Pr Ag. DOUAGUIBE B.
OBJECTIFS
1. Définir la prééclampsie
2. Enumérer 2 signes cliniques de la prééclampsie
3. Décrire 3 complications maternelles et 3 complications fœtales
de la prééclampsie
4. Distinguer 2 affections de la prééclampsie
5. Enoncer les principes thérapeutiques de la prééclampsie
PLAN
INTRODUCTION
1. GENERALITES
2. PHYSIOPATHOLOGIE
3. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
4. ETUDE CLINIQUE
5. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
6. TRAITEMENT
CONCLUSION
INTRODUCTION
La prééclampsie est la plus fréquente et grave des pathologies gravidiques. Elle
est source de morbidité et mortalité maternelle et périnatale importante. Sa
prise en charge est multidisciplinaire et nécessite souvent des structures
sanitaires capables de fournir des soins obstétricaux néonataux
complets(S.O.N.U.C)
1. GENERALITES
1. 1. DEFINITION
La prééclampsie est définie par l’association de :
l’HTA gravidique à
une protéinurie > 300 mg/j (ou équivalente à ++)
à partir d’un terme de 20 SA.
L’HTA gravidique est définie par :
PAS supérieure à 140 mm Hg et/ou PAD supérieure à 90 mm Hg
survenant entre la 20e SA et la 6e semaine du post-partum
2. 2. INTERET
Epidémiologique : 1er rang des grossesses à haut risque
Diagnostique : est clinique et biologique, souvent en cas de
complications en Afrique
Thérapeutique : multidisciplinaires, surveillance
Pronostique : morbidité et mortalité périnatale élevées
3. 3. RAPPELS
Diagnostic d’hypertension artérielle
1 à 3 % des nullipares,
Nulliparité
HTA chronique préexistante
Pathologie vasculaire (p. ex., pathologie rénale ou vasculopathie
diabétique)
Diabète sucré préexistant ou gestationnel
Femmes plus âgées (> 35 ans) ou très jeunes (p. ex., < 17 ans)
Antécédents familiaux de prééclampsie , HTA, diabète, obésité ,
néphropathie
Prééclampsie lors de grossesses précédentes
Antécédents de : éclampsie, HRP, RCIU, MIU,
Troubles thrombotiques
Grossesse actuelle : changement de procréateur, grossesse
gémellaire
2. PHYSIOPATHOLOGIE
2.1. MECANISMES
La physiopathologie reste encore à l’heure actuelle mal comprise. L’origine
première du syndrome semble être un trouble de la vascularisation utéro-
placentaire. Le placenta est le « primum movens » de la maladie.
En effet, il a été montré que l’ischémie placentaire est à l’origine de la
prééclampsie. Il existe différentes hypothèses :
Hypothèse immunologique :
Hypothèse mécanique :
2.2. CONSEQUENCES
La conséquence est l’ischémie utéro-placentaire .
Dans ce contexte, l’HTA n’est pas seulement le symptôme d’une maladie,
mais aussi un moyen d’assurer la perfusion sanguine d’un territoire où les
résistances vasculaires sont élevées.
NB : un traitement antihypertenseur trop énergique diminue la perfusion
utéroplacentaire et peut altérer le bien être fœtal.
Tout ceci réalise un “cercle vicieux” qui ne peut être interrompu que par
la disparition du placenta (accouchement).
3. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
3.1. MACROSCOPIE
* LE PLACENTA
Importance des lésions de nature ischémique à l’origine d’hypotrophie et
calcifications placentaire
Sur le plan microscopique : signes d’infarctus +/- étendus, nécrose villositaire
focale avec dépôts de fibrine.
* LE FŒTUS : RCIU ou hypotrophie fœtale
* LE REIN : lésions ischémiques et dépôts fibrinoïdes et
d’immunoglobulines
3.2. EVOLUTION (CLASSIFICATION)
Elle se fait vers :
4. Prééclampsie modérée
5. Prééclampsie Sévère
6. complications
4. ETUDE CLINIQUE
4.1Type de description
14Ommhg<PAS<150mmhg
et 90mmhg<DAS<10mmhg
protéinurie à +/++
Circonstances de découverte :
Souvent fortuite au cours de la CPN
Examen clinique
Interrogatoire :
• DDR : terme
• Signes Associés : céphalées, troubles visuels, acouphènes,
• Histoire de la grossesse actuelle : nombre , lieu, personnel,
pathologie, traitement
• ATCD: HTA, diabète, prééclampsie, MIU, RCIU, hypotrophie,
éclampsie
Signes généraux :
Technique de prise de la PA :
• Au repos, au calme, loin d’un examen gynécologique, en position
assisse
• Au bras posé sur une table à hauteur du cœur
• Un brassard adapté
• Deux prises de 4/6heures d’intervalles
Résultats (cf. rappels)
• Une pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140mm Hg,
• Et/ou d’une pression artérielle diastolique (PAD) ≥ 90mm Hg
La protéinurie.
- Elle est dépistable au labstix : si une protéinurie est présente à 1+, il
faut réaliser un dosage sur les urines de 24 H. Le test n’est pas interprétable si
le pH urinaire est alcalin.
- La protéinurie est pathologique si elle est égale ou dépasse 0,30 g/24 h.
Une protéinurie discrète, moins importante que ce chiffre, peut être due à une
augmentation de la filtration glomérulaire physiologique ou à une contamination
de l’urine par des leucorrhées.
- Toute protéinurie doit faire rechercher une infection urinaire.
Les œdèmes.
Normalement, des œdèmes existent au cours de la grossesse :
- Au niveau des membres inférieurs, 3 fois sur 4.
- Au niveau des membres supérieurs, voire généralisés, dans 20 à
25 %.
Sont pathologiques des œdèmes apparus brutalement, ou qui s’aggravent
brutalement. Ces œdèmes pathologiques modifient la courbe pondérale (axe
d’homéostasie pondérale). Ils ne sont qu’un signe de la maladie
Examen gynéco-obstétrical
Inspection : utérus ovoïde à grand axe longitudinal
Mensuration : HU= 32-34
Palpation : Manœuvres de Leopold pour rechercher (les pôles fœtaux ) et de
Budin (le dos du fœtus)
Auscultation : BDCF = 120-160bpm
Inspection vulve : normale
spéculum : col violacé court, intermédiaire, paroi vaginales saines, leucorrhée
physiologique
Toucher vaginal +palper : col court souple médian fermé; utérus gravide,
segment formé, présentation céphalique à -1, Bassin normal, Gants tachés de
leucorrhée physiologique
Examen des seins et autres appareils
Signes paracliniques.
Visée diagnostique
Protéinurie des 24h
Protéinurie à la bandelette(cf. signes généraux)
Conditions : bocal sans substance chimique ni savon
Résultats : positive +/++, P> 0,3g/L
Visée retentissement maternel
• NFS complète (avec Ht et plaquettes),
• Glycémie à jeun et post-prandiale,
• Créatininémie, uricémie, ionogramme sanguin,
• Bilan hépatique (bilirubine directe et indirecte, transaminases),
• Bilan d’hémostase (fibrinogène, TP, TCA),
• ECBU + antibiogramme,
• FO + ECG (recherche d’une HTA ancienne).
.
Visée retentissement fœtal
• Uricémie , En pratique, l’uricémie est le dosage biologique le plus
important
• Échographie obstétricale -Doppler (score de Manning)
• ERCF (enregistrement du rythme cardiaque fœtal)
4. 2. Formes cliniques
Formes évolutives
Primipare Fréquent P+
Formes associées
Formes compliquées
Fœtaux :
a) Hypotrophie fœtale (RCIU) : avec risque de souffrance fœtale aigue et
chronique,
L’hypotrophie complique 7 à 20 % des grossesses avec HTA.
La stagnation de la hauteur utérine ou l’arrêt de croissance fœtale
échographique en permettent le diagnostic.
C’est au cours du 3ème trimestre qu’apparaît le RCIU, c’est dire l’importance de
la surveillance clinique et échographique tous les 15 jours chez gestantes
présentant la prééclampsie.
b) Prématurité :
Soit spontanée soit iatrogène (extraction dans un but thérapeutique), dans un
tableau de souffrance fœtale, avec comme conséquence possible : la mort
néonatale précoce.
c) MIU (mort in utero):
2 à 5 % de femmes enceintes atteintes d’HTA sont concernées ; elle survient,
soit après une longue évolution de la souffrance fœtale chronique qu’il
importe de bien dépister et surveiller, soit brutalement sans aucun signe
annonciateur à l’occasion, en particulier, d’un à-coup hypertensif.
Maternels :
a) Risques médicaux liés à l’HTA :
– HTA sévère (TAS >180 et/ou TAD >120 mm Hg) avec ses risques :
. Neurologiques (AVC),
. Oculaires (rétinopathie : œdème papillaire, hémorragie),
. Cardiaque (OAP, arythmie ventriculaire, insuffisance cardiaque, ischémie
myocardique),
. Pulmonaires (OAP),
. Rénaux (insuffisance rénale aiguë),
– complications hépatiques : HELLP syndrome, la stéatose hépatique aiguë
gravidique (SHAG), l’hématome sous-capsulaire du foie.
b) Risques obstétricaux :
– éclampsie,
– HRP ± CIVD
5. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
HTA
CLINIQUE PARACLINIQUE
HTA Avant la P-
CHRONIQUE grossesse
HTA G Apparait P-
disparait 6sem
après
accouchement
EFFET BLOUSE HTA transitoire P-
BLANCHE
PROTEINURIE
5. TRAITEMENT
5.1.CURATIF
But :
• Amener si possible la grossesse proche du terme
• Assurer un accouchement d’un nouveau-né sain
• Eviter et traiter les complications
PRINCIPES :
• L’accouchement reste le meilleur traitement(la délivrance)
• Éviter les chutes brutales de la tension artérielle en dessous de
130/80 à 140/90.
• Le traitement symptomatique ne résoud pas le problème causal
• La conduite selon les conditions obstétricale et des conditions
maternelles.
• Surveiller la grossesse et du traitement
• Le régime doit être normosodé (un régime désodé est illogique car
la déplétion sodée aggrave l’hypovolémie et favorise l’hypotrophie
fœtale).
MESURES GENERALES :
• Hospitalisation (Elle n’est pas immédiatement nécessaire si une
surveillance correcte peut vraiment être réalisée en ambulatoire
ou une complication)
• Mesures hygiéno-diététique (repos en DLG, régime normosodé)
• Explication et information
• Psychothérapie
MOYENS
La diminution de l’anxiété est faite au mieux par la mise en confiance et des
explications rassurantes par le médecin plutôt que par la prescription de
sédatifs (chlorazépate dipotassique (Tranxène ®)).
– Moyens obstétricaux.
Il existe 3 attitudes obstétricales :
Abstention sous surveillance spécialisée :
Surveillance clinique :
– prise de tension artérielle 3 fois par jour, courbe tensionnelle (dynamap),
– signes fonctionnels de l’HTA : céphalées, épistaxis, acouphènes, phosphènes,
– courbe de poids et de diurèse +++,
– surveillance des réflexes ostéotendineux, de la conscience,
– protéinurie à la bandelette matin et soir.
Surveillance biologique :
Deux fois par semaine, on dose :
– numération formule sanguine (Hb, Ht, plaquettes) +++,
– uricémie +++,
– créatinémie,
– transaminases,
– protéinurie des 24 heures.
Surveillance fœtale :
a) Evaluation de la croissance (dépistage du RCIU) :
– mesure de la hauteur utérine,
– biométrie fœtale avec mensurations des différents diamètres (périmètre
abdominal (PA), périmètre céphalique (PC) et fémur) tous les 15 jours, par
échographie obstétricale.
b) Evaluation de la vitalité :
o Mouvements actifs fœtaux surveillés par la mère
o ERCF
o Échographie obstétricale
En post-partum :
Il faut :
– le lever précoce, usage d’utéro toniques (en évitant la méthylergobasine)
(Méthergin ®),
– surveillance du pouls, TA, température, globe utérin, lochies,
– surveillance de l’apparition du colostrum.
A distance de l’accouchement :
A distance de l’accouchement : le contrôle de la TA sera poursuivi…
Prévoir une consultation 6 semaines après l’accouchement.
Si tout n’est pas rentré dans l’ordre, une nouvelle consultation à 3 mois du
post-partum.
En effet, si au bout de 3 mois l’HTA persiste, une recherche étiologique sera
envisagée (cardiologue, néphrologue)
5.2. PREVENTIF
Agir sur les facteurs de risques modifiables
Souvent difficile
Dépistage :
Il repose sur la surveillance de la grossesse (tension
artérielle, protéinurie, courbe pondérale). Par ailleurs, le
diagnostic est parfois recherché devant une suspicion de
retard de croissance intra-utérin. Il peut arriver que la
pathologie fœtale se manifeste avant que les signes
maternels apparaissent (absence de parallélisme entre
l’atteinte fœtale et les signes maternels).
Acide salicylique : 100mg par jour de 16SA à 35SA
Points clés
Conclusion :
La conduite à tenir devant une HTA constatée au cours de la grossesse varie
radicalement selon qu’il s’agit d’une de ces deux situations :
– en cas d’HTA chronique : il s’agit avant tout de contrôler l’évolution des
chiffres tensionnels en surveillant que la croissance fœtale reste normale,
– en cas de prééclampsie : il s’agit d’une pathologie aiguë rapidement
évolutive, dont le traitement est avant tout représenté par le déclenchement
de la naissance.