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© ODILE JACOB, FÉVRIER 2019
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4601-4
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Préface
4
Je vais passer la fameuse échographie : nouveau choc, le
médecin me dit qu’elle est mal située et que dans la plupart des cas
les femmes qui souffrent d’endométriose ont bien du mal à faire un
enfant. Les résultats en poche, je me rends chez THE spécialiste. Le
cauchemar continue. Le médecin en question m’explique qu’il va
falloir m’opérer, et vite. Une intervention compliquée, dit-il, mes
lésions étant situées sur l’appareil digestif. Il me parle d’anus
artificiel, me dit que je devrai sans doute porter une poche pendant
des semaines… Très sympa pour moi qui travaille alors à la
télévision. Quant à mes projets de bébé, il est très pessimiste, lance
des statistiques du genre : « À votre âge, et dans votre cas, 1
chance sur 4 de tomber enceinte naturellement, et encore les
risques de fausse couche sont nombreux. » L’enfer !
De retour à la maison je reprends mes recherches sur Internet.
Je veux d’autres avis, je n’arrive pas à croire à ce tableau noir qui
m’a été dressé. Difficile de trouver des médecins spécialistes. Je
tombe sur l’une d’entre elles, elle consulte à l’autre bout de Paris
mais qu’importe. Je ne la verrai qu’une fois, en mars 2014, mais
c’est bien elle qui m’a sauvé la vie. Elle qui m’envoie d’abord chez le
docteur Delphine Lhuillery, spécialiste de la douleur. Une
magicienne. On met ensemble au point un plan d’attaque pour
me soulager. Des médicaments, des séances de mésothérapie. Elle
me conseille également de voir le docteur Eric Sauvanet et le
docteur Erick Petit avec qui elle travaille depuis des années.
J’appelle l’hôpital Saint-Joseph pour obtenir un rendez-vous. Rien
avant huit mois.
Je ne peux pas attendre. Je contacte alors le service de presse
de l’hôpital. Je sais c’est mal, mais je me dis qu’après tout tous les
moyens sont bons. Je finis par décrocher un rendez-vous quelques
semaines plus tard. Nous sommes alors en octobre 2014. Le
5
docteur Sauvanet me rassure, m’explique que mon endométriose ne
devrait pas avoir d’impact sur mes projets de bébé. Il me fait passer
une échographie, j’ai quelques jours de retard, et là, miracle : je suis
enceinte ! De quelques jours ! Mais je suis bien enceinte ! Je
repense alors en souriant à ce premier spécialiste, ce ponte qui
m’avait il y a quelques mois parlé stérilité et anus artificiel. Gabriel
naîtra en juillet 2015. En parfaite santé. Depuis, plus de douleurs.
Second miracle. Mon endométriose est toujours bien là, mais je suis
sous pilule en permanence. Plus rien donc ; juste un suivi avec le
docteur Sauvanet et le docteur Petit, qui lui aussi a contribué à la
bienveillance, enfin, de ma prise en charge.
Mon histoire ressemble à mille autres. 1 femme sur 10 souffre
aujourd’hui d’endométriose, mais trop rares encore sont celles qui
ont ma chance. La chance de tomber sur des médecins à l’écoute,
d’avoir accès à une équipe efficace. Il est urgent de briser ce tabou,
urgent que tous les médecins de France soient formés, sensibilisés
à ce fléau.
Amandine BÉGOT.
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Le mot des auteurs
7
P R E M I È R E PA R T I E
La maladie
endométriosique
8
CHAPITRE 1
9
l’utérus. Ces deux tissus indissociables, l’endomètre et le myomètre,
ont pour fonction de permettre l’implantation et l’hébergement de
l’œuf après la fécondation.
Comme tout muscle, le myomètre se contracte selon deux types
de mouvements :
l’un ascendant, autour de la période de l’ovulation, pour faciliter
l’ascension du spermatozoïde dans la cavité de l’utérus, puis les
trompes, en vue de la fécondation ;
l’autre descendant, avec un pic d’activité pendant les règles,
pour évacuer par le vagin l’endomètre en cas de non-
fécondation.
Pourquoi la maladie ?
10
traitements existent désormais qui permettent de la soigner ; en
revanche, on ne sait encore pas la guérir aujourd’hui.
11
Les deux principales théories de l’endométriose
La théorie de Sampson, dite « de la régurgitation et de l’implantation », est la
plus reconnue et validée. Formulée dès 1927, elle explique la maladie par la
régurgitation du liquide menstruel par les trompes (reflux tubaire) et le
transport, de ce fait, de cellules endométriales viables. Ces cellules
s’attachent ensuite à la surface des organes de l’abdomen et du pelvis
(péritoine), puis se développent sous l’effet d’une inflammation chronique. Ce
reflux et cette implantation, parce qu’ils prédominent à gauche, en bas et en
arrière de l’utérus, expliquent l’importance des atteintes de l’ovaire et du
ligament utéro-sacré, qui rattache l’utérus au sacrum en arrière, à gauche.
Précisons néanmoins que ce reflux tubaire est physiologique, c’est-à-dire
6
normal, dans près de 90 % des cas : les cellules endométriales qui sont
transportées ailleurs et en faible quantité sont usuellement détruites par le
système de défense immunitaire. D’autres facteurs sont donc nécessaires
pour le développement de la maladie endométriosique, dont les principaux
sont : altération du système immunitaire, prédispositions génétiques,
perturbateurs endocriniens.
La théorie de Leyendecker, récente et innovante, a l’avantage de rendre
compte de l’association quasi systématique, des deux formes d’endométriose,
intra-utérine et extra-utérine, l’utérus étant probablement la première
localisation de l’endométriose avant qu’elle ne se développe ailleurs. Cette
théorie met au premier plan les pressions mécaniques auxquelles est soumis
l’endomètre lors de l’augmentation (en force et en fréquence) des contractions
du myomètre au moment de l’ovulation, mais aussi avant et pendant les
règles. L’irruption des cellules de l’endomètre dans le myomètre après leur
dislocation et le reflux tubaire massif sont donc l’aboutissement des
contractions excessives de l’utérus et rendent compte de règles douloureuses
et abondantes. En amont, interviennent des perturbations hormonales
complexes, se traduisant par une augmentation du taux d’œstrogènes.
Parmi les cinq autres théories, trois d’entre elles n’ont jamais été
réellement prouvées (métaplasie cœlomique, induction, restes
embryonnaires). Les deux autres, en revanche, méritent d’être
12
mentionnées : la théorie métastatique par voie vasculaire ou
lymphatique (Sampson en 1927 et Halban en 1925), c’est-à-dire la
dissémination des cellules de l’endomètre par voie sanguine ou voie
ganglionnaire, permet en effet de rendre compte des très rares cas
de localisation en dehors de la cavité abdomino-pelvienne :
poumons, encéphale, orbites ou os. Quant à la théorie des cellules
souches, elle repose sur l’hypothèse d’un reflux menstruel néonatal,
ce que vient appuyer l’existence d’un saignement vaginal chez 5 %
des nouveau-nés ; ces cellules-souches endométriales, dormantes,
qui s’implantent et survivent durablement, pourraient expliquer la
7
survenue précoce, autour de la puberté, de la maladie .
Quelles conséquences ?
13
(adénomyose dite « focale ») ne représentant que 20 % environ
des cas.
9
Quand l’endométriose est extra-utérine , donc à distance de
l’endomètre et du myomètre, on parlera d’ectopie de l’endomètre
dans ou en dehors de la cavité péritonéale. Celle-ci peut être
superficielle et affecter le péritoine ; annexielle et donc toucher
les ovaires et les trompes ou bien profonde (au-delà de
5 millimètres sous le péritoine) et infiltrer principalement le
ligament utéro-sacré, le rectum et la vessie. Néanmoins il faut
savoir que presque toutes les localisations (thorax, tissus mous,
os, rein, cerveau…) ont été rapportées, la seule exception étant
la rate !
L’aspect du tissu endométrial dans ces foyers endométriosiques
est très variable suivant la réponse du tissu aux fluctuations
hormonales du cycle menstruel et l’ancienneté de la lésion. Ainsi,
l’aspect des lésions profondes, sous-péritonéales, peut être plus ou
moins hémorragique, plus ou moins fibreux (cicatriciel). La réaction
d’hypertrophie musculaire et de fibrose du tissu colonisé est
responsable des anomalies que l’on peut voir au cours des examens
d’imagerie médicale et qui permettent de faire le diagnostic formel
de l’endométriose. Concernant le kyste ovarien endométriosique, ou
endométriome, celui-ci a un aspect couleur chocolat à l’œil nu, car il
est hémorragique.
Précisons toutefois que l’aspect macroscopique et même
microscopique de cette migration de l’endomètre et de la réaction du
tissu colonisé n’est pas toujours typique. En revanche, les
symptômes et l’imagerie sont le plus souvent caractéristiques, ce qui
explique la relégation au second plan de l’exploration chirurgicale
(cœlioscopie diagnostique) et de l’anatomopathologie pour porter
aujourd’hui un diagnostic d’endométriose.
14
Le schéma ci-après montre les principales zones anatomiques
qui peuvent être atteints par l’endométriose.
15
L’essentiel
L’endométriose est une maladie, bénigne, chronique, qui concerne la femme
en âge de procréer, soit de la puberté à la ménopause. Elle consiste en la
présence anormale de l’endomètre en dehors de son site anatomique usuel,
soit dans le muscle utérin (myomètre), soit hors de l’utérus, essentiellement au
sein du bassin.
Ses causes sont multiples.
Deux théories explicatives dominent, celle du reflux des règles par les trompes
et celle des troubles de la contraction utérine.
Les conséquences de la maladie sont la constitution de foyers hémorragiques
responsables d’une réaction inflammatoire chronique.
16
CHAPITRE 2
Épidémiologie de l’endométriose
17
Pour estimer la population atteinte par une maladie, on utilise
classiquement deux mesures : la prévalence, qui représente le
nombre de malades au sein d’une population à un moment donné
(exprimée en pourcentage), et l’incidence, qui est le nombre de
nouveaux malades par an rapporté à la population à risque de la
maladie (exprimée en nombre de cas pour 100 000 personnes
par année).
La prévalence de la maladie
18
l’investigation d’un épisode d’infertilité) est probablement sous-
estimée.
19
Sur la base de l’ensemble de ces estimations, et à partir des
données de prévalence des douleurs pelviennes et de l’infertilité
dans la population générale, on estime que l’endométriose touche
10 % des femmes en âge de procréer (entre 15 et 49 ans), ce qui
8
équivaut à un peu plus de 176 millions de femmes dans le monde ,
soit environ 1,5 million de femmes en France. Pour toutes les
raisons évoquées, cette prévalence, qui est comparable, voire
9 10
supérieure, à celle du cancer ou du diabète chez les femmes en
France, est probablement sous-estimée.
L’incidence de la maladie
20
Les chiffres américains
La toute première étude, menée à Rochester dans le Minnesota entre 1970
et 1979, a estimé un taux d’incidence de l’endométriose diagnostiquée par
histologie (confirmation par analyse des lésions) ou chirurgie de 160 pour
12
100 000 chez les femmes de 15 à 49 ans . Ce taux augmentait rapidement
avec l’âge, pour atteindre un pic entre 40 et 45 ans (285 pour 100 000). Il est
probable que cet âge élevé reflète des difficultés de diagnostic encore plus
importantes à cette époque, où les techniques de cœlioscopie et d’IRM
étaient largement moins pratiquées et moins performantes ; les délais de
diagnostic étaient donc probablement plus importants encore qu’aujourd’hui.
Une deuxième étude a été menée dans la même région entre 1987 et 1999 :
le taux d’incidence de l’endométriose diagnostiquée chirurgicalement était de
13
187 pour 100 000 chez les femmes de 15 ans et plus . Dans cette étude
plus récente, la majorité des cas étaient diagnostiqués entre 25 et 45 ans,
avec un pic d’incidence entre 25 et 34 ans (380 pour 100 000).
Dans la cohorte prospective Nurses’ Health Study II, qui a inclus environ
117 000 infirmières de 14 États américains, âgées de 25 à 42 ans en 1989, le
taux d’incidence d’endométriose diagnostiquée par cœlioscopie était de 298
14
pour 100 000 sur la période 1989-1999 . Le pic d’incidence observé dans
cette population plus jeune se situait à 25 ans (440 pour 100 000) – soit l’âge
minimum des participantes à leur entrée dans l’étude, et l’incidence diminuait
ensuite avec l’âge. L’incidence était de 1 380 pour 100 000 chez les femmes
ayant un antécédent d’infertilité.
21
Du côté de l’Europe et d’Israël
Au Royaume-Uni, une étude menée entre 1992 et 2001 auprès de femmes
15
âgées de 15 à 55 ans a montré un taux d’incidence de 97 pour 100 000 .
En Suède, ce taux variait de 77 à 133 pour 100 000 chez des femmes âgées
de 20 à 41 ans dans une étude menée entre 1990 et 2004 ; l’incidence
augmentait avec l’âge pour atteindre un pic entre 40 et 41 ans (135 pour
16
100 000) .
En Islande, une autre étude, menée entre 1981 et 2000 auprès de femmes
âgées entre 15 et 49 ans, a montré un taux d’incidence de 100 pour
17
100 000 .
Plus récemment, une étude menée en Italie chez des femmes âgées de 15 à
50 ans entre 2011 et 2013 a montré un taux d’incidence de 112 pour 100 000,
18
avec un pic entre 31 et 35 ans (172 pour 100 000) .
Enfin, l’étude la plus récente, menée en 2017 en Israël, a utilisé les données
d’une mutuelle nationale couvrant 2 millions de membres et a estimé un taux
d’incidence de 72 pour 100 000 chez les femmes âgées de 15 à 55 ans, avec
19
une augmentation annuelle moyenne de 1,6 % entre 2000 et 2015 . Les
taux les plus élevés étaient observés chez les femmes âgées de 25 à 39 ans.
22
générale, notamment dans la population adolescente, pour laquelle
20
aucun chiffre précis n’est disponible actuellement .
23
contraceptifs oraux. Une origine hormonale est donc très
plausible.
Les facteurs génétiques. L’hypothèse d’une contribution
génétique à la maladie est largement démontrée, étant donné
son agrégation familiale (risque plus élevé de la maladie chez les
individus d’une même famille) et les résultats d’études de
jumelles qui montrent une concordance plus importante chez les
jumelles monozygotes (vraies jumelles, qui partagent 100 % de
leurs gènes) que chez les jumelles dizygotes (fausses jumelles,
21
qui n’ont que 50 % de gènes en commun) . Ces études ont
estimé la part génétique de l’endométriose à 51 % 22, ce qui
suggère que la moitié des cas sont d’origine génétique et que
l’autre moitié est due à des facteurs environnementaux. De
larges efforts ont été menés pour identifier les marqueurs
génétiques associés à la maladie ces dernières années. Les
études sur l’ensemble du génome humain suggèrent que
l’endométriose n’est pas déterminée par un seul gène majeur,
mais par une multitude de gènes à effets faibles impliqués dans
différents processus biologiques (développement des organes
reproducteurs, régulation de la production d’œstrogènes,
adhésion/migration cellulaire, différenciation cellulaire,
23
inflammation, carcinogenèse, cicatrisation, coagulation…) .
Les réponses inflammatoire et immunitaire. L’endométriose
est une maladie inflammatoire. Des taux anormaux de
macrophages (globules blancs qui défendent l’organisme lors
d’une agression), de facteurs de croissance (substances
nécessaires à la croissance des cellules) et de cytokines pro-
inflammatoires (substances sécrétées par les globules blancs et
impliquées dans la régulation de la fonction immunitaire) ont en
24
effet été observés chez les patientes . Un risque accru de
24
maladies auto-immunes a également été observé chez les
25
femmes atteintes dans plusieurs études . Cependant le sens de
l’association n’est pas clair : il est possible que des anomalies du
système immunitaire mènent au développement d’une
endométriose, permettant à des lésions de s’implanter dans la
cavité pelvienne, mais il est également possible qu’en présence
d’endométriose le système immunitaire soit hyperstimulé en ne
parvenant pas à éliminer ces lésions de la cavité pelvienne.
Les substances chimiques à effet perturbateur endocrinien.
Les perturbateurs endocriniens sont des composés qui miment
l’effet des hormones et dont l’impact délétère sur le système
hormonal et les pathologies liées à la reproduction et la fertilité
est fortement suspecté. Une influence de ces substances sur le
risque d’endométriose est très plausible biologiquement, étant
donné l’influence des hormones sur la maladie. Quelques études
ont rapporté des associations avec plusieurs polluants
persistants et non persistants, notamment certains métaux
(cadmium, chrome, cuivre), dioxines, pesticides organochlorés,
éthers diphényliques polybromés (PBDE), alkyls perfluorés,
filtres UV de type benzophénone, bisphénol A et phtalates 26.
Cependant, trop peu d’études ont été réalisées et davantage de
recherches seront nécessaires afin de confirmer ces liens.
25
avoir d’enfants) et un indice de masse corporelle faible (un indice de
masse corporelle élevé étant associé à des cycles anovulatoires
plus fréquents et, donc, une exposition réduite aux hormones
27
endogènes) .
Plusieurs facteurs sont actuellement explorés, notamment les
expositions in utero et dans l’enfance, les facteurs menstruels et
reproductifs, le mode de vie (tabagisme, activité physique, travail de
nuit, alimentation) et les expositions environnementales toxiques.
Cependant, peu d’études sont disponibles, en particulier peu
d’études prospectives (permettant la collecte de données
environnementales en amont du diagnostic) et offrant en même
temps une caractérisation précise des cas d’endométriose.
Étant donné le manque de connaissances considérable sur
l’origine de l’endométriose, il est crucial de mener une recherche
poussée sur ses facteurs de risque afin d’identifier ses causes et
pouvoir, à terme, prévenir la maladie.
L’essentiel
Les données existantes ne permettent pas de connaître précisément les
chiffres de la maladie.
On estime que la prévalence de l’endométriose (proportion totale de femmes
touchées) est de 10 % des femmes entre 15 et 49 ans, soit environ 1,5 million
de femmes en France.
Les chiffres d’incidence de la maladie (proportion de nouvelles malades
diagnostiquées par an) selon l’âge suggèrent que l’endométriose touche les
femmes jeunes, avec de nombreux cas chez les adolescentes.
Les causes de l’endométriose ne sont pas établies mais on suspecte une
influence de l’exposition aux hormones sexuelles, des facteurs génétiques,
inflammatoires et immunitaires, et de l’exposition aux perturbateurs
endocriniens.
26
CHAPITRE 3
27
er e
de certaines femmes. Plus tard, aux I et II siècles après J.-C.,
Celse et Soranos décrivent plusieurs symptômes en lien avec de
violentes contractions utérines, responsables de syncopes ou
convulsions qui se produisent de façon répétée tout au long de la
vie. Ces descriptions accréditent l’idée que la femme est sujette par
nature à des crises hystériques – du grec hysteria qui désigne la
matrice ou l’utérus. À la même période, le médecin grec Dioscoride
établit clairement comme un fait anormal, d’origine organique, la
dysménorrhée (douleurs de règles), mais aussi les ménorragies
(règles abondantes), toutes deux étant responsables d’un état
syncopal sans possibilité de se relever. Les traitements suggérés
sont à base de plantes ou d’origine animale. Galien suggère pour la
première fois que les symptômes résultent d’un engorgement, suite
à un flux menstruel excessif, des ligaments qui attachent l’utérus, ce
qui entraîne de violentes et douloureuses contractions utérines.
Hippocrate dissocie la douleur de la sorcellerie, de la magie ou d’une
éventuelle relation divine 2. Il en fait un processus naturel dont il faut
chercher le diagnostic et le traitement. La notion d’organicité
apparaît.
28
Comment la bipédie a révolutionné l’état
de femme
Le plus vieil humain découvert à ce jour est Toumaï (7 millions d’années avant
notre ère), mais il n’est pas encore complètement bipède. La bipédie a
révolutionné l’histoire humaine. Désormais, les mains peuvent être utilisées à
d’autres activités que la marche, ce qui permet de mieux se défendre et de créer
des outils. Toutefois, cette station debout a aussi des répercussions anatomiques.
Pour rester en permanence vertical, le squelette doit se modifier. Le bassin se fait
plus étroit et les femmes mettent au monde des enfants plus petits, au crâne plus
souple. Moins avancés dans leur développement à la naissance, les bébés
humains sont aussi plus dépendants de leur environnement et, notamment, de
3
leur mère .
29
Les saignements et leurs rapports à la douleur
On a retrouvé datant de l’époque de Neandertal des crânes d’hommes présentant
un trou de trépanation à leur base. Une des interprétations est celle d’un
traitement antalgique, l’ouverture visant à laisser échapper ce qui sera considéré
comme une « mauvaise humeur » au Moyen Âge. Puis viendront les saignées et
ce sont ces saignées qui ont conduit à penser que le traitement naturel par les
4
règles pouvait être antalgique .
e e
Entre le V et le XIV siècle, la confusion s’accentue entre
endométriose et hystérie féminine, cette dernière étant attribuée à
une possession démoniaque qui conduit les malheureuses au mieux
à l’exorcisme ou à l’exil, au pire à l’exécution pure et simple. Cette
relation durera longtemps. Féminité et hystérie, douleur et impureté
sont si souvent liées qu’on juge normal que les femmes n’aient pas
5
de plaisir sexuel et qu’elles souffrent tous les mois !
L’évolution de la prise en charge de la douleur s’accompagne
d’une succession de pas en avant et de pas en arrière, en fonction
des lieux (Occident ou Orient), des époques (Antiquité, Moyen Âge,
Renaissance ou Temps modernes) et du poids religieux. Le
renouveau va venir de la redécouverte et de la traduction des textes
médicaux antiques gréco-romains grâce à la médecine arabe, dont
le plus connu et éminent représentant est le Perse Avicenne (980-
1037). Par ses découvertes anatomiques et sa pratique chirurgicale,
c’est lui qui reconceptualise la douleur comme étant de nature
organique. En Occident, la médecine du Moyen Âge, contrainte dans
son art par le poids religieux, s’appuie pour le diagnostic sur le goût
30
des urines et la pratique des saignées. La Renaissance qui suit est
une période qui voit la réintroduction de l’autopsie au sein du cursus
médical, ce qui va se révéler très utile pour la compréhension de
l’endométriose et des mécanismes qui sous-tendent la douleur.
er
Léonard de Vinci, protégé de François I , fait ainsi de la douleur une
sensation transmise par le système nerveux 6.
e
Au XVII siècle en revanche, un retour en arrière est manifeste
dans la conception des troubles gynécologiques, qui sont de plus en
plus définis comme psychologiques et de nouveau attribués aux
démons ou à la sorcellerie. En conséquence, les femmes ne sont
plus soignées, mais punies.
31
contemporains, l’anatomiste hollandais Frederik Ruysch, avance un
an plus tard l’hypothèse du reflux menstruel par les trompes dans le
cas d’obstructions malformatives congénitales de l’utérus, ce qui
cause des lésions inflammatoires douloureuses. On progresse donc,
mais il faudra malheureusement attendre encore plus de deux
siècles pour que soit réhabilitée, avec Sampson, la théorie des
menstruations rétrogrades, déjà suggérée pourtant à la fin du
e
XVII siècle, mais tombée dans l’oubli…
e
La littérature médicale du XVIII siècle est riche de symptômes
qui évoquent l’endométriose, mais qui sont attribués à
l’hystérie. Celle-ci passe pour avoir une origine
psychoneurologique, ce qui explique sa connotation morale
péjorative. La nymphomanie est vue comme une condition qui
y prédispose. Les femmes qui en sont atteintes sont jugées
dérangées mentalement et enfermées dans des maisons de
fous.
e
Le XIX siècle voit les apports et les découvertes en médecine se
multiplier. L’émergence de l’anatomopathologie (étude des tissus)
est plus précisément ce qui va révolutionner l’approche de
l’endométriose. Les pionniers en sont français, à commencer par
Marie François Xavier Bichat, le père de l’histologie, qui établit un
lien spécifique entre maladie et tissu. Concernant la maladie
endométriosique, Jacques Delpech, Joseph Récamier, Alfred
Velpeau, Hippolyte Bourdon, Armand Trousseau et Gustave Bernutz
sont les premiers à décrire la présence de sang dans le péritoine
32
(enveloppe des organes de la cavité abdominale et pelvienne) et de
grosseurs pathologiques chez les femmes autopsiées après un
décès suite à une rupture de kystes de l’ovaire, accompagnée de
douleurs intenses et brutales, au cours de leurs règles. Ils confirment
ainsi ce qui était subodoré depuis des siècles, à savoir le caractère
déclenchant des règles, sans faire aucune référence à l’hystérie et
en soulignant clairement le caractère purement organique de cette
maladie. La description quasi exhaustive des signes cliniques et
macroscopiques de la maladie est fournie par Gustave Bernutz en
1848. Armand Trousseau, de son côté, note que le diagnostic
d’hématocèles cataméniales (c’est le nom généralement donné à
l’endométriose à l’époque) peut être posé à chaque fois qu’une
femme se plaint en période de règles de douleurs pelviennes allant
jusqu’au malaise.
L’anatomopathologiste allemand, Rudolph Virchow, complète ces
découvertes françaises en suggérant que les hématocèles
cataméniales, qu’il désigne par les termes d’adénomyomes
kystiques, sont d’origine endométriale. Parallèlement, la recherche
clinique sur l’hystérie se poursuit, notamment grâce aux efforts des
praticiens allemands Wilhelm Griesinger et Alfred Hegar ; ils en
listent tous les symptômes en lien avec les règles qui en sont le
facteur déclenchant, ce qui les conduit à la définir comme
dysfonction organique de nature pelvienne génitale, Hegar allant
jusqu’à pratiquer une ablation des ovaires dans certains cas. Malgré
cela, Jean-Martin Charcot persiste de son côté à y voir un trouble
psychologique. En 1887, Franz Winckel souligne que des femmes
porteuses de lésions si petites qu’elles sont non palpables et qui ne
présentent pas d’augmentation volumétrique perceptible de l’utérus
sont ainsi classées comme hystériques, et incomprises de leur
entourage compte tenu de leur apparente bonne santé en
33
contradiction avec leurs plaintes majeures. C’est l’une des premières
observations de l’absence d’adéquation entre l’importance et le
nombre des lésions, d’une part, et l’intensité des symptômes
présentés par la malade, d’autre part.
e
Au total, à la fin du XIX siècle, l’endométriose répond à une
vingtaine de dénominations. Les Allemands Schroeder et Friedrich
Daniel von Recklinghausen tentent de les regrouper sous les
appellations d’« adénome utérin diffus » ou d’« adenomyoma », qui
8
conduiront à l’adénomyose de Cullen en 1908 , transformée en
endométriose par Sampson en 1927 9. On remarquera que, en ce
e
début du XXI siècle, cette discussion nosologique entre adénomyose
et endométriose est à nouveau d’actualité et qu’elle a même été le
thème du congrès de la Society of Endometriosis and Uterine
Disorders (SEUD) en 2016 à Barcelone…
Concernant les traitements, on peut dire que l’option médicale
l’emporte dans la première moitié du XIXe siècle, avant l’ère
anesthésique et antiseptique : douches chaudes, sangsues
appliquées sur le col utérin, saignées, morphine, marijuana,
décoctions diverses… Plus invasifs, voire carrément barbares, sont
34
les pratiques de repositionnement de l’utérus, l’application
d’électricité sur les lésions ou encore les chocs électriques chez les
femmes étiquetées hystériques. Après 1850, en revanche,
l’introduction de l’anesthésie permet le développement des
techniques chirurgicales qui vont de la ponction à travers le vagin à
l’ablation de l’utérus, le taux de mortalité atteignant toutefois jusqu’à
70 % des cas à l’époque…
e
Au début du XX siècle, la reconnaissance de l’endométriose,
alors communément appelée adénomyose, n’est toutefois encore
pas générale et le spectre de la maladie mentale revient facilement,
surtout quand aucune lésion manifeste n’est trouvée par le
chirurgien. Heureusement, en 1903, Thomas Stephen Cullen,
gynécologue d’origine canadienne établi à l’hôpital Johns Hopkins
de Baltimore, publie une série de vingt-deux cas. Il insiste sur la
fréquence de l’endométriose, décrit pour la première fois
l’envahissement des nerfs pelviens, rendant compte de l’importance
des douleurs, et en réaffirme l’origine endométriale. Il est aussi l’un
des premiers à rapporter la possibilité de la destruction du rein par
atteinte de l’uretère (conduit joignant le rein à la vessie) et à
reconnaître que même l’ablation de l’utérus n’est pas garante de
guérison. Cullen prône la chirurgie en cas d’atteinte digestive, tout
en pointant le risque d’occlusion pouvant conduire au décès ; il en
souligne aussi l’extrême difficulté et le taux de mortalité important qui
10 11
l’accompagne . En 1921, il publie un article présentant un schéma
anatomique de la cavité pelvienne de la femme sur lequel il indique
toutes les localisations possibles des lésions endométriosiques dans
35
l’utérus et hors de l’utérus. Désignées sous le nom
d’« adenomyoma », elles sont aujourd’hui respectivement appelées
adénomyose et endométriose. Le schéma de Cullen est, en
revanche, toujours parfaitement d’actualité.
Pourtant c’est John Sampson (1873-1946), chirurgien
gynécologue américain, exerçant à l’hôpital d’Albany, dans l’État de
New York, qui est considéré comme le père de l’endométriose. En
effet, c’est lui qui propose pour la première fois ce terme dans son
12
article fondateur de 1927 . Il y expose sa théorie des menstruations
rétrogrades, c’est-à-dire du reflux des règles dans les trompes,
confirmant les intuitions de Schrön et de Ruysch (en 1690 et 1691 !).
Le consensus taxonomique est enfin obtenu ; le traitement
recommandé est alors l’ablation totale de l’utérus et des ovaires.
Dans les années 1930-1940, toutes les localisations potentielles de
l’endométriose, y compris en dehors du pelvis et dans les poumons,
finissent par être listées. De plus en plus de cas sont repérés à
l’adolescence. Les spéculations sur l’origine de la maladie
prospèrent avec au moins six théories proposées.
Sur le plan du traitement, grâce aux progrès de la recherche en
endocrinologie (science des hormones), la progestérone et la
testostérone qu’on sait désormais synthétiser font leur entrée dans
les traitements de la maladie, confortant les intuitions hippocratiques
et médiévales (usage d’urine de taureau, de testicules de bouc…).
La place de la chirurgie s’affine avec un intérêt plus marqué pour la
conservation des ovaires. La prise de conscience de l’impact
potentiel de l’endométriose sur la fertilité croît et amène les
médecins à presser les femmes à se marier et à concevoir dès que
possible, suivant en cela des conseils ancestraux remontant à
l’Antiquité. À la fin des années 1950, John Rock et George Pinkus
développent la contraception hormonale (pilule) initialement orientée
36
vers le traitement des troubles des règles, ce qui bénéficie à
l’endométriose.
Malgré ces progrès, de nombreux articles continuent à souligner
le sous-diagnostic de la maladie, rapportant jusqu’à 70 % de cas non
détectés dans les années 1970. Les opérations chirurgicales avec
grande cicatrice abdominale médiane (laparotomie), fréquemment
itératives, et l’ablation de l’utérus sont souvent la règle.
Heureusement, sous l’influence du gynécologue français Raoul
Palmer, la voie cœlioscopique se développe, plus sûre, plus fiable et
plus esthétique, avec notamment l’utilisation du laser CO2 par
l’équipe de Clermont-Ferrand (Bruhat, Mage et Manhes). À la fin des
années 1970, Camran Nezhat, du Stanford University Medical
Center en Californie, introduit la cœlioscopie vidéo-assistée et
rapporte avec succès, à partir du milieu des années 1980, le
traitement selon cette technique de cas d’endométriose même
très sévères, y compris digestive. L’évolution de la technique
cœlioscopique s’est poursuivie depuis jusqu’à l’introduction, récente,
du robot. Le vif espoir de dépistage sanguin de l’endométriose par le
dosage du CA125, souvent modérément augmenté, est retombé en
revanche depuis que sa fiabilité est apparue insuffisante.
D’aujourd’hui à demain
37
conséquent, elle reste encore très largement sous-diagnostiquée et
13
incorrectement traitée .
Le chiffre à retenir, constant depuis longtemps, est celui d’un
retard diagnostique de sept à neuf ans en moyenne. Le facteur
explicatif principal réside probablement dans l’idée que les douleurs
pelviennes cycliques sont dans la tête des femmes, donc sans
substratum organique réel. N’oublions pas que pendant des
millénaires l’endométriose a été prise pour de l’hystérie… Si les
progrès techniques en imagerie, en hormonothérapie et en chirurgie
ont été spectaculaires depuis quelques décennies, leur mise en
œuvre, par l’ensemble du corps médical, n’a pas vraiment suivi, par
insuffisance de formation et en raison d’un déni certain de la
maladie.
Néanmoins, et fort heureusement, on observe, depuis cinq ans
environ, une accélération réelle de la prise de conscience globale de
l’endométriose dans nos sociétés occidentales : associations de
patientes en France, toutes très dynamiques et efficaces pour
sensibiliser la population, les autorités de santé publique et le corps
médical ; mois de mars consacré à l’endométriose sur le plan
international ; marche internationale contre l’endométriose dans
cinquante capitales du monde, dont Paris depuis 2014 ; première
campagne nationale de sensibilisation à l’endométriose en France
en 2016… Du côté des professionnels, le premier congrès mondial
de l’endométriose, sous l’égide de la World Endometriosis Society, a
eu lieu en 1986 à Clermont-Ferrand et le dernier à Vancouver en
2017, avec seulement 1 500 participants pour le monde entier.
Comparé aux quelque 4 millions de femmes estimées atteintes en
France et aux centaines de millions dans le monde, il y a donc
encore un long chemin à parcourir pour une prise en charge
adéquate et le plus précoce possible, idéalement dès l’adolescence !
38
Des centres de référence, fonctionnant en réseau ville-hôpital,
sont souhaitables ; certains existent déjà, réunissant idéalement tous
les hyperspécialistes de cette maladie dans chaque spécialité
concernée par l’endométriose, soit à peu près toutes ; les réunions
de concertation pluridisciplinaire permettent la prise en charge
personnalisée la plus rationnelle possible de chaque patiente.
L’enseignement reste le nerf de la guerre, très largement encore
insuffisant, auprès notamment des généralistes, des gynécologues
et des radiologues, qui sont aux premiers rangs sur le terrain, le but
étant de sortir de la négation en boucle de la maladie. Une écoute
clinique adaptée, une prise en compte de la douleur et de ses
mécanismes propres, et un dépistage échographique (ou par IRM
chez une jeune patiente qui n’a pas eu de rapport sexuel) en sont
les clés.
39
génétiques, épigénétiques, immunologiques et endocriniennes sont
en plein développement. Enfin, la transmission in utero est
maintenant avérée.
Quant à l’avenir, il est probablement, en tout cas souhaitons-le, à
un biomarqueur diagnostique fiable, à un traitement non hormonal
de façon à pouvoir concilier l’action antalgique et la fertilité et, enfin,
à la réduction progressive de la prise en charge chirurgicale ou, du
moins, à la chirurgie la moins mutilante possible.
40
16
doivent fuir ! Aujourd’hui, l’heure est plutôt à l’émancipation , mais
le chemin est long et la reconnaissance lente et encore
insatisfaisante de l’endométriose témoigne que beaucoup reste à
faire sur le sujet.
L’essentiel
Dans nos sociétés, la douleur féminine a longtemps été attachée au péché de
gourmandise d’Ève.
L’endométriose est connue depuis l’Antiquité. Les Grecs du temps
d’Hippocrate en soupçonnent déjà la nature organique, mais la maladie est
ensuite reléguée dans les limbes de la psyché. Elle restera longtemps
confondue avec l’hystérie.
L’identification formelle de la maladie endométriosique date de 1860, avec la
mise en évidence de cellules de l’endomètre dans des localisations
anormales.
L’essor de l’imagerie moderne, de l’hormonothérapie et de la chirurgie
cœlioscopique permet un diagnostic et un traitement adaptés de la maladie à
e
partir de la seconde moitié du XX siècle.
e
Depuis le début de ce XXI siècle, l’approche pluridisciplinaire d’équipes
spécialisées, organisées en centres et en réseaux experts, et le combat
d’associations de patientes toniques et motivées permettent de mieux
connaître et combattre la maladie endométriosique.
41
CHAPITRE 4
42
Quels sont les symptômes gynécologiques ?
43
Apprendre à préciser les douleurs
Il est important de bien différencier les douleurs qui surviennent lors des rapports
sexuels. Certaines sont profondes liées à une localisation profonde de la maladie,
d’autres superficielles à la seule pénétration. Ces dernières sont en général liées
à une sécheresse des muqueuses, souvent induite par les traitements hormonaux
ou à un vaginisme, c’est-à-dire une contraction vulvaire involontaire et réflexe, par
peur de douleurs profondes pendant ou après le coït.
44
Les symptômes digestifs. Les troubles intestinaux sont très
fréquents, voire carrément au premier plan. Ils sont responsables
d’un inconfort important et peuvent même être handicapants :
ballonnement abdominal, constipation, diarrhée ou alternance
des deux. Ces troubles ne sont pas forcément en rapport avec
une atteinte digestive directe, plus probablement en rapport avec
l’inflammation des lésions d’endométriose. Beaucoup plus
évocatrices sont les douleurs en allant à la selle, qui surviennent
surtout pendant les règles et peuvent aller jusqu’au malaise
vagal. Le sang dans les selles est également habituel surtout en
période de règles.
Les symptômes urinaires. On observe principalement des
brûlures urinaires sans microbe identifié, des difficultés à
déclencher les mictions pendant ou à la fin des règles, ou encore
des envies d’uriner très fréquentes.
La découverte à l’imagerie d’une distension (souvent indolore) du
rein et de son conduit (l’uretère) est plus embêtante car la fonction
rénale peut être menacée ; la pose d’une sonde dans le rein devra
être envisagée.
Les symptômes d’aspect rhumatologique. Ils évoquent
habituellement une douleur de sciatique ou de l’épaule (toujours
à droite).
Les symptômes douloureux chroniques en dehors des
règles. Tant que les signes de la maladie sont limités à la
période des règles, on peut considérer que la gestion de la
douleur est relativement facile. En revanche l’apparition de
douleurs pelviennes chroniques marque un tournant dans la
maladie. Ces algies peuvent être quasi permanentes, le jour, la
nuit ; elles sont de type brûlures ou décharge électrique et
persistent même en l’absence de règles. Elles irradient dans le
45
bassin, le bas du ventre, la région lombaire, les cuisses. Elles
sont souvent décrites comme insupportables et finissent par
conduire à des arrêts de l’activité professionnelle ou scolaire.
Leur origine n’est pas très claire aux yeux de notre médecine
classique. En effet, si l’endométriose profonde envahit les fibres
nerveuses du petit bassin, en cas d’endométriose superficielle la
physiologie est moins explicite. Pour autant, nous savons que
d’autres éléments, expliqués plus loin dans le livre, interviennent
dans la cause des douleurs. Dans les douleurs pelviennes
chroniques notre principale interrogation est de savoir s’il y a
potentiellement bénéfice ou non à opérer, notamment quand
l’endométriose paraît superficielle ou très limitée. Ainsi la
confrontation entre les images d’échographie, d’IRM et la
palpation de l’utérus, de ses ligaments postérieurs et de ceux du
bassin essaye de cerner au mieux l’origine des douleurs.
Les symptômes pulmonaires. L’originalité de cette maladie est
qu’elle peut migrer très à distance du petit bassin par les voies
sanguines ou lymphatiques. Ce qui complique encore le
diagnostic. Pendant les règles, la survenue d’une douleur de
l’épaule droite ou, plus grave, d’un épanchement d’air ou de sang
dans la plèvre (pneumo- ou hémothorax) est le signe d’une
l’atteinte du diaphragme, du poumon ou de son enveloppe
7
(plèvre) .
Les autres symptômes. On retrouve fréquemment des cellules
endométriosiques dans l’ombilic (par l’intermédiaire d’un petit
canal embryonnaire), sur l’un des muscles de la paroi
abdominale après césarienne ou sur la cicatrice d’épisiotomie.
Ces migrations de cellules sont responsables de douleurs
associées à une tuméfaction, souvent perceptible sous les doigts
pendant la période des règles.
46
Existe-t-il des maladies associées ?
47
Fatigue chronique et fibromyalgie
Le syndrome de fatigue chronique est défini par une sensation de fatigue qui dure
au moins six mois sans discontinuer ; les douleurs récurrentes dans les muscles,
les tendons et les ligaments (fibromyalgies) sont très fréquemment rapportées par
les malades car elles sont sources de handicap au quotidien.
Les études ont montré que les femmes atteintes d’endométriose ont cent fois plus
de risques de souffrir de fatigue chronique et deux fois plus de fibromyalgies.
Parmi les explications possibles ces différents syndromes ont pour socle commun
la douleur chronique qui de facto est presque systématiquement accompagnée de
fatigue par épuisement du corps et de l’esprit au cours du temps.
L’essentiel
Tout symptôme anormal rythmé par les règles, même s’il est situé à distance
du pelvis, doit faire penser à l’endométriose.
L’importance de la douleur, très variable d’une femme à l’autre n’est pas
systématiquement corrélée à la sévérité de la maladie.
L’endométriose est volontiers associée à d’autres maladies, en premier lieu le
symptôme de fatigue chronique.
48
CHAPITRE 5
49
Une histoire de femme ?
C’est un soir d’automne de 1895 que l’Allemand Wilhelm Röntgen découvre la
radiologie. Le premier cliché qu’il réalise est la main de sa femme ! Il dénomme
alors les rayons nécessaires à cette technique rayon X, et non Y. Doit-on y voir
1
une raison sexiste ? L’histoire ne le dit pas .
50
l’appareil urinaire) qui sont parfois véritablement collés entre eux.
Ces adhérences qui sont d’autant plus importantes que
l’endométriose évolue depuis longtemps, en raison de l’inflammation
chronique qu’elle occasionne, constituent l’un des éléments indirects
du diagnostic. La présence de kystes endométriosiques, véritables
hématomes dans l’ovaire, est également visible quand ils sont
suffisamment volumineux. Éventuellement, enfin, un gros utérus
peut être perçu, témoin indirect de l’atteinte utérine de la maladie.
En revanche, surtout si les adhérences sont importantes, la
cœlioscopie ne permet pas de visualiser directement toute la partie
profonde de l’endométriose : les atteintes des fibres musculaires des
organes à proximité (rectum et vessie en premier lieu) et des
ligaments qui attachent l’utérus à la paroi du pelvis (notamment les
utéro-sacrés, en arrière du col).
On peut ainsi comparer l’endométriose à un iceberg : seule la
partie émergée est visible en cœlioscopie, c’est-à-dire la partie
superficielle, éventuellement les atteintes de l’ovaire ; le
« brouillard » plus ou moins important que créent les adhérences
empêche en effet d’accéder aux atteintes profondes, lesquelles sont
responsables des symptômes les plus invalidants au quotidien. C’est
la raison pour laquelle la cœlioscopie pratiquée à titre diagnostique
est un outil très imparfait pour effectuer un bilan précis de
l’endométriose. D’autant que, parfois, en l’absence de lésions
superficielles, de kyste de l’ovaire ou d’adhérences évidentes, elle
peut être « blanche », c’est-à-dire perçue comme normale, mais à
tort.
e
Heureusement, la fin du XX siècle a vu émerger des techniques
diagnostiques plus performantes et en constante progression. Ces
techniques reposent essentiellement sur l’imagerie médicale sans
rayons X ; il s’agit de l’échographie et de l’imagerie par résonance
51
magnétique (IRM), qui sont les deux techniques non invasives
les plus efficaces aujourd’hui. Voyons maintenant plus précisément
les différentes techniques d’imagerie diagnostique qui existent, leur
place respective et leurs résultats.
52
L’écho-endoscopie rectale consiste en l’introduction d’un
endoscope (dans le rectum, par l’anus), mais couplé à une sonde
d’échographie qui permet ainsi de visualiser la paroi de ces
organes digestifs au millimètre près (intérieur du rectum et partie
du côlon gauche, appelée sigmoïde).
53
L’échographie pelvienne endovaginale (EEV) est aujourd’hui
l’examen de référence pour l’endométriose. Il a été consacré
comme tel au congrès mondial de l’endométriose à São Paulo
en 2014, à la suite de plusieurs études ayant établi son
3
efficacité inégalée .
54
localisations digestives de la maladie, puisqu’il faut souvent
(jusque dans 50 % des cas) opérer en même temps plusieurs
segments digestifs (forme dite multicentrique) ou plusieurs
localisations sur le même segment digestif (forme dite
« multifocale »). Or, si l’EEV est très performante pour identifier
les localisations endométriosiques du rectum et du sigmoïde
(côlon gauche), elle l’est beaucoup moins pour les atteintes
digestives de l’iléon et du cæcum (côlon droit). Quant à l’IRM,
elle est peu pertinente pour l’atteinte digestive en général, même
en cas de remplissage rectal, très inconfortable, par du gel
échographique. En pratique, un coloscanner consiste à effectuer
un scanner abdomino-pelvien après remplissage du côlon par de
l’eau, grâce à la mise en place d’une canule dans le rectum. Cet
examen est bien supporté et ne nécessite aucune préparation
particulière. Un reflux de l’eau dans la partie terminale du petit
intestin (l’iléon) est habituel et permet d’identifier les lésions sur
ce segment intestinal. Pour limiter l’irradiation, seul inconvénient
majeur, on réalise un seul passage aux rayons X ; l’injection
intraveineuse d’iode, qui est pratiquée d’emblée, sert à optimiser
la détection des lésions.
L’uro-scanner précise une éventuelle atteinte des voies
urinaires, préalablement repérée par l’EEV ou l’IRM. Elle se fait
après injection d’iode.
L’écho-endoscopie rectale (EER) est le dernier examen à
pratiquer en cas d’atteinte, suspectée ou avérée, du rectum ou
du sigmoïde, quand l’indication d’opération a été retenue. Elle
peut aussi être indiquée en cas de discordance entre les
données cliniques et l’EEV ou l’IRM. Pour être optimale, elle doit
se faire sous anesthésie générale. C’est un examen qui permet
d’objectiver très précisément les atteintes digestives du rectum et
55
du sigmoïde jusqu’à 40 centimètres de l’anus, en hauteur et en
profondeur. Il est déterminant pour prédire le mieux possible le
risque de poche transitoire pour dériver les matières fécales
(stomie).
L’hystérosalpingographie (HSG) n’a d’intérêt que pour évaluer
la perméabilité des trompes en cas d’infertilité.
L’échographie endorectale ne se fait plus, supplantée par
l’échographie endovaginale, plus performante et beaucoup mieux
tolérée.
Les explorations endoscopiques permettent de visualiser
l’intérieur d’un organe creux et donc la muqueuse qui le tapisse
(coloscopie pour le côlon, cystoscopie pour la vessie). Elles n’ont
pas d’intérêt ici, car l’endométriose concerne la paroi des
organes.
56
Chez une jeune fille ou une femme encore vierge, l’IRM
permet de mettre clairement en évidence la migration de
l’endomètre dans le myomètre. Outre la colonisation du
myomètre, se traduisant par des kystes ou des trous glandulaires
en blanc sur fond noir, l’examen montre également un endomètre
avec des irrégularités et des bords flous.
Chez une femme qui a déjà une activité sexuelle, l’EEV, qui
devient l’examen de dépistage de référence, permet également
d’identifier cette localisation utérine de l’endométriose. Il peut
montrer des kystes, noirs, au sein du myomètre dans les cas les
plus caractéristiques, mais c’est le tissu de soutien (stroma)
blanc qui est à rechercher en priorité.
L’ovaire est la localisation la plus habituelle, en dehors de
l’utérus, et la plus aisément repérée de l’endométriose ; on parle
alors d’endométriome, ou kyste ovarien endométriosique. À
l’échographie, la maladie se présente sous la forme d’un kyste
homogène et à trame serrée, au contenu finement et
régulièrement gris, ce qui traduit l’hémorragie. Son aspect est
tout à fait caractéristique, sans autre diagnostic possible. À l’IRM
ce kyste apparaît en blanc.
Les trompes de Fallope sont une autre localisation possible de
la maladie. L’hydro- ou l’hématosalpinx (HSP) qu’elle entraîne
(présence anormale d’eau ou de sang) traduit la dilatation des
trompes suite à des adhérences sévères et, donc, leur
obstruction. À l’échographie, il a la forme caractéristique d’un
serpentin dont le contenu est parfois hémorragique.
Le péritoine peut être atteint de façon superficielle, ce qui se
traduit par des points blancs millimétriques, visibles presque
uniquement en EEV, à la périphérie des ovaires principalement.
L’atteinte sous-péritonéale postérieure (ESPP) ou antérieure
57
(ESPA) correspond, elle, à de l’endométriose « profonde » : les
lésions, douloureuses à la palpation, se traduisent par des
structures qui apparaissant en noir, sans forme précise, avec
des contours irréguliers.
En cas d’atteinte sous-péritonéale postérieure (ESPP), les
ligaments utéro-sacrés (LUS), qui sont de fins muscles attachant
le col de l’utérus en arrière, au sacrum, juste en dessous de la
colonne lombaire, sont le site le plus fréquemment atteint. Le
rectum, dans la contiguïté postérieure des ligaments utéro-
sacrés, est l’organe du système digestif le plus fréquemment
touché. Son atteinte est aisée à détecter à condition d’avoir le
réflexe d’aller chercher en dessous et en arrière de l’utérus, en
plaçant la sonde échographique dans la partie postérieure du
vagin.
En cas d’atteinte sous-péritonéale antérieure (ESPA), la
vessie et les ligaments ronds (fins muscles qui attachent l’utérus
en avant à la paroi abdominale) sont souvent atteints. L’atteinte
est aisée à visualiser quand on prend la peine de regarder en
avant, en plaçant la sonde dans la partie antérieure du vagin.
Les reins doivent quasi systématiquement être vérifiés, surtout
si l’endométriose est sévère et située en territoire profond
postérieur, à hauteur du ligament utéro-sacré gauche, qui est le
plus fréquemment atteint. En effet, quand l’uretère qui relie le rein
à la vessie est pris dans le foyer endométriosique fibreux, il peut
entraîner une dilatation des cavités rénales qui se constitue
progressivement et sans symptôme. C’est dans ce cas qu’une
uro-IRM ou un uro-scanner, examens permettant de visualiser
les voies urinaires, sont réellement utiles, pour effectuer la
cartographie la plus précise possible avant d’opérer.
58
La paroi abdomino-pelvienne est l’autre type de localisation
endométriosique fréquente en dehors du pelvis. L’atteinte se fait
le plus souvent sur une cicatrice de césarienne, mais parfois sur
une paroi saine (aine ou ombilic notamment). La lésion, bombant
sous la peau, est quasiment toujours douloureuse au moment
des règles. À l’imagerie, en échographie par voie sus-pubienne,
elle se traduit, comme toute lésion endométriosique, par une
zone plutôt noire à contours irréguliers et douloureuse à la
palpation. Il n’y a pas d’autre possibilité diagnostique dans ce
contexte ; aussi tout autre examen, IRM ou scanner, est-il inutile.
Le diaphragme, qui constitue l’interface entre le thorax et
l’abdomen, relève en revanche exclusivement de l’IRM. Cette
localisation, quasi exclusivement à droite, n’est pas rare. Elle est
responsable typiquement d’une douleur à l’épaule droite pendant
les règles. Une patiente ne fait pas toujours le rapprochement
entre cette douleur à l’épaule droite et ses règles, ce qui peut
l’amener à être suivie et traitée pour une supposée tendinite
chronique de l’épaule, par un rhumatologue ! L’IRM du
diaphragme révèle de façon caractéristique un ou plusieurs
foyers hémorragiques, en blanc (couleur du sang en IRM), en
regard du foie adjacent. Cette migration des cellules de
l’endomètre se fait le long du côlon à droite. Il est à noter
cependant que l’atteinte endométriosique du diaphragme n’est
pas synonyme d’atteinte pelvienne sévère puisque dans plus de
60 % des cas, au contraire, celle-ci est légère ou modérée, voire
absente. Enfin, ces patientes ne sont pas les mêmes que celles
qui font un pneumothorax (présence d’air dans la plèvre) toujours
à droite, pendant les règles, et sans lésion du diaphragme.
Concernant les autres sites extragénitaux, toutes les
localisations organiques possibles ont été décrites hormis la rate.
59
Le type d’imagerie utile dans ces cas exceptionnels (atteinte
musculaire, osseuse, cérébrale…) est en général l’IRM. Toutefois
ces découvertes se font le plus souvent de manière fortuite, à
l’occasion d’une analyse tissulaire effectuée pour d’autres
raisons.
L’essentiel
Dans un contexte de forte suspicion, le diagnostic formel et la cartographie
quasi exhaustive de l’endométriose relève de l’échographie pelvienne
endovaginale (EEV), mais entre des mains expertes, donc en centre de
référence.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne vient qu’en complément pour
des situations précises : endométriose complexe, sévère, avec beaucoup
d’adhérences, atteinte urinaire responsable d’une dilatation des cavités
rénales, suspicion d’atteinte diaphragmatique devant une douleur à l’épaule
droite au cours des règles. L’IRM demeure, en revanche, le premier examen à
effectuer en cas de virginité, quand on n’a jamais eu de rapports sexuels.
Le coloscanner et l’écho-endoscopie rectale (EER) n’ont leur place qu’avant
l’opération d’une atteinte digestive avérée pour préparer au mieux
l’intervention chirurgicale.
60
CHAPITRE 6
Maîtriser la maladie
61
Grâce aux thérapeutiques médicales bien conduites, environ 60
à 70 % des femmes verront leur qualité de vie améliorée
1
significativement (évaluation par des questionnaires standardisés) .
Le recours à la chirurgie sera nécessaire pour celles qui ne seront
pas suffisamment soulagées et dans quelques situations
d’infertilité 2.
Dans les cas habituels, les principes du traitement médical sont
assez simples. Il y a le traitement contre la douleur à base
3
d’antalgiques associé au traitement hormonal . Les symptômes liés
à l’endométriose étant absents avant la puberté et après la
ménopause, l’idée de base est de supprimer artificiellement les
règles. Ce principe a mis beaucoup de temps à être accepté ou
appliqué, en raison de la grande symbolique des règles, reflet de la
féminité et témoin de la fertilité, mais aussi à cause des prétendues
vertus des saignements, à l’image des saignées d’autrefois.
Exception faite des analogues de la LHRH produite par
l’hypophyse, toutes les hormones, quand elles sont prescrites en
continu, entraînent le non-déclenchement des règles par blocage du
cycle. Mais cette absence de règles n’équivaut en aucune façon à
une ménopause. Aussi ne devez-vous pas craindre de ne plus avoir
vos règles, bien au contraire, car cette absence permet le contrôle
de la maladie par l’absence de saignement au niveau des tissus
endométriosiques.
62
4
des hormones chez la femme, l’ovulation, le cycle . L’éducation
thérapeutique est aussi l’un des rôles du soignant, quel qu’il soit.
Attention de ne pas laisser cette fonction à votre entourage,
fréquemment de mauvais conseil, voire carrément nuisible. La
digestion de la masse d’informations sur le Web, quant à elle, est
souvent délicate ; mieux vaut ne pas vous y perdre.
Le choix des hormones est large, ce qui est une bonne chose,
car cela permet de trouver la meilleure molécule, celle qui vous est
la plus adaptée, c’est-à-dire celle qui aura un maximum d’efficacité
63
pour un minimum d’effets secondaires. Autrement dit, ce qui est bien
pour une autre femme ne l’est pas forcément pour vous.
Le choix dépend des éventuelles contre-indications
(personnelles, dont le tabac, et familiales), de ce que vous avez déjà
pris et des éventuels effets secondaires que vous avez eus.
Ce traitement hormonal est actuellement remis en question, en
raison notamment de ses effets secondaires et du risque accru de
cancer du sein qu’il pourrait entraîner. Ce qui est moins connu, c’est
qu’il a des effets bénéfiques prouvés scientifiquement et qu’il
diminue le risque de cancer de l’ovaire et de l’endomètre.
Le choix du traitement doit vous être expliqué afin de dissiper vos
éventuelles craintes et les hormones seront adaptées au fur et à
mesure pour être mieux supportées.
Pour débuter un premier traitement hormonal, on se fiera aux
recommandations de la Haute Autorité de santé et du Collège des
7
gynécologues obstétriciens français .
64
pratique : pour un schéma sans règles, il faut jeter les comprimés
placebos de fin de plaquette pour les pilules qui en contiennent
Ce traitement hormonal a également une action bénéfique dans
le traitement des kystes ovariens endométriosiques puisqu’il permet
habituellement la diminution de leur volume d’environ 50 % en six
mois de traitement et qu’il prévient aussi leur récidive.
Les formes extra-orales de COP peuvent aussi être utilisées, et il
n’y a pas de différence significative entre l’anneau vaginal (à
changer toutes les trois semaines) et le patch hebdomadaire.
Actuellement, aucune étude spécifique ne permet de statuer sur
l’efficacité respective des différents types d’œstroprogestatifs (voir
tableau infra). De même, les études scientifiques ne sont pour le
moment pas en mesure de préciser le bénéfice d’une administration
continue versus une administration cyclique chez les patientes ayant
une endométriose douloureuse, en dehors de son effet sur les règles
douloureuses intenses. Signalons, enfin, que leur utilisation au long
cours est limitée compte tenu des risques cardio-vasculaires au-delà
de 35-40 ans.
Le stérilet hormonal
65
cinq ans et permet fréquemment (50 à 70 % des cas) d’obtenir l’arrêt
des règles (aménorrhée). De nombreuses études ont validé son
efficacité en ce qui concerne la diminution des douleurs de règles,
des douleurs pelviennes cycliques, l’abondance du flux menstruel et
l’amélioration des rapports sexuels douloureux.
Signalons qu’il n’existe actuellement aucune donnée sur le
stérilet à 13,5 milligrammes de lévonorgestrel Jaydess ou à
19,5 milligrammes Kyleena dans les cas d’endométriose. Précisons
encore que la pose d’un stérilet n’est pas toujours aisée chez les
femmes très douloureuses ou qui n’ont pas eu de grossesse.
LES MICROPROGESTATIFS
66
Tableau simplifié des principaux contraceptifs oraux combinés (classification
établie par l’Agence nationale de sécurité du médicament)
DCI progestatifs
Niveau de TEV Principales spécialités
combinés avec EE
Chlormadinone Belara
Risque non
Dienogest Misolfa, Qlaira (contenant de l’œstradiol)
évalué
Nomégestrol Zoely
LES MACROPROGESTATIFS
67
néanmoins anciennes.
D’autres progestatifs sont utilisés hors autorisation de mise sur
le marché (AMM), comme l’acétate de nomégestrol (Lutényl) ou
promégestone (Surgestone), mais avec peu de données
spécifiques pour l’endométriose. L’acétate de cyprotérone
(Androcur), volontiers utilisé, ne doit plus être prescrit dans cette
indication, car il augmente le risque de tumeur cérébrale.
Le diénogest 2 mg (Visanne), est bien évalué en cas
d’endométriose. Il s’agit d’un progestatif, avec un effet puissant
sur l’endomètre ; il est antiandrogénique, c’est-à-dire qu’il réduit
l’action des hormones mâles. Il est aussi efficace que les
traitements plus puissants validés dans l’endométriose
(agonistes de la GnRH) pour le traitement de la douleur, avec
moins d’effets secondaires liés à la baisse des œstrogènes
9
(bouffées de chaleur, sécheresse des muqueuses) . Le
diénogest existe aussi dans deux pilules œstroprogestatives,
associé au valérate d’œstradiol (Qlaira) ou à l’éthinyl estradiol
(Misolfa). Il s’agit d’une contraception œstroprogestative avec un
œstrogène et du diénogest à 2 ou 3 mg par comprimé. Ces
pilules n’ont pas été étudiées spécifiquement dans
l’endométriose ; cependant en utilisation clinique, elles sont
souvent très efficaces, avec un coût cinq fois moins élevé que
Visanne. Attention : il n’existe pas d’étude spécifique sur Visanne
en tant que contraception, une contraception non hormonale est
donc à utiliser en complément. Le principal inconvénient de
Visanne est son coût, puisqu’il est non remboursé en France et
qu’il est vendu autour de 50 euros la boîte de 28 comprimés.
68
Bien qu’ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché (AMM),
ces traitements sont peu employés en France :
La dydrogestérone (Duphaston 10 mg) est un médicament
ancien qui ne bloque pas l’ovulation. Il peut être prescrit 10 jours
par mois, avant les règles pour en réduire le volume. Son
efficacité dans l’endométriose est peu établie.
Le Danazol ou 17-éthinyl-testostérone a été le premier
10
traitement hormonal validé dans l’endométriose . Il a une action
antigonadotrope (il bloque le mécanisme de déclenchement de
l’ovulation), avec une activité androgénique et anabolisante
modérée, sans propriétés œstrogéniques ou progestatives. La
posologie du Danazol est de 200 à 400 milligrammes par jour
(voie orale ou vaginale), à moduler en fonction de la tolérance et
de l’efficacité. Son utilisation est limitée en raison de la tolérance
moyenne de ce traitement qui reste cependant fréquemment
prescrit dans les pays asiatiques. Les principaux effets
secondaires rapportés sont liés à son action androgénique
(hormones mâles) : bouffées de chaleur, acné et peau grasse,
prise de poids, myalgies, raucité de la voix. On note aussi des
saignements dans 40 % des cas. La durée du traitement en
continu est en général de six mois. Une méthode de
contraception non hormonale est recommandée en association.
69
Les principaux macroprogestatifs utilisés dans le traitement de l’endométriose
DCI Spécialités
Chlormadinone Lutéran
Nomégestrol Lutényl
Médrogestrol Colprone
Promégestone Surgestone
Diénogest Visanne
70
Les médicaments qui induisent une ménopause
hormonale temporaire
Trois molécules sont actuellement disponibles qui ont l’AMM pour la prise en
charge de l’endométriose ; leur utilisation est limitée à six mois :
la triptoréline, Décapeptyl 3 mg ou, en libération prolongée, à 11,25 mg ;
la leuproréline, Enantone, à 3,7 mg ou, en libération prolongée, à 11,25 mg ;
la nafaréline, Synarel, à 0,2, à raison de 1 pulvérisation dans une narine le
matin et 1 dans l’autre narine le soir.
71
Quand opter pour un traitement hormonal ?
72
de douleurs chroniques. En plus du traitement hormonal, on peut
alors prescrire soit du paracétamol, soit des antalgiques plus
puissants, dits « de palier 2 » (tramadol, codéine, opiacés), seuls ou
en association avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (sauf
contre-indications). Précisons ici que ces anti-inflammatoires sont
très efficaces sur les règles douloureuses (dysménorrhées), mais
peu utiles pour les douleurs pelviennes chroniques. Leur utilisation
au long cours doit rester limitée en raison de leurs effets secondaires
aux niveaux gastrique et rénal.
73
transcutanée [TENS]). La fascia-thérapie, l’hypnose, la sophrologie,
la relaxation et l’activité sportive sont d’autres façons efficaces de
prendre soin de soi et de ses douleurs. S’y ajoutent les régimes
alimentaires visant à réduire l’inflammation.
74
péritonite) ; dérivation digestive transitoire en cas de résection
digestive (stomie)…
En cas de chirurgie pelvienne complexe, il est préférable de
s’adresser à un centre de référence où exercent des chirurgiens
présentant les compétences requises.
Bien que bénigne, l’endométriose est une maladie qui rend les
interventions chirurgicales souvent difficiles. Plusieurs raisons à
cela : les fortes adhérences entre les organes (ceux-ci sont
normalement libres entre eux), la modification des rapports
anatomiques ou encore la nécessité d’enlever toutes les lésions
d’endométriose, sans quoi l’amélioration est imparfaite et le risque
de reprise de la maladie élevé.
L’idéal est donc de pouvoir être prise en charge par un chirurgien
ou une équipe expérimentés.
Deux options sont possibles : soit se faire opérer par un
chirurgien unique qui peut assumer l’ensemble des gestes
chirurgicaux et leur surveillance ; soit faire réaliser l’acte chirurgical
par plusieurs chirurgiens, chacun exerçant dans son domaine de
14
compétence (gynécologie, appareil digestif, appareil urinaire…) .
Comment décider ?
75
par des questions simples : pouvez-vous travailler à temps
complet ? Quels antalgiques utilisez-vous ? À quelle dose ? Quelle
fréquence ? Êtes-vous satisfaite de votre vie de couple, de votre
sexualité ? L’objectivité et la quantification de la qualité de vie se font
idéalement au moyen d’un questionnaire standardisé, fourni en
consultation.
L’information qui vous est délivrée est essentielle. Elle doit être
claire, compréhensible et bien préciser les résultats espérés ainsi
que les complications possibles. Des schémas anatomiques sont
souvent très utiles. L’expérience du chirurgien et les résultats des
études publiées sont déterminants ici.
76
le risque de dérivation temporaire des selles dans une poche
(stomie).
Soyons donc aussi précis que possible sur ce point : soit il n’y a
pas d’atteinte invasive du côlon et le risque de stomie est quasi nul ;
soit la paroi du côlon a été infiltrée par la maladie et le risque de
stomie dépendra de la profondeur de l’infiltration, de sa hauteur par
rapport à l’anus et du type d’intervention.
Si l’infiltration est superficielle, la technique du rasage
(shaving) est possible. Elle consiste à retirer les lésions en
creusant légèrement dans la paroi digestive, sans enlever aucun
morceau de côlon malade et, donc, sans avoir besoin de suturer
bout à bout l’intestin ; le risque de stomie est alors faible.
Dans les atteintes profondes de la paroi du côlon, il faut en
revanche procéder généralement à l’ablation du segment malade
et réaliser la suture des deux bouts de l’intestin par des pinces
agrafeuses automatiques. Les études médicales ont montré que
plus la suture se situe près de l’anus (moins de 10 centimètres),
plus le risque de fistule (fuites de matières fécales) est important
et la nécessité d’une poche grande. À l’inverse, dans les lésions
hautes du rectum, le risque de stomie est faible (5 %). Dans les
atteintes profondes mais très localisées, on peut tenter une
ablation isolée du nodule (résection discoïde).
En cas d’atteinte simultanée du vagin et du rectum, une
stomie transitoire est malheureusement obligatoire.
Le choix entre chirurgie conservatrice (shaving, résection
discoïde) et chirurgie complète est affaire d’écoles et de chirurgiens.
Quoi qu’il en soit, il existe des complications pour chaque technique,
15
liées à la dissection du rectum dans tous les cas . Par ailleurs, le
taux de récidive pour chaque technique n’a encore pas été évalué et
comparé.
77
Une contrainte provisoire
Une stomie est toujours transitoire, souvent pour une durée de deux mois,
quelquefois moins.
Son rôle est de protéger la cicatrisation de la suture digestive et ainsi d’éviter les
fistules qui provoquent des complications très graves : péritonite avec nécessité
d’une réintervention ; choc septique ; séjour prolongé en réanimation ; création
d’adhérences qui sont sources de stérilité.
Il est normal d’avoir peur de ce que l’on ne connaît pas. C’est pourquoi quand il
existe un risque de stomie, il est recommandé, avant l’intervention, de s’entretenir
avec une infirmière spécialisée dans la prise en charge des stomies (infirmière
stomathérapeute). L’éducation thérapeutique, en apportant des réponses précises
à toutes les questions qu’on peut se poser, facilite très souvent l’acceptation
progressive de cette forte contrainte.
78
Votre arrêt de travail variera selon les difficultés de la technique,
allant de deux semaines dans les cas simples à deux à cinq mois
dans les cas complexes, nécessitant une fermeture de stomie. En
fonction de votre métier, vous pourrez moduler la durée de votre
arrêt, notamment s’il existe une possibilité de télétravail.
79
Après la ménopause
Un point particulier est celui des kystes ovariens endométriosiques qui persistent
après la ménopause ; en situation physiologique d’absence d’hormone, ces kystes
devraient normalement disparaître ; leur persistance est anormale et doit motiver
l’ablation des deux ovaires et des deux trompes pour prévenir le risque de cancer
ovarien (estimé à une fois et demie celui de la population générale).
80
chirurgie lourde avec un risque de complications pour une
infertilité au premier plan sans une altération significative de votre
qualité de vie. Dans ce cas, il vaudrait mieux se tourner vars une
AMP
La chirurgie s’adresse aux formes peu sévères ou sévères et qui
restent douloureuses ou handicapantes malgré le traitement
médical, en l’absence de facteur d’infertilité masculin, avec un âge
inférieur à 38 ans. Dans les autres cas, le bénéfice de l’AMP est
supérieur pour espérer obtenir une grossesse. Seul point
discutable : l’existence de trompes dilatées (hydrosalpinx) qui
nécessite une « chirurgie de propreté » pour augmenter les chances
de succès de la FIV et limiter les risques d’infection.
Quoi qu’il en soit, votre infertilité doit être abordée sous tous ses
aspects avant d’opter éventuellement pour l’intervention chirurgicale.
81
L’essentiel
Le traitement de l’endométriose est avant tout médical, faisant appel à
plusieurs thérapeutiques : hormones, antidouleurs, traitements alternatifs…
Pour 30 à 40 % des femmes le recours à une intervention chirurgicale parfois
complexe est nécessaire après une information claire et bien comprise. La
qualité de vie doit guider les décisions, quelle que soit la sévérité des lésions.
Toutes les lésions doivent être retirées. Avant toute décision d’opération, une
composante essentielle doit être prise en compte à sa juste mesure : le désir
de grossesse.
Une opération chirurgicale doit être bien comprise et bien réfléchie (mesure
des bénéfices, évaluation des risques). Elle est toujours précédée par un bilan
diagnostique complet.
Même après la chirurgie, le risque de récidive doit être prévenu par une
hormonothérapie.
82
CHAPITRE 7
83
femme présentant une endométriose a environ deux fois plus de
risques de présenter une infertilité qu’une femme qui n’a pas
d’endométriose.
Ce risque d’infertilité est également majoré par la sévérité et la
profondeur de l’endométriose. Plus l’endométriose est sévère et
profonde, plus le risque qu’il existe une infertilité est élevé. Une
endométriose superficielle peu importante n’entraînera pas de
difficultés pour obtenir une grossesse, alors que, dans le cas d’une
endométriose profonde très étendue, les tentatives pour concevoir
pourront bien se transformer en parcours du combattant semé
d’embûches.
La fertilité normale dans l’espèce humaine n’est pas très élevée.
La probabilité de grossesse n’est que de 25 % de chances à chaque
cycle. Cela signifie que, lorsqu’il n’y a aucun problème de fertilité,
que la femme a moins de 35 ans et que le couple a des rapports
sexuels réguliers, celui-ci n’aura qu’une chance sur quatre de
démarrer une grossesse à chaque cycle, c’est-à-dire 75 % de
risques que cela ne marche pas. Lorsqu’une femme présente une
endométriose, ses chances de grossesse naturelle sous la couette
avec son conjoint seront quelque part entre moins de 5 % dans les
cas très sévères et 25 % de chances par cycle ce qui correspond à
la fertilité normale.
84
adhérences (tissus fibreux) qui collent les tissus les uns aux autres
et peuvent tirer sur les trompes et les empêcher d’être
fonctionnelles. Il peut aussi exister une adhérence entre l’extrémité
de la trompe et l’ovaire, ce qui empêche la trompe de capter l’ovule
au moment de l’ovulation.
En dehors des effets mécaniques, les lésions d’endométriose
sécrètent des substances inflammatoires qui sont potentiellement
nocives pour la fécondation.
Par ailleurs, l’endométriose peut aussi se localiser dans l’utérus
de façon importante, et altérer les possibilités de nidation des
embryons.
Enfin, l’endométriose peut se développer sur les ovaires et
former un ou plusieurs kystes d’endométriose appelés
endométriomes. Ces endométriomes se développent aux dépens du
tissu ovarien. Or, dans le tissu ovarien, se trouve la réserve en
follicules (poches qui contiennent les ovules). Lorsqu’un
endométriome se développe dans l’ovaire, il le fait donc aux dépens
de cette réserve folliculaire. Cela peut ainsi entraîner une altération
du stock ovarien en follicules, voire une insuffisance ovarienne
lorsque les endométriomes sont de grande taille et bilatéraux.
85
de l’endométriose, de limiter les phénomènes inflammatoires et
d’améliorer la qualité de vie.
Au moment du désir de grossesse se pose donc la question
d’arrêter cette pilule pour essayer d’obtenir une grossesse
naturellement.
Dans chaque cas, il faut évaluer la balance bénéfices-risques,
c’est-à-dire faire le choix de la stratégie qui apporte plus de
bénéfices ou d’avantages que de risques. En effet, si l’endométriose
est très importante, arrêter la pilule risque, d’une part, de faire
réapparaître les symptômes liés à l’endométriose et donc d’altérer la
qualité de vie et, d’autre part, d’augmenter le risque de laisser des
lésions déjà sévères s’aggraver, pour des chances de grossesse
faibles.
86
pas, il n’est pas optimal, voire inutile, d’essayer naturellement. En
pratique, il est donc conseillé de vérifier le spermogramme de
votre conjoint alors même que vous êtes encore sous pilule. De
votre côté, si par exemple vous présentiez des problèmes de
cycles avant de débuter la pilule (pas de règles ou des règles
tous les 35 à 60 jours, voire plus), il est très probable que vous
présenterez ces mêmes troubles du cycle à l’arrêt de la pilule.
Cela signifie que vous risquez de ne pas ovuler ou d’ovuler une
fois de temps en temps. Or, si vous n’ovulez pas du tout ou
seulement de temps en temps, vous ne pourrez pas ou aurez du
mal à démarrer une grossesse sans un traitement pour vous faire
ovuler. Vous aurez donc rapidement besoin d’un traitement de
stimulation de l’ovulation afin de vous donner de réelles chances
de grossesse.
Ensuite, il faut avoir des rapports sexuels réguliers. C’est le
cas si vous avez des rapports environ deux à trois fois par
semaine. Si cela n’est pas le cas, il est préférable de vous aider
à cibler les rapports pendant la période fertile grâce à des tests
d’ovulation. Ces derniers sont vendus en pharmacie sans
ordonnance. Enfin, si les rapports sexuels ne sont pas possibles
du fait des douleurs (ou pour des raisons pratiques comme un
conjoint régulièrement absent), il n’y a pas d’intérêt à arrêter la
pilule.
87
En pratique, si vous avez un désir de grossesse
Demandez conseil à votre gynécologue. Il vous fera faire une évaluation précise
des lésions d’endométriose, de votre réserve ovarienne en follicules et du
spermogramme de votre conjoint avant de pouvoir se prononcer sur l’intérêt
d’arrêter ou non votre pilule et d’essayer naturellement. Il prendra également en
compte votre âge, vos antécédents et d’éventuels troubles du cycle existant avant
la prise de pilule. Si la balance bénéfices-risques n’est pas en faveur des essais
naturels, il vous conseillera de consulter directement auprès d’un centre
d’assistance médicale à la procréation (AMP).
S’il est possible d’essayer naturellement, il n’est pas inutile de revoir votre
gynécologue au bout de quelques mois afin de faire le point sur votre qualité de
vie sans pilule, et sur la durée de vos cycles. Il pourra vous conseiller de faire des
tests d’ovulation pour vérifier que vous ovulez, pourra vous prescrire des examens
complémentaires, et vous indiquera où et quand consulter dans un centre d’AMP
si la grossesse tardait à venir.
88
La FIV consiste à féconder les spermatozoïdes du conjoint avec
les ovules (aussi appelés ovocytes) de la femme en dehors de son
corps. Elle est réalisée dans un centre d’assistance médicale à la
procréation (AMP). Pour cela, la femme reçoit un traitement
hormonal de stimulation ovarienne par injections sous-cutanées
quotidiennes, afin de faire mûrir une dizaine de follicules. La
maturation des follicules est suivie et analysée par échographies et
prises de sang régulières. Lorsque suffisamment de follicules sont
mûrs, une ponction des follicules est réalisée afin de recueillir les
ovules présents dans les follicules. La ponction des follicules se fait
par voie vaginale sous contrôle échographique, sous anesthésie
générale ou locale. Les ovules recueillis sont mis en fécondation le
jour même au laboratoire d’AMP, avec les spermatozoïdes du
conjoint recueillis par masturbation. L’embryon obtenu est ensuite
replacé quelques jours plus tard dans la cavité utérine de la femme
grâce à un long tube fin en plastique appelé cathéter. Le transfert
embryonnaire ne nécessite pas d’anesthésie car le cathéter
emprunte les voies naturelles jusqu’à la cavité utérine. Un ou
deux embryons sont déposés dans l’utérus de la femme mais pas
plus, pour limiter les risques de grossesses multiples. Si d’autres
embryons ont pu se développer et qu’ils sont de bonne qualité, ils
pourront être congelés pour le couple. Ainsi, ces embryons pourront
être replacés dans l’utérus de la femme au cours d’un autre cycle,
soit en l’absence de grossesse après le transfert embryonnaire, soit
si le couple souhaite avoir une nouvelle grossesse.
89
Entre 25 et 35 %
La fertilité naturelle normale étant de 25 % de chances de grossesse par cycle, il
faut considérer que la fécondation in vitro apportera le même ordre de grandeur
de chances, c’est-à-dire environ 25 à 35 % de chances de grossesse par
tentative, parfois plus, parfois moins, selon d’autres critères en particulier l’âge de
la femme.
Que nous disent les études là-dessus ? Cette question n’est pas
encore totalement résolue. Il faut savoir que de nombreuses études
comportent des biais qui empêchent de tirer des conclusions claires.
Par exemple, si on compare un groupe de femmes ayant de
l’endométriose et un groupe n’en ayant pas, on peut parier que
certaines femmes du groupe sans endométriose en ont sans le
savoir, puisque son diagnostic a été sous estimé pendant de
nombreuses années. Comment alors comparer un groupe de
femmes qui a de l’endométriose avec un groupe de femmes
censées ne pas en avoir mais dont certaines en ont quand
même… ?
Cependant, de plus en plus d’études sont bien réalisées et une
majorité ont établi que les chances de grossesse en FIV sont
les mêmes chez les femmes qui ont de l’endométriose et chez les
femmes qui n’en ont pas, la qualité ovocytaire et le développement
embryonnaire n’étant pas altérés par la présence de l’endométriose.
En pratique, certains facteurs sont péjoratifs et diminuent les
chances de grossesse en FIV. Il s’agit de l’atteinte utérine et de
90
l’existence d’une baisse de la réserve ovarienne en follicules
(appelée insuffisance ovarienne).
Le premier facteur pronostique limitant est actuellement la
baisse de la réserve ovarienne en follicules. De façon naturelle,
chez toutes les femmes, le nombre de follicules en réserve dans
les ovaires diminue avec l’âge à partir de 35 ans, sans aucune
égalité entre les femmes. En effet, certaines femmes dès 35 ans
auront perdu déjà beaucoup de leurs follicules, tandis que
d’autres auront la chance d’avoir un nombre de follicules
important après 40 ans.
Dans tous les cas, il n’existe pas de traitement efficace à ce jour
pour augmenter cette réserve en follicules, quelle que soit la raison
pour laquelle celle-ci est basse, qu’il s’agisse d’une baisse naturelle
ou non. La réalisation d’une FIV ne permet pas non plus
d’augmenter cette réserve en follicules. Au cours de la FIV, le
traitement hormonal permet de faire mûrir les follicules qui sont
présents dans les ovaires et sensibles aux hormones, mais en
aucun cas il n’augmente la réserve en follicules. Au contraire,
l’insuffisance ovarienne est un facteur limitant car, pour espérer de
bons résultats en FIV, il faut pouvoir faire mûrir une dizaine de
follicules, ce qui n’est pas possible s’il existe une insuffisance
ovarienne trop importante.
91
En cas de kystes d’endométriose
On observe malheureusement très fréquemment une diminution de la réserve
ovarienne en follicules lorsqu’il existe des endométriomes (kystes d’endométriose
sur les ovaires), surtout lorsqu’ils sont volumineux. En effet les endométriomes se
développent au sein du tissu ovarien et prennent la place des follicules, ce qui
entraîne une diminution du nombre de petits follicules en réserve dans les ovaires.
La chirurgie des endométriomes (ablation des kystes d’endométriose) augmente
encore ce risque d’insuffisance ovarienne car, pour des raisons techniques, un
peu de tissu ovarien est nécessairement retiré autour de l’endométriome, ce qui
diminue encore plus la réserve en follicules. Il est donc reconnu aujourd’hui qu’il
faut opérer le moins possible les endométriomes pour préserver le plus possible le
pronostic de fertilité. Bien entendu, il existe des situations où l’endométriome doit
tout de même être retiré.
Certaines équipes ont essayé de mettre au point des techniques alternatives à la
chirurgie des endométriomes, comme l’alcoolisation des endométriomes. Cela
consiste à injecter de l’éthanol dans le kyste endométriosique pour le détruire.
Cependant, cette technique n’ayant pas montré d’augmentation des chances de
1
grossesse en FIV , elle ne présente actuellement que des indications limitées et
discutées au cas par cas.
92
qualité des ovules diminue. En effet, de plus en plus d’ovules
s’altèrent au niveau de leur ADN avec l’âge, ce qui explique la
diminution des chances de grossesse naturelle mais également
en FIV. Une FIV a par conséquent beaucoup plus de chances
d’aboutir avant 35 ans.
93
par la présence d’une endométriose profonde, il s’agit des risques
infectieux. En effet, lors de la ponction ovarienne, les
endométriomes présentent plus de risques que le tissu ovarien
normal de se surinfecter. L’administration d’une antibiothérapie
préventive pendant la ponction n’élimine pas complètement ce
risque d’abcès de l’ovaire. Néanmoins, ce risque reste faible.
Le risque d’infection est bien plus élevé lorsqu’il existe un
hydrosalpinx. Un hydrosalpinx est une trompe bouchée à son
extrémité distale (proche de l’ovaire), qui se remplit de liquide
inflammatoire et se dilate. Dans le cadre de l’endométriose, c’est
souvent une adhérence qui bouche la trompe et provoque la
formation de l’hydrosalpinx. Cette trompe dilatée présente un gros
risque de se surinfecter lorsqu’on fait une ponction folliculaire, et
ainsi de provoquer une salpingite, voire une péritonite (infection
grave de tout le petit bassin). Pour cette raison entre autres, il est
indispensable de déboucher ou de retirer chirurgicalement la trompe
avant une FIV lorsqu’elle est dilatée. Même sans ponction, le simple
fait d’introduire un cathéter dans l’utérus pour le transfert
embryonnaire peut entraîner une surinfection de la trompe dilatée. Il
est donc également nécessaire d’opérer une trompe dilatée avant un
transfert embryonnaire.
Du fait de la présence d’adhérences, les ovaires peuvent être
difficiles d’accès lors de la ponction et la ponction peut être plus
douloureuse, en particulier en présence d’endométriome. Il est donc
recommandé de faire cette ponction sous anesthésie générale pour
un meilleur confort.
94
Dans les formes superficielles ou adhérentielles, légères à
modérées, la chirurgie semble pouvoir améliorer la fertilité
2
naturelle ainsi que les chances de grossesse en FIV .
Dans les cas d’endométriose profonde, les résultats de la
chirurgie sur la fertilité naturelle et sur les chances de grossesse
en FIV n’ont pas pu être comparés de façon satisfaisante aux
résultats de la FIV sans chirurgie préalable. Cela ne veut pas dire
que la chirurgie n’a pas de rôle à jouer, mais qu’actuellement les
résultats des études scientifiques ne permettent pas de la
recommander en première intention, sauf dans certains cas
particuliers, notamment les formes très douloureuses ou sujettes
à complications. Ces cas doivent être discutés lors de réunions
multidisciplinaires (RCP) dans des centres spécialisés dans la
prise en charge de l’endométriose.
Lorsqu’il existe un hydrosalpinx, l’intervention chirurgicale doit
être pratiquée avant la FIV afin de diminuer le risque de
complications infectieuses de la FIV et aussi parce que la
présence de cet hydrosalpinx diminue par deux les chances de
succès de la FIV. On pense que c’est l’écoulement de ce liquide
inflammatoire de la trompe dilatée vers la cavité utérine qui
pourrait diminuer les chances d’implantation des embryons.
Après disparition de l’hydrosalpinx (après ablation ou
débouchage de la trompe), les chances de grossesse se
normalisent.
95
Préserver ses follicules
L’ablation des endométriomes n’est pas recommandée, car elle altère la réserve
ovarienne en follicules et compromet ainsi les chances de grossesse en FIV.
Cependant, il est actuellement admis qu’en cas de très volumineux
endométriomes, ayant augmenté de volume très rapidement ou si un
endométriome est trop douloureux, il est préférable d’opérer.
96
En l’absence d’ovocytes préalablement congelés et en cas
d’insuffisance ovarienne trop avancée ne permettant pas de bons
résultats en FIV, le couple pourra se tourner vers les solutions dites
alternatives de type don d’ovocytes, en France ou à l’étranger.
L’essentiel
Avoir une endométriose n’entraîne pas toujours une infertilité, mais en
augmente le risque, et ce risque s’accroît avec la sévérité de l’endométriose.
En cas d’endométriose importante, c’est la fécondation in vitro (FIV) qui
apporte les meilleures chances de grossesse. Cependant, la FIV ne permettra
pas à toutes les femmes porteuses d’une endométriose d’être enceintes, en
particulier lorsqu’il existe une atteinte utérine et/ou ovarienne sévère.
La priorité doit donc être de préserver au maximum la fertilité en essayant de
limiter l’évolution des lésions d’endométriose grâce à la prise d’une pilule en
continu, à un suivi régulier, et en favorisant les projets de grossesse le plus tôt
possible.
Lorsque ce projet de grossesse n’est pas envisageable à court terme, la
préservation de fertilité par congélation des ovocytes peut être envisagée, si
possible avant 35 ans et surtout en cas de présence d’endométriomes.
97
CHAPITRE 8
98
La grossesse exerce un effet d’abord défavorable, puis favorable
sur l’évolution de l’endométriose et ses symptômes douloureux.
Au début de la grossesse, l’implantation de l’embryon entraîne
une augmentation des hormones ovariennes (œstrogènes et
progestérone), sécrétées après la fécondation (par le corps
jaune) jusqu’à ce que le placenta prenne le relais, dans le but
notamment de préparer l’utérus aux modifications à venir. En
début de premier trimestre, il est donc fréquent d’observer, sous
l’effet de ces deux hormones, une exacerbation des symptômes
douloureux liés à l’endométriose.
À la fin du premier trimestre, en revanche, les taux élevés de
ces deux hormones, et en particulier de la progestérone,
provoquent la mise au repos des cellules de l’endomètre, en les
empêchant de se multiplier. Cette « mise au repos » serait la
raison de la diminution des symptômes douloureux au cours de
la grossesse. Précisons, pour être tout à fait complet, que des
cas d’aggravation des lésions d’endométriose au cours de la
grossesse ont été décrits, notamment aux deuxième et troisième
trimestres, avec potentiellement des complications digestives :
occlusion, saignement abdominal de lésions endométriosiques,
1
perforations digestives . Ces cas restent exceptionnels.
Après l’accouchement, la reprise des cycles hormonaux
provoque en général la réapparition progressive des symptômes
de la maladie. La grossesse ne constitue donc pas un traitement
définitif de l’endométriose ; il est plus juste de considérer que
c’est une période de rémission.
99
Quel est l’impact de l’endométriose sur la grossesse ?
100
On estime actuellement que le taux de fausse couche spontanée
est de 29 % environ, tous types d’endométriose et toute modalité de
conception confondus, contre 19 % chez les femmes qui ne
souffrent pas de la maladie. Ce risque estimé de façon globale serait
plus élevé en cas d’infertilité ou d’endométriose profonde.
101
Des anomalies de localisation du placenta.
Et l’accouchement ?
102
9
de lésion et du déroulement de la grossesse . Mais, mis à part
certains antécédents d’intervention chirurgicale du rectum et du
vagin, l’accouchement par voie naturelle doit être envisagé.
L’essentiel
La grossesse est un événement heureux et se passe généralement bien : les
femmes enceintes qui souffrent d’endométriose peuvent se rassurer.
Il existe quelques risques liés à l’endométriose qui peuvent compliquer le
déroulement d’une grossesse.
Une surveillance obstétricale par un gynécologue obstétricien qui connaît la
maladie dans une maternité disposant d’un service de médecine néonatale est
une précaution raisonnable.
103
CHAPITRE 9
104
cliniciens, les chercheurs et les pouvoirs publics sont de plus en plus
sensibilisés à la maladie : l’endométriose sort de l’ombre, de
nombreux acteurs se mobilisent. Ce mouvement croissant donne de
l’espoir pour le futur de la recherche sur l’endométriose.
105
améliorer le traitement et le suivi des femmes atteintes
d’endométriose ?
4. Est-il possible de développer un outil de détection non invasif pour
aider au diagnostic de l’endométriose ?
5. Quels sont les moyens les plus efficaces de maximiser ou de
maintenir la fertilité des femmes ayant une endométriose
suspectée ou confirmée ?
6. Comment peut-on améliorer le diagnostic de l’endométriose ?
7. Quel est le moyen le plus efficace de gérer l’impact émotionnel et
psychologique de l’endométriose, ainsi que la fatigue qui lui est
associée, dans la vie quotidienne (y compris via des méthodes
médicales, non médicales et d’auto-aide) ?
8. Quels sont les résultats ou les taux de succès des traitements
chirurgicaux ou médicamenteux qui visent à guérir ou traiter
l’endométriose (plutôt que d’aider à vivre avec) ?
9. Quel est le moyen le plus efficace d’arrêter la progression de
l’endométriose et sa propagation à d’autres organes (par exemple
après la chirurgie) ?
10. Quels sont les moyens non chirurgicaux (médicaux ou non) les
plus efficaces pour gérer la douleur et les symptômes associés à
l’endométriose ?
Ces priorités, publiées en mai 2017 dans la prestigieuse revue
The Lancet, fournissent une ressource précieuse permettant de
s’assurer que les activités de recherche et de financement futures
sur l’endométriose seront focalisées sur des questions importantes
pour les patientes et les cliniciens. En accord avec ces priorités, la
recherche sur l’endométriose devra répondre à plusieurs grands
défis dans les prochaines années, et de nombreuses pistes sont
prometteuses.
106
Mieux soigner l’endométriose : la recherche clinique
107
prochaines décennies et apporter des réponses en ce qui concerne
les causes de l’endométriose et son histoire naturelle. L’enjeu, ici,
est de mieux comprendre la maladie et de fournir les connaissances
nécessaires à la prévention de la maladie ainsi qu’à son évolution
favorable. Depuis la première publication sur l’endométriose il y a
4
plus de cent cinquante ans , de nombreuses incertitudes persistent
en effet.
On sait que l’endométriose est une maladie hétérogène en
matière de symptômes, de caractéristiques des lésions (étendue,
localisation, stade de progression, caractéristiques biologiques),
d’évolution de la maladie et d’impact sur la qualité de vie : il existe
sans doute non pas une endométriose, mais des endométrioses. Sa
classification actuelle ne permet malheureusement pas d’identifier
des sous-groupes de patientes de façon pertinente, ni de prédire la
réponse aux traitements ou la progression de la maladie ; de plus, il
n’y a pas de corrélation entre cette classification et le type ou la
sévérité des symptômes 5.
La caractérisation de différentes formes d’endométriose
représente donc un défi important ; elle pourrait conduire à
l’établissement d’une typologie plus fine de la maladie, et devrait
permettre à terme de faire des découvertes importantes. L’objectif de
mieux cerner l’hétérogénéité de l’endométriose devra être gardé à
l’esprit dans tous les domaines de recherche sur la maladie, que ce
soit en recherche clinique, fondamentale ou appliquée, afin de mieux
comprendre les causes de la maladie et mieux la traiter.
108
pour chacune de ces formes afin de développer une
médecine personnalisée.
La piste génétique
La piste de l’environnement
109
À côté de la génétique, l’étude de l’environnement représente un
autre potentiel important de nouvelles découvertes sur
l’endométriose. L’étude poussée des facteurs de risque de la
maladie permettra également de mieux cerner son hétérogénéité.
L’« environnement » comprend l’ensemble de nos expositions à des
facteurs environnementaux (c’est-à-dire non génétiques) au cours
de notre vie : expositions chimiques (substances toxiques de type
perturbateur endocrinien, médicaments…), environnement
socioprofessionnel, mode de vie (tabac, alcool, alimentation, activité
physique, corpulence, sommeil…), etc. On parle également
d’« exposome ».
L’association entre ces expositions et le risque d’endométriose
pourrait s’avérer différente selon les caractéristiques de la maladie,
et elle pourrait être modulée par l’effet de certains gènes. La mise en
évidence de ces différences contribuera à l’identification de formes
particulières de la maladie.
La piste de l’épigénétique
110
certaines fonctions et mécanismes biologiques. Si un certain nombre
de modifications épigénétiques ont été mises en évidence dans
7
l’endométriose , davantage de recherches seront nécessaires dans
ce domaine afin de comprendre précisément la pathogenèse de la
maladie.
Par ailleurs, la plupart des gènes mis en évidence dans
l’endométriose se trouvent dans des régions intergéniques, des
parties non codantes du génome situées entre des gènes et dont la
fonction est inconnue. La découverte de ces fonctions requiert
l’analyse à la fois de données génétiques, épigénétiques et
transcriptomiques (analyse des molécules issues de l’expression
des gènes) de certains tissus (endomètre, lésions d’endométriose).
À terme, cette recherche permettra d’identifier des modifications
épigénétiques pouvant constituer une cible pour les traitements
médicamenteux.
111
Travailler à l’échelle internationale
L’amélioration de notre compréhension de l’endométriose passera donc par des
études récoltant des données cliniques, biologiques et épidémiologiques, et elle
devra se baser sur des collaborations internationales multidisciplinaires, afin de
disposer de larges bases de données permettant d’étudier une grande diversité
de cas.
Afin de faciliter ces recherches collaboratives sur l’endométriose au niveau
international, un projet d’harmonisation des données et des banques biologiques
sur l’endométriose (Endometriosis Phenome and Biobanking Harmonization
Project, EPHect) a été mis en place par la Fondation mondiale pour la recherche
8
sur l’endométriose (World Endometriosis Research Foundation, WERF) .
Cette initiative, qui a rassemblé 34 centres cliniques et académiques et 3
partenaires industriels dans 16 pays, a permis d’établir des protocoles de collecte
de données et d’échantillons biologiques pour les études menées sur
l’endométriose. Grâce à ce projet, la recherche future permettra de faire des
découvertes à grande échelle, de comparer les résultats uniformément entre les
pays et de mieux connaître les causes de l’endométriose et son hétérogénéité.
112
experts sont impliqués, dont le centre de l’endométriose du groupe
hospitalier Paris-Saint-Joseph). À terme, l’identification de
biomarqueurs contribuera également à la découverte de formes
particulières d’endométriose ainsi qu’à l’évaluation de thérapies
ciblées.
113
Améliorer la qualité de vie, limiter les maladies
associées
114
3. Développer les interventions de santé publique et les
recommandations de détection précoce pour ces maladies
chroniques.
4. Attirer l’attention sur le fait que, bien que définie comme bénigne,
l’endométriose peut avoir des conséquences importantes sur la
santé à long terme ; elle doit donc être considérée comme une
priorité de recherche en santé des femmes.
Il est possible que cette recherche inquiète les patientes vis-à-vis
de leur santé à long terme ainsi que leurs cliniciens. Les décisions
que ceux-ci pourraient prendre au regard du lien reconnu entre
l’endométriose et le cancer de l’ovaire pourraient avoir des
conséquences importantes en termes de santé publique. Parmi
celles-ci, la décision la plus radicale est celle de réaliser une ablation
des ovaires en vue de prévenir le risque de cancer de l’ovaire.
Néanmoins, rappelons ici que, si le risque absolu de développer
un cancer de l’ovaire au cours de la vie est très faible dans la
population générale (1,3 %), il reste également très faible chez les
12
femmes atteintes d’endométriose (1,8 %) . En revanche, une
ablation des ovaires en préménopause est associée à un risque
accru de maladies cardio-vasculaires et à d’autres pathologies 13. La
meilleure prévention pour réduire son risque de cancer, y compris
chez les femmes atteintes d’endométriose, reste donc un mode de
vie sain : alimentation saine, pratique d’une activité physique
régulière, maintien d’une corpulence saine, faible consommation
d’alcool et arrêt du tabac.
115
L’essentiel
La recherche sur l’endométriose est moins financée que d’autres problèmes
de santé fréquents, mais elle est de plus en plus dynamique, notamment
grâce au travail de sensibilisation des associations de patientes.
Plusieurs avancées ont été observées récemment dans le domaine de la
recherche clinique en termes de nouveaux traitements.
Beaucoup de choses restent à découvrir et de nombreux domaines sont
prometteurs en recherche fondamentale. Les prochaines décennies devraient
voir le développement de nombreuses nouvelles connaissances sur
l’endométriose.
116
D E U X I È M E PA R T I E
Douleur et endométriose :
on en parle !
117
« J’ai tout fait et j’ai toujours
mal ! »
118
raison de la cicatrisation des incisions qui ont été pratiquées lors de
l’intervention.
Aussi ces solutions, si importantes qu’elles soient pour le
traitement de cette maladie gynécologique qu’est l’endométriose, ne
sont-elles pas toujours suffisantes.
Si vous continuez d’avoir mal, malgré la pilule ou l’opération,
vous n’êtes pas démunie pour autant, car il existe d’autres solutions
pour vous aider à soulager vos douleurs. Ces approches qui
mobilisent d’autres professionnels ne sont pas là pour remplacer les
traitements spécialisés de la maladie, loin de là, mais pour les
compléter.
119
CHAPITRE 1
120
même la littérature scientifique spécialisée a du mal à donner une
réponse fiable. Nombreuses sont les études faites selon un type de
pathologie, mais rares sont celles informant sur notre population
générale. Elles pèchent souvent par incapacité à être
représentatives. Les plus probantes à ce jour, que l’on compte sur
les doigts d’une main, sont des photographies à un instant t, mais
peu se concentrent sur l’évolution dans le temps des critères d’une
douleur chronique. Pour autant, ces études, malgré leurs disparités,
montrent des points communs dans leurs résultats.
La prévalence de la douleur (le nombre de personnes atteintes)
1
est variable d’un article à l’autre, puisqu’elle va de 10 % à 55 % . En
France, on retiendra le chiffre moyen de 35 %. Ainsi, 1 Français sur
3 ressent une douleur chronique, de quelque origine que ce soit, et 1
Français sur 6, soit 9 millions de personnes, la décrit comme étant
d’une intensité sévère au point de ne pouvoir vivre normalement. Il
est dramatique de réaliser que 5 % des douloureux chroniques
auraient pensé au suicide à cause de leur douleur.
Les points communs décrits par les différentes publications,
françaises ou internationales, permettent d’établir un portrait-robot
du Français douloureux chronique. D’ailleurs ce serait plutôt une
femme ! En effet, au sein de leurs populations respectives, 35 % des
femmes contre 28 % des hommes se disent douloureux chroniques.
De plus, cette « douloureuse » est plutôt âgée : chez les moins
de 25 ans, 1 personne sur 4 est algique, alors que chez les plus de
75 ans, ce taux est de 1 sur 2. Ajoutons que cette vieille femme
douloureuse est de faible niveau de qualification. Qu’on soit du nord
ou du sud du pays, le lieu d’habitation n’a que peu d’influence sur la
douleur ; en revanche, le niveau social, lui, s’il est faible, maintient
négativement une douleur.
121
Enfin, pour compléter ce portrait, il est établi que le fait de se
sentir douloureux entraîne ou est accompagné d’anxiété, de
dépression plus fréquente et de troubles du sommeil. Sur ce dernier
point, alors qu’1 Français sur 5 estime avoir des insomnies, ce
chiffre monte à 1 patient douloureux sur 2 et augmente linéairement
avec l’intensité de la douleur.
Et dans le monde ?
L’herbe est-elle plus verte à côté ? Pas sûr ! Une étude européenne, la seule
aussi étayée à ce jour (46 394 répondants), réalisée dans 15 pays européens
ainsi qu’en Israël, montre en moyenne que 1 Européen sur 5 souffre de douleurs
2
chroniques modérées à sévères, excluant les douleurs légères . Cela représente
3
100 millions d’Européens . C’est la Norvège qui compte le plus de patients
algiques (30 % de sa population) et l’Espagne le moins (12 %). Cette disparité
entre pays tient aux différents critères associés ou non : culturel, localisation
géographique, système de santé, information auprès de la population…
Malgré toutes ces différences, un point commun résiste : une prévalence plus
importante chez les femmes que chez les hommes.
122
4
La part des douleurs gynécologiques
123
l’éjaculation. À la différence des femmes, leur origine est souvent
organique.
Et dans l’endométriose 5 ?
6
Quel impact sociétal et quel coût ?
124
Comment calcule-t-on les coûts de santé ?
Rares sont les études sur l’impact économique de la douleur pour une société.
L’évaluation des coûts de santé est difficile, car on doit intégrer les coûts directs
(nombre de consultations médicales, traitements médicamenteux ou non
médicamenteux comme la rééducation…) et les coûts indirects (indemnités
journalières, pensions d’invalidité, baisse de productivité, pertes d’opportunité
d’emploi). Les coûts indirects représenteraient plus des deux tiers des dépenses
liées à un patient douloureux chronique. Ce sont donc les conséquences sur la
productivité, et non les coûts de santé en eux-mêmes, qui pèsent le plus lourd.
125
Comment réduire ces coûts qui pèsent
sur nos finances publiques ?
Incontestablement une prise en charge spécifique et spécialisée, même si elle
nécessite un investissement initial, constitue finalement une source d’économies.
Selon quelques études, rares, elle permet en effet de réduire le nombre de
consultations, le nombre d’hospitalisations et relance la reprise du travail.
Certaines publications évaluent même le montant économisé pour une prise en
charge coordonnée de 3 à 6 euros par patient douloureux et par an. Ce gain peut
sembler modeste, mais, rapporté à l’ensemble de la population douloureuse, il
représente plusieurs millions d’euros.
L’essentiel
On estime que 1 Français sur 3 souffre de douleurs chroniques, toutes
origines confondues.
Les femmes souffrent plus de douleurs chroniques que les hommes.
On estime que plusieurs millions de femmes, en France, souffrent de douleurs
pelviennes, même si toutes ne sont pas atteintes d’endométriose.
Toutes les femmes atteintes d’endométriose n’ont pas forcément de douleurs.
Le coût de la douleur serait moins important si sa prise en charge était plus
spécifique.
126
CHAPITRE 2
127
part entière. Ce constat est vrai pour chaque spécialité médicale.
C’est sans doute l’une des raisons de nos échecs dans la prise en
charge de la douleur. Croire qu’il existe des douleurs dont le
mécanisme est spécifique à chaque organe, alors
qu’anatomiquement les mécanismes d’une douleur sont les mêmes,
quel que soit son point de départ. De plus, c’est l’individu lui-même
et son histoire qui lui confèrent une couleur particulière et non le type
d’organe touché.
Ainsi évoquée, la question de la légitimité d’une spécialité
« douleur », l’algologie, ne peut pas être remise en question. Son
objectif est d’apporter une compétence spécifique complétant la
prise en charge spécialisée. L’algologie se présente en complément
et non en compétition des autres spécialités médicales. Dans
l’endométriose, elle s’associe à l’hormonothérapie et à la chirurgie,
approches thérapeutiques proposées classiquement. L’algologue
n’est alors pas tant un médecin « organiste », spécialiste de tel ou
tel organe, qu’un médecin « globaliste » et, plus précisément, un
médecin de la dysfonctionnalité compte tenu de la perte des
équilibres et du bon fonctionnement des organes.
D’autre part, l’enseignement médical apprend à faire davantage
confiance aux examens aidant au diagnostic et aux traitements
qu’aux récits des patients. On pense que les progrès des
connaissances et la performance des outils de détection suffisent à
établir la vérité. Péché d’orgueil ! Une telle erreur limite l’écoute.
Lorsqu’il existe une disproportion entre la plainte d’un patient et la
réalité que donnent à voir les examens, les plaintes formulées sont
bien souvent remises en cause. Pourtant, les patients ne font
qu’exprimer leur vérité ; à nous médecins de l’intégrer à notre vérité,
sans jugement. De même, l’échec d’un traitement n’est pas
directement imputable à celui qui l’a proposé ni à celui qui le prend,
128
mais bien souvent à une mauvaise adéquation entre le patient, le
médecin et le traitement. Notre toute-puissance médicale doit être
réévaluée.
1
Ça marche comment, la douleur ?
129
inflammatoires n’ont que peu d’efficacité sur votre douleur, sauf
pendant votre période menstruelle.
Le vrai mécanisme initial responsable de la douleur est toujours
le nerf. Parce qu’il est comme enserré ou « étouffé » dans la lésion
endométriosique et que les règles l’ont sensibilisé au cours du
temps, ses terminaisons locales souffrent, quelle que soit la zone
touchée par la maladie. Initialement, ce n’est donc pas le tissu
concerné qui a mal, mais le nerf qui passe dedans ! On appelle les
douleurs liées à ce phénomène des douleurs neuropathiques.
Sur un plan mécanique, cette douleur équivaut à une sciatique
ou à une rage de dents : c’est une névralgie. Ce point est
fondamental, car il impacte le traitement antidouleur à choisir. En
effet, les antidouleurs usuels sont peu ou pas efficaces sur ce type
de mécanisme.
130
Un « nerf » irrité entraîne une réaction immédiate, automatique et
réflexe du tissu qu’il innerve : son immobilisation. Là où se localise
l’endométriose, l’organe concerné va donc s’arrêter naturellement de
bouger. Or tout tissu, en particulier élastique (muscles, tendons,
ligaments), quand il s’arrête de bouger, se rétracte et devient à son
tour douloureux.
De plus, un organe qui bouge peu ou pas, outre qu’il est
douloureux, cesse de fonctionner correctement, ce qui occasionne
d’autres désordres (constipation pour le tube digestif, douleurs en
urinant pour la vessie…). Au cours du temps, l’amplification des
symptômes tient au fait que tous les tissus de notre bassin
s’entraînent normalement les uns, les autres pour maintenir une
harmonieuse mobilité, à l’image d’un orchestre au sein duquel les
instruments jouent ensemble une symphonie. Si un de ces
instruments cesse de jouer, l’ensemble se perd et les autres
instruments arrêtent de jouer les uns après les autres. C’est d’abord
la cacophonie, puis plus de musique…
De la même façon, dans l’endométriose, l’immobilité tissulaire va
progresser, entraînant une douleur d’immobilité de plus en plus
importante jusqu’à provoquer le blocage du bassin, des douleurs
lombaires (rachis) et parfois une sensation douloureuse dans tout le
corps. Ce n’est donc pas la maladie qui s’étend ici, mais cette
mécanique non organique, nommée « dysfonction ». La solution
passe alors moins par les médicaments que par une relance
dynamique du corps (ostéopathie, fasciathérapie, sport,
mésothérapie…).
131
C’est le troisième élément de notre triptyque, indissociable de la
perception de toute douleur : le cerveau ! Certains ont pu dire : « No
brain, no pain! » (« Pas de cerveau, pas de douleur ») ; notre
expérience nous amène à penser que la bêtise n’immunise pas
contre la douleur, hélas !
Nous l’avons dit plus haut, si la douleur n’est pas dans la tête, la
tête a une influence sur la douleur. En effet, notre cerveau est un
agent modulateur. Il n’invente pas, il ne crée pas la douleur, mais il
en module le ressenti, ce qui explique pour une grande part l’aspect
individuel du phénomène douloureux : deux individus souffrant d’une
même lésion ne l’évalueront pas de la même façon.
132
douloureux à venir et de notre ressenti. En médecine, on parle
d’hyperalgésie centrale (hyperalgésie pour « hyperdouleur » et
centrale pour « cerveau ») pour expliquer l’amplification d’un
message douloureux au cours du temps – en d’autres termes,
l’« effet loupe » que peut provoquer le cerveau et qui majore le
ressenti douloureux.
Au départ, une information douloureuse court le long du système
nerveux qui la conduit dans le cerveau, lieu d’analyse ; là s’élabore
une réponse, la plus adaptée possible, à cette agression. Mais ce
message peut être amplifié par une voie anatomique parallèle
(appelée voie NMDA) qui, partant du corps, a pour rôle d’accroître
électriquement l’information algique à son arrivée dans le cerveau.
Peu protectrice, sa finalité est sans doute de pousser l’individu qui
souffre à trouver une solution plus rapide à sa « destruction ». Or
cette voie NMDA, initialement silencieuse, est susceptible de
s’activer et de se renforcer au cours du temps sous l’effet
d’expériences douloureuses intenses, d’un stress chronique ou
d’une prise d’opioïdes comme la morphine, la codéïne, les extraits
d’opium… Ainsi une même douleur, à deux moments distincts, peut
être amplifiée par cette voie anatomique, dont l’importance grandit
également au cours du temps.
133
Le triptyque douleur
Pour résumer, l’élément déclencheur constitue le début du message douloureux.
Celui-ci est ensuite amplifié par un, puis plusieurs tissus organiques et articulaires
qui, de proche en proche, s’immobilisent et deviennent douloureux à leur tour.
L’ensemble est modulé par notre cerveau, qui a plus ou moins les capacités de
nous défendre contre l’agresseur, la douleur, et peut être amplifié par la
mémorisation de nos expériences douloureuses.
Même si le phénomène inflammatoire est mineur en tant que cause de douleur, le
processus peut être comparé à un incendie. Nous avons une allumette, le
responsable initial, c’est la lésion ou l’irritation du nerf. Celui-ci produit des
braises : l’immobilité des tissus (ligaments utéro-sacrés, par exemple) ou des
organes (utérus, vessie…) touchés par l’endométriose, qui s’étend de proche en
proche par perte d’entraînement des régions voisines. À ce stade, on comprend
mieux pourquoi des douleurs initialement gynécologiques peuvent entraîner au
cours du temps des douleurs du dos, des hanches, voire du bassin tout entier. Les
braises « corticales » s’amplifient également au cours du temps, fragilisées par la
douleur et d’autres éléments personnels : de moins en moins défensives, elles
provoquent un ressenti douloureux de plus en plus intense. C’est un véritable
cercle vicieux !
Si on n’y prend pas garde, l’incendie s’étend. Ne s’occuper que de l’allumette
(traitée par des traitements spécifiques) n’empêchera pas les braises de la faire
partir ; ne s’occuper que des braises (par des approches telles que l’ostéopathie,
l’hypnothérapie…) n’empêchera pas l’allumette de les relancer. La prise en charge
séparément de l’allumette ou des braises ne permet pas donc d’obtenir un
soulagement durable. Il faut, pour cette raison, toujours associer médicaments et
approches complémentaires, les uns ne pouvant remplacer les autres. L’objectif
est d’entrer dans un cercle vertueux !
134
Pourquoi les femmes sont-elles plus sujettes
2
à la douleur que les hommes ?
135
douleurs ou pourquoi la grossesse constitue un répit. Dans les deux
cas, les taux d’hormones sont stabilisés – et à un niveau optimal
quand on attend un enfant.
136
À douleur égale, une femme la ressentira davantage qu’un
homme. Cette plus grande sensibilité est en partie due aux
hormones féminines (œstrogène et progestérone), plus
sensibilisantes.
137
Les douleurs digestives ne sont pas en reste et peuvent se
compliquer de douleurs à la défécation. L’ensemble est presque
systématiquement accompagné de troubles de type nausées,
constipation, diarrhées ou inconfort intestinal. Ces symptômes,
liés à la perte du mouvement naturel de l’estomac ou du tube
digestif, entraînent souvent un changement alimentaire pour les
soulager et expliquent parfois qu’on ressente une intolérance à
certains aliments à base de gluten, de lactose ou pour les
boissons alcoolisées. Sachez que ceux-ci ne sont pas tous
directement responsables des douleurs et du gonflement de
votre ventre. En résumé, c’est l’immobilité des tissus et des
organes de votre bassin qui, en plus de devenir douloureux
quand ils ne bougent plus, dysfonctionnent et ne font plus leur
travail : un tube digestif qui ne bouge plus ne fait plus avancer les
selles ; une vessie qui ne bouge plus garde des urines qui pèsent
davantage sur le sphincter, entraînant des mictions fréquentes et
peu abondantes ; un estomac qui ne bouge plus empêche la
vidange alimentaire et provoque des nausées, lesquelles
bloquent à leur tour le diaphragme et le tube digestif supérieur,
etc. On peut énumérer ainsi tous les organes abdomino-
pelviens !
Les autres symptômes douloureux. Sont aussi mentionnées
des douleurs de vessie, permanentes ou lors de la miction,
comme lors d’une infection urinaire. Moins fréquentes sont les
douleurs qui débutent sous les côtes et remontent en bretelle
vers l’épaule ; souvent cycliques, elles surviennent au moment
des règles
138
Une fatigue multifactorielle
La fatigue se retrouve dans tous les syndromes douloureux chroniques, quelle
qu’en soit l’origine. Dans l’endométriose, elle est multifactorielle : la douleur en
premier lieu qui fatigue et absorbe beaucoup d’énergie ; le stress, les traitements
et leurs effets secondaires qui l’amplifient ; un mauvais sommeil initial, parfois lié à
une histoire personnelle ; enfin le manque de dynamisme qui empêche toute
activité physique bénéfique pour un bon sommeil. À notre connaissance,
l’existence d’interactions dans le cerveau entre la zone réceptionnant les
informations douloureuses et la zone du sommeil n’a pas été établie ; on peut
imaginer qu’elles s’alimentent l’une l’autre dans un cercle vicieux.
« La douleur n’est pas dans la tête, mais la tête a une action sur
la douleur » : voilà une phrase qui résume parfaitement la situation.
Et cette phrase est valable pour l’endométriose, mais aussi pour
toute douleur chronique.
La part de chaque élément du triptyque présenté ici est difficile à
déterminer, car nous n’avons pas d’instrument pour la mesurer.
Toutefois, la prise en charge par le médecin, si elle est totalement
empirique au départ, s’affinera par la suite avec les résultats du
traitement. Vous êtes celle qui va en ressentir les effets bénéfiques
139
ou non et, donc, celle qui va permettre d’ajuster la stratégie
aboutissant à l’amélioration et au succès. À chacune d’entre vous la
« recette » qui lui convient !
L’essentiel
Les mécanismes physiologiques de la douleur ne dépendent pas de l’organe
touché.
Dans l’endométriose, l’inflammation n’est que peu responsable des douleurs ;
c’est la névralgie qui constitue le mécanisme principal, auquel s’ajoute
l’immobilité des tissus de votre bassin, qui devient douloureuse.
La douleur n’est pas dans la tête, mais la tête a une action sur la douleur !
Dans l’endométriose, trois éléments s’imbriquent au fil du temps qui font
basculer dans un cercle vicieux : le nerf, le corps et l’esprit.
À douleur initiale égale, les femmes, pour des raisons hormonales, la
ressentent davantage que les hommes.
140
CHAPITRE 3
141
La douleur aiguë est donc un signal d’alarme dont la finalité est la
protection de notre intégrité corporelle.
La douleur chronique, elle, est une maladie à part entière, un
syndrome. Elle dure indépendamment de l’origine dont elle a été le
signal, elle est devenue le problème à part entière, elle est devenue
la « maladie ».
Si le symptôme douleur ressort de toutes les spécialités
médicales, la douleur chronique, authentique maladie, dont l’origine
organique est finalement sans importance, appelle une prise en
charge spécifique et donne ses lettres de noblesse à une spécialité
à part entière : l’algologie.
Une douleur aiguë nous protège ; une douleur qui dure nous
détruit !
142
est stimulée par trois éléments : les expériences douloureuses
passées, le stress chronique et les morphiniques déjà pris.
143
Pourquoi une douleur devient chronique :
3
les désordres de l’esprit
144
vieillissement, d’un statut économique précaire ou encore de la
multitude d’événements douloureux survenus au cours du temps…
145
l’immaturité du système digestif au moment de la naissance,
majorée si on est prématuré. Cette immaturité va entraîner des
douleurs plus importantes au cours de la digestion, lesquelles vont
être mémorisées et déboucher sur une plus grande sensibilité à
l’âge adulte. De même, une fragilité de la vessie peut être antérieure
à l’endométriose et due à des infections urinaires à répétition dans
l’enfance. Même chose pour la lombalgie, et ses antécédents. Dans
ces différents cas, la manifestation douloureuse est le produit d’une
vulnérabilité ancienne – la lombalgie – et d’un événement nouveau –
l’endométriose.
146
La composante génétique de la sensibilité à la douleur est
toujours à affiner. En effet, la reconduction de génération en
génération d’un phénomène physique – une maladie familiale
comme l’endométriose transgénérationnelle – ou psychique – une
anxiété transgénérationnelle – peut trouver sa source dans l’hérédité
génétique, mais elle est également tributaire de comportements
familiaux. L’épigénétique, qui étudie les influences de
l’environnement sur nos gènes et leurs conséquences sur le
fonctionnement de notre corps, est tout aussi importante.
147
subie, mais en raison du stress qu’ils nous ont communiqué – ce
qu’on appelle la reconduction du modèle familial.
L’essentiel
En plus du triptyque douleur, initialement responsable du ressenti douloureux,
des événements antérieurs peuvent avoir laissé des traces qui vous
sensibilisent à la douleur et vous font l’éprouver plus fortement. On appelle
cela la mémorisation de la douleur.
Notre corps et notre cerveau ont une excellente mémoire, ils n’oublient rien !
Et une nouvelle douleur doit alors être vue comme un fardeau supplémentaire.
148
CHAPITRE 4
149
l’information douloureuse par notre cerveau (« déprogrammation »
du cerveau par l’hypnothérapie, la méditation, la psychothérapie…).
Le saviez-vous ?
Il est étonnant que les antidouleurs soient les médicaments les plus consommés
en France quand on sait que peu de patients douloureux chroniques bénéficient
d’un traitement antalgique. C’est dire la gravité du problème. Ainsi 30 % des
douloureux chroniques bénéficient en effet d’un traitement antidouleur qui leur a
été prescrit par leur médecin ; 50 % ont recours à un traitement « alternatif »
(ostéopathie, acupuncture…), associé ou non à des médicaments, et 30 % – soit
1
environ 6 millions de Français douloureux – n’ont recours à rien .
Hors douleur chronique, la consommation d’antalgiques en France est donc
considérable. Elle occupe même la première place depuis très longtemps, devant
les psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques et somnifères) et les
antibiotiques qui viennent en troisième position.
Les quatre médicaments les plus vendus en pharmacie sont, dans l’ordre, le
paracétamol, l’ibuprofène et autres anti-inflammatoires, la codéine et le tramadol.
Ils représentent plus de 20 % du marché des médicaments, soit 3,5 milliards
2
d’euros et pèsent 3,1 milliards de boîtes (dont pas moins de 500 millions pour le
seul paracétamol), ce qui fait tout de même environ 8 boîtes par an et par
Français, sachant que nous consommons chacun par an 48 boîtes de
médicaments en moyenne… La France est le deuxième plus grand
3
consommateur de paracétamol en Europe, juste derrière la Norvège et occupe la
e
14 place (sur 30 !) pour la consommation d’opiacés (morphinique).
Ces chiffres pourraient rassurer sur l’intérêt porté à la plainte douloureuse des
patients, quels qu’ils soient. Malheureusement, c’est surtout le mésusage qu’ils
4
reflètent. Et un traitement inadapté est un traitement potentiellement dangereux .
150
menstruelle). C’est ce « parfois » qui explique le peu d’efficacité des
antalgiques habituels comme le paracétamol, les anti-inflammatoires
ou les morphiniques. Pour autant, un traitement médicamenteux est
bien nécessaire, mais pas n’importe lequel.
5
Mésusage et automédication
On entend par mésusage une utilisation dévoyée d’un traitement, parfois initiée
par le médecin lui-même. À titre d’exemple, la délivrance de morphiniques depuis
2004 a augmenté en France de 71 % pour des douleurs non cancéreuses. Le
mésusage concerne principalement ces morphiniques, mais aussi les anti-
inflammatoires (principalement l’ibuprofène). On estime que 9 000 femmes
e e
enceintes, soit un peu plus de 1 sur 100, en consomment entre le 6 et le 9 mois
de grossesse, sur prescription de leur médecin, alors qu’il n’est pas recommandé
dans ce cadre, tout comme le tramadol !
L’automédication, elle, correspond à la prise d’un traitement sans avis médical.
Elle est à l’origine de nombreux accidents médicamenteux. Plus le nombre de
médicaments sur une ordonnance est grand, plus le risque d’automédication est
important… Cet usage, outrepassant le cadre de la bonne pratique, est en partie
responsable du retrait du marché, par les pouvoirs publics, d’un certain nombre de
médicaments comme le Diantalvic, le Myolastan ou le Codenfan.
151
une molécule mère inactive et une molécule fille active ou encore
une molécule mère active et une molécule fille inactive. La
morphine, par exemple, est un antidouleur en soi, mais sa
transformation dans le foie produit une molécule fille elle aussi
efficace. En revanche, la codéine, en soi inactive, ne devient active
que lorsqu’elle est transformée dans le foie en morphine. Une telle
action suppose donc que notre foie soit efficace. Or nous n’avons
pas tous le même foie et la transformation hépatique n’a pas les
mêmes effets chez tout le monde ; d’où certaines différences de
réponse aux traitements. De même, les reins peuvent au fil du temps
moins bien jouer leur rôle d’épuration et certains traitements être
ainsi plus lentement éliminés : ils peuvent alors se cumuler avec
d’autres molécules ingérées, ce qui occasionne des effets
secondaires. À ce titre, une association entre molécule mère active
et fille inactive sera privilégiée (oxycodone par exemple).
D’autres facteurs jouent un rôle dans l’efficacité d’un traitement.
La déshydratation par exemple entraîne une concentration
médicamenteuse plus importante, ce qui augmente la puissance
d’un médicament – un peu comme la grenadine : moins il y a d’eau,
plus c’est sucré ! De même, en cas de dénutrition, les protéines
présentes dans nos cellules et qui font office de transporteurs pour
certains médicaments jusqu’à leur lieu d’action peuvent venir à
manquer : la molécule médicamenteuse se dissémine alors où bon
lui semble, entraînant des effets indésirables. Les anti-
inflammatoires qui utilisent en général ce mode de transport sont,
pour cette raison, plus dangereux chez les patients dénutris et le
risque d’ulcère de l’estomac est plus grand.
Un des grands principes de base pour soigner la douleur est
qu’un traitement bien adapté ne doit pas avoir d’effets indésirables,
en tout cas insupportables. Les effets secondaires d’un médicament
152
surviennent parce que celui-ci est surdosé ou parce qu’il est mal
adapté au mécanisme de la douleur en question. Ils indiquent que
l’on fait fausse route.
153
ce qui explique l’efficacité partielle, à ce moment-là seulement,
d’antidouleurs comme les anti-inflammatoires. En dehors de cette
période, les antalgiques habituels doivent céder la place à d’autres
catégories médicamenteuses. Ces dernières sont, contre toute
attente, des traitements utilisés à d’autres fins, à savoir
principalement des antiépileptiques et certains antidépresseurs à
visée antalgique.
Traiter une douleur et en limiter les effets secondaires mal tolérés
nécessitent donc de prendre en compte trois facteurs :
Le premier est le choix du traitement médicamenteux, y compris
chez la jeune fille ; il doit être guidé par la description et le
mécanisme de la douleur. En cas d’inadéquation, les molécules
prises inutilement font en effet des « bêtises »…
Ensuite, il y a l’adéquation de la posologie, car l’inadaptation se
traduit par une inefficacité ou un surdosage, même avec un
traitement adapté.
Enfin, nous ne sommes pas tous égaux face à un traitement qui
a une efficacité individuelle. La génétique dicte des réactions
différentes selon les femmes.
6
Les antidouleurs peu utiles : les antalgiques
154
durée d’action ; on peut aller jusqu’à 4 grammes maximum par
jour. Son délai d’action est de 30 à 60 minutes, et se réduit à 15
minutes pour les formes effervescentes. C’est l’un des
médicaments les moins dangereux de la pharmacopée actuelle
et il est doté de qualités que l’on découvre encore aujourd’hui. En
plus d’être antidouleur, il réduit, par exemple, l’amplification de la
mémorisation de la douleur (via la voie NMDA). Sa toxicité
hépatique est réelle, mais apparaît dans des circonstances
particulières, dont une consommation journalière excessive.
Les anti-inflammatoires (AINS) font partie des antidouleurs les
plus prescrits par les médecins en général et les gynécologues
en particulier en cas d’endométriose. Dans le cadre de douleurs
chroniques, toutes origines confondues, leur prescription
représente près de 25 % des ordonnances. Or elle n’a que peu
d’avantages dans l’endométriose puisque l’inflammation est
rarement à l’origine de la douleur. Leur ingestion a donc un faible
intérêt au regard des risques encourus (lésions digestives,
insuffisance rénale…). Leur seul intérêt est pour les douleurs au
moment des règles qui, elles, sont inflammatoires et aiguës. Ils
peuvent alors être ajoutés ponctuellement et même associés au
paracétamol.
155
Le saviez-vous ?
Tous les anti-inflammatoires ont une action antidouleur à petit dosage ; ils
deviennent anti-inflammatoires à un dosage plus fort. Ainsi, l’aspirine est un
antiagrégant autour de 75 milligrammes/jour, puis un antidouleur à partir de
500 milligrammes/jour et un anti-inflammatoire seulement à partir de
2 grammes/jour. L’ibuprofène devient anti-inflammatoire à partir de
1 200 milligrammes/jour, dose limite autorisée. En d’autres termes, prescrit selon
les règles de bon usage il n’est qu’antidouleur !
À doses anti-inflammatoires, ces médicaments ont tous une puissance d’action
comparable et sont plus ou moins délétères selon la sensibilité individuelle. Les
effets néfastes concernent l’estomac et les reins principalement – mention
spéciale pour l’aspirine qui, en tant qu’antiagrégant plaquettaire, fluidifie de
surcroît le sang. Ils doivent donc être pris avec parcimonie et en cas
d’inflammation uniquement, durant les règles par exemple.
156
entraînent, de ce fait, des effets indésirables (nausées,
vomissements, somnolence…). Ces effets nocifs, souvent
nommés intolérance, sont la conséquence d’un mécanisme de la
douleur inadapté à la molécule prise. Il n’a pas été rapporté
d’allergie aux morphiniques, d’ailleurs nous en sécrétons
naturellement (les endomorphines). En résumé, le manque
d’efficacité des morphiniques est lié au mécanisme
neuropathique impliqué dans les douleurs de l’endométriose.
Avec ces médicaments, il n’y a pas de soulagement, mais
potentiellement des effets nuisibles. La clé de la solution n’est
pas la bonne !
Seule exception notable : le tramadol qui, s’il est bien un opiacé,
a aussi un effet sur les douleurs neuropathiques. Il a une action
mixte ! Ses effets secondaires sont fréquents et liés ici à sa part
morphinique. On aurait pu aussi citer l’oxycodone qui, pour des
raisons plus complexes, a parfois un impact sur les douleurs
neuropathiques, mais il a des effets néfastes (nausées,
vomissements…).
157
7
Un peu d’histoire
e
Le paracétamol a été découvert au cours du XIX siècle et a eu des débuts
chaotiques : on lui attribuait à tort des effets néfastes au lieu d’effets
bénéfiques. Il a fallu presque un siècle pour le voir commercialiser en France,
en 1957. On découvre encore aujourd’hui de nouvelles propriétés de cette
molécule qui mériterait d’être davantage reconnue ! Outre ses effets
antipyrétiques et antalgiques, il réduit une part de la mémorisation de la
douleur (via la voie NMDA).
L’aspirine est le traitement le plus produit au monde, avec 40 000 tonnes par
an, ce qui représente 80 milliards de comprimés, soit 2 500 cachets par
seconde ! Le plus ancien texte décrivant un médicament contre la douleur et
l’inflammation date de 1850 avant J.-C. et porte sur l’ancêtre de l’aspirine !
Plus tard, Hippocrate prescrit contre la douleur des feuilles et écorces de
saule, lesquelles contiennent ce que l’on découvrira plus tard être de l’acide
salicylique, structure de base de l’aspirine. C’est en 1763 que la première
communication scientifique sur les vertus du saule est rendue publique par le
révérend Edward Stone, fervent partisan de la théorie des signatures (à un
mal naturel doit être associé au même endroit un remède tout aussi naturel).
Le goût amer de l’acide salicylique est ensuite transformé par Hoffmann,
chimiste dans une célèbre entreprise pharmaceutique : l’aspirine est née. Ce
traitement accompagne l’histoire. Pour l’anecdote, il a été le médicament
premier de la trousse médicale des astronautes de la mission Apollo 11 pour
leur voyage sur la Lune en 1969 !
La morphine est utilisée depuis très longtemps pour sa visée sédative et
antalgique. Ce sont les Chinois qui, les premiers, découvrent ses propriétés.
Son nom vient de Morphée, le dieu du sommeil et des songes dans la Grèce
antique. Son utilisation moderne remonte peu après sa (re)découverte en
1804, notamment par Magendie, neurologue à l’Hôtel-Dieu, qui en décrit les
premiers résultats en médecine. La morphine est alors une héroïne ! De star,
e
elle devient maudite au cours du XX siècle et proscrite. Son utilisation
dévoyée – elle pouvait être utilisée comme produit de beauté et avait par
exemple la réputation, en réduisant l’iris, de mieux faire apparaître la couleur
des yeux – cause sa chute. Son mésusage a laissé des traces mortelles,
amenant les autorités publiques à en contrôler l’utilisation. Son image devient
alors celle d’un stupéfiant, ce qui explique sa longue traversée du désert. Son
rôle primordial dans le traitement de la douleur réapparaît dans les années
1980, parallèlement au développement de la médecine de la douleur. Selon
un rapport de l’OICS (Organe international de contrôle des stupéfiants) de
158
2015, la France détient 21 % de la production mondiale (523 tonnes) de
morphine licite (à des fins médicales et scientifiques) par an. Elle est au
deuxième rang derrière l’Australie, avec 40 % de la production mondiale. La
consommation de morphiniques licites a été multipliée par six en vingt ans.
Cette croissance semble dépendre de certains critères comme le niveau
économique du pays, son cadre réglementaire et le niveau des
8
connaissances médicales .
159
potentiels, l’idée étant de rechercher l’action optimale, c’est-à-dire le
meilleur soulagement sans aucun désagrément. Ces médicaments
sont prescrits pendant quelques semaines, le temps pour la
cicatrisation de faire son travail.
Ce sont des traitements de fond et non de crise. Les
médicaments de crise qui peuvent être pris en complément sont le
paracétamol, voire le tramadol ou l’Acupan, adapté à chacune en
fonction de ses bienfaits et de ses désavantages. L’Acupan, souvent
proposé, a l’avantage de réduire la mémorisation de la douleur
(comme le paracétamol) et joue sur les douleurs neuropathiques
aiguës, en activant une voie de contrôle identique à celle renforcée
par les antidépresseurs à visée antalgique. Il peut être intéressant
en cas de crise, mais est parfois mal supporté.
160
ont un rôle inhibiteur sur la conduction de la douleur et il semble
qu’un taux suffisamment élevé et concomitant de ces deux
hormones réduise les informations douloureuses, ce qui leur
confère une action antalgique et protectrice. Leur action est
toutefois limitée, puisqu’elles n’ont pas un rôle direct sur
l’irritabilité neurologique.
L’opération chirurgicale n’est pas la première alternative en cas
d’échec de l’hormonothérapie contre la douleur. Elle fait certes
partie de l’arsenal thérapeutique antalgique, mais rarement en
première ou en deuxième intention. Les raisons ? Le lot de
douleurs qu’elle entraîne en elle-même est d’ordre cicatriciel et
neuropathique. L’intervention chirurgicale devient intéressante en
cas d’échec médicamenteux.
161
En théorie le cannabis semble, chez l’animal, agir clairement sur
les douleurs chroniques, en particulier neuropathiques. En pratique,
les différentes études chez l’homme font apparaître des effets
positifs significatifs sur le sommeil, l’appétit, les vomissements et la
qualité de vie. Concernant l’effet antidouleur, les bénéfices semblent
modestes. Mais sans doute les effets dépendent-ils de la proportion
de THC au regard du CBD. Pour autant, les études sont peu
nombreuses, en particulier concernant le CBD. Leurs résultats sont
très hétérogènes et ne permettent pas de conclusions claires, en
particulier sur les effets à long terme. N’oublions pas enfin que leurs
interactions avec certains traitements antidouleur peuvent en
modifier l’action.
162
13
La puissance de l’effet placebo
163
On ne doit pas confondre l’effet placebo et le médicament
placebo : le premier est à encourager et le second à éviter !
164
Prendre un traitement médicamenteux
est indispensable pour être soulagée
165
Traitements proposés dans l’endométriose selon les différentes douleurs
rencontrées
Type de Traitement de
Traitement de fond Si saignements
traitement crise
L’essentiel
Les antidouleurs habituels ont peu d’action sur vos douleurs d’endométriose,
en particulier si elles sont chroniques ou surviennent au cours de vos rapports
sexuels. En outre, ils entraînent des effets indésirables.
Contre les douleurs endométriosiques, il faut recourir à des traitements
normalement utilisés pour d’autres indications : les antiépileptiques et certains
antidépresseurs.
Ces traitements sont bien supportés s’ils sont adaptés à vous, tant dans leur
choix que dans leur posologie. N’oubliez jamais qu’un bon traitement contre la
douleur est un traitement qui n’a pas ou peu d’effets indésirables ; cette règle
doit être absolument respectée.
Ces traitements sont un point de départ, ils calment la névralgie initiale. Ils
doivent être complétés par des approches non médicamenteuses expliquées
dans les chapitres qui suivent.
166
CHAPITRE 5
Les approches
psychocorporelles (1) : prendre
d’abord soin de mon corps
167
Propose-t-on suffisamment les approches
« complémentaires » ?
Si en France les médecins sont encore assez méfiants envers les techniques
complémentaires, ce n’est pas le cas de nos voisins européens. En Finlande par
exemple, elles sont proposées à 91 % des patients. Alors qu’en France les
thérapies manuelles (l’ostéopathie principalement) sont indiquées pour 2 % des
1
patients douloureux chroniques, la Suède les conseille dans 55 % des cas . En
parallèle, 39 % des prescriptions aux États-Unis, 41 % au Royaume-Uni, et 39 %
2
en Australie font appel aux médecines complémentaires . On estime que 60 à
90 % des personnes douloureuses chroniques se tournent spontanément vers
3
elles, sans y avoir été invitées par leur médecin .
168
Quelques précisions pour mieux comprendre
Les médecines complémentaires se définissent comme des approches à visée
thérapeutique complétant les stratégies de la médecine traditionnelle – on dit
« alternatives » quand elle la remplace. On en dénombre près de 400 en France !
4
Il existe bien sûr des points communs entre elles . On s’accorde à les subdiviser
en trois catégories : les techniques nécessitant un thérapeute (ostéopathie,
acupuncture, mésothérapie, homéopathie…), celles pouvant être pratiquées
individuellement après apprentissage (hypnose, méditation, sophrologie,
compléments alimentaires…), et celles pratiquées individuellement après
apprentissage et supervisées par le praticien régulièrement (qi gong, tai-chi,
yoga…). Les études faites sur la douleur sont peu nombreuses excepté avec
l’acupuncture. Elles démontrent globalement une amélioration de l’état algique,
qu’elles soient pratiquées avec ou sans traitement médical.
169
approches psychocorporelles, elle s’inscrit dans une vision
holistique. Ainsi, elle ne traite pas que la zone immergée de la
douleur, mais cherche à agir sur l’ensemble en remontant aux
causes. Le principe fondateur est de redonner aux tissus de
l’organisme leur mobilité naturelle afin d’assurer leur bon
fonctionnement et de permettre au corps entier de se rééquilibrer.
170
6
Au commencement
L’Américain Andrew Taylor Still (1828-1917) est le fondateur de l’ostéopathie. Il
devient médecin et, après la perte de sa femme et de plusieurs de ses enfants, il
commence à imaginer une autre façon de soigner. Il habite une région à une
époque où les colons fermiers cherchent à s’implanter. La vie est rude et les
motifs de consultation relèvent plus de l’incapacité de travailler que de la douleur
en dehors des tâches professionnelles. Le caractère pionnier des médecins est à
l’image de leurs patients. C’est l’époque où l’homéopathie fait son apparition, ainsi
que l’hydrothérapie. Still s’intéresse, lui, à ceux qui utilisent leurs mains, intégrant
aussi des notions de magnétisme ! Ses recherches l’amènent à concevoir qu’un
tissu mobile libère des flux sanguins. Sa démarche se veut scientifique. Sa
conception est celle d’un corps qui s’autoguérit et que l’on aide par ces
approches. La première école d’ostéopathie est créée en 1892 dans le Missouri.
Aujourd’hui la pratique ostéopathique représente 21 % des approches corporelles.
Ostéopathie et endométriose
La région pelvienne est un centre organique de premier plan chez la femme. C’est
un carrefour nerveux, vasculaire ; c’est le siège de l’équilibre neurovégétatif et son
importance biomécanique est majeure. Quand la région pelvienne n’est pas à
l’équilibre – caractère inflammatoire au cours des règles, mécanismes
névralgiques, adhérences –, c’est l’ensemble du corps qui peut être perturbé. Les
plaintes des femmes atteintes d’endométriose sont d’ailleurs multiples et ne sont
pas concentrées sur la seule région pelvienne, elles portent sur l’ensemble du
corps (troubles digestifs, troubles abdominaux, troubles urinaires, troubles
rachidiens, mais aussi migraines ou assimilés, douleurs pendant les rapports
sexuels, douleurs musculaires et douleurs articulaires). L’endométriose par les
lésions multiples qu’elle provoque, a tendance à altérer le mouvement général du
corps et favorise ces différents troubles et toutes ces douleurs.
171
L’objectif de l’ostéopathie est de restaurer le mouvement et la
mobilité des différents tissus et, progressivement, de les maintenir et
d’amener le corps à une autorégulation. Relancer la zone atteinte,
c’est libérer aussi les tensions articulaires et tissulaires appelées
« adhérences » ainsi que la circulation de tous les liquides du corps
humain !
Une séance peut durer entre quarante-cinq minutes et une
heure. Il n’y a pas de plan de traitement préétabli dans la prise en
charge de l’endométriose. Chaque femme est unique par ses zones
atteintes, ses symptômes, ses douleurs et son histoire personnelle.
N’oublions pas que chaque événement douloureux s’inscrit dans
notre corps. L’ostéopathe effectue donc un diagnostic basé sur des
tests et sur une vision globale, afin d’établir un plan de traitement
adapté qu’il expliquera à sa patiente.
Les bénéfices des séances vont s’installer au fur et à mesure du
temps. Le nombre de séances nécessaires est variable. Parfois les
bénéfices sont quasi immédiats, parfois ils viennent après deux ou
trois séances.
D’une façon générale, les techniques ostéopathiques visent l’axe
viscéral, l’axe cranio-sacré et l’axe fascial (voir encadré infra). Les
manipulations doivent être douces, et adaptées à chaque patiente.
Si ces techniques peuvent parfois provoquer une sensibilité, toutes
les manipulations doivent rester supportables.
Dans l’endométriose, l’approche viscérale est primordiale. Elle va
interférer sur différentes zones : le petit bassin bien sûr, où on
retrouve la majeure partie du système urogénital, le thorax qui abrite
le cœur, les poumons et la gaine viscérale du cou et l’abdomen où
se situent les organes digestifs et les reins. Ces trois régions doivent
fonctionner en symbiose. On ne peut pas séparer la fonction
viscérale de la structure sur laquelle elle repose. En particulier, les
172
mouvements naturels digestifs dépendent en partie du bon
fonctionnement du muscle diaphragmatique, principal moteur de la
respiration : à l’inspiration, il s’abaisse ; à l’expiration ; il remonte. Ce
mouvement de va-et-vient se communique aux organes et va
faciliter un bon fonctionnement de tous les éléments qui composent
la cavité abdominale. À ce titre, la majorité des « manipulations »
ostéopathiques s’effectue en synchronie avec la respiration.
Le travail viscéral permet ainsi de rééquilibrer les liens
viscéraux, de corriger la mobilité par rapport au diaphragme et
aux autres viscères et de relancer le fonctionnement propre de
l’organe afin de jouer, par exemple, sur les sécrétions
hormonales et agir sur les nerfs via les vertèbres d’où ils
émergent pour innerver nos organes. Le travail spécifique dans
le cadre de l’endométriose est en fasciathérapie. Il consiste
essentiellement à permettre à l’utérus et à ses annexes, ainsi
qu’aux organes autour, de retrouver ou de conserver le
péristaltisme (mouvement propre des organes) nécessaire à une
bonne physiologie.
173
Qu’est-ce que la fasciathérapie ?
Les fascias sont l’ensemble des tissus qui enveloppent la majorité des structures
du corps : muscles, nerfs, os, vaisseaux sanguins. Ils séparent et en même temps
connectent toutes ces structures entre elles. Ils sont essentiellement composés
d’eau, de collagène, d’élastine et de protéoglycane, qui agissent comme des
éponges et permettent de garder l’eau. Les fascias ont plusieurs fonctions : ils
accompagnent le mouvement, absorbent et amortissent les chocs, ils ont un rôle
de suspension et de protection des structures qu’ils enveloppent, ils sont garants
du bon flux nerveux, ils jouent aussi un rôle dans le système neuroendocrinien et
dans la nutrition (homéostasie), car ce sont des membranes d’échange. Ils sont
présents dans l’ensemble du corps, ce qui permet de comprendre qu’une
cicatrice, une lésion ou une adhérence peut altérer leur mobilité et, par
conséquent, la fonction des structures qu’ils enveloppent.
La fasciathérapie est une thérapie manuelle sollicitant les forces d’autorégulation
de l’organisme en agissant sur les fascias. C’est une technique douce, appréciée
des patientes.
174
psychisme. Chaque stress altère la mobilité par une contracture
réflexe des tissus, en particulier des muscles, tendons et ligaments
(l’utérus et ses colocataires dans le bassin sont des muscles !).
L’ostéopathie se positionne en complément d’une prise en charge
pluridimensionnelle.
7
La mésothérapie
175
périnéales plus profondes. Il n’y a jamais d’injection dans les
muqueuses.
Provoquant des sécrétions d’endomorphines, le premier effet
survient dans les trente minutes après la séance. Il est plutôt décrit
comme agréable et le sommeil n’est pas loin. Parfois l’effet piqûre
peut entraîner une réactivation du tube digestif et une « vidange »
qui vient réguler les troubles intestinaux de plusieurs jours.
L’effet sur la douleur peut survenir immédiatement ou quelques
jours après ; il peut durer de quelques jours à quelques semaines,
cela dépend de chacune. Il est nécessaire de refaire des séances,
idéalement au nombre de trois, tous les quinze jours. Les séances
seront ensuite renouvelées après trois mois ou six mois, en fonction
du ressenti de chacune. Il est rare que les douleurs soient accrues
après la séance ; dans ce cas s’ensuit un soulagement souvent
important.
Il n’existe pas d’effet secondaire. Les allergies sont rarissimes et
se manifestent par quelques boursouflures cutanées qui
disparaissent rapidement sans laisser de trace.
La mésothérapie peut être aussi proposée en cas de douleurs de
règles et chez la femme enceinte pour des douleurs comme les
lombalgies.
La place de la kinésithérapie 8
176
cette région sensible. Le thérapeute peut vous proposer
l’introduction d’une sonde intravaginale qui provoquera des ondes de
contraction. Ce ne doit pas être douloureux. Les premières séances
ont pour but votre ressenti et l’apprentissage de la contraction et de
la détente.
Une ou deux séances de fasciathérapie avant ce travail de
rééducation peuvent être utiles pour lever les « verrous », la
kinésithérapie ayant pour objectif principal le renforcement
musculaire et la décontraction. Le kinésithérapeute peut aussi vous
montrer et vous faire tester la neurostimulation transcutanée (voir ci-
dessous) ou encore vous proposer d’appliquer du froid
(cryothérapie). Toutefois, peu d’études démontrent l’efficacité de ces
techniques pour les douleurs pelviennes chroniques.
Du chaud ou du froid ?
Peu importe en fait, l’objectif est de vous faire du bien ! Beaucoup d’entre vous
posent une bouillotte chaude sur leur ventre. L’action est relaxante, mais elle
stimule aussi les voies de contrôle de la douleur. En effet toute stimulation non
douloureuse (chaud, froid, toucher…) est véhiculée par des fibres nerveuses,
lesquelles inhibent les informations des voies de la douleur. Voilà pourquoi, quand
on se fait mal, en se cognant par exemple, la douleur disparaît si on frotte la zone
endolorie. C’est aussi l’un des intérêts de la neurostimulation transcutanée,
autrement appelé TENS (voir ci-dessous). Cette action physiologique a été
théorisée sous l’appellation de « Gate Control » par les docteurs Melzach et Wall
en 1969.
9
La médecine traditionnelle chinoise
177
médicales (tai-chi, qi gong, massages…). Toutes ces approches sont
considérées comme énergisantes.
10
Le massage
La médecine occidentale et la médecine orientale se retrouvent sur les bienfaits
du massage, même si elles gardent chacune leur identité. Le massage a fait la
preuve de son intérêt dans les syndromes douloureux. Il entraîne une baisse de la
tension artérielle et du rythme cardiaque, active la circulation sanguine et la
mobilité des tissus et renforce la sécrétion d’endomorphines. En médecine
traditionnelle chinoise, le massage abdominal, le chi nei, alterne touchers légers
et touchers profonds. Les tensions abdominales pelviennes s’estompent, les
11
muscles s’assouplissent, les blocages physiques et émotionnels se libèrent .
Quelle que soit son inspiration, le massage est l’occasion de renouer avec son
corps par l’intermédiaire du toucher. La peau est l’enveloppe de notre unité
corporelle et la première barrière protectrice. Se faire masser,
c’est donc retrouver une unité là où la douleur divise et une intégrité précieuse là
où notre corps nous échappe. Pensez aussi à l’automassage !
178
L’acupuncture ou comment mieux rééquilibrer
12
nos énergies
Un peu d’histoire…
L’utilisation d’aiguilles à la surface de la peau est vieille de plus de trois
mille ans en Orient. L’acupuncture a été popularisée en Europe au début du
e
XIX siècle, rapportée d’un voyage en Chine effectué par un diplomate
français, Georges Soulié de Morant. Dans les années 1970, un journaliste du
New York Times, après l’avoir expérimentée pour des raisons médicales au
cours d’un voyage professionnel en Chine, rapporte dans un article son
expérience positive. Depuis les études scientifiques afin d’en comprendre les
mécanismes se sont multipliées. L’OMS a conclu finalement à l’efficacité de
l’acupuncture. Sans conteste, cette thérapeutique est adaptée aux douleurs
de règles ainsi que, dans une moindre mesure, aux troubles douloureux
digestifs ou urinaires.
179
lesquelles circule le qi, l’énergie vitale, qui relie les différents
organes, eux-mêmes en équilibre, les uns se rattachant au yin
(cœur, péricarde, poumon, rein…) et les autres au yang (intestins,
estomac, vessie…). Ces aiguilles sont appliquées plus ou moins
profondément et associées à des mouvements de rotation.
Quels sont les effets physiologiques de cette méthode ? D’une
part, l’acupuncture stimule nos propres défenses naturelles,
provoquant notamment une sécrétion d’endomorphines et une
réduction des médiateurs chimiques de l’inflammation ; d’autre part,
les mouvements de rotation de l’aiguille entraînent un effet réflexe et
une relance dynamique des tissus immobiles, au même titre que
l’ostéopathie ou la mésothérapie. Enfin, l’attente des résultats de
cette thérapeutique – en d’autres termes, l’effet placebo – joue un
14
rôle qui potentialise l’effet propre de la technique .
En médecine traditionnelle chinoise, le bassin est le lieu de recel
de l’« énergie ancestrale », c’est-à-dire de l’énergie donnée tout au
long de la vie fœtale et dont l’acquisition s’achève à la naissance.
Vivre va donc consister à puiser dans cette énergie ancestrale à
chaque inspiration-expiration, jusqu’à son épuisement lors de notre
dernier souffle. En acupuncture, le bassin constitue une zone
unissant rein et foie (il ne s’agit pas ici d’anatomie, mais d’unités
fonctionnelles), chacun drainant une énergie propre, respectivement
la peur et le désir. L’utérus est lui-même lié énergétiquement au foie.
Par exemple, le cycle menstruel est dans sa première période (dite
« anabolique » : c’est la phase de fabrication de la muqueuse utérine
et de stockage) sous domination du yin et dans sa seconde période
(dite « catabolique », c’est la phase d’élimination du sang) sous la
domination du yang. L’ensemble est lui-même influencé par les
émotions circulant à travers d’autres méridiens.
180
Comment l’acupuncture aborde-t-elle l’endométriose ? La
consultation commence par l’écoute de l’histoire de la patiente –
histoire médicale mais aussi familiale et affective. Ce moment est
extrêmement important car elle a souvent un long passé douloureux.
Tout cela doit pouvoir être déposé et entendu avec bienveillance et
empathie. En médecine chinoise, un thérapeute est disponible, sans
a priori, non encombré de lui-même et de ses connaissances ; il est
animé par l’« esprit de rencontre » avec sa patiente. Si cette
rencontre a lieu, tout le reste en découle. Ensuite, le praticien
procède à un examen, en restant dans cette qualité de présence,
avec la prise minutieuse des pouls (correspondant aux méridiens) au
poignet qui est une façon d’« écouter » l’énergie, sa répartition et
ses blocages, l’observation de la langue, sa couleur, sa consistance,
la présence ou non d’un enduit lingual, l’évaluation du teint, la
palpation douce de l’abdomen. Au terme de cet examen, différents
tableaux cliniques sont évoqués.
Concernant plus précisément l’endométriose, la médecine
chinoise y voit une défaillance du « système immunitaire
péritonéal ». Ainsi, l’implantation des cellules de l’endomètre pourra
évoquer une puissance qui a débordé les systèmes de défense,
perdu sa capacité à se réguler et qui entraîne une désorganisation
des circulations vitales. Émergent ainsi des points à piquer, voire un
seul parmi les 365 existants. Les aiguilles seront laissées en place
entre un quart d’heure et une demi-heure, et les séances répétées à
un rythme variable, en fonction de l’intensité des douleurs
pelviennes et de l’évolution des symptômes (entre deux et quatre
semaines).
Au-delà de la prise en charge de la symptomatologie
douloureuse de l’endométriose, l’acupuncture permet d’améliorer la
181
qualité de vie de la femme en l’accompagnant tout au long d’un
parcours difficile et parfois chaotique.
182
réinsuffler de l’énergie et réharmoniser l’ensemble. Par cette alliance
corps-esprit, elles atténueront votre hypervigilance face à la douleur
et développeront votre capacité à agir sur votre santé. En lien avec
la respiration et dans un esprit centré sur l’« ici et maintenant », vous
réaliserez des mouvements en étant présente à ce que vous faites.
C’est une forme de gymnastique méditative, d’ailleurs appelée par
certains « méditation en mouvement ».
Le tai-chi et le qi gong sont deux pratiques assez proches. Ils
associent les trois éléments que sont le corps, l’esprit et l’énergie. Le
tai-chi est fondé sur une pratique douce alliant mouvements souples
et respiration libre. Il permet, à l’instar de l’esprit taoïste, de
maintenir l’équilibre du corps et de l’esprit sans brutalité et fait partie
des arts martiaux dont il s’inspire, techniquement et spirituellement.
Le tai-chi s’enseigne et se pratique avec un thérapeute compétent.
Son apprentissage peut vous amener aussi à vous exercer seule
chez vous. Par curiosité, vous pouvez voir sur Internet certains des
mouvements qui le composent. Les quelques études spécifiques
menées à son sujet concluent à un résultat probant supérieur à celui
de la simple activité physique, en particulier sur les douleurs de
l’appareil locomoteur, mais aussi sur la réduction du stress,
l’amélioration de l’humeur et la réduction de l’anxiété et de la
dépression.
183
Au début de l’histoire…
e
Le tai-chi émerge au XII siècle, fruit de la réflexion d’un ermite taoïste qui regarde
le combat entre un oiseau et un serpent : ce dernier se meut souplement, esquive
et échappe aux attaques de l’oiseau qui, découragé, finit par abdiquer ! Considéré
comme un art chevaleresque, appartenant au patrimoine de l’humanité, ce « sport
en mouvement » est introduit en Occident par le révérend Joseph-Marie Amiot
(1718-1793) au retour de son voyage en Chine. Le révérend s’interroge sur ses
bienfaits sur la santé et l’introduit même à la cour de Louis XV. Le tai-chi sera par
la suite à l’origine de la gymnastique suédoise de Pehr Henrik Ling (1776-1839).
Notre monde occidental s’y intéresse tout particulièrement depuis la fin du
e
XX siècle et on le voit à présent s’intégrer dans les centres antidouleur comme
une approche complémentaire.
184
Quand la politique s’en mêle
Le qi gong a des origines aussi anciennes que le tai-chi. Déjà pratiqué dans
l’Antiquité comme travail du souffle et des énergies internes dans les écoles
taoïstes, bouddhistes ou confucianistes, sa popularité se développe au cours du
e
XX siècle. C’est en effet un cadre du parti communiste qui promeut le qi gong
moderne. Guéri de son ulcère de l’estomac par un maître qui lui apprend le
contrôle de la respiration en position debout, il est chargé par ses supérieurs de
promouvoir cette technique, en la débarrassant de toute connotation religieuse.
Sous l’ère communiste, le qi gong est présenté comme une thérapie d’origine
populaire chinoise et son promoteur décoré par Mao Zedong ! La deuxième vague
de popularité de cette pratique sportive survient dans les années 1980, peu après
l’ouverture de la Chine au monde, quand elle établit des réformes plus libérales,
entraînant l’apparition du chômage. Le qi gong est alors valorisé pour ses
bienfaits dans ce monde de brutes de l’ère post-Mao !
185
sur l’immunité. En parallèle, le yoga agit sur notre psychisme en
réduisant l’anxiété, la dépression et le stress et en augmentant nos
capacités de créativité et notre bien-être.
Concernant la douleur, les études scientifiques observent une
diminution de la douleur ressentie chez des patients atteints de
fibromyalgie. La fibromyalgie est une pathologie assez proche dans
ses mécanismes douloureux de l’endométriose et y est souvent
associée. Cette amélioration survient après une pratique de deux
mois, à raison de deux à trois séances de yoga par semaine. L’effet
positif est lié à une réduction du stress, de la fatigue et des douleurs,
induits par le rétablissement des sécrétions de cortisol.
Le yoga compte plus de 8 millions de postures différentes ! En
pratique courante, on en retient une quinzaine d’incontournables
(salutation au soleil, à la lune…). Les postures sont tonifiantes,
relaxantes et renforcent votre musculature et votre souplesse. Le
yoga est une pratique physique. Il allie le souffle et la régulation de
la respiration par des exercices spécifiques.
Namaste !
La légende dit que le dieu Shiva est le fondateur de la pratique du yoga. En
apprenant à sa femme ces mouvements corporels et en les accompagnant de
paroles douces pour l’esprit, un poisson en l’écoutant aurait suivi les conseils du
sage et, à force de témérité, se serait transformé en homme. Ainsi Shiva a-t-il
estimé que le suivi de son enseignement permettait de s’élever au rang
supérieur…
186
des fins personnelles. Fils d’un père gymnaste et d’une mère
naturopathe, celui-ci voulait allier corps et esprit à travers des
exercices physiques doux, rythmés sur la respiration. Favorisant la
maîtrise de l’esprit sur le contrôle des muscles, en particulier ceux
du pelvis et de l’abdomen, cette méthode globale comprend plus de
500 exercices différents. Ils requièrent une certaine concentration.
C’est cette conscience du corps qui procure l’action en profondeur
des muscles du corps tout entier.
La respiration qui accompagne les exercices permet une
meilleure oxygénation des muscles et des organes internes. Les
séances se déroulent avec des enchaînements d’exercices précis et
utilisent parfois des accessoires (ballon, élastique…). Après
l’apprentissage du relâchement musculaire viennent les actions sur
le renforcement musculaire qui amènent à la récupération d’une
certaine souplesse et à la correction de la stature, réduisant les
tensions inutiles du corps et tonifiant les muscles, des plus
superficiels aux plus profonds (en particulier au niveau des fesses,
de l’abdomen, du dos et du bassin). En résumé, outre l’évacuation
du stress qu’il procure, le pilates amène vos organes les plus intimes
à mieux résister aux contraintes douloureuses occasionnées par
l’endométriose, le tout dans la douceur.
16
La neurostimulation
187
La neurostimulation transcutanée est la plus utilisée en raison de
son innocuité. Appelé TENS (Transcutaneus Electrical Nerve
Stimulation), cet appareil est remboursé s’il est prescrit par un
médecin de la douleur. Son efficacité repose sur deux principes : un
effet de contre-stimulation et un effet de sécrétion d’endomorphine.
Le premier, au même titre que la bouillotte chaude ou le froid, est lié
à la stimulation de voies nerveuses inhibant naturellement
l’information douloureuse. C’est un effet de contre-stimulation selon
la théorie du Gate Control établie en 1969 énonçant que toute
information sensitive non douloureuse, allant du toucher au massage
en passant par le chaud ou le froid, stoppe les stimulations
douloureuses physiologiquement. Ce n’est pas une vue de l’esprit
mais une réalité anatomique. Le second effet possible avec cet
appareil est appelé « courant endomorphinique », à savoir qu’il
provoque la sécrétion d’endomorphines dans notre organisme, à
l’instar des effets de l’acupuncture. Le type de mode d’action dépend
du mode d’utilisation de l’appareil. La fréquence et l’intensité du
courant électrique guident ce mode. Ajoutons à ces deux
mécanismes antalgiques, celui d’une potentielle action anti-
inflammatoire ce qui explique son intérêt dans les douleurs de
17
règles . L’action du Gate Control est conseillée dans le cas de
l’endométriose. Malgré tout, si cette technique semble sans danger,
son bénéfice est aléatoire et les études, peu nombreuses, ne
montrent pas un intérêt majeur, contrairement à ce que laissent
entendre certains témoignages sur Internet et sur les blogs.
La neurostimulation implantable positionne les électrodes
directement au niveau du système nerveux qui va des nerfs de la
colonne vertébrale jusqu’au cerveau. Ces techniques sont récentes
et n’ont pas fait l’objet d’étude dans le cas de l’endométriose. Elles
sont réservées aux cas les plus rebelles et réalisées par un
188
chirurgien expérimenté. Les progrès de miniaturisation des appareils
et électrodes ouvrent une voie qui sera sans doute intéressante à
l’avenir.
Un peu de physique
Le TENS s’utilise principalement selon deux modes principaux en fonction de la
fréquence du courant électrique et de son intensité. La haute fréquence entraîne
un effet de contre-stimulation, les électrodes sont positionnées en regard des
zones douloureuses et vous faites varier l’intensité afin de sentir des
fourmillements agréables. L’appareil est laissé en place au moins une demi-heure
pour gagner un effet prolongé, mais il peut fonctionner autant que nécessaire.
L’effet endomorphinique, lui,
est provoqué par un courant de basse fréquence et de forte intensité. Le ressenti
est douloureux, ce qui déclenche la sécrétion d’endomorphines. Les électrodes
sont donc positionnées en dehors des zones algiques et la durée de la stimulation
est courte. La durée de vie de nos endomorphines est de plusieurs heures, d’où
un effet durable quelques heures. D’autres méthodes peuvent créer un effet
endomorphinique, l’acupuncture évoquée plus haut, et les ventouses par
exemple !
189
études sont en cours aujourd’hui pour des pathologies chroniques
neuropathiques dont l’endométriose pourrait faire partie. Sans être
révolutionnaire, cette approche pourrait se généraliser dans l’avenir.
L’essentiel
Les approches psychocorporelles permettent de « réparer » les dégâts
collatéraux causés par l’endométriose qui modifient l’équilibre entre le corps et
la tête.
Plusieurs techniques pour renforcer le corps et réduire la douleur existent.
L’objectif n’est pas de toutes les pratiquer, car vous risquez d’avoir besoin de
trente-six heures dans une journée ! L’intérêt est de rechercher celle qui vous
parle, vous correspond et améliore votre état.
190
CHAPITRE 6
Les approches
psychocorporelles (2) : comment
prendre soin de mon cerveau
191
quand le corps va bien, le cerveau va bien ; quand le cerveau va
bien, le corps va bien. Nous allons voir ici les principales approches
susceptibles de vitaliser votre esprit et d’alléger les douleurs liées à
votre endométriose – relaxation, sophrologie, méditation, hypnose,
approches psychiques sont au programme !
Dessine-moi un cerveau !
192
profondes (thalamus au sommet du tronc cérébral) en connexion
avec les couches superficielles (cortex). Chaque région du cerveau
régule des fonctions bien définies (émotions, attention, douleur…),
mais chacune de ces fonctions est elle-même gérée par différentes
zones. D’où la complexité et la palette de nos ressentis, mais aussi
le maillage considérable d’interconnexions s’influençant les unes les
autres.
193
la perte de concentration, ou augmente l’activité de certaines
structures du système limbique, ce qui se traduit par l’apparition
d’émotions négatives (anxiété, peur…). Mais, comme ces
connexions se font dans les deux sens, l’augmentation de l’activité
du lobe frontal par le détournement de l’attention, par exemple, ou la
réduction de l’activité des aires gérant les émotions négatives vont à
l’inverse réduire l’hyperactivité des zones cérébrales de la matrice
douleur. C’est ici qu’un bras de fer peut s’installer !
Or des approches comme la méditation, l’hypnothérapie, la
sophrologie ou encore l’approche psychothérapique ont le pouvoir
de renforcer l’activité des aires cérébrales qui influent sur les aires
d’information douloureuse, maîtrisant l’effet amplificateur ou
réduisant l’hyperactivité. En d’autres termes, elles permettent de
déprogrammer le cerveau de la douleur qui le fait tourner en rond !
194
Christophe André définit la pleine conscience comme la qualité
de conscience qui émerge lorsqu’on tourne intentionnellement son
esprit vers le moment présent. C’est l’attention portée à l’expérience
vécue et éprouvée sans filtre (on accepte ce qui vient), sans
jugement (on ne décide pas si c’est bien ou mal, désirable ou non),
4
sans attente (on ne cherche pas quelque chose de précis) . Jon
Kabat-Zinn la résume ainsi : « La pleine conscience n’est pas une
thérapie, et certainement pas psychothérapeutique mais elle est
5
thérapeutique . »
Font partie de la pleine conscience, autrement appelée
mindfulness, différentes techniques comme la méditation, la
sophrologie, l’hypnothérapie (ou hypnose) ou encore la relaxation.
6
Ces techniques qui agissent à la fois sur le corps et l’esprit
induisent un état d’être, un ressenti plus léger, avec à la clé des
effets physiologiques nombreux.
En premier lieu, elles modifient le niveau de conscience et,
donc, le rythme de l’activité cérébrale. Or la douleur et les états
de stress sont caractérisés par une hyperactivité cérébrale
globale (évaluée à 40 à 50 cycles/seconde). La détente liée à la
pleine conscience amène à un ralentissement de cette activité
(jusqu’à moins de 4 cycles/seconde, ce qui est le rythme
caractéristique du sommeil profond !). On observe alors une
baisse du niveau de vigilance et une modification des
interactions entre neurones, ce qui réduit leur « effet loupe » sur
la douleur et les perceptions sensorielles.
Ensuite, des effets physiologiques sont observables au
niveau du corps : le ralentissement du rythme cardiaque et de la
respiration (ce qui augmente la capacité respiratoire) et, surtout,
la détente musculaire (en particulier dans l’axe digestif et
gynécologique). Or un organe mobile et souple est toujours
195
moins douloureux et fonctionne toujours mieux. Différentes
études soulignent également les effets anti-inflammatoires de ces
7
pratiques et leur renforcement des défenses immunitaires .
Enfin, sur les plans émotionnel et psychique, il se produit
comme un transfert de conscience : d’une hyperconscience
douloureuse on bascule vers une hyperconscience de soi et de
sa présence au monde, ce qui conduit, à un instant t, à être autre
chose que sa douleur ! De fait, si on observe par IRM, l’évolution
de l’activité cérébrale au cours d’un exercice de pleine
conscience, on remarque une augmentation de l’activité des
zones de contrôle de la douleur dans le cerveau et, à l’inverse,
une réduction de l’activité de l’aire de la douleur et des zones
d’entretien du mécanisme algique.
Les approches de la pleine conscience que nous allons vous
présenter ici ne se ressemblent pas dans leurs modalités
respectives, sont complémentaires, mais ont des points communs
dans leurs effets sur le corps et dans la tête. Il est important que leur
apprentissage débouche sur votre autonomie vis-à-vis du thérapeute
et que vous puissiez y recourir par vous-même pour faire taire votre
douleur et redonner vie à votre bien-être.
8
La relaxation : la détente du corps et de l’esprit
196
vérité, la relaxation doit être considérée pour ses effets sur l’esprit
autant que sur le corps. Les techniques qui l’induisent doivent
englober le relâchement musculaire et des tensions nerveuses.
Nous essayons tous, dans les moments de stress palpables, de
nous relaxer par nous-mêmes, mais ce n’est jamais aussi efficace
que si nous avons appris les bonnes techniques auprès d’un
professionnel.
La relaxation est l’une des bases en sophrologie, mais aussi
parfois en hypnothérapie ou en psychothérapie. Son enseignement
peut être proposé en groupe. Elle a pour objectif de favoriser le
lâcher-prise et d’alléger la tendance à tout contrôler. Elle vise la
diminution du tonus musculaire et du niveau de conscience. Parmi
les techniques les plus connues figurent le training autogène de
Schultz et la relaxation de Jacobson.
197
« La relaxation pourrait être considérée très simplement
comme une thérapeutique apportant une détente musculaire
et mentale » (Yves Ranty).
10
La sophrologie : comment retrouver l’estime de soi !
198
de se préparer mentalement à des événements (permis de conduire,
examens, prise de parole en public, concours de chant, compétition,
accouchement, etc.), d’accroître sa confiance en soi et son estime
de soi, d’augmenter sa concentration et de diminuer les troubles de
mémoire. Enfin c’est une approche très intéressante dans la gestion
de la douleur. Pratiquée de façon régulière, elle permet en effet de
l’atténuer, voire de l’éliminer, notamment grâce à des techniques de
défocalisation (« j’oublie la douleur en me focalisant sur un moment
agréable et en me visualisant sans douleur dans le futur… »), mais
aussi grâce à des exercices de relaxation (« j’apporte de la détente,
du relâchement à mon corps, je lâche prise… »). À cet égard, la
sophrologie est un outil efficace et complémentaire d’une approche
médicamenteuse dans le cadre de la gestion de la douleur de
l’endométriose. Elle peut aussi prévenir certains risques comme la
dépression, souvent associée à la douleur chronique.
199
La sophrologie, comment ça fonctionne ?
En fonction des approches, certains protocoles peuvent différer, notamment dans
leur structure et leur durée. De façon générale, les protocoles varient entre huit à
12
douze séances . Pour l’Institut de formation à la sophrologie, un protocole se
divise en trois grandes phases : la phase curative, la phase préventive et la phase
de clôture. La première phase (curative) consiste à traiter l’urgence. Il s’agit
d’apprendre à chasser les tensions, installer le calme, réapprendre à contrôler sa
respiration. Ces étapes sont essentielles, elles constituent la base permettant
de former un terreau solide pour les prochaines. On prend conscience de son état
de stress et de sa capacité à le maîtriser. La deuxième phase (préventive)
consiste à prendre conscience de ses ressources et de son potentiel afin de les
amplifier. On prend conscience de ses réussites et de ses expériences positives
vécues qu’on amplifie pour les substituer à ses appréhensions et pensées
parasites. La dernière phase (clôture) nous fait éprouver notre réussite lors de la
dernière séance. Nous prenons conscience d’avoir mis tout en œuvre pour
atteindre notre objectif (fixé lors du premier rendez-vous). Par comparaison,
imaginons un jardin en friche. La phase curative est celle où l’on retourne la terre
du jardin, où l’on désherbe et où l’on met de l’engrais. La terre est prête à être
ensemencée. Pendant la phase préventive on sème uniquement des graines
triées de façon précise (nos ressources intérieures positives, nos réussites) que
l’on arrose pendant au moins trois séances, pour obtenir un gazon magnifique !
Lorsque le travail en amont est bien assimilé, on arrive mécaniquement à
atteindre son objectif en phase de clôture (dernière séance), car on prend
conscience du chemin parcouru.
200
réveiller ou juste avant de s’endormir, par exemple lorsqu’on
« végète » le soir dans son canapé, les yeux à moitié fermés, et
qu’on entend la télévision au fond : on ne dort pas, on est au bord du
sommeil, à ce niveau sophroliminal. À ce quatrième niveau, les
jugements sont en pause, ce qui permet au sophrologue qui vous
aide d’amplifier ou diminuer vos ressentis internes et externes, de
vous proposer des visualisations positives importantes – se voir
sans douleur ou transposer la douleur par une sensation positive –,
puis d’avoir accès avec vous à votre mémoire (se rappeler les
souvenirs sans douleur) pour déprogrammer la douleur et stimuler
des sensations positives dans tout votre corps. Chaque séance de
sophrologie est construite en deux parties : d’une part, des
relaxations dynamiques (mouvements doux associés à une
respiration contrôlée) qui permettent de relâcher les tensions
musculaires et d’installer la détente dans le corps ; d’autre part, une
« sophronisation » qui, comme l’hypnose, s’appuie sur des
suggestions mentales et permet la visualisation et des ressentis
14
positifs . Face à la douleur, on se sent souvent impuissant et on est
même résigné ; les exercices proposés permettent de retrouver en
partie sa liberté et son autonomie grâce à des techniques simples et
faciles à appliquer dans la vie de tous les jours.
Dans le cas de l’endométriose, la sophrologie va vous permettre
de canaliser vos douleurs pelviennes et abdominales en défocalisant
votre attention. Cela vous permet aussi de canaliser votre stress,
étroitement lié à la douleur physique. Lorsqu’une douleur physique
se manifeste, en effet, notre stress augmente et notre cerveau, par
réaction reflexe, surréagit en envoyant une dose d’adrénaline. Du
coup, notre corps se crispe davantage et notre mental peut même
amplifier la sensation de douleur (on se rappelle notre dernier
épisode douloureux et on se prépare à souffrir). Les exercices à
201
base de respiration, associés à une intention positive (pensée
positive) et des mouvements doux, permettent d’agir sur la douleur
proprement dite, mais aussi sur son facteur principal
d’amplification : le stress. Les images mentales associées à la
visualisation positive et à la détente musculaire ont un rôle essentiel
dans l’appréhension de la douleur et, donc, mécaniquement, sur le
ressenti physique de cette douleur. Ce faisant, la sophrologie vous
permet de reprendre le contrôle de votre corps, la maîtrise de cette
douleur qui vous fait tant souffrir au quotidien, parfois même de
façon instantanée lorsqu’on pratique régulièrement.
202
La sophrologie et ses origines
Alfonso Caycedo, neuropsychiatre, pratique l’hypnose dans un hôpital
psychiatrique à Madrid. C’est en 1960 qu’il crée la sophrologie, en s’inspirant de
techniques occidentales comme l’hypnose, la méthode Vittoz (autonomie du
patient), la méthode Coué (pensée positive et autosuggestion), la relaxation
progressive (détente du mental par la détente musculaire), le training autogène de
Schultz (concentration sur les ressentis corporels). Trois ans plus tard, en 1963, il
découvre la phénoménologie (fondée par le philosophe Edmund Hussertl), ce
courant de pensée qui explique que chaque phénomène vécu contribue à la
construction de notre conscience. À travers ses nombreux voyages en Orient,
Caycedo poursuit ses recherches et étudie plusieurs techniques jusqu’en 1968
comme le yoga, le zen japonais et même le bouddhisme tibétain qui lui permettent
15
de comprendre que le corps est au cœur du vécu et de l’expérience .
Aujourd’hui on a de plus en plus recours à la sophrologie. En France, des sportifs
professionnels pratiquent la sophrologie : Yannick Noah, Jo-Wilfried Tsonga,
16
Caroline Garcia . Le plus prestigieux des golfeurs espagnols Severiano
17
Ballesteros était un élève régulier de Caycedo . Dans la sphère artistique aussi,
certains musiciens et comédiens l’utilisent pour optimiser leur mémoire et gérer
leurs émotions. Par exemple, dans l’émission The Voice où les chanteurs
pratiquent des exercices de sophrologie avant de passer devant les fauteuils. La
sophrologie intervient aussi dans des domaines moins attendus, au GIGN par
exemple, ou en politique, où l’objectif recherché est d’aborder chaque intervention
18
le plus sereinement possible .
19
La méditation : apprendre à se mettre sur pause
203
études neuroscientifiques sur la méditation sont au nombre de 5 en
1990, puis on en dénombre 21 en 2000, 353 en 2010 et 477
en 2012 ! Les neurosciences s’intéressent autant aux mécanismes
neurobiologiques impliqués lorsque l’on médite qu’aux effets décrits
sur le corps. Les travaux importants sont produits par le docteur Jon
Kabat-Zinn, chercheur en biologie moléculaire et grand praticien de
la méditation. Les différentes études montrent la supériorité de cette
approche à l’effet placebo ainsi que les changements qui s’opèrent
dans notre cerveau grâce à l’IRM (préparateur mental). Les études
faites dans la douleur chronique intéressent surtout la fibromyalgie
pathologie souvent associée à l’endométriose.
C’est dans une philosophie d’acceptation et non de soumission
ou de résignation que la méditation trouve ses racines. Se centrer
sur sa respiration, les différentes parties de son corps, les écouter
permet d’éloigner des facteurs de pensée (idées restreintes tournées
sur la douleur, pensées négatives répétitives, émotions
désagréables…) entretenant le phénomène négatif. La démarche de
la pleine conscience est une démarche active et volontaire. L’objectif
est de vous aider à modifier non pas la sensation douloureuse, mais
le regard que vous portez sur elle, à dissocier l’aspect sensoriel (le
ressenti douloureux) et l’aspect affectif (le rejet, la fuite devant la
douleur).
Méditer, c’est s’asseoir et ne rien faire, comme le dit un proverbe
asiatique. Kabat-Zinn précise : « Vous n’êtes pas votre douleur. » En
effet, la méditation aide à se « désidentifier » de la douleur, à se
détacher d’elle en dirigeant sa conscience sur d’autres sensations.
Dans la présence à l’instant, à ce qui est, ici et maintenant, la
méditation ouvre le chemin vers le calme du corps et de l’esprit, ce
qui constitue un pas non négligeable vers la régulation des
émotions. Antidote naturel au stress, elle libère l’esprit du flux
204
permanent des pensées et diminue les pensées néfastes qui
entretiennent, par leur répétition, un stress interne. Méditer vous
ouvre la voie vers votre intériorité. Apprendre à méditer demande
régularité et implication, mais peut être appréhendé par tout le
monde. À la base, il suffit simplement de se poser dans un lieu
tranquille, cinq minutes, yeux fermés, et d’écouter sa respiration, de
sentir ses membres, de ressentir tout son abdomen dans sa
globalité. Si des pensées apparaissent, laissez-les passer en vous
recentrant sur votre respiration ou une partie de votre corps.
En un mot comme en cent (!), la méditation, comme l’ensemble
des approches cérébrales, a pour objectif le contrôle de la douleur et
des pensées déplaisantes qui l’accompagnent. L’esprit est
plus ouvert et s’autorise une réflexion plus large et des solutions plus
nombreuses. C’est l’acceptation de penser et de vivre autrement.
L’hypnothérapie ou la trans(e-)formation 20 !
205
L’hypnose peut changer votre perception de la douleur ou
votre interprétation.
206
Même si la réceptivité des personnes à l’hypnose est variable, nous
sommes tous capables d’être dans un endroit et ailleurs en même
temps, comme pendant un rêve diurne. Cette dissociation mentale
change notre perception du monde autour de nous, mais aussi nos
sensations physiques. Cette focalisation de l’attention, cet instant de
pleine conscience pendant lequel on écoute son corps d’une autre
façon aide à surmonter les barrières de la raison, à ouvrir son champ
de vision pour faciliter la trans(e-)formation. La mise à zéro ou la
« réinitialisation » de nos cinq sens permet alors de trouver un
nouvel équilibre. En pratique, beaucoup de patientes qui souffrent
d’endométriose décrivent grâce à l’hypnose une diminution nette de
l’inconfort pendant leurs moments de forte concentration sur autre
chose.
La trans(e-)formation d’une personne qui subit un inconfort en
une personne qui a appris comment devenir actrice des soins est un
des objectifs importants de l’hypnose. Mais ce n’est pas la partie
consciente de notre esprit qui nous donne accès à nos ressources
intérieures. C’est en activant et en renforçant le dialogue entre notre
esprit et notre corps qu’on crée un état de réceptivité mentale, qui
permet de les découvrir et de s’en servir. C’est en état de transe que
les suggestions thérapeutiques, en forme de propositions
bienveillantes et souvent pour réactiver le souvenir de moments de
joie, de force, d’accomplissement ou de reconnaissance, sont plus
puissantes, plus efficaces.
La relation thérapeutique entre praticien et patiente est au centre
de l’hypnose : chaque thérapeute a sa façon de travailler, ses
exercices préférés, en même temps qu’il s’adapte aux besoins et au
ressenti de chacune de ses patientes. On peut y retrouver des
exercices de relaxation ou de pleine conscience, mais c’est le
discours hypnotique, les suggestions thérapeutiques, formulés dans
207
le langage de l’inconscient, plein d’images, de métaphores, de
symboles, qui permettent de mettre en route le processus de
changement, de soulagement et d’apaisement physique et mental.
Concrètement, suite à un entretien initial, pendant lequel vous
décidez de vos objectifs (par exemple ressentir moins de douleur
dans des circonstances importantes pour vous), vous serez installée
confortablement et écouterez les instructions de votre thérapeute.
Plus ou moins présente à l’écoute de votre interlocuteur, vous vivrez
la transe à votre façon, et vous vous laisserez guider, par votre
inconscient, qui est plein de ressources. Vous pouvez laisser
émerger des idées, des souvenirs, des images, parfois étonnants,
de cette partie de votre esprit qui vous connaît et qui est votre allié
pour trouver les solutions les plus adaptées à vous.
On se rend généralement vite compte du potentiel de cette
thérapie après une ou deux séances. Pour certaines des patientes,
le processus de changement mis en route pendant les séances est
suffisant, le soulagement est immédiat et même durable. Pour
beaucoup d’autres, il est utile et rassurant de continuer à travailler
grâce à des exercices d’autohypnose ou à l’aide d’enregistrements
qui les aident à poursuivre ce cheminement de façon autonome, en
allant au-delà des paroles, au-delà de l’intellect, vers un avenir
nouveau.
208
Du magnétisme animal à la suggestion
hypnotique thérapeutique
e
L’hypnose a une histoire étonnante. L’histoire commence à la fin du XVIII siècle.
Le docteur Mesmer vient présenter ses travaux à Paris. Théologien et médecin
allemand, il développe la théorie du magnétisme animal, basée sur l’existence
d’un « fluide physique subtil qui emplit l’univers », les êtres humains et l’espace
entre eux. La maladie, qui se manifeste suite à un blocage de ce courant, peut
être traitée par un magnétiseur qui homogénéise et rééquilibre sa répartition. Le
marquis de Puységur, magnétiseur de la même époque, est le premier à valoriser
les ressources de guérison de chacun, accessible pendant un état de
clairvoyance, nommé la « lucidité magnétique » des personnes en transe.
L’évolution des pratiques se poursuit avec le docteur Braid, médecin écossais :
après avoir été témoin du travail d’un magnétiseur anglais en 1841, il s’en sert
pour apaiser les sensations douloureuses pendant des interventions chirurgicales,
bien avant l’apparition du premier produit d’anesthésie, l’éther, en 1842. Vers
1880, le docteur Charcot, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, interprète l’état
hypnotique comme un état pathologique et s’y intéresse surtout pour expliquer
des paralysies dites hystériques. Au même moment, le docteur Bernheim,
médecin à Nancy, insiste sur la puissance des suggestions qui est à la base des
effets de l’hypnose ; cette suggestibilité, l’amènera ensuite vers la psychothérapie
par suggestion.
Freud, psychiatre autrichien, inspiré par Charcot et Bernheim, pratique l’hypnose
pendant environ trois ans pour des indications différentes, avant de la déclarer
e
finalement incompatible avec la psychanalyse au début du XX siècle. Quarante
ans plus tard, le psychiatre américain Milton H. Erickson crée une approche
thérapeutique orientée vers les solutions et basée sur sa confiance absolue dans
les ressources intérieures de chacun, ce qui permet d’élargir le spectre des
indications de l’hypnose et de soigner des milliers de gens de façon personnalisée
et respectueuse.
209
L’impact psychique d’une douleur qui dure est réel. L’enquête
PainSTORY 2, réalisée en 2009, a ainsi montré que l’impact
émotionnel de la douleur est aussi préjudiciable que son impact
physique : 44 % des patients déclarent se sentir seuls dans leur
combat contre la douleur et 2 patients sur 3 se sentent anxieux ou
déprimés en raison d’une douleur chronique. Le retentissement
personnel, familial ou socioprofessionnel de la douleur est majeur.
Dans le cas de l’endométriose, un accompagnement
psychothérapeutique spécifique des femmes qui souffrent de la
maladie est souhaitable. En effet, lui seul permet de répondre à leurs
attentes en prenant en compte les possibles conséquences de
l’endométriose sur la vie quotidienne, dans leurs dimensions
corporelle et psychique.
210
quotidien peuvent aussi pousser à une démarche personnelle pour
prendre globalement soin de soi, en agissant sur son stress, ses
émotions et ses humeurs.
Suivant les femmes, les répercussions de l’endométriose sur le
quotidien peuvent être variables en durée et en intensité, ressenties
différemment selon la personnalité et le contexte de vie. Douleurs et
fatigue sont souvent présentes, d’autant plus éprouvantes si elles se
cumulent. Elles peuvent impacter la vie étudiante ou professionnelle
et donner la sensation pénible de limiter les projets ou les activités.
Le stress est fréquent, lié à cette mise en tension qu’exerce la
maladie et dépasse parfois les ressources dont on dispose pour faire
face. En excès, il fragilise et nuit à la mobilisation de notre système
de défense : le réduire est une priorité.
Quand notre corps traverse une maladie et nous fait souffrir,
notre humeur peut s’assombrir, tristesse, colère, culpabilité parfois
peuvent conduire à un repli sur soi, et l’isolement est un risque à
éviter. Nos émotions peuvent être douloureuses, pas toujours
partageables ; anxiété, perte de confiance et d’estime de soi risquent
d’apparaître. Ces ressentis sont à accueillir : non seulement ils sont
légitimes, mais, en les identifiant, on peut mieux les dépasser. Ces
manifestations sont en l’occurrence réactionnelles à l’endométriose.
La souffrance de notre corps a un impact sur notre psychisme qui
peut se mettre à souffrir également. Cet état de mal-être, de stress
est une phase normale qu’il faut se garder de vivre comme une
fatalité. Il faut veiller à ce qu’il ne s’installe pas durablement, au
risque de laisser l’endométriose prendre trop de place. Un itinéraire
singulier, création personnelle de chaque femme, est ainsi à
construire.
211
Nous fonctionnons comme un système : ce qui affecte notre
corps affecte notre psychisme et réciproquement. Ainsi des douleurs
physiques répétées, chroniques, modifient-elles notre état
psychique, provoquant émotions pénibles et pensées anxieuses.
Une douleur morale s’installe alors, qui augmente à son tour notre
perception de notre douleur physique. Inversement, nos états
psychiques et émotionnels ont une traduction corporelle : notre
corps « parle ». Par exemple, un souci nous « prend la tête »
(céphalée de tensions), une angoisse noue notre gorge (boule
œsophagienne), l’anxiété bouleverse notre appétit et notre sommeil.
Cet engrenage éprouvant mérite un travail sur soi pour être
réduit, soulagé, voire inversé. Car, de même que la colère, l’anxiété,
la tristesse ou la perte d’espoir peuvent freiner, voire bloquer notre
vitalité, produisant tensions et fatigue physiques, des ressentis de
joie, de satisfaction ou de plaisir induisent tonus et énergie dans
notre corps.
L’unité psyché/soma est au centre d’une conception globale de la
santé, comme le postulait déjà Hippocrate. Elle doit également être
votre fil rouge quand l’endométriose vous met à l’épreuve. En
prenant soin de votre corps et de votre vie psychique, vous pourrez
être bénéfique à l’un en améliorant l’autre et développer une
synergie favorable à votre santé. Prendre soin de soi, c’est mobiliser
activement vos ressources physiques et psychiques et vous mettre
en contact avec vous-même.
212
lorsque l’endométriose est minime et que les symptômes sont peu
importants. Il en est également ainsi lorsque notre expérience de vie
nous a déjà fourni des stratégies personnelles pour faire face à des
difficultés importantes. La « boîte à outils » déjà constituée permet
alors de naviguer dans la tempête des moments difficiles, puis de
retrouver le calme. Si vous savez déjà cultiver ces « réflexes de
mieux-être », vous pouvez mettre vos capacités à profit pour vivre
mieux, pour vivre bien avec la maladie.
213
entrent en résonance avec la douleur de l’endométriose et en
majorent votre perception.
Par ailleurs, notre vie psychique est mouvante et dynamique, elle
recèle des potentiels qu’il est possible d’activer : mécanismes
d’ajustement, de régulation peuvent se mettre en œuvre et soutenir
le développement de nos capacités à aller mieux. En retrouvant un
meilleur équilibre, nous vivons mieux le présent et envisageons plus
sereinement l’avenir. Même la douleur physique peut s’en trouver
réduite. Le bon psy pour soi (au-delà des différentes approches) est
celui avec lequel, dans une relation de confiance, s’installe un
processus qui augure d’une ouverture et d’un changement
bénéfiques pour soi.
214
Faire alliance avec son corps
215
Le souffle, un allié pour votre santé
216
Des approches psychothérapiques moins
connues
D’autres techniques sont utiles à la gestion de la douleur :
Les thérapies cognitivo-comportementales visent à modifier les idées
négatives qu’entraînent la douleur de l’endométriose et les mauvais
comportements autour de cette douleur. Vous allez apprendre à agir sur vos
pensées négatives (« j’aurai toujours mal ») ou vos comportements inadaptés
(prendre son traitement au dernier moment pour voir si on a toujours mal), qui
ne font qu’entretenir l’information douloureuse. En somme, cette thérapie
vous conduit à réfléchir et à agir autrement face à la maladie.
Les thérapies EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)
visent, elles, à favoriser la désensibilisation et le retraitement par le cerveau
des informations symptomatiques (la douleur, par exemple) ou des émotions
(stress, peur…) laissées par un traumatisme. Cette technique fait partie des
approches de la pleine conscience. La première étape est le « recentrage »
25
sur soi et le ressenti qu’entraîne le souvenir du traumatisme . La seconde
étape repose sur des stimulations sensorielles bialternées (droite-gauche) soit
par le mouvement des yeux (en suivant du regard le doigt du thérapeute), soit
par des stimulations auditives (par l’intermédiaire d’un casque diffusant des
sons alternativement à droite et à gauche), soit encore à l’aide d’un buzzer
dans chaque main qui conduit une vibration alternative. Ces nouvelles
sensations physiques (oculaires, auditives…), à l’évocation du souvenir du
trauma, vont remanier les ressentis qui accompagnaient auparavant le
traumatisme. Le cerveau, par la stimulation de nouvelles zones cérébrales,
peut alors laisser place à des sensations moins pénibles. L’objectif de
dissocier un événement traumatique de la douleur en découle. En d’autres
termes, c’est déprogrammer ou déconditionner le cerveau qui tourne en rond
sur un événement traumatique et entretient la douleur. Cette approche a été
mise au point en 1987, par la psychologue américaine Francine Shapiro.
217
Le besoin souvent exprimé par les femmes qui souffrent
d’endométriose est de pouvoir être moins « en guerre contre la
douleur » ; elles ont raison, car cette attitude épuise, produit un
stress anxieux et donne souvent le sentiment de subir, d’être
envahie et impuissante. Or cette lutte augmente la peur de la
douleur et renforce la mémoire cérébrale du mécanisme douloureux.
Apprendre à se relâcher, via des exercices de respiration par
exemple, est donc très précieux quand on souffre d’endométriose.
L’état de relâchement musculaire, accompagné par la respiration, va
vous permettre d’évacuer tensions physiques et mentales et de
restaurer votre intégrité. Sa pratique régulière va vous rapprocher de
votre corps et mettre votre mental sur « pause ». En étant à l’écoute
de cette détente, vous allez permettre à vos pensées négatives de
s’éloigner, tout en laissant place à des sensations douces et
agréables.
Cette présence à votre corps détendu va vous apporter
confiance et sécurité intérieure. Vous percevrez l’unité de votre
corps dans un état de conscience modifié, favorable à son
intégration dans votre mémoire corporelle et émotionnelle.
Progressivement, vous allez ainsi construire un « espace-
ressource » de confort intérieur, somatique et psychique.
En diminuant le stress et l’anxiété, la relaxation harmonise notre
état intérieur et nous guide vers plus de confiance dans notre corps.
Le ressenti des douleurs en est-il changé ? Sans aucun doute, car
un corps détendu est moins sensible aux informations douloureuses
et un esprit serein se laisse moins entraîner dans les perceptions
douloureuses.
218
Bouger est nécessaire à la vie, nos journées sont remplies de
gestes, mouvements et actions que notre corps exécute le plus
souvent machinalement. Le mouvement conscient, réalisé dans la
présence à soi, est tout autre chose. Il donne la parole à notre corps
qui se délie, s’exprime et prend sa place dans l’espace. Un moyen,
toujours à notre disposition, nous est ainsi donné de revenir à nous-
même, de percevoir notre tonus et d’y prendre plaisir.
Bouger et vous connecter à l’énergie qui circule en vous va
relancer la confiance dans votre corps. C’est une ressource
précieuse pour vous sentir moins fatiguée. Les effets sont également
très appréciables lorsque les douleurs de l’endométriose ont produit
des immobilisations ou des contractions durables de certaines
parties du corps qui deviennent alors elles-mêmes douloureuses : la
mobilité qui va vous revenir progressivement est un bon antalgique
ici. Que ces mouvements soient effectués lors d’une pratique
sportive que vous aurez choisie ou au cours d’une pratique
psychocorporelle, leur régularité est essentielle, car ils libèrent des
endorphines, restaurent l’intégrité physique et réharmonisent l’unité
corps/esprit. Autrement dit, le plaisir de mouvements faits en
conscience va vous redonner un sentiment de contrôle de votre
corps et ranimer votre élan vital.
219
Quand les émotions dépendent des cultures
Si les émotions sont universelles, leurs manifestations ne le sont pas.
L’expression d’un sentiment précis ne se définit pas toujours par les mêmes
mimiques du visage. Par exemple, l’expression faciale de la peur chez un habitant
de Papouasie n’est reconnue comme telle que par 18 % des habitants des États-
26
Unis ! De la même manière, certaines émotions sont identifiées dans certaines
contrées et pas dans d’autres. La colère, par exemple, n’a ni mot ni expression
faciale chez les Esquimaux. Elle s’exprime chez les Japonais non comme un
désordre psychique, mais comme un désordre physique uniquement et elle se dit
« ventre qui se soulève » !
En somme, les émotions sont variées et évoluent au cours du temps. Elles sont
individuelles et vécues très différemment selon les personnes. Leur prise en
charge ne peut donc pas être basée sur un canevas préétabli, mais doit
correspondre à une démarche personnalisée pour chacune des femmes souffrant
d’endométriose.
Et si je commençais maintenant ?
220
Le bien-être a un prix : engager votre conscience et votre
corps à s’éloigner de la douleur, en adoptant et en intégrant
dans votre quotidien des « techniques de l’esprit ». Les
études le montrent, ces techniques peuvent apporter parfois
une diminution de la sensation de douleur proche de 100 %.
N’oubliez pas : remusclez votre cerveau et faites réfléchir
votre corps !
L’essentiel
Nous sommes un corps et un esprit ; à ce titre, la prise en charge de la
douleur ne peut pas s’attacher qu’au corps.
Notre cerveau est plein de ressources et l’une de ses fonctions est de
défendre notre corps des agressions qu’il subit ; apprendre à le stimuler, c’est
donc lui permettre de mieux défendre le territoire corporel avec lequel il est en
perpétuel lien.
Différentes approches existent pour empêcher notre cerveau de tourner en
boucle, pour déprogrammer ses mauvaises pensées, le renforcer et l’aider à
être plus fort.
221
CHAPITRE 7
222
À tout seigneur, tout honneur ! Le sport est votre ami. Vous ne
pourrez plus vivre sans lui. Il va devenir l’indispensable de votre
quotidien. N’entendez pas par « pratique du sport » une épreuve de
performance, mais de résistance.
223
Un sport qui ne vous fasse pas mal ! En théorie, la marche à pied
ou la natation sont les plus appropriées, mais toute activité est
bonne si elle est adaptée. Le yoga, le pilates, le qi gong sont
particulièrement adaptés pour vous.
Bien sûr, on ne reprend pas le sport comme on l’a quitté ; mieux
vaut commencer par un petit exercice plusieurs fois par jour qu’un
grand exercice une fois par semaine.
Vous avez peut-être arrêté le sport parce que vous aviez mal,
mais cet arrêt n’a fait en réalité que provoquer une flambée de votre
douleur. Le plus difficile ici est donc de reprendre. D’ailleurs le
problème se pose surtout avec les plus sportives, car elles ont l’idée
du sport-performance, ce qui n’est pas l’intention. Ne reprenez pas
un sport dans lequel vous excelliez, vous risqueriez d’être déçue.
Découvrez plutôt une nouvelle activité.
Le sport est incontournable, c’est une vraie thérapeutique à
prescrire avec et sans modération selon les règles que vous dicte
votre corps. Il doit se pratiquer dans l’idée de se faire du bien. Son
impact dépasse la seule relance d’un corps figé, il fait naître
également les pensées positives nécessaires à votre cerveau pour
aller au-delà de la douleur.
224
annihile toute envie, dont celle de manger. Changer son alimentation
sur le long terme permet pourtant de changer les choses. Un tel
changement renforce l’adaptabilité du corps humain, son immunité,
et booste la fertilité des hommes comme des femmes. Les bénéfices
réels attendus concernent le poids et, plus précisément, le poids de
forme optimal que l’on l’appelle aussi poids santé. Modifier son
régime alimentaire apporte également un apaisement franc de
l’inflammation et, donc, une diminution des douleurs inflammatoires.
Telle une pompe réamorcée de manière positive, votre corps, plus
réactif, devient aussi moins fatigué et réagit face au stress avec plus
de fluidité. Vous vous sentez moins stressée, moins agressée ; vous
êtes moins sujette aux rhumes et aux autres petites infections qui
noircissent le quotidien et usent quand elles deviennent chroniques.
Votre vie de tous les jours gagne rapidement en qualité.
225
sont des selles moulées toutes les vingt-quatre heures à quarante-
huit heures, qui ne font pas mal à l’évacuation.
Pour redonner tout son sens à votre prise en charge alimentaire,
il est important aussi que vous compreniez bien ce que ne permet
pas ce changement alimentaire. Disons-le clairement, on ne guérit
pas de l’endométriose par l’alimentation. Il n’existe pas de baguette
magique et cette maladie, pour le moment, n’a pas de traitement
curatif : seul un soulagement est possible. Changer de
comportement alimentaire ne permet pas non plus d’arrêter les
traitements. Il n’existe pas de pilule contraceptive ou de substitut
hormonal sous forme d’aliments. En revanche, quand les douleurs
abdominales diminuent, on constate souvent que la prise
d’antidouleurs régresse, voire cesse totalement, tout comme les
médicaments régulateurs de transit. Enfin, si changer son
alimentation permet de booster sa fertilité (un corps moins enflammé
est bien plus disponible à la procréation), il n’existe pas de régime
magique qui permette de tomber enceinte.
226
L’équilibre intestinal repose sur les deux piliers de l’écosystème
intestinal. La flore intestinale, appelée microbiote, en constitue
le premier : ce sont les bactéries qui colonisent notre tube digestif.
Le second pilier est constitué par les cellules de la membrane
intestinale, on les appelle les cellules épithéliales. Cette
membrane est une véritable barrière de protection de notre
organisme, elle est le premier rempart. Elle est constituée de petites
villosités qui ressemblent aux petites « tentacules » des anémones
de mer. Pour faire simple, disons que la flore finalise la digestion de
certains composés et que la membrane intestinale fournit un refuge
aux bactéries ; c’est du donnant-donnant. Leur symbiose nous
protège.
Pour donner une image, disons que votre corps est un peu
comme une maison : située devant le jardin, la barrière ou la clôture
(membrane de l’intestin) protège votre demeure, tandis que la haie
(flore) protège la barrière et la vue de la maison. Quand tout va bien
et que la haie est correctement arrosée et vivace, vous êtes bien, en
équilibre et en sécurité : la synergie de vos deux piliers assure une
défense efficace : les aliments sont tolérés et les bactéries contrées.
Une barrière est dite saine lorsque sa perméabilité est ajustée aux
bons éléments et étanche aux éléments toxiques ou inflammatoires.
Le déséquilibre de cet écosystème s’appelle une dysbiose : la
barrière, fragilisée, devient hyperperméable et peut laisser passer
des virus, des bactéries, des allergènes ou encore des
macronutriments. Ces derniers sont des aliments qui n’ont pas
totalement fini d’être digérés par l’organisme ou par la flore
endommagée. Ils passent la barrière intestinale et ne sont pas
reconnus par l’organisme qui les traite comme une attaque. Quand
le macronutriment passe la barrière intestinale par une zone
hyperporeuse et atteint le sang, le système de défense signale cette
227
attaque par une inflammation et entraîne une cascade de réactions
de défense. C’est une réponse inappropriée face à des substances
habituellement inoffensives.
La membrane intestinale, grâce à ses villosités, est gigantesque
– sa surface théorique serait supérieure à celle d’un terrain de
football. Une telle immensité est difficilement défendable si elle est
hyperperméable. Son agression chronique entraîne une fatigabilité
très importante et use les défenses de l’organisme en les retenant
sur le front digestif. L’agression ressentie lors de l’intrusion dans le
sang d’une substance non reconnue par l’organisme entraîne une
inflammation ponctuelle. C’est un peu comme appeler Police-
Secours. Un appel implique une réponse, mais s’il y a trop d’appels,
le standard sature : il est débordé et ne peut plus répondre à toutes
les demandes. C’est ce qu’on appelle communément l’inflammation
chronique.
Certaines maladies comme l’endométriose se développent plus
facilement si on est en inflammation chronique, car elles n’ont pas
de police sur le dos (occupée sur le front digestif !). Cela entraîne
une augmentation des douleurs associées. Voilà pourquoi diminuer
l’inflammation digestive est important, voire prioritaire, dans le cadre
des maladies chroniques.
228
Mais d’où vient cette dysbiose ?
Pour qu’il y ait le feu, il faut des allumettes (les toxines ingérées) et des
pyromanes (les aliments ou les comportements alimentaires pro-inflammatoires).
Quant au combustible, c’est notre mode de vie actuel qui le fournit, notamment
l’augmentation de pesticides et de perturbateurs endocriniens contenus dans les
aliments, les plastiques ou la cosmétologie. Ces substances chimiques
(bisphénol, parabènes, phtalates…) ou résidus d’hormones interfèrent en effet
avec nos hormones, même à très faibles doses (de l’ordre de 1 microgramme),
entraînant des perturbations hormonales.
Par ailleurs, la consommation de produits transformés implique une augmentation
de la consommation de colorants, de conservateurs et de sel. Le manque
d’équilibre alimentaire au quotidien, par une alimentation trop riche en mauvaises
graisses, en calories et en sucres raffinés ou rapides est également responsable
de la grande anarchie de notre microbiote. Actuellement, notre alimentation est
également déséquilibrée sur le plan lipidique (qualité des matières grasses
consommée) : trop d’oméga-6 (mauvaise graisse) et pas assez d’oméga-3 (bonne
graisse). Nous ne mangeons pas non plus assez de fruits ou de légumes pour
nourrir correctement notre flore en fibres, en vitamines et minéraux. Le tabac,
l’alcool ou encore le café et les sodas ont des effets pro-inflammatoires. Le stress
peut, parfois, entraîner des spasmes ou des compulsions alimentaires,
grignotages ou même orthorexie (obsession d’une bonne alimentation) pouvant
aller jusqu’à des troubles du comportement alimentaire. Cela peut engendrer une
prise ou une perte de poids et des bouleversements hormonaux. Le manque
d’exercice fait également « rouiller » notre organisme et ne lui permet plus d’être
souple pour faire face aux états inflammatoires. Maux de dos, de ventre et
tendinites sont de plus en plus courants.
229
diététique se base sur un programme alimentaire personnalisé,
incluant l’apprentissage des bases de l’alimentation hypotoxique et
anti-inflammatoire et d’un programme en micronutrition adapté en
fonction de vos besoins.
L’objectif avec l’alimentation hypotoxique est de consommer
moins de polluants, moins de perturbateurs endocriniens, moins de
pesticides, d’additifs chimiques, de tabac, d’alcool, tout en évitant la
cuisson à haute température. Pour cela, valorisez davantage les
produits non transformés et cuisinés maison. Cuisinez à plus douce
température et ne faites plus fumer l’huile de cuisson par exemple.
Vos achats se porteront sur des produits frais et de proximité, de
saison, bio si possible, au moins en ce qui concerne les fruits et les
légumes ; évitez les OGM, surtout pour le maïs et le soja. Valorisez
les chartes de qualité comme « Bleu-Blanc-Cœur » ou « riche en
oméga-3 » ou « sans OGM » (organismes génétiquement modifiés).
Pour consommer moins de perturbateurs endocriniens, diminuez, si
cela est possible, les emballages plastiques. Ces substances sont
solubles dans les lipides et par conséquent, elles se dispersent dans
le produit gras à mesure que vous les gardez longtemps. Par
exemple, rien de plus mauvais qu’une bouteille d’huile en plastique
que vous conservez au placard depuis plus de six mois. Idem pour
le beurrier en plastique ou le fromage emballé et conservé dans du
plastique depuis quelques mois. Il est judicieux également de cesser
de chauffer le plastique au micro-ondes (chauffé trop souvent et trop
fort, le plastique libère lui aussi ses composants dans les aliments
qu’il recouvre ou contient). La cloche en plastique du micro-ondes
est définitivement à bannir ; une assiette retournée fera l’affaire. On
peut imaginer également ne plus chauffer ses Tupperware mais
verser, au préalable, le contenu dans une assiette – ne les jetez pas
230
pour autant, on peut les conserver pour le réfrigérateur ou le
congélateur.
Concernant l’alimentation anti-inflammatoire, réduisez le plus
possible les sources de caféine comme le Coca et le café, car ce
sont les premiers responsables. Attention, ils ont malgré tout une
vraie vertu, celle de diminuer les migraines pour les sujets
sensibles ; leur sevrage devra dans ce cas se faire en douceur.
Diminuez aussi les levures sous toutes leurs formes (levure de
boulanger, levure chimique…) ou encore les produits trop fermentés
qui entraînent des ballonnements excessifs ou directement des
douleurs. Parmi les fautifs les plus cités figurent le gluten et les
produits laitiers. Ennemis numéro 1 dans la plupart des forums de
discussion sur l’endométriose, ils ne suscitent pourtant pas
d’intolérance systématique.
Le gluten ou plutôt la gliadine, tout comme la caséine (provenant
du lait), sont des protéines complexes. Il est naturellement difficile de
les digérer surtout si on est fragile ou en état d’hyperperméabilité.
Cesser d’en consommer améliore souvent l’inconfort digestif, mais
ne résout pas forcément le problème. Par ailleurs, leur arrêt pendant
très longtemps ne permet pas de les réintroduire aisément et votre
corps risque de s’habituer à ne plus les digérer.
231
Quelle différence entre allergie et intolérance ?
L’allergie concerne un produit qui entraîne, après ingestion, une réaction
allergique (de type respiratoire comme l’œdème de Quincke). Cet état est
irréversible et le traitement envisagé est l’arrêt total et définitif de la consommation
de ce produit. Une intolérance est, a contrario, non définitive.
Elle entraîne une réaction d’inconfort allant jusqu’à des douleurs pénibles et il
n’existe pas de conséquence respiratoire. Elle est comparable à une
hypersensibilité à un aliment à un temps t. Ces intolérances sont directement liées
à l’hyperperméabilité dont nous avons parlé plus haut. Elles peuvent aller
crescendo à mesure que l’inflammation, la perméabilité et, donc, la fragilité
membranaire augmentent.
232
Les évictions se veulent ponctuelles (même si trois à six mois au
minimum semblent nécessaires) pour laisser le temps à la
membrane intestinale et à la flore microbienne de se restructurer, de
se réadapter pour qu’à nouveau l’écosystème fonctionne
correctement. Après une restauration de la barrière intestinale, une
réintroduction, douce et progressive, est totalement envisageable en
fonction des envies et des tolérances de chacune. Vous serez le
chef d’orchestre de cette réintroduction : un par un, selon votre
tolérance personnelle au produit, tant en termes de quantité que de
fréquence de consommation. L’aide d’une diététicienne
professionnelle peut être utile à toutes les étapes du changement.
233
L’alimentation-santé
Mangez mieux gras et non moins gras et enrichissez votre alimentation
en oméga-3. Vous en trouverez dans l’huile de colza ou l’huile de noix et en
favorisant les produits BBC (Bleu-Blanc-Cœur) ou les produits enrichis en
oméga-3.
Mangez aussi plus de fibres et pensez aux cinq fruits et légumes par
jour – soit cinq portions, par exemple trois fruits et deux légumes, de la taille
d’un poing de main fermée. Ne manquez jamais de consommer au moins un
fruit chaque jour. Veillez à avoir des apports importants en aliments
antioxydants, tout en surveillant votre tolérance à chacun : épices (curcuma,
curry, cannelle), ail, échalote, oignons, ciboulette, poireau, légumes racines et
colorés, légumineuses. Au goûter, par exemple, pensez aussi au chocolat noir
70 % (une fois par jour maximum) et aux fruits oléagineux comme les
amandes, les noix, et les noisettes (à consommer une fois par jour sans
dépasser une dizaine).
Mangez moins de sucres raffinés. Vous ne devez pas en consommer en
dehors des repas, et il vaut mieux les limiter à une fois par jour. Préférez le
fructose venant du fruit plutôt que le glucose qui est un sucre industriel. Évitez
la consommation d’édulcorants d’ajout et les produits light ou zéro. Ces
derniers, s’ils apportent le goût du sucre, ne laissent pas l’organisme
insensible : ils entraînent une cascade de réactions digestives inutiles qui
fatiguent l’organisme et augmentent les envies de sucre dans l’heure qui suit
leur consommation.
Absorbez moins de produits riches en sel et faites attention en particulier
aux ajouts cachés dans les aliments transformés par l’industrie agro-
industrielle.
234
faire sur une période de restauration membranaire de trois à six
mois.
La micronutrition permet d’apporter à l’organisme les quantités
adaptées de micronutriments (vitamines, minéraux, acides aminés
spécifiques, acides gras particuliers, extraits végétaux et autres
substances à but nutritionnel ou physiologique) et d’actifs naturels
dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale et se restaurer
en douceur. Elle apporte des solutions concrètes et personnalisées
pour optimiser votre capital. Ces produits sont en vente libre, mais il
est fortement recommandé de prendre conseil auprès d’un
thérapeute micronutritionniste qui connaît leur composition et leur
utilisation.
235
Une journée type
À titre d’exemple, voici une journée type, à adapter en fonction de vos évictions
potentielles.
Au petit déjeuner : l’objectif est de vous éveiller et de vous stimuler. Pour
cela, valorisez les indices glycémiques bas comme les céréales non raffinées
ou le pain au levain. Prenez des matières grasses naturelles comme le
beurre, la purée d’amande ou encore un morceau de fromage. Terminez par
un fruit, si vous le souhaitez.
Au déjeuner : l’objectif est de faire le plein d’énergie. Mangez un plat
contenant une viande ou du poisson, un féculent à indice glycémique bas et
des légumes. Le tout sera assaisonné d’une dose de matière grasse riche en
oméga-3. Votre repas peut se terminer par un fruit ou un fromage ou un
laitage.
Au goûter : l’objectif est d’éviter les excès du soir. Privilégiez un fruit frais ou
du chocolat noir, accompagné d’oléagineux (amandes). C’est toujours un duo
gagnant.
Au dîner : l’objectif est de préparer au sommeil. Privilégiez une
consommation moindre de viande ou de poisson qu’au repas de midi ; vous
pouvez aussi adopter un régime végétarien. Viandes et poissons peuvent être
remplacés par des légumineuses, des légumes secs, des féculents ou des
légumes crus ou cuits, accompagnés d’une matière grasse riche en oméga-3.
En dessert, un laitage de vache bio, de brebis ou de chèvre, accompagné
d’un fruit de saison ou d’une compote sans sucre d’ajout sera parfait !
236
découragée. Si bien que son désir sexuel est en berne et qu’elle
s’interroge sur sa normalité…
Un psychologue sexologue est là pour vous écouter de manière
rassurante et vous offrir un soutien et des conseils. Il a besoin de
connaître le diagnostic posé par le corps médical et se mettra
éventuellement en lien avec les médecins. Mais son rôle est surtout
de vous aider à vous raconter intimement et à « décoller » du
symptôme douleur. La discussion aborde généralement les plans
individuel, sexologique et relationnel.
Au niveau individuel : quel est le contexte de survenue de la
douleur, quelle est l’intensité de la souffrance psychologique ?
quels sont les éventuels troubles pathologiques associés ? Il est
important de comprendre votre histoire en tant que femme,
comment vous vous êtes construite durant votre enfance et votre
adolescence, comment vous valorisez cette identité sexuelle
féminine ou comment vous en souffrez. Les actes de violence et
les traumatismes sexuels dans votre histoire ou celle de vos
proches peuvent également être abordés.
Au niveau sexologique : quelle est votre histoire sexuelle, votre
apprentissage sexuel, votre intérêt pour la sexualité ? On
s’interroge sur les transmissions autour de la sexualité liées à la
culture, à l’éducation et aux croyances. On interroge aussi ses
propres repères : comment parvenez-vous à avoir du désir
sexuel ? Reconnaissez-vous les signes de l’excitation ? Êtes-
vous actrice et active dans votre sexualité ou vous en remettez-
vous à votre partenaire ? Étant donné que les douleurs amènent
les femmes à être très focalisées sur leurs symptômes, il est
important de replacer le rapport sexuel dans sa dimension
affective et érotique et de parler de sentiments, de séduction et
de jeux sensuels : quelles donc sont vos préférences sexuelles ?
237
Quelle place accordez-vous à l’acte de pénétration, aux zones
érogènes ? Qu’est-ce qui domine chez vous, le corps ou la tête ?
Faire fonctionner sa sexualité, c’est aussi créer un imaginaire
érotique. Les femmes douloureuses, centrées sur le
physiologique, ont tendance à oublier que les fantasmes
permettent de se mettre dans un état de disponibilité sexuelle. Le
fait de développer (sans culpabilité) un intérêt pour la sexualité,
une pensée sexuelle, un imaginaire érotique donne de nouvelles
clés pour nourrir son désir.
Au niveau relationnel : quelle est la qualité de communication
dans votre couple, quelle est votre langage sentimental et
affectif ? La sexualité se vivant à deux, n’hésitez pas à solliciter
votre partenaire, à l’inviter à vous accompagner. Les femmes
souffrant d’endométriose culpabilisent souvent parce qu’elles
pensent qu’elles mettent en échec la vie sexuelle de leur couple ;
elles ont donc tendance à faire de nombreuses démarches
seules. Ce faisant, elles se privent d’un accompagnement
précieux.
238
L’objectif de la prise en charge
psychosexologique
Le but est de vous aider à trouver ou retrouver une sexualité qui vous convienne –
il n’y a pas de norme en ce domaine et autant de sexualités que de couples ! Les
dyspareunies conduisent à rencontrer un sexologue, mais les douleurs seront
aussi prises en charge, de manière complémentaire, par des techniques de
détente physique (kinésithérapie…) et psychique (sophrologie, méditation…).
4
Retrouver un bon sommeil
239
Qu’est-ce qu’un train de sommeil ?
Le sommeil est fait d’une succession de cycles (quatre à six par nuit). Un cycle est
composé de quatre phases : la phase de l’endormissement (5 à 10 minutes), une
phase de 70 à 100 minutes débutant par un sommeil lent et léger (non
réparateur), suivi d’une phase de sommeil lent et profond (phase la plus
réparatrice), puis d’un sommeil paradoxal de 10 à 15 minutes (temps du rêve) qui
se termine par un temps d’éveil, avant de recommencer. La douleur peut perturber
n’importe laquelle de ces phases, mais c’est essentiellement la durée du sommeil
lent et paradoxal qu’elle impacte : ces deux périodes particulièrement réparatrices
sont alors raccourcies.
Une bonne nuit est une nuit de 7 à 8 heures en moyenne, mais chacun peut avoir
un rythme différent : il existe des petits dormeurs de 5 à 6 heures (1 à 3 % de la
population) et des gros dormeurs qui ont besoin de 9 à 10 heures de sommeil par
nuit. Il existe aussi des couche-tôt et des couche-tard. La durée de sommeil et le
moment de l’endormissement semblent, en effet, conditionnés génétiquement.
Malgré cela, nous devons nous adapter aux rythmes de travail qui sont ceux de la
société dans laquelle nous vivons. Et ce décalage entre nos propres rythmes et
les rythmes qui nous sont imposés peut être responsable de troubles de sommeil.
Ce phénomène d’écart s’accentue depuis plusieurs années. Parmi les différentes
raisons, invoquées, retenons le rythme de vie. Les adolescents auraient ainsi
perdu deux heures de sommeil depuis 1970, phénomène lié aux changements de
rythme de vie (coucher plus tardif, invasion des écrans…). Autre responsable de
la perte de qualité
du sommeil : le réchauffement climatique. En effet, la température idéale pour
bien dormir est de 19 °C. Depuis 1950, le réchauffement nocturne s’est accentué
deux fois plus vite que le réchauffement diurne. Certaines projections établissent
que l’on subira une augmentation de 5 °C de plus la nuit d’ici 2100. Le
réchauffement actuel a déjà un impact sur les fonctions de régulation de notre
cerveau qui se remet en veille avec l’augmentation de température. Ainsi, le
sommeil profond, réparateur s’en trouve perturbé et le risque d’état de stress
accru. Or notre psychisme se répare le mieux entre 2 et 5 heures du matin…
240
psychiques (stress, anxiété ou dépression) viennent perturber le
sommeil, enclenchant le cercle vicieux douleur-fatigue-perte
d’énergie psychique-perte d’énergie physique.
241
8. Évitez de manger au lit, de regarder la télévision au lit, de
travailler au lit !
9. Maintenez une température dans votre chambre autour de 19 °C.
10. Évitez les boissons abondantes avant le coucher.
Et comme disait Nounours à Nicolas et Pimprenelle : « Bonne
nuit, les petits ! »
L’essentiel
Malgré la douleur, le bien-être est possible. Il passe par de nombreuses
petites choses du quotidien : reprise d’une activité physique, nouvelles règles
alimentaires, meilleur sommeil, réinvestissement de la sexualité… L’équilibre à
retrouver est celui du corps et de l’esprit.
Malgré les douleurs, votre soulagement passera par votre engagement à vous
faire du bien.
242
En finir avec les idées reçues :
je me teste !
243
1. Les règles douloureuses, c’est normal ! ❏ Vrai ❏ Faux
10. J’ai mal aux ovaires, je dois avoir des kystes. ❏ Vrai ❏ Faux
11. Je n’ai pas mal que pendant mes règles, mais aussi
en dehors, et puis j’ai mal jusque dans les muscles et les
❏ Vrai ❏ Faux
articulations : ce n’est pas une endométriose, plutôt une
autre maladie.
15. C’est au moment des règles qu’il faut faire les ❏ Vrai ❏ Faux
244
examens d’imagerie pour améliorer les chances de
diagnostic.
245
30. Un kyste endométriosique à l’ovaire doit toujours être ❏ Vrai ❏ Faux
opéré.
Réponses
246
7. FAUX : il n’y a pas de corrélation entre l’intensité des douleurs et
l’importance, en nombre et en taille, des lésions d’endométriose.
8. FAUX : il existe des cas d’endométriose sans aucune douleur, et,
donc, sans signe d’alerte amenant à consulter. Le risque est alors
de développer une endométriose « sournoise ». Or plus la maladie
est sévère, même si elle est asymptomatique, et plus le risque
d’infertilité est élevé. C’est souvent le cas de patientes d’origine
asiatique, lesquelles se plaignent rarement d’avoir mal, pour des
raisons non clairement élucidées.
9. FAUX : les troubles digestifs sont constants en cas
d’endométriose : c’est ce qu’on appelle le syndrome du côlon
irritable (ou colopathie fonctionnelle) ; ils sont dus à une réaction à
l’inflammation chronique du péritoine provoquée par
l’endométriose et à la perte de mobilité tissulaire réflexe. Cela
n’implique aucunement qu’il existe nécessairement une atteinte
directe de la paroi de l’un des segments du tube digestif et,
notamment, du rectum ou du côlon. Certes, cette atteinte existe
dans environ 30 % des cas d’endométriose, mais, dans la grande
majorité des situations, elle est accompagnée de symptômes très
évocateurs – évacuation douloureuse des selles ou saignements
digestifs, surtout pendant les règles ou accentués lors de celles-
ci…
10. FAUX : les ovaires, n’étant pas innervés, ne peuvent faire mal et,
sauf exception, ils ne sont pas, même en cas de kyste(s)
endométriosique(s), source de douleurs. Les douleurs pelviennes
latérales sont fréquentes, bien sûr, mais leur origine n’est pas
ovarienne et elle est multiple.
11. FAUX : les douleurs liées à l’endométriose sont certes,
typiquement et essentiellement, présentes et accentuées pendant
les règles mais, au bout d’un certain temps, elles deviennent
247
chroniques et peuvent se manifester aussi en dehors des règles.
Les douleurs musculo-squelettiques sont très fréquentes, puisque
présentes dans environ 80 % des cas (la fibromyalgie peut, de
surcroît, être intriquée à l’endométriose). S’ajoute aussi parfois
une véritable maladie rhumatologique, dite auto-immune,
l’endométriose entrant pour partie dans le cadre des maladies
auto-immunes, par anomalie de l’immunité. Toutefois, le plus
souvent ces douleurs existent dans l’endométriose sans cause
identifiée.
12. FAUX : une cœlioscopie ne laisse apparaître que la « partie
émergée de l’iceberg » ; elle ne doit être que thérapeutique après
l’exploration diagnostique complète par imagerie seule susceptible
de guider au mieux le chirurgien (gynécologue et, éventuellement,
aussi digestif ou urologue).
13. FAUX : la meilleure méthode diagnostique est l’échographie
pelvienne endovaginale effectuée par un radiologue expert.
14. FAUX : la possibilité d’une endométriose superficielle existe, elle
ne concerne alors que le péritoine, c’est-à-dire la surface des
organes pelviens. Elle peut alors échapper au diagnostic par
imagerie, y compris par échographie endovaginale effectuée par
un radiologue expert. En cas d’endométriose fortement suspectée
cliniquement ou en cas d’infertilité, il convient alors d’effectuer une
cœlioscopie pour éliminer ou valider le diagnostic d’endométriose
superficielle.
15. FAUX : les lésions d’endométriose sont visibles, quelle que soit
la période du cycle, car ce sont des lésions inflammatoires
chroniques fixes ; il est souhaitable d’éviter la période des règles
pour effectuer une échographie pelvienne endovaginale, car ce
sera moins pénible pour la patiente, les douleurs étant accrues
pendant les règles.
248
16. FAUX : l’endométriose est un facteur de risque pour la fertilité,
mais elle n’est pas synonyme de stérilité : la baisse de fertilité
(dysfertilité) existe dans 30 à 50 % des cas ; après PMA ou
chirurgie, 50 à 70 % des patientes infertiles parviennent à être
enceintes.
17. FAUX : l’absence de règles n’est pas grave et ce n’est pas la
ménopause ; en revanche, c’est le seul moyen (comme la
grossesse et l’allaitement) de stopper l’évolution de la maladie et,
ainsi, de préserver sa fertilité.
18. FAUX : aucune surveillance n’est utile dans ce cas, car il n’y a
alors pas de risque d’évolution de la maladie. En cas de douleur
persistante ou récidivante, il est cependant prudent d’effectuer un
contrôle, même si le plus souvent il n’y a pas d’évolution des
lésions : il s’agit alors de prendre en charge la douleur par des
techniques antalgiques, médicamenteuses ou non
médicamenteuses, complémentaires de l’hormonothérapie.
L’hormonothérapie n’est en effet pas toujours suffisante pour
soulager tous les symptômes ; en revanche, elle est absolument
nécessaire pour enrayer l’évolution de la maladie.
19. FAUX : même sous traitement hormonal, les lésions
d’endométriose, en règle générale, ne disparaissent pas. Seul le
kyste endométriosique nécessite une surveillance échographique
pour évaluer votre réponse au traitement et prévenir les
complications.
20. FAUX : l’histoire naturelle de l’endométriose n’est pas bien
connue, mais l’aggravation progressive n’est pas inéluctable,
même si le risque statistique existe. En cas d’endométriose légère
et peu symptomatique, l’absence de traitement, mais avec
surveillance clinique et échographique annuelle, est possible.
249
L’évolution d’une forme légère vers une forme sévère est
exceptionnelle.
21. FAUX : ce sont en fait des « spottings » et ils sont, hélas,
fréquents. Il ne s’agit pas d’un retour des règles (sauf en cas de
traitement insuffisant pour bloquer les règles), mais d’un effet
secondaire de la pilule ou du traitement hormonal en continu, dû à
amincissement prolongé de l’endomètre (atrophie). Cela étant, les
saignements peuvent être responsables de douleurs.
22. FAUX : la réactivation des douleurs dans le cadre d’une PMA
n’entraîne pas pour autant une augmentation du nombre et de la
taille des lésions, sauf en cas de kystes endométriosiques. Ceux-
ci peuvent devenir plus volumineux dans environ 20 % des cas,
mais sans être responsables des douleurs accrues. Les contrôles
échographiques fréquents au cours de la PMA permettent de
surveiller les kystes.
23. FAUX : la grossesse est toujours très efficace sur les douleurs,
mais elle ne fait que suspendre la maladie grâce à l’absence de
règles pendant neuf mois.
24. FAUX : en l’absence d’hormonothérapie en continu, le risque de
récidive est très élevé, entre cinq et dix ans en moyenne, même
après un acte chirurgical complet.
25. FAUX : l’opération chirurgicale peut être complète et précise ;
elle se pratique sous cœlioscopie en centre expert et permet
d’enlever toutes les lésions d’endométriose, sans sacrifier l’utérus
ou les ovaires ; elle est efficace sur les douleurs dans 70 à 80 %
des cas. Cependant, en cas d’adénomyose importante et
symptomatique, l’ablation de l’utérus peut se révéler nécessaire.
26. FAUX : l’opération chirurgicale n’est pas une panacée ; rien à
voir avec un coup de baguette magique qui soulagerait à 100 %
toutes les douleurs, surtout si l’endométriose est légère quant au
250
nombre et à la taille des lésions. Dans ce cas, les résultats sur la
douleur se révèlent le plus souvent décevants. Privilégiez plutôt
d’autres approches, plus spécifiques de la douleur.
27. FAUX : contre les douleurs, la gamme d’antalgiques à
disposition est vaste ; elle comprend les médicaments, mais aussi
différentes techniques physiques, dites alternatives ou parallèles,
très efficaces, qui viennent indépendamment ou en complément
de l’acte chirurgical et du traitement hormonal. Ce dernier reste
indispensable en dehors de tout désir de grossesse.
28. FAUX : la contraception n’est pas un antidouleur en soi. La
pilule, si elle est prise en continu, réduit la cause initiale de la
douleur, à savoir les règles, mais elle est peu active sur les
douleurs chroniques qui obéissent à des mécanismes non
hormonaux. Par ailleurs, les anti-inflammatoires ne sont pas
adaptés aux douleurs chroniques, d’où leur manque d’efficacité.
29. FAUX : les médecines parallèles sont très souvent utiles et
efficaces pour diminuer, voire soulager les douleurs, et ainsi
améliorer la qualité de vie. En revanche, elles ne peuvent, en
aucun cas, enrayer la maladie ; elles ne remplacent donc pas le
traitement hormonal et, éventuellement, chirurgical.
30. FAUX : bien au contraire ! Il faut éviter d’opérer tout
endométriome, sauf s’il est trop volumineux et manifestement
douloureux, car il y a un risque de fissuration, voire de rupture
brutale. En effet, l’ablation d’un kyste abîme l’ovaire et diminue, de
fait, la réserve ovarienne en follicules. Elle impacte parfois
gravement la fertilité.
31. FAUX : Concernant la préservation de la fertilité, son indication
est de plus en plus validée, l’idéal étant de le pratiquer avant 35
ans.
251
32. FAUX : il faut en parler pour briser l’isolement sur le plan familial,
social et professionnel. Votre conjoint peut vous accompagner lors
des consultations (c’est bon pour votre couple !). Un
accompagnement psychologique est également souvent
souhaitable, et les associations de patientes sont très utiles.
33. FAUX : il n’y a que deux associations potentielles, et fort rares,
en cas d’endométriose : le cancer de la peau et le cancer de
l’ovaire. Contre ce dernier, surtout après la ménopause et en cas
notamment de kyste endométriosique persistant, une ablation de
l’ovaire peut être pratiquée à titre préventif.
34. FAUX : même si le risque de développer une endométriose est
multiplié par cinq par rapport à la population générale, ce n’est pas
obligatoire. Par prudence, en cas de règles très douloureuses,
entravant notamment l’activité scolaire, il est recommandé de
consulter et d’effectuer soit une IRM pelvienne (pour les jeunes
filles vierges), soit une échographie pelvienne endovaginale.
252
Les associations de patientes,
leur rôle, où les contacter
5
L’évolution du paysage associatif en France
253
notamment dans les médias et sur les moteurs de recherche
Internet.
254
D’autres associations à visée locale continuent de se créer et
viennent compléter les actions de celles-ci, permettant aussi
un déploiement sur le territoire encore insuffisant pour
répondre aux attentes des malades, mais aussi des
professionnels de santé.
255
L’EndoMarch, point de départ d’une mobilisation
générale
256
côtés des associations de patientes, de personnalités comme Sonia
Dubois, la chanteuse Imany, l’actrice Laetitia Milot ou encore la
comédienne et productrice Julie Gayet donnent un formidable
éclairage à une cause jusque-là quasiment inconnue malgré le
nombre important de femmes concernées. Elles portent aussi un
nouveau projet de très grande ampleur : la création de la première
campagne nationale d’information InfoEndométriose qui voit le jour
en 2016 avec un slogan marquant : « Les règles, c’est naturel, pas
la douleur. » Sont montés des partenariats avec des grandes
entreprises françaises et signées des conventions avec trois
ministères pour que les associations puissent prendre part à
différents travaux (formation des infirmières scolaires, diffusion
d’informations dans les écoles, hôpitaux, centres d’accueil de jeunes
filles et de femmes, etc.). La chanteuse, entourée de nombreux
artistes, donne un grand concert caritatif dans une salle parisienne à
l’occasion de la Journée de la femme pour marquer le début de cette
campagne et soutenir les actions de l’association auprès de laquelle
elle est engagée au quotidien. Parmi le public très nombreux, on
peut alors voir cinq ministres venus montrer leur soutien à la cause
et leur volonté de s’engager aux côtés des acteurs associatifs.
257
organismes de santé qui s’appuient sur leur travail pour évoluer
dans leur propre organisation autour de la prise en charge de la
maladie et leurs propositions pour répondre aux attentes des
malades.
« Sortir la maladie de l’ombre », « Faire connaître la maladie
grâce à nos actions », « Soutenir, Informer et Agir », « Faire de
l’endométriose un enjeu de santé publique », « Agir ensemble contre
l’endométriose » sont autant de slogans qui mettent en avant ces
missions que les associations se sont fixées dans l’intérêt des
malades.
Par leur forte présence sur Internet et les réseaux sociaux, les
associations accueillent les femmes atteintes d’endométriose ou qui
pensent en avoir les symptômes, elles orientent celles qui sont en
errance médicale, répondent à leurs questions, leur apportent un
soutien moral tout comme à leurs proches, ou les informent sur les
aides sociales existantes et possibles selon les cas.
En fonction des associations, les actions sont menées à un
niveau local, régional ou national. Leur soutien est très précieux pour
les femmes qui y trouvent des lieux d’échange (même virtuels) et
parfois des occasions de rencontrer d’autres femmes. Elles peuvent
ainsi sortir de l’isolement dans lequel la maladie a pu les plonger, se
sentir enfin comprises, partager leur vécu, leurs difficultés, mais
aussi leurs astuces pour mieux vivre avec la maladie.
258
auprès des médecins en étant le lien avec les patientes.
259
à leur façon, à des besoins de santé publique et des besoins
sociaux peu ou mal couverts aujourd’hui.
260
nouvelles compétences pour les équipes de bénévoles. De
nouveaux métiers seraient à inventer pour valoriser le parcours de
patientes devenues expertes et leur permettre de prendre du recul
sur leurs situations et expérience personnelle. Des initiatives
devraient peut-être aussi être développées et encouragées pour
aider l’ensemble des associations qui œuvrent en faveur de
l’endométriose à se coordonner, se structurer et pour leur permettre
de développer des actions à plus grande échelle.
Associations nationales
ENDOFRANCE
E-mail : contact@endofrance.org
Site Internet : www.endofrance.org
Page Facebook : EndoFrance
ENDOMIND FRANCE
E-mail : contact@endomind.org
Site Internet : www.endomind.org
Page Facebook : AssociationENDOmind
Groupe de parole Facebook : Ma vie avec l’endométriose
261
ENSEMBLE CONTRE L’ENDOMÉTRIOSE (INTÉGRÉE AUJOURD’HUI
À L’ASSOCIATION ENDOMIND)
E-mail : contact@endomind.org
Site Internet : www.endomind.org
Page Facebook : AssociationENDOmind
Groupe de parole Facebook : Ma vie avec l’endométriose
E-mail : memsmetropole@gmail.com
Page Facebook : MEMSMetropole
Groupe de parole Facebook : Endométriose, toutes vos
questions
En Guadeloupe
KARUKERA ENDOMÉTRIOSE
E-mail : karukendo@gmail.com
Page Facebook : karukendo
En Martinique
E-mail : madinendogirls@endomind.org
Site Internet : www.endomind.org
Page Facebook : madinendogirls
262
À la Réunion
263
Quelques témoignages pour
conclure…
Il m’aura fallu dix ans, dix ans à espérer avoir la chance de vivre
ce grand voyage avec et malgré mon endométriose ; j’ai finalement
264
eu la chance extraordinaire d’y parvenir.
Comme beaucoup de femmes atteintes par cette maladie, c’est
lors de l’arrêt de la pilule pour avoir un enfant que le combat a
réellement commencé. Tout d’abord, j’ai dû contraindre les médecins
de ma province à poser un diagnostic, puis découvrir le terme
d’« infertilité » et tout le jargon qui va avec. Subir une première
opération, puis une seconde, pousser les portes de la PMA pour
tenter une première FIV qui s’est soldée par un échec, puis encore
une opération et le début d’une descente aux enfers, les douleurs
étant devenues au fil des mois et des années obsédantes,
destructrices, incontrôlables.
J’aurais pu continuer à rester sur le quai, à regarder les autres
femmes réaliser leur rêve de maternité, le même qui me tenait
essentiellement à cœur. Est venu le jour où l’instinct de survie a pris
le dessus. J’ai décidé de monter à Paris pour rencontrer des
professionnels spécialisés dans la prise en charge de la maladie. Je
leur ai confié mon corps pour une énième opération, j’ai affronté la
pose d’une stomie, d’une remise en continuité dans la foulée et j’ai
fini par un passage de trois semaines en service psychiatrique, car
on ne ressort généralement pas indemne d’un tel parcours.
Mon mari et moi avons ensuite repris le chemin de la PMA, mais
spécialisée dans la prise en charge de l’endométriose – c’est
indispensable quand on sait à quel point la prise de traitements
hormonaux impacte notre corps. Se sont ensuivies une deuxième et
une troisième FIV. Deux échecs de plus. Mon couple n’y a pas
résisté. Je n’ai pas réussi à continuer à me battre seule et j’ai rendu
les armes.
Alors que je traversais mes heures les plus sombres est arrivé
mon premier miracle, la rencontre avec l’homme de ma vie, celui qui
a changé à tout jamais ma relation à la maladie, à mon corps.
265
Rapidement après notre rencontre, nous avons repris le chemin de
la PMA. Retour à la case départ, mais malheureusement pas pour
mon corps affaibli par tant d’années de traitements et de maladie.
Nous avons fait une première FIV avec ponction d’un seul follicule et
un échec au final, la possibilité de devoir passer par un don
d’ovocyte n’avait alors pas été écartée. Les bilans ont confirmé une
récidive importante : endométriose stade 4, avec atteinte digestive et
adénomyose. Nous avons tout de même tenté une deuxième FIV
(soit la cinquième en tout, sans compter les traitements de
stimulation multiples qui n’ont pas abouti durant ces dix années). Et
c’est alors que le miracle s’est produit : mon tour est enfin arrivé !
Juliette, un magnifique petit bébé miracle, est née neuf mois après
en pleine santé.
L’endométriose vous amène à côtoyer vos plus anciens démons,
elle vous tire vers le bas, mais il faut absolument apprendre à lui
résister. Pour ma part, j’ai tenu bon tant bien que mal, sachant
qu’une nouvelle opération aurait très probablement réduit à néant
ma réserve ovarienne, déjà très basse. Mais, bien sûr, nous sommes
toutes différentes, entendons-le.
Après mon accouchement, très rapidement, les douleurs liées à
l’endométriose ont repris. La prise de dérivés morphiniques, à raison
de quatre par jour en moyenne, est devenue nécessaire pour que je
puisse tenir debout et résister tant bien que mal. Mais j’ai quand
même continué à suivre mon instinct, cette petite voix qui me dit tous
les jours que rien n’est impossible, à condition d’y croire. L’envie de
donner un petit frère ou une petite sœur à Juliette a rapidement pris
le dessus. En fait, j’ai toujours résisté pour que ce ne soit pas la
maladie qui dicte ma vie. Je n’avais pas de grande conviction, juste
l’envie de ne pas avoir de regrets. Pour cette fois, la seconde FIV a
266
été la bonne : je suis actuellement enceinte de neuf mois d’une
petite fille qui se prénomme Alice.
Aujourd’hui, je suis une femme malade, mais comblée. Mon
histoire n’est pas finie, je sais très bien que je vais devoir revoir des
spécialistes après mon accouchement. Mais je voulais surtout
témoigner d’une chose : l’endométriose n’a pas tous les droits et ne
doit pas nous empêcher de croire en nos rêves, quels qu’ils soient. Il
existe toujours des moyens d’y parvenir, à condition de ne rien
lâcher et de ne surtout pas la laisser nous décourager.
267
Après l’opération, j’ai été tranquille pendant neuf ans. Puis les
douleurs reviennent puissance 25 000. Je pleure, je dois tout faire
pour ne pas avoir mes règles lorsque je bosse, car je ne peux pas
sortir. Je reste à la maison. Je ne mange pas beaucoup, j’ai peur des
moments où il faut uriner et aller à la selle. Comme si on m’attrapait
la matrice et qu’on voulait me l’arracher.
Je retourne voir le gynécologue qui m’envoie de nouveau faire
des examens. Cette fois, je ne me fais pas avoir. Je retourne au sein
du même centre expert. Récidive.
L’endométriose est venue se greffer sur ma vessie et mes
intestins. Rendez-vous avec le chirurgien digestif. C’est une jeune
femme qui prend le temps de m’expliquer ce qui va se passer :
laparotomie, stomie, sonde urinaire, six heures sur la table
d’opération. L’opération se passe bien. Quelques complications me
valent une sonde gastrique. J’ai 30 ans et l’impression d’avoir vécu
toutes les périodes de la vie d’une femme : règles, contractions
comme pour un accouchement, ménopause. Heureusement je me
fais aider par une psychologue, car parfois je ne gère plus rien, je
pleure, je suis dépassée.
Je crois être tranquille, mais finalement je dois encore gérer une
tumeur au sein. Ouf, bénin. Allez, je me relève.
Seul mon entourage et mes amis savent ; sinon, je ne parle pas
trop de ma maladie.
Un jour dans un avion qui me mène en Floride, je tombe sur
l’article d’une jeune femme qui a créé un blog et qui raconte son
quotidien avec l’endométriose.
Une marche pour lutter contre l’endométriose va même être
organisée. Je m’investis auprès de l’association pour faire connaître
la maladie et faire tomber le tabou.
268
2014. J’ai de nouveau des douleurs pendant mes règles. J’ai
même des hémorragies. J’essaie de nombreux traitements, mais ils
ne fonctionnent que l’espace d’un mois pour certains et pas du tout
pour les autres. Je saigne en continu pendant un an et demi. Je
prends 30 kilos en six mois avec les hormones. Mon corps ne
m’appartient plus. On me parle d’adénomyose maintenant ! Je subis
une embolisation de l’utérus, mais cette intervention non plus ne
fonctionne pas. Une discussion avec ma grand-mère de 94 ans me
fait prendre conscience de l’importance de vivre ma vie, de vivre ma
vie de femme. Alors j’essaie un dernier traitement : s’il ne fonctionne
pas, j’arrête tout.
Je n’étais pas dans la volonté d’avoir un enfant à tout prix. Je
voulais juste me réveiller, ne pas avoir mal, ne pas prendre de la
« drogue », ne pas avoir les yeux rivés sur ma culotte. Vivre !
Décembre 2015, j’ai convenu avec le docteur S. qu’il s’agissait
du dernier traitement. Il a fait effet le temps de vingt jours de
vacances au soleil.
Je suis revenue le voir avec la lettre d’accompagnement de la
psychologue. Il a dit oui pour l’hystérectomie. Ma décision était prise
depuis un moment, mais le docteur S. préférait attendre vu mon âge.
Mais je savais. Mon corps ne supportait plus les hormones, les
douleurs, les saignements. Il fallait le laisser respirer.
J’ai donc fêté mon divorce avec Monsieur Utérus lors de mon
Hysteric shower. Le début du reste de ma vie a commencé le 3 mai
2016.
269
Je m’appelle Stéphanie, j’ai 40 ans et je suis hôtesse de l’air
dans une grande compagnie depuis dix-huit ans. Je suis atteinte
d’endométriose depuis l’âge de 14 ans, mais seulement
diagnostiquée à 26 ans, à un stade 4. Pendant tout ce temps, la
maladie a progressé et s’est étendue provoquant tous les mois
d’atroces douleurs, foudroyantes et handicapantes.
Cette maladie impacte énormément mon travail avant, pendant
et après les règles, mais également pendant mes ovulations. Ce
sont des douleurs qui viennent de vos entrailles, qui envahissent tout
votre corps, qui vous immobilisent tellement elles sont intenses et
insoutenables.
Alors, durant mes vols, je prends toujours une bouillotte pour
calmer mes crises et un anti-inflammatoire très puissant. Mais
parfois, ce n’est pas suffisant…
Cette maladie m’aura permis de voir à quel point je suis forte.
Elle me donne le courage et la force d’avancer chaque jour, de
serrer les dents quand je suis en crise devant mes clients et d’aller
au-delà de ma souffrance. J’ai subi trois cœlioscopies, dont une qui
a failli me coûter la vie, car j’ai fait une hémorragie interne dans
l’utérus. Le lendemain de l’anesthésie générale, les médecins sont
intervenus en urgence par péridurale avec une ouverture de
15 centimètres dans le bas du ventre pour évacuer le sang ! Bilan :
un séjour de deux semaines à la clinique, alimentée par sonde, un
drain dans l’utérus et la perte de 10 kilos.
J’ai su à partir de ce moment-là que devenir mère naturellement
allait être très difficile.
Quelques années plus tard, j’ai décidé d’avoir un enfant avec
mon mari, avec l’aide de la PMA : deux inséminations artificielles et
quatre FIV, avec transfert d’embryons à chaque fois. Mais cela n’a
pas fonctionné. Je ne suis toujours pas mère à 40 ans.
270
Lasse d’entendre à chaque fois « c’est quoi l’endométriose ? »,
j’ai décidé de devenir bénévole chez ENDOmind pour sensibiliser
ma compagnie à cette maladie et permettre à toutes les hôtesses
atteintes d’évoluer professionnellement sans avoir de reproches
concernant les arrêts maladie fréquents. J’ai décidé de me battre
pour mes collègues, mais aussi pour les générations futures.
L’endométriose vous ronge de l’intérieur, vous fait basculer en
deux secondes dans un monde de douleurs où vous n’êtes plus que
l’ombre de vous-même. Je me laisse encore deux années pour faire
un bébé naturellement. Passé ce délai, je souhaite me faire retirer
l’utérus, avec l’espoir de trouver un soulagement à mes douleurs. Je
pense avoir assez souffert depuis mon plus jeune âge !
271
Pourtant au cours de son examen clinique, le docteur P. a su
déceler mon besoin d’être accompagnée dans le traitement de mes
douleurs chroniques. Sans lui je serais encore certainement en train
de me goinfrer de Doliprane, d’Aspégic et de Spasfon, en priant pour
que la douleur passe miraculeusement.
Sur ses recommandations, j’ai ainsi été prise en charge par le
docteur L. J’avais mal quasiment tous les jours. Je dormais très mal.
Ma digestion était chaotique. Dans ces conditions, tout le reste était
devenu secondaire : vie sentimentale, envie d’entreprendre, activités
physiques… Je n’avais plus d’envie pour quoi que ce soit. Avec le
docteur L., j’ai testé une méthode de mésothérapie qui s’est révélée
très efficace : pour éviter que la douleur ne s’installe, nous allions la
soulager régulièrement. Apprendre à vivre avec pour ne plus subir et
qui sait peut-être reprendre le dessus, tel était notre objectif commun
et nous l’avons atteint.
Après deux ans de suivi, je peux confirmer que cette prise en
charge m’a changé la vie. Et j’affirme aussi que l’empathie et la
capacité d’écouter fine de mes médecins ont été un élément
déterminant de notre réussite. Aujourd’hui à 36 ans, je suis
enceinte ; ça aussi, c’était censé être très compliqué…
272
révélant une endométriose, ma vie devient compliquée dès l’âge de
20 ans.
Il faudra dix ans pour qu’un médecin m’annonce lors d’un talcage
pulmonaire que je suis atteinte d’endométriose. Après une dizaine
de pneumothorax, puis des traitements lourds au point d’en perdre la
tête, surtout après avoir entendu des diagnostics tellement dingues,
je rencontre un médecin qui m’entend. Il m’oriente sans aucun doute
vers les bons spécialistes. J’entends enfin une vérité sur mon cas
tellement obscur aux yeux de tant de médecins.
Je ne suis plus seule à partir de cet instant. Ce spécialiste fait de
mon cas une priorité, m’orientant rapidement vers d’autres médecins
compétents, tant pour soigner ma maladie que pour soulager mes
douleurs. La prise en charge des douleurs est multiple, adaptée à
ma pathologie et ajustée selon mon seuil de tolérance. J’ai recours
notamment à des techniques non médicamenteuses comme
l’ostéopathie, l’hypnose, la mésothérapie qui ont un effet très positif
sur l’évolution de la maladie.
J’ai désormais l’impression d’être protégée, soutenue et
comprise dans une bulle de professionnels de santé engagés dans
ce combat qui est à présent l’affaire de tous. Grâce à leur
engagement, leurs valeurs et leur implication entière, je vois mon
terrible cauchemar se transformer en grand espoir !
273
Notes bibliographiques
Première partie
La maladie endométriosique
Description, diagnostic, prise en charge
CHAPITRE 1
QU’EST-CE QUE L’ENDOMÉTRIOSE ? POURQUOI EN EST-ON
ATTEINT ?
274
4. Sampson J. A., « Peritoneal endometriosis due to the menstrual
dissemination of endometrial tissue into the peritoneal cavity », Am. J. Obstet.
Gynecol., 1927, 14, p. 422-469.
5. Leyendecker G., Wildt L., Mall G., « The pathophysiology of endometriosis
and adenomyosis : Tissue injury and repair », Arch. Gynecol. Obstet., 2009,
280, p. 529-538 ; Leyendecker G., Wildt L., « Adenomyosis and
endometriosis. Re-visiting their association and further insights into the
mechanisms of auto-traumatisation. An MRI study », Arch. Gynecol. Obstet.,
2015, 291, p. 917-932.
6. Halme J., Hammond M. G., Hulka J. F., « Retrograde menstruation in
healthy women and in patients with endometriosis », Obstet. Gynecol., 1984,
64, p. 151-154.
7. Maruyama T., Yoshimura Y., « Stem cell theory for the pathogenesis of
endometriosis », Frontiers in Bioscience (Elite Edition), 2012, 4, p. 2854-2863.
8. Bird C., McElin T., Manalo-Estrella P., « The elusive adenomyosis of the
uterus – revisited », Am. J. Obstet. Gynecol., 1972, 112, p. 583-593.
9. Belaisch J., L’Endométriose, Paris, Masson, 2003.
CHAPITRE 2
QUELS CHIFFRES ET QUELLES CAUSES ?
1. Nnoaham K. E., Hummelshoj L., Webster P. et al., « Impact of
endometriosis on quality of life and work productivity : A multicenter study
across ten countries », Fertil. Steril., 2011, 96 (2), p. 366-373.
2. Shafrir A. L., Farland L. V., Shah D. K., Harris H. R., Kvaskoff M.,
Zondervan K., Missmer S. A., « Risk for and consequences of endometriosis :
A critical epidemiologic review », Best Pract. Res. Clin. Obstet. Gynaecol.,
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3. Pugsley Z., Ballard K., « Management of endometriosis in general practice :
The pathway to diagnosis », Br. J. Gen. Pract., 2007, 57 (539), p. 470-476 ;
Ballard K. D., Seaman H. E., de Vries C. S. et al., « Can symptomatology help
in the diagnosis of endometriosis ? Findings from a national case-control study
– Part 1 », BJOG, 2008, 115 (11), p. 1382-1391.
4. Abbas S., Ihle P., Koster I. et al., « Prevalence and incidence of diagnosed
endometriosis and risk of endometriosis in patients with endometriosis-related
symptoms : Findings from a statutory health insurance-based cohort in
Germany », Eur. J. Obstet. Gynecol. Reprod. Biol., 2012, 160 (1), p. 79-83.
5. Eisenberg V. H., Weil C., Chodick G. et al., « Epidemiology of
endometriosis : A large population-based database study from a healthcare
provider with 2 million members », BJOG, 2018, 125 (1), p. 55-62.
275
6. Theobald P. von, Cottenet J., Iacobelli S. et al., « Epidemiology of
endometriosis in France : A large, nation-wide study based on hospital
discharge data », Biomed. Res. Int., 2016, 16, art. 3260952.
7. Buck Louis G. M., Hediger M. L., Peterson C. M. et al., « Incidence of
endometriosis by study population and diagnostic method : the ENDO study »,
Fertil. Steril., 2011, 96 (2), p. 360-365.
8. Adamson G. D., Kennedy S. H., Hummelshoj L., « Creating solutions in
endometriosis : Global collaborations through the World Endometriosis
Research Foundation », J. Endometriosis, 2010, 2, p. 3-6.
9. Institut national du cancer, Estimation de la prévalence (partielle et totale)
du cancer en France métropolitaine chez les 15 ans et plus en 2008. Étude à
partir des registres des cancers du réseau Francim, Boulogne-Billancourt,
juillet 2014.
10. Fagot-Campagna A., Romon I., Fosse S. et al., Prévalence et incidence du
diabète, et mortalité liée au diabète en France. Synthèse épidémiologique,
Saint-Maurice, Institut de veille sanitaire, novembre 2010.
11. Adamson G. D., Kennedy S. H., Hummelshoj L., « Creating solutions in
endometriosis : global collaborations through the World Endometriosis
Research Foundation », art. cit.
12. Houston D. E., Noller K. L., Melton L. J. et al., « Incidence of pelvic
endometriosis in Rochester, Minnesota, 1970-1979 », Am. J. Epidemiol., 1987,
125 (6), p. 959-969.
13. Leibson C. L., Good A. E., Hass S. L. et al., « Incidence and
characterization of diagnosed endometriosis in a geographically defined
population », Fertil. Steril., 2004, 82 (2), p. 314-321.
14. Missmer S. A., Hankinson S. E., Spiegelman D. et al. « Incidence of
laparoscopically confirmed endometriosis by demographic, anthropometric,
and lifestyle factors », Am. J. Epidemiol., 2004, 160 (8), 784-796.
15. Ballard K. D., Seaman H. E., de Vries C. S. et al., « Can symptomatology
help in the diagnosis of endometriosis ? Findings from a national case-control
study – Part 1 », art. cit.
16. Eggert J., Li X., Sundquist K., « Country of birth and hospitalization for
pelvic inflammatory disease, ectopic pregnancy, endometriosis, and infertility :
A nationwide study of 2 million women in Sweden », Fertil. Steril., 2008, 90
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17. Gylfason J. T., Kristjansson K. A., Sverrisdottir G. et al. « Pelvic
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J. Epidemiol., 2010, 172 (3), p. 237-243.
18. Morassutto C., Monasta L., Ricci G. et al., « Incidence and estimated
prevalence of endometriosis and adenomyosis in Northeast Italy : A data
linkage study », PLoS ONE, 2016, 11 (4), e0154227.
276
19. Eisenberg V. H., Weil C., Chodick G. et al., « Epidemiology of
endometriosis : A large population-based database study from a healthcare
provider with 2 million members », art. cit.
20. Shah D. K., Missmer S. A., « Scientific investigation of endometriosis
among adolescents », J. Pediatr. Adolesc. Gynecol., 2011, 24 (5 suppl.), S18-
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21. Lee S. H., Sapkota Y., Fung J. et al., « Genetic biomarkers for
endometriosis », in D’Hooghe T. (dir.), Biomarkers for Endometriosis, Springer
International Publishing AG, 2017.
22. Rahmioglu N., Montgomery G. W., Zondervan K. T., « Genetics of
endometriosis », Womens Health (Lond.), 2015, 11 (5), p. 577-586.
23. Rahmioglu N., Nyholt D. R., Morris A. P. et al., « Genetic variants
underlying risk of endometriosis : Insights from meta-analysis of eight
genome-wide association and replication datasets », Hum. Reprod. Update,
2014, 20 (5), p. 702-716.
24. Shafrir A. L., Farland L. V., Shah D. K., Harris H. R., Kvaskoff M.,
Zondervan K., Missmer S. A., « Risk for and consequences of endometriosis :
A critical epidemiologic review », art. cit.
25. Kvaskoff M., Mu F., Terry K. L. et al., « Endometriosis : A high-risk
population for major chronic diseases ? », Hum. Reprod. Update, 2015, 21 (4),
p. 500-516.
26. Smarr M. M., Kannan K., Buck Louis G. M., « Endocrine disrupting
chemicals and endometriosis », Fertil. Steril., 2016, 106 (4), p. 959-966.
27. Shafrir A. L., Farland L. V., Shah D. K., Harris H. R., Kvaskoff M.,
Zondervan K., Missmer S. A., « Risk for and consequences of endometriosis :
A critical epidemiologic review », art. cit.
CHAPITRE 3
UNE MALADIE LONGTEMPS TABOUE
1. Nezhat C., Nezhat F., Nezhat C., « Endometriosis : Ancient disease, ancient
treatments », Fertil. Steril., 2012, 98 (6 suppl.), S1-62.
2. Bertet R., Petite histoire de la médecine, Paris, L’Harmattan, 2005.
3. Harari Y. N., Sapiens. Une brève histoire de l’humanité, Paris, Albin Michel,
2015 ; Rey R., Histoire de la douleur, Paris, La Découverte, 2000.
4. Rey R., Histoire de la douleur, op. cit.
5. A. Fischer. La Femme médecin du foyer, Paris, Maison d’Éditions
populaires, 1931.
6. Rey R., Histoire de la douleur, op. cit.
277
7. Nezhat C., Nezhat F., Nezhat C., « Endometriosis : Ancient disease, ancient
treatments », art. cit. ; Batt R. E., A History of Endometriosis, Londres,
Springer, 2011, p. 39-56 ; Giudice L. C., Evers J. L. H., Healy D. L.,
Endometriosis : Science and Practice, op. cit., p. 3-18.
8. Cullen T. S., Adenomyoma of the Uterus, Philadelphie, W. B. Saunders,
1908.
9. Sampson J. A., « Peritoneal endometriosis due to the menstrual
dissemination of endometrial tissue into the peritoneal cavity », Am. J. Obstet.
Gynecol., 1927, 14, p. 422-469.
10. Cullen T. S., Adenomyoma of the Uterus, op. cit.
11. Cullen T. S., « The distribution of adenomyomas containing uterine
mucosa », Arch. Surg., 1921, 1 (2), p. 215-283.
12. Sampson J. A., « Peritoneal endometriosis due to the menstrual
dissemination of endometrial tissue into the peritoneal cavity », art. cit.
13. Mormina M.-A., La Maladie taboue : endométriose, op. cit.
14. Rey R., Histoire de la douleur, op. cit.
15. Bertet R., Petite histoire de la médecine, op. cit.
16. Auffret S., « En France, la difficile reconnaissance de la précarité
menstruelle », Le Monde, 31 août 2018.
CHAPITRE 4
DES SYMPTÔMES DIVERS, MAIS BIEN IDENTIFIÉS
1. Chapron C., « Deeply infiltrating endometriosis : Pathogenetic implications
of the anatomical distribution », Hum. Reprod., 2006, 21 (7), p. 1839-1845.
2. Fauconnier A., Huchon C., Fritel X., Lafay-Pillet M.-C., Chapron C., « Panel
P. Aspects cliniques de l’endométriose », EMC Gynécologie, 2015, 10 (3),
p. 1-13 (article 149-A-10).
3. Giudice L. C., Evers J. L. H., Healy D. L., Endometriosis : Science and
Practice, op. cit.
4. Fauconnier A., Huchon C., Fritel X., Lafay-Pillet M.-C., Chapron C.,
« Panel P. Aspects cliniques de l’endométriose » art. cit.
5. Alifano M., Camilleri-Broët S., « Pneumothorax de la femme et
endométriose thoracique », Rev. mal. respir., 2008, 25, p. 966-972.
6. Sauvanet E., Petit E., Mephon A., « Endométriose génitale et
extragénitale », Akos (Traité de médecine), 2018, doi:0.1016/S1634-
6939(18)63748-2.
278
7. Alifano M., Camilleri-Broët S., « Pneumothorax de la femme et
endométriose thoracique », art. cit.
8. Sinaii N., Cleary S. D., Ballweg M. L., Nieman L. K., Stratton P., « High rates
of autoimmune and endocrine disorders, fibromyalgia, chronic fatigue
syndrome and atopic diseases among women with endometriosis : A survey
analysis », art. cit.
9. Ibid.
CHAPITRE 5
UN DIAGNOSTIC QUI REPOSE SUR L’IMAGERIE MÉDICALE
1. Bertet R., Petite histoire de la médecine, op. cit.
2. Guerriero S. et al., « Systematic approach to sonographic evaluation of the
pelvis in women with suspected endometriosis, including terms, definitions and
measurements : A consensus opinion from the International Deep
Endometriosis Analysis (IDEA) group », Ultrasound Obstet. Gynecol., 2016,
p. 1-15.
3. Abrao M. S. et al., « Comparison between clinical examination, transvaginal
sonography and magnetic resonance imaging for the diagnosis of deep
endometriosis », Hum. Reprod., 2007, 22 (12), p. 3092-3097 ; Hudelist G. et
al., « Diagnostic accuracy of transvaginal ultrasound for non-invasive
diagnosis of bowel endométriosis : Systematic review and meta-analysis »,
Ultrasound Obstet. Gynecol., 2011, 37, p. 257-263 ; Piketty M. et al.,
« Preoperative work-up for patients with deeply infiltrating endométriosis :
Transvaginal ultrasonography must definitely be the first-line imaging
examination », Hum. Reprod., 2009, 24, p. 602-607.
CHAPITRE 6
QUELS TRAITEMENTS AUJOURD’HUI ?
1. Azoulay C., Bardy C., Lasserre M., Brun J. L., « Traitements
médicamenteux de l’endométriose (adénomyose exclue) », EMC Gynécologie,
2017, 12 (4), p. 1-14 ; Dunselman G. A. et al., « EHRE Guideline :
Management of women with endometriosis », Hum. Reprod., 2014, 29 (3),
p. 403-412.
2. Dunselman G. A. et al., « EHRE Guideline : Management of women with
endometriosis », art. cit. ; Vercellini P., Buggio L., Somigliana E., « Role of
medical therapy in the management of deep rectovaginal endometriosis »,
279
Fertil. Steril., 2017, 108 (6), p. 913-930 ; Sauvanet E., Petit E., Mephon A.,
« Endométriose génitale et extragénitale », art. cit.
3. CNGOF, HAS, Prise en charge de l’endométriose. Méthode
recommandations pour la pratique clinique, op. cit.
4. Mahmood T. A. et al., « Folliculogenesis and ovulation in infertile women
with mild endometriosis », Hum. Reprod., 1991, 6 (2), p. 227-231.
5. Vercellini P. et al., « Continuous use of an oral contraceptive for
endometriosis-associated recurrent dysmenorrheal that does not respond to a
cyclic pill regimen », Fertil. Steril., 2003, 80 (3), p. 560-563.
6. Gambone J. C. et al., « Chronic Pelvic Pain/Endometriosis Working Group.
Consensus statement for the managing of chronic pelvic pain and
endometriosis : Proceedings of an expert-panel consensus process », Fertil.
Steril., 2002, 78, p. 961-972.
7. CNGOF, HAS, Prise en charge de l’endométriose. Méthode
recommandations pour la pratique clinique, op. cit.
8. Razzi S. et al., « Use of a progestogen only preparation containing
desogestrel in the treatment of recurrent pelvic pain after conservative surgery
for endometriosis », Eur. J. Obstet. Gynecol. Reprod. Biol., 2007, 135 (2),
p. 188-190.
9. Strowitzki V. et al., « Dienogest is as effective as leuprolide acetate in
treating the painful symptoms of endometriosis », Hum. Reprod., 2010, 25 (3),
p. 633-641.
10. Selak V. et al., « Danazol for pelvic pain associated for endometriosis »,
Cochrane Database Syst. Revue, 2001, 4 (CD000068); Vercellini P. et al.,
« Depot medroxyprogesterone acetate versus an oral contraceptive combined
with very-low-dose danazol for long-term treatment of pelvic pain associated
with endometriosis », Am. J. Obstet. Gynecol., 1996, 175 (2), p. 396-401.
11. Surrey E. S., « Add-back therapy and gonadotropin-releasing hormone
agonists in the treatment of patients with endometriosis : Can a consensus be
reached ? Add-Back Consensus Working Group », Fertil. Steril., 1999, 71 (3),
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12. CNGOF, HAS, Prise en charge de l’endométriose. Méthode
recommandations pour la pratique clinique, op. cit.
13. Dousset B. et al., « Complete surgery for low rectal endometriosis long
term results of a 100-case prospective study », Annals of Surgery, 2010, 251
(5), p. 887-895.
14. Roman H., « A national snapshot of the surgical management of deep
infiltrating endometriosis of the rectum and colon in France in 2015 : A
multicenter series of 1135 cases », J. Gynecol. Obstet. Hum. Reprod., 2017,
46 (2), p. 159-165.
280
15. Roman H., « A national snapshot of the surgical management of deep
infiltrating endometriosis of the rectum and colon in France in 2015 : A
multicenter series of 1135 cases », art. cit.; Roman H., Bubenheim M., Huet
E., Bridoux V., Zacharopoulou C., Daraï E., Collinet P., Tuech J. J.,
« Conservative surgery versus colorectal resection in deep endometriosis
infiltrating the rectum : A randomized trial », Hum. Reprod., 2018, 33 (1),
p. 47-57.
16. Dousset B. et al., « Complete surgery for low rectal endometriosis long
term results of a 100-case prospective study », art. cit.
17. Somigliana E., « Endometriosis and ovarian reserve », São Paulo, World
Congress on Endometriosis, 2014.
18. Dunselman G. A. et al., « EHRE Guideline : Management of women with
endometriosis », art. cit.
19. Cohen J. et al., « Endométriose profonde et fertilité », La Presse médicale,
2017, 46, p. 1184-1191 ; Dunselman G. A. et al., « EHRE Guideline :
Management of women with endometriosis », art. cit.
20. CNGOF, HAS, Prise en charge de l’endométriose. Méthode
recommandations pour la pratique clinique, op. cit.
CHAPITRE 7
ET LE DÉSIR DE GROSSESSE DANS TOUT ÇA ?
1. Cohen A., Almog B., Tulandi T., « Sclerotherapy in the management of
ovarian endometrioma : Systematic review and meta-analysis », Fertil. Steril.,
2017, 108 (1), p. 117-124.
2. Management of Women with Endometriosis. Guideline of the European
Society of Human Reproduction and Embryology, ESHRE Endometriosis
Guideline Development Group, septembre 2013 ; CNGOF, HAS, Prise en
charge de l’endométriose, op. cit.
CHAPITRE 8
ATTENDRE UN ENFANT QUAND ON SOUFFRE DE LA MALADIE
1. Leone Roberti Maggiore U., Inversetti A. et al., « Obstetrical complications
of endometriosis, particularly deep endometriosis », Fertil. Steril., 2017,
108 (6), p. 895-912.
2. Leone Roberti Maggiore U., Inversetti A. et al., « Obstetrical complications
of endometriosis, particularly deep endometriosis », art. cit. ; Santulli P.,
Marcelin L., Ménard S., Thubert T., Khoshnood B., Gayet V. et al., « Increased
281
rate of spontaneous miscarriages in endometriosis-affected women », Hum.
Reprod., 2016, 32, p. 1013-1023.
3. Hjordt Hansen M. V., Dalsgaard T., Hartwell D., Skovlund C. W.,
Lidegaard Ø., « Reproductive prognosis in endometriosis. A national cohort
study », Acta Obstet. Gynecol. Scand., 2014, 93, p. 483-489.
4. Hjordt Hansen M. V., Dalsgaard T., Hartwell D., Skovlund C. W.,
Lidegaard Ø., « Reproductive prognosis in endometriosis. A national cohort
study », art. cit.
5. Saraswat L., Ayansina D. T, Cooper K. G., Bhattacharya S., Miligkos D.,
Horne A. W., Bhattacharya S., « Pregnancy outcomes in women with
endometriosis : A national record linkage study », BJOG, 2017, 124 (3),
p. 444-452 ; Hwang A., Chou L., Islam M. M., Li Y. C., Syed-Abdul S., « Risk
factors for ectopic pregnancy in the Taiwanese population : A retrospective
observational study », Arch. Gynecol. Obstet., 2016, 294 (4), p. 779-783.
6. Leone Roberti Maggiore U., Inversetti A. et al., « Obstetrical complications
of endometriosis, particularly deep endometriosis », art. cit. ; Saraswat L.,
Ayansina D. T, Cooper K. G., Bhattacharya S., Miligkos D., Horne A. W.,
Bhattacharya S., « Pregnancy outcomes in women with endometriosis : A
national record linkage study », art. cit.
7. Hwang A., Chou L., Islam M. M., Li Y. C., Syed-Abdul S., « Risk factors for
ectopic pregnancy in the Taiwanese population : A retrospective observational
study », Arch. Gynecol. Obstet., 2016, 294 (4), p. 779-783.
8. Leone Roberti Maggiore U., Inversetti A. et al., « Obstetrical complications
of endometriosis, particularly deep endometriosis », art. cit. ; Saraswat L.,
Ayansina D. T, Cooper K. G., Bhattacharya S., Miligkos D., Horne A. W.,
Bhattacharya S., « Pregnancy outcomes in women with endometriosis : A
national record linkage study », art. cit. ; Vercellini P., Parazzini F.,
Pietropaolo G., Cipriani S., Frattaruolo M., Fedele L., « Pregnancy outcome in
women with peritoneal, ovarian and rectovaginal endometriosis : A
retrospective cohort study », BJOG, 2012, 119, p. 1538-1543.
9. Leone Roberti Maggiore U., Inversetti A. et al., « Obstetrical complications
of endometriosis, particularly deep endometriosis », art. cit. ; Thomin A.,
Belghiti J., David C., Marty O., Bornes M., Ballester M., Roman H., Daraï E.,
« Maternal and neonatal outcomes in women with colorectal endometriosis »,
BJOG, 2016, 125 (6), p. 711-718.
CHAPITRE 9
QUELS ESPOIRS POUR DEMAIN ?
1. Horne A. W., Saunders P. T. K., Abokhrais I. M. et al., « Top ten
endometriosis research priorities in the UK and Ireland », The Lancet, 2017,
282
389 (10085), p. 2191-2192.
2. Dubernard G., Gelet A., Lafon C. et al., « Transrectal high-intensity focused
ultrasound as focal therapy of posterior deep invasive endometriosis »,
Ultrasound Obstet. Gynecol., 2018, 51 (1), p. 145-146.
3. Dun E. C., Taylor H. S., « Elagolix : A promising oral GnRH antagonist for
endometriosis-associated pain », Oncotarget, 2017, 8 (59), p. 99219-9920 ;
Taylor H. S., Giudice L. C., Lessey B. A. et al., « Treatment of endometriosis-
associated pain with elagolix, an oral GnRH antagonist », N. Engl. J. Med.,
2017, 377 (1), p. 28-40.
4. Rokitanski C. von, « Ueber Uterusdrusen-Neubildung in Uterus and
ovarialsarcomen », Z. Gesellsch Aerzt Wien, 1860, 16, p. 755.
5. Becker C. M., Laufer M. R., Stratton P. et al., « World Endometriosis
Research Foundation Endometriosis Phenome and Biobanking Harmonisation
Project : I. Surgical phenotype data collection in endometriosis research »,
Fertil Steril., 2014, 102 (5), p. 1213-1222.
6. Zondervan K. T., Rahmioglu N., Morris A. P. et al., « Beyond Endometriosis
Genome-Wide Association Study : From genomics to phenomics to the
patient », Semin Reprod Med., 2016, 34 (4), p. 242-254.
7. Borghese B., Zondervan K. T., Abrao M. S. et al., « Recent insights on the
genetics and epigenetics of endometriosis », Clin. Genet., 2017, 91 (2),
p. 254-264.
8. Becker C. M., Laufer M. R., Stratton P. et al., « World Endometriosis
Research Foundation Endometriosis Phenome and Biobanking Harmonisation
Project : I. Surgical phenotype data collection in endometriosis research », art.
cit.
9. Fassbender A., Dorien O., Becker C. M. et al., « Peripheral blood
biomarkers for endometriosis », in D’Hooghe T. (dir.), Biomarkers for
Endometriosis, op. cit.
10. https://compare.aphp.fr.
11. Kvaskoff M., Mu F., Terry K. L. et al., « Endometriosis : A high-risk
population for major chronic diseases ? », art. cit.
12. Kvaskoff M., Horne A. W., Missmer S. A., « Informing women with
endometriosis about ovarian cancer risk », The Lancet, 2017, 390 (10111),
2433-2434.
13. Atsma F., Bartelink M. L., Grobbee D. E., Van der Schouw Y. T.,
« Postmenopausal status and early menopause as independent risk factors for
cardiovascular disease : A meta-analysis », Menopause, 2006, 13 (2), 265-
279 ; Rocca W. A., Gazzuola-Rocca L., Smith C. Y., Grossardt B. R., Faubion
S. S., Shuster L. T. et al., « Accelerated accumulation of multimorbidity after
bilateral oophorectomy : A population-based cohort study », Mayo Clin. Proc.,
2016, 91 (11), p. 1577-1589.
283
Deuxième partie
Douleur et endométriose : on en parle !
CHAPITRE 1
UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE
1. Comité d’organisation des états généraux de la douleur, Le Livre blanc de la
douleur, Paris, ministère de la Santé, 2005 ; Bouhassira D. et al.,
« Prevalence of chronic pain with neuropathic characteristics in the general
population », Pain, 2008, 138, p. 380-387 ; Breivik H. et al., « Survey of
chronic pain in Europe : Prevalence, impact on daily life, and traitement »,
EJP, 2006, 10, p. 287-333 ; Echalier A. et al., « Prévalence et caractéristiques
de la douleur et des patients douloureux en France : résultats de l’étude
épidémiologique National Health and Wellness Survey réalisée auprès de
15 000 personnes adultes », Douleurs, 2013, 1, p. 1-12 ; Comité
d’organisation des états généraux de la douleur, Le Livre blanc de la douleur,
op. cit.
2. Breivik H. et al., « Survey of chronic pain in Europe : Prevalence, impact on
daily life, and traitement », art. cit.
3. Comité d’organisation des états généraux de la douleur, Le Livre blanc de la
douleur, Paris, ministère de la Santé, 2017.
4. Margueritte F., « Algies pelviennes chroniques : prévalence et
caractéristiques associées dans la cohorte Constances », Revue
d’épidémiologie et de santé publique, 2016, 2, p. 134 ; Sibert L., Rigaud J.,
Delavierre D., Labat J.-J., « Épidémiologie et aspects économiques des
douleurs pelvipérinéales chroniques », Progrès en urologie, 2010, 20 (12),
p. 872-885.
5. « Rapport de l’Inserm », Le Monde, 8 mars 2017.
6. Mick G. et al., « Impact sociétal de la douleur en France : résultats de
l’enquête épidémiologique National Health and Wellness Survey réalisée
auprès de 15 000 personnes adultes », Douleurs, 2013, 2, p. 57-66 ;
Améliorer la prise en charge actuelle et future de la douleur chronique, rapport
de Consensus Européen, 2010.
7. Améliorer la prise en charge actuelle et future de la douleur chronique, op.
cit.
CHAPITRE 2
LA DOULEUR, SES MÉCANISMES ET SES SECRETS
284
1. Riant T., Labat J.-J., « Algies pelvi-périnéales anorganiques ou
dysfonctionnelles », Post’U, 2012, p. 231-240.
2. Gaumond I., « Hormones sexuelles et mécanismes endogènes de
modulation de la douleur », Douleur et analgésie, 2009, 22, 3, p. 146-151 ;
Tousignant-Laflamme Y., « Une revue sur les différences entre les hommes et
les femmes au niveau réactivité autonomique à la douleur », Douleur et
analgésie, 2009, 22, 3, p. 152-156 ; Keller A.-F., Poisbeau P.,
« Neurostéroïdes et douleur », Douleur et analgésie, 2009, 22, 3, p. 157-168 ;
Schlichter R., « Stéroïdes endogènes et douleur », in Brasseur L., Chauvin M.,
Guilbaud G. (dir.), Douleurs. Physiologie, physiopathologie et pharmacologie,
Paris, Arnette, 2009, p. 65-81 ; Barcellos de Souza J., Vanasse A., Cissé A. et
al., « La douleur selon le sexe », Douleur et analgésie, 2009, 22, 3, p. 133-
198.
3. Damien J., Mendrek A. « Santé mentale et douleur : les différences
hommes-femmes », Douleur et analgésie, 2018, 31, 3, p. 129-136.
CHAPITRE 3
POURQUOI MA DOULEUR NE PASSE-T-ELLE PAS ?
1. Besson J.-M. et al., Pratique du traitement de la douleur, Institut UPSA de la
douleur, 2008, 4, p. 35-42 ; Melzack R., « L’aspect multidimensionnel de la
douleur », in Brasseur L., Guilbaud G.-T., Chauvin M. (dir.), Douleurs. Bases
fondamentales, pharmacologie, douleurs aiguës, douleurs chroniques,
thérapeutiques, Paris, Maloine, 1997, p. 1-3 ; Boureau F. et al., « Le malade
douloureux chronique », in ibid., p. 375-384.
2. Melzack R., « L’aspect multidimensionnel de la douleur », art. cit. ;
Boureau F. et al., « Le malade douloureux chronique », art. cit. ; Bouhassira
D., « Mécanismes physiopathologiques des douleurs neuropathiques », in
Brasseur L., Chauvin M., Guilbaud G. (dir.), Douleurs. Physiologie,
physiopathologie et pharmacologie, op. cit., p. 167-172.
3. Besson J.-M. et al., Pratique du traitement de la douleur, art. cit. ; Boureau
F. et al., « Le malade douloureux chronique », art. cit.
4. Mamie C., « La douleur a-t-elle une origine génétique ? », communication
orale ; Pereira V. et al., « Mécanismes épigénétiques impliqués dans la
douleur chronique », Douleur et analgésie, 2013, 26, 4, p. 234-240 ;
Desmeules J., « Individualisation thérapeutique et analgésiques vers une
médecine personnalisée », La Lettre de l’Institut UPSA de la douleur, 2012,
37, p. 1-7.
285
CHAPITRE 4
QUELS MÉDICAMENTS PRENDRE, QUELS MÉDICAMENTS
ÉVITER ?
1. Rapport ANSM 2012, juillet 2013 ; rapport ANSM 2013, juin 2014 ;
Breivik H. et al., « Survey of chronic pain in Europe : Prevalence, impact on
daily life, and traitement », art. cit.
2. Rapport ANSM 2013, juin 2014.
3. Collectif, Médicaments psychotropes. Consommation et
pharmacodépendance, rapport sur la consommation des médicaments
psychotrope 2007-2009, Paris, Inserm, 2011 ; Breivik H. et al., « Survey of
chronic pain in Europe : Prevalence, impact on daily life, and traitement », art.
cit.
4. Chenaf C. et al., « Usage et mésusage des antalgiques opioïdes en France
entre 2004 et 2015 », Revue d’épidémiologie et de santé publique, 2016,
64 (6 suppl.), p. S303-S304.
5. Comité d’organisation des états généraux de la douleur, Le Livre blanc de la
douleur, op. cit., p. 119-120.
6. Breivik H. et al., « Survey of chronic pain in Europe : Prevalence, impact on
daily life, and traitement », art. cit. ; Mallet C., Eschalier A., « Pharmacologie
des antalgiques non opioïdes », in Bouhassira D., Calvino B. (dir.), Douleurs.
Physiologie, physiopathologie et pharmacologie, op. cit., p. 221-242.
e
7. Dachez R., Histoire de la médecine de l’Antiquité au XX siècle, Paris,
Tallandier, 2004 ; Rey R., Histoire de la douleur, op. cit.
8. Source ginad.org ; Dubessy F. « La france se distingue dans la production
mondiale de drogue licite », Econostrum.info, 17 mars 2017.
9. Breivik H. et al., « Survey of chronic pain in Europe : Prevalence, impact on
daily life, and traitement », art. cit. ; Mallet C., Eschalier A., « Pharmacologie
des antalgiques non opioïdes », art. cit.
10. Calvino B., « Plaidoyer pour un usage thérapeutique du cannabis et ses
dérivés dans le traitement de la douleur chronique », Douleurs, 2017, 18 (2),
p. 59-62 ; Ing Lorenzini K. et al., « Cannabinoïdes médicaux dans les douleurs
chroniques : aspects pharmacologiques », Rev. méd. suisse, 2015, 11,
p. 1390-1394 ; Piguet V. « Le cannabis médical contre la douleur, info ou
er
intox ? », Atelier@ntalgiques, 1 juin 2017 ; « Cannabis : le CBD, une
substance “ni interdite ni autorisée” », interview de Y. Bisiou par F. Béguin, Le
Monde, 11 juin 2018 ; F. Béguin, J.-P. Tenoux, A. Esclauze, « Le fulgurant
succès du CBD, “cannabis light” », Le Monde, 11 juin 2018 ; Dubessy F. « La
france se distingue dans la production mondiale de drogue licite », art. cit.
286
11. Ing Lorenzini K. et al., « Cannabinoïdes médicaux dans les douleurs
chroniques : aspects pharmacologiques », art. cit. ; Piguet V., « Le cannabis
médical contre la douleur, info ou intox ? », art. cit.
12. « Cannabis : le CBD, une substance“ni interdite ni autorisée” », interview
de Y. Bisiou par F. Béguin, art. cit. ; F. Béguin, J.-P. Tenoux, A. Esclauze, « Le
fulgurant succès du CBD, “cannabis light” », art. cit. ; Dubessy F. « La france
se distingue dans la production mondiale de drogue licite », art. cit.
13. Marchand S., « Effet placebo », Douleur et analgésie, 2014, 27, p. 197-
224 ; Goffaux P., Léonard G., Marchand S., « Neuroanatomie fonctionnelle de
l’effet placebo », in Bouhassira D., Calvino B. (dir.), Douleurs. Physiologie,
physiopathologie et pharmacologie, op. cit., p. 317-331.
14. Goffaux P., Léonard G., Marchand S., « Neuroanatomie fonctionnelle de
l’effet placebo », art. cit.
15. Cité par lexpress.fr, 11 mars 2015 ; Combis-Schlumberger H.,
« Homéopathie : trois siècles d’utilisation, zéro preuve d’efficacité », France
Culture, 18 octobre 2017.
16. Fontanille B., Senser E., Médecines d’ailleurs. Rencontre avec ceux qui
soignent autrement, Paris, Éditions de La Martinière, 2014.
CHAPITRE 5
LES APPROCHES PSYCHOCORPORELLES (1) : PRENDRE
D’ABORD SOIN DE MON CORPS
287
douleur, Paris, Institut UPSA de la Douleur, 2013, p. 253-265 ; Gueullette J.-
M., « À l’origine de l’ostéopathie », Sens et santé, mars-avril 2017, 1, p. 48-53.
6. Ibid.
7. Bonnet C., Laurens D., Perrin J.-J., Guide pratique de mésothérapie, Paris,
Elsevier Masson, 2012.
8. Labat J.-J., Guérineau M., Hypertonie périnéale et douleur.
Physiopathologie et traitements, Paris, Sifud, octobre 2004 ; Labat J.-J. et al.,
« Approches symptomatiques des dysfonctions musculosquelettiques et
douleurs pelvipérinéales chroniques », Progrès en urologie, 2010, 20 (12),
p. 982-989.
9. Dossier « Acupuncture et médecine chinoise », Douleur et analgésie, 2015,
28 (2), p. 59-92 ; Fontanille B., Senser E., Médecines d’ailleurs, op. cit.
10. Labat J.-J., Guérineau M., Hypertonie périnéale et douleur.
Physiopathologie et traitements, op. cit. ; Labat J.-J. et al., « Approches
symptomatiques des dysfonctions musculosquelettiques et douleurs
pelvipérinéales chroniques », art. cit. ; Sens et santé, mars-avril 2017, 1, p. 30.
11. Sens et santé, mars-avril 2017, 1, p. 30.
12. Dossier « Acupuncture et médecine chinoise », Douleur et analgésie, art.
cit. ; Marchand S., Gaumond I., « Mécanismes de l’acupuncture, de la
périphérie aux centres supérieurs », in Bioy A., Wood C. (dir.), Thérapies à
médiation corporelle et douleur, op. cit., p. 235-251 ; Fontanille B., Senser E.,
Médecines d’ailleurs, op. cit.
13. Marchand S., Gaumond I., « Mécanismes de l’acupuncture, de la
périphérie aux centres supérieurs », art. cit.
14. Ibid.
15. Dossier « Acupuncture et médecine chinoise », Douleur et analgésie, art.
cit.
16. Fontanille B., Senser E., Médecines d’ailleurs, op. cit. ; Moisset X.,
« Stimulations cérébrales non invasives : une nouvelle option thérapeutique
pour la douleur chronique », Douleur et analgésie, 2017, 30, 4, p. 192-198.
17. Fontanille B., Senser E., Médecines d’ailleurs, op. cit.
18. Moisset X., « Stimulations cérébrales non invasives : une nouvelle option
thérapeutique pour la douleur chronique », art. cit.
CHAPITRE 6
LES APPROCHES PSYCHOCORPORELLES (2) : COMMENT
PRENDRE SOIN DE MON CERVEAU
288
1. Seth A. et al., 3 minutes pour comprendre les 50 plus grands mécanismes
du cerveau, Paris, Le Courrier du livre, 2016.
2. Lledo P.-M., Le Cerveau, la Machine et l’Humain, Paris, Odile Jacob, 2017.
3. Seth A. et al., 3 minutes pour comprendre les 50 plus grands mécanismes
du cerveau, op. cit.
4. André C., « La méditation de pleine conscience », Cerveau et psycho, 2010,
41, p. 18-24.
5. André C., Kabat-Zinn J., Rabhi P., Ricard M., Se changer, changer le
monde, Paris, L’Iconoclaste, 2013.
6. Baste N., « La relaxation, la sophrologie dans le traitement de la douleur »,
in Bioy A., Wood C. (dir.), Thérapie à médiation corporelle et douleur, op. cit.,
p. 103-122 ; André C., « La méditation de pleine conscience », art. cit. ;
André C., Méditer jour après jour, Paris, L’Iconoclaste, 2011 ; André C., Kabat-
Zinn J., Rabhi P., Ricard M., Se changer, changer le monde, op. cit.
7. Buric I., Farias M., Jong, J., Mee, C., Brazil, I. A., « What is the molecular
signature of mind – body interventions ? A systematic review of gene
expression changes induced by meditation and related practices », Front.
Immunol., 2017, 8, p. 670.
8. Baste N., « La relaxation, la sophrologie dans le traitement de la douleur »,
art. cit.
9. Baste N., « La relaxation, la sophrologie dans le traitement de la douleur »,
art. cit. ; Platon, Charmide ou de la Sagesse morale, in Œuvre complètes,
Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1940, t. 1.
10. Aliotta C., Manuel de sophrologie, Paris, InterEditions, 2014 ; Abrezol R.,
Vaincre par la sophrologie. Paris, Lanore, 2007 ; Peix Lavallée C., « Tout ce
que vous ne savez pas sur la sophrologie », Huffington Post, 5 octobre 2016.
11. Abrezol R., Vaincre par la sophrologie, op. cit.
12. Aliotta C., Manuel de sophrologie, op. cit.
13. Ibid.
14. Ibid.
15. Ibid.
16. Peix Lavallée C., « Tout ce que vous ne savez pas sur la sophrologie »,
art. cit.
17. Abrezol R., Vaincre par la sophrologie, op. cit.
18. Peix Lavallée C., « Tout ce que vous ne savez pas sur la sophrologie »,
art. cit.
19. André C., « La méditation de pleine conscience », art. cit. ; André C.,
Méditer jour après jour, op. cit. ; André C., Kabat-Zinn J., Rabhi P., Ricard M.,
Se changer, changer le monde, op. cit.
289
20. Yapko M., L’Hypnose et le Traitement de la dépression, Bruxelles, Satas,
2009 ; Virot C., Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie, Rueil-Malmaison,
Arnette, 2010 ; Brosseau G., Hypnose, une réinitialisation de nos cinq sens,
Paris, InterÉditions 2012.
21. Yapko M., L’Hypnose et le Traitement de la dépression, op. cit.
22. Virot C., Hypnose, douleurs aiguës et anesthésie, op. cit.
23. Buric I., Farias M., Jong, J., Mee, C., Brazil, I. A., « What is the molecular
signature of mind – body interventions ? A systematic review of gene
expression changes induced by meditation and related practices », art. cit.
24. Dispenza J., Rompre avec soi-même. Pour se créer à nouveau, Paris,
Ariane 2012 ; André C., Méditer jour après jour, op. cit. ; http//emdr.fr ; Filliozat
A.-M., Guasch G., Aide-toi, ton corps t’aidera, Paris, Albin Michel, 2006 ;
André C., Les États d’âme. Un apprentissage de la sérénité, Paris, Odile
Jacob, 2009.
25. http//emdr.fr.
26. Belzung C., Biologie des émotions, Bruxelles, De Boeck, 2007.
CHAPITRE 7
SPORT, ALIMENTATION, SEXUALITÉ, SOMMEIL…
1. Perlemuter G., Cassard A.-M., Les Bactéries, des amies qui nous veulent
du bien, Solar, 2016.
2. Rey A., 200 drôles d’expressions, Paris, Le Robert, 2015, p. 24-25.
3. Beroud-Poyet H., Beltran L., Les Femmes et leur Sexe, Paris, Payot et
Rivages, 2017.
4. Dechance J., « Récupérer et bien dormir », Sens et santé, mars-avril 2017,
1, p. 91-97 ; Institut national du sommeil et de la vigilance, https://institut-
sommeil-vigilance.org/ ; Réseau Morphée, https://reseau-morphee.fr/ ; Krémer
P., « Le manque de sommeil nous tue ! », Le Monde, 17 novembre 2017 ; Le
Denn A., « Le réchauffement perturbe le sommeil », Le Monde, 6 juin 2017.
Les associations de patientes, leur rôle, où les contacter
5. Lorriaux A., « Comment l’endométriose s’est imposée dans le débat
public », Slate.fr, 9 décembre 2015,
http://www.slate.fr/story/109755/endometriose-circulation-information ;
Réflexions sur l’endométriose en France, Paris, association ENDOmind
France, 2015,
https://docs.wixstatic.com/ugd/583704_0985d8758fd8455bb7b15fdb97e6fc84.
pdf.
290
Remerciements
291
Sandra Connan (ostéopathe) pour son professionnalisme et sa
bienveillance.
Dr Julie Galey (gynécologue responsable du centre d’AMP de
l’Institut mutualiste Montsouris) pour sa collaboration indispensable
dans la prise en charge de la fertilité.
Vanessa Gouyot (diététicienne) pour sa maîtrise et ses conseils
avisés concernant l’alimentation.
Dr Marina Kvaskoff (épidémiologiste) pour sa notoriété dans
l’épidémiologie de l’endométriose. Son implication et son travail de
recherche à venir, marqueront une avancée importante dans la prise
en charge de l’endométriose.
Dr Gabrielle Lohmann (hypnothérapeute) pour sa relation
humaine et ses accompagnements hypnothérapeutiques auprès de
nos patientes.
Dr Anne-Marie Marchal (acupuncteur) pour sa réflexion, ses
compétences et sa douceur relationnelle.
Dr Astrid Mephon (chirurgien, gynécologue-obstétricien) pour son
engagement au quotidien.
Thierry Rosas (sophrologue et préparateur mental) pour sa
parole de vérité dans la bienveillance.
Sophie Younes (psychologue clinicienne et sophrologue) pour sa
Compétence, son écoute et son empathie.
Dr Anne Sophie Zanini (chirurgien, gynécologue-obstétricien)
pour ses conseils et son suivi des femmes enceintes.
292
TABLE
Préface
Quelles conséquences ?
Chapitre 2 - Quels chiffres et quelles causes ?
293
Femme sociale, femme reconnue
Chapitre 4 - Des symptômes divers, mais bien identifiés
Quels sont les symptômes gynécologiques ?
294
Quel est l'impact de l'endométriose sur la grossesse ?
Chapitre 9 - Quels espoirs pour demain ?
Quelles sont les priorités pour la recherche ?
295
À douleurs différentes, différents traitements
Les antidouleurs peu utiles : les antalgiques
Les médicaments antidouleur utiles
Chapitre 5 - Les approches psychocorporelles (1) : prendre d'abord soin de mon corps
Les approches nécessitant un thérapeute
Les approches pouvant être pratiquées seule
La neurostimulation
Chapitre 6 - Les approches psychocorporelles (2) : comment prendre soin
de mon cerveau
Dessine-moi un cerveau !
Autour des techniques de la pleine conscience
La relaxation : la détente du corps et de l'esprit
La sophrologie : comment retrouver l'estime de soi !
L'hypnothérapie ou la trans(e-)formation !
La psychothérapie : au plus profond de soi
Et si je commençais maintenant ?
Chapitre 7 - Sport, alimentation, sexualité, sommeil…
296
Les associations de patientes, leur rôle, où les contacter
L'évolution du paysage associatif en France
L'EndoMarch, point de départ d'une mobilisation générale
Notes bibliographiques
Remerciements
297
www.odilejacob.fr
298
299
300