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Relations industrielles
Industrial Relations

Les cadres : grandeur et incertitudes par Olivier Cousin,


Paris : l’Harmattan, Coll. Logiques sociales, 2004, 281 p., ISBN
2-7475-7287-0
Paul Bouffartigue

Volume 60, numéro 2, printemps 2005

URI : https://id.erudit.org/iderudit/011731ar
DOI : https://doi.org/10.7202/011731ar

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Éditeur(s)
Département des relations industrielles de l'Université Laval

ISSN
0034-379X (imprimé)
1703-8138 (numérique)

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Citer ce compte rendu


Bouffartigue, P. (2005). Compte rendu de [Les cadres : grandeur et
incertitudes par Olivier Cousin, Paris : l’Harmattan, Coll. Logiques sociales,
2004, 281 p., ISBN 2-7475-7287-0]. Relations industrielles / Industrial Relations,
60(2), 383–385. https://doi.org/10.7202/011731ar

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movement and Canadian political life, economic planning boards making


joined with radical policy prescriptions investment and production decisions.
for change. I appreciate this parti pris They call this “new labour interna-
political framework for the book, which tionalism” because it involves learning
gives it more force than a bland, apoliti- from experiences abroad such as par-
cal account of back-to-work legislation, ticipatory municipal budget-making in
Supreme Court cases, and ILO com- Porto Alegre, Brazil. They can call this
plaints. But I still disagree with specifics internationalism, but it is localism taken
of the authors’ manifesto. to the extreme, and not likely either to
I’m in center-left trade union camps come to pass or to work.
that Panitch and Swartz denounce. One Even in disagreement with some
camp they call “partnership interna- of its policy prescriptions, I find From
tionalism,” seeking global Keynesian Consent to Coercion a strong, meticu-
policies and stronger labour rights lously documented, powerfully argued,
and protections in international trade thought-provoking work that serious
agreements. The other camp is that of scholars and practitioners of trade
“progressive competitiveness,” calling unionism and labour law should read
for high-wage, high-skills, high-road and engage. We Americans can still look
national industrial policies to better at Canadian labour law and practice as
deal with the global economy. I believe a model compared with our own, but
that a combination of these approaches thanks to Panitch and Swartz’s work
would best serve Canadian, American, we can see it with eyes open, not eyes
and developing country workers. wide.
Panitch and Swartz instead call on LANCE COMPA
Canadian workers and unions to reject Cornell University
globalization and turn to locally-based

Les cadres : grandeur et incertitudes


par Olivier COUSIN, Paris : l’Harmattan, Coll. Logiques sociales, 2004, 281 p.,
ISBN 2-7475-7287-0
Ce livre, fruit d’une recherche soute- leurs travaux, secondairement sur des
nue par l’APEC (Association pour l’em- entretiens individuels auprès de leurs
ploi des cadres), est le premier travail membres. Huit cas viennent d’ailleurs
sur les cadres reposant sur une « inter- illustrer de manière régulière et vivante
vention sociologique ». Cette méthode, les grands thèmes du livre.
développée dans le sillage d’A. Touraine
et de F. Dubet, repose sur un processus D’emblée, l’auteur situe avec une
de co-analyse acteurs/chercheurs, dans certaine modestie l’objet central : non
lequel le groupe est confronté à des pas définir avec précision la catégo-
interlocuteurs représentant ses princi- rie des cadres, mais approcher leur
paux partenaires dans l’exercice de son « expérience du travail » et « cerner ses
activité : ici DRH, syndicalistes, con- spécificités ». Les deux lectures domi-
sultants, conseillers des Prud’hommes, nantes des transformations qui affectent
etc. Les hypothèses sont élaborées le monde des cadres sont à écarter. La
progressivement par les chercheurs qui première les présente comme les grands
les soumettent au groupe. Deux groupes gagnants de la métamorphose de l’entre-
de cadres – les uns plus âgés, les autres prise, avec la fin du modèle bureaucra-
plus jeunes – ont été mis en place. tique et fordien dans lequel ils n’étaient
L’ouvrage s’appuie principalement sur que des rouages de l’organisation

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hiérarchique : ils deviennent des « ani- initiative, responsabilité, mobilité, enga-


mateurs », « acteurs et sujets de leur gement de soi, gestion de sa carrière
propre destin ». La seconde est celle de – s’adressent peu ou prou à tous. Mais
leur « banalisation » : ce sont à l’inverse la loyauté n’offrant plus de garantie,
les grands perdants d’une mutation qui les cadres sont contraints de choisir la
les voit perdre la sécurité d’emploi et « défection » (Hirshman) comme ligne
de carrière qui les distinguait des autres de conduite. Le « modèle intégré » se
salariés. Ces deux lectures supposent en décompose donc et donne naissance à
effet un lien trop mécanique entre « les deux variantes. Dans la première, qui
transformations propres au système et s’applique surtout aux cadres expéri-
les acteurs qui n’en sont que le récep- mentés, lesquels l’ont personnellement
tacle ». Or toutes les mutations n’allant connu, c’est la recherche du statut social
pas dans le même sens, il importe plus que du rôle social dans l’entreprise
d’étudier le travail des acteurs qui leur qui définit les cadres. Dans la seconde,
donne sens. À cette fin, trois dimensions c’est la carrière qui devient le but en
du travail sont distinguées : le rapport soi.
à l’organisation – associé à un mode « De l’intégration au détachement »
d’intégration à l’entreprise – le rapport décrit la première des épreuves au tra-
à l’activité de travail, et le rapport à la vers desquelles se construit l’expérience
carrière. L’hypothèse centrale est celle du travail, celle du rapport à l’entreprise.
d’une déconnexion de ces trois dimen- Les entreprises libèrent les cadres du
sions. Elles sont étroitement imbriquées poids de la loyauté et les appellent à
dans le « modèle intégré », reposant sur devenir pleinement acteurs de leur des-
« la loyauté réciproque ». Ce modèle tinée. Les plus expérimentés sont dans
continue certes de faire référence dans la défection par défaut : leur attachement
l’imaginaire collectif que l’on se fait initial à l’entreprise se manifeste désor-
du cadre, mais il rend de moins en mais par des critiques adressées aux
moins compte de la réalité : ces trois instances de direction et l’importance
dimensions s’autonomisent, l’employa- accordée au réseau de relations. Les
bilité et l’insertion dans des réseaux se plus jeunes, formés dans le modèle de
substituant à l’intégration à l’entreprise la défection, radicalisent ces attitudes
comme vecteurs de réussite sociale dans sur le mode du mercenariat.
un monde du travail plus incertain.
Dans « les mutations d’un modèle », La seconde dimension est celle du
l’auteur précise le cadre interprétatif travail proprement dit. O. Cousin parle
général : les traits idéaux-typiques à juste titre d’« autonomie limitée »,
du « modèle intégré » sont précisés. car la maîtrise relative des cadres sur
Prenant appui sur les travaux des années la manière d’organiser leurs tâches va
de paire avec une prescription étroite
1970 – L. Boltanski, G. Benguigui et D.
des objectifs et une évaluation plus
Montjardet, et de G. Groux – il retient
serrée des résultats. Leur expérience
qu’être cadre c’est être « dans une pers-
est ambivalente, elle est faite d’enga-
pective ascensionnelle permanente »,
gement de soi et de confiance dans
« être intégré à un appareil », et être
ses compétences et ses performances,
« loyal » envers la politique de la direc-
mais aussi d’incertitude sur les critères
tion. La rupture du contrat de confiance
d’évaluation et de critiques à propos de
entre l’employé et l’employeur est au
la non-reconnaissance.
principe des mutations de ce modèle.
Mais plus qu’une « banalisation », c’est La dernière dimension est celle de
d’une « démocratisation » du modèle de la construction d’une image de soi au
cadre qu’il s’agit, puisque les nouvelles travers de la carrière, celle où se cons-
normes comportementales – autonomie, truit la subjectivation des acteurs. À la

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différence des deux premières, « tout nomade » ne correspond pas plus à


se passe comme si la logique du sys- la réalité de leur nouvelle condition
tème s’effaçait au profit de la logique sociale. Sans doute que l’auteur aurait
des acteurs » : ici les cadres sont dans gagné à prendre plus systématique-
l’illusion d’un effacement du système, ment des biais liés à la méthode et à
puisque réussir sa carrière semble ne la composition des deux groupes : la
reposer que sur les seules ressources fraction inférieure – les peu diplômés
des individus. L’« injonction à devenir et les provinciaux de la catégorie – y
soi-même » (Ehrenberg) qui singularise est absente ou sous-représentée, et les
nos sociétés serait particulièrement femmes y sont trop peu nombreuses
efficace dans ce domaine. Non sans pour qu’elles aient pu faire valoir leur
générer forces inquiétudes : celle de la – éventuelle – expérience propre. Plus
« placardisation » chez les anciens, celle au fond, les principes sur lesquels repose
de sacrifices excessifs au plan de la vie la dynamique des « groupes d’acteurs »
privée chez les seconds. mis en place dans le cadre de « l’inter-
Dans une conclusion toute en vention sociologique » ne tendent-ils
nuance, l’auteur retient « la gestion pas à occulter les effets de domination
de carrière » comme ce qui définit le interne au groupe ? Ne tendent-ils pas à
mieux aujourd’hui les cadres : il s’agit valoriser ce qui fait l’unité au détriment
d’« arriver le plus haut possible », au des doutes, des interrogations et des cli-
travers « d’un travail sur soi et par le vages qui animent la vie de chacun des
souci de son employabilité », ce qui sujets ? Quant aux différences entre les
donne l’illusion d’être « maître de son expérimentés et les jeunes, O. Cousin les
destin ». Ils doivent être « sûrs d’eux » interprète comme étant principalement
alors qu’ils sont « hantés par l’échec et liées à un effet d’âge, alors que nombre
par le vieillissement ». de ses matériaux amènent à penser qu’ils
renvoient aussi à des effets de généra-
Appuyée sur une solide connaissance tion. Par exemple, n’ayant pas connu le
de la littérature sur le groupe social, « modèle intégré » comme référence ini-
ce livre, de lecture agréable, est une tiale, il est probable que leur expérience
contribution importante au renouveau ultérieure sera sensiblement différente
récent de la sociologie des cadres en de leurs aînés. Ces réserves n’enlèvent
France. Ses résultats convergent avec évidemment rien aux qualités majeures
d’autres pour monter que s’il n’y a ni de ce livre.
« précarisation » ni « banalisation »,
ces salariés ne sont pas indemnes de la PAUL BOUFFARTIGUE
montée de l’incertitude dans le monde Laboratoire d’économie
du travail. La figure libérale du « cadre et de sociologie du travail

Flexible Work Arrangements: Conceptualizations and International


Experience
edited by Isik Urla ZEYTINOGLU, The Hague/London/New York: Kluwer Law
International, 2002, 298 pp., ISBN 90-411-1947-7.

The topic of flexible work arrange- as non-standard jobs, atypical employ-


ments, involving “non-standard” ment contracts or contingent work. It has
employment status and a variety of elicited much interest among academics
flexibility practices (working time, func- (this review has devoted several articles
tional and numerical flexibility, etc.), is to non-standard work, and vol. 59-3,
sometimes referred to in the literature 2004 was almost exclusively devoted to

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