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Commerce electronique ou electronisation du commerce ?

Alain Rallet
Dans Réseaux 2001/2 (no 106), pages 17 à 72
Éditions Lavoisier
ISSN 0751-7971
© Lavoisier | Téléchargé le 15/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 197.206.172.203)

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COMMERCE ELECTRONIQUE
OU ELECTRONISATION
DU COMMERCE ?

Alain RALLET
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© Réseaux n° 106 – FT R&D / Hermès Science Publications – 2001


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L e commerce électronique est un doute promis à un bel avenir, et ce
pour deux raisons. Tout d’abord, les modes qui le portent par vagues
successives ont du mal à passer un été, un hiver ou un printemps.
Les cycles de ces modes sont d’ailleurs de plus en plus courts. La première
mode, le B to C, fut enterrée aux Etats-Unis fin 1999, début 2000. Seul le
père Noël semble encore y croire tant la presse nous le présente chaque fin
d’année comme le sauveur possible du B to C (« et si les consommateurs
faisaient cette année leurs courses de Noël sur le Net… »). Lui succéda celle
du B to B qui ne passa pas l’été 2000, prolongée malgré tout à l’entrée de
l’hiver par une queue de comète, celle des places de marché électronique,
aujourd’hui menacée de disparaître aussi dans la trappe à consultants. Puis
vint l’étoile filante du m-business : sitôt aperçue, sitôt assombrie par les
moroses prédictions sur l’avenir de l’UMTS. L’observateur regarde d’un œil
amusé ces modes éphémères, séduit même par la capacité des e-magiciens
de sortir autant de lapins de leur chapeau. La situation est moins drôle pour
les investisseurs car ces croyances – assez proches de l’auto-intoxication –
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ne sont pas que des spéculations, elles suscitent des décisions
d’investissement et surtout des moyens de financement. En gros, pendant la
mode un investisseur pourra se faire financer sans discernement, après plus
personne ne voudra le financer. Il n’y a pas que le commerce qui se binarise,
son financement aussi.

Mais la fuite en avant permanente qui consiste à brûler ce qui a été encensé
hier finit par entamer la crédibilité du discours. De sorte qu’aujourd’hui la
dernière mode est de douter du commerce électronique lui-même. On rejoint
ici le second doute, un doute d’existence car personne ne sait au juste ce
qu’est exactement ce phénomène dont on parle tant. On le trouve rarement
défini, même dans les articles savants. Et lorsqu’on s’y essaie, c’est la boîte
de Pandore : quatre lectures et c’est déjà un florilège de définitions. Aussi la
prudence commande-t-elle de refermer le couvercle et de faire comme si
chacun savait. Le commerce électronique semble voué à n’être qu’une
évidence.
20 Réseaux n° 106

Une évidence promise au plus bel avenir. Car les chiffres l’attestent. Des taux
de croissance à deux chiffres, voire à trois chiffres sont régulièrement
annoncés. Encore n’a-t-on encore rien vu : la croissance exponentielle est pour
demain. Il est rare de trouver un graphique où la courbe de croissance ne
marque pas un brusque point d’inflexion à t + 1. La quasi-totalité de ces
chiffres n’ont aucun fondement méthodologique : le lecteur ne sait pas ce
qu’ils prennent en compte et encore moins comment les calculs ont été
effectués. Mais ils ne sont pas dénués d’intérêt car ils indiquent les croyances à
défaut de mesurer le phénomène. Or les croyances convergent et on n’y fera
pas exception : le commerce électronique est sans nul doute appelé à se
développer. Comment ? Personne ne le sait trop. Mais sûrement, oui.

On se trouve ainsi confronté à une prescription paradoxale : « du commerce


électronique, tu douteras ; de son avenir, non ». C’est un peu la situation
actuelle, sorte de mélange entre un scepticisme déclaré sur le phénomène lui-
même et la forte conviction qu’il a un avenir. D’où la question à laquelle cet
article tente de répondre : comment l’objet d’un doute peut-il être
simultanément investi d’un avenir ?

Pour cela, dans un premier temps, on met en évidence la difficulté éprouvée


à définir et à mesurer le phénomène du commerce électronique. Après avoir
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rappelé la diversité des définitions, l’article propose successivement de
limiter le champ – souvent trop large – des activités concernées puis
d’ouvrir, au sein de ce champ, la définition – souvent trop restrictive – du
commerce électronique. On propose d’ailleurs d’abandonner la catégorie de
commerce électronique qui ne peut, par nature, rendre compte du
phénomène dont nos croyances s’accordent à penser qu’il a un avenir. On
lève ainsi le paradoxe car ce n’est pas le phénomène qui est en question mais
sa forme actuelle d’énonciation.

La seconde partie est descriptive. Elle propose un état des lieux des diverses
formes du dit commerce électronique à partir des chiffres disponibles, hélas
peu fiables. Une recension de sources d’information sur le commerce
électronique disponibles sur l’internet figure à la fin de l’article.
Commerce électronique 21

DU COMMERCE ELECTRONIQUE A L’ELECTRONISATION


DU COMMERCE

Nul ne peut ignorer que le commerce électronique est promis à une forte
croissance en raison du développement mondial de l’internet et de la
progression rapide de l’accès à ce réseau dans les pays développés. On se
plaît aussi à souligner qu’il a déjà connu une forte croissance ces dernières
années, sans toutefois représenter encore une part significative du commerce
mondial (environ 2 % actuellement, selon la plupart des rapports de sociétés
de consultants).

Le commerce électronique n’est cependant ni un phénomène nouveau, ni un


phénomène simple à délimiter et encore moins facile à évaluer. On est tout
d’abord confronté à la diversité des définitions et, de là, des mesures.
Clarifier ce dont on parle implique de répondre à deux grandes questions :
– où s’arrête le commerce électronique ?
– où commence le commerce électronique ?

Il faut en effet d’abord préciser ce que le commerce électronique n’est pas, à


savoir quelles sont les activités que l’on ne comptabilisera pas comme
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appartenant au champ du commerce électronique. Ce faisant, on réagit à des
définitions trop extensives en écartant certaines activités. Puis, au sein des
activités considérées, vient la seconde question : à partir de quand le
commerce ainsi délimité devient électronique ? Où passe la frontière entre le
commerce électronique et le commerce traditionnel ? On adoptera sur ce
point une définition non restrictive au point de refuser toute pertinence à
opposer ces deux types de commerce.

Diversité des définitions et des mesures

Il existe une grande variété de définitions, plus ou moins extensives, du


commerce électronique. On doit donc prendre avec beaucoup de précautions
les chiffres qui circulent. Seuls les taux de croissance annoncés paraissent
peu contestables : un phénomène parti de rien connaît par nature un taux
élevé de croissance initiale…

L’encadré 1 donne une illustration de cette diversité.


22 Réseaux n° 106

Encadré 1. Quelques définitions du commerce électronique

« Le commerce électronique désigne l’ensemble des transactions marchandes


effectuées sur un réseau électronique ouvert par l’intermédiaire d’ordinateurs
ou d’autres terminaux interactifs. » Rapport Lorentz (1999).
« Le commerce sur l’internet est une partie de l’économie de l’internet. Il
recouvre la vente de produits et de services aux consommateurs ou aux
entreprises sur l’internet. » Center for Research in Electronic Commerce,
University of Texas, Austin (1999).
« Le e-business désigne tout processus conduit par une organisation marchande
sur un réseau d’ordinateurs. Le e-commerce représente toute transaction
effectuée sur un réseau d’ordinateurs et impliquant le transfert du droit de
propriété ou d’usage de biens ou de services. » US Bureau of Census (2000).
« Le commerce électronique désigne en général toutes les formes de
transactions commerciales, associant les particuliers et les organisations, qui
reposent sur le traitement et la transmission de données numérisées,
notamment texte, son et image et qui ont lieu sur des réseaux ouverts. »
OCDE (1997).
« Le commerce électronique permet de ‘faire des affaires électroniquement’.
Il est fondé sur le traitement électronique et la transmission de données, y
compris textuelles, sonores et vidéo. Il couvre des activités multiples et
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diverses, et notamment le commerce des biens et services, la livraison en
ligne d’informations numériques, les transferts électroniques de fonds , les
activités boursières électroniques, les enchères commerciales, etc. »
Commission européenne (1997).
« Le commerce électronique est une forme de vente assimilable à de la VPC
‘en ligne’ et définie comme tout achat ou vente automatique, conclu sur un
terminal intearctif de réseau électronique. Il s’agit ici d’une définition
‘consensuelle’, le commerce électronique est une composante de l’économie
électronique. » CNIS (2001).
« Commerce au cours duquel sont échangés des marchandises, des services,
de l’information ou de la monnaie entre consommateurs et fournisseurs et
s’effectue un transfert de propriété entre des entités économiques. Une telle
définition ne limite pas le commerce électronique à la commande, la
fourniture et le règlement mais inclut aussi une large gamme d’activités
commerciales autour de ces fonctions. Plus précisément, la provision
d’informations, le référencement des produits, les prévisions commerciales,
les services des agences commerciales et autres activités réalisées avant ou
après la commande et dont la relation à la commande peut être spécifiée sont
comprises dans le commerce électronique. » ECOM & MITI (2000).
Commerce électronique 23

On ne s’étonnera pas que des définitions aussi variées donnent lieu à des
mesures très contrastées de l’ampleur du phénomène. Ces mesures vont de
plus de 1 à 101.

Prenons un seul exemple. Dans le rapport réalisé par ECOM (agence de


promotion du commerce électronique au Japon relevant du MITI) et
Andersen Consulting sur le développement du B to C au Japon
(http://www.ecom.or.jp/ecom_e/report/full/market.htm), les deux postes les
plus importants du marché du commerce électronique en 1999 sont la vente
de biens immobiliers et la vente d’automobiles (26 % chacun du marché),
loin devant les postes habituels (PC = 15 %, Voyages = 7 %, Finances =
5 %, livres et CD = 2 %…). Or l’étude stipule que les ventes de ces biens
immobiliers et de ces automobiles n’ont pas été réalisées en ligne mais
résultent de l’information disponible sur les sites des vendeurs directs ou des
intermédiaires2. Or de nombreuses autres études s’en tiennent aux ventes
effectuées en ligne, faisant apparaître les produits informatiques, les voyages
et le divertissement comme les trois postes dominants (voir plus loin) et une
taille globale du marché inférieure.

Un bref examen des citations ci-dessus indique que deux grandes questions
doivent être préalablement clarifiées avant de pouvoir de s’attaquer à une
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définition du commerce électronique :
– quelles activités relatives au commerce électronique relèvent du
commerce ?
– faut-il prendre en compte le commerce électronique sur l’internet ou sur
tous les réseaux supports ?

Des infrastructures de réseau au commerce électronique proprement dit

La conception que l’on a du commerce électronique varie selon que l’on


retient tout ou partie des couches qui constituent son système technico-
économique (voir graphique 1, emprunté à l’OCDE, qui propose une

1. Dang N’Guyen in BROUSSEAU et RALLET, 1999, OCDE, 1999, US Department of


Commerce, 2000, Brousseau, 2001.
2. L’étude (réalisée sur la base de questionnaires) prétend avoir pu établir un lien clair entre
les informations sur les sites et les ventes. Le lien est facilement identifiable lorsque la vente
passe par un intermédiaire qui renvoie l’acheteur vers le vendeur du bien. Il est plus délicat à
établir lorsque l’information a été consultée sur le site du vendeur.
24 Réseaux n° 106

typologie des définitions du commerce électronique des plus larges aux plus
étroites), ce qui conduit à des définitions et des mesures différentes.

Graphique 1. Typologies des définitions du commerce électronique

Grand public
avec
paiement
électronique

Grand public

Interentreprises

Infrastructure du commerce électronique

Transfert électronique de fonds + transactions par carte de crédit


Infrastructure de l’internet
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Source : OCDE (1997)

Les définitions les plus larges englobent jusqu’aux activités liées à


l’infrastructure de réseau, matérielle et logicielle, qui sous-tend le
fonctionnement de l’internet : routeurs, serveurs, logiciels d’administration
du réseau, plates-formes logicielles pour le commerce électronique… Une
telle définition doit être doublement rejetée. D’une part, elle inclut des
activités qui supportent l’ensemble du fonctionnement de l’internet et pas
seulement la partie consacrée au commerce électronique. D’autre part, elle
range l’infrastructure nécessaire au commerce électronique comme une
composante de ce commerce. C’est comme si les dépenses d’aménagement
urbain et routier permettant l’accès aux centres commerciaux périphériques
et les coûts de construction des bâtiments commerciaux étaient décomptées
dans le chiffre d’affaires du commerce.
Commerce électronique 25

Les larges décomptes ont toutefois l’avantage de présenter le commerce


électronique comme une activité ayant d’ores et déjà un poids économique
important, puisque toute l’industrie informatique et télécoms en fait de facto
partie. Ainsi défini, il peut aussi être présenté comme une activité rentable
car les grands et seuls vrais bénéficiaires actuels du « commerce
électronique » sont, à la suite d’une image souvent reprise, ceux qui ont
vendu « les pelles, pioches et campements aux chercheurs d’or ».

L’entreprise Cisco qui vend des routeurs (par lequels passe 80 % de


l’information mondiale sur l’internet) et des solutions réseau aux entreprises
est ainsi souvent présentée comme la première entreprise de commerce
électronique. Or Cisco emploie aujourd’hui 31 000 personnes dans plus de
100 pays et est devenue récemment la première capitalisation boursière
mondiale devant Microsoft. Il est vrai que 80 % de ses commandes sont
traitées via son site web, ce qui représente environ 25 millions de dollars par
jour et en fait une des premières entreprises de commerce électronique. Mais
le cas d’une telle entreprise, leader mondial vendant des solutions réseau à
d’autres entreprises (principalement des grandes entreprises et des opérateurs
télécoms) via son site web, est très particulier.

Une autre définition large du commerce électronique inclut toutes les


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transactions électroniques y compris les transactions par carte de crédit et
l’infrastructure nécessaire au fonctionnement du commerce électronique.
Intégrer cette strate (transferts électroniques de fonds et transactions par
carte de crédit) au commerce électronique ne permet pas d’appréhender la
véritable ampleur du phénomène. En effet, cette strate représente un volume
d’échange sans commune mesure avec le reste du commerce électronique.
Là encore, c’est comme si on intégrait l’activité bancaire au secteur du
commerce traditionnel.

Enfin, une définition plus restrictive s’en tient aux achats et ventes de biens
et de services effectués sur une infrastructure de réseau, qu’ils soient payés
ou non, livrés ou non en ligne.

Faciliter la compréhension du commerce électronique et mieux cerner le


« commerce électronique stricto sensu » implique de décomposer le
« commerce électronique au sens large » en plusieurs niveaux ou couches.
26 Réseaux n° 106

L’US Census décompose ainsi « l’économie électronique » en trois


niveaux3 :
– Niveau 1 : l’infrastructure de l’e-business, c’est-à-dire « la part de
l’infrastructure économique utilisée pour supporter des processus
électroniques marchands et développer des transactions de commerce
électronique ».
– Niveau 2 : l’e-business : « any process that a business organization
conducts over a computer-mediated network channels. » Les business
organizations peuvent inclure des organisations gouvernementales ou non
lucratives.
– Niveau 3 : l’e-commerce : « any transaction completed over a computer-
mediated network that involves the transfer of ownership or rights to use
goods or services ». Selon cette définition, il y a commerce électronique si
l’acheteur et le vendeur réalisent en ligne le transfert du droit de propriété
(le critère n’est donc pas le paiement en ligne). On comprend alors le niveau
2 comme ce qui entoure le transfert du droit de propriété en amont et en aval
(consultation de catalogues, mise en place de places de marché électronique,
gestion de stocks, logistique, services ex-post…).

La décomposition en 4 couches proposée par le Center for Research in


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Electronic Commerce (CERC) de l’Université du Texas (voir Barua, Pinell,
Shutter et Whinston, 2000 et The Internet Economy Indicators,
http://www.internetindicators.com) est plus précise4 :
– Couche 1 : les activités liées à l’infrastructure de l’internet, c’est-à-dire
les fournisseurs de backbones (ex. : Qwest), d’accès (Internet Service
Providers tel AOL), d’équipements et de logiciels de réseau (ex. : Cisco), les
producteurs de PC et de serveurs (ex. : Dell), les vendeurs de solutions de
sécurité (ex. : Network Associates)…
– Couche 2 : les applications de l’internet qui rendent possible l’activité
commerciale en ligne, c’est à dire les consultants de l’internet, les
applications de commerce électronique (Netscape, Microsoft, IBM..), les
applications multimédia (Realplayer, Macromedia..), les logiciels de
développement du web (Adobe..), les concepteurs de moteurs de recherche
(Inktomi...), les bases de données web (Oracle, IBM...).

3. MESENBOURG, 1999.
4. Les études du CERC sont sponsorisées par Cisco.
Commerce électronique 27

– Couche 3 : les intermédiaires qui facilitent la rencontre et les interactions


entre acheteurs et vendeurs sur l’internet, c’est-à-dire les organisateurs de
marchés (ex. : plates-formes de commerce électronique B to B), les agences
de voyages en ligne, les courtiers en ligne, les portails, les sites d’enchères
comme E-Bay, la publicité en ligne…
– Couche 4 : le commerce proprement dit (vente de produits et de services à
des consommateurs ou des entreprises sur l’internet), c’est-à-dire les
commerçants électroniques (Amazon.com), les industriels vendant en ligne
(Cisco, Dell…), les compagnies aériennes vendant leurs billets en ligne, les
services de divertissement…

Cette décomposition permet de distinguer les activités relatives à la gestion


du réseau de l’internet (couches 1 et 2) de celles relatives au développement
du commerce sur l’internet (couches 3 et 4). Nous limiterons le champ
couvert par le commerce électronique aux couches 3 et 4.

La décomposition est difficile à mettre en pratique car ces activités sont liées
entre elles et sont d’autant moins directement observables qu’elles font
souvent l’objet d’une intégration verticale. Des entreprises comme AOL ou
Microsoft interviennent dans plusieurs couches à la fois. En dépit des
réserves qu’ils suscitent, les chiffres suivants donnent une idée de
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l’importance relative de chacune des couches dans l’économie de l’internet5.

Selon cette estimation, le poids de l’économie directement liée au


e-commerce (couches 3 et 4) serait, aussi bien en termes de revenus que
d’emplois, un peu inférieur à celui de l’économie du réseau de l’internet
proprement dit (couches 1 et 2). La couche d’intermédiation est celle qui
croît le plus rapidement mais représente relativement peu d’emplois. La
couche 4, celle du commerce électronique proprement dit, est celle qui
emploie le plus de personnes mais progresse moins vite en termes de revenu
que les autres couches. A noter qu’une faible part de cette économie provient
des « dot.com » (firmes dont 95 % de leur chiffre d’affaires est dérivé de
l’internet) qui ne représentent que 9,6 % du revenu et 11,7 % des emplois.

5. Sur les méthodes utilisées pour évaluer les revenus des activités propres à chaque couche et
leur traduction en emplois, voir Barua, Pinnell, Shutter et Whinston (2000). Ces résultats sont
basés sur une estimation portant sur 3 000 firmes basées aux Etats-Unis, les revenus réalisés à
l’étranger étant pris en compte.
28 Réseaux n° 106

Mais cette estimation ne tient compte que des activités sur l’internet. Or le
commerce électronique n’existe pas que sur ce réseau.

Tableau 1. Le poids des différentes couches de l’économie de l’internet


(firmes basées aux Etats-Unis, 2000)
Revenus estimés Taux de Emplois Taux de
(milliards de croissance attribués croissance
e e
dollars) 2 trim 2000/ (milliers) 2 trim 2000/
1er semestre 2000 2e trim 1999 fin juin 2000 2e trim 1999
Infrastructures 142,86 57,4 % 932,484 37,7 %
Applications de 72,855 58,9 % 740,673 51,9 %
réseau
Intermédiaires 64,00 84,6 % 468,689 3,9 %
Commerce 127,30 57,8 % 1033,159 8,2 %
Total (doubles 373,82 58,8 % 3088,497 22,6 %
comptes
éliminés)

Source : The Center for Resarch in Electronic Commerce, Measuring the Internet Economy,
(2001), http://www.internetindicators.com/internetindic.html
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Quels réseaux supports prendre en compte ?

Le commerce électronique existe depuis plus d’une vingtaine d’années sous


la forme de l’échange de documents informatisés (EDI) sur des réseaux
dédiés entre entreprises et grâce à des technologies comme le Minitel en
France.

En France, le Minitel est le cas le plus connu de commerce hors de l’internet.


On sait qu’il a représenté et représente encore un vecteur important du
commerce électronique en France6, même s’il est historiquement condamné
en raison du cadre purement national de la norme Téletel. De nombreux
commerçants en ligne ont la nostalgie du « business model » du Minitel qui
leur a assuré de confortables revenus grâce à la formule kiosque (formule de

6. Le Minitel représentait en 1998 6 millions de terminaux, 22 % des ménages raccordés,


25 000 services disponibles et 6 milliards de FF de chiffre d’affaires réalisé contre
2,5 milliards pour le commerce électronique sur l’internet (dont 2 milliards pour le commerce
inter-entreprises)
Source : OCDE (1998a) et http://www.declic.net/francais/savoir/dossier/chiffres.htm
Commerce électronique 29

reversement par l’opérateur d’une partie des revenus générés par les services
en ligne selon un système de paliers). Il leur a non seulement permis de se
développer mais aussi de migrer sur l’internet à partir d’un savoir faire et
d’un capital accumulés, contrairement aux start ups qui ont démarré
d’emblée sur l’internet (18 des 20 premiers commerçants en ligne sur
l’internet en France viennent du Minitel).

Mais en dehors de ce cas particulier, il faut relever que d’importants


échanges marchands ne passent pas par l’internet. Ce sont la plupart des
échanges interentreprises EDI. Ces échanges se sont développés sur des
réseaux propriétaires aux normes de communication spécifiques et bien
antérieurement à l’internet (le réseau des agences de voyage et des
compagnies aériennes, les réseaux sectoriels comme dans la banque,
l’automobile...). Or ils supportent la plus grande partie du commerce
interentreprises et possèdent des avantages que n’a pas l’internet (sécurité
des transactions, fiabilité des transmissions…). La puissance de diffusion du
protocole TCP/IP est telle qu’il est en train de se généraliser aux échanges
EDI mais avec des niveaux de protection et de sécurité qui imposeront des
réseaux fermés (Extranets).

Tous les échanges n’auront donc pas lieu sur « l’internet », au sens de réseau
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des réseaux, ouvert à quiconque dispose d’un accès à l’internet. Un volume
important d’échanges aura lieu sur des réseaux fermés adoptant le standard
TCP/IP. L’expression de l’internet comme place de marché universelle est, à
cet égard, trompeuse car elle fait croire que les échanges de toute nature
auront lieu sur une place de marché unique auquel auront accès toutes les
firmes et la population mondiale. Il y aura, comme dans le commerce
traditionnel, des marchés à accès et à supports différents selon la nature des
biens et des services et des acteurs économiques. Les évaluations du
commerce électronique doivent en tenir compte en étendant celui-ci à tous
les échanges ayant lieu sur des réseaux télématiques.

L’US Bureau of Census a adopté une telle définition (voir encadré 1) en


considérant les échanges marchands réalisés sur des computer-mediated
networks (l’internet, Intranets, Extranets, Réseaux EDI et réseaux de
télécommunication), qu’ils soient ouverts ou fermés.

Pour conclure sur ces deux points (types d’activités et de réseaux supports à
prendre en compte), nous limiterons le champ du commerce électronique aux
30 Réseaux n° 106

activités d’intermédiation commerciale et de vente sur toutes les formes de


réseaux télématiques en excluant les activités liées aux infrastructures et à la
gestion de ces réseaux.

Mais il faut évidemment tenir compte de la part des activités


d’infrastructures et de gestion des réseaux vendues en ligne (la part du
chiffre d’affaires de Dell ou de Cisco ainsi réalisé).

A partir de quand le commerce devient-il du commerce électronique ?

Une fois délimité le champ des activités pouvant être prises en compte dans
le commerce électronique, vient la question cruciale : à partir de quand, au
sein de ces activités, le commerce devient électronique ? Où fait-on passer la
frontière distinctive du commerce électronique ?

La question peut paraître métaphysique mais elle a une portée bien concrète
et intéresse au premier chef les statisticiens chargés de mesurer le
phénomène.

Ainsi, une transaction initiée par une visite sur un site électronique
(consultation de catalogue) mais dont la commande est effectuée par
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courrier, réglée par envoi de chèque et distribuée par un camion doit-elle être
considérée comme relevant du commerce électronique ? Plus subtil : est-ce
qu’une transaction effectuée à partir d’une borne électronique au sein d’un
magasin traditionnel (le billet de chemin de fer acheté sur une borne à la
gare) fait partie du commerce électronique ? Plus difficile encore : est-ce que
l’achat d’une œuvre musicale téléchargée sur un baladeur numérique à partir
d’un ordinateur situé dans une boutique et non relié à un réseau est du
commerce électronique ?

L’US Bureau of Census propose de retenir comme relevant du commerce


électronique toute transaction qui satisfait au critère de l’accord passé en
ligne entre acheteur et vendeur pour transférer le droit de propriété.

Ce critère a le mérite d’être clair : c’est celui de la commande en ligne. Selon


lui, l’achat d’un billet de chemin de fer sur une borne électronique en gare
relève du commerce électronique. Ce n’est pas le cas en revanche de l’achat
de l’œuvre musicale téléchargée sur le baladeur (l’ordinateur n’étant pas
connecté à un réseau) ou, cas plus contestable, celui d’un ordinateur choisi
Commerce électronique 31

sur un site web mais acheté ensuite par voie téléphonique (cas fréquent). On
imagine la difficulté d’application.

La position prise par les statisticiens français est assez proche7. On ne relève
guère qu’une différence : le rapport du CNIS propose une condition
supplémentaire : l’achat en ligne ne doit pas s’effectuer dans le magasin du
vendeur, même s’il y a connexion à un réseau informatique extérieur au lieu.
Dans le cas où il s’effectue dans le magasin sur une borne électronique,
l’acte d’achat est considéré comme de la vente en distributeur automatique.
Ainsi, selon ce critère, le billet acheté en ligne sur un distributeur
automatique en gare n’est pas du commerce électronique8.

Une seconde question, liée à la précédente, est de savoir s’il faut prendre en
compte l’ensemble des aspects de la transaction ou seulement l’acte d’achat-
vente lui-même. Le rapport Lorentz9 distingue à ce sujet trois niveaux de
définition du commerce électronique :
– une définition large selon laquelle le commerce électronique concerne
toute activité d’échange générant de la valeur pour l’entreprise, ses
fournisseurs ou ses clients effectuée sur des réseaux. Cette définition inclut
l’information d’avant vente, la relation clientèle, voire les échanges
purement financiers (paiement de facture…).
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– une définition restreinte couvre l’ensemble des activités commerciales
conduisant à des transactions amorcées (commande ou intention de
commande) en ligne. Il doit y avoir transaction donc génération de chiffre
d’affaires, mais pas nécessairement paiement.
– une définition étroite se limite aux transactions engagées et conclues en
ligne, paiement compris.

Ces divers niveaux de définition sont plus ou moins mesurables. La


définition la plus large est économiquement plus pertinente mais difficile à
mesurer. La définition la plus restrictive est plus facilement observable mais
ne saisit qu’une partie du commerce électronique.

L’adoption d’une définition du commerce électronique pose donc de


redoutables problèmes tant au niveau de la conception que l’on se fait du

7. CNIS, 2001.
8. CNIS, 2001, p. 53-54.
9. LORENTZ, 1999.
32 Réseaux n° 106

phénomène que du caractère opérationnel de la définition. Les problèmes de


mesure s’ensuivent.

Du fétichisme de la technologie au fétichisme de la commande en ligne

L’identification du commerce électronique à la seule vente en ligne nous


semble intenable. Elle est intenable car elle relève d’une casuistique non
opérationnelle. Pour la rendre opérationnelle (aboutir à une mesure), il faut
en faire une casuistique mais en faire une casuistique la rend non
opérationnelle. Il faut en effet examiner cas par cas si telle ou telle
transaction relève d’une vente en ligne réalisée sur un réseau télématique.
Les cas frontières sont évidemment nombreux et appelés à se multiplier et à
se complexifier avec la technologie.

On ne voit pas par exemple comment une telle définition pourrait survivre au
prochain développement de la téléphonie sur l’internet. On objectera qu’à ce
moment là, la définition du commerce électronique s’élargira naturellement
à l’usage de la commande vocale à distance. Mais pourquoi alors ne pas
inclure les commandes par téléphone dès maintenant ? Quelle différence y
a-t-il au regard d’une transaction commerciale entre une commande par
téléphone en mode paquets et une commande par téléphone en mode
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circuit ? L’exclusion actuelle de la commande par téléphone est d’autant plus
injustifiée que les deux types de commande sont davantage complémentaires
que substituables. La commande par l’internet génère de nombreux appels
téléphoniques : une des premières conditions de succès de la commande en
ligne sur l’internet est d’instituer un call center efficace pour répondre aux
appels des internautes. Il faut se garder de tout fétichisme technologique. Car
il conduit à des définitions du commerce électronique d’autant moins
robustes que la technologie est évolutive.

On ne voit pas non plus comment la définition proposée pourrait survivre à


l’intrication croissante des aspects virtuels et physiques des transactions
commerciales. Ainsi une transaction commerciale conclue hors d’un réseau
électronique de communication mais dont tous les autres aspects auraient
comme support un tel réseau ne serait pas du commerce électronique. Tandis
qu’une transaction dont la commande serait effectuée en ligne mais dont tous
les autres aspects auraient lieu hors ligne relèverait du commerce
électronique. Pourquoi accorder un tel statut à la commande par rapport à
Commerce électronique 33

tous les autres aspects d’une transaction commerciale ? Pourquoi ce


fétichisme de la commande en ligne ?
Il y a deux raisons, l’une symbolique, l’autre pratique.

La raison symbolique est que le commerce électronique a d’abord été


représenté comme une place de marché virtuelle (electronic marketplace),
une sorte de retour au marché originel transfiguré par la modernité
technologique. Tout d’ailleurs semble vouloir s’accomplir dans le virtuel :
l’entreprise, le marché, l’enseignement, la médecine, le livre… avant de voir
que l’impact principal des technologies de l’information et de la
communication n’est pas de projeter ces phénomènes dans un espace
suspendu mais de modifier les conditions physiques de leur exercice : les
procédures de coordination au sein des organisations, les infrastructures
physiques des activités commerciales et la manière de commercer, les
pratiques pédagogiques de face à face, la relation médecin/malade, l’édition
numérique des livres physiques… La littérature sur les places de marché
virtuelles a ainsi aujourd’hui cédé la place à la redécouverte des contraintes
logistiques10. L’image du commerce électronique comme place de marché
virtuelle ne tenant plus, il a bien fallu rabattre celle-ci sur une fonction
incarnant la puissance métaphorique du virtuel. La fonction de commande
était un candidat naturel car elle est la première matérialisation de
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l’engagement d’une transaction commerciale. Pour projeter le commerce
dans un espace virtuel – et donc être en mesure de parler de commerce
électronique –, il faut au moins pouvoir se représenter un acheteur
commandant en ligne, voire à distance. Pour s’en convaincre, il suffit
d’imaginer le cas contraire : quel acheteur consultant un catalogue ou
achetant sur une borne dans un magasin pourrait faire croire qu’il est un
acteur du commerce électronique ? Nous pensons, pour notre part, que cela
relève du commerce électronique. Mais il est vrai que ce commerce
électronique là, à défaut d’être virtuel, devient abstrait, irreprésentable : si
même les acheteurs en magasin font du commerce électronique, alors
vraiment qu’est ce que le commerce électronique ? Un doute destructeur
s’instaure. C’est pourquoi la commande à distance est le nécessaire précipité
de la place de marché virtuelle. On s’explique ainsi la position maximale,
« intégriste », prise par le groupe du travail auprès du CNIS (2001) : tout
achat en ligne effectué dans le magasin du vendeur n’est pas du commerce
électronique. Le commerce électronique est dès lors explicitement identifié à

10. Voir les articles de J.R. Gratadour et E. Kessous dans ce numéro.


34 Réseaux n° 106

de la vente à distance. Ironie de l’histoire : l’exploration d’un phénomène


nouveau, emblématique de la « nouvelle économie », conduit à se remettre
dans les pas d’une vieille pratique commerciale, la vente par
correspondance, au support technologique près.

La seconde raison est pragmatique. La commande en ligne (et à distance du


magasin pour le CNIS) est un critère commode pour les statisticiens. Elle
définit un phénomène facilement mesurable : il suffit d’adjoindre une question
dans les enquêtes statistiques, question à laquelle les entreprises sont en
mesure de répondre. Il est clair que toute autre définition du commerce
électronique conduirait à des mesures plus délicates, voire impossibles. Par
exemple, la reformulation du commerce électronique que nous allons proposer
peut très difficilement conduire à une mesure car les outils statistiques d’une
telle mesure n’existent pas. Faut-il dès lors se résigner à accepter une
définition du commerce électronique qui soit contrainte par sa mesure ? Non,
« car une telle définition ne permet pas de prendre en compte l’importance
des transformations que recouvre l’appellation « commerce électronique ».
Elle l’enferme dans une vision trop restrictive, prisonnière de représentations
qui le rabattent sur la vente à distance.

Mais allons plus loin : pour saisir le phénomène du commerce électronique


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et en évaluer l’importance, il faut abandonner la notion de « commerce
électronique » ou du moins en faire une catégorie particulière d’un ensemble
plus vaste, l’électronisation du commerce.

Elargir la vision du commerce électronique

L’expression de commerce électronique a un double défaut. Tout d’abord,


elle conduit, comme on vient de le voir, à faire de la fonction de commande
un facteur discriminant du phénomène qui est alors assimilé à de la vente en
ligne, elle-même conçue comme de la vente à distance. De façon fort
cohérente, il s’ensuit que le commerce électronique est traité comme un type
spécifique de commerce opposable à un commerce dit traditionnel. Ainsi
spécifié, le commerce électronique devient un indicateur de modernité. C’est
pourquoi sa mesure prend autant d’importance : la recherche d’une telle
mesure est en partie inspirée par la volonté politique de montrer que les
économies sont entrées dans la modernité de la « société de l’information »,
Commerce électronique 35

les chiffres avancés donnant une consistance tangible aux notions d’avance
et de retard consubstantielles à cette problématique11.

La réduction du commerce électronique à la vente en ligne se traduit ainsi


par deux paradoxes :
– réduire un commerce de type nouveau à une pratique commerciale
ancienne,
– limiter un phénomène à la croissance supposée explosive à une niche de
marché. Car la vente à distance est restée une niche de marché, comprise
entre 2 et 6 % du commerce de détail selon les pays. Lorsqu’on annonce que
le commerce électronique entendu comme vente en ligne est voué à une forte
progression, a-t-on réfléchi à cette stagnation historique et au fait que la part
de marché des VPCistes a diminué ces vingt dernières années ?

Il est certes possible que le support l’internet change la donne de la vente à


distance, surtout lorsqu’une connexion permanente, à faible coût d’accès et
d’apprentissage sera généralisée. La vente à distance possède à cet égard
plusieurs perspectives de développement :
– mordre davantage sur la clientèle masculine et jeune grâce au passage du
catalogue papier à la commande en ligne sur l’internet12 ;
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– gagner des parts de marché importantes dans le cas de produits et services
qui s’y prêtent : réservation de billets, achats de biens non complexes (livres,
CD, fleurs…), de biens intangibles (produits financiers et bancaires, biens
culturels) ;
– trouver non seulement des clients dans les espaces de faible densité comme
l’a toujours fait la VPC mais aussi dans les espaces d’hyper densité (cœur
des grandes métropoles).

Cela dit, bien peu de gens s’avanceraient à prédire que dans les trente
prochaines années, la part de marché de la vente à distance connaîtra un saut
qualitatif en passant par exemple de 5 % à 15 % du marché. Très
vraisemblablement, la vente à distance restera une niche de marché.

11. Tel un chiffre d’or, celui d’un retard de 18 mois de l’Europe sur les Etats-Unis en matière
de commerce électronique revient dans la plupart des études.
12. Cette perspective n’a toutefois rien de mécanique : si le poste de télévision devenait le
principal moyen d’accès à l’internet à la vente en ligne, il est clair que l’actuel cœur de cible
de la vente à distance risquerait de rester le même. Si l’internet est actuellement le royaume
des « branchés », rien ne s’oppose à ce qu’il devienne celui de Mme Michu.
36 Réseaux n° 106

Aussi, plutôt que d’avoir l’œil rivé sur la progression des ventes en ligne, il
faut voir l’ensemble des transformations qui vont affecter le commerce en
raison de la diffusion des technologies de l’information et de la
communication, notamment de l’internet, au sein de cette activité. L’erreur
est de faire du commerce électronique un phénomène particulier (la vente à
distance) quand il faut en faire un phénomène général (l’électronisation du
commerce).

Pour faire passer le commerce électronique du statut de phénomène


particulier à celui de phénomène général, il faut cesser de faire de la
commande son facteur discriminant pour examiner l’ensemble des impacts
des technologies de l’information et de la communication sur le commerce.
C’est pourquoi nous parlerons d’électronisation du commerce, l’expression
de commerce électronique étant abandonnée au profit de celle de vente en
ligne pour ne pas entretenir l’équivoque.

Vers un modèle hybride de fonctions commerciales électronisées


et de fonctions commerciales impliquant une infrastructure physique

L’électronisation du commerce touche l’ensemble des fonctions qui


composent l’activité commerciale. Mais elle les touche plus ou moins :
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certaines sont électronisées, d’autres continuent d’impliquer un support
physique. Le commerce devient ainsi un ensemble hybride de fonctions
virtuelles et de fonctions physiques. C’est ce processus d’hybridation du
commerce qu’il faut analyser plutôt que de se limiter à la seule prise en
compte d’une des fonctions, la fonction de commande.

On décompose pour cela l’activité commerciale en un certain nombre de


fonctions, plus précisément en trois grands types de fonction selon leur ordre
chronologique dans la transaction : les fonctions antérieures à l’acte d’achat
vente, l’acte d’achat-vente lui-même, les fonctions postérieures.

Les fonctions ex-ante portent essentiellement sur la recherche et la


production d’informations sur les produits et les parties à l’échange :
informations sur les prix, sur la qualité, sur la localisation des points de
vente, sur les vendeurs, les acheteurs… Elles impliquent le développement
d’activités d’intermédiation informationnelle entre acheteurs et vendeurs.
Ces activités sont par nature facilement électronisables. Elles se sont
rapidement développées sur l’internet avec l’émergence d’intermédiaires
Commerce électronique 37

informationnels (du portail au comparateur de prix). Cette rapide progression


a donné naissance à un effet d’entonnoir au regard de la commande en
ligne : la masse considérable d’informations collectées, traitées et mises à
disposition des acheteurs et des vendeurs débouche sur un petit nombre de
transactions commerciales réalisées en ligne. Mais la production et la
recherche d’informations sur l’internet peut être le moyen de déclencher des
achats dans les magasins traditionnels tout comme à l’inverse une campagne
de publicité sur des supports traditionnels peut rabattre des clients vers les
sites marchands13. Ce qui est un problème si on raisonne en termes
d’opposition entre modèle virtuel et modèle physique ne l’est plus si on se
situe dans la perspective d’un modèle hybride.

La fonction d’achat-vente qui matérialise la décision d’achat est plus délicate


à électroniser pour plusieurs raisons. Primo, il existe des biens dont l’achat
implique en dernier ressort un contact physique avec le bien ou avec le
vendeur. C’est notamment le cas pour des biens non standard, complexes qui
demandent à être examinés de près (cas des maisons, des automobiles ou des
outils de bricolage) ou requièrent une négociation ou des conseils. Secundo,
le magasin traditionnel rend davantage le client captif d’une décision
d’achat, une fois le seuil du magasin franchi, que le site virtuel qu’il est
facile de quitter. Tertio, il est rare d’acheter un bien seul. Il existe des
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externalités de consommation : l’achat d’un bien en appelle un autre sans
qu’il y ait toujours un lien de complémentarité. Les grandes surfaces
commerciales et les galeries marchandes sont fondées sur la mise en valeur
de cet « effet caddie » qui est plus difficile à contenir dans les limites d’un
site marchand sur un réseau virtuel. C’est pourquoi les commerçants sont
réticents à se passer d’infrastructures qui assurent un contact physique avec
les clients.
L’électronisation des fonctions ex-post pose encore davantage de problèmes.
Le paiement est une opération qui peut être entièrement dématérialisée mais
il se heurte aujourd’hui moins à des problèmes objectifs de sécurité par
rapport auxquels des solutions techniques sont possibles qu’aux
représentations que s’en font les individus. Par ailleurs, les habitudes de
paiement qui sont enracinées dans l’histoire et la géographie (elles sont très
différentes d’un pays à l’autre) se modifient très lentement. Ces difficultés

13. Le coût des campagnes publicitaires traditionnelles qu’il faut réaliser pour accéder à la
notoriété est une des principales limites au développement des start-up B to C.
38 Réseaux n° 106

inciteront une partie des consommateurs à continuer de régler leurs


transactions lors d’un contact direct avec le vendeur.

La logistique implique par nature une infrastructure matérielle de


distribution pour les biens tangibles. Le coût de la livraison à domicile pour
des biens différenciés en faible volume implique, soit de conserver le
principe de la grande distribution (faire venir les consommateurs dans de
grandes surfaces), soit de mettre en place une infrastructure diffuse de points
de contacts avec la clientèle, notamment pour la part de la clientèle qui n’a
pas une forte propension à payer le surcoût du « dernier kilomètre ».

Enfin, les services d’après vente et de maintenance imposent généralement


le maintien d’une forme de représentation physique du vendeur à proximité
de l’acheteur, assurée de manière croissante par les logisticiens.

Les dynamiques de l’hybridation sont encore peu lisibles. Elles dépendront


de la nature des biens, de la structuration des marchés et des structures
actuelles de la distribution. Ainsi, elles ne seront pas nécessairement les
mêmes dans un pays où la distribution est très concentrée comme en France
et dans les pays où elle l’est moins (Japon, Allemagne).
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Elles dépendront aussi et surtout de l’articulation temporelle des processus
d’électronisation ou/et des supports physiques entre fonctions. Ainsi,
aujourd’hui la réticence des consommateurs à payer en ligne rétroagit
négativement sur l’achat en ligne, ce qui pousse au maintien
d’infrastructures physiques et peut induire une certaine trajectoire de
l’électronisation du commerce par rapport à l’éventail initial des possibles.
Autre exemple : des investissements importants dans la constitution
d’infrastructures physiques spécifiques à l’électronisation du commerce
encourageraient la commande en ligne car l’absence de telles infrastructures
représente aujourd’hui un des principaux obstacles à son développement.

Conclusion

Plutôt que de réduire le commerce électronique à la vente en ligne, il


convient de le traiter comme un processus d’électronisation du commerce.
Cela permet de mieux appréhender les transformations induites dans le
commerce par les technologies de l’information et de la communication.
Utiliser la notion de commerce électronique pour qualifier ces
Commerce électronique 39

transformations n’a pas de sens car cette notion implique, par nature, de
séparer le « commerce électronique » du « commerce traditionnel » en le
réservant à une catégorie particulière alors que c’est l’ensemble du
commerce qui est affecté. Autrement dit, le « commerce électronique » est
une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls commerçants en ligne.

LES INDICATEURS DU « COMMERCE ELECTRONIQUE14 »

Les indicateurs qui circulent sur le commerce électronique sont à prendre


avec beaucoup de précaution. Il existe deux types d’indicateurs : les données
de cadrage qui permettent d’évaluer le potentiel de développement du
commerce électronique et les indicateurs spécifiques au commerce
électronique permettant d’estimer l’état présent et la dynamique des activités
qui en relèvent. Pour les indicateurs spécifiques, il n’existe actuellement
qu’une statistique fiable, celle sur la part de la vente en ligne dans le
commerce de détail aux Etats-Unis, donnée fournie trimestriellement par
l’US Bureau of Census depuis le dernier trimestre 1999 (voir plus loin). On
fera cependant aussi état des données des cabinets de consultant.

Les données de cadrage


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L’ampleur et le potentiel de développement du commerce électronique sont
le plus souvent mesurés par l’équipement en ordinateur et en connexion à
l’internet des utilisateurs potentiels et par le nombre de sites web.

L’équipement des ménages


Les graphiques 2 et 3 présentent les taux d’accès des ménages à un
ordinateur et à l’internet entre 1997 et 1999 dans différents pays. Les
données présentées proviennent d’enquêtes distinctes selon les pays et les
années et ne sont donc pas directement comparables. Les chiffres de
connexion à l’internet s’appuient sur des définitions différentes : les enfants

14. On réutilisera par commodité la notion de commerce électronique dans cette seconde
partie puisque les indicateurs cités s’y réfèrent. Le plus souvent, elle recouvre la vente en
ligne mais pas toujours.
40 Réseaux n° 106

sont parfois exclus, la définition d’un internaute régulier peut différer d’une
enquête à l’autre15.

Mais les grandes tendances sont les mêmes quelles que soient les définitions
adoptées.

Le nombre de personnes ayant accès à l’internet augmente très rapidement

La forte croissance de la demande des ménages d’accès aux technologies de


l’internet est stimulée par l’amélioration de la vitesse d’accès, par une forte
utilisation en milieu de travail (les accès par le bureau représentent souvent
la moitié des accès) et par la baisse des coûts d’accès pour les ménages. Pour
accéder à l’internet, les consommateurs ont le plus souvent recours à des
connexions aux lignes téléphoniques. Les coûts d’accès varient beaucoup
selon les pays (OCDE, 2000c). Toutefois, le prix n’est pas le seul facteur qui
entre en ligne de compte puisqu’en Italie et en Espagne les coûts d’accès
sont relativement bas alors que les taux de pénétration sont parmi les plus
faibles de l’OCDE. La diffusion dépend du prix mais aussi de l’amélioration
du service, de la facilité d’utilisation, de la rapidité et de la fiabilité. Elle
dépend aussi et surtout du taux d’équipement en ordinateur, celui-ci étant
jusqu’ici le moyen d’accès privilégié à l’internet. Or les taux d’équipement
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des ménages en ordinateurs sont très différents d’un pays à l’autre
(graphique 2)

15. Le terme d’internaute tend à désigner les individus qui se sont connectés personnellement
à l’internet au moins une fois au cours des 30 derniers jours ou au cours des 12 mois
précédents. L’âge (+ de 15, 17, 18 ans…) ainsi que les modes d’accès (par le travail, le
domicile, les lieux publics) pris en compte varient. Récemment sont apparues des statistiques
sur les internautes de plus de 2 ans… (Médiamétrie).
Commerce électronique 41

Graphique 2. Taux d’accès des ménages à un PC


70

1997
60 1998
1999

50

40

30

20

10

0
Etats-Unis Canada Royaume-Uni Japon Allemagne France Italie

Sources : OCDE (1999) pour Etats-Unis, Canada et Japon; ECO (1999) pour les
pays de l’Union européenne

Graphique 3. Taux d’accès à l’internet des ménages


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45

40
1998

35 1999

30

25

20

15

10

0
n
15

ne
e

ce
as

ce
he
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l
nis

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ni

ne

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Fin

Au

Po
Be

Es
C
at

an

Pa

au
Et

All
D

oy
R

Sources : OCDE (1999) pour Etats-Unis, Canada et Japon; ECO (1999) pour
les pays de la Communauté européenne
42 Réseaux n° 106

On constate des disparités régionales marquées. En janvier 2000, la moitié


des individus branchés au monde sur l’internet se trouvent aux Etats-Unis et
au Canada.

Tableau 2. Nombre d’internautes par zone géographique (janvier 2000)

Millions %
Canada et Etats-Unis 120 49,6
Europe 70 28,9
Asie 40 16,5
Amérique latine 8 3,3
Afrique 2,1 0,8
Moyen Orient 1,9 0,7
Total 242 100
Source : CommerceNet par compilation de différentes sources
http://www.commerce.net/research/stats/wwstats.html

Le taux de pénétration de l’internet dans la population de plus de 16 ans a


ainsi dépassé les 50 % (52 %) en Amérique du Nord. Le pourcentage serait
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de 70 % en 2004 aux Etats-Unis (graphique 4). Le taux européen est plus
faible mais c’est en Europe que la progression est la plus rapide. Les pays
nordiques et les pays anglophones ont en Europe les taux les plus élevés.
26 % de la population adulte du Royaume-Uni serait connectée à l’internet
(Rapport du National Consumer Council (http://www.ncc.org.uk)) contre
environ un peu plus de 10 % en France.
Commerce électronique 43

Graphique 4. La progression du taux de connexion à l’internet aux Etats-Unis

Source : IDC

La France n’est pas caractérisée par des taux d’équipement en PC et en


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connexion à l’internet élevés. Cependant l’année 1998 marque un véritable
réveil. Le taux de pénétration des PC est passé de 16 % à 23 % entre 1997 et
1999 et le taux de connexion à l’internet a plus que triplé en un an passant de
2 % à 7 % entre 1998 et 1999 (source : enquêtes permanentes sur les
conditions de vie des ménages, mai 1999, INSEE). Selon Médiamétrie, il y
avait 7 869 000 internautes de 15 ans plus en France au 2e trimestre 200016,
soit une augmentation de 46 % en un an. Dans la plupart des pays, la
proportion des femmes parmi les internautes est d’environ 40 %. Elle est en
progression, les femmes dépassant même les hommes aux Etats-Unis
(Jupiter, http://www.jup.com/home.jsp)

L’équipement en PC et l’accès à l’internet ne désigne qu’un potentiel de


développement du commerce électronique

Il y a encore loin de l’accès à l’internet à l’achat en ligne.

16. IDC France donne une estimation supérieure (8, 630 millions d’utilisateurs de l’internet).
44 Réseaux n° 106

Un certain nombre d’Internautes ne se connectent qu’occasionnellement et,


parmi eux, seule une petite fraction effectue des achats en ligne. Selon une
enquête d’IDC Research menée sur les pays de l’Europe de l’Ouest, 25 %
des internautes surfent plus d’une demi-heure par jour et 5 % ont déjà acheté
en ligne (source : http://www.idc.com/). L’accès à l’internet sert avant tout à
chercher des informations, à communiquer, à travailler chez soi et à se
distraire (4 Pages SESSI, 2000). Parmi les 4 fonctions principales attribuées
à l’internet (s’informer, communiquer, se divertir, acheter et vendre), il
ressort de la plupart des enquêtes que les internautes passent surtout leur
temps à rechercher des informations (fonction principale en Europe) et à
communiquer (fonction principale aux Etats-Unis17).

L’achat en ligne n’est pas encore l’occupation favorite des internautes. Le


nombre d’individus ayant déjà acheté en ligne varie beaucoup d’une enquête
à l’autre18. La fourchette se situe pour la France entre 200 000 et 700 000
personnes, soit dans le cas le plus favorable un peu plus de 10 % des
internautes. Les chiffres avancés sont plus élevés pour le Royaume-Uni
(25 %), l’Allemagne (30 %) et surtout pour les Etats-Unis où le marché est
nettement plus important en taux (près de 50 %) et en masse. Le rapport
Lorentz (1999) avance le chiffre de 10 millions d’Américains ayant effectué
un achat en ligne en 1998 et selon le Boston Consulting Group qui effectue
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une enquête annuelle19, ce chiffre aurait été multiplié par trois en 1999. Il
faudrait évidemment compléter ces chiffres par la fréquence d’achats et le
montant moyen du panier.
Il faut s’attendre à une forte croissance des ménages ayant accès aux sites
de commerce électronique mais par des voies diversifiées

L’accès des ménages aux sites de commerce électronique se fait aujourd’hui


par un PC relié par modem au réseau de l’internet. Cette rampe d’accès est
relativement étroite dans certains pays, les pays latins notamment. Elle est
appelée à se développer car, comme pour tout bien technologique, il y a un
effet de génération (Rouquette, 2000). Mais d’autres biens plus largement
diffusés ou à diffusion plus rapide que le micro-ordinateur peuvent être un
moyen d’accès aux sites marchands : la télévision, le téléphone mobile (de

17. Source : enquête Pricewaterhouse réalisée en 1999.


18. Autre chiffre : le nombre de visites sur les sites se concluant par un achat. Selon les
études, les estimations varient entre 2 % et 5 %.
19. Shop.org, 1998 et 1999.
Commerce électronique 45

nouvelle génération). Le taux d’équipement des ménages en télévision se


situe entre 90 et 99 % selon les pays tandis que les taux d’équipement en
téléphones mobiles ont d’ores et déjà dépassé les taux d’équipement en PC
(sauf aux Etats Unis). En 1999, 33 % des foyers en France disposent d’un
téléphone mobile contre 23 % pour les PC (Rouquette, 2000). L’écart s’est
renforcé durant l’année 2000 (tableau 3).

Tableau 3. Taux d’équipement multimédia des foyers français fin 2000 (en %)
Micro- Accès à Téléphone Lecteur
ordinateur l’internet mobile DVD
Vidéo
Moyenne France 29,0 13,0 50,0 2,5
Foyer dont le chef 57,5 30,6 73,7 4,8
de ménage
est CSP+
Foyer avec la 49,0 21,6 72,6 3,9
présence d’au
moins un enfant
(moins de 15 ans)
Région parisienne 34,9 17,5 56,5 3,3
Agglomération de 33,6 16,4 56,7 3,4
plus de 100 000
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habitants dont Paris

Source : http://www.mediametrie.fr/fr/chiffre/plurimedia/2000/decembre_equipement.html

La diversification des moyens d’accès à l’internet aura deux conséquences.

Tout d’abord, elle tendra à généraliser l’accès à l’ensemble de la population,


les clivages socio-économiques qui caractérisent la détention d’ordinateurs
(voir graphique 5 : classes aisées, niveau d’éducation supérieur, hommes
jeunes) ne jouant pas pour d’autres supports (télévision) ou pas de la même
façon (téléphone mobile). Les conditions limitatives d’accès au commerce
électronique vont certainement disparaître même si le PC ne s’étend pas à
l’ensemble des foyers. Le commerce électronique deviendra
vraisemblablement un marché de masse lorsqu’il n’aura plus comme moyen
d’accès privilégié l’ordinateur. Dans ces conditions, le fameux retard
européen aura fait long feu.
46 Réseaux n° 106

Graphique 5. Accès à l’internet selon le niveau de revenu, d’éducation et l’âge


(EU, 1999, en % de la population)

Usage de l’internet par niveau de revenu (en dollars)


Moins de 5 000
De 5 000 à 9 999
De 10 000 à 14 999
De 15 000 à 19 999
De 20 000 à 24 999
De 25 000 à 34 999
De 35 000à 49 999
De 50 000à 74 999
Moins de 75 000 ou davantage
0 10 20 30 40 50 60 70

Usage de l’internet par niveau d’éducation


Elémentaire
Secondaire
Baccalauréat
Universitaire
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Bac +3 ou plus
0 10 20 30 40 50 60 70

Usage de l’internet par âge


Moins de 25 ans
De 25 à 34 ans
De 35 à 44 ans
De 45 à 54 ans
55 ans et plus
0 10 20 30 40 50 60 70

Source US Department of Commerce (1999)

Simultanément, cette diversification des moyens d’accès se traduira par des


comportements d’achats différents, des pratiques hétérogènes de commerce
électronique. Le média utilisé n’est pas sans effet sur la pratique
commerciale. Le modèle du télé-achat qui s’apparente au modèle du camelot
Commerce électronique 47

est ainsi très éloigné de celui du surfeur futé (achat d’un logiciel ou d’un
voyage après un long processus de comparaison de la qualité et du prix). Il
est aussi très différent d’un achat d’impulsion ou de proximité révélé par une
offre de services sur le téléphone mobile (réservation inopinée d’une place
dans le restaurant mexicain le plus proche de la localisation de l’utilisateur
du mobile). Tous ces modèles vont évidemment évoluer mais ils ne
convergeront pas nécessairement. Il s’ensuivra une diversité de rapports au
commerce électronique qu’il est très difficile d’imaginer aujourd’hui mais
qui vont déterminer en grande partie les modes de localisation du commerce.

Equipement des entreprises

Graphique 6. Pourcentage des entreprises françaises connectées à l’internet


selon la taille et l’année
70

1997
60
1998
1999
50
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40

30

20

10

0
Etats-Unis Canada Royaume-Uni Japon Allemagne France Italie

Source : Enquête UFC Locabail 1999 in Yolin, 1999

L’adoption des technologies du commerce électronique par les entreprises


varie largement selon les pays (OCDE, 2000). C’est encore parmi les
entreprises nord-américaines qu’elle est la plus répandue. Dans les
entreprises, plus de six personnes sur dix utilisent une de ces technologies
aux Etats-Unis, contre moins de quatre sur dix en France et une personne sur
trois en Italie.
48 Réseaux n° 106

Mais la progression des taux de connexion est très rapide d’une année sur
l’autre. Les taux de connexion restent inégaux selon les tailles d’entreprises,
les plus grandes ayant déjà un taux de connexion à l’internet élevé (70 %) et
disposant à 30 % de sites web (chiffres pour la France, voir graphique 6).

Il existe aussi une forte inégalité selon les secteurs, l’industrie, le commerce
de gros et les services étant de loin les plus connectés (graphique 7)

Graphique 7. Pourcentage des entreprises françaises connectées


selon les secteurs en 1999


 
 





 
   


  

LQ G X V W ULH %73 W UD Q V S R U W FRP  *URV F R P  ' p WD LO V H U Y LF H V
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« F R Q Q H F W p H V j , Q W H UQ H W « G LV S R VD Q W G
X Q V LWH : H E

Source : Enquête UFC Locabail 1999 in Yolin, 2000

73 % des 100 premières entreprises françaises et 27 % des 1 500 plus


grandes ont un site web. Parmi celles qui ont un site, 9 % seulement
déclarent avoir un objectif transactionnel (Source : Benchmark Group, 1999,
http://www.strategie-internet.com).

Le taux de connexion des entreprises françaises devient progressivement


comparable avec celui de nos voisins de l’Europe du Nord. En revanche, les
PME américaines sont beaucoup plus connectées et surtout, la pénétration de
l’internet au sein même de l’entreprise, que traduit la proportion de postes de
travail qui bénéficient de l’accès à l’internet, est très nettement supérieure
(tableau 4).
Commerce électronique 49

Tableau 4. Les PME et l’internet : comparaison France-Etats-Unis


% d’entreprises % des micro- % d’entreprises
ayant accès à ordinateurs connectés ayant un site web
l’internet dans les entreprises
raccordées
Franc Etats-Unis France Etats-Unis France Etats-Unis
e
2-99 salariés 40 61 20 50 Inf à 10 31
100-499 salariés 60 82 10 31 20 51

Source : rapport Lorentz (1999) (Synthèses d’estimations)

Les serveurs et sites web


L’examen des données sur le nombre de serveurs de l’internet par
1 000 habitants montre des différences importantes entre les Etats-Unis et le
reste du monde. En mars 2000, il y a 185 serveurs de l’internet pour 1 000
habitants aux Etats-Unis contre 83 au Canada, 41 au Royaume-Uni, 23 en
Allemagne et au Japon, 16 en France (OCDE 2000).

Ces différences se retrouvent dans le nombre de serveurs sécurisés qui est un


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bon indicateur du potentiel du commerce électronique sur l’internet. Un
serveur sécurisé est un serveur http ayant adopté un protocole de
transmission encryptée sur les réseaux TCP/IP (protocole SSL – Secure
Socket Layer – développé par Netscape20). Le nombre de ces serveurs
sécurisés a fortement augmenté atteignant 48 000 en 1999, dont 95 % se
situent dans la zone OCDE et 70 % aux Etats-Unis (OCDE, 2000). L’écart

20. On fait l’hypothèse que le commerce électronique requiert des serveurs sécurisés. Les
données primaires sont fournies par The Netcraft Secure Server Survey :
(http://www.netcraft.co.uk/ssl/) qui examine l’utilisation des transactions encryptées (SSL)
sur l’internet au moyen d’une procédure automatisée d’exploration (les données, recueillies
mensuellement, sont payantes). Comme pour la plupart de ce genre d’estimations, les chiffres
avancés valent plus pour la tendance indiquée que par leur valeur absolue. En l’occurrence,
tous les serveurs sécurisés ne servent pas à des transactions marchandes. Inversement tous les
sites marchands n’utilisent pas un système sécurisé (en France, 75 % des sites référencés par
l’annuaire du Web-Marchand (http://www.webmarchand.com) le font). D’autre part, tous les
sites marchands sécurisés n’emploient pas le protocole SSL (48 % sont dans ce cas en France
selon le Web-Marchand). Il faut enfin signaler le biais introduit par le survey de Netcraft.
Même si la localisation nationale du serveur sécurisé est plus fiable que celle des serveurs
web en général car elle repose sur la certification SSL et non sur l’adresse du nom de
domaine, elle favorise néanmoins les Etats-Unis (voir OCDE, 2000, p 14).
50 Réseaux n° 106

croissant entre les nombres de serveurs sécurisés par million d’habitants aux
Etats-Unis, d’une part, et en Europe et au Japon d’autre part, révèle la
progression beaucoup plus rapide du commerce électronique sur l’internet
aux Etats-Unis. La croissance de l’écart est frappante (graphique 8).

On remarque aussi que les pays où le taux de pénétration des serveurs de


l’internet est le plus élevé ne sont pas toujours ceux où le taux de pénétration
des serveurs sécurisés est le plus important. Des pays comme l’Australie, le
Canada, la Nouvelle-Zélande et la Suisse ont ainsi, si l’on se fie à ce critère,
un commerce électronique plus développé que les pays scandinaves alors
que ceux-ci ont un taux de pénétration des serveurs de l’internet plus élevé.
Il ne suffit donc pas d’avoir une large diffusion de l’internet pour que le
commerce électronique soit important.

Graphique 8. La croissance selon la zone géographique des serveurs sécurisés


(par million d’habitants)
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Source : OECD (www.oecd.org/dsti/sti/it/cm) based on Netcraft (www.netcraft.com)
Commerce électronique 51

Graphique 9. Pénétration des serveurs de l’internet et des serveurs sécurisés,


selon le pays

Selon d’autres sources (l’exploration des annuaires, notamment de celui


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proposé par Le web Marchand21, http://www.webmarchand.com), il y avait
en France en 1998 500 sites Web-marchands grand public (sites offrant la
possibilité de commander en ligne, livrant en France, Benelux et Suisse et
présentés en français), soit 2 % du total mondial et moins de 8 % du total
européen. Le nombre a toutefois rapidement augmenté puisqu’il était de 900
en juin 1999 et de 1 800 en juin 2000.

Le chiffre d’affaires correspondant est relativement faible : moins d’un


milliard de FF en 1998, soit beaucoup moins que celui du Minitel à la même
date (7 milliards), 1,5 milliard en 1999 et un trend de 3,2 milliards en
200022.
Nous en venons ainsi aux indicateurs spécifiques au commerce électronique.

21. Il s’agit d’un annuaire constitué sur la base de l’inscription des sites par les sociétés qui
les gèrent.
22. Source : Le commerce électronique sur Internet en France, Benchmark Group, 1999 et
2000, http://www.strategie-internet.com.
52 Réseaux n° 106

Les indicateurs spécifiques au commerce électronique

La mesure directe du commerce électronique – défini au sens des couches 3


et 4 du CREC de l’Université du Texas et de Cisco ou des niveaux 2 et 3 de
l’US Bureau of Census – est plus délicate. Les instituts publics commencent
à s’attaquer au problème en recensant les besoins et les manques mais
offrent pour l’instant peu de données. Celles-ci viennent essentiellement des
cabinets de consultants spécialisés dans les TIC (voir la bibliographie) mais
elles apparaissent peu fiables et difficilement comparables. Après avoir
présenté les problèmes de données, on indiquera les grandes tendances qui
ressortent des données disponibles pour les grandes catégories de commerce
électronique (résidentiel et interentreprises).

Des données privées sujettes à caution et des données publiques


très lacunaires
L’activité de commerce électronique proprement dite est évaluée grâce à des
chiffres d’affaires. Les estimations ne reposent donc pas sur la valeur ajoutée
qui permettrait de mesurer la contribution à l’activité économique globale.
En conséquence, certains montants sont comptés plusieurs fois puisque le
chiffre d’affaires du commerce électronique comprend les recettes des
intermédiaires du commerce électronique tels que les fournisseurs de
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services de l’internet dont le coût est aussi pris en compte dans une partie
des recettes générées par les commerçants électroniques qui vendent aux
consommateurs finals.

En outre, la plupart des estimations du commerce électronique sont élaborées


par des cabinets de conseil spécialisés dans les activités TIC et qui ont intérêt
à voir se développer les activités de commerce électronique. Ces estimations
sont fondées sur des enquêtes partielles et des sondages à partir
d’échantillons qualifiés de représentatifs. Les tableaux 5 et 6 présentent
quelques-unes des estimations existantes. L’ampleur des différences entre les
estimations rend quasi impossible leur utilisation, d’autant plus que la
plupart du temps les organismes qui publient ces chiffres n’indiquent ni les
définitions utilisées ni leur méthodologie.
Commerce électronique 53

Tableau 5. Comparaison de différentes estimations du commerce électronique


total dans le monde en million de dollars
Origine de l’estimation 1995-1997 2000-2002
IDC 1 000 117 000
INPUT 70 165 000
VeriFone 350 65 000
ActivMedia 400 152 000
Data Analysis 2 800 217 900
Yankee 850 144 000
E-Land 450 10 000
EITO 475 262 000
AEA/AU 200 45 000
Hamnbrecht & Quest 1 170 232 000
Forrester 8 000 327 000
Morgan Sanley 600 375 000
Valeur Médiane 725 15 4500 (2 % du marché total)

Source : OCDE (1999)

Tableau 6. Comparaison internationale des estimations du commerce


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électronique total en million de dollars
1995-1996 1996-1997 2000-2001 2001-2002
Benelux 13 4 800
France 0 4 6 100 8 367
Allemagne 0 73 9 700 16 090
Italie 0 1 3 900
Espagne 0 1 1 500
Royaume-Uni 26 9 11 000 12 872
Communauté européenne 65 96 44 300 64 360

Source : OCDE (1999)

Les instituts publics de statistiques commencent à proposer des données sur


le commerce électronique de détail mais ne disposent pas de données sur le
commerce interentreprises et sur les dimensions qui entourent les
transactions électroniques proprement dites (l’e-business du Census Bureau,
54 Réseaux n° 106

voir plus haut). Un certain nombre de réflexions et d’efforts sont


actuellement entrepris (voir en France les recommandations du rapport
Lorentz, au niveau international les différents rapports de l’OCDE, aux
Etats-Unis les questions posées, les initiatives prises et le programme fixé
par l’US Bureau of Census (Atrostic, Gates and Jarmin, 2000).

Le cas américain mérite d’être détaillé dans la mesure où les Etats-Unis


concentrent les trois-quarts du commerce électronique mondial et sont
reconnus comme l’expérience la plus avancée . La mesure statistique directe
du commerce électronique figure à l’ordre du jour et a fait l’objet de
discussions conceptuelles mais les données publiées restent très
fragmentaires. L’US Bureau of Census a ajouté des questions sur le
commerce électronique à son enquête mensuelle sur le commerce de détail.
Des questions ont été également ajoutées à plusieurs surveys annuels sur le
commerce de détail et de gros, les premiers résultats seront disponibles début
2001. Enfin, un supplément de questions a été adressé en juin 2000 aux
60 000 firmes industrielles figurant dans le panel de l’Annual Survey of
Manufactures et des recherches exploratoires ont été lancées sur la manière
de capturer statistiquement les activités d’e-business (au travers d’une
révision de la classification des activités, la North Amercian Industry
Classification Sytems (NAICS)) et les transformations de la supply chain.
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D’autres mesures sont au programme pour 2001 (Mesenbourg, 2000).

Des efforts parallèles sont effectués dans d’autres pays (OCDE, 2000, chap.
1, 32) mais beaucoup reste à faire.

Les différentes formes du commerce électronique

Il est habituel de distinguer le commerce interentreprises (B to B) du


commerce entre entreprises et consommateurs finals (B to C). Mais tout en
restant dans le cadre d’une définition étroite du commerce électronique
(toute transaction pour laquelle le transfert du droit de propriété est effectuée
sur un réseau électronique), le champ de celui-ci est intrinsèquement plus
large comme le montre le tableau suivant de l’OCDE qui croise les différents
types de relations entre administrations, entreprises et consommateurs.
Commerce électronique 55

Tableau 7. Commerce électronique et applications plus larges sur l’internet


Government Business Consumer

Government G2G G2B G2C


e.g. co-ordination e.g. information e.g. information

Business B2G B2B B2C


e.g. procurement e.g. e-commerce e.g. e-commerce

Consumer C2G C2B C2C


e.g. tax compliance e.g. price comparison e.g. auction markets

Source : Coppel (2000)

Toutes les cases ne représentent pas du commerce électronique mais il


conviendrait d’inclure au moins les cases C to C (marchés de
consommateurs à consommateurs) et B to G (achats des entreprises aux
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administrations). Les marchés C to C (principalement des marchés
d’enchères) se développent en effet fortement grâce à l’internet mais c’est un
marché encore balbutiant. Quant aux marchés publics (B to G), ils
constituent un gisement très important pour le commerce électronique grâce
à leur poids économique (500 milliards de dollars par an aux Etats-Unis)
d’une part, et à la nature du marché (monopsone) d’autre part. Mais pour
l’instant, l’électronisation de ces marchés en est encore à la phase
prétransactionnelle : les appels d’offre et les réponses à ces appels sont de
plus en plus en ligne mais il est rare que les transactions soient conclues sur
des réseaux. Les marchés publics sont en effet soumis à des règles très
strictes dès qu’ils dépassent un certain montant. Il est vraisemblable que le
processus commencera par les nombreuses transactions de faible montant.

Pour le moment, l’expression « commerce électronique » ne recouvre la


plupart du temps que le B to B et le B to C.
56 Réseaux n° 106

Un développement mondial rapide mais limité, essentiellement américain

L’estimation médiane du commerce électronique total dans le monde


représente environ 2 % du commerce total (voir tableau 5). Il aurait atteint
110 milliards de dollars en 1999. Les diverses estimations annoncent une
croissance très rapide (environ 200 % par an) pour les 4 ou 5 années qui
viennent. Mais à cette date (2004-2005), il ne représenterait que 5 % de la
valeur de l’ensemble des transactions commerciales mondiales23.

L’impression qui se dégage des études est qu’on ne saura pas avant dix ou
quinze ans l’ampleur réelle qu’atteindra le commerce électronique (au sens
de commerce en ligne). Ou bien, il restera à un palier situé entre 5 et 10 %
du commerce et, dans ce cas, la révolution apportée par le commerce
électronique sera plus qualitative que quantitative ou du moins plus indirecte
que directe. Ou bien, franchissant ce palier, une part très importante des
activités commerciales aura lieu sur les réseaux électroniques. Il est difficile
aujourd’hui de formuler un pronostic.

Le B to C constitue l’essentiel du commerce électronique mondial (de 70 à


85 % selon les estimations). Cette situation ne devrait pas se modifier à
l’avenir.
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Graphique 10. Récentes estimations et projections

du commerce électronique mondial

Source : Internet Commerce Market Model v6.1, IDC (2000). Cité dans Coppel
(2000, p. 7)

23. COPPEL, 2000.


Commerce électronique 57

Au plan géographique, les Etats-Unis sont généralement crédités d’environ


quatre cinquième du commerce électronique mondial, l’Europe de l’Ouest en
représenterait environ 10 % et l’Asie 5 % (OCDE, 2000, chap 1). En Europe,
le Royaume-Uni et les pays Nordiques apparaissent comme les leaders.

Il faut toutefois se méfier de ces chiffres car la plupart des estimations


portent sur le commerce électronique sur l’internet or c’est sur ce réseau
qu’ils ont créé que les Etats-Unis ont une avance. Il faudrait comparer tous
réseaux confondus. On sait que le Minitel a représenté en France un chiffre
d’affaires non négligeable (7 milliards de francs en 1999, soit plus de 5 fois
le B to C sur l’internet en France). On sait aussi que les réseaux EDI
propriétaires ne sont pas moins développés dans l’industrie européenne que
dans l’industrie américaine. La France est particulièrement avancée dans
l’industrie automobile et la distribution : Edifrance
(http://www/edifrance.org) estime à 800 milliards de francs le volume des
échanges commerciaux sur EDI en France, dont 500 milliards pour la
distribution et 200 milliards dans le secteur automobile (Lorentz, 1999). Ces
chiffres sont à rapprocher des 7,3 milliards de francs du commerce
interentreprises réalisé sur l’internet en France en 1999 (Observatoire du
Commerce et des Echanges Electroniques, 2000).
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Le B to B

Le volume du commerce électronique interentreprises est non seulement très


supérieur à celui du commerce électronique grand public mais il est aussi
appelé à se développer plus rapidement dans la mesure où les chiffres
d’affaires en jeu sont beaucoup plus importants que dans le commerce de
détail. Selon le Boston Consulting Group (http://www.bcg.com), le B to B se
montait en 1998 aux Etats-Unis à 700 milliards de dollars, soit plus de deux
fois le montant du B to B du reste du monde (330 milliards24).

Les estimations du B to B sont à prendre avec beaucoup plus de précautions


que celles du B to C. On peut en effet y inclure toutes les transactions de

24. Le BCG inclut l’EDI sur des réseaux propriétaires, l’EDI sur l’internet et les autres
transactions sur l’internet. Seules les transactions commerciales sont prises en compte. Les
achats de capital et de travail sont exclus. Les estimations sont fondées sur la valeur brute des
transactions. L’importance relative du marché américain semble fortement surestimée. Le
rapport Lorentz évalue l’EDI en France à 120 milliards de dollars, soit, selon l’évaluation du
BCG, 36 % du B to B hors EU !
58 Réseaux n° 106

type EDI, ce qui représente des montants considérables, surtout si les


transactions interbancaires ou les flux financiers sont pris en compte. Par
ailleurs, l’EDI n’est dans sa version basique, c’est à dire la plus répandue,
que de la transmission automatisée de documents commerciaux formatés
(bons de commande de livraison, factures…). Il n’est donc pas homogène à
une définition du commerce électronique limitée aux transactions engagées
en ligne. En effet, les relations entre fournisseurs et clients qui forment
l’essentiel de l’EDI sont généralement décidées et contractualisées hors
réseau. L’EDI ne fait ensuite qu’automatiser la transmission de documents
commerciaux en l’articulant, dans les expériences les plus poussées, aux
processus de production. Il s’accorde toutefois avec la vision que nous
proposons du commerce électronique comme processus d’électronisation de
fonctions commerciales et non pas seulement comme réalisation de
transactions en ligne. Il est à cet égard proche de ce qu’on observe
actuellement sur les sites de B to B : la plupart sont utilisés pour réaliser des
transactions off line25.

La principale forme de commerce interentreprises reste l’EDI hors de


l’internet, fortement diffusé dans les secteurs à forte concentration et à
relations asymétriques entre sous-traitants et donneurs d’ordre. Le Boston
Consulting Group l’évalue à 86 % du commerce électronique
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interentreprises aux Etats-Unis en 1998 (579 milliards des 671 milliards de
dollars du B to B américain). En 2003, le commerce total B to B aux Etats-
Unis devrait atteindre près de 3 000 milliards de dollars26 et la proportion de
l’EDI devrait descendre à 28 % (http://www.bcg.com). Il faut la foi des
cabinets de consultants pour soulever aussi rapidement de telles montagnes
de dollars.

En dehors de l’EDI, le B to B est appelé à prendre plusieurs formes :


– une extension de l’EDI sur l’internet (« light EDI »). En abaissant les coûts
d’accès à l’EDI, les solutions de l’internet permettent de l’étendre à la
plupart des PME (dans les secteurs peu « EDIsés », dans les relations
interPME ou pour les sous traitants de 2e et 3e rang) ;

25. Selon une étude d’Archiv Media Research la première fonction (dans 77 % des cas) des
sites américains de B to B est de stimuler des ventes hors ligne. Seuls 44 % de ces sites
peuvent accepter des commandes en ligne. Source : "Real Numbers Behind ‘Net Profits 2000’
http://www.ActivMediaResearch.com.
26. Les évaluations du B to B à horizon 2003 varient énormément d’un organisme à l’autre,
de 633 (IDC) à 3 160 milliards de dollars (Computer Economics). Source : eMarketer, 2000.
Commerce électronique 59

– des plates-formes de commerce interentreprises spécialisées par activité et


mises en place par quelques grands acteurs du secteur. Des annonces de
création de telles plates-formes ont été faites en 2000 dans un certain nombre
de secteurs (l’automobile avec la plate-forme Covisint créée par GM, Ford et
Daimler-Chrysler, la distribution avec Sears (2e distributeur américain) et
Carrefour (2e distributeur mondial), l’informatique avec Compaq (numéro 1
mondial), Hewlet-Packard (n° 3) et Gateway (n° 5), le textile avec les plates-
formes Etexx, Textilesolutions, Souceonline…). Mais des acteurs importants
n’en font pas partie, ne désirant pas remettre en cause leur propre système
électronique d’approvisionnement (Dell) ou étant porteurs de projets
concurrents (IBM). Or une des clés du succès de ces plates-formes est d’être
neutre à l’égard de la structure de marché. Leur développement risque d’être
bloqué si elles sont dominées par quelques grands acteurs ou sont en
concurrence les unes avec les autres. Les échanges effectivement réalisés sur
ces plates-formes sont aujourd’hui très limités ;
– des projets B to C qui s’étendent au B to B pour, d’une part, lever des
capitaux désormais défiants à l’égard du B to C et, d’autre part, gagner des
marges plus importantes en se déplaçant en amont vers une position
d’intermédiaire. Ainsi un site qui vend des produits de beauté en ligne
(Beautyjungle.com) annonce un nouveau site distribuant ces produits à des
boutiques de détaillants. De même, un pourvoyeur de musique en ligne
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(MP3.com) développera une dimension B to B en fournissant d’autres sites
de diffusion.

Le B to C

En moyenne, le total des ventes en ligne (avec ou sans paiement) aux


particuliers est estimé à 50 milliards de dollars dans le monde en 1998, soit
20 fois moins que le B to B (si l’on se fie à la mesure de celui-ci par le
BCG). Toutefois, les estimations varient de 20 à plus de 100 milliards.

Plusieurs tendances se dégagent :


1) Les ventes en ligne représentent encore un très faible pourcentage total
du commerce de détail.
L’US Census of Bureau les estiment à moins de 1 % des ventes totales aux
Etats-Unis Elles ont toutefois fortement progressé au dernier trimestre 2000.
60 Réseaux n° 106

Tableau 8. Estimation du commerce de détail et des ventes en ligne


aux Etats-Unis (milliards de dollars, données non désaisonnalisées)
Total des ventes de détail E-commerce % du
e-commerce
4e trim 1999 821,351 5,198 0,63
1er trim 2000 747,934 5,240 0,70
2e trim 2000 815,677 5,526 0,68
3e trim 2000 812,158 6,393 0,79
4e trim 2000 856,234 8,686 1.01

Source : US Census, http://www.census.gov/mrts/www/current.html

Les ventes en ligne se sont montées à 25,8 milliards de dollars en 2000, soit
0,8 % du commerce de détail. Il s’agit des ventes de détail engagées sur les
réseaux électroniques (que le paiement ait lieu ou non en ligne) et donc pas
seulement sur l’internet. Mais ces données n’incluent pas les ventes de
voyages, de billets d’avion, de chambres d’hôtel et les services de courtage
financier qui ne font pas partie de la nomenclature américaine du commerce
de détail.
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Les données proposées par les consultants varient du simple au triple.
L’estimation de Forrester Research apparaît assez proche de celle de l’US
Census of Bureau (5,5 milliards de dollars pour le dernier trimestre 1999
contre 5,2 milliards pour le Census Bureau pour un champ d’activités
comparable). L’estimation de Forrester est de 33 milliards de dollars pour
2000 en intégrant les ventes de voyages et les services de courtage financier.
En France, les ventes en ligne se monteraient à 200 millions de dollars en
1999 (Benchmark Group), soit environ 20 fois moins par habitant qu’aux
Etats-Unis.

De très forts taux de croissance sont annoncés. Ainsi Forrester annonce des
taux de croissance de 150 % à 170 % par an d’ici 2004. Toutefois, même
s’ils se réalisaient, ces taux conduiraient à une importance toute relative du
commerce électronique grand public, l’estimation étant de 5 à 6 % du
commerce de détail en 2004, soit un ordre de grandeur comparable à la VPC
actuelle. Par ailleurs, il ne faut pas sous estimer les barrières qui s’opposent à
une progression effective et encore plus à une généralisation du commerce
électronique : un accès encore restreint aux infrastructures et services de
Commerce électronique 61

réseau, des problèmes juridiques et institutionnels non réglés, une offre


commerciale faiblement adaptée et peu étendue (l’offre actuelle concerne un
petit nombre de biens et de services), des comportements d’achat et de
paiement difficiles à modifier.

Tableau 9. Marché de la vente en ligne B to C aux Etats-Unis (1998-2004)


Année Montant
(milliards de dollars)
1998 15
1999 20
2000 33
2003 108
2004 184

Source : Forrester Research

Dans l’état actuel des choses, il est certain que le commerce électronique
grand public sera au moins un marché de niche à l’horizon de quelques
années (2005). La question de savoir s’il deviendra à terme un marché de
masse et à quel horizon est encore en suspens.
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Les ventes sont très concentrées entre un nombre limité d’opérateurs et de
produits
Aux Etats-Unis, les 10 premiers sites marchands de B to C concentraient en
1998 43 % des revenus du commerce en ligne et les 50 premiers 75 %
(enquête Shop.org du BCG, 1998).

C’est donc un marché qui, dès le départ, est très concentré, même s’il existe
une dynamique incontestable de start-up. Seuls un petit nombre d’opérateurs
ont la capacité de construire rapidement une offre commerciale efficace de
bout en bout et de financer les coûteuses campagnes promotionnelles
nécessaires à la visibilité d’un site.

Les dépenses de marketing sont en effet très importantes. Elles représentent


de 100 à 700 % du revenu brut d’exploitation des sites (263 % pour
Barnesnoble.com, 124 % pour Amazom.com, 769 % pour Etoys, 281 % pour
Cdnow, seuls AOL, Yahoo ou Ebay ont des pourcentages inférieurs à 50 %.
62 Réseaux n° 106

Source : D. Simons, « What’s the Deal: The True Cost of Marketing », The
Industry Standard, 2 décembre 1999, http://www.thestandard.com).

S’ajoutant à d’autres facteurs (coûts de la logistique, sous estimation des


difficultés de mise en œuvre…), les pertes que ces dépenses entraînent
expliquent la fermeture de sites (Boo.com), le rachat de nombreux autres
depuis quelques mois aux Etats-Unis (le supermarché Peapod, Cdnow..) et
les difficultés de trésorerie de ceux qui se maintiennent (Amazon.com). La
concentration qui est en cours se renforcera avec la constitution de portails
marchands qui seront la porte d’entrée sur le Net pour l’achat de produits et
de services variés ou spécialisés.

Cette concentration se retrouve également au niveau des produits. Aux Etats-


Unis comme en France, les secteurs du voyage-transport-hôtellerie et de
l’informatique représentent plus de la moitié des ventes. En troisième lieu
vient le secteur du divertissement (livre, musique, vidéo, jeux) à hauteur de
13 % aux Etats-Unis et de 10,5 % en France.

Tableau 10. Ventes en ligne aux Etats-Unis par secteur d’activité (B to C) 1999
Secteur Montant Part Montant
(en millions (en %) (en Part
Secteur
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de dollars) millions (en %)
de dollars)
Voyages-Transport- 7 798 8,50
Santé, beauté 509 2,51
Hôtellerie
Informatique (matériel 4 455 2,00 Mobilier, électro-
446 2,20
et software) ménager
Habillement 1 620 8,00 Vidéo 326 1,61
Livres 1 202 5,94 Billetterie 300 1,48
Musique 848 4,19 Jeux 253 1,25
Fleurs, cadeaux 656 3,24 Divers 1 418 7,00
Alimentaire, boissons 513 2,5 Total 20 252 100 %

Source : Forrester Research


Commerce électronique 63

Tableau 11. Ventes en ligne en France par secteur d’activité 1999


Secteur Montant Part Montant
(en millions (en %) (en Part
Secteur
de F) millions (en %)
de F)
Voyages-Transport- 620 7,10 Mobilier, Electro-
25 1,90
Hôtellerie ménager
Informatique (matériel et 312 23,7
Fleurs, cadeaux 15 1,14
logiciels)
Produits culturels (livres, 137 10,43
Billetterie 7 0,53
musique,vidéo)
Produits culturels (livres, 137 10,43
Habillement 5 0,38
musique,vidéo)
Généralistes (VPC, 92 7,00
Jeux 2 0,15
Distribution, galeries)
Alimentaire, boissons 33 2,51 Divers 66 5,02
Total 1 314 100

Source : Benchmark Group

Point intéressant : les ventes d’alimentation-boissons ne représentent qu’un


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faible pourcentage des ventes alors que les sites qui offrent ces produits sont
les plus nombreux (tableau 11 pour la France). Inversement les sites de
voyages sont moins nombreux (8,4 %) alors qu’ils représentent la part la
plus importante des ventes (47,10 %).

Les produits numériques qui peuvent être livrés directement sur le réseau
comme le logiciel, les services de voyages, le divertissement27 et les services
financiers sont les produits majeurs du commerce électronique. Les
principaux produits tangibles vendus aux ménages sur l’internet sont jusqu’à
présent le matériel informatique et les livres.

Il est probable que dans le cas des biens que nous venons de citer, le
commerce électronique B to C représentera plus qu’une niche du marché
total. 20 % des livres vendus aux Etats-Unis le sont déjà en ligne. Mais
l’importance des parts du commerce électronique par type de bien variera

27. Particulièrement ce qui est appelé le « divertissement adulte » qui bénéficie d’une forte
audience (une requête sur 4 effectuée auprès des moteurs de recherche lui serait adressée) et
semble actuellement le seul modèle économique rentable sur l’internet.
64 Réseaux n° 106

certainement selon les pays, leur étendue, les habitudes de consommation,


les infrastructures de distribution.

Tableau 12. Répartition des sites marchands en France par catégorie


de produits (janvier 2000)
Nombre % Catégories Nombre %
Rang Catégories Rang
de sites de sites
Alimentation- 21 % Sports 69 4,5 %
1 327 13
Boissons
Informatique, 17 % Musique 66 4,3 %
2 263 14
Multimédia
3 Livres, CD, Vidéo 227 14,8 % 15 Fleurs-Jardins 56 3,6 %
Galeries 12,4 % TV, Hi-Fi, 54 3,5 %
4 190 16
Marchandes, VPC Vidéo
Décoration- 11,4 % Finances- 46 3,0 %
5 174 17
Bricolage Assurances
10,4 % Automobile- 42 2,4 %
6 Mode-Accessoires 159 18
Transports
Service aux 9,5 % Cinéma- 35 2,2 %
7 146 19
entreprises Spectacles
8,4 % Services à 26 1,7 %
8 Tourisme-Voyages 129 20
domicile
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9 Beauté-Santé 113 7,4 % 21 Immobilier 11 0,7 %
10 Jeux-Jouets 94 6,1 % 22 Autres 155 10,1 %
11 Informations 95 6,2 %
High-Tech, 5,2 % Total 1 530 100 %
12 80
Téléphonie

Source : Webmarchand, janvier 2000

Une évaluation récente de la taille du marché électronique japonais place les


ordinateurs, les automobiles et les voyages comme les catégories de produits
dont le commerce électronique approchera ou dépassera le seuil de 10 % du
marché en 2004. La totalité du commerce électronique B to C ne devrait pas
toutefois dépasser les 2 %, ce qui est assez homogène aux prévisions faites
dans les autres pays.
Commerce électronique 65

Graphique 11. Pourcentage du commerce électronique par catégorie de produit


et de service au Japon en 1999 et 2004

Source : ECOM, 2000, http://www.ecom.or.jp/qecom/ecom_e/index.html

Graphique 12. Estimation des ventes d’automobiles réalisées en ligne ou


influencées par l’internet (Etats-Unis)
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Il est tout aussi probable que les transactions réalisées en ligne (online-direct
sales) ne représenteront qu’une petite partie des transactions permises par les
réseaux électroniques (online-influenced sales), notamment pour les biens
complexes. Selon Jupiter Communications (http://www.jup.com/home.jsp),
les ventes en ligne d’automobiles aux Etats-Unis ne représenteront que 8 %
du marché en 2004 tandis que 22 % des ventes seront effectuées off line
après recherche sur l’internet. Ceci plaide une fois de plus pour une
approche fonctionnelle du commerce électronique.
66 Réseaux n° 106

L’évolution des comportements d’achat reste la grande inconnue du B to C

Tableau 13. Les différents types de comportements d’achat sur l’internet


(Etats-Unis, 1999)
Groupes Revenu Type d’achat Rapport aux Hommes/ Exemple
sur l’internet magasins femmes de site
traditionnels
Les Supérieur Impulsion Achats aussi Principal 1800flower
« Convenient dans ces groupe où s, etrade
lovers » magasins se trouvent
les
cyberconso
mmatrices
Les Economes Supérieur Achat moins Se renseignent Dominante EBay,
cher au besoin dans masculine Priceline
ces magasins et
achètent sur
l’internet
Les Moyen Informations Achats dans - Comparate
Pragmatiques sur les prix et ces magasins ur de prix
les produits
Les Sélectifs Plus faible Achat quasi Choix limités - Amazon,
contraint du fait de la Walmart
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localisation

Source : http://www.journaldunet.com

Un certain nombre d’enquêtes sur les profils des acheteurs sur l’internet
apportent des éléments. Le premier est la distinction entre les « shoppers » et
les « purchasers », entre ceux qui vont sur l’internet pour se renseigner et
comparer mais achètent dans un magasin et ceux qui achètent en ligne. Les
acheteurs en ligne – ceux qui ont acheté au moins une fois en ligne pendant
les 12 derniers mois – représentent de 30 à 40 % des internautes aux Etats-
Unis selon les enquêtes, moins en Europe (27 % au Royaume-Uni, 10 % en
France. Sources diverses). Les « shoppers » sont évidemment plus
nombreux28. A noter aussi que les hommes sont sureprésentés dans la
catégorie acheteurs (70 % des acheteurs contre 60 % des internautes).

Une étude réalisée par la Consumer Electronics Manufacturer Association


aux Etats-Unis (mai 1999) révèle différents types de comportements de

28. Les chiffres varient beaucoup d’une enquête à l’autre.


Commerce électronique 67

shopping et d’achat selon des critères de revenu, de sexe et de motivation.


On les a regroupés dans le tableau 13.

Le commerce électronique témoigne et témoignera de la diversité des


comportements. Parmi ceux qui achètent en ligne, certains le feront en
substituant ces achats à ceux qu’ils effectuaient dans des magasins
traditionnels, d’autres en complément de ceux effectués dans les magasins
traditionnels et d’autres encore parce qu’ils n’ont pas de magasin traditionnel
à proximité. Des consommateurs différents préféreront s’informer en ligne et
acheter dans des magasins traditionnels tandis que d’autres feront l’inverse,
s’informer dans les magasins traditionnels et acheter sur l’internet.

A cette variété de comportements selon le revenu, l’âge, le sexe, le type de


produits29, s’ajoute aujourd’hui un problème que l’on peut penser comme
conjoncturel mais qui touche à des obstacles structurels. Comme le souligne
une enquête récente du National Consumer Council sur le comportement des
consommateurs britanniques, les achats et le shopping en ligne sont freinés
par le manque de confiance dans les garanties offertes par l’internet : risque
de vendeurs frauduleux, qualité médiocre des prestations, notamment
logistiques, absence de confiance dans les mécanismes de paiement (NCC
2000, (http://www.ncc.org.uk).
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Ces problèmes qui existent déjà dans le cadre national sont encore plus
redoutables au niveau international. Leur résolution implique soit une
concertation internationale mais dont le rythme de développement est bien
plus lent que celui de l’internet, soit des politiques nationales qui,
comprenant où est leur intérêt – celui de développer le commerce –, adoptent
les unes après les autres des mesures de protection des consommateurs.
Fondée sur le self-interest comme déterminant de l’intérêt collectif, cette
dernière position reflète la doctrine américaine.

29. Ainsi les produits qui font le plus l’objet de demandes d’information en ligne aux Etats-
Unis et au Canada ne sont pas les plus vendus en ligne. Les voitures viennent en premier
dans la liste des produits faisant l’objet d’un shopping sur l’internet alors qu’elles ne figurent
pas dans la liste des 5 produits les plus vendus en ligne (CommerceNet,
http://www.commerce.net).
REFERENCES

Bibliographie sur le commerce électronique

Le thème du commerce électronique alimente de nombreuses publications dont la


plupart sont soit techniques (aspects juridiques, mise en œuvre), soit
promotionnelles. Le volume de ces dernières contraste avec le faible éclairage
qu’elles apportent sur le phénomène.
Nous avons privilégié deux types de sources.
En premier lieu, viennent les sources officielles, c’est à dire les rapports publics et
les publications relatives à la production de données sur le sujet. Ces sources
s’ajustent lentement au phénomène observé, compte tenu du légitime souci apporté
aux définitions et à la nécessité de produire des mesures stables et comparables.
Nous avons aussi relevé les rapports, données et informations publiées par les
grands cabinets de consultants et les organismes de conseil. Les données sont
fortement biaisées car ces cabinets et organismes sont eux-mêmes engagés dans la
promotion du phénomène qu’ils observent.
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Sources d’origine administrative ou universitaire

France
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Technologies de l’Information et de la Communication, n° 62, février
BROUSSEAU E. (2001), « Mesurer le commerce électronique », Economie et
Statistiques, à paraître

BROUSSEAU E. et RALLET A. (1999), Technologies de l’information et de la


communication, organisation et performances économiques, Commissariat Général
du Plan, 1999, http://atom2.univ-paris1.fr/FR/membres/eric/tic.htm
Rapport LORENTZ (1999), La nouvelle donne du commerce électronique, Rapport
de la Mission Commerce Electronique, présidée par F. Lorentz, Ministère de
l’économie des finances et de l’industrie, Les Editions de Bercy,
http://www.finances.gouv.fr/mission_commerce_electronique
Ministère de l’Economie et des Finances (1999), Technologies et société de
l’information. Etat des lieux statistiques, SESSI/STJI/INSSE, Paris, 1999
Commerce électronique 69

Recensement des enquêtes par le site du gouvernement sur Internet et le commerce


électronique : http://www.internet.gouv.fr/francais/chiffcles/monde.htm
DUMARTIN S. et MIGNARD F. (1999), « L’informatique à la maison : une
diffusion sensible mais encore très ciblée », INSEE Première, n°629
http://www.insee.fr/fr/ppp/collections.htm
HEITZMANN R. (2000), « L’Internet à domicile : branché et de plus en plus
prisé », Le 4 Pages, n° 128, SESSI, Ministère de l’Economie et des Finances,
http://www.industrie.gouv.fr/accueil.htm
ROUQUETTE C. (2000), « La percée du Portable et d’Internet », INSEE Première,
n°700, http://www.insee.fr/fr/ppp/collections.htm

YOLIN J.M. (1999), Internet et Entreprise : mirage ou opportunité pour les PME ?
Pour un plan d’action. Contribution à l’analyse de l’économie de l’Internet,
Rapport de Mission, Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie,
Secrétariat d’Etat à l’Industrie, Paris, http://www.ensmp.fr/industrie/jmycs/

OCDE
COPPEL J. (2000), E-Commerce: Impacts and Policy Challenges, Economics
Department Working Papers n° 252, http://www.oecd.org/eco/eco
OCDE (2000a), A New Economy? The Changing Role of Innovation and
Information Technology in Growth, June 2000, http://oecd.org/dsti/sta-
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ana/pro/growth.htm
OCDE (2000b), Internet and Electronic Commerce Indicators Update,
http://oecd.org/dsti/sti/cm/stats/newindicators.htm
OCDE (2000c), Local access pricing and e-commerce, July 2000,
http://www.oecd.org//dsti/sti/it/cm/prod/localaccess.htm
OCDE (1999), The Economic and Social Impacts of Electronic Commerce:
Preliminary Findings and Research Agenda, Paris,
http://www.oecd.org/subject/e_commerce
OCDE (1998a), L’expérience française du Minitel : leçons pour le commerce
électronique, Groupe de travail sur l’économie de l’information, DSTI/ICCP, Paris
OCDE (1998b), Electronic commerce: prices and consumer issues for three
products: books, compact discs and software, DSTI/ICCP, Paris
OCDE (1998c), Measuring Electronic Commerce: International Software,
DSTI/ICCP, Paris
OECD (1998d), Dismantling the Barriers to Global Electronic Commerce,
DSTI/ICCP, Paris
70 Réseaux n° 106

OCDE (1997a), Measuring Electronic Commerce, DSTI/ICCP, Paris,


http://oecd.org/dsti/sti/it/ec/prod/e_97-185.htm
OCDE (1997b), Le commerce électronique : perspectives et défis pour les
gouvernements et les entreprises, Paris

Etats-Unis
* US Department of Commerce
ATROSTIC B.K., Gates J. and Jarmin R. (2000), Measuring the Electronic
Economy: Curent Status and Next Steps, US Census Bureau, June 2000,
http://www.census.gov/econ/www/ebusinessC.pdf
FRAUMENI B.M., MANSER M.E. and MESENBOURG T.L. (2000), Government
Statistics: E-Commerce and the Electronic Economy, Federal Economic Statistics
Advisory Committee (FESAC), June 15, 2000
(http://www.census.gov/econ/www/govstats.pdf)
MESENBOURG T.L. (2000), Satisfying Emerging Data Needs, US Bureau of
Census, June 2000, http://www.census.gov/econ/www/ices.htm
MESENBOURG T.L. (1999), Measuring Electronic Business: Définitions,
Underlying Concepts and Measurement Plans, US Bureau of Census, 1999
(http://www.census.gov/econ/www/index.html)
US Census Bureau of the Department of Commerce (2000), Retail E-Commerce
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Sales in First Quarter 2000, http://www.census.gov/mrts/www/current.html
US Department of Commerce (2000), Digital Economy, Third Annual Report,
Chapter II : “Electronic Commerce: The Leading Edge of the Digital Economy”,
http://www.esa.doc.gov/de2000.pdf

* Center for Research in Electronic Commerce, The University of Texas at


Austin
BARUA A., PINELL, J., SHUTTER J. and WHINSTON A.B. (1999), Measuring
the Internet Economy: An Exploratory Study, Center for Research in Electronic
Commerce, The University of Texas at Austin, http://www.crec.bus.utexas.edu
Measuring the Internet Economy, January 2000, http://www.internetindicators.com/
(voir aussi Cisco Systems)

Japon
ECOM (Electronic Commerce Promotion Council of Japan), créé en 1996 à
l’initiative du MITI, http://www.ecom.or.jp/ecom_e.
Commerce électronique 71

Voir notamment :
Outline of A Survey of the Market Scale for Electronic Commerce for Consumers in
Japan, 1999 http://www.ecom.or.jp/qecom/ecom_e/index.html
Market Survey Concerning Electronic Commerce. Current State and Trend of
Japan’s Business-to-Consumer Electronic Commerce Market Via Internet
Technology, March 2000,
http://www.ecom.or.jp/ecom_e/report/full/market.htm

Royaume-Uni
ISI (Information Society Initiative) : An International Benchmarking Study, 2000,
http://www.isi.gov.uk/isi/govbenchframe.htm

Enquêtes et données de l’internet par les sociétés de consultant et organismes


de conseil
Les sources de ce type abondent car elles constituent un business en soi. La plupart
des enquêtes détaillées sont payantes. Les sites présentent cependant quelques
données publiques et des news sur les enquêtes et l’actualité du commerce
électronique. Les plus grosses sociétés proposent un rapport téléchargeable sur le
commerce électronique.
ActivMedia Research : http://www.ActivMediaResearch.com enquêtes chiffrées et
nouvelles sur le commerce électronique,
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Andersen Consulting : http://www.ac.com/ecommerce Rapport eEurope Takes Off
sur les différentes phases du développement du commerce électronique en Europe
Association pour le Commerce et les Services en Ligne (ACSEL), Les Chiffres
clés du Commerce Electronique :
http://www.afcee.asso.fr/acsel/chiffres/leschiffres.htm, (en association avec l’OC2E)
Benchmark Group : Stratégies Internet, nouvelles et analyses sur le commerce
électronique, http://www.strategie-internet.com et Le Journal du Net :
http://www.journaldunet.com, tableaux et actualité sur le commerce en ligne
Boston Consulting Group, The State of Online Retailing, A Shop.org.Study,
november 1998, actualités et donnés sur le site http://www.bcg.com/
Cisco Systems : http://www.internetindicators.com/
CommerceNet : http://www.commerce.net/research/stats/ Données sur la
démographie de l’internet et le commerce électronique en association avec Nielsen
Media Research, la société americaine spécialisée dans la mesure d’audience des
médias. Voir à ce sujet les mesures de l’utilisation de l’internet aux Etats-Unis et
dans quelques pays (UK) par Nielsen et Net Ratings (http://www.nielsen-
netratings.com)
72 Réseaux n° 106

eMarketer : The eCommerce:B2B Report, 2000,


http://www.emarketer.com/ereports/ecommerce_b2b/welcome.html?ref=ds
Ernst & Young :
http://www.ey.com/global/vault.nsf/France/online_survey/$file/OnlineSurvey.pdf
Global Online Retailing. An Ernst & Young Special Report, January 2000. Etudes de
cas et données par catégories de produits et par pays (Australie, Canada, France,
Italie, UK, USA)
European Telework Online : http://www.eto.org.uk/eustats/ publication d’un
rapport annuel European Information Technology Observatory (EITO 2000),
concerne davantage les technologies de l’information en général que le commerce
électronique. Le rapport EITO 2000 contient toutefois des données sur le commerce
électronique dans 5 secteurs (Aérospatial, Automobile, Pharmacie, Construction
Navale, Textile-Habillement)
Forrester Research : http://www.forrester.com/Home/0,3257,1,FF.html
IDC France : http://idc.fr/presse/cp_barometre_internetQ12000.htm, baromètre sur
le nombre d’internautes en France
IDC Research : http://idc.com/ebusinesstrends les données d’IDC sont souvent
reprises par les autres sociétés, peu de données gratuites
Jupiter Communications : http://www.jup.com/home.jsp enquêtes sur les usages
de l’internet et le commerce électronique
Le Journal de la NetEconomie, Le journal de l’Atelier, http://www.atelier.fr
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Médiamétrie : http://mediametrie.fr/ publie un Baromètre Internet trimestriel
(nombre et caractéristiques des internautes) et une mesure de la fréquentation des
sites en France (Cybermétrie)
MORI Polls & Surveys : http://www.mori.com/polls
NUA Internet surveys : http://www.nua.ie/surveys/ Société de consultants basée à
Dublin, publie une lettre hebdomadaire
Observatoire du Commerce et des Echanges Electroniques (OC2E), projet
conduit par Edifrance,
http://www.edifrance.org/Edifrance/L’Association/Programmes%20Nation…/oc2e_
new.ht
PriceWaterhouseCoopers : enquêtes sur le commerce électronique,
http://www.pwcglobal.com
The Industry Standard, http://thestandard.com : petits articles (aux titres
caustiques) sur l’actualité du B to B et du B to C
Web Marchand (le) : annuaire de sites marchands francophones (indique par
catégories de produits et pour chaque site l’existence ou non d’un paiement sécurisé,
de l’achat en ligne et l’aire de livraison), http://www.webmarchand.com

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