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Histoire de ta décadence et de la
chute de l'Empire Romain / traduite de
ranglots de M. Gibbon, par M. de
Cantwel de Mokarky... ; tome quatrième.
- A Paris : Chez Moutard..., 1789
yj, 505 p., a3, A-Z8, 2A-2H8, 2I5 ;
8° marquilla
Antep. - Apostillas marginales. -
Cabeceragrab. xil. en A1r.
1. Roma-Historia-lmperio, 30 a.C.-284
d.C. 2. Erroma-Historia-Inperioa, K.a.
30-K.o. 284 I. Cantwel de Mokarky, C.,
trad. II. Tltulo
R-7320
HISTOIRE
DE LA DÉCADENCE
DE LA CHUTE
DE
i
L ’EMPIRE ROMAIN.
< ------ ■
T OME QUATRI ÈME.
IlM ÎTp ">
I
HISTOIRE
DE LA D É C A D E N C E
ET
D E L A C H U T E
DE
L’EMPIRE ROMAIN,
i. ' ' ;; '
Traduite de VA nglois de M . G isjiO N ,
s _ ]
Par M. d e C a n t t e l de M o k a r k ï j
Lieutenant des Maréchaux de France.
TOM E QUATRIÈME.
A P A R 1 S.
C h e z M o u t a r d ' Imprimeur-Libraire de JaREiNH^
rue des Mathurins , K otel de Cluni;
M. D C C . I X X X I X .
Avec Approbation f & Privilège du Roi
/
/
V ;
' TABLE
T)es Chapitres contenus dans ce quatrième
Volume*
/ . - j. . i
C h apitr e XVII.
F o n d a t io n de Confianûnople. Syfieme
politique de Confiantin &*de fes juc*
cejfeurs. D e la DïfcipÎine militaire. D e
la. Cour , & des Finances. Page i
'A v ,- - ■
C h a p i t r e XVIII.
C hapitre XX
mSTOIRI
H I ST O i R E
D E L A D É C A D E N C E
\
HT ■
DE î À CHUTE
DE
L’EMPIRE ROMAIN,
C H A P I T R E X V I I .
Fondation de Conjlantinopîe. Syjléme poîb
tique de Conflantin & de Jes JucceJfeurst
De la D ifcipline militaire* D e la Cour $
& des Finances.
\
, Hifloire d t k decadettci
d’ornement à Ton triomphe. Après un
règne heureux & tranquille, pendant le
quel le Conquérant avoit donné à fês
¥ peuples une capitale, une politique, .&
une Religion nouvelles, il légua la pof-
feffion de l’Empire à fa famille; èc les
innovations qu’il avoit établies furent
adoptées & confervées par une longue
fuite de générations. Le fiède de Conf-
tantin le Grand &c de fa poftérité fut
fécond en évènêmens mémorables ; mais
l’Hiftorien fe perdroit dans leur nombre
& dans leur variété, s’il ne féparoit pas
avec foin ceux qui n’ont enfemble d’au-
tre rapport que celui de l’ordre des temps.
11 décrira les inftitutions politiques qui
donnèrent de la force êt de la Habilité
à l’Empire, avant d’entrer dans le dé
tail des guerres & des révolutions qui
en hâtèrent le déclin. Il adoptera la
divifion inconnue aux Anciens, d’aiîàrres
civiles & d’affaires eccléfiaftiques. Enfin,
la victoire des Chrétiens & leur diicorde
inteftine prefenteront tour à tour des.
de VEmpire Romain, Chap . XVII. 3
Icènes d’horreur & des traits de gran
deur dignes d’admiration.
Après la défaire 8c l’abdication de Lici- Plan d'uûe
nouvelle ca
nius, fon rival victorieux pofa les fonde- pitale.
A.D. 314,
mens d’une $ille deltinée à devenir un jour
la maîtreilè de l’O rient, 8c à furvivre à
l’Empire 8c. à la Religion de fon Fonda
teur. Les motifs, foie d’orgueil, foie de
politique ', qui avoient engagé Dioclétien
à s’éloigner le premier de la capitale de
l’Empire, acquirent un nouveau poids par
l’exemple de fes fuccefleurs, 8c quarante
années d’habitude. Rome fut infenflble-
ment confondue aVeç les villes conqui-
feS, qui avoient longtemps reconnu leur
dépendance 8c la fupériorité ; 8c la pa
trie des Céfars n’infpiroit que de l’indif
férence à un Prince guerrier, né* fur les
rives du Danube, élevé dans les Cours
ou dans les armées d’Aiïe , Sc revêtu
de la pourpre par les légions de la Bre
tagne. Les Italiens, qui avoient regardé
Conftanrin comme leur libérateur, obéi
rent fervilement aux Edits qu’il avoir
A ij
1
a Hijîoife de la de'cadettcé
quelquefois la condefcendiance d’adrefleP
au Sénat & au Peuple Romain ; mais ils
eurent rarement l’honneur de poiféder
leur Souverain. Pendant la vigueur de
fon âge, Conftantin, fé lo n ie s différens
befoins de la paix ou de la guerre , ,vifi-
toit fucceffivement les frontières de fes
vaftes Etats, avec l’appareil impofant de
fa dignité , ou voloit avec célérité dans
celle où fa préfence étoit néceilàire, 8c
fe- tenoit toujours en état de défenfé
contre fes ennemis particuliers & contre
ceux de l’Empire. Mais comme il at
teignit en même temps le faîte de la
profpérité Si le déclin de fa v i e , il
conçut alors le deflein de fixer dans
une réfidence moins variable la force ôc
la majèfté du trône. Dans le choix d’une
fituation avantageafe, il préféra les con
fins de l’Europe & de l’A fie , pour en
impofer, avec une puiflante armée , aux '
Barbares qui habitoient entre le D a
nube fit le Tanaïs, & pour éclairer de
plus près la conduite du Roi de P e r f e ,.
qui fupportoit impatiemment les entra
1 - V M*
g îTifioire de ta décadeticè
règne d’Amicüs le Sylvain V qui propofa
Je combat du celle au fils de Léda (5},
' J.e détroit du Bofphore qft terminé par
les rochers de Cianée, qui* félon les
Poëtes, hortoienç autrefois fqr les eaux ,
& avoient été deftinés par les D ieux à dé
fendre l’entrée d& l’Euxin contre la curio-
fté des profanes (6), Depuis les rochers
4 e Cianée qui font à la pointe du port de
Byzance, la longueur finueufe du Bof-
3 6 Hijioire de la décadence
podrome a été défiguré par les mains'bar-
barcs des Conquérans Turcs, Sous la
dénomination équivalente d }jitm éidan ,
il fert aujourd’hui d’emplacement pour
exercer les chevaux. Du trône d’où l’Em
pereur voyoit les jeux du C irq u e, un
eicalier tournant (49) le conduifoit au
'■ 1 " ___;_____ 1
4g Hijloire de la décadence
à les empêcher de s’écrouler, fous le rè
gne fuivant (65). Pendant qu’ils avoient
encore la vigeur & l’éclat de la jeuneiïè,
l’Empereur fe préparoit à célébrer la dédi
cace de fa nouvelle ville {66).
Dédicace. On peut aifément fuppofer les jeux &
a. d. J5oou jes largeifes qui couronnèrent la pompe
appareil,
de l’Empire Romain. C hap . XVII. 49
appareil, portoierit des flambeaux de cire
blanche , & accompagnoient cette pro-
ceffion folennelle dans fa m arche, à tra
vers l’Hippodrome. Quand elle arrivoic
vis-à-vis du trône, l’Empereur régnant
fe le v o it, faluoit avec l ’air du refpeôt ôc
de la reconnoiflance , ôc adoroit la mé
moire de ion prédécefleur (67). A la fête de
ladédicace , un Edit, gravé fur une colon
ne de marbre , donnoit à Conftantinople
le nom de fécondé ou nouvelle Rome (68).
Mais le nom de Conftantinople (69)
r\
cg Uijloire de la de'cadence
foisiarisfaire la vanité des courtifans (80).
ut conflits. Tant que les Confuls Romains furent
les premiers Magiftrats d’un pays libre ,
ils durent leur pouvoir légitime au choix
du Peuplej & tant que les Empereurs con-
iêntirent à déguifer leur defpotifm e, les
Confuls continuèrent d’être élus par les
fuffrages réels ou apparens du Sénat. D e
puis le règne de D ioclétien , ces vefti*
ges de liberté furent abolis , & lés heu
reux candidats qui recevoient les honneurs
annuels duConfulat, afîèéloient de déploj
rçr l’humiliation de leurs prédéceiïèurs. Les
Cicéron Sc les Caton avoient été obligés
de folliciter les fuffrages des Plébéiens,
de s’affujettir aux formes difpendieuies
d’une élection populaire , & de s’expofer
à la honte d’un refus public. Ils fe félici-
toient de vivre dans un iïècle & fous un
Gouvernement où un Prince jufte & éclai
ré diftribuoit les récompenfes au mérite
& à la vertu (81). Dans une lettre que
I - ' ■■ . H■ m< ■ m mm m i pi m in »
£a ffijloire de la décadence
raniment le principal objet de l’ambition
6c la récompenie la plus eftimée de la
fidélité 6c delà vertu. Les Empereurs eux-
mêmes, qui méprifoieâpd’ombre illufoire
de la République, croyoient ajouter à
leur majefté êc à la vénération du peuple,
toutes les fois qu’ils fe faifoient nommer
Confuls (91).
Ies Patri- La diftinétion la plus orgueilieufe qui
meos.
ait jamais exiffcé chez une Nation entre la
nobleffe 6c le P eu p le, eft fans doute celle
des Patriciens 6c des Plébéiens, telle
quelle fut établie dans les premiers temps
de la République , Les richeilès 6c les
honneurs, les dignités de l’Etat 6c les
cérémonies de la Religion étoient prefque
excluiïvement entre les mains des pre-
j6 Hifloire de la decadenct
peu de jours i & il déclara , en quittant
ià place , comme il convenoit à l’ami
de Brutus , qu’on ne lui feroit jamais ac
cepter une adminiftratiori incompatible
avec la liberté publique (105). A mefure
que le fentiment de cette liberté s’étei
g n it, on devint plus jaloux de l’autorité;
Sc ,1e Préfet qui avoit femblé d’abord
n’etre deftiné qu’à contenir par la crainte
les efclaves & les gens fans aveu, fut au-
torifé à étendre fa jurifdiétion civile Sc
t criminelle,fur l’Ordre équeftre, & fur les
familles nobles de Rome.
Les Prêteurs qu’on choifiiToit tous les
ans pour juger d’après le$ Loix & l e -
quité , ne purent difputer long-temps la10 5
$4 Hijîoire de la décadence
dre Sentence d’exil. Ces prérogatives
étoîent réfervées aux Préfets, qui ordon-
noient feuls la ruinéufe amende de cin
quante livres d’or. Les V ice - Gérens
n’avoienc le droit de condamner qu’à
quelques onces (114). Cette diftin& ion,
Oui paroît accorder une grande auto
rité , & en refufer une m oindre, étoit
fondée fur des motifs très-raifonnables.
La moindre étoit infiniment plus fujette
à des abus. Les pallions d’un J\tagiftrat
Provincial pouvoient lui fairelëommettre
des acfes d’opprelfion, qui n’attaquoient
que la fortune ou la liberté des Citoyens,
quoique, par un m otif de prudence ou
d’humanité , il fut incapable de verfer
le fan?
^
innocent. On doit ' aulfi confidé-
A
rer que l’exil 9 les fortes amendes, ou le
choix d’une mort douce , ne regardoient14
Hi/îoire de là décadence
cheter des efclaves, des terres ou des
maifons dans l’étendue de leur jurifdic-
tion (n?)- Malgré ces précautions ri~
‘ goureufes j Conftantin , après trente-cinq
ans de règne, déplore encore l’adminif-
tration vénale fie oppreflive de la Juftice,
fie fe plaint, avec indignation de ce que
les Juges vendent eux-mêmes ou font
vendre publiquement leurs rJ,udiences ,
leur travail, leurs délais, & -lfll^Senten'-
ces. La.répétition de Xoix &c de menaces
impuiffantes, prouve la-duréë , Si fans
doute l’impunité de ces défordres (n8).
V, ^
v ’ - j. ■ -T- -Il .i—1“*3 » . "T 1 " ■—1r ■ ■ ■ ■* 'J—!■ *—— Il I.-17
;
deVBmpire Romain. C h Ì>. X V II. S 7
Comme les Magiftrats civilis étoient;
pris parmi les Jur-ifconfultes, les célèbres
■ Inftitutes 4 ® Juftinîen s’adreflent à la
jeuneiTe de fes Etat^ qui fe dévoaoit
à l’étude de la Jurifprudence Rom aine;
le Souverain daigne animer leur zèle,
en promettant de récompenser leur in
telligence Sc ieurs talens par des cha$|bs
dans le Gouvernement (119). Les élëmens
de cette fcience lucrative étoient' enfei-
gnés dans toutes les grandes villes de l’O
rient &i de l’Occident ; mais l’école la plus
fameufe étoic cèlle de Béryte(i 20), fùria *19
:<?r'
choient à faire des liaifons que pour fo
menter la difcorde dans les familles. Ils
eneourageoient le.s procès, & fe prépa-
roient d’amples moififoos à eux Sç à leurs
confrères. D ’autres, enfermés dans leur re-
traite impure» n’alimentoient leur gra-'
vite magiftrale , qu’en fourniflant à de
riches çliens les moyens d’ohfcurcir la
vérité la plus évidente par les fubtilitës
de la chicane, & de foutenir les plus in-
juftes prétentions. Les plus diftingués des
Avocats étoient ceux qui faifoient re
tentir le Forum, de leur voix glapi Hante
èc de leur verbeufe rhétorique, Aiifli in-
différens pour leur réputation que pour
la juflice, on les peint la plupart comme
des guides infidèles, qui confommoient
la ruine de leurs clierts par des dépenfes
inutiles &Cdes délais concertés. Les procès
étoient interminables , &■ les malheu
reux Plaideurs lés abandonnoient quand '
leur patience Se leur fortune étoient à
bout (i j 3),
, >
1
,
04 Hiftoiredè la decadencè
fonction paiîagère ; il créa deux Maîtres
généraux, l’un pour la cavalerie, l’autre
pour l'infanterie , & leur donna, fur les
arm„ées de l’Empire, toute l’autorité qu’a-
voient exercée les Préfets du Prétoire,
Quoique, chacun de ces Hlujlres Officiers
fût plus particulièrement chargé de veiller
à la difçipline des troupes qui étoient
fous fes ordres immédiats il comman-
doit égalemei|t^^a guerre, tous les corps,
foie à pied, ïftfP a '' ch eva l, qui compo-
foient fon armée ( 1 2.6). Le nombre de
ces Maîtres fut bientôt doublé par la
féparation de l’Orient ’& de l’O ccident;
èc ils eurent chacun , pour département,,-
avec un titre & un rang égal j une des
quatre importantes frontières du R i i o ,
du Haut & du Bas^-Danube -, & -d e l’E uv
phrate. La défenfe de l’Empire Romain
fut à la fin confiée à huit Maîtres géné-*
i - -
( i i é i Zozime^ L n ÿ p. n o . Avant la fin du règne
de Confiance, les Magiflri militum étoient déjà au nom*
bre de quatre. V oyez Valefius, ad Anunian. 1. XVI,
7* . ' ' * * ■ ,
ri
■\
de VEmpiré Romain. Cha p . XVII. pf
raux de cavalerie & d’infanterie. Ilseùreiij:
fous leurs ordres trente-cinq Comman-
dans Militaires attachés aux Provinces ;
•trois dans la Grande-Bretagne, fix dans '
les G aules, un en Eipagne, un en Italie,
cinq fur le Haut , ôc quatre fur le Bas-
D anube, huit en Aile* trois en E g y p tef.
Ôc quatre en. Afrique, Les titres de Comtes
&; de Ducs (1 1 7 ), qui leur étoient parti
culiers , ont, dans“nos langues modernes,
un fens fi différent, que je crains d’ex-
pofer à des erreurs, en en faifant ufage.
A u re fte , on doit fe rappeler que la
! fécondé de ces dénominations n’eil
qu’une corruption du nom latin que l’on
donnoit-indiftinftement a tous les Chefs
Militaires. Ces Commandans de pro
vince étoient par conféquent connus fous12 7
\
96 H ijîo it e d e d ^ é c f ld e n c e
/
î©4 Htfloire de la décadence
Un dénombrement particulier, tiré de la
N otiùa, pourroit occuper l’attention d’un
amateur de l'antiquité. Mais l'Hiftqrien
fe contentera d’obferver que les garni
rons placées fur les frontières de l’Empire,
montbient à cinq cent quatre-vin^t-ti'ois i
$c-que, fous les fucceffeurs de Cqniïan-
tin , les forces totales de PétabliiTement
militaire étoient compofées dg Ex cent
quarante-cinq mille foldats (134).'Dans
les Eècles préçédehs, cet effort auroit
furpàÛe les befoins de l’F.mpire ; dans les
fuivans , il furpafla Tes facultés.
piflïeaWdM Daris chaque èfpëce de Gouverne-
iuto,ietnens différens rriqttfs fervent'1à . recru*
ter les armées. Chez les Barbares , le
goût de la guerre ; chez une nation libre,
t - ' 'S ' L ■ ■> ^ * - '
t
rie P Empire Rom. Chap. XVII. 10.9
ravager les provinces, s’enrôloient, non *
feulement parmi les auxiliaires 4e leur na
tion ; ils étoient encore reçus dans les
légions , & parmi les plus diftinguées
des troupes Palatines. Admis familière
ment chez les citoyens, ils apprenoient
à méprifer leurs mœurs, & à imiter leurs
Arts ; ils fecouèrent le refpeét que l'or
gueil des Romains n’avoit dû qu’à leur
ignorance ; & ils acquirent la poiTeiiion
des avantages qui foutenoient encore la
grandeur expirante de leurs anciens maî
tres. Les foldats barbares qui.moncroient
des talens militaires, arrivoient aux poftes
les plus importans , fans exception. Les '
noms de Tribuns , de C om tes, de D u cs,
& même de Généraux, annoncent une
origine étrangère qu’ils ne confentirent
plus à déguifer. O n leur confioît fouvent
la conduite d’une guerre contre leurs
compatriotes ; & , quoique la plupart
préféraïfent les ,liens de la fidélité à ceux
du fang , quelques-uns cependant furent
ingrats, ou du moins foupçonnés d’ep-
I IO Hijìoìre de la decaderice
tretenir une correfpondance criminelle
avec les ennem is, de les favoriier dans
leurs incuriions, & de les épargner dans
leur retraite.
L e fils de Conftantin laiiToit gouver
ner fon palais ôcfes camps par une fadtion
puiiTante de Francs, dont tous les mem
bres avoient une Uaifon ferme Sc fuivie
entre eux , & avec leurs compatriotes, &
qui regardoient un affront fait à un des
leurs , comme une infulte nationale (140).
Lorfque le Tyran Caligulafut foupçonné
de vouloir donner la robe de Confai à '
un candidat d’une efpèce très-extraordi
naire , le facrilége auroit excité prefque
autant de furprife, quand, au lieu d’un
ch eval, le C h e f le plus noble de la G er
manie ou de la Bretagne auroit été l’objet
de Ion choix. La révolution de trois fiè-
cles avoit fait un changement fi confi-
11 $ Hijloire de la décadence
gnies d’ouvriers, placées dans trente-quatre
villes, quinze à l’O r ie n t, 6e dix-neuf à
l’O ccident, qui fabriquoient continuelle
ment des armes offenfives ôc défenfîves, 6c
des machines de guerre que l’on dépofoit
dans les arfenaux, pour les diftribuer aux
le Quefteur* troupes dansl’occaiion. 30. Dans le cours
de neuf iiècles, l’office de Quefteur avoit
eiTuyé de iingnliers changemens. Dans
l’enfance de Rom e , le peuple choifif-
fo it, tous les ans, deux Magiftrats infé
rieurs pour remplacer les Confuls dans
l’adminilfration délicate & dangereufe des
deniers publics (145). Chaque ProconfuI
ou Préteur, foit qu’il eut un commande
ment militaire ou provincial, avoit pour
Afléileur un de ces Officiers. Am efure
que les conquêtes étendirent l’Empire,14 5
H iv
I 20 Hijloire de la decadence
à quelques égards, l’office de Quefteur
Impérial j à la charge moderne de Chan
celier ; mais l’ufage du grand fceau, donc
l’invention paroît appartenir à l’ignorance
des Barbarës, ne fut jamais introduit
dans les actes publics des Empereurs. 4 0.
tiTtéforfet Le titre extraordinaire de Comte des lar-
pUb C ë eJfes » fuc donné au Tréforier général
du revelhu , dans l’intention de perfua-
der peut-être que chaque payement étoit
un don volontaire de l’Empereur. Les
forces de l’imagination la plus vigou-
reufe & la plus étendue, ne fuffiroienc
pas pour concevoir les détails prefque
infinis de la dépenie annuelle & jour
nalière qu’entraînent les adminiftrations
civiles & militaires d’un grand Empire.
La comptabilité feule occupoit plufieurs
centaines de Com m is,.diftribués en fept
minel,
de VEmpire Rom. C hap . XVII. 129
mineÎ, ou de l'innocent qui.s’étoit attiré
leur haine j ou qui voit refufé d’acheter
leur iilence. U n habitant des provinces
les plus éloignées étoit expofé.à la crainte
au danger d’être traîné fous le.poids
des chaînes jufqu’à M ilan ou à Conftan-
tinople, pour y défendre fa vie contre les
aceiuiations iniidieufes . de ces délateurs
iés. L ’Adminiftr'ation adopta ces
cruels m oyen s, qu’une extrême, néceiïïté
pourroit feule rendre .moins abom ina'
bles; elle fuppléa aux défauts de preuves,
I
parades tortures dignes des tyrans qui les
ont inventées (16 1).
i■
de VEmpire Rom. Chap. XVII. ï 33
& rédùifoit toutes les conditions ait
mêmèni veau d’ignominie. Du moment ou
l ’on mit la fureté de l’Empereur au deifus
de toutes les confidëratîons de la juftice
& de l’hum anité, on fournit aux plus
cruelles tortures les vieillards & les en-
fans; & lesCitoyensprincipaux du Monde!
Romain avoient toujours à craindre qu’un
vil délateur ne les dénonçât comm e com
plices,,, &. même comme témoins , d’un
crirtte peut-être imaginaire (167).
Quelque terribles que ces maux puîf-
fent nous paroître, ils ne tomboient que
fur un petit nombre de fujets R om ain s, *16
7
I
la livre d’or antérieurement divifée en quarantè-huii
aurd , donnoit alors à la mon noie foi’xanre-douze pièces
qui étoient plus petites, mais qui avoient la même
dénomination; 30, que cinq de ces aurei étoient l'é
quivalent légal d’une livre d’argent , & qu’ainfi la
livre d’or s’échangeoit contre quatorzé livres huit onces
f- d’argent* poids de R o m e, ou contre environ neize li-
; v r e s , poids d’Angleterre ; 4°. que la livre d’argent #
| poids d’Angleterre, donne ibixante*deux fchelings à
| la fabrication. On p e u t, d’après ces élémens , évaluer
à quarante livres fterliugs la livre d’or romaine qu’on
| emploie ordinairement pour compter les grandes foin-
! mes, & par-là déterminer le cours de l’once à un peu
! plus de onze fchellings*
i
1
Tome IV*. K
ja .6 Hijîoire de là de'cadence
xnaine, & que tant qu’elle fubiîftera, ppe
taxe générale qui feroip impofée iqdiftipc-
ternent fur tous les habitant d’up Royau
me , Si ne donneroip au Souverain qu’im
foible revenu, priyerqiç le plus grand
nombre de fes fujets; de la fubftftance.
La théorie dé. la C ap ita tio n Rom aine a
pu erre fondée fur ce calcul d’ég alité;
{pais dans la pratique , l’injùitice difpa-
roifloic, parce que l’impoiïtion étoit levée
comme réelle, & non pas comme perforn
nelle. Plufieurs pauvres citoyens réunis
ne formoient qu’uné tête , ou une part
de la taxe, tandis qu’un ri che propriétaire
repréfentoit, à raifon d e fa fortune, plu?
fieurs.de ces têtes imaginaires. Dans une
Requête p o étiq u e, adreifée à un des
derniers & des plus vertueux Empereurs
Romains qui a ië n f régnéfur les (3;aüleSj
S Ido p i us■A po 1lipaidS: pe rlon nifie fa :piarpdil
tribut, fous la figure-d’am triple monftïê ;
le 'Qériqn de là. Fable ; 6e il fuppjio lç
nouvel Hercule , de lui. fauver la vie eq
de l’Empire Rom* C hap . XVII,
lut abattent fes trois têtes ( 18 1). La fortune
de Siddnius étoic fans doute foire au defl'us
de celle id’uri Poëtè ordinaire ; mais ,
pour fuivte l'allégorie. , il au roi c fallu
qu’il peignît les N obles de la Gaule
fous la forme de l’Hydre qui déyafloh,
toute une province » 8c d évoroit, en un
jo u r , la fubftance de cent familles.
O n ne peut raifonnablement croire
que lafom m e de neuf livres ftérlings ait
été la melure proportionnelle de la Capi-
tation-des Gaules, & l’on en fentira mieux
l’im polfibilité, fi on examine le rapport
de ce même pays aujourd’hui riche , in -
duftrieux, &c aflë&ionhé à ion Monarque.
Il eft impoiîible de porter les taxés de la
France au deiïus de dix-huit millions
K iij '
,i<o 'l Uijîoirç de la déçadençè'■■■,
loient pour íes riches & vivoient.à, leurs
dépens ; & comme l’on n’infcrivoit fur le
rôle des impofïtions que ceux qui avoient
une certaine propriété, le,petit;¡nombre
des contribuables explique & juítífie. ce
qui’ rparoiiroit injufte dansle taiix de leur
impôt; Gn fentira mieux la véritédecette
observation, à l’aide d’un exemple. Les
ÆdueiiSy xme des Tribus les. plus-puif-?
fantés & les plus civilifées deda Gaule,
occupoient les dehx dioeèfës '(¡184) .de*4 6
7
— •— r— “— ■ — TT.
Scient gehîtali folo 3 propur agriculturam fub dominio
poffejjofum. Aùgüftm. de C i v. D e l, 1. X*. c, -i .
, ( 184) L-ancienne Junfdiélion dp ( Augujlodunuîn} Au-*
tun en Bourgogne^ çoipprenoit le territoire adjacent de
(.Novîoâunum ) ïievers. "Voyez d’An v ille ', Notice de-
l ’ancienne G au le, p. 49i.^ Le diooèfe- d’Autufbeffaii-'
jûurd’hùi çpmpoie de, 6 i o , & celui; dpi R evers, de iéd
paroiffes. Le relevé des registres de onze années fur
476 paroiffes de la même province ~dé Bourgogne ? cal
culé d’après la proportion inodér-éb d e-i : à i f (Vôyeà
Meffance, Recherches (fur la-population^ p,, .142«)*
nous àutorife à donner- pri nombre moyen de
personnes à chaque pafbiffe ; 1& fi bn^nïultiplie c e
nombre_ par 7 7 0^n o m b r e , . .diocfi^SL
de Nevers & d’A utun , 011 trouvera n 505,119 habî-
tans fur l’étendue de pays; qu’habitoient autrefois les
Ædbens. 'V,v ' ^ ;ï ; ! y
de VEtnpire -Rbin. C îîap . XVII. i 51
ÏVëvefs èc d’Àütim , donc la population.
iiftofnce aujourd'hui à plus dë cinq cent
ifiièlé habftaris ; & en y joignantiië cerCi-
tOite (185) de Cfrâloris & de M â co n , qüi
Y 'étoit probablement compris y alors Oh
‘trouve hait cént riiille âmes. Sans lé règne
tleGoriftantin, lés Æ daèns n'étoiënc eom-
'ptfis dans lés rôles qüO pour Eiënte^cihq
-rhiMé têtes de Capitation, & iept mille
fé‘èôié!nt exémpts de tout tribut, parcequ’ils
étoienc hors d’ëtat d’én payer (t#6).
C é s remarqués paroilTènc juMiier l opi-
* - *
c. L ’Efpagne Tarr^gonoife offrit à TEmperewr Claude
une couronne d’or qui* pefoit fept cents livres ? & la
Gaule lui en offrit une fécondé qui en pefoit neuf.
cents* J’ai filial la corre&ion raifonnablc de Lipfius.
témoignage de leur recp^notij(rance ,65 dfc
leur fidélité (19.2)1
U n Peuplé enflammé pat 1’orgueil, ou
aigri par le m alheur, eft rarènppnt fufcep-
tible de juger fainemenç fa propre fitua^
tion. Les fu jets de Conftantin h’apper-
cevoient ni le déclin du g é n ie ,. ni celui
de la vertu, qui les rendoit ii diflférens de
leurs ancêtres. M ais ils fentoient doulou*
reufement les vexations de la tyrannie ,
le relâchement de la difcipline, & l’àuge,
mentation énorme des, impofitions. L ’H if
torien impartial , en reeonnOiiTant' la
j 11ilice de leurs plaintes , obfetve avec
plaiiîr quelques précautions prifes âlors
pour adoucir leur efclavage. L ’irruptiea
menaçante des Barbares qui détr'uifirent
les fondemens de la grandeur R om aine,
étoit encore arrêtée ou repouflce fur lés
frontières. Les Sciences & les Arts étoient
■Il I I ■■ « T ^
f;'■^ ■ '. ■ X. ' ■
C H A P I T R E X V I IL
't '
L iij
ié 6 Hifléire de là déçqdetict-
fa vieiîlefle fut avilie par l’avarice &c
par la prodigalité, vices oppofés qui mar*
chent -quelquefois enfemble.
Les tréfors immenfes trouvés dans les
t
.P'
'deP Empire Rom. C h ap , XVIII. 177
& refpe&oient fa gloire. U n Poëce exilé,
qui follicitoir fon rappel, invoquoit avec
une égale vénération la majefté du père
& celle de Ton digne fils (14). O n étoic
alors au moment de célébrer l’augufte
cérémonie de la vingtième année du
règne glorieux de Conftantin, & l’Em
pereur ie tranfporta avec toute la Cour
de N icom édie à R o m e , ou l’on avoir
fait les plus fuperbes préparatifs pour fa
réception. T o u t annonçoit le bonheur
& la joie publique ; Ôc le voile de la
diflïmulation couvrit un moment les pror
jets fanguinaires de la vengeance (15).
L ’Em pereur, oubliant à la fois la tenr-
dreffe d’un père & l’équité d’un J u g e,
fie arrêter, au milieu de la fête , l’in -
;
de l ’Empire Rom. C ha p. X VIII. 11>y
t e foin de leurs troupeaux, la chaile Ôc
la guerre, ou plutôt le brigandage, di
rigeaient leurs couriès vagabondes. Les
camps ou les villes ambulantes qui fer-
voient de retraite à leurs femmes Ôt à
leurs enfans, n’étoient compofées que
de vaftes chariots, tirés par des bœufs,
& couverts en forme de tentes. Leurs
forces militaires ne confiftoient qu’en ca
valerie,-Se l’habitude que chaque cavalier
avoir de conduire en main un ou deux
chevaux de rem onte, leur facilitoit les
moyens de fondre à l’imprévu fur des
ennemis éloignés , & d’éviter leur pour-
fuite par la rapidité de leur retraite (37).
Leur groffière induftrie avoir fuppléé
à l ’ufagedu fer dont ils m anquoient, par
l’invention d’une cuir aile qui réiiftoit à
N iij
j 478 'Hijloire de la décadence
nombreux d’excellente cavalerie, les
Goths & les Germains leurs voifînsà T o-
rienr & à l’occident (42). Mais quand ils
eurent reçu parmi eux un grand nombrede
Vandales fugitifs, que les Goths avoient
chailes devant eu x, ils choiiirent un R oi
de cette nationj & de l’illuftre race des
Aftingi qui avoit habité fur les rives de
l’Océan occidental (43). '
Guêtre des Ces motifs d’inimitié envenimèrent
Goths.
A, P* 35 t. fans doute les conteilations qui ne
peuvent manqper de s’éleveu fouvent fur
les frontières entre deux nations guer-
/
a04 Hijloire de la décadence
les menaçoient encore..D e nouvelles in-
curiions fur le territoire de l’Em pire,
décidèrent Conftantin à les abandonner
à leurs propres forces ; 6c il né s’oppofa
plus à l’ambition de Gerberic , Capitaine
renommé, qui é.toit monté fur le trône
des Goths. W ifum ar, R oi Vandale ,
quoique feul 6c fans fecours, défendoit
fon royaume avec un courage intrépide;
une bataille déciiive lui enleva la victoire
avec la v ie , 6c moiifonna la fleur de la
jeunette Sarmatienne. C e qui reftoit de
la nation, prit le parti défefpéré d ’armer
tous leurs efclaves, compofés d’une race
hardie de pâtres &c de chafleurs. A l’aide
de ce ramas confus de troupes indifcipli-
nées, ils vengèrent leur défaite, 6c cliaf-
fèrent les ufurpateurs de leurs confins.
Mais ils s’apperçurent bientôt qu’ils n’a-
voient fait que changer d’ennem is, 8c
qu’ils s’en étoient donné un plus dan
gereux 6c plus implacable que celui dont
il les avoit délivrés. Se rappelant avec
fureur leur ancienne fervitude, 6c s’ani-
de VEmpire Rom. C h ap . XVIII. 205
mantparla gloire qu’ils venoienc d’acqué
rir, les efclaves, fous le nom de Limigan-
tes, prétendirent à la pofleffion du pays
qu’ils avoient fauve, & l’ufurpèrent. Leurs
M aîtres, trop foiblespour s’oppofer aux fu
reurs d’une populace effrénée, préférèrenir
l’exil à la tyrannie de leurs efclaves. Quel
ques Sarmates fugitifs iollicitèrent une
protection moins ignominieufe fous les
drapeaux de la nation qu’ils avoient re-
pouffée. U n nombre plus considérable fe
retira derrière les montagnes de Sarm ath,
chez les Q u ad i, leurs alliés germains,
St ils furent admis, fans difficulté, à par
tager le fuperflu des terres incultes S>c
inutiles. Mais la plus grande partie de
cette malheureufe uation tourna les yeux
vers les provinces Romaines. Implorant
l’indulgence ôt la. protection de l ’Em
pereur , ils promirent folennellem ent,
comme fujets en temps de paix, & comme
foldats à la guerre, la plus inviolable fi
délité à l’E m pire, s’il daignoit les rece
voir dans fon fein. D ’après les maximes
2o6 Hiftoire de la decadence . - .
adoptees par Probus & par fes fuceef-:
leurs, on n’héfitaf point à recevoir les.
offres des Barbares; êc Van partagea une
quantité fuffîfante des terrés' des provins
ces de Pannonie * de Thrace-, de M a
cédoine & d’Italie, entre trois cent mille
Sarmates fugitifs (45),.
En châtiant l’orgueil des Goths 8c en
acceptant l’hommage d’une nation fup-
plianté , Conftantin aiTura la gloire de
l’Empire R om ain , & les AmbaiTadeurs
O ij
iiïr -JS^oire 'dé. la d éca d en ce
cond fils & peut-être le phis, favorifé de
Conftantin (4 f)>;
M a fTacre . voix de l'Empereur m arrant avoir
dei Princes/
recommandé le foin d§ fes funérailles,
àr la piété de: G oiiftanceii ÔÇ ce Prince,
par ja proximité de fâ. réfid^çice, pouvoir
aifëment prévenir l’arrivée, de- fes frères,
dont l’un éroit en Italie l’autre dans,
. les Gaules.. Quand il eut pris poilèffion
du palais de ConftancinQple, fon premier
foin fut do tranquillifer fes coufins en fe
rendant caution de leurlfureté par un
ferment folennel, 8t le . fécond fut de
trouver un ^prétexte fpéçieux qui pût
fantorifer à-y tfnariquer. La. perfidie vint
feçonrs de, la cruautéy :M le plus
O iij
: a14 Hïftoire de la décadence
ennem is, leurs Juges & leurs bourreaux,
¡tes Loix & toutes les formalités de la
Juftice furent continuellement violées
dans le maflacre général qui enveloppa
les deux oncles dé Confiance & fept
de fies confins , dont les plus illuftres
étoient D'almatius. &c Hannibalianus, le
j ¡Patricien O ptatus, qui avoit époufé la
:fœur du dernier Empereur , & le Pré
fet Ablavius, qui, par fa puiiTance 8ç par
fes richefïes, avoit conçu l’efpoir d’ob
tenir la pourpre. Nous pourrions ajou
t e r , fi nous ¡ybulions augmenter l’hor
reur de cette fcène fanglante, que Conf
iance avoit époufé lui - même la fille
de fon oncle: Julius, & qu’il avoit donné
fa fœur en mariage à Hannibalianus.
Ces alliances , que la politique de Conf-
tantin, indifférente pour le préjugé du
¿peuple , avoit formées entre les diffé
rentes branches de la M aifon Impériale t
prouvent feulement que ces Princes
étoient auflî infenfibles à l’affeéHon con
ju gale, qu’ils étoient fourds à la voix
de VEmpire Rotti C hàp. XVIII. f t y
du fang & aux fupplicatìons d’une jeunffè
innocente (51). D ’une fi nombreuie fa^-
m ille G a llu s & Ju lien , les deux plus
jeunes enfans de Julius C onftantius,
échappèrent ièuls aux féroces ailàflins.
O n les fauva, dansTefpérance que leur
fureur fe ralentiroit quand elle fer oit raf-
faiiée de carnage. L ’Empereur Coni-
tance, qu i, pendantl’abiènce de fes frè-
i
aiS Hijîoire de la décadence
connu la fupériôrjté des Romains. Quoi
que Sapor fût dans la trentième année
de Ton règne, ii étoit encore dans route
la vigueur de la jeuneiïè ; un fait aiTez
iînguîier avoit rendu la date de fon avè-
nement antérieure à celle de fa nai {Tance.
La femme d’Hormoux étoit enceinte
quand fon mari mourut, & l’incertitude
de l’événement & du fexe de l’enfant
qui devoit naître , excitoit les ambi-
tieufes efpérances des Princes de la Mai-
fonde Saiian; mais les Mages firent à la
fois ceffer leurs prétentions & les craintes
de la guerre civile dont on étoit me*
nacé, en aiTurant que la veuve d’Hor-
moux étoit enceinte 8c accoucheroit
heureuiement d’un fils. D ociles à la voix
de la fuperftition, les Perfans. préparè
rent fans différer 1a cérémonie du cou
ronnement. La Reine parut publiques
ment dans fon palais , couchée fur un
lit magnifique ; le diadème fut placé fur
d’endroit où l’on fuppofoit le futur hé
ritier' d’Artaxercès, 8c les Satrapes prof
de l ’Em pire Rom. »Chap, XVIÏÎ. 219 '
ternés adorèrent la majefté inviiîble de
leur imperceptible Souverain (54). Si Pon
peut ajouter foi à ce conte iurpreriant, qui :
paroît moins incroyable d’après les mœurs
de la nation 8c la durée extraordinaire
de ce règne, nous ferons forcés d’ad
mirer également le bonheur 8c le génie
du R oi Sapor. Elevé dans l ’enceinte fo
litaire d’un haram , le jeune Prince fentit
- l’importance d’exercer la vigueur de fon
corps 8c celle de fon efprit, & il fut di-
gn e, par fon m ériteperfonnel, d’un trône
; fur lequel on Pavoit affis avant qu’il puç
connoître les devoirs 8c les dangers du
pouvoir abfolu. Sa minorité fut expo fée
aux calamités prefque inévitables de dif-
corde inteiline ; fa capitale fut furprife
" ■' 1 11 ---------------- ' ---------------- '■ ' — -- ~~“Jn / - > I
- r- ■ ( , '■
(î 7) JuUea, .Orat* i , p. 20. ’• •' :
de V EmpireÆn/Sj*. C h a ,î . X V III. 113
Cette fa&ion turbulente infultoit à laÎÇl:
caducité du M onarque, fit attendoit im
patiemment l’heure de fa mort. Il cefla
de vivre après un règne de; cinquante^;
fix ans , & la fortune du royaume d’Ar*
ménie fut enièvelie avec Tiridate. Son
, * * . -r -
(69) Quarum (G
entium) obfides pretio qusifitos pue*
,
ros venujîiores quod cultius habutrat, libidine hujufmodi
arcijfe, pro certo habetur■ Si les goûts dépravés de
Confiance n’avoîent pas été publies * Viétor rainé,
qui exerçoit un emploi coofidérable fous le régne
de fou frère, ne fe feroit pas exprimé* d’une ma
nière fi pofifive*
(70) Julien, Orat. i & n. Zofime','1. n , p. 134;
Viétor 5 in Epitome, ■ Il y a lieu de croire que Ma-~
gnence avoit reçu le jour au milieu d’une de ces
colonies de Barbares , établies par Confiance Chlore
dans la Gaule (V$yez fon Hifioire , c. 13 de cet
Ouvrage,)* Sa conduite nous rappelle le Patriote
Comte de Leicefter* le fameux Simon de Montforr,
qui vint à bout de perfuader au bas peuple d’An
gleterre-, que lu i, François de naifianec, avoir pris les
armes pour les délivrer des favoris étrangers*
u 4.Q tiifià ir e de la décadence
1/
neui* dans le camp impérial, l ’âmitié de
Marcellinus, Com te des lafgeflès facrées,
fuppléoii libéralement aux moyens de
féductions. O h vin t à bout de periuader
aux foldars que la République les fom-
moit de brifer les liens d1une fervitude
héréditaire, '& de récdrripéhier par le
choix d’un Prince aétif & vig ilan t, les
mêmes vertus qui de J e tâ t de citoyen,
avoient élevé les ancêtres du méprifable
Confiant fur le trône du M onde, Quand
on crut avoir fuffîfamment préparé les
efprits , Marcellinus, fous le prétexte de
célébrer le jour de la naidance de fon
fils , donna une fête'magnifique aux per-
fonnâges les plus diitîngiiés de la Cour
des Gaules , qui réfidoit alors à Autun.
L e repas fomptueux fur prolongé avec
adreile bien avant dans ria n u it, ôc les
convives, livrés à une confiance dange-
reufe, fé permettoient les propos les plus
coupables & les plus offenfans : tout
d’un coup les; portes, s’ouvrirent avec fra
cas ; vM ignénée ^ ïjtiï s étoit retiré.
de l’Empire Rom. C hap .
depuis quelques inftans ., rentra revêtu-Jl
la pourpre Ôc du <Hadêmë.#Les cbrïfpi^
rareurs fe levèrent à l’inftant, & le ia-
luèrent fous les noms d’Augufte 6É
d’Empereur. La, furprifë, la frayeur ,
l’ivreflè, les efpérançes ambitieufes, &
l’ignorance du refte de l’Aflemblée^contri
buèrent à rendre l’acclamation unanime.
Les gardes fe hâtèrent de prêter le fer
m ent de fidélité. On ferma les portes de
la ville, & avant le retour de l’aurore,
Magnençé fe trouva maître des trou
pes , du tréfor , du palais , & de la
ville d’Autun. Il eut quelques efpérançes
de. fe rendre maître d e . la perforine „de
Confiant avant qu’il, fût inform é de la
révolution. C e Prince s’am u foit, à fon
ordinaire, à courir la chafle dans la forêt
voifine , ou prenoit peut-être quelque
plaiiir plus coupable ou plus honteux ;
mais la Renom m ée aux cent bouches l’a-
voit averti ; il eut le temps de fuir ,
c’écoit fa feule reffource,. puifque la dé-
fertion de fes troupes & l’infidélité de lès
Tome l V t Q
24 j H ijloire d t la ,decadence
fujets ne lui laiÎToicnt aucun moyen de
réfiftançe. Ayafit . Pu atteindre à
un port d’E fpagn ç, où il fe propofoit de
s’embarquer ( 7 1 ) , il fut arrêté auprès
d’Hélène aux pieds des Pyrénées , par un
parti de cavalerie lé g ère, dont le Com
mandant , fans refpeét pour J a fainteté
d’un Temple , exécuta fa commiffion en
aiïaffinant le fils de Conftantin (71).
Magneccc Àuifi-tpt que la mort de Confiant
Ôc Vétranio
p read ent la eut affermi cette facile & importante
pcuipre,
A- È>* j jo* révolution, l’exemple de la Cour d’Autun.
Mais j*
fut fuivi par toutes les provinces de l’Oc
cident. Les deux grandes Préfeétures
\
de l ’Empire Rôtît. Chap . X V III. z f l k
rang à lamaiffance royale de C onfiance;
& quoique peu verfé dans l’art de la
Rhétorique, il mit dans fou difcours dé
la ferm eté, de l’adrefïe ôc de l’éloquencei
La première partie ne- fembloit attaquer
Tyran des G aules; mais apres
avoir déploré* le meurtre de C o n fian t, ,
il infinua que fon frère avoit feul le droit "
de réclamer fa fuçceffion ; ôc s'étendant
avec complaifance fur lés aérions glorieu*
fes de la race Im périale, il rappela aux
foldats, la valeur s les triomphes Ôc la
libéralité du grand C onflantin, dont les
fils avoient‘reçu leur ferment de fidélité,
qu’ils n’avoient rompu que par la fé-
ducrion de fes plus intim es favoris. Les
i Officiers qui environnoient le Tribunal,
inilruics du rôle qu’ils devoiept jouer dans
cette fcène extraordinaire , parurent en
traînés par. le pouvoir irréfiiHble de la
juilice ôc de l’éloquence ; ÔC ils faluèrent
l’Empereur Confiance comme leur lé
gitime Souverain. Leur exemple entraîna.
les foldats ; le fentiment-. du repentir ré'
tfî Ìfìjkirè de la d'écádetice
veilla celur de ta fidélité ; il fe‘;répandit
dans rous tes rangs * & b ien tô t‘la plaine
de Sardica retentit de Pacclamation una
nime de b meurent les ufmpatèurs , vive
le fils de Cpnjlaruin ; ce n’ ejl que f o u s
>) Jes drapeaux que nous voulons com~
, » battre , & vaincre ou mourir «. Le cri
üniverfel, les geflfes menaçanS & le
cliquetis des armes fubjûguèrent 1e cou
rage étonné de Vétranio ^ qui contem-
ploit dans un filençe ftupide , la défec
tion de fon sarmée. A u lieu d’avoir
recours au dernier refuge- d’un généreux
défefpoir, il fe fournit docilement à fon
fort , & fe dépouillant du diadème à
la vue des deux: armées, il fe profterna
aux pieds de fon vainqueur. ‘ Confiance
«fa de la victoire avec Une prudente
-modération, & relevant, lui - même le
vénérable fuppliant qu’il afïè&.ûit d’ap
peler du doux nom de p ère, il lui prêta
la main pour defcendre du trône. La
ville de Prura fut affîgnée pour retraite
■ au M onafquéidétrôné, qui syi vécut fei
de VEmpire %5^
ans dans l’opuïencè Sc dans la tranquil*^ ;ii
lité. Ilfe# félicito it fouvent des bontés
de C on fian ce, & çonfeilloit à ion biens • ^
faiteu f, avec une airaableiîm plicité, de
quitter le fceptré du M o n d e , & de
chercher, le bonheur dans une obfcurité ;
paifible , qui pouvoir feule la procu
rer (78). ' ;
La conduite de Confiance dans cette Faic laguerre
occaiîon mémorable , fut célébrée avec
une apparence de juftice ; & fes cour-
tifans comparèrent les difeours étudiés
de Périclès & de Demofthène adreifës
à la populace d’Athènes , avec l’élo
quence yi&orieufe qui avoit perfuadé à
une multitude armée d’abandonner Sç de
dépofer l’objet de fon propre choix (79).
(x oo) Ammien, X i v , j j x j a , 1 6.
de P Empire Rorft. C h a î . XIX. 171’
C H A P I T R E X IX . ,
Tome î V. S
*74 HiJIôire de la décadence
acquirent peu à peu la connoiiTance &
enfin Ja direction des conièils les plus
lecrecs de Confiance. L e mépris & l’a-
vérfion qu’on a toujours eus pour cette
efpèce dégradée, iem ble les avoir rendus
auffi incapables qu’on les en ftippofoir,
de toute action noble * & de tout fenri
ment d’honneur & de générofité ,(7) ; mais
les Eunuques étoient inftruits dans l’art
de l’intrigue & de l’adulation ; & iis
gouvernoieril alternativement Confiance
■ ■ ____ _ _ ___ !>'. i
/
' de VEmpire Rom. C hap . X lX . 28;*
furent cruellement fuivi$; la populace
iâiiît le Préfet 6c le Quefteur, 6c aprèsr
leur avoir lié les jambes avec des cordes,
les traîna dans les rues en accablant de
coups 6c d’injures ces malheureufes victi
m es, dont elle précipita les corps morts
8c déflgurés dans le fleuve de l’O -
ronte (21).
Après s’être porté à cette extrém ité, ttengercnfct
Gtu.k ion de
quels que fuflent les defleins de Gallus , Gallus*
&
aa g Jii/lùire de la décadence
ratrice, réfol ue d’achever fa généreufis'
entrepriie, n’oublioic pas le foin de fat
fortune. Par la m ort du dernier Céfar,
Confiance fe trouvoit chargé feul du
coinm andem ent, & il fe fentoic accablé-
du poids de ce vaile 8 c puiiTant Empire.
D es foules de Barbares dévaftoient les’
G aules, êc les Sarihates ne refpe&oient'
plus la barrière du Danube. L ’impünité
avoir augmenté l ’audace d’une troupe de ’
julien«a Sauvages Ifauriens. Ces brigands defeen-
' doient de leurs montagnes efcarçées
pour ravager le pays voifin ; & ils avoîenf
eu l’infolence d’affiéger, mais fans fuccès,?
l ’importante ville de Séleucia, défendue ;
par trois légions. D ’un autre coté, le Roi.
de Perle donnoit en même temps des
inquiétudes plus férieufès ; enorgueilli t
par les viéloir^ , il m enaçoit de nouveau
lès provinces de l’A f ie , & la préiènee de
l’Empereur devenoit également indif s
pénfable fur les frontières orientales & ’
fur les confins de l’O ccident. Pour la-
première fo is, Confiance reconnut fincè*-1
î*
de VEmpire Rom. Chap. XIX. t y f
rem en c que des foins iî variés & iï éten
dus étoient au deffus dq íes forces (3 o)!<
En vainffca voix de fes flatteurs voulut ie:
faire entendre, ¿c lui perfuader que fes
vertus , fon courage, & ion expériéËbe
aidée de la faveur du C iel, pouvoir encore
fuñiré à tout ; il fe rendit à l'avis d’Eu-
ie b ia , qui fatisfaifoit fon indolence fans
WefTer fa vanité. S’appercevant que le
fouvenir de Gallus donnoit des craintes
à l’Empereur , cette PrînceiTe lui pré-
ientoit avec adreflè les cara&ères oppo*
fés? des deux frères, qu’on avoit com
paré^ dès leur enfance, à ceux de Titus
SC de Dom itien (31). Elle accoutùmoitfon
1
de lŒmpire. Uam. C waV î^ I X ,
« 0 ia r r â c h a » malgré iuïj'idé fâ^rêtraitb
ciierie (3 3). Ü!"<craignoit ¡poiii? ia;' vîè ^
p ouf faigLoire, èc ¿même vertu, '
l'once fa. 'confiance étôit -datas" la- per-
fùàûon qn®-Minerve dirigeait Tans celle *
fa conduite, &c qu’il iétdk‘ fous la psrcr-
te&ion immédiate d’une légion Ü’Âriges
invifiblesj'éue ëètté Déëffè lüi étroit expé
diée dir4Soleil ‘ &ï' !idevla ’ LtinéV !i i if ap
procha pa#1Tainshorreur "dtf jfàîaié de
Mifew ÿ’ &È rfi|i^4 Héigiiiafôt)tt'1!fbt •:riflw»w?
' v . — t F-«/? V * t F- »* , —• f~ Îr f l *
Tome I V . V ,
\ ■
Hifioire de la décadence
pour la plupart, ou inconnus, ou fuipe&s.
Son défaut d’expérience pouvoir exiger
un Confeil compoië d’hommes fages &
intelligensj mais rétîquette minutieufe-
qui régloit le fer vice de fa table, & la.
diftribution de fes heures, çonvenoienc
plus à un adolefcent encore fous la dif-
erpline de fes Inftituteurs^ qu’à un Prince
auoue.1
<, ' I 1 .*J-*: tS- i
on confioit
> *
la conduire Jd’une
', i : . ■ ■ 11
guerre /importante. Àfpiroit.-il.à mériter
Teiliin.Ç' des peuples ?; ; il étoit arrêté par,
l a ‘çjrainte de déplaire au Souverain., Les>
fruits de fon mariage lui furent .enlevés
par k/.,.jalQU.(içvj.batpaîte-.j t y f (}?h
i
i I f\ i■
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i , 1 ; ' ■ - ■ ■*
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,i , ^ ‘ ; \i ‘1 _*'’ ; ;; ; J ’ J: ^^1i' ‘ 'T '1 )
. J. - -■
/
de VEmpire Rom. C hap . XIX. 307
elle-même, qui, en cette feule occaiïon,-
parut oublier la fenfibilité de Ton sexe
& fa généroiité naturelle. Te fouvenir de
fon père & de fes frères avertiifoit Julien
de fon propre danger j & Tes craintes
etoient encore augmentées par l’injufte
& récente condamnation de Syîvanus.1
Pendant l’été qui avoir précédé fon élé
vation , le Général Syîvanus, choifî pour
délivrer les Gaules de Pinvafiûn des Bar
bares ¿ e u t bientôt lieu de s’appercevoîr
que fés plus dangereux ennemis étoient
reibés à la Cour Impériale. U n déla
teur adroitément periidë, foucenu par plu-
iieurs des principaux M i ni (très, ayant
obtenu de lui quelques îétcres de recom
mandation , en effeça tou t, excepté la
iignature ; & remplit à fon gré le par-
cbeniin d o defleîns SC de complots cri
m inels.-Ta' vigilance & le courage des
,. .• ’ *■ , : ; i. ' ■'
******""1 ^ M
Ammïen > 1. x v x j c. io. Nos Médecins décideront fi
un tel. poifon exifte* Quant à moi \ fincline à croire
que la méchanceté du Public imputoit des accidens
r^türefc AiJÎ crimes fuppofés de Ilmpér^tricé Euiebia*
V i)
a o S li i f t a i r e d e la d e ç a d e n c e
1
de VEmpirc Kom. C h a p . X I X . 3T5
(iâeice projet* & fon fils réiolut de ftùre^ '
*préfpnt de c e t obelifque à l’ancienne ca-
m itaîe’ de l’Em pire*, O n conftruifit un
<vaifleau d’une grandeur & ;d’une force
.convenables pour tranfporter des bords
td ip N îl à ceux du T ibre cette ma.lïe énor
m e de gran it, d ’environ cent quinze pieds
, ;d e longueur. ’ L ’obélifque dé Conftapce
4fut débarqué à peu près à une lieue de
lia v ille , èç élevé, à force d’art & de tra-
; v a il, dans le grand cirque de R om e (46).
v Confiance apprip une nouvelle alar- G«wre «ai-'
.m a n te , qui lui fit quitter R om e 'avec pré- &Ti«
“cipitation. Les provinces d’Illyriç étoient
. 3dans- l e danger le plus prefFant. Les em -
i barras de là guerre civile , la fleur des j
; ^légions m oiiïbnnées k là bataille funefte
>de Mrçrfa, avoient expofë Cés contrées
' ■-.V.,1- ■ ' 1
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m il 1 ii~
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t 1 1 ■ —.
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X V o yez D o n a t- R o m a a n tig u a , 1. n i , c. 14 ; 1.
ÎA & )
ï v , c. 12 , & la DiiTertacion favan te, quoiqu’obf-
‘ cure, dé Bargæus fur les obélifques, inférée dans le
^quàtnèoie volume de G rœ viu s, Antiquités Romaines,
^p; 1Ç97-r9 DifTertatioa çft dédiée au Papé
3
éléva Fobéliique de Confiance rîafes
la place * en face; de l’égiifc de St* Jeandç Latraj|i/
3 16 Hijloire de la décadence
prefque fans défenfe, aux çourfes de la
cavalerie légère des Barbares, & parti
culièrement aux incur fions des Q uadi,
nation puiilknte Sc féroce de Germ anie,
qui, depuis leur alliance avec les Satinâtes
fu gitifs, fembloient s’être formés dans
la manière ;de combattre & dans la dif-
cipline militaire (47). Les garnifons de
la frontière ne fuififôient pas pour les
arrêter; & l’indolent Monarque fut enfin
obligé dé rappeler des extrémités de
fes Etats , l’élite des troupes Palatines,
& de le mettre lui-même à leur tête.
Cette guerre .l’occupa férieufement pen
dant une campagne entière , durant
l'automne qui la précéda, & le printemps
dont elle fut fum e. L ’Empereur palïà le
Danube fur *un pont de. bateaux , tailla
en pièces tout ce qui fe.préfenta devant
lu i, pénétra dans le "coeur du pays des
Q uadi, leur rendit.avec ufuré les màüx
X ij
314 Hijioire de la décadence
mèrent fecrétement une négociation
avec Tamfapor (49)- Ces ouvertures de
paix, traduites en Langue perfane, &
rédigées dans le «yle flatteur Se fer
vile de TAfie , furent portées dans le
camp du grand R o i, qui réfolut de faire
favoir aux Romains , par un Am bafladeur,
les conditions qu’il daignoit leur accorder.
N arsès, qu’il revêtit de ce cara& ère, re
çut toutes fortes d’honneurs dans le cours
'de fon voyage depuis Antioche jüfqu’a
Conftantinople. Arrivé à Sirmiurh après
une longue route , il reçut fa première
audienfce, Sc «développa le voile de foie
qui couvroit la lettre hautaine de fon
orgueilleux Souverain. Sapor, Roi des
R o is, frère du Soleil Se de la Lune, féli-
citoit fon frère Conftance C é fa r, de ce
qu’il avoir puifé de la fagefle dans l’ad-
veriité. Comm e légitime fuccefleur de
Darius Hyftapes, Sapor . afluroit que la
rivière de Strymon en M acédoine étoit
(49) Amtnien, x v i , 9.
de tEmpire Rom. Chap. X IX . 3 %f
^ancienne & véritable borne de fôn
Empiré ; mais que par ün excès de m o
dération ,11 fe contenteroit des^provinces
d’A rm énie & de M éfop otam ie, qu’on
avoit frauduleufeiment enlevées à fes
ancêtres : ajoutant que fans cétte refti-
tution , il étoit impoffible d’établir une
paix folide entre les deux E m pires, &
que fi Ton AmbaÎïadeur ne rapportoit
pas une réponfe fatisfaifante, il étoit pré
paré à foutenir, dès le printemps fu ivan t,
la juftice de ia caufe par la force de
Les armes invincibles. N a rsè s, doué du
caractère le plus affable & lé plus con
cilian t, tâcha d’ad o u cir, autarit que fon
devoir le lui-perm ettent, la hauteur dé
cette propofi'tion (50). L e C onfeil Im
périal , après avoir mûrement pefé le
Vf
344 Hijlóire dé la decadence
& le zèle de les Courtifans cher choient
en va in , dans la guerre de P eriè, un
évènement qui pat flatter l’Empereur,
tandis que Julien , à qui il avoir con
fié les G aules, çtoit comblé d’honneur
par le récit fimple & n aïf de fes exploits.
TnfiCloa de
Ja Gaule par
Dans l’aveugle acharnement de la dis
les ¿«irnains. corde civile , Confiance avoit abandonné
aux Barbares de la Germanie les contrées
de la Gaule qui obéiffoient encore à fon
rival. U n nombreux effaim de Francs
& d’Allemands furent invités à pafïer
le R hin, par des préfens , des promeflès,
l ’efpoir du pillage, & le don de toutes
les terres qu’ils pourroient envahir (64).
Mais l’Em pereur, qui, dans un embarras
momentané, avoit eu l’imprudence^ d’at
tirer ces hôtes deftrucleurs , fentit bien
tôt combien il étoit difficile de faire
1
* Hijîoirede ta décadence '
campagne iuivante un plan fage d’opéra*
tions. Julien lui-même , à la tête du refte
des vétérans '& de quelques nouvelles le- .
vées que la C o u ra vo it perm ifes, pénétra
.hardiment dans les retraites des G er-
/ i - ¥ i i,
mains J: il rétablit
\ avec foin les fortifi-
cations de Saverne , dont ' la pofition
avantageufe pouvoit également arrêter
les incuriions 6c la retraite de l’ennemi.
D ’un autre c ô t é , Barbarie), Général
d’infanterie, s’avançoit de M ilan avec
une armée de trente mille hommes; 6c,
après avoir paile les m ontagnes, fe pré-
paroit à jeter un pont fur le R hin au x .
environs de Bajîl. O n devoit s’attendre
que les Allemands , ferrés des deux
côtés par les armées R om aines, feroient
bientôt forcés d’évacuer les provinces de
la G a u le , 6c s’em preilèroient à marcher
au iècours de leur pays natal; mais l’ef-
poir de la campagne fut perdu1 par l’in^
Z ni
3j 8 ffijloirè de la décadence
Les Allem ands, délivrés de la crainte*
' - * ■ r V-
' tion qüe dans les Oraifqns & dans les/Epîtres de Jij-
;lien* L e Difcours adreffé aux Athéniens contient un
jécit. ex-aéfc de la guerre contre les Germains,
C8 0 "; V o y e z Ammien , X V iï, i , i <j ; x ^ ï i i , a ;
f*,
Tome I V . À-a
j 70 ffijîeire de la âe’càdenee
maine , forent la proie des flammes ;
'& Céfar avança hardiment dans l’efpace
de dix m ille s, où il fut arrêté par une
forêt ibmbre & im pénétrable, minée de
paflages fouterrains qui menaçoient à
chaque pas l’aftaillant d’embûches fecrètes,
& la terre étoit déjà couverte de neige.
Julien, après avoir réparé un ancien châ
teau bâti par T rajan , accorda une trêve de
dix mois aux Barbares confternés. A l'ex
piration de la tr ê v e , Julien entreprit une
-fécondé expédition au delà du R h in , pour ,
Jiumilier l’orgueil de Surmar & d’O rtaire,
deux Rois qui avoient combattu à la
bataille de Strasbourg. Us s’étoient en
gagés à rendre tous les prifonniers R o
mains 'qui exiftoient encore \ &c Céfar
~e’étant procuré dans les villes 8c danS
•les villages de la Gaule une lifte exaéte
des habitans qu’ils avoient perdus, dé-
couvroit toutes les tentatives qu’on faifoîc
pour le tromper , avec une promptitude
$i une facilité qui foi donnèrent prefque
la réputation d’une intelligence furnacu*
de VEmp ire X om C H A P . X IX . 5 7 1
relié. $a troifième expédition fut encore
plus brillante Ôc plus utile que les deux
précédentes. Les Germains avoient raf-
femblé toutes leurs forces, & longepienc
les bords oppofés de là riviè re, dans lp
deiïein de détruire le pont, Sc de s’op-
pofer au pailage des Romains ; mais ce
fage plan de défenie fut déconcerté pat
une favante 'diverfion. Trois cents foldats
armés à la légère, partagés dans quarante
petits bateaux, descendirent‘la rivière en
iile n e e , $c eurent ordre de débarquer à
.une petite diftance des poftes de l ’ennemi.
Ils l’exécutèrent avec tant d’audace &
île célérité, que les Chefs des Barbares,
plongés dans la iécurité de l’ivreiTe , furent
fur le point d ’être iurpris au retour
d ’une fête noéturne. Sans répéter les
horreurs m onotones & affligeantes du
carnpge.êc de la dévaluation, il fuffira«
de, dire que Julien di& a fes conditions
:de paix à fix des plus puiilans R ois des
Allem ands. O n permit à trois d’entre eux
•d’examiner la févère difcipline Scia pompe
A a ij
37 ? 1 .;
martiale- cftm Romain. Suivi d&a
-vingt mille (¿attifei’^délivrés de leurs
châîhes'-, le Céfar repafla le R h in , après
avoir terminée une guerre dont le fuecès
•a été^ comparé àuït: célèbres vi&oires
remportées fu r rles-î tim b res :èc fur lès
Carthaginois. V .. *
r\ . i
Am m ten,: x v n i , L i b a n i u s * Qrat. x , p,
^ 7 ^ , ,2Slo, D e ces fept ; pofles , quatre, font aujour-
".<1lïiu “des vi !les affez confidérabl es , Bingen , i£jjà.uder-
<.u acli^Bonn, & N uy ff. L esn ro is autr es/Tri c eftmæ * Qua-
^driburgium , Caitra. Heîiculis. ou Héraclée , ne fuli-
Cftent plus; mais ü ÿ a lieu 3 e croir^ que, ipt1 le
*terrein de Qüadributgrum y lès Kolîandois ont coniftruir
fort-.de Sèheuk ¿ dont; Ie Tu->xn bleÆo Lt il yioiemment
de Vampire Rôtn. C hâÆÎXIX.
vaincus* s’ètoiên t fournis >à la. i j'ufte ?5p-',
humiliante coadiribn de îpréparer êC; d e
tranfporter les .matériaux. L e zèle actif*
d e Julien prèiTa fbuvrage ; .& tel è to it
l’eiprit' qu’il avoit répandu ; pàrm ikiès
troupes , que les auxiliaires , renonçante
à l’exemption des travaux, entreprènpiént
lès plus fatigans avec .ardeur, i 6c les
exécutoient avec autant d’activité que
les foldats Romains; Les foins du jeune
Çéfar ne fe bornèrent point à la sûreté
des peuples; 6c des garnifons, il fallut,
encore pourvoir a leur fub.iiftance.. La
défertjon .des uns , 6c la révolte des
autres, auroienc été la fuite fuueftfe 6c
inévitable d’une famine. L a culture dea
provinces Gauloifes avoit été interrompue
par . les calamités de la guerre mais
les foins paternels de Julien firent fup*t
pléer l’abondance de rifle voiiîne à la
difette du continent. Six cents barques-,
^
M i ■ »i J 1. ' — "T1 1 . ■, ' ' \ 1 ' >■ 11 ■ 1 — » " i " i mt m ,
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Tome I F B b
J
■. t f
\
de l'Empire Rom. CHAP. X X . 35)9,
beaucoup à augmenter la faveur qu’i l
accordoit à fes profélytes. Quelque li
berté qu’un M onarque abfolu puîilè ré-,
clamer pour lui-même Ôc pour íes paf-
lio n s , il eft évidemment de fon inté
rêt d’inlpirer à tous Ces fujets une ref-
peéfueufe obéiiTance pour les L oix natu
relles ÔC pour les engagemens civils de
la Société. M ais l’influence des meilleures
Lois: eft foible & précaire ; elles donnent
rarem ent la v e rtu , elles n’arrêteht pas
toujours le vice.; Leur autorité ne peut
ni em p êch er, ni même punir tout ce
qu’elles condamnent. Les Législateurs de
l’Antiquité avoient appelé le fecours de
l ’éducation ôc de l’opinion ; mais tous
les principes qui ont maintenu la gran
deur & la pureté de Sparte ôc de R om e,
S’étoient anéantis depuis long-temps dans
la décadence d’un Empire defporique.
L a Philofophie exerçoit encore fon doux
empire fur les efprits ; mais la caufe de
la .vertu d roit un foible fecours de la
fuperftition des Païens. Dans ces cir-
400 Hifloïre de la décadence
confiances décourageantes, un fage M a-
giftrat pouvoir voir avec plaifirle progrès
d’une R eligion qui répandoit parmi les
peuples une morale pure, bienfaifànte,
& qui recommandoit aux hommes de
tous les états l’exaékitude dans leurs de
voirs, comme la volonté d’un D ieu dont
les hommes vertueux obtiendroient des
récompenfes infinies, & qui puniroit les
méchanspar dès fuppliçes éternels* L ’Hif*
totre des Grecs fie des Romains ne pou*
voit pas apprendre a l’Univers à quel
point la révélation divine influeroit fur
la réforme des mœurs nationales ; & le
zèle de l’éloquent La& ance devoit na
turellement obtenir la confiance de C c n i-
tantin. C et habile Apologîfte paroifToit
convaincu, & ofoit aiTurer à fon Sou
verain , que rétablifÎem ent de la F oi
Chrétienne ramèneroit l’irmoeence &
la félicité du premier âg e; que le culte
du vrai D ieu anéantirok les guerres &
les difcuffions parmi ceux qui fé regar-
deroient tons com m e defcendans du
m êm e
de VEmpire Rom. C hap . X X . 3.0I
* - -,
40 8 jtiijîoite de la decadence
felori Fexpreflion d’Eusèbe, étoit enve
loppé dans les ombres’Wè l’obfcurité in
fernale , lés rayôns brillans de la lumière j
célefte éclairoient êc échauffoient les
heureufes contrées de l’Occident. La piété
de Conftaritin légitim oit tons fes fuccès,
êc l’ufage qu’il fit de la victoire démontra
facilement aux Chrétiens que leur Héros
étoit conduit & protégé par le D ieu des
armées. Là conquête d’Italie fut fuivie
d’urt Edit général de tolérance : & dès que
la défaite deLiçinius eut donné à Confi
tantin la fouveraineté entière de l’Empire y
il exhorta tous lès fu jets, par des lettres
circulaires, à recevoir les divines vérités
de la Foi Chrétienne (24). La perfuafion
il où étoient les Chrétiens que la gloire de
Conftantin ièrvoit d’inftrument aux dé
crets de la P rovidence, imprimoit dans
leur imagination deux idées qui fervoient
Loyauté & également à faire réuflîr la prophétie. Leur
chrétien! fidélité active épuifoit en fa faveur toutes 2
4
/
de VEmpire Rom. C hap. XX. 411*
fie & le zèle d elà R eligion diminuèrent
înüetifiblement l’horreur que les Chré
tiens avoient il long * temps confervée
pour le meurtre & les Combats. Dans
les Conciles qui s’aiTemblèrent fous la
protection de C onftantin, les Evêques
ratifièrent par leur autorité l’obligation
du ferment m ilitaire, & infligèrent la
peine d'excommunication atix foldats
qui quittoient leurs armes durant la paix
de l’Egliie (z 7). Tandis que Conftantin
augmentoit dans fes Etats le nombre êc
le zèle de fes fidèles partifans, il fe
procufoit une faction puiflante dans les
provinces qui obéifloient encore à fes
rivaux. U n e méfiance un méconten- 17
*
/
de VEmpire Rom. C hap. XX. 415
à vaincre les préjugés de fa propre édu
cation , 8c à mépriier ceux de fes iujets,
quand il fit élever au milieu de R om e
là ftatue portant une croix dans la
main droite , avec une infcription qui
attribuoic fa viétoire 8c la délivrance
-de R o m e , à la vertu de ce ligne falu»
taire ; le véritable fymboîe de la force
8c de la valeur (31). L ’Empereur fanc-
tifia, par ce même fym b o îe, les armes
de.iès foldats.*La croix brilloit fur leur
cafque. Elle étoit gravée fur leurs bou
cliers , 6c brochée fur leurs étendards. Les
emblèmes façrés dont l’Empereur ie
décoroit lui-même , n’étoient diftingués*3 1
I , / ..
(49) Le récit - de Conflantîn iemble indiquer qu’il
apperçut la croix dans le ciel avant de pafFer les Al
pes , lorqu’il pOurfnivoit Maxence. La vanité patrio
tique a placé la fcène à T r ê v e s , à Beiançon , & c. &c.
(V e y e z Tillem ont, Hift des Empereurs, t. 4 , p. 573,
(50) Le pieux Tillemont (M ém . Eaciéiiaft. t. 7 , p,
; 1317-) rejette en foupirant les aftes d’Artem ius, Vété
ran & M a rtyr, qui attefte que fes propres yeux ont
été témoins de la vifton de Conftamin.
de VEmpire Rom. C hap . X X . 431
puiiïànce de la famille F lavieh n e, Ôc ce
ig n é célefte que les Infidèles auroient
pu mépriler ( j x) , fut négligé par les
Chrétiens du iîècle qui fuivit la conver
sion de Conilantin (51). Mais les Eglifes
Catholiques de l'O rient ôc de l'O ccident
ont adopté un prodige qui favorife ou
femble favorifer le cult% de la croix.
La viiîon de Conilantin conferva une
place diiHnguée dans la légende des fu-
perftitions, jufqu’au moment où refprit
éclairé de la critique ofa réduire la gloire
Ôc éclaircir la véracité du premier Empe
reur Chrétien (53).
L e ij
43 C Hijloíre de'la decadcn.ee
contribua beaucoup fans doute à la pro*
pagation de la F o i ; mais ce Souverain,
diftingué, par la pourpre, ne furpaiToit ni
en difeernement , ni en vertu , des mil
liers de íes fujets qui avoient embraifé
de bonne foi la doctrine Chrétienne ;
2z il n’eft point du tout incroyable qu’un
fold^t ignorant ait adopté une opinion
fondée fur les preuves q u i, dans un (îècle
plus éclairé, ont fatisfait & fubjugué la
raifon d’un G ro tiu s, d’un L o c k e , &C
d’un Pafcal. Occupé t<|pt le jour du
foin de fon E m p ire, Conftantin em-*
ployoit ou affeéboit t d’employer une
partie de la nuit à lire les faintes E cri
tures & à compoier des difeours théo
logiques, qu’il prononçoit enfuite devant
des •aiTemblées nom breufes, dont l’ap-
probacion & les applaudiiTçmens étoient
toujours unanimes. Dans un très-long dif
eours qui exifte en co re, l’augufte Prédi
cateur .s’étend fur les différentes'preuves
de la fainte R eligion ; mais il appuie
avec une çomplaifance particulière, fiir
âe VEmpiré Rom. C hap . X X . 437
îes vers de la Sibylle (59), ôc fur la
quatrième Eglogue de V irgile (60), Quad
rante ans avant la naiiTance de JéTus-
C h rift, le Chantre de M a n tô u e, com m e
s’il eût été infpirë par la main célêfte
d’Ifaïe, avoit célébré avec toute la pompe
de la métaphore orientale, le retour de
la V ie r g e , la chute du Serpent, la naif-
fance prochaine d’un Enfant divin , né
du grand Jupiter , qui effaceroit les
crimes des m ortels, ôc gouverneroit en
paix l’Univers avec les vertus de fon Père»
ïl avoit annoncé la naiiTance ôc la propa
gation- d’une race célefte qui repeuple
ront le M onde e n tie r , ôc ramèneroit
E e nj
*f.j§ Mïjloire de ta deeadênëé
l'innocence & les félicités de l’âge d’or.
X e Poëte ignofoit peut-être le fens myf-
térieux defes fublimes prédictions, qu’on
,ii ignoblem ent appliquées au fils nouvel
lem ent lié d’un Sénateur ou d’un Trium-
vir (éi)j M ais fi l’interprétation plus
brillante & vraiment plus plaufible de
la quatrième Eglogue a contribué , à la
f*
converfion de Conftantîn , V irgile mé-
rite d’obtenir un rang diftingité parmi
les plus habiles Millionnaires de l’Evan
gile (6 2);
pf>
rivéilè
vogti6
esllde O n cachoit aux étrangers , & même
èc
45 8 Hiftoire de la décadence
La fourde ¡animofité qui régnoit entre
les Jurifdicliqns,eccléiiaitiques &c civiles^
embarraiFoit ie Gouvernem ent Romain.
Les Empereurs craignoient de fe rendre
"odieux & coupables en attaquant des
privilèges facrés. La diftinétion des L aï
ques & du Clergé avoir eu lieu chez beau
coup de nations anciennes. Les Prêtres
des Indes , de la Perfe , de l’AiTyrie 4
de la Judée , de l’Ethiopie , de l’E
gypte ôc de là* G au le, prétendoient tous
tirer d’une origine célefte leurs puif-
fance &c leurs poiièffions tem porelles,
& ces refpeétables inftiturions s’étôient
infeniiblemerit adaptées aux mœurs &:
( £ ç ) P lu ta rq u e n o u s a p p r e n d , dans fb n T r a it é d’ Iiis
& d 'O f ir is , qu’ on in itio ir les R o is d ’E g y p t e a u ffi-tô t
ap rès le u r é le £ io n dans T O rd re S a c e r d o ta l, lo rfq u ’ ilc
n 'é to ie n t pas P rê tre s.
4<jô Uijloire de la décadence
£tafc des Evê L ’Egîifë Catholique étoit gouvernée
ques fous les
Empereurs par la JurifdiéHon fpÎrituelle 8c légale
Chrétiens*
de dix-huit cents Evêques (86), dont
mille étoient répandus dans la G rèce, 8c
huit cents dans le Pays Latin. L ’étendue
8e les bornes de leurs difEérens diocèfes
dépendirent d’abord du fuecès des M il
lionnaires , 8c varioient relativement à
leurs fuccès, au zèle des peuples, 8c à la
propagation de l'Evangile. O n conftruifit
des églifes épifcopales fur les rives du
.N il, fur les côtes d’A friq u e , dans le Pro-
confulat.de l’A fie , 8c dans toutes les pro
vinces orientales de l’Italie. Les Evê
ques de la G a u le , de la Thrace 8c du
G g n) .
470' H ijlo ir e de- la décad en ce
au m om ent ou les abus furent réprimés
parla prudence des L o ix , les Evêques (96)
jouirent du droit de contraindre les
opiniâtres & de défendre les opprimés.
O n obtenoit pour ia vie les privilèges
les plus avantageux de la fbçiété civile,
par la" feule impofition de leurs mains.
Les Empereurs avoientexem pté le Corps
entier du C le r g é , plus nombreux peut-'
être que celui des légio n s, de tout fer-
vice public ou particu lier, des offices
jmunicipaux , de toutes les taxes ou
contributions personnelles qui écrafoÎeni '
leurs concitoyens. Les devoirs de leur
fainte profeffion étoient cenfés remplir
fuffifamment toutes leurs obligations en-
- • ê
(104) 1
Eusèbe , Hift. Eccléfiaft. . X , c. 2, 3 , 4 .
L ’Eyêque de. Céiarée qui étndioit & flatroit le,goût
de ion Maître ^ prononça publiquement une defcrlp-
tion curieufe de l’Eglife de Jérufalëm ( In Vit. Conf.
1T iv* c, 46;)- E[le n’exîfte plus mais il a inféré dans
la Vie de; Conftantin ( L . 111, ç. 36.) un état abrégé
de PArchiteéïure & des orriemens. Il fait aufti mention
1
de î’églife dès Saints Apôtres à Conftantinople, <i v *
c. 59.
de V'Empire Rom. C haf .X X . 477
née d’un dôme, ou s’étendoit par deux bra$
en forme de croix. On fe fervoir pref-
que toujours des cèdres du Liban pour
les bois de charpente, fie de tuiles ou
quelquefois de cuivre doré pour la cou
verture ; les colonnes, les murs fie le pavé
étoient incruftés d’une fuperbe variété des
marbres les plus rares ; l’a rg e n t, l’or
& les diamans brilloient en profufion fur
les autels; fit cette magnificence avoit
pour bafe folide une vafte propriété de
terres inaliénables. Dans l’efpace de deux
fiècles, depuis le règne de Conftantin juf-
qu.’à celui de Juilinienj les dix-huit cents
églifes de l’Empire Romain s’enrichirent
des dons m ultipliés, fie toujours inalié
nables , du Prince fie de fes fujets. O n
peut .évaluer à fix cents livres fier-
lin <rs , ou environ douze à. treize mille
livres tournois, le revenu des Evêques
placés à une diftance égale de l’opu
lence fie de la pauvreté (105) ; mais il
Tome I V . Hh
4S i Hijîolre de la décadence
i ° . Sous un G ouvernem ent defpotique,
les feuls Evêques ob tinrent Se confer-
vèrent le prîviÜge ineftimable de n’être
jugés que par leurs Pairs : m êm e dans
une accufation capitale , un Synode de
leurs confrères les déclaroit innocens ou
coupables. U n T ribunal ainfi com pofé
devoit être favorable ou m êm e partial
pour l’O rdre Eccléfiaftique, à moins qu’il
ne fût enflammé par un reflentim ent
p erion n el, ou par la difcorde religieufe.
M ais Conftantin fem bloit convaincu
qu’une impunité fecrète étoit moins dan-
gereuiè qu’un icandale public ( i i 2 ) j &
t
1 >... ■ 1 ■ 1» 1 ■■ 1 . - ■ ■ ■ - - *i '*1 1— •• 11
f
de VEmpire Rom. C h a p . X X . 493
étoit louable fans doute ; niais les effets?
gjgfBfent pas toujours falutaires. Les Pré*
dicateurs recom m andoicnt la pratique des
devoirs
,
d e là S o cié
(
té , mais ils exaltoient
1
la perfection de la vertu monaftique ,
auffi pénible à l’in d ivid u , qu’inutile au
genre humain. Leurs charitables exhor
tations tendoient vinblement à donner
au Clergé le droit de diipofer de la for
tune des fidèles opulens , fous prétexte
de foulager l’indigence. Les plus fublimes
repréfentâtions des L o jx divines 6c de
fes attribu ts, étoient défigurées par un
mélange de iubtilites m étaphyiiques, de
cérémonies puériles, Ôc de miracles fa
buleux ; 6c ils appuyoient avec le zèle le
plus ardent fur le pieux mérite d’obéir
aux M iniftres de l ’Eglife , 6c de détefter
faintem ent tous fes adverfaires. Lorfque
.y1-»,. -yk .V
TA B L E
p e s M a tiè r e s c o n te n u e s d a n s c e q u a tr iè m e
V o lu m e .
50% T a b l e
4
Les P roco n fu ls ¿ V ic e - P r é fe t s . So
L e s G ouverneurs des P ro v in ces. 8z
O fficiers M ilita ir e s .
91
D ijîin c lio n des troupes. 97
R é d u é lio n des lég ion s. lo i
D if f ic u lt é des enrôlem ens. 104
O n augm ente le nombre des B a rb a res a u x ilia ir e s .
. 108
S ep t M in ifir e s d u P a la is * 112
L e > G f$ n d -M a ître des O ffices* ï 14
L e Q u e fie u r . 1.16
L e T réforier p u b lic* 110
L e Tréforier. '■ fiarûciftur*r; ;7 I2 Z
L e s Com tes dés â o m efiiqu es « IZ5
A g e n s ou E /p io n s de l à Cour* 1 2j
L ’ ufage des tortures* 119
L e trib u t général ou VindtÛion* ns
T r ib u t en form e de ca p ita tion 143
'\ Im p ô t f u r le commerce * U in d ü firie , 151
D o n s g ra tu ù s* ns
C araSèrê de C o n ß a n tin , 16 0
S es vertus, 16 2
S e s vices , 1 64
V e n u s de C rifp u s* 171
A* D* sitf.
Oftohr. io. Jaloufie de C o n ß a n tin * !74
A- D- í 16
Juillet.
*
D îfg r a ce 0 mort de C r ifp u s ï 176
L T m p é r a tr ic e F a u fla * 180
L e s f i l s & les neveux de C o n ß a n tin * 1 S5
/
d e s ' M a t i è r e s , 5°3
JLcur éducation. 18 7
M œ u r s des S arm ai es. 191
G u erre des G o th s . 198 A. D. $3j*
E x p u lfio n des S a rm â tes. 20} A* D* 33 4«
F a ctio n s à la C our . 2O5)
M a jfa cre des P r in c e s . 2 12
D iv ifio n de V E m p ir e . 2 l6 A* D. 337,
Sept,11,
S a p o r 5 R o i d e P e r je . 217
A. D, 3xo*
E t a t d e la M é fo p o ta m ie & de VArtriênie. 220
A. D. 337-
G u erre de P e r je . 215 360.
B a t a ille de S in g a r a . 2 1 6 A. D. 34S.
S ièg e de N iJ ib is. 2 }0 A. 0.33?,
34^»3 f 0,
Guerre civ ile j & m ort de C ô n fla n tin . 236 A. D. 340.
Mars.
M eu rtre de Confiant., 238 A D.3ço*
Février.
M a g n en ce & V étra n io prennent la pourpre. 242 A* D. 3fo.
Mars 1.
Conjlance refu fe de traiter. 245 A. D. 350.
Confiance dépofe V étra n io. * . 248 DA. D.
tcem br. z
F a it la guerre à M a g n en ce. 253 A. D.3$1.
Conquête d ’I t a l i e . 263 A, D. 351.
D ernière d é fa ite & m ort de M agnence. 266 A. D. ; f 3.,
Aoüc jo«
Pouvoir des E u n u q u e s. 271
E d u cation de G a llu s 0 de J u lie n . 27 6
G a llu s d écla ré Céfar. 278 A. D. 3j r.
Mars
Cruauté & im prudence de G a llu s . 280
M ajfacre des M in ijlr e s de V E m p ereu r. 283 A. D. 3$4.
E an g ereu fe J îtu à tio n de G a l l u s . 287
D tfg ra ce & m ort de G a llu s . 289 3
A .D . H*
Décembre.
i v:; : 504 - T ablé
A.d . 5çf- J u lie n efi envoyé à A th è n e s . 20 5
Mai‘ J u lie n e jl ra ppelé à M ila n , - 298
393
» es M a t i è r e s . 505
E d it d e M ila n , A , t >* $
395 Macs*
Théorie & p ra tiq u é à*obéijfance pajpve. 401
D r o it divin de C o n jla n tin . 405
L o y a u té & ¡(èle dit p a r ti C hrétien . 408
■s
L e L a bo ru m ou étendard de la C r o ix . 4 ' 4-
A p p a ritio n d ’ une c r o ix dans le ciel. 42 6
L a converjton d e C o n jla n tin pouvait être fin cère.
, . - - ÿ ■; ; - -,v 43 *
D év o tio n ù p riv ilè g e s de C o n jla n tin , 4 3 *■.
R em ife de fo r t baptêm e au m om ent de f a m ort.
441
P ro p a g a tio n d u C h r ijlia n ijm e . - ■ 447
Changem ent de la R e lig io n nationale. . 45 4
D ijlin é lio n entre la p u iffa n ce J p ir it i telle & la
puijfance tem p o relle. 45 5
E ta t des E v ê q u e s f o u s Ig ffd m p ereu rs C hrétiens.
460
I . E le â io n des E v ê q u e s pia f le peuple. •' 461
IJ. O rdination du C lerg é, 467
I I I , P ro p riétés. - 475
I V , J u r ifd ié lio n civ ile. 480
V , Cenfures fp ir itu e lle t:, 485
V I . L ib e r té de p rêcher. 1 490
V I I , P riv ilèg e d ’Â Jfem blées lég ijîa tiv es. 494
fi