LABORATOIRE
ALCALI-RÉACTION
Prévention des désordres
Auteurs : Raphaël BODET - Jacques BRESSON
L'alcali-réaction, ou réaction alcali-granulat, est une
dégradation du béton, d'origine interne, observée pour
la première fois aux États-Unis en 1940. Les premières
manifestations en France de l'alcali-réaction remontent
à la fin des années 1970 dans quelques barrages. En
1987, on constate que plusieurs ponts en France, parti-
culièrement dans la région du Nord, sont aussi affectés.
Il faut tout de même noter que pour les ouvrages
existants, l'OCDE* classe l'alcali-réaction au douzième
rang des causes de dégradation du béton. Il importe par
conséquent d'être en mesure de diagnostiquer l'alcali-
réaction pour un ouvrage, de la prévenir, d'estimer son
incidence sur la durabilité ou la sécurité de l'ouvrage et
de définir, s'ils existent, les traitements appropriés.
1. QU'EST-CE QUE L'ALCALI-RÉACTION ?
Les «alcali-réactions» sont des réactions chimiques entre
certaines formes de silices ou de silicates pouvant être
présentes dans les granulats et les alcalins du béton
(oxydes Na2O et K2O éventuellement contenus dans le
ciment, l'eau et à un degré moindre les adjuvants). Elles
correspondent à une attaque du granulat par le milieu
basique du béton et provoquent la formation d'un gel
de réaction (silicate alcalin) dont l'expansion engendre,
sous certaines conditions, un gonflement.
Les désordres pouvant résulter de ce gonflement sont
de plusieurs natures : fissurations, déformations, cratè-
res et dégradations de l'aspect des parements. Les
fissures sont généralement réparties de manière anar-
chique, sauf pour les ouvrages en béton précontraint où
elles sont généralement orientées selon la direction de
la précontrainte.
Trois conditions simultanées induisent le développement
du phénomène d'alcali-réaction. Ce sont :
- la présence de silice réactive dans les granulats ;
- une teneur élevée en alcalins dans la solution intersti-
cielle du béton (eau libre contenue dans le béton) ;
- un environnement humide ou des cycles d'humidifica-
* Organisation de Coopération et de Développement Economiques.
** Le risque d'expansion n'existe que lorsque les espèces minérales siliceuses réactives sont en proportions voisines d'une certaine
plage de valeurs critiques dites pessimales.
BP 59 - F 28231 ÉPERNON CEDEX - Tél. 02 37 18 48 00 - Fax 02 37 83 67 39
Fiche 249
tion-dessication (on considère en général qu'il y a peu
de risque de désordre lorsque l'hygrométrie d'équilibre
du béton est inférieure à 80 %).
2. RECOMMANDATIONS POUR LA PRÉVENTION
DES DÉSORDRES LIÉS A L'ALCALI-RÉACTION
Ces recommandations font l'objet d'un guide de recom-
mandations édité par le LCPC et intitulé Recom-
mandations pour la prévention des désordres dus à
l'alcali-réaction (version de juin 1994). Ce guide définit
la démarche à suivre en précisant notamment :
- les principes ;
- les niveaux de prévention nécessaires (en fonction de
la caractérisation de l'ouvrage et de l'environnement) ;
- les recommandations en fonction du niveau de pré-
vention requis ;
- essais pour atteindre les recommandations.
Par ailleurs, la norme XP P18-540 Granulats définit dans
sa partie 10 Granulats pour bétons hydrauliques une
classification des risques vis-à-vis de l'alcali-réaction.
S’ils ont été qualifiés ils peuvent être : non réactifs
(NR), potentiellement réactifs (PR) ou potentiellement
réactifs à effet de pessimum (PRP)**. Les granulats
peuvent aussi être non qualifiés (NQ).
2.1 La démarche
La démarche consiste à définir le niveau de prévention
A, B ou C qu’il convient d’appliquer en fonction de la
classification de l’ouvrage et du type d’environnement
auquel il est soumis. A chaque niveau de prévention
correspondent différents types de précautions condui-
sant à des solutions adaptées.
• La classification de l'ouvrage est donnée par le maître
d'ouvrage en fonction de sa destination (ou utilisation)
selon le tableau 1. Elle dépend du niveau de risque qui
1
Novembre 1999
 Risques Niveau de
Exemples Type de précaution
Catégorie d'apparition prévention
d'ouvrages
des désordres

A Pas de précaution particulière

Eléments non porteurs
Ι Faibles ou situés à l'intérieur de
acceptables bâtiments B L’une des six solutions du schéma 1
Ouvrages provisoires
C Utilisation de granulats non réactifs
Majeure partie des
ΙΙ Peu tolérables ouvrages de génie civil Tableau 3 - Types de précautions proposés en fonction du
niveau de prévention choisi
(d’après les recommandations du LCPC)
Bâtiments de prestige
Ponts et tunnels
ΙΙΙ exceptionnels
Inacceptables Classes d’environnement
Bâtiments des réac-
teurs des centrales
nucléaires 1 2 3 4

Tableau 1 - Classification des ouvrages en trois catégories Ι A A A A

(d’après les recommandations du LCPC)
Catégories
ΙΙ A B B B
d’ouvrages
est fonction de divers facteurs comme la nature de
ΙΙΙ C C C C
l'ouvrage, la sécurité à apporter aux usagers de cet
ouvrage, sa destination, son importance stratégique,
son niveau d'entretien ultérieur, etc. Tableau 4 - Choix du niveau de prévention en fonction de la
catégorie de l’ouvrage et de son exposition
Il est nécessaire de noter que la plupart des produits (Extrait des recommandations du LCPC)
préfabriqués en béton entrent dans la catégorie Ι, à
l'exception des éléments de structure et des produits
destinés à être utilisés dans des ambiances agressives 2.2 Les précautions à prendre
(murs antibruits, corniches d'ouvrages d'art, certaines
• Le niveau de prévention A ne nécessite aucune pré-
canalisations d'assainissement) qui entrent alors géné-
caution particulière car les risques d'apparition des
ralement dans la catégorie ΙΙ.
désordres sont faibles ou acceptables, ce qui sous-
entend qu'une utilisation de granulats réactifs est pos-
• Le type d’environnement tient compte du rôle de l'eau
sible. Cependant, celle-ci n'est pas recommandée si
et de l'hygrométrie ambiante, facteurs déterminants
le produit est destiné à être utilisé en milieu agressif
pour la réaction alcali-granulat (cf. chapitre 1). Il est
ou marin.
donné par le tableau 2.
• Le niveau de prévention B consiste à appliquer l'une
des six solutions présentées sur le schéma 1 (page ci-
Classe Type d'environnement
après).
1 Sec ou peu humide (HR < 80 %) • Le niveau de prévention C consiste à utiliser des gra-
nulats connus pour être non réactifs, donc revient en
Humide (HR > 80 %) ou en contact avec
2 fait à la première solution du niveau de prévention B
l'eau
(1ère colonne du schéma 1).
3 Humide (HR > 80 %) avec gel et fondants

4 Marin
2.3 Les solutions
Tableau 2 - Classe d’exposition des ouvrages Les diverses solutions sont analysées ci-après dans
de l’environnement l'ordre du schéma 1. Certaines sont faciles à appliquer
(d’après les recommandations du LCPC) comme l’étude des granulats ou le bilan des alcalins,
d’autres sont très délicates à mettre en œuvre telles que
les références d'emploi (peu de dossiers sont actuelle-
• Le niveau de prévention est défini par les tableaux 3 ment complets sur les ouvrages) ou le critère de
et 4 ci-après. performance (long à mettre en application).

2
Fiche 249 - Novembre 1999
 FORMULATION DE BÉTON ENVISAGÉE

1 2 3 4 5 6
La formulation Le béton
L’étude du dossier La formulation La formulation offre-t-elle des contient-il Les conditions
des granulats satisfait-elleà un satisfait-elle références des additions particulières
montre-t-elle critère analytique à un d’emploi minérales en aux granulats
que les granulats (bilan des critère de suffisamment proportions PRP sont-elles
sont non réactifs ? alcalins) ? performance ? convaincantes ? suffisantes ? satisfaites ?

Voir § 2.3.1 Voir § 2.3.2 Voir § 2.3.3 Voir § 2.3.4 Voir § 2.3.5 Voir § 2.3.6

OUI A UNE DES NON A TOUTES LES

QUESTIONS QUESTIONS

La formulation La formulation
de béton de béton doit être
est acceptée modifiée

Schéma 1 - Shéma méthodologique pour le niveau de prévention B (d’après les recommandations du LCPC)

2.3.1 Étude du dossier des granulats
(schéma 1 - colonne 1)
Elle a pour objet de qualifier les granulats vis-à-vis de
l'alcali-réaction c'est-à-dire de déterminer si les
granulats sont :
- non réactifs (NR),
- potentiellement réactifs (PR),
- ou potentiellement réactifs à effet de pessimum (PRP).
Les schémas pages suivantes présentent :
- la méthodologie à mettre en œuvre pour qualifier les
granulats (schéma 2) ;
- les méthodes d'essais applicables pour l’étude des gra-
nulats (schéma 3 - colonne «granulats») ou pour les
essais de performance sur béton (§ 2.3.3) (schéma 3
complétant le schéma 2).
Ces méthodes sont choisies en fonction de leur domaine
de validité, c'est-à-dire en fonction du type et de la nature
du granulat.
Le fasicule de documentation P 18-542 donne des
critères permettant de qualifier les granulats en fonction
des résultats des essais. Ces essais sont réalisés par des
laboratoires spécialisés.
A titre indicatif, le tableau 5 définit les principaux types
de roches pouvant présenter des risques d'alcali-
réaction.

3
Fiche 249 - Novembre 1999
 ÉTUDE PÉTROGRAPHIQUE
analyse chimique, microscopie, DRX, infra rouge...

type de roches

espèces roches
roches
réactives siliceuses, silicatées
carbonatées
identifiées et silico-calcaires
?
non

oui oui

SiO2 < 4 % silex > 50 %

ou ou
SiO2 - Quartz< 3 % opale > 3 %
? ?
non non

réaliser un des essais

P 18-588, P18-589, P 18-590 oui
ou, un essai à long terme
P 18-585, P18-587, dans leur
domaine de validité respectif
pratiquer un pratiquer les essais
essai d’une P 18-588 ou P 18-589
autre nature à défaut l’essai
résultats
P 18-590(1)
satisfaisants
? proche des seuils(2) et
pour P 18-589, si proche de
PRP / PR à PR,
oui oui non proche de PR / N pratiquer
P 18-588 ou P 18-590 NR PR PRP

le caractère non réactif la confirmation

est imcompatible peut-être
avec l’identification apportée par
P 18-585(4)
de 3 % d’opale :
reconfirmer(3)

non potentiellement
réactif réactif

(1) Dans le cas où on sera conduit à pratiquer l’essai P 18-590 on aura une information incomplète. Actuellement cette méthode ne permet pas de faire la distinction entre
les qualifications PR et PRP. Seuls P 18-588 et P 18-589 distinguent actuellement les PRP.
(2) La zone de doute correspond à la zone comprise entre la valeur fixée pour le seuil dans la norme et cette valeur moins 10 %.
Le second essai pratiqué, quel qu’il soit, sera considéré comme décisionnel.
(3) Reconfirmer soit au niveau de la pétrographie soit en réalisant un autre essai.
(4) Intéresse uniquement les sables.

Schéma 2 - Caractérisation des granulats vis-à-vis de l’alcali-réaction (d’après le fascicule de documentation P 18-542)

4
Fiche 249 - Novembre 1999
 Granulats Bétons

Essais de gonflement Essais chimique Essais de perfor- Observations

milieu suralcalinisé solution de NaOH mance béton

P 18-585 ne teste que les

Ep. de mortier P 18-585
sables issus de roches
2,5 x 2,5 x 28,5 cm
meubles ayant moins
durée 6 mois
de 25 % de concassés
E
S
S Ep. de béton P 18-587
P 18-587
A 7 x 7 x 28 cm
ne teste que les gravillons
I durée 8 mois
S
Essais sur béton
L
P 15-XXX La durée de l’essai est de
E
N formule réelle 3 ou 5 mois suivant la nature
T Ep. 7 x 7 x 28 cm des granulats utilisés
S durée : 3 ou 5 mois

Essai P 18-587
Formule avec granulats PRP
modifié
à mois de 60 % de silex
durée 8 mois

Essai microbar P 18-588

E P 18-588 domaine de validité : tous
S Ep. micro mortier types de granulats ; capable
S 1 x 1 x 4 cm de mettre en évidence
A durée < 1 semaine les granulats PRP
I
S Autoclavage P 18-590 P 18-590
Ep. de mortier domaine de validité : tous
R 4 x 4 x 16 cm types de granulats ;
A durée < 1 semaine ne reconnaît pas les PRP
P
I Essai cinétique P 18-589
D P 18-589 capable de mettre en
E granulat broyé évidence les granulats PRP,
S 0 à 0,315 mm mais ne teste pas
durée < 1 semaine les calcaires dolomitiques

Schéma 3 - Essais de diagnostic du risque alcali-réaction (d’après les recommandations du LCPC).

5
Fiche 249 - Novembre 1999
 Roches Minéraux sensibles en milieu alcalin

. Granites  Quartz à réseau déformé, présentant une extinction

M
. Granodiorites  ondulante. Minéraux feldspathiques altérés, joints
 de grains ouverts.
A
G
M . Rhyolites Présence de verres siliceux ou de verres basaltiques

A . Dacites  plus ou moins dévitrifiés, présence de tridymite, de
T . Andésites  cristobalite, d’opale.
I . Trachyandésites
Q . Basaltes
U
E . Obsidienne Verres riches en silice plus ou moins dévitrifiés
S 
. Tufs volcaniques  souvent microfissurés.

. Rétinites

M
E
Quartz à extinction ondulante.
T . Gneiss  Microquartz de seconde génération ;
A . Mica-schistes  joints de grains ouverts, minéraux fedspathiques et
M
O
 micacés altérés.
R
P
Quartz associés à un ciment quartzeux et opalin.
H
. Quartzites
 Présence de microquartz de seconde génération.
I
. Cornéennes
 Présence de quartz à extinction ondulante ou de
Q
U
 quartz microfissurés.
E
S
. Grès  Ciment siliceux mal cristallisé, joints de grains
S 
. Quartzites  élargis.
E
D
I . Grauwackes
. Siltites  Minéraux phylliteux associés.
M 
E . Schistes quartzeux  Présence d’opale, de quartz microcristallins.
N
T . Chailles 
A . Silex  Présence de calcédoine, d’opale.

I
R
E
. Calcaire  Présence de silice de type opale en micronodules

S
. Calcaire dolomitiques  ou diffuse en réseau, associée ou non à des sulfures
. Dolomies  sédimentaires et à des phyllites.

Tableau 5 - Principales roches pouvant présenter des risques d’alcali-réaction

(d’après les recommandations du LCPC).

2.3.2 Bilan des alcalins (schéma 1 - colonne 2)
Ce bilan comptabilise à partir de résultats obtenus par
des analyses chimiques tous les alcalins actifs ou libé-
rables dans tous les constituants du béton (ciment,
granulats, eau, adjuvants).
Pratiquement, ces analyses ne peuvent être réalisées
que par des laboratoires spécialisés, en accord avec les
modes opératoires préconisés (les données, pour le
ciment et l'adjuvant, peuvent être données par les four-
nisseurs respectifs). Connaissant la formulation du
béton, la quantité des alcalins présente dans 1 m3 de
béton peut alors être évaluée selon la formule suivante :
T= CAC + BAB + UAU + EAE
T: teneurs en alcalins actifs du béton (kg/m3)
C : proportion de ciment (en kg/m3) dans la formulation
B : proportion de granulats (en kg/m3) dans la formulation
U : proportion d'adjuvant (en kg/m3) dans la formulation
E : proportion d'eau (en kg/m3) dans la formulation

6
Fiche 249 - Novembre 1999
 AC, AB, AU et AE sont les résultats des analyses des
alcalins obtenus respectivement pour chaque consti-
tuant. Un exemple est donné ci-dessous.
Soit une formulation de béton comprenant :
- 300 kg de ciment libérant 0,83 % d'alcalins actifs :
0,83
CAC = 300 ×  = 2,49 kg/m3
100
- 2 000 kg de granulats libérant 0,01 % d'alcalins actifs :
0,01
BAB = 2 000 ×  = 0,2 kg/m3
100
-160 l d'eau contenant 50 mg/l d'alcalins :
EAE = 160 x 50 10-6 = 0,008 kg/m3
- adjuvant dosé à 1 % du poids de ciment libérant 0,1 kg
d'alcalins par kg d'adjuvant :
1
UAU = 300 × }} × 0,1 = 0,3 kg/m3
100
La quantité des alcalins T est alors égale à :
T = CAC + BAB + UAU + EAE
= 2,49 + 0,2 + 0,008 + 0,3 √ 3 kg/m3
Deux cas se présentent alors, soit le coefficient de
variation Vc de la teneur en alcalins du ciment (c'est-à-
dire le rapport de l'écart-type sur la moyenne des valeurs
de teneur en alcalins obtenues sur les douze derniers
mois de production) est connu, soit il ne l'est pas.
Cas n° 1 : Vc est connu
La teneur en alcalins de la formulation de béton doit
respecter les deux conditions suivantes :
3,5
Tm <  et T max < 3,5 kg/m3
1 + 2 Vc
Tm : valeur moyenne (kg/m3)
Tmax : valeur maximale (kg/m3)
Cas n° 2 : Vc est inconnu
La teneur en alcalins de la formulation de béton doit
respecter les deux conditions suivantes :
Tm < 3,0 kg/m3 et Tmax < 3,3 kg/m3
Dans le cas où ces prescriptions ne sont pas respectées,
une autre formulation de béton doit être étudiée. Il est
intéressant de noter que cette méthode est de loin la
plus rapide et la plus facile à mettre en œuvre, même
par un laboratoire non spécialisé, en l'absence d'un
dossier carrière complet sur les granulats.
2.3.3 Critère de performance (schéma 1 - colonne 3)
Il est fondé sur une caractérisation expérimentale directe
de la formule de béton contenant des granulats poten-
tiellement réactifs. Le principe de cette méthode
consiste à mesurer par des essais accélérés l'allonge-
ment d'éprouvettes de béton soumises à des conditions
favorables à l'alcali-réaction (hygrométrie saturée, tem-
pérature élevée, cycles humidification/ séchage, etc).
Cet essai doit donc, à partir d'une certaine échéance,
permettre de distinguer les formulations stables
(donnant un gonflement limité) des formulations
instables (donnant un gonflement excessif). De ce fait,
une formulation de béton convient à l'emploi de
granulats potentiellement réactifs si le gonflement
mesuré lors de l'essai est inférieur au gonflement limite.
Ce gonflement limite est de 0,02 % dans le cas où le
béton est réalisé avec certains types de roches
(calcaires, grès, quartzites, alluvionnaires silicocal-
caires, alluvionnaires calcaires, silex, chailles, cherts) et
à une échéance de trois mois (durée imposée par l'essai).
Dans le cas où d'autres types de granulats sont mis en
œuvre, le seuil limite reste à 0,02 % mais la durée de
l'essai est portée à cinq mois. Cet essai, long et coûteux,
ne peut être réalisé que dans des laboratoires spécia-
lisés.
2.3.4 Références d’emploi (schéma 1 - colonne 4)
Les désordres dus à l'alcali-réaction sont souvent
régionaux, voire locaux. Aussi, pour que cette voie
puisse être utilisée, il faut que l'ouvrage en béton soit
parfaitement connu et qu'il réponde à certaines caracté-
ristiques, c'est-à-dire :
- son ancienneté doit être supérieure à 10 ans ;
- sa classe d'exposition environnementale est supérieure
ou égale à 2 (voir tableau 2) ;
- la formulation de béton est parfaitement connue, y
compris l'origine de tous les constituants ;
- si l'ouvrage a présenté durant ces 10 ans des
désordres, il est obligatoire de s'assurer qu'il ne s'agit
pas d'alcali-réaction.
Actuellement, cette voie n'est pas encore usitée, toutes
les références étant parfois difficiles à retrouver.
2.3.5 Additions minérales (schéma 1 - colonne 5)
Cendres volantes, fumée de silice, laitiers, pouzzolanes
naturelles ou artificielles (comme le métakaolin), sont
susceptibles de contribuer plus ou moins efficacement
(en fixant une partie des ions alcalins libérés par les
produits de leur réaction avec la chaux), suivant leur
nature et leur dosage, à la prévention des désordres dus
à l'alcali-réaction (effet retardateur plutôt qu'inhibiteur).
Ces composants peuvent être introduits dans le béton
soit comme partie intégrante du ciment (par exemple,
CHF-CEM fff/A, B ou C, CPZ-CEM fs/A ou B, CPJ-CEM
ff/A ou B), soit au moment du malaxage.
Dans ce dernier cas, ces ajouts doivent être conformes
aux spécifications des normes en vigueur concernant les
additions. Deux voies sont alors possibles pour juger si
ces ajouts minéraux sont en quantité suffisante et sont
efficaces :
- l'essai de critère de performance (cf § 2.3.3),
- le bilan des alcalins (cf § 2.3.2).
7
Fiche 249 - Novembre 1999
2.3.6 Conditions particulières aux granulat PRP
(schéma 1 - colonne 6)
Lorsque des granulats PRP sont associés à d’autres
granulats de nature différente les conditions de
formation de gel expansif peuvent se trouver remplies
et il peut en résulter des désordres dans les bétons.
On admettra que les formulations de béton, utilisant des
granulats de type PRP, conviennent à l’emploi, lorsque
les deux conditions suivantes sont respectées.
Condition 1
• Soit la formulation de béton contient exclusivement
des granulats PRP : sable PRP, gravillons PRP ;
• Soit l’ensemble du mélange granulaire qui entre dans
la formulation, bien que constitué de granulats qualifiés
séparément de NR, PR ou PRP, est tel qu’il est globa-
lement caractérisé comme PRP. Pour le qualifier
8
comme tel, il est nécessaire de réaliser un essai
complémentaire (P 18-588 ou P 18-589) sur le
mélange précédé d’un échantillonnage et d’une prépa-
ration rigoureuse.
Condition 2
• Soit l’ensemble du mélange granulaire contient plus
de 60 % en masse de silex, cette détermination étant
faite par comptage ;
• Soit on a vérifié que l’expansion d’éprouvettes confec-
tionnées avec les granulats proposés et soumises à
l’essai décrit en annexe C2 des recommandations du
LCPC est inférieure à 0,04 % à 8 mois.
Si les deux conditions (1 et 2) ne sont pas satisfaites
ou non considérées on se reportera aux paragraphes
2.3.2 à 2.3.5 donnant les dispositions à prendre pour
les granulats PR.
Fiche 249 - Novembre 1999