Vous êtes sur la page 1sur 152

PHILIPPE SA M Y N

ENTR E OMBR E ET LUMIÈR E

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE


C oll ec tion L’AC A DÉ M I E E N P O C H E
EN T R E OM BR E ET LU M I ÈR E ,
T R A N S PA R E N C E E T R E F L E T
Du même auteur

La ville verticale, Bruxelles, Académie royale de Belgique (« L’Académie en


poche », 38), 2014 (réédition 2017).
The Vertical City, Bruxelles, Académie royale de Belgique (« L’Académie en
poche », 38-EN), 2014 (réédition 2017).
Between light and shade, transparency and reflection, Bruxelles, Académie
royale de Belgique (« L’Académie en poche », 94-EN), 2017.
PHILIPPE SAMYN

ENTRE OMBRE
ET LUMIÈRE,
TRANSPARENCE
ET REFLET

ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE


C oll ec tion L’AC A DÉ M I E E N P O C H E-
Publié en collaboration avec Publié avec le soutien de

Académie royale de Belgique Fig. 38. MFP/Fig. 40. Matteo Piazza


rue Ducale, 1 (MP)/Fig. 41. Guido Coolen/Fig. 42 et
1 000 Bruxelles, Belgique 43. ChB-JE/Fig. 44. F. Loze & Archi-
www.academie-editions.be press Paris/Fig. 45. George De Kinder
www.academieroyale.be (GDK)/Fig. 46. ChB-JE/Fig. 48. MFP/
Fig. 49. AFM/Fig. 51. JMB + BEAI/
Collection L’Académie en poche Fig. 52 et 53. MFP + BEAI/Fig. 57 et 58.
Sous la responsabilité académique de +SVP/Fig. 59. J-L Laloux/Fig. 61. AFM/
Véronique Dehant Fig. 62. +SVP/Fig. 63. MFP/Fig. 64.
Volume 94 Daylight Liège/Fig. 65. ChB-JE/Fig. 67.
J. Bauters (JB)/Fig. 68 et 69. MFP/
© 2017, Académie royale de Belgique Fig. 70. AFM/Fig. 71. MP/Fig. 72. MFP/
Fig. 73. JB/Fig. 77 ChR/Fig. 78 et 79
Crédits MFP/Fig. 82 GDK + M. Jaspers
© Philippe Samyn, pour le texte
Suivi :
Illustrations Loredana Buscemi,
© Samyn et associés et les photographes Académie royale de Belgique
(+ architectes associés) pour :
Fig 1. +BEAI/Fig.10 et 11. Christian Couverture :
Richters (ChR)/Fig.12. +Studio Valle Maquette de la sculpture de verre pour
Progettazioni (SVP)/Fig.13. Marie- le siège de AGC à Louvain-la-Neuve ;
Françoise Plissart (MFP)/Fig. 17 et p : 2010, r : 2011-2014 (01/577)
18. Christine Bastin et Jaques Evrard
(ChB-JE)/Fig. 19. Studio Claerhout/ Impression :
Fig. 20. +SVP/Fig. 21 et 22. ChB-JE/ IPM Printing SA, Ganshoren
Fig. 23.MFP/Fig. 25. Centre Scientifique
et technique de la construction Be/ ISBN 978-2-8031-0569-4
Fig. 31. Andrès Fernandez Marcos Dépôt légal : 2017/0092/1
(AFM)/Fig. 36. Jean-Michel BYL (JMB)/
Introduction

L’image 1 de couverture montre une partie d’une


sculpture en verre, qu’il faut imaginer dans
l’espace vide qui l’entoure 2.
Elle résume le sujet de ce petit ouvrage.
Des transparences, ombres et reflets
complexes émanent d’une forme pourtant
simplissime quant à sa géométrie, mais cette
sculpture immatérielle n’est réelle que grâce à
1 Photographies et maquettes photographiées sont elles-mêmes,
soit reflets d’une réalité avérée ou espérée, soit ombres du
souvenir de son inadvenance, comme pour les projets qui
illustrent ici le propos.
2 Le parallélépipède de verre blanc (avec sa transparence, ses
ombres et ses reflets) au plan carré de 62 × 1,35 m = 83,7 m de
côté et de 4 × 1,8 m = 7,2 m de haut (4 × 1,35 × 4/3), du siège
de AGC Europe à Louvain-la-Neuve acquiert sa légèreté avec
celui de son campanile : le parallélépipède complémentaire de
la sculpture en verre extra-clair (avec transparence, ombre et
reflets d’une autre nature) de 10 × 1,35 m = 13,5 m de long, 1,35 m
de profondeur et 10 × 1,8 m = 18 m (10 × 1,35 × 4/3) de haut. Ses
fondations sont prêtes et en attente de sa construction, que
j’espère en 2017 [01/577 — Fig. 1].
Le rapport 4/3 (et la dimension de 1,35 m) annonce déjà le
triangle de Pythagore (et l’échelle humaine).

7
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

un usage réfléchi d’une technologie constructive


concrète.
des volumes de verre trempé extra-clair 3
(rectangles de 1,35 m × 1,80 m en 12 mm d’épais-
seur), forment le motif de l’objet. Ils sont enchâs-
sés dans une cage en barres d’acier inoxydable de
haute résistance 4 de 12 mm × 12 mm de section
par l’intermédiaire de cales en Néoprène 5 à leurs
quatre coins et de joints en mastic de silicone 6.
L’emploi de ce dernier est critiquable (puisqu’en-
core non recyclable à ce jour) mais n’a pas encore
de substitut pour assurer la stabilité structurelle,
celle-ci étant vérifiée au moyen de progiciels de
calcul sophistiqués.
Ombre et lumière invitent transparence et
reflet. Elles sont au cœur de mon travail et je les
sollicite sans cesse, aussi bien dans leurs aspects
pratiques que théoriques.
Repères historiques et chiffres à l’appui, je me
livre ici à l’exercice périlleux de relier mes projets
à des concepts d’ordre théorique et scientifique,
reflets abstraits d’un travail des plus concret,
inspirés par le grand dessein du commanditaire
et le génie du lieu.

3 Ces matériaux sont décrits, ci-après, dans le corps du texte.


4 Ibid.
5 Ibid.
6 Ibid.

8
Introduction

Les sens et le paradoxe


La jouissance des cinq sens est essentielle pour,
comme l’écrit Merleau-Ponty « … qu’avec mon
corps se réveillent les corps associés 7 ». C’est par
les cinq sens que l’architecture, activité du corps
et de l’esprit de l’homme, acquiert sa réalité dans
le monde.
Mais la culture oculocentrique de Platon
(~428 à 348 av. J.-C.) nous place dans une
caverne où l’ombre et le reflet, même lorsqu’ils
convoquent in extremis l’écho sonore, comme
le décrit de manière si inspirante Victor Stoi-
chita 8, font abstraction du toucher, de l’odorat
et du goût.
Suis-je donc prisonnier de cette caverne ? La
réponse est à la fois positive et négative.
D’une part, il faut l’admettre sans remords,
cet ouvrage ne peut viser à couvrir l’ensemble
du champ architectural. Il s’attache à un aspect
seulement de l’art de construire, lequel se déve-
loppe essentiellement pour ne satisfaire que la
vue et l’ouïe. Pas besoin d’invoquer, comme pour
s’excuser, un effet de dématérialisation provo-
qué par les nouvelles technologies de la « réalité
virtuelle » : les réflexions qui suivent, elles-
mêmes, couchées sur papier, ne se lisent qu’avec
7 Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, préface de Claude
Lefort, Paris, Gallimard, Folio essais, 1964, p. 13.
8 Victor I. Stoichita, Brève histoire de l’ombre, Genève, Librairie
Droz, 2000.

9
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

les yeux. Vous ne les toucherez pas ni ne sentirez


le parfum des matériaux, ni leur relation intime
avec le goût des repas qui ravissent votre palais,
et je ne pourrai qu’évoquer furtivement le rôle
sensoriel des matériaux, aussi déterminant soit-il
pour la jouissance de l’architecture.
d’autre part, bien que limitée ici au plan de la
perception visuelle et auditive, la réflexion archi-
tecturale doit néanmoins s’exercer de manière
globale.
En effet, l’architecture se construit à coups
de créations, de découvertes et d’inventions, et
elle s’invite tout à la fois dans l’art, la science et
l’ingénierie :
— comme l’art, elle puise « à cette nappe de
sens brut,… en toute innocence 9 » ;
— comme la science, elle « manipule les
choses, s’en donne des modèles internes et,
opérant sur ces indices ou variables les trans-
formations permises par leur définition, ne se
confronte que de loin en loin avec le monde
actuel 10 » ;
— comme l’ingénierie (ou la technologie) elle
manipule la matière en quête d’invention ;
— comme en philosophie, toutes les questions
d’architecture doivent être posées sous l’angle de
la perception et se nourrir de l’observation des
paradoxes.
9 Maurice Merleau-Ponty, op. cit., p. 9.
10 Ibid., p. VII.

10
Introduction

Parmi ces derniers, le plus fondamental


semble être celui qu’énonce Merleau-Ponty à
propos de la peinture et qui peut s’appliquer
tel quel à la construction : « son interrogation
interminable, qui se relance d’œuvre en œuvre,
ne saurait déboucher sur une solution et, pour-
tant, délivre une connaissance, à la singulière
propriété de n’obtenir cette connaissance, celle
du visible, que par un acte qui le fait advenir sur
une toile 11 ». C’est là le paradoxe de l’architecture,
à la fois question et réponse, irréductible à l’une
comme à l’autre.

11 Ibid., p. VII.

11
Ch a pitr e 1

Un socle de connaissances

Le mythe de l’origine de l’art chez Pline l’Ancien


(23 à 79 ap. J.-C.), avec le trait dessinant l’ombre
d’une silhouette humaine, et le mythe de l’origine
de la connaissance chez Platon, avec la projection
des ombres de la réalité sur le fond de sa caverne-
prison 1, sont encore et toujours des expressions
de notre manque originel d’imagination.
On y échappe, à nouveau, par les chemins de
la création artistique, de la découverte scienti-
fique et de l’invention technique.
La construction est à la croisée de ces trois
chemins et c’est là que je me tiens, interrogeant
la lumière qui pénètre par transparence dans la
construction et les ombres et reflets qui l’accom-
pagnent.
Mes innombrables interrogations sont celles
d’un bâtisseur préoccupé par le sens de ses actes,
taraudé qu’il est par l’inquiétude de ne voir que
1 C’est encore Stoichita qui fait cette mise en parallèle fascinante.

13
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

l’ombre de la réalité. ma caverne est heureuse-


ment peuplée de nombreux livres, tant théo-
riques que pratiques, qui me donnent de quoi
ébaucher un socle de connaissances sur lequel je
peux m’appuyer dans ma pratique journalière et
qui, en retour, se met à jour par la confrontation
avec celle-ci.

La construction
À l’échelle de quelques millénaires, le bâtiment
présente des caractéristiques constantes découlant
de la physiologie et de l’âme humaines, ainsi que
de la nature qui nous entoure.
Ces invariants, dont font partie l’ombre et le
reflet, font l’objet de la théorie de l’architecture et
de la construction dont la plus ancienne connue à
ce jour, et qui garde toute sa pertinence, est celle
de Vitruve 2.
Françoise Choay 3 ne retient que la théorie
de Vitruve en raison de sa cohérence, complétée
par celle que développent Christopher Alexan-
der et son équipe dès 1970 4 pour l’architecture
uniquement.

2 Marcus Vitrivius Pollio (dit Vitruve ~ 90 à 20 av. J.-C.), De


architectura.
3 Françoise Choay, La Règle et le Modèle : sur la théorie de l’archi-
tecture et de l’urbanisme, Paris, Éditions du Seuil, 1980.
4 Christopher Alexander, Sara Ishikawa & Murray Silver-
stein, A Pattern Language, Oxford, Oxford University Press,

14
Un socle de connaissances

Fermement appuyées sur ce socle théorique


éprouvé, mes réflexions trouvent toujours leur
source dans la « fabrication » d’un projet d’ar-
chitecte et d’ingénieur. Ce projet a pour matière
première, je le répète, tant le grand dessein du
maître d’ouvrage que l’analyse du génie du lieu et
donne, à chaque fois, un résultat différent.
Mes réflexions se construisent donc par
bribes et morceaux, sur plusieurs sujets simul-
tanément, celles découlant d’une « fabrica-
tion » donnée interagissant toujours avec celles
provenant des autres. Elles s’additionnent et se
complètent ainsi graduellement au fil des années
et des projets et je tente, de temps à autre, d’en
faire une synthèse 5.
1977. Voir aussi The Nature of Order. An essay on the Art of
Building and the Nature of the Universe (Book 1 : The Phenome-
num of Life. Book 2 : The Process of Creating Life. Book 3 : A
Vision of a Living World. Book 4 : The Luminous Ground),
Center for Environmental Structure, Berkeley, California,
2002.
5 Bulletin de la Classe des Arts, Académie royale de Belgique,
6e série, t. VII, 1996, 1-6, p. 131-137 : « La petite ville possible
de trente mille habitants » ; t. XI, 2000, 7-12, p. 251-263 : « La
terre étroite » ; t. VXII, 2006, 1-6, p. 45-53 : « La ruine utile et
la construction efficiente » ; « Étude de la morphologie des
structures à l’aide des indicateurs de volume et de déplace-
ment », Mémoires de la Classe des Sciences, Bruxelles, 2004,
482 p*. La ville verticale, Bruxelles, L’Académie en poche,
2014, 122 p.* ; ainsi que : Philippe Samyn et Pierre Loze,
Devenir moderne ? Entretien sur l’art de construire, Bruxelles,
Éditions Mardaga, 1999 ; ou encore Principes de construc-
tion à l’usage de mes étudiants et collaborateurs, avril 1997*
(* e-book sur www.samynandpartners.com).

15
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

Suite à la transformation profonde qu’a connu


le processus de fabrication du bâtiment à partir
du XiX e siècle, la construction actuelle n’est plus
entièrement régie par les invariants de la théorie
de Vitruve. Les découvertes et inventions qui
apparaissent régulièrement définissent ainsi
peu à peu un ensemble de « variables construc-
tives » que la communauté technique s’attache à
définir, à documenter et à ordonnancer : perfor-
mances, matériaux selon leur forme et leur
nature, éléments de la construction, ou encore
programmes fonctionnels 6.
par ailleurs, en cohérence avec l’évolution de
la société, ces mutations technologiques génèrent
un corpus toujours croissant de textes légaux et
normatifs ; ceux-ci interagissent en sens divers
avec les « variables constructives » issues du
secteur de la construction lui-même, soit pour
les contenir, soit pour les orienter ou les stimu-
ler. compte tenu de leur valeur légale, ils sont
prioritaires mais, le plus souvent, rédigés dans
la précipitation et sans recul sur les évènements,

6 Le système de classification SfB, originaire de Suède (Samar-


betskommittén för Byggnadsfragor), est recommandé par le
conseil international du Bâtiment pour la recherche, l’étude
et la documentation dès 1959. Il est appliqué en Angleterre
sous le nom Ci/SfB dès 1968 et le Centre d’Information et de
Documentation du Bâtiment publie la version Française Si/SfB
en 1973. Très efficient, il permet le classement et le traitement
informatique des données et ce tant pour les dessins que les
pièces écrites et chiffrées.

16
Un socle de connaissances

ils évoluent au gré de ces derniers bien plus rapi-


dement que l’objet qu’ils codifient.
Ils ne peuvent pas non plus suivre le rythme
des progrès scientifiques et techniques et freinent
ainsi leur usage, au point que le temps écoulé
entre une invention (ou découverte) et sa mise
en œuvre pratique est généralement de plusieurs
décennies dans l’industrie de la construction,
alors qu’il dépasse rarement l’année dans les
autres secteurs industriels.
Pour s’y retrouver dans cet environnement
mouvant, le concept de durabilité peut servir de
guide.
En effet, la construction est statique, elle ne
vole pas, ne navigue pas, ne roule pas. Sa forme
découle toujours des exigences auxquelles elle
doit répondre. Ainsi, par exemple, les formes
aérodynamiques et fluides (surtout sans trait
d’ombre !) que l’on rencontre partout aujourd’hui,
si elles sont nécessaires aux avions, aux bateaux
et aux voitures, sont parfaitement inappropriées
pour un bâtiment.
La recherche d’économie de matière et de
légèreté s’impose donc à la construction, non pas
pour lui permettre de mieux se mouvoir 7 mais
par respect de l’environnement.

7 Il nous faut pousser l’exploration intellectuelle de la construc-


tion statique, tout comme Bertrand Piccard et André Borsch-
berg le font pour la construction mobile avec l’avion Solar
Impulse !

17
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

c’est là précisément l’objet de mes travaux sur


la morphologie des structures.
comme je l’étudie dans La ruine utile et
la construction efficiente, la pérennité p de la
construction est inversement proportionnelle
à son efficience E : leur produit E × p est une
constante c en un lieu et un moment donnés. Le
dessin de la construction et de ses composants
pour en limiter les déchets et le travail inutile
sur chantier est aussi important 8 que le progrès
des sciences et des technologies pour augmenter
la valeur de C : c’est le « développement durable »
[Fig. 2].

Le monde économique
Aucune réflexion sur la construction, et qui se
veut pertinente, ne peut être formulée sans se
référer au système économique qui prévaut dans
notre société démocratique et qui recherche la
paix. J’évoque ci-dessus la lenteur avec laquelle
l’industrie de la construction intègre les inven-
tions et découvertes, mais que penser alors de ce
système qui met, depuis les travaux de Jay Wright
Forrester 9, plus de soixante ans pour accepter son
8 D’autant plus que les matériaux et éléments constructifs sont
industrialisés. Si la maçonnerie ne produit pratiquement pas
de déchets, ce n’est déjà plus le cas de la charpente en bois !
9 Seulement quelques années après avoir inventé la mémoire
magnétique de l’ordinateur, Jay Wright Forrester développe,

18
Un socle de connaissances

interdépendance avec l’écosystème de la planète.


Je retiens parmi de nombreux ouvrages récents,
les livres : La troisième révolution industrielle
de Jeremy Rifkin 10 et Effondrement de Jared
Diamond 11. Je cite le second car l’analyse de son
auteur anthropologue apporte, s’il le faut, encore
plus de poids aux propos du premier, lesquels
servent de toile de fond aux réflexions qui suivent.
L’économiste Rifkin analyse l’implosion de la
société mondiale, que nous ressentons tous à des
degrés divers, construite sur le modèle issu de la
seconde révolution industrielle.
Il perçoit cependant l’émergence vigou-
reuse de la troisième et en définit les cinq piliers
(énergie renouvelable, bâtiments à faible consom-
mation et/ou producteurs d’énergie électrique,
stockage de l’énergie, distribution en toile intel-
ligente de l’énergie électrique à l’instar de la toile
de distribution de la communication, voiture
électrique ou à piles à combustible).

dès 1956, la théorie de la « Dynamique des Systèmes » et son


application à l’industrie (Industrial Dynamics, 1961, et Urban
Dynamics, 1969, Cambridge, MIT Press ; Principles of Systems,
1968, et World Dynamics, 1971, Cambridge, Wright-Allen
Press). World Dynamics est un des sujets de mes études au
MIT en 1971-1972 et est tout aussi déterminant que les théories
raffinées de calcul des structures dans la construction de ma
feuille de route intellectuelle.
10 Jeremy Rifkin, The Third Industrial Revolution, New York,
Palgrave Macmillan, 2011.
11 Jared Diamond, Collapse : How Societies Choose to Fail or
Succeed, New York, Viking Press, 2005.

19
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

il en fait découler une société empathique


vivant dans le respect de la biosphère, ce qui
m’intéresse et m’enchante. Je ne me réfère cepen-
dant ici qu’à ses réflexions sur l’aspect énergé-
tique en relation avec la construction :
1. La deuxième loi fondamentale de la thermody-
namique relative à l’entropie dit que toute énergie
se dégrade, du disponible à l’indisponible. Elle va
du chaud au froid, du concentré au dispersé, de
l’ordre au désordre.
J’ajoute que toute construction en consomme,
même la plus économe en énergie nécessaire à
son édification, puisqu’elle a pour objet de satis-
faire les besoins de l’homme, donc de l’amener
du froid au chaud, du dispersé au concentré et du
désordre à l’ordre.
2. Les énergies renouvelables deviennent partout
accessibles à tous, qu’il s’agisse du solaire, de
l’éolien, de l’hydroélectrique, du géothermique,
de la biomasse 12. Leur déploiement supprime
la nécessité d’une organisation pyramidale du
pouvoir, telle qu’elle était induite par l’ancienne
concentration des productions d’énergie, et
demande l’organisation de la société en réseau.
Nos constructions nouvelles (comme nos véhi-

12 Il ne faut pas exclure la maîtrise, lointaine peut-être, de la


fusion nucléaire.

20
Un socle de connaissances

cules) deviennent toutes de petites unités de


production et de stockage 13.
3. La mise en réseau de la communication et de
l’énergie entraîne la disparition de nombreuses
industries de très grande taille avec leurs intermé-
diaires commerciaux, et resserrent le lien direct
entre le citoyen et les créateurs, inventeurs et
découvreurs. Ces derniers mettent leurs acquis
à disposition sans pour autant les vendre : il en
découle la renaissance de l’art et de l’artisanat
dans leurs plus belles expressions avec un impact
majeur en architecture et en ingénierie civile.
Voici donc résumées les réflexions de Rifkin
qui concernent directement l’acte de construire.

L’énergie et la société
Nos vies sont rythmées et conditionnées non
seulement par nos rapports avec les autres, mais
aussi par les cycles journaliers et saisonniers de la
nature. Chaque jour, de manière différente selon
la saison, la latitude, et la nature du lieu, les varia-
tions de température, d’humidité, de couleur et
d’intensité de la lumière, son caractère direct ou
diffus, les sons, les odeurs, les états des surfaces
13 Ceci est d’autant plus souhaitable, ou inévitable, que le coût de
la distribution pyramidale (n’importe laquelle) croît beaucoup
plus vite que la population desservie (voir La ville verticale,
note 17).

21
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

que nous touchons, influencent notre vécu. L’objet


de l’abri (la construction) est de limiter voire de
supprimer les inconvénients de la nature sur notre
vie sans pour autant nous priver de ses bénéfices.
c’est ce qui fait le charme des bâtiments anciens
ou rudimentaires, en osmose avec la nature, vers
lesquels nous sommes irrésistiblement attirés
pour nous reposer et nous ressourcer, sans parler
de la cabane de notre enfance. En ville, l’animal
de compagnie permet à beaucoup de compenser
l’absence de ce contact primordial.
rien, a priori, ne devrait priver l’humain
de la jouissance de ses sens et pourtant peu de
constructions de ce dernier siècle (y compris
les miennes), même celles du mouvement dit
« moderne » porté aux nues par les architectes
eux-mêmes, échappent à cet écueil. pire, la
réduction progressive de leurs « performances »
sensorielles et affectives s’accompagne d’une
augmentation de leur empreinte énergétique, tant
pour leur construction que pour leur fonction-
nement et leur maintenance. En outre, elles ne
sont plus démontables ce qui augmente encore
leur charge environnementale pour les généra-
tions futures.
L’avertissement du rapport du miT au club
de rome de 1972 14 et le premier choc pétrolier
14 Sous la direction de Dennis L. Meadows (et l’influence des
travaux de J.W. Forrester), le rapport The limits to growth
souligne déjà les cinq principaux problèmes de l’humanité :

22
Un socle de connaissances

en 1973 ne connaissent de retentissement dans


le monde de la construction, que par l’édifica-
tion lente et progressive de normes et règlemen-
tations aussi nombreuses qu’inefficientes, aussi
longtemps qu’elles ne remettent pas en question
la posture philosophique de notre société : tout
dans la forme, peu sur le fond. En architecture,
les vagues stylistiques et formelles se succèdent,
mais ne sont que des emplâtres sur une jambe
de bois : elles sont toutes naïvement cyniques,
qu’il s’agisse du postmodernisme, du mouve-
ment « High Tech » ou des nombreux avatars du
déconstructivisme.
L’engouement actuel en Europe pour les bâti-
ments dits « passifs » n’est l’expression que de la
dernière vague stylistique, tant il est corseté par
la législation et les documents normatifs, nonobs-
tant le fait que mieux isoler une construction
(tant ses parties vitrées que ses parties opaques)
et la rendre la plus étanche possible à l’air a
tout son sens à condition qu’elle puisse respirer.
Envisager donc dès à présent, au sein de l’Union
européenne, de ne construire que des nouveaux
bâtiments producteurs d’énergie au-delà de
leurs propres besoins (que l’on veille également
à limiter), comme le préconise Rifkin, prend tout

accélération de l’industrialisation, croissance forte de la popu-


lation mondiale, persistance de la malnutrition mondiale,
épuisement des ressources naturelles non renouvelables, dégra-
dation de l’environnement.

23
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

son sens pour autant que les puissantes entre-


prises énergétiques soient immédiatement priées
de transporter en réseaux intelligents coordon-
nés cette nouvelle production diffuse, sous le
contrôle attentif des autorités européennes. pour
autant aussi, et c’est au cœur de mon propos,
que ce nouveau type de construction permette à
nouveau le libre usage de nos sens et l’emploi de
composantes les plus démontables et recyclables
possibles. pour autant finalement qu’une solida-
rité constructive soit inventée.
À l’instar de la « sécurité sociale » où les nantis
partagent leurs ressources avec les démunis,
la « sécurité énergétique » partage l’énergie
économisée ou produite par les nouveaux bâti-
ments avec celle que consomment les bâtiments
anciens, maintenus en l’état en tant que patri-
moine culturel ou social. ces nouvelles construc-
tions peuvent aussi bénéficier de l’apport fécond
de la production artisanale de haute technologie,
et des artistes, acteurs existentiels de la société
civile.

24
Ch a pitr e 2

Lumière, transparence
et reflet 1

Je vous invite maintenant à une promenade


où les matériaux (transparents, diffusants ou
réfléchissants / raides ou souples / étanches
ou perméables) et les éléments de la construc-
tion (structure, enveloppe simple ou multiple,
écran,…) dialoguent dans leur environnement
avec l’ombre et la lumière, la transparence et le
reflet. Elle est illustrée par quelques-uns de mes
projets et réalisations 2.

1 Les grandeurs physiques relatives à la lumière sont : a. la puis-


sance lumineuse d’une source (exprimée en Lumen : Lm) ;
b. l’intensité lumineuse (en Candela : Cd) ; c. l’éclairement (en
Lux : Lx) ; d. la luminance (en Cd/m²) ; e. la température de
couleur Tc (en °K) ; f. l’efficacité lumineuse (en Lm/W).
2 La référence (01/xxx) reprise pour chacun d’eux permet au
lecteur de se documenter plus en détail sur www.samynand-
partners.be. Les illustrations (où p donne la date du projet et
r celle de la réalisation) concernent la Belgique, sauf mention.
Elles sont créditées en fin d’ouvrage.

25
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

La lumière du jour
La lumière dont il est ici question, dans cette fine
bulle d’atmosphère d’à peine 120 km d’épaisseur
autour de la terre, n’a rien à voir avec celle au-delà
dans l’Univers et que nous découvrons depuis
quelques décennies seulement grâce au télescope
spatial Hubble.
L’expression « lumière du jour » recouvre
un très grand nombre de réalités différentes.
L’intensité et la température de couleur de cette
lumière varient en fonction de la latitude, du
jour de l’année, de l’heure du jour. Elle éclaire
de manière directe ou diffuse en fonction de
l’orientation, de la couverture nuageuse ou du
taux d’humidité de l’air.
Sa résultante perceptible dépend d’abord de
l’environnement naturel puis de celui créé par
l’homme.
À latitude égale et au même instant relatif,
la lumière cristalline de Marrakech au Maroc
est fort différente de celle qui éclaire les brumes
de Kagoshima au sud du Japon. Une ambiance
urbaine se différencie aussi d’une ambiance
rurale.
La température de couleur de la lumière
« naturelle » varie de 2500° Kelvin au lever et
au coucher du soleil à plus de 5800° K à midi
et se voit modifiée lorsqu’elle est réfléchie par
une surface colorée. Les surfaces colorées de

26
Lumière, transparence et reflet

l’environnement extérieur soumis au rayonne-


ment solaire direct dictent ainsi la couleur de la
lumière diffuse. La lumière fixe les limites des
couleurs perceptibles, variables d’un individu
à l’autre. L’architecture peut en jouer mais sans
que le repère naturel ne se perde sous peine de
perturber notre état.
J’ai dressé le graphique de l’éclairement sous
ciel serein à Uccle en Belgique, pour chaque
heure et jour de l’année sur une surface verti-
cale 3 ainsi que sur une surface horizontale 4.
Les deux « papillons de Lux » qui en résultent
[Fig. 3 et 4] sont édifiants et incitent au rêve et à
la méditation. Ils guident mes réflexions dès le
premier croquis conceptuel.

L’orientation et la latitude
À une latitude donnée, taille et proportions des
ouvertures dépendent de leur orientation et de
celle des murs, façades et toitures mais aussi des
obstacles de l’environnement au rayonnement
solaire. À ce sujet, il est essentiel de se rappe-
3 Orienté nord, nord-est, est, sud-est, sud, sud-ouest, ouest,
nord-ouest.
4 C’est à Robert Dogniaux que l’on doit, dès 1954, la mesure
méthodique de ces valeurs. Institut royal météorologique de
Belgique, Publications série B, nº 12, Ensoleillement et orienta-
tion en Belgique. V. Étude de l’éclairement lumineux naturel, par
R. Dogniaux, 1954. Je tente, en vain à ce jour, de me procurer
ces mesures pour d’autres latitudes.

27
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

ler que la situation est très différente entre les


tropiques, des tropiques aux cercles polaires et
au-delà des cercles polaires.
Alors que partout sur la planète le Soleil se
lève à l’est et se couche à l’ouest, la zone entre
les tropiques voit le Soleil à midi se balancer
du nord au sud, selon la saison. des tropiques
aux cercles polaires, l’hémisphère nord ne voit à
midi le soleil qu’au sud et l’hémisphère sud ne le
voit qu’au nord. ceci constitue un fait détermi-
nant pour l’architecture. En effet, l’est et l’ouest,
stables toute l’année, forment le repère d’orienta-
tion entre les tropiques, alors que l’axe nord-sud
est le référentiel usuel au-delà.

La baie
C’est par la baie, le trou dans le mur ou la toiture,
que la lumière pénètre directement, par réflexion
ou de manière diffuse, dans la construction, et
différemment selon son orientation, la saison et
l’heure du jour, avec ses attributs, (fenêtre ou ver-
rière, vitrage, garde-corps, balcon, stores, volets,
rideaux). Elle qualifie l’architecture 5.
Tous ces composants ont connu d’impor-
tantes évolutions ces dernières décennies, mais
aucun d’entre eux n’a un impact aussi impor-
5 Lire : La lumière naturelle à bon escient, Ravel Office fédéral
(Suisse) des questions conjoncturelles, 73 p., 1995, téléchar-
geable sur la toile.

28
Lumière, transparence et reflet

tant sur la matérialité de l’enveloppe (façade ou


verrière) que le vitrage et la protection solaire.
Bien d’autres facteurs, en relation avec la baie,
influencent l’architecture tels que, par exemple,
la question de la pénétration de la lumière dans
une pièce 6, toujours plus efficiente en partie
haute. La partie basse de la fenêtre pourrait
ainsi être pleine et mieux isolée, mais ceci prive-
rait cependant l’occupant de la jouissance de
la vue vers le bas, la nature, la vie sociale et les
jeux d’ombres. C’est pour cela que je privilégie,
malgré leur moindre efficacité lumineuse, les
baies du sol au plafond, la fenêtre étant équipée
d’un garde-corps transparent.
Vient aussi, parmi bien d’autres, la question
de la ventilation naturelle qui pose aussi celle du
confort, tant acoustique qu’olfactif, et de la pous-
sière. Tous ces facteurs et questions interagissent
dans le dessin de la baie.
Quant aux aspects économiques, nonobstant
ce qui est techniquement possible, c’est la raison
qui commande la taille et les proportions de la

6 C’est aussi la flexibilité d’usage de cette pièce qui est d’autant


plus grande lorsqu’elle est haute sous plafond et peu profonde.
Un bâtiment de faible profondeur (12 à 13 m) et de hauteur
sous plafond de 3 m convient à la plupart des usages (logement,
école, hôpital, commerce, administration, atelier,…) et peut
ainsi répondre à l’évolution des besoins. À l’inverse, la plupart
des immeubles profonds, parfois construits il y a moins de 30
ans, ne peuvent être adaptés pour satisfaire aux besoins chan-
geants et sont voués à la démolition.

29
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

baie. un châssis ouvrant ne devrait ainsi pas


excéder une surface de un ou deux mètres carrés,
ou présenter une hauteur excessive par rapport à
sa largeur, pour être d’usage pratique.

Le vitrage
Le vitrage se doit d’être le plus cristallin possible
pour permettre la même perception des couleurs
qu’en son absence ou alors « annoncer la couleur »
et devenir une intervention artistique destinée à
être vue et non pas à transmettre la lumière pour
voir autre chose.
C’est aussi par lui que les échanges énergé-
tiques avec l’extérieur sont les plus importants
ce qui incite à lui conférer les meilleures perfor-
mances dans ce domaine. C’est aussi lui qui, à
l’heure actuelle, est un des meilleurs supports de
cellules photovoltaïques et permet de concevoir
la façade 7 comme un générateur énergétique.
Une des tâches pour les années à venir consiste
donc à concilier le respect des sens (bon rendu
des couleurs, ventilation naturelle,…), la limita-
tion des déperditions énergétiques, la protection
solaire et la production d’énergie.
En particulier, l’isolation de l’enveloppe
contribuant lourdement aux performances
énergétiques, la tentation est grande de réduire
7 Surtout par ses parties opaques.

30
Lumière, transparence et reflet

la surface vitrée ou d’augmenter son pouvoir


isolant, quitte à réduire la transmission lumi-
neuse totale. Mais cette réduction va de pair
avec une augmentation du temps d’utilisation
de l’éclairage artificiel 8. Contrairement à l’in-
tuition, le calcul soigneux du compromis éner-
gétique optimal entre dimension du vitrage,
pouvoir isolant et transmission lumineuse mène
souvent à des vitrages de grande taille.
Si de grands vitrages sont coulés dès 1665 à la
Manufacture royale de glaces, fondée par Colbert
pour Louis XIV, leur coût élevé en réserve l’usage
aux constructions exceptionnelles 9.
Le verre à vitre ordinaire, produit du milieu
du XIX e siècle et jusqu’en 1920 à partir de
cylindres soufflés et découpés, n’est par contre
disponible qu’en feuilles de taille limitée. Gropius
s’accommode encore, en 1925, de cette limite
traditionnelle pour les grandes baies en verre
cloisonnées du Bauhaus à Dessau en attendant
la diffusion commerciale, à l’échelle planétaire,
de grandes vitres en verre étiré. Cette diffusion
permet alors la généralisation de l’emploi de très
grandes fenêtres et vitrages qui, tout autant que
8 Elle doit aussi être suffisamment répartie ce qui implique une
grande hauteur de fenêtre et de plafond ainsi qu’une profon-
deur limitée de bâtiment.
9 Francis Poty et Jean-Louis Delaet précisent des grandeurs de
2,5 m × 1,7 m en 1806 à 8,14 m × 4,2 m en 1889, dans leur ouvrage
Charleroi, pays verrier édité par la Centrale Générale à Charle-
roi, en 1986.

31
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

le béton armé et les fins châssis en acier, quali-


fient le mouvement moderne.
Le verre étiré, cristallin, est produit indus-
triellement depuis 1903 10. L’étirage laisse sur le
verre des lignes en relief, discrètes mais carac-
téristiques. Cette matérialité de la transparence
et les légers reflets qui en découlent sont à la fois
défauts et qualités. Il peut être poli pour fournir
de la glace et être mis en œuvre en double vitrage
(dès 1912 aux Etats-Unis), mais il est graduelle-
ment supplanté par le verre dit « float 11 » à partir
de 1952. La production de ce dernier demande
moins d’énergie et permet de très grandes dimen-
sions. Certains verriers tels que AGC Interpane
en Allemagne sont maintenant capables de livrer
des feuilles de verre de 3 m de large et 18 m de
longueur en 20 mm d’épaisseur ! Mais le verre
float de première génération présente une colo-
ration vert émeraude d’autant plus prononcée
qu’il est épais, réduisant la transmission lumi-
neuse 12 et appauvrissant imperceptiblement

10 Le verre étiré est inventé à Charleroi par l’ingénieur belge Émile


Fourcault, avec le franco-belge Émile Gobbe qui dépose son
premier brevet en 1901.
11 Le verre float (ou « flotté ») est inventé par l’ingénieur anglais
Sir Alastair Pilkington qui dépose son premier brevet en 1952.
12 Un vitrage est aussi caractérisé par son indice de transmission
lumineuse (TL). Un verre float extra clair de 6 mm à 12 mm
d’épaisseur présente ainsi un TL de 91 % contre un TL de 87 à
88 % pour un verre float ordinaire.

32
Lumière, transparence et reflet

mais réellement la perception des couleurs 13. Ce


verre ne peut, en outre, être produit qu’avec une
planéité parfaite sans la « matière » qu’offrait le
verre étiré capable d’en matérialiser la présence
sous la lumière, forçant son marquage lorsqu’il
y a risque de s’y cogner.
Les perfectionnements apportés au verre
float, visant à juguler la surconsommation éner-
gétique et l’inconfort découlant de la mode des
façades-rideaux largement vitrées, renforcent cet
appauvrissement. La recherche de la réduction
de la quantité totale d’énergie, que laisse passer
un vitrage par rapport à l’énergie solaire inci-
dente 14, conduit au verre teinté absorbant et au
verre réfléchissant à couches déposées « sous
vide » ou « pyrolysées 15 », de toutes les couleurs
selon les souhaits de l’architecte.
13 La perception des couleurs est qualifiée par l’indice de rendu
des couleurs (IRC), chiffre compris entre 1 et 100 qui traduit le
degré de concordance entre l’aspect coloré d’un objet éclairé
par une source donnée (ou naturellement à travers un vitrage)
et l’aspect de ce même objet éclairé par une source de référence
de même température de couleur (ou naturellement).
14 Le facteur solaire (F.S. ou « g », qui s’exprime en %), caractérise
le rapport entre l’énergie passante à travers le vitrage et l’éner-
gie solaire incidente. g = 84 % (et TL = 88 %) pour un simple
vitrage ordinaire de 6 mm, g = 74 % (et TL = 79 %) pour un
double vitrage ordinaire de 2 × 6 mm, et peut descendre jusqu’à
g = 16 % (TL ≤ 20 % !) pour le verre à couches.
15 Les verres à couches minces se développent à partir des années
1960. Celles sous vide sont déposées par pulvérisation catho-
dique assistée par champ magnétique. Il s’agit d’une nanotech-
nologie qui ne porte pas encore son nom (comme on s’y réfère

33
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

L’industrie du verre est maintenant aussi


incitée à développer des produits à hautes perfor-
mances énergétiques mais moins réfléchissants,
appauvrissant le moins possible la perception des
couleurs. pour ma part, c’est depuis 1990 que je
demande à l’industrie verrière d’offrir du verre
cristallin dans ses gammes de produits stan-
dards.
Ma prise de conscience relative aux désa-
gréments du manque de cristallinité du vitrage
remonte à l’étude de siège de la CNP/NPM
(Compagnie Nationale à Portefeuille / Natio-
nale Portefeuillemaatschappij), en 1994 (01/320,
Fig. 5). Albert Frère souhaite une façade en pierre
de France alors que je suis depuis longtemps
opposé à l’emploi de revêtements de façades en
pierres minces agrafées 16. Il me faut donc trouver
une réponse conciliant le souhait de mon client
et mon souci d’orthodoxie constructive. C’est
ainsi que j’ai l’idée d’employer du verre cristal-
lin, émaillé ton « pierre de France » sur sa face
intérieure et maté à l’acide sur sa surface exté-
rieure. Le résultat dépasse toutes mes attentes

depuis les années 1990), puisque ces couches ont une épaisseur
de 10 à 800 nm (nm = nanomètre = 10-9 m = 10-6 mm = 10-3 µm).
16 La dalle de pierre résiste dans le temps, même fissurée,
lorsqu’elle est posée à plein bain de mortier sur un mur. Elle
« vit » en sursis lorsqu’elle est agrafée en quelques points et
couvre un isolant de façade. Chocs thermiques à coup sûr,
impacts mécaniques parfois, finissent par la fissurer avant
qu’elle ne tombe.

34
Lumière, transparence et reflet

car non seulement il évoque, sans hésitation


possible, la pierre de France mais présente aussi
une profondeur visuelle tout à fait nouvelle. Fina-
lement, l’aspect désagréable que prend la pierre
lorsqu’elle est mouillée, résultant de sa porosité,
disparaît grâce à l’étanchéité du verre. Albert
Frère est conquis. Il ne me reste plus qu’à trouver
le verre en quantité voulue ! À l’époque, en effet,
ce verre cristallin n’est produit qu’en fin de vie
de la chamotte réfractaire tapissant la paroi inté-
rieure des fours ; il est rare et donc très convoité.
Je peux heureusement sécuriser l’approvision-
nement nécessaire en récupérant le stock prévu
pour la maintenance de la grande bibliothèque de
France, à Paris. Il est juste insuffisant et quelques
volumes d’une autre provenance doivent être
utilisés, ce qu’un observateur attentif remarque.
Le même verre est utilisé pour le vitrage de vision
afin de tenter, sans y parvenir vraiment, d’atté-
nuer les effets désagréables des couches énergé-
tiques 17.
Demande oblige, tous les grands verriers se
mettent à produire du verre float presque « cris-
tallin 18 », ce dont bénéficie aussi l’industrie du
17 En outre, équipé de doubles châssis vitrés performants, l’im-
meuble se veut, à l’époque, exemplaire en matière énergé-
tique. Il est cependant possible, vingt-deux années plus tard,
d’en améliorer les performances pour tenter d’approcher une
consommation nulle.
18 « Clearvision » chez AGC (le plus cristallin), « Ultra Clear » chez
Guardian, « Cristal » chez Saint Gobain.

35
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

panneau photovoltaïque. Nous disposons donc


maintenant à nouveau de verre cristallin respec-
tant la couleur de la lumière naturelle, pour
autant que les doubles vitrages ne soient pas
équipés de couches minces.
ce verre plus transparent devrait pourtant
réfléchir l’ultraviolet (invisible par l’humain)
pour être perceptible par les oiseaux 19.

Deux développements technologiques


À l’avenir, deux autres évènements impor-
tants concernant le verre promettent d’avoir,
me semble-t-il, une influence déterminante en
architecture.
Le premier concerne le double vitrage sous
vide, inventé en 1989 à l’Université de Sydney
par Richard E. Collins et Steven Robinson, et
produit industriellement au Japon par NSG
(Nippon Sheet Glass) à partir de janvier 1997 20

19 Katarine Logans dans son article « For the birds » (Architec-


tural Record, 10/2015, p. 148-154) rappelle que des « centaines
de millions d’oiseaux » meurent chaque année en heurtant
un vitrage, rien qu’aux États-Unis d’Amérique ! Pourtant les
vitrages avec couches « UV » sont indisponibles en Europe. Une
note interne d’AGC (David.Kelich@eu.agc.com) sans référence,
ni date, ne fait état que d’une « centaine de millions d’oiseaux,
en Europe » (reçu par courriel 2015.12.17 / 18:04 de Bhadresh
Parbhoo@eu.agc.com).
20 ECBS News, Issue 27, june 1998, p. 7-10 : « Vacuum Glazing
Research Program at the University of Sydney, Australia ». NSG

36
Lumière, transparence et reflet

sous la marque « Spacia ». Ce produit est révo-


lutionnaire, mais il a fallu tout le temps écoulé
depuis lors pour que son « évidence » émerge et
qu’il puisse tout prochainement (avec d’autres
caractéristiques et de meilleures performances)
être disponible en Europe.
Ce premier double vitrage est composé de
deux verres float de 3 mm d’épaisseur distants de
0,3 mm, entre lesquels le vide est créé. De petites
colonnes cylindriques de 0,5 mm de diamètre, en
acier inoxydable, placées tous les 20 mm dans les
deux sens empêchent les feuilles de se rappro-
cher sous l’effet du vide. L’intercalaire périphé-
rique traditionnel du double vitrage, composé en
général de mastics synthétiques et d’un profilé
rigide (aluminium, acier,…) formant un bord
noir opaque de 20 à 25 mm, réduit les perfor-
mances énergétiques du vitrage d’autant plus
que ce dernier est petit (c’est ce qui est appelé
communément l’effet de bord). Il n’est de surcroît
pas recyclable 21. Il est ici remplacé par un frittage
céramique de moins de 6 mm de largeur limitant
l’effet de bord au strict minimum.

me fait parvenir des échantillons enregistrés au bureau en date


du 1998-11-04, déjà !
21 Alors que les expressions « économie circulaire » et « cradle to
cradle » (du berceau au berceau) sont dans toutes les bouches,
personne ne s’inquiète des « montagnes » de lattes d’alumi-
nium-mastic-éclats de verre qui s’empilent dans les déchetteries
des ports.

37
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

En forçant le trait, l’ensemble présente


plusieurs vertus. dans les versions actuellement
attendues, son niveau d’isolation thermique est
bien supérieur à ce qu’il est possible d’atteindre
avec le meilleur des triples vitrages énergétiques
connus à ce jour. Les nouveaux verres sous vide
produits en Europe devraient ainsi présenter un
coefficient de transmission thermique u=0,3 W/
m2 °K 22, qu’il soit en position verticale ou hori-
zontale 23. Il est très aisément recyclable, n’étant
fait principalement que de silice et de petites
colonnes en acier inoxydable. Il a pratiquement
l’épaisseur du simple vitrage et présente un bord
si fin qu’il peut remplacer les petits volumes
vitrés équipant les châssis à petits bois de tous
les bâtiments du patrimoine dit classique. Bien
qu’il soit cristallin, la présence discrète des petits
plots en acier inoxydable redonne à ces verres la
« présence » du verre étiré. La taille des vitrages
actuellement réalisés selon ce procédé est cepen-
dant limitée à 1,5 m sur 3 m, mais des formats
22 Le coefficient de transmission thermique U (en W/m² °K) du
simple vitrage de 6 mm est de 5,7 ; celui du double vitrage de
base varie entre 2,7 et 3,3 ; celui des meilleurs vitrages isolants
actuels est de 1,0 à 1,2 et descend à 0,7 pour les triples vitrages.
Le verre Spacia de 1997 présente un U = 1,4 W/m² °K.
23 Ceci est une qualité supplémentaire car les doubles ou triples
vitrages actuels voient leur transmission thermique augmenter
de manière très significative lorsqu’ils s’écartent de la verticale.
Par exemple, le U d’un double vitrage très isolant passe de 1,1 en
position verticale à 1,7 en position horizontale, soit une perte
de résistance thermique de plus de 50 %.

38
Lumière, transparence et reflet

plus grands sont attendus avec des verres de plus


de 6 mm d’épaisseur.
Le second évènement concerne la chute verti-
gineuse du coût de la cellule photovoltaïque de
silicium (passée de 10,4 cm à 15,6 cm (de 4 à 6
pouces) de côté) : de 3,3 USD/Wc en 2006 à 0,60
USD/Wc en 2012 et à 0,38 USD/Wc en avril
2016 24.
Les données relatives à la récolte énergétique
solaire, en tout point de la planète et quelle que
soit l’orientation, sont entre-temps aussi deve-
nues accessibles par simple téléchargement, par
exemple sur le site du Joint Research Centre
(européen) d’Ispra en Italie 25.
Elles permettent de produire des abaques
polaires tels que les deux que j’ai dressés pour
le projet Issol dans le zoning « Les Plénesses » à
Verviers, Belgique [01/592, latitude 51°N, Fig. 6
et 7] et pour celui du centre d’accueil du village
culturel de Lujiazhi à Zhoushan en Chine [01/574,
GM 26, latitude 30°N, Fig. 8 et 9]. La course du
24 Laurent Quittre, ISSOL, courriels à Samyn and Partners
2012.05.23/16 :03 et 2016.03.10/16 :27 (il s’agit de dollar USA par
Watt crête (Wc), sur base de l’indice Bloomberg) et de prix
moyens, qu’il s’agisse de cellules mono-ou poly-cristallines.
25 E-mail : jrc-info@ec.europa.eu
26 C’est à cette occasion que débute fin 2009, ma collabora-
tion avec Georges Meurant, ses compositions en rectangles
de couleur apparaissent depuis dans bon nombre de projets
(signalés par la mention « G.M. » derrière le nº de dossier). Ce
premier projet de Zhoushan est malheureusement défiguré,
n’ayant pu diriger les plans d’exécution, ni le chantier.

39
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

soleil y est également figurée. ils montrent en


particulier que l’énergie annuelle, en kWh/m²,
recueillie sur une face verticale plein nord est
encore de 35 % de l’optimum plein sud pour la
Belgique et de 20 % pour Zhoushan.
Jusqu’à présent nous nous efforçons d’utili-
ser ces cellules avec parcimonie en les orientant,
généralement, comme la règle de l’art tradition-
nelle le préconise, perpendiculairement à la posi-
tion azimutale du Soleil le 21 juin. Aujourd’hui
la réduction vertigineuse du coût de la cellule
et la disponibilité des statistiques d’ensoleil-
lement bousculent totalement ce paradigme.
Des surfaces capteuses à orientation non idéale
deviennent économiquement rentables.
Le bâtiment producteur d’énergie par son
enveloppe à un coût accessible est donc à portée
de main, pour autant que sa structure portante
n’en grève pas anormalement le coût — c’est loin
d’être une question de détail —, et que le réseau
de distribution électrique devienne effectivement
intelligent et accessible à tous.
Il reste à concevoir une architecture intégrant
ces cellules d’une manière « aimable ». Le photo-
voltaïque n’est pas une panacée et il importe
d’évaluer, en fonction du site, la source d’énergie
renouvelable la plus appropriée.
En 1998, l’emploi des cellules photovoltaïques
en façade pour le château de Hendrik Seghers
que j’évoque plus loin, ou pour la caserne des

40
Lumière, transparence et reflet

pompiers de Houten [01/373, Fig. 10 et 11], revêt


un caractère expérimental, voire presque symbo-
lique. Il en va tout autrement en 2006.
C’est à ce moment que le Conseil de l’Union
européenne est convaincu de la pertinence de
couvrir son nouveau siège, le bâtiment Europa
d’une ombrelle photovoltaïque [01/494, GM,
Fig. 12] et que l’enveloppe de l’Euro Space Centre
à Libin-Transinne (façades et toiture) [01/518,
Fig. 13] est conçue comme une véritable centrale
électrique avec une puissance installée de 439
kWc (et une production annuelle de l’ordre de
370 MWh soit 91 % des besoins en électricité du
centre). Les panneaux sont encore dans ces deux
cas orientés de manière optimale.
Je propose maintenant une enveloppe conti-
nue de panneaux photovoltaïques pour toutes
les parties pleines des façades extérieures du
nouveau bâtiment de la Faculté des Sciences
appliquées de l’Université libre de Bruxelles,
boulevard du Triomphe à Ixelles.
Cette parure extérieure, toujours d’un noir
bleuté, contraste avec les parois blanches des
patios intérieurs, indiquées pour la réflexion de
la lumière naturelle [01/570, Fig. 14 et 15].
Ces panneaux offrent une puissance de 180
Wc/m² 27 alors qu’elle n’est que de 100 Wc/m², il
y a 10 ans à peine.
27 La puissance de la cellule seule est actuellement de 210 Wc/
m², et de 280 Wc/m² pour les applications spatiales. Comme il

41
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

une technologie émergeante à base de compo-


sants organiques (« opV » organic photovoltaic)
laisse, d’autre part, présager des panneaux trans-
parents.

Le verre feuilleté et trempé


La feuille de verre, fragile, accroît sa résistance
aux chocs lorsqu’elle est réalisée en deux ou
plusieurs couches liées entre elles par un ou
plusieurs films transparents de 0,38 mm en pvb
(ou en eva) 28. Ce vitrage présente aussi l’intérêt
de bloquer le rayonnement ultraviolet.
La combinaison de feuilles de verre trempé 29
et de verre float ordinaire confère à ce feuil-

est difficile d’imaginer une ville aux bâtiments tous noirs, des
panneaux photovoltaïques (presque) blancs voient maintenant
le jour avec une puissance de 90 Wc/m².
28 Le verre feuilleté est inventé en 1903 par le chimiste français
Edouard Bénédïctus (1879-1930) qu’il brevette sous le nom de
Triplex. C’est cependant l’invention en 1927 du pvb (butyral
de polyvinyle) par les chimistes canadiens Howard W. Mathe-
son et Frederick W. Skirrow qui marque le début de l’emploi
du verre feuilleté pour les pare-brise de voitures dès 1936 en
Angleterre. Il faut attendre les années 1960 pour leur applica-
tion dans le bâtiment, 1980 pour la première « norme » belge
(une STS – spécifications techniques unifiées), et 1989 pour la
norme belge NBN 23-002. Eva : éthylène-acétate de vinyle, mis
au point en 1950 et commercialisé par ICI (Imperial Chemical
Industries).
29 La feuille de verre trempé, brevetée vers 1930 par Rudolph
Seiden (1900-1965), est approximativement deux à cinq fois
plus résistante que la feuille de verre ordinaire car elle est

42
Lumière, transparence et reflet

leté une meilleure sécurité car le bris en petits


fragments du premier est contrecarré par le bris
en éclats du second. Ils peuvent ainsi être utili-
sés pour des garde-corps 30 ou des éléments de
plancher vitré. L’emploi de ces verres est imposé
pour tout vitrage en surplomb, tels que ceux des
verrières, depuis 2014 et maintenant aussi pour
les grands vitrages verticaux dans les espaces
public ou dans les zones à risque de tornades ou
de typhons.
Leur faible performance mécanique au regard
de leur coût incite cependant à ne les utiliser
précontrainte par échauffement lent suivi d’un refroidissement
brutal de ses faces extérieures comprimées par la contraction
et la mise en traction du cœur de la feuille se refroidissant. Le
verre « armé » inventé par Frank Shuman (1862-1918) en 1892 et
composé d’un fin grillage de fils d’acier moulé dans le verre,
est la première tentative pour assurer une certaine sécurité au
verre. Le coefficient de dilatation thermique de l’acier étant
cependant deux fois celui du verre étiré et trois fois celui du
verre borosilicaté, il est condamné à ruine sous variations ther-
miques répétées. Il est d’autant plus surprenant qu’il ait encore
été utilisé dans les vantaux des portes coupe-feu au Royaume-
Uni jusqu’il y a peu. Outre leur faible résistance mécanique et
comme la plupart des polymères, pvb et eva sont sujets à fluage,
ce qui ne permet pas d’exploiter au maximum les propriétés
du verre. C’est pour cela que je propose à AGC, dès 2010, de
mettre au point un nouveau type de verre armé (à la faveur des
grands progrès récents relatifs aux colles) utilisant un filet de
très petites mailles en fils de para-aramide dont la résistance est
celle des meilleurs aciers mais dont le coefficient thermique est
celui du verre ordinaire, voire borosilicaté, ce qui éliminerait
les défauts du verre armé d’acier.
30 Je préfère en ce qui me concerne utiliser la tôle perforée comme
décrit plus loin.

43
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

qu’avec parcimonie, pour l’une ou l’autre « note


aiguë » dans la composition. c’est ainsi que je
l’utilise pour la petite verrière faîtière portant et
offrant à la vue la girouette en acier inoxydable
brillant d’olivier Strebelle sur un petit immeuble
en bois à Waterloo 31. Comme les miroirs que
j’évoque plus loin, celle-ci renvoie au gré du vent
les rayons solaires dans la salle de réunion du
deuxième étage puis, par l’intermédiaire d’une
dalle ronde en verre feuilleté au centre de sa table,
vers le hall d’entrée [01/200, Fig. 16, 17 et 18].

Le miroir réfléchissant la lumière


naturelle
Cela fait longtemps que je suis fasciné par le
miroir. Je l’emploie notamment pour réfléchir la
lumière naturelle, comme dans les profonds ébra-
sements des fenêtres étroites de la ferme de Stas-
sart à Uccle que je restaure dès 1991 pour accueillir
mon équipe d’architectes et d’ingénieurs [01/265,
Fig. 19]. Il permet non seulement un plus grand
apport de lumière naturelle mais aussi un très
agréable regard oblique vers l’extérieur.

31 Je découvre chez lui, vers 1985, les maquettes de sculptures


monumentales qu’il ne peut réaliser pour le Sart-Tilman et
profite de cette petite girouette pour tester le dispositif à plus
petite échelle avant de lui demander les trois grandes qui
couronnent la butte que je dessine au centre de recherches
CRCSL à Louvain-la-Neuve ; p : 1986, r : 1987-1988 - (01/160).

44
Lumière, transparence et reflet

J’utilise depuis lors fréquemment ce dispositif


à l’occasion de la restauration ou de la rénovation
de bâtiments anciens, comme dans les ébrase-
ments des baies du « bloc A » du Résidence Palace
intégré au bâtiment Europa [Fig. 20].
Je suis ensuite amené à étudier l’usage de
surfaces réfléchissantes ou de miroirs placés « en
visière » entre la partie vision et l’imposte vitrée
d’une fenêtre, dans l’objectif d’éclairer le plafond
et simultanément d’assurer l’ombrage (ce que l’on
appelle communément « étagères à lumière » ou
« light shelves »). C’est ainsi qu’à l’occasion de la
mise au point en 1992 d’un immeuble de bureaux,
à l’angle des avenues Michel-Ange et de Corten-
berg à Bruxelles [01/260, Fig. 21 et 22], je me rends
compte qu’un caillebotis d’aluminium extérieur
peut déjà assurer cette fonction avec une relative
efficience, avec l’avantage de ne jamais devoir
être nettoyé.
Le résultat est si convaincant que, visitant
l’immeuble en 2000, Jan Piet et Dirk de Nul
adoptent séance tenante le même dispositif pour
leur premier nouveau siège à Aalst [01/401, Fig. 23].
Je dessine aussi, en 1997, des réflecteurs anido-
liques 32 pour le projet de la Caisse Congés du

32 Le réflecteur anidolique est une étagère à lumière qui utilise


des réflecteurs spéculaires courbes conçus pour réfléchir une
plus grande part de la lumière diffuse du ciel que ne le ferait
un miroir plan. Il est étudié dès 1993 par Raphaël Compagnon
à l’EPFL (École Polytechnique Fédérale à Lausanne).

45
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

Bâtiment à Bruxelles [01/351, Fig. 24 et 25]. Placés


à l’extérieur, leur forme cylindrique en fait les
réflecteurs les plus performants 33. Ils affirment
en outre la modénature de la façade en relation
avec celles des bâtiments voisins. L’efficience du
système, évaluée avec scepticisme à l’époque me
semble bien valoir d’être à nouveau considérée,
malgré la charge de nettoyage qu’elle implique.
Jouant distraitement avec un miroir je me
rends compte au début de l’année 1999 de la
possibilité de réfléchir, modestement mais effi-
cacement, la lumière diffuse. Ceci m’inspire
la proposition de nouvelles façades pour un
immeuble au rond-point Schumann à Bruxelles,
où de grandes plaques de verre revêtues d’une
couche pyrolysée semi-réfléchissante renvoient
de la lumière du nord dans les bureaux, sans
perturber la vue [01/381, Fig. 26].
Finalement, même un verre ordinaire réflé-
chit toujours quelque chose 34.
33 Cette étude est menée au CSTC (Centre scientifique et tech-
nique de la Construction), par Ir Peter Wouters.
34 Sauf le verre traité « antireflets ». La baisse de la réflexion de
vieilles plaques de verre est observée pour la première fois par
John W. Rayleigh, en 1887. Le premier traitement antireflet,
mais il est peu fiable, est découvert par Harold D. Taylor dès
1896, et breveté en 1904, toujours en Angleterre. Il faut attendre
1935 pour que Aleksander Smakula chez Carl Zeiss brevette le
premier traitement fiable, et 1990 pour atteindre une transmis-
sion de 99,5 %. Le traitement antireflet le plus performant actuel
est produit par Schott sous le nom commercial « Amiran ». Il
présente un taux de réflexion visuelle de 1 % pour le vitrage

46
Lumière, transparence et reflet

Les capteurs de lumière naturelle


D’autres progrès technologiques récents ouvrent
la voie vers de nouveaux modes de transport de
lumière naturelle, avec ou sans concentration.
C’est ainsi que l’on dispose actuellement de cap-
teurs faits de coques en segments de paraboloïdes
de révolution, dont l’axe pointe toujours vers le
Soleil, concentrant l’énergie solaire en un seul
point (le foyer des paraboles). À cet endroit la
partie visible de l’énergie est envoyée dans un
faisceau de fibres optiques et le rayonnement
calorifique infrarouge est transformé en éner-
gie électrique. Le faisceau de fibres peut alors
se diviser, à la manière du système vasculaire
humain, pour alimenter des sources lumineuses
ponctuelles.
Bien que ces machines soient encore à des prix
inabordables pour des applications courantes 35,
l’International Polaris Foundation me permet de
les proposer en 2004 pour son projet de « Centre
environnemental » sur les terrains de la Toronto
University [01/477, Fig. 27, 28 et 29].
simple et de 2 % pour le vitrage double, contre respectivement
8 et 15 % pour les vitrages « non traités ». Ce taux passe à 20 %
pour le triple vitrage !
35 Le sujet commence seulement maintenant, et encore très
timidement, à susciter l’intérêt de l’industrie. De nombreuses
jeunes sociétés y travaillent comme Echy, créé en France en
2010 par Quentin Martin-Laval (X-Pont 2012) et Florent Longa
(X 2012) alors encore étudiants à l’École Polytechnique, qui
proposent déjà de petites installations rentables.

47
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

Avec une structure entièrement en bois


massif, 24 colonnes tubulaires 36 portent les
planchers et comprennent un noyau en fibres
optiques alimenté, le jour, de lumière de haut en
bas par ces capteurs placés sur le toit et, la nuit,
de bas en haut par de puissants projecteurs aux
vapeurs de mercure et halogénures métalliques
(eux-mêmes alimentés par les batteries chargées
le jour par les capteurs). Ces grandes artères
distribuent ensuite la lumière dans les réseaux de
veines puis de veinules horizontales pour alimen-
ter les luminaires.
Tout comme pour ces capteurs, il est aussi
possible de placer des miroirs ordinaires sur des
héliostats de manière telle qu’ils suivent la trajec-
toire du Soleil et en réfléchissent les rayons en
un faisceau de lumière de direction constante.
Celui-ci peut ensuite être réfléchi par un ou
plusieurs miroirs, également fixes, pour éclairer
n’importe quel endroit dans une construction.
Ce sont ces héliostats 37 que je propose en 2010
36 Je prévois de réaliser ces colonnes à l’aide de feuilles de bois de
déroulé (placages), réenroulées à la manière dont on fabrique
un cigare de Havane. Ce procédé est inventé le 24 novembre
1995 par Karel Kunnen dans le cadre des travaux pratiques du
cours sur les structures bois que je donne aux futurs ingénieurs
civils à la Vrije Universiteit Brussel. Il permet de réaliser des
colonnes en bois homogène, pleines ou annulaires, cylindriques
ou conoïdales. Je n’en ai encore réalisé aucune à ce jour, mais je
continue à considérer cette idée comme très prometteuse.
37 Je les propose pour la première fois en 1996 pour le projet
de pavillon d’accueil, sous la face nord de l’hôpital Érasme

48
Lumière, transparence et reflet

pour le projet de la Maison de l’Histoire euro-


péenne dans l’ancien institut Eastman au parc
Léopold à Bruxelles [01/573, GM, Fig. 30]. Une
batterie de miroirs, dont il faut noter que leur
surface réfléchissante est toujours orientée vers
le bas, donc à l’abri des pluies verticales, réfléchit
les rayons solaires verticalement dans un puits
de lumière, où ils sont déviés horizontalement,
pour pénétrer dans les salles d’exposition. Là, ils
sont finalement réfléchis en flux convergents,
parallèles ou divergents pour éclairer à façon les
objets exposés. Les parois des salles obscures sont
percées par des tubes cylindriques aux parois
noires suffisamment longs (1 m pour 20 cm de
diamètre) pour éviter la transmission de lumière
diffuse provenant du puits de lumière lui-même
[Fig. 31].
Sans plus de succès, je propose en 2010, un
héliostat avec miroir elliptique pour éclairer le
cercueil dans chaque salle de cérémonie du créma-
torium à Aalst [01/583, Fig. 32, 33 et 34] et en 2014,
232 de ceux-ci pour éclairer le cœur du musée
Guggenheim à Helsinki [01/619, Fig. 35 et 36].
Ce n’est finalement qu’en 2016, que je réussis
enfin à en réaliser un à la caserne des pompiers
de Charleroi, pour acheminer la lumière de la

à Anderlecht de manière à le « baigner de soleil » (01/336) et,


ensuite, en 2000 pour éclairer la scène de l’Aula Magna à
Louvain-la-Neuve (01/291).

49
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

toiture dans le parking public en sous-sol [01/569,


Fig. 37].

Le miroir d’eau
Plans et cours d’eau sont les plus fascinants
miroirs naturels et les plus extraordinaires éta-
gères à lumière (leur masse thermique tempère
aussi l’atmosphère).
Ils portent les rêves 38 et font venir la lumière
de la terre pour illuminer leurs rives et les
constructions qui les bordent, comme dans
la cour de la ferme de Stassart 39 abritant mon
équipe [01/265, Fig. 38] ou les patios de la caserne
des pompiers à Charleroi [01/569, Fig. 39].
De même, les centres de recherches M & G
Ricerche à Venafro, Italie [01/222, Fig. 40] et
OCAS 40 à Zelzate [01/223, Fig. 41], se reflètent
dans les bassins qui les entourent (pour le
premier, ils jouent aussi un rôle essentiel de
climatisation sous la tente).

38 Enfant mon regard se perdait dans le grand méandre de la Lys


reflétant les nuages, au nord du jardin familial à Afsnee-lez-
Gand.
39 Le plan d’eau réfléchit aussi les nuages et le chêne qui a l’âge
de mon équipe et de ma fille aînée Virginie.
40 Onderzoek Centrum voor de Aanwending van Staal, sur le site
de Sidmar.

50
Lumière, transparence et reflet

La double peau
Les fonctions multiples auxquelles l’enveloppe
de la construction doit satisfaire conduit à lui
conférer une « épaisseur » dans laquelle les élé-
ments constructifs conjuguent leurs efficiences
respectives.
Le mur épais de maçonnerie se pare à cet
effet de nombreux attributs : alcôves, balcons,
volets, loggias, rideaux ou voiles dans ses baies ;
bandeaux, seuils en saillie, bas-reliefs, auvents et
débordements de toiture sur ses parties pleines.
Ils protègent la façade et contribuent à sa
modénature, lui confèrent son échelle humaine
et sa profondeur visuelle alimentée par les jeux
d’ombres et les reflets.
J’adopte la même approche pour les grandes
surfaces en verre transparent (ultra-clair, comme
il se doit). Ces façades « ouvertes » invitent le
regard à l’intérieur, et d’abord dans la profon-
deur protectrice de l’enveloppe de la construc-
tion, espace vide peuplé d’éléments constructifs,
à l’instar des attributs des baies et des parties
pleines du mur de maçonnerie.
Cet espace vide peut être extérieur (dans
un environnement clément) ou enclos par une
deuxième enveloppe transparente protégeant
la première (la « double peau ») lorsque, pour
quelque raison que ce soit, la première enveloppe
ne peut satisfaire seule à l’ensemble des perfor-

51
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

mances souhaitées, qu’il s’agisse de sécurité ou


de se protéger du froid, du chaud, de la pluie,
du vent, de la poussière ou du bruit, ou encore
lorsque l’espace tampon entre les deux surfaces
vitrées est utilisé pour l’agrément ou pour une
raison fonctionnelle.
Au-delà de ma quête de lumière naturelle
et de transparence, la recherche de meilleures
performances énergétiques me conduit dès 1987
aux grandes façades vitrées 41 dont la profondeur
est selon le cas matérialisée par des attributs
extérieurs ou par une double peau.
L’une et l’autre réponse jouent avec l’ombre et
la lumière, la transparence et le reflet.
Après trois propositions infructueuses 42, c’est
en 1989 qu’il m’est permis d’étudier le premier
immeuble à double peau et de le réaliser en
1992-1993, au coin des rues Belliard et de Trèves
à Bruxelles 43 [01/225, Fig. 42]. Une enveloppe

41 L’idée d’un parement en briques raides suspendu devant un


isolant mou de plus en plus épais, et soumis à choc ther-
mique heurte mon esprit de constructeur. Ce n’est seulement
que depuis quelques années que l’industrie de la terre cuite
propose, enfin, des parements plans en petites tuiles plates,
« souples » me permettant à nouveau d’imaginer leur emploi.
42 Extension de la Banque Bruxelles Lambert avenue Marnix à
Bruxelles (p : 1987. 01/183). Extension du Centre de Recherches
de Solvay à Neder-over-Hembeek (p : 1987. 01/190). Euroclear
Operation Center, Bruxelles (p : 1988. 01/204). Les doubles
peaux tampons thermiques y sont aussi utilisées comme corri-
dors et cages d’escaliers en façade (voir site web).
43 Immeuble Brussimmo pour compte d’Arbed-Sidmar.

52
Lumière, transparence et reflet

extérieure en verre clair protège du bruit et de


la poussière la façade en bois sur charpente en
acier. L’espace de 0,90  m qui les sépare, avec
ses caillebotis d’entretien, sert non seulement
de tampon thermique mais aussi de grande
conduite aéraulique reprenant l’air pulsé dans
les bureaux. L’agrément de cet immeuble trans-
parent, dans un Bruxelles administratif en murs
rideaux réfléchissants et panneaux de béton ou
de pierre, étonne… et convainc !
Tout d’abord, la même année, l’Université
libre de Bruxelles sous la présidence de Hervé
Hasquin, qui me permet de réaliser l’auditoire
de première candidature de médecine à l’Hôpi-
tal Erasme avec son enveloppe en simple vitrage
englobant le foyer et les escaliers autour de son
volume enclos [01/270, Fig. 43], puis les Éditions
Dupuis pour leur siège à Marcinelle [01/286,
Fig. 44] où, bénéficiant d’une façade au nord 44,
l’espace de la double peau qui s’étend à trois
atriums tempérés révèle toute la profondeur de
la construction et ses cloisons vitrées sur châssis
en bois.
Vient ensuite l’Université catholique de
Louvain où Marcel Crochet, recteur, et Raymond
Lemaire, père spirituel de Louvain-la-Neuve,
me permettent de dessiner le reste de la partie
ouest de la ville pour y implanter la Grande Aula
44 Il n’y a des stores (extérieurs) que sur les pignons est et ouest,
la façade sud étant aveugle, accolée à un entrepôt.

53
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

[01/291, Fig. 45 et 46]. Pour la première fois je


peux y étudier en détail, dès l’esquisse d’avant-
projet, la physique du bâtiment en symbiose avec
la construction 45. La double peau s’étendant au
foyer s’impose vite. La grande salle et sa scène
sont en particulier conçues pour l’éclairage
naturel 46.
Depuis, je continue, au gré des questions qui
se posent, à utiliser la double peau 47. La plus
récente, très délicate, concerne celle de la rénova-
tion énergétique des innombrables immeubles de
logements construits en Europe dans les années
1950-1970, sous forme de barres de 12 à 15 niveaux

45 Assisté de Filip Descamps et Paul Mees de Daidalos ainsi que


Peter Wouters du CSTC pour les études acoustiques, énergé-
tiques et d’éclairage.
46 Profitant de mon absence d’une semaine au Chili pour donner
cours, la suppression des lanterneaux est ordonnée à l’entrepre-
neur par le futur opérateur. Le plafond montre encore toujours
ses tristes yeux fermés, mais je suis confiant qu’ils s’ouvriront
un jour, tant pour la qualité de la lumière dans la salle et sur
scène, que pour des questions évidentes d’économies d’énergie.
47 Tour Dexia, place Rogier à Bruxelles (p : 2002, r : 2003-2006.
01/ 301). Centre de Recherches GlaxoSmithKline à Rixen-
sart (p : 1996, r : 1997-1999. 01/317). Siège de la CNP-NPM à
Gerpinnes (p : 1995, 1996-1997. 01/320). Siège INP (Adminis-
tration Générale de la Sécurité Sociale Chilienne) à Santiago
du Chili (p : 1997. 01/362). Tour Centrale à Bruxelles (p : 1998.
01/364). Premier Siège Social De Nul à Aalst (p : 2002, r : 2003-
2005. 01/401). Crèche à Watermael-Boitsfort (p : 2003. 01/459).
Europa à Bruxelles (p : 2005-2007 ; r : 2008-2016. 01/494) (voir
site web www.samynandpartners.com). Palais de Justice
à Namur (p : 2007. 01/511). Siège de BNP-Paribas-Fortis à
Bruxelles (p : 2013. 01/604) (voir www.samynandpartners.com).

54
Lumière, transparence et reflet

aux longs plans rectangulaires de 11 m à 12 m de


profondeur et façades orientées est et ouest. Les
travaux d’isolation thermique et d’étanchéisation
à l’air (si pas à l’eau !) qu’elle implique doivent en
effet se faire sans (trop) perturber les occupants.
C’est ainsi que je propose pour un immeuble
des « Villas de Ganshoren » de maintenir intégra-
lement la façade existante et d’atteindre l’objectif
par l’ajout de larges balcons (augmentant ainsi
substantiellement l’agrément des logements) et
d’une deuxième peau en double vitrage clair
et châssis ouvrants, mais je ne convaincs pas
[01/633, Fig. 47].
La double peau peut parfois se limiter à
un simple pare-pluie comme dans le cas de la
rénovation (en recherche de lumière naturelle)
d’un immeuble de bureaux à l’angle de l’ave-
nue Marnix et de la rue du Trône à Bruxelles
[01/489, Fig. 48]. La façade avec ses allèges et faux
trumeaux en pierre fait place à une enveloppe
de bois sur isolant avec portes-fenêtres et stores
extérieurs en bois sur balcons, protégés par des
vantelles de verre clair.

Les vantelles
L’arbre à feuillage caduc est le dispositif le plus
naturel et le plus efficient pour offrir, l’été, une
ombre protectrice tout en laissant, l’hiver, le

55
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

rayonnement solaire pénétrer profondément par la


fenêtre. Lorsqu’il ne peut y être fait appel, stores,
persiennes, volets protègent depuis la nuit des
temps des excès du soleil. pour être efficaces, il
faut que ces dispositifs soient placés à l’extérieur et
ils constituent dans ce cas un élément constructif
déterminant dans la modénature des façades.
généralement bannis depuis près d’un demi-
siècle dans nos contrées en raison de leur coût
(non seulement fourniture et placement mais
aussi maintenance et entretien), ils retrouvent
une crédibilité économique à la faveur des préoc-
cupations énergétiques actuelles.
c’est ainsi que je les propose pour la première
fois à grande échelle lorsque j’étudie en 1998 la
rénovation du siège de ENI à Rome 48 [01/375,
Fig. 49 et 50], avec ses deux façades orientées à
l’est et à l’ouest. Dessiné en 1959 par les architectes
Bacigalupo, Finzi, Nova et Ratti, cet immeuble
livré en 1962 est un véritable four solaire et ses
gigantesques groupes frigorifiques ne suffisent
pas à garantir le plus élémentaire confort d’été
aux occupants, (sauf à fermer les stores vénitiens
intérieurs !) et à recourir à l’éclairage artificiel.
J’invente donc pour l’occasion un système de
très grands volets en verre, pivotant sur leur axe

48 Le « palazzo Mattei » du nom du président d’Ente Nazionale


Idrocarburi disparu dans des circonstances non encore éluci-
dées à ce jour. Le projet est abandonné lorsqu’ENI décide de se
défaire de son actif immobilier.

56
Lumière, transparence et reflet

horizontal (Rome antique oblige : 3,6 m de haut,


7,2 m de large), sérigraphiés sur les deux faces de
bandes horizontales alternées et espacées de leur
largeur, qui suivent la trajectoire du soleil. Ce
dispositif permet de se protéger en permanence
du rayonnement énergétique du soleil sans se
priver ni de lumière, ni de vue.
Le projet n’aboutit pas (ce bâtiment reste,
encore aujourd’hui, un réfrigérateur à la porte
ouverte depuis plus de 50 ans !) et le concept
reste confidentiel jusqu’il y a peu. En 2010, je
suis amené à concevoir le nouveau siège d’AGC
Europe 49 [01/577, Fig. 51 à 53] à Louvain-la-Neuve
pour lequel je propose ce système. L’accueil est
enthousiaste et la demande de brevet pour l’in-
vention est introduite 50, ce qui me permet de
développer le concept sous forme de vantelles,
qui protègent entièrement les quatre façades
(rigoureusement orientées selon les axes cardi-
naux) du bâtiment de plan carré, sur une trame
de 1,35 m.
Horizontales au nord et au sud (douze
vantelles de 30 cm de large par étage de 3,6 m
de haut), verticales à l’est et à l’ouest (quatre
49 Asahi Glass Company entre dans le capital de Glaverbel en
1981, tout en lui laissant une grande autonomie de gestion. Voir :
Philippe Samyn et Jan De Coninck, AGC Glass Building, Tielt,
Lannoo, 2014 (consultable, en e-book, sur www.samynandpar-
tners.be).
50 La demande de brevet belge est introduite le 2012.01.09 et la
demande de brevet international, le 2013.01.09.

57
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

vantelles de 33,75 cm par module de 1,35 m), elles


sont portées par une structure très fine en acier
inoxydable microbillé, une coursive d’entretien
et de sécurité les met à distance de la façade. Des
biellettes actionnées par de petits actuateurs élec-
triques en assurent le mouvement.
Ces servomoteurs, alimentés par les données
climatologiques recueillies en toiture (tempéra-
ture, humidité, pression atmosphérique, vitesse
du vent, luminosité, couverture nuageuse) en
contrôlent l’orientation, ce indépendamment
pour chaque façade.
Au nord et au sud, les quatre vantelles supé-
rieures de chaque niveau sont aussi pilotées sépa-
rément des huit inférieures pour fonctionner
comme étagère à lumière.
Fermées par temps chaud, ouvertes par temps
froid sous le Soleil, ouvertes sous les nuages ou
par grand vent, les vantelles sont en perpétuel
mouvement lent et créent un jeu d’ombres et de
lumière dynamique.
Tous les vitrages du bâtiment sont évidem-
ment en « Clearvision ». Ceux de l’enveloppe,
derrière les vantelles, sont pourvus de la couche
« sous vide » présentant le meilleur compromis
entre isolation thermique (U= 1,0W/m² °K),
transmission lumineuse (TL = 75 %) et indice de
rendu des couleurs (IRC = 97 %).

58
Lumière, transparence et reflet

C’est ainsi que le bâtiment est « near zero


energy » (NZE) 51 alors qu’il est équipé de vitrages
pratiquement transparents car l’économie éner-
gétique réalisée sur l’éclairage électrique est bien
supérieure à celle qui aurait pu être obtenue par
des vitrages thermiquement plus performants
mais moins transparents.
Des stores de toile blanche sur la face inté-
rieure de l’enveloppe complètent la gestion de la
luminance 52 et du contraste lumineux.
La nuit, les vantelles fermées (ainsi que les
stores si on le souhaite) offrent une surface
blanche réfléchissant l’éclairage artificiel inté-
rieur pour le plus grand confort des occupants et
au bénéfice du bilan énergétique, tout en permet-
tant des vues obliques vers l’extérieur.
Le résultat est si convaincant que, visitant
l’immeuble en 2015, Jan Piet et Dirk De Nul,
encore eux, adoptent séance tenante les vantelles
pour leur deuxième nouveau siège à Aalst [01/571,
Fig. 54].
Les vantelles peuvent aussi, mais au détriment
de la transmission lumineuse, être opaques si
la nécessité d’occultation s’ajoute au besoin de
protection solaire. C’est le dispositif, prévu pour
51 La qualification NZE (pratiquement zéro énergie) correspond
à un bâtiment dont la consommation énergétique est prati-
quement nulle, sans tenir compte de l’énergie nécessaire aux
équipements liés à l’activité humaine.
52 1000 à 4000 Cd/m² pour une fenêtre, 70 à 80 Cd/m² pour un
papier blanc sous 300 Lux.

59
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

la rénovation, transformation et extension de la


maison de la culture de la province de Namur 53
[01/628, Fig. 55 et 56].
Les nouvelles façades, en verre extra clair
avec un U = 1,1 W/m² °K et châssis de chêne, sont
protégées du Soleil et de la pluie par des seuils
débordants et des vantelles en profil Z d’acier
laqué blanc, créant autant de traits d’ombre qui
rythment la façade.

Le moucharabieh
Une enveloppe doit parfois, à la manière d’un
moucharabieh, filtrer la lumière et la vue lorsque
cette dernière se veut discrète ou suggestive. C’est
le cas tant de la façade extérieure en patchwork de
vieux châssis de chêne recyclés que de la façade
en verre de la « lanterne » au siège du Conseil de
l’Union européenne 54 [01/494, Fig. 57 et 58].
Le patchwork de vieux châssis de chêne joue
le rôle d’abat-jour de la « lanterne ». Il « disparaît »

53 Cette œuvre de Victor Bourgeois (1897-1962) livrée en 1964,


présente des parties de façade en murs rideaux de bronze et
de verre réfléchissant. Élégants et prisés à l’époque, ils sont en
mauvais état et de faible performance énergétique.
54 Jean Attali et Philippe Samyn, EUROPA. Conseil européen
et Conseil de l’Union européenne, Bruxelles-Tielt, CIVA et
Lannoo, 2013 (consultable, en e-book, sur www.samynand-
partners.be).

60
Lumière, transparence et reflet

littéralement au crépuscule lorsque cette dernière


est allumée 55.
Le volume de la « lanterne » contient, du
premier au huitième étage, quatre grandes
salles de conférences, chacune entourée de
deux niveaux de cabines d’interprètes desser-
vies par huit niveaux de couloirs périphériques.
Au rez-de-chaussée, au neuvième et au dixième
étages, cafétéria et restaurants demandent une
vue vers l’extérieur. Finalement un escalier de
secours tout en courbes, desservant l’ensemble
des niveaux, se déploie sur toute la hauteur de la
« lanterne ». L’enveloppe demande une certaine
transparence en parties basse et haute pour la
vue, et une certaine opacité au droit des circula-
tions pour la discrétion. Cette combinaison est
obtenue par l’emploi de plaques de verre sérigra-
phiées de transparence variable entre 33 à 75 % 56.
Le motif reproduit sur les panneaux doit
rendre perceptible leur division élémentaire et
55 « Les vertus du patchwork et la façade du Conseil de l’Union
Européenne », in Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, Acadé-
mie royale de Belgique, 6e série, t. XVII, 2006, 7/12, p. 323-353.
Voir aussi Jean Attali et Philippe Samyn, op. cit., p. 67-92.
C’est en 2003 que je propose pour la première fois l’emploi de
vieux châssis de chêne recyclés pour la double façade d’une
crèche à Watermael-Boitsfort (01/459).
56 Chaque quart des 42 segments de troncs de cônes elliptiques
empilés formant l’enveloppe est constitué de 14 plaques de verre
trapézoïdales cintrées avec arêtes horizontales courbes, soit au
total 588 plaques de dimensions et de transparences différentes
(voir aussi Jean Attali et Philippe Samyn, op. cit., p. 109-158).

61
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

donc la succession des ordres de grandeur 57,


mais également, à la manière de l’illusionniste,
amplifier le galbe du volume. Celui que je retiens
est composé de lignes inclinées à ¾ sur l’hori-
zontale, placées en alternance dans une direc-
tion et dans l’autre. Dans la première, les bandes
ont une largeur constante de 5  cm pour une
variation de l’intervalle les séparant allant de
5 à 15 cm, tandis que dans l’autre direction, les
bandes ont une largeur de 7,5 cm, avec un inter-
valle de séparation compris entre 2,5 et 12,5 cm.
L’écartement entre les bandes est minimum au
centre de la surface de la « lanterne » et grandit
au fur et à mesure que les bandes se rapprochent
de sa base ou de son sommet, avec pour résultat
une diminution de la transparence à mesure de
l’élargissement de la « lanterne » et, inversement,
une augmentation de la transparence à mesure
de son rétrécissement en haut et en bas. Le jeu
de moucharabieh s’amplifie dans l’escalier de
secours avec la succession de tôles d’acier très
perforées, à la fois suspentes et garde-corps,
véritables mantilles toutes en courbes, se lovant
verticalement de niveau à niveau derrière l’enve-
loppe bombée.
57 Dom Hans van der Laan, Le nombre plastique, quinze leçons
sur l’ordonnance architechtonique, traduction par Dom Xavier
Botte, Leiden, E. J. Brill, 1960. Il s’agit de la seule théorie avérée
relative aux règles régissant la proportion des volumes en rela-
tion avec l’acuité visuelle et la morphologie des humains (voir
aussi les travaux de Gérard Cordonnier, 1924).

62
Lumière, transparence et reflet

Les « miroirs aux couleurs »


La « lumière naturelle » ayant pénétré dans la
construction avec un minimum de perte de
qualité, la voilà à l’intérieur, rebondissant de
manière directe ou diffuse sur toutes les surfaces
qu’elle touche. Ces surfaces agissent elles-mêmes
comme des miroirs diffus réémettant une faible
portion de la lumière naturelle qui les atteint,
et leurs couleurs « teintent » les objets contenus
dans le volume qu’elles enclosent. Tout se passe
comme si notre perception de la nature et du
vivant nous rendait sympathiques et apaisantes
les réflexions des matériaux « naturels » tels que
le bois ou la pierre. Il en va de même des motifs
renvoyant à la faune et la flore, même reproduits
en peinture sur du papier ou des étoffes. Il en va
tout autrement des surfaces de murs peintes en
grands aplats de couleur uniforme, manifestation
d’un acte humain abstrait. Si elles ne sont pas
des expressions artistiques voulues, attendues et
offertes au regard, elles deviennent intruses et
perturbantes et ce, d’autant plus insidieusement
que la couleur s’y veut discrète. C’est ainsi que
les tons « blanc cassé » (le nom est bien porté)
ou les gris « distraits » perturbent profondément
la perception d’un espace. Cela fait longtemps
que j’exprime le souhait de pouvoir disposer
de peinture vraiment blanche, comme celle du
peintre (qu’il s’agisse de gouache, d’acrylique ou

63
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

d’huile) ou comme le papier couché au talc ou


plus simplement comme un enduit de chaux, alors
qu’aucune peinture produite industriellement ne
peut y répondre. c’est toujours le cas en 1997, et il
est très désagréable que l’industrie de ce dernier
siècle soit toujours aussi déficiente à ce sujet.
Je me tourne donc vers les gris « purs », sensés
n’être qu’un mélange pur de blanc et de noir et
c’est à François Cornélis, à l’époque administra-
teur-délégué de Petrofina, que je dois la mise au
point de peintures acryliques « gris pur » par sa
filiale Sigma Coatings en 1998. Ce n’est pas aussi
aisé qu’il y paraît, car le noir n’est produit que
par un mélange de couleurs qu’il est difficile de
calibrer 58 (et l’on sait combien Rothko en tire
profit !). Lorsqu’enfin ces peintures sont prêtes,
je les propose à Hendrik Seghers dont je rénove
en 1998 le château Groenhove à Malderen [01/532,
Fig. 59] et il s’écrie : « maar dit zijn kleurspiegels ! »,
et comme il a raison !
Je choisis donc ces « miroirs aux couleurs »
selon le mur et la pièce concernée ; en gris très
foncé dans la cage d’escalier pour y mettre en
évidence un magnifique Rubens, un gris presque
noir dans la seule pièce style Louis XVI subsis-
58 Nul doute que l’invention du plus noir des noirs, couleur absor-
bant 99,965 % de lumière, peinture composée d’une forêt de
nanotubes de carbone perpendiculaires à sa surface, que cela
soit par l’artiste belge Frederic de Wilde (2010) ou par Vanta-
black (2015), (pour Vertical Aligned Nano Tube Arrays-Black)
est à utiliser en construction.

64
Lumière, transparence et reflet

tante pour faire chatoyer les boiseries et leurs


moulures gris clair, des gris presque blancs dans
les chambres, etc. Il est tout aussi convaincu
lorsque je lui propose de peindre les façades
en gris avec 60 % de noir 59. Elles changent de
couleur selon l’heure du jour, le jour de l’année
et la météo ! J’emploie depuis ces peintures grises
dans tous mes projets. Lorsque plus tard, avec des
moyens bien plus réduits, Hendrik me demande
de rénover les communs du château, je les tapisse
de papier aluminium froissé 60 : miroir ou miroir
aux couleurs ? [Fig. 60]. Et voilà la lumière qui
rebondit à nouveau.

Volets, rideaux, reflets et Lux


La transparence s’accompagne du reflet. L’atmos-
phère elle-même ne peut être plus transparente
que par temps froid et sec et sans contre-jour
(pensez aux mirages : quel reflet !). Quant au verre,
même cristallin, il n’est vraiment transparent que

59 Une grande résille de vantelles avec cellules photovoltaïques


suivant la trajectoire du Soleil protège les terrasses ajoutées
devant les façades sud. Une série de longs tubes en verre boro-
silicatés contenant des capteurs solaires thermiques forment la
pergola de la toiture terrasse.
60 Il forme en même temps pare-vapeur couvrant la paroi isolante
du côté chaud, ce qui est techniquement orthodoxe, certes, et
conforme à la religion technologique du jour. Il n’empêche
qu’une paroi respirante est toujours préférable pour un local
habité régulièrement, ce qui n’est pas le cas ici.

65
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

lorsque l’on regarde une scène éclairée à partir


d’un espace qui l’est moins : de l’intérieur vers
l’extérieur par une fenêtre orientée au nord, ou
l’inverse la nuit.
Volets et rideaux se ferment dans la construc-
tion traditionnelle lorsque l’obscurité succède au
jour, ou s’ouvrent au spectacle de la pleine lune
et du ciel étoilé, de l’orage ou encore de la chute
de neige.
cette occultation contribue à l’intimité de
la pièce et est aussi utile pour y augmenter sa
luminosité par la réflexion de la lumière artifi-
cielle. Elle nous met à l’abri de l’effet désagréable
de « miroir noir 61 » que produit le vitrage sous
l’éclairage intérieur.
L’éclairement y est encore au minimum de
250 à 500 Lux chez les riches (combien de temps
encore ?) alors qu’il dépasse rarement 50 à 100
Lux chez les pauvres 62.

La verrière globale
L’oculus zénithal totalement ouvert au sommet
de la demi-sphère de 43 m de diamètre du dôme
du Panthéon à Rome (125 ap. J.-C.) ou les hauts
vitraux de la cathédrale gothique (48,5 m pour les
61 À l’inverse du miroir « blanc », semi-réfléchissant, sans tain
vers une pièce obscure.
62 Riches ou pauvres jouissent pendant la journée d’un éclaire-
ment de 90 000 Lux maximum !

66
Lumière, transparence et reflet

nefs de Beauvais, 1225-1272/1500-1548) permettent


à la lumière naturelle d’irradier de somptueux
espaces par d’infinis jeux d’ombre et de lumière.
L’oculus et la grande verrière verticale font
toujours partie du vocabulaire architectural, mais
les premières grandes charpentes en acier qui
apparaissent dès la seconde moitié du XIX e siècle
permettent la réalisation de verrières de toiture :
englobant tout un édifice, elles ouvrent un
nouveau chapitre de l’art de construire.
De vastes toitures transparentes couvrent les
premières gares ferroviaires à l’air libre ou de
grands halls d’exposition. Des verrières globales
enveloppent de vastes volumes enclos comme
celui du Crystal Palace de 1851 à Londres (39 m
de hauteur) ou les premières grandes serres du
Jardin des Plantes à Paris (1836), de Kew Gardens
(1849) ou du palais royal de Laeken (1873).
La pénétration de la lumière naturelle dans
ces espaces à l’air libre ou enclos est de 60 à
70 % (celle du verre, lorsqu’il est propre, réduite
par l’emprise de son support), la température y
fluctue librement, tout comme au Panthéon et
dans les cathédrales.
Il est très difficile d’y maintenir une tempé-
rature stable et d’éviter les courants d’air, l’enve-
loppe étant vitrée et sans inertie thermique.
Par temps froid, la chaleur qui y est produite
provoque des mouvements d’air ascendant qui

67
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

s’accélèrent lorsque l’air se refroidit en redescen-


dant le long des parois extérieures.
par temps chaud et sous le Soleil, malgré les
parasols, des baies de ventilation au sommet
et à la base du volume enclos sont nécessaires
pour évacuer la chaleur produite par l’effet de
serre, même avec des verres réfléchissant à faible
facteur solaire.
Les grandes surfaces de verre peuvent aussi
être source d’inconfort acoustique, qu’il s’agisse
du bruit qu’elles réverbèrent ou de celui que
provoque la pluie battante.
ces questions thermiques et acoustiques
influencent donc de manière déterminante la
composition architecturale et l’organisation
des grandes verrières globales en verre simple
(u=5,7 W/m² °K) pour qu’elles gardent toute
leur légitimité fonctionnelle et environne-
mentale. Lorsqu’il est impératif de réaliser un
espace climatisé en tout point, ce qu’il faut en
principe éviter, l’emploi de double vitrage (U=1,1
W/m² °K), et bientôt de verre sous vide (U=0,3
W/m² °K), permet dans une certaine mesure de
réduire l’inconfort thermique en hiver, au prix
d’une importante dépense énergétique, mais
nécessite toujours des dispositifs pour « couper »
les vents coulis froids le long des parois vitrées
verticales.

68
Lumière, transparence et reflet

C’est ainsi que pour les atriums du nouveau


siège social de KBC Verzekeringen 63 à Leuven
[01/433, Fig. 61], des bacs en verre au pied des
verrières verticales sont imaginés pour réchauf-
fer l’air des vents coulis avant qu’il ne déborde
dans l’espace, et qu’au bâtiment Europa [01/494,
Fig. 62], un tube à ailettes chauffant est disposé
tout au long à 5 m de haut sur la face intérieure
de la double façade 64.
Ces exceptions sont rares et la verrière globale
se conçoit toujours plus logiquement en simple
vitrage ou simple peau.
N’importe quelle forme de surface (à cour-
bure gaussienne nulle, positive ou négative) 65
est géométriquement réalisable en triangles
63 Marc Dubois, Tussen binnenstad en spoor. Leuven 2003, Gent,
Ludion. 2005.
64 Une façade intérieure en châssis d’acier et une façade extérieure
en châssis de chêne « patchwork ».
65 La géométrie d’une surface courbe est définie par R 1, son plus
grand rayon de courbure et R 2, son plus petit, mesurés sur la
perpendiculaire au plan tangent en chacun de ses points, ou
par 1/ R 1 et 1/ R 2 appelées les courbures principales. La courbure
gaussienne qui est le produit de ces dernières (K = 1/ R 1 × 1/
R 2) caractérise la forme générale d’une surface. Ainsi pour les
quadriques (les équivalents en trois dimensions des coniques
en deux dimensions : ellipses, paraboles ou hyperboles) K = 0
lorsque R 1 est infini comme pour un cylindre elliptique hyper-
bolique ou parabolique ou un cône à base elliptique ; K > 0
lorsque R 1 et R 2 sont du même côté de la surface, comme pour
un ellipsoïde, un paraboloïde elliptique ou un hyperboloïde à
deux nappes ; K < 0 lorsque R 1 et R 2 sont de chaque côté de la
surface, comme pour l’hyperboloïde à une nappe (le diabolo)
ou le paraboloïde hyperboliques (la selle), illustrations et équa-

69
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

ou trapèzes (les verres plats comme dans les


exemples qui suivent, ou tronconiques, comme
pour la « lanterne » de Europa, étant l’approxi-
mation usuelle).
L’usage auquel est destinée la verrière, sa taille
et les performances physiques 66 que l’on attend
d’elle ainsi que la recherche de la structure la plus
légère possible (dans les limites de la flexibilité
imposées par la fragilité du verre) limitent cepen-
dant cette liberté.
La structure ne doit être, en outre, ni trop
élancée verticalement ni trop surbaissée pour
limiter les effets du vent d’une part (force hori-
zontale de l’ordre de 1 kN/m²), et du poids propre
d’autre part (0,2 à 0,3 kN/m² pour le vitrage, puis
0,3 à 0,7 kN/m² pour la structure soit une force
verticale de 0,5 à 1 kN/m²).
Raideur oblige 67, la structure est encore
souvent en acier ordinaire S235 68 comme dans

tions sur www.wikipédia « quadrique ». On appelle aussi Cour-


bure moyenne : 1/R m = (1/ R 1 + 1/ R 2) /2.
66 Qui concerne aussi le comportement au feu.
67 Le module d’élasticité E (qui caractérise la raideur d’un maté-
riau et est exprimé en Pascal (Pa), ou N/m²) vaut E = 210 GN/m²
pour l’acier, quelle que soit sa résistance mécanique laquelle est
exprimée par sa limite élastique qui varie de 235 MN/m² pour
l’acier doux à 2000 MN/m² pour l’acier de très haute résistance.
68 La « résistance » σ d’un acier s’exprime par un S majuscule suivi
de la valeur de sa limite élastique (contrainte à partir de laquelle
il arrête de se déformer d’une manière élastique) en MPa. Il est
actuellement possible d’obtenir des tôles de 1 à 12 mm d’épais-
seur en S2000, et qui sont parfaitement soudables.

70
Lumière, transparence et reflet

les exemples qui suivent. L’emploi d’acier de très


haute résistance, longtemps réservé aux câbles et
maintenant disponible en tôles minces (industrie
automobile aidant !), s’impose cependant pour
en réduire la quantité de matière. Il implique
de remplacer le verre raide par des membranes
souples et donne lieu à de nouvelles morpholo-
gies structurelles auxquelles je travaille en ce
moment.
La verrière en simples vitrages trapézoïdaux
à couche réfléchissante du Comptoir forestier à
Marche-en-Famenne 69[01/279, Fig. 63 à 65] est
formée d’un segment de tore (K > 0) sur char-
pente bois.
Elle couvre un espace d’activité industrielle
et deux constructions en maçonnerie dont l’une
abrite des chambres frigorifiques et l’autre des
bureaux et des laboratoires chauffés en hiver.
Celle du musée du Neanderthal Museum
à Erkrath-Mettmann en Allemagne [01/290,
Fig. 66] est une portion de cylindre elliptique
(K  = 0) couvrant le site archéologique. Des
brumisateurs y vaporisent de l’eau (calcaire pour
un temps) sur sa face extérieure en verres clairs
trapézoïdaux tant pour rafraîchir l’espace enclos
que pour la couvrir, après quelques temps, d’une
croûte calcaire translucide.
69 Bulletin of the International Association for Shell and Spatial
Structures, vol. 36 (1998), nº 2, August 118, p. 73-82. Consultable
au « 01/279 » sur www.samynandpartners.be.

71
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

La verrière couvrant le restaurant d’entreprise


de petrofina, rue guimard à Bruxelles [01/313,
Fig. 67] est un cylindre à directrices en forme de
chaînette 70 (K = 0), ses doubles vitrages rectan-
gulaires étant portés par de petits profilés IPE80
cintrés en acier suspendus aux bâtiments qui la
bordent et lui assurent l’ombrage.
Finalement, la verrière de la tour d’exposition
du Musée du Verre à Lommel [01/469, Fig. 68 et
69] présente la forme d’un cône à base circulaire
(K > 0). Les vitrages doubles à couche réfléchis-
sante et les mailles de la fine structure de tubes
d’acier qui les portent sont triangulaires.
Si la charpente en bois du Comptoir et la
croûte calcaire à Erkrath réduisent la transmis-
sion lumineuse, elles apportent une certaine
protection solaire le jour et réfléchissent la
lumière artificielle la nuit tout en étant lumi-
neuse de l’extérieur. La tour de Lommel, expo-
sant des œuvres d’art en verre tout au long de
ses escaliers hélicoïdaux, doit, à l’inverse, offrir
transparence et scintillement pendant la nuit.
Le polycarbonate 71 présente la même trans-
mission lumineuse que le verre, mais est 35 fois
70 La chaînette est la forme que prend un câble franchissant une
portée horizontale lorsqu’il est suspendu par ses extrémités et
soumis à une force uniformément répartie verticalement sur
sa longueur.
71 Le PC, découvert en 1953 par Schnell, Bottenbruck et Krimm
chez Bayer AG, est mis sur le marché en 1958. Il faut à nouveau
attendre des décennies pour voir se développer les plaques à

72
Lumière, transparence et reflet

plus souple, 6 fois plus dilatable, et deux fois


plus léger mais surtout plus résistant aux chocs.
Mis en œuvre sous forme de plaques à parois
multiples, il offre une isolation thermique de
0,875W/m²K avec un IRC supérieur à 97 %, ce
qui en fait aussi un matériau approprié pour
la verrière, malgré sa moindre résistance aux
rayons ultra-violets.
Je l’utilise ainsi pour les parois des salles
de sport des casernes de pompiers à Enschede
(p : 2003, r : 2005-2007 ; 01/450) et à Charleroi
(p : 2014, r : 2015-2016 ; 01/569), mais c’est surtout
pour offrir une belle lumière dans le petit atelier
de l’artiste-peintre Erik Salvesen à Ekenäs-
Tammisaari en Finlande qu’il s’avère d’une
grande utilité [01/561, Fig. 70].
Les portiques en multiplex de bois y portent, à
l’extérieur, un bardage ajouré de planches de bois
et une verrière en verre simple et, à l’intérieur,
des panneaux en parois multiples en polycarbo-
nate.

parois multiples avec un haut pouvoir isolant. Il présente une


densité de 1,2, une limite élastique de 60 MPa, un module
d’élasticité de 2 GPa, un coefficient de dilatation thermique
de 70.10-6 °K (contre respectivement, et pour le verre ordinaire,
2,5 – 40 MPa – 70 GPa et 1,2. 10-6 °K).

73
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

La membrane plastique
Depuis la nuit des temps, la lumière naturelle est
aussi transmise de manière diffuse par les tentes
en toile blanche ou filtrée par les résilles et filets
en vanneries ou cordage.
Les découvertes et inventions de ce dernier
siècle nous permettent maintenant la réalisation
d’enveloppes souples en toiles et films transparents
et étanches, ou encore en tôles, résilles ou filets
à perméabilité variable, ainsi que d’enveloppes
raides en panneaux translucides à haut pouvoir
isolant. Elles ouvrent de nouveaux champs de l’art
de construire, jouant à nouveau avec l’ombre et la
lumière, la transparence et le reflet.
L’emploi de tissus de polyester enduits de
PVC 72, utilisé jusqu’alors en bâches (et en parti-
culier pour couvrir les volumes de chargement
des camions) est expérimenté à partir des années
1960 pour des tentes à l’air libre puis également
pour englober de vastes espaces clos, ouvrant un
autre chapitre de l’art de construire. Ces surfaces
souples, qui ne peuvent avoir qu’une courbure
gaussienne négative 73, sont légères (1 à 1,5 kg/

72 Hoechst, en Allemagne, les produit principalement à l’époque,


mais est progressivement supplanté par la société Serge Ferrari
à Lyon qui produit les bâches les plus performantes à partir de
1973 ; ces tissus sont classés M2 en matière de réaction au feu.
73 Sous pression atmosphérique, les enveloppes souples soumises
à pression interne peuvent, elles, prendre toutes courbures
(encore un chapitre différent de l’art de construire).

74
Lumière, transparence et reflet

m² contre 20 kg/m² pour un verre de 8 mm),


se fabriquent aussi facilement que les voiles de
bateau et sont aisées à mettre en œuvre. Elles ont
actuellement une résistance admissible de 100
à 150 KN/m. Blanches, leur transmission lumi-
neuse (TL) est cependant inférieure à 10 %.
Le tissu en fibre de verre enduit de PTFE 74
apparaît ensuite au début des années 1970 75. Il
présente les mêmes caractéristiques mécaniques
que le tissu polyester-PVC actuel, est un peu plus
transparent, incombustible, moins salissant,
théoriquement plus durable mais, plus raide et
fragile, il est délicat à mettre en œuvre.
C’est Frei Otto (1925-2015) 76 qui parmi
les premiers, dès 1960, réalise l’intérêt de ces
« verrières souples » en architecture et en déve-

74 PTFE : Polytétrafluoréthylène, que Roy. J. Plunkett (1910-1994)


découvre par hasard en 1938, chez Dupont.
75 Ils sont le fruit de l’effort commun menés par Dupont, Owens-
Corning, Birdair et Saint-Gobain.
76 Frei Otto (ed.), Tensile Structures, Vol. 1: Pneumatic Struc-
tures; Vol. 2: Cables, Nets and Membranes, Cambridge (MA),
The MIT Press, 1967/1969 (édition originale en allemand,
1962/1966).
Architecte (1925-2015), il étudie aussi ces grandes formes
tendues sous forme de filets en câble d’acier et les utilise pour
le pavillon allemand à l’exposition universelle de Montréal en
1967, puis pour la couverture du stade et de la piscine des Jeux
Olympiques de Münich en 1972. Ces structures coûteuses et
complexes, paradoxalement très alourdies par leurs accas-
tillages, ne sont ensuite que très rarement utilisées sauf pour
quelques grandes volières. Elles me donnent cependant, en
2009, l’idée des filets en cordages para-aramides cousus.

75
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

loppe méthodiquement la grammaire et le


vocabulaire. il étudie en particulier différentes
surfaces minimales possibles à l’aide de film de
savon sur un contour fermé 77.
La matière de ces surfaces (toujours à cour-
bure gaussienne négative, sauf pour le plan)
avec une épaisseur constante y est en tout point
soumise à contrainte constante dans toutes les
directions.
On ne peut trouver formes plus efficientes
pour porter leur propre poids, mais toutes ne
le sont pas pour reprendre les autres charges
auxquelles sont soumises les membranes. En
outre, les tentes sont toujours confectionnées à
partir de lés de tissus assemblés et formés d’un fil
de trame et de chaîne ne présentant pas la même
résistance (σ) et raideur (E) dans les deux sens 78.
Cette surface minimale n’est donc, à proprement
parler, pas réalisable en textile.

77 C’est le physicien belge Joseph Plateau (1801-1883) qui fit les


premières recherches sur les surfaces minimales à l’aide de
films de savon s’appuyant sur un fil métallique. Il découvre
les surfaces de révolution minimales sous pression interne (à
courbure moyenne constante, non nulle comme démontré
par Charles Eugène Delaunay, 1816-1872) : le plan, la sphère, le
cylindre, la caténoïde, l’onduloïde et le nodoïde. Voir aussi les
travaux de D’Arcy Wentworth Thompson, dont On growth and
form, Cambridge University Press, 1917.
78 Sauf pour le tissu « précontraint » polyester-PVC inventé par la
société Serge Ferrari, à Lyon, en 1973.

76
Lumière, transparence et reflet

Il faut être très ouvert en 1989 et audacieux


comme l’est Guido Ghisolfi 79 pour accepter que
j’enveloppe entièrement son centre de recherches
« M&G Ricerche » à Venafro [01/222, Fig. 40 et 71]
dans une structure textile fermée (polyester-
PVC).
Le grand volume enclos est rafraîchi par l’air
frais pris au ras de l’eau du bassin qui l’entoure.
Ce projet convainc et me permet ensuite de
projeter et parfois de réaliser d’autres structures
textiles 80 dont la station de métro Bruxelles-
Erasme avec ses toiles en tissu de verre / PTFE et
ses façades transparentes en tissu d’acier inoxy-
dable [01/283, Fig. 72].
Aidés par nos puissants outils de calcul
numériques, il est intéressant d’étudier dès à
présent de nouvelles formes de « surfaces mini-
males » pour des membranes dont la résistance
(et/ou l’épaisseur) varie comme on le souhaite

79 (1957-2015) Vice-président du Groupe Mossi Ghisolfi fondé en


1953 à Tortona, Italie par son père Vittorio. Groupe SINCO,
Tortona, Italie. D’autant plus qu’il n’y a pas d’autre exemple au
monde à l’époque autre que le Club des Ambassadeurs de Frei
Otto, à Ryad.
80 Château d’eau, monument national à Nouakchott, Mauri-
tanie (p : 1989. 01/242) ; Station autoroutière de Wanlin
(p : 1994, r : 1995. 01/314) ; Couverture de la cour du château
de Alden Biesen (p : 2001. 01/425) ; Station autoroutière de Spy
(p : 2005, r : 2007-2008. 01/497) ; Pavillon belge à Shanghai
(p : 2009. 01/555) ; Mardasson à Bastogne (p : 2009. 01/557) ;
Verrière de la Banque Nationale à Bruxelles (p : 2012. 01/586).
Voir www.samynandpartners.com.

77
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

sur sa surface (par exemple, en tôles métalliques


perforées) ou, pour les textiles, dont la résistance/
raideur en chaîne et trame est différentiée, ou
encore pour les filets cousus en cordages para-
aramides ou hppE 81. Ces surfaces présentent
aussi la vertu de ne pas devoir être précontraintes
pour acquérir et maintenir leur forme.
Pour le vaste atrium de l’extension du centre
de recherches de Solvay à Neder-over-Heem-
beek [01/190, Fig. 73], j’imagine donc en 1987
une membrane de cette nature, ultra légère, en
film transparent d’ETFE 82 sur un filet en para-
aramide.
Ensuite, il me faut attendre 2008 et le
concours, gagné, de la gare de Train Haute
81 Le para-aramide qui nous concerne ici (PPD-I) est découvert en
1965 par Stéphanie Kwolet et Hubert Blades chez Dupont. Il est
mis sur le marché en 1971 sous le nom de Kevlar. S’ensuit en 1978
le Twaron de Akzo (maintenant chez Teijin). Il présente une
résistance à la rupture de 3 000 MPa (supérieur aux meilleurs
aciers mais avec une densité de 1,45, étant 5,5 fois plus léger) et
un module d’élasticité de 100 GPa. Il est maintenant surpassé
par le polyethylène de masse molaire très élevé (HMPE ou
HPPE) dont la fibre est inventée par Albert Pennings en 1963
et commercialisée dès 1990 par DSM aux Pays-Bas sous le nom
de Dyneema. Sa fibre est plus légère, avec une densité de 0,97,
présente une limite élastique σ entre 1 400 et 3 000 MPa et E =
100 GPa. Finalement, le cordage en fibre de carbone commence
à faire son apparition en attendant les nanotubes de carbone de
résistance à la rupture de 50 GPa et 6 fois plus léger que l’acier !
82 Éthylène tétrafluoroéthylène, produit par Solvay, entre autres.
Je mets cette membrane au point avec PTL (Plastiques et
Textiles Lyonnais), elle présente une transmission lumineuse
supérieure à 90 %.

78
Lumière, transparence et reflet

Vitesse « Vesuvio Est » sur la ligne Roma-Reggio


di Calabria, avec un hall sous une charpente en
cylindre parabolique ultra légère et souple en
acier de très haute résistance couverte d’un film
d’ETFE avec une transmission lumineuse record
de 88 % ! [01/552, Fig. 74].
L’ensemble est si léger que les efforts du vent
priment sur les grands efforts sismiques de la
région. La ventilation y est naturelle pour garan-
tir l’habitabilité confortable et des « bacs vitrés
à frigories » complètent localement le dispositif.
Suit, en 2009, le projet du centre cultu-
rel à N’Gozi au Burundi [01/567, Fig. 75] qui
me tient particulièrement à cœur car il se fait
dans le cadre d’un projet de coopération avec la
Belgique. La misère matérielle du pays contraste
singulièrement avec la culture vivante et raffi-
née de sa population qui s’exprime, entre autres,
dans ses somptueux textiles et vanneries et son
savoir-faire constructif d’abris en feuillages et
brindilles 83. C’est pour cela que je propose de
n’offrir que du cordage para-aramide ou HPPE,
livré en bobines, ensuite noué par les villa-
geois en vastes filets suspendus aux eucalyptus
présents sur le site, auxquels sont suspendues à

83 Il est temps d’arrêter le saccage des forêts d’eucalyptus dans


lesquelles pullulent des fours de campagne produisant de
mauvaises briques utilisées pour construire de mauvais bâti-
ments dans une architecture occidentale sans relation aucune
ni avec la nature et le climat, ni avec la culture du pays.

79
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

leur tour de vastes huttes (ventilées et éclairées


naturellement) en feuillages et brindilles 84.
Le concept du grand filet en HPPE couvert
d’un film ETFE est repris, en 2010, pour la grande
salle de spectacles dans la carrière à Zhoushan
[01/574-2, Fig. 76].
Peu coûteuses, extrêmement légères et trans-
parentes, pratiquement insalissables, dispa-
raissant sous le feu, ces structures minimales
en filets para-aramide ou HPPE, couvertes ou
non d’une membrane d’ETFE, bien que des plus
prometteuses et réalisables (depuis 1990 !), ne
sont encore que des projets de papier. Vesuvio
Est et Zhoushan seront donc des « premières ».
Ceci rappelle la lenteur avec laquelle l’in-
dustrie de la construction évolue. Permettre
également la recherche et le développement en
dehors des laboratoires, en expérimentant des
constructions réelles pour leur propre usage,
serait de nature à la dynamiser mais surtout à
donner confiance aux investisseurs immobiliers
et autres commanditaires.

84 Forme de la surface et maillage des filets sont dessinés de


manière à reprendre les efforts avec le moins de matériau
(coûteux) possible. Étant suspendues, les huttes ne sont plus
sujettes à l’instabilité qui les caractérise lorsqu’elles portent sur
le sol. Elles peuvent donc être beaucoup plus grandes que toutes
celles réalisées à ce jour (les huttes bantoues dans le Transvaal
en Afrique du Sud).

80
Lumière, transparence et reflet

La membrane en tôle perforée


Les tôles en métal déployé, en tissu d’acier inoxy-
dable ou les tôles perforées permettent la réali-
sation d’écrans visuels et de protection solaire
certes, mais sont surtout très efficientes comme
coupe-vent.
C’est ainsi que le métal déployé protège la
station-service 85 de Houten aux Pays-Bas [01/363,
Fig. 77], et que les tissus en acier inoxydable
habillent les volets sur la terrasse au premier
étage de Groenhof [Fig. 59] et protègent les quais
à Érasme [Fig. 72].
C’est chez « De Nul », en 2001 que je découvre
l’intérêt de la tôle perforée plane pour la façade
du parking au rez-de-chaussée et le plafond sous
verrière de l’auvent d’entrée [Fig. 23] et que je
l’utilise dans la foulée pour les terrasses en cubes
tant de la rénovation de logements sociaux, rue
des Minimes, au pied du Palais de Justice de
Bruxelles [01/421, Fig. 78] que de la College Toren,
au bord de la Lys à Kortrijk (01/510; p : 2006-2015,
r : 2016-2018).
Elle commence à devenir « structure » lorsque
je profile la tôle pour envelopper la caserne de
Charleroi et la laisse se prolonger en toiture pour
former un haut garde-corps [Fig. 37].
85 Ainsi que celles à Orival (p : 1998, r : 2000-2001, 01/365) et à
Hellebecq (p : 2000, r : 2001-2002, 01/385), et les « nez » des
voûtes de couverture des quais de la gare à Leuven (p : 1999-
2001, r : 2002-2008, 01/389).

81
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

c’est graduellement que je prends conscience


de son potentiel structurel et en particulier à l’oc-
casion des escaliers de secours de la « lanterne »
d’Europa, qui sont suspendus à une tôle de
1,5 mm d’épaisseur perforé à 50 % et en acier ordi-
naire S235 86 [01/494, Fig. 79], ou encore lorsqu’elle
prolonge les cuves du chai de Château Cheval
Blanc à Saint-Émilion [01/542, Fig. 80] tant pour
porter la toiture, et ses puits de lumière, que pour
protéger de la chute.
Elle devient élément structurel à part entière,
lorsqu’elle remplace les diagonales dans les
poutres en treillis pour reprendre l’effort tran-
chant, tout en offrant protection climatique, et
contrer la chute 87. Je dessine deux passerelles
piétonnes sur ce principe en 2010 88, mais ne peux
l’expérimenter qu’en 2016 pour la tour d’exercice
de la caserne des pompiers de Charleroi [Fig. 81].
À la faveur de l’avènement d’acier de très
haute résistance, il serait intéressant d’envisager
de réaliser de vastes tentes en tôle d’acier perfo-
rée à l’instar de celles réalisées, en tôle pleine

86 Elle ne nécessite, en outre, aucune protection au feu car elle est


sollicitée à moins du vingtième de sa limite élastique.
87 Une tôle en métal déployé « aplanie », plus « vertueuse » puisque
sans les déchets des trous de la tôle perforée, peut également
être utilisée mais avec une moindre efficacité structurelle.
88 La passerelle au-dessus des voies de chemin de fer à la gare de
Leuven, dans sa troisième version (p : 2010, r : en attente, 01/415-
3) et deux grandes passerelles à Gand, au-dessus du canal et de
l’autoroute (p : 2010, 01/575).

82
Lumière, transparence et reflet

par Vladimir Choukhov 89 à Nizhny Novgorod


en 1895 et 1896 mais, à ma connaissance, plus
jamais depuis.
Alors que la membrane polyester-PVC ou
fibre de verre-ETFE (avec une transmission
lumineuse de seulement 10 %) ne peut raison-
nablement pas franchir une portée supérieure
à 20 m, une membrane en tôle d’acier de 1 mm
d’épaisseur perforée à 60 % revêtue d’un film
transparent d’ETFE (donc avec une TL ≥ 55 %)
pourrait aisément franchir une portée supérieure
à 50 m pour un acier S690 jusqu’à 70 m pour un
acier S2000 !

De la bougie à la DEL
Lorsque le jour baisse, lorsque la nuit s’installe,
des sources lumineuses artificielles permettent à
l’homme de continuer son activité. Il est en effet
exclu de compter sur la pleine lune, dont le flux
lumineux n’est que de 0,25 Lm, ce qui ne donne
qu’un éclairement de 0,25 Lx au sol.
À l’extérieur, les grands feux de bois, autour
desquels on s’installe, prennent le relais avec
leurs jeux d’ombres et de lumière féérique mais,
à l’intérieur, nos ancêtres doivent se satisfaire de
la lumière de l’âtre et de bougies, dont le flux
lumineux atteint environ 10 Lm (soit un éclai-
89 Vladimir Grigorievitch Choukhov (1853-1939).

83
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

rement de l’ordre d’une dizaine de Lx pour une


bougie posée sur une table) : l’empire de l’ombre.
heureusement, l’éclairement nécessaire à
une ambiance lumineuse confortable diminue
aussi avec la température de couleur 90. Artistes
et artisans sont convoqués pour distribuer la
lumière issue de ces sources de faible puissance
mais vibrantes 91. Ils créent des lustres à facettes
en cristal et jouent avec des miroirs sous des
plafonds de grande hauteur.
Les lampes à huile du XVIIIe siècle, les lampes
au gaz et au pétrole, et les autres sources inflam-
mables mises sur le marché au XIX e siècle offrent
de meilleures efficacités et des flux lumineux
plus importants. En ville, les constructions sont
progressivement connectées au réseau de distri-
bution de gaz 92 pour l’éclairage et le chauffage.
Ce réseau s’ajoute à ceux des égouts 93 et de l’eau 94
et il est suivi par les réseaux électriques et télé-
90 C’est ainsi que, selon Kruithoff, 15 Lux suffisent pour l’éclai-
rage à la bougie (Tc=2 000°K), et 50 Lux pour l’incandescent
(Tc=2 400°K), alors qu’il faut 300 Lux pour une Tc de 3 000°K
(halogène) et plus de 500 Lux pour une Tc de 5 000° K. La
sensibilité de l’œil à la lumière, maximale en plein jour pour
la longueur d’ondes correspondant au jaune (555 nm) dérive la
nuit vers celle du bleu (470 nm) et est nulle pour les longueurs
d’ondes inférieures à 380 nm (l’ultraviolet) ou supérieures à
770 nm (l’infrarouge).
91 L’efficacité lumineuse d’une bougie n’est que de 0,3 Lm/W.
92 À Londres dès 1812, à Bruxelles dès 1818.
93 Le voûtement de la Senne à Bruxelles ne s’achève qu’en 1871.
94 La distribution d’eau à chaque bâtiment est relativement
récente en Belgique où elle ne s’organise qu’à partir de 1860.

84
Lumière, transparence et reflet

phoniques à la fin du même siècle, puis par celui


des fibres optiques à la fin du XX e siècle. L’éclai-
rage public naît, améliorant non seulement la
sécurité de la rue mais aussi celle des bâtiments,
dont les dispositifs de protection contre l’intru-
sion s’allègent. Les grands centres urbains de
distribution de biens et de services s’organisent
et les moyens de transport se développent.
La vie nocturne prend une nouvelle dimen-
sion, la lecture et l’acquisition du savoir livresque
en particulier. La mauvaise habitude est aussi
très vite prise de convoquer l’éclairage électrique
pendant la journée.
Les constructions urbaines, dorénavant
« branchées » en sont progressivement mais
profondément modifiées, alors que les bâti-
ments isolés hors de la ville gardent longtemps
encore leur physionomie autarcique et protégée.
Le logement urbain, par exemple, peut se passer
de cave à charbon, de déchèterie et de compost,
de garde-manger, de buanderie et de lingerie,
de cave et de grenier, les services rendus autre-
fois par ces espaces auxiliaires l’étant mainte-
nant par les réseaux 95. L’éclairage électrique
ne produit ni flamme, ni émanation gazeuse et

95 Le système atteint ses limites, il se met de plus en plus en désé-


quilibre avec la nature. En particulier, le coût des réseaux par
unité de surface construite augmente de manière exponentielle
avec la taille des villes, forçant soit l’isolement social, soit la
faillite des finances urbaines (voir La ville verticale, op. cit.).

85
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

réduit fortement les risques sanitaires et d’incen-


die. Les constructions peuvent devenir étanches,
rendant possible une prise en charge mécanique
du nécessaire renouvellement de l’air. La hauteur
sous plafond peut aussi se réduire et les plateaux
devenir plus profonds.
La production industrielle de l’ampoule à
filament incandescent, à la fin du XiX e siècle,
puis celle des tubes fluorescents vers 1930,
révolutionnent aussi notre mode de vie et la
construction. L’ampoule à incandescence 96,
avec une efficacité lumineuse de 10 à 20 Lm/W
et une durée de vie normalisée à 1 000 heures 97,
offre un flux lumineux de 740 Lm pour 60 W et
un indice de rendu des couleurs (IRC) proche
de 100 %, ainsi qu’une température de couleurs
comprise entre 2 400 et 2 700°K. Elle devient la
source d’éclairage universelle.
Le tube fluorescent est encore beaucoup plus
performant, avec une efficacité lumineuse de 80
à 100 Lm/W (par exemple, un flux lumineux de
3 000 Lm pour 36 W), une durée de vie pouvant
aller jusqu’à 12 000 heures et une température
de couleurs comprise, au choix, entre 2 700 et
6 500°K. Ces performances s’obtiennent au prix

96 Elle n’est pratiquement plus fabriquée, sa vente étant définitive-


ment interdite dans l’Union européenne au 31 décembre 2012.
97 Cette obsolescence programmée par le cartel Phoebius dès 1924,
est un compromis technique entre flux lumineux, efficacité
lumineuse, rendu des couleurs et durée de vie.

86
Lumière, transparence et reflet

d’un IRC standard de 80 % seulement, ce qui en


limite longtemps l’usage aux bâtiments indus-
triels ou de bureau.
Il existe cependant des tubes présentant un
IRC proche de 95 %, (mais avec une perte d’ef-
ficacité lumineuse de 5 à 10 %). Sa qualité de
lumière, bien qu’un peu plus « froide » (4 500°K
au lieu de 2 700°K), n’a rien à envier à celle de
l’ampoule incandescente. Le tube fluorescent
est donc bien encore la source lumineuse la plus
vertueuse, jusqu’à la fin du XX e siècle, pour un
éclairage diffus.
La production d’électricité, très locale au
début du XX e siècle, se concentre progressi-
vement, sa distribution étant assurée par des
réseaux autonomes de câbles en très haute
tension pour limiter les pertes 98. Les défaillances
de ces productions locales autonomes et les crises
pétrolières successives conduisent, dès les années
septante, à l’interconnexion et à la densification
des réseaux. Après d’interminables négociations,
un compromis voit le jour, en vertu duquel la
fée électricité dispense son énergie à une tension
standard de 220 Volts en étoile, ou 380 Volts

98 On se rappelle que la puissance vaut P = V.I (Différence de


potentiel fois l’intensité du courant électrique) et que les pertes
en chaleur valent ΩI² (résistance Ω du conducteur fois le carré
de l’intensité I du courant électrique). À puissance transportée
constante l’augmentation de V par 10 réduit donc les pertes par
100.

87
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

en triangle 99. Tous les appareils électriques, y


compris les luminaires, sont maintenant conçus
pour ces valeurs de tension.
La nature des sources lumineuses qualifie
aussi la construction sur la planète. Les nations
encore économiquement dominantes (Europe,
États-Unis notamment) et les pays sous régime
dictatorial disposant d’importantes ressources
énergétiques, comme naguère l’URSS, s’offrent
souvent encore le luxe de la lampe halogène et sa
lumière flatteuse pour les habitations, ainsi que
pour les constructions dévolues au commerce,
à la culture ou aux loisirs. Cela ne durera plus
longtemps.
Le tube fluorescent y est communément
accepté pour les lieux de travail. Quel contraste
avec les zones géographiques laissées pour
compte, telles que l’Afrique, l’Amérique du Sud
ou des grandes parties de l’Asie ! Là, la préca-
rité énergétique, quelle qu’en soit la cause, force
à l’emploi quasi exclusif de tubes fluorescents,
tellement plus efficaces. Cette atmosphère
nocturne, que nous percevons comme « crue »,
qualifie en réalité une utilisation particulière-
ment vertueuse des ressources énergétiques et
des technologies disponibles.

99 La norme CEI 60038, 6e édition, 1983, « IEC standard voltages »


porte ces valeurs à 230 V et 400 V.

88
Lumière, transparence et reflet

La lampe à diodes électroluminescentes


(DEL) 100 apparaît timidement dans les années
1990 pour devenir la source lumineuse poten-
tiellement la plus performante à ce jour, avec
une efficacité lumineuse de 50 Lm/W en 2008 à
200 Lm/W maintenant, une durée de vie dépas-
sant actuellement 80 000 heures (tendant vers
les 100 000 heures) et un IRC atteignant déjà
95 % pour certaines lampes, en amélioration
constante. Cette nouvelle source lumineuse,
alimentée en basse tension (12 ou 24 Volts) est
une des expressions de la troisième révolution
industrielle vigoureusement alimentée par le
réseau Internet. Elle est en phase avec la produc-
tion locale d’électricité qui se libère des pertes
de courant dues à la production centralisée. Nos
constructions pourraient donc être, dans un
avenir proche, alimentées aussi par un réseau
très court (voir note 97) de production locale en
12 ou 24 Volts, en complément de l’alimentation
en 230/400 Volts. C’est là un deuxième pas de
géant dans la quête de l’efficacité et de la sécurité
d’usage depuis l’émergence de l’ampoule à incan-
descence. Il m’est difficile d’imaginer l’impact de
cette évolution sur l’architecture.
La DEL devient aussi le pixel des écrans lumi-
neux animés, dont la taille possible ne cesse de

100 LED (Light Emitting Diode) en anglais.

89
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

grandir 101, comme pour la tour Dexia 102 [01/301,


Fig. 82] ou, comme envisagé, sur le tambour de
proue de la Maison de la Culture de la Province
de Namur [01/628, Fig. 55].

101 James P. Michell présente aux États-Unis, en 1977, le premier


écran plat monochromique de télévision avec quelques
centaines de LED. En 2004, l’écran de toiture de la « Freemont
Street Experience » à Las Vegas-Nevada se compose de 12,5
millions de DEL (sur 460 m de long, à 27 m de haut et sur une
largeur équivalente).
102 Tour Dexia, que j’ai pu concevoir pour Jean Michel Lauryssen,
directeur de Progex-Compagnie Immobilière de Belgique, et
avec Barbara Hediger pour l’éclairage.

90
Ch a pitr e 3

L’ombre

L’ombre n’existe que parce qu’existe la lumière.


Les considérations qui suivent se réfèrent à la
matière opaque plutôt qu’à la matière transparente
et à ses reflets, dont il a été question jusqu’ici. La
contradiction n’est qu’apparente car ce n’est pas en
tant qu’objets autonomes que ces deux sortes de
matières intéressent l’architecte, mais bien en tant
qu’elles constituent des éléments de construction,
de nature industrielle ou artisanale, fabriqués et
assemblés pour constituer un bâtiment réel.
Or, la plus grande part de la matière que l’archi-
tecte travaille est opaque : la structure est opaque,
la pierre et la brique sont opaques, tout comme le
sont le bois, l’acier et les tuiles 1. Il y a plusieurs
millénaires que l’architecture est apparue sur la
1 Il existe bien sûr des bâtiments à structure en verre, mais il
s’agit de projets expérimentaux ou de démonstration, plus
proches de la sculpture, éventuellement habitée, que de l’archi-
tecture. La sculpture de verre devant le siège d’AGC à Louvain-
la-Neuve [Fig. 1] en est un exemple.

91
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

terre en tant que discipline autonome, et l’essentiel


de ses codes s’appliquent de manière plus ou moins
explicite à la matière opaque. Le rôle de la lumière
dans la mise en forme architecturale est, d’abord,
de définir les volumes, puis de « sculpter » les murs
par les ombres projetées, et enfin de traverser
localement ces derniers, au travers de percements
nécessairement limités en nombre et en étendue.
ce n’est que tout récemment, que le déve-
loppement des technologies du verre permet
à la transparence et au reflet de prendre une
part nettement plus importante dans ce que la
construction exprime par son aspect. Néan-
moins, tous ces éléments, qu’ils soient opaques
ou transparents, obéissent nécessairement aux
règles qui régissent une construction saine et que
l’on désigne souvent par le terme délicieusement
ambigu de « règles de l’art ».
une de ces règles me tient particulièrement
à cœur : la règle du « trait d’ombre ». Elle émane
du simple bon sens constructif, mais elle tire son
nom de ce que la lumière en révèle, et c’est cela
qui lui donne sa place ici.
Loin de n’être qu’un détail secondaire de mise
en forme, le trait d’ombre touche aux fondements
de la manière de construire, étant intimement lié
à deux concepts fondateurs de la forme archi-
tecturale : le « dessin » et le « joint », dont il sera
question plus loin.

92
L’ombre

Le trait d’ombre
La règle du « trait d’ombre » pourrait s’énoncer
ainsi : « sauf conditions particulières, précisément
définies et limitées, tous les éléments de construc-
tion soumis à l’action des intempéries doivent se
marquer en élévation par un trait d’ombre hori-
zontal qui souligne le désaffleurement qu’impose
la logique constructive ».
Cette règle s’applique à tous les éléments de
construction, qu’ils soient opaques et transpa-
rents, mais sa manifestation n’est pas la même
pour ces deux catégories d’objets. Sur les maté-
riaux opaques, le trait d’ombre est une simple
bande sombre dont la largeur est proportionnelle
à l’importance du désaffleurement. Sur les maté-
riaux transparents, il participe au jeu complexe des
reflets en remplaçant localement l’image réfléchie
par une bande de transparence, plus sombre.
Le trait d’ombre a une très vieille histoire.
De tout temps, en tous lieux, les constructions
vernaculaires 2 des régions pluvieuses présentent
généralement une toiture débordant des murs
pour les protéger de la pluie, en y projetant le
trait d’ombre « originel ».
Cette disposition est « traduite » dans la
pierre par l’architecture érudite de l’Antiquité,

2 L’Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World (Paul


Oliver ed., Cambridge University Press, 1997 ; en trois
volumes) documente le sujet avec rigueur et profondeur.

93
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

sous la forme de corniches, d’architraves ou de


larmiers. À une échelle plus réduite, les technolo-
gies antiques des matériaux n’autorisant, en gros,
que l’assemblage par empilement d’éléments
pierreux de taille réduite ou de pièces de bois,
le bon sens constructif impose à chaque élément
d’être décalé vers l’avant par rapport à celui qu’il
surmonte : c’est le principe du « casse-goutte »,
qui empêche l’eau de s’infiltrer dans le joint, où
elle détériorerait à coup sûr la construction.
Le débordement de toiture reste tout à fait
pertinent dans l’architecture contemporaine,
sans pour autant copier les formes du passé. Au
contraire, la réflexion peut être développée plus
avant : comme le débordement devient inopérant
pour des façades plus hautes que deux niveaux, il
s’indique de réaliser une protection complémen-
taire au moyen de bandeaux, continus ou non,
régulièrement répartis sur leur hauteur (cour-
sives d’entretien, terrasses, etc.).
L’avènement de matériaux étanches tels que
les tôles métalliques (cuivre, zinc, bronze, aciers
alliés, aluminium,…), les plaques en matériaux
de synthèse (pVc, polyester, butyle, Epdm,…)
et les grands volumes de verre 3 ne remettent

3 Les premières verrières sur charpente métallique donnent lieu


à l’invention au XIXe siècle du mastic « pur lin », mélange de
craie et d’huile de lin, dont l’usage s’étend vite à tout châssis
vitré, tant pour en assurer l’étanchéité que pour en améliorer
la rigidité. Le verre reste fixé mécaniquement par calage de

94
L’ombre

pas en question la nécessité du casse-goutte, qui


prend la forme de seuils débordants, de bardage à
clins, de joints debout ou de rejets d’eau profilés.
À partir des années 1950 apparaissent cepen-
dant des mastics souples et étanches (tels que
le PVC, l’acrylique, le polyuréthane, le polyes-
ter, le polysulfure ou le silicone, produit le plus
utilisé aujourd’hui). Ce mastic silicone adhère
aux éléments qu’il relie, et autorise la réalisation
de n’importe quelle forme monolithique lisse,
« libérant » ainsi l’architecture de la « contrainte »
du rejet d’eau.
Mais cette « libération » n’est qu’apparente
car elle contient en elle-même la contrainte d’un
entretien et d’une maintenance alourdis. En effet,
la surface d’une façade constituée de plaques
uniformes et coplanaires est sujette à salissures
et dégradations de manière d’autant plus visible
qu’elle est grande, lisse et réfléchissante. Comme
tout se voit plus, poussière, coulées de pluie, voire
coulées de silicone, il faut nettoyer plus… 4
En outre, produite par une industrie « lourde »
rarement à même de garantir un réapprovi-
sionnement à long ou à moyen terme, une telle
construction est fragile voire éphémère. Certes, des
petits clous pour les châssis en bois et parclose pour les châssis
métalliques (acier, aluminium, bronze, cuivre).
4 La peinture sur un support continu ne présente pas cette
faiblesse pour autant, lorsqu’elle est extérieure, qu’elle soit
adéquatement protégée de la pluie ce qui implique toujours le
trait d’ombre.

95
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

industries artisanales récemment apparues, grâce


à leurs outils « intelligents » 5 adaptés à la produc-
tion de pièces uniques ou de petites séries, peuvent
assurer à un coût raisonnable la reconstitution de
composants de la surface. mais la mise en œuvre
de tels processus de maintenance de haute tech-
nologie ne peut s’envisager qu’à trois conditions :
il faut que la surface soit morcelée en éléments de
petite taille, que l’architecture tolère, voire favorise,
les différences de teintes et/ou de texture, et que
le joint entre éléments permette un remplacement
aisé. d’un point de vue statistique, peu de bâti-
ments classés dans l’architecture « monolithique »
remplissent aujourd’hui ces trois conditions.

Le dessin
Si les sciences et techniques sont vouées au pro-
grès, il n’en est rien de l’art qui, au travers de
nos sens, sollicite toujours la même âme et le
même esprit. La construction occupe dans cette
trilogie « reperire, invenire, creare 6 », un rôle
paradoxal. Si elle ne progresse pas au niveau de
son trait et de son dessin (il n’y a en effet aucune
différence conceptuelle entre le tracé de l’archi-
tecture antique et de la contemporaine), elle est
5 La production d’objets par « impression » ou « découpe » en
trois dimensions à partir de fichiers numériques produits par
un « concepteur » est devenue commune.
6 Découvrir, inventer, créer : ma devise.

96
L’ombre

de la main de l’homme et sa matérialité témoigne


de son époque.
Le dessin 7 doit simultanément répondre aux
règles intangibles de proportions 8 et de lisibilité
pour émouvoir et porter en lui l’intelligence de
la construction 9.
Il s’exprime dans le champ des sept ordres de
grandeurs perceptibles, du millimètre au kilo-
mètre avec le mètre en son centre et m’inspirent
l’analogie avec les sept octaves d’un clavier de

7 Même celui concernant les programmes architecturaux


« nouveaux », tels que ceux liés au transport, au travail ou
encore à la santé, doit répondre aux mêmes règles.
8 Redécouvertes par Hans Dom van der Laan, (voir note nº 82).
Elles renvoient au triangle de Pythagore 3/4/5 et au rapport φ tel
qu’il découle de l’équation φ = φ³ +1 et répondent aux règles de
proportion qui régissent l’espace (tridimensionnel) tout comme
le nombre d’or φ, tel qu’il découle de l’équation φ = φ² + 1, régit
le plan (bidimensionnel). C’est ainsi qu’au gré du dessin, et en
particulier du dimensionnement des parties de la construction,
j’ai appris les vertus des dimensions de base de 135 cm en plan et
de 180 cm (4/3 × 1,35) en élévation, avec leurs multiples et sous
multiples (en cm) 135 / 112,5 / 90 / 67,5 / 45 / 22,5 / 11,5 / 5,675 /
2,8375,… et 135 / 157,5 / 180 / 202,5 / 225 / 247,5 / 270 / 292,5 / 315
/ 337,5 / 360…
9 Le trait à la main qui précise le détail constructif au fur et
à mesure de l’élaboration du dessin jusqu’au plan d’atelier
est maintenant puissamment complété par l’élaboration de
la « maquette numérique » intelligente (BIM : Building Infor-
mation Modeling) avec ses composants tridimensionnels,
auxquels il peut être attribué diverses caractéristiques en
permettant l’exploitation par tous les progiciels utiles tels que
ceux de calcul de structure, de physique du bâtiment, ou de
coûts. Il s’agit d’une réelle révolution dans la manière de penser
la construction.

97
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

piano avec le La de 440 Hz en son centre (à une


note près).
Il précise, par des traits, les contours aussi
bien des éléments de construction que de l’en-
semble qu’ils forment, contours dont on a besoin
pour définir les mesures précises de la construc-
tion en vue d’être à même de la réaliser 10.

Le joint
Si le petit objet peut être monolithique, le grand
objet, meuble ou construction, doit être constitué
de parties en matériaux identiques ou différents.
Ces parties sont liées entre elles d’innom-
brables façons selon les matériaux et l’usage.
Nœuds, coutures, colle, chevilles, clous, vis,
soudures lient généralement de manière intime,
et l’un à l’autre, les peaux, tissus, feuilles mines,
plaques et profils de toute nature formant les
parties du grand objet et du meuble. Leur dimen-
sion, à l’échelle du décimètre et au plus du mètre,
peuvent être précises et soumises à des tolérances
fines.
Il en est ainsi aussi pour les composants de la
construction : du bloc de pierre, madrier de bois
ou profilé acier à la fenêtre, la porte ou le lavabo.
10 Le peintre n’a pas le même objectif et, dans la plupart des cas,
il s’applique donc à créer et superposer librement des taches
de lumière, d’ombre et de couleur, le contour n’étant que la
jonction entre deux surfaces.

98
L’ombre

Leurs tolérances dimensionnelles s’additionnent


cependant, imposant un joint entre eux, lorsqu’ils
sont assemblés pour former la construction.
Cette dernière, de plus grande taille (à l’échelle
du décamètre voire de l’hectomètre) est donc
moins précise. Le joint est généralement d’une
largeur constante (de l’ordre du cm) et relie
toujours deux volumes parallélépipédiques ou
cylindriques quelles que soient leurs positions rela-
tives ou la forme et les matériaux des composants.
Ce joint est central dans l’art de construire.
Il doit être réfléchi et conçu avec la plus grande
attention dès le début du dessin tant il peut être
déterminant dans le choix-même des détails
constructifs et des matériaux envisagés. Il doit
aussi être conçu pour permettre tant le rempla-
cement d’un composant sans abîmer ceux qui
l’entourent, que la démontabilité de l’ouvrage.
Lorsqu’il concerne deux composants fixés
l’un à l’autre, le joint est l’élément de solidarisa-
tion ou se conjugue avec lui.
Le mortier solidarise ainsi, dans les trois
dimensions, blocs et briques, de pierre, terre ou
terre cuite, tout en formant le joint. Il assure aussi
l’étanchéité à l’air et, ou à l’eau. Les composants
doivent présenter une épaisseur minimum pour ce
faire : de l’ordre du décimètre. Un réseau d’ombres
est toujours assorti aux ressauts dans le plan ou
hors de celui-ci tant du joint que des composants.

99
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

chevilles, tenons et mortaises, clous, vis,


boulons ou rivets solidarisent les pièces raides en
bois, matériau synthétique ou en métal, superpo-
sées l’une sur l’autre par l’intermédiaire d’un plan
formant joint perméable. une des pièces projette
toujours un trait d’ombre, dû à son épaisseur, sur
l’autre. des pièces trop fines, les tôles en métal
en particulier, se déforment et conduisent à des
assemblages mécaniques indémontables (tels que
des rivets) et aussi disgracieux qu’éphémères 11,
aux ombres capillaires et irrégulières : c’est ici qu’il
convient de les brasser ou de les souder ensemble.
Le joint est d’une toute autre nature lorsqu’il
concerne deux composants fixés sur un troisième
généralement mince ou très mince : le « revête-
ment ».
Tout l’art consiste à rendre le joint imper-
ceptible, sans ombre, comme dans le cas de lés
de papier peint collés côte à côte sur un enduit
mural ou de dalles de marbre posées jointive-
ment sur un bain de mortier (au sol et au mur).
Le joint doit avoir quelques millimètres à
un centimètre dans le cas de carreaux en céra-
mique pour en négocier les dimensions moins
précises tant en plan qu’en épaisseur, l’ombre s’y
fait diffuse.

11 Il en va tout autrement de l’assemblage des tôles de voitures,


bateaux ou avions construits en atelier avec grande précision.

100
Épilogue

ombre et transparence sont tantôt diffuses, mor-


celées ou franches ou encore sources d’illusions
d’optique 1.
Diffuses, elles tempèrent les désagréments de
la lumière trop vive et du reflet (et adoucissent les
couleurs), comme l’absorbant acoustique le fait
pour le bruit trop vif et pour l’écho.
Morcelées, par le mouvement lent des nuages,
la pluie ou la neige, le frémissement de l’eau ou
du feuillage d’un arbre, elles rendent compte du
temps qui passe.
Elles sont encore différentes sous le rayon-
nement d’une source lumineuse ponctuelle,

1 Nous y sommes en permanence sujets. De nouvelles illusions


sont régulièrement découvertes comme, en 2011, le « Flashed
Face Distortion Effect » par Sean Murphy, étudiant en psycho-
logie à l’Université de Queensland en Australie (voir aussi
« Illusions Optiques » sur Wikipedia). Il y a donc toujours
autant à découvrir à l’échelle métrique qu’à celle de l’atome
ou du cosmos.

101
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE, TRANSPARENCE ET REFLET

vibrantes sous la flamme et immobiles sous la


source électrique.
Le reflet est à la transparence ce que l’ombre
est à la lumière 2.
Philippe Samyn.
Le 1er septembre 2016.

2 C’est pour l’esthétique ce que la musique est au silence.

102
Table des matières

Introduction 7
Les sens et le paradoxe 9

Chapitre 1 — Un socle de connaissances 13


La construction 14
Le monde économique 18
L’énergie et la société 21

Chapitre 2 — Lumière, transparence


et reflet 25
La lumière du jour 26
L’orientation et la latitude 27
La baie 28
Le vitrage 30
Deux développements technologiques 36
Le verre feuilleté et trempé 42
Le miroir réfléchissant la lumière naturelle 44
Les capteurs de lumière naturelle 47
Le miroir d’eau 50
La double peau 51
Les vantelles 55
Le moucharabieh 60
Les « miroirs aux couleurs » 63
Volets, rideaux, reflets et Lux 65
La verrière globale 66
La membrane plastique 74
La membrane en tôle perforée 81
De la bougie à la DEL 83

Chapitre 3 — L’ombre 91
Le trait d’ombre 93
Le dessin 96
Le joint 98

Épilogue 101
coLLEcTioN « L’AcAdémiE EN pochE »
1. Véronique Dehant, Habiter sur Mars ? (2012)
2. Xavier Luffin, Religion et littérature arabe contemporaine (2012)
3. François De Smet, Vers une laïcité dynamique. Réflexion sur
la nature de la pensée religieuse (2012)
4. Richard Miller, Liberté et libéralisme ? Introduction philosophique
à l’humanisme libéral (2012)
5. Ivan P. Kamenarovic, Agir selon le non-agir. L’action dans la
représentation idéale du Sage chinois (2012)
6. Jean Mawhin, Les histoires belges d’Henri Poincaré (2012)
7. Jacques Siroul, La musique du son, ce précieux présent (2012)
8. Baudouin Decharneux, La religion existe-t-elle ? (2012)
9. Jean-Marie Rens, ‘Messagesquisse’ de Pierre Boulez (2012)
10. Jean de Codt, Faut-il s’inspirer de la justice américaine ? (2013)
11. Bruno Colmant, Voyage au bout d’une nuit monétaire (2012)
12. Philippe Manigart et Delphine Resteigne, Sortir du rang.
La gestion de la diversité à l’Armée belge (2013)
13. Hervé Hasquin, Les pays d’islam et la Franc-maçonnerie (2013)
14. Monique Weis, Marie Stuart, l’immortalité d’un mythe (2013)
15. Xavier Luffin, Printemps arabe et littérature. De la réalité à la fiction,
de la fiction à la réalité (2013)
16. Myriam Remmelink, Éthique et biobanque. Mettre en banque
le vivant (2013)
17. Marie-Aude Baronian, Cinéma et mémoire. Sur Atom Egoyan (2013)
18. Frédéric Boulvain et Jacqueline Vander Auwera, Voyage au centre
de la Terre (2013)
19. Daniel Salvatore Schiffer, Métaphysique du dandysme (2013)
20. Philippe de Woot, Repenser l’entreprise. Compétitivité, technologie
et société (2013)
21. Jacques Scheuer, L’Inde, entre hindouisme et bouddhisme.
Quinze siècle d’échanges (2013)
22. John F. May, Agir sur les évolutions démographiques (2013)
23. Yaël Nazé, À la recherche d᾽autres mondes. Les exoplanètes (2013)
24. Jean Winand, Les hiéroglyphes égyptiens. Aux origines d᾽une écriture
(2013)
25. Frans C. Lemaire, Dimitri Chostakovitch. Les rébellions d᾽un
compositeur soviétique (2013)
26. Baudouin Decharneux, Lire la Bible et le Coran (2013)
27. Bruno Colmant, Capitalisme européen : l’ombre de Jean Calvin (2013)
28. Françoise Meunier, Quel avenir pour la recherche clinique en cancéro-
logie ? (2014)
En anglais : Françoise Meunier, What is the future of cancer research?
(2014)
29. Jean Winand, Décoder les hiéroglyphes. De l’Antiquité tardive
à l’Expédition d’Égypte (2014)
30. Jacques Joset, Louis-Ferdinand Céline : mort et vif... ! (2014)
31. Jean-Baptiste Baronian, La littérature fantastique belge. Une affaire
d’insurgés (2014)
32. Valérie André, La rousseur infamante. Histoire littéraire d’un préjugé
(2014)
33. Jean-Pierre Contzen, Les menaces venant de l’espace (2014)
34. François Mairesse, Le culte des Musées (2014)
35. Guy Haarscher, La Cour suprême des États-Unis. Les droits de
l’Homme en question (2014)
36. Catherine de Montlibert, L’émancipation des serfs de Russie. L’année
1861 dans la Russie impériale (2014)
37. Jean-Pol Poncelet, Une énergie dérangeante. Nucléaire : une controverse
durable ? (2014)
38. Philippe Samyn, La ville verticale (2014)
En anglais : Philippe Samyn, The Vertical City (2014)
39. François De Smet, Une nation nommée Narcisse (2014)
40. Jean-Pol Schroeder, Le jazz comme modèle de société. Livre-disque,
avec la participation du Steve Houben trio (2014)
41. Jean-Pierre Hansen, Une quête de Graal (2014)
42. Hervé Hasquin, Déconstruire la Belgique ? Pour lui assurer un avenir ?
(2014)
43. Philippe de Woot, L’innovation, moteur de l’économie (2014)
44. Bruno Colmant, Crises économiques et dette publique (2014)
45. Samuele Furfari, L’énergie, de la guerre vers la paix et la stabilité
(2014)
46. Samuel Wajc, Que faire de la mer Morte ? (2014)
47. Gilbert Hottois, Le transhumanisme est-il un humanisme ? (2014)
48. Benoit Frydman, Petit manuel pratique de droit global (2014)
49. Xavier Dieux, Le marché bien tempéré (2014)
50. Alain Eraly, Quand les mots construisent la réalité (2014)
51. Marc Wilmet, Petite histoire de l’orthographe française (2015)
52. Amand A. Lucas, Les savants d’Hitler et la bombe atomique (2015)
53. Jean-Marie André, Fleuve jaune, papillons amoureux et musique
classique de la Chine du XXe siècle (2015)
54. Françoise Lauwaert, Puissance et pouvoir de l’écriture chinoise (2015)
55. Jean-Pol Poncelet, À toute ardeur ! Science et technique sur le chemin de
l’énergie (2015)
56. Jacques Pélerin, Wallonie, réindustrialisation et innovation.« Sortir par
le haut ? » (2015)
57. Jacques Joset, Louis-Ferdinand Céline : la manie de la perfection... !
(2015)
58. Daniel Salvatore Schiffer, Le clair-obscur de la conscience (2015)
59. Jean-Marie Frère, La résistance des bactéries aux antibiotiques (2015)
60. François de Callataÿ, Cléopâtre, usages et mésusages de son image
(2015)
61. Anne Staquet, Descartes avance-t-il masqué ? (2015)
62. Guillaume Wunsch, Michel Mouchart et Federica Russo, Les limites
de la connaissance en sciences sociales. L’explication mise en cause
(2015)
63. Vincent De Coorebyter, Deux figures de l’individualisme (2015)
64. Daniel Droixhe, Fer ou ciguë ? Récits sur le cancer du sein au 18e siècle
(2015)
65. Véronique Dehant, Habiter sur une lune du système solaire ? (2015)
66. Pierre Somville, Pour une esthétique du coeur (2015)
67. Jean-Pierre Schaeken, Pic pétrolier, pic gazier sans cesse reportés (2015)
68. Jean Creplet et János Frühling, Penser les soins de santé (2015)
69. Frédéric Boulvain et Francis Tourneur, Pierres et marbres en
Wallonie (2016)
70. Marc Wilmet, Il y a grammaire et grammaire (2016)
71. Pierre Petit, Patrice Lumumba. La fabrication d’un héros national et
panafricain (2016)
72. Viviane Pierrard, Les colères du Soleil (2016)
73. Philippe de Schoutheete, La création de L’Euro (2016)
74. Pierre Somville, Brasillach écrivain, mal-aimé des Lettres françaises
(2016)
75. Roland Souchez, Glaces polaires et évolution de l’atmosphère (2016)
76. Hervé Hasquin, Le soi-disant « Gladio belge » (2016)
77. Francis Delpérée, J’écris ton nom, Constitution (2016)
78. Christophe Van Staen, La Chine au prisme des Lumières françaises (2016)
79. Jean-Paul Haton, La parole numérique. Analyse, reconnaissance
et synthèse du signal vocal (2016)
80. Stéphane Louryan, Les preuves embryologiques de l’évolution (2016)
81. Michel Hambersin, Institutions culturelles et Nouvelles technologies.
L’exprérience du spéctacle vivant (2016)
82. Baudouin Decharneux, Socrate l’Athénien ou de l’invention du religieux
(2016)
83. Hervé Hasquin, Inscrire la laïcité dans la Constitution belge ? (2016)
84. Théophile Godefraind, Hominisation et transhumanisme (2016)
85. Firouzeh Navahandi, Être femme en Iran. Quelle émancipation ? (2016)
86. Philippe de Woot, Maîtriser le progrès économique et technique.
La force des choses et la responsabilité des hommes(2016)
87. Luc Chefneux, Pourquoi l’innovation ? Quels défis pour l’Europe ?
(2016)
88. Hugues Bersini, Big Brother is driving you (2016)
89. Xavier Dieux, L’Empire des choses. Liberté - Complexité - Responsabilité.
(2017)
90. Anne Richter, Les écrivains fantastiques féminins et la métamorphose
(2017)
91. Monique Mund-Dopchie, L’Atlantide de Platon. Histoire vraie ou
préfiguration de l’Utopie de Thomas More ? (2017)
92. Lucien François, Le probleme de l’existence de Dieu. Et autres sources
de conflits de valeurs (2017)
93. Francis Delpérée, L’état Belgique (2017)
coLLEcTioN « mémoirES »

Les Minorités, un défi pour les États. Actes de colloque (2012)


L’idéologie du progrès dans la tourmente du postmodernisme.
Actes de colloque (2012)
Denis Diagre, Le Jardin botanique de Bruxelles (1826–1912). Reflet
de la Belgique, enfant de l’Afrique (2012)
Musique et sciences de l’esprit. Actes de colloque (2012)
Catherine Jacques, Les féministes belges et les luttes pour l’égalité
politique et économique (1914-1968) (2013)
Athéisme voilé/dévoilé aux temps modernes. Actes de colloque
(2013)
Stéphanie Claisse, Du Soldat Inconnu aux monuments commémo-
ratifs belges de la Guerre 14-18 (2013)
Georges Bernier, Darwin, un pionnier de la physiologie végétale.
L’apport de son fils Francis (2013)
Jacques Reisse, Alfred Russel Wallace, plus darwiniste que Darwin
mais politiquement moins correct (2013)
La démocratie, enrayée ? Actes de colloque (2013)
Catherine Thomas, Le visage humain de l’administration. Les
grands commis du gouvernement central des Pays-Bas espagnols
(1598-1700) (2014)
Francis Robaszynski, Francis Amédro, Christian Devalque et
Bertrand Matrion, Le Turonien des massifs d’Uchaux et de la Cèze
(2014)
Pierre Verhas, L’histoire de l’Observatoire royal de Belgique (2014)
L’Homme, un animal comme un autre ? Actes de colloque édités
par Jacques Reisse et Marc Richelle (2014)
La bataille de Charleroi, 100 ans après. Actes de colloque (2014)
pierre Assenmaker, De la victoire au pouvoir. Développement et
manifestations de l’idéologie impératoriale à l’époque de Marius et
de Sylla (2014)
De Mons vers le Nouveau Monde. Lettres de Jean-Charles Houzeau
en Jamaïque (1868-1876), Hossam Elkhadem et Marie-Thérèse Isaac
(ed.) (2015)
Le Quatrième partage de la Pologne. Actes de colloque (2015)
Frédéric Boulvain et Jean-Louis Pingot, Genèse du sous-sol de la
Wallonie (2015, 2e éd. revue et augmentée)
La liberté d’expression. Menacée ou menaçante ? Actes de colloque
(2015)
Robert Wangermée et Valérie Dufour (dir.), Modernité musicale
au XXe siécle et musicologie critique. Hommage à Célestin Deliège.
Actes de colloque (2015)
Jean-Louis Migeot, Des chiffres et des notes. Mathématique et
solfège, physique et musique : une introduction (2015)
Hugues Bersini, Quand l’informatique réinvente la sociologie (2015)
Jean-Louis Kupper, Notger de Liège (972-1008) (2016)
Émile Biémont, Le règne du temps : des cadrans solaires aux horloges
atomiques (2016)
L’évaluation de la recherche en question(s). Actes de colloque (2016)
Jean-Charles Speeckaert, Dominique de Lesseps. Un diplomate
français à Bruxelles au temps du renversement des alliances (1752-
1765) (2016)
Marc Groenen , L’art des grottes ornées du Paléolithique supérieur
(2016)
Stéphanie Claisse, Monuments aux morts... et aux survivants
belges de la Guerre 14-18 (2016)
Charleroi 1666-2016. 350 ans d’histoire des hommes, des techniques
et des idées. Actes de colloque (2016)
Fig. 1 — La sculpture de verre devant le siège de AGC
à Louvain-la-Neuve ; p : 2010, r : 2011-2014 (01/577).

Fig. 2 — L’efficience et la pérennité d’une construction


en fonction des progrès de la connaissance.
Fig. 3 — Éclairage naturel journalier Fig. 4 — Éclairage naturel journalier
en Lux à Uccle (Bruxelles) pour en Lux à Uccle (Bruxelles) pour
des surfaces verticales nord, est, sud, des surfaces verticales nord-est, sud-
ouest et le plan horizontal (avec est, sud-ouest, nord-ouest
un maximum de 90 000 Lux à midi (avec un maximum de 90 000 Lux
sur l’horizontale au solstice d’été). au zénith, le 21 juin à 12h00).

Fig. 5 — Siège social de la CNP/NPM, Gerpinnes ; p : 1994,


r : 1995-1996, (01/320). Photographie janvier 2016.
Fig. 6 — Hall de production de panneaux Fig. 7 — Insolation annuelle
photovoltaïques, Dison ; p : 2011 (01/592). moyenne en Belgique
(100 % = 1 100 kWh/m² an).

Fig. 8 — Lujiazhi Cultural Creativity Garden Fig. 9 — Insolation annuelle


Zhoushan. Cultural coffee shop et sa verrière moyenne à Zhoushan, Chine
photovoltaïque, Zhoushan, Chine ; (100 % = 2 100 kWh/m² an).
p : 2019, r : 2015-2016 (01/594).
Fig. 10 — Verrière
photovoltaïque, caserne
des pompiers, Houten,
Pays-Bas ; p : 1998,
r : 1999-2000 (01/373).

Fig. 11 — Les 2 200


dessins d’enfants
dans la caserne.
Fig. 12 — EUROPA, siège du Conseil de l’Union européenne,
Bruxelles ; p : 2005–2008, r : 2008–2016 (01/494).

Fig. 13 — EuroSpace Centre, Libin-Transinne ;


p : 2006, r : 2007-2008 (01/518).

Fig. 14 — Façade photovoltaïque du bâtiment des sciences appliquées


de l’Université libre de Bruxelles ; p : 2009, r : 2017 – 2018 (01/570).

Fig. 15 — Coupe perspective transversale.


Fig. 16 — La girouette d’Olivier Strebelle sur l’immeuble
de bureaux pour Eric Boulanger, Waterloo ;
p : 1998, r : 1989-1990 (01/200).

Fig. 17 — La salle de réunion et sa verrière de toiture


sous la girouette.
Fig. 18 — L’oculus au plafond du hall d’accueil,
sous la salle de réunion.
Fig. 19 — Les miroirs dans les ébrasements de fenêtres
des bureaux de Samyn et Associés, Uccle ; p : 1992, r : 1993 (01/265).

Fig. 20 — Les miroirs dans les ébrasements de fenêtres et sur


les étagères à lumière, EUROPA ; p : 2004, r : 2008 à 2016 (01/494).
Fig. 21 — Les étagères à lumière Fig. 22 — Détail des caillebotis.
pour l’immeuble « Cristal », Bruxelles ;
p : 1992, r : 1996-1998 (01/260).

Fig. 23 — Les étagères à lumière au siège des entreprises


Jan De Nul, Aalst ; p : 2000, r : 2001-2002 (01/401).
Fig. 24 — Les réflecteurs anidoliques Fig. 25 — Illustration de l’efficacité
pour le siège de la Caisse Congés du des réflecteurs de lumière naturelle.
Bâtiment, Bruxelles ; p : 1997 (01/351).

Fig. 26 — Les grands pans semi-


réfléchissants forment des réflec-
teurs de lumière verticaux pour cet
immeuble de bureaux,
Bruxelles ; p : 1999 (01/381).
Fig. 27 — Capteurs de lumière en toiture pour la Fondation
Polaire Internationale, Toronto, Canada ; p : 2004 (01/477).

Fig. 28 — Coupe transversale.


Fig. 29 —
Conduits
de lumière dans
les colonnes
en bois.
Fig. 30 — Coupe perspective illustrant les jeux de miroirs
de la Maison de l’Histoire européenne, Bruxelles ; p : 2010 (01/573).

Fig. 31 — Les canons de lumière naturelle éclairant


les salles obscures.
Fig. 32 — Une résille structurelle en bois porte la toiture et diffuse
la lumière naturelle dans le crematorium, Aalst ; p : 2010 (01/583).
Fig. 33 — Un héliostat avec miroir elliptique éclaire le cœur
du crématorium.

Fig. 34 — Les miroirs en toiture annoncent de loin le crématorium.


Fig. 35 — 232 héliostats au Guggenheim à Helsinki, Finlande ;
p : 2014 (01/619).

Fig. 36 — Maquette.
Fig. 37 — L’héliostat rectangulaire dans la cour centrale de la
caserne des pompiers à Charleroi ; p : 2014, r : 2015-2016 (01/569).
Fig. 38 — La cour de la ferme de Stassart, Uccle (01/265).

Fig. 39 — Les patios de la caserne des pompiers de Charleroi


(01/569).
Fig. 40 — M&G Ricerche, Venafro, Fig. 41 — OCAS, Zelzate ; p : 1981,
Italie ; p : 1989, r : 1990-1991 (01/222). r : 1990-1991 (01/223).

Fig. 42 — Brussimmo, Bruxelles ; Fig. 43 — Auditoire de première candidature


p : 1991, r : 1992-1993 (01/225). médecine, Hôpital Erasme, Bruxelles ;
p : 1992, r : 1993 (01/270).
Fig. 44 — Éditions Dupuis, Marcinelle ; p : 1993, r : 1994-1995 (01/286).

Fig. 45 — La Grande Aula, Louvain-la- Fig. 46 — Le parterre aveugle


Neuve ; p : 1999, r : 2000-2001 (01/291). sous les KW électriques.
Fig. 47 — Balcons et double peau. Villas de Ganshoren,
Bruxelles ; p : 2016 (01/633).

Fig. 48 — Les vantelles de verre clair, avenue Marnix, Bruxelles ;


p : 2006, r : 2007-2009 (01/489).
Fig. 49 — Les vantelles sérigraphiées assurent la diffusion
de la lumière dans les bureaux du siège de ENI
(Ente Nationale Idrocarburi), Rome, Italie ; p : 1998 (01/375).

Fig. 50 — Les
gigantesques van-
telles protègent
les façades est et
ouest du soleil.
Fig. 51 — Le siège social de AGC Glass Europe,
Louvain-la-Neuve ; p : 2010, r : 2011-2014 (01/577).

Fig. 52 — Les vantelles nord et sud, est et ouest.


Fig. 53 — Vue intérieure.

Fig. 54 — Les vantelles du deuxième nouveau siège des entre-


prises Jan De Nul, Aalst ; p : 2015-2016, r : 2017-2018 (01/571).
Fig. 55 — Maison de la Culture de la Province de Namur ;
p : 2015, r : 2017-2018 (01/628).

Fig. 56 — Les vantelles en acier laqué blanc.


Fig. 57 — Le patchwork de vieux châssis de chêne, EUROPA
(01/494).

Fig. 58 — La « lanterne » en verre sérigraphié.


Fig. 59 — Le gris pur à 60 % de noir et la résille photovoltaïque
du château « Groenhof », Malderen ; p : 1998, r : 1999-2000 (01/352).

Fig. 60 — Imposte
en miroir et papier
d’aluminium
froissé tapissant
les murs de l’an-
nexe du château
« Groenhof ».
Fig. 61 — Les « bacs » en verre au pied des verrières,
KBC Verzekeringen, Leuven ; p : 2002 (01/433).

Fig. 62 — Les tubes à ailettes au pied de la verrière EUROPA


(01/494).
Fig. 63 — Le Comptoir forestier Fig. 64 — Vue de nuit.
à Marche-en-Famenne ;
p : 1992, r : 1993-1994 (01/279).

Fig. 65 — Vue intérieure.


Fig. 66 — La verrière
en cylindre ellip-
tique du Nean-
derthal Museum à
Erkhrath-Mettmann,
Allemagne ; p : 1993
(01/290).
Fig. 67 — La verrière en chaînette du restaurant pour Petrofina,
rue Guimard, Bruxelles ; p : 1994, r : 1995-1996 (01/313).

Fig. 68 — La verrière conique du Musée du Verre à Lommel,


extérieur ; p : 2004, r : 2005-2006 (01/469).
Fig. 69 — Les escaliers.

Fig. 70 — L’atelier de Erik Salvesen à Ekenäs-Tammisaari,


Finlande ; p : 2009, r : en attente. (01/561).
Fig. 71 — L’espace intérieur de M&G Fig. 72 — La station de métro
Ricerche (voir aussi Fig. 40), (01/222). Bruxelles-Erasme ;
p : 1995, r : 2001-2003 (01/283).

Fig. 73 — Le film d’ETFE sur filin para-aramide au centre


de recherches Solvay à Neder-over-Heembeek ; p : 1987 (01/190).
Fig. 74 — La gare Vesuvio Est près de Naples, Italie ;
p : 2008, r : en cours d’étude (01/552).

Fig. 75 — Les Burundais invités à « tisser » leur centre culturel


à N’Goziv; p : 2009, r : inconnu (01/567).
Fig. 76 — La grande tente ETFE para-aramide à Zhoushan ;
p : 2010, r : en cours d’étude (01/574).

Fig. 77 — Les écrans en métal déployé à Houten, Pays-Bas ;


p : 1998, r : 1999 (01/363).
Fig. 78 — Les terrasses « cubes » de 3 m de côté, rue des Minimes
à Bruxelles ; p : 2001-2007, r : 2008-2011 (01/421).

Fig. 79 — Les tôles perforées portant les escaliers de secours


dans la « lanterne » EUROPA (01/494).
Fig. 80 — Les colonnes en tôle perforée sur les cuves du chai de
Château Cheval Blanc à Saint-Émilion, France ; p : 2008 (01/542).

Fig. 81 — La tour d’exercice de la caserne des pompiers


à Charleroi (01/569).
Fig. 82 — Tour Dexia, place
Rogier, Bruxelles ; p : 2002,
r : 2003-2006 (01/301).

Vous aimerez peut-être aussi