ê S O L U B I L IT Ê D ’U N E É Q U A T I O N 491

Ainsi, toutes les racines de l’équation (1) s’expriment de façon ra­


tionnelle par les nombres Y a 0, V c^, . . Y a k~i et appartiennent
au corps &* = f h - i (V
En d’autres termes, l’équation (1) est résoluble par des radicaux
carrés s’il existe une chaîne ascendante des corps numériques
6 t = ^ o “3 * ^ i “3 . . . -3 1 “3
telle que chaque corps $Fi de la chaîne soit une extension quadrati­
que du corps précédent le corps & * contenant toutes les ra­
cines de l’équation (1).
D éfinition. On dit que l’équation (1) est résoluble par radicaux
si ses racines peuvent être exprimées de façon rationnelle par des
racines d’une chaîne d’équations binomiales:
xn° — a 0= 0, aÇ Q = F0;
*ni —a , = 0, <*t 6 = F<>("y^®ô) *
xn*— cc2 = 0, <*2 ÇF-, = Ft ("v^o,) ;

x " k -l _ = 0, « ft-i 6 F k -i = Ph-2 ( " ^ •


Ainsi, toutes les racines de l'équation (1) s’expriment de façon ra­
tionnelle par les nom bres"^ a 0, . . . . h~y^ a k-\ et appartiennent au
corps J h = .Fh., Ck~ y a*.,).
Conditions de résolubilité d’une équation de troisième degré par
radicaux carrés.
T héorème 4.1. Une équation du troisième degré
(1) a? + ax2 + bx + c = 0
à coefficients rationnels est résoluble par radicaux carrés si et seulement
si elle admet au moins une racine rationnelle.
D é m o n s t r a t i o n . Si le polynôme / = a? + ax2 + bx - f c
admet au moins une racine rationnelle, par exemple d, ce polynôme
peut alors se représenter sous forme
f = (x — d) (x2 + ex + g),
où e, g 6 Q. L’équation (1) est donc résoluble par radicaux carrés.
Supposons que l’équation (1) est résoluble par radicaux carrés
tout en n’admettant pas de racines rationnelles. Il existe alors une
chaîne d’extensions quadratiques
(2) Q = F , c F , c . . . c / ’ft., <= Fk,
32*
492 PO LYNO M ES SU R U N CO RPS D E S N O M BR ES [CH. XVII

telle qu'au moins une des racines x,, x2, x 3 de l'équation (1) soit
contenue dans par exemple
(3) x1 Ç
et aucune des racines xlt x2, x 3 de l’équation (1) n’est contenue dans
Fk-x,
(4) {xj, x.>, x3} n Fk - 1 = 0 -
Le corps est une extension quadratique du corps F h_j, c’est-à-
dire qu’il existe un élément a Ç tel que
(5) Fh = F a_j (a), a $ Fh. u a 2 6 Fh_
Sur la base de (3) et (5), on conclut que
(6) xx = p -f- ga, où p, g Ç fi*.!, ?#0.
Une vérification directe montre que p — ga est également une
racine du polynôme /. En effet,
(7) / (p + ga) = (p + ga)5 + a (p -f- ga)2 +
+ ù (p •+• ga) e = A -f fia,

•4 = / (p) + 3pg2a 2 + ag2a 2,
( 8)
fi = 3p2g + g®a2 + 2apg + bq.
Etant donné que A , fi 6 Fk^ et a $ „ il s’ensuit de
(9) / (p + ga) = A + fia = 0
que
(10) A = fi = 0.
Sur la base de (7), (8), (9) et (10), on conclut que
/ (p — ga) = A — fia = 0.
Ainsi, p — ga est également une racine du polynôme /. Soit x. =
= p — ga. Alors, en vertu de (6), xt — x» = 2ga 0 et, par suite,
Xj»
Selon les formules de Viète, x x + x2 + x 3 = —a. En outre, en
vertu de (6), xx -f x2 = 2p 6 Fh„t. Donc, x3 = —a — 2p £
ce qui est en contradiction avec la proposition (4). G
Corollaire 4.2. L'équation (1) avec coefficients rationnels est ré­
soluble par radicaux carrés si et seulement si le polynôme x? + ax~ -f-
+ bx + c est irréductible dans Vanneau & [x}ï
Exemples de problèmes irrésolubles par radicaux carrés. On démon­
tre en géométrie que les racines de l’équation x? + ax2 + bx + c = 0
avec coefficients rationnels peuvent être construites au compas et à
la règle si et seulement si cette équation est résoluble par radicaux
S 4] CONDITIONS DE RBSOLUBUJTfi D’UNE EQUATION 493

carrés, c'est-à-dire si la solution de cette équation se réduit à celle


d ’une chaîne d’équations quadratiques.
P r o b l è m e d e d o u b l a g e d' u n c u b e . Construire
Varête d'un cube dont le volume est double de celui du cube
donné.
On ne dispose que d'un segment: l’arête du cube donné; posons
que ce segment est un segment unité. Alors, la longueur x de l’arête
du cube cherché vérifie l’équation
(1) x3 — 2 = 0.
Cette équation est irrésoluble par radicaux carrés, car elle ne possède
pas de racines rationnelles. Donc, les racines de Véquation (1) ne
peuvent être construites au compas et à la réglé.
P r o b l è m e d e t r i s e c t i o n d’u n a n g l e . Diviser
l'angle donné en trois parties égales.
*On peut imaginer deux rayons d'origine O formant un angle <p.
Traçons un arc de cercle de rayon unité. Construisons le point A de
manière que le segment OA ait une longueur a = cos <p. Récipro­
quement : connaissant le segment OA de longueur cos (p il est facile
de construire l’angle au moyen du compas et de la règle. On peut donc
considérer que c’est l’angle x = cos y qui est cherché. Comme

coscp + isin <p= (cos-y + isin y - ) 3 =

= cos3y — 3cos y-sin2-y-}-î ( 3 cos2y- s in y — sin3 ,


on a
COS Cp= COS3 y 3 COS-y Sin2-y =

= COS3 y ----- 3cOS-y ( l — COS2 - y )


et
4 COS3 - y —3 COS-y — COS <P= 0.

Puisque x = cos-y, on a
(1) 4r* — 3x — a = 0.
Pour cp= - y , a = 0 et, partant, l ’équation (1) est résoluble
par radicaux carrés.
Mais si <p= y , a = cos-y = y , et l ’on obtient l ’équation
(2) 8X3 — 6x — 1 = 0.
494 PO LYNO M ES SU R U N CORPS D E S NO M BR ES [CH. XVII

En y posant y = 2x, il vient


(3) y* - 3y - 1 = 0.
L’équation (3) et, partant, (2) est irrésoluble par radicaux carrés, car
elle n’a pas de racines rationnelles. Par conséquent, les racines de
ces équations ne peuvent être construites au compas et à la règle.
Ainsi, la trisection de Vangle ni3 au compas et à la règle est impossible.
P r o b l è m e d e c o n s t r u c t i o n d’u n h e p t a g o n e
r é g u l i e r . Construire un heptagone régulier inscrit dans un cercle
unité.
Les racines de l ’équation z7—1 = 0 sont représentées par des
sommets d’un heptagone régulier inscrit dans un cercle unité. Une
des racines de cette équation vaut l ’unité, quant aux autres, elles
vérifient l’équation
(1) z6 + z5 + z4 -f-z3 + z2 + z + l = 0 .
Démontrons que l’équation (1) est irrésoluble par radicaux carrés.
En divisant les deux membres de l’équation (1) par z3 et en groupant
les termes, on obtient
(s + - f ) 3- 3 (z + -î-) + (z + -L)2 + (z + - L ) - l = 0 .

En posant
(2 ) t = z + ± ,
é*
il vient
(3) tz + t* — 2t — 1 = 0.
L ’équation (3) est irrésoluble par radicaux carrés, car elle n’a pas
de racines rationnelles. L’équation (1) est donc irrésoluble par radi­
caux carrés. En effet, si l’équation (1) était résoluble par radicaux
carrés, alors, en vertu de (2), l’équation (3) serait aussi résoluble par
radicaux carrés. Par conséquent, les racines de l’équation (1) ne
peuvent être construites au compas et à la règle. Il s’ensuit qu’on ne
peut construire un heptagone régulier au compas et à la règle.
Pour quels n naturels (n > 2) peut-on construire un polygone ré­
gulier à n angles en se servant du compas et de la règle?
Ce problème a été complètement résolu par Gauss en 1796.
Gauss a démontré que la construction n’est possible que dans le
cas où n peut se représenter sous forme *
n = 2hpip. . . . pm,
où k est un nombre naturel et pt, . . p,„ sont des nombres pre­
miers différents de la forme 2" + 1 (m Ç N \ {0}).
C O N D IT IO N S D E R É S O L U B I L I T Ê D ’U N E É Q U A T I O N 495

Exercices
1. Montrer que le polynôme x# + x3 + 1 est irréductible sur le corps des
nombres rationnels.
2. Montrer qu’un polynôme de troisième degré sur un corps est soit irré­
ductible soit admet une racine dans ce corps. Le polynôme x5 — 5x* + 1 est-il
irréductible sur le corps des nombres rationnels?
3. Montrer que le polynôme à deux variables xa + y2 — 1 est irréductible
sur le corps des nombres rationnels. Est-il réductible sur le corps des nombres
complexes ?
4. Démontrer que l ’équation x6 — 1 = 0 est résoluble par radicaux carrés.
5. Démontrer qu’un pentagone régulier peut être construit au compas et
à la règle.
6. Démontrer qu’un ennéagone régulier ne peut être construit au compas
et à la règle.
B IB LIO G R A PH IE

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IN D EX

A lg èb re 75 Coefficient d o m in an t d 'u n polynôm e 424


— lin éaire 273 C o m m u tativ ité 70, 114, 119
— m a tric ie lle 273 C om plém entaire d 'u n ensem ble 42
— d 'o p é ra te u rs lin éaires 274 C om position d 'a p p lic a tio n s 47, 52-54
— des q u a te m io n s 273, 274 Cône convexe d 'u n espace 291
— q u o tie n t 83 Congruence 74, 83
A lgèbrcs isom orphes 77 — binom iale 432
— de m ôme ty p e 76 — m odulo (ou su iv a n t un m odule) 36?
A lg o rith m e d ’E u clid e 347 — su iv a n t un id éal 393, 394
A lp h a b e t 108 C onjonction 8
A nneau 05 C o n trad ictio n 11
— des classes résiduelles 367 Corps 135
— co m m u ta tif 95 — alg éb riq u em en t ferm é (clos) 464
— des e n tie rs 125, 126 — des classes résiduelles 369
— eu clid ien 411 — des nom bres alg éb riq u es 489
— facto riel 415, 432, 435 --------com plexes 145, 149
— d ’id éau x p rin cip au x (ou p rin cip al) --------ra tio n n e ls 136
408 --------réels 141
— n u l 95 — nu m ériq u e 150
— n u m ériq u e 150 — ordonné 138, 139
— des p olynôm es 446 — des q u o tie n ts (des frac tio n s) 136,.
— q u o tie n t 395 430
A nneaux isom orphes 98 — des scalaires 197
A p p licatio n 51, 52 — sim p le 135
— in je c tiv e 55 C ouple ordonné 45
— lin é a ire 259 C rible d * E ratosthène 339
--------d 'u n espace v ecto riel 259 C ritère de c o m p a tib ilité d 'u n systèm e d 'é q u a ­
— n a tu re lle 64 tio n s lin éaires 176
A ssertion 7-9 — d 'in c o m p a tib ilité d 'u n systèm e d ’iné­
A tom e 10 g a lité s 295
A uto m o ro h ism c de l ’algèbre 77 — d 'ir ré d u c tib ilité d ’E isen ste in 479
— die l'a n n e a u 98
— d u groupe 98
A xiom e de l'in d u c tio n m a th é m a tiq u e 110

D éduction logique 15, 25, 26


D é fa u t de l ’o p ératio n 261
D egré d 'u n é lém en t 482
B ase de l'e sp a c e vecto riel 236 — d 'u n polynôm e 424, 448
— o rth o g o n ale d 'u n espace v ecto riel D é m o n stratio n a contrario (p ar l'absurde)»
248 20
— o rth o n o rm ée d 'u n espace v ecto riel — in d ire c te 20
255 — p a r récurrence (ou in d u ctio n ) 111,
— d 'u n sy stèm e des v ecteu rs 167 112
D épendance lin é a ire 162
--------d 'u n systèm e de v ecteu rs 162, 228
D érivée form elle d 'u n polynôm e 437, 438
D é te rm in a n t d 'u n e m a tric e 207, 209
C a ractéristiq u e d 'u n a n n e a u 397, 398 D éveloppem ent d ’u n d é te rm in a n t 215
Classe de congruence (v o ir classe s u iv a n t D iag ram m e d 'E u le r-V e n n 42
un sous-groupe) D ifférence des ensem bles 40
— & d ro ite 323 D im ension d 'u n espace v ecto riel 239
— à g au ch e 324 D isjo n c tio n 8
— s u iv a n t u n sous-groupe 323, 395 D istrib u tio n des nom bres prem iers 356, 357
498 IN D E X

D iv ise u r 40G F erm etu re alg éb riq u e d ’un corps des nom ­
— n o rm al d 'u n g roupe 329 bres com plexes 464
— p ro p re 407 F onction 51, 52
--------d ’un élém en t 407 — d ’E u le r 370, 371
— de zéro 95 — in jc c tiv e 54, 55
D iv isib ilité d ’élém en ts 406 — in v ersib le 56, 57
D o m ain e (ou ensem ble) de d é fin itio n 46, 51 F orm e trig o n o m étriq u e d 'u n nom bre com ­
— d ’in té g rité 95 plexe 153, 155
— de v a le u rs 46, 51 F o rm u le de la logique des assertio n s 9, 10
D oublage d ’un cube 493 — to u jo u rs fausse 11
— to u jo u rs v raie 11
F o rm u les de C ram er 222
— élém en taires 10
— éq u ip o te n te s 16
E g a lité a lg éb riq u e des polynôm es 426 — p ré d ic a tiv e s (des p réd icats) 33
— d 'en sem b les 37
— fo n ctio n n elle des polynôm es 426
E lé m e n t alg éb riq u e (ou alg éb riq u e) 481
— d ’un ensem ble 39
— in v erse 74, 90 G rap h e 49
--------p a r ra p p o rt à une m u ltip lic a tio n — d ’un p ré d ic a t 49
74 — d ’une re la tio n b in aire 49, 50
— irré d u c tib le d ’un a n n eau 407 G roupe 86
— n e u tre 71 — ab élien (ou co m m u tatif) 86
— n u l (ou zéro) 74 — a d d itif 87, 88. 125
— opposé 74, 87 de l ’an n eau 95
--------p a r r a p p o rt à une a d d itio n 74 --------des classes résid u elles (ou des
— sim p le d ’u n d o m aine d ’in té g rité 407 résidus) 327, 366
— sy m é triq u e 72, 73 --------du corps 135
E lé m e n ts asso ciés 406, 407 — — de l ’espace vecto riel 227
— sép arés (ou p rin cip au x ) de l ’algèbre — c o m m u ta tif 86
<6 — cy cliq u e 93, 326
E lim in a tio n des v a ria b le s 457, 458 — lin é a ire co m p let 279
E n d o m o rp h ism e 77 — q u o tie n t 330
— d ’une alg èb re 77 — sy m é triq u e 88, 322
E n sem b le 37 G roupes isom orphes)
— b ien ordonné 67
— ferm é a u x o p é ra tio n s 73
— fo n d am en tal (de base) 75
— p a rtie lle m e n t ordonné 67
— q u o tie n t 63 H om om orphism e
— to ta le m e n t o rdonné 67, 138 — de l’algèbre
— u n iv ersel 41, 42 — de l'a n n e a u 98
— vid e 39 — du groupe 90
E n v elo p p e lin é a ire 162, 228 — n a tu re l 84
E q u a tio n c a ra c té ristiq u e 283 — d ’un sy stèm e alg éb riq u e 105
— de q u a triè m e degré 473
— de tro isièm e degré 469
E q u iv a le n c e 9. 62
— log iq u e 16
E sp ace eu clid ien 253 Id é a l 392
— v ecto riel 226, 227 — p rin c ip a l 393, 408
--------a rith m é tiq u e 160. 161 — u n ité 392, 393
--------avec m u ltip lic a tio n sc a la ire 248 — zéro (ou n u l) 392
--------de d im ension fin ie 236 Im ag e d ’un o p é ra te u r lin éaire 261
--------eu clid ien 253 Im p lic a tio n 9
--------réel 253 — d 'u n systèm e d ’éq u a tio n s lin é a ire s
E spaces eu clid ien s iso m orphes 256 165, 166. 179. 180
— v e c to rie ls iso m orphes 256 --------d ’in é g a lité s 292. 293
E x te n sio n a lg éb riq u e d ’un co rp s 483, 486 In d ép en d an ce alg éb riq u e des élém en ts 443
--------sim p le d ’un co rp s 483, 484 — lin é a ire 228
— com posée d ’un c o ra s 486, 487 — — d 'u n systèm e de v ecteu rs 162,
— fin ie d ’un co rp s 485. 486 228
— sim p le d ’u n co rp s 481 In d ic e m odulo d ’un nom bre 380
— tra n sc e n d a n te d ’un a n n e a u 419, 445 In d u c tio n m a th é m a tiq u e (ou récurrence)
d ’u n co rp s 418 111
— — sim p le a ’un a n n eau 418, 420 In é g a lité de T chébycbev 359
— du tria n g le 254
In te rp ré ta tio n géom étriq u e des nom bres
com p lex es 152
In te rs e c tio n d 'e n se m b le s 39
Iso m o rp h ism e d ’u ne alg èb re 77
F a c to r is a tio n (ou d éco m p o sitio n en fac­ --------d 'o p é ra te u rs lin é a ire s 275
te u rs prem iers) 335, 410. 431, 435 — d ’un a n n e a u 334. 383
— can o n iq u e (ou décom position cano­ — d ’un espace e u clid ien 256
n iq u e en facteu rs p rem iers) 337, v ecto riel 244. 259
— d 'u n sy stèm e alg éb riq u e 105
IN D E X 499

L eram e P e rm u ta tio n 203


— de d 'A le m b e rt 463 — im p aire 204
— de G auss 434 — inverse 204
L ig n e de coordonnées d ’un v e c te u r 243 — p a ire 204
L og iq u e des assertio n s 9 ( 10 P lu s g ran d com m un d iv iseu r 299, 300, 340,
L of asso ciativ e 319 413, 414
— des c o n tra ire s 13 P lu s p e tit com m un m u ltip le 344, 415
— de la d o u b le n ég atio n 13 --------sous-anneau 398
— de M organ 42 P olynôm e irré d u c tib le (prem ier) 430
— d u tie rs ex clu 11 — m in im al 482
— norm é 424
— à p lu sieu rs v a ria b le s 443
— p r im itif 432
M atrice 193 — réd u ctib le 429
— carrée 193 — sy m é triq u e 451, 453
— d iag o n ale 208. 286, 287 P olynôm es sy m é triq u e s é lém en taires 451
— en escalier 182, 183 P ré d ic a t 23-26, 27
ré d u ite 185 — (ou co n d itio n ) à une p lace (m onadi-
— in v ersib le 196 que) 23
— d ’u n o p é ra te u r lin é a ire 265 — (ou co n d itio n ) à p lu sieu rs places
— tran sp o sée 196 (p o ly ad iq u e) 23
M atrices se m b lab les 272, 287 P ré d ic a ts éq u ip o te n ts 25, 26
M éthode d u sim p lex e (de D an tzig ) 307 P rin c ip e de l ’in d u ctio n m a th é m a tiq u e (ou
M odule d 'u n no m b re com plexe 151 de récurrence) 111
M onoidc 75, 318 P roblèm es canoniques de p ro g ram m atio n
— des n o m b res n a tu re ls (m u ltip lic a tif) lin éaire 301, 307
120 — sta n d a rd de p ro g ram m atio n lin éaire
M onom orphism e d ’une alg èb re 77 299
M u ltip lic a tio n sc a la ire 247 Procédé d ’o rth o g o n alisatio n 249
M u ltip lic ité de la racin e 440 P ro d u it des m atric es 194
P ro p rié té s d 'u n a n n eau 97
— d 'u n corps 135
— d ’un groupe 89
N égation de l ’assertio n 8
N om bre a lg é b riq u e 489
— p rem ier 335
N om bres a lg é b riq u e s 489
— co m p lex es 141, 149 Q u a n tific a te u r e x iste n tie l (d ’existence) 28 ,2 9
— (com plexes) co njugués 150 — universel (d 'u n iv e rsa lité ) 27
— e n tie rs (ou e n tiers) 125, 128, 129
— n a tu re ls 110, 111, 121
— p rem iers 335
--------en tre eu x 340, 343
— ra tio n n e ls 135, 136 R acine a rith m é tiq u e d 'in d ic e n (ou n-ièm e)
N orm e d ’un v e c te u r 253 142
N o y au d 'u n h om om orphism e 331 — m u ltip le d 'u n polynôm e 440
— d ’un o p é ra te u r lin é a ire 261 — d ’un polynôm e 425
— p rim itiv e 379, 380
— sim p le d ’un polynôm e 440
— de l ’u n ité 147
R a n g d ’une m atric e 173. 174, 184, 188, 230
O bjet(s) v a ria b le (s) 32, 33 — d ’un o p érateu r lin éaire 269
O p érateu r lin é a ire d 'u n espace 260 — d 'u n e o p ératio n 69
--------in v ersib le 278 — d 'u n systèm e de v ecteu rs 168
--------à sp e ctre sim p le 284 R ègle de C ram er 18, 19
O p ératio n a d d itio n 74 — de d étach em en t 221, 222
— b in aire 69. 75 — de sim p lificatio n 90, 115
— m u ltip lic a tio n 74 R ègles d ’inclusion e t d 'é lim in a tio n 18, 19
— n -a ire s 69 R e la tio n 46, 48, 49
— sin g u la lre (u n aire) 69 — a n tiré fle x iv e 61
O p ératio n s p rin c ip a le s de l ’algèbre 76 — a n tisy in é triq u e 61
O rdre 65, 66 — b in aire 45, 46
— des classes résid u elles 377 — de d iv isib ilité 79, 91
— de l ’élém en t d u groupe 325 — d 'é q u iv a le n c e 60. 61, 62, 63
— d ’un groupe 86 — d ’isom orphism e 79, 91
— lex lco g rap n iq u e 449 — n -a ire 48
— lin é a ire 67 — d ’ordre 65. 121, 137
— du n o m b re s u iv a n t un m odule 377 s tric t 66
— non s tr ic t 66 --------to ta l 66
— s tr ic t 65 — réflex iv e 60. 61
— sy m é triq u e 61
— te rn a ire 48
— tra n s itiv e 61
R é sid u s de puissance 383
P a rtitio n d ’u n en sem b le 63 R éso lu tio n (so lu tio n ) des éq u atio n s 469, 474
Période d ’une fra c tio n sy sté m a tiq u e 384 R e stric tio n (stric tio n ) d ’une fonction 59
500 INDEX

R é s u lta n t 455, 456 T a b le de v é rité 8, 9, 14


R éu n io n d ’en sem b les 39 T au to lo g ie l i
T héorèm e de C ayley 322
— de d iv isio n avec re ste 131, 427
— de d u a lité 302, 305
— d ’E u le r 372
Schém as d éd u ctifs 18 — de F e rm â t 372
S ig n a tu re d ’un nom bre 205 — de K ro n eck er-C ap elli 178
— d 'u n e p e rm u ta tio n 205 — de L ag ran g e 324
Signe d ’a p p a rte n a n c e 37 — de M inkovski 294
— d ’in clu sio n 38 — de Sturxn 476
S o lu tio n (réso lu tio n ) d ’un systèm e d ’éq u a­ T ra n sfo rm a tio n élé m e n ta ire d ’u n sy stè m e
tio n s lin é a ire s 171, 190, 191, 202 de v e c te u rs 166
--------d ’in é g a lité s lin é a ire s 307 T risectio n d ’un a n g le 493
Som m e d irecte des sous-espaces 232
— de so u » « sp aces 231, 232
Sous-algèbre 79
Sous-anneau 100
Sous-corps 135
— sim p le 135 U n ité d ’un an n e a u 95
S ous-ensem ble 38 — d ’un groupe 87
— ferm é (clos) d a n s l ’algèbre 73, 80
Soua-espace d 'u n espace v ecto riel 230
Sous-groupe 92, 318, 321
S ous-systèm e d 'u n sy stèm e alg éb riq u e 105
S u p p lé m e n ta ire o rth o g o n al 251 V a le u r absolue de l ’é lém en t 140
S ystèm e a lg é b riq u e 103. 104 — pro p re 281, 283
— co m p let des résid u s 365 V ariab le lib re 22
— d ’é q u a tio n s lin é a ire s 170 — liée 28
— hom ogène d ’éq u atio n s lin é a ire s 177, V ariab les pro p o sitio n n el les 10
186 V ariété lin é a ire 233
— d ’in é g a lité s lin é a ire s 290 V ecteur norm é 254
— des n om bres réels 138, 141 — p ropre 281, 282, 283
— ré d u it des résidus 367, 368
— de v ecteu rs o rth o g o n al 248
o rth o n o rm é 255
S ystèm es alg éb riq u es isom orphes 115
— d ’éq u atio n s é q u ip o te n ts 171, 172
— é q u iv a le n ts de v ecteu rs 165 Zéro 110, 135
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos ................................................................................................ 5
Chapitre premier. ÉLÉMENTS DE L O G IQ U E ...................................... 7
§ 1. Logique des a sse rtio n s.............................................................. 7
§ 2. Déduction lo g iq u e ...................................................................... 15
§ 3. Prédicats ................................................................................. 22
§ 4. Q u a n tific ateu rs......................................................................... 27
§ 5. Formules des prédicats. Lois lo g iq u es................................... 32
Chapitre II. ENSEMBLES ET R ELA TIO N S........................................... 37
§ 1. E n s e m b le s ................................................................................. 37
§ 2. Relations b in a ire s ..................................................................... 45
§ 3. Fonctions ................................................................................. 51
§ 4. Relation d'équivalence .......................................................... 60
§ 5. Relations d 'o r d r e ...................................................................... 65
Chapitre III. ALGËBRES ET SYSTEMES ALGEBRIQUES . . . . 69
§ 1. Opérations b i n a i r e s ................................................................. 69
§ 2. A lg è b r e s ..................................................................................... 75
§ 3. G r o u p e s ..................................................................................... 86
§ 4. A n n e a u x ..................................................................................... 95
$ 5. Systèmes algébriques .............................................................. 103
Chapitre IV. PRINCIPAUX SYSTEMES NUM ÉRIQUES................... 108
§ 1. Système des nombres n a tu r e ls .............................................. 108
§ 2. Propriétés de l'addition et de la multiplication des nombres
naturels ..................................................................................... 113
§ 3. Relation d'ordre sur un ensemble des nombres naturels . . 121
§ 4. Anneau des e n tie r s ................................................................. 125
§ 5. Corps. Corps des nombres ra tio n n e ls .................................. 135
§ 6. Système des nombres r é e l s ...................................................... 138
§ 7. Corps des nombres com plexes.............................................. 145
' § 8. Forme trigonométrique d'un nombre complexe. Extraction
des racines à partir des nombres com plexes....................... 153
Chapitre V. ESPACES VECTORIELS ARITHMETIQUES ET SYSTE­
MES D’EQUATIONS L IN E A IR E S .................................. 160
§ 1. Espaces vectoriels arith m étiq u es............................... 160
§ 2. Systèmes d'équations lin é a ire s ............................... 170
§ 3. Matrices en escalier et systèmes d’équations linéaijfégc 182
502 T A B L E D E S M A T IE R E S

Chapitre VI. MATRICES ET DETERMINANTS................................... 193


§ 1. Opérations sur les matrices et leurs propriétés..................... 193
§ 2. Matrices in v ersib les.................................................................. 197
§ 3. Permutations ......................................................................... 203
§ 4. Déterminants ......................................................................... 207
§ 5. Mineurs et compléments algébriques. Théorèmes des déter­
minants ...................................................................................... 213
$ 6. Théorèmes des matrices. Règle deC ra m e r........................... 220
Chapitre VII. ESPACES V EC TO R IELS................................................... 226
§ 1. Espaces v ec to riels..................................................................... 226
§ 2. Sous-espaces d’un espace v e c to rie l....................................... 230
§ 3. Base et dimension de l ’espace v e c to rie l................................ 236
§ 4. Isomorphismes des espaces v ectoriels.................................. 243
§ 5. Espaces vectoriels à multiplication sc a la ire ........................ 247
§ 6. Espaces vectoriels eu c lid ien s................................................... 253
Chapitre V III. OPÉRATEURS L IN E A IR E S ........................................... 259
§ 1. Applications lin é a ire s .............................................................. 259
§ 2. Représentation des opérateurs linéairespar des matrices 265
§ 3. Algèbres lin é a ire s ............................................... 273
§ 4. Opérateurs in v ersib les........................................... 278
§ 5. Vecteurs propres et valeurs propres. Equations caractéristi­
ques ............................................................................................. 281
Chapitre IX. SYSTÈMES DTNÊGALITÊS L IN É A IR E S .................... 290
§ 1. Systèmes d’inégalités lin é a ire s............................................... 290
§ 2. Problèmes standard et canoniques de la programmation li­
néaire. Théorèmes de d u a lité ................................................... 299
§ 3. Méthode du simplexe (méthode de D an tzig )....................... 307
Chapitre X. G R O U P E S .................................................................................. 318
§ 1. Semi-groupes et m onoïdes....................................... 318
§ 2. Sous-groupes et classes suivant un sous-groupe..................... 321
§ 3. Groupes cy cliq u es............................................... 325
§ 4. Diviseurs normaux et groupes q u o tie n ts........................... 329
Chapitre XI. THÉORIE DE DIVISIBILITÉ DANS L’ANNEAU DES
ENTIERS .............................................................................. 334
§ 1.Décomposition des entiers en facteurs p re m ie rs.................. 334
§ 2.Plus grand commun diviseur et plus petit commun multiple 340
§ 3. Algorithme d’Euclide et fractions continuesfinies . . . . 347
§ 4. Entiers systém atiques.......................................... 353
§ 5. Distribution des nombres p re m ie rs............................... 356
Chapitre XII. THÉORIE DES CONGRUENCES AVEC APPLICA­
TIONS ARITHM ÉTIQUES............................................... 363
§ 1. Congruences et leurs p ro p rié té s................................ 363
§ 2. Système complet de ré s id u s .................................... 365
§ 3. Système réduit des ré s id u s ...................................... 367
§ 4. Congruences du premier degré. Congruences de degrés supé­
rieurs suivant un module simple . . . r ........................... 373
§ 5. Racines primitives et in d ic e s ............................................... 377
§ 6. Conversion d’une fraction ordinaire en fraction systématique
et appréciation de la longueur de la période d’une fraction
s y s té m a tiq u e ..................................................................... . . 384
T A B L E D E S M A T IE R E S 50$

Chapitre XIII. A N N EA U X ......................................................................... 392:


§ 1. Idéaux d'un anneau. Anneau q u o tie n t................................. 392'
§ 2. Corps des quotients d'un domaine d’in té g rité .................. 400*
§ 3. Anneaux des idéaux p rin cip a u x .............................................. 406
§ 4. Plus grand commun diviseur. Plus petit commun multiple 413
Chapitre XIV. POLYNOMES À UNE V A R IA B LE............................... 418
§ 1. Anneau des polynôm es............................................................. 418
§ 2. Polynômes sur un c o r p s .......................................................... 427
§ 3. Anneau des polynômes factoriel sur un anneau factoriel . . 432
§ 4. Dérivée formelle d'un polynôme. Facteurs multiples irré­
ductibles ................................................................................. 436
Chapitre XV. POLYNOMES À PLUSIEURS V A RIA BLES.............. 442
§ 1. Anneau des polynômes à plusieurs v a ria b le s................. 442
$ 2. Polynômes s y m é triq u e s ................................................... 440
§ 3. Résultant des polynômes et élimination des variables . . . 455.
Chapitre XVI. POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES
COMPLEXES ET SUR UN CORPS DES NOMBRES
REELS ............................................................................. 460
§ 1. Corps des nombres complexes algébriquement fermé . . . 460
§ 2. Polynômes sur un corps des nombres r é e l s ..................... 467
§ 3. Equations de troisième et quatrième d e g ré s................. 460
§ 4. Séparation des racines réelles d’un polynôm e............. 475
Chapitre XVII. POLYNOMES SUR UN CORPS DES NOMBRES
RATIONNELS ET NOMBRES ALGEBRIQUES . . 479
§ 1. Racines entières et rationnelles d’un polynôme. Critère
d'irréductibilité ..................................................................... 470
§ 2. Extension algébrique simple d'un c o r p s .................................. 481
§ 3. Extension algébrique composée d'un c o r p s ............................ 485
$ 4. Conditions de résolubilité d'une équation de troisième
degré par radicaux c a r r é s ...................................................... 490
B ib lio g ra p h ie ................................................................................................ 496
Index ............................................................................................................... 497

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