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L’art de la simplicité :

simplifier la vie c’est l’enrichir


Pour ma part, il y a longtemps que j’ai découvert que « le système » – la société de consommation

dans laquelle je vis – nous enferme, individuellement et collectivement, dans une cage qui nous

laisse de moins en moins de choix véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage

soient dorés ne change rien à la réalité profonde de l’aliénation de ses prisonniers.

Donc, je suis sûr qu’il s’impose une véritable réflexion sur notre rapport à la consommation et

sur notre pouvoir d’organiser notre vie autrement. Il est urgent de questionner la société de

consommation ; « cage dorée », elle s’avère une source de multiples aliénations et

conséquences : les individus existent par ce qu’ils possèdent et non plus par ce qu’ils sont,

pendant que la frénésie consommatrice continue à menacer notre environnement.

On doit donc défendre une philosophie de vie recentrée sur les besoins essentiels, les plaisirs

simples, l’engagement dans sa communauté – des comportements à la base de l’épanouissement

personnel et collectif. La simplicité volontaire fait désormais école.

Notre planète me fait de plus en plus penser à un organisme vivant dont chacun de nous ne

serait qu’une cellule. Cet organisme se comporte de la même façon que notre corps. Quand un

des organes ou une partie du corps est touché par la maladie ou fonctionne mal, cela déclenche

une réaction de l’ensemble de l’organisme ; tout cela se fait de façon involontaire, sans

intervention de l’intelligence.

Le même phénomène se produit actuellement sur la planète : les symptômes des atteintes

graves qu’elle subit deviennent chaque jour plus évidents, mais de la même façon que nous

soignons le plus souvent nos maladies en traitant les symptômes sans toucher les causes, nous

cherchons les moyens d’atténuer la crise sans nous préoccuper d’en tarir la source.
D’après Richard Bartlett Gregg :

« Le système économique dans lequel nous nous trouvons est gravement défectueux dans son

fonctionnement. La cupidité et la compétition son deux de ses éléments nuisibles. La rivalité

ostentatoire – imiter à tout prix les voisins – est une caractéristique marquante de la vie sociale

moderne. Un mode de vie simple agit comme un moyen de dissuasion contre une telle

ostentation et décourage donc à la compétition. Ainsi, tous ceux qui désirent réformer le

système économique peuvent y prendre une part utile en vivant simplement, en incitant les

autres à faire de même et en les encourageant dans cette voie. C’est à la portée de chacun d’entre

nous. »

Et en accord avec Dominique Loreau et son livre L’art de la simplicité : Simplifier la vie c’est

l’enrichir :

« L’abondance n’apporte ni la grâce ni l’élégance. Elle détruit l’âme, et emprisonne... Cessez de

trop posséder et vous aurez plus de temps à consacrer à votre corps. Et lorsque vous vous

sentirez bien dans votre corps, vous pourrez l’oublier et cultiver votre esprit. »

Alors, pourquoi ne pas commencer tout de suite à vivre en conformité avec les valeurs

auxquelles nous adhérons ? Pourquoi ne pas se décider à nous soustraire à un système si habile

à nous tromper et à nous faire contribuer – même involontairement – à son renforcement ?

Devant l’urgence d’une situation aussi catastrophique sur le plan social, politique et écologique,

il faut des propositions concrètes pour larguer les amarres et rompre avec la société de

consommation une bonne fois pour toutes : changer son alimentation, abandonner la nourriture

industrielle, la malbouffe des fast-foods et renoncer à la sacro-sainte bagnole. Les ressources


énergétiques (hydrocarbures) étant limitées, il va bien falloir limiter nos déplacements et arrêter

de faire faire une ou deux fois le tour du monde à toutes sortes de produits.

Il faut aussi réfléchir sur l’importance accordée au travail dans nos vies. On pourrait vivre bien,

être plus épanouis en répartissant autrement le travail, en le relocalisant et en étant plus

solidaires. Même chose pour le crédit et la dette, les deux tétines de l’oppression capitaliste. Et

même raisonnement en ce qui concerne la télévision : en diffusant une seule et unique vision du

monde, axée sur la surconsommation, le petit écran amène la population à une soumission

volontaire.

Il est impératif de sortir de cet individualisme auquel nous confine la société de consommation.

Car ce n’est que grâce à la solidarité et à un réseau communautaire serré et imaginatif que nous

pourrons survivre. Il faudrait pouvoir nous désintoxiquer du capitalisme en changeant de style

de vie, car c’est en lui et par lui que se concentrent et se reproduisent toutes nos aliénations.

Cela serait une véritable révolution. Encore faudrait-il la vouloir vraiment…

S’indigner, oui, mais agir.

Serge Mongeau

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