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Alain Rallet
Dans Réseaux 2001/2 (no 106), pages 17 à 72
Éditions Lavoisier
ISSN 0751-7971
© Lavoisier | Téléchargé le 15/04/2023 sur www.cairn.info (IP: 197.206.172.203)
Alain RALLET
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Mais la fuite en avant permanente qui consiste à brûler ce qui a été encensé
hier finit par entamer la crédibilité du discours. De sorte qu’aujourd’hui la
dernière mode est de douter du commerce électronique lui-même. On rejoint
ici le second doute, un doute d’existence car personne ne sait au juste ce
qu’est exactement ce phénomène dont on parle tant. On le trouve rarement
défini, même dans les articles savants. Et lorsqu’on s’y essaie, c’est la boîte
de Pandore : quatre lectures et c’est déjà un florilège de définitions. Aussi la
prudence commande-t-elle de refermer le couvercle et de faire comme si
chacun savait. Le commerce électronique semble voué à n’être qu’une
évidence.
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Une évidence promise au plus bel avenir. Car les chiffres l’attestent. Des taux
de croissance à deux chiffres, voire à trois chiffres sont régulièrement
annoncés. Encore n’a-t-on encore rien vu : la croissance exponentielle est pour
demain. Il est rare de trouver un graphique où la courbe de croissance ne
marque pas un brusque point d’inflexion à t + 1. La quasi-totalité de ces
chiffres n’ont aucun fondement méthodologique : le lecteur ne sait pas ce
qu’ils prennent en compte et encore moins comment les calculs ont été
effectués. Mais ils ne sont pas dénués d’intérêt car ils indiquent les croyances à
défaut de mesurer le phénomène. Or les croyances convergent et on n’y fera
pas exception : le commerce électronique est sans nul doute appelé à se
développer. Comment ? Personne ne le sait trop. Mais sûrement, oui.
La seconde partie est descriptive. Elle propose un état des lieux des diverses
formes du dit commerce électronique à partir des chiffres disponibles, hélas
peu fiables. Une recension de sources d’information sur le commerce
électronique disponibles sur l’internet figure à la fin de l’article.
Commerce électronique 21
Nul ne peut ignorer que le commerce électronique est promis à une forte
croissance en raison du développement mondial de l’internet et de la
progression rapide de l’accès à ce réseau dans les pays développés. On se
plaît aussi à souligner qu’il a déjà connu une forte croissance ces dernières
années, sans toutefois représenter encore une part significative du commerce
mondial (environ 2 % actuellement, selon la plupart des rapports de sociétés
de consultants).
On ne s’étonnera pas que des définitions aussi variées donnent lieu à des
mesures très contrastées de l’ampleur du phénomène. Ces mesures vont de
plus de 1 à 101.
Un bref examen des citations ci-dessus indique que deux grandes questions
doivent être préalablement clarifiées avant de pouvoir de s’attaquer à une
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typologie des définitions du commerce électronique des plus larges aux plus
étroites), ce qui conduit à des définitions et des mesures différentes.
Grand public
avec
paiement
électronique
Grand public
Interentreprises
Enfin, une définition plus restrictive s’en tient aux achats et ventes de biens
et de services effectués sur une infrastructure de réseau, qu’ils soient payés
ou non, livrés ou non en ligne.
3. MESENBOURG, 1999.
4. Les études du CERC sont sponsorisées par Cisco.
Commerce électronique 27
La décomposition est difficile à mettre en pratique car ces activités sont liées
entre elles et sont d’autant moins directement observables qu’elles font
souvent l’objet d’une intégration verticale. Des entreprises comme AOL ou
Microsoft interviennent dans plusieurs couches à la fois. En dépit des
réserves qu’ils suscitent, les chiffres suivants donnent une idée de
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5. Sur les méthodes utilisées pour évaluer les revenus des activités propres à chaque couche et
leur traduction en emplois, voir Barua, Pinnell, Shutter et Whinston (2000). Ces résultats sont
basés sur une estimation portant sur 3 000 firmes basées aux Etats-Unis, les revenus réalisés à
l’étranger étant pris en compte.
28 Réseaux n° 106
Mais cette estimation ne tient compte que des activités sur l’internet. Or le
commerce électronique n’existe pas que sur ce réseau.
Source : The Center for Resarch in Electronic Commerce, Measuring the Internet Economy,
(2001), http://www.internetindicators.com/internetindic.html
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reversement par l’opérateur d’une partie des revenus générés par les services
en ligne selon un système de paliers). Il leur a non seulement permis de se
développer mais aussi de migrer sur l’internet à partir d’un savoir faire et
d’un capital accumulés, contrairement aux start ups qui ont démarré
d’emblée sur l’internet (18 des 20 premiers commerçants en ligne sur
l’internet en France viennent du Minitel).
Tous les échanges n’auront donc pas lieu sur « l’internet », au sens de réseau
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Pour conclure sur ces deux points (types d’activités et de réseaux supports à
prendre en compte), nous limiterons le champ du commerce électronique aux
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Une fois délimité le champ des activités pouvant être prises en compte dans
le commerce électronique, vient la question cruciale : à partir de quand, au
sein de ces activités, le commerce devient électronique ? Où fait-on passer la
frontière distinctive du commerce électronique ?
La question peut paraître métaphysique mais elle a une portée bien concrète
et intéresse au premier chef les statisticiens chargés de mesurer le
phénomène.
Ainsi, une transaction initiée par une visite sur un site électronique
(consultation de catalogue) mais dont la commande est effectuée par
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sur un site web mais acheté ensuite par voie téléphonique (cas fréquent). On
imagine la difficulté d’application.
La position prise par les statisticiens français est assez proche7. On ne relève
guère qu’une différence : le rapport du CNIS propose une condition
supplémentaire : l’achat en ligne ne doit pas s’effectuer dans le magasin du
vendeur, même s’il y a connexion à un réseau informatique extérieur au lieu.
Dans le cas où il s’effectue dans le magasin sur une borne électronique,
l’acte d’achat est considéré comme de la vente en distributeur automatique.
Ainsi, selon ce critère, le billet acheté en ligne sur un distributeur
automatique en gare n’est pas du commerce électronique8.
Une seconde question, liée à la précédente, est de savoir s’il faut prendre en
compte l’ensemble des aspects de la transaction ou seulement l’acte d’achat-
vente lui-même. Le rapport Lorentz9 distingue à ce sujet trois niveaux de
définition du commerce électronique :
– une définition large selon laquelle le commerce électronique concerne
toute activité d’échange générant de la valeur pour l’entreprise, ses
fournisseurs ou ses clients effectuée sur des réseaux. Cette définition inclut
l’information d’avant vente, la relation clientèle, voire les échanges
purement financiers (paiement de facture…).
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7. CNIS, 2001.
8. CNIS, 2001, p. 53-54.
9. LORENTZ, 1999.
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On ne voit pas par exemple comment une telle définition pourrait survivre au
prochain développement de la téléphonie sur l’internet. On objectera qu’à ce
moment là, la définition du commerce électronique s’élargira naturellement
à l’usage de la commande vocale à distance. Mais pourquoi alors ne pas
inclure les commandes par téléphone dès maintenant ? Quelle différence y
a-t-il au regard d’une transaction commerciale entre une commande par
téléphone en mode paquets et une commande par téléphone en mode
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les chiffres avancés donnant une consistance tangible aux notions d’avance
et de retard consubstantielles à cette problématique11.
Cela dit, bien peu de gens s’avanceraient à prédire que dans les trente
prochaines années, la part de marché de la vente à distance connaîtra un saut
qualitatif en passant par exemple de 5 % à 15 % du marché. Très
vraisemblablement, la vente à distance restera une niche de marché.
11. Tel un chiffre d’or, celui d’un retard de 18 mois de l’Europe sur les Etats-Unis en matière
de commerce électronique revient dans la plupart des études.
12. Cette perspective n’a toutefois rien de mécanique : si le poste de télévision devenait le
principal moyen d’accès à l’internet à la vente en ligne, il est clair que l’actuel cœur de cible
de la vente à distance risquerait de rester le même. Si l’internet est actuellement le royaume
des « branchés », rien ne s’oppose à ce qu’il devienne celui de Mme Michu.
36 Réseaux n° 106
Aussi, plutôt que d’avoir l’œil rivé sur la progression des ventes en ligne, il
faut voir l’ensemble des transformations qui vont affecter le commerce en
raison de la diffusion des technologies de l’information et de la
communication, notamment de l’internet, au sein de cette activité. L’erreur
est de faire du commerce électronique un phénomène particulier (la vente à
distance) quand il faut en faire un phénomène général (l’électronisation du
commerce).
13. Le coût des campagnes publicitaires traditionnelles qu’il faut réaliser pour accéder à la
notoriété est une des principales limites au développement des start-up B to C.
38 Réseaux n° 106
Conclusion
transformations n’a pas de sens car cette notion implique, par nature, de
séparer le « commerce électronique » du « commerce traditionnel » en le
réservant à une catégorie particulière alors que c’est l’ensemble du
commerce qui est affecté. Autrement dit, le « commerce électronique » est
une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls commerçants en ligne.
14. On réutilisera par commodité la notion de commerce électronique dans cette seconde
partie puisque les indicateurs cités s’y réfèrent. Le plus souvent, elle recouvre la vente en
ligne mais pas toujours.
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sont parfois exclus, la définition d’un internaute régulier peut différer d’une
enquête à l’autre15.
Mais les grandes tendances sont les mêmes quelles que soient les définitions
adoptées.
15. Le terme d’internaute tend à désigner les individus qui se sont connectés personnellement
à l’internet au moins une fois au cours des 30 derniers jours ou au cours des 12 mois
précédents. L’âge (+ de 15, 17, 18 ans…) ainsi que les modes d’accès (par le travail, le
domicile, les lieux publics) pris en compte varient. Récemment sont apparues des statistiques
sur les internautes de plus de 2 ans… (Médiamétrie).
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Etats-Unis Canada Royaume-Uni Japon Allemagne France Italie
Sources : OCDE (1999) pour Etats-Unis, Canada et Japon; ECO (1999) pour les
pays de l’Union européenne
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n
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Sources : OCDE (1999) pour Etats-Unis, Canada et Japon; ECO (1999) pour
les pays de la Communauté européenne
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Millions %
Canada et Etats-Unis 120 49,6
Europe 70 28,9
Asie 40 16,5
Amérique latine 8 3,3
Afrique 2,1 0,8
Moyen Orient 1,9 0,7
Total 242 100
Source : CommerceNet par compilation de différentes sources
http://www.commerce.net/research/stats/wwstats.html
Source : IDC
16. IDC France donne une estimation supérieure (8, 630 millions d’utilisateurs de l’internet).
44 Réseaux n° 106
Tableau 3. Taux d’équipement multimédia des foyers français fin 2000 (en %)
Micro- Accès à Téléphone Lecteur
ordinateur l’internet mobile DVD
Vidéo
Moyenne France 29,0 13,0 50,0 2,5
Foyer dont le chef 57,5 30,6 73,7 4,8
de ménage
est CSP+
Foyer avec la 49,0 21,6 72,6 3,9
présence d’au
moins un enfant
(moins de 15 ans)
Région parisienne 34,9 17,5 56,5 3,3
Agglomération de 33,6 16,4 56,7 3,4
plus de 100 000
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Source : http://www.mediametrie.fr/fr/chiffre/plurimedia/2000/decembre_equipement.html
est ainsi très éloigné de celui du surfeur futé (achat d’un logiciel ou d’un
voyage après un long processus de comparaison de la qualité et du prix). Il
est aussi très différent d’un achat d’impulsion ou de proximité révélé par une
offre de services sur le téléphone mobile (réservation inopinée d’une place
dans le restaurant mexicain le plus proche de la localisation de l’utilisateur
du mobile). Tous ces modèles vont évidemment évoluer mais ils ne
convergeront pas nécessairement. Il s’ensuivra une diversité de rapports au
commerce électronique qu’il est très difficile d’imaginer aujourd’hui mais
qui vont déterminer en grande partie les modes de localisation du commerce.
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Etats-Unis Canada Royaume-Uni Japon Allemagne France Italie
Mais la progression des taux de connexion est très rapide d’une année sur
l’autre. Les taux de connexion restent inégaux selon les tailles d’entreprises,
les plus grandes ayant déjà un taux de connexion à l’internet élevé (70 %) et
disposant à 30 % de sites web (chiffres pour la France, voir graphique 6).
Il existe aussi une forte inégalité selon les secteurs, l’industrie, le commerce
de gros et les services étant de loin les plus connectés (graphique 7)
LQ G X V W ULH %73 W UD Q V S R U W FRP *URV F R P ' p WD LO V H U Y LF H V
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20. On fait l’hypothèse que le commerce électronique requiert des serveurs sécurisés. Les
données primaires sont fournies par The Netcraft Secure Server Survey :
(http://www.netcraft.co.uk/ssl/) qui examine l’utilisation des transactions encryptées (SSL)
sur l’internet au moyen d’une procédure automatisée d’exploration (les données, recueillies
mensuellement, sont payantes). Comme pour la plupart de ce genre d’estimations, les chiffres
avancés valent plus pour la tendance indiquée que par leur valeur absolue. En l’occurrence,
tous les serveurs sécurisés ne servent pas à des transactions marchandes. Inversement tous les
sites marchands n’utilisent pas un système sécurisé (en France, 75 % des sites référencés par
l’annuaire du Web-Marchand (http://www.webmarchand.com) le font). D’autre part, tous les
sites marchands sécurisés n’emploient pas le protocole SSL (48 % sont dans ce cas en France
selon le Web-Marchand). Il faut enfin signaler le biais introduit par le survey de Netcraft.
Même si la localisation nationale du serveur sécurisé est plus fiable que celle des serveurs
web en général car elle repose sur la certification SSL et non sur l’adresse du nom de
domaine, elle favorise néanmoins les Etats-Unis (voir OCDE, 2000, p 14).
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croissant entre les nombres de serveurs sécurisés par million d’habitants aux
Etats-Unis, d’une part, et en Europe et au Japon d’autre part, révèle la
progression beaucoup plus rapide du commerce électronique sur l’internet
aux Etats-Unis. La croissance de l’écart est frappante (graphique 8).
21. Il s’agit d’un annuaire constitué sur la base de l’inscription des sites par les sociétés qui
les gèrent.
22. Source : Le commerce électronique sur Internet en France, Benchmark Group, 1999 et
2000, http://www.strategie-internet.com.
52 Réseaux n° 106
Des efforts parallèles sont effectués dans d’autres pays (OCDE, 2000, chap.
1, 32) mais beaucoup reste à faire.
L’impression qui se dégage des études est qu’on ne saura pas avant dix ou
quinze ans l’ampleur réelle qu’atteindra le commerce électronique (au sens
de commerce en ligne). Ou bien, il restera à un palier situé entre 5 et 10 %
du commerce et, dans ce cas, la révolution apportée par le commerce
électronique sera plus qualitative que quantitative ou du moins plus indirecte
que directe. Ou bien, franchissant ce palier, une part très importante des
activités commerciales aura lieu sur les réseaux électroniques. Il est difficile
aujourd’hui de formuler un pronostic.
Source : Internet Commerce Market Model v6.1, IDC (2000). Cité dans Coppel
(2000, p. 7)
24. Le BCG inclut l’EDI sur des réseaux propriétaires, l’EDI sur l’internet et les autres
transactions sur l’internet. Seules les transactions commerciales sont prises en compte. Les
achats de capital et de travail sont exclus. Les estimations sont fondées sur la valeur brute des
transactions. L’importance relative du marché américain semble fortement surestimée. Le
rapport Lorentz évalue l’EDI en France à 120 milliards de dollars, soit, selon l’évaluation du
BCG, 36 % du B to B hors EU !
58 Réseaux n° 106
25. Selon une étude d’Archiv Media Research la première fonction (dans 77 % des cas) des
sites américains de B to B est de stimuler des ventes hors ligne. Seuls 44 % de ces sites
peuvent accepter des commandes en ligne. Source : "Real Numbers Behind ‘Net Profits 2000’
http://www.ActivMediaResearch.com.
26. Les évaluations du B to B à horizon 2003 varient énormément d’un organisme à l’autre,
de 633 (IDC) à 3 160 milliards de dollars (Computer Economics). Source : eMarketer, 2000.
Commerce électronique 59
Le B to C
Les ventes en ligne se sont montées à 25,8 milliards de dollars en 2000, soit
0,8 % du commerce de détail. Il s’agit des ventes de détail engagées sur les
réseaux électroniques (que le paiement ait lieu ou non en ligne) et donc pas
seulement sur l’internet. Mais ces données n’incluent pas les ventes de
voyages, de billets d’avion, de chambres d’hôtel et les services de courtage
financier qui ne font pas partie de la nomenclature américaine du commerce
de détail.
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De très forts taux de croissance sont annoncés. Ainsi Forrester annonce des
taux de croissance de 150 % à 170 % par an d’ici 2004. Toutefois, même
s’ils se réalisaient, ces taux conduiraient à une importance toute relative du
commerce électronique grand public, l’estimation étant de 5 à 6 % du
commerce de détail en 2004, soit un ordre de grandeur comparable à la VPC
actuelle. Par ailleurs, il ne faut pas sous estimer les barrières qui s’opposent à
une progression effective et encore plus à une généralisation du commerce
électronique : un accès encore restreint aux infrastructures et services de
Commerce électronique 61
Dans l’état actuel des choses, il est certain que le commerce électronique
grand public sera au moins un marché de niche à l’horizon de quelques
années (2005). La question de savoir s’il deviendra à terme un marché de
masse et à quel horizon est encore en suspens.
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C’est donc un marché qui, dès le départ, est très concentré, même s’il existe
une dynamique incontestable de start-up. Seuls un petit nombre d’opérateurs
ont la capacité de construire rapidement une offre commerciale efficace de
bout en bout et de financer les coûteuses campagnes promotionnelles
nécessaires à la visibilité d’un site.
Source : D. Simons, « What’s the Deal: The True Cost of Marketing », The
Industry Standard, 2 décembre 1999, http://www.thestandard.com).
Tableau 10. Ventes en ligne aux Etats-Unis par secteur d’activité (B to C) 1999
Secteur Montant Part Montant
(en millions (en %) (en Part
Secteur
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Les produits numériques qui peuvent être livrés directement sur le réseau
comme le logiciel, les services de voyages, le divertissement27 et les services
financiers sont les produits majeurs du commerce électronique. Les
principaux produits tangibles vendus aux ménages sur l’internet sont jusqu’à
présent le matériel informatique et les livres.
Il est probable que dans le cas des biens que nous venons de citer, le
commerce électronique B to C représentera plus qu’une niche du marché
total. 20 % des livres vendus aux Etats-Unis le sont déjà en ligne. Mais
l’importance des parts du commerce électronique par type de bien variera
27. Particulièrement ce qui est appelé le « divertissement adulte » qui bénéficie d’une forte
audience (une requête sur 4 effectuée auprès des moteurs de recherche lui serait adressée) et
semble actuellement le seul modèle économique rentable sur l’internet.
64 Réseaux n° 106
Source : http://www.journaldunet.com
Un certain nombre d’enquêtes sur les profils des acheteurs sur l’internet
apportent des éléments. Le premier est la distinction entre les « shoppers » et
les « purchasers », entre ceux qui vont sur l’internet pour se renseigner et
comparer mais achètent dans un magasin et ceux qui achètent en ligne. Les
acheteurs en ligne – ceux qui ont acheté au moins une fois en ligne pendant
les 12 derniers mois – représentent de 30 à 40 % des internautes aux Etats-
Unis selon les enquêtes, moins en Europe (27 % au Royaume-Uni, 10 % en
France. Sources diverses). Les « shoppers » sont évidemment plus
nombreux28. A noter aussi que les hommes sont sureprésentés dans la
catégorie acheteurs (70 % des acheteurs contre 60 % des internautes).
29. Ainsi les produits qui font le plus l’objet de demandes d’information en ligne aux Etats-
Unis et au Canada ne sont pas les plus vendus en ligne. Les voitures viennent en premier
dans la liste des produits faisant l’objet d’un shopping sur l’internet alors qu’elles ne figurent
pas dans la liste des 5 produits les plus vendus en ligne (CommerceNet,
http://www.commerce.net).
REFERENCES
France
Conseil National de l’Information Statistique (2001), Rapport du groupe de travail
Technologies de l’Information et de la Communication, n° 62, février
BROUSSEAU E. (2001), « Mesurer le commerce électronique », Economie et
Statistiques, à paraître
YOLIN J.M. (1999), Internet et Entreprise : mirage ou opportunité pour les PME ?
Pour un plan d’action. Contribution à l’analyse de l’économie de l’Internet,
Rapport de Mission, Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie,
Secrétariat d’Etat à l’Industrie, Paris, http://www.ensmp.fr/industrie/jmycs/
OCDE
COPPEL J. (2000), E-Commerce: Impacts and Policy Challenges, Economics
Department Working Papers n° 252, http://www.oecd.org/eco/eco
OCDE (2000a), A New Economy? The Changing Role of Innovation and
Information Technology in Growth, June 2000, http://oecd.org/dsti/sta-
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Etats-Unis
* US Department of Commerce
ATROSTIC B.K., Gates J. and Jarmin R. (2000), Measuring the Electronic
Economy: Curent Status and Next Steps, US Census Bureau, June 2000,
http://www.census.gov/econ/www/ebusinessC.pdf
FRAUMENI B.M., MANSER M.E. and MESENBOURG T.L. (2000), Government
Statistics: E-Commerce and the Electronic Economy, Federal Economic Statistics
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(http://www.census.gov/econ/www/govstats.pdf)
MESENBOURG T.L. (2000), Satisfying Emerging Data Needs, US Bureau of
Census, June 2000, http://www.census.gov/econ/www/ices.htm
MESENBOURG T.L. (1999), Measuring Electronic Business: Définitions,
Underlying Concepts and Measurement Plans, US Bureau of Census, 1999
(http://www.census.gov/econ/www/index.html)
US Census Bureau of the Department of Commerce (2000), Retail E-Commerce
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Japon
ECOM (Electronic Commerce Promotion Council of Japan), créé en 1996 à
l’initiative du MITI, http://www.ecom.or.jp/ecom_e.
Commerce électronique 71
Voir notamment :
Outline of A Survey of the Market Scale for Electronic Commerce for Consumers in
Japan, 1999 http://www.ecom.or.jp/qecom/ecom_e/index.html
Market Survey Concerning Electronic Commerce. Current State and Trend of
Japan’s Business-to-Consumer Electronic Commerce Market Via Internet
Technology, March 2000,
http://www.ecom.or.jp/ecom_e/report/full/market.htm
Royaume-Uni
ISI (Information Society Initiative) : An International Benchmarking Study, 2000,
http://www.isi.gov.uk/isi/govbenchframe.htm