Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
JURY
Henri Delmas Professeur, Laboratoire Génie Président du Jury
Chimique ENSIACET
Bertrand Dubus Directeur de recherche, Institut Rapporteur
Supérieur d’Électronique du Nord
Frédéric Gruy Professeur, École des Mines de Rapporteur
Saint-Étienne
Fabien Baillon Maître assistant, École des Mines Examinateur
d’Albi-Carmaux
Fabienne Espitalier Professeur, École des Mines Directeur
d’Albi-Carmaux
Loïc Hallez Maître de conférence, Université Examinateur
de Franche-Comté
Stéphane Labouret Ingénieur de recherche, LAGEP Examinateur
Université de Lyon 1
Olivier Louisnard Maître assistant, École des Mines co-Directeur
d’Albi-Carmaux
École doctorale et spécialité :
MEGEP : Génie des procédés et de l’Environnement
Unité de Recherche :
Centre RAPSODEE, CNRS - UMR 5302, École des Mines d’Albi-Carmaux
Directeur(s) de Thèse :
Fabienne Espitalier et Olivier Louisnard
Rapporteurs :
Bertrand Dubus et Frédéric Gruy
Remerciements
iii
Table des matières
Introduction 1
1 Contexte et objectifs 3
1.1 Contexte : La cristallisation de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Intérêt de l’étude de la sono-congélation . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Qui sommes-nous ? et notre histoire avec la sono-cristallisation 4
1.2 Lyophilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Principe de la lyophilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.2 Les différentes étapes de la lyophilisation . . . . . . . . . . . . 5
1.3 À propos de cette thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2 Cristallisation 9
2.1 La cristallisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Nucléation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.1 La force motrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.2 La nucléation primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.3 La nucléation secondaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.4 Facteurs influençant la nucléation secondaire . . . . . . . . . . 15
2.3 Cristallisation assistée par ultrasons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3.1 Les hypothèses de l’effet des ultrasons sur la cristallisation . . 18
2.3.2 Le cas de la glace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.3 Une nouvelle interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
v
3 Cavitation acoustique 27
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.1.1 L’importance des bulles de cavitation : le puzzle des bulles . . 27
3.1.2 Un peu d’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3.2 Dynamique radiale de la bulle de cavitation . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2.1 Tension superficielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2.2 Rayon ambiant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2.3 Seuil de Blake . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2.4 Modélisation de la dynamique radiale de bulle . . . . . . . . . 34
3.2.5 Dynamique d’une bulle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 La bulle unique en lévitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.1 Observations expérimentales d’une bulle en lévitation. . . . . . 40
3.3.2 Conditions de stabilité d’une bulle unique . . . . . . . . . . . 43
3.3.3 Synthèse sur la bulle unique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
vi
Table des matières
5 Résultats et discussions 97
5.1 La cellule de géométrie sphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.1.1 Détection acoustique de la bulle de cavitation . . . . . . . . . 97
5.1.2 Corrélation croisée et caractérisation de la bulle . . . . . . . . 98
5.1.3 Perturbation de la dynamique de la bulle . . . . . . . . . . . . 102
5.1.4 Images d’une bulle de cavitation acoustique . . . . . . . . . . 103
5.1.5 Dynamique de la bulle dans une cellule de géométrie sphérique 106
5.2 Validation de la cellule verre à base carrée . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.2.1 Dynamique de la bulle dans une cellule de géométrie cubique . 108
5.2.2 Perturbation d’une bulle dans une cellule cubique . . . . . . . 108
5.3 Rampes de pression acoustique. Exploration des régimes de lévitation 110
5.4 Détection acoustique d’objets au voisinage d’une bulle de cavitation . 115
5.5 Dimensionnement de la petite cellule . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
5.5.1 Principe de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
5.5.2 Variation de la hauteur de la petite cellule . . . . . . . . . . . 121
5.5.3 Influence d’une différence de niveau entre les cellules . . . . . 123
5.5.4 Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
6 Conclusion 127
Bibliographie 141
vii
Introduction
1
induits par les bulles de cavitation acoustique rendent impossible une observation
détaillée de la nucléation (figure 1). Une autre difficulté expérimentale majeure de
cette méthode est la nucléation hétérogène inévitable à la surface du transducteur
plongé dans le liquide sous-refroidi, comme l’indiquent Ohsaka et Trinh (1998).
Il est possible de s’affranchir de ces difficultés en se plaçant dans des conditions où
une seule bulle de cavitation est générée, et maintenue isolée pendant des heures.
Cette technique, initiée par F. Gaitan et al. (1992), consiste à faire léviter une bulle
dans une cellule résonante produisant une onde stationnaire.
La technique a largement été utilisée depuis dans le cadre d’études sur la sono-
luminescence (M. Brenner, 2002). Ces expériences constituent la base de notre
étude pour explorer le phénomène de nucléation de la glace induite par une bulle
unique de cavitation acoustique dans de l’eau sous-refroidie. Cette technique devrait
permettre de déterminer l’effet d’une bulle de cavitation sur la nucléation de cristaux,
et d’apporter des réponses sur les effets observés en situation multi-bulles (telles
que celle de la figure 1). Il est à noter que les résultats et les modèles théoriques
concernant ces expériences sont à ce jour contradictoires (Hickling, 1994 ; Ohsaka
et Trinh, 1998 ; Saclier, Peczalski et Andrieu, 2010).
Cette étude présente la mise au point du dispositif expérimental pour l’étude de la
cristallisation de la glace dans de l’eau sous-refroidie en présence d’une bulle unique
de cavitation acoustique.
2
1
Contexte et objectifs
Sommaire
1.1 Contexte : La cristallisation de l’eau . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Lyophilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 À propos de cette thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3
1.1.1 Intérêt de l’étude de la sono-congélation
4
Contexte et objectifs
1.2 Lyophilisation
Congélation
5
lors du refroidissement, et la température à laquelle la transition s’effectue est
stochastique, dont la loi de probabilité ne peut être obtenue que par répétition d’un
grand nombre d’expériences dans des conditions identiques (Nakagawa et al., 2006).
La température de solidification, qui peut descendre jusqu’à −10 ◦C dans certains
cas, est cruciale, car la taille des cristaux générés, et donc la taille des pores du solide
après sublimation de la glace, lui est directement corrélée : plus la température de
congélation est basse, plus les cristaux seront petits.
La température de cristallisation dépend de la vitesse de refroidissement. Un re-
froidissement rapide conduit à une température de cristallisation plus basse. Ainsi
un refroidissement rapide entraîne la formation de petits cristaux de glace, ce qui
conduit à un produit plus difficile à lyophiliser, ou parfois dénaturé. Au contraire,
si la congélation est lente, les cristaux sont plus gros et la nature du produit est
conservée.
Dessiccation primaire
Dessiccation secondaire
Cette dernière étape débute lorsque toute la glace est sublimée. Les produits sont
alors séchés. La phase de dessiccation secondaire consiste à désorber l’eau qui est
encore présente dans le produit. Cette eau résiduelle forme des liaisons chimiques
avec la matrice solide et elle est donc plus difficile à extraire du milieu. C’est une
étape délicate, car poussée trop loin, elle peut dénaturer le produit. Dans cette étape,
le vide est poussé jusqu’aux environs de 5 µbar. On maintient ou on augmente la
température du produit jusqu’à des valeurs positives. Une température variant entre
20 et 70 ◦C pendant deux à six heures permet d’amener l’humidité résiduelle entre
6
Contexte et objectifs
2 et 8%. Les molécules d’eau qui restent en surface du produit sont arrachées. Le
produit est maintenant sec à 95% ou plus.
7
2
Cristallisation
Sommaire
2.1 La cristallisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Nucléation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Cristallisation assistée par ultrasons . . . . . . . . . . . . 15
2.1 La cristallisation
9
peut être soit homogène (la solution ne contient pas de particules étrangères ou de
cristaux), soit hétérogène (des particules ou surfaces étrangères sont présentes).
Un résumé des types de nucléation est présenté à la figure (2.1).
2.2 Nucléation
La nucléation primaire est l’apparition localisée d’une nouvelle phase, ici le solide, au
coeur d’une ancienne phase sursaturée, ici le liquide. La sursaturation est nécessaire
car elle est la principale force motrice pour la création ou le dépôt d’une phase solide
à partir d’une phase liquide (Mullin, 2001).
10
Cristallisation
11
où ∆G est la variation d’enthalpie libre lors de la transformation de l’espèce considérée
de l’état liquide à l’état solide à température et pression constantes et conduisant à
une particule de taille L. ∆Gs représente la variation d’enthalpie libre de surface, et
∆Gv est la variation d’enthalpie libre de volume (assemblage des molécules). ∆Gs
est une quantité positive proportionnelle à L2 . Dans une solution sursaturée, ∆Gv
est une quantité négative proportionnelle à L3 , ainsi
α 3
∆G = ∆Gs + ∆Gv = βL2 γ − L ∆µ, (2.2.4)
ν0
où γ est l’énergie interfaciale cristal/solution, β et α sont respectivement les facteurs
de forme en volume et en surface (basés sur la longueur caractéristique L), ν0 le
volume moléculaire du cristal et ∆µ la sursaturation. Pour les noyaux sphériques, L
étant le diamètre, le facteur de forme en volume α vaut π6 , et le facteur de forme en
surface β vaut π.
Les deux termes de droite de l’équation (2.2.4) sont de signes opposés et dépendent
différemment de L. Le tracé de l’enthalpie libre de formation (∆G) en fonction de L
montre que ∆G passe par un maximum (voir figure 2.2). Cette valeur maximale, ∆Gc
correspond au noyau critique, Lc , et elle est obtenue en maximisant l’équation (2.2.4),
∂∆G
c’est-à-dire pour = 0.
∂L
4γν
Lc = . (2.2.5)
∆µ0
Pour cette taille critique, le germe est en équilibre instable avec la solution. Si on lui
enlève un monomère, c’est-à-dire un élément constitutif du germe, alors L < Lc , et
le germe se dissout ; si on lui ajoute un monomère, alors L > Lc , et le germe croît.
En substituant l’équation (2.2.5) dans (2.2.4), nous obtenons l’énergie libre de
formation d’un embryon de taille critique comme :
16πγ 3 ν02
∆Gc = , (2.2.6)
3∆µ2
appelé aussi « travail de nucléation ». C’est la barrière d’énergie que les fluctuations
thermiques dans le liquide doivent franchir pour pouvoir former un germe de solide.
Puisque seuls les noyaux ayant des rayons plus grands que le noyau critique (nucleus)
peuvent se développer spontanément jusqu’à la taille macroscopique, le taux de
nucléation B est défini comme le nombre de noyaux stables formés dans le système
par unité de temps et par unité de volume ou de surface. Ce taux de nucléation
dépend généralement de propriétés thermodynamiques et physiques différentes telles
que la température, le nombre de noyaux stables formés par unité de temps et par
unité de volume, le coefficient de diffusion DAB , la sursaturation ∆µ, la densité du
solide, etc (Rogerson et Cardoso, 2003). À sursaturation constante, le nombre
de noyaux stables formés suit une distribution de probabilité, et il peut être décrit
par le modèle d’Arrhenius. La nucléation primaire, c’est-à-dire la formation d’un
nucleus de rayon supérieur au rayon critique, n’arrive pas soudainement, car les
12
Cristallisation
� �
−∆Gc
B = A exp , (2.2.7)
kB T
A = zf ∗ C0 , (2.2.8)
13
coefficient de diffusion des molécules, à la température et à la concentration), C0 est
la concentration de sites de nucléation et z qui traduit la courbure de ∆G(L) pour la
taille critique L = Lc . Si l’on note n le nombre de molécules dans un cluster, et nc ce
nombre dans un noyau critique, ce coefficient, appelé facteur de Zeldovich, s’écrit :
� �1/2
π d2 ∆G
z= − (nc ) . (2.2.9)
2kT dn2
� �
2(γkB T )0.5 C0 exp − ∆H
� � � �
crist
kB T ∆µ 16πν02 γ 3
B= exp exp − , (2.2.10)
3πd20 η kB T 3kB T ∆µ2
Les cristaux déjà créés sont capables de catalyser le phénomène de nucléation, et par
conséquent, le taux de nucléation secondaire est généralement plus élevé que celui de
la nucléation primaire. De plus, la nucléation secondaire se produit à un rapport de
sursaturation inférieur. On trouve sur ce sujet plusieurs théories et recherches dans
la littérature, mais les mécanismes ne sont pas entièrement élucidés (Mullin, 2001).
Il existe différents types de nucléation secondaire qui dépendent de la source à partir
de laquelle elle a été induite : la nucléation secondaire vraie, la nucléation secondaire
apparente et la nucléation de contact. Lorsque la nucléation secondaire est provoquée
par des interactions cristal-solution, on parle de nucléation secondaire vraie. Lorsque
ce sont des interactions cristal-cristal ou cristal-appareillage, on parle de nucléation
14
Cristallisation
Les vitesses de nucléation secondaire sont le plus souvent données par des lois
empiriques de la forme :
B2 = K2 MTj N t ∆C b , (2.2.11)
15
Industriellement l’utilisation des ultrasons pourrait pourtant représenter une alter-
native à l’ensemencement, méthode classique de contrôle de la nucléation et des
propriétés des cristaux produits. Mais comme il n’existe pas d’outil de simulation
permettant de dimensionner et d’optimiser des sono-cristallisoirs, cette technique
n’est que très peu développée à l’échelle industrielle.
Cependant, la sono-cristallisation semble pouvoir offrir un contrôle accru de certaines
caractéristiques des cristaux obtenus : taille, dispersion, structure cristalline, repro-
ductibilité comme le montrent des travaux antérieurs (Gatumel, 1997 ; Hassoun,
2003 ; Lyczko, 2000 ; Lyczko et al., 2002).
L’action des ultrasons a été comparée à celle de l’agitation mécanique sur des solutions
sursaturées d’alun de potassium. Il a été observé que la distribution de taille obtenue
sous ultrasons est plus resserrée. La taille moyenne des cristaux obtenus sous ultrasons
est inférieure de 50% à la taille obtenue sous agitation mécanique (A. English et
Dole, 1950). Amara (Amara, 2002) a mené une étude sur l’alun de potassium à une
fréquence de 20 kHz et a confirmé que l’uniformité de taille obtenue sous ultrasons
était plus importante en comparaison avec une cristallisation sans ultrasons.
Les ultrasons sont aussi reconnus pour assurer une meilleure pureté des cristaux
(Ratsimba, Biscans et Delmas, 1999). Par exemple, lors de la cristallisation
en milieu fondu, des impuretés peuvent se déposer à la surface du cristal et être
redistribuées dans le réseau cristallin par substitutions (Sirinivasan, Shirgaonkar
et Pandit, 1995). Les auteurs de cette étude ont proposé un mécanisme rendant
compte d’une meilleure pureté du produit cristallisé sous ultrasons. Celui-ci est basé
sur l’existence de points chauds au moment de l’implosion des bulles de cavitation,
qui, bien qu’ayant une durée de vie éphémère (quelques nanosecondes), permettaient
de dissoudre les impuretés présentant des points de fusion plus faibles.
Un des problèmes liés à la sono-cristallisation est l’effet de volume. Des expériences
de cristallisation assistée par ultrasons dans des conditions expérimentales similaires
(même produit à cristalliser, à même sursaturation, et à température identique), mais
réalisées dans des réacteurs de volumes différents ne donneront pas les mêmes résultats
(Li et al., 2003). La taille des cristaux obtenus dans le réacteur de volume plus
important est plus élevée. Plusieurs explications quant à l’origine de ce phénomène
sont proposées :
16
Cristallisation
17
détectable. Dans des conditions classiques de cristallisation, le premier temps est
négligé.
18
Cristallisation
Harzali, Espitalier et al., 2009 ; J.Dodds et al., 2007 ; Ruecroft et al., 2005b ;
Virone et al., 2006)
3. Évaporation rectifiée ;
19
bulle prenant en compte les effets thermiques montrent qu’à 20 kHz cette expansion
est quasi-isotherme, car le temps caractéristique de diffusion est bien plus court que
le temps caractéristique d’évolution du rayon (B. Storey et A. Szeri, 2000), ce qui
semblerait infirmer l’hypothèse de refroidissement lors de l’expansion de la bulle. Une
variante de cet effet lors des rebonds de la bulle est toutefois à l’étude au laboratoire
et conduit à une interprétation alternative plausible de la nucléation de la glace par
une bulle de cavitation.
Effet de la pression
20
Cristallisation
Évaporation rectifiée
B. Storey et A. Szeri (2000) ont montré que la vapeur d’eau entrant dans la bulle
de cavitation est piégée par un blocage diffusionnel lors de l’implosion, et qu’une
partie de cette vapeur est décomposée chimiquement. H. Harzali, Baillon et al.
(2011) ont mentionné que cet effet pouvait conduire à un appauvrissement en eau
dans la solution au voisinage de la bulle, et donc l’enrichir localement en soluté, ce
qui augmenterait localement la sursaturation. Cet effet reste à modéliser et il n’existe
aucune vérification expérimentale à ce jour.
Cn + C1 ⇐⇒ Cn+1 , (2.3.1)
ainsi que
Cn + Cm ⇐⇒ Cn+m , (2.3.2)
21
En présence d’ultrasons, la forte accélération dans le liquide au voisinage de la
bulle à la fin de l’implosion (de l’ordre de 1012 g) est susceptible de ségréger les
multimères existant au sein de la solution. Cette ségrégation peut conduire à des
surconcentrations transitoires des multimères au voisinage de la bulle favorisant
ainsi les agrégations du type de celles exprimées par l’équation 2.3.2 (figure 2.6)
(Grossier, Louisnard et Vargas, 2007). Cet effet serait susceptible d’accélérer
l’attachement des agrégats moléculaires précurseurs des cristaux et donc d’accélérer
la nucléation primaire homogène.
Fig. 2.6 – Accroissement de taille d’un cluster par agrégation d’un monomère C1 et
d’un n-mère Cn . L’agrégation directe entre n-mères et m-mères présente une très faible
probabilité, du fait de leur faible nombre relativement aux monomères présents dans
la solution(Grossier, Louisnard et Vargas, 2007).
Fig. 2.7 – Accroissement de taille d’un cluster en présence d’une bulle de cavitation : la
diffusion de pression concentre les clusters de taille moyenne aux environs de l’interface
de bulle à chaque implosion, favorisant ainsi les probabilités d’agrégation décrite par
l’équation (2.3.1), et augmentant possiblement l’agrégation directe de clusters de
taille raisonnable comme décrit par l’équation (2.3.2). Les clusters les plus larges sont
expulsés loin de la bulle (Grossier, Louisnard et Vargas, 2007).
22
Cristallisation
Notons que les clusters sont plus qu’un outil conceptuel, et ont été mis en évidence
expérimentalement dans des solutions sursaturées (Larson et Garside, 1986).
Cependant, l’effet de ségrégation n’est pour l’heure supporté que par des calculs théo-
riques et n’a jamais été mis en évidence expérimentalement. La thèse de Grossier
(2006) avait pour objet de mettre en évidence cet effet dans une cellule de lévitation
de bulle unique comparable à celle que nous avons utilisé dans notre étude, mais
l’effet n’a pas pu être encore observé. D’autre part, il est important de mentionner
que l’effet de ségrégation n’est possible que si la phase solide est plus dense que le
liquide, ce qui est le cas en général pour les solutés, mais pas pour certains fondus,
et en particulier l’eau.
L’effet de ségrégation ne peut donc être invoqué pour expliquer la nucléation de la
glace dans de l’eau sous-refroidie.
23
Hickling (1965, 1994) considère quant à lui que c’est bien le pic de compression qui
est responsable de l’augmentation de la température de fusion, ce qui va à l’encontre
de la loi de Clausius-Clapeyron pour la glace I. Pour résoudre le paradoxe, il note
que la pente de la courbe d’équilibre p(T ) change de signe pour les glaces à haute
pression (figure 2.8), dont la formation est envisageable puisque la pression du liquide
augmente considérablement dans l’onde de pression émise à la fin du collapse. La
glace nucléée serait donc de la glace V, VI ou VII, se retransformant en glace normale
une fois les conditions redevenues normales.
Fig. 2.8 – D’après Hickling (1994) : courbe d’équilibre des différentes phases de la
glace (courbe en traits pleins). Les courbes en traits pointillés représentent l’évolution
de l’état du liquide après une implosion, pour différentes températures initiales de
l’eau (0, 30 et 60 ◦C).
24
Cristallisation
Des calculs menés parallèlement à cette étude dans le cadre de l’ANR SONONU-
CLICE montrent que la température au coeur de la bulle chute largement en dessous
de 0 ◦C lors des rebonds après l’implosion (Fig. 2.9, Louisnard et al., 2014, en pré-
paration), sur une échelle de temps de l’ordre de 500 ns, ce qui est court, mais bien
plus long que le temps caractéristique d’implosion (typiquement de l’ordre de 1 ns).
La vapeur d’eau piégée dans la bulle serait donc susceptible de former des germes de
glace, qui une fois re-disséminés dans le liquide sous-refroidi pourraient y déclencher
facilement la nucléation.
40
a
R (µm)
20
0
28 30 32 34
t (µs)
40 b
20
T (◦C)
0
−20
−40
28 30 32 34
t (µs)
Fig. 2.9 – En haut, zoom sur les rebonds d’une bulle de cavitation inertielle au cours
du temps. Le premier minimum de la courbe R(t) correspond à la fin de l’implosion
principale. En bas, température calculée au coeur de la bulle. Les points marqués en
rouge correspondent aux phases où la température en◦C est négative.
25
3
Cavitation acoustique
Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2 Dynamique radiale de la bulle de cavitation . . . . . . . 29
3.3 La bulle unique en lévitation . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.1 Introduction
27
choc que la crevette utilise pour briser la coquille de sa proie, l’étourdir ou la
tuer (Versluis et al., 2000) ;
28
Cavitation acoustique
saturation en oxygène, avec une onde de pression stationnaire imposée. Cette bulle
unique a été maintenue pendant des heures en lévitation, dans une configuration
acoustique résonante, et elle a pu émettre de la lumière. Depuis lors, ce phénomène a
été appelé luminescence par une bulle unique (SBSL, single-bubble sonoluminescence)
et est connu pour une gamme de fréquences acoustiques allant de 20 à 50 kHz et
une pression acoustique comprise entre 1 et 1.5 bar (Sirvastava et al., 2003). Il est
important de dire que dans le cas de SBSL, la bulle doit être nucléée extérieurement
soit par l’intermédiaire d’une seringue, d’une micro-pipette, ou à l’aide d’un fil
métallique (Ni−Cr) chauffé ou par un laser. En effet, la bulle ne peut pas nucléer
spontanément sous l’influence de l’onde acoustique, comme c’est le cas dans les
expérimentations classiques en multi-bulles.
L’expérience fondatrice de Gaitan a déclenché une vague de recherche sur la bulle
unique, les conditions de son obtention et les propriétés de l’émission lumineuse.
L’un des enjeux a été notamment de comprendre pourquoi le spectre lumineux était
continu pour la SBSL alors qu’il comporte des raies dans la MBSL. Les différents
challenges ont été clairement établis dans la revue préliminaire de Barber et al.
(1997), et leur résolution dans la décennie suivante est bien résumée par exemple
dans les revues de M. Brenner (2002), Hammer et Frommhold (2001) et T. J.
Matula (2000).
Notons qu’un autre axe de recherche parallèle, plus éloigné de nos travaux, concerne
l’auto-organisation des champs multi-bulles en une grande variété de structures
(Campos-Pozuelo et al., 2005 ; Doinikov, 2005 ; Mettin, 2005, 2007 ; Mettin
et Doinikov, 2009 ; Parlitz, Mettin et al., 1999).
La tension superficielle est une propriété liée aux forces d’attraction entre des
molécules identiques. Comme telle, elle se manifeste à la surface d’un milieu dense
(liquide ou solide) ou à l’interface entre deux milieux denses. Les forces entre molécules
dans la masse d’un milieu dense sont toujours égales dans toutes les directions, et
par conséquent, aucune force nette n’est exercée sur les molécules. Cependant, à
29
une interface, il existe un déséquilibre de ces forces. Si nous supposons une interface
liquide/gaz, les molécules sont attirées plus fortement par le côté liquide que par le
côté gaz ; la résultante des forces s’exerçant sur les molécules de la surface est donc
dirigée vers l’intérieur du liquide. C’est donc un effet au sein du liquide qui amène
la surface à se déformer comme une membrane élastique. Comme les molécules de
liquide au voisinage de l’interface sont attirées vers le cœur du liquide, la pression
exercée par le liquide est plus faible que si cette attraction n’existait pas. La pression
pb dans la bulle est donc supérieure à celle du liquide p0 (Kondepudi et Prigogine,
2002 ; Potter et Wiggert, 2002).
La tension superficielle σ s’exprime en unité de force par unité de longueur N/m. La
loi de Laplace permet de calculer la différence ∆p = pb − p0 en fonction du rayon de
la bulle R et de la tension superficielle σ.
On peut retrouver ce saut de pression par un raisonnement énergétique. Pour
augmenter l’interface de la bulle, il faut fournir de l’énergie car il faut amener de
nouvelles molécules depuis le cœur du liquide vers l’interface, où elles sont moins
stables. La variation d’énergie de surface lors d’une variation de surface dS est donc
σ dS.
Si on augmente le rayon R de la bulle de dR, son volume augmente de S dr = 4πR2 dR,
où S est la surface de la bulle. Le travail des forces de pression exercées par le liquide
dW0 et par le gaz dWb au cours de cette opération d’expansion s’écrivent :
Il s’ensuit que la surpression ∆P dans la bulle est une fonction inverse du rayon de
la bulle.
2σ
∆P = pb − p0 = . (3.2.3)
R
Cette surpression n’a pas beaucoup d’importance pour de grandes bulles, mais
elle augmente quand R s’approche de la valeur de 2σ/p0 (Ronald A. Roy, 1999).
Par exemple, pour une bulle d’air dans de l’eau à la pression atmosphérique (σ =
0.072 N/m, p0 = 0.1 MPa ), 2σ/p0 vaut 1.44 µm, et ainsi les effets de la tension
superficielle seront importants pour des rayons inférieurs ou égaux à cette valeur.
C’est précisément l’ordre de grandeur des bulles impliquées dans la cavitation, de
sorte que l’on peut soupçonner que la tension superficielle va jouer un rôle important
sur la cavitation acoustique.
30
Cavitation acoustique
Le rayon ambiant est l’expression indirecte de la quantité de gaz contenue dans une
bulle. On suppose que la bulle contient un gaz non condensable et est à l’équilibre
avec son environnement (mécanique et thermodynamique). Le figure 3.1 montre un
schéma de la situation.
pb V0 = n0 Rg T0 , (3.2.4)
� �
2σ 4 3
p0 + πR = n0 Rg T0 . (3.2.5)
R0 3 0
Cette équation du troisième degré donne le rayon ambiant de la bulle R0 pour une
pression et une température du liquide données.
31
Une onde acoustique engendrant une variation périodique de la pression locale, on
peut commencer par se demander ce que devient l’équilibre mécanique décrit par
l’équation (3.2.5) lors d’une dépression, la pression dans le liquide diminuant de p0 à
p0 − pa suffisamment lentement pour que l’expansion de la bulle soit isotherme, et
en négligeant les échanges de gaz entre la bulle et le liquide. En notant R le rayon
d’équilibre de la bulle, la pression dans la bulle vaut p0 − pa + 2σ/R, et en injectant
ces valeurs dans l’équation des gaz parfaits (3.2.4), l’équation d’équilibre devient
alors (Harkin, Nadim et Kaper, 1998 ; Sacha Hilgenfeldt et al., 1998 ; Ida,
2009 ; Louisnard et Gonzales-Garcia, 2007 ; Young, 2004) :
� �� �3
2σ R0 2σ
p0 + − = p0 − pa , (3.2.6)
R0 R R
� �� �
pp
32
Cavitation acoustique
Fig. 3.3 – Seuil de Blake pour une bulle d’air dans l’eau dans des conditions ambiantes
(p0 = 101325 Pa, σ = 0, 0725 N m−1 d’après Louisnard et Gonzales-Garcia (2007).
La figure 3.4 illustre cette transition brutale entre deux régimes à la traversée du
seuil de Blake. La même bulle (R0 = 1 µm) est forcée par trois champs acoustiques
d’amplitudes quasiment identiques. La courbe en traits pleins est une bulle iner-
tielle, la courbe en traits-points est une bulle stable. On voit ainsi que des champs
acoustiques très similaires mais de chaque côté du seuil de Blake engendrent des
dynamiques radicalement différentes.
33
8
6
R (µm)
4
0
0.2 0.4 0.6 0.8
200
pexc (kPa)
100
0
ï100
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
t/T
Une bulle immergée dans un liquide est un problème de frontières libres dans lequel
le comportement mécanique et thermique du fluide (liquide et de gaz) est décrit par
des équations de conservation couplées par des conditions appropriées à l’interface
gaz-liquide (Prosperetti et Hao, 1999).
Considérons une bulle de rayon R plongée dans un liquide soumis à des variations
de pression. On note Ṙ la vitesse radiale de la paroi, et ṙ la vitesse radiale dans le
liquide à une distance r du centre de la bulle. Si on suppose le liquide incompressible,
on a :
R2 Ṙ
ṙ = . (3.2.8)
r2
Le potentiel de vitesse est :
� ∞
R2 Ṙ
φ=− ṙdr = − , (3.2.9)
r r
et l’équation du mouvement du liquide est donnée par l’équation de Bernoulli :
p − p∞ ∂φ 1 2 2RṘ + R2 R̈ 1 R4 Ṙ2
= − u = − , (3.2.10)
ρ ∂t 2 r 2 r4
34
Cavitation acoustique
35
où pg est la pression dans la bulle.
Physiquement les termes correctifs par rapport à l’équation de Rayleigh-Plesset sont
importants dans la phase finale du collapse, et rendent compte de la vitesse finie de
l’onde de pression divergente propagée dans le liquide à la fin du collapse. La prise
en compte de ces termes prédit par ailleurs des valeurs de vitesse finale plus réalistes,
bien que très sensibles à l’équation choisie (Prosperetti et Lezzi, 1986).
� �k
R03 − h3
pg = pg0 , (3.2.14)
R3 − h3
36
Cavitation acoustique
√
la paroi, dont l’épaisseur varie comme χg tbulle , où χg est la diffusivité thermique
du gaz et tbulle = R/|Ṙ| le temps caractéristique instantané de l’oscillation (Fig. 3.5).
Sous cette approximation, le champ de température est simplement représenté par la
valeur de la température au centre de la bulle et le bilan d’énergie s’écrit simplement
sous la forme d’une équation différentielle. La résolution de cette équation fournit la
température Tg (t) au centre, ce qui permet d’évaluer la pression pg dans l’équation
(3.2.13) par une équation de van der Waals :
nRTg
pg = , (3.2.15)
4/3π(R3 − h3 )
Fig. 3.5 – Modélisation du champ de températures dans la bulle par une couche de
diffusion.
37
Szeri, 2000) ont montré que l’eau évaporée lors de l’expansion ne se recondensait pas
entièrement lors de l’implosion, parce que les molécules d’eau dans la bulle doivent
diffuser à travers le gaz incondensable pour se recondenser à la paroi, et que cette
diffusion est limitée par la dynamique très rapide du collapse.
La prise en compte dans les modèles présente la même difficulté que celle des effets
thermiques, car le champ de concentration de vapeur dans la bulle obéit à une
équation aux dérivées partielles. Cette difficulté est contournée de la même manière
que pour les effets thermiques, en supposant que les gradients de concentration en
eau sont présents
√ uniquement dans une couche de diffusion au voisinage de la paroi
d’épaisseur Dtbulle , où D est le coefficient de diffusion de la vapeur à travers le gaz
incondensable. L’équation de conservation de la vapeur d’eau prend alors la forme
d’une équation différentielle ordinaire fournissant à tout instant le nombre de moles
de vapeur d’eau dans la bulle (Louisnard, 2004 ; B. D. Storey et A. J. Szeri,
2001 ; Toegel et al., 2000).
L’analyse précédente montre que, outre les propriétés physiques du gaz et du liquide,
l’espace des paramètres pour décrire une bulle de cavitation est :
le rayon ambiant R0 ,
la pression acoustique pa ,
la fréquence ω/2π.
Cet espace des paramètres a été largement exploré dans la littérature (Lauterborn,
1976 ; Lauterborn et Mettin, 1999 ; Lauterborn et Parlitz, 1988 ; Parlitz,
V. English et al., 1990) et la dynamique de la bulle présente une vaste diversité
de comportements (bifurcations, chaos). Nous verrons plus loin que cet espace des
paramètres est en revanche limité dans le cadre d’une bulle unique en lévitation
et nous présentons rapidement quelques aspects caractéristiques de la cavitation
inertielle. La figure 3.6, montre l’onde sinusoïdale de pression à laquelle est soumise
la bulle, ainsi que l’évolution de son rayon dans le cas inertiel, c’est-à-dire pour une
pression acoustique supérieure au seuil de Blake. On voit clairement que la bulle
n’oscille pas linéairement. On peut décomposer cette dynamique en 5 parties :
II/ La pression acoustique traverse le seuil de Blake (p0 − pa sin(ωt) < p0 − pcrit
a ).
Le liquide accélère de façon centrifuge et la bulle commence alors son expansion
38
Cavitation acoustique
Fig. 3.6 – Dynamique d’une bulle unique. En ordonnée à gauche, le rayon de la bulle
en micromètres, en ordonnée à droite l’amplitude de l’onde de pression acoustique
imposée dans le liquide de la cellule (sinusoidale), et en abscisse le temps.
39
l’énergie cinétique du liquide sous forme d’énergie potentielle de compression,
et a dissipé le reste par viscosité dans le liquide, transferts thermiques dans le
gaz, et rayonnement dans le liquide. Elle restitue l’énergie de compression au
liquide en rebondissant et en implosant plusieurs fois, à peu près à sa fréquence
de résonance. Elle rejoint ensuite asymptotiquement son rayon ambiant, duquel
elle s’éloigne peu pendant la phase V.
V/ La bulle oscille de moins en moins, retrouvant son rayon ambiant, puis le cycle
se répète.
1. pour des pressions acoustiques inférieures à environ 110 kPa, la bulle oscille de
façon stable, mais se dissout progressivement en quelques secondes,
2. pour 110 kPa < pa < 120 kPa, la bulle a un mouvement erratique autour du
centre du résonateur, se fragmente parfois, mais reste toujours visible. C’est le
régime dansant. Le mouvement erratique de la bulle est de plus en plus violent
lorsque la pression acoustique augmente ;
40
Cavitation acoustique
Fig. 3.7 – Espace des paramètres d’une bulle unique de cavitation acoustique.
4. pour 130 kPa < pa < 145 kPa, la bulle est toujours stable au centre du
résonateur, et sa taille augmente notablement lorsque l’on augmente la pression
acoustique. Elle émet des pulses de lumière de façon parfaitement périodique,
appelée « sonoluminescence de bulle unique (SBSL) ». L’intensité lumineuse
augmente avec la pression acoustique ;
41
Si la teneur en air dissous est élevée, on observe un régime où il y a émission
de lumière mais la phase et l’intensité du pulse de lumière varie sur une échelle
de l’ordre de quelques secondes, suivant des courbes en dent de scie. C’est le
régime de SBSL instable.
Notons que les valeurs des seuils indiqués dans la description ci-dessus sont indicatifs
et dépendent de la concentration en air dissous.
La figure 3.8 montre les dynamiques de bulles mesurées par diffusion de Mie (Barber
et al., 1997) pour différentes pressions acoustiques dans la zone de stabilité. Ces
courbes correspondent à des expériences réalisées avec de l’air dissous. On observe
clairement les phases 3 (pas de SL, courbes sur fond blanc) et 4 (SL, courbes sur
fond gris) de la description précédente.
Fig. 3.8 – D’après Barber et al. (1997). Dynamique de la bulle en lévitation dans
le régime stable en fonction de la pression acoustique. Les courbes grisées sont les
dynamiques de bulles émettant de la SL. La courbe latérale en traits épais indique
l’intensité de cette dernière en unités arbitraires.
L’objectif des sections suivantes est d’expliquer ces résultats sur la base de la
littérature des années 90, abondante sur le sujet, et de la théorie rappelée dans la
section précédente. La compréhension des phénomènes impliqués est importante
d’une part pour la conception de la cellule de lévitation, et d’autre part pour sa
validation. Pour une couverture assez exhaustive du sujet, nous renvoyons le lecteur
à la revue de M. Brenner (2002).
42
Cavitation acoustique
1. la bulle doit être stable en translation, ce qui implique que la somme des forces
s’exerçant sur elle doit être nulle ;
3. le contenu de la bulle doit être stable chimiquement, et s’il ne l’est pas, les
réactions chimiques et la diffusion doivent se compenser pour assurer un rayon
ambiant constant. Ce point est assez subtil et d’une grande importance dans
l’histoire de la SBSL et des présents travaux ;
43
Physiquement, la force de Bjerknes résulte d’une différence de pression (gradient) sur
les parois de la bulle. La figure 3.9 illustre ceci dans le cas d’une pression acoustique
faible et une bulle plus petite que la taille de résonance. Pendant la partie négative du
champ acoustique, la bulle grossit. Il y a une force de pression sur la bulle due à une
légère différence de pression exercée de chaque côté de sa surface, qui la dirige vers le
ventre de pression. Pendant la phase de compression du champ acoustique, la bulle
est petite, et la force est dirigée vers le noeud de pression. Cependant, puisque le
volume correspondant est plus petit, cette force est aussi petite, et donc, sur un cycle
acoustique la force moyenne (Bjerknes) amène la bulle vers le ventre de pression.
44
Cavitation acoustique
�
1 3κp0
Rres = , (3.3.7)
ω ρ
pour une fréquence ω, une densité ρ et un exposant polytropique donnés. Les bulles
plus petites que la taille de résonance linéaire oscillent en opposition de phase avec le
champ acoustique (lorsque la pression acoustique croît, la bulle se contracte), tandis
que les bulles plus grandes que la taille de résonance oscillent en phase. Donc les
bulles de rayon d’équilibre R0 < Rres expérimentent une force de Bjerknes négative
(fB < 0) et se déplacent vers le ventre de pression, les bulles de rayon R0 > Rres
expérimentent une force positive (fB > 0) et se déplacent vers le noeud de pression
comme indiqué figure 3.10 (Young, 2004).
Ce comportement pour des bulles oscillant linéairement est en accord avec l’expérience
(L. A. Crum et A. I. Eller, 1970). En revanche, son extrapolation à des bulles
inertielles n’est pas immédiate et la force de Bjerknes doit dans ce cas être évaluée à
partir d’une dynamique de bulle calculée numériquement.
Akhatov et al. (1996) ont montré que pour une bulle de l’ordre de 5 µm à 20
kHz, typique des expériences de lévitation, et donc bien plus petite que la taille de
résonance, la force de Bjerknes primaire au ventre de pression était effectivement
attractive. En revanche, elle change de signe pour une pression acoustique de l’ordre
45
Fig. 3.10 – Force de Bjerknes primaire agissant sur des bulles dans un champ d’ondes
stationnaires (Young, 2004).
de 1.7 bar, de telle sorte qu’il serait impossible de stabiliser une bulle au centre d’une
cellule de lévitation pour des pressions acoustiques supérieures. Louisnard (2008) a
affiné ce résultat par une solution semi-analytique, et montré que le seuil d’inversion
pour la pression acoustique peut être écrit sous la forme universelle :
pinv
a 2σ
= 0.269 + 1.62, (3.3.8)
p0 R0 p0
Stabilité diffusionnelle
Une bulle au repos dans un liquide de pression p0 , saturé en air à cette pression, a
une tendance naturelle à la dissolution à cause de la tension superficielle (Epstein
et M. Plesset, 1950). En effet, la loi de Henry impose que la concentration en gaz
p0 + 2σ/R0
dissous à la paroi de la bulle vaut , où k est la constante de Henry, alors
k
p0
qu’elle vaut infiniment loin de la bulle. Il y a donc un gradient de concentration
k
centripète, qui entraîne une diffusion de gaz centrifuge. La bulle doit donc perdre son
gaz pour maintenir ce flux de gaz dissous dans le liquide. Epstein et M. Plesset
(1950) montrent que la variation de gaz dans une bulle de rayon R0 s’écrit :
p0 + 2σ/R0
dn − C∞
= −4πR02 D k , (3.3.9)
dt R0
46
Cavitation acoustique
Fig. 3.11 – Cycle du mécanisme de surface. On peut voir que le flux de masse n’est
pas équilibré. R est le rayon instantané et pg,e la pression d’équilibre à l’intérieur de la
bulle (Leighton, 1995).
47
Le second mécanisme est l’effet de couche (« shell effect »). Il se produit parce que le
flux diffusif est proportionnel au gradient de concentration du gaz dissous d’après la
loi de Fick. Or une couche de liquide de volume constant au voisinage de la paroi va
s’affiner durant l’expansion, augmentant ainsi le gradient de concentration, tandis
que ce dernier diminuera dans la phase de contraction. Le flux sera donc plus grand
en valeur absolue pendant la phase d’expansion, lors de laquelle il est dirigé vers vers
la bulle. Cet effet va donc dans le même sens que l’effet de surface.
Fig. 3.12 – (a) La bulle est à sa taille initiale R0 , (b) La bulle se dilate, et le liquide
se contracte en couche mince, (c) La bulle se contracte, et le liquide se dilate en couche
épaisse (Leighton, 1995).
Des solutions analytiques de ce problème ont été obtenues par A. Eller et Flynn
(1965) et plus récemment par Fyrillas et A. Szeri (1994). La variation temporelle
du nombre de moles dans la bulle est égale à :
�pg �4
dn − C∞
= −4πR02 D k , (3.3.10)
dt δ
où �pg �4 est une moyenne temporelle non-linéaire de la pression dans la bulle :
�t
pg (s)R4 (s) ds
�pg �4 = 0
�t
4
, (3.3.11)
0 R (s) ds
48
Cavitation acoustique
2σ
On voit de plus que pour une bulle oscillant faiblement, �pg �4 � p0 + et on peut
R0
montrer que δ � R0 , de telle sorte que l’équation (3.3.10) se réduit à celle pour une
bulle au repos (3.3.9). En revanche, pour une bulle inertielle qui passe une grande
partie de son cycle en expansion, la pression moyenne �pg �4 est très faible et dn/dt
peut devenir positif.
Physiquement, cela indique qu’une bulle oscillant faiblement suit la loi naturelle
d’une bulle au repos. Dans un liquide à saturation, une bulle oscillant faiblement va
donc se dissoudre, tandis qu’elle va croître si son oscillation radiale est suffisamment
élevée. Il est donc intéressant de tracer les courbes dn/dt = 0 (la bulle conserve une
quantité de gaz constante en moyenne sur un cycle) dans l’espace des paramètres
(pa , R0 ) pour diverses concentrations C∞ , par résolution numérique.
La figure 3.13 montre le résultat pour différents taux de saturation C∞ /C0 où
C0 = p0 /k. Pour une teneur en gaz donnée C∞ /C0 , un point à gauche de la courbe
représente une bulle qui se dissout (donc R0 diminue), un point à droite une bulle
qui croît (donc R0 augmente).
Par conséquent :
Les branches décroissantes sont des courbes d’équilibre instable. Dans une
telle situation, la bulle ne peut que se dissoudre si la pression acoustique est
inférieure au seuil, ou croître si la pression acoustique est supérieure. On appelle
classiquement une telle branche « seuil de diffusion rectifiée » ;
Les branches croissantes sont des courbes d’équilibre stable. On parle alors
d’équilibre diffusionnel ou de stabilité diffusionnelle. Les branches croissantes
sont donc les points de fonctionnement qui nous intéressent puisqu’en ces points,
la bulle gardera sa quantité de gaz interne constante, et donc également son
rayon ambiant R0 . De plus, à pression acoustique donnée, on voit que si on
nuclée une bulle suffisamment grande, elle ira naturellement « se bloquer » sur
une branche croissante où elle restera indéfiniment.
C’est pourquoi il existe une grande variété de méthodes pour nucléer une bulle
unique : dépôt d’une goutte entraînant une poche de gaz, ébullition par un fil
chauffé, etc. La moindre poche de gaz ou de vapeur évoluera naturellement
vers une bulle diffusionnellement stable.
Nous voyons en revanche que ces branches stables ne peuvent être obtenues que si le
liquide est dégazé. Elles n’existent pas par exemple pour C∞ /C0 = 0.5.
Les conclusions de cette section sont donc les suivantes :
1. il existe des régimes dans l’espace des paramètres permettant d’obtenir des bulles
diffusionnellement stables, dont le rayon ambiant reste constant indéfiniment,
49
Fig. 3.13 – Courbes dn/dt = 0 dans l’espace des paramètres (pa , R0 ) (d’après S.
Hilgenfeldt, D. Lohse et M. P. Brenner (1996). Des flèches (en rouge pour
C∞ /C0 = 0.5, en bleu pour C∞ /C0 = 0.002) ont été rajoutées pour indiquer le sens
de variation de n(t) dans les différentes zones du plan. Une flèche vers le haut est une
bulle dont le rayon ambiant R0 croît en moyenne sur plusieurs cycles, une flèche vers
le bas une bulle qui se dissout.
Un point important dans la discussion sur la figure 3.13 est que ces courbes sont
théoriquement valables quel que soit le gaz dissous considéré (air, azote, gaz noble)
et l’on devrait donc obtenir des bulles stables avec les mêmes teneur en gaz quel
que soit le gaz dissous utilisé. En fait, ces courbes sont en bon accord avec la réalité
expérimentale pour des expériences réalisées avec des gaz nobles. On obtient par
exemple des bulles d’Argon diffusionnellement stables pour des teneurs en gaz C∞ /C0
de l’ordre de 0.002 de la saturation.
En revanche pour des expériences réalisées avec de l’air comme gaz dissous, il existe
un fort désaccord entre ces prédictions et les observations expérimentales. On obtient
en effet très aisément des bulles diffusionnellement stables pour des teneurs en
air dissous C∞ /C0 comprises entre 0.1 et 0.3. La figure 3.14 montre des résultats
expérimentaux obtenus avec de l’eau avec une teneur en air dissous de 0.2 (J. A.
Ketterling et R. E. Apfel, 2000). Pour cette teneur, la courbe dn/dt = 0 (en
traits pleins) ne présente pas de branche croissante, et on ne devrait pas observer de
50
Cavitation acoustique
des bulles plus grosses, de rayon ambiant croissant avec la pression acoustique,
diffusionnellement stables et émettant de la lumière (triangles). Curieusement
ces points s’alignent sur la courbe théorique C∞ /C0 = 0.002 (traits pointillés),
au lieu de 0.2.
Physiquement, cela signifie que la bulle réussit à évacuer le surplus d’air pénétrant à
l’intérieur, ce que Barber et al. (1997) ont formulé par « A yet unexplained ejection
mechanism » dans leur revue.
Des résultats similaires avaient été trouvés par Hiller et al. (1994) qui avaient
montré que si l’émission de lumière était observable avec de l’air à 20 % de la
51
saturation, elle disparaissait totalement avec de l’azote pur (Fig. 3.15 courbe verte)
à la même saturation, ou bien avec un mélange 20% O2 / 80% N2 . Un dopage en
Argon, même léger, dans de tels mélanges rétablissait l’apparition de la SL (Fig. 3.15
courbe rouge).
13 % 26 % 39 % 53 % 66 %
Fig. 3.15 – (d’après Barber et al. (1997). Intensité de la SL mesurée pour différents
gaz ou mélanges de gaz dissous, à différentes teneurs C∞ /C0 . Pour faciliter la lecture,
nous avons ajouté (en bleu) les abscisses en pourcentage de la saturation, et la courbe
correspondant à un mélange 1 % Ar / 99 % N2 (respectivement de l’azote pur) a été
repassée en rouge (respectivement en vert).
Ces résultats ont conduit l’équipe de Lohse à conjecturer que les bulles diffusionnel-
lement stables observées lorsque l’on travaillait avec de l’air dissous (par exemple les
triangles Fig. 3.14) étaient en fait des bulles d’Argon, et que l’équilibre diffusionnel
avait lieu non pas entre l’air dissous et l’air présumé dans la bulle, mais entre le 1 %
d’Argon de l’air dissous et de l’Argon pur dans la bulle (M. Brenner, 2002). L’air
initialement présent dans les bulles est dissocié par les fortes températures à la fin
du collapse, et les produits de réaction (notamment de l’acide nitrique), très solubles
dans l’eau diffusent aisément de la bulle vers le liquide (D. Lohse, M. P. Brenner
et al., 1997).
Cette hypothèse de dissociation chimique de l’air ou « rectification de l’Argon » a
été largement vérifiée depuis, et lève toutes contradictions observées. En fait la
dissociation de l’air s’effectue progressivement à mesure que la pression acoustique
augmente. Ainsi, les cercles noirs sur la figure (3.14) correspondent à des bulles ayant
déjà commencé à dissocier l’air, mais pas complètement. Elles n’émettent pas de
lumière parce que l’air ayant un Cp /Cv faible, le collapse est encore trop froid pour
52
Cavitation acoustique
Fig. 3.16 – (D’après D. F. Gaitan et Holt, 1999). Cette figure est similaire à la
figure 3.14 mais les axes sont inversés. Les carrés noirs sont des bulles d’air en cours de
dissociation, et n’émettent pas de SL. Les carrés blancs sont des bulles d’Argon pur,
ayant brulé tout leur air, et émettent de la SL. Les courbes en traits pleins sont les
courbes d’équilibre diffusionnel dn/dt = 0 pour différentes teneurs en gaz dissous. Les
branches stables sont tracées en traits épais. La courbe en traits pointillés (S.I.) est le
seuil d ’instabilités de surface déterminé expérimentalement et extrapolé.
53
Stabilité sphérique.
Le modèle de bulle présenté plus haut (section 3.2.4) repose sur l’hypothèse d’une
bulle conservant une géométrie sphérique. Ce n’est qu’une hypothèse et en effet,
même en présence d’un champ acoustique parfaitement isotrope, une bulle peut
développer des modes d’oscillations en surface, non sphériques. Le problème est
connu depuis longtemps et les images présentées figure. 3.17 montrent des exemples
d’oscillations non-sphériques.
Fig. 3.17 – (D’après Kornfeld et Suvorov, 1944). Images de bulles subissant des
oscillations non sphériques. Les images sont intégrées sur plusieurs cycles, de telle sorte
que les déformations visibles sont en fait des superpositions de deux déformations
consécutives. Ainsi, la bulle « carrée » est en fait une bulle subissant des déformations
oblongues, tantôt dans un sens tantôt dans l’autre.
Les déformations possibles de la bulle sont des modes propres appelés harmoniques
sphériques (similaires aux fonctions propres impliquées dans le calcul des orbitales
atomiques). Les modes de déformation sont indicés par un entier n et une équation
générale de la surface de la bulle peut s’écrire
∞
�
r(θ, φ, t) = R(t) + an (t)Yn (θ, φ), (3.3.12)
n=1
54
Cavitation acoustique
55
R.T. + A.B.
pa / atm
Fig. 3.18 – (Adapté de S. Hilgenfeldt, D. Lohse et M. P. Brenner, 1996). Seuils
d’instabilité paramétrique (« P.I. », courbe bleue) et de Rayleigh-Taylor / Afterbounce
(« R.T. + A.B. », courbe rouge) dans l’espace des phases (pa , R0 ).
La courbe B est la courbe pour laquelle la quantitée d’air qui rentre dans la
bulle sur un cycle est exactement égale à la quantité d’air dissociée par réaction
chimique sur un cycle. D. Lohse et S. Hilgenfeldt (1997) indiquent que
cette branche est stable.
56
Cavitation acoustique
Fig. 3.19 – (D’après D. F. Gaitan et Holt, 1999). Seuils d’instabilité mesurés dans
l’espace des phases (R0 , pa ). Les points correspondant à des bulles inertielles sont ceux
placés au-delà de pa = 1 bar (à gauche du graphique).
1 : Imaginons qu’on nuclée une bulle d’air d’un peu plus de 3 µm. Pour une
pression acoustique trop faible (point 1), on tombe sous la courbe de diffusion
rectifiée A et la bulle se dissout.
2 : Pour une pression acoustique un peu supérieure (point 2), on tombe au-dessus
de A et la bulle croît, jusqu’à ce qu’elle heurte le seuil d’instabilité PI, où elle
va se fragmenter. Au moins une bulle issue de cette fragmentation tombe au-
dessus du seuil A et croît à nouveau1 . Le résultat visuel est une bulle subissant
régulièrement des instabilités de surface et des fragmentations, ce qui lui donne
un mouvement erratique autour du ventre de l’onde stationnaire.
Notons que l’on ne maîtrise pas la taille des bulles que l’on nuclée, de telle
sorte que la frontière entre les deux régimes dissolution/ dansant n’est pas
précisément définie.
1
Bien que non démontré théoriquement, le fait qu’il reste toujours une bulle suffisamment grosse
à l’issue de la fragmentation est un fait expérimental.
57
3, 4, 5 : Au delà du seuil de stabilité, la courbe B qui est stable passe sous le seuil PI.
La bulle initialement dansante peut donc s’y bloquer (point 3) et la suivre à
mesure que la pression acoustique augmente (points 4 et 5). Ces bulles sont
constituées essentiellement d’air, mais l’air rentrant par diffusion rectifiée sur
une période y est dissocié par les réactions chimiques lors du collapse. Le rayon
ambiant de la bulle diminue avec pa car elle contient de moins en moins d’air,
mais le collapse reste quand même trop froid pour que la bulle émette de la SL.
6 : Au-delà du seuil noté « Air/Argon » correspondant au point de tangence
verticale de la courbe C, il y a deux équilibres stables : la courbe B et la
branche croissante de la courbe C. Cette dernière est en général plus stable
(mais voir Sec 3.3.3) et la bulle « saute » de la branche B à la branche C
(point 6). Physiquement on passe brusquement d’une bulle contenant encore
de l’air à une bulle d’Argon en équilibre diffusionnel avec l’argon dissous dans
l’eau. L’augmentation brusque de R0 visible sur le graphe est effectivement
observée dans les expérimentations.
7 : La bulle d’argon suit la branche C, jusqu’à ce que cette dernière croise le seuil
d’instabilité RT. L’oscillation non-sphérique alors développée est alors assez
violente pour détruire la bulle.
Nous voyons que cette analyse sur un seul graphique permet de retrouver les compor-
tements initialement décrits par Gaitan (Sec. 3.3.1). Nous verrons plus loin que notre
système expérimental nous permet de retrouver une signature acoustique simple de
ces différents régimes.
L’utilisation des théories exposées dans cette section ont permis au groupe de Lohse
(M. Brenner, 2002) de prédire les différentes zones de stabilité de la bulle et de
la SBSL dans l’espace des paramètres contrôlables expérimentalement, à savoir la
teneur en gaz et la pression acoustique. La figure 3.21 représente le diagramme des
phases calculé pour des expériences avec de l’Argon dissous dans le plan [pa , CC∞0 (%)].
La figure de droite est un zoom sur celle de gauche sur lequel les auteurs ont rajoutés
des points expérimentaux, correspondants tous à des bulles de lévitation stables. Les
points noirs émettent de la SL, les blancs n’en émettent pas.
En vertu de l’hypothèse de dissociation, ces graphiques peuvent être transposés à
des expériences avec de l’air, à condition de multiplier les ordonnées par 100. Les
deux lignes de points expérimentaux du bas de la figure de droite correspondraient
donc respectivement à des teneurs en air dissous de 10 et 20% de la saturation, qui
est effectivement la fourchette classiquement utilisée dans les expériences de SBSL
avec de l’air.
Instabilités chimiques
Nous avons vu dans la section 3.3.3 que la transition d’une bulle stable n’émettant
pas de SL à une bulle stable en émettant correspond à une transformation brusque
58
Cavitation acoustique
RT
PI
d’une bulle contenant encore de l’air à une bulle d’argon. Nous avions indiqué lors
de l’analyse de la figure. 3.20, que les courbes B et C co-existaient dans un certain
intervalle de pressions acoustiques et que la bulle « sautait » de la branche B à la
branche C.
En fait la co-existence de ces branches induit des comportements complexes au
voisinage de la transition, qui ont été étudiés en détail par Thomas, R. A. Roy
et Holt (2004). La figure 3.22 issue de ces travaux montre l’évolution du rayon
maximum d’une bulle stable dans un liquide avec une teneur en air de 18%, mesuré
lors d’une augmentation (symboles pleins) et d’une diminution (symboles creux) de
la pression acoustique. Les deux branches de stabilité prédites par la figure 3.20
apparaissent, celle de gauche correspond à des bulles d’air n’émettant pas de lumière,
59
3
Fig. 3.21 – (D’après M. Brenner, 2002) Diagramme des phases de la SBSL pour
des expériences réalisées avec de l’Argon dissous. En abscisse, pression acoustique, en
ordonnée, concentration en Argon dissous, en pourcentage de la saturation. La figure
de droite est un zoom sur celle de gauche. Les points noirs correspondent à des bulles
stables émettant de la SL, les cercles blancs à des bulles stables mais n’émettant pas de
SL. Pour des expérimentations avec de l’air, en raison du phénomène de dissociation,
le graphique reste valable si on multiplie les ordonnées par 100 et qu’on interprète ces
dernières comme la concentration en air dissous.
celle de droite à des bulles d’Argon en émettant. On voit clairement que la transitions
entre les deux branches s’effectuent pour des pressions acoustiques différentes selon
le sens de balayage, il y a donc un hystérésis. Ce dernier indique qu’une fois tout
l’air dissocié lors du balayage croissant, cette bulle d’argon est suffisamment robuste
pour pouvoir subsister à des pressions acoustiques inférieures à la transition.
Pour des concentrations en gaz dissous plus importantes, un phénomène plus curieux
apparaît : des oscillations de la valeur de Rmax , lentes par rapport à la période
acoustique (de l’ordre de quelques secondes), sont détectées au voisinage de la
transition. La figure 3.23, obtenue avec un taux de gaz dissous de 36%, montre
l’amplitude de cette oscillation (symboles carrés). Comme sur la figure 3.22, les
diamants indiquent des bulles stables. On peut voir que l’hystérésis a disparu. Les
auteurs mentionnent que les oscillations de la taille de la bulle sont accompagnées
par des translations synchrones de la bulle dans le résonateur.
Ces oscillations disparaissent pour des taux d’air plus élevés, ainsi que la branche de
gauche, tandis que la largeur de la branche de droite, donc de la zone de stabilité
des bulles SL, diminue également.
Holzfuss (2008) a retrouvé ces oscillations par des calculs théoriques et a montré
qu’elle résulte de la co-existence de deux régimes, correspondant aux deux branches B
et C de la figure 3.20 : une bulle contenant de l’air et dissociant le surplus reçu par
diffusion rectifiée lors du collapse, et une bulle d’argon pur en équilibre diffusionnel
avec l’argon dissous. En fait, pour des concentrations en air dissous ces deux régimes
sont instables et le système bascule en permanence de l’un à l’autre.
Nous mentionnons ce phénomène ici car nous verrons plus loin que nos expériences le
60
Cavitation acoustique
Fig. 3.22 – Rayon maximal d’une bulle stable en fonction de la pression acoustique,
pour un taux d’air dissous de 18% et une fréquence de 14620 hertz. Les symboles
pleins sont obtenus pour des variations de pression acoustique dans le sens croissant,
et les symboles vides pour des variations dans le sens décroissant. d’après Thomas,
R. A. Roy et Holt (2004).
mettent en évidence très clairement, et nous avions pris initialement cette oscillation
pour une instabilité mécanique de la cellule.
61
Fig. 3.23 – Idem figure 3.22 pour une concentration en air dissous de 36% de la
saturation. Les symboles carrés indiquent en plus les amplitudes crête des oscillations
du rayon maximum de la bulle.
62
4
Mise au point du montage
expérimental
Sommaire
4.1 Principe de la double cellule . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.2 Système de refroidissement et de dégazage . . . . . . . . 65
4.3 Système électronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.4 Système Acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.5 Système optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
63
Notre montage a été pensé et conçu pour l’étude de la cristallisation de la glace en
présence d’une bulle unique de cavitation acoustique. Des expériences de cristallisation
de glace ont déjà été réalisées dans la littérature (Chow, Atkins et al., 2006 ; Ohsaka
et Trinh, 1998). Ces résultats montrent la faisabilité de ce type d’expérimentation,
mais les images obtenues sont de qualité moyenne et aucune information dynamique
sur la croissance des cristaux n’est présentée. Par ailleurs, l’espace des paramètres n’a
pas été balayé systématiquement par les auteurs, et il serait intéressant de pouvoir
travailler avec plusieurs types de bulles, les bulles stables dans les cellules de lévitation
couvrant une certaine gamme de taille et de contenu gazeux, comme nous l’avons vu
au chapitre précédent.
Notre expérimentation vise donc à améliorer ces résultats. L’objectif est d’obtenir
à terme une expérimentation suffisamment bien contrôlée et reproductible, nous
permettant de retracer le mieux possible l’histoire du cristal en train de se former.
La difficulté inhérente à cet objectif est que l’on ne sait pas quand le cristal va se
former et que le déclenchement de la caméra doit se faire au moment opportun pour
capturer au mieux les images de ce cristal.
L’idée fondatrice, sous-tendue par les résultats expérimentaux de la littérature
(Chow, Atkins et al., 2006) est que dès que le cristal a atteint une taille suffisante,
il va perturber la bulle, voire la faire disparaître, alors que cette dernière peut osciller
de façon reproductible sur des milliards de cycle dans des conditions normales. Il
est donc prévu « d’écouter » la bulle, et de mettre au point un critère suffisamment
robuste sur son émission acoustique pour diagnostiquer une perturbation ou sa
disparition en temps réel. Une fois en possession de cette fonctionnalité, il suffira
d’envoyer un signal de « trigger » à la caméra pour pouvoir lire dans sa mémoire les
images immédiatement antérieures à ce signal. Clairement, ce protocole sous-entend
que :
L’essentiel de nos travaux s’est concentré sur ces deux points, qui se sont avérés assez
délicats. Tout d’abord, plusieurs types de cellules ont été testés, l’objectif à terme
étant de travailler dans une cellule cubique, pour des raisons optiques évidentes. Ces
dernières s’avérant délicates pour diverses raisons, nous avons construit parallèlement
une cellule sphérique, plus facile à mettre en oeuvre, qui nous a servi à vérifier la
faisabilité du second point. Concernant celui-ci, nous avons été amenés à vérifier si
la présence d’un objet suffisamment petit était en mesure de perturber ou de faire
disparaître la bulle. Pour ce faire nous avons utilisé un micro-fil de carbone que nous
approchons de la bulle à une distance contrôlée, tout en écoutant cette dernière.
Nous détaillons dans ce chapitre les différentes phases de la construction de l’expéri-
mentation et les problèmes rencontrés. Bien que n’ayant pas à ce jour de résultats
sur la cristallisation de glace dans la cellule par manque de temps, nous exposerons
les différents éléments constitutifs de l’expérimentation dédiés à cet objectif ultime.
64
Mise au point du montage expérimental
L’une des difficultés inhérentes à cette expérimentation est d’éviter la nucléation avant
que la bulle ne soit présente. Comme le nombre de nuclei formés est proportionnel
au volume (Kashchiev, 2000), le principe est de diminuer le volume alloué à la
nucléation. On doit donc utiliser un volume d’eau sous-refroidie le plus petit possible.
Malheureusement les tailles des cellules de lévitation sont imposées par la fréquence
de résonance, et la dimension caractéristique d’une cellule à 20 kHz est de l’ordre
de c/f où c � 1500 m/s est la vitesse du son dans le liquide, soit environ 7.5 cm à
20 kHz.
Nous adoptons donc la solution préconisée par Ohsaka et Trinh (1998) qui consiste à
utiliser une petite cellule en plastique immergée dans une cellule de lévitation classique.
Cette dernière contient de l’eau glycolée que l’on peut porter à des températures très
négatives, et seule la petite cellule est remplie d’eau pure sous-refroidie. Sur le plan
acoustique cette solution fonctionne, car les parois en plastique de la petite cellule
sont quasiment transparentes aux ondes acoustiques. Ce point sera examiné plus
loin à l’aide de simulations d’acoustique linéaire. Tout se passe donc du point de vue
de l’acoustique comme si nous avions une cellule de lévitation « normale » remplie
d’eau, alors que du point de vue de la cristallisation, la nucléation de la glace ne
peut se produire que dans le volume d’eau de la petite cellule.
Le montage peut être divisé en quatre systèmes principaux (voir figure 4.1) : système
de refroidissement et de dégazage (lignes rouges), système électronique (lignes vertes),
système acoustique (lignes bleues) et système optique (lignes violettes).
Comme mentionné précédemment, notre système utilise des liquides dégazés partiel-
lement (pour obtenir le bon régime de bulle unique). Ces liquides doivent également
pouvoir être refroidis à une température contrôlée. Deux systèmes de refroidissement
sont employés : l’un pour abaisser la température des liquides avant leur utilisation,
et l’autre pour maintenir cette température dans la cellule de lévitation.
l’une de 400 ml pour un mélange eau - éthylène glycol concentré à 30% massique,
l’éthylène glycol a été choisi car son point de fusion est de −12.9 ◦C ;
65
Refroidissement du liquide
Chaque cuve possède une double-enveloppe, dans laquelle circule un fluide refroidi
par un bain « LAUDA ». Une sonde de température externe (P T 100), plongera
dans la cellule d’éthylène glycol afin de réguler la température des deux fluides en la
comparant à celle du liquide de refroidissement.
En plus de ces deux cuves le système de dégazage en ligne comporte aussi une
pompe à vide (figure 4.2). La pompe à vide nous permet de contrôler la pression
de gaz dans les cuves, et ainsi le taux de saturation en gaz dissous. Un système
d’acquisition développé avec le logiciel LabVIEW nous permet de mesurer en temps
réel la pression dans chacune des cellules avec une précision instrumentale de ±10
Pa et ainsi d’avoir une bonne reproductibilité dans l’opération de dégazage, pour
une température donnée.
Nous avons vu que pour avoir une bulle unique dans le régime de SBSL, il était
nécessaire d’avoir un liquide correctement dégazé (Micheal Brenner, Sascha Hil-
genfeldt et Detlef. Lohse, 1996). Nous rappelons Fig. 4.3 un graphe présenté au
chapitre précédent montrant le domaine de stabilité des bulles, émettant de la sono-
luminescence ou non, en fonction de la concentration en Argon dissous. En raison du
phénomène de dissociation de l’air détaillé dans la section 3.3.2, on peut interpréter
ce diagramme pour des expérimentations avec de l’air dissous en multipliant les
ordonnées par 100 (il y a 1 % d’Argon dans l’air).
Nous voyons donc que la concentration en air dissous se situe idéalement dans
l’intervalle de 10 à 40 %. Cette dernière valeur est une limite ultime et non souhaitable,
car la zone de stabilité est alors très réduite et les travaux de Krefting, Mettin
66
Mise au point du montage expérimental
Fig. 4.3 – D’après M. Brenner (2002) : Zones de stabilité de bulles dans des
expériences réalisées avec de l’Argon dissous. En abscisse pression acoustique, en
ordonnée concentration en Argon dissous, en pourcentage de la saturation. Les bulles
sont stables seulement dans les zones notées « No SL » et « stable SL ». Les points
noirs correspondent à des bulles stables émettant de la SL, les cercles blancs à des
bulles stables mais n’émettant pas de SL. Pour des expérimentations avec de l’air, en
raison du phénomène de dissociation, le graphique reste valable si on multiplie les
ordonnées par 100 et que l’on interprète ces dernières comme la concentration en air
dissous.
et Lauterborn (2003) montrent alors que la bulle devient facilement instable pour
des taux de gaz aussi importants. Par conséquent, pour avoir une bulle dans les
meilleures conditions expérimentales possibles, le dégazage de l’eau doit amener à une
concentration en air comprise entre 10% et 20% de la concentration en air à saturation
(M. Brenner, 2002). Comme il faut un niveau précis et reproductible de dégazage,
différentes expériences de dégazage et de remplissage de la cellule de cavitation ont
été réalisées (figure 4.4). Dans ces expériences, nous avons étudié l’influence de la
forme des agitateurs magnétiques (figure 4.5 page 69), le temps de mise sous vide
par la pompe pour atteindre l’équilibre et la méthode de remplissage de la cellule
(pompe péristaltique, pipetman ou siphonage), pour empêcher la re-gazéification du
liquide.
À partir de ces expériences, la pression de consigne a été établie à 65 mbar, soit 6% de
la saturation. Une fois que la pression est atteinte, le liquide est agité pendant 50 min
avec un agitateur magnétique (disque, figure 4.5(c) page 69). Ensuite, pour valider la
reproductibilité du dégazage, nous mesurons le taux d’oxygène dissous dans le liquide
avec un oxymètre « LDO », puis nous remplissons la cellule de cavitation avec la
technique du siphonage (voir figure 4.6 page 70) afin de ne pas trop modifier le taux
de dégazage obtenu précédemment. Ce dernier point a été vérifié avec l’oxymètre.
67
Fig. 4.4 – Différentes expériences de dégazage et de remplissage : � indique le taux
en oxygène obtenu avec l’agitateur de type croix avant la phase de remplissage, ∗
celui après la phase de remplissage pour l’agitateur de type croix, � celui obtenu pour
l’agitateur de type disque avant la phase de remplissage, � celui après la phase de
remplissage pour l’agitateur de type disque. pp1 et pp2 sont les pompes péristaltiques
1 et 2, respectivement. Les nombres indiquent la durée de la phase de dégazage et la
vitesse de rotation de la pompe (rpm) utilisée lors de la phase de remplissage. Les
lignes droites marquent l’espace de travail pour avoir une bulle en SL. À noter que
seule la méthode de remplissage par siphonage permet de maintenir le taux en oxygène
dans la plage souhaitée à 20 ◦C.
68
Mise au point du montage expérimental
(c) Disque
Lorsque nous parlons du système électronique, nous nous référons à toutes les parties
du montage qui comportent circuits, équipements et programmes de contrôle, et qui
permettent le pilotage et le fonctionnement de l’expérimentation.
69
Fig. 4.6 – Montage du système de siphonage. La technique de siphonage consiste
à aspirer le liquide dans la cellule de refroidissement/dégazage à travers une pompe
péristaltique, puis on ferme la vanne côté pompe et on ouvre celle vers la cellule de
cavitation. Finalement, le liquide s’écoule par gravité.
la tension sur le courant dans un circuit AC. L’impédance est une extension au
concept de la résistance, son unité dans le système international (S.I.) est donc le
ohm (Ω). C’est un nombre complexe, en général noté Z. Dans les circuits AC, en plus
de la résistivité, il y a d’autres mécanismes qui s’opposent au passage du courant :
l’induction de tension dans les inductances, et le stockage électrostatique de charges
par les tensions entre les conducteurs d’un condensateur. L’impédance provoquée par
ces deux effets est dénommée réactance. Elle est constituée de la partie imaginaire
de l’impédance, tandis que la résistance constitue la partie réelle.
Comme la sortie de notre amplificateur AR 75A250A a une impédance nominale de
50 Ω et que la charge (système constitué de la bobine d’adaptation et de la cellule
de cavitation) a une impédance mesurée de 4 kΩ, il y a un décalage d’impédance,
c’est-à-dire qu’une partie de l’énergie est renvoyée de la charge vers l’amplificateur
(AR Application note p.d.), ce qui se traduit par une perte de puissance. Pour réduire
cette perte, nous devons utiliser un transformateur d’impédance (ou adaptateur
d’impédance). Nous pouvons voir à la figure 4.7 l’effet des différentes adaptations,
par un transformateur d’impédance sur la puissance nette (Net Power, en anglais,
est la puissance absorbée moins la puissance réfléchie) en fonction de l’impédance à
la charge. Donc avec un décalage de 1 :8, c’est-à-dire pour une charge de 400 Ω, la
puissance sera réduite presque de moitié ! L’utilisation d’un transformateur est donc
impérative. Comme l’impédance de notre charge est en dehors de la gamme commer-
70
Mise au point du montage expérimental
Fig. 4.7 – Effet des adaptations d’impédance par un transformateur variable, sur une
charge fixe à 50 Ω. (AR Application note p.d.)
Un système électromécanique résonant peut être représenté par un système RLC série,
lui-même connecté en parallèle sur un condensateur Cb , qui représente la capacité
71
statique du PZT (figure 4.9). À la fréquence de résonance, le circuit RLC série se
réduit à la résistance R, mais qui reste connectée en parallèle sur Cb . La forte valeur
de Cb (typiquement quelques nF), fait que la charge est fortement réactive. Il faut
donc compenser cette capacité par une bobine, soit en parallèle, soit en série. C’est
cette dernière configuration que nous adoptons. Dans notre cas, on utilise une bobine
adaptable entre 2.06 mH à 270 mH. En raison de ses caractéristiques très spécifiques,
cette bobine a également été conçue dans le laboratoire, avec les mêmes ferrites UI
que celles utilisées pour le transformateur. Le positionnement variable de la ferrite I
sur celle en U permet de faire varier l’inductance obtenue.
une carte générateur de signaux, que nous utilisons pour générer un signal
sinusoïdal de fréquence et d’amplitude contrôlées, envoyé à l’entrée de l’ampli-
ficateur,
une carte oscilloscope 8 voies, qui nous permettent d’acquérir la tension aux
bornes du PZT (via un point diviseur par 100), la réponse du microphone
(directe et filtrée par un filtre passe-haut analogique), les puissances émises et
réfléchies par l’amplificateur (via un module de mesure fourni par le fournisseur
de l’amplificateur), les différents signaux de synchronisation.
une carte compteurs/ timers utilisée essentiellement pour engendrer les signaux
de synchronisation et de trigger de la caméra.
72
Mise au point du montage expérimental
une carte d’acquisition multi-usages, que nous utilisons pour l’instant pour la
mesure des pressions dans les cuves de dégazage, et à terme pour les mesures
de température.
Une cellule carrée de lévitation acoustique est l’élément central du montage expéri-
mental. Elle permet l’obtention d’un régime de bulle unique de cavitation en son
milieu, stable durant plusieurs heures.
Pour obtenir une bulle de cavitation dans cette cellule, il est tout d’abord nécessaire
d’employer de l’eau pure (distillée et déminéralisée) dont le taux de saturation en gaz
est contrôlé (entre 10% et 20% de sa saturation en oxygène) (M. Brenner, 2002).
Ceci est réalisé par un système de dégazage (voir la partie 4.2.1 page 65), puis il
faut générer une onde de pression stationnaire tridimensionnelle au sein du volume
73
d’eau. Toute bulle créée au sein de ce volume fluide ira se positionner au ventre de
pression par l’action de la force de Bjerknes (Akhatov et al., 1996), et y effectuera
des cycles d’oscillations radiales à la fréquence du champ acoustique imposé.
Historiquement les cellules de cavitation ont une géométrie sphérique (Young, 2004),
mais depuis plusieurs configurations ont été expérimentées. Chaque type de cellule
possède ses propres avantages et inconvénients (Geisler, Kurz et Lauterborn,
1999). Les cellules de géométrie sphérique sont les plus communément utilisées à ce
jour. Elles présentent l’avantage de créer des ondes stationnaires stables : de par
leur symétrie sphérique, elles s’approchent au mieux du cas de volume de fluide sans
interaction (c’est-à-dire que ses parois ne jouent pas un rôle important). Cependant,
elles présentent quelques inconvénients : le collage précis de PZT n’est pas aisé sur
une surface courbe, et pour effectuer des mesures optiques (par laser ou avec une
caméra), la diffraction engendrée par ces mêmes surfaces courbes pose un problème,
tout comme l’alignement (L. Crum, 1999 ; Lepoint et Lepoint-Mullie, 1999) et
la fréquence de résonance est très sensible au niveau de fluide dans le col de la cellule.
Néanmoins, ce sont les plus utilisées, et les mieux documentées dans la littérature,
du fait de leur « ancienneté » et de leur construction relativement simple (Geisler,
1996).
Les cellules de géométrie cylindrique (Barber et al., 1997 ; F. Gaitan et al.,
1992 ; Jeffrey A. Ketterling et Robert E. Apfel, 1998) présentent des problèmes
similaires notamment au niveau optique, mais dans ces systèmes, il est possible
d’atteindre une grande reproductibilité expérimentale, lorsque le système est scellé
(comme celui présenté à la figure 4.10), le volume de liquide et la concentration en
gaz dissous peuvent être contrôlés avec précision, puisque que la surface libre est
éliminée après le remplissage de la cellule cylindrique.
Enfin, pour les expérimentations qui impliquent des systèmes optiques (pour l’acquisi-
tion d’images et l’utilisation de laser), les géométries à section carrée sont préférables
(Chow, Atkins et al., 2006 ; Lauterborn, Kurz et al., 2007), mais elles présentent
des problèmes de stabilité en amplitude et en fréquence comme le mentionnent F.
Gaitan et al. (1992). Remarquons que des cellules de géométrie non symétriques
n’excluent pas la lévitation d’une bulle (Thomas J Matula, 1999). De plus les
matériaux pour la construction de la cellule doivent être de qualité optique, et ne
pas présenter d’absorption dans le domaine spectral utile à notre expérimentation.
L’épaisseur de matériau doit être de l’ordre de 3 mm, afin de diminuer son influence
sur le trajet du chemin optique. Ces matériaux peuvent donc être soit du polycarbo-
nate (il existe des expériences de lévitation dans des cellules en acrylique (Seely et
Joens, 1998), soit du verre optique d’une façon plus classique. Un travail important
a été fourni pour la conception de notre cellule, pour déterminer ses dimensions, le
matériau nécessaire pour sa construction et pour optimiser sa résonance.
74
Mise au point du montage expérimental
Fig. 4.10 – Cellule de cavitation cylindrique pour avoir une bulle de SL dans un
système scellé. Ceci est important pour le contrôle de la teneur en gaz dissous dans le
liquide à l’intérieur du résonateur. Le fil de NiCr est utilisé pour créer une bulle, par
ébullition du liquide localement (Barber et al., 1997).
Les équations de l’acoustique linéaire sont obtenues par linéarisation des équations
d’Euler pour des variations de densité faible devant la densité au repos du fluide :
∂p −
→→
+ �c2 ∇.−
u = 0, (4.4.1)
∂t
et
∂−
→u −
→
� + ∇p = 0, (4.4.2)
∂t
où c est la vitesse du son dans le fluide au repos. En combinant ces deux équations,
on obtient l’équation de propagation
1 ∂p2
∇2 p − = 0. (4.4.3)
c2 ∂t2
75
où P est une amplitude complexe. L’équation 4.4.3 se simplifie alors en une équation
de type Hemholtz :
∇2 p + κ2 p = 0, (4.4.5)
La résolution du problème constitué par les équations (4.4.5) à (4.4.9) par la méthode
de séparation des variables fournit les valeurs et fonctions propres de vibration de la
cavité, indicées par trois entiers l,m,n.
Pour une paroi en z = 0 infiniment souple, on obtient :
� �2 � �2 � �2
lπ mπ nπ
κ2lmn = + + , (4.4.10)
L L H
76
Mise au point du montage expérimental
Les expériences de lévitation utilisent le mode (1,1,1) en supposant une paroi supé-
rieure infiniment souple. On obtient dans ces conditions un maximum de pression au
centre de la cellule. Nous recherchons donc des valeurs possibles de L et H de telle
sorte que f111 soit égale à la fréquence de travail souhaitée.
Cette dernière doit être située idéalement dans l’intervalle de fréquences 20 kHz -
30 kHz dans lequel de nombreuses expériences de sonoluminescence ont été reportées
dans la littérature (Lepoint et Lepoint-Mullie, 1999 ; Shin-ichi, 2011). La borne
inférieure est par ailleurs dictée par un bon confort de travail auditif. D’autre part,
il n’est pas souhaitable d’augmenter trop la fréquence afin de garder des dimensions
suffisamment grande, et aussi parce que la théorie prédit que la zone d’observation
de la SBSL décroit avec la fréquence (Prosperetti et Hao, 1999).
La figure 4.11 indique les courbes f = cte dans le plan (L, H) obtenues à partir de
l’équation 4.4.12 pour une paroi supérieure infiniment souple. Les légendes en haut à
droite indiquent la fréquence en Hz correspondant à chaque courbe (de haut en bas).
La droite bissectrice correspond au choix d’une cellule cubique H = L. On voit ainsi
qu’une cellule cubique résonant vers 23 kHz doit avoir une arête L égale à 6 cm et H
égale à 5.1 cm.
Fig. 4.11 – Courbes iso-fréquences obtenues dans le plan (L, H) par l’équation ( 4.4.12
page précédente). La droite indique les lieux des points pour une cellule cubique
(L = H).
Il convient de noter que les fréquences et les profils de pression ainsi calculés supposent
des parois souples sur toutes les faces. Concernant les parois latérales, c’est une bonne
approximation. Des faces peu épaisses se comportent approximativement comme
77
telles, comme en attestent les expériences de lévitation dans des ballons à distiller
sphériques, désormais classiques.
Même s’il est relativement simple d’avoir une bulle en régime de SBSL dans une cellule
sphérique (façon classique proposée par Geisler (1996)), cela pose des problèmes
optiques : pour réussir à enregistrer la bulle, il est préférable d’avoir une cellule aux
parois planes, comme celle en géométrie cubique. Plusieurs options quant aux choix
du matériau des parois de la cellule s’offrent à nous.
78
Mise au point du montage expérimental
possible de faire léviter une bulle et la tenir pendant plusieurs heures, il n’est pas
possible d’obtenir un régime de SBSL, ce qui indique que l’onde de pression n’est
pas assez forte. Ainsi, malgré nos efforts, nous concluons que ce type de cellule en
plastique ne peut pas être utilisé.
Avec notre système composé d’une cellule de lévitation en plastique, d’un transforma-
teur d’impédance et d’une bobine d’adaptation, nous sommes capables d’atteindre le
régime dansant de la bulle en imposant une tension zéro-crête de 250 V. Bien qu’en
théorie on pourrait atteindre des régimes plus élevés dans l’espace de paramètres, en
augmentant la tension imposée sur le PZT, ce n’est pas possible dans la pratique,
car au-delà des 250 V le système commence à surchauffer, ce qui endommage le PZT
et la bobine d’adaptation.
79
L’expérience acquise dans la réalisation de ces systèmes a été utilisée pour les
nouveaux designs, tels que :
Enfin, il est utile de connaître la capacité statique du PZT, puisque c’est celle
que l’on doit éliminer au moyen de la bobine d’adaptation. Dans le cas d’un
disque :
�T33 �0 πR2
Cb = ,
thk
80
Mise au point du montage expérimental
Fig. 4.13 – Un piézoélectrique prêt à l’emploi, avec ses fils soudés sur ses électrodes
positive et négative. Sur la face destinée à être collée sur la cellule, nous soudons 2 fils
« de secours » au cas où le fil casserait.
81
Fig. 4.14 – Deux piézoélectriques : Un prêt à l’emploi, avec lame de cuivre collée et
ses fils soudés, et l’autre sans fils. Ici également, nous prévoyons un fil de secours.
pour le plastique (PMMA), nous avons utilisé les résultats de Corn et al.
82
Mise au point du montage expérimental
(2009), obtenus par différentes méthodes, jusqu’à des fréquences de 1000 Hz.
D’après leur travaux, nous prenons comme valeur conservative un facteur de
pertes χ = 0.1 ;
pour le verre, une valeur de χ = 0.001 semble communément admise (Pascal,
2009).
La géométrie est une cellule d’arête L = 6 cm, de parois d’épaisseur 2 mm, contenant
une hauteur d’eau H = 5 cm, en géométrie 3D. Pour les constantes piezoélectriques,
nous utilisons dans un premier temps les matériaux pré-définis dans COMSOL les
plus proches de nos disques piezoélectriques (PZT 8 pour l’émetteur et PZT 2 pour
le micro). L’exploitation des symétries nous permet de ne représenter qu’un quart de
la cellule. Un microphone est collé sur chaque face pour respecter cette symétrie.
Nous commençons par présenter les résultats des calculs de fréquences propres. Les
champs fournis par ce type de calcul ont une amplitude arbitraire puisque ce sont
des fonctions propres. Pour identifier la ou les résonances correspondant au mode
111 du liquide, nous divisons la valeur de la pression acoustique au centre de la
cellule par la moyenne des pressions acoustiques au niveau des parois, cette grandeur
devant être infinie pour une cellule idéale avec des parois infiniment souples. La
figure 4.15 montre les résultats obtenus entre 18 kHz et 22 kHz pour les deux types
de cellules. Les résonances correspondant au fonctionnement recherché de la cellule
correspondent aux deux pics les plus élevés : f =21.284 kHz pour le plastique, et
f =21.570 kHz pour le verre.
10
8
parois
/p
6
centre
4
p
0
18 19 20 21 22
f (kHz)
83
centre. On constate également que les ondes de flexion stationnaires sur les parois
ont une longueur d’onde bien plus courte dans le plastique que dans le verre, ce qui
est dû au fait que le module d’Young, et donc la vitesse du son, du plastique est bien
plus faible que celui du verre.
(a) (b)
Nous effectuons maintenant des calculs de réponse fréquentielle autour de ces deux
points pour chaque cellule. Une tension de 100 V crête est appliqué dans les deux cas
au PZT émetteur. La figure 4.17 montre la pression crête au centre de chaque cellule
obtenue autour de sa résonance. On voit clairement que la résonance de la cellule est
fortement amortie, en raison du fort coefficient d’amortissement du plastique.
On peut définir la sensibilité d’une cellule comme le rapport de la pression acoustique
au centre et de la tension crête appliquée à l’émetteur. Le calcul précédent montre
qu’elle est de l’ordre de 83.3 Pa/V pour la cellule en PMMA et de 958 Pa/V pour la
cellule en verre. Pour obtenir de la SBSL, il faut une pression acoustique de l’ordre
de 130 kPa au centre, ce qui donnerait une tension PZT de 136 V pour la cellule en
verre, et de 1560 V pour la cellule en PMMA !
Ces simulations, même si elles n’ont qu’une valeur indicative (propriétés piezo
approximatives, nonlinéarités négligées, coefficient de perte du PMMA approximatif),
montrent clairement que la sensibilité des cellules en plastique est insuffisante pour
couvrir tout le domaine de stabilité d’une bulle, mais qu’en revanche celle de la
cellule en verre est parfaitement viable. Le calcul précédent est cela dit probablement
pessimiste quant aux pertes dans le plastique, puisque nous avons réussi à y observer
84
Mise au point du montage expérimental
5
10
PMMA
Verre
(Pa)
centre
4
10
p
Fig. 4.17 – Pression acoustique au centre de la cellule pour une paroi en verre
(symboles ◦, rouge) et en PMMA (symboles × ,bleu). La tension crête aux bornes du
PZT émetteur est de 100 V.
une bulle dans le régime dansant (pa � 100 kPa) pour une tension de 250 V aux
bornes du piezo émetteur.
Ces résultats nous ont conduit à abandonner définitivement le concept de cellules en
plastique.
Pour la construction de notre cellule, nous utilisons une cuve en verre optique à
5 faces polies de dimension interne 60 × 60 × 60 mm avec une épaisseur de paroi de
2.5 mm (référence chez Hellma : 704.004 − OG).
Pour réaliser notre montage expérimental, nous devons « suspendre » la cellule de la
façon la moins invasive possible. Elle ne peut pas être perforée, car cela abîmerait le
verre, et elle ne peut pas être fixée ou serrée avec une pince, car cela affecterait la
résonance.
Nous avons donc choisi de coller avec de l’Araldite 2011� (spéciale pour faire des
unions verre-céramiques) des « pattes » de polycarbonate de 20 × 20 mm aux quatre
faces de la cellule de lévitation (voir figure 4.18). Les dimensions et la position idéale
pour les pattes ont été déterminées avec COMSOL, afin d’interférer le moins possible
avec la résonance principale de la future cellule. Le microphone et le PZT sont collés
sur les faces extérieures de la cellule, en utilisant la même méthodologie que pour les
cellules en plastique. Une cellule en verre est visible Fig. 4.19.
Après la construction de la cellule, celle-ci est testée avec de l’eau dégazée. On fait
85
(a) (b)
(c) (d)
Fig. 4.18 – Protocole de fixation de pattes sur la cellule pour le système de suspension :
(a) Patte de polycarbonate de 20 × 20 mm. (b) Nous utilisons un gabarit pour coller
les pattes d’une façon symétrique et reproductible. (c) Pendant que l’Araldite sèche, la
patte est maintenue avec une pince (d) Finalement les pattes sont perforées.
léviter une bulle à une fréquence de 20.300 kHz, on observe qu’elle atteint le régime
de SBSL.
86
Mise au point du montage expérimental
Bien que ce type de cellule fonctionne correctement et permet une bonne reproduc-
tibilité expérimentale, avec le temps les signaux des microphones ont commencé à
présenter des problèmes de stabilité, jusqu’au jour où la cellule a cessé de résonner.
Dans un premier temps, nous avons pensé que ce problème était dû au désaccouple-
ment de la colle conductrice à la lame de cuivre. Pour résoudre ce problème, nous
avons fait l’acquisition de nouveau PZT dont les deux électrodes sont disponibles
sur la même face (PI Ceramics « wrapped electrode »). Ainsi les deux soudures
peuvent être faites sur la face extérieure, et la face non soudée peut être collée bien
à plat contre la base de la cellule en verre. Une nouvelle cellule en verre a été ainsi
construite. Cette nouvelle cellule a aussi atteint le régime de SBSL. Malheureusement
nous avons constaté le même type de problèmes de reproductibilité des résultats au
fil du temps.
Nous avons conclu que les cellules en verre fixées par des pattes présentent des
symptômes caractéristiques de mauvais fonctionnement :
Comme ces symptômes ont été observés dans les deux modèles de cellules suspendues,
nous concluons que la source du problème n’est pas le PZT, ni la façon de le coller.
Dans un second temps, nous avons constaté que la façon de fixer la cellule a une
influence sur la fréquence de résonance et sur l’amplitude de l’onde de pression
imposée dans la cellule. Nous avons donc expérimenté différentes méthodes de la
maintenir. Initialement, la cellule était suspendue par des câbles électriques fins
passés dans des trous percés dans les pattes, afin de limiter la transmission de l’onde
au niveau du contact entre les pattes et le support. En effet, nous pensions qu’un
serrage rigide au niveau des pattes aurait eu pour conséquence de faire vibrer tout le
système supportant, jusqu’à la table optique elle-même. Ensuite, face aux symptômes
présentés ci-dessus, nous avons suspendu la cellule en passant simplement des vis
métalliques par les trous, sans les serrer par un écrou. Puis nous avons remplacé les
vis métalliques par des vis en nylon, et enfin nous avons serré ces dernières avec des
écrous en nylon. Dans ce dernier cas, la cellule présentant des comportements de plus
en plus erratiques, nous avons constaté le décollement d’une patte (voir figure 4.20)
à l’issue de quelques heures d’utilisation. Après recollage les symptômes ont malgré
tout persisté, et nous avons temporairement conclu à la rupture d’une des arêtes de
la cellule.
87
Nous en avons conclu que la méthode de maintien de la cellule de lévitation par
des pattes est insatisfaisante à long terme, quelle que soit la façon dont les pattes
sont fixées. Nous avons donc cherché d’une part une autre solution pour maintenir
la cellule et d’autre part essayé malgré tout de comprendre l’origine du problème à
l’aide de simulations.
88
Mise au point du montage expérimental
lorsque le contact est rompu, la transmission s’arrête. Cela pourrait expliquer les
oscillations à basse fréquence visible sur l’amplitude du microphone.
Fig. 4.21 – Déformation instantanée de la cellule et des pattes de fixation (seul 1/4
de la cellule est représenté). À droite, zoom sur une de pattes. Les couleurs codent la
contrainte de Von Mises.
À l’issue de ces simulations (assez récentes) et de différents tests, nous avons décroché
la cellule, que nous pensions cassée et l’avons simplement posée sur un coussin en
mousse. La réponse a été alors parfaite et le fonctionnement reproductible. Nous
avons donc élaboré un nouveau support moins invasif.
Ce système vise à enregistrer des vidéos des différentes expériences effectuées. Pour
cela, on a utilisé une caméra rapide et un objectif de type microscope longue distance.
89
Fig. 4.22 – Modèle définitif d’une cellule de lévitation en verre (décembre 2013).
1. Caméra rapide.
Parce que les phénomènes de cavitation acoustique et d’apparition de cristaux
ont lieu en des temps très courts, nous employons une caméra appropriée pour
enregistrer ces évènements. C’est pourquoi nous avons choisi une caméra « phan-
tom miro M310 » (voir figure 4.23) : une caméra rapide compacte et modulaire
qui intègre un capteur de 1 MégaPixel pour une sortie de 3.2 GigaPixels/seconde
(Gpx/s). Cela correspond à 3200 images/sec en pleine résolution de 1280x800
(research, 2012). Le temps d’exposition minimal est de 1 µs, ce qui la rend
idéale pour l’observation des phénomènes énoncés.
Fig. 4.23 – Caméra phantom miro M310 (l’objectif présenté ici n’est pas celui utilisé
pour notre étude).(research, 2012)
Avec cette caméra, nous sommes capables de filmer la stabilité d’une bulle de
cavitation acoustique en régime stable, c’est-à-dire qu’à partir de ces images
nous pouvons trouver la position du centroïde et le rayon de la bulle au cours
du temps. Une autre expérience réalisable est de filmer la dynamique de la
bulle dans les différentes régimes de l’espace des paramètres.
Une autre caractéristique importante pour notre application est que cette
90
Mise au point du montage expérimental
SYNC
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
TRIG
91
empêche d’approcher à moins de 40 mm, puisque que la bulle est au milieu de
la cellule de lévitation. Nous sommes donc aux limites des objectifs classiques
de microscope.
92
Mise au point du montage expérimental
1. Le système optique.
L’objectif de ce système est de concentrer la lumière émise par une LED de
haute puissance (LUXEON Rebel LXML-PWC2 1W) sur la bulle de cavitation
acoustique. Le système optique est composé d’un dissipateur de chaleur monté
sur une platine micrométrique (selon l’axe z) - c’est sur ce dissipateur qu’est
collé une LED de haute puissance - , d’une lentille optique plan-convexe et
d’une lentille optique biconvexe. Toutes ces pièces sont montées sur un rail
optique, fixé sur une autre platine micrométrique (voir figure 4.27) pour aligner
précisément la LED avec l’axe optique de la caméra.
La LED de puissance émet une lumière très puissante, mais dispersée dans un
angle de 108°. Pour refocaliser la lumière, nous utilisons la lentille plan-convexe
positionnée à sa distance focale. La lumière qui traverse la lentille sort projetée
parallèlement (voir figure 4.28), jusqu’à la lentille convexe qui refocalise la
lumière à sa distance focale. Finalement, à la focale, sur l’axe optique, et en
un même point, nous avons le point focal de la caméra, la bulle de cavitation
acoustique et la lumière de la LED concentrée (voir figure 4.29).
2. Le stroboscope.
93
Fig. 4.28 – Schématisation montrant que la source lumineuse est projetée à l’infini.
Fig. 4.29 – Schématisation montrant la position de la bulle par rapport à l’axe optique.
La taille de la bulle est volontairement exagérée pour illustrer le propos.
L’idée est de pulser la LED avec des pulses très courts mais très puissants pour
pouvoir abaisser le temps d’exposition artificiellement. Ceci est particulièrement
utile si l’on veut imager la bulle, car en éclairage continu, nous devons fixer le
temps d’exposition de la caméra à 3 µs pour avoir une image correcte, ce qui
fournit une image de la bulle « floutée ».
94
Mise au point du montage expérimental
95
5
Résultats et discussions
Sommaire
5.1 La cellule de géométrie sphérique . . . . . . . . . . . . . . 97
5.2 Validation de la cellule verre à base carrée . . . . . . . . 108
5.3 Rampes de pression acoustique. Exploration des ré-
gimes de lévitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
5.4 Détection acoustique d’objets au voisinage d’une bulle
de cavitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.5 Dimensionnement de la petite cellule . . . . . . . . . . . 119
Dans un liquide dégazé, même en présence d’un champ acoustique, aucune bulle ne se
formerait naturellement. C’est pourquoi il est nécessaire de la générer artificiellement.
Nous utilisons pour l’instant une micro-pipette, non pas pour insuffler de l’air dans
97
Fig. 5.1 – Cellule conçue en verre classique.
l’eau, ce qui aurait pour effet de la regazer très vite, mais simplement pour toucher la
surface de l’eau. Ceci suffit à créer une petite poche d’air qui auto-ajuste naturellement
sa quantité de gaz interne comme expliqué au chapitre 3 et vient se bloquer au ventre
de l’onde stationnaire. Selon la valeur de la pression acoustique, la bulle ainsi créée
se dissout lentement, entre dans le régime dansant, dans l’un des régimes stables, ou
bien disparaît.
Même si la bulle en lévitation est observable à l’oeil nu, le signal enregistré à l’aide
d’un microphone donne des informations plus riches qu’une simple observation
visuelle. Cependant, ces informations ne sont pas directes : la différenciation entre
une trace avec ou sans bulle (voir figure 5.2(a) et figure 5.2(c)) n’est pas évidente
a priori. À partir de ce signal, nous pouvons isoler les informations spécifiquement
dues à la présence d’une bulle, en utilisant un filtre passe-haut pour supprimer la
composante du champ acoustique imposé par le PZT. Le signal du microphone
filtré est fortement lié à la dynamique de la bulle, et peut révéler sa présence (voir
figures 5.2(b) et 5.2(d)).
La corrélation croisée, aussi appelée covariance croisée, est une fonction du temps
calculée entre deux signaux temporels. Elle trouve de nombreuses applications comme
la reconnaissance de régularités, la cryptanalyse et la mesure de similitudes entre
deux signaux.
98
Résultats et discussions
(a) (b)
(c) (d)
99
Fig. 5.3 – Au-dessus : Signal trapézoïdal original. Au-dessous : Coefficients de corré-
lation : moment d’ordre zéro et 25 « lags » positifs et négatifs.
Pour une valeur de Abruit = 1.3, nous pouvons voir que le signal bruité est presque
méconnaissable par rapport à l’original (voir figure 5.4). De plus, les coefficients de
corrélations diminuent fortement en comparaison avec ceux obtenus pour le signal
original. À titre d’exemple, le moment d’ordre zéro prend la valeur de 0.49413, alors
qu’il valait 1 pour le signal original.
Nous voyons que le moment d’ordre 0 est par exemple une grandeur intéressante
pour évaluer la reproductibilité du signal. Nous utilisons donc les signaux en temps
réel du microphone filtré pour caractériser la dynamique de la bulle, en calculant le
coefficient de corrélation croisée entre le signal d’un cycle acoustique et celui d’un
cycle ultérieur (voir Figs 5.5 et 5.6).
Pour que les valeurs de coefficients de corrélation soient représentatives, la séparation
100
Résultats et discussions
Fig. 5.4 – Au-dessus : Signal trapézoïdal bruité avec Abruit = 1.3. Au-dessous,
coefficients de corrélation : moment d’ordre zéro et 25 « lags » positifs et négatifs.
ne doit pas être trop courte. Si cette séparation est inférieure à cinq cycles
acoustiques (environ 175 µs), la variation du signal n’est pas suffisante et la
corrélation reste égale à 1 même si la bulle n’a pas un mouvement périodique.
Ne doit pas être trop longue, (> 10000 cycles acoustiques, soient 350 000 µs),
la corrélation ratant alors des phénomènes de courte durée.
où V1,n et V2,n représentent les valeurs acquises sur les deux périodes distantes, V¯1 et
V¯2 leurs valeurs moyennes du signal sur une période et N le nombre de points dans
la série. Dans la suite, V1,n et V2,n sont séparés par 400 cycles acoustiques (14 000 µs),
ce qui est un délai raisonnable pour détecter des variations dans la dynamique de
la bulle. Si le coefficient de corrélation est égal à 1, cela indique que les signaux
sont égaux, ce qui implique un phénomène périodique, donc la bulle est dans un
régime stable de l’espace de paramètres (figure 5.5). Dans le cas opposé, si les signaux
sont différents, le coefficient devient inférieur à 1, ce qui indique que la bulle a une
dynamique non-stable (figure 5.6).
De cette façon, en suivant les variations du coefficient de corrélation pour différentes
pressions acoustiques imposées par le PZT, nous sommes capables de reconstruire
101
0.4
a b
0.2 0.2
2
V ,V
V2
0
1
−0.2
−0.2
−0.4 −0.2 0 0.2 0.4
0 0.5 1 V
t/T 1
Fig. 5.5 – Signaux sur le micro filtré sur un cycle acoustique, recueillis à 400 cycles
d’intervalle dans le cas d’une bulle stable. A gauche, superposition des deux signaux
temporels. A droite tracé des deux signaux dans l’espace des phases.
0.5 0.5
c d
2
V ,V
V2
0 0
1
−0.5 −0.5
0 0.5 1 −0.5 0 0.5
t/T V1
Fig. 5.6 – Idem figure 5.5 dans le cas d’une bulle dansante
l’espace de paramètres dans son intégralité. Comme on peut le voir sur la figure 5.7,
lorsqu’une bulle est dans un état correspondant à la zone « dansante » (noire),
les coefficients de corrélation ont des valeurs chaotiques entre 0.9737 et 0.887, en
raison de la dynamique très fluctuante de la bulle. À l’inverse, dans la zone de
sonoluminescence stable (verte), la bulle a une dynamique périodique, ce qui se
traduit par une corrélation très proche de 1 (entre 0.9997 et 0.9949).
Un fois que la bulle est dans le régime stable (SL stable, ligne verte dans la figure 5.7),
nous tentons de casser la périodicité du signal en utilisant un fil de 89.2 µm de diamètre
(voir figure 5.8), en causant une déstabilisation de la bulle, afin d’engendrer une
102
Résultats et discussions
Fig. 5.7 – Evolution de la corrélation entre deux cycles distants de 400 cycles, calculée
tous les 1000 cycles acoustiques (� 35 ms).
103
Fig. 5.8 – Fil utilisé pour perturber la bulle, ce type de fil est utilisé pour nettoyer
des aiguilles de seringue d’HPLC.
Fig. 5.9 – Trace des coefficients de corrélation d’une bulle de cavitation dans la zone
stable. La perturbation est réalisée en approchant un fil, la stabilisation est récupérée
après éloignement de la fibre.
La troisième étape consiste à filtrer l’image avec un filtre qui préserve les bords.
Ensuite nous mesurons le niveau de gris de l’image filtrée, pour binariser l’image
de façon inverse et les pixels non-connexes sont éliminés, permettant d’obtenir une
image de la bulle similaire à celle présentée dans la figure 5.12.
104
Résultats et discussions
Fig. 5.10 – Image extraite directement d’un film enregistré par la caméra : on peut
voir que la bulle occupe une petite portion de l’image.
Fig. 5.11 – Image réduite d’une bulle à son rayon maximal dans une cellule sphérique.
Enfin, à partir de cette image (figure 5.12), nous calculons la surface et le centroïde
de la bulle.
Nous répétons ce processus pour toutes les images, selon l’algorithme 2. Les valeurs
des surfaces, rayons et positions de centroïdes de chaque image sont sauvegardées
dans un fichier de sauvegarde MATLAB « .mat ».
Selon la méthode de synchronisation de la caméra, le film analysé représente soit la
dynamique d’une bulle sur une période, soit une vue de la bulle à phase acoustique
constante. A partir des données extraites du traitement d’image, nous pouvons donc
105
Fig. 5.12 – Image de la bulle transformée en binaire inverse.
106
Résultats et discussions
Fig. 5.13 – Dynamique de la bulle en SL dans une cellule sphérique : rayon en fonction
du numéro d’image. Seule les images où la bulle à un rayon suffisamment grand ont pu
être exploitées.
Fig. 5.14 – Image d’une bulle trop petite pour en déterminer son rayon.
Ce problème rend impératif l’usage de cellules à base carrée pour la suite de notre
étude.
107
5.2 Validation de la cellule verre à base carrée
Comme nous l’avons vu dans la section 5.1.4, il est très difficile de reconstruire la
dynamique d’une bulle sur un cycle acoustique dans une cellule sphérique, surtout pour
les petits rayons. En utilisant le même code Matlab pour des images capturées dans la
cellule carrée, il est possible d’augmenter la sensibilité pour détecter de petits rayons,
comme nous pouvons le voir dans la figure 5.15. Ainsi nous pouvons reconstruire la
dynamique d’une bulle sur un cycle complet, comme l’illustre la figure 5.16 page 110.
On peut clairement distinguer les étapes d’expansion, d’implosion et de rebonds,
décrites dans la section 3.2.5 page 38.
Notons malgré tout que la fin du collapse principal et des collapses secondaires lors
des rebonds ne sont toujours pas accessibles par cette méthode. En effet, la bulle
atteint comme nous l’avons vu des tailles de l’ordre du demi-micron dans ces phases,
et notre résolution est de 1 µm/pixel.
Cette expérience est similaire à celle effectuée dans la cellule sphérique (expliquée
précédemment). Nous créons une bulle dans le régime stable, mais pour perturber la
bulle, nous utilisons maintenant une micro-fibre de carbone de diamètre inférieur à
8 µm (voir figure 5.17) collée sur un support pouvant être piloté par une platine à
trois axes située au-dessus de la cellule de lévitation.
Le déplacement vertical est contrôlé par ordinateur, et la fibre est descendue progres-
sivement le long de l’axe vertical passant par le centre de la bulle (voir figure 5.18).
Ainsi comme dans l’expérience avec la cellule sphérique, à partir d’une certaine
distance entre la fibre et la bulle, cette dernière perdra sa périodicité et son coefficient
de corrélation changera. Si la micro-fibre est éloignée du voisinage de la bulle, cette
dernière récupère sa périodicité et le coefficient de corrélation retourne à 1, comme
le montre la figure 5.19.
En comparant les signaux de corrélation et de perturbation des cellules sphérique et
cubique (voir figure 5.9 et figure 5.19), on observe que la perturbation des signaux
de corrélation pour la cellule sphérique est plus grande : les objets qui perturbent les
bulles sont différents en diamètre et en rigidité. On peut en conclure que l’intensité
de la perturbation est liée aux dimensions de l’objet : un objet de plus grande taille
engendre une plus grande perturbation. Un autre résultat important est que nous
pouvons maintenant assurer que nous sommes capables de détecter au voisinage de
la bulle des objets ayant une taille de l’ordre de 7 µm.
108
Résultats et discussions
Fig. 5.15 – Bulles de cavitation acoustique dans une cellule carrée avec un temps
d’exposition de 1.9 µs, la valeur à l’intérieur de l’image indique le rayon de la bulle (en
µm), la ligne rouge est la frontière calculée par le code.
Dans une autre expérience, on utilise également une bulle dans le régime stable,
mais dans ce cas la micro-fibre de 7.45 µm est approchée très rapidement. Sur la
figure 5.20, on observe que le signal n’est pas très stable, et nous pensons que cela
est dû au fait que le servomoteur ayant été programmé pour se déplacer rapidement,
il introduit des perturbations dans le système. Lorsque la bulle est détruite par la
micro-fibre, le signal du microphone filtré change radicalement, provoquant une forte
chute transitoire du coefficient de corrélation, puis le signal se re-stabilise une fois la
bulle disparue car la corrélation entre deux signaux sans bulle est aussi égale à 1.
109
Fig. 5.16 – Dynamique de bulle obtenue expérimentalement dans une cellule de
géométrie cubique.
Dans les premières expériences, pour traverser les différents régimes de lévitation
de la bulle, nous augmentions la tension appliquée au PZT manuellement. Par la
suite, nous avons programmé des rampes d’amplitude du générateur de signaux pour
augmenter lentement la tension aux bornes du PZT et donc la pression acoustique
imposée à la bulle.
Nous imposons d’abord une amplitude assez faible puis nous nucléons une bulle
dans le régime de dissolution. La bulle met plusieurs secondes à se dissoudre, ce qui
110
Résultats et discussions
Fig. 5.19 – Trace des coefficients de corrélation d’une bulle de cavitation dans la zone
stable. La perturbation est réalisée en approchant une micro-fibre, la stabilisation est
récupérée après l’éloignement de la micro-fibre.
111
Fig. 5.20 – Signal d’une bulle approchée puis traversée par la micro-fibre.
112
Résultats et discussions
Fig. 5.21 – Courbe supérieure, échelle de gauche (ligne bleue) : corrélation entre
deux signaux de microphone filtré séparé par 400 cycles acoustiques, en fonction de la
tension au PZT. La courbe inférieure, échelle de droite (ligne verte) : valeur RMS de
l’harmonique dominante (ici l’harmonique 8) du microphone. Courbe du milieu (ligne
rouge), échelle de droite valeur H de l’équation (5.3.1). Zone A : Bulle dans le régime
dansant ; B : Régime de stabilité, bulle d’air ; C : Régime de stabilité, bulle d’argon ;
D : Pas de bulle ; AD : Seuil de dissociation de l’air ; SI : Disparition de la bulle par
instabilités de surface. La concentration en air dissous C∞ /C0 pour cette expérience
est de 18% de la saturation.
du taux d’air dissous : plus la teneur en air est grande, plus petite est l’harmonique
dominante. Pour disposer d’une grandeur plus générale et indépendante du choix
précis de l’harmonique dominante, nous avons calculé en temps réel la moyenne
quadratique des 15 premières harmoniques, en excluant les deux premières dont la
variation est toujours quasiment linéaire lors du balayage :
� 15 �1/2
�
H= Hn2 , (5.3.1)
n=3
113
avons discuté dans la section 3.3.3, cette augmentation brusque a été observée pour
d’autres grandeurs caractéristiques de la bulle (rayon ambiant R0 , rayon maximal
Rmax et position de la bulle) (Thomas, R. A. Roy et Holt, 2004), et est associée à
la dissociation chimique d’une bulle d’air (Holzfuss, 2008). Nous pouvons donc
supposer que le seuil AD dans nos observations marque la transition entre une bulle
d’air et une bulle d’argon.
Cependant, sans un système de détection de SBSL (comme un photo-multiplicateur
par exemple), nous ne pouvons pas assurer que ce seuil AD indique la frontière entre
une bulle qui émet de la lumière et une autre qui n’en émet pas. Néanmoins nous
n’avons jamais observé à l’oeil nu de SBSL dans la zone B, et nous avons été capables
de l’observer dans la zone C, même avec une eau ayant une forte teneur en gaz.
Nous avons réalisé des expériences complémentaires avec des teneurs en air plus
élevées (C∞ /C0 � 25%), en nous intéressant à la transition AD. Nous avons observé
systématiquement des oscillations sur la grandeur H avec une période de l’ordre de
la seconde (figure 5.22) lors de la rampe d’amplitude, tout-a-fait similaires à celles
observées par Thomas, R. A. Roy et Holt (2004) (voir Sec. 3.3.3) sur le rayon
maximum de la bulle. Si nous figeons la tension PZT à une valeur dans l’intervalle
de la figure 5.22, nous observons une oscillation quasi-parfaite. La corrélation C est
également affectée et nous attribuons cette caractéristique non pas à des instabilités
de surface, mais à une translation de la bulle dans le champ stationnaire, que nous
observons d’ailleurs sur les images, et observées expérimentalement par Thomas,
R. A. Roy et Holt (2004).
1 20
Harm (mVRMS)
0.8
0.6
C4
10
0.4
0.2
0 0
42.32 42.34 42.36 42.38 42.4 42.42 42.44
V (V)
Fig. 5.22 – Idem figure 5.21, mais pour une concentration en air dissous C∞ /C0 = 25%
au voisinage de la transition AR. On observe clairement les oscillations chimiques sur
la quantité H. La quantité C est également affectée.
Ces résultats suggèrent fortement que la transition AD est bien liée à la dissociation
de l’air dans la bulle et que tous les phénomènes observés par Thomas, R. A. Roy
et Holt (2004) sont observables sur la grandeur H dans notre expérimentation.
Nous envisageons à court terme d’effectuer des rampes décroissantes d’amplitude
pour observer le phénomène d’hysteresis.
114
Résultats et discussions
Comme nous l’avons vu dans les sections 5.2.2 page 108 et 5.3 page 110, les coefficients
de corrélations en temps réel sont utiles pour détecter des changements dans la
dynamique d’une bulle unique de cavitation acoustique :
Tous ces changements se traduisent par un ou plusieurs pics dans les graphiques de
corrélations, lesquels sont d’amplitude faible. De plus, leur interprétation peut être
difficile. Comme nous nous intéressons à la détection rapide de cristaux près de la
bulle, nous avons besoin d’une méthodologie stable et répétable, avec des critères
clairs.
Pour cela, nous réalisons une méthode complémentaire de détection basée sur les
enseignements tirés des sections 5.2.2 et 5.3. Le protocole est le suivant :
1. En utilisant le montage de la figure 5.18 page 111, nous créons une bulle dans
la région C de la figure 5.21 page 113,
4. Ensuite nous déplaçons verticalement la fibre de telle sorte que son extrémité
se trouve dans la partie haute de la fenêtre d’observation et nous ajustons sa
position suivant y (dans la largeur de l’image) pour qu’elle soit à la verticale de la
bulle. La position en z de la micro-fibre est stockée comme position initiale, afin
de répéter l’expérience rapidement sans trop modifier les conditions initiales.
115
Fig. 5.23 – Corrélation C, plus grande harmonique et grandeur H en fonction de la
position de la micro-fibre. Nous pouvons voir que les signaux permettent de détecter
la disparition de la bulle, avec une bonne précision sur la position de la micro-fibre.
La disparition de la bulle peut être détectée sans ambiguïté, grâce aux signaux
enregistrés (corrélation et harmoniques) (voir figure 5.23). Lors de la disparition de
la bulle, les deux signaux chutent distinctement.
Ce critère de détection peut être utilisé comme trigger de la caméra miro M310.
En utilisant sa mémoire circulaire, nous aurons une vidéo des derniers moments de
la bulle. Ceci peut être particulièrement utile si, un cristal (de glace par exemple)
apparaît suffisamment près de la bulle pour la détruire après l’avoir « touchée »
(comme cela a été rapporté par Chow, Atkins et al., 2006). Ceci signifie que nous
pourrions capturer les premiers instants du cristal ou des cristaux, la perturbation
que subit la bulle et finalement sa disparition.
Nous disposons également d’une vidéo avec l’approche de la micro-fibre (voir figure
5.24) et la disparition de la bulle. Nous avons constaté sur ces vidéos, que la bulle se
dirige toujours vers la micro-fibre avant de disparaître. En analysant chaque image
avec Matlab (comme dans la section 5.1.4 page 103), on obtient la position du centre
de la bulle, son rayon et la position de l’extrémité de la micro-fibre. Avec ces données,
nous pouvons calculer la distance « D » entre l’extrémité de la micro-fibre et le centre
de la bulle.
Un résultat typique est montré sur la figure 5.25, où chaque point (rouge) correspond
à une image. Le début de cette courbe est linéaire, car la micro-fibre se déplace à
116
Résultats et discussions
(a) (b)
Fig. 5.24 – (a) Image de la position initiale de la bulle et de la micro-fibre. (b) Image
de la micro-fibre s’approchant de la bulle.
vitesse constante, et le centre de la bulle est stable. À une distance seuil, la bulle
est attirée vers la micro-fibre et la courbe s’incurve vers le bas (autour de 11 s,
figure 5.25). Finalement la bulle disparaît, ce temps correspond à la ligne verticale
en pointillés (ligne bleue).
La forme de la courbe (figure 5.25) suggère une distance critique à partir de laquelle la
bulle détecte un objet. Pour obtenir cette distance, nous avons effectué une régression
linéaire successive de la courbe en commençant à l’ extrême gauche, et en ajoutant à
chaque fois un point vers les temps croissants. L’ajustement qui donne le plus grand
coefficient de corrélation a ensuite été établi (ligne noire), et son intersection (cercle)
avec la ligne verticale est le dernier point calculée. La valeur correspondante lue sur
l’axe des ordonnées est définie comme la distance critique entre la micro-fibre et la
bulle, en dessous de laquelle la bulle disparaît.
Ce processus a été répété pour plusieurs bulles dans la zone C de la figure 5.21
page 113, pour différentes teneurs de gaz dissous (entre 15% et 28% de la saturation),
et différentes pressions acoustiques. La figure 5.26 montre la distance critique en
fonction de Rmax pour tous ces expériences.
Même si les barres d’erreur sont trop élevées et le nombre de points trop faible pour
postuler une loi d’échelle, nous voyons une tendance claire sur la courbe montrant
que la distance critique augmente avec le rayon maximum de la bulle. Autrement
117
300
250
200
D (µm)
150
100
50
0 2 4 6 8 10 12
t (s)
Fig. 5.25 – Ligne pointillée (ligne rouge) : distance entre le bout de la micro-fibre et
le centre de la bulle, obtenue par analyse d’image. La ligne solide (ligne noire) est la
régression linéaire des N premiers points avec la corrélation la plus élevée. La ligne
pointillée verticale (ligne bleue) est le dernier point où la bulle est visible.
dit plus la bulle est énergétique, plus elles est instable vis-à-vis d’une perturbation.
La distance critique est de l’ordre de 3 à 4 fois rmax , l’objet perturbateur étant de
l’ordre de grandeur du rayon R0 .
Nous pouvons donc conjecturer, sur la bases de ces expériences, qu’un cristal d’une
dizaine de microns à une distance inférieure à 250 µm de la bulle perturbera pro-
bablement cette dernière et sera détecté. Il est possible qu’il en soit de même pour
un cristal plus petit apparaissant plus près de la bulle. Notre méthode de détection
du cristal par une écoute de l’émission acoustique de la bulle s’avère donc viable, et
nous pouvons envisager sereinement la poursuite de ces travaux.
L’étape suivante consisterait à tester le principe de la double cellule. Faute de temps,
nous n’avons pu hélas aborder cette partie, mais nous avons malgré tout réalisé des
simulations pour tester la viabilité de ce système.
118
Résultats et discussions
250
200
dCrit (µm)
150
100
50
30 35 40 45 50 55 60
Rmax (µm)
Fig. 5.26 – Distance critique entre le centre de la bulle et l’extrémité de la micro-fibre,
en fonction du rayon maximal de la bulle.
Nous rappelons que le principe de la double cellule consiste à introduire une cellule
en plastique de faible volume au milieu de la cellule de lévitation, et à faire léviter
la bulle dans cette petite cellule. Bien que Ohsaka et Trinh (1998) aient mis en
oeuvre une telle solution avec succès, son principe acoustique n’est pas intuitif, et il
nous a semblé important d’en vérifier la faisabilité. Nous avons donc eu recours à la
simulation avec COMSOL pour préparer la conception de cette cellule.
La petite cellule doit avoir des parois fines en plastique mais Ohsaka et Trinh (1998)
ne donnent pas plus de détails. Ses parois doivent être optiquement transparentes
afin de pouvoir observer la bulle. Après recherche de ce type de cellule sur le marché,
nous avons conclu que l’utilisation de cuvettes type analyseur à UV était la meilleure
solution. Nous avons pris des cuvettes en polystyrène d’arête intérieure 1.1 cm, et
d’épaisseur de paroi 0.1 cm. La hauteur de ce type de cuvette est normalisée à 4.5 cm
base comprise (figure 5.27).
La contrainte est de maintenir la bulle de cavitation à peu près au centre géométrique
119
Fig. 5.27 – Photo d’une cuvette UV utilisée pour réaliser la petite cellule.
de la grande cellule, soit sur l’axe de symétrie à environ 2.5 cm du fond de la grande
cellule. Par ailleurs la petite cellule doit dépasser suffisamment au-dessus du niveau
de l’eau dans la grande cellule pour pouvoir être maintenue. Nous avons donc dans
un premier temps simulé une configuration où le fond de la petite cellule est placé à
1.5 cm au dessus de la base de la grande cellule. La figure 5.28 montre une coupe à
la moitié de la géométrie obtenue.
Fig. 5.28 – Vue en coupe de la première géométrie réalisée. Les parois de la petite
cellule sont représentées en orange, l’eau en bleu. Le fond de la petite cellule est à
1.5 cm au dessus du fond de la grande cellule.
120
Résultats et discussions
crête de 100 V sur le piezo émetteur. La figure 5.29 (gauche) indique la structure
du champ de pression obtenu dans le liquide, et démontre clairement que l’onde
stationnaire dans le mode 111 est très peu modifiée par la présence de la petite cellule.
Cette dernière est donc effectivement quasiment transparente aux ondes acoustiques
dans ce mode, ce qui confirme la faisabilité du système.
140
120
100
p (kPa)
80
60
40
20
0
0 1 2 3 4 5
z (cm)
Fig. 5.29 – À gauche : champ de pression obtenue dans le liquide lorsque le fond
de la petite cellule est à 1.5 cm au dessus du fond de la grande cellule. Fréquence
de résonance = 20 197 Hz. À droite : champ de pression le long de l’axe médian en
fonction de la hauteur. La branche de gauche correspond à l’eau dans la grande cellule,
celle de droite à l’eau dans la petite cellule. Le saut de pression acoustique visible sur
la courbe correspond à l’épaisseur de la base de la petite cellule.
Nous avons donc simulé une autre configuration dans laquelle la base de la petite
cellule est placée plus bas, à 0.5 cm du fond de la grande cellule (figure 5.30, comparer
avec la figure 5.28). La fréquence propre est déplacée à 20 253 Hz (au lieu de 20 197 Hz).
Les résultats sont présentés sur la figure 5.31. On voit que le champ de pression axial
présente maintenant un ventre à une hauteur de 2.1 cm, soit à 1.45 cm au-dessus du
fond de la petite cellule, et donc suffisamment loin de ce dernier. De plus, la réponse
globale de la cellule est meilleure, puisque l’amplitude au ventre est maintenant de
191 kPa (contre 135 kPa dans la configuration précédente).
121
Fig. 5.30 – Vue en coupe de la seconde géométrie réalisée. Le fond de la petite cellule
a été baissé à 0.5 cm au dessus du fond de la grande cellule.
200
150
p (kPa)
100
50
0
0 1 2 3 4 5
z (cm)
Fig. 5.31 – Idem figure. 5.29 avec le fond de la petite cellule placé à 5 mm au-dessus
de la base de la grande cellule. La branche de droite, qui représente le champ de
pression acoustique dans la petite cellule, présente un ventre bien défini au voisinage
de z = 2.1 cm. Fréquence de résonance = 20 253 Hz.
Il apparaît donc que la solution n’est viable qu’à la condition de placer la petite cellule
suffisamment bas dans la grande. Le problème est que pour pouvoir maintenir la petite
cellule dans cette dernière configuration, cette dernière devrait avoir une hauteur
totale de 5.5 cm (comme c’est le cas sur la figure 5.30). La hauteur des cuvettes
UV étant normalisée à 4.5 cm, nous avons donc dû « rallonger » artificiellement ces
dernières. Pour cela, nous avons coupé le fond d’une cuvette puis nous l’avons collée
au chloroforme sur une cuvette normale.
Nous insistons sur le fait que le niveau de l’eau dans la petite cellule n’atteint pas
122
Résultats et discussions
la soudure chimique, de telle sorte que cette dernière ne sera pas mouillée par l’eau
à congeler. Aussi, l’état de surface de cette soudure n’est pas critique quant à une
éventuelle nucléation hétérogène de glace à son voisinage. Cet état de surface a été
malgré tout examinée au microscope (voir figure 5.32).
(a)
Fig. 5.32 – (a) Une cuvette UV et la petite cellule collée au chloroforme (b) Soudure
chimique examinée au microscope.
Pour finir, nous avons simulé la sensibilité du système de cellule double à une
différence de niveaux de remplissage entre la petite et la grande cellule. Nous avons
pris un niveau constant dans la grande cellule, et sur-rempli la petite cellule de 2 mm
de hauteur, puis de 5 mm. Les résultats respectifs sont présentés figure 5.33. On
voit qu’un sur-remplissage de 2 mm (figure de gauche) conserve essentiellement la
résonance. En revanche un sur-remplissage de 5 mm « casse » la résonance (figure de
droite) et il devient impossible d’obtenir un ventre bien défini dans la petite cellule.
Le problème semble être régi par une compétition entre le mode 111 de la grande
cellule et un mode longitudinal dans la petite. Pour un faible remplissage le mode 111
de la grande cellule est le mode maître (figure de gauche), mais pour une différence
de niveau trop importante, il peut devenir le mode esclave du mode longitudinal
dans la petite cellule (figure de droite). Nous n’avons pas creusé le problème plus
avant, mais sur un plan pratique, ces simulations montrent qu’un contrôle précis des
niveaux de remplissage est nécessaire. Notons que le couplage des deux modes est de
plus influencé par les oscillations de flexion de la petite cellule, et donc dépendant
des propriétés mécanique du plastique et de l’épaisseur des parois.
5.5.4 Synthèse
La figure 5.34 synthétise les courbes de réponse obtenues dans les différentes configu-
rations.
123
Fig. 5.33 – Champs de pression acoustique prédits dans le cas où la petite cellule est
remplie de 2 mm d’eau en plus (à gauche), et de 5 mm en plus (à droite).
160
Cellule a 15 mm
Cellule a 5 mm
Cellule a 5 mm sur−remplie 2 mm
140
120
(kPa)
100
max
p
80
60
40
20.18 20.2 20.22 20.24 20.26 20.28
f (kHz)
Fig. 5.34 – Courbes de réponse fréquentielle avec petite cellule. Symboles × : petite
cellule avec base à 15 mm au dessus du fond ; Symboles + : petite cellule avec base à
5 mm au dessus du fond ; Cercles : petite cellule avec base à 5 mm au dessus du fond
sur-remplie de 2 mm.
124
Résultats et discussions
L’un des problèmes attendus est que la petite cellule n’est peut-être pas aussi
transparente aux hautes fréquences, et risque donc d’étouffer l’émission acoustique
de la bulle, de telle sorte que la détection par le micro collé à l’extérieur de la grande
cellule serait compromise.
125
6
Conclusion
127
dissous. Cependant nous avons constaté expérimentalement que le remplissage
de la cellule de cavitation pouvait regazer significativement le liquide. Aussi, le
remplissage à l’aide d’une pompe péristaltique a dû être abandonné au profit
d’un système de remplissage gravitaire. Avec ce système et le protocole décrit
à la section 4.2.1 page 66, nous avons obtenu un taux de saturation en gaz
dissous dans le liquide à l’intérieur de la cellule de l’ordre de 20 % à 20 ◦C.
128
Conclusion
Détecter les premiers instants de la naissance d’un cristal (de glace par exemple)
au voisinage de la bulle de cavitation.
129
À plus long terme, l’application de ce dispositif pourra être élargie par exemple
à des expériences de cristallisation en solution, à des études de ségrégation de
nanoparticules par une bulle de cavitation acoustique, à l’étude de l’interaction entre
une goutte et une bulle de cavitation, intéressante dans le cadre de l’émulsification,
ou bien celle entre une électrode électrochimique et une bulle de cavitation, dans le
cadre de la sono-électrochimie.
130
Table des figures
131
2.9 En haut, zoom sur les rebonds d’une bulle de cavitation inertielle au
cours du temps. Le premier minimum de la courbe R(t) correspond à
la fin de l’implosion principale. En bas, température calculée au coeur
de la bulle. Les points marqués en rouge correspondent aux phases où
la température en◦C est négative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
132
Table des figures
3.11 Cycle du mécanisme de surface. On peut voir que le flux de masse n’est
pas équilibré. R est le rayon instantané et pg,e la pression d’équilibre
à l’intérieur de la bulle (Leighton, 1995). . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.12 (a) La bulle est à sa taille initiale R0 , (b) La bulle se dilate, et le
liquide se contracte en couche mince, (c) La bulle se contracte, et le
liquide se dilate en couche épaisse (Leighton, 1995). . . . . . . . . 48
3.13 Courbes dn/dt = 0 dans l’espace des paramètres (pa , R0 ) (d’après
S. Hilgenfeldt, D. Lohse et M. P. Brenner (1996). Des flèches
(en rouge pour C∞ /C0 = 0.5, en bleu pour C∞ /C0 = 0.002) ont été
rajoutées pour indiquer le sens de variation de n(t) dans les différentes
zones du plan. Une flèche vers le haut est une bulle dont le rayon
ambiant R0 croît en moyenne sur plusieurs cycles, une flèche vers le
bas une bulle qui se dissout. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.14 (d’après J. A. Ketterling et R. E. Apfel, 2000). Points expérimen-
taux dans l’espace des paramètres (pa , R0 ) correspondant à des bulles
diffusionnellement stables dans de l’eau contenant de l’air dissous à
20 % de la saturation. Les cercles noirs correspondent à des bulles
n’émettant pas de SL, les triangles à des bulles émettant de la SL. La
courbe en traits pleins est la courbe dn/dt = 0 calculée pour C∞ /C0
= 0.2, celle en traits pointillés pour C∞ /C0 = 0.002. La zone indiquée
« Dancing » indique des bulles présentant des mouvements erratiques
en raison d’instabilités de surface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.15 (d’après Barber et al. (1997). Intensité de la SL mesurée pour
différents gaz ou mélanges de gaz dissous, à différentes teneurs C∞ /C0 .
Pour faciliter la lecture, nous avons ajouté (en bleu) les abscisses en
pourcentage de la saturation, et la courbe correspondant à un mélange
1 % Ar / 99 % N2 (respectivement de l’azote pur) a été repassée en
rouge (respectivement en vert). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.16 (D’après D. F. Gaitan et Holt, 1999). Cette figure est similaire à
la figure 3.14 mais les axes sont inversés. Les carrés noirs sont des
bulles d’air en cours de dissociation, et n’émettent pas de SL. Les
carrés blancs sont des bulles d’Argon pur, ayant brulé tout leur air,
et émettent de la SL. Les courbes en traits pleins sont les courbes
d’équilibre diffusionnel dn/dt = 0 pour différentes teneurs en gaz
dissous. Les branches stables sont tracées en traits épais. La courbe en
traits pointillés (S.I.) est le seuil d ’instabilités de surface déterminé
expérimentalement et extrapolé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.17 (D’après Kornfeld et Suvorov, 1944). Images de bulles subissant
des oscillations non sphériques. Les images sont intégrées sur plusieurs
cycles, de telle sorte que les déformations visibles sont en fait des
superpositions de deux déformations consécutives. Ainsi, la bulle
« carrée » est en fait une bulle subissant des déformations oblongues,
tantôt dans un sens tantôt dans l’autre. . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
133
3.18 (Adapté de S. Hilgenfeldt, D. Lohse et M. P. Brenner, 1996).
Seuils d’instabilité paramétrique (« P.I. », courbe bleue) et de Rayleigh-
Taylor / Afterbounce (« R.T. + A.B. », courbe rouge) dans l’espace
des phases (pa , R0 ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.19 (D’après D. F. Gaitan et Holt, 1999). Seuils d’instabilité mesurés
dans l’espace des phases (R0 , pa ). Les points correspondant à des
bulles inertielles sont ceux placés au-delà de pa = 1 bar (à gauche du
graphique). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.20 (Adapté de S. Hilgenfeldt, D. Lohse et M. P. Brenner, 1996 ;
D. Lohse et S. Hilgenfeldt, 1997). La courbe A est le seuil de
diffusion rectifiée pour C∞ /C0 = 0.02. La courbe C est le le seuil
de diffusion rectifiée pour C∞ /C0 = 0.0002. Sa branche croissante
est stable. La courbe B, calculée par D. Lohse et S. Hilgenfeldt
(1997) est une branche stable, correspondant à une bulle dissociant
chimiquement exactement la quantité d’air qu’elle reçoit du liquide
par diffusion rectifiée sur une période. Les courbes « RT » (rouge)
et « PI » (bleue) sont les seuils d’instabilité de surface décrits plus
hauts. Au dessus/à droite de ces seuils, la bulle développe des modes
surfaciques. Voir texte pour les autres annotations. . . . . . . . . . . 59
3.21 (D’après M. Brenner, 2002) Diagramme des phases de la SBSL
pour des expériences réalisées avec de l’Argon dissous. En abscisse,
pression acoustique, en ordonnée, concentration en Argon dissous, en
pourcentage de la saturation. La figure de droite est un zoom sur celle
de gauche. Les points noirs correspondent à des bulles stables émettant
de la SL, les cercles blancs à des bulles stables mais n’émettant pas de
SL. Pour des expérimentations avec de l’air, en raison du phénomène
de dissociation, le graphique reste valable si on multiplie les ordonnées
par 100 et qu’on interprète ces dernières comme la concentration en
air dissous. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.22 Rayon maximal d’une bulle stable en fonction de la pression acoustique,
pour un taux d’air dissous de 18% et une fréquence de 14620 hertz. Les
symboles pleins sont obtenus pour des variations de pression acoustique
dans le sens croissant, et les symboles vides pour des variations dans
le sens décroissant. d’après Thomas, R. A. Roy et Holt (2004). . . 61
3.23 Idem figure 3.22 pour une concentration en air dissous de 36% de la
saturation. Les symboles carrés indiquent en plus les amplitudes crête
des oscillations du rayon maximum de la bulle. . . . . . . . . . . . . . 62
134
Table des figures
135
4.12 Cellules de cavitation en plastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
4.13 Un piézoélectrique prêt à l’emploi, avec ses fils soudés sur ses électrodes
positive et négative. Sur la face destinée à être collée sur la cellule,
nous soudons 2 fils « de secours » au cas où le fil casserait. . . . . . . 81
4.14 Deux piézoélectriques : Un prêt à l’emploi, avec lame de cuivre collée
et ses fils soudés, et l’autre sans fils. Ici également, nous prévoyons un
fil de secours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.15 Pression acoustique au centre de la cellule rapportée à la pression
acoustique moyenne au niveau des parois pour les différentes fréquences
propres calculées. Symboles ◦ (rouge) : cellule en verre ; Symboles ×
(bleu) : cellule en PMMA. La grandeur représentée serait théorique-
ment infinie pour une cellule idéale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.16 Résultats de Simulation COMSOL en 3D : (a) : Cellule en plastique,
avec une fréquence principale de 21.284 kHz. (b) Cellule en verre, avec
une fréquence principale de 21.570 kHz. . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.17 Pression acoustique au centre de la cellule pour une paroi en verre
(symboles ◦, rouge) et en PMMA (symboles × ,bleu). La tension crête
aux bornes du PZT émetteur est de 100 V. . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.18 Protocole de fixation de pattes sur la cellule pour le système de
suspension : (a) Patte de polycarbonate de 20 × 20 mm. (b) Nous
utilisons un gabarit pour coller les pattes d’une façon symétrique et
reproductible. (c) Pendant que l’Araldite sèche, la patte est maintenue
avec une pince (d) Finalement les pattes sont perforées. . . . . . . . 86
4.19 Cellule en verre à base carrée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.20 Patte d’une cellule en verre complètement décollée. . . . . . . . . . . 88
4.21 Déformation instantanée de la cellule et des pattes de fixation (seul
1/4 de la cellule est représenté). À droite, zoom sur une de pattes. Les
couleurs codent la contrainte de Von Mises. . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.22 Modèle définitif d’une cellule de lévitation en verre (décembre 2013). . 90
4.23 Caméra phantom miro M310 (l’objectif présenté ici n’est pas celui
utilisé pour notre étude).(research, 2012) . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.24 Principe de la mémoire circulaire de la caméra et de la stratégie de
déclenchement (TRIG). Ici on a supposé que la mémoire circulaire
contenait N = 10 images. Le signal de TRIG est placé à la position
7. Le fichier contiendra les 7 dernières images avant le signal et les
10 − 7 = 3 suivantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.25 Image d’une mire de 1 mm, sous conditions de travail. . . . . . . . . . 92
4.26 Schématisation de la caméra miro M310 couplée au microscope longue
distance QM-100. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.27 Montage du système optique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
136
Table des figures
137
5.17 Micro-fibre utilisée pour perturber la bulle. . . . . . . . . . . . . . . . 110
5.18 Montage expérimental de la perturbation de la bulle. On contrôle
la platine numérique avec LabVIEW pour réaliser des déplacements
micrométriques maitrisés et reproductibles. On utilise la caméra pour
observer en temps réel les perturbations de la bulle. . . . . . . . . . . 111
5.19 Trace des coefficients de corrélation d’une bulle de cavitation dans la
zone stable. La perturbation est réalisée en approchant une micro-fibre,
la stabilisation est récupérée après l’éloignement de la micro-fibre. . . 111
5.20 Signal d’une bulle approchée puis traversée par la micro-fibre. . . . . 112
5.21 Courbe supérieure, échelle de gauche (ligne bleue) : corrélation entre
deux signaux de microphone filtré séparé par 400 cycles acoustiques,
en fonction de la tension au PZT. La courbe inférieure, échelle de
droite (ligne verte) : valeur RMS de l’harmonique dominante (ici
l’harmonique 8) du microphone. Courbe du milieu (ligne rouge), échelle
de droite valeur H de l’équation (5.3.1). Zone A : Bulle dans le régime
dansant ; B : Régime de stabilité, bulle d’air ; C : Régime de stabilité,
bulle d’argon ; D : Pas de bulle ; AD : Seuil de dissociation de l’air ; SI :
Disparition de la bulle par instabilités de surface. La concentration en
air dissous C∞ /C0 pour cette expérience est de 18% de la saturation. 113
5.22 Idem figure 5.21, mais pour une concentration en air dissous C∞ /C0 =
25% au voisinage de la transition AR. On observe clairement les
oscillations chimiques sur la quantité H. La quantité C est également
affectée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
5.23 Corrélation C, plus grande harmonique et grandeur H en fonction
de la position de la micro-fibre. Nous pouvons voir que les signaux
permettent de détecter la disparition de la bulle, avec une bonne
précision sur la position de la micro-fibre. . . . . . . . . . . . . . . . . 116
5.24 (a) Image de la position initiale de la bulle et de la micro-fibre. (b)
Image de la micro-fibre s’approchant de la bulle. . . . . . . . . . . . 117
5.25 Ligne pointillée (ligne rouge) : distance entre le bout de la micro-fibre
et le centre de la bulle, obtenue par analyse d’image. La ligne solide
(ligne noire) est la régression linéaire des N premiers points avec la
corrélation la plus élevée. La ligne pointillée verticale (ligne bleue) est
le dernier point où la bulle est visible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
5.26 Distance critique entre le centre de la bulle et l’extrémité de la micro-
fibre, en fonction du rayon maximal de la bulle. . . . . . . . . . . . . 119
5.27 Photo d’une cuvette UV utilisée pour réaliser la petite cellule. . . . . 120
5.28 Vue en coupe de la première géométrie réalisée. Les parois de la petite
cellule sont représentées en orange, l’eau en bleu. Le fond de la petite
cellule est à 1.5 cm au dessus du fond de la grande cellule. . . . . . . 120
138
Table des figures
139
Bibliographie
141
Chow, R., R. Blind et M. Povey R. Chivers (2005). «A Study on the primary
and secondary nucleation of ice by power ultrasound». In : Ultrasonics. vol. 43.4
(cf. p. 1).
Cogné, C., R. Peczalski et O. Louisnard (2013). «Calcul de la pression et de la
température dans le liquide autour d une bulle en cavitation acoustique». In :
Actes du congrès de la Société Francaise de Thermique. 6171 (cf. p. 24).
Corn, S. et al. (2009). «Identification des propriétés viscoélastique d un PMMA par
analyse vibratoire: comparaison entre différentes méthodes expérimentales». In :
Actes du 19ème Congrès Français de Mécanique (cf. p. 82).
Crum, L. (1999). «Sonochemistry and cavitation». In : sous la dir. de L. Crum et al.
vol. 524. C : Mathematical and physocal science. Kluwer academic publishers.
Chap. Fundamentals of cavitation - Old-fashioned bubble dynamics (cf. p. 74).
Crum, L. A. (1983). «The polytropic exponent of gas contained within air bubbles
pulsating in a liquid». In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 73.1, p. 116–120 (cf. p. 40).
Crum, L. A. et A. I. Eller (1970). «Motion of bubbles in a stationnary sound
field». In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 48.1, p. 181–189 (cf. p. 40, 45, 55).
Decarpigny, J. N. (1984). «Application de la méthode des éléments finis à l’étude
de transducteurs piezoélectriques». Thèse de doct. Université des sciences et
techniques de Lille (cf. p. 82).
Doinikov, A. A. (2005). «Theoretical groundwork of the spatio-temporal bubble
dynamics in strong acoustic fields». In : Recent Res. Devel. Acoustics vol. 2,
p. 13–38 (cf. p. 29).
Eller, A. et H. G. Flynn (1965). «Rectified diffusion during nonlinear pulsations
of Cavitation Bubbles». In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 37, p. 493–503 (cf. p. 47,
48).
English, A. et M. Dole (1950). «Diffusion of sucrose in supersaturated solutions».
In : J. Am. Chem. Soc. vol. 72.3261-3267 (cf. p. 16).
Enomoto, N., T-H. Sung et Z. Nabagawa (1992). «Effect of ultrasonic waves
on crystallization from a supersaturated solution of alum.» In : J. Mater. Sci.
vol. 27.19, p. 5239–5243 (cf. p. 17).
Epstein, D. et M.S. Plesset (1950). «On the stability of gas bubbles in liquid -gas
solutions». In : Chem Phys vol. 18, p. 1505 (cf. p. 46).
Freitas, A. et al. (1999). «The influence of magnetic field on crystallization». In :
International Conference of Industrial Crystallization (cf. p. 3).
Fyrillas, M. et A. Szeri (1994). «Dissolution or growth of soluble spherical
oscillating bubble». In : Fluid. Mech. (Cf. p. 47, 48).
Gaitan, D. F. et R. G. Holt (1999). «Experimental observations of bubble response
and light intensity near the threshold for single bubble sonoluminescence in an
air-water system». In : Phys. Rev. E vol. 59.5, p. 5495–5502 (cf. p. 53, 55, 57).
Gaitan, F. (1990). «1990». Thèse de doct. The University of Missippi (cf. p. 28).
Gaitan, F. et al. (1992). «Sonoluminescence and bubble dynamics for a single,
stable, cavitation bubble». In : J. Acoustic Soc. Am. (Cf. p. 2, 28, 40, 56, 74).
Gatumel, C. (1997). «Précipitation du sulfate de barum sous ultrasons : effets
sur le micromélange et sur la nucléation». Thèse de doct. Institut National
polytechnique de Toulouse (cf. p. 16, 17).
142
Bibliographie
143
Hiller, R. A. et al. (1994). «Effect of noble gas doping in single-bubble sonolumi-
nescence». In : Science vol. 266, p. 248–250 (cf. p. 51).
Holzfuss, J. (2008). «Chemical oscillations of air-seeded bubbles in watre driven
by ultrasound». In : Phys. Rev. E vol. 78.2, p. 025303 (cf. p. 55, 60, 114).
Hunt, J. D. et K. A. Jackson (1966). «Nucleation of solid in an undercooled liquid
by cavitation». In : J. Appl. Phys. vol. 37, p. 254–257 (cf. p. 4, 23).
Ida, Massato (2009). «Multibubble cavitation inception». In : Phys. Fluids (cf. p. 28,
32).
J.Dodds et al. (2007). «The Effect of Ultrasound on Crystallisation-Precipitation
Processes: Some Examples and New Segregation Model». In : Part. Part. Syst.
Chem. vol. 24.1, p. 18–28 (cf. p. 1, 4, 19).
Kamath, V. et A. Prosperetti (1989). «Numerical integration methods in gas-
bubble dynamics». In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 85.4, p. 1538–1548 (cf. p. 36).
Kamath, V., A. Prosperetti et F. N. Egolfopoulos (1993). «A theoretical
study of sonoluminescence». In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 94.1 (cf. p. 36).
Kapustin, Aleksandf Pavlovich (1963). The effects of ultrasound on the kinectics
of crystalization. Sous la dir. d’English Translation Consultants Bureau. U. S.
Academy of Sciences Press (cf. p. 4).
Kashchiev, D. (2000). Nucleation. Butterworth-Heinemann (cf. p. 9, 11, 13, 14, 21,
65).
Keller, J. B. et M. Miksis (1980). «Bubble oscillations of large amplitude». In : J.
Acoust. Soc. Am. vol. 68, p. 628–633 (cf. p. 35).
Ketterling, J. A. et R. E. Apfel (2000). «Extensive experimental mapping of
sonoluminescence parameter space». In : Phys. Rev. E vol. 61.4, p. 3832–3837
(cf. p. 50, 51).
Ketterling, Jeffrey A. et Robert E. Apfel (1998). «Experimental Validation of
the Dissociation Hypothesis for Single Bubble Sonoluminescence». In : Phys. Rev.
Lett. vol. 81.22 (cf. p. 74).
Kiani, H. et D. Sun (2011). «Water crystallization and its importance to freezing of
food: A review». In : Trends in Food Science & Technology vol. 22.8 (cf. p. 3, 11).
Kondepudi, Dilip et lIra Prigogine (2002). Modern Thermodynamics, from heat
engines to dissipative structures. Sous la dir. de Dilip Kondepudi. John Wiley
& sons (cf. p. 30).
Kornfeld, M. et L. Suvorov (1944). «On the destructive action of cavitation».
In : J. App. Phys. vol. 15, p. 495–506 (cf. p. 54).
Krefting, D., R. Mettin et W. Lauterborn (2003). «Single-bubble sonolumi-
nescence in air-saturated water». In : Phys. Rev. Lett. (Cf. p. 66).
LABCONCO (2004). A guide to freeze drying for the laboratory. Rapp. tech.
LABCONCO (cf. p. 5).
Larson, M. et J. Garside (1986). «Solute clustering in supersaturated solution».
In : Chem. Eng. Sci. vol. 41.5, p. 1285–1289 (cf. p. 23).
Lauterborn, W. (1976). «Numerical investigation of nonlinear oscillations of gas
bubbles in liquids.» In : J. Acoust. Soc. Am. vol. 59.2, p. 283–296 (cf. p. 38).
Lauterborn, W., T. Kurz et al. (2007). «Acoustic cavitation, bubble dynamics
and sonoluminescence». In : Ultrason. Sonochem. (Cf. p. 74).
144
Bibliographie
145
Louisnard, O., F. Gomez et R. Grossier (2007). «Segregation of a liquid mixture
by radially oscillation bubble». In : Journal Fluid Mechanics vol. 577, p. 385–415
(cf. p. 21, 39).
Louisnard, O. et J. Gonzales-Garcia (2007). «Ultrasound Techonolgies for Food
and Bioprocessing». In : sous la dir. de G. Barbosa-Canovas et J. Weiss.
Springer. Chap. Acoustic Cavitation (cf. p. 4, 32, 33).
Louisnard, O., J. J. González-García et al. (2009). «FEM simulation of a sono-
reactor accounting for vibrations of the boundaries.» In : Ultrason. Sonochem.
vol. 16, p. 250–259. doi : 10.1016/j.ultsonch.2008.07.008 (cf. p. 82).
Lyczko, N. (2000). «Cristallisation du sulfate de potassium: effet des ultrasons sur
la nucléation». Thèse de doct. École des Mines de Paris (cf. p. 1, 4, 14, 16, 17).
Lyczko, N. et al. (2002). «Effect of ultrasound on the induction time and the
metastable zone width of potassium sulphate.» In : Chem. Eng. J. vol. 86.233-241
(cf. p. 16, 18, 20).
Magnaudet, J. et I. Eames (2000). «The motion of high-Reynolds-Number bubbles
in inhomogeneous flows». In : Annual Review of Fluid Mechanics vol. 32 (cf.
p. 43).
Matula, T. J. (2000). «Single-bubble sonoluminescence in microgravity». In :
Ultrasonics. vol. 357, p. 203–223 (cf. p. 29).
Matula, Thomas J (1999). «Inertial Cavitation and single-bubble sonolumines-
cence». In : Philos. T. Roy. SoC A (cf. p. 33, 40, 74).
Matula, T. et al. (1997). «Bjerknes force and bubble levitation under single-buble
sonoluminescence conditions». In : Journal of Acoustical Society of America
(cf. p. 44).
Melia, T. et W. Moffitt (1963). «Crystallization from aqueous solution». In : J.
Colloid Sci. vol. 19.5, p. 433–447 (cf. p. 15).
Mersmann, A. (2001). Crystallization Technology handbook. Sous la dir. d’A. Mers-
mann. Marcel Dekker, Inc. All Rights Reserved (cf. p. 10, 14).
Mettin, R. (2005). «Bubble and praticle dynamics in acoustic fields: Modern trends
and applications». In : sous la dir. d’A. A. Doinikov. Research signpost kerala.
Chap. Bubbbles Structures in Acoustic Cavitation, p. 1–36 (cf. p. 28, 29).
Mettin, R. (2007). «Oscillations, waves, and interactions». In : sous la dir. de T.
Kurz, U. Parlitz et U. Kaatze. Universitätsvarlag Göttingen. Chap. From a
Single Bubble to Bubble Ztructures in Acoustic Cavitation, p. 171–198 (cf. p. 28,
29, 44).
Mettin, R. et A. A. Doinikov (2009). «Translational instability of a spherical
bubble in a standing ultrasound wave». In : App. Acoust. vol. 70, p. 1330–1339
(cf. p. 29).
Morgan (2007). Electro ceramic solutions. url : http://www.morganelectroceramics.
com/news-events/news/ (cf. p. 80).
Mullin, J. W. (2001). Crystallization. Sous la dir. de J. W. Mullin. Butterworth-
Heinemann (cf. p. 9–11, 14).
Murata Manufacturing (2002). Piezoelectric ceramic sensor. url : http://www.
murata.com/ (cf. p. 80).
Myerson, A. (2002). Handbook of Industrial Crystallization. Sous la dir. d’A.
Myerson. Butterworth-Heinemann (cf. p. 11).
146
Bibliographie
147
Ratsimba, C., B. Biscans et H. Delmas (1999). «Sonocrystallization : the end of
empiricism». In : KONA Powder and particle Journal vol. 17, p. 38–47 (cf. p. 16).
Rayleigh, Lord (1917). «On the pressure developed in a liquid during the collapse
of a Spherical cavity». In : Phil. Mag. P. 94–98 (cf. p. 27, 28, 35).
research, Vision (2012). Camera hardware help. Ametek. Wayne, New jersey 100
dey road (cf. p. 90).
Ricards, William et Alfred Loomis (1927). «The Chemical Effects Of High Fre-
quency Sound Waves I. A Preliminary Survey». In : J. Am. Chem. Soc. (Cf.
p. 4).
Rogerson, M. et S. Cardoso (2003). «Solidification in heat packs: 1. nucleation
rate». In : AIChE Journal vol. 49.2 (cf. p. 12–14).
Roy, Ronald A. (1999). «Sonochemistry and cavitation». In : sous la dir. de L. A.
Crum et al. vol. 524. C : Mathematical and physical science. Kluwer academic
publishers. Chap. Fundamentals of cavitation - Cavitation sonophysics (cf. p. 30).
Ruecroft, G. et al. (2005a). «Sonocrystallization: the use of ultrasound for improved
industrial crystallization». In : Org. Process Res. Dev. (Cf. p. 3, 4).
Ruecroft, G. et al. (2005b). «Sonocrystallization : the use of ultrasound for
improved industrial crystallization». In : Org. Process Res. Dev. vol. 9.6, p. 923–
932 (cf. p. 19).
Saclier, M., R. Peczalski et J. Andrieu (2010). «A theoretical model for ice
primary nucleation induced by acoustic cavitation». In : Ultrason. Sonochem.
vol. 17.1, p. 98–105 (cf. p. 1, 2, 4, 14, 24, 39).
Scaife, C., S. Cavoli et S. Suib (1990). «Crystallization in Space». In : Am. Chem.
S. (Cf. p. 15).
Seely, F. et C. Joens (1998). «Synchronous sonoluminescence in acrylic resonant
chambers». In : A. A. P. T. vol. 66.3, p. 259–260 (cf. p. 74).
Shin-ichi (2011). «Relationship between Sonoluminescence, Radical Production
and Bubble Dynamics during Single-Bubble Cavitation». In : Proceedings of
Symposium on Ultrasonic Electronics (cf. p. 77).
Sirinivasan, R., I. Shirgaonkar et A. Pandit (1995). «Effect of sonication on
crystal properties». In : Separ. Sci. Technol. vol. 10, p. 2239–2243 (cf. p. 16).
Sirvastava, R. C. et al., éds. (2003). Shock focussing effect in medical science and
sonoluminescence. Springer Berling Heidelberg (cf. p. 29).
Soare, A. et al. (2011). «Crystal Nucleation by Laser-Induced Cavitation». In :
Cryst. Growth Des. vol. 11.6, p. 2311–2316 (cf. p. 3).
Sochard, S., A. M. Wilhelm et H. Delmas (1998). «Gas-vapour bubble dynamics
and homogeneous sonochemistry». In : Chem. Eng. Sci. vol. 53.2, p. 239–254
(cf. p. 36).
Storey, B. D. et A. J. Szeri (2001). «A reduced model of cavitation physics for use
in sonochemistry». In : P. Roy. Soc. Lond. A vol. 457, p. 1685–1700 (cf. p. 38).
Storey, B. et A. Szeri (2000). «Water vapour, sonoluminescence, and sonoche-
mistry». In : P. Roy. Soc. Lond. A vol. 456, p. 1685–1709 (cf. p. 19–21, 36,
37).
Tai-quin, Q. (1993). «Nucleation of sucrose solution by sound field». In : Int. Sugar
J 95, p. 513–519 (cf. p. 17).
148
Bibliographie
Thomas, C. R., R. A. Roy et R. G. Holt (2004). «Bubble dynamics near the onset
of single-bubble sonoluminescence». In : Phys. Rev. vol. 70, p. 066301–9 (cf. p. 59,
61, 114).
Toegel, R. et al. (2000). «Does water vapor prevent upscaling sonoluminescence».
In : Phys. Rev. Lett. vol. 85.15 (cf. p. 36–38).
Versluis, M. et al. (2000). «How Snapping Shrimp Snap: Through Cavitating
Bubbles». In : Science vol. 289.5487, p. 2114–2117 (cf. p. 28).
Virone, C. et al. (2006). «Primary nucleation induced by ultrasonic cavitation».
In : J. Crys. Growth 294, p. 9–15 (cf. p. 19, 20).
Wilkey, M., R. Peters et J. Furness (2000). «The use of advances acoustic cavi-
tation for applications in the oil natural and gas industry». In : 6th International
Petroleum. Sous la dir. de Kerry L. Sublette (cf. p. 28).
Young, F. Ronald (2004). Sonoluminescence. CRC press (cf. p. 29, 32, 39, 45, 46,
74).
149
Abstract
Experimental study of the stability of an acoustic single bubble. Appli-
cation to the ice nucleation induced by cavitation
This study of the stability of an acoustic cavitation bubble is part of an ANR project
started in September 2009 (SONONUCLICE ANR-09-BLAN-0040-02). It takes
place in the continuity of the works on the optimization process of lyophilisation
of pharmaceutical products conducted by the “Transferts couplés de matière et de
chaleur”team of LAGEP (ESCPE/UCB, Lyon) laboratory, which is the project’s
team leader, and the studies of ultrasound-assisted crystallization in the RAPSODEE
Centre. The application of power ultrasound into liquids produces thousands of
bubbles. This phenomenon is called acoustic cavitation. The bubbles formed don’t
have the same size, their oscillations are not in phase, and their spatial density in the
fluid is not homogeneous: this phenomenon is very complex and involves multiple
variables very difficult to isolate. Even if this phenomenon is chaotic, it allows to
observe macroscopic effects on the nucleation and crystal growth of ice in undercooled
solutions. These effects have a capital importance for industrial applications such
as freezing and lyophilisation (also called freeze drying). Although ultrasound has
a noticeable influence on crystallization, the origin of these effects remains unclear.
The multi-bubble approach doesn’t give any hint on the microscopic mechanisms
involved. In order to isolate the main actor of these effects, this study aims at
isolating a single cavitation bubble. To do that, a cubic levitation cell made of optical
glass was build. In this cell, an acoustic pressure is applied by a piezoelectric glued
to the bottom’s external face of the cell. With this cell is possible to rebuild all the
oscillations states of the bubble, and in combination with our optical system we can
see the bubble’s dynamics and its stages like: expansion, collapse and rebounds. For
the crystallization part of this study, a crystal’s detection system was developed. It
is based on the variations of the bubble’s periodicity (measured by a microphone pill)
introduced by the sudden appearance of a foreign body in its vicinity. This method
requires the correlation of the signals from a filtered microphone and the harmonics
signals from a microphone, in order to known the oscillation state of the bubble and
detect variations on the bubble’s dynamics. Experiments of bubble perturbations by
a thin wire were made. The detection system was used to trigger the image recording
of a fast camera, in order to capture the final moments of the bubble. This method
should be allowing the early detection of new crystals in the proximity of the bubble.
Around the levitation cell, various systems have been developed. A degassing and
filling system for the cavitation cell allow us to work with degased water around the
20 % of its saturated concentration of air. An illumination system based in a power
LED and a set of optical lenses was used to view the bubble correctly.
Keywords: Cavitation bubble - Acoustics - Crystallization - Ultrasound - Ice - Dynamics.
Résumé
Étude expérimentale de la stabilité d’une bulle unique de cavitation acous-
tique. Application à la nucléation de la glace déclenchée par cavitation
Cette étude sur la stabilité d’une bulle unique de cavitation acoustique s’inscrit dans
le cadre d’un projet ANR démarré en septembre 2009 (SONONUCLICE ANR-09-
BLAN-0040-02). Elle se situe dans la continuité des travaux sur l’optimisation du
procédé de lyophilisation de produits pharmaceutiques menés par l’équipe « Transferts
couplés de matière et de chaleur » du laboratoire LAGEP (ESCPE/UCB, Lyon),
équipe porteuse du projet, et des travaux sur la cristallisation assistée par ultrasons
du laboratoire RAPSODEE. L’application des ultrasons de puissance dans un liquide
produit des milliards de bulles. Ce phénomène est appelé cavitation acoustique. Les
bulles formées ne font pas toutes la même taille, leurs oscillations ne sont pas en
phase, et leur densité dans le fluide est très inhomogène : ce phénomène très complexe
implique donc de nombreuses variables difficiles à isoler. Même si le phénomène est
chaotique, la cavitation permet d’observer des effets macroscopiques notables sur
la nucléation et la croissance des cristaux de glace dans une solution sous-refroidie.
Ces effets sont d’une importance capitale pour des applications de congélation ou de
lyophilisation. Bien que les effets des ultrasons présentent des intérêts certains sur
la cristallisation, leur origine reste mal connue. L’observation directe des milliards
de bulles ne fournit aucune piste sur les mécanismes microscopiques mis en jeu.
Afin d’isoler l’acteur essentiel de ces effets, l’étude menée vise à isoler une bulle de
cavitation acoustique. Pour cela, une cellule de lévitation carrée en verre a été conçue.
Le verre a été retenu comme matériau pour sa rigidité et sa transparence. Dans cette
cellule, une onde de pression acoustique est imposée par un piézoélectrique collé à
la base de la cellule. Il a été possible de reconstruire la dynamique de la bulle. Les
étapes d’expansion, d’implosion et de rebonds sont clairement visibles. En vue de
l’étude de la cristallisation, un principe de détection des cristaux a été spécifiquement
élaboré. Il repose sur le suivi de la modification de la périodicité de la bulle (mesurée
par un microphone) provoquée par l’apparition d’un corps étranger à son voisinage.
Une méthode utilisant la corrélation de signaux acoustiques du microphone filtré à la
fréquence d’excitation du PZT et les harmoniques du signal du microphone directe
a été développée. Elle permet de connaître le régime d’oscillation de la bulle et de
détecter toutes les modifications de sa dynamique. Des expériences de perturbation de
la bulle ont été menées à l’aide d’une micro fibre de 7 µm. Le principe de détection est
alors mis en œuvre pour déclencher l’enregistrement d’images par une caméra rapide
lors des derniers instants d’existence de la bulle. Cette méthode devrait permettre
de détecter l’apparition des premiers cristaux au voisinage de la bulle. Autour de la
cellule de lévitation, différents systèmes ont été développés. Un système de dégazage
et de remplissage de la cellule de cavitation ont permis de travailler avec de l’eau
ayant des teneurs en gaz dissous de l’ordre de 20 % de la saturation. Un système
d’éclairage avec une LED de puissance et un jeu de lentilles optiques a été conçu
pour visualiser correctement la bulle.
Mots-clés : Bulle de cavitation - Acoustique - Cristallisation - Ultrasons - Glace - Dynamique.