Vous êtes sur la page 1sur 79

Cours d’Algèbre I

Oumar D. MBODJ
Augustin P. SARR

Avril 2016
Table des matières

1 Ensembles, applications et relations 4


1.1 Élements de logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Méthodes de démonstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6 Relations d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.6.1 Filières de l’UVS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.6.2 Congruence dans Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.6.3 Relation associée à une application . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.6.4 Relation d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.6.5 Décomposition canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Tests de connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Correction des tests de connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Indications de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

2 Introduction aux groupes 36


2.1 Lois de composition internes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.2 Lois quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3 Groupes et sous–groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.4 Homomorphismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.5 Sous–groupe engendré par une partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.6 Groupe quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.6.1 Classes selon un sous–groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.6.2 Groupe quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.6.3 Décomposition canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Tests de connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Correction des tests de connaissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

3 Le groupe symétrique 53
3.1 Définitions et généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2 Propriétés d’une permutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.1 Signature d’une permutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Indications de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

4 Introduction aux anneaux et corps 60


4.1 Structure d’anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.1.1 Anneau intègre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.2 Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

2
Table des matières

4.3 Caractéristique d’un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66


4.4 Propriétés des idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
Indications de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

5 Le corps des nombres complexes 71


5.1 Défintions et propriétés immédiates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.2 Équations algébriques de degré 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.3 Argument d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Indications de solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

3
Séance 1

Ensembles, applications et relations


L’étude des structures algébriques telles que les groupes se fonde essentiellement
sur les ensembles et les applications. Dans ce chapitre, nous proposons une introduction
à ces notions avec comme principal objectif, la compréhension de leur connexion aux
structures algébriques. Puisque l’objectif de ce cours est aussi d’initier à la démarche
mathématique, nous proposerons également quelques rudiments de logique.

1.1 Élements de logique


Au delà de son aspect fondamental pour la rédaction et la compréhension des argu-
ments mathématiques, la logique trouve de nombreuses applications en informatique
et en électronique ; en particulier, dans la vérification de programmes informatiques
et dans le design de circuits électroniques. Dans cette section, nous proposons les
fondamentaux essentiels au raisonnement mathématique.

Définition 1. Une proposition ou assertion est un énoncé qui vérifie les principes
suivants :
— tiers–exclu : l’énoncé est soit vrai soit faux ;
— non–contradiction : l’énoncé ne peut être à la fois vrai et faux ;
— identité : dans un même contexte, l’énoncé ne peut changer de valeur de vérité.
Une proposition qui est toujours vraie est dite tautologie.

Exemple 1.

(1) Le nombre 2 est irrationnel.
(2) Matam est la capitale du Gabon.
(3) 2 + 2 = 3.
La proposition (1) est vraie, alors que les autres sont fausses. La phrase « Lisez ce
cours attentivement. » n’est pas une proposition, car on ne peut lui attribuer de valeur
de vérité.

Définition 2. Si p est une proposition, la négation de p, notée ¬p — qu’on lit


« non p »— est la proposition qui est vraie lorsque p est fausse, et qui est fausse
lorsque p est vraie. La négation d’une tautologie, i. e une proposition qui est toujours
fausse est dite contradiction.

Exemple 2. Si p est la proposition « 15 est un nombre premier », ¬p est alors la


proposition « 15 est un nombre composite ».

Conjonction et disjonction. Étant données deux proposition p et q, on peut for-


mer d’autres propositions à partir de celles–ci.

Définition 3. Soient p et q deux propositions.

4
1.1. Élements de logique

— On appelle conjonction des propositions p et q, notée p ∧ q (qu’on lit « p et q »)


la proposition qui est vraie lorsque p et q sont vraies, et qui est fausse sinon.
— La disjonction de p et q, notée p ∨ q (« p ou q ») est la proposition qui est fausse
lorsque p et q sont fausses, et qui est vraie sinon.
— Le ou exclusif de p et q, noté p⊕q, est la proposition qui est vraie si et seulement
si une et une seule des proposition p et q est vraie, et qui est fausse sinon.
√ √
Exemple 3. Soient p et q les propositions « 3 est un entier »et « 4 est un entier »,
respectivement. La proposition p est fausse, alors que q est vraie. Ainsi,
— p ∧ q est fausse ;
— p ∨ q est vraie ; et
— p ⊕ q est vraie.

Table de vérité. Il est commun de résumer les valeurs de vérité d’une proposition au
travers d’un tableau récapitulatif dit table de vérité. Les tables de vérité des proposition
p ∧ q, p ∨ q et p ⊕ q sont données dans le tableau 1.1.

p q p∧q p∨q p⊕q


vrai vrai vrai vrai faux
vrai faux faux vrai vrai
faux vrai faux vrai vrai
faux faux faux faux faux

Table 1.1 – Tables de vérité de p ∧ q, p ∨ q et p ⊕ q.

Notons que dans les constructions de tables de vérités, on utilisera parfois les lettres
V et F (ou les minuscules correspondantes) à la place de vrai et faux ; l’important est
d’avoir une notation cohérente.

Implication et équivalence. Les implications sont omniprésentes en mathéma-


tique ; l’essentiel des théorèmes sont des implications.

Définition 4. Étant données deux propositions p et q, la proposition « p implique


q » notée p ⇒ q, est la proposition qui est fausse lorsque p est vraie et q fausse, et
qui est vraie sinon. Dans une implication p ⇒ q, les propositions p et q sont dites
respectivement thèse et conséquent.

Remarque 1.
Une implication p ⇒ q se lit aussi :
— q est une condition nécessaire pour p ;
— q est nécessaire pour p ;
— p est une condition suffisante pour q ;
— p est suffisante pour q ;
— q résulte de p ;
— il faut q pour avoir p ;

5
1.1. Élements de logique

— il suffit de p pour avoir q ;


— si p, alors q.

Exemple 4. Soit x un réel, n un entier et h un homme.



— (x > 2) ⇒ (x2 > 2) est une implication vraie ;
— (2|n2 ) ⇒ (2|n), où 2|n signifie « 2 divise n », est une implication vraie ;
— (h est sénégalais) ⇒ (h est africain) est une implication vraie ;
— (h est africain) ⇒ (h est sénégalais) est une implication fausse ;
— (π = 67) ⇒ (x = 54) est une implication vraie.

Le dernier item dans l’exemple ci–dessus mérite qu’on s’y attarde un peu. En ac-
cord avec la définition 4, la proposition p ⇒ q est fausse si p est vraie et q fausse ;
elle est vraie sinon. Comme la proposition p est fausse, on ne peut avoir p vraie
et q fausse. Ainsi, on ne peut avoir p ⇒ q fausse, d’où la véracité de l’implication
(π = 67) ⇒ (x = 54).
La confusion entre p ⇒ q et l’implication réciproque q ⇒ p est courante. On notera
que p ⇒ q peut être vraie alors que q ⇒ p est fausse ; en exemple, la proposition « (le
quadrilatère Q est un carré) ⇒ (les quatre cotés de Q ont la même longueur) » est
vraie, alors que « (les quatre cotés de Q ont la même longueur) ⇒ (le quadrilatère Q
est un carré) » est fausse ; en contre–exemple, on pensera au losange.

Définition 5. Deux propositions p et q sont dites équivalentes si (p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p) ;


on note q ⇔ q.

Remarque 2. L’équivalence p ⇔ q se lit aussi :


— p si et seulement si q ;
— pour avoir p, il faut et il suffit d’avoir q ;
— p est nécessaire et suffisant pour q.

Exemple 5. Soit x un réel et n un entier, les équivalences suivantes sont vraies.


— (x2 = 25) ⇔ (x = 5 ou x = −5).
√ √
— (x2 > 2) ⇔ (x > 2 ou x < − 2).
— (2|n) ⇔ (2|n2 ).
— (x < 0) ⇔ (|x| =6 x).
— (x > 0) ⇔ (|x| = x).

Les tables de vérité des propositions p ⇒ q et p ⇔ q sont données dans le tableau 1.2

p q p⇒q p⇔q
vrai vrai vrai vrai
vrai faux faux faux
faux vrai vrai faux
faux faux vrai vrai

Table 1.2 – Tables de vérité de p ⇒ q et p ⇔ q.

Exercice 1.1. En utilisant des tables de vérité, montrer les équivalences ci–dessous :

6
1.1. Élements de logique

— ¬¬p ⇔ p ;
— ¬(p ∧ q) ⇔ (¬p ∨ ¬q) ;
— ¬(p ∨ q) ⇔ (¬p ∧ ¬q).

Quantificateurs
En supposant que x soit une variable réelle, considérons l’énoncé (x < 5). On ne peut
attribuer une valeur de vérité à un tel énoncé tant que la valeur de x n’est pas fixée.
Cependant, pour chaque valeur de x, on peut attribuer une valeur de vérité. Un tel
énoncé est dit prédicat de variable libre x. L’objet de cette section est la construction
de propositions à partir de tels prédicats, notamment au travers de l’utilisation des
quantificateurs.

Définition 6. Soit P (x) un prédicat de variable libre x, la quantification universelle


de P (x) est la proposition « pour tout x de l’univers du discours, P (x) est vraie » ; on
note ∀x, P (x).

Remarque 3. Si P (x) est un prédicat de variable libre x, la quantification universelle


de P (x) se lit aussi :
— pour tout x, P (x) est vraie ;
— pour tout x, P (x) ;
— pour chaque x, P (x) est vraie ;
— pour tous les x, P (x) est vraie ;
— quel que soit x, P (x) est vraie ;
— quel que soit x, P (x).

Exemple 6. Soit x une variable réelle :


— la proposition (∀x, cos(x) ∈ [−5, 2]) est vraie ;
— (∀x, sin(x) 6= x) est fausse ;
— (∀x, |x| =
6 x) est fausse.

Définition 7. Soit P (x) un prédicat de variable libre x, la quantification existentielle


de P (x) est la proposition « il existe x tel que P (x) soit vraie » ; on note ∃x, P (x).

Remarque 4. Si P (x) est un prédicat de variable libre x, la quantification existentielle


de P (x) se lit aussi :
— il existe au moins un x tel que P (x) est vraie ;
— pour au moins un x, P (x) est vraie ;
— pour un certain x, P (x) est vraie.
La notation ∃ ! x, P (x) est utilisée pour signifier l’existence et l’unicité de x ; elle se lit
« il existe un unique x tel que P (x) » ou « il existe un et un seul x tel que P (x) ».

Exemple 7. Soit x une variable réel et n une variable entière :


— la proposition (∃x, x = x + 1) est fausse ;
— la proposition (∃n, n2 = 2) est fausse ;
— la proposition (∃x, 2 = cos x) est fausse ;
— la proposition (∀x, ∃n, n 6 x < n + 1) est vraie ;

7
1.2. Ensembles

— la proposition (∃n, ∀x, n 6 x < n + 1) est fausse.


On notera que dans le cas d’un prédicat avec plusieurs variables libres, il est commun
d’utiliser plusieurs quantificateurs. Dans un tel cas, l’ordre d’écriture des quantifica-
teurs est important. La proposition de l’avant dernier item indique que « pour tout
réel x, il existe un entier n, qui dépend éventuellement de x, tel que n 6 x < n + 1 » ;
cette proposition est dont vraie (il suffit de prendre la partie entière de x pour valeur
de n). A contrario, la proposition du dernier item « il existe un entier n tel que pour
tout réel x, n 6 x < n+1 » est fausse ; en contre–exemple, il suffit de prendre x = n−1.
Remarque 5.
— (∀x, P (x)) est vraie si P (x) est vraie pour tout x de l’univers du discours.
— (∀x, P (x)) est fausse, s’il existe au moins un x de l’univers du discours tel que
P (x) soit fausse.
— (∃x, P (x)) est vraie si P (x) est vraie pour au moins x de l’univers du discours.
— (∃x, P (x)) est fausse si P (x) est fausse pour tout x de l’univers du discours.
— La négation de (∀x, P (x)) est (∃x, ¬P (x)).
— La négation de (∃x, P (x)) est (∀x, ¬P (x)).
Exemple 8. Soit Q(x, y) le prédicat (x + 2y = 0) de variables libres réelles x et y :
— la proposition (∀x, ∃y, Q(x, y)) est vraie ;
— la proposition (∃y, ∀x, Q(x, y)) est fausse ;
Lorsque plusieurs quantificateurs sont utilisés, on prendra garde à l’ordre dans lequel
ils sont écrits. En résumé, si P (x, y) est un prédicat de variables libres x et y :
— la proposition (∀x, ∀y, P (x, y)) est vraie si P (x, y) est vraie pour tout couple
(x, y) de l’univers du discours ;
— la proposition (∀x, ∀y, P (x, y)) est fausse s’il existe au moins un couple (x, y) de
l’univers du discours tel que P (x, y) soit fausse ;
— la proposition (∀x, ∃y, P (x, y)) est vraie si pour tout x de l’univers du discours,
il existe au moins un y tel que P (x, y) soit vraie ;
— la proposition (∀x, ∃y, P (x, y)) est fausse s’il existe un x tel que pour tout y
de l’univers du discours P (x, y) est fausse ;
— la proposition (∃x, ∀y, P (x, y)) est vraie s’il existe un x tel que pour tout y
de l’univers du discours P (x, y) est vraie ;
— la proposition (∃x, ∀y, P (x, y)) est fausse si pour tout x de l’univers du discours,
il existe y tel que P (x, y) soit fausse ;
— la proposition (∃x, ∃y, P (x, y)) est vraie s’il existe un couple (x, y) tel que P (x, y)
soit vraie ;
— la proposition (∃x, ∃y, P (x, y)) est fausse si pour tout couple (x, y), P (x, y) est
fausse.

1.2 Ensembles
On étudie souvent des objets d’un type donné (vecteur, fonction dérivable, etc.).
Lorsque les objets étudiés partagent des propriétés communes, ceux–ci sont souvent
regroupés en collections, dites ensemble.

8
1.2. Ensembles

Définition 8. Un ensemble est une collection d’objets. Les membres d’un ensemble
sont aussi dits éléments de l’ensemble. Si a est un élément d’un ensemble A, on note
a ∈ A ou A ∋ a. L’ensemble vide, noté ∅ ou {}, ne contient aucun élément.

Exemple 9.
— L’ensemble des voyelles de l’alphabet français est {a, e, i, o, u, y} ;
— l’ensemble des entiers positifs inférieurs à 5 est {0, 1, 2, 3, 4, 5}.

Définition 9. Soient A et B deux ensembles.


— A est dit inclus dans B ou sous–ensemble de B si tout élément de A est aussi
élément de B i.e. ∀a ∈ A, a ∈ B ; on note A ⊂ B ou B ⊃ A. Si A n’est pas inclus
dans B, on note A 6⊂ B ou B 6⊃ A.
— Les ensembles A et B sont dits égaux si A ⊂ B et B ⊂ A ; on note A = B. Si A
et B ne sont pas égaux, on note A 6= B.
L’ensemble A est dit strictement inclus dans B si A ⊂ B et B 6⊂ A ; on note
A B ou B ! A.
— Si A contient un nombre n ∈ N d’éléments, A est dit fini et n est dit cardinal
de A ; non note Card(A) = n. Un ensemble qui n’est pas fini est dit infini.

Exemple 10.
— L’ensemble N des entiers naturels est infini.
— N ! J = {0, 1, 2, 3, 4, 5} ! ∅ ; le cardinal de J est Card(J) = 6.

Définition 10. Soit A un ensemble, l’ensemble des sous–ensembles de A est dit en-
semble des parties de A ; on note P(A).

Exemple 11.
— Si A = {a, b}, P(A) = {∅, {a}, {b}, {a, b}}.
— P(∅) = {∅}.
— P({∅}) = {∅, {∅}}.

Produit cartésien
Définition 11. Une suite ordonnée de p éléments (a1 , · · · , ap ) est dite p–uplet ; les ai
sont dits composantes du p–uplet. Les 2–uplets, 3–uplets, 4–uplets, 5–uplets sont dits
respectivement couples, triplets, quadruplets, et quintuplets.
Si A et B sont deux ensembles, le produit cartésien de A et B est

A × B = {(a, b), a ∈ A, b ∈ B}.

Exemple 12.
— {1, 2} × ∅ = ∅ ;
— ∅ × {1, 2} = ∅ ;
— {1, 2} × {a, b} = {(1, a), (1, b), (2, a), (2, b)} ;
— {a, b} × {1, 2} = {(a, 1), (a, 2), (b, 1), (b, 2)} ; ainsi, (a, 1) ∈ {a, b} × {1, 2} mais
(a, 1) 6∈ {1, 2} × {a, b}.

9
1.3. Applications

Définition 12. Le produit cartésien de n ensembles A1 , A2 , · · · , An noté A1 × A2 ×


· · · × An est l’ensemble des n–uplets (a1 , a2 , · · · , an ) tels que ai ∈ Ai , ∀i ∈ {1, · · · , n}.

Exercice 1.2. Soient A = {1, 5, 7}, B = {⊤, ⊥} et C = {x, y}.


— Quel est le produit cartésien de A et B, et de A, B et C ?
— Quel est le cardinal de A × B ;
— Quel est le cardinal de A × B × C ;

Opérations sur les ensembles


Définition 13. Soient A et B deux ensembles, l’union de A et B notée A ∪ B est

A ∪ B = {x|x ∈ A ou x ∈ B}.

L’intersection de A et B, notée A ∩ B, est

A ∩ B = {x|x ∈ A et x ∈ B}.

Exemple 13.
— Si A = {1, 2, 3} et B = {5, 1, 2}, alors A ∪ B = {1, 2, 3, 5} et A ∩ B = {1, 2}.
— Si A = ∅, pour tout ensemble B, A ∪ B = B et A ∩ B = ∅.

Définition 14. Soient A et B deux ensembles, la différence de A et B, noté A \ B est


A \ B = {x|x ∈ A et x ∈
/ B}.

Exemple 14.
— Soit A = {1, 2, 3} et B = {5, 1, 2}, alors A \ B = {3}.
— Pour tout ensemble A, A \ ∅ = A et ∅ \ A = ∅.

Définition 15. Soient E un ensemble et A un sous–ensemble de E, le complémentaire


de A dans E noté Ā est Ā = {x ∈ E|x 6∈ A}.

Exercice 1.3. Soient A et B deux ensembles, montrer les égalités suivantes :


— A ∪ A = A, A ∩ A = A ;
— A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) ;
— A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C) ;
— A ∪ B = Ā ∩ B̄, A ∩ B = Ā ∪ B̄.

1.3 Applications
Définition 16. Soit E et F deux ensembles. On appelle application de E dans F ,
toute correspondance f qui à tout x de A associe un et un seul élément y de B. On
note y = f (x) ; y est dit image de x, et x est pré–image ou antécédent de y. E et F
sont dits respectivement ensemble de départ et ensemble d’arrivée.

Exemple 15. La correspondance f : R −→ R qui à x associe x+1 est une application.

10
1.4. Méthodes de démonstration

Remarque 6. Une fonction de E vers F est une correspondance de E vers F qui à


tout élément de E associe au plus un élément de F . Toute application est donc une
fonction, mais une fonction n’est pas nécessairement une application.

Définition 17. Soient E et F deux ensembles et f une application de E vers F :


— pour toute partie S de E, l’image de S est f (S) = {f (s), s ∈ S} ;
— pour toute partie V de F , l’image réciproque de V est f −1 (V ) = {x ∈ E|f (x) ∈
V } ; on notera que cette dernière peut être vide.

Exemple 16. Soit f l’application de R vers R qui à x associe |x| :


— l’image de S = {−1, 1} est f (S) = {1} ;
— l’image réciproque de V = {0, −1} est f −1 (V ) = {0} ;
— l’image réciproque de V ′ = {−1, −7} est f −1 (V ′ ) = ∅.

Définition 18. Une application de E dans F est dite injective si pour tout a, b ∈ E,
f (a) = f (b) ⇒ a = b. Ou encore, pour tout a, b ∈ E, a 6= b ⇒ f (a) 6= (b).

Exemple 17.
— L’application de R vers R qui à x associe 2x + 7 est injective.
— L’application R vers R qui à x associe x2 + 7 n’est pas injective.

Définition 19. Une application f de E dans F est dite surjective si pour tout élément
y de F , il existe un élément x de E tel que f (x) = y.

Exemple 18.
— L’application de R vers [−1, 1] qui à x associe sin x est surjective.
— L’application de Z vers Z qui à x associe x + 7 est surjective.
— L’application de Z vers R qui à x associe x + 7 n’est pas surjective.

Définition 20. Une application de E dans F est dite bijective si elle est à la fois
injective et surjective.

Exemple 19.
— Pour tout a ∈ R, l’application de R dans R qui à x associe x + a est bijective ;
— Pour tout ensemble A, l’application IdA qui à A ∋ a associe a est bijective.

Remarque 7. Soit f une application bijective de E dans F . On considère la corres-


pondance qui à tout y de F associe l’unique x de E tel que f (x) = y. Elle est par
définition une application de F dans E, on l’appelle application réciproque ou inverse
de f ; elle est noée f −1 .

Définition 21. Soient A, B et C trois ensembles, f une application de B vers C et g


une application de A vers B, la composition de f et g, notée f ◦ g est l’application de
A vers C qui à x associe f (g(x)).

1.4 Méthodes de démonstration


Nous proposons dans cette section quelques rudiments pour la construction de
démonstration.

11
1.4. Méthodes de démonstration

Modus ponens ou règle de détachement. Étant données une implication p ⇒ q,


le modus ponens consiste à déduire le conséquent q lorsque l’antécédent p est vrai.
(p ∧ (p ⇒ q)) =⇒ q) est une tautologie.

Exemple 20. Soit l’implication ((3|n) ⇒ (9|n2 )) ; si n = 6, (3|n) est vraie, on peut
conclure (9|n2 ).

Modus tollens ou contraposition. Étant données une implication p ⇒ q, le mo-


dus tollens consiste à déduire la négation de p, ¬p, à partir de celle que q ; en effet
(p ⇒ q) ⇔ (¬q ⇒ ¬p) est une tautologie.

Exemple 21. Soit la proposition (∀x, y, z ∈ R, x 6= y ⇒ x + z 6= y + z). Pour justifier


cette proposition par le modus tollens, on peut montrer la proposition équivalente
ci–dessous dite contraposée : (∀x, y, z ∈ R, x + z = y + z ⇒ x = y).

Preuve par l’absurde. Pour montrer qu’une thèse p implique un conséquent q, on


suppose la thèse et la négation du conséquent, et on montre que cela conduit à une
contradiction avec des hypothèses déjà admises.
Comme pour la contraposition, la validité de cette technique de preuve tient au
fait que p ⇒ q est fausse uniquement si p est vraie et q fausse ; pour montrer que p ⇒ q
est vraie, il suffit donc de monter que p est vraie et q fausse est absurde.

Exemple 22. Montrons par l’absurde que (∀p ∈ Z, (2|p2 ) ⇒ (2|p)).


Soit p ∈ Z, supposons (2|p2 ) ∧ (2 ∤ p).

(2 ∤ p) ⇒ ∃n ∈ Z tel que p = 2n + 1
⇒ p2 = 2(2n2 + 2n) + 1
⇒ 2 ∤ p2 .

Ce qui est en contradiction avec 2 | p2 . On ne peut donc avoir (2 ∤ p), si (2 | p).

Preuve par récurrence. La preuve par récurrence est souvent utilisée pour montrer
qu’une proposition P (n) de variable libre n ∈ N est vraie. Pour cela, on montre que :
— P (n0 ) est vraie, pour un certain n0 ∈ N ;
— Pour tout n > n0 , P (n) ⇒ P (n + 1) est vraie.
On peut alors conclure ∀n > n0 , P (n) est vraie.
La validité de la conclusion tient au fait que s’il existait des entiers n > n0 pour
lesquels P (n) est fausse, en considérant le plus petit de ces entiers, on aboutirait à une
contradiction. En effet, supposons nf = min{n|n > n0 ∧ ¬P (n)} défini. Si nf = n0 ,
alors on obtient P (n0 ) ∧ ¬P (n0 ) , ce qui est impossible ; on a donc forcément nf > n0 .
Mais alors nf −1 > n0 et P (nf −1) est vraie. Mais, si P (nf −1) est vraie, cela implique
que P (nf ) est vraie, ce qui est en contradiction avec la définition de nf .

Exercice 1.4. Montrer par récurrence que pour tout n > 1,


n
n(n + 1)(2n + 1)
i2 =
X
Sn = .
i=1
6

12
1.5. Partitions

Preuve par analyse–synthèse Ce type de raisonnement est généralement utilisé


pour montrer l’existence et l’unicité d’une solution. Il s’articule comme suit :
phase d’analyse : on suppose l’existence d’une solution, et on essaye d’en tirer le
plus d’information possible ;
phase de synthèse : on reporte dans le problème à traiter les solutions éventuelles
caractérisées, ce qui permet de déterminer éventuellement leur existence et leur
unicité.

Exemple 23. Montrons que toute application f : R −→ R s’écrit de façon unique


comme somme d’une application paire et d’une application impaire.
Phase d’analyse. Soit f : R −→ R une application. Supposons qu’il existe une
application paire fp et une application impaire fi telles que f = fp +fi . On a alors
pour tout x ∈ R, f (x) = fp (x)+fi (x) et f (−x) = fp (−x)+fi (−x) = fp (x)−fi (x).
Ainsi,
f (x) + f (−x)
fp (x) =
2
et
f (x) − f (−x)
fi (x) = .
2
Note : à ce stade, nous avons juste montré que si fp et fi existent, alors elle
s’écrivent comme ci–dessus.
f (x) + f (−x)
Phase de synthèse. Pour toute application f : R −→ R, définissons fp (x) =
2
f (x) − f (−x)
et fi (x) = Les application fp et fi sont bien définies ; de plus pour
2
tout x ∈ R,
• f (x) = fp (x) + fi (x) ;
• fp (x) = fp (−x) ;
• fi (x) = −fi (−x) ;
On peut conclure que pour tout application f : R −→ R, s’écrit de façon unique
comme somme d’une application paire et d’une application impaire.

1.5 Partitions
Définition 22. Soit E et I deux ensembles. On appelle famille d’éléments de E
indexée par I, toute application x de I dans E.

— L’image d’un élément i de I se note xi et se lit « x indice i ». La famille elle-même


est notée (xi )i∈I
— Une famille indexée par une partie de N est dite suite.

Définition 23. Soit E un ensemble et soit (Ai )i∈I une famille de parties de E. Si
la réunion de toutes les parties Ai est égale à E, on dit que la famille A est un
recouvrement de E. Si de plus aucune des parties Ai n’est vide et si elles sont deux à
deux disjointes, on dit que la famille A est une partition de E.

L’image A(I) de I par la partition A s’appelle ensemble quotient associé à la


partition A. Il s’agit de l’enesemble {Ai : i ∈ I}

13
1.6. Relations d’équivalence

Définition 24. Soit E un ensemble et soit (Ai )i∈I une partition de E. La surjection s
qui, à tout x de E, fait correspondre l’unique Ai qui contient x s’appelle surjection
canonique associée à la partition A.
Exemple 24. Soit E l’ensemble des étudiants de la filière MAI et f l’application de
E dans N qui, à un étudiant x associe son année de naissance. Ainsi, si Gnilane KA,
étudiante de la filière MAI, est né en 1995, alors f (Gnilane KA) = 1995. Pour tout y
de N, on pose Ay = {x ∈ E : f (x) = y} ; on ainsi Gnilane KA ∈ A1995 et A1800 = ∅.
En fait Ay n’est rien d’autre que l’image réciproque du singleton {y} (l’ensemble des
étudiants dont l’année de naissance est y).
La famille (Ay )y∈f (E) constitue une partition de E. En effet, soit x un étudiant
et y = f (x) son année de naissance. De la définition de Ay , on a x ∈ Ay . Puisque
x est quelconque dans E, la famille (Ay )y∈f (E) constitue un recouvrement de E. Par
ailleurs, si y ∈ f (E), alors Ay 6= ∅ ; et si y 6= y ′ alors Ay ∩ Ay′ = ∅.
Une telle partition est dite partition de E associée à f .

1.6 Relations d’équivalence


L’assimilation de cette partie est indispensable pour comprendre les structures de
base telles que les groupes dont la maîtrise, nous ne le répéterons jamais assez, constitue
le principal objectif de ce cours d’algèbre fondamental. C’est pour cette raison, nous
l’entamons avec trois exemples issus de notions que vous connaissez bien. Ainsi, vous
verrez que malgré le rôle central que cette partie représente, elle est à votre portée.

1.6.1 Filières de l’UVS


Nous vous demandons d’oublier, dans cette partie, que nous sommes en cours de
mathématiques. En effet, ici, nous ne faisons appel qu’à votre bon sens. Considérons
l’ensemble des étudiants de l’UVS regroupons les selon l’appartenance à une même
filière. C’est à dire, on définit, dans cet ensemble, la relation « deux étudiants x et
y sont en relation si et seulement si ils sont dans la même filière ». On répartit ainsi
l’ensemble des étudiants de l’UVS suivant cinq classes (groupes) : les étudiants de la
filière ANG, les étudiants de la filière MAI, les étudiants de la filière SCO, les étudiants
de la filière SEG, les étudiants de la filière SJP. Si les étudiants représentant de ces
filières (les délégués de classe) sont respectivement : Oumar Diagne, Oumou Sow,
Ali Bodian, Fatou Sy et Samba Diop, on peut alors désigner, par exemple, la classe
des étudiants de la filière SEG par Ali Bodian. On lira classe de Ali Bodian. Ce n’est
qu’une notation, on aurait pu la noter par classe(Ali Bodian), cela n’y changerait rien.
Toutefois, pour ce qui est des notations, en dépit de la liberté de définir ses propres
notations, il vaut toujours mieux respecter les notations standardisées et chercher à
être simple et cohérent.
Remarque 8.
(a) Si deux étudiants x et y sont de la même classe (même filière), la classe x̄ et la
classe ȳ désignent la même chose. Bien entendu, il sera très utile de s’accorder sur
l’élément de la classe à choisir comme représentant.

14
1.6. Relations d’équivalence

(b) Chaque étudiant est dans une et une seule classe (filière). L’ensemble des classes
(filières) constituent une partition de l’UVS.
(c) La correspondance ci–dessous qui, à chaque étudiant associe sa classe (filière) est
une surjection. On l’appelle surjection canonique et on la note s.
(d) L’ensemble des classes UVS est dit ensemble quotient ; cette notion sera précisée
un peu plus loin.

UVS

Irène Gaye UVS

Ali Bodian
Angl
Awa Kâ
Mai
Ali Sow
Seg
Mama Dieng
Sjp
Sanou Faye
Socio
Dame Ly

Fama Diouf

..
.

Figure 1.1 – surjection naturelle

1.6.2 Congruence dans Z


Vers 300 ans avant notre ère, le mathématicien Euclide
montre dans son livre intitulé Éléments mathématiques
qu’étant donné un nombre naturel non nul n fixé, pour
tout entier relatif x, il existe un couple unique (q, r) de
nombres relatifs tels que x = qn + r avec 0 6 r < n. Ce
résultat, a été défini par Euclide pour les entiers na-
turels et généralisé par la suite aux entiers relatifs. La
preuve de ce résultat dit division euclidienne, sera abor-
dée en TD. Portrait d’Euclide,
source culturemath.ens.fr

En dépit de sa simplicité, la division euclidienne est très importante ; en effet, elle


fonde par exemple un des système de cryptographie asymétrique le plus utilisé
pour sécuriser des données sensibles ou secrètes.

15
1.6. Relations d’équivalence

Remarque 9. Cette opération est en fait la division naturelle, où il est banni d’utiliser
les décimaux quitte à avoir un reste non nul, que vous connaissez bien. Nous vous
présentons ci–dessous quelques exemples simples en guise de rappel.
— 11 oies partagées entre 4 fermiers, donne 2 oies par fermier et il reste 3 oies ;
— 17 stylos partagés entre 5 élèves, donne 3 stylos par élève et il reste 2 stylos ;
— 2 500 F partagés entre 10 personnes, donne 250 F par personne et il reste 0 F.

Dans le cas où le reste de la division euclidienne de x par n est égale à 0 comme dans
le dernier exemple ci–dessus, on dit que x est divisible par n. On note cela par n | x
et on lit n divise x.
Supposons maintenant que l’on fixe un nombre naturel non nul n et que l’on classe les
éléments de Z suivant la relation suivante, dite congruence dans Z :

Deux entiers relatifs x et y sont en relation si et seulement si n divise x − y.


Cela revient à affirmer que le reste de la division euclidienne de x par n et celui de y par
n sont égaux. Nous savons d’après ce qui précède que ce reste r satisfait 0 6 r < n, ce
équivaut à r ∈ {0, 1, . . . , n − 1}. De cette relation, on obtient la répartition suivante,
en sous–ensembles de Z :
— le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste par la division par n est 0 ;
— le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste par la division par n est 1 ;
— le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste par la division par n est 2 ;
..
.
— le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste par la division par n est n − 1.
En exemple, pour n = 3, nous avons trois sous–ensembles :
(a) le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste par la division par 3 est 0, i.e.
{· · · , −9, −6, −3, 0, 3, 6, 9, · · · } ;
(b) le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste de la division euclidienne par 3
est 1, i.e. {· · · , −8, −5, −2, 1, 4, 7, 10, · · · } ;
(c) le sous–ensemble des éléments de Z dont le reste de la division euclidienne par 3
est 2, i.e. {· · · , −10, −7, −4, −1, 2, 5, 8, 11, · · · }.
Il est important de donner un nom à chacun de nos sous–ensembles pour l’identifier.
Pour faire simple, on les désigne par r̄ où r est le reste de la division euclidienne de
n’importe lequel des éléments du sous-ensemble considéré, par n. Ainsi, si n = 3 alors
les sous–ensembles sont désignés respectivement par 0̄, 1̄, 2̄. En fait, en y regardant
de près, on remarque que r̄ est l’ensemble des éléments de Z en relation avec r. C’est
pour cette raison, le sous–ensemble r̄ s’appelle classe de r modulo n.

1.6.3 Relation associée à une application


Soient l’ensemble des nombres naturels N et l’ensemble des caractères alphanumé-
riques C = {a, b, c, . . . , 0, 1, 2, . . . , 9}. On considère l’application f de N dans C
qui à tout nombre naturel x associe le premier chiffre de sa représentation en base
décimale. On suppose que les nombres sont représentés sans zéros superflus à gauche,
c’est–à–dire, qu’on écrit 25 et non 025 par exemple. Ainsi, en exemple, on a f (25) = 2,
f (789) = 7, f (0) = 0, f (11) = 1.

16
1.6. Relations d’équivalence

On continue dans le même esprit de classification comme dans les exemples pré-
cédents. Ici, nous regroupons les éléments de N ayant la même image par f dans le
même sous-ensemble. On définit ainsi une relation entre les éléments de N par :
x et y sont relation si et seulement si f (x) = f (y).
Comme précédemment, pour tout a ∈ N, on appelle classe de a, le sous–ensemble
des éléments de N en relation avec a. Autrement dit, la classe de a est égale au sous–
ensemble des éléments x de N tels que f (x) = f (a) c’est–à–dire {x ∈ N : f (x) = f (a)}.
Nous savons bien que ce sous–ensemble est l’image réciproque de f (a) par f et se note
f −1 {f (a)} . On le note aussi, comme dans l’exemple précédent, ā. Ce type de relation


s’appelle relation associée à f .


On voit simplement que les différentes classes sont :
— le sous–ensemble des nombres naturels dont le premier chiffre est égal à 0, qui
est réduit au singleton {0} ;
— le sous–ensemble des nombres naturels dont le premier chiffre est égal à 1, dans
cette classe, on retrouve p. ex. les entiers 1, 10, 19902 et 129875 ;
— le sous–ensemble des nombres naturels dont le premier chiffre est égal à 2 ;
..
.
— le sous-ensemble des nombres naturels dont le premier chiffre est égal à 9.
Dans la suite de cet exemple, ces classes sont naturellement notées 0̄, 1̄, 2̄, . . ., 9̄.

Remarque 10.
(a) Chaque élément de N est dans une et une seule classe. Aucune classe n’est donc
vide et elles sont deux à deux disjointes. L’ensemble des classes constituent donc
une partition de N. Notons le, pour l’instant, N ;
(b) La correspondance ci–dessous qui à tout nombre naturel associe sa classe est clai-
rement une application surjective, on l’appelle surjection canonique ou surjection
naturelle et on la note s.
N

1

2

3

4

..
.

9
..
.
10
.. 9̄
.

27

Figure 1.2 – surjection naturelle

17
1.6. Relations d’équivalence

(c) La correspondance, notée g, de N dans C qui à tout x̄ associe f (x) définit une
injection. En effet, si x̄ et ȳ sont deux éléments distincts (x̄ 6= ȳ), ils ne sont donc
pas en relation c’est à dire f (x) 6= f (y). D’où g(x̄) 6= g(ȳ).
C

..
0̄ .

1̄ z

2̄ 0

1

2

3
..
.
4

..
.

Figure 1.3 – injection canonique

Nous allons construire à partir de cette injection g : N −→ C une application bijective,


notée f¯, ayant presque les mêmes caractéristiques :
(i) f¯ et g ont même ensemble de départ : N ;
(ii) f¯ et g ont même définition, c’est à dire pour tout x̄ appartenant à N, nous avons
g(x̄) = f¯(x̄). N’oublions pas que c’est aussi égale à f (x) ;
(iii) Mais, comme nous voulons que f¯ soit bijective, son ensemble d’arrivée doit être
égal à g(N), c’est à dire le sous-ensemble de C constitué uniquement d’éléments
ayant un antécédent par l’application g. Autrement dit, on se débarrasse de
tous les éléments de C qui empêchent g d’être surjective. Ainsi, l’application
f¯ : N −→ g(N) est bien bijective.

1.6.4 Relation d’équivalence


Il est maintenant temps de vous présenter la principale notion de cette partie qu’est
la relation d’équivalence. Il n’y a aucun soucis à se faire puisque l’essentiel du travail
est déjà fait dans les exemples précédents. Il ne nous reste qu’à donner les concepts et
définitions qui fondent cette notion.
Soit E un ensemble quelconque. Une relation binaire définie dans E est un sous-
ensemble R du produit cartésien E × E. Pour signifier que (a, b) est un élément de
R, on écrit aRb et on dira que a et b sont en relation. Par exemple, la relation « être
dans la même filière » est une relation binaire définie dans l’ensemble UVS. Si on la

18
1.6. Relations d’équivalence

note R, lorsque que l’étudiant x est en relation avec l’étudiant y, on note xRy.
On dira que la relation binaire R est réflexive si tout x de E est en relation avec
lui–même. On dira que R est symétrique si pour tous x et y de E tels que xRy, on a
aussi yRx. Et, on dira que R est transitive si pour tous x, y et z de E tels que xRy
et yRz, on a aussi xRz.
Définition 25. Une relation binaire R définie dans un ensemble E, qui est à la
fois réflexive, symétrique et transitive est dite relation d’équivalence ou congruence
modulo R.
Remarque 11. Soit R une relation d’équivalence définie dans E. Si x est en rela-
tion avec y, on écrit x ≡ y (mod R) ou x ≡ y mod R et on lit x congru à y modulo R.

Définition 26. Soit R une relation d’équivalence définie dans E et soit a un élément
fixé de E. Le sous–ensemble des éléments x de E qui sont en relation avec a s’appelle
classe de a modulo R, et se note ā. Autrement dit ā = {x ∈ E : xRa}.
Exercice 1.5. Montrer que deux classes d’équivalence sont égales ou disjointes. On
partira de deux classes distinctes et on montrera qu’elles sont obligatoirement disjointes
Proposition 1. Soit E un ensemble. Alors à toute relation d’équivalence R on peut
associer une partition A = (Ai )i∈I dont les éléments (la parties constituant cette
partition) sont les différentes classes d’équivalence suivant R. Et, réciproquement,
à toute partition A on peut associer une relation d’équivalence R dont les classes
coïncident avec les éléments de la partition.
Preuve. L’exercice ci–dessus précise que les différentes classes sont deux à deux dis-
jointes. Aussi, nous savons que tout élément a de E appartient à la classe ā. Par suite,
l’ensemble des classes est une partition de E.
L’apprenant est invité à vérifier en exercice que la relation R définie dans E par :

xRy ⇐⇒ ∃i ∈ I tel que x, y ∈ Ai

est une relation d’équivalence.

Cette proposition montre que d’une partition on peut déduire une relation d’équi-
valence et vice versa. Nous pouvons donc définir pour les partitions tous les objets que
nous avons définis pour les relations d’équivalence. Il s’agit notamment d’ensemble
quotient, de surjection canonique et relation d’équivalence associée à une application
donnée.
Définition 27. Soit E un ensemble et R une relation d’équivalence définie dans E.
L’ensemble des classes d’équivalence suivant R s’appelle ensemble quotient et se note
E/R et la surjection s, qui à tout x de E associe sa classe x̄ dans E/R, s’appelle
surjection canonique.
Exercice 1.6. Vérifier que les exemples en début de la présente section sont des re-
lations d’équivalence. Pour chacune d’elles, déterminer les classes d’équivalence, l’en-
semble quotient et la surjection canonique.

19
1.6. Relations d’équivalence

Proposition 2. Soit f une application d’un ensemble E dans un ensemble F . Soit A


la partition associée à f . La relation d’équivalence associée à A est aussi dite associée
à f . Elle est définie par :
x R y ⇐⇒ f (x) = f (y).

Cette relation d’équivalence est fondamentale pour la suite, surtout au chapitre sur les
groupes. Il est indispensable de s’y attarder pour bien l’assimiler. Sa preuve doit être
discutée en TD et vous êtes invité à déterminer ses différentes classes d’équivalence,
son ensemble quotient et la surjection canonique associée. Nous avons déjà abordé un
exemple de ce type de relation au début de la présente section.

Exercice 1.7. Donnez trois exemples d’applications et déterminez pour chacune


d’elles les différentes classes d’équivalence, l’ensemble quotient et la surjection ca-
nonique de la relation d’équivalence qui lui est associée.

1.6.5 Décomposition canonique


On considère une application f d’un ensemble E dans un ensemble F et R la relation
d’équivalence associée à f . Nous savons que pour toute classe ā ∈ E/R fixée, pour tout
x ∈ ā, f (x) = f (a). Par suite, la correspondance g de E/R dans F qui’ à tout x̄ associe
f (x) est une application, elle est même injective. En effet, soit X et Y deux classes
d’équivalence telles que g(X) = g(Y ). Soit a et b deux éléments de E appartenant
respectivement à X et Y . On a ā = X et b̄ = Y et donc g(X) = g(ā) et g(Y ) = g(b̄).
Et puisque g(X) = g(Y ), on a aussi g(ā) = g(b̄). D’où f (a) = f (b). Par suite a R b,
c’est–à–dire X = Y .

Exercice 1.8. Vérifier que les applications f et g ◦ s sont égales. Cela revient sim-
plement à vérifier qu’elles ont les mêmes ensembles de départ et d’arrivée et la même
définition.

Soit f¯ la bijection de E/R dans f (E) = g(s(E)) qui coïncide avec g dans E/R et soit
j l’injection canonique de f (E) dans F . Nous avons g = j ◦ f¯ et donc f = j ◦ f¯◦ s. Ceci
est dit décomposition canonique de f ; elle est résumée dans le diagramme commutatif
suivant :
f
E F

s j

E/R f (E)

Exemple 25. Considérons l’ensemble des étudiants de l’UVS, que nous notons E.
Supposons que les différentes filières, ouvertes et non–encore ouvertes, de l’UVS soient
ANG, MAI, SCO, SEG, SJP, BIO et ESP ; les filières BIOlogie et ESPagnol ne sont pas
encore ouvertes. Soit F l’ensemble {ANG, MAI, SCO, SEG, SJP, BIO, ESP}. Consi-
dérons l’application f de E dans F , qui à x ∈ E (un étudiant) associe sa filière y ∈ F .
Ainsi, l’image par f de Awa Kâ est Mai, i.e. Awa Kâ est inscrite dans le filière Mai

20
1.6. Relations d’équivalence

(cf. sous–section 1.6.1 sur les filières de l’UVS). Considérons à présent la relation R
associée à f . Autrement dit, R est définie sur E par

xRy ⇐⇒ f (x) = f (y);

ce qui signifie que x est en relation avec y si et seulement si x et y sont dans la même
filière. La décomposition canonique de f s’effectue alors de la manière suivante.
1) L’ensemble quotient associé à R qui est

E/R = {Irène Gaye, Awa Kâ, Ali Bodian, Mama Dieng, Ali Sow}.

En effet, les étudiants Irène Gaye, Awa Kâ, Ali Bodian, Mama Dieng et Ali
Sow sont inscrits dans des filières deux–à–deux distinctes, et chaque filière ouverte
accueille un de ces étudiants. Ils sont donc dans des classes d’équivalence deux–à–
deux distinctes et toute classe d’équivalence correspond à la classe de l’un d’entre
eux.
2) L’image de f est
Imf = {ANG, MAI, SCO, SEG, SJP};

en effet, ces filières sont les seules qui admettent un étudiant (un antécédent par f ),
on se « débarrasse » de BIO et ESP qui n’ont pas d’étudiants. La bijection f¯ est
donnée par le diagramme ci–dessous.

E/R

f (E) = Imf

Irène Gaye
Angl

Ali Bodian
Mai

Awa Kâ
Seg

Ali Sow Sjp

Mama Dieng Socio

3) Enfin, le diagramme commutatif de la décomposition canonique de f est


f
E F

s j

E/Rf (E)

où f (E) = {AN G, M AI, SCO, SEG, SJP }
E/R = {Irène Gaye, Awa Kâ, Ali Bodian, Mama Dieng, Ali Sow}, s et j sont

21
1.6. Relations d’équivalence

respectivement la surjection et l’injection canoniques.

Exercice 1.9. En s’inspirant de l’exemple précédent, faire une étude analogue pour
la relation de congruence modulo n ∈ N∗ dans Z. On considérera l’application f de
E = Z dans F = Nn = {0, 1, 2, · · · , n − 1} qui, à tout x ∈ Z associe f (x) = r, le reste
de la division euclidienne de x par n.

22
Tests de connaissances

Questions Réponses
1. Une proposition est une assertion qui ❒ vraie et fausse
peut, sans ambiguïté, être ❒ ou vraie, ou fausse
❒ fausse
❒ ni vraie, ni fausse
2. Une tautologie est une proposition qui est ❒ une contradiction
❒ toujours vraie
❒ vraie
❒ toujours fausse
❒ la négation d’une contradiction
3. Soient P et Q deux propositions. La ❒ Q⇒P
proposition P ⇒ Q équivaut à ❒ ¬Q ⇒ P
❒ ¬P ⇒ ¬Q
❒ ¬Q ⇒ ¬P
❒ P ⇐⇒ Q
4. La proposition ❒ vraie
∀x ∈ N, ∀y ∈ N, ∃z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
5. La proposition ❒ vraie
∀x ∈ N, ∃y ∈ N, ∃z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
6. La proposition ❒ vraie
∀x ∈ N, ∃y ∈ N, ∀z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
7. La proposition ❒ vraie
∃x ∈ N, ∃y ∈ N, ∀z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
8. La négation de la proposition ❒ ∀x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x 6= exp(y)
∀x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x = exp(y) est ❒ ∃x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x = exp(y)
❒ ∃x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x 6= exp(y)
❒ ∃x ∈ R+ , ∀y ∈ R : x 6= exp(y)
❒ ∃x ∈ R+ , ∀y ∈ R : x = exp(y)
9. Soient P et Q deux propositions. ¬(P ∧ Q) ❒ ¬P ∧ ¬Q
équivaut à ❒ ¬P ∧ Q
❒ ¬P ∨ ¬Q
❒ P ∧ ¬Q
10. Soient P et Q deux propositions. ❒ ¬P ∧ ¬Q
¬(P ∨ Q) équivaut à ❒ ¬P ∧ Q
❒ ¬P ∨ ¬Q
❒ P ∧ ¬Q
suite sur la page suivante. . .

23
Questions Réponses
11. Soient A et B deux parties d’un ❒ de A qui sont dans B
ensemble E. La différence symétrique entre A ❒ de B qui ne sont pas dans A
et B contient les éléments
❒ de A qui ne sont pas dans B
❒ de E qui ne sont pas dans B
❒ de A qui sont dans E \ B
12. Pour tous ensembles A, B et C ❒ (A ∪ B) ∩ C = (A ∩ C) ∪ (C ∩ B)
❒ (A ∪ B) ∪ C 6= C ∪ (A ∪ B)
❒ A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ C
❒ (A ∪ B) ∪ C = (A ∩ B) ∪ C
13. Pour toutes parties A et B d’un ❒ ∀x ∈ E, x ∈ B ⇒ x ∈ A
ensemble E, A ⊂ B équivaut à ❒ ∀x ∈ E, x ∈ E \ B ⇒ x 6∈ A
❒ B ⊂E\A
❒ ∀x ∈ E, x 6∈ B ⇒ x ∈ E \ A
14. Toute fonction est une application ❒ vrai
❒ faux
15. Toute application est une fonction ❒ vrai
❒ faux
16. L’application f : [0, 1] ←→ [0, 1], qui à x ❒ injective
associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
17. L’application f : [0, 1] ←→ [−1, 1], qui à ❒ injective
x associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
18. L’application f : [−1, 1] ←→ [−1, 1], qui ❒ injective
à x associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
❒ ni injective, ni bijective, ni surjective
19. L’application f : [−1, 1] ←→ [0, 1], qui à ❒ injective
x associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
20. Si f : E −→ F est une application ❒ x peut avoir deux images
surjective, x, x′ ∈ E et y, y ′ ∈ F avec x 6= x′ ❒ y peut avoir deux antécédents
et y 6= y ′ , alors ❒ y et y ′ peuvent avoir un même
antécédent
❒ y a au moins un antécédent
❒ x et x′ peuvent avoir une même image
21. Si f : E −→ F est une application ❒ x peut avoir deux images
injective, x, x′ ∈ E et y, y ′ ∈ F avec x 6= x′ et ❒ y et y ′ peuvent avoir un même
y 6= y ′ , alors antécédent
suite sur la page suivante. . .

24
Questions Réponses
❒ y a au moins un antécédent
❒ x et x′ ne peuvent pas avoir une même

image
❒ y a nécessairement un antécédents

25
Correction des tests de connaissances

Questions Réponses
1. Une proposition est une assertion qui ❒ vraie et fausse
peut, sans ambiguïté, être  ou vraie, ou fausse
 fausse
❒ ni vraie, ni fausse
2. Une tautologie est une proposition qui est ❒ une contradiction
 toujours vraie
 vraie
❒ toujours fausse
 la négation d’une contradiction
3. Soient P et Q deux propositions. La ❒ Q⇒P
proposition P ⇒ Q équivaut à ❒ ¬Q ⇒ P
❒ ¬P ⇒ ¬Q
 ¬Q ⇒ ¬P
❒ P ⇐⇒ Q
4. La proposition  vraie
∀x ∈ N, ∀y ∈ N, ∃z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
5. La proposition  vraie
∀x ∈ N, ∃y ∈ N, ∃z ∈ Z : x = y + z est ❒ fausse
6. La proposition ❒ vraie
∀x ∈ N, ∃y ∈ N, ∀z ∈ Z : x = y + z est  fausse
7. La proposition ❒ vraie
∃x ∈ N, ∃y ∈ N, ∀z ∈ Z : x = y + z est  fausse
8. La négation de la proposition ❒ ∀x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x 6= exp(y)
∀x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x = exp(y) est ❒ ∃x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x = exp(y)
❒ ∃x ∈ R+ , ∃y ∈ R : x 6= exp(y)
 ∃x ∈ R+ , ∀y ∈ R : x 6= exp(y)
❒ ∃x ∈ R+ , ∀y ∈ R : x = exp(y)
9. Soient P et Q deux propositions. ¬(P ∧ Q) ❒ ¬P ∧ ¬Q
équivaut à ❒ ¬P ∧ Q
 ¬P ∨ ¬Q
❒ P ∧ ¬Q
10. Soient P et Q deux propositions.  ¬P ∧ ¬Q
¬(P ∨ Q) équivaut à ❒ ¬P ∧ Q
❒ ¬P ∨ ¬Q
❒ P ∧ ¬Q
suite sur la page suivante. . .

26
Questions Réponses
11. Soient A et B deux parties d’un ❒ de A qui sont dans B
ensemble E. La différence symétrique entre A  de B qui ne sont pas dans A
et B contient les éléments
 de A qui ne sont pas dans B
❒ de E qui ne sont pas dans B
 de A qui sont dans E \ B
12. Pour tous ensembles A, B et C  (A ∪ B) ∩ C = (A ∩ C) ∪ (C ∩ B)
❒ (A ∪ B) ∪ C 6= C ∪ (A ∪ B)
❒ A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ C
❒ (A ∪ B) ∪ C = (A ∩ B) ∪ C
13. Pour toutes parties A et B d’un ❒ ∀x ∈ E, x ∈ B ⇒ x ∈ A
ensemble E, A ⊂ B équivaut à  ∀x ∈ E, x ∈ E \ B ⇒ x 6∈ A
❒ B ⊂E\A
 ∀x ∈ E, x 6∈ B ⇒ x ∈ E \ A
14. Toute fonction est une application ❒ vrai
 faux
15. Toute application est une fonction  vrai
❒ faux
16. L’application f : [0, 1] ←→ [0, 1], qui à x  injective
associe x2 est  surjective
 bijective
17. L’application f : [0, 1] ←→ [−1, 1], qui à  injective
x associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
18. L’application f : [−1, 1] ←→ [−1, 1], qui ❒ injective
à x associe x2 est ❒ surjective
❒ bijective
 ni injective, ni bijective, ni surjective
19. L’application f : [−1, 1] ←→ [0, 1], qui à ❒ injective
x associe x2 est  surjective
❒ bijective
20. Si f : E −→ F est une application ❒ x peut avoir deux images
surjective, x, x′ ∈ E et y, y ′ ∈ F avec x 6= x′  y peut avoir deux antécédents
et y 6= y ′ , alors ❒ y et y ′ peuvent avoir un même
antécédent
 y a au moins un antécédent
 x et x′ peuvent avoir une même image
21. Si f : E −→ F est une application ❒ x peut avoir deux images
injective, x, x′ ∈ E et y, y ′ ∈ F avec x 6= x′ et ❒ y et y ′ peuvent avoir un même
y 6= y ′ , alors antécédent
suite sur la page suivante. . .

27
Questions Réponses
❒ y a au moins un antécédent
 x et x′ ne peuvent pas avoir une même

image
❒ y a nécessairement au deux antécé-
dents

28
Exercices
Exercice 1.10. Déterminer si les implications ci–dessous sont vraies ou fausses :
— (1 + 1 = 2) ⇒ (2 + 2 = 5) ;
— (1 + 1 = 3) ⇒ (2 + 2 = 3) ;
— (1 + 1 = 3) ⇒ (2 + 2 = 6).

Exercice 1.11.
1) Construire les tables de vérité des propositions ci–dessous :
— p ⇒ ¬q ;
— (p ⇒ ¬q) ∨ (¬p ⇒ q) ;
— (p ⇔ ¬q) ∨ (¬p ⇔ q) ;
2) Montrer que ¬(p ∨ (¬p ∧ q)) ⇔ ¬p ∧ ¬q.

Exercice 1.12. Soit Q(x, y) le prédicat (x + y = x − y) le prédicat de variables libres


réelles x et y. Quelles sont les valeurs de vérité des propositions
1) Q(1, 1) ;
2) ∀y, Q(1, y) ;
3) ∃x, ∃y, Q(x, y) ;
4) ∀x, ∀y, Q(x, y) ;
5) ∀x, ∃y, Q(x, y) ;
6) ∃x, Q(x, 2).

Exercice 1.13. Soient P (x, y) et Q(x, y) deux prédicats de variables libres x et y.


Déterminer les négations des propositions suivantes :
1) ∃x, ∃y, P (x, y) ;
2) ∃x, ∃y, P (x, y) ∧ Q(x, y) ;
3) ∀x, ∃y, P (x, y) ;
4) ∃x, ∀y, P (x, y) ∨ Q(x, y) ;
5) ∀x, ∀y, P (x, y).

Exercice 1.14. Déterminer les valeurs de vérité des propositions suivantes :


1) x ∈ {x} ;
2) {x} ∈ {x} ;
3) ∅ ∈ {x} ;
4) ∅ ⊂ {x} ;

Exercice 1.15.
1) Trouvez deux ensembles A et B tels que A ∈ B et A ⊂ B.
2) Quel est le cardinal de l’ensemble {∅, {∅}, {∅, {∅}}}.

Exercice 1.16. Écrire un algorithme qui liste tous les sous ensembles d’un ensemble
fini A = {a1 , · · · , an }.

Exercice 1.17. Soient A, B et C des ensembles. Montrer que :


1) (A \ B) \ C = (A \ C) \ (B \ C) ;
2) (A \ C) ∩ (C \ B) = ∅ ;

29
3) (B \ A) ∪ (C \ A) = (B ∪ C) \ A.

Exercice 1.18. Soient A et B deux sous–ensembles d’un ensemble E.


1) Donner le résultat des opérations suivantes :
a) A ∪ A ∪ ∅ ;
b) A ∩ A ∩ ∅ ;
c) A ∩ E ;
d) A ∪ E ;
e) A ∪ (E \ A) ;
f) A ∩ (E \ A) ;
2) Montrer que A ⊂ B ⇔ B̄ ⊂ Ā.
3) Montrer que les relations ci–dessous sont équivalentes.
a ) A ∩ B = ∅;
b ) A ⊂ B̄ ;
c ) B ⊂ Ā.

Exercice 1.19. Soit E un ensemble et A et B deux sous–ensembles de E. Montrer


que :
1) E \ (E \ A) = A ;
2) A∆B = (A ∪ B) \ (A ∩ B) ;
3) A∆B = (A \ (A ∩ B)) ∪ (B \ (A ∩ B)) ;
4) (A∆B) ∩ A = A \ (A ∩ B) ;

Exercice 1.20. Soit f : X −→ Y une application, A ⊂ X et B ⊂ Y . Montrer que :

A ⊂ f −1 (f (A)) et que f (f −1 (B)) ⊂ B.

Exercice 1.21.
1) Définir ce qu’est : une application, une bijection.
1
2) La correspondance de R vers R, qui à x associe est–elle une application ?
x+2
Justifiez.
3) Soient f et g deux applications telles que g ◦ f soit définie. Montrer que :
a) g ◦ f surjective ⇒ g surjective ;
b) g ◦ f injective ⇒ f injective.

Exercice 1.22. Soit f : E −→ F une application. Montrer que ∀ A, B ∈ P(E),


1) f (A ∪ B) = f (A) ∪ f (B).
2) f (A ∩ B) ⊂ f (A) ∩ f (B).
Montrer si f est injective, ∀ A, B ∈ P(E), f (A ∩ B) = f (A) ∩ f (B).

Exercice 1.23. Soit f : E −→ F une application. Montrer que ∀ A, B ∈ P(F ),


1) A ⊂ B =⇒ f −1 (A) ⊂ f −1 (B) ;
2) f −1 (A ∩ B) = f −1 (A) ∩ f −1 (B) ;
3) f −1 (A ∪ B) = f −1 (A) ∪ f −1 (B) ;
4) f −1 (A \ B) = f −1 (A) \ f −1 (B).

30
Exercice 1.24. Soit f : X −→ Y une application surjective. Montrer qu’il existe
g : Y −→ X telle que g ◦ f = IdY .

Exercice 1.25. Soient A et B deux ensembles.


1) Montrer que (A ⊂ B) ⇔ (P(A) ⊂ P(B)).
2) Donner un exemple d’injection de A vers P(A).
3) Montrer que A ne peut être en bijection avec P(A). On pourra, en supposant
l’existence d’une bijection f : A −→ P (A), considérer l’ensemble B = {x ∈ A, x 6∈
f (x)} et montrer qu’il n’admet pas d’antécédent.

Exercice 1.26. Soit a ∈ R. Montrer les deux implications suivantes.


1) (∀ε > 0, |a| < ε) ⇒ (a = 0) ;
2) (∀ε > 0, |a| 6 ε) ⇒ (a = 0).
Expliquez les principes des types de raisonnement utilisés.

Exercice 1.27. Soit f : R −→ R, l’application de qui à x ∈ R associe E(x)2 , où E(x)


est la partie entière de x.
1) Quel est l’ensemble quotient de la relation d’équivalence associée à f ?
2) Procéder à la décomposition canonique de f .

31
Indications de solutions
Solution (Exercice 1.10).
La proposition (p =⇒ q) est fausse si p est vraie et q fausse ; elle est vraie sinon
(Définition 4). On a alors les valeurs de vérité suivantes :
— ((1 + 1 = 2) ⇒ (2 + 2 = 5)) est fausse ;
— ((1 + 1 = 3) ⇒ (2 + 2 = 3)) est vraie ;
— ((1 + 1 = 3) ⇒ (2 + 2 = 6)) est vraie.
Solution (Exercice 1.11).
Application directe des tables de vérités.
Solution (Exercice 1.12).
S’assurer que les apprenants maîtrisent la manipulation des prédicats avec plusieurs
variables libres.
Solution (Exercice 1.13).
Même principe que le précédent.
Solution (Exercice 1.14).
Aider les apprenants à faire la différence entre appartenance et inclusion ; 1) et 4) sont
vraies, les autres sont fausses.
Solution (Exercice 1.15).
Dans le même esprit que l’exercice 1.14.
1) Prendre A = ∅ et B = {∅}.
2) Le cardinal est 3.
Solution (Exercice 1.16).
Découper l’exercice en sous–taches : les sous–ensembles de cardinal 0, les sous–ensembles
de cardinal 1, et ainsi de suite.
Solution (Exercice 1.17).
Rappeler les règles d’associativité et de distributivité des lois ∩ et ∪, avant de les
illustrer comme ci–dessous.
1)
(A \ C) \ (B \ C) = (A ∩ C̄) \ (B ∩ C̄)
= (A ∩ C̄) ∩ (B ∩ C̄)
=  (A ∩ C̄) ∩ (B̄ ∪ C) 
= (A ∩ C̄) ∩ B̄ ∪ (A ∩ C̄) ∪ C)
 
= (A ∩ C̄) ∩ B̄ ∪ ∅
= (A ∩ C̄) ∩ B̄
= (A \ B) \ C.
2)
(A \ B) ∩ (C \ B) = (A ∩ C̄) ∩ (C ∩ B̄)
= A ∩ C̄ ∩ C ∩ B̄
= (C ∩ C̄) ∩ A ∩ B̄
= ∅.

32
Solution (Exercice 1.18).
1) a) A ∪ A ∪ ∅ = (A ∪ A) ∪ ∅ = A ∪ ∅ = A.
b) A ∩ A ∩ ∅ = A ∩ (A ∩ ∅) = A ∩ ∅ = ∅.
c) A ∩ E = A ;
d) A ∪ E = E ;
e) A ∪ (E \ A) = E
f) A ∩ (E \ A) = ∅
2) Supposons A ⊂ B, et soit x ∈ B̄ ; x 6∈ B =⇒ x 6∈ A, et donc x ∈ Ā. Puisque x est
quelconque dans B̄, on conclut B̄ ⊂ Ā.
Réciproquement, si B̄ ⊂ Ā, en appliquant l’implication que nous venons de démon-
trer, il vient Ā¯ ⊂ B̄
¯ , or X̄
¯ = X, d’où le résultat.
3) i) Montrons que (a) =⇒ (b).
Soit x ∈ A. Puisque A∩B = ∅, x 6∈ B et donc x ∈ B̄. Puisque x est quelconque
dans A, on conclut A ⊂ B̄ ; ce qui montre que (a) =⇒ (b).
ii) Pour l’implication (b) =⇒ (c), il suffit d’utiliser la question 2) ci–dessus.
iii) Montrons que (c) =⇒ (c).
De la relation B ⊂ Ā, on déduit A ∩ B ⊂ A ∩ Ā = ∅. Ainsi, nécessairement
A ∩ B = ∅.

Solution (Exercice 1.20).


i) Montrons que A ⊂ f −1 (f (A)).
Par définition, f (A) = {f (x), x ∈ A} ; f −1 (f (A)) = {x ∈ X : f (x) ⊂ f (A)}, on
déduit A ⊂ f −1 (f (A)).
ii) Utiliser un argumentaire similaire à partir des définitions, pour la seconde inclu-
sion.

Solution (Exercice 1.21).


1) Voir cours.
2) Application des définitions du cours.
3) Supposons f : E −→ H et g : H −→ F.
a) Supposons g ◦f surjective et montrons que g l’est aussi. Soit y ∈ F . Puisque g ◦f
est surjective, il existe x ∈ E tel que g ◦ f (x) = g(f (x)) = y. Posons z = f (x),
on a alors g(z) = y. Ainsi, pour tout y ∈ F , il existe z ∈ H tel que g(z) = y, ce
qui montre que g est surjective.
b) Raisonnement similaire.

Solution (Exercice 1.22).


1) On a A ⊂ A∪B, ainsi f (A) ⊂ f (A ∪ B). De même, on montre que f (B) ⊂ f (A ∪ B)
d’où f (A) ∪ f (B) ⊂ f (A ∪ B). Réciproquement, soit y ∈ f (A∪B) ; il existe x ∈ A ∪ B
tel que f (x) = y. Si x ∈ A, alors f (x) = y ∈ f (A) ; et si x ∈ B, f (x) = y ∈ f (B).
Ainsi, y ∈ f (A) ∪ f (B). Puisque y est quelconque dans f (A ∪ B), on conclut que
f (A ∪ B) ⊂ f (A) ∪ f (B).
2) Puisque A ∩ B ⊂ A et A ∩ B ⊂ B, on déduit f (A ∩ B) ⊂ f (A) et f (A ∩ B) ⊂ f (B).
Ainsi, f (A ∩ B) ⊂ f (A) ∩ f (B).
Supposons que f soit injective, et soit y ∈ f (A) ∩ f (B). Puisque y ∈ f (A), il existe

33
xA ∈ A tel que f (xA ) = y. De même, il existe xB ∈ B tel que f (xB ) = y. Puisque
f est injective, xA = xB ∈ A ∩ B ; ainsi, y ∈ f (A ∩ B). Puisque y est quelconque
dans f (A) ∩ f (B), on conclut que f (A) ∩ f (B) ⊂ f (A ∩ B).

Solution (Exercice 1.23). Utilisation simple de la définition de l’image réciproque


d’un sous–ensemble de l’ensemble d’arrivée.

Solution (Exercice 1.24). Puisque f est surjective, pour tout y ∈ Y , f −1 ({y}) 6= ∅ ;


on peut donc associer à tout y un xy ∈ f −1 ({y}), et considérer l’application g : Y 7−→ X
qui à y associe xy . On vérifie que g ◦ f = IdY .

Solution (Exercice 1.25).


1) Découle de la définition de l’ensemble des parties d’un ensemble.
2) Considérer l’application de A dans P(A) qui à x associe {x}.
3) Supposons l’existence d’une bijection f de A vers P(A), et considérons B = {x ∈ A : x 6∈ f (x)}.
L’ensemble B ∈ P(A), et puisque f est bijective, il existe aB ∈ A tel que f (aB ) = B.
— Si aB ∈ f (aB ) = B, alors de la définition de B, aB 6∈ B = f (aB ) ; ce qui est
absurde.
— Si aB 6∈ f (aB ) = B, alors de la définition de B, aB ∈ B = f (aB ), ce qui est
absurde aussi.
Il n’existe donc pas de bijection de A vers P(A).

Solution (Exercice 1.26).


Raisonnement par l’absurde simple.

Solution (Exercice 1.27).


S’inspirer des exemples du cours.

34
Fin de la séquence 1

Les étudiants et tuteurs sont invités à communiquer aux auteures, toute remarque,
suggestion ou correction.

35
Séance 2

Introduction aux groupes


Une structure algébrique est un ensemble dans lequel est définie une ou plsusieurs
opérations avec des propriétés intéressantes. Une des structures algébriques de base
dont l’étude suscite beaucoup d’intérêt est le groupe. Un groupe est un ensemble muni
d’une opération interne telle que toute équation du premier degré admet une solution.
Ainsi, N muni de l’addition n’est pas un groupe alors que Z l’est. Dans ce chapitre,
nous aborderons les propriétés élémentaires des groupes, ainsi que des applications
qui leur sont souvent associées. Dans la suite, pour des questions de commodité, sauf
mention contraire, la loi de groupe sera notée multiplicativement.

2.1 Lois de composition internes


Définition 28. Soit E non vide. On appelle loi de composition interne définie dans
E toute application ⊤ de E × E dans E. L’image d’un couple (x, y) se note x ⊤ y et
s’appelle composé de x et de y.

Exemple 26. L’addition et la multiplication usuelles sont des lois de composition


internes dans Z, Q, R, C.

Exemple 27. Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne ⊤. On définit
une loi de composition interne ⊤ dans P(E) en posant pour toutes parties A et B de
E:
A ⊤ B = {a ⊤ b : a ∈ A et b ∈ B}

Exercice 1. Donner trois autres exemples de lois de composition internes.

Exercice 2. L’intersection et la réunion sont-elles des lois de composition internes ?


Si oui, donner leurs propriétés. Qu’en est-il pour l’inclusion ?

On suppose que E est muni d’une loi de composition interne ⊤ :


— Si pour tous x et y on a x ⊤ y = y ⊤ x, on dit la loi est commutative.
— Si pour tous x, y et z de E on a x ⊤ (y ⊤ z) = (x ⊤ y) ⊤ z. On dit que la loi
est associative.
— Si la loi possède un élément e tel que pour tout x de E on a x ⊤ e = e ⊤ x,
on dit que e est un élément neutre. Dans ce cas si x est un élément de E tel
qu’il existe un élément x′ satisfaisant x ⊤ x′ = x′ ⊤ x = e, on dit que x est
symétrisable et x′ est son symétrique. Si la loi est notée additivement (respec-
tivement multiplicativement) on dit opposé (respectivement inverse) au lieu de
symétrique.

36
2.2. Lois quotient

Exercice 3. Parmi les exemples précédents, donner les lois qui sont associatives,
commutatives et celles qui possèdent un élément neutre.

Exercice 4. On considère l’ensemble G de tous les couples réels (a, b) avec a non nul
et on définit dans G la loi de composition (a, b)(c, d) = (ac, bc + d). Vérifier qu’elle est
interne, associative, possède un élément neutre et que tout élément est symétrisable.

Exercice 5. Dans N2 les lois qui à tout couple (a, b) font correspondre le pgcd ou le
ppcm de a et de b ont-elles un élément neutre.

2.2 Lois quotient


On considère un ensemble E dans lequel sont définies une loi de composition interne
⊤ et une relation déquivalence R. On se propose d’examiner s’il est possible de définir
une loi de composition interne dans l’ensemble quotient E/R.
Soit alors la correspondance de E/R × E/R dans E/R qui à tout couple de classes
(x̄, ȳ) associe naturellement x ⊤ y. Cette correspondance est une loi de composition
interne si est seulement si c’est une application c’est à dire si et seulement si pour tous
x et y la classe x ⊤ y ne dépend que des classes x̄ et ȳ et non de leurs représentants
x et y. cela se traduit comme suit :

(x̄, ȳ) = (ā, b̄) =⇒ x ⊤ y = a ⊤ b

ce qui équivaut encore à :


 
xRa et yRb =⇒ x ⊤ y R a ⊤ b

C’est ce qu’on appelle la compatibilité de R avec ⊤ et cette loi définie dans E/R est
˙ ou simplement ⊤ si
appelée loi quotient de la loi ⊤ par la relation R. On la notera ⊤
aucune confusion n’est à craindre.

Remarque 12. a) Si la loi ⊤ est associative alors ⊤ ˙ est aussi associative ;


b) Si la loi ⊤ est commutative alors ⊤˙ est aussi commutative ;
c) Si la loi possède un élément neutre e alors ē est un élément neutre ;
d) Si x est un élément symétrisable de symétrique x′ alors x̄ est un élément symétrisable
de symétrique x′ .

Remarque 13. Un avantage important de la loi quotient ⊤ ˙ est qu’elle peut admettre
un élément neutre alors que ⊤ n’en possède pas ; aussi, un élément x̄ de E/R peut
être symétrisable alors que son représentant x ne l’est pas. Cela est illustré dans la
deuxième table de l’exemple ci-dessous.

Exemple 28. La congruence modulo un entier naturel n ∈ N∗ est compatible avec


l’addition et la multiplication dans Z (à vérifier en exercice). Les lois quotient associées
sont alors définies comme suit :

x̄ + ȳ = x + y et x̄ ∗ ȳ = x ∗ y

37
2.3. Groupes et sous–groupes

Exemple 29. On va dresser la table d’addition de Z/4Z et la table de multiplication


de (Z/5Z)∗ :

+̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇
0̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇
1̇ 1̇ 2̇ 3̇ 0̇
2̇ 2̇ 3̇ 0̇ 1̇
3̇ 3̇ 0̇ 1̇ 2̇

Table 2.1 – Table addition

∗˙ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇
1̇ 1̇ 2̇ 3̇ 4̇
2̇ 2̇ 4̇ 1̇ 3̇
3̇ 3̇ 1̇ 4̇ 2̇
4̇ 4̇ 3̇ 2̇ 1̇

Table 2.2 – Table de multiplication

Exercice 6. On dit que R est compatible à gauche (respectivement à droite) sur E


si pour tous x, y et a appartenant à E, si xRy alors (a⊤x) R (a⊤y) (respectivement
(x⊤a) R (y⊤a)) Montrer que R est compatible si et seulement si elle est à la fois
compatible à gauche et à droite.

2.3 Groupes et sous–groupes


Définition 29. Un groupe est un ensemble muni d’une loi de composition interne
possédant les propriétés suivantes :
a) la loi est associative ;
b) la loi possède un élément neutre ;
c) tout élément est symétrisable.

— Si la loi est commutative, le groupe G est dit abélien ou commutatif.


— Si la loi est additive (resp. multiplicative) on dit que G est additif (resp multi-
plicatif) et son élément neutre est noté 0 (resp. e ou 1).
— Un groupe réduit à un seul élément est dit trivial.
— Un groupe dont le cardinal est fini est dit fini ; son cardinal est appelé ordre
de G.

Exemple 30. Les ensembles Z, Q, R, C muni de l’addition usuelle sont des groupes
commutatifs. Déterminer leur élément neutre et le symétrique de tout élément.

Exercice 7. Soit E un ensemble. La réunion et l’intersection confèrent-elles des struc-


tures de groupe à l’ensemble P(E) des parties de E ?

Exercice 8. Soit n un nombre naturel non nul. Justifier que l’ensemble quotient Z/nZ
muni de l’addition est un groupe commutatif. Qu’en est-il pour la multiplication ?

38
2.4. Homomorphismes

Définition 30. Une partie non vide H d’un groupe G est dite sous–groupe de G si
elle est un groupe pour la loi induite par celle de G.

Exemple 31. L’ensemble Z est un sous-groupe des groupes additifs Q, R et C.

Théorème 1. Une partie non vide H d’un groupe G est un sous-groupe si et seulement
si :
(x ∈ H et y ∈ H) =⇒ xy −1 ∈ H (2.1)

ce qui équivaut encore à :


(
H est stable (i)
(2.2)
x ∈ H ⇒ x−1 ∈ H (ii)

Preuve. Si H est un sous–groupe alors nous avons évidemment (2.1).


Montrons que de (2.1) nous pouvons déduire (2.2). En prenant x = y dans (2.1),
on obtient e = yy −1 ∈ H. Par suite H contient e. Ensuite, en prenant x = e dans (2.1),
il vient y −1 = ey −1 ∈ H. Il s’ensuit que tout élément de H est inversible (symétrisable)
dans H. Si y ∈ H on a bien y −1 ∈ H d’après (2.1) ; par suite xy = x(y −1 )−1 ∈ H d’où
la stabilité de H.
Supposons que (2.2) soit vraie. Puisque H est non vide, il existe un élément a ∈ H.
D’après (ii), a−1 ∈ H. D’après (i), e = aa−1 ∈ H. Donc H contient l’élément neutre e.
De plus H est stable, et tout élément de H est inversible dans H et la loi est associative
dans H. Il s’en suit H est un groupe pour la loi induite par celle de G.

Exercice 9. Déterminer tous les sous–groupes du groupe additif Z.

Solution. Soit H un sous-groupe de Z. Si H = {0} alors H est un sous-groupe de Z.


Sinon, soit H + l’ensemble des entiers strictement positifs appartenant à H. H + possède
un plus petit élément n strictement positif car si x ∈ H alors −x ∈ H.
Soit x un élément quelconque de H. D’après la division euclidienne, il existe un
unique couple (q, r) d’éléments de Z tels que x = qn + r avec 0 6 r < n. De la stabilité
de H, on a r = x − qn ∈ H. Par suite r = 0 car n est le plus petit élément de H
strictement positif. Il s’en suit que x = qn d’où H = nZ. Les sous–groupes de Z sont
donc de la forme nZ, n ∈ N.
Pour tout n ∈ N, la partie nZ de de Z est un sous-groupe. En effet, une telle partie
n’est pas vide car elle contient 0 et si x et y sont des éléments de nZ, il existe a et b
de Z tels que x = na et y = nb. Par suite x − y = n(a − b) est aussi un élément de nZ.

2.4 Homomorphismes
Définition 31. Une application f d’un groupe G dans un groupe G′ est un homo-
morphisme de groupes si pour tout x, y ∈ G, f (xy) = f (x)f (y). En notation additive
on aura f (x + y) = f (x) + f (y).
— Un homomorphisme bijectif est dit isomorphisme.
— Un isomorphisme de G dans G est dit automorphisme.
— Un homomorphisme de G dans G, est dit endomorphisme

39
2.4. Homomorphismes

— Le noyau d’un homomorphisme f , noté Ker(f ), est l’ensemble des éléments x de


G tel que f (x) = e′ où e′ est l’élément neutre de G′ .
— L’image de f est l’ensemble des images des éléments de E, soit f (E). On la
note Im(f ).
Exemple 32. L’application exponentielle :

f : R −→ R∗+
x −→ ex

est un isomorphisme du groupe additif des nombres réels dans le groupe multiplicatif
des nombres réels strictement positifs. En effet, elle est bijective, et pour tout x et y
de R :
f (x + y) = ex+y = ex ey = f (x) ∗ f (y).

Son application réciproque, le logarithme népérien, est aussi un isomorphisme de


groupes.
Exemple 33. On vérifie aisément que l’application ϕ du groupe additif Z/4Z dans
le groupe multiplicatif des racines quatrièmes de l’unité dans C, U(4)= {1, −1, i, −i},
qui à ẋ associe exp(2iπx/4) est un isomorphisme de groupes. Un fait surprenant, mais
tout à fait justifié, est qu’à partir de la table de Z/4Z on retrouve la table du second
groupe U(4) par application de l’isomorphisme ϕ (voir les tables 2.1 et 2.2 ci-dessous).
Cela est illustré dans la traduction anglaise du terme isomorphisme : isomorphic copy.

En fait d’un point de vue purement algébrique, on peut considérer que deux groupes
isomorphes sont identiques. Ainsi, par exemple nous verrons qu’il existe exactement
deux groupes d’ordre 4 ... à isomorphisme près.

+̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇
0̇ 0̇ 1̇ 2̇ 3̇
1̇ 1̇ 2̇ 3̇ 0̇
2̇ 2̇ 3̇ 0̇ 1̇
3̇ 3̇ 0̇ 1̇ 2̇

Table 2.3 – Table addition

∗˙ 1̇ i̇ ˙
−1 −̇i
1̇ 1̇ i̇ ˙
−1 −̇i
i̇ i̇ ˙
−1 i̇ 1̇
−1˙ ˙
−1 −̇i 1̇ i̇
−̇i −̇i 1̇ i̇ ˙
−1

Table 2.4 – Table addition

La dernière table est obtenue à partir de la première en calculant l’image de chaque


élément. La deuxième table peut être vue comme étant la première colorée avec l’iso-
morphisme ϕ.

40
2.5. Sous–groupe engendré par une partie

Proposition 3. Le composé de deux homomorphismes de groupes est un homomor-


phisme et le composé de deux isomorphismes de groupes est aussi un isomorphisme.

La preuve de cette proposition est à faire en exercice.

Proposition 4. Soient G et G′ deux groupes d’éléments neutres respectifs e et e′ , et


f un homomorphisme de G dans G′ . Alors,
a) f (e) = e′ ;
b) f (x−1 ) = (f (x))−1 ;
c) le noyau de f est réduit au singleton {e} si et seulement si f est injective ;
d) l’image de f , notée f (G), est un sous groupe de G′ .

Preuve.
a) Puisque f est un homomorphisme de groupes on a f (e) = f (ee) = f (e)f (e). En
multipliant chaque membre de l’égalié f (e) = f (e)f (e) par l’inverse de f (e), il s’en-
suit que f (e) = e′ .
b) Puisque f est un homomorphisme e′ = f (e) = f (xx−1 ) = f (x)f (x−1 ). En multi-
pliant chaque membre de l’égalité e′ = f (x)f (x−1 ) par f (x)−1 , on arrive au résultat.
c) D’après a), f (e) = e′ . Si f est injective, pour x ∈ G, f (x) = e′ implique x = e.
Ainsi, si f est injective, Ker(f ) est réduit au singleton {e}.
Supposons que Ker(f ) soit réduit à {e}, et montrons que f est injective. Soient x
et y deux éléments de G tels que f (x) = f (y) ; montrons que x = y. Si f (x) = f (y),
alors
f (x)(f (y))−1 = f (x)f (y −1 ) = e′ ,

ou encore,
f (xy −1 ) = e′ ,

c’est–à–dire, xy −1 ∈ Ker(f ) = {e}, et donc x = y.


d) D’après a) l’image de f est non vide. Soit x′ et y ′ deux éléments de f (G). Il existe
x et y appartenant à G tels que f (x) = x′ et f (y) = y ′ . Puisque

x′ y ′ = f (x)f (y) = f (xy),

l’image de f est stable. De plus, d’après b), x′−1 appartient à Im(f ). Par suite
Im(f ) est un sous–groupe de G′ .

2.5 Sous–groupe engendré par une partie


Dans cette partie, nous introduisons la notion de sous–groupe engendré par une
partie d’un groupe. Cette notion permet notamment d’introduire les groupes cycliques.
Un groupe est cyclique s’il est fini et engendrable par un seul élément.
Soient G un groupe et (Gi )i∈I une famille de sous–groupes de G. On vérifie que
J = i∈I Gi est un sous–groupe de G.
T

Soit A = {a1 , a2 , . . . , ap } une partie non vide de G de cardinal p. Soit (Hi )i∈I
la famille des sous–groupes G contenant A. Nous venons de voir que H = i∈I Hi
T

41
2.6. Groupe quotient

est un sous–groupe de G. Il est clair que H est le plus petit sous–groupe de G (au
sens de l’inclusion) contenant A. H est dit sous–groupe de G engendré par A ; on note
H = hAi.

Proposition 5. Soit G un groupe, et A une partie non vide de G. Le sous-groupe


engendré par A est l’ensemble des produits x1 x2 ...xn,n∈N , tels que pour tout i ∈
{1, 2, · · · , n} l’élément xi ou x−1
i appartient à A. Autrement dit,

hAi = x1 x2 ...xn : n ∈ N∗ , pour tout i ∈ {1, · · · , n} xi ∈ A ou x−1



i ∈A .

Preuve. On vérifie sans peine que H est un sous–groupe de G contenant A. D’autre


part, puisque tout sous–groupe est stable, H est contenu dans tout sous–groupe
contenant A. Il est donc le plus petit sous–groupe contenant A. En d’autres termes
H = hAi.

Si A = {a}, on écrit hai à la place de h{a}i. En notation multiplicative hai = {ak :


k ∈ Z} où pour k 6= 0, ak = aa · · · a ; en notation additive hai = {ka : k ∈ Z} où
pour k 6= 0, ka = a + a + · · · + a (k fois).

Si G = hai, on dit qu’il est monogène engendré par a. Si de plus il est fini, on dit
qu’il est cyclique ; l’ordre de G est aussi appelé ordre de a.

Exemple 34. Les sous–groupes non nuls du groupe additif Z sont monogènes.

2.6 Groupe quotient


Dans cette section, nous introduisons la notion de groupe quotient. De tels groupes
« reflétent » la structure d’un groupe à travers un de ses sous–groupes. Nous verrons
aussi comment établir une structure de groupe dans l’ensemble quotient d’une groupe
par une relation d’équivalence. Cette méthode est très utilisée Algèbre. Nous verrons
par exemple, dans le cours d’Arithmétique, que c’est par cette voie que sont construits
l’anneau Z et le corps Q.

2.6.1 Classes selon un sous–groupe


Soit R une relation d’équivalence compatible à gauche sur G. Alors nous avons :

xRy ⇐⇒ x−1 xRx−1 y (compatibilité à gauche),

ou encore
xRy ⇐⇒ x−1 yRe;

i. e.
xRy ⇐⇒ x−1 y ∈ ē.

Ainsi, xRy si et seulement si x−1 y ∈ ē. En outre, ē est un sous–groupe de G. En


effet, ē est non vide car il contient e ; et si x et y appartiennent à ē, on a xRe et yRe.

42
2.6. Groupe quotient

La compatibilité à gauche assure alors que xyRxe. De la transitivité, on obtient xyRe.


D’où la stabilité de ē. Par ailleurs, si xRe alors de la compatibilité à gauche on obtient
eRx−1 , c’est à dire x−1 ∈ ē. Ainsi, ē est un sous–groupe.
La réciproque de ce qui précède est vraie ; c’est à dire si H est un sous–groupe de G,
la relation R définie par xRy si et seulement x−1 y ∈ H est une relation d’équivalence
compatible à gauche sur G. En effet :
Réflexivité : Pour tout x ∈ G, on a H contient e = x−1 x, d’où xRx.
Symétrie : Pour tout x, y ∈ G, xRy équivaut à x−1 y ∈ H. Puisque H est un sous–
groupe on a (x−1 y)−1 ∈ H or (x−1 y)−1 = y −1 x ; d’où la symétrie.
Transitivité : Pour tout x, y et z de G, tels que xRy et yRz, nous avons x−1 y ∈ H et
y −1 z ∈ H. Puisque H est un groupe, (x−1 y)(y −1 z) = x−1 (yy −1 )z = x−1 z ∈ H,
ou encore xRz.
Compatibilité à gauche : Soit x, y et a des éléments de G tels que xRy c’est à dire
x−1 y ∈ H. Puisque H ∋ x−1 y = x−1 (a−1 a)y = (ax)−1 ay, nous avons axRay ; la
relation est donc compatible à gauche.
Nous pouvons résumer ce qui précède dans la proposition ci–dessous.

Proposition 6. Soit G un groupe. Une relation d’équivalence R est compatible


à gauche sur G si et seulement si, il existe un sous–groupe H de G tel que :

xRy ⇐⇒ x−1 y ∈ H.

Une telle relation R est dite congruence à gauche modulo H.

Proposition 7. Soient G un groupe, H un sous–groupe de G et R la congruence à


gauche modulo H. La classe d’un élément x suivant la relation déquivalence R est
x̄ = xH = {xh : h ∈ H}.

Preuve. Soit y ∈ x̄ ;
y ∈ x̄ ⇐⇒ xRy ⇐⇒ x−1 y ∈ H.

Dire que x−1 y ∈ H équivaut à dire qu’il existe h ∈ H tel que x−1 y = h. Ce qui
équivaut encore à y = xh ; ou encore y ∈ xH.

Les preuves des propositions qui suivent s’obtiennent de façon analogue aux pré-
cédentes ; elles sont laissées en exercice au lecteur.

Proposition 8. Soit G un groupe. Une relation d’équivalence R est compatible


à droite sur G si et seulement si, il existe un sous–groupe H de G tel que :

xRy ⇐⇒ xy −1 ∈ H.

La relation R est dite congruence à droite modulo H.

Proposition 9. Soient G un groupe, H un sous–groupe de G et R la congruence


à droite modulo H. La classe d’un élément x suivant la relation déquivalence R est
x̄ = Hx = {hx : h ∈ H}.

43
2.6. Groupe quotient

Lemme 1. Soient G un groupe et H un sous–groupe de G. Alors pour tout élément


a de G les parties aH (respectivement Ha) et H sont équipotentes.

On vérifie simplement que l’application x 7→ ax est une bijection de H dans aH.

Le résultat qui suit est connu sous le nom de Théorème de Lagrange.

Corollaire 1. Soient G un groupe fini et H un sous–groupe de G. Alors :

Ord(G) = [G : H] × Ord(H)

où [G : H] est le nombre de classes à gauche (ou à droite) suivant H. On l’appelle


indice de H dans G.

Preuve. Puisque chaque classe possède le même nombre d’éléments que H, et l’en-
semble des classes à gauche (respectivement à droite) constitue une partition de G,
le résultat s’ensuit immédiatement.

2.6.2 Groupe quotient


Si G est un groupe commutatif et H un sous–groupe de G, les deux relations
d’équivalence à gauche et à droite associées à H sont égales. Si G n’est pas commutatif,
les deux relations peuvent être différentes, tout comme elles peuvent être identiques.
Elles sont identiques si et seulement si toute classe à gauche est une classe à droite
et vice versa. C’est à dire pour tout x ∈ G, on a xH = Hx. Dans ce cas, H est dit
sous–groupe distingué de G, et la relation associée à H est dite congruence modulo H.

Proposition 10. Soit G un groupe. Un sous–groupe H est distingué si et seulement


une des trois assertions équivalentes suivantes est satisfaite :
a) la congruence à gauche modulo H est compatible ;
b) la congruence à droite modulo H est compatible ;
c) pour tout x ∈ G, xHx−1 = H.

Exercice 10. Montrer que le noyau d’un homomorphisme de groupes est un sous–
groupe distingué.

Nous verrons aussi que la réciproque de cette assertion est vraie.

Proposition 11. Soit G un groupe et H un sous–groupe distingué de G. Alors en


posant
x̄ȳ = xy,

on définit une loi de composition interne dans l’ensemble quotient de G par la congruence
modulo H. Cette loi lui confère une structure de groupe dit groupe quotient de G par H,
noté G/H.

Preuve. Il suffit de remarquer que la loi est bien définie, car H étant distingué,
la congruence modulo H est compatible sur G. Cette loi est donc la loi quotient
associée à la loi de G. Nous avons vu qu’elle est associative, qu’elle admet ē comme

44
2.6. Groupe quotient

élément neutre et que tout élément est symétrisable puisque la loi de G définit une
structure de groupe sur H.

Exercice 11. Démontrer la Proposition 11 en passant par la définition ensembliste


d’une classe ā = aH = {ah ; h ∈ H} et en posant si A et B sont des parties de G,
AB = {ab : a ∈ A et b ∈ B}.

2.6.3 Décomposition canonique


Proposition 12. Soit G un groupe et H un sous–groupe distingué de G. Alors la
surjection canonique s de G dans G/H, qui à tout x associe x̄, est un homomorphisme
de groupes de noyau H.

Preuve. L’application s est bien un homomorphisme d’après la définition de la loi


quotient. Soit x un élément du noyau de s, alors xH = H. Par suite x = xe appartient
à H. D’autre part si x ∈ H on a xH = H d’où x ∈ Ker(s). L’égalité Ker(s) = H est
donc vérifiée.

Théorème 2. Soit f : G 7→ G′ un homomorphisme de groupes de noyau H, soit s


l’homomorphisme canonique de G dans G/H et soit j l’injection canonique de f (G)
dans G′ . Alors il existe un unique isomorphisme de groupes f¯ de G/H dans f (G) tel
que f = j ◦ f¯ ◦ s.

Preuve. Soit e et e′ les éléments neutres respectifs de G et G′ . Si R est la relation


d’équivalence associée à f , nous avons :

xRy ⇐⇒ f (x) = f (y)


⇐⇒ f (x−1 )f (x) = f (x−1 )f (y)
⇐⇒ f (e) = f (x−1 y)
⇐⇒ x−1 y ∈ H

Par suite R est exactement la congruence à gauche modulo H. On montre de façon


similaire que R est aussi égale à la congruence à droite modulo H. On retrouve ici le
fait que H est distingué. Nous avons vu dans le chapitre Ensembles, Applications et
Relations qu’il exite une bijection f¯ de G/R = G/H dans f (G) telle que f = j ◦ f¯◦ s.
Il reste donc à vérifier que cette bijection est un homomorphisme de groupes. Soit x̄
et ȳ deux éléments de G/H. On a :

f¯(x̄ȳ) = f¯(xy)
= f (xy)
= f (x)f (y)
= f¯(x̄)f¯(ȳ);

f¯ est bien un homomorphisme de groupes.

45
Tests de connaissances

Questions Réponses
1. Si e et e sont des éléments neutres

❒ e=e ′

d’un groupe (G, ·), alors on a ❒ e et e′ peuvent être différents


nécessairement :
❒ e−1 6= e′
❒ e−1 = e′
2. (N, +) n’est pas un groupe car ❒ + n’est pas une loi de composition interne

dans N
❒ (N, +) n’admet pas d’élément neutre
❒ Tous les éléments de N ne sont pas
symétrisables
❒ Aucun élément de N n’est symétrisable
3. Si H est un sous–groupe d’un ❒ H est non–vide
groupe (G, ·), alors ❒ H est nécessairement différent de {e}
❒ Tout élément de H est symétrisable dans H
❒ (H, ·) est un groupe

4. On considère l’ensemble E des ❒ Le sous–ensemble des injections


applications de [0, 1] dans [0, 1] muni
de la composition d’applications. ❒ Le sous–ensemble des surjections
Lesquels des sous–ensembles de E
❒ Le sous–ensemble des bijections
suivants ne sont pas des groupes ?
❒ Le sous–ensemble des bijections croissantes
5. Si (G, ·) est un groupe et A une ❒ l’ensemble des sous–groupes de G contenant
partie de G, alors le sous–groupe A
engendré par A est ❒ le plus petit (au sens de l’inclusion) sous–

groupe de G contenant A
❒ l’intersection des sous–groupes de G contenant
A
❒ toujours différent de A
6. Un groupe monogène est ❒ nécessairement cyclique
❒ engendré par un seul élément
❒ nécessairement infini
❒ nécessairement abélien
7. Un groupe cyclique est ❒ nécessairement monogène
❒ engendré par un seul élément
❒ infini
❒ nécessairement abélien
8. Si (G1 , ·) et (G2 , +) sont deux ❒ ϕ(x + x′ ) a un sens
groupes et ϕ un morphisme de G vers suite sur la page suivante. . .
G′ , alors pour tous x, x′ ∈ G1 , et tout
y ∈ G2
46
Questions Réponses
❒ ϕ(xx ) = ϕ(x) + ϕ(x′ )

❒ ϕ−1 ({y}) est un sous–groupe de G1


❒ ϕ(x + x′ ) = ϕ(x)ϕ(x′ )
9. Si H est un sous–groupe distingué ❒ xH = Hx
d’un groupe (G, ·), alors pour tous ❒ xH · yH = xyH
x, y ∈ G,
❒ G/H muni de la loi quotient est une groupe
❒ G/H est nécessairement fini
❒ H est le noyau de l’injection canonique de G

dans G/H
10. Si (G1 , ·) et (G2 , +) sont deux ❒ le noyau de ϕ est un sous–groupe distingué de
groupes et ϕ un morphisme de G vers G1
G′ , alors ❒ le noyau de ϕ est nécessairement {e}
❒ le noyau de ϕ contient nécessairement {e}
❒ le noyau de ϕ peut contenir G1
❒ le noyau de ϕ est G1

47
Correction des tests de connaissances

Questions Réponses
1. Si e et e sont des éléments neutres d’un

 e=e ′

groupe (G, ·), alors on a nécessairement : ❒ e et e′ peuvent être différents


❒ e−1 6= e′
 e−1 = e′
2. (N, +) n’est pas un groupe car ❒ + n’est pas une loi de composition in-

terne dans N
❒ (N, +) n’admet pas d’élément neutre
 Tous les éléments de N ne sont pas

symétrisables
❒ Aucun élément de N n’est symétrisable

3. Si H est un sous–groupe d’un groupe  H est non–vide


(G, ·), alors ❒ H est nécessairement différent de {e}
 Tout élément de H est symétrisable

dans H
 (H, ·) est un groupe
4. On considère l’ensemble E des applications  Le sous–ensemble des injections
de [0, 1] dans [0, 1] muni de la composition
 Le sous–ensemble des surjections
d’applications. Lesquels des sous–ensembles
de E suivants ne sont pas des groupes ? ❒ Le sous–ensemble des bijections
❒ Le sous–ensemble des bijections crois-

santes
5. Si (G, ·) est un groupe et A une partie de ❒ l’ensemble des sous–groupes de G
G, alors le sous–groupe engendré par A est
contenant A
 le plus petit (au sens de l’inclusion)

sous–groupe de G contenant A
 l’intersection des sous–groupes de G

contenant A
❒ toujours différent de A
6. Un groupe monogène est ❒ nécessairement cyclique
 engendré par un seul élément
❒ nécessairement infini
suite sur la page suivante. . .

48
Questions Réponses
 nécessairement abélien
7. Un groupe cyclique est  nécessairement monogène
 engendré par un seul élément
❒ infini
 nécessairement abélien
8. Si (G1 , ·) et (G2 , +) sont deux groupes et ❒ ϕ(x + x′ ) a un sens
ϕ un morphisme de G vers G′ , alors pour  ϕ(xx′ ) = ϕ(x) + ϕ(x′ )
tous x, x′ ∈ G1 , et tout y ∈ G2
❒ ϕ−1 ({y}) est un sous–groupe de G1
❒ ϕ(x + x′ ) = ϕ(x)ϕ(x′ )
9. Si H est un sous–groupe distingué d’un  xH = Hx
groupe (G, ·), alors pour tous x, y ∈ G,  xH · yH = xyH
 G/H muni de la loi quotient est une
groupe
❒ G/H est nécessairement fini
 H est le noyau de l’injection canonique

de G dans G/H
10. Si (G1 , ·) et (G2 , +) sont deux groupes et  le noyau de ϕ est un sous–groupe dis-
ϕ un morphisme de G vers G′ , alors
tingué de G1
❒ le noyau de ϕ est nécessairement {e}
 le noyau de ϕ contient nécessairement
{e}
 le noyau de ϕ peut contenir G1
❒ le noyau de ϕ est G1

49
Exercices
Exercice 2.1. Soit (Ai )i∈I une partition d’un ensemble E et R la relation définie sur
E par xRy si et seulement si, il existe i ∈ I tel que x ∈ Ai et y ∈ Ai .
1) Montrer que R est une relation d’équivalence sur E. Déterminer les classes d’équi-
valence de la relation R.
2) Montrer que toute relation d’équivalence sur R sur E peut être définie de cette
manière.
Exercice 2.2. Soit A un ensemble et B un sous–ensemble de A. Soit R la relation
définie sur E par XRY si et seulement si X ∩ B = Y ∩ B.
1) Montrer que R est une relation d’équivalence sur P(A).
2) Construire une bijection de l’ensemble quotient P(A)/R vers P(B).
Exercice 2.3. Soient X et Y deux ensembles et R et S deux relations d’équivalences
sur X et Y respectivement. Soit f une application de X vers Y . Considérons le dia-
gramme suivant où p et q sont respectivement les projections canoniques de X vers
X/R et Y vers Y /R respectivement.
f
X Y

p q

X/R Y /S
1) Montrer que les deux assertions ci–dessous sont équivalentes.
(a) Il existe une application f¯ : X/R −→ Y /S telle que f¯ ◦ p = q ◦ f .
(b) Pour tout x, x′ ∈ X, xRx′ =⇒ f (x)Sf (x′ ).
2) Montrer que si la condition (b) est satisfaite, alors l’application f¯ est unique.
Exercice 2.4. L’intersection et la réunion sont–elles des lois de composition internes ?
Si oui, donner leurs propriétés. Qu’en est–il pour l’inclusion ?
Exercice 2.5. Montrer que toute partie non vide et stable d’un groupe fini est un
sous–groupe.
Exercice 2.6. Un groupe est dit monogène s’il est engendré par un seul élément, un
groupe monogène fini est dit cyclique.
1) Montrer qu’un groupe monogène infini est isomorphe à Z.
2) Montrer qu’un groupe cyclique d’ordre n est isomorphe à Z/nZ.
3) Soit G = hai un groupe cyclique d’ordre n. Montrer que pour k ∈ Z, G = hak i si
et seulement si pgcd(k, n) = 1.
4) Montrer que tout sous–groupe d’un groupe cyclique est cyclique.
Exercice 2.7. Soit E = {e, a, b, c} un ensemble muni d’une loi de composition interne
notée multiplicativement, d’élément neutre e. La loi de E est donnée par les égalités
suivantes :

a2 = b2 = c2 = e, bc = cb = a, ca = ac = b, ab = ba = c.

50
1) Montrer la loi est commutative, associative et que tout élément de E est inversible.
2) Montrer qu’un groupe dans lequel tout élément est son propre inverse est commu-
tatif.

Exercice 2.8. Soient F et H deux sous groupes d’un groupe G.


1) Montrer que F H = {f h : f ∈ F, h ∈ H} est un sous–groupe de G si et seulement
si F H = HF .
2) Montrer que si d est un diviseur n, Z/nZ a exactement un sous–groupe et un
quotient d’ordre d.

Exercice 2.9.
1) Montrer que dans la table d’un groupe fini, l’élément neutre est situé sur la diago-
nale principale ou occupe des positions symétriques par rapport à cette diagonale.
2) Montrer que dans un groupe fini d’ordre pair, il y a un nombre impair d’éléments
égaux à leur propre inverse et distincts de e.

Exercice 2.10. Soient m et n deux entiers naturels non nuls.


1) Montrer que mZ+nZ est un sous–groupe monogène de Z. Déterminer un générateur
de ce sous–groupe en fonction de m et de n et rappeler le nom de ce générateur.
2) Montrer que mZ∩nZ est un sous–groupe monogène de Z. Déterminer un générateur
de ce sous-groupe en fonction de m et de n et rappeler le nom de ce générateur.

Exercice 2.11. Soit G un groupe. Pour tout a ∈ G on définit l’homomorphisme ϕa


de Z dans G par ϕa (x) = ax .
1) Montrer que pour tout a ∈ G, il existe un nombre naturel p unique tel que ker(ϕ) =
pZ. Que représente ce nombre p pour l’élément a ∈ G. Peut-il être nul ?
2) Soit un élément b ∈ G d’ordre fini m. Montrer que le sous–groupe engendré par b
est exactement {e, b, b2 , . . . , bm−1 }.

Exercice 2.12. Soit f un morphisme d’un groupe fini G vers un groupe H. Montrer
que
Card(G) = Card(Imf ) × Card(ker f ).

Exercice 2.13. Soit G un groupe commutatif fini d’élément neutre e et d’ordre n.


1) On suppose que n = rs où r et s sont premiers entre eux. Soit

M = {x ∈ G : xr = e} et N = {x ∈ G : xs = e}.

Montrer que l’application f de M × N vers G définie par f (x, y) = xy est un


isomorphisme de groupes.
2) On suppose que n = prh1 · · · prhh où les pi , i ∈ {1, · · · , h}, sont premiers et distincts.
Soit qi = pri i pour i ∈ {1, · · · , h} et Mi le sous–groupe composé des éléments x
ri
de G tels que xpi = e. Montrer que G est isomorphe au produit direct des Mi ,
i ∈ {1, · · · , h}.

Exercice 2.14. Soit G un groupe et H un sous–groupe de G. On définit le normali-


sateur NorG (H) de H dans G par NorG (H) = {g ∈ G : gHg −1 } = H.

51
1) Montrer que NorG (H) est le plus grand sous–groupe de G dans lequel H est dis-
tingué.
2) Montrer que le nombre de sous–groupes distincts conjugués de H dans G est égal
à l’indice [G : NorG (H)] et qu’en particulier c’est un diviseur de l’ordre de G.

Exercice 2.15. Soit G un groupe, H et K deux sous–groupes de G tels que H soit


inclus dans le normalisateur de K.
1) Montrer que H ∩ K est un sous–groupe distingué de H
2) Montrer que H/(H ∩ K) est isomorphe à HK/K

Exercice 2.16. Soit G un groupe, H et K deux sous–groupes distingués de G tels


que K ⊂ H.
1) Montrer que K est distingué dans H.
2) Montrer que (G/K)/(H/K) est isomorphe à G/H.

52
Séance 3

Le groupe symétrique
Rappelons qu’une bijection d’un ensemble E vers lui même est dite permutation
de E. L’ensemble permutations de E muni de la composition des applications est
un groupe, dit groupe des permutations de E, noté SE ; lorsque E = {1, · · · , n}, le
groupe SE est dit groupe symétrique d’ordre n, noté Sn . Dans ce chapitre, nous nous
intéressons au cas particulier où E est fini. Nous établirons notamment que si un
ensemble E est de cardinal n, alors SE est isomorphe à au groupe symétrique Sn ; ceci
nous permettra de focaliser plus spécifiquement notre étude sur le groupe symétrique.

3.1 Définitions et généralités


Tout comme dans le premier chapitre, l’opérateur de composition d’applications
est noté ◦. Ainsi, si SE est l’ensemble des permutations d’un ensemble E, la loi ◦ est
définie de SE × SE vers SE .

Proposition 13. Pour tout ensemble E, SE muni de la composition d’applications ◦


est un groupe. De plus, si Card(E) > 2 alors le groupe SE est non–abélien et si E et
F sont deux ensembles de même cardinal, alors SE et SF sont isomorphes.

Preuve. Il est clair que si f, g ∈ SE , alors f ◦ g ∈ SE ; l’identité de E, IdE vérifie


f ◦ IdE = IdE ◦ f = f . De plus la composition d’applications est associative et tout
élément de SE est inversible dans SE . Ainsi, (SE , ◦) est un groupe.
Si Card(E) > 2, alors il existe au moins trois éléments dans E. Soient donc
a1 , a2 , a3 ∈ E avec a1 6= a2 6= a3 6= a1 . Considérons f, g ∈ SE telles qu’elles laissent
fixes tous les éléments de E excepté a1 , a2 et a3 et

f (a1 ) = a2 , f (a2 ) = a3 , f (a3 ) = a1 ,

g(a1 ) = a2 , g(a2 ) = a1 et g(a3 ) = a3 .

On alors f (g(a1 )) = f (a2 ) = a3 et g(f (a1 )) = g(a2 ) = a1 ; ainsi f ◦ g 6= g ◦ f et (SE , ◦)


est non commutatif.
Si E et F sont de même cardinal, il existe une bijection σ : E −→ F . On définit
alors ϕ : SE −→ SF qui à f ∈ SE associe σ ◦ f ◦ σ −1 ∈ SF . On vérifie sans peine
que ϕ est bijective, de plus ϕ(f ◦ g) est égal ϕ(f ) ◦ ϕ(f ). Par suite, ϕ est bien un
isomorphisme de groupes.

D’après la proposition 13, l’étude d’un groupe symétrique à n éléments se ramène


à celui de Sn . Une permutation p ∈ Sn sera représentée par :
!
1 2 ··· n
.
p(1) p(2) · · · p(n)

53
3.1. Définitions et généralités

Si p est une permutation, on note p0 la permutation identité de N∗n = {1, 2, . . . , n}


et pour tout ℓ ∈ N∗ , on pose pℓ = pℓ−1 ◦ p.

Exemple 35. Soit S3 l’ensemble de permutations de N3 = {1, 2, 3}. S3 muni de la


composition d’applications est un groupe de cardinal 6, dont les éléments sont
! ! !
1 2 3 1 2 3 1 2 3
1S3 = , α= , α2 = ,
1 2 3 2 3 1 3 1 2
! ! !
1 2 3 1 2 3 2 1 2 3
β= , αβ = et α β = .
1 3 2 2 1 3 3 2 1
!
1 2 3
On notera que βα = = α2 β 6= αβ ; S3 n’est donc pas abélien.
3 2 1
Remarque 14. La composée de f par g, avec f, g ∈ Sn , sera souvent notée gf à la
place de g ◦ f ; on parlera alors du produit de g et f .

Définition 32. Soit σ ∈ Sn . L’ensemble des éléments i ∈ {1, · · · , n} tels que σ(i) 6= i
est dit support de σ.

En exemple, le support de l’identité est ∅.

Proposition 14. Deux éléments de Sn de supports disjoints commutent.

Preuve. Soient σ1 , σ2 ∈ Sn de supports disjoints et i ∈ {1, · · · , n}. Si i appartient


au support de σ1 , alors σ1 (i) appartient aussi au support de σ1 ; car sinon, on aurait
σ1 (σ1 (i)) = σ1 (i), ce qui implique σ1−1 (σ1 (σ1 (i))) = σ1−1 (σ1 (i)), ou encore σ1 (i) = i.
Puisque les supports de σ1 et σ2 sont disjoints, i et σ1 (i) n’appartiennent pas au
support de σ2 . Ainsi,
σ2 (σ1 (i)) = σ1 (i) = σ1 (σ2 (i)).

Si i appartient au support de σ2 , on montre de même que

σ2 (σ1 (i)) = σ1 (i) = σ1 (σ2 (i)).

Et, si i n’appartient ni au support de σ1 ni à celui de σ2 , alors

σ2 (σ1 (i)) = σ2 (i) = i,

et
σ1 (σ2 (i)) = σ1 (i) = i.

Ainsi, pour tout i ∈ {1, · · · , n}, σ2 (σ1 (i)) = σ1 (σ2 (i)) ; il est donc montré que σ1 et σ2
commutent.

Définition 33. Soit σ ∈ Sn . S’il existe V = {i1 , · · · , ik } ⊂ {1, · · · , n} tel que σ(i1 ) =
i2 , σ(i2 ) = i3 , · · · , σ(ik ) = i1 et si pour tout i 6∈ V σ(i) = i, alors σ est dit cycle
de longueur k ou k–cycle. Un 2–cycle est dit transposition.
Si σ une cycle de support {i1 , i2 , . . . , iℓ }, on note σ = i1 , i2 , . . . , iℓ .


54
3.2. Propriétés d’une permutation

Exercice 12.
1) Trouver un contre–exemple qui montre que la réciproque de la proposition 14 est
fausse.
2) Montrer qu’une permutation de longueur ℓ engendre un sous–groupe d’ordre ℓ.

3.2 Propriétés d’une permutation


Dans cette section, nous présentons des propriétés fondamentales des permutations.

Proposition 15. Toute permutation de Sn se décompose en produit de cycles de


supports disjoints.

Preuve. Soit α ∈ Sn et a1 ∈ Nn = {1, · · · , n}. Soient a2 = α(a1 ), a3 = α2 (a1 ), a4 =


α3 (a1 ), · · · . Puisque Nn est fini, soit k le plus petit entier positif tel qu’il existe j ∈ N∗
tel que αk (a1 ) = aj avec j < k. Ainsi, αk (a1 ) = αj−1 (a1 ) et donc αk−j+1 (a1 ) = a1 .
Notons que si j 6= 1, alors k − j + 1 < k et l’égalité αk−j+1 (a1 ) = a1 contredit le
choix de k. On a donc j = 1 et αk (a1 ) = a1 . Ainsi, α agit comme une permutation
circulaire sur {a1 , · · · , ak }.
Si k 6= n, soit b1 ∈ Nn \ {a1 , · · · , ak } et b1 = α(b1 ), b3 = α2 (b1 ), · · · . Les mêmes ar-
guments montrent qu’il existe l ∈ Nn tel que α agit comme une permutation circulaire
sur {b1 , · · · , bl }.
Une répétition du procédé conduit à un nombre fini de sous ensembles de Nn
{a1 , · · · , ak }, {b1 , · · · , bl }, · · · , {h1 , · · · , ht } tels que leur réunion constitue un recou-
vrement de Nn . De plus, les permutations (a1 , · · · , ak ), (b1 , · · · , bl ), · · · , (h1 , · · · , ht )
sont de supports disjoints et comme pour tout i ∈ Nn ,

(a1 , · · · , ak )(b1 , · · · , bl ) · · · (h1 , · · · , ht )(i) = α(i),

on a (a1 , · · · , ak )(b1 , · · · , bl ) · · · (h1 , · · · , ht ) = α.


!
1 2 3 4 5 6 7 8
Exemple 36. Soit f = .
2 4 6 5 1 7 3 8
Choisissons un élément de N8 , disons 1. On a f (1) = 2, f (2) = 4, f (4) = 5 et f (5) = 1.
Choisissons à présent un élément de N8 \ {1, 2, 4, 5}, disons 3. On a f (3) = 6, f (6) = 7
et f (7) = 3.
Puis que N8 \ {1, 2, 4, 5} ∪ {3, 6, 7} = {8} et f (8) = 8, on a la décomposition suivante


de f en produit de cycles de supports disjoints.

f = (1, 2, 4, 5)(3, 6, 7)(8).

Noter que le cycle (8) est l’application identité ; on préférera donc l’écriture

f = (1, 2, 4, 5)(3, 6, 7).

Proposition 16. Toute cycle se décompose en produit de transpositions.

55
3.2. Propriétés d’une permutation

Preuve. Soit (a1 , · · · , ak ) un cycle. On a (a1 , · · · , ak ) = (a1 , ak )(a1 , ak−1 ) · · · (a1 , a2 ).


La proposition est ainsi démontrée.

En utilisant les deux propositions ci–dessus, on obtient le corollaire suivant.


Corollaire 2. Toute permutation se décompose en produit de transpositions.
Exemple 37.
(1, 2, 4, 5) = (1, 5)(1, 4)(1, 2) et (3, 6, 7) = (3, 7)(3, 6).
De l’exemple, 36, on déduit que
!
1 2 3 4 5 6 7 8
= (1, 5)(1, 4)(1, 2)(3, 7)(3, 6).
2 4 6 5 1 7 3 8

3.2.1 Signature d’une permutation


Il est déjà montré que toute permutation se décompose en produit de transpositions.
Un telle décomposition n’est cependant pas unique, en exemple, on peut voir que

(1, 5)(1, 4)(1, 2)(3, 7)(3, 6) = (1, 5)(1, 4)(1, 2)(3, 7)(3, 6)(2, 3)(2, 3),

car (2, 3)(2, 3) = 1Sn . Toutefois, nous verrons, dans cette section, que pour une per-
mutation donnée, la parité du nombre de transpositions dans une décomposition en
produit de transpositions est invariante. Pour établir ce résultat, nous aurons besoin
du lemme suivant.
Lemme 2. Si β1 , · · · , βr ∈ Sn sont des transpositions telles que 1Sn = β1 · · · βr , alors
r est pair.
Preuve. Puisqu’une transposition est différente de l’identité, on a nécessairement r 6= 1.
De plus, il est clair que la proposition est vraie pour r = 2.
Supposons que pour tout k < r et pour toute famille {γ1 , · · · , γk } de transpositions,
si 1Sn = γ1 · · · γk , alors k est pair.
Puisque (i, j) = (j, i), le produit βr−1 βr s’écrit nécessairement sous l’une des formes
suivantes : (a, b)(a, b), (a, c)(a, b), (b, c)(a, b) ou (c, d)(a, b). Or,

(a, b)(a, b) = 1Sn ,

(a, c)(a, b) = (a, b)(b, c),

(b, c)(a, b) = (a, c)(c, b),

et (c, d)(a, b) = (a, b)(c, d).

Et donc, si βr−1 βr = (a, b)(a, b), on obtient 1Sn = β1 · · · βr−2 . Sinon, on peut écrire le
produit β1 · · · βr sous la forme β1′ · · · βr′ tel que la transposition la plus à droite dans
laquelle apparaît a soit celle d’indice r − 1.
On répète le procédé avec βr−2 ′ ′
βr−1 ; ainsi, on obtient ou un produit de r − 2 trans-
positions égal à l’identité ou un produit de r transpositions tel que la transposition la
plus à droite dans laquelle a apparaît soit celle d’indice r − 2.

56
3.2. Propriétés d’une permutation

Comme 1Sn laisse tous les éléments de {1, · · · , n} fixes, en répétant le procédé, au
bout d’au plus r itérations, on arrive à une décomposition de 1Sn en produit de r − 2
transpositions. Et puisque par hypothèse r − 2 est pair, r l’est aussi.

Du lemme, on déduit la proposition suivante.

Proposition 17. Soit α une permutation de Nn . Si dans une décomposition de α


en produit de transpositions le nombre de transpositions est pair (resp. impair), alors
dans toute autre décomposition de α en produit de transpositions, le nombre de trans-
positions est pair (resp. impair).

Preuve. Il suffit de remarquer que si β1 · · · βk et γ1 · · · γl sont deux décompositions


en produit de transpositions de α ∈ Sn , alors 1Sn = β1 · · · βk γ1−1 · · · γl−1 . Et puisque
qu’une transposition est son propre inverse, on a 1Sn = β1 · · · βk γ1 · · · γl et le lemme 2
permet de conclure (k + l) est pair, ce qui implique que k et l sont de même parité ;
la proposition est ainsi démontrée.

Définition 34. Une permutation est dite paire si elle peut être décomposée en un
nombre pair de transpositions ; elle est dite impaire sinon.
On définit ε : Sn −→ {−1, 1} telle que ε(σ) = 1 si σ est paire et ε(σ) = −1 sinon.
Pour σ ∈ Sn , ε(σ) est dit signature de σ.

Proposition 18. L’application ε de Sn vers le groupe multiplicatif {−1, 1} est un


morphisme de groupe.

Preuve. Il suffit de noter que si f et g sont des permutations paires, alors f g est aussi
paire et donc ε(f g) = ε(f )ε(g). De même si f et g sont de parités différentes, f g est
impaire et ε(f g) = ε(f )ε(g).

Corollaire 3. L’ensemble de éléments de Sn de signature 1 est un sous groupe dis-


tingué de Sn dit groupe alterné de degré n noté An .

Preuve. Il suffit de remarquer que An est le noyau de l’application signature ε.

57
Exercices
Exercice 3.1. Calculer l’ordre de chacun des cycles suivants
1) (1, 8),
2) (5, 7, 8, 11),
3) (6, 7, 11, 23, 2),
4) (a1 , a2 , · · · , ak ).

Exercice 3.2. Écrire chacune des permutations suivantes en produit de transpositions


1) (1, 2, 3, 5, 8)(4, 1, 3, 6),
2) (1, 3, 2, 5, 6)(2, 3, 12)(4,
! 6, 5, 14),
1 2 3 4 5 6
3) .
2 1 5 4 6 3
! !
1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6
Exercice 3.3. Soit α = et β = .
2 1 5 4 6 3 6 1 2 4 3 5
Calculer :
1) α−1
2) αβ
3) βα

Exercice 3.4. Montrer que l’application signature d’une permutation, ε : Sn −→


{−1, 1} définie dans le cours, vérifie
Y σ(j) − σ(i)
ε(σ) = .
16i<j6n
j−i

En utilisant la formule ci–dessus, montrer que ε(σ1 σ2 ) = ε(σ1 )ε(σ1 ).

Exercice 3.5.
1) Soit α = (1, 3, 5, 7, 9)(2, 4, 6)(8, 10) et m ∈ N ; si αm est un 5–cycle, que peut on
dire de m.
2) Soit β = (1, 3, 5, 7, 9, 8, 6)(2, 4, 10) ; calculer le plus petit entier positif n tel que
β n = β −5 .
3) Soit γ un 10–cycle. Pour quels éléments x ∈ {2, · · · , 10}, γ x est-il un 10–cycle.

Exercice 3.6.
1) Montrer que l’ordre d’un produit de cycles de supports disjoints est le plus petit
multiple commun des ordres des cycles.
2) Calculer l’ordre de permutations
! suivante :
1 2 3 4 5 6
a) α = ,
2 1 5 4 6 3
!
1 2 3 4 5 6
b) β = ,
6 1 2 4 3 5
!
1 2 3 4 5 6 7 8
c) γ = ,
2 3 4 5 1 7 8 6

58
!
1 2 3 4 5 6 7 8
d) δ = .
1 3 8 7 6 5 2 4

Exercice 3.7.
1) Montrer que l’ensemble des permutations impaires de Sn n’est pas un groupe.
2) Soient α, β ∈ Sn . Montrer que α−1 β −1 αβ est une permutation paire.

Exercice 3.8. Soit G le groupe des permutations d’un ensemble X et a ∈ X. On


définit le stabilisateur de a par stab(a) = {α ∈ G : α(a) = a}. Montrer que pour tout
a ∈ G, stab(a) est un sous–groupe de G.

Exercice 3.9. Soit H = {α ∈ S5 : α(1) = 1 et α(3) = 3}.


1) Montrer que H est un sous–groupe de S5 .
2) Peut–on généraliser ce résultat pour n > 3 et un sous– ensemble quelconque de
Nn ? Justifiez.

Indications de solutions

59
Séance 4

Introduction aux anneaux et corps


Nous avons considéré jusque là des ensembles munis d’une seule loi de composition
interne. Toutefois, on peut toutefois que les structures les plus courantes sont munies
de lois de composition internes. En exemple, les structures de Z, Q et R sont munies
d’une addition et d’une multiplication et vérifie un certain nombre de propriétés ; elles
sont dites anneaux. Dans ce chapitre, nous proposons une exploration de la théorie
des anneaux ; nous nous intéresserons également aux corps qui sont des anneaux avec
quelques spécificités.

4.1 Structure d’anneau


Définition 35. Un ensemble A muni de deux lois de composition internes + et · est
dit anneau (unitaire) si
a) (A, +) est un groupe abélien ;
b) la loi · : A × A 7→ A, dite loi multiplicative, est associative et admet un élément
neutre, généralement noté 1A ;
c) pour tout x, y, z ∈ A, x · (y + z) = x · y + x · z et (y + z) · x = y · x + z · x.
Un anneau A est dit commutatif si ∀a, b ∈ A, a · b = b · a.

Remarque 15.
— Certains auteurs, anglophones notamment, définissent un anneau sans exiger
l’existence de l’élément neutre pour la loi · . Dans ce document, nous ne consi-
dérons que les anneaux munis d’un élément neutre pour la loi multiplicative.
— Pour un anneau A et x, y ∈ A, on utilisera souvent la notation xy à la place
de x · y.
— Afin d’alléger l’écriture, nous ferons souvent l’abus de dire « soit A un anneau »
à la place de « soit (A, +, ·) un anneau ».

Exemple 38.
— L’ensemble Z muni de l’addition et de la multiplication usuelles est un anneau
commutatif.
— Pour tout ensemble X et tout anneau A, l’ensemble des applications de X vers A,
muni des lois + et · définies par (f + g)(x) = f (x) + g(x) et (f g)(x) = f (x)g(x)
est un anneau.

Définition 36. Soit (A, +, ·) un anneau. Une partie S de A est dite sous–anneau de
A si (S, +) est un sous–groupe de (A, +) et S est stable pour la loi multiplicative de A.

Exemple 39.
— Si A est un anneau, {0} et A sont des sous anneaux de A. Un sous anneau de A
distinct de {0} et de A est dit sous anneau propre, strcit ou non–trivial.

60
4.1. Structure d’anneau

— Z est un sous–anneau de Q.
— Q est un sous–anneau de R.

La proposition suivante permet de caractériser un sous–anneau ; la preuve est lais-


sée en exercice.

Proposition 19. Soit (A, +, ·) un anneau. Une partie S de A est un sous–anneau si


∀ a, b ∈ S, a − b ∈ S et ab ∈ S.

4.1.1 Anneau intègre


Définition 37. Soit (A, +, ·) un anneau ; un élément a ∈ A non nul est dit diviseur
de zéro s’il existe b ∈ A non nul tel que ab = 0. Un anneau commutatif sans diviseur
de zéro est dit anneau intègre ou anneau d’intégrité.

Exemple 40.
— Z, Q et R sont des anneaux intègres.
— Z/6Z est un anneau non–intègre.

Proposition 20. Soit n ∈ N, Z/nZ est un anneau intègre si et seulement si n est


premier.

Preuve. Commençons par rappeler que m ∈ Z, avec m 6= 0 vérifie m̄ = 0̄ si et seule-


ment si n|m. De plus, si n est premier, pour tout a, b ∈ Z, n|ab implique n|a ou n|b.
Supposons n premier et montrons que Z/nZ est intègre. Soient ā, b̄ ∈ Z/nZ tels
que āb̄ = 0̄. Puisque āb̄ = ab, on a n|ab. Comme n est premier, cela implique que n|a
ou n|b, ce qui équivaut à ā = 0̄ ou b̄ = 0̄ ; Z/nZ est donc sans diviseur de zéro et
comme Z/nZ est commutatif, il est intègre.
Réciproquement, si n est composite (non–premier), il existe a, b ∈ N avec 1 <
a, b < n tels que ab = n. Dans ce cas, on a āb̄ = n̄ = 0̄ et ā 6= 0̄ 6= b̄ ; Z/nZ n’est donc
pas intègre.

Définition 38. Soit A un anneau, a ∈ A est dit inversible s’il existe b ∈ A tel que
ab = ba = 1.

Exemple 41.
— Dans Q, tout élément non nul est inversible.
— Dans M2 (R), l’anneau des matrices carrées à deux lignes et deux colonnes, les
inversibles sont les matrices dont le déterminant est non nul.

Définition 39. Un anneau commutatif dans lequel tout élément non–nul est inversible
est dit corps.

Exemple 42. Les anneaux Q, R et C sont des corps.

Remarque 16. Tout corps est un anneau intègre. En effet, si K est un corps, pour
tout a, b ∈ K tels que ab = 0, si a 6= 0, alors b = a−1 ab = a−1 0 = 0.

Théorème 3. Tout anneau intègre fini est un corps.

61
4.2. Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau

Preuve. Soit A un anneau intègre fini, il suffit de montrer que tout élément non–nul
de A est inversible. Posons
A = {0, 1, a1 , · · · , an }.

Notons que pour ai 6= 0, si ai aj = ai ak , alors ai (aj −ak ) = 0, ce qui implique aj −ak = 0,


ou encore aj = ak .
Ainsi, pour tout ai ∈ A, A = {0, 1, a1 , · · · , an } = ai A = {0, ai , ai a1 , · · · , ai an }.
Il existe donc un élément aj de A tel que ai aj = 1 ; ai est donc inversible dans A.
Comme ai est quelconque dans A \ {0}, on conclut que A est un corps.

Du théorème 3, on déduit le résultat ci–dessous dont la preuve est laissée en exercice.

Corollaire 4. Pour n ∈ N∗ , Z/nZ est un corps si et seulement si n est premier.

4.2 Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau


Dans cette section, nous nous intéressons aux idéaux d’un anneau ; les idéaux jouent
un rôle « similaire » à celui des sous–groupes distingués. Nous verrons notamment que
le noyau d’un morphisme d’anneau est un idéal, et que tout idéal est le noyau d’un
morphisme d’anneau.

Définition 40. Soient A un anneau et I ⊂ A ; I est dit idéal (bilatère) de A si :


a) I 6= ∅ ;
b) pour tout i1 , i2 ∈ I, i1 ± i2 ∈ I ;
c) pour tout a ∈ A et tout i ∈ I, ai ∈ I et ia ∈ I.

On remarquera qu’un idéal est nécessairement un sous–anneau. Un idéal d’un anneau


A distinct de A et de {0} est dit non trivial.

Proposition 21. Soit A un anneau commutatif et a ∈ A. L’ensemble

hai = aA = {ar, r ∈ A}

est un idéal de A ; un tel idéal est dit idéal principal engendré par a.

Preuve. L’ensemble hai est non–vide car a ∈ hai. Soient x = ar1 , y = ar2 ∈ hai ; on a
x ± y = a(r1 ± r2 ) ∈ hai et pour tout r ∈ A, xr = (ar1 )r = a(r1 r) ∈ hai. Il est donc
vérifié que hai est un idéal de A.

Proposition 22.
— Les sous–anneaux de Z sont de la forme nZ avec n ∈ N.
— Tout sous–anneau de Z est un idéal principal de Z.

Preuve. Soit S un sous–anneau de Z. Si S = {0}, alors S = 0Z. Sinon, soit S +


l’ensemble des éléments strictement positifs de S. Puisque S 6= {0}, il existe donc
x ∈ S avec x 6= 0 et comme −x ∈ S, on a forcement x ∈ S + ou −x ∈ S + ; S + est donc
non–vide. Soit
n = min{x, x ∈ S + }.

62
4.2. Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau

Puisque n ∈ S, nZ ⊂ S. Soit m ∈ S ; par la division euclidienne, il existe r, q ∈ Z


tels que 0 6 r < n et m = nq + r. Ainsi, r = m − nq ∈ S. Puisque n est le plus petit
élément strictement positif de S, la relation 0 6 r < n implique que r = 0. Ainsi,
m = nq ∈ nZ. Et comme m est quelconque dans S, il vient S ⊂ nZ. On peut donc
conclure que nZ = S ; comme nZ = hni, la proposition est démontrée.

Proposition 23. Soient A un anneau commutatif et V = {a1 , · · · , an } ⊂ A. L’en-


semble ha1 , · · · , an i = {r1 a1 + · · · + rn an : ri,i∈{1,··· ,n} ∈ A} est un idéal de A dit idéal
engendré par V .
Preuve. L’ensemble ha1 , · · · , an i est non–vide car a1 ∈ ha1 , · · · , an i. Si x = r1 a1 +· · ·+
rn an ∈ ha1 , · · · , an i et y = r1′ a1 + · · · + rn′ an ∈ ha1 , · · · , an i, alors x ± y = (r1 ± r1′ )a1 +
· · · + (rn ± rn′ )an ∈ ha1 , · · · , an i. Et pour tout t ∈ A, tx = (tr1 )a1 + · · · + (trn )an ∈
ha1 , · · · , an i. Ainsi, ha1 , · · · , an i est un idéal de A.

Théorème 4. Soit A un anneau commutatif ; A est un corps si et seulement si les


seuls idéaux de A sont {0} et A.
Preuve. Soit A un corps et I un idéal de A, montrons que I = {0} ou I = A. Si I 6= {0},
alors il existe a ∈ I avec a 6= 0. Puisque A est un corps, a est inversible et a−1 a = 1 ∈ I.
Ainsi, pour tout b ∈ A, b.1 = b ∈ I ; donc A ⊂ I ce qui implique A = I.
Réciproquement, soit A un anneau commutatif tel que ses seuls idéaux soient {0}
et A et montrons que A est un corps. Si A = {0}, alors A est un corps. Sinon, soit
a ∈ A avec a 6= 0. Puisque a 6= 0 et a ∈ hai = aA et les seuls idéaux de A sont {0} et
A, on a hai = A. Il existe donc b ∈ A tel que ba = 1 ; autrement dit, a est inversible.
Comme a est quelconque dans A \ {0}, on peut conclure que A est un corps.

Définition 41. Soit A un anneau et I un idéal de A. Une classe d’équivalence modulo


I est un sous–ensemble de A de la forme

r + I = {r + i, i ∈ I}

où r est un élément fixé de A.


Lemme 3. Soit I un idéal d’un anneau A. L’ensemble des classes d’équivalences
modulo I forme une partition de A.
Preuve. Soit C l’ensemble des classes d’équivalences modulo I.
Pour tout a ∈ A, a ∈ a + I ; ainsi,
[
A⊂ J
J∈C

et donc [
A= J.
J∈C

Soient a + I, b + I ∈ C deux classes d’équivalences telles que (a + I) ∩ (b + I) 6= ∅.


Il existe i1 , i2 ∈ I tels que a + i1 = a + i2 . Ainsi, a − b = i2 − i1 ∈ I et donc a ∈ b + I,
ce qui implique a+I ⊂ b+I. On montre de même que b+I ⊂ a+I, et donc a+I = b+I.

63
4.2. Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau

Ainsi, l’ensemble des classes d’équivalences modulo I constitue un recouvrement


de A et deux classes d’équivalences sont égales ou disjointes, on a bien une partition.

Théorème 5. Soient I un idéal d’un anneau A et A/I l’ensemble des classes (à gauche)
modulo I, i. e., A/I = {r + I, r ∈ A}. On définit l’addition et la multiplication sui-
vantes :
(r1 + I) + (r2 + I) = (r1 + r2 ) + I, et

(r1 + I)(r2 + I) = r1 r2 + I.

L’ensemble A/I muni de l’addition et de la multiplication ci–dessus est un anneau,


dit anneau quotient de A par I.

Preuve. Montrons que l’addition et la multiplication sont bien définies, c’est–à–dire si


r1 + I = r1′ + I et r2 + I = r2′ + I alors (r1 + r2 ) + I = (r1′ + r2′ ) + I et r1 r2 + I = r1′ r2′ + I.
Si r1 + I = r1′ + I, alors r1 ∈ r1′ + I et donc r1 = r1′ + i1 pour un certain i1 ∈ I.
On montre de même que r2 = r2′ + i2 pour un certain i2 ∈ I. Ainsi, (r1 + I) + (r2 + I) =
(r1′ + i1 + I) + (r2′ + i2 + I) = (r1′ + I) + (r2′ + I) = (r1′ + r2′ ) + I.
De façon similaire, (r1 + I)(r2 + I) = (r1′ + i1 + I)(r2′ + i2 + I) = (r1′ + I)(r2′ + I) =
(r1′ r2′ ) + I.
Il est aisé de montrer que les axiomes de la définition 35 sont satisfaits ; cette partie
de la preuve est laissée en exercice.

Définition 42. Soient A et B deux anneaux ; une application ϕ de vers B est dite
homomorphisme ou morphisme d’anneau si pour tout a1 , a2 ∈ A,

ϕ(a1 + a2 ) = ϕ(a1 ) + ϕ(a2 ) et

ϕ(a1 a2 ) = ϕ(a1 )ϕ(a2 ).

De plus, l’application ϕ est dite :


— épimorphisme si elle est surjective ;
— monomorphisme si elle est injective ; et
— isomorphisme si elle est bijective.

Proposition 24. Soient A et B deux anneaux et ϕ un morphisme de A vers B. Alors


ϕ(0A ) = 0B et pour tout a ∈ A, ϕ(−a) = −ϕ(a).

Preuve. On a ϕ(0A ) = ϕ(0A + 0A ) = ϕ(0A ) + ϕ(0A ) ce qui implique ϕ(0A ) = ϕ(0A ) −


ϕ(0A ) = 0B .
Aussi, 0B = ϕ(0A ) = ϕ(a − a) = ϕ(a) + ϕ(−a), ce qui implique ϕ(−a) = −ϕ(a).

Définition 43. Soient A et B deux anneaux et ϕ un morphisme de A vers B. On définit


le noyau de ϕ par ker ϕ = {a ∈ A : ϕ(a) = 0} et l’image de ϕ par Im ϕ = {ϕ(a), a ∈ A}.

Théorème 6. Soient A et B deux anneaux et ϕ un morphisme de A vers B :


a) ker ϕ est un idéal de A ;
b) Im ϕ est un sous–anneau de B ;

64
4.2. Idéal d’un anneau, morphisme d’anneau

c) A/ ker ϕ est isomorphe à Im ϕ ; et


d) si I est un idéal de A, l’application s : A −→ A/I qui à a associe a + I est un mor-
phisme d’anneau dont le noyau est I et l’image A/I.

Remarque 17. D’après le théorème 6, tout idéal est le noyau d’un morphisme d’an-
neau, et réciproquement le noyau d’un morphisme d’anneau est un idéal.

Preuve du théorème 6.
a) Soit ϕ : A −→ B un morphisme d’anneau et I = ker ϕ. Montrons que I est un idéal
de A.
Soient r1 , r2 ∈ I, on a ϕ(r1 ) = ϕ(r2 ) = 0B . Ainsi, ϕ(r1 ± r2 ) = ϕ(r1 ) ± ϕ(r2 ) =
0B ± 0B = 0B ; I = ker ϕ est donc un sous–anneau de A.
Soient r ∈ I et a ∈ A ; on a ϕ(ra) = ϕ(r)ϕ(a) = 0B ϕ(a) = 0B et ϕ(ar) =
ϕ(a)ϕ(r) = 0B et donc ra ∈ I et ar ∈ I. On conclut que I est un idéal de A.
b) Montrons que Im ϕ est un sous–anneau de B.
0B ∈ Im ϕ, donc Im ϕ 6= ∅. Soient b1 , b2 ∈ Im ϕ ; il existe r1 , r1 ∈ A tels que
ϕ(r1 ) = b1 et ϕ(r2 ) = b2 . Puisque ϕ est un morphisme, on a alors b1 ± b2 =
ϕ(r1 ) ± ϕ(r2 ) = ϕ(r1 ± r2 ) ∈ Im ϕ et b1 b2 = ϕ(r1 )ϕ(r2 ) = ϕ(r1 r2 ) ∈ Im ϕ. Ainsi,
Im ϕ est un sous–anneau de B.
c) Montrons que A/ ker ϕ est isomorphe à Im ϕ.
Considérons l’application ϕ∗ : A/ ker ϕ −→ Im ϕ qui à r + ker ϕ associe ϕ(r). L’ap-
plication ϕ∗ est bien définie car si r1 , r2 ∈ A sont tels que r1 + ker ϕ = r2 + ker ϕ,
alors r1 − r2 ∈ ker ϕ, et donc ϕ(r1 − r2 ) = 0B , ou encore ϕ(r1 ) = ϕ(r2 ), ce qui
équivaut à ϕ∗ (r1 + ker ϕ) = ϕ∗ (r2 + ker ϕ) ; ϕ∗ est donc bien définie.

— Montrons que ϕ∗ est un morphisme d’anneau.


ϕ∗ (r1 + ker ϕ) + (r2 + ker ϕ) = ϕ∗ ((r1 + r2 ) + ker ϕ) = ϕ(r1 + r2 ) = ϕ(r1 ) +


ϕ(r2 ) = ϕ∗ (r1 + ker ϕ) + ϕ∗ (r2 + ker ϕ). Et ϕ∗ (r1 + ker ϕ)(r2 + ker ϕ) =


ϕ∗ ((r1 r2 ) + ker ϕ) = ϕ(r1 r2 ) = ϕ(r1 )ϕ(r2 ) = ϕ∗ (r1 + ker ϕ)ϕ∗ (r2 + ker ϕ).
Ainsi, ϕ∗ est un morphisme d’anneau.
— Montrons que ϕ∗ est injective, i.e., pour tout r1 +ker ϕ, r2 +ker ϕ ∈ A/ ker ϕ,
si ϕ∗ (r1 + ker ϕ) = ϕ∗ (r2 + ker ϕ) alors r1 + ker ϕ = r2 + ker ϕ.
L’égalité ϕ∗ (r1 + ker ϕ) = ϕ∗ (r2 + ker ϕ) implique ϕ(r1 ) = ϕ(r2 ), ou encore
r1 − r2 ∈ ker ϕ, ce qui équivaut à r1 + ker ϕ = r2 + ker ϕ ; ϕ∗ est donc injective.
— Montrons que ϕ∗ est surjective.
Soit b ∈ Im ϕ. Il existe r ∈ A tel que ϕ(r) = b, donc ϕ∗ (r + ker ϕ) = b ; ϕ∗ est
donc surjective.
Ainsi, il est montré que ϕ∗ est un isomorphisme d’anneau de A/ ker ϕ de vers Im ϕ.
d) Soit I un idéal d’un anneau A et A/I l’anneau quotient de A par I. Soit ε : A −→
A/I qui à a associe a + I. De la définition de l’addition et de la multiplication
de A/I, on montre sans difficulté que ε est un morphisme d’anneau.
Il est clair que I ⊂ ker ε. Réciproquement, si r ∈ ker ε, ε(r) = r + I = 0A/I = I.
Ainsi, r ∈ I ; on peut donc conclure que ker ε = I. On montre sans peine que
Im ε = A/I.

65
4.3. Caractéristique d’un anneau

4.3 Caractéristique d’un anneau


Définition 44. Un corps est dit premier s’il ne contient aucun sous–corps non trivial.

Proposition 25. Tout corps contient un sous–corps premier.

Preuve. Soit K un corps. Si K est premier, alors K est un sous–corps premier de K.


Sinon, soit F l’intersection de tous les sous–corps stricts de K. On montre sans difficulté
que F est un sous–corps de K et que F n’admet pas de sous corps non trivial (un sous–
corps non trivial de de F serait un sous–corps strict de K et contredirait la définition
de F ). Le sous–corps F est donc premier.

Définition 45. Soit A un anneau ; s’il existe, le plus petit entier strictement positif
tel que n1A = 1A + · · · + 1A (n fois) est dit caractéristique de A. Si un tel entier
n’existe pas, l’anneau A est dit de caractéristique 0. La caractéristique d’un anneau A
est notée char(A).

Exemple 43.
— Les anneaux Z et Q sont caractéristique 0.
— Pour n ∈ N∗ , Z/nZ est de caractéristique n.

Proposition 26. Soit A un anneau intègre ; la caractéristique de A est 0 ou un nombre


premier. En particulier, la caractéristique d’un corps est 0 ou un nombre premier.

Preuve. Soit A un anneau intègre de caractéristique n. Montrons que si n 6= 0, alors


n est premier.
Supposons n composite, i.e. il existe n1 , n2 ∈ N \ {1} tels que n = n1 n2 . On a alors
0A = n1A = (n1 1A )(n2 1A ). Puisque A est intègre, donc sans diviseurs de zéros, on
a forcément n1 1A = 0 ou n2 1A = 0, ce qui contredit la définition de n comme le
plus petit entier strictement positif tel que n1A = 0A . L’entier n est donc forcément
premier.

4.4 Propriétés des idéaux


Rappelons que les idéaux de Z sont de la forme nZ, avec n ∈ N ; de plus pour
n ∈ N∗ , Z/nZ est un anneau intègre si et seulement si n est premier.

Lemme 4. Soit a, b, p ∈ Z tels que p soit premier ; si p|ab alors p|a ou p|b.

Preuve. Si p ∤ a, alors pgcd(a, p) = 1 ; donc d’après Bezout, il existe x, y ∈ Z tels que


ax + py = 1. Ainsi, abx + bpy = b. Puisque p|ab et p|bp, p|(abx + bpy) donc p|b.

Du lemme, on déduit le corollaire ci–dessous ; la preuve est laissée en exercice.

Corollaire 5. Soit p ∈ Z.
— Si p est premier, alors pour tout a, b ∈ Z, ab ∈ pZ si et seulement si a ∈ pZ ou
b ∈ pZ.

66
4.4. Propriétés des idéaux

— Si p est premier et pZ ⊂ nZ alors n = 1 ou n = p ; autrement dit, les seuls idéaux


de Z contenant pZ sont Z et pZ.

Définition 46. Soit A un anneau ; un idéal propre I de A est est dit premier si pour
tout a, b ∈ A, ab ∈ I alors a ∈ I ou b ∈ I.

Théorème 7. Soit A un anneau commutatif et I un idéal propre de A. L’idéal I est


premier si et seulement si A/I est intègre.

Preuve. Soit A un anneau commutatif et I un idéal propre de A ; supposons I premier


et montrons que A/I est intègre.
Il est clair que si A est commutatif, A/I l’est aussi ; reste à montrer que A/I n’admet
pas de diviseur de zéro. Soient a + I, b + I ∈ A/I tels que (a + I)(b + I) = 0A/I = I. On
alors ab + I = I, ce qui équivaut à ab ∈ I. Puisque I est premier, a ∈ I ou b ∈ I, ou
encore a + I = I = 0A/I ou b + I = I = 0A/I . Il est ainsi montré que si I est premier,
A/I est intègre.
Réciproquement, supposons A/I intègre et montrons que I est premier.
Soient a, b ∈ A tels que ab ∈ I ; montrons que a ∈ I ou b ∈ I. Si ab ∈ I, alors
(a + I)(b + I) = I = 0A/I . Puisque A/I est intègre, a + I = I ou b + I = I, ou encore
a ∈ I ou b ∈ I. Ainsi, si A/I est intègre, I est premier ; le théorème est démontré.

Définition 47. Soient A un anneau commutatif, I et J deux idéaux de A. On définit


IJ comme étant l’ensemble des sommes finies de produits ij, i ∈ I et j ∈ J. Autrement
dit, IJ = {i1 j1 + · · · + in jn , avec ik,k∈{1,··· ,n} ∈ I jk,k∈{1,··· ,n} ∈ J et n ∈ N}.

Proposition 27. Soient A un anneau commutatif, si I et J sont deux idéaux de A


alors IJ est un idéal de A.

Preuve. Soient r1 , r2 ∈ IJ. Il existe i1 , · · · , in , i′1 , · · · , i′n ∈ I, j1 , · · · , jn , j1′ , · · · , jn′ ∈ J,


tels que r1 = i1 j1 + · · · + in jn et r2 = i′1 j1′ + · · · + i′n jn′ . Et donc,

r1 ± r2 = i1 j1 + · · · + in jn ± i′1 j1′ ± · · · ± i′n jn′ ∈ IJ

et
r1 r2 = i1 j1 i′1 j1′ + · · · + in jn i′n jn′ = (i1 i′1 )(j1 j1′ ) + · · · + (in i′n )(jn jn′ ) ∈ IJ.

Ainsi, IJ est un sous–anneau de A.


Pour r ∈ A, rr1 = (ri1 )j1 + · · · + (rin )jn ∈ IJ car rik ∈ I. Le sous–anneau IJ est
donc un idéal de A.

Lemme 5. Soit A un anneau commutatif, I, J et P des idéaux de A. Si P est premier


et IJ ⊂ P , alors I ⊂ P ou J ⊂ P .

Preuve. Supposons IJ ⊂ P i.e. pour tout i ∈ I et tout j ∈ J, ij ∈ P . Montrons que si


J 6⊂ P alors I ⊂ P . Si J 6⊂ P , il existe j0 ∈ J tel que j0 6∈ P . Comme pour tout i ∈ I,
j0 i ∈ IJ ⊂ P et P est premier, on conclut que I ⊂ P ; ce qui prouve le résultat.

Définition 48. Soient A un anneau et I un idéal de A. L’idéal I est dit maximal si


si I 6= A et pour tout idéal J de A, I J implique J = A.

67
4.4. Propriétés des idéaux

Proposition 28. Soit A un anneau commutatif et I un idéal de A ; I est maximal si


et seulement si A/I est un corps.

Preuve. Soit A un anneau commutatif et I un idéal de A ; supposons I maximal et


montrons que A/I est un corps.
Puisque A est commutatif, A/I l’est aussi. Il suffit donc de montrer que tout
élément non nul de A/I est inversible. Soit r̄ = r + I un élément non–null de A/I.
Puisque r + I 6= I, r 6∈ I. Considérons l’ensemble B = {rx + i : x ∈ A et i ∈ I}. On
montre sans difficulté que B est un idéal de A. De plus I ⊂ B, car pour tout i ∈ I,
i = r0+i ∈ B. Puisque I est maximal, et I 6= B (car r ∈ B et r 6∈ I), on a B = A, donc
1 ∈ B. Il existe donc x ∈ A et i ∈ I tels que 1 = rx + i. On a alors 1 ∈ (r + I)(x + I),
ce qui implique 1 + I = (r + I)(x + I). La classe (r + I) est donc inversible dans A/I ;
(r + I) étant quelconque dans A/I \ {0A/I }, A/I est donc un corps.
Réciproquement, supposons que A/I soit un corps et montrons que I est maximal.
Soit I1 un idéal de A tel que I I1 ; montrons que I1 = A. Puisque I I1 , il existe
r ∈ I1 tel que r 6∈ I. Puisque A/I est un corps (r + I) est inversible ; il existe donc
x ∈ A tel que (r + I)(x + I) = rx + I = 1 + I. Il existe donc x ∈ A et i ∈ I tels que
rx + i = 1. On a alors 1 ∈ I1 ; comme pour tout a ∈ A, a = a.1 ∈ I1 , il vient I1 = A.
Il est montré que l’idéal I est maximal.

Corollaire 6. Tout idéal maximal d’un anneau commutatif est premier.

Preuve. Soit I un idéal maximal d’un anneau commutatif A. Puisque I est maximal,
A/I est un corps, donc intègre, ce qui implique que I est premier.

Définition 49. Soit A un anneau commutatif


— a ∈ A est dit diviseur de b ∈ A s’il existe c ∈ A tel que b = ac, on note a|b ;
— un idéal I de A est dit principal s’il est monogène, c’est–à–dire s’il existe a ∈ A
tel que hai = I ;
— deux élément a, b ∈ A sont dits associés si hai = hbi.

La preuve de la proposition ci–dessus est laissée en exercice.

Proposition 29. Soit A un anneau ; a ∈ A et b ∈ A sont associés si et seulement si il


existe un inversible u ∈ A∗ tel que a = bu.

Définition 50. Sot A un anneau intègre ; A est dit principal si tout idéal de A est
principal

Exercice 4.1. Montrer que Z est un anneau principal.

68
Exercices
Exercice 4.2.
1) Montrer que si A est un anneau commutatif, pour tout a ∈ A, Ia = {x ∈ A : xa = 0}
est un idéal de A.
2) Montrer qu’une intersection d’idéaux d’un anneau B est un idéal de B.
Exercice 4.3. !
√ a 2b
Soit R = {a + b 2 : a, b ∈ Z} et R′ l’ensemble des matrices 2 × 2 de la forme .
b a
1) Montrer que R est un sous–anneau de R et R′ est un sous–!anneau M2 (Z).
√ a 2b
2) Montrer que ϕ : R −→ R′ telle que ϕ(a + b 2) = est un isomorphisme
b a
d’anneaux.
Exercice 4.4.
Soient ϕ : A −→ A′ un morphisme d’anneaux, I et I ′ des idéaux respectifs de A et
A′ .
1) Montrer que ϕ(A) est un sous–anneau de A′ .
2) Montrer que si S est un sous–anneau de A′ , alors ϕ−1 (S) est un sous–anneau de A.
3) Montrer que si I est un idéal de A, alors ϕ(I) est un idéal de ϕ(A).
4) Montrer que si I ′ est un idéal de A′ , alors ϕ−1 (I ′ ) est un idéal de A
Exercice 4.5.
1) Soit ϕ : K −→ A′ un morphisme d’anneaux d’un corps K vers un anneau A.
Montrer que ϕ(x) = 0 pour tout x ∈ K ou ϕ est un monomorphisme.
2) Montrer qu’un anneau commutatif A n’a d’autres idéaux que {0} et l’idéal unité
1A = A si et seulement si c’est un corps.
3) Montrer qu’un anneau intègre fini est un corps.
Exercice 4.6.
Soit A un anneau. Un idéal I de A est dit premier si pour tout a, b ∈ A, si ab ∈ I alors
a ∈ I ou b ∈ I. Montrer que si I est un idéal premier de A et si I1 , · · · , In sont des
idéaux de A tels que I1 I2 · · · In−1 In ⊂ I, alors il existe k ∈ {1, · · · , n} tel que Ik ⊂ I.
Exercice 4.7.
Soit A un anneau non commutatif.
1) Montrer que si x, y ∈ A commutent, i.e. xy = yx, alors

xn − y n = (x − y)(xn−1 + xn−2 y + · · · + xy n−2 + y n−1 ).

2) Un élément x ∈ A est dit nilpotent s’il existe un entier n > 1 tel que xn = 1.
Montrer que si x ∈ A est nilpotent, alors 1 − x est inversible dans A.
3) Montrer que si x, y ∈ A sont nilpotents, alors x + y est nilpotent.
Exercice 4.8.
Soient U un ensemble non–vide de nombres premiers et
a
QU = { : tous les diviseurs premiers de b sont éléments de U}.
b

69
1) Montrer que QU est un sous–anneau de Q.
a 1
2) Soient A un sous anneau de Q et ∈ A. Montrer que ∈ A.
b b
3) Déterminer les sous–anneaux de Q.

Exercice 4.9.
Soit A un anneau non commutatif fini. Montrer que tout idéal premier de A est maxi-
mal.

Exercice 4.10.
Montrer que tout idéal maximal d’un anneau (unitaire) commutatif est premier.

Exercice 4.11.
Soient A un anneau commutatif, I et J deux idéaux de A. On définit le quotient de I
et J par I : J = {a ∈ A : ab ∈ I, ∀b ∈ J}. Montrer que I : J est un idéal de A.

Indications de solutions

70
Séance 5

Le corps des nombres complexes


L’équation x2 = 2 n’a pas de solutions dans Q, mais elle en admet dans R. Tou-
tefois, l’équation x2 = −1 n’admet pas de solution dans R ; dans ce chapitre, nous
proposons une étude du corps C, qui contient R, dans lequel cette équation admet une
solution.
Rappelons! que M2 (R), l’anneau des (2 × 2)–matrices à coefficient dans
! R, admet
1 0 a11 a12
I2 = comme élément unité. De plus, pour λ ∈ R et M = ∈ M2 (R),
0 1 a21 a22
! !
λa11 λa12 0 −1
on définit le produit de λ et de M par λM = . Posons i =
λa21 λa22 1 0
et notons C̃ le sous–ensemble de M2 (R) constitué des matrices de la forme
! ! !
1 0 0 −1 a −b
A(a, b) = aI2 + bi = a +b = .
0 1 1 0 b a

On vérifie sans peine que pour tous a, b, u, v ∈ R,

A(a, b) + A(u, v) = A(a + u, b + v),

A(a, b)A(u, v) = A(au − bv, av + bu) = A(u, v)A(a, b).

Par ailleurs, si A(a, b) 6= 0M2 (R) , ou encore si (a, b) 6= (0, 0), A(a, b) est inversible et

−1  a −b 
A(a, b) =A , .
a2 + b2 a2 + b2

De ces propriétés, on déduit le sous–ensemble C̃ est un corps. Aussi, on vérifie que


i2 = −I2 ; de plus, tout élément z ∈ C̃ s’écrit de façon unique sous la forme z = aI2 +bi.
D’autre part, l’application de R dans C̃ qui à λ associe λI2 est un morphisme de corps,
donc est injective. On peut donc identifier R par son image à travers ce morphisme et
le corps C̃ (qu’on notera C) par l’ensemble des a + bi avec a, b ∈ R et i2 = −1.

5.1 Défintions et propriétés immédiates


Définition 51. On appelle nombre complexe tout élément de z de la forme z = a + bi
où a, b ∈ R et i vérifie i2 = −1. Le réel a est dit partie réelle de z et b est dit partie
imaginaire de z ; on note a = Re(z) et b = Im(z). Un nombre complexe est dit
imaginaire pur si sa partie réelle est nulle.

Remarque 18. De la discussion introductive, on déduit que deux nombres complexes


z1 et z2 sont égaux si Re(z1 ) = Re(z2 ) et Im(z1 ) = Im(z2 ). De plus pour tout couple

71
5.1. Défintions et propriétés immédiates

de nombres complexes z1 = a1 + b1 i et z2 = a2 + b2 i,

z1 + z2 = (Re(z1 ) + Re(z2 )) + (Im(z1 ) = Im(z2 ))i = a1 + a2 + (b1 + b2 )i

et

z1 z2 = (Re(z1 )Re(z2 ) − Im(z1 )Im(z2 )) + (Re(z1 )Im(z2 ) + Re(z2 )Im(z1 ))i

= (a1 a2 − b1 b2 ) + (a1 b2 + a2 b1 )i.


La proposition ci–dessous découle aussi de la discussion ; la preuve est laissée en exer-
cice.
Proposition 30.
a) Pour tous z1 , z2 ∈ C, z1 + z2 = z2 + z1 .
b) Pour tous z1 , z2 , z3 ∈ C, (z1 + z2 ) + z3 = z1 + (z2 + z3 ) et (z1 z2 )z3 = z1 (z2 z3 ).
c) Pour tout z ∈ C \ {0}, il existe z ′ ∈ C tel que zz ′ = z ′ z = 1.

Conjugué et module d’un nombre complexe


Définition 52. Soit z = a + bi ∈ C ; le nombre complexe z̄ = a − bi ∈ C est dit
conjugué de z.
On déduit les propriétés suivantes.
Proposition 31. a) Pour tout z ∈ C, z + z̄ = 2Re(z) et z − z̄ = 2Im(z).
b) L’application ψ de C vers C qui à z associe z̄ est un automorphisme involutif du
corps C.
Preuve.
a) Ce point est immédiat.
b) Rappelons qu’une application est dite involution si elle est bijective et égale à son
inverse. Notons que ψ est bijective ; en effet pour tout z = a + bi, z = ψ(a − bi) = z̄¯
(ψ est donc surjective) et si z1 et z2 sont tels que ψ(z1 ) = ψ(z2 ), on alors Re(z¯1 ) =
Re(z¯2 ) et Im(z¯1 ) = Im(z¯2 ) ce qui équivaut à Re(z1 ) = Re(z2 ) et Im(z1 ) = Im(z2 ),
ou encore z1 = z2 , ψ est donc bijective. Puisque ψ ◦ ψ coïncide avec l’identité de C,
ψ est une involution.
Montrons à présent que ψ est un morphisme de corps. Soient z1 , z2 ∈ C,

ψ(z1 + z2 ) = Re(z1 ) + Re(z2 ) + (Im(z1 ) + Im(z2 ))i


= Re(z1 ) + Re(z2 ) − (Im(z1 ) + Im(z2 ))i
= Re(z1 ) − Im(z1 )i + Re(z2 ) − Im(z2 )i
= z¯1 + z¯2 = ψ(z1 ) + ψ(z2 );

de plus,
 
z1 z2 = Re(z1 )Re(z2 ) − Im(z1 )Im(z2 ) + Re(z1 )Im(z2 ) + Im(z1 )Re(z2 ) i
 
= Re(z1 )Re(z2 ) − Im(z1 )Im(z2 ) − Re(z1 )Im(z2 ) + Im(z1 )Re(z2 ) i
 
= Re(z1 ) − Im(z1 )i Re(z2 ) − Im(z2 )i
= z¯1 z¯2

72
5.1. Défintions et propriétés immédiates

on peut donc conclure que ψ est un morphisme de corps.

√ √
Définition 53. Soit z = a + bi un nombre complexe ; le réel |z| = z z̄ = a2 + b2
est dit module de z.

On remarquera que si z est réel, le module de z est la valeur absolue de z.

Proposition 32. Soit z = a + bi ∈ C.


a) |z| = 0 si et seulement si z = 0 ;
b) |z̄| = z ;
c) l’application C ∋ α −→ |α| ∈ R est un morphisme du groupe multiplicatif de C
vers le groupe multiplicatif R+∗.

Preuve.
a) Dans R, les équivalences suivantes sont vérifiées
p
( a2 + b2 = 0) ⇐⇒ (a2 + b2 = 0) ⇐⇒ (a = 0 et b = 0);

ce qui démontre ce premier point.


√ p
b) |z| = a2 + b2 = a2 + (−b)2 = |z̄|.
c) Soient z, z ′ ∈ C, par définition, |z|2 = z z̄ |z ′ |2 = z ′ z¯′ . De la commutativité de la
multiplication dans C, on a |zz ′ |2 = zz ′ z̄z ′ = z z̄z ′ z ′ = |z|2 |z ′ |2 = (|z||z ′ |)2 ; en
prenant les racines carrées, on obtient le résultat.

Remarque 19.
1 z̄
1) De l’égalité z z̄ = |z|2 , on déduit que si z 6= 0, alors= 2.
z |z|
1 z 1 1

2) Si z =
6 0, de l’égalité |z| = = |1| = 1 on déduit =
.
z z z |z|
Théorème 8. Pour tous nombres complexes z, z ′ ,
a) |z + z ′ |2 = |z|2 + 2Re(zz ′ ) + |z ′ |2 ;
b) Re(zz ′ ) 6 |z||z ′ | ;
c) |z + z ′ | 6 |z| + |z ′ |.

Preuve.
a) Posons z = a + bi et z ′ = a′ + b′ i. On a |z + z ′ |2 = (a + a′ )2 + (b + b′ )2 =
a2 + b2 + 2(aa′ + bb′ ) + a′2 + b′2 = |z|2 + 2Re(zz ′ ) + |z ′ |2 .
b) Commençons par remarquer que pour tout z = a + bi ∈ C, Re(z) = a 6 |z| =

a2 + b2 . Ainsi, Re(zz ′ ) 6 |zz ′ | = |z||z ′ | = |z||z ′ |.
c) On a |z + z ′ |2 = |z|2 +2Re(zz ′ )+|z ′ |2 et Re(zz ′ ) 6 |z||z ′ |, ce qui implique |z + z ′ |2 6
|z|2 + 2|z||z ′ | + |z ′ |2 = (|z| + |z ′ |)2 . Puisque |z + z ′ | > 0 et |z| + |z ′ | > 0, on conclut
|z + z ′ | 6 |z| + |z ′ |.

De ce résultat on déduit le corollaire ci–dessous.

73
5.2. Équations algébriques de degré 2

Corollaire 7. Pour tous nombres complexe z, z ′ ,

|z| − |z ′ | 6 |z − z ′ | 6 |z| + |z ′ |.

Preuve. Notons que |z − z ′ | = |z + (−z ′ )| 6 |z| + | − z ′ | = |z| + |z ′ |.


Par ailleurs des relations

|z| = |z − z ′ + z ′ | 6 |z − z ′ | + |z ′ |

et
|z ′ | = |z ′ − z + z| 6 |z ′ − z| + |z|

qui s’écrivent encore


|z| − |z ′ | 6 |z − z ′ |

et
− |z| − |z ′ | 6 |z ′ − z| = | − (z − z ′ )| = |z − z ′ |,


on déduit
|z| − |z ′ | 6 |z − z ′ |.

Le corollaire est ainsi démontré.

Groupe des nombres complexes de module 1


Soit U l’ensemble des nombres complexes de module 1 i.e.,

U = {z ∈ C : |z| = 1}.

De la proposition 32 (item (c)), on déduit que pour tous z1 , z2 ∈ U, z1 z2 ∈ U car


1 ; ainsi U est stable pour la multiplication. D’autre part, si z ∈ U,
|z1 z2 | = |z1 ||z2 | =
1 1 1
alors ∈ U car = = 1.
z z |z|
Ainsi U est un sous–groupe du groupe multiplicatif C∗ ; c’est le noyau du morphisme
z −→ |z| du groupe multiplicatif C∗ vers le groupe multiplicatif R∗+ .

5.2 Équations algébriques de degré 2


Rappelons qu’une équation algébrique est une équation de la forme

an xn + an1 xn1 + · · · + a0 = 0;

elle est dite de degré 2 si n = 2. Commençons par noter qu’une équation algébrique
de degré 2 admet au plus deux solutions dans C. En effet, si z1 et z2 sont solutions de
x2 + bx + c = 0, des égalités
z12 + bz1 + c = 0 (5.1)

et
z22 + bz2 + c = 0 (5.2)

74
5.2. Équations algébriques de degré 2

on déduit (en faisant (5.1)−(5.2))

(z1 − z2 )(z1 + z2 + b) = 0. (5.3)

Ce qui donne z1 = z2 ou z1 = −z2 − b.


Le résultat ci–dessous, qui découle du fait que i et −i sont solutions de l’équation
2
x + 1 = 0.

Proposition 33. Pour tout réel non nul a, l’équation x2 + a = 0 admet exactement
deux solutions dans C.

Preuve. Si a est négatif, l’équation équivaut à x2 = −a avec −a > 0, elles admet



donc x = ± −a comme solutions réelles. Et si a est positif, l’équation équivaut à
√ 2 √
x2 = (i)2 a , elle admet pour solutions x = ±i a.

Définition 54. Soit z ∈ C un nombre complexe ; r ∈ C est dit racine carrée de z si


r2 = z.

Du résultat précédent, nous savons que tout réel non nul admet deux racines carrées
dans C ; dans le résultat suivant, nous généralisons cette propriétés aux complexes.

Proposition 34. Tout complexe non nul β ∈ C∗ admet exactement deux racines
carrées.

Preuve. Posons β = x + yi. Nous avons à montrer que l’équation z 2 = x + iy admet


deux racines.
Si y = 0, on est ramené à la proposition 33 déjà traitée. Sinon, du fait que l’équation
admet au plus deux solutions et que si z est solution, alors −z l’est aussi, il suffit d’en
trouver une.
L’équation z 2 = x + iy équivaut à
(
Re(z)2 − Im(z)2 = x
2Re(z)Im(z) = y.
En utilisant le fait que |z 2 | = |z|2 , nous obtenons le système
(
Re(z)2 − Im(z)2 = x
Re(z)2 + Im(z)2 = |β| = x2 + y 2 .
p

De ce dernier système on déduit


p
2 x + |β| x+ x2 + y 2
Re(z) = = ,
2 2
ou encore s p
x+ x2 + y 2
Re(z) = ± .
2

75
5.3. Argument d’un nombre complexe

On déduit Im(z) de l’égalité 2Re(z)Im(z) = y (rappelons que y 6= 0). Au final,


l’équation z 2 = x + iy admet pour solutions
s p
x+ x2 + y 2 yi
z1 = + s
2 p
x + x2 + y 2
2
2
1 x + yi + |β|
= √ p
2 x + |β|

et
z2 = −z1 .

On déduit le corollaire suivant.

Corollaire 8. Toute équation de la forme az 2 + bz + c = 0 avec a, b, c ∈ C et a 6= 0


admet deux solutions (pas forcément distinctes) dans C.

Preuve. Il suffit de noter que l’équation az 2 + bz + c = 0 s’écrit aussi


2 !
b b2 − 4ac

a z+ − = 0;
2a 4a2

ce qui équivaut à
2 !
b b2 − 4ac

z+ − = 0.
2a 4a2
Ce qui nous ramène à l’équation

b2 − 4ac b
t2 = où t = z + (5.4)
4a2 2a

qui a deux solutions qui sont distinctes si b2 −4ac 6= 0 et confondues si b2 −4ac = 0.

De la relation 5.4, on déduit la proposition suivante dont la preuve est laissée en


exercice.

Proposition 35. Pour tous complexes a, b, c ∈ C avec a 6= 0, si z1 et z2 sont solutions


b c
de l’équation ax2 + bx + c = 0, alors z1 + z2 = − et z1 z2 = .
a a

5.3 Argument d’un nombre complexe


Nous supposerons ici les fonctions sin et cos et leurs propriétés déjà connues.

Proposition 36. Pour tout nombre complexe z de module 1, il existe un unique réel
θ ∈ [−π, π[ tel que z = cos θ + i sin θ.

Preuve. Soit z = x + iy de module 1 i.e., x2 + y 2 = 1 ; ainsi x ∈ [−1, 1]. Il existe


donc α ∈ [0, π] tel que x = cos α. Comme y 2 = 1 − x2 = 1 − cos2 α = sin2 α, on a

76
5.3. Argument d’un nombre complexe

y = ± sin α = sin(±α). De la parité de la fonction cos, on a x = cos α = cos(±α).


Ainsi, z = x + iy = cos θ + i sin θ avec θ ∈ [−π, π[ (si z = −1, on prend θ = −π).
Montrons l’unicité d’un tel θ. Soit θ′ 6= θ tel que z = cos θ′ + i sin θ′ . De l’égalité
cos θ = cos θ′ , on déduit que θ = ±θ′ . Puisque θ 6= θ′ , on a forcément θ′ = −θ ; on en
déduit sin θ′ = sin(−θ) = − sin θ et donc cos θ′ +i sin θ′ = cos θ −i sin θ = cos θ +i sin θ,
ce qui est absurde car θ ∈ [−π, π[.

Corollaire 9. Pour tout complexe z 6= 0, il existe un réel θ ∈ [−π, π[ tel que

z = |z|(cos θ + i sin θ).


z
Preuve. Puisque z 6= 0, on a |z| =
6 0. Il suffit donc de considérer qi est de module 1
|z|
et d’appliquer la proposition 36.

On notera que si 0 6= z = |z|(cos θ + i sin θ) alors, pour tout k ∈ Z et tout θ′ =


θ + 2kπ, on a z = |z|(cos θ′ + i sin θ′ ) ; cela tient au fait que cos(θ + 2kπ) = cos θ et
sin(θ + 2kπ) = sin θ.

Définition 55. Une réel θ est dit argument d’un nombre complexe non nul z si
z = |z|(cos θ + i sin θ) ; on note arg(z) = θ. Le réel θ sera dit argument principal du
complexe z s’il est argument de z et s’il appartient à l’intervalle [−π, π[.

Un nombre complexe a une infinité d’arguments, mais la différence entre deux argu-
ments distincts d’un même complexe sera toujours égale à 2kπ pour un certain k ∈ Z∗ .
Ainsi, si θ et θ′ sont deux arguments d’une même complexe, on a θ = θ′ mod 2π.

Proposition 37. Pour tous nombres complexes non nuls z et z ′ , on a :


a) arg(z̄) = − arg(z) mod 2π ;
′ ′
 )= arg(z) + arg(z ) mod 2π ;
b) arg(zz
z
c) arg ′ = arg(z) − arg(z ′ ) mod 2π ;
z
d) arg(zz ′ ) = arg(z) − arg(z ′ ) mod 2π.
z
 
Preuve. Puisque arg(z) = arg , on peut supposer que |z| = |z ′ | = 1.
|z|
a) Si z = cos θ + i sin θ, alors z̄ = cos θ − i sin θ = cos(−θ) + i sin(−θ) ; ainsi arg(z̄) =
− arg z mod 2π.
b) Si z = cos θ + i sin θ et z ′ = cos θ′ + i sin θ′ , alors

zz ′ = cos(θ) cos(θ′ ) − sin(θ) sin(θ′ ) + i sin(θ) cos(θ′ ) + cos(θ) sin(θ′ ) .


 

Or
cos(θ) cos(θ′ ) − sin(θ) sin(θ′ ) = cos(θ + θ′ )

et
sin(θ) cos(θ′ ) + cos(θ) sin(θ′ ) = sin(θ + θ′ ),

d’où
zz ′ = cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ )

77
5.3. Argument d’un nombre complexe

et l’égalité
arg(zz ′ ) = arg(z) + arg(z ′ ) mod 2π.
z zz ′ z
 
c) On a ′
= ′ ′
, or z ′ z ′ = |z ′ |2 = 1. Ainsi, arg ′ = arg(zz ′ ) = arg(z) + arg(z ′ )
z zz   z
z
mod 2π. Puisque arg(z ) = − arg(z ), arg ′ = arg(z) − arg(z ′ ) mod 2π.
′ ′
z
d) Déjà démontré dans l’item (c).

Notation exponentielle
Considérons l’application Ψ de R dans U, l’ensemble de complexes de module 1,
qui à θ ∈ R associe cos θ + i sin θ. L’application Ψ est surjective, mais elle n’est pas
injective (considérer θ et θ + 2π).
La proposition suivante découle de la proposition 37, sa preuve est laissée en exer-
cice.

Proposition 38. L’application Ψ vérifie les propriétés suivantes


a) Ψ(0) = 1 ;
b) pour tous θ, θ′ ∈ R, Ψ(θ + θ′ ) = Ψ(θ)Ψ(θ′ ).

Remarque 20. Les propriétés listées dans la proposition ci–dessus sont vérifiées par
l’exponentielle réel, ce qui justifie la notation

eiθ = cos θ + i sin θ.

On vérifie notamment que pour tous θ, θ′ ∈ R,


′ ′
— ei(θ+θ ) = eiθ eiθ ;
1
— iθ = e−iθ = eiθ ;
e ′
— eiθ = eiθ ⇐⇒ θ = θ′ mod 2π ;
eiθ + e−iθ
— cos θ = Re(eiθ ) = ;
2

e −e −iθ
— sin θ = Im(eiθ ) = .
2
On notera aussi que tout complexe z s’écrit sous la forme z = |z|eiθ pour un certain
θ ∈ R. Cette notation est dite notation polaire ou trigonométrique ; rappelons que θ
et |z| sont dits respectivement argument de z et module de z.

78
5.3. Argument d’un nombre complexe

Exercices
Exercice 5.1.
√ !27  √ 4
7−i 1+i 3
1) Écrire sous la forme a+bi les complexes suivants u = √ ,v = .
1+i 3 (1 + i)3
2) Calculer in pour tout entier relatif n.

Exercice 5.2.
Soient x, y, a, b, u, v ∈ Z tels que x = a2 + b2 et y = u2 + v 2 . Montrer qu’il existe
s, t ∈ Z tels que xy = s2 + t2 .

Exercice 5.3.
1+z
1) Montrer que si z ∈ C est un complexe de module 1, alors i est réel.
1−z
2) Montrer que si z, z ∈ C sont des complexes de module 1 tels que zz ′ 6= 1, alors

z + z′
est réel.
1 + zz ′
3) Déterminer l’ensemble de nombres complexes z tels que |z − i| = |z − iz|.

Exercice 5.4.
Soient un entier n > 2 et des complexes non nuls z1 , · · · , zn ∈ C. montrer que
n n
X X
zk 6 |zk | .



k=1 k=1

Exercice 5.5.
Montrer que les applications de C vers R, ψ1 : z −→ Re(z) et ψ2 : z −→ Im(z) sont
des morphismes du groupe additif de C dans le groupe additif de R. Ces morphismes
sont-ils injectifs, surjectifs ?

Exercice 5.6.
Factoriser dans C le polynôme x4 +1 (indication : on commencera par une factorisation
dans R).

Exercice 5.7.

1) Calculer les racines carrées des complexes u = 17 + 12i et v = 7 + 14i.
2) Résoudre dans C les équations

z 2 + (1 + 2i)z + 25 + i = 0,

iz 2 + (1 + 7i)z + 2 + i = 0,

(2 + i)z 2 + (1 + 7i)z + 2 + i = 0.

Indications de solutions

79

Vous aimerez peut-être aussi