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Bernaed M. F-Terrirorium Legionis Camps Militaries Et Agglomerations Civiles Aux Premiers Siecles de L Empire
Bernaed M. F-Terrirorium Legionis Camps Militaries Et Agglomerations Civiles Aux Premiers Siecles de L Empire
Bérard François. Territorium legionis : camps militaires et agglomérations civiles aux premiers siècles de l'empire. In: Cahiers
du Centre Gustave Glotz, 3, 1992. pp. 75-105;
doi : https://doi.org/10.3406/ccgg.1992.1349
https://www.persee.fr/doc/ccgg_1016-9008_1992_num_3_1_1349
François Bérard
E.N.S. Ulm
1 R. Wiegcls, "Solum Caesaris. Zu einer Weihung im rômischen Walheim", dans Chiron, 19,
1989, p. 61-102. Cf. A. Mehl, "Eine private Weihung auf kaiserlichem Boden in Walheim am
Neckar", dans Fundberichte aus Baden-WOrttemberg, 11, 1986, p. 259-267 (d'oùA.E., 1987,
783) ; G. Alfôldy, "Consideraciones sobre el concepto de epigrafia juridica y novedades en las
provincias del Nordeste 1978-1986", dans Epigrafia juridica romana. Actas del col. int.
A.I.E.GJL. Pamplona, 1987, Pampelune, 1989, p. 16-18.
2 Cf. ci-dessous, appendice, n° 19 ; J.E. Bogaers, "Regensburger Râtsel", dans Studien zu
den Militârgrenzen Roms III (Actes du 13ème congrès du limes, Aalen, 1983), Stuttgart, 1986,
p. 127-134.
3 A. Mocsy, "Zu den 'prata legionis1", dans Studien zu den Militârgrenzen Roms (Actes du
6ème congrès du limes, 1964), Cologne-Graz, 1967, p. 21 1-214 ; "Das Lustrum Primipili und
die Annona Militaris", dans Germania, 44, 1966, p. 312-326 ; "Das Problem der militârischen
Territorien im Donauraum", dans Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae, 20, 1972,
p. 134-138 ; "H problema delle condizioni del suolo attribuito alle unità militari nelle province
danubiane", dans / diritti locali nelle province romane, con particolare riguardo alle condizioni
giuridiche del suolo (Convegno intern. Acc. Lincei, 1971), Rome, 1974, p. 435-355 ; "Zu den
Auxiliarvici in Pannonien", dans Studien zur antiken Sozialgeschichte. Festschrift Vittinghoff,
Vienne, 1980, p. 365-376. Dans la même perspective qu'A. Mocsy, voir aussi H. von
Petrikovits, Dos rômische Rheinland. Archàologische Forschungen seit 1945, Cologne-
Opladen, 1960, p. 63-67 ; "Militârisches Nutzland in den Grenzprovinzen des rômischen
Reiches", dans Actes du VHème Congrès International d'Epigraphie grecque et latine (1977),
Bucarest, 1979, p. 229-242 ; et C.B. Ruger, Germania Inferior, Cologne-Graz, 1968, p. 50-
serons aidés par les récents travaux d'A.G. Poulter sur la province de Mésie
inférieure5.
♦ ♦♦
I. Territoire militaire
5 A.G. Poulter, "Town and country in Moesia Inferior", dans Ancient Bulgaria (International
Symposium, 1981), Nottingham, 1983, p. 74-111 ; "Gli insediamenti presso i campi militari :
canabae e itici", dans J. Wacher, II mondo di Roma imperiale, t. 2, Bari, 1989, p. 69-97.
6 La création des deux provinces de Germanie eut lieu entre 82 et 90 : CIL, XVI, 28 et 36 ; cf.
G. Alfoldy, Die Legionslegaten der rômischen Rheinarmeen, Cologne, 1967, p. 102, n. 376,
qui préfère une date haute (dès 83), et D. Baatz, Die Rômer in Hessen, Stuttgart, 1982, p. 76,
qui s'en tient prudemment à une date plus large (85-90).
7 Cf. E. Stein, Die kaiserlichen Beamten und Truppenkôrper im rômischen Deutschland unter
dem Prinzipat, Vienne, 1932, p. 3 et 11.
11 Cf. par exemple A. Radnoti, "Legionen und Auxilien am Oberrhein im I. Jhr. n. Chr.", dans
Roman Frontier Studies 1969 (8ème Congrès du limes), Cardiff, 1974, p. 138-151 ; plus
récemment, et avec des arguments surtout archéologiques, B. Oldenstein-Pferdehirt, art. cité
(note 18). G. Alfôldy, Die Hilfstruppen der rômischen Provini Germania Inferior, Dusseldorf,
1968, p. 147 et 158, est beaucoup plus circonspect, même s'il admet le principe du
rattachement des auxilia aux légions, surtout pour les campagnes : cf. "Die Generalitât des
rômischen Heeres", dans BJ., 169, 1969, p. 235-236.
13 G.E. Cheesman, The auxilia of the roman army, Oxford, 1914, p. 49-52.
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et guère plus de quatre inscriptions, dont deux parlent de légions cum auxiliis
{C.I.L., ΠΙ, 3228, à Sirmium, et ΧΠΙ, 8017, à Bonn), tandis que les deux
autres utilisent un possessif (legio et auxilia eius : C.I.L., Vin, 2637, à
Lambèse, et XIII, 4623, à Norroy, qui précise de façon tout-à-fait
exceptionnelle le nombre des unités : cohortes V). Encore deux de ces textes
sont-ils relatifs à des vexillations : qu'il s'agisse de détachements au travail
dans des carrières (C.I.L., ΧΠΙ, 4623) ou de troupes de choc engagées dans
une guerre (C.I.L., ΙΠ, 3228), on peut penser que ces contingents ont été
formés spécialement pour leur mission. Une situation analogue peut être
envisagée pour la / Mineruia, qui remporta cum auxiliis la victoire célébrée
par l'inscription de Bonn (C.I.L., ΧΙΠ, 8017), et aussi pour la XIIII Gemina,
qui en 69 traversait la Gaule en compagnie de huit cohortes de Bataves (Hist.,
I, 59). Quant aux fonctions de Q. Herennius Siluius Maximus, leg(atus)
leg(ionis) II Italicae et alae Antoniniae (C.I.L., IX, 2213 = I.L.S., 1164), elles
sont trop anormales pour pouvoir fournir la moindre certitude14. De sorte
que, si l'on excepte ces contingents spéciaux, tactiques ou logistiques, il ne
reste guère que l'inscription de Lambèse qui puisse étayer l'hypothèse d'un
rattachement organique et permanent des troupes auxiliaires aux légions. C'est
peu pour toute l'armée romaine, d'autant que, par ailleurs, d'assez nombreux
exemples montrent que, même dans le domaine tactique, il arrivait
fréquemment qu'on engage ensemble les auxiliaires, indépendamment des
légions15.
Un des principaux arguments invoqués en faveur de l'existence de
commandements légionnaires vient des paires de diplômes militaires qu'on
connaît pour certaines provinces, comme la Mésie inférieure en 99 ap. J.-C.
(CIL., XVI, 44-45) ou la Bretagne entre 98 et 105 ap. J.-C. (CIL., XVI, 43,
48, 51). Comme dans chaque cas ces diplômes jumeaux (ou presque
contemporains) présentent, pour la même province, deux listes d'unités
complètement différentes, on en conclut volontiers qu'il s'agit à chaque fois
des auxiliaires dépendant de deux légions différentes16. Mais une étude récente
de M. Roxan a pu établir que ces hypothèses n'avaient toujours pas reçu de
vérification concrète ; en outre, même si l'on parvenait à constater une
répartition géographique des unités auxiliaires sur un diplôme militaire, cela
14 La chronologie oscille entre le règne de Marc Aurèle et celui de Caracalla : cf. PJJt?, IV,
H 31, et G. Alfôldy, Noricum, Londres, 1974, p. 157-158. L'ala Antoniniana n'est pas
autrement connue, et pourrait être une unité formée dans le Norique sous Antonin ou Marc
Aurèle : cf. G. Winkler, Die Reichsbeamten von Noricum und ihr Personal, Vienne-Cologne-
Graz, 1969, p. 69, et J. Fitz, Honorific Titles of Roman Military Units in the 3rd Century,
Budapest-Bonn, 1983, p. 213 et n. 3.
15 Cf. Tacite, Agr., 35 (l'ordre de bataille du Mont Graupius), Ann., ΧΠ, 27-28, et le poste de
praefectus auxiliorum omnium aduersus Germanos qui orne la carrière de chacun des deux
frères Domitii Curvii (CIL, XI, 5210-5211 =/£.£., 990-991).
17 M. Roxan, "Roman Military Diplomata and Topography", dans Limesstudien III (13ème
Congrès du times), p. 768-778.
18 Cf. la carte proposée par B. Oldenstein-Pferdehirt, "Forschungen zum obergermanischen
Heer, Π. Die Geschichte der legio Vm Augusta", dans Jahrbuch des Rômisch-Germanischen
Zentralmuseums zu Mainz, 30, 1984, notamment p. 408-422, et les critiques de D. Baatz, art.
cité (note 12). Selon B. Oldenstein-Pferdehirt, les secteurs légionnaires seraient plus difficiles à
repérer à partir du début du Ilème siècle (les tuiles estampillées perdant toute valeur à cet
égard), mais continueraient d'exister comme auparavant
19 DJ. Breeze, The Northern Frontiers of Roman Britain, Londres, 1982, p. 91, pour qui
toutefois le commandement du mur est à York, dans les mains du légat de la légion. Sur
l'hypothèse traditionnelle d'un commandement à Stanwix, cf. par exemple S. Frère, Britannia,
2e éd., Londres, 1978, p. 160.
80 F.Bérard
même les diplômes militaires ne peuvent pas nous fournir un ordre de bataille
de l'armée romaine, cela ne veut pas dire qu'il n'ait pas existé de structures de
commandement organiques, comme dans les armées modernes. Simplement,
elles nous échappent, faute de documents. Et, de toutes façons, il est peu
probable qu'elles aient eu une incidence sur l'organisation territoriale des
provinces.
20 A. Schulten, "Das territorium legionis", dans Hermes, 29, 1894, p. 481-516. Cf. ci-dessus,
p. 2-3.
21 Cf. surtout Th. Mommsen, "Die rômischen Lagerstâdte", dans Hermes, 7, 1873, p. 299-
326 (= Gesammelte Schriften, VI, Berlin, 1910, p. 176-203), notamment p. 318-321. La
controverse, à dire vrai, porte surtout sur le 1er siècle, Mommsen reconnaissant qu'à partir du
Ilème siècle se développe une nouvelle organisation sur le modèle des uici et des pagi, tandis
que tombe la règle d'incompatibilité entre camp militaire et statut municipal
Territorium legionis 81
était très secondaire aux yeux de Schulten22. Le territorium legionis est ainsi
devenu le domaine nécessaire à l'approvisionnement de la légion, y compris
sur le plan agricole : c'est la théorie du "militarisches Nutzland", telle qu'elle
apparaît notamment dans les travaux d'A. Mocsy et d'H. von Petrikovits23 et
qu'elle fait toujours largement autorité aujourd'hui24. Selon ces auteurs, le
territoire de la légion est exploité pour le compte de la légion, soit par des
fermiers, soit directement par des soldats (ou des vétérans), avec des modalités
variables (et très mal connues)25, mais le plus souvent dans le cadre d'un
système autarcique qui préfigure l'organisation qui sera adoptée au Bas-
Empire.
22 Cf. art. cité, p. 514. Outre l'aspect juridique, le facteur stratégique avait pour Schulten la
plus grande importance, et le territorium legionis était d'abord la zone de sécurité dont la légion
a besoin pour contrôler les incursions de l'ennemi.
24 Cf. par exemple A.G. Poulter, Insediamenti, p. 75-77 ; Ph. Filtzinger, dans Die Rômer in
Baden-Wùrttemberg, 3e éd. , Stuttgart, 1986, p. 74-75 ; DJ. Mason, "Prata legionis in
Britain", dans Britannia, 19, 1988, p. 163-190, notamment p. 167.
25 Sur la question des modes d'exploitation, cf. R. Mac Mullen, Soldier and Civilian in the
Later Roman Empire, Cambridge (Mass.), 1963, p. 7-12, avec de nombreuses nuances à la
théorie du "Nutzland".
26 Cf. ci-dessous, appendice, n° 1-7. La liste des bornes espagnoles a été dressée par P. Le
Roux, L'armée romaine et l'organisation des provinces ibériques d'Auguste à l'invasion de
409, Paris, 1982, p. 109-1 14, auquel on se reportera pour plus de détails.
27 Sur ce débat, cf. P. Le Roux, op. cit., p. 106-107 et 117-118 ; "L'armée de la péninsule
ibérique et la vie économique sous le Haut-empire romain", dans Armées et fiscalité dans le
monde antique (Colloque int. du C.N.R.S., 1976), Paris, 1977, p. 350-353. Pour la
localisation des bornes, parfois difficile, cf. la carte dressée par A. Garcia y Bellido, "L.
82 F.Bérard
Gallorum et les deux cités des Baedunienses (n° 3) et des Luggones (n° 4)
laissent une impression analogue, puisque celle de Castrocalbon est distante
d'au moins une douzaine de kilomètres des huit autres, qui ont toutes été
trouvées à Soto de la Vega, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de La
Baneza28. On retrouve ainsi des dimensions comparables, compte-tenu de la
taille respective des unités, bien que, dans un cas comme dans l'autre, la
position exacte du camp soit inconnue.
Cette impression est confortée par la nouvelle borne découverte en 1982 à
Castrocalbon (n° 5), au même endroit que le plus méridional des textes de la
//// Gallorum. Car cette borne, qui montre exactement le même formulaire
que celles de la //// Gallorum29, et date comme elles du règne de Claude, au
moment sans doute de la réorganisation militaire qui suivit le départ de la ////
Macedonica30, porte le nom d'une autre unité, la légion X Gemina. Or cette
légion avait son camp à Rosinos de Vidriales, à environ une vingtaine de
kilomètres plus au sud31. Une fois encore, ces chiffres sont tout à fait
comparables à ceux dont nous disposons pour la //// Macedonica32, et laissent
supposer des prata légionnaires fort étendus.
En dehors d'Espagne, les seules autres mentions de prata legionis viennent
de Dalmatie, au voisinage du camp légionnaire de Burnum, où furent
cantonnées successivement les légions XI Claudia, dès les premières années du
28 Cf. P. Le Roux, op. cit., p. 107-108 et 118 ; A. Tranoy, La Galice romaine, Bordeaux,
1981, p. 170. Soto de la Vega est à 2 km au nord-est de La Baneza.
29 Cette similitude, ajoutée au fait que les deux pierres ont été trouvées au même endroit, a
amené l'éditeur à restituer à la fin du texte [ciju/[i]tatem [Bed(uniensium)] . Mais cela reste
évidemment une hypothèse.
30 Œ P. Le Roux, op. cit., p. 109 et 118.
1er siècle33, puis //// Flauia, depuis le début du règne de Vespasien jusqu'à son
départ pour la Mésie, qu'on peut fixer au début de celui de Domitien34. Une
première borne (n° 6), découverte en 1890, doit dater de la période
postlégionnaire, d'après ce que nous savons de la carrière du procurateur
Augustianus Belli eu s35. On en conclut généralement que les prata avaient
survécu, comme propriété impériale, au départ de la légion et que c'est pour
cette raison que, contrairement aux bornes d'Espagne, celle de Dalmatie ne
porte pas le nom de l'unité36. Mais on connaît trop mal le sort dévolu aux
camps légionnaires après leur évacuation pour être totalement affirmatif,
notamment sur ce dernier point : rien n'empêche après tout que la //// Flauia
ait conservé, après son transfert en Mésie, un dépôt, ou du moins la
responsabilité du camp de Burnum. En fait, l'information la plus intéressante
pour nous n'est pas d'ordre chronologique, mais topographique : la borne a
été trouvée au voisinage d'Uzdolje, soit à une quinzaine de kilomètres au sud-
est du camp légionnaire de Burnum, distance qui correspond tout-à-fait à
celles que nous avions observées en Espagne pour les garnisons de la ////
Macedonica et de la X Gemina.
Cette coïncidence un peu fragile, puisqu'elle ne reposait que sur une seule
inscription, vient d'être spectaculairement confirmée par la découverte toute
récente d'une seconde borne, dans la localité même d'Uzdolje, à 2 km au sud
de la précédente et à 12 km à l'est de Burnum (n° 7). A la différence de la
précédente, la nouvelle borne a l'avantage de nous donner le nom de la légion,
la XI Claudia pia fidelis, dont la titulature nous reporte aux années 42-6937,
soit plusieurs dizaines d'années avant le bornage déjà connu, η se confirme
ainsi que les prata legionis avaient des limites relativement stables, qui ne
variaient guère en un demi-siècle, et une étendue assez considérable, que
33 Cf. E. Ritterling, "Legio", dans R.E., 12, 1925, 1691. Sur le camp de Bumum, cf. G.
Alfôldy, Bevôlkerung und Gesellschaft der rômischen Provini Dalmatien, Budapest, 1965, p.
87-88, et S. Zabehlicky-Scheffenegger, M. Kandler, Burnum I. Erster Bericht ûber die
Kleinfunde der Grabungen 1971 und 1974 aufdem Forum, Vienne, 1979, notamment p. 9-15.
34 Le transfert est ordinairement placé en 86 ap. J.-C, aux début des guerres daciques de
Domitien : cf. E. Ritterling, Legio, 1542. Il n'y a pas de raison décisive pour modifier cette
date, mais elle ne peut évidemment être qu'approximative, et on pourrait aussi l'avancer up
peu, vers le début des années 80 : je renvoie sur ce point à ma thèse de doctorat de Illème
cycle, Histoire des légions romaines du Rhin et du Danube sous le règne de Domitien, Paris,
1985.
35 La procuratèle d'Augustianus Bellicus en Dalmatie peut être datée entre 89 et 105 ap. J.-C :
cf. H.-G. Pflaum, Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-Empire romain, t . 1,
Paris, 1960, n° 68 ; H. Devijver, Prosopographia militiarum equestrium quae fuerunt ab
Augusto ad Gallienum, 1. 1, Louvain, 1976, C 122.
36 Ainsi A. Mocsy, Condizioni del suolo, p. 345 ; F. Vittinghoff, Militàrterritorium, p. 1 14.
37 Cf. ci-dessus, note 33. La légion reçut les épithètes pia fidelis après la répression de la
révolte de 42 : E. Ritterling, Legio, 1691.
84 F.Bérard
38 M. Zaninovic, dans Opuscula Archaeologica (Zagreb), 10, 1985, p. 63-79, d'après A.E.,
1988, 923 : je n'ai malheureusement pas pu consulter l'article de M. Zaninovic.
39 L'hypothèse inverse, selon laquelle un domaine privé serait enclavé dans le territoire
légionnaire paraît moins probable. Si la frontière du domaine était aussi celle d'une cité,
pourquoi l'indication ne figurait-elle pas sur la borne ?
40 Sur l'hypothèse de prata enclavés dans le territoire de cités voisines, cf. F. Vittinghoff,
Militârterritorium, p. 1 1 3.
42 A. Schulten, art. cité, p. 514 ; H. von Petrikovits, Rheinland, p. 63 ; D.J. Mason, art. cité,
notamment p. 164-166. A. Mocsy, Prata, p. 211-213, cf. Militarise he Territorien, p. 155-156
et 167, admet que le changement de terminologie s'accompagne d'une réduction des surfaces et
peut-être aussi d'une modification des structures.
43 Cf.H. von Petrikovits, Rheinland, p. 63, et C.B. Riiger, Germania inferior, p. 51-75 ; pour
la Bretagne, D.J. Mason, art. cité, en dépit de forts maigres indices.
Territorium legionis 85
44 Cf. H. von Petrikovits, Rheinland, p. 65-66, qui évalue à 35 km2 la surface d'emblavurcs
nécessaire pour nourrir 6000 hommes.
46 Cf. sur ce point H. von Petrikovits, Rheinland, p. 65, G. Alfôldy, "Die Verbreitung von
Militârziegeln im rômischen Dalmatien", dans Ep. Stud., 4, 1967, p. 44-51, et C.B. Riiger,
Germania inferior, p. 56-59, qui ont réaffirmé, avec quelques nuances, la vieille règle de G.
Wolff et d'E. Ritterling selon laquelle les tuiles militaires étaient réservées à l'usage militaire.
49 Cf. ci-dessus, note 4. La plupart de ces critiques ont été reprises par A. Mocsy lui-même, en
particulier dans Militàrische Teiritorien et dans Condizioni del suolo.
53 Cf. L. Wierschowski, Heer und Wirtschaft. Dos ramisene Heer der Prinzipatszeit als
Wirtschaftfaktor, Bonn, 1984, p. 151 ; D. Whittaker, Les frontières de l'Empire romain, trad,
fr. de Chr. Goudineau, Paris, 1989, p. 56-57.
54 Cf. A. Mocsy, Condizioni del suolo, p. 352.
55 Cf. A. Mocsy, Militârische Territorien, p. 152-154, qui évalue à plus de 10 km2 la surface
nécessaire tout en restant très prudent sur d'éventuelles activités agricoles (p. 154-155) ; H.
von Petrikovits, Militârisches Nutzland, p. 230-232, qui admet des exploitations moyennes
pour la culture vivrière, sinon la grande production céréalière.
56 Cf. ci-dessus, note 40.
Territorium legionis 87
58 Cf. R. Wiegels, Solum Caesaris, p. 85-90, qui conclue à l'incertitude. Par comparaison,
l'inscription de Matrica a été trouvée à 90-100 m au nord du camp auxiliaire : cf. A Mocsy,
Auxiliarvici, p. 365, et ci-dessous.
59 Cf. G. Alfôldy, "Caius Popilius Carus Pedo und die Vorverlegung des obergermanischen
Limes", dans Fundberichte aus Baden-Wùrttemberg, 8, 1983, p. 55-67, qui propose de dater
cette rectification du limes autour de 155 ap. J.-C.
60 Cf. R. Wiegels, Solum Caesaris, p. 90-97, qui rejette plutôt cette éventualité. L'hypothèse a
été envisagée aussi pour les prata de Burnum après le départ de la légion : A. Mocsy,
Militârische Territorien, p. 154.
64 Cf. A. Mocsy, Lustrum primipili, notamment p. 319-32 ; J.-M. Carrié, "Primipilaire et taxe
du "primipilon" à la lumière de la documentation papyrologique", dans Actes du XVème
Congrès Int. de Papyrologie. IV. Papyrologie documentaire, Bruxelles, 1979, p. 156-176.
65 CIL, m, 14356/3a = ILS., 9103. Π a paru préférable d'exclure ces prat(a) Fur(iana ?) de la
liste donnée en appendice, dans la mesure où ne rien ne prouve qu'il s'agisse d'un territoire
militaire, comme le reconnaît A. Mocsy, Lustrum primipili, p. 324 ; Militàrische Territorien, p.
135.
68 Cf. la description d'H. von Petrikovits, "Die canabae legionis", dans 150 Jahre des D.A.I. :
1829-1979... Kolloquium 17-22 April 1979 in Berlin, Mayence, 1981, p. 163-175.
71 Cf. par exemple H. von Petrikovits, Rheinland, p. 63, et C.B. Ruger, Germania inferior, p.
72-74, reprenant une théorie qu'on a peut-être excessivement attribuée à Th. Mommsen, dont la
position n'était pas sans nuances (cf. Lagerstàdie, p. 317-323) ; également M. Rostovtzeff,
The Social and Economie History of the Roman Empire, 2e éd. rev. par P.M. Fraser, Oxford,
1957, p. 244-245.
73 "Territorium est uniuersitas agrorum intra fines cuiusque ciuitatis" (Pomponius, Dig., L, 16,
239, dans un contexte relatif aux institutions municipales).
76 Sur les rapports entre kanabenses et Troesmenses, voir ci-dessous, p. 19, et F. Béraid, art.
cité (note 70).
77 Voir appendice, n° 12 ; A. Mocsy, Auxiliarvici.
pour nous, car dans ces deux cas le territoire est désigné par le nom du camp
auxiliaire, encore plus nettement qu'à Matrica et à Vêtus Salina, puisque
l'adjectif géographique, employé au singulier, détermine directement le mot
territorium*0. Π ne faut pas en conclure que c'était un territoire militaire
administré par l'armée. Comme à Vêtus Salina et à Matrica, le territoire était
confié à une administration civile, représentée par un quinquennalis ou par des
curiale s. Nous savons que le quinquennalis de Capidaua, au moins, était citoyen
romain. On peut donc supposer qu'il existait, même si nous n'en avons plus de
trace épigraphique explicite, une organisation de dues Romani consistentes.
Nous en avons une preuve éclatante dans le cas d'Abritus. Le milliaire qui
a conservé le nom du ter(ritorium) Abri(tanorum) (Appendice, n° 16) ne nous
dit évidemment rien du statut de cette collectivité, mais nous avons la chance
de posséder aussi une dédicace à l'empereur Antonin qui nous donne son nom
officiel : ueterani et c(iues) R(omani) et consistentes Abrito ad ca[stellum]
(A.E., 1957, 97). C'est, il faut le remarquer une nouvelle fois, une formule
tout à fait analogue à celle utilisée pour les habitants des kanabae
légionnaires81, et on n'hésitera donc guère à penser, malgré l'écart d'un siècle
qui sépare la dédicace et le milliaire, que ce territorium était, comme celui de
Troesmis et sans doute celui de nombreuses autres kanabae légionnaires,
administré par une association de citoyens romains, puisque nous n'avons pas
de trace d'un statut municipal pour Abritus. Remarquons aussi que, comme
ceux de Matrica, Vêtus Salina, Capidaua et Sucidaua, il était désigné par le
nom de la garnison auxiliaire, car tel est le sens qu'il faut donner à castellum
dans la dédicace faite à Antonin.
La situation est moins claire dans le cas des Montanenses et des Dianenses.
Nous savons, certes, qu'il y a eu pendant longtemps une garnison auxiliaire à
Montana, sans doute au moins dans la seconde moitié du 1er siècle et dans la
première moitié du second82, mais il n'est pas certain qu'elle ait donné son
nom à cette agglomération importante de l'intérieur de la province, qui était
80 Cf. l'inscription n° 14, où l'adjectif Capidauense est écrit en entier. La restitution est
seulement probable pour l'inscription n° 15, où l'on pourrait lire aussi Suc(idauensium), en se
fondant sur les parallèles de Matricensium et Troesmensium.
81 On ne peut toutefois se fonder sur cette similitude pour lire ad ca[nabas], comme on le fait
parfois, à la suite de T. Ivanov (cf. A.E., ad loc). La mention de canabae est en effet
pratiquement inconnue auprès de camps auxiliaires (les cas de Dimum et de Ratisbonne étant
pour le moins douteux), alors que l'épitaphe d'un soldat mort à Aquilée donne comme origo
écrite presque en toutes lettres castell(o) Abritanor(um) (CIL, V, 942 = ILS., 2670). Cf. en ce
sens F. Vittinghoff, Leon, p. 343, n. 26 ; plus incertain, A. Mocsy, Militârische Tettitorien, p.
141, n. 28.
82 Cf. N.B. Rankov, "A Contribution to the military and administrative history of Montana",
dans Ancient Bulgaria (International Symposium, 1981), Nottingham, 1983, p. 40-42, avec la
célèbre inscription de Fhrygie qui mentionne un Montanfense) praesidium dans un sens sans
doute assez voisin de castellum (A.E., 1927, 95).
92 F.Bérard
Cette présence de dues Romani consistentes établis aux portes des camps
auxiliaires est parfois comprise comme une particularité des provinces
danubiennes, alors que le reste de l'Empire se contenterait de uici plus
modestes86. C'est peut-être déplacer un peu le problème. Outre qu'il existe des
83 Sur l'hypothèse selon laquelle le nom de Montana serait dérivé de celui des mines, cf. N.B.
Rankov, art. cité, p. 45-47.
87 Cf. en Germanie Supérieure H. Nesselhauf - H. Lieb, dans BJt.GX., 40, 1959, n° 141
(Jagstlausenn, sur le limes extérieur =: ucterani consistentes ad hiberna cohoz(tis) I
Ger(manorwn) ; CIL., ΧΙΠ, 6740a = ILS., 7085 (Mayence = uikani ueteres consistentes
castel(lo) Mattiac(orum) ; en Bretagne, A.E., 1958, 105 : uikani consistentes castello
Veluniate ; en Afrique, C.I.L., VIII, 20834-20835 = I.L.S., 6685 ; neterani et pagoni
consistentes apud Rapidum.
88 Cf. en ce sens A. Mocsy, Militârische Territorien, p. 141-142 (qui considère comme "civils"
les uici de Capidaua, Sucidaua, Diana). Sur les uici de Mésie inférieure, cf. A.G. Poulter,
Insediamenti, p. 82-83.
89 Cf. par exemple LScM ., I, 324, 344 etc ; A.G. Poulter, loc. cit.
90 A. £., 1966, 356 : dues Romanfi consistentes J Sexaginta Pri[st(is)J. Pour Jagsthausen cf.
ci-dessus, note 87.
92 CIL, m, 7474. On admet en général que et a été ajouté par erreur et qu'il faut comprendre
c(iues) R(omani) consistentes ; mais cette explication, peu satisfaisante en elle-même, est mise
en cause par les parallèles qu'on peut trouver à Abritus et auprès d'autres garnisons
auxiliaires : cf. F. Bérard, art. cité (note 70).
est très rare dans les provinces de Bretagne et de Germanie, où le mot uicus
prédomine97 ; or, avec uicus, l'usage d'un adjectif géographique est bien
attesté dès le 1er siècle, aussi bien pour une garnison légionnaire98 que pour un
camp auxiliaire99. Du point de vue chronologique, les inscriptions danubiennes
qui désignent les kanabae par le nom de leur légion sont parmi les plus
anciennes, vers le milieu du Ilème siècle : c'est l'époque où prédominent aussi
dans l'épigraphie les associations de vétérans et de citoyens romains. On peut
donc se demander si l'apparition des adjectifs géographiques, et aussi le
développement du mot kanabenses ne vont pas de pair avec l'intégration
progressive, même à une place modeste, de peregrins dans les communautés
dominées par les vieilles structures des citoyens romains100, η ne s'agit certes
que d'une hypothèse que je formule d'autant plus prudemment qu'on pourrait
aussi songer pour expliquer cette évolution de vocabulaire à un bien
compréhensible souci de simplification de la très longue formule officielle
{ueterani et dues Romani consistentes ad canabas legionis) ; c'est très
probablement le cas de toute façon pour le substantif kanabenses, mais cela
n'exclut pas d'autres facteurs d'évolution. La seconde conclusion qu'on peut
tirer de l'apparition de ces adjectifs géographiques est heureusement un peu
plus assurée : c'est bien sûr que ces uici et ces kanabae avaient une réalité
territoriale, puisqu'aussi bien les Matricenses ne sont pas le personnel
dépendant de la cohorte stationnée à Matrica, mais les habitants du territoire
de Matrica. Les divers emplois du mot territorium que nous avons pu relever
le confirment pleinement : il s'agit bien d'un territoire de type municipal qui
a, sans aucun doute avec certaines limites qui préservent les intérêts de
l'armée, la même fonction qu'un territoire de cité, de même que l'organisation
des kanabae copie celle des véritables cités101.
Pour terminer, je voudrais revenir sur deux inscriptions qui ont, pour
une bonne part, donné naissance à ce débat, celle de Ratisbonne et celle
d'Aquincum. H me semble en effet que c'est dans ce cadre de l'organisation
municipale qu'on peut rendre compte le plus facilement, ou plutôt le moins
difficilement, de la célèbre inscription de Ratisbonne, qui a suscité tant de
débats (cf. appendice, n° 19). Cette dédicace faite à Vulcain par Aurelius
Artissius, aed(ilis) territorii) contributi ?) et kfanabarum ?) R(eginensium ?),
pose deux graves difficultés, aussi bien de lecture que d'interprétation : elles
101 Cf. A. Mocsy, Militàrische Territorien, p. 158-159 ; Condizioni del suolo, p. 353.
96 F.Bérard
102 Cf. E. Ritterling, Legio, 1533, qui situe l'installation de la III Italica à Ratisbonne à la fin
du règne de Marc Aurèle, entre 171 et 179 ap. J.-C.
103 Cf. T.L.L., IV, 1909, col. 777 ; par exemple Columelle, R.R., III, 3, 2 : in Gallico
(agro) qui nunc Piceno contribuitw.
104 Cf. cependant CIL, II, 5439, 103, 3 (lex Vrsonensis) : colonos incolasque contributes
coloniae ; et dans un sens assez voisin pour désigner le transfert de militaires d'une unité dans
une autre contributus ex leg(ione) III Gall(ica) in leg(ionem) III (CIL, Vin, 3157 = ILS.,
2317); cf. aussi ILS., 9116.
105 Cf. A. Mocsy, Prata legionis, p. 212 ; C.B. Ruger, op. cit., p. 55.
106 Ainsi G. Ulbert, "Das rômische Regensburg", dans Germania Romana 1, Heidelberg,
1960, p. 73.
107 Cf. A. Mocsy, Militârische Territorien, p. 137-138, qui rappelle que la date consulaire la
plus plausible se situe en 178 (ou en 172), soit à peu près au moment où la Illème légion Italica
s'installe à Ratisbonne, où son premier monument daté est de l'année 179 (CIL, III, 11965 ;
Territorìum legionis 97
cf. E. Ritterling, Legio, 1533). Il pourrait donc fort bien s'agir d'une mesure transitoire ; cf.
aussi dans ce sens, F. Vittinghoff, Milîtârterritorium, p. 1 17.
108 J.E. Bogaers, loc. cit. (note 2) ; d'où A.E., 1986, 534.
109 R. Wiegels, Solwn Caesaris, p. 83 et n. 73, qui note lui-même que le problème n'est pas
pour autant réglé au fond.
110 CIL, ad loc. Cf. O. Bohn, art. cité (note 95), p. 32-33, n. 27, qui rejette k(anabarum) au
profit de k(astrorum), ou même de k(astelli), dans le cas où l'inscription serait antérieure à
l'arrivée de la légion.
112 Cf. ci-dessus, note 107. Il parait peu probable dans ce cas que le territorium contribution ait
été celui de l'unité auxiliaire précédente, à moins que celle-ci n'ait vu se développer à ses portes
un très grand uicus.
117 Cf. F. Jacques, Le privilège de liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les
cités de l'Occident romain (161-244), Rome, 1984, p. 681-682.
118 Comme le remarque F. Vittinghoff, Militàrische Territorien, p. 1 16.
100 F.Bérard
*♦♦
Conclusion
Au delà des divergences, que l'état lacunaire des sources rend inévitables,
l'accord semble acquis sur au moins deux points. Il n'y a pas, d'abord, de
régime de propriété particulière pour l'armée, qui n'a jamais que la jouissance
du domaine public, ou, si l'on veut, du solum Caesaris. En second lieu, les uici
et les kanabae établis aux portes des camps militaires n'ont pas une
administration militaire, mais une organisation civile, calquée sur celle des
corporations et des cités. Us disposent en conséquence d'un territoire, même
s'ils n'ont pas sur celui-ci les mêmes droits qu'une cité. L'extension des
prérogatives que conserve l'autorité militaire et la manière dont s'exerce son
droit d'intervention sont très mal connus, faute de documents.
La question que nous nous posions s'est ainsi déplacée : il s'agit moins de
savoir ce qu'est un territoire légionnaire que de comprendre comment le
territoire des kanabae et des uici s'intègre dans l'organisation territoriale et
administrative de la province. Selon plusieurs études récentes, ces uici font
partie, avec leur territoire, d'un territoire militaire plus vaste et pouvant
comprendre, le cas échéant, plusieurs uici119. Pour d'autres, au contraire, les
uici et les kanabae ont, comme les cités, un territoire particulier, extérieur au
territoire militaire proprement dit, lequel se réduit à quelques terrains
indispensables au fonctionnement matériel des unités et qui peuvent être
discontinus entre eux, voire enclavés120.
Nous arrivons ainsi à trois manières possibles de concevoir un territoire
militaire qui serait placé sous l'autorité d'un légat de légion (ou d'un préfet
d'unité auxiliaire). La première, la plus réductrice, le voit comme une somme
de pâtures et de terrains divers, dont la légion dispose en dehors de son camp,
un peu comme les camps d'exercice des armées modernes ; ce territoire n'a
pas de spécificité juridique, et l'armée y joue le rôle d'un propriétaire privé,
comme cela apparaît sur certains bornages. La seconde l'identifie au territoire
des kanabae ou du uicus installés aux portes du camp. Si l'autorité romaine
limite si sévèrement l'accès de ces uici au statut municipal plein, c'est bien sûr
parce qu'elle exerce sur eux un contrôle plus étroit. Il n'y a pas lieu de douter
de la réalité de ce contrôle, même si nous ignorons ses modalités. Il peut aussi
119 Cf. A.G. Poulter, Insediamenti, p. 74-76, avec, en particulier l'exemple de Mayence ; avec
plus de prudence, C.S. Sommer, The military vici of Roman Britain, Oxford (B.A.R., 129),
1984, notamment p. 13.
121 Un des seuls cas connus est celui de M. Iuuentius Caesianus, légat de la Ville Auguste
dont une tablette trouvée à Rottweil, dans les teritoires de la rive droite du Rhin (A.E., 1956,
90 = 1981, 691), nous apprend qu'il rendait la justice en 186 ap. J.-C. dans une affaire privas.
Cf. J. Wilmanns, "Die Doppelurkunde von Rottweil und ihr Beitrag zum Stadtlewesen in
Obergermanien", dans Ep. Studi, 12, 1981, p. 69-71.
122 Cf. E. Forcellini - V. de Vit, Totius latinitatis lexikon, t. VI, Prato, 1875, p. 71, et ci-
dessus, note 73. On remarquera que la plupart des emplois se trouvent dans les textes
juridiques ou dans les gromatici ; très peu en revanche dans les auteurs classiques, sauf dans
Cicéron (Phil, 2, 40) à propos justement du territoire d'une colonie. On peut en conclure qu'il
s'agissait d'un terme technique, qu'on utilisait peu en dehors de son sens propre. On ne sera
pas surpris, dans ces conditions, de le trouver relativement fréquemment dans l'épigraphie,
102 F.Bérard
dans toutes les agglomérations situées dans la zone des armées, en projetant sur
les réalités romaines notre propre distinction entre domaine militaire et
domaine civil. Cela ne veut pas dire que l'armée n'exerçait pas une autorité sur
les provinces et sur l'activité économique, mais simplement que ce contrôle ne
se faisait pas par une administration directe, mais passait plus volontiers par
des intermédiaires, selon un système que préféraient généralement les
Romains. Comme les publicains ou les negotiator es', les kanabenses ont
certainement beaucoup travaillé pour l'armée romaine, mais dans le cadre
d'une communauté qui, malgré ses droits limités, devait ressembler davantage
aux cités qu'elle prenait pour modèles qu'aux établissements de colons qui
devaient venir par la suite.
souvent aussi à propos de cité : cf. CIL, VIII, 9047 (territorium Auziense), 10322
(Çirtensium), et, en Mésie inférieure, outre les uici déjà signalés, sur les bornes des cités de
Callatis et d'Odessa (CIL, m, 7587 et 7589 = 12507).
Territoriwn legionis 103
APPENDICE
Prato legionis
8. H. von Petrikovits, dans Actes du Vile Congrès Int. d'Epigr. gr. et lat.
(1977), 1979, p. 239-240. Menden, sur la rive droite du Rhin (Rhein-Sieg
Kr.).
[LJegio prim[a] / Mineru[ia / p]ia fidelifs] / prata / [A]urelian[a /
a]dampliau[it].
Territorium.
16. A.E., 1985, 765. Hisarlaka, près de Razgrad (Abritus). 244-247 ap.
J.-C.
Imp(eratori) Caes(ari) / M(arco) Mio / Philippo / pio f<e>l(ici) inui(cto)
I Aug(usto) et M(arco) / Mio Philip<p>o nobilissimi) Caesa/res (sic) per
I ter(ritorium) Abri(tanorum) / m(ille) p(assuum) I.
19. C.I.L., ffl, 14370/10 = /X.5., 7111 =A.£., 1986, 534 = 1987, 792.
Ratisbonne.
Volk(ano) sacr(um). Aur(elius) I Artissius, aed(ilis) I territor(ii)
contributi ?) I et k(anabarum ?) R(eginensium ?), de suo felcit, u(otum)
s(oluit) l(aetus) l(ibens) m(erito). I Posita (ante diem) X K(alendas)
S(eptembres) I Orfito co(n)s(ule).