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I. INTRODUCTION
1.Equations différentielles : généralités :
11. Contexte historique et instabilité des solutions
Les équations différentielles ont été inventées par Newton (1642-1727). C'est le début de la physique moderne et
l'utilisation de l'analyse pour résoudre la loi de la gravitation universelle conduisant à l'ellipsité des orbites des
planètes dans le système solaire. Leibniz (1646-1716) érige l'analyse en discipline autonome mais il faut attendre
les travaux d'Euler (1707-1783) et de Lagrange (1736-1813) pour voir apparaître les méthodes permettant la
résolution des équations linéaires.
Dans la foulée de Newton, les mathématiciens Laplace, Lagrange et Gauss développent les méthodes de la
théorie des perturbations ; ces méthodes permettent par exemple de déterminer les perturbations séculaires (i.e.
petites par rapport au mouvement annuel) des orbites des planètes.
Plus tard, Liouville (1890-1882) montrera l'impossibilité de résoudre certaines équations différentielles même
d'ordre peu élevé.
De nos jours beaucoup de mathématiciens, à commencer par Poincaré (1854-1912), ont montré que les solutions
d'équations différentielles peuvent être très instables ; ces équations peuvent conduire à des situations chaotiques à
cause d'une grande sensibilité aux conditions initiales. Ces mathématiciens ont contribué à détruire le mythe que
l'on pouvait décrire le monde uniquement à partir d'équations différentielles qu'ils suffisaient alors de résoudre !
Par exemple l'atmosphère de la terre peut être simulée par des équations différentielles qui vont permettre de
calculer à partir de données initiales le temps à des instants donnés successifs.
Mais on sait aussi qu'entre une situation calculée par ordinateur et une situation météo réelle il y a une
différence qui va en s'accroissant à tel point qu'au bout de 8 à 10 jours il peut avoir une situation simulée qui n'a
rien de commun avec la situation réelle. Il y a une telle sensibilité aux conditions initiales qu'on dit même que le
vol d'un papillon au dessus de Pékin peut entraîner l'apparition d'un cyclone dans le sud des Etats-Unis quelques
semaines après.
fonction appelée aussi intégrale. La courbe plane définie par y = f(x) se nomme courbe intégrale.
L'ensemble des solutions constitue l'intégrale générale ou Solution Générale (SG).
Il n'existe pas de méthode générale et la résolution d'une équation différentielle reste donc difficile voire
impossible. Lorsque la résolution formelle est impossible, c’est à dire si on ne peut trouver une formule donnant
exactement la forme des solutions, on peut avoir recours à des méthodes numériques qui donnent des solutions
approchées.
Pour résoudre une équation différentielle, la première démarche est de déterminer l’ordre et le type d’équation
auquel on a affaire et ensuite, si c’est l’un des types usuels, on applique la méthode standard, sinon on peut essayer
des changements de fonctions ou changements de variables.
Théorème de Cauchy : lorsque l’ED peut s’écrire y ′ = f ( x, y ) , si f est continue et possède une dérivée continue
par rapport à y sur un ouvert Ω de \ 2 , alors pour tout point ( x0 , y0 ) de Ω ,il existe une solution unique y de l’ED
définie au voisinage de x0 et telle que y ( x0 ) = y0
Remarque : -On appelle « problème de Cauchy » le problème de l’existence et de l’unicité de la solution d’une
équation différentielle pour des condition initiales données.
Une intégrale particulière (ou Solution Particulière SP) est obtenue en imposant une condition sur y.
Le plus souvent elle se présente sous la forme y ( x0 ) = y0 appelée condition initiale.
2
Le tracé approximatif de courbes solutions peut se
faire grâce aux isoclines : l’isocline de pente p est
l’ensemble des points des courbes intégrales en
lesquels la pente des tangentes aux courbes est
égale à p.
Cet ensemble peut être vide ou non.
Par exemple l’isocline horizontale de pente 0 est
l’ensemble des points des courbes intégrales en
lesquels les tangentes sont horizontales.
Ce sont les équations différentielles qui peuvent se mettre sous la forme g ( y ) y ' = f ( x) (1)
dy
Ou encore, avec y ' =
dx
, (1) s’écrit g ( y )dy = f ( x)dx , on intègre alors, d’où ∫ g ( y )dy = ∫ f ( x)dx .
La résolution d’une équation différentielle à variables séparables se ramène à deux intégrations.
dy dy dx
Exemple : xy ′ = 2 y soit x = 2 y , que l’on peut écrire =2
dx y x
dy dx y
on intègre alors ∫
y
= 2∫
x
ce qui donne Ln y = 2 Ln x + C ou beaucoup mieux Ln
K
= 2ln x
La famille de courbes obtenue est la famille de paraboles passant par l’origine, d’axe (Oy).
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III. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINEAIRES
1. Définition
Les équations différentielles linéaires du premier ordre sont les équations différentielles qui peuvent se mettre sous
la forme y′( x) + a( x) y ( x) = b( x)
Pour tout intervalle I, où A( x) ne s'annule pas, l'équation (E) peut être résolue (ou normalisée) en y'(x), en
B ( x) C ( x)
effet sur un tel intervalle, on peut écrire y ′( x) + y ( x) = (c’est à dire y ′( x) + a ( x) y ( x) = b( x) ) ou
A( x) A( x)
B( x) C ( x)
y ′( x) = − y ( x) + . Un problème "de raccord" des solutions peut être envisagé aux points en
A( x) A( x)
lesquels le coefficient A( x) pourrait s'annuler.
----soit directement : cette solution peut être cherchée sous la forme d’une constante ou sous une forme qui
ressemble à celle du deuxième membre (Cf. §4) .
----soit en utilisant la méthode de variation de la constante (Cf. §5)
♦ Conclusion : on a SGEASM = SGESSM+ SPEASM
--- pour y ′( x) + 4 y ( x) = 3cos 2 x , on peut chercher une solution du type y p = a cos 2 x + b sin 2 x
(
--- pour y ′( x) + 4 y ( x) = 3 x 2 e−2 x , on peut chercher une solution du type y p = ax 2 + bx + c e−2 x)
4
--- pour y ′( x) + 2 xy ( x) = 5 x , on peut chercher une solution constante du type y p = c (ici, on trouve y p = 5 )
2
Exemple : ( x 2 + 1) y ′ + xy = 2 x x 2 +1
dy − x dx y x −1 2 x 1
---ESSM : ( x 2 + 1) y ′ + xy = 0 entraîne = 2 d’où ln = − ∫ 2 dx = ∫ 2 dx = − ln ( x 2 + 1)
y x +1 K x +1 2 x +1 2
K
D’où y= (c’est la SGESSM)
x2 + 1
--- SPEASM avec "méthode de la variation de la constante"
K ( x) 1
= K ( x ) ( x 2 + 1) 2 (forme plus facile pour dériver),
−
on écrit y =
x2 + 1
K ′( x) xK ( x)
on trouve y ′ = − et en reportant dans l’EASM, on trouve après simplification K'(x) = 2x
x 2 + 1 ( x 2 + 1) x 2 + 1
x2
donc pour K ( x) = x 2 , on trouve une SPEASM yP =
x2 + 1
K K x2
Conclusion : y = + yP = +
x2 + 1 x2 + 1 x2 + 1
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y
xy ' = y + sin , x 2 − 2 y 2 + 2 xyy ' = 0 sont des équations homogènes
x
Pour s'assurer qu'une équation est homogène, dans le cas où sa forme serait complexe, il suffit d’écrire
« y = tx », x et y doivent disparaître pour ne laisser que y' et t.
2. Méthode de résolution:
y ( x)
On résout (E) sur R-* et R+* en introduisant une nouvelle fonction inconnue de la variable x : t ( x) = notée
x
y
simplement t = , on a donc y = tx .
x
y
♦ De y = tx (c’est à dire y ( x ) = t ( x ) × x ), on déduit y ' = t + xt ′ or d’après (E) y ′ = f ( ) = f (t )
x
dt
Cela conduit à t + xt ′ = f (t ) soit xt ′ = f (t ) − t ou x = f (t ) − t nouvelle équation différentielle à variables
dx
séparables où l’on cherche t ( x) ou x(t) .
x(t )
Si on a t ( x) , on en déduit y ( x ) = t ( x ) × x , si on a on obtient une famille de courbes données sous
y (t ) = tx(t )
forme paramétrique.
De manière générale les courbes solutions sont homothétiques de l’une d’elles par rapport à l’origine, et il peut
exister des solutions singulières y = t0 x qui correspondent à des droites
(elles sont obtenues pour t0 solution de cas f (t ) − t = 0 ).
d ( Lnt − 1) dx
remarque : la résolution de = peut aussi donner une expression de x en fonction de t sous la forme
( Lnt − 1) x
x
Ln = Ln Lnt − 1 d’où x = λ ( Lnt − 1) ,
λ
x = λ ( Lnt − 1)
on obtient des courbes ( Cλ ) données sous forme paramétrique , t>0
y = λ t ( Lnt − 1)
6
x = ( Lnt − 1)
Soit ( C1 ) , les courbes ( Cλ ) sont
y = t ( Lnt − 1)
homothétiques de ( C1 ) par rapport à l’origine.
x = λ ( Lnt − 1)
En effet tout point M λ ( t ) d’une courbe
y = λ t ( Lnt − 1)
x = ( Lnt − 1) C1
( Cλ ) est l’image de M1 ( t ) par
y = t ( Lnt − 1)
l’homothétie de centre O et de rapport λ car
JJJJJJG JJJJJG
OM λ ( t ) = λ OM1 ( t ) et l’image de tout point de ( C1 ) par
une homothétie de centre O et de rapport λ est un point
d’une courbe ( Cλ ).
x = ( Lnt − 1)
En éliminant t dans , on peut montrer que ( C1 ) a pour équation y = xe1+ x .
y = t ( Lnt − 1)
Exemple : xy ′ − y = (2 x 2 − 1) y 3 (1) , on divise par y 3 , c’est à dire on multiplie par y −3 et cela donne
x y −3y ′ − y −2 = (2 x 2 − 1)
1 −1
♦ z ( x) = y −2 ( x) = 2 et alors z ′( x) = −2 y −3 ( x) y ′( x) donc y −3y ′ = z′
y ( x) 2
−1
(1) devient donc xz ′ − z = (2 x 2 − 1) ou encore xz ′ + 2 z = 2 − 4 x 2 équation linéaire (2)
2
♦ Résolution de xz ′ + 2 z = 2 − 4 x 2 équation linéaire
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dz − 2 z K
---ESSM : xz ′ + 2 z = 0 entraîne = dx d’où ln = −2 Ln x D’où z = (c’est la SGESSM)
z x K x2
--- SPEASM avec "méthode de la variation de la constante"
K ( x)
on écrit z = 2
= K ( x ) x −2 (forme plus facile pour dériver), z ′ = K ′ ( x ) x −2 − 2 K ( x ) x −3
x
et en reportant dans l’EASM, on trouve après simplification K ′ ( x ) x −1 = 2 − 4 x 2 soit K ′ ( x ) = 2 x − 4 x 3 donc
x2 − x4
pour K ( x) = x 2 − x 4 , on trouve une SPEASM z p = 2
= 1 − x2
x
K K
SGEASM : z = z = 2
+ zP = 1 − x 2 + 2
x x
1 ±1 ±1 ±x
♦ z= 2
donc y = = =
y z K x 2 − x4 + K
1 − x2 +
x2
2. Équations différentielles de Riccati:
Une équation différentielle de Riccati est de la forme : y ' = a( x) y 2 + b( x) y + c( x)
L'intégration d'une équation différentielle de Riccati nécessite la connaissance d'une solution particulière y1 de
cette équation..
1 1
♦ Méthode : On pose y = + y1 (écriture abrégée de y ( x ) = + y1 ( x ) ) et on est alors amené à chercher z
z z ( x)
fonction inconnue grâce à une équation linéaire.
Exemple : (E1) x3 y ′ + y 2 + yx 2 + 2 x 4 = 0 (y1 = − x2 ) ou y ′ = −
1
x 3
y2 −
1
x
y − 2x
2
1 1 1 1 1 11
♦ y= − x 2 entraîne y ' = −2 x − 2 z ′ , par suite −2 x − 2 z ′ = − 3 − x 2 − − x 2 − 2 x ou
z z z x z x z
2
1
z 2
z′ =
1 1
3
x z
11
− x2 + − x2
x z
( )
soit x3 z ′ = 1 − 2 x 2 z + x 4 z 2 + x 2 z − x 4 z 2 ou x3 z ′ + x 2 z = 1 (E2 )
8
dy d d d
Avec y ′ = t et y = xa ( y ′) + b( y ′) , on a y = xa (t ) + b(t ) donc = ( xa (t ) + b(t ) ) = a (t ) + x ( a(t ) ) + ( b(t ) )
dx dx dx dx
dy d dt d dt dt dt
d’où = a(t ) + x ( a (t ) ) + ( b(t ) ) = a(t ) + xa '(t ) + b′(t ) (1)
dx dt dx dt dx dx dx
dy
Et d’autre part = t (2)
dx
dt dt
L’égalité obtenue avec (1) et (2) a(t ) + xa '(t ) + b′(t ) = t donne une équation différentielle où l’on cherche
dx dx
x(t ) .Une fois x(t ) obtenu , on trouve y ( t ) = xa(t ) + b(t ) . On a donc un paramétrage des courbes intégrales.
Exemple : y = xy ′ + ( y ′ ) + 1
2
dy
On prend pour paramètre y ′ = t et on cherche deux expressions pour
dx
Avec y ′ = t , y = xy ′ + ( y ′ ) + 1 on a y = xt + t 2 + 1 donc
2 dy d
=
dx dx
( ) d
xt + t 2 + 1 = t + x ( t ) +
dx
d 2
dx
(
t +1 )
dy dt dt dy
Donc = t + x + 2t (1) et d’autre part = t (2)
dx dx dx dx
dt dt dt
D’où t + x + 2t = t soit ( x + 2t ) = 0 On a donc soit
dx dx dx
dt
x + 2t =0 , soit =0
dx
x = −2t
♦ x + 2t =0 entraîne 2
ou encore
y = −t + 1
x x2
t = − , d ' où y = 1 − parabole (solution singulière en rouge)
2 4
dt
♦ =0 entraîne t=cste= λ donc y = xt + t 2 + 1 = λ x + λ 2 + 1
dx
famille de droites ( Dλ )
On peut montrer que l’ensemble des droites ( Dλ ) est l’ensemble des
tangentes à la parabole. La parabole est l’enveloppe des droites ( Dλ )
dy
Exemple : y ' = sin y donne = dx donc
sin y ( C1,1 )
y y
x = Ln tan + C ou tan = e −C e x = λ e x , λ ∈ \∗
2 2
Finalement y = 2 Arc tan(λ e x ) + 2kπ , k ∈ ] ( Cλ ,k ) ( C1,0 )
9
dy dt
♦ y = f ( y ') on pose y ′ = t et de y = f (t ) , on déduit = f '(t )
dx dx
dt
On a donc t = f '(t ) équation différentielle à variables séparables pour laquelle on peut avoir x(t ) et y = f (t )
dx
Exemple : ( 2 xy − 3 y ) y′ + y
2 2
( ) (
+ x = 0 s’écrit aussi y 2 + x dx + 2 xy − 3 y 2 dy = 0 (e) )
∂f
= y2 + x
∂P ∂Q ∂x
On a = = 2 x donc on a affaire à une différentielle exacte, en écrivant
∂y ∂x ∂f = 2 xy − 3 y 2
∂y
1 2
On trouve facilement que f ( x, y ) = x + xy 2 − y 3 + c
2
1 2
x + xy 2 − y 3 + c = d
(e) ⇔ df ( x, y ) = 0 soit f ( x, y ) =
2
Finalement les courbes intégrales ont pour équation x 2 + 2 xy 2 − 2 y 3 = K
( )
Exemple avec facteur intégrant : x 2 + y 2 + x + xyy′ = 0 ED non linéaire, non homogène (de Bernouilli) se résout
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∂f 3 2 2
∂P ∂Q ∂x = x + xy + x
Cette fois on a bien = = 2 xy donc on a affaire à une différentielle exacte et en écrivant
∂y ∂x ∂f = x 2 y
∂y
1 4 1 2 2 1 3
On trouve f ( x, y ) = x + x y + x + c =K donc les courbes intégrales ont pour équation
4 2 3
3x 4 + 6 x 2 y 2 + 4 x3 = C
λ = −1
11
y′ − 2 2 2
et en reportant dans (1) , pour éliminer λ , on a y= x + 2 x d’où y′ − y + 4 = 0
2x x
VII. TRAJECTOIRES ORTHOGONALES
Méthode : Soit une famille (C) de courbes d’équation différentielle F ( x, y, y ') = 0 et (T) une famille de
trajectoires orthogonales à (C) .En général (T) existe
En un point d’abscisse x0 , la pente des tangentes aux courbes (C) étant y′ ( x0 ) et les tangentes aux courbes de (C)
−1
et de (T) en un même point étant orthogonales, la pente des tangentes de (T) au même point est égale à :
y′ ( x0 )
−1
Pour obtenir l’équation différentielle pour les courbes (T), on remplace donc y′ par dans F ( x, y, y ') = 0
y′
−1
d’où une équation F ( x, y, ) = 0.
y′
Exemple : trajectoires orthogonales des droites passant par
l'origine :
a) Equation différentielle de la famille de droites :
y = λ x d’où y′ = λ et donc y = y′x
b) Equation de la famille trajectoires orthogonales
−1
y = x d’où yy′ = − x et donc 2 ydy = −2 xdx
y′
qui s’intègre en x 2 + y 2 = K , on obtient des courbes
lorsque K > 0, K = R 2
On obtient bien des cercles centrés à l'origine.
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Exemple : Considérons la famille de trajectoires orthogonales aux hyperboles d’équation générale xy = λ (1),
λ
λ ∈ \∗ ( y = hyperboles de centre 0 d’asymptotes x = 0 et y = 0 )
x
♦ Equation différentielle de la famille de courbes : en dérivant (1), on obtient y + xy′ = 0
−1
♦ Equation de la famille trajectoires orthogonales y + x = 0 ou encore yy ' = x qui s’intègre en
y'
1 2 1 2
y = x + C ou encore y 2 − x 2 = λ on obtient une famille d’hyperboles de centres 0 d’asymptotes y = ± x
2 2
Dessin cfVII 1
13