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L’homme augmenté, MYTHE OU RÉALITÉ ?

L’homme augmenté : mythe ou

© Maissa Ben Jelloul


réalité ? Comment la technologie
« augmentera » l’homme demain ?
L’éthique est-elle prise en compte
dans ces recherches ? Marc Roux,
président de l’association française
transhumaniste et Agathe François,
doctorante à l’EHESS démystifient le
transhumanisme.

L’homme augmenté,
déjà une réalité ?
Pour Marc Roux, l’homme est déjà augmenté :
« l’homme essaie de s’améliorer depuis longtemps
au travers des technologies qui existent déjà. L’éthique est-elle introduite dans Il faut comprendre le
Le vaccin est une biotechnologie très invasive : la recherche ?
notre système immunitaire est transformé à vie. Marc Roux ne s’inquiète pas, mais nuance : mieux possible comment
Le pacemaker communique avec le médecin qui « aujourd’hui, le grand public ne se rend pas fonctionne le cerveau
peut prélever des informations de l’appareil très compte à quel point les questions d’éthique sont
rapidement, sans opération. Pour l’instant ces outils omniprésentes. Cependant, la logique économique,
humain et expérimenter
ont une fonction de réparation, mais il existe des relayée par la logique politique, peut contredire cet avec les neurosciences pour
possibilités d’amélioration de l’être humain. » optimisme. Pour l’instant, on ne se préoccupe que
du développement économique. »
améliorer notre humanité
Faut-il se méier du Pour Agathe François, ce qui manque, ce ne sont et augmenter notre
transhumanisme ? pas les diagnostics d’experts : « il y a un problème
capacité à vivre en bonne
Pour Agathe François, la méfiance n’est pas pour l’instant en ce qui concerne la prise en compte
le terme adéquat : « il ne faut pas réduire le de l’éthique dans les recherches scientifiques ou harmonie.
transhumanisme à une puissance individualiste académiques. Mais ce qu’il nous faut, ce sont des Marc Roux
qui va dominer le monde. Cela nous entraîne dans débats citoyens ainsi que des discours politiques
un débat trop caricatural. Le transhumanisme autour de cette question. »
pose beaucoup de questions et c’est l’occasion Quel homme pour le futur ?
d’interroger le rôle de la technologie dans nos Marc Roux évoque un futur dans lequel
vies. Les technologies NBIC [Nanotechnologies, Augmenter l’homme pour la médecine pourrait agir de manière très
biotechnologies, informatiques et sciences développer les valeurs de l’être précise à l’intérieur de nos cellules, implanter
cognitives, ndlr] comprennent des avancées humain des produits qui nous aideraient à guérir en
considérables, dont il est difficile de mesurer toutes Pour Marc Roux, l’élément important à permanence. Il nuance en précisant qu’il ne faut
les implications. » développer, ce sont nos valeurs : « le cerveau pas se projeter trop vite : « certains imaginent des
humain est adapté aux conditions de vie d’il y nanorobots qui nettoieraient le cholestérol. C’est
a 200 000 ans. À la préhistoire, la xénophobie
Le transhumanisme révèle pouvait être une bonne chose, car il était
encore de l’ordre du futuriste, rien n’est au point.
Qui peut prévoir quelle technologie émergera et à
surtout notre capacité préférable de se méfier des individus extérieurs. quelle échéance ? »
Le problème est que nous avons transformé
à penser la technique notre environnement et notre cerveau n’a pas Se dirige-t-on vers une société
socialement. évolué et n’est donc plus adapté. » lisse et uniforme ?
Agathe François Pour Agathe François, cette crainte n’est pas
justifiée : « dans la réalité les gens sont très
attachés à leur différence, à l’instar des sourds dont
des études ont démontré qu’ils ont leur propre
culture, dont ils sont très fiers. Certains auteurs
prédisent même que ces technologies mèneraient à
une diversification des personnes ; les technologies
permettraient de se composer des traits de
caractères et physiques. »

Maximilien Arengi

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