Analyse de texte.

Jun-Oh dormait encore, son dos contre mon ventre. Du bout du doigt, je traçais
la ligne de ses épaules. Le réveil a sonné. Il l’a éteint en grommelant. Son haleine
5 sentait le soju. Nous avions trop bu, ma tête était lourde. Mon étreinte, pas
réelle. Il a saisi son polaroid au bas du lit et m’a cadrée dans le viseur, il voulait
emporter une image de moi. J’ai caché mon visage sous les draps. Il a pris la
photo. Quand je me suis retournée, il serrait la boucle de sa ceinture. Il avait
perdu du poids, du muscle. En boutonnant sa chemise, il a pincé les lèvres.
10 Comme un enfant, ai-je pensé, agacée. Quand il est revenu de la salle de bain, il
m’a embrassée sur le front, avant d’empoigner son sac et de quitter la chambre
en me laissant ses clés que je lui rendrais à son retour de la capitale.
J’ai attendu que le bruit de ses pas dans l’escalier disparaisse pour me lever. Il
avait oublié la photo sur le lit. Je l’ai retournée. Les couleurs n’étaient pas tout à
15 fait développées encore. Format portrait. Mes reins au premier plan
s’éloignaient vers un désert de côtes et d’omoplates. Saillantes, ai-je constaté,
surprise. Après quoi j’ai pensé que je ne me voyais jamais de dos, c’était normal
que je ne me reconnaisse pas. Je me suis habillée à la hâte sans me doucher.
Jun-oh vivait dans un studio au centre-ville, assez loin de la pension. J’avais le
20 temps de rentrer à pied. Un rayon de soleil faisait baver la neige sur le sable. J’ai
imaginé une silhouette d’homme comme l’autre jour, courbée dans un manteau
de laine comme un saule dans le vent.
J’étais seule.

25 Elisa Shua Dusapin, Hiver à Sokcho, Editions Zoé, 2016. Pour la présent édition,
Paris, Gallimard, « Coll. Folio », 2022, pp 31-32,

Exercice : faites l’analyse de l’extrait de texte ci-dessous.

— Situer le texte dans l’intrigue du roman,

— Définir la structure du texte,
— Mettre en évidence les aspects à analyser dans chacune des parties
— Rédiger la synthèse.